Cristallographie PDF
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Introduction la cristallographie
Jacques Deferne
Introduction la cristallographie
P re mi re a p p ro c h e d e s c ris t a u x
Avant-propos
Chefs d'oeuvres de la nature, par leurs formes gomtriques, les cristaux refltent l'arrangement priodique des atomes qui les constituent.
Cette phrase rsume tout le champ d'tude de la cristallographie. Celle-ci est donc l'tude des
relations troites qui relient les formes des cristaux et leurs proprits physiques et la faon dont
les atomes s'arrange dans l'intimit de leur architecture.
Cet ouvrage est destin avant tout aux tudiants en gologie qui abordent l'tude de la minralogie. Il s'adresse aussi aux amateurs de minraux qui voudraient largir leurs connaissances
scientifiques au del du simple plaisir de contempler un beau cristal.
La cristallographie est une discipline abstraite dont l'tude conduit vite des formulations mathmatiques compliques. Dans cet ouvrage, je me suis efforc de recourir le moins possible aux raisonnements purement mathmatiques en choisissant une approche empirique des phnomnes.
Le contenu de ce livre rsume tout ce qu'un tudiant en gologie devrait connatre avant
d'aborder l'tude de l'optique cristalline et de la minralogie descriptive.
L'amateur de minraux peut trs bien se limiter l'tude des principaux chapitres qui l'intressent, en laissant de ct ceux qui lui semblent trop rbarbatifs, tels ceux qui abordent le calcul
cristallographique, la projection strographique, voire mme la cristallochimie.
C'est dans un souci de clart que la nomenclature utilise ici a t choisie. Aprs avoir assimil la
thorie contenue dans cet ouvrage, les lecteurs qui voudraient approfondir davantage la cristallographie pourront alors adopter sans difficult les abrviations internationales en usage dans la
littrature anglo-saxonne.
!
Jacques Deferne
Introduction la cristallographie
43
57
Nature des rayons X - Absorption des rayons X - Dtection des rayons X - Interaction des
rayons X avec la matire - Diffraction des rayons X par les cristaux - Conditions de diffraction - Une application simple : la mthode des poudres - Exemple concret - Identification
dune espce minrale - Le diffractomtre - Analyse chimique par effet de fluorescence X.
67
73
La taille des atomes - Encombrement des constituants structuraux - Composs du type AB Influence des liaisons - Les formules cristallochimiques - Quelques structures classiques Structure des minraux silicats.
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I. L'tat cristallin
Les trois tats de la matire
La matire existe l'tat solide, liquide ou gazeux. On parle aussi de phase solide, liquide ou
gazeuse. L'exemple qui nous est le plus familier est celui de l'eau qui, pression ordinaire, se
trouve l'tat solide en dessous de 0, l'tat liquide entre 0 et 100 et l'tat gazeux au-dessus
de 100.
Le passage de l'tat solide l'tat liquide s'appelle la fusion, celui de l'tat liquide l'tat gazeux
l'vaporation. Dans le sens contraire, nous avons la liqufaction ou condensation qui ramne un
corps de l'tat gazeux l'tat liquide, puis la solidification qui le fait passer l'tat solide.
Sous certaines conditions, les corps peuvent passer directement de l'tat solide l'tat gazeux et,
rciproquement, de l'tat gazeux l'tat solide. On parle dans les deux cas de sublimation.
vaporation
fusion
solide
liquide
solidification
gazeux
liqufaction
Les forces de cohsion parviennent les maintenir en contact les unes avec les autres. Les liaisons sont toutefois assez lches et les molcules sont animes de mouvements pendulaires qui
leur permettent de glisser les unes sur les autres. Elles ne peuvent tre maintenues runies qu'en
1 ! Nous appelons "molcules", des particules lmentaires sans prciser pour l'instant s'il s'agit d'atomes ou
de molcules au sens o l'entendent les chimistes.
Introduction la cristallographie
de trs petits volumes, les gouttes. Pour des quantits plus importantes, il faut un rcipient pour
les maintenir ensemble. C'est l'tat liquide. Si la temprature baisse encore, l'nergie cintique des
molcules n'est plus suffisante pour leur permettre de se dplacer. Elles sont animes d'un mouvement de vibrations de faible amplitude autour d'une position fixe. C'est l'tat solide. De plus, elles
ne sont pas immobilises dans des positions quelconques, mais tendent se disposer d'une manire
parfaitement ordonne qui dtermine une configuration gomtrique rptitive dans les trois dimensions de l'espace. Cet tat ordonn de la matire solide s'appelle l'tat cristallin.
Dans ltat cristallin, les molcules sont arranges selon une configuration parfaitement gomtrique.
La plupart des substances minrales l'tat solide sont cristallises.
L'tat cristallin est l'tat normal du rgne minral. Certains corps
font exception et les atomes qui les constituent sont disposs en
dsordre. Ce sont principalement les verres et certains plastiques.
Les physiciens les considrent comme de "faux tats solides" et les
assimilent des liquides extrmement visqueux.
L'tat cristallin ne se limite pas uniquement aux beaux cristaux des
muses, mais il s'tend la quasi totalit des substances solides du
rgne minral. L'tat cristallin n'implique pas ncessairement la
L'tat cristallin : les atomes prsence de cristaux bien dvelopps aux faces lisses et brillantes.
sont maintenus des empla- Ainsi, les minraux constitutifs du granite (quartz, feldspath et micements fixes. Ils vibrent sans ca) sont des grains sans contours bien dfinis. Au cours de leur
s'carter trop de leur place.
croissance dans le magma originel, les germes cristallins se sont dvelopps tout d'abord librement, puis, en grandissant, il se sont gns mutuellement dans leur croissance, occupant les espaces laisss vides par leurs voisins au dtriment de leur forme propre. Ce sont des minraux dits xnomorphes.
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sommet
arte
face
En termes plus concrets, cette loi signifie que l'orientation d'une face vis vis des autres faces est
toujours la mme. La forme apparente d'une face, son contour ou l'importance de son dveloppement n'ont pas de signification particulire. C'est son orientation dans l'espace, relativement
aux autres faces, qui est prpondrante.
Trois aspects diffrents de la pyrite. Les contours et l'importance du dveloppement des faces sont diffrents d'un exemple l'autre. Toutefois leur orientation
rciproque est constante et l'angle qu'elles font entre elles est de 54 44'.
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fragmentent leur tour en d'autres rhombodres plus petits, aussi loin que le pouvoir sparateur
du microscope permet de les observer.
A partir de cette observation, l'abb Ren-Just Hay a imagin qu'il devait exister une "brique
lmentaire" - le rhombodre, dans le cas de la calcite - qu'il dsigna sous le nom de molcule
constituante.
Par empilements de rhombodres, il est parvenu reconstituer toutes les formes de la calcite.
Dans son Essai d'une thorie de la structure des cristaux, paru en 1784, il dfinit le terme de structure comme le mode d'arrangement des molcules constituantes. Nous savons aujourd'hui que la
molcule constituante n'existe pas rellement sous la forme qu'Hay avait imagine. Toutefois, le
mrite de cette thorie est d'avoir mis en vidence le caractre priodique de l'architecture intime
des cristaux et d'avoir pressenti, sans le deviner vraiment, l'existence de la maille lmentaire. Sa
dcouverte a ouvert la voie de la cristallographie moderne.
Lois de dcroissance des gradins dterminant l'orientation des faces (selon Hay).
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Pour mieux comprendre cette loi, examinons un cristal de barytine. On remarque que ce cristal
prsente une "certaine symtrie". On pourrait "l'enfermer" dans un paralllpipde rectangle
engendr par l'extension imaginaire des faces a, b et c. Choisissons des axes de coordonnes parallles aux trois artes de notre paralllpipde et passant par le centre du cristal. Elles dterminent les axes X, Y et Z. Choisissons une face oblique sur les trois premires, z, par exemple. Si on
la prolonge, elle coupe les axes aux points A, B et C. Dcidons encore d'adopter, sur chacun des
axes, des units relatives proportionnelles aux distances OA, OB et OC.
Essayons d'exprimer l'orientation des autres faces au moyen des paramtres ainsi dfinis. Ainsi
la face y coupe les axes en H, K et L. On peut exprimer les distances OH, OK et OL en fonction des
units relatives OA, OB et OC. On constate que la face y coupe les axes aux distances :
OH ___
OK ___
OL
___
OA OB OC
18 ___
9 ___
9
___
10 10 10
Comme on peut toujours dplacer une face paralllement elle-mme, ce sont les rapports de
ces trois nombres qui nous intressent, soit, dans le cas prsent 2 1 1.
On peut ainsi toujours exprimer l'orientation d'une face par trois nombres premiers entre eux ne
dpassant que rarement 10. Ces nombres, positifs ou ngatifs suivant le ct o ils coupent l'axe,
constituent la notation de la face. La loi des caractristiques entires s'exprime de la manire suivante :
Les rapports des segments dtermins sur les mmes axes par deux faces
quelconques sont toujours des nombres rationnels relativement simples.
Introduction la cristallographie
On obtient donc des rapports de fractions ordinaires qu'on transforme ensuite en rapports de
nombres entiers vis--vis d'un dnominateur commun. Ces trois nombres sont mis entre parenthses : (hkl). La face y est donc note (122).
face
intersections sur
les axes (WEISS)
111
211
221
21
11
Inverses
1
1
1
2
1
2
1
2
1
1
1
1
1
1
1
2
1
1
1
notation de
MILLER
1
1
1
1
1
1
1
1
1
(111)
(122)
(112)
(102)
(110)
La figure ci-dessus reprsente nouveau les axes de coordonnes avec les units dfinies pour la
barytine, ainsi que les orientations des faces x, y, d et m, avec leurs intersections sur les axes. En les
dplaant paralllement elles-mmes, on arrive toujours ce qu'elles interceptent les axes des
nombres entiers d'units (consquence de la loi des indices rationnels). La notation de chaque face
s'obtient donc en prenant les inverses des longueurs interceptes sur chaque axe.
On cherche ensuite le plus petit commun dnominateur et on porte les valeurs du numrateur entre parenthses. Le tableau ci-dessous rsume cette opration pour les diverses faces de la barytine.
Si une face intercepte le ct ngatif
d'un axe, on place un signe ngatif []
au-dessus du chiffre correspondant.
Dans un texte, les indices sont placs entre parenthses. Sur un dessin celles-ci
peuvent tre supprimes.
10
P re mi re a p p ro c h e d e s c ris t a u x
Le choix de la face unitaire, c'est--dire celle dont les intersections avec les axes dterminent les
units, doit tre particulirement judicieux. On la choisira gnralement en raison de son dveloppement important.
Notons que ces units ne sont que des valeurs relatives l'une l'autre et qu'il ne s'agit pas de
valeurs absolues. Ainsi, pour chaque espce minrale, aprs avoir fait le choix des axes de coordonnes et de la face unitaire, on note la valeur des paramtres de la manire suivante :
OA
___
OB
OB
___
OB
OC
___
OB
Au XIXe sicle, ces paramtres ont t calculs pour la plupart des espces minrales. Ce calcul
porte le nom de calcul cristallographique. Il s'effectue partir des mesures des orientations mutuelles des faces l'aide dun goniomtre. Nous verrons plus loin les principes de ces calculs.
A titre d'exemple, les paramtres de la barytine exprims de cette manire, sont 1.627 : 1 : 1.311.
Pour dfinir compltement les axes de coordonnes d'une espce minrale, il faut indiquer les angles que font entre elles les directions des axes ainsi que les paramtres dfinis plus haut. Le cas le
plus simple est celui d'axes orthogonaux avec des paramtres tous gaux. Le plus compliqu est celui d'axes non orthogonaux avec des paramtres tous diffrents.
11
Introduction la cristallographie
Plan de symtrie.
Le plan de symtrie produit des objets non
superposables, dits nantiomorphes
12
Jo u o n s a v e c la s y m t rie
A6
A3
A4
A6
Axes de symtrie d'ordre 2, 3, 4 et 6. On voit que les axes peuvent passer par le milieu
d'artes opposes, par le milieu de faces opposes ou par des sommets opposs.
Le centre d'inversion
Toutes les faces de la forme cristalline sont reproductibles deux deux par inversion de leurs
sommets et de leurs artes par rapport un centre d'inversion, appel parfois aussi centre de symtrie.
Si tous les points d'un objet peuvent tre rpts sur des droites concourantes un point et
gales distances de part et d'autre de celui-ci, on dit qu'il possde un centre d'inversion.
centre d'inversion
C
C'
A'
B'
Mcanisme de l'inversion.
Chaque face d'une forme cristalline ayant un point d'inversion, possde une face quivalente
parallle. Cette particularit permet de reconnatre la prsence ou l'absence de cet oprateur de
symtrie.
13
Introduction la cristallographie
On remarque que l'axe inverse d'ordre 2 correspond une rflexion sur un plan normal. De mme,
l'axe inverse d'ordre 6 correspond un axe direct d'ordre 3 associ un plan perpendiculaire.
Opration
Oprateurs quivalents
axe d'ordre 2
rotation
A2
axe d'ordre 3
"
A3
axe d'ordre 4
"
A4
axe d'ordre 6
"
A6
plan
rflexion
centre
inversion
rot. + inv.
2=m
rot. + inv.
A6
quivaut A3 + C
rot. + inv.
A4
identit propre
rot. + inv.
(A3 P3 )
14
Jo u o n s a v e c la s y m t rie
Les axes inverses peuvent tous tre exprims par des combinaisons d'oprateurs simples, l'exception de l'axe inverse d'ordre 4 qui est le seul prsenter une identit propre.
P'
15
Introduction la cristallographie
Les principaux thormes de symtrie ponctuelle
1
2a
Un plan perpendiculaire un axe d'ordre pair entrane l'existence d'un centre d'inversion;
2b
Un centre d'inversion situ sur un plan implique l'existence d'un axe d'ordre pair normal au plan et
passant par le centre;
Un centre situ sur un axe pair entrane l'existence d'un plan normal l'axe et passant par le centre.
2c
(C'est un thorme important. On peut le rsumer en disant que pour les trois oprateurs, axe pair,
plan normal et centre d'inversion, l'existence de deux d'entre eux entrane l'existence du troisime)
Un plan normal un axe impair (axe d'ordre 3) interdit la prsence d'un centre;
4a
La prsence d'un axe binaire perpendiculaire un axe d'ordre k entrane l'existence de k axes binaires perpendiculaires cet axe; l'angle dtermin par deux axes binaires est alors gal /k;
4b
Dans une figure qui n'a que k axes binaires situs dans un mme plan, la perpendiculaire au plan
est alors un axe d'ordre k;
5a
Si une figure a un axe d'ordre k et un plan passant par cet axe, cela entrane l'existence de k plans
passant par l'axe; l'angle entre deux plans est alors /k;
5b
Si une figure n'a que k plans passant par une droite, celle-ci est un axe d'ordre k;
Lorsqu'il y a plus d'un axe d'ordre suprieur 2, les seules combinaisons possibles d'axes sont
3A2 4A3 ou 3A4 4A3 6A2. Toutefois les axes d'ordre 3 et 4 peuvent devenir des axes inverses;
7a
7b
Un axe inverse impair implique l'existence d'un centre et exclut l'existence d'un plan normal;
7c
Un axe inverse d'ordre 4 est un oprateur qui n'admet ni plan normal ni centre.
On voit donc que les 32 classes de symtrie se rpartissent leur tour en sept systmes cristallins,
dfinis chacun par une association particulire d'oprateurs de symtrie. Ces sept systmes correspondent aussi sept paralllpipdes dont les artes serviront d'axes de coordonnes pour les
reprsentations graphiques des cristaux.
Les sept systmes cristallins
Systme
Caractristique
Multiplicit de
l'holodrie
cubique
4 axes d'ordre 3
48
quadratique
16
orthorhombique
3 lments binaires
monoclinique
un lment binaire
hexagonal
24
rhombodrique
12
triclinique
16
Jo u o n s a v e c la s y m t rie
On appelle holodrie une forme qui prsente la totalit des lments de symtrie du systme. La
multiplicit est le nombre de fois quune face oriente dune manire quelconque est rpte par
les lments de symtrie.
Cubique
Quadratique
Orthorhombique
Hexagonal
Cube
Prisme droit
base carre
Prisme droit
base rectangle
Rhombodrique
Monoclinique
Triclinique
rhombodre
prisme oblique
base rectangle
triclinique
monoclinique
X/m
axe+plans
l'axe
axe+axes
binaires
axe+ plans
+plans + C
axes inv. +
plans passant
par l'axe
Xm
X2
X/mm
Xm
A2P2P'2
A2A'2A"2
A2A'A"2P2P'2P"2
A3 3A2
1 (= C)
A2
2 (= P)
A2CP2
orthorhombique
rhombodrique
A3
3 (ou A3C)
(A3 3)
A3 3P2
quadratique
A4
4 (= A 4/2)
A4 C P4
A4P2P'2
hexagonal
A6
6(=A3P3)
A6 C P6
A6 3P2 3P'2
3A24A3
A3P3
3A24A3C3P2
3A44A36A2
3A44A36A2
cubique
3A44A36A2C3P46P2
A 6/33A2C3P2
3A4/2 4A36P2
La notation internationale, dite aussi "Hermann-Mauguin", est utilise dans les tables internationales de
cristallographie. Elle a l'avantage d'tre trs condense mais prsente l'inconvnient de ne pas tre "visuelle". Elle est base sur le principe suivant :
- X (un nombre) dsigne un axe d'ordre X,
- X dsigne un axe inverse d'ordre X,
- X/m un axe normal un plan,
- Xm un plan passant par l'axe
- X2, un axe d'ordre X avec des axes binaires normaux cet axe
- X/mm, un axe avec 2 sortes de plans.
Cette notation implique une parfaite connaissance des thormes de symtrie, car les lments rendus
obligatoires par ces derniers ne figurent pas dans la formule.
17
Introduction la cristallographie
Ainsi 432 signifie 3A4 4A3 6A2 (consquences du thorme VII) et 3A4 4A3 6A2 C 3P4 6P2 devient 4/m3m,
ce qui signifie axes d'ordre 4 avec plans normaux et axes d'ordre 3 passant par les axes. Cette notation peut
encore tre simplifie et 4/m3m devient m3m !
Cubique
3A44A6/3 6A2C3P46P2
48
holodrie
m3m
24
holoaxie
432
24
antihmidrie
43m
3A 2 4A6/3 C 3 P 2
24
parahmidrie
m3
12
ttartoaxie
23
Quadratique
Monoclinique
Orthorhombique
Mult. Classe
Not.intern.
Systme
3A2 4A3
A4 2A2 2A'2 C P42P2 2P'2
16
holodrie
4/mmm
A4 2A2 2A'2
holoaxie
422
A4 2P2 2P'2
hmimorphie
4mm
A4 C P4
parahmidrie
4/m
A4/2
antihmidrie
42m
A4/2
ttartodrie
A4
ttartodrie hmimorphe
A2 C P2
holodrie
2/m
A2
holoaxie
P2
antihmidrie
holodrie
mmm
2A2 2P'2
Hexagonal
Rhombodrique
Triclinique
holoaxie
222
A2 P'2 P"2
hmimorphie
mm2
24
holodrie
6/mmm
A6 3A 2 3A'2
12
holoaxie
622
A6 3P2 3P'2
12
hmimorphie
6mm
A6 C P6
12
parahmidrie
6/m
A3 3A 2 P3 3P'2
12
antihmidrie
6m2
A3 P3
ttartodrie
A6
ttartodrie hmimorphe
A6/3 3A 2 C 3P2
A3 3A 2
12
3m
holodrie
holoaxie
A3 3P2
A6/3 C
hmimorphie
3m
parahmidrie
A3
ttartodrie
holodrie
---
hmidrie
18
32
- la projection orthogonale, qui consiste abaisser la normale du ple P en un point Po, sur le
plan de projection (le plan quatorial ou le plan tangent au ple nord de la sphre, dans notre
exemple).
- la projection gnomonique, qui consiste prolonger la polaire jusqu'au plan tangent un des
ples de la sphre ( Pg ).
- La projection strographique, qui utilise le plan quatorial comme plan de projection et le ple S
comme point de vue (Ps).
C'est surtout la projection strographique qui est utilise en cristallographie. Elle possde
l'avantage sur les autres que la projection d'un cercle reste un cercle et que les angles entre les
arcs de grands cercles (plans passant par le centre de la sphre) sont projets en vraie grandeur.
O Po = r cos
N Pg = r ctg
O Ps = r ctg /2
Po
projection orthogonale
Pg
projection gnomonique
Ps
projection strographique
19
Introduction la cristallographie
a) strographique
b) gnomonique
c) orthogonale
La projection strographique
La projection a lieu sur le plan dfini par le cercle quatorial qu'on nomme cercle de base ou
encore cercle de projection. Le point de vue est le ple sud de la sphre. Les points situs dans
l'hmisphre nord sont projets l'intrieur du cercle de base, ceux situs dans l'hmisphre sud
sont projets l'extrieur. S'ils sont trop proches du point de vue, leur projection se trouve trs
loin du cercle de base. Aussi on peut adopter la convention que les points situs dans l'hmisphre sud sont projets en utilisant le ple nord comme point de vue. On adopte alors des figurs
diffrents suivant le point de vue utilis.
20
vue en perspective
construction de la projection
a) vue en perspective
b) construction de la projection
Introduction la cristallographie
vue en perspective
construction de la projection
Le canevas de Wulff
Les constructions s'effectuent sur un papier calque sous lequel on a plac le canevas de Wulff.
On place une punaise au centre du canevas, pardessous, pointe en haut. La pointe traverse le papier calque qu'on peut faire tourner ainsi autour
du centre de la construction. Ce canevas permet
de mesurer immdiatement les distances angulaires partir du centre de la projection ou du
cercle de base. Il permet encore de tracer n'importe quel grand cercle et de mesurer une distance angulaire entre deux points situs n'importe o sur la projection.
Canevas de Wulff.
22
Systme cubique
L'holodrie est caractrise par la formule 3A4 43 6A2 C 3P4 6P2 . C'est celle du cube, qui est la
forme primitive partir de laquelle on peut reconstituer toutes les autres formes du systme.
A4 4A3 6A2
3 P4
6P2
23
Introduction la cristallographie
plans
axes A4
axes A3
axes A2
La forme dont les faces sont normales aux axes A4 est le cube, ou hexadre. Les faces sont aussi
perpendiculaires aux axes de coordonnes. Leur notation gnrale est {001} 4.
Par permutation on obtient bien les indices des six faces :
(100)
(100)
(010)
(010)
(001)
(001)
Sur la projection strographique, les projections des ples des faces du cube sont confondues
avec celles des axes A4.
Par un raisonnement analogue nous obtenons l'octadre, dont les faces sont normales aux axes
A3, puis le dodcadre rhombodal 5, dont les faces sont normales aux axes A2. Les projections des
faces de ces diverses formes sont confondues avec celles des axes auxquels elles sont perpendiculaires.
La recherche des formes parallles aux axes s'effectue de la manire suivante : on place sur la
projection strographique le ple d'une face parallle un axe, l'axe A4 vertical, par exemple.
Puisque le cercle de base est le lieu des ples de toutes les faces verticales (donc parallles A4 )
on peut placer ce ple a n'importe o sur ce cercle. Ce point est alors rpt par tous les oprateurs de symtrie prsents. On obtient ainsi les 24 faces du cube pyramid. De la mme manire on
obtient les 24 faces de l'octadre pyramid (appel aussi triakisoctadre) ou du trapzodre, en cherchant les formes dont les faces sont parallles A2. Le fait qu'on obtienne deux formes diffrentes
dpend de l'endroit o l'on a dispos la premire face.
Enfin, si l'on place le ple d'une face d'une manire non privilgie vis vis des oprateurs de
symtrie, on obtient un solide 48 faces, l'hexakisoctadre. C'est ce dernier qui dtermine, par
son nombre de faces, la multiplicit M de la classe de symtrie.
4 ! les indices mis entre parenthses accolades signifient que toutes les permutations doivent tre
effectues pour trouver les indices particuliers de chaque face. C'est le symbole gnral de la
forme cristalline.
5 ! L'adjectif "rhombodal" qualifie la forme de la face, un rhombe, mot grec signifiant "losange".
24
A4: cube
A3 : octadre
A2 : dodcadre rhombodal
forme
indices M*
orientation
forme
indices
A4
cube
{100}
//A2(entre A2 et A3)
octadre pyramid
{hhl} h>l
24
A3
octadre
{111}
trapzodre
{hhl} h<l
24
A2
dodcadre
rhombodal
{110}
12
oblique
hexakisoctadre
{hkl}
48
//A4
cube pyramid
{hk0}
24
25
Introduction la cristallographie
Les mridries
Le principe de la recherche des formes cristallines des classes hmidriques est le suivant: sur une
projection strographique des oprateurs de symtrie de l'holodrie du systme cubique, figurs
en traits fins, on marque en couleur ou en traits gras les oprateurs encore prsents de la classe
considre. On procde ensuite de la mme manires que pour l'holodrie.
La forme oblique dans les diverses mridries du systme cubique
gyrodre
diplodre!
3A 4A3 6P2
antihmidrie
3A2 4A3
ttartodrie
La figure ci-dessus montre comment se comporte la "forme oblique" dans les trois mridries et
dans la ttartodrie du systme cubique. La forme oblique est la seule qui soit toujours atteinte
par une diminution de symtrie.
Le tableau de la page 33 dcrit toutes les formes simples de l'holodrie et des mridries du systme cubique. En l'examinant, on constate que certaines formes ne sont pas altres par une diminution de symtrie. Ainsi, le cube et le dodcadre rhombodal sont des formes qui subsistent
dans les cinq classes mridres. Ces formes ne sont pas rvlatrices de la classe laquelle appartient un minral, contrairement la forme oblique qui est caractristique de chacune des classes.
La pyrite se prsente souvent en cubes, bien qu'elle appartienne la parahmidrie de formule
3A2 4A3 C 3P2 .
Mais si on observe plus attentivement un cube de pyrite, on remarque que ses faces sont souvent
stries. Comme la symtrie doit rendre compte non seulement de la forme, mais aussi des proprits physiques, il faut donc admettre que les axes normaux aux faces ne peuvent plus tre des
axes A4, mais des axes A2. Les axes A3 ne sont pas altrs, mais les trois plans P4 deviennent des
plans P2 et les anciens plans P2 disparaissent !
Formes composes
Jusqu' prsent nous n'avons parl que des formes simples. Mais le plus souvent les minraux
sont composs par l'association de plusieurs formes simples. Les orientations des faces restent
videmment les mmes, mais leur contour se modifie par les troncatures provoques par les autres formes. Ainsi les faces du dodcadre pentagonal n'auront plus ncessairement un contour
pentagonal !
26
Grenat: trapzodre et
dodcadre rhombodal
Pyrite : octadre et
dodcadre pentagonal
cube et dodcadre
rhombodal!
Pyrite : octadre et
dodcadre pentagonal
Galne : cube et
triakisoctadre
trapzodre (112)
trapzodre (113)
27
Introduction la cristallographie
Formes cristallines de quelques minraux cubiques.
Diamant
hexakisoctadre
Grenat
dodcadre rhombodal
Fluorine
cube et octadre
Fluorine
deux cubes macls
Pyrite
dodcadre pentagonal
et octadre
Cobaltine
cube, octadre et deux dodcadres pentagonaux
Prowskite
cube, octadre et
dodcadre rhombodal
Blende
dodcadre rhombodal,
cube, octadre et trapzodre
Grenat
dodcadre rhombodal
et hexakisoctadre
Ttradrite
ttradre, cube et
triakisttradre
Cuprite
dodcadre rhombodal
et octadre
Magntite
dodcadre rhombodal,
octadre et trapzodre
28
Prisme!
ensemble de faces parallles une mme direction, gnralement l'axe principal {hk0}.
Bipyramide !
deux pyramides accoles par leur base. Les sections des prismes, pyramides
et bipyramides peuvent tre trigonales, ttragonales (ou quadratiques), hexagonales, ditrigonales, dittragonales ou encore dihexagonales (cf. figure page
suivante).
Sphnode
Disphnodre !
Trapzodre !
Rhombodre !
trapzodre trigonal dont une des pyramides a tourn de 60 par rapport l'autre. On peut le dfinir aussi comme un paralllpipde dont les faces ont des
formes de rhombe (= losange).
bipyramide ditrigonale dont une des pyramides a tourn de 60 par rapport
l'autre (ou rhombodre avec deux pans sur chaque face).
Scalnodre ditrigonal !
Pdion !
face unique non rpte par les oprateurs de symtrie (base d'une pyramide,
par exemple).
Dme !
Sphnode!
Pinacodes
Prismes
pyramide
bipyramide
29
Introduction la cristallographie
sphnodre
dome
disphnodre
sphnode
trapzodre
trigonal
rhombodre
obtus
trapzodre
ttragonal
trapzodre
hexagonal
rhombodre
aigu
scalnodre
ditrigonal
On attribue parfois des prfixes aux prismes, pyramides et bipyramides pour prciser leur position vis--vis des axes de coordonnes X et Y. Ce sont les prfixes proto-, deutro- et trito- qui indiquent respectivement qu'une face coupe les axes prcits des distances gales (hhl), qu'elle est
parallle l'un d'entre eux (h0l), ou que son orientation est quelconque (hkl). En lieu et place de
ces prfixes, certains auteurs utilisent les expressions "de premire espce", "de deuxime espce", ou "de troisime espce".
Systme quadratique
La recherche des formes simples des diverses classes s'effectue de la mme manire que pour le
systme cubique. Le tableau de la page 44 montre toutes ces formes en fonction de leur orientation vis--vis des oprateurs de symtrie. La figure ci-contre montre la projection strographique
des plans et axes de symtrie du systme.
30
Systme orthorhombique
Les minraux orthorhombiques ont trois axes de symtrie orthogonaux qui concident avec les
axes de coordonnes. Ils sont souvent allongs selon un de ces axes de symtrie. Celui-ci est alors
choisi comme axe Z. Les axes A'2 et A"2 jouent alors les rles de X et Y.
31
Introduction la cristallographie
En principe il ne devrait pas exister d'axe principal. Cependant, cause de l'allongement ou de
l'aplatissement frquent des minraux appartenant ce systme, on continue, par habitude, de
nommer "prisme" la forme dont les faces sont parallles A2 et "dme" les formes dont les faces
sont parallles aux axes A'2 et A"2. La figure suivante montre la projection strographique des
lments de symtrie ainsi que les ples des faces de la crusite, minral appartenant l'holodrie du systme.
Projection strographique de la crusite (PbCO 3 ).
Topaze, holodrie
(001) pdion
(010) pinacode en Y
(031) hmidme en X
(301) hmidme en Y
(110) prisme rhombique
(121)pyramide rhombique
32
33
Introduction la cristallographie
systme 3 axes
systme 4 axes
deutroprisme {100}
deutrobipyramide {101}
pinacode {001}
protobipyramide {111}
34
Il est intressant de voir ce que devient ce scalnodre dans les autres classes, l'holoaxie A33A2,
par exemple. La disparition des plans de symtrie fait diminuer le nombre de faces de moiti. On
voit, sur la fig. 5.22, que la face (211) n'est plus rpte en (311) comme elle l'tait dans l'holodrie. Nous obtenons une forme 6 faces, le trapzodre. Mais si, au lieu d'avoir choisi la face
(211) comme face quelconque, nous avions considr plutt la face (311) nous aurions obtenu
un trapzodre orient diffremment. On remarque que ces deux trapozodres ne sont pas superposables. On dit qu'ils sont nantiomorphes. On distingue ces deux trapzodres en les qualifiant de droit ou gauche. D'une manire identique nous avons une main droite et une gauche qui
ne sont pas superposables.
35
Introduction la cristallographie
Certains minraux sont tantt droits, tantt gauches. L'exemple le plus familier est celui
du quartz.
m!
r!
rhombodre {101}
z!
rhombodre {011}
s!
s !
x!
x!
Quartz gauche
La distinction entre les deux formes n'est macroscopiquement possible que si les faces du trapzodre sont prsentes. Rappelons que ces deux formes sont dites nantiomorphes. Cela signifie
quelles ne sont pas superposables mais que l'une d'entre elles est le miroir de lautre (plan de
symtrie). Un autre exemple intressant est celui de la tourmaline :
Formes habituelles de la tourmaline
(010) prisme trigonal
(110) prisme hexagonal
(101) pyramide trigonale
(102) pyramide trigonale
(011) pyramide trigonale
(001) pdion
section prismatique
36
37
Introduction la cristallographie
Systme monoclinique
La diminution du nombre des oprateurs de symtrie entrane un appauvrissement du nombre
des formes qui se limitent celles qui sont dcrites dans le tableau ci-dessous.
Formes simples du systme monoclinique
A2 {0 10 }
// A2 { h0l}
oblique { hkl}
2/m
A2 C P2
pinacode
pinacode
prisme
A2
pdion
pinacode
sphnode
P2
pinacode
pdion
dme
L'axe Y concide avec l'unique axe de symtrie, X et Z sont situs dans le plan de symtrie et ne
sont plus normaux aux faces (100) et (001). Sur la projection strographique on place Z verticalement (au centre du cercle de base), X penchant en avant, sa projection se trouve l'extrieur du
cercle de projection. L'orthose, dcrite dans l'exemple ci-dessous, appartient l'holodrie du systme.
Projection du systme monoclinique et exemple de l'orthose
Formes de l'orthose :
pinacodes {010}, {001} et {201} et
prismes {110}, {130}, {021} et
{111}.
Systme triclinique
Les formes se rduisent des pinacodes dans l'holodrie et des pdions dans la classe sans
symtrie. Le paralllpipde triclinique, dtermin par les pinacodes {100}, {010} et {001} est
orient de telle manire que la face (010) soit situe sur le cercle de base, l'extrmit droite
du diamtre quatorial horizontal, et que la face (100) vienne aussi sur le cercle de base, vers
l'avant. La face (001) penche donc vers l'avant et sur la droite. Les axes X, Y, Z ne sont plus confondus avec les normales aux pinacodes. L'axe Z est vertical, les axes X et Y sont situs en des
points quelconques de la projection.
38
____________________________
39
Introduction la cristallographie
6! C'est le nombre d'atomes contenus dans un atome-gramme ou de molcules contenues dans une mol-
cule-gramme (dans le cas prsent 58.5 gr). Ce nombre vaut 6.02 1023.
7 ! Reprsentation d'une structure atomique dans laquelle les atomes sont figurs par des points.
40
Dans le premier exemple, nous avons reli le nud o avec les nuds les plus proches a1, b1 et
c1. On obtient trois directions. En prolongeant ces droites, on trouve d'autres nuds indfiniment
rpts gale distance les uns des autres. Ce rseau de droites dtermine un paralllpipde, ici
un rhombodre, dont les artes forment entre elles des angles de 60 et dont les longueurs sont
gales 5.6 2/2 . On peut maintenant dfinir compltement la configuration atomique de
la halite de la manire suivante :
La halite est constitue d'un groupement de deux atomes, chlore et sodium, rpt
priodiquement aux nuds d'un rseau dtermin par un rhombodre, dont les artes
forment entre elles des angles de 60 et dont les longueurs sont gales 5.6 2/2 .
8! Nous appellerons dornavant rseau l'ensemble des droites qui dcrivent les alignements de nuds.
41
Introduction la cristallographie
Cette dernire dfinition est beaucoup plus commode que la prcdente, car cette maille lmentaire multiple possde la symtrie du cristal, ce qui n'tait pas le cas de la maille rhombodrique. C'est le rseau cubique faces centres. Cela signifie qu'on trouve des nuds aux sommets et au milieu des faces de la maille.
Le rseau
C'est un arrangement tridimensionnel de nuds tel, qu'aucun de ces nuds ne peut tre distingu d'un autre : autour de chaque nud existe exactement le mme environnement.
Si on relie deux nuds par une droite, on trouve, de part et d'autre de ces noeuds et gales
distances sur cette droite, d'autres nuds identiques. Une telle droite est une range rticulaire.
Un rseau renferme une infinit de ranges rticulaires.
De mme, par trois nuds non en ligne droite on peut faire passer un plan qu'on appelle un
plan rticulaire. Il existe galement une infinit de plans rticulaires.
Nous constatons qu'on peut donc toujours reconstituer un rseau par juxtapositions parallles
sans interstices d'un paralllpipde, la maille lmentaire.
Prenons l'exemple familier d'un papier peint : il est constitu d'un motif, ici une fleur, rpt
selon une certaine loi gomtrique. On peut remplacer les motifs par des points. Ce sont les
noeuds d'un rseau deux dimensions. Il est donc possible de gnrer ce rseau par juxtaposition de diverses mailles lmentaires. Les mailles a, b et c sont des mailles simples, alors que la
maille d est une maille multiple.
9 ! Dans un monde deux dimensions, on ne parle pas d'axes ou de plans, mais de points de rotation et de
lignes de rflexion.
42
Pour dcrire compltement une maille, il faut indiquer si elle est simple ou multiple, prciser les
longueurs de ses artes ainsi que les angles qu'elles font les unes par rapport aux autres. Le nombre de paramtres dterminer varie entre un pour la maille cubique, et six pour la maille triclinique.
43
Introduction la cristallographie
Caractristiques des diverses mailles lmentaires
cubique
= = = 90
a=b=c
Nombre de paramtres
1
quadratique
= = = 90
a=bc
orthorhombique
= = = 90
abc
hexagonale*
= = 90 = 120
a=bc
rhombodrique*
= = 90
a=bc
monoclinique
= = 90 90
abc
triclinique
90
abc
Symtrie
long. artes
Il est intressant de comparer ces mailles avec les axes de coordonnes qui nous ont servi indexer les faces des cristaux. Les directions des axes X, Y Z correspondent celles des artes des
mailles lmentaires, et les units relatives choisies sur ces axes sont proportionnelles aux longueurs des artes de la maille.
La seule exception est celle de la maille rhombodrique dont les directions des artes ne sont
pas utilises comme axes de coordonnes. Pour des raisons de commodit on lui prfre une
44
11 !
Introduction la cristallographie
Applique au
rseau cubique simple,
cette formule devient :
Si on tudie systmatiquement la frquence des faces des cristaux, on constate qu'elle est proportionnelle la densit de noeuds du plan rticulaire correspondant, elle mme proportionnelle
la distance rticulaire. Il est ainsi possible de prvoir la frquence des faces. Pour un rseau rticulaire cubique simple, nous aurons :
hkl
100 110 111 210 211 221 310 311 320 321 410 322 411
h 2 + k 2+ l 2
10
11
13
14
17
18
La forme la plus frquente est le cube, puis viennent le dodcadre rhombodal, l'octadre, le cube
pyramid, le trapzodre etc... Pour les mailles multiples il faut tenir compte des noeuds supplmentaires. Pour le rseau cubique centr, on voit apparatre des plans rticulaires intermdiaires
entre les anciens plans {001} qui deviennent alors des plans {002}. Par contre les distances rticulaires des plans {011} restent inchanges. On constate encore que les plans {111} deviennent des plans
{222}). On en tire la conclusion que tous les plans dont la somme des indices h + k + l est impaire,
sont deux fois plus rapprochs que dans la maille simple. Pour tenir compte de cette modification, il
suffit de doubler les indices des plans rticulaires concerns. La frquence de face devient alors :
hkl
200
110
222
420
211
442
310
622
640
321
411
332
431
h 2 + k 2+ l 2
12
20
36
10
44
52
14
18
22
26
La forme la plus frquente est donc le dodcadre rhombodal, puis viennent le cube, le trapzodre, le cube pyramide, l'octadre etc...
Plans rticulaires supplmentaires gnrs par le rseau cubique centr
46
200
220
111
420
422
442
620
311
640
642
331 511
h 2 + k 2+ l 2
20
24
36
40
11
52
56
19
27
531
35
La forme la plus frquente est alors l'octadre, suivie du cube, du dodcadre rhombodal, du
trapzodre etc... Les figures suivantes montrent le comportement des plans {001}, {011} et {111}.
Plans rticulaires supplmentaires gnrs par le rseau cubique faces centres.
Pour une espce cristalline, l'tude systmatique de la frquence des formes sous lesquelles elle
se prsente habituellement peut permettre d'identifier son rseau. Le diamant et la fluorine qui
montrent une prdominance des formes octadriques, ont un rseau cubique faces centres. Le
grenat et la leucite qui cristallisent frquemment en dodcadres, montrent par l que leur rseau
est cubique centr. Cette tude peut tre tendue aux autres systmes. Toutefois les formules se
compliquent rapidement cause de l'augmentation du nombre des paramtres des mailles.
Le motif
Nous avons considr un cristal comme tant gnr par une rpartition tripriodique de motifs
atomiques. On peut dfinir le motif comme tant le plus petit groupement d'atomes qui, rpt
indfiniment dans les trois directions de l'espace, reconstitue tout le cristal. L'ensemble des motifs
ralise donc le remplissage htrogne de l'espace tripriodique de la maille lmentaire.
Nous admettons que les atomes sont sphriques. Nous ne tenons pas compte, pour l'instant de
leur taille et nous les reprsentons par des points qui figurent leur position. Nous pouvons dcrire
les positions des atomes l'intrieur de la maille lmentaire en nous servant des trois cts de
cette maille comme axes de rfrence, et en prenant comme units, des fractions de longueurs des
artes. Ainsi les positions des atomes de chlore et de sodium l'intrieur de la maille lmentaire
s'crivent :
Les autres atomes ne font plus partie de cette maille, mais de la suivante. Le motif, constitu
ici d'un atome de sodium et d'un atome de chlore, est rpt quatre fois l'intrieur de la
47
Introduction la cristallographie
maille, car elle renferme quatre nuds (multiplicit
4). On peut maintenant dcrire compltement la
structure en disant que la halite possde une maille
cubique faces centres de 5.6 d'arte, l'intrieur
de laquelle les atomes se rpartissent suivant les
coordonnes mentionnes ci-dessus.
Structure de la halite.
Ce n'est donc plus une symtrie ponctuelle. Pour reproduire tous les atomes, il faut ajouter un
nouvel oprateur de symtrie : la translation.
Cette nouvelle composante a pour consquence de faire apparatre deux oprateurs composs
nouveaux : le plan avec glissement qui associe un plan et une translation, et l'axe hlicodal qui
associe une rotation avec un glissement le long de cet axe.
Axes hlicodaux
Il s'agit d'une opration qui associe une rotation avec une translation le long de l'axe. L'axe est
une des directions principales du rseau et la translation t est obligatoirement une fraction entire de la priode de la range.
Il n'existe qu'un seul axe hlicodal binaire. La translation est gale une demi-priode de la
range correspondante. Deux oprations effectues successivement quivalent une translation
du rseau.
48
Nous trouvons encore cinq axes hlicodaux d'ordre 6 : 61, 62, 63, 64 et
65. Les deux premiers sont dextrogyres, les deux derniers lvogyres et 63
n'a pas de sens particulier. La translation vaut 1/6 de la priode du rseau
dans la direction de l'axe.
Les divers axes hlicodaux
49
Introduction la cristallographie
Rpartition des groupes d'espace dans chaque systme cristallin
systme triclinique :
systme hexagonal :
28
systme monoclinique :
13
systme quadratique :
68
systme orthorhombique :
59
systme cubique :
36
systme rhombodrique :
25
Il sont dcrits en dtails dans les Tables internationales de cristallographie. On les reprsente
graphiquement par un plan de la maille lmentaire sur lequel figurent, d'une manire symbolique, tous les lments de symtrie du groupe.
Ces groupes sont dsigns par les symboles Hermann-Mauguin et ceux de Schoenflies. Les principes de ces notations sont dcrits aussi dans les Tables internationales de cristallographie. Les
conventions graphiques qui symbolisent les oprateurs de symtrie y figurent galement. La figure suivante montre le plan gnral des oprateurs de symtrie du groupe spatial auquel appartient la halite. On n'a reprsent que les oprateurs normaux et parallles au plan (001) du dessin. A cause de la symtrie cubique une reprsentation sur le plans (010) ou (100) serait parfaitement identique. Il s'agit du groupe d'espace N 225. La symtrie est trs leve et le grand
nombre des oprateurs ne permet pas de les faire tous figurer sur le plan. Aussi, les oprateurs
obliques, A3, A2 P2 et certains axes binaires hlicodaux ont t placs sur des projections strographiques. On voit aussi les positions des atomes Na et Cl l'intrieur de la maille avec leur lvation respective.
50
Page des Tables Internationale dcrivant le groupe Fm3m auquel appartient la halite
51
Introduction la cristallographie
Un atome en position quelconque est donc rpt 192 fois l'intrieur de la maille. Ce chiffre
lev est d la symtrie leve du groupe. Les listes suivantes donnent les positions des atomes
situs dans des positions spciales : sur un axe, dans un plan etc...
Les atomes de Na et de Cl occupent des position trs privilgies et ne sont rpts chacun que 4
fois l'intrieur de la maille.
Holodrie et mridries
Dans l'exemple choisi, on constate que le groupe de symtrie contient tous les lments de symtrie ponctuelle de l'holodrie du systme cubique plus une quantit d'autres oprateurs. Dans le cas
prsent, la symtrie du motif est plus leve que celle du rseau : le cristal appartient la classe holodrique.
Prenons un autre exemple, le groupe de symtrie N 31, Pmn21 qui correspond une maille
simple du systme orthorhombique. On distingue des plans simples parallles (100), des plans
avec glissement parallles (010) et des axes hlicodaux binaires verticaux.
On n'y retrouve pas tous les oprateurs de symtrie ponctuels de l'holodrie du systme orthorhombique : la symtrie du motif est infrieure celle du rseau. En effet, la symtrie du cristal
comportera un plan vertical parallle (100). Comme les plans avec glissement deviennent des
plans normaux, en symtrie ponctuelle, le cristal possdera aussi un plan vertical parallle (010).
52
En appliquant le thorme de symtrie qui veut qu' l'intersection de n plans passant par une
droite on trouve un axe d'ordre n, on aura encore un axe binaire vertical. La symtrie du cristal
est alors A2 P P', une mridrie du systme orthorhombique.
En conclusion, on constate que si l'orientation d'une face est dtermine par la gomtrie du
rseau (forme de la maille lmentaire), la prsence ou l'absence de cette face dpend de la symtrie du groupe d'espace.
la symtrie du groupe d'espace contient
Holodrie
Mridrie
_______________________
53
Introduction la cristallographie
L'aspect du spectre mis par le tube est intressant. Lintensit du rayonnement en fonction de la
longueur d'onde est caractristique de la nature de lanticathode. La courbe reprsente ci-dessus
est celle du spectre obtenu par un tube anticathode de cuivre auquel on a appliqu une tension
de 40 kV. L'mission dbute brusquement du ct des petites longueurs d'onde. Cette limite infrieure dpend du potentiel appliqu au tube selon la relation :
o =
12'394
V
h = constante de Plank
c = vitesse de la lumire
54
hxc
e
e = charge de l'lectron
Introduction la cristallographie
2. En plus du rayonnement de fluorescence, les lectrons de l'lment cible mettent leur tour,
dans toutes les directions de l'espace, un rayonnement X de mme longueur d'onde que celle
du rayonnement primaire. Ce rayonnement est connu sous le nom de diffusion cohrente.
Il y a d'autres effets encore. Toutefois ceux dcrits ci-dessus sont les seuls qui intressent le minralogiste.
La diffusion cohrente intresse beaucoup le cristallographe. En effet, les missions des rayons X
secondaires mis par toutes les sources cohrentes que sont tous les atomes d'une substance cristallise, vont interfrer entre elles, se renforcer dans certaines directions, s'annuler dans d'autres. Le
rayonnement global dans l'espace sera donc discontinu. L'tude de ces discontinuits permet finalement de reconstituer la structure atomique des cristaux.
L'tude du spectre du rayonnement de fluorescence permet d'identifier les lments chimiques
prsents dans la substance irradie. C'est donc l une mthode intressante d'analyse chimique,
non destructible de la matire.
n = 2d sin
Cette relation fondamentale en radiocristallographie porte le nom de loi de Bragg.
56
n<
2d sin
Dans le cas de NaCl, les couches d'atomes parallles (001) sont spares par une distance rticulaire de 2.8 . Si on utilise une anticathode de Cu avec une longueur d'onde de 1.54 , on ne
peut avoir de rflexion que pour des angles d'incidence de 16 (n=1), 33 (n=2) et 55 (n=3).
Dans ce cas prcis, n ne peut prendre que les valeurs 1, 2 et 3.
En rsum, pour les incidences qui satisfont la loi de Bragg, les rayons X sont comme "rflchis" par les plans rticulaires. Cette sorte de rflexion porte le nom de diffraction.
On peut ainsi calculer aisment les distances rticulaires des cristaux si on connat la longueur
d'onde utilise et si on parvient mesurer les angles
de diffraction. De nombreuses mthodes ont t
imagines pour mesurer les angles de diffraction.
Nous ne les dcrirons pas toutes ici. Elles font l'objet
de cours plus spcialiss.
Conditions de diffraction
Nous pouvons dcrire la structure d'un minral si nous connaissons la gomtrie de sa maille
lmentaire ainsi que les positions des divers atomes l'intrieur de ladite maille. Quelles sont
donc les influences du rseau et du motif sur la diffraction des rayons X par un cristal ?
Examinons la figure ci-contre : elle reprsente un cristal deux dimensions constitu de deux
types d'atomes. La maille lmentaire renferme un atome A et
un atome B. Si on ne considre que les atomes A, on remarque
qu'ils dfinissent le rseau dessin en traits pleins. Ce rseau dtermine les conditions de diffraction des rayons X pour les atomes A.
Les atomes B constituent un rseau identique (en pointills). Les
deux rseaux sont parallles l'un l'autre et leurs conditions de
diffraction sont identiques. Les directions de diffraction sont donc
les mmes. Toutefois, elles interfrent entre elles, provoquant un
renforcement ou une attnuation, voire mme la disparition de certaines rflexions. Ces considrations sont importantes car elles montrent que :
57
Introduction la cristallographie
L'tude de la diffraction des rayons X par les cristaux offre donc la possibilit de dterminer non
seulement les dimensions de la maille lmentaire, mais aussi les positions des atomes l'intrieur de celle-ci.
Camra Debye-Scherrer
Si on place cette poudre sur le trajet d'un rayonnement X primaire, il y a toutes les chances de trouver
des grains qui remplissent les conditions de diffraction
pour toutes les familles de plans rticulaires car, statistiquement, dans un si grand nombre de grains, toutes les orientations possibles sont reprsentes. La
plus simple des camras de poudre est celle dite
Debye-Sherrer, du nom de leurs inventeurs. C'est une
bote cylindrique aplatie dont la paroi intrieure est
garnie d'un film photographique.
58
Sur le film obtenu avec une camra cylindrique, on obtient des raies lgrement courbes qui
sont le rsultat de l'intersection du cylindre de la camra avec les cnes de diffraction correspondant aux diverses familles de plans rticulaires. Chaque cne dtermine donc deux raies symtriques de part et d'autre du trou central du film. Ces raies sont spares par une distance angulaire 4. Les constructeurs s'arrangent pour construire des camras dont la circonfrence intrieure est de 180 ou 360 mm afin que les lectures effectues en millimtres soient aisment converties en degrs.
59
Introduction la cristallographie
Exemple concret
Aprs avoir broy un chantillon assez finement (200 300 mesh) on le dispose au centre de la
camra, soit dans un fin tube capillaire soit sur un fil de verre tir, imprgn de colle. On garnit
le pourtour intrieur du cylindre d'un film photographique, on ferme le couvercle de la camra et
on place l'entre du collimateur devant la source du gnrateur de rayons X. Aprs dveloppement du film on voit apparatre une srie de raies symtriques de part et d'autre du centre du film
(matrialis par le trou ncessaire pour laisser passer le collimateur). On mesure les distances qui
sparent deux raies symtriques et on les convertit en valeur angulaire 4 (ou 2 si on mesure
partir du centre du film).
Aspect d'un diagramme de diffraction obtenu sur une poudre cristalline de NaCl.
On sait que les distances rticulaires sont inversement proportionnelles l'angle . Elles sont
donc dcroissantes du centre vers l'extrmit du film. Par ailleurs, nous savons dj que notre minral est cubique et nous connaissons le classement dcroissant des distances rticulaires cubiques selon leur mode de rseau. Nous les rappelons dans le tableau ci-dessous :
maille
=========
100
110
111
210
211
221
310
311
320
321
410
322
411
110
200
211
310
222
321
411
420
332
431
442
622
640
111
200
220
311
331
420
422
511
531
442
620
640
642
Nous pouvons calculer le facteur n2 (h2 + k2 + l2) pour les premiers termes des distances rticulaires dcroissantes des trois modes cubiques. On obtient :
60
hkl
100
110
111
100
210
211
220
h 2 + k2 + l 2
4*
8*
mode
hkl
110
200
211
220
h 2 + k2 + l 2
8*
mode
hkl
111
200
220
h 2 + k2 + l 2
* n=2
Introduction la cristallographie
Le diffractomtre
Au lieu d'enregistrer les raies sur un film, on peut utiliser un appareil de type compteur Geiger.
En lieu et place du film on fait tourner un bras mobile supportant un compteur. Chaque fois que
la fentre sensible du compteur coupe un cne de diffraction, il enregistre l'augmentation d'intensit du rayonnement. Un enregistreur inscrit ces variations sur un papier millimtr. L'intensit
est porte en ordonnes, l'angle en abscisses.
Principe du diffractomtre.
62
Relations entre l'orientation d'une face et les paramtres qu'elle dtermine sur les axes de coordonnes.
Les angles , et sont dtermins par la normale face unitaire avec les normales aux 3 faces
choisies pour dfinir les axes de coordonnes. On mesure ces angles l'aide d'un goniomtre. Le
modle le plus simple est le goniomtre d'application. Il est constitu d'un rapporteur muni d'une
rglette tournant autour du centre.
12
63
Introduction la cristallographie
Le modle le plus simple est le goniomtre d'application. Il est constitu d'un rapporteur muni d'une rglette tournant autour du centre. Sa prcision est faible
et on ne peut l'utiliser qu'avec des cristaux relativement grands. Ce premier modle a t ralis en 1772
par le franais Carangeot.
Bien vite on a invent des appareils plus prcis, bass
sur la rflexion d'un signal lumineux sur les faces du
cristal. On utilise le fait que les cristaux ont toujours
un certain nombre de faces parallles une mme diGoniomtre d'application
rection. Cet ensemble de faces constitue une zone. La
mesure consiste faire tourner le cristal autour de l'axe
de zone et noter les angles qui sparent les rflexions successives correspondant chaque face.
On recommence cette opration pour chaque zone. Les
goniomtre modernes permettent de mesurer les angles
entre les faces avec une prcision atteignant la minute
d'arc.
Aujourd'hui, la diffraction des rayons X a compltement
supplant le calcul cristallographique. Toutefois, les goniomtres sont encore utiliss pour orienter des cristaux
avant de les disposer sur certaines camras de diffraction
de rayons X.
Le calcul cristallographique
Reprenons l'exemple du cristal de barytine dont nous avons mesur les angles entre les normales chaque face et celles des faces
a, b, et c, prises comme tridre de rfrence. Les rsultats des mesures sont rsums dans le tableau-ci-dessous. A partir de ces
donnes, nous avons calcul les paramtres a/b et c/b au moyen
des quations dveloppes plus haut. On remarque que les rapports les plus frquents sont 0.815 pour a/b et 1.313 pour c/b. En
choisissant ces deux valeurs comme paramtres du cristal, nous
adoptons du mme coup la face z comme face unitaire. Sur le dessin du cristal, son dveloppement apparat aussi plus important
que celui des faces r ou y.
Cristal de barytine
64
53 43'
a
b
c
b
1.3135
50 49'
90
0.8151
22 10'
67 50'
90
0.4077
68 04'
90
21 56'
2.6772
1.0780
51 08'
90
38 52'
1.5936
1.2844
31 49'
90
58 11'
1.1754
1.8972
45 42'
5517'
6419
0.8153
1.3138
56 03'
62 55'
46 06'
0.8152
0.6566
63 59'
44 21'
57 01'
1.6303
1.3138
face
90
37 10'
39 11'
En choisissant les valeurs de 0.8153 et 1.3138 pour a/b et c/b, nous pouvons indicer toutes les
autres faces :
Indices des faces de la barytine
face
: b
indices
11
11 0
210
104
102
101
111
11 2
122
Il est intressant de voir ce qui se passe si, au lieu de z, nous choisissons comme face unitaire r ou
y. Les indices des autres faces changent et les paramtres changent aussi. Nous aurions alors les valeurs dcrites dans le tableau ci-dessous. Nous trouvons aussi des indices trs simples. une incertitude subsiste : sommes nous srs que cest bien la face z quil fallait choisir ? Aucun critre purement gomtrique ne nous permet d'en dcider. Seule la recherche de la maille lmentaire par les
mthodes diffractomtriques permet de lever cette indtermination. Cette mthode nous rvle que
les artes de la maille lmentaire de la barytine ont pour longueurs 8.85, 5.43 et 7.13 . On constate que c'tait y la meilleure face unitaire !
Indices des faces de la barytine suivant le choix de la face unitaire
face
hkl
face
hkl
21
11
11 0
210
210
410
102
102
101
101
201
201
221
2 11
111
212
121
111
65
Introduction la cristallographie
Sur la projection strographique, on a trac divers grands cercles passant par plusieurs faces.
Toutes les faces situes sur un mme grand cercle constituent une zone. Les faces (100), (101),
(102), (104), (001), (104), (102), (101), (100), constituent une zone. Les faces (110), (101),
(112), (011), (110) constituent une autre zone. La face (101) est commune aux deux zones.
Projection strographique des ples des faces de la barytine.
(Seules les faces de l'hmisphre suprieure du cristal ont t reprsentes)
Les zones
Le dessin ci-contre montre, en hachurs, une zone, celle
qui comprend les faces (122), (111), (100), (111), (122),
(011) etc... La droite parallle toutes ces faces est l'axe
de zone. On le dsigne par le symbole [011]. Il est important de retenir qu'il s'agit d'un symbole qu'il ne faut pas
confondre avec les indices d'une face. Il est plac entre parenthses crochets. On peut trouver le symbole de l'axe de
zone partir des indices de deux faces de la zone en se servant de la rgle des dterminants. Soit deux faces d'indices
h1k1l1 et h1k1l1, le symbole de l'axe de zone [UVW] est :
Zone dfinie par les faces o, y, a, z, et l'axe de
zone correspondant.
h1
k1
l1
h2
k2
h1
l2
k1
l1
k2
l2
U = k1l2 - l1k2
h2
V = l 1h2 - h 1l 2
W = h1k2 - k1h2
66
[ 0 1 1 ] axe de zone
On montre ici cet axe de zone. Il correspond la
grande diagonale dtermine par le paralllpipde d'artes 0, 1 et 1. Dans le cas prsent, comme
une des valeurs est nulle, le paralllpipde se rduit un rectangle. Remarquons que l'axe de zone
dsign par [011] n'est pas perpendiculaire la
face (001) ! Pour cette raison on parle de symbole
et non d'indice. Rciproquement, tant donn les
symboles de deux axes de zone, on obtient la notation de la face commune, au moyen de la rgle des
dterminants. Par exemple, la face commune aux
deux zones [011] et [001] (ensemble des faces verticales) est :
[100]
La face (100) est bien commune aux deux zones. Remarquons que le symbole de zone [011] peut
aussi s'crire [011]. En utilisant ce dernier symbole dans le dterminant on aurait obtenu alors la
face (100), visible sur le dessin.
Loi de Weiss
Cette loi sert vrifier qu'une face fait bien partie d'une zone. Elle s'exprime de la manire suivante :
une face (hkl) appartient une zone [UVW] si la relation suivante est satisfaite :
Uh + Vk + Wl = 0
En corollaire ces diverses rgles, apparat une autre loi qui s'nonce ainsi :
en additionnant terme terme les indices de deux faces d'une mme zone, on obtient les indices
d'une troisime face de cette mme zone, situe entre les deux premires.
Prenons les faces z (111) et o (011), nous obtenons une troisime face [(1+0) (1+1) (1+1)] soit
les indices de la face y (122).
67
Introduction la cristallographie
13 On pourrait complter cette image en ajoutant quil y a une deuxime sphre de coordination de rayon
68
Un peu de cristallochimie
Si on considre une colonne verticale du tableau priodique, on remarque que la taille des atomes augmente du haut vers le bas. Par contre elle diminue de gauche droite sur une mme
range.
Li
1.56
Na Mg
Al
Si
P
1.91 1.60 1.43 1.17 1.10
S
1.04
Cl
0.99
K
2.34
Rb
2.5
Cs
2.71
Li
Na
Rb
Cs
tat neutre
2.71
une charge +
1.65
On explique facilement ce phnomne : dans une mme colonne le nombre d'enveloppes lectroniques augmente du haut vers le bas. Sur une mme range le nombre d'enveloppes lectroniques est constant, mais la charge du noyau augmente de gauche droite (range), entranant la
contraction du nuage lectronique.
La taille de l'atome est aussi fortement influence par son tat d'excitation. La perte d'un ou
plusieurs lectrons contracte le nuage lectronique, entranant la diminution du rayon de
l'atome. Inversement, le gain d'un ou deux lectrons entrane l'augmentation du rayon atomique. Le type de liaison influence aussi la taille de l'atome. On parle de rayon ionique dans les
composs ioniques, de rayon covalent dans les composs covalents, de rayon mtallique dans
les mtaux et les alliages.
69
Introduction la cristallographie
manires de raliser un tel remplissage. Tout d'abord, dans un plan, la manire d'assembler des
sphres de la faon la plus serre possible consiste entourer chaque sphre de six autres. On ralise ainsi un assemblage hexagonal qui rappelle la disposition des nids d'abeilles.
Remarquons que chaque sphre est entoure
de six interstices alors que chaque interstice
n'est entour que de trois sphres. Il y a donc
deux fois plus d'interstices que d'atomes.
La manire la plus rationnelle d'adjoindre
cette couche d'atomes une deuxime couche,
consiste disposer les atomes de la couche
suprieure exactement au-dessus des interstices de la premire, de telle manire qu'un
atome repose toujours sur trois atomes de la
couche infrieure. La troisime couche se dispose de la mme manire. Deux possibilits Oranges disposes selon un assemblage compact
dans le plan. La symtrie est hexagonale.
peuvent alors se prsenter :
1. les atomes de la troisime couche sont exactement l'aplomb des atomes de la premire couche, ce qui dtermine un empilement de type ABABA.
2. les atomes de la troisime couche sont exactement au-dessus des interstices de la premire
couche, non couverts par les atomes de la deuxime couche, ce qui dtermine un empilement
de type ABCABC.
On voit ci-dessous ces deux configurations. Le type ABABA entrane une symtrie hexagonale, le
second type une symtrie cubique avec rseau cubique faces centres. On parle d'assemblage
cubique compact ou d'assemblage hexagonal compact. Dans les deux cas le taux de remplissage
de l'espace est maximum, soit 74% du volume total. Chaque atome est entour de 12 autres
atomes : le nombre de coordination est 12.
70
Un peu de cristallochimie
mtal
compact, 74 %
hexagonal
compact, 74 %
cubique centr
68%
rseau
Composs de type AB
Nous avons vu, avec les exemples de NaCl et CsCl, que la taille des atomes tait responsable,
pour une grande part, de la structure des composs de type AB. Si le rayon de l'atome A est trs
petit vis--vis de celui de l'atome B, il ne peut tre entour que de 2 atomes B si ont veut qu'ils
soient en contact l'un avec l'autre. Si la taille de l'atome A augmente, il arrive un stade o il a
juste la taille convenable pour s'insrer entre trois atomes B situs aux sommets d'un triangle
quilatral; le nombre de coordination vaut 3. Si la taille de l'atome A crot encore, on arrive la
coordination 4 dans laquelle il occupe tout l'espace laiss libre par 4 atomes B situs aux sommets d'un ttradre. En augmentant encore de taille, on passera successivement la coordinance
6 (octadre), 8 (cube) et finalement une structure de type mtallique, si les rayons des atomes A
et B sont identiques.
Les polydres de coordination dpendent des tailles relatives des atomes lis.
coordinance 2
coordinance 3
coordinance 4
71
coordinance 6
coordinance 8
Introduction la cristallographie
Polydre de coordination en fonction des
tailles relatives des atomes
Nombre. de
coordination
rayon de A
rayon de B
< 0.15
0.155 0.285
0.285 0.414
0.414 0.732
0.732 1
NaCl :
RNa
RCl
0.98 = 0.54
1.81
coordinance 6 (octadre)
CsCl :
RCs
RCl
1.65 = 0.91
1.81
coordinance 8 (cube)
72
Un peu de cristallochimie
On utilise la formule chimique du corps considr en indiquant ct de chaque atome, en exposant et entre parenthses crochets, la coordinence. On fait prcder la formule des symboles 1/, 2/
ou 3/, qui prcisent s'il s'agit d'une structure en chane, en couche ou trois directions d'extension. La formule se termine par une lettre qui indique le systme cristallin. Les formules des diverses
structures que nous avons dj mentionnes s'crivent :
cuivre :
3
[12] c
Cu
ce qui se lit : structure cellulaire, chaque atome de Cu est entour de 12 autres; systme hexagonal.
NaCl :
[6] Cl [6] c
Na
structure cellulaire, chaque atome de Na est entour de six autres et rciproquement; systme cubique.
Graphite :
[3] h (graphite)
C
Si encore, dans une formule, on veut distinguer plusieurs sphres de coordination, on peut l'exprimer aisment dans l'exposant. Ainsi l'arrangement atomique du tungstne peut s'crire :
3
[8]
W h
ou
[8+6] h
W
Introduction la cristallographie
Dans de nombreux cas, les cations sont trop gros pour occuper exactement les interstices d'un
assemblage compact et les structures sont alors dformes. Beaucoup de structures peuvent se
rapporter des modles de type assemblage compact. Par exemple, on peut "simplifier" certaines structures en considrant les radicaux anioniques comme de gros cations. Par exemple, la
structure de la calcite peut tre compare un assemblage cubique compact de radicaux CO3.
Les atomes de Ca prennent place dans les interstices octadriques. Cet assemblage est imparfait
et il est un peu dform dans le sens d'un aplatissement dans la direction de l'axe ternaire.
74
Un peu de cristallochimie
Structure de lolivine Les nsosilicates, dont les ttradres SiO4 sont compltement isols les uns des
autres, formant des sortes d'lots. On parle parfois de
configuration insulaire.
L'olivine est un exemple de nsosilicate de formule
(Fe,Mg)2SiO4. Les groupes SiO4 sont isols les uns des
autres. Les atomes d'oxygne constituent grossirement un assemblage hexagonal compact. Les atomes
de Fe et Mg se situent dans les lacunes ttradriques.
Les ttradres SiO4 ont alternativement la pointe en haut et
en bas. Les atomes de Mg et Fe occupent les espaces libres entre les ttradres
Dans les sorosilicates et les cyclosilicates, les radicaux SiO4 sont polymriss par groupes de
deux pour les premiers, de trois, quatre ou six pour les seconds.
Soro- et cyclosilicates : polymrisation des ttradres SiO4 par groupes de 2, 3, 4 ou 6.
Si2O7
Si3O9
Si4O12
Si6O18
Le bryl Be3Al2Si6O18, est un sorosilicate caractris par la prsence d'anneaux Si6O18. Ceux-ci
sont empils les uns au-dessus des autres, relis entre eux par l'intermdiaire d'atomes de Be lis
chacun 4 oxygnes et d'atomes Al, lis 6 atomes d'oxygne. Il est intressant de noter que les
canaux verticaux, qui ne sont occups par aucun atome, peuvent hberger quelques atomes
trangers la structure, tels Na, K, Cs ou mme des gaz rares.
75
Introduction la cristallographie
Dans les inosilicates, ou silicates en chanes, les ttradres polymrisent en chanes simples ou
complexes. Ces chanes "anioniques" ont respectivement des formules SiO3 ou Si4O11, avec respectivement 2 et 6 charges ngatives. Les chanes constituent les squelettes de deux importantes
familles de minraux : les pyroxnes, caractriss par des chanes simples SiO3, et les amphibo-
Sur la structure du diopside, CaMg(SiO3)2, un pyroxne, les chanes simples de ttradres lis
par leurs sommets sont vues en bout. Elles portent 2 charges ngatives pour chaque SiO3. Elles
sont unies par des cations Mg hexacoordonns (en rouge) des atomes d'oxygne et des cations
Ca (en bleu) entours de 8 atomes d'oxygne.
Structure du diopside
76
Un peu de cristallochimie
Dans les phyllosilicates, ou silicates en couches, les ttradres sont polymriss dans deux directions d'extension pour
former de vritables couches anioniques Si2O5. Les phyllosilicates ressemblent donc des sandwiches, et ils se subdivisent
en plusieurs types structuraux suivant la manire dont les couches se superposent.
Parmi ces types, mentionnons celui de la kaolinite,
Al2Si4O10(OH)8. La couche de ttradres est fortement lie
une couche octadrique constitue d'un atome central d'Al li
deux atomes d'oxygne (les atomes libres du ttradre, en
rouge) et 4 groupes OH (en vert). Ces couches sont
lectriquement neutres et ne sont maintenues ensemble que par Polymrisation des ttradres
des liaisons de van der Waals. Les proprits mcaniques de ces SiO4 dans 2 directions d'extension.
minraux sont trs faibles et le clivage parallle au plan des
couches est extrmement ais.
Structure de la kaolinite
Structure de la muscovite
lectriquement neutre qui correspond celle du quartz et de ses diverses formes polymorphes
(tridymite, cristobalite..). L aussi, le remplacement partiel du silicium par l'aluminium au centre
77
Introduction la cristallographie
des ttradres, permet d'admettre divers cations dans la structure. Ainsi, dans l'importante famille des feldspaths, on trouve l'orthose K(AlSi3O8), l'albite Na(AlSi3O8), dans lesquels la substitution d'un atome de Si par un atome d'Aluminium dans un ttradre sur quatre, permet l'introduction d'un atome monovalent dans la structure (K, Na). Il faut un taux de substitution plus lev (1:2), pour permettre l'arrive de cations bivalents. C'est le cas de l'anorthite, Ca(Al2Si2O8).
La sodalite montre une structure cellulaire de ttradres SiO4. Un remplacement de la moiti des
atomes de Si par des atomes d'Al permet d'incorporer dans la structure des atomes Na et de Cl,
aboutissant alors la structure de la sodalite Na4Cl(SiAlO4)3. Les atomes de Cl prennent alors
place aux sommets et au centre du cube, les atomes de Na sur les diagonales internes du cube,
diverses hauteurs.
________________
78
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
Habitus
Lhabitus dcrit les diffrentes formes, propres chaque minral. Pour dcrire ces particularits
on utilise divers qualificatifs prcisant la forme cristalline, un aplatissement ou un allongement.
On parle alors dhabitus octadrique, pyramidal, prismatique ou encore dhabitus isomtrique,
allong, prismatique, aciculaire, tabulaire, etc...
Quelques adjectifs utilise pour qualifier un habitus
Les minraux ne sont isomtriques que s'ils appartiennent au systme cubique. Ceux des autres
systmes cristallins montrent souvent un aplatissement ou un allongement dans une direction
prfrentielle. Il est intressant de noter que, structuralement, la tendance l'allongement d'un
minral correspond une direction d'aplatissement de sa maille lmentaire. De mme une
maille allonge provoque l'aplatissement du minral. En effet, nous avons vu prcdemment que
la frquence d'apparition d'une face dpendait de la densit rticulaire du plan correspondant.
14 Perceptible par les sens
79
Introduction la cristallographie
Les faces les plus dveloppes sont donc celles auxquelles correspondent les plans de plus grande
densit rticulaire. Ces derniers sont caractriss aussi par des distances rticulaires plus grandes.
Une maille lmentaire allonge va provoquer un dveloppement plus marqu des faces normales cet allongement. Le tableau ci-dessous illustre de phnomne.
Habitus de quelques minraux en fonction
des dimensions de leur maille lmentaire.
minral
tourmaline
actinote
9.84
18.1
4.59
5.19
hmatite
gypse
15.8
rutile
muscovite
9.03
5.04
5.68
15.18
aspect
7.1
prismatique selon c
5.28
aciculaire selon c
2.98
allong selon c
20.05
aplati selon c
13.78
tabulaire selon c
6.29
aplati selon b
Il est intressant aussi de souligner qu'une mme espce minrale peut apparatre avec des habitus diffrents suivant les conditions de pressions et de tempratures dans lesquelles elle s'est
forme ou sous l'influence d'une trs lgre modification de sa composition chimique. Ainsi le bryl qui forme des prismes hexagonaux allongs lorsqu'il est vert (varit meraude), ne donne
plus que des prismes trapus lorsqu'il est rose (varit morganite) et devient franchement tabulaire lorsqu'il est incolore (varit goshenite).
Groupement de minraux
Lorsque les minraux sont groups, on leur attribue leur faon de s'associer des qualificatifs
vocateurs : massif, granulaire, fibreux, fibro-radi, foliac, dendritique, stalactitique, globulaire...
Clivage
De nombreux minraux prsentent la proprit de se dbiter selon des plans prcis lorsqu'on
exerce sur eux une pression mcanique. Ce phnomne est particulirement bien marqu pour les
cristaux de calcite qui se dbitent en rhombodres et pour les micas qui se dbitent en feuillets.
Les plans de clivage correspondent, au niveau de la structure, des directions de liaison faible
80
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
entre les atomes. Comme les proprits physiques sont aussi soumises aux lois de la symtrie, une
direction de plan de clivage unique ne peut exister que dans des minraux basse symtrie
Dans les autres cas, ils sont obligatoirement rpts par les lments de symtrie du minral.
Ainsi on pourra observer un clivage cubique, octadrique, rhombodrique etc... Un clivage est dit
facile ou difficile selon le degr de l'effort mcanique qu'il a fallu exercer pour l'obtenir.
On parle aussi de clivage parfait si la surface obtenue est bien lisse et rflchissante comme un
miroir. Il est dit imparfait lorsque le plan obtenu ne rflchit qu'imparfaitement un signal lumineux.
Quelques adjectifs utiliss pour dfinir divers types de clivages
L'examen des plans de clivage est parfois important pour le diagnostic d'une espce minrale.
Par exemple, la distinction entre les minraux des importantes familles des pyroxnes et des amphiboles peut se faire en examinant l'angle didre que forme les clivages {110} : environ 90 chez
les pyroxnes contre 120 chez les amphiboles.
Distinction des pyroxnes et des amphiboles par langle des clivages
Les macles
Le plus souvent, les agrgats de cristaux d'une mme espce cristalline s'agencent entre eux
d'une manire quelconque. Parfois cependant, on observe des cristaux qui font penser des "frres siamois" : deux par deux, ils sont souds l'un l'autre avec une orientation mutuelle qui est
toujours la mme. On parle de cristaux macls. Une tude plus attentive permet de dterminer les
lois de macle, qui dcrivent du point de vue gomtrique l'orientation mutuelle des deux individus. Les cristaux sont soit accols par un plan commun, le plan de macle, soit interpntrs. Dans
le cas de la macle du spinelle, on peut facilement identifier le plan de macle, le plan commun, et
un oprateur de symtrie, l'axe de macle qui, dans le cas prsent, est un axe binaire perpendiculaire au plan. Un des individus a donc effectu une rotation de 180 autour de l'axe de macle. Le
plan de macle est un plan de symtrie de la macle.
Loi de macle du rutile. On distingue le plan de macle et l'axe de macle.
81
Introduction la cristallographie
aspect des individus macls
Les macles sont frquentes et leur reconnaissance est une aide utile
pour l'identification des minraux. On leur a attribu des noms vocateurs tirs soit du gisement o elles ont t dcrites pour la premire fois, soit de la forme laquelle elles font penser : macle de Carlsbad, macle en genou, macle en fer de lance, macle en croix etc... La macle en genou concerne trois minraux quadratiques,
la cassitrite, le rutile et le zircon. Le plan de macle est (011) et il s'agit d'une hmitropie normale.
La macle dite "en genou". Le rutile peut prsenter plusieurs individus successifs.
cassitrite
rutile
zircon
Il est trs rare de rencontrer un groupe macl complet. Par contre, on trouve souvent des fragments de minraux sur lesquels on peut reconnatre la prsence d'une macle. L'exemple le plus
82
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
frappant est celui de la cassitrite sur laquelle on voit un angle rentrant, seul tmoin vident de la
prsence d'une macle. C'est le fameux "bec d'tain".
Souvent les individus s'interpntrent et il n'est plus possible de reconnatre un plan d'accolement.
La fluorine, par exemple, montre des cubes interpntrs avec un axe de macle confondu avec un
des axes de symtrie ternaires. De mme on trouve deux dodcadres pentagonaux de pyrite parfaitement interpntrs. L'axe de macle est un des axes binaires et la rotation est de 90.
Dans le cas de la staurotide on a deux macles "en croix"possibles. Les 2 plans de macles possibles
sont parallles soit {032}, soit {232}. L'orthose montre frquemment la macle de Carlsbad : les
deux individus interpntrs sont accols par un plan irrgulier parallle (010), l'axe de macle
tant [001].
On a parfois, en particulier dans les feldspaths, des macles multiples comportant plus de deux
individus. Si on observe toute une srie d'individus macls, parallles les uns aux autres, rptant
alternativement la mme loi, on parle de macle polysynthtique. L'albite montre de pareilles macles. Il s'agit d'une hmitropie parallle dont l'axe de macle est [001].
Pyrite, interpntration
Plagioclase,
macles multiples
83
Introduction la cristallographie
d'pitaxie. Une des plus connues est l'association du Rutile (TiO2) et de l'hmatite (Fe2O3). La
face (110) du rutile est en contact avec la face (0001) de l'hmatite.
La macle du Brsil est moins frquente que la prcdente. Elle n'est dcelable qu'en prsence
des faces du trapzodre. La symtrie nouvelle fait apparatre des plans de symtrie verticaux.
La macle du Japon est trs rare mais elle est immdiatement reconnaissable. Les deux individus
ont une face prismatique commune et les axes des prismes font entre eux un angle de 8433'.
84
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
Macle du Japon
Le polymorphisme
Pour une mme composition chimique on observe parfois des structures cristallines diffrentes :
c'est le polymorphisme. L'exemple le plus frappant est celui du carbone qui, suivant la faon dont
les atomes sont arrangs, peut donner des minraux aussi diffrents que le diamant et le graphite.
Pour un mme compos chimique ce sont les conditions de cristallisation qui dterminent l'apparition d'une structure plutt qu'une autre. Pour cristalliser dans sa forme cubique, le diamant a besoin d'une pression norme alors qu' faible pression c'est la structure du graphite qui apparat.
structure du diamant
structure du graphite
Un autre exemple bien connu est celui du carbonate de calcium CaCO3 qui cristallise le plus
souvent dans le systme rhombodrique sous forme de calcite, plus rarement dans le systme orthorhombique : l'aragonite. A ce propos, notons un phnomne assez curieux : les coquilles des
ufs des oiseaux sont en calcite, celles des reptiles en aragonite !
L'oxyde de titane TiO2 cristallise habituellement sous forme de rutile, quadratique. Mais on peut
le trouver galement sous forme d'anatase, galement quadratique mais avec des paramtre diffrents, ou encore sous forme de brookite, orthorhombique.
Certaines formes sont instables. La marcassite (FeS2), orthorhombique, se forme dans des conditions particulires basse temprature. Elle se transforme rapidement en pyrite (cubique) si on la
chauffe. Cette opration n'est pas rversible.
Par contre le quartz (rhombodrique), forme stable de la silice temprature ordinaire, se
transforme en tridymite orthorhombique si on le chauffe au dessus de 867, puis en cristobalite au
dessus de 1470. Ces transformations sont rversibles si le refroidissement n'est pas trop rapide.
L'isomorphisme
C'est la proprit que prsentent certains composs chimiques diffrents de cristalliser dans une
mme structure. Les compositions chimiques sont gnralement analogues et les constantes cristallographiques sont trs proches, L'exemple le plus connu est celui des carbonates. Certains cristallisent dans le systme rhombodriques, d'autres dans le systme orthorhombique. Voici ces
deux sries :
85
Introduction la cristallographie
Srie rhombodrique
Minral
Chim.
magnsite
Mg CO3
sidrite
Srie orthorhombique
rayon cation
Minral
Chim.
rayon cation
0.66
aragonite
Ca CO3
0.99
Fe CO3
0.74
strontianite
Sr CO3
1.12
rhodochrosite
Mn CO3
0.80
whitrite
Ba CO3
1.34
smisthsonite
Zn CO3
0.74
crusite
Pb CO3
1.20
calcite
Ca CO3
0.99
= Fe : sidrite
= Mn : rhodochrosite
= Zn : smithsonite
86
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
dont les termes extrmes sont la fayalite (Fe) et la forstrite (Mg), le terme intermdiaire le plus
connu tant l'olivine.
Srie isomorphe entre la forstrite et la fayalite
forstrite
Mg2SiO4
fayalite
Fe2SiO4
D'autres sries sont incompltes, o il n'existe qu'un seul terme intermdiaire comme la dolomite CaMg(CO3)2, renfermant Ca et Mg en proportions gales.
La srie isomorphe la plus connue est celle des plagioclases dont les termes extrmes sont l'albite
NaAlSi3O8, et l'anorthite CaAl2Si2O8. Cette srie est intressante car il s'agit du remplacement
d'un cation monovalent par un autre bivalent. Cela est rendu possible par la substitution progressive d'atomes de Si par Al, dans le ttradre SiO4.
Les plagioclases (ou feldspaths calco-sodiques
albite
0-10% an
oligoclase
andsine
10-30% an
30-50% an
NaAlSi3O8 ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! "
!!!!!!
labrador
"
50-70% an
Bytownite
70-90% an
anorthite
90-100% an
CaAl2Si2O8
Les plagioclases proches de lalbite se trouvent dans les roches riches en silice, ceux proches de lanorthite caractrisent les roches pauvres en silice.
minral remplac
calcite, fluorine, asbeste, talc
pyrite, sidrite, magntite
cuprite, azurite
galne
quartz
On peut rapprocher ce phnomne de celui de la fossilisation : une ammonite pyritise peut tre
considre comme de la pyrite qui a "emprunt" la forme d'une ammonite. Un cas intressant est
celui de la varit de silice connue sous le nom d'il-de-tigre qui est le rsultat de la silicification
plus ou moins complte de la crocidolite, une amiante bleue : c'est du quartz qui a conserv la
87
Introduction la cristallographie
structure fibreuse de l'amiante. Suivant le degr d'oxydation, les rsidus ferreux qui subsistent
encore, confrent l'il-de-tigre des teintes brun jaune dor avec des zones bleutres pour les
parties les moins oxydes.
Ammonite pyritise
Lanisotropie
L'tat cristallin se distingue de l'tat amorphe (verre, certains plastiques) par l'anisotropie qui
affecte la plupart de ses proprits physiques. En clair, cela signifie que les proprits sont diffrentes suivant la direction dans laquelle on les considre. L'aspect le plus vident de cette anisotropie est la vitesse de croissance des faces d'un cristal. Si la vitesse de croissance tait identique
dans toutes les directions, on aboutirait la formation de sphres! C'est justement la variation
discontinue de la vitesse de croissance d'un minral selon la direction qui est responsable de la
forme des cristaux.
Le degr d'anisotropie des proprits physiques est diffrent d'une espce minrale l'autre. Il
dpend troitement de leur structure et de leur symtrie. Les minraux appartenant au systme
cubique font exception cette rgle : la plupart de leurs proprits physiques sont isotropes.
Les inclusions
Lorsqu'un minral se forme relativement rapidement (dans le cas des pegmatites, par exemple),
la croissance n'est pas toujours uniforme, et de nombreuses inclusions viennent voiler la limpidit
des cristaux. Ce sont souvent de minuscules inclusions liquides, solides ou gazeuses qui sont les reliques des lments nourriciers qui ont assur la croissance du minral et qui sont restes emprisonnes dans le cristal. Les inclusions sont souvent mixtes, gouttelette renfermant une bulle de gaz avec
88
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
parfois mme un petit cristal libre, isol dans le liquide. On parle alors d'inclusion une, deux ou
trois phases.
Dans d'autres cas, un minral en voie de formation a simplement inclus des cristaux qui existaient dj auparavant.
L'exemple le plus connu est celui des aiguilles de rutile
qu'on trouve frquemment dans le quartz.
Le poids spcifique
C'est le poids d'une unit de volume. On l'exprime en grammes par centimtre cube [g/cm3].
Quant la densit d'un minral, c'est le rapport de son poids spcifique celui de l'eau. Les deux
valeurs sont les mmes, ceci prs que la densit est exprime par un nombre sans unit. Il est
utile de savoir qu'en anglais, "specific gravity" correspond notre dfinition de la densit !
Le poids spcifique d'un minral dpend directement de sa composition chimique et de sa structure. Il correspond au poids de tous les atomes contenus dans la maille lmentaire, divis par le
volume de celle-ci. Par exemple, pour les divers polymorphes de la silice on observe les poids spcifiques suivants :
minral
P.sp.
minral
P.sp.
trydimite
2.26
quartz
2.65
cristobalite
2.32
coesite
2.93
Les atomes sont donc plus serrs l'intrieur de la coesite qu lintrieur de la trydimite. Cela
fait apparatre la notion de coefficient de remplissage P.I. (en anglais packing index) :
Packing index =
10
P.I.
P. sp.
P.I.
TiO2
rutile
4.25
6.6
Al2SiO5
disthne
3.63
TiO2
brookite
4.14
6.4
Al2SiO5
sillimanite
3.24
6.2
TiO2
anatase
3.90
6.3
Al2SiO5
andalousite
3.15
6.0
Il est bien vident que le poids atomique des atomes constitutifs est responsable pour une
grande part du poids spcifique des minraux, comme le montre le tableau suivant :
Minral
Chim.
P. sp.
P. A.
aragonite
CaCO3
2.93
40
strontianite
SrCO3
3.78
87.6
whitrite
BaCO3
4.31
137.3
crusite
PbCO3
6.58
207
89
Introduction la cristallographie
Il est possible de calculer le poids spcifique d'un minral en partant du volume de la maille lmentaire et de son remplissage. Pour la halite, la maille est un cube de 5.6402 d'arte et elle renferme 4 atomes de Na et 4 atomes de Cl. Connaissant les poids atomiques de ces deux lments
nous calculons :
Poids spcifiquecalc. =
4 (22.9898 + 35.453)
(5.6402 10-8)3 (6.025 1023)
= 2.164 gr/cm3
En pratique, c'est la densit qu'on mesure en comparant le poids d'un chantillon avec le poids
du volume d'eau qu'il dplace. La densit mesure ne correspond pas toujours au poids spcifique calcul. En effet, les minraux n'ont pas toujours la composition chimique idale qu'on leur
attribue, car il y a frquemment de petites substitutions entre atomes du mme type. La formule
idalise de la blende est bien ZnS. Toutefois, si on effectue une analyse chimique prcise on
trouve presque toujours de petites quantits de Fe et de Mn qui remplacent partiellement Zn.
La densit de certains minraux fournissent des renseignements intressants sur leur composition
chimique. La colombo-tantalite, (Fe,Mn)2(Cb,Ta)2 O6 , constitue une srie isomorphe complte
entre la columbite, (Fe,Mn)2 Cb2O6, de densit 5.20, jusqu' la tantalite, (Fe,Mn)2Ta2O6, de
densit 7.80. L'augmentation de la densit est presque linaire en regard de la teneur en Ta2O6.
On peut donc connatre approximativement la proportion de tantalite dans la columbo-tantalite
par la relation :
% tantalite = dens. mesure - 5.20
0.026
La mesure de la densit n'est pas toujours aise car il est souvent difficile d'isoler un fragment de
minral auquel n'adhre aucune impuret. Si le grain obtenu est suffisant volumineux, on utilise
une balance de prcision quipe d'un double plateau, le plateau infrieur tant immerg dans
de l'eau. On effectue la double pese et on calcule la densit par la relation bien connue :
Pair
Pair - Peau
Si le grain est trs petit on utilise des liqueurs denses, en particulier la liqueur de Clerici (d = 4.)
qu'on peut diluer avec de l'eau en toutes proportions. Pour cela on utilise un trs petit tube essai. On dilue lentement la liqueur avec de l'eau jusqu'au moment o le grain ni ne flotte, ni ne
sombre, mais reste immobile au milieu du mlange. Le mlange possde alors la mme densit
que l'chantillon. Pour connatre la densit de la liqueur on utilise le fait que son indice de rfraction varie sensiblement en fonction de sa densit. On en mesure donc l'indice au moyen d'un rfractomtre et on en tire la densit l'aide du tableau ci-dessous :
Densit =
90
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
L'emploi des liqueurs denses reste limit aux densits infrieures 4.3. Par ailleurs elles sont
d'un emploi dlicat en raison de leur toxicit leve. Elles peuvent servir sparer des fractions
minrales, en particulier elles permettent de sparer les feldspaths et le quartz d'une part, des
lments ferro-magnsiens et des minraux denses d'autre part.
Quelques liqueurs d'emploi courant
dens.
diluable dans :
bromoforme
CHBr 3
2.89
benzne
ttrabromthane
C2H2B4
2.96
benzne
iodure de mthylne
CH2I2
3.32
toluol, benzne
4.28
eau
liqueur de Clerici
La duret
La duret reflte la rsistance de la structure cristalline des efforts mcaniques. Pratiquement
c'est la rsistance la rayure. Un minral est dit plus dur qu'un autre minral lorsquil raye ce
dernier. La mesure de la duret est empirique et se fait par comparaison avec 10 minraux de rfrence qui constituent l'chelle de duret dite de Mohs. La mesure de la duret est facile. Quand
on dit que la pyrite a une duret de 6.5, cest quelle raye l'apatite mais est raye par le quartz.
1
2
3
4
5
Cette chelle a t tablie en 1822 par le minralogiste autrichien Friedrich Mohs. Une estimation grossire de la duret peut se faire avec une lamelle de verre (d 5.5) et l'ongle (d 3). La
duret dpend de la structure du minral, de la taille des atomes qui le constituent, du type de
liaison atomique et de la compacit de la structure. Dans la srie des carbonates rhombodriques
la duret augmente avec la diminution de la taille des cations :
minral
chim.
ion
duret
calcite
CaCO3
0.99
rhodochrosite
MnCO3
0.80
sidrite
FeCO3
0.74
4 - 4.5
smithsonite
ZnCO3
0.74
4 - 4.5
magnsite
MgCO3
0.66
4.5
91
Introduction la cristallographie
Les polymorphes de la silice prsentent une augmentation de la duret parallle l'augmentation de la densit : la duret diminue aussi considrablement lorsque les minraux renferment des
groupes hydroxyles OH ou des molcules d'eau. Un bon exemple est celui des oxydes d'aluminium.
dens.
duret
dens
duret
tridymite
2.26
6.5
corindon
Al2O3
4.0
cristobalite
2.32
6.5
diaspore
AlO(OH)
3.4
quartz
2.65
gibbsite
Al(OH)3
2.4
coesite
2.93
7.5
Anisotropie de duret
Un des seuls exemples danisotropie de duret concerne le
disthne. Ce minral forme des cristaux tabulaires allongs. La duret mesure sur la face aplatie est de 4.5 dans
le sens de lallongement, et de 7 dans la direction perpendiculaire celui-ci.
Disthne
92
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
La fusibilit
C'est la plus ou moins grande facilit que prsentent les minraux fondre sous l'effet de l'lvation de la temprature. Il est difficile de parler de point de fusion comme pour les mtaux. En
effet les minraux restent souvent pteux entre des limites de temprature assez grandes ou ils se
dcomposent avant d'atteindre l'tat liquide, ou bien encore ils se transforment en une autre
phase minrale.
Malgr ces considrations, les minralogistes ont cr une chelle de fusibilit un peu arbitraire
qui subdivise les minraux en sept chelons se rfrant sept minraux de comparaison. La mesure n'est pas toujours aise. Il faut slectionner une fine esquille du minral et en exposer l'extrmit la plus fine au sommet de la flamme d'un petit chalumeau.
Echelle de fusibilit des minraux
1 stibine
2 chalcopyrite
fond aisment au chalumeau mais difficilement sur une flamme lumineuse (bougie) ou dans un tube ferm (env. 800).
3 almandin
4 actinote
les artes de lesquille fondent rapidement mais les parties plus massives
fondent peu ou pas du tout.
5 orthose
6 enstatite
seules les parties les plus aigus des artes sont arrondies (env. 1400)
7 quartz
infusible au chalumeau.
La transparence
Nous ne dcrirons ici que les proprits optiques des minraux dont les effets sont perceptibles
loeil nu mais nous naborderons pas loptique cristalline qui implique lemploi de divers appareils, en particulier du microscope polarisant.
En premier lieu on distingue les minraux transparents de ceux qui sont opaques. Les premiers
se laissent traverser par la lumire alors que les seconds larrtent plus ou moins compltement.
La limite nest pas franche. La notion de transparence est subjective et dpend beaucoup de la
puissance des moyens dinvestigations utiliss. La plupart des minraux constitutifs des roches
sont transparents, vus en section mince (0.03 mm), sous le microscope, bien que beaucoup dentre eux semblent opaques loeil nu.
Cest parmi les sulfures et les oxydes mtalliques quon rencontre les minraux vraiment opaques, alors que la plupart des minraux des autres classes sont transparents.
Cest labsorption plus ou moins slective de la lumire par les minraux qui dtermine leur
transparence, leur opacit et leur couleur. Lindice de rfraction, associ aux diverses proprits
dopacit et dabsorption, est responsable de lclat dun minral, cest--dire son aspect plus ou
moins brillant, chatoyant ou terne.
93
Introduction la cristallographie
Couleur
minral
formule chimique
malachite
azurite
Cuivre
vert
bleu
bleu-vert
turquoise
Lithium
rose
rubellite
rhodonite
rhodochrosite
Mn SiO3
Manganse
rose
rose
orange
spessartine
vert
ouvarovite
Chrome
Mn CO3
Les minraux allochromatiques doivent leur coloration soit la prsence dimpurets (lments chromatophores) en traces infimes, soit une dformation de leur structure sous leffet de
radiations. Comme exemple citons le corindon qui est normalement incolore. La prsence de traces doxyde de chrome le colore en rouge (rubis) alors que des traces doxyde de fer et de titane
lui confrent une coloration bleue (saphir).
Couleur due une impuret en trs faible quantit
minral
comp. chim.
varit
couleur
corindon
Al2O3
rubis
saphir bleu
saphir vert
rouge
bleu
vert
Cr
Ti + Fe
Fe
spinelle
MgAl2O4
spinelle rouge
spinelle bleu
rouge
bleu
Cr
Fe
bryl
Be3Al2Si6O18
meraude
aigue-marine
vert
bleu ple
Cr
Fe
94
Impuret
A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
Pour des causes identiques le bryl peut tre parfaitement incolore (goshnite), vert (meraude),
bleu (aigue-marine), ou rose (morganite). Le bryl prsente aussi une curieuse particularit : la
varit goshnite montre un habitus tabulaire, la morganite ressemble un petit tonneau et
l'meraude est prismatique !
La coloration peut tre due aussi la prsence dinclusions solides microscopiques : quartz vert,
color par des inclusions de chlorite.
Dautres minraux, le quartz, la fluorine ou le zircon par exemple, montrent des teintes trs varies qui disparaissent lorsquon les chauffe. Il ne sagit pas de colorations dues des impurets
mais plutt des drangements dans leur structure, qui ont t provoqus par la radioactivit
naturelle. Le quartz fum devient incolore si on le chauffe. Il ne reprend plus sa couleur une fois
refroidi. Par contre on peut fumer artificiellement un quartz incolore en l'exposant une source
de radiations ionisantes.
La couleur du trait
Le degr de division dun minral en petites particules joue un rle important sur lapparence de sa couleur, et si on le divise finement - en poudre par
exemple - sa couleur sclaircit. Lhmatite, qui parat gris-noir, donne une couleur rouge bruntre
lorsquelle est rduite en poudre. Pour observer cette
coloration il suffit de frotter le minral sur une surface rugueuse dure. On utilise gnralement une
plaquette de porcelaine non vernisse sur laquelle le
minral laisse un trait color. La couleur du trait
figure en bonne place dans les descriptions de minraux.
Lindice de rfraction
Lindice de rfraction est un nombre sans unit qui exprime le rapport de la vitesse de la lumire
dans lair celle mesure lintrieur du minral :
n=
Cette diffrence de vitesse est responsable de la dviation des rayons lumineux la limite de
sparation de deux milieux dindices diffrents. Plus la diffrence des indices est grande, plus cette
dviation est importante. Cest la dviation des rayons lumineux qui permet de distinguer un
corps transparent incolore plong dans un
autre milieu transparent.
Relief apparent de divers
minraux plongs dans l'eau
Le relief dun minral plong dans leau
est dautant plus marqu que la diffrence
des deux indices est grande. Sur le dessin cidessus, on voit que la glace et la cryolite, qui ont un indice de rfraction assez proche de celui de
l'eau, ne sont que peu perceptibles. Le quartz est dj plus contrast alors que le diamant, avec
son haut indice de rfraction, est mis en vidence par un contraste lev.
95
Introduction la cristallographie
Lclat gras ou vitreux caractrise les minraux transparents faible indice de rfraction
(quartz, fluorine, tourmaline), lclat adamantin caractrise les minraux transparents haut
indice de rfraction (cassitrite, rutile, diamant).
Quant aux minraux opaque, leur clat est plus ou moins mtallique suivant l'importance de
leur pouvoir rflecteur. !
La nature de la surface du minral ou la prsence dinclusions microscopiques peut modifier
lclat, et il existe toute une srie de qualificatifs qui caractrisent ces aspects : rsineux, laiteux, terreux, soyeux, terne, etc...
clat
pouvoir
rflecteur
indice de
rfraction
clat
pouvoir
rflecteur
gras
4.8%
1.3 1.5
submtallique
8 20 %
vitreux
6.0%
1.5 1.8
mtallique
20 50 %
subadamantin
12%
1.8 2.2
supermtallique
17.5%
> 2.2
adamantin
> 50 %
La photoluminescence
Cest lmission de lumire que produit un minral excit par un bombardement de photons
nergtiques. La lumire mise possde toujours une longueur donde plus grande que celle qui
provoque lexcitation. Ainsi si on irradie un minral susceptible de photoluminescence avec la
lumire prise dans le spectre visible, lmission secondaire aura lieu dans linfrarouge et ne sera
pas perceptible loeil. Il faut donc irradier les minraux avec une lumire ultraviolette pour que
lmission secondaire se situe dans le spectre visible. Les minraux sujets ce phnomne sont
dits luminescents.
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A sp e ct et p ro p ri t s d e s min ra u x
On utilise parfois le terme de fluorescence dont ltymologie vient du minral fluorine qui prsente souvent ce phnomne. Parfois mme, certains minraux mettent de la
lumire quelques instants encore aprs l'extinction de la
source excitatrice : on parle alors de phosphorescence.
Il ny a que trs peu de minraux qui sont toujours fluorescents : la scheelite (CaWO4) et la willmite (ZnSiO4). Par
contre beaucoup dautres minraux sont occasionnellement luminescents (fluorine, apatite, calcite, aragonite,
zircon..). Ce sont des impurets, dites phosphognes, qui
sont responsables de cette luminescence occasionnelle, en
particulier le manganse (Mn) et le bismuth (Bi).
Schma du phnomne de fluoresccence
Si on introduit une plaquette de quartz convenablement taille entre les lectrodes dun circuit oscillant,
le quartz se met vibrer avec une frquence propre qu'il va imposer au circuit. La frquence dpend des
dimensions de la plaquette et de son orientation cristallographique. On lutilise donc comme talon de
frquence dans de nombreuses applications de llectronique.
Dans les montres quartz on utilise une plaquette de quartz vibrant 32768 fois par seconde (= 214 vibrations). Un circuit intgr ddouble 14 fois de suite le nombre de ces vibrations qui passe alors une
priode par seconde, impulsion qui commande lavance de laiguille des secondes.
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Introduction la cristallographie
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