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Approche de La Notion de Poesie
Approche de La Notion de Poesie
Approche de La Notion de Poesie
(Petit Robert) : empreint de posie. Une prose potique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez
heurte pour sadapter aux mouvements lyriques de lme BAUDELAIRE.
Qui meut par la beaut, le charme, la dlicatesse. Nous disons dun paysage quil est potique, nous le disons dune
circonstance de la vie, nous le disons parfois dune personne VALERY
Posie :
(Larousse) : Caractre dune chose qui parle lme, qui touche le cur, la sensibilit
Ex. Clair de lune plein de posie.
(Petit Robert) : Proprit que lhomme attribue certaines choses ou certains tres dveiller en lui ltat potique. Ex.
Posie des ruines. Il y a de la posie dans ce gratte-ciel VALERY
SUPERVIELLE : Rver, cest oublier la matrialit de son corps, confondre en quelque sorte le monde extrieur et
lintrieur
Georges POMPIDOU (Anthologie de la Posie franaise, 1961) : Lorsquun pome ou simplement un vers provoque
chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-mme, le jetant dans le rve, ou au contraire le contraint
descendre en lui plus profondment jusqu le confronter avec ltre et le destin, ces signes se reconnat la russite
potique
dialogue avec elles et s'interroge, s'ouvre par leur intermdiaire soi-mme et au monde." (cit dans Organibac II,
Magnard, p. 281)
Mais le pote REVERDY dclare : La posie nest certainement pas dans les choses, autrement tout le monde ly
dcouvrirait aisment, comme tout le monde trouve si naturellement le bois dans larbre et leau dans la rivire ou locan.
Il nexiste pas non plus par consquent, de choses ni des mots plus potiques les uns que les autres, mais toutes choses
peuvent devenir laide des mots, posie, quand le pote parvient mettre son empreinte dessus.
2) La posie est-elle dans les tres ?
Le pote est-il celui qui sait faire vibrer certaines "cordes" , par exemple
a) la sensibilit
Selon Jeanne Bourin, "la posie (), c'est la traduction anoblie de nos motions, de nos rves, de nos peines, de nos
dsirs.() Tout est matire posie" (texte complet in Organibac, p. 282)
"A mes yeux, dtient une parcelle de posie tout tre capable d'voquer spontanment les sentiers d'une fort verdoyante
devant un feu de bois () N'est donc pas tranger la posie, celui qui, mme plac ras de terre, dcouvre toute chose
son aspect cleste, en opposition celui qui, de la femme, ne retient que le sexe, et du feu de bois son prix de revient."
(propos du pote Benjamin Pret, 1899-1959)
b) l'imagination
Picasso parle d'un il intrieur de l'imaginaire. Et l'une des missions du pote serait d'explorer les zones obscures de l'me
humaine.
c) l'ingnuit
Selon le pote Yves Prs, "un pote est un homme qui garde toujours le don de s'tonner" (cit in Organibac, p. 283)
Le pote serait donc encore celui qui a su prserver en lui l'esprit d'enfance.
d) la soif d'absolu
Le pote sait toucher aussi la corde invisible mais intangible du besoin de perfection, sait nous faire tendre vers ce qu'il y a
sans doute de plus humain, le dsir de connatre, de crer, d'tre au-del de nos limites physiques et temporelles.
Lors de son allocution au Banquet Nobel du 10 dcembre 1960, le pote Saint-John Perse dclara :"Plus que le mode de
connaissance, la posie est d'abord le mode de vie et de vie intgrale. Le pote existait dans l'homme des cavernes, il
existera dans l'homme des ges atomiques : parce qu'il est une part irrductible de l'homme."
La posie tmoigne d'un besoin d'absolu qui habite l'homme. Les potes ont souvent rv d'un au-del, coloration
souvent platonicienne dont le pome serait le ssame. Baudelaire crit dans Thophile Gautier : l'Artiste, en 1859 :" C'est
cet admirable, cet immortel instinct du Beau qui nous fait considrer la Terre et ses spectacles comme un aperu, comme
une correspondance du Ciel. La soif insatiable de tout ce qui est au-del, et que rvle la vie, est la preuve la plus vivante
de notre immortalit." (texte complet in, Organibac II, p. 189)
Penser aussi Rimbaud.
Et au petit chien de M. Bergeret :"Le petit chien de Monsieur Bergeret ne regardait jamais le bleu du ciel, incomestible."
(Anatole France)
3) La posie est-elle dans le regard port sur les tres et les choses ?
Selon Proust, toute beaut est ncessairement subjective, la matire est indiffrente et seul compte le regard port sur les
tres et les choses et la transmutation opre par l'artiste peintre, musicien ou sculpteur, et bien sr pote.
Pour Jean Cocteau, "la posie montre nue, sous une lumire qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous
environnent et que nos sens enregistraient machinalement () Mettez un lieu commun en place, nettoyez-le, frottez-le,
clairez-le de telle sorte qu'il frappe avec sa jeunesse et avec la mme fracheur, le mme jet qu'il avait sa source, vous
ferez uvre de pote."
C'est aussi la position de Reverdy cit ci-dessus :" La posie peut tre mise en tout et partout () C'est la main mise
souveraine de l'homme sur les choses de la cration." (cit in Organibac p. 284)
4) La posie est-elle dans les mots ?
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Les Grecs distinguaient "logos", langue de la logique, du rationnel et ''d" , langue du chant, du charme
a)
(Larousse) : La posie est lART dvoquer et de suggrer les sensations, les impressions, les motions par un emploi
particulier de la langue, utilisant les sonorits, les rythmes, les harmonies des mots et des phrases ; les images
(Petit Robert) : Posie : ART du langage, visant exprimer ou suggrer quelque chose par le rythme (surtout le vers)
lharmonie et limage.
Posie moderne = Recherche dun ailleurs , qute dun absolu, recration du monde, vision subjective du monde.
Ce nest plus seulement un ART ou un langage.
La posie est une PROJECTION de lETRE INTERIEUR dun homme sur le monde REEL, de toute la
SUBJECTIVITE du pote sur lOBJECTIVITE du monde.
LA CREATION potique permet lhomme de voir, de REVOIR le monde sa faon , de se CREER un
MONDE.
CONCLUSION
La posie est la fois un art et une recherche.
Depuis le XIX sicle, les formes traditionnelles coexistent avec des formes nouvelles. Il s'agit moins d'imposer un rythme
extrieur que de prendre le rythme de la vie intrieure.
On constate aussi un dcloisonnement des genres. A la prosodie rgulire ont succd :
le vers libre, le refus de toute forme tablie
- la perte du sens manifeste, immdiat, vident la premire lecture
- le droit de fabriquer des mots, de mettre un mot pour un autre
- la recherche des dispositions typographiques
EF-
G-
I LES IMAGES
Limage est le rsultat dune PERCEPTION INTUITIVE et non un artifice purement stylistique et conscient. Cest une
vision particulire du monde qui procde par rapprochement intuitif dlments disparates.
Il ne sagit pas de faire une image, il faut quelle arrive sur ses propres ailes REVERDY
Apprhender potiquement le monde, cest dabord penser par images PIERRE EMMANUEL
La valeur de limage ?
Une image nest pas forte parce quelle est brutale ou fantastique mais parce que lassociation des ides est lointaine et
juste REVERDY
Limage suppose un retour au fonds originel, la spontanit primitive de ltre PIERRE EMMANUEL.
Les diffrentes faons de prsenter limage. (cf Fiche Corpus St-Rmi n 5)
La COMPARAISON : figure de rhtorique qui consiste rapprocher deux ides afin de mieux dgager, par une
analogie, leur sens, leur aspect, ou simplement pour les embellir.
Toujours deux termes et un mot introducteur ( comme, ainsi)
Comme le champ sem en verdure foisonne / Ainsi de peu peu crut lempire romain DU BELLAY
La METAPHORE : figure de rhtorique qui consiste dsigner un objet ou une ide par un mot qui convient pour un
autre objet ou une autre ide, lis aux prcdents par une analogie.
La mtaphore fusionne donc en un seul les deux termes de la comparaison.
Dj la nuit en son parc amassait / Un grand troupeau dtoiles vagabondes DU BELLAY.
H-
J-
IV LE RYTHME
A- A LINTERIEUR DU VERS
1 ) Le rythme est marqu par les ACCENTS.
En franais, laccent porte dans un mot sur la dernire syllabe prononce.
Mais dans un groupe de mots lis par la syntaxe, le mot perd son accent individuel, il ny a quun accent de groupe qui
tombe sur la dernire syllabe prononce du mot.
En prose, les accents sont rpartis au hasard de la phrase.
Le propre de la VERSIFICATION est de les rpartir selon une CADENCE qui cre une impression.
Ex. lattelage suait, soufflait, tait rendu. impression de lenteur.
Le vers franais primitif coupait le vers en 2 versants : effet de symtrie.
La coupure sappelle la CESURE ; chaque demi-vers : HEMISTICHE.
Chaque vers forme donc une cellule rythmique indpendante.
En effet daprs le schma du vers primitif, la fin du vers concide avec un arrt de la syntaxe, de sorte que lon sarrte
naturellement la fin du vers cause du sens.
Ruptures dans la rgularit du rythme
Le rejet consiste rejeter dans le vers suivant un ou deux mots qui font partie par le sens ou par le rythme, du vers
prcdent
Ex. : Mais japerois venir Madame la Comtesse
De Pimbche RACINE
Le contre-rejet consiste commencer au vers prcdent, par un ou deux mots, une proposition qui sachve dans le
second vers.
Ex. : Elle porta chez lui ses pnates, un jour
Quil tait all faire laurore sa cour LA FONTAINE
Lenjambement consiste continuer le 1 vers sur tout le premier hmistiche ou sur toute la longueur du vers
suivant. C'est "un simple dbordement des groupements de le phrase par rapport ceux du mtre, sans mise en
vedette d'aucun lment particulier." (Jean Mazaleyrat, Elments de mtrique franaise, A. Colin, p. 126-7)
Ex. : C'tait le jour bni de ton premier baiser
Ma songerie aimant me martyriser
Senivrait savamment du parfum de tristesse
Que mme sans regret et sans dboire laisse
La cueillaison dun Rve au cur qui la cueilli (MALLARME, Posies, "Apparition")
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Cest un homme
Qui est capable dtre touch : le pote est un voyant (RIMBAUD)
Qui cre quelque chose : il matrialise ses sentiments, ses rves
Qui russit faire rver, mouvoir les autres par le moyen dEXPRESSION.
Celui-l sera vritablement le pote que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, jouir, douloir,
aimer, har admirer, tonner, bref qui tiendra la bride de mes sentiments me tournant et l son plaisir. Voil la
vraie pierre de touche o il faut que tu preuves tous pomes en toutes langues (DU BELLAY)
En guise de conclusion, lire le pome d'Eluard : Tout dire, recueil Pouvoir tout dire (1951). Voir page suivante.
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TOUT DIRE
Le tout est de tout dire et je manque de mots
Et je manque de temps et je manque d'audace
Je rve et je dvide au hasard mes images
J'ai mal vcu et mal appris parler clair
Tout dire les rochers la route et les pavs
Les rues et leurs passants les champs et les bergers
Le duvet du printemps la rouille de l'hiver
Le froid et la chaleur composant un seul fruit
Je veux montrer la foule et chaque homme en dtail
Avec ce qui l'anime et qui le dsespre
Et sous ses saisons d'homme tout ce qu'il claire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine
Je veux montrer la foule immense divise
La foule cloisonne comme en un cimetire
Et la foule plus forte que son ombre impure
Ayant rompu ses murs ayant vaincu ses matres
La famille des mains la famille des feuilles Et l'animal errant sans
personnalit
Le fleuve et la rose fcondants et fertiles
La justice debout le bonheur bien plant
[...]
Paul LUARD
Document
"Les vritables potes n'ont jamais cru que la posie leur appartint en propre. Sur les
lvres des hommes, la parole n'a jamais tari ; les mots, les chants, les cris se succdent
sans fin, se croisent, se heurtent, se confondent. L'impulsion de la fonction langage a
t porte jusqu' l'exagration, jusqu' l'exubrance, jusqu' l'incohrence. Les
mots disent le monde et les mots disent l'homme, ce que l'homme voit et ressent,
ce qui existe, ce qui a exist, l'antiquit du temps et le pass et le futur de l'ge et du
moment, la volont, l'involontaire, la crainte et le dsir de ce qui n'existe pas, de ce qui
va exister. Les mots dtruisent, les mots prdisent, enchans ou sans suite, rien ne
sert de les nier. Ils participent tous l'laboration de la vrit. Les objets, les faits,
les ides qu'ils dcrivent peuvent s'teindre faute de vigueur, on est sr qu'ils seront
aussitt remplacs par d'autres qu'ils auront accidentellement suscits et qui, eux,
accompliront leur entire volution.
Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essentiel, il nous faut tous les mots pour
le rendre rel. Contradiction, difficults contribuent . la marche de notre univers. Les
hommes ont dvor un dictionnaire et ce qu'ils nomment existe. L'innommable, la fin
de tout ne commence qu'aux frontires de la mort impensable. (...)"
LUARD,
les Sentiers et les Routes de la posie, 1952.
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