Nicolas Chopin
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Professeur de langues, professeur de français |
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Ludwika Jędrzejewicz Frédéric Chopin Isabelle Chopin (d) Emilia Chopin (en) |
Instrument |
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Nicolas Chopin, père de Frédéric Chopin, est né le à Marainville-sur-Madon[1], dans une Lorraine devenue française depuis 5 ans, il est mort le à Varsovie.
Émigré en Pologne en 1787, il y a fait une carrière d'éducateur, d'abord comme précepteur, notamment dans la famille de Marie Walewska, puis dans l'enseignement public polonais.
Biographie
[modifier | modifier le code]Nicolas Chopin est le fils de François Chopin (1738-1814), charron et viticulteur, syndic du village de Marainville, situé dans ce qui allait devenir le département des Vosges (en 1790).
À partir de 1780, le seigneur de Marainville est le comte polonais Michel Pac, qui a pour intendant Adam Weydlich, lui aussi Polonais, marié à une Française de Strasbourg, Françoise Schelling. Michel Pac ayant revendu la seigneurie de Marainville, les Weydlich décident en 1787 de partir en Pologne, et emmènent l'adolescent Nicolas Chopin[2].
Émigré en Pologne dès l'âge de 16 ans et bien intégré dans ce pays, Nicolas Chopin connaît une ascension sociale dans la bourgeoisie intellectuelle. Après divers emplois de 1787 à 1795, et un passage dans la Garde nationale de Varsovie en 1794, lors de l'insurrection de Kosciuszko, il devient précepteur des enfants de la famille Łączyńska (1795-1802), parmi lesquels Maria (Walewska), puis de ceux de la comtesse Ludwika Skarbek (1802-1810), notamment du futur économiste Frédéric Skarbek (1792-1866), qui lui a rendu hommage dans ses Mémoires[3] et qui est toujours resté son ami. Durant cette période chez les Skarbek, il vit soit à Varsovie, soit dans le domaine rural de Zelazowa Wola, à 40 km à l'ouest de la capitale, lieu de la naissance de Frédéric Chopin.
Nicolas se marie le avec Tekla Justyna Krzyżanowska (1782-1861), une familière de la comtesse Skarbek. Le couple aura quatre enfants : Ludwika en 1807, Fryderyk Franciszek (Frédéric), né en 1810, Izabela, née en 1811, et Emilia, née en 1813, morte de la tuberculose en 1827 âgée de 14 ans.
Quelques mois après la naissance de Frédéric, à la rentrée 1810, Nicolas devient répétiteur de français au lycée de Varsovie (Liceum Warszawskie), puis professeur et, à partir de 1820, à l'école militaire d'application[4] (Académie du corps des cadets de la noblesse).
Il se retire en 1837 : son dossier de demande de retraite a été conservé, et publié en 1925[5], et c'est ce document qui a permis de connaître son lieu de naissance précis, alors que dans la vie courante, il se disait originaire de Nancy.
Nicolas Chopin meurt de la tuberculose le [6], et est enterré au cimetière de Powązki de Varsovie.
Contexte historique
[modifier | modifier le code]La vie de Nicolas Chopin se déroule dans un cadre politique changeant : il arrive en 1787 dans une Pologne qui a subi un premier partage en 1772 ; elle en subit un second, puis un troisième en 1793 et 1795, cessant alors d'exister politiquement : de 1795 à 1807, Nicolas Chopin vit dans ce qui est la province prussienne de Prusse-Méridionale (chef-lieu : Varsovie). En 1807, Napoléon crée le duché de Varsovie, satellite de la France. En 1815, le duché est attribué par le congrès de Vienne au tsar Alexandre et devient le royaume de Pologne, doté d'une constitution relativement libérale. En 1832, après l'insurrection de 1830-1831, le tsar de Russie et roi de Pologne Nicolas 1er impose les Statuts organiques qui réduisent l'autonomie polonaise à peu de choses.
Points particuliers
[modifier | modifier le code]Ses relations avec Frédéric
[modifier | modifier le code]Après le départ de Frédéric en 1830, pour Vienne, puis son installation en France, en 1831, Nicolas et Justyna Chopin ne l'ont retrouvé qu'une fois, en 1835, à Carlsbad, ville d'eau de Bohême (alors dans l'empire d'Autriche) ; ils ont ensuite passé quelques jours à Tetschen, chez le comte de Thun que Frédéric avait connu à Paris[7]. Par ailleurs, ils ont toujours maintenu une correspondance active.
Les états de service de Nicolas Chopin (1837)
[modifier | modifier le code]Établis au moment de sa demande d'admission à la retraite, ils font partie des archives du ministère polonais de l'Éducation emmenées à Saint-Pétersbourg lors de la dissolution des ministères du royaume de Pologne (vers 1870). Elles sont restituées à la Pologne après la paix de Riga (). Le dossier de Nicolas Chopin est publié par Stanislas Pereswiet-Soltan, dans son livre Lettres de Frédéric Chopin à Jean Bialoblocki. Pereswiet-Soltan en donne une version dactylographiée, qui a été reprise, notamment, par Gabriel Ladaique dans sa thèse (avec une traduction)[8].
Les origines de Nicolas Chopin
[modifier | modifier le code]Les états de service mentionnent (en polonais) : « il est né à Marainville en France le ». Ce fait nouveau, venu à la connaissance d'Édouard Ganche, auteur d'une biographie de Chopin datant de 1913, lui permet de mettre au jour l'acte de baptême de Nicolas, qui date, en réalité, du [9].
Avant cette date, ce qui était connu par le public sur ce sujet, c'est que Nicolas Chopin était d'origine française (cf. Franz Liszt, Heinrich Heine), et, surtout en Pologne, qu'il était originaire de Nancy. D'où un certain nombre de suppositions, par exemple :
- un article du Journal de Rouen du [10] en fait un descendant d'un Choppin d'Arnouville émigré en Pologne en 1685 (l'auteur ignore apparemment les origines lorraines) ;
- plusieurs auteurs polonais lui attribuent un grand-père venu de Pologne et installé à Nancy à l'époque de Stanislas : par exemple, Antoni Wodziński, dans Les Trois romans de Frédéric Chopin, et Wanda Landowska dans une communication de 1911 au Mercure de France[11] (selon elle, ce grand-père s'appelait Szop).
En 1912, un érudit, André Lévy, démontre que Nicolas Chopin n'est pas originaire de Nancy, et en déduit que « ses origines lorraines sont un mythe »[12].
Malgré la publication de l'acte de baptême, on trouve encore en 1980, dans la principale encyclopédie musicale allemande (Die Musik in Geschichte und Gegenwart, appelée aussi la MGG[13]) la formulation suivante : « Sein Vater Nikolaus, polnischer Abstammung » (son père Nicolas, d'ascendance polonaise). La version en ligne parle, à raison, de lui comme un immigrant lorrain : "lothringischen Emigranten Nicolas Chopin"[14].
Gabriel Ladaique a mené des recherches généalogiques qui montrent que la famille paternelle de Frédéric Chopin est d'origine savoyarde, et s'est installée en Lorraine vers 1700 (à cette époque, du reste, ni la Savoie, ni la Lorraine, ne font partie du royaume de France).
Survivance de la famille de Nicolas Chopin
[modifier | modifier le code]Jean-Christophe Parisot de Bayard, cousin lorrain de Nicolas Chopin par le greffier Luc Maton (d'Ambacourt)[15], affirme que les Chopin sont originaires des Hautes-Alpes et que quatre branches descendent de François Chopin (1676-1714). La branche de Claude Chopin, tisserand (1705-1748) s'est installée à Passavant (Haute-Saône). Son dernier descendant Edmond-Ludovic Chopin, né en 1874, a combattu dans l'artillerie durant la Grande Guerre. La branche de François Chopin, tisserand (1706-1770) s'est fixée à Xirocourt (Meurthe-et-Moselle) et a fait souche. Son dernier descendant est Maurice Chopin (1927). La branche de Dominique Chopin, bourgeois de Mirecourt (1710-1759) s'est rapidement éteinte. La branche de Nicolas Chopin, coquetier (1712-1772) est celle de Nicolas Chopin. Frédéric Chopin avait un cousin Jean-Dominique Chopin, vigneron (1774-1844).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- actuel département des Vosges
- Ladaique, « Les origines lorraines de Frédéric Chopin »
- Non traduites en français ; original disponible à la Bibliothèque polonaise de Paris ; édition récente en Pologne par le Narodowy Instytut Fryderyka Chopina
- Marie-Paule Rambeau, Chopin l'Enchanteur Autoritaire, p. 20
- Cf. thèse de Gabriel Ladaique.
- Łopaciński, "Chopin, Mikołaj", p. 426.
- Cf. Zielinski, p. 434.
- Ladaique, Ancêtres paternels, tome II, annexe N.
- Cf. AD88, Marainville-sur-Madon, 1767-1772, vue 25 (Cet acte n'est plus disponible en ligne, mais a été archivé)
- Cité par Niecks et disponible en ligne, pages 2 et 3. Selon Niecks, l'auteur pourrait être Amédée de Méreaux.
- Mercure de France, 1er avril 1911
- Mercure de France, 16 novembre 1912
- Réédition entre 1994 et 2008 : disponible à la BnF, à la Médiathèque musicale Mahler, Paris, VIIIe, etc.
- (en-US) « MGG Online », sur www.mgg-online.com (consulté le )
- « Généalogie de Luc MATTON », sur Geneanet (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- A. Evrard, « Les origines lorraines de Chopin », dans Le Pays lorrain, 1926, p. 559-561 (lire en ligne)
- A. Evrard, « Les origines lorraines de Chopin » avec une note de Charles Sadoul, dans Le Pays lorrain, 1927, p. 33-35, 142, 256 (lire en ligne)
- Gabriel Ladaique, Les Ancêtres paternels de Frédéric Chopin, thèse de doctorat de l'université de Paris, 1987 (disponible dans plusieurs bibliothèques universitaires)
- Gabriel Ladaique, Les Origines lorraines de Frédéric Chopin, Ed. Pierron, 1999
Par ailleurs, toutes les biographies de Frédéric Chopin parlent plus ou moins longuement de Nicolas, notamment :
- Marie-Paule Rambeau, Chopin L'enchanteur autoritaire, Paris, L'Harmattan, 2005, chapitre 1 : « Les origines, Lorraine et Kujavie »
- Tadeusz Zielinski, Chopin, Paris, Fayard, 1995, « Prologue » et chapitre 1 « Enfance »
- Adam Zamoyski, Chopin : a New Biography, 1980 (ISBN 0385135971)
Liens externes
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- Ressource relative à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :