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Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Puck

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Henri Plon (p. 563-564).
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Puck. C’était un démon familier que ce Puck, qui eut longtemps son domicile chez les dominicains de Schwerin dans le Mecklembourg. Malgré les tours qu’il jouait aux étrangers qui venaient visiter le monastère, Puck, soumis aux moines, avait l’air d’être pour eux un bon serviteur. Sous la forme d’un singe, il tournait la broche, tirait le vin, balayait la cuisine. Cependant, malgré tous ces services, le religieux à qui nous devons la Veridica relatio de dœmonio Puck ne reconnaît

en lui qu’un esprit malin. Le Puck de Schwerin recevait pour ses gages deux pots d’étain et une veste bariolée de grelots en guise de boutons.

Le moine Rusch, de la légende suédoise, et Bronzet, de l’abbaye de Montmajor, près d’Arles, sont encore Puck sous d’autres noms. On le retrouve en Angleterre sous la forme de Robin Goodfellow ou de Robin Hood (Robin des bois), le fameux bandit de la forêt de Sherwood ayant reçu ce surnom à cause de sa ressemblance avec ce diable populaire. Enfin Robin Hood est aussi le Red Cap d’Écosse et le diable saxon Hodeken, ainsi appelé de l’hoodiwen, ou petit chaperon rouge qu’il porte en Suède lorsqu’il y apparaît sous la forme du Nisse ou Nissegodreng. Puck, en Suède, se nomme Nissegodreng (ou Nisse le bon enfant), et vit en bonne intelligence avec Tomtegobbe, ou le Vieux du Grenier, qui est un diable de la même classe. On trouve Nissegodreng et Tomtegobbe dans presque toutes les fermes, complaisants et dociles si on les traite avec douceur, mais irascibles et capricieux si on les offense.

Dans le royaume voisin, en Danemark, les Pucks ont un rare talent comme musiciens. Il existe une certaine danse appelée la gigue du roi des Elfes, bien connue des ménétriers de campagne et qu’aucun d’eux n’oserait exécuter. L’air seul produit le même effet que le cor d’Obéron : à peine la première note se fait-elle entendre, vieux et jeunes sont forcés de sauter en mesure ; les tables, les chaises et les tabourets de la maison commencent à se briser, et le musicien imprudent ne peut rompre le charme qu’en jouant la même danse à rebours sans déplacer une seule note, ou bien en laissant approcher un des danseurs involontaires assez adroit pour passer derrière lui et couper toutes les cordes du violon par-dessus son épaule[1].

  1. Quarterly Review.