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Langue occitane

Langue occitane

Occitan

Langue d'oc

Occitan
Occitan
Parlée en Drapeau de la France France
Italie Italie
Drapeau de l'Espagne Espagne
Monaco Monaco[1]
Région Midi de la France, ouest du Piémont, Val d’Aran en Catalogne, Guardia Piemontese en Calabre
Nombre de locuteurs 3,5 à 12 millions (dont plus sûrement 6 à 7 millions de bilingues passifs ou actifs)
Typologie Accentuelle,Flexionnelle,SVO
Classification par famille
(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel
Langue officielle de auparavant uniquement dans la région du Val d’Aran Val d’Aran, maintenant statut de langue co-officielle en Catalogne (Espagne)
Codes de langue
IETF (en) oc
ISO 639-1 oc
ISO 639-2 oci (après 1500) / pro (avant 1500)
ISO/DIS 639-3 (en) oci
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL OCI
Échantillon

Article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme (voir le texte en français)

Languedocien, norme classique
Article un (1)
Totes los èssers umans naisson liures e egals en dignitat e en dreches. Son dotats de rason e de consciéncia e se devon comportar los unes amb los autres dins un esperit de fraternitat.

Auvergnat, norme bonnaudienne
Artïclhe vun (1)
Ta la proussouna neisson lieura moé parira pà dïnessà mai dret. Son charjada de razou moé de cousiensà mai lhu fau arjî entremeî lha bei n’eime de freiressà.

Provençal, norme mistralienne
Article un
Tóuti lis uman naisson libre. Soun egau pèr la digneta e li dre. An tóuti uno resoun e uno counsciènci. Se dèvon teni freirenau lis un 'mé lis autre.
Provençal norme classique
Totei leis umans naisson libres. Son egaus per la dignetat e lei drechs. An totei una reson e una consciéncia. Se devon tenir frairenaus leis uns ambé leis autres.

L'occitan ou langue d’oc (en occitan : occitan, lenga d’òc ou óucitan, lengo d'O) est une langue romane[2] parlée dans le tiers sud de la France, les Vallées occitanes et Guardia Piemontese (en Italie), le Val d’Aran (en Espagne) et à Monaco[1]. L'Occitanie est l’espace linguistique et culturel de l’occitan. Les dialectes de l'occitan sont l'auvergnat, le gascon, le languedocien, le limousin, le provençal et le vivaro-alpin.

L’occitan est à la fois une langue orale, parlée par des millions de personnes jusqu'à aujourd'hui[3], et une langue littéraire, qu'à partir du XIIe siècle les troubadours vont véhiculer dans toutes les cours d'Europe, et aussi une langue administrative du Moyen Âge, en concurrence avec le latin puis effacée progressivement par le français. La disparition de l'écrit officiel (l'impact de l'ordonnance de Villers-Cotterêts fait débat[4]) a précédé celle de l'usage oral, liée à une politique de dévalorisation (emploi du mot patois) et de répression[5], qui met la langue en danger d'extinction[6].

L’occitan présente une grande variabilité (six dialectes et plusieurs normes littéraires accentuées par la coexistence de plusieurs normes graphiques), une importante production culturelle et une littérature prestigieuse[7] qui font sa richesse. Un locuteur de cette langue parle un des dialectes d'oc car il n'existe pas de standard oral unifié.

Sommaire

Étymologie

Carte des langues d'Europe selon le marquis d'Argenson (1859)

Le terme « langue d’oc » apparaît chez Dante en 1304. Parallèlement, le terme latin lingua occitana, qui en dérive, apparaît au XIVe siècle dans des textes administratifs[8]. De ce terme latin est issu le mot occitan qui s'est imposé chez les romanistes dans la seconde moitié du XXe siècle[9].

« Langue d’oc », « occitan » et « provençal »[10] sont synonymes dans la linguistique romane. La totalité du mouvement culturel depuis le XIXe siècle parle d'occitan et de langue d'oc. Ces termes sont synonymes et sont employés dans les textes administratifs récents[11].

Locuteurs

Le nombre de ses locuteurs varie en fonction de la méthodologie employée pour le calculer. En effet, l’évaluation qui en est faite varie de 583 000[12] à trois millions et demi[13] voire à douze millions[14]de personnes selon les sources (celles-ci confondent souvent pratique active et connaissances passives permettant la compréhension orale ou écrite sans parler ou écrire la langue)[15]. Malgré les différences statistiques, toutes s'accordent à montrer que le français est aujourd'hui plus parlé que l'occitan en Occitanie sous l'effet de la politique linguistique française. L'occitan, du statut de langue majoritaire encore en 1900 est passée à celui de langue minoritaire.

L'aire d’expansion géographique de l'occitan couvre 33 départements du sud de la France (39 en comptant les départements minoritairement occitans), 14 vallées occitanes (dans les Alpes piémontaises) et Guardia Piemontese en Italie, le Val d’Aran en Espagne.

Noms de l’occitan

À partir du XIIIe siècle et jusqu'au début du XXe siècle[16], on rencontre fréquemment le terme de provençal pour désigner l'occitan. Le terme, originaire d'Italie, fait référence à la provincia romaine et on trouve encore parfois ce terme en anglais pour toute la langue d'oc (provençal).

Entrée oucitan dans le trésor du Félibrige de Frédéric Mistral

L'appellation "provençal" présente des ambiguïtés car elle désigne également le dialecte provençal, que par ailleurs certains considèrent comme une langue distincte[17]. D’autre part l’expression de « langue d’oc » fait penser d’emblée au dialecte languedocien (occitan central). Peut-être pour ces raisons le terme généralement considéré comme le plus clair est « occitan ». Certains Valenciens nomment occitan l’ensemble occitano-roman (catalan et occitan[18]).

L’occitan fut appelé autrefois, lenga romana, romans[19] aux XIIIe et XIVe siècles (terme utilisé au XIXe siècle pour désigner l’ancien occitan), limousin au XIIIe siècle, mondin ou raimondin, gascon au XVIe siècle, catalan, provençal aux XIIIe et XIXe siècles ; ou encore lingua occitana au XIVe siècle, langue d’oc, languedocien[20] (voire occitanique, occitanien).

Les Occitans eux-mêmes disaient lo romans (roman), lo lemozi(n) (limousin) ou lo proensal (provençal) au XIIIe siècle . L’expression « langue d’oc » fut créée par Dante vers 1290 et l’expression lingua occitana (langue occitane) apparut presque aussitôt dans des textes administratifs en latin. Cependant, les termes « occitan » et « Occitanie » ne se sont généralisés que depuis le XIXe siècle et davantage encore depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Les Occitans ont utilisé et utilisent toujours d’autres formules pour désigner leur langue, comme « la lenga nòstra » (notre langue) « parlam a nòstra mòda » (nous parlons à notre manière) ou encore en Gascogne « Que parli » (je parle).

Dans certaines régions, les locuteurs les plus âgés utilisent le terme de patois (Larousse : parler local, rural et d’extension restreinte) pour désigner leur langue, mais ce terme est également rejeté de nos jours pour ses connotations dépréciatives.

Ailleurs, dans les régions à forte identité, le nom de la province sert à désigner la langue, parfois en discordance avec les variations de celle-ci[21]. On dit : « l’auvergnat, le limousin, le gascon, le béarnais, le provençal, le niçois ».

Régions occitanes

Géographie supra-dialectale de l’occitan
Autre carte des dialectes occitans
  • Aquitaine : sauf la partie bascophone des Pyrénées-Atlantiques à l’ouest du département et une petite partie de la Gironde et du Périgord en zone d'oïl.
  • Aragon: de très petites zones en bordure nord de la région.
  • Auvergne : le Forez et la Basse-Auvergne ont connu un recul de l’occitanophonie, à la différence du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère où la langue est encore parlée par une partie de la population[22].
  • Calabre : Le village sud-italien de Guardia Piemontese, situé dans la province de Cosenza, est une enclave linguistique. Un dialecte occitan de type vivaro-alpin, qui se nomme le gardiol[23], est encore usité dans cette commune. 74,6 % de ses habitants déclarent le parler couramment[24]. Sa présence est due à la fondation de ce village par des Vaudois piémontais[25] au XIIIe siècle qui importèrent en ces lieux l’occitan[26].
  • Catalogne: on parle une forme du gascon, l’aranais dans le Val d’Aran. L'occitan, dans sa forme aranaise est une langue co-officielle de la région, au même titre que le catalan.
  • Centre : une zone en bordure sud de la région. Voir l'article le Croissant (lo Creissent en occitan).
  • Languedoc-Roussillon : à l’exception de la majeure partie des Pyrénées-Orientales, où l’on parle catalan (seuls les Fenouillèdes sont occitans). La langue est très affaiblie dans la plaine, mais se maintient dans les Cévennes Gardoises (autour d’Alès) et en Lozère (avec le parler gévaudanais).
  • Limousin : L’occitan est parlé dans toute la région par les gens de plus de 40 ans, la langue trouve un nouveau souffle avec la formation de professeurs d’occitan[réf. nécessaire].
  • Poitou-Charentes : le recul de l’usage de l’occitan a été brutal juste après la guerre de Cent Ans, particulièrement dans le sud de la région (voir les dialectes du Nord-Ouest). Le tiers Est de la Charente, dont la Charente limousine, et cinq communes du département de la Vienne[27] sont toujours occitanophones.
  • Midi-Pyrénées : la langue est très affaiblie dans la partie languedocienne, menacée dans la partie gasconne, mais beaucoup de jeunes Gascons la reprennent. Elle se maintient particulièrement bien en Haute-Guyenne (c’est-à-dire l’Aveyron et la moitié nord du Lot).
  • Monaco : une forme d’occitan a été parlée marginalement par les ouvriers nissophones venus travailler en Principauté, à côté du ligure monégasque[28]. L'éventuelle présence de l'occitan avant cette époque est débattue. En 2006, la proportion de locuteurs du niçois, une variante de l'occitan, était évaluée à 15 %[1].
  • Piémont : région italienne dont seules les hautes vallées (Val de Suse…), dites vallées occitanes sont restées occitanophones (nord-occitan). Le versant italien du col de Tende parle provençal. Dans la plus grande partie de la région, on parle cependant italien, piémontais ou lombard, des parlers gallo-italiques.
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur : dans cette région on parle le provençal (rhodanien, le maritime, niçart) et le vivaro-alpin (classé par certains dans le provençal). Cependant dans les hautes vallées de la Roya et de la Bévéra on parle des dialectes ligures alpins. À noter aussi quelques isolats ligures (figoun) qui se trouvent dans le Var et dans les Alpes-Maritimes : Biot, Vallauris, Mons et Escragnoles. Le mentonasque a un statut intermédiaire entre l´occitan et le ligure.
  • Rhône-Alpes : le sud de la région est occitanophone : l’Ardèche (dans sa quasi-totalité), la plus grande partie de la Drôme et le sud de l'Isère. En revanche, le Lyonnais, le Forez et le Dauphiné septentrional qui étaient des zones de parlers intermédiaires entre l’occitan et l'arpitan sont devenues francophones précocement. L’occitan fut la langue de la noblesse lyonnaise lors de l’apogée de la culture des troubadours.

L’occitan dans le monde

Des communautés de langue occitane ont existé ailleurs dans le monde. Leur présence peut être lié au départ des protestants de France, à la colonisation française, à l'immigration vers le Nouveau monde ou même aux croisades en Terres saintes.

Montpelier (Idaho), Oregon, Californie, mais aussi Valdese (Caroline du Nord)[31], Montpelier (Vermont), Monett (Missouri); ainsi qu’en Louisiane dans la région de Baton Rouge de Arnaudville et de Houma où l’on utilise un parler cajun occitan.

Il peut arriver que certaines personnes parlent encore aujourd’hui l’occitan ou plus sûrement ont conservés quelques mots mêlés à la langue locale[33].

Famille linguistique et distribution géographique

L’occitan constitue avec le catalan le groupe occitano-roman des langues romanes occidentales : il fait la transition entre le gallo-roman et l'ibéro-roman, d’après le linguiste Pierre Bec[34]. On le voit bien dans les équivalents occitans de essere ("être" en latin populaire) : esser (Ariège), èstre ou èsse (Allier, en provençal et encore une grande partie de toute la France du Sud-Est [8]), estar en castillan, en catalan et dans l'Ariège, le Gers, la Gironde, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques.

L’occitan et le catalan sont proches linguistiquement et permettent l’intercompréhension[35]. Certains romanistes (toutefois minoritaires) comme A. Sanfeld incluent ces deux langues sous la même dénomination linguistique d’occitan.

Jules Ronjat a cherché à caractériser l’occitan en s’appuyant sur 19 critères principaux et parmi les plus généralisés. Onze critères sont phonétiques, cinq morphologiques, un syntaxique, et deux lexicaux. On peut ainsi noter la moindre fréquence des voyelles semi-fermées (en français standard : rose, jeûne). C’est une caractéristique des occitanophones grâce à laquelle on reconnaît leur accent « méridional » même quand ils parlent en français. Il existe aussi la non-utilisation du pronom personnel sujet (exemple : canti/cante/chante/chanto je chante ; cantas/chantas tu chantes). On peut trouver encore d’autres traits discriminants. Sur les dix-neuf critères principaux, il existe sept différences avec l’espagnol, huit avec l’italien, douze avec l'arpitan et seize avec le français.

Prononciations de l'occitan classique

Articles connexes : Prononciation de l'occitan et Caractéristiques phonétiques de l'écriture classique de l'occitan.

Il n'y a pas une prononciation unique de l’occitan puisque par définition la norme classique permet de lire les différents dialectes. Elle se fait selon des règles de lecture propres à chaque dialecte et il existe donc de nombreuses exceptions. À partir de lettres de base, l’occitan utilise des symboles modificateurs qui changent la prononciation de certaines lettres ou simplement marquent une tonicité dans le langage comme : l’accent fermé (´), l’accent ouvert (`) et la diérèse (¨) ou le point de séparation entre s et h ou n et h (s∙h ; n∙h) en Gascon.

  • Résumé de la prononciation de l’occitan (languedocien) :

Voyelles

  • a:
    • -a-, a- et à se prononcent [a]
    • -a et á final se prononcent [ɔ], ou [a] (selon les dialectes) de même que -as et -an: a atone. Il peut exceptionnellement se pronconcer [u] pour la terminaison du présent de l'indicatif du premier groupe : cantan [kantun]
  • e:
    • e ou é se prononcent [e]
    • è se prononce [ɛ]
  • i ou í se prononcent [i] ou [j]
  • o
    • o ou ó se prononcent [u] ou [w]
    • ò se prononce [ɔ]
  • u se prononce [u], [y] ou [ɥ] en position semi-vocalique, excepté quand il est après une voyelle [w]. Ex : lo capeu [kapeu] : le chapeau (Provençal)

Consonnes

  • b: [b]/[β]
  • c: [k]. [s] devant "e" et "i". Quand il est double cc: [ts]
  • ch: [tʃ]
  • ç: [s]
  • d: [d]/[ð]
  • f: [f]
  • g: [g]/[ɣ] devant "a", "o", "u". [dʒ] devant "e" et "i". Quand il est final, il se prononce [k], dans certains mots [tʃ]. gu devant "e" et "i" se prononce [g]/[ɣ]
  • h: muet
  • j: [dʒ]
  • k: [k]
  • l: [l]. Un double ll, se prononce [ll]. (lo capel en dialecte languedocien : le chapeau)
  • lh: [ʎ], en final: [l]
  • m: [m], final [m] (en Gascon) ou [n] (en dialecte languedocien). En double mm, [mm]
  • n: [n]. Muet en final. [m] devant "p", "b" et "m". [ŋ] devant c/qu et g/gu. [ɱ] devant "f". nd et nt [n]
  • nh: [ɲ]. En position finale [n]
  • n∙h : [nh] : eth con∙hòrt (le confort)
  • p: [p]
  • qu: [k] devant "e" et "i"; [kw] autrement
  • : [kw]
  • r: [r] et [ɾ]. En position finale, il est muet dans la majorité de mots. rn et rm [ɾ]
  • s: [s]. [z] entre voyelles. ss donne [s]
  • sh : [ʃ]
  • s∙h : [sh] : l'es∙hlor (la fleur)
  • t: [t]. ts : [ts] ; tg/tj: [tʃ]. tl: [ll]. tn: [nn]. tm: [mm]. tz: [ts] th : [tt] (eth/lo capèth : le chapeau en Gascon) ou [s] (capvath)
  • v: [b]/[β]
  • w: [w], [b]/[β]
  • x: [ts], [s] devant une consonne
  • y: [i]/[j]
  • z: [z], [s] en position finale

Les liens entre l’occitan et le catalan

À un stade ancien, comme pour toutes les langues romanes, le catalan et la langue d'oc ne pouvaient pas être différenciés. Le fait qu’on écrive quasi exclusivement en latin au haut moyen-âge rend impossible toute catégorisation formelle. En tout cas, les premiers textes en langues vulgaires, bien que très semblables montrent déjà quelques différences[réf. souhaitée], lesquelles se sont accentuées à la moitié du XIIe siècle. Le gascon a été souvent considéré comme un dialecte occitan ; tandis que le catalan, plus proche du languedocien d’un point de vue linguistique que d’autres, a été considéré comme une langue différente. Les poètes catalans écrivirent en occitan jusqu’au XIVe siècle. Le premier écrivain qui écrivit toute son œuvre en catalan, ainsi qu’en langue d'oc, fut le Valencien Ausiàs March. Dans l’œuvre du philologue du XIXe siècle Friedrich Christian Diez le catalan est considéré comme une part intégrante de l’occitan (appelé « provençal ») ; cependant il en signale les différences. En 1931, le récent retour au statut d’autonomie de la Catalogne risquait d’être entravé par la défense de l’appartenance des catalans à un ensemble majoritairement non espagnol. En 1934, les intellectuels catalans ont proclamé solennellement que le catalan était distinct de l’occitan[36].

L’occitan et le catalan se distinguent par la manière d’écrire la langue (graphie). Les Occitans d’aujourd’hui ont majoritairement choisi d’utiliser une graphie qui essaye de rassembler des héritages de de la langue médiévale avec des ajours contemporains importants. Les choix qui ont opéré en Catalogne, ont conduit les locuteurs à écrire avec une graphie centrée à la fois sur les manières de prononcer (pas de n final à català par exemple) mais aussi à conserver des origines latines, par exemple en ajoutant le -n final qui est « caduque » dans certains dialectes.

La prononciation varie entre catalan et occitan, par exemple :

  • Le "o"/"ó" se prononce toujours comme [u], sauf quand il a de l’accent grave "ò" : [ɔ] (pònt -pont- : /pɔnt/, onze : /'unze/, antropologia : /antrupulu'dʒiɔ/)
  • Quand un mot termine avec -a, ou l’accent fermé, "á", celui-ci se prononce comme [o]/[ɔ] (plaça : /plásɔ/, sentiái -jo sentia- : /sentj'ɔj/) sauf quand il a l’accent grave "-à" : [a].
  • L’occitan évite la prononciation de deux consonnes de suite, souvent en ne prononçant pas la première et en renforçant la deuxième (abdiquer - abdicar - s’écrirait "addicà" en catalan, "cc" se prononce "ts" en languedocien, occitan se prononce "utsità").
  • Dans l’occitan la syllabe tonique des mots s’est rapprochée du français avec le temps, sous l’influence de ce dernier. La plupart des syllabes accentuées sur l’antépénultième en catalan changent dans l’occitan (MÚsica (cat) muSIca (oc), PÀgina (cat) paGIna (oc), boTÀnica (cat) botaNIca (oc), inDÚstria (cat) indusTRIa (oc)...). Seuls le niçois et le vivaro-alpin des vallées Occitanes ont maintenu la prononciation originale, proche du catalan.

Pour les catalanophones, la graphie classique des occitans a l’avantage de ressembler assez à la catalane. Cela est dû pour une bonne part à ce que dans les travaux d’actualisation et de fixation de cette graphie, conduite par Loís Alibèrt en 1937, on a suivi des critères très semblables à ceux suivis par Pompeu Fabra pour le catalan. Les deux graphies se sont basées sur la graphie médiévale, formée quand les deux langues étaient plus proches de leurs origines communes et qu’en plus les contacts étaient plus intenses (la poésie en Catalogne a été faite principalement en occitan même au XIVe siècle). Malgré tout, il y a quelques différences dont il faut tenir compte pour lire avec la facilité les textes occitans :

  • On conserve le "n" final des mots, bien que dans la plupart des dialectes occitan, il ne se prononce pas (les exceptions sont le provençal, et le gascon, qui inclut l’aranais). Exemples : "occitan", "concepcion".
  • Le "h" ne s’écrit pas quand il ne se prononce pas (le "h" est mis en catalan) : i a un òme (cat: hi ha un home). Le "h" se met en gascon pour indiquer qu’il se prononce aspirée, lorsqu’il remplace habituellement le "f" des autres dialectes occitan et du catalan. Exemple : en gascon "hèsta", dans les autres dialectes "fèsta", en catalan "festa".
  • Les digrammes "lh", "nh" et "sh" correspondent au catalan "ll", "ny" et "ix". Les digrammes "lh" et "nh" ont aussi été adoptés depuis le moyen-âge par les normes portugaises et de façon récente dans la graphie romane de la langue vietnamienne.

L’aspect politique, culturel et religieux est important aussi. La Catalogne, contrairement à l’Occitanie a bénéficié longtemps d’une indépendance étatique alliée à un fort développement économique. De plus, l’espace occitan est globalement défini par son appartenance à la France, le catalan est majoritairement défini par son appartenance à l’Espagne. Encore récemment les langues continuent d’évoluer séparément : le catalan est un ensemble de dialectes qui ont tendance à s’hispaniser au contact du castillan ; l’occitan, lui, a tendance à se galliciser au contact du français. Le poids important des langues espagnole et française dans le monde pèse lourdement sur les rapports de domination linguistique au sein de la France et de l’Espagne.

Il ne faut toutefois pas en conclure que l’occitan et le catalan soient très différents. Il existe une assez bonne intercompréhension entre catalanophones et occitanophones.

  • Comparatif occitan/catalan

Voici un texte dans sa version languedocienne (occitan méridional-ouest) et catalane majorquine (catalan des îles Baléares). La forme littéraire ou archaïque du catalan majorquin est parfois précisée dans les remarques.

Français Languedocien Majorquin Remarques
Hachez les viandes à la machine (ou demandez au boucher de le faire) Passar las carns a la maquina de capolar (o demandatz al carnsaladièr d’o far) Passar les carns a la màquina de capolar (o demanau al carnisser de fer-ho) En catalan majorquin ancien "demanau" = "demandats"
Mélangez tous les ingrédients de la farce Barrejar totes los ingredients del fars Barrejar tots els ingredients de la farsa .
Etendre le lièvre sur un bon morceau de gaze (on peut en acheter en pharmacie) Espandir la lèbre sus un bon tròç de gasa (se pòt crompar en farmacia) Estendre la llebre davall un bon troç de gasa (se pot comprar en apotecaria) En languedocien "farmacia" est un néologisme; en catalan majorquin ancien "davall" = "sus"; "Estendre" = "Expandir" en majorquin ancien.
Répartir la farce sur toute la longueur de l’animal, l’enrouler dans la gaze Repartir lo fars sus tota la longor de l’animal, lo rotlar dins la gasa Repartir la farsa sobre tota la llargària, enrodillar-lo dins la gasa En catalan majorquin : le verbe "rotlar" a disparu et fut remplacé par "enrodillar" qui est un castillanisme provenant du mot "enrodillar"
Ficeler sans trop serrer. Faire rôtir les ingrédients au four E ficelar pas tròp sarrat. Far rossir los ingredients pel fons de lums Lligar sense estrènyer gaire. Fer rostir els ingredients dins el forn. Les deux textes ne sont pas identiques ; "pel fons de lums" pourrait être traduit en majorquin "dins del fons de llums"
  • L’ensemble géographique occitano-roman représente environ 23 millions de personnes sur un espace de 259 000 km2. Les régions ne sont pas égales face au pourcentage de locuteurs dans la langue. La France ne compte plus dans certaines régions qu’un quart de la population qui soit vraiment occitanophone (50 % de la population comprend la langue, sans pouvoir la parler couramment)[37],[38]. À l’inverse, la communauté autonome de Catalogne bat des records du nombre de locuteurs. Selon les enquêtes réalisées par la Communauté de Catalogne en 1993, les habitants du Val d’Aran (dont 72 % en sont originaires) parlent à : 64 % Aranais (Gascon) ; 28 % Castillan (Espagnol) ; 8 % Catalan.

Origines de l’occitan

Suite à la domination romaine, les populations locales adoptent un latin vernacularisé. Ce processus prend plusieurs siècles, il est fort complexe dans son déroulement : le gaulois est encore parlé bien après les conquêtes romaines. Cette langue évolue en se superposant aux parlers autochtones qui finiront par être éliminés. La chute de l'Empire romain, au Ve siècle, et les invasions barbares aboutissent à la transformation du latin en un certain nombre de parlers nouveaux dont l'occitan. La formation de la langue d'oc a été favorisée par certaines circonstances qui ont donné à l’occitan son originalité :

  • la structure orographique. L’espace occitan se caractérise par son emplacement au sein de barrières naturelles que sont la mer Méditerranée et l’océan Atlantique ainsi que les remparts naturels des montagnes : Massif central, Pyrénées, Alpes.[39]
  • la présence de « marches séparantes » entre les populations: zones ultra-sèches[39], forêts épaisses séparant le nord du sud de la France (sauf aux abords de l’océan : la Brenne, la Sologne, le Bourbonnais, le Nivernais, la Bresse, le Jura central…), marais ou landes impropres à l’agriculture et rebelles à toutes colonisations étrangères (régions entre Loire et Garonne, plateau désertique aragonais).
  • la fixité et le faible mélange des « races » préhistoriques et protohistoriques[39]
  • leur moindre celtisation[40] : populations celtes peu importantes mais la celtisation s’est implantée plus durablement que dans d’autres régions.
  • une ancienne et longue romanisation : Jules César disait que les Aquitains pourraient apprendre aux Romains à parler correctement le latin. Selon M. Müller, « la bi-partition linguistique de la France commence avec la romanisation même »[41]
  • un lexique original : bien que celui de l’occitan se situe à mi-chemin entre le gallo-roman et l’ibéro-roman[42], il « possède […] quelque 550 mots hérités du latin qui n’existent ni dans les parlers d’oïl ni en francoprovençal »
  • une faible germanisation (contrairement au français ou à l'arpitan)[41] : « le lexique francique » et son influence phonétique « s’arrête […] assez souvent » au sud de la ligne oc/oïl[41]
  • l’Occitanie a toujours été un carrefour des langages, grâce à de nombreux échanges commerciaux. Ceci se retrouve dans un vocabulaire d’origines très variées. Le rabbin espagnol Benjamin de Tudèle décrit en 1173 l’Occitanie[réf. souhaitée] comme un lieu de commerce où viennent « chrétiens et Sarrasins, où affluent les arabes, les marchands lombards, les visiteurs de la Grande Rome, de toutes les parties de l’Égypte, de la terre d’Israël, de la Grèce, de la Gaule, de l’Espagne, de l’Angleterre, de Gênes et de Pise, et l’on en parle toutes les langues. »[43]

Unité de la langue d'oc

Langues ou dialectes ? La question des langueS d'oc

Un certain nombre de mouvements régionalistes (l'Unioun prouvençalo, en Provence, l'Enstitut Bearnes e Gascoû, en Béarn, le Cercle Terre d'Auvergne, en Auvergne) mettent en cause, depuis la fin des années 1970, l'unité de la langue d'oc. Ils préconisent l'emploi du terme langues d'oc au pluriel[44]. En parallèle, ils récusent l'emploi du mot occitan pour désigner la langue dans son ensemble.

La délimitation des langues romanes[45] au XIXe et au XXe siècle, a fait l'objet de débats, essentiellement en France, sur l'appartenance ou non de l'espace d'oc au français. Alors que les premières grammaires des langues romanes[46] séparent nettement le provençal (au sens de langue d'oc) du français, tout un courant autour de Gaston Paris s'attache à présenter l'unité des dialectes gallo-romans (français, francoprovençal, langue d'oc) en développant la théorie du continuum des parlers romans[47]. Cette négation de la langue d'oc-occitan, de son existence en tant que langue indépendante, se traduit par des appellations diverses :

  • premièrement, l'insistance sur langue d'oc et langue d'oïl : le français ancien aurait connu deux modalités, qui auraient en quelque sorte fusionné dans le français moderne.
  • secondement, des appellations purement géographiques : dialectes romans du Midi de la France, langue romane du Midi de la France, Français du Midi[48]

Alors que cette dichotomie a fait place, dans la plupart des ouvrages sur les langues romanes (Bec, Harris & Vincent, Klinkenberg, etc.) à une reconnaissance assez large de l'occitan comme langue distincte du français, c'est l'unité de la langue qui a été remise en cause à la fin des années 1970 par un certain nombre de mouvements régionalistes.

L'association l'Astrado, en Provence, est dirigée à l'origine par Louis Bayle, en rupture de ban avec le Félibrige. Elle publie en 1980 un ouvrage de Jean-Claude Rivière, Langues et pays d'oc, qui développe le concept de langues d'oc au pluriel. Elle s'allie à la même époque avec le Cercle Terre d'Auvergne de Pierre Bonnaud dans une CACEO (confédération des associations culturelles d'Oc) qui obtient l'utilisation du terme au pluriel dans un décret du ministère de l'éducation nationale. Cette utilisation soulève des protestations d'autant qu'elle est assortie, en Provence, à l'interdiction de toute graphie autre que mistralienne (alors qu'au contraire, en Auvergne, les partisans de P. Bonnaud et de la graphie classique finissent par se "partager" le terrain). Les tensions s'apaisent un temps pour aboutir à la création, fin 1991, du CAPES d'occitan-langue d'oc (il porte les deux noms, et le premier jury est composé d'un panel d'occitanistes tel G. Gouirand et de provençalistes comme C. Mauron). Néanmoins, le "camp des langues d'oc" (l'Astrado a rejoint une Unioun Prouvençalo plus large) reçoit de nouveaux soutiens dans les années 2000 avec d'une part l'Enstitut Bearnes e Gascoû, en Béarn, et d'autre part Aigos Vivos, en Cévennes. Les manifestations biannuelles pour l'occitan (Carcassonne, 2005, Béziers, 2007, Carcassonne, 2009) sont assorties de contre-manifestations "pour les langues d'oc". La dernière en date s'est déroulée le 3 octobre 2009 entre Beaucaire et Tarascon[49]. On pouvait y lire une banderole "J'ai mon pays, Occitanie non merci"[50]. En parallèle, plusieurs hommes politiques, donc Michel Vauzelle, Jean-Claude Gaudin ou Michel Charasse ont soutenu publiquement le mouvement des langues d'oc[51].

La place du catalan

La place du catalan a longtemps fait débat, les mouvements de renaissance de la langue (Félibrige, occitanisme des années 1930) l'ayant longtemps inclus dans la langue d'oc.[45]

Dialectes de l'occitan

L’occitan est généralement classé en six dialectes  :

  • l’auvergnat
  • le gascon, considéré parfois avec ses spécificités comme une langue du domaine "ibéro-roman" à l’instar du catalan
    • l’aranais est la variété de gascon pyrénéen en usage dans le Val d’Aran (en Catalogne), où elle a un statut de langue officielle.
    • le béarnais a été considéré comme une langue distincte du gascon jusque aux années 1930. Il s'agit en fait du gascon parlé sur le territoire de la Vicomté de Béarn.
    • la langue sifflée pyrénéenne était utilisée à Aas, dans la vallée d’Ossau (Béarn). Elle se base sur la phonétique du gascon de cette région. Les langues sifflées sont rares dans le monde. Dans le cas des Pyrénées, elle permettait une communication à longue distance. Documents sur une langue sifflée pyrénéenne
  • le languedocien
  • le limousin
  • le provençal
    • le chouadit ou judéo-provençal est considéré comme éteint depuis 1977. Toutefois, les travaux de René Moulinas, Les Juifs du Pape, montrent que les Juifs provençaux parlaient provençal comme leurs compatriotes chrétiens. Les Juifs du Comtat Venaissin (Vaucluse) parlent la langue d’oc dans la même proportion que les autres Comtadins encore aujourd’hui. Le "judéo-provençal" a été très étudié par l’ancien empereur Pierre II du Brésil, une fois que celui-ci fut détrôné. Il parlait la langue d’oc (notamment dans sa variante provençale) et avait une bonne connaissance de l’hébreu.
    • le niçois est généralement rattaché au provençal, malgré son originalité phonétique[52]
  • le vivaro-alpin [53]

Anciens dialectes et zones interférentielles

Anciens dialectes du nord-ouest

Les anciens dialectes d’oc du nord-ouest : du Poitou, de la Saintonge, de l’Aunis ainsi que de l’Angoumois sont remplacés par des dialectes d’oïl[22]. Les parlers d’oïl actuels de ces régions conservent quelques traits d’origine occitane (ex : le mot tarantelle pour désigner une araignée). Cette région avait apparemment un dialecte occitan spécifique, très proche du limousin. Il était le dialecte d’expression poétique du troubadour Richard Cœur de Lion (Richard Còr de Leon), roi d’Angleterre et prince-duc d’Aquitaine. La capitale de l’Aquitaine était Poitiers à cette époque, c’est pourquoi de nombreux troubadours (occitanophones) étaient originaire de cette région, par exemple Jauffré de Pons et Rigaut de Barbezieux (voir Histoire de la Charente-Maritime).

L’existence de parlers de type occitan, ou tout au moins de type intermédiaires, est confirmée par de nombreux noms de lieux du sud de la Saintonge et du Poitou. H. Malet a tracé en 1940 la ligne de démarcation entre les toponymes en -ac, de caractère occitan : Cognac, Jarnac ou Jonzac, et de l’autre les toponymes en -ay, -é (ou -y) de type septentrional, provenant des noms de villas gallo-romaine en -acum : Beurlay, Plassay ou Tonnay-charente. De même dans le sud des Deux-Sèvres (région de Melle) et dans le sud et l’est de la Vienne (régions de Civray, Montmorillon et Chauvigny) des toponymes en -ac et en -ade indiquent une ancienne présence occitane. O. Herbert l’a démontré dans son travail de diplôme « Les noms de lieux de la Vienne à la limite des domaines français et provençal ». J. Pignon estime que l’on a usé d’un parler de type occitan dans le Sud-Est du Poitou jusqu’à la fin du XIIe siècle. Ce serait l’influence de Poitiers qui a fait peu à peu triompher les formes d’oïl sans éliminer totalement tous les traits occitans.

Dans le sud de la Saintonge, le clivage beaucoup plus brutal entre saintongeais et gascon fait penser plutôt à une cause accidentelle. L’abbé Th. Lalanne trouve l’explication dans les dévastations de la guerre de Cent Ans. En effet, la région a été très étroitement impliqué dans des luttes qui avaient déjà commencé près de trois siècles avant la guerre de Cent ans. En 1152, Aliénor d’Aquitaine, divorçait d’avec Louis VII Roi de France qu’elle avait épousé en 1137 pour se remarier deux ans plus tard avec Henri II Plantagenêt, Comte d’Anjou, et futur Roi d’Angleterre. Les luttes qui s’ensuivirent trouvèrent provisoirement leur conclusion dans le rattachement du Poitou à la couronne de France. C’est une étape importante dans l’histoire de la langue puisque le français devient alors la langue de la chancellerie.

Après la mort de Louis IX, la guerre reprit de plus belle. Poitiers devient pendant un temps la capitale de la France sous Charles VII. La Saintonge devient un des champs de bataille en raison de sa proximité avec la Guyenne tenue par les Anglo-aquitains. Les guerres qui s’y sont déroulées furent particulièrement meurtrières. À ces ravages s’ajoutèrent ceux d’épidémies de pestes répétées, dont la peste noire de 1349. Après la fin de la guerre marquée par la défaite des Anglo-aquitains à Castillon (Gironde) en 1453, la population de la région était décimée à 90 %. Il fallut faire appel de manière massive à des populations francophones (parlant la langue d’oïl) venus de régions plus au nord pour la repeupler. C’est ainsi que s’explique, semble-t-il, l’absence de tout parler intermédiaire entre langue d’oïl et langue d’oc en Saintonge.

Il s’avère que dès le début du XIIIe siècle les documents de Saintonge, d’Angoumois, d’Aunis et du Poitou étaient déjà écrits dans un parfait français, ce qui pourrait laisser supposer que les dialectes locaux étaient plutôt proches des langues d’oïl que d’un dialecte d’oc de type limousin. Ou au contraire cela constitue une preuve supplémentaire d’une francisation précoce. En effet, l’utilisation du « bon » français dans les écrits, au détriment de l’usage du parler local démontre une certaine acceptation de l’autorité royale par les élites locales.

Interférences ou transitions

  • Parlers de transition entre l’occitan et le français. À l’extrême nord, l’occitan de la zone du Croissant a reçu de fortes influences du français, mais les traits occitans y restent prépondérants : cela concerne le nord de la Marche et le sud du Bourbonnais.
  • Au nord-est, les zones intermédiaires entre le franço-provençal et l’occitan ont été francisées : Lyonnais, le Forez et le Dauphiné septentrional. L’occitan fut la langue de la noblesse lyonnaise lors de l’apogée de la culture des troubadours.
  • Au sud-ouest, l’arrivée récente de populations basques dans la communauté de Bayonne, Biarritz, Anglet a modifié l’usage linguistique, sans toutefois faire disparaître la communauté occitanophone.
  • Au sud-est, l’arrivée massive de populations liguriennes à Monaco a réduit l’importance de la communauté occitanophone, sans toutefois la faire disparaître[1].
  • À l’est, dans les Vallées Occitanes du Piémont (Italie), l’usage de l’occitan vivaro-alpin a mieux résisté dans les hautes vallées. Les basses vallées connaissaient une coexistence entre l’occitan, traditionnel, et le piémontais, arrivé récemment. En dehors de cette superposition récente, la limite entre les vallées alpines et la plaine du Pô coïncide avec des frontières linguistiques traditionnelles délimitant l’occitan par rapport aux dialectes italiens.
  • À l’est, il existe des parlers de transition entre l’occitan et le ligure, le royasque est considéré comme du ligure, le mentonasque, comme de l’occitan.

Classification supradialectale

La classification supradialectale classique[54] de l'occitan est la suivante :

Pierre Bec établit une autre classification [55] selon les lignes suivantes :

Langue littéraire unifiée

Entre le XIe siècle et le XIIIe siècle, il exista une langue littéraire nommée par les troubadours du nom générique de « langue romane » ou « roman » pour la différencier du latin. Les auteurs modernes l’ont rapproché de la koinê grecque, qui était une forme de grec relativement unifié sous la période hellénistique (300 av. J.-C. - 300 ap. J.-C.), même si cette dernière langue était plus diverse régionalement qu’on le croit trop souvent. À partir du XIXe siècle l'hypothèse dominante lancée par Camille Chabanneau en 1876 fut que la « langue romane » utilisée par les troubadours semblait avoir pour base le dialecte limousin. La présence de certains des premiers troubadours originaires du Limousin et de la Gascogne à la cour de Guillaume X (1126-1137) fils du premier troubadour Guillaume IX, expliquent la diffusion de cette langue littéraire au sein du duché d’Aquitaine. Le futur Languedoc et la Provence ne connurent les troubadours que par la suite dans la seconde moitié du XIIe siècle. L'autre hypothèse avancée d'une origine poitevine s'appuie sur l'idée que le dialecte poitevin parlé à la cour de Guillaume IX de Poitiers faisait partie des langues d'oc et que le prestige du duc aurait permis ensuite la diffusion de cette langue dans tout l'espace troubadouresque. La dernière hypothèse apparue dans les années cinquante considère la langue littéraire comme une langue classique forgée à partir des textes trouvés dans l'occitan central, région où ont été conservées les plus anciennes chartes en langues d'oc datant du XIe siècle.

Pierre Bec, spécialiste des troubadours indiquait dès 1967 qu’« Il est d’ailleurs difficile de juger de cette langue avec précision puisque nous n’en connaissons qu’une pâle copie, celle que les scribes ont bien voulu nous transmettre dans les différents manuscrits. Si substrat dialectal il y a, c’est souvent celui du copiste qui se manifeste à son insu. Et là, bien souvent, règne l’arbitraire le plus absolu : à un vers d’intervalle, tel ou tel mot se présente, non seulement avec une autre graphie, mais avec un phonétisme appartenant à un dialecte absolument différent. Et que dire encore si l’on compare, à propos d’un même texte, les diverses leçons léguées par les manuscrits ! Il est impossible de dire exactement dans quelle langue ont été écrites les poésies des troubadours. »[57]

En dehors de la littérature des troubadours, on ne peut pas trouver d’éléments prouvant l’usage d’une norme linguistique unifiée dans les chartes et les autres documents du Languedoc, de Provence, d’Auvergne, de Catalogne, du Limousin ou de la Gascogne. Pour résumer, les pratiques écrites étaient assez distinctes d’une région à l’autre et les perceptions accréditant l’idée d’une unification linguistique sur tout l’espace couvrant toutes ces régions ne sont bien souvent que le résultat d’une graphie relativement homogène car issue de la graphie utilisée pour le latin. En tout cas, tous les témoignages historiques médiévaux démontrent que l’espace linguistique que l’on dénomme aujourd’hui « occitan » abritait des peuples qui se considéraient comme différents les uns des autres malgré les proximités linguistiques qui sont d’ailleurs plus perçues depuis le XIXe siècle qu’au Moyen Âge (les peuples jusqu’au XIIe siècle inclus : les Aquitains, les Gascons, les Goths et les Provençaux ; à partir du début du XIVe siècle : les Limousins, les Auvergnats, les Gascons, les gens de « la langue d’oc », les Catalans et les Provençaux).

La langue et ses atouts

Richesse du lexique

Le dictionnaire d’occitan usuel comporte environ 50 000 à 60 000 mots, comme pour le français, mais on a aussi pu avancer des chiffres aussi élevés que 450 000 mots[28], ce qui est donné comme comparable à l’anglais[58].

Le magazine Géo[28] affirme que la littérature anglo-américaine peut être traduite plus facilement en occitan qu’en français. En faisant toutefois exception des termes technologiques modernes, que toutes les langues vivantes ont intégrés.

Le lexique est parfois très prolifique du fait de la diversité interne forte dans l'espace considéré, en particulier dans la description de la nature et de la vie rurale. Il existe ainsi 128 synonymes pour signifier l’idée d’une terre cultivée, 62 pour marécages, 75 pour désigner un éclair[28].

Cette richesse s’explique par le fait que l’occitan est composé de multiples dialectes faisant partie intégrante de la langue et dont chacun possède son lexique propre. De plus l’occitan n’a pas connu d’épuration, contrairement au français qui a été amputé de ses formes dialectales par l’Académie française aux XVIIe et XVIIIe siècles.

La langue ayant subi une éclipse pendant la période d’industrialisation, la richesse du vocabulaire lié à la vie de cette époque est moins importante que celle des périodes précédentes. Récemment, un effort particulier a été fait pour développer le vocabulaire (souvent scientifique et technologique) propre aux langues modernes[59].

Apprentissage de langues étrangères

L’occitan prédisposerait aussi, selon les sources du magazine Géo, à l’apprentissage des langues étrangères. En effet, l’oreille humaine a la capacité d’entendre 24 000 hertz. Cependant, l’usage de la langue maternelle filtre et « déforme » les sons étrangers. Les personnes de langue maternelle française perçevraient 5 000 hertz, tandis que les locuteurs maternels d'un dialecte occitan en perçevraient 8 000 au minimum[28].

De plus, l’occitan est une langue romane centrale, ce qui facilite la compréhension des langues latines voisines : italien, espagnol, portugais… L’occitan est la langue romane qui a le plus de points communs avec les autres langues de la même famille. Ci-dessous, une comparaison du languedocien (dialecte central de la langue), du gascon et d’autres langues latines :

Tableau de comparaison de langues romanes

Latin Français Italien Espagnol Piémontais Occitan (languedocien) Occitan (gascon) Catalan Portugais Roumain Sarde Corse Arpitan
clavis | accusatif clavem clef chiave llave/clave ciav clau clau clau chave cheie crae chjave/chjavi clâ
nox | accusatif noctem nuit notte noche neuit nuèch, nuèit, nuòch nueit, nèit, nèt, nuit nit noite noapte notte notte/notti nuet
cantare chanter cantare cantar canté cantar (chantar) cantar cantar cantar cânta cantare cantà chantar
capra chèvre capra cabra crava cabra, craba, chabra craba cabra cabra capră cabra capra cabra / chiévra
lingua langue lingua lengua lenga lenga lenga, lengua, luenga, lenco llengua língua limbă limba lingua lenga
platea place piazza plaza piassa plaça plaça plaça praça piaţă pratza, pratha piazza place
pons | accusatif pontem pont ponte puente pont pont, pònt pont, pònt pont ponte pod, punte ponte ponte/ponti pont
ecclesia église chiesa iglesia gesia (cesa) glèisa, glèia glèisa església igreja biserică creia, cresia ghjesgia églésé
hospitalis hôpital ospedale hospital ospidal espital, espitau espitau hospital hospital spital ispidale spedale/uspidali hèpetâl
caseus | bas latin formaticum fromage formaggio queso formagg formatge, fromatge hromatge , hormatge formatge queijo caş casu casgiu tôma / fromâjo

Il ne faut pas oublier que l’anglais a aussi reçu un vocabulaire latin, angevino-normand (langue d’oïl) et occitan. Il existe une certaine proximité de vocable entre l’occitan et l’anglais qui n’a jamais existé ou a disparu en français : jump (anglais) / jumpar (occitan), record / recordar (mais existait en ancien français : recorder), etc.

L’amélioration des connaissances en français

La maîtrise de l’occitan, comme celle d’autres langues romanes, entraîne un accroissement de la faculté de parler avec un langage varié en français.

Le français, notamment, a emprunté de nombreux mots d’origine occitane. Cependant, certains dictionnaires français sont mal renseignés au sujet de l’occitan. Ils peuvent se tromper d’origine ou de date d’apparition des termes. En fait, il ne faut pas oublier que l’occitan a servi de zone linguistique de transmission de termes venus du Sud de l’Europe ou du Maghreb. L’italien et le castillan, par exemple, ont fourni nombre de leurs mots au français en passant par l’occitan. Or, certains dictionnaires ne signalent que la langue-source en dernière analyse et non la langue à laquelle le mot a été emprunté. Les dictionnaires plus récents ou universitaires (Grand Robert, Trésor de la langue française) sont relativement à l’abri de ces erreurs.

À l’heure actuelle, certains mots occitans permettent de comprendre des mots en français dans un registre populaire, familier, commun ou bien relevé : abelha > abeille, balada > ballade. On peut aussi noter quelques autres mots de création occitane ou dont la forme occitane est à l’origine des mots en français : cocagne, flageolet, gabarit, mascotte, soubresaut, etc.

Langue évolutive

Tout comme dans les autres langues romanes, les emprunts au latin et au grec ancien permettent de créer de nouveaux mots très précis, par exemple pour un usage technologique ou scientifique. De plus, l’Académie de la langue catalane étant très active, l’emprunt direct au catalan est facile et rapide à réaliser, au détriment cependant d’une autonomie de la langue occitane face aux évolutions de la société.

D’un autre côté, l’écoute des néologismes d’occitanophones naturels permet aussi des évolutions en utilisant les ressources propres de la langue. Par exemple, pour le mot "parachutiste", on peut dire : "un paracaigudista" (catalanisme) ou "un paracasudista" (italianisme). Tandis que certains occitanophones naturels disent : "un paracabussaire", du verbe "cabussar" qui veut dire : "plonger, tomber la tête la première".

Les péripéties de l’occitan

Repères linguistiques

  • Dans les années 700 à 800 : Premières apparitions de mots occitans dans des écrits en latin.
  • 1002 : Premier texte connu entièrement en langue occitane.
  • XIe au XIIIe siècle : Apogée de la poésie lyrique occitane.
  • 1229 et 1232 : Jaume I El Conqueridor, originaire de Montpellier, conquiert les îles de Majorque et Ibiza ainsi que Valence sur les Musulmans Almohades. Le catalan, non encore différencié de l’occitan médiéval, remplace la langue arabe comme langue officielle.
  • Du XIIe au XIVe siècle, influence importante de la littérature occitane (koinê) et des troubadours sur le catalan.
  • 1323 : Fondation du Consistori del Gay Saber et des Jeux Floraux à Toulouse
  • 1356 : Promulgation à Toulouse des Leys d'Amors rédigées par le toulousain Guilhem Molinier (traité de grammaire & de rhétorique occitanes)
  • 1492 : Publication du Compendion de l’Abaco, du niçois Francés Pellos, premier livre imprimé en occitan. Il s’agit d’un traité d’arithmétique et de géométrie.
  • 1539 : Promulgation de l’édit de Villers-Cotterêts ; François Ier impose que la justice soit rendue et signifiée « en langage maternel français et non autrement ».
  • 1562 : Obligation de l’usage écrit de l’italien par les notaires du Comté de Nice
  • 1756 : Parution du Dictionnaire languedocien-français de l’abbé de Sauvages.
  • 1790 : Circulaire de l’abbé Grégoire sur les patois de France.
  • 1791- 1794 : Lors de l’époque révolutionnaire française, première véritable politique linguistique visant à imposer le français dans toute la nation française (et dans tous les esprits révolutionnaires).
  • 1802 : Traduction en occitan d’Anacréon par Louis Aubanel.
  • 1804 : Fabre d’Olivet publie Le Troubadour, poésies occitaniques du XIIIe siècle (supercherie littéraire : l’auteur, talentueux, de ces textes « traduits », n’est autre que Fabre d’Olivet).
  • 1819 : Publication du Parnasse occitanien de Rochegude.
  • 1842 : Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi de la France par Mary-Lafon.
  • 1840-1848 : Publication par fascicules du Dictionnaire provençal-français (en fait pan-occitan) du docteur Honnorat.
  • 1854 : Fondation du Félibrige par sept primadiers, parmi lesquels Frédéric Mistral, Théodore Aubanel et Joseph Roumanille.
  • 1859 : Publication de poésies patoises par Antoine Bigot à Nîmes (fables imitées de La Fontaine).
  • 1859 : Publication de Mirèio (Mireille), poème de Frédéric Mistral.
  • 1885 : Publication du Tresor dóu Felibrige, de Frédéric Mistral, dictionnaire provençal-français (en fait pan-occitan : le sous-titre indique expressément que l’ouvrage « embrasse les divers dialectes de la langue d’oc moderne »).
  • 1919 : Fondation de l’Escòla occitana.
  • 1931 : La Catalogne retrouve un statut d’autonomie et soutient activement la langue occitane.
  • 1934 : Des intellectuels catalans proclament officiellement la séparation du catalan et de l’occitan.
  • 1935 : Publication de la Gramatica occitana (selon les parlers languedociens) de Louis Alibert.
  • 1941 : Le régime de Vichy autorise l’enseignement des langues « dialectales », tels le breton ou l’occitan, dans les écoles primaires. Les langues ethniques officielles dans d’autres pays ne sont pas autorisées : corse (dialectes italiens), alémanique alsacien (dialecte allemand), franciques mosellan et alsacien (dialectes allemand), flamand.
  • 1943 : Première chaire de languedocien à Toulouse.
  • 1945 : Fondation de l’Institut d’études occitanes (IEO).
  • 1951 : La « loi Deixonne » autorise, à titre facultatif, l’enseignement des langues régionales (cette loi, aujourd’hui abrogée, a été remplacée par le Code de l'éducation).
  • 1959 : Création du parti nationaliste occitan (PNO) par François Fontan.
  • 1972 : Première université occitane d’été.
  • 1975 : Loi Bas-Lauriol (France) : l’emploi de la langue française est obligatoire (au détriment de l’occitan notamment) pour les éléments relatifs aux biens et services : offre, présentation, publicité, mode d’emploi ou d’utilisation, l’étendue et les conditions de garantie, ainsi que dans les factures et quittances. Les mêmes règles s’appliquent à toutes informations ou présentations de programmes de radiodiffusion et de télévision (cette loi est aujourd’hui abrogée).
  • 1979 : création de la première école Calandreta à Pau.
  • 1990 : L’occitan aranais est officiel sur le territoire du Val d'Aran, en Catalogne[60].
  • 1992 : création du CAPES d’occitan-langue d’oc (concours de recrutement) et premiers paiements d’enseignants d’occitan (France).
  • 1992 : Modification de l’article 2 de la Constitution française : « La langue de la République est le français ».
  • 1993 : Projet de loi Tasca adopté par le gouvernement. Il ne fut pas présenté au Parlement à cause du changement de majorité. Toutefois la loi Toubon en a repris l’essentiel.
  • 1994 : Loi Toubon : la langue française est la seule langue en France (au détriment des autres) de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics. Il est précisé que cette loi ne s’oppose pas à l’usage des langues régionales de France, mais cette disposition est floue et ne constitue pas une protection réelle.
  • 1999 : L’occitan est nommé langue nationale, devant être protégée, en Italie.
  • 2004 : Réduction drastique du nombre de nouveaux postes d’enseignants d’occitan en France.
  • 2005 : Publication d’une terminologie commune occitan/catalan sur des thèmes scientifiques ou technologiques.
  • 22 octobre 2005 : Manifestation de plus de 12 000 personnes à Carcassonne pour la reconnaissance de la langue.
  • 2006 : L’occitan a le statut de langue co-officielle des Jeux Olympiques d’hiver de Turin (anglais, français, italien et occitan).
  • 18 juin 2006 : L’occitan devient une langue co-officielle avec le catalan sur tout le territoire de la Catalogne (Espagne)[61]
  • 17 mars 2007 : Manifestation de plus de 20 000 personnes à Béziers pour la reconnaissance de la langue et la culture occitane.
  • 20 décembre 2007 : le Conseil Régional Midi-Pyrénées adopte un Schéma Régional de Développement de l'Occitan (http://www.midipyrenees.fr)
  • 23 juillet 2008 : introduction de l'Article 75-1 dans la Constitution française.
  • 9 juillet 2009 : le Conseil régional de Rhône-Alpes vote une délibération Reconnaître, valoriser, promouvoir l'occitan et le francoprovençal, langues régionales de Rhône-Alpes [62]

L’apogée de la culture occitane

L’occitan fut la langue culturelle du sud de la France pendant toute la période médiévale, tout particulièrement avec les troubadours (« celui qui trouve », de trobar, « trouver » en occitan). Les troubadours ont inventé l’amour courtois en répandant l’idée novatrice de fidélité à la dame plutôt qu’au seigneur. Leur idéologie s’est rapidement propagée dans toute l’Europe. Ainsi, ils donnent le ton aux cours européennes après les temps tristes qui ont suivi les invasions barbares et créent le style de vie raffiné des cours seigneuriales. Témoin le fait que la littérature en occitan fut plus fournie que celle en français au début du bas moyen age, même si les deux langues ont connues une forme écrite à peu près à la même époque.

  • Dante et l'occitan

Au Moyen Âge, Dante est le premier à avoir employé le terme de « lingua d’oco ». Il opposait l’appellation la langue d’oc (l'occitan) à la langue d'oïl (le français et ses dialectes) et à la langue de si (l’italien, sa langue maternelle). Il se basait sur la particule servant à l’affirmation : dans la première, « oui » se dit òc en ancien occitan, mais oïl en ancien français, et dans les dialectes italiens. Les trois termes viennent du latin : hoc est pour le premier, illud est pour le second et sic est pour le troisième.

Un des passages les plus notables dans la littérature occidentale en occitan est le 26e chant en parallèle au Purgatoire de Dante, dans lequel le troubadour Arnaut Daniel répond au narrateur : « Tan m’abellis vostre cortés deman, / qu’ieu no me puesc ni voill a vos cobrire. / Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan; / consiros vei la passada folor, / e vei jausen lo joi qu’esper, denan. / Ara vos prec, per aquella valor / que vos guida al som de l’escalina, / sovenha vos a temps de ma dolor ».

La décadence de la langue

Sous la monarchie

Le déclin de l’occitan comme langue administrative et littéraire dure de la fin du XVe au XIXe siècle. L’occitan n’a cessé de perdre son statut de langue savante. Au cours du XVIe siècle, la graphie précédemment en usage tombe dans l’oubli (ce qu’a accentué l’ordonnance de Villers-Cotterêts qui impose l’usage administratif du français) . Pierre Bec (op. cit.) précise qu’en 1500 encore la prononciation et la graphie correspondaient mais qu’en 1550 le divorce est consommé. En 1562, le duc de Savoie donne l’ordre aux notaires du Comté de Nice de rédiger désormais leurs actes en italien. À partir de ce moment-là, prolifèrent des graphies patoisantes prenant pour référence les langues officielles.

La langue du roi de France finira par s’imposer dans tout le pays dans l’oral (anciennes provinces occitanophones comme le Poitou, la Saintonge ou les Charentes, la Marche et la Basse-Auvergne, ainsi qu’une partie de Rhône-Alpes). Elle s’imposera seulement dans les écrits administratifs et juridiques ailleurs (régions actuellement occitanophones).

Colbert en 1666:

« Pour accoutumer les peuples à se plier au roi, à nos mœurs, et à nos coutumes, il n’y a rien qui puisse plus y contribuer que de faire en sorte que les enfants apprennent la langue française, afin qu’elle leurs devienne aussi familière que les leurs, pour pouvoir pratiquement si non abroger l’usage de celles-ci, au moins avoir la préférence dans l’opinion des habitants du pays.[63] »

Pendant la Révolution

La Révolution française confirmera cette tendance, car les jacobins, pour favoriser l’unité nationale, imposeront le français comme seule langue officielle, ce qui n’empêchera pas la langue d’oc de rester la langue parlée, voire d’être utilisée par les révolutionnaires pour propager plus efficacement leurs thèses.

Citations de l’Abbé Grégoire en 1793 :

« L’unité de la République commande l’unité d’idiome et tous les Français doivent s’honorer de connaître une langue (Nota : le français) qui désormais, sera par excellence celle des vertus du courage et de la liberté.[63] »
« Il serait bien temps qu’on ne prêchât qu’en français, la langue de la raison. Nous ne voyons pas qu’il y ait le plus petit inconvénient à détruire notre patois, notre patois est trop lourd, trop grossier. L’anéantissement des patois importe à l’expansion des Lumières, à la connaissance épurée de la religion, à l’exécution facile des lois, au bonheur national et à la tranquillité politique[63]. »
« Néanmoins la connaissance et l’usage exclusif de la langue française sont intimement liés au maintien de la liberté à la gloire de la République. La langue doit être une comme la République, d’ailleurs la plupart des patois ont une indigence de mots qui ne comporte que des traductions infidèles. Citoyens, qu’une saine émulation vous anime pour bannir de toutes les contrées de France ces jargons. Vous n’avez que des sentiments républicains : la langue de la liberté doit seule les exprimer : seule elle doit servir d’interprète dans les relations sociales.[63] »

Actions de la presse

La langue, malgré quelques tentatives littéraires au XVIe siècle, ne survit plus que dans les usages populaires rarement écrits et ce jusqu’au XIXe siècle avec le renouveau du Félibrige. Les médias occitans deviennent eux-mêmes d’ardents adversaires de l’occitan :

« Ce malheureux baragouin (Nota : l’occitan) qu’il est temps de proscrire. Nous sommes Français, parlons français.[63] »

— un lecteur de L’Écho du Vaucluse, 1828

« Le patois porte la superstition et le séparatisme, les Français doivent parler la langue de la liberté.[63] »

— La Gazette du Midi, 1833

« Détruisez, si vous pouvez, les ignobles patois des Limousins, des Périgourdins et des Auvergnats, forcez les par tous les moyens possibles à l’unité de la langue française comme à l’uniformité des poids et mesures, nous vous approuverons de grand cœur, vous rendrez service à ses populations barbares et au reste de la France qui n’a jamais pu les comprendre.[63] »

— Le Messager, 24 septembre 1840

Sous la République : l'école, l'administration et l'armée

L’occitan restera pour une grande majorité la seule langue parlée par la population jusqu’au début du XXe siècle. À cette époque, l’école (avant, pendant et après la Troisième République) joue un grand rôle dans la disparition de l’usage oral de la langue occitane. Après les Lois Jules Ferry, si l’école devient gratuite et obligatoire pour tous, elle continue de causer un recul important de l’occitan par le biais d’une politique de dénigrement et de culpabilisation des personnes parlant les autres langues que le français. La répression de l’utilisation de la langue au sein de l’école est très importante et consiste principalement à humilier les patoisants en leur donnant un signe distinctif. Le terme de patois est d’ailleurs contestable car péjoratif[64]. Il a eu pour but de faire oublier que l’occitan est une véritable langue et de faire croire que l’utilisation du patois était obscurantiste[65] car supposée non universelle.

« Le patois est le pire ennemi de l’enseignement du français dans nos écoles primaires. La ténacité avec laquelle dans certains pays, les enfants le parlent entre eux dès qu’ils sont libres de faire le désespoir de bien des maîtres qui cherchent par toutes sortes de moyens, à combattre cette fâcheuse habitude. Parmi les moyens il en est une que j’ai vu employer avec succès dans une école rurale de haute Provence… Le matin, en entrant en classe, le maître remet au premier élève de la division supérieure un sou marqué d’une croix faite au couteau… Ce sou s’appelle : le signe. Il s’agit pour le possesseur de ce signe (le « signeur » comme disent les élèves) de se débarrasser du sou en le donnant à un autre élève qu’il aura surpris prononçant un mot de patois. Je me suis pris à réfléchir au sujet de se procédé… C’est que je trouve, à côté de réels avantages, un inconvénient qui me semble assez grave. Sur dix enfants, je suppose qui ont été surpris à parler patois dans la journée, seul le dernier est puni. N’y a-t-il pas là une injustice ? J’ai préféré, jusque-là, punir tous ceux qui se laissent prendre […].[63] »

— Correspondance générale de l’Inspection primaire, 1893

« Je considère qu’un enseignement du dialecte local ne peut être donné qu’en proportion de l’utilité qu’il offre pour l’étude et pour la connaissance de la langue nationale.[63] »

— Léon Bérard, Ministre de l’Instruction publique, décembre 1921

Mutations sociales

Les changements sociaux du début du XXe siècle sont aussi à l’origine de la dépréciation de la langue. Avec la révolution industrielle et l’urbanisation, ne parler que l’occitan constituait un handicap pour accéder à des postes importants. De nombreux parents ont alors choisi de ne parler que le français à leurs enfants. Pourtant, pour eux-mêmes, le français était la langue de l’école et de l’administration, mais ce n’était pas leur langue maternelle.

Déclin démographique

Les hécatombes de la première guerre mondiale ont singulièrement accéléré le mouvement de francisation. En effet, en Occitanie, il existait des comportements démographiques spécifiques : le choix de l’enfant unique. On peut dès lors considérer que le dynamisme linguistique occitan est mort avec le déclin démographique des occitans.

L'immigration

Suite aux pertes de la Première Guerre mondiale, l’Occitanie a eu recours dès les années 1920 à l’immigration étrangère pour se repeupler et se rebâtir (espagnols, italiens, arméniens…). Les nouveaux arrivant ont appris la langue qui était incontournable pour s’intégrer : le français. Cette immigration fut essentiellement urbaine occasionnant de ce fait une dilution des occitanophones en ville et une coupure avec les populations rurales, encore largement occitanophones. Il est à noter que les rares immigrants en zones rurales ont souvent appris l’occitan et l’ont parfois transmis à leurs enfants.

Formes modernes d'anti-occitanisme

Les adversaires de l’occitan existent encore aujourd’hui, sous diverses formes, en voici quelques citations caricaturales :

« Avec 4000 francs je pourrais acheter une mitraillette et en finir avec l’occitan.[63] »

— Le principal adjoint d’un collège de la banlieue toulousaine, années 1990

« Le nissart est inutile parce que les Niçois parlent très bien le français. »

— Un maire des Alpes-Maritimes années 1990[63]

« Notre vision des « langues » et des « cultures » régionales, aseptisée, baigne dans la niaise brume des bons sentiments écolo-folkloriques et se nourrit d’images d’un passé revisité… Ce ne peut être un objectif national. En proposant aux jeunes générations un retour à des langues qui n’ont survécu que dans les formes parlées, pour l’essentiel privées de l’indispensable passage à la maturité que donne la forme écrite, littéraire, philosophique, croit-on sérieusement leur offrir un avenir de travail, d’insertion sociale, de pensée ?[63] »

— Danièle Sallenave, Partez, briseurs d’unité !, Le Monde, 3 juillet 1999

Les renaissances de la langue

Première renaissance

Alors que la langue semble fortement attaquée, différents mouvements de défense de la littérature occitane voient le jour dans la période 1650-1850, et préparent l’avènement du Félibrige. La reconnaissance de la littérature occitane peut être attribuée, notamment, à l’agenais Jacques Boé (dit Jasmin) et au nimois Jean Reboul. Pierre Bec[2] distingue les mouvements suivants :

  • Le mouvement savant

Après l’oubli des troubadours, ceux-ci connaissent dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle un renouveau d’intérêt. Dans les cercles aristocratiques méridionaux, on remet en cause la prétendue suprématie littéraire du français. On assiste à une recherche linguistique et littéraire. On retrouve le goût romantique pour le Moyen Âge. Le folklore, les romans et les contes champêtres présentent de l’intérêt. Les historiens travaillent sur la « croisade des Albigeois » et sur l’histoire du Midi.

  • Le mouvement ouvrier

« Apelavam ma lenga una lenga romana ». Ce vers est la jonction de deux courants de l’occitan renaissant. L’un : la « langue » : son « patois » quotidien ; l’autre : la « lenga romana » est une marque d’érudition. Le patois est vu comme une langue d’un rang très haut. L’amour pour le peuple et ses misères est chanté par Victor Gélu.

  • Le mouvement bourgeois et esthète

A contrario des « savants » qui sont tournés vers le passé dans un sens de recherches érudites et des « ouvriers » qui mettent en avant leurs dynamisme de prolétaires, les poètes bourgeois (ou de petite noblesse) se situeront entre les deux. Le mouvement est plus amateur, mais avec une grande passion pour la langue.

  • Le mouvement utilitaire

Le Dr Honnorat comprit la nécessité de plus de réalisme linguistique. La langue avait perdu sa codification orthographique et morphologique. L’indiscipline dans la grammaire ou la graphie était même revendiquée dans le mouvement ouvrier. Honnorat publia son dictionnaire provençal-français dès 1840. C’est un précurseur qui redonna à l’occitan sa dignité et sa cohérence.

Seconde renaissance

Une première tentative de retour à une norme graphique a lieu au XIXe siècle : elle est conçue par Joseph Roumanille et popularisée par Frédéric Mistral. La seconde renaissance littéraire de la langue s’est faite au XIXe siècle sous la conduite du Félibrige. À cette époque la langue est essentiellement utilisée par le peuple rural. Mistral et ses confrères du Félibrige ont redonné du prestige à la langue, en lui donnant une norme et des œuvres littéraires. Leur action a parfois été mêlée d’une volonté politique. Les félibres ont dit : « une nation qui n’a qu’une littérature, une nation qui détruit les langues périphériques, c’est une nation indigne de son destin de nation ». L’occitan, sous sa forme provençale et sa graphie avignonnaise, a été diffusé bien plus loin que les frontières de l’occitanophonie. Encore aujourd’hui la littérature mistralienne est étudiée dans des pays comme le Japon ou en Scandinavie. Mistral est le seul auteur uniquement occitanophone à avoir été récompensé pour son œuvre au plus haut point, il a reçu le prix Nobel de littérature. La réforme linguistique mistralienne trouva son meilleur ouvrier dans Auguste Fourès de Castelnaudary (1848-1891) qui, dans ses divers recueils poétiques, l’acclimata en Languedoc. Plus tard, d’autres écrivains du Languedoc ou du Limousin Joseph Roux (1834-1905), Antonin Perbosc (1861-1944), Prosper Estieu (1860-1939), tentent d’unifier la langue. Ils ont restauré la graphie classique et ont débarrassé la langue de gallicismes. Le système Perbosc-Estieu devient la base de la graphie de l’occitan « moderne ». Le lexicographe et grammairien Louis Alibert, soutenu par les catalans, publie, entre 1935 et 1937, à Barcelone : la Gramatica occitana segón los parlars lengadocians. Il perfectionne l’écrit pour établir la graphie classique inspirée de la norme ancienne et adaptée à la langue moderne.

Exemples de graphie occitane classique

Lecture et prononciation de la graphie découlant de la norme classique de l'occitan :

  • "a" final atone : le plus souvent [o], [oe] mais [a] à Nice, Orange, Pontacq et dans les Alpes (exemple : Niça)
  • "o" = [ou] français (exemple : lo solèu)
  • "ò" = [o] ouvert français, parfois [oua], [ouo] selon les régions
  • "nh" = [gn] français (exemple : la montanha)
  • "lh" = [ill] français (exemple : la filha)

Époque contemporaine

Malgré une période de forte dévalorisation de la langue (voir le chapitre sur la décadence), de nouveaux auteurs voient le jour :

  • Max Rouquette (1908-2005) a joué un rôle irremplaçable dans le maintien de la culture occitane et dans sa revivification profonde. Il a été traduit aux États-Unis, en Allemagne et au Japon, puis plus tard il traduisit lui-même ses œuvres en français. La Comédie-Française lui rend aujourd’hui hommage.
  • Bernard Manciet, (1923-2005), diplomate et entrepreneur gascon, est un des poètes paradoxaux les plus considérables.
  • Robert Lafont (1923-2009), universitaire (linguiste et historien de la littérature d’oc), poète, dramaturge, romancier et essayiste.
  • Pierre Bec (1921), spécialiste de langue et littérature d’oc et écrivain, a publié en 1997 Le Siècle d’or de la poésie gasconne (1550-1650).
  • François Fontan (1929-1979), fondateur des principes de l’ethnisme.
  • Jean Boudou (1920-1975) est un romancier, un conteur et un poète qui a écrit toute son œuvre en occitan. Son nom en occitan est (oc)Joan Bodon.

En 1931-39, l’autonomie acquise par la Catalogne, qui soutient l’occitanisme, redonna un coup de fouet au dynamisme occitan.

L’IEO (Institut d’Estudis Occitans) œuvre depuis 1945 pour la défense et la promotion de la langue occitane. Son action est responsable en grande partie de la sauvegarde et du développement de l’occitan. Il intervient dans : - la recherche - les études, colloques et publications - la promotion de l’enseignement de l’occitan - la formation : stages, rencontres d’été… - les centres de vacances jeunesse - les arts plastiques : expositions - la musique - l’édition : l’IEO est le plus gros éditeur de langue d’oc avec ses collections : prose, poésie, vulgarisation, livres pour les enfants… De plus, les sections régionales et départementales de l’IEO, les Cercles occitans locaux participent à l’animation et à la vie culturelle du pays. Si on prend le cas du Cantal, on peut citer des auteurs comme Félix Daval, Terésa Canet, Daniel Brugès ou Joan Fay qui ont publié de nombreux textes tant dans les revues que dans des livres personnels.

En 1951, la loi Deixonne autorise l’enseignement de l’occitan dans les établissements scolaires en France. Cette loi sera complétée ensuite par la création d’un CAPES (Certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement secondaire) d’occitan en 1991, bien que le nombre de postes proposés soit en-dessous des besoins et de la demande.

Période récente

Statut actuel de l’occitan

22 octobre 2005 : Manifestation de plus de 12 000 personnes à Carcassonne pour la reconnaissance de la langue.
  • France : le français est la seule langue officielle mais l'article 75-1 de la Constitution reconnait que « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Article 75-1 de la Constitution de la Cinquième République française. Avant cela, l’État français avait modifié l’article 2 de la Constitution en 1992 pour affirmer que « La langue de la République est le français ». Cet article est utilisé (Conseil constitutionnel, Conseil d’État) pour favoriser le français au détriment des autres langues, contre les langues étrangères (notices commerciales en français, etc.) mais également contre les langues minoritaires françaises (langues régionales). Ainsi, la France n’a pas ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires après avis contraire du Conseil constitutionnel. De nombreux politiciens français sont toujours opposés à cette ratification car ils y voient une atteinte à l’identité républicaine française[66].

Seul l’emploi du français est permis dans les tribunaux, sauf cas de force majeure pour de rares sujets monolingue occitan, bientôt disparus.

La mise en place du Code de l’éducation a aussi réduit les possibilités offertes par la loi Deixonne, qui a été remplacée par cette loi.

Voir la politique des langues régionales et minoritaires (lois sur les langues régionales, enseignement…)[67].

Dans certaines communautés de l’Occitanie, on retrouve un affichage bilingue incluant la variante locale de la langue occitane.

En 2005, 78 000 élèves apprenaient l'occitan dans les écoles publiques[68] ainsi que 2100 dans les écoles associatives Calandreta.

  • Monaco : le français est la seule langue officielle. Le monégasque (dialecte ligure) bénéficie d’un certain soutien de l’État. Le niçois serait quant à lui compris ou parlé par 15 % de la population[1].
  • Espagne : l’occitan a un statut co-officiel en Catalogne au même titre que le catalan et l’espagnol. La forme employée est celle de l’occitan utilisé dans le Val d’Aran. C’est la cinquième langue constitutionnelle de l’Espagne.

Dans le pré-scolaire, environ 60 % des élèves reçoivent la majeure partie de l’enseignement en occitan. Dans le primaire et le premier cycle du secondaire, l’enseignement de l’aranais est obligatoire dans tous les établissements et tous les élèves reçoivent une partie de l’enseignement en aranais. Les élèves âgés de 10 ans et plus suivent des cours d’aranais à raison de deux heures par semaine et étudient certaines matières, dont les sciences sociales, en aranais. Dans le dernier cycle du secondaire et la formation technique, bien que les élèves suivent de manière obligatoire des cours d’aranais, l’introduction de cette langue comme moyen d’enseignement est moins avancée qu’aux échelons inférieurs. Il n’y a pas d’enseignement supérieur en occitan faute d’établissement de ce niveau en Val d’aran.

  • Italie : l’occitan a obtenu un statut qui prévoit une normalisation comme celle qui existe en Catalogne. Mais il faut encore attendre que les lois d’application se mettent en place. Par exemple, il n’existe aucune disposition légale réglant la présence de l’occitan dans l’enseignement. La Constitution précise, comme en France, que « La langue de la République est l’italien ». Cependant, l’occitan possède le statut de langue officielle (avec une dizaine d’autres langues dont l’italien).

Le parlement italien a adopté en 1999 une loi destinée aux minorités linguistiques du pays : loi du 15 décembre 1999, n° 482, « Norme in materia di tutela delle minoranze linguistiche storiche », en français : « Normes en matière de protection des minorités linguistiques historiques ». L’article 2 de la loi est explicite, car il énumère les minorités touchées par la loi : y sont compris les Occitans et les Catalans. En vertu de l’article 6 de la Constitution et en harmonie avec les principes généraux établis par les organisations européennes et internationales, la République protège la langue et la culture des populations albanaise, catalane, autrichienne, grecque, slovène et croate, et de celles qui parlent le français, l'arpitan, le frioulan, le ladin, l’occitan et le sarde.
Sur le plan régional, les autorités du Piémont accordent un soutien financier limité aux associations occitanes de promotion et défense de l’occitan.

  • Union européenne : la langue occitane n’est pas reconnue comme langue officielle. En effet, les trois pays européens concernés n’ont pas officialisé leurs langues régionales au niveau de l’Europe. Ces langues ne sont pas des langues officielles de travail et l’occitan a seulement un statut de langue régionale et minoritaire.

Ces dernières années deux grandes manifestations unitaires pour la langue occitane ont rassemblé 12 000 personnes environ à Carcassonne en octobre 2005 et 20 000 personnes environ à Béziers en mars 2007. Des gens de toutes tendances politiques et de tous dialectes occitans ont ensemble réclamé à ces deux occasions une plus grande reconnaissance des pouvoirs publics pour la langue occitane, une présence amplifiée de la langue dans les médias publics et un accès facilité à l’apprentissage de la langue à l’école publique.

Utilisation

Un sondage montre que 80 % des habitants de la zone linguistique occitane interrogés (locuteurs ou pas de la langue) sont favorables à l’enseignement de l’occitan. Cependant le nombre de postes offerts par l’administration est très en deçà des besoins exprimés.[réf. nécessaire]

Les deux tiers des sondés considèrent que la langue est plutôt sur le déclin.[réf. nécessaire]

Le déclin est aussi souligné par les institutions européennes, ainsi que l’UNESCO. Les dialectes occitans sont classés en situation de danger important ou très important de disparition.

Ce déclin est peut-être l’explication au fait que seulement 5 % de la population occitanophone active (12 % en Aquitaine) transmette sa langue à ses descendants (en France). Ce taux de transmission est très faible, bien qu’il soit meilleur que pour d’autres langues régionales de France (exemples : breton, arpitan…). Cependant, une jeune génération qui se ré-occitanise est apparue. Elle n’a plus honte de parler le « patois ». Cette génération est principalement d’origine rurale, ou issue de milieux cultivés ayant effectué des études supérieures. Le nombre d’élèves suivant un enseignement en occitan (hors catalan) est de 71 912 personnes pour l'année scolaire 2000/2001 .

Certaines régions (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et l'Aquitaine) ont développé une politique en faveur de la langue et de la culture d’oc. Cela consiste à donner des aides pour l’enseignement, les mouvements culturels, les publications, à soutenir les émissions de télévision en occitan (magazines, journaux d’informations sur la télévision publique (France 3), web-tv) et à favoriser l’emploi en public de l’occitan.

La réalité occitane est une part constitutive de la culture européenne. Elle est reconnue et étudiée comme telle dans les universités étrangères : en Allemagne, aux États-Unis, en Scandinavie, au Japon même… L’occitan est étudié dans des universités du monde entier dans le cadre des études des langues romanes. La langue et culture occitanes peuvent s’étudier également un peu partout dans le monde, par exemple dans les universités en[69] : Allemagne, Belgique, Brésil, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Roumanie et en Suisse.

En Catalogne espagnole, l’apprentissage de l’occitan est possible à l’école (y compris hors de la zone occitanophone).

En France, elle a été longtemps refoulée par l’école, elle commence à être reconnue dans l’enseignement officiel : cours d’occitan en options ou bilinguisme des écoles calandretas. Même le gouvernement français, dans son rapport de 1998 sur les langues régionales, reconnaît aujourd’hui, que « l’occitan se caractérise par son extension géographique, de loin la plus importante ramenée au territoire français, et par une production culturelle -en particulier littéraire- au prestige certain, à la fois très ancienne et vivace ».

La principale difficulté pour le dynamisme de la langue Occitane est le fait que bien souvent les Occitans eux-mêmes ne sont pas conscients de la réalité occitane.

Développements récents

  • En février 2004, le gouvernement a diminué le nombre de recrutement de professeurs enseignant l’occitan (diplômés du CAPES d’occitan). Cette diminution est la conséquence d’une réduction budgétaire. Le nombre de postes de CAPES d’occitan était de dix-sept (plus un en école privée) en 2002, treize en 2003 et de quatre postes pour 2004. Remy Pech, président de l’Université Toulouse le Mirail a déclaré que c’est « en totale contradiction avec les objectifs de la décentralisation républicaine annoncée par le gouvernement ». Le Parti occitan considère alors qu'il s'agit d'« une liquidation programmée de l’enseignement de l’occitan ».

Alain Rainal de la Fédération des enseignants de langue et culture d’oc (FELCO) parle de liquidation de l’enseignement de l’occitan et donc de liquidation de la langue occitane. En effet, les postes de CAPES diminuent de 30% en moyenne; le CAPES d’occitan diminue, lui, de 71%. Selon lui, le gouvernement demande plus de solidarité aux plus pauvres, et demande moins aux plus riches. Il rajoute que les langues et cultures régionales, c’est quelque chose de très important, un patrimoine inestimable. Donc cela mérite de ne pas être baissé, mais au moins d’être laissé au niveau d’avant. M. Rainal rajoute : que cette nouvelle est inquiétante pour l’enseignement de l’occitan bilingue ou trilingue. Les parents d’élèves savent qu’il y a une possibilité de valoriser professionnellement cette connaissance acquise. Le nombre de postes au concours se réduisant, il faudra passer un concours pour seulement quatre postes. Cela crée une grande difficulté et n’accorde que peu de perspectives professionnelles (Bilans concernant la langue occitane et les revendications du « Centre regionau dels ensenhaires d’occitan » (CREO).

  • mars 2004 : Occitan lenga e cultura olímpica

Les jeux Olympiques d’hiver 2006 de Turin se sont déroulés aussi dans des vallées occitanes du Piémont. La « Chambra d’Òc » ainsi que les institutions politiques de la province de Turin, les communautés de montagne (Val Pelis, Val Cluson, haute val Susa) et la commune de Bardonèche avaient demandé que l’occitan fasse partie des langues officielles des Jeux, demande qui n’a pas été suivie d’effet. Il y a eu de toute façon des manifestations publiques comme la présentation du festival de Rodez par exemple. Pour plus d’informations sur l’occitan dans la province de Turin : [9]

  • mars 2004 : Journal TV en occitan

La BTV (Barcelona Televisió) diffuse chaque semaine un journal télévisé en occitan appelé « Inf’òc ». Ces émissions de la télévision catalane sont tantôt en gascon, tantôt en languedocien. La zone de diffusion couvre Barcelone, bien entendu, mais aussi Girona, Sant Cugat, Mataró

  • juillet 2004 : Terminologie occitane et catalane commune

Les catalans et les occitans travaillent ensemble sur la terminologie. C’est ce qui a été décidé en juillet lors d’une réunion dans le Val d’Aran. Une convention a été passée entre l’Institut d’estudis catalans, l’Institut d’estudis occitans, le Conseil général d’Aran et Termcat pour publier des lexiques en 2005. Quatre lexiques ont été créés dans les domaines des mathématiques, de la biologie, de l’écologie, de l’internet et de la téléphonie mobile. Termcat (organisme chargé de travailler sur la terminologie du catalan) a proposé de mettre son travail à disposition. En effet, 90% du lexique catalan est directement applicable à l’occitan. Ces lexiques, et ceux qui suivront, seront particulièrement utiles aux enseignants : de l’école primaire jusqu’au lycée, et même au-delà.

  • mars 2005 : Nouveau statut pour le Val d’Aran

Le Conseil général d’Aran a demandé un nouveau statut à la région de Catalogne en Espagne. Ce statut lui permettrait d’avoir des compétences propres afin de négocier des accords avec les régions occitanes de France. De plus, le Conseil général gérerait lui-même les actions concernant la langue et la culture aranaises. Par ailleurs, une demande de co-officialité de l’occitan et du catalan dans toute la région a été formulée. Ceci aurait pour conséquence de faire reconnaître l’occitan comme une des langues officielles de l’Espagne.

Le 30 septembre 2005, le parlement catalan a adopté à la majorité absolue le projet de nouveau statut d’autonomie de la Catalogne. Le nouveau statut reconnait dans son article 9.5 l’officialité (dans toute la Catalogne) de "la langue occitane, dite aranès dans le Val d’Aran". La reconnaissance de Val d’Aran dans le Statut aussi a été soutenu par les partis ERC et ICV-EUiA, alors que le PP Catalan était partisan de reconnaître dans le Statut la singularité d’Aran, mais en aucun cas de se référer à ce territoire comme une "réalité nationale occitane". Le projet a reçu l’aval de Madrid pour que ce statut devienne loi. Le parlement espagnol avait notamment supprimé le terme «nation» de l’article premier pour qualifier la Catalogne. Certains politiciens espagnols considérent que le projet de nouveau statut est un pas vers la division de l’État et qu’il n’est donc pas conforme à la Constitution.

Le 18 juin 2006, le référendum concernant le nouveau statut pour la Catalogne est largement approuvé par la population catalane : plus de 70 % de votes favorables. Trois partis avaient appelé à voter «oui» : le Parti Socialiste Catalan (PSC, à la tête du gouvernement régional), les communistes et les verts d’Iniciativa per Catalunya (ICV, membre de la coalition gouvernementale) et les démocrates-chrétiens de Convergencia i Unio (CiU). Les républicains indépendantistes catalans d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) avaient appelé à voter «non», de même que le Parti Populaire (PP, droite centralisatrice). Les premiers reprochent au nouveau statut de ne pas reconnaître la Catalogne comme "nation" et de ne pas donner totale autonomie à la région sur les impôts, sur les ports et les aéroports. Les seconds estiment que le texte accorde trop d’autogestion, notamment fiscale, à la Catalogne et qu’il est "anticonstitutionnel".

Le Statut donne l’officialité à l’aranais et considère le Val d’Aran "réalité occitane". L’article 11, du nouveau statut dit : « Le peuple aranais exerce l’autogouvernement selon ce Statut par le Conselh Generau d’Aran (institution supérieure politique de la Val d’Aran) et les autres institutions propres ». Le second paragraphe annonce : « Les citoyens de Catalogne et ses institutions politiques reconnaissent Aran comme une réalité occitane fondée sur sa spécificité culturelle, historique, géographique et linguistique, défendue par les Aranais au fil des siècles ». « Ce Statut reconnaît, défend et respecte cette spécificité et reconnaît aussi Aran comme une entité territoriale singulière dans la Catalogne, qui est l’objet d’une protection particulière par le moyen d’un régime juridique spécial ». D’autre part, dans l’article 6, se référant aux langues de Catalogne, figure dans le nouveau Statut que « la langue occitane, appelée aranès en Aran, est la langue propre et officielle de ce territoire est aussi officielle en Catalogne, en accord avec ce qu’établi ce Statut et les lois de normalisation linguistique »[70].

  • 16 décembre 2007 : Inauguration à Toulouse de l'Ostal d'Occitània, gérée par une fédération de 40 associations (aujourd'hui 60) réunies sous le nom de Convergéncia occitana. Action culturelle et citoyenne pour la promotion de la langue et la culture occitanes.
  • Juillet/août 2007 : un service pour l’occitan sera créé en Catalogne

La Généralité de Catalogne va créer un service pour développer l’officialité de l’occitan[71]

  • Mai 2008 : les langues régionales entrent dans la Constitution française

À l’occasion d’un débat sur la modernisation des institutions, un amendement à l’article 1 de la Constitution française qui précise que les langues régionales font partie du patrimoine de la République est adopté par l’Assemblée nationale. Le Sénat refuse cet amendement.

  • Mai 2008 : création de l’Académie de la Langue Occitane

L’Académie de la Langue Occitane est fondée par un acte solennel à Vielha, dans le Val d’Aran, le 25 mai 2008. Cette académie devrait commencer ses travaux d’ici la fin de l’année 2008[72], [73].

  • Les langues régionales dans la constitution française.

Suite à la réunion du congrès à Versailles, la constitution française est modifiée. L'article 75-1 reconnaît les langues régionales comme appartenant au patrimoine de la France.

  • 9 Juillet 2009 : Reconnaissance de l'occitan dans la région Rhône-Alpes

A la suite à un débat au conseil régional de la région Rhône-Alpes l'occitan devient avec l'Arpitan langue régionale ce cette région.

Bibliographie

  • Voir aussi la bibliographie de l'article Occitanie.
  • Pierre Bec, Manuel pratique d’occitan moderne, Picard, 1973 (2e édition 1983)
  • Pierre Bec, La Langue occitane (PUF, Que sais-je ? n° 1059, 128 pages), 1963 (5me édition 1986, 6e édition corrigée janvier 1995)
  • Werner Forner, « Le mentonnais entre toutes les chaises ? » (Regards comparatifs sur quelques mécanismes morphologiques), Université de Siegen in Lexique français-mentonnais, S.H.A.M., p. 11 à 23.

Voir aussi

Articles connexes

Articles historiques et politiques

Liens externes

Notes & Références

  1. a , b , c , d  et e Editorial Team, « Monaco: Language Situation », dans Encyclopedia of Language & Linguistics (Second Edition), 2006, p. 230 [lien DOI] :
    « A further 15% of the population of Monaco speaks the Niçard (Niçois) variety of Provençal, which greatly influences the French of the Monegasque region. In fact, the Niçard-speaking community comprises mainly individuals of over 50 years of age, but Provençal is increasingly gaining status as a literary language. »
     
  2. a  et b Pierre Bec, La langue occitane, Paris, PUF, collection Que sais-je ?, 6e édition, 1995
  3. Sur son recul face au français, voir noamment Philippe Vigier, "Diffusion d'une langue nationale et résistance des patois en France au XIXe siècle" in Romantisme, 1979
  4. Voir notamment Sylvain Soleil, L'ordonnance de Villers-Cotterêts, cadre juridique de la politique linguistique des rois de France ? (en ligne)
  5. Un bon résumé de la question chez Hervé Lieutard, La conversion des occitanophones à l’usage du français
  6. L'atlas des langues en danger de l'Unesco (en ligne) classe les six dialectes de l'occitan en danger (gascon, vivaro-alpin) ou sérieusement en danger (auvergnat, languedocien, limousin, provençal)
  7. Antonio Viscardi, Le letterature d’Oc e d’Oil, Florence/Milan, 1967, p.6 et 7 : Sono, nella nuova Europa, i trovatori i «primi» che abbiano avuto il senso dell’arte pura, dell’arte per l’arte; i primi, insomma, che siano «letterati» nel senso moderno della parola. […] Per questo, appunto, conta il moto trobadorico: per il magistero artistico che i trovatori esercitano nei riguardi di tutta l’Europa romana e germanica. […] da essi muove tutta la tradizione letteraria dell’Europa moderna.
  8. Par ex. La ville d'Albi donne 2000 francs d'or pour l'évacuation du château de Penne d'Albigeois, occupé par les anglais. Dominus Johannes, regis francorum filii dux Bituricensis et Alvernie locum tenens domini nostri francorum regis in tota lingua occitana et ducatu aquitanie... in Clément Compayre, Études historiques et documents inédits sur l'Albigeois, le Castrais et le Vaurais p. 261. Dans ce cas lingua occitana traduit langue d'oc en tant que territoire
  9. Joseph Anglade, Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen-Âge, 1921
  10. A. Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, tome II (F-PR), page 2427 : "Occitan (langue d'oc) : [...) Ce terme de "provençal", qui eut cours jusqu'au milieu du XXème siècle parmi les romanistes".
  11. Rapport de Monsieur Bernard Poignant au premier ministre sur les langues et cultures régionales[pdf]· L’occitan. Cette appellation a été retenue dans la nomenclature établie par la loi Deixonne. Les académies concernées par l’enseignement de l’occitan sont les suivantes : Nice, Grenoble, Aix-Marseille, Clermont Ferrand, Montpellier, Toulouse, Limoges, Bordeaux et, pour une faible partie, Poitiers. Cette langue est également parlée et enseignée en Espagne (au Val d’Aran où elle bénéficie d’un statut officiel) et dans un certain nombre de vallées italiennes des Alpes. Parmi les langues régionales, l’occitan se caractérise par son extension géographique, de loin la plus importante ramenée au territoire français, et par une production culturelle -en particulier littéraire- au prestige certain, à la fois très ancienne et vivace."
  12. MARTEL Philippe, "Qui parle occitan ?", Langues et cité, 10, Paris, DGLFLF, 12/2007. [1]
  13. Aquitaine Sondage du Conseil Régional d’Aquitaine réalisé par Média Pluriel Méditerranée en 1997[2]

    Pratiques et représentations de la langue occitane en Aquitaine- Décembre 1997

    Aquitaine Bordeaux (Bx) Dpt 33 Gironde (avec Bx, hors zone saintongeoise) Dpt 24 Dordogne Dpt 40 Landes Dpt 47 Lot-et-Garonne Dpt 64 Pyrénées-Atlantiques (hors Pays Basque)
    Comprend l’occitan 11% 27% 54% 48% 42% 41%
    Parle occitan 3% 13% 34% 28% 25% 22%


    Auvergne (enquête IFOP menée en juin 2006) :

    Auvergne
    Comprend l’occitan 61%
    Parle occitan 42%

    Languedoc-Roussillon (sondage réalisé en 1991 par Média Pluriel Méditerranée – Montpellier) [3] :

    • Une personne sur deux comprend l’occitan
    • Une personne sur quatre sait parler occitan
    Languedoc-Roussillon
    Comprend l’occitan 48%
    Parle occitan 28%


    Val d’Aran (Catalogne) recensement 1991 [4] :

    Val d'Aran
    Comprend l’occitan 92,3%
    Parle occitan 60,9%


  14. Des langues romanes, Jean-Marie Klinkenberg, Duculot, 1994, 1999, page 228 : Le nombre de locuteurs de l’occitan est estimé tantôt à 10 tantôt à 12 millions. Le comptage est certes malaisé, (…) mais en tout cas aucun chiffre avancé ne descend jamais plus bas que 6 millions.
  15. En 2009 elle serait toujours parlée par 2 millions de personnes selon Ethnologue.com : http://www.ethnologue.com/show_language.asp?code=oci. Mais certains chercheurs lui donnent jusqu’à 7 millions de locuteurs en France, en Italie et en Espagne Quid France 2004. D’autres vont jusqu’à 10 voire 14 millions Institut de Sociolingüística Catalana. En France, un numéro récent de "Courrier International" donnait 3 600 000 locuteurs, dont 2 millions parlaient auvergnat plus précisément. Cependant la version anglaise de Wikipédia considère aussi que l’estimation fournie par le SIL est très optimiste et que sans doute un demi-million de locuteurs seulement subsisteraient en France d’après des estimations plus sages, généralement acceptées par la communauté des linguistes.[réf. nécessaire] Toutefois, toujours en France, ce sont environ 7 millions les personnes qui comprendraient l’occitan sans le pratiquer (connaissance passive). En réalité, il n’existe aucune enquête indépendante, globale et approfondie sur laquelle s’appuyer.
  16. A. Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, tome II (F-PR), page 2427.
  17. Collectif Prouvènço
  18. Welcome to the Frontpage - OC Valéncia
  19. En fait, l’appellation romans n’est nullement spécifique à l’occitan et se retrouve dans les autres langues que l’on continue à dire romanes. Au Moyen Âge, on trouve respectivement les mots romanz en français, romanç en catalan, et romance en castillan, désignant la langue vulgaire issue du latin, par opposition au latin (et à l’arabe dans la péninsule ibérique) (cf. le Dictionnaire d’ancien français de R. Grandsaignes d’Hauterive, éditions Larousse, et le Diccionari català-valencià-balear d’Antoni Maria Alcover et Francesc de B. Moll).
  20. La préface du Dictionnaire languedocien-françois de l'abbé Sauvages indique ainsi : "la première de ces dénominations, ou celle de la Langue d'Oc, fut appliquée depui le milieu du XIII. siecle jusqu'à Charles VII ; c'est-à-dire, pendant environ 300 ans, aux Provinces méridionales de la France dont nos Rois avoient nouvellement acquises et au langage qu'on y parloit. Cette même dénomination prise au dernier sens est au fond synonyme de celle de Languedocien. (...) D'où il résulte que non seulement le Provençal, mais généralement tous les idiomes gascons de nos Provinces méridionales, sont du ressort de ce dictionnaire ; & qu'ils viendront, tout naturellement, se ranger sous le titre qu'il porte..." Ce dictionnaire est accessible en ligne : http://www.archive.org/details/dictionnairelan00sauvgoog
  21. Par exemple, le dialecte gascon s'étend au-delà des limites traditionnelles de la Gascogne
  22. a  et b La langue occitane, Pierre Bec, Que sais-je, p.77
  23. La Gàrdia : un laboratoire calabrais pour l’occitan de demain
  24. P. Monteleone, Per una identità di Guardia Piemontese tra dati demografici, riscontri, memorie e territorio, Le ragioni di una civiltà, a c. di A. Formica, Commune di Guardia Piemontese (1999)
  25. En provenance de la commune de Bobbio Pellice, ils fuyaient les persécutions réligieuses
  26. EUROPA - Éducation et formation - Langues régionales et minoritaires - Étude Euromosaïc
  27. Pressac, Availles-Limouzine, Millac, Mouterre-sur-Blourde et Coulonges (cf. enquête de Tourtoulon et Bringuier)
  28. a , b , c , d  et e Géo (magazine France), juillet 2004, n° 305 - Occitanie au cœur du Grand Sud, propos de Louis Combes (Cantalausa), page 79
  29. Jules Ronjat, Grammaire [h]istorique des parlers provençaux modernes, tome I, p. 23 : "D’autres parlers provençaux sont encore en usage chez quelques descendants des Vaudois chassés de la vallée du Cluson et réfugiés à la fin du XVIIe siècle dans le duché de Württemberg." Ronjat indique dans une note à la même page : « Leur langage ne s’est conservé que dans trois villages, où je l’ai trouvé encore parlé en 1909 par une centaine à peine en tout de gens âgés : Bourcet ou Neu-Hengstett, près d’Alt-Hengstett, à l’E. de Calw ; Pinache et Serres (noms fr.) formant une même paroisse aux environs de Dürrmenz près de la frontière badoise, dans le district de Maulbronn. » Le terme de provençal doit ici s’entendre au sens d’occitan, dans sa variété vivaro-alpine.
  30. Colonies gasconnes au Pays basque
  31. Histoire de Valdese en anglais
  32. présentation et histoire de Pigüé
  33. Récapitulatif de lieux d’implantation occitane et traces toponymiques occitanes
  34. BEC, P. Manuel pratique de philologie romane, Paris, Picard, 1970
  35. Voir par exemple Marc TROTTIER, Une étude historique comparative des langues poétiques de l'occitan et du catalan des origines au XXe siècle.
  36. référence
  37. Pierre Bec, La langue occitane, Q. S. J. ? Presses universitaires de France, page 120
  38. Sondage réalisé en Languedoc-Roussillon en 1991 : « 28 % déclarent la parler plus ou moins », « une personne sur deux (…) déclare comprendre l’occitan » (Pierre Bec, La langue occitane, Q. S. J. ? Presses universitaires de France, page 120). On ne peut que regretter le manque de données sérieuses dans ce domaine.
  39. a , b  et c Walther von Wartburg, La fragmentation linguistique de la Romania (trad. de l'allemand par Jacques Allières et George Straka), 1967
  40. Même l’Aquitaine a reçu des Protoceltes de civilisation hallstatienne, mais les Celtes de la civilisation de la Tène se sont installés sur les marges de la zone occupée par les Aquitains (Agen, Bordeaux, rives nord de la Garonne).
    • César a déclaré « Gallos ab Aquitanis Garumna flumen dividit » (les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne) (Antoine Lebègue, Histoire des Aquitains, Éditions Sud-Ouest).
    • « L’apport gaulois (…) n’a modifié le peuplement de notre pays que dans le nord, l’est, le centre, Celtica-Belgica. » (Pierre Bec, La langue occitane, Q. S. J. ? Presses universitaires de France)
  41. a , b  et c Pierre Bec, La langue occitane, Q. S. J. ? Presses universitaires de France, pages 20-21
  42. Pierre Bec, Manuel pratique de philologie romane, t. 2 ; on trouve donc de grandes similitudes avec le français ou le castillan
  43. Géo, juillet 2004, n° 305 - Occitanie au cœur du Grand Sud, page 73
  44. Première attestation : Jean-Claude Rivière, Langues et pays d'oc, l'Astrado, Toulon, 1980.
  45. a  et b Georg Kremnitz, Sur la délimitation et l'individuation des langues. Avec des exemples pris principalement dans le domaine roman, IEC
  46. Diez, Meyer-Luebke
  47. L'enquête de Tourtoulon et Bringuier, en 1876, est lancée pour contredire cette théorie
  48. Voir la carte dans Meillet & Cohen, Les langues du Monde, 1924, sur Gallica) littérature méridionale (Anglade, Histoire de la littérature méridionale, 1921, même si c'est dans cet ouvrage que cet universitaire toulousain propose de remplacer provençal par occitan) ; ce déni va se poursuivre jusque dans les publications récentes (carte p. 75 dans Charles Rostaing, Les noms de lieux, Que sais-je ?, 1980
  49. AFP
  50. Manifestation pour la sauvegarde d'une pluralité des langues d'oc
  51. Michel Charasse soutient les langueS d'Oc
  52. LAFONT (Robèrt) - L'ortografia Occitana. Lo Prouvençau. Montpelhier, Centre d'Estudis Occitanas, 1972
  53. Anciennement appelé provençal alpin, il fut souvent rattaché au provençal. Cf. BEC (Pierre) - Manuel pratique d'occitan moderne. Paris, Picard, 1972
  54. Celle reprise notamment dans les encyclopédies Larousse et Encarta
  55. a , b  et c BEC, Pierre, Manuel pratique d'occitan moderne
  56. Lire Nicolas Quint, Le Languedocien - Occitan central, Assimil, 196 pages. Le titre toutefois ne renvoie pas à une classification "supradialectale".
  57. Pierre Bec, La langue occitane, Paris, 1967, p. 70-71
  58. Le Webster’s Third New International Dictionary, Unabridged avec ses addenda de 1993, arrive à environ 470 000 entrées, comme l’Oxford English Dictionary, 2e édition. Le site web du dictionnaire anglais Merriam-Webster estime qu’on arriverait à un nombre variant entre 250 000 et 1 million de mots.
  59. voir par ex. Université de médecine Stanford en Californie: Folding@home en occitan
  60. Loi du 13 juillet 1990. Version en ligne avec traduction française
  61. Statut d'autonomie de la Catalogne. Dispositions linguistiques (en ligne)
  62. Texte de la délibération En ligne
  63. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k  et l PUJOL J-P., 2004. Sottisier à propos des minorités ethniques. Le petit florilège chauvin, Éd. Lacour- Rediviva
  64. « langage corrompu et grossier, tel que celui du menu peuple », Dictionnaire de Furetière (1690), ou « langage corrompu tel qu’il se parle presque dans toutes les provinces […] On ne parle la langue que dans la capitale… », Encyclopédie de Diderot et d’Alambert
  65. L'abbé Grégoire disait sous la Révolution française : "Car je ne puis trop le répéter, il est plus important qu'on le pense en politique, d'extirper cette diversité d'idiomes grossiers qui prolongent l'enfance de la raison et la vieillesse des préjugés."
  66. Si je suis élu, je ne serai pas favorable à la Charte européenne des langues régionales. Je ne veux pas que demain un juge européen ayant une expérience historique du problème des minorités différente de la nôtre, décide qu’une langue régionale doit être considérée comme langue de la République au même titre que le Français. Car au-delà de la lettre des textes il y a la dynamique des interprétations et des jurisprudences qui peut aller très loin. J’ai la conviction qu’en France, terre de liberté, aucune minorité n’est opprimée et qu’il n’est donc pas nécessaire de donner à des juges européens le droit de se prononcer sur un sujet qui est consubstantiel à notre identité nationale et n’a absolument rien à voir avec la construction de l’Europe. Source(s) : discours de Nicolas Sarkozy à Besançon (13 mars 2007) [5]
  67. [6]
  68. [7], PILOTAGE ET COHÉRENCE DE LA CARTE DES LANGUES, sur le site de l'Education nationale
  69. http://recherche.univ-montp3.fr/mambo/slo/fr/enseignement.html Université de Montpellier
  70. Comparatif des statuts 1979-2006[pdf]
  71. La Setmana n°624 du 9 au 15 août 2007, page 2
  72. Vistedit http://www.vistedit.com/?nav=083ad9294daaa8902bf8adee3a8627f9&prd=la_setmana&num=665
  73. Conselh Generau d’Aran http://www.conselharan.org/index.php?option=com_content&task=view&id=201&Itemid=1
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