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L'héritière Maudite - Le tournoi des sorciers

Chapter 39: La révélation et le libre arbitre

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CHAPITRE 39

La révélation et le libre arbitre

« Demain, l’échiquier prenait fin. Et avec le chaos naîtrait la lumière. »


Conspiration et ruse dans le château de Poudlard, quelques minutes plus tôt — Harry

Harry avait vu la colère sur les traits de Hermione lorsqu’elle avait été déclarée championne du tournoi. La mâchoire contractée, les yeux fuyants, elle avait déguerpi des jardins enchantés de Poudlard pour rejoindre un refuge. Lequel ? Potter n’était pas certain. Il était parti à sa recherche depuis quelques minutes. Peut-être souhaitait-il s’excuser ou prendre de ses nouvelles ? Il doutait de ses propres démarches.  

Hermione éveillait un sentiment de tourmente en lui — il parvenait à percevoir sa peine et sa détresse. Et aujourd’hui, il s’en voulait d’avoir pu causer son chagrin. Avec Malfoy, ils avaient concocté un plan infaillible. Si le sang devait couler, il fallait que ce soit celui de Draco. Et l’élu n’arrivait pas à croire qu’il avait proposé une telle supercherie — que le Serpentard se poignarde avec la dague de la Riddle. Malfoy n’avait pas hésité un instant, et les spectateurs avaient échappé des hoquets sous l’horreur et la surprise.  

Harry n’avait jamais douté du dévouement de Malfoy. L’imbécile était épris de Hermione — il l’avait à la peau et il ne pouvait s’en déprendre. Et ce soir, Potter s’embarquait dans une mission tumultueuse.  

Il se pinça le nez en se rappelant les instructions qu’il devait annoncer à Pansy et Nott.  

Dans quel merdier s’était-il plongé ? songea-t-il en se grattant le crâne, un soupir las au bord des lèvres.  

Mais alors qu’il déambulait dans les couloirs de Poudlard, Potter n’arrivait pas à formuler la moindre pensée rationnelle. Il n’espérait qu’une chose — croiser Hermione, faire amende de ses erreurs et peut-être se faire pardonner. Mais la trouver était plus complexe que prévu.  

Les sourcils froncés sous la concentration, il accéléra ses enjambées, passant à travers les attroupements d’étudiants qui hurlaient avec force:

— Vivement le prochain tournoi, c’était génial !  

Un autre élève s’écria dans une plainte:

— Il n’y avait pas assez de sang.  

— Tu rigoles ? répliqua un Poufsouffle avec surprise. Il y a tellement eu de morts.  

— Oui, mais certains le méritaient, ronchonna une énième voix.  

Harry grinça les dents, fusillant les nombreux sorciers de bas âge, le corps en ébullition. Comment pouvaient-ils se montrer aussi peu empathiques ? N’éprouvaient-ils aucun remords ? Potter arrivait parfaitement à comprendre la véhémence et les préjugés sur la famille Riddle, mais c’était chose passée. Les enfants du seigneur des ténèbres étaient tout sauf macabres et sombres — ils accomplissaient le bien, avec leur propre moyen.  

Ce que beaucoup sont incapables de faire, encore aujourd’hui, songea avec froideur Harry en détaillant les étudiants.  

Certains baissèrent la tête sous son approche, appréhendant la fureur de l’élu. Potter se foutait bien que la communauté magique se montre exécrable à son égard — Hermione ne méritait plus un tel affront. Et avec la Gazette du Sorcier, écrit par Rita Skeeter, Harry avait espéré une évolution dans les mentalités.  

Mais le changement n’était jamais rapide, se rappela-t-il avec aigretté.

Fatigué de découvrir toutes les paroles désobligeantes des étudiants de Poudlard, Potter s’échappa du château pour rejoindre l’énorme pont fait de pierre. La vue était spectrale avec les nuages étouffant le soleil. Il n’y avait plus qu’un éclat brumeux dans l’atmosphère. La neige commençait à fondre sur les sapins. Il faisait toujours froid.  

Se frottant les bras, il observa la vapeur sortant de sa bouche et s’envolant vers le ciel. Alors qu’il se penchait vers la balustrade, l’esprit tourmenté par la vision de Hermione, il entendit un écho. C’était si faible qu’il se retourna, à la recherche de la provenance du vacarme. Mais rien aux alentours. Il haussa un sourcil, stupéfait.  

Qu’était-ce ? pensa-t-il.  

Un sifflement et un grattement percèrent l’atmosphère, suivie de bruits de pas qui se rapprochaient. Potter avait le pressentiment qu’il devait se cacher pour une raison inexplicable. Se plaquant contre les poutres en pierres, il observa le boisé plus loin.  

Plusieurs silhouettes se distinguaient à travers les ombres des sapins. Tous vêtus d’une cape noire, les membres du personnel de Poudlard étaient rassemblés, parlant à voix basse. Harry s’accroupit, le cœur battant à tout rompre.  

Que faisaient les professeurs dans la forêt, sous le froid de l’hiver, alors que le tournoi venait de prendre fin ?  

Son cœur lui hurlait de s’approcher, mais il hésitait. Il ne comprenait pas sa raison — pourquoi semblait-il si suspicieux ? Il ne s’agissait que de la directrice avec ses employés. En plissant les yeux pour analyser la scène, Harry réalisa que McGonagall revêtait une mine austère.  

A bat les règles, pensa-t-il avec rancœur. Il n’avait jamais été particulièrement bon pour les respecter.  

De sa baguette, il jeta un sortilège de désillusion, devenant invisible à l’œil nu et s’approcha du groupe.  

— Êtes-vous certaine de la prochaine démarche à suivre, Minerva ? questionna le professeur Flitwick avec douceur.  

Les yeux perçants et de modestes lunettes sur son nez, il analysait la figure de la directrice, le visage penché. Il était de si petite taille que la neige recouvrait presque ses hanches. Harry se força à ne pas esquisser un sourire en l’observant. Il ne fallait pas se méprendre — Flitwick était un sorcier hors pair et implacable.  

— Oui, confirma McGonagall d’un ton catégorique. Elle releva sa baguette dans les airs et fit apparaître une coupe en verre avec de nombreuses runes inscrites dessus.  

Les sourcils froncés, Harry analysa le gobelet à distance. Il avait un mauvais pressentiment.  

— Dans la cérémonie qui prendra place demain, Hermione devra boire dans cette coupe, dévoila la directrice d’une voix tranchante. Il sera de notre responsabilité de la matérialiser et de propager le venin d’un basilic à l’intérieur.  

Harry s’attendait à ce que les professeurs s’agitent et s’exclament face à l’annonce, mais ils restaient de marbre — comme si la nouvelle était d’une banalité sans équivoque. Il faillit s’étouffer en réalisant le stratagème.  

Ils allaient empoisonner la championne du tournoi, constata-t-il avec horreur.  

Il devait faire quelque chose, agir. Mais les membres crispés sous le choc, il n’arrivait plus à faire le moindre mouvement. Le corps alourdi, la panique commença à le noyer de l’intérieur.  

— Comment allons-nous déguiser l’assassinat de la dernière héritière de la famille Riddle ? questionna Horace Slughorn avec curiosité.  

Son petit nez était retroussé et rouge sous le froid. Il emmitoufla son visage dans son écharpe verte avant de jeter des regards furtifs aux alentours, comme s’il craignait de se faire surprendre. McGonagall lui offrit un rictus.  

— Avant que Rita Skeeter ne change de camp, elle avait relaté dans un article que l’étudiante était malade et avait des tendances suicidaires, sourit Minerva. Il sera important de laisser les traces de la source du poison dans le dortoir de la Riddle — pour éviter toute suspicion.  

— Mais — tenta un autre membre du personnel.  

— Le ministère de la magie n’approfondira pas les recherches, étant donné la réputation déjà bien salie de Miss Riddle, concéda McGonagall avec douceur. Le dossier sera clos avant même qu’elle ne puisse rejoindre son frère défunt, conclut-elle avec gravité.  

Harry suait à grosses gouttes. Il devait tout faire en son pouvoir pour maintenir son calme. Il avait envie de hurler sous l’injustice et de se jeter sur ses ennemis. Les professeurs que l’élu avait chéris pendant de si longues années allaient commettre l’impardonnable — tuer une pauvre victime collatérale des jougs de son père. Une question subsistait ; pourquoi ? Pourquoi succomber à une telle haine ?  

Potter se plaqua une main contre sa bouche pour se forcer à rester silencieux. Il se mordit les lèvres jusqu’au sang.  

McGonagall continua ses explications, puis ordonna aux membres du personnel de Poudlard de rejoindre leur poste et de préparer un toast dans la Grande Salle en l’honneur des concurrents du tournoi. Harry avait l’estomac noué sous le dégoût et l’horreur. Lorsqu’il se retrouva seul, ce fut son signal, il décampa comme si sa vie en dépendait, les yeux écarquillés d’effroi.


Présent — dans la salle sur demande

— Attends, attends, s’étouffa Théodore en écoutant Harry déblatérer ses informations. Tu es en train de nous dire que la directrice de Poudlard, celle qui nous baratine depuis des lustres sur l’idéologie d’être juste, conspire avec ses collègues pour tuer Hermione ?  

Potter se gratta la joue, les traits pincés. Il comprenait que cette nouvelle puisse surprendre. Il avait l’estomac noué rien qu’en se remémorant la conversation qu’il avait assisté quelques minutes plus tôt. Mais Harry n’était pas un sorcier qui faisait profil bas — s’il y avait un méfait, il agissait.  

Le visage sérieux, il se retourna vers Hermione pour la contempler. Toujours vêtue de son armure, elle avait les paupières plissées sous la concentration. Elle semblait perplexe. Pensait-elle que Harry mentait ? Croyait-elle qu’il avait élaboré une mise en scène pour la dissuader d’assister à la cérémonie en son honneur ? Il déglutit face à ses questions, le cœur lourd.  

Il espérait s’excuser — amorcer un pas vers elle pour lui faire entendre sa culpabilité, mais le moment n’était pas propice. Il y avait plus important. Une épée de Damoclès se trouvait sur la tête de Hermione et, en groupe, ils avaient plus de chance de la sauver d’un tel destin.  

Elle ne pouvait mourir. Harry croisa les prunelles de Malfoy et comprit qu’il n’était pas le seul à le penser. Le Serpentard se redressa de son siège, les traits tirés sous la détermination.  

— Si McGonagall est l’ennemi, alors il faut découvrir un moyen de déjouer ses machinations, affirma Draco avec froideur.  

Il dévisagea le groupe, passant son regard sur Pansy — qui enchaînait son deuxième verre sous la révélation, jusqu’à Nott, qui jurait à voix basse, et vers Luna — qui était toujours aussi lunatique. Malfoy fronça les sourcils, mais ne fit aucun commentaire. La Poufsouffle était… étrange. A ne pas en douter. Il capta l’attention de Hermione et se crispa. Il avait tant de choses à lui dire, mais au vu de l’œillade perçante de la jeune femme, il comprit qu’il allait ramer s’il souhaitait avoir une discussion avec elle.  

Fais chier, réfléchit-il avec amertume.  

Il n’était pas vraiment le type de personne à se remettre en question et certainement pas à s’excuser. Mais pour Hermione — il était prêt à braver les interdits. Et enterrer son ego ne pouvait être si catastrophique. Il l’espérait du moins.  

Se grattant les tempes, les pensées maussades, il se posta devant ses camarades, le visage austère.  

— Il nous reste peu de temps pour agir, annonça Malfoy avec rancœur. Ils ont peut-être déjà mis la preuve du poison dans la chambre de Hermione.  

Harry hocha la tête. Il tapotait sa cuisse avec frénésie. Il devait trouver une solution. Tous le devaient.  

— J’imagine que prendre une cuite et fêter la victoire de Hermione n’est pas une option envisageable, grogna Pansy d’une intonation théâtrale.  

Nott pouffa, échangeant une œillade avec son amie.  

— Ce n’est pas le moment pour dire des conneries ! râla Draco à l’adresse de Parkinson.  

Elle se vautra dans son siège, le visage rouge sous l’embarras.  

— Je crois au contraire qu’un verre ne serait pas une si mauvaise idée, affirma Hermione d’un ton narquois.  

Ses traits étaient détendus. Elle ne semblait pas surprise par l’annonce. S’attendait-elle à un tel dénouement ? Comment ? Potter fronça les sourcils.

Elle avait l’air calme — trop calme, pensa Malfoy en l’analysant.  

Pansy se tortilla sur le canapé, tentant de se relever, alors que Nott grognait « je t’avais dit qu’il n’y avait pas assez d’espace. Elle finit par se déprendre, redressant une bouteille pour la tendre vers son amie. Hermione s’empara de la boisson, un sourire aux lèvres.  

Harry s’étouffa en l’observant alors que Malfoy jurait tout bas.  

Ne prenait-elle pas la situation au sérieux ? ragea Draco.  

Il se retourna vers Potter, les traits sombres.  

— Est-ce qu’il y a un moyen de supprimer le venin du gobelet dans la cérémonie ? questionna-t-il.  

Harry déglutit, remontant avec soin ses lunettes.  

— Ils peuvent matérialiser la coupe autant qu’ils le souhaitent, répliqua-t-il en fronçant les sourcils. Il serait plus judicieux de créer un remède, conclut Potter. 

Pansy se retourna vers Luna, le visage rayonnant.  

— Tu excelles dans les potions, tu pourrais nous aider à concocter un antidote ! s’écria-t-elle.  

Nott éclata de rire, une main sur son ventre, pendant que Malfoy grinçait des dents.  

— Tu veux vraiment que Luna s’occupe du sérum quand elle n’a pas su empoisonner proprement Draco ? se moqua Théodore.  

Pansy grogna à sa réplique alors que Harry se forçait à maintenir son sérieux. Il se pinça les lèvres avec force.  

— Tu as une meilleure idée ? s’exclama Parkinson avec indignation.  

Luna redressa son visage, semblant reprendre vie.  

— Si la coupe de vin de Hermione est imprégnée du venin du Basilic, il n’y a aucun moyen de l’enlever. Sa trace peut rester des années, expliqua-t-elle.  

— Oui, on sait, répliqua avec colère Malfoy.  

Il arpentait la pièce avec une furie théâtrale. Hermione l’ignora royalement, et il serra les poings à s’en blanchir les jointures.  

— Le seul remède connu face à ce type de poison, continua Luna d’un ton serein.  

— Ce sont les larmes de phénix, se rappela Potter avec horreur en coupant la Poufsouffle.  

Il s’accroupit dans des gestes maladroits, le visage livide. Pansy resta silencieuse, ne comprenant pas la détresse et l’agitation de Harry. Malfoy jura en s’agrippant les cheveux. Nott faisait une moue étrange avec ses lèvres et Hermione — elle contemplait ses doigts avec un calme olympien.  

Les plumes d’un phénix, songea-t-elle avec irritation. Évidemment. Il s’agissait de sa porte de sortie, mais comment dénicher une telle créature ?  

Luna pencha sa tête, une expression triste sur ses traits.

— Les propriétés du phénix sont très curatives, mais… Fumseck a déserté Poudlard au décès de Dumbledore.  

Malfoy resta silencieux, les membres crispés, alors que Harry commençait à paniquer. Que devaient-ils faire ? N’y avait-il aucune solution ? Est-ce que Hermione allait vraiment mourir dans la cérémonie ?  

— Est-ce qu’il est possible de se procurer ce type d’ingrédients dans la réserve de potion du professeur Slughorn ? questionna Théodore, le visage livide.  

Harry secoua la tête, les bras lourds le long de son corps.  

— Horace fait partie de ceux qui conspirent contre la famille Riddle. Il souhaite sa mort et je suis persuadé que s’il avait le moindre remède pour sauver Hermione — il l’a maintenant détruit.  

Tous restèrent silencieux, leurs cerveaux en feu sous la révélation. Il n’y avait pas de porte de sortie — pas d’échappatoire ni de solution. Il n’y avait plus que la terreur et les doutes. Malfoy s’installa dans le siège en cuir dans un soupir las. Il se frotta les tempes, complètement désemparées. Il devait y avoir un moyen de détourner l’attention. Il devait créer un subterfuge.  

Pansy agrippa sa deuxième bouteille et prit une longue rasade, les yeux pleins d’eau.  

— Je vais en avoir besoin aussi, ronchonna Nott avec une intonation défaitiste.  

— Pourquoi ne pas échanger les gobelets ? s’enquit Luna avec douceur, alors qu’elle scrutait le groupe avec minutie.  

Les traits rêveurs et les cheveux bouffant une grande partie de son visage, on ne pouvait apercevoir que le bout de son nez. Elle esquissa un sourire alors que ses camarades fronçaient leurs sourcils.  

Elle n’avait pas tort, réfléchit Potter, un doigt contre son menton.  

— Mais s’il y a un toast, rouspéta Nott avec amertume. Est-ce que vous allez faire semblant de prendre une gorgée ?  

— Non, coupa Hermione d’un ton catégorique. Le simple fait de frôler ses lèvres contre le verre pourrait être fatal, expliqua-t-elle. Commettre un tel geste serait de la folie.

Hermione arpenta la salle, les traits sérieux.  

— Et avec ta capacité de régénération, est-ce que ton corps parviendrait à lutter contre le venin ? questionna Harry avec douceur.  

Hermione lui offrit un sourire élusif — presque mystérieux.  

— Peut-être, convint-elle.  

Elle ment, réalisa Malfoy avec fureur.  

Il se redressa avec violence, les poings serrés.  

— Ce type de poison te tuerait à petits feux, grogna-t-il. Je refuse de te laisser dépérir, pas après tous nos efforts.  

Hermione planta ses prunelles dans celles de Draco. La colère irradiait de sa peau, comme Malfoy. Ils s’affrontèrent du regard dans une lutte silencieuse. Il lui avait déclaré sa flamme, avoué ses sentiments pour elle — ne comprenait-elle pas qu’il tenait à elle ? Ne réalisait-elle pas ce qu’elle s’apprêtait à faire, du danger qu’elle encourrait ?  

Harry claqua ses mains entre elles, une expression figée sur son visage.  

— On échangera nos boissons dans la cérémonie. Malfoy ou moi déciderons de qui recevra le poison. Il sera de notre responsabilité de transmettre le gobelet à un professeur de Poudlard, annonça-t-il avec froideur.  

Pansy hoqueta.  

— Tu serais prêt à tuer un membre de l’école pour sauver Hermione ? s’étonna Théodore.  

Harry fit un mouvement de la tête pour confirmer ses propos. Nott étouffa une exclamation avec difficulté.  

— Bordel, Potter, chuchota-t-il. À t’écouter, on dirait que tu es en Serpentard.  

Malfoy plaqua sa paume sur l’épaule de l’élu, un sourire amusé aux lèvres.  

— Il a eu les meilleurs modèles possibles, se moqua Draco.  

— Si, par “modèles”, tu entends “mauvaises influences”, oui, c’est bien le cas, gronda Potter, sarcastique.  

La décision était prise, pensèrent les étudiants.  

Demain, Hermione échapperait à son destin. Elle ne succomberait pas au venin du basilic. Elle survivrait.  

Se claquant les mains dans des gestes de victoire, Potter et Malfoy ne prirent pas le temps d’observer Hermione. Ils ne virent pas ses traits figés et sa colère. Ils étaient incapables de saisir les tourments de la jeune femme, et encore moins de spéculer sur ses éventuels projets.  

Hermione s’était promis une chose avant d’intégrer la salle sur demande. Elle agirait selon ses désirs et coutumes. Seule.  

Demain, ses amis le réaliseraient. Mais ce soir, elle leur offrait le bénéfice du doute. Ils pouvaient bien s’extasier quelques heures. Leur satisfaction ne saurait durer.


Une promesse tenue, dans le dortoir des Serpentard — Hermione

Pansy, Nott et Harry avaient disparu. Il n’y avait plus que Hermione dans le dortoir des Serpentard. Même Malfoy était absent. Elle avait tout le temps nécessaire pour élaborer un plan. Elle percevait les conjonctures et les raisons derrière la cérémonie. Elle avait deux choix qui s’offraient à elle — faire équipe avec l’ennemi ou mourir sous le venin du Basilic.  

Tout était prévu depuis des mois, songea-t-elle sombrement.  

Harry pensait connaître les secrets qui parsemaient les couloirs de Poudlard. Mais Hermione savait — la situation était plus complexe qu’un simple assassinat. Et elle devait se montrer vigilante. Pour le bien de ses camarades. Elle n’avait plus le droit à l’erreur.  

Accroupie sur le tapis vert, Hermione tergiversa en silence, alors que son frère arpentait la chambre dans des mouvements mécaniques. Même s’il était incapable de lire les pensées de sa sœur — il restait présent. Dans chaque épreuve. Hermione lui en était reconnaissante.

— Ils vont t’en vouloir, tu le sais, j’espère ? questionna Mattheo, le nez plissé.  

Hermione redressa sa frimousse pour braquer son regard vers la stature translucide de son frère. Il avait un halo presque éthéré. Vêtu d’une cape bleu nuit, il la contemplait avec une curiosité presque morbide. La tête penchée sur le côté, il tentait de transpercer les secrets de son âme. Mais Hermione les avait barricadés à double tour. Même Mattheo ne pouvait être tenu au courant de ses machinations. C’était trop dangereux.  

Comme si elle sentait une présence dans la salle, les poils de ses bras se hérissèrent.  

— Je suis conscience de ce que je m’apprête à faire, convint Hermione avec douceur.  

Elle détailla le plafond, évitant avec soin de croiser les prunelles de son frère. Elle avait toujours ce goût amer dans le fond de la gorge lorsqu’elle le voyait. Elle n’avait plus la possibilité de le serrer contre elle ni d’amorcer la moindre connexion. Il était mort. Elle l’avait perdu à jamais. Bien que ce soit égoïste, Hermione n’était pas prête à rompre tout contact avec le spectre de son frère. Il continuait de la visiter. Presque tous les jours.  

Elle lui offrit un sourire triste.  

— Ils finiront par comprendre.  

— C’est dangereux, contra Mattheo avec irritation.  

Hermione se pinça les lèvres, le cœur lourd d’appréhension.  

— Je sais, avoua-t-elle. Le plan pourrait cafarder à tout moment — surtout si Malfoy et Harry tentent de s’immiscer. Mais — elle déglutit, la gorge nouée. C’est la meilleure solution.  

Fléchissant les genoux pour se retrouver à sa hauteur, Mattheo releva un bras dans sa direction, les yeux brillant de larmes.  

— N’oublie pas. Tu m’as fait une promesse, chuchota-t-il.  

Hermione voûta ses épaules, triturant ses doigts avec anxiété. Elle abaissa son regard vers le tapis, détaillant les filaments qui s’étriquaient. Elle percevait son pouvoir contre sa chair, prêt à s’échapper au moment importun. Elle le confina dans les profondeurs de son âme.  

— Demain, je libérerai la tempête, se déclara-t-elle à voix basse.  

— Demain, tu accompliras ta destinée, ajouta Mat, un sourire crispé sur les traits.  

Hermione ferma les yeux, s’imaginant tendre sa paume pour caresser les cheveux de son frère. Elle pouvait presque sentir son odeur — sa voix dans son esprit. Lorsqu’elle rouvrit ses paupières, il avait disparu.  

Il n’y avait plus qu’elle et le silence.  

Un rictus mystérieux ornant les commissures de ses lèvres, Hermione agrippa le médaillon de son père autour de son cou. Elle braverait l’interdit, et la vérité éclaterait entre les murs du ministère. L’ennemi ne pouvait plus se cacher.  

Hermione allait déterrer les filaments maléfiques et les glacer sous sa colère.  

Il ne resterait plus que des cendres.  

Hermione sourit dans l’obscurité du dortoir, le visage figé.  

C’était nécessaire — parfois pour se reconstruire, il fallait détruire.