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L'héritière Maudite - Le tournoi des sorciers

Summary:

Voldemort a été vaincu. Son fils, Mattheo Riddle, fait son apparition dans l'école de Poudlard, accompagnée de sa sœur cachée : Hermione Marvolo Riddle. Leur venue n'enchante personne, surtout lorsqu'un tournoi de sorciers prend part et que plusieurs maisons doivent se battre pour obtenir le titre de l'année : le célèbre sorcier victorieux héritera d'un poste d'Auror dans le ministère de la Magie et d'une grosse somme. Et Hermione est prête à tout pour enfin vivre la vie qu'elle s'était imaginée, peu importe si Draco Malfoy lui met des bâtons dans les roues.

Autrement, une histoire où Hermione n'est jamais allée à Poudlard et lutte pour sa liberté en étant la fille de Voldemort et développe des sentiments pour le célèbre Serpentard : Draco Malfoy.

UNE PROPHÉTIE SANGLANTE. UN AMOUR SOMBRE. ET UN AVENIR EN PÉRIL.

Notes:

Coucou !

Je voulais prendre le temps de laisser ma fanfiction en français, si jamais certains lecteurs préféraient la lire dans cette langue.

Les personnages et évènements de cette fanfiction appartiennent à J.K. Rowling. Si vous raffolez de la proximité forcée, de la haine à la passion, puis à l'amour, aux non-dits et à la tension sexuelle, vous vous trouvez au bon endroit ! En espérant que mon récit vous plaise, bonne lecture !

Mise à jour : Je poste les chapitres au fur et à mesure, mais je risque de faire une révision complète prochainement, étant donné que c'est brouillon et qu'il reste encore beaucoup de fautes. Je vous envoie de la bonne énergie!

Chapter Text

CHAPITRE 1

L'horloge a sonné

« Une âme noire, des traits austères et des rêves ficelés d'étoiles mortes, Hermione avait survécu. Mais elle voulait plus. Elle souhaitait vivre, respirer et non suffoquer. Elle voulait chanter au ciel ses prières, même lorsqu'elle n'avait plus d'espoir. Elle voulait voir la beauté en toute chose, même lorsque la noirceur englobait son cœur. Et la seule issue à sa liberté, c'était le tournoi des sorciers. Elle se promit de remporter, de sortir victorieuse. Parce que la défaite était un goût amer qui perdurait sur ses lèvres depuis des années. Elle voulait connaître l'euphorie et le bonheur. Et elle n'hésiterait pas à griffer, frapper et trahir pour y parvenir. »


Une nouvelle ère débutait. Hermione Riddle en avait conscience. Lorsqu'elle avait vu les premiers rayons de soleil, elle n'avait pu empêcher le flot de larmes s'échappant d'entre ses joues, secouant son corps de sanglots longtemps retenus. Le cachot qui l'avait accueilli était moisi et les ténèbres avaient failli l'envelopper au cours de ses dernières années. Elle pensait mourir entre ses quatre murs. Pourtant, son frère, Mattheo, venait de la sortir de son triste destin ; des griffes ravageuses de son père. Elle n'avait osé l'observer dans le blanc des yeux, tant elle était effondrée. Son frère était fait fort, élancé et les lèvres pincées, il s'était détourné d'elle. Bien que la capture de son père lui apportât une joie immense, Hermione ne savait que faire de sa vie. Cachée aux yeux de tous, étant le fruit défendu et l'horreur d'une famille morbide, elle ne savait comment affronter la réalité qui se présentait sous ses yeux. Elle devrait affronter les regards, les jugements, la pitié et la rancœur.

La gorge serrée dans un étau d'acier, elle se promit de profiter de la lueur du jour. Les pupilles rivées vers le ciel, elle inspira avec lenteur, les membres tremblants. Elle n'avait eu que pour seul repère une cage et telle une lionne, elle avait griffé, combattu et survécu. Dans l'ombre. Il n'y avait eu personne pour l'aider. Sauf Mattheo. Il connaissait les risques lorsqu'il lui ramenait à manger, mais il n'avait cessé de le faire, malgré les cicatrices lacérant son corps.

Ils n'avaient presque pas échangé de mot depuis. Peut-être était-ce la honte ou la tristesse enserrant leur gorge qui les retenaient ? Hermione ne savait dire.

Abaissant son regard, elle observa ses pieds nus se faufilant à travers la végétation, testant la souplesse du sol, la gorge nouée d'émotion. La lumière lui vrillait le crâne tant elle était forte. Le corps tendu de soubresaut, elle régurgita son déjeuner. Mattheo, posté à sa droite ne fit aucun commentaire, les poings serrés le long de son corps. D'un mouvement du poignet, il fit disparaître son vomi avec sa baguette. Puis lui tendit la sienne. Serrée entre ses minces phalanges, Hermione déglutit. Elle connaissait la magie, l'ayant bien trop utilisée. Il était impossible d'être la fille de Voldemort sans se servir des sortilèges impardonnables et d'apprendre à se défendre.

Elle avait développé un amour-haine envers ses capacités. Mattheo la comprenait.

Dans un silence glacial, il lui tendit sa main, croisant son regard au passage. Sans un mot, ils transplanèrent, laissant dans leur sillage, une odeur de moisi, de fumée et la sensation d'un cœur brisé à coup de marteau.


Hermione avait passé des semaines dans l'air déserte Est du ministère de la magie, à reprendre des forces et manger à sa faim. Kingsley, le nouveau ministre avait pris le temps de lui dicter l'histoire de Poudlard et des dernières années lors de sa triste existence enfermée. Bien évidemment, la confiance ne faisait pas partie de leur vocabulaire depuis son arrivée dans le bâtiment. Et après maintes interrogatoires, Kingsley et ses compatriotes comprirent le sort que lui avait réservé son père.

Mattheo avait disparu de la circulation. Il n'était venu la visiter qu'une seule fois, pour lui annoncer leur intégration dans la célèbre école de Poudlard.

—  La nouvelle directrice, Minerva McGonagall, nous a fait un honneur en nous acceptant dans l'établissement après les actes de notre père. On devrait se réjouir,  avait-il affirmé, la posture rigide et le visage figé.

Hermione savait qu'elle n'était pas la seule à se retrouver pétrifiée de peur. Bien que Mattheo ne soit pas son vrai frère, ils se comprenaient. S'observant à distance, elle avait hoché la tête. Le dos tourné, prêt à repartir, Hermione avait empoigné la manche de sa chemise, laissant son cœur éclater avec force dans les parois de son cerveau.

— Merci de m'avoir libéré. Merci d'y avoir pensé... Merci de ne pas m'avoir abandonnée. 

Ça n'avait été qu'un murmure, mais il l'avait entendu. La mâchoire contractée, il l'avait serrée dans ses bras avec force, le souffle saccadé.

— Ne me remercie pas, "Mione. On s'en est sorti grâce à toi. Et on va continuer à le faire, ensemble. 

Les doigts calleux contre ses joues, il récolta ses larmes, les yeux vitreux de tristesse.

— Je te promet de te protéger. On va s'en sortir. 

On va s'en sortir, se répéta-t-elle en boucle dans sa tête. Son frère ne prononçait jamais des paroles creuses. Il ne lui fit pas la promesse que tout irait bien, qu'une nouvelle vie débordante de joie prendrait forme. Il ne le pouvait pas. L'inconnu prenait forme, mais leur seule lueur de réconfort, c'était qu'ils allaient traverser cette épreuve ensemble. Encore et toujours.


— Lorsque McGonagall vous annoncera, vous traverserez la Grande Salle pour que le choixpeau définisse votre Maison. Est-ce que c'est bien clair ?  expliqua avec douceur le professeur Pomona Chourave.

Des cheveux gris bouffant, des yeux perçants de tendresse et un mince sourire crispé, voilà l'image de la directrice de la maison Poufsouffle. Hermione s'accrocha à ses traits bordés de plis et la lueur tendre et hésitante dans ses yeux comme s'il s'agissait d'oxygène. Elle tremblait sous l'anxiété. Mattheo lui serrait la main jusqu'à lui faire mal tant il était agité. Bientôt, ils feraient face aux nombreux étudiants qui leur voueraient une haine immense. Fermant ses paupières, elle se força à respirer avec lenteur. Elle en avait l'habitude, de combattre des crises.

Tremblante, elle se mis à compter pour éviter de régurgiter son repas. Vêtue d'une cape noire et d'une jupe plissée dans les mêmes teintes, Hermione déglutit. De sa main libre, elle épousseta sa tenue comme s'il était nécessaire d'être présentable.

Ces dernières semaines, elle avait pris des couleurs, passant presque tout son temps dehors sous les rayons du soleil. La peau colorée d'une fine teinte bronzée, faisant ressortir ses tâches de rousseurs, elle capta le regard de son frère. Les cheveux ébouriffés, hirsutes et bruns foncés, il la contempla comme si elle était une énigme. Une fine cicatrice transperçait son sourcil jusqu'à sa joue gauche. Hermione la traça de ses doigts, prononçant des paroles de réconforts à voix basse. Hochant la tête dans un commun accord, ils attendirent l'appel, comme si une sentence du ciel viendrait pourfendre l'air et les plonger dans une prison cadenassée.

— Aujourd'hui , résonna la voix de la directrice de Poudlard. Nous accueillons deux nouveaux élèves, qui n'ont malheureusement jamais eu la chance de passer les portes de l'école. Des étudiants avec un lourd passé, qui ont souffert et que j'implore à tous de bien traiter. La guerre a noyé bien des familles dans l'horreur et il est important de leur laisser une chance de vivre une expérience formidable ici, entre nos quatre murs. 

Il y eut un bref silence, accompagné de murmures curieux.

— Poudlard a été une maison pour nombreux d'entre vous , continua McGonagall. Ne changeons pas la bienveillance qui nous entoure. Maintenant, dans une grande acclamation, la directrice ordonna à tous les étudiants de se relever.  Souhaitons la bienvenue à Hermione et Mattheo Marvolo Riddle !

Les grandes portes s'ouvrirent avec fracas et le cœur de Hermione crut défaillir sous les regards horrifiés des élèves. La main de son frère la rappela à l'ordre et elle avança, les membres tendus, le menton relevé, se forçant à mettre un pas devant l'autre. Elle entendit vaguement des insultes et plaintes lors de sa traversée interminable vers le fond de la Grande Salle.

— Je m'attendais à ce qu'ils aient le même nez que vous-savez-qui. 

— Comment peuvent-ils venir ici après ce que leur père a fait ? 

— Ils devraient pourrir en enfer ou dans une prison... 

— Je te parie 10 gallons qu'ils finiront en Serpentard, chuchotèrent les voix.

La respiration sifflante, Hermione relâcha la main de son frère lorsqu'il monta sur la scène. Le regard fuyant, il agrippait les pans de son uniforme avec force pour contenir sa colère. McGonagall, le visage crispé, lui fit signe de prendre place sur le tabouret, le choixpeau magique entre ses longs doigts. À peine posée contre ses cheveux que la voix gutturale retentit :

— Serpentard !

Il n'y eut aucune acclamation. Il n'y avait qu'un silence glacial dans la salle. Le cœur au bord des lèvres, Hermione observa son frère se diriger vers la grande table où plusieurs élèves le toisaient avec aigreur.

— Miss Riddle, je vous en prie, souffla la directrice en la voyant glacée devant la foule.

Son palpitant cognait contre ses tempes alors qu'elle amorçait un mouvement pour s'installer sur le tabouret. Elle était si coite d'horreur qu'elle n'entendit pas le moindre son. Elle ne voyait que Mattheo et ses mains tordues dans des soubresauts. Elle ne sentait que la peur irradier son sang et sa peau.

— Intéressant, intéressant , chuchota le Choixpeau contre son crâne.

Paralysée contre le siège, Hermione ne prononça pas le moindre mot. Elle ne pensait qu'à rejoindre son frère, se retrouver à ses côtés.

Faites que je sois à Serpentard, faites que je sois à Serpentard, pensa-t-elle inlassablement.

— Oh, je vois que tu veux aller à Serpentard. Humm. Il est vrai que tu es farouche et persévérante, mais je vois du courage et de la loyauté en toi. Tu pourrais être à Gryffondor.

Non, supplia-t-elle en ferma ses paupières.

— Je vois un grand cœur compatissant et un désir d'apprendre. Poufsouffle et Serdaigle pourrait aussi correspondre. 

Les doigts contorsionnés sous le stress, Hermione déglutit en ouvrant ses yeux. Chaque étudiant retenait leur respiration, comme s'ils attendaient avec impatience la sentence marteler l'atmosphère.

— Je vois beaucoup de potentiel en toi, Miss Riddle. Difficile de choisir, très difficile, susurra la voix contre son crâne.

Hermione croisa le regard de Mattheo. Immobile contre la table des serpents, la bouche tordue d'anticipation et de stress, de la sueur perlait sur son front.

— Fais ton choix petite. 

— Serpentard, chuchota-t-elle tremblante.

— Tu es sûre ? Hm... le choixpeau sembla réfléchir, grommelant de manière inintelligible. Serpentard ! finit-il par s'écrier avec force, faisant sursauter la jeune femme.

Dans des mouvements maladroits, elle lissa les pans de sa jupe qui prit une teinte verte et rejoignit son frère, les mains moites. 

— Je t'avais dit qu'ils seraient dans cette foutu maison, grogna une voix.

Tournant sa tête avec vélocité, Hermione croisa les prunelles d'un rouquin qui l'observait avec dégoût. Assise aux côtés de Mattheo, elle n'osait faire le moindre geste. L'accueil n'était pas des plus chaleureux. Personne ne prononçait le moindre mot. D'un claquement des mains, la directrice de Poudlard intima les étudiants à reprendre vie et un festin fit son apparition.

Hermione n'avait pas la force de manger, mais Mattheo, le corps tendu emplit son assiette de toutes sortes de mets. Le remerciant du bout des lèvres, elle déglutit.

Lorsqu'elle releva sa petite frimousse, elle surprit la stature imposante d'un grand type. Des cheveux blond platine, une mâchoire large, un petit bâtonnet de bois entre ses lèvres et des yeux gris acier. L'individu la fixait avec curiosité. Comme si elle était un mystère. Ses iris glacials semblait lire dans son âme dans un désir effervescent de soutirer tous ses secrets. Hermione n'arrivait pas à détacher ses yeux de l'étudiant austère. Lorsqu'il releva sa paume pour libérer le piquet de l'entrave de ses lèvres, elle y surprit de nombreuses bagues et un tatouage familier. Se liquéfiant sous la révélation, elle reporta son attention vers son assiette dans un silence sombre.

— Bienvenu à Poudlard, Marvolos, souffla la voix rauque de l'étudiant.

— Vous n'avez pas pu choisir une meilleure année pour venir ici, grommela une seconde personne. Il faut être taré pour se présenter maintenant. 

— Pansy, reprit le grand blond dans un soupir las. Laisse-les s'accommoder un peu, tu veux ?

Ladite Pansy se retourna pour les toiser avec amertume. Des cheveux coupés courts noirs et des yeux perçants, elle semblait sur le point d'exploser.

— Garde ta sœur proche de toi, Mattheo, sinon elle risque d'être charcutée. C'est tout ce que j'ai à dire.

Puis tentant de reprendre son sang-froid, elle s'enfila plusieurs bouchées, prise de colère. Son frère, les phalanges serrées autour de sa fourchette et de son couteau la jaugeait avec hargne.

— Est-ce que c'est une menace ? questionna-t-il avec fureur.

Hermione posa par automatisme ses doigts autour de son poignet et ses traits tirés se relâchèrent.

— C'est un conseil, imbécile, scinda Pansy avec furie.

— Parkinson n'a pas tort, reprit l'étudiant avec le bâtonnet entre ses lèvres. La guerre a peut-être pris fin, mais il y a bien des personnes ici qui voudront votre peau juste pour votre nom de famille.

— Qu'ils viennent, enchaîna avec rancœur, Mattheo.

— Non, coupa Hermione en fixant son frère, qui était tendu.

Elle se força à prendre une bouchée, le cerveau en ébullition.

— Ne me dis pas que tu veux faire profil bas, chuchota-t-il avec froideur, la respiration haletante d'aigreur.

— Qu'on agisse dans l'ombre ou non, les jugements continueront de se profiler où que nous allons. Il y a pire que des paroles et tu le sais.

Hermione ne voulait pas être agressive, mais elle était aussi d'une sale humeur. Pansy l'observait à la dérobée tout en mangeant, comme si elle était un curieux insecte. Repoussant une mèche de ses cheveux caramel, Hermione soupira, un doigt posé contre sa tempe.

— On va traverser ça ensemble, tu te rappelles ? Je me fiche bien de ce qui peut être dit, on a vécu bien pire. Et... ils ont tous les droits d'être en colère. Laissons-les décanter sur nous. On est assez forts de toute façon.

Mattheo lâcha son couteau pour tenir sa main avec douceur, les traits figés. Un étudiant aux cheveux bruns et à la mâchoire carrée coupa court à leur échange.

— Théodore Nott, se présenta-t-il avec un clin d'œil à l'encontre de Hermione. Se retournant vers son camarade, il aplatit sa grande main contre l'épaule de l'homme au bâtonnet dans la bouche. Et voici Draco Malfoy. Prenez garde, il a peut-être l'air d'un imbécile, mais... c'est un imbécile.

Le petit groupe éclata de rire. Hermione se contenta d'esquisser une risette, croisant les pupilles de Malfoy. Bien qu'imposant, les fossettes sur son visage venaient adoucir son éclat sombre.

— Un dernier conseil, susurra Pansy Parkinson, forçant Hermione à cesser son échange étrange avec Malfoy. Évitez de vous approcher de Potter. C'est sûrement celui que vous devez le plus craindre. C'est lui qui a fait enfermer votre père.

Hermione qui s'apprêtait à répliquer se fit couper par la directrice de Poudlard. Les bras écartés dans un désir d'attirer l'attention de tous, elle planta sa baguette magique contre sa gorge pour faire porter sa voix dans toute la salle. Le silence ampli l'atmosphère.

Au vu des regards confus que se lançaient certains étudiants, il ne s'agissait pas d'une situation habituelle.

— Avant de poursuivre votre soirée et de rejoindre votre dortoir, j'aimerais annoncer quelques changements à venir cette année, annonça la voix portant de McGonagall.

D'un geste fluide du poignet, elle enchanta le ciel bordé de bougies, plongeant la salle à manger dans le noir. Les nombreux professeurs qui étaient installés au bout de la pièce se relevèrent pour accompagner ses paroles. Les baguettes pointées vers le plafond, une lumière incandescente s'illumina jusqu'à laisser entrevoir un vaisseau lumineux ressemblant à une énorme coupe bordée de flammes bleues.

Certains étudiants, la bouche béante, pointaient du doigt les apparitions, alors que la directrice restait silencieuse, un sourire aux lèvres. Elle ne reprit la parole qu'après de longues minutes.

— Pour donner suite aux évènements de la guerre, le ministère a eu l'idée de regrouper les établissements magiques pour intégrer un tournoi des sorciers.

Il y eut un mouvement chaotique dans la foule. Certains individus se relevaient et d'autres criaient de joie.

— Silence ! cria la directrice.

Plus un mot ne traversa les lèvres des étudiants. Hermione entrevit un élève aux cheveux hirsutes noirs la dévisageant, remontant avec lenteur ses lunettes rondes sur son nez. Son regard lui était hostile et mal à l'aise, elle se détourna de la scène.

— En temps normal, ces tournois se déroulent tous les dix ans et regroupent de nombreuses écoles, pour créer un lien international. Cette année, le ministère nous a donné l'autorisation d'inclure un championnat dans notre emploi du temps.

La directrice de Poudlard prit une inspiration, et la coupe de feu dans le ciel enchanté se changea en arène. Des piliers prirent forme et des créatures fantastiques se mirent à rôder. L'illusion était si réaliste que certains étudiants déglutir et se firent petit dans leur siège. Hermione, fascinée, observa un dragon ramper contre un filage en acier et cracher des flammes.

— Cette compétition vise à créer un lien au sein de notre établissement et le rendre plus fort en vue des évènements passés. 

Minerva se retourna vers un des professeurs pour lui chuchoter quelques mots et le plafond redevint sombre.

— Deux étudiants par maison pourront participer au Tournoi des Sorciers. Seules les dernières années auront la possibilité de concourir.

Un raz de marée s'ensuivit. Une horde de plaintes se déchaîna dans la Grande Salle et le corps crispé, Hermione observa la foule. Elle ne comprenait pas du tout l'importance de cette compétition ni la vigueur que les étudiants avaient de vouloir s'inscrire.

— Le vainqueur n'aura pas seulement la gloire, mais recevra aussi un titre officiel pour intégrer un poste de renommé de son choix dans le Ministère de la magie, en plus d'une large somme pour commencer sa vie où bon lui semble, martela la directrice d'une voix forte.

Hermione surprit la mine sévère de Malfoy à l'égard du discours de McGonagall. Mattheo gardait la tête baissée, les épaules ankylosées sous l'anxiété. Lorsqu'il agrippa le poignet de sa sœur pour le serrer fort, elle croisa ses pupilles dilatées. Il fit un mouvement rapide de sa tête pour lui signifier son désaccord et elle se pinça les lèvres en retour.

C'était une situation idyllique. Qui d'autre que les Riddle voudrait le plus accéder à la victoire après un tel accueil ? Hermione était certaine que le tournoi s'avérerait périlleux, et bien que son cerveau lui martelât la perniciosité| dangerosité de cette situation, elle n'arrivait pas à se défaire de l'espoir d'avoir une autre vie. D'être libre et de pouvoir offrir un renouveau à son frère.

— Les qualifications pour le tournoi se feront dans cinq semaines. Chaque Champion se verra assigner un instructeur.

Frappant dans ses mains, le plafond se retrouva de nouveau éclairé de centaine de bougies. Hermione se permit de les regarder avec une plus grande minutie. À l'intérieur des flammes rougeâtres de chaleur se trouvaient de minuscules morceaux de papier.

— Tous les étudiants de dernières années peuvent s'inscrire. Vous avez jusqu'à vendredi pour déposer votre nom dans les cendres du feu éternel et les entraînements pourront s'entamer.

McGonagall redressa son menton, une mine sérieuse déformant les traits de son visage.

— Sachez que toute tricherie sera inacceptable. Cette compétition est dangereuse et les épreuves qui prendront forme peuvent être critiques et mortelles. Ne prenez pas à la légère la gravité d'un tel concours, Minerva scanna la grande salle avec prudence. Une fois inscrit, il n'y a aucun retour en arrière. On peut déclarer forfait avant un match, mais il est impossible de le faire une fois commencé.

Après un dernier claquement des mains, la directrice de Poudlard invita les étudiants à rejoindre leur dortoir pour se reposer et à bien rejoindre leurs cours le lendemain. Hermione avait le cerveau en feu tellement il fonctionnait à vive allure. Mattheo semblait contraire à cette idée, mais elle voyait le potentiel se tisser dans son esprit. Ils avaient survécu à tellement d'épreuves horripilantes. Un tournoi organisé par une école de sorciers ne devrait pas être si terrible. Elle ne comprenait pas la résistance de son frère. Sur le point de commencer un argument avec lui, Mattheo releva sa main, la fusillant du regard.

Elle avait compris le message.

Pas ce soir.

Peut-être demain.

L'entraînant à sa suite, ils suivirent le petit groupe de Serpentard pour rejoindre le donjon. Les statues entremêlant serpents et dragons jonchaient chaque mur et semblaient se mouvoir sous leurs mouvements. Fascinée, Hermione voulut tendre ses doigts pour effleurer l'une d'elles, mais Malfoy lui agrippa le bras avec violence, le tordant au passage. Elle étouffa une plainte, passant de la confusion à la colère. Ses iris incandescents et ses cheveux platine pendant sur son visage lui renvoyaient l'image d'un tigre prêt à s'abattre sur sa proie.

— Si j'étais toi Riddle, je ferais attention où je mets mes doigts. À moins que tu sois si encline à les perdre. Libre à toi.

La relâchant avec fureur, il s'éloigna non sans lui jeter un dernier coup d'œil par-dessus son épaule. La bouche entrouverte de désarroi, Hermione se mit à bouillir de rage. Pour qui se prenait-il ? Il y avait quelques minutes, il était agréable et soudainement, il était contrôlant et autoritaire. Rouspétant à voix basse, elle suivit les autres étudiants, se déplaçant dans un silence absolu pour rejoindre son frère aux côtés de Pansy. Elle lui offrit un sourire contrit, amusée.

— Ne le prends pas personnel, Draco est... imprévisible, mais il l'a fait pour te protéger. Les statues mouvantes sont parfois canailles et aiment bien mordre. Le château peut sembler inoffensif dans son apparence, mais il regorge de malédictions.

Haussant un sourcil, perplexe, Hermione demanda :

— Est-ce qu'il y a des pièges partout ou ce sont seulement dans les donjons ?

Pansy éclata de rire, espiègle.

— Je t'aime bien toi, claironna-t-elle. C'est vrai qu'il y a plus de surprises dans l'antre des Serpents, peut-être parce qu'on n'est pas la maison la plus adorée de Poudlard, mais que veux-tu, ça nous forge le caractère !

Avec un clin d'œil prononcé, la jeune femme lui administra une petite tape contre l'épaule. Hermione esquissa un sourire, les joues rouges.

— Est-ce qu'il y a un moyen pour les approcher sans qu'ils veuillent nous... manger ? questionna la Riddle d'une voix basse.

— Ma foi ! Tu es vraiment curieuse de nature et peut-être un peu téméraire sur les bords ! répliqua Parkinson dans un rire. Mais je vais te dire un secret, il arrive que parfois les êtres rôdant dans les murs éprouvent de l'affection pour certains élèves et se laissent presque apprivoiser. Mais ça prend du temps, dans un geste conspirateur, Pansy se pencha vers l'oreille de Hermione. J'ai réussi une fois à discuter avec un centaure dans la tour de la maison Poufsouffle, mais surtout, ne le dis à personne. C'était vraiment étrange comme interaction.

Pansy sembla maugréer à voix basse après ses paroles, comme si elle était en pleine réflexion.

— Qu'est-ce que le centaure t'a dit pour que ce soit si inhabituel ?

Pansy zieuta les alentours pour s'assurer qu'il n'y avait aucune oreille indiscrète. Mattheo était plongé en pleine conversation avec Théodore Nott, ricanant de temps à autre, alors que Malfoy, posté à leur côté, gardait la tête haute, les mains plongées dans ses poches. Il avait toujours ce fichu bâtonnet entre ses lèvres. Et si Hermione ne se méprenait pas, elle trouverait le tout presque séduisant.

— Il m'a parlé d'une sorte de prophétie. Il disait qu'un enfant maudit amènerait la destruction de Poudlard ou quelque chose du genre, je ne m'en rappelle plus.

Hermione se crispa sous ses paroles, mais ne fit aucun commentaire pendant un long moment, le cerveau en ébullition.

— Hey, taquina Pansy. Ne réfléchis pas autant, tu vas finir par avoir des cheveux blancs.

Hermione émit une exclamation gênée, le corps toujours aussi tendu. Mais si elle savait bien une chose, c'était qu'elle était experte pour feindre et déguiser ses émotions. Prétextant une raillerie, elle s'exclama d'un air enjoué :

— Quelle histoire étrange. 

— Vraiment étrange, maugréa Pansy en rigolant d'une farce imaginaire.

Hermione sourit, mais la lueur n'atteignit pas ses pupilles. Elle était maintenant sur ses gardes. Les paroles du centaure, bien que nébuleuses et décousues, faisaient tinter une alarme dans le cœur de la jeune femme. Elle devrait probablement être ennuyée ou trouvait le tout stupide. Il n'en était rien. Depuis son enfance, elle se faisait surnommer : L'héritière maudite. Et, Hermione savait qu'il n'y avait pas de coïncidence dans le monde magique.

Chapter 2: Inscription

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CHAPITRE DEUX :

Inscription

« Draco Malfoy avait deux obsessions dans la vie : la passion et le pouvoir. Et lorsque Hermione fit son apparition à Poudlard, il dut s'avouer qu'elle serait une belle exception à la règle. Il y avait quelque chose de singulier chez elle, un éclat pur et vulnérable dans le fond de ses prunelles. Pourtant, son cerveau lui criait le danger quant à sa part de noirceur. Mais le Serpentard était connu pour faire des choix problématiques. Il ne redoutait pas de se brûler les ailes, parce qu'un ange de la mort ne craignait pas le feu. Il s'en abreuvait. Et Hermione allait être sa source. »


Sa première nuit dans les dortoirs de Poudlard plongea Hermione dans un état de constante vigilance. Bien que Pansy se retrouvait dans la même chambre, à quelques mètres d'elle, emmitouflée dans son lit, la jeune femme n'arrivait pas à fermer l'œil tant elle était agitée. Les autres Serpentard roupillaient, la bouche ouverte et de la bave s'échappant d'entre leurs lèvres. Hermione se surprit à être fascinée par les formes nocturnes semblant se fondre dans le décor. Elles semblaient si paisibles. Hermione en fut presque triste. Elle ne se rappelait pas la dernière nuit où elle avait somnolé sans agitation. Elle avait pour habitude de se faire réveiller à l'aurore à coup de fouet ou avec le sortilège de la torture. Rien de pacifique dans les approches qui l'avaient forgée.

Lorsqu'une personne bougeait en grognant dans son sommeil, elle se redressait, sa baguette en main, le souffle coupé et des sueurs froides le long du dos.

Il fallait vraiment qu'elle apprenne à vivre et non à survivre. Elle devait effacer les horreurs du passé, lâcher prise. Mais le cœur tambourinant avec force dans sa poitrine, elle ne pouvait qu'espérer que cet état limpide prendrait forme le lendemain.

Dans des mouvements furtifs et discrets, elle s'échappa de ses draps, qui lui semblaient étrangers par leur douceur, et rejoignit la salle principale. Le salon de la maison Serpentard était bordé de fresques dépeignant des sorciers de renommée dont elle ne connaissait le prénom. La pièce plongée dans le noir lui semblait familière. Elle avait pour habitude de dormir à même le sol, le corps grelottant et avec pour seul réconfort de pouvoir observer son frère s'entraînait à travers ses barreaux le lendemain matin.

Alors qu'elle descendait les marches en silence, elle aperçut une silhouette sur un des fauteuils noirs. En s'approchant, la respiration à peine perceptible, Hermione reconnut Mattheo. Les jambes étendues et la tête tournée dans un angle inconfortable, il semblait revivre un cauchemar. Ses halètements lui serrèrent le cœur.

— Mattheo, souffla-t-elle avec douceur alors qu'elle déposait ses doigts contre sa chevelure.

Il se réveilla dans un sursaut, la lueur de sa baguette pointant vers son visage. Il l'abaissa, les yeux écarquillés. Se passant une main dans ses cheveux, les traits tirés, il grommela dans sa barbe des paroles indéchiffrables.

— Tu ne dors pas dans ton dortoir ? finit-il par demander.

— Je pourrais te retourner la même question, taquina-t-elle.

Il était rare que Hermione puisse profiter de sa présence aussi longtemps. Elle trouvait le tout confus tant c'était déconcertant. Elle avait l'impression de ne pas le connaître.

Comprenant ses pensées, il caressa sa joue, un sourire triste aux lèvres.

— C'est faux, "Mione. On se connaît mieux que personne.

C'est vrai, pensa-t-elle. Aussi étrange que ce soit, Hermione pouvait entendre ses pensées, comme il percevait les siennes. C'était intrusif, mais bénéfique lorsqu'ils souffraient chacun de leur côté. S'accroupissant à sa hauteur, elle lui avoua à mi-voix :

— Je ne pense pas réussir à m'habituer à un lit douillet un jour. 

Mattheo ferma ses yeux, semblant souffrir de ses paroles.

— Je sais, je suis désolé. 

— Ce n'est pas ta faute, contra-t-elle avec ferveur.

Il haussa les épaules avec morosité.

— J'ai parfois l'impression que j'aurai pu t'arracher à ce destin, chuchota-t-il.

Hermione toucha du bout des doigts le plancher, se forçant à s'accrocher à cette réalité, alors que son esprit divaguait vers des recoins sombres de son passé. La noirceur l'accompagnait dans chacun de ses pas et s'en défaire semblait insurmontable.

— Tu étais un enfant, tu ne pouvais rien faire.

Ils s'observèrent dans le silence, les membres amochés sous la peine. Ils restèrent ainsi un long moment. Hermione ne sut quand ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes. Elle sombra dans un sommeil, à même le sol.


Au cours de la journée, Hermione s'était fait lancer sortilège sur sortilège. On avait fait pousser ses cheveux déjà très longs, l'avait rendu aveugle quelques minutes, sourde, et elle s'était prise des gerbes d'eau à maintes reprises. Ses livres n'avaient pas survécu aux attaques et les lèvres serrées, elle avait pris un détour pour rejoindre la bibliothèque entre deux cours. Mattheo la suivait dans ses moindres faits et gestes, ce qui la rassurait. Ce n'est qu'au détour d'un couloir que Théodore Nott fit son apparition, entraînant son frère dans une conversation renversante de plaisanteries.

Un petit sourire aux lèvres, elle s'esquiva pour les laisser discuter en paix et rejoignit le réfectoire pour se trouver à manger. Ses plats étaient ensorcelés à tout va pour l'empêcher d'avoir le moindre aliment comestible. Pansy lui offrit un sourire penaud, embarrassée par le comportement des étudiants. Hermione ne fit mouche et grignota son pain dur, ses yeux vagabondant vers le plafond illuminé de bougies ensorcelées.

Elle n'avait pas encore discuté du tournoi des sorciers avec Mattheo et il tentait par-dessus tout d'éviter la discussion. Elle le comprenait. Ils avaient été suffisamment en danger et le renouveau pouvait prendre part maintenant, au sein de Poudlard. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'espérer mieux pour eux. Sauver le nom terni des Riddle était peut-être peine perdue, mais elle ne se voyait pas abandonner pour autant.

— Tu peux prendre mon assiette si tu as faim, dit Malfoy.

Il venait de se poser sur sa chaîne, la chemise à moitié ouverte et les cheveux ébouriffés. Hermione entraperçut de nombreux insignes sur son torse et détourna son regard, embarrassée. Le remerciant du bout des lèvres, elle apporta le bacon dans sa bouche et réalisa avec lassitude qu'il venait de le carboniser. Il lui offrit un sourire carnassier. S'il pensait l'intimider avec un repas trop cuit, il allait être surpris, pensa-t-elle. Sans prononcer le moindre commentaire, elle continua de grignoter sous le regard furieux de Pansy.

— T'es qu'un imbécile, Draco !

— Aller, aller, Pansy, susurra l'homme à la carrure imposante. Tu devrais participer aux flatteries des Riddle, sinon on dira que tu fraternises avec l'ennemi.

— Et qu'est-ce que j'en ai à faire ? répliqua-t-elle acerbe.

Dans un geste théâtral, elle repoussa le repas de Malfoy pour partager le sien avec Hermione. Le jeune homme resta silencieux, un sourire amusé défigurant ses traits. Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle comprenne son geste, il venait de tester son amie pour découvrir ses intentions.

— Mange, Pansy, finit par souffler Hermione. Malfoy a raison, tu vas t'attirer les foudres des autres sinon. Je suis la paria pour le moment et c'est mieux que tu ne sois pas incluse dans le lot.

— Mais —

Se redressant avec adresse, Hermione la coupa dans son élan.

— J'apprécie le geste. 

Sans un mot, elle s'échappa de la Grande Salle, ses nouveaux bouquins logés dans les bras. Elle réfléchissait à une approche pour convaincre son frère du tournoi des sorciers. Se triturant les cheveux d'une main agitée alors qu'elle établissait une liste sur les avantages de participer, elle ne prit aucunement conscience de la présence d'un petit troupeau d'élèves dans le couloir. Il s'agissait d'un guet-apens, comprit-elle en redressant ses mirettes pour contempler les étudiants. Un membre du groupe se démarquait par sa chevelure rouquine et sa carrure massive. Il était grand et ses yeux ombrageux la dévisageaient avec férocité.

Pansy l'avait prévenu quant à sa présence : Ron Weasley, le meilleur ami de Harry Potter. Il éprouvait une rancœur sans borne envers Voldemort maintenant entre quatre barreaux. Un de ses frères avait succombé dans la guerre sous les mains des sbires de son père. Elle comprenait sa malveillance. D'un pas léger, elle se posta devant eux, le visage impassible.

Mais Ron Weasley ne lui lança aucun sortilège, il se contenta de la jauger de ses yeux perçants. Elle trouva le tout plus perturbant. Elle voulut prononcer une parole, des excuses, mais n'arrivait pas à sortir le moindre son.

L'étudiant à ses côtés, plus reclus, des lunettes rondes sur le bout du nez et des cheveux ébène, tendit sa main vers son acolyte pour détourner son attention.

— Tu n'as rien à faire ici, finit par craquer le rouquin.

— Je sais, se contenta-t-elle de répondre avec prudence.

Une fille à la longue chevelure dorée se décala du groupe, une aura bienveillante enrobant son corps. Elle tendit sa main vers elle, un sourire aux lèvres.

— Je suis Luna Lovegood.

Ron Weasley repoussa avec aigreur le geste de sa camarade en lui adressant un regard perfide.

— On ne devrait même pas parler à cette chose, gronda-t-il.

— Pourtant, c'est ce que tu veux, non ? Me jeter ta haine au visage, concéda Hermione d'une voix posée en haussant les épaules.

Le groupe resta silencieux, soudain tendu.

— Je n'ai pas besoin de quoique ce soit de ta part ! éructa Ron en devenant rouge de colère.

Hermione redressa ses épaules, ses livres toujours enserrés contre son torse.

— Bien, quand tu seras prêt, n'hésite pas. 

Puis elle continua son chemin, la tête haute. Elle ne s'attendait pas à développer des amitiés à Poudlard ni à découvrir la fraternité et l'amour. Elle s'était préparée ces dernières semaines à toutes paroles et vacheries prononcées à son encontre. Elle ne redoutait pas la hargne et les médisances des autres étudiants. Ce n'était pas un monde inconnu pour elle.

Elle ne baissa pas sa garde pour autant, connaissant la perversion de la nature humaine. Alors lorsqu'elle reçut un sortilège de torture, elle ne prononça pas le moindre son. Seul son corps tendu et souffrant de soubresaut la trahit. Lorsque Ron Wesley releva sa baguette, mettant fin au maléfice, elle inspira avec lenteur.

— Tu pourrais te faire renvoyer pour ça ! s'écria une voix jusqu'alors inconnue.

Du coin de l'œil, Hermione reconnut les traits de Harry Potter, qui agitait des bras, complètement furax envers son meilleur ami. La respiration hachée, prêt à enchaîner, Ron se força à ranger sa baguette dans la poche de sa cape.

— Elle n'a presque pas réagi, c'est un monstre, je vous l'avais dit !

— À ton avis, comment une personne développe une résistance à ce type de sortilège ? continua de grogner Harry d'une voix bourrue. Elle en a déjà subi, bordel, alors arrête de faire ton bouffon et concentre-toi pour finir ton année.

— Tu me demandes d'éprouver de la pitié pour la fille du plus gros monstre que le monde est connu ? Je rêve ! hurla Ron, postillon sous la fureur. Pointant son doigt vers le torse de son ami, il l'accula contre le mur. Tu as vaincu Voldemort. Tu devrais la détester, c'est quoi ton problème ?

— Je n'ai pas dit que je l'appréciais, calma le sorcier aux lunettes rondes en relevant ses bras en l'air. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut changer pour autant. Tu viens de lui jeter un sortilège impardonnable, Ron !

Harry Potter se mit à faire des aller-retour dans le corridor de Poudlard, complètement scandalisé par le comportement de son meilleur ami.

— Et je le referai encore ! contra le Weasley d'un ton vicieux.

Hermione se ferma au monde extérieur, aux bruits environnants, aux remarques et aux étincelles de haine sous leurs paroles. Elle ne visualisait que sa porte de sortie sous la forme d'un papier parchemin qu'elle glisserait dans la coupe de feu. Elle avait survécu : et bien que ses rêves soient ficelés d'étoiles mortes et illusoires, elle avait survécu à l'enfer. Mais elle voulait plus. Elle souhaitait vivre, respirer et non suffoquer. Elle voulait chanter au ciel ses prières, même lorsqu'elle n'avait plus d'espoir. Elle voulait voir la beauté en toute chose, même lorsque la noirceur englobait son cœur. Et la seule issue à sa liberté, c'était le tournoi des sorciers. Elle se promit de remporter, de sortir victorieuse. Parce que la défaite était un goût amer qui perdurait sur ses lèvres depuis des années. Elle voulait connaître l'euphorie et le bonheur. Et elle n'hésiterait pas à griffer, frapper et trahir pour y parvenir.


— Qui t'a fait ça ? grogna Mattheo en l'apercevant dans le dortoir des Serpentard, affalée contre un des fauteuils.

Hermione dans un mouvement vif, faufila ses mains tremblantes de soubresaut sous ses cuisses. Il s'agissait d'un effet précurseur du sortilège Endoloris. Elle était habituée. Et son frère le connaissait sous toutes ses formes, l'ayant subi un nombre incalculable de fois.

La respiration haletante, Mattheo se mit à parcourir la petite distance les séparant pour empoigner son visage. Ses yeux brillaient d'inquiétude. Il ne voulait plus l'observer souffrir à distance. Il voulait sortir ses griffes et faire régner la justice dans ce bas monde. Mais il restait impuissant, même dans l'enceinte de Poudlard.

Pestant dans sa barbe avec humeur, il lui reposa la question. Il était impatient, mais Hermione restait impassible. Elle ne laisserait pas cette situation l'affecter. Cette animosité constante lui était familière, comme un cocon de solitude et âpre de dépit. Le cœur tambourinant, elle affronta son regard et Mattheo recula sous le choc.

— Non, finit par grogner son frère sous ses pensées.

— Je n'ai encore rien dit.

— Tu n'as pas besoin de le faire, reprocha-t-il avec amertume en relevant ses bras impuissants. Je ne te laisserai pas participer à ce fichu tournoi !

— Tu as bien vu comment ils nous traitent ! contra Hermione avec désespoir. Je ne m'abaisserai pas éternellement à leur colère. On mérite plus. Toi et moi.

Mattheo s'assit à ses pieds, tentant de trouver les mots justes pour la faire changer d'avis.

— Je ne reviendrais pas sur ma position, Mat', souffla-t-elle. Il s'agit d'une porte de sortie. C'est réel. Et aussi stupide que ce soit, j'ai de l'espoir.

Son frère soupira avec force. Il se frotta les yeux, dépassé par les émotions de sa sœur. Il comprenait son choix, il admirait sa force, mais il redoutait les esclandres de ce championnat. Ils étaient déjà détestés. Comment survivraient-ils dans une arène avec des gens qui souhaitaient leur mort ou pire ?

— Je ne te demande pas de risquer quoique ce soit pour moi, finit par avouer Hermione, des trémolos dans la voix. Je suis capable de survivre, je l'ai déjà fait.

— Ce n'est pas la même chose.

Mattheo était affligé, aussi brisé qu'une coquille longtemps laissée à sec, sans jet d'eau pour le nourrir.

— Je sais de quoi tu es capable, scanda sa voix d'un ton mordant.

Hermione se figea, soudain pessimiste. Peut-être avait-il raison ? Peut-elle ne ferait-elle qu'alimenter la peur et la misère en prenant part au tournoi des sorciers ? Peut-être que le monde magique finirait par la craindre ?

— Ta persévérance peut soulever des montagnes, chuchota Mattheo d'une voix douce. Ta grandeur nous a protégés pendant toutes ses années... Tes capacités pourraient illuminer un phare dans la nuit tant tu es impressionnante. Mais... jamais ça ne suffira pour déséquilibrer le cœur des gens.

Hermione déglutit, des larmes cascadant en silence ses joues creuses. Son frère disait la vérité. Il n'y avait aucun moyen de réparer les torts de son père ni de changer les esprits quant à leur nature. Sa nature. Elle était maudite, anormale. Monstrueuse.

— Arrête, plaida Mattheo avec affliction. Arrête de penser ça.

— Tu sais pourtant que c'est la vérité, sanglota-t-elle. Et tôt ou tard, ils finiront par le comprendre aussi...

Mattheo se plongea dans un mutisme profond, la tête baissée vers le sol.

— Ils vont l'apprendre comme tu dis. Autant nous donner la chance d'accomplir quelque chose de mémorable avant.

Hermione crut défaillir, tant elle tremblait. Elle s'agrippa aux épaules de son frère, des sanglots dans la gorge. Il venait d'accepter. Elle allait s'inscrire au tournoi des sorciers. Peut-être aurait-elle une chance d'en sortir victorieuse ? Peut-être pourrait-elle offrir une vie paisible à son frère ? Peut-être arriverait-elle à contrer la malédiction de sa constitution ? Les doigts contre sa bouche, elle frémit, contenant ses pleurs avec maladresse.

— Tu ne seras pas seule, claqua Mattheo avec autorité. Je vais aussi participer.

Hermione déglutit. Elle ne voulait pas qu'il se retrouve en danger par sa faute. Il faisait comme ces dernières années. Il la protégeait. Et bien que le poids sur ses épaules lui semblât insurmontable, rien ne lui prouvait qu'ils seraient sélectionnés. Les deux. Il n'y avait que l'écho d'un souffle d'espoir. Il n'y avait que leurs respirations chevrotantes d'un désir de renouveau. Il n'y avait que l'aspiration d'une autre vie. Et Hermione carburait sous l'optimisme. Elle ne baisserait pas les bras. Les trahisons, les mensonges et la violence accompagnaient leur pas. Et leur conviction d'un changement redonna une chaleur de vie à Hermione.

Les iris flamboyants de témérité, elle recueillit toute sa force interne pour hocher la tête. Hermione était précise, départie d'un sang-froid hors du commun lorsqu'il fallait se battre. Sans merci. Et sa hardiesse serait peut-être la destruction de Poudlard. C'était dans la nature d'un Riddle ; de tout démolir dans sa trajectoire. 

Chapter 3: Petit Serpent

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CHAPITRE TROIS :

Petit Serpent

« Il y avait la guerre et la survie. Depuis la ruine de Voldemort, maintenant cadenassé dans une prison, Hermione pouvait respirer. Elle n'avait plus cet étau autour de la gorge. Les filaments d'une marionnette déchirée étaient détruits. Elle pouvait remonter à la surface et s'approprier sa force interne. Peu importe le chaos qui en émergerait. Tom Riddle n'était plus sur son chemin pour l'empêcher de grandir. Et sa magie en éveil n'attendait qu'une chose : tout détruire. »


Draco Malfoy était fouinard et obsédé par peu de choses. Mais le visage de la nouvelle arrivante avec ses boucles cascadant sur son bassin et ses yeux caramel étincelant de promesses sombres le maintenait éveillé. Trouble-fête à ses heures perdues et malavisé lorsqu'il n'était frustré, il attendait qu'une chose, que la Riddle sorte ses griffes pour mieux la posséder.

Hermione, la sorcière imprudente était allongée à même le sol du dortoir des Serpentard, une main calée sous sa joue.

C'était audacieux de sa part de somnoler à la vue de tous. La scène pourrait sembler obscène si son camarade Blaise venait à bifurquer dans les couloirs. Malfoy s'en fichait.

Accoté contre un sofa, le visage austère, il observait la mystérieuse créature qu'était Hermione, un sourire mauvais aux lèvres. Il pourrait lui faire une frayeur et lui administrer un sortilège. Il était plus fûté que ça. Les respirations de la jeune femme n'étaient pas rythmées, elle était consciente des alentours. Ses jambes crispées, elle était dans l'attente du moindre signe de violence. Aux aguets, elle attendait, le souffle léger. Si Malfoy n'était pas si présomptueux, il serait impressionné par son sang-froid. Mais il en fallait plus pour lui faire tourner la tête.

Se penchant avec une lenteur affligeante, il apposa son doigt contre le visage de la Riddle, écartant une mèche folle plaquée contre sa joue. Elle ne commit pas l'erreur de faire le moindre geste. Il sourit.

— Alors, petit serpent, susurra-t-il avec mesquinerie. Est-ce que tu as prévu de déposer ton nom dans la coupe de feu ? 

Il avait vu l'éclat dans ses yeux sous les paroles de la directrice. Ils étaient farouches, déterminés et son estomac s'était tordu d'excitation sous la constatation. Malfoy était un homme tout sauf intègre avec de nombreux objectifs. Il n'hésitait pas à piétiner ses ennemies pour arriver à ses fins. Et la Riddle lui évoquait une créature sombre, roupillant avec une fausse vulnérabilité, tapageant à l'intérieur, à la recherche d'une proie.

Se passant une main contre ses lèvres, il sourit. Il espérait la voir dans l'arène. Le petit serpent serait intéressant à dompter. Et Malfoy aimait un défi. Il s'agissait probablement d'une autre de ses obsessions saugrenues. Il ricana alors que Hermione restait pantoise, se forçant à maintenir une respiration inaudible.

Il se demanda si elle avait peur.

Se redressant d'un mouvement fluide, il rejoignit la petite cuisine pour y plucher sa bouteille de whisky. Il se servit d'un verre sans paraître décontenancé de l'atmosphère lourde de tension. Imperceptible, il revint sur ses pas et s'assit confortablement dans le fauteuil, la toisant de toute sa hauteur.

— Est-ce que tu comptes faire la morte éternellement, Riddle ? Ma patience a des limites, surtout lorsque tu fais aussi piètre actrice.

Hermione soupira et se redressa avec grâce, le fusillant du regard au passage.

Continue de me dévisager ainsi et bientôt tu regretteras de ne pas être dans ton lit douillet, pensa-t-il, les yeux ombrageux.

— Alors ? apostropha-t-il avec une intonation irritée.

Il releva son verre à ses lèvres pour prendre une longue gorgée. L'alcool calmait ses nerfs et ce soir, il en avait besoin. Surtout lorsqu'il observait le petit serpent dépoussiérait des saletés imaginaires sur son leggings noir. Même vêtue d'un torchon, elle resterait attirante. Malfoy en était certain. Il se pinça les lèvres sous ses pensées, passablement agacé.

Draco Malfoy avait deux obsessions dans la vie : la passion et le pouvoir. Et lorsque Hermione fit son apparition à Poudlard, il dût s'avouer qu'elle serait une belle exception à la règle. Il y avait quelque chose de singulier chez elle, un éclat pur et vulnérable dans le fond de ses prunelles. Pourtant, son cerveau lui criait le danger quant à sa part de noirceur. Mais le Serpentard était connu pour faire des choix problématiques. Il ne redoutait pas de se brûler les ailes, parce qu'un ange de la mort ne craignait pas le feu. Il s'en abreuvait. Et Hermione allait être sa source.

Contrariée et lasse, Hermione tendit ses doigts vers la boisson de Malfoy. Il haussa un sourcil en retour, amusé. Elle vida sa coupe avec une adresse qui le fit jurer dans sa barbe.

— Pourquoi ça t'intéresse si je participe ou non au tournoi des sorciers ?

Sa voix était posée, presque impassible et ses traits ne trahissaient aucune émotion. Il comprit qu'elle excellait dans le faux paraître. Il était certain qu'elle était agitée et écœurée par leur échange. Il prit tout son temps avant de répondre, remplissant de nouveau son verre de son breuvage préféré. Hermione ne montra aucune impatience, se contentant de le suivre des yeux. Si Malfoy n'était pas si focalisé sur lui-même, il se dirait qu'elle éprouvait un intérêt pour sa stature imposante. Engloutissant son whiskey, il pencha sa tête, sa bague à l'insigne de sa famille contre ses lèvres. Il l'analysait de haut.

— Je m'intéresse à mes ennemis et il semble que tu vas en faire partie, petit serpent. 

Hermione grogna, se passant une main dans ses cheveux, attirant son regard vers sa longue chevelure châtain. Les teintes se mélangeaient sous la lumière des bougies, passant du chocolat à l'auburn.

— Je pensais que le tournoi nous apprenait à faire des équipes, à fraterniser ? 

Elle mentait, il le savait. Son nez s'était retroussé avec discrétion. Elle savait pertinemment qu'une fois dans l'arène, c'était chacun pour soi. Il sourit avec humour.

— Je sais qu'il y a un cerveau qui se cache derrière ta crinière folle, Riddle. Une fois le championnat enclenché, c'est celui qui mord le premier qui gagne. 

Elle se pinça les lèvres, feignant la lassitude et il échappa un rire.

— Tu n'hésiterais pas à attaquer un ami pour remporter ? 

— Je serais sans merci si c'est ce que tu demandes, répliqua Malfoy avec détachement.

Il joua avec ses bagues, perdu dans ses pensées. Il n'avait plus rien à perdre. L'honneur de sa famille devait être restauré. C'était tout ce qui comptait pour lui. Rien de plus. Et ses amis le savaient. Il deviendrait impitoyable une fois le tournoi enclenché. Sa fureur s'apparentait aux crocs acérés d'un dragon. Bien qu'il aimât jouer avec ses proies, lorsqu'il laisserait aller l'acide de sa colère, il ne resterait que poussière. Et Hermione devait le comprendre. Pour son propre bien.

— Tu devrais réfléchir avant de t'inscrire, Riddle. 

Hermione éclata de rire et le doux son se répercuta dans le salon, le faisant frissonner.

— Malfoy, commença la jeune femme d'une intonation froide. Tes avertissements auraient plus d'effets sur un centaure. Je ne reculerai devant rien pour atteindre mes objectifs.

Se relevant, les mains plaquées contre ses genoux, elle lui fit face, souriant avec défi. Malfoy se lécha la lèvre inférieure, électrisé par sa personnalité.

— Peut-être que c'est toi qui devrais faire attention avant de signer ton nom dans la coupe de feu, menaça Hermione. Tu es peut-être habitué à avoir des adversaires qui se plient devant toi, mais je suis une Riddle. Peu de choses m'effraient. 

Malfoy vida son verre pour la troisième fois, son ventre se tordant dans un feu torride d'excitation. Il se sentait en transe, tant le culot de la jeune femme le mettait à cran. Se redressant avec lenteur, il se posta à quelques centimètres de son corps. Hermione ne commit aucun impair. Elle n'était pas perturbée par la chaleur de son souffle contre son visage. Elle le devrait.

Enivré, il inspira son odeur et nota un mélange de nervosité et de trouble intérieur contre sa peau. Il aspira sa lèvre inférieure tant il était amusé. Avec agilité, il posa sa paume contre son menton, la força à le toiser de haut. Si des yeux pouvaient le tuer par leur intensité, ce serait maintenant. Hermione semblait trembler de rage. La passion et l'enthousiasme suintaient de leur corps et Malfoy ne se sentait pas prêt à tuer l'échange de regard qu'ils s'imposaient.

— Il n'y a pas de fumée sans étincelle, finit-il par grogner contre son visage.

— Je n'ai jamais eu peur de me brûler, contra Hermione, la respiration haletante.

Malfoy dans un instant incontrôlable, passa son pouce contre les lèvres de la Riddle, qui les entrouvrit, les iris écarquillés. Il l'analysa avec une telle ferveur qu'elle déglutit.

— Tu devrais, souffla Draco d'une voix rauque avant de se détacher d'elle et de rejoindre son dortoir, la fièvre berçant avec euphorie son cerveau exalté de son toucher.

Sa peau était douce comme du miel et l'ivresse de cette sensation le força à clore ses paupières. Il espéra que le petit serpent ne participe pas au tournoi, parce que sa part d'ombre n'attendait qu'une chose : la posséder.


C'était la dernière journée pour inscrire son nom dans le parchemin de la coupe de feu. Hermione débordait d'énergie pétulante. Et la tête haute, elle entra dans la Grande salle, où tous les professeurs et étudiants étaient attablés. Accompagnée de son frère, elle serra son petit papier entre ses doigts, faisant blanchir ses jointures. Elle ne pouvait définir la sensation qui coulait dans son sang à cet instant. Les regards qui lui étaient prodigués se voulaient froid et haineux, mais Hermione continua d'avancer, ne laissant aucune émotion entraver les traits de son visage.

Elle restait placide. Mattheo, à sa droite, ne prononçait le moindre son, même lorsqu'un étudiant fit semblant de leur cracher dessus.

Ils étaient tout autant en droit de vouloir participer au tournoi des sorciers et personne ne les empêcherait. Surtout devant le regard aiguisé des professeurs de Poudlard. La directrice, Minerva McGonagall, venait de se redresser de son siège, ses yeux sérieux suivant chacun de leurs mouvements.

Mattheo fut le premier à tendre sa main vers l'énorme coupe sur la scène, faisant face aux adultes, qui les toisaient en silence. La flamme bleue se mit à crépiter, illuminant toute la salle, puis reprit sa forme originelle. Son frère venait d'être accepté pour la sélection. Hermione sourit malgré elle, soulagée. Se décalant pour lui laisser la possibilité de faire de même, Mattheo détailla l'accoutrement de sa sœur.

Aujourd'hui, elle ne revêtait pas l'uniforme de la maison Serpentard. Un pantalon noir lui sciait les jambes et un t-shirt tout aussi sombre, elle avait relevé ses cheveux auburn avec une épingle, faisant ressortir ses yeux farouches. Elle avait l'air d'une guerrière ainsi. Prête à s'abattre sur le premier sorcier qui dégainerait sa baguette. Elle ne reçut aucune plainte de la part des professeurs. Ils se contentaient d'attendre en silence.

De ses longs doigts, Hermione déposa son nom dans la coupe de feu. La flammèche explosa dans un torrent si violent qu'elle atteignit le plafond. Des cris stridents retentirent dans le hall, mais la jeune femme restait focalisée sur les braises d'une couleur pourpre et lilas. À l'intérieur de la coupe, une apparition prit forme. Une personne encapuchonnée et des cheveux blancs se faisant fouetter par le vent. Une illusion d'optique, songèrent certains enseignants.

Tournant le dos à la création, Hermione traversa la grande salle, la tête haute. La coupe de feu venait de reprendre sa forme initiale. Elle était sélectionnée. Les yeux ombrageux sous cette minuscule victoire, elle croisa le regard de Malfoy dans le fond de la pièce. Un bâtonnet entre ses dents, il releva ses doigts dans un salut froid, faisant ricaner Théodore Nott, posté à sa droite.

Elle entendit vaguement l'ami du Serpentard souffler avec hâte :

— Putain, c'était chaud comme démonstration ! Je pense que tu viens de te trouver une adversaire de taille, Draco. 


Mattheo avait la chair en feu. Il se voyait carboniser sous les flammes de l'enfer des jougs de son père. Les yeux entrouverts, il entendait la voix de sa sœur lui suppliant de rester avec elle. Elle lui avait transmis de sa force à travers les barreaux de sa prison. Lorsqu'elle n'excellait pas dans l'utilisation de certains sortilèges, son père prenait un malin plaisir à se servir de son corps comme puits pour déverser sa rage. L'effet était toujours escompté. Hermione finissait par capituler, en pleurs et accomplissait les demandes de leur patriarche. Encore et encore.

Si la jeune femme était la marionnette maudite, lui était le pantin qui s'étouffer dans son sang.

Leur enfance n'a jamais été glorieuse. Et alors qu'il se faufilait dans la classe des défenses contre les forces du Mal, il surprit Hermione perchée sur ses livres, un crayon coincé entre ses lèvres. L'image était si frappante qu'il recula.

Mattheo se savait plus en sécurité sans la présence infâme de Tom Riddle dans son ombre. Mais le savoir enchaîné ne lui donnait qu'un goût âpre au fond de la gorge. Son géniteur devrait pourrir en enfer pour ses péchés. Au moins, il pouvait se délecter de la sensation glaciale des murs d'une prison.

Une part de lui souhaitait se rendre à Azkaban et finir le travail en détruisant Riddle.

Mais pas maintenant. Pas lorsque Hermione pouvait enfin vivre une vie normale, étudier avec entrain, et réciter avec fougue les bienfaits des plantes nocturnes sur la peau déchirée et flagellée. Elle avait encore cette lueur terne contre sa peau et l'éclat de ses prunelles se noyait toujours dans une brume ténébreuse.

Hésitant, il prit place à ses côtés, se raclant la gorge au passage. Levant les yeux vers son frère, Hermione le contempla, curieuse.

— Les entraînements commencent demain, est-ce que tu te sens d'attaque ? demanda-t-il presque indécis.

Il avait l'impression de marcher sur des œufs quand il était en présence de sa sœur. Peut-être parce que bien qu'elle ne lui reprochât rien de leur passé, il était toujours écœuré par sa propre lâcheté. Il s'était effacé lors des périodes de torture, pour éviter d'observer les dégâts interminables sur son esprit. Parce qu'il ressentait sa douleur. C'était déloyal et méprisable.

Hermione, sans faire le moindre commentaire, apposa sa main contre son poignet, le sortant de ses pensées. Il se reprit et força un sourire maladroit.

— Bien que père fût un horrible personnage, il nous a bien endurci au combat. 

Se mordillant la lèvre inférieure, elle zieuta les alentours, à la recherche d'une oreille indiscrète puis se pencha vers son visage.

— Tu crois qu'on sera amené à lancer le sortilège Expecto Patronum ? chuchota-t-elle

Il s'agissait d'un enchantement très puissant, qui demandait lors de son utilisation, un souvenir débordant de joie. Ni Hermione et Mattheo avait été apte à faire l'incantation. Cette sorcellerie était trop lumineuse pour les Riddle. Et leur passé trop sombre pour en sortir une once de bonheur. Mattheo déglutit, inconfortable sur son tabouret.

— Peut-être, avoua-t-il d'une petite voix.

Il se sentit vulnérable, et incapable de le cacher à sa sœur, il détourna son regard, les yeux brillant de désespoir. Il pensait toujours qu'il s'agissait d'une mauvaise idée leur participation au tournoi des sorciers. Mais Hermione avait raison. La vérité éclaterait au grand jour d'un instant à l'autre. Autant chercher refuge avec la bénédiction du ministère de la magie avant que le courroux frappe leur famille une nouvelle fois.

— J'ai essayé de trouver des informations sur le précédent championnat et j'ai découvert qu'il y avait des dragons dans la première épreuve. Harry Potter a remporté le tournoi en quatrième année.

Mattheo reporta son attention sur Hermione, qui se triturait les doigts sous le stress.

Harry Potter, pensa-t-il avec amertume.

Ce sorcier avait eu la chance de pouvoir enfermer son salaud de père et il s'était fait arracher cette possibilité. Il bouilla de colère. Il devrait être reconnaissant, mais il n'éprouvait qu'une rancœur immonde. Il avait été incapable de protéger sa sœur et le monde magique. Il avait été inutile.

— Tu sais très bien qu'on a aidé la cause à distance, gronda tout bas Hermione sous ses pensées. Tu as été tout sauf inutile.

Mattheo ne put retenir le petit ricanement amer de sa gorge. Il avait les poings si serrés que ses ongles percèrent la peau tendre de ses paumes.

— J'aurais voulu le tuer moi-même, bougonna-t-il, le corps tendu. Et la victoire s'est fait attribuer à Potter comme s'il avait tout fait seul. On a été délaissé comme des chiens avec la rage.

Mattheo soufflait de olère tant il avait les nerfs à vif. Une fois qu'il réussissait à s'exprimer, il n'y avait aucun retour en arrière.

— Traités comme des pestiférés, le ministère a choisi d'oublier notre existence pendant toutes ses années, alors qu'on se sacrifiait chaque jour de notre putain de vie pour leur relayer des informations cruciales.

Hermione agrippa son menton pour le tourner vers elle, les yeux brillants.

— Ils nous ont traité comme des moins que rien et encore maintenant, on doit se battre pour avoir un bout de viande et du respect, conclut Mattheo la gorge enserrée dans un étau sous l'émotion.

Il y avait de nombreuses choses qu'il reprochait au gouvernement magique et bien qu'ils aient eu la chance de pouvoir intégrer Poudlard, il gardait à l'esprit tout ce qui leur avait été arraché au dépit de multiples vies. Mais c'était ainsi. Aucune pitié pour des personnes avec un nom de famille salie. Aucun remord pour des victimes collatérales qui ne pouvaient voir la lueur du jour plus de quelques heures. Aucune indulgence pour toutes les cicatrices qui bariolaient leur corps et leur âme.

Ils n'étaient que des déchets passablement importants pour la société. Ils n'avaient reçu que mépris et dédain. Mais Mattheo savait que la vérité finirait par tourner en leur faveur. Il se le promit.

— Dis-moi quoi faire, murmura Hermione en tremblant. Dis-moi ce que tu désires et je le ferais, Mat. Tu n'as que le prononcer.

Sa sœur une fois libérée de son pouvoir serait une arme cruelle et dépourvue d'humanité. Il avait vu les signes, avait entendu les présages et les reproches de son père. Mais à cet instant, il tut les paroles vicieuses qui tournoyaient dans son esprit. Il ne pensa qu'à la moquerie de la population magique. Il n'y avait que leur insolence et que la crânerie des hauts placés qui les avaient si vite effacés de l'équation. Il ne pouvait accepter plus longtemps une telle insubordination.

Pour Hermione, il était prêt à tout. A se sacrifier, à plaider sa cause et à détruire.

Et sa sœur n'hésiterait pas à accomplir ses demandes.

Son cerveau divagua avec distance| sans entrave alors qu'il établissait des scénarios imaginaires. S'ils venaient à remporter le tournoi des sorciers, peut-être arriveraient-ils à se faire entendre ? Peut-être que le dégoût et les affronts des trou de cul du ministère prendrait fin ? Peut-être qu'il s'agissait de leur destin ?

La lignée des Riddle finirait par prendre fin. Autant clore ce chapitre avec révérence et malice. Autant succomber au mal qui se tapissait déjà à la surface.

Mattheo planta ses iris dans ceux de Hermione, le cœur battant. Il laissa ses pensées se faufiler dans l'esprit de sa sœur, un éclat sombre transperçant les traits de son visage.

— Pour tuer la bête, il faut parfois en devenir une, avait un jour prononcé son père.

A cet instant précis, Mattheo ne pouvait être plus en accord.

Chapter 4: Visage ensanglanté

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CHAPITRE QUATRE : 

Visage ensanglanté

"Malfoy avait découvert deux choses depuis l'arrivée de Hermione : la magie noire enlaçait les murs de Poudlard comme un parasite et le tournoi des sorciers était un subterfuge pour faire couler du sang. Il en était certain. Mais la raison de ce massacre restait un mystère."


Leur premier entraînement commençait à l'aurore. Plongée dans le dortoir des Serpentard, Hermione enfilait une blouse à l'insigne de serpent et d'un pantalon noir souple avec des coques d'acier cintrée à la taille. Elle avait reçu ses nouvelles tenues pour faire honneur à sa maison sous les sélections futures des semaines à venir. Pansy, à sa gauche, maugréait à voix basse à l'égard du bas qui alourdissait chacun de leur mouvement.

— Ça sert à quoi exactement ? grogna une énième fois la jeune femme aux cheveux noirs. Je jure que s'ils me donnaient du temps et des épingles, je changerai en un rien de temps cette horreur !

Hermione eut un bref sourire sous ses plaintes. Les coques en fonte encombraient leurs gestes, mais les protégeaient des menaces extérieures. Bien que désagréables, elle se dit que s'appesantir d'un tel vêtement devait être nécessaire. Sous le silence de Hermione, Pansy soupira et releva les manches de sa veste, les joues rouges de frustration.

— Hey ! Fais gaffe, à trop ruminer, tu vas finir par avoir des cheveux blancs, scanda-t-elle à l'égard de la Serpentard.

Elle sourit en retour, semblant reprendre de sa bonne humeur. Avec enthousiasme, elle enlaça le cou de Hermione, rapprochant leur visage.

— Tu penses qu'on va devoir botter les fesses de qui ? J'ai hâte de m'occuper de Londubat. Je suis sûr qu'il doit avoir la frousse de sa vie.

Hermione ne connaissait pas encore le nom des étudiants, mais Pansy lui avait fait un beau tableau de la situation. La maison d'or des Gryffondor était très étroite, notamment avec la présence de Harry Potter. Plusieurs de ses amis se situaient dans les sélections du tournoi des sorciers. Il y avait notamment sa petite amie, Ginny Weasley, la sœur de l'idiot qui lui avait lancé un sortilège de torture. Dans le lot, il y avait Seamus et Néville Londubat, un grand type aux cheveux bruns, aux dents scintillantes et aux joues rouges. Hermione le trouvait mignon et gentil. Il ne lui avait pas manqué de respect depuis son arrivée à Poudlard.

— Tu portes de l'intérêt à Néville ? demanda Hermione, feignant l'innocence en observant ses ongles.

Pansy se détacha d'elle en arborant une grimace à effrayer une acromantule. Les joues rouges, la respiration sifflante, elle semblait au bord de la syncope tellement elle était outrée ou gênée. Hermione éclata de rire, s'essuyant les yeux au passage.

— Pas du tout ! hoqueta-t-elle, soudain furieuse. Comment pourrais-je le trouver attirant, lui et son... son...

Relevant un sourcil moqueur, Hermione soupira de manière théâtrale.

— Pas de stress, Parkinson, ton secret est bien gardé.

Pansy se mit à taper du pied contre le sol dans des gestes agités. Elle était toujours aussi écrevisse. Si ses paroles venaient de la rassurer, elle n'en montrait rien. Elle fit la muette, se retournant pour agripper le reste de ses effets personnels. Hermione ne put s'empêcher de la taquiner.

— Même si je dois avouer qu'en terme de jeu d'actrice, il va falloir s'améliorer.

— On croirait entendre Draco, rouspéta la jeune femme.

Hermione se figea une micro seconde, puis détournant son regard, finit par préparer son sac, les lèvres pincées. Elle venait de perdre à son propre jeu, répétant les paroles de Malfoy. Elle ne voulait pas être assimilée à cet ogre mal-élevé. Il venait déroger à son sommeil déjà léger pour la menacer sans vergogne. C'était un imbécile fini, pensa-t-elle avec force.

Un petit coup contre la porte les firent sursauter. Mattheo, les yeux brillants de malice, observait sa sœur, qui devint à son tour écrevisse. Hors de question qu'elle s'avoue qu'il venait de comprendre ses pensées.

— Sale ambiance ! s'exclama-t-il. Dites-moi les filles, vous venez de parler de garçons, c'est bien ça ?

— Ferme-là toi ! pesta une seconde fois Pansy en passant en trombe à ses côtés.

Mattheo détailla sa sœur en retour, surprit d'une telle réaction. Rigolant à voix basse, Hermione se contenta de hausser les épaules. Elle ne voulait se l'avouer, mais avoir ce type de discussion la plongeait dans état serein. C'était nouveau pour elle. Étrange, mais paisible.

En sortant du donjon, accompagnés de plusieurs Serpentard, Théodore Nott se posta à ses côtés, les yeux brillants.

— Prête à faire face à la pire maison de l'histoire ?

— Les Serpentard ? persiflât Hermione avec sarcasme.

Nott se passa une main dans les cheveux, des fossettes creusant ses joues sous son sourire.

— Aller, tout le monde, dîtes-le fort avec moi !

Le groupe s'écria en cœur, un poing en l'air :

— A bats les Gryffondors !

Détournant son visage de la scène, Hermione se mit à chercher une présence dans la petite foule. Ses yeux vagabondaient avec vigilance. Retenant sa respiration, elle constata que Malfoy ne faisait pas partie de la petite troupe. Il était absent. Étrange, pensa-t-elle.

— Draco va nous rejoindre plus tard, plaisanta Théodore en l'analysant. Il a dormi... dans un autre dortoir hier soir.

Hermione haussa un sourcil, faisant mine de ne pas être intéressée. Nott siffla entre ses dents, pince-sans-rire.

— Incroyable qu'il soit à ce point aux abonnés absents depuis ton arrivée, n'est-ce pas ? demanda-t-il narquois.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, grinça Hermione des dents, continuant son chemin, les poings serrés.

Théodore se pencha vers elle, son souffle frôlant son oreille. Elle détesta cette sensation. Pourquoi fallait-il toujours qu'ils se rapprochent autant pour lui reléguer une information ? rumina-t-elle. Malfoy et maintenant Nott.

— Je pense que Draco va adorer te voir dans cette tenue.

Hermione le repoussa d'un geste de la main, agacée et le jeune homme persifleur, gloussa. Mattheo ne prit pas longtemps avant de se mettre entre eux, fusillant le Serpentard du regard. Les mains relevées en signe de trêve, Théodore rejoignit le petit troupeau en sifflotant avec humour.

— Ça va ? questionna son frère.

— Parfaitement bien, rétorqua Hermione avec noirceur.

Mattheo se dandina sur ses jambes, inconfortable, avant de lui empoigner le bras pour l'arrêter dans ses mouvements. Sous le choc, elle riva ses yeux vers son visage. Il ne faisait pas un bruit, attendant que la foule se disperse. Hermione senti de nombreux regards réchauffant sa peau, mais elle avait toujours son attention rivée sur son frère. Les lèvres serrées dans une mince ligne, il semblait en proie à un danger.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle, le cœur battant.

— J'ai appris pour les épreuves de qualifications, avoua Mattheo dans un souffle.

— Comment ?

Hermione était trop choquée pour formuler la moindre pensée. Elle ne comprenait pas la provenance de ses informations. Comment ? Et qui ?

Zieutant les alentours, elle réalisa qu'ils étaient maintenant seuls. Parfait. Se retournant pour lui faire face, elle attendit, les doigts crispés contre ses bras.

— J'ai réussi à rentrer dans le bureau de la directrice...

— Quoi ? s'écria Hermione secouée.

Mattheo la fusilla du regard, l'intimant de se taire. Puis d'un mouvement de la main, il la somma de le suivre. En arpentant les couloirs de Poudlard, Hermione surprit de nombreuses statues l'observer avec curiosité. Elle éprouvait le besoin lancinant de s'en approcher pour les frôler de ses doigts. Enfouissant son envie au fond de son âme, elle continua sa marche.

Alors qu'ils se posaient devant un pan de mur, Mattheo ferma brièvement les yeux et une porte prit forme. Les iris écarquillés, Hermione retint une exclamation de ses lèvres. Le doigt posé contre sa bouche, il lui fit signe de pénétrer dans la pièce secrète.

— Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? chuchota-t-elle alors qu'elle faisait face à des centaines d'ouvrages et de plantes grimpantes.

— Ça s'appelle la chambre sur demande, expliqua son frère, les traits tendus. J'ai suivi Potter et ses acolytes hier soir et je les ai surpris à se faufiler ici.

Hermione avait le cerveau en feu tellement elle réfléchissait. Elle avait l'impression d'avoir déjà entendu parler de cet endroit, puis elle comprit.

— C'est ici que...

— Oui, coupa Mattheo dans un souffle à peine audible. Potter et Weasley se disputaient. Le grand rouquin était furieux, parce qu'il voulait absolument remporter le tournoi des sorciers et sans l'aide de son ami, il disait que c'était impossible.

Hermione tergiversa en silence, un doigt contre ses lèvres. Faisant des allers et venues dans l'énorme pièce, elle déglutit.

— Il est jaloux et veut la gloire, affirma-t-elle d'un ton posé.

Mattheo confirma ses paroles d'un hochement de tête.

— C'est en notre faveur, continua-t-elle, ce qui arracha un sourire à son frère.

Il l'analysait, les yeux pétillants de malice. Il comprenait le fil de ses pensées, les suivant avec justesse et douceur.

— Weasley ne se fait pas assez confiance pour remporter seul et Harry semble trop obstiné et loyal pour le laisser gagner de façon inéquitable.

— On pourrait s'en servir.

Ils s'observèrent, une idée prenant forme dans leur esprit turbulant de scénarios possibles. Hermione comprenait la vulnérabilité de leur duo, mais comment faire pencher le tout ? Comment les pousser à s'éloigner l'un de l'autre ? Elle devait trouver une motivation assez importante pour que Ron Weasley se détache de son ami. Comme il ne voyait que par la gloire, il fallait obstruer son jugement.

— Quelle est la première évaluation pour accéder au tournoi des sorciers ? demanda-t-elle avec entrain.

Mattheo arborait une moue aiguisée de moquerie.

— McGonagall n'était pas très originale avec son mot de passe : Gryffondor, vraiment ? Et après, il est dit qu'il n'y a pas de favoritisme ! Il secoua sa tignasse avec humour, les yeux sombres. « Le premier examen consiste à remporter un duel.

Hermione ne put cacher son sourire bien longtemps. Elle venait de comprendre le potentiel d'une telle opportunité.

— Avec magie ou sans ?

— Il n'y a aucune règle, susurra Mattheo, les yeux ombrageux.

Encore mieux, pensa Hermione en se frottant la mâchoire, pensive. Si elle voulait jouer dans l'esprit de Ron, elle devait abattre un pion et le rendre faible devant un public. Un combat sans contrainte lui offrait bien des choix. Si elle décidait d'humilier le Weasley en le remettant à sa place, il irait se faufiler derrière son précieux ami, tout penaud. Impossible de procéder ainsi.

Elle se mordit les lèvres, se sentant soudain victorieuse.

Pour déstabiliser ses adversaires et les étudiants de Poudlard, elle affronterait le héros lui-même : Harry Potter. Mettre au tapis l'élu allait répandre un message puissant. En agissant ainsi, Ron Weasley pourrait devenir défaitiste. Dans le pire scénario, les Gryffondor se ligueraient contre elle et son frère, les prenant pour cible. Mais Hermione avait l'impression que ça en valait la chandelle. Parce qu'en désarmant Harry, une forme de respect et de peur transperceraient le visage des étudiants. Leur offrant un mince instant de paix. Et ça lui suffisait. 

— Je suis partante, opina Hermione, le souffle court et un sourire fin ornant son visage.


Les premières journées d'entraînement, Hermione fit tout son possible pour 'enterrer' ses capacités. Lorsqu'ils devaient courir autour de l'énorme château de Poudlard, elle restait en arrière avec Pansy qui dégoulinait de sueur. Mattheo suivait ses traces, le visage impassible, alors que Théodore et les Gryffondor se situaient en bout de piste.

Malfoy était en retrait, quelques mètres devant elle, ses mouvements rythmés et la respiration inaudible. Il faisait semblant, comprit-elle. Elle sourit sous la constatation. Elle n'était pas la seule à se maintenir à distance. Se cacher avait ses avantages.

Hermione n'étalait pas ses performances au combat corps-à-corps lors des cours. Même lorsque ses adversaires la ruaient de coups, les yeux furibonds. Peut-être que par sa non-réaction certains s'étaient calmés ?

Depuis les sélections du tournoi, les étudiants occupait leur journée à discuter des futurs concurrents plutôt qu'à lui lancer des sortilèges. Cela lui donnait tout le temps nécessaire pour comploter avec son frère. Elle avait interdit à Mattheo de s'infiltrer une nouvelle fois dans le bureau de la directrice, au risque de se faire virer de l'établissement magique. Ils ne pouvaient prendre un tel risque. Ils devaient la jouer fine. Suivre les règles. Hermione savait qu'ils étaient aptes à accomplir des prouesses. Avec et sans magie.

Pansy, le souffle court, respirait comme un buffle à sa droite, la sortant de ses pensées. Elle essuyait toutes les minutes des gouttes de sueur contre son visage. Ses yeux vagabondaient et inspectaient souvent Hermione du coin de l'œil, les sourcils froncés.

— Tu n'es pas à ta pleine vitesse, n'est-ce pas ? haleta-t-elle.

Hermione choisit le silence, sachant que des oreilles indiscrètes pouvaient les entendre. Elle préférait être sous-estimée. Et bien que Pansy n'arrive pas à le comprendre, c'était la meilleure option. Si elle effrayait trop tôt les étudiants en montrant ses aptitudes, le reste des qualifications n'en deviendraient que plus tendues. Elle ne pouvait risquer la sécurité de son frère de cette façon. En accomplissant le premier test, de nombreux étudiants seraient disqualifiés, ce qui diminuait les risques de subir des querelles.

Lorsqu'ils atteignirent la fin du circuit, Malfoy souleva son t-shirt, révélant ses abdominaux. Il y eut de nombreux gloussement face à son geste. Hermione, les yeux plissés, détourna son regard. Le Serpentard l'évitait ces derniers jours pour une raison inexplicable. Elle n'était pas particulièrement impactée par son comportement. Elle s'en foutait même.

Reniflant avec colère, elle prit le soin de rattacher ses lacets, le cœur tambourinant dans sa poitrine.

— Tu t'es fait mordre par une statue ce matin ? plaisanta Malfoy à son encontre, l'observant de haut.

Elle n'avait pas réalisé qu'il s'était rapproché. Il était bien trop silencieux pour qu'elle ne le considère pas comme une menace. Maugréant dans à voix basse, elle se releva pour l'analyser. Des mèches folles pendant contre son front et toujours ce satané bâtonnet entre ses dents, il était à damné. Dommage, qu'il soit aussi con, pensa-t-elle.

— Et toi tu as surpris une horde de gobelins forniquant dans les jardins ?

Malfoy éclata de rire sous sa réplique des plus grotesques. Hermione commença à le contourner, ses prunelles pointées | fixées vers les professeurs qui l'attendaient plus loin. Il lui empoigna le biceps au passage, pour la forcer à s'arrêter.

— Tu es si pressé, petit serpent ? susurra sa voix rauque.

Hermione pesta une insulte à voix haute et l'imbécile trouva le tout très amusant.

— Je dois me concentrer.

— C'est vrai, répliqua-t-il soudain avec sérieux. Tu devrais mettre de la rigueur dans tes entraînements. Tu as l'air d'une mauviette prête à se faire écrabouiller sous mes chaussures.

Hermione se dégagea d'un mouvement brusque, les joues rouges de colère. Malfoy venait de piquer au bon endroit, parce qu'il lui offrit une risette, sachant pertinemment ce qu'il faisait.

— Si tu penses me faire peur, articula-t-elle avec lenteur, les dents serrées.

— Oh ce que je pense surtout, c'est que tu ne donnes pas du tien. Et toi et moi, on sait parfaitement que tu devrais être devant le troupeau et non derrière.

Hermione retint sa respiration, les prunelles écarquillées. Elle se reprit avec maladresse, en haussant des épaules, les yeux brillants.

— Tes compliments me vont droit au cœur, Malfoy. Maintenant, si tu veux bien, termina-t-elle avec une fausse intonation de joie en le contournant.

Mais le Serpentard n'était pas en reste. Il se colla à elle, la faisant hoqueter de stupeur. Il sentait le chêne et les pommes. Le nez frôlant son cou avec douceur, il s'amusa à souffler contre elle pour la faire frissonner.

— Ça me frustre de voir tous ses imbéciles te sous-estimer, grogna-t-il en se redressant.

Il retira son bâtonnet d'entre ses dents, la jaugeant du regard de haut en bas, la mâchoire serrée. Hermione devait se l'avouer, son aveu venait de réchauffer son cœur. Mais il lui fallait plus que des éloges pour lui faire tourner la tête.

— Ça ne durera pas longtemps, promit-elle sombrement avant de rejoindre l'estrade sur le terrain central de Poudlard.

— Bien, s'exclama le professeur Flitwick à leur approche.

D'une toute petite taille, il détaillait chaque étudiant, les yeux plissés sous la concentration. Ses lunettes bouffaient presque son visage et le contraste faisait rire certaines personnes. Se donnant des coups de coude, un air effronté, Hermione surprit deux Gryffondor ricaner à voix basse à l'encontre du sorcier.

Filius Flitwick les surprit et son intonation portante fit vrombir le sol. Même minuscule, il débordait d'une énergie palpitante de magie. La baguette relevée, il ordonna aux deux individus de se présenter vers le centre de la scène. Les planches de bois craquèrent sous leurs pieds et leurs visages s'abaissèrent sous la honte. Hermione sourit, moqueuse. Le respect se méritait et ils allaient le comprendre rapidement.

D'un mouvement fluide, Flitwick percuta le plus grand des deux trouble-fête en le talonnant dans les jambes. Il s'étala de tout son long dans un glapissement enfantin. Le second, les yeux écarquillés, releva ses poings, prêt au combat. La différence de taille pourrait sembler désavantageuse pour le professeur, mais ses mouvements furtifs prouvaient son expertise. Il contournait son adversaire avec la fluidité d'un chat. Sans hésitation, il planta son poing dans les hanches de l'étudiant, qui se courba de douleur. D'un mouvement des pieds, il le propulsa contre le sol.

Il y eut un torrent d'applaudissements de la part des autres maisons et Malfoy, le bâtonnet entre ses dents, ricanait à voix basse, enchanté du spectacle.

— Maintenant que j'ai votre attention à tous, rouspéta Flitwick avec morosité. Nous pouvons commencer.

Relevant les manches de ses petits poignets, il fit apparaître d'un mouvement de sa baguette un tableau circulaire. Hermione aperçut à travers la foule une liste de prénoms entrelacés en lettres moulés.

— Quand je vous nommerai, prenez place dans les cercles lumineux se trouvant sur le terrain.

En harmonie, les élèves détournèrent leur regard pour identifier les tracés magiques contre l'herbe fraiche du terrain de Quidditch. Ils étaient si nombreux que Hermione ne put les compter.

Ils allaient se battre, encore, réfléchit-elle.

— Il ne s'agit pas de combat au corps-à-corps, expliqua le professeur. Même si l'envie me prend d'éduquer certains d'entre vous, ajouta-t-il d'un ton irrité.

Les deux Gryffondor qui venaient de subir la plus grande honte de leur existence se firent tout petit en rejoignant le troupeau, les joues rouges d'embarras.

— Aujourd'hui, nous allons tester vos capacités de persuasion mentale. Votre tâche sera d'identifier un souvenir de votre opposant.

Dans sa vision périphérique, Hermione surprit le regard réprobateur de Harry Potter. Il semblait furieux de la tournure de l'entraînement. La jeune femme arrivait à comprendre sa colère. Son père excellait dans la manipulation perfide du cerveau. Il pouvait contrôler humains et animaux. Et ses premières expériences cruelles s'étaient portées sur ses enfants.

Les épaules crispées, Hermione serra les dents, trouvant la tâche des plus ignobles. Pourquoi enseigner une telle magie ? Que leur réservait le tournoi des sorciers pour en venir à une idée aussi sombre ?

— Bien entendu, vous devez résister à l'intrusion. Pour se faire, imaginez un labyrinthe scellant vos souvenirs pour les cacher à la vue de tous. Cela peut prendre du temps, alors soyez patient, continua Flitwick.

Tendant ses bras dans un mouvement brusque, il intima les étudiants à obtempérer sous ses paroles. Il ne fallait pas être devin pour comprendre la dangerosité de ce cours. Si une personne s'aventurait trop en profondeur dans l'esprit d'un adversaire, il pouvait créer des séquelles internes. Sans parler de la douleur d'une telle agression.

Hermione capta le regard acéré de Mattheo, qui tremblait de rage. Se rapprochant de son corps en silence, elle entrelaça ses doigts pour le ramener sur terre. Elle le sentait divaguer, alternant entre les moments obscurs avec leur père et le terrain d'entraînement.

— Bien, puisque ça semble clair, nous pouvons commencer ! Ron Weasley et Théodore Nott, prenez place.

Le grand rouquin bomba le torse à l'écho de son nom puis rejoignit la place centrale, suivi de Nott, plus en retrait. Malfoy pesta dans sa barbe, agacé par le tirage. Hermione ne put s'empêcher de s'inquiéter. Avec qui finirait-elle ?

Les prénoms étaient proclamés dans l'air avec force. Plus le groupe se rapetissait et plus la respiration de la Serpentard en était affectée. Mattheo venait de rejoindre l'étendu d'herbe du Quidditch en compagnie de Neville. Pansy était parrainée avec une étudiante de Serdaigle et Malfoy avec Seamus. Lorsque le prénom de Hermione retentit, elle sentit ses membres se figer d'appréhension.

— Hermione Marvolo Riddle et Harry Potter.

Le regard de Potter revêtait tout sauf l'exaltation. D'un mouvement de la main, il l'incita à rejoindre le dernier cercle tracé à la craie. En un instant, elle ferma son esprit, le vidant de toute pensée et souvenir qui pourraient la trahir. Elle oublia sa promesse de paraître faible. Elle oublia son objectif. Elle ne voyait que les yeux fougueux de détermination du Gryffondor. Il semblait aussi agacé de la tâche à accomplir qu'elle. La mâchoire crispée, il ne prononça pas le moindre mot, attendant son attaque. Hermione hésita, prenant conscience de l'état actuel des étudiants.

Il y avait un silence mortel sur le terrain. Hermione se demanda si les élèves craignaient de souffrir ou d'endommager leur adversaire. Lorsque d'un Serpentard brandit sa baguette vers un Poufsouffle, le faisant se plier de douleur, ce fut le signal. Le reste des étudiants se mirent à jeter des sortilèges, tentant de s'introduire dans l'esprit de leur opposant.

Hermione s'accroupit en silence dans le cercle, les yeux clos. Elle arrivait à imaginer la consternation sur le visage de Potter. Il devait lutter contre l'aspect éthique de ce cours.

— Tu peux me jeter le maléfice, chuchota Hermione avec douceur.

Elle rouvrit ses paupières pour l'observer à travers ses longs cils. Il restait les bras ballants, les traits tirés.

— Ça va à l'encontre de mes coutumes de lancer ce sortilège, expliqua-t-elle en haussant les épaules. Alors, à toi le plaisir.

— Si tu penses que c'est une chose que j'ai envie de faire, tu te gourres, trancha la voix de Potter.

Hermione le détailla, le visage impassible.

— Je me doute que tu détestes cette pratique. Surtout si tu as été amené à te battre contre mon père. Il raffolait de la magie noire et de la souffrance.

— Je m'attendais à ce que ce soit un point en commun dans votre famille, grogna avec amertume Harry en relevant ses lunettes contre son nez.

Hermione échappa un mince rire sombre. L'amertume dans sa gorge était si forte qu'elle dût prendre de longues inspirations pour se calmer. Harry continuait de la dévisager en se massant le poignet gauche. Il était sur ses gardes et il devrait le rester. Hermione détestait peut-être ce sortilège, mais dans l'arène, elle n'aurait aucune pitié. Il dût le comprendre parce qu'il releva sa baguette, les yeux perçants.

— Je te préviens, chuchota-t-elle. Ce que tu vas voir, ne va pas te plaire.

Elle venait de prendre une décision. Elle ne résisterait pas au sortilège. Elle allait jouer une carte maîtresse et quoi de mieux que de plonger le héro dans des souvenirs lugubres de son enfance. Peut-être comprendrait-il qu'elle n'avait rien d'un bourreau, que sa naissance n'était pas tissée d'un cocon pur et remplie de bonheur.

— Ça va faire mal, prévint-il la gorge nouée.

Hermione fit silence en elle. Elle contrôla sa voix, sa douleur et lorsqu'il perça son esprit, le frôlant avec hésitation, elle lui souffla le chemin du bout des lèvres. Il s'avança, le corps tremblant pour observer les dégâts de son cerveau. La Serpentard savait ce qu'il voyait et l'image continuait de rejouer dans sa tête, inlassablement. Elle se revit, contre le sol, le visage ensanglanté, alors que son père pointait un couteau contre sa gorge, relevant sa figure d'une poigne contre ses cheveux. Elle avait les lèvres craquelées et gonflées, la peau sur les os et le teint blafarde.

Affamée et déshydratée, Tom Riddle ne faisait l'honneur de sa présence que le soir, après que ses sous-fifres se soient amusés avec sa dépouille. Souvent, elle perdait conscience sous la torture.

Mais pas cette fois.

Mattheo lui faisait dos, attaché contre un pôle en fer, le dos striait de coupures rougeâtres. Elle connaissait ce moment par cœur, réalisa avec amertume Hermione, alors qu'elle se savait toujours enfoncée dans l'herbe du terrain de Quidditch.

Harry s'arracha à son esprit et vomit à ses pieds, le visage en sueur.

La tête baissée, Hermione se força à respirer à travers son nez. Elle compta jusqu'à treize, le chiffre favori de son père, puis déglutit. Ses mains contre le sol, elle creusa avec ses ongles pour sentir la terre, s'accrochant à cette réalité. Sa réalité. Elle n'était plus dans un donjon. Il n'y avait pas de cage avec des barreaux sales. Il n'y avait plus l'horreur. Elle était libre.

Il y avait eu la guerre et la survie. Depuis la ruine de Voldemort, maintenant cadenassé dans une prison, Hermione pouvait respirer. Elle n'avait plus cet étau autour de la gorge. Les filaments d'une marionnette déchirée étaient détruits. Elle pouvait remonter à la surface et s'approprier sa force interne. Peu importe le chao qui en émergerait. Tom Riddle n'était plus sur son chemin pour l'empêcher de grandir. Et sa magie en éveil n'attendait qu'une chose : Tout détruire.

Mais pas tout de suite.

Elle reprit contenance et constata que Harry avait décampé. Le cours venait de tirer à sa fin. Et pour la première fois, Hermione sut qu'elle avait fait la bonne chose.

Elle avait avancé un pion sur l'échiquier. C'était au tour de Harry Potter de jouer.  

Chapter 5: Le basilic

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CHAPITRE CINQ : 

Le Basilic

"Harry Potter s'était toujours cru juste et impartial lorsqu'il prenait une décision, mais les pieds ancrés sur la scène, il se mit à douter. Il hésita à relever sa baguette pour jeter le premier maléfice. Il craignait d'être enseveli sous les souvenirs sanglants des Riddle. Il n'arrivait plus à discerner le vrai du faux. Parce que chaque histoire était différente. Et même si Hermione Riddle le défiait de ses yeux ombrageux, il venait de perdre pied. La bataille. Il remettait en question leur victoire, les préjugés et les conjonctures qui lui ont permis de mettre Tom Riddle en prison. Il n'y avait que la méfiance dans ses veines. Et Harry se demanda si ce n'était pas le plan de la jeune femme. De lui faire perdre la tête."


Malfoy tanguait sur ses jambes. Il avait trop bu. C'était une sale habitude depuis la guerre. Il noyait son esprit avec la boisson pour s'empêcher de réfléchir aux actes commis, aux non-dits, à l'horreur et à la culpabilité qui broyait son cœur. Il pourrait sûrement se libérer d'un fardeau en confessant ses maux à ses amis.

Il pesta en imaginant la scène, amer.

Draco était tout sauf enclin à discuter de ses émotions. La solitude de son existence l'apaisait par sa familiarité. Il n'avait pas eu le bonheur d'avoir une enfance soudée de souvenirs épanouis et de guimauves au coin de l'âtre du feu. Il ne savait ce qu'était l'affection paternel et les mots doux d'une mère. Alors, il avait accompli la seule chose auquel il excellait. Dans sa survie, il avait éructé de colère, flamboyant chaque ennemi de ses flammes, de sa colère. Et il irradiait de cette énergie sombre. Il était un puit sans fond, qui était craint de tous. Et même sous ses nombreux tatouages, il ne pouvait cacher la marque du diable contre son bras.

Hermione l'avait vu et reconnue.

Il sourit en se passant une main dans ses cheveux.

Malfoy était irrité. Agacé de son comportement à l'égard de la Serpentard. Il passait son temps à l'observer à la dérobée, au détour d'un couloir, entre deux colonnes de livres dans les allées d'une bibliothèque et par-dessus ses poings lorsqu'il affrontait un adversaire. Il l'analysait comme si elle était insipide, une chose improbable et curieuse.

Il se méfiait de la Riddle autant qu'il était captivé par elle.

C'était morbide, décousu et stupide.

Se mordant le pouce, il se força à changer la tournure de ses pensées.

Les entraînements provoquaient en lui un élan de fureur. L'adrénaline dans le sang, il pouvait s'acharner sur ses victimes, tout en trompant ses ennemis sur ses intentions. Il tenait les rênes de son propre destin. Personne d'autre. Et il ne comptait pas se laisser bercer par la présence d'un joli petit serpent. Il avait bien des choses à faire. A accomplir. C'était ce qu'il se répétait en boucle, comme une chanson horripilante. Mais les paroles coincées dans le fond de sa gorge ne voulaient atteindre la rigidité de son cerveau. Il s'était barricadé à double tour dans une bulle de protection. Entravé par ses propres mains, Malfoy se promit de sortir victorieux du tournoi des sorciers. Il le fallait. C'était essentiel.

— Pense à ta mère, pense au sort de tes amis, pense à la douleur que je pourrais leur infliger, lui avait susurré son père un soir de beuverie.

Il éructa de rage et se redressant de son siège, balança avec violence son verre de whiskey dans le salon des Serpentard. Il faisait sombre, personne ne pouvait découvrir sa perte de contrôle. La coupe explosa contre le mur, répandant ses bouts mordant au sol dans une cascade de bruit sifflant. Il se pinça les lèvres, s'empoignant les cheveux au passage.

Il devait réfléchir à un moyen de gagner. Pour ses amis. Pour sa mère. Il ne voyait pas d'autres options.

Le visage blême de rage, il ne prit pas conscience d'une seconde présence dans la pièce, l'observant dans le noir, les sourcils froncés. Ce ne fut que lorsqu'il senti son odeur qu'il se figea. Un arôme de miel et de caramel embauma ses narines. Il jura en silence, le cœur battant contre son torse. Il ne manquait plus qu'il se tourne au ridicule devant elle, qu'il soit vulnérable.

D'un mouvement de sa baguette, Hermione Riddle, répara les élans de sa violence. Les bris de verre se soudèrent avec une douceur qui le fit frissonner. Les longs doigts du petit serpent se tendirent pour attraper la coupe. Avec grâce, elle sortie de l'ombre, déposant contre la table son dût. Sans un mot, elle s'installa sur un des sièges restants, le faisant face.

Il ne comptait pas se justifier, ni s'excuser de ses actes. Il n'en éprouvait pas le besoin. Et Malfoy haussa un sourcil de défi en guettant la moindre réaction de Hermione. Mais elle restait impassible, silencieuse. Elle détaillait le pan des murs, jusqu'à la petite cheminée où de petites flammes vertes crépitaient.

La tranquillité de leur échange lui donna un moment de répit. Il se permit de réfléchir.

— Tu n'arrives toujours pas à dormir ? souffla-t-il après de longues minutes à s'observer dans un calme olympien.

Elle haussa les épaules, les traits marqués par la fatigue. Même si elle n'avait pas beaucoup de muscles, elle irradiait le pouvoir et la noirceur. Il n'était pas dupe. Elle serait son meilleur opposant.

— Est-ce que tu réfléchis souvent de ce qui se serait produit s'il n'y avait pas eu de guerre ? finit par demander Hermione, la voix bourrue.

Il s'immobilisa, tétanisé. Le souffle au bord des lèvres, il n'osa prononcer le moindre mot. Bien sûr qu'il avait cogité sur ce type de sujet. C'était même une des raisons fâcheuses qu'il avait de s'abreuver de whiskey. Il aspirait l'alcool et les substances s'apparentant au poison pour oublier. Oublier le rôle qu'il avait joué dans cette histoire. Dans la bataille.

Il n'en était pas fier. Et chaque jour, la marque du diable lui rappelait la cruauté de sa famille, son terrible destin et son désespoir. Mais il n'y avait aucune échappatoire. On ne pouvait effacer le passé. Il nous poursuivait, qu'on veuille l'enterrer à coup de marteau ou non.

Les yeux brillants, il détailla le plafond. Une statue en forme de serpent s'y logeait, se mouvant avec une envie intrépide de sortir de sa prison. Il sourit sous la scène.

— Tous les jours, grogna Malfoy. Mais ressasser ce qui s'est produit n'aide en rien à découvrir ce qu'on peut accomplir dans le présent.

Hermione hocha la tête, les lèvres pincées.

— Est-ce que tu penses que c'est vraiment un chapitre qu'on peut tourner ?

Les cheveux recouvrant sa figure, le petit serpent se tritura les doigts, les pensées agitées.

— Je pense qu'on ne peut vraiment combattre un souvenir s'il fait encore rage dans notre environnement. Si la vie n'est pas meilleure.

Malfoy soupira, un doigt contre sa tempe. Il avait découvert deux choses depuis l'arrivée de Hermione : la magie noire enlaçait les murs de Poudlard comme un parasite et le tournoi des sorciers était un subterfuge pour faire couler du sang. Il en était certain. Mais la raison de ce massacre restait un mystère.

Il ne voyait pas d'autre explication quant à la création de ce championnat, si ce n'était que pour perpétuer une ère de violence. Le victorieux serait joliment décoré d'un poste reconnu sous les acclamations du ministère de la Magie, mais que se passerait-il ensuite ? Est-ce que la vie reprendrait son cours ou est-ce qu'un plus sombre dessein les attendait au bout du tunnel ?

Lorsqu'il détailla Hermione, il réalisa qu'elle s'était relevée, les poings serrés à s'en blanchir les jointures. Elle arpentait le salon des Serpentard dans une fougue à peine dissimulée. Elle était mignonne à réfléchir ainsi. Son petit serpent.

La statue se mouva avec une ardeur nouvelle sous les mouvements de la jeune femme, comme si elle essayait de l'atteindre pour lui souffler des paroles. Une main en suspend, Draco retint sa respiration, le cœur battant. Que se passait-il ? Ergyr, le basilic aux yeux d'or était connu pour sa malice et sa rancœur. Il ne tentait jamais une approche. Sa langue de vipère se frotta contre la paroi, le faisant frissonner. Il entendit une vague voix, comme un murmure sifflant des promesses de destruction.

Il ne fut pas le seul à capter l'écho obscur. Hermione se retourna, le visage blême, puis releva ses yeux vers la créature.

— Viens petite, siffla Ergyr avec fourberie.

Malfoy se redressa, de la sueur perlant le long de son dos. C'était impossible. Le basilic ne prenait jamais la parole et certainement pas pour discuter avec une nouvelle élève. De ses yeux perçants, il fusilla Hermione du regard, comme si elle pouvait connaître les réponses à ses questions. Son visage restait blafard. Elle était aussi désarçonnée que Draco.

— Ne souhaites-tu pas connaître ton destin ? Ne souhaites-tu pas connaître ce qui coule dans tes veines ? continua la voix sifflante.

Hermione se matérialisa sous ses yeux, passant d'un état livide à une pure rage flamboyante dans la nuit. La bouche tordue, faisant ressortir les commissures de ses lèvres, elle semblait prête à sauter à la gorge du basilic.

Ergyr ricana sous son comportement.

— Oh, c'est vrai, susurra-t-il avec frondeur. Tu le sais déjà, n'est-ce pas petite ?

Hermione, la respiration haletante ne prit même pas la peine d'accorder un dernier regard à la chose ou à Malfoy avait de monter les marches dans des mouvements précipités. Avant qu'elle ne ferme la porte de sa chambre, le basilic prononça une dernière parole, les yeux perçants :

— Cours, héritière maudite, je te retrouverai.


Les deux premières semaines d'entraînement s'étaient écoulées avec une telle rapidité que Hermione s'en rongea les ongles sous le stress. Aujourd'hui, la directrice de Poudlard faisait un toast dans la Grande Salle pour annoncer les directives à suivre avec la première épreuve pour la sélection du tournoi des sorciers. Mattheo à sa droite gardait un visage fermé de toute émotion, mais elle le savait agité. Ils avaient un plan et il fallait que ça fonctionne.

Lorsque la lune pointerait son nez dans le ciel, ils iraient dans le bureau de McGonagall pour s'assurer que Harry Potter serait son adversaire dans le duel qui prendrait forme à la fin de la semaine. Ils s'étaient préparés à l'éventualité de se faire prendre sur les faits accomplis.

Hermione, après avoir passé de longues journées dans la bibliothèque avait réussi à trouver une solution à ce problème. Elle avait concocté un polynectar avec une rapidité hors-norme. Il s'agissait d'une potion qui permettait à un sorcier de prendre temporairement l'apparence d'un autre être humain. La recette se trouvait dans le livre Les Potions de grands pouvoirs, dans la réserve. La dernière étape de la mixture ? Hermione et Mattheo devaient trouver un élément du corps de la personne dont on souhaite prendre l'apparence.

Réfléchissant, les lèvres pincées, elle se demanda comment remédier à ce problème. Elle ne pouvait se permettre de mettre en danger les Serpentard. Surtout que leur maison était détestée. Il fallait que ce soit des Gryffondors. Mattheo détestait l'éventualité de prendre l'apparence de Ron Weasley, mais n'ayant pas d'autre solution, ils s'étaient résolus à suivre le rouquin et Potter à la tombée de la nuit dans la chambre sur demande pour leur dérober des cheveux.

Ils devraient être discrets.

La seule épine à leur plan serait le discours de McGonagall. Se triturant les doigts sous l'appréhension, Hermione se tendit comme un piquet, dans l'attente des prochaines informations de la directrice de Poudlard.

— Les qualifications débutent d'ici vendredi, tonna la voix portante de Minerva, les traits tirés sous le sérieux. La première évaluation consistera à affronter votre adversaire dans un duel. Il n'y a pas de règle.

Les étudiants attablés se mirent à s'exciter. Certains, la tête penchée vers leur camarade, échappaient des flots de paroles déjà enthousiastes à l'idée d'assister à la compétition qui ferait rage. L'affrontement se ferait sur le terrain de Quidditch et tout le personnel, y compris ses professeurs, pouvaient assister aux combats.

C'était barbare, pensa Hermione, les dents serrées.

— Bien qu'il y ait un grand nombre de participants cette année, seul deux Champions par maison pourront concourir au tournoi des sorciers. La première épreuve disqualifiera un grand nombre d'entre vous. Les professeurs et moi-même, seront les juges. Nous évaluerons vos aptitudes à désarmer votre adversaire.

Relevant ses bras dans un geste froid pour attirer l'attention de la foule, la directrice prit un ton autoritaire.

— Bien qu'il n'y ait pas de règle, je vous encourage à ne pas blesser votre opposant. Le but de cette épreuve n'est pas d'étaler votre pouvoir, mais de montrer votre sagesse et de choisir lorsqu'une lutte prend fin.

Hermione comprit. S'il n'y avait aucune obligation lors des duels, c'était parce qu'il s'agissait d'un deuxième test, sous-jacent. Il n'était pas question de battre son adversaire avec cruauté, mais de se montrer digne des qualités de sa maison. Soupirant de manière imperceptible, Hermione se permit de clore ses paupières. Elle était soulagée. Les enseignants semblaient éprouver une certaine éthique et morale pour la compétition. Mais est-ce que les étudiants en feraient de même ?

En détaillant les visages aux sourires sardoniques, elle n'en fut pas certaine.

Œil pour œil, dent pour dent, semblait scander la foule. Elle déglutit, mal à l'aise. Mattheo, les sourcils froncés, se pencha vers son oreille pour lui souffler quelques phrases.

— Ils ne veulent pas que le sang coule, mais excitent l'assemblée en énonçant l'absence de règle. A quoi s'attendent-ils de la part d'étudiants sans dessin qui éprouvent une haine farouche envers les Serpentard ?

Hermione agréa ses paroles, le souffle court. Si elle se laissait aller à la paranoïa, elle pourrait penser que le tournoi n'était que le déguisement d'une punition pour les enfants ayant participé au camp adverse dans la guerre. Mais elle tut ses pensées, l'esprit agité. Elle devait avoir foi en le gouvernement magique, leur faire confiance.

— La deuxième épreuve sera annoncée dans les prochaines semaines. Entre temps, reposez-vous.

Claquant des mains pour mettre fin à son discours, McGonagall fit apparaître un long parchemin avec des centaines de prénoms entrelacés à l'encre noir. Placardé contre le mur de la Grande Salle, Hermione comprit que son plan venait de tomber à l'eau. Elle ne pourrait établir sa supercherie ce soir avec son frère. Elle espéra seulement que son opposant serait l'élu, autrement, elle risquait de perdre du terrain quant à ses machinations.

Mattheo jura à voix basse, le corps tendu.

— Ils affichent vraiment nos concurrents devant tous les étudiants ? s'exclama Pansy Parkinson dans une intonation stridente.

Malfoy, en diagonale à Hermione, se contentait de manger sa soupe, le visage impassible. La jeune femme avait fait de son mieux pour éviter sa présence depuis l'évènement dans le salon des Serpentard. Elle ne voulait pas discuter de ce qui s'était produit et même si son frère avait compris qu'elle était perturbée, elle avait choisi de se taire. Il était inutile de l'inquiéter. Draco, bien que suspicieux, n'avait pas tenter d'approfondir le raisonnement grotesque du basilic. Elle en était presque reconnaissante. Mais elle restait sur ses gardes. D'un moment à l'autre, il reviendrait à la charge. Elle en était certaine.

— C'est sûrement pour nous foutre la trouille et nous intimider, ricana Théodore en s'empiffrant le bec.

Pansy le fusilla du regard, la colère faisant trembler son corps. Hermione comprenait sa rage. En étant ainsi pris pour cible, il était facile de vouloir décontenancer son adversaire avant le duel. Il suffisait d'une attaque vicieuse en pleine nuit pour remporter la victoire avant même que la bataille n'ait commencée.

Hermione se força à engloutir son repas, les traits figés sous l'irritation. Elle devait établir un plan pour protéger son frère ce soir.

— Peu importe leur intention, trancha la jeune femme d'une voix sourde. Ce qui est important, c'est qu'on s'assure que personne ne rentre dans notre dortoir à la tombée du jour. Autrement, on peut dire adieu au tournoi des sorciers.

Pansy se redressa et Nott bomba le torse en retour, les joues gonflées. Malfoy, un bâtonnet entre ses dents et une main plaquée contre sa joue, la détailla à travers ses cils, les yeux perçants.

— Qu'est-ce que tu proposes, Riddle ? s'amusa-t-il d'une voix rauque.

Mattheo se tendit, les muscles contractés. Reposant ses coudes contre la table, il plongea ses iris chocolat sur le visage de Draco. Il fit dériver son attention sur chaque Serpentard, qui tendaient les oreilles en alerte.

— Vous connaissez des sortilèges de protection ? finit par demander Mattheo avec lenteur.

Plusieurs dernières années hochèrent la tête sous sa demande. Il offrit un mince sourire à l'assemblée. Hermione resta silencieuse, le laissant exposer les prochaines directives, alors qu'elle laissait ses yeux vagabonder vers le reste des étudiants. Harry Potter, de l'autre côté de la salle, l'observait à la dérobée. Croisant ses pupilles dilatées lapis-lazuli, il se détourna avec célérité, écoutant ce que sa petite copine Ginny Weasley avait à lui dire.

Hermione esquissa un sourire, fière d'elle. Potter avait un cœur compatissant et altruiste. Sensible dans l'âme, il venait de déposer un genou par terre, alléguant du terrain à la jeune femme pour se faufiler entre les mailles de la victoire. Sa pitié, bien que ça la foute en rogne rien que d'y penser, était à son avantage. Le héro de la guerre était indulgent et charitable. Et connaissant maintenant sa faiblesse, Hermione se sentait prête à fondre sur sa proie, griffes sorties.

Patience, se rappela-t-elle.

Alors qu'elle se redressait, pour rejoindre la horde d'étudiants observant le parchemin à l'encre noire, elle entendit de vagues murmures horrifiés.

— Je n'arrive pas à y croire, souffla une Serdaigle, écœurée.

— Il va vraiment l'affronter.

— J'espère qu'il la mettra en pièce, ronronna une troisième voix.

Ron Weasley, à sa droite la bouscula avec violence, puis échappa un rire en observant les prénoms sur l'affiche. Se retournant vers elle, un sourcil relevé, il lui adressa un sourire sordide.

— J'espère que tu vas profiter de ta semaine, Riddle. Parce que ce sera ta dernière, ricana-t-il.

Alors que les étudiants la contournaient comme si elle avait la peste, Hermione découvrit la raison du petit attroupement. Les élèves étaient pantois et électrisés qu'une telle nouvelle. Hermione retint son souffle, son palpitant faisant ciller ses tempes. Ses iris caramel se noyèrent dans le manuscrit. Elle avait l'impression de nager dans un brouillard âcre. L'estomac noué, elle n'arrivait pas à décoller son attention de l'inscription.

Écris à l'encre rouge et noir, il n'y avait que deux prénoms qui la laissèrent sans voix.

Harry Potter et Hermione Marvolo Riddle. 

Chapter 6: L'épreuve Glacée

Chapter Text

CHAPITRE SIX :

L'épreuve Glacée

"Ron Weasley a été appelé par bien des noms au fil des années : un fils ingrat, un sorcier puéril, un ami inutile et un amoureux égoïste, mais jamais cruel. Et alors qu'il avait vaincu son opposant, il sentait les regards effleurer sa stature. Les étudiants l'observaient sous un nouveau jour. Il se sentit victorieux, puissant et impitoyable. Et s'il y avait bien une personne qu'il devait remercier pour sa réussite, c'était Hermione Riddle."


Harry Potter passait ses dernières soirées avant l'épreuve à ruminer dans la salle sur demande. Qu'il soit seul ou accompagné, il y avait toujours les mêmes images qui tournoyaient dans son esprit. Tom Riddle, l'homme qu'il avait mis derrière des barreaux, penché sur sa fille, flagellant son corps comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art. En revisualisant la scène, il comprit que la couleur fétiche du sorcier machiavélique était le rubis. Les tracées de sang qui dépeignait les murs et sol n'appartenait qu'à Hermione Riddle, la fille cachée qui avait survécu au joug d'un paternel tyrannique.

Le souvenir avait été si frappeur que Harry en avait vomi. Il avait assisté à bien des évènements pendant la guerre. Il avait observé ses amis mourir, des familles se réfugier chez des sorciers, la terreur enserrant leur gorge dans un étau sombre. Mais la cruauté marquée au fer chaud contre la peau de la Serpentard lui avait glacé le sang. Il n'arrivait pas à effacer ses yeux vitreux, les larmes cascadant ses joues et ses hurlements d'agonie quand son frère se faisait fouetter et lacérer.

Ce n'était pas tout, frissonna-t-il avec horreur en continuant ses allers et venus dans la grande pièce.

Hermione Riddle était marquée. Ce n'était pas l'insigne dans sa nuque qui l'avait déstabilisé. Le petit R en forme de sang n'était que la partie de l'iceberg. Non, ce qui le pétrifiait de peur, c'était l'étincelle de promesses dans ses iris flamboyantes. Il y voyait une envie de désintégrer et de consumer tout sur son passage. Elle avait les mêmes yeux que son père et les veines noires qui s'étaient formées lui rappelèrent la descente de Voldemort. Il était fourbe et vicieux. Et dans son dernier instant de gloire, il lui avait fait une promesse obscure.

— Si tu crois me vaincre en m'enfermant dans une cage tu te trompes !

Son rire dément lui avait vrillé les tympans. De la sueur s'écoulant de son front, Harry s'était transformé en statue alors que Tom Riddle se faisait enchaîner.

— La ruine va tout ravager sur son passage.

Les yeux rouges et des veines noires striant son visage, il cracha du sang à ses pieds, un air mauvais défigurant les traits de son visage, déjà enlaidi par les ténèbres.

— Elle arrive, susurra-t-il avec effervescence. Je l'ai domptée assez longtemps. Maintenant, c'est à son tour de faucher son destin.

Les sortilèges de la torture n'arrivèrent pas à le rendre silencieux. La tête penchée vers l'arrière, il s'esclaffait avec monstruosité. La folie accompagnait chacun de ses pas et l'affolement du ministre de la Magie, Kingsley, ne fit qu'approfondir sa joie.

— Une bête en cage reste une bête. Et vous le SAVEZ ! hurla-t-il à l'adresse du ministre, les yeux brillants.

— Vous savez ce qui va se produire. Vous êtes impuissants. Vous ne pourrez l'arrêter !

D'un mouvement de sa baguette, Kingsley le força à se taire, le visage rouge de rage. Les jointures de ses doigts enserraient avec une telle violence sa baguette que Harry se demandait si elle n'allait pas se fissurer.

Harry ne comprenait pas les paroles du sorcier maléfique. Mais alors qu'il réfléchissait, maintenant avachi contre le plancher de la salle sur demande, il blêmit. Et si le gouvernement magique connaissait l'étendu des pouvoirs de Hermione Riddle ? Et si le tournoi des sorciers n'était qu'un subterfuge pour éliminer la bête longtemps violentée ? Et si les enfants de Voldemort n'étaient que des dommages collatéraux d'un dessein plus imposant ?

Le souffle erratique, Harry se passa une main dans les cheveux, complètement désemparé. Il ne pouvait le croire. C'était impossible. Hermione ne pouvait être l'horrible présage. Elle ne pouvait être l'héritière maudite. Il devait y avoir une autre explication. Il l'avait observé, elle n'excellait pas dans tous les entraînements, étant plus en retrait.

Mais si...

Il inspira, le cœur serré.

Et si elle faisait semblant ? Quel était son but en remportant le tournoi des sorciers ? Souhaitait-elle être libérée du poids de sa famille ou faire perpétuer et déchaîner les fils colériques de son père ?

— Harry, souffla Ron pour la centième fois, agacé. Est-ce que tu es toujours en train de réfléchir à Riddle ? Je t'ai déjà dit que tu ne vas faire qu'une bouchée de cette fille ! Elle a les pires scores par rapport aux étudiants de dernières années. Elle ne t'arrivera jamais à la cheville.

— Non, balbutia Harry, le corps en apesanteur sous le choc. Non, ce n'est qu'une illusion. Elle est puissante. Je l'ai senti.

— Et alors ? éructa avec fureur son ami. Est-ce que tu as peur ?

Oui, voulut souffler Potter, mais il resta silencieux. Il connaissait l'état de stress dans lequel était Ron. Il dépendait de lui. Ses amis aussi. Depuis qu'ils avaient remporté la guerre, le fardeau sur ses épaules lui semblait insurmontable. Il devait toujours accomplir de grandes choses, être le meilleur. Mais Harry voulait se reposer, vivre et non performer au détriment de l'hypocrisie des autres. Et le rouquin n'arrivait à comprendre son ressenti. Il se contentait de s'esclaffer, amer.

— Bien sûr que Potter veut se reposer, avoir une vie normale, puisqu'il a déjà touché à la gloire ! C'est si facile de dire ça, avait aboyé Ron lorsqu'il avait fait son aveu.

Harry tiqua en se rappelant les injures à son encontre. Il ne pouvait dépendre de personne dans le tournoi des sorciers. Même pas de son meilleur ami. Il avait un sens moral, il ne tricherait point. Et une fois que Ron le réaliserait, il deviendra hystérique.

Harry connaissait le danger de l'appât du pouvoir. De la folie des grandeurs. Du besoin constant de vouloir dominer ses ennemis. Mais la guerre avait pris fin. Il n'y avait plus de prestige, plus d'obligation, plus de mission à exécuter. Mais ce n'était jamais assez. Il en fallait toujours plus.

La bile dans la gorge, Harry tournoyait comme un lion en cage. Si Hermione s'était retrouvée enfermée pendant de si longues années, à observer le monde à travers des barreaux en acier, Harry avait dû suivre les ordres, être dans la coupe des hauts placés et faire des sacrifices pour sauver un régime déjà apathique et inconsistant. Bien que leurs enfances soient disparates en tout point, l'élu se surprit à leur trouver des points en commun.

Peut-être étaient-ils moins divergents qu'il ne le pensait.

— Harry, bordel ! s'écria une nouvelle fois Ron Weasley dans des gestes agités sous la rage. J'ai besoin de ton aide. Si je dois affronter Blaise Zabini, je dois être apte à lancer des sortilèges dommageables. On ne joue plus dans la cour des petits, il faut être redoutable !

Harry se releva, les yeux perçants et la baguette contre le torse du grand rouquin, il appuya fort pour le faire reculer.

— Ça fait longtemps qu'on n'est plus dans la cour des petits ! reprocha-t-il avec force. Et ce n'est pas parce que tu as peur de perdre qu'il faut que tu deviennes mauvais !

Harry se mit à tournoyer autour du Weasley, les yeux fous et les membres tremblants sous la fureur.

— Tu as déjà lancé un sortilège impardonnable sur une élève qui ne t'a rien fait, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?

Ron se retourna, furibond, les narines dilatées et les joues rouges.

— Ne me parle pas de cette chose ! Elle aurait aussi bien pu m'attaquer que ça revenait au même. Il faut l'éliminer avant qu'elle ne cause des pertes !

— Et qu'est-ce qu'elle ferait selon toi, hein ? cracha Harry, le regard mauvais.

Ron devenait destructeur, effroyable, tant sa haine grandissait au fil des jours. Harry ne pouvait supporter de le voir plonger plus bas. Il fallait que ça change.

— Depuis que tu as eu ce putain d'entraînement avec elle, tu as changé ! accusa son ami. Peu importe ce qu'elle t'a montré, elle essaie de rentrer dans ta tête. Elle GAGNE !

Ron renversa trois étagères dans sa fureur, le corps secoué de soubresauts.

— Tu fais honte aux Gryffondors ! hurla-t-il. Tu fais honte à ma sœur ! Et je refuse de t'observer plus longtemps perdre le contrôle.

— Perdre le contrôle ? ricana Harry avec agressivité. Dit le mec qui est incapable de ne pas s'en prendre à des meubles quand il n'arrive pas à faire le un quart des étudiants de première année !

Ron releva son poing pour l'aplatir contre le nez de son ami, qui l'esquiva avec célérité. Ils se jaugeaient, hargneux, se tournant autour comme des lions cherchant le moment opportun pour déchirer sa proie. Harry se sentait las. Dégoûté de la fourberie de ses camarades, des messes basses à l'encontre des Riddle. Il avait assez vécu cette situation pour la comprendre.

Avant de goûter à la gloire et aux applaudissements de la communauté magique, il était détesté. On disposait de sa présence à la moindre erreur, comme s'il n'était qu'un ramassis d'ennuis. Pourtant, il avait prouvé sa valeur. Il avait tué l'illusion qu'était son incompétence. Et il en était encore là aujourd'hui, à subir les raclures et les préjugés de ses propres amis.

— Si tu veux finir victorieux de ton duel avec Blaise, tu devrais peut-être commencer à mettre de ton énergie sur ton entraînement plutôt que sur la vie des autres, défia Harry.

Lui tournant dos, il rejoignit son dortoir, les poings serrés. Ron ne l'atteindrait plus. Ses provocations grondantes de rage ne le feraient plus bougonner de colère. Il abandonnait. Il préférait céder la victoire à des personnes loyales et braves. Weasley ne méritait pas d'être le champion du tournoi. Et plus Harry réfléchissait et plus il se demandait si lui aussi était indigne de cet honneur.


Harry Potter analysait les duels, les combats de jambes, les sauts périlleux et les maléfices orchestrés à l'encontre des adversaires. Théodore Nott venait de remporter la lutte contre un Serdaigle, le visage rouge de sueur. Il avait été vif comme l'éclair, se servant autant de sa rapidité que de sa bravoure. Harry en fut impressionné. Lorsque Draco Malfoy prit place sur la scène, dans le stade de Quidditch où nombreuses caméras encadraient leur visage, l'élu se pinça les lèvres.

Le Serpentard était connu pour sa force légendaire et ses sortilèges obscènes. Il était un combattant à prendre au sérieux et Harry se mit à plaindre Seamus qui prenait position, la baguette relevée, les doigts tremblants. L'homme à la chevelure platine ne ferait qu'une bouchée de son ami Gryffondor. Il se pinça les lèvres en espérant que ce serait rapide et indolore.

Se saluant avec respect selon la coutume, Seamus commit l'erreur d'attaquer en premier. Avant de se plonger dans la mêlée, il était toujours important d'observer son adversaire, d'analyser son jeu de jambes pour y trouver une faiblesse.

Le cœur tambourinant contre ses tempes, Harry se mit à compter le nombre de fois où Seamus jeta le sortilège du désarmement. Huit fois. En vain. Malfoy les avait tous évités d'un mouvement du poignet, une risette au coin des lèvres.

Si Harry ne connaissait pas l'étendu de sa résilience, il pesterait sous son arrogance. Il pesta quand même dans sa barbe, irrité. Sa copine, Ginny, à sa droite, plantait sa main contre son biceps, le pressant avec énergie sous le stress. Elle sursautait à la moindre étincelle et jet de flammes sortant des baguettes. Malfoy n'avait toujours pas amorcé la moindre attaque, il tournait autour de son assaillant comme une vipère.

Harry siffla entre ses dents en observant le débalancement de Seamus. Il était trop penché vers la droite, exposant une partie de son corps. Ce fut le signal pour Draco qui cracha avec froideur :

— Incarcerus !

Le maléfice toucha l'épaule du Gryffondor, qui se retrouva étouffé par des chaînes. Les entraves s'enlisaient contre son corps sous chacun de ses mouvements, transformant son visage en une bouilli de rouge écrevisse. S'il n'abandonnait pas dans les prochaines minutes, il s'étoufferait.

Harry s'apprêtait à descendre les estrades, mais Malfoy releva sa baguette, maintenant son sort en suspend.

— Abandonne, Seamus, souffla le Serpentard d'une voix égale.

Son ami n'était plus en danger, mais la scène restait humiliante. Des larmes dans les yeux, l'étudiant aux cheveux bruns en forme d'hérisson fit une dernière tentative pour se libérer. Le résultat n'était pas glorifiant. Il abandonna et une ovation explosa dans le stade de Quidditch. La caméra centrale, qui captait le trait des visages des compétiteurs se focalisa sur Malfoy. D'un geste de la main, il repoussa l'appareil, les yeux assombris.

— Mattheo Marvolo Riddle, maison Serpentard et Padma Parvati, maison Gryffondor, clama la voix du professeure Flitwick.

Installés dans des échafauds en hauteur, les enseignants jugeaient chaque duel d'un œil critique. Harry détesta la sensation qui prit forme dans son estomac, le retournant sous la douleur. Il trouvait cette épreuve sordide et déloyale. Certains adversaires se frottaient à des personnes qui faisaient le double de leur poids. Et c'était sans compter de leur maîtrise de la magie. C'était fourbe et cruel. Tout ce qui était contraire à la morale du Gryffondor.

Lorsqu'il finit par se concentrer de nouveau sur le terrain, il réalisa avec surprise que Mattheo avait déjà remporté, ayant désarmé sans difficulté la jeune femme. La tête basse, elle quitta le terrain, les yeux larmoyants.

Hermione, le visage rayonnant aplatit sa main contre la tignasse de son frère, les traits adoucis. Mattheo haussa les épaules, feignant un air réservé, alors qu'il souriait avec délectation. Harry se racla la gorge sous la scène. Depuis qu'il avait eu la malchance de se retrouver dans l'esprit de la Serpentard, il comprenait mieux la proximité qu'était leur relation fraternelle. Ils s'étaient relevés des horreurs de leurs passés, et muselés d'espoir, ils avançaient vers la victoire.

— Blaise Zabini, maison Serpentard et Ron Weasley, maison Gryffondor.

Il y eut une forte acclamation et sa copine se mit à bouger des bras, électrisée à l'éventualité d'observer son frère remporter un duel. Harry ne fit aucun mouvement pour l'encourager. Les yeux perçants, il observa la dégaine de son ami, qui avançait, les jambes écartées et le visage austère. Son image réverbérait la rancœur à l'état pur. Harry déglutit, inconfortable.

Blaise Zabini, un des membres de la clique de Malfoy avait une carrure large, une peau foncée et des yeux noirs. Il respirait la force silencieuse. Les membres élancés et sa baguette maintenu devant son visage dans un salut respectueux, il la fit tournoyer contre son côté droit une fois, avant de se positionner pour le combat. Ron ne lui fit pas l'honneur de le saluer, se retournant vers les juges pour s'abaisser comme un lèche-botte. Il y eut des ricanements dans les estrades. Harry plissa les yeux, irrité et Ginny à ses côtés, crachota des paroles amères à l'encontre de ses camarades.

Weasley fut impitoyable dans son approche. Il exerçait une pression légère contre le sol, valdinguant dans une danse cruelle, alors qu'il renvoyait sortilège sur sortilège contre le Serpentard. Blaise les contra, de la sueur s'écoulant de son front. Lorsqu'un maléfice le toucha au bras, brûlant sa veste, il y eut des hoquets de stupeur dans la foule.

— Qu'est-ce qu'il fait ? chuchota Ginny, désaxé face à la scène.

Ron se montrait cruel. Il ne cherchait pas à désarmer, mais à blesser son opposant. Il se montrait farouche dans son approche. D'un ricochet, il enchaîna deux sorts, le premier visant les jambes et le deuxième la tête. Zabini fit une pirouette, le souffle haletant. Il répliqua, désarmant Ron. Sa baguette bondit dans les airs jusqu'à atteindre les doigts tremblants du Serpentard.

Mais le Gryffondor ne s'avoua pas vaincu, il plongea vers son adversaire, le renversant contre les planches en bois. Leurs corps roulèrent dans un claquement strident et avant de pouvoir retourner la situation en sa faveur, Blaise se prit trois coups de poing en plein visage. Les avant-bras en protection sous la violence de l'agression, Zabini se mit à cracher du sang.

— Arrête, Ron ! hurla Ginny interdite.

Sidérés, les étudiants ne prononcèrent pas le moindre son. Les professeurs ne firent aucun commentaire. Ron faisait pleuvoir ses poings, le visage tordu de rage. Il n'y avait aucun moyen de le rationaliser, comprit Harry, les yeux écarquillés sous l'effroi. Il s'était perdu dans sa recherche de pouvoir. Il était méconnaissable. Il s'agissait d'un duel glacé et sombre.

Même lorsque Blaise déclara forfait, il continua.

— Il va le tuer, trembla Ginny des larmes dans la voix.

Malfoy fit son apparition, coursant le stade de Quidditch avec furie. Agrippant la tignasse de Ron d'une poigne ferme, il le traina contre le sol, lui arrachant un cri de douleur. Le plaquant avec violence, il fit craquer son genou contre la nuque du Gryffondor, l'empêchant de bouger.

Écartant ses bras, contenant maladroitement sa haine, Malfoy fusilla des yeux les juges.

— A quoi sert votre présence si ce n'est que d'observer ? lâcha-t-il avec aigreur. Il pointa du doigt son ami allongé par terre, incapable de faire le moindre mouvement, le visage ensanglanté. Il a déclaré forfait ! Où se trouve votre morale dans cette histoire ?

Le professeur Flitwick se redressa, les lèvres tordues et les sourcils froncés.

— Il s'agit d'une évaluation, Malfoy, scanda la voix de la directrice à travers le stade. En agissant ainsi, bien que Ron ait remporté son duel, il vient de perdre des points face à sa lâcheté et sa fougue insolente.

Draco continuait d'appliquer une force contre la nuque du Weasley, mécontent de la situation.

— Je vous demanderai de ne plus interférer M. Malfoy avec les épreuves, au risque d'être disqualifié.

Relâchant sa prise sur le rouquin, qui respirait comme un ogre, Draco recueillit toute son énergie pour maintenant une mine impassible. Mais il était furax. Harry arrivait à le deviner même à distance. Soulevant son ami, la tête haute de défi, il quitta la scène, alors que Blaise pendait contre lui, inerte.

— Notre dernier duel aujourd'hui, déclara Mme Chourave. Hermione Marvolo Riddle, maison Serpentard et Harry Potter, maison Gryffondor.

Ginny hoqueta, soudain terrifiée et s'élança dans ses bras, en le suppliant de résister. Harry ne fit aucun commentaire, le cerveau en feu. Il était encore tourmenté par le combat de Ron et de Blaise. Il se sentait dans un autre monde, distancé de la réalité. Le corps trop léger et une migraine commençant à tirailler son cerveau, Harry Potter, s'avança pour se poster au milieu du terrain.

Hermione Riddle le rejoignit. Vêtue d'un habit de combat noir doublé et les cheveux attachés dans un chignon serré, elle avait la prestance d'une guerrière. Bien que son visage soit rigide et imbibé d'une détermination farouche, un éclat vulnérable faisait étinceler ses yeux. Elle semblait hésitante.

Harry Potter s'était toujours cru juste et impartial lorsqu'il prenait une décision, mais les pieds ancrés sur la scène, il se mit à douter. Il hésitait à relever sa baguette pour jeter le premier maléfice. Il craignait d'être enseveli sous les souvenirs sanglants des Riddle. Il n'arrivait plus à discerner le vrai du faux. Parce que chaque histoire était différence. Et même si Hermione Riddle le défiait de ses yeux ombrageux, il venait de perdre pied. La bataille. Il remettait en question leur victoire, les préjugés et les conjonctures qui lui avaient permis de mettre Tom Riddle en prison. Il n'y avait que la méfiance dans ses veines. Et Harry se demanda si ce n'était pas le plan de la jeune femme. De lui faire perdre la tête.

Le corps parcouru de frissons d'appréhension, il prit position, vidant son esprit de toutes pensées. De ses peurs et de sa compassion. Il devait gagner. Le fallait-il ?

Il chancela sur ses pieds à cette pensée et Hermione le vit, mais ne fit aucun mouvement. Elle aurait pu en profiter, le désarmer. Pourtant, les bras ballants le long de son corps, elle maintenait une posture fière et stoïque.

Les étudiants beuglèrent dans la foule, le sommant de se montrer sans merci, de la réduire en charpie. Il ignora les appels. Inspirant par les narines, il adressa un salut attentif à la Serpentard avec respect. Les aboiements ne firent qu'augmenter, stridents de colère.

Comme un vautour, il contourna sa proie, observant avec attention les mouvements de ses doigts à ses jeux de jambes. Elle effleurait à peine le sol tant elle était discrète, expérimentée. Harry ne devait pas perdre contenance une nouvelle fois. Hermione pourrait se montrer hostile à tout moment.

Le cerveau de Harry lui hurlait d'en finir, de ne pas succomber aux souvenirs de son sang, de ses yeux suppliants et de sa terreur. Il alternait entre la réalité et le passé de la Riddle.

Hermione lui offrit un sourire, puis rangea sa baguette, la faufilant dans la poche de son survêtement. Ce fut son signe.

— Expelliarmus ! s'écria-t-il.

Il visa sa poitrine pour limiter les dégâts. Elle évita son attaque avec une telle finesse qu'il entrouvrit ses lèvres. Elle tournait sur elle-même, esquissant une risette.

— Qu'est-ce que tu attends, Harry ?! scanda la voix de Seamus dans la foule.

Faisant le néant en lui, il assena des dizaines de sortilèges à l'encontre de Hermione. Il ne lui laissait aucun répit. Quand elle effectuait une roulade, il visait ses pieds, la forçant à rouler sur son ventre. Quand il enchaînait vers sa tête et sa hanche, elle effectuait un saut périlleux, se contorsionnant pour éviter chacun de ses maléfices.

Harry suait à grosses gouttes, alors que son assaillant n'avait toujours pas touché à sa baguette. Les yeux plissés sous la concentration, Hermione inspirait dans un calme olympien. Ses yeux ne trahissaient aucune émotion et Harry se surprit d'avoir peur.

Ne se laissant pas intimider, il fit apparaître un hibou qui fonça droit vers sa proie, l'attaquant de son bec avec brutalité. Harry tendit sa baguette et visa ses bras, arrachant une plainte à Hermione qui trébucha. Dans sa chute, elle attira le hibou avec elle, lui tordant le cou. Trop stupéfait par son mouvement, il n'arriva pas à éviter son coup de pied lorsqu'elle tournoya, lui fauchant les jambes avec une telle vitesse qu'il se retrouva les quatre fers en l'air et la respiration coupée sous l'impact.

D'un clignement des yeux, elle le chevauchait, sa baguette contre sa jugulaire, les yeux vitreux. Harry inspira lentement, acceptant sa défaite. Elle hocha la tête et avec tranquillité, lui tendit sa main pour l'aider à se relever. Lorsqu'il entra en contact avec sa peau, il eut l'impression de se brûler et jura dans sa barbe.

Hermione était aussi surprise que lui. Les sourcils froncés, elle contempla sa paume, indécise.

Il n'y avait plus un son sur le terrain de Quidditch. Les étudiants étaient consternés d'effroi. Certains se chuchotaient des messes basses, disant que la jeune femme avait triché ou empoisonné l'esprit de l'élu. Harry cacha sa fureur avec maladresse.

Lorsqu'il croisa les iris de la Serpentard, il se détendit. Elle était sereine et une risette déformant son visage, elle lui tapota l'épaule avant de rejoindre son frère.

Pour la première fois de sa vie, Harry Potter se surprit à apprécier le goût de la défaite. Hermione Riddle venait de mériter son respect. La victoire sciait ses pas et sans faire le moindre commentaire, il rejoignit Ginny, qui avait les lèvres pincées en une mince ligne. Il ignora son amertume et fit face à Ron. Il l'observait de haut et Harry comprit. Même s'ils venaient à traverser les épreuves pour participer au tournoi des sorciers, ils ne se battraient pas ensemble dans l'arène. Il s'en fit la promesse. 

Chapter 7: Le carnet maudit

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CHAPITRE SEPT :

Le carnet maudit

"Harry Potter détestait les surprises. Alors lorsqu'il vit Hermione Riddle tapit dans l'ombre, prête à bondir, il se tint prêt. Bien qu'il éprouvât de l'empathie pour la jeune femme, il savait taire son esprit. Et maintenant, il se sentait plus déterminé que jamais à l'affronter."


Hermione Riddle se sentait victorieuse. Elle venait de triompher. Pas par son duel avec Potter. Non. Elle avait accompli plus que des étincelles en le défiant de sa baguette. Elle avait brisé leur duo. Et maintenant, la jeune femme savait qu'elle pouvait avancer ses pions sans se soucier des pertes futures.

Conquérante dans l'âme, elle venait d'accomplir la première étape de son plan bien ficelé avec son frère et elle n'avait rien eu à faire. Ron Weasley avait été la propre raison de sa chute. Elle n'avait pas eu à exercer une pression pour augmenter sa jalousie et sa cruauté. Il s'était montré sous son vrai jour. Et Harry Potter, l'élu au grand cœur, n'avait pas su l'accepter.

Hermione Riddle ne put s'empêcher de sourire pour la dixième fois dans la journée.

La victoire avait le goût du caramel fondant contre sa langue. Les étudiants ne les importunaient plus. Mattheo et la Serpentard pouvaient continuer sur leur trajectoire avec sérénité.

Pansy, qui s'affairait dans le dortoir, piochait vêtement sur vêtement, en maugréant comme un ogre. Elle voulait s'apprêtait pour la soirée des Serpentard. Sûrement pour fêter la réussite de l'épreuve glacée. Mattheo lui avait conseillé de s'afficher au grand jour, la tête haute et fraterniser avec les étudiants. Mais il ne s'agissait que d'un stratagème. Il n'y avait pas d'amitié durable à Poudlard.

Hermione ne pouvait se méprendre. En dehors de Pansy Parkinson, elle ne pensait pas trouver d'âme aussi charitable et ouverte d'esprit face à son nom de famille. Elle était méprisée et le resterait, même si son succès venait à croître. C'était dans la nature des Riddle d'inspirer la méfiance et la rancune, alors l'esprit en vrac, elle laissa son amie trier ses effets personnels pour lui dégoter une tenue de soirée.

C'était insolite pour Hermione de participer aux festivités, de rire avec la foule et de discuter sans crainte du lendemain. Mais elle devait se faire à l'idée qu'une nouvelle vie prenait forme dans l'enceinte de Poudlard. Bien qu'inaccoutumé, le changement ne lui faisait pas peur. Elle l'attendait même avec un enthousiasme audacieux.

Son frère ne pouvait lire les lignes du destin et découvrir ce que leur réservait les prochaines épreuves. Il n'y avait qu'un brouillard tempéré et saugrenu. Bien que pittoresque par sa grandeur, la brume était glorifiante de promesses illusoires. Cachée aux yeux de tous, Hermione s'était efforcée de relever sa tête, les yeux larmoyants, espérant une existence abondante de joie. Aujourd'hui, elle avait le choix. Et elle restait déterminée. Le tournoi des sorciers lui soufflait avec assurance qu'il s'agissait de sa réponse, de son destin. Elle devait accaparer cette mission pour s'élever du monde magique. Elle devait renaître de ses cendres.

Pansy souffla de soulagement après de longues minutes, la tirant de ses pensées.

— J'ai trouvé, gémit-elle.

Se retournant vers Hermione, la jeune femme à la chevelure noire coupée court lui tendit un ensemble argenté et noir.

Haussant un sourcil, surprise, elle ne sût quoi répondre.

— L'or est souvent attribué aux Gryffondor et le vert aux Serpentard, expliqua Pansy avec douceur. Bien que le choixpeau ait fait son choix, je trouve que tu éveilles les parois d'un iceberg, dure et implacable. L'acier. Lorsqu'on l'observe de haut, sa profondeur peut nous effrayer par sa noirceur, mais... elle sembla hésiter sur ses prochains mots. Lorsqu'on creuse, on découvre que le noir ne définit par l'état obscur, seulement qu'il a besoin de lumière.

Hermione se racla la gorge, émue.

— C'est ce que tu représentes pour moi. Un état gelé et sombre qui n'attend qu'à éclore et tout foudroyer sur son passage.

— C'est un peu glauque dit comme ça, plaisanta Hermione, néanmoins touchée par les paroles de Pansy.

La Serpentard échappa un mince sourire, embarrassée. Se grattant la joue, elle souffla à voix basse :

— J'ai toujours eu une imagination sordide, mais... c'est un compliment !

Pressant l'épaule de Pansy avec reconnaissance, Hermione s'enferma dans la salle de bain pour revêtir sa nouvelle tenue. La jupe noire, courte était faite en cuir. Une ceinture épaisse, s'apparentant à une cuirasse en acier enserrait sa taille. Le petit haut avec de longues manches s'illumina sous la lumière des néants, faisant briller la couche cendrée. L'argent miroitait de paillettes comme des centaines de joyaux s'illuminant sous un flambeau éternel.

Traçant du bout des doigts l'étouffe douce, Hermione se permit de fermer les yeux, la gorge nouée. Dans ces moments-là, elle se sentait comme un imposteur. Les étudiants de Poudlard ne noyaient dans la foule joviale et illuminée comme s'il s'agissait d'une seconde peau. Hermione n'y arrivait pas. Ce n'était pas sa force.

Faisant face à Pansy, elle contempla la Serpentard, qui portait du vert. Sa petite robe épousait chacune de ses formes avec harmonie. Ses yeux rehaussaient d'un crayon noir transperçaient l'image d'un félin.

— Tu es sublime, souffla Hermione.

Pansy se retourna en sursaut, les joues rouges, une main plaquée contre ses cheveux, fébrile.

— Merci. Toi, tu es à croquer, concéda-t-elle dans un soupir théâtral. Dommage que ton frère joue le garde. Tu vas faire tourner bien des têtes.


— Tu es prête ? demanda Mattheo, ses yeux zieutant les alentours.

Hermione ne faisait pas partie des festivités. Accompagnée de son frère, ils s'étaient éclipsés avec discrétion pour rejoindre l'aile des professeurs. Dans la tour ouest du château, les couloirs aux murs en pierres éveillaient un état de Poudlard plus sombre. Il n'y avait aucune torche pour les illuminer. Seules leurs baguettes tendues dans les airs éclairaient la voie quant à leur future destination.

Un sourire tendu aux commissures de leurs lèvres, Hermione brisa sa promesse. Ils allaient se volatiliser dans le bureau de la directrice pour y récolter des informations. Elle savait que la prochaine épreuve devait rester un mystère, mais l'esprit fougueux d'anticipation, elle n'avait pas su résister à l'appel illégal d'une telle opportunité.

McGonagall avait une rencontre importante avec le ministère de la magie, dans un petit comité reclus. Les étudiants n'avaient cessé d'en discuter avec entrain. Certains pensaient qu'il s'agissait du doute quant à la première sélection et du tirage au sort à venir. Bien que certains duels furent renversant, Hermione était certaine que l'évaluation ne se basait pas sur la victoire d'un opposant, mais sur sa démarche pour y parvenir. Harry Potter participerait à la prochaine étape, elle en était certaine.

— Hey ! fit Mattheo d'une voix bourrue. J'ai besoin que tu sois concentrée pour ce qu'on s'apprête à faire.

— Oui, oui, désolée, s'empressa-t-elle de répondre, le visage sérieux.

Ils n'avaient pas droit à l'erreur. Le polyjuice n'était pas une option ce soir, donc ils devaient avancer à pas feutrer, silencieux comme une tombe. Les doigts tressautant par intermittent pour se donner signal, Hermione se cala contre la grande statue en forme de griffon, les yeux agités.

— Tu as dit qu'il fallait prononcer le mot de passe pour entrer, c'est bien ça ? demanda-t-elle d'une petite voix, toujours vigilance quant aux possibles allées et venues des professeurs.

Il confirma ses paroles d'un mouvement de la tête. Lorsqu'il prononça la maison Gryffondor dans un feulement à peine perceptible, la tête de la créature s'agita prenant vie. S'abaissant dans un salut respectueux, le mélange de lion-aigle leur céda le passage, étalant avec grâce son corps ailé. Le remerciant du bout des lèvres, Hermione se mit à escalader pour accéder à l'étage supérieur.

La Serpentard s'attendit à ce qu'une barrière magique les repousses ou qu'une alarme se déclenche à leur arrivée. Mais rien. Le bureau de la directrice de Poudlard plongée dans la pénombre ne ressemblait pas aux descriptions des élèves. Il n'y avait ni parure en or, ni plantes grimpantes ou lumières aiguisant de jovialité. La pièce était lugubre, des crânes bordaient chaque étagère et des concoctions aux couleurs inquiétantes embaumant l'atmosphère. Le paradoxe total.

Les sourcils froncés, Hermione traça du bout des doigts le bureau au centre de la pièce. Une couche de poussière se colla contre sa chaire. Ahurie, elle se retourna pour dévisager son frère.

— Je ne sais pas ce que trafic la directrice, mais c'est louche, énonça Mattheo, le regard sombre.

— On dirait que ça fait des mois qu'elle a posé un pied dans cette pièce. Pourtant, tu as dit que tu as trouvé des papiers qui expliquaient la première épreuve ici, non ?

Hermione se mit à réfléchir alors que son frère confirmait une nouvelle fois l'information. Mattheo observait chaque livre, le corps en éveil, prêt à sortir sa baguette au moindre bruit suspect.

Le crâne en feu sous ses tergiversations, Hermione se mit à arpenter la pièce, jusqu'à rejoindre une échelle. Une petite alcôve se situait en hauteur. La bouche entrouverte, elle suivit le passage, jusqu'à faire face à un grand vitrail. Une sirène se tortillait, les écailles de sa queue se frottant contre la vitre, les yeux perçants. Elle déglutit sous ses iris dorées. La créature l'incendiait du regard.

— Tu ne devrais pas te trouver ici, siffla la voix féérique de la sirène.

Hermione acquisa, le corps battant contre sa poitrine.

— On essaie de découvrir les prochaines épreuves, expliqua la jeune femme, la gorge serrée.

Le plan était en train de cafarder. Si la sirène décidait de passer le mot à la directrice, ils étaient foutus. Se rongeant la lèvre inférieure sous le stress, Hermione observa l'être féérique. La tête penchée pour mieux distinguer les traits de son visage, la sirène se contorsionna comme si elle souhaitait s'approcher.

— Poudlard a des yeux partout, mais les secrets restent bien gardés, souffla la créature.

Hermione comprit à l'intonation de la sirène, qu'elle ne dirait mot quant à leur passage dans le bureau de McGonagall. Dans un geste gracieux, elle tendit ses ongles vers un mur en pierre, ses yeux dépeçant son corps comme si elle souhaitait en faire son prochain repas.

— Tu trouveras ce que tu cherches dans les profondeurs de ton âme ici.

Hermione suivit la trajectoire de la créature, le souffle court. En touchant la façade des doigts, elle sursauta. La fortification se mouvait, comme un serpent dans l'eau. Avec stupeur, elle réalisa qu'une chambre forte cachée de se manifester par magie.

Hésitante, Hermione échangea un regard avec la sirène.

— Tu ne devrais pas être ici, répéta-t-elle une seconde fois avec douleur. Ils te veulent à leur merci et tu as répondu à l'appel du groupe. C'était une erreur.

Avec colère, la créature apâlit sa main palmée contre la vitre, les yeux fous. Hermione sursauta sous le choc strident. S'il s'agissait d'une apparition, pourquoi l'être féérique semblait coincée dans une cage. Penchant sa tête, elle s'éloigna de sa découverte pour observer le circuit magique dans le vitrail. La sirène s'écarta en sifflant.

— Trouve le carnet ! s'écria avec colère la créature pour l'empêcher de s'approcher.

Les mouvements frénétiques de sa figure aux écailles vertes tentaient de lui rappeler la raison de sa venue ici. Mattheo, le souffle court monta l'échelle, faisant signe à Hermione de se taire.

— Tu es certain de l'avoir vu se faufiler ici ? grogna une voix amère.

Ron Weasley, réalisa Hermione avec horreur. Il l'avait suivi cet imbécile. Ses ongles s'enfonçant dans la chair de ses mains, elle réfléchit à toute allure. S'il venait à se rapprocher de trop prêt de la balustrade, il les repèrerait. Merlin, pensa-t-elle.

La sirène ne faisait plus le moindre bruit, elle avait disparu.

— Est-ce que tu penses que je suis incompétent, Weasley ? répondit la voix rauque de Malfoy.

Les membres figés, Hermione retint sa respiration. Le traître venait de faire alliance avec le sorcier jaloux. Dans quelle situation se trouvait-il, bordel !

Mattheo se décala pour la plaquer contre le vitrail, les sourcils froncés. Il était en colère. Hermione aussi. Elle bouillait de l'intérieur, tellement elle était outrée. Elle ne lui adresserait plus la parole. C'était un homme insipide, et prêt à tout pour la victoire. Draco Malfoy ne serait pas sa perte, elle s'en fit la promesse.

— Il n'y a personne, grogna Ron en fourrageant dans la pièce, les bras ballants.

— Qu'est-ce que tu espères lui faire ? questionna d'une intonation sombre le Serpentard.

Il s'était rapproché du Gryffondor et le surplombait de toute sa hauteur, le visage fermé. Il avait l'air irrité.

— Lui donner une leçon, évidemment, ricana Weasley avec cruauté.

Ron Weasley a été appelé par bien des noms au fil des années : un fils ingrat, un sorcier puéril, un ami inutile et un amoureux égoïste, mais jamais cruel. Et alors qu'il avait vaincu son opposant, il sentait les regards effleurer sa stature. Les étudiants l'observaient depuis sous un nouveau jour. Il se sentait victorieux, puissant et impitoyable. Et s'il y avait bien une personne qu'il devait remercier pour sa réussite, c'est Hermione Riddle. Et il comptait se montrer expressif et sanguinaire dans son approche.

C'était ce qu'elle méritait. Mais alors que Malfoy le dévisageait avec colère, il se sentit perdre pied. Il commençait à être craint des étudiants. Mais pas de tous. Le Serpentard n'était pas un mouton stupide. Mais bientôt, il le serait.

Malfoy empoigna le collet du rouquin, le sortant de ses pensées, ses yeux vicieux le transperçant de part en part. Hermione se surprit à déglutir à distance. La posture de Draco était tout sauf accueillante. Il était prêt à bondir à la gorge du Gryffondor. Mais elle ne comprenait pas pourquoi il semblait si furieux des paroles de Ron. C'était criant la rancœur que Ron éprouvait pour elle. Et il ne s'arrêterait à rien pour la détruire.

— Tu devrais surveiller tes paroles, Weasley, gronda sombrement Malfoy.

— Tu couches avec l'ennemie ? rugit Ron.

— S'il y a une personne qui doit s'occuper de la Riddle, c'est moi et personne d'autre. Alors retourne dans ton dortoir comme un petit chien et laisse les grands faire le travail.

Le Gryffondor se transforma en tomate tant il était écrevisse. Les poings serrés, il fusilla le Serpentard, qui se contentait de l'observer de haut, ses jointures toujours contre la chemise de son ennemi. Ils n'avaient pas fraternisé. Et Ron venait de le comprendre. Pestant dans sa barbe, il se recula et quitta la pièce dans des gestes furibonds.

Hermione et Mattheo restèrent silencieux, les yeux perçant dans l'obscurité du bureau de McGonagall, leurs respirations inaudibles.

— Vous pouvez sortir de votre cachette, susurra Malfoy avec moquerie. Je sais que vous êtes là.

Il retourna des documents sur le bureau de la directrice, les traits impassibles, comme s'il était chez lui.

— L'arôme de ta sœur me tuent les narines, c'est assez difficile de l'ignorer.

Mattheo se redressa, puis descendit de l'échelle pour se poster devant le Serpentard. Ils se guettaient, l'esprit vorace.

— Qu'est-ce que tu cherchais à faire avec Weasley ? questionna son frère, tempérant son humeur maussade.

— Il était à la recherche d'un allié puisque s'en est fini du duo légendaire avec Potter. Je l'ai fait mariner et maintenant, je suis ici pour les mêmes raisons que vous deux : découvrir la prochaine épreuve.

— Et pourquoi on te ferait confiance ? répliqua avec âpreté Hermione, toujours postée en hauteur.

Malfoy lui offrit un sourire aguicheur. Prenant le temps de sortir sa baguette de sa poche, il la redressa pour illuminer la salle. Mattheo se crispa en le voyant faire. Mais le Serpentard se contentait de dévisageait Hermione, les yeux plissés de curiosité.

— Oh petit serpent, ce serait très stupide de me faire confiance.

Hermione se détourna, le visage fermé. Elle devait se rappeler que Malfoy n'hésiterait pas à lui planter un couteau dans le dos à la première erreur. Avec détermination, elle pénétra la chambre secrète pour y découvrir des parchemins par centaines. L'odeur de moisi semblait enchantée. Il n'y avait aucune poussière et des traces de pas et de boue marbraient le sol. Hermione sourit, fière de sa découverte. McGonagall n'utilisait pas son bureau, mais cette pièce.

Furetant avec célérité, elle espéra trouver des informations capitales avant que Mattheo et Malfoy ne viennent la rejoindre. Lorsqu'elle fit face à une étagère d'un noir pourpre, elle renifla.

C'était étrange, pensa-t-elle.

Les parchemins dégageaient un effluve pourri, tandis que les livres semblaient intactes. Passant sa baguette contre les colonnes, pour y découvrir des instructions quant aux futures épreuves, elle découvrit avec stupeur un carnet argenté. Il semblait flotter à quelques centimètres de la bibliothèque. La magie qui s'en dégageait était si forte qu'elle plissa les yeux.

Avec rapidité, elle s'en empara pour le mettre dans son sac en bandoulière. Le manuscrit semblait peser une tonne. Surprise, elle se détourna en entendant des pas. Mattheo venait de la rejoindre, l'esprit ailleurs.

— J'ai trouvé la prochaine épreuve, souffla-t-il avec distance.

Il semblait mécontent. Une feuille froissée entre les doigts, il n'osait croiser ses iris.

— Qu'est-ce que tu as découvert ? demanda-t-elle d'une petite voix.

Elle n'était pas dupe, si son frère arborait une mine aussi sombre, c'était parce que la nouvelle n'allait pas lui plaire.

Malfoy entra à la suite de ses paroles, un sourcil discret bariolant ses traits fourbes.

— Qu'est-ce que tu redoutes le plus, Riddle ? l'attaqua-t-il.

— Quoi ?

Elle était perdue face à sa question. Elle n'allait certainement pas lui reléguer ses faiblesses les plus profondes. Son secret serait bien gardé.

— C'est l'épreuve, Mione, chuchota Mattheo en croisant enfin son regard.

Il était livide. Ce n'était pas normal.

— On doit combattre notre plus grande peur, ricana Malfoy dans sa barbe, soudain amer. « Je ne sais pas ce qu'ils cherchent à faire, mais ils comptent exposer nos faiblesses à la vue de tous les étudiants.

Hermione sentit ses jambes la lâcher. Ce n'était pas possible. La bile au fond de la gorge, elle s'appuya contre la table renfoncée en bois massif pour se maintenir. Elle perdait contenance. L'épreuve était plus éprouvante qu'un duel. Bien que Hermione ait l'habitude d'affronter ce qui la terrifiait, un public serait un mauvais présage. Elle ne voulait pas qu'on l'observe dégringoler et s'effriter de douleur. Son estomac se tordit d'appréhension.

— L'épreuve se nomme La chute de l'Esprit, scanda Malfoy, les yeux brillants. 

Chapter 8: Alliance improbable

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CHAPITRE HUIT :

Alliance improbable

"Draco Malfoy détestait perdre le contrôle et être gouverné par son besoin de domination constant. Pour la Riddle. Son petit serpent était vicieux, s'échappant dans la noirceur après un rendez-vous secret avec le garçon-qui-aurait-dû-s'étouffer-dans-son-sommeil. Il trembla de rage sous son observation. Son corps transpirait la jalousie, un sentiment bien étranger pour le Serpentard."


— Tu es exquise ce soir, souffla la voix rauque de Draco Malfoy dans son oreille.

Hermione se crispa, les poings serrés. Elle ne rentrerait pas dans son jeu malsain. Elle résisterait à son odeur entêtante et à sa chevelure platine étincelante. Elle voulait passer le bout de ses doigts dans sa tignasse. Pour mieux la lui arracher, bien sûr, pensa-t-elle.

Le Serpentard avait un visage à damné un saint, mais l'âme d'un diable sanguinaire. Ses yeux la considéraient de haut et Hermione voulut le repousser avec ardeur, mais elle se contint. Ne devait-elle pas restée impassible face à son approche ? Il ne méritait pas son attention.

La mâchoire contractée, elle observa les invités dans le dortoir des Serpentard. La fête battait son plein. Depuis qu'ils avaient découvert la nouvelle quant à la prochaine épreuve, Mattheo et Hermione s'étaient repliés dans le bassin des étudiants pour passer inaperçu. Mais il avait fallu qu'elle se détache qu'un instant de son frère pour que Malfoy l'approche.

Il était rusé.

— Normalement, lorsqu'on reçoit un compliment, on a la décence d'être reconnaissant, grogna le Serpentard, toujours dans son dos.

Hermione l'ignora, ce qui le fit rire.

— Bien que tu sois sexy ce soir, je te préfère en tenue de combat, prête à m'éviscérer de tes griffes.

Elle le confronta du regard dans un geste acéré, apposant sa main contre sa cravate, la tirant avec force. Malfoy se contenta d'échapper un grognement, ravi de son geste. Elle le fusilla de ses pupilles, la colère irradiant des pores de sa peau.

— Tu devrais prendre garde, Malfoy, cracha-t-elle. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'entrainement que je ne peux pas te botter les fesses.

L'imbécile se passa les doigts contre ses lèvres, faisant ressortir sa bague cruciforme à l'insigne de son nom de famille. Il se lécha le pouce, le corps en feu.

— Riddle, susurra-t-il avec taquinerie. Je pensais que tu avais appris à me connaître avec le temps. Les menaces, ça m'excite.

Hermione le repoussa contre le mur, soudain furieuse. Il devait cesser de rentrer dans sa tête et d'essayer de lui renverser le cerveau avec ses paroles obscènes. S'il pensait qu'elle se plierait sous ses demandes, il pouvait se foutre le doigt dans l'œil.

— Tu es tordu, Malfoy, cingla-t-elle avec force.

La musique tapante n'arrivait pas à couvrir leurs paroles. Ils continuaient de se fusiller des yeux, leurs corps alléchés par la tension environnante.

— Et toi mesquine et hypocrite, répliqua Malfoy en ricanant tout bas.

Sa prise contre sa cravate se fit plus forte, lui enserrant la nuque avec violence.

— Hypocrite ? gronda-t-elle sous la colère.

Elle ne fit aucun commentaire sur le fait qu'elle était mesquine. Il fallait l'être pour ne pas suivre les règles et se faufiler de manière illégale dans le bureau de la directrice de Poudlard. Et elle n'était pas vexée. Elle était prête à tout pour parvenir à ses fins. Et Malfoy aussi, ce qui faisait de lui un trou de cul à part entière. Il était culotté de l'insulter, alors qu'elle pourrait le terrasser d'un mouvement de sa baguette. Bien plaquée dans sa main gauche, elle se força à ne pas la plonger dans le torse du Serpentard. Avec difficulté. Elle aimerait presque le voir saigner.

— Hypocrite pour jouer la fille qui éprouve une telle rancœur pour moi, alors qu'en fait, Malfoy se pencha vers elle, effleurant ses lèvres dans une douce torture. Tu n'as qu'une envie qui brille dans le fond de tes yeux : que je t'embrase de mon feu.

Elle se dégagea comme si elle s'était fait brûler, les joues rouges. Elle était furibonde. Pas embarrassée. Et elle ferait payer Malfoy pour tenir de tels propos mensongers.

— Tu as un incendie à l'intérieur, continua-t-il de roucouler, ses iris perçantes la dévisageant. « Et tu n'attends qu'à prendre ton envol pour cracher ta fureur, tout comme moi.

Il frôla son oreille en se penchant, la faisant frissonner au passage.

— Il faut moins de point en commun que ça pour passer dans ma chambre, Riddle. Tu devrais te sentir chanceuse.

Hermione releva sa baguette pour la pointer contre sa gorge, la respiration haletante. Elle voyait rouge. Jamais elle ne serait sienne, jamais il ne posséderait son corps.

— Tu fais erreur, Malfoy, mais ce n'est pas surprenant compte tenu de ton cerveau ratatiné par ton arrogance exécrable. Elle appuya avec plus de force contre sa carotide, le faisant frémir au passage. Elle sourit avec mesquinerie. Jamais je ne tomberais dans tes filets et encore moins dans tes draps sales.

Il échappa un rire, bien que la baguette de Hermione lui transperçât maintenant sa pomme d'Adam. Elle trouva le tout presque courageux.

— Je vis par la grandeur, Riddle. Et je ne compte pas seulement profiter de la chaleur de ton corps.

Les doigts repliés contre l'arme de Hermione, il la repoussa avec une lenteur sourde de menace.

— Ce serait trop facile. J'aime un défi. Et je compte bien te posséder. Entièrement.

Hermione hoqueta, sidérée, ce qui amusa le Serpentard, qui s'esclaffa. Il pouvait rêver. Loin d'elle.

Se détournant avec froideur, le cœur tambourinant dans sa poitrine, elle rejoignit Mattheo, accompagné de Théodore Nott. Accoudés au bar, les deux étudiants s'échangeaient des paroles à voix basses.

— Tu dis que la prochaine épreuve nous exposera à nos plus grandes peurs, mais comment ? demanda Nott, zieutant les alentours.

Lorsqu'il l'aperçut, il se figea quelques secondes, avant de lui adresser un clin d'œil malicieux de conspiration.

— Tu viens te joindre à nous, la battante hors pair ? questionna-t-il avec humour.

Hermione soupira avec lassitude sous ses paroles. Depuis qu'elle avait remporté son duel contre Harry Potter, Théodore ne cessait de lui attribuer des surnoms plus farfelus les uns que les autres.

— Si ça peut me permettre de ne plus croiser la langue de vipère de Malfoy, alors avec plaisir !

— Bien ! chantonna Nott en jouant des sourcils. Il passa son bras autour des épaules de la jeune femme pour la rapprocher avec taquinerie. Voyons à quel point ma présence à tes côtés le fou en rogne.

Hermione voulut se dégager, mais il resserra sa prise, les yeux brillants. Il voulait tester son ami pour découvrir le temps qu'il prendrait pour venir sous leur échange. C'était stupide, Malfoy ne prendrait pas le temps de venir la voir et –.

— Théo, salua Draco sombrement.

Nott éclata de rire en se dégageant alors que Hermione était consternée d'effroi. Ne pouvait-il pas la lâcher deux secondes et se réfugier dans les jupes d'une autre fille ? Elle ne voulait pas de sa présence. Elle pensait avoir été clair. Ruminant à voix basse, Hermione surprit le regard de Pansy. Jouant des coudes pour la rejoindre, la brune l'enlaça avec force.

— Hermione, rigola-t-elle avec un peu trop d'entrain. Tu as disparu si longtemps, tu m'as manquée !

Elle avait bu. Beaucoup. Les joues rouges et les cheveux ébouriffé, Pansy transperçait l'image d'une personne qui venait de se faire plaquer contre un mur, des lèvres contre les siennes. Les sourcils relevés, Hermione ne sut quoi dire.

— Est-ce que tu as trouvé Néville dans la mêlée pour l'embrasser ?

Pansy gloussa, les yeux brillants.

— Tu es trop perspicace pour que ce soit sain, répliqua-t-elle avec euphorie.

Mattheo qui la zieutait, éclata de rire, accompagné de Nott. Les deux garçons semblaient bien s'entendre, toujours ensemble.

— En revanche, chuchota Parkinson en se rapprochant de la jeune femme. Tu as de la merde dans les yeux quand il s'agit de voir qui porte de l'intérêt pour toi.

Malfoy venait d'entendre ses paroles et se détourna en jurant dans sa barbe. Hermione rougit. Elle ne voulait l'avouer : elle était scandalisée. Mais plutôt mourir que de réfléchir à la raison de sa gêne. Draco était un sorcier épouvantable, toujours à la recherche d'un défi pernicieux. Elle ne ferait pas partie de son tableau de chasse. Impossible qu'elle accepte sa défaite face à ses yeux brillants de promesses sombres. Il se mordrait les doigts avant de pouvoir poser ses lèvres sur elle.


Le cours l'arithmancie de dernière année était particulièrement compliqué. Cette pratique de divination consistait à établir des prédictions basées sur des nombres et des calculs compliqués. Il s'agissait d'un art employé pour briser les maléfices. Hermione adorait cette matière, surtout depuis qu'elle était parrainée avec Pansy Parkinson.

Leurs visages collés aux manuscrits qui établissaient les différentes apparitions possibles et sortilèges maléfiques, Hermione buvait chaque inscription avec une dévotion maladive. Elle n'avait pas encore plongé dans le livret argenté qu'elle avait découvert dans le bureau de la directrice de Poudlard. Chaque fois qu'elle sortait l'ouvrage de sous son oreiller, son estomac se nouait d'anticipation et elle finissait par le refermer, les yeux brillants. C'était incompréhensible, mais elle craignait les informations qui transperceraient les pages.

Ergyr, le basilic, avait pris le soin de lui susurrer d'une voix sifflante qu'il s'agissait de son destin, de son chemin tracé à l'encre rouge. Depuis, elle était incapable de se plonger dans le calpin maléfique. C'était risible, de craindre des bouts de papiers. Hermione en avait conscience.

Se mordant les ongles, son esprit divaguant inconsciemment, Pansy la secoua, les joues rouges. Elle venait de faire parvenir un mot à Néville pour qu'il la rejoigne dans les toilettes abandonnées du troisième étage. Hermione n'était pas la seule à conspirer. Souriant avec hilarité, elle pinça la cuisse de Pansy en retour, lui tirant un clapissement. Elle la fusilla du regard et Hermione ne put s'empêcher de jouer des sourcils.

Néville semblait être très entreprenant, parce qu'il répondit à sa demande très rapidement, lui ordonnant même de porter des sous-vêtements sombres. Non mais ! Hermione hallucinait. Pansy semblait sur un petit nuage.

Jamais la Riddle accepterait de recevoir de tels ordres. Ce n'était pas dans sa nature. Plus maintenant.

Sous ses tergiversations, elle croisa les prunelles de Malfoy, de l'autre côté de la salle du cours d'arithmancie. Il continuait de l'analysait à tout va. Elle sentait son regard passait de son visage à ses jambes, lui laissant une trainée de feu dans le ventre. Elle ne pouvait s'avouer que ses observations plus qu'obscènes lui réchauffait le sang. Peut-être était-ce son passé, mais l'esprit tordu, elle n'attendait qu'une chose : pointer une seconde fois sa baguette contre la gorge du Serpentard pour le faire taire. C'était devenu une obsession. Irrationnel, mais terriblement satisfaisante.

Peut-être finirait-il par abandonner sa partie du chat et de la souris.

— Il va falloir que tu m'aides à me préparer ce soir, chuchota Pansy d'une voix empreinte d'excitation.

Hermione hocha la tête sous son entrain, même si elle ne pensait pas être d'une très grande aide.

Lorsqu'elle reçu un petit papier à travers un sortilège, Hermione haussa un sourcil, surprise. Elle reconnut l'écriture de son frère. Mattheo avait concocté un plan à la suite de la soirée. La seconde épreuve, la chute de l'Esprit, se rapprochait à grand pas. Et ils devaient avancer leurs pions pour gagner du terrain. S'ils venaient à se qualifier pour le tournoi des sorciers, ils devraient se trouver des alliés. Ils avaient un plan.

Les doigts fébriles, elle détailla le message, la gorge nouée d'anticipation.

— Suis les indications et rejoins la salle vers 19h. Il sera là. Je lui ai fait parvenir un message ce midi.

Hermione sourit, replia la petite lettre dans sa poche, alors que Pansy lui jetait un regard curieux.

— Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-elle.

— Un mot de Mattheo, se contenta de répondre évasive.

Les Riddle avaient communiqué la prochaine épreuve à Nott et Pansy, ce qui les avaient rendus blême et livide. Ils détestaient tout autant qu'eux la possibilité d'exposer leurs plus grandes faiblesses. Mais Hermione avait convenu qu'il serait mieux de garder leur plan secret. Bien que les Serpentard soient de bons alliés, elle ne pouvait se permettre de laisser aller sa méfiance. Elle devait rester sur le qui-vive, être vigilante. Mattheo avait approuvé, les yeux sombres.

Elle lui renvoya un message avec pour seul contenu quatre mots finement entrelacés d'encre :

— Que la partie commence.


Harry Potter patientait dans la salle sur demande, le cerveau en feu. Il avait reçu un peu plus tôt dans la journée un message de sa copine Ginny. Elle lui sommait de le rejoindre dans la pièce secrète. Il était curieux. Leur dernier échange remontait à sa défaite contre Hermione.

La jeune femme semblait furieuse face à son comportement plus que respectueux lors du combat. Il arrivait à comprendre sa rancœur. Son frère aîné, Fred, avait succombé aux blessures lors de la bataille contre Voldemort. Elle devait sûrement en tenir vigueur à la Riddle. Mais Harry comprenait maintenant que Hermione n'était en rien fautive. Elle était une victime collatérale. Comme bon nombre d'entre eux.

Ses iris lapis-lazuli inspectèrent la salle sur demande. Elle pouvait changer de forme selon les besoins et aujourd'hui, elle était vide. De grandes colonnes en pierre formaient un chemin. L'espace était si grand qu'il fronça les sourcils. Il s'agissait du parfait endroit pour avoir un duel. Il trouva le tout étrange. Lorsqu'il entendit la porte de la pièce secrète se refermer, il réalisa qu'il était plongé dans la noirceur. Il comprit.

Harry Potter détestait les surprises. Alors lorsqu'il vit Hermione Riddle tapit dans l'ombre, prête à bondir, il se tint prêt. Bien qu'il éprouvât de l'empathie pour la jeune femme, il savait taire son esprit. Et maintenant, il se sentait plus déterminé que jamais à l'affronter.

Elle l'avait truqué, l'invitant à le rejoindre dans la salle sur demande, se faisant passer pour sa petite copine. Il aurait dû comprendre plus tôt. Il pesta entre ses dents, le regard ombrageux. Relevant sa baguette dans les airs, faisant briller un éclat rouge avec la pointe, il incendia Hermione de ses yeux bleus.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? l'apostropha-t-il avec rancœur.

Il n'était pas de bonne humeur. Il pensait rencontrer Ginny, mais se retrouvait au contraire avec la Riddle. Rien de plus anormal. Elle lui avait tendu un piège. Il ne comprenait pas le subterfuge. Pourquoi l'attirer ici, dans un recoin secret lorsqu'elle aurait pu le mettre en pièce dans leur duel ? Comptait-elle le réduire en cendre dans le silence de la nuit, là où personne ne pourrait la soupçonner ?

Sa main contre sa baguette se raffermit. Il perdait patience.

— Réponds ! s'écria-t-il avec fougue.

Hermione releva ses petites mains dans les airs, une mine innocente égalant ses traits. Harry ne tomberait pas dans son jeu et ses filets malsain. Elle était peut-être attirante et puissante, mais l'éclat de vengeance et vindicatif qui irradiaient de ses pores ne lui rappelait que Tom Riddle. Une victime de la violence pouvait se transformer en bête lorsqu'elle sortait de sa cage.

— Je ne suis pas venue en tant qu'ennemie, souffla-t-elle, rangeant sa baguette dans sa poche.

Harry ne commit pas l'erreur d'abaisser la sienne. Toujours tendue vers le corps gracieux de la jeune femme, il se mit à zieuter les lieux. Il se demanda si son frère se retrouvait ici, caché derrière une poutre en pierre, prêt à s'abattre sur lui dans des gestes sanguinaires.

— Il n'est pas ici, expliqua-t-elle sous son observation.

Il inspira par les narines en retour, le corps tendu. Il ne pouvait lui faire confiance. Pas même lorsqu'elle s'était montrée aussi partial dans leur duel, pas même lorsqu'il connaissait un éclat de son passé sombre. Il ne pouvait se le permettre. C'était insensé et intolérable de s'adoucir.

— Quelles sont tes intentions ? cracha-t-il après de longues minutes à la contempler.

Elle furetait dans la grande pièce, passant ses doigts contre les piliers avec une lenteur qui lui glaça le sang. Il n'y avait pas à dire : elle incarnait un torrent de flammes prêt à s'abattre sur le monde des sorciers. Sa magie semblait vouloir s'échapper de ses doigts. Il vit des étincelles violettes s'échapper de sa peau. Elle rouspéta en silence, agacée.

— Est-ce que ma venue te déplaît à ce point ?

Il s'avança, le bras toujours tendu dans un geste de protection et tangible de sa méfiance. Il rôda autour d'elle, observant son accoutrement jusqu'à sa tignasse caramel relâché dans une cascade de boucles. Elle était phénoménale. Il s'en voulut de le penser.

— Je ne suis pas très patient ce soir, grogna Harry sombrement, se rapprochant de la stature de la Serpentard. Tu m'as enlevé la possibilité d'un rendez-vous galant avec ma copine et j'aimerai en connaître les raisons.

Il se posta devant elle, la pointe de sa baguette contre la poitrine de Hermione. Elle se contenta de lui sourire, les yeux brillants. Il jura tout bas face à son hilarité.

— Désolée, souffla Hermione avec gaieté. Ginny doit vraiment te manquer depuis le duel. J'ai remarqué que vous ne discutiez plus.

Il se figea, soudain en alerte. Comment pouvait-elle le savoir ? Hermione était vraiment discrète dans son approche, nuisible par ses yeux de vipères. Elle semblait connaître toutes ses failles. Il se mit à suer à grosse gouttes, agacé.

— Ma relation se porte très bien, merci de ton inquiétude, cracha-t-il avec apprêté.

La Riddle gloussa, puis se détourna, ses traits charmants fermés dans un air sérieux. Elle venait d'éviter sa menace. Il abaissa sa baguette, surprit par son impassibilité. Ne craignait-elle rien ? Ni la douleur et la mort ?

Se passant la langue contre ses lèvres, il suivit chacun de ses mouvements avec une distance calculée. Pour la première fois depuis son arrivée, Hermione portait du rouge. Son pantalon noir en toile à l'effigie de la maison Serpentard semblait le narguer. Son haut en revanche, recouvrait chaque partie de son corps, passant de son cou à ses longs bras fins et musclés. Rouge sang, il attirait l'œil. Il déglutit.

— Je ne suis effectivement pas venue pour parler du beau temps et de tes heures à forniquer avec Weasley en secret ici.

Harry sentit ses oreilles rougir sous ses paroles claquantes de vérité. Bien que l'utilisation de la salle sur demande soit pour converser en sécurité avec ses amis, l'Élu en profitait aussi pour assouvir ses propres plaisirs avec Ginny. Hermione en connaissait trop sur son emploi du temps. Ça le fit rager intérieurement.

— A t'entendre, on dirait que tu es bien trop captivée par mes occupations, Riddle, reprocha-t-il. Il se rapprocha de son visage, les traits tirés. Comme tu le constates, j'ai une partenaire, je ne suis pas intéressé. Bien que ton approche soit... inhabituelle.

Hermione lui tourna autour, riant doucement. Lorsqu'elle amorça un mouvement pour sortir sa baguette de sa poche, il la plaqua contre la colonne avec force, le corps languit de fureur.

— Et moi qui pensait que tu n'étais pas venu en ennemi, te voilà prête à sortir ta baguette. Tu es vicieuse, Riddle.

Son visage était si proche qu'il pouvait sentir son souffle contre ses lèvres. Figée sous leur rapprochement, Hermione ne prononça pas la moindre parole pendant de longues secondes.

— Je ne comptais pas t'attaquer, mais si tu me fais aussi peu confiance, à toi le plaisir de me fouiller.

Il ne se gêna pas le moins du monde, passant ses paumes contre son ventre jusqu'à ses hanches et les poches de son pantalon. Lorsqu'il agrippa sa baguette, il la jeta contre le sol, le regard noir. Se détachant d'elle, il garda en main un parchemin froissé.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.

Il ne voulait pas le lire. Peut-être que le papier était ensorcelé.

— Comme tu as pu le remarquer dans notre duel, j'aurai pu en finir avec toi assez facilement. Je ne vois pas la nécessité de t'éliminer quand on pourrait être alliés.

— Alliés ? s'écria-t-il dans un rire grotesque.

Il n'arrivait pas à y croire. Le visage sérieux, Hermione semblait dans l'attente d'une réponse. Il ne lui en donnerait pas. Il serait stupide de s'associer avec elle. La Riddle avait des propres desseins en tête. Bien qu'il fît parti de son plan – dont il ne comprenait pas la conjoncture, il ne se laisserait par berner par ses intentions malicieuses.

— Et pourquoi est-ce que je voudrais m'affilier avec toi ?

Elle haussa les épaules, ne tentant pas de se justifier. Elle ne le noierait pas de mensonges et de flatteries comme le faisait constamment le ministère de la magie. Elle était plus maligne que ça.

— Ma première part du marché se trouve entre ses lignes, expliqua Hermione avec lenteur. Il s'agit de la deuxième épreuve et je me disais que tu serais curieux d'en découvrir plus.

Riddle se pencha pour ramasser sa baguette, le visage sérieux.

— Je ne te demande rien en retour. Juste de réfléchir à ma proposition. Si tu veux qu'on se serre les coudes pour le tournoi des sorciers, fais-moi signe. Si ce n'est pas une option, on reviendra à notre état normal.

— Notre état normal ? questionna Harry, la respiration en suspens.

Elle lui offrit un sourire, les yeux railleurs.

— On se concentre chacun sur nos objectifs pour le tournoi et on fait comme si l'autre n'existait pas.

— Ça me semble être une bonne option, ricana Harry malgré lui.

Il avait l'estomac tordu d'anticipation. Il ne voulait pas se l'avouer, mais il était très curieux de découvrir la deuxième épreuve. Ça le tracassait. Et il n'avait aucune obligation ou de compte à rendre à la jeune femme. Il était libre d'accomplir ce qu'il voulait. Mais l'aspect enchanteur de sa proposition lui restait en tête.

— Je te laisse réfléchir, Potter. Bonne soirée.

Sans un bruit, elle quitta la salle sur demande, le laissant pantois et le cerveau court-circuité de son odeur. 

Chapter 9: La prophétie

Chapter Text

CHAPITRE NEUF :

La prophétie

"Harry Potter avait la trouille. L'épreuve de la chute de l'Esprit commençait et il ne s'était jamais senti aussi démuni de toute sa vie. Les spectres de son passé refaisaient surface comme un cauchemar trouble et il n'y avait personne pour le sortir de sa transe. Il n'y avait que ses démons et sa rancœur intérieure. Bien qu'il soit l'Élu, il n'avait qu'un seul désir : détruire la seringue qui le plongerait dans ses effroyables souvenirs d'antan."


Hermione Riddle s'était enfermée dans les toilettes abandonnées du troisième étage. Elle avait entendu dire que personne ne venait les fréquenter. La mort suintait les lieux depuis le passage de son père. Et le corps fantomatique de Mimi Geignarde hérissait les poils des étudiants. Pourtant, il n'y avait pas meilleure pièce pour accepter le silence et ses pensées avec austérité. Alors, penchée contre le livre magique à la reliure argenté, Hermione s'accroupit par terre, le cœur au bord des lèvres. Mattheo l'avait prévenu que le contenu de l'ouvrage pourrait la déplaire. Hermione se doutait que le contenu de l'ouvrage pourrait la déplaire. Il n'y avait pas d'autres raisons pour que le bouquin se retrouve encloisonné dans le bureau de la directrice. Elle devait faire vite, McGonagall finirait par découvrir sa disparition.

Mais alors que son souffle s'alourdit, elle n'arriva pas à ouvrir les premières pages. Elle soupira avec lenteur, calant sa tête contre le mur de la grande salle, les membres patraques. Mimi Geignard, qui était connue pour amorcer une discussion avec des cris stridents, était silencieuse. Cachée dans une cabine, elle faisait tout pour s'éloigner de la présence de la Riddle. C'était compréhensible. Elle dégageait la même force que la créature qui l'avait trépassé : un basilic, relâché par son père.

Les toilettes étaient plongées dans une semi-obscurité, seulement brisée par les faibles rayons de lumière filtrant à travers les carreaux sales et brisées des fenêtres étroites. Quelques bougies étaient suspendues dans l'air et ajoutaient un éclat lugubre à la pièce. Les miroirs étaient tellement fissurés et recouverts d'une couche de poussière si épaisse qu'ils ne reflétaient plus rien d'autre que des ombres floues.

Se mordant les ongles, elle observa pour la centième fois la reliure ancienne de l'ouvrage. L'éclat argenté lui vrillait la rétine dans l'éclat sombre de la nuit. Il n'y avait que des bougies apposées contre les fenêtres pour l'illuminer. Se raclant la gorge, elle prit son courage à deux mains et lu la première inscription. Une tête de Méduse prit vie entre les pages et Hermione retint sa respiration. La bouche de pierre de la créature se tordit en une grimace agacée et la Méduse parla, ses yeux roulants.

— Tu as réveillé le carnet maudit. Ses secrets sont à toi, mais le prix est élevé.

Surprise, Hermione jeta un coup d'œil dans les toilettes abandonnées, craignant de se faire surprendre. Les cabines, alignées contre le mur, grinçaient dans des mouvements étranges. Il n'y avait pas le moindre étudiant. Hermione soupira. Elle ne pouvait plus reculer maintenant. D'un geste déterminé, elle continua sa lecture. Des mots commencèrent à se former sur les pages, et Hermione lut à voix haute :

— Connaître l'avenir, c'est porter son fardeau. Un prix doit être payé. Tes désirs seront révélés, mais prends garde, car le prix sera tes peurs les plus profondes.

Hermione resta pétrifiée, alors que les pages redevinrent blanches. Il n'y avait plus aucune instruction, comme si les secrets souhaitaient rester préservés de toute présence nuisible. Avalant sa salive avec difficulté le cœur battant, Hermione sortit un petit couteau de sa poche. Elle en gardait souvent un sur elle. Par précaution.

La main tendue devant l'ouvrage, elle coupa une fine ligne sur son index, puis l'apposa contre le parchemin épais. Son sang coagula et disparût.

Elle attendit, la respiration inaudible, les yeux écarquillés. L'encre rouge se forma sur le carnet. Hermione lut chaque phrase, le cœur battant contre ses tempes avec l'impression de commettre l'irréparable. Elle n'aurait pas dû ouvrir le carnet maudit. Elle en était certaine. Mais les mots se multipliaient avec une telle vitesse qu'elle était incapable de ne pas continuer sa lecture.

« A tous ceux et celles qui souhaiterait découvrir les secrets du monde magique, soyez prévenus : la magie noire et blanche s'entremêle dans des filets si instables qu'il est difficile de les différencier. Soyez le juge de ces pages. »

Hermione inspira, les doigts tremblants, alors qu'elle parcourait le reste du livre.

 « Avant que le terrible sorcier noir ne fasse sombrer le monde dans l'agonie, il se fit une promesse : pour assurer la prospérité de son nom et de sa force, il devait assurer son trône, créer une arme.

Il commença son œuvre un soir de pleine lune, lorsque le pouvoir des astres s'alignerait dans une chute sans fin. Lorsque l'esprit déchirerait l'âme et lorsqu'un rituel de sang prendrait forme.

Dans ce rite, l'inévitable se produisit; la création d'une progéniture maudite : un nourrisson aux cheveux blancs et aux yeux argentés. La force du nouveau-né était cataclysmique, indomptable.

Le ministère de la Magie voulut s'interférer face à l'abominable apparition, mais le sorcier maudit était rusé. Il avait un dessein plus grand. Chaque soir de pleine lune, il nourrissait l'enfant de sang. Il n'y avait rien de plus obscène que de mélanger l'abominable cruor des démons avec celui d'un sorcier qui a penché vers le côté obscur. L'enfant grandit dans l'ignorance de sa propre création. Mais un courant d'air et une force ténébreuse susurrait dans l'horizon des souhaits sépulcraux. Une prophétie. Un présage ensanglanté et souillé de magie noire. Il s'agissait de son destin.

L'héritière maudite reprendra forme lorsque la mort touchera sa porte,

Lorsque la délivrance de griffes lui apportera une sérénité d'esprit, elle marchera vers l'Épreuve,

Elle vaincra le temps,

Elle terrassera les maléfices,

Se relevant avec force pour affronter un plus sombre destin,

Pour assouvir sa vengeance, elle devra perdre,

Dans la Chute de l'Esprit, elle transpirera la rancœur,

Et dans les couloirs obscurs, les chuchotements empliront les salles par vagues d'ennui,

La mort suivra ses pas,

Impuissante, elle fera régner sa flamme ensorcelante,

Manipulant ses ennemies avec faroucherie,

Semant la destruction de ses doigts habiles,

Elle connaîtra le même présage,

Le sang repierrant les murs,

Elle hurlera dans l'agonie,

Une promesse au bord des lèvres,

Si la paix n'est pas la solution, que leur chute le devienne. »


Draco Malfoy fulminait. Zigzagant entre les élèves de Poudlard, la mine fermée, il se força à desserrer ses poings après de longue respirations. Certains étudiants s'écartaient sur son chemin, les membres crispés de peur. Avant, il aurait apprécié cette sensation de crainte. Aujourd'hui, il n'était pas dans son assiette. Depuis deux jours en fait. Il avait envie de taper dans quelque chose, créer un torrent de flammes dans sa colère. Mais il devait garder le contrôle.

Lorsqu'il croisa la troupe du garçon-à-la-cicatrice-hideuse, alias Potter l'imbécile, il se força à ne pas le fusiller du regard. Il voulut le contourner, mais Luna lui bloqua le passage, les yeux rêveurs posés sur sa mâchoire carrée.

—  Ton âme transpire la jalousie, Malfoy, chuchota la jeune femme élancée à la chevelure blonde.

—  Luna, désapprouva Potter face à l'approche de son amie.

—  Non, vas-y, Lovegood, dis-moi ce que tu penses voir chez moi, rétorqua Draco d'une voix glaciale.

Luna se transforma en tombe, les yeux écarquillés, puis se fit toute petite. Malfoy esquissa un sourire mauvais. C'était toujours ainsi. Ils finissaient tous par baisser la tête. Qui ne le ferait pas ? Il était le fils d'une famille reconnu pour avoir compactisé avec l'ennemi. Il était rare qu'une personne brave avec fougue son passé sombre pour l'incriminer de vérités.

Il pesta à voix basse, puis continua son chemin.

Mais c'était sans le bras de l'affreux-à-la-cicatrice qui lui barra le passage. Potter l'observait d'un œil sombre, ses mèches noires lui bariolant le visage. Il remonta avec lenteur ses lunettes rondes sur son nez, puis repoussa sa tignasse, mettant au grand jour sa cicatrice en forme d'éclair. Malfoy sourit.

—  Que me vaut l'honneur de ta présence ? scinda-t-il avec froideur.

—  Je ne sais pas ce que tu trafiques avec Ron, mais il ne s'arrêtera devant rien pour s'en prendre à Hermione. Tu devrais réfléchir avant de t'affilier avec lui.

Malfoy succombait à la colère de plusieurs façons. Lorsqu'on menaçait ses proches, lorsqu'on l'accusait injustement, et récemment, lorsqu'on venait à prononcer le prénom de la Riddle dans une conversation. Surtout venant du minable-Potter. Il vit rouge, se dégageant avec violence de sa poigne.

—  Ce serait stupide que je concocte le moindre plan avec ton imbécile de Weaslebee. Il a charcuté Blaise comme s'il s'agissait d'une séance d'ongle.

Il se rapprocha de Potter, les yeux furibonds, se plantant contre son torse. Le héros de la guerre ne fit aucun mouvement face à son rapprochement. Il releva sa petite tête pour le fusiller du regard.

—  Retire Riddle de ta bouche, Potter, cracha-t-il. A moins que tu veuilles que j'explique ta petite escapade avec elle dans la salle sur demande à ta précieuse copine.

Potter hoqueta, les yeux perçants de colère. Mais le Serpentard n'en avait pas fini. Draco Malfoy détestait perdre le contrôle et être gouverné par son besoin de domination constant. Pour la Riddle. Son petit serpent était vicieux, surtout lorsqu'elle s'était échappée dans la noirceur après un rendez-vous secret avec le garçon-qui-aurait-dû-s'étouffer-dans-son-sommeil. Il trembla de rage en se remémorant ce moment. Son corps transpirait la jalousie, un sentiment bien étranger pour le Serpentard.

—  Avant d'écouter ses propositions, tu devrais peut-être te renseigner auprès d'une des créatures magiques qui transpercent les murs de Poudlard. Elles meurent d'envie de cracher leur venin sur la Riddle.

Sans un regard en arrière, il continua son chemin, laissant Potter pantois dans le couloir de l'école des sorciers. Luna, à ses côtés, était droite comme un i, les iris écarquillés de stupeur. Son ami ne lui avait pas expliqué ce qui s'était produit à la nuit tombée avec le petit serpent. Il sourit avec mesquinerie. Il avait joué dans les platebandes de la Serpentard et il n'hésiterait pas à faire catapulter ses plans pour se trouver des alliés. La seule personne en qui elle devait déprendre : ce serait lui.


Hermione Riddle était anxieuse. Harry Potter ne lui avait donné aucune nouvelle depuis leur rencontre dans la salle sur demande. Elle ne s'attendait pas à une réponse de sa part avant plusieurs jours, mais l'épreuve de l'esprit se rapprochait à grands pas et elle n'arrivait pas à faire taire ses pensées morbides. Elle lui avait relégué une copie qui transcrivait la prochaine sélection pour le tournoi, ce qui limitait les possibilités de suspicions quant à la directrice de Poudlard. La preuve, toujours intacte, se retrouvait dans le bureau suintant de poussières de McGonagall.

Alors que Hermione transpirait à grosses gouttes sous le stress, elle se mit à faire des allers et retours dans la tour d'astronomie de l'école des sorciers. Son frère devait la rejoindre dans les prochaines minutes et elle ne savait ce qu'elle pouvait lui dire. Elle se sentait perdue, soucieuse et agitée. Elle ne craignait pas que l'Élu finisse par refuser sa proposition. Ce qui l'effrayait, c'était le contenu du livre maudit. La prophétie lui était bien trop familière.

Se mordant les ongles, elle continua ses mouvements frénétiques, se contorsionnant les mains au passage. Dans sa poche se retrouvait le carnet argenté. Il lui brûlait la peau, comme s'il souhaitait s'immiscer dans son esprit et lui retourner le cerveau à l'aide de promesses sombres. Elle ne pouvait céder à la tentation de plonger entre ses pages. Elle en connaissait déjà trop.

Hermione déglutit, les yeux ombrageux.

Mattheo prenait son temps et l'irritation finit par transpercer les pores de sa peau. Elle avait besoin qu'il se retrouve devant elle, qu'il l'enlace et se promettent de sortir victorieux : de finaliser leur plan. Pourtant, plus les secondes s'écoulaient et plus ses tergiversations augmentaient. Elle ne voyait pas d'autres issues à leur problème. Elle devait confesser ses maux, ses craintes, sa découverte.

Alors lorsque son frère la rejoignit, effleurant avec discrétion le sol de ses bottes, Hermione ne réfléchit pas. Elle lui sauta dessus, l'entraînant avec hâte vers les escaliers tournants pour rejoindre un tout petit conduit dans la tour. Dans la pièce sombre, il y avait de nombreux artéfacts et objets de toute sorte. Il y avait des jumelles et un télescope, une carte imprimée des étoiles et une petite lampe avec un éclairage rouge. De nombreux plaid jonchaient le sol. Hermione s'installa, les mains tremblantes d'appréhension. Mattheo suivit ses mouvements, la dévisageant avec hésitation. Elle avait bloqué ses pensées. Elle avait appris à le faire avec répétition lorsque la douleur devenait trop grande. Aujourd'hui n'était pas si différent des autres jours.

Un goût de bile remonta dans sa gorge.

—  Qu'est-ce qui se passe, 'Mione ? souffla son frère.

La cicatrice bariolant son sourcil jusqu'à sa joue sembla prendre vie sous les lumières rouges de la pièce. Elle inspira pour se donner contenance.

—  J'ai fait une découverte, Matt', expliqua-t-elle avec agitation. Je n'aurai pas dû fureter à travers cet ouvrage, mais c'est comme s'il m'appelait et je... je n'ai pas su résister à son appel.

Mattheo se tint droit, les épaules rigides. Il attendait avec une agonie à peine discernable. Ses pensées contestaient un affolement si grand que Hermione grimaça. Se tordant les doigts sans oser croiser son regard, elle continua, la gorge nouée.

—  Lorsqu'on a pénétré le bureau de la directrice, j'ai découvert une pièce secrète. Un livre à la reliure argenté flottait contre une étagère et... il ne délivre ses secrets que lorsque le sang est versé.

Mattheo se figea, la respiration sifflante.

—  Bordel, Hermione, chuchota-t-il à mi-voix.

Il observa les alentours, dans la crainte qu'ils se fassent surprendre.

—  Il s'agit de magie noire, je sais, continua Hermione, ses yeux furetant les lieux, les joues rouges sous le stress.

Se passant une main dans sa crinière auburn, elle ferma ses paupières.

—  Je n'ai pas réfléchi, confessa-t-elle.

—  C'était dangereux ! Tu aurais pu recevoir un sortilège en retour. Si le livre refusait de délivrer ses secrets, tu aurais pu être maudite !

Mattheo se releva, arpentant la pièce à l'éclat rouge, ses yeux furibonds étincelant dans la noirceur.

—  Je sais. C'était stupide de ma part, s'excusa-t-elle.

—  Tu... Mattheo continua de bouger en tout sens, le corps agité de soubresauts. On ne peut pas prendre de tel risque, 'Mione. Il y a tellement en jeu maintenant.

Hermione soupira, comprenant ses angoisses. Elle n'aurait pas dû succomber à la tentation. C'était ridicule de s'être laisser-aller ainsi. Ils avaient un plan et elle aurait pu tout foutre en l'air en l'espace de quelques secondes.

Mattheo sembla reprendre son contrôle, se réinstallant à ses côtés, les lèvres pincées.

—  Dis-moi ce que tu as découvert, ordonna-t-il.

Sans un mot, Hermione lui tendit l'ouvrage, le sortant de sa poche. Il était plus léger depuis qu'elle avait fait le rituel de sang pour découvrir ses lignes à l'encre rouge. Lorsqu'il entra en contact avec la paume de son frère, il s'illumina. Le reflet passa d'un argenté à un bleu criblé de poussière d'étoiles. Le halo finit par s'estomper et Mattheo la contempla, soudain curieux.

—  Il n'y a rien entre ses pages, Hermione, expliqua-t-il.

Elle lui reprit le carnet maudit des mains, le souffle coupé. Lorsqu'elle traça de ses doigts la tête de Méduse, elle reprit forme et la prophétie avec.

—  Regarde, c'est juste ici, se justifia-t-elle.

Il secoua la tête en retour, les sourcils froncés.

—  Je ne vois rien. Peut-être que tu es la seule à pouvoir démystifier les secrets de ce manuscrit?

Hermione prit une inspira tremblante.

—  Il y avait une prédiction. Il y était décrit que le sorcier maudit a engendré une progéniture avec du sang de démon. Elle prit une pause, le souffle court. Mattheo, à ses côtés, se pencha vers elle, les iris écarquillées. La prophétie relatait des évènements obscurs, une vengeance assoiffée de sang et un pouvoir sombre.

Mattheo se détourna, les paupières closes et son index posé contre sa tempe gauche, comme s'il luttait contre une douleur mirobolante et indésirable.

—  Je crois que...

Elle n'arriva pas à formuler ses pensées à voix haute. Elle était trop terrifiée.

—  Qu'il s'agit d'un Oracle sur toi ?

Hermione hocha la tête sous les paroles de son frère. Elle n'arrivait plus à l'observer, tant elle était désemparée.

—  Est-ce qu'il y a un passage qui relate notre venue à Poudlard ? demanda Mattheo d'une voix sombre.

—  C'est difficile à dire, expliqua-t-elle en retour. Mais... Elle écarquilla les yeux sous la stupeur de sa révélation. Dans la Chute de l'Esprit, elle transpirera la rancœur, se remémora Hermione, le cœur battant avec folie dans sa poitrine.

Mattheo hoqueta sous l'horreur.

—  Il s'agit de la prochaine épreuve, comprit-il.

Ils se dévisagèrent, pantois. Hermione redoutait le moment où elle devrait faire face à ses plus grandes peurs devant l'école de Poudlard. Mais depuis qu'elle avait lu l'inscription dans le carnet maudit, elle réalisait avec épouvante que la sélection serait infâme. Mattheo n'arriva pas à cacher sa répulsion.

—  Quelle autre information recèle de ces pages?

Hermione réfléchit, son cerveau en ébullition.

—  L'enfant maudit serait né avec des cheveux blancs et des yeux argentés...

Mattheo ne pipa mot, l'estomac noué. Bien qu'il soit son frère, ils n'avaient pas le même sang, ni la même constitution. Hermione échappa un sanglot. Elle pouvait se cacher éternellement, mais le passé finirait toujours par reprendre forme pour la tourmenter inlassablement. Il n'y avait aucune échappatoire à son destin. Le monstre qui tapageait à l'intérieur n'attendait qu'une chose : sortir de sa cage pour déverser sa colère. Mattheo le savait tout autant qu'elle.

—  Il faut agir avant que la nouvelle se répande dans Poudlard, concéda-t-il d'un ton morose.

On n'a plus le droit à l'erreur, pensa Hermione avec vertige.

Mattheo se faufila dans les filets de son esprit pour lui souffler des promesses troubles. Elle frissonna, les lèvres entrouvertes.

Hochant la tête dans un commun accord silencieux, ils ne firent plus le moindre mouvement. Enveloppés dans les couvertures, ils se mirent de réfléchir : D'un avenir meilleur, de vérités douces et non amères, d'une bénédiction et d'une protection éblouissante de tendresse. Mais il s'agissait d'une illusion. Mattheo la protégeait, tout comme elle le faisait avec lui. Seulement, tout abri et cuirasse en acier finissait par s'étioler.

—  Reste avec moi, je t'en prie, souffla Hermione, des trémolos dans la voix.

Elle avait peur. Son âme glaciale n'était qu'une défense éphémère, comme le plaid qui recouvrait ses jambes. La nature sombre de sa naissance ne pouvait rester enseveli bien longtemps. Et le bouclier de leur résilience finirait par s'affaiblir. Surtout sous les regards ravageurs des étudiants de l'école. L'épreuve de l'esprit étoufferait toutes leurs convictions. Mais elle devait tenir bon. Pour son frère.

—  Toujours, clama Mattheo avec détermination.

Son frère était incapable de lui mentir. Alors elle ferma ses yeux, se laissant bercer par les bras du seul membre de sa famille. Elle ignora le reste de la prophétie. La mort qui rodait à l'horizon, le destin qui soufflait contre ses cheveux des paroles obscures. Il n'y avait que Mattheo et son souffle chaud, leur amour et leur sécurité passagère.

Leurs pensées jointes dans un tourbillon hostiles, ils se firent une énième promesse : Vaincre le tournoi des sorciers ne devenait plus seulement une porte de sortie, mais une nécessité pour leur survie. Et les deux Riddle en avait plus conscience que jamais. 

Chapter 10: La chute de l'esprit

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CHAPITRE DIX :

La chute de l'esprit

"Hermione s'était longtemps résolue à son sort : respirer avec agonie, tout en désirant sortir des griffes de son père. Pourtant, elle savait que l'espoir était un poison infâme. Il n'y avait rien qui puissent briser ses liens. Pas même le ministère de la magie ne lui viendrait en aide. Elle ne pouvait dépendre que d'elle-même. Alors elle fermait les yeux, écoutant la mélodie instable de son cœur, sentant les élans âcres de poussière et goûtant le cruor au bord de ses lèvres. Il s'agissait de sa maison. De son enfer : Paisible par sa solitude et funeste par sa douleur."


Une nouvelle liste prenait forme contre le mur de l'établissement de Poudlard. Cette fois-ci, Hermione ne prit pas le temps de se déplacer pour observer les prénoms inscrits sur le parchemin. Elle se contenta d'écouter les commérages. Blaise Zabini avait réussi l'épreuve, bien qu'il ait perdu son duel contre Ron Weasley. Tout comme Harry Potter. Les deux individus prendraient part à la prochaine épreuve.

Hermione se pinça les lèvres rien que d'y penser. Elle détestait cette sensation angoissante qui lui nouait l'estomac.

— Veuillez vous asseoir, s'il-vous-plaît, clama la voix de la directrice dans la Grande Salle. Vous aurez tout le temps nécessaire pour observer les résultats quant à l'épreuve du duel après le repas.

Le rassemblement des étudiants se dissipa. Hermione eut le temps de croiser les pupilles de Harry de l'autre côté de la salle. Il lui adressa un simple mouvement de la tête, en guise de salut et de respect. Elle sourit en retour. Bien qu'il ne lui ait donné aucune nouvelle quant à leur dernière discussion, Hermione était certaine que ce ne serait pas définitif. Le Gryffondor finirait par revenir vers elle. Pour l'affronter ou devenir son allié. La décision lui revenait à part entière.

Mattheo la guida vers l'énorme table des Serpentard, le visage impassible. Il était sérieux. Ils connaissaient les futures paroles de McGonagall. Elle expliquerait la deuxième étape pour la sélection du championnat des sorciers. Les Riddle ne connaissaient pas les détails quant au fonctionnement ni du danger qu'ils entoureraient, mais ils restaient à l'affut de toute information.

— Stressée, Riddle ? se moqua Malfoy, alors qu'il se postait à sa gauche.

Il venait de changer de siège. Surprise, elle n'osa prononcer le moindre son, béate de stupeur. Puis, fronçant les sourcils, elle le fusilla du regard, lui arrachant un rire rauque.

— La prochaine fois que tu cherches un allié, tu devrais faire appel à moi au lieu de Potter-le-mioche.

Hermione hoqueta sous la colère, puis compris. Si Harry n'avait pas démontré la moindre réaction depuis leur discussion, c'était dû au bougre de Serpentard. Il avait dû étaler son arrogance sur le Gryffondor, détruisant ses plates-bandes. Elle se mit à pester tout bas, ce qui tira une risette amusée à Draco.

— Tu disais, Riddle ? Je pense que je ne t'ai pas entendu.

Malfoy venait de se pencher vers elle pour effleurer son oreille de ses lèvres. Elle frissonna. D'horreur, évidemment. Deux options lui vinrent en tête : le repousser avec force jusqu'à ce qu'il se retrouve les quatre fers en l'air devant toute l'assemblée, ou lui broyer la cuisse de ses ongles acérées. Elle choisit la deuxième solution, un sourire contrit aux lèvres, alors que l'imbécile jurait sous la douleur.

Elle lâcha sa proie avec mesquinerie, puis se rapprocha de son visage, imitant sa précédente approche.

— Mes alliés ne tenteront pas de me mettre dans leur lit, souffla-t-elle d'un ton doucereux en frôlant sa joue de ses doigts.

La mâchoire de Malfoy se contracta sous son geste.

— Tu es d'un ennui, râla-t-il en retour.

— Et toi méprisable, attaqua Hermione, les joues rouges de colère.

Elle planta une nouvelle fois ses griffes dans sa cuisse droite pour ajouter de l'impact à ses paroles. L'arrogant se contenta de lui adresser un sourire carnassier, comme s'il la défiait de continuer jusqu'à le faire saigner.

— Ne croit pas que je ne sais pas ce que tu manigances, Malfoy, cracha-t-elle avec rancœur. Même si tu comptes éloigner toutes mes cartes maîtresses, ça ne fera pas de toi un pion plus alléchant quant à mon plan. Hermione inspira par les narines, se forçant à garder contenance, alors qu'elle ne rêvait que d'une chose : l'acérer le beau visage de Draco Malfoy. Au contraire, plus tu m'es nuisible et plus j'ai envie de t'éliminer.

— Vraiment ? susurra le Serpentard d'une voix conspiratrice. Tu as une drôle de façon de vouloir me détruire, Riddle. Une main posée contre ma cuisse, comme si tu souhaitais prouver que je t'appartiens : ça ne fait que m'encourager.

Hermione le relâcha avec célérité, les yeux plissés.

— Continue de me surprendre et de me menacer, petit serpent, ria Malfoy avec effronterie. On sait tous les deux où se trouve ta place : à mes côtés et pas avec Potter.

Écœurée, elle se détourna de sa personne pour poser son regard sur la directrice de Poudlard. Elle avait déjà entamé son explication quant à la prochaine épreuve. Hermione grogna en réalisant qu'elle venait de rater l'annonce.

— Alors, continua Malfoy tout bas alors qu'il brandissait de sa poche un petit bâtonnet en bois qu'il glissa entre ses lèvres. Tu ne m'as toujours pas dit qu'elle était ta plus grande peur.

— Et toi ? Qu'est-ce que tu crains le plus au monde ? répliqua-t-elle avec ferveur, oubliant pour la deuxième fois que McGonagall continuait ses instructions.

Le Serpentard prit le grand soin de dépoussiérer sa chemise blanche, comme si Hermione venait de poser une question des plus grotesques. Après de longues secondes à l'analyser de ses yeux caramel, Hermione se pinça les lèvres, s'avouant vaincu. Il ne répondrait pas à sa question, tout comme elle.

— C'est facile, Riddle, finit par répondre Malfoy d'une voix posée. Il ne prit même pas le soin de croiser ses iris. Il focalisait toute son attention sur les étudiants dans la Grande Salle. Qu'est-ce que tout individu craint le plus ?

Hermione ne sut quoi répondre. Elle n'avait pas la même expérience que les élèves. Elle n'avait connu que la douleur, l'emprisonnement et le désespoir. Ses désirs différaient bien des autres. Malfoy se retourna pour planter ses pupilles dans les siennes. Il avait un visage sérieux et sombre. La moquerie s'était effacée de ses traits. Il n'y avait plus qu'une colère sourde.

— La mort.

Hermione déglutit. C'était évident. Pourtant, elle ne craignait pas de perdre son âme ni ses souvenirs en rejoignant l'autre côté. Il y avait bien longtemps que la jeune femme avait été condamnée. Elle n'était qu'un spectre vivifiant d'obscurité. Sa seule source de lumière : c'était son frère.


L'épreuve de la chute de l'esprit se situait une nouvelle fois sur le terrain de Quidditch de Poudlard. Les gradins étaient parsemés de barioles de différentes maisons et les étudiants revêtaient leur couleur comme s'il s'agissait d'un honneur. Depuis l'épreuve des duels, le nombre de participants avait nettement diminué.

Harry ignorait tout du déroulement de la sélection. Comment les professeurs évalueront les étudiants lorsqu'ils affronteront leurs peurs ? Est-ce qu'il s'agissait de sortir de l'illusion dans un temps record ? De ne pas abandonner face à l'adversité ou alors s'agissait-il d'une épreuve qui ne consistait qu'à se laisser porter par la vulnérabilité ? Est-ce que le fait de se montrer émotif, ébranlable était une force en soit ? Alors qu'il détaillait les visages austères des enseignants, il se mit à douter envers lui-même.

Harry Potter avait toujours eu le fardeau de devoir toujours se montrer infaillible, inébranlable. Mais aujourd'hui, il se sentait tout sauf apte à participer au tournoi des sorciers. Il était hésitant. Incertain de son propre potentiel.

Du coin de l'œil, il entraperçut Hermione Riddle et son frère. Mattheo semblait agité, alors que sa sœur était pétrifiée. Elle ne faisait le moindre mouvement, le front luisant de stress. Harry se dit une nouvelle fois que bien que leur passé soit disparate, ils vivaient leurs émotions avec similarité.

Lorsque Ginny empoigna la manche de son t-shirt à l'insigne de Gryffondor, il se força à détacher ses prunelles de la jeune femme. Hermione empoisonnait son esprit et il devait s'en éloigner au plus vite.

— Tu as l'air soucieux, souffla avec douceur sa copine.

Ginny se releva sur la pointe des pieds pour passer ses doigts gracieux dans sa chevelure noire. Replaçant ses mèches folles, Harry réfléchit. Bien qu'il soit nerveux quant à la future épreuve, il était embarrassé. Il n'avait avoué son escapade nocturne avec la Riddle. Ça ne faisait pas partie de ses plans au préalable, bien entendu, mais son torse continuait de se crisper sous la culpabilité de son échange avec la Serpentard. Se pinçant les lèvres, il se força à sourire avec douceur à sa copine.

Ginny, les joues rouges, l'embrassa avec tendresse et Harry s'agrippa à ses hanches, dans un désir de retrouver son équilibre de vie. Il se promit de lui faire part de ses craintes lorsque l'épreuve prendrait fin. Il n'agirait pas seul. Si Harry devait faire un choix, ce serait aux côtés de Ginny Weasley.

— Tu feras attention, d'accord ? demanda la jeune femme à la chevelure rousse, son nez se plissant sous l'inquiétude.

— Ça ne prendra pas longtemps. Je serais de retour avant même que tu es remarqué mon absence, promit-il.

Il mentait. Harry n'était pas connu pour la cachotterie. Pourtant, il savait avec certitude que l'épreuve pourrait le surprendre. Les premiers participants étaient restés encloisonnés sur le terrain aménagé du terrain de Quidditch pendant des heures. Les grandes tentes blanches ne pouvaient dévoiler la moindre scène. Mais les écrans qui se profilaient dans le ciel affichaient chaque détail, passant du liquide vert dans une seringue, injecté aux élèves, jusqu'au moment, où ils alternaient entre conscience et inconscience. Et alors les cauchemars prenaient forme. La plupart se ressemblaient. La guerre et la mort.

Harry déglutit, alors qu'il observait pour la dixième fois un élève de Poufsouffle rampant à quatre pattes à travers les détritus de la bataille, le visage dégoulinant de sueur, sa baguette à peine relevée, tant il était stressé. Le Gryffondor ne savait comment la rêverie prenait fin. Mais chaque participant ressortait du chapiteau avec un visage livide et blême.

Lorsque Mattheo Marvolo Riddle se fit nommer, il y eut un silence glacial dans les gradins. Personne n'osait prononcer le moindre son. Puis ce fut le chaos.

— Je te paris qu'il a peur de faire dans ses culottes, rigola un Serdaigle.

— Peut-être qu'on va voir Harry dans sa vision ? questionna un second élève avec curiosité. Potter a fait enfermer son père, Mattheo doit aussi avoir peur de se retrouver derrière des barreaux.

— Peur ou réalité, qui sait ? A la fin, c'est tout ce qu'ils méritent : se retrouver dans un cachot. Rien de plus, clama la voix de Ron Weasley à travers la foule.

Harry grinça des dents en croisant les yeux furibonds de son ancien ami. Ils ne se parlaient plus. Et un gouffre s'était creusé dans le cœur de l'Élu. Jamais il n'aurait cru vivre un jour une telle brisure dans son amitié avec le rouquin. Ginny l'évitait comme elle le pouvait aussi. Elle était honteuse de son comportement. Mais la colère placardait la majorité du temps les traits de son visage. Il comprenait sa déception.

Mattheo Riddle rejoignit l'habitacle lumineux, les épaules voûtées. Hermione tenta de le suivre, mais un professeur s'interposa dans la mêlée pour l'empêcher d'avancer. Malfoy fit son apparition, empoignant avec une certaine douceur les épaules de la jeune femme. Il la força à s'installer contre son siège, les traits sérieux et les lèvres pincées.

Harry fronça les sourcils sous son observation. Draco semblait s'être éprit de la Riddle. Était-ce son imagination ? Pourquoi l'arrogant-à-la-coupe-de-cheveux-d'un-hibou-blanc avait-il farouchement désapprouvé sa conversation avec Hermione ? Était-il jaloux ?

Sur le grand écran, la forme de Mattheo apparut. Il se fit injecter le liquide qui le plongerait dans un monde imaginaire. Chaque élève observa la scène, la respiration retenue. Et alors l'horreur se produisit.

Mattheo Riddle n'était pas comme les autres étudiants. Il ne se situait pas sur un terrain parsemé de morceaux de verres et de pierres fragmentées sous les sortilèges administrés à travers la guerre. Non. Il se tenait droit, agenouillé contre un sol en béton, le torse à découvert. Son dos était strié de coupures profondes.

Sa sœur émergea dans la scène. Il était presque impossible de la reconnaître tellement elle était défigurée. Le visage ensanglanté, le teint blafard et les épaules voûtées, elle gardait sa tête baissée vers le sol, comme si elle espérait s'y fondre. Peut-être était-ce son plus grand désir ? Disparaître de cette réalité et ne plus revenir.

— Elle a l'air malade, chuchota une étudiante de Poufsouffle.

— On dirait qu'elle a été mutilée et sous-alimentée, répliqua un Serpentard avec amertume.

Tom Riddle fit son entrée. L'illusion était si réelle, qu'on pouvait apercevoir les veines noires qui bordaient son visage. Les lèvres entrouvertes dans une grimace obscène, il tendit sa baguette vers Mattheo avec un rire infâme.

— Punis-là, cracha la voix sombre du sorcier maléfique.

La carrure oppressante de Voldemort tira des hoquets d'horreur dans la foule, mais Harry n'arrivait pas à détacher ses yeux face au mirage des souvenirs de Mattheo. Les yeux perçants, le fils de Tom cracha par terre sous les paroles de son père. Il se mangea un poing au visage sous son acte de rébellion.

— Ne joue pas à ça avec moi, sale incapable ! rugit Voldemort.

D'un mouvement de sa baguette, il jeta le maléfice Imperium à Mattheo qui se recroquevilla contre le sol, les membres tendus.

Hermione ne faisait pas le moindre mouvement, attendant l'inévitable. Elle agissait comme si elle était habituée à être une offrande sanglante.

— Ne pense même pas à retourner cette baguette contre son maître, ça te tuerait, conseilla Tom Riddle d'un ton obscur. « Maintenant, fais ce que je t'ordonne !

Dans une lenteur mortelle, Mattheo se redressa, les yeux vitreux. Il agrippa l'arme entre ses doigts, puis s'avança vers sa sœur. Hermione releva sa petite frimousse, les yeux pétillants de larmes. Mais son frère n'était plus lui-même. Lorsqu'il attaqua, Harry ferma les yeux. Il n'y eut que les échos des cris de la fille de Voldemort. Il n'y avait que sa douleur, son désespoir, puis le silence.

— La prochaine fois que tu me désobéis, je te forcerais à assister à la chasse, cracha avec venin Tom Riddle en empoignant le visage de son fils.

La vision prit fin et le prénom de Harry résonna sur le terrain de Quidditch. Il rouvrit ses paupières, le cœur au bord des lèvres. Lorsque Mattheo rejoignit les estrades, les étudiants évitèrent avec soin de croiser son regard. Certains étaient pétrifiés, d'autres arboraient des traits tirés sous la rancœur.

L'Élu pensait devenir malade tant son estomac se nouait d'appréhension. Il n'arrivait pas à se détacher de l'apparition. La plus grande peur de Mattheo Riddle, ce n'était pas de mourir, mais de devoir tuer sa sœur, de la faire souffrir inlassablement. La perte d'un être cher. Le Gryffondor comprenait cette sensation.

Alors qu'il avançait, se détachant de la foule, le cœur tambourinant à tout rompre, il se força à taire ses pensées, ses doutes. Harry Potter avait la trouille. L'épreuve de la chute de l'Esprit commençait et il ne s'était jamais senti aussi démuni de toute sa vie. Les spectres de son passé refaisaient surface comme un cauchemar trouble et il n'y avait personne pour le sortir de sa transe. Il n'y avait que ses démons et sa rancœur intérieure. Bien qu'il soit l'Élu, il n'avait qu'un seul désir : détruire la seringue qui le plongerait dans ses effroyables souvenirs d'antan.

Mais le cœur lourd, il accepta son destin. Il sentit vaguement la piqûre contre sa nuque. Son corps devint faible et son esprit alambiqué sous un brouillard obscur. Il tenta de résister, mais en vain. Son esprit se transforma en poussières. Il ne vit que sa mère et son père, les yeux vitreux, assassinés par les mains de Tom Riddle. Il observa son oncle, Sirius, se faire terrasser sous le sortilège de la mort. Puis, il observa ses amis perdre la bataille, leurs corps chutant, leurs yeux inertes.

L'illusion sembla durer des heures. Les souvenirs tourbillonnaient avec frénésie.

Il se vit plus jeune, alors qu'il subissait les courroux de sa famille adoptive. Il observa la carrure d'un adolescent au corps gringalet, les cheveux en pétard, alors qu'il ne rêvait que d'une chose : sortir de cet enfer. Il prenait peur le soir, alors qu'il n'avait que neuf ans. Harry, déjà enfant, se demandait si un jour il arriverait à accomplir de grandes choses, s'il parviendrait enfin à vivre comme il le souhaiterait. Et lorsqu'il soufflait ses bougies imaginaires pour son anniversaire, il craignait d'être toujours seul. De ne pas connaître l'amour et la sécurité.

La vision s'atténua et il rouvrit ses paupières, le corps en apesanteur. Il avait une impression de mourir de l'intérieur. Son crâne bourdonnait de douleur. Le sang chaud dans ses veines semblait crier sa peine. L'esprit embrumé, Harry se força à avancer, les yeux vitreux. Il prit un temps fou à réaliser que Ginny le maintenait contre elle, les lèvres entrouvertes, échappant un flux de paroles agitées.

Le seul élément qui le soutira à son état comateux fut son prénom : Hermione Marvolo Riddle. Elle était la prochaine. Et si Harry pensait avoir un état épouvantable, la jeune femme ressemblait à un zombi. Avant qu'elle ne se retrouve sous l'habitacle blanc, il attrapa son poignet, sa voix croassant.

— Pense à ton frère et à la puissance de votre lien. Ça atténuera la douleur.

Ce n'était qu'un murmure, mais elle le remercia du bout des lèvres, les yeux fuyants. Les soubresauts qui agitaient ses doigts lui pinça le cœur. Ginny l'éloigna dans un mouvement vif, puis le força à s'assoir.

— Hey, ça va, Harry ? demanda Seamus d'une petite voix.

Son ami ne pouvait participer à l'épreuve, ayant été éliminé. Les yeux inquiets, Seamus aplatit sa main contre l'épaule de Harry, dans un geste de réconfort. L'Élu lui offrit un simple hochement de tête. Il était penaud. Et embarrassé. Mais il n'était pas seul. Plus maintenant. Et il ferait ses propres choix. Personne ne lui dicterait quoi faire. Il se le promit.

Le visage ombrageux, il détacha son regard des iris chocolat de son ami pour détailler l'écran. Hermione venait de se faire injecter le sérum. Les lèvres pincées, elle se forçait à prendre de longues inspirations, dans l'espoir de se contenir.

Il n'y avait plus un son dans les gradins. Tous attendaient avec impatience de découvrir les peurs de la Riddle. Seul Harry était effrayé de l'apparition qui prendrait forme. Depuis le souvenir sombre de Mattheo, il se demandait ce que Tom Riddle voulait dire lorsqu'il avait parlé d'une chasse.

Le corps grelottant d'appréhension, il attendit dans un silence mortel les hantises passées qui prendraient forme dans l'esprit de Hermione. Il s'attendait à bien des choses, mais pas à un tel désastre. 

Chapter 11: La chasse

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CHAPITRE 11

La Chasse

« Draco Malfoy avait peur de peu de choses. Il craignait de perdre ses amis, d’être fautif de leur sort. Mais alors qu’il venait d’observer les souvenirs d'Hermione Granger, il se mit à transpirer. Il était terrifié, parce qu’il réalisait que son obsession pour la jeune femme serait sa perte. Il ne voulait plus seulement la posséder. Il voulait éradiquer ses ennemies. Brûler le monde pour elle. Et ce sentiment étranger lui restait en travers de la gorge. Surtout en sachant qu’une des raisons de sa douleur constante provenait d’un membre de sa famille: son abominable père. Lucius Malfoy. »


Hermione avait menti. Elle n’avait pas passé toute son enfance encloisonnée derrière des barreaux. Elle avait eu la chance de pouvoir sortir dehors, les pieds nus dans l’herbe, à respirer l’air frais. Bien que sa description semble glorieuse, elle n’avait jamais apprécié ces moments où le soleil lui mitraillait la rétine, ni lorsqu’elle poussait son corps au summum jusqu’à s’épuiser. Parce que c’était ce qu’elle faisait. Elle courrait. Fuyait. En vain. Les sbires de son père finissaient toujours par l’attraper.  

Les yeux clos, elle se força à prendre de longues respirations. Elle avait la nausée. Mais la voix de son frère lui mitraillait les parois de son cerveau pour la ramener au présent. Hermione devait garder un certain contrôle. Elle craignait de montrer ses faiblesses. Elle en avait tellement. Mais ses efforts étaient futiles, infructueux. La résistance de son cerveau s’évaporait. Elle se fragilisait comme des bouts de verres. Rien ne pourrait la sortir de sa torpeur.  

Elle chuta dans l’infini de son sombre passé. Son enfer.  


Hermione avait froid. Cette sensation n’était pas surprenante. Elle était allongée contre le béton de la cave. Dans le donjon, il n’y avait que deux pièces, sa cage aux barreaux rouillés de fer et la salle de torture. Les seules interactions humaines se retrouvaient entre ses murs. Il y avait d’autres prisonniers de la guerre, des sorciers, des rebelles. Elle détestait les croiser. Ils lui rappelaient qu’elle ne pourrait jamais sortir vivante de cet endroit. Le souvenir insipide des sortilèges broyant leurs chairs la fit grimacer. Elle n’était pas toujours observatrice. Parfois, elle participait. Jamais de son plein grès.  

— Petit oiseau, roucoula une voix rauque contre les barreaux de son enclos.  

Antonin Dolohov; un sorcier puissant, au goût déviant de faire souffrir les jeunes femmes. De longs cheveux noirs gras, un nez pointu et une barbe lui recouvrant la moitié du visage, il incarnait la laideur suprême. Une cicatrice bariolait ses lèvres, immonde. Hermione connaissait sa provenance, lui ayant infligé ce coup après une séance de torture particulièrement déplaisante. Il s’agissait probablement de sa seule fierté quant au sang-pur. Ses pupilles noires dilatées la mitraillaient à travers sa cage, comme s’il espérait pouvoir s’en prendre à elle. Mais Hermione savait qu’elle avait encore quelques minutes de répit avant que son père ne fasse son apparition. Mattheo la prévenait toujours en avance.  

Elle avait perdu la notion du temps et de l’espace dans sa prison. Son frère était sa seule porte de sortie, sa réalité plus qu’amère.  

Dolohov se mit à arpenter sa cellule avec impatience. Mais il ne pouvait rentrer à l’intérieur sans l’autorisation de son maître. L’imbécile mourrait d’envie de la faire fouetter. Depuis que Hermione avait débloqué sa capacité de guérison, le sorcier sang-pur avait pris le grand soin de commencer ses expérimentations sur elle. Elle n’osait l’avouer, mais plus il se montrait cruel et plus elle souhaitait en finir. Disparaître de cette terre.  

Pour une raison étrange, elle ne craignait pas son père de la même façon de Antonin. L’éclat dans le fond de ses prunelles dénotaient un excès de rage. Une tempête bourdonnait sous sa peau; un ouragan prêt à se déployer sur ses victimes. Hermione continuait de résister à chacune de ses agressions. Mais le sablier touchait à sa fin. Bientôt, elle n’aurait plus la force ni la motivation nécessaire pour relever la tête et affronter ses coups.  

— Il arrive, souffla Mattheo dans son esprit.  

Elle se crispa, les muscles de ses jambes se contorsionnant d’appréhension. Hermione connaissait la suite des évènements par cœur. Alors lorsque Tom Riddle fit son apparition, le visage mauvais, elle ne cilla pas une seule fois. Elle releva son menton pour affronter les yeux perfides de son père.  

— Debout, héritière maudite, siffla-t-il avec aigreur. Une grande journée nous attends.  

Hermione se releva, les jambes tremblantes. Elle avait les genoux écorchés. Elle n’avait que partiellement guérie de sa séance de la veille. Mais elle ne devait montrer aucune faiblesse. Il s’en servirait contre elle. Cachant sa douleur, elle avança vers ses barreaux, ses cheveux ébouriffés masquant les traits de son visage. Elle était sale, remplie de sang séché.  

Elle n’avait droit de prendre une douche qu’une fois par semaine.  

Elle était épouvantable. Mais c’était le dernier de ses soucis. Mattheo n’avait pas eu le temps de lui donner une miche de pain ce matin. Elle affronterait les sbires de son père le ventre vide. Comme pour crier son désespoir, son estomac gronda en retour.  

— C’est ça que tu veux ? ricana Antonin en tendant une assiette de fruits sous ses yeux.  

Elle n’était pas assez stupide pour l’agripper. Il s’agissait d’un piège. Serrant ses dents, elle se força à garder ses paroles venimeuses en travers de sa gorge. Dolohov prenait toujours un malin plaisir à la narguer. Parfois, il apportait des mets dégoulinant d’épices ou un bol d’eau. Un autre jeu tordu pour qu’elle se pli à ses demandes. Tom Riddle ricana en observant la scène. D’un mouvement de sa baguette, il ouvrit sa cage. Antonin lui empoigna le coude avec une telle férocité qu’elle gémit de douleur. Il venait de planter ses ongles dans sa chair.  

— Je n’ai pas de temps à perdre, cracha Voldemort avec froideur. J’ai d’autres chats à fouetter.  

Sans ajouter le moindre mot, il se détourna, les sommant de le suivre. Hermione glissait contre le plancher en béton tant Dolohov se montrait brutal. Les yeux pétillants de larmes, elle se pinça les lèvres.  

— Pense à ton frère et à la puissance de votre lien. Ça atténuera la douleur.

Hermione ignorait d’où provenait ces paroles, mais elle s’y accrocha comme s’il s’agissait d’un mantra qui pourrait la sauver.  

En temps normal, elle aurait des menottes aux pieds et aux mains. Pas aujourd’hui. Le jour de la chasse était toujours angoissant. Son père lui donnait une impression de liberté passagère, un espoir si destructeur que lorsqu’elle revenait dans sa cellule, elle se surprenait à rester intacte. A l’intérieur, elle n’était qu’un fragment d’âme, une souris trop longtemps écrabouillée sous la semelle de ses bourreaux.

 — Est-ce qu’il y a toujours les mêmes règles ? susurra la voix de Bellatrix Lestrange à l’égard de Voldemort.  

Ils se retrouvaient à l’entrée du manoir de Tom Riddle. Situé dans le sud de la France, la forteresse se démarquait par son côté sombre avec ses nombreuses tours angulaires. Hermione parlait couramment le français depuis des années. Elle espérait qu’en sortant de sa prison, elle puisse un jour se faire un repère dans le monde magique. Mais c’était illusoire.  

Son père lui avait appris cette langue dans le seul but de pouvoir converser en secret lorsque ses acolytes étaient trop curieux. C’était pratique quand Hermione lançait une floppée de jurons à l’égard de Dolohov. Il ne pouvait la comprendre et ça le rendait furax.  

— Pas de magie. La violence est permise. Vous avez une heure. Ramenez-là moi après, expliqua Voldemort avec détachement.  

Il releva son bras dans les airs dans un mouvement qui décrivait son ennui. Il voulait qu’elle disparaisse de son champ de vision.  

Avec plaisir, pensa-t-elle.  

Les dents serrées, elle avança pour traverser la grande porte en bois du manoir. Dehors, l’air chaud lui picota la peau. Elle inspira, le corps engourdit.

Il y avait six mangemorts dans son dos. Ils attendaient tous avec impatience qu’elle prenne son envol pour se réfugier dans la forêt. Elle devait réfléchir. Bien qu’il n’y ait aucune issue à sa fuite, elle espérait gagner du temps. Les sbires de son père ne lui laissaient que cinq minutes de répit avant de poursuivre leur proie. Comme un cochon prêt à l’abattoir, Hermione déglutit. Elle ne pensait pas avoir la force nécessaire pour rejoindre le ponton quelques kilomètres plus loin. Elle pourrait tenter de contourner la végétation en prenant le chemin central. Mais le parterre parsemé de roches la ralentirait. Elle finirait par rouvrir ses plaies aux pieds.  

La respiration saccadée, elle attendit avec terreur la détonation de feu qui la préviendrait que la chasse avait commencé. Les jambes tendues, en position d’alerte, elle vida son esprit de toute pensée. Elle ne pouvait perdre le contrôle. Elle devait se montrer forte. Pour son frère. Pour le ministère de la magie. Elle avait concocté un plan pour déjouer les machinations de son père. Et elle devait rester en vie pour accomplir son destin.  

— Résiste, souffla Mattheo dans son esprit.  

Elle ravala un sanglot sous la voix douce. Les poings serrés, elle patienta. Ce n’était pas encore son heure, mais bientôt. La déflagration résonna avec une telle force qu’elle fit vrombir le sol. Hermione se maintint du mieux qu’elle put avec ses faibles membres, puis sprinta comme si sa vie en dépendait. Parce que c’était le cas.  

Elle zigzagua entre les grandes statues, le souffle court. Ses pieds se mirent à saigner sous les roches, mais elle tint bon. Elle devait rester constante, ne pas s’épuiser. Les yeux fixés vers l’horizon, elle agrandit sa foulée, plongeant vers la forêt sombre du manoir de son père. Les branches fouettèrent son visage, mais elle ignora la douleur. Elle était passagère. Domptable.  

Prenant un virage serré, elle rejoignit un petit ruisseau, le traversant avec précipitation. Lorsqu’elle entendit une deuxième explosion, elle haleta. Elle n’avait pas encore atteint son objectif.  

Non ! hurla son cerveau avec force.  

Elle poussa ses muscles en summum, remontant avec force la côte pour rejoindre la seconde partie du terrain. Un champ de tournesol prit forme. Elle fonça entre les plantes herbacées, la poitrine en feu. Elle ne voyait pas grand-chose à travers les hélianthes, mais elle persévéra.  

La terre molle allégeait la plante de ses pieds. Les mouvements s’enchaînant avec célérité, Hermione ignora son désespoir, elle ignora la douleur, elle ignora le sang dans sa bouche. Elle oublia sa faim, sa déshydratation. Elle ne voyait qu’un tout petit puits de couleur, passant du vert au jeune.  

Derrière elle, les plantes bruissèrent, s’abimant sous le passage de ses bourreaux. Elle connaissait l’individu. Antonin. Il venait de la rattraper. Cet imbécile prenait une potion anti-douleur pour maximiser sa résistance et son endurance. C’était injuste. Mais plus rien ne surprenait la jeune femme.  

La respiration hachée, elle pivota vers la gauche, poursuivant son parcours. Son ascension. Plus loin, se trouvait un bassin avec une cascade. La grande statuette dans son milieu projetait des êtres agenouillés, agonisant sous les épées de leurs agresseurs.  

Hermione gémit de douleur lorsqu’elle sentit la poigne ferme de Dolohov contre ses cheveux. Il la tira avec une telle force qu’elle bascula, roulant dans la terre et la boue. Peut-être était-ce l’adrénaline, mais elle se releva le feu aux fesses, comme si elle était invincible, comme si tout un régiment souhaitait sa victoire.  

Elle se positionna devant son ennemi, faisant dos aux figurines.  

— Te voilà, petit oiseau, chantonna Antonin d’une voix perçante.  

Dans sa caboche se trouvait un couteau aiguisé. Il détacha son sac de sa taille pour empoigner l’arme. La relevant vers son visage, il passa le couteau contre sa langue, la dévisageant avec un éclat farouche dans les yeux. Hermione grimaça. Elle connaissait la douleur de son poignard. Mais elle pouvait s’en sortir. Elle lui avait déjà infligé une cicatrice. Peut-être aurait-elle la chance de le tuer.  

Les sourcils froncés sous la concentration, Hermione ferma son esprit. Elle vida son corps de tout sentiment innocent. Elle n’était plus candide et crédule. Il n’y avait que deux fins plausibles à ce combat: Elle serait charcutée comme un bœuf, ou elle lui planterait la dague dans son crâne. Retroussant ses lèvres dans une menace sourde, elle attendit.  

Les sens en éveil, elle était plus prête que jamais. Il ne s’agissait que de lui contre elle. Les autres acolytes de son père n’étaient toujours pas présents. Elle pouvait en finir.  

Lorsqu’ils se mirent à se contourner dans une danse de promesses de violence, Hermione bondit. Elle évita son attaque, tournoyant avec rapidité pour planter son pied dans le torse de Dolohov. Il recula dans un grognement. La poigne qu’il exerçait sur son poignard se fit plus forte. Il rêvait de pouvoir la déchiqueter. Elle ne lui donnerait pas cette chance.  

 Le soleil brillait dans le ciel, comme s’il espérait incendier son adversaire avec fureur. Lorsque Dolohov grognait sous la douleur des rayons qui l’aveuglait partiellement, Hermione bondissait avec agilité vers lui, plantant poings et griffes contre son visage. Elle visa ses cotes, son estomac, puis sa tempe gauche.  

La terre molle et la boue rendaient chaque enchaînement difficile. Mais il s’agissait d’un défi de taille pour Hermione. Les bottes de Antonin glissaient par moments, mais son couteau restait toujours menaçant, brillant d’une lueur sinistre.  

Le cœur tambourinant, ils tournoyèrent, l’acier brillant de la dague menaçant Hermione de chaque mouvement. Malgré sa sous-alimentation, Hermione bouillonnait d’une fureur animale, ses iris brillants de détermination alors qu’elle esquivait les coups de son tortionnaire.  

Hermione se prit un uppercut dans la mâchoire, lui tirant un hoquet de douleur. Son ennemi en profita pour feindre une attaque sur la droite, puis planta son arme dans le ventre de la jeune femme. Elle évita de justesse. La dague avait ouvert sa peau et un filet de sang s’échappa du long t-shirt sale de Hermione.  

Lorsque Antonin plongea une énième fois vers elle, elle ne fut pas assez rapide. La lame trancha sa joue. Il enchaîna vers son bras, striant son corps de coupures. Les filets de sang cramoisi sur sa peau étaient maculés de boue. Malgré sa ténacité, Hermione commença à ralentir sous le poids de l’épuisement. Ses mouvements étaient faibles, maladroits.  

Elle ne devait pas perdre espoir. Il fallait qu’elle continue de voir la lumière au bout du tunnel, mais elle n’arrivait plus à le faire. Elle savait quelle serait l’issue de ce combat. Son ennemi ne suivait jamais les règles. Quand les autres mangemorts feraient leur apparition, il n’hésitera pas à se servir de sa baguette.  

Elle devait gagner du temps, mais la respiration erratique, elle glissa dans la boue. Les mains tremblantes, elle retrouva son équilibre du mieux qu’elle put, se contorsionnant pour éviter une nouvelle attaque de son ennemi. Le couteau de Dolohov sectionna son mollet, lui arrachant un cri de douleur.  

Empoignant sa chevelure avec force, il la traina par terre. Hermione tenta de résister, s’éructant de rage, des cris de désespoir s’échappant de sa gorge. Mais personne ne pourrait la sortir de ce cauchemar. Elle était seule.  

— Pense à ton frère et à la puissance de votre lien. Ça atténuera la douleur.

Une floppée de larmes s’échappa de ses yeux. Elle serra les dents, terrifiée.  

— Je t’ai bien entraîné, grogna Antonin avec douleur, alors qu’il touchait sa joue enflée de son autre main.  

La prise sur ses cheveux réchauffait le crâne d'Hermione. Lorsque Dolohov la souleva pour la plonger dans le bassin, elle devint hystérique, griffant, hurlant, donnant des coups de pied désespérés. En vain. Il la maintint sous l’eau, la noyant lentement. Seuls des gargouillis s’échappaient de ses lèvres, l’eau remontant en petites bulles. Hermione ne parvenait plus à respirer. Dans la panique, elle se mit à trembler, se débattant avec rage, mais rien n’y fit. Antonin la retenait fermement, ses doigts s’enfonçant dans ses épaules, l’obligeant à rester submergée.  

Hermione commença à voir des étoiles, sa vision se rétrécissant et des tâches noires envahissant son esprit. Dans ses derniers instants de lutte, elle ne pensa qu’à son frère, à leurs rêves et à leurs promesses.  

— Tu crois qu’un jour on arrivera à sortir de cet enfer ? lui avait demandé un jour Hermione.  

— Je pense qu’avec toi, tout est possible. Il ne faut pas perdre espoir, avait affirmé Mattheo d’une voix douce.

Hermione ferma ses yeux, le corps patraque. Elle abandonna. Elle ne voulait plus lutter. Ce n’était pas une vie qu’elle menait. Son existence n’était qu’un recueil de mensonges et de douleur. Elle voulait que tout cesse.  

Dolohov la sortit brutalement du bassin, la jetant sur le sol boueux. Hermione prit une grande respiration, ses poumons se remplissant douloureusement d’air. Elle toussait, expulsant de l’eau et des gémissements étouffées. La panique la submergeait. Son corps frissonnait de froid et de terreur. Incapable de se calmer, son esprit était encore embrouillé par les mains impitoyables d'Antonin la maintenant sous l’eau.  

Ses yeux peinaient à identifier les formes autour d’elle. Le soleil lui mitraillait les iris, rendant chaque image floue et douloureuse. Chaque battement de cœur résonnait comme un tambour dans ses tempes.  

— Tu es fou ! s’égosilla Bellatrix Lestrange d’une voix stridente. Tu aurais pu la tuer ! Le Seigneurs des ténèbres la veut en vie, espèce d’incapable !  

Bellatrix était une femme grande, aux paupières lourdes et à la mâchoire forte. Sa longue crinière noire et emmêlés entourait son visage fou. La femme était connue pour sa démence et son sadisme. Mais par-dessus tout, sa loyauté auprès de Tom Riddle. Elle ferait n’importe quoi pour le père d'Hermione.  

— Je ne faisais que m’amuser, se justifia avec ennui son bourreau. Ce n’est pas ma faute si elle est de si petite nature.  

— Ça suffit, claqua la voix d’un grand homme à la chevelure platine.  

L’individu avait les traits tirés et observait Hermione avec pitié et dégoût. La jeune femme ne se rappelait pas son nom. Elle savait seulement qu’il était un personnage important dans l’armée de son père. Il puait la rancœur et la folie comme tous ses camarades. Hermione cracha au sol sous leur échange, ce qui lui valut un coup au visage. Le blond venait de la frapper. Elle le fusilla des yeux avec haine. Elle les détestait tous autant qu’ils étaient.  

— Lucius, grogna Bellatrix avec condescendance. Je n’ai pas d’ordre à recevoir d’une vipère comme toi.  

Ledit Lucius gardait une expression implacable, froid. Le visage pâle, un nez pointu avec des yeux gris glacé, il se contentait de fusiller du regard les autres mangemorts. Il respirait la mort. La baguette relevée, il planta le bout lumineux contre son avant-bras où un long serpent s’y logeait. En l’espace de quelques secondes, ils transplanèrent, changeant de lieu.  

Hermione se retrouvait dans le salon du manoir de Voldemort. Tout était sombre. Des poutres en pierres s’étendaient au plafond, créant une atmosphère oppressante. Les murs étaient recouverts de tentures sombres et déchiquetées, et l’air était lourd d’une odeur de moisi et de peur. Au centre de la pièce, Tom Riddle se tenait, le menton relevé, ses iris perçants comme deux fentes de reptiles.

Dans un coin de la salle, Mattheo avait le dos courbé et la tête baissée, n’osant croiser le regard de sa sœur. Hermione déglutit en observant la scène. Lorsqu’un prisonnier fit son entrée, des chaînes ligotant ses poignets, elle comprit. Son frère libéra l’individu de ses entraves, puis reprit sa position initiale, les lèvres pincées.  

Ce n’était que le début de l’horreur. Bien qu’Hermione soit faible, ensanglantée, elle savait ce qui l’attendait. Elle l’avait déjà fait. Un nombre incalculable de fois.  

Hermione s’était longtemps résolue à son sort: respirer avec agonie, tout en désirant sortir des griffes de son père. Pourtant, elle savait que l’espoir était un poison infâme. Il n’y avait rien qui puissent briser ses liens. Pas même le ministère de la magie ne lui viendrait en aide. Elle ne pouvait dépendre que d’elle-même. Alors, elle ferma les yeux, écoutant la mélodie instable de son cœur, sentant les élans âcres de poussières et goûtant le cruor au bord de ses lèvres. Il s’agissait de sa maison. De son enfer: paisible par sa solitude et funeste par sa douleur.  

Le visage tuméfié, l’œil gonflé et la lèvre ouverte, Hermione n’arrivait plus à voir grand-chose. Elle connaissait sa mission. L’homme grisonnants qu’elle devait affronter était un prisonnier de guerre. Ses cheveux épars et ses yeux creusés témoignaient des horreurs qu’il avait subies. Son père, Tom Riddle, tenait souvent des individus en captivité, espérant découvrir des informations cruciales sur les rebelles. Mais Hermione déjouait chacun de ses plans dans l’ombre.  

Il y avait quelques semaines, elle avait libéré un prisonnier grâce à l’aide de son frère, Mattheo. Avant qu’il ne s’enfuie, elle lui avait relayé une information capitale: un indice pour tuer son père. L’objet qui pourrait définir la fin de la guerre se trouvait dans les recoins sombres de Poudlard, dans une pièce qui n’apparaissait que lorsqu’on le lui demandait.  

Depuis l’évasion de ce prisonnier, Voldemort était devenu encore plus impitoyable. Aujourd’hui, la mission de Hermione était claire: tuer ou se faire tuer.

Son assaillant dû le comprendre aussi, parce qu’il se jeta sur elle sans hésitation. Il était fort, souple et rapide. Hermione était sûre qu’il s’agissait d’un rebelle. Elle esquiva les coups avec difficulté, son corps trop épuisé. Elle n’arrivait pas à trouver la motivation d’en finir. Le besoin de survivre s’était éclipsée dans un coin de son esprit. Il était beaucoup trop loin pour qu’elle puisse y accéder.  

Alors, les bras ballants, elle se laissa faire.  

Le premier coup atteignit son ventre, réveillant ses blessures fraîches. Elle gémit de douleur. Le deuxième impact fracassa sa tempe. Sa vision s’obscurcit quelques secondes sous la souffrance. Elle tenta de garder une posture austère, de relever son menton, mais lorsqu’elle croisa le regard du prisonnier, il n’y avait pas d’âme pour répondre à son appel. Il était déchaîné, déterminé à sortir du manoir vivant. Elle le devrait aussi. Mais elle en était incapable.  

La voix de Mattheo la sortit de sa transe, lui ordonnant de se battre, de résister. Les sous-fifres de son père riaient. Son père était silencieux.  

— Ne m’abandonne pas ! hurla Mattheo dans sa tête.  

Hermione sortit de sa léthargie avec difficulté. Son frère, pensa-t-elle avec agonie alors que les coups continuaient de pleuvoir contre son visage. Elle devait se battre pour lui. Il était sa famille. Sa maison. Son refuge et son éclat de lumière.  

Se relevant avec difficulté, Hermione empoigna le poing de son adversaire de sa main pour l’arrêter. Ses yeux n’étaient que des fentes noires. Son âme n’était qu’un puits sans fond de noirceur.  

Tuer ou se faire tuer, grognait la bête dans sa tête.  

Hermione se métamorphosa, tuant son innocence, ses pensées naïves. Elle attaqua, frappant le prisonnier avec une violence désespérée. Mais le combat était inégal. Voldemort lança un sortilège de torture à sa fille, la figeant de douleur. Le prisonnier en profita. Elle reçut un coup et tomba par terre, la douleur éclatant dans tout son corps. Dans un ricanement, Tom Riddle jeta sa baguette plus loin, comme un ultime test.  

L’homme grisonnant la dévisagea avec folie sous le geste du sorcier maudit.  

Non ! hurla son cerveau en le voyant plonger vers elle pour l’étrangler.  

Dans un mouvement maladroit, Hermione s’empara de la baguette, ses mains tremblants violemment. Elle voulut lui dire d’arrêter. Que cette lutte était vaine. Mais elle en fut incapable.  

— Avada Kedavra ! cria-t-elle d’une voix déchirée à la place.  

Le corps du prisonnier s’écrasa sur elle, l’étouffant sous son poids mort. Ses yeux vitreux fixaient le vide, dénués de toute vie. Hermione paniqua, éclatant en sanglots incontrôlables. Elle venait de tuer. Une nouvelle fois. Elle était désespérée, sa respiration erratique et ses sanglots déchirants résonnaient dans la pièce sombre.  

Elle n’arrivait plus à distinguer les formes devant elle. La lumière de la pièce mitraillait ses iris déjà brouillés par les larmes. Sa tête tournait, et elle sentit son esprit vaciller au bord de l’abîme.  

Elle plongea dans les ténèbres, là où était sa place.  

Chapter 12: La Chute

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CHAPITRE 12

La Chute

« Draco Malfoy l’avait embrassée. »


— Ça va ? Demanda Mattheo, une mine inquiète déformant les traits de son visage.  

Non.  

— Oui, répondit Hermione.  

— Comment tu te sens ? Répliqua Pansy avec douceur.  

Mortifiée.  

— En forme, se contenta-t-elle de dire.  

Elle mentait. Ça faisait partie de sa nature. Et bien que son frère puisse lire ses pensées, il ne fit aucun commentaire. Il comprenait son état, son besoin d’être seule. De s’accommoder à la situation actuelle. Et là maintenant, elle n’avait qu’une envie: se réfugier dans la tour d’astronomie de Poudlard pour éviter les œillades dérangeantes des élèves à son approche. Ça faisait à peine quelques heures qu’elle venait de sortir de l’épreuve de la chute de l’esprit. Elle se sentait honteuse. Embarrassée et irritée.  

Elle ne s’attendait pas à moins de la part des étudiants. Ils la zieutaient comme si elle était une étrange créature. Un être lamentable qui faisait pitié. Mais Hermione ne voulait pas de leur pauvre charité. C’était mal placé, surtout en sachant comme elle s’était fait traiter au cours des dernières semaines. La leçon de la sélection du tournoi des sorciers était assez simple: il ne fallait jamais se fier aux apparences et aux rumeurs. L’éclat sombre d’un souvenir ou d’un nom de famille pouvait cacher bien des secrets. Et Hermione en avait des centaines. Elle comptait les garder à double tour, mais elle avait échoué à bien des égards.

Elle était furieuse contre elle-même. Elle aurait voulu résister au sérum, se montrer imbattable. Mais la réalité était tout autre. Elle restait humaine. En partie. Et sa faiblesse, c’était le sort de son frère et ses propres traumatismes d’antan. Personne ne pouvait les lui arracher de son esprit. Pas même elle.  

Hermione évita avec un grand soin les regards de ses camarades. Pansy Parkinson était accoudée contre le canapé dans le salon des Serpentard. À sa droite, elle tentait de lui apporter un soutien moral. Mais elle n’en voulait pas. En fait, elle ne savait pas quoi en faire: de cette gentillesse. Ce n’était pas habituel pour Hermione de recevoir des mots tendres et qu’une personne fasse preuve d’empathie. Le sentiment était déconcertant. Au lieu d’en ressentir une douce lueur réconfortante, elle n’éprouvait que de la honte.  

Hermione était assez forte pour se débrouiller seule, pour gérer ses problèmes. Et là maintenant, elle se sentait au bord du gouffre, prête à exploser en sanglots à tout moment. Elle était devenue faible. Comment était-ce possible ? Ça ne faisait que deux mois qu’elle se trouvait à Poudlard. Comment pouvait-elle se sentir aussi apaisée et démoralisée en même temps ?  

Mattheo, accroupi au sol, continuait de l’analyser avec minutie. Il guettait le moindre signe de sa part. Un message qu’elle n’arrivait pas à formuler. Elle en était incapable. Pas avec la présence de Nott et de Pansy dans la pièce.  

Détournant son regard sous l'observation des Serpentard, elle se força à éteindre les élans de rancœur qui commençaient à faire surface.  

Elle s’attendait à une telle réaction des étudiants: de la peur, de la pitié, de l’ennui et de l’évitement. Mais pas de la part de Draco Malfoy.  

Il s’était éclipsé après s’être présenté pour l’épreuve.  

Hermione déglutit sous le souvenir de l’illusion du Serpentard. Il avait beaucoup souffert dans son enfance. Tout comme elle. Et au lieu de renforcer leur lien presque inexistant, il s’était volatilisé, la fuyant comme la peste. Elle ne savait pourquoi, mais ça la mettait en rogne. Elle voulait planter ses ongles dans son visage pour le faire réagir. Au détour d’un couloir, ou à la tombée de la nuit. Mais Malfoy n’avait fait que passer à côté d’elle comme si elle n’était qu’un mirage, un vague fantôme claudicant et inutile. Bien malgré elle, son cœur s’était serré sous son comportement.  

C’était ridicule.

Elle n’éprouvait pas le moindre intérêt pour lui. Il était arrogant, sournois et terriblement agaçant. Un vrai crétin. Mais… il avait du vécu et en sachant ça, Hermione se sentait plus apte à baisser ses barrières. Alors que Draco les avait remontées comme s’il s’agissait d’une armure immarcescible. Peut-être était-ce sa façon de se protéger ? Ou peut-être était-il aussi honteux qu’elle de s’être montré chancelant face à l’épreuve ? Elle ne savait dire.  

Sa seule réponse se trouvait dans son absence cacophonique de lourdeur.  

Inconsciemment, Hermione se frotta la poitrine, comme si une douleur passagère y prenait forme. En croisant le regard de Mattheo, elle se détourna, les joues rouges. Il fallait vraiment qu’elle apprenne à maintenir son esprit fermé.  

Son frère eut le culot de rire.  

— Est-ce qu’on peut faire quoique ce soit ? Demanda Théodore qui était jusque là resté silencieux.  

Ils ne s’adressaient pas souvent la parole. En général, Nott se moquait d’elle ou tentait de taquiner son ami. Mais Draco était absent et au lieu de poursuivre son acolyte, il se trouvait là. Avec elle. Elle lui sourit en retour, soudain reconnaissante.  

— Si vous avez de quoi annihiler mon esprit pendant quelques heures, je suis preneuse, rigola-t-elle.  

Elle n’était pas sérieuse évidemment. Elle ne voulait pas taire ses pensées. Elles étaient bien trop indomptables pour que cela fonctionne. Pourtant, une part d’elle-même souhaitait briser sa souffrance, l’enterrer au plus profond de son âme. C’était idyllique. Et improbable. Mais Nott semblait rayonner face à sa suggestion. Sautillant comme un pauvre fou, il se mit à taper des mains, les yeux brillants.  

— Quelle ingénieuse idée, fille du feu !  

Hermione soupira sous son énième surnom. Pansy gloussa tout bas, alors que Mattheo relevait un sourcil, aussi perdu que sa sœur. Les deux Serpentard étaient conspirateurs. Claquant son épaule avec un peu trop de force, Parkinson se redressa, dépoussiérant sa jupe plissée verte à l’insigne de sa maison. Sans un mot, les deux étudiants se réfugièrent dans une pièce. Lorsque Hermione entendit leurs ricanements et chuchotements, elle roula ses yeux.  

— Qu’est-ce qu’ils ont prévu encore ? Râla Mattheo avec ennui.  

Hermione se contenta de rire. Tendant sa main vers son frère, elle entrelaça ses doigts aux nombreuses cicatrices, les yeux brillants. Les mots n’étaient pas nécessaires entre eux. Il suffisait d’un regard, d’un sourire ou d’une danse des sourcils pour qu’ils se comprennent. Mattheo l’attira dans ses bras et elle enfouit son nez dans son cou, respirant son odeur.  

— Ne regrette pas l’épreuve, tu as été parfaite, Mione, souffla-t-il.  

Elle renifla tout bas en secouant sa tête. Elle se sentait tout sauf parfaite. Elle était un fragment d’âme, fragilisé par les coups et la fureur de ses bourreaux. Et elle n’avait pas su le cacher bien longtemps.  

— Ça peut jouer en notre faveur, tu sais, continua Mattheo dans son oreille. Plus les étudient éprouvent de la pitié et moins nous subirons leurs représailles.

Hermione se détacha de son frère, comprenant les filaments de son complot.  

— Je n’ai pas besoin qu’ils ressentent quoique ce soit pour moi. Je veux seulement qu’ils me laissent tranquille.  

— Et ils le feront, promit-il sombrement.  

Calant son pouce contre la joue de Hermione, il l’observa en silence, détaillant les traits de son visage, passant de ses taches de rousseur à ses iris caramel. La fureur et la détermination enlisaient leurs pupilles. Les pions continuaient de tomber et ils devaient rester aux aguets quant à d’éventuels obstacles.

Ensemble, ils étaient invincibles. Et ils le resteraient.  


Draco Malfoy s’attendait à peu de choses en entrant dans le dortoir des Serpentard, mais certainement pas à découvrir Théodore et Pansy avachis sur les canapés, à rigoler comme des cochons. Pansy, sa frange ébouriffée dans un angle étrange, riait à gorge déployée, une main gesticulant dans les airs dans des mouvements vagues et précipités.  

— Je jure, il a plongé sa langue dans ma bouche comme si c’était la meilleure trouvaille du monde, ricana-t-elle.  

Nott fit mine de vomir sous ses paroles, alors qu’il était tout aussi bourré qu’elle. L’imbécile avait sa cravate complètement de travers et trempée d’alcool. Malfoy, les sourcils froncés, continua d’inspecter la scène, à la recherche d’une silhouette en particulier. Mais la Riddle n’était pas en vue. Il se tendit, comme s’il espérait la voir.  

C’était faux. Il l’évitait comme la peste.  

Le jeune Serpentard à la chevelure brune et aux lèvres pleines, se redressa dans des mouvements patraques pour agripper une bouteille de whisky et se mettre à boire. Malfoy le coupa dans son geste, le visage sombre.  

— Tu as assez bu, ça suffit, claqua sa voix dans la salle.  

Il était agacé. Découvrir ses amis dans un tel état n’était pas surprenant. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une piqûre de culpabilité. Les souvenirs qui avaient pris forme lorsqu’il avait passé l’épreuve étaient morbides et Draco se doutait que cela avait affecté ses amis.  

Théodore redressa sa figure pour l’observer à travers ses cils, les paupières à moitié closes.  

— Hey le fantôme ! chantonna-t-il. Tu avais disparu, on commençait à s’inquiéter.  

— Oui, renchérit Pansy d’une voix suave tout en gloussant sous l’alcool. Même Hermione se posait des questions sur ton absence.  

— Riddle était préoccupée ? Interrogera-t-il le souffle au bord des lèvres.  

Il était bien trop curieux. Il devrait s’en foutre et ses amis n’étaient pas stupides. Ils se mirent à rigoler comme des imbéciles, se donnant des coups de coude hilares.  

Grognant dans sa barbe une vague insulte, Malfoy apporta la boisson forte contre ses lèvres pour ingurgiter plusieurs gorgées. Il en avait besoin. Il avait l’impression que ça faisait une éternité qu’il ne s’était pas effondré dans l’alcool. Sûrement depuis qu’il avait commencé à développer une obsession pour la nouvelle arrivante. Hermione Riddle. Elle était un mystère qu’il prenait plaisir à démystifier. Mais le petit diable à la forme d’une sirène enchantée lui retournait bien trop le cerveau pour que ce soit sécurisant. Il devait rester concentré sur les futures épreuves. Il restait une dernière étape pour la sélection du tournoi et son objectif restait le même: sortir victorieux. Sans la présence d'Hermione, de préférence.  

Mais connaissant la résilience de la jeune femme, il se doutait qu’elle jouerait toutes les cartes dans son jeu pour parvenir à ses fins. Il devait la faire tomber de haut. Mais comment ? Il cherchait encore une alternative.  

Le cerveau en feu, il se posa contre un des fauteuils du séjour, l’esprit ailleurs. Pansy continuait de relater ses escapades nocturnes avec Neville Londubat. Il n’arrivait pas à s’intéresser à ses dires. Il était trop tourmenté, incertain de ce qu’il devait accomplir.  

Il n’osa pas demander où pouvaient se trouver les Riddle. Il n’en avait pas la force. De la croiser. Depuis l’épreuve, il était réticent et perdu. Pas qu’il devenait faible. Mais il devait se protéger. Et s’éloigner d’elle s’avérait être la meilleure option. Et… il devait s’avouer qu’il éprouvait du remords et de la honte.  

Draco Malfoy avait peur de peu de choses. Il craignait de perdre ses amis, d’être fautif de leur sort. Mais alors qu’il avait observé les souvenirs d'Hermione Riddle, il s’était mis à transpirer. Il était terrifié, parce qu’il réalisait que son obsession pour la jeune femme serait sa perte. Il ne voulait plus seulement la posséder. Il voulait éradiquer ses ennemies. Brûler le monde pour elle. Et ce sentiment étranger lui restait en travers de la gorge. Surtout en sachant qu’une des raisons de sa douleur constante provenait d’un membre de sa famille: son abominable père. Lucius Malfoy.

Et Hermione le savait maintenant. Il était l’ennemi. Il ne s’agissait plus d’une simple concurrence pour sortir victorieux du tournoi. Malfoy avait pactisé avec les membres de l’armée de Tom Riddle. Il avait été la cause de ses souffrances. Bien qu’inconscient, il avait contribué à son malheur. Et le cœur enserré dans un étau insoutenable, il se demanda si elle finirait par lui pardonner. Pas son père. Mais de provenir d’une famille aussi sombre et insipide. Cruelle.  

Il ne pensait pas avoir touché le fond avant que Lucius menace d’anéantir les personnes qu’il aimait. Mais alors que son cerveau valdinguait vers les souvenirs d'Hermione, il se mit à douter. Il se sentait plus misérable qu’il ne l’était déjà. Il s’agissait d’une faiblesse. Et Draco avait l’habitude de les taire à l’aide de son poing ou de la force de son esprit. Mais aujourd’hui, il en était incapable.  

Il se noyait dans la noirceur, dans la culpabilité. Et Hermione Riddle n’était même pas là pour l’en sortir. Pourquoi le ferait-elle ? Ils se détestaient.  

Il passait la majorité de son temps à la titiller. Il espérait découvrir sa vraie nature, déclencher une réaction en elle. Mais Malfoy n’était plus certain de vouloir continuer ce jeu malsain, surtout si elle venait à n’éprouver que de la rancœur ou du dégoût envers lui. Envers sa famille.  

Il savait mieux que personne que le passé ne définissait pas l’état d’esprit d’une personne. Il aidait à comprendre un individu, à approfondir les traumatismes, les séquelles et les tendances nuisibles. Mais Draco n’était pas parvenu à garder la moindre trace de lumière. Il se plaisait dans le mensonge, dans la cachotterie. C’était son seul refuge. Derrière son arrogance, il n’y avait qu’un enfant qui espérait se libérer de ses chaînes. Tout comme elle. La seule différence, c’était qu’il n’avait fait aucun effort pour s’en sortir. Il avait plongé toujours plus loin dans l’abysse de son destin, aspirant peut-être à ne jamais en sortir.  

— Est-ce que c’est vrai ? Chuchota Théodore, les yeux brillants de larmes.  

Il ne fallait pas être devin pour comprendre son interrogation. Malfoy se crispa, les membres tendus. Nott connaissait la réponse à sa question. Il avait sûrement besoin de l’entendre de vive voix. Alors Draco se montra franc, la voix sombre :  

— Oui.  

Pansy était redevenue silencieuse. Elle se triturait les doigts. Il s’agissait d’une manie lorsqu’elle se mettait à être triste et qu’elle ne savait comment formuler ses émotions. Il comprenait sa réaction. Pour Malfoy, il canalisait son stress ou son inconfort en mâchant un bâtonnet de bois. Il avait développé cette habitude depuis son enfance. Mais depuis que Riddle était là, sa routine cachait des sentiments changeants. Elle le rendait anxieux et fébrile.  

Il détestait cette sensation. Cette perte de contrôle.  

— C’est pour ça que tu dois remporter à tout prix le tournoi, insista Théo, balayant ses cheveux bruns d’un revers de la main.  

Il tentait de croiser son regard, mais Draco l’évita. Il gardait sa mâchoire serré.

— Ça n’a pas d’importance, répliqua-t-il avec rancœur.  Je vais gagner et vous ne risquerez rien.  

Malfoy se redressa, soudain distant. Il ne voulait pas continuer cette discussion. Mais il fut coupé dans son élan lorsque la silhouette du petit serpent prit forme. Elle descendait les escaliers. Ou plutôt, elle s’accrochait à la rembarre comme si sa vie en dépendait. Draco haussa un sourcil, surprit. Pansy éclata de rire en la voyant.  

— Hermione a dorloté son frère jusqu’à ce qu’il dorme, expliqua-t-elle.  Je ne pensais pas que vous teniez aussi peu l’alcool.  

Hermione finit par les rejoindre, ses jambes tanguant sous ses mouvements. Elle avait les joues rouges et les yeux perçants. Elle rivait son regard sur Malfoy comme si elle espérait le transpercer avec des dagues. Il sourit face à son comportement. Même pompette, elle continuait de lui tenir tête.  

— Navrée, mais je n’ai pas vraiment eu la joie de pouvoir goûter au fameux whiskey de Malfoy dans ma cellule. Mais ne vous inquiétez pas, je vais l’ajouter dans la liste de mes futures activités lorsque je gagnerai le tournoi.  

Malfoy ricana tout bas. Hermione sembla se souvenir de sa présence, croisant ses bras contre sa poitrine, le menton relevé dans un geste de défi.  

— Tu as quelque chose à dire ? 

— À part le fait que tu as si copieusement volé mes effets personnels dans ma chambre, je rajouterai que tu es ravissante avec les joues rouges, se moqua Malfoy.  

Hermione releva son majeur en réponse, les lèvres pincées.

—  Tu aurais dû la voir tout à l’heure, ricana Théodore, toujours avachi contre le canapé. Elle scandait ou plutôt criait qu’elle allait te démolir de ses mains.  

— Vraiment ? S’amusa Draco en continuant de dévisager la Riddle.  

Hermione fit une drôle de grimace, avant de se poser aux côtés du Serpentard. Elle faucha ses jambes pour se libérer de la place et Nott se mit à rouspéter.  

— Ça t’apprendra à dire n’importe quoi.

Pansy s’essuya les yeux sous l’hilarité.  

— Est-ce que je devrais ajouter qu’on l’a vu se trimballer en soutien-gorge dans le dortoir ?  

— Vraiment sexy, s’extasia Théodore en repensant à la scène.  

Malfoy déglutit. Soudain, il regrettait de s’être absenté aussi longtemps.  

— Et Mattheo qui tentait par tous les moyens de la cacher, continua Nott en riant comme un ogre. C’était le chaos. C’est si dommage que tu n’as pas pu assister à ça, enchérit son imbécile d’ami en lui lançant un clin d’œil.  

Ses camarades savaient exactement ce qu’il faisait et il pesta dans sa barbe, alors qu’il commençait à ressentir une chaleur contre ses oreilles. Hermione n’était pas en reste, le visage enfoui contre ses mains, elle marmonnait de vagues insultes.  

Pansy ne prit pas longtemps avant de rejoindre sa chambre, tout comme Théo. Son ami plaqua sa paume contre son épaule dans un geste amical avant son départ. Il connaissait la taquinerie qui brillait dans ses yeux.  

— Passe du temps avec elle, mima-t-il de ses lèvres.  

Malfoy souffla alors qu’il se réinstallait contre le siège aux coussinets duveteux. Il n’y avait plus un son dans la salle. Hermione l’évitait. C’était son tour et Draco en fut irrité. Il n’était pas en droit de lui reprocher ce comportement lorsqu’il avait passé ses dernières heures à le faire. Mais il était incapable de ne pas vouloir tenter une approche lorsqu’elle se trouvait dans la même pièce que lui.  

Se passant une main dans les cheveux, il rouspéta, soudain anxieux. Il sortit de sa petite poche un bâtonnet qu’il planta entre ses dents. Son geste attira l’attention d'Hermione vers sa bouche. Elle déglutit.  

— Je ne pensais pas que tu agirais comme tous les autres, maugréa-t-elle tout bas.  

Malfoy se figea sous ses paroles. De quoi parlait-elle ?  

— Qu’est-ce que tu veux dire ?  

Il commençait à être furieux. Venait-elle de le comparer aux autres étudiants de l’établissement de Poudlard ? Il n’arrivait pas à y croire. Peut-être était-ce son arrogance, mais il gardait un goût amer dans le fond de la gorge.  

— Tu me fuis comme la peste. Est-ce que mon passé te dégoûte à ce point ? Répliqua-t-elle avec tac.  

Elle gardait ses poings serrés, se retenant probablement de frapper quelque chose. Au mieux, de planter ses phalanges contre le visage de Malfoy. Il grogna en retour, se passant une main contre le visage. Pensait-elle vraiment qu’il était révolté ? N’avait-elle rien compris ?  

— Pourquoi est-ce que mon opinion aurait la moindre importance pour toi ?  

Il était froid. Il souhaitait reprendre le contrôle de la situation, parce qu’il se sentait tomber. Si Hermione commençait à éprouver un réel intérêt pour lui, il était fichu. Elle ne pouvait se laisser emporter. Il était le seul apte à se montrer obsessif avec elle. Il était stupide. Elle ne devait pas l’être.  

Hermione se contenta de baisser son visage en riant. L’intonation qui transperça ses lèvres était triste. Le bruit fendit son cœur.  

Inconfortable, Malfoy mâcha son bâtonnet, l’esprit en ébullition. Que devrait-il dire dans une telle situation ? Il n’en avait aucune idée. Ce n’était pas dans ses habitudes de se montrer doux ou réconfortant. Encore moins de souhaiter réparer ses erreurs. Pourtant, à cet instant précis, il voulait effacer les pensées du petit serpent. Il voulait lui dire qu’il la trouvait résiliente, que son passé n’était qu’un mirage obscur, ce qu’elle avait vécu, qu’il voyait bien au-delà de ses cicatrices. Mais il resta silencieux à la place.  

Il était lâche.  

Hermione se releva, ses jambes continuant de tanguer.  

— Bien, finit-elle par prononcer. Tu as raison. Ça n’a pas d’importance. Seulement, je ne pensais pas que la noirceur pouvait à ce point entacher l’opinion d’une personne pour toi. On sait tous les deux qu’une cicatrice ou un tatouage ne définit pas un sorcier. N’est-ce pas, Malfoy ?  

Elle porta son regard vers l’avant-bras de Draco, qui était caché par sa chemise noire, et il se renfrogna. Évidemment qu’il savait que ce signe était la marque du diable. Il ne l’avait jamais souhaité, mais voilà qu’elle se retrouvait contre sa chaire, comme un vise sombre qu’il ne pourrait jamais se défaire.  

Alors que Hermione se détournait de lui, il vit rouge. Il lui empoigna le poignet si fort qu’en l’attirant à lui, elle rebondit contre son torse, la respiration coupée. Malfoy tenta de ne pas réagir au contact de sa poitrine contre sa chemise. Il prit une inspiration sifflante.  

Il devait garder contenance. Bordel.  

— Ne joue pas à ça avec moi, Riddle, grogna Draco sombrement. Tu as vu mes souvenirs comme j’ai vu les tiens. Tu sais ce que cache ma famille, ce qu’il t’a fait.  

Il tremblait de rage. Pas contre elle. Sa colère tourbillonnait contre sa peau comme un aimant à problèmes et Hermione plongea dans sa noirceur avec une telle facilité qu’il en frissonna. Elle rapprocha son visage, effleurant ses lèvres, les yeux perçants.  

— Est-ce que ça a seulement été un jeu, Malfoy ? Cracha-t-elle. Comme tu dis, j’ai vu ce que ton père a fait, tout comme je sais qu’il a levé la main sur moi un nombre incalculable de fois. Pourquoi est-ce que je dirigerais ma colère à l’encontre d’une personne qui a été le souffre-douleur de son propre père ? C’est ridicule que tu puisses le concevoir.  

Malfoy retint sa respiration, la bouche entrouverte, son palpitant battant de manière frénétique dans sa poitrine. Il était toujours furieux, mais cette fois-ci contre elle. Elle devenait absurde et incommensurablement idiote de penser qu’il n’était pas fautif ; qu’il méritait une telle compassion.  

— Ce n’est pas parce que j’ai souffert que je ne suis pas apte à faire la même chose, cingla-t-il avec rancœur.  

— Vraiment ? Répliqua la Riddle avec raillerie et il eut envie de la frapper ou de l’embrasser sous son affront. Le fait de vouloir à tout prix me faire entendre raison que tu es possiblement sombre me laisse penser le contraire.  

— Tu es ridicule, gronda-t-il.  

Leurs lèvres se frôlaient dans une danse si chatoyante de flammes que Malfoy se surprit à ne pas se brûler les ailes.  

— Et toi, tu es lâche.  

— Lâche ? Grommela Malfoy, toujours furieux.  

Draco ne savait quoi faire de ses mains. Dans un geste incontrôlable, il empoigna sa mâchoire, la poussant à arquer son corps pour maintenir ses prunelles vers son visage. Ses cheveux platine venaient caresser le nez retroussé d'Hermione. Elle écarquilla les yeux. Mais Malfoy voulait des réponses. Son sang bourdonnait contre ses tempes.  

— Tu as été le premier à espérer déchiffrer mes failles par curiosité et maintenant que j’éprouve le même intérêt à en découvrir plus sur toi, tu fuis. C’est lâche.  

Malfoy déglutit, alors qu’il se mit à glisser son pouce contre sa peau, la faisant frissonner.  

— Si notre passé à tant d’importance à tes yeux alors continue de m’éviter, prononça Hermione avec rancœur. Peut-être qu’en t’éloignant, tu arriveras peut-être à enfin te concentrer sur l’essentiel et remporter le tournoi. Mais je te préviens, je ne me laisserais pas faire.  

Elle venait de prendre une intonation moqueuse et ce fut la goutte de trop qui faisait déborder le vase. Malfoy détestait qu’on se foute de lui, surtout lorsqu’il n’attendait qu’une chose: plaquer ses lèvres pour la faire taire.  

— J’ai une meilleure alternative.  

Son souffle était court. Sa voix rauque. Hermione ne sembla pas prendre conscience de la portée de ses paroles. Mais c’était trop tard. Il ne lui en laissa pas le temps. Il plaqua ses lèvres contre les siennes avec une telle force qu’il fit claquer leurs dents. Elle s’agrippa à sa chevelure sous l’agitation, arquant son corps pour le coller contre le sien. Ses mains joignirent son geste, se plantant contre son bassin.  

Elle goûtait le miel et le paradis. Et pour la première fois, il se dit que s’il rejoignait l’autre côté, il se sentirait accompli. Il avait déjà un pied entre la terre et l’enfer. Il n’hésiterait pas à l’attirer avec lui dans son abysse.  

Hermione Riddle n’était pas seulement sa perte, mais aussi son salut.

Chapter 13: Dispute

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CHAPITRE 13

Dispute

« Bien que Hermione Riddle ait vécu l’horreur dans son enfance, elle ne serait pas au bout de ses peines. Une nouvelle révolte prenait forme. Elle avait bien des ennemies. Et elle devrait savoir qu’il ne fallait jamais jouer avec le feu au risque de se faire brûler. »


— Non d’un chien ! Grogna Mattheo dans sa barbe en s’étirant avec maladresse.

Hermione était à ses côtés, les joues rouges alors qu’elle se retenait de rire. Son frère venait de prendre sa première cuite de sa vie, tout comme elle. Malfoy avait décampé du dortoir et elle se retrouvait accompagnée de Théodore, tentant de comprendre les mécanismes d’une gueule de bois. Mais c’était impensable. Mattheo avait l’air d’être en souffrance. Elle s’était inquiétée de son état et Nott s’était contenté de s’esclaffer, affirmant que c’était tout à fait normal. Comment pouvait-elle le savoir bordel ?

Son frère, le visage livide, les yeux vitreux et rouges de fatigue, continuait de grogner tout bas, le corps enfoui sous les couvertures. Il avait l’air d’un cadavre. La seule distinction, c’était qu’il arrivait toujours à prononcer des jurons à tout va. C’était… des plus inattendu. Mattheo était connu pour son contrôle et sa patience. Mais aujourd’hui, il avait un mal de tête atroce, une envie de gerber lui tenaillait le ventre et il se sentait piteux pas seulement devant sa sœur, mais aussi devant Théodore. L’aspect d’être un spectacle ne l’enchantait pas.

Replongeant son visage dans le coussin en maugréant une millionième suite d’insultes, Mattheo se surprit à vouloir s’enterrer à main nue. Sans magie. Juste pour bien se faire souffrir de s’être montré aussi stupide. Plus jamais il ne toucherait au whiskey de sa vie.

— Est-ce qu’il va survivre ? Demanda avec précipitation Hermione, les yeux écarquillés.  

— Je ne suis pas certain, taquina Nott avec raillerie.  

Mattheo se redressa, le regard fou et le front remplis de sueur.  

— Je vais vraiment mourir ? Questionna-t-il avec désespoir.

— Mais non, espèce de sale idiot qui n’a jamais touché à la joie de l’alcool de toute sa vie ! Pesta Théodore en se frottant les paupières. Il arpentait la chambre des Serpentard en se massant les tempes, passablement agacé. Nom de Dieu, si on m’avait dit un jour que je me retrouverai dans une situation aussi étrange… ajouta-t-il dans sa barbe.  

— Ça veut dire que je suis OK ? Redemanda Mattheo, un sourcil relevé.  

Il était frustré de l’intonation moqueuse du Serpentard.  

— Mat, souffla Hermione en se pinçant les lèvres, retenant un deuxième fou rire. On te taquine, tu ne risques rien. Une petite potion pour te revigorer et tu seras prêt à assister à l’entraînement.  

— Oh, merde, grogna Mattheo en retour en se plantant la paume de sa main sur son visage. Il n’y a pas moyen que je reste ici quelques heures ? De préférence, sans la présence de cet abruti qui se fout de ma gueule ! S’éructa-t-il en fusillant Nott du regard. Mais Mione, tu es la bienvenue, rajouta-t-il avec douceur.  

Théodore éclatait de rire, le corps plié en deux.  

— Parfait, hoqueta-t-il entre deux railleries. Je n’avais pas prévu jouer la baby-sitter de toute façon, ce n’est pas ma tasse de thé. Bonne chance, Hermione.  

Théodore quitta la pièce avec une précipitation qui la fit marrer. Se calant plus confortablement avec son frère dans le lit, elle lui somma de lui laisser de la place et il grogna en retour.  

— Oh ne fais pas ton insolent avec moi, contra-t-elle. Maintenant, bouge tes fesses que je puisse vraiment m’installer correctement.  

Mattheo soupira, un sourire ornant pourtant le coin de ses lèvres. Bien qu’il soit dans un état lamentable, il était heureux. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi apaisé, sans crainte de perdre la personne qu’il aimait le plus au monde. Hermione était là, à ses côtés, le nez plissé sous le mécontentement. Il se sentait détendu sous la scène.  

— Tu te souviens de la soirée ? Finit-elle par lui demander, en épongeant son front avec une serviette humide.  

Il réfléchit, mais impossible de trouver la moindre trace d’information dans son esprit. Il secoua la tête.  

— Je me rappelle seulement que j’essayais de te couvrir et que tu criais dans ton esprit à quel point tu détestais Malfoy.  

Hermione se rembrunit, les joues rouges et ne prononça pas l’infime son pendant de longues minutes. Mattheo se mit à la taquiner avec son coude dans les côtes.

— Arrête ça tout de suite, Mattheo Riddle, plaisanta-t-elle en souriant comme une enfant.  

— Sinon quoi ? Tu vas me menacer de m’écorcher comme tu le fais toujours avec monsieur-bâtonnet-dans-la-bouche ?  

Hermione lui tapa le front en retour, les lèvres pincées.  

— Cesse de lire mes pensées, c’est très… agaçant.  

— Peut-être qu’il faudrait que tu t’intéresses à autre chose, ça aiderait, répliqua Mattheo, une risette aux commissures des lèvres.  

— J’arrive parfaitement à me concentrer. Il n’est qu’un sombre crétin, c’est tout. C’est normal que ça prenne autant de place vu son immense arrogance de bouffon.  

Mattheo se mit à ricaner et Hermione le suivit, se calant contre son épaule, les yeux brillants d’espièglerie. Passant une main dans les cheveux caramel de sa sœur, il se mit à réfléchir aux prochains évènements qui prendraient forme. Il ne restait qu’une étape pour la sélection du tournoi des sorciers. Ils devaient rester plus soudés que jamais. Malfoy ne devait plus interférer avec sa sœur. Il était trop imprévisible et sombre au goût du Riddle. Draco finirait par retourner le cerveau d'Hermione avec ses moqueries incessantes et il fallait que ça cesse.  

— Ne t’en fais pas, rassura Hermione en retour à ses pensées. S’il m’approche de nouveau, il sera récompensé avec une surprise des plus inattendues.  

Mattheo sourit, comprenant l’image qu’elle avait en tête. Il n’avait qu’une hâte: que Draco Malfoy finisse par se lasser ou décide de s’allier avec eux. Il n’y avait pas d’autre option. Soit il était l’ennemi, soit il se ralliait à leur cause. Il espérait que le Serpentard fasse le choix le plus judicieux. Pour sa propre sécurité. Il ne doutait pas du potentiel de sa sœur ; lorsqu’une idée prenait forme dans son esprit, rien au monde ne pouvait l’arrêter. Alors Malfoy ferait mieux de se montrer courtois au risque d’attirer les foudres d'Hermione. Parce qu’elle en mourait d’envie ; de planter ses griffes dans sa proie.


— Tu n’es pas sérieux, j’espère ! Harry-Potter-de-mes-deux ! S’écria avec force Ginny Weasley.  

L’Élu se fit tout petit dans la salle sur demande. Il comptait tout avouer à sa copine et pour le moment, ça ne se passait pas vraiment comme prévu. En même temps, il était certain qu’elle ne prendrait pas bien la nouvelle. Mais de là à lui jeter des livres au visage ? Catastrophique.

Se cachant derrière ses bras alors qu’un autre projectile venait lui fouettait la figure, il échappa un grognement de douleur. Ginny était connu pour son côté farouche. Il aimait beaucoup cet aspect chez elle. Le seul problème ? Il ne savait absolument pas sur quel pied danser. Elle était furieuse. Pire que ça. Si elle continuait dans cette direction, elle finirait par placarder le visage de son copain sur un portrait. Pas très glorieux comme fin de vie, pensa Harry avec désolation.  

Lorsqu’elle releva sa main, empoignant cette fois-ci une série de disques de musique, il se mit à pester dans sa barbe.  

Ça tournait mal. Très mal.  

Harry releva ses mains en l’air dans un geste de trêve.  

— Mon ange, je crois qu’il serait peut-être plus judicieux de se…

Il se reçut un des objets en plein visage. Les lunettes de travers, il se força à prendre une respiration, son cœur battant avec force contre ses tempes. OK, comment devait-il procéder ? Il ne savait pas vraiment comment désamorcer la bombe qu’était sa copine en ce moment même. Elle était sur le bord de l’explosion. Non en réalité, elle était déjà déchaînée.  

Maugréant une énième insulte à son encontre, Ginny se mit à continuer ses attaques. Elle lui projeta, coussins, peluches, disques. En posant son regard sur une nouvelle trouvaille, Harry se mit à déglutir. Ginny sourit en tenant des ampoules dans le creux de ses paumes.  

Bordel. Le seigneur devait lui venir en aide. Tout de suite.  

— Hé, hé, hé, s’écria Harry, anxieux.  

Il ne réfléchissait plus vraiment. Il n’en avait pas la possibilité. Ginny l’ignora, les joues rouges de colère.  

— Il ne s’est rien passé, bordel !  

L’ampoule se fracassa contre une colonne à sa gauche, éclatant en mille morceaux. Harry sursauta, le visage livide.  

— Je me fiche qu’il ne se soit rien passé ! Espèce de sale menteur. Ginny lui jeta un nouvel objet qu’il n’arriva pas à identifier. Tu aurais dû me tenir au courant qu’elle faisait mouche sur toi !  

Harry s’échappa, les fesses en feu, se cachant derrière un piler bien trop étroit pour le dissimuler complètement. Il avait l’air d’un imbécile. La moitié du corps à découvert et les lunettes pendant contre son nez retroussé.  

Ginny Weasley pointa un doigt menaçant vers la forme de son copain, les yeux brillants de rancœur.  

— Tu comptes t’allier avec elle ? L’accusa-t-elle.  

— Non, bien sûr que non ! Se contenta-t-il de balbutier en retour.  

Ça ne sembla pas la convaincre. Sûrement parce que son intonation était plus terrifiée par le courroux de sa copine que la question en soit.  

— Menteur !  

Elle se rapprocha pour agripper son bras, mais il s’échappa de sa prise dans des mouvements de ninja. Se postant à une distance plus sécuritaire, il se força à inspirer par les narines.  

Parfait. Elle s’était calmée.  

Ginny, les bras croisés, l’observait comme s’il n’était qu’une simple bouche qui avait rôdé trop proche des excréments. Il grimaça. C’était peut-être pire en fait.

— Elle m’a communiqué des informations très importantes quant à la prochaine épreuve. C’est tout. Elle m’a proposé de s’allier, mais je n’ai jamais donné de nouvelles, expliqua Harry avec précipitation. De toute façon, tu n’es pas la seule à être contre le fait de faire équipe avec elle.  

— Pardon ? Se récria Ginny, de nouveau furieuse.  

Elle tenta une approche, mais il recula, les joues rouges d’embarras. Pourquoi était-elle en colère cette fois ?  

— Tu as parlé de ton escapade nocturne avec la Riddle à une autre personne, mais pas à moi ? Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans ta tête, Harry Potter ?  

Il était rare que Ginny le prénomme ainsi. Et là tout de suite ; il voulait s’enterrer six pieds sous terre. Disparaître du monde, si ça lui permettait d’avoir un moment de répit et de ne pas affronter la rage de sa copine. Bordel, il agissait comme un lâche.  

Redressant ses épaules, il inspira pour se donner du courage.  

Bien, pensa-t-il. Ce n’était qu’un malentendu.  

— Je ne l’ai dit à personne, reprit Harry avec calme. Il avança vers Ginny dans de lents mouvements. Il craignait encore pour sa vie. Malfoy nous a surpris et m’a menacé en disant que je ne devrais pas m’affilier avec Hermione. 

— Oh et bien pour la première fois de ma vie, je suis d’accord avec ce bouffon ! Rétorqua avec véhémence la Weasley.  

Le nez plissé, ses yeux continuaient de l’incendier. Il déglutit.  

— Il m’a conseillé d’en découvrir plus sur elle. Il semblerait que les statues mystiques de Poudlard sachent certaines informations quant à la famille Riddle. 

Lorsqu’il se retrouva devant sa copine, à moins d’un mètre de différence, il prit une légère inspiration. Elle ne prononçait pas la moindre parole. Et elle ne commit pas d’impair ; ne lui lançant rien au visage par exemple. Il sourit, soulagé.  

— Je n’ai pas voulu te le dire parce que j’étais terrifié de la prochaine épreuve et je ne savais pas comment t’annoncer la nouvelle. Et aussi, je ne voulais pas te déranger pour quelque chose de futile, vu que je ne comptais rien faire.  

Ginny se détendit. Les traits de son visage étaient encore tirés sous la frustration, mais la guerre était finie ; elle avait baissé les armes et le drapeau blanc commençait à pointer le bout de son nez.  

— Même si tu ne pensais pas que c’était important, je suis présente pour te soutenir, Harry, souffla-t-elle avec déception. À l’avenir, ne me cache plus ce type de conversation. Est-ce que c’est bien clair ?  

Il hocha la tête avec une telle vitesse qu’il se demanda s’il ne venait pas de se fracturer les cervicales. Bordel, il avait mal. Avec l’impression de s’être dévissé le crâne, il apposa sa main contre sa nuque.  

— Parce que sinon, je me ferais un plaisir à te couper les couilles, menaça Ginny dans une promesse sombre.  

Évidemment, voulut-il répondre en roulant des yeux. Mais sa copine était très sérieuse, alors il agréa à ses dires, la mâchoire serrée.  

— Qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ? Est-ce que tu vas prendre les paroles de Malfoy au sérieux ? Questionna Ginny avec curiosité.  

— Oui. Bien que je suspecte qu’il soit épris d’elle, je pense qu’il soulève un point important ; je dois en découvrir plus sur elle, affirma Harry.  

Sa copine se mit à arpenter la pièce qui était dans un état catastrophique. Elle ne sembla même pas le réaliser tant elle était perdue dans ses pensées. Se posant d’un pied à l’autre, appréhendant la suite de ses paroles, Harry patienta. Il s’était promis d’agir avec elle dans l’avenir. Alors il le ferait.  

— Luna m’a parlé du centaure présent dans la tour des Poufsouffle. On pourrait s’y rendre à la tombée de la nuit pour recueillir des informations, non ?  

À son regard empreint d’excitation, braver les règles de Poudlard lui avait manqué. Harry sourit sous la conspiration du moment. Voilà ce qu’il aimait chez Ginny ; son côté fougueux. Non pas lorsqu’elle lui balançait des ampoules au visage, les traits tordus de colère.  

Se forçant à oublier la scène, il se posta contre le sol, la joignant de le suivre. Ils devaient établir un plan. Personne ne devait sortir après le couvre-feu, au risque de perdre des points de Maisons. Et certains étudiants avaient pour tâche de roder les lieux. C’était sans compter de certains professeurs qui pourraient les surprendre.  

Harry sourit, un doigt contre ses lèvres. Il savait ce qu’il devait faire. Se penchant vers Ginny, il lui chuchota la machination qui prenait forme dans son cerveau.  

Demain, il en découvrirait plus sur Hermione Riddle. Il transpercerait les fantômes de son passé et les secrets de son avenir. Il le fallait. Peut-être que la protection de Poudlard et de tous les étudiants en dépendait.  


Draco Malfoy l’avait embrassée. Hermione n’arrivait pas à y croire. Cet imbécile avait osé poser ses lèvres contre les siennes. Pas qu’elle n’avait pas apprécié la sensation. Mais ce n’était pas le sujet.  

Ça ne se reproduirait plus.  

S’il pensait avoir le moindre ascendant sur elle, il se trompait. S’il tentait l’infime approche, elle l’enverrait bouler. Et ce serait une des expériences les plus gratifiantes de sa vie. Elle en était certaine. Elle était presque impatiente qu’il pointe le bout de son nez pour qu’elle sorte les griffes.  

Il s’était donné comme défi de la mettre dans son lit. Et elle avait été franche ; ça ne se produirait qu’au moment où les poules auront des dents. En d’autres termes, jamais. Donc il pouvait toujours courir.  

Satisfaite de ses pensées, bien qu’elles n’aient pas arrêté de tournoyer dans son esprit toute la journée, Hermione prit le soin de se rendre dans la salle de bain du dortoir des Serpentard. Il se faisait tard et affronter les œillades vivifiantes de pitié des élèves l’avait exténuée. Elle n’attendait qu’une chose, sentir l’eau chaude contre sa peau et souffler.  

Elle n’avait osé l’avouer, mais elle était peu habituée à pouvoir se doucher. Lorsqu’elle était dans le donjon, elle n’avait pas eu droit à un tel luxe. Alors, les premières journées à Poudlard s’étaient avérées assez dramatiques. Elle avait contemplé avec désolation les nombreux produits de Pansy. La jeune Serpentard lui avait conseillé de les prendre. Mais elle ne savait trop quoi faire de leur utilisation. Hermione avait appris avec le temps comment prendre soin d’elle. En partie.  

Les doigts tremblants, elle se mit à se rincer les cheveux, les yeux ailleurs.

McGonagall avait affirmé qu’il ne restait qu’une ultime épreuve pour la sélection du tournoi des sorciers. La compétition approchait à grands pas et son estomac se serrait sous l’angoisse. Depuis le dernier test, elle redoutait les futures semaines.  

Les entraînements étaient brutaux. Elle se prenait de nombreux coups. Les élèves n’étaient pas plus cléments avec elle. Seulement distants. Elle appréciait presque le geste. Elle ne voulait pas de la douceur. Elle ne savait quoi en faire. Alors, elle répliquait à chaque attaque et elle mettait toute son énergie dans ses cours.  

Malfoy s’était plusieurs fois absenté cette semaine. Depuis leur baiser, elle ne l’avait presque pas croisé. C’était mieux ainsi. Elle continuait de se concentrer sur ses objectifs. Sa présence ne ferait que lui mitrailler le cerveau d’images grotesques de ses lèvres et de ses mains contre ses cheveux.  

Secouant sa tête pour changer le courant de ses pensées, elle sortit de la douche. S’entourant d’une serviette blanche à l’effigie de la maison Serpentard, elle prit une longue inspiration. En s’observant à travers la buée du miroir, elle aperçut son corps musclé. Elle mangeait mieux depuis son passage à Poudlard.  

Hermione ouvrit la porte à la volée pour rejoindre sa chambre attitrée avec Pansy, tout en zieutant les alentours. Elle avait oublié ses satanés vêtements. Mais il y avait une mince chance dans son malheur. Personne n’était en vue.  

Elle sourit.  

Hermione amorça un pas vers le couloir avant de se faire agripper le poignet. Elle ne capta pas la forme dans la noirceur. Mais la paume de l’individu était large, agrémentée de bagues qui lui glacèrent la peau. Elle réagit à l’instinct, frappant l’intrus en plein dans le plexus solaire. Son agresseur étouffa un grognement en s’éloignant pour porter une main à sa poitrine. Hermione redressa sa petite frimousse, les cheveux dégoulinants, croisant les iris gris de Draco Malfoy.  

Qu’est-ce qu’il faisait là ?  

La paume calée sur son torse massif, il lui offrit un sourire carnassier.  

Si ses yeux pouvaient lui jeter des flammes, elle brûlerait à l’instant même sous la chaleur de son regard. Le rouge lui monta aux joues. Il était absolument impossible qu’elle reste dans cet accoutrement devant lui. Plutôt mourir que de continuer d’affronter les dagues dans le fond de ses prunelles alors qu’elle ne portait qu’une serviette.

Pivotant pour s’échapper de la passion brûlante dans ses iris, Hermione échappa un hoquet de stupeur. L’imbécile venait de la plaquer contre le mur, tout en rigolant sombrement dans son oreille.  

— Ça m’avait manqué, je dois avouer, susurra-t-il avec douceur.  

— Quoi donc ? Que je colle mon poing dans ton visage ? Répliqua-t-elle avec hargne.  

Elle n’était pas patience ce soir. Et à bien y penser, elle ne voulait certainement pas se coltiner sa présence. Elle préférait s’en tenir à son objectif ; rester loin de lui. Mais Draco Malfoy avait bien des idées en tête, mais sûrement pas de la laisser tranquille. Ça ne faisait pas partie de son vocabulaire.  

Les sourcils froncés, elle affronta son regard, les yeux perçants.  

— Tu ne l’as pas encore fait à ce que je sache, roucoula Malfoy avec raillerie pour donner suite à ses paroles.  

Effectivement, elle n’avait toujours pas aplati sa main sur son visage. Et elle était très tentée de le faire. Surtout lorsqu’il affichait un sourire aussi torve et moqueur.  

— Oh, je compte bien le faire, menaça-t-elle.  

Il se contenta de rire tout bas, son nez frôlant sa joue au passage. Elle frissonna malgré elle. Elle avait froid. Tout simplement.  

— Et si tu me lâchais à la place ? J’ai d’autres choses à faire. Comme dormir par exemple, railla Hermione avec sarcasme.  

Draco se contenta se toucher son cou du bout des doigts, remontant jusqu’à agripper sa chevelure humide. Il sourit lorsqu’elle frémir pour la deuxième fois.

— Perturbée, Riddle ? Et on sait très bien tous les deux que tu ne comptais pas dormir.

Hermione fronça les sourcils. Bien sûr qu’elle comptait se plonger dans ses couvertures. Était-il stupide ? Sa grimace dut être assez éloquente, parce qu’il éclata de rire.  

— Tu ne comptais pas dormir, parce que tu te retrouves en ce moment même avec moi. Entre mes bras. Plaquée contre le mur. N’est-ce pas amusant ? Se moqua Malfoy.  

— Si tu es si impatient de me parler, Malfoy. Laisse-moi au moins le temps de me changer, grogna-t-elle, le visage en feu.  

— J’ai déjà manqué ta petite course en soutien-gorge dans le dortoir lorsque tu as fêté sans moi, ricana-t-il en se penchant vers elle. Leurs visages se frôlaient comme des aimants à problèmes. Hermione déglutit.  Je pense que je vais bien profiter de t’avoir en serviette devant mes yeux. Maintenant.  

Hermione inspira par les narines, la fureur commençant à faire son apogée contre sa peau. Malfoy comme s’il était conscient de sa colère, posa un doigt sur sa joue, traçant ses taches de rousseurs avec une précision presque fascinante.  

— Est-ce que tu as envie de m’étrangler ? Déclara-t-il.  

Il fit descendre ses doigts jusqu’à son menton. Son toucher était du feu et Hermione de la glace.  

— Me tuer ? Continua-t-il d’une voix rauque.  

Il empoigna son cou, exerçant une mince pression pour la pousser à croiser son regard.  

— Ou m’embrasser ? Conclut-il.  

Leurs lèvres se frôlaient. Draco avait la respiration sifflante, les iris écarquillés, comme s’il n’attendait qu’une chose ; la posséder. Elle déglutit en retour. Hermione n’arrivait pas à détacher ses yeux de son visage, passant de ses sourcils à sa peau laiteuse, puis à ses lèvres pleines. Il les entrouvrit, dans l’attente d’une réponse. Elle ne voulait pas lui en donner. Elle avait prévu un tout autre message ; plus éloquent.  

Relevant son genou avec force jusqu’à atteindre son entrejambe, Draco se plia en deux sous la douleur, une main plaquée contre ses parties intimes. Hermione sourit avec mesquinerie.  

— Non, Malfoy. J’avais envie de t’enlever ce qui t’est le plus cher, tes couilles, susurra-t-elle. Bonne soirée.  

Puis elle traversa le couloir et claqua la porte de sa chambre derrière elle, les joues rouges. Adossée contre le battant, elle éclata de rire. Elle n’avait jamais produit un tel son. Du bonheur à l’état pur. Cet abruti s’était fait prendre à son propre jeu. Il pouvait bien rêver de l’embrasser, elle continuerait de résister. Et s’il persistait sur cette voie, il ne connaîtrait pas la joie d’avoir une lignée.  

Elle imagina un troupeau de Malfoy et ricana tout bas.  

Quel imbécile !

Chapter 14: Le Centaure

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CHAPITRE 14

Le Centaure

« Il faut prévenir la directrice de Poudlard ! » s’écria avec hystérie Pansy Parkinson.  

« Pourquoi faire ? » questionna Mattheo, les yeux écarquillés de stupeur.

« Elle est en train de mourir, bordel ! Fais quelque chose... Draco ! »


— Tu as vu ce qu’elle a fait ? Chuchota une voix dans la noirceur.  

Il y eut des murmures dans la salle. Poudlard contenait bien des secrets. Et les élèves comptaient bien profiter de l’obscurité de la nuit pour planifier, manigancer.  

— Tout le monde la prend en pitié maintenant, alors qu’elle est une meurtrière. Elle a assassiné un membre de la rébellion, ajouta un second individu.  

— Les étudiants tentent de trouver des excuses à la famille Riddle, mais jamais je ne lui pardonnerai, grogna un sorcier de dernière année.  

Il s’agissait d’un jeune homme à la chevelure noire, aux yeux verts et au nez retroussé de tâches de rousseurs. Il imprégnait la fureur et le désir de vengeance. Depuis l’épreuve de la chute de l’Esprit, certains membres de différentes maisons se regroupaient à la tombée de la nuit dans la tour ouest des Serdaigle. Il y avait beaucoup de chuchotements qui courraient. Tous se ressemblaient.  

Une révolte commençait à faire rage.  

Bien que la Riddle ait enduré de nombreux châtiments dans le passé, le meurtre était intolérable. Et les pensées lugubres, l’étudiant aux cheveux sombres n’attendait qu’une chose ; jeter son courroux sur Hermione Riddle. La détruire. Elle avait tué son père. Et il lui ferait subir le même sort. Il espérait participer au tournoi. Ce serait une opportunité en or pour assouvir son besoin sanglant de la charcuter.  

Certains disaient qu’elle avait souffert, qu’elle ne méritait pas ce qu’elle avait vécu aux mains de son père.  

Il pensait autrement.  

— Ne t’en fais pas, Gregory, susurra la voix sombre de Ron Weasley dans l’attroupement des étudiants. Tu auras ta vengeance, je te le promets.  

Les iris incandescents de flammes et de rage, Grégory se préparait à faire irradier la violence de sa colère. La rancœur atrabilaire qui empoignait la gorge des élèves était si agressive que l’excitation se mit à emplir l’atmosphère. Des promesses furent chuchotées au coin du feu. Certains voulaient lui arracher les yeux, d’autres les membres. Mais Grégory Podmore, fils de Sturgis, un sorcier ayant contrecarré les plans de Voldemort, voyait plus grand. Il n’y avait qu’une solution pour terrer le serpent de sa tanière ; il fallait lui couper la tête. Et il ne serait pas seul pour accomplir cette tâche.  

Ron Weasley, accoudé contre une poutre en pierre, lui offrit un sourire machiavélique.  

La révolte pouvait enfin commencer.  


Hermione Riddle parcourait pour la première fois de sa vie les rues de Pré-au-Lard. Depuis la guerre, il n’était plus nécessaire d’avoir l’autorisation parentale pour accéder à ces zones. C’était une bénédiction pour Matthéo et Hermione, qui fourrageaient les lieux, des étoiles dans les yeux. Ils avaient fait un premier arrêt aux Trois Balais pour y commander de la Bièraubeurre. 

Pansy, installée à sa droite, la prévint que bien que l’alcool ne fût pas très fort, il ne fallait pas se méprendre. Hermione hocha vaguement la tête alors qu’elle finissait sa deuxième rasade, une moustache blanche ornant le coin de ses lèvres.  

Malfoy, faisant face à son siège, esquissait une risette qui lui tordit l’estomac. Il pouvait bien se moquer, à la fin c’était elle qui avait eu le dernier mot lors de leur discussion au dortoir. Elle n’avait pas seulement remporté leur échange ; le Serpentard s’était pris un coup bien placé dans l’entrejambe.  

Hermione haussa un sourcil en retour, le provoquant du regard.  

Moqueur, il se contenta de pointer du doigt son visage, imitant un enfant qui ne savait pas boire dans un contenant aussi risible qu’une chope de bière. Hermione s’essuya, les joues rouges et Théodore, qui admirait la scène, enfouit sa figure dans son coude pour se retenir de rire. La discrétion n’était pas son fort.  

— Alors, finit par demander Pansy en déglutissant. Elle était mal à l’aise. Probablement parce qu’elle était départagée entre aider son ami de longue date qui souhaitait les protéger d’un funeste destin et soutenir la Riddle. Comment est-ce que vous envisagez le tournoi des sorciers ?  

Mattheo s’étouffa avec sa pinte, recrachant tout son contenu sur Nott qui pesta dans sa barbe, s’essuyant le visage.  

— Sérieux ? Tu ne pourrais pas viser Draco à la place ? Rumina-t-il avec amertume.  

— Je préférais t’avoir comme cible, grogna Matthéo en retour.  

Hermione lui jeta un bref coup d’œil, surprise. Son frère était tendu depuis quelques jours et il refoulait toutes ses émotions sur le Serpentard aux cheveux chocolat, ce qui semblait lui déplaire au plus haut point. Souriant avec circonspection, elle apposa sa main contre la cuisse de Mattheo, espérant calmer ses pensées morbides. Il se détendit à son contact, se pinçant brièvement les lèvres au passage.  

— Ce n’est un mystère pour personne. Je vais remporter le tournoi, finit par souffler Malfoy avec condescendance.  

Hermione pouffa, les yeux brillants d’animosité.  

— Comme si tu avais la moindre chance, rétorqua-t-elle avec force.  

La tension était palpable. Pansy se tendit sur sa chaise, le visage livide, alors que Nott observait sa flûte, les joues rouges. Personne n’osait prononcer l’infime parole. Il n’y avait qu’un échange fougueux de regards entre Malfoy et Hermione. La jeune femme se surprenait à chaque fois qu’elle discutait avec l’imbécile. Elle ne pensait être si furibonde avec sa présence. Pourtant, elle ne cessait de répliquer et de s’offusquer. C’était peut-être un jeu malsain, mais aucun des deux ne prévoyait y mettre fin. Seul le trouble jeté dans l’attablée les poussèrent à baisser les armes.  

Pour quelques minutes. Pas plus.  

— Et si on discutait d’autre chose ? Concéda Pansy Parkinson en se grattant la joue.  

— Il n’y a rien d’intéressant à découvrir sur les Riddle qu’on ne sait pas déjà. Alors, pourquoi ne pas parler de l’essentiel: la prochaine épreuve ? Attaqua Draco avec acidité.  

— Oh, parce que tu crois connaître tout sur notre vie maintenant ?  

Hermione braqua ses prunelles sur la forme immonde de l’homme à la chevelure platine, les sourcils froncés. Elle bouillait de colère. Il osait continuellement la sermonner, tentant de l’atteindre par ses paroles plus qu’infâmes. Et il y arrivait. Ça la foutait en rogne rien que d’y songer. Il fallait vraiment qu’elle garde son calme.  

— Je pense qu’on s’éloigne du sujet, balbutia Nott en retour en se faisant petit sur son siège.  

— Non, au contraire, Théo, grogna Malfoy en fusillant du regard la Riddle. Tu imagines que j’éprouve le moindre intérêt pour toi ? Tu es bien arrogante de le penser.  

Hermione se mit à ricaner, les joues rouges d’indignation. Les poings serrés, elle se retint avec une grande difficulté de se jeter sur sa proie pour lui arracher ses orbes oculaires. Elle en prendrait soin ; dans une petite coupe avec de l’eau. Ce serait sûrement son passe-temps favori, les observer avec un rictus démoniaque aux lèvres.  

— Personne n’a insinué que tu éprouvais de l’affection pour une pauvre Riddle, cracha Hermione avec colère. Mais si tu sembles si déterminé à le prouver, peut-être qu’il est là le problème.  

— Ah oui ? Asséna Draco, la mâchoire serrée au summum.  

Hermione sourit face à sa réaction, mesquine.

—  En plus de me vouloir dans ton lit, tu es incapable de ne pas passer une après-midi sans espérer te battre contre moi. Connaissant ton penchant pour le défi, je me demande seulement si tu ne souhaites pas plus. N’est-ce pas, Malfoy ?  

Pansy jetait des regards affolés entre ses amis, espérant que l’explosion qui ferait rage ne serait pas nuisible. C’était idyllique de le penser. On aurait dit deux serpents prêts à se repaître de l’autre avec délice.  

— La prochaine épreuve est un mystère et peut-être que c’est mieux de le découvrir en même temps que les autres étudiants. Les murs parlent, il ne faudrait pas accentuer l’animosité qui règne déjà à Poudlard, déclara Mattheo avec fermeté, coupant court à l’échange très puéril de sa sœur et du Serpentard.  

Les deux idiots redressèrent leur torse à l’unisson, continuant de se mitrailler des yeux. Hermione reprit contenance. Pour son frère. Malfoy ne méritait pas son attention. Ce n’était qu’un bouffon excentrique.  

— Elle va avoir lieu dans deux semaines, finit par déclarer la jeune femme, regagnant son sérieux.  

Théodore hocha la tête, les traits détendus. Il avait l’impression de pouvoir respirer de nouveau. Si l’échange s’était prolongé plus longtemps, il risquait de tacher ses putains de sous-vêtements sous le stress. Il fallait vraiment qu’il aille une discussion avec Malfoy. Cet idiot finirait par tous les tuer s’il persévérait sur cette voie. Hermione n’était pas à prendre à la légère. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre son désir d’aplatir son poing contre le visage de Draco. Pourquoi n’analysait-il pas les signes ?  

— Ce qui nous laisse peu de temps pour regagner des forces et trouver un plan, continua Mattheo à voix basse.  

— Un plan ? Qu’est-ce que vous comptez faire ? Répliqua Pansy, les yeux écarquillés sous la confusion.  

Hermione échangea un regard avec son frère, les membres tendus.  

— Le Basilic dans le dortoir des Serpentard a prévenu Hermione d’un présage sombre, expliqua avec lenteur Mattheo.  

Il transpirait, ses mains repliées en coupe contre sa pinte.  

Hermione ne prononçait pas le moindre son. Elle n’était pas certaine qu’il soit avantageux de relayer de telles informations, mais elle fit taire ses pensées, les lèvres serrées.  

— Ergyr ? S’écria Nott avec choc. Il ne parle jamais ! Comment vous avez fait pour que sa langue de vipère veuille discuter avec vous ?  

Malfoy, posté à ses côtés, restait silencieux, les yeux fixés sur Hermione. Il tentait de transpercer les secrets de son âme, mais ils étaient si bien cadenassés que c’était impossible d’en apercevoir la moindre lueur. Il fronça les sourcils, agacé.  

— C’est Hermione qui arrive à échanger avec lui, pas moi, se justifia Matthéo en relevant ses mains en l’air. Puis, il déglutit, se préparant à annoncer la suite. Ergyr a affirmé qu’une révolte commençait à prendre forme dans les murs de Poudlard et que personne ne serait à l’abri des pertes.  

Hermione soupira, se tapotant les tempes sous le stress.  

— Il va falloir s’assurer qu’on se déplace en groupe. Toujours, expliqua-t-elle avec impérativité. Elle posa son regard sur les membres de l’attablée, jusqu’à dévisager son ennemi, Malfoy. Personne ne doit pénétrer l’enceinte du donjon à la tombée de la nuit. On ne peut faire confiance à personne.  

Draco secoua la tête, les iris enflammés de suspicion.  

— La confiance se gagne, Riddle. Et si ce que tu dis est vrai, alors même les membres de notre dortoir peuvent faire partie du soulèvement.  

Son intonation était sombre, emplie de promesses obscures. Nott hocha la tête, les mains liées sous le stress. Pansy ne prononçait pas le moindre mot, la respiration coupée. Hermione voulut la rassurer, mais elle ne savait pas comment faire. Alors, elle lui offrit un vague sourire, les traits figés.  

— Ce n’est qu’une précaution, consola-t-elle en observant Parkinson. Bien que je n’apprécie pas une personne dans le groupe, je suis prête à me battre si c’est pour vous protéger.  

— On se serre les coudes, souffla Mattheo pour faire suite à ses paroles.  

Les mains relevées dans un geste d’entraide, Nott se joignit au mouvement. Pansy ne prit pas longtemps avant de participer. Il ne manquait que Malfoy. Hermione le fusilla du regard. Il haussa un sourcil, les prunelles perçantes, puis finit par capituler.  

Les visages sombres, ils se promirent d’atteindre leurs buts, bien que divergents. Ensembles. Même s’ils étaient connus pour leur mesquinerie, la loyauté d’un Serpentard pouvait faire des ravages. Et Hermione, le sang bouillant dans ses veines se permit de fermer les yeux. Les prochains jours seraient difficiles. Ils devaient rester vigilants. Mais en groupe, ils étaient plus forts. Presque invisibles.


Se retrouver entre les couloirs de Poudlard à la tombée de la nuit était tout sauf normal. Pas pour Harry Potter. La guerre lui avait appris bien des choses ; à se montrer discret, à se fondre dans la masse comme une ombre, à se battre pour survivre tout en éprouvant une solidarité pour ceux qui ont souffert. Aujourd’hui ne différait pas de ces entraînements.  

Quelques heures plutôt, il s’était introduit dans la classe de potion du professeur Horace Slughorn. Il avait réussi à voler une mixture qui lui permettrait de pouvoir revêtir l’apparence d’un autre élève. Il faisait cette mission seul. Ginny avait fini par capituler après ses nombreuses explications. Il ne voulait pas la mettre en danger et s’ils espéraient en découvrir plus sur le passé des Riddle, Harry devait être seul avec la créature mystique. Les Centaures étaient connus pour leur suspicion.  

L’Élu n’avait pas réfléchi longtemps à la physionomie qu’il endosserait. Les cheveux carotte, un nez large et de multiples taches de rousseurs contre ses joues, il était la métamorphose suprême de Ron Weasley. Trouver un cheveu dans le dortoir qu’il occupait avec son ancien ami était une tâche facile. La seule complication de son plan ? Harry avait croisé maints élèves depuis qu’il amorçait son ascension vers la tour de Poufsouffle. Ce qui était étrange. Personne ne parcourait les lieues à cette heure-ci. Il n’y avait personne d’ailleurs pour les réprimander. Ce qui éveilla encore plus sa méfiance.  

Il échangea de brèves paroles avec un étudiant de Serdaigle se prénommant Grégory Podmore. Le jeune homme semblait excité, lui enserrant la main comme s’il était la raison de son existence. Harry grimaça en se rappelant la scène.  

Secouant sa tête pour se focaliser sur sa tâche, il continua à parcourir les couloirs, le corps en alerte. Il avançait à pas feutrés dans l’aile ouest, son esprit tourmenté par les énigmes qui entouraient Hermione Riddle. Il savait que sa quête l’amènerait dans le pavillon de la maison Poufsouffle, un endroit qu’il n’avait que rarement exploré. La créature qui y siégeait serait plus encline à lui donner des réponses. Il l’espérait.  

Les couloirs semblaient plus lumineux et silencieux que d’habitude, comme si l’école retenait son propre souffle.  

Lorsqu’il atteignit le pavillon, Harry fut surpris de tomber nez à nez avec le centaure. Encastré dans le mur de la plus haute tour, il tournait comme s’il se retrouvait dans une cage.  

Ces créatures mystiques, connues pour leur sagesse et leur réticence à interagir avec les sorciers, étaient rarement vues dans l’enceinte de l’institution. Harry ne comprenait pas son apparition. Certains êtres semblaient se fondre dans les maisons de Poudlard, comme s’ils avaient établi leur nid dans la noirceur des lieux. Mais le Centaure avait l’air contraint d’y rester.  

L’être mi-cheval, mi-homme, aux yeux perçants orangés et à la crinière sauvage, le regardait fixement. À sa grande surprise, la créature s’inclina légèrement et dit d’une voix grave:  

— Harry Potter, je sais pourquoi tu es ici.  

L’Élu déglutit, soudain inconfortable. Comment le centaure pouvait savoir son identité ? Il avait l’apparence de Ron Weasley. Puis se rappelant que ces êtres mystiques étaient pourvus de nombreux pouvoirs, il hocha la tête avec respect.  

Il était anxieux. Il appréhendait les prochaines informations. Son intuition lui susurrait qu’il n’y avait aucun présage lumineux quant à la famille Riddle.  

— Tu cherches des réponses sur Hermione Riddle, continua la voix rauque de la créature.  

Harry se pencha, effectuant un bref salut, intimidé par la prestance et l’intelligence de l’être mystique. Le centaure se contenta de l’observer, ses yeux brillants d’une lueur amusée.  

— Je suis prêt à discuter.  

Se raclant la gorge pour se donner contenance, Harry balaya ses cheveux de jais de son visage. Il pencha la tête, réfléchissant à ses prochaines questions. Il avait le cerveau en feu. Comment pouvait-il aborder un tel sujet sans paraître trop curieux quant à la situation d'Hermione ? Elle était mystérieuse, résiliente et surtout une énigme en soi. Et si les créatures semblaient si déterminées à étaler ses secrets, il n’hésiterait pas à s’en abreuver.  

— Qu’est-ce que tu peux me dire sur la famille Riddle ? Finit-il par demander, la respiration haletante.  

Le Centaure ricana, retroussant ses lèvres sous le geste. La lumière des torches vint ajouter un aspect dangereux à la discussion. Bien qu’il soit coincé entre les murs de l’établissement magique, Harry restait sur ses gardes. Les dents aiguisées du centaure équivalaient à des dagues.  

— Qu’est-ce que je ne serais pas prêt à dire plutôt ? Renchéris la créature avec moquerie. Le centaure se mit à arpenter les lieux, touchant du bout des doigts la fortification de Poudlard, les yeux ailleurs. Il y a une prophétie entourant Hermione, sombre et destructrice. Le Centaure continua de traverser les murs, jusqu’à se poster devant Harry, les iris perçants. Elle peut renverser la Monarchie. C’est pour ça qu’ils souhaitent qu’elle se retrouve dans une cage. C’est plus facile de contrôler une bête en lui enlevant sa seule source de lumière ; sa liberté.  

Le Centaure pesta dans sa barbe des paroles étranges, comme s’il était furieux de la situation de la Riddle, comme s’il arrivait à la comprendre. Son regard se reposa sur l’Élu, les traits tirés.  

Se penchant vers Harry, il souffla avec obscurité:  

— Si tu dois savoir une chose, Potter, c’est que le pouvoir ne se définit pas entre la clarté et le côté sombre. Hermione peut manier bien des choses, renverser le destin et les malédictions.  

Harry n’arrivait pas à prononcer la moindre parole, le corps en apesanteur sous les informations.  

— La famille Riddle a connu bien des épreuves, mais ça ne fait que commencer. Ils l’ont décidé. Et personne ne peut les arrêter.  

Le Centaure se retroussa dans le mur de Poudlard, comme s’il s’apprêtait à partir. Ses longs sabots se noyèrent dans l’édifice. Harry se rapprocha, affolé, dans la peur de ne pas en découvrir plus.  

— Attendez ! S’écria-t-il, le souffle erratique. Est-ce que Hermione est un danger pour l’établissement de Poudlard ?  

La créature se mit à rire, disparaissant au fur et à mesure dans l’enceinte. Il n’y avait plus que l’éclat de son visage dans le couloir. Ses yeux orangés scrutaient l’Élu avec une lueur malicieuse.

— Hermione Riddle peut tout démolir. Elle est sa propre destruction, comme celle des autres. Il s’agit de son sang. Le Centaure lui offrit un sourire carnassier. Les démons tapagent les murs et n’attendent qu’une chose ; que leur fureur éclate. Et c’est elle qui détient les rênes. Personne d’autre.  

Puis le Centaure disparut, laissant Harry dans un état comateux de questions. Il n’arrivait plus à réfléchir. Il avait l’impression d’être encore plus déconcerté et confus qu’au début de leur discussion. Il y avait un présage de sang, de démons et de destruction. Mais Hermione était-elle vraiment la maîtresse du destin ou s’agissait-il seulement d’une énigme ? Il n’arrivait pas à comprendre. Le cerveau en ébullition, il se frotta les tempes.  

Alors que l’Élu rejoignit son dortoir, les poings serrés, il ne réalisa pas la présence d’une ombre dans le couloir.  

Dans l’alcôve sombre, Ron Weasley était vautré, là où les lumières ne pouvaient l’atteindre, les yeux brillants de vengeance. Il venait de découvrir l’explication pour accomplir sa soif de sang. Et il n’hésiterait pas à relayer l’information au mouvement qui prenait forme dans la foule des étudiants. Hermione Riddle pouvait dormir en paix ce soir, parce que demain était un autre jour.  

Ses poings serrés tremblaient de rage, et son visage était marqué par une détermination froide et inébranlable. La mention d'Hermione Riddle, fille de Voldemort, ne faisait qu’attiser les flammes de sa colère. De sa vengeance.  

Sa mâchoire était crispée et une veine battait contre sa tempe. Il avait les épaules tendues, comme un prédateur prêt à bondir sur sa proie. Sa main droite tenait fermement sa baguette, les jointures blanchies par la force de sa prise.  

Hermione Riddle n’était plus une simple élève, mais une figure liée à une prophétie de destruction. Et pour Ron, cela signifiait qu’il devait intervenir et vite.  

Il se redressa, prêt à mettre son plan en action. Il n’était plus le Ron Weasley jovial et insouciant. Il était un homme en mission, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Il sortit de l’ombre, ses pas décidés résonnant dans les couloirs de la tour. Sa vengeance était imminente et rien ni personne ne l’en détournerait.  

Bien que Hermione Riddle ait vécu l’horreur dans son enfance, elle ne serait pas au bout de ses peines. Une nouvelle révolte prenait forme. Elle avait bien des ennemies. Et elle devrait savoir qu’il ne fallait jamais jouer avec le feu au risque de se faire brûler.

Chapter 15: L'attaque

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CHAPITRE 15

L'attaque

« Harry n’accorderait jamais pleinement sa confiance au Serpentard, mais il pouvait jouer le jeu. Il avait appris à exceller dans la feinte. Depuis la guerre, il savait garder ses barrières en acier autour de son esprit. Malfoy serait un allié à temps partiel, mais certainement pas un ami. C’était une promesse que les deux étudiants étaient prêts à tenir. »


— Rappelle-moi ce qu’on fait ici, à la tombée de la nuit, alors qu’on s’était promis de rester dans le dortoir ? Demanda d’une petite voix Théodore Nott.  

Hermione rouspéta, roulant des yeux pour faire bonne mesure. Le Serpentard pouvait vraiment être stupide parfois. Elle avait spécifié la tâche qui leur incombait depuis deux heures. Et alors qu’ils se retrouvaient dans la section interdite de la bibliothèque de Poudlard, Nott se faisait dans les culottes.  

Quel enfant, pensa-t-elle en se frottant les tempes, agacée.  

— Est-ce que tu pourrais te concentrer deux secondes ? Finit-elle par lui dire.  

Son intonation était peu agréable. Elle le savait. Elle était sur les nerfs et le jeune homme ne méritait pas de se faire sermonner. Mais elle était incapable de se comporter autrement. Elle stressait. Ils avaient croisé quelques élèves depuis et Hermione se demandait s’ils ne se feraient pas dénoncer. Elle ne pouvait pas vraiment déclarer à voix haute qu’elle était appréciée.  

Entre le choix de sa maison et son nom de famille, il n’y avait pas meilleure raison pour la détester.  

Elle pesta dans sa barbe en fusillant une seconde fois Théodore du regard. L’imbécile continuait d’observer les lieux. Il lui donnait l’impression d’être en pleine crise d’angoisse. Un peu plus et elle était certaine qu’il allait tâcher ses sous-vêtements. Elle soupira en se passant une main dans les cheveux.  

— Écoute, reprit-elle d’une voix plus calme. Est-ce que tu peux monter la garde en prétextant rendre un livre pour un cours ? Je vais m’occuper de trouver les informations, d’accord ?  

Nott hocha la tête avec une telle précipitation qu’elle grimaça. Il s’enfuit, les jambes à son cou, les joues rouges. Qu’est-ce qu’il pouvait être rapide lorsqu’il s’agissait de fuir ! Ricana Hermione tout bas.  

Avec discrétion, elle illumina les couloirs sombres de sa baguette, les sourcils froncés.  

Depuis l’entraide qui s’était formée entre le groupe de Serpentard, Hermione s’était donné comme tâche de trouver des sortilèges assez puissants pour les protéger de toute intrusion dans leur dortoir. Elle préférait prendre des précautions. Peut-être était-ce stupide, mais son cœur lui criait le danger et Hermione écoutait. Son intuition ne la trompait jamais. Depuis très jeune, la petite voix résonnait dans sa tête, comme un cri d’alarme et plus d’une fois, elle lui avait sauvé la vie. Elle était reconnaissante, même si elle accaparait trop de place entre les plis de son cerveau.  

L’esprit en ébullition, Hermione se rapprocha de la section interdite, ses yeux fourrageant entre la grille scellée d’un cadenas et l’entrée de la bibliothèque. Avec douceur, elle souffla:  

— Alohomora.

Le mécanisme ne céda pas. Hermione grinça des dents. Que pouvait-elle faire dans ce type de situation ? La serrure était faite à partir de magie. Elle pourrait bien essayer de l’ouvrir à l’aide d’une épingle, mais rien n’y ferait. Un doigt posé contre ses lèvres, elle réfléchit. Le sortilège qu’elle venait de lancer avait la faculté d’ouvrir des pièces bien protégées. Pour accéder à une telle section sombre de l’établissement, elle devait se montrer futée.  

Qu’est-ce que Mattheo ferait à sa place ?  

Son frère était connu pour trouver maintes solutions à leurs problèmes. Il était son pilier, son tout. Elle grogna en se frottant une nouvelle fois les tempes. Un mal de crâne pointait le bout de son nez. Elle commençait à s’impatienter.  

— Ne réfléchis pas, détruit le cadenas, lui souffla son esprit.  

Ce n’était pas Mattheo. Elle avait appris à différencier les voix depuis très jeunes. Les lèvres pincées, Hermione écouta son intuition et tendit ses doigts tremblants vers la serrure. Les chaînes se mirent à se contorsionner. Lorsque sa peau entra en contact avec le mécanisme, il y eut une vibration qui fit vrombir le sol. Hermione eut le temps d’apercevoir des flammes mauves avant qu’une petite explosion retentisse.  

Le cadenas venait de céder. Elle sourit, fière d’elle. Une odeur de brûlé s’échappa de la bibliothèque. Ses doigts empoignant sa baguette d’une poigne de fer, Hermione fit jaillir une étincelle, qui chassa tout effluve du périmètre. La serrure contre le sol reprit sa forme originelle. Bien, pensa-t-elle. La première étape du plan était une réussite.  

Phase deux maintenant.  

Elle avança, les épaules droites, propulsant une lumière vers le plafond pour illuminer le reste de la bibliothèque. L’éclairage produisait un halo flamboyant de gris et de bleu.  

Hermione arpenta les yeux. Il y avait une vingtaine d’étagères avec des centaines de livres. Elle devait gagner du temps. Elle ne pouvait passer toute la nuit entre ces quatre murs. Grognant tout bas, elle effectua un cercle contre le sol avec sa baguette. L’éclat noir tacha le sol alors que la jeune femme prononçait une incantation sombre. Elle avait bien des objectifs dans la vie et rien n’entraverait sa réussite. Elle n’était pas dotée d’une raison assez forte pour s’empêcher d’user des sortilèges obscurs. Hermione avait eu un bon professeur.

Lorsqu’elle finit son enchantement, elle se posta au milieu du cercle. De nombreuses runes scellaient le tout. Elle les connaissait du bout des doigts. Traçant un M à l’encre noire, elle sourit. M pour Mobili, un maléfice qui permettait de déplacer et faire léviter les objets.  

Hermione était reconnaissante de l’absence de Nott. Il lui poserait des questions sur la provenance d’une telle magie et elle n’était pas prête à relayer de pareilles informations. Elle s’en sentait incapable. Elle était maudite et ce qu’elle pouvait accomplir ne saurait être nommé. Elle préférait garder son entourage intact. Au risque de les faire fuir.  

Les lèvres écartées dans un sourire malicieux, elle se mit à prononcer le reste de l’évocation.  

— Potestas terrae, aquae, aeris et ignis, exaudi meam petitionem ; inveni manuscripta quae caros meos tueri possint. *Puissance de la terre, de l’eau, de l’air et du feu, entend ma demande ; trouve le manuscrit qui saura protéger les personnes qui me sont chères.  

Hermione ferma les yeux, laissant le pouvoir du ciel s’abattre sur elle. Il y eut des éclairs et un torrent de larmes fendit les cieux. À travers les fenêtres, un déluge ravageait le château de Poudlard. Des nuages noirs et menaçants s’amoncelaient à une vitesse alarmante. Le vent se leva, soufflant avec violence, hurlant comme des esprits en colère.  

Les gouttes d’eau épaisses et lourdes frappaient contre les carreaux de la bibliothèque avec une force inouïe. La température chuta, rendant l’atmosphère oppressante et glaciale.

Hermione sourit, rouvrant ses paupières, une lueur étrange dans le fond de ses prunelles. Un halo éclatant apparut dans le cercle. La lumière d’abord subtile et vacillante s’amplifia progressivement, illuminant la scène d’un éclat surnaturelle.  

Au centre du halo, un carnet émergea, comme s’il était convoqué d’un autre monde. Le manuscrit était épais et lourd, sa reliure noire luisant avec douceur. En s’approchant, Hermione remarqua immédiatement la couverture: une tête de mort en relief prenait forme, ses orbites vites semblaient la fixer avec une intensité glaciale.  

Autour de cette tête de mort, un serpent sinueux s’enroulait, ses écailles finement détaillées donnant l’illusion de mouvement. Hermione le traça du bout des doigts, la respiration en suspens. Les iris de la vipère, vicieux et perçants, la dévisageaient avec menace. On aurait dit que la créature espérait pouvoir s’échapper d’entre les pages, ses crocs étincelants prêts à mordre. Mais Hermione ne craignait pas le poison de ses dards. Alors avec calme, elle agrippa l’ouvrage, son sang battant avec force contre ses oreilles.

Théodore arriva en courant, la respiration sifflante, les yeux écarquillés. Il était au bord de la panique. Il avait entendu le déluge. Il pensait qu’une catastrophe cataclysmique ravageait Poudlard. Il déglutit en observant la jeune femme qui tenait un livre sombre. Elle redressa sa petite figure, un sourire mystérieux au coin des lèvres.

Le cercle avait disparu, avec ses preuves sur l’incantation.  

— J’ai trouvé, affirma-t-elle.  

Sa voix suintait l’énigme. Nott haussa un sourcil, les lèvres entrouvertes. Il voulut la presser de se rendre dans les dortoirs, mais Hermione était sereine. Beaucoup trop calme. N’avait-elle pas entendu le tonnerre et les éclairs magiques contre la bibliothèque ? Il déglutit, soudain suspicieux.  

— Tout va bien ? Demanda-t-elle, les yeux plissés.  

— Oui, oui, balbutia Théodore inconfortable. Je - il chercha ses mots, les joues rouges. Il faut y aller.  

— Oui, Hermione sembla sortir de sa léthargie, les iris écarquillés. Le ciel a l’air en colère. J’espère que ce livre saura nous aider. Vite, Hermione s’empressa d’enfouir le manuscrit dans sa petite sacoche en bandoulière, les doigts tremblants, alors que Nott lui ouvrait la voie, le visage blême.  

Il ne connaissait pas grand-chose à la magie noire, bien qu’il vienne d’une famille ayant pactisé avec l’ennemi. Il avait été protégé des mains cruelles de son père, grâce à l’aide de Malfoy. Mais il savait reconnaître les filets de la cachotterie. Et Hermione respirait les secrets.  

Plus il apprenait à la connaître et plus il craignait du pouvoir qu’elle gardait enfoui à l’intérieur. Il appréhendait peu de choses, mais en observant Hermione se faufiler dans les couloirs de Poudlard, la tête penchée, les yeux plissés sous le sérieux, il se mit à transpirer d’effroi.  

Le jour où elle ferait naître les flammes de sa colère, il n’y aurait plus personne pour pouvoir l’épier. Théodore en était persuadé.  


Hermione se dirigeait d’un pas déterminé vers l’entrée du dortoir des Serpentard. Les échos de ses foulées retentissaient dans les corridors sombres et étroits du donjon. Elle passa devant une imposante statue de dragon. La figurine, sculptée avec une minutie terrifiante, crachait un jet de feu orange vif. La chaleur de la flamme léchait les murs de pierre froide, faisant danser des ombres menaçantes sur le sol. Hermione ajusta sa marche, accompagnée de Théodore Nott, tentant d’ignorer la température écrasante et le grondement de la bête qui résonnait dans son esprit.  

Lorsqu’elle arriva devant la porte du dortoir, faisant face à un énorme serpent mouvant, elle trouva Mattheo et Draco en pleine discussion animée. Pansy, assise dans un coin, se rongeait les ongles, ses traits marqués par une anxiété palpable. La tension dans l’air était presque tangible, et Hermione pouvait sentir son propre stress monter. En les apercevant, Pansy se redressa.  

— Est-ce que vous avez trouvé ce qu’il fallait ? Demanda-t-elle vivement.  

Pansy semblait au bord de la syncope, son visage blême contrastant avec ses cheveux noirs comme de l’encre. La mission du groupe était cruciale: découvrir les informations concernant les étudiants qui pourraient se rebeller contre eux. Ils avaient appris que la majorité des rebelles provenaient des maisons de Serdaigle et Gryffondor, avec quelques Serpentard audacieux s’immisçant dans la mêlée. Les Poufsouffle, fidèles à leur nature pacifique, refusaient de participer à cette boucherie collective et cette haine atrabilaire. Ils ne pouvaient faire confiance à personne. C’était ce que Pansy avait constaté.  

Théodore, posté à côté de Hermione, répondit à la question de la Serpentard.  

— Hermione a trouvé un ancien grimoire. Je pense qu’il saura répondre à toutes nos interrogations. Et vous, qu’avez-vous découvert ?

Sa voix était tendue sous l’agitation. Malfoy fronça les sourcils en retour, une expression d’agacement visible sur son visage. Il semblait aussi désappointé que Mattheo, qui restait silencieux. Il arborait une allure austère, ce qui n’était pas bon signe. Hermione déglutit, sentant une boule se former dans sa gorge alors qu’elle attendait la réponse de son frère.  

— Il y a plus de personnes qu’on ne le pensait, murmura finalement Théodore en évitant le regard de sa sœur. On a réussi à discuter avec une élève de Poufsouffle et elle nous a prévenus que de nombreuses rencontres avaient lieu le soir. Le chef du groupe n’est autre que Ron Weasley.  

 Un lourd silence tomba. Tous étaient remplis d’effroi. L’équipe savait les desseins obscurs de Ron Weasley. Il ne cherchait qu’à déchaîner les flammes de sa fureur sur la famille Riddle, plus particulièrement Hermione Marvolo.  

Malfoy, une rage mal contenue faisant vibrer son corps, se mit à arpenter le couloir, son visage déformé par la colère. Hermione perdue dans ses pensées oublia momentanément le grimoire qu’elle tenait dans sa petite sacoche en bandoulière. Le carnet, lourd et mystérieux, comportait toutes les réponses à ses questions. Elle en était certaine. Elle était persuadée que le calepin recelait de sortilèges de protections puissants qui pourraient les protéger à la nuit tombée. Lorsqu’ils retrouveraient leur dortoir après leurs cours.  

En sortant sa trouvaille de sa besace, elle soupesa le livret. La couverture toujours sombre revêtait une tête de mort et un serpent aux allures sanglantes et aux yeux menaçants. Mattheo s’en approcha, les mains tremblantes.  

— Tu as déniché ça dans la section interdite de la bibliothèque ? Demanda-t-il époustouflé.  

Hermione ne voulait pas lui mentir et choisit finalement de garder le silence. Oui, elle avait trouvé le grimoire, mais pas par des moyens habituels. Grâce à un cercle et une invocation ténébreuse, le carnet s’était présenté à elle. Il était désormais de sa responsabilité d’en découvrir les secrets. Alors, elle hocha la tête, se contentant d’exposer la vérité à travers ses pensées. Mattheo pâlit un instant avec de retrouver une expression sérieuse et impassible. Personne ne venait d’entrevoir son incertitude et inquiétude. Seule Hermione connaissait le tréfonds de son âme. Et elle le comprenait. Mais elle avait la solution. Et elle ne craignait pas de s’entacher les doigts pour parvenir à ses fins.  

Alors que Malfoy s’apprêtait à saisir le manuscrit, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. Ron Weasley fit son apparition, un sourire cruel à la commissure des lèvres. Il était accompagné d’un étudiant aux cheveux noirs et aux yeux émeraude. L’inconnu fixait le groupe avec une telle intensité que Pansy recula, terrifiée. Avant que quiconque ne puisse réagir, un cri perça l’air, suivi d’un sortilège vociféré avec violence.  

— Sectumsempra ! Hurla l’étudiant aux cheveux noirs en pointant sa baguette vers les Serpentard.  

Hermione entendit vaguement Théodore jurer tout bas et plaquer Pansy contre le sol. Malfoy tenta de crier des paroles incompréhensibles ; il connaissait l’enchantement maléfique. Mais Hermione était trop décontenancée par la douleur. Abaissant ses pupilles vers son t-shirt, elle réalisa qu’il était imbibé de sang. Une énorme coupure partant de sa clavicule jusqu’à sa hanche bariolait sa poitrine. Elle déglutit. Le monde tournait autour d’elle alors qu’elle s’effondrait, du liquide écarlate coulant de ses lèvres.  

Elle commença à convulser, ses yeux se rétractant, le visage pâle. Hermione entendit des sanglots, une plainte, puis Draco qui s’élançaient vers leurs adversaires. Des bruits d’os qui craquent firent écho dans la salle. Hermione n’avait pas la force nécessaire pour se redresser et observer les dégâts. Il n’y avait que des cris d’horreurs et de douleurs.  

Mais Hermione était sereine, elle ne produisait pas le moindre son, les yeux à demi-clos, la respiration lente.  

— La prochaine fois que tu oseras lever la main sur elle, je te couperai la langue et je te la ferai avaler, est-ce bien clair ? Rugit Malfoy, sa voix résonnant comme un tonnerre.  

Hermione ne savait à qui il s’adressait. Elle sentait les doigts de Pansy contre ses cheveux. Elle était hystérique, en pleine crise de larmes. Elle voulut la rassurer, lui dire que tout allait bien. Que ce n’était rien comparé à ce qu’elle avait vécu. Pourtant, les mots semblaient si lourds contre sa langue. Ils ne voulaient pas franchir la barrière de ses lèvres. Alors elle déglutit, puis cracha du sang.  

— Il faut prévenir la directrice de Poudlard ! S’écria avec désespoir Pansy Parkinson.  

— Pourquoi faire ? Questionna Mattheo, les yeux écarquillés de stupeur.  

Il était déboussolé. Il sentait Hermione perdre ses forces. Elle commençait à s’effriter dans son esprit. Il avait connu bien des douleurs, mais sentir la disparition future de sa sœur était la plus grande des souffrances. Il paniqua.  

— Elle est en train de mourir, bordel ! Fais quelque chose… Draco ! Supplia Pansy en lançant un regard furieux à son ami.  

Malfoy apparut dans son champ de vision. Il tremblait de rage, les poings ensanglantés et les cheveux en désordre. Le manuscrit était tombé par terre dans la mêlée. Il s’ouvrit avec violence, les pages défilant avec une telle rapidité que Hermione en eut mal à la tête. Le tonnerre gronda avec force contre l’établissement magique, comme si les cieux souhaitaient exprimer leur colère.  

Théodore ne respirait plus, les iris écarquillés. Il tremblait sous la peur. Il n’arrivait pas à y croire. Ils s’étaient fait attaquer, à la tombée de la nuit, par des étudiants. Et il n’avait rien pu faire. Il avait été inutile. Il sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu’il contemplait Hermione qui agonisait, une mare de sang s’étendant sous elle. Le cruor tachait le sol, l’imbibant.

Il y en a trop, pesta-t-il dans sa barbe avec horreur.  

Elle allait mourir. Il fallait faire quelque chose. Nott saisit le grimoire, le feuilletant, les traits figés.  

— Draco, balbutia-t-il, il y a un sortilège de guérison entre les pages, mais je ne pense pas être apte à le lui prodiguer. Est-ce que tu peux —

Malfoy arracha le livre des mains de Nott, le visage livide. Relevant sa baguette avec un calme qu’il n’éprouvait pas, il commença à réciter l’incantation magique avec une précision désespérée. Le maléfice traversait les lèvres de Draco comme une chanson doucereuse que l’on chanterait à un ange de la mort. Hermione ferma les yeux, un sourire aux lèvres. Elle n’avait pas peur. Même si Draco pensait que ses efforts la sauveraient, elle savait qu’elle finirait par se régénérer. C’était dans sa nature, dans son sang.  

Une crainte sourde finit par prendre forme dans son estomac en réalisant ce que cela signifiait. Ils ne pouvaient prévenir la directrice de Poudlard. Sinon, son secret serait révélé. Elle devait gagner du temps.  

Le visage sérieux, de la sueur s’écoulant de son front, Malfoy continua son sortilège, passant sa baguette contre l’énorme entaille de Hermione. Elle venait de se faire charcuter, couper comme on démembre un ennemi avec une épée. Elle avait presque envie de rire sous l’ironie. Ron Weasley devait être fier.  

Le sang se résorba. Ce qui restait contre le sol rejoignit sa plaie et Hermione reprit des couleurs. Pris d’angoisse, Mattheo tenta de repousser Malfoy avec force. Il y eut des cris de lutte. Pansy s’éructa de colère, hurlant contre ses amis qui commençait à se battre. Hermione vit du coin de l’œil Mattheo planter son poing contre le visage de Draco. Il répliqua avec violence, roulant contre le sol, se positionnant au-dessus de son frère, les traits ombrageux sous la fureur.  

— Est-ce que tu veux qu’elle meure ? Cracha le Serpentard aux cheveux platine en empoignant le cou de Matthéo.  Laisse-moi la guérir, espèce d’imbécile !  

Mattheo se mit à le griffer, comme s’il chutait de haut. Il était épris de rage, il n’arrivait plus à prononcer la moindre parole cohérente.  

— C’est toi qui es en train de la tuer ! Hurla-t-il en frappant Malfoy contre le torse.  

Draco bascula, les yeux brillants de colère, alors qu’il s’essuyait les lèvres. Il saignait.  

— Qu’est-ce que tu dis ? Tu penses que je veux tuer ta sœur ? Tu es con ou quoi ?  

Théodore tenta de calmer l’atmosphère, se postant entre les deux Serpentard, qui se faisaient maintenant face. Pansy, toujours agenouillée, proche de Hermione, agrippait sa baguette, des larmes roulant contre ses joues. Passant sa langue contre ses lèvres, la gorge sèche, Hermione se força à prendre une inspiration, les membres en apesanteur.  

— Il a raison, souffla-t-elle avec douleur. Mon corps rejette les sortilèges de guérison.

— Quoi ? S’étouffa Nott en l’observant.  

Malfoy était silencieux, la respiration retenue.  

— Qu’est-ce que tu dis ? Cracha-t-il avec amertume.  

Il était toujours à cran. Inquiet.  

— Hermione a développé une capacité d’autogénération à treize ans, avoua Mattheo d’une petite voix.  

Il avait la tête baissée vers le sol, comme s’il avait honte. Il savait la signification de cette apparition. Hermione avait encore plus souffert entre les mains de leur père lorsqu’elle avait commencé à se régénérer.  

— Si on tente de la soigner à l’aide de la magie, elle finit par se désintégrer. Tu… Mattheo déglutit, la gorge serrée. Tu allais la tuer si tu continuais.  

Hermione observait le plafond, les lèvres pincées. Elle avait envie de pleurer. Elle était si différente. Monstrueuse et maintenant, même ses amis le savaient. Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour s’enfoncer contre le sol et disparaître. Mais la réalité était tout autre. Sa blessure se refermait d’elle-même. Ça prendrait quelques heures. Elle agoniserait dans la nuit, mais elle avait connu pire. Elle survivait. Mais elle appréhendait déjà son réveil. Elle craignait de devoir croiser le regard de Malfoy. Maintenant elle savait ce que ça faisait, d’avoir des espoirs. C’était nuisible. Et Hermione Riddle n’était pas certaine que son cœur échapperait à une telle chute.

Chapter 16: Ministre de la Magie

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CHAPITRE 16

Ministre de la Magie

« Je vais le faire. Trouvez seulement une solution pour me ramener, c’est tout. »

Mattheo et Draco, d’un commun accord, furent catégoriques: « Absolument pas ! »

« Pourquoi elle n’a pas le droit de le faire, mais moi je suis obligé ? » pleurnicha Harry Potter.


Hermione se trouvait dans sa chambre, entourée de tous ses amis Serpentard. Pansy était allongée à côté d’elle, dormant à poings fermés. Théodore observait le mur, l’esprit ailleurs, comme s’il était plongé dans une autre réalité ; un monde sombre. Mattheo et Malfoy discutaient à voix basse.  

— Il ne faut pas prévenir la directrice de ce qui s’est produit, chuchotait son frère d’une voix pressée.  

— Pourquoi ? Demanda Draco avec irritation. Tu as vu ce que Weasley et ce pauvre crétin de Serdaigle ont fait à ta sœur. Ils pourraient recommencer. On doit les dénoncer !  

— Non, renchérit pour la seconde fois Mattheo, le visage contorsionné sous la fureur. On ne peut prendre ce risque. Hermione pourrait se faire examiner comme si elle était un rat de laboratoire. Je refuse qu’elle subisse de nouveau ce type de traitement !  

Le torse de Mattheo se soulevait sous ses respirations laborieuses. Il était stressé, épuisé par les derniers évènements et surtout, il avait peur. Il souhaitait par-dessus tout protéger Hermione et plus les jours s’écoulaient entre les murs de Poudlard, plus il avait l’impression d’en être incapable. Il s’en voulait. Il ressentait une profonde culpabilité face aux tourments de sa sœur et à ce qu’elle avait vécu sous les mains de leur père: Voldemort.  

—McGonagall ne lui ferait jamais de mal, contra Malfoy d’un ton acerbe.  

Il ne défendait pas la directrice, elle n’était pas particulièrement dans son cœur, mais il refusait de penser qu’elle s’abaisserait aussi bas en mettant Hermione en cage pour l’observer et découvrir les secrets de ses capacités. Ou même de son sang. Minerva avait sauvé bien des élèves pendant la bataille. Elle était plus intelligente et intègre que ça.  

— En es-tu seulement certain ? Cracha Mattheo avec force.  

Hermione tenta de ne pas réagir face à la discussion qui prenait forme. Elle ne voulait pas se mêler à leur dispute. Il serait tellement plus facile de faire semblant de roupiller plutôt que de les écouter rouspéter comme des gorilles. Pourtant, elle rouvrit ses paupières, puis roula des yeux. Ils étaient terriblement agaçants. Ne pouvaient-ils pas la laisser dormir en paix ?  

S’apprêtant à prendre la parole, elle fut coupée dans son élan par Draco qui souffla avec hésitation: « J’ai des doutes sur les raisons du Tournoi. Donc, je ne dirais pas que je fais complètement confiance aux membres du ministère de la Magie ni aux professeurs de Poudlard. Mais il s’agit de McGonagall dont on parle: elle a défendu le château avec sa vie. C’est plus que ce qu’auraient fait bien des sorciers.  

Mattheo resta silencieux, se pinçant les lèvres. Il ne voulait pas trop cogiter sur les paroles de Malfoy quant au tournoi. Lui aussi avait des doutes sur les réelles intentions derrière de telles épreuves. C’était barbare et ça n’avait pas de sens. Mais il coupa net ses pensées lorsque Pansy poussa un petit cri. La jeune Serpentard enserrait avec force Hermione, lui coupant le souffle. Hermione avait l’air de regretter d’être sortie de son profond sommeil. Mattheo sourit discrètement, puis se redressa.  

— Comment tu te sens ? Lui demanda-t-il.  

Il restait inquiet. Elle s’était bien fait amocher à cause de ses imbéciles d’étudiants. Il n’avait qu’une envie: les poursuivre pour faire régner la justice, mais Nott l’avait dissuadé de prendre cette voie.  

— Ça ne ferait que mettre de l’huile sur le feu, avait-il affirmé les poings serrés. Et puis, c’est ce qu’ils veulent, qu’on baisse notre garde et qu’on plonge dans la gueule du loup, Théodore s’était redressé en prononçant ses paroles, les yeux assombris sous la colère. Il faut se montrer plus intelligents qu’eux et ne pas se jeter dans leur piège. Nous sommes des Serpentard. Nous aussi on peut être vicieux, alors, relevant son index en l’air tout en dévisageant Malfoy, il avait continué: Faisons-le à notre manière. Je promets qu’ils mangeront la poussière. Mais en temps voulu.  

Mattheo, bien qu’il soit grincheux lorsque l’imbécile prenait la parole depuis qu’il s’était moqué de son état après une soirée un peu trop alcoolisé, savait qu’il n’avait pas tort. Ils ne pouvaient baisser leur garde. Ils devaient rester vigilants en tout temps. Ils n’avaient plus droit à l’erreur. Si un autre membre de leur groupe avait reçu le maléfice tranchant, il y aurait eu des pertes majeures. Il était rare de résister à une telle attaque. Mais Hermione n’était pas un miracle. Elle était une survivante, une guerrière.  

Mattheo se remémora les paroles de Théodore, les lèvres pincées. Ils étaient des Serpentard. Ils ne craignaient pas les sanctions des professeurs, mais surtout, ils n’hésitaient pas à protéger les siens lorsqu’il le fallait. Une faute avait été commise et le Riddle était déjà prêt à répliquer. Il sourit en se frottant les poignets.  

Hermione, les yeux plissés sous la concentration en comprenant ses pensées, releva sa figure. Elle affronta le regard de chacun de ses camarades, les traits sérieux. Son visage semblait leur poser une question à mi-voix:  

— Est-ce que vous garderez mon secret ? Puis-je vous faire confiance ?  

Mattheo déglutit. Les Serpentard avaient fait la promesse de ne rien dire, mais il craignait quand même les répercussions s’ils finissaient par ouvrir leur bouche. Hermione serait en danger. Et il ne pouvait plus se permettre qu’elle souffre de nouveau. Il se devait de la protéger. C’était sa sœur.  

— Donc, débuta Malfoy en se passant une main dans les cheveux. Tu as commencé à pouvoir te guérir à treize ans, c’est bien ça ?  

Il était hésitant dans son approche. En même temps, il ne savait pas trop comment le formuler. Il n’était pas spécialement bon avec les mots. Il préférait entrer dans le vif du sujet plutôt que de tourner autour du pot. Alors, les iris perçants, il observa le petit serpent, tout en sortant de sa poche un bâtonnet qu’il coinça entre ses dents. Hermione roula ses yeux sous son geste, ignorant sa question. Il se retint de pester. Avec difficulté.  

— Oui.  

Sa voix était froide, ses prunelles le foudroyaient du regard.  

— Je pensais que tu n’étais pas intéressé par ma vie et que tu connaissais déjà tout ce qu’il fallait savoir ? Finit-elle par articuler dans une intonation tranchante.

Bordel, voulut jurer Malfoy. Il était vraiment stupide par moment. Il grignota son bâtonnet sous l’émotion. Il était irrité. Mais surtout fatigué. Il venait de passer une affreuse nuit à veiller sur elle. Bien que Mattheo lui ait dit qu’elle irait bien, il n’avait pas pu s’empêcher de la dévisager, s’abstenant de fermer l’œil jusqu’au lever du jour. Maintenant, il n’était qu’un zombi sur patte et sa patience équivalait à un fil de soie. Très mince. Et il était prêt à exploser.  

Au lieu de se disputer avec la Riddle, il préférerait plaquer ses lèvres contre les siennes. C’était une option beaucoup plus satisfaisante selon Malfoy. Mais au vu de leur dernier échange, il grinça des dents. Il avait encore la sensation de son genou contre son entrejambe. Il s’en rappellerait probablement toute sa vie.  

— Malfoy est un gros imbécile, je vous avais prévenu dès votre arrivée à Poudlard, ricana Théodore en jetant un coup d’œil à son ami qui le fusilla du regard.  

— Et tu n’as pas eu tort sur ce point, ajouta Mattheo.  

Il sentait encore le poing de Draco contre sa mâchoire. Par réflexe, il porta sa main à son visage, les sourcils froncés. Malfoy releva ses bras en l’air, soudain exaspéré.  

— D’accord, j’ai compris. Tout le monde se ligue contre moi maintenant. C’est ma journée: génial !  

Hermione roula une seconde fois ses orbites, moqueuse.  

— Et si tu t’excusais à la place ? Ce serait déjà un bon début, susurra-t-elle.  

— M’excuser ? S’insulta Draco. Et pourquoi ferais-je une telle chose ?  

— Pour m’avoir frappé ?  

— Pour être un con ? Répliquèrent à l’unisson les deux Riddle.  

Pansy éclata de rire, se cachant le visage. Elle était aussi discrète qu’un ogre. Malfoy leva ses yeux au ciel, s’apprêtant à se justifier. Il n’était pas en tort. Absolument pas ! Et il fallait être un imbécile pour le mettre en faute. Il bougonna à mi-voix.  

— Je t’ai frappé, parce que tu m’as sauté dessus comme un pauvre cinglé ! Et comment est-ce que tu voulais que je sache qu’en soignant ta sœur, je risquais de la tuer, hein ? Malfoy foudroya Mattheo du regard, les oreilles rouges de colère. Puis se retournant, il pointa du doigt Hermione, un air mauvais au visage. Et toi ! Éructa-t-il, postillonnant dans la mêlée. Tu es mal placé pour me demander des excuses. Je te rappelle que tu m’as détruit les couilles, bordel ! Tu devrais être celle qui se met à genoux à m’implorer le pardon, pas le contraire !  

Hermione émit un ricanement grotesque avec sa gorge alors que Théodore s’étouffait avec sa salive sous l’hilarité. Elle était complètement outrée. Malfoy n’était pas le seul. Il s’approcha, les yeux furibonds, semblant sortir de leurs orbites.  

— Tu méritais amplement ce coup, sale pervers qui ne sait pas tenir sa langue dans sa bouche ! À moins que tu veuilles que je décrive la scène et t’embarrasse devant tous tes amis, tu ferais mieux de te taire ! Gronda-t-elle d’un ton tranchant.  

Malfoy osa s’esclaffer, les poings serrés. Hermione avait envie de l’étrangler.  

— Des menaces, Riddle ? S’amusa-t-il.  

Nott relevant son bras droit en l’air, les yeux brillant et malicieux, s’écria:

— Moi, je veux bien savoir !  

— Tais-toi, sale bougre, s’exclamèrent d’une même voix les deux imbéciles.  

Hermione et Malfoy se dévisageaient, comme des chiens et chats. Chacun voulait refaire le portrait de l’autre. Autant dire que leurs intentions n’étaient pas glorieuses. Pansy souffla, passablement amusée et irritée.  

— Bon, cessez de vous disputer les amoureux !  

Hermione s’offusqua, scandant que Malfoy était loin de pouvoir remplir ce rôle, tandis que Draco répliqua qu’elle était loin d’être aussi jolie qu’elle le pensait.  

Non, mais quel con ! Songea-t-elle avec amertume.  

— Hermione, demanda avec douceur Pansy, essayant de capter son regard. Explique-nous exactement ce que ça veut dire. Comment ça se fait que tu puisses guérir tes blessures, même si mortelles ?  

Hermione soupira. Elle voulait cacher son visage dans les coussins et éviter cette discussion. Se rallongeant entre les couvertures, elle contempla le plafond, le cœur lourd. Comment pouvait-elle seulement expliquer cette situation ? Elle ne pouvait tout avouer. Impossible. C’était trop dangereux.  

— Je ne cicatrise pas des lésions fatales. Je peux mourir comme n’importe qui, finit-elle par éclaircir dans un chuchotement. Malfoy m’a aidé dans un certain sens.  

Elle garda le silence de longues minutes, ne sachant comment formuler le reste de ses explications. Elle devait trouver un moyen de dissiper la suspicion des Serpentard. Au plus vite. Mattheo était tendu, le visage contre la vitrine de la chambre du dortoir des filles. Il n’osait croiser le regard de qui que ce soit, au risque de perdre contenance. Il gardait ses lèvres pincées pour s’empêcher de prononcer la moindre parole.  

— La première fois que ça s’est déroulé, commença Hermione, la respiration sifflante. J’ai cru que j’allais mourir. Ce qui se serait probablement produit, si je n’avais pas déclenché cette faculté. Dolohov, elle déglutit, le cœur au bord des lèvres. Il avait un plaisir malsain à m’entraîner dans une salle de torture pour faire des expérimentations sur moi. Mon père était là, il participait aussi.  

Hermione détourna son regard du plafond pour se redresser. Elle s’entortilla les doigts, évitant toujours les œillades de ses camarades. Elle ne s’en sentait pas capable. C’était plus fort qu’elle. Elle avait besoin de s’imaginer se parler à elle-même. C’était son unique moyen pour extirper ses émotions. Elle le faisait depuis très jeune. La seule personne qui arrivait à l’écouter, le regard porté sur elle, c’était son frère. Il était maintenant attentif, s’installant avec lenteur contre un tabouret, les mains croisées. Ses yeux l’encourageaient à continuer. Elle devait se montrer forte.  

Personne ne prononçait le moindre son dans la pièce. Il n’y avait que les respirations laborieuses de Hermione. Elle n’était plus en douleur, mais se remémorer cette journée équivalait à recevoir au fer chaud la marque des ténèbres. Elle grimaça sous les souvenirs qui affluaient.  

— Antonin m’avait ouvert l’estomac. J’étais suspendu dans les airs et… je vous laisse imaginer ce qui s’était produit avec mes entrailles qui sortaient.  

Pansy plaqua une main contre sa bouche, courant pour rejoindre les toilettes et vomie. Hermione frissonna en entendant les bruits de régurgitation.  

— Évidemment, une personne avec une conception et un taux de douleur normale ne survivrait pas longtemps. Alors j’ai commencé à mourir. Puis, c’est là que ça s’est produit, comme un déclic.  

Hermione claqua des doigts pour imiter ses paroles, la gorge serrée.  

— La dernière chose dont je me rappelle, c’est que mon ventre se refermait. Après quand je me suis réveillée, j’étais étendue dans ma cage, intacte, sans blessure ni cicatrice.  

Malfoy était silencieux. Il se releva avec un tel empressement qu’il fit tomber sa chaise. Il s’échappa de la chambre en claquant la porte. Elle n’était pas certaine de comprendre sa réaction, mais elle éprouvait maintenant un sentiment de honte. Son palpitant se serra sous son comportement. Théodore lui pleurait en silence, le corps secoué de sanglots. Hermione ne sut quoi lui dire, alors elle se pinça le bras pour se forcer à se montrer forte. Elle ne devait pas craquer. Elle n’en avait pas le droit. Pas maintenant.  

Dans une accalmie glaciale, il disparut à son tour, ne laissant que la présence de Mattheo et d'Hermione dans la salle. Ils se contemplèrent, les pupilles brillants de larmes. Le souffle tremblant, elle porta sa main à sa bouche. Elle voulait s’excuser. Elle n’aurait pas dû dire de tels détails.  

— Arrête, arrête, chuchota avec agonie son frère.  

Il la rejoignit dans son lit, la calant dans ses bras.  

— Je suis là, je suis là.  

Hermione ferma les yeux et plongea dans un sommeil lourd, le visage tâché de larmes. Alors que Mattheo la berçait, le cœur serré, il ne regrettait qu’une chose ; ne pas avoir eu la chance de pouvoir tuer leur père ni Dolohov. Il n’avait pas eu cette chance. Et ce serait sa plus grande honte.  


— Est-ce qu’elle va bien ? Chuchota Harry au détour d’un couloir alors qu’il venait de croiser Malfoy.  

Le Serpentard était en pétard, les yeux furibonds. Ce n’était probablement pas le meilleur moment pour l’accoster, mais l’Élu avait appris la nouvelle quant à l’attaque et il s’inquiétait du sort de la Riddle. Ron Weasley l’avait presque crié sur les toits tellement il était fier. Harry lui avait planté son poing dans le visage en retour, lui ouvrant la lèvre, avant de lui tourner le dos et de rejoindre sa copine, Ginny, qui l’attendait à la sortie d’un cours de potion.  

Il l’avait bien cherché. Mais Weasley était déjà dans un sale état. Harry devait avouer que l’agresseur qui avait réussi à le défigurer avec une telle violence méritait tout son respect. Et à observer Malfoy, Harry se dit qu’il venait de trouver le fautif.  

— Qu’est-ce que tu veux, Potter ? Cracha Draco avec véhémence.  

Il ne recula pas, même lorsque le Serpentard le plaqua contre le mur de Poudlard, les poings serrés contre sa chemise. Harry tenta de trouver des explications dans son regard, mais seul l’éclat sombre et colérique de Malfoy répondit à ses prières.  

Il déglutit, prenant conscience que la situation devait être catastrophique. Il espérait que Hermione avait survécu. Il avait entendu dire qu’elle se reposait dans sa chambre. Ça faisait deux jours depuis l’attaque et ne pas la repérer dans les séances d’entraînement créait un vide dans la poitrine de l’Élu. Il n’arrivait pas à décrire l’inexplicable intérêt qu’il éprouvait pour elle. Elle méritait tout son respect. Pour sa force, pour son dévouement à sa cause et sa résistance face aux épreuves sombres qu’elle avait endurées.  

— Je viens en tant qu’allier, souffla-t-il en relevant ses mains en signe de trêve.  

Malfoy appuya plus fort contre son torse, les lèvres retroussées avec animosité.  

— Désolé, la demande a expiré. Maintenant, dégage.  

— Je pense que ce n’est pas à toi de prendre cette décision, contrecarra Harry en fronçant les sourcils, agacé. Et puis, même si je voulais partir, ce n’est pas comme si la voie était libre.  

Fusillant les mains du Serpentard, qui le plaquait toujours contre le mur, Harry grinça des dents. Malfoy continuait de l’encastrer avec force contre la paroi dure de Poudlard. Ils étaient seuls dans le couloir. Harry s’en était assuré. Maintenant, il regrettait cette décision. Ce n’était pas très sécuritaire de faire face au Serpentard quand il bouillait de colère. À bien y penser, même calme, l’imbécile lui faisait froid dans le dos.  

— Comment. Elle. Se. Porte, répéta Harry en accentuant chaque syllabe avec une grimace.  

Il n’était pas vraiment en position de se montrer aussi autoritaire, mais être un Gryffondor demandait bien des choses: notamment une absence totale d’instinct de préservation. Malfoy sourit, moqueur.  

— Elle. Va. A. Merveille. Pigé ? L’imita le Serpentard.  

Il le relâcha, le poussant une dernière fois pour faire bonne mesure. Quel con, pensa Harry avec dégoût. Il se frotta le torse pour diminuer la douleur qui commençait à prendre forme. Un jour, il planterait sa main contre la tronche hideuse de ce crétin. Il se le promit.  

Lorsqu’ils entendirent des bruits de pas, Harry ne réfléchit pas, empoignant le poignet du blondinet-à-la-tête-d’autruche pour l’attirer dans une salle de cours. La porte à moitié ouverte avait une minuscule fenêtre en son centre, ce qui permettait d’espionner l’extérieur en toute tranquillité.  

— Qu’est-ce que tu fous, Potter ? Désolé de te le dire, mais je ne suis pas intéressé par ta sale tête de minable.  

Harry lui intima de se taire alors que deux individus se rapprochaient. La scène en tant que telle pouvait être amusante, Malfoy qui pestait dans sa barbe, se postant aux côtés de Potter pour observer le couloir. Les deux étudiants avaient envie de s’égorger, mais pour quelques minutes, ils se comporteraient comme des adultes respectables: ils épieraient les possibles intrus. Tout à fait honorable comme mission.  

Harry retint son souffle alors qu’il aperçut la directrice de Poudlard faire son apparition dans son champ de vision. Minerva McGonagall, grande et imposante, avançait dans l’un des corridors sinueux de l’école. Ses cheveux gris, relevés en un chignon strict, contrastaient avec ses yeux perçants et toujours alertes. Elle portait une robe de sorcière vert émeraude qui ondulait légèrement à chacun de ses pas. Sa bouche fine était souvent serrée en une ligne déterminée.

Harry et Malfoy, collés contre une porte de cours, observaient la scène en silence. Leurs regards étaient fixés sur McGonagall qui discutait avec un homme à la peau sombre et aux yeux de teinte chocolat. Kingsley Shacklebolt, ministre de la Magie, se tenait droit à côté d’elle, imposant par sa stature. Ses iris perçants suivaient chaque mouvement de la directrice avec concentration. Il portait une robe de sorcier simple, mais élégante de couleur pourpre foncée.  

Ils conversaient à mi-voix, comme s’ils espéraient ne pas attirer la moindre attention. Louche, pensa Harry en plissant les paupières.

— Vous êtes certain que la prochaine épreuve de sélection se déroulera sans encombre ? Demanda avec suspicion McGonagall.  

Le ministre de la Magie hocha la tête, ses yeux ténébreux continuant de dévisager la dame qui se profilait devant lui.  

— Comme convenu, la créature sera sous le contrôle du gouvernement.  

— Bien, McGonagall sembla réfléchir à ses futurs propos, un doigt posé contre ses lèvres. Est-ce qu’il est judicieux de l’empoisonner ?  

Kingsley lui offrit un sourire sombre, un sourcil relevé, comme s’il était surpris par l’incertitude de la directrice.  

— Contestez-vous mon approche, McGonagall ?  

Minerva se contenta de balayer les paroles de ministre d’un revers de la main, comme si elle était exaspérée.  

— Absolument pas, je me demande seulement si la créature va résister au sérum.  

— Ne vous inquiétez pas, souffla avec douceur Kinsley. Il y avait un brin de folie dans ses iris. Le Grapcorne ne réalisera pas ce qu’il subit avant l’épreuve.  

— Comment allez-vous procéder ? Questionna la directrice, les yeux brillants de curiosité.  

Le ministre de la Magie lui offrit un sourire mystérieux. Il n’avait pas prévu répondre à son interrogation. Le Grapcorne était un animal mythique qui provenait des régions montagneuses d’Europe. Il s’agissait d’une créature connue pour sa sagesse et son intelligence. Il avait pris possession de son esprit depuis déjà de nombreuses semaines, l’entraînant à faire profil bas jusqu’au moment importun.  

— Cessez de vous inquiéter, Minerva, conclut Kingsley d’un ton doucereux. Vous m’avez demandé d’intervenir et c’est ce que je fais. N’est-ce pas ? Puis d’un mouvement de la main, il encouragea la directrice à avancer. Maintenant, allons dans votre bureau, nous avons bien des détails à planifier. Si vous souhaitez que le tournoi intègre la famille Riddle, il faut agir rapidement.  

Puis, les deux individus quittèrent les lieux, laissant Malfoy et Harry pantois contre la porte d’une des salles de cours. Chacun avait l’esprit court-circuité de questionnements. Que se passait-il ? Pourquoi vouloir que les Riddle participent au tournoi ? S’agissait-il d’une supercherie ? D’une déclaration de guerre ? Ou est-ce que la situation cachait un plus sombre dessein ? Et pourquoi une créature avec une classification aussi haute dans les dangers des gestions Vie et Habitats des Animaux fantastiques intégrerait les portes de Poudlard ?  

Harry ne comprenait absolument pas ce qui se produisait. En plus de cogiter par rapport aux paroles du centaure, maintenant, il avait une seconde énigme à démystifier. Malfoy, quant à lui, une main plantée dans sa crinière ne prononçait pas le moindre son. Ils s’observaient. Pour ce soir, une trêve prenait forme. Ils venaient d’espionner deux individus de hautes renommés, qui cachaient bien des secrets. La rivalité passagère pouvait bien attendre.  

Harry déglutit, tendant sa main vers Draco, qui l’empoigna, les yeux sombres.  

— Allié ? Chuchota Potter en haussant les sourcils presque avec défi.  

Malfoy jura à voix basse avant d’ajouter.  

— C’est une trêve, Potter. Mais ne pense pas que je ne vais pas continuer de m’assurer que tu ne t’approches pas de la Riddle. Tu n’arrives pas à ses chevilles de toute façon.  

— Toi non plus, contra Harry dans un grognement.  

Ils hochèrent la tête, les lèvres serrées en une mince ligne. Parfait. Une alliance prenait forme. Pas qu’elle soit des plus plaisantes, mais des périodes aussi obscures demandaient des actions radicales.  

Harry n’accorderait jamais pleinement sa confiance au Serpentard, mais il pouvait jouer le jeu. Il avait appris à exceller dans la feinte. Depuis la guerre, il savait garder ses barrières en acier contre son esprit. Malfoy serait un allier à temps partiel, mais certainement pas un ami. C’était une promesse que les deux étudiants étaient prêts à tenir.

Chapter 17: Le Grapcorne

Chapter Text

CHAPITRE 17

Le Grapcorne

« A l’approche d'Hermione Riddle, le Grapcorne se dressa sur ses pattes, ses longues cornes se balançant doucement à chaque mouvement. Ses yeux vitreux, d’une couleur rougeoyante du soleil, presque spectral, fixaient Hermione avec une intensité qui semblait percer l’âme. »


Malfoy et Potter venaient de surprendre une conversation entre la directrice de Poudlard, Minerva McGonagall et Kingsley Shacklebolt, le ministre de la Magie. Ils avaient découvert qu’une créature mystique serait impliquée dans la dernière épreuve de sélection pour le tournoi, mais leur compréhension de la situation équivalait à trouver une épingle dans une botte de foin. Ils étaient complètement perdus. Depuis hier soir, ils s’étaient décidés de mettre de côté leur rivalité pour percer le mystère de cette épreuve. C’était étrange de se dire qu’ils faisaient équipe.  

En tout cas, c’était ce que Hermione s’apprêtait à découvrir. Déambulant dans les jardins de Poudlard, elle observait les yeux rêveurs la végétation. Les cascades ponctuaient le paysage. Elle traversait le décor idyllique, l’esprit tourmenté. Les deux premiers jours avaient été marqués par une distance avec ses amis. Elle regrettait leur dernier échange. Elle se sentait coupable d’avoir divulgué des informations sensibles, même si Mattheo l’avait rassurée en lui disant qu’elle avait fait le bon choix. Les doutes persistaient. Elle n’avait pas tout dit. Et c’était mieux ainsi.  

Les parterres de fleurs aux teintes vibrantes s’étendaient à perte de vue sous les pieds de Hermione. Les roses rouges, les violettes et les marguerites blanches constituaient des tapis multicolores.

Des sentiers pavés serpentaient dans le parc, bordés de haies taillées avec soin. Les fourrés coupaient la périphérie de tout individu franchissant les ouches de Poudlard. Hermione se surprit à trouver le tout lugubre. Le paysage lui rappelait bien trop son séjour dans le manoir de son père. Les fontaines, ornées de sculptures délicates, jaillissaient d’eau claire qui murmurait doucement des paroles et préages sombres.  

En traversant les nombreux petits ponts, esquivant les ruisseaux sinueux, Hermione découvrit des bancs en bois où les étudiants venaient souvent se reposer ou discuter. Aujourd’hui, l’espace était vide. Hermione n’était pas en cours. Elle évitait toute présence. C’était peut-être ridicule, mais elle n’avait absolument pas la force de converser avec qui que ce soit. Elle était trop sur les nerfs.  

Relevant sa tignasse en pagaille, Hermione surprit Malfoy adossé contre un arbre près de la Forêt interdite. Il était en pleine discussion animée avec Harry Potter. Ils gesticulaient vigoureusement, les sourcils froncés, comme s’ils étaient prêts à en venir aux mains. Hermione, étonnée, les rejoignit. Elle ne fit pas l’infime bruit en les approchant, l’oreille tendue en alerte.  

Elle entendit vaguement Harry murmurer:

— Il faut prévenir les Riddle de ce qui se passe entre les murs de Poudlard. Ce n’est plus seulement une révolte des étudiants: le ministère de la magie semble aussi vouloir contrecarrer leurs plans.  

La bouche entrouverte, Hermione n’arriva à prononcer la moindre parole. Sa respiration était saccadée et ses yeux la picotaient. Pourquoi le ministère de la magie s’opposerait-il à elle et son frère ? C’était déroutant.  

Mais son choc se changea rapidement en colère. Se raclant la gorge, elle interrompit la conversation des deux imbéciles. Furieuse, les bras croisés, elle les fixa d’un regard perçant. Trouver Malfoy et Harry en pleine conspiration était inattendu, surtout depuis que Malfoy avait essayé de l’éloigner de l’Élu. Non, mais quel crétin, pensa-t-elle. Il faisait tout en son pouvoir pour mettre des bâtons dans ses roues, mais il compactisait après avec ceux qu’elle souhaitait rallier à sa cause. Elle était scandalisée. Ne pouvaient-ils pas l’informer si elle était concernée ?  

Harry, mal à l’aise par la présence de Hermione, se mit à balbutier. Levant un doigt dans les airs pour l’arrêter, il ferma sa bouche. Hermione préférait qu’il se taise. Son regard se posa alors vers Draco, les yeux flamboyants.  

— Toi, éructa-t-elle. Tu ferais mieux de tout expliquer. Tout. De. Suite, articula-t-elle avec froideur.  

Harry était tendu, comme s’il s’apprêtait à assister à une dispute violente entre deux amants. Malfoy, lui observait Hermione de haut avec un sourire moqueur. Si Hermione était irritée, maintenant, elle irradiait sous la rage. Le coup de pied qu’elle lui avait assené semblait ne pas avoir eu l’effet escompté. Elle serait ravie de lui faire payer ce sourire suffisant en le frappant de nouveau dans les couilles.  

L’échange de regards entre Hermione et Malfoy était chargé de tension. L’atmosphère était électrique, presque sexuelle et Harry, réalisant qu’il assistait probablement à une future guerre cataclysmique, se mit à s’éloigner avec lenteur. Il tenta de s’expliquer, penaud, tout en se grattant les cheveux, un rire nerveux s’échappant de ses lèvres. Hermione le dévisageait avec une telle intensité qu’il se surprit à regretter sa peur lorsque sa copine Ginny lui avait fait une démonstration de sa rage. Ce n’était rien comparé aux iris incandescents de la Riddle.

—  Euh… Il se racla la gorge. Malfoy et moi avons découvert des informations hier soir. On ne fait pas équipe par plaisir, si c’est ce que tu te demandes.  

Malfoy se mit à ricaner, ce qui n’améliora pas la situation.  

— On se déteste, ajouta avec précipitation l’étudiant aux lunettes rondes.  

— Tu t’enterres en ce moment, Potter, se moqua le Serpentard.  

— Oh, je pense que ses explications sont très justes au contraire, répliqua Hermione en retour. En revanche, je me demande bien ce que tu vas trouver comme excuse vu que tu as tout fait pour que Harry ne soit pas mon allié. Ça te sonne des cloches, Malfoy ? Finit-elle par cracher, les lèvres pincées en une mince ligne.  

Draco Malfoy, l’ingrat de première catégorie et son ennemi juré, se contenta de lui offrir une risette. Il ne prit même pas la peine de s’expliquer.  

— Je ne te savais pas jalouse, petit serpent, susurra l’imbécile. Mais si ça peut te rassurer, je suis intéressée par les femmes farouches dans ton genre.  

— Oh celles qui te plantent leur genou dans les couilles ? Grinça-t-elle des dents en le défiant des yeux.  

Harry éclata de rire. Il ne se retenait plus. Il aimait beaucoup le caractère de la Riddle. Elle était faite de feu et Malfoy, bien que ce soit son élément, ne faisait que s’embraser avec plus de force.  

— Oh c’est le type de scène que je rêverais de voir ! s’exclama Harry en s’étouffant sous ses ricanements.  

— Ferme-là, Potter-le-mioche, claqua la voix de Malfoy.  

— Oh pourquoi lui gâcher un tel plaisir ? Ce serait un honneur de répéter le scénario, rigola Hermione, les yeux plissés sous l’hilarité.

Malfoy bouillait de colère, s’approchant de la jeune femme dans des mouvements vifs. Il l’analysait comme si elle était une proie qu’il espérait traquer. Mais Hermione avait des griffes, elle n’hésiterait pas à s’en servir. Elle ne serait pas aussi gentille. Il s’était enfui après leur dernière discussion. Et bien qu’elle éprouvât encore de la honte de s’être montrée vulnérable, elle lui en voulait. Passer sa colère et ses émotions tapageant sur le Serpentard était beaucoup plus facile que de se questionner sur la provenance de ses sentiments. Elle le détestait. Un point la ligne. C’était tout.  

— Qu’est-ce que vous avez entendu qui me concerne avec mon frère ?  

Malfoy lui faisait toujours face, le corps tendu et les lèvres pincés. Il jura dans sa barbe, cherchant dans sa poche quelque chose.  

Probablement un foutu bâtonnet, pensa-t-elle.  

Harry prit la parole, plantant ses iris bleus dans ceux de Hermione.  

— Kingsley a dit que la dernière épreuve avait un lien avec une créature. Il s’agit d’un Grapcorne. On ne sait pas encore ce que ça veut dire ni ce qu’il fera dans le tournoi, mais il va être empoisonné.  

Hermione hoqueta de surprise, un doigt contre ses lèvres.  

— Empoissonné ? Vous en êtes sûr ?  

Harry hocha la tête en retour, en remontant ses petites lunettes contre son nez. Il était sérieux, les traits marqués par la fatigue. Il avait dû y réfléchir toute la nuit. Elle compatit.

— McGonagall n’a toujours fait aucune présentation de l’épreuve alors qu’elle approche à grands pas, réalisa-t-elle après quelques minutes.  

Malfoy se mit à claquer ses mains, tout en la fusillant des yeux.  

— Bravo, Riddle. Cinq points pour Serpentard.  

Hermione grogna sous ses paroles.  

— Est-ce que ça veut dire que son annonce ne laissera aucun temps de répit pour la compétition ? Continua-t-elle en évitant soigneusement le regard de l’imbécile à la chevelure platine.  

— C’est probable, répondit l’Élu en déglutissant. On a… On a essayé de le localiser, mais impossible de trouver la trace d’une telle créature dans Poudlard.  

Malfoy finit par reprendre son sérieux, les traits impassibles.  

— On soupçonne qu’il y aura un toast demain matin dans la Grande Salle, affirma Draco.  

Hermione était égarée dans ses pensées. Elle devait partager la nouvelle avec son frère. Au plus vite. Le groupe finit par la prévenir du reste de la discussion entre les deux individus de hautes renommés et elle ne perdit pas de temps ; elle décampa. Elle ne comprenait rien de la situation actuelle. Pourquoi McGonagall souhaitait-elle qu’ils participent au tournoi ? Était-ce un piège ? Devrait-elle affronter le Grapcorne ? S’agissait-il d’un moyen pour déguiser un meurtre ?  

Avant de rejoindre Poudlard, Hermione entendit vaguement Potter s’esclaffer et annoncer:  

— C’est vrai alors ? Tu t’es bien fait rejeter par Hermione Riddle ?  

— La ferme, Potter, grogna Malfoy.  

La dernière vision de Hermione fut Harry qui hurlait de rire, les mains contre son ventre. Elle sourit amusée.  

Il avait ce qu’il méritait, pensa-t-elle avec amertume.  

Se rongeant les ongles, le visage sérieux, Hermione chemina à travers l’établissement de Poudlard. Elle devait trouver son frère. Elle ne pouvait continuer d’avancer à reculons. Elle devait créer un plan. Son intuition lui chuchotait que les obstacles ne faisaient que s’ajouter sur sa trajectoire. Bien qu’elle soit farouche et déterminée de sortir victorieuse du tournoi, elle n’était pas prête à prendre le risque d’y laisser sa vie. Ni celle de son frère.  


Hermione Riddle avait appris plusieurs choses au cours des dernières heures. Notamment que Théodore Nott s’y connaissait particulièrement bien en créatures magiques. Il était expert en la matière. Son savoir et son intuition l’avaient mené à découvrir un portail souterrain près de l’enceinte du château. Il pensait que la bête s’y trouverait. Comme un Grapcorne avait la taille d’un tigre à dents de sabres et vivait dans les régions montagneuses d’Europe, il n’y avait pas d’autre solution que de produire une barrière pour qu’il puisse survivre. Alors, trente minutes plus tôt, Pansy et Hermione s’étaient penchées vers le portail pour l’observer.  

L’énergie et la chaleur émanant du sol indiquaient sa présence. En s’accroupissant et en tâtant les lieux, elles remarquèrent une légère ondulation sous la surface.  

La bonne nouvelle ? Ils avaient effectivement confirmé l’existence de la créature à Poudlard et pourraient l’atteindre pour éviter le pire. La mauvaise nouvelle ? Hermione déglutit, alors que Harry s’écriait d’une voix craintive.  

— Absolument pas !  

— Bordel, Potter, grogna Malfoy en retour. Tu crois qu’il y a d’autres solutions ?  

— J’aimerais penser que oui. Tu sais… Pour ma survie ! Beugla l’Élu, le visage rouge de colère et de peur.  

Pour faire un récapitulatif de la situation: Hermione et la troupe des Serpentard se retrouvaient dans la tourelle la plus haute de l’établissement magique, connue sous le nom de ‘tour d’astronomie’.  

Le groupe de Serpentard et Harry se tenait debout, les membres tendus, réagissant tous différemment face à la tension palpable. Harry fusillait du regard ses camarades, le visage blême, la sueur perlant sur son front. Ses yeux verts lançaient des éclairs et ses poings serrés dénotaient son angoisse. Il regrettait amèrement d’avoir fait équipe avec les serpents.  

Théodore Nott se rongeait les ongles, ses mouvements nerveux trahissant son inquiétude. Il faisait des cercles dans la pièce, murmurant des incantations ou prières à voix basse. Il essayait de se rassurer lui-même. Peine perdue.  

Draco Malfoy, de sa stature élancée et ses cheveux blonds impeccablement coiffés, arborait un sourire suffisant. Ses prunelles grises étincelaient d’amusement, ce qui agaçait profondément Hermione. Elle avait envie de lui faire ravaler son rictus. Ne pouvait-il pas être sérieux deux minutes ?  

Mattheo contemplait le vide, le souffle court. Ses mains tremblaient légèrement, et il semblait perdu dans ses pensées. Il évaluait probablement les risques de ce qu’ils s’apprêtaient à entreprendre.  

Pansy Parkinson balbutiait des paroles inintelligibles. Ses mots ressemblaient à ‘c’est une mauvaise idée, très mauvaise idée’. Elle répétait cette phrase comme un mantra.

Hermione soupira en se frottant les tempes. Elle observait la scène, essayant de garder son calme et de puiser une solution rationnelle à cette situation stressante. Mais le dilemme dans lequel ils se retrouvaient était tout sauf banal. Un risque imminent se profilait.  

Nott avait expliqué plutôt qu’il y avait deux façons de transpercer ce type de portail: en trouvant le conjurateur du sortilège et en le forçant à ouvrir le passage, ce qui prendrait trop de temps. La seconde option était plus… dangereuse.  

— Tu veux vraiment que je saute de l’édifice pour essayer de rejoindre le passage ? Mais vous êtes taré, bordel de merde ?!

Harry ne priait pas dans la vie, il ne savait pas comment faire, mais à cet instant même, il espérait que peu importe qui recevrait ses supplications, elles seraient exaucées ; parce qu’il n’y avait absolument aucune chance qu’il fasse ça.  

Quelques minutes plus tard, Harry se faisait entourer d’un harnais, le visage sombre et blême. Il avait envie de mourir, de faire dans son froc, peu importait, tout sauf affronter cette chute de plusieurs centaines de mètres. Il fallait être malade pour se jeter d’aussi haut.  

— Rappelez-moi pourquoi je dois sauter déjà ? Ronchonna-t-il à l’adresse du groupe.  

— Hum, Nott se mit à se passer une main dans les cheveux, fébrile. « Pour que le portail se sente menacé, il faut qu’il capte une présence à une vitesse hors norme.  

— Et qu’est-ce qui me dit que ça va fonctionner ?  

— En survivant, répondit Malfoy avec indifférence.  

Harry pesta dans sa barbe, alors que Hermione tanguait d’un pied à l’autre, soudain anxieuse. Les sangles qui lui bariolaient le torse étaient faites à base de magie et rejoignaient le plafond de la tour. Le tout était accroché à des poutres en béton. Le plan semblait pouvoir fonctionner, mais les risques étaient quand même mortels.  

— Pourquoi je ne peux pas utiliser un balai à la place ? Gémit Harry en se frottant le visage, mettant de travers ses lunettes rondes.  

Nott se racla la gorge.

— En fait, expliqua-t-il avec timidité. La seconde option est de prendre assez de vitesse pour que le portail s’ouvre de lui-même, un peu comme un réflexe de survie en sentant un intrus approcher. Mais au lieu de se refermer, il s’ouvre pour aspirer la personne.  

— Très rassurant, maugréa Potter.  

— Mais on ne peut pas utiliser ni maléfice ni objet avec des propriétaires magiques.  

Ce qui rendait impossible l’usage d’un balai ou le recours à un sort pour léviter contre le sol et dans un même temps, éviter une chute mortelle. Génial.  

— Je pourrais utiliser mon balai le temps de descendre à grande vitesse puis sauter ?  

Il était incertain, étant donné que la sorcellerie se répercutait sur les liens et les harnais.

— Je crains que si tu sautes du balai, il ne finisse par entrer en contact avec le portail d’une quelconque façon, souffla Théodore en évitant son regard.  

— Et qu’est-ce que ça ferait exactement ? Demanda Pansy, les yeux écarquillés.  

Il y eut un silence tendu. Tous retenaient leur respiration. Nott, lui, semblait au bord de la syncope. Il se mit à se ventiler sous le stress. Il avait chaud. Bordel.  

— Eh bien, Théodore se gratta la joue, soudain gêné. Tu mourrais. Le portail rejetterait la magie extérieure et finirait par te pulvériser.  

Harry éclata de rire. Il était hystérique.  

— OK donc si j’ai bien compris, articula avec difficulté l’Élu. J’ai soit le choix de mourir d’une chute de centaines de mètres, soit je me fais avaler par le portail et je ne reviens jamais ou je fais face à la créature qui pourrait me déchiqueter ou alors je me fais pulvériser parce que j’utilise la magie pour me protéger ? La voix de Harry prit une octave sous l’indignation. Génial ! Je dois savoir autre chose ? Une autre façon de mourir moins douloureuse ? Parce que tous les scénarios sont merdiques ! Hurla-t-il.  

Harry se sentait submergé par la peur. Une flopée de jurons s’échappaient de ses lèvres. Il posait des tas de questions, tentait d’éviter l’inévitable. Malfoy se montrait condescendant.  

— Où est passé ton courage de Gryffondor ? Se moqua Draco.  

— Parti par la fenêtre ? Grogna avec hésitation Potter.  

— Et moi qui pensais que pour être dans ta maison, il fallait avoir un manque de… comment on dit déjà ? Demanda Malfoy en se retournant vers le groupe, un éclat malicieux brillant dans le fond de ses pupilles.  

Il prenait un malin plaisir à cette situation. Mais quel trou de cul, songea Harry, outré.  

— Instinct de préservation ? Questionna Mattheo en se tournant vers l’équipe.  

— Exactement, confirma Malfoy. N’est-ce pas, Potter ?  

Harry se mit à se triturer les doigts, puis les lunettes. Il feignit de ne rien voir. Il ne pouvait accomplir cette mission. Il était à moitié aveugle. Voilà.  

— Je peux t’assurer que mon cerveau veut survivre en ce moment, Malfoy, cracha Harry avec amertume. Et cet instinct de préservation te met un doigt dans le cul ! Ajouta-t-il en pointant son index vers l’imbécile.  

Il éclata de rire sous ses paroles.  

— Arrête de faire dans ta culotte, Gryffondor, c’est gênant.  

— T’as qu’à le faire à ma place alors ! S’éructa l’Élu, complètement indigné.  

Malfoy releva ses bras en l’air, un air maussade aux coins des lèvres. Il était exaspéré par les larmoiements du garçon-à-la-cicatrice-hideuse. Ne voyait-il pas que cette mission était importante, bordel ?  

— Je n’ai pas vraiment une très bonne approche avec les créatures, souffla le Serpentard en roulant des yeux. Il reconnaîtra la marque des ténèbres sur mon bras et il voudra me taillader.  

Harry s’extasia sous ses paroles, le visage lumineux.  

— C’est un bon plan. J’aime ce plan ! Malfoy se fait écorcher et on reste tous ici, très bien. Comme ça, je ne risque rien… Partant ? Quelqu’un ? Demanda avec hystérie Harry. Personne ne répondit à son appel à l’aide. Seule Hermione semblait d’accord. Non, je suis seul ? Putain…

Harry s’agrippa aux harnais, le visage livide.  

Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir, pensa-t-il avec horreur.  

— Relax Potter, se moqua Malfoy.  

— Tu ne peux pas fermer ton clapet deux secondes bordel de merde de furet mal propre ? J’ai… j’ai besoin de respirer là.  

Harry hyperventilait sous le stress. Ok. Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Il pouvait le faire. Il émit un petit rire. Que Dieu lui vienne en aide !  

— OK, ça suffit ! Claqua la voix de Hermione avec froideur.  

Tout le monde se retourna vers elle, les sourcils relevés, sidérés.  

— Je vais le faire. Trouvez seulement une solution pour me ramener, c’est tout.  

Mattheo et Draco, d’un commun accord, furent catégoriques:

— Absolument pas !

— Pourquoi elle n’a pas le droit de le faire, mais moi je suis obligé ? Pleurnicha Harry Potter.  

— Je pensais que tu étais l’Élu ? Répliqua Malfoy avec une intonation moqueuse.

Harry pesta dans sa barbe. Il détestait ce titre qu’on lui avait attribué. Pour la première fois, il se demandait si ce surnom n’allait pas le tuer. Pour de vrai, comme une personne qui finirait écrasée contre le sol après une chute vraiment, vraiment stupide. Oui, c’était définitif. Il allait mourir.  

Hermione maugréa à voix basse, puis commença à courir. Ce fut le chaos, Pansy voulut l’empêcher de faire le saut périlleux et on entendit un cri strident de femme en détresse. Harry venait de s’élancer. Il hurla comme un détraqué. Il criait et criait, lâchant des jurons à tout-va. Il ne pensait pas pouvoir le faire tant le vent lui fouettait le visage. Pourtant, il réussit à former des plaintes douces, telles que « Sainte-Marie, venez-moi en aide et des critiques plus poignantes et fermes: « Je jure que si je survis à cette chute, je vais étriper Malfoy de mes propres mains.  

La chute de Harry depuis la tour d’astronomie de Poudlard semblait durer des heures, chaque seconde étirée à l’infini par la terreur pure qui le saisissait. Le vent s’engouffra violemment dans ses vêtements, fouettant son visage et le faisant larmoyer.  

Alors qu’il plongeait, Harry sentit son estomac remonter dans sa poitrine, comme s’il laissait son cœur derrière lui dans le gratte-ciel. Les battements frénétiques de son palpitant résonnaient dans ses oreilles, noyant même le hurlement de la rafale. Ses bras et ses jambes s’agitaient de manière désordonnée.

Le château de Poudlard se rétrécissait rapidement au-dessus de lui. En dessous, la terre semblait s’approcher à une vitesse fulgurante. Il continua de jurer et de prononcer des paroles incohérentes de prières désespérées et de malédictions dirigées vers Draco. « Je vais éviscérer Malfoy, je vais éviscérer Malfoy.  

Ses promesses semblaient lui donner du courage. Puis quelque chose changea. À travers ses paupières plissées contre le vent, Harry aperçut le portail contre le sol. Il brillait faiblement, mais avec une intensité croissant à mesure qu’il s’en approchait. L’air autour de lui vibré, et la lumière du portail devint de plus en plus aveuglante. Harry enleva les harnais qui le protégeait, la respiration sifflante. C’était maintenant ou jamais.  

Juste au moment où il pensait que l’impact était inévitable, il sentit une étrange résistance dans l’atmosphère. La barrière s’étendit soudainement, l’engloutissant. Les cris de Harry furent noyés par une obscurité totale, comme s’il avait été avalé par la nuit.

Il se retrouva suspendu dans une sorte de substance plasmique et liquide, une lumière mauve l’entourant. En ouvrant la bouche pour crier d’effroi, il réalisa que cette substance ne s’infiltrait pas dans ses poumons. Au contraire, elle semblait ralentir sa chute jusqu’à ce qu’il atterrisse lourdement sur un sol dur.  

Harry gémit de douleur, ses membres engourdis par l’impact. Il roula sur le dos, essayant de reprendre son souffle. Il était vivant. Mais à peine avait-il eu le temps de se remettre de sa chute qu’il se retrouva face à face avec la créature qu’ils cherchaient.  


— Tu crois qu’il est mort ? Demanda avec désespoir et hystérie Théodore Nott, toujours en train d’arpenter la tour d’astronomie de Poudlard.  

— Il ne crie plus, chuchota Pansy en retour, horrifiée.  

— Justement, ça fait du bien le silence, se contenta de grincer des dents Malfoy.  

Hermione lui frappa le bras, les joues rouges de colère.  

— Fais preuve d’empathie, espèce de sale ogre !  

Mattheo se mit à contempler le sol avec des jumelles, il ne voyait pas la moindre trace de Potter ni de son corps. Il avait réussi à atteindre le portail. Mattheo sourit sous la constatation. Pas qu’il avait douté. Peut-être un peu quand même. Ce plan était complètement imprévisible et il fallait être taré pour le concocter. Mais ils étaient des Serpentard. C’était normal.  

— J’y vais, finit par prononcer Hermione en s’attachant les sangles contre sa poitrine.  

Il y eut une crise de colère, Mattheo tenta de l’arrêter, Pansy aussi. Malfoy grogna sous la fureur.  

— Il faut bien qu’une personne descende pour aller le chercher non ? Hurla Hermione face à leurs idioties. Le portail s’est refermé, il l’a aspiré, continua-t-elle d’une voix plus calme. Je ne ferais que tendre la main pour essayer de le récupérer. Vous, vous tentez de me retenir OK ?  

Son plan avait l’air tout tracé, pourtant, ils ne savaient pas si ça allait fonctionner. Hermione était la mieux placée pour agir de toute façon, elle pouvait guérir de ses blessures. Alors il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne fasse pas ce saut périlleux. Sans prévenir, elle s’élança. Elle entendit vaguement son frère hurler dans ses oreilles, puis le vent effaça les bruits de lutte et le chaos. Il n’y avait plus que sa descente infernale. Hermione s’agrippa aux harnais comme si ça vit en dépendait, la respiration erratique.

Le monde semblait devenir flou, le temps se dilatant alors qu’elle plongeait. La nuit était froide, mais l’adrénaline qui pulsait dans ses veines la réchauffait. Elle se concentra sur une seule chose: atteindre Harry. Le sol se rapprochait à une vitesse effrayante et elle pouvait à peine distinguer le portail brillant en dessous.  

Hermione ressentit une étrange résistance, puis un élancement dans sa poitrine, comme si elle traversait une barrière invisible. Ses amis venaient de la maintenir dans les airs. La moitié de son corps fut engloutie par la même obscurité liquide qui avait avalé Harry. Une douleur fulgurante irradia de son corps. Les harnais venaient de rentrer en contact avec le portail. Elle sentit sa peau brûler. Elle ouvrit les yeux avec difficulté sous la souffrance et aperçut Harry, le visage blême. Son bras se tendit instinctivement vers lui.  

— Prends ma main, cria-t-elle, sa voix vacillant d’émotion.  

Harry, les yeux écarquillés de surprise, s’agrippa à elle. Ensemble, ils luttèrent pour se relever, leurs corps tremblants face à la chute vertigineuse. Ils tombèrent l’un contre l’autre, allongés dans l’herbe mouillée, leurs respirations haletantes.  

— Plus jamais je ne fais ça, c’est clair ? Maugréa Harry, sa voix rauque et empreinte de fatigue.  

Hermione hocha la tête, incapable de parler tout en se détachant de lui. L’adrénaline pulsait encore dans ses veines et elle ressentit un bref éclat de rire nerveux remonter de sa gorge. La terreur de la chute était trop présente, la laissant tremblante et vulnérable. Elle se contenta de sourire faiblement, reconnaissante d’être en vie et d’avoir trouvé Potter.

Harry reprit son sérieux, son visage marqué par la fatigue et la tension. Ses yeux étaient voilés d’inquiétude et de peur. Ses joues étaient pâles, presque blêmes et des gouttes de sueur perlaient sur son font. Ses lèvres, légèrement tremblantes, semblaient chercher les mots adéquats.  

Allongés dans l’herbe, sous la lueur de la lune, ils restèrent silencieux un moment. Ils étaient en vie.  

— On est arrivé trop tard, murmura finalement Harry, sa voix à peine audible dans le calme de la nuit.  

Ce fut tout ce qu’il parvint à formuler.

Chapter 18: La troisième épreuve

Chapter Text

CHAPITRE 18

La troisième épreuve

« Je pense que si tu étais moins sainte-ni-touche, tu comprendrais que le baiser qu’on a échangé n’est rien comparé à que je pourrais te faire”, contra-t-il avec taquinerie. “Et pour information, il n’y a rien que je prévois faire avec toi de rapide. Si tu vois ce que je veux dire. »


Le lendemain matin, Hermione et Harry étaient épuisés. Bien que guérie de ses blessures, elle se déplaçait avec une allure de zombie. Ses cheveux ondulaient autour d’elle. Elle se sentait encore patraque, malgré son apparence propre. Surtout après le saut périlleux de la veille. Elle partageait l’avis de Harry: plus jamais elle ne sauterait de la tour d’astronomie de Poudlard. C’était une idée saugrenue et démente et elle ne pouvait croire qu’elle avait été celle qui l’avait proposée. Elle regrettait amèrement sa décision.  

Ils avaient acquis quelques informations tout de même, bien que peu satisfaisantes et réconfortantes. Ils avaient découvert que la créature était dans un état lamentable. Le Grapcorne tanguait sur ses pattes comme s’il avait été maltraité et sous-nourrit. Harry n’avait même pas pu engager une vraie conversation avec l’être mystique ; le Grapcorne s’était contenté de l’observer, les babines retroussées, trop épuisé pour se défendre contre une menace future. Le cœur de Hermione se serra en se rappelant les paroles de l’Élu.  

Ils étaient arrivés trop tard. Harry avait raison: la créature était déjà empoisonnée. Secouant la tête pour se changer les idées, la jeune femme se força à se concentrer sur le point culminant de la journée: la troisième épreuve de sélection pour le tournoi des sorciers.  

Hermione Riddle se dirigeait vers la Grande Salle, sa foulée encore hésitant, mais déterminée. Accompagnée de Pansy Parkinson, qui lui tenait fermement le bras, Hermione tentait de faire bonne figure malgré l’épuisement apparent sur son visage. La présence de Hermione attirait des regards surpris et des murmures parmi les étudiants. Ils semblaient incrédules de l’apercevoir en vie après l’attaque. Elle s’était isolée des auditoires depuis.  

Dans un coin du corridor, Ron Weasley s’apprêtait à entrer dans le réfectoire. Il se figea en le découvrant, la bouche légèrement ouverte, une expression de choc et de confusion sur le visage. Ron avait les traits marqués par la nervosité: des joues rouges, les yeux écarquillés et une posture tendue qui trahissait sa peur. Il déglutit, comme si la vue de Hermione et de ses acolytes était trop difficile à supporter.  

Harry se tenait un peu plus loin derrière Hermione, les sourcils froncés et les poings serrés. Son visage était empreint de colère contenue. Draco, qui marchait devant Hermione, s’approcha de Ron avec un air menaçant. Le Weasley recula instinctivement, ses traits devenant de plus en plus pâles tandis que la peur irradiait de son corps. Ses mains tremblaient légèrement.  

Malfoy, un sourire satisfait aux lèvres, se frotta les jointures en se remémorant le moment où il avait fracturé le nez de Ron. L’imbécile avait pris le temps de se faire soigner par Pomfresh, l’infirmière de l’établissement. Ron avait dû inventer une histoire pour ne pas être découvert, car bien entendu, il était en tort. C’était lui qui avait commencé la bagarre, aidé par son acolyte de Serdaigle. Hermione balaya le couloir du regard, cherchant l’étudiant à la crinière noire, mais il n’était pas en vue.  

— Ça va, Weasley ? Demanda-t-elle finalement, son ton empreint de moquerie. On dirait que tu viens de voir un fantôme.  

Ses amis éclatèrent de rire, tandis que Harry esquissait un sourire amusé malgré l’indignation qui bouillonnait en lui. Ron se transforma en boule de rage en retour, ses poings se crispant et ses muscles se tendant. Il n’arrivait pas à croire que son ancien camarade fraternisait avec l’ennemi.

— On ferait mieux d’y aller, murmura Pansy avec douceur, serrant encore plus fort le bras de son amie. Je n’aime pas rester trop proche de la pourriture, ajouta-t-elle en jetant un regard condescendant à Ron.  

Alors qu’ils passaient à côté du Gryffondor, Hermione le toisa avec mépris, ses yeux remplis de froideur. Pansy imita son air dédaigneux. Harry ne fit aucun commentaire, se contentant de continuer son chemin vers le réfectoire, laissant derrière lui un Ron complètement tendu et furax.  

Il n’avait que ce qu’il méritait, pensa l’Élu avec amertume.  


La première chose que Hermione réalisa en entrant dans la Grande Salle vu qu’il n’y avait pas la moindre table pour manger. Le second aspect qui lui fit entrouvrir les lèvres de surprise fut la créature placée au bout de la salle.  

Le Grapcorne était impressionnant, comparable en taille à un tigre à dents de sabre. Des tentacules et serpents émergeaient de chaque côté de sa tête, ondulant avec une grâce sinistre. Son apparence était étrange.  

D’un doré ambré, ses iris semblaient percer le néant. Il avait l’air pris d’une fatigue extrême, comme s’il ne pouvait concevoir le moindre espoir. Ses pattes, larges et robustes, s’enfonçaient légèrement dans le sol, comme s’il peinait à rester debout. De nombreux murmures prirent forme dans la salle sous la présence de la bête. Certains étudiants reculèrent, la bouche entrouverte sous la peur.  

— Bienvenue à tous dans la troisième épreuve de sélection pour le tournoi des sorciers, scanda la voix de la directrice de Poudlard.  

Hermione n’avait pas remarqué McGonagall. Elle se tenait aux côtés de la créature, tout comme le ministre de la Magie, Kingsley. Il y avait plusieurs sorciers dans le fond de la pièce, tapis dans l’ombre. Il s’agissait des membres du ministère. Ils présentaient une allure professionnelle et soignée, portant des robes avec des teintes pourpres et mauves. Leurs visages, impassibles, scannaient chaque étudiant avec un air autoritaire et distant.  

Kingsley, relevant une main ornée de bagues dans les airs, fit taire la foule. Kingsley semblait patienter. Mais qu’attendait-il ?  

— Aujourd’hui, le ministère de la magie a voulu prendre de son temps pour assister à l’épreuve, mais aussi s’assurer de notre bien-être et sécurité. McGonagall tendit ses doigts vers la créature, la figure sérieuse. Le Grapcorne est connu pour sa clairvoyance et ses décisions impartiales. Mais pas seulement, prévint la directrice dans une voix sombre. Il peut être dangereux et agressif lorsqu’il se sent menacé. C’est pourquoi l’ambassadeur de la magie a voulu amener ses membres pour s’assurer que la bête restera sage.  

La créature qui semblait analyser et comprendre les paroles de Minerva émit un feulement d’indignation. Il paraissait furieux, plaquant ses pattes contre le sol avec une force qui fit vrombir les murs de Poudlard. La responsable se recula de plusieurs pas pour éviter de s’attirer les flammes du Grapcorne.  

— En temps normal, cet être mystique habite les régions montagneuses d’Europe. Il est très rare de pouvoir en voir, continua d’une voix posée la directrice.  

Elle balaya la salle des yeux. Elle ne regardait pas d’étudiant en particulier. Hermione déglutit alors que Mattheo se faufilait à ses côtés pour lui serrer la main. Il était inquiet. Tous l’étaient. Pour différentes raisons. Leur souffle en suspens, ils attendirent avec impatience le reste des explications de McGonagall.  

— La dernière épreuve a pour but de définir les prochains participants. Il s’agit du test final, précisa la directrice. Le Grapcorne a longtemps été utilisé pour découvrir des sorciers avec une âme pure qui pourraient un jour régner au sein du monde magique. Aujourd’hui, son rôle sera de vous choisir, conclut Minerva avec une intonation amusée.  

Sa voix résonna avec force dans la Grande Salle. Chaque étudiant l’écoutait, s’abreuvant de ses paroles comme s’il s’agissait d’oxygène. Hermione, elle, ne voyait pas la situation sous cet angle. Elle irradiait de rage, surtout en sachant que le Grapcorne était violenté. S’il était si rare et précieux, comment pouvaient-ils le traiter ainsi en secret ? Personne ne méritait un tel châtiment et la Riddle pouvait le comprendre plus que personne.  

La bête releva son visage pour planter son regard vers le fond de la salle. Hermione frissonna en sentant ses orbes dorés effleurer sa peau.  

— Lorsque je vous nommerai, veuillez prendre place devant le Grapcorne. Il s’abaissera s’il voit en vous un potentiel. McGonagall contourna l’être mythique, l’épiant avec curiosité. S’il ne vous montre pas le respect de son salut, vous rejoindrez votre poste contre le mur et vous saurez que vous ne participez pas à l’épreuve.  

Hermione trouva le tout injuste. Comment une créature pouvait-elle décider de leur destin ainsi ? Que fallait-il avoir pour se démarquer des autres ? Elle trouva cela lugubre, surtout en sachant que l’être était empoisonné. Elle pesta entre ses dents et Mattheo planta ses ongles dans sa chaire. Il était terrifié. Il ne savait pas si la bête se montrerait farouche ou violente. Surtout à leur encontre. La famille Riddle était l’ennemi et le ministère de la Magie du même avis.  

— Je vous demanderai à tous d’être conciliants et patients. Tout évènement peut se produire entre ses murs. Une créature magique amène bien des mystères, conclut la directrice d’une intonation lugubre.  

Puis se détournant de la bête, elle se posta à sa droite, quelques mètres plus loin. Un long parchemin apparut entre ses mains. Elle le tendit bien haut, cachant son visage, puis commença à annoncer les premiers concurrents. Lorsqu’un Poufsouffle fut appelé, l’élève aux cheveux auburn s’avança, les traits contractés. Leur maison était connue pour avoir une très grande connexion avec les créatures fantastiques. Hermione ne craignait pas pour sa vie. Mais elle entrouvrit quand même ses lèvres sous la stupeur.  

L’étudiant se posta devant le Grapcorne. Les yeux dorés de la créature dévisagèrent avec ennui l’intrus, puis retroussant ses lèvres dans une menace sous-jacente, il se mit à hurler, ses tentacules de serpents se tendant dans des mouvements qui promettait violence et sang. L’élève se tapit contre le sol, s’abaissant, puis se mit à gémir de peur. Le Grapcorne se tut, puis détourna sa figure de tigre. Il venait de rejeter le Poufsouffle.  

— Bordel, jura Harry à sa gauche. Mais qu’est-ce que c’est que ce test ?

Hermione se mit à sourire.  

— On a assez vécu d’épreuves pour une vie entière, taquina-t-elle, faisant référence à la veille et à leur chute mortelle.  

Les yeux du Gryffondor se mirent à pétiller sous l’hilarité.  

— Je suis d’accord. Il serait plus sécuritaire de s’enfuir. Tu en penses quoi ?  

Harry pointa du bout des doigts la porte de sortie de la Grande Salle et Hermione fit mine de déguerpir, ce qui lui tira un rire rauque. Malfoy aplatit sa main contre l’épaule de l’étudiant aux lunettes rondes, la mine sombre.  

— Si tu veux abandonner, Potter, tu es le bienvenu. Mais n’entraîne pas la Riddle dans tes filets ; elle a des objectifs à accomplir.  

Hermione sursauta, les joues rouges. Ils ne faisaient que se taquiner. Bien entendu qu’elle n’allait pas renoncer de si bon chemin ! Elle voulut rouspéter, puis se rappela les paroles de Draco. Il venait de l’encourager à sortir victorieuse du tournoi. Elle sourit, amusée.  

— Je savais que tu finirais par reprendre raison, Malfoy, souffla Hermione avec légèreté. Tu as enfin compris que je suis destinée à sortir première du tournoi.  

Malfoy émit un rire qui sonna comme un grognement.  

— Ne confonds pas mon soutien pour de l’idiotie. Je serais le vainqueur du championnat. Pas toi, Riddle, promit Draco d’une voix doucereuse.  

Il caressa du bout des doigts le visage de Hermione et elle se sentit brûler, s’échappant de son toucher avec précipitation, les joues en feu. Il avait osé ! Le fusillant du regard, elle reprit sa position initiale, les yeux brillants d’animosité. Il ne perdait rien pour attendre, foutu Draco Malfoy.  

— Harry Potter ! S’écria la voix de McGonagall dans la salle, coupant court aux pensées de Hermione.  

Le jeune homme s’avança, se passant une main dans les cheveux. Il se sentait fiévreux. Peut-être allait-il tomber dans les pommes ? Il releva ses pupilles pour contempler le Grapcorne et déglutit. Il allait définitivement faire une chute de pression. Bordel, pesta-t-il.  

La créature détaillait l’intrus avec ses orbes dorés, une lueur perçante qui semblait fixer le néant. Lorsque le Grapcorne fit son salut à Harry Potter, il adopta une posture cérémonieuse, penchant sa tête de tigre. Ses tentacules se dressèrent légèrement, bougeant de manière rythmique. Les étudiants se mirent à acclamer Harry, leurs rires fendant la foule.  

Potter, penaud, redressa sa tête, les yeux écarquillés. Il demanda de l’aide auprès de la directrice, ne sachant quoi faire. Elle lui offrit un sourire aimable, puis l’encouragea à prendre place dans le fond de la pièce, là où une grande table l’attendait. Il se posta, le corps droit et de la sueur s’écoulant de son front. Que venait-il de se passer ? Il s’était fait accepter par la créature et il pouvait intégrer définitivement le tournoi. Il devrait éprouver de la fierté, mais il ne garda qu’un goût amer dans la gorge, pour une raison inconnue.

Deux Poufsouffle eurent le même salut, bien des minutes plus tard, suivi de Ron Weasley et de deux Serdaigle. Le premier se nommait Grégory Podmore, Harry le reconnut immédiatement et le second était un jeune homme aux cheveux bruns bouclés. Il trottina vers la table tant il était excité. Lorsque Malfoy fut nommé à son tour et accepté dans le tournoi des sorciers, il offrit un sourire suffisant à Hermione, comme pour la narguer. Elle roula des yeux face à son geste. Puis, son frère fut appelé. Il ne restait que les Riddle dans le réfectoire. Tous les étudiants observaient la scène, le souffle coupé. Seuls ceux qui étaient sélectionnés jusqu’à maintenant pouvaient passer l’épreuve.

Le Grapcorne s’abaissa de nouveau, tirant de nombreuses exclamations dans la salle. Hermione lui offrit un sourire, elle était fière de lui. Mais elle comprenait qu’elle venait d’échouer l’épreuve. Il n’y avait que deux participants par maison. Elle se renfrogna, la gorge sèche et les yeux brillants de larmes.  

Ce n’est pas grave, pensa-t-elle.  

Elle pouvait quand même atteindre ses objectifs. Elle guiderait son frère. Elle ne pourrait pas s’assurer pleinement de sa sécurité et une boule de stress se mit à se former dans son estomac en le réalisant. Elle avança vers la bête, ses prunelles déterminées rivées droit devant elle.  

À l’approche de Hermione Riddle, le Grapcorne se dressa sur ses pattes, ses longues cornes se balançant doucement à chaque mouvement. Ses yeux vitreux, d’une couleur rougeoyante du soleil, presque spectral, fixaient Hermione avec une intensité qui semblait percer l’âme.  

La créature, malgré son apparence redoutable, montrait des signes d’hésitation. Ses lèvres s’entrouvrirent dans un geste incertain, presque craintif. Comme s’il cherchait à émettre un son, mais en était incapable. Un grondement sourd monta de sa gorge, trémulant dans l’air, puis il se coucha sur ses griffes acérées, enfonçant les talons dans le sol de la Grande Salle avec une force du tonnerre.  

Hermione, la poitrine serrée par l’anxiété, ne recula pas. Ses yeux restaient cloués sur la créature. La peur et la détermination transperçaient chaque vibre de son être. Elle craignait de ne pas être capable de protéger son frère, de commettre une erreur irréparable et d’être rejetée. Malgré la menace apparente, elle faisait preuve d’une bravoure qui fit frissonner plusieurs étudiants.  

Le Grapcorne continuait de fixer Hermione avec une intensité presque hypnotique. Il semblait peser chaque mouvement. Finalement, dans un geste empreint de solennité, il s’inclina lentement dans une révérence. Ses tentacules se déployèrent avec une délicatesse surprenante, tentant d’atteindre Hermione pour effleurer sa peau d’un contact presque caressant. Avant que le lien ne soit établi, un éclat de lumière verte surgit et la voix autoritaire de McGonagall interrompit l’échange. La Directrice avait usé de sa magie, rompant le lien entre le Grapcorne et Hermione.  

Une interaction silencieuse s’amorça entre la Riddle et la créature. L’être mystique grogna de désespoir, le corps algique. Hermione sentait la douleur du Grapcorne, sa peine et sa désolation. Les larmes menaçaient de jaillir, mais elle les retint. Hermione ne réalisa pas tout de suite le chaos qui avait pris forme dans la Grande Salle ni des regards colériques des étudiants portés sur elle.  

— C’est injuste ! S’écria un Gryffondor.  

— Elle a triché, renchérit une seconde voix.  

— Ça suffit, beugla la directrice de Poudlard, coupant court à toute rébellion. Le destin a fait sonner ses cloches et le Grapcorne a sélectionné les futurs concurrents pour le championnat. Nous ne pouvons revenir sur son choix, affirma McGonagall avec force. Il y aura bien trois participants de la maison Serpentard. Maintenant, retournez dans vos dortoirs. Le tournoi prendra forme dans les prochaines semaines. Soyez prêt, la directrice prit un ton vigilant, les yeux sérieux. Vous pouvez toujours abandonner avant une épreuve, mais une fois commencée, vous n’aurez plus cette possibilité, alors soyez certains de vos décisions: elles sont capitales.  

McGonagall n’arriva pas à calmer la foule et bientôt, des dizaines d’étudiants se mirent à pointer du doigt la famille Riddle, les prunelles ombrageuses. La maison Serpentard finit par se recroqueviller dans un coin de la salle, tandis que les Poufsouffle faisaient tout en leur pouvoir pour délayer le conflit, l’atténuer. Hermione surprit Luna Lovegood qui tentait de résonner Ron Weasley dans des gestes précipités. Le Gryffondor la repoussa avec une telle force qu’elle se retrouva par terre, sa tête se fracassant contre le sol. Hermione accourut vers l’étudiante, la respiration haletante. En tâtant son crâne, elle réalisa avec horreur qu’elle saignait.  

La voix portante de la directrice de Poudlard n’arrivait à taire l’écho des hurlements d’indignation des élèves. Il n’y avait qu’un brouillard de forme colérique, pointant index et baguettes, les yeux furibonds. Le Grapcorne qui était resté impassible jusqu’à maintenant se redressa sur ses grosses pates et pourfendit la Grande Salle de son cri guttural. Tout le monde se figea sous la violence du rugissement.  

Les membres du ministère de la magie se dispersèrent. Certains sommaient les étudiants de les suivre pour rejoindre leur dortoir, d’autres se postaient devant la créature comme si elle était nuisible. Hermione déglutit, alors que Pansy lui agrippait le bras pour la détacher de Luna.  

— Elle est mal en point, expliqua-t-elle la gorge serrée.  

En croisant les pupilles de Malfoy, le Serpentard rouspéta en se passant une main dans les cheveux. De ses bras musclés, Draco souleva le petit corps de la Poufsouffle, puis haussant un sourcil avec défi, il encouragea ses amis à se diriger vers le donjon.  

— Dépêchez-vous, grogna Malfoy entre ses dents.  

Théodore joignit le mouvement, bousculant quelques élèves sur son passage. Hermione comprit qu’il tentait de leur offrir de l’espace. Les sorciers se déplaçaient avec frénésie, alors que les membres du ministère jetaient des ordres d’évacuation avec autorité. Hermione était perdue. Comment les professeurs de Poudlard pouvaient-ils à ce point manquer d’autorité sur leurs étudiants ? Que se passait-il ?  

Il y avait un raz-de-marée. Tout le monde se déchaînait, les baguettes lumineuses pointées à tout va, comme s’ils espéraient déchiqueter les Riddle. Mattheo fit bouclier face aux regards haineux, poussant sa sœur à accélérer le pas.  

Prise d’un instinct désespéré, Hermione se retourna au dernier moment avant que les portes ne se ferment et croisa le regard de la créature en bout de salle. Le Grapcorne secouait la tête, comme s’il désapprouvait ce qui venait de se produire.  

— Tu ne devrais pas être ici, semblait lui chuchoter la bête.  

Hermione déglutit, puis accéléra le pas. Pansy hoquetait à ses côtés, s’empoignant le corps dans des soubresauts. Elle avait peur. Et c’était la faute de la Riddle. Si elle n’avait pas fait son entrée à Poudlard, jamais un tel désastre n’aurait pris forme. Ses amis ne seraient pas en danger.  

Avant de rejoindre les donjons, les Serpentard eurent le temps de capter l’intonation du ministre de la Magie.  

— Assurez-vous de poster des gardes devant les dortoirs. Personne ne rentre et ne sort sous prétexte ce soir. C’est trop dangereux.  

McGonagall rétorqua avec force d’une voix stridente.  

— Protégez les Riddle coûte que coûte.

Chapter 19: Complication

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CHAPITRE 19

Complication

« Tu es une meurtrière. »

« Non, » répliqua-t-elle en se rappelant des paroles de la sirène. « Mais je peux le devenir. »


La salle d’entraînement était remplie du bruit des armes qui s’entrechoquaient et des respirations lourdes des étudiants. Hermione, vêtue d’une tenue noire avec des coques de protection aux coudes, effectuait une série de mouvements rapides et précis, son visage marqué par la concentration. La sueur perlait sur son front, et ses cheveux étaient en désordre. Elle se battait avec acharnement, chaque coup porté avec une force implacable.  

Lorsque le professeur Flitwick siffla pour indiquer que les combats aux corps à corps et à la baguette pouvaient commencer, Hermione inspira, les lèvres tremblantes. Elle ne se sentait pas d’attaque aujourd’hui. Elle pouvait s’entraîner seule, mais l’aspect de devoir affronter plusieurs adversaires ne l’enchantaient pas. Surtout depuis la dernière annonce dans la Grande Salle. Les étudiants semblaient particulièrement haineux envers elle.  

Déglutissant avec difficulté, elle se posta au centre du terrain, la poitrine enserrée dans un étau. Elle était indécise. Elle se demandait ce que tout cela signifiait. Pourquoi avait-elle été acceptée par le Grapcorne ? Et pourquoi la directrice s’était interposée alors que la bête tentait d’établir un contact ? Hermione était certaine que la créature ne voulait pas la nuire. McGonagall avait-elle mal interprété la scène ? Elle maugréa à voix basse, se forçant à sortir de ses pensées. Mais impossible de le faire.  

Bien qu’elle se battait avec les autres étudiants, elle ne parvenait pas à se concentrer. Ses mouvements semblaient mécaniques, dépourvus de la précision et de la vigueur qu’elle déployait habituellement. Sans réussir à éviter l’impact, elle reçut un grand uppercut contre la tempe. Sa vision se brouilla pendant quelques secondes et elle s’écroula par terre, une main contre le visage. Elle se releva tant bien que mal, le corps endolori.  

Le duel était violent. Les maléfices fusaient dans tous les sens, les éclats de lumière se croisant dans l’air. Hermione tentait de se défendre, mais ses mouvements étaient hésitants. Elle esquivait un sort, en lançait un autre, mais ses réflexes étaient plus lents, moins précis. Ses adversaires le remarquèrent et intensifièrent leurs attaques.  

L’esprit en ébullition, plein de pensées contradictoires et de préoccupations, Hermione releva sa main pour déclarer forfait et s’asseoir. Elle observa avec distance Pansy qui enchaînait une parade contre un élève de Serdaigle. Ceux qui ne participaient pas au tournoi n’étaient pas obligés de continuer les entraînements. Mais ses amis se présentaient chaque jour. Ils étaient déterminés. Ils souhaitaient les encourager. Hermione en était reconnaissante.  

Une douleur commença à lui vriller le crâne et elle dû se maintenir au banc en bois pour s’empêcher de gémir de souffrance. Elle se sentait fiévreuse, fébrile. Sa respiration était rapide, désordonnée et son cœur battait la chamade.  

Elle n’avait pas réussi à dormir après le test final avec le Grapcorne. Elle ne parvenait pas à s’enlever de l’esprit les émotions qu’elle avait ressenties en plongeant son regard dans celui de la créature. La connexion, bien que très courte, avait été si intense que Hermione s’en agrippa le ventre en se remémorant la scène.  

Elle se rappelait l’éclat vicieux qui irradiait des visages des étudiants de Poudlard. Le réfectoire s’était transformée en carnage et elle ne comprenait toujours pas comment la situation avait pu autant dérailler. Depuis, les professeurs exerçaient une protection et surveillance étroite des Serpentard. Il y avait des gardes partout. Et McGonagall passait son temps cloisonnée dans son bureau, comme si elle était aussi épuisée que Hermione. La jeune femme se demandait ce qui pouvait bien traverser l’esprit du ministre, Kingsley et de la directrice de Poudlard. Pourquoi aspiraient-ils à les préserver ? Elle pensait qu’ils n’éprouvaient que de l’amertume pour son frère et elle, mais réalisait qu’elle avait tort. Peut-être avaient-ils des intentions nobles ? Peut-être souhaitaient-ils leur réussite ? Elle n’en était pas certaine.

Un peu plus loin, Malfoy analysait Hermione, les sourcils froncés. Lorsque le petit serpent s’était effondré sous les coups de ses adversaires, il n’avait pu s’empêcher de prendre une pause dans son entraînement. Quelque chose ne tournait pas rond. Son intuition le lui criait. Et Draco se trompait rarement. Pas qu’il avait un ego surdimensionné – peut-être un brin, mais il avait appris à faire confiance en son instinct et là maintenant, il lui hurlait qu’il y avait anguille sous roche.  

Il s’élança vers la Serpentard dans des pas rapides et déterminés, les yeux ombrageux. Il ne parvint à cacher une expression préoccupée de son visage. C’était plus fort que lui.

— Tu n’es pas dans ton assiette, Riddle, dit-il simplement.  

Ce n’était pas une question, mais plus une affirmation. Son intonation se voulait moqueuse, mais une trace d’inquiétude transperçait sa voix. Hermione releva son menton. Elle espérait faire mine de l’ignorer, mais elle n’y arriva pas. Son cœur battait la chamade. Chaque fois que Malfoy l’accostait, son rythme cardiaque augmentait. Une trahison bien amère. Elle se redressa, chancelante, évitant son regard.  

— Je ne vois pas de quoi tu parles, se contenta-t-elle de répondre.  

Elle était gênée. Et aujourd’hui, elle ne parvenait pas à rétorquer avec hargne au Serpentard. S’il fut surpris, il ne le démontra pas. Il pencha sa tête, se rapprochant avec rapidité d’elle. Lorsqu’il déposa ses longs doigts contre la joue de la Riddle, elle frissonna.  

— Tu es blessé, continua Draco d’une voix posée.  

Elle souhaitait lui lancer une réplique cinglante, sûrement « je suis contente d’apprendre que tu n’es pas aveugle, maintenant fiche-moi la paix ! Mais, pas un son ne franchit la barrière de ses lèvres. Elle se contenta de hausser les épaules, feignant l’indifférence.  

— Tu devrais apprendre à t’occuper de toi, reprocha le Serpentard.  

Hermione grinça des dents. Elle abandonnait. Elle refusait de se taire plus longtemps.  

— Est-ce que je t’ai demandé ton opinion, Malfoy ?  

Elle l’incendia des yeux, agacée et il lui offrit un sourire, comme s’il espérait une telle réaction de sa part. Elle recula sous le choc.  

— Qu’est-ce que tu cherches à faire exactement ? Ajouta-t-elle.  

Malfoy eut l’audace de soulever ses épaules dans un geste arrogant. Il venait de l’imiter, l’imbécile. Au lieu de s’énerver, elle finit par éclater de rire. Elle était dans une humeur si sombre qu’elle ne réalisa pas tout de suite à quel point ça lui avait manqué de se disputer avec Draco. Il venait de la ramener à elle. Et il avait fait exprès, elle en était certaine.  

— Est-ce que ce serait trop te demander d’accepter de l’aide et que je te soigne ? Enchaîna avec exaspération Malfoy.  

Elle roula des yeux pour faire bonne mesure, ce qui soutira un sourire satisfait au Serpentard.  

— Tu sais que je n’en ai pas besoin.  

Sa voix était catégorique. Mais Malfoy avait d’autres idées en tête. Il en avait toujours quand il s’agissait de la Riddle.  

— Ce serait étrange que tu n’aies plus de bleu au visage après t’être pris une telle raclée par des incompétents, ronchonna Draco. Alors, laisse-moi faire. Je suis très bon lorsqu’il est question de faire semblant d’être compatissant pour les gens comme toi.  

— Oh vraiment ? Enchaîna Hermione, moqueuse.  

Malfoy la fusilla de ses yeux gris, tout en se passant les doigts contre les lèvres. Sa bague à l’insigne de sa famille s’y coinça et Hermione déglutit, le visage en feu.  

— Fais vite alors, finit-elle par capituler. Je n’aime pas trop l’aspect où tu poses tes mains sur moi.  

Draco éclata de rire alors qu’il se penchait vers la Riddle. Son petit serpent était une si mauvaise menteuse. Il sourit avec une telle suffisance que Hermione plissa les yeux, agacée.  

— Je pense que si tu étais moins sainte-ni-touche, tu comprendrais que le baiser qu’on a échangé n’est rien comparé à que je pourrais te faire, contra-t-il avec taquinerie. Et pour information, il n’y a rien que je prévois faire avec toi de rapide. Si tu vois ce que je veux dire.

Hermione releva son majeur, les prunelles perçantes de menaces voilées.  

— Essaie de nouveau pour voir, peut-être que tu auras une surprise comme la dernière fois, susurra-t-elle.  

Malfoy se pencha vers elle, empoignant son visage et Hermione retenu son souffle, complètement ébahi par son geste.  

— La prochaine fois que tu me vises essaie de ne pas frapper mon entrejambe avec ton genou, mais plutôt d’agripper mes cheveux, ça ajoute du piquant.  

Hermione releva son menton, faisant tout en son pouvoir pour ignorer la sensation des doigts de Malfoy contre sa peau.  

— Oh, mais je prends bien trop de plaisir à te surprendre.  

Malfoy finit par se reculer, le souffle court.  

— Tu ne cesses de le faire, petit serpent. Et il va falloir que tu arrêtes de jouer avec mon cerveau, sinon les conséquences pourraient être grandes, avoua Draco la voix rauque de désir.  

— Ce ne sont que des paroles et des menaces en l’air, répliqua Hermione alors qu’elle le fusillait du regard.  

Malfoy secoua la tête, un sourire carnassier ornant ses lèvres.  

— Non, Riddle, c’est un conseil.  

Puis il s’éloigna dans un geste théâtral. La seule pensée cohérente que Hermione arriva à formuler fut qu’il avait oublié de la soigner.


Mattheo, les cheveux noirs en bataille, se tenait dans la tente blanche sur le terrain de Quidditch de Poudlard. Une expression de douleur crispait son visage. Son teint pâle contrastait avec les mèches sombres qui retombaient devant ses yeux perçants d’un brun profond. Il avait les épaules et le torse sculpté, mais c’étaient surtout ses mains qui attiraient l’attention. Ses doigts fins, marqués de coupures et d’ecchymoses, tremblaient lalors qu’il enroulait avec soin une bande de tissu autour de ses jointures ensanglantées. Le rouge vif de ses blessures ressortait violemment contre la blancheur du pansement et chaque mouvement semblait lui arracher une grimace de douleur.  

Hermione, postée à l’entrée de la tente, s’arrêta lorsqu’elle aperçut son frère. Elle se tenait droite, malgré le poids des pensées qui l’accablaient. Elle ne cessait de réfléchir à ces mêmes paroles.  

— Tu ne devrais pas être ici. Ils te veulent à leur merci et tu as répondu à leur appel. C’était une erreur.  

Les dires de la sirène tourbillonnaient dans son esprit, envahissant ses sens et elle se figea un instant, son cœur battant plus fort. Enfin, elle s’approcha et agrippa avec célérité le bras de son frère, la panique et l’urgence se lisant dans son regard. Observant sa sœur avec une concentration accrue, Mattheo scruta chaque détail du visage de Hermione. Elle semblait totalement désemparée. Ses traits étaient tirés, ses yeux fuyants et une pâleur alarmante s’étaient installés sur ses joues.  

— Tout va bien ? Demanda-t-il avec bienveillance, cherchant à capter son attention. Est-ce que Malfoy t’a encore siphonné l’esprit de ses grotesques paroles ?  

Il força un rictus dans une tentative maladroite de la faire rire, mais Hermione ne répondit pas. Son regard restait perdu, trop tourmenté pour esquisser même un simple sourire.  

— Hey, finit-il par souffler, adoucissant sa voix alors qu’il posait une main réconfortante sur sa joue. Il caressa sa peau, espérant percer la barrière qu’elle semblait avoir érigée autour d’elle. Qu’est-ce que tu as appris ? On dirait que tu viens de découvrir un sombre présage.

Hermione secoua la tête, les lèvres pincées, ses yeux se mettant à balayer nerveusement les alentours, comme si elle redoutait d’être surprise. De quoi avait-elle peur ? Mattheo fronça les sourcils, une vague d’inquiétude traversant son cœur. Il ne parvenait pas à se détacher d’elle ni à comprendre ce qui la terrifiait autant. Elle s’était refermée sur elle-même et il ne pouvait accéder à son esprit. Il détestait cette sensation de ne pas savoir ce qui la hantait.  

— Il faut que je rejoigne dans le bureau de la directrice de Poudlard, expliqua catégoriquement sa sœur, les traits sérieux.  

— Quoi ? Tu es folle, c’est trop dangereux ! S’écria Mattheo en retour.  

Il lui empoigna le bras pour l’attirer dans un recoin de la tente, les yeux écarquillés.  

— Depuis la dernière épreuve de sélection, McGonagall se trouve toujours là-bas, comme si elle concoctait un plan farfelu. Tu ne peux pas prendre ce risque, précisa le Riddle, la voix tremblante. On est si proche, Mione.

Hermione se détacha de lui et se mit à arpenter le campement, agitant ses membres dans des mouvements frénétiques.  

— Je sais, je sais, mais…, balbutia-t-elle. Je pense que j’ai découvert quelque chose. Il faut qu’on s’en parle. J’ai besoin de toi.  

Mattheo releva ses paumes dans les airs dans un geste de trêve. Il comprenait la touche d’angoisse dans sa voix et son besoin d’aide. Alors, il capitula.  

— On en discute ce soir d’accord ? Rejoins-moi dans les jardins après les cours, finit par grogner son frère en se passant une main dans les cheveux. Mais ça ne veut pas dire que j’adhère à ce qu’on fasse irruption dans le bureau de McGonagall, c’est clair ?  

— Limpide, sourit Hermione en retour.  

Elle savait qu’elle venait de gagner. Et Mattheo aussi. Il pesta dans sa barbe et la Serpentard disparut, le laissant seul avec ses propres pensées. Malfoy ne prit pas longtemps avant de faire son apparition, les sourcils froncés. Le Riddle eut envie de l’envoyer bouler, mais se retint. Il était plutôt amusé de la situation. Bien que le Serpentard se montre arrogant et exécrable auprès de sa sœur, il ne fallait pas s’y méprendre: il était obnubilé par la présence de Hermione.  

— De quoi est-ce que vous parliez ? Questionna avec froideur Draco.  

Mattheo sourit, puis tapota le bras du Serpentard.  

— Rien d’alarmant. Et tu sais pour une personne qui semble vraiment détester ma sœur, je trouve que tu es bien chevaleresque lorsqu’elle paraît désorientée. 

— Quoi ? S’offusqua Malfoy.  

— Je te laisse y réfléchir. Bon entraînement.  


Ça faisait quelques minutes que Hermione venait de terminer son cours de potion et son esprit était encore trop occupé par la complexité des formules et des ingrédients. Elle avait tellement de retard en comparaison aux autres élèves. Soupirant à voix basse, elle se dirigea vers les jardins de Poudlard dans des pas lents et distraits. Hermione était vêtue d’une robe en velours bleu marine, légèrement froissée par des heures passées assises sur les bancs de la salle de cours. Ses cheveux bruns étaient attachés en un chignon lâche, quelques mèches rebelles s’échappant autour de son visage. Ses yeux, marqués par la fatigue, auscultaient les parterres de fleurs et les arbustes, comme si elle cherchait des réponses parmi les végétaux.  

Mattheo la rejoignit assez rapidement, son pas souple et ses prunelles scrutant la silhouette de sa sœur qui errait dans le jardin. Il portait une chemise en lin blanc, légèrement froissé et un pantalon sombre.

Lorsqu’il parvint à sa hauteur, il posa une main rassurante sur son épaule, offrant un soutien silencieux. Hermione leva les yeux vers lui, son visage exprimait une combinaison de soulagement et de fatigue. Mattheo se demanda de quoi retournerait leur conversation et pourquoi sa sœur semblait si tracassée. Il n’arrivait pas à comprendre son état, surtout lorsqu’ils venaient d’être sélectionnés dans le tournoi des sorciers. Il ne s’était jamais senti aussi fier. Mais Hermione était morose, pensive.  

— Lorsqu’on a intégré le cabinet de la directrice, j’ai eu une discussion avec une créature mystique: une sirène, commença Hermione en touchant du bout des doigts des tulipes blanches.  

Les pétales se mirent à rayonner sous son contact, puis se fanèrent. Elle s’éloigna, les lèvres pincées.  

— Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ? Questionna Mattheo, les yeux plissés.  

— Je n’y avais pas songé ! Répliqua-t-elle. J’étais trop absorbée par le carnet que j’avais découvert et je n’ai pas pensé à l’altercation que j’ai eue dans le bureau de McGonagall.  

Mattheo se mit à se ronger les ongles. Il s’empêchait de faire le moindre mouvement vers sa sœur. Il avait envie de la secouer, de l’enlacer, puis de la sermonner. Mais ce n’était pas le moment de le faire. Et il comprenait son état d’esprit.  

— Il faut que j’y aille de nouveau. Je sens que la sirène connaît certaines réponses à mes questions.  

— Quelles questions ? Je ne comprends rien, Mione. Il va falloir que tu me donnes plus de détails, parce que je nage dans le néant en ce moment ! S’écria Mattheo dans des gestes saccadés.  

Hermione prit une inspiration tremblante, posant un doigt contre sa tempe, les joues rouges.  

— La créature m’a dit que je ne devrais pas être ici, qu’ils me voulaient à leur merci et que j’ai plongé dans leur piège. Que c’était stupide !  

Mattheo se figea, les bras en suspens. Il n’arrivait toujours pas à comprendre ce que sa sœur formulait, mais il commençait à faire tourner les engrenages de ses pensées.  

— Tu crois que…

— Je crois qu’elle dénonçait notre participation et des plans du ministère de la Magie. Ils veulent qu’on intègre le tournoi, pour une raison qui m’est encore inconnue, coupa Hermione d’une voix saccadée. Elle se mit à se frotter les jointures de ses doigts, l’esprit en ébullition. La sirène m’a prévenu, ça fait des semaines ! Et je n’ai pas écouté !  

Elle commençait à être hystérique. Mattheo tenta de s’approcher, mais elle s’éloigna, les joues rouges et les lèvres tremblantes.  

— Je pense qu’on vient de faire une erreur, Mat, continua Hermione en évitant son regard. Et si… Et si le tournoi était déguisé pour cacher autre chose ? Je ne pourrais pas accepter qu’on s’élance vers l’inconnu si c’est pour te mettre en danger. Je refuse de faire une telle chose !  

— Attends, attends, s’agita Mattheo, les membres fébriles. On n’en sait rien pour le moment. Ce ne sont que des hypothèses, Hermione. Peut-être qu’on ne craint rien ?  

— Et peut-être qu’on risque d’y passer ! Répliqua avec ferveur la Riddle. Elle pointa son doigt vers un point abstrait, les traits tendus. Harry et Malfoy ont entendu McGonagall et le ministre discuter de leur stratagème ; ils souhaitent qu’on intègre la compétition. Et puis, nous les avons entendus aussi. Ça n’a pas de sens, s’écria Hermione en continuant de tourner dans le jardin de Poudlard. Pourquoi vouloir à tout prix notre présence ? Ils ne se sont pas montrés particulièrement froids ou haineux envers nous, mais… ça n’arrache pas la possibilité d’un plan morbide. Et ça n’enlève pas le fait que quelque chose cloche.  

Puis se postant devant son frère, plantant ses prunelles incandescentes dans les siennes, elle arbora une posture déterminée et urgente.  

— Il faut qu’on en découvre plus, c’est important. Je le sens.  

Mattheo ne fit pas le moindre commentaire. Il venait de tomber de haut. Sa joie et sa fierté de pouvoir participer au tournoi se tarirent jusqu’à prendre la forme d’un puits obscur de déception. Il n’avait plus que cette peur immarcescible et étouffante de perdre sa sœur.  

Bien qu’ils aient concocté de nombreux plans presque infaillibles, ils devaient se rendre à l’évidence ; ils n’étaient pas les premiers à jouer sur plusieurs tableaux. Et le ministère de la magie semblait avoir plusieurs pas en avance. Ils devaient rester vigilants, éplucher les vérités et découvrir les mystères entourant Poudlard.  

Hermione avait raison. Peut-être que la sirène leur offrirait des éclaircissements. Mais comment intégrer le bureau de la directrice si elle s’y trouvait en tout temps ? Et comment soutirer des explications à une créature mystique qui paraissait ne connaître aucun brin de liberté ? Devaient-ils faire du marchandage ? Et à quel prix ?  

Mattheo se rongea les ongles, l’esprit éparpillé sous l’émotion. Il finit par hocher la tête.  

— Comment est-ce qu’on va procéder ? Questionna-t-il, les yeux sombres.  

Hermione lui offrit une risette incertaine.  

— J’espérais avoir de l’aide extérieure, se contenta-t-elle de répondre.  

Mattheo fronça les sourcils.  

— Tu comptes demander à Potter ? Qu’est-ce qui te fait dire qu’il acceptera de prendre un tel risque ?  

— Je ne sais pas, avoua Hermione, les paupières plissées sous l’inquiétude. Mais on n’a pas d’autre choix. Harry a les faveurs de la directrice. Il faut s’en servir à notre avantage.  

Mattheo capitula, les traits tirés. Ses épaules s’affaissèrent légèrement et un profond soupir s’échappa de ses lèvres. Il se passa une main fébrile dans les cheveux, ébouriffant encore plus sa coupe déjà éparse.  

Il commença à faire les cent pas sous l’angoisse. Chaque fois qu’il posait ses prunelles sur Hermione, son visage se crispait davantage et ses mains se serraient en poings. Il était nerveux. Il s’arrêta un moment pour la regarder dans les yeux, tentant de lire ses pensées et comprendre l’ampleur de la situation.

Finalement, il capitula, hochant la tête avec une expression résignée, mais déterminée. Il savait qu’il devait écouter et agir, même s’il ne pouvait s’empêcher de craindre ce que les prochaines étapes pourraient leur réserver. S’ils venaient à se faire prendre, il redoutait la sentence qui prendrait forme. Il chassa cette pensée dans un coin de son esprit. Il faisait confiance en Hermione. Son seul doute résidait dans les intentions de la sirène.

Chapter 20: La sirène et l'énigme

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CHAPITRE 20

La sirène et l'énigme

« Tu peux te cacher autant que tu veux, je finirai toujours par te débusquer. Et les énigmes qui t’entourent aussi, promit sombrement Draco Malfoy en effleurant de ses doigts les lèvres de Hermione. »


Mattheo et Hermione marchaient à travers les couloirs de Poudlard, une boule au ventre sous le stress. Ils s’étaient métamorphosés en Ginny Weasley et Seamus Finnigan, deux Gryffondor. Leur succès dans la finalisation de la potion était dû à l’aide Potter, qui leur avait fourni des échantillons des cheveux de sa petite amie et de son camarade. Il avait demandé la permission à Ginny, mais pas à Seamus. Harry, que Hermione pensait loyale et juste, pouvait se montrer stratégique et méfiant. En avançant dans les dédales de Poudlard, elle ne pouvait que lui en être reconnaissante. Elle ne faisait confiance qu’à très peu de personnes depuis le soulèvement dans la Grande Salle après la dernière épreuve de sélection.  

Mattheo, déguisé en Seamus Finnigan, avait revêtu un look typique de Gryffondor. Il avait les cheveux en désordre, les mèches brunes et ondulées lui donnant un air nonchalant. Il portait une chemise pourpre et jaune, ainsi qu’un pull en laine aux couleurs de la maison Gryffondor. Ses gestes étaient empreints d’une aisance illusoire. Il imitait la spontanéité de Seamus.

Ils avaient passé les derniers jours à observer les deux étudiants avec minutie pour copier leurs comportements.  

Hermione, quant à elle, était déguisée en Ginny Weasley. Ses cheveux étaient d’une teinte rubis , lisse et tombant en cascade sur ses épaules. Elle portait une robe rouge vif à l’insigne de Gryffondor avec un pull en col en V gris clair en dessous. Ses yeux étaient maintenant d’un bleu éclatant.

Ils étaient la copie conforme de Seamus et Ginny, à la seule différence que s’ils venaient à entrer en contact avec Ron Weasley, ils étaient foutus. Ils ne savaient pas du tout comment agir selon les Gryffondor. Bien qu’ils aient pris le temps de les observer à distance, rien ne pouvait leur permettre de jouer un pareil jeu. Ils avaient qu’un unique espoir alors ; que leur plan fonctionne.  

Au détour d’un couloir, Hermione fit signe à son frère de ralentir son allure, leurs respirations retenues. Ils savaient que McGonagall passait ces derniers jours cloîtrés dans cette pièce, n’en sortant que très rarement. Ils ne connaissaient pas l’étendue de ses machinations ni les raisons d’un tel isolement, mais ils étaient déterminés à le découvrir. Et Harry avait été clair, quelques heures plus tôt.  

— Je vais distraire la directrice en prétextant avoir une urgence et des questions. 

Hermione l’avait observé à la dérobée, complètement choquée par son discours. Elle avait prévu de lui solliciter de l’aide, mais il s’était proposé de lui-même. Elle n’avait pas eu à prononcer la moindre parole pour qu’il décide de prendre part à leur plan. C’était comme s’il se doutait qu’elle et son frère se préparaient à agir dans l’ombre.

— De combien de temps avez-vous besoin ? avait fini par leur demander l’Élu.  

Mattheo avait échangé un regard avec sa sœur, comme s’il attendait une réponse de sa part.  

Déglutissant, elle avait simplement répondu:

— D’une vingtaine de minutes. 

— Si c’est possible, ajouta-t-elle, la respiration haletante en surveillant les traits de Harry qui s’était figé.  

— Dix minutes, pas plus. Je ne pourrais pas la maintenir bien longtemps. Je soupçonne qu’elle évitera mes questions, donc il va falloir que vous agissiez rapidement, d’accord ? 

Mattheo avait hoché la tête, et l’esprit en ébullition, Hermione revint au présent.

Se cachant dans l’ombre d’une alcôve, ils observèrent leur allié rejoindre le bureau de McGonagall et lui demander s’il pouvait lui présenter un problème. Il avait prévu exposer une partie du plan tout en restant vigilant. Il montrerait le portail à la directrice de Poudlard, faisant semblant de s’en inquiéter, comme s’il ne connaissait pas sa provenance. Mattheo et Hermione auraient ainsi amplement le temps d’échanger avec la sirène et de fouiller les lieux.

Harry, bien ancré dans son rôle, discutait avec McGonagall d’une voix basse et pressante. Ses yeux étaient empreints de nervosité. Il agrippait un parchemin, qu’il brandissait de temps en temps pour appuyer ses propos, comme s’il s’agissait de quelque chose de crucial.  

McGonagall, de son côté, écoutait avec soin, mais avec une expression remplie de scepticisme. Son visage sévère était marqué par des rides de concentration et ses yeux perçants scrutaient Harry avec une dose d’interrogation. Elle se tenait devant la statue de Griffon, les bras croisés et son corps était légèrement incliné vers l’avant.  

Son regard oscillait entre l’agitation perceptible de Harry et la sécurité de son bureau, comme si elle pesait le pour et le contre d’une sortie imprévue. Elle semblait presque retenue par une force invisible, ses lèvres se pinçant en une ligne droite tandis qu’elle cherchait la meilleure manière de gérer la situation.  

Finalement, après une certaine hésitation et une série de soupirs résignés, McGonagall détacha ses bras croisés. Elle accorda un dernier considération à Harry, ses yeux trahissant une décision prise à contrecœur, puis se dirigea vers les corridors de Poudlard.

— Maintenant, chuchota Hermione alors qu’elle observait les deux individus disparaître au détour d’un couloir.  

Mattheo se dirigea vers le cabinet, guettant l’infime signe aux alentours, puis l’encouragea à le suivre. Dans des gestes pressés, ils gravirent les escaliers, saluant la statue au passage et rejoignirent le bureau de la directrice. Il était métamorphosé. Autrefois envahi par un chaos de crânes et de potions aux allures peu commodes, la pièce avait subi une transformation ahurissante. Les meubles en sylves sombres, d’ordinaire massifs et imposants, brillaient d’un lustre poli, chaque surface dépourvue de la moindre poussière. Les étagères étaient alignées de manière impeccable avec des livres rangés et des objets décoratifs soigneusement disposés.  

L’air était imprégné d’une odeur fraîche, rappelant un parfum de citron et une fragrance inconnue.

Mattheo leva un sourcil sous son observation, penaud. Il ne comprenait pas la raison d’un tel changement. Est-ce que la directrice de Poudlard avait fini par se reprendre en main et trier ses effets personnels ? Il ne savait dire.  

Hermione, la respiration sifflante, monta rapidement l’échelle pour rejoindre l’étage du dessus, espérant retrouver la sirène. Mais les vitraux étaient vides de toute créature. Elle hoqueta de surprise. Où était-elle passée ? Lorsqu’elle s’approcha du mur où la porte magique s’était formée à son dernier passage, rien ne se produisit, comme si la pièce secrète s’était refermée à tout jamais. Elle pesta dans sa barbe.  

— Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Mattheo d’en bas.  

Son intonation recelait d’inquiétude. Hermione se passa une main dans les cheveux. Elle avait l’impression d’avoir échoué. Des larmes brillèrent dans ses iris. Déglutissant, elle se força à garder contenance.  

— La sirène a disparu, hoqueta-t-elle.  

Mattheo resta silencieux, comme s’il se doutait de ce revirement de situation. Se postant contre la rambarde en bois massif, Hermione l’observa, les prunelles débordant d’émotions.  

— Est-ce que tu penches qu’elle est en danger ?  

— La sirène ? Questionna Mattheo avec surprise. Non. Je pense qu’elle ne souhaite pas nous voir, c’est tout.  

Hermione se rongea les ongles. Elle n’y croyait pas. La créature avait semblé plus que curieuse à son égard. Pourquoi disparaître de manière impromptue ? Ça n’avait pas de sens.

— On devrait peut-être partir, Mione, finit par souffler son frère en se passant une main sur la joue.  

Il évitait son regard. Hermione se sentit honteuse. Avait-elle vraiment fait tout ça pour rien ? Ne pouvait-elle pas en découvrir enfin plus sur la situation actuelle ? Le tournoi serait morbide, peut-être même dangereux et elle appréhendait de se jeter dans l’inconnu, sans récolter certains indices. Les énigmes se profilaient, dérangeantes par leur côté imprécision. Enserrant la poutre en bois entre ses phalanges, elle se força à rester en place. Elle ne voulait pas abandonner. Ce n’était pas dans sa nature.  

À travers le vitrage rnés du bureau de McGonagall, une apparition se dessinait. La sirène, d’une beauté à la fois envoûtante et inquiétante, émergeait. Ses écailles scintillaient sous les reflets multicolores des vitraux, faisant apparaître des éclats de bleu et de vert irisés à chaque mouvement.  

Les nageoires de la créature ondulaient doucement dans l’espace clos. Ses yeux, d’un émeraude perçant, se fixaient sur Hermione avec une intensité qui semblait vouloir cribler son âme. Sa chevelure fluide et longue flottait autour d’elle comme une cascade d’algues turquoise.

En se retournant, Hermione fit face à cette vision le souffle coupé. Ses iris s’écarquillèrent de stupeur alors qu’elle découvrait l’entité mystique en face d’elle.  

— Hermione Marvolo Riddle, susurra la sirène avec douceur.  

Hermione entendit vaguement le hoquet de Mattheo en bas, mais elle n’arrivait pas à détacher ses yeux de la créature.  

— Demande à ton frère de rester à sa place, ordonna le monstre marin avec moquerie. Cette conversation ne concerne que toi et moi.  

Mattheo qui s’apprêtait à escalader l’échelle se figea. Hermione déglutit, les membres tremblants. Peut-être devrait-elle éprouver de la terreur en observant l’être mystique, mais au fond de sa poitrine, elle ne ressentait que de la douleur et de la détresse. Un éclat sombre dont elle ne comprenait pas le sens.  

— Pourquoi êtes-vous coincée ici ? Demanda-t-elle d’une voix étranglée.  

La sirène pencha sa tête, une mine surprise déformant les traits de son visage.  

— C’est vraiment ce que tu tentes de découvrir, Hermione Riddle ? Se moqua-t-elle.  

Hermione avala sa salive avec difficulté, les membres engourdis. Son cerveau lui chuchotait de poser les bonnes questions, mais elle n’arrivait pas à se concentrer, comme si l’air dans la pièce polluait son esprit.  

— Oui, finit-elle par affirmer. Mais ce n’est pas tout ce que je souhaite savoir.  

— Pourquoi ce soudain intérêt ? Les sorciers détestent les sirènes, ils n’éprouvent pas la moindre curiosité pour elles.  

Comme si le monstre marin prévoyait ses prochaines paroles, elle releva une main regorgeant d’écailles, les yeux plissés.  

— Pas de questions. Les mages craignent les sirènes depuis la nuit des temps. Nous sommes dépeintes comme étant malfaisantes, usant de notre chant pour tuer nos ennemies et plonger nos victimes dans l’abîme de la mer. Mais ce n’était pas notre nature autrefois, souffla la créature avec douceur. Les sourcils froncés, elle continua, la voix brimée d’une rage mal contenue. La guerre nous a conduits à commettre des choses. Et ces actions nous ont coûté notre indépendance.  

Hermione se dandina sur ses pieds, les paupières plissées. Pourquoi la bataille les avait poussés à changer ? Qu’étaient-elles avant ? Et qui pouvait bien bafouer leur liberté ?  

— Est-ce que c’est pour ça que vous êtes coincée ici ? Demanda Hermione, le souffle court.  

— Qu’est-ce qui te fait dire que je ne suis pas dans l’enceinte du château de mon plein gré ? Répliqua la sirène avec curiosité.  

— Une intuition, finit par avouer la Riddle.  

Elle ne lâchait pas la créature des yeux, hypnotisée par son apparence. L’être s’arqua, comme s’il souhaitait s’approcher d’elle pour effleurer son visage. Puis le monstre marin revêtit une expression triste.  

— Je ne peux pas répondre à cette interrogation, tu le découvriras par toi-même, répliqua-elle. Maintenant, avant que tu me demandes ce qui t’amène vraiment ici, je dois te dire une chose, Hermione Riddle. La créature ferma ses paupières, comme si elle se concentrait sur ses prochaines paroles. Je ne peux répondre à tes prières. Tu as le droit à trois questions, pas plus. Alors choisis-les avec soin, finit par conclure la sirène en relevant ses longs doigts effilés de griffes et d’écailles.  

Trois, songea Hermione. Pourquoi ? Était-ce parce que le monstre marin ne disposait pas de son libre arbitre ? De sa propre voix ? Ou était-ce autre chose ? Hermione se mit à réfléchir. Elle devait trouver les plus justes questions. Elle se demanda si la créature connaissait la prophétie qui l’entourait et ce qu’elle en pensait. Puis, d’autres interrogations prirent forme dans son esprit: pourquoi le ministère semblait vouloir à tout prix qu’elle participe au tournoi avec Mattheo ?  

La respiration en suspens, Hermione prit son courage, le cœur tambourinant contre ses tempes.  

— Est-ce que le ministère de la magie a de mauvaises intentions par rapport à mon frère et moi ?

Pensive, la sirène resta silencieuse quelques secondes, un doigt posé contre ses lèvres.  

— Une intention plus qu’honorable peut cacher des secrets, Hermione Riddle. Et le gouvernement surnaturel comptait bien t’attirer dans ses filets. Tu as succombé à la tentation.  

Se tortillant pour se rapprocher de la forme de l’étudiante, la créature se mit à grincer des dents.  

— Je t’avais prévenu, maugréa une nouvelle fois la siène à voix basse. Mais tu n’es qu’une sombre idiote. Tu aurais dû résister, te bâtir une vie.  

— C’est ce que je fais ! S’écria-t-elle. Comment pouvez-vous penser autrement ?  

Hermione plaqua sa main contre sa bouche, complètement horrifiée. Elle venait de poser une seconde question. La sirène claqua sa langue contre son palet, déçue.  

— Il ne faut pas gaspiller sa salive pour ce type d’ineptie. Mon opinion n’est pas importante. C’est ta protection qui l’est et tu ne fais qu’encourir des dangers entre les murs de Poudlard. Ce n’est pas serein ni tranquille.  

— Je n’ai jamais été dans un environnement sécuritaire, avoua Hermione avec douleur. Je ne vois pas comment ça aurait pu changer avec la réputation de mon père.  

La sirène sembla s’émouvoir. Elle tendit une main vers Hermione pour recueillir une larme contre sa joue, mais ne put l’atteindre. Un cri guttural finit par transpercer sa gorge, comme si elle irradiait de fureur. La Riddle recula, surprise.  

— Tu finiras par dénicher un refuge, Hermione. Des gens bons se trouvent à tes côtés. Mais prends garde aux traîtres, ils souillent les couloirs de Poudlard et ravagent les esprits.  

Hermione déglutit sous les paroles morbides de la sirène. Comme si elle reprenait contenance, la créature se mit à flotter contre les carreaux du bureau de Poudlard, les yeux ombrageux.  

La jeune femme commençait à sentir son cerveau se ramollir, comme si la pièce la plongeait dans un état comateux. Elle se racla la gorge, tentant de se rappeler le pourquoi de sa venue dans le cabinet de la directrice.  

— Est-ce que ce qu’on dit sur moi est vrai ? Finit-elle par verbaliser.  

Elle n’avait pas bien élaboré sa question et se maudit intérieurement. Comment la sirène pourrait-elle la comprendre ? Elle maugréa à voix basse. Elle savait qu’elle avait d’autres interrogations, de meilleures, mais elle n’arrivait plus à les formuler. Ses yeux se mirent à piquer et une fatigue commença à imprégner ses membres, la poussant à s’agripper à la rambarde en bois.  

La créature l’observait, les traits tirés, presque inquiète.  

— Ta naissance est bien inhabituelle, c’est vrai, convint-elle. Tu transperces les secrets et les démons qui t’entourent peuvent autant détruire que guérir. Tu n’es pas une meurtrière, Hermione Marvolo, claqua la voix de la sirène. Mais tu peux le devenir, souffla-t-elle avec noirceur.  

Hermione frissonna. Elle avait de la difficulté à capter les paroles de la créature. Ses yeux papillonnaient. Lorsqu’elle toussa dans le creux de son coude, elle réalisa que du sang entachait son vêtement.  

Elle venait de poser son ultime question. Elle avait perdu sa chance d’en découvrir plus. Même le cerveau patraque, elle arrivait à le réaliser. Les lèvres tremblantes, elle croisa le regard de la sirène. Ses yeux perçants l’observaient comme s’il s’agissait de la dernière fois.  

— Nos échanges me manqueront, Hermione Riddle. Mais ne reviens plus ici. Je te l’interdis, ordonna-t-elle d’une voix farouche. Tu dois te focaliser sur le tournoi maintenant que tu as plongé dans la bataille. Un long chemin t’attend, semé d’embûches, continua la créature avec affliction. Ne baisse jamais ta garde. Observe et fais confiance en ta lueur. Elle te guidera.  

Puis, dans un dernier éclair de tristesse, elle disparut, ne laissant que des vitraux comme soutien émotionnel. Hermione voulut éclater en sanglots, mais elle n’en avait même plus la force. Alors, elle inspira par les narines, les lèvres tremblantes et rejoignit son frère. Il lui empoigna le bras avec fermeté en l’apercevant. Il venait de l’attendre à l’extérieur du bureau de la directrice.  

— Vite, la pressa-t-il en la bousculant pour qu’elle avance.  

Hermione se mit à courir dans les couloirs, tournant à droite, puis à gauche et enfin à droite. Ils débouchèrent sur une pièce avec de nombreux portraits. Certains sorciers, placardés entre les cadres, les dévisageaient avec une curiosité sourde.  

— Pas ici, chuchota Mattheo dans son oreille. Ils peuvent nous entendre. Viens. 

Hermione sentit son cuir chevelu lui piquer. Elle commençait à retrouver sa physionomie. Ce ne que lorsqu’elle s’arrêta une seconde fois pour regagner sa respiration qu’elle réalisa que son frère n’avait toujours pas reprit son apparence. Seamus l’observait, les yeux sérieux. Il lui empoignait le bras avec trop de force et surtout, le pire, elle n’arrivait pas à capter la moindre de ses pensées. Elle se repoussa avec une telle brutalité qu’il s’emplâtra contre le mur, se fracassant le crâne au passage.  

Relevant sa baguette avec célérité, Hermione la pointa contre la carotide du Gryffondor, les joues rouges de rage. Elle commençait à hyperventiler sous la terreur. Où était Mattheo ? Était-il en danger ?  

Mais Seamus riait à gorge déployée, comme s’il n’éprouvait pas la moindre peur, comme s’il ne redoutait pas de subir la violence de Hermione. Elle lui flanqua un poing contre le nez, lui cassant au passage, puis empoignant le collet de sa chemise, elle se rapprocha, les yeux vicieux.  

— Où. Se. Trouve. Mon. Frère ? Éructa-t-elle de rage.  

Elle finit par enserrer sa gorge, enfonçant ses ongles dans sa peau. Seamus se mit à s’étrangler, produisant des petits gargouillis et feulement horribles. Mais Hermione s’en fichait. Elle n’avait qu’un objectif. Retrouver son Mattheo.  

— Si tu ne me dis pas tout de suite où il se trouve, je jure devant le ciel que lorsque tes parents découvriront ta dépouille, il n’y aura même pas le moindre os pour eux.  

— Tu es cinglée, s’asphyxia Seamus, le visage rouge.  

Il voulut lui cracher dessus, mais Hermione raffermit sa poigne et le Gryffondor roula des yeux, le corps agité de soubresaut. Elle atténua sa prise un seul instant, lui donnant la possibilité de regagner son souffle, un sourire mauvais au coin des lèvres.  

— Effectivement, Seamus, gronda-t-elle. Je suis cinglée et c’est pour ça que si tu tiens à ta vie, tu vas répondre à mes questions. Maintenant.  

Seamus devint blanc, les iris écarquillés.  

— Je n’ai pas peur de la mort, continua de susurrer Hermione d’un ton doucereux.  

— Tu es une meurtrière.  

— Non, répliqua-t-elle en se rappelant des paroles de la sirène. Mais je peux le devenir.

Chapter 21: La fureur peut tuer

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CHAPITRE 21

La fureur peut tuer

« Hermione devrait se douter qu’il n’y avait qu’une seule personne en ce monde pour la suivre où qu’elle soit. Il lui en avait fait la promesse. Et les yeux ombrageux, le cœur battant à tout rompre, elle planta ses prunelles dans celles de Draco Malfoy. »


Hermione était aveuglée par la rage. Chaque fibre de son être bouillonnait, comme une chaleur qui menaçait de l’éclater de l’intérieur. Son frère avait été enlevé, et elle savait que la situation était grave. L’infime possibilité que quelque chose de terrible puisse lui arriver lui tordit l’estomac. Elle se transforma en une tempête de fureur. Elle avançait à travers les dédales et couloirs de Poudlard avec un éclair sombre collant à sa peau, la respiration sifflante et les yeux ombrageux.  

La colère la portait, un poids lourd dans sa poitrine. Elle empoigna Seamus par le bras si fort qu’elle faillit le lui briser. Elle le tirait à ses côtés depuis quelques minutes. Elle se fichait bien qu’on la découvre ainsi. Elle ne voyait qu’à travers un tourbillon noirs et rouges. Le Gryffondor la suivait tant bien que mal, traînant ses pieds et grognant de douleur.  

— Je vais te faire regretter un jour, gémit-il en essayant de se dégager. Tu pourrais serrer moins fort, bordel, ça fait mal !  

Il jurait comme un oisillon suffocant dans une cage. Mais Hermione ne l’entendait pas. Le bruit sourd de son sang battait dans ses oreilles, étouffant toutes les protestations de Seamus. Pour elle, il n’était qu’un moyen d’atteindre son objectif, un outil à utiliser pour parvenir à ses fins. Elle n’avait qu’une idée en tête: rejoindre le point de rencontre et en finir avec cette stupide alliance destructive. Cette haine qu’ils entretenaient, elle allait la retourner contre eux. S’ils voulaient la crainte et la détester, elle leur donnerait une véritable raison de le faire.  

Les couloirs s’étiraient devant, longs et déserts. Sa colère alimentait chacun de ses pas. Ses bottes martelaient le sol de pierre avec fougue. Son cœur battait à cent à l’heure sous l’adrénaline. Sa vision se brouillait de points noirs, mais elle clignait des yeux fébrilement, refusant de se laisser distraire. Elle était encore engourdie, ses pensées baignées dans un puits sombre et sans fin, comme si l’air empoisonné de l’école cherchait à l’étouffer. À moins que ce ne soit un résultat de son séjour dans le bureau dans la directrice, elle n’en était pas sûre.  

Le cerveau, Hermione se focalisa sur un seul objectif: récupérer son frère. Les élèves qui avaient orchestré cet enlèvement ignoraient à quel point ils avaient mal calculé leur coup. Ils pensaient pouvoir jouer à ce jeu, mais Hermione leur prouverait qu’elle était bien plus redoutable qu’ils ne l’avaient imaginée. Elle préférait se faire craindre qu’intimider. Elle était prête à devenir la méchante de l’histoire.

Hermione n’avait jamais voulu de cette vie, mais maintenant qu’elle était plongée dans l’abîme, elle ne voyait pas d’autre option que de se battre. Elle l’avait toujours fait. Et son châtiment continuait de se prolonger. Elle serait la tempête qui balayerait cette école, détruisant tout sur son passage jusqu’à ce que son frère soit en sécurité. Sa magie, pulsant juste sous sa peau, n’attendait que d’être libérée. Elle pouvait sentir le pouvoir prêt à déferler, et cette perspective ne l’effrayait pas. Pas aujourd’hui. Pas lorsque son frère avait besoin d’elle.  

— Ils vont le payer, murmura-t-elle, sa voix froide et tranchante, alors qu’elle tirait Seamus dans un recoin sombre. Elle le plaqua contre le mur, ses yeux flamboyants et obscurs.

Elle relâcha un instant son emprise, alors que Seamus était blême. Elle cherchait dans son esprit la meilleure façon de procéder. Elle avait des alliés, des amis qui se tenaient à ses côtés malgré tout. Ils l’avaient aidée par le passé, et elle savait qu’elle pouvait compter sur eux encore une fois. Mais elle ne pouvait les mettre en danger, ni qu’ils encourent le risque de tout perdre. Elle grinça des dents. Elle avait pris sa décision. Sa respiration se fit plus régulière alors qu’elle formulait un plan. L’impulsivité serait son allié. Elle devait être rusée, calculatrice. Elle agirait comme l’ennemi se combattait. De manière déloyale.  

Seamus, sentant le changement en elle, arrêta de se plaindre. Ses jurons et gesticulations se figèrent. Il la fixa, incertain, mais elle ne lui accorda pas plus d’attention. Sa mission était claire. Elle jeta un dernier regard aux ombres remuant du couloir avant de relâcher Seamus.  

— Tu vas me montrer où ils l’ont emmené, ordonna-t-elle, et son ton ne laissait pas de place à la discussion.  

Le Gryffondor hésita un instant, ses yeux cherchant une échappatoire, mais il savait qu’il n’avait pas le choix. Seulement, dans sa maison, ils étaient connus pour leur bravoure et leur stupidité, alors il tenta de s’enfuir dans des mouvements précipités. Hermione était une force de la nature, une tempête qu’il valait mieux ne pas contrarier. Avec un soupir résigné face au départ de l’imbécile, elle sortit sa baguette, puis jeta un sortilège sans prononcer le moindre son.  

Seamus s’effondra sur le sol, le souffle coupé. Lorsqu’il se releva, ses yeux étaient vides de toute émotion. Hermione pénétra son cerveau pour y trouver ses renseignements.  

— La tour de Serdaigle, évidemment, maugréa-t-elle à voix haute.  

Rangeant sa baguette dans la poche de sa robe rouge, elle exerça une légère pression dans le crâne de Seamus. Il se mit à la guider, les membres s’actionnant dans des mouvements robotiques. Alors qu’ils approchaient de la tour de Serdaigle, Hermione sentit son cœur se serrer un bref instant. Elle n’aimait pas user de ce maléfice. Elle chassa sa culpabilité. Mattheo n’avait rien demandé et pourtant, il se retrouvait entre les sales mains de la troupe de rebelles.  

Il était temps d’en finir, de montrer à tous qu’elle ne se laisserait pas faire. Elle avait résisté aux ordures et sous-fifres de son père, aux pires des châtiments de Tom Riddle. Qu’est-ce que ces pauvres imbéciles pensaient pouvoir faire contre elle ?  

Les étudiants souhaitaient la guerre, ils l’auraient, promit-elle sombrement.  


Le dortoir de la tour de Serdaigle était empreint d’une atmosphère aux effluves atrabilaire de rage. Il n’y avait pas le moindre membre du ministère de la magie depuis hier et les élèves en avaient profité.  

Le salon avec ses murs d’un bleu profond agrémentés de constellations, semblait presque pacifique sous la lueur de la lune filtrée à travers les grandes fenêtres en ogive. Les lits à baldaquin, drapés de rideaux de velours azur, se dressaient comme des détracteurs prêts à s’abattre sur leur proie. Ce soir, la sérénité des lieux était troublée par la présence de quelques intrus.  

Ron Weasley, l’air triomphant, se tenait au centre de la pièce, entourée d’une poignée d’étudiants qui partageaient son euphorie. Son visage était illuminé par un sourire malicieux. Il n’y avait qu’une satisfaction cruelle transperçant ses traits. À ses côtés se trouvait Gregory Podmore. Leurs regards se croisaient avec complicité, leurs rires étouffés résonnant comme des échos d’une victoire insidieuse.  

Ils étaient si fiers.

Leur proie, Mattheo Riddle, était attachée à une chaise au cœur du salon. Ses traits étaient marqués par une expression de défi, malgré l’état actuel dans lequel il se retrouvait. Les liens qui le ceinturaient étaient enchantés pour être inextricables, serrant chaque fois un peu plus lorsqu’il tentait de se libérer. Mattheo tremblait de colère. La furie tapageait contre sa peau, comme un vise qui ne cherchait qu’à s’échapper.  

La baguette du Riddle, désormais entre les mains de Ron, était manipulée avec une maîtrise nonchalante. Ron la faisait tourner entre ses doigts avec un éclat malicieux dans les yeux, comme s’il se délectait de chaque moment de la défaite de Mattheo.  

— Regardez qui se retrouve à la merci des étudiants, lança le Weasley avec un sourire satisfait.

Les mots résonnèrent dans la pièce, accompagnés d’un concert de rires et de chuchotements amusés. Les autres élèves, tous membres de l’alliance plus qu’hostile, se tenaient autour, leurs œillades emplies d’une animosité palpable.

Il y avait des Serpentard – quoique très peu, des Serdaigle et des Gryffondors. Aucune trace des Poufsouffle. Les visages des étudiants recelaient d’émotion: certains étaient réjouis, tandis que d’autres, plus réservés, affichaient une satisfaction froide. Parmi eux se trouvait Camille Jolicoeur, une jeune femme aux cheveux blond platine, au regard perçant et à l’attitude hautaine. À côté d’elle, Tommy Merrill, un sorcier à la crinière sombre et aux yeux bleus glacials, observait la scène avec un sourire cynique.

Mattheo, malgré ses efforts pour rester stoïque, ne pouvait étouffer le sentiment d’impuissance qui croissait en lui. Les chaînes enchantées limitaient ses mouvements et la perspective de sa baguette entre les mains de ses ennemies était une source de frustration des plus ignobles. Se retrouver ainsi, à la merci de simples étudiants de pacotilles, lui rappela son séjour dans le manoir de son père. Il se revit, attaché, le corps tremblant, à se faire fouetter pour avoir osé rapporter du pain dur à sa sœur.  

Il se pinça les lèvres, le cœur serré.  

Ron, qui observait la scène avec une satisfaction bien trop grande, s’avança vers Mattheo, s’agenouillant pour être à la hauteur de ses yeux.  

— Alors, Mat’, commença le Weasley.  

Mattheo gronda, le fait que l’imbécile utilise un surnom le foutait encore plus en rogne. Il ne méritait pas de s’adresser à lui avec une telle familiarité. Ce n’était qu’une ordure. Ron s’en amusa, les yeux brillants.  

— Comment tu te sens maintenant ? Ça fait quoi de se retrouver attaché dans une position semblable à ce que ton précieux papa faisait ? Ça te rappelle des souvenirs peut-être ? Demanda-t-il, un sourire narquois aux lèvres.  

Ses paroles étaient teintées de moquerie et de fourberie. Chaque mot accentuait la rage de Mattheo.  

Il tenta de se déprendre dans des mouvements endiablés, comme un animal broyé dans une cage. Les yeux brûlants de colère, Mattheo ne répondit rien, se forçant à détendre ses membres. Son regard était suffisamment expressif pour montrer qu’il ne se laisserait pas intimider. Les autres étudiants, cependant, semblaient peu enclins à ce qu’il conserve une once de dignité. Les murmures et les rires continuaient, ce qui hérissa les poils de Mattheo.  

Il se doutait que sa sœur remuerait ciel et terre pour le trouver. Et lorsqu’elle le ferait, elle réglerait leur compte. Il émit un petit ricanement cynique, presque dément. Il pouvait entendre les pensées cinglantes Hermione envers les imbéciles. Elle lui susurrait à quel point elle se ferait un malin plaisir à les traquer à coup de machette.  

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Demanda Gregory Podmore d’une voix grave.  

Son regard restait fixé sur Mattheo avec un intérêt constant. Il était évident que l’étudiant voulait faire couler le sang.  

Ron leva les yeux vers lui, toujours avec ce sourire suffisant.  

— On profite du moment pour lui foutre une raclée et après on attend.  

— On attend ? S’écria avec stupeur Camille Jolicoeur.  

Mattheo qui l’observait, les paupières à moitié close se permit de s’imaginer le poing de Hermione dans son visage et émit un ricanement.  

— Qu’est-ce qui te fait rire, Matty ? Se moqua Weasley d’un air grossier.  

Il se mit à le contourner, tendant la baguette qui ne lui appartenait pas vers le Riddle.  

— Tu es si habitué à la douleur que tu es impatient ? Je ne te pensais pas si tordu, ricana Ron. Puis, s’arrêtant pour se poster devant lui, s’abaissant proche de son visage, il continua d’un ton doucereux: Par contre, ta sœur… Ta sœur, on sait tous qu’elle est cinglée.  

Mattheo planta ses pupilles dans les iris sombres de son ennemi. Il n’émit pas le moindre bruit, il se contenta de l’observer, passant de ses taches de rousseurs, à ses joues gonflées de joie et son nez difforme. Malfoy l’avait salement amoché et il n’avait pas réussi à retrouver complètement son apparence. Le Riddle sourit en retour.  

Il produisit un son tout bas, ce qui força le Weasley à se pencher vers lui.  

— Qu’est-ce que tu dis, Matty ? Taquina Ron avec moquerie. Tu as des plaintes à formuler ? Je t’écoute.  

L’imbécile continuait de s’abaisser vers le Serpentard. Mattheo, les yeux sombres, agit par instinct, avec une telle fougue que personne n’arriva à l’empêcher de commettre l’acte. Il mordit si fort l’oreille de Ron qu’il lui arracha un bout. Il recracha le cartilage qui s’était coincé entre ses dents dans un rire obscur. Il ne s’arrêtait pas, penchant sa tête en arrière dans des mouvements saccadés. Ron Weasley se tenait l’oreille avec une grimace d’horreur, le visage écarlate de colère et feulant comme un animal qui s’était fait immobiliser la patte dans un traquenard. Mais Mattheo était le piège et le Gryffondor aurait dû savoir qu’il ne fallait pas jouer.  

Il lui offrit un sourire carnassier, les lèvres rouges et pleines de sang.  

— Est-ce que je suis seulement à ta merci, Weasley ? Gronda Mattheo dans un ricanement obscur. Si je suis taré, tu es un sombre con alors, parce qu’il faut vraiment l’être pour se rapprocher de moi et perdre son oreille. Fais attention la prochaine fois, je serais moins doux, promit-il.  

Gregory fut le premier à agir, il releva sa baguette avec une lenteur délibérée, ses doigts crispés autour du bois comme s’il se préparait à accomplir une tâche importante. Un éclat malsain brillait dans le fond de ses prunelles. Il avait l’excuse de pouvoir se montrer sournois, d’être sombre.  

— Crucio, murmura Gregory, la voix chargée d’une froideur calculée.  

Le mot s’échappa de ses lèvres comme un serpent et l’effet du sortilège fut immédiat. Dès que la lueur rouge illumina la pièce, Mattheo sentit une rafale d’énergie brûlante s’abattre sur lui. Son corps se tendit instantanément, ses muscles se contractant. Une onde de souffrance pure traversa chaque fibre de son être, le faisant se cambrer contre les liens qui le ceinturaient. Ses dents se serrèrent avec une telle force que sa mâchoire semblait prête à se briser.  

Un cri de douleur lacéra l’air, s’élevant d’une voix qui n’était pas tout à fait la sienne. Il était impossible de dire s’il s’agissait d’un rugissement ou d’un gémissement, mais le son était déchirant. Mattheo comprit que c’était sa sœur, dans son esprit, qui avait capté sa douleur.  

La souffrance se déversait en vagues, comme une pulsation interminable et Mattheo se débattait comme un poisson hors de l’eau, les chaînes se resserrant encore plus à chaque mouvement. Les muscles de ses bras, tendus au maximum, tremblaient sous l’effet du sortilège, et sa respiration devint erratique, entrecoupée de halètements. La sueur perlait sur son front, tandis que son corps était secoué de spasmes incontrôlables. Ses mains, bien que ligotées, se crispaient autour des liens, cherchant désespérément à s’échapper de l’étreinte de la douleur.  

Il n’y avait plus aucun rire étouffé dans la salle. Seul Ron Weasley, maintenant à l’écart, observait la scène avec une satisfaction perverse, les yeux brillants d’une lueur cruelle. Il tourna la baguette de Mattheo entre ses doigts avec un plaisir morbide, comme un jouet dans les mains d’un enfant.  

Gregory, implacable, maintenait le sortilège avec une concentration inébranlable. Il savourait chaque seconde, chaque soubresaut de douleur que Mattheo éprouvait. Puis, il finit par relâcher le maléfice. L’impact fut brutal. L’interruption laissa le Serpentard pantois et faible.  

Mattheo tomba en avant, sa respiration haletante et son corps engourdis par le déchirement persistent. Ses yeux se fermaient à moitié et ses épaules se secouaient de manière incontrôlable.  

— Ce n’est pas ce qu’on avait convenu, déclara avec fermeté un étudiant.  

Il s’agissait d’un adolescent, le teint cireux et les yeux écarquillés sous la stupeur. Il observa chaque camarade, les bras ballants le long de son corps.  

— Est-ce que c’est vraiment ce que vous souhaitez faire ? Devenir ? Maltraiter des personnes ? S’écria-t-il avec force.  

Certains membres dans la foule se dispersèrent, la tête baissée, comme s’ils avaient honte. Ron s’avança vers l’insurgé, un filet de sang longeant son cou et les iris ombrageux.  

— Est-ce que tu remets en doute ce qu’on fait ? Cingla-t-il.  

— Oui, avoua l’adolescent.  

Il s’agissait d’un Gryffondor. Il fallait du courage pour tenir tête au personnage qu’était Ron Weasley. Se retournant vers la foule, le rouquin tendit ses bras dans les airs, une mine de mauvais déformant ses traits.  

— Si vous souhaitez partir, vous êtes les bienvenus. Rien ne vous retient à participer à cette œuvre d’art, se moqua Ron en pointant de sa baguette le corps flasque de Mattheo.  

Il avait encore de la difficulté à respirer. Il était dans un tel état de faiblesse qu’il n’arrivait pas à relever sa figure pour observer les sorciers présents. Certains étudiants s’échappèrent des lieux, le visage livide, tandis que d’autres gardaient la tête haute et continuaient d’arborer un air condescendant.  

— Bien, souffla Ron avec satisfaction en contemplant la foule.  

Il se remit à jouer avec la baguette de Mattheo, un sourire mesquin aux lèvres.  

— Qui souhaite lancer le prochain sortilège ? Déclara-t-il.  

— Moi ! Claqua la voix froide de Hermione Riddle alors que la porte de la tour de Serdaigle volait en éclats sous son irruption.  

Accompagnée de Seamus qu’elle maintenait contre elle avec faroucherie, elle planta ses prunelles sombres dans celles du Weasley. Elle contempla la salle avec une telle fureur que certains étudiants se recroquevillèrent. Il y eut un silence, interrompu seulement par le bruit des débris qui se dispersaient sur le sol.  

Mattheo Riddle, encore attaché à une chaise, ne pouvait retenir un faible sourire en entendant l’intonation de sa sœur. Il se savait en sécurité, mais il était pleinement conscient du danger auquel les autres étaient confrontés. Un rire étouffé monta dans sa gorge et il tourna les yeux vers ses tortionnaires, leur faisant comprendre qu’ils allaient bientôt payer le prix fort pour leur cruauté.  

Hermione s’avança d’un pas décidé, ses bottes martelant le sol sous la colère. Sa baguette était brandie dans les airs. Le pouvoir tourbillonnait autour d’elle dans une aura violette, presque palpable. Cette lumière étrange enveloppait ses mouvements, créant des ondulations qui semblaient s’élargir et se resserrer comme un océan agité et furieux.  

Un cri d’alarme s’éleva lorsque l’un des étudiants tenta de lancer un maléfice vers Hermione. Avec une rapidité fulgurante, elle repoussa Seamus contre le sol pour qu’il évite de se faire toucher et fit un geste de la main et un bouclier violet éclata autour d’elle, absorbant les envoûtements. Les sorts déviés créèrent des éclairs éclatants dans la pièce, illuminant les visages terrifiés des élèves. Les camarades de Seamus n’avaient pas eu la décence de se soucier de lui et Hermione venait de le protéger par son mouvement vif.  

— Abrite-toi ! Hurla-t-elle à l’égard de l’étudiant, sa voix résonnant comme le tonnerre dans la salle.  

Seamus, bien que secoué par la violence de l’action, se remit sur pied et trouva refuge derrière un pilier, les prunelles écarquillées face à la fureur de Hermione.

La pièce se transforma en un champ de bataille chaotique. Hermione avançait, luttant contre chaque vague d’attaques. Ses mouvements étaient fluides et précis, chaque geste contrôlé avec une détermination qui faisait vrombir le sol. 

Le visage des sorciers se déformaient sous la panique. Bien qu’ils étaient une quinzaine, ils ne faisaient pas le poids sous le bouclier magique de Hermione.

Un sortilège de feu fusa en direction de Hermione, mais elle l’évita, puis le rédigera vers un groupe d’élèves qui s’étaient trop approchés. Le maléfice explosa dans un bruit assourdissant et des éclats de chaleur et de lumière éclaboussèrent les murs, les étudiants se précipitant pour échapper à la dévastation.  

Alors que Hermione continuait à faire régner sa tempête, attaquant sans blesser pour autant, Ron Weasley et Gregory Podmore se regardèrent, la panique et la défaite se lisant dans leurs yeux. Leurs sorts devenaient de plus en plus désordonnés, leur bravoure s’effritant face à l’assaut de Hermione. Les étudiants commencèrent à battre en retraite, se frayant un chemin hors de la tour avec une hâte désespérée. Ron et Gregory, après un dernier échange, prirent la fuite, entraînant avec eux les autres membres de la révolte.  

La salle se vida lentement. Les rideaux, déchiquetés et consumés par les sorts, irradiaient de flammes mauves. L’odeur de brûlé envahissait la pièce, se mêlant à la poussière soulevée par le chaos de la bataille.  

Hermione pestant dans sa barbe, rejoignit Mattheo, les yeux perçants et détacha les liens enchantés qui l’entravaient. Elle le prit dans ses bras avec une telle ferveur qu’il grimaça. Le cœur de la Riddle battait encore à tout rompre. Ses doigts tremblaient légèrement alors qu’elle passait sa main dans les cheveux de son frère.

Seamus, toujours recroquevillé derrière un pilier, jaillit enfin de sa cachette. Il s’avança prudemment, ses mouvements maladroits trahissant son embarras. Il lançait un regard hésitant vers Hermione, mais la sorcière était trop absorbée par Mattheo pour lui accorder de l’attention.  

Avec délicatesse, Hermione sortit sa baguette et chuchota un sortilège de réparation. Les débris virevoltèrent en éclats et les rideaux déchirés se rapiécèrent. Les flammes moururent lentement.  

En serrant son frère contre elle pour la deuxième fois, elle souffla d’une voix douce, mais pleine d’émotion:

— Ne me refais plus jamais une telle frayeur.  

Mattheo, le visage enfoui dans son épaule, murmura tout bas.

— La prochaine fois, c’est moi qui vole à ton secours.  

Un rire étouffé s’échappa des lèvres de Hermione alors qu’elle l’enlaçait plus fort.  

— Il n’y aura pas de secondes fois, idiot. Ils ont eu leur leçon.  

Mattheo hocha la tête, ne pouvait s’empêcher d’éprouver un éclat de fierté pour sa sœur. Seamus, après un dernier regard vers la famille Riddle, se glissa discrètement vers la sorte, tout en veillant à éviter un intrus qui le fusillait des yeux.  

Malfoy, qui avait été un témoin silencieux d’une partie du conflit, finit par sortir de l’ombre. Ses sourcils étaient froncés, un mélange de consternation et d’admiration se reflétait dans ses prunelles. Il s’avança lentement vers Hermione. En l’observant avec minutie, il réalisa qu’un éclat argenté vrillait ses iris. Il entrouvrit les lèvres sous le choc. La couleur s’étiola avec une telle rapidité, que Malfoy crut rêver.  

— Quelles autres capacités est-ce que tu caches, Riddle ? Attaqua Draco, les yeux perçants alors que Hermione se détachait de son frère.  

Mattheo se posa contre un canapé, s’étalant de tout son long, trop épuisé pour pouvoir suivre la conversation. En un instant, il sombra dans un sommeil profond, la respiration lourde.  

— Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi est-ce que tu es toujours où je me trouve ? Grinça-t-elle des dents en se retournant pleinement vers lui.  

Malfoy continuait de la fusiller, les poings serrés.  

— Et pourquoi est-ce que chaque fois que je t’aperçois, tu fais quelque chose de stupide ?  

— Ça ne te regarde en rien, cingla-t-elle avec douleur.  

Elle était fatiguée, démoralisée. Elle n’arrivait pas à croire que les étudiants avaient pu commettre une telle chose. La colère était retombée. Maintenant, elle n’éprouvait que lassitude et tristesse.  

— La sécurité de ton frère était en jeu et tu n’as pas cru bon de me prévenir ? Attaqua Malfoy avec frénésie.  

Il semblait souffrir, comme s’il était blessé qu’elle ait choisi d’agir seule. Elle ne comprenait pas sa réaction. Elle n’arrivait pas à démêler les pensées du Serpentard. Il était si imprévisible. Grincheux, arrogant et un brin fouteur de merde avec son nez qui se fourrait là où il ne fallait pas. Elle se pinça les lèvres en l’observant.  

— Je n’ai pas cru bon de te prévenir, espèce d’imbécile, claqua-t-elle. Tout simplement parce que tu aurais risqué de te faire renvoyer de Poudlard !  

Malfoy s’approcha d’elle avec une telle rapidité qu’elle écarquilla les yeux. Il empoigna son visage avec une douceur qui la fit trembler. Elle avait l’impression de ne plus pouvoir tenir sur ses jambes. Elle ne comprenait l’ascendant qu’il avait sur elle. Alors qu’ils se détestaient. Ça n’avait pas le moindre sens. Il s’agissait d’une autre énigme, et Hermione n’était pas certaine de vouloir en découvrir les réponses.  

— Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que tu sois celle qui se mette en danger, à se sacrifier pour de grandes causes ? Murmura Draco contre son visage. Ses cheveux platine effleurèrent son nez et elle déglutit. Tu n’as qu’à demander et je viendrais. C’est aussi simple que ça.  

— Je n’en ai pas –  

— Besoin ? Répliqua Malfoy avec aigreur. Je comprends bien que tu sais te débrouiller seule, tu l’as fait une majeure partie de ta vie, mais ça ne veut pas dire qu’il faut que tu te montres stupide et inconsciente ! Claqua sa voix avec fureur.  

Hermione devrait avoir le sang glacé sous leur échange, pourtant, elle relevait ses prunelles vers la carrure du Serpentard avec un éclat de défi. Elle ne craignait pas le châtiment ni la mort. Et Draco, bien qu’il soit redoutable, ne lui inspirait qu’une lueur tangible entre passion et dévouement. Il était là le danger. Pas dans sa noirceur, mais dans le tourbillon qu’il créait en elle. Tapageur et chaotique en émotion. Et Hermione ne savait comment gérer ses sentiments, alors elle grinça des dents, tentant de nier la présence et le toucher du Serpentard. Elle espérait qu’en se berçant d’illusions, son corps l’obéirait. Peut-être arriverait-elle à ne plus frissonner sous ses mains calleuses ou ses joues de chauffer lorsqu’il l’incendiait de ses yeux furibonds ? Elle l’espérait de tout cœur.  

— Que me caches-tu ? Répéta Malfoy dans une plainte presque affligée.  

— Pourquoi est-ce que je te dirais mes secrets ? Finit-elle par avouer, le corps chevrotant.

Sa réponse ne sembla pas plaire au Serpentard qui émit un sifflement mécontent. Elle lui offrit un sourire niais en retour. Elle ne céderait point. Son cœur serait barricadé à double tour. Il devait le comprendre. Il le fallait.  

— Tu peux te cacher autant que tu veux, je finirai toujours par te débusquer. Et les énigmes qui t’entourent aussi, promit sombrement Draco Malfoy en effleurant de ses doigts les lèvres de Hermione.  

Il s’éloigna avec une lenteur qui rendit les jambes de la Riddle molles. Esquissant un sourire moqueur, il la contourna, la caressant au passage, puis entreprit de soulever le corps de Mattheo pour le porter. D’un geste de la tête, il l’encouragea à avancer.  

Hermione se racla la gorge, l’esprit en ébullition.  

Malfoy pouvait lui faire des compliments, la taquiner, frôler son visage autant qu’il voulait, mais la faiblesse de Hermione résidait ailleurs. Chez son frère. Et le corps de Mattheo dans les bras de Draco, Hermione se surprit à baisser les armes. Elle ne voulait plus lutter contre le Serpentard. Sans même le savoir, Malfoy, alors qu’il traversait la porte du dortoir des Serdaigle, venait de gagner la bataille. Et peut-être même une partie de son cœur.

Hermione savait qu’elle devait résister à Draco. Il était dangereux de se laisser emporter par des sentiments qu’elle ne maîtrisait pas, qu’elle n’était même pas certaine de comprendre ou de ressentir. Pourtant, alors qu’ils descendaient les escaliers pour se rendre dans les donjons, elle ne pouvait empêcher sa poitrine de se serrer une seconde fois en l’observant. Mattheo était assoupi sur son dos. 

Avec discrétion, Hermione agita sa baguette, les yeux perçants. Avant de tourner les talons pour rejoindre sa propre chambre, maintenant arrivée dans les dortoirs, elle fit apparaître une petite boîte dans la poche de Draco, accompagné d’un message. ‘Merci’, il y était écrit, suivi de quelques mots plus sobres tracés à l’encre noire: ‘pour avoir été présent, même lorsque je ne l’ai pas formulé.’

Si Malfoy s’aperçut de son geste, il ne fit aucun commentaire. Leurs regards se croisèrent et Hermione eut l’impression d’observer des constellations dans le ciel à travers ses iris. Les yeux gris-bleu, la tête penchée, il l’analysait avec une minutie presque compatissante. La gorge nouée, Hermione se détourna et referma sa porte derrière elle. Elle tenta de faire taire ses sentiments, de paraître forte, mais alors qu’elle regagnait son lit et s’effondrait dans ses draps, les larmes roulèrent contre ses joues.  

Elle se sentait soulagée, mais surtout immensément perdue. Son cœur était lourd, non pas de regret, mais d’une émotion qu’elle peinait à nommer. Une appréhension qui faisait retourner son estomac. Elle ne pensait pas avoir ressenti cette sensation avant. Pas même pour son frère. Et la gorge nouée, elle se surprit à frissonner. Pas de gratitude, mais de peur. Malfoy réveillait quelque chose en elle, une part humaine. Cette lumière commençait à noyer les ténèbres et elle n’était pas certaine de vouloir se laisser aller, pas lorsqu’il fallait qu’elle garde la tête sur les épaules. Pas lorsqu’une prophétie de vengeance faisait écho avec son esprit, comme une épée de Damoclès sur sa tête. Pas lorsqu’elle sentait la haine ravager chaque étudiant de Poudlard comme une traînée de poudre. Pas lorsqu’elle était si proche d’atteindre son but. Elle devait oublier Draco Malfoy. Le cadenasser dans une boîte de pandore. Peut-être qu’un jour aurait-elle la force de la rouvrir et de faire face à son contenu. Mais pas maintenant.

Chapter 22: Un moment de répit

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CHAPITRE 22

Un moment de répit

« Elle n’arrivait pas à détacher son attention de Malfoy. Elle était éprise par lui, par son odeur, par la douceur de ses doigts et par l’éclat attentif dans ses prunelles. »


Hermione était accroupie à même le sol dans les jardins de Poudlard. Les arbres étaient couverts de feuilles aux teintes chaudes d’orange, de rouge et de jaune. Il n’y avait plus qu’un tapis coloré sur le sol. Les branches se balançaient lentement sous la brise automnale et l’air était frais, avec un léger parfum de terre humide. Baignée d’une lumière dorée, Hermione réfléchissait. La végétation était si haute qu’il était difficile d’apercevoir les formes des étudiants lorsqu’ils traversaient une allée pour en rejoindre une autre. Le sol était encore recouvert de couches de lierres et de certaines fleurs.

Hermione se sentait en paix en ces lieux, elle ne l’associait plus au manoir de son père. Il s’agissait d’un différent endroit, d’une zone calme et sécuritaire. Tout ce qu’elle avait toujours recherché.  

Et les mains enfoncées dans la terre fraîche, Hermione écouta d’une oreille distraite Pansy Parkinson et Luna Lovegood discuter. Depuis la troisième épreuve de sélection du tournoi, où Hermione avait demandé l’aide de Malfoy pour soigner Luna, la jeune Poufsouffle s’était nettement rapprochée des Serpentard.  

Hermione avait découvert plusieurs choses quant à l’étudiante à la chevelure dorée.  

La première étant qu’elle participait au tournoi des sorciers et la seconde qu’elle avait eu une liaison avec Ron Weasley pendant quelques mois. Ça n’avait pas duré longtemps. À vrai dire, Luna avait décidé de mettre un terme à leur relation la veille de l’épreuve finale. Elle avait avoué au groupe, alors qu’ils étaient coincés entre les quatre murs du donjon, à ne pas pouvoir sortir sous les ordres des membres du ministère, que Ron était turbulent et s’en prenait à elle. Hermione se rappelait les paroles échangées comme si le tout s’était produit hier.

— On aurait dû lui refaire le portait, s’était exclamée Pansy avec dégoût en apprenant ce que Luna avait subi avec son ancien copain.  

— Je peux recommencer avec plaisir, si c’est ce que tu demandes, s’était contenté de répondre Malfoy, les bras croisés, les sourcils froncés.  

Hermione avait tout de suite compris son animosité face à la discussion. Dans la deuxième épreuve, elle avait découvert que son père n’était nul autre que Lucius Malfoy, un des hommes de Tom Riddle. Il avait passé son temps à la tourmenter, comme ses acolytes, et Lucius ne s’étaient pas arrêtés à Hermione. Il avait commencé son schéma de violence avec sa femme et son fils.  

Malfoy s’était montré très silencieux le restant de la soirée. Il avait évité le regard de tous ses camarades, se momifiant dans une bulle de protection qui semblait infranchissable. Hermione connaissait cette sensation, ce besoin de bâtir sa propre carapace. Et la gorge serrée, elle n’avait cessé de l’observer. Elle avait tenté de s’approcher, de poser des questions et d’offrir du soutien, mais elle s’était empêchée de faire le moindre mouvement, le cœur lourd.  

Et depuis, elle regrettait son manque de bravoure. Hermione avait eu la chance d’avoir Mattheo à ses côtés dans bien des épreuves. Malfoy avait été seul. Martyrisé par les poings de son père, il avait survécu et s’était créé un chemin dans l’obscurité. Il était si difficile d’en sortir une fois engloutie dans la noirceur.  

Les pensées pêle-mêle, elle se mit à réfléchir, alors que ses amies continuaient de bavarder, inconscientes de l’état d’esprit de la Serpentard.  

Depuis que Draco s’était occupé de son frère, Hermione se sentait plus encline à s’ouvrir. Elle s’était promis d’être plus patiente, de montrer moins les dents. Même si l’arrogant continuait de la foutre en rogne la majeure partie du temps. Mais c’était une habitude qui restait. Et il y avait une mince ligne entre la haine et… l’attraction. C’était tout ce que c’était. Rien de plus, se rassura Hermione, l’esprit tourmenté.  

— Tu penses que Néville m’invitera au bal ?  

Hermione redressa sa frimousse sous le questionnement de son amie. Les yeux songeurs, Pansy se pinçait les lèvres. Elle s’était nettement rapprochée de Londubat, mais une tension persistait entre les deux individus. Probablement parce qu’ils ne s’étaient pas déclaré leurs flammes. Hermione n’y connaissait pas grand-chose.  

— Vu comment il te dévore des yeux, je ne vois pas pourquoi il ne le ferait pas, confirma-t-elle avec une légère risette  

Elle devait avoir excellé dans sa réponse, parce que Pansy lui offrit un sourire rayonnant. Hermione rougit.

— Et toi, Hermione, demanda Luna d’une intonation curieuse.  

La Poufsouffle l’observait à la dérobée, glissant une mèche derrière son oreille alors qu’une rafale de vent s’échoua sur leurs visages. Hermione déglutit, faisant mine de ne pas comprendre ses paroles.  

— J’y vais avec mon frère, affirma la Serpentard d’une voix catégorique.  

Luna se mit à sourire, ses yeux perçants dans le néant. La jeune femme était lunatique et pouvait se retrouver dans sa tête de longues minutes avant de reprendre part à la discussion.  

Pansy enchaîna, changeant le sujet pour éviter tout risque d’argument.

L’esprit divaguant, Hermione se promit de revenir dans les jardins de Poudlard avec Mattheo. Elle ne l’avait pas aperçu de la journée. Il restait en compagnie de Théodore. Elle ne lui en voulait pas. Elle voyait bien l’éclat de ses prunelles lorsqu’il parlait du Serpentard. Il était incorrigible lorsqu’il s’émerveillait des blagues saugrenues de Nott. Mais cela faisait son charme.  

Observant le ciel, Hermione ferma brièvement les yeux, aspirant l’air frais à travers ses lèvres, se regorgeant de cet état de liberté qu’elle avait si longtemps souhaité. Elle se sentait moins lourde, moins bridée de ce fardeau sur les épaules. Bien qu’elle gardât maints secrets, Hermione avait la sensation de pouvoir agir et devenir comme elle l’entendait. Et ses amis l’appréciaient à sa juste valeur. Elle n’était plus effrayée d’affronter une autre soirée sous la froideur de sa cage ni d’éprouver une crainte morbide de devoir braver le lendemain et la torture.  

Les doigts tremblants, les paupières toujours closes, elle se força à pousser ses ongles dans la terre. Elle avait besoin de s’ancrer dans la réalité. Ce nouveau monde qui était le sien. Elle n’était plus au manoir. Son père se retrouvait derrière des barreaux.  

Avant de reporter son attention sur ses camarades, elle se demanda ce que pouvait bien ressentir Tom Riddle, alors qu’il croupissait en enfer, dans une prison sordide qui ne lui promettait que des lendemains sombres et une vie désastreuse. Éprouvait-il un élan de regret pour tout ce qu’il lui avait fait subir ? Est-ce qu’elle lui manquait ? L’avait-il seulement aimé ? L’amour ne se définissait pas dans la violence et les poings. Il regorgeait de vie dans les douces attentions, les minces sourires et les rires aux éclats. Hermione n’avait connu ça qu’avec son frère. Et maintenant avec sa nouvelle famille ; les Serpentard.  

Les larmes lui montèrent aux yeux bien malgré elle.  

Elle n’arrivait pas à se déprendre de ce sentiment d’injustice et de trahison. Pourquoi l’avait-il traité ainsi ? Pourquoi n’avait-il pas su l’aimer ? Était-ce si difficile ? De l’aimer ? Elle ? Était-ce parce qu’elle était différente ? Son seul moment jovial et teinté d’innocence avec son père s’était lorsqu’il lui avait fait visiter la végétation abondante du manoir à ses quatre ans. Hermione se rappelait avoir eu les rétines en feu sous les rayons du soleil, mais les bras écartés, elle avait clos ses paupières, un sourire euphorique aux lèvres.  

— Regarde, papa, regarde ! S’était-elle écriée dans des mouvements fébriles, les yeux brillants.  

Elle pointait les nuages, l’herbe, les arbres. Tout ce qu’elle pouvait apercevoir ou toucher. C’était nouveau pour elle. Il s’agissait de sa première sortie. Tom Riddle s’était contenté de hocher la tête, les lèvres pincées, puis de tendre sa main et de la ramener dans sa cellule. Elle n’avait pas encore réalisé à ce moment-là que c’était anormal pour un enfant de ne jamais voir la lueur du jour, de ne pas recevoir du réconfort. Elle ne l’avait compris que bien plus tard. Et maintenant, alors que Hermione ressentait une boule d’amour pour les gens qui l’entouraient, elle n’avait qu’une envie ; fondre en larmes pour ce qui lui avait été arraché. Son enfance perdue.  


— Où est-ce que vous étiez ? Questionna Harry en empoignant le bras de Hermione.  

Elle venait de sortir du cours d’arithmancie et avait le cerveau en feu. Elle n’arrivait pas à se concentrer et se sentait complètement dépassée par les évènements. Après son instant avec Pansy et Luna, elle avait accouru pour assister à son dernier cours. Mattheo n’était pas en vue, il se reposait encore dans sa chambre, accompagné de Théodore, qu’elle lui avait fait promettre de surveiller. Elle ne l’avait pas aperçu de la journée et la seule pensée de Hermione, c’était qu’elle le savait en sécurité. Pour le moment.  

— Harry, je suis épuisée, est-ce qu’on peut avoir cette conversation plus tard ? Finit-elle par souffler en se passant une main contre le visage.

Ses cheveux, châtains et plutôt volumineux, étaient attachés en une couette soignée qui retombait sur son dos. Quelques mèches rebelles s’échappaient de sa coiffure ordonnée. Ces mèches légèrement ondulées encadraient ses traits, accentuant ses grands yeux bruns. Elle portait une robe de sorcier aujourd’hui avec un pantalon en lin soir et un pull gris tricoté.  

Harry Potter dévisageait la jeune femme avec une intensité presque agitée. Ses iris étaient empreints d’inquiétude et de confusion. Hermione, quant à elle, semblait épuisée. Elle n’était pas dans son assiette. Son regard oscillait constamment entre Harry et les escaliers qui menaient au donjon, comme si elle pesait le pour et le contre de chaque mouvement.  

Harry avait essayé de la croiser toute la journée. Il voulait discuter avec elle de sa récente altercation avec la directrice. Il avait découvert des informations cruciales, et cela ne pouvait pas attendre. Mais Hermione, qui l’avait évité avec une persistance étrange, avait rendu cette tâche presque impossible. Il avait le sentiment qu’un évènement sombre s’était produit, mais il n’arrivait pas encore à saisir le tout.  

Harry n’avait pas eu de nouvelles de Malfoy ni de Mattheo. La situation lui paraissait de plus en plus suspecte. Il s’était embarqué dans une mission qui encourait de nombreux risques, autant pour lui que ses proches. Il avait eu droit à une nouvelle crise de colère alliant lancer d’objets et postillon de la part de Ginny lorsqu’il avait demandé quelques cheveux de sa copine pour concocter une potion pour les Riddle. Maintenant qu’il se retrouvait dans les couloirs à pouvoir discuter avec Hermione, elle le fuyait comme la peste. Qu’avait-il bien pu faire ?  

— Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que tu m’évites ? Questionna Harry, la voix chargée de stress.  

Son impatience croissait, tout comme son anxiété.  

Hermione plissa le nez, une expression de dilemme évident marquant ses traits. Elle était départagée de l’intérieur. Elle ne savait pas comment formuler ses émotions, alors elle choisit l’impulsivité. Encore.  

— A toi de me le dire, est-ce que je peux vraiment te faire confiance ?

Son ton condescendant et ses yeux perçants ne faisaient qu’amplifier le malaise de Harry.  

— Quoi ? S’éberlua-t-il, la confusion teintant son visage.  

Pourquoi semblait-elle remettre en question leur alliance ? Que s’était-il produit pour qu’elle pense qu’il était l’ennemi ? Il ne comprenait rien, il nageait dans une brume opaque et amère.  

— OK, écoute, commença l’Élu en relevant ses mains dans les airs, les iris écarquillés. S’il s’est passé quoique ce soit, je suis désolé, mais je n’ai absolument aucune idée de ce qui s’est déroulé depuis. J’ai réussi à sortir McGonagall de son bureau et je l’ai amenée voir le portail et j’ai découvert quelques informations, expliqua Harry à voix basse en se rapprochant de Hermione. J’aimerais pouvoir en discuter avec toi, conclut-il avec empressement.  

Il considérait les alentours à la recherche d’une oreille importune. Il tenta de tirer Hermione vers une pièce plus discrète, mais elle résista à la prise sur son bras. Ses yeux l’analysaient avec une intensité calculatrice, comme si elle cherchait une faille dans ses intentions.  

— Mattheo s’est fait kidnapper hier soir, avoua enfin Hermione, sa voix à peine audible.  

Les mots de la Serpentard frappèrent Harry comme une décharge électrique. Il resta figé un instant, le choc déformant son visage. Puis, déglutissant et en proie à une agitation frénétique, il se mit à traverser le couloir qui les entouraient dans des mouvements erratiques.

— Qui aurait bien pu faire ça ? Il faut qu’on trouve sa localisation, balbutia-t-il, ses pensées en désordre. Et surtout, est-ce que tu crois qu’il est en danger ?  

Hermione le scrutait avec une méfiance accrue, comme si elle essayait de déceler une faille dans son émoi sincère. Mais Harry était trop déconcerté pour percevoir l’incrédulité de la jeune femme. Il était obnubilé par la gravité de la situation, par le sort de Mattheo et par l’énigme troublante que représentait Hermione.  

Les sourcils froncés, semblant reprendre vie, Hermione empoigna le bras de Harry avec détermination et l’entraîna à travers les couloirs, évitant les groupes d’étudiants qui les regardaient avec curiosité. Ils débouchèrent dans une salle de cours déserte.  

— Mattheo est en sécurité maintenant, informa-t-elle d’une voix qui trahissait un soulagement mesuré. Je m’en suis assurée.  

Harry, stupéfait, ouvrit de grands yeux, les lèvres mi-closes.  

— Tu es vraiment entrée dans la tour de Serdaigle, et tu as laminé tous les élèves qui étaient présents ? S’écria-t-il, le teint pâle et marqué par un mélange de peur et d’admiration sous ses explications.  

Hermione avait souvent des idées saugrenues et affronter une horde de sorciers n’était probablement pas super ingénieux. Mais elle ne regrettait pas son impulsivité. Ils avaient eu ce qu’ils méritaient.  

Depuis l’évènement, les étudiants se faisaient petits en croisant Hermione dans les couloirs, se tapissant contre les murs avec des expressions cireuses et les lèvres pincées. Hermione, les yeux plissés, faisait mine de sortir sa baguette pour les effrayer davantage. Pansy avait manifesté son mécontentement face à la nouvelle de la bataille dans le dortoir des Serdaigle. Hermione comprenait sa réaction, mais son esprit avait été trop tourmenté par la rage et la peur de perdre son frère pour évaluer la situation. Elle avait foncé dans le tas. Et parfois, c’était une approche nécessaire.

— Hermione, demanda Harry, coupant court à ses pensées. Est-ce que tu as blessé des étudiants ?  

Une lueur d’accusation brillait dans ses yeux. Hermione fronça les sourcils, soudain irritée.  

— Ils ont lancé le sortilège de torture à Mattheo et il était dans un sale état. Comment aurais-tu réagi si tu avais trouvé Ginny dans cette position ? S’emporta-t-elle en pointant un doigt vers Harry.  

Elle l’accota contre un bureau, la main plaquée contre son torse et le souffle sifflant sous la colère. Harry, la bouche entrouverte, avait de la difficulté à formuler des pensées. À respirer aussi. Il commençait à faire chaud dans la pièce. Mais surtout, il comprenait les états d’âme de la Serpentard. Elle avait agi sous l’instinct. Elle avait défendu la personne qu’elle chérissait. Courageuse, Hermione avait bravé les interdits pour parvenir à protéger son frère. Ce n’était pas un acte stupide, mais une réponse émotionnelle à une situation extrême.  

Il déglutit et empoignant les doigts de Hermione, il la força à se détacher de lui. Elle sembla regagner contenance, détournant le regard pour respirer par à-coup. Elle avait les épaules qui tremblaient.  

Lorsqu’elle redressa son visage vers le plafond de la salle de cours pour se reprendre en main, elle finit par déclarer:

— Je n’ai pas écorché le moindre étudiant. J’ai seulement dévié leur sort, tout en prenant soin de diminuer la source des sortilèges. Si les maléfices les avaient touchés, ils n’auraient pas subi de grands dommages, contrairement à moi ou mon frère, expliqua Hermione avec rancœur.  

Puis se détournant pour faire face à l’Élu, elle l’inspecta les yeux sombres.  

— L’envie de les poursuivre pour leur mettre le feu aux fesses était tentante, mais je ne suis pas mon père, ajouta-t-elle avec négation, secouant la tête.  

Sa voix était faible.  

— Je ne le deviendrais jamais. Plutôt mourir que de tomber aussi bas que lui.  

Ça n’avait été qu’un murmure, mais Harry l’avait entendu clairement. Il s’approcha instinctivement d’elle, posant ses grandes paumes sur ses épaules.  

— Tom Riddle n’a jamais connu l’amour, parce qu’il en était incapable. Tu es différente. Tu arrives à voir le bon chez les gens qui ne mériteraient même pas ton attention, et c’est brave, expliqua Harry avec sagesse. C’est stupide aussi, ajouta-t-il avec un sourire dans la voix.  

Hermione émit un rire étouffé, les yeux pétillants malgré la tension. Harry finit par reprendre son sérieux.  

— Écoute, commença-t-il en se raclant la gorge.  

Il invita Hermione à s’asseoir, et ils se retrouvèrent face à face, leurs iris perçants se dévisageant.  

— McGonagall n’est pas elle-même. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais elle semblait perdue, comme si elle ne reconnaissait pas les couloirs du château. Ce qui est étrange, convint Potter en se frottant la joue, pensif, les lèvres pincées. Quand je lui ai montré le portail, elle m’a seulement précisé qu’il s’agissait d’un endroit pour entreposer du matériel. Rien de plus. Et quand j’ai essayé de lui faire comprendre que le tournoi était dangereux, elle m’a répondu: lorsqu’on observe une ombre dans le miroir, elle peut disparaître comme un éclat de poussière. Ce qui reste demeure un mystère pour l’âme et un fléau pour l’humanité, conclut Harry piteusement.  

Il n’arrivait toujours pas à élucider les paroles de la directrice. Il avait seulement l’impression que la situation était critique. Que quelque chose leur échappait. Pourquoi McGonagall s’exprimait en énigmes ? Et pourquoi semblait-elle être dissociée de la réalité, comme si elle appartenait à un autre monde, une autre entité ?  

Il se rembrunit, les yeux plissés.  

Hermione était silencieuse à ses côtés, le visage penché vers un pupitre. Ce ne fut que lorsqu’elle releva sa frimousse qu’il aperçut qu’elle était dubitative, mais surtout suspicieuse.  

— Est-ce qu’il est possible que le château soit ensorcelé ? Demanda la Serpentard avec hésitation.  

C’était comme si elle ne pensait pas pouvoir formuler ses pensées à voix haute. Elle apposa une main contre sa bouche, presque horrifiée d’avoir posé une telle question. Mais plus Harry réfléchissait et plus il considérait cette possibilité. Ça ne pouvait être anodin. Pourquoi les étudiants étaient-ils si agressifs ? Ils se déplaçaient en meute, comme s’ils se préparaient à porter le premier coup. Et les professeurs qui ne réagissaient pas aux épreuves, comme s’ils étaient dépourvus de la moindre émotion. Ça n’avait pas de sens. Mais Harry ne pouvait concevoir une telle idée.  

— Comment ce serait possible ? Interrogea Potter en se frottant le menton, pensif. Comment pourrions-nous le découvrir ? Et surtout, comment se fait-il que nous soyons les seuls à avoir toute notre tête ? Conclut-il en croisant les prunelles de Hermione.

Pourquoi ne réagissaient-ils pas comme tous les autres individus de Poudlard ?

La Serpentard lui offrit un mince sourire, comme si elle détenait une réponse improbable.  

— Qu’est-ce qui te fait dire que nous ne sommes pas impactés ? Nous pourrions l’être sans le savoir.  

— Ce ne sont que des hypothèses, répliqua Harry avec empressement.  

Il commençait à stresser à l’idée de se faire manipuler par le château.  

— Ça ne peut pas être possible.  

Il était inflexible. Il refusait de croire à cette éventualité. Sa voix était ferme. Il secoua la tête pour appuyer ses paroles.  

— La seule chose qui est certaine, poursuivit Hermione d’une intonation douce, c’est que les étudiants sont catégoriques dans leur haine envers moi et Mattheo.  

Elle s’entortilla les mains, le regard perçant.  

— Il faut trouver un moyen pour le protéger.  

— Et toi aussi, ajouta Harry Potter, les yeux sombres, conscient de l’urgence de la situation.  


Hermione avait passé la soirée avec Mattheo et Théodore, s’efforçant de se détendre et de profiler de la compagnie de ceux qu’elle considérait comme sa famille de cœur. Quand ils allèrent se mettre sous les couvertures pour dormir, Hermione se glissa discrètement hors des dortoirs, faufilant ses pas à travers les couloirs obscurs de Poudlard. Son but était la plus haute tourelle du château: la tour d’astronomie. Ce lieu lui offrait un refuge, un espace pour réfléchir tout en contemplant le ciel étoilé.  

Le chemin vers les escaliers sinueux était silencieux, seulement perturbé par le léger écho de ses pas sur les pierres. L’air devenait plus glacial à mesure qu’elle grimpait vers la tour, mais elle n’en avait que faire.  

Une fois arrivée au sommet, Hermione poussa la porte en bois et entra dans la fraîcheur nocturne. Le ciel était dégagé, et les étoiles scintillaient comme des diamants sur une toile noire infinie. La Voie lactée se profilait à travers l’immensité céleste. Hermione se pencha contre la balustrade, laissant le faible rayon de la lune effleurer doucement son visage. Le calme de la nuit était une source de réconfort et elle ferma les yeux, savourant ce moment toute seule. Bien que ses membres soient ankylosés, elle resta là.  

Hermione n’avait jamais su dissocier les étoiles. Il était rare qu’elle puisse étudier le ciel ou la lune. Les battements de son cœur discontinu dans sa poitrine la firent sourire.  

Lorsqu’elle était jeune, Mattheo lui soufflait qu’il y avait des centaines de milliards d’étoiles dans l’univers. Elles s’illuminaient comme des constellations le soir pour rappeler la présence des êtres chers. Hermione se demandait si sa mère, qui n’avait pas survécu à l’accouchement, l’observait d’en haut. Elle se questionnait sur sa présence et si elle était fière d’elle. Elle avait l’impression d’avoir si peu accompli, d’être inutile. Mais elle sentait la réussite se rapprocher. Elle pouvait le goûter contre son palais. Le tournoi, bien que périlleux, serait son salut.  

Les lèvres entrouvertes, Hermione se permit pour la troisième fois de sa vie d’adresser des pières au ciel, dans l’espoir que ses vœux effleurent les traits de sa mère. Elle ne l’avait jamais connu. Mattheo non plus. Cette absence la hantait profondément.  

Les yeux brillants, Hermione enfonça ses mains dans les proches de son pull. Elle ne craignait pas la morsure du froid. Elle redoutait les rêves et les cauchemars. Les souvenirs d’une femme dont elle ne connaissait pas le nom ni le visage, mais qui pourtant venait la hanter lorsqu’il faisait noir dans le dortoir des Serpentard. Hermione se surprenait à lui donner des prénoms: Jeanne, Marguerite, Lucinda et Tania.  

Les lèvres gercées, Hermione ferma les yeux alors qu’une brise fraîche balayait ses cheveux. Les réponses qu’elle cherchait restaient hors de portée. Son père n’avait jamais parlé de leur mère, et il en faisait un sujet tabou. Elle se demandait parfois si Mattheo partageait son désir de découvrir ces mystères avec la même intensité.  

Peut-être était-elle folle de poursuivre un fantôme du passé qu’elle n’avait jamais eu le plaisir de côtoyer. Peut-être que son manque d’amour flagrant la poussait vers le rivage, la mer et le ciel, dans le seul but de pouvoir apercevoir un mince éclat ; un reflet des yeux, une couleur des cheveux et un doux toucher qui sauraient effacer toutes ses souffrances. Mais il ne s’agissait que d’illusions. Hermione était seule. Elle n’avait pas de mère. Et sa peine était partagée avec son frère.  

C’était sûrement mieux ainsi. Hermione n’aurait pas voulu que Jeanne – elle l’avait baptisée ainsi, subisse la noirceur de ce monde. Elle devait être sereine, accroupie dans les cieux. Libre.  

Hermione souris, les larmes aux yeux.  

Ce n’est que lorsqu’elle entendit l’effleurement de pas contre le sol qu’elle se retourna, les membres rigides et sa baguette pointée vers l’intrus. Mais Hermione devrait se douter qu’il n’y avait qu’une seule personne en ce monde pour la suivre où qu’elle soit. Il le lui en avait fait la promesse. Et les yeux ombrageux, le cœur battant à tout rompre, Hermione planta ses iris dans ceux de Draco Malfoy.

Chapter 23: Sous la lueur de la lune

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CHAPITRE 23

Sous la lueur de la lune

« Ce n’est qu’un être fourbe et grossier ! » s’écria avec ardeur Pansy Parkinson alors qu’ils étaient tous assis dans le salon de thé de Madame Pieddodu à Pré-au-lard.


Malfoy avait passé ces dernières semaines à observer Hermione Riddle comme si elle était une nuisance, puis un être mystique et enfin une solution à ses problèmes. Il devait rester lucide ; elle incarnait une lumière obscure et le chaos total. Mais il aimait se brûler, c’était son élément.  

Malfoy avait bien reçu le présent de Hermione. Il n’arrivait pas à comprendre exactement sa signification. Offrir une boîte de cure-dent semblait risible comme cadeau, mais il s’agissait de Hermione. Elle l’observait à tout va, comme il le faisait avec elle. Et cette attention discrète lui avait soutiré un sourire. Le mot qu’elle avait inscrit contre le papier en parchemin était court, mais pas dénué de sens. Il y a quelques semaines, Malfoy aurait profité d’une telle opportunité pour remporter le tournoi, jouer avec son esprit et la vaincre. Mais plus maintenant. Il appréciait son geste et la boîte était restée sous son lit, cachée au vu de tous, comme une personne chérirait une offrande magique. Mais le petit serpent était devenu sa magie. Elle était ensorcelante, imprévisible et dévouée à sa cause. Tout pour le faire chuter de haut et perdre ses objectifs.

Il soupira, se forçant à maintenir ses pensées stables. Il devait rester en contrôle.

Pour la première fois, il éprouvait une tranquillité d’esprit à se diriger vers la tour d’astronomie. C’était son sanctuaire depuis son arrivée dans l’école des sorciers. Et Hermione y avait bâti son nid. L’ironie. Un sourire suffisant étira ses lèvres. Il était satisfait de pouvoir l’espionner, tout en continuant son quotidien.

Bien qu’elle soit impulsive, tranchante et emmerdante à temps partiel, Hermione lui rappelait des aspects qu’il tentait d’atteindre ; un éclat empathique, un état de constante vigilance tout en ouvrant les yeux pour observer les horizons et voir la beauté en toute chose. Malfoy, lui était fade. Il ne voyait qu’à travers les ombres qui bordaient son esprit, les jointures de son père et les mensonges de sa mère. Il avait vécu dans des conditions qui le poussaient à prendre son envol. Mais on avait oublié de lui montrer comment faire. Alors, Draco chutait. Toujours.  

Mais c’était dans sa nature ; de se relever et d’affronter le reste des obstacles en silence. Et Hermione avait ce même tempérament. La seule différence étant qu’elle pouvait partager sa peine avec un membre de sa famille: Mattheo. Le jeune homme était grincheux par moment et taciturne et bordélique à temps plein. Draco ne se rappelait pas quand est-ce que l’imbécile avait pris le soin de faire son lit.  

Mais en dehors de ces petits aspects qui lui faisait grincer les dents, Mattheo avait un cœur immense comme le monde. Il penchait sa tête sur le côté quand il écoutait Théodore lui chuchoter des anecdotes sur son enfance et riait aux sottises et phrases grotesques de Pansy lorsqu’elle expliquait tout ce que Neville lui faisait le soir. Avec sa sœur… c’était différent. C’était comme s’il n’avait pas le besoin de discuter avec elle. D’un simple regard, ils se comprenaient. Et Malfoy ne pouvait s’empêcher d’éprouver un brin de jalousie lorsqu’ils les observaient faire.

Il n’avait jamais eu ce contact ap»isan’. Il avait ses amis certes, mais Draco était incapable de se montrer sous son vrai jour. Si Hermione excellait dans l’art de garder ses secrets, Malfoy lui, c’était dans la tromperie.  

Soupirant dans sa barbe, il continua son avancée, puis se posta contre un pilier, les yeux perçants.  

La nuit était silencieuse autour de la tour d’astronomie. Hermione Riddle, perdue dans ses pensées, était penchée contre la balustrade, les paupières closes et le visage baigné par la douce lueur de la lune. Son pantalon de jogging gris et son pull à capuche noire semblaient la noyer, la rendant infiniment petite. Ses cheveux bruns, lâchés dans un désordre, tombaient en cascade sur ses épaules.  

Draco Malfoy se tenait dans l’ombre, derrière un muret de pierre, observant Hermione avec une curiosité à peine contenue. Il avait suivi ses déplacements si longtemps qu’il perdait le compte. Dans la journée, elle se réfugiait dans les jardins, le dos voûté et les mains enfouies dans la terre, égarée dans un tourbillon de pensées silencieuses.  

Elle était une énigme à part entière. Et bien qu’il rêvât d’en découvrir toutes les surfaces et réponses, il ne voulait pas accélérer le temps. Là, tout de suite, à l’observer penchée vers la balustrade, les paupières fermées, Malfoy se mit à sourire. Réellement.

Draco était certain que Hermione ne prenait pas conscience de sa beauté. Même au naturel, elle irradiait de flammes et de lumières. Parfois, il rêvait de s’approcher pour se brûler les doigts, un rappel constant qu’elle était bien réelle, une obsession. Son obsession.  

Il s’avança avec discrétion jusqu’à ce qu’il puisse entendre le murmure de ses respirations, profondes et régulières. Hermione, semblant reprendre vite, se retourna avec rapidité pour pointer sa baguette vers son visage. L’éclat blanc devrait lui vriller les rétines, mais Malfoy était trop distrait par les pupilles de la jeune femme. Elles étaient dilatées et remplies d’eau. Il se demanda ce qui pouvait bien la tourmenter pour qu’elle se retrouve ici à la tombée de la nuit, perçant le ciel nocturne de ses prières infinies.  

— Malfoy, souffla-t-elle dans un hoquet de surprise.  

— Riddle, répliqua-t-il, amusé de la situation.  

Se penchant vers elle, il lui susurra d’une voix basse et rauque:  

— N’est-ce pas dangereux de se retrouver ici en pyjama, alors que les étudiants pourraient te repérer à n’importe quel moment ?  

Hermione bomba son torse, les joues rouges, probablement scandalisée par ses propos. Il savait qu’elle pouvait se défendre, se débrouiller seule. Elle était forte, mais aussi irrémédiablement têtue. Ce qui pourrait être un désavantage si elle venait à se trouver sur un terrain sinueux d’ennemis cruels.  

— Je n’ai pas –  

— Peur, je sais. Et tu fais bien, ronronna-t-il en se rapprochant.  

Il frôla son visage de ses doigts un infime moment, observant les iris de la jeune femme s’écarquiller et des frisons remonter le long de ses bras avant de s’éloigner.  

Il ne voulait pas se l’avouer, mais il cherchait son toucher comme de l’oxygène. C’était plus fort que lui. Lorsque sa paume entrait en contact avec elle, il avait une impression de vie, de renouveau et d’apaisement. Ce qu’il avait toujours convoité.  

— La seule personne qui peut être imprévisible en ce moment, c’est Weasley et Potter.  

— Potter ? Questionna avec consternation Hermione.  

Draco lui fit dos, prenant le soin de sortir sa baguette de sa poche. La relavant de sa main droite de manière nonchalante, il exerça une pression contre le bout en bois. Un léger murmure s’échappa de ses lèvres, une incantation à peine perceptible, presque comme un souffle. Un flot de couvertures en velours apparut sur le sol de la tour d’astronomie. Elles se déployèrent comme de filets d’eau, formant un tapis moelleux.  

Malfoy s’installa sans préambule et dévisagea Hermione, l’enjoignant à faire de même. Dans un soupir théâtral, elle posa ses fesses contre la texture duveteuse et ferma brièvement les yeux. Elle était dans l’attente d’une réponse. Draco avait exprimé que Potter ne devait pas être pris à la légère. Pourquoi ? Il n’était plus seulement un allié, mais un ami. Elle le sentait. Son instinct le lui soufflait. Alors pourquoi le Serpentard était à ce point peu enclin de l’intégrer dans le groupe ?  

— C’est un Gryffondor intègre qui n’hésitera pas à transférer la gloire au plus méritant, finit par annoncer Malfoy.  

Hermione roula des yeux, complètement sidérée.  

— Ce n’est pas à lui de choisir le champion du tournoi, tout comme les professeurs. Ce sont nos gestes et actions qui feront la différence, expliqua la jeune femme avec lenteur.  

— Oh vraiment ? Rigola-t-il.  

Il venait de s’allonger, dépliant ses jambes de tout son long. Un bras croisé derrière son crâne, il l’observait à travers ses cils, la commissure de ses lèvres relevées en une risette narquoise.  

— Tu penses que les professeurs n’ont pas déjà choisi qui sera le vainqueur ? Il y a toujours eu du favoritisme dans l’école, grogna Malfoy tout bas. Potter se trouve dans leurs chaussures.

— Et tu estimes que ça fait de lui une menace ? Questionna avec froideur Hermione.  

Elle était irritée. Pourquoi le Serpentard semblait à ce point rancunier du sort de l’Élu ? Que lui avait-il fait pour qu’il crache sur sa personne au moindre moment ? Ne se connaissaient-ils pas depuis tellement d’années ?  

Malfoy se redressa en ricanant tout bas. Ses yeux pétillaient.  

— Potter n’est une menace que pour les sorciers ayant de mauvaises intentions dans le tournoi, commenta-t-il avec humour. Et comme tu as bien des plans en tête, je me demande bien qu’elle rôle tu as choisi pour le mioche-à-la-petite-cervelle.  

Hermione resta silencieuse, les lèvres pincées. Elle n’aimait pas la tournure de la discussion. Elle pensait qu’elle finirait par créer un semblant de rapprochement avec le Serpentard, mais il continuait à la prendre de haut et se moquer d’elle. S’il s’agissait de curiosité, elle était mal déguisée et Hermione commençait à être lassée de ses débats. Elle voulait de la transparence, un moment de répit. Ne pouvait-il pas exprimer ce qu’il souhaitait réellement ? Ses peurs, son inconfort, au lieu de mettre le blâme sur les autres ? Ne pouvait-il pas s’ouvrir à elle, comme toute personne normale, au lieu de tenter de percer ses secrets avec une frénésie désagréable ?

— J’ai une proposition, finit par murmurer la jeune femme, un sourire dans la voix.  

Malfoy s’assit, les yeux sombres, une risette au coin des lèvres.  

— Je t’écoute, susurra-t-il.  

— Je te propose qu’on réponde le plus honnêtement possible aux questions de l’autre. Pas de mensonge, ce soir. On se met à découvert, c’est tout. Juste toi et moi, conclut-elle, le souffle en suspend.  

Elle avait le cœur qui battait de manière frénétique, les joues rouges sous le froid et un espoir naissant dans le fond de la poitrine. Est-ce que Malfoy allait accepter sa demande ? Est-ce qu’elle finirait par percer les barrières de son âme avec douceur ? Est-ce qu’il finirait par avoir un éclat paisible entre eux ou est-ce que leur relation n’était que tonnerre et flammes de l’enfer ? Draco était la clé de ses questions. Il tenait son cœur dans sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un diamant incandescent et Hermione trembla d’appréhension. Elle était prête à s’ouvrir. Mais il devait faire de même. Ce n’était plus seulement un jeu. Il s’agissait de leurs émotions. Réelles. Et elle ne voulait plus revenir en arrière. Pas maintenant. Pas après ce qu’il avait fait pour elle et Mattheo.  

Il finit par hocher la tête, continuant de l’observer avec minutie. C’était comme s’il la découvrait sous un autre jour. Un éclat plus doux perça ses prunelles.  

— Je te laisse commencer, convint Malfoy dans un souffle.  

Hermione réfléchit. Elle ne voulait pas aborder le vif du sujet tout de suite. Elle souhaitait prendre son temps, tâter le terrain.  

— Pourquoi est-ce que tu viens toujours dans la tour d’astronomie le soir ? Finit-elle par questionner.  

Il s’agissait de son sanctuaire. Elle le savait. Malfoy n’était pas le seul observateur. Hermione avait découvert ses allées et venues il y a des semaines et peut-être était-ce pour cette raison qu’elle rejoignait cet endroit maintenant. Pour le retrouver. Elle n’en était pas certaine. Elle restait encore pensive.  

Draco ne l’épiait plus. Le visage relevé, offrant sa gorge à découvert, il détaillait les étoiles, comme s’il cherchait à y trouver des réponses, comme s’il luttait contre une explication qui n’était pas trop précieuse à nommer. Mais il finit par capituler.  

— Tu m’avais demandé un jour si je réfléchissais souvent à la guerre, commença Malfoy avec sérieux.  

Hermione hocha la tête. Elle se souvenait de cette discussion.  

— Et aussi qu’est-ce qui pouvait atténuer ce sentiment d’horreur, continua-t-il d’une voix rauque.  

Il n’affrontait toujours pas son regard.  

— Mon moyen c’est d’observer le ciel. Il me rappelle la grandeur, la vastitude de lumière qui s’y trouve, même lorsqu’il fait si sombre. Et c’est là que je puise mes réponses.  

Malfoy finit par la détailler, les yeux brillants sous la lune.  

— Même dans l’obscurité réside la clarté, souffla Hermione avec douceur.  

Elle comprenait les filaments des pensées de Draco. Le ciel lui évoquait que bien qu’il est vécu des évènements tragiques, connus la douleur et la violence, il restait toujours une part plus lumineuse en nous. Il fallait simplement se souvenir de sa présence. Et d’avoir la force de l’agripper.  

Hermione sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle détourna son regard, les lèvres pincées.  

— Donc, si j’ai bien compris, tu viens ici le soir pour te rappeler que tout n’est pas perdu ? Que tu n’es pas seulement un fragment d’âme, mais plus ?  

Ce n’était qu’un souffle. Hermione crut que Malfoy ferait semblant de ne pas l’entendre, mais il émit un rire de la gorge. Doux, presque douloureux.  

— C’est le but, avoua le Serpentard.  

— Est-ce que ça fonctionne ? Demanda-t-elle.  

Elle posait trop de questions. Il allait finir par se refermer, pensa-t-elle. Mais Draco entrouvrit les lèvres, soupirant comme s’il était éreinté, comme s’il espérait recoller les morceaux de son passé pour continuer d’avancer vers son futur.  

— Non, pas toujours, concéda Malfoy avec douleur. Parfois ça m’apaise et d’autre fois, j’ai l’impression de… d’être incapable de changement. D’évoluer pour le meilleur.  

Hermione resta silencieuse. Elle voulait le rassurer, mais elle n’avait pas les mots. Elle avait perdu sa voix. Le souffle en suspend, elle rapprocha sa main, jusqu’à effleurer la sienne. Malfoy, de biais, ne fit aucun mouvement. Seule sa mâchoire se contracta sous son geste. Elle resta là, pantoise face à son comportement. Elle retira sa paume, le cœur tambourinant dans sa poitrine.  

— Je me suis toujours demandé, commença Draco, coupant court à la gêne de Hermione. Remporter le tournoi pour sauver l’honneur de ta famille est une chose, mais qu’est-ce que tu feras après ? Qu’est-ce que tu cherches à accomplir ?  

Croisant ses iris, Hermione oublia de respirer. Elle se détourna, les lèvres tremblantes. C’était une question qui pouvait paraître anodine, pourtant, elle avait de la difficulté à formuler une réponse dans sa tête. Elle n’avait que cette sensation d’étouffement dans sa poitrine. Elle se força à inhaler, le cœur lourd.

— Je me suis promis d’offrir une vie meilleure à mon frère, souffla-t-elle en contemplant les étoiles. Je ne sais pas ce que c’est de… d’être libre, de faire ses propres choix et pour la première fois, j’en ai la possibilité.  

Elle ferma ses paupières, sentant ses émotions l’aspirer comme un torrent sombre de promesses illusoires.  

— J’ai toujours voulu guérir, soigner les autres, avoua Hermione d’une petite voix en rouvrant ses yeux. Mattheo lui voulait protéger, éradiquer le mal qui nous entoure.  

Elle émit un faible rire.  

— Il faut croire que nos rêves sont souvent ficelés de ce qu’on a le plus manqué dans notre enfance ou de nos désirs les plus profonds, expliqua-t-elle en se passant une main dans les cheveux. Je voulais guérir les autres parce que je n’ai pas reçu les soins nécessaires et… je n’ai pas su le faire avec les rebelles qui se faisaient torturer par mon père et Mattheo… Mat, il voulait protéger le monde entier, parce qu’il a toujours eu l’impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir su me mettre à l’abri du mal et de la colère de notre père.  

— Ce sont de beaux rêves, admit Malfoy avec un sourire. Je suis sûr que vous arriverez à les accomplir.  

Elle hocha la tête tout en se triturant les doigts, les oreilles rouges. Hermione voulut lui retourner la question, mais le Serpentard lui coupa la parole.  

— Qu’est-ce que tu peux faire à part te régénérer ? Interrogea-t-il, un sourcil relevé.  

Hermione s’apprêtait à lui dire qu’il s’agissait d’une seconde question, mais elle se rappela qu’elle lui en avait demandé plusieurs. Elle se pinça les lèvres. Elle ne souhaitait pas discuter de ses facultés. Pas maintenant.  

Jamais.  

Le souffle court et le cœur lourd, Hermione empoigna une des couvertures entre ses doigts pour se donner du courage. Elle pouvait énoncer quelques vérités sans tout avouer. Il n’avait pas à tout savoir. Elle s’était promis de s’ouvrir, se rappela-t-elle avec amertume.  

— Mes yeux, Hermione déglutit en se pinçant les lèvres. Ils peuvent changer de couleur. Ils me permettent de voir dans l’obscurité et je deviens plus… agile et alerte aux dangers.  

Elle resta silencieuse après. Elle n’émit plus le moindre son, le cœur tambourinant avec cadence dans sa poitrine. Elle n’osait croiser le regard de Malfoy. Il venait de se rapprocher, empoignant son menton avec une douceur qui la fit frissonner. Ses prunelles n’exprimaient pas du dégoût, mais autre chose – de la curiosité. Il caressa son visage avec son pouce et Hermione se permit de fermer les yeux alors qu’il lui chuchotait:

— Montre-moi.  

Elle réfléchit aux conséquences de son action. Est-ce que son frère serait furieux de s’être mis à découvert, d’avoir exposé un autre de ses secrets ? Les membres tendus, la respiration erratique, Hermione se força à vider son esprit de toute émotion. La culpabilité ne collait plus contre sa peau. Il n’y avait que cette sensation grandissante dans son corps, ce pouvoir qui ne rêvait que de faire surface. Lorsqu’elle rouvrit ses paupières, elle croisa les iris de Malfoy, qui la dévisageait avec attention.  

Il essayait de se rappeler de chaque détail, des minuscules fragments d’étoiles qui s’étiolaient dans ses yeux, comme des fentes de lumière pure. Malfoy l’observait comme s’il contemplait un joyau rare et précieux. Les iris gris avec des points lumineux, Hermione détourna le regard, les joues rouges.  

— Ne te cache pas, grogna Malfoy en continuant d’exercer une pression contre son menton, la forçant à reprendre position.  

Les mèches platine du Serpentard venaient caresser les lèvres de Hermione, qu’elle entrouvrit légèrement, surprise par le contact inattendu. Elle venait de lui révéler l’une de ses nombreuses anomalies, une vérité amère. Au lieu de détourner le regard avec dégoût ou mépris comme le faisaient les sous-fifres de son père, Malfoy semblait émerveillé, comme s’il découvrait un trésor insoupçonné.  

Hermione sentit un tourbillon d’émotions dans son estomac. La gorge serrée sous un nœud d’appréhension et de vulnérabilité, elle perdit la notion du temps. Elle n’arrivait pas à détacher son attention de Malfoy. Elle était éprise par lui, par son odeur, par la douceur de ses doigts et par l’éclat prévenant dans ses prunelles.  

— Tu es magnifique, n’en doutes pas une seconde, souffla-t-il d’une voix bourrue. Il faudrait être aveugle pour penser autrement.  

Hermione ne croyait pas aux doux mensonges, mais l’intonation de Malfoy lui disait le contraire. Il pensait ce qu’il disait. Et son cœur s’emballa sous ses paroles. Elle se surprit à espérer un geste, une caresse, une promesse de sa part. Lorsqu’il glissa son pouce contre sa joue, elle entrouvrit ses lèvres, dans l’attente.  

Malfoy se pencha et frôla son visage avec une douceur presque douloureuse. Hermione ferma les yeux. Mais il ne fit rien. Il se contenta de se poster contre son oreille et de lui souffler avec délicatesse.  

— On devrait rentrer, il se fait tard, Hermione.  

Ce n’est que lorsqu’elle se blottit dans les couvertures de son lit que Hermione réalisa que Malfoy venait de l’appeler pour la première fois par son prénom. Elle sourit dans la noirceur et se mit à se pratiquer toute seule à voix basse, la gorge nouée.  

Draco.  

Draco Malfoy.

 

Chapter 24: Rita Skeeter

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CHAPITRE 24

Rita Skeeter

La gorge nouée, Hermione prononça son dernier mensonge: « Si tu es en danger, je continuerais mon chemin comme tu le ferais avec moi. »


Hermione avait froid, elle grelottait. Perdue dans un recoin sombre de son âme, elle se mit à frissonner puis à se tendre, comme si une douleur indomptable venait creuser sa colonne vertébrale. Elle échappa un cri silencieux, les lèvres entrouvertes, les iris écarquillés. Avachis dans une salle miteuse, ses ongles grattaient le sol de la paroi visqueuse. Son esprit divaguait. Elle alternait entre conscience et cauchemar. Elle était incapable de s’accrocher à l’instant présent. Il y n’avait que la souffrance, l’horreur, puis le silence entrecoupé par ses respirations laborieuses. Les bras encadrant ses fins membres glacés, elle garda la tête baissée. Son profil était creusé et blanc. Elle se sentait malade. Elle ouvrit la bouche pour sortir un cri d’agonie, mais elle resta muette d’effroi.  

Les doigts agités de soubresauts, Hermione ne réalisa pas la portée de ses mouvements alors qu’elle se mit à gratter, griffer son corps. Elle avait ce besoin de sortir le monstre, de l’éviscérer. Un son guttural pourfendit ses lèvres, suivi d’une créature visqueuse noire. S’extirpant des parois de sa gorge, la chose immonde se glissa sur le sol. Elle rampait, à la recherche de quelque chose. Les iris de la bête étaient d’un rouge pourpre et ses canines acérées donnèrent un haut-le-cœur à la Riddle. Lorsqu’elle se sentit enfin en contrôle de son corps, Hermione tendit la main vers la chose et cria. La créature se désintégra dans un halo violet. Il ne resta qu’une couche de cruor noir contre le sol.

— Non ! Hurla son père à travers les barreaux de sa cellule. Recommence, ordonna-t-il avec autorité. Tu ne verras pas ton frère tant que tu n’auras pas appris à maîtriser la bête !  

Hermione se mit à sangloter, du sang s’échappant de ses lèvres.  

— Je ne peux pas, je ne peux pas, répéta-t-elle en s’empoignant les cheveux.  

Tom Riddle ouvrit sa cellule avec une telle violence qu’elle claqua contre le mur en pierres. Hermione sentit ses tympans bourdonner contre son cerveau, mais elle allait mieux. Elle préférait affronter les châtiments de son père que ça. Elle affronterait même les courroux de Antonin plutôt que de faire face à cette créature.  

Le sorcier maudit lui empoigna les cheveux, tirant si fort qu’elle crut se faire arracher le scalp. Elle échappa un cri sous la souffrance. Elle gardait les yeux clos. Elle pouvait accepter la douleur de cette façon. C’était plus facile.  

— Regarde-moi, s’époumona Tom Riddle avec acidité.  

Les iris gris de Hermione croisèrent les pupilles dilatées de son père. Il collait presque son visage au sien, les traits mauvais.  

— Bois son sang et recommence, clama sa voix avec tonnerre dans le donjon. Si tu tiens à la vie de ton frère, tu ferais mieux d’accepter ton destin et les maléfices qui t’entourent, grogna Tom, en lui crachant au visage.  

Puis il disparut dans un élan de poussière et Hermione se contorsionna. Le sang s’écoula de son nez, de sa bouche et de ses yeux. Elle crut mourir, mais c’était le contraire. Depuis qu’elle se régénérait, il n’y avait pas moyen de s’en sortir. Elle n’était pas seulement enfermée dans une cage. Hermione était le monstre maudit qui vivrait cet enfer éternellement. Et bien qu’elle soit maîtresse de son destin, elle ne tirait pas les ficelles. C’était Tom Riddle qui s’occupait de tout. Elle n’était que le pantin ensanglanté face à une prophétie plus obscure.


Hermione sortit brutalement de ses pensées lorsqu’une paume ferme agrippa son bras. Mattheo se tenait à côté d’elle, les sourcils froncés. Il ne prononça pas un mot. Il avait compris. Il savait ce qui la tourmentait. Les lèvres pincées en une mince ligne, il lui serra la main avec force, comme pour lui rappeler qu’elle n’était pas seule.  

Ses yeux semblaient la prévenir de la raison de leur venue ici. Elle reprit contenance, abaissant ses prunelles vers ses doigts. Ils n’étaient pas ensanglantés. Elle se trouvait à Poudlard. Elle inspira, la respiration haletante. Elle compta jusqu’à treize, le cœur tambourinant. Elle pouvait le faire. Elle en était capable.  

La première épreuve du tournoi des sorciers débutait demain. Aujourd’hui, ils devaient tous se plier à une tâche des plus irritables: une interview avec Rita Skeeter. La journaliste britannique du monde magique était réputée pour ses articles mordants et ses vérités grotesquement déformées. Pansy n’avait cessé de râler en apprenant la nouvelle, prévoyant déjà les horreurs que Skeeter allait publier.  

Hermione ne pouvait cacher son anxiété face à cet entretien. Elle avait entendu dire qu’il était impossible de mentir. Elle ne connaissait pas un tel sortilège, peut-être était-ce un artefact. Et il ne pouvait s’agir d’une potion, parce qu’il serait absolument invraisemblance que les concurrents du tournoi acceptent de boire dans le moindre récipient que la journaliste leur tendrait.  

Hermione jeta un coup d’œil vers Harry, qui était en retrait. Il venait de procéder à son entrevue quelques minutes plutôt. Il l’avait prévenu qu’elle ne devait pas résister et seulement répondre aux questions. Mais les traits blêmes de l’Élu ne lui promettaient pas que la tâche soit aussi facile.  

Installée sur des chaises dégarnies et inconfortables, dans une salle au milieu de l’établissement du gouvernement magique, Hermione tendit l’oreille alors qu’elle examinait son frère. Draco était en train de se faire interviewer. Elle avait brièvement entendu les paroles de Skeeter lorsqu’elle avait fait sa présentation une vingtaine de minutes plutôt.  

« Bienvenus, bienvenus chers participants ! S’était-elle exclamée avec entrain. Relevant ses bras dans les airs, elle avait dévisagé les neuf concurrents. Elle irradiait d’une énergie maléfique et surtout mensongère. « Le tournoi des sorciers prenant place dans l’établissement de Poudlard est plus qu’inattendu et c’est pourquoi, je vous demanderai de faire une sobre introduction de votre personne devant les caméras et de répondre à quelques questions. L’audience est très impatiente d’apprendre à vous connaître, avait-elle ri avec grossièreté.

Le premier concurrent à subir cette horrible entrevue fut Luna Lovegood. C’était aussi la seule à avoir conservé toutes ses couleurs à son retour. Les yeux dans le vague, un petit sourire étrange au coin des lèvres, la jeune Poufsouffle restait elle-même, lunatique et lumineuse. Les participants avaient interdiction de discuter entre eux après leur passage avec Skeeter. Hermione ne comprenait pas la nécessité de garder des informations secrètes, mais Harry avait réussi à échanger quelques mots avant de se faire emmener plus loin par des membres du ministère de la magie.  

Lorsque Malfoy fit son apparition, les poings serrés à s’en blanchir les jointures, Hermione se redressa, la bouche entrouverte. Elle croisa son regard, mais il secoua la tête, comme s’il tentait de lui faire part d’un sombre présage. Depuis leur dernière discussion, elle s’était rapprochée du Serpentard. Ils ne se jetaient plus au cou de l’autre. Ça avait été plus que traumatisant pour leur petit groupe, dont Nott qui avait failli s’étouffer avec un verre d’eau en les observant un soir.  

Mais alors qu’elle suivait Draco des yeux, Hermione n’avait que faire des règles et de la bienséance. Elle voulait le rejoindre.  

Se pinçant le bras pour s’empêcher de commettre le moindre geste, elle patienta. Mattheo à sa droite, se tenait droit sur son siège. Elle imita sa posture, ses mains se positionnant sous ses cuisses pour s’empêcher de trembler. Elle ne comprenait pas son appréhension pour une simple journaliste, mais Hermione avait l’impression que les questions seraient de très mauvais goût.  

Elle pesta à voix basse lorsque son frère se fit appeler. Il lui serra brièvement le genou avant de disparaître dans une salle aux murs jaune poussin. Il revint une trentaine de minutes plus tard, le teint cireux et les yeux vitreux. Hermione n’entendit pas tout de suite son prénom. Ce ne fut que lorsqu’on l’ordonna de se relever qu’elle finit par suivre les gardes du ministère. Elle inspira profondément avant de franchir la porte qui menait à une pièce aux murets d’un jaune d’œuf vif, presque aveuglant. La lumière semblait se réfléchir sur chaque surface.  

Le local était petit, avec des parois recouverts de tentures dorées. Le sol en marbre brillait et une grande table centrale en bois verni décorait l’espace. Des étagères, ornées de divers bibelots et photographies en mouvement bordaient les murs. Quelques fauteuils rembourrés d’un jaune encore plus criard entouraient l’annuaire des participants sur l’autel. Il n’y avait pas la moindre fenêtre pour adoucir l’atmosphère.  

Hermione ne prit pas longtemps avant de découvrir la silhouette de Rita Skeeter. La journaliste était assise au centre de la pièce, le dos droit, une expression de satisfaction malveillante accrochée à ses traits anguleux. Ses cheveux blonds, coiffés en boucles serrées, encadraient son visage. Elle portait un tailleur vert avec des épingles dorées et ses lèvres étaient peintes d’un rouge éclatant. Son sourire, large et carnassier, dégageait une menace à peine voilée.  

Un frisson parcourut l’échine de Hermione alors que ses mains devenaient moites. Le stress l’envahissait et son instinct lui hurlait de rester sur ses gardes.  

Rita Skeeter ne perdit pas de temps. Pointant du doigt un des fauteuils rembourrés, elle l’encouragea à s’installer. Puis, elle versa du thé fumant dans deux tasses en porcelaine fine, décorés de motifs d’oiseaux enfermés dans des cages. La vapeur s’échappant des jattes ondulait dans l’air. Hermione, se méfiant des intentions de la journaliste, se recula lentement, faisant grincer sa chaise contre le sol.  

Autour d’elle, des caméras magiques étaient fixées à divers angles de la pièce. Les appareils, au contours lisses et verts, flottaient légèrement dans l’air, prêts à capter chaque expression et mouvement. Hermione ne pouvait ignorer leur présence oppressante. Les objectifs se déplaçaient en silence, zoomant parfois pour capturer un gros plan de son visage.  

— Ce matériel m’a coûté très cher, confia Skeeter d’un ton sérieux, comme si elle partageait une information capitale. Vous vous retrouvez en ce moment même placardée dans toutes les cheminées et maisons du Royaume-Uni. Ça fait beaucoup d’yeux et d’oreilles aujourd’hui. J’espère que vous êtes prête, susurra-t-elle en fixant Hermione alors qu’elle ajoutait quatre cuillères de sucre dans son thé.  

Hermione se retint avec difficulté de grimacer en observant la journaliste. Rita sirota sa tisane avec une lenteur délibérée.  

— Est-ce que vous vous considérez comme une conquérante, Hermione ? Demanda-t-elle avec un ton détaché.  

L’attention de Skeeter se portait maintenant vers ses ongles vernis jaune poussin. La jeune femme retint un haut-le-cœur. Mais qu’est-ce qu’elle avait avec cette affreuse couleur ?  

Elle tenta de se focaliser sur la question. Hermione sentait le piège se refermer autour d’elle.  

— Non, finit-elle par avouer dans un murmure.  

— Surprenant, répliqua Skeeter avec une moquerie à peine dissimulée. Connaissant le parcours de votre famille, je suis étonnée que vous ne vous considériez pas comme une partisane et conquérante du monde magique. Votre père a bien détruit des milliers de vies.  

Hermione se tortilla sur sa chaise, essayant de cacher son malaise. Chaque mot de Skeeter était une lame acérée, visant à déstabiliser, à faire ressortir les pires vérités enfouies. Mais elle ne céderait pas aux émotions et à la colère.

— Du thé ? Proposa Rita, son ton empreint d’une mesquinerie évidente.  

Hermione secoua la tête, refusant l’offre, les lèvres pincées. Ses yeux parcoururent la pièce, cherchant désespérément une distraction, une échappatoire. C’est alors qu’elle croisa le regard intense d’une statue placée dans un coin de la salle. Elle ne l’avait pas aperçue quelques minutes plutôt. Peut-être s’était-elle transformée au cours de la discussion ? Hermione n’en était pas certaine. La figurine revêtait l’apparence d’un étalon des mers, une créature rare et majestueuse qui vivait dans les profondeurs des océans. Sa crinière, d’un vert viscéral et bleu scintillait.  

En fixant les prunelles du cheval mystique, Hermione ressentit une étrange sensation envahir ses membres. Elle était soudainement plus calme, ses muscles se détendaient contre sa volonté. Une inexplicable chaleur parcourut son corps.  

— Hermione Riddle… Le monde des sorciers connaît votre famille, mais on en sait si peu sur vous, ma chère. Rita pencha légèrement la tête, ses yeux perçants toisant la Serpentard avec une intensité calculée. Comment se fait-il qu’on n’ait jamais pu découvrir votre identité ? Est-ce que c’était ce que vous souhaitiez ? Rester auprès de votre père ? Profiter du temps avec le seigneur des ténèbres alors que la guerre faisait rage ? Attaqua la journaliste avec un sourire dans la voix.  

Elle se mit à se tapoter la joue, comme si elle faisait mine de réfléchir alors que les caméras se mettaient à faire des allées et retours entre la Serpentard et Skeeter. Hermione déglutit. Elle sentait la colère tournoyer contre ses veines, prête à exploser au moment le plus inattendu.  

— Je suis restée cachée tout simplement parce que le ministère ne souhaitait pas me retrouver. J’ai laissé des indices quant à ma présence. Même si j’étais enfermée dans une cage, je n’étais pas seulement inutile, claqua la voix de Hermione dans la salle.  

Rita Skeeter sursauta, renversant une partie de son thé. D’un geste de sa baguette, elle nettoya le tout en râlant:

— Allons, allons, très chère, nous savons tous que vous n’avez pas contribué à la cause. Vous étiez dans le camp ennemi et à part être cloisonnée, qu’est-ce que vous auriez pu accomplir pour aider l’Ordre ? Rien du tout, ricana la femme aux boucles disciplinées.  

Hermione ne fit aucun commentaire, la gorge serrée. Elle avait fait du mieux qu’elle pouvait. Elle avait envie de le dire, mais elle se força à taire ses justifications. Elle devait résister au pouvoir de l’étalon des mers. Elle sentait ses prunelles contre sa chaire, la mettant en feu.  

— Il a été dit qu’il y a beaucoup de similitudes entre vous et votre père… Skeeter laissa ses mots en suspend, savourant l’inconfort de Hermione. Comment se fait-il que vous ne soyez pas plus ambitieuse ? Votre père était un homme de pouvoir. Il avait des objectifs clairs avec des méthodes peu discutables, mais qu’en est-il de vous, Hermione ? Que cherchez-vous à accomplir dans ce tournoi ?  

Hermione respira profondément, essayant de rester calme.

— Si je participe au tournoi, c’est pour avoir accès à la liberté, faire mes propres choix, tout comme mon frère. C’est ce que l’on souhaite tous les deux.  

— Vraiment ? Susurra Skeeter avec magnanimité. Mattheo n’était pas du même avis. Il disait que la seule raison d’intégrer tournoi c’était parce qu’il n’avait pas su refuser votre demande. Rita se mit à boire son thé avec lenteur alors que Hermione commençait à trembler de rage. Est-ce que c’est ce que vous étiez petite, ma chère ? Une enfant capricieuse qui faisait des requêtes constantes à son père ? Est-ce que vous êtes si peu habituée à ce qu’on vous interdise des choses ?  

Skeeter balaya la salle avec la paume de sa main, un sourire carnassier aux lèvres.  

— Je dois dire que ça dû être difficile de ne pas être la favorite du seigneur des ténèbres. Il préférait votre frère. Il m’a expliqué que les traitements que Tom Riddle vous donnait étaient plus… douloureux. J’imagine que la petite fille ingrate a fini par se faire punir, n’est-ce pas ?  

Hermione aplatit sa main contre la table, la respiration sifflante. Elle n’avait pas à y croire. Comment pouvait-elle énoncer de tels propos ? Skeeter se mit à rire, alors que les caméras effectuaient un gros plan sur le visage de la Serpentard.  

— Calmez-vous très chère, nous ne faisons que discuter, calma avec une fausse empathie la journaliste.  

Hermione était presque certaine d’entendre des ricanements à travers les objectifs. Elle sentait ses oreilles bourdonner sous la fureur. Elle replia ses doigts sous ses cuisses, le visage rouge.  

— Alors, est-ce qu’étant jalouse, vous avez poussé votre frère à participer au tournoi ? Vous savez qu’il y a déjà eu des morts dans ce championnat, n’est-ce pas ? Évidemment que vous le saviez et ça ne vous a pas empêché de lui imposer de devenir concurrent, claironna Skeeter en ajoutant une énième cuillère à sucre dans son thé. Vous cherchez à le mettre en danger, lui voler la vedette, parce que bien que votre père soit enfermé, il pourrait finir par découvrir les qualifications. Peut-être serait-il fier… Mais, je me demande, Rita Skeeter se mit à réfléchir, la tête penchée, tapotant ses doigts contre la table en bois. Est-ce que vous cherchez à faire tuer votre frère ? Il est le type de personne avec un grand cœur, prêt à se sacrifier pour les gens qu’il aime, mais l’aimez-vous réellement ? Parce que si vous teniez à lui, jamais vous ne l’auriez encouragé à prendre pars dans de telles épreuves. Est-ce que vous êtes même apte à avoir des intentions nobles ?  

Hermione garda la tête penchée, les yeux sombres. Elle faisait taire en elle ses besoins sanguinaires, son envie de charcuter et de plonger le monde dans un chaos morbide. Elle se voyait déjà se jeter sur la journaliste pour lui arracher les cheveux. Peut-être serait-elle moins arrogante sans cette crinière qui empestait les poussins ? Hermione se mit à glousser, ce qui encouragea Skeeter.  

— Je vois que vous semblez peu impressionnée par de telles accusations, j’imagine que j’ai percé à jour vos desseins malfrats, ricana Rita sombrement. Je dois avouer que je m’attendais à mieux de vous, mais bon, le sang est le sang. Comment pourriez-vous agir autrement que votre père ? Vous êtes une Riddle, et un serpent restera toujours un serpent: perfide et cruel.  

Hermione prit son temps. Elle tendit ses doigts vers un crayon pour le faire tournoyer entre ses phalanges comme s’il s’agissait d’un jouet de pacotille. Puis, elle empoigna sa propre tasse de thé, maintenant froide. Relevant le gobelet dans les airs, Hermione lui offrit un sourire suffisant. Elle voulait paraître dérangée. Parce que c’était ce qu’ils attendaient d’elle. Le monde magique ne changerait pas leur opinion sur la famille Riddle ni sur elle. Elle serait toujours considérée comme une pestiférée, qu’elle gagne ou perde le tournoi. Autant leur donner des raisons d’éprouver de la rancœur pour elle. Elle prit le soin de prendre une longue gorgée, les yeux sombres.  

—  Je suis impressionnée par votre capacité à relater de telles balivernes, Skeeter, souffla avec mesquinerie Hermione. Les mensonges ont peut-être bâti votre carrière, mais ils ne sauront vous maintenir à flot. Tout le monde cache des secrets, alors quels sont les vôtres, très chère ? Susurra-t-elle en accentuant le dernier mot avec raillerie. Je vous répondrai en toute honnêteté que là, maintenant, je n’ai qu’une seule idée qui traverse mon esprit. Mon besoin urgent serait sûrement de vous couper la langue – peut-être qu’ainsi vous serez moins amenée à raconter des conneries ? Vous en pensez quoi ? Conclut Hermione avec un sourire carnassier.  

Ce furent les dernières paroles de la Serpentard. Rita Skeeter était devenue pâle et avait ordonné les membres du ministère de la magie de l’emmener loin d’elle. Hermione ne put retenir un rire de sa gorge alors qu’elle passait la porte, les caméras suivant ses faits et gestes. Avant qu’elle ne soit plus en vue des appareils, elle effectua un salut succédé d’un doigt d’honneur.  


— Ce n’est qu’un être fourbe et grossier ! S’écria avec ardeur Pansy Parkinson alors qu’ils étaient tous assis dans le salon de thé de Madame Pieddodu à Pré au lard.  

La Serpentard à la chevelure noire continuait de s’agiter dans des mouvements frénétiques et colériques depuis une dizaine de minutes. Elle avait appris pour l’entrevue avec la journaliste de renommée et n’avait pu s’empêcher de ruminer toute la journée. Depuis que Hermione avait tout avoué, Pansy fulminait. Mais la Riddle ne se méprenait pas sur ce qu’elle avait osé dire ; le monde magique ne ferait que plus la détester et cette éventualité, plus que dérangeante, ne lui tira aucun élan de regret ou de culpabilité. Elle était fière de son geste.  

— Je n’arrive pas à croire que tu as eu l’audace de la menacer de lui couper la langue ! Ricana Théodore, assis en face d’elle. Elle l’a bien mérité cette vieille folle.  

Malfoy, une main contre sa joue, observait la jeune femme avec un sourire à peine dissimulée. Il était amusé de la situation. Hermione était connue pour avoir du mordant, mais de là à tendre son majeur devant les caméras, proclamant un message sournois et indifférent du regard des audiences, c’était presque comique.  

— La prochaine fois que tu as une idée aussi ingénieuse, partage là ! S’exclama avec raillerie Nott. Tu n’as pas à être la seule redoutable du groupe. On peut se diviser le rôle.  

Mattheo, posté à côté de Théodore, se mit à siffler entre ses dents, une risette au coin des lèvres. Elle n’avait pas eu le temps d’échanger la moindre parole avec son frère depuis l’entrevue. Elle souhaitait s’excuser par rapport au tournoi. Hermione ne voulait pas qu’il s’implique dans de telles épreuves dans un ultime sacrifice. Elle n’avait pas réalisé qu’il y avait déjà eu des morts. Pansy le lui avait confirmé lorsqu’elle lui avait posé la question quelques minutes plutôt et depuis, elle était incapable de songer à autre chose.  

Mattheo croisa son regard, projetant ses pensées avec une force qui la fit grincer des dents.  

— Je ne reviendrais pas en arrière, quoique tu dises ou puisses imaginer, rumina son frère en la transperçant du regard. Rita a joué avec notre esprit, mais elle a eu tort. Je ne me laisserai pas me faire manipuler par une pie à la langue de serpent. Et tu ne devrais pas la laisser te faire douter aussi.  

Hermione se mit à jouer avec ses doigts, le cœur serré. Si Mattheo insistait à participer au tournoi, elle ne lui ferait pas revenir sur sa décision. Elle espérait toutefois ne pas regretter les premières épreuves.  

Demain était un grand jour. McGonagall n’avait donné qu’une seule indication face aux futurs dangers du défi:

— Lorsque vous ferez face à la salle aux nombreux miroirs, vous ne pourrez plus revenir en arrière. Répondez aux questions, réussissez le challenge ou vous serez disqualifiés. Alimentez la colère de la chose qui se trouve dans la pièce et vous risquerez t’attiser sa fureur. Le choix vous revient. Et votre chemin est tout tracé, alors faites à ce que vos décisions soient judicieuses et concordent à vos valeurs. Bon tournoi des sorciers.

Chapter 25: La Méduse et la chambre des miroirs

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CHAPITRE 25

La Méduse et la chambre des miroirs

« Demain, l’épreuve du Labyrinthe les attendait et les couloirs sinueux de Poudlard n’étaient rien en comparaison à ce qui pourrait surgir dans les dédales obscurs du tournoi. Il n’y avait qu’un présage de sang et de trahison. Tout ce qui pouvait déplaire à Hermione, mais aussi tout ce en quoi elle excellait. »


Hermione s’attendait à bien des choses avant la première épreuve du tournoi, mais certainement pas à se retrouver en pyjama, aux aurores avec Draco Malfoy qui la maintenait contre le mur des toilettes abandonnées du troisième étage.  

Le froid de la pierre se diffusait dans son dos tandis qu’elle fixait les traits contractés de Malfoy. La tension était palpable et le soleil se levait à travers les fenêtres. Le silence était entrecoupé seulement par le souffle de Draco, qui, pour une raison que Hermione peinait à comprendre, semblait en proie à une urgence de vie ou de mort.  

— Qu’est-ce que tu fais, Malfoy ? Demanda-t-elle, sa voix à peine un murmure.  

— Promets-moi de ne pas m’accorder ta confiance, répliqua-t-il d’un ton mordant. Il la clouait contre le mur, les traits durs. Il faut que tu continues d’aller au bout de tes objectifs, Riddle. Et je ne compte pas m’adoucir dans le championnat.  

Hermione chercha dans son regard une once de vulnérabilité, mais elle ne trouva qu’une sombre volonté et une lueur qu’elle n’arrivait pas à déterminer la provenance.  

— Tu as tes propres raisons de vouloir remporter, comme j’ai les miennes. Je ne m’attends pas à ce que tu baisses ta garde, Malfoy.  

— Parfait, répliqua-t-il en grinçant des dents.  

— Parfait, répéta-t-elle au tac à tac, un défi dans la voix.  

Ils se dévisageaient comme deux adversaires prêts à se jeter l’un sur l’autre. Mais quelque chose changea. Les traits rigides de Draco s’adoucirent légèrement et son regard sembla vaciller. Il se pencha, réduisant l’espace qui les séparait et Hermione retint sa respiration, le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique.  

— Pour seulement quelques minutes… souffla Malfoy contre son oreille. Hermione se mit à frissonner. Pour quelques minutes, je voudrais profiter de ce moment et oublier le championnat, enterrer notre rivalité.  

La respiration de la jeune femme devint laborieuse. Elle le dévisagea, ses grands yeux cherchant des réponses qu’elle ne trouva pas.  

— Tu veux qu’on oublie nos priorités ? Demanda-t-elle.  

Sa voix tremblait. Elle était perdue entre le choc et l’envie. Le besoin lancinant de se laisser porter par son toucher, ses mots, était oppressant. Mais elle restait suspicieuse, parce que Malfoy avait raison. Une fois dans l’arène, elle ne pourrait lui faire confiance. Ils reviendraient au point de départ – continuant de se détester et se mettre des bâtons dans les roues. La victoire était la seule porte de sortie et ni l’un ni l’autre n’était prêt à abandonner son pion dans la partie.  

— Ce que je demande, c’est ta permission, grogna Malfoy.  

Les lèvres de Draco effleurèrent les siennes et l’esprit de Hermione vacilla. Elle n’arrivait plus à formuler la moindre pensée. Il n’y avait que cet infime contact, ce besoin irrésistible de combler la distance entre leurs corps.  

Sans vraiment réfléchir, elle empoigna le collet de son t-shirt, rapprochant son visage du sien jusqu’à ce qu’ils soient front contre front, leurs souffles se mêlant dans la froideur de l’aube. Les paupières de Hermione se fermèrent à moitié, un murmure s’échappant de ses lèvres: « Je veux que tu m’embrasses, Draco.  

Elle avait pratiqué, seule, le soir, à prononcer son prénom, à se préparer pour un moment comme celui-ci. Maintenant, elle osait et la réaction ne se fit pas attendre. Malfoy déglutit, ses yeux fixés sur ses lèvres. Sans incertitude, il s’empara de sa bouche.  

Le baiser hésitant se transforma rapidement en un besoin affamé de s’approprier l’âme de l’autre – de dévorer et de marquer. Leurs lèvres se cherchaient, se trouvaient dans une danse frénétique. Hermione sentit une chaleur se répandre en elle, un sentiment d’abandon qui la fit trembler sous l’intensité de l’instant.  

Les mains de Draco se resserrèrent autour de sa taille et elle se pressa contre lui, s’efforçant de prolonger, de capturer chaque seconde. Ses lèvres, son toucher, ses promesses, sa voix et ses yeux ensorceleurs – elle les voulait tous. Ses doigts se perdirent dans ses cheveux, tirant doucement pour approfondir leur baiser. Malfoy grogna sous son geste et la plaqua avec force contre le mur, la faisant hoqueter sous l’impact.  

— Ne me fais pas confiance, chuchota Draco contre elle.  

Malfoy se pencha, ses lèvres effleurant la peau délicate du cou de Hermione. Elle sentit son souffle chaud contre sa chaire. Ses lèvres glissèrent le long de sa gorge, envoyant une onde de chaleur dans son corps.  

— Promets-le, ordonna Malfoy en haletant contre sa peau.  

Il laissa ses dents frôler l’épiderme fin et Hermione s’agrippa à ses épaules, incapable de résister à l’attraction magnétique qu’il exerçait sur elle.  

— Je promets, gémit-elle.  

Draco remonta jusqu’à son oreille, mordillant doucement le lobe. Son souffle se fit plus court et elle sentit sa tête s’incliner légèrement de côté, s’offrant davantage à Malfoy. Ses doigts se crispèrent sur son haut, tirant le tissu comme si elle avait besoin de s’ancrer à quelque chose de tangible.  

— Même si je sombre dans le chaos, promets-moi de ne pas venir me chercher, continua Draco d’une voix pressée.  

Hermione se figea, ramenant le visage du Serpentard vers elle. Il avait les iris écarquillés, comme s’il cachait quelque chose. Mais quoi ?  

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Trembla-t-elle en touchant son visage.  

Il plaqua son front contre le sien, les yeux clos. Sa mâchoire était crispée, comme s’il souffrait à l’intérieur, comme s’il espérait s’ouvrir, mais en restait incapable.  

— Parle-moi, implora-t-elle.  

— Hermione, murmura Malfoy d’une voix douce. Il lui caressa la joue de son pouce, dans un désir d’imprimer la sensation dans son esprit, comme s’il souhaitait ne plus se détacher d’elle. Si je change, tu fuis. Si je t’ordonne de courir, tu le fais. Est-ce que c’est clair ?  

Hermione déglutit, la gorge nouée. De quoi parlait-il ? Pourquoi était-il si anxieux ? Que pouvait-il bien lui cacher ? Les doigts tremblants, elle se mit à frotter le torse du Serpentard, les lèvres entrouvertes.  

— Je pensais que je ne devais pas t’écouter ni te faire confiance… chuchota-t-elle. Pourquoi est-ce que ce serait différent ?  

Elle releva ses prunelles pour les planter dans celles de Malfoy, les yeux brillants.  

— Tu ne peux pas me faire confiance, grogna Draco avec froideur. Te garder en vie n’est pas ma priorité, mais ça doit être la tienne. Alors, fais tout ce qu’il faut pour le rester, ordonna-t-il.  

Malfoy se détacha d’elle, les traits ombrageux, coupant le moment avec une telle rapidité que Hermione s’empoigna le corps, une impression de poignard transperçant sa poitrine. Elle n’était pas sa priorité. Elle le savait, mais l’entendre ainsi… Elle se pinça les lèvres, détourna son regard pour accepter la situation. Elle s’était promis de ne pas chuter pour Draco Malfoy et elle venait de réaliser qu’elle avait échoué.  

Bien qu’elle souhaitât remporter le tournoi, sortir victorieuse, si Draco était en danger, elle était certaine d’une chose: elle remuerait ciel et terre pour le protéger, bien qu’il la repousse et l’empêche de le faire. Elle avait déjà sombré dans le chaos de ses yeux gris, de ses lèvres pleines et de ses cheveux soyeux.

Alors qu’elle le dévisagea, elle lui offrit un sourire triste.  

— Bien, accepta-t-elle. Je ne suis pas ta priorité et tu n’es pas la mienne, répéta-t-elle avec douleur.  

Malfoy se passa une main dans sa crinière en se détournant d’elle, le regard brillant.  

Elle l’observa, détaillant son accoutrement, passant de son jogging gris à son long sweat-shirt noir puis à ses bras aux nombreux tatouages. Son cœur lui hurlait de s’approcher, de lui promettre de rester présente pour lui, mais elle n’amorça pas le moindre mouvement.  

La gorge nouée, Hermione prononça son dernier mensonge:

— Si tu es en danger, je continuerais mon chemin comme tu le ferais avec moi.  


Poudlard recelait de secrets et ses salles étaient en majeure partie cachée à la vue des étudiants et professeurs de l’établissement magique. La chambre des miroirs se situait dans la tour centrale du château, selon McGonagall. Lorsque la directrice enjoignit les concurrents de la suivre dans les couloirs sinueux de l’école, Hermione imita la petite troupe, les yeux plissés. Son frère était derrière elle. Il avait repris des forces depuis l’attaque et débordait d’une nouvelle énergie. Il n’avait cessé de jouer du coude avec Théodore dans la journée et maintenant qu’il se retrouvait en présence des autres participants, il déglutit. La première épreuve du tournoi commençait et il ne savait ce qui se produirait dans les prochaines minutes.  

Les étudiants, le souffle au bord des lèvres sous le suspens, se postèrent devant une énorme statue de chevalier. Minerva tendit les bras, le visage sérieux.  

— C’est ici que débutera l’épreuve, déclara-t-elle.  

Hermione haussa un sourcil en observant l’imposante figure en acier. Debout sur un socle orné de motifs runiques et de symboles anciens, le paladin était représenté dans son armure. Le casque était fermé, ne laissant voir qu’une fine fente pour les yeux. Une longue cape sculptée d’un bleu nuit tombait en plis élégants de ses épaules jusqu’au sol. Dans sa main droite, il brandissait une épée. La lame levée vers le ciel projetait une menace invisible et Hermione avait presque l’impression d’entendre le son d’une cloche tintinnabuler contre son cerveau. Le bouclier, gravé du blason d’une créature à la tête de serpent, était solidement fixé à son bras gauche.  

Hermione ne comprenait pas le sens de leur venue ici. Pourquoi se poster devant la statue ? Que pouvait-il bien se cacher derrière ?  

— Lorsque vous entrerai en contact avec le chevalier d’ébène, vous serez transportés dans la salle des miroirs, autrement connue comme une pièce mouvante, expliqua la directrice avec sérieux.  

Du bout de sa baguette, elle toucha l’épée, qui se mit à rayonner d’un halo bleu clair. Les étudiants se reculèrent sous la lueur qui leur vrillaient la rétine.  

— Bien que cette pièce soit peu connue du personnel de Poudlard, celle-ci peut se montrer… imprévisible, continua McGonagall en reportant son attention sur les participants. Elle se mit à les dévisager avec sollicitude. Je ne peux vous affirmer avec certitude que ce qui se trouve derrière ne sera pas dangereux, déclara-t-elle avec austérité. Vous pourriez être amené à répondre à des questions, des énigmes, comme affronter une créature. Dans cette salle, c’est l’épreuve qui vous choisit et elle seule a le pouvoir de vous définir vainqueur.  

La voix de McGonagall se tut dans un murmure sombre. Les élèves commencèrent à chuchoter. Ron Weasley et Gregory Podmore se contentaient de fixer le chevalier d’ébène avec circonspection, comme s’ils se préparaient à la moindre attaque sournoise. Hermione fronça les sourcils, serrant ses poings par instinct. Elle ne pouvait s’empêcher d’espérer que les deux sorciers échouent dans le tournoi, mais elle connaissait maintenant leur dévotion pour les forces obscures – ils n’hésiteraient pas à s’en servir pour sortir victorieux. Mattheo pesta dans sa barbe à sa gauche.  

— Je retire ce que j’ai dit précédemment, lui souffla-t-il tout bas. Je crois que tu avais raison – le championnat peut être dangereux, surtout si on ne connaît pas les préambules des tests.  

Hermione lui offrit un sourire figé. Mattheo avait affirmé quelques jours plutôt qu’il pensait qu’elle dérayait, qu’elle était trop paranoïaque. Maintenant, il comprenait ses agitations. Elle s’empressa de lui serrer la main pour lui donner de sa force, du soutien.  

— Comme il s’agit d’une épreuve individuelle, personne ne vous aidera à retrouver votre chemin, continua la directrice avec gravité. Je vous demanderai de prendre place en file indienne et de patienter jusqu’à ce que la voie soit libre.  

McGonagall s’éloigna de la figurine, un air solennel embaumant les traits de son visage.  

— Sachez que lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre, pondéra McGonagall. Bonne épreuve à tous, que le meilleur remporte !  

Dans sa conclusion, elle releva sa baguette vers le plafond et une détonation retentit. Il s’agissait du signal. Malfoy se planta devant le paladin, les yeux ombrageux. Depuis leur échange, quelques heures plutôt, Hermione ne savait quoi penser. Il était distant. Il venait de revêtir un masque de glace, comme lorsque la jeune femme avait fait son apparition dans l’école. Il n’y avait que froideur et déception dans le cœur de Hermione.  

Serrant les dents sous la colère, elle se posta derrière le Serpentard, suivit rapidement par son frère, qui lui jeta un bref coup d’œil, un sourcil relevé.  

Elle ne lui offrit aucune explication. Hermione en était incapable. Elle avait verrouillé son esprit. Elle ne voulait pas que Mattheo se fasse du sang d’encre. S’il avait remarqué un changement entre les deux acolytes, son frère n’en fit pas mention. Hermione en était reconnaissante – moins elle y pensait et mieux elle se portait.  

Malfoy apposa sa paume contre le torse du chevalier et il disparut dans un éclat de lumière bleuté. Il ne resta que le silence et la consternation des étudiants.  

Le temps s’étira avec lenteur. Hermione était connue pour sa patience, mais les pieds ancrés dans les couloirs de Poudlard, elle sentit son cœur s’emballer. Était-il en danger ? Affrontait-il une bête assoiffée de sang ? Que lui réservait l’épreuve ? Draco lui avait fait promettre de ne jamais s’interférer entre lui et le tournoi, même s’il était en danger. Hermione trouva le tout difficile, surtout lorsque son absence était aussi éloquente. Elle se mit à compter.  

Cinq minutes s’écoulèrent.  

Bientôt quinze.  

De la sueur commença à perler sur le front de Hermione. Elle se pinça la cuisse pour garder contenance.  

Vingt minutes étaient passées et toujours aucune trace de Malfoy.  

Était-il en sécurité ? Comment se portait-il ?  

Quarante minutes.  

Hermione déglutit, le souffle court.  

Le Serpentard refit son apparition, les vêtements troués et du sang entachant ses joues. Il ne s’agissait pas du sien. Elle le comprit face à ses yeux ombrageux. Il lui jeta un bref regard, si rapide que Hermione se pinça les lèvres. La contournant avec froideur, il se posta devant la directrice puis tendit sa main. Contre sa peau rayonnait une rune sombre. Et dans le creux de sa paume, il y avait une étampe bleu nuit, comme si la chose qui se retrouvait dans la salle des miroirs l’avait marqué d’une magie noire.  

McGonagall releva sa frimousse vers le reste du groupe et déclara avec force.  

— Draco Malfoy de la maison Serpentard a réussi la première épreuve.  

D’un geste de la main, la directrice l’encouragea à s’avancer vers la statue. Hermione entendit vaguement son frère lui souffler « bonne chance avant qu’elle ne touche le bouclier du chevalier d’ébène. Elle n’eut même pas le temps de prendre une inspiration avant de se retrouver dans une pièce étroite.  

Le plafond était bas et les murs resserrés semblaient presque vouloir étouffer la jeune femme. Forçant ses jambes à avancer, encore étourdit pas le choc du déplacement, Hermione se posta au centre de la salle. Autour d’elle, il y avait une vingtaine de miroirs, chacun reflétant des angles et perspectives déformées. Certains étaient grands et effilés, d’autres petits et trapus. Les réverbérations qui y dansaient étaient étranges, presque vivantes.  

Alors que Hermione s’observait, elle constata que certains des reflets bougeaient de manière indépendante. Les gestes et expressions qui prenaient forme ne correspondaient pas à ceux de Hermione. Un sentiment de malaise s’empara d’elle alors que sa propre voix produit un écho dans l’air: « Choisis ton épreuve.  

L’ordre semblait provenir de tous les miroirs en même temps. Hermione planta son regard dans le reflet mouvant et s’aperçut, plus jeune, les cheveux ébouriffés et le teint blafard. Les traits accentués par une fragilité oppressante, son double arbora une expression innocente, un sourire aux lèvres.  

Les mouvements de l’image réfléchie différaient des siens ; la jeune Hermione se déplaçait avec une lenteur délibérée, plaquant sa main contre le miroir comme s’il s’agissait d’une cage. La gorge nouée, Hermione s’observa, les yeux grands ouverts. Elle voulait s’approcher, mais la forme se mit à courir, se propulsant dans une autre glace, hors d’atteinte.  

— Choisis ton épreuve, répéta-t-elle avec impatience.  

Hermione fronça les sourcils, soucieuse. Elle ne comprenait pas l’ordre prononcé. Quel challenge devait-elle choisir et comment le faire ?  

En se retournant pour continuer de dévisager son reflet, elle découvrit qu’une petite estrade en pierre venait d’émerger du sol. Sa surface froide sous ses pieds lui soutira un frisson. Hermione gravit les marches avec précaution, le cœur battant à tout rompre. En atteignant le sommet, elle aperçut un lutrin sur lequel reposaient deux objets: une plume dorée, ornée de délicates incisions auburn et un amas d’écailles noires, luisant et menaçantes.  

Son double réapparut à travers les miroirs, se déplaçant avec une fluidité inquiétante. Sa copie avait les yeux brillants d’une curiosité presque malvenue. Hermione déglutit, incertaine.  

— La plume d’un phénix ou les écailles d’un dragon, expliqua sa propre voix dans la salle.  

La respiration en suspend, Hermione réfléchit. Le phénix était connu pour ses nombreuses capacités de guérison. Prendre cette option était plus sécuritaire, mais en observant les écailles luisantes, la Serpentard se mit à inspirer par à-coup, comme si l’odeur du dragon l’appelait. Elle résista à l’appel et s’empara de la plume.  

— Es-tu certaine de ton choix ? Questionna sa copie conforme.  

Hermione hocha la tête, continuant d’analyser sa nouvelle trouvaille. En relevant sa tignasse, elle réalisa qu’elle était toute seule. Personne pour répondre à son appel. Il n’y avait que le silence entrecoupé par ses respirations.

La pièce aux nombreux miroirs commença à s’effriter, puis se faner. Les reflets se dématérialisèrent en une poussière scintillante. Hermione se retrouva alors plongée dans une forêt dense, baignée par la lumière argentée de la lune. Les arbres, hauts et tortueux, se drapaient dans des ombres lugubres. Leurs branches se tordaient comme des doigts noueux.  

En avançant à travers la végétation épaisse, ses pas feutrés sur le col couvert de feuilles mortes, Hermione se mit à réfléchir. Elle reconnaissait cet endroit. Il lui était familier. Trop.  

Le murmure du vent dans les conifères et le cri occasionnel d’un hibou la firent frissonner. Elle ne comprenait pas ce qui se produisait. S’agissait-il de l’épreuve ? Ne devait-elle pas affronter une créature ou un intrus ? Devait-elle défier la forêt qui lui inspirait le manoir de son père en un temps record ? Devait-elle braver les fantômes de son passé ?  

Ses pensées furent interrompues par le bruit d’un ruisseau qui coulait doucement à travers les arbres. Elle suivit le son, écartant les branches et les buissons jusqu’à ce qu’elle atteigne une clairière. L’eau scintillait sous la lumière de la lune. Hermione s’accroupit, observant les ondulations et la surface claire, la gorge nouée. Que faisait-elle ici ?  

— S’agit-il réellement de l’épreuve ? Se demanda-t-elle.  

Ses yeux scrutaient les environs, cherchant des signes d’un danger imminent ou d’une tâche à accomplir. Mais il n’y avait que le silence, la tranquillité. Elle reposa son attention vers le ruisseau, le cerveau agité.  

— Non, répondit une voix éthérée. Je suis l’épreuve.  

Hermione se redressa avec une telle vitesse qu’elle éclaboussa sa tenue de combat. Son haut était une tunique de cuir sombre d’un noir profond presque indigo, qui épousait ses formes sans entraver ses mouvements. Le cuir était renforcé par des plaques minces et flexibles de métal, placées sur ses épaules, la poitrine et le dos. Elle portait un pantalon en cuir sombre, également renforcé de plaques métalliques aux cuisses et aux tibias. Sa ceinture large, ornée de plusieurs pochettes et sangles, contenait sa baguette. Elle l’a sortie avec agilité, pointant son embout lumineux vers l’intrus.  

De l’autre côté du ruisseau, une silhouette prenait forme, sinistre et effrayante. La Méduse se tenait là, imposante et menaçante, émergeant des ombres avec une présence qui glaçait le sang. Son apparence à moitié humanoïde soutira une grimace à Hermione.  

Le visage de la créature était marqué par des traits figés. L’être mythique avait l’air en proie à une souffrance indicible. Ses iris, d’un vert incandescent, brillaient d’une lueur surnaturelle. Ses pupilles n’étaient que des fentes verticales. Elle représentait un reptile.  

Le plus saisissant pour Hermione, ce fut la chevelure de la Méduse. Il s’agissait d’un véritable nid de serpents vivants. Les vipères, d’un caca d’oie sombre, ondulaient et s’agitaient contre sa tête, leurs yeux perçants et leurs bouches pleines de dents acérées sifflant à l’encontre de Hermione.  

Elle voulut reculer, mais son corps ne lui répondait plus, comme si elle était dépossédée de toute envie de vivre. Elle abaissa son regard vers les mains de la Méduse et découvrit de longues griffes qui pouvaient déchirer avec facilité. La créature se tenait sur une petite avancée rocheuse. Elle surveillait chaque mouvement de Hermione, prête à se lancer dans l’action à tout instant. Le ruisseau se creusa autour de la Méduse, l’eau s’agitant comme une malédiction obscure.  

— Que dois-je faire ? Demanda-t-elle avec hésitation.  

Hermione ne voulait pas affronter la Méduse. Pas qu’elle s’en sentait incapable, mais plutôt que la créature avait déjà souffert. Elle pouvait le sentir comme le froid mordant contre sa peau.  

La reptilienne se mit à rire.  

— Un sorcier de renom ne réfléchirait pas, il attaquerait.  

Hermione roula des yeux sous les paroles de la Méduse.  

— Pas aujourd’hui. L’envie… me manque, j’imagine, répliqua-t-elle en balayant une poussière fantasmagorique de son haut en cuir.  

La reptilienne émit un bruit de la gorge, puis s’approcha à pas feutrés. Elle contourna le ruisseau pour se poster à quelques mètres de la Serpentard. Hermione avait le cœur qui tambourinait dans sa cage thoracique, mais elle se força à rester calme. Elle n’était pas en danger. Pas encore. Mais la menace des yeux verts de la Méduse subsistait. Elle resta sur ses gardes, serrant sa baguette entre ses phalanges, le bras le long du corps.  

— L’épreuve est simple, expliqua la femme mi-serpent. Tu dois répondre à une série de cinq questions. Évite de me mettre en colère, je sens les mensonges à plein nez. Alors, sois honnête ou risque d’attiser mon courroux, c’est ton choix, scanda la Méduse.  

Hermione déglutit et finit par hocher la tête. Le challenge pouvait sembler facile, mais chaque réponse et vérité avait un prix. Si les questions étaient sombres ou dénuées de sens, Hermione encourrait de perdre sa tête. Elle en était certaine et les vipères dans la chevelure de la Méduse se mirent à feuler, promettant un affrontement sanglant.  

Les yeux perçants, Hermione s’avança vers la créature d’un pas déterminé. Il n’y avait plus que trois mètres qui les séparaient. La Méduse sembla s’amuser de son approche, comme si elle ne s’attendait pas à moins de la part d’une Riddle. Elle se passa la langue contre ses lèvres et Hermione découvrit une rangée de dents effilées.  

— Ma première question, déclara la reptilienne avec force. Sois prête.  

Hermione tendit ses bras en l’air, presque lasse. Elle avait hâte de rejoindre Mattheo, d’en finir avec le tournoi et de pouvoir enfin retrouver un semblant de liberté. La Méduse s’excita de son impatience, étirant ses longs doigts crochus aux griffes saillantes vers sa silhouette.  

— Qui crains-tu le plus de perdre ? Demanda-t-elle avec curiosité.  

La réplique de Hermione fut évidente. « Mon frère.  

— Pourquoi ? Questionna la Méduse en penchant sa tête.  

Ses serpents se mirent à caresser ses joues, comme s’ils tentaient de lui souffler des réponses. Hermione rangea sa baguette, la respiration sereine. Elle ne redoutait plus l’épreuve. Peu importe ce qui se présenterait à elle, la Serpentard faisait le vide en elle. Alors, elle répliqua avec franchise:  

— Parce qu’il est la personne que je chéris le plus dans ce monde, parce qu’il est mon pilier, ma maison, mon tout, déclara Hermione avec douceur. Je n’ai pas besoin d’être dans la même salle que lui pour qu’on se comprenne, pour qu’on partage nos réflexions, nos peurs et notre douleur.  

Hermione cogita un instant, un doigt contre son menton.  

— Je n’éprouve aucune difficulté à me montrer vulnérable avec mon frère. Je suis moi et il est lui. Et c’est tout ce qui compte dans nos vies.  

Hermione amorça un pas vers la créature, plantant son regard dans les iris verts de la Méduse.  

—  Je l’aime et je serais prête à sacrifier le monde rien que pour passer plus de temps avec lui.  

La reptilienne lui offrit un véritable sourire, le regard brillant de compréhension. Les vipères contre son crâne se mouvaient avec tendresse, comme si elles étaient satisfaites de sa réponse, de son honnêteté.  

— Mais Mattheo n’est pas vraiment ton frère, n’est-ce pas ? Questionna la Méduse avec bienveillance.  

Hermione se figea, les membres tremblants.  

— Non, avoua-t-elle à mi-voix.  

Elle ferma les yeux, se laissant submerger par ses souvenirs. Elle se replongea dans l’abysse de son esprit, de sa douleur. Il n’y avait plus que les cris d’un nourrisson dans ses oreilles, le sang et la mort. Elle se revit, observant sa mère qui avait donné naissance à un être conçu avec la consanguinité des démons. Il s’agissait d’une mère porteuse, prête à se sacrifier pour la cause de son père. Elle connaissait les risques, mais elle avait plongé vers l’inconnu pour aider Tom Riddle. Et elle avait réussi lors de l’accouchement. Hermione avait survécu et sa génitrice était décédée.  

Le sorcier maudit avait emporté le nourrisson pour l’enfouir dans les bras de la mère de Mattheo – Jeanne. Elle était une mage au cœur pur, dotée de capacités de guérison et débordante d’amour. Mattheo venait de naître, au même instant que Hermione. C’était un phénomène très rare, surnaturel. Et lorsque Jeanne prit Hermione dans ses bras, elle s’effondra en larmes, contemplant le bébé avec une tendresse que la Serpentard avait gravée dans sa mémoire.  

Hermione, en étant enfant, ne maîtrisait pas son pouvoir, et ses capacités se déchaînèrent, commençant à tuer la mère de Mattheo. Jeanne s’était mise à saigner du nez, à tousser. Elle savait qu’elle devait lâcher Hermione, mais elle en fut incapable. Mattheo pleurait dans son berceau, dans l’attente de l’étreinte de sa génitrice. Jeanne caressa les joues potelées du nourrisson avec affection, lui chuchotant des mots que Hermione rêvait encore à la tombée de la nuit. Et bien que le toucher du bébé la réduisît en cendre, Jeanne continua de l’enserrer contre sa poitrine jusqu’à son dernier souffle, comme si l’amour qu’elle vouait à Hermione était plus fort que tout.  

Mais Hermione, qui n’avait pas encore appris à marcher ou à prononcer le moindre mot, venait de tuer pour la première fois. Elle s’en rappellerait pour le restant de ses jours. Son père avait pris le soin de graver chaque instant dans sa mémoire.  

— Non, répéta-t-elle avec gravité. Mat n’est pas vraiment mon frère.  

La Méduse resta silencieuse de longues minutes, comme si elle pesait le pour et le contre, comme si elle hésitait à relever ses griffes pour taillader Hermione.  

— J’ai reçu une mission que je ne peux accomplir, souffla-t-elle. Maintenant, pars, Hermione Marvolo. Tu as réussi l’épreuve.  

— Quoi ? S’exclama-t-elle avec surprise. Mais ne deviez-vous pas me poser cinq questions ?  

La créature se pencha vers Hermione, caressant son visage de ses serpents.  

— Qui chéris-tu dans ta vie, mais que tu n’oses avouer tout haut ?  

Malfoy.  

— Draco, répondit-elle dans un hoquet.  

— Et quelle est sa plus grande priorité ? Continua la reptilienne, un sourire dans la voix.  

Hermione déglutit alors qu’elle gardait la sensation d’une épée tranchant son cœur.  

— Remporter le tournoi, finit-elle par confier.  

La Méduse secoua la tête, amusée. Hermione fronça les sourcils, dubitative.  

— Sauver sa mère et ses amis des griffes de son père.  

— Oui, répondit la femme mi-serpent avec raillerie. Mais il semblerait que tu te sois ajoutée dans l’équation. Il tient à toi dorénavant. Son cœur est fort. Comme le tien.  

Alors que la créature se penchait vers Hermione, elle changea d’apparence. Sa crinière serpentinariesée se transforma en une longue chevelure auburn, éclatante et fluide, tombant en vagues soyeuses sur ses épaules. Ses yeux se mirent à briller comme des étoiles dans la nuit, avec des nuances de vert et de bruns.  

Hermione plaqua une main contre sa bouche, les larmes aux yeux.  

— Jeanne, souffla-t-elle, un sanglot dans la voix.  

La Méduse, prenant toujours l’apparence de la mère de Mattheo, toucha doucement la poitrine de Hermione, là où se trouvait son cœur.  

— Elle est ici. Toujours.  

— Toujours, répéta Hermione, les larmes coulant librement sur son visage.  

— Elle t’aime. Énormément, avoua la Méduse.  

Les gouttes affluèrent contre ses cils. Elle tenta de les chasser en clignant des yeux, mais elles s’accumulaient, se déversant contre ses joues dans un torrent de souffrance et de pardon. Hermione avait l’impression de pouvoir enfin le faire. Se pardonner.  

— Elle m’aime ? Répéta-t-elle en sanglotant.  

— D’un amour infini, comme la mer qui s’échoue sur la rive, comme les étoiles qui brillent dans le ciel et comme les flammes qui jaillissent dans ton cœur, déclara la Méduse avec douceur. Elle porte cet amour indestructible depuis ta naissance. Et elle n’a jamais cessé de l’éprouver depuis.  

La créature effleura le visage de la Serpentard de ses doigts. Hermione ne voyait plus que sa mère – celle qui hantait ses rêves chaque nuit, avec ses cheveux bruns bouclés, ses yeux verts et bruns et son sourire tendre. Elle n’entendait que sa voix porteuse d’un chant féérique et son toucher de soie. Elle ne sentait que son odeur. Lavande, son parfum préféré.  

— Maintenant va, ordonna la femme mi-serpent en se redressant.  

Hermione aperçut un passage, comme si une sortie imaginaire commençait à se former. Une lumière douce et lilas illumina l’espace. La gorge nouée, elle s’avança, les jambes molles. Avant de traverser la porte mystique, Hermione se retourna une dernière fois pour planter ses prunelles dans celles de la Méduse.

— Ne t’inquiète pas, Hermione, chuchota la créature. Je prendrais soin de ton frère.  

Dans l’épreuve, réalisa-t-elle.  

Hermione lui offrit un sourire reconnaissant et rejoignit les étudiants, le cœur battant à tout rompre. Elle se sentait légère. Une larme glissa contre sa joue et Mattheo l’encadra de ses bras dès qu’il l’aperçut.  

— J’ai eu peur, tout va bien ? Tu es restée tellement longtemps là-bas, s’écria-t-il en inspectant son visage.  

Il commença à analyser son corps, à la recherche de la moindre entaille ou blessure. Mais Hermione n’arrivait plus à penser à autre chose qu’à l’apparition. Il n’y avait qu’une rune contre sa paume, une femme à la crinière de serpents.

—  Je l’ai vu, souffla-t-elle dans un murmure.  

Mattheo n’eut pas besoin de poser la question; il comprit immédiatement.  

— J’ai vu Jeanne. J’ai vu maman…

Chapter 26: La baguette et la photo

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CHAPITRE 26

La baguette et la photo

« Hermione, les poings serrés contre sa baguette, se prépara mentalement. Elle sauverait ses amis. Coûte que coûte. Même au péril de sa vie. »


La Chambre sur Demande s’était à nouveau transformée, répondant aux besoins des élèves qui s’y étaient réfugiés. Les murs étaient d’un vert profond, parsemés de motifs argentés. Au centre de la pièce, il y avait un grand tapis moelleux, entouré de fauteuils renforcés de couvertures, formant un cercle qui les invitait à s’asseoir et à se calmer après l’épreuve épuisante qu’ils venaient de subir.  

Hermione se tenait debout, près d’une colonne en pierres, le regard perdu dans le néant. Ses cheveux bruns et bouclés encadraient son visage et ses yeux marron étaient assombris par une inquiétude qu’elle n’arrivait même plus à cacher. Ses traits étaient tendus, la mâchoire serrée, comme si elle escomptait une attaque future. Ce qui était superflu et complètement irrationnel. Ils venaient de finaliser l’épreuve, il y avait moins d’une heure maintenant, et accompagnée de tous ses alliés, elle n’attendait qu’une chose ; démystifier ce qui s’était produit.  

À côté d’elle se trouvait Mattheo Riddle, son frère. Ses cheveux noirs étaient en bataille. Ses traits étaient marqués par la détermination, mais une ombre de peur flottait dans ses prunelles. Surtout depuis qu’il avait entendu les paroles de sa sœur. Elle avait vu Jeanne, sa mère.  

Il se frotta les tempes, pris d’une fatigue intenable. Mais il restait debout, les bras croisés, surveillant attentivement les autres.  

Blaise Zabini, adossé nonchalamment contre un mur, jouait distraitement avec un bracelet en argent autour de son poignet. Ses yeux scrutaient chacun de ses camarades tour à tour, cherchant des indices sur ce qu’ils pourraient penser ou ressentir. Il était inquiet, tout comme Théodore, qui s’était installé dans un des canapés et gardait la tête basse, les prunelles ombrageuses.  

Pansy Parkinson fixait Hermione avec un mélange de curiosité et d’espoir. Elle s’attendait à ce que la jeune femme déniche des réponses à leurs questions, mais Hermione était incapable de formuler la moindre parole.  

Luna était installée à sa droite, contre le tapis duveteux et se balançait doucement d’avant en arrière, son visage rêveur, mais étrangement calme. Ses cheveux blonds et épars flottaient autour de son visage comme un halo. Elle semblait à l’écart des angoisses qui tourmentaient ses camarades, comme si elle voyait quelque chose que les autres ne pouvaient déceler.  

Harry et Ginny Weasley étaient assis côte à côte sur un des fauteuils. Potter se frottait les yeux derrière ses lunettes rondes, son front plissé par une anxiété palpable. Une ombre assombrissait son visage. Il n’arrivait pas à comprendre le but de l’épreuve de la chambre des miroirs. Une apocalypse faisait surface dans sa tête et il était incapable de se défaire de cette inquiétude mordante qu’une chose allait se produire. Sa petite copine avait fini par capituler et l’accompagner. Elle cherchait des réponses, tout comme Harry.  

— Alors, débuta Pansy avec hésitation en surveillant ses amis. Qu’est-ce que l’épreuve voulait dire ?

Draco Malfoy, debout près de la porte, observait la pièce avec une expression indéchiffrable. Ses iris gris balayaient la salle sur demande avec une froideur calculée. Il jeta un bref coup d’œil à Hermione avant de reprendre une posture rigide.  

Personne ne répondit à Pansy, qui commença à s’agiter sur le tapis.  

— Vous avez eu quel objet ? Finis par interroger Hermione d’une voix forte, brisant le silence lourd qui pesait.  

Son ton était calme, mais ferme et elle tourna la tête pour regarder les participants du tournoi, le visage indéchiffrable.  

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Cogita Potter, les sourcils froncés.  

Luna sembla comprendre la question de Hermione et redressa ses épaules, un doigt contre ses lèvres.  

— Je pense que nous avons tous eu un artéfact ou un objet à sélectionner pour faire face à l’épreuve des miroirs, élucida la Poufsouffle avec tranquillité.  

— Il serait intéressant de découvrir si notre choix était semblable ou s’il y a le moindre lien entre nos différentes épreuves, continua Mattheo, les yeux plissés.

Luna commença alors son récit, expliquant qu’elle avait dû répondre à de nombreuses énigmes et l’être qui avait pris forme n’était nul autre qu’une version étrange de Ron Weasley. Tous les membres du groupe se mirent à déglutir, mal à l’aise. Le Gryffondor n’était pas particulièrement connu pour ses approches pacifiques. Pansy jura tout bas.

— Lorsque je suis montée sur le socle de pierre, j’ai eu un anneau fissuré et un oiseau enfermé dans une cage, avoua Luna pour clore son discours.  

Hermione réfléchit. Mattheo se mit à arpenter la salle lorsque tous les participants avaient enfin déblatéré leurs épreuves.  

— Ça n’a pas de sens, souffla-t-il d’une voix bourrue. Pourquoi est-ce que j’ai dû poignarder ma copie conforme pour sortir victorieux ? Pourquoi Luna a eu une série de questions et d’énigmes ? Pourquoi Malfoy a dû affronter une créature à six pattes, cracheur de flammes ? Pourquoi Harry a dû battre le ministère de la magie ? Et pourquoi Hermione s’est retrouvée face à la Méduse qui a pris la forme de notre mère ?  

— Peut-être qu’il y a un lien ? Tenta Blaise, les yeux plissés.  

Hermione secoua la tête, le cerveau mitigé.  

— Je ne pense pas qu’il y ait une corrélation entre nos tests. McGonagall a expliqué que le challenge nous choisissez, pas autrement, répliqua-t-elle incertaine.  

Malfoy avait affronté un Bulzak, une créature sinistre et avide du sang, Mattheo avait tué son reflet dans la salle des miroirs et Harry avait eu une discussion lugubre avec Kingsley, jusqu’à enfermer le ministre dans une cage en or. Rien de toutes ces situations n’avait de sens.  

— Est-ce que l’épreuve ne tenterait pas de vous prévenir sur ce qui va se produire ? Questionna Pansy d’une petite voix.  

Elle évitait le regard de ses camarades et se triturait les doigts.  

— Non, claqua Malfoy alors qu’il se rapprochait du groupe, les yeux sombres. La mère des Riddle est morte, il ne peut s’agir du futur.  

Tous restèrent silencieux de longues minutes, le cerveau en ébullition. Il était vrai que ça ne pouvait être un présage, parce que Hermione ne pourrait jamais revoir sa mère de cœur – Jeanne.  

— Mais chaque objet que l’on a sélectionné avait des significations particulières, rumina-t-elle en contournant les canapés et examinant ses amis. J’ai eu le choix entre la plume d’un phénix et les écailles d’un dragon, continua-t-elle.  

Les étudiants retinrent leur souffle. Draco sembla ciller sous ses paroles, mais ne fit pas le moindre commentaire. Posté maintenant en biais, contre une poutre en pierre, il observait les environs, les yeux perdus dans le vide. À quoi pouvait-il bien réfléchir ? Qu’est-ce qui le taraudait ?  

Hermione n’arrivait plus à transpercer sa carapace depuis qu’il lui avait fait la promesse de ne pas lui faire confiance. Il l’évitait. Et elle était persuadée que la Méduse avait tort. Il ne pouvait tenir à elle. Pas lorsque ses actes semblaient autant déborder de rancœur et d’animosité à son encontre. Elle se racla la gorge, la poitrine douloureuse.  

Son frère finit par reprendre la parole, l’estomac noué d’émotion.  

— Il y avait une baguette et une photo pour mon épreuve, avoua-t-il.  

Il évitait le regard de sa sœur avec minutie et Hermione se crispa.  

— Une photo ? Questionna Luna les sourcils relevés en hauteur.  

Mattheo se mit à s’agiter, les membres flasques et les joues rouges. Il garda la tête baissée, se triturant les ongles.  

— Il s’agissait d’un cliché de ma mère – Jeanne. Et de toi, ajouta-t-il en observant sa sœur.  

Hermione déglutit. Elle ne comprenait pas ce que cela pouvait bien signifier. Il n’y avait pas la moindre pellicule ou portrait de Jeanne dans le manoir. Et le fait que Hermione soit présente sur la photo était d’autant plus étrange. Hermione se pinça les lèvres puis reporta son regard vers Harry, le poussant à prendre la parole et répondre à sa question silencieuse.  

— Une fleur fanée et une coupe de vin, renchérit Potter, les sourcils froncés.  

Tous se retournèrent pour dévisager Malfoy qui était toujours aphone. Se redressant dans un soupir, il lâcha:  

— Un couteau et une allumette, ajouta-t-il d’une voix bourrue.  

Personne ne trouva le moindre lien entre les objets de chacun. Est-ce qu’ils devaient découvrir les secrets de la première épreuve pour affronter le Labyrinthe ? McGonagall avait fait mention du prochain test. Les étudiants ayant réussi le challenge seraient en contact avec un portoloin qui les mènerait vers une arène sinueuse de monstres et de passages obscurs.  

Hermione n’arrivait pas à se défaire du possible présage dans le choix des artéfacts. Pourquoi en auraient-ils tous des différents autrement ? Et quels étaient leur signification ?  

— Nous devons trouver un moyen de nous préparer pour la prochaine épreuve, se murmura Hermione, brisant le silence qui venait de prendre place dans la salle.  

— Plus facile à dire qu’à faire, répondit Théodore avec un soupir. Personne ne sait ce qu’ils vont créer dans le Labyrinthe. Vous pourriez courir un grave danger.  

— Peu importe ce que ce sera, nous devons être prêts, contredit Mattheo, sa voix caverneuse résonnant dans la chambre sur demande. Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser les bras. Pas maintenant.  

Un silence tendu s’installa de nouveau. Chaque visage reflétait une lutte intérieure entre la peur et la détermination. Pansy, Théodore, Ginny et Blaise connaissaient les risques pour les concurrents. Et bien qu’ils ne soient pas confortables à l’idée que leurs proches plongent dans un bain de sang, ils savaient les enjeux d’un tel tournoi.

— Il va falloir faire équipe, dit Luna d’une voix douce, mais assurée.  

— Si on en a la possibilité, contra Malfoy avec amertume.  

Il évitait le regard de Hermione et elle grinça les dents.  

— Peut-être que la directrice de Poudlard va nous mettre en groupe, expliqua Hermione, les yeux brillants sous la concentration. Elle a spécifié que le Labyrinthe était énorme. Ce serait logique qu’on soit tous postés dans différentes sphères de l’épreuve, continua-t-elle en arpentant la pièce.  

Malfoy releva ses pupilles pour les planter dans les siennes.  

— On ne peut pas s’attendre à faire équipe lorsqu’on ne sait pas ce qui se trouve réellement dans le labyrinthe.  

— Quoi ? Répliqua Harry outré face aux dires de Draco.  

— Au contraire, raisonna Mattheo avec colère, les poings crispés alors qu’il dévisageait le Serpentard. Il faut se serrer les coudes. Je pensais qu’on était des alliés. Tous, statua le Riddle d’une voix froide.  

Malfoy émit un sombre rire, les yeux ombrageux.  

— Je vous avais déjà prévenu qu’une fois dans l’arène, c’est chacun pour soi.  

Théodore se mit à se tirer les cheveux, les lèvres pincées.  

— Draco, commença-t-il dans un murmure.  

— Non, trancha Malfoy avec rage. Vous pouvez concocter votre plan en équipe, mais ce sera sans moi.  

Le Serpentard dévisagea tous ses acolytes, la mâchoire contractée. Il observa la déception qui brillait dans les pupilles de ses amis et détourna le regard, les sourcils froncés.

— Le Labyrinthe pourrait être ensorcelé, est-ce que vous n’y avez pas pensé ? Finit-il par cracher.  

Mattheo se mit à se ronger les ongles.  

— Il a raison, concéda Harry Potter en baissant ses yeux vers les paumes de ses mains. Dans le dernier tournoi, plusieurs sorciers s’étaient fait retourner le cerveau et avaient attaqué les autres concurrents.  

Pansy se tut, stupéfaite, et Blaise grinça des dents. Seul Théodore se redressa avec détermination.  

— Ça n’enlève pas que vous serez plus forts en groupe que seul, justifia-t-il. Puis il fusilla Malfoy de ses yeux, une colère noire irradiant de son corps. Si jamais un de vous se retrouve sous l’emprise du Labyrinthe, alors vous vous disperserez. C’est simple.  

— Simple ? Cracha Malfoy, les yeux plissés. Fuir ne sera pas facile. Quand ton allié peut te jeter le moindre sortilège quand tu lui tournes le dos, ce n’est pas simple, c’est du suicide.  

— Alors, tu proposes quoi ? Attaqua Hermione avec irritation.  

Elle était épuisée. Elle voulait continuer d’éprouver de l’espoir pour sortir victorieuse du tournoi, mais depuis la chambre des miroirs, elle se demandait s’il ne serait pas plus sécuritaire de faire machine arrière. Et si son frère se retournait contre elle ? Aurait-elle la force d’attaquer ? De se défendre ?  

Hermione croisa les iris de Mattheo, qui se pinça les lèvres, comprenant ses pensées. Non, elle en serait incapable. Voilà où était le danger. Elle ne lèverait pas sa baguette vers ses amis. Elle ne pensait pas le pouvoir.  

— Si vous voulez faire équipe et prendre ce risque, libre à vous, répondit Malfoy avec détachement. Mais soyez prêt à retourner votre baguette vers un ami, parce qu’une fois dans le labyrinthe, même les gens que vous aimez peuvent vous trahir, grogna le Serpentard avant de claquer la porte de la salle sur demande.  

Il ne resta que le silence, la peur, l’hésitation et la suspicion. Peut-être que Draco avait raison ? Peut-être que les relations que Hermione avait tissées avec soin ne seraient que sa perte ? Peut-être qu’elle ne pouvait faire confiance en personne ?  

La gorge nouée, Hermione croisa les prunelles de son frère et hocha la tête. Elle avait pris sa décision. S’il y avait la moindre équipe qui se formait dans l’épreuve du Labyrinthe, ce serait les Riddle. Le reste de leurs camarades n’étaient pas une option. Pour le moment.  

Elle trouverait des solutions aux problèmes plus tard. Pour ce soir, ils devaient regagner des forces, se reposer. Demain, l’épreuve du Labyrinthe les attendait et les couloirs sinueux de Poudlard n’étaient rien en comparaison à ce qui pourrait surgir dans les dédales obscurs du tournoi. Il n’y avait qu’un présage de sang et de trahison. Tout ce qui pouvait déplaire à Hermione, mais aussi tout ce en quoi elle excellait.  


Plume d’un phénix et écailles d’un dragon. Baguette et photographie. Anneau fissuré et oiseau en cage. Fleur fanée et coupe de vin. Couteau et allumette.  

Hermione n’arrêtait pas de tourner les indices en boucle dans sa tête, mais rien à n’y faire, elle n’avait aucune idée de leur signification.  

La plume pouvait représenter la guérison, d’où son épreuve avec la Méduse et l’apparition de sa mère. Mattheo avait choisi la photographie, mais pourquoi avait-il affronté son double ? Luna ayant choisi l’oiseau enfermé dans une cage s’était retrouvée à répondre à des énigmes. Harry, qui avait choisi la coupe de vin, avait combattu le ministre de la Magie et Malfoy avec le couteau, avait neutralisé une créature sanglante. S’il ne s’agissait pas de présages quant à leur futur, s’agissait-il de leurs plus grands désirs ?  

Hermione se frotta les tempes, complètement désemparée. Rien n’avait de sens.

— Tu réfléchis trop, souffla son frère en agrippant sa main.  

Ils étaient plongés dans les jardins de Poudlard. Hermione avait hésité à rejoindre la tour d’astronomie pour croiser Malfoy, mais elle s’était désistée et avait bifurqué au dernier moment. Allongés dans l’herbe, le regard porté vers le ciel, les deux Riddle contemplaient les étoiles. Leur esprit était alambiqué de questions et le suspens aux lèvres, ils n’arrivaient plus à formuler la moindre pensée rationnelle.  

Que se produirait-il le lendemain ? Est-ce que Hermione devait tourner le dos à ses amis et se focaliser sur la tâche à suivre avec Mattheo ? Pouvait-elle vraiment faire une telle chose ? Les abandonner à leur sort ?  

Elle se pinça les lèvres sous la morosité des évènements. Elle détestait cette situation. Elle en venait même à regretter le tournoi. Était-elle à ce point déterminée à remporter au prix de la vie d’une personne ? Est-ce que ses desseins ne pouvaient pas s’opérer sans qu’elle et son frère ne se mettent en danger ?  

Plus elle réfléchissait et plus elle réalisait qu’il n’y avait pas d’échappatoire. Même en sortant victorieux, ils demeureraient la risée du monde magique, mais ils seraient libres d’accomplir ce qu’ils souhaitent. Mattheo pourrait devenir un Auror et protéger les sorciers des menaces dans l’ombre et Hermione se plongerait dans les soins. Le regard et le jugement des autres ne comptaient plus. Depuis longtemps. Et rien ne devrait l’empêcher d’achever sa destinée. En dehors de la mort.  

Inconsciemment, Hermione porta son attention sur sa main entrelacée avec celle de son frère. Même lorsqu’elle n’arrivait plus à voir la lumière au bout du tunnel, il continuait de lui murmurer des encouragements et de lui insuffler de l’espoir. Il était une lueur dans les ténèbres.  

Passant son pouce contre les phalanges de Mattheo, elle inspira, la respiration tremblante.  

— Tu es sûr de vouloir poursuivre le tournoi ? Demanda-t-elle avec hésitation.  

Elle savait que son frère ne reviendrait pas sur sa décision et elle sentit son irritation à travers son esprit, mais les paroles de Rita Skeeter ne cessaient de tourner dans sa tête. Et si elle commettait une erreur ? Et si Mattheo s’orientait vers une voie si dangereuse et illusoire qui ne leur apporterait que désolation et désespoir ? Et si… Elle tut ses pensées au contact doux des doigts de son frère contre sa joue.  

Allongé de côté, il la contemplait les yeux brillants.  

— Peu importe ce qui se produit, on continue jusqu’à la fin, d’accord ?  

Hermione hocha la tête, la gorge nouée. Elle ne savait plus quoi faire. L’étau dans sa poitrine ne voulait pas se desserrer, comme si une intuition obscure lui promettait un lendemain douloureux. Elle ferma ses paupières pour se reprendre en main. Elle devait se détendre. Elle compta jusqu’à treize, bien qu’elle détestât ce numéro.  

— Promets-le-moi, somma Mattheo en pressant plus fort sa main.  

Hermione déglutit, puis finit par planter son regard dans celui de son frère. Il était attentif. Il tentait de percer les barrières de son esprit pour la comprendre. Elle le laissa faire, la respiration tremblante.  

— Tu doutes, affirma-t-il avec tristesse.  

— Oui, avoua Hermione avec difficulté.  

Elle n’avait pas honte de l’exprimer. Mattheo la comprenait. Il connaissait tout d’elle, ses ombres, ses peurs comme sa part de lumière. Il voyait au-delà des cicatrices de son âme, de la culpabilité et de l’obscurité de sa naissance. Il la considérait avec amour. Elle était sa famille.  

— Merci, souffla-t-elle la voix enrouée en écoutant ses pensées.  

Mattheo apporta sa main vers ses lèvres pour lui insuffler du courage.  

— Je te promets de tout faire pour remporter les épreuves, annonça Hermione en déglutissant. On se serre les coudes, pas vrai ?  

— Toujours, assura Mattheo, un sourire dans la voix.  

Hermione se retourna pour continuer de contempler le ciel, la poitrine moins lourde d’appréhension. Elle avait cette impression de pouvoir de nouveau respirer. Mais il restait quelque chose, une ombre qu’elle devait soulever et effacer.  

— Mat, chuchota-t-elle en n’osant pas croiser ses pupilles.  

Elle venait de fermer son esprit.  

— Est-ce que tu me pardonneras un jour pour tout ce que j’ai fait ?  

Mattheo fit semblant de ne pas comprendre sa question, haussant un sourcil. Hermione se retourna vers lui, la gorge serrée. Hermione traça du bout des doigts son visage, jusqu’à toucher la cicatrice de son arcade sourcilière à sa joue. Il frissonna, puis agrippa sa main, les traits figés et le cœur lourd.

—  Je n’ai jamais eu la moindre rancœur pour toi, Mione.  

— Mais –  

— C’est juste une cicatrice, coupa-t-il d’un ton bourru. Il laissa sa sœur le dessiner une nouvelle fois, tentant de croiser ses prunelles. Regarde-moi, ordonna-t-il avec douceur.  

Hermione releva ses yeux pour les planter dans ceux de son frère.  

— Tu n’avais pas le choix, sa voix trembla et il détourna son visage vers le ciel, les yeux fermés. Ma colère n’a jamais été dirigée vers la seule personne qui m’a permis de vivre ou qui me donnait le courage de me lever le matin. Ma rancœur a toujours été placée en notre père.  

Hermione déglutit. Elle se rappelait parfaitement le moment où Tom Riddle lui avait ordonné d’attaquer son frère. Ce jour était imprégné dans sa mémoire. Elle n’avait que onze ans et lorsque Mattheo était venue le lendemain lui apporter à manger, la cicatrice encore rouge vif, elle avait éclaté pour la centième fois en sanglots. Il ne lui en avait jamais tenu rigueur. Elle était la seule à ne pas réussir à oublier ces moments. Elle se noyait dans la culpabilité, les remords. Et parfois, elle se demandait si elle arriverait à trouver la force de s’en sortir, de tourner la page.  

— Ma plus grande fierté, c’est quand tu as arraché les cheveux de Bellatrix Lestrange, ricana son frère tout bas.  

Hermione échappa un rire, les yeux lumineux.  

Bellatrix était connue pour sa folie et son besoin de faire ses preuves auprès de leur père et un jour, elle avait rôdé un peu trop proche de la cage de la jeune femme. Hermione n’avait pas pris longtemps avant de se projeter entre les barreaux et de lui déraciner une partie de son crâne. Elle avait réussi à trouver une mince épingle au cours de la dernière chasse et elle l’avait plantée dans l’épaule de sa tortionnaire, manquant de près son cou. Lestrange s’était égosillée comme un cochon au bord de la mort. Mais Hermione n’avait jamais lâché prise, même lorsque Bellatrix l’avait griffée, fait saigner, elle avait gardé ses ongles enfoncés dans le crâne de la femme hideuse. Depuis cet évènement, la sorcière qui honorait son père ne s’était plus approchée de sa cage avec la même lueur perfide dans les yeux. Elle l’observait de loin, les lèvres retroussées.  

— Tu te rappelles la fois où tu as fait cramer la cape de notre père ? S’écria dans un gloussement Hermione à l’égard de son frère.  

Mattheo se mit à pester dans sa barbe.  

— J’avais six ans, se justifia-t-il. Je ne savais pas que les allumettes pouvaient à ce point être utiles.  

Hermione rigola, tapant son frère contre l’épaule.

—  Avoir su, on aurait fait flamber le château au complet juste pour faire chier notre abominable géniteur.  

— Ah, c’est une promesse que je rêve d’accomplir, susurra Mattheo avec hilarité.  

— Un jour, accorda Hermione.  

— Un jour, répéta son frère dans l’obscurité.  

Hermione réfléchit, le cœur au bord des lèvres. Elle se demandait –  

— Est-ce que tu iras le visiter ?  

Mattheo ne lui posa aucune question, il savait qu’elle parlait de Tom Riddle et de sa prison. Il secoua la tête, le visage ombrageux.  

— Pourquoi est-ce que je ferais une chose pareille ? Interrogea-t-il en portant son attention vers sa sœur.  

Hermione haussa les épaules, indécise.  

— Pour s’assurer qu’il croupit en enfer, qu’il souffre ? Je n’en suis pas certaine, avoua-t-elle finalement en se frottant le nez, les sourcils froncés. Je crois qu’une part de moi a besoin de le revoir une dernière fois – pour m’assurer qu’il ne reviendra plus. Pour me garantir qu’il n’est plus qu’une ombre de notre passé. Hermione prit une pause, un rire dans la voix. « C’est étrange, n’est-ce pas ?  

Mattheo se contenta de la dévisager, un air entendu et compatissant étirant ses traits.  

— Je comprends, répondit-il. Mais je ne peux te promettre de ne pas vouloir mettre fin à ses jours si je viens le visiter.  

Hermione frissonna. Elle connaissait la rancœur de son frère pour leur père. Elle aussi le détestait, mais commettre un meurtre – elle ne pensait pas qu’il s’agissait de la solution. Elle voulait et espérait être plus que ça. Bien qu’il méritait plus qu’un enfermement à vie, bien qu’il devrait se trouver six pieds sous terre, Hermione ne voulait pas contrecarrer le destin. Il se trouvait dans son enfer. Et personne ne viendrait alléger son état. Pas même elle. Ni son frère. Il n’était pas digne d’un tel honneur.  

— Mon dernier vœu, ce serait de mettre fin à son règne de terreur, articula avec noirceur Mattheo.  

Hermione releva ses yeux vers son visage. Ses traits étaient figés sous la colère. Il ne rêvait que d’une chose, être la main qui broierait le cœur de son père. Hermione comprenait, bien qu’elle soit en désaccord avec ce besoin, elle n’argumenta pas.  

— Si tu y penses assez fort, peut-être qu’il finira par mourir dans son sommeil, répondit-elle avec une trace d’humour.  

Mattheo sourit avec douceur. Il l’espérait. Mais tous deux savaient la vérité – l’espoir était un poison infâme et dévastateur. Demain serait un nouveau jour ; dangereux et imprévisible. Et aucun des Riddle ne pourrait échapper à son destin, aussi sombre soit-il.

Chapter 27: L'épreuve du Labyrinthe

Chapter Text

CHAPITRE 27

L'épreuve du Labyrinthe

« Je t'aime. »


Les rayons de soleil d’après-midi perçaient à travers les pans de la grande tente blanche dressée sur le terrain de Quidditch, illuminant les visages anxieux des participants. À l’intérieur, une immense table ronde en bois occupait le centre de l’espace et les concurrents de la deuxième tâche s’y étaient rassemblés. Tous les élèves avaient réussi la première épreuve. Les yeux rivés sur la directrice de Poudlard, ils écoutaient attentivement.  

Minerva McGonagall se tenait debout, les bras écartés, prête à donner les dernières instructions, tandis qu’à sa droite se trouvait Rita Skeeter, avec son fidèle acolyte qui prenait cliché sur cliché. La journaliste britannique, sourire mesquin aux coins des lèvres, prenait en note chaque détail sur le visage des concurrents. Hermione dut empoigner toute sa patience pour s’empêcher de relever son majeur. Elle bouillait de rage.  

La tente était aménagée avec simplicité, mais une tension palpable se cramponnait dans l’air. De lourds rideaux flottaient, souffler par une brise légère et des lanternes magiques accrochées aux poteaux diffusaient une douce lueur.  

McGonagall, avec son chapeau pointu et ses yeux perçants, observait chacun des élèves avec gravité.  

— L’épreuve du Labyrinthe n’est pas à prendre à la légère, commença-t-elle d’une voix ferme. Son regard passait sur chaque visage, capturant leur attention. Lorsque vous vous retrouverez dans les couloirs sinueux et sombres, il n’y aura qu’un seul but à accomplir: rejoindre le bout du Labyrinthe et trouver la larme maudite d’une sirène.

Hermione se redressa, écoutant chaque mot avec une réflexion minutieuse. Ses cheveux épais encadraient ses traits sérieux, ses sourcils légèrement froncés. À côté d’elle, Mattheo affichait une expression déterminée. Ses yeux brillaient sous la concentration. Il savait que cette tâche ne serait pas facile.  

De l’autre côté de la table, Harry Potter échangeait un regard avec Draco Malfoy. Les deux rivaux avaient appris à coexister, mais depuis que le Serpentard s’était échappé de la salle sur demande avec une colère noire, Harry le dévisageait avec méfiance. Les paroles de Draco avaient perturbé le lien qui tissait les participants. Harry aux aguets, ses lunettes reflétant la lumière des lanternes, tapotait avec nervosité la table. Malfoy, quant à lui, affichait son habituel air supérieur. Ses cheveux platine étaient soigneusement peignés en arrière et son regard passait furtivement entre McGonagall et Hermione.  

Luna Lovegood était perdue dans ses pensées. Ses grands yeux gris fixaient le vide, et elle jouait distraitement avec une mèche blonde. Ron Weasley et son camarade Serdaigle, Gregory Podmore, se donnaient des coups de coude dans les côtes en se faisant des promesses basses et sombres.  

Hermione frissonna en les observant. Elle se doutait que les deux imbéciles n’hésiteraient pas à contrecarrer ses plans avec son frère. Elle devait se montrer vigilante. Agir avec minutie et célérité. Reportant son attention sur la directrice, Hermione se pinça les lèvres, les yeux ombrageux.  

— La fiole contenant la larme de la sirène sera dans une partie cachée de l’épreuve. Lorsque vous la trouverez, vous devrez vous rendre au point de rendez-vous du Labyrinthe, mais prenez garde… La voix de McGonagall devint plus sombre alors qu’elle détaillait chaque étudiant. Un frisson parcourut l’assemblée sous son silence. Les murs de lierre ne sont pas vos amis, et le Labyrinthe peut se montrer… capricieux.  

Elle étendit alors ses doigts, les pointant vers les participants, son regard devenant encore plus perçant.

— Si vous vous sentez en danger, manifestez un sortilège d’apparition. D’un geste rapide, McGonagall leva sa baguette entre ses phalanges, et une lueur rouge s’échappa de l’embout, embrasant le reste de la salle d’une lumière inquiétante.  

Les élèves échangèrent des œillades, la tension montant d’un cran. Hermione sentit une goutte de sueur couler le long de sa tempe. Elle savait que cette tâchait allait être différente de la première – plus dangereuse, plus imprévisible. Elle jeta un coup d’œil vers son frère, qui hocha légèrement la tête, comme pour lui assurer qu’ils s’en sortiraient.  

— Soyez prudents, ajouta McGonagall, abaissant sa baguette. Et rappelez-vous, l’important n’est pas seulement de gagner, mais d’extirper du Labyrinthe en un morceau.  

Sa voix avait repris un ton plus doux, mais l’avertissement restait clair.  

Une tension nerveuse planait dans la tente. Les participants se préparaient mentalement pour ce qui allait suivre. Les visages étaient crispés, chaque étudiant dans ses propres pensées, imaginant les différents scénarios qui pourraient prendre forme dans le Labyrinthe.  

La larme maudite d’une sirène, réfléchit Hermione. Elle se demanda si elle serait amenée à recroiser la fameuse créature qui était plongée dans le bureau de la directrice. Se rappelant de leurs dernières paroles échangées, la jeune femme déglutit. Elle devait vraiment se montrer prudente.  

— Il est libre à vous de faire équipe avec certains concurrents pour réussir l’épreuve, expliqua McGonagall. Vous serez tous dispersés dans le Labyrinthe. Avant de poursuivre, j’aimerais m’assurer que tout le monde est bien conscient des risques, affirma la responsable. Elle releva ses prunelles pour les poser sur les Riddle et enfin sur Harry. Est-ce qu’un compétiteur souhaiterait abandonner ?  

Les minutes s’écoulèrent dans un silence nerveux à la suite des paroles de la directrice de Poudlard. Seul le souffle du vent contre la toile de la tente vint troubler l’atmosphère. Hochant la tête sous la réponse des étudiants, Minerva redressa une dernière fois sa baguette pour faire apparaître une longue épée. Suspendue dans les airs, elle était en acier poli, son éclat argenté captant la lumière des lanternes. Son reflet projetait des ombres contre les traits des élèves. La lame était longiforme et tranchante, gravée de runes anciennes. La garde de l’épée était ornée de motifs complexes en forme de lierre, rappelant étrangement les murs du Labyrinthe qu’ils allaient bientôt affronter.

— Voici l’épée d’acier, annonça McGonagall d’une voix forte. Ne vous y trompez pas: il ne s’agit pas d’une arme ordinaire. Cette lame est un Portoloin.  

Elle marqua une pause, laissant le temps à ses paroles de faire leur effet. Les élèves échangèrent des regards intrigués et anxieux. Hermione plissa les yeux, tentant de lire les runes gravées sur l’apparition, tandis que Harry fronçait les sourcils.  

— Lorsque vous toucherez l’épée, poursuivit la directrice, Elle vous transportera directement dans le Labyrinthe. Une fois à l’intérieur, vous serez livrés à vous-mêmes.  

Un murmure d’excitation et de peur parcourut l’assemblée. Mattheo serra la main de sa sœur, tandis que Malfoy jetait un coup d’œil méfiant au Portoloin.  

— Pourquoi une épée ? Demanda Luna avec curiosité.  

McGonagall lui adressa un sourire légèrement amusé.  

— Une excellente question, Miss Lovegood. Ce glaive représente le danger et la protection. Dans le Labyrinthe, vous rencontrerez des épreuves qui testeront non seulement votre force, mais aussi votre esprit et votre cœur. Cette épée n’est pas là pour vous rappeler le sang, mais plutôt que chaque choix que vous ferez entraînera des conséquences.  

Hermione hocha la tête, comprenant la métaphore derrière les paroles de la directrice. Elle se demandait ce qui se produirait une fois qu’une partie des étudiants auraient accédé à la place centrale du Labyrinthe. Est-ce que la majorité des concurrents se retrouverait ici ou devraient-ils trouver un moyen de sortir par eux-mêmes ? Hermione se mordit les lèvres, pensive. Mattheo à sa droite, continuait de lui empoigner la main, la broyant presque sous le stress.  

— À mon signal, chacun de vous devra toucher l’épée d’acier pour être transporté dans le Labyrinthe. Faites attention, ordonna McGonagall en levant sa baguette pour projetait le Portoloin dans la direction des participants.  

McGonagall baissa la tête, comme dans une dernière prière, alors que les étudiants se rapprochaient lentement.  

— À trois… Un… Deux… Trois !  

Au signal, les concurrents agrippèrent la poignée et en un instant, ils furent engloutis par une lumière vive, leurs silhouettes disparaissant comme emportées par un tourbillon invisible. L’épée, toujours suspendue, brilla intensément avant de retomber dans un écho sourd sur la table en bois.  

La tente fut plongée dans le silence, avec seulement le bruit du vent chuchotant à travers les rideaux. McGonagall esquissa un sourire mystérieux, puis se retourna vers Rita Skeeter, qui lui tendit sa main dans un geste présomptueux.  

— Minerva, souffla la journaliste. Quelle mise en scène, s’extasia-t-elle. J’espère que les étudiants n’encourront aucun danger entre les murs du Labyrinthe.  

La directrice lui offrit un simple rictus, les traits figés.  

— Que serait un tournoi des sorciers sans de l’action, se contenta-t-elle de répondre avec énigme et raillerie.  


Hermione et Mattheo furent téléportés à l’entrée du Labyrinthe avec un brusque sursaut, leurs pieds se posant sur un sol inégal. Le monde tourna brièvement autour de Hermione, et alors que le vertige s’estompait, elle jeta un coup d’œil pour analyser les alentours, cherchant des visages familiers. La panique l’envahit lorsqu’elle réalisa que Harry et Malfoy n’étaient pas avec eux.  

— Où sont-ils ? Murmura-t-elle, sa voix à peine audible au-dessus du bruissement des feuilles.  

Elle déglutit avec difficulté, essayant de calmer son cœur affolé. Mais elle était en proie à un stress immense. À côté d’elle, Mattheo restait immobile, sa main atteignant instinctivement sa baguette, ses yeux perçants et alertes.  

— Ils doivent se trouver dans une autre entrée du Labyrinthe, répondit son frère avec sérieux.  

Hermione se mit à espérait qu’ils se retrouvaient ensemble et non accompagnés de Ron et de Gregory. Sinon, ils risquaient de subir la colère et le courroux des deux imbéciles.  

Le Labyrinthe qui les entourait semblait vivant, ses murs faits de lianes et de feuillages épais s’étendaient à perte de vue, formant des passages étroits et sinueux. Bien qu’il fasse jour, les ombres étaient omniprésentes. Les haies étaient denses, composées de ronces entremêlées et de branches tapissées de rameaux sombres. Le Labyrinthe était plongé dans une semi-obscurité inquiétante.  

Hermione frissonna en observant la végétation autour d’elle. Chaque pétale paraissait vibrer avec une vie propre, et un vent glacial soufflait entre les parois de lierre, faisant bruisser les émondes d’une manière sinistre. Hermione avait l’impression que quelque chose rôdait dans le Labyrinthe et un frisson remonta le long de son échine.  

Échangeant un regard avec Mattheo, qui semblait aussi tendu qu’elle, Hermione s’approcha pour rejoindre la première intersection. Ils savaient tous deux que cet endroit était bien plus qu’un simple ensemble de haies et de chemins sinueux. C’était un piège, un lieu où le moindre faux pas pouvait être fatal. Hermione en était certaine.  

Hermione et Mattheo avancèrent prudemment, conscients que chaque tournant, chaque couloir, pourrait les amener face à des épreuves plus que dangereuses.

Une voix s’éleva de l’entrée, dans leur dos et ils se retournèrent avec célérité, baguette brandit vers l’intrus. Il s’agissait d’une élève de Poufsouffle. Eleanor Ashford, une jeune sorcière avec un visage doux et chaleureux. Sa peau était légèrement hâlée et ses grands yeux noisette, pleins de vie et de curiosité contrastaient avec ses cheveux châtain foncé. Elle était de taille moyenne, avec une carrure athlétique et élancée. Eleanor était connue pour sa passion pour le Quidditch, elle jouait en tant que poursuiveuse dans l’équipe de sa maison. Hermione baissa sa baguette, la respiration en suspens.  

Une peur tangible luisait dans le fond des prunelles de l’étudiante. Mattheo jeta un coup d’œil à sa sœur avant de suivre son mouvement, rangeant sa baguette dans sa poche, le visage sérieux.  

— Luna… Je suis une amie de Luna, expliqua-t-elle avec tristesse. Elle n’est pas ici, est-ce que vous savez où elle pourrait se trouver ?  

Hermione déglutit, compatissante. La jeune Poufsouffle était toute seule et braver une telle épreuve sans camarade s’était du suicide. Elle s’avança vers l’étudiante, les traits tirés.  

— Je pense qu’on a été divisé en groupe pour affronter le Labyrinthe. Est-ce que tu veux te joindre à nous ? Questionna-t-elle avec douceur.  

Si son frère ressentait la moindre réticence face à ses paroles, il resta silencieux. Seule sa mâchoire se contracta. Il désapprouvait la décision de sa sœur. Elle comprenait sa réaction. Ils s’étaient promis de se serrer les coudes et de ne pas perdre leur objectif de vu. Mais Hermione ne pouvait laisser la jeune femme ainsi. Elle n’en avait pas la force.  

Eleanor hocha la tête, les larmes aux yeux. Dans un geste d’entraide, Hermione tapota son épaule avant de reprendre la direction vers le Labyrinthe, les traits figés sous la détermination.  

C’était maintenant ou jamais, pensa-t-elle.  


Hermione, Mattheo et Eleanor avançaient prudemment à travers le Labyrinthe, chacun de leurs pas s’enfonçant dans le sol terreux. La végétation épaisse et entremêlée semblait se refermer autour d’eux, créant un tunnel obscur. Eleanor ne cessait de parler, de s’agiter. Sa voix tremblait sous l’anxiété.  

— Je ne connais pas vraiment de sortilèges offensifs, seulement ceux pour me protéger, expliqua-t-elle d’un ton nerveux. Vous pourrez attaquer et moi je vous défends, c’est un bon plan, non ? Ajouta-t-elle quelques secondes plus tard, incapable de contenir son flot de paroles.  

Mattheo grogna entre ses dents, visiblement agacé par le bavardage incessant. Ça faisait une heure qu’ils fourrageaient dans les couloirs sinueux et la Poufsouffle semblait incapable de suivre la règle du silence. Mattheo se retourna brusquement alors que Eleanor rouvrait la bouche pour parler de nouveau.  

— Ce qui serait bien, c’est que tu fermes ton clapet de – commença-t-il avant de s’arrêter net, le souffle coupé.  

Hermione échangea un regard avec lui, les sens en alerte.  

Un bruit étrange se fit entendre, le froissement des feuilles accompagné d’un feulement inquiétant, puis enfin le grattement distinct de griffes contre le sol. Hermione leva la main vers sa bouche, leur faisant signe de se taire. Mattheo roula des yeux, trouvant le tout presque injuste. Avec une lenteur calculée, elle sortit sa baguette et s’avança précautionneusement vers un couloir qui semblait désert.  

Soudain, un rugissement retentit et une créature monstrueuse surgit de l’ombre. Des écailles brillantes couvraient son corps massif et ses orbes luisaient d’une lueur féroce. Elle cracha une giclée de flammes en direction du groupe. Hermione plongea de côté, tandis que Mattheo tirait Eleanor à couvert derrière une ligne de buissons épais du Labyrinthe.  

— On fait quoi maintenant ? Demanda Mattheo, l’angoisse perçant dans sa voix.  

— Il faut qu’on reste discrets, murmura Hermione. On ne peut pas contourner la créature.  

Elle amorça un mouvement pour sortir de leur cachette, mais un brasier jaillit une nouvelle fois vers elle, la repoussant contre le lierre, la respiration coupée sous le choc. Sans prévenir, une brume dense et grise s’éleva, tourbillonnant autour d’eux comme une présence vivante, inspectant chaque individu avec une précision inquiétante. Elle avait un reflet paranormal et sa nature semblait presque démoniaque.  

Lorsque Mattheo tenta de s’avancer et d’établir un contact avec le brouillard du bout des doigts, Hermione l’empoigna par le poignet et secoua la tête, ses yeux écarquillés de peur.  

— Ne touche pas, chuchota-t-elle. Je pense que cette brume est maléfique. Tant qu’on ne sait pas quels effets elle a, on ne peut pas risquer de l’approcher.  

Un bruit d’étouffement attira leur attention. Eleanor était tombée au sol, son corps se contractant de manière violente, ses iris virant au blanc. Elle venait d’entrer en contact avec le brouillard. Elle se tordait dans une souffrance indicible.  

— Qu’est-ce qu’on doit faire ? S’écria Mattheo avec hystérie.  

— Ne t’approche pas ! Ordonna Hermione. Elle pourrait se briser les os si on la déplace.  

Les convulsions semblèrent durer des heures, mais finalement, elles cessèrent. Eleanor resta immobile et le silence noya le Labyrinthe, seulement entrecoupé par les respirations lourdes des Riddle.  

— Est-ce qu’elle est morte ? Demanda Mattheo, la peur perçant sa voix alors qu’il scrutait les environs, totalement paniqué.  

— Je ne sais pas, avoua Hermione. Mais il faut alerter les professeurs.  

Elle se pencha pour ramasser la baguette d’Eleanor et, la pointant vers le ciel, elle s’écria:

— Ominculus Veparo !  

Un rayon de lumière rouge s’élança vers les nuages, signalant une menace ou un corps à terre. Hermione déglutit.  

— J’espère que ce sort suffira.  

Mattheo hocha la tête, l’air abattu.  

— Tu penses que les professeurs peuvent entrer dans le Labyrinthe et la sortir d’ici ?  

— Aucune idée, admit Hermione, les lèvres pincées. J’espère.  

Les jets de flammes reprirent soudainement à leur gauche. Mattheo se retrouva l’épaule enflammée. Jurant, il releva sa baguette pour éteindre le feu avec une gerbe d’eau.  

— Il faut réfléchir à un plan, déclara Hermione d’une voix posée. On ne peut pas contourner cette chose.  

— Qu’est-ce que tu proposes ? Chuchota Mattheo, lançant toujours des coups d’œil vers le corps inerte de l’étudiante.  

— On devrait faire diversion, l’éloigner d’Eleanor. Je ne veux pas qu’elle se fasse pulvériser. Hermione cogita rapidement. Peut-être que je devrais affronter la créature pendant que tu restes ici pour la protéger.  

Mattheo secoua la tête, les prunelles remplies de stress.

— Mione, s’écria-t-il.  

Hermione fit la sourde oreille, continuant d’élaborer son plan. Elle pouvait le faire – combattre la créature et revenir.  

— Hermione ! Réitéra une seconde fois son frère en attrapant ses bras.  

— Quoi ? Répondit-il, irrité.  

Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir. L’atmosphère changea soudainement dans le Labyrinthe.  

Eleanor se releva, les yeux devenus noirs et globuleux. Elle tendit la main vers eux, ses mouvements raides comme si elle n’avait plus d’âme.  

— Merde, souffla Hermione.  

— Merde, répéta Mattheo.  

Ils commencèrent à reculer, mais la créature cracha à nouveau des flammes. Hermione sursauta, levant sa baguette.  

— Eleanor, si tu m’entends, lève la main gauche ! Ordonna-t-elle avec anxiété.  

La Poufsouffle obéit lentement à sa demande avec un sourire narquois. Une couche d’écailles se forma sur son visage, noirs, comme le monstre qui les attendait. Hermione blêmit. Elle se rappela qu’elle avait la baguette de l’étudiante.  

Mais quand Eleanor ouvrit la bouche, celle-ci se déforma horriblement et un cri guttural en sortit, suivi d’une pluie de flammes. Par réflexe, Hermione érigea un bouclier mauve avec sa baguette.  

— Bordel ! Hurla Mattheo en s’accrochant aux épaules de sa sœur.  C’est quoi cette merde ?  

— Reste derrière moi ! Ordonna Hermione. Je pense que la créature qui nous attend de l’autre côté n’est qu’un étudiant possédé par la brume du Labyrinthe, expliqua-t-elle, la gorge nouée.  

Mattheo déglutit, le visage blême de stupeur.  

— Sois prêt à sortir ta baguette au moindre instant, conseilla-t-elle.

Hermione maintenait son bouclier magique violet dans un mur de protection translucide sous l’assaut continu des flammes. À côté d’elle, Mattheo déviait les attaques de la bête, sa baguette esquissant des arcs précipités pour repousser les jets de feu. Ils étaient encerclés. Les deux étudiants qui avaient succombé à la brune maudite les entouraient, leurs regards vides et inhumains braqués sur eux. La tension était palpable, et Hermione savait qu’ils devaient agir vite. Mais comment ? Elle ne connaissait aucun sortilège qui pourrait ramener ces étudiants à leur état normal. Elle se trouvait complètement désespérée et inutile.  

Mattheo parvint à dévier une nouvelle vague de flammes, mais la chaleur intense enflamma une partie du Labyrinthe à leur droite. Le feu s’étendit rapidement, léchant le lierre et les feuilles, créant un mur autour d’eux. Hermione sentit la panique monter en elle alors qu’elle réalisait qu’ils étaient pris au piège.  

Eleanor, ses yeux noirs et globuleux, inspira pour projeter un autre jet sombre. Hermione n’hésita pas un instant de plus.  

— Nomendulos Aquae ! Hurla-t-elle.  

Une énorme boule d’eau jaillit de sa baguette, engloutissant complètement l’étudiante possédée. Eleanor se débattait furieusement, ses bras frappants l’écume dans une tentative désespérée de s’en libérer. Des bruits d’étouffement et des plaintes aiguës s’échappaient de sa gorge tandis que l’eau s’infiltrait dans ses poumons.  

En voyant Eleanor luter ainsi, Hermione fut submergée par un souvenir douloureux. Elle se revit sous les mains d’Antonin Dolohov, quand il avait entrepris de la noyer. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais elle raffermit son sortilège, sachant qu’elle n’avait pas le choix. Les convulsions d’Eleanor s’intensifièrent, puis ralentirent. Elle prit une dernière inspiration dans un gargouillis déchirant avant de fermer les yeux. Hermione relâcha sa prise et le corps de la Poufsouffle s’effondra lourdement sur le sol, sa respiration devenue presque imperceptible.  

Mattheo, de son côté, continuait de parer les giclées de flammes et d’attaquer. Ses mouvements étaient de plus en plus frénétiques.  

— Si tu as une idée, Mione, c’est maintenant ou jamais ! S’écria-t-il, sa voix teintée de panique.  

Il lança un coup d’œil rapide vers elle à travers le chaos du combat.  

Hermione le repoussa d’une main avec dextérité. Il plongea derrière une ligne de lierre pour se mettre à couvert. Se redressant, Hermione rassembla le reste de l’écume autour d’eux et d’un mouvement précis de sa baguette, propulsa la masse liquide vers la créature qui les attaquait. Le jet d’eau frappa l’étudiant possédé avec une telle force qu’il fut projeté à une dizaine de mètres, s’écrasant lourdement contre le sol dans un bruit fracassant.  

— Merde, ça a dû faire mal, marmonna Mattheo en observant le corps de la bête étalé au loin.  

Pour une raison étrange, la dépouille de la chose commença lentement à rétrécir et à se transformer. Les griffes acérées se rétractèrent, les yeux déments perdirent leur éclat noir et les écailles qui recouvraient ses membres se dissipèrent, ne laissant derrière elles que la peau d’un jeune homme.

L’étudiant de Serdaigle gisait au sol, apparemment endormi. Les Riddle échangèrent un regard stupéfait, leur souffle court et leur cœur battant à tout rompre.  

— Définitivement, l’épreuve du Labyrinthe est vraiment, mais vraiment, irrémédiablement et stupidement dangereuse, prononça avec maladresse son frère, de la sueur collant son front.  

Hermione sourit, toujours essoufflée.  

— Tu crois ? Ricana-t-elle en se frottant les tempes.  

Relevant sa baguette pour la mettre dans la poche de son pantalon de combat noir, elle jeta un dernier regard vers le corps de Eleanor, allongée au sol, maintenant endormie. Sa gorge se noua sous la scène. Elle savait ce qu’ils devaient faire. Continuer d’avancer. Ils ne pouvaient transporter les deux étudiants. Mattheo lança un sortilège d’apparition avec la baguette du Serdaigle, puis projeta des gerbes d’eau sur les lignes de lierres encore embrassées par les flammes. Ils s’observèrent une dernière fois, la respiration lourde avant de prendre leur jambe à leur cou et de poursuivre leur ascension dans le Labyrinthe. Ils devaient trouver leurs amis et la larme maudite d’une sirène.  

Leur souffle erratique, Hermione et Mattheo couraient à perdre haleine à travers les couloirs tortueux du Labyrinthe, leurs pas précipités résonnant contre les murs vivants de feuillage épais et sombre. La végétation s’agitait autour d’eux et le labyrinthe semblait se réorganiser à chaque instant, comme s’il jouait avec eux. Lorsqu’ils atteignirent une intersection, une nouvelle tempête de brume commença à se former, s’élevant du sol en tourbillons menaçants. Ils firent halte, leur respiration courte, jetant des regards affolés autour d’eux.  

— À gauche, vite ! Cria Hermione et sans perdre une seconde, ils se mirent à courir dans la nouvelle direction, espérant échapper au brouillard sombre.  

Mais le frimas les suivait avec une mesquinerie terrifiante. Sa baguette déjà en main, Hermione la leva d’un geste précis, faisant jaillir une lumière argenté qu’elle projeta vers la source du poison. La brume, comme frappée par une force invisible, se dissipa en un instant.  

Mattheo accéléra le rythme, mais sa respiration devenait sifflante, chaque inhalation était un effort pénible. Ils débouchèrent sur une autre intersection, plus sombre cette fois et dans leur précipitation, ils percutèrent de plein fouet un groupe d’étudiants. Hermione trébucha et s’écrasa lourdement sur le sol, complètement secouée par la chute. À sa droite, Mattheo gémit de douleur.  

— Bordel ! Jura-t-il, se tenant une fesse en se relevant avec difficulté.  

Hermione se redressa, son regard croisant alors celui de Harry Potter. Juste derrière lui se trouvait Draco Malfoy, les cheveux en bataille et des éclaboussures de plasma maculant ses joues. Pourquoi avait-il toujours du satané sang sur lui ?  

— Qu’est-ce que – commença Mattheo, mais il fut coupé net.  

— Pas le temps, courrez ! Aboya Harry en empoignant le bras de son frère et en le poussant vers le couloir qui prenait forme à leur droite.  

Hermione jeta un dernier regard vers Malfoy avant de se lancer à la suite du groupe, le cœur serré. Elle sentit les yeux de Draco la suivre, avec un éclat ombrageux et plein de reproches, comme s’il était furieux de découvrir sa présence. Pensait-il réellement qu’elle ne serait pas amenée à le croiser ? Rumina-t-elle sombrement.  

Le souffle court, ils plongèrent plus profondément dans les entrailles du Labyrinthe, tournant à gauche avec brusquerie, quand Harry s’arrêta soudainement, les lèvres entrouvertes sous l’horreur.  

— Merde, jura-t-il en réalisant qu’ils avaient abouti à une impasse.  

Ils se retrouvaient dans un cul-de-sac étroit, les murs de haies infranchissables les encerclant de toute part.  

— Vite, vite ! Pressa Potter, paniqué en incitant les Riddle à faire demi-tour.  

Mais c’était trop tard.  

Une énorme bête surgit des ombres, ses yeux rutilants et ses crocs acérés. Son pelage était noir comme la nuit, mais parsemé de traces rouge vif, qui n’étaient pas vraiment sa couleur naturelle. Il s’agissait d’éclaboussures de sang, d’une teinte presque écarlate. Le sérum de ses victimes. La créature avançait avec lenteur. Ses griffes raclaient contre la terre. Hermione frissonna, se demandant si la bête avait déjà assouvi sa soif de sang sur d’autres étudiants.  

Comme pour répondre à sa question silencieuse, Harry gémit, les yeux agrandis par la terreur.

— On a vu une élève de Poufsouffle… Elle gisait par terre et cette créature, elle l’a dévorée. Il ne restait plus rien d’elle, à part une flaque de chair et de sang.

Hermione échappa un hoquet sous le choc. Eleanor était morte. Elle n’avait pas survécu. Mattheo et Hermione échangèrent un regard horrifié, complètement dépassés par les événements. Dans leur course désespérée pour rejoindre leurs camarades, ils avaient abandonné les deux étudiants derrière eux. Et maintenant, ces élèves avaient subi le pire des sorts.: ils avaient été démembrés par la créature qui se trouvait devant eux.  

— C’est Malfoy qui a retrouvé l’étudiante… ou ce qui en restait, avoua Harry en déglutissant avec difficulté.  

Draco, la mâchoire contractée et les iris écarquillés, continuait de dévisager l’être sanguinaire. La bête retroussa ses babines, révélant ses crocs rouges, et poussa un cri guttural. Un son profond et déchirant qui résonna dans tout le Labyrinthe. Mattheo ferma les yeux et Harry jura une nouvelle flopée de paroles incompréhensibles. Il n’y avait plus que l’odeur de sang et de mort dans le Labyrinthe. Il n’y avait que l’adrénaline et la détermination de survivre. Et Hermione, les poings serrés contre sa baguette, se prépara mentalement. Elle sauverait ses amis. Coûte que coûte. Même au péril de sa vie.

Chapter 28: La sentence de la larme maudite

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CHAPITRE 28

La sentence de la larme maudite

« Il restait encore des épreuves pour le tournoi des sorciers et les doutes commencèrent à planer. Étaient-ils vraiment prêts à poursuivre ce bain de sang pour quelques miettes de gloire ? »


Draco Malfoy avait un seul but depuis le début de l’année de Poudlard, resté focaliser sur ses propres objectifs et ne jamais sortir de sa trajectoire. Les règles étaient claires — aucune attache, aucun sentiment trivial pour une sorcière et certainement pas se mettre en danger pour un autre concurrent dans le tournoi. Mais les promesses du Serpentard avaient été longtemps abolies lorsque Hermione avait fait son apparition et il se retrouvait maintenant dans le Labyrinthe à se demander s’il n’allait pas commettre la pire erreur de sa existence — se sacrifier pour le petit serpent. Il avait tellement d’objectifs, des êtres chers à protéger du courroux de son père, il ne pouvait se permettre de se montrer si faible d’esprit, si épris pour Hermione. Pourtant, la vie l’avait placée sur son chemin et il ne pouvait se débarrasser de sa présence.  

Elle était là, irradiant de beauté et de noirceur, la baguette tendue et les membres crispés sous le stress. Elle était prête pour l’ultime combat. Et la créature qui leur faisait face ne fit que retrousser ses babines, parée à semer un carnage dans son sillage.  

Le petit serpent — son obsession ravageuse et mortelle ne commettrait pas l’erreur de plonger vers le danger. Il ne le permettrait pas.  

Alors, les sourcils froncés, il se munit de courage et s’élança vers la bête.  

Malfoy n’était pas un imbécile. Sa baguette n’était pas sa seule arme. Un couteau dans sa main droite, il se jeta sur la créature, son pelage sombre et noir brillant sous les éclaboussures de sang, ses canines acérées dévoilées dans un rictus terrifiant. D’un geste prompt et brutal, Malfoy planta son poignard à bout tranchant dans le flanc du monstre. L’animal poussa un hurlement déchirant et les cris de Hermione et de Harry retentirent, choqués par la scène qui se déroulait devant eux.  

La panique s’empara du groupe alors que le Serpentard tournoyait autour de la bête, tentant de la distraire. Mattheo réalisa vite ce que Malfoy faisait: il créait un passage pour qu’ils puissent s’enfuir, leur donnant du temps. Il les protégeait de la menace.  

Non, pensa Mattheo avec horreur. Il était en train de sauver sa sœur, au péril de sa propre vie.

— Courez ! Hurla Malfoy, tandis que l’animal se débattait sous ses mouvements rapides.  

Harry saisit le bras de Mattheo pour l’entraîner vers un couloir du labyrinthe, ouvert par la manœuvre de Draco, mais Hermione resta figée sur place.  

— Hermione ! Cria son frère avec désespoir, sachant ce qu’elle s’apprêtait à faire.  

Elle lui offrit un sourire serein, puis, levant sa baguette, elle se jeta dans la mêlée.  

Le combat devint encore plus féroce. Hermione et Malfoy se coordonnaient tant bien que mal contre la bête monstrueuse. Draco, les dents serrées, esquiva de justesse un nouvel assaut des crocs acérés.  

— Qu’est-ce que tu fais encore là ? Reprocha-t-il avec colère.  

Hermione haussa simplement un sourcil, presque moqueuse, le défiant du regard, malgré les nombreuses attaques. Elle para un coup avec sa baguette, faisant léviter la créature pendant quelques secondes pour se déplacer. Même dans un pareil moment, elle ne perdait jamais une occasion de se montrer désobéissante. Malfoy jura entre ses dents, complètement déconcerté. C’était son petit serpent.  

— Tu pensais vraiment que je te laisserais avoir la gloire d’achever un tel monstre tout seul ? Jamais ! Rigola-t-elle, une étincelle de raillerie brillant dans ses yeux.  

La créature rugit avec une férocité inouïe, balayant l’air de ses griffes mortelles, chacune d’elles comme une lame tranchante prête à déchirer tout sur son passage. Hermione esquiva de justesse un coup, sentant le souffle de la bête frôler son visage. Elle leva sa baguette d’un geste vif et lança un maléfice en direction de la créature: « Stupefix !, mais le sort se dissipa sur la peau épaisse du monstre. Comme le feu qu’elle avait tenté de lui infliger.  

Malfoy, profitant de la diversion produite par Hermione, plongea à nouveau vers l’animal. D’un mouvement précis et implacable, il planta sa dague profondément dans le cou du monstre, là où son épiderme semblait plus vulnérable. Un filet de sang jaillit de la plaie ouverte, éclaboussant ses vêtements, mais Malfoy ne recula pas. Ses yeux étaient fixés avec une détermination féroce sur la créature, puis sur Hermione. Il maintint sa prise, la mâchoire contractée par l’effort.  

La bête se cabra, hurlant de souffrance. Ses pattes percutèrent à l’aveuglette, lacérant l’air et frappant le sol avec une force du tonnerre. Hermione gémit sous la douleur. L’une des griffes du monstre venait de déchirer sa manche, laissant une traînée de sang le long de son bras. D’un geste rapide, elle pointa sa baguette et lança un second sortilège: « Incarcerous ! Des cordes magiques jaillirent, s’enroulant autour des jambes avant de la créature.  

Le monstre arracha les liens d’un coup sec avec sa mâchoire, faisant reculer Hermione. Malfoy se retrouva plaqué contre un mur de lierre, son couteau toujours planté dans la gorge de la bête. Lorsque la créature approcha sa gueule de Draco, Hermione laissa son pouvoir irradier de son corps. Elle ne réfléchissait plus. Les iris gris, elle releva sa paume, une magie obscure tournoyant autour d’elle dans une tempête sombre. Des halos argenté et violets se détachèrent de sa peau. Hermione étendit ses doigts, les yeux orageux et dénués de toute émotion. Elle écouta la voix en elle qui vociférait: tue, tue.  

Alors, elle répondit à l’appel de sa propre bête intérieure et aboya: Laceratio Sanguinolenta.  

Un éclair de lumière jaillit de sa main gauche et frappa la créature de plein fouet, la repoussant en arrière violemment. Le monstre émit un cri perçant sous la douleur, avant de se tordre. En un instant, il tituba, vacilla, puis explosa dans une déflagration de sang et de chair. L’air autour d’eux fut saturé d’une pluie de fluides et de fragments de peau, projetés avec force dans toutes les directions.  

Hermione sentit le liquide écarlate chaud éclabousser son visage et ses vêtements, la faisant cligner des yeux face au choc de l’impact. Des morceaux de carcasse déchiquetés s’accrochaient à sa tenue de combat, dégoulinant d’un nectar épais et visqueux. À côté d’elle, Draco n’échappa pas à l’onde de choc. Il se retrouva lui aussi couvert du sang noirâtre du monstre, ses cheveux maintenant rouges et ses habits imbibés d’une mixture poisseuse.  

Malfoy essuya du revers de la main une éclaboussure sur son front, le regard perdu dans le chaos qu’ils venaient de fabriquer.  

— Bien joué, Hermione, murmura-t-il.  

Hermione déglutit et croisa ses prunelles, le cœur battant à tout rompre. Elle voulut rire, mais elle ne produit qu’un son grotesque entre l’horreur et la confusion. Que venait-elle de faire ? Elle explora ses mains, celle qui tenait toujours sa baguette et l’autre qui venait de tuer la créature. Lorsqu’elle redressa son visage, Malfoy était devant elle, l’observant avec inquiétude.  

— Tu es blessé, déclara-t-il avec douceur.  

— Je vais bien, répliqua-t-elle, la gorge nouée sous l’émotion.  

Malfoy ne fit aucun commentaire. Concentré, il sortit sa baguette et se mit à soigner la plaie sur le bras de Hermione. Ses gestes étaient précis et méticuleux. Une coupure profonde traversait la peau de la jeune femme et il la referma lentement avec un sort de guérison. Une fois terminé, il scruta Hermione, l’ombre d’un sourire se dessinant sur ses lèvres.

—  Je t’avais promis de te soigner. Je pense qu’il est mieux tard que jamais, déclara-t-il avec un brin d’humour.  

Hermione laissa échappa un faible rire, ses yeux brillant de larmes qu’elle tentait de contenir.  

— Tu — commença-t-elle, mais Malfoy la coupa rapidement.  

— Je suis désolé, murmura-t-il, détournant son regard du sien. Il continuait d’empoigner son bras, ses doigts tremblants légèrement alors qu’il appliquait une douce pression sur sa peau, traçant des cercles qui se voulaient tendres. Je n’aurais pas dû me montrer aussi colérique dans la Chambre sur Demande… J’étais stressé et — il prit une profonde inspiration, puis planta ses prunelles grises dans celle de Hermione, soutenant son regard avec intensité. Je ne pensais pas ce que j’ai dit.  

Hermione ravala ses émotions avec difficulté, son cœur battant à tout rompre.  

— Est-ce que tu reviens sur ta décision initiale ? Chuchota-t-elle, ses yeux cherchant dans les siens une réponse.  

Malfoy comprit immédiatement. Avec une douceur inattendue, il traça sa joue du bout des doigts, son contact léger comme une plume.  

— Je reviens sur toutes mes décisions et ce que j’ai pu te dire, répliqua-t-il avec sincérité. Ce n’étaient que des mensonges. Je tiens à toi, et je n’ai pas besoin d’un monstre pour te le prouver. Pour me le prouver, ajouta-t-il, la voix brisée par l’émotion.  

— C’est une trêve alors ? Demanda Hermione en riant doucement, levant sa main pour effleurer la mâchoire de Malfoy.  

Il ferma les yeux un bref instant sous son toucher, savourant la chaleur de sa paume contre sa peau, et hocha la tête avec maladresse.  

— C’est une trêve, répéta-t-il, un léger sourire illuminant son visage fatigué.  


Les couloirs sinueux du Labyrinthe s’étendaient devant eux, étroits et oppressants. Les hautes haies noires de verdure semblaient se rabattre autour de leur petit groupe. Hermione, la baguette levée devant elle, guidait ses compagnons, le visage marqué par la détermination. Son frère se trouvait à ses côtés, les yeux scrutant chaque ombre, chaque mouvement suspect. Malfoy et Potter fermaient la marche, leurs regards alertes.  

Leur mission était simple en théorie: dénicher la fameuse larme maudite d’une sirène, un objet d’une grande puissance magique, indispensable pour réussir à accéder à la prochaine épreuve du tournoi des Sorciers.  

Après ce qui semblait être des heures de marche, Hermione s’arrêta brusquement, levant la main pour signaler aux autres de faire de même. Devant eux, un espace immense s’ouvrait soudainement, comme une clairière au milieu de l’épaisse végétation. Une brume, rayonnante d’un éclat absinthe surnaturel, flottait dans l’air. La magie enveloppait le lieu comme un dôme mystérieux et protecteur.  

Les yeux de Mattheo s’élargirent à la vue du brouillard vert et avec un geste rapide, il attrapa le bras de sa sœur pour l’empêcher d’avancer plus loin.  

— Ne fais pas un pas de plus, murmura-t-il, la voix tendue. Rappelle-toi ce qui s’est produit lorsque les étudiants sont entrés en contact avec la brume.  

Hermione s’en souvenait avec une netteté mordante: transformés en créatures aux écailles sombres et cracheurs de feu, ils avaient tout fait pour les éteindre et les tuer de leurs flammes. Le regard porté vers l’éclat mystique et glauque, elle réfléchit. Elle ne voulait pas revivre une telle expérience, mais quelque chose en elle — une curiosité inébranlable, un instinct peut-être — lui disait que cette fois-ci, c’était différent.  

Harry s’approcha, ses yeux fixés sur la brume.

— On ne peut pas rester ici, murmura-t-il en observant le décor. La larme de la sirène doit être quelque part à l’intérieur du dôme. Peut-être que la magie entourant les lieux est une sorte de barrière pour abriter l’entrée.  

— Ou un piège, ajouta Malfoy, le ton glacial.  

En croisant son regard, elle comprit. Draco hocha la tête, puis releva sa baguette pour leur offrir une protection. L’incantation qui traversa ses lèvres était complexe et une fine cloison émergea autour de leur groupe, brillant doucement sous la lumière verte. Hermione échangea une œillade avec son frère, cherchant une confirmation silencieuse. Mattheo, la mâchoire serrée, se pinça les lèvres. Il était prêt à tout.  

Ils s’avancèrent prudemment, franchissant le seuil de la brume. L’air autour d’eux devint plus lourd, presque suffocant. Hermione sentit une étrange sensation de picotement courir le long de sa colonne vertébrale, comme si le brouillard magique tentait de pénétrer la barrière de protection.  

Le sol sous leurs pieds semblait différent — plus doux, comme de la mousse humide. Elle pouvait entendre un léger bruit, comme un murmure lointain. Elle plissa les yeux, essayant de voir au-delà. Au centre de l’espèce dégagé, une forme sombre émergea, une silhouette à peine visible.  

— Regardez, chuchota Hermione en pointant l’apparition.  

L’ombre devint plus claire à mesure qu’ils s’approchaient. Il s’agissait d’un piédestal de pierre, à moitié recouvert de végétation, et au sommet se gisait une petite fiole de verre, contenant du liquide d’un bleu profond.  

— La larme de la sirène, murmura Harry, les iris écarquillés. Nous l’avons trouvée.  

Lorsque l’Élu tendit sa main pour agripper l’objet de leur quête, l’air autour d’eux sembla se resserrer. La brume devenait de plus en plus épaisse.  

— Reculez ! cria Mattheo, mais il était trop tard.  

Le brouillard s’enroulait déjà autour d’eux, les enveloppant d’une étreinte glaciale. Hermione sentit une pression dans sa poitrine, l’empêchant presque de respirer. Avant que Malfoy ne puisse jeter le moindre sort, un éclat de lumière jaillit du piédestal, les projetant avec force. Il n’y avait plus que le vide, le noir et un sentiment de désespoir. Ils tombaient, mais vers où ?  

Lorsqu’ils touchèrent le sol, Hermione cliqua des yeux, le souffle coupé. Ils se retrouvaient maintenant dans une autre partie du labyrinthe. Les murs étaient plus hauts et l’air était chargé d’une énergie sombre.  

— Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda Harry, alors qu’il tenait toujours la fiole entre ses doigts.  

Hermione se redressa, son cœur battant à tout rompre. Elle inspecta les lieux, à la recherche d’une menace. Lorsque des bruits de pas retentirent, suivis d’un souffle saccadé, ils se relevèrent, bras tendu vers le nouvel obstacle qui prendrait forme. Ils avaient accompli la première partie de la mission, mais ils leur restaient encore la tâche de s’échapper du Labyrinthe. Ils devaient trouver la sortie. La respiration en suspend, ils attendirent, les membres figés.  

L’apparition ne tarda pas à plonger vers eux. Des cheveux épars, blonds, des yeux écarquillés sous la peur et le teint blême — il s’agissait de Luna Lovegood. Elle avait l’air complètement bouleversée, la crinière emmêlée et le souffle rapide.  

— Luna ? S’exclama Hermione en s’approchant d’elle. Qu’est-ce qui s’est passé ?  

La Poufsouffle chercha son souffle, tentant de calmer les tremblements qui malmenaient son corps.

— Je — je me suis retrouvée avec Ron et Gregory, expliqua-t-elle, sa voix brisée par la terreur. Ils m’ont coincée dans un des couloirs… J’ai dû fuir. J’ai couru pendant des heures, je crois. J’essayais de les semer et — je pense que j’ai réussi, mais je ne suis pas certaine, Luna ferma les yeux et secoua la tête, toujours hystérique. J’ai tellement peur qu’ils soient encore là et qu’ils me débusquent.  

— Tout va bien Luna, tu es en sécurité avec nous maintenant, dit Hermione avec douceur. Mais Luna agita la tête avec frénésie, comme si elle ne pouvait pas entendre les mots rassurants de son amie.  

— Il faut retrouver la sortie avant qu’ils me repèrent, j’ai — Luna déglutit, ses yeux fous alternant entre Harry, Malfoy et les Riddle. J’ai réussi à localiser le portoloin, mais j’espérais vous croiser. J’ai peur, Mione. J’ai peur, répéta-t-elle les larmes dans la voix.

Hermione jeta un coup d’œil à son frère, qui se tenait légèrement en retrait. Les sourcils froncés, il y avait un air de méfiance sur son visage. L’atmosphère était tendue et lugubre. Il trouvait étrange que Luna ait réussi à échapper à Ron et Gregory et surtout seule dans le Labyrinthe traître. Comment avait-elle survécu tout ce temps, sans aide ?  

Hermione ressentait la même appréhension, mais les prunelles de Luna étaient remplies d’une telle détresse qu’elle décida de repousser ses doutes. Elle resserra son étreinte autour de Luna, l’enlaçant, les lèvres pincées en une fine ligne d’inquiétude.  

— C’est fini maintenant. Tu n’es plus seule. On est là avec toi.  

Les épaules de son amie s’affaissèrent un peu, ses sanglots s’apaisant alors qu’elle se laissait aller contre Hermione. Elle avait dû errer seule dans les couloirs pendant des heures, terrorisée, à tenter de fuir ceux qui la traquaient. La pauvre.  

Harry s’approcha, son regard passant de Luna à Hermione, cherchant à évaluer la situation.  

— Est-ce que tu te rappelles de l’itinéraire ? Demanda-t-il avec douceur.  

— Il faudrait se dépêcher, dit Malfoy d’une voix tendue. S’ils sont vraiment derrière, ils ne tarderont pas à nous trouver.  

Mattheo hocha la tête, une expression sombre déformant son visage.

— Il a raison. On doit bouger. Luna, on te suit.  

Luna se pinça les lèvres, le corps chevrotant, puis se détournant, elle ouvrit le chemin. Hermione le succéda de près, les sourcils froncés et l’inquiétude collant contre sa peau.  

Guidé par les foulées précipitées de la Poufsouffle, le groupe progressait à travers les méandres du Labyrinthe. Les murs de haies commençaient à s’éclaircir, laissant entrevoir des éclats de lumière dorée au loin. L’air devenait plus frais. Le vent soufflait, signe que la sortie était proche. Luna marchait d’un pas déterminé devant eux, ses mouvements fébriles trahissant une impatience étrange. Derrière elle, Hermione, Harry, Malfoy et Mattheo restaient sur leurs gardes, les baguettes prêtes à toute éventualité.  

Enfin, ils arrivèrent devant une vaste clairière, bordée d’arbres imposants. Au centre de l’espace se dressait une table de pierre massive, d’une blancheur presque éthérée. Sur son socle reposait une épée — l’arme même qui les avait transportés dans cette maudite épreuve. Son acier brillant semblait luire avec menace.  

Hermione s’arrêta net, fixant l’épée, la gorge serrée. Son cœur battant la chamade. Elle inspira, les doigts tremblants légèrement sous l’émotion.  

On a réussi, pensa-t-elle avec un mélange de soulagement et de triomphe. Ils avaient traversé tant d’épreuves, et maintenant, ils pouvaient enfin rentrer à Poudlard.  

Mais alors que les premiers sourires se dessinaient sur leurs visages, un son inattendu brisa le silence — un rire. Clair et cristallin, mais sinistre. Hermione tourna brusquement la tête vers Luna, qui était figée. La figure de la Poufsouffle était marquée par une expression de culpabilité évidente, ses yeux s’assombrissant de regret et de quelque chose de plus profond.  

Deux silhouettes familières émergèrent des ombres derrière eux: Ron Weasley et Gregory Podmore. Ils revêtaient un sourire carnassier, leurs baguettes levées avec une assurance menaçante. Tout se passa en un éclair. Luna et ses complices les désarmèrent d’un geste rapide et précis. Leurs seules sources de protection volèrent des mains du groupe, atterrissant sur le sol à quelques mètres d’eux, hors de leur portée.  

Ils étaient maintenant à la merci de leurs ennemis. Mattheo tremblait de rage. Malfoy, les poings serrés, soutenait les regards perfides de Weasley et Podmore, une lueur de défi brillant dans ses prunelles. Harry, la bouche entrouverte sous l’épouvante, dévisagea Luna avec une expression de choc et de douleur. La trahison était un goût âcre. Hermione le comprenait.  

— Pourquoi, Luna ? Demanda Potter.  

Leur amie détourna les yeux, une larme coulant sur sa joue. Elle resta muette d’effroi.  

— Ne soyez pas si dur envers elle, susurra la voix de Ron.  

Il arborait un sourire vicieux. Relevant sa main libre vers son ancienne copine, il échappa un rire.  

— Se retrouver en équipe avec elle était une belle surprise, ricana-t-il en se léchant les lèvres. Il n’a fallu que d’un instant pour que je transperce son esprit et brise toutes ses barrières. Elle ne peut vous aider. Maintenant, souffla Ron avec raillerie, elle est à moi.  

Hermione hoqueta de stupeur. Luna était sous le sortilège de la persuasion mentale. Elle ne pouvait faire ses propres choix. Elle était piégée, comme un oiseau en cage. Déglutissant sous l’horreur, elle se détourna pour plonger son regard dans celui du Gryffondor. Penchant la tête de côté, il échappa un nouveau rire.  

— Elle avait pour mission de vous débusquer et de vous ramener ici. Je savais que vous finiriez par trouver la larme maudite, expliqua-t-il en s’avançant avec lenteur.  

Ron dévisagea Harry avec raillerie. Et en retour, Potter resserra ses doigts contre la fiole.  

— Tu ne l’auras pas ! S’écria l’Élue avec colère.  

Gregory émit un bref rire, sournois. Il brandit sa baguette vers Luna, un rictus acéré au coin des lèvres.  

— Tu ne devrais pas me tenter, Potter, souffla-t-il avec froideur. Mattheo devrait savoir maintenant que j’aime beaucoup les sortilèges interdits.  

Podmore échangea un rapide regard avec le Riddle avant d’esquisser un sourire.  

Hermione, la main enfoncée dans la poche de son pantalon de combat réfléchit. Elle avait encore une baguette. Celle de Eleanor. Tout comme son frère. Ils débattirent en silence. Ils devaient être vigilant. La moindre erreur pourrait coûter la vie de Luna. Et c’était inenvisageable. Il y avait trop de morts. Entre le Serdaigle et Eleanor, Hermione ne pouvait commettre un faux pas. Le souffle court, elle tenta de calmer la tension qui était étouffante dans l’atmosphère.  

— Luna n’est en rien responsable de ce qui se produit, relâchez-là, commença-t-elle prudemment en amorçant un geste vers ses adversaires.  

Malfoy, les yeux écarquillés, semblait départagé entre ce qu’il devait faire pour protéger les siens et le prix d’un pareil acte. Devait-il courir un tel risque ? Il observa une nouvelle fois le petit serpent s’approcher des Némésis, les lèvres pincées.  

— Non, non, non, ronronna Ron en retour aux paroles de Hermione. Il brandit sa baguette vers le groupe, la tête penchée. Luna n’est qu’un pion, et j’ai besoin d’elle. Vous serez sage si elle reste ici, n’est-ce pas ? Questionna-t-il avec une raillerie dans la voix.  

Gregory, à sa gauche, éclata de rire.  

L’air se chargea d’une tension palpable. Podmore redressa sa baguette avec un sourire carnassier, ses yeux brillants d’une cruauté malveillante.  

— Vous ne sortiez jamais d’ici, déclara-t-il.  

À ses côtés, Ron Weasley continuait de relever son arme, un rictus de satisfaction sur le visage. Il lança un maléfice avec une force sombre.  

Le jet de lumière pourpre fendit l’atmosphère avec une vitesse fulgurante. Mattheo, réagis avec célérité. Il fit jaillir de sa propre baguette un éclair bleuté, déviant le sortilège avec habileté. Le rayon rouge se fracassa contre une haie du labyrinthe, envoyant des éclats de bois et de feuilles dans toutes les directions.

Harry plongea en avant alors que les enchantements tournoyaient, protégeant de son corps Luna. Le souffle coupé, il sentit la déflagration d’un autre sortilège passer juste au-dessus d’eux, ratant de peu leur tête.  

Malfoy, voyant Gregory lever sa baguette de nouveau, réagit avec fureur. Sans hésiter, il brandit son couteau et se jeta, se ruant vers Gregory. Les deux hommes entrèrent en collision et un grondement sourd résonna alors que leurs corps s’entrechoquaient. La baguette de Gregory s’échappa de ses mains. Il tenta de l’atteindre, mais Draco aplatit son poing contre son visage.  

Des lustres de lumière éclatèrent dans toutes les directions. Hermione, au centre de la mêlée, pivota rapidement, sa baguette virevoltant pour dévier un nouveau sortilège, mais son arme ricocha sous le jet et Hermione n’avait plus rien pour la protéger. Il n’y avait que l’adrénaline, la peur et la survie. Comme autrefois.  

Soudain, un cri perça le tumulte. Ron Weasley, le visage déformé par une rage sombre, leva son arme une fois de plus avec une intention meurtrière.  

— Avada Kedavra ! Hurla-t-il.  

Sa voix résonna dans le labyrinthe comme un coup de tonnerre. Le temps sembla s’arrêter. Malfoy redressa sa tête alors que Gregory échappait un juron. Harry voulut se relever pour protéger les Riddle. Hermione sentit son cœur se figer dans sa poitrine, ses yeux s’écarquillant de terreur. Elle vit le jet de lumière vert jaillir, se dirigeant droit vers elle. Tout devint silencieux, comme si le monde entier retenait son souffle.  

— Non ! Cria Mattheo, sa voix se perdant dans le chaos.  

Il plongea dans la trajectoire du sort, son corps se tendant avec un effort désespéré.  

L’espace d’un instant, Hermione sentit quelque chose se briser en elle. Elle perçut une pensée de son frère, « Je t’aime, et comme un coup de poignard, elle l’observa s’effondrer au sol, le corps inerte.  

Hermione n’arrivait plus à capter les sons, le chaos de la bataille. Plus rien n’avait d’importance. Tout ce qu’elle pouvait voir, c’était la dépouille de son frère étendu sur le terrain, immobile, une expression d’horreur sur le visage.  

— Mattheo ! Hurla-t-elle.  

Elle se précipita vers lui, tombant à genoux à ses côtés, ses mains se posant sur ses joues.

— Je t’en prie, je t’en prie, implora-t-elle alors que les larmes coulaient librement contre ses pommettes. Elle appuya contre son torse, mais il ne bougeait pas. Mat, réponds-moi, demanda-t-elle. Elle traça la cicatrice de son frère de ses doigts, le corps secoué de sanglots. Tu ne peux pas partir, je te l’interdis. Je te l’interdis, tu m’entends ! Hurla-t-elle une seconde fois en frappant contre son torse.  

Elle le secouait. Il ne pouvait être mort. Mattheo était encore là. Elle en était persuadée. Il — il avait seulement besoin de se reposer. C’était tout.  

— C’est ça, se chuchota Hermione en caressant les cheveux de son frère. Je suis avec toi. Tout va bien aller, je te le promets, sanglota-t-elle.  

Mais Mattheo ne respirait plus. Il ne clignait plus des yeux. Et surtout, l’esprit de Hermione était vide de toute intrusion, de toutes pensées. Il n’y avait plus la présence de son frère. Il n’y avait que le néant, la douleur et le désespoir. Mais elle s’accrocha à son corps comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage. Elle ne pouvait concevoir une telle chose. Mattheo était vivant. Il dormait.  

Sa peau était froide.  

Il dormait.  

Ses traits étaient figés.  

Il dormait.  

Il ne faisait pas le moindre mouvement.  

Il dormait.  

Il ne lui adresserait plus l’infime sourire. Il n’inonderait lus son esprit. Elle n’entendrait plus son rire ni ne sentirait son odeur. Elle plongea son nez dans son cou alors qu’elle pleurait.  

Mattheo était mort.  

Elle se revit, plus jeune, lorsqu’il lui apportait du pain, lui caressait du bout des doigts le visage, en sachant qu’il serait puni. Elle se rappela le moment où ils échangeaient le soir, discutant de leurs rêves, de leur ambition.  

— Tu penses que je serais un bon Auror ?  

Hermione éclata en sanglots.  

Il était mort.  

— Tu seras le meilleur.  

Il ne bougeait plus.  

— Tu es lumineuse, Mione. Tu es ma sœur et rien ne changera l’amour que j’éprouve pour toi.  

Hermione se pinça les lèvres, des hoquets secouant son corps.  

Mattheo semblait presque esquisser un sourire, allongé ainsi dans le Labyrinthe. Hermione lui caressa les cheveux, le cœur tambourinant contre ses tempes.  

— Je t’aime.  

Elle plaqua son front contre celui de son frère.  

— Je t’aime.  

Et plongea dans la noirceur. Le néant l’avala comme s’il s’agissait de sa maison. Et elle succomba à l’appel.

Chapter 29: Entre la noirceur et la lumière, il n'y a qu'un pas

Chapter Text

CHAPITRE 29

Entre la noirceur et la lumière, il n'y a qu'un pas

« C'était Mattheo et elle. Encore et toujours. »


Hermione sentit le monde basculer autour d’elle alors qu’elle plongeait dans l’esprit de son frère. Une sensation de vertige l’envahit, puis tout devint noir, comme si elle tombait dans un puits sans fond. Elle ferma les yeux, s’accrochant à l’idée de Mattheo, à son souvenir, à sa présence encore vive dans son cerveau. Elle allait le rejoindre.  

Rouvrant ses paupières, elle observa les lieux, la gorge serrée. Devant elle, une forêt dense s’étendait à perte de vue, baignée d’une lumière douce et dorée. Le soleil brillait haut dans le ciel, ses rayons filtrant à travers la frondaison des arbres. Les feuilles bruissaient comme si elles chuchotaient une chanson étrangère. Il s’agissait du même endroit que la première épreuve dans la chambre des miroirs.  

Hermione resta immobile, le souffle coupé par la mystérieuse familiarité du lieu. Elle pouvait presque sentir l’odeur terreuse de la forêt, le parfum des fleurs sauvages et le léger picotement du vent contre sa peau. Une vague d’émotion la submergea, la noyant presque de l’intérieur. Pourquoi cet endroit lui paraissait-il si familier ? Une question lancinante résonnait en elle, comme un écho du passé.  

Elle ferma les yeux et se laissa envahir par les souvenirs. Des images confuses lui revinrent en tête, des fragments d’un vécu qu’elle avait presque oublié. C’était ici. Elle avait déjà foulé ces lieux, bien avant la première épreuve. Elle avait treize ans.  

La douleur dans sa poitrine s’intensifia, l’obligeant à prendre une profonde inspiration. Cet endroit… Ce n’était pas seulement une illusion créée par les miroirs. C’était réel. Elle le savait maintenant. C’était ici qu’elle s’était retrouvée la première fois, juste avant de développer sa capacité de régénération. Elle se souvenait de la confusion, de la peur qui l’avait envahie alors qu’elle errait seule dans cette même forêt, perdue entre la vie et la mort.  

Une larme roula sur sa joue alors qu’elle réalisait ce que tout cela signifiait. Mattheo ne l’avait pas simplement emmenée dans son esprit. Il tentait de la prévenir, de lui dire au revoir. Les doigts tremblants et la gorge nouée, Hermione ne réfléchit plus.  

Elle s’élança, ses bottes frappant le sol irrégulier de la forêt, les branches des arboretums fouettant son visage. Le souffle court, elle se frayait un chemin à travers les plantes ligneuses et les buissons, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Elle devait le retrouver.  

Les feuilles craquaient sous ses pieds tandis qu’elle pourfendait la végétation dense, se précipitant vers le ruisseau qui s’étendait devant elle. Hermione plissa les yeux sous l’éclat du jour, levant une main tremblante pour se protéger de la lumière. C’est alors qu’elle le vit. Son frère marchait d’un pas léger vers une porte, un dôme doré qui scintillait au milieu de la clairière. Le temps semblait ralentir, chaque seconde s’étirant dans une éternité douloureuse.  

— Mattheo ! Hurla-t-elle, sa voix déchirant l’air, mais il ne se retourna pas.  

Il continuait d’avancer, comme s’il ne pouvait l’entendre, comme s’il était déjà trop loin, dans un autre monde. Hermione se mit à paniquer. Elle accéléra, mais le sol se résorba sous elle. Ses jambes tremblaient de fatigue, sa vision se brouillait de larmes, mais elle ne pouvait s’arrêter. Elle devait le voir. Le serrer dans ses bras.  

— Mat ! S’écria-t-elle une seconde fois alors qu’elle était à bout de force.  

La terre sous elle s’anima. Les racines jusqu’alors cachées commencèrent à s’enrouler autour de ses pieds, cherchant à la retenir, à l’empêcher de rejoindre son frère. Elle hurla avec agonie. Non, non, non, pensa-t-elle avec horreur. Elle s’efforça de se déprendre, mais les rhizomes s’agrippèrent à ses chevilles, tirant ses membres vers le sol. Hermione trébucha et tomba à genoux, un cri désespéré s’échappant de ses lèvres. Les larmes coulaient maintenant librement sur ses joues.  

— MATTHEO ! S’époumona-t-elle, la voix brisée par la peur et la douleur.  

Elle lutta contre la végétation qui emprisonnait son corps, tentant de se libérer de l’étreinte qui la retenait captive. Mais plus elle se débattait, plus les racines se resserraient. C’est alors qu’une intonation douce, presque un murmure parvint à ses oreilles.  

— Je t’avais dit que je prendrais soin de lui, très chère, chuchota la voix.  

Un souffle glacial fit hérisser les poils de la nuque de Hermione. Elle tourna la tête, son cœur se pinçant à la vue de la Méduse, accroupie devant elle. La créature mi-femme, mi-serpent avait un regard brillant d’émotion. Lentement, elle étendit une main délicate et toucha les écorces des racines enroulées autour de Hermione. Aussitôt, elles commencèrent à se rétracter, relâchant leur prise.  

— Tu ne devrais pas être ici, murmura la Méduse d’une voix douce, mais ferme. Seuls ceux qui traversent le passage entre la vie et la mort le peuvent.  

Hermione, haletante, leva un regard empli de larmes vers elle.  

— Mais j’étais ici il y a moins d’une semaine ! Protesta-t-elle. Comment ai-je pu venir si c’est interdit ?  

La créature lui offrit un triste sourire, presque maternel.  

— Il s’agissait d’une porte vers la guérison, expliqua-t-elle doucement. Le passage entre la vie et la mort – ta mère souhaitait te voir une dernière fois. Elle connaissait ta douleur parmi les vivants et voulait te montrer que les morts ne souffrent pas. Ils sont libres.  

Hermione déglutit, une brûlure vive traversant son cœur alors qu’elle réalisait ce qu’elle avait perdu. Ses larmes dévalaient ses joues sans retenues.  

— Alors, laissez-moi venir avec vous, implora-t-elle, sa voix se brisant en sanglot. Laissez-moi rejoindre mon frère. Je ne veux pas rester ici sans lui…

La Méduse secoua la tête, ses yeux brillants d’une tristesse sincère.  

— Je ne peux t’accorder ce souhait, répondit-elle avec difficulté. Mais je peux te permettre de le voir une dernière fois. Te donner la chance de lui dire au revoir.  

D’un geste gracieux de la main, la Méduse se redressa. Elle s’écarta du chemin et Mattheo apparut dans la périphérie de Hermione. Elle hoqueta, ses yeux s’élargissant sous le choc. Elle n’hésita pas un instant et se jeta sur lui, ses bras se refermant autour de son frère dans une étreinte désespérée.  

Il était là, il était là, pensa-t-elle avec douleur.  

Les sanglots secouèrent ses épaules alors qu’elle se pressait contre lui, ses mains agrippant le tissu de sa chemise, refusant de le lâcher.  

— Hey, souffla Mattheo avec douceur. Pourquoi des larmes, Mione ? On a réussi ! S’écria-t-il d’une voix enjouée.  

Hermione redressa son visage rougi et croisa le regard de son frère. Ses yeux étaient incandescents d’allégresse.  

— On a réussi le tournoi, répéta-t-il avec engouement.  

Hermione se détacha de lui, des sanglots secouant son corps. Ce n’était pas possible. Comment Mattheo pouvait penser une telle chose ? Son regard était si vif de joie qu’un gémissement franchit la barrière de ses lèvres en l’observant. Son frère, songea-t-elle avec agonie. Mais Mattheo ne pouvait accéder à ses pensées. Plus maintenant.  

Se penchant vers elle, il empoigna ses joues avec adoration, lui offrant un sourire innocent. Il s’attendait à une réponse, et non à des larmes. Elle déglutit, le cœur lourd.  

— Non, balbutia-t-elle. On n’a pas réussi.  

— Quoi ? Répliqua-t-il, confus.  

Hermione lui offrit un sourire triste, sa vision obscurcie par les larmes.  

— On est toujours dans le Labyrinthe. Ron est arrivé et il a tenté de me tuer et… Hermione frémit, détournant ses prunelles, incapable de prononcer le moindre son tant sa gorge était serrée. Tu m’as sauvé, finit-elle par articuler en caressant les cheveux de son frère.

Il perdit son sourire. Il était désemparé.  

— Mais – mais, trembla-t-il avec désespoir. Pourquoi on est ici tous les deux ? Pourquoi j’ai l’impression d’être libre ?  

Hermione continua de faufiler ses doigts dans sa crinière, sur son visage, les larmes lui barrant la vue. Elle avait besoin de ce contact. Elle voulait l’imprégner dans son âme. Pour toujours. Elle ne voulait pas qu’il parte. Elle avait tellement besoin de lui. Il ne pouvait disparaître.  

— Parce que tu l’es, Mat, avoua-t-elle dans un tremblement. Tu es libre maintenant.  

— Et toi ? Demanda-t-il avec agonie en comprenant ce que cela signifiait. Tu ne peux pas me rejoindre ?  

Hermione émit un gémissement en se pinçant les lèvres. Elle fit un mouvement de négation de la tête, incapable de prononcer le moindre son pendant plusieurs minutes.  

— Je ne peux pas, finit-elle par admettre dans un sanglot. Je ne peux pas, je ne peux pas, répéta-t-elle inlassablement en plongeant son visage dans le torse de son frère.  

Mattheo la serra contre lui, fort, plaquant son front contre le sien. Il était en train de la perdre. Il ne reviendrait plus. Il était… Il déglutit.  

— Est-ce que c’est vraiment comme ça que je vais finir ? Est-ce que c’est vraiment comment je meurs ? Chuchota-t-il, les larmes ruisselantes contre ses joues.  

Hermione appuya une main contre sa nuque, s’accrochant à son corps comme une bouée de sauvetage, comme s’il était son salut.  

— Je suis désolée, je suis désolé, répéta-t-elle avec lamentation.  

— C’était inévitable, comprit-il avec douleur. La prophétie l’avait dit et la première épreuve aussi.  

La baguette et la photo, réalisa Hermione dans un sanglot. La baguette qui serait sa mort et la photo avec la présence de leur mère qu’il irait rejoindre. Son portrait à elle, car il la protégerait jusqu’à la fin.  

Mattheo, toujours le front plaqué contre elle, la dévisageait avec désespoir.  

— Je ne veux pas partir, implora-t-il. Je veux rester avec toi.  

Hermione n’arriva pas à contenir ses sanglots.  

— Tu es enfin libre, Mat, murmura-t-elle.  Je viendrais te rejoindre. Je te le promets.  

— Non, répliqua son frère avec douleur. Je te l’interdis ! On était si proche, Mione. On – tu peux encore le faire. Mattheo l’empoigna par les épaules, ses yeux déterminés la fusillant jusqu’au puits de son âme. Pour nous deux. Finis le tournoi et réalise nos rêves.  

Hermione s’accrocha à son corps, alors que Mattheo essuyait ses larmes de ses doigts, les récoltant un sourire triste.  

— Je crois en toi. Tu peux accomplir des merveilles. Je l’ai toujours su.  

La voix de Mattheo résonnait doucement, réchauffant l’atmosphère autour d’eux comme un souffle apaisant. Il se tenait là, devant elle, solide et pourtant, il commençait à s’effacer. Hermione sentit son cœur se serrer, une peur sourde s’insinuant en elle. Non, pensa-t-elle avec désespoir. Pas encore. Pas maintenant.  

Les contours de Mattheo devinrent flous, comme s’il était fait de brume. Ses traits se dissolvaient lentement, se mêlant à l’air, tandis que la lumière du soleil s’accrochait à ses bords, le rendant presque translucide. Hermione tenta de le toucher, mais sa main traversa son corps comme s’il n’était plus que poussière

—  Il est temps de s’en servir. De cette force, continua-t-il, sa voix à présent douce et distante. Tu l’as toujours eue en toi. Et maintenant, moi aussi je serais là.  

Les larmes de Hermione brouillèrent sa vision, mais elle se força à l’admirer, à ne pas détourner les yeux. Elle ne pouvait pas le perdre. Pas encore. Pas de cette façon. Elle essaya de parler, mais sa gorge était serrée, ses mots pris au piège dans un flot d’émotions.  

— Je ne te quitterai pas. Je ne le ferai pas, promit-il avec ferveur, son regard ancré dans le sien.  

Hermione tendit la main vers lui, ses doigts s’étendant pour attraper quelque chose, n’importe quoi, pour le retenir.  

— Non, cria-t-elle, sa voix éraillée par le désespoir.  

Elle se jeta en avant, mais il continuait de s’éteindre, son corps s’évaporant comme de la poussière emportée par le vent. Elle n’avait plus que son visage à contempler.  

—  Je t’aime, souffla-t-il pour la dernière fois, ses mots portant un poids infini avant de disparaître dans le silence.  

Hermione tomba à genoux, sa poitrine secouée de sanglots incontrôlables. Elle hurla, un cri déchirant qui traversa l’espace. Son rugissement résonna dans la forêt, répercuté par les arbres autour d’elle. Une lamentation, une perte, une douleur, un désespoir, une âme brisée.  

Elle resta là, ses mains serrées dans la terre, ses doigts s’enfonçant dans le sol comme si elle pouvait s’accrocher au monde, à cette réalité cruelle qui continuait de lui arracher tout ce qu’elle aimait. Chaque battement de son corps était un rappel douloureux qu’elle était toujours en vie, qu’elle était toujours là, sans lui.  

Lentement, comme si elle émergeait d’un rêve, Hermione sentit le monde chavirer. Elle inspira profondément, ses poumons en feu et leva les yeux. Elle n’était plus dans la forêt. Elle se retrouvait de nouveau dans le Labyrinthe, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Devant elle se tenait Ron Weasley. Son visage était dur, ses prunelles emplies d’une haine froide. Malfoy était toujours au-dessus de Grégory et les deux étudiants l’observaient avec circonspection, comme si elle n’avait pas disparu pendant de longues minutes.

Une colère brute remplaça rapidement son chagrin. Ron avait tué son frère. Elle sentit son sang bouillir et perdit le contrôle. Mattheo avait raison. Elle devait sortir la bête, son pouvoir. Et là, maintenant, rien ni personne ne pourrait l’en empêcher.  

Un tourbillon d’énergie se mit à crépiter autour de Hermione, vibrant avec une intensité croissante. Les halos de lumière violette enveloppaient son corps, créant une aura terrifiante. Ses cheveux d’une teinte caramel commencèrent à se transformer, se décolorant lentement, mèche par mèche, jusqu’à devenir d’un blanc immaculé. Ses yeux d’un brun chocolat pétillèrent, puis se mirent à se dissoudre, remplacés par un gris acier perçant et tranchant.  

Hermione se redressa avec lenteur, le regard planté dans celui de Ron Weasley. Il ne bougeait plus, pétrifié par la terreur.  

Une voix résonnait dans les parois du cerveau de la Riddle, douce et envoûtante. Il n’y avait que des promesses sombres et inéluctables et pour une fois, Hermione noya sa peur ; elle démolit ses barrières et ses convictions, acceptant son tourment, sa douleur.  

Tue. Pulvérise. Détruis, susurrait la voix, chaque mot une caresse mortelle contre les cloisons de son esprit.

Ron recula d’un pas, ses membres figés et son visage se tordant dans une expression liquéfiée sous l’effroi. Un sourire mauvais étira les lèvres de Hermione, son sourcil se relevant avec une malice glaciale. Il avait osé braver l’interdit et plonger son frère dans l’oubli. Elle lui promettrait le même avenir.  

Qu’il la craigne, estima-t-elle sombrement. Personne ne viendrait l’aider. Il comprendrait ce que cela faisait ; de mourir à petit feu, de se noyer dans ses propres émotions.  

Les yeux gris de Hermione commencèrent à se teinter de noir, des petites veines obscures envahissant lentement ses iris. Elle voyait le monde à travers un voile sombre, ses convictions dominées par la vengeance. La magie pulsait en elle comme une bête réveillée et elle pouvait sentir le pouvoir brut bouillonner sous sa peau, prêt à être libéré. Elle abandonna toute résistance.  

Elle n’était plus que ténèbres.  

Hermione fit un pas en avant et un frisson parcourut Ron.  

— Tu penses avoir gagné la partie, susurra la voix de la Riddle, presque cristalline. Pourtant, tu viens de te mettre à ma merci. N’est-ce pas ironique ? Ricana-t-elle.  

Harry, qui observait la scène, écarquilla les yeux sous la stupeur. Il ne reconnaissait plus son amie. Elle se tenait là, un sourire cruel aux lèvres et un éclat mesquin dans le fond de ses prunelles. Elle n’était plus elle-même. Elle revêtait l’apparence d’une étrangère, une forme ténébreuse qui ressemblait au sorcier maudit ; son propre père.

Il amorça un geste pour s’interposer, la respiration haletante, mais Hermione coupa son mouvement en relevant sa main dans les airs. Elle n’avait pas besoin de le dévisager pour avoir un contrôle sur la situation, sur le corps de l’Élu. Il tenta de bouger sa jambe, mais elle restait clouée au sol. Tout comme Ron, qui ne rêvait que d’une chose, s’enfuir et se cacher dans les couloirs de lierres du Labyrinthe. Mais Hermione ne comptait pas lui laisser une telle chance. Elle reprenait le cours de son destin. Et il n’y avait qu’une promesse de destruction qui planait dans l’air.  

Luna, toujours sous le corps de Potter, se mit à trembler.  

— Pourquoi Hermione a-t-elle les cheveux blancs ? Croassa-t-elle avec douleur.  

Le maléfice de persuasion mentale semblait s’être évanoui. Elle était maintenant perdue, désemparée et terrifiée. Harry lui serra la main, prenant le soin de se redresser. Hermione ne vit aucune menace dans son geste et le laissa faire. Il grinça des dents. Ils en étaient là à présent. Des ennemis.  

Malfoy venait de relâcher Gregory qui s’enfuit, posant sa paume contre l’épée et disparue dans un éclair de fumée. Le Serpentard arborait un visage impassible, les yeux vitreux. Il n’y avait que ses poings fermement crispés qui laissèrent transpercer sa colère. Il ne comptait pas mettre des bâtons dans les roues de Hermione. Harry le comprit en l’observant, l’estomac noué.  

— Hermione, souffla Potter à mi-voix.  

Il tenta de l’atteindre une nouvelle fois, mais ses membres étaient figés comme de la pierre. Il pesta dans sa barbe, de la sueur s’écoulant de son front.  

— Je vous conseille de suivre Podmore, recommanda la Riddle avec douceur. Elle leur faisait toujours dos. Ce qui va se produire ne va pas vous plaire et je préférerais ne pas avoir de spectateurs.  

— Il n’en vaut pas la peine ! S’écria maladroitement Harry, de la douleur dans sa voix.  

Il comprenait le chagrin de Hermione. Ce qui venait de se produire – c’était impensable, horrible. Mais elle ne devait pas plonger dans les abysses. Elle ne le pouvait. Mattheo serait furieux de l’apprendre.  

— Tu ferais mieux d’écouter le sale-caboche, grogna avec rage Ron, alors qu’il ne pouvait toujours pas faire le moindre geste.  

Hermione reporta son attention sur le rouquin, un sourire ironique aux lèvres.  

— Vraiment ? Se moqua-t-elle. Ne suis-je pas maîtresse de mon propre destin ? Tu penses avoir le loisir de décider du sort des autres, tuant sans merci, mais lorsque tu te retrouves dans cette position, tu deviens lâche, Weasley. C’est risible, plaisanta Hermione en lui tournant autour.  

Elle releva ses doigts pour les planter contre les clavicules de Ron, le faisant tressaillir. Puis lorsqu’elle lui refit face, elle prononça une dernière phrase, les yeux cinglants de rage:  

— Tu n’as éprouvé aucune pitié à t’emparer de l’esprit de ton ancienne copine, une sorcière connue pour son immense cœur, grogna Hermione. Tu expérimenteras le même sort. Peut-être que cela te fera réfléchir ? Questionna-t-elle en soulevant ses épaules avec indifférence.

 Luna se fit toute petite sous ses paroles. Harry serra ses poings et Malfoy ne faisait toujours pas le moindre mouvement. Il analysait la tête avec curiosité, les yeux ombrageux.  

— Est-ce que tu ne comptes rien faire ? Attaqua Potter à l’intention du Serpentard.  

Malfoy lui offrit un sourire, les prunelles pétillantes, comme s’il attendait cette scène avec impatience, comme s’il avait rêvé de tout son être de voir Hermione plonger, de libérer son pouvoir destructeur.  

— Si Hermione veut accomplir sa vengeance, qu’elle le fasse. Elle n’a pas besoin de mon aide pour agir. Ma seule tâche ? L’acclamer lorsqu’elle aura fini, lâcha Malfoy avec détachement.  

Un éclat rayonnait dans ses iris, comme un feu intérieur, une admiration fugace. Harry échappa un hoquet de stupeur. Mais il était trop tard. Hermione se pencha vers Ron, les yeux perçants, et le Labyrinthe se changea en un espace lugubre. Le soleil encore haut dans le ciel commença à s’assombrir sous les nuages. L’air devint lourd et Luna s’empoigna la poitrine en comprenant ce qui se produisait. Hermione n’était plus avec eux. Tout comme Ron Weasley. Elle venait de plonger dans son esprit.  

Harry s’attendait à ce que son ancien ami se torde de douleur sous l’intrusion, mais même pleine de colère, Hermione avançait avec minutie dans son cerveau, presque avec douceur. Elle perça ses barrières, écartant les pans et les murs qu’elle trouvait, puis tendant son doigt, elle laissa une goutte de sang imaginaire tomber dans le creux du labyrinthe de son cortex.  

Ron se crispa, ouvrant la bouche dans un cri de détresse muet. Mais il ne souffrait pas réellement. Il n’y avait plus que les souvenirs. Ce qu’il avait fait, ses actions et ses conséquences. Il revoyait son frère, mort dans la bataille, qui lui avait fait promettre de toujours choisir la lumière et Ron avait échoué. Il avait sombré.  

Il planta ses genoux contre le sol boueux du Labyrinthe, les yeux vitreux et les larmes coulant de ses joues. Hermione l’observait de haut, les veines dans ses iris se déplaçant jusqu’à atteindre ses épaules, puis ses bras. Elle se pencha, puis susurra contre son oreille:  

— Vois la douleur et la déception que tu infliges aux autres. Vois à quel point tu es devenu misérable dans ta quête de pouvoir.  

Elle caressa la joue de Ron, mais il ne fit aucun mouvement, acceptant sa défaite, l’apocalypse qui prenait forme dans son esprit, ses souvenirs et ses agissements sombres. Il n’y avait plus que la détresse de ses propres gestes. Mais il ne ressentait aucun regret, il continuait de grogner de rage. Il était perdu. À jamais. Et Hermione finit par le comprendre. Elle fronça les sourcils, le cœur lourd. Il avait tué et ce n’était pas assez. Il avait un dessein plus grand dans sa tête.  

La voix perdura, hurlant des promesses sanglantes, mais elle ferma son esprit. Elle agirait seule, elle suivrait les conseils de Mattheo. Elle écoutait son pouvoir, tout en gardant le contrôle sur sa vraie nature.  

— Tu souhaites éradiquer la famille Riddle. Peut-être qu’en m’effaçant de l’équation, tu finiras par oublier la perte de ton frère, souffla Hermione. Il n’y avait aucune mesquinerie dans ses paroles, seulement de la compréhension et de la déception. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne le deuil. En t’enfouissant dans les ténèbres, tu risques de ne jamais revenir. Est-ce vraiment ce que tu souhaites ?  

Harry ne prononçait pas le moindre son. Une boule commença à se former dans sa gorge. Il connaissait les horreurs qu’avait expérimentées Ron, mais il ne pensait pas qu’il éprouvait une pareille rancœur, un tel désir de violence.  

— Tu n’arriveras jamais à me faire changer d’avis, s’éructa Ron, les lèvres retroussées.  

Il ne pouvait bougeait ses membres, Hermione ne lui en donnait pas la possibilité. Elle lui offrit un sourire triste.  

— C’est ta perte. Aujourd’hui, tu viens d’anéantir une vie, articula péniblement la jeune femme.  Mais ce n’est pas ce qui t’attend. Maintenant, tu pourriras là où les meurtriers se retrouvent. Comme mon père.  

— Je ne serais jamais comme lui ! Hurla le rouquin avec haine.  

— C’est vrai, répliqua Hermione avec un rictus dans la voix. Tu tues avec la conviction de faire le bien, alors que tu ne fais que détruire ceux qui tentent de survivre. Ce n’est pas honorable, c’est pathétique, grogna-t-elle en se penchant vers son visage.  

Plantant son ongle contre sa joue, elle le fit saigner avec lenteur. Elle pénétra une dernière fois son cerveau jusqu’à le faire hurler de douleur, ses yeux roulant dans ses orbites. Dans un soupir las, Hermione s’écarta, ses iris reprenant leur forme originelle. Elle considéra ses amis, ses prunelles caramel vide de toute émotion.  

— L’épreuve du Labyrinthe touche à sa fin, déclara Hermione avec force.  

Harry s’approcha, les mains tremblantes. Il voulut s’élancer pour la serrer dans ses bras, mais la Riddle se replia, l’évitant. Elle détourna le regard, s’avançant vers le corps inerte de Mattheo, le visage sombre. Agrippant sa baguette entre ses phalanges, elle murmura une ultime incantation vers le cosmos qui venait de s’éclaircir.  

Un jet de lumière traversa les cieux, dans un halo bleuté, et elle se mit à se souvenir de l’éclat de son frère. Elle déglutit. Les professeurs ne tarderaient pas à venir. Elle emporta le corps de Mattheo, le visage transperçant la douleur et après un dernier coup d’œil vers ses camarades, elle planta sa paume contre l’épée et disparut. Malfoy, les poings serrés, s’avança vers Potter et Luna, laissant Ron Weasley pantois contre le sol terreux du Labyrinthe. Il ne pouvait bouger. Il criait de colère.  

Potter l’ignora, la main contre celle de la Poufsouffle. Draco tendit ses doigts vers l’Élu et une entente silencieuse s’échangea. Hochant la tête avec douleur, ils rejoignirent le portoloin, le cœur lourd.  

Mattheo était mort et le groupe, soudé par l’horreur d’un tel drame, venait de perdre un fragment de leur âme dans la mêlée. Il restait encore des épreuves pour le tournoi des sorciers et les doutes commencèrent à planer. Étaient-ils vraiment prêts à poursuivre ce bain de sang pour quelques miettes de gloire ? Harry Potter déglutit. Il n’était plus certain qu’un pareil sacrifice en vaille la chandelle.

Chapter 30: Abysse

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CHAPITRE 30

Abysse

« Tu me demandes vraiment de sacrifier mes objectifs, mes buts pour elle? »

« Oui. »


Quatre jours avant l’épreuve  

Le monde semblait si fade sans la présence de son frère, sans ses pensées, sans sa douceur. Les semaines passèrent avec une infinie lenteur. Chaque minute était une piqûre intolérable et mortelle de souffrance. Il n’y avait plus que le silence et l’absence dans l’esprit d’Hermione.

La troisième épreuve du tournoi commençait dans quatre jours. Il y avait eu une cérémonie et de nombreux discours de la part des professeurs pour commémorer la mémoire des étudiants qui avaient perdu la vie dans le Labyrinthe. Trois prénoms. Eleanor, Tobias et Mattheo. Le meurtrier de son frère avait subi un interrogatoire et il n’avait pas fallu longtemps pour que le ministère de la magie comprenne les mailles du plan du Weasley. Il avait non seulement utilisé un sortilège de persuasion mentale sur son ancienne copine, mais avait usé du pire des maléfices. Il avait fait régner la mort sans scrupules et maintenant, il pourrissait à Azkaban. Peut-être se trouvait-il à côté de la cellule de son père ? Hermione n’en était pas certaine.

Elle n’avait plus l’énergie pour quoi que ce soit. Réfléchir, manger, discuter. Elle s’était enfuie des cours, de la présence de ses amis. Elle ne pouvait accepter la moindre parole ou le moindre geste de réconfort. Elle en était incapable. Il n’y avait que les abysses dans son esprit et aussi étrange que cela puisse être ; il s’agissait d’un trou sombre, infâme, mais apaisant.

Elle s’était terrassée ces deux dernières semaines dans la forêt interdite de Poudlard. Elle passait son temps devant le lac qui étincelait sous les rayons de la lune. Il faisait froid. Mais elle ne pouvait s’empêcher de croire, de souhaiter autre chose. Plus. Elle désirait se retrouver une nouvelle fois dans la chambre des miroirs. Mais l’entrée était close. Impossible d’accéder à la porte de la vie et la mort. Impossible de revoir son frère. Il était parmi les cieux, là où les constellations et les étoiles brillaient dans le firmament. Là où relever ses prunelles semblait si facile.

Hermione se surprenait à tendre les doigts le soir, espérant un toucher, entendre l’écho d’une parole ou sentir l’odeur d’un être cher. Mais il n’y avait que les bruissements des feuilles et le clapotement de l’eau contre les rochers. Il n’y avait que les hululements des hiboux et la souffrance dans sa tête. Il n’y avait plus que les voix — celles qui berçaient ses nuits dans la forêt et lui chuchotaient de reprendre son destin en main ; de finir le travail. Mais en avait-elle seulement la force ?

Elle n’avait pas assisté aux funérailles. Hermione s’en était sentie incapable. Se retrouver auprès des centaines d’étudiants dans la Grande Salle, à se faire dévisager avec tristesse — c’était inenvisageable et au-dessus de ses forces. Alors Hermione faisait l’unique chose à laquelle elle excellait ; elle se bordait d’illusions et de mensonges. Elle s’isolait.

Personne n’avait tenté la moindre approche pour passer du temps avec la Riddle.

Hermione releva ses yeux vers le ciel, un sourire amer aux lèvres. C’était faux, bien évidemment. Tous ses amis avaient essayé de l’accoster, d’établir un contact. Mais elle n’était qu’un fantôme pataugeant dans une mer agitée. Le courant était à contresens et même en nageant avec force, elle se sentait couler à petits flots. Elle savait qu’elle devait affronter cette étape toute seule. Elle le devait.

Alors Hermione se tenait-là, sous l’immensité du ciel nocturne, les yeux rivés sur les étoiles scintillantes qui semblaient se moquer de son chagrin. Des larmes ruisselaient sur ses joues, brillantes sous la lumière de la lune. La perte de son frère pesait comme un étau, trop lourd pour ses épaules fragilisées sous la souffrance et la mort. Un abîme émotionnel qu’elle peinait à comprendre.

Elle connaissait ses obligations. Elle n’avait aucun répit pour absorber sa douleur. Les promesses faites à son frère résonnaient dans son esprit comme une cloche stridente. Elle avait juré de continuer et Hermione ne revenait pas sur ses paroles. Jamais.

Baissant les yeux, elle observa ses mains qui étaient maintenant lisses et vides de tout signe visible. Là où, jadis, se trouvait un petit tatouage secret, dissimulé à la vue des autres, mais perceptible pour elle et Mattheo — il n’y avait plus rien. Ce tatouage, une fleur de lotus entrelacée d’étoiles et de racines, était un symbole profond de leur relation, de leur télépathie. Mais depuis la mort de Mattheo, la figure avait disparu. L’éclat de lumière était rompu. Il n’y avait plus que Hermione, sa chaire en feu sous la douleur et la noirceur.

Le lien mental qui les unissait, leur capacité à se soutenir mutuellement et à se transférer de l’énergie s’était brisée avec lui. Hermione observa sa main avec un sourire amer. Elle avait toujours pris cet insigne pour acquis, ne lui accordant pas une importance particulière. Mais aujourd’hui, alors qu’elle contemplait l’absence contre sa paume, elle ne ressentait que de la désolation.  

Mais Hermione avait un plan.

Elle ferma les yeux et se laissa envahir par la présence imaginaire de Mattheo. Dans son esprit, elle le voyait rayonnant d’une lumière translucide, presque divine — une aura éclatante qui semblait transpercer les ténèbres. Il se penchait vers elle avec une tendresse infinie, déposant un baiser léger contre son front.  

— Ron n’était qu’un obstacle. Sers-toi de la force de ton cœur et de ton âme pour exterminer nos ennemis, souffla-t-il. Use ton pouvoir pour renverser le temps et les maléfices, continua Mattheo avec douceur en touchant sa joue d’une caresse réconfortante.  Je serais présent dans chaque étape, quoiqu’il arrive.

Hermione se redressa, observant la forêt. Son frère avait disparu, mais il était toujours là. En elle. Elle savait ce qu’elle devait faire. Les grandeurs qu’elle avait envisagées avec Mat n’étaient pas seulement des rêves futiles ; elles étaient désormais des objectifs qu’elle devait atteindre.

Le regard clair et déterminé, un éclat de résolution illumina ses prunelles. Elle se jura de mener à bien leurs aspirations. Elle le ferait pour lui, pour honorer sa mémoire.

Après le tournoi, elle accepterait son destin. Jusqu’à la fin. Peu importait les conséquences de ses actes. C’était Mattheo et elle. Encore et toujours.


Deux jours avant l’épreuve

Hermione était assise à son bureau, concentrée sur les notes de sa leçon de métamorphose. Il ne restait que deux jours avant la prochaine épreuve et elle s’était promis de reprendre le cours de sa vie, pour un infime instant. Après le tournoi — tout serait différent. Le crayon entre ses dents, elle se força à maintenir ses émotions, sa tristesse et sa colère dans un recoin de son esprit.

Hermione avait croisé ses amis en sortant du dortoir. Pansy l’avait dévisagée avec une telle peine que la jeune femme s’était détournée, la gorge nouée. Elle avait fui. Une seconde fois. C’était lâche, mais apercevoir des êtres chers ne faisait que lui rappeler la disparition de son frère. Elle ne pouvait accepter cette réalité, pas si elle maintenait ses promesses. Si elle se laissait aller au torrent d’émotions qui faisait rage dans son cœur, elle risquait de se noyer et de ne jamais se relever.

Hermione redressa son visage, les prunelles distantes lorsqu’un ricanement venimeux fit écho dans la salle de cours. Le professeur de métamorphose n’était toujours pas présent et un élève de Gryffondor en avait profité pour abattre sa paume contre son pupitre avec violence. Les yeux de l’étranger étaient vitreux, noirs et surtout dénués de la moindre lueur et sensibilité. Il n’y avait plus que la colère et la moquerie qui transperçaient ses traits. Des cheveux blonds, des iris verts et un nez tordu, il n’était qu’un imbécile souhaitant crier sa haine au visage de la Serpentard. Les poings de Hermione se crispèrent. Elle les enfouit dans ses poches, se forçant à maintenir une posture ennuyée, calant son dos contre sa chaise.

L’étudiant malvenu plaqua un exemplaire de la Gazette du Sorcier sur son bureau en lâchant avec mesquinerie:

— Tiens, tu devrais aimer lire ça, Riddle-la-victime.

Avant qu’elle ne puisse amorcer le moindre mouvement, une silhouette se profila à côté d’elle. Draco Malfoy fit son apparition, le visage fermé et les yeux ombrageux. Sans hésitation, il attrapa le col de l’insolent et abattit son poing sur le nez du Gryffondor. Le craquement sec qui suivit résonna dans toute la classe. Il n’y avait plus qu’un silence glacé et des œillades entre étudiants, trop choqués pour réagir face à la violence de Draco. Du sang coulait du visage de l’élève, qui recula, terrifié.

Un cri retentit de l’autre côté de la pièce. Le professeur, furieux, venait de poser le pied dans la salle. Pointant son doigt tordu vers le Serpentard, il ordonna avec force:

— Malfoy ! S’écria Micolas Paumure. La métamorphose consiste à changer des objets et individus en animaux, pas de transformer les élèves en bouillis de chat. Sortez de mon cours, vous êtes expulsé jusqu’à nouvel ordre !

Sans un mot, Draco relâcha l’étudiant, essuyant son poing ensanglanté d’un revers de la main. Il se tourna avec lenteur, avant de s’arrêter devant le bureau de Hermione. Leurs regards se croisèrent un instant et elle déglutit. Dans les yeux de Malfoy, il y avait une rage mal contenue et une lueur inattendue — un mélange de tristesse et de remords.

Silencieux comme une tombe, il saisit le journal déposé devant elle et quitta la pièce dans de grands mouvements. Hermione avait juste eu le temps de lire un extrait du titre:

La mort du fils du mage maudit a été violente, tout comme le règne de son père. La perte majeure de cet évènement ? Le Bal de Noël sera reporté à la fin du Tournoi des Sorciers.

Hermione enfonça ses ongles dans ses mains, les yeux vitreux. Il n’y avait plus que les voix dans sa tête, entremêlées des promesses de son frère et de vengeance.

Les traîtres sont partout, susurra son esprit. Égorge et détruis. Le Tournoi n’est que la première étape.

Hermione ferma ses paupières, prenant une longue inspiration, basculant son crâne vers le plafond, la gorge nouée. Elle refusait d’écouter les sordides pensées. Elle agirait seule. Personne ne viendrait la sauver.

Elle se remémora Malfoy et se pinça les lèvres.

Peut-être n’était-elle pas aussi seule qu’elle voulait le laisser paraître.

Que devait-elle faire pour qu’il se focalise sur ses objectifs et l’oubli ? Il devait bien y avoir un moyen pour qu’elle le pousse à accomplir son destin et qu’il l’abandonne dans sa propre torpeur.

Mattheo lui avait fait promettre de continuer. Pas de gagner. Malfoy le devait.


Une journée avant l’épreuve

Hermione se tenait face à Rita Skeeter. Demain le tournoi reprendrait et l’angoisse lui tordait l’estomac. Elle n’avait pas mangé depuis si longtemps que ses joues étaient creuses et son teint pâle. En face d’elle, Skeeter déglutit nerveusement, mal à l’aise devant l’apparence presque spectrale de son interlocutrice. Pour tenter de cacher son malaise, la journaliste tritura ses papiers de manière compulsive.

— Comment allez-vous, Miss Riddle ? Demanda la trentenaire, sa voix légèrement tremblante.

Elle se rappelait encore leur dernière entrevue et l’étincelle qui transperçaient le regard d’Hermione. Mais la femme qui se tenait sous ses yeux était différente. Les traits vitreux, comme voilé par un film translucide, Hermione avait le regard perdu dans le néant. Chaque clignement était lent, comme si elle était déconnectée de la réalité.  

La Serpentard haussa les épaules face à ses paroles.

— Comment vous sentiriez-vous si la seule personne que vous n’ayez jamais aimée s’était fait assassiner sous vos yeux ? Répliqua-t-elle, sa voix cassée par la douleur et la rancœur.

Rita perdit ses moyens. Elle bafouilla, cherchant ses mots, pris au dépourvu.

— Eh bien… je serais — je serais noyée sous le chagrin, réussit-elle à articuler, gênée.

Hermione lui offrit un sourire sarcastique, puis roula des yeux dans un geste théâtral.

— Laissez-moi vous dire une chose, Skeeter, commença la jeune femme en apposant ses coudes contre la table en bois qui les séparaient. Vous qui êtes habituée à éplucher les secrets des autres sans le moindre remords, êtes-vous réellement prête à découvrir la vérité ? Interrogea Hermione en penchant sa tête.

Les joues creuses, les yeux vides de toute émotion, elle ne faisait que transpercer la journaliste de ses prunelles caramel. Rita recula contre son siège en échappant un rire étouffé.

— Ne vous êtes-vous jamais posé la question ? Que pouvait-il bien se produire dans le fameux Manoir du sorcier maudit ? De Tom Riddle ? Ne voulez-vous pas connaître les détails sordides de l’enfance que j’ai pu endurer ? Insista Hermione d’un ton doucereux, le doigt planté contre sa tempe gauche.

Skeeter était silencieuse et Hermione fit mine de râler. Amorçant un geste pour se relever avec ennui, la journaliste la coupa avec stress.

— Continuez ! S’écria-t-elle, les joues rouges et le souffle saccadé. Dites-moi ce que votre père a bien pu vous faire subir. Les yeux de Rita se plissèrent sous la curiosité. Vous connaissez mon opinion, celle des internautes et du monde magique, essayez de me faire changer d’avis.

Hermione se réinstalla en ricanant tout bas. Elle secoua la tête sous les paroles de la journaliste. Un sourire s’accrocha à ses traits et avec dérision, elle passa sa langue sur ses lèvres.

— Oh, Miss Skeeter, souffla la jeune femme. Je ne compte pas altérer votre opinion, je n’ai pas ce pouvoir. Je ne l’ai jamais eu et ne l’aurai jamais. Ce n’est pas mon but, voyez-vous, continua Hermione en redressant ses prunelles pour les planter vers le plafond.

En se concentrant, elle avait presque l’impression d’apercevoir des cheveux noirs, une cicatrice passant de l’arcade sourcilière jusqu’à la joue et un sourire tendre.

Mattheo.

Elle ferma brièvement les yeux pour se donner contenance alors que la journaliste commençait à perdre patience.

— Alors ? Questionna Rita avec irritation en relevant ses bras en l’air. Je m’attendais à vous interviewer, et vous sembliez si prête à discuter sans retenue, est-ce que votre courage se serait volatilisé ? Attaqua-t-elle avec rancœur.

Hermione échappa un rire de la gorge, ses orbes caramélisés remplis d’eau. Elle avait envie de se réfugier dans la forêt maudite et de rejoindre le lac maintenant glacé. Mais Mattheo refit son apparition, secouant la tête. Il était là, contre le mur de la salle d’interrogatoire, les yeux brillants. Il l’encourageait à reprendre son destin en main, même à distance. Elle déglutit, la gorge nouée.

— Que diriez-vous à un enfant qui a appris que l’amour se définissait dans les poings ? Que feriez-vous si tous les jours, vous étiez obligée d’observer votre sœur se faire charcuter par des sorciers qui n’éprouvent aucune pitié ? Commença Hermione avec difficulté. Que diriez-vous à votre communauté lorsque le moment où cet enfant a pu voir le jour pour la première fois, à quatre ans, elle s’est fait enfermer et refuser toute nourriture pendant une semaine ? Que lui diriez-vous ? Attaqua-t-elle avec chagrin.

Elle ferma ses paupières pour prendre une inspiration, les mains tremblantes.

— Vous pensez avoir connu l’enfer lorsque la guerre s’est déclenchée pendant trois longues années, mais imaginez ces deux enfants qui n’ont jamais su fermer l’œil de la nuit. Cet instant de douleur était un quotidien pour Mattheo et moi. On n’avait qu’un rêve, une ambition irréelle et stupide de vouloir être libre, d’accomplir de grandes choses. Hermione échappa un rire triste, les yeux embrumés. Malgré le mal qui nous entourait, on continuait de voir la lumière. Parce que c’était ce que mon frère représentait pour moi, souffla Hermione en se rapprochant de Skeeter.

La journaliste se recroquevilla contre son dossier, évitant avec soin son regard.

— Vous pensez connaître et chercher la vérité, mais vous ne faites que vous nourrir de la douleur des autres, claqua la jeune femme avec rancœur. Elle émit un rire cynique, les yeux larmoyants de colère. Vous avez eu la chance de pouvoir contempler le ciel et les étoiles. Vous avez pu discuter autour d’un feu avec des amis, sourire avec des proches, un verre de vin dans la main. Moi, je n’avais que ces quatre murs, des barreaux en acier et la noirceur qui m’entourait.

Hermione planta ses yeux dans ceux de Rita, des larmes coulant contre ses joues.

— Que diriez-vous à cette fille qui n’avait que pour rêve d’être libre ? Demanda la Serpentard. J’ai commencé à respirer lorsque Mat m’a libérée de ma cage. Quand mon père a disparu.  

Hermione déglutit, s’essuyant le visage, les mains tremblantes.  

— Je ne m’attendais pas à recevoir de l’amour. Comment le pourrais-je ? Ricana Hermione, des larmes dans la voix. Je n’ai pas reçu l’amour de mon propre père. Sa voix se brisa et elle détourna le regard, la mâchoire contractée. Mais jamais je n’aurai cru que le monde derrière ma cage serait aussi violent. Aussi haineux. Hermione prit une pause, se forçant à respirer. Est-ce que vous diriez que cette petite fille est stupide de croire en la paix lorsqu’elle n’a connu que la noirceur ? Qu’auriez-vous fait à sa place ?

Hermione abaissa son regard pour se triturer les doigts, la gorge nouée sous l’émotion. Elle finit par planter ses prunelles dans celles de la journaliste, le cœur serré. Elle avait fait son choix. Elle ne baissera jamais les bras. Pas lorsque la présence de son frère lui réchauffait la peau. Pas lorsque Mattheo apposait une main contre son épaule.

— Vous m’avez demandé si je souhaitais changer l’opinion de la communauté magique. Je vous répondrai ceci — Non. Ce n’est pas mon vœu, déclara Hermione avec lenteur en fusillant du regard les caméras. Vous avez tous déjà choisi mon destin. Alors, ne me reprochez pas de vouloir m’en éloigner.

Hermione se redressa, les membres faibles.

— Vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez, Skeeter, souffla-t-elle. Peut-être qu’il serait temps de changer les choses, d’accomplir le bien.

Sans un mot de plus, Hermione quitta la pièce d’un pas lourd. La porte se referma doucement derrière elle, ne laissant qu’un silence pesant dans son sillage.

Rita Skeeter resta assise, les membres figés comme si une force invisible l’avait clouée à son siège. Ses mains tremblaient légèrement sur ses papiers. Elle regardait l’endroit où Hermione s’était tenue quelques instants plus tôt, ses prunelles brillantes de larmes qu’elle tentait désespérément de contenir.

Elle cligna des yeux pour les chasser. En vain. Ses doigts finirent par empoigner son stylo, le corps crispé. Le cameraman, toujours posté derrière elle, ne faisait aucun bruit, la respiration retenue, comme s’il n’avait plus la capacité d’inspirer le moindre oxygène.  

Dans un silence glacial, Rita se tourna vers son acolyte, les lèvres tremblantes.

— Vous avez bien tout filmé ? Chuchota-t-elle dans un murmure presque inaudible.

Le cadreur se racla la gorge, hésitant.

— Vous voulez que j’efface l’enregistrement ?

Rita joua nerveusement avec son stylo, l’esprit ailleurs. Redressant ses épaules, elle prit une décision, les yeux perçants de détermination.

— Non, diffusez ce passage partout à l’international. Il est peut-être temps de faire les choses correctement.  

Chapter 31: Trahison et subterfuge

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CHAPITRE 31

Trahison et subterfuge

« Bordel, » jura Harry en observant la scène, les yeux écarquillés.

Hermione déglutit.

« Maintenant, on sait ce qui se produit si on vient à renoncer, » déclara Malfoy avec austérité.  


Dans le cours de potions

L’immense salle de potions était plongée dans une semi-obscurité, éclairée seulement par les faibles rayons du soleil qui se couchait. Les vitraux projetaient des ombres sur le visage des deux étudiants. Les étagères qui couraient le long des murs étaient chargées de fioles sombres, leurs étiquettes étincelantes dans la noirceur des lieux. Les chaudrons de cuivre parsemaient les tables de bois massifs. Une odeur de menthe, de soufre et d’ozone s’échappait des mixtures étranges.  

Harry et Draco étaient face à face, au centre de la pièce. Le carrelage noir, froid sous leurs pieds, glaçait leur sang. Il n’y avait plus que l’écho de leur respiration tendue. Une agitation palpable vibrait dans l’atmosphère. Leurs corps figés, ils se fusillaient du regard, les sourcils froncés.  

Harry avait reçu le message de Draco, transmis par Néville. Il savait que quelque chose se tramait, que cette rencontre ne serait pas qu’une simple conversation de pacotille relatant le beau temps. Et maintenant qu’il se tenait debout face à Malfoy, les poings serrés, les muscles raides, il sentait la colère monter en lui. Potter restait inquiet, mais furieux. Ils n’avaient pas échangé la moindre parole depuis le Labyrinthe. Un froid s’était installé dans le groupe qu’ils formaient depuis le drame. Il était presque impossible de revenir à leur état normal, celui paisible où ils discutaient sans animosité. Il n’y avait plus que la douleur sur leurs traits et la rancœur.  

Il songea à la raison d’un tel retournement de situation. Pourquoi l’avait-il convoqué, la veille de la troisième épreuve du Tournoi des Sorciers ?  

— Hermione doit remporter le tournoi, claqua la voix de Draco comme un fouet, brisant le silence dans la salle.  

Harry crispa sa mâchoire, ses yeux se plissant de méfiance. Il connaissait les motifs quant à la participation du Serpentard. Et l’Élu savait pertinemment que pour rien au monde l’homme à la chevelure blonde n’abandonnerait les futurs challenges. Pas même pour Hermione. Alors pourquoi semblait-il lui enjoindre de céder la victoire à la Riddle ? Ça n’avait aucun sens.  

— Tu es vraiment en train de me demander de sacrifier mes objectifs et mes rêves pour elle ? répliqua avec surprise Harry, sa voix vibrante d’émotion.  

Draco ne flancha pas un seul instant.  

— Oui.  

Le Serpentard détourna le regard pour observer les lieux, les poings crispés. Il détailla les nombreuses potions et philtres d’amour sur les étagères, jusqu’aux parchemins usés et barbouillés d’encre noire.  

— Après ce qui s’est produit, on le lui doit. Je le lui dois, ajouta Malfoy, les dents serrées.  

Harry le fusilla des yeux, la colère irradiant de sa peau. Il pointa un doigt enragé vers la forme du Serpentard, les lèvres tordues sous la tension environnante.  

— Tu vas me faire croire que tu abandonnerais le tournoi, que tu renoncerais à toutes tes ambitions les plus chères pour elle ? attaqua-t-il avec hargne.  

Malfoy resta silencieux. Il n’y avait plus qu’un éclat inusité de douleur et de regret dans ses prunelles. Les lèvres pincées dans une mince ligne, il se contenta de transpercer le Gryffondor des yeux. Harry avait sa réponse. Il recula sous le choc.  

— Je mettrai mon corps à feu et à sang pour elle. Et après l’épreuve du Labyrinthe, après – il resta silencieux quelques secondes, se passant une main dans les cheveux, le corps tourmenté sous le tiraillement et la détresse. Je lui dois la victoire.  

— Tu ne lui dois rien ! cria Harry avec véhémence en agitant ses bras dans des mouvements virulents. Tu ne pouvais pas empêcher la mort de Mattheo !  

Draco planta ses prunelles glacées dans celles du Gryffondor. Harry se mit à tourner en rond, le cerveau en ébullition. Comment Malfoy pouvait penser une telle chose ? Ils n’avaient plus de baguette, pas le moindre moyen pour se défendre. Il n’y avait aucune solution, aucune échappatoire. Le destin avait sonné ses cloches, comme une horloge lancinante de souffrance et personne n’avait pu détourner sa trajectoire.  

— Et si je te disais que si ? Que j’aurais pu le sauver ? Empêcher Hermione de perdre la seule personne qu’elle aimait dans ce monde ? s’écria Draco avec rancœur.  

Harry s’interrompit net, ses poings se serrant plus fort, jusqu’à ce que ses jointures deviennent blanches sous la tension. Il planta son regard dans celui de Malfoy. Il irradiait d’un éclat ardent, d’un éclair de doute et — de culpabilité. Potter déglutit en l’observant, l’estomac noué.  

— Arrête, se contenta-t-il de répondre d’une petite voix en se frottant les tempes. Tu sais tout autant que moi que Ron était déterminé à exterminer la lignée des Riddle. Tu n’aurais rien pu changer, ni la mort ni le destin qui prenait forme dans le tournoi.  

— J’emmerde le destin, Potter ! hurla Malfoy en poussant brutalement Harry, qui recula de quelques pas sous la surprise. On aurait pu — on aurait dû les aider !  

Harry avait l’impression d’être un lion en cage, incapable de manifester ses émotions autrement que par la rage et la colère. Il n’y avait que cette sensation dans sa poitrine, ce besoin lancinant de tout détruire, de faire régner la justice sur Terre. Mais il était faible. Vulnérable. Incapable de sauver même des innocents, il avait perdu dans l’épreuve. Et le goût âcre de la défaite perdurait contre son palais. Il était impossible pour Harry de s’en déprendre. Il persistait, le noyant dans un puits obscur.  

— Comment ?! tonna l’Élu, levant les bras dans un geste de désespoir. Son visage était écarlate, sous la colère et la culpabilité. Comment est-ce qu’on aurait pu éviter un tel évènement ?  

Harry n’arrivait pas à secouer l’image de Mattheo touchant le sol, inerte et de Hermione dévastée. Il se remémorait l’instant où le sortilège de la mort avait percuté le frère de la Riddle.  

Malfoy s’approcha de lui, le fixant avec une intensité glaciale.  

— Peut-être que tu refuses de croire qu’il y avait une autre possibilité. Peut-être que tu préfères te bercer d’illusions pour ne pas t’écrouler sous la culpabilité, mais je sais qu’il y avait un moyen — une solution, prononça avec difficulté Draco en appuyant avec violence sa paume contre le torse du Gryffondor.  

Il continua de pousser Harry vers le fond de la salle dans des mouvements brusques, mais Potter ne fit aucun geste pour se déprendre, pour résister. Il resta là, les prunelles écarquillées, le visage livide, accoté contre le mur du cours de potion.  

— On a choisi de ne pas agir, parce qu’on est tous les deux des lâches sans cervelle et incapable de ne pas penser qu’à soi, attaqua Malfoy, les yeux rouges sous les émotions.  

Harry baissa sa figure, murmurant d’une intonation rauque, la gorge nouée:

— Parle pour toi.  

Draco prit une grande inspiration, sa voix toujours aussi claquante dans la salle.  

— Mais on a encore la possibilité de revenir sur cette situation — de corriger nos putains d’erreurs. Il s’approcha une nouvelle fois, si près que Harry pouvait sentir son souffle contre son visage. Alors, est-ce que tu es avec moi, Potter ? Ou est-ce que tu préfères te cacher dans tes chaussettes et laisser le malheur tuer à petit feu Hermione ? Est-ce que tu préfères fermer les yeux sur la porte de sortie qu’on peut lui offrir ou est-ce que tu veux agir comme un putain de Gryffondor et faire les choses justes ? attaqua Malfoy, la respiration sifflante.  

Harry resta silencieux, détournant le regard, les lèvres pincées. Le cœur battant, il n’arrivait pas à réfléchir à autre chose qu’à Mattheo — l’instant où il avait touché le sol, les yeux vitreux, la bouche entrouverte sous l’horreur et le visage de Hermione. Les traits figés, les larmes dévalant ses joues, son désespoir et ses cris de souffrance alors qu’elle s’agrippait à la dépouille de son frère. L’image était si nette qu’il avait la sensation de pouvoir superposer le moment où Sirius, son oncle avait dépéri sous le même sortilège. Il déglutit, les larmes aux yeux.  

Potter comprenait la douleur et la colère de Malfoy. Lui aussi se sentait coupable.  

Lentement, Harry tourna ses prunelles brillantes vers Draco, le menton relevé sous la détermination. Il était prêt à réparer ses torts. Peut-être aurait-il pu déjouer le destin ? Peut-être aurait-il pu remédier à la situation ? Il n’en était pas certain, mais là, tout de suite, il savait ce qu’il devait faire — assurer la victoire d’une concurrente méritant de sortir du tournoi la tête haute. Il le ferait pour Hermione, pour Mattheo et pour toutes les personnes ayant assisté à la guerre, et qui s’étaient fait expulser comme s’ils étaient inutiles lorsque le ministère n’avait plus besoin de leurs services. Il n’abandonnerait pas la Riddle ni tous ceux dans le besoin. Il devait transmettre un message de rédemption, de rébellion. Et leur mission commencerait demain. Avec Hermione.  

La main tendue dans un signe d’entente, Harry planta ses yeux dans ceux de Malfoy. Le Serpentard hocha la tête, les traits austères. Ils feraient le bien. Hermione atteindrait son but. Elle vaincrait les opposants dans la prochaine épreuve et sortirait victorieuse. Coûte que coûte.  

— Même au péril de ma vie, je m’engage à faire régner la justice pour les pertes dans le monde magique, chuchota sombrement Potter en dévisageant Malfoy.  

Le Serpentard lui offrit un rictus froid, lui enserrant toujours la main, les yeux brillants avec férocité.  

— Je promets de taire mes peurs, mes émotions et de renverser le destin pour que Hermione puisse accéder à la lumière, ajouta-t-il avec force.  

Elle le méritait. Plus que chacun d’entre eux, pensèrent les deux étudiants.


Une heure avant l’épreuve

— Hermione ! s’écria Pansy Parkinson au détour d’une allée.  

La Riddle se retrouvait les bottes plongées dans le sol gelé dans les jardins de Poudlard. Une fine couche de givre recouvrait l’herbe morte et figée. Les arbres étaient dépouillés de leurs feuilles. Leurs branches dressaient des doigts sombres et squelettiques vers le ciel hivernal d’un bleu pâle. De la buée s’échappa des lèvres de la jeune femme, alors qu’elle observait son amie accourir vers elle, les joues rouges sous la température.  

Hermione n’avait pas amorcé l’infime contact avec ses proches depuis l’épreuve du Labyrinthe et Pansy dut perdre patience. Les muscles crispés, la Serpentard se prépara à la tempête que certain Parkinson. Elle ferma ses paupières, la gorge serrée et les rouvrit seulement au contact de bras contre ses épaules et d’une tête se nichant dans son cou. Elle éclata en sanglots, les lèvres pincées en une mince ligne pour s’empêcher de produire le moindre son.  

— Tout va bien, tout va bien, répéta avec douleur Pansy en ceinturant la Riddle avec plus de force. Je suis là. Tu peux me fuir autant que tu veux, mais les amis, c’est fait pour se suivre dans les pires étapes, tu comprends ?  

Pansy caressa avec tendresse les cheveux de Hermione, les yeux plissés sous les larmes.  

Hermione ne produisait pas le moindre son, l’estomac noué dans un étau trop lourd pour qu’elle puisse le formuler à voix haute. Elle se sentait perdue, dévastée. Elle connaissait les dangers du tournoi. Surtout depuis le drame. Et bien que Ron ne pouvait plus continuer les épreuves, Hermione redoutait son acolyte — Gregory. Allait-il finir le travail ? Et est-ce qu’elle se laisserait faire ? Baisserait-elle les bras ?  

— Je t’interdis d’abandonner, Mione, supplia Pansy, comme si elle captait l’écho de ses pensées.  

Hermione déglutit, se détachant d’elle avec gêne. Elle évita son regard, portant ses prunelles sur les flocons de neige qui peuplaient le ciel et la buée qui s’échappaient de ses lèvres. Elle était forte. Elle le savait. Mattheo n’avait cessé de le lui répéter. Mais Hermione se demander le moment où elle se fissurerait de l’intérieur. Quand est-ce que sa vision du futur, ses rêves prendraient fin ? Était-ce son destin ? De perdre la seule personne qui avait su la sortir de la noirceur, du tombeau qui était le sien ?  

Elle s’essuya les joues, les lèvres tremblantes. Pansy déglutit sous ses mimiques, comme si elle l'analysait avec une minutie presque terrifiante. Avait-elle peur que Hermione baisse les bras ? En croisant son regard, la jeune Serpentard comprit. Pansy craignait de perdre son amie, de la laisser dépérir à petits feux.  

— Je compte tenir mes promesses, chuchota Hermione en abaissant sa figure vers le sol recouvert d’une épaisse couche blanche immaculée.  

— Je ne t’aurai pas donné le choix autrement, répliqua Pansy avec un rire triste. Mais — elle déglutit, s’entortillant les doigts dans des mouvements frénétiques et agités. Si tu souhaitais déclarer forfait, je comprendrais, avoua la jeune femme. Luna l’a fait.  

Hermione releva sa tignasse, les yeux écarquillés.  

— Luna a abandonné le tournoi ? s’écria-t-elle dans un hoquet de stupeur.  

— Oui, son engagement s’est fissuré comme un anneau glacé. Lorsqu’elle a donné sa lettre à la directrice de Poudlard, elle n’a reçu qu’un simple présent — une satanée fleur fanée ! continua avec rancœur Pansy en tapant du pied contre la neige.  

La poudre étincelante s’accrocha à ses bottes et Pansy se retrouva bientôt les genoux enfoncés. Elle échappa un gloussement alors qu’elle tentait de se déprendre. Hermione tendit sa main pour l’aider, mais dans les gestes brusques de la Serpentard, Parkinson plongea face contre le manteau duveteux de blanc, le visage encore plus rouge sous la froideur. Elle cracha les restants qui s’étaient collés contre ses lèvres, les yeux brillant de fureur. Hermione ne put retenir son rire. Pansy qui l’observait, les sourcils froncés, échappa un gloussement gêné.  

—  J’emmerde le tournoi. J’emmerde la neige qui colle et tous les étudiants qui bavardent à ton encontre ! éructa-t-elle au ciel en brandissant ses bras en l’air.

Hermione perdit son sourire, les traits figés. Elle secoua sa tête, l’esprit engourdi. Elle se sentait lourde et lasse de toutes ses cachotteries — de tous ses dires qui n’apportaient rien de plus qu'horreur et épouvante. Ne pouvaient-ils pas la laisser en paix ? songea Hermione avec animosité.  

— Qu’est-ce qu’ils peuvent bien dire encore ? questionna-t-elle avec une fausse raillerie.  

La lueur n’atteignit pas ses prunelles et Pansy comprenant sa bourde, se dandina sur ses jambes, les joues rouges d’embarras.  

— Ce n’est pas important, répliqua-t-elle en évitant soigneusement son regard.  

— Pans’, souffla Hermione avec lenteur, les sourcils froncés.  

— D’accord, d’accord, s’écria Parkinson en relevant ses mains dans un signe de trêve. Merlin, tu es effrayante lorsque tu me fusilles des yeux, se justifia-t-elle en se frottant les bras, un rire nerveux dans la gorge.  

Elle effectua des cercles dans la neige, puis se planta devant l’énorme bâtisse magique, touchant du bout des doigts les pierres gelées. Pansy prit une longue inspiration, comme si elle tentait de museler tout son courage pour poursuivre la conversation.  

— Tu as eu une rencontre avec Rita Skeeter, n’est-ce pas ? interrogea avec hésitation la Serpentard en lui faisant face.  

Hermione hocha la tête avec un détachement fin. Elle se triturait les mains, les muscles tendus. Qu’avait bien pu faire la foutue journaliste à la langue de vipère ?  

— Eh bien, commença son amie en se grattant les joues. Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais n’a cessé de diffuser des articles qui annonçaient, je cite — la tragique enfance des Riddle. Les bourreaux transformés en des méchants pour assouvir la fureur du monde des sorciers.  

Pansy porta ses prunelles vers le ciel irradiant de flocons et en cueillit plusieurs de sa main droite, un léger sourire aux lèvres.  

— Tu t’es montrée courageuse, ajouta-t-elle en observant Hermione. Tu as brisé les jugements qui pleuvaient sur toi et — sur ta famille. Pansy déglutit, soudain les larmes aux yeux. Hermione, je — elle s’approcha, des trémolos dans la voix. Je suis tellement désolée.  

Hermione ferma ses paupières, alors que son amie s’agrippait à ses bras comme une bouée de sauvetage. Elle entendait ses sanglots et reniflements, percevait l’élan de ses larmes salées dans l’atmosphère, mais surtout, elle écoutait sa douleur et son soutien. Hermione la plaqua contre sa poitrine, les dents serrées pour s’abstenir de prononcer la moindre parole. Elle avait besoin de temps. Pour cicatriser. Elle se doutait que cette plaie resterait présente. Jusqu’à la fin. Elle avait affronté la torture, les décapitations et les meurtres sous les jougs de son père. Mais percevoir son frère, ses dernières pensées avant que son corps inerte ne touche le sol — elle déglutit — elle se sentait incapable de tourner la page. Elle ne le pouvait pas. Elle était incapable de le souhaiter. Mattheo faisait partie de son existence, il comblait tous les recoins de son âme. Il restait présent, même à une telle distance.  

Comme pour accompagner ses réflexions, Hermione le vit, accoté contre un chêne dépouillé de ses feuilles. Mattheo, calé contre l’écorce froide, laissait son dos reposer contre le bois massif. Ses cheveux sombres étaient balayés par la brise glaciale hivernale. Les flocons de neige tombaient silencieusement près de sa silhouette, fondant sur sa peau chaude. Mais il restait immobile, les yeux figés vers la stature de sa sœur. Hermione étouffa un gémissement, alors que Pansy continuait d’enserrer ses bras autour de son corps.  

Il était là. Mais seulement pour quelques instants.  

Hermione fut incapable de déconnecter son regard de son frère, même lorsque son amie se détacha d’elle dans un reniflement peu charmeur. Du bout des lèvres, elle souffla à Pansy qu’elle souhaitait être seule pour quelques minutes. Elle voulait réfléchir à l’épreuve qui prendrait part dans la prochaine heure.  

Elle mentait. Mais comment pourrait-elle avouer qu’elle transperçait les iris de Mattheo alors qu’il avait succombé à son destin et regagné les cieux ? C’était invraisemblable. Mais peu de choses surprenaient la Riddle maintenant. Elle ne pouvait se plaindre d’une telle situation. Alors, lorsque Pansy rejoignit l’entrée du château, Hermione s’approcha à petits pas feutré, la neige s’enfonçant sous ses bottes en laine.  

— Comment ? questionna-t-elle à l’adresse de son frère.  

Mais Mattheo se contenta de soulever ses épaules, un rictus figeant les traits de son visage. Il n’y avait plus l’infime cicatrice qui bariolait sa figure. Sa peau était lisse et Hermione se permit d’inspirer avec émotion. Il semblait libre comme l’air, dénué du moindre fardeau existentiel de devoir sortir victorieux pour accomplir ses rêves ou de retourner les jugements préconçus du monde des sorciers.  

Hermione tendit ses doigts, mais Mattheo secoua sa caboche, les yeux tristes.  

— Si je rentre en contact avec toi, je perds le droit de pouvoir te revoir, de t’aider.  

Hermione hocha la tête, déboussolée.

— Alors, il y a toujours des règles, même au-delà de la vie ? interrogea avec raillerie la jeune femme, des trémolos dans la voix.  

— La vie ne cesse jamais réellement, Mione, avoua son frère avec douceur. Elle continue, mais lentement. J’ai le temps d’observer, t’entendre et de sentir tout ce qui m’entoure.  

Une larme s’échoua contre sa joue et Hermione dut puiser toutes ses forces en elle pour ne pas l’essuyer. Mattheo releva son visage vers le ciel, un sourire triste aux lèvres.  

— Je pensais que tu n’aimais pas les règles. C’est surprenant que tu sois apte à obéir, souffla Hermione en se passant une main dans les cheveux.  

Mattheo éclata de rire, la tête penchée vers la neige, les yeux lumineux.  

— Je crois que j’ai eu une crise existentielle, taquina-t-il.  

— Ça doit être vraiment terrifiant, répliqua Hermione avec douceur.  

Son frère la contempla, son reflet presque translucide. Il perdit son sourire, comprenant qu’il ne lui restait que peu de temps avant de disparaître.  

— Je dois faire vite, commença-t-il en s’approchant de sa sœur. Il se posta devant elle, les traits sérieux. Il faut que tu saches, chaque détail dans les précédentes épreuves, les signes qui entourent le château, tout est réel.  

Hermione fronça les sourcils, le cerveau en ébullition. De quoi parlait-il ? Tentait-il de la protéger d’un sombre présage ?  

— Tu as encore le moyen de retourner le destin, Mione, avoua à mi-voix son frère. Je t’avais dit de sortir cette force, mais, Mattheo prit une pause, détournant son regard pour étudier les lieux comme s’il flairait une présence, il se crispa. Attends avant d’agir. Observe et écoute.  

Mattheo releva sa main comme pour caresser le visage de sa sœur et Hermione retint son souffle. Elle pouvait presque sentir la chaleur de sa peau, mais il s’arrêta dans son geste au dernier moment, les traits tordus dans un éclat douloureux.  

— Je t'interdis de me rejoindre, déclara-t-il avec détermination, les yeux perçants. Je dois encore rencontrer une personne. N’oublie pas ce qu’on s’était promis, ce que je souhaitais — tu peux le faire. Accomplir de grandes choses, braver l’interdit. Il prit une longue inspiration, la poitrine comme compressée dans un étau en acier. Sauve et guérie. Et détruit lorsque c’est nécessaire.  

Le visage de Mattheo se figea un instant, les lèvres gercées et la peau fracturée de similis sillon et cristaux bleus. Il éclata dans un brouillard de poussière et Hermione s’étala sur la neige, le souffle court et le cœur lourd. Elle avait mal. Sa poitrine était si douloureuse qu’elle avait l’impression de mourir de l’intérieur. Revoir son frère lui donnait une sensation de coup de poignard. Elle hoqueta sous la souffrance.  

Elle ne comprenait rien à ce qui venait de se produire. Pourquoi pouvait-elle le visualiser ? Et que craignait-il ? Était-elle en danger ? Était-ce Gregory ou autre chose ? Elle tenta de se remémorer les signes, les présages, mais son cerveau était vide de toute image, de toute conception et souvenir. Il n’y avait plus que le néant.  

Elle se redressa, les yeux vitreux de larmes, et avança vers l’entrée de Poudlard. Le tournoi toucherait bientôt à sa fin. Et la vigilance était de mise. Mais pour combien de temps ? Combien d’obstacles devait-elle encore braver ?  

Elle frissonna, les membres lourds sous l’agitation. Elle pouvait le faire. Mattheo continuait de l’accompagner. Il était là. Elle ne savait quand les apparitions prendraient fin, mais elle gardait espoir. Le lien qui les unissait ne s’était pas rompu. Elle pouvait presque le sentir contre sa peau, dans son corps. Et bien que son âme soit éparpillée en fragments sous le chagrin, contempler ses prunelles lui redonnait un éclair de vie qu’elle n’était pas prête à délaisser.  

Elle percerait les mystères. C’était une promesse qu’elle comptait bien tenir.

Chapter 32: L'arène et les corbeaux

Chapter Text

CHAPITRE 32

L'arène et les corbeaux

«Qu’est-ce que tu fais ? »

« Ben, je te sauve. »


L’arène

Hermione se tenait seule, en retrait, le menton relevé, mais le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique. Les instructions pour accéder à la troisième épreuve étaient claires.  

Abaissant sa chevelure pour contempler ses petites mains, la jeune Serpentard réfléchit. Elle entendait la foule et les acclamations près d’elle. Les intonations et les hurlements semblaient distants, comme si Hermione se situait dans un autre monde. Elle n’apercevait que le chemin fait de pierres de Poudlard. Plus loin se retrouvait un immense pont d’une vingtaine de mètres de longueur. Si elle commettait le moindre faux pas, elle tomberait dans l’énorme crevasse autour de l’établissement magique.  

Le vent fouettait son visage, mais les yeux déterminés, Hermione ne voyait que la porte translucide se profilant au fond du terrain, de l’autre côté du rivage. Elle devrait traverser la passerelle. En groupe.  

Elle détourna son regard en entendant vaguement un juron à sa gauche. Harry venait de la rejoindre et croisant ses prunelles, une expression sinistre se dessina sur ses traits. Hermione, les lèvres pincées, se contenta de hocher la tête à son encontre. Elle évitait avec soin d’observer la stature imposante de Malfoy. La mâchoire large et crispée sous la rancœur de son rejet, Draco se tenait à sa droite, les phalanges enserrées dans un étau d’acier.  

À se dévisager ainsi, on pourrait penser qu’ils étaient une équipe soudée — inséparable.  

Elle émit un rire acerbe en se rappelant leurs dernières interactions. Harry lui avait tendu un guet à pans quelques minutes plus tôt, dans le seul but de s’entretenir avec elle. Il avait exprimé son désir de la voir triompher du tournoi. Elle l’avait fusillé du regard, les yeux sombres. Elle avait refusé son aide. Elle n’en avait guère besoin. Elle avait ses propres ambitions et objectifs. Personne ne viendrait déroger aux règles qu’elle s’était bâties intérieurement. Elle avait fait son choix. Et Harry devait le comprendre.  

Hermione amorça un pas vers le pont, les dents serrées.  

Gregory n’était toujours pas en vue. Et la Riddle comptait bien en profiter. Elle poursuivit son ascension, jusqu’à se poster devant un portail translucide et éthéré. L’entrée rayonnait de mille feux. La lumière douce et vacillante donnait une impression d’étudier son propre reflet dans un cristal argenté. Hermione déglutit en observant les volutes de poussières grisâtres dansant autour d’elle. Un brouillard prit forme, l’engloutissant. Il n’y avait plus que des particules qui ondulaient contre la surface de la porte, changeant d’apparences, passant d’un poisson, à une libellule, puis à un corbeau. Hermione, silencieuse comme une tombe, franchit la frontière mystérieuse et plissa les paupières sous le jet du soleil frappant son visage.  

Elle se retrouvait au cœur de l’arène. Une vaste étendue de sable se profilait sous ses bottes. Chaque pas faisait crisser les grains secs. Elle ignora la poussière qui se dressait autour d’elle. Elle focalisa toute son attention sur les lieux qui l’immergeait.  

L’arène qui se trouvait sous ses yeux était immense, s’allongeant en cercles. Les gradins, comme des piliers de pierres, s’élevaient par milliers, presque tous pleins, représentant presque un hémicycle. Elle comprit que les sièges restants appartenaient aux étudiants de Poudlard. Des visages indistincts, inconnus et mouvants prirent forme dans la distance. Hermione entendit l’écho de hurlements, de chants porteurs de violence et de détermination. Les paroles fouettaient l’air dans des vagues de cris sifflants. Hermione grinça les dents.  

Les professeurs étaient alignés dans une estrade élevée. La structure, faite de bois sombre et d’acier rougeâtre, était protégée par des filets enchantés. Est-ce que le corps enseignant souhaitait être épargné par les risques de l’épreuve ? La Riddle fronça les sourcils, croisant les regards perçants et sévères de Flitwick et de Horace Slughorn.  

Un bras s’étendit sur le parterre de sable, captant l’attention de Hermione. Elle remarqua une mince silhouette se dessinant à travers la poussière. En plissant les yeux, elle réalisa qu’il s’agissait de la directrice. Accompagnée de Gregory, McGonagall la transperçait de ses prunelles, la sommant de la rejoindre dans une accalmie sinistre.  

Hermione inspira, l’estomac noué, puis se dirigea vers le petit groupe. Malfoy et Harry la talonnaient en silence, les traits austères. Elle déglutit en les analysant. Draco portait une cuirasse sombre. Le cuir épais dégageait une lueur ténébreuse ; il y avait des écailles noires et recourbées qui brillaient légèrement sous la lumière crue de l’arène. La peau d’un dragon, réalisa Hermione avec surprise.  

Malfoy, habillé ainsi, avait une allure imposante et féroce. Il donnait l’impression de se préparer pour la bataille. Mais que les attendaient-ils ? Hermione n’en était pas certaine.  

Par automatisme, la Riddle tira les petites ficelles et lanières en daim qui reliaient les plaques protectrices contre sa poitrine. Elle ajusta ses épaulettes, la gorge nouée. À se revêtir de cette façon, il ne fallait pas se méprendre — ils avaient tout l’air de guerriers sanglants, prêt à s’abattre sur leurs proies.  

Une seule question subsistait: qui affronteraient-ils ?  

— Bienvenue, chantonna la directrice dans l’arène à leur approche.  

Son cri résonna avec une telle force que les tympans de Hermione sillèrent. Elle grinça des dents pour se forcer à contenir un gémissement de douleur. Ces derniers jours, les voix se multipliaient. Elle avait l’impression de sombrer dans la folie. Il n’y avait plus que des ordres vociférés, et des promesses de sang.  

Lorsqu’elle posa son regard sur Potter, elle réalisa qu’il y avait une dizaine de couteaux aiguisés qui encadraient sa cuirasse, comme des ceintures cinglantes d’écus luisantes sous le soleil. L’intonation dans son crâne reprit forme, avec une plus grande ardeur.  

Tue le gamin. Vole ses armes et saigne-le comme un cochon.

Elle secoua la tête, la sueur perlant contre son front. Elle était agitée, mais surtout épuisée de sa lutte constante contre ce qui se retrouvait en elle. Elle était cinglée, cogita Hermione avec douleur. Il n’y avait pas d’autres réflexions et solutions possibles.  

Les poings serrés, elle attendit les prochaines explications de la directrice de Poudlard.  

— Vous n’êtes plus que quatre concurrents pour l’épreuve de l’arène, tonna la voix de McGonagall avec force.  

La foule se mit à siffler dans les gradins dans des mouvements agités. Certains sorciers relevaient leur baguette vers le ciel pour projeter des configurations sombres et bannières des différentes maisons de l’établissement magique. Hermione aperçut la tête d’un lion prendre forme et détourna ses prunelles, le cœur au bord des lèvres.  

Des roulements de tambours commencèrent à faire écho dans l’arène, suivi d’un chant de guerrier. Malfoy, à sa droite, fusilla les gradins de son regard, le corps bouillonnant de rage. Ils étaient tournés en spectacle. Des centaines de caméras ornaient les lieux, leurs lentilles capturant chaque expression sur le visage des participants. Hermione se força à respirer par à coup.  

Montre-leur ce que tu peux accomplir, chuchota son esprit.  

Elle ferma ses parois crâniennes à double tour, ses ongles transperçant la chair de ses paumes sous l’effort. Elle pouvait le faire. Rendre Mattheo fière. Hermione se l’était promis.  

Il y eut un mouvement dans l’arène et Hermione réalisa que tous les étudiants de Poudlard venaient de faire leur apparition, se plaçant dans les sièges en hauteur, scandant: « Que le meilleur gagne !

Les cris se répercutaient dans chaque coin de l’hémicycle. Et la Riddle ne pouvait que percevoir leurs espérances et leurs expressions cruelles alors qu’ils s’excitaient.

— Du sang, du sang ! répétèrent les élèves.  

McGonagall se pencha vers les participants, croisant les prunelles de Hermione dans la mêlée. Elle pouvait sentir la tension monter dans l’atmosphère, rendant l’oxygène oppressant et difficilement accessible.  

— L’avant-dernier challenge, expliqua la directrice avec autorité. Les sables mouvants sous vos pieds peuvent être votre plus grand ennemi, alors prenez garde, conseilla-t-elle les yeux perçants.  

Les caméras les encerclèrent avec une telle rapidité que Hermione oublia un instant de respirer. Malfoy lui agrippa sa main par réflexe et les prunelles écarquillées sous la stupeur, elle le dévisagea. Il ne la lâcha pas une seconde, plongeant ses iris flamboyants de détermination dans les siens. Il tentait de lui transmettre un message.  

— Reste concentré, Hermione, mima Draco des lèvres.  

La Serpentard hocha la tête en retour, puis reporta son attention sur le discours de McGonagall.  

— Vous risquez d’être en minorité dans l’arène, claqua la directrice avec douleur. Alors, laissez de côté votre rancœur et combattez ensemble !  

La foule répondit à ses paroles par une ovation chaleureuse et des jeux de bras et de baguette vers le ciel. Hermione croisa les prunelles de Gregory et se détourna. Les traits du Serdaigle étaient empreints de fureur et de haine. Il n’y avait pas moyen qu’elle s’allie à un tel individu. Ce serait signer sa mort.  

McGonagall se pencha, les sommant de suivre ses mouvements. Un genou contre le sable, Hermione fronça les sourcils. Elle avait l’impression de sentir une vibration dans ses membres, comme si un appel et une horde d’ennemies faisaient écho sous l’arène.  

— Il y a une solution pour chaque impasse, souffla la responsable en les détaillant. Écoutez et observez, mais surtout, persévérez, continua McGonagall avec douceur. La victoire ne se trouve pas dans le championnat, mais dans la lueur que vous mettez pour accomplir vos objectifs. Alors, restez présents l’un pour l’autre.  

Puis se relevant, la directrice pris le soin de dépoussiérer sa cape, les traits tendus. Se retournant pour affronter les caméras et la foule, elle scinda l’air d’une intonation glaciale:  

— Accueillez nos valeureux concurrents pour l’avant-dernière épreuve du Tournoi des Sorciers et souhaitez leur bonne chance ! Elle écarta les bras sous ses paroles et les membres dans les estrades se mirent à hurler en cœur. Ils en auront besoin, murmura pour elle-même la directrice avant de rejoindre les autres professeurs.  

Sans un mot, une gigantesque grillade de fer s’élança vers les gradins, enfermant les étudiants et sorciers dans une bulle de protection. Rien ne pourrait transpercer la carapace qui venait de s’ériger autour des spectateurs. Les seuls en danger — c’était Hermione, Harry, Malfoy et Gregory. Comme prit d’une soudaine impulsion, le Serdaigle se mit à courir vers le fond du terrain sablé pour agripper une énorme épée aux runes sombres et rouges. Plusieurs tables étaient disposées dans l’arène, avec de nombreuses armes. Harry s’empara d’une arbalète, Malfoy d’une machette et Hermione d’une série de couteaux aiguisés.  

Elle s’éloigna du groupe, mais les deux imbéciles suivaient ses moindres faits et gestes. Elle s’arrêta avec une telle brusquerie que Harry la percuta, projetant ses lunettes dans le sable. Il grogna un juron peu charmeur avant de se pencher dans des gestes hésitants pour tenter de retrouver son dû. Il grommela et rouspéta avec force.  

Hermione l’ignora, portant toute son attention sur Malfoy.  

— Qu’est-ce que vous avez manigancé ? assaillit-elle avec accusation.  

— Qu’est-ce qui te fait croire qu’on a concocté un plan sans toi ? demanda Malfoy en observant les jointures de ses mains avec un air blasé.  

Hermione commençait à bouillir de fureur. La prenait-il pour une imbécile ? Pensait-il réellement qu’elle ne voyait pas les signes ?  

— Oh, je ne sais pas, ironisa-t-elle avec froideur. Peut-être parce que vous n’arrêtez pas de me coller aux basques ? ragea la jeune femme en soulevant ses bras dans un geste de frustration.  

— Peut-être qu’on aime passer du temps avec toi, répliqua Malfoy avec une moue dubitative et moqueuse.  

Hermione dut compter pour se maîtriser — elle n’avait qu’un désir en cet instant ; arracher la crinière en bataille de Draco pour découvrir son crâne luisant et chauve.  

— C’est ce que j’ai cru comprendre ces deux dernières semaines, asséna-t-elle avec rancœur.  

Malfoy se frotta le visage, les traits tirés.  

— Écoute, Riddle, commença-t-il avec tristesse.  

— C’est Riddle, maintenant ? protesta Hermione avec douleur.  

Draco se pinça les lèvres, le regard porté vers le champ de l’arène, là où le danger se situait.  

— Je suis désolé, j’ai cru bien faire en te laissant l’espace nécessaire et — il s’interrompit en croisant les prunelles brillantes de larmes de la Serpentard et déglutit, la gorge nouée. Une présence aurait sûrement été indispensable, avoua-t-il avec chagrin.  

— Je n’en voulais pas — j’en étais incapable, finit par déclarer Hermione avec difficulté. C’était la meilleure chose à faire et, elle réfléchit à ses paroles, les poings serrés, je t’en remercie.  

Malfoy lui offrit un mince sourire triste. Il voulait relever ses doigts pour les poser contre les joues du petit serpent, mais elle se détourna sous la détonation qui prit forme dans l’arène. McGonagall venait de frapper avec un marteau contre une surface dure et bleutée. Dans un cri, la foule se mit à s’exciter. L’épreuve commençait.  

Harry se redressa maladroitement, fusillant Hermione du regard alors qu’il installait avec anxiété ses lunettes contre son nez.  

— La prochaine fois que tu souhaiteras avoir une conversation avec Malfoy évite de me rendre aveugle, ce serait bien, grogna-t-il d’une voix bourrue.  

Hermione s’offusqua, les joues rouges, et Draco éclata de rire.  

Les bavardages cessèrent dans les estrades. L’atmosphère se changea. Il n’y avait plus qu’une froideur dans l’arène. Hermione sentit les poils sur ses bras se hérisser. Le danger s’approchait. La baguette enfoncée dans la poche de son treillis, elle empoigna avec plus de force les manches de ses dagues. Malfoy cala avec sérieux son épée dans son dos pour s’assurer qu’elle était bien en place avant de s'éloigner de quelques pas et de relever sa machette. Harry redressa son arbalète, les yeux écarquillés.  

Sans prévenir, le sable sous leurs pieds se mit à se mouver et l’écho de hurlements reprit — mais il n’était pas question de la foule dans les gradins, ni des voix dans l’esprit de Hermione.  

Le souffle court, la Riddle tendit l’oreille, les paupières fermées. Elle avait l’impression de pouvoir sentir des présences se rapprocher avec une infime discrétion. C’est là qu’elle l’entendit — un grognement.  

— À ta droite, cria Hermione à l’égard de Harry.  

Une énorme créature jaillit du sol dans un torrent de poussière. Harry plaqua une main contre sa bouche, toussotant avec difficulté, alors que la bête qui leur faisait face étendait des griffes aiguisées. Elle bondit vers Potter et avec célérité, il fit virevolter une flèche qui transperça l’œil gauche de l’intrus. L'apparition feula et recula de plusieurs bas. Ses cris d’agonie se répercutèrent dans toute l’arène. Mais le groupe n’avait pas le temps de tergiverser que déjà une dizaine de monstres jaillirent des sables mouvants sous leurs bottines, les babines retroussées et leurs iris jaunes se plantant sur leurs ennemis. Leurs peaux visqueuses et vermillonnées luisaient sous les rayons du soleil.  

Hermione entendit un vague hurlement au loin. Gregory, réalisa-t-elle. Il se battait seul.  

Malfoy fut le premier à réagir. Il fit étinceler sa lame dans l’air avant de l’enfoncer profondément dans la chair d’une des créatures. Le sang jaillit dans un éclat doré, tachant le sable avec un éclair presque onirique. La bête s’effondra dans un bruit sourd. D’autres s’agitaient autour des sorciers, cherchant à les encercler.  

Hermione projetait ses dagues, les plantant dans les corps difformes, les recouvrant de plaies béantes. Le flot de sang ambré perça le sol dans une flaque déroutante. Le souffle court, la Riddle brandit sa baguette, lançant un sortilège qui percuta l’une des bêtes en plein torse, la repoussant dans un reflet violet. Mais la seconde continuait d’avancer, ses griffes étendues, prêtes à frapper. Hermione pivota avec célérité, esquivant l’attaque de justesse. Son palpitant battait à tout rompre. Elle n’arrivait pas à identifier les silhouettes de Potter et Malfoy dans la mêlée. Il n’y avait plus que les hurlements et le sang. Hermione planta son arme en plein dans le cœur de la créature et elle s’effondra dans le sable.  

Harry, en diagonale, enchaînait les tirs. Ses flèches transperçaient l’air jusqu’à atteindre ses cibles. Chaque coup était accompagné d’un hennissement, suivit d’une nouvelle tête qui tombait sur le sol.  

Hermione para une seconde attaque, effectuant une roulade et se retrouva contre le dos de Malfoy, la baguette brandit devant elle. Elle n’avait plus le moindre poignard - ils étaient enfoncés dans les carcasses des créatures. Harry les rejoignit, les iris verts écarquillés sous la terreur.  

— Ils sont trop nombreux, gémit-il en continuant de décocher des flèches.  

Hermione releva sa main, son pouvoir tournoyant autour d’elle comme un ouragan impénétrable. Le siphon qu’étaient ses prunelles se déchaîna et elle étendit ses doigts dans un cri. Les créatures hurlèrent, leurs corps secoués de soubresauts, leurs figures tendues vers le ciel et un liquide écarlate s’écoulant des pores de leurs épidermes déjà déchiquetés, puis s’écroulèrent. Ils ne remuaient plus.  

Dans l’arène, il n’y avait plus que l’écho des respirations lourdes du groupe, plus que la peau et l’odeur de sang contre leurs vêtements. Et Hermione se permit d’observer. Réellement.  

— Ce n’est pas fini, affirma-t-elle en agitant une nouvelle fois sa baguette.  

Le sable continuait de se déplacer, crachotant cette fois-ci des insectes et des corbeaux. Les êtres volatiles se mirent à croasser, leurs becs sombres et recouverts d’un liquide pourpre. Harry recula, percutant Hermione qui gémit de douleur.  

Gregory, un peu plus loin, brandissait son épée, tranchant la tête d’un énième monstre, le visage rouge sous l’effort. Elle croisa brièvement ses prunelles. Il lui tourna le dos, refusant de les rejoindre et la Riddle se pinça les lèvres, comprenant qu’il venait de signer son arrêt de mort.  

C’était sa décision. Bien que stupide, elle ne contrecarrerait pas ses plans. S’il tentait de se prouver quelque chose — il le ferait seul. Maintenant dénué de la compagnie de son acolyte, Ron Weasley, le Serdaigle, écumait de rage et de désespoir. Il enchaînait ses attaques avec une précipitation maladroite. Une des créatures le percuta de plein fouet et il se retrouva le corps endolori enfoncé dans le sable mouvant. Il commença à l’aspirer et il hurla de terreur.  

Harry suait à ses côtés, mais n’effectuait pas le moindre geste et Draco — il observait la scène avec un éclat antipathique dans le fond de ses prunelles. Pestant à voix basse, Hermione tendit sa baguette vers l’étudiant et fit apparaître une énorme liane qui s’enlaça autour des membres de Gregory. Elle l’attira au groupe, les muscles figés sous l’effort. Puis sans prévenir, les créatures qui restaient présentes se volatilisèrent, ensevelit sous le sable. Gregory se redressa, la figure blême.  

—  Je t’interdis de me sauver ! hurla-t-il à l’encontre de Hermione. Il pointa un doigt vers sa silhouette, les larmes aux yeux. Je — sa plainte mourut sur ses lèvres lorsque les corbeaux s'agitèrent dans le ciel.  

Le pelage noir comme la nuit, les corneilles formaient une arabesque menaçante. En un instant, elles se regroupèrent en un tourbillon sombre et se mirent à voleter avec une énergie meurtrière. Leurs ailes tranchaient l’air avec une vivacité qui fit frissonner Harry. Les corbeaux dessinaient des arcs sinueux dans le ciel, si rapides que leurs silhouettes se floutaient. Hermione cligna des yeux, la respiration sifflante.  

Puis sans prévenir, d’énormes rochers prirent forme. La Riddle ne réfléchit pas un instant.  

— Il faut s’abriter, commanda-t-elle.  

Malfoy, les traits tendus, fut le premier à atteindre les blocs. Lorsque le groupe se retrouva encerclé par le terrain rocailleux, le Serpentard agita sa baguette et conçut une bulle de protection. Les becs des créatures se plantèrent vers le bouclier dans des échos glaçant l’échine. Harry, son regard fixé sur le spectacle, plaqua son arbalète contre son torse, la peur au ventre.  

Les corneilles se projetèrent contre les remparts magiques de longues minutes avant de s’échapper dans une crevasse que le sable venait de créer. Malfoy soupira, calant son crâne contre une des roches, les paupières fermées.  

— Et maintenant ? questionna Gregory avec anxiété.  

Harry le fusilla avec amertume et Hermione opta pour le silence. Que devait-il faire à présent ?  

Elle se mit à réfléchir aux signes, aux paroles de la directrice.  

Écoutez et observez.  

La Riddle fronça les sourcils. Elle avait la nette impression que l’arène était une épreuve recelant d’énigmes. Mais la conspiration et les doutes ne pouvaient planer. Hermione devait rester concentrée, alors elle tut ses pensées et les enfouit dans un recoin de son cerveau.  

Les membres agités de soubresauts, les étudiants se contentèrent de surveiller les alentours dans un silence glacial. Que devaient-ils faire. Hermione plaqua sa main contre le sol et laissa les sensations l’envahir. Que ressentait-elle ?  

De la chaleur. L’écho d’un cri atrabilaire et — elle déglutit, les prunelles écarquillées. Ce n’était pas possible. Elle plongea sa paume plus profondément et tira avec force. Son visage devint rouge sous l’effort. D’un geste sec, elle réussit à sortir sa main du sable, et écartant les doigts, découvrit sa trouvaille — des écailles noires et luisantes.  

Elle s’effondra contre le sol, les traits blêmes, comprenant la signification de tout ceci.  

— Qu’est-ce qui se passe, Hermione ? questionna Harry avec stupéfaction.  

La Riddle n’arrivait pas à prononcer la moindre parole.  

Malfoy se rapprocha et lorsque ses iris gris se posèrent contre les écailles, ses membres se figèrent.  

— Un dragon, souffla Draco, le visage dénué de toutes couleurs.  

— Qu'est-ce que tu veux dire ? répliqua Gregory avec rage.  

Hermione s’agenouilla, frottant de ses doigts sa mâchoire. Elle avait besoin d’un moment pour réfléchir. Une plume de phénix et des écailles d’un dragon. Elle échangea un regard avec Malfoy, qui se contentait de l’observer à la dérobée, les lèvres entrouvertes.  

— OK, un dragon et maintenant ? interrogea avec patience Potter, le souffle court. Est-ce qu’il s’agit d’une énigme ? continua-t-il.  

— Non, répliqua Hermione dans un murmure. Un dragon se retrouve sous l’arène et attend le moment propice pour faire son apparition.  

Gregory s’agrippa les cheveux, le teint pâle.  

— Comment peut-on vaincre une telle créature ? s’écria-t-il avec désespoir. Elle va nous pulvériser, c’est certain ! Le Serdaigle s’affola, la respiration erratique.  

Il leur jeta un bref regard, les traits tordus sous l’indécision et la peur. Puis sans prévenir, il aplatit son poing contre le visage de Malfoy, ce qui fissura le bouclier magique et il s’échappa, le feu aux fesses.  

— Je vais le tuer une bonne fois pour toutes, grogna Draco, les yeux fous.  

Hermione l’arrêta, une main plaquée contre sa cuirasse, les traits sérieux. Elle secoua la tête, lui sommant de rester silencieux. Harry se pencha vers le groupe, une expression livide altérant sa figure.

— Qu’est-ce qu’il cherche à faire ? S’il est seul, il est foutu, murmura l’élu avec choc.  

Hermione grinça des dents, le cœur lourd.  

— Il ne souhaite pas continuer le tournoi, déclara-t-elle en observant Gregory taper le sprint de sa vie vers l’entrée de l’arène. Il veut déclarer forfait — abandonner, avoua Hermione d’une voix sombre.  

— Mais — débuta Potter.  

— C’est impossible, renchérit Malfoy avec froideur. Une fois l’épreuve commencée, on ne peut revenir en arrière.  

Les trois sorciers rivèrent leur attention vers le Serdaigle, alors que la foule dans les gradins feulait de rage, hurlant avec harmonie:

— Lâche !  

Gregory espéra traverser la porte translucide, mais lorsqu’il entra en contact avec la sphère, une détonation éclata. Podmore se retrouva projeté à une dizaine de mètres et un craquement sonore retentit. Il ne bougeait plus.  

— Bordel, jura Harry en observant la scène, les yeux écarquillés.  

Hermione déglutit.  

— Maintenant, on sait ce qui se produit si on vient à renoncer, déclara Malfoy avec austérité.

Chapter 33: Les braises de l'enfer

Chapter Text

CHAPITRE 33

Les braises de l'enfer

« Tu t’es mis en danger pour moi, c’était stupide! »

« Et pourquoi ce serait une mauvaise chose ? » rouspéta Malfoy avec irritation. 


Dans le dortoir des Serpentard, après l’épreuve du dragon.

— Je n’arrive toujours pas à y croire, chuchota Pansy Parkinson dans l’obscurité des dortoirs des Serpentard.  

Luna, qui était installée sur le lit de Hermione se triturait les doigts, son esprit divaguant entre la réalité et l’épreuve qu’elle avait assistée quelques heures plutôt.  

— Moi non plus, avoua la Poufsouffle, la gorge serrée.  

Il y eut un long silence, seulement entrecoupé par les respirations laborieuses des deux étudiantes qui s’observaient avec sévérité.  

— Le tournoi des sorciers cette année aura entraîné plus de morts que les trois dernières compétitions, expliqua Pansy d’une intonation lugubre en se frottant les tempes.  

— En trente ans, il n’y a jamais eu autant de pertes, convint la jeune femme à la chevelure dorée.  

Elles s’épièrent, passant de leurs vêtements froissés aux effluves de menthe et de poivre jusqu’à leurs traits figés.  

— Qu’est-ce que tu lui dirais ?  

Pansy réfléchit à la question, les lèvres pincées sous la tension environnante.  

— Je lui dirais qu’elle a fait tout ce qu’elle pouvait — que le destin en avait décidé autrement, chuchota la Serpentard.  

Luna croisa ses prunelles et les deux élèves hochèrent la tête dans un commun accord. L’arène avait été sanglante et ce ne serait que le début. Un frisson parcourut l’échine des deux jeunes femmes. Pansy se mordit la lèvre inférieure, les larmes aux yeux.  

— Est-ce que tu penses qu’elle va m’en vouloir ?  

Luna redressa sa figure pour planter son regard dans celui de son amie. Pansy était déboussolée, mais surtout anxieuse. La culpabilité et le mensonge avaient un goût amer et la Poufsouffle le comprenait mieux que personne. Surtout depuis le Labyrinthe.

— Ma trahison, commença la Serpentard.

Luna la coupa dans son élan.  

— Elle comprendra, affirma la jeune femme, les traits sérieux. Je ne vois pas comment elle pourrait penser autrement.  

Pansy souleva ses omoplates, le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique. Elle se tritura une seconde fois les doigts. Les responsabilités qui incombaient la Serpentard étaient lourdes, criardes et jamais elle n’aurait cru regretter un tel acte.  

— Et si elle finissait par m’en vouloir ? questionna Pansy, des larmes dans la voix.  

Luna empoigna les mains de son amie, la forçant à reprendre contenance. Les yeux plantés dans les siens, elle tenta de lui insuffler tout le courage et l’énergie nécessaire pour poursuivre son plan. Leur plan.  

— Je trouverai un moyen de te protéger. Je te le promets, conclut Luna Lovegood.  

Bien que leurs intentions soient honorables, les deux étudiantes savaient que si une guerre se déclenchait, Hermione ne baisserait jamais les bras. Pansy se rongea les ongles, le visage livide. Elle appréhendait sa réaction — il n’était pas facile de trahir la confiance d’un ami, mais encore plus d’une personne aussi redoutable que la Riddle. Elle craignait l’ouragan qui prendrait part dans l’enceinte du château, mais surtout de la fureur de sa camarade: Hermione.  

Elle avait joué ses dernières cartes. Elle avait fait son choix. Malfoy ou la Riddle.  

Pansy Parkinson déglutit alors qu’elle contemplait le plafond de la chambre des Serpentard, le cœur lourd d’angoisse. Elle venait de signer le contrat du diable — opérant à sa propre manière pour détourner une personne de son objectif initial. Et il n’y avait plus que le goût amer de la bile et la culpabilité dans sa gorge. Elle se frotta les bras, les yeux clos. Luna l’attira contre elle dans un geste de réconfort et elle ferma son esprit, ses pensées et ses doutes.  

Elle avait fait le bon choix, se rassura-t-elle à voix basse, des trémolos dans la voix.  

Elle avait accompli un acte irréparable. C’était au tour des concurrents d’agir. Le destin sonnait ses cloches. Est-ce que Hermione Riddle saura répondre à son appel ?


Présent, dans l’arène.

Hermione, les bottes ancrées dans l’arène, se forçait à prendre de longues inspirations, le cœur au bord des lèvres. Harry à ses côtés s’efforçait de dénicher une solution à leur problème central: un foutu dragon se trouvait sous leurs pieds, prêt à bondir à tout moment, et en dehors des futiles armes de pacotilles qu’ils possédaient, ils n’avaient pas grandes ressources pour se défendre. Malfoy ne connaissait pas le moindre sortilège pour se protéger face aux braises de la créature.  

Hermione se rongea la peau des ongles, son esprit divaguant. Elle devrait peut-être sortir sa carte maîtresse dans l’épreuve. Elle redoutait déjà le moment où elle le ferait.  

Non, tempéra-t-elle intérieurement. Elle devait rester positive — un évènement tragique pouvait se produire à tout moment.  

Comme si elle se remémorait l’instant où Gregory était entré en contact avec le portail de l’arène, elle détailla son corps allongé dans le sable. Il n’avait pas bougé depuis. Ses membres étaient patraques et à une telle distance, il était difficile pour Hermione de savoir si l’étudiant était encore vivant.  

Elle se força à inspirer par les narines, la bile au fond de la gorge. Harry lui tapota l’épaule — c’était son signal. Elle se redressa et Malfoy abaissa leur sphère de protection pour qu’elle se faufile à travers l’arène.  

Quelques minutes plutôt, elle avait proposé de jouet l’appât. Draco avait refusé catégoriquement, mais Harry avait contrecarré, affirmant qu’elle pourrait sûrement découvrir s’il y avait un moyen de cesser l’apparition des créatures. Le sable était enchanté — l’arène devait être ensorcelée. Hermione était presque certaine qu’il y avait une alternative pour remédier au problème. Alors, la Riddle s’était conféré comme mission de repérer le fil conducteur du sortilège. Les paroles de McGonagall continuaient de tournoyer dans son esprit, tout comme les voix insipides.  

Écoute et observe.  

Tue et pulvérise.  

Elle ferma ses paupières, fort, puis se pinça le bras droit pour se donner contenance. Elle pouvait le faire.  

Le terrain avait été réaménagé dans l’arène. Des fortifications et rochers colossaux surplombaient le sable, projetant des ombres menaçantes sous la lueur du soleil. Des crevasses sombres zébraient le sol, recouvertes par un rideau de fer entrecroisé de carrés, comme des barreaux. Hermione réfléchit en les apercevant. Il devait y avoir un indice en dessous.  

Avant de prendre sa décision, elle se retourna et relevant sa baguette, créa un dôme de protection autour de Gregory, toujours allongé par terre. Puis, elle accéléra le pas, la sueur s’écoulant de son dos.  

Le silence régnait dans les estrades. Les spectateurs étaient cois depuis que Podmore s’était fait projeter par le portail. Il n’y avait plus que l’écho des respirations et le grésillement des caméras qui faisaient de gros plans sur les concurrents du tournoi. Un projectile s’avança vers Hermione, suivant chacun de ses mouvements. La jeune femme se força à ne pas tendre les doigts pour écrabouiller l’appareil.  

Hermione se retourna brièvement pour observer son ancienne cachette et croisa les prunelles de Malfoy. Il avait les traits tirés sous l’inquiétude. Toujours reclus sous sa bulle de protection avec Harry, le Serpentard semblait prêt à sortir à l’improviste pour la secourir au moindre obstacle. Elle lui offrit un sourire pour apaiser son agitation, mais les yeux de Draco continuaient de briller avec alerte, comme s’il appréhendait le pire.  

Le sable se mouvait sous ses pieds, bougeant sous les ondes de son poids. Hermione se concentra sur les sensations. Les grains formaient des nuages de poussière et chaque fois qu’elle relevait ses genoux pour apposer son arche plantaire contre le sol, une vibration retentissait.  

La réverbération remontait de ses jambes jusqu’à son visage. Des frissons se mirent à parcourir scrupuleusement ses bras. Hermione resta immobile, la respiration coupée, chaque muscle tendu par le stress. Puis, sans prévenir, un grondement guttural émana de l’arène, profond et menaçant.  

Sans réfléchir, Hermione accéléra son allure, son cœur tambourinant à tout rompre. Si le dragon parvenait à accéder à l’arène, elle devait trouver un refuge. La crevasse se rapprochait sous ses prunelles. Elle se posta devant avec rapidité et observa la barrière en fer qui la recouvrait. Elle tenta de la soulever, mais elle était trop lourde. Elle gémit sous la douleur qui prenait forme dans le bas de son dos. Les muscles de ses bras étaient tendus sous l’acharnement. Le crissement désagréable du métal résonna dans ses oreilles et la vibration contre le terrain s’intensifia, comme si la créature sous terre entendait chacun de ses gestes, prête à frapper au moment opportun.  

Hermione suspendit son mouvement, le corps figé sous le poids du stress. Lorsque le sol sembla se calmer, elle reprit ses efforts, tirant de toutes ses forces. Enfin, la grille céda, la sueur perlant sur son front.  

Une détonation énorme fit vrombir le sable. Hermione sursauta. Des ombres ondulaient dans la crevasse. Dans un cri strident, Hermione se fit attaquer. Elle avait l’impression de recevoir une pluie de couteau contre son visage. Elle se força à rouvrir ses paupières, le cœur battant.  

Écoute et observe.  

Des ailes battirent contre son profil, avec une violence si inouïe qu’elle se pinça les lèvres. Elle les repoussa de la main, les muscles tendus. Sidérée, elle constata qu’il s’agissait de libellules voletant autour d’elle. Les archiptères se frayaient un chemin, fouettant son visage, puis amorçant un arc, regagnèrent la crevasse. Hermione entrouvrit ses lèvres, le cerveau en feu.  

Pourquoi avait-elle la sensation que les libellules tentaient de lui transmettre un message.  

— Hermione ! cria une intonation avec force.  

Elle se retourna avec précipitation et aperçut Harry et Malfoy accourir vers elle. La respiration sifflante, le Serpentard lui empoigna les épaules pour l’observer, à la recherche de la moindre égratignure.  

— Tu as été attaqué ? questionna-t-il avec empressement.  

Hermione balbutia, sa voix croassant sous la gêne:

— Non, j’ai seulement pris peur.  

Puis remuant, les doigts agités, la jeune femme pointa sa découverte, les yeux brillants.  

— Je crois qu’il s’agit de l’indice qu’on espérait trouver, expliqua-t-elle.  

Harry contempla la cavité, les prunelles plissées.  

— Ça m’a l’air dangereux, chuchota l’Élu avec scepticisme.  

Hermione releva ses bras avec irritation, exaspérée sous leur inquiétude.  

— Ce tournoi est taré ! s’exclama-t-elle. Évidemment que ce qui va se retrouver en dessous risque d’être périlleux, mais —

Malfoy la coupa de manière catégorique, son intonation tranchante:  

— Tu restes ici, Potter va y aller, commanda Draco avec mordant.  

— Quoi ? rétorquèrent les deux concurrents, complètement sidérés.  

Harry balbutia, les traits tirés et les poings crispés.  

— Je refuse qu’on m’impose une nouvelle fois de me projeter vers l’inconnu.  

— T’es pas sérieux, Potter, grogna Malfoy avec hargne. Je ne te demande pas de sauter de la tour d’astronomie de Poudlard.  

Harry s’apprêta à répliquer avec rancœur, puis se tut, se souvenant des caméras qui les encerclaient. Il releva son majeur en réponse et le tendit vers le visage de Malfoy. Draco empoigna ses phalanges avec force, le forçant à redresser deux doigts dans un signe de paix.  

— Pas de ça avec moi, ronchonna le Serpentard. Tu descends.  

— Sinon quoi ? attaqua Harry avec colère.  

— Sinon — déclara Draco avec mesquinerie.  

— Ça suffit le combat de coqs ! grogna Hermione en se frottant les tempes, complètement lasse de la situation. Il y a un foutu dragon qui se trouve sous nos pieds à l’heure actuelle et vous vous prenez le chou pour une putain de cavité ? Non, mais je rêve ! éructa la jeune femme avec fureur.  

Hermione observa une dernière fois la crevasse, les yeux perçants de détermination.  

— J’y vais et tu n’as pas ton mot à dire, ordonna-t-elle à l’encontre du Serpentard.  

Malfoy pesta à voix basse des propos peu charmants, mais Hermione fit la sourde oreille. Elle se retourna vers Harry pour affronter ses prunelles.  

— Je t’avais promis de ne pas te plonger dans des plans cafardeux une seconde fois — et je tiens toujours ma parole.  

Hermione se planta vers le passage, prenant une longue inspiration, la gorge serrée. Que faisait-elle non de Dieu ?  

— Tu aurais été une excellente Gryffondor, souffla Potter d’une petite voix.  

Hermione lui offrit un sourire, les traits pincés sous la tension puis rejoignit la cavité, chutant dans une semi-obscurité qui l’étouffa tout entière.  


— Où est ton courage de Gryffondor, Potter ? s’exclama Malfoy avec dérision alors qu’il se campait derrière une énorme pierre, les muscles crispés sous l’atmosphère.  

— Disons que c’est difficile de se préparer à des situations aussi merdiques et catastrophiques que maintenant ! répliqua Harry avec hystérie.  

Les deux étudiants se fusillaient du regard, le cerveau en ébullition. Le moment n’était pas vraiment propice aux disputes — ils en avaient parfaitement conscience. La créature de l’enfer avait fait son apparition quelques minutes plutôt, et ils s’étaient abrités dans le terrain rocheux en espérant se protéger des flammes, le cœur tambourinant contre leurs tempes.  

Malfoy jeta un coup d’œil vers la chose qui les attendait et surprit un corps musclé et hérissé de pointes acérées.  

— Bordel, jura-t-il en détaillant la bête.  

Le dragon qui se tenait au centre de l’arène était immense, avec des écailles noires et luisantes. Sous les rayons du soleil, on pourrait penser que sa parure sombre était chauffée à blanc. Ses ailes étaient déployées avec menace sur le sable doré et ses iris jaunes perçaient le terrain avec une lueur malveillante. Harry se mit à bafouiller des prières inutiles sous la scène. La créature colossale ouvrit sa gueule dans un cri guttural et fit jaillir des flammes de la mort.  

Malfoy agrippa Potter par le collet de son armure pour qu’il trouve refuge derrière les rochers. Le Serpentard n’arrivait pas à croire que le dragon se retrouvait ici. Comment avait-il pu rejoindre l’épreuve ? Le souffle court, la sueur perlant sur son front, il détailla les écailles épaisses sur les flancs de la bête. Les griffes de la créature se plantaient profondément dans le sol, soulevant un vent qui se dispersa sur des dizaines de mètres.  

Les deux étudiants pouvaient sentir la chaleur oppressante des braises, même à cette distance. Une seule erreur pouvait leur être fatale. Ils déglutirent, les membres agités de soubresauts. Ils étaient vraiment dans la pire des impasses. La bonne nouvelle ? Le dragon ne les avait pas encore repérés.  

— Potter, chuchota Malfoy avec empressement. Tu es connu pour ton ingéniosité à Poudlard, alors dis-moi — est-ce que tu as une idée brillante pour nous déprendre de cette situation ou est-ce qu’on va observer cette chose nous dévorer en silence ? gronda le Serpentard en attaquant l’Élu de ses yeux.  

Potter étouffa un hoquet d’indignation, les oreilles rouges de colère. Braquant un doigt vers l’affreux-à-la-chevelure-blonde, il répliqua avec froideur:  

— Même un génie n’arriverait pas à réfléchir bordel ! Un dragon, Malfoy, un dragon, répéta-t-il avec une intonation outrée en pointant la créature, les prunelles furibondes.  

Harry respirait par les narines et si Draco ne se méprenait pas — il pouvait presque voir de la vapeur s’échapper de son nez, comme la bête. Il ne put cacher son rictus.  

— Si j’ai bien compris, articula le Serpentard avec affront. En plus de ne pas être un génie, tu n’es pas courageux. Pourquoi est-ce que tu es un putain de Gryffondor, Potter ? cracha Malfoy en postillonnant dans la mêlée.  

Harry s’essuya le visage, les prunelles écarquillées sous – bordel la fureur, l’exaspération et peut-être aussi l’orgueil. Draco avait raison. L’élu était presque prêt à tracer sur le sable un S.O.S et — de salir ses pantalons de combats. Mais c’était un détail qu’il ne préciserait pour rien au monde.  

— Va te faire foutre, Malfoy, grogna-t-il à la place, les traits tirés par l’embarras et la colère.  

— Si tu veux prendre l’apparence de Hermione pendant quelques instants, je serais partant, répondit au tac à tac l’imbécile.  

— Dégueulasse ! s’écria Harry avec aversion. Ce n’est pas le moment de discuter de ça espèce d’abruti. Il y a un putain de dragon qui ne souhaite qu’une chose ; nous dévorer !  

Malfoy échappa un rire de la gorge et la vibration dans le sable s’approfondit.  

Un vent de poussière aveugla les deux sorciers pendant quelques secondes, leur coupant la respiration. Draco pouvait sentir le souffle chaud de la bête se rapprocher, comme si elle humait l’air dans le désir de trouver son prochain repas.  

Harry, les sourcils froncés, continuait de guetter les mouvements du dragon. Ses mains tremblaient légèrement autour de son arbalète alors qu’il analysait chaque détail: les battements irréguliers de ses ailes massives et la manière dont ses griffes se tendaient dans l’attente d’un intrus à éviscérer.  

— Tu es vraiment attaché à elle, n’est-ce pas ? demanda d’une petite voix Potter, le regard toujours rivé vers la créature.  

Malfoy cala sa tête contre le rocher dans un soupir agacé. Il ferma brièvement ses paupières comme s’il espérait se retrouver ailleurs. Harry ne rêvait rien de plus au monde. Il pesta à voix basse et la bête émit un grondement en retour.  

— Quel génie, Potter ! ironisa Draco avec condescendance. Tu viens de le réaliser que maintenant ?

Potter l’incendia des yeux, les narines dilatées. Il jurait de toute son âme que si la chose qui les attendait n’était pas aussi meurtrière, il aurait agrippé la crinière hideuse du Serpentard pour fracasser son crâne contre les rochers. Il se força à prendre de longues respirations pour se calmer.  

Réfléchis, pensa-t-il avec rancœur.  

Il posa ses doigts contre ses tempes, les frottant, le regard ailleurs, porté vers la créature qui agitait ses ailes dans une menace silencieuse. Il ne pouvait escompter qu’une solution ou une opportunité se présente d’elle-même. Les deux étudiants étaient seuls. Hermione avait rejoint la crevasse dans l’arène et ils ne l’avaient pas aperçu depuis presque une heure. Que faisait-elle ? Était-elle en danger ?  

Le claquement d’une lame contre un minerai à sa droite attira son attention. Malfoy s’était redressé et venait de regagner une partie reculée du terrain, là où des blocs de pierre épars aux bouts tranchants s’étendaient comme des rapières cruelles.  

Harry plaqua sa main contre sa bouche pour étouffer un hoquet de stupeur. Que faisait l’imbécile ? Malfoy maintenait son ascension, faisant vibrer son arme contre les roches imposantes. La machette luisait sous le soleil, créant un fracas assourdissant dans le silence de l’arène. Les caméras s’agitèrent, captant chacun des mouvements du Serpentard.  

Potter jura et tenta de se lever pour l’empêcher de continuer son plan sordide, mais trop tard. Le dragon planta ses iris dorés vers la silhouette floue de Draco, les babines retroussées. Dans un rugissement bestial, il se catapulta vers Malfoy, ses griffes percutant le sol avec une force inouïe.  

La créature ouvrit sa grande gueule, révélant des rangées de dents acérées comme des dagues. Un grondement s’échappa de ses entrailles, éjectant un jet de sable jusqu’aux estrades et les étudiants se mirent à hurler sous la violente propulsion. Avant que le Serpentard ne puisse réagir, une langue de feu jaillit du dragon et les flammes léchèrent le terrain, incendiant les grains dorés jusqu’à ce qu’ils se carbonisent et deviennent noirs. L’air était brûlant, créant une odeur âcre et suffocante. Harry se replia, le visage livide alors qu’il épiait son camarade qui plongeait à couvert sous la zone rocailleuse.  

La conflagration percuta les roches avec une telle violence que des volutes de fumée s’élèvent, obscurcissant toute l’atmosphère. Harry avait de la difficulté à respirer. Il se demanda quel était le plan de l’imbécile à la crinière doré. Souhaitait-il mourir ? songea-t-il avec horreur en observant Malfoy se redresser, brandissant sa baguette avec une précision létale.  

— Absorptio Ignis ! vociféra-t-il.

Le sortilège fit vibrer l’air autour de lui, projetant des jets de lumière orangeâtes aveuglants. Harry plissa les yeux, stupéfait. Le maléfice atteignit la gorge du dragon qui se mit à hurler sous le choc de l’impact. Il se dressa, les orbes écarquillés et feula avec agonie. Aucune flamme ne traversa ses babines. Il n’y avait plus que l’écho de son rugissement atrabilaire dans l’arène. Malfoy, le regard fixe sur la créature, maintenait le sort avec une concentration intense, la sueur glissant sur son front.  

Brillant ! voulut s’exclamer Potter en l’observant, mais le dragon éructa de colère, les écailles retroussées sous la fureur. D’un mouvement rapide et puissant, il se contorsionna et abattit sa queue hérissée de piques vers la forme du Serpentard.  

Harry réagit au quart de tour, projetant toute sa force dans ses jambes pour s’élancer vers Malfoy. Avec désespoir, il fit apparaître un balai avec sa baguette, accrochant son arbalète dans son dos. Avec vitesse, il rejoignit le Serpentard et lui agrippa le bras, le sauvant de justesse. Les flammes se mirent à lécher ses bottes alors que Potter catapultait leur corps dans les airs, le souffle erratique. Le dragon redressa sa tête hérissée, les yeux perçants et propulsa son visage vers le groupe. Les jets de feux reprirent, incendiant toute l’arène, jusqu’à se projeter vers les filets de protection autour des étudiants. Certains hurlèrent sous la terreur, mais la chaleur se dispersa, jusqu’à avaler les braises entières. Ils étaient abrités.  

Harry atterrit contre le sable carbonisé, le souffle court, puis plaqua Malfoy contre un énorme rocher qui avait survécu à l’attaque. Son visage était distordu par la colère et la peur.  

— Tu es un putain de taré ! gronda-t-il, projetant sa salive dans la mêlée sous la fureur. Qu’est-ce qui t’est passé par la tête ?  

Malfoy éclata de rire, les muscles tendus dans des soubresauts. Harry raffermit sa poigne sur sa tenue de combat, les prunelles ombrageuses. Les traits déformés sous la frustration, l’Élu repoussa une seconde fois le Serpentard contre la structure rugueuse.  

— Qu’est-ce que tu fais ? questionna Draco avec lassitude, roulant des yeux.  

Potter se retint avec difficulté de les lui faire manger tant il tremblait de rage.  

— Ben, je te sauve les fesses, grogna-t-il avec hargne.

— Enfin tu honores ta maison, ricana Malfoy à ses paroles.  

— Ne me fais pas croire que c’était un foutu test pour que je démontre du courage — tu es juste un imbécile qui aime frimer ! réprimanda Harry.  

— Effectivement, avoua l’abruti dans un rire. Et j’ai échoué.  

Le Gryffondor le relâcha, s’accroupissant pour soupirer à voix basse. Le dragon avait reporté toute son attention sur les fortifications magiques de l’arène, propulsant ses jets de flammes à l’encontre des spectateurs qui se trémoussaient sur leurs sièges, leurs visages livides. Certaines caméras avaient souffert sous les attaques, gisant par terre, complètement détruit sous la chaleur.  

Malfoy se gratta la joue, les sourcils froncés et la gorge nouée.  

— Merci, murmura-t-il.  

— Ce n’était pas un plaisir, répliqua avec froideur Potter.  

Ils éclatèrent de rire en s’observant. Harry aplatit son poing contre le torse du Serpentard qui émit un gémissement de douleur en retour.  

— Essaie de ne pas jouer le héros la prochaine fois — ce rôle ne te scie vraiment pas, rabroua le Gryffondor avec moquerie.  

Malfoy roula des yeux pour faire bonne impression, un rictus aux lèvres. Le silence emplit l’atmosphère, seulement entrecoupé par les exclamations des professeurs et sorciers venant assister à l’épreuve. Les deux participants du tournoi les étudièrent, les membres contractés.  

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? interrogea le jeune homme aux lunettes rondes, la respiration sifflante.  

— Aucune idée, reconnut Draco, les traits tirés par la fatigue et le stress.  

Chaque rugissement persifleur du dragon faisait frissonner Harry. Les muscles crispés au summum, il se demanda si — oh bordel, jura-t-il tout bas. Il s’empoigna le ventre, le visage livide.  

— Oh non, pas ça, souffla le Gryffondor avec horreur.

Malfoy échappa un rire en l’observant.  

— Quoi, tu vas te chier dessus, Potter ? se moqua-t-il.

Harry rougit, puis tendit un doigt accusateur vers Draco.  

— Je jure que je fais tout en mon possible pour garder mon honneur en ce moment. Harry inspira par les narines, des frissons parcourant son échine. Alors, ferme là, Malfoy, finit-il par cracher d’une intonation venimeuse.  

Le corps plié en deux sous l’hilarité, Draco n’arrivait plus à maintenir son sérieux, des rires s’échappant de sa gorge.  

— J’apprécierais que tu te retiennes, se moqua-t-il. Je n’ai pas envie que tu taches tes pantalons — l’odeur serait absolument atroce.  

— Va te faire foutre, Malfoy, grogna Harry en s’empoigna une seconde fois l’estomac, les oreilles rouges. Je suis honnête au moins.  

— Oh, je suis franc aussi, répliqua le Serpentard avec humour. Et je ne veux pas que tu empestes l’arène, puis il fit mine de réfléchir, un doigt contre ses lèvres. Quoique l’odeur de ta merde pourrait atténuer le sable carbonisé qui nous entoure. Pourquoi pas ? taquina Draco en le gratifiant d’un clin d’œil.  

Harry releva son majeur, une expression d’horreur marquant ses traits.

— Je jure qu’un jour, je vais t’aplatir mon poing dans le visage, promit avec ferveur Potter, les yeux brillants d’animosité.  

Malfoy haussa les épaules, peu impacté par les paroles de l’élu.  

— J’attendrais avec impatience que tu réussisses à retrouver le courage d’un Gryffondor alors — même si je pense que ça n’arrivera jamais, claqua Draco avec humour.  

Harry s’approcha du Serpentard, les narines dilatées, prêt à en finir avec l’imbécile, mais un bruissement de pas les firent sursauter. Hermione se tenait là, les yeux écarquillés et les joues rouges. Elle donnait l’impression d’avoir couru un marathon.  

— Bordel, Hermione ! s’écria Harry, traumatisé de la découvrir. Qu’est-ce que tu fous ici ? attaqua-t-il avec hargne.  

Il était toujours furax. Il perdait son sang-froid. Il avait failli égarer sa capacité à rester propre et maintenant que Hermione se retrouvait devant eux, il était constipé et embarrassé.  

— Quoi ? questionna la jeune femme en étendant ses bras, en ne comprenant absolument pas la situation actuelle.  

Harry semblait sur le point d’étriper Malfoy et les sourcils relevés en hauteur, le Serpentard la contemplait comme si elle était un mirage.  

— Il y a un dragon dans l’arène, qu’est-ce que tu fais ? répliqua Draco avec consternation.

Hermione pencha sa figure, la bouche entrouverte sous la confusion. Elle pointa le terrain de sable complètement brûlé, les sourcils froncés.  

— S’il y avait un dragon — eh bien, il a disparu, annonça-t-elle avec calme.  

Malfoy et Harry s’observèrent penauds avant de se redresser, leurs nez dépassant tout juste des plaques rocheuses pour analyser les lieux. Pas de créature en vue. Le paysage était désert, seulement clairsemé de minéraux fissurés en éclats. Des sillons profonds parsemaient le sol, comme si les griffes du monstre avaient labouré la terre. Une couche noire et carbonisée peuplait les alentours. Une odeur nauséabonde et lourde s’échappait en volute de fumée. Les piques de la queue du dragon avaient perforé le sable dans des cratères béants.  

— Qu’est-ce que tu as découvert ? demanda Malfoy en se retournant pour observer la Riddle avec attention.  

Ses cheveux attachés en hauteur étaient humides, comme si elle avait bravé un océan torrentiel. Quelques mèches se collaient contre son front et sa nuque. Ses vêtements paraissaient lourds sous ses mouvements, semblant peser une tonne.  

Relevant son visage pour planter ses prunelles dans celles de Draco, Hermione prononça d’une intonation sombre:  

— Je sais comment remporter l’épreuve. Elle s’arrêta pour détailler le paysage, déglutissant avec difficulté. Mais je vais avoir besoin de votre aide, ajouta-t-elle.

Chapter 34: Un sacrifice enchanté

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CHAPITRE 34

Un sacrifice enchanté

« Les sourcils froncés, elle ne put s’empêcher de cogiter. Elle était persuadée que Draco connaissait le contenu de la boisson qu’il venait d’ingurgiter. De la menthe, du poivre et – du poison. »


La grotte aux cristaux glacés, l’arène.

Il faisait sombre et froid.  

C’était tout ce que Hermione parvenait à capter dans la cavité. La lueur de sa baguette, brandie dans les airs, éclairait un pavé de terre et de détritus de poussière. Il n’y avait plus qu’un gouffre sans fin qui semblait n’attendre qu’une chose ; l’avaler. Hermione se frictionna les bras, des frissons remontant scrupuleusement le long de sa colonne vertébrale.  

Une buée s’échappa de ses lèvres. Elle était frigorifiée et elle ne comprenait pas le phénomène qui prenait forme dans la caverne. Comment cela pouvait-il être possible ? Quelques mètres plus haut, l’arène était bouillonnante, lui réchauffant la chair comme les braises d’un dragon. Maintenant qu’elle se retrouvait coincée dans le passage souterrain, elle ne pouvait qu’écouter l’écho de ses pas se réverbérer contre les murs.  

Le corridor était recouvert de cristaux scintillants. L’éclat des diamants et des améthystes éblouissait les prunelles de Hermione. Elle redressa sa baguette vers le plafond pour l’observer. D’énormes piques acérées s’échappaient des structures, prêtes à s’écrouler comme des épées de Damoclès. Elle accéléra sa foulée, la respiration sifflante.  

Les stalactites parsemaient ses pieds et Hermione fit tout son possible pour les éviter. L’air était chargé d’humidité. Il n’y avait plus qu’un léger parfum de terre mouillée et de — la Serpentard renifla, incertaine. Elle avait l’impression de sentir un élan âpre mêlant algues et poissons. Elle fronça les sourcils, stupéfaite.  

En s’enfonçant plus profondément dans la crevasse, Hermione pouvait entendre le murmure distant de l’eau. Elle se pinça les lèvres, se demandant bien ce qui pouvait l’attendre. Affronterait-elle un monstre marin ? Ou devrait-elle survivre à une épreuve où elle risquait la noyade ?  

Se frottant le bras sous le stress, elle continua son ascension, les yeux plissés sous la concentration.  

Plus loin, elle aperçut un éclat émanant d’un petit bassin, dissimulé sous la semi-obscurité des lieux. Hermione projeta la lueur de sa baguette vers l’étang et s’arrêta net, les muscles figés. L’eau sous ses yeux était claire et argentée. Le liquide cristallin se réfléchissait sur les cristaux environnants.  

Elle se pencha, fascinée, pour étudier avec attention l’écume. Des algues, aux teintes vertes et dorées, flottaient à la surface dans de longues ondulations. La gélose se balançait avec une telle tranquillité que Hermione entrouvrit ses lèvres sous le choc.  

La respiration retenue, la jeune femme plongea sa main libre dans le bassin, observant ses phalanges translucides se mouver avec délicatesse dans le liquide étrange. Des poissons aux couleurs fascinantes, passant du violet au turquoise, se déplaçaient avec grâce, glissant entre les plantes hydrophytes avec agilité. Hermione capta les orbes d’un maquereau et frissonna — une étincelle de magie s’échappait des pores des écailles des êtres aquatiques.  

Sans préambule, les poissons se mirent à s’agiter et poursuivirent leur chemin dans un silence mystérieux. Le maquereau anormal continuait de rester auprès de la Serpentard, comme s’il attendait qu’elle suive le mouvement. Se redressant avec douceur, Hermione contempla la cave. Au loin, des lierres et fleurs oniriques et rouges parsemaient le sol dans un tapis presque gracieux. Les poissons s’arrêtèrent proches d’une mince cascade, secouant leur queue aux nombreuses écailles étincelantes avec harmonie. Hermione se demanda comment les créatures marines pouvaient survivre ici. De quoi se nourrissaient-elles ?  

Elle enterra ses réflexions, prenant le soin de suivre le chemin des maquereaux. Elle plongea dans l’eau argentée, et ressentit un courant d’air froid qui la repoussait. Une onde de choc si forte qu’elle en perdit la voix pendant un instant. En observant ses bras avec curiosité, Hermione réalisa que de minces runes serpentaient sur sa peau, comme des tatouages bénis du ciel. Elle déglutit, passant ses doigts sur des lettres incurvées.  

Reportant son attention vers la raison de sa venue, Hermione s’approcha dans des mouvements lents vers la cascade. L’eau clapotait dans des bruits cacophoniques, se répercutant dans toute la grotte. La chute d’eau — bien que petite, formaient des rideaux épais qui scintillaient sous la lueur des cristaux. Le liquide s’échappait par amont, se projetant sur des rochers sculptés en silhouette de dragon.  

La jeune femme ne prit pas le temps de réfléchir — elle enterra ses peurs et franchit la cascade. Elle s’étouffa sous l’eau qui pénétrait son armure. La lutte sembla durer de longues minutes — elle s’accrochait à d’énormes pierres, tentant de se redresser pour se soustraire du courant torrentiel.  

Crachant le liquide cristallin qui s’était accumulé dans ses poumons, Hermione se releva maladroitement. Quelle idée stupide! pensa-t-elle avec amertume. Elle se passa une main contre son visage pour détacher certaines mèches qui lui collaient le front, la respiration lourde. Les prunelles vrillées vers le spectacle devant elle, elle abaissa ses bras, rangeant sa baguette dans sa poche, l’estomac noué.  

Dans la brume scintillante qui prenait forme, il y avait une pierre imposante, semblable à celles que l’on retrouvait dans des cimetières, gravés de motifs étranges. Les silhouettes découpées prenaient vie sur sa surface dure, transcrivant trois êtres: un poisson, une libellule et un corbeau.  

Comme dans l’entrée de l’arène, songea Hermione avec surprise.  

Fascinée, la Riddle tendit sa main, traçant du bout des doigts la texture rugueuse de la roche. Une pulsation s’échappa de la sculpture. Soudain, un éclair turquoise jaillit, illuminant la cavité d’une clarté aveuglante. Hermione plissa les yeux, son bras redressé pour se protéger la vue.  

Une dague se déroba de la pierre tombale, flottant dans les airs avec de se stabiliser devant elle. La lame étincelait d’un éclat bleuté. Hermione tendit la main, les muscles tremblants et lorsqu’elle entra en contact avec l’arme — il y eut une secousse violente. Elle grinça des dents, le cœur battant et crispé sous la douleur. Elle avait l’impression qu’on lui avait enfoncé une épine dans la paume. Elle contempla ses phalanges, les yeux écarquillés.  

Ce n’était pas possible, pensa-t-elle.  

Un message se formait contre sa chair, pâle et lugubre. Le manche de la dague rayonnait de la même lueur. Rapprochant l’arme vers son visage, Hermione lut l’inscription, les lèvres tremblantes:  

— Prononce ces paroles lorsque tu accosteras l’objet imperturbable et l’arène prendra fin. Fait vite, le temps presse.  


Présent, dans l’arène.  

— Qu’est-ce que ça veut dire, l’objet imperturbable ? s’écria Potter en analysant Hermione et son avant-bras strié de filets gris.  

La Serpentard se rongea les ongles, les pensées éparpillées sous le feu qui irradiait en elle. Depuis qu’elle avait rejoint l’arène, elle sentait sa chair briller et hurler sous les rayons du soleil. Elle se força à reprendre contenance, chassant sa souffrance pour dévisager les deux étudiants. Malfoy était silencieux, la mâchoire contractée et le regard porté vers le loin.  

Aucun dragon dans leur vision périphérique depuis une dizaine de minutes, réfléchit Hermione avec scepticisme.  

Les concurrents du tournoi n’étaient pas soulagés pour autant — la créature referait surface d’un moment à l’autre.  

Le temps pressait, cogita la Riddle une seconde fois en se triturant les doigts.  

— Est-ce qu’il y a une zone dans l’arène qui n’a pas été touchée par les flammes ? questionna Hermione, un stress apparent dans la voix.  

Harry se passa une main dans les cheveux, soudain inconfortable. Il jeta un coup d’œil avec la stature de Malfoy, qui restait coi, le visage impénétrable.

— En dehors de Gregory qui a survécu grâce à toi et du rocher qui nous a protégé ces dernières minutes, le terrain a été dévasté sous les attaques du dragon, répondit Draco avec lenteur.  

Il avait raison. C’était le chaos dans l’arène. Le sable était carbonisé et les minéraux fragmentés en centaine de morceaux, d’autres avaient disparu, engloutis par le sol enchanté.

— Il y a aussi autre chose, déglutit Harry en se grattant la joue en observant les alentours. Il pointa son index vers la structure préservant les spectateurs dans les gradins. Je ne connais pas l’origine d’un tel sortilège, mais il a su absorber les braises avec facilité.  

Hermione porta son regard vers la voûte aux filets de fer, les yeux plissés sous la curiosité et la concentration. En se focalisant assez longtemps sur le dôme magique, on pouvait entrapercevoir des filaments électriques s’entrecroisant avec ingéniosité. Tournant en rond, la Riddle se mit à réfléchir. Quel envoûtement pouvait révéler sans détruire ? Quel maléfique pouvait dessiner une réalité cachée et oubliée ? Hermione perça une énième fois de son regard la protection de l’arène, le cerveau en ébullition.  

— Je ne pense pas que tes indices soient très prometteurs, chuchota Harry dans un soupir, une main plaquée contre son visage.  

Il était défaitiste. Hermione comprenait sa réaction. Tous les trois se retrouvaient enfoncés dans le sable noir, avec l’impossibilité de pouvoir combattre la chose qui les attendait. Mais elle ne baisserait pas les bras — il devait y avoir une solution, un moyen de finaliser l’épreuve. C’était impossible de tuer le dragon et — Hermione déglutit. C’était barbare aussi.  

Soudain, elle hoqueta de stupeur, les prunelles illuminées sous sa réalisation. Malfoy redressa sa tignasse, un sourcil relevé, alors que Harry la dévisageait avec un espoir presque affligé.  

— Revelio, chuchota-t-elle.  

Elle claqua ses mains entre elles, la bouche tordue dans un sourire conspirateur.  

— Revelio ? questionna Potter avec confusion. C’est un sortilège qu’on apprend en première année, rien d’impressionnant en soit.  

— Exactement, renchérit Hermione avec patience. L’épreuve est si difficile qu’on pourrait croire qu’il est nécessaire de propulser des maléfices complexes, mais en fait —

— La réponse se retrouve dans les petits détails, coupa Malfoy, les yeux étincelant d’admiration.  

— C’est brillant, Hermione, s’exclama Harry en soulevant ses bras dans les airs. Puis son sourire s’affaissa. Il cligna des yeux, comme s’il essayait de comprendre les conjonctures. Mais explique-moi, pourquoi conjurer un tel maléfice nous aiderait dans l'épreuve?  

Malfoy aplatit son poing contre le crâne du Gryffondor, une expression agacée défigurant son visage. Il roula ses yeux, las.  

— Sers-toi de ta cervelle, Potter, grogna le Serpentard avec irritation. Le message que Hermione a reçu relatait la nécessité d’approcher un objet imperturbable, et pour le trouver, on doit utiliser un sortilège.  

Harry se frotta les cheveux, les iris plissés sous la douleur. Une bosse commençait à se former contre sa tête. Il émit un gémissement peu charmeur et maugréa un vague imbécile avant de bomber son torse avec détermination.  

— Qu’est-ce qu’on attend alors ? s’exclama-t-il.  

Sa voix se répercuta avec une telle force dans l’arène qu’un frémissement d’anticipation remonta le long des bras de Hermione. Et la créature se tapissant sous leurs pieds s’excita. Dans un mouvement virulent, le dragon s’échappa du sable, poussant un hurlement atrabilaire en secouant sa grande tête. D’énormes piques bordaient ses écailles, donnant l’impression d’une menace sanguinaire. Le groupe se réfugia sous le rocher ayant survécu au massacre.  

Ils ne pouvaient se planquer ici bien longtemps, comprit Hermione avec affolement.  

Le dragon allait rapidement les repérer. Et comme si la foule dans les gradins en prenait conscience, les étudiants se mirent à entamer des chants de guerre, fracassant leur baguette contre leur siège dans des bruits assourdissants. Des jeux de tambours résonnèrent, se calant au rythme cardiaque de la Riddle. La tension crispait chaque muscle de son corps.  

La respiration erratique, Hermione planta son regard dans celui de Malfoy, les traits tirés. Avant qu’il ne comprenne ce qui se tramait dans le cerveau de la jeune femme, la Serpentard s’élança, fuyant son abri pour attirer la bête.  

Harry écarquilla les yeux, soulevant son bras dans un mouvement silencieux, la bouche grande ouverte. Ce n’était pas ce qu’ils avaient prévu. Redressant son visage, Potter réalisa que Malfoy avait disparu. Il projetait ses jambes dans un bruit assourdissant pour rejoindre Hermione.  

— Des tarés, balbutia le Gryffondor avec horreur. De vrais tarés.  

Il suivit ses camarades, les traits livides. Hermione prononçait avec répétition le sortilège qui permettait de révéler des objets cachés dans des gestes saccadés, sa baguette relevée bien droite et la sueur perlant contre son front. Elle avait une dizaine de mètres devant Malfoy. Comme si poussé par une adrénaline hors norme, Draco accéléra le pas, le visage contracté par la peur.  

Le dragon ne prit pas longtemps à les repérer, ouvrant sa bouche pour conjurer des flammes de l’enfer. Harry fit apparaître son balai et virevolta, évitant les braises, les phalanges crispées contre le manche. Malfoy et Hermione relevèrent leur baguette dans des mouvements souples, sans jeter le moindre regard vers la créature, avant de faire surgir une énorme cascade d’eau qui aspira les attaques de la bête.  

Hermione poursuivit son ascension, le cœur tambourinant avec cadence contre sa poitrine.  

— Riddle ! s’exclama Malfoy avec colère, continuant de la pourchasser.  

Ils évitaient les giclées de flammes à l’aide d’enchantements complexes.  

— C’est Hermione, imbécile ! répliqua la jeune femme dans un rire.  

Draco pesta dans sa barbe, accélérant sa foulée, mais la Serpentard était rapide comme l’éclair, se faufilant contre les murs magiques, continuant inlassablement ses incantations pour découvrir ce qui pouvait bien se cacher entre les parois de fer.  

Le dragon s’était intéressé à Harry, le traquant avec une violence inouïe. La queue faite en piques acérés se fracassa contre la cloison enchantée, projetant des embouts dans toutes les directions. Hermione fit apparaître un bouclier de sa baguette pour esquiver les dagues. La créature hurlait de douleur, crachant des jets de flammes à l’encontre du Gryffondor, qui effectuait des arcs périlleux pour éviter les braises.  

La foule émit des hoquets d’horreur alors que Harry criait comme une banshee.

Sûrement dû à l’adrénaline, se moqua Hermione en continuant ses sortilèges.  

Soudain, un rayon prit forme en hauteur. Les filets magiques s’entrecoupaient dans une même direction. C’était là que se trouvait le mécanisme pour mettre fin à l’épreuve. La Serpentard en était persuadée.  

— Là ! hurla la Riddle en pointant son index vers la configuration flottante qui se distinguait dans les grillages en acier.  

Malfoy comprit le message, le visage sérieux, continuant ses foulées. Avant de pouvoir amorcer le moindre mouvement et de métamorphoser un balai pour se projeter dans les airs, Hermione se fit percuter par un maléfice qui l’atteignit dans la poitrine. Gregory Podmore, les traits tirés par la détresse, se tenait à une dizaine de mètres des élèves. Il venait de frapper Hermione de plein fouet.  

Le souffle coupé sous l’impact, la jeune femme haleta. Malfoy s’arrêta dans sa course, la baguette brandie vers le Serdaigle, qui semblait déboussolé par son geste.  

— Je jure que je n’ai pas voulu — commença l’étudiant avec douleur.  

Hermione se redressa, toussant avec force. La violence du choc lui avait cassé une cote. Une main plaquée contre sa blessure, la Serpentard planta ses iris caramélisés dans ceux du Serdaigle. Il était livide, les bras relevés en l’air — comme s’il était traumatisé d’avoir attaqué la jeune femme.  

Le dragon faisait toujours des cercles menaçants, projetant des flammes mortelles vers Harry. Hermione se pencha de justesse lorsque les braises frôlèrent son crâne. Gregory s’aplatit contre le sol et Malfoy en profita pour rejoindre la Serpentard, la mâchoire contractée sous la rage.  

Podmore resta là, les larmes aux yeux. Il avait l’air pitoyable et empli d’une culpabilité étrange. Hermione ne se donna aucun moment pour réfléchir. Le temps pressait. Elle sentait ses forces la quitter à petits feux. Peut-être était-ce le liquide argenté dans l’étang ou alors les runes grisâtres qui striaient ses bras, mais elle devait agir. Maintenant.  

D’un geste du poignet, Hermione métamorphosa un balai, qu’elle enfourcha et rejoignit le point central dans la barrière protectrice.  

— Revelio, souffla-t-elle.  

Une étincelle jaillit soudainement de la clôture en acier, transformant l’arène en une série d’éclairs bleutés. Devant Hermione, un cadran électrique prit forme, suivi d’un grésillement assourdissant qui lui vrilla les tympans. De nombreuses commandes s’affichèrent, chacune émettant un bourdonnement strident. Le dragon réagit, tournant son immense tête vers la Serpentard, qui déglutit en croisant ses orbes.  

La gorge serrée dans un étau sombre, Hermione releva son avant-bras pour lire l’inscription qui s’y placardait. Ses lèvres tremblaient.  

— Entre le sable de la vie, la force du feu et les démons sanglants, faites que le tournoi prenne fin. Dans la lumière, conclut-elle, sa voix brisée par l’émotion alors que la bête fonçait droit vers elle.  

L’appareil réagit immédiatement à son invocation. Un bruit sourd se répercuta dans le terrain saccagé par les flammes. L'engin se mit à irradier d’une lumière rouge et orange. Il vibrait, comme sous l’effet d’une énergie maléfique. Une petite manivelle se matérialisa au centre du cadran. Hermione la fixa, son esprit tourbillonnant. Il n’y avait plus qu’une seule chose à faire — l’abaisser. Ses doigts tremblèrent alors qu’elle s’approchait, le souffle court.  

— Hermione, hurla la voix de Gregory Podmore.  

Le dragon se catapulta dans l’arène, s’élançant de ses longues ailes, les yeux fous. Dans un geste irrationnel pour détourner son attention, le Serdaigle cracha un jet d’eau dans le visage de la créature avec sa baguette qui feula sous la colère. La bête se retourna, ouvrit sa gueule et abattit ses dents sur l’étudiant avec brutalité.  

Harry poussa un cri d’horreur, mais trop tard. Gregory gisait par terre, la tête arrachée de ses membres et du sang s’échappant de son cou dans une énorme flaque obscure. Dans une gestuelle meurtrière, le dragon se contorsionna, projetant sa queue aiguisée vers Hermione. Elle hurla lorsque les piques entrèrent en collision avec ses bras, les lacérant avec violence. Elle tomba de son balai, le cœur remontant jusqu’à ses lèvres.  

Le temps se ralentit, alors que Malfoy extirpait ses coques d’acier sur sa poitrine et ses épaules, les traits défigurés par la rage.  

— Potter ! scanda-t-il avec force.  

Le Gryffondor propulsa son balai vers Hermione, les mains tendues, les yeux écarquillés alors qu’une énorme explosion retentissait dans l’arène. Harry perçut un craquement, des hurlements, puis une immense silhouette. Un autre dragon venait d’immerger dans le terrain sableux. Mais la nouvelle apparition s’attaqua aux ennemis des étudiants avec une virulence qui fit trembler le sol. Les deux corps entrèrent en collision et les dents acérées de l’autre bête s’agrippèrent au cou du monstre.  

Harry rattrapa Hermione de justesse, effleurant la terre de ses jambes avant de se propulser vers le cadran électrique. Le combat entre les deux créatures continuait de faire rage. Il n’y avait plus que l’écho de rugissements atrabilaires et de griffes transperçant la chair. Harry frissonna alors qu’il maintenait la Serpentard contre lui, la gorge nouée.  

Avec célérité, Hermione enclencha la manivelle, l’abaissant, et le sable se mit à se dissolver, aspirant les dragons. Le corps de Grégory se fit avaler par la grosse crevasse qui prenait forme dans l’arène. Il n’y avait plus que les hurlements des bêtes qui s’agitaient, essayant par tous les moyens de se déprendre du puits sombre qui les asphyxiait.  

La bouche entrouverte, Hermione croisa les orbes gris du nouveau dragon et hoqueta de stupeur.  

— Non, chuchota-t-elle.  

Elle aplatit sa main contre la manivelle, la redressant, et le champ magnétique mourut. La bête aux écailles obscures était enterrée jusqu’à ce que ses iris jaunes transparaissent sous la lueur du soleil. La seconde créature tentait de se déprendre dans des feulements indignés. Hermione pinça le bras de Harry, le sommant de les déposer sur le terrain. Potter obtempéra, les sourcils froncés.  

Il y eut des cris de stupeur dans les estrades quand Hermione s’avança vers la bête aux écailles grises et noires. Les pas claudicants sous la souffrance, la main contre son ventre, elle continua son ascension, la gorge nouée d’appréhension. Une chaleur oppressante émanait du flanc du dragon.  

Elle se pencha vers la créature, son cœur battant à tout rompre. Les paupières du dragon frémirent avant de s’ouvrir, révélant des yeux d'un acier profond, presque humain. Ce regard, étrangement familier, la figea sur place.  

Le souffle court, elle murmura, tremblante:  

— Draco ?  

L’espoir et l’incrédulité transperçaient sa voix. Ledit dragon se courba, puis ses écailles s’effacèrent, ne laissant plus qu’une peau lisse et blanche. Harry, qui s’était posé à ses côtés, échappa un juron.  

— C’est quoi ce bordel ? s’exclama-t-il avec consternation.  

Le gigantesque reptile n’était autre que Draco Malfoy. Et pour Hermione il était prêt à tout — à se sacrifier et à dévoiler son plus grand secret dans la communauté magique. Même au péril de sa propre sécurité.  

Il se redressa, du sang s’écoulant de son oreille, là où la créature l’avait percuté. Il grognait de douleur, évitant avec soin le regard de ses camarades. Les caméras dans l’arène qui avaient survécu se mirent à s’agiter, capturant chaque passage et expression.  

— Et toi qui m’accusais d’avoir tant de secrets, déglutit Hermione en l’analysant. Elle échappa un rire nerveux. Un dragon, Draco ? Vraiment ?  

Harry continuait de balbutier des paroles incompréhensibles sous la stupeur.  

— Je n’arrive pas à y croire, ce n’est pas possible. Malfoy est un putain de dragon — un putain de dragon, répéta-t-il en chœur en s’agrippant les cheveux.  

Le Serpentard se contenta de rire, tirant sur ses jambes pour les déprendre du sable alors que la bête toujours ensevelie se mettait à émettre un feulement étouffé. Les épaules de Draco étaient voûtées, comme s’il était incertain, craintif de la réaction de ses camarades. Il évitait le moindre regard.  

— Hey le bouffon ! l’apostropha Potter avec indignation face à son silence.  

Malfoy se gratta la joue, soudain amusé.  

— Désolé de te décevoir Potter, mais si tu espérais me donner une leçon un jour, tu viens de prendre conscience que c’est impossible — je te battrais avec une telle facilité que ce serait insultant même pour l’Élu, se moqua l’imbécile.  

Harry fut outré un mince instant avant de hocher brièvement la tête, les doigts agités de soubresauts. Là était le parfait moment pour salir ses pantalons, songea-t-il avec dérision. Il acceptait la défaite. Comment pourrait-il faire autrement ? Potter n’était qu’un sorcier alors que Malfoy — Draco pouvait se transformer en une immense bête et ravager un continent sous les flammes de sa colère. Bordel, pensa-t-il. Hermione continuait de dévisager le Serpentard, les lèvres pincées en une mince ligne.  

— J’estime qu’il va falloir qu’on discute, gronda la jeune femme en fusillant Malfoy des yeux.  

— On peut reporter la réunion dans quelques minutes ? Je dois avouer que je suis mal en point, répliqua avec raillerie Malfoy en se touchant l’oreille, un sourire niais aux lèvres.  

Hermione plaqua son poing contre son bras, les joues rouges de colère.  

— Tu t’es mis en danger pour moi, c’était stupide ! accusa-t-elle avec férocité.

— Et pourquoi ce serait une mauvaise chose ? rouspéta Malfoy avec irritation en détaillant les traits du visage de la jeune femme.  

Elle tremblait de fureur, d’inquiétude et — d’admiration. Il esquissa une risette, les prunelles brillantes sous les rayons du soleil. Il se sentait soulagé et en paix. Il avait finalement dévoilé le plus grand dilemme de sa vie. La lignée des métamorphoses de dragon était très rare. Malfoy en faisait partie et sa famille ne l’avait jamais appris à utiliser ses capacités. Quand il écumait de rage et que de la fumée s’échappait de ses oreilles, son père prenait un malin plaisir à brandir sa baguette pour le punir. Mais aujourd’hui, il n’avait plus peur. Hermione lui avait pointé la voie — elle avait eu la force d’accepter son destin et sa nature, et cette force intérieure lui avait donné des ailes. Il lui offrit un sourire contrit et Hermione fronça les sourcils, toujours frustrée.  

— Tu viens de montrer au monde magique que tu as la capacité de te transformer en dragon et que tu ne l’as jamais déclaré au gouvernement, imbécile ! claqua la jeune femme avec anxiété.  

Elle se redressa, le visage blême, alors que Malfoy continuait de la contempler avec douceur.  

— Tu n'as pas seulement risqué ta vie pour moi, Draco, chuchota Hermione avec horreur. Tu viens de coller une cible sur ta tête.  

— Et je le referais encore si c’était possible, tempéra Draco avec sérieux en plantant ses prunelles dans celles de la Serpentard.  

Elle se figea, les lèvres entrouvertes.  

— Qu’est-ce que tu dis ? souffla-t-elle.  

Harry se détourna, les joues rouges. Il ne voulait pas assister à cette scène. Pour rien au monde. Les caméras et les étudiants suffisaient. Il s’éloigna, la mâchoire contractée.  

— J’ai passé toute ma vie cachée aux yeux de tous — je n’ai plus envie de me laisser faire. Tu m’as montré que c’était possible ; de s’accepter — et je l’ai fait, grâce à toi ! répliqua-t-il avec force en se relevant, plaquant son corps contre Hermione qui écarquilla les yeux. Je n’ai pas à me justifier de pourquoi j’ai agi avec témérité et imprudence, c’est assez évident, bougonna Malfoy en se passant une main dans les cheveux, les oreilles rouges.  

Il détourna son regard, alors que Hermione l’analysait, béate de stupeur. Elle prit une inspiration tremblante et agrippa les paumes du Serpentard avec douceur. Draco abaissa ses yeux vers la silhouette de la jeune femme, le cœur battant à tout rompre.  

— Je sais que je ne suis pas à la hauteur, avoua-t-il avec douleur en dévisageant Hermione. « Mais je sais quand je peux te protéger, murmura Malfoy dans un soupir. « Alors, ne m’empêche pas de le faire. C’est important pour moi — tu es importante pour moi.  

Hermione oublia les étudiants et les professeurs peuplant les gradins. Elle oublia les caméras. Il n’y avait plus que Malfoy et elle. Son odeur, ses doigts contre ses cheveux, sa tendresse et sa vulnérabilité. Elle voulait tout — elle souhaitait s’en abreuver jusqu’à être ivre de sensations. Parce que c’était ce que Draco Malfoy représentait pour elle — un torrent de flammes et de passion presque indestructibles et ravageuses.  

Elle se pencha vers lui, agrippant son amure de ses mains et plaqua ses lèvres contre les siennes.  

Tant que Malfoy était à ses côtés, elle se sentait prête à braver l’interdit et la mort.  

Chapter 35: Une fleur fanée

Chapter Text

CHAPITRE 35

Une fleur fanée

« C'est le moment. Sors ton poignard et tue. »


Deux heures après l’arène  

Le salon de thé de Madame Pieddodu était situé à proximité du magasin de plumes Scribenpenne dans le village de Pré-au-Lard. Les pâtisseries et tisanes parfumées embaumaient l’air. Les tons de rose criard et de blanc crème faisaient plisser les yeux de Draco Malfoy. Pas qu’il n’aimait pas se retrouver entre ses lieux, mais le salon était connu pour son espace intime entre couples. Et accompagné de Pansy Parkinson, sur des chaises rembourrées avec des coussins moelleux, il fronça les sourcils.  

— Qu’est-ce qu’on fait ici, Pans ? questionna le Serpentard, déboussolé.  

Il ne souhaitait qu’une chose — rejoindre Hermione et nouer un lien plus tangible avec ses lèvres. Ça faisait trois heures que l’épreuve avait pris fin et Malfoy était toujours dans un sale état. Il avait mal aux cotes et aux tympans. La Riddle s’était fait soigner en urgence — les piques acérées du dragon avaient complètement lacéré ses bras et elle n’arrêtait pas de saigner.  

Il grimaça en se remémorant la scène.  

Il repensa à Gregory et déglutit. Le Serdaigle s’était fait avaler par le sable mouvant et il était impossible de pouvoir l’enterrer. Il y avait eu une cérémonie directement après l’épreuve, mais Draco trouvait le tout précipité. Est-ce que les professeurs éprouvaient la moindre once de compassion ?  

L’étudiant s’était fait arracher la tête. Il frissonna sous le souvenir du hurlement de Podmore. Il n’était pas blanc comme neige et n’occupait pas une place dans le cœur du Serpentard, mais Malfoy éprouvait quand même un pincement dans la poitrine.  

Il y a eu tellement de morts dans le tournoi, songea-t-il avec amertume.  

— Est-ce si surprenant que je veuille prendre de tes nouvelles, Draco ? répliqua au tac au tac Pansy en roulant des yeux.  

Malfoy souleva ses prunelles pour les planter dans celles de son amie. Le corps bien droit, contracté par une tension palpable et mystérieuse, la jeune femme triturait ses doigts, puis finit par agripper sa tasse de thé fumante sous la chaleur. Elle avait l’air — stressée, songea-t-il en l’analysant avec minutie.  

— Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? Malfoy se pencha vers elle, les bras accoudés contre la petite table en rosier et se força à ne pas esquisser une grimace sous la douleur. Tu as l’air agité, reprit-il avec douceur.  Si tu crains pour ta sécurité, ne t’en fais pas — tout se déroule comme prévu, conclut Draco avec détachement.  

Pansy se crispa, les lèvres pincées en une mince ligne. Elle resta silencieuse de longues minutes, comme si elle cogitait avec frénésie. Malfoy pouvait presque sentir les filaments de son esprit se contracter sous l’anxiété. Il tendit sa main pour la déposer contre la paume de son amie, mais elle s’échappa au dernier moment, évitant avec soin son regard.  

— Est-ce que tu as prévu remporter le tournoi ? Est-ce que tu joues avec Hermione pour la déstabiliser ? attaqua la Serpentard avec véhémence.  

Draco fronça les sourcils, surpris par son animosité. Craignait-elle qu’il se serve de la Riddle pour gagner la compétition ? Pensait-elle vraiment qu’il serait prêt à faire une telle chose ? Il grinça des dents, complètement scandalisé. Les poings serrés à blanchir ses jointures, il la fusilla du regard, les yeux perçants de colère.  

— C’est quoi ton problème, Parkinson ? gronda-t-il. À ce que je sache, tu étais au courant des risques pour cette compétition — autant pour toi, pour Nott et pour ma mère. Malfoy détourna son regard pour se contenir. Il sentait la fureur bouillir dans ses veines. Tu as lié une amitié avec Riddle et c’est bien — mais ne m’empêche d’accomplir ce qui me tient à cœur. Draco planta ses prunelles dans celles de Pansy, les membres tremblants sous l’indignation. Je ne te demande pas de comprendre, mais de ne pas contrecarrer mes plans. C’est simple, râla-t-il avec rancœur.  

Parkinson se cala contre sa chaise, les joues rouges sous la colère. Elle pointa un doigt vers la stature imposante de son ami, le cœur battant à tout rompre.  

— Hermione est une bonne personne. Est-ce que tu serais vraiment prêt à te servir d’elle comme un appât pour sortir victorieux ?  

Malfoy siffla à voix basse, un bourdonnement et une ivresse de violence commençant à faire rage contre sa peau — comme un ouragan incontrôlable. Il se pinça l’arête du nez pour se contenir. Il inspira par les narines.  

— Je pensais que tu me connaissais mieux que ça, Pans’, grogna Draco avec ressentiment.  

Il agrippa sa tasse de thé et l’apporta à ses lèvres. Il maintint son geste un minuscule instant, prenant le soin de sentir la vapeur s’échappant de la boisson — de la menthe, du poivre et autre chose. Il esquissa une risette alors que Parkinson paraissait dépourvu de la moindre joie de vivre.  

— Il semble que les temps changent, rétorqua avec aigreur la jeune femme en détournant son regard avec une précision calculatrice.  

Il lui offrit un sourire avant de prendre une longue gorgée de son thé, les prunelles brillant de moquerie.  

— Notre rencontre comportait bien des non-dits, n’est-ce pas ? susurra Malfoy avec une intonation hostile.  

Pansy se crispa contre son siège, la mâchoire contractée.  

— Je ne vois pas de quoi tu parles, répliqua-t-elle avec une fausse dérision.  

— Oh je pense que tu le sais pertinemment, souffla Draco avec amertume. Il releva sa tasse vers son amie dans un geste presque comique avant de la porter une seconde fois vers ses lèvres, finissant avec rapidité son contenu. Les temps ne font pas que changer, contra le Serpentard, les prunelles sombres. Il semblerait que les gens aussi.  

Puis sans préambule, Malfoy se redressa, le corps crispé et s’échappa du salon dans un silence mortel. Il ne resta plus que Pansy Parkinson et ses pensées morbides — sa culpabilité et son anxiété. Elle n’estimait pas être capable d’accomplir une telle chose, mais elle avait réussi. Son plan avait fonctionné. Les sourcils froncés, elle ne put s’empêcher de cogiter. Elle était persuadée que Draco connaissait le contenu de la boisson qu’il venait d’ingurgiter. De la menthe, du poivre et — du poison.  


Avant la tombée de la nuit

Qu’avait-elle fait ? pensa avec horreur Pansy en arpentant les couloirs de Poudlard.  

Elle avait le cerveau agité. En observant Malfoy dans l’arène embrasser Hermione, les filaments de son esprit avaient disjoncté. Elle avait cette nette impression que Draco se servait d’elle.  

Pansy se mordit les ongles, l’anxiété se collant contre sa peau dans des effluves sombres.  

Malfoy semblait de marbre face au duel sanglant qui prendrait forme le lendemain. McGonagall avait fait l’annonce après le tournoi et Pansy n’avait pu s’empêcher de concocter un plan avec Luna. Elle avait agir et — elle l’avait fait. Mais était-ce la bonne chose à faire ? Elle doutait plus que jamais.  

Elle avait empoissonné son ami d’enfance.  

Elle avait choisi Hermione.  

Son estomac se resserra en réalisant ce qu’elle avait commis — une traîtrise. Une boule dans la gorge, Pansy lutta contre le torrent de larmes qui s’apprêtait à ravager son corps. Elle risquait sa vie — celle de Nott et de Narcissa, la mère de Malfoy. Pour Hermione.  

Mais la jeune Serpentard avait déjà perdu son frère, pensa-t-elle avec tristesse.

Pansy avait vu l’éclat dans ses prunelles avant l’arène; Hermione continuait de persévérer, à franchir les obstacles du tournoi, mais sans but en particulier. Elle ne désirait plus vaincre ou gagner. Et cette constatation avait tourmenté Pansy.

Malfoy était impassible, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Mais était-ce vraiment le cas ? Savait-il que Pansy l’avait empoissonné pour que Hermione remporte le duel ? Découvrirait-il la supercherie ?

Elle se rongea une nouvelle fois les ongles, patientant avec agonie la venue de Théodore. Ils s’étaient donné rendez-vous dans la salle de cours de métamorphose. Maintenant qu’elle attendait, elle n’arrivait plus à réfléchir à autre chose qu’au moment où Malfoy avait ingurgité le poison. Était-il faible ? Se sentait-il vaseux ?  

Elle gémit sous le désespoir et d’un mouvement fébrile, s’agrippa les cheveux.  

Elle avait besoin de s’occuper l’esprit, pensa-t-elle avec détresse.  

Pansy s’installa sur un bureau, ses pieds se balançant dans le vide, les yeux perdus dans le néant, observant les murs, les sièges déserts et l’atmosphère lourde dans la classe.  

— Alors c’était bien vrai, souffla Nott en s’approchant de Parkinson.  

Elle sursauta lorsqu’elle réalisa sa présence, une main contre sa poitrine. Son cœur battait avec force contre ses tempes. Elle éprouvait une grande difficulté à respirer. Ses joues s’empourprèrent sous la culpabilité et la gêne. Elle avait l’impression que tout le monde était au courant. Elle se força à reprendre ses esprits.  

Son secret était bien gardé. Luna s’en était assuré. La Poufsouffle excellait dans les mixtures et poisons. Nott ne pouvait le savoir.  

— Tu es en retard, se contenta-t-elle de répondre avec une intonation acide.  

Théodore échappa un mince rire, secouant sa tête comme s’il ricanait d’une blague imaginaire.  

— Tu as vraiment mis des plantes venimeuses dans le thé de Malfoy ? questionna avec surprise son ami.  

Pansy hoqueta, la figure cramoisie. Peut-être était-ce la culpabilité ou le fait qu’elle se soit fait prendre, mais elle fondit en larmes, les mains plaquées contre son visage. Elle se sentait honteuse, démoralisée et complètement perdue.  

— Pans’, souffla Théo avec humour. Draco a un flair de dragon, il peut sentir tes émotions et ta culpabilité contre ta peau. Alors du poison, ajouta-t-il en relevant un sourcil, les yeux brillants.  

Pansy n’avait pas réfléchi. Elle étouffa un énième sanglot, la gorge nouée.  

Théodore s’approcha dans de lents mouvements, les traits crispés.

— Hey, hey, rassura-t-il avec douceur. Je ne me moque pas, c’est seulement — il déglutit, le visage livide. Je n’anticipais pas que tu trahisses notre ami d’enfance, c’est tout, justifia Nott en relevant ses bras en l’air.  

Il reprit son sérieux, enserrant les épaules de Pansy de ses grandes mains, alors qu’elle tremblait sous les sanglots.  

— Écoute, Pans’, déclara-t-il en plantant ses prunelles dans les siennes. Malfoy m’a fait promettre de n’en parler à personne, mais — il émit un rire nerveux — je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce que tu accomplisses quelque chose d’aussi stupide.  

D’un mouvement du poignet, il encouragea son amie à se redresser pour rejoindre un coin plus reculé de la salle de métamorphose, là où la semi-obscurité les absorbait dans un cocon presque apaisant. Théodore était à l’affût de la moindre oreille indiscrète.  

— Pansy, chuchota-t-il avec empressement. Draco m’a demandé de pénétrer le manoir de sa famille pour sauver sa mère. Je suis en mission avec Potter, expliqua Nott en dévisageant Parkinson.  

Pansy étouffa une plainte, une main contre sa bouche, les yeux écarquillés.  

— Quoi ? croassa-t-elle entre deux sanglots.  

— Il ne souhaitait pas te tenir au courant parce qu’il voulait te préserver de tout danger, justifia Théodore en fronçant les sourcils. Mais il s’avère qu’il n’était pas le seul à garder ses plans secrets, reprocha le Serpentard avec déception.  

Nott se passa une main dans les cheveux, un ricanement nerveux transperçant sa gorge, alors que Pansy l’analysait, des larmes perlant au coin de ses cils.  

— Je suis désolée — tellement désolée, gémit Pansy en plaquant ses doigts contre sa bouche.  

Théodore se pencha vers elle, essuyant ses joues avec douceur, les traits tendus sous la douleur.  

— Tu tiens vraiment à Hermione, n’est-ce pas ? demanda-t-il en l’étudiant.  

Pansy hocha la tête, les larmes dévalant ses pommettes rouges.  

— Malfoy aussi. Plus que tu ne le penses — énormément même, concéda Nott en se mordant la lèvre inférieure. Il observa une seconde fois les alentours, les membres agités. Il fait tout en son pouvoir pour que Hermione remporte le tournoi. C’est pour ça que Harry s’est retiré avant la dernière épreuve — pour éviter que Hermione soupçonne une supercherie lors du duel.  

Pansy redressa sa figure, la bouche entrouverte. Harry — il avait abandonné ? Elle n’arrivait pas à y croire. Et Malfoy… Une flopée de larmes s’échappa de ses yeux en réalisant ce qu’elle avait commis. Il tenait à Hermione. Et elle l’avait dupé en pensant le contraire. Elle se cramponna au mur derrière elle, la gorge nouée.  

— Je l’ai empoisonné, chuchota-t-elle avec horreur. Je l’ai trahi ! s’écria Pansy en agrippant la chemise de Nott, le visage livide.  

Théodore éclata de rire et Pansy le frappa au bras en retour, les yeux perçants. Elle était liquéfiée, scandalisée par ce qu’elle avait osé faire et son imbécile d’ami s’esclaffait.

— Ce n’est pas drôle, reprocha-t-elle, des trémolos dans la voix.  

— Tu trouves ? répliqua Nott en continuant de sourire. Tu as mis de l’ambrosia artemissifolia dans son thé, hoqueta-t-il entre deux ricanements.  

Pansy rougit — elle avait passé un temps fou à dénicher cette fameuse plante aux feuilles d’armoise dans la forêt interdite avec Luna. Et il se foutait de sa poire. Elle n’arrivait pas à y croire.  

— Il a développé quelques réactions allergiques, des larmoiements, une conjonctivite, de l’asthme et de l’eczéma, mais rien de dangereux, soupira Nott en redressant son visage vers le ciel. Il continuait d’esquisser un sourire satisfait. Si tu craignais d’avoir créé de gros dommages, rassure-toi — il risque surtout de se gratter les fesses ce soir. Demain il sera en forme, se moqua Théodore à l’encontre de la Serpentard.  

Pansy frissonna, complètement — bon sang — atterrée, outrée et embarrassée. En plus de s’être mise en tête d’empoisonner son ami pour le rendre faible, elle n’avait pas su le faire correctement. Quelle incompétente, pesta-t-elle.  

Elle échappa un rire, les paupières closes, et Théodore s’étouffa sous l’hilarité du moment.  

— C’était vraiment pas brillant ! s’exclama-t-il. Si j’ai besoin d’aide en classe de potion — je sais que je ne peux pas compter sur ton ingéniosité !  

Pansy lui frappa le bras, les yeux perçants.  

— Continue ta foutue explication sur la mission en cours au lieu de m’apprendre à quel point mon projet était foireux, grogna-t-elle maussade.  

Théodore s’essuya une dernière fois les yeux avant de reprendre son sérieux, les traits tirés.  

— OK, Harry et Draco ont un plan de génie — pas comme le tien, d’accord ?  

Pansy le fusilla de ses prunelles, le corps secoué par la colère et la honte. Nott releva ses bras en l’air dans un geste de trêve.  

— Personne ne risquera les courroux de Lucius, ni toi ni moi ou Narcissa, rassura le Serpentard en se plantant devant Pansy en lui empoignant les épaules.

— Est-ce que je peux venir avec vous ? chuchota-t-elle avec douleur, son murmure faisant écho dans la salle de cours.  

— Non, répliqua avec froideur Théodore en se détachant d’elle.  

Il était catégorique. Hors de question qu’il lui accorde l'autorisation nécessaire pour participer à une telle mission. C'était dangereux. Qui plus est, elle avait quand même tenté d’empoisonner Malfoy. Il se passa une main dans les cheveux, le corps agité sous le stress et l’inconfort.

— Je t’en prie, Théo, implora Pansy, les yeux brillants.  J’ai déjà trahi sa confiance — laisse-moi la possibilité de me racheter, je t’en supplie, ajouta-t-elle dans un hoquet.  

Nott se frotta les tempes, déglutissant avec difficulté. Pansy était au bord du gouffre — il comprenait sa réaction, son besoin de protéger Hermione et elle l’avait fait. Tout comme lui s’apprêtait à le faire avec Malfoy. Mais l’éventualité de plonger Parkinson dans une mission dangereuse lui nouait l’estomac. Il cogita, l’esprit en feu. Pansy était imprévisible ces derniers temps; il craignait qu’elle fasse une autre bourde. Il finit par capituler. Théodore la surveillerait de près.  

— Retrouve-moi après l’épreuve finale dans la forêt interdite. Potter te donnera les instructions, d’accord ? ordonna-t-il en la fusillant du regard.  

La jeune femme hocha la tête avec fébrilité avant de s’échapper dans les couloirs de Poudlard pour rejoindre les donjons. Est-ce qu’il avait fait le bon choix ? Théodore se mit à tergiverser. Il repoussa ses craintes et ses doutes. Il faisait confiance en Pansy. Il espérait seulement que leur plan ne cafarderait pas. Sinon leurs vies et celle de Narcissa risquaient de prendre fin.


Quelques heures avant l’épreuve finale

Hermione se retrouvait penchée contre la balustrade de la tour d’astronomie, le corps en feu. Elle luttait encore contre le soin de l’infirmière de l’établissement de Poudlard. Dans la nuit, elle guérirait de ses blessures, mais pour le moment, elle n’était qu’une boule de souffrance et de désespoir.  

L’épreuve finale, cogita-t-elle.  

Elle devait parvenir à sortir du tournoi en vie, tout en favorisant Malfoy. Elle s’était promis de lui léguer la victoire. Mais comment ? Elle réfléchissait encore à l’éventualité du test. McGonagall avait été claire dans la Grande Salle:  

— La compétition prend bientôt fin et la dernière adversité viendra refléter votre passé et votre futur. Draco Malfoy et Hermione Riddle s’affronteront dans le terrain changeant créé par le ministère de la magie et devront faire couler le sang pour remporter.  

Hermione déglutit en se remémorant les propos et les regards stupéfaits des étudiants dans le réfectoire. Malfoy n’avait pas prononcé la moindre parole, se contentant de lui tenir la main, les traits figés dans une expression de détermination insalubre. Qu’avait-il en tête ? La jeune femme n’en était pas certaine. Mais l’étape centrale de son plan comportait un seul point infaillible ; s’il fallait vraiment verser le sang de son adversaire pour être gagnant du tournoi, Hermione n’hésiterait pas à se couper pour lui attribuer la victoire.  

La Serpentard se mordit la lèvre inférieure, les pensées agitées. Elle savait que ce ne serait pas aussi facile.  

Affronter ses propres peurs était téméraire, sortir du Labyrinthe était quasi impossible et battre un dragon — c’était suicidaire. Que lui réservait la dernière épreuve ? Hermione reporta son attention vers le firmament, espérant de tout son corps que Mattheo pourrait se manifester une nouvelle fois pour lui chuchoter des conseils. Mais elle était seule. La nuit était tombée et le froid lui mordait la peau. Mais la souffrance s’atténuait.  

Se détachant de la rambarde, elle posa un doigt contre ses tempes. Hermione avait l’impression de manquer un détail — quelque chose d’important, de nécessaire. Mais qu’était-ce ?  

La sirène lui avait expliqué qu’elle devait se montrer vigilante. La prophétie avait annoncé la mort et la destruction de maléfices nuisibles. Luna avait abandonné le tournoi, tout comme Harry.  

Un anneau fissuré et un oiseau en cage. Elle parvenait parfaitement à comprendre les filaments d’un tel signe. La photo et la baguette. Elle hocha la tête, la gorge nouée. Le poignard et l’allumette. Hermione cogita, faisant des cercles sur elle-même, les sourcils froncés. Le couteau pour décrire le moment où Malfoy avait attaqué la bête dans le Labyrinthe et l’allumette pour le feu — sa transformation en un dragon ?  

Elle se frotta la mâchoire, les larmes aux yeux. Elle ne parvenait pas à démystifier les conjonctures et les énigmes. Que pouvait-elle faire ?  

Les lèvres pincées, Hermione s’assit contre le sol froid, ses respirations sortant en amont et formant des buées presque surnaturelles dans la tour d’astronomie. Elle cogita ainsi, dans le noir, de longues heures. Peut-être espérait-elle se retrouver en présence de son frère ou de Malfoy. Mais personne ne vint. Elle resta seule, les pensées sombres et ses mêmes voix tournoyant dans sa tête avec violence.  

« Il ne t’aime pas. Il se sert de toi. Déchiquette et tue. »

Hermione se planta une main contre le front, la respiration sifflante. Pourquoi Malfoy ne la rejoignait-il pas ? Il lui avait promis d’affronter les adversités à ses côtés. Pourtant, il était absent et cette douleur dans sa poitrine lui rappelait bien sa situation actuelle — elle ne pouvait dépendre de personne.  

« Je suis toujours là, quoiqu’il advienne, » lui susurra la voix dans son esprit.  

Hermione enfonça ses ongles dans les parois dures de la tour. Alors qu'elle commençait à saigner, elle repensa à l’horreur, à son père et au démon tapageant dans sa cage thoracique.  

« Tu sais ce qui te reste à faire. »

Hermione prit une longue inspiration, ses iris gris dénués de compassion rivés vers le ciel étoilé. Plus rien ne pouvait la sortir de sa torpeur. Il n’y avait plus que des promesses. Du sang et la colère.  

« C’est ça, » ronronna la voix avec mesquinerie. « Écoute la bête et libère-là. Il le voulait — tout comme toi. »

Hermione ferma ses paupières, le visage détendu et le corps flasque. Elle avait le pressentiment que quelque chose lui échappait — l’écho d’un souvenir ou d'une sensation incontrôlable, mais tout s’effaça. Elle se sentait — en harmonie. Sereine. Elle offrit un sourire au néant, les traits sinistres.

« Le sang rempierrera les murs et alors, l’héritière maudite renaîtra de ses cendres. »

Hermione avait la nette impression de se retrouver dans une autre dimension, comme si elle n’appartenait plus à cette réalité. Il n’y avait plus que l’obscurité, le bruit des oiseaux chantants et un visage encapuchonné. Il n’y avait plus qu’une voix porteuse de vérités qui ensorcelait son âme. Elle devait — elle réfléchit. Elle devait accomplir quelque chose. Mais qu’était-ce ?  

« Tue Draco Malfoy. Rends le monde magique fier. »

C’était ça. La Serpentard se frotta les yeux, comme prise d’une fatigue immense. Il n’y avait plus que l’image floue d’une fleur fanée — d’un emblème étrange suivi d’une cape couleur lilas.

« Rejoins-moi dans les ténèbres. Rejoins — » 

Puis le noir l’engloutit tout entier.

Chapter 36: Une dernière lutte

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CHAPITRE 36

Une dernière lutte

« Je ne reviendrais pas sur ma décision. »

« Ça m'aurait étonné que tu agisses différemment, petit serpent. Maintenant, prouve-le. Attaque moi. »


L’épreuve finale — Harry

Potter avait rattrapé l’attroupement des étudiants dans les jardins Poudlard, là où un portoloin à la forme de l’écusson du ministère de la magie pourrait les transporter. Les membres du gouvernement étaient postés sur les parterres de fleurs avec des expressions impassibles et sérieuses, des lances plaquées entre les jointures de leurs mains. Le périmètre entier était enchanté pour que l’hiver ne puisse atteindre les étudiants.

Aux côtés de l’Élu se trouvaient Théodore et Pansy. Ils étaient collés dans le ramassis des élèves, les yeux ombrageux et leur profil découpé dans une silhouette floue. Ils avaient l’impression d’être des fourmis parmi un troupeau sauvage de serpents qui n’attendait qu’une chose — pointer du doigt le vainqueur et brandir leur poing en l’air lorsqu’il y aura une éclaboussure de sang. C’était ce qui effrayait Harry aujourd’hui ; la promesse cinglante que pour sortir victorieux, il fallait blesser son adversaire.  

Le Gryffondor avait longtemps réfléchi avec Malfoy sur les prochaines démarches à suivre pour aboutir à leur plan. Hermione était plongée dans le néant. Elle ne connaissait pas les conjonctures et leur subterfuge. Elle ne pourrait l’accepter autrement. Ils avaient opté pour le silence et alors que Harry observait la silhouette de Hermione se mouver avec une grâce presque meurtrière, il fronça les sourcils. Elle avait l’air différente. La Riddle irradiait d’un pouvoir sans borne, incontrôlable et pour la première fois de sa vie, Potter frémit sous la peur. Il ne craignait pas les réactions de Draco dans l’épreuve. Mais Hermione pouvait se montrer imprévisible et depuis qu’il avait assisté à sa terrible transformation dans le Labyrinthe, il appréhendait l’instant où elle sombrerait de nouveau. Aurait-elle la force de résister à l’appel du sang ?  

Faisant dos au groupe, elle avançait d’une démarche posée et déterminée, le menton haut et ses cheveux se balançant sous ses mouvements. La crinière relevée par un mince fil rouge, elle transperçait la confiance. Un pantalon en treillis de cuir sciait ses jambes, avec de nombreux couteaux et une combinaison doublée en coque de fer. Elle semblait prête au combat le plus féroce.  

Mais elle affronterait Malfoy, songea Harry en la contemplant, les yeux plissés sous la concentration. Pourquoi transperçait-elle la noirceur alors qu’hier encore, elle dégageait un éclat vulnérable et incertain ?  

Le cœur au bord des lèvres, Harry échangea un bref regard avec Nott, puis hochant la tête, il continua son ascension, accompagné de tous les étudiants. McGonagall conversait à voix basse avec Kingsley, leurs visages penchés et leurs sourcils froncés comme s’ils étaient en désaccord. De quoi pouvaient-ils bien discuter ? pensa Potter en les analysant.  

Le ministre de la Magie, le crâne dégarni et lisse, les yeux perçants, il brandit une main dans les airs, la lumière du soleil se réverbérant sur ses nombreuses bagues faites en améthystes. Il dégageait une énergie diligente et froide. La directrice de Poudlard quant à elle, les lèvres pincées en une mince ligne, redressait son menton dans une expression soignée et réfléchit. Chaque mouvement et geste étaient calculés. Harry trouva le tout lugubre.  

L’Élu détourna son attention des sorciers de renommée lorsque Pansy lui pinça le bras. Fronçant les sourcils, il affronta son regard. La Serpentard arborait un visage sérieux, presque impérieux, comme si elle craignait de commettre la moindre erreur. Harry soupira, comprenant sa détresse intérieure.  

— Tout va bien aller, chuchota-t-il. N’oublie pas les instructions de ce soir, ajouta Potter avec diligence à l’égard de Pansy.  

La jeune femme frissonna, les bras recourbés contre son corps.  

— Hermione est… méconnaissable, j’ai l’impression.  

Théodore releva sa frimousse pour analyser la Riddle, puis haussa un sourcil avec consternation.  

— Pourquoi tu dis ça ? Elle a l’air en forme — et elle doit le rester pour l’épreuve, affirma-t-il.  

Pansy se pinça les lèvres, le cœur tambourinant avec cadence dans sa cage thoracique.  

— Je ne sais pas comment l’expliquer, mais elle dégage une énergie inhabituelle — comme si elle était étrangère à son propre corps.  

Nott émit un soupir théâtral alors que Harry se forçait à maintenir une posture sérieuse. L’Élu était en accord avec les paroles de Parkinson. Hermione semblait distante et disjointe de la réalité même. Son profil offrait à Potter une vision inquiétante — un visage stoïque, dénué de la moindre émotion et en se concentrant, les yeux plissés, il pouvait presque entrapercevoir des filaments noirs s’agiter autour d’elle, comme un rideau drapé et sombre.  

Malfoy était positionné en face d’elle — il n’avait pas pu la rejoindre la veille. Le Serpentard lui avait mentionné des symptômes plus qu’étranges et Harry, en observant l’indifférence de la Riddle face à Draco, se demanda si elle avait mal interprété les signes.  

— Bienvenue à tous et à toutes ! s’exclama le ministre de la magie, les bras raides et un sourire aux lèvres. Hermione Riddle et Draco Malfoy vont pouvoir intégrer l’épreuve finale intitulée — la quête d’une vie.  

Les étudiants se mirent à applaudir face aux paroles de Kingsley et Harry suivit le groupe, le visage tendu sous l’agitation. La quête d’une vie, songea-t-il. Il trouvait le tout lugubre et glaçant. Des caméras peuplaient les jardins de Poudlard, à la recherche du moindre individu perturbé ou expression dubitative. Potter se força à maintenir une figure implacable, les poings serrés le long de son corps.  

— La chambre forte qu’ils intégreront sera partagée et visionnée par l’ensemble de la communauté magique ! s’exclama le ministre avec excitation.  

Rita Skeeter, postée en diagonale, sifflait avec énergie, les prunelles brillant, alors que les élèves présents s’extasiaient en retour. Pansy capta le regard de Théodore et les yeux écarquillés, commença à devenir blême. Elle avait peur, tout comme le reste du groupe. Qu’allait-il se produire ?  

— Je tiens à préciser, reprit Kingsley d’une voix rauque en se tournant vers les deux concurrents. Malfoy et Hermione redressèrent leur figure pour porter leur attention sur la silhouette imposante du ministre. Vous ne serez pas seul dans l’épreuve, souligna-t-il d’une intonation grave. Vous devrez choisir qui combattra les jougs du Morbik et vous ne pourrez faire équipe pour éliminer l’ennemi.  

Il y eut des exclamations dans la foule. Pansy s’agrippa au bras de Théodore, les lèvres pincées.  

— Qu’est-ce que c’est un Morbik ? questionna-t-elle à voix basse.  

Nott était un expert dans les créatures magiques — il devait connaître la source et la puissance de ce qu’allaient affronter leurs amis. Le Serpentard se passa une main dans les cheveux, le visage livide.  

— C’est, il déglutit, détournant son regard vers la silhouette de Hermione et Malfoy. Il s’agit d’un monstre qui se régénère à l’infini, avoua-t-il, la gorge nouée. C’est impossible de tuer une telle créature.  

Harry se figea, sa poitrine se serrant avec douleur sous l’information. Il porta son attention vers Draco qui restait de marbre. Seule sa mâchoire évoquait ses émotions et son stress apparent. Hermione ne bougeait pas d’un iota. Elle continuait de transpercer le ministre de la Magie de ses yeux vitreux.  

— Sachez que dans cette épreuve, vous n’êtes pas que départagé par la rivalité, mais vous avez aussi comme mission de faire couler le sang de votre assaillant, expliqua Kingsley avec calme.  

McGonagall à sa droite maintenait ses épaules hautes, mais ses lèvres tressautaient, comme si elle était contre une telle barbarie.  

— La principale règle est simple, concéda le ministre en se tournant pour faire face aux nombreux étudiants. Il n’est pas autorisé de déclarer forfait en se coupant soi-même. Vous devez riposter et combattre votre ennemi, claqua sa voix avec tonnerre dans le parterre de fleurs de Poudlard.  

Les membres du gouvernement magique brandirent leurs lances dans des gestes frénétiques pour les frapper contre le sol dans des rythmes cacophoniques et stressant. Harry frémit, de la sueur perlant contre son front.  

— Des armes seront à votre disposition. Kingsley se retourna et d’un mouvement de sa main, encouragea Rita Skeeter à prendre la parole devant la foule d’étudiants.  

— Lorsque le tournoi prendra fin, j’aurai une audience avec les trois derniers concurrents pour discuter des épreuves, précisa la journaliste, un petit rictus aux lèvres. Les caméras vous voient, alors souriez, s’exclama-t-elle avec enthousiasme. Bon tournoi des sorciers !  

L’attroupement s’excita, scandant avec force, les poings relevés et les yeux vicieux plantés vers les participants:  

— Que le meilleur gagne !  

Le bruit des lances se fichant contre le sol s’accéléra, faisant grincer les tympans de Harry. Avant de pouvoir prononcer la moindre parole ou de croiser le regard de ses amis, un portail se métamorphosa sous les pieds de Malfoy et Hermione et les engloutit. Il ne resta plus que le silence, l’écho de leur souffle et les caméras projetant des panneaux immenses dans le ciel. Il n’y avait plus que la silhouette de la Riddle et de Draco, formant un profil sombre dans une vaste salle. Potter déglutit en apercevant les lieux. Il reconnaissait cet endroit — il s’agissait du manoir du sorcier maudit ; Tom Riddle.  


L’épreuve finale — Malfoy

Lorsque Malfoy traversa le voile d’ombre créé par les membres du ministère de la magie, il frissonna en apercevant les lieux. Il n’était plus à Poudlard — mais plutôt dans un endroit sinistre, où l’horreur avait touché de nombreux individus. Les bottes plantées contre le sol, Draco observa le manoir de Tom Riddle — là où tout avait commencé.  

La bâtisse lugubre révélait des tours obscurs tordus dans des angles étranges, comme des doigts qu’on aurait arrachés de la carcasse d’humains. Les murs noirs étaient déchirés, parsemés de fissures profondes, comme si l’utilisation de maléfices avait ravagé le château.  

L’air à l’intérieur était lourd, empreint de poussière et d’un froid perçant. Les pas de Malfoy résonnèrent dans un écho sinistre dans les couloirs déserts. Il traversa chaque pièce la gorge nouée. Hermione n’était pas en vue — où se trouvait-elle ? songea-t-il avec angoisse.  

Il continua son ascension, observant les pans de l’enceinte recouverts de traces sales. La magie avait brûlé les lieux, tuant la demeure. Des chandeliers en fer rouillé pendaient du plafond du salon, leurs bougies éteintes. Il n’y avait plus que l’obscurité autour de Malfoy. Sa baguette perçait le manoir, créant une mince lumière vacillante.  

Les pièces vides étaient dépourvues de la moindre étincelle de vie. Il n’y avait plus qu’une aura malfaisante et un pouvoir oppressant qui enserrait la cage thoracique de Draco. Les traits tirés sous la concentration et la douleur de découvrir un pareil carnage, il analysa le sol. Fait de pierres froides, des runes étaient dessinées au sang, décrivant des symboles anciens. La cruauté d’un tel acte lui souleva le cœur. Est-ce que Hermione avait dû se couper pour répondre aux demandes de son père ?  

Malfoy sentit un frisson lui parcourir l’échine alors qu’il suivait le tracé des runes, jusqu’à aboutir à une cellule aux barreaux rouillés. Hermione se tenait là, la figure abaissée et les lèvres closes. Ses poings se crispaient dans des tics presque douloureux.  

L’intérieur de la cage était macabre — il n’y avait plus qu’une immense flaque rouge tachant le sol. L’odeur âcre du sang persistait dans l’atmosphère, même s’il était séché. Il n’y avait pas le moindre matelas dans la pièce. Le seul luxe que Hermione avait pu avoir c’était une gamelle d’eau — comme un foutu chien qu’on délaissait.  

Malfoy jura à voix basse sous la scène, les membres raides. Il était incapable de détourner son regard de la cellule. La flaque, aux teintes rouge et noire, semblait presque vivante. Le liquide bougeait dans un éclat enchanté, s’approchant de la silhouette de la Riddle avec un désir de la rejoindre.  

Draco entrouvrit ses lèvres, alors qu’il entendait un murmure loin gronder avec fureur.  

— C’est le moment. Sors ton poignard et tue.  

Un feulement retentit, suivi de coups de griffes raclant le sol. L’air s’alourdit d’une force maléfique. Chaque respiration de Malfoy et d’Hermione était amplifiée, leur battement résonnant comme un tambour. Il n’y avait plus que la sensation qu’une présence ténébreuse les enveloppait.  

Le corps de Hermione se contracta, puis des tremblements inondèrent ses membres, comme si elle était prise d’un frisson d’horreur. Ses doigts se tendirent contre la dague sur sa hanche. Elle paraissait lutter contre un besoin — une envie dérangeante de détruire. Une vague d’énergie sombre déferla dans le manoir et Malfoy releva sa baguette, les phalanges crispées contre le manche, les lèvres pincées.  

Lentement, Hermione se retourna pour faire face à Draco. Ses yeux étaient dénués de toute émotion. Il n’y avait plus qu’un voile abyssal recouvrant son esprit. Ses traits étaient figés dans une expression implacable et glaciale. Malfoy l’analysa, son souffle devenant irrégulier.  

Que se passait-il, bordel ?  

Des veines noires se métamorphosèrent sur les bras de la Riddle. Ils s’étiraient, s’agrippant à sa peau avec une intention maléfique. Serpentant sur son épiderme, leur laideur se noyait dans l’obscurité des lieux du manoir. Dans un geste mécanique, Hermione brandit son poignard vers Malfoy, ses doigts crispés contre le manche. Elle semblait prête à sauter sur sa proie.  

Désemparé, Draco recula d’un pas. Son esprit refusait de comprendre les conjonctures d’un tel évènement. Pourquoi Hermione agissait-elle ainsi ? Était-elle manipulée par une énergie malfaisante ? Prenait-elle conscience de ses propres actions?  

— Hermione, souffla-t-il, incertain.  

Chaque mouvement de repli qu’il faisait lui nouait l’estomac, comme s’il était vulnérable face à la puissance obscure qui émanait des pores de Hermione. Une alarme retentissait dans le cerveau de Draco, mais il n’arrivait pas à se reconnecter à la réalité. Il avait la nette impression de nager dans un rêve — de vivre un cauchemar.  

Hermione ne répondait pas. Il n’y avait plus la moindre trace d’humanité dans ses orbes gris. Il n’y avait qu’un puits sombre et un désir de vengeance. La voix résonna une nouvelle fois.  

— Tue Draco Malfoy.  

Sans prévenir, elle s’élança vers la silhouette du Serpentard. Il l’esquiva de justesse, la lame argentée charcutant son avant-bras au passage. Il redressa sa figure vers la jeune femme, les yeux écarquillés sous l’effroi. Devait-il vraiment l’affronter ? Ça n’avait pas de sens. Que devait-il faire ?  

Lorsque Hermione ouvrit ses lèvres, un liquide noir jaillit, produisant une brume spectrale dans la cellule. Il recula et d’un mouvement du poignet, créa un bouclier pour se protéger du brouillard. L’écume ténébreuse se frottait contre sa bulle magique avec une lenteur terrifiante, comme si elle cherchait un moyen pour pénétrer son abri. Lorsqu’il redressa ses prunelles, Hermione avait disparu. Il hoqueta.  

— Fuck, grogna-t-il.  

C’était quoi cette épreuve ? ragea-t-il intérieurement. Pourquoi Hermione s’était momifiée en une sorcière inhumaine et dépourvue de la moindre émotion ? Avançant dans des petits pas furtifs, il s’éclipsa de la cellule, le cœur tambourinant contre ses tempes. La brume resta là, se vautrant contre le sang séché sur le sol, s’en abreuvant avec un délice qui lui retourna l’estomac.  

Il accéléra, le souffle erratique. Il devait trouver un moyen — une échappatoire pour ramener Hermione à sa source naturelle ; sa lumière. Mais comment ? Était-elle perdue à jamais ? Était-il la raison d’une pareille haine ?  

La mâchoire contractée, il avança dans les couloirs, le visage tendu. Au détour d’une allée, Hermione se jeta sur lui, renversant leur corps dans une telle violence qu’il se fracassa le crâne contre une étagère volumineuse. Étouffant un gémissement, il planta ses iris argentés dans ceux de la Riddle.  

Hermione se retrouvait à califourchon sur Malfoy, ses jambes encadrant son corps dans une menace lourde. Une expression ténébreuse déformait les traits de son visage. Ses yeux, d’un gris terne, ne reflétaient qu’un désir de destruction. Les veines noires avaient rejoint son cou et se tendaient sous ses mouvements, comme si les filets sombres lui susurraient des promesses sanglantes. Ils palpitaient, imprégnés d’une sorcellerie obscure.  

Les voix reprirent, infernales.  

— Transforme et change de carapace.  

Hermione se pencha légèrement, son souffle brûlant contre la peau de Malfoy, ses lèvres retroussées en un rictus cruel. Elle était proche. Trop proche. La magie nébuleuse qui habitait la Serpentard semblait sur le point de se déferler sur Draco. Il se crispa et dans une impulsivité suicidaire, il empoigna le poignet de la Riddle, la plaquant contre son torse. Elle échappa un hoquet de surprise, ses yeux écarquillés. Une brève lueur illumina ses traits avant qu’elle ne disparaisse.  

Les doigts maintenant noirs, Hermione enroula ses mains autour du col de Malfoy, ses ongles marquant sa peau avec force. Malfoy sentit l’air lui manquer. Il avait la nette impression d’entendre des bruits de tambours, des exclamations et des cris au loin, mais les battements irréguliers de Draco noyaient tout — sa tristesse, son effroi et même sa peur. Il accepta sa sentence. Il méritait un tel sort.  

— Finis le tournoi, Hermione, souffla Draco avec agonie alors que son visage devenait rouge.  

Hermione venait de resserrer ses griffes autour de sa gorge, la broyant avec violence. Il planta ses yeux dans ceux de la jeune femme, les traits figés par ce qui se produisait. Il ne sentait plus que son arôme caramélisé. Il ferma ses paupières, se remémorant leur premier baiser, le sang battant contre ses tempes alors qu’il se sentait sombrer.  

Lorsqu’il s’était inscrit pour sa dernière année à Poudlard, il s’était dit que l’enfer prendrait bientôt fin. L'annonce du tournoi lui avait insufflé de l'espoir - il visionnait sa porte de sortie — une lueur dans le tunnel qu’était son existence. Mais Hermione… Hermione avait illuminé ses pensées et son âme par sa présence. Elle n’avait pas eu à braver les torrents et la tempête pour s’emparer de son cœur — elle l’avait fait. Simplement. Et il avait sombré, jusqu’à l’infini.  

Avant de plonger dans le néant, il avoua à mi-voix, la gorge enserrée dans un étau sous la pression des doigts de Hermione:  

— Je t’aime — j’aurai voulu te le dire hier soir. Mais je t’aime. Et je ne cesserais jamais de le faire.  

Hermione le relâcha avec une telle brusquerie qu’il lutta contre le sol froid, remplissant ses poumons d’oxygène. Elle le scrutait, les larmes aux yeux, s’échappant dans un coin sombre, le corps tremblant.  

— Draco. Sa voix chevrota un instant et elle ferma ses paupières. Il faut que tu fuies. Je — je n’ai plus de contrôle.  

La figure encore rouge et la respiration haletante, Malfoy n’eut pas la force de se déplacer. Il resta là, les membres courbés sous la douleur. Il était prêt à partir - rejoindre l'enfer et abandonner son existence. Pourquoi avait-elle arrêté ? Redressant son visage vers la jeune femme, il jura à voix basse. Hermione était accroupie, les mains contre sa crinière, balbutiant des paroles saccadées:  

— Je t’en prie, je t’en prie, laisse-moi seule. Laisse-moi sombrer dans les abysses et remporte le tournoi.  

— Jamais, répliqua avec désespoir Draco.  

Il la fusilla du regard, la colère s’agrippant à sa peau comme un liquide glacé. Elle ne pouvait lui demander une telle chose — pas lorsqu’il était prêt à se sacrifier pour elle, pas lorsqu’il braverait l’interdit et la mort pour qu’elle puisse accomplir ses rêves.  

— Il faudra me tuer avant de t’abandonner, grogna-t-il.  

Hermione redressa son visage, les larmes ruisselant sur ses joues. D’un mouvement du poignet, Draco souffla:  

— Revelio.  

Un jet de lumière s’échappa de sa baguette, éclairant la pièce avec une clarté presque aveuglante. Plissant les yeux, Malfoy observa les filaments de son sortilège se nouer puis s’éparpiller, rejoignant la silhouette floue de Hermione. Un étrange lien unit sa baguette jusqu’au corps de la Serpentard. Une secousse parcourut la salle, révélant des ombres menaçantes sur les murs noircis du manoir.  

Sous le choc, Draco recula, se plaquant contre l’étagère, le souffle court.  

C’est impossible, pensa-t-il, terrifié, alors que ses mains tremblaient.

Il ne pouvait détourner son regard de ce que Hermione était devenue.  

Dans le ventre de la Riddle, quelque chose bougeait. Une forme pulsait sous sa peau, vivante et maléfique. Il s’agissait d’une créature — un monstre. Les contours d’un démon s’esquissèrent, tordant le corps de Hermione avec une lenteur macabre. Le visage de la jeune femme était figé, ses yeux gris reflétant l’horreur qui l’habitait. Elle hurla sous la douleur, se courbant sous la souffrance.  

À l’intérieur de Hermione se trouvait quelque chose.  

Tout devint clair dans l’esprit de Draco. L’épreuve finale, celle où ils devaient choisir qui combattrait la bête. Le Morbik n’était pas dissimulé dans les ombres du manoir. Non, la vérité était plus épouvantable.  

Le Morbik était Hermione.  

Un frisson d’effroi parcourut Malfoy alors qu’il comprenait l’ampleur de la situation. Hermione était la créature, le démon incarné. Le château ne cachait aucune bête dans ses entrailles — elle était là, devant lui, piégée dans le corps de celle qu’il aimait.  

Chapter 37: L'allumette et le manoir de Tom Riddle

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CHAPITRE 37

L'allumette et le manoir de Tom Riddle

« Tu m'as trahi ! » hurla-t-elle en le repoussant avec force.


L’épreuve finale — Hermione

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? questionna Malfoy, les sourcils froncés.  

Hermione, toujours assise contre la surface dure du manoir, maintenait une posture crispée. Elle avait besoin de réfléchir. En silence, de préférence, pensa-t-elle avec irritation. Draco, depuis qu’il avait compris ce qui se trouvait dans son corps, agissait comme une fille hystérique. Grognant sous une nouvelle réplique du Serpentard qui ressemblait à « On doit t’enlever ce truc — il faut faire quelque chose ! », Hermione s’écria:  

— La solution est simple ! Elle le transperça de ses prunelles toujours grisâtres, les joues rouges sous la colère. Pour tuer l’hôte qui se retrouve dans mon ventre, il faut que tu me brûles, claqua-t-elle avec rancœur.  

Les Morbik étaient des créatures redoutables, capables de se régénérer inlassablement et dotées d’une puissance incommensurable. Si Hermione perdait une nouvelle fois le contrôle, elle risquait de s’en prendre à Draco. Si elle connaissait ses informations, c’était dû à la provenance de son sang.

Elle déglutit, la gorge nouée sous l’émotion.  

Malfoy lui avait avoué ses sentiments. Elle n’arrivait pas à y croire. Elle devrait répondre à sa demande, mais elle ne se sentait pas assez forte pour le faire. Elle s’était transformée en un monstre sanguinaire qui s’apprêtait à ravager sa proie. Elle ne pouvait voir la lueur au bout du tunnel. Hermione connaissait le destin qui planait sur sa tête. Elle ne sortirait pas vivante de l’épreuve. Elle mourrait sous les mains de Draco — l’homme qui avait chaviré son cœur.  

Il n’y avait pas d’autres scénarios. Jamais elle ne tolérerait de blesser une seconde fois Malfoy.  

— Ce que tu me demandes de faire, articula lentement le Serpentard avec douleur. C’est impossible. Pourquoi le feu parviendrait à te libérer si le monstre est indestructible ?  

Hermione se frictionna les bras, le corps glacé. Elle sentait ses yeux s’alourdir. Elle était si fatiguée. Mais si elle fermait ses barrières et abandonnait en si bon chemin, le Morbik reprendrait forme — et elle ne pouvait le permettre.  

— Je peux me régénérer, mais je ne suis pas infaillible, tout comme le démon, avoua la jeune femme, le souffle court.  

Une migraine commençait à lacérer les parois de son cerveau. Elle se planta une main sur son crâne, les paupières plissées sous la douleur.  

— Le Morbik est une créature glaciale, sombre, et ce qu’il craint, expliqua Hermione avec froideur. C’est le feu. Et tu le manies avec perfection. Hermione émit un rire triste, les larmes aux yeux. Je ne suis même pas surprise de l’épreuve, voilà pourquoi il s’agit d’un duel. Elle secoua la tête, un rictus ornant ses lèvres rosées.  

Malfoy rampa avec lenteur pour la rejoindre, mais elle releva son bras pour le couper dans son geste.  

— Qu’est-ce que tu veux dire ? répliqua-t-il, le visage fermé.  

— Ils savent que tu peux te transformer en dragon, justifia Hermione avec tristesse. Tu as dévoilé ta carte maîtresse et maintenant, ils s’en servent contre moi.  

Draco se passa une main dans les cheveux, complètement perdue.  

— Qui, Hermione ? Qui voudrait te faire du mal ?  

Elle étouffa un rire, la poitrine enlisée dans un étau d’acier. Elle connaissait à présent les conjonctures. Tout prenait son sens. Elle ferma ses paupières, acceptant la défaite. Hermione qui pensait avoir un pas d’avance sur toutes les épreuves s’était fait rattraper. Elle n’avait jamais eu le moindre avantage.  

Tout était planifié en avance, songea-t-elle avec rancœur.  

Mais on avait tenté de la prévenir. Son destin était un présage obscur — rien de glorifiant et encore une fois, Hermione était un pantin. Elle n’était pas maîtresse de son existence. Elle ne l’avait jamais été.  

— Ça n’a pas d’importance, souffla la Riddle d’une intonation défaitiste. Tu peux sortir victorieux. C’est ta chance.  

Hermione redressa son visage pour observer l’homme qui avait réveillé un puits de lumière dans sa poitrine. Il avait desserré les nœuds enlaçant son cœur en pierre et maintenant, elle fondait, comme de la neige.  

Elle lui offrit un sourire triste.  

— Ce n’était pas ce qui était convenu ! s’écria Malfoy avec colère, plaquant son poing contre la surface dure à ses pieds.  

— Et qu’est-ce que tu comptais accomplir avec Potter ? interrogea Hermione avec sarcasme. Elle croisa les pupilles du Serpentard, qui déglutit, comme s’il était surpris qu’elle ait pu constater une telle supercherie. Tu pensais vraiment que je ne savais pas que vous maniganciez ? Elle éclata de rire, se passant une main contre le front, les yeux brillants. Draco, je t’observe depuis mon arrivée à Poudlard — rien de m’échappe. Surtout si ça te concerne.  

Il resta silencieux, les lèvres entrouvertes. Malfoy finit par détourner son visage, les traits tirés par une tristesse profonde. Il ne pouvait accepter une telle situation. C’était inenvisageable. Comment le pourrait-il ? Mais Hermione, qui l’analysait, ne lui laisserait pas le choix. C’était ainsi. Elle l’avait décidé.  

— Tu vas mourir si je suis ton plan, murmura Malfoy en abaissant sa tête vers ses mains.  

Il étendit ses doigts comme s’il cherchait dans le creux de ses paumes une solution — une échappatoire. Mais il n’y avait rien. Pas de réponses ni de promesses. Seulement un déluge futur qui s’apprêtait à ravager leurs cœurs.  

— Oui, affirma Hermione avec un faux détachement.  

Elle rejoindrait Mattheo, pensa-t-elle. Il devait être impatient de la retrouver.  

Hermione redressa son visage vers le plafond, là où un immense lustre rouillé semblait transpercer son âme d’un air mélancolique. Elle le détailla, analysant les bougies soufflées et le grincement qu’il émanait, puis elle riva ses prunelles plus loin. Derrière elle, à travers la balustrade, elle pouvait observer l’étage inférieur. Tout était sombre. Seul l’âtre de la cheminée étincelait de flammes vertes.  

Elle se remémora les indices et ricana à voix basse.  

L’allumette. Évidemment, réalisa-t-elle avec rancœur.  

— Je refuse de me servir du feu si ça risque de te tuer, claqua Malfoy en se redressant.  

Il tanguait sur ses jambes, encore engourdi par les attaques de Hermione. Mais il continuait de persévérer. Il n’abandonnerait pas en si bon chemin. Il s’était fait une promesse — libérer la Riddle de la noirceur qui l’entourait. Et il commencerait avec le Morbik. Il n’hésiterait pas à l'arracher des entrailles de la jeune femme si c’était possible. Mais signer son arrêt de mort — c’était trop pour le Serpentard.  

— Donne-moi une heure, convint Draco sombrement. On garde espoir, d’accord ?  

Hermione lui offrit un sourire figé, les larmes aux yeux.  

— Une heure, répéta-t-elle dans l’obscurité de la pièce.  


Un dernier espoir, dans le manoir — Hermione

Malfoy cherchait des indices — un moyen pour la libérer de la créature qui s’agitait sous sa peau. Hermione pouvait la sentir gronder avec raillerie. Elle avait faim.  

Une main plaquée contre son ventre, le visage livide sous le froid et la douleur, Hermione continuait d’arpenter le manoir de son père en quête de quelque chose — n’importe quoi. Baisser les bras ne faisait pas partie de son vocabulaire, mais là, maintenant, elle ne souhaitait qu’une chose: se reposer, fermer les yeux un court instant.  

Elle était si épuisée.  

Les lèvres entrouvertes, Hermione s’agrippa à la rampe des escaliers. Elle perdait ses forces. Le Morbik feulait dans son esprit, quémandant du sang. Il s’abreuvait de son énergie, mais bientôt, il se lasserait.  

— Ramène-moi Malfoy.  

Elle repoussa l’impulsion qui courrait dans ses veines, l’estomac noué sous l’horreur. Hermione sentait que les minutes s’égrugeaient. Elle perdait du temps précieux. Le sablier ne comportait presque aucun grain et cela ne signifiait qu’une chose — si elle croisait Malfoy, elle ferait régner un glacier violent et un besoin vorace de sang.  

Hermione continua son ascension. Elle avait ce besoin de rejoindre la chambre de son père. Pour une raison inexplicable, ses membres la poussaient dans cette direction. Il ne manquait que deux tournants.  

— Tic-Tac, susurra le Morbik.  

Plus qu’un couloir, pensa-t-elle, les traits tirés sous la souffrance.  

Draco fourrageait le terrain, analysant les statues et les parterres de fleurs. Il ne neigeait pas en France. Ils s’étaient dispersés. C’était mieux ainsi.

— J’ai faim, j’ai faim, répéta la voix avec colère.  

Ça suffit, voulut-elle répondre, mais elle en était incapable. Elle ne pouvait produire le moindre son. En ouvrant la bouche, un liquide noir s’échappa de sa gorge, transformant le couloir d’une énergie putride et sombre. Hermione frissonna, ses yeux roulant dans ses orbites. Elle s’agrippa aux murs, aux lanternes — tout ce qu’elle pouvait trouver sous ses mains.  

Elle continuait d’avancer.  

— Tu ne peux résister à la folie — elle s’est déjà propagée.  

Hermione atteignit l’énorme porte barrée d’un cruciforme étrange. Des centaines de runes serpentaient la structure en bois.  

Elle éclata de rire et une nouvelle voix résonna, plus doucereuse.

— Tu n’as pas le droit et tu le sais.  

Hermione poussa le battant, les yeux brillants. Sa chaire était en feu sous le froid. Il y avait toujours des veines ténébreuses qui se mouvaient contre ses membres, à la recherche d’un autre hôte. De Malfoy.  

La respiration haletante, Hermione croassa:  

— Tom Riddle n’incombe plus les lieux. Son domaine m’appartient.  

Un vent violent se répercuta contre les murs du manoir, créant un tourbillon de feuilles à travers les fenêtres. Hermione les contempla, les yeux mi-clos et l’esprit agité.  

— Seule l’héritière maudite peut accéder à la forteresse du sorcier obscur, murmura un individu.  

Tournant sa tête avec lenteur, Hermione planta ses prunelles dans celles d’un spectre — un elfe de maison mort depuis de longues années. Il s’agissait de Milo. Les lèvres pincées, elle se pencha vers l’apparition et tendit une main vers la forme. Milo s’échappa, les larmes aux yeux. La petite créature s’était sacrifiée pour Hermione lorsqu’elle était jeune.  

— Hermione ne devrait pas intégrer la chambre de Tom Riddle. Hermione risque un grand danger, annonça le fantôme des frissons parcourant son petit corps.  

Elle émit un feulement en retour — le Morbik commençait à prendre le contrôle. Hermione échangea un dernier regard avec l’elfe avant de rejoindre la salle maudite. Elle n’avait plus rien à perdre. Aujourd’hui, elle transgresserait toutes les règles. Son père ne pouvait plus la frapper.  

Les murs étaient couverts de symboles anciens. Les runes n’avaient qu’un but — repousser ton intrus. Mais Hermione ne sentit qu’un léger picotement contre sa chaire, comme si le maléfice ne pouvait l’atteindre. Elle fronça les sourcils, sa main toujours plaquée contre son estomac. La respiration laborieuse, elle détailla la salle. Une odeur de soufre se dégageait de la pièce. Des chandeliers produisant un éclat vert illuminaient la silhouette de Hermione.  

Contre les pans d’un mur se trouvait un immense bureau en bois massif, usé par le temps. De nombreux livres et parchemins tâchés de sang s’entassaient. À côté, un énorme miroir fissuré encombrait les lieux. Des bris de verres parsemaient le sol, comme si la glace avait été témoin d’une scène trop lugubre pour survivre à l’énergie mortelle de Tom.  

Hermione plissa les yeux, s’imaginant son père traversant la chambre, se désintéressant du gigantesque lit en baladin pour planter son poing dans le miroir, le fracturant en centaine de pièces.  

Inspirant par les narines, elle se força à ignorer la bête qui tournoyait dans son ventre. Le Morbik se recroquevillait, comme s’il craignait le courroux du sorcier maudit. Mais aucune présence ne détrônait les lieux.  

L’air était lourd, presque suffocant.  

Milo s’approcha, les mains repliées contre sa poitrine. Il tremblait sous la terreur. Ses yeux inspectaient chaque étagère. Hermione surprit son regard vers un objet en particulier. Elle s’avança, le cœur battant à tout rompre.  

Sous un parchemin, un minuscule médaillon poussiéreux prenait forme. Elle voulut l’agripper, mais une force inconnue empêcha Hermione de s’en emparer. Elle fronça les sourcils. D’un geste fébrile, elle sortit sa baguette.  

— Accio, souffla-t-elle. Sa magie s’évapora, comme si elle était absorbée par un être mystique.  

Milo s’éclaircit la gorge, les oreilles pointues rabaissées contre son visage.  

— Seul le pouvoir d'un briseur de maléfices peut atteindre le médaillon, affirma l’elfe avec hésitation.  

Hermione fronça les sourcils, décontenancée. Que devait-elle faire ? Et pourquoi était-elle aussi obnubilée par l’apparition sous ses yeux ? D’une forme ovale, avec un métal terni par le temps, il brillait d’un éclat mauve. Des motifs de serpents entrelaçaient les chaînes du collier. Les reptiles se déplaçaient dans une lueur sinistre. Presque menaçante.  

Hermione rangea sa baguette. Elle était déboussolée. Que devait-elle faire déjà ? Pourquoi se retrouvait-elle dans la chambre de son père ?  

C’était interdit, se rappela-t-elle avec horreur. Tom Riddle pourrait venir à tout moment.  

Elle était si fatiguée. Elle ne pouvait subir le courroux du sorcier maudit. Elle devait — elle tergiversa — elle devait partir.  

Hermione se courba sous la douleur et vomit. Du sang s’échappa de ses lèvres, suivi d’un liquide sombre.  

— Sors ! gronda une voix.  

Hermione se redressa, essuyant son visage avec difficulté. Chaque mouvement était une souffrance. Elle releva sa jambe pour amorcer un pas, mais un hurlement la coupa dans son élan. Mattheo se tenait contre la porte, les traits vitreux.  

— Mione, gémit-il.  

Il secouait la tête dans des gestes frénétiques.  

— Je sais. Père va être furieux, trembla Hermione en s’agrippant le bras.  

Elle grelottait.  

— Retourne dans ta chambre, Mat, chuchota-t-elle. Puis elle fronça les sourcils, surprise. Comment je suis sortie de ma cage ?  

Elle se redressa pour dévisager son frère. Il était étrange — translucide. Qu’avait-il ?  

— Tu peux le faire, Mione, claqua Mattheo avec force. Prends le médaillon. Détruis le maléfice — c’est ce qui te maintient prisonnière.  

Hermione pencha sa tête, confuse.  

— Quoi ?  

Mat s’approcha. Il releva ses bras comme s’il voulait la secouer, mais se retint au dernier moment, une expression de souffrance déformant ses traits.  

— Écoute ma voix, commanda-t-il.  

— Je le fais toujours, railla la jeune femme en se frottant les yeux.  

Milo aux côtés de Hermione, se mit à hoqueter, puis s’enfuit, produisant un gémissement qui transperça le cerveau de la Riddle. Elle se plaqua une main contre le crâne sous la douleur.  

— Sors. D’ici, ordonna une voix avec violence.  

— Tu peux le faire, Hermione. Résiste.  

La respiration erratique, elle planta ses prunelles dans celles de son frère. Pourquoi lui inspirait-il une telle souffrance ? Elle — elle se sentait chuter. Hermione s’agrippa au bureau. Du sang s’échappa de ses lèvres et bientôt sa vision s’obscurcit. Elle ne voyait que des points noirs. Son cœur battait contre ses tempes.  

— Tu me fais mal, gémit-elle à l’encontre de Mattheo.  

Son frère se crispa, les larmes aux yeux. Il secoua la tête, les poings contractés le long de son corps.  

— Je sais que c’est difficile — que cette situation semble inenvisageable, trop douloureuse, mais — il s’approcha une seconde fois, se postant devant la silhouette de la jeune femme. Lorsque ce sera le moment, appelle Malfoy.  

Puis dans un torrent de poussières, il s’évapora et Hermione empoigna le médaillon. Un éclair fendit le ciel, charcutant les murs du manoir de Tom Riddle. Le vent soufflait, vociférant avec fougue.  

— Non ! hurlèrent le Morbik et la voix.  

Hermione plongea, chutant contre le sol dur, ses yeux roulants et son corps se convulsant avec fureur. Elle enserra sa trouvaille entre ses phalanges comme si c’était l’objet de sa survie.  

Inspire. Expire. Elle compta jusqu’à treize et s'évanouit.  


L’appât — Hermione

— Tu sais ce que tu dois faire, commanda Hermione, les yeux ombrageux.  

Elle avait repris conscience quelques minutes plutôt. Elle savait ce qu’elle devait accomplir. Le médaillon attaché autour de son cou pulsait avec une force ténébreuse. Il suivait les battements frénétiques de son cœur, se collant avec unisson à son pouvoir, le décuplant. Elle pouvait sentir sur sa peau une tension. Les veines noires s’étaient tordues sous le contact, comme si le Morbik prenait feu.  

Hermione traça les vipères se déplaçant sur les chaînes du collier, le visage fermé.  

— Je ne reviendrais pas sur ma décision, déclara-t-elle en fusillant Malfoy.  

Il grinça les dents, les yeux perçants.  

— Ça m’aurait étonné que tu agisses différemment, petit serpent. Maintenant, prouve-le. Attaque moi.

Hermione s’élança, une dague dans sa main, une expression déterminée transperçant sa figure. Draco évita son coup, le souffle court alors qu’elle tournoyait. Elle frappa avec son poing son plexus solaire, lui coupant la respiration et enchaîna avec violence, lacérant la peau de son bras. Le sang ruissela de la plaie et le Morbik s’excita.  

C’est ça, pensa-t-elle avec enthousiasme. Malfoy était le parfait appât. Il résistait à ses combinaisons avec une passion enfiévrée. Lorsqu’elle dégaina une seconde fois son poignard, Draco heurta son poignet. Le manche de la lame ricocha, se fracassant sur le plancher dans un bruit assourdissant. Hermione hurla sous la colère.  

Elle visa les côtes de Malfoy, mais il esquivait avec une agilité de chat. Son pied dérapa légèrement sur le sol, mais Hermione enchaîna, pivotant et envoyant un coup de poing dans le visage de Draco. Il para avant de riposter avec un crochet droit vers le ventre de la Riddle. Hermione se pencha juste à temps pour l’éviter, le souffle court.  

La sueur perlait sur leurs fronts. Il n’y avait plus que l’écho de leur respiration et la fureur ravageant leur chair. Les yeux perçants, ils se contournaient, refusant d’utiliser leur baguette pour déstabiliser leur adversaire.  

Hermione avait un plan. Et il fallait qu’il fonctionne. Sa vie en dépendait.  

Dans un cri, elle brandit son poing. Malfoy se dégagea de l’attaque et Hermione fléchit ses jambes, propulsant son corps pour asséner un uppercut qui percuta la mâchoire du Serpentard. Malfoy tituba en arrière sous le choc et la douleur. Il saignait du nez.  

Le sang de son ennemi excita la bête, qui feula avec hargne.  

— Tue-le, grogna le Morbik avec violence.  

D’un mouvement fluide, Malfoy fouetta les tibias de Hermione qui s’effondra au sol dans un bruit sourd. Sa tête tournait sous l’impact. Ses dents venaient d’entrer en collision avec sa langue. Elle cracha du sang, le corps endolori.  

Roulant sur le côté avec une agilité féline, Hermione esquiva une nouvelle attaque de Draco. Ses doigts frôlèrent sa baguette qui était tombée un peu plus loin. En l’agrippant fermement, elle croisa les prunelles du Serpentard.  

— Maintenant! hurla-t-elle.  

Hermione plaqua une paume contre son abdomen et une lueur transperça la salle, aveuglant Malfoy qui releva une main devant son visage pour se protéger. Elle avait excité la créature. Elle pouvait agir à présent. Le médaillon autour de son cou émit un bip et une étincelle mauve rejoignit les filaments noirs contre les avant-bras de Hermione. Ils se disloquaient, comme s’ils tentaient de résister à l’intrusion.  

La Riddle raffermit sa prise contre son ventre, ses yeux roulant dans ses orbites. Elle y était presque. Elle pouvait détruire le maléfice.  

— Hermione! hurla Malfoy avec terreur.  

Elle se contorsionna, feulant et grognant comme un animal. Le corps plié en deux, elle entrouvrit ses lèvres et la lumière autour de sa silhouette s’intensifia. Une détonation pourfendit l’atmosphère, suivie d’un brouillard obscur. Et c’est là qu’il prit forme — le Morbik. Recroquevillée dans une posture presque vulnérable, la créature était drapée de noir, sa peau luisante et visqueuse. Il s’agissait d’un démon et libéré de son hôte, il pouvait incendier ses adversaires de son pouvoir glacial.  

Hermione s’éloigna, le corps courbé sous la douleur. Elle avait encore la sensation des serres du monstre dans son ventre. Le Morbik se redressa, étendant sa silhouette à l’infini. Il atteignait les trois mètres. La jeune femme hoqueta sous l’horreur. De longs doigts osseux avec des griffes de corbeaux, il braqua ses iris rouges dans ceux de Hermione. La bouche entrouverte, révélant des rangées de dents équivalant à des poignards, le Morbik se lécha les lèvres.  

— Ingénieux, susurra-t-il. J’ai presque cru que tu m’obéissais.  

Hermione échappa un rire sous le stress. Toujours assise sur le plancher, elle avait la nette impression d’être minuscule en comparaison à la créature qui se trouvait sous ses yeux.  

— Tu es tombé dans notre piège, affirma-t-elle avec provocation.

Le Morbik s’avança dans des mouvements lents.  

— Non, répliqua-t-il avec dégoût. Tu es la prisonnière ici. Depuis des mois. Et rien ne changera ton destin. Il étendit ses griffes, les pupilles dilatées. Approche héritière maudite. Je veux goûter ton sang.  

Hermione se redressa, les traits crispés. Elle pouvait le faire. Faire diversion. Malfoy — elle croisa son regard et hocha la tête.  

— Viens me chercher alors, siffla-t-elle.  

Avec vitesse, elle s’élança dans les escaliers. Le monstre la suivit avec une telle rapidité qu’elle pouvait sentir son souffle contre ses oreilles. Le Morbik ravagea tout ce qui se retrouvait sur son passage, détruisant les planches de bois et saccageant les murs de ses griffes. Lorsque Hermione atteignit le salon, là où la cheminée aux flammes vertes incendiait l’atmosphère, la créature renversa et troua les meubles. Il lacéra tout ce qui pouvait trouver avec un air satisfait sur ses traits.

— Tu t’amuses ? grinça-t-elle des dents.  

— Oh, susurra la bête avec humour. Je ne fais que commencer.  

Hermione analysa les lieux, à la recherche d’une échappatoire. Elle devait gagner du temps. Malfoy puisait le feu de son dragon pour tuer le monstre au moment propice. Maintenant, Hermione n’était qu’une chose — l’appât.  

— Comment t'es-tu retrouvé dans mon corps ? questionna la jeune femme, les yeux perçants.  

Elle connaissait déjà la réponse, mais elle voulait étirer l’instant. La patience d’un Morbik n’était pas impressionnante et les lèvres retroussées, il échappa sa langue de sa gorge pour exprimer son irritation.  

— Il faudrait que tu trouves l’écusson pour le savoir, râla le monstre. Il amorça un pas vers elle, ses traits hideux déformants sa figure. Son visage s’allongea et des écailles prirent forme sur sa peau visqueuse. Trêve de bavardage. Il tendit une griffe vers la silhouette de Hermione. Viens mourir.  

La colère contre son épiderme, des ondes violettes tournoyèrent autour de la Serpentard. Elle affronta les iris inhumains du Morbik et lui offrit un clin d’œil.  

— Avec plaisir, répliqua-t-elle avant de se projeter vers la stature du monstre.  

Le corps de Hermione percuta la créature. Plantant ses pieds dans le sol pour résister à l’intrusion, le Morbik poussa un hurlement atrabilaire. La bâtisse se mit à trembler. D’un geste du bras, il projeta la Serpentard avec une telle violence qu’elle s’abattit contre une étagère quatre mètres plus loin. Elle gémit sous la douleur. Elle n’arrivait plus à bouger ni à respirer. Les côtes brisées et le souffle coupé, Hermione observa la bête se diriger lentement vers elle. Il repoussa les meubles qui bloquaient son chemin, les yeux vitreux de toute émotion.  

Lorsqu’il redressa ses griffes, Hermione capta une ombre dans sa vision périphérique — Malfoy. Un bras relevé, il étendit ses doigts. Un bâtonnet de bois s’y retrouvait — son cadeau. Hermione échappa un rire. Avec diligence, Draco ouvrit sa bouche et souffla sur l’objet, faisait régner un torrent de flammes. Le monstre hurla de douleur au moment où les étincelles le percutèrent.  

— NON ! aboya le Morbik en allongeant sa silhouette meurtrière vers Hermione.

Dans un geste impulsif, il s'efforça de l’atteindre, mais Malfoy cracha un nouveau jet, carbonisant la chair visqueuse de la bête. Les langues de feu léchèrent ses membres avec une violence inouïe. La créature vociféra, perçant l’air sous le déchaînement de sa souffrance. Les flammes s’enroulèrent autour de sa carcasse comme des serpents venimeux. Ses griffes raclant le sol, le Morbik tenta de fuir les attaques, mais sa peau écailleuse et collante se transforma. Elle se fissura sous la chaleur, creusant des sillons noirs contre sa chair.  

Avec agonie, la bête se replia sur elle-même — mais il était trop tard. Elle n’était plus qu’une masse informe et calcinée par les braises de l’enfer. Draco l’avait vaincu.  

Hermione, la respiration haletante, resta par terre. Elle ne pouvait bouger ses jambes ni user de ses bras pour se redresser. Malfoy accourut vers elle, les traits tirés.  

— Merde, il ne t’a pas manqué, jura-t-il en l’observant.  

Hermione émit un rire étouffé qui se transforma en quinte de toux sous la douleur.  

— Dommage que je n’aille pas la capacité de faire flamber mes ennemis, c’est pratique et sexy, articula-t-elle avec difficulté.  

— Sexy, hein ? s’amusa Malfoy.  

Elle le fusilla du regard.  

— Tu m’aides ou tu me laisses grogner de douleur ? attaqua-t-elle, les traits crispés sous la souffrance.  

Malfoy fit mine de réfléchit et Hermione jura qu’elle avait envie de lui planter son poing dans le visage.  

— Un s’il te plaît ne serait pas de trop, je pense, ricana l’imbécile.  

Hermione pesta à voix basse, les joues rouges sous la colère. Quand elle reprendra de ses forces, elle allait bien le faire baver pour cet affront. Il dut le comprendre parce qu’il éclata de rire.  

— Tu n’es pas vraiment en position pour faire quoique ce soit, déclara Draco en pointant les membres patraques de la jeune femme. Alors ?  

Le visage de Malfoy était marqué par la sournoiserie. Mais une lueur mêlant inquiétude et tendresse transperçait ses prunelles. Hermione soupirant avec résignation bredouilla:  

— Merci. C’est bon, maintenant ? Elle haussa un sourcil, les traits rageux.  

Draco se pencha pour la caler contre lui, glissant une main autour de sa taille. Elle gémit sous la douleur. Bordel. Le Morbik ne l’avait pas loupé, pensa-t-elle.

Les flammes continuaient de lécher le monstre qui ne bougeait plus. Bientôt, les braises s’étendirent jusqu’à atteindre les meubles et les murs. Hermione, les larmes aux yeux, songea à son frère. Il serait fier. Comme une allumette, le manoir prenait feu. Il ne resterait qu’un bûcher après leur passage. Le vœu de Mattheo venait d’être réalisé. Grâce à Malfoy.  

Hermione planta ses prunelles dans celles de Draco. Elle se tenait là, le cœur battant, la gorge enserrait dans un étau sous les émotions. Le monde autour d’eux sembla s’effacer. Il n’y avait plus l’angoisse, les doutes et la trahison. Il n’y avait plus que leur présence et leur odeur. Il n’y avait plus que la douceur de pouvoir chérir une personne et la liberté de se montrer vulnérable. Hermione se plaqua entre les bras de Draco, une promesse silencieuse transperçant ses traits. La compréhension, comme un phare dans la tempête s’illumina sur le visage de Malfoy. Hermione abandonna toute résistance. Même plongée dans le manoir de son père, elle parvenait à respirer. Alors, elle prit son courage et elle lui souffla trois syllabes.  

— Je t’aime.

Chapter 38: La vengeance glacée

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CHAPITRE 38

La vengeance glacée

« C’était nécessaire — parfois pour se reconstruire, il fallait détruire. »


Les jardins enchantés de Poudlard — Draco et Hermione

Malfoy et Hermione continuaient d’observer les flammes léchant le manoir du sorcier maudit, les mains entrelacées, le cœur lourd. Ils avaient réussi, mais il restait encore une mission à accomplir. Il ne pouvait y avoir deux gagnants dans le tournoi.

La poitrine enserrée sous l’émotion, Hermione se retourna vers Draco, cherchant dans ses prunelles une solution. Leur sang avait coulé et il était impossible de prédire qui venait de remporter l’épreuve. Que devaient-ils faire ? 

— Draco, commença Hermione, la voix enrouée.  

— Arrête, répliqua-t-il avec douceur en se penchant vers elle.  

Il plaqua un poignard dans le creux de la paume de la Riddle avant de glisser ses doigts sur les joues de la jeune femme. Il caressa sa mâchoire, détaillant son portrait comme s’il tentait de l’imprégner dans son cœur. Hermione entrouvrit ses lèvres, l’esprit alambiqué par les sentiments qu’elle éprouvait pour la stature imposante du Serpentard. Penchés ainsi l’un vers l’autre, ils rayonnaient d’un éclat bleu indigo.  

— Ne réfléchis pas, continua Malfoy en l’analysant. Laisse-moi faire.  

Hermione fronça les sourcils, soucieuse. De quoi parlait-il ? Que s’apprêtait-il à faire ? Mais elle tut tous ses questionnements quand Draco plaqua ses lèvres contre les siennes. Il empoignait toujours sa main, une dague maintenue entre ses phalanges.  

Fermant les yeux, elle s’abandonna — elle oublia leurs responsabilités, leurs doutes. Elle ne pensait qu’à leurs désirs et rêves ficelés d’étoiles. Hermione écoutait l’écho de son cœur tambourinant dans sa poitrine. Elle humait l’odeur de Malfoy et goûtait ses lèvres comme s’il s’agissait de sa porte de sortie — son refuge longtemps attendu. De sa main libre, elle agrippa la chevelure du Serpentard, approfondissant le baiser. Draco grogna et d’un geste vif, il planta la dague de Hermione dans son ventre.

Il émit un feulement, avant de se détacher d’elle, les yeux remplis de larmes.  

Hermione contempla sa lame ensanglantée, les pupilles dilatées.  

— Qu’est-ce que tu as fait ? s’égosilla-t-elle avec horreur.  

Malfoy recula de nouveau, les traits de son visage déchirés par la culpabilité et la douleur. La Riddle tenta de s’approcher, mais il la repoussa en relevant sa main, le regard brillant.  

— Il fallait que je le fasse, chuchota-t-il dans une supplique.  

Hermione parcourut la mince distance qui les séparait, les larmes ruisselantes sur ses joues. Elle n’arrivait pas à y croire. Malfoy s’était servi de leur échange, de leur baiser pour accomplir son plan. Il avait agi avec perfidie — choisissant pour elle.  

Il n’en avait pas le droit, pensa-t-elle avec force, la poitrine douloureuse. Il l’avait — il l’avait…

— Tu m’as trahi ! hurla-t-elle en le repoussant avec vigueur.  

Il avait sacrifié sa victoire pour elle. Il avait décidé de perdre. Draco avait perforé son propre abdomen pour lui assurer de remporter l’épreuve. Les larmes continuèrent de ruisseler sur ses joues. Ce n’était pas ce qu’elle avait prévu, elle voulait — elle hoqueta sous le désespoir. Malfoy devait gagner. Il avait une famille à sauver. Hermione n’avait plus rien — ni héritage ni expectation pour un futur.  

— Je ne suis qu’une obsession, une passade pour toi, gémit Hermione en pointant son doigt vers la stature imposante de Malfoy. Il abaissa sa tête, les larmes cascadant ses joues en silence. Tu as une famille qui dépend de toi, des amis qui n’attendent qu’à être protégés. Je n’ai plus rien qui me retient ! hurla-t-elle avec désespoir.  

Elle plaqua sa main contre sa poitrine dans l’espoir d’atténuer la douleur, mais c’était impossible. Le goût de la trahison et de la tromperie était trop lourd, trop cruel. Comment avait-il pu accomplir une telle chose ?  

Le plan infaillible avec Potter, réalisa-t-elle avec agonie. C’était ça — lui assurer une victoire, peu importait les conséquences.  

La respiration sifflante, Hermione se sentait chuter. Elle pensait pouvoir lui faire confiance. Mais comment le pourrait-elle à présent ? Il avait agi sans son autorisation. Malfoy venait de signer son arrêt de mort. Personne n’accepterait que la dernière héritière de la famille Riddle puisse accéder aux prix du tournoi. Il y avait encore l’ennemi dehors. Elle n’était pas en sécurité. Et maintenant Draco aussi.  

Elle planta ses genoux dans le sol, les mains contre son visage. Qu’avait-il fait ?

— Tu n’as jamais été une passade, Hermione, avoua Malfoy d’une petite voix. Je serais prêt à mettre la terre à feu et à sang pour toi. Et il n’y a personne qui me dictera quoi faire. Je prends les décisions et je ne regrette pas d’avoir jugé de ton sort, ajouta-t-il avec ferveur.

Hermione redressa sa frimousse, le cœur en lambeau.  

— Tu viens de nous tuer tous les deux, murmura-t-elle avec tristesse.  

Draco fronça les sourcils, déboussolé par ses paroles. Il tenta de l’approcher, mais un voile translucide recouvrit leurs silhouettes. Sous leurs pieds, un portail prenait forme — étincelant sous le reflet des flammes. Malfoy disparut avant de pouvoir rétorquer, le noir l’engloutissant. Il se métamorphosa dans les jardins enchantés de Poudlard. Une horde d’étudiants l’acclamèrent, les bras tendus vers le ciel et certains agitant des bannières de la maison Serpentard. En tournant son regard avec anxiété, Draco découvrit Hermione à sa droite. Elle ne bougeait pas, toujours agenouillée sur le sol, la tête baissée.  

McGonagall, les yeux perçants, transperça les hurlements des élèves en annonçant avec force:  

— Hermione Marvolo Riddle a été déclarée victorieuse du Tournoi des Sorciers !

Hermione se redressa en silence et franchit la foule qui se dispersa sous son passage. Harry Potter tenta de s’interposer, tout comme Pansy, mais la jeune femme ne leur adressa pas le moindre regard.  

Rita Skeeter pointa sa baguette vers le ciel et le portrait de la gagnante perfora les nuages. Les membres du ministère de la magie plantèrent leurs lances dans le sol pour amplifier les applaudissements. Kingsley, en retrait, analysait la scène, un sourire aux lèvres. Il semblait surpris de découvrir le subterfuge de Draco. Se grattant la joue, il s’avança, les bras redressés et les hurlements se turent.  

— Une cérémonie prendra place pour féliciter nos trois derniers concurrents. Harry Potter — les étudiants rugirent avec excitation, Draco Malfoy — la foule brandit des poings dans les airs, et enfin Hermione Riddle fêteront leur effort et sacrifice, annonça le ministre avec ivresse.  

Kingsley planta ses prunelles sur l’attroupement, prenant le soin de tous les dévisager avec curiosité. Il s’arrêta sur Hermione, qui faisait dos à la cohue.  

— Rita Skeeter s’entretiendra avec vous dans les prochains jours, expliqua-t-il. La séance va être retardée — vous méritez tous et toutes de vous reposer !  

Il y eut des rires et propos intelligibles à son annonce. Personne ne faisait attention à ce qui se produisait en arrière-plan. Mais Hermione connaissait la vérité. La suspicion et la détresse irradiant de son corps, elle continua son chemin, seule.  

Malfoy s’écroula sous la douleur et une infirmière se mit à balbutier des paroles avec urgence.  

— J’ai besoin d’une crème magique pour refermer sa peau.  

Harry et Pansy s’agitèrent. Théodore se pencha vers son ami qui avait le visage blême. Mais Draco se fichait de la souffrance qui éclatait de son ventre — il ne voyait que Hermione s’éloigner. Pour la première fois de sa vie ; il remettait en doute ses convictions les plus profondes.  

Qu’avait-il fait ? pensa Malfoy avec horreur.


Accolade amicale — Pansy  

— Je savais que je te trouverais ici, souffla avec douceur Pansy.  

Hermione redressa son visage, les membres crispés.  

— Comment ? J’aurais très bien pu être dans la forêt interdite ou la tour d’astronomie, maugréa-t-elle avec humeur.  

Luna, aux côtés de Parkinson, gloussa sous ses paroles.  

— Vu la tête que tu faisais, on se doutait que tu viendrais prendre un verre dans le dortoir, répliqua la Poufsouffle avec gaieté.  

Hermione se pinça les lèvres. Elle avait envie d’esquisser un sourire, mais elle s’en sentait incapable. Elle n’avait plus la force de faire quoi que ce soit. Pas depuis la trahison de Malfoy. Elle était dénuée de la moindre énergie et motivation.  

Pansy s’installa sur son lit, frottant avec tendresse son genou, le cœur lourd.

— Je peux voler la boisson de Malfoy si ça peut te remonter le moral, tenta-t-elle avec une intonation un brin moqueuse.  

Hermione redressa sa flasque, les yeux brillants.  

— Déjà fait, répliqua-t-elle.  

Les deux étudiants éclatèrent de rire en l’observant apporter le breuvage à ses lèvres. Pansy tendit sa main pour déguster et après une gorgée, elle fronça les sourcils sous le goût, mais ne fit aucun commentaire. Hermione se contenta de lui offrir un sourire amusé.  

Quelque chose ne tournait pas rond, pensa Pansy en l’analysant. Mais elle n’arrivait pas à trouver ce qui éveillait une telle suspicion. Elle enfouit ses doutes dans son esprit. Hermione avait besoin de son aide. La jeune Serpentard en était certaine.  

— Tu sais, commença Pansy en s’entortillant les doigts. Je suis contente que tu aies remporté le tournoi, finit-elle par avouer.  

Hermione planta ses prunelles dans celles de son amie alors que Luna se posait contre le sol, les traits sereins.  

C’était impensable, cogita Hermione avec confusion. Pourquoi Pansy souhaiterait-elle sa réussite ? Elle risquait énormément. Elle avait vu les souvenirs de Malfoy et les menaces à l’encontre de ses proches. Lucius était imprévisible et surtout dangereux. Et lorsqu’il apprendrait la nouvelle — Draco perdrait ceux qui lui sont chers.  

Hermione se redressa, les traits tordus sous la rancœur.  

— Il n’était pas en droit de sacrifier tout ce qui comptait pour lui de cette façon. Il n’avait pas — elle se pinça les lèvres, la gorge nouée, puis finit par se rasseoir, la tête baissée. J’aurais dû m’en douter — c’était stupide de ma part de lui faire confiance.  

Luna traçait des cercles sur le tapis duveteux, alors que Pansy se dandinait entre les couvertures. Elle avait les pommettes rouges et le souffle court.  

— OK, ne m’en veux pas, commença-t-elle avec précipitation. Mais j’ai empoisonné Malfoy avant le tournoi avec Luna et —  

Hermione la coupa, les yeux écarquillés.  

— Tu as fait quoi ?  

Pansy prit une teinte écrevisse et si la Riddle n’était pas si stupéfaite, elle éclaterait sûrement de rire. Mais c’était inconcevable qu’elle se laisse aller à l’hilarité. Pas lorsqu’elle apprenait une autre supercherie. Elle avait cette impression qu’elle ne pouvait avoir confiance en ses propres amis. Pourquoi Pansy avait-elle agi ainsi ? N’avait-elle pas foi en ses capacités ? Pensait-elle que Hermione était faible ?  

Parkinson bredouilla alors qu’elle observait Hermione qui fronçait les sourcils.  

Elle n’aurait pas dû dire ça, elle n’aurait pas dû dire ça, cogita-t-elle avec horreur. Pourquoi l’avait-elle seulement fait ?  

— Je me suis dit que ça te ferait plaisir que je te l’apprenne, admit-elle, des mèches folles se collant contre son front sous la transpiration.  

— Et pourquoi est-ce que je voudrais une telle chose ? s’écria Hermione en se redressant.  

Elle arpenta le mince espace dans le dortoir des Serpentard, les yeux furibonds. Elle se sentait au bord de l’explosion. Mais — Hermione déglutit. Elle devait avouer que l’image de Malfoy empoisonné atténuait une partie de sa colère.  

— C’est pour ça qu’il n’a pas pu me rejoindre dans la tour d’astronomie, réalisa-t-elle à voix haute.  

Pansy émit un feulement, se terrant dans une petite boule flasque sur le lit. Luna se contentait de dévisager ses amis, le regard ailleurs.  

— Et toi ! éructa finalement la Serpentard en brandissant son doigt d’un geste accusateur vers la Poufsouffle. Tu m’avais promis que ça fonctionnerait ! Pansy avait les yeux brillants sous la colère et la honte. Il n’a fait que se gratter les fesses et passer la soirée aux toilettes.  

— Pas une réussite, pouffa Hermione avec dérision.  

Elle se frotta le front tout en soupirant à voix basse. Pansy était… impulsive et Luna — eh bien, Luna n’était pas particulièrement réceptive à la conversation. Elle continuait de sourire avec raillerie, comme si elle se fichait bien que sa potion n’ait pas fonctionné sur Draco Malfoy.  

— Tu m’as demandé de concocter un poison qui le rendrait faible et c’est ce que j’ai fait, justifia Luna en haussant les épaules. Tu n’as pas donné plus de spécifications.  

Pansy soupira avec rage, aplatissant son visage dans les coussins.  

— C’était quoi le but derrière une telle manœuvre ? Je dois avouer que même moi qui ne suis pas spécialement douée en potion aurais été plus brillante que ça, répliqua Hermione dans un râlement narquois.  

— Oh tu ne vas pas te moquer de moi aussi ! hurla Pansy outrée.  

— Tu as parlé du poison à une autre personne ? s’étonna Hermione en analysant les deux étudiantes.  

Luna s’entortilla les doigts soudain gênée. Et Pansy évita avec soin son regard. Hermione finit par taper du pied contre le sol, impatiente.  

— Malfoy était au courant parce qu’il a de suite compris ce que j’avais fait et bien évidemment Théo l’a su, maugréa Pansy.

Elle plaqua une main contre sa bouche, encore choquée de dévoiler de telles informations. Était-elle incapable de garder le moindre secret pour elle ? Pansy observa une énième fois la flasque que Hermione tenait et déglutit.  

Du veritaserum. Son amie l’avait truquée.  

Pansy ricana tout bas. Elle devrait sans doute être en colère ou se sentir blessée par la trahison, mais elle n’éprouvait que de la fierté. Il serait hypocrite de reprocher à Hermione de se servir des moyens les plus efficaces pour lui soutirer des réponses.  

Elle est intelligente, pensa Pansy en se grattant la joue.  

Hermione avait compris qu’il y avait une supercherie. Elle ne connaissait probablement pas la provenance ou les détails faramineux de ce qui se produisait, mais elle avait assimilé l’essentiel — Pansy avait choisi d’agir sans la consulter au préalable. Et elle avait eu tort de le faire.  

Hermione ferma brièvement ses paupières face à la conversation. Elle ne regrettait pas ce qu’elle venait d'accomplir. C’était nécessaire et maintenant qu’elle en découvrait plus, elle réalisait que ses amis continuaient de prendre des décisions pour elle. Elle avait passé toute sa vie à se faire ordonner à tout va — elle ne pouvait plus se laisser faire. Et le veritaserum était une option bénéfique pour soutirer des réponses à sa camarade. Hermione s’approcha avec douceur de Pansy, posant sa boisson pour lui agripper les mains.  

— Tu pensais que Draco se servait de moi, c’est ça ? questionna Hermione avec gentillesse. Pansy hocha la tête, les traits sérieux. Son nez dépassait à peine des couvertures. Et tu as voulu m’aider, continua-t-elle en analysant son amie. Parkinson renifla en retour. Hermione se pinça les lèvres, les sourcils froncés. « C’était stupide. Je te demanderai de ne plus jamais refaire une telle connerie, claqua la Riddle avec froideur.  

Pansy se redressa, le cœur lourd. Elle savait qu’elle avait complètement disjoncté. Elle n’aurait pas dû agir ainsi.  

Mais elle n’avait commis qu’une mince bourde alors que Malfoy les enchaînait, pensa-t-elle avec rancœur.  

— Tu t’es mise en danger pour moi et je ne supporte plus que les gens continuent de le faire, grogna Hermione, la voix enrouée.  

Elle en avait marre des sacrifices constants des uns et des autres. Mattheo était mort. Elle ne pourrait rattraper ses erreurs et se pardonner de s’être montrée faible. Hermione n’accepterait plus l’aide de ses compagnons.  

— Je ne suis pas en danger, avoua Pansy en se grattant la joue. « Harry et Théo ont un plan infaillible et on va se charger de tout.  

— Quel plan ? Hermione fronça les sourcils alors qu’elle s’accroupissait par terre.  

— Bravo, félicita Luna en roulant des yeux.  

Pansy offrit un sourire crispé à la Poufsouffle. Luna ne pouvait comprendre qu’elle était sous l’emprise de la boisson de Hermione. C’était mieux qu’elle garde cette information pour elle. Elle tenta de dévier les effets de la potion, mais son non-verbal la trahit.  

— Rien, répliqua-t-elle avec un peu trop de précipitation.  

Hermione pesta à voix basse.  

— C’est Malfoy qui te pousse à rester silencieuse ? questionna-t-elle avec rancœur.  

Luna se redressa, voulant à tout prix éviter le torrent de colère qui s’apprêter à ravager le dortoir des Serpentard. Pansy déglutit.  

— À vrai dire, c’est Nott qui m’a fait promettre de ne rien dire — mais l’ordre vient de Draco, donc — Parkinson releva ses épaules avec hésitation. Oui ? finit-elle par répondre avec stress.  

Hermione se frotta les paupières alors qu’elle sentait la fureur bouillir dans ses veines. Elle allait démolir Malfoy. Lui et ses perfides secrets. Elle n’avait qu’une envie — lui placarder son poing dans le visage.  

— Il ne me fait pas confiance, avoua Hermione avec douleur en repliant ses genoux contre sa poitrine.  

Pansy émit un bruit ressemblant à une protestation. Elle s’échappa des couvertures pour s’approcher de la silhouette de la Serpentard, les yeux brillant de larmes.  

— Non, il tient à toi. Il te protège et — Pansy hésita sur ses prochaines paroles, le souffle court. Il craint aussi ton côté téméraire et impulsif.  

— Dis la fille qui l’a empoisonné, répliqua Hermione avec un sourire dans la voix.  

Pansy éclata de rire, les joues rouges.  

Le silence perça le dortoir et les pensées lourdes d’appréhension, Hermione se permit de cogiter. Encore. Luna avait déguerpi et il ne restait plus que la présence de Parkinson dans la chambre. Mais la Riddle était incapable de se focaliser sur autre chose que le fameux plan de Potter et de Nott. Qu’allaient-ils accomplir ? Elle espérait qu’ils ne se mettraient pas en danger.  

La rancœur et la tristesse continuaient de barricader son cœur, mais Hermione comprenait le raisonnement de Malfoy. Il pensait bien faire. Mais cet imbécile devait cesser de jeter les pions qui étaient ses amis dans le tournoi comme s’il s’agissait d’une futilité passagère. C’était égoïste et insensé. Même venant de Draco.  

Pansy agrippa les doigts de Hermione comme pour la soutenir. Elle lui offrit un sourire maladroit. Dans un silence morne, elles se contemplèrent.  

Malfoy avait commis d’innombrables erreurs, mais la Riddle aussi. Elle ne laisserait plus la possibilité à son entourage de penser pour elle. Hermione prendrait les décisions. Et les conséquences cavaleraient sur ses épaules. Elle agirait seule et elle serait libre de faire ses propres choix.  

Plus de sacrifice, affirma-t-elle intérieurement avec détermination.

Comme si son frère était d’accord avec ses réflexions, il se matérialisa, tendant une paume contre son omoplate. Il ne fit que l’effleurer, mais Hermione déglutit, sachant pertinemment que Pansy ne pouvait le voir.  

— Je promets de ne plus intervenir sans te demander l’autorisation, déclara Parkinson avec sérieux.  

Hermione hocha la tête, reconnaissante. Elle éprouvait une sérénité d’esprit. Mais surtout — elle savait ce qu’elle devait accomplir. Son destin en main, et Mattheo à ses côtés, elle se sentait plus forte que jamais.


Une angoisse insoutenable — Harry

Harry Potter avançait avec une telle hâte dans les couloirs de Poudlard qu’il percuta plusieurs étudiants sur son passage. Relevant ses bras dans les airs avec une mine embarrassée, il continua son chemin, les traits crispés.  

Il n’arrivait pas à croire ce qui venait de se produire.  

La gorge serrée, il agita sa baguette d’un mouvement du poignet et fit virevolter des petits parchemins. Il inscrivit promptement son message à l’intérieur, avant que les apparitions s’évaporent.  

Il était rare qu’il opère avec impulsivité, mais là maintenant, il n’avait qu’une hâte ; rencontrer le groupe et leur avouer ce qu’il venait d’apprendre.  

Des gouttelettes d’eau s’écoulèrent de son front sous le stress.  

Il devait agir rapidement. Il n’avait pas de temps à perdre. La vie d’une camarade était en jeu.  

Dans des mouvements vifs, il atteignit les escaliers enchantés qui se mirent à bouger à son approche. Il escalada les marches jusqu’à rejoindre un pan de mur secret. C’était là que la chambre sur demande se situait. Il ferma brièvement les yeux, jusqu’à ce qu’elle se matérialise et traversa l’énorme porte en bois.  

La pièce immense était baignée d’une lueur tamisée par des baguettes suspendues dans les airs. De multiples canapés étaient disposés en cercles, leurs coussins moelleux en velours prêts à accueillir les étudiants. De nombreuses étagères et tables basses envahissaient les lieux. Des bocaux de verres remplis de potions aux couleurs vives jonchaient le sol. Une mince fumée s’échappait des mixtures.  

Harry ne perdit pas de temps, il releva sa baguette pour insonoriser la salle. Il ne prenait aucune chance. Pas lorsqu’il y avait des traîtres partout. Impossible de se montrer négligent dans de telles conditions.  

Luna Lovegood fut la première à intégrer la chambre sur demande. Les cheveux épars et les yeux écarquillés, elle observait Potter à la dérobée, surprise du contenu du message qu’il avait envoyé quelques minutes plus tôt.  

Rejoignez-moi dans la pièce changeante. Cas de vie ou de mort.

Luna, un doigt calé contre ses lèvres, se questionna sur les propos de son ami. Avait-il exagéré ? Qu’avait-il de si urgent à annoncer ? Avait-il fait une découverte destructrice au point qu’il doive convoquer tous ses camarades ?  

Harry étendit son bras pour l’enjoindre à s’installer en silence. Il avait les traits sérieux et le visage livide.  

Théodore ne prit pas longtemps avant de pénétrer la salle sur demande, accompagné de Malfoy. Les deux étudiants, une expression confuse déformant leurs figures, analysèrent la pièce avec suspicion. Que faisaient-ils ici ? pensèrent les Serpentard. Mais Harry ne leur légua aucune information. Il restait debout, les bras croisés et la tête penchée vers le sol. Il n’y avait qu’un bref tic nerveux qui le trahissait — il tapait de son ongle son biceps et bougeait ses lèvres sans prononcer le moindre son — comme s’il se préparait à annoncer un drame.  

— Qu’est-ce qui se passe ? questionna Nott d’un air effaré.  

Harry releva son doigt vers sa bouche dans une demande silencieuse, puis il pointa les canapés. Maugréant à voix basse, Théo rejoignit Luna, qu’il salua d’un mouvement de la tête.  

— Bonjour, les garçons, chantonna la Poufsouffle.  

Draco s’installa confortablement dans un fauteuil en cuir noir, les sourcils froncés. Que se passait-il ? Il n’était pas habituel que Potter se montre aussi agité. Bon, songea-t-il. Il était peureux sur les bords, un tantinet stupide et le Gryffondor avait une difficulté impensable à gérer son stress. Malfoy en avait eu la preuve dans l’arène. En se remémorant la scène, il esquissa un rictus.  

— Vous avez prévu boire sans nous ? s’écria Pansy en débarquant dans la salle sur demande, deux bouteilles de whisky dans les mains.  

Malfoy grogna. Il s’agissait de son précieux alcool. Il s’apprêtait à rouspéter à son encontre, mais se tut lorsqu’il aperçut Hermione à la suite de Parkinson. Le visage austère, elle évitait avec soin de croiser son regard. Les lèvres serrées en une mince ligne, il avait le cœur lourd. Draco espérait pouvoir se racheter. Mais il doutait fort de réussir cette épreuve — la Riddle était têtue.  

Il se pinça l’arrêt du nez, déjà las et fatigué.  

— Bon et si tu nous expliquais ce qu’on fout ici, Potter ? attaqua Malfoy avec irritation.  

Pansy s’installa aux côtés de Théodore, qui se mit à se plaindre de ne pas avoir assez d’espace. Elle lui flanqua un coup dans les côtes en retour après avoir déposé ses bouteilles et il se figea, les joues rouges et un air renfrogné sur les traits. Hermione restait debout, les bras croisés. En retrait, elle avançait avec minutie entre les étagères pour détailler les manuscrits comme si elle cherchait le moindre indice ou objet pour détourner son attention. L’évitait-il ? pensa Draco avec amertume.  

Il croisa le regard de Pansy, qui le fusillait avec méchanceté.  

Tu ne récoltes que ce que tu sèmes, semblaient lui crier les pupilles de Parkinson.  

Malfoy se passa une main contre la gorge, desserrant sa cravate, soudain inconfortable.  

— Ce que je vais vous annoncer ne va pas vous plaire, déclara Potter avec froideur.  

Il planta ses orbes verts sur le petit attroupement, puis détourna son corps pour contempler Hermione, les yeux tristes. Pourquoi agissait-il ainsi ? pensèrent les étudiants.  

La situation était étrange. Et tous souhaitaient avoir des réponses. L’agitation et la frustration fluctuaient. Il n’y avait plus qu’une tension palpable dans la salle. 

Hermione, toujours revêtue de sa tenue de combat, finit par s’approcher, captant les prunelles de Potter.  

— Tu as surpris une conversation, déclara la Riddle avec un ton catégorique.  

Harry se figea, les lèvres entrouvertes.  

— Comment est-ce — commença-t-il avant d’être coupé par la Serpentard.  

— J’ai vu les signes. Il y en a partout, élucida-t-elle avec un détachement fin.  

Le Gryffondor déglutit, mal à l’aise. Hermione était perspicace. Trop pour son propre bien. Potter remit en question les réponses qu’il détenait. Et s’il avait tort ? songea-t-il.  

— J’ai surpris une conversation entre McGonagall et le personnel de Poudlard, expliqua Harry à l’adresse du groupe.  

Pansy fronça les sourcils. Nott se gratta la joue, essayant de comprendre quel pouvait être la source d’une pareille anxiété. Malfoy se pencha, calant ses coudes contre ses jambes, le visage sérieux. Il était attentif. Tandis que Luna — Luna était perdu dans ses pensées. Elle contemplait le plafond avec un air rêveur. Harry grimaça en l’observant, puis finit par continuer, une main dans ses cheveux. Comment pouvait-il apporter une telle information ? Il se mit à tournoyer sur lui-même.  

Hermione était silencieuse, triturant ses doigts. Elle évitait le regard de chacun de ses camarades. Nott, craquant sous l’impatience, s’exclama, postillonnant dans la mêlée:  

— Bon, est-ce que l’élu voudrait bien nous faire l’honneur d’abréger sa putain d’explication pour qu’on puisse revenir à nos moutons ? On a des choses importantes à accomplir ! ragea-t-il en tapant ses pieds contre le sol.  

Le tapis moelleux étouffa le bruit et Théodore en fut presque outré. Il contempla le plancher avec irritation.  

Harry échappa un rire sous le stress, le visage blanc comme la neige. Il balbutia d’une traite:  

— Hermione va se faire empoisonner demain dans la cérémonie. C’est leur plan depuis le départ.

Pansy redressa sa bouteille de whisky, les yeux écarquillés.  

— Je crois qu’on va avoir tous besoin d’un verre avant d’en apprendre plus, souffla-t-elle.

Chapter 39: La révélation et le libre arbitre

Chapter Text

CHAPITRE 39

La révélation et le libre arbitre

« Demain, l’échiquier prenait fin. Et avec le chaos naîtrait la lumière. »


Conspiration et ruse dans le château de Poudlard, quelques minutes plus tôt — Harry

Harry avait vu la colère sur les traits de Hermione lorsqu’elle avait été déclarée championne du tournoi. La mâchoire contractée, les yeux fuyants, elle avait déguerpi des jardins enchantés de Poudlard pour rejoindre un refuge. Lequel ? Potter n’était pas certain. Il était parti à sa recherche depuis quelques minutes. Peut-être souhaitait-il s’excuser ou prendre de ses nouvelles ? Il doutait de ses propres démarches.  

Hermione éveillait un sentiment de tourmente en lui — il parvenait à percevoir sa peine et sa détresse. Et aujourd’hui, il s’en voulait d’avoir pu causer son chagrin. Avec Malfoy, ils avaient concocté un plan infaillible. Si le sang devait couler, il fallait que ce soit celui de Draco. Et l’élu n’arrivait pas à croire qu’il avait proposé une telle supercherie — que le Serpentard se poignarde avec la dague de la Riddle. Malfoy n’avait pas hésité un instant, et les spectateurs avaient échappé des hoquets sous l’horreur et la surprise.  

Harry n’avait jamais douté du dévouement de Malfoy. L’imbécile était épris de Hermione — il l’avait à la peau et il ne pouvait s’en déprendre. Et ce soir, Potter s’embarquait dans une mission tumultueuse.  

Il se pinça le nez en se rappelant les instructions qu’il devait annoncer à Pansy et Nott.  

Dans quel merdier s’était-il plongé ? songea-t-il en se grattant le crâne, un soupir las au bord des lèvres.  

Mais alors qu’il déambulait dans les couloirs de Poudlard, Potter n’arrivait pas à formuler la moindre pensée rationnelle. Il n’espérait qu’une chose — croiser Hermione, faire amende de ses erreurs et peut-être se faire pardonner. Mais la trouver était plus complexe que prévu.  

Les sourcils froncés sous la concentration, il accéléra ses enjambées, passant à travers les attroupements d’étudiants qui hurlaient avec force:

— Vivement le prochain tournoi, c’était génial !  

Un autre élève s’écria dans une plainte:

— Il n’y avait pas assez de sang.  

— Tu rigoles ? répliqua un Poufsouffle avec surprise. Il y a tellement eu de morts.  

— Oui, mais certains le méritaient, ronchonna une énième voix.  

Harry grinça les dents, fusillant les nombreux sorciers de bas âge, le corps en ébullition. Comment pouvaient-ils se montrer aussi peu empathiques ? N’éprouvaient-ils aucun remords ? Potter arrivait parfaitement à comprendre la véhémence et les préjugés sur la famille Riddle, mais c’était chose passée. Les enfants du seigneur des ténèbres étaient tout sauf macabres et sombres — ils accomplissaient le bien, avec leur propre moyen.  

Ce que beaucoup sont incapables de faire, encore aujourd’hui, songea avec froideur Harry en détaillant les étudiants.  

Certains baissèrent la tête sous son approche, appréhendant la fureur de l’élu. Potter se foutait bien que la communauté magique se montre exécrable à son égard — Hermione ne méritait plus un tel affront. Et avec la Gazette du Sorcier, écrit par Rita Skeeter, Harry avait espéré une évolution dans les mentalités.  

Mais le changement n’était jamais rapide, se rappela-t-il avec aigretté.

Fatigué de découvrir toutes les paroles désobligeantes des étudiants de Poudlard, Potter s’échappa du château pour rejoindre l’énorme pont fait de pierre. La vue était spectrale avec les nuages étouffant le soleil. Il n’y avait plus qu’un éclat brumeux dans l’atmosphère. La neige commençait à fondre sur les sapins. Il faisait toujours froid.  

Se frottant les bras, il observa la vapeur sortant de sa bouche et s’envolant vers le ciel. Alors qu’il se penchait vers la balustrade, l’esprit tourmenté par la vision de Hermione, il entendit un écho. C’était si faible qu’il se retourna, à la recherche de la provenance du vacarme. Mais rien aux alentours. Il haussa un sourcil, stupéfait.  

Qu’était-ce ? pensa-t-il.  

Un sifflement et un grattement percèrent l’atmosphère, suivie de bruits de pas qui se rapprochaient. Potter avait le pressentiment qu’il devait se cacher pour une raison inexplicable. Se plaquant contre les poutres en pierres, il observa le boisé plus loin.  

Plusieurs silhouettes se distinguaient à travers les ombres des sapins. Tous vêtus d’une cape noire, les membres du personnel de Poudlard étaient rassemblés, parlant à voix basse. Harry s’accroupit, le cœur battant à tout rompre.  

Que faisaient les professeurs dans la forêt, sous le froid de l’hiver, alors que le tournoi venait de prendre fin ?  

Son cœur lui hurlait de s’approcher, mais il hésitait. Il ne comprenait pas sa raison — pourquoi semblait-il si suspicieux ? Il ne s’agissait que de la directrice avec ses employés. En plissant les yeux pour analyser la scène, Harry réalisa que McGonagall revêtait une mine austère.  

A bat les règles, pensa-t-il avec rancœur. Il n’avait jamais été particulièrement bon pour les respecter.  

De sa baguette, il jeta un sortilège de désillusion, devenant invisible à l’œil nu et s’approcha du groupe.  

— Êtes-vous certaine de la prochaine démarche à suivre, Minerva ? questionna le professeur Flitwick avec douceur.  

Les yeux perçants et de modestes lunettes sur son nez, il analysait la figure de la directrice, le visage penché. Il était de si petite taille que la neige recouvrait presque ses hanches. Harry se força à ne pas esquisser un sourire en l’observant. Il ne fallait pas se méprendre — Flitwick était un sorcier hors pair et implacable.  

— Oui, confirma McGonagall d’un ton catégorique. Elle releva sa baguette dans les airs et fit apparaître une coupe en verre avec de nombreuses runes inscrites dessus.  

Les sourcils froncés, Harry analysa le gobelet à distance. Il avait un mauvais pressentiment.  

— Dans la cérémonie qui prendra place demain, Hermione devra boire dans cette coupe, dévoila la directrice d’une voix tranchante. Il sera de notre responsabilité de la matérialiser et de propager le venin d’un basilic à l’intérieur.  

Harry s’attendait à ce que les professeurs s’agitent et s’exclament face à l’annonce, mais ils restaient de marbre — comme si la nouvelle était d’une banalité sans équivoque. Il faillit s’étouffer en réalisant le stratagème.  

Ils allaient empoisonner la championne du tournoi, constata-t-il avec horreur.  

Il devait faire quelque chose, agir. Mais les membres crispés sous le choc, il n’arrivait plus à faire le moindre mouvement. Le corps alourdi, la panique commença à le noyer de l’intérieur.  

— Comment allons-nous déguiser l’assassinat de la dernière héritière de la famille Riddle ? questionna Horace Slughorn avec curiosité.  

Son petit nez était retroussé et rouge sous le froid. Il emmitoufla son visage dans son écharpe verte avant de jeter des regards furtifs aux alentours, comme s’il craignait de se faire surprendre. McGonagall lui offrit un rictus.  

— Avant que Rita Skeeter ne change de camp, elle avait relaté dans un article que l’étudiante était malade et avait des tendances suicidaires, sourit Minerva. Il sera important de laisser les traces de la source du poison dans le dortoir de la Riddle — pour éviter toute suspicion.  

— Mais — tenta un autre membre du personnel.  

— Le ministère de la magie n’approfondira pas les recherches, étant donné la réputation déjà bien salie de Miss Riddle, concéda McGonagall avec douceur. Le dossier sera clos avant même qu’elle ne puisse rejoindre son frère défunt, conclut-elle avec gravité.  

Harry suait à grosses gouttes. Il devait tout faire en son pouvoir pour maintenir son calme. Il avait envie de hurler sous l’injustice et de se jeter sur ses ennemis. Les professeurs que l’élu avait chéris pendant de si longues années allaient commettre l’impardonnable — tuer une pauvre victime collatérale des jougs de son père. Une question subsistait ; pourquoi ? Pourquoi succomber à une telle haine ?  

Potter se plaqua une main contre sa bouche pour se forcer à rester silencieux. Il se mordit les lèvres jusqu’au sang.  

McGonagall continua ses explications, puis ordonna aux membres du personnel de Poudlard de rejoindre leur poste et de préparer un toast dans la Grande Salle en l’honneur des concurrents du tournoi. Harry avait l’estomac noué sous le dégoût et l’horreur. Lorsqu’il se retrouva seul, ce fut son signal, il décampa comme si sa vie en dépendait, les yeux écarquillés d’effroi.


Présent — dans la salle sur demande

— Attends, attends, s’étouffa Théodore en écoutant Harry déblatérer ses informations. Tu es en train de nous dire que la directrice de Poudlard, celle qui nous baratine depuis des lustres sur l’idéologie d’être juste, conspire avec ses collègues pour tuer Hermione ?  

Potter se gratta la joue, les traits pincés. Il comprenait que cette nouvelle puisse surprendre. Il avait l’estomac noué rien qu’en se remémorant la conversation qu’il avait assisté quelques minutes plus tôt. Mais Harry n’était pas un sorcier qui faisait profil bas — s’il y avait un méfait, il agissait.  

Le visage sérieux, il se retourna vers Hermione pour la contempler. Toujours vêtue de son armure, elle avait les paupières plissées sous la concentration. Elle semblait perplexe. Pensait-elle que Harry mentait ? Croyait-elle qu’il avait élaboré une mise en scène pour la dissuader d’assister à la cérémonie en son honneur ? Il déglutit face à ses questions, le cœur lourd.  

Il espérait s’excuser — amorcer un pas vers elle pour lui faire entendre sa culpabilité, mais le moment n’était pas propice. Il y avait plus important. Une épée de Damoclès se trouvait sur la tête de Hermione et, en groupe, ils avaient plus de chance de la sauver d’un tel destin.  

Elle ne pouvait mourir. Harry croisa les prunelles de Malfoy et comprit qu’il n’était pas le seul à le penser. Le Serpentard se redressa de son siège, les traits tirés sous la détermination.  

— Si McGonagall est l’ennemi, alors il faut découvrir un moyen de déjouer ses machinations, affirma Draco avec froideur.  

Il dévisagea le groupe, passant son regard sur Pansy — qui enchaînait son deuxième verre sous la révélation, jusqu’à Nott, qui jurait à voix basse, et vers Luna — qui était toujours aussi lunatique. Malfoy fronça les sourcils, mais ne fit aucun commentaire. La Poufsouffle était… étrange. A ne pas en douter. Il capta l’attention de Hermione et se crispa. Il avait tant de choses à lui dire, mais au vu de l’œillade perçante de la jeune femme, il comprit qu’il allait ramer s’il souhaitait avoir une discussion avec elle.  

Fais chier, réfléchit-il avec amertume.  

Il n’était pas vraiment le type de personne à se remettre en question et certainement pas à s’excuser. Mais pour Hermione — il était prêt à braver les interdits. Et enterrer son ego ne pouvait être si catastrophique. Il l’espérait du moins.  

Se grattant les tempes, les pensées maussades, il se posta devant ses camarades, le visage austère.  

— Il nous reste peu de temps pour agir, annonça Malfoy avec rancœur. Ils ont peut-être déjà mis la preuve du poison dans la chambre de Hermione.  

Harry hocha la tête. Il tapotait sa cuisse avec frénésie. Il devait trouver une solution. Tous le devaient.  

— J’imagine que prendre une cuite et fêter la victoire de Hermione n’est pas une option envisageable, grogna Pansy d’une intonation théâtrale.  

Nott pouffa, échangeant une œillade avec son amie.  

— Ce n’est pas le moment pour dire des conneries ! râla Draco à l’adresse de Parkinson.  

Elle se vautra dans son siège, le visage rouge sous l’embarras.  

— Je crois au contraire qu’un verre ne serait pas une si mauvaise idée, affirma Hermione d’un ton narquois.  

Ses traits étaient détendus. Elle ne semblait pas surprise par l’annonce. S’attendait-elle à un tel dénouement ? Comment ? Potter fronça les sourcils.

Elle avait l’air calme — trop calme, pensa Malfoy en l’analysant.  

Pansy se tortilla sur le canapé, tentant de se relever, alors que Nott grognait « je t’avais dit qu’il n’y avait pas assez d’espace. Elle finit par se déprendre, redressant une bouteille pour la tendre vers son amie. Hermione s’empara de la boisson, un sourire aux lèvres.  

Harry s’étouffa en l’observant alors que Malfoy jurait tout bas.  

Ne prenait-elle pas la situation au sérieux ? ragea Draco.  

Il se retourna vers Potter, les traits sombres.  

— Est-ce qu’il y a un moyen de supprimer le venin du gobelet dans la cérémonie ? questionna-t-il.  

Harry déglutit, remontant avec soin ses lunettes.  

— Ils peuvent matérialiser la coupe autant qu’ils le souhaitent, répliqua-t-il en fronçant les sourcils. Il serait plus judicieux de créer un remède, conclut Potter. 

Pansy se retourna vers Luna, le visage rayonnant.  

— Tu excelles dans les potions, tu pourrais nous aider à concocter un antidote ! s’écria-t-elle.  

Nott éclata de rire, une main sur son ventre, pendant que Malfoy grinçait des dents.  

— Tu veux vraiment que Luna s’occupe du sérum quand elle n’a pas su empoisonner proprement Draco ? se moqua Théodore.  

Pansy grogna à sa réplique alors que Harry se forçait à maintenir son sérieux. Il se pinça les lèvres avec force.  

— Tu as une meilleure idée ? s’exclama Parkinson avec indignation.  

Luna redressa son visage, semblant reprendre vie.  

— Si la coupe de vin de Hermione est imprégnée du venin du Basilic, il n’y a aucun moyen de l’enlever. Sa trace peut rester des années, expliqua-t-elle.  

— Oui, on sait, répliqua avec colère Malfoy.  

Il arpentait la pièce avec une furie théâtrale. Hermione l’ignora royalement, et il serra les poings à s’en blanchir les jointures.  

— Le seul remède connu face à ce type de poison, continua Luna d’un ton serein.  

— Ce sont les larmes de phénix, se rappela Potter avec horreur en coupant la Poufsouffle.  

Il s’accroupit dans des gestes maladroits, le visage livide. Pansy resta silencieuse, ne comprenant pas la détresse et l’agitation de Harry. Malfoy jura en s’agrippant les cheveux. Nott faisait une moue étrange avec ses lèvres et Hermione — elle contemplait ses doigts avec un calme olympien.  

Les plumes d’un phénix, songea-t-elle avec irritation. Évidemment. Il s’agissait de sa porte de sortie, mais comment dénicher une telle créature ?  

Luna pencha sa tête, une expression triste sur ses traits.

— Les propriétés du phénix sont très curatives, mais… Fumseck a déserté Poudlard au décès de Dumbledore.  

Malfoy resta silencieux, les membres crispés, alors que Harry commençait à paniquer. Que devaient-ils faire ? N’y avait-il aucune solution ? Est-ce que Hermione allait vraiment mourir dans la cérémonie ?  

— Est-ce qu’il est possible de se procurer ce type d’ingrédients dans la réserve de potion du professeur Slughorn ? questionna Théodore, le visage livide.  

Harry secoua la tête, les bras lourds le long de son corps.  

— Horace fait partie de ceux qui conspirent contre la famille Riddle. Il souhaite sa mort et je suis persuadé que s’il avait le moindre remède pour sauver Hermione — il l’a maintenant détruit.  

Tous restèrent silencieux, leurs cerveaux en feu sous la révélation. Il n’y avait pas de porte de sortie — pas d’échappatoire ni de solution. Il n’y avait plus que la terreur et les doutes. Malfoy s’installa dans le siège en cuir dans un soupir las. Il se frotta les tempes, complètement désemparées. Il devait y avoir un moyen de détourner l’attention. Il devait créer un subterfuge.  

Pansy agrippa sa deuxième bouteille et prit une longue rasade, les yeux pleins d’eau.  

— Je vais en avoir besoin aussi, ronchonna Nott avec une intonation défaitiste.  

— Pourquoi ne pas échanger les gobelets ? s’enquit Luna avec douceur, alors qu’elle scrutait le groupe avec minutie.  

Les traits rêveurs et les cheveux bouffant une grande partie de son visage, on ne pouvait apercevoir que le bout de son nez. Elle esquissa un sourire alors que ses camarades fronçaient leurs sourcils.  

Elle n’avait pas tort, réfléchit Potter, un doigt contre son menton.  

— Mais s’il y a un toast, rouspéta Nott avec amertume. Est-ce que vous allez faire semblant de prendre une gorgée ?  

— Non, coupa Hermione d’un ton catégorique. Le simple fait de frôler ses lèvres contre le verre pourrait être fatal, expliqua-t-elle. Commettre un tel geste serait de la folie.

Hermione arpenta la salle, les traits sérieux.  

— Et avec ta capacité de régénération, est-ce que ton corps parviendrait à lutter contre le venin ? questionna Harry avec douceur.  

Hermione lui offrit un sourire élusif — presque mystérieux.  

— Peut-être, convint-elle.  

Elle ment, réalisa Malfoy avec fureur.  

Il se redressa avec violence, les poings serrés.  

— Ce type de poison te tuerait à petits feux, grogna-t-il. Je refuse de te laisser dépérir, pas après tous nos efforts.  

Hermione planta ses prunelles dans celles de Draco. La colère irradiait de sa peau, comme Malfoy. Ils s’affrontèrent du regard dans une lutte silencieuse. Il lui avait déclaré sa flamme, avoué ses sentiments pour elle — ne comprenait-elle pas qu’il tenait à elle ? Ne réalisait-elle pas ce qu’elle s’apprêtait à faire, du danger qu’elle encourrait ?  

Harry claqua ses mains entre elles, une expression figée sur son visage.  

— On échangera nos boissons dans la cérémonie. Malfoy ou moi déciderons de qui recevra le poison. Il sera de notre responsabilité de transmettre le gobelet à un professeur de Poudlard, annonça-t-il avec froideur.  

Pansy hoqueta.  

— Tu serais prêt à tuer un membre de l’école pour sauver Hermione ? s’étonna Théodore.  

Harry fit un mouvement de la tête pour confirmer ses propos. Nott étouffa une exclamation avec difficulté.  

— Bordel, Potter, chuchota-t-il. À t’écouter, on dirait que tu es en Serpentard.  

Malfoy plaqua sa paume sur l’épaule de l’élu, un sourire amusé aux lèvres.  

— Il a eu les meilleurs modèles possibles, se moqua Draco.  

— Si, par “modèles”, tu entends “mauvaises influences”, oui, c’est bien le cas, gronda Potter, sarcastique.  

La décision était prise, pensèrent les étudiants.  

Demain, Hermione échapperait à son destin. Elle ne succomberait pas au venin du basilic. Elle survivrait.  

Se claquant les mains dans des gestes de victoire, Potter et Malfoy ne prirent pas le temps d’observer Hermione. Ils ne virent pas ses traits figés et sa colère. Ils étaient incapables de saisir les tourments de la jeune femme, et encore moins de spéculer sur ses éventuels projets.  

Hermione s’était promis une chose avant d’intégrer la salle sur demande. Elle agirait selon ses désirs et coutumes. Seule.  

Demain, ses amis le réaliseraient. Mais ce soir, elle leur offrait le bénéfice du doute. Ils pouvaient bien s’extasier quelques heures. Leur satisfaction ne saurait durer.


Une promesse tenue, dans le dortoir des Serpentard — Hermione

Pansy, Nott et Harry avaient disparu. Il n’y avait plus que Hermione dans le dortoir des Serpentard. Même Malfoy était absent. Elle avait tout le temps nécessaire pour élaborer un plan. Elle percevait les conjonctures et les raisons derrière la cérémonie. Elle avait deux choix qui s’offraient à elle — faire équipe avec l’ennemi ou mourir sous le venin du Basilic.  

Tout était prévu depuis des mois, songea-t-elle sombrement.  

Harry pensait connaître les secrets qui parsemaient les couloirs de Poudlard. Mais Hermione savait — la situation était plus complexe qu’un simple assassinat. Et elle devait se montrer vigilante. Pour le bien de ses camarades. Elle n’avait plus le droit à l’erreur.  

Accroupie sur le tapis vert, Hermione tergiversa en silence, alors que son frère arpentait la chambre dans des mouvements mécaniques. Même s’il était incapable de lire les pensées de sa sœur — il restait présent. Dans chaque épreuve. Hermione lui en était reconnaissante.

— Ils vont t’en vouloir, tu le sais, j’espère ? questionna Mattheo, le nez plissé.  

Hermione redressa sa frimousse pour braquer son regard vers la stature translucide de son frère. Il avait un halo presque éthéré. Vêtu d’une cape bleu nuit, il la contemplait avec une curiosité presque morbide. La tête penchée sur le côté, il tentait de transpercer les secrets de son âme. Mais Hermione les avait barricadés à double tour. Même Mattheo ne pouvait être tenu au courant de ses machinations. C’était trop dangereux.  

Comme si elle sentait une présence dans la salle, les poils de ses bras se hérissèrent.  

— Je suis conscience de ce que je m’apprête à faire, convint Hermione avec douceur.  

Elle détailla le plafond, évitant avec soin de croiser les prunelles de son frère. Elle avait toujours ce goût amer dans le fond de la gorge lorsqu’elle le voyait. Elle n’avait plus la possibilité de le serrer contre elle ni d’amorcer la moindre connexion. Il était mort. Elle l’avait perdu à jamais. Bien que ce soit égoïste, Hermione n’était pas prête à rompre tout contact avec le spectre de son frère. Il continuait de la visiter. Presque tous les jours.  

Elle lui offrit un sourire triste.  

— Ils finiront par comprendre.  

— C’est dangereux, contra Mattheo avec irritation.  

Hermione se pinça les lèvres, le cœur lourd d’appréhension.  

— Je sais, avoua-t-elle. Le plan pourrait cafarder à tout moment — surtout si Malfoy et Harry tentent de s’immiscer. Mais — elle déglutit, la gorge nouée. C’est la meilleure solution.  

Fléchissant les genoux pour se retrouver à sa hauteur, Mattheo releva un bras dans sa direction, les yeux brillant de larmes.  

— N’oublie pas. Tu m’as fait une promesse, chuchota-t-il.  

Hermione voûta ses épaules, triturant ses doigts avec anxiété. Elle abaissa son regard vers le tapis, détaillant les filaments qui s’étriquaient. Elle percevait son pouvoir contre sa chair, prêt à s’échapper au moment importun. Elle le confina dans les profondeurs de son âme.  

— Demain, je libérerai la tempête, se déclara-t-elle à voix basse.  

— Demain, tu accompliras ta destinée, ajouta Mat, un sourire crispé sur les traits.  

Hermione ferma les yeux, s’imaginant tendre sa paume pour caresser les cheveux de son frère. Elle pouvait presque sentir son odeur — sa voix dans son esprit. Lorsqu’elle rouvrit ses paupières, il avait disparu.  

Il n’y avait plus qu’elle et le silence.  

Un rictus mystérieux ornant les commissures de ses lèvres, Hermione agrippa le médaillon de son père autour de son cou. Elle braverait l’interdit, et la vérité éclaterait entre les murs du ministère. L’ennemi ne pouvait plus se cacher.  

Hermione allait déterrer les filaments maléfiques et les glacer sous sa colère.  

Il ne resterait plus que des cendres.  

Hermione sourit dans l’obscurité du dortoir, le visage figé.  

C’était nécessaire — parfois pour se reconstruire, il fallait détruire.

Chapter 40: Un toast macabre

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CHAPITRE 40

Un toast macabre

« Elle n’avait pas prévu se retrouver à Azkaban. Pas tout de suite. »


Agir dans l’ombre — Hermione

Hermione était plongée dans l’obscurité, la neige sous ses pieds, à contempler les jardins de Poudlard démunis de toute vie. Il n’y avait plus que le froid et la solitude contre sa chair.  

Elle renifla, les yeux ternes.  

Arrachés de son enfance, ses rêves s’étaient tus au même instant que lorsque son frère avait touché le sol, un éclat vitreux dans ses prunelles. Hermione pensait être détruite — à jamais, mais Malfoy avait fait jaillir une étincelle dans sa poitrine. Peut-être était-ce de l’espoir et de l’amour. Elle n’était pas certaine de ses propres sentiments. Elle n’avait que Mattheo dans son cœur — personne d’autre.  

Et Draco avait anéanti toutes ses barrières de son souffle et de ses lèvres — puis à l’aide d’un poignard. Les morceaux s’étaient fissurés. Il n'y avait plus rien à bâtir. Alors, Hermione restait là, les membres figés sous la température mordante de l’hiver, les pensées éparpillées sous la douleur.

Il était parvenu à lui faire mal — à la détruire.  

Hermione releva son regard pour observer la voûte céleste. Elle contempla les étoiles, des tics indésirables s’emparant de ses doigts. Inconsciemment, elle toucha le médaillon autour de son cou, les yeux sérieux.  

La confiance se perdait comme un simple soupir du ciel.  

Elle repensa à l’instant où Malfoy avait démoli ses certitudes.  

— Tu ne peux t’empêcher de fracasser tout ce qui se trouve autour de toi — tu n’as connu que ça, souffla Hermione dans la noirceur, le cœur battant.  

Elle s’imagina Draco, le visage creusé sous la fatigue et la culpabilité.  

— Tu m’as trahi.  

Hermione redressa sa paume, prenant le soin de l’observer. Des filaments violets s’entrecoupaient, passant de ses phalanges jusqu’à ses avant-bras. Le pouvoir pulsait en elle. Et demain, elle laisserait sa colère fouetter ses ennemis. Comme un ouragan qui se déchaînait sur ses proies, Hermione s’était promis d’agir. Elle avait déniché la solution et concocté son propre plan. Malfoy et Harry resteraient dans l’ombre. Peut-être comprendraient-ils sa décision ?

Tout sacrifice comportait son lot de douleur et de souffrance. Hermione était prête. Mattheo l’attendait. Où qu’il soit, elle le rejoindrait. Éventuellement.  

— Je n’ai plus la force de continuer dans cette direction et de ramasser les pots cassés, chuchota-t-elle alors que le vent balayait son visage, le froid rougissant ses joues.  

Hermione avait la sensation d’avoir perdu une source de lumière. Elle ne pouvait plus atteindre l’éclat de son frère — il avait disparu. Et, la gorge enrouée, elle se demanda si elle parviendrait à lui souffler ses derniers mots et prières.

— La fin n’est pas la finalité. Seulement le commencement, résonna sa voix avant qu’elle ne close ses paupières, les mains enfoncées dans ses poches.

Son père serait fier.

Les yeux brillants de larmes, elle métamorphosa un petit parchemin et prit le soin d’écrire un message à l’encre noire. Hermione s’assit dans la neige et laissa son apparition rejoindre le dortoir des Serpentard. Là où se trouvait le fameux poison. Caché sous une poutre en bois, le croc du Basilic l’attendait avec impatience.   

Avant la cérémonie, Hermione enfoncerait le venin dans la poche de son uniforme. Il s’agissait de sa porte de sortie et son salut. Une protection et une arme. Mais contre qui l’utiliserait-elle ?  

Les membres figés, le cœur au bord des lèvres, Hermione se remémora les traits de Mattheo. Elle avait la nette sensation de pouvoir tendre les doigts vers le ciel et de le toucher. Mais ce n’était qu’une illusion. Il n’y avait plus qu’une poussière d’étoiles. Morte et déchu.  

— Tu m’as fait promettre de finir le tournoi — ce que j'ai fait. Maintenant, laisse-moi choisir mon destin. Elle crispa ses poings, ses jointures blanchissant sous la force qu'elle exerçait.

Demain, l’échiquier prenait fin. Et avec le chaos naîtrait la lumière.


 

Un goût amer contre la langue — Pansy  

Pansy arpentait le dortoir, les mains blanchies contre sa baguette. Les yeux écarquillés, elle n’attendait qu’une chose— rejoindre sa couche et pouvoir converser avec Hermione. Mais elle ne se trouvait pas parmi les draps ni dans le salon des Serpentard.

Fronçant les sourcils, Pansy s’approcha de la tête du lit ornée de broderies et de runes anciennes. Les literies en satin noir et vert émeraude étaient lisses — il n’y avait pas eu la moindre présence dans la chambre depuis de nombreuses heures.  

La gorge nouée, Pansy s’avança, les lèvres tremblantes. Elle avait un très mauvais pressentiment. Où se trouvait son amie ? Que pouvait-elle bien faire ?  

Détaillant la salle, elle réalisa que, sur la table de nuit de Hermione, les livres étaient soigneusement empilés. Une petite lampe à huile diffusait une lumière presque mélancolique dans la pièce. Tout était organisé — trop et il ne restait plus que le silence ; lourd et tendu.  

Pansy se mit à stresser. Elle avait passé ces dernières heures à écouter déblatérer Harry les prochaines interventions avant de pénétrer dans le manoir des Malfoy en mission de sauvetage. Les yeux plissés sous la concentration, elle lutta contre la fatigue.  

Elle avait envie de dormir, mais son cerveau lui hurlait de fouiller. Pansy grinça des dents.  

Elle avait une confiance inouïe en Hermione et elle se devait de le lui prouver. Mais quelque chose résonnait en elle — une voix assourdissante et sombre.  

— Cherche et tu trouveras. Le ton était malicieux.  

Pansy hoqueta, un frisson remontant le long de son échine.  

La pression contre son crâne se fit plus forte et elle céda à la tentation. Tendant une main vers les coussins de Hermione, elle les souleva, révélant un mince parchemin, noyé d’encre noire. Pansy reconnut l’écriture de son amie.  

Les doigts tremblants, elle entrouvrit les lèvres en réalisant le contenu du message. Elle s’affala contre le lit, le visage livide.  

Qu’avait-elle fait ? pensa-t-elle avec horreur.  

La mâchoire crispée, ses yeux s'emplirent de larmes. Il n’y avait plus que ce goût dans sa gorge, amer et putride. Hermione, têtue dans l’âme, écoutait sa raison — son cœur. Et ce soir, elle le lui faisait comprendre.  

Pansy tenta de se redresser pour alerter ses amis, mais les mots contre le papier s’effacèrent et, bientôt, elle se sentit sombrer. Elle s’effondra contre les draps de Hermione, le visage tordu sous le stress.  

— Mione, trembla-t-elle alors que ses yeux se fermaient, ne suit pas ce chemin, voulut-elle crier.  

Mais la Morphée l’engloutit.


La cérémonie – Hermione  

Le ministère de la magie était niché dans un coin discret de Londres, dissimulé dans un parc au cœur de la ville, à l’abri des regards grâce aux enchantements puissants qui l’entourait. Des tours massives regorgeant de briques épaisses et brunes s’élevaient dans le ciel. Les murs teintés de gris et de rouge dégageaient une atmosphère surnaturelle. Des belvédères renforçaient les façades. Une énorme grille rayonnant d’un halo blanc encadrant le bâtiment. L’institution était invisible aux Moldus.  

Hermione plissa ses paupières en analysant le décor, alors que Potter et Malfoy talonnaient ses pas. Elle avança avec lenteur, scrutant les séries de fontaines bordant l’allée. Les jets scintillaient, se redressant dans des mouvements presque accueillants. Une vapeur chaude s’échappait des bassins circulaires, réchauffant la zone.  

Des platebandes de terre entouraient les points d’eau. L’hiver ne pouvait toucher les lieux, pas avec la magie qui fortifiait l’enceinte du bâtiment. Hermione releva une main pour détailler ses doigts remuant sous l’éclat surnaturel du soleil. Tout semblait irréel — trop parfait. Elle grinça des dents, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique.  

Les narines dilatées, elle inspira profondément, captant le parfum des pins et de la lavande qui s’élevaient des buissons enchantés.  

Le visage grave, marqué par une détermination presque mystérieuse, Hermione se tint droite. Elle attendait le signal. Des membres de la congrégation gouvernementale magique s’approchèrent, leurs capes pourpre et mauve s’enroulant contre leur silhouette. Un des sorciers releva un bras, les traits sérieux, une mince barbe ornant sa mâchoire et ouvrit le portail.  

Hermione pénétra les lieux, suivit des professeurs de Poudlard et de ses amis. Un silence morne perçait l’atmosphère. Harry déglutit alors qu’il échangeait un regard avec Malfoy. Hermione les ignora, parcourant les petits pavés éclairés de chaudrons aux lueurs grises. Une brume s’échappait de leur contenu, bordant leurs pas comme s’ils accompagnaient leur foulée jusqu’à l’enceinte.  

Les lèvres pincées, Hermione s'insinua dans l’immense hall. Baigné dans une lumière dorée, un plafond voûté parsemé d’étoiles l’accueillit.  

Un sorcier ouvrait la marche, une longue canne dans sa main droite. Une énorme boule siégeait au-dessus, répandant des ombres voraces sur les murs. La tapisserie était lugubre, cryptée de symboles anciens. Hermione en reconnut un et esquissa une risette.

Un grand réseau de cheminées était aligné de chaque côté de l’entrée. Certains mages se déplaçaient par la poudre de cheminette, leurs têtes baissées, trop occupées par leur tâche quotidienne pour accorder la moindre importance aux nouveaux venus.  

Il n’y avait plus que le bruissement de caps et le claquement des bottes sur le sol. Des conversations feutrées s’entremêlaient, mais le sorcier les guidant ne fit aucune halte. Il les conduisit vers un monte-charge aux portes grillagées. Des torches flottantes perçaient les couloirs.  

Lorsque l’ascenseur se mit en route, une énorme secousse s’ensuivit. Harry s’agrippa aux bras de McGonagall, qui fronça les sourcils et il toussota pour reprendre contenance, s’éloignant avec une mine écœurée. Hermione cacha avec difficulté un sourire tandis que Malfoy ricanait avec indiscrétion.

Presque tous les professeurs de Poudlard s’étaient rassemblés — il n’y avait plus la moindre place pour respirer dans le petit enclos. Hermione se força à inspirer par les narines, le cœur au bord des lèvres. Elle détestait cette impression ; d’être dans une cage. Des tics parcoururent ses doigts sous le stress et, bientôt, elle crispa ses poings pour reprendre contenance.  

Draco amorça un mouvement vers elle, mais elle se replia derrière des silhouettes du ministère, la figure baissée vers ses bottes noires en cuir. Lorsque Hermione avait rejoint le dortoir des Serpentard au petit matin, elle avait eu la surprise de découvrir un présent sous son lit. Pansy ronflait toujours à poings fermés et, bien qu’elle ait éprouvé une mince culpabilité de lui avoir joué un tel tour, Hermione était déterminée à clore cette mascarade.  

Le cadeau, offert par les soins du ministère de la magie, contenait une robe.  

Abaissant son regard pour observer sa silhouette, la Riddle détailla son accoutrement, les yeux vitreux. Le tissu était une mousseline douce, légère comme un souffle. Les manches, longues et amples, enveloppaient ses bras. Les fines bretelles encadraient ses épaules. La teinte était ironique ; d’un mauve se déclinant en un dégradé se transformant en une lavande. Dans la lumière des torches, des reflets alternants entre le lilas et l’améthyste parsemaient son corsage.  

Malfoy s’était statué sur place en l’observant quelques minutes plus tôt. Depuis, il l’analysait avec dévotion.  

Hermione n’était pas naïve. Elle savait pertinemment que ce cadeau était empoisonné — il s’agissait d’un message.  

Les portes s’ouvrirent et le sorcier les guidant reprit sa marche, les muscles de ses épaules s’étirant sous son uniforme et sa cape.  

Ils atteignirent une pièce immense, deux fois la taille de la Grande Salle de Poudlard. Les murs étaient drapés de tentures sombres et élégantes. De hauts chandeliers planaient par magie, éclairant les lieux d’une lumière tamisée.  

Au centre, une table trônait, agrémentée d’une vaisselle luxueuse. Les assiettes gravées de motifs floraux étaient alignées avec une précision presque macabre. Une cinquantaine de places étaient attitrées, chaque siège marqué d’un insigne enchanté ondoyant au-dessus des dossiers. Des bouquets de lilas flottaient dans les airs, leur parfum enivrant les narines des invités.  

Harry détaillait chaque ornement raffiné, les lèvres entrouvertes, alors que Hermione dévisageait un intrus. Le ministre de la Magie s’approcha, les bras relevés, saluant d’un geste somptueux les membres du gouvernement et professeurs. Il portait un uniforme mauve, taillé sur mesure. Sur sa poitrine, une broche représentait une fleur fanée — l’insigne du ministère. Un sourire cordial perçait ses traits. Kingsley invita les convives à prendre place, les yeux brillants.  

En bout de table, le directeur de la congrégation se passa un doigt contre les lèvres, presque amusé de la situation. Hermione le fusillait, ce qui tira un froncement de sourcil à ses amis. Malfoy lui était trop obnubilé par la présence de son père. Lucius Malfoy était installé sur l’un des sièges, une mimique arrogante perçant les traits fourbes de son visage. Draco se crispa, le regard dur. Hermione esquissa un sourire sinistre, accorda un bref salut à son ancien ennemi alors qu’ils se toisaient.

— J’avais oublié qu’il était pardonné pour ses méfaits pendant la guerre.  

Effectivement, voulut ricaner Hermione. L’ingrat avait maintenant droit à un poste de renommée dans le ministère. Et la stature imposante et la tête haute, Lucius dévisageait les invités, les lèvres recourbées avec moquerie.  

Harry fronça les sourcils.

— Comment il a fait ça ? ajouta-t-il d’une voix à peine audible.  

Draco serra les poings jusqu’à blanchir ses jointures, son regard sombre rivé sur son patriarche.  

Lucius arborait un sourire sinistre, mais un énorme coquart violacé barrait l’un de ses yeux. Un détail impossible flagrant. Harry gloussa. Se penchant vers ses amis, il chuchota d’un ton amusé:  

— Théodore ne l’a pas manqué hier soir. Il transperçait le visage meurtri de Lucius avec une satisfaction non dissimulée.  

Mais Draco n’était pas enchanté. Il souhaitait que son géniteur se retrouve derrière des barreaux. Mais la justice opérait avec une lenteur morbide. Hermione comptait remédier à ce problème.  

— Installez-vous ! s’exclama Kingsley avec bonheur. Il planta ses prunelles dans celles des concurrents du tournoi des sorciers. Il y a assez de places pour chacun d’entre vous.  

Les professeurs furent les premiers à s’activer. McGonagall s'installa faisant face à Hermione — ce qu’elle trouva ironique. Harry était à sa droite et Malfoy à sa gauche. Aux côtés du ministre, Lucius jouait avec ses bagues, détaillant l’accoutrement de son fils avec une lueur menaçante.  

Hermione se força à ne pas lui sauter à la gorge. Cet imbécile connaîtrait la souffrance. Mais pas tout de suite. Elle cala ses épaules contre le siège rembourré, les lèvres pincées.  

Kingsley brandit un verre. « Aujourd’hui, nous célébrons la victoire de Hermione Marvolo Riddle !  

Certains sorciers l’acclamèrent. Le tintement de cuillères contre des gobelets fit grincer les dents de la Serpentard. Il n’y avait plus que l’éclat cristallin, suivi d’un rire. Hermione tourna son attention vers Rita Skeeter. À sa diagonale, elle ricanait tout bas, les joues rouges, un verre de vin déjà bien entamé dans sa main. Une étrange lueur transperçait ses prunelles. Harry fronça les sourcils, se dandinant sur le coussin de sa chaise, inconfortable.  

Les yeux ombrageux, Hermione reporta ses prunelles vers sa coupe. Elle s’en empara avant que ses amis puissent le faire et la garda contre elle. La réaction de Malfoy fut immédiate, il jura alors que Harry hoquetait.

— Le tournoi cette année était… tumultueux, poursuivit Kingsley avec une intonation presque incertaine. Il pencha sa tête, le regard ailleurs, égaré dans le néant. Vous vous êtes montrés courageux et avez transgressé les épreuves avec ardeur — c’était brillant.  

McGonagall acquiesça, prenant le soin d’avaler une gorgée de son verre, les yeux placardés vers la coupe de Hermione. La Serpentard l’ignora.  

— Je promets au nom du ministère de faire honneur à la mémoire et à la bravoure de ceux ayant perdu la vie, continua Kingsley.  

Des murmures d’approbation retentirent. Le ministre releva son gobelet, enjoignant l’assemblée à faire de même. Une goutte de sueur s’échappa du front de Draco alors qu’il détaillait Hermione des yeux. Harry était livide, portant son propre breuvage à ses lèvres, l’estomac noué.  

Hermione se redressa, sa coupe de vin toujours dans sa main. La chaise racla sous son geste brusque. Les invités haussèrent leur tête, perturbés par la scène. Il n’y avait plus que des froncements de sourcil sous l’incompréhension. 

Que faisait-elle ? pensèrent Malfoy et Potter.  

— Avant de porter un toast pour ma victoire, susurra Hermione. Elle releva sa baguette de son autre main et plongea la salle dans une lueur sombre. J’aimerais faire une demande, continua-t-elle.  

Il n’y avait plus que cet éclat dans ses prunelles — sérieux et borné. Malfoy se crispa, les membres tendus alors que Harry soulevait ses sourcils jusqu’à la crête de ses cheveux.  

— On m’avait promis un poste et une belle somme d’argent, tonna Hermione, faisant frissonner les convives.  

Kingsley lui offrit un sourire amusé.  

— Bien évidemment, très chère, répondit-il avec douceur.  

— Je souhaite révoquer ces droits, claqua-t-elle sombrement.  

Rita Skeeter s’étouffa avec son vin sous ses paroles. Harry s’éventilla, se sentait au bord de la syncope alors que Draco ne désirait qu’une chose — la secouer sous son idiotie. Voulait-elle éradiquer tous les efforts qu’ils avaient mis en place ? Était-elle si furieuse qu’elle était prête à saboter sa propre victoire ? Il gronda tout bas, les doigts recourbés contre ses cuisses, le souffle court.  

— Vraiment ? questionna Kingsley avec surprise. Il se redressa, les mains plaquées contre la table. Pourquoi une telle décision ? Vous avez souffert du tournoi plus que personne, ce serait dommage de refuser un prix après de tels sacrifices.  

Hermione baignait d’un éclat de noirceur. Harry se rongea les ongles. Elle avait déjà perdu son frère. Tous connaissaient l’étendue de ses sacrifices. Kingsley, comme s’il évaluait la tension dans l’atmosphère, agrippa sa cravate pour respirer.  

— Je n’ai qu’une seule demande, répondit Hermione. Elle faisait tournoyer son vin, les yeux brillants, le regard toujours plongé dans celui du Shacklebolt. Un éclat étrange perçait ses prunelles. Elle s’avança, rangeant sa baguette dans un étui fin attaché à ses bas sombres et discrets.  

Habilement dissimulée, mais facilement accessible, pensa Malfoy en la détaillant.  

— J’ai besoin de votre promesse d’accomplir mon vœu, susurra Hermione en se postant à quelques mètres du ministre. Elle tapota le dossier de la chaise de Lucius, abaissant son regard pour inspecter le sorcier maléfique, un sourire sournois se logeant sur ses traits.  

Kingsley fronça les sourcils, comme s’il évaluait sa demande. Allait-il accepter sans même connaître la teneur de sa requête ? Harry et Malfoy retinrent leur souffle, tout comme les convives dans la salle. Il n’y avait plus qu’un silence morbide, percé par les respirations laborieuses des professeurs.  

— Tout ce que vous souhaitez, très chère — Vous l’aurez, articula avec lenteur le ministre.  

Hermione lui offrit un sourire. Elle abaissa sa main vers son étui, jouant distraitement avec. Son regard ne suivait pas la moindre forme, elle réfléchissait. Et Draco se questionna sur ses prochains agissements. Que prévoyait-elle ? Allait-elle faire sa propre justice ?  

— Bien, claqua-t-elle en portant son attention vers Lucius. Elle agrippa le dossier de la chaise avec force, creusant dans le bois sous sa poigne. Ma requête est simple — un duel avec un ancien mangemort qui m’a volé mon enfance et a détruit la vie de son fils et de sa femme. Lucius Malfoy.  

Draco se redressa, le visage livide. Harry faillit cracher dans la mêlée tant il était choqué par la demande. Lucius éclata de rire, comme s’il trouvait l’idée de se battre contre une jeune femme délirante.  

— Je ne ferais qu’une bouchée de toi, fillette, grogna-t-il avec arrogance.  

Hermione lui offrit un sourire, les yeux brillants.  

— Le perdant se retrouvera enfermé à Azkaban, expliqua-t-elle avec raillerie. Elle se retourna pour affronter le regard de Kingsley, qui ne bougeait plus, les sourcils froncés. Êtes-vous prêt à mettre votre précieux ajout informationnel entre des barreaux ? attaqua Hermione.  

Des hoquets pourfendirent la foule. Tous étaient outrés. Comment pouvait-elle prononcer de telles paroles ? De quoi Hermione Riddle pouvait bien accuser le ministre ?  

Kingsley ne fit que ricaner tout bas, les joues rouges et les yeux brillants de bonheur.  

— Si ce sont bien tes conditions, alors j’accepte, clama-t-il en redressant ses bras.  

Personne n’applaudit.  

— Je m’y refuse, cria Draco avec force. Tu n’affronteras pas mon père !  

Il s’avança, mais Kingsley releva une main, sa baguette illuminant la salle.  

— Il y aura bien un duel entre Lucius Malfoy et Hermione Marvolo Riddle, jeune homme, riposta-t-il. Il fusilla le Serpentard des yeux. La décision a été prise. Peut-être auriez-vous dû converser avec votre… amie avant de prendre la parole.  

Hermione tira la chaise de Lucius avec violence. Le bruit se répercuta dans la pièce. Le sorcier à la chevelure platine et au coquart se redressa, époussetant ses vêtements chics avec désintérêt.  

— Je te trouve bien pressée de rejoindre ton père, souffla-t-il avec raillerie.  

Hermione se posta sous son nez, la mâchoire contractée.  

— Vous regretterez votre loyauté au seigneur des Ténèbres, gronda-t-elle. Et je vous ferai payer pour la douleur que vous avez causée à Draco et sa mère.  

Lucius se passa une main contre sa barbe, la détaillant avec curiosité, comme si elle n’était qu’un misérable insecte.

— L’éducation de Draco était exemplaire. Il est devenu un homme. Grâce à moi, répliqua-t-il, un sourire acéré aux lèvres. Il se massa la nuque, la craquant au passage. Et pour ma femme, elle n’a subi qu’un léger… traumatisme.  

Draco éructa de colère, se projetant vers la stature de son père, mais Harry l’en empêcha, ses bras encerclant son torse. Malfoy frappa, les prunelles écarquillées sous la fureur.  

— Lâche-moi, Potter ! gronda-t-il.  

— Pour que tu te jettes dans la gueule du loup ? Même pas en rêve, claqua le Gryffondor.  

L’attirant vers le fond de la salle, rapidement suivi par le reste des convives, Harry chuchota:  

— Hermione a un plan, fais-lui confiance.  

Draco se calma, le visage toujours tiré sous la rage.  

— Elle risque de rejoindre son père, murmura-t-il avec douleur.  

— C’est sa décision.  

— On n’a pas —  

— C’est sa décision, répéta avec plus d’ardeur Harry en retournant Malfoy pour planter son regard ombragé dans celui de son ami.  

Draco respirait par à-coup, le corps lourd. Il était terrifié. Pour Hermione. Lucius était un horrible tortionnaire, qui prenait un plaisir malsain à blesser ses victimes avec lenteur. Il ne ferait pas que remporter le duel — il la tuerait. Devant toute l’assemblée.  

— Vous avez forcé Narcissa Malfoy à mentir à l’aide de la persuasion mentale, attaqua Hermione.  

Un silence glacial suivit ses paroles. McGonagall était figée. La coupe de vin de la Serpentard se retrouvait sur la table, postée devant le siège du ministère de la magie. La directrice de Poudlard dévisageait le gobelet empoisonné, la respiration sifflante.  

— Comment pourrais-tu le savoir ? s’exclama Lucius avec hargne.  

Draco écarquilla les yeux, complètement ébahis. Il pensait que sa mère défendait son père, mentant sombrement au gouvernement sur les agissements et actions prenant place dans leur manoir familial. Mais — il déglutit.  

— Pourquoi une femme aimante aurait-elle changé de camp aussi abruptement ? cingla Hermione avec acidité. Il ne faut pas être devin pour comprendre ce que vous lui avez fait subir.  

Lucius se pencha vers la Serpentard, un éclat meurtrier dans le fond de ses prunelles.  

— J’accepte le duel, annonça-t-il.  

Kingsley sortit de sa léthargie, claquant ses mains, le visage livide.  

— Je vous demanderai de prendre place dans la pièce adjacente, expliqua-t-il en balayant la salle de son bras. Je ne voudrais pas détruire ce que le personnel a gentiment organisé.  

Les invités échappèrent des rires glacés sous l’anxiété.  

Hermione pencha sa figure, défiant Lucius de s’avancer. Reniflant avec arrogance, il s’approcha, les traits déformés par la rage. Hermione planta ses prunelles dans celles de Malfoy et de Harry.  

Un bref échange silencieux s’amorça.  

Draco crut presque entendre ses pensées. Il fronça les sourcils, perturbé.  

— Je sais ce que je fais, résonna son ton cristallin dans le crâne de Malfoy.  

Il ferma ses paupières, le cœur lourd.  

Draco pria pour sa victoire. Il ne pourrait la sauver des serres de la prison d’Azkaban si elle échouait. La seule solution plausible — ce serait de la rejoindre.

Chapter 41: La cérémonie des mensonges

Chapter Text

CHAPITRE 41

La cérémonie des mensonges

« Que le meilleur gagne ! proclama-t-il avant de lancer un sortilège avec force. »


Un duel sanglant – Hermione  

La salle, prête à succomber sous la violence de leurs sortilèges, était étroite et sombre. Les seules lumières venaient des flammes orangées qui vacillaient dans l’âtre de la cheminée. Des lustres en forme d’épée d’acier surplombaient le plafond. Hermione fronça les sourcils, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique.  

Elle n’avait pas prévu se retrouver à Azkaban. Pas tout de suite.  

D’un geste habile, elle s’inclina pour déchirer une partie de sa robe. Elle pouvait se déplacer plus librement ainsi. Lucius la fixait d’un regard glacial, les lèvres retroussées sous la rancœur.  

Bien qu’Hermione connaisse le penchant de l’ancien Mangemort pour les maléfices sombres, elle ne comptait pas se laisser dominer. Elle avait concocté un plan — et les filaments entourant le ministère de la magie s’étiolerait comme une braise mourante.  

La respiration sereine, elle leva sa baguette vers son visage, lui adressant un bref salut, et prit position. Les jambes écartées, le profil austère, Hermione se sentait plus prête que jamais.  

Draco, dans un coin de la salle, se rongeait les ongles, le cœur lourd. Harry, une main plaquée contre sa bouche, s’efforçait à maintenir une posture droite. Hermione n’était pas dupe — ils étaient terrifiés.

Elle inclina sa tête pour les rassurer. La mâchoire de Malfoy se contracta sous l’irritation. Hermione n’en avait que faire. L’ère des mensonges et des tromperies était révolue.  

— Est-ce que tu as une dernière requête avant que je t’humilie devant la foule ? lança Lucius d’un ton bourru.  

Il se grattait le menton, ses yeux sombres et vicieux parcourant le corps de la jeune femme.  

Elle esquissa un rictus narquois.

— S’il y a le moindre aveu ce soir — c’est que j’ai remporté la bataille.  

Il éclata de rire, caressant sa joue de ses bagues effilées.  

— Ton père croupit entre quatre murs, petite. Il n’y a plus de raison de verser le sang, répliqua-t-il  

— Ça ne vous empêche pas de savourer chaque goutte versée, contre-attaqua-t-elle d’un ton cinglant. 

Lucius défit sa cravate, la jetant au sol, puis se massa les poignets, comme s’il était impatient de lui donner une leçon. Mais le coquart qui marquait son visage renvoyait un éclat féroce dans ses pupilles. Il n’avait pas apprécié la visite nocturne des amis de son fils dans son manoir.

Hermione se lécha les lèvres, amusée.  

Kingsley se posta au centre de la pièce, la mâchoire crispée. Il avait l’air au bord de la syncope tant il stressait. Il ouvrit plusieurs boutons de son par-dessus, le visage rouge sous la sueur.  

— Bien, prenez position, ordonna-t-il. Il essuya son front, retrouvant son calme. Lucius, il affronta son employé du regard, puis se retourna. Et Miss Riddle. Il tendit ses bras pour les inviter à avancer.  

Hermione obtempéra avec détermination. Lucius s’arrêta à quatre mètres, sa main crispée sur sa baguette. Il était impatient. Elle se raidit sous l’observation, son cœur s’affolant contre ses tempes.  

Paraître imperturbable était nécessaire, réfléchit-elle, les lèvres pincées. Elle ne pouvait laisser le doute planer.  

— À mon signal, commencez le duel, annonça le ministre avec gravité. Il porta son attention vers la Serpentard, les traits crispés. Sachez que les conditions émises ne pourront être éradiquées. Kingsley se gratta le cou, égaré dans ses pensées. Le perdant sera condamné à Azkaban, sans espoir de libération.  

Lucius ricana. Le regard de Hermione se durcit. L’arrogant était persuadé de sa victoire. Il allait comprendre qu’elle ne jouait pas. Peut-être regretterait-il de l’avoir sous-estimée lorsqu’elle lui montrerait ce dont elle était capable à l’aide de ses poings.  

Kingsley se racla la gorge, le visage livide.

— Il est interdit d’attaquer dans l’optique de tuer. Son intonation se mua en grognement. Je me porte garant de déterminer le vainqueur. Personne d’autre.  

Il recula vers la porte, où les professeurs, nerveux, attendaient, leurs visages marqués par l’inquiétude. McGonagall, quant à elle, arborait une mine détachée, presque impassible.  

Si Hermione échouait, elle ne représenterait plus une menace, songea Potter en analysant l’assemblée. Il serra ses poings, alors que Malfoy pestait, les yeux brillant de fureur.  

Il n’arrivait toujours pas à croire ce qui se produisait. Son petit serpent allait braver les jougs de son père. Était-il insensé de penser qu’il y avait là une déclaration sous sa ténacité ?

Il amorça un mouvement, mais Harry le retint, une main contre son biceps. L’élu ne lui accordait pas le moindre intérêt, son regard rivé vers la stature imposante de la directrice de Poudlard. Elle discutait à voix basse avec Horace Slughorn. Malfoy se força à inspirer. Il devait trouver un moyen d’arracher la coupe de vin de McGonagall. Elle avait récupéré le gobelet lorsque l’attention des spectateurs s’était postée sur Hermione et Lucius.  

Que comptait-elle faire avec le poison ? pesta Malfoy.  

Il avait un mauvais pressentiment.  

— Je demanderai aux invités de se replier dans la salle adjacente pour éviter… tout dégât, annonça Kingsley avec hésitation.  

La foule obéit avec rapidité — se dispersant pour rejoindre leurs sièges dans le salon. Malfoy, les pieds ancrés contre le sol de pierres, n’amorçait pas le moindre geste. Il ne le pouvait.  

Kingsley s’approcha, les sourcils froncés.  

— Vous devriez faire de même, Monsieur Malfoy. Il pencha sa figure pour contempler l’élu. Vous aussi, Potter.  

Harry lui empoignait toujours le bras, tirant avec force pour l’empêcher de commettre une erreur — comme se jeter sur son patriarche et lui arracher une poignée de cheveux. La tension ne fit que s’accroître dans son corps alors qu’il reculait, dévisageant avec minutie Lucius. Son père ne lui accordait pas la moindre attention. Draco croisa les prunelles de Hermione, qui secouait la tête. 

Ne fais pas de conneries, semblait-elle lui dire.

Il grommela. Kingsley, d’un mouvement fluide, transforma un pan de mur en une coque transparente. Tous les invités pouvaient analyser le duel à distance.  

Ingénieux et barbare, pensèrent les deux étudiants, amers.  

— Parfait, chantonna avec un faux engouement le ministre.  

Il claqua ses paumes, projetant de nombreuses torches dans la pièce. Hermione plissa les yeux sous la luminosité. Lucius continuait d’arborer une expression menaçante. Elle prendrait un plaisir malsain à lui transpercer ses orbes gris d’une dague. Comme s’il captait la tension environnante, Kingsley émit un rire forcé.  

— Le pointage est simple, annonça-t-il en s’approchant des deux adversaires. Lorsque vous portez un coup à votre assaillant, vous marquez des points. Il s’interrompit, faisant dos à la foule et aux prunelles flamboyantes de colère de Malfoy. L’objectif est de désarmer, non de blesser. Est-ce clair ? Il haussa un sourcil, le visage grave.  

Hermione hocha la tête, bien qu’elle sache pertinemment que Lucius n’obtempérerait pas. L’ancien Mangemort trépignait avec impatience.  

— Si le sang coule, est-ce que l’enfant a le droit de déclarer forfait ? marmonna l’homme à la longue chevelure dorée.  

Kingsley toussota, mal à l’aise.  

— Vous et Miss Riddle pouvez abandonner le duel à tout moment. Il n’est pas nécessaire de faire pleuvoir de douleur votre adversaire pour le faire. Il y a des méthodes, il sembla réfléchir, — moins drastiques et plus louables. 

Hermione ricana, provoquant un frisson chez Harry et Draco.

— L’honneur est une vertu que les Mangemorts ignorent, monsieur de Ministre. Vous devriez le savoir.  

Kingsley se gratta le nez, puis releva sa baguette, amplifiant sa voix d’un sortilège à la gorge.

— Lorsque je vous en donne l’autorisation ; attaquez, tonna-t-il, les yeux perçants.  

Hermione pencha sa tête, craquant sa nuque dans un mouvement sinistre. Lucius se tenait droit et fier, sa cape noire l’enveloppant dans une aura ténébreuse.  

— À vos marques… Le silence s’installa, ponctué seulement de respirations et de l’odeur âcre de la sueur. Maintenant ! hurla-t-il.  

Harry se boucha les oreilles sous le cri, les larmes aux yeux.  

Lucius fut le plus vif — projetant les lustres en forme d’épées vers Hermione. Elle réagit au quart de tour, se servant des rideaux macabres dans la pièce pour entourer les armes. Elle propulsa les projectiles vers la paroi transparente et un fracas assourdissant retentit. Kingsley s’était aplati sur le ventre pour éviter de se retrouver pulvérisé. Son visage était blanc comme la neige. Il se redressa, dépoussiérant ses vêtements, toisant Lucius, qui enchaînait un second maléfice à l’égard de la Serpentard.  

Un éclair rouge jaillit de sa baguette, un mur de flammes surgissant et se répandant à une vitesse fulgurante, léchant le sol en direction d’Hermione. Avec célérité, elle éteignit les braises et catapulta son jet d’eau dans le visage de Lucius, qui s’étala quelques mètres plus loin. 

Harry poussa un cri d’encouragement, tandis que Draco souriait, concentré sur le combat.  

Lucius se redressa, métamorphosant des dizaines de dagues. Il bombarda Hermione, les armes sifflant dans l’air avec une violence inouïe. Arquant son dos, elle bondit, esquivant les premières, son bras se levant pour rediriger d’autres lames vers le ministre, qui horrifié, se jeta au sol pour éviter de se décapiter. Rougissant de honte, il se replia derrière le mur translucide avec les convives.  

Lucius manipula les couteaux jusqu’à ce qu’ils se réorientent, traquant Hermione avec une obstination meurtrière. Elle hurla:  

— Expulso !  

Les lames reculèrent avant de revenir dans une danse mortelle. Le cœur battant, Hermione esquiva de nouveau alors que Lucius profitait de l’occasion pour brandir sa baguette. Un jet de lumière vert jaillit, projetant un éclat terrifiant dans la salle.  

Les yeux plissés, Draco détailla Hermione se vautrant par terre, un genou relevé, alors qu’elle faisait détonner une explosion avec sa baguette. Une lame parvint à se planter dans son dos, tandis que Lucius reculait sous le choc de l’impact. Son maléfice n’avait pu atteindre la Serpentard.  

Hermione grogna, sentant le sang couler le long de sa colonne vertébrale et imbiber le tissu de sa robe. Les jambes tremblantes, elle plongea son regard dans celui de son adversaire, un éclat de défi brillant dans ses prunelles.  

Harry fronça les sourcils. Il n’eut pas le temps de former la moindre pensée avant que Hermione se déchaîne. Chaque fois que Lucius faisait vibrer les murs de ses maléfices, elle les faisait virevolter. Elle avançait, gagnant du terrain.  

— Ascendio, hurla Malfoy avec rage.  

La gravité changea. Hermione s'écrasa contre le plafond, gémissant de douleur sous le choc, alors que Lucius approchait, projetant un énième sortilège.

— Diffindo !  

Hermione roula, esquivant de justesse le maléfice qui, s’il avait atteint sa cible, l’aurait laissée en morceaux.  

— Il faut désarmer! s’exclama avec horreur le ministre.  

Mais Lucius l’ignora, grognant:

— Impedimenta.  

Des chaînesjaillirent de sa baguette, s’enroulant de Hermione.  

Elle rompit le sortilège dans un gémissement.

— Finite Incantatem !  

Les entraves disparurent. D’un mouvement du poignet, elle inversa la gravité et fit apparaître un toboggan. Elle se propulsa vers la silhouette de Lucius qui se fracassait contre le sol et aplatit sa baguette contre sa gorge, le visage furibond.  

— Abandonne, ordonna-t-elle avec violence alors qu’elle exerçait une pression contre sa carotide.  

Lucius émit un rire étouffé.  

— Tu n’as pas l’étoffe d’en finir. 

— Je n’en ai pas besoin, répliqua-t-elle d’un ton acerbe.  

Elle empoigna la crinière du sorcier, les yeux sombres, rapprochant son visage du sien.  

— Avoue au monde magique qui est ton vrai maître, rugit-elle. Dénonce cette mascarade.  

Lucius lui cracha dessus et Hermione aplatit son poing dans sa mâchoire. Elle perçut vaguement des exclamations et son prénom vociféré. Elle raffermit sa poigne sur la chemise du Mangemort, les traits tordus alors qu’une tempête faisait rage contre son épiderme.  

— Dis-le, insista-t-elle avec force, sa baguette émettant un halo violet, entaillant légèrement la peau de son cou.

— Pourquoi est-ce que je ferais une telle chose ? gronda-t-il, les yeux étincelant de colère.  

Hermione lui offrit un sourire à glacer le sang.  

— Tu vas finir à Azkaban, quoi qu’il arrive, parce que ton précieux maître n’a même pas jugé utile de te protéger. Voilà ton importance !  

Lucius se tendit, projetant sa figure contre celle de Hermione. Elle répliqua de la même manière. L’arrogant ferma les yeux, tandis que la pièce vacillait autour de lui, et Hermione passa sa langue sur ses lèvres sanguinolentes.  

— Alors, es-tu enfin prêt à collaborer ? le provoqua-t-elle.  

Lucius esquissa un rictus, le regard mauvais.  

— Ça suffit, coupa Kingsley, le visage blême sous l’horreur. Je vous ai demandé de désarmer votre adversaire, pas de le réduire en bouillie ! Le ministre se tourna vers la foule, les bras écartés. Hermione Marvolo Riddle a remporté le duel — il désigna plusieurs sorciers opérant sous le gouvernement, Emmenez Monsieur Malfoy à Azkaban !  

Les statures imposantes s’approchèrent, encadrant Lucius, qui se débattait avec férocité. Hermione recula alors que des mains fermes plaquaient le perdant au sol. Il cracha d’indignation. Son visage était empourpré sous l’effort et la colère. 

— Vous ne pouvez pas m’emmener ! J’ai des droits ! hurla-t-il d’une voix déformée par la fureur, les yeux luisants d’animosité.  

Kingsley, impassible, le fixa durement.

— Vous connaissiez les risques avant d’accepter le duel. Il agita la main et les sorciers resserrèrent leur emprise sur Lucius.

Furibond, Malfoy tenta de se libérer, éructant comme une bête acculée. Hermione esquissa un sourire en le voyant découvrir enfin ce qu’était le désespoir et la terreur. Des liens magiques s’enroulèrent autour de sa poitrine et de ses jambes, l’immobilisant jusqu’à ce qu’il tombe tête première contre le sol. Il se redressa avec peine, le visage cramoisi, lançant des regards haineux autour de lui.

— Vous regretterez, tous ! Vous n’êtes que des marionnettes au service de —.  

Sa voix se coupa, un sortilège du silence frappant ses lèvres. Hermione leva les yeux et croisa le regard sévère de McGonagall, baguette levée, son visage figé dans une posture rigide. Elle avait jeté le maléfice.

Draco s’approcha, le visage assombri, suivi de Harry, qui se frayait un chemin à travers la foule.

— Désolé, poussez-vous, poussez — dégagez, bordel ! s’impatienta-t-il, agacé. 

Malfoy observa Hermione de haut en bas, les lèvres pincées.  

— Est-ce qu’il y a un instant où tu pourrais ne pas te mettre en danger ? grogna-t-il en sortant sa baguette pour soigner la blessure de Hermione. Il retira le poignard et elle gémit de douleur, les yeux plissés.  

— Je pense que tu voulais plutôt me remercier d’avoir humilié ton père, répliqua-t-elle acerbe.  

Draco posa une main sur sa joue, une étincelle de tristesse illuminant ses prunelles.

— Tu as fait bien plus que ça; je t’en suis redevable.  

— Tu ne me dois rien !  

Malfoy lui saisit le menton, rapprochant son visage du sien.

— Ne refais plus jamais une telle folie. Est-ce clair ?  

Elle eut l’audace de rire. Il raffermit sa prise, et elle le défia du regard, soudain furieuse.  

— J’attends toujours un ‘merci’.  

— Merci, grommela-t-il.  

Hermione haussa un sourcil, un sourire amusé effleurant ses lèvres.

Harry s’éclaircit la gorge.  

— Bon, et si tu nous expliquais pourquoi tu as agi aussi impunément, alors qu’on avait un plan. 

 — Je suis d’accord avec Potter-le-mioche, renchérit Malfoy avec ardeur.  

Hermione se libéra de sa prise, le visage sérieux. Elle ne leur offrit aucune justification, aucun prétexte — elle choisit une approche plus subtile, scrutant la coupe dans la main de la directrice de Poudlard. McGonagall s’avança, un sourire aux lèvres.  

— Je dois vous avouer que vous ne cessez de m’impressionner, Miss Riddle, souffla-t-elle. Êtes-vous incapable de vous montrer sage ?  

Harry se crispa, plissant les yeux, tandis que Malfoy saisissait le bras d’Hermione. Il ne pouvait laisser le petit serpent faire étalage d’un autre plan sordide.  

Le reste de la cérémonie s’écoulerait sans incident.

Malfoy échangea un regard avec Potter et hocha la tête. Un duel sanglait suffisait.  

— Vous avez raison, répliqua Hermione froidement, je n’ai jamais excellé dans l’art de camoufler la vérité, et agir avec impulsivité semble être le seul moyen pour dénicher des réponses.  

McGonagall lui accorda un sourire figé.  

— Peut-être est-il temps de laisser votre colère de côté et enfin prendre part au banquet ? La directrice tendit son verre de vin vers la Serpentard. Qu’en dites-vous ?  

Hermione inclina sa tête, une expression moqueuse balayant les traits de son visage.  

— Bien entendu, souffla-t-elle en acceptant l’invitation.

Le gobelet reposa dans le creux de sa paume et Harry blêmit.

— Je crois que je n’ai pas assez bu, balbutia-t-il avec frénésie. Ce duel m’a refroidi, j’aurais bien besoin d’un remontant, Hermione ? ajouta-t-il, étirant ses doigts vers son amie.  

McGonagall fronça les sourcils, les prunelles sombres.  

— Monsieur Potter, votre coupe vous attend déjà à votre place.

— Je crains avoir une préférence pour ce verre, répliqua-t-il, tentant de masquer son appréhension.

Harry resta ainsi, la main suspendue, des gouttes de sueur perlantes sur son front. Hermione lui adressa un sourire amusé.  

— Ne sois pas ridicule, Harry, soupira-t-elle avec douceur. Elle se tourna vers la directrice avec un sourire mutin. Il semble que ministre désir s'entretenir avec vous, signala-t-elle en pointant la silhouette de Kingsley, qui échangeait avec les convives, l’air préoccupé.  

McGonagall fit un bref salut, une moue agacée, puis s’éloigna, les mouvements de sa cape virevoltant derrière elle. 

— Qu’est-ce que tu fais ? siffla Malfoy.

— Il serait peut-être temps de me faire confiance et ne pas mettre de bâtons dans les roues de mon plan ! répliqua-t-elle avec hargne. Je viens d’assurer ta sécurité, celle de ta famille et de tes proches. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse de plus pour que tu m’accordes ta confiance ?  

Draco recula, stupéfait.

— C’est ça ton objectif ? Risquer ta vie pour ma confiance ? N’as-tu rien comprit, petit serpent ?  

Il posa une main sur sa poitrine comme si une lame s’y était logée. Hermione fronça les sourcils, ses joues rougies de colère.  

— Pourquoi tant de cachotteries, alors? Et j’agis comme je l’entends, tu te souviens ? Elle esquissa une moue condescendante. Tu n’as rien à dire à ce sujet — c’est bien clair ? ajouta-t-elle avec rancœur.  

Harry leva ses bras dans un geste de trêve, l’inquiétude le rongeant. Pourquoi Hermione refusait-elle de suivre le plan ? Que cherchait à prouver ? Malfoy était épris d’elle — comment pouvait-elle l’ignorer ? Elle avait sacrifié ses propres récompenses pour le protéger. Il fallait être stupide pour procéder ainsi.  

Quand ces idiots allaient-ils enfin comprendre qu’ils devraient arrêter de se comporter ainsi et avouer leurs sentiments ? pesta-t-il intérieurement.  

— Du calme, tempéra Potter avec humeur. Il dévisagea Hermione, puis l’ogre de Serpentard. Et si tu nous expliquais plutôt ce que tu comptes faire ? Ce serait un bon début.  

Hermione détourna le regard alors que Kingsley faisait tinter une cuillère contre son verre de vin, captivant l’attention des invités.

— Je vous prie de bien vouloir excuser ce début … peu conventionnel. Je vous prierai de vous asseoir.  

Flitwick échangea quelques mots avec McGonagall avant qu’ils regagnent leurs sièges respectifs.  

Hermione se retourna vers ses amis, les yeux brillants et la respiration sifflante. 

— Je vous demande une seule chose, s’empressa-t-elle de dire. Ne faites aucun geste inconsidéré. Si vous interférez — le pire risque de se produire.  

Harry déglutit, tandis que Hermione se détachait de l’étreinte de Malfoy, qui ne s’était pas rendu compte qu’il la retenait encore contre lui. Il mordit sa lèvre inférieure, le cœur serré.  

Il ne cessait de vivre un ascenseur émotionnel avec son petit serpent. Et pour le reste de la cérémonie, il ne rêvait que d’une chose — avoir un moment de répit. Il souhaitait l’encadrer de ses bras, respirer son odeur et l’isoler du monde et des ennemis improbables. Mais Hermione était coriace et bridée toute sa vie de sa liberté, elle n’attendait qu’une chose ; agir et voler de ses propres ailes.

Qui était-il pour l'empêcher de commettre l'irréparable? Personne.

Chapter 42: La coupe de vin et le serpent à sonnette

Chapter Text

CHAPITRE 42

La coupe de vin et le serpent à sonnette

« Entendez-vous les cloches du destin sonner ? questionna-t-elle avec douceur en pointant son oreille, un sourire mesquin aux lèvres. »


L’ennemi entre les quatre murs du ministère Hermione, Harry, Malfoy

— J’aime beaucoup les décorations runiques dans l’entrée du ministère.  

McGonagall releva sa figure aux paroles de Hermione, les sourcils froncés. Penaud, Harry se racla la gorge. Ça faisait quelques minutes que le duel avait pris fin et que les convives étaient attablés, un silence morbide s’étant installé dans la salle.  

Hermione se frotta la mâchoire, les yeux sombres. La tête penchée, elle faisait tournoyer son verre de vin, un sourire énigmatique sur les lèvres.  

— Je passerai bien le message à mes prédécesseurs, mais ils ne sont plus parmi nous. Les runes peuplant le bâtiment sont magiques et ancestrales, répondit le ministre.  

— Vous dîtes qu’elles sont anciennes ? Pourtant, une d’elles me semble nouvelle et familière, répliqua Hermione.  

Kingsley se gratta la nuque, comme s’il était inconfortable.  

— Je ne saurais dire, avoua-t-il piteusement. Il releva sa coupe, les joues rouges. Bien que le sujet soit intéressant, nous avons un évènement à célébrer. Les regards des invités s’illuminèrent. Je vous propose à tous de partager un souvenir ou un conseil face à cette année plus que mouvementée.  

Le ministre se redressa avec grâce, aplatissant ses paumes contre la table. Les professeurs de Poudlard esquissaient des sourires saugrenus. Seule Rita Skeeter semblait perdue dans ses pensées, continuant de siroter son breuvage. Kingsley Shacklebolt pointa un index vers McGonagall, un éclat encourageant dans le fond de ses orbes noirs.  

Minerva souleva sa coupe, une expression sérieuse au visage.

— Bien que la vigilance soit importante, je conseillerai de suivre son instinct — c’est en écoutant son cœur qu’on arrive à atteindre la lumière.  

— Ou l’obscurité, chuchota Harry, les poings crispés sur la table.  

Malfoy observait les convives, le regard ombrageux. Il ne comprenait pas les questions ou réactions d’Hermione. Le gobelet empoisonné se trouvait toujours entre ses minces phalanges, et, plus Draco l’analysait et plus il stressait. Comment pouvait-il contourner l’improbable ? Il n’y avait aucune preuve en leur faveur pour dénoncer la supercherie des membres de Poudlard. Il n’y avait que des aveux, des propos. Pas de quoi protéger son petit serpent.  

Les chandelles suspendues jetaient une lumière vacillante sur la salle de banquet. Hermione, drapée de sa robe mauve, attendait que les convives prennent la parole. Il n’y avait plus que de vagues déclarations inaudibles, relatant l’importance de se montrer courageux, de suivre son cœur, de braver l’interdit et de poursuivre ses ambitions avec frénésie.  

Lorsque ce fut le tour de Potter, il se racla la gorge, le sang battant contre ses tempes. Les caméras se profilèrent autour de la table, captant chaque expression.

— Je suis reconnaissant de la clarté d’esprit d'Hermione Marvolo Riddle. Sans elle, nous ne pourrions pas nous tenir ici aujourd’hui.  

Un murmure d’approbation suivit ses paroles, et Kingsley hocha la tête avec enthousiasme.  

— Le tournoi m’a appris l’importance de ne pas céder à la duperie et la haine, que ce soit de la monarchie ou des étudiants de Poudlard, ajouta Malfoy, le ton glacial.  

Hermione esquissa un sourire franc et amusé.  

— Et vous, Miss Riddle, qu’avez-vous retenu cette année ? chantonna Kingsley avec engouement.  

Elle le transperça de ses prunelles, le visage sombre. La coupe de vin entre ses doigts, elle humecta ses lèvres.  

— Je n’ai pas de conseils à donner à une table ensorcelée et bernée par son maître, trancha-t-elle. Harry écarquilla les yeux, alors que Malfoy agrippait la cuisse de la Riddle, la mâchoire contractée.  

Que faisait-elle ?  

Kingsley se contenta de sourire, la tête penchée.  

— Vous semblez connaître bien des choses, ma chère. Ce serait dommage de ne pas affirmer tout haut ce que vous pensez tout bas, n’est-ce pas ? Il étendit une main vers la foule. Qui serait donc le maître des convives ? Et pourquoi seraient-ils incapables d’agir à leur guise ? Il analysait la Serpentard avec une touche de surprise, comme s’il était déconcerté par ses propos.  

— Bien, si vous insistez, annonça Hermione en se redressant de son siège. Elle affronta le regard haineux de McGonagall et lui offrit un sourire suffisant. Elle contourna l’attroupement, faisant frissonner chaque membre, alors qu’elle glissait ses doigts contre leurs chaises.

— Avant de commencer, j’aimerais vraiment revenir sur un détail. Elle s’arrêta, son verre toujours en main. McGonagall l’étudiait, le visage livide. Cette rune que j’ai aperçue, soupira-t-elle d’un ton théâtre.

Les convives éclatèrent de rire, tandis qu’Hermione s’éventait. Elle n’esquissait pas le moindre sourire et l’assemblée se tut, les muscles crispés sous la tension.

— Je l’ai observé pour la première fois dans un lieu austère — il s’agit d’un sortilège très puissant que peu d’individus connaissent.

Elle continua son avancée, passant à côté de Kingsley, s’arrêtant proche de Flitwick.

— Tom Riddle maîtrisait la magie noire avec une aisance à vous retourner l’estomac et cette rune, Hermione caressa sa lèvre inférieure avec patience, mon père l’a créé.

Elle détailla l’assemblée, alors que certains échappaient des hoquets de surprise.

— Savez-vous en quoi consiste ce maléfice ? questionna Hermione d’un ton doucereux.  

Shacklebolt fronça les sourcils, confus.  

— Comme je l’ai précisé — la décoration des lieux ne m’appartient pas, commença-t-il, mais Hermione le coupa.  

— Je ne vous adressais pas la parole, monsieur le ministre, trancha-t-elle. Plantant ses yeux dans ceux de McGonagall, Hermione se pencha, s’approchant de la stature rigide de la directrice. Vous connaissez son origine, n’est-ce pas ? 

Minerva, de la sueur s’écoulant de son front, secoua la tête avec horreur. Elle triturait sa cape avec anxiété, évitant avec soin son regard. Son collège, Flitwick et Horace tentèrent de s’interposer, mais Hermione les coupa d’une traite:

— Servez-vous à autre chose qu’à suivre les ordres, très chère ?  

Son intonation suintait la condescendance. Les yeux perçants, Hermione traça les épaules de McGonagall avec lenteur.  

— Il est si dommage d’être dans une cage — je vous plains.  

Horace Slughorn se redressa, les joues empourprées sous la colère.  

— Vous ! accusa-t-il, un index pointé vers la silhouette de la gagnante du tournoi. Je vous interdis de proférer de telles ignominies.

Hermione émit un rire de la gorge.

— Oh professeur, roucoula-t-elle. Vous aussi n’êtes pas maître de votre destin. Elle balaya l’immense table de la main, une expression lasse sur sa figure. Vous êtes tous des pantins.  

— Hermione, avertit Malfoy avec anxiété.  

Elle allait se faire tuer, pensa-t-il avec affolement alors qu’il croisait le regard de Potter, figé sur son siège.  

Hermione se réinstalla avec un calme olympien.

— Qui est donc le despote des lieux ? Celui modelant ses sous-fifres avec une telle candeur, comme le faisait mon propre père ?  

— Miss Riddle, commença Kingsley avec hésitation.  

— Vous feriez mieux de vous taire et de boire votre satanée coupe, cracha McGonagall, tirant des exclamations dans la salle. Surtout si vous n’avez pas la moindre preuve de ce que vous avancez.  

Hermione redressa son gobelet avec humour.  

— Avec plaisir, susurra-t-elle.  

Ses doigts se raffermirent autour du breuvage. Draco déglutit, les yeux écarquillés. Il n’y avait plus que l’écho de respirations et le mouvement lent d’une main s’approchant d’un visage.  

Le silence fut déchiré par le bruit sec d’une paume heurtant le verre. La coupe fut projetée au sol, éclatant en une constellation de fragments rouge à leurs pieds. Une tache sombre se répandit sur le plancher. Harry se tenait droit comme un piquet, le souffle haché et livide. Tous l’observaient avec circonspection. Certains convives échappèrent des exclamations de stupeur.  

Le regard de Kingsley balaya la scène, ses traits se froissant sous la surprise. Les sourcils froncés, il fixait les participants du tournoi, sa voix grave brisant l’atmosphère tendue comme un sortilège:  

— Qu’est-ce donc ?  

 Harry restait planté là, les poings crispés, le visage blême, les yeux rivés sur son amie. Un éclat de panique vacillait dans ses prunelles. Il avait agi avec impulsivité, mais… Hermione allait mourir. Le venin — il l’aurait détruit de l’intérieur. Était-ce son plan depuis le début ? De périr devant les membres du ministère et professeurs de Poudlard — de s’offrir en offrande ? Il ne voyait pas la logique d’une telle chose. Le cœur tambourinant, Potter porta son attention sur Malfoy, debout à quelques pas, figé comme une statue de pierre. La mâchoire serrée, un éclair de fureur transperçait ses traits.  

— Le vin était empoisonné, balbutia Harry en pointant son doigt vers la silhouette de Minerva McGonagall. Je l’ai entendu la veille — la directrice souhaitait éradiquer la lignée des Riddle.  

Les professeurs éclatèrent de rire, s’essuyant les yeux avec raillerie. Shacklebolt s’approcha de Potter, le visage sérieux.  

— Vous dîtes que Minerva comptait assassiner la gagnante du tournoi ce soir, dans notre cérémonie ? questionna-t-il avec hésitation.  

L’élu hocha la tête alors que Hermione appuyait ses doigts contre ses paupières, les traits tirés. Ils s’étaient interférés — Harry en avait conscience. Il avait failli dans sa promesse, mais comment pouvait-il agir autrement ? C’était impensable.  

— Comprenez-vous la portée de vos accusations ?  

L’intonation de Kingsley était froide et les sourcils froncés, il dévisageait Hermione avec curiosité.  

— Pourquoi Miss Riddle prendrait-elle le risque de s’abreuver d’un vin empoisonné si ce que vous dîtes est bien vrai ? Était-elle au courant d’une telle supercherie ? Le ministre se retourna vers la directrice de Poudlard, les lèvres écartées sous la méfiance. Minerva est une personne aimable. Elle s’est entièrement consacrée à la cause des étudiants quand la guerre a éclaté. Elle m’a recommandé d’épargner les Riddle, pas de les tuer. Bien que je sois tout ouïe à vos inquiétudes, je crains que cela ne soit pas logique, conclut Kingsley en fronçant les sourcils.  

— Avez-vous la moindre preuve ? renchérit un membre du conseil d’une voix aiguë.  

Malfoy se crispa et se rassit contre son siège. Potter se frotta la nuque, une expression honteuse sur son visage. Voilà pourquoi ils ne devaient pas agir, maugréa Draco avec amertume. Il porta son attention sur Hermione, qui ne faisait pas l’infime mouvement, les yeux sérieux.  

— Je n’ai pas pu enregistrer la conversation, si c’est ce que vous me demandez.  

— Alors ce que vous dîtes ne peut être considéré, affirma une femme au nez pointu.  

— Venant de la part du héros de la guerre, c’est honteux, cracha une autre voix avec dégoût.  

Harry se crispa, les lèvres pincées.  

— Nous pourrions vous soumettre à un test avec du Véritaserum, proposa Kingsley d’un ton dubitatif. Il contournait les convives, les yeux perdus dans le néant. Il réfléchissait.  

Comment la directrice de Poudlard aurait-elle pu élaborer un tel plan ? pensèrent quelques invités.  

— L’étudiant pourrait être sous le sortilège de la manipulation mentale. Ses souvenirs sont sûrement erronés, protesta le professeur Slughorn.  

— C’est possible, convint le ministre sombrement.  

— Alors, faites des tests sur le breuvage ! hurla Harry avec exaspération.  

— Non. Hermione se redressa avec force.

Le bruit de sa chaise raclant contre le sol alerta les membres attablés.  

— Le subterfuge prend fin maintenant, annonça-t-elle avec rancœur. Elle releva un doigt vers le ministre de la Magie, les yeux brillants. Approchez, Kingsley, chuchota-t-elle.  

— Je vous demande pardon ? balbutia-t-il, outré par le ton autoritaire de la jeune femme.  

Hermione pencha sa tête avec défi.

— Vous m’avez très bien comprise. Votre couverture est brisée et une personne présente ici ce soir peut confirmer vos machinations.  

Tous les invités se retournèrent lorsque Rita Skeeter s’avança, les joues rouges et les mains tremblantes.  

— Monsieur le ministre, salua-t-elle maladroitement en évitant son regard sous la terreur. La journaliste se planta devant la victorieuse du tournoi, tendant une mince carte électronique. Voici la preuve, comme demandé.  

Hermione lui offrit un sourire.  

— Je savais que je pouvais compter sur vous.  

Skeeter s’abaissa, s’écartant avec stress de la foule pour se réfugier proche d’un pilier de pierre. Malfoy retenait son souffle, les yeux écarquillés alors que Harry avait la bouche grande ouverte, bluffée par la scène. Rita Skeeter s’était alliée avec Hermione ? Il n’arrivait pas à y croire.  

— Cette puce contient des vidéos et des enregistrements audios de Kingsley Shacklebolt cherchant à trahir le gouvernement et à s’emparer du pouvoir de manière déloyale », lança Hermione avec énergie. Elle s’avança vers la stature du ministre, qui éructait de rage, les membres crispés. C’est fini. Il n’est pas nécessaire de créer un bain de sang — laissez la justice s’opérer en silence.  

Kingsley agit en un éclair, relevant la manche de son poignet et plantant sa baguette sur un tatouage — une rune étrange, maléfique. Un hurlement fit écho dans la salle et tous les invités présents se recroquevillèrent de douleur. D’un geste habile, Kingsley repoussa les hôtes avec la magie et ils se fracassèrent contre les murs. Les trois participants restaient debout, horrifiés par la scène. Rita Skeeter crachait du sang, convulsant sur le sol, ses yeux roulant dans ses orbites. McGonagall, une main plaquée contre son ventre, tentait de se redresser, les traits défigurés par la souffrance.  

Shacklebolt échappa un rire gras.  

— Voyez ce que vous m’avez forcé à faire, grogna-t-il en étendant ses bras le long de son corps. Il offrit un sourire à Harry.  

Malfoy releva sa baguette, mais aucun sortilège ne put franchir la barrière de ses lèvres. Il commença à s’étouffer, s’accroupissant, le visage rouge écrevisse. Harry courut vers Serpentard, paniqué.

— Que lui avez-vous fait ? hurla-t-il en secouant Draco.  

Kingsley balaya les invités d’un geste de la main. Ils ne bougeaient plus — maintenant inconscients.  

— La pièce entière est sous mon contrôle, expliqua avec détachement Shacklebolt. Il ne peut me blesser – tout comme vous Potter.  

Harry entrouvrit les lèvres, prêt à répliquer avec acidité, mais Hermione le foudroya du regard, le coupant dans sa tirade.  

— Comment vous êtes-vous affilié avec mon père ? cracha-t-elle, les yeux furibonds.  

Il ne restait plus qu’elle et le silence. Draco, toujours au sol, continuait de se tordre, de la sueur s’écoulant de son front. Hermione releva sa baguette et fit briller un halo autour de sa silhouette, métamorphosant un dôme assez puissant pour le maintenir dans un état serein, mais vulnérable. Il ne pouvait plus user de sa magie. Kingsley n’effectua aucun geste — il ne comptait pas l’attaquer. Il souhaitait discuter — les imbéciles dans son genre n’attendaient qu’une chose dans pareille situation ; proclamer avec vanités leurs machinations.  

Pathétique, maugréa intérieurement Hermione avec rancœur.  

La baguette coincée entre ses jointures, elle se força à inspirer lentement pour se contenir. Elle ne pouvait l’attaquer tout de suite. Les risques étaient trop grands. Comme si le ministre comprenait ses machinations, il agita son poignet – l’arme de Hermione se volatilisa, se retrouvant dans la poche du manteau de Shacklebolt.  

— Voldemort refusait de me parler, expliqua d’un ton doucereux Kingsley en analysant la posture de la Serpentard. Il toucha sa bague ornée de piques, les lèvres retroussées. Il ne voulait converser qu’avec sa fille ou son bras droit ; Lucius Malfoy.  

Draco grogna sous la rage, se redressant maladroitement, le bouclier translucide suivant chacun de ses mouvements. Il ne pouvait user de la magie s’il souhaitait être préservé de toute douleur. Harry observa le ministre, les iris écarquillés.  

Kingsley se frotta les tempes, abaissant son regard vers la robe déchirée de la Riddle. Il semblait presque déçu de la découvrir ainsi. Hermione réfléchit. Pourquoi son père désirait-il s’entretenir avec elle ? N’avait-il rien compris ? Elle ne lui devait rien. Et que pouvait-il bien vouloir lui dire ? Ça n’avait pas de sens. 

— J'aspirais à obtenir des informations sur l’héritière maudite et à acquérir son pouvoir, mais reconstruire le monde magique après sa destruction n’est pas une tâche facile. Votre père, même s'il est insipide et fourbe, il savait inciter le changement — le forcer. Et avec ses précieux conseils, je pouvais renverser les membres du ministère et prendre les décisions.  

Kingsley se mit à tournoyer, le visage sinistre.  

— On n’aurait jamais accepté que je sois le président de l’organisation — bien que sorcier, je reste une minorité, et la société est trop haineuse pour donner la moindre chance aux personnes comme moi.  

Il souleva sa chemise, révélant des griffures noires et profondes dans son abdomen. La peau sombre et défigurée, le ministre avait subi les courroux de la guerre — il s’était fait attaquer par un loup-garou, se transformant en ce monstre sanguinaire. Harry s’étouffa sous la surprise.  

— Lucius n’était que l’informateur — j’ai promis à cet imbécile de le libérer de sa sentence s’il trouvait un alibi — qui s’est avérée être sa femme. Elle a si joliment menti à la congrégation sous le sortilège de Lucius que je n’ai pas eu à faire la moindre manœuvre pour les convaincre.  

Kingsley s’éventa avec euphorie.

— La justice n’a jamais été commode — elle ne fait que défendre les plus riches et les plus ingrats.  

Malfoy s’élança, mais son corps se raidit et il hurla une seconde fois de douleur. La barrière magique s’était fissurée. Un genou sur le sol, il fusillait le ministre avec véhémence.  

— Voldemort a coupé toute communication, il y a un mois — il a compris ce qui se tramait.  

Hermione réfléchit, les poings serrés. Son père avait toujours un pas d’avance. Tom Riddle était méthodique et déchiffrait parfaitement les plans et subterfuges du gouvernement — suivre les règles et faire preuve d’empathie pour la société était risible pour les membres de l’Élite. Il n’y avait que le pouvoir et l’argent qui comptait.  

Voldemort l'avait compris avant elle.  

Le cœur serré sous la réalisation, Hermione se mit à trembler.  

— Je n’avais plus besoin de Lucius, râla le ministre en étendant ses bras, relâchant sa chemise. Je suis reconnaissant de votre petite supercherie — ça m’évite de me salir les mains. Kingsley analysa ses ongles avec un désintérêt flagrant.  

— Vous avez ensuite ensorcelé les étudiants de Poudlard et ses professeurs à mon arrivée, déclara Hermione.  

Kingsley hocha la tête, satisfait.  

— Tom m’avait prévenu que vous étiez… spéciale. Continuez, je vous en prie. Il se pencha vers elle, un sourire mutin aux lèvres. Comment est-ce que j’ai procédé ?  

Harry tenta d’atteindre sa baguette dans sa poche, mais il ne pouvait faire le moindre mouvement. Il avait une sensation de feu contre sa chair — comme s’il explosait de l’intérieur. Il grinça des dents.  

— Mon père a fait un marché avec vous — il vous a confié son pouvoir pour manipuler la population à distance.  

Kingsley sourit avec moquerie.  

— Savez-vous ce qu’il m’a demandé en retour ? Il arqua un sourcil avec défi et Hermione déglutit.  

Elle n’était pas certaine. Que voudrait son père ? Pourquoi accepterait-il d’opérer dans l’ombre dans le seul but de renverser le ministère et de permettre à Kingsley d’obtenir le vote de tous les membres du conseil ?  

— La protection de ses enfants — c’était sa requête. Shacklebolt ricana à voix basse, les yeux plissés. Il faut croire que le seigneur des ténèbres avait une faiblesse — bien que cachée, même aux yeux de ceux concernés.  

Hermione échappa une plainte, les lèvres entrouvertes. Ça ne pouvait être possible. Pourquoi son père exigerait-il une telle chose ?  

— Il m’a donné l’incantation et l’aptitude d’infiltrer les barrières mentales de mes ennemis. Sa puissance coule dans mes veines depuis des mois. Il souleva ses avant-bras, les observant alors que des filaments noirs s’entortillaient contre sa chair. Maintenant, je vous redemande, Miss Riddle. Comment est-ce que j’ai pu retourner l’esprit des sorciers ?  

Kingsley s’impatientait, claquant sa baguette dans le creux de sa paume, une aura noire l’entourant comme un drap sinistre.  

Hermione déglutit.

— Vous avez commencé dans le premier entraînement — celui où on devait s’introduire dans le cerveau de notre adversaire.  

Elle avait la gorge enserrée dans un étau et le cœur lourd. Shacklebolt applaudit sous ses paroles.  

— Une vraie surdouée !  

— Pour que le sortilège s’opère, il faut être vulnérable et… elle se mordit la lèvre inférieure, échangeant un regard avec Malfoy. Il est nécessaire que la personne manipulée ressente de la rage et de la haine.  

— Exact, confirma le ministre avec douceur. Il traça la mâchoire de Hermione avec minutie, lui tirant un grognement de fureur. Mais elle ne pouvait se défendre, son corps figé. Ce qui explique pourquoi le maléfice n’a pas fonctionné sur certains élèves.  

— Vous avez tenté de brûler les pistes, continua Hermione, le souffle court tant elle bouillonnait de colère.  

— Je me doutais que vous étiez suspicieuse. Cela vient de votre famille, après tout. Il pencha sa tête, les yeux brillants d’un éclat amusé. Vous n’accordez pas votre confiance facilement.  

Il s’éloigna, s’approchant de Harry et de Malfoy, toujours pliés sous la douleur. Ils n’émettaient que de faibles protestations.  

— J’ai préparé le tout avec méticulosité. Je savais que vous seriez futés. Alors j’ai cherché à semer le doute — j’espérais qu’en entendant les propos de McGonagall, vous abandonneriez vos investigations auprès des créatures de Poudlard.  

Kingsley claqua sa langue contre son palais, un air mauvais transperçant son visage.  

— J’aspirais à ce que vous dévoiliez vos pouvoirs et vous alliez avec moi. Shacklebolt se retourna, foudroyant Hermione de ses yeux. Mais vous n’avez cessé de me résister. Je ne pouvais accéder à votre esprit, il y avait un… barrage, hésita-t-il, les sourcils froncés.  

Kingsley se pencha vers le corps de Rita Skeeter, couché proche d’un pilier, et souffla avec déception en touchant sa joue flasque.  

— J’ai ensorcelé les lieux et le bureau de McGonagall — elle était déterminée à sortir de mes filaments. Et vous êtes tombée dans mon piège lorsque vous avez visité cette satanée sirène.  

Hermione émit un râle, les membres alourdis, des pulsations remontant de ses pieds à son front. Il n’y avait plus que la nausée et le goût âpre du sang dans sa gorge.  

— Qu’avez-vous fait de la créature ? cracha-t-elle.  

— Oh, Kingsley balaya une poussière imaginaire de sa cape d’un air désinvolte. Je l’ai éliminé, elle parlait trop — comme la majorité des êtres peuplant l’enceinte de l’école. La Méduse aussi n’a pas voulu m’écouter, songea Kingsley en se frottant le menton. Il s’approcha du groupe, haussant les épaules, presque lasses. La sirène a tenté de vous prévenir — elle savait ce qui se préparait. Ces créatures sont capricieuses et dotées d’une intuition inouïe. Mais vous n’avez compris que trop tard.  

Se passant une main sur son crâne dégarni, il lui offrit un sourire sordide.  

— Ça n’a pas empêché votre frère de mourir dans le Labyrinthe.  

Hermione se jeta sur la carrure du ministre, mais ses membres protestèrent et elle grogna sous l’agonie.  

— Vous avez changé les étudiants en bête pour nous ralentir, grommela-t-elle. Son cœur battait avec force.  

Kingsley ricana, et releva un doigt en secouant la tête.

— Non, pas vous ralentir, mais vous détruire. Je vous sentais instable, même à travers la mince connexion que j’avais amorcée — je craignais aussi le courroux de votre père, alors j’espérais que votre frère se sacrifierait et non la précieuse héritière maudite de la famille Riddle. Et c’est chose faite, il mima un pion s’échouant brutalement sur un échiquier. Un ennemi en moins. C’était si facile, ronronna-t-il.  

Hermione gémit de douleur et comprit qu’il s’agissait de son cœur — le pincement était si fort qu’elle pensait en mourir. Elle grimaça, les larmes aux yeux.  

— Vous espériez me rendre faible pour manipuler mon esprit, mais ça n’a pas fonctionné, souffla-t-elle. La rancœur perçait ses traits dans un éclat presque désolant.  

Kingsley poussa un soupir, se grattant les tempes.  

— Hélas. J’ai pris d’autres moyens.  

— Vous avez envahi de colère les étudiants pour qu’ils kidnappent mon frère, répliqua-t-elle avec acidité.  

— Et vous vous êtes montré redoutable, ajouta le ministre avec exaltation. J’étais si fier. J’attendais avec impatience que vous sortiez les griffes. Et vous l’avez fait avec merveille.  

— Vous êtes un vrai taré, pesta Draco avec agonie, alors que des liens se métamorphosaient, se resserrant autour de son torse. Le dôme de protection de Hermione avait disparu. Il ne restait plus que le pouvoir de Kingsley et la douleur qu'il infligeait.

Harry était livide.  

— L’épreuve du Labyrinthe, continua Kingsley en tournant autour de Potter et de Draco. La respiration de Hermione se transforma en halètements. Que pourriez-vous dire sur mes agissements ?  

— Immoraux, cracha la jeune femme. La brume était enchantée. C’est comme ça que vous avez opéré.  

— Bien, bien, chantonna le ministre avec enthousiasme.  

— Vous avez ordonné à Ron de finaliser sa mission. La voix de Hermione se brisa et elle se pinça les lèvres jusqu’au sang.  

— Non, non, très chère, souffla Kingsley avec arrogance. Il amorça un mouvement, se postant devant Hermione, l’observant de haut en bas. Je n’ai pas eu à faire quoi que ce soit pour attiser la colère Monsieur Weasley. Il a agi seul. Au contraire de son acolyte, Podmore.  

Harry hoqueta.

— Vous avez manipulé Gregory, c’est pour ça qu’il a tenté d’aider Hermione dans l’arène. Il était sous votre emprise, mais il a su s’en déprendre.  

Kingsley haussa les épaules.

— Sa mort était bien tragique. Une vraie honte de perdre un tel pion, mais j’ai quand même réussi, chuchota-t-il en se frottant sa barbe finement rasée. Vous êtes tombé dans mon piège dans l’arène. L’étang magique vous a contaminé — rendant votre esprit plus vulnérable.

Hermione réfléchit, la fureur se collant à sa peau.

— Vous vous êtes infiltré dans la tour d’astronomie après l’épreuve pour intégrer le Morbik en moi.  

Elle avait réalisé les machinations lorsqu’elle avait aperçu un éclat mauve et une fleur fanée — l’emblème de la congrégation magique. Kingsley tournoya, analysant le corps de Hermione se contorsionner. Des liens étroits s’enroulèrent autour de ses poignets, lacérant sa chair.  

— Vous avez choisi d’agir seule. Alors que vous auriez pu avoir le soutien de vos amis.  

Harry et Malfoy l’observèrent, complètement déconfits face à la nouvelle.  

— Vous souhaitiez les protéger. Vous saviez que je ne ferais qu’une bouchée d’eux si vous annonciez mes machinations.  

Une larme roula sur la joue de Hermione et le ministre fit mine de la recueillir avec humour.  

— Je me suis toujours demandé quel type de démon pouvait bien couler dans votre sang — j’ai eu ma réponse lorsque vous avez compris comment exterminer la bête.  

Shacklebolt lui offrit un sourire, les dents aiguisées et un éclat sordide brillant dans le fond de ses prunelles. Le reflet des chandelles faisait danser une nouvelle couleur dans ses orbes — orange. Le loup commençait à faire surface. Hermione tenta de se déprendre des liens, mais ils se resserrèrent, se prolongeant jusqu’à atteindre son cou.  

— Je dois avouer que Monsieur Malfoy a attisé ma curiosité lorsqu’il s’est transformé dans l’arène. C’était impressionnant. Shacklebolt se retourna vers le concerné, penchant sa tête avec intérêt. J’ignorais que vous étiez un descendant de la famille draconienne. C’est très rare. J’imagine que votre père était très jaloux de l’apprendre.  

Draco cracha à ses pieds, les oreilles rouges sous la fureur.

— Il n’a exprimé sa rancœur qu’à travers ses poings.  

Kingsley s’essuya faussement les yeux d’un air tragique.

— Quelle enfance difficile. Ça doit être horrible d’avoir un père aussi… maléfique. Il se posta une nouvelle fois devant Hermione, haussant un sourcil. Bien que Tom refuse de coopérer, j’ai assez de pouvoir pour, il réfléchit, un doigt contre ses lèvres, finaliser le travail.  

Il agita sa baguette, repoussant l’immense table en bois.  

La dernière épreuve, pensa Hermione avec amertume. La cérémonie des mensonges comportait une ultime étape — un duel.  

— Je me suis préparé à cet affrontement, je l’attendais avec impatience. Kingsley releva ses manches, sa peau se recouvrant d’une fourrure épaisse et sombre. Voyez-vous, Miss Riddle, susurra le ministre avec douceur. J’ai entendu les prophéties, mais je ne pouvais concevoir que vous ayez un tel pouvoir. Quand j’ai compris que je ne pouvais vous ralliez à ma cause et que mes tests n’ont pas su vous tuer, j’ai su qu’il s’agissait de ma destinée: de faire la sale besogne de libérer votre puissance ici même et de me l’approprier. Si vous mourrez dans la mêlée — soit ! Qu’il en soit ainsi.  

Kingsley éclata de rire, tournant en rond.  

— J’ai donné l’ordre à McGonagall de vous empoisonner, j’espérais vous affaiblir – le démon en vous lutterait contre le venin, et vous seriez à ma merci. 

Harry amorça un mouvement pour se redresser, mais ses membres ne l’écoutaient plus.  

Les professeurs, réalisa-t-il avec horreur. Potter pensait qu’ils étaient dénués de la moindre empathie dans le tournoi, mais il avait tort. Flitwick et Minerva n’étaient pas maître de leur destinée. Pas depuis le début de l’année.  

Kingsley leva son bras pour désigner Malfoy, les yeux brillants de moquerie. Draco, toujours agenouillé sur le sol, les liens étouffant son torse et ses poignets ligotés, grognait tout bas.  

— Quel dommage que je doive vous éliminer, chantonna-t-il avec condescendance. Vous seriez une arme utile dans le ministère de la magie. Il se lécha les lèvres, amusé. Si on ne peut contrôler une bête en l’enfermant, alors il est nécessaire de s’en débarrasser.  

— Mon père serait fier que vous copiiez ainsi ses paroles. Vous a-t-il aussi expliqué comment pisser ? Vous semblez si prompt à suivre toutes ses remarques — je ne serais pas surprise qu’il vous enseigne comment fonctionne votre anatomie vu votre cerveau en forme de noix.  

Kingsley s’approcha, les traits hargneux et défigurés sous sa transformation. Une partie de son visage était recouvert de fourrure et des dents limées s’échappaient de ses gencives.  

— Voldemort doit avoir si honte que vous ayez choisi de ne pas perdurer son apprentissage.  

— S’il est si bon professeur, s’exclama Hermione avec dégoût, il a sûrement dû vous expliquer qu'un cachot vous attendez avec impatience — comme lui. Elle siffla, un sourire moqueur étirant ses lèvres. Je suis l’arme, monsieur le ministre, et vous êtes ma cible — prendrez-vous le risque de finir en morceaux sous mes griffes ?  

Shacklebolt émit un rire gras, étendant ses ongles maintenant allongés.

— Vous parlez de mes griffes, très chère ? Je crains être le mieux placé pour vous détruire, roucoula-t-il. Regardez-vous, ligotée ainsi, que pourriez-vous bien faire ?  

Harry produisit un sanglot étouffé alors que le ministre s’approchait, sa carrure deux fois plus large. Kingsley craqua son cou, un sourire satisfait sur le visage.

— Je propose qu’on commence, qu’en pensez-vous ? Ses yeux brillaient d’un éclat meurtrier. Il souhaitait jouer avec ses proies.  

Un gloussement s’échappa de sa gorge, se répercutant entre les murs du bâtiment. Il pencha sa tête vers Potter et Malfoy, le dos courbé et les muscles tendus, prêt à attaquer.

— Ah oui, vous êtes bien mal au point, clama le ministre avec candeur. Il affronta les prunelles de Hermione avec un sérieux presque glacial. Ce sera entre le petit toutou de Tom Riddle et moi alors. Que le meilleur gagne ! proclama-t-il avant de lancer un sortilège avec force.  

Chapter 43: Le démon à la forme d'un reptile

Chapter Text

CHAPITRE 43

Le démon à la forme d'un reptile

« Et il n’y avait plus de barrières et d’obstacles pour qu’il se l’approprie. Elle était sienne et … Il était sien. »


Une lettre d’adieu

Pans,

Je suis navrée de t’écrire ce message. Je ne pensais pas avoir un jour à m’expliquer sur une telle situation, mais le temps presse et je ne pense pas pouvoir apposer toutes mes pensées sur ce mince bout de papier, alors je serais brève.  

Tu es une amie en or, une présence qui fait porter le vent et fait rayonner d’espoir le plus perdu des êtres. Tu m’as tiré de cette noirceur à bien des égards et je te demanderai de me laisser agir maintenant. J’ai une mission à finir.  

L’ennemi se cache depuis trop longtemps – et il compte frapper demain. Si je survie, tu auras amplement le droit de me crier dessus. Ma seule demande; si je ne reviens pas, passe un message à Malfoy. Peut-être que je n’aurai pas la possibilité de lui botter les fesses, alors lève le genou et laisse opérer le travail. Ça fonctionne à merveille.  

Bien à toi,  

Hermione

PS – le message s’effacera. Le seul indice que tu dois retenir se trouve sous la planche en bois; une puce électronique t’attend avec toutes les preuves nécessaires. Il s’agit d’une copie. Prends en soin. Et ne viens pas au Ministère.  

Je t’aime mon amie.  


Une union audacieuse — Hermione et Rita Skeeter

— Comment est-ce que j’ai pu sortir de son emprise ? questionna la journaliste d’une petite voix.  

Ça faisait quelques minutes que Hermione s’entretenait avec Rita. Le ciel était sombre à travers la fenêtre de la modeste demeure de la femme à la chevelure dorée. Se triturant les ongles avec anxiété, Skeeter arpentait son salon jaune poussin, les yeux fuyants.  

— Je suis une briseuse de maléfices. Et je sais que vous avez des preuves sur Kingsley — c’est votre but constant dans la vie ; de créer des dossiers sur tout type d’individu pour vous en servir à vos propres fins lorsque le moment viendra. Hermione s’approcha de la silhouette de la journaliste, le visage sombre. Je vous demande d’agir pour le bien de tous.  

Rita se pinça les lèvres, le teint blafard.  

— Il ne me fera aucun mal, n’est-ce pas ? Vous me protégerez ? Skeeter s’inclina vers Hermione, les sourcils froncés et les joues rouges.  

— Je ferai tout ce qui est nécessaire pour mener à bien cette mission — mais vous connaissez les risques.  

Hermione se frotta les tempes, la mâchoire contractée.  

— Je ne pourrais vous mettre à l’abri si le ministre ne coopère pas. Son intonation était tranchante et Rita frémit, les doigts tremblants. Elle enroula ses bras autour de sa taille, penchant sa tête en avant. Vous pouvez me donner la puce et sa copie et j’agirai. Vous n’avez pas à vous présenter dans la cérémonie.  

Skeeter se pinça les lèvres, secouant sa figure.

— Non. Elle arpenta pour la dixième fois la pièce, détaillant les nombreux coussins ambrés noyant ses canapés, le visage maussade. Je dois être présente. J'ai choisi l'ignorance à la franchise et au courage, c'était plus facile. Elle releva un doigt, coupant la future tirade de Hermione. Même si j’étais sous le contrôle du ministre ces derniers mois, je n’ai fait que placarder ma colère dans les journaux depuis des années. J’ai — elle déglutit, les yeux larmoyants. — J’ai rédigé le fameux article qui a empêché la condamnation de Lucius Malfoy. J’ai colporté des informations erronées et je me doutais de ses agissements envers sa femme.  

Hermione crispa ses poings, les sourcils froncés et le visage ombrageux.  

— Je dois filmer ce qui va se produire dans la cérémonie. C'est ma vocation et je n'hésiterai pas à mettre ma vie en jeu pour me racheter du mal que j'ai causé. 

Hermione hocha la tête avec lenteur, détournant son regard pour observer le pupitre triangulaire dans la pièce. Un parchemin s’y trouvait.  

— Vous ne voyez pas de problème à ce que je vous emprunte du papier ? J’ai un message à transférer à une amie.  

Rita haussa les épaules.  

— Prenez ce qui vous plaît, Miss Riddle. Je vous dois bien ça.


Œil ou œil, dent pour dent — Hermione, Harry et Malfoy  

— Hermione !  

Le cri de Malfoy se répercuta dans tout le bâtiment, faisant vrombir les murs. La baguette tendue, les iris orange et vicieux, Kingsley n’attendait qu’une chose — tuer l’héritière maudite. Le maléfice se profila à une telle vitesse que Hermione n’eut pas le temps de réfléchir avant de se retrouver projetée à une dizaine de mètres, s’écrasant contre une poutre en pierre. Sa tête s’alourdit sous l’impact, des taches noires brouillant sa vision. Du sang s’échappait de son nez et de sa bouche. Elle se courba sous la douleur, impuissante.

Sa capacité d’autogénération luttait contre le sortilège de paralysie du ministre. Hermione gémit, clignant frénétiquement ses yeux pour rester consciente.  

— Il semble que je vous ai surestimée, Miss Riddle. Kingsley s’approcha, un air satisfait sur le visage. Il n’y avait plus que la bête en lui — sa carrure si large qu’il pouvait détruire la pièce entière à l’aide de ses mains. Les griffes étendues, et la peau recouverte de fourrure, Shacklebolt se lécha les lèvres. C’est presque trop facile. Il mima un pion s’écroulant par terre, les yeux rieurs. Si vous avez une dernière parole à adresser à votre père — c’est maintenant ou jamais.  

Hermione se força à remonter sa paume pour atteindre le haut de sa robe. Elle était démunie, sans moyen de se défendre. Mais Kingsley ne connaissait pas tous ses secrets. Elle lui offrit un sourire carnassier, les dents rougies par le sang.  

— J’ai une promesse à tenir, grogna-t-elle. Hermione agrippa le médaillon contre sa poitrine et une étincelle aveuglante perça les iris du loup-garou. Kingsley hurla sous le choc. Harry et Malfoy, toujours en retrait, dans l’incapacité de bouger, détaillaient la scène, confus.  

— Tu es sous mon contrôle ! Le ministère au complet ne peut résister à mon pouvoir ! s’écria Kingsley avec hargne, se protégeant les rétines.

Le halo s’amplifia, passant d’un violet à bleu nuit. À travers ses paupières plissées, Hermione pouvait presque apercevoir son frère, les bras relevés et le visage tendu.  

— Maintenant ! hurla Mattheo.  

Hermione projeta son énergie dans un torrent de glace, scindant les poutres avec une rapidité meurtrière. Kingsley s’aplatit contre le sol, le souffle court, évitant de justesse l’attaque mortelle. Les sourcils froncés, il ne parvenait plus à prononcer le moindre mot tant il était déconcerté. Comment ? Comment arrivait-elle à user de sa magie sans baguette ? Comment pouvait-elle sortir de sa transe mentale ?  

Shacklebolt bondit.

— Confringo !  

Le sortilège jaillit de la pointe de sa baguette, une déflagration d’énergie brûlante fonçant droit sur Hermione.  

Ses mains créant des arcs presque gracieux, elle contra, les lèvres tremblantes: Protego. Une barrière dorée entoura sa silhouette. Le médaillon pulsait sur sa poitrine. La lumière violette s’intensifia, projetant des ombres serpentines sur le sol. D’un geste vif, Hermione étendit les bras et la bulle de protection s’élargit en une vague foudroyante. Elle se déploya avec rapidité, frappant Kingsley en pleine poitrine, puis continua sa trajectoire jusqu’à Harry et Malfoy. 

Potter gémit de terreur, le visage livide.

— Elle va nous tuer, bordel !

Les yeux clos, il attendit l’impact, mais la bulle ne fit que les englober. Draco, la mâchoire contractée, observait la barrière lumineuse, qui s’étirait comme une caresse.  

Que lui avait-elle caché de plus ? pensa Malfoy, désemparé.  

Kingsley s’était redressé, enchaînant avec un autre maléfice:

— Impedimenta.  

Le sortilège ricocha alors que Hermione le déviait, s’éteignant quelques secondes avant de reprendre vie et se foncer vers ses amis. Malfoy, grâce à la bulle de protection, avait repris des forces. Il tendit sa baguette: Ventus. Une énorme bourrasque foudroya l’attaque, déplaçant tout ce qui se trouvait dans la salle — l’immense table et ses couteaux.  

Hermione se plaqua au sol, sentant l’air se vider de ses poumons sous la puissance de l’impact. Les lames frôlèrent son crâne. Kingsley usa de ses griffes pour contrer, le visage furibond. Une fourchette se logea dans son épaule. Avec haine, il braqua sa baguette vers la silhouette de Malfoy.  

Les débris de pierre et de marbres éclatés continuaient de pleuvoir autour d’Hermione, tranchants comme un rasoir. Elle s’élança, le cœur tambourinant contre ses tempes.  

— Avada Keda — Hermione percuta Shacklebolt avec violence, coupant sa tirade.  

Le souffle haché, ils roulèrent, balançant poings et jambes pour atteindre leur cible. Kingsley se prit un uppercut, Hermione hurla de douleur alors que le ministre plantait la fourchette dans sa clavicule avec rage.  

Une putain de fourchette. Elle l’arracha, les doigts tremblants. Elle n’avait pas une seconde à perdre. Le feu mordait l’air tandis que des braises fusaient dans sa direction. Hermione brandit sa paume, projetant un mur d’eau qui l’enveloppa, floutant sa vision quelques secondes.  

— Potter – vise mieux que ça, bordel ! s’éructa Malfoy en cognant le crâne de son ami.  

Harry gémit sous la honte.  

— J’essaie, mais ils bougent trop vite ! se plaignit l’imbécile qui venait de créer des flammes.  

Hermione se redressa à moitié, le souffle court, observant la scène chaotique autour d’elle. La salle n’était plus qu’un champ de ruines. Des bancs et chaises éclatés gisaient en amas de bois tordu. Les fenêtres brisées laissaient entrer le vent hurlant. Au centre de la pièce, Shacklebolt se tenait, le visage déformé dans une concentration bestiale. Il enfonçait fermement sa baguette sur la rune maléfique de son avant-bras.  

— Non ! rugit Hermione, mais c’était trop tard.  

Des filaments rouges et vifs comme du sang en fusion s’échappèrent de sa peau. Ils décrivaient des arcs dans les airs, semblant chercher leur cible. Mais quoi ? s’exclama Draco, rempli d’effroi. Le pouvoir de Kingsley se propagea, s’insinuant dans les corps inertes éparpillés dans la salle. Un à un, les invités inconscients se redressèrent avec une lenteur mécanique, leurs mouvements raides. Hermione croisa les yeux vitreux des convives et déglutit.  

Rita Skeeter restait immobile, allongée sur le sol froid. Sa dépouille était dépourvue de toute chaleur, sa peau pâle et cireuse. La vie avait déserté ses traits — son regard éteint fixait le plafond.

—  Fuck, grogna Potter, agité.  

Parmi les membres du ministère se tenait McGonagall, sa silhouette irréelle et menaçante. Sa baguette tremblait légèrement dans sa main. Derrière elle, les autres professeurs formaient une ligne défensive, leurs armes relevées. Tous les convives, pétrifiés dans une étrange transe, demeuraient immobiles, leurs regards vides rivés sur Kingsley qui souriait avec cruauté. Il pouffa, le son rauque déchirant l’atmosphère dans un éclat funèbre.  

— Je vous avais prévenus que je ne ferais qu’une bouchée de vous, siffla-t-il, avançant lentement vers Hermione. Ses griffes raclèrent les poutres brisées, produisant un grincement strident qui fit frémir l’air autour de lui. Ses yeux brillaient d’une lueur moqueuse. Que vas-tu bien pouvoir faire, héritière maudite ? Sa voix était imprégnée d’un venin narquois. Je crains que ta promesse ne puisse être tenue. Les morts observent, mais ne parlent pas. Ce sera une bénédiction de te savoir six pieds sous terre.  

Hermione, le souffle court, retroussa ses lèvres dans un rictus furieux.  

— Approche alors, qu’on en finisse, gronda-t-elle.  

Kingsley leva sa baguette avec un sourire méprisant et un sortilège jaillit, noir et terrifiant. L’atmosphère s’alourdit dans la salle. Hermione riposta, ses doigts s’ouvrant pour libérer une lumière incandescente. Les deux enchantements se heurtèrent et un halo étrange se forma. Des silhouettes émergèrent. Mattheo refit son apparition, les traits tirés sous la détresse. Il se posta aux côtés de sa sœur.  

— Délivre-la. Elle n’attend que ça.

Draco, les yeux écarquillés, observa les formes fantomatiques.  

— Mattheo, souffla-t-il avec choc.  

Hermione faillit éclater en sanglots. Elle n’était pas la seule à le voir. Elle n’était pas folle.  

— Sors la bête, ordonna son frère.  

Kingsley la projeta avec violence avec un second sortilège, coupant net le lien qui s’était formé. Mattheo se dissipa et Hermione hurla, rampant à quatre pattes, une entaille au front.

— Tuez les trois concurrents du tournoi, claqua Shacklebolt à l’adresse des convives.  

McGonagall attaqua en premier, suivi rapidement par ses acolytes du ministère. Harry esquivait les maléfices, transpirant à grosses gouttes.  

— Stupéfix.  

L’enchantement se noya sous les boucliers de protection des invités. Potter enchaîna avec un second, puis un troisième.

— Expelliarmus ! Incendio !

Les sortilèges ricochaient contre le sol et les piliers, laissant des marques carbonisées et des étincelles dans leur sillage. Harry roula sur le côté pour éviter un jet de lumière rouge de Flitwick avant de se relever d’un bond, sa baguette brandie.  

Malfoy, les traits crispés de concentration, se fraya un chemin vers lui, ses sorts fendant l’air comme des lames. Il lança un rapide coup d’œil vers Hermione, qui affrontait toujours le ministre.  

— Surgito ! cria-t-il, sa voix claquant comme un fouet.  

Une onde d’énergie se propagea, mais rien ne changea. Les chaînes invisibles maintenant les convives sous l’emprise de Kingsley restaient intactes.  

— Ça ne marche pas ! grogna Harry, ses yeux jetant des éclairs de frustration alors qu’il propulsait des éclats rouges vers les boucliers des professeurs.  

— Merci de l’observation, Potter-le-mioche, je n’avais pas remarqué ! répliqua avec fureur Malfoy.  

Autour d’eux, les lueurs des sorts pleuvaient comme une tempête enragée et multicolore. Les rayons transperçaient les pans de murs, aveuglant leur vision périphérique. Harry esquiva de justesse un maléfice de la mort qui fusa à quelques centimètres de son visage, roulant une nouvelle fois avant de se relever pour se mettre dos à dos avec Malfoy.  

— On est cerné, murmura Harry, haletant.  

— Ingénieux, ironisa Draco avec rancœur.  

Il devait pulser toute son énergie nécessaire pour se transformer. Le dragon en lui n’attendait qu’une chose — cracher ses flammes et brûler le bâtiment gouvernemental avec hargne. Une grimace de douleur déforma ses traits, ses épaules tremblant alors que des écailles noires commençaient à émerger le long de ses bras. Au moment où il était sur le point de se métamorphoser, un étau invisible s’enroula autour de sa poitrine.  

— Malfoy, sort le toutou en toi, tu veux bien, s’affola Potter en analysant les silhouettes qui se rapprochaient dangereusement.  

Draco tituba en arrière, un cri rauque jaillissant de sa gorge alors qu’il chutait à genoux.  

— C’est normal que tu donnes l’impression de mourir avant de te transformer ? questionna Harry en protégeant leurs corps d’un énième sortilège létal.  

Les yeux de Malfoy brillaient de douleur. Il ne pouvait poursuivre la métamorphose. Il chercha Hermione, mais les étincelles environnantes l’empêchaient de la rejoindre. Il agrippa sa baguette, les traits tirés.  

— Je vais devoir me débrouiller autrement.  

— Quoi ? paniqua Potter, le visage vidé de toute couleur. Je comptais sur toi pour leur mettre le feu aux fesses ! Qu’est-ce qu’on va faire maintenant sans tes dents acérées et ta tronche de dragon ?

Draco évita trois maléfices.

— On prie, cracha-t-il avec acidité.  

La baguette de Harry ricocha. McGonagall tendit ses doigts, agrippant sa nouvelle arme avec un sourire fier.  

— Petrificus Totalus ! attaqua un membre du ministère.  

Draco plaqua Harry par terre, les yeux écarquillés. Le sortilège frappa de plein fouet le professeur Chourave qui se figea, incapable de bouger, son visage s’écrasant contre le sol.

— Un de moins, grogna Malfoy en tirant Potter pour le remettre sur pieds.  

— Comment je fais sans baguette ? s’écria l’élu avec hystérie.  

Malfoy agrippa le bras du Gryffondor, le forçant à avancer.

— Tu cours !

Ils s’élancèrent, repoussant chaque individu sur leur chemin.

— Obscuro ! hurla Draco, enlevant la vision de ses ennemis qui crièrent de frustration.  

— Finite Incantatem, souffla McGonagall, annulant le maléfice.

Elle brandit sa baguette, les yeux mornes, dénués de toute vie.

— Mobilicorpus.  

Malfoy et Harry lévitèrent, les jambes ballantes, le cœur au bord des lèvres. Flitwick s’empara de la baguette de Draco d’un geste du poignet avec la magie et les deux étudiants se retrouvèrent coincés, l’expression livide, suspendue dans les airs.

— Ça suffit ! claqua le ministre sombrement.  

Hermione, les membres figés sous la scène qui se déroulait devant elle, ne fit pas attention à Kingsley. Il projeta ses griffes vers sa silhouette, lacérant son dos profondément. Elle s’effondra, son hurlement étouffé sous la prise de son ennemi contre sa gorge.  

— Chut, souffla-t-il avec moquerie. Avant d’en finir, je vais vous laisser assister à un spectacle. Il la releva, enserrant son cou avec une telle violence qu’elle roula des yeux, suffoquant. Ses pieds ne touchaient plus le sol. Leur mort ne sera peut-être pas aussi désolante que celle de votre frère — mais j’ai vu comment vous vous êtes éprise de Monsieur Malfoy. Il caressa la joue de Hermione, des perles rouges tachant sa peau comme des larmes.  

Des points noirs se formèrent dans sa vision et elle lutta pour rester consciente. Kingsley soupira, desserrant sa prise.

— Si faible — l’amour est puéril. Je pensais que votre père l’avait compris, mais, même enfermé dans une cage, il continue de vous protéger.  

Hermione le crucifia de ses prunelles ombrageuses alors que Shacklebolt faisait un signe de la tête vers McGonagall.  

La directrice de Poudlard sortit un poignard de sa cape tandis que Horace Slughorn rapprochait les corps des deux étudiants à leur merci. Malfoy s’agitait, essayant par tous les moyens de résister au sortilège. Un cri de rage transperça sa gorge alors que Harry ne prononçait pas le moindre son. Minerva traça la chemise noire de Draco, les yeux vitreux. Hermione se tendit.

— Non, non, non, haleta-t-elle. Malfoy croisa ses prunelles et le temps se suspendit. Il n’y avait plus que l’écho de sa voix dans son esprit et la sensation de lèvres contre son front.  

— Je t’aime. Pardonne-moi, lui souffla-t-il.  

Hermione se débattit avec désespoir tandis que Kingsley ricanait tout bas. Il raffermit sa prise sur la trachée de la Serpentard et elle émit un gémissement étranglé.  

— Quelle sottise de succomber à l’amour — je vous laisse alors éprouver la douleur de la perte. Peut-être que cette punition vous fera assez réfléchir, gronda le ministre avec folie.  

Il colla son visage contre la crinière de Hermione, frôlant son oreille.

— Vous avez le choix, Miss Riddle. Vous me léguez votre pouvoir ou il meurt. Kingsley détacha les griffes de sa gorge, empoignant sa chevelure qui devenait blanche. Il fronça les sourcils. Alors ? s’impatienta-t-il.  

— Pitié, Hermione, supplia Harry, les larmes aux yeux.  

McGonagall coupa le biceps de l’élu avec lenteur. Le sang ruissela. Draco hurla quand la directrice planta son arme dans sa cuisse.  

— Finis ta mission, petit serpent, grogna Malfoy, les paupières à moitié closes.  

Il perdait beaucoup trop de sang. Il ne tiendrait pas longtemps. Hermione paniquait, la gorge serrée dans un étau d’acier.  

Mattheo, aide-moi, implora-t-elle, les larmes roulant contre ses joues.  

Son frère ne pouvait la rejoindre. Pas cette fois.

Sors la bête, se rappela-t-elle, les iris écarquillés.  

Hermione tourna son attention vers Kingsley, qui la maintenait toujours d’une poigne de fer. Elle hocha la tête et il lui offrit un sourire narquois. Il desserra ses griffes légèrement et Hermione catapulta son visage vers la figure monstrueuse du loup-garou, tout en arrachant son propre collier. Ses yeux se métamorphosèrent, prenant une teinte argenté et les bras relevés, elle se laissa porter par son incantation.  

C’était maintenant ou jamais.  

Sa voix tonna dans un écho qui fit trembler les murs. Un grondement sourd accompagna ses paroles inaudibles suivies d'un serpent colossal. Ses écailles, d’un mélange de bleus, gris et de violet, scintillaient comme le firmament, comme le passage entre la vie et la mort. La créature flottait au-dessus du sol. Des anneaux massifs ondulaient autour de sa forme. Le reptile faisait une dizaine de mètres. Les membres du ministère et professeurs se figèrent, leurs lèvres entrouvertes, incapables de détourner les yeux de l’apparition.  

— Tuez la bête, ordonna avec force Kingsley.  

Les maléfices fusèrent, mais rien ne pouvait toucher le serpent. Les sorts ricochaient sur ses écailles, projetant les sorciers par terre dans des gémissements de douleur. Le souffle coupé, certains restaient accroupis au sol d’horreur tandis que d’autres tentaient vainement de se relever.  

Hermione, un sourire énigmatique aux lèvres, étendit ses doigts dans un geste assuré, s’éloignant de la silhouette du ministre. Elle savait ce qu’elle devait faire. Ses yeux luisaient d’une lueur presque surnaturelle.  

Malfoy et Potter s’étalèrent par terre, la respiration erratique. Hermione les repoussa contre un mur, les traits sérieux, les enveloppant d’une bulle de protection.  

Un nuage pourpre et indigo s’éleva — il n’y avait plus qu’un tourbillon obscur entourant le reptile. La tempête magique tournoyait avec une telle violence que Kingsley planta ses griffes dans le sol, le visage déformé par la bourrasque. Les traits haineux, il porta son attention vers Hermione, brandissant sa baguette dans un éclat meurtrier.  

— Avada Kedavra !  

— Non ! hurla Draco en frappant la barrière enchantée qui l’empêchait de sortir. 

Hermione se pencha juste à temps, titubant sur ses jambes. Un cri strident s’éleva dans la pièce, perçant les tympans. Harry se plaqua les mains sur les oreilles, tandis que Malfoy écarquillait les yeux. Hermione crachait du sang pour une raison inconnue, mais un sourire victorieux étirait ses lèvres.  

Le serpent gigantesque s’élança avec une célérité effrayante, comme s’il obéissait à un ordre. Sa gueule béante avala chaque sorcier sous l’emprise du ministre. Leurs cris furent noyés dans un torrent de désespoir. Un sifflement satisfait résonna lorsque la créature se releva, dominant la salle.  

— NON ! beugla Harry, le visage livide.  

Trop tard.  

Kingsley éclata de rire, se tenant le torse dans un geste presque hystérique.  

— Vous les avez tués. Tous. Sans exception, s’extasia-t-il. Impressionnant, Miss Riddle.

Il applaudit avec candeur, les yeux pétillants.  

— Tu viens de signer ton séjour pour Azkaban.  

Hermione, imperturbable, se redressa lentement. Elle s’appuya sur ses genoux et s’essuya les lèvres ensanglantées. Sa crinière était de nouveau caramel, tout comme ses iris.  

— Vraiment ? Sa voix suintait la condescendance.  

Malfoy tenta de croiser son regard, mais elle l’ignora, avançant vers le ministre, niant la douleur et la déception sur le visage de ses amis. Elle ne voyait que cette lumière au bout du tunnel — elle était accessible, si proche.  

— Servez-vous de vos yeux, écoutez et observez au-delà de vos désirs. Peut-être arriverez-vous à comprendre ce qui vous attend.  

Kingsley secoua la tête, un rictus suffisant écorchant ses traits primitifs.

— Je me réserverai le droit de choisir votre cellule, Miss Riddle. Peut-être que converser avec votre père était votre plus grand souhait ? plaisanta-t-il. N’ayez crainte, vous le rejoindrez bientôt.  

Hermione pencha son crâne, faisant mine de réfléchir.  

— Entendez-vous les cloches du destin sonner ? questionna-t-elle avec douceur en pointant son oreille, un sourire mesquin aux lèvres. Connaissez-vous votre avenir, monsieur le ministre ? Parce que je peux vous le relater. Ici même.  

Elle s’approcha une seconde fois et Shacklebolt brandit sa baguette, un sourcil relevé.

— Mon avenir est simple. Je vais continuer de contrôler le gouvernement et vous. Vous, répéta-t-il d’un ton narquois. Vous. Serez. En. Enfer, articula-t-il avec lenteur.  

Hermione, impassible, riva son attention vers le reptile, qui ouvrit s gueule. Les membres du conseil et professeurs de Poudlard s’avancèrent, leurs vêtements froissés et décontenancés. Ils étaient hébétés, mais vivants. Certains vacillèrent, reprenant peu à peu leurs esprits.  

— Que se passe-t-il ? demanda Horace Slughorn en contemplant ses mains.  

Kingsley recula, les muscles crispés, le teint cireux.  

— VOUS ! hurla avec force Minerva McGonagall en pointant son doigt vers la silhouette du ministre. Ne faites pas un geste de plus, commanda-t-elle, sa baguette relevée vers la source du problème. Ses compatriotes miroitèrent son mouvement.

Dupés et manipulés, ils étaient maintenant libres.  

— Vous faites erreur. Les phalanges de Kingsley se tendirent autour de son arme. Miss Riddle a causé cette catastrophe ; c’est elle qui a pénétré votre esprit, expliqua-t-il avec furie. PAS MOI !

McGonagall le transperça de ses prunelles.

— Vous ne blesserez plus personne, Kingsley.

Un éclair vert fusa de sa baguette, frappant le ministre en pleine poitrine. Les autres sorciers se jetèrent sur sa silhouette, l’immobilisant à l’aide de menottes anti-magie.  

Hermione, debout au milieu des décombres, observa la scène. Son regard brillait d’une fierté froide. Sa mission était accomplie. Elle était parvenue à renverser les malédictions. S’inclinant, elle récupéra son médaillon, l’agrippant fermement, la tête penchée.  

Harry et Malfoy la rejoignirent, titubant. Flitwick conjura des bandages pour panser la plaie de Draco alors que Horace discutait avec l’élu à voix basse, tout en guérissant la coupure sur son biceps.  

— Vous trois, commanda la directrice de Poudlard en désignant les participants du tournoi des sorciers.  

Potter se fit tout petit derrière Malfoy, redressant ses lunettes, les lèvres pincées. Hermione se retint de rire.  

— McGonagall, je jure que, si je pouvais choisir de passer mon existence à ne pas me mettre en danger, je le ferais avec plaisir ! tenta de se justifier Potter avec rapidité.  

Draco aplatit sa main sur l’épaule du Gryffondor, une grimace de douleur sur ses traits, alors qu’il boitait.  

— Pour une fois dans ta vie, Potter ; tais-toi et écoute.  

— Tu n’es pas sérieux, monsieur coupe-de-cheveux-parfaite-même-après-un-foutu-combat-contre-le-ministère-tout-entier ! Harry brandit ses bras dans des mouvements saccadés avec une mine scandalisée. Il faut être cinglé pour suivre un tel plan !

— C’était mon plan et vous l’avez foutu presque en l’air, répliqua Hermione tout bas.  

Potter la fusilla du regard, les joues rouges.  

— Un peu de sérieux, bon sang ! s’exclama Minerva à la stupeur de tous. Elle se frotta les tempes avec irritation. J’oublie parfois que vous êtes encore jeunes et immatures.  

Harry s’offusqua, Draco releva un sourcil avec rancœur et Hermione éclata de rire.  

McGonagall se retourna vers la championne du tournoi.

— Je vous remercie de ce que vous avez accompli aujourd’hui, commença-t-elle, l’intonation flanchant sous l’émotion. La présence du ministre dans nos esprits était si lourde et oppressante qu’il était impossible pour nous de résister.  

— Vous lui avez tenu tête, affirma Hermione avec douceur.  

La directrice confirma ses paroles, les lèvres pincées.

— J’avais rarement le contrôle, mais j’ai donné accès à mon bureau à votre groupe.  

— Vous m’avez aidé, souffla Hermione en se passant une main dans les cheveux.  

Draco haussa un sourcil et Harry se pencha, confus.  

— La porte secrète m’a permis d’acquérir le carnet maudit.

— Je voulais que vous découvriez la prophétie qui vous entourait, avoua McGonagall. Elle posa une paume contre l’épaule de l’étudiante, le cœur lourd. Miss Riddle, vous avez rompu les maléfices, je vous en suis reconnaissante. Et — elle déglutit, la gorge nouée. Je tiens à m’excuser pour les évènements qui se sont produits dans les épreuves du tournoi. Votre frère — elle ferma brièvement les yeux, le visage tordu par la douleur — il ne méritait pas un tel sort. Si seulement nous avions pu échapper à l'emprise de Kingsley...

— Vous ne pouviez rien faire, coupa Hermione avec chagrin. Et parfois, il faut accepter d’être impuissant. C’est ce qui nous permet de nous relever.  

Hermione réfléchit, le cœur lourd.

— La sirène ? questionna-t-elle.  

McGonagall secoua la tête, les traits tristes.

— Je lui avais donné pour mission de vous transmettre des informations, mais — elle détourna son regard, les mains crispées — elle est morte.  

— Et le centaure ? demanda Harry d’une petite voix.  

— Je n’en suis pas certaine, avoua Minerva dans un soupir.  

Hermione s’avança vers le corps de Rita Skeeter. Il était toujours aussi froid, et le combat avait ravagé sa chair, la carbonisant au niveau des épaules et du visage. Elle était méconnaissable.  

Tant de personnes s’étaient sacrifiées pour la cause. La bile remonta le long de sa gorge. Draco se pencha, touchant avec tendresse les cheveux de Hermione. Plantant ses prunelles dans les siennes, elle éclata en sanglots. Il l’attira dans ses bras, le cœur lourd.  

Qu’allait-elle faire maintenant ? Le chemin de la liberté avait été tumultueux, mais Hermione avait encore cette sensation dans la poitrine — comme si elle devait continuellement se battre pour survivre. Mais — elle s’accrocha aux épaules de Malfoy. Elle n’était pas seule. Sa nouvelle vie pouvait commencer.  

Mattheo, invisible aux yeux de tous, était posté contre une poutre fissurée par la bataille, observant avec tristesse et espoir sa sœur. Une larme roula contre sa joue.  

Elle avait tenu sa promesse. Jusqu’à la fin.  

Il hocha la tête, tournant le dos à Draco, qui chuchotait inlassablement ses mêmes paroles — celles que Mattheo avait répétées un nombre incalculable de fois à sa sœur lorsqu’ils vivaient un enfer.  

— Je t’aime.  

Chapter 44: Un goût de renouveau

Chapter Text

CHAPITRE 44

Un goût de renouveau

« Bonjour, père. »


 

LE MINISTRE SHACKLEBOLT ACCUSÉ DE CONSPIRATION ET DE CONTRÔLE DES ESPRITS 

Par Barnabas Cuffe, rédacteur en chef de la Gazette des Sorciers

Une révélation aussi choquante qu’alarmante ébranle aujourd’hui le monde sorcier: une mystérieuse puce électronique, imprégnée de magie noire, aurait été découverte, prouvant l’implication directe du Ministre Kingsley Shacklebolt dans une conspiration visant à manipuler les votes et à contrôler à distance la population magique.

Des preuves accablantes

Ce dispositif, créé par notre regrettée correspondante Rita Skeeter, tragiquement assassinée par Shacklebolt lui-même, a été remis à la Gazette du Sorcier sous stricte confidentialité. D’après nos sources, la puce révèle que Kingsley, autrefois salué comme un héros de la guerre après la chute de Voldemort, aurait orchestré un plan méticuleux pour consolider son emprise sur le pouvoir.  

— Le ministre nous a enfermés dans une prison mentale pendant des mois, et nous étions incapables de lui échapper, a avoué un fonctionnaire du Ministère, encore sous le choc.  

Les enregistrements vidéo et audios sur la puce nous indiquent que Kingsley travaillait dans l’ombre avec le Seigneur des Ténèbres. Après avoir acquis le pouvoir de Voldemort, il aurait influencé les pensées de certains professeurs influents à Poudlard, mettant ainsi en péril l’intégrité de notre système éducatif et de la sorcellerie du monde magique.

Des morts tragiques lors du Tournoi des Sorciers

Cette révélation éclate alors que la communauté pleure encore les évènements dévastateurs du Tournoi des Sorciers, marqué par un bain de sang. De nombreuses vies ont été perdues, et les circonstances mystérieuses entournant ces décès jettent une ombre sur la réputation du Ministre.  

Nos plus sincères condoléances aux familles des victimes. Nous leur souhaitons force et courage en ces heures plus que sombres.  

Des témoins rapportent un comportement étrange chez les professeurs durant les épreuves: des décisions irrationnelles et une inquiétante absence d’empathie. Ces témoignages soulèvent de troublantes hypothèses sur un éventuel contrôle mental exercé sur le personnel, et son lien possible avec les tragiques incidents survenus pendant le tournoi.

La justice frappe à la porte de Kingsley

Le ministre déchu, au cœur de cette révélation stupéfiante, a été conduit de force à Azkaban, où il purgera une peine de trente ans, en attendant un examen approfondi du Wizengamot. Une enquête indépendante est réclamée pour faire lumière sur cette affaire. Cependant, des questions cruciales demeurent: Qui d’autre était impliqué dans ce sombre complot ? Le véritable objectif de Shacklebolt était-il d’éliminer la famille Riddle ?  

La Gazette du Sorcier s’engage à poursuivre ses investigations pour dévoiler toute la vérité, quel qu’on soit le prix. Nous rappelons à nos lecteurs que la vigilance et la transparence sont aujourd’hui plus essentielles que jamais pour combattre la corruption qui menace notre société magique.  

Un héro caché ?

Autrefois considéré comme un pilier de la résistance contre Voldemort, Kingsley Shacklebolt aurait tenté de rencontrer l’héritière de Tom Riddle avant son arrestation. Pour l’instant, il reste incertain si Hermione Marvolo Riddle – la courageuse étudiante qui a révélé cette conspiration – avait l’intention de répondre à la demande de l’usurpateur.  

Ne devrions-nous pas réexaminer les éloges adressés aux prétendus ‘héros de guerre’ et porter notre attention sur ceux qui ont œuvré dans l’ombre ? La communauté magique attend toujours des réponses et, surtout, des actes concrets pour restaurer la confiance et l’honneur perdus pour ceux qui ont lutté sans relâche pour maintenir l’équité entre sorciers.  

Chers lecteurs, observez attentivement votre entourage et posez-vous cette question: est-il juste de juger quelqu’un uniquement sur son nom de famille ? Maniez vos baguettes pour transformer colère et haine en champs de fleurs – peut-être limiterons-nous ainsi les risques de conspirations futures.  


Un goût de paradis – Salle sur demande

Pansy, les jointures blanchies autour du journal qu’elle tenait fermement, l’esprit en ébullition, attendait ses imbéciles d’amis avec une impatience rageuse. Rita Skeeter avait été assassinée pendant la cérémonie. Le plan de Hermione avait dû déraper.  

Elle arpentait pour la trentième fois la Chambre sur Demande, son teint livide.  

Aucune nouvelle d’eux. Étaient-ils vivants ? Quand reviendraient-ils à Poudlard ? Ses mains tremblaient, et elle serra davantage les feuilles entre ses doigts, le cœur alourdi par l’angoisse.  

— Relax Pans, à t’agiter ainsi, tu me files la nausée, grogna Théodore en se frottant les tempes.  

Allongé de tout son long sur un tapis moelleux, il dévisageait son amie avec irritation. La satisfaction qu’il avait ressentie en apprenant que Lucius Malfoy croupissant à Azkaban avait vite disparu. Malgré les articles confirmant son incarcération, rien n’indiquait que ses amis avaient survécu. Draco n’était toujours pas rentré, et cette attente alimentait une rage sourde en lui. Il avait besoin de cogner quelque chose. Et Pansy était trop bruyante. Exaspéré, il agrippa ses cheveux, la mâchoire contractée.  

— Est-ce que tu pourrais te taire, bon sang ? s’écria-t-il avec horreur.  

— Je me fiche de tes lamentations ! Nos amis sont peut-être morts et toi, tu pionces sur ce tapis qui pue la pisse comme si la vie était rose! Réveille-toi, bordel!  

Pansy était hystérique, les joues écarlates, les épaules secouées par des sanglots contenus. Nott gémit de frustration, plaquant ses mains sur son visage.  

— Tu crois que je ne m’inquiète pas ? Il se redressa brusquement, le regard flamboyant. — Crier à tue-tête comme si on t’avait arraché le bras ne changera en rien la situation actuelle – merdique ! 

— Et rester là à ne rien faire, c’est mieux peut-être ? Répliqua Pansy en crachant presque les mots, sa frange à moitié relevée sous ses mouvements frénétiques.  

— Oh vraiment ?

Le ton de Théo était sarcastique et froid. En guise de réponse, Pansy froissa le journal en boule et le lui balança au visage. Le projectile ricocha sur sa joue avant de s’effondrer au sol. La tension monta d’un cran. S’ils continuaient dans cette direction, ils allaient rapidement en venir aux mains.  

— Arrêtez d’agir comme des gamins et patientez, intervint Ginny Weasley en claquant sa langue contre son palais, les sourcils froncés. Elle mâchait son chewing-gum avec une insolence qui fit blanchir les jointures de Pansy.  

— Tu as des nouvelles de foutu-Potter ! Tu peux attendre tranquillement. Nous ? On a le droit de paniquer, espèce de sale rouquine insensible!  

Ginny, furieuse, se redressa d’un bond, la tête presque aussi rouge que ses cheveux.

— Comment oses-tu –

La porte s’ouvrit brusquement, interrompant leur querelle et un Harry fit irruption, livide et le souffle court. Il y eut un bref silence, entrecoupé par des respirations laborieuses avant que Ginny se jette dans ses bras. Pansy, figée, n’osa prononcer un mot. Où étaient Hermione et Malfoy ? Que leurs étaient-ils arrivés ?  

Elle avait suivi les indications de son amie à la lettre, transmettant les preuves à la Gazette du Sorcier et depuis, silence radio. Les mains tremblantes, elle sentit son sang bouillir tant elle stressait. Harry leva une main pour la saluer, mais Théo bondit et le plaqua violemment contre un miroir qui éclata sous le choc.  

— C’est quoi ton problème ?  

— Où sont-ils ? Théo plaqua Potter avec plus de force, le visage déformé sous l’inquiétude et la rancieur.

Malgré les tiens tissés après leur mission au manoir des Malfoy, la situation dramatique plongeait Nott dans une panique viscérale. Potter pesta, tentant de se dégager.  

— Tu vas me lâcher, espèce de –  

Harry repoussa Théo, mais la fureur de Théo l’empêchait de respirer. Du verre éclata encore.  

Un bruit fracassant retentit et Nott se passa une main sur la joue, complètement stupéfait. L’étudiant-à-la-cicatrice-et-aux-lunettes-hideuses venait de lui assénait une claque. Un silence abasourdi s’installa. Théo l’observa avec une telle folie dans les yeux que Potter déglutit. Ils se coursèrent dans la chambre sur demande, l’un hurlant sur l’autre et le second tentant par tous les moyens de s’échapper de la menace pesante sur ses épaules.  

Pansy se plaqua la paume contre son visage, se retenant de rire.  

Les hommes étaient vraiment stupides, pensa-t-elle avec horreur.  

Ginny la rejoignit en silence, les lèvres pincées dans une grimace lasse et Pansy éclata de rire.  

— La dernière fois que je les aie vus, Madame Pomfresh s’occupait de leurs blessures. Maintenant, arrête de me poursuivre comme un détraqué ! hurla Potter avec hystérie, essoufflé.

Nott s’arrêta, le souffle court, la baguette enserrée entre ses jointures. Il avait failli jeter un putain de sortilège sur l’étudiant tant il bouillait de rage.  

— Il fallait le dire plus tôt, marmonna-t-il avant de se laisser retomber lourdement sur le tapis, les paupières closes et la mâchoire contractée. Maintenant, laissez-moi dormir en paix. Et, il fit un mouvement de la main avec un manque de grâce légendaire, — faite ce que bon vous semble, je m’en contrefiche.  

— Avec plaisir, grinça Potter en l’observant avec un air scandalisé.  

La porte se rouvrit avec fracas. Hermione n’eut le temps de prononcer la moindre parole avant que Pansy la percute de son corps. Elles s’échouèrent sur le sol dans un bruit lourd.

— Espèce d’imbécile ! Tes plans foireux m’ont presque tuée d’angoisse !  

Hermione se libéra de son emprise avec difficulté, les membres lourds. Elle boitait.

— Si je ne te connaissais, je penserais que tu es folle amoureuse de moi, taquina-t-elle une raillerie qui donna envie à la Serpentard de lui plaquer son poing dans son visage.  

— Si je ne t’aimais pas autant, tu aurais droit à ma main sur ta joue, surtout !  

Hermione croisa les prunelles de son amie et elles émirent un rire de la gorge.

— Je te donne l’autorisation.

Elle lui tendit son visage et Pansy l’analysa en silence, les poings crispés. Elle finit par l’attirer dans ses bras, les larmes aux yeux.  

Malfoy se racla la gorge et Pansy se détacha de son amie pour l’observer. Il avait une sale mine – les cheveux ébouriffés, des cernes sombres encerclant ses yeux et les membres patraques de fatigue. Nott fut le premier à agir, aplatissant une main contre son épaule avec maladresse, le visage crispé.  

— Tu nous as manqué.  

Draco hocha la tête, les prunelles brillantes et détourna sa figure pour détailler Hermione, maintenant en retrait. Elle portait toujours sa robe déchirée. Ses cheveux éparpillés tout autour de son visage lui donnait un air presque féroce, mais son regard lui, exprimait de la gratitude et autre chose. Il déglutit, plaquant sa main contre sa poitrine par automatisme.  

Il avait besoin d’elle.  

Elle était son ancre, sa lumière dans la noirceur – l’étincelle d’une flamme qui ravivait son cœur de pensées et de désirs longtemps oubliés. Cette révélation avait franchi ses lèvres quelques heures plutôt, alors qu’il la tenait dans ses bras dans les couloirs du ministère. Depuis, il n’arrivait pas à s’éloigner d’elle. Il ne pouvait que l’observer en silence, dans l’attente d’un signe – d’un geste tendre et d’un pardon. Il était prêt à remuer ciel et terre pour se racheter. Et Hermione avait tût toutes ses inquiétudes et sa détresse de ses lèvres.  

Il l’aimait avec une telle force qu’une douleur irradia dans sa poitrine.  

Le silence s’étira et Draco prit une décision impulsive. Il s’approcha et lui agrippa avec tendresse les doigts, dessinant des cercles contre la peau tendre de ses phalanges. Son touché sembla réanimer une émotion en elle – comme un phare dans la nuit. Elle inspira, les lèvres entrouvertes. Malfoy se laissa portée par le vent de ses sentiments, remontant jusqu’à ses avant-bras à ses coudes, puis son menton. Hermione, les paupières closes, ne prononçait pas le moindre son. Comme leurs amis dans la salle. Il n’y avait plus que le silence, lourd de tension et de non-dits. Il n’y avait plus que les battements de cœur frénétiques et la promesse d’un amour éclatant de flammes. Malfoy se pencha, plaquant son front contre Hermione, les yeux brillants.  

Il avait besoin d’elle.  

Plus que jamais. Et Hermione accepta sa demande, plantant ses prunelles dans les siennes. C’est là qu’il l’entendit. Sa voix. Douce et cristalline dans son esprit.  

— Embrasse-moi.  

Il se pencha et s’empara de ses lèvres. Le goût du paradis explosa dans sa bouche – c’était elle. Tout entière, dans ses bras. Et il n’y avait plus de barrières et d’obstacles pour qu’il se l’approprie. Elle était sienne et … Il était sien.

Pour toujours.  


Le reptile hurleur — Le groupe

— Il reste des zones d’ombre dans le tournoi et la cérémonie, cogita Harry en inclinant la tête vers le sol.  

Tous s’étaient installés dans les canapés dans la Salle sur Demande. Les lumières tamisées embaumaient les lieux, éclairant avec délicatesse les traits de leurs visages. Hermione se tendit sous ces paroles. Assise sur le tapis, entre les jambes de Malfoy, elle réfléchissait en silence, tandis que le Serpentard jouait distraitement avec ses boucles de cheveux. Aucun son ne brisa l’atmosphère pendant de longues minutes. Potter avait énuméré les évènements et mentionné l’arrestation de Kingsley, mais le doute persistait. Pansy frotta ses bras, les sourcils froncés. Elle peinait à croire que le ministre était un loup-garou. Comment avait-il dissimulé ce fait au monde magique ?  

— Avant que tu nous accables avec tes théories farfelues… lança Pansy avec exaspération. Pourquoi Shacklebolt n’a-t-il jamais déclaré sa transformation forcée au gouvernement ?  

Draco fronça les sourcils en hochant la tête, partageant son scepticisme. Comment avait-il orchestré une telle dissimulation ? Certes, la société magique se montrait hostile et méfiante envers les loups-garous, mais pourquoi ce secret n’avait-il jamais éclaté au grand jour ? Harry serra les lèvres, le visage fermé.  

— Vous croyez que Fenrir Greyback l’a attaqué ? murmura-t-il.  

Luna, qui s’était jointe à eux, jouait avec sa chevelure, le regard lointain. Pour se succomber à la malédiction des loups-garous, il fallait subir une attaque en pleine lune et presque en mourir.  

— Il a peut-être altéré les souvenirs de ceux qui auraient pu découvrir la vérité, hasarda-t-elle.  

— Non. La voix d’Hermione claqua comme un fouet. Elle frotta ses mains avec nervosité, la mâchoire crispée. Il n’a jamais eu besoin de tromper qui que ce soit.  

Les bavardages cessèrent et les froncements de sourcils se multiplièrent.  

— Qu’est-ce que tu insinues ? s’étonna Pansy.

Hermione baissa la tête, fermant brièvement les yeux tandis que les doigts de Draco glissaient le long de son dos.

— Il a conclu un pacte avec Greyback, expliqua-t-elle. Pour acheter son silence. C’est pour ça qu’il n’a jamais été emprisonné. Quand il a décidé de défendre ce loup sanguinaire, ses conseillers n’ont opposé aucune résistance, car il était protégé par sa meute dans le nord.  

Théodore jura, stupéfait alors que Luna se mordillait pensivement les lèvres.

— Mais Greyback est toujours en fuite, intervint Ginny, le regard sombre. Il pourrait surgir à tout moment et tuer des innocents.  

Hermione secoua la tête, un sourire presque imperceptible aux lèvres.

— La puce électronique de Rita Skeeter contenait des informations cruciales sur sa meute, dont sa localisation. Les Aurors sont déjà en route.

Harry émit un sifflement d’admiration.  

— Tu avais tout prévu, pas vrai ?  

Le corps de Malfoy se raidit, et Hermione se figea sous les mots de Potter.  

— Pas tout. Skeeter ne devait pas assister à la cérémonie, mais elle a insisté. Je… je n’ai pas réussi à la protéger.

— Ce n’est pas ta faute, murmura Draco en passant ses bras autour de sa taille. 

Il exhalait une odeur mêlée de bois de santal, de patchouli et de musc blanc. Hermione passa distraitement ses ongles sur les cuisses du Serpentard, les joues teintées de rouge.  

Depuis la cérémonie, quelque chose s’était éveillée en elle: un désir de se montrer telle qu’elle était réellement. Ses défenses étaient tombées, et pour la première fois, elle ne doutait plus des intentions de ses proches – ni de l’homme qu’elle aimait. Draco entrelaça leurs doigts, et elle frissonna sous le contact.  

— Comment peux-tu être une briseuse de maléfices ? Et depuis quand le sais-tu ? lança Harry, dont le visage s’assombrissait de plus en plus. Pourquoi les créatures de Poudlard te protégeaient-elles à tout prix ? Et comment as-tu invoqué ce serpent gigantesque ? Et — il se fit couper par Ginny, qui lui asséna une claque sur la tête.  

— Laisse-la respirer, espèce d’idiot !  

Harry grogna, une paume plaquée sur ses cheveux, tandis qu’une bosse se formait sur son crâne. Il n’était pas le seul à avoir souffert aujourd’hui — Nott lui lançait des regards noirs, sa joue encore rouge, et Malfoy, peinait à bouger, toujours assis sur le tapis. Pansy lui avait enfoncé un genou dans l’entrejambe en guise de salut quelques minutes plutôt. Un rire général avait éclaté, y compris chez Hermione, accentuant la frustration de Draco. En se rappelant du moment fatidique, Malfoy suspendit ses caresses et fusilla Hermione du regard. Elle lui répondit par un sourire amusé.  

— Je sais que je vous dois des explications, commença-t-elle en se raclant la gorge. Ses épaules tremblaient sous la pression, et elle détourna les yeux pour éviter le regard de ses amis. Je n’ai pas été complètement honnête avec vous. Elle inspira profondément, ses yeux fixant un point invisible au plafond. C’était plus facile ainsi. Elle hésita, sa voix légèrement cassée. J’ai du sang de Morbik, c’est pour ça que je connaissais la seule faiblesse de ce monstre — les braises d’un dragon. Le poison aurait pu m’atteindre, mais il ne m’aurait pas tuée. Ma capacité d’autogénération, en revanche, aurait été insuffisante. Il fallait autre chose. Une pause lourde de sens suivit ses mots, et une goutte de sueur perla sur le front de Nott.

— Attends… tu insinues qu’il n’y pas uniquement le sang de Morbik qui coule dans tes veines ? s’écria Pansy, les yeux agrandis par la stupeur.  

Hermione se raidit et garda le silence. Théo se frotta nerveusement la tête, encore sous le choc, tandis que Harry serrait la main de sa petite amie, toujours abasourdit. Malfoy continuait de frotter le dos d’Hermione, son regard perdu dans le vide, absorbé dans ses pensées.  

— Qu’est-ce qui t’habite ? demanda-t-il, sa voix adoucie.  

— Il y a deux démons en moi, déclara-t-elle.  

— Quoi ? Théodore bondit, son visage livide. Pansy, d’un geste rapide, lui saisit le bras et le força à se rasseoir.  

— Un peu d’empathie, imbécile ! Tu ne vois pas que c’est difficile pour elle ?  

Elle lui planta un coup de coude dans l’estomac et il gémit à voix basse: « voilà pourquoi je ne sortirais jamais avec une femme. Elles sont toutes cinglées. »

— On ne veut pas de toi non plus ! Répliqua Pansy, ses yeux lançant des éclairs. 

Une étincelle vacilla dans ses prunelles et Pansy se tut, soudain inconfortable. Hermione s’éclaircit la gorge, dissipant la tension grandissante.

— Ce qui coule dans mes veines s’appelle le Vimpiriak, aussi connu sous le nom de reptile hurleur. Il peut atteindre 40 mètres à son plein potentiel. Ses écailles sont indigo, et ses yeux, gris.  

Malfoy déglutit, comprenant enfin la nature des iris de Hermione lorsqu’elle laissait succombait à ses émotions.

— Quand il libère sa puissance, une brume surgit — dévastatrice et incontrôlable.  

— C’est une créature extrêmement rare, murmura Théodore, abasourdi. Comment as-tu pu résister à une telle force ? C’est impensable.

Hermione souffla, ses doigts tremblants légèrement.  

— Le Vimpiriak sommeillait en moi. Il peut conjurer les sorts, les absorber, tout comme les venins.  

— C’est pour ça que tu peux briser les maléfices, affirma Potter.  

Un silence pesant s’installa, ponctué par les respirations agitées de ses amis. Hermione frotta ses bras glacés, cherchant à apaiser le frisson qui la parcourait.

— Je l’ai compris en portant l’amulette de mon père — ma magie s’est intensifiée, et c’est là que je l’ai senti : le serpent. 

Nott passa une main dans ses cheveux, ses yeux brillants d’admiration.

— Les Vimpiriak inspirent la peur et le respect. C’est pour cette raison que les créatures de Poudlard t’ont protégée. Elles te considéraient comme leur maître — leur semblable.  

Hermione acquiesça, les lèvres serrées.

— Ça leur a coûté la vie.  

Pansy se redressa, sa frange plaquée contre son front par l’angoisse.

— Dans le Labyrinthe… ?  

— Ma magie a libéré Eleanor et Tobias de leur forme imposée par Kingsley. Je ne savais pas encore ce que cela impliquait, mais lorsque j’ai projeté mon esprit dans celui de Skeeter après l’épreuve du Labyrinthe, je l’ai aussi délivrée des entraves mentales de Shacklebolt.  

— Pareil pour Podmore, ajouta Harry dans un souffle. Tu as créé une bulle de protection qui lui a permis de reprendre conscience de ses faits et gestes, mais c’était difficile, car il était depuis longtemps sous l’emprise du ministre.

— Pour que le maléfice fonctionne, il fallait ressentir de la haine et de la colère, intervint Malfoy en passant une main nerveuse dans ses cheveux, et Gregory se noyait dans ces émotions.  

Les lèvres de Pansy se retroussèrent avec dégoût. À ses côtés, Théodore affichait un calme glacial. Seul un léger froncement de sourcil le trahissait. Ginny mâchait son chewing-gum avec une lenteur presque provocante, tirant un soupir exaspéré de Parkinson. Harry resserra Ginny contre son torse, ses yeux rivés sur la Serpentant, brillant d’une méfiance à peine voilée.  

La voix de Luna fendit l’atmosphère.

— Que comptais-tu faire durant la cérémonie ?  

Malfoy reprit ses mouvements apaisants contre le dos d’Hermione. Inspirant profondément par le nez, elle lutta contre la tempête qui faisait rage dans sa poitrine. Relevant un doigt vers Pansy, elle déclara:

— Tu avais une autre puce — la preuve de la supercherie du ministre — et je comptais sur ton aide pour transmettre l’information à l’international.

Parkinson lui adressa un clin d’œil alors que Théodore roulait des yeux. Il aurait aimé participer à ce désastre, mais il avait été laissé en plan et ça le rendait maussade.  

— Mon objectif était de libérer le monde magique de cette menace, de protéger tes amis et ta mère. Hermione se tourna vers Draco, croisant son regard. Il se figea, la gorge nouée.  

— Et ensuite ? Tu avais prévu en finir ? Te jeter dans la gueule du loup et mourir ?  

Il n’y avait pas une once de colère ou de rancœur dans sa voix — seulement de la tristesse. Hermione se détourna, triturant ses doigts.  

— Je croyais bien faire. Je savais que Kingsley voudrait m’affronter, mais pas devant l’assemblée. Ce n’était pas son objectif initial, mais tout a changé lorsque Harry a pris la parole.  

Tous les regards convergèrent vers Harry, qui rougit en se tassant dans le fauteuil.  

— Il me reste une dernière mission, avoua Hermione, la voix à peine audible. Je ne comptais pas abandonner.

— Qu’elle mission ? demanda Pansy en fronçant les sourcils. — Je pensais que ton but était de finir le tournoi — comme tu l’avais promis pour… Sa voix s’étrangla. Pour Mattheo.  

Hermione baissa la tête, observant ses paumes nues — l’absence de tatouage lui serra le cœur. Les larmes brouillèrent sa vision.  

Non.  

Elle n’avait pas encore achevé son destin. Mais avouer la vérité signifiait affronter l’opposition de ses amis, une bataille qu’elle refusait de mener. Elle haussa les épaules, son ton teinté d’une fausse taquinerie.

— Tout vient à point à qui sait attendre.  

Pansy râla tandis que Théodore échappait un faible commentaire acerbe: « les héros et leurs secrets à la noix. »

Harry se redressa brusquement, ses mains claquant avec force.  

— Si tu envisages de rendre visite à ton père, c’est de la folie, lâcha-t-il d’un ton glacial.  

Hermione plissa les yeux, sa bouche se contractant en une ligne dure. Pour quoi se prenait-il ?  

— On n’est pas idiots, continua Potter, le regard acéré. Kingsley a dit que Voldemort voulait te parler. Est-ce que tu vas répondre à son appel ? Et après quoi ? Tu comptes l’assassiner ?  

Un silence glacé tomba, brisé uniquement par des respirations hachées. Les yeux écarquillés, chacun cherchait à interpréter les paroles du Gryffondor. Pansy bondit, sa silhouette tendue, prête à en découdre. Elle fusilla Harry, comme si elle se préparait à lui lacérer le visage.  

— Hermione ne ferait pas une telle chose — elle irait droit à Azkaban.  

— Bien qu’elle soit complètement tarée sur les bords, ce serait démentiel d’agir aussi impulsivement, ajouta Nott en secouant la tête.

Tous reportèrent leur attention vers Hermione, qui ne prononçait pas la moindre parole, les prunelles sombres.  

— Cette partie me concerne, finit par résonner sa voix dans la salle.  

Malfoy se raidit contre elle.

— Les risques sont trop grands, gronda-t-il, son intonation vibrant sous la colère.  

Hermione s’écarta, faisant les cent pas, le dos tourné au groupe. Pansy se ventilait frénétiquement, au bord de l’hyperventilation, tandis que Harry et Ginny scrutaient la Riddle, anxieux. Qu’allait-elle faire ? N’avait-elle pas assez résisté ? Il était temps de baisser les armes.  

Draco, qui s’était redressé pour la rejoindre, s’approcha avec lenteur mesurée — comme s’il approchait un animal blessé. Théodore, en retrait, ravala sa salive, troublé par la scène.  

— Tu peux enfin trouver la paix, petit serpent. Tu n’es plus en danger. Il attrapa doucement son avant-bras, la guidant avec une infinie précaution pour qu’elle croise son regard. Ses yeux scintillaient sous les lumières tamisées, emplis d’une douceur inattendue. Tu as droit au repos. Ton père peut attendre. 

Nott cogitait, sa main tapotant son menton.

— Ce ne serait pas une si mauvaise idée… de liquider Tom Riddle.  

Pansy le saisit brutalement par le col, ses lèvres tordues par l’indignation.

— Tu réalises ce que tu dis ?  

Il se dégagea avec irritation, l’expression sombre.

— Réfléchissez: qu’est-ce que la communauté magique a encore à gagner avec la présence de Voldemort dans une prison ? Rien.  

Le silence s’abattit dans la pièce. Ginny triturait ses joues, abasourdie par le tournant de la discussion, tandis que Luna grignotait discrètement un biscuit, les petits bruits évoquant ceux d’une souris.

—  Je pourrais venir avec toi, murmura la Weasley, hésitante. Mon frère est là-bas. Je ne l’ai pas revu depuis… son emprisonnement. Harry lui serra la main, le cœur lourd.  

Tous avaient perdu quelque chose d’inestimable. Luna portait les séquelles d’une intrusion mentale, Harry avait vu s’effondrer les idéaux qu’il croyait immuables quant à la justice. Malfoy avait frôlé la perte de ses proches. Pansy s’était soumise à des mensonges et aux poisons pour rester fidèle à ses convictions. Et Nott… Elle sentit sa gorge se serrer en croisant le regard de Théodore. Elle connaissait sa douleur.  

— Il serait plus sage que j’y aille seule, convint-elle avec difficulté. Ginny ne fit aucun commentaire, détournant son regard pour se blottir contre Harry. Qui plus est, je dois visiter Mattheo avant. Il m’attend depuis trop longtemps.  

Une larme solitaire glissa le long de sa joue. Malfoy la pressa contre lui, sa mâchoire crispée. Tous comprenaient. Hermione n’avait pas eu la force de visiter la tombe de son frère.  

Il était temps.  

— On sera tous là pour toi, d’accord ? souffla Pansy en détaillant son amie.  

Hermione acquiesça, incapable de formuler un mot. Théodore fut le premier à bouger. Il s’approcha, enveloppant Hermione et Malfoy dans une étreinte solide. Pansy, émue, les rejoignit, suivit de Harry et Ginny, qui ajoutèrent leur chaleur et leur soutien. Hermione resta immobile, submergée par l’émotion. Elle avait tant perdu. Mais elle tenait toujours debout, les paupières closes, la respiration lente avec cette impression constante que Mattheo veillait sur eux.  

Il était temps.  

Elle renifla. Son frère l’attendait.

Chapter 45: Hermione Granger

Chapter Text

CHAPITRE 45

Hermione Granger

« Tu es libre, petit oiseau. Tu peux choisir. »


Un adieu silencieux

L’herbe n’étouffait plus sous la neige —  il n’y avait plus que cette odeur légère, humide. Hermione inspira, ses doigts tremblants se resserrant autour du bras de Malfoy. Comme s’il percevait ses doutes et ses peurs, il la fit doucement pivoter pour qu’elle lui fasse face. Chacun se cherchait des yeux. Peut-être espéraient-ils trouver une réponse dans la caresse fugace du vent ou un souvenir dans les clapotis inaudibles du court d’eau tout près.  

Hermione était perdue et — Draco l’attira contre sa poitrine. Son cœur battait avec cadence et son souffle transportait une tristesse palpable. Elle enfouit son nez contre lui, les joues brûlantes de larmes.  

Elle n’avait que quelques pas à franchir. Ses amis l’attendaient plus loin, sur le petit sentier de terre. C’était là qu’il se trouvait — son frère.  

Malfoy lui releva le visage, ses doigts effleurant son menton.

— Je suis là. Jusqu’à la fin. Fais-moi confiance et accroche-toi à moi, d’accord ? 

Il essuya avec douceur une larme solidaire sur sa joue et Hermione réprima un sanglot. Elle hocha la tête, la gorge trop nouée pour émettre le moindre son.  

La main tendue, il lui offrit un sourire qui n’atteignit pas ses prunelles.

—  Viens.  

Hermione avait tant résisté. Ce moment — se retrouver devant cette pierre gravée, c’était aussi douloureux qu’un coup de poignard. Elle avait besoin… elle devait réfléchir. Respirer. Elle entrouvrit les lèvres, mais son cœur se contracta si violemment qu’elle plaqua une main sur sa poitrine.  

Il fallait qu’elle trouve la force. Pour lui. Mattheo.  

Ses jambes avancèrent d’elles-mêmes. Hermione salua avec hésitation ses amis. Pansy s’accrochait au bras de Théodore, le visage inondé de larmes. Nott fixait obstinément le sol. Ginny n’avait pas eu le courage de venir, pas en sachant que son propre frère avait causé la mort de Mattheo. Harry l’étreignit brièvement, puis remonta ses lunettes sur son nez, les yeux rouges.  

—  Un peu de classe, Potter, grogna Malfoy.  

Le concerné le foudroya du regard et Hermione éclata de rire. Elle en avait besoin. Fermant les yeux, elle tendit son visage vers le ciel, laissant les rayons du soleil glisser sur ses boucles.  

Les minutes s’égrugèrent rapidement, s’effaçant.

Hermione ne sut combien de temps elle resta agenouillée devant la pierre tombale. Elle traça du bout des doigts les lettres incrustées, un sourire mélancolique sur les lèvres.

Mattheo Riddle

1979-1998

Dans chaque ombre, il trouvait la lumière.

Un cœur vaste comme le ciel, un frère inoubliable.

Jamais oublié, toujours aimé.

Théodore leva sa baguette, la gorge nouée. Hermione suivit les mots qui se formaient lentement sur la stèle, les yeux brouillés de larmes.  

« On se serre les coudes, d'accord ? » « Toujours. »

Harry partit le premier. Peut-être était-ce le froid ou l’épuisement d’un nouvel adieu, Hermione n’en savait rien. Pansy se pencha vers elle, interrompant ses pensées, et entrelaça leurs doigts. Des fleurs se métamorphosèrent — des lilas. 

—  Il restera dans nos mémoires, Mione. Pour toujours, murmura son amie avant de se redresser.  

Pansy tendit une main à Théodore, mais Hermione s’interposa. Elle avait besoin de — leurs regards se croisèrent, et Nott hocha la tête. Malfoy comprit et s’éloigna avec Parkinson, les laissant seuls.  

Une légère brise glaciale soulevait les mèches rebelles d’Hermione, mais elle n’y prêta aucune attention. Elle ne voyait que Théodore, le visage figé, les traits tendus par l’émotion. Le silence s’étira, dense et oppressant. Hermione ne savait si c’était elle qui retenait son souffle ou son ami.  

—  Je suis désolée de ne pas avoir été là pour toi. J’ai perdu mon frère, mais toi… toi, tu as perdu l’homme que tu aimais.  

Les yeux de Nott brillèrent sous la lumière du jour.  

— Comment l’as-tu su ? demanda-t-il, la voix brisée.  

Hermione esquissa un sourire triste et désigna ses tempes, mimant une connexion silencieuse.  

— Je l’ai toujours su. Je – Je pouvais lire les pensées de mon frère. J’ai aussi vu comment il te regardait, la manière dont vous… étiez faits l’un pour l’autre. J’étais heureuse pour vous deux. Et… j’aurai aimé avoir plus de temps pour l’aider à surmonter ses doutes sur l’amour. Ses peurs.

Théodore détourna les yeux, sa mâchoire se contractant dans une vaine tentative de contenir ses larmes.  

—  Il tenait vraiment à toi, tu sais. Peut-être que c’est pour ça qu’il se comportait parfois comme un épouvantable idiot.  

Hermione se pinça les lèvres, se rappelant parfaitement ce que cela faisait —  d’être effrayée d’être aimée, d’être chérie.  

— Moi aussi, j’ai agi comme un imbécile, admit Nott. Sa voix trembla, et il se passa une main sur son visage, essuyant maladroitement les larmes qui coulaient librement.  

Hermione s’approcha, brisant la distance entre eux pour l’envelopper dans une étreinte qui leurs broyèrent le cœur à tous les deux. Il n’y avait plus que l’écho de leurs respirations.  

— On traversa ça ensemble, d’accord ? murmura-t-elle, les yeux clos contre son épaule.  

Théodore éclata en sanglots, s’agrippant à ses épaules avec un désespoir qui la fit frissonner.  

—  Je l’aimais. Je l’aime encore et… je n’ai pas eu la chance de lui dire.  

Hermione glissa ses doigts contre la crinière de son ami, les lèvres tremblantes.

—  Il le sait... sa voix faiblit, brisée par l’émotion. Il le savait depuis quelques temps. Et lui aussi —  il t’aimait.  

Théodore étouffa un gémissement contre son cou, le corps secoué de sanglots. 

Le ciel, comme s’il écoutait leur peine, déversa un torrent de larmes. Les gouttes s’écrasèrent sur le sol, éclaboussant la pierre tombale. Un halo bleu nuit semblait scintiller à travers les faibles rayons des cieux, comme si la présence de Mattheo les accompagnait.  

Hermione et Théodore restèrent ainsi, figés dans une étreinte silencieuse, leurs silhouettes floues. La pluie effaçait tout autour d’eux – les bruits, les couleurs, le monde extérieur. Il ne restait plus que cette douleur, cette perte et ce poids écrasant dans leurs poitrines.  

Il n’y avait plus que lui. Mattheo.


Une lueur au bout du tunnel Hermione, Malfoy

—  Comment ça s’est passé ?

Draco, accroupi contre la poutre de la tour d’astronomie, dominait Hermione de son regard scrutateur. Ses mains tremblaient légèrement, comme s’il hésitait à agir, à combler l’espace entre eux. Hermione se demanda s’il voulait s’approcher. Attendait-il son autorisation ?

Elle lui offrit un sourire triste et posa ses doigts sur les siens, apaisant ses tics nerveux.

—  Bien, je crois.

Ses lèvres se pincèrent alors qu’elle s’égarait dans ses pensées. Depuis leurs aveux, Théodore et elle s’étaient rapprochées. Ils déambulaient dans les couloirs de Poudlard, bras-dessus, bras-dessous, le cœur alourdi par les secrets qu’ils partageaient.

—  Tu… Draco se passa une main dans les cheveux dans un geste maladroit.

Hermione le fixait, intriguée par ce qu’il peinait à formuler.

—  Je suis content que tu sois là pour lui, finit-il par murmurer en caressant distraitement sa joue.

Sa main glissa vers celle d’Hermione, traçant des cercles sur sa paume. Il semblait ailleurs, pris dans un tourbillon de pensées. Il brisa le silence dans un souffle :

—  Granger.

Hermione releva la tête, ses sourcils légèrement froncés.

—  Est-ce que c’est un de tes jeux ou une devinette ? rétorqua-t-elle.

Un sourire gêné étira les lèvres de Draco, tandis qu’un rouge vif colorait le haut de ses oreilles.

Hermione sentait son cœur s’emballer. Ce nom… il était familier. Elle se rappelait avoir eu cette discussion avec son frère. Il y avait bien des années.

—  Si tu pouvais ne pas être une Riddle, tu choisirais quel nom de famille ?

Mattheo avait pris une pose théâtrale, entrelaçant les barreaux de la cage d’Hermione. Ses sourcils s’étaient froncés dans une mimique de réflexion exagérée. Elle savait pertinemment qu’il connaissait la réponse. 

—  Granger, avait-il fini par déclarer avec un sourire. Ça parle de grandeur d’esprit, de générosité… Ça sonne bien, non ?

Hermione avait ri à l’époque, incapable d’imaginer un avenir où cette idée aurait du sens. Elle sentit une douleur sourde lui comprimer la poitrine. La main plaquée contre son cœur, ses inspirations devinrent lourdes. Draco l’observait, décontenancé.

—  Ce n’est qu’un nom de famille qui m’est venu en tête en pensant à toi, admit-il en se grattant le crâne. Malfoy s’éloigna d’Hermione, une moue embarrassée sur le visage. Ça m’évoque ta grandeur, ta générosité… et ce rôle de gardienne que tu ne cesses de jouer.

Il s’approcha de nouveau, ses yeux cherchant les siens. Hermione resta silencieuse, pétrifiée par la force de ses émotions. Elle n’entendait plus les battements désordonnés de son cœur résonnant dans ses tempes.

—  Granger, parce que, tu sais, tu es… grande. Pas en taille, évidemment. Il esquissa une risette et Hermione roula des yeux, le frappant légèrement au bras, ses lèvres se courbant malgré elle. Mais dans ta manière d’occuper tout l’espace, de me rendre fou avec tes idées et tes grands airs.

Draco glissa ses mains sur ses hanches pour la rapprocher. Ses lèvres frôlèrent son oreille, et sa voix baissa d’un ton.

—  Ça me semble approprié. Rusée, courageuse et… un peu insupportable.

Hermione émit un rire de la gorge, les yeux remplis de larmes. Elle se contenta de hocher la tête. Draco la serra davantage, enroulant ses doigts dans ses cheveux alors qu’il inspirait doucement son parfum.

Elle avait besoin de lui.

— J’aime beaucoup, chuchota-t-elle.

Il avait besoin d’elle.

Il n’y avait qu’un mince espace entre eux. Malfoy écarta ses lèvres de son pouce, les yeux sombres.

— Granger, répéta-t-il comme un mantra.

Hermione ferma les yeux, se laissant envahir par la douceur de son souffle contre sa peau. À cet instant, rien d’autre n’existait que cette sensation. Ses baisers et sa chaleur. Il enflammait chaque parcelle de son être et elle ne désirait plus qu’une chose : se fondre et s’abandonner entièrement sous son toucher.


Un passage à traverser Quelques mois plus tard

Assise sur le rebord de la fenêtre de la salle commune, Hermione contemplait le ciel nocturne, une plume entre les doigts. Aujourd’hui, son séjour à Poudlard prenait fin. Ses amis assistaient au toast dans la Grande Salle pour honorer l’année qui s’était écoulée. Elle préférait rester ainsi, à contempler les étoiles. Mitigée, elle n’arrivait pas à canaliser son énergie sur la moindre tâche. Il n’y avait que ce but, cette impression de devoir accomplir plus qui la taraudait. Distraitement, Hermione caressa le médaillon attaché autour de son cou. Il ne la quittait plus. Il vivait avec elle chaque instant, chaque perte et chaque éclat de rire.

Draco s’approcha silencieusement, son regard fixé sur elle, l’air soucieux. Le Basilic dans l’antre des Serpentard se mouvait avec lenteur, comme s’il analysait la jeune femme avec curiosité.

Hermione avait fait une liste des personnes qui avaient succombé sous les jougs de Kingsley. Les lèvres pincées, elle aplatit la feuille contre la mince alcôve contre la fenêtre. L’encre rouge imprimé sur le parchemin semblait rayonner dans la semi-obscurité des lieux. Elle fronça les sourcils, la gorge nouée.

Eleanor

Tobias

Mattheo

Gregory Podmore

La sirène

Rita Skeeter

Le Grapcorne

Le Centaure

Les prénoms s’enchaînaient dans son esprit comme un cercle vicieux – un compasse strident de mauvaises nouvelles. Hermione se frotta les paupières, lasse.

—  Comment s’est passé ton rendez-vous ?

Malfoy s’adossa au mur près d’elle, la tête penchée. Il cherchait son regard comme s’il approchait un animal blessé. Hermione serra les poings, reportant son attention vers le paysage extérieur. Les luminaires magiques étincelaient dans le ciel. Il y en avait soixante-deux.

—  Bien, répondit-elle d’un ton détaché, trop détaché.

Draco haussa un sourcil, sceptique. Presque réprobateur. Hermione grogna en le voyant faire.

—  Tu n’y vas plus, n’est-ce pas ?

Le râle qui s’échappa de ses lèvres fut sa seule réponse. Une main plaquée contre sa nuque, Hermione se força à réfléchir. Ça faisait trois mois qu’elle consultait un psychologue magique, qui démembrait chaque souvenir de son enfance avec elle à l’aide d’un sortilège. Il l’a poussée à s’ouvrir, à pardonner et à lâcher prise. Une mission plus que difficile.

Hermione se retourna, croisant les prunelles de Malfoy. Un mince sourire, presque désarmant s’accrocha à son visage. Mais Draco était fin observateur – il remarqua l’ombre qui brillait dans ses yeux.

—  Je me sens bien, et… plus inspirée.

Il croisa les bras, son ton devenant plus direct.

—  L’inspiration, c’est bien. Mais qu’en est-il de tes lettres ?

Hermione resta silencieuse un instant, les lèvres pincées. Elle savait qu’il faisait référence à son père. Depuis ces fameux rendez-vous, elle avait eu l’ingrate tâche de mettre sur papier ses maux et blessures. Peut-être que le docteur Bitorv espérait qu’elle adresse ses douleurs à son père. Un rire s’échappa de ses lèvres en considérant cette idée. C’était saugrenu. Tom n’écouterait pas ses plaintes. Il n’y avait qu’une façon d’opérer avec lui – la violence.

—  J’ai cédulé une rencontre, admit-elle, le regard sombre. Je préfère lui dire les vraies choses en face, tant que j’en ai la possibilité.

Malfoy se pencha pour se poster à sa hauteur, ses yeux perçants scrutant son visage. Il savait percer ses réticences avec une telle facilité que ça lui donnait la nausée. Elle n’avait pas eu cette sensation depuis… depuis son frère.

—  Et ta promesse ? Est-ce que tu comptes la tenir ?

Hermione secoua la tête, jouant avec la plume entre ses doigts.

—  Ce n’est pas le moment. Pas encore.

Malfoy lui empoigna le menton. Elle se revit, dans ce même couloir en serviette, plongeant son genou dans les parties intimes du Serpentard. Comme s’il lisait dans ses pensées, il resserra sa prise, un air satisfait au visage.

—  Est-ce que tu comptes me refaire une démonstration de ta force, petit serpent ?

Hermione plaqua son front contre le sien. Son souffle était chaud et ses cheveux blonds caressaient son nez. Elle inspira lentement, les yeux luisant sous la détermination.

—  Est-ce que tu serais à la hauteur de mes poings ?

Draco se pinça les lèvres, frottant celles d’Hermione avec un air carnassier.

—  Des menaces, Granger. J’attends des actions.

Hermione plaqua ses mains contre son torse, empoignant avec force sa cravate, un sourire amusé déformant ses traits.

—  J’ai une meilleure alternative.

Leurs lèvres s’entrechoquèrent dans une dance endiablée. Malfoy grogna, agrippant ses hanches avec force. Ses doigts creusèrent contre sa chaire alors qu’il la soulevait. Il n’y avait plus que ce combat et leurs souffles alors qu’il poussait sa porte d’une main pour la projeter dans son lit.

Pour Draco, elle était tout. Son tout.

Son petit serpent.

Hermione Granger.


La froideur des barreaux Voldemort, Hermione  

L’air à Azkaban était étouffant, chargé d’un désespoir lourd qui s’accrochait aux poumons comme de la fumée âcre. Les couloirs de pierre étaient sombres et humides. Il n’y avait qu’une mince lueur filtrant à travers les ouvertures grillagées des fenêtres.

Hermione contempla les dizaines de gardes postés dans les sombres corridors. Tous étaient vigilants. Les chaînes rouillées suspendues aux murs cliquetaient faiblement sous l’effet du vent froid et chargé de sel.

—  Tu as trente minutes, expliqua un des vigiles, une capuche rabattue sur son visage, obstruant son expression et son teint terne.

Hermione pouvait entendre l’écho de voix, des murmures et secrets innombrables d’âmes perdues qui s’étaient flétries entre les murs. Elle s’approcha des barreaux de la cage 803, les yeux sombres sondant les environs avec prudence. Son regard dériva vers une silhouette amaigrie.

—  Bonjour, père.

Un sourire glacé fendit le visage de Tom Riddle. Ses yeux rouges flamboyaient avec malice.

—  Tu as pris du temps avant de venir me voir, mon enfant. Si nous n’étions pas en si mauvais termes, je serais blessé par ton silence.

Hermione ne répondit pas. Sa gorge était nouée, serrée par un mélange de rancœur et de colère à peine contenue. Elle n’était pas là pour converser du beau temps, mais transmettre un message à l’homme qu’elle méprisait autant qu’elle craignait.

D’un geste théâtral, Voldemort plongea une main dans la poche de sa cape déchirée et en tira un objet qu’il lança à ses pieds. Le projectile heurta le sol avec un bruit sourd, glissant sous les barreaux. Hermione baissa lentement les yeux et aperçut une langue visqueuse, aux teintes malsaines de rose et de bleu.

—  Un cadeau de la part de Weasley, chantonna Tom, sa voix tranchante et moqueuse. Vu son arrogance, je me suis dit que tu aimerais la collectionner.

—  Alors tu es au courant. Ses mots étaient chargés de tension. Elle évita soigneusement d’observer l’horrible trophée à ses pieds.

Elle connaissait le sort de Ron Weasley. Elle n’avait pas prévu le tuer de ses propres mains, consciente qu’elle aurait été condamnée à Azkaban aux côtés de son père. Mais Voldemort, en l’occurrence, n’avait pas cette patience.

Tom Riddle, installé contre le petit lit miteux, le dos contre le mur froid en pierre, esquissa un sourire sardonique. Une rage sourde se soudait derrière son masque de mépris.

—  Il parlait trop, déclara-t-il avec mesquinerie.

Voldemort n’était pas un incompétent. Il connaissait les actes de Ron Weasley. Il avait tué son fils. Les poings crispés du sorcier maudit se crispèrent, ses phalanges se blanchissant sous la tension. Hermione, le regard fixe et froid, l’observa avec lenteur. Son visage émacié était presque cadavérique, des veines violacées marquant ses tempes pâles. Sa silhouette, autrefois imposante, était désormais frêle sous sa robe de prison grise. Mais ses yeux… ses yeux rouges brûlaient toujours avec ce même éclat. Il n’était ni son père ni un homme à part entière, mais une menace constante et inhumaine.

Ginny, qui avait souhaité l’accompagner, serait sans voix si elle apprenait ce qui s’était produit dans la prison. Ron avait eu la malchance d’être le voisin de Tom Riddle. Hermione analysa la cage à sa gauche et découvrir du sang séché léchant les parois dure du sol. Une odeur miteuse et putride s’échappait des barreaux. Une personne normalement conçue se courberait sous le dégoût et régurgiterait son déjeuner avec horreur – pas Hermione. Elle esquissa un mince sourire.

Une mission de plus d’accomplie.

Voldemort s’était servie d’elle pendant tant d’années, elle pouvait bien tester sa soif de sang pour éliminer une sombre menace.

Son attention se porta sur son collier – le médaillon émettait un halo bleuté contre sa poitrine. Elle s’en empara, penchant sa tête pour fusiller son père avec moquerie.

—  Tu ne voulais pas que je le trouve, n’est-ce pas ?

Elle tournoya proche du cachot de Tom Riddle, les traits durs. Son père restait silencieux.

—  J’imagine que tu t’attends à des remerciements de ma part, cracha Hermione avec fureur.

Voldemort s’esclaffa, les yeux clos. Sa tête se cala contre le mur. Il était pitoyable, pensa-t-elle avec colère.

—  Pour t’avoir aidée à créer ce portail et que tu trouves ce livre qui t’a sauvé la vie ? Ou pour toutes les fois où je t’ai prévenu dans ton esprit de ce qui approchait ? Qu’est-ce que je t’ai toujours dit ? Vigilance. Il faut tuer ses ennemies avant qu’ils amorcent le moindre geste. Voldemort rouvrit ses yeux, l’éclat rouge se répercutant dans sa cage. Tu n’as pas écouté.

Hermione émit un rire sinistre, ses doigts toujours recourbés contre le médaillon. Toute sa vie, elle pensait avoir une présence dans son esprit – un monstre qui la poussait à commettre des actes abominables. Elle avait failli basculer vers la noirceur. Mais ce n’était encore une fois qu’un mensonge. Une putain de farce.

—  Tu étais dans mon cerveau pendant tout ce temps.

C’était une affirmation et Tom hocha la tête, un air satisfait défigurant ses traits.

—  Tu m’as poussé à avoir peur de ma propre nature lorsque tu étais l’homme tirant les ficelles de ma folie intérieure.

Voldemort claqua sa langue contre son palais avec frustration.

—  Je n’ai pas corrompu ton esprit, je t’ai poussé à grandir. Il s’éloigna de la paroi dure contre son dos pour l’analyser avec froideur. Tu es forte, grâce à moi. Il plaqua une main contre son torse avec fierté.

—  Tu voulais que je tue Ron Weasley.

—  Je t’ai accompagné toutes ses années, je te connais plus que n’importe qui, continua son père avec douceur. Je sais tes faiblesses, tes peurs et tes désirs.

—  Tu espérais que je te rejoigne ici. Je te manquais à ce point ?

Elle cracha ses dernières paroles comme s’il s’agissait d’une insulte. Voldemort soupira, roulant ses yeux.

—  Est-ce que tu peux vraiment m’en vouloir de souhaiter passer plus de temps avec ma fille ? Il se redressa, frottant une poussière imaginaire sur sa tenue de prison. Si tu étais à mes côtés, on aurait pu sortir, se libérer. Avec tes pouvoirs, tu —  

—  Alors c’était ça, ricana-t-elle avec dégoût. Tu voulais te servir de moi. Tu ne changeras jamais.

Tom Riddle souleva ses épaules avec flegme, comme s’il n’était pas affecté par la possibilité de rester le même. Hermione retroussa ses lèvres, le cœur battant à tout rompre contre ses tempes.

—  Est-ce que tu as manipulé mon esprit pour que je tue Draco ?

Son père émit un sifflement, le regard mauvais.

—  C’était Kingsley. Je n’acceptais pas ses méthodes, mais il avait raison sur un aspect — le fils de Lucius te rend faible. Regarde-toi, tu n’as jamais été aussi pitoyable de toute ta vie.

—  Dis l’homme coincé dans une prison pour le reste de ses jours, ricana Hermione en se frottant les jointures de ses mains. Elle planta ses iris gris dans ceux de son père, un sourire satisfait au coin des lèvres. Tu ne peux plus m’atteindre, maintenant. Elle toucha son pendentif avec lenteur. J’ai ma protection.

Elle n’entendait plus la voix de son père dans son esprit depuis la découverte du médaillon. C’était un moment de répit qui lui avait fait comprendre bien des évènements. Pendant tout ce temps, elle pensait être folle, mais c’était les agissements de son père. Il avait empoisonné son cerveau de sa rancœur et de sa haine. Mais elle était plus que ses sentiments sombres — elle était Hermione Granger.

—  Tu dois être triste de ne plus avoir de contact avec moi, n’est-ce pas ? ricana Voldemort en s’approchant de la silhouette de sa fille.

Elle portait un pull chaud, vert. Des initiales s’entrecroisées sur le tissu de laine. D.M. Draco Malfoy. Il grimaça en l’apercevant et elle lui offrit un sourire moqueur.

—  Je suis libre d’agir comme je l’entends, de la douleur qui me mitraillait le cerveau. Tu ne pourras plus me blesser.

—  Je n’ai agi que pour ton propre bien. C’est ce que fait une famille – on se protège.

—  On se protège ? Hermione tremblait de rage, les yeux furibonds. Qui m’a protégé quand j’avais treize ans. Sa voix monta d’une octave. Dolohov…, elle déglutit, détournant son regard. Il m’a… Il m’a…

Hermione se détourna, les larmes ruisselant sur ses joues alors qu’une douleur irradiait de sa poitrine. Elle plaqua une main contre son cœur, dans l’espoir de se protéger. Mais la souffrance persistait. Elle serait toujours présente, l’accompagnant dans chacun de ses gestes.

—  J’ai résisté à corps et à sang, j’ai hurlé et frappé. J’espérais qu’on me viendrait en aide, mais personne n’est venu. J’étais seule.

Hermione planta son regard dans celui de son père, agrippant les barreaux avec férocité, les dents serrées.

—  Tu as enfermé Mattheo ce jour-là. Il ne pouvait pas m’atteindre, mais il a entendu ma douleur, mes cris d’agonies.

Voldemort se crispa, les lèvres pincées. Il évitait son regard comme si les yeux de sa fille pouvaient le glacer jusqu’à son âme. Elle l’espérait.

—  Il m’a détruite.

—  Je ne savais pas ce qu’il t’avait fait, je le jure, souffla avec douleur son père.

Il tenta de s’approcher de sa fille, mais elle le défia du regard avec une telle haine qu’il suspendit son geste. Hermione tremblait trop de rage. Se remémorer ses souvenirs – c’était comme plonger une dague dans son ventre. Elle ferma les paupières avec force.

—  Vous m’empêchiez d’utiliser ma magie avec les bracelets, mais j’ai réussi à lui voler son couteau. Je l’ai défiguré. Hermione planta ses yeux brillants de larmes dans ceux de son père. J’ai été incapable de le tuer. Il a retourné mon arme contre moi et il m’a laissé pour morte, sur le sol, nue et ensanglantée.

Tom Riddle détourna le regard, des larmes au coin des cils. Ses poings formaient des lignes blanches tant ils étaient crispés.

—  Quand je l’ai su, je l’ai tué. Ici, même, dans cette cellule. Voldemort pointa la cage voisine, le visage sombre et ses membres tremblants sous la colère. Ils ont oublié de me mettre des bracelets anti-magie, ils pensaient qu’en m’enlevant ma baguette ça suffirait. Alors, un soir, j’ai intégré son esprit et je l’ai tué, lentement.

—  Mais c’était déjà trop tard, répliqua-t-elle, la voix brisée. Tu voulais m’endurcir, mais tu n’as fait que me briser.

Hermione planta son visage contre les barreaux en acier, les traits défaits sous la haine et la tristesse.

—  Je te briserais à mon tour. Je t’en fais la promesse.

—  Ma fille, chuchota son père avec douleur.

Hermione claqua sa paume contre les parois en acier, le bruit sourd se répercutant dans toute la prison.

—  Tu n’as plus d’héritier. Et je ne suis certainement pas ta fille. Tu n’as jamais eu l’honneur de pouvoir m’appeler ainsi.

Voldemort tordit ses lèvres dans une grimace furieuse. Ses yeux étincelaient sous la rancœur.

—  C’est faux. Tu portes encore mon nom de famille. Tu es l’héritière maudite des Riddle, celle qui rasera la communauté magique, celle qui renaîtra de ses cendres.

Hermione s’éloigna, les yeux sombres. Son père paniqua face à la distance, se cramponnant aux barreaux comme s’il s’agissait de sa bouée de sauvetage. Il tendit sa main, essayant en vain de l’atteindre.

Pitoyable.

—  Je t’aime, Hermione, avoua-t-il. Tu es ma fille. Et tu es la chose la plus précieuse qui me sois arrivé. Ensemble, nous pouvons —  

—  Non, claqua-t-elle avec force. L’héritière maudite est morte. Je l’ai tué. Il n’y a plus que moi. Hermione Granger. Je n’appartiens plus à cette famille de tueurs. Tu es seul et tu le resteras éternellement.


Deux ans plus tard des souvenirs enfouis

Le manoir des Malfoy se noyait dans l’obscurité de la nuit, chaque couloir alourdit par des décennies de secrets étouffants et de douleurs inexprimées. Hermione s’y mouvait avec une assurance silencieuse, sa robe vert forêt ondulant derrière elle comme une ombre.

Depuis la fin du Tournoi, elle s’était plongée dans l’art complexe des sortilèges de guérison mentale, perfectionnant une discipline que peu osaient pratiquer. Les murs, couverts de tableaux anciens aux regards perçants, analysait chaque mouvement de la jeune femme. Un tapis noir, étouffait le moindre bruit de ses pas.

Les moulures dorées qui ornaient le plafond luisaient sous les bougies enchantées. L’air portait une odeur de cire chaude, de bois ancien et de parchemins agrémentés de menthe. Hermione sourit dans la noirceur, le visage serein. Elle avait franchi les portes en chêne massif un nombre incalculable de fois. Le souffle léger, elle continua sa trajectoire jusqu’à atteindre un passage étroit, illuminé de petites lanternes orangées. En entrouvrant le battant, ses yeux analysèrent la pièce prenant forme.

Des fleurs aux couleurs mauve, jaune et bleu amoncelaient la salle. Toutes suspendues dans les airs par un sortilège.

Hermione passa ses doigts sur les tulipes et lilas avec un air pensif. Chassant une poussière imaginaire de sa robe aux fines bretelles, elle s’installa au bord du lit de Narcissa, enveloppant doucement sa main glacée dans la sienne. La mère de Draco n’était plus qu’une coquille vide, brisée par les maléfices d’invasion mentale que son propre mari lui avait infligés. Ses souvenirs avaient été arrachés, fragmentés, et Hermione s’était juré de restaurer son esprit morcelé. Depuis près de six mois, elle tissait patiemment des labyrinthes dans les méandres de sa mémoire, cherchant à réparer les dommages.

Hermione posa avec délicatesse ses doigts contre les tempes de Narcissa. Une lumière argentée scintilla au creux de ses paumes tandis que des incantations apaisantes s’échappaient de ses lèvres. Narcissa ferma les yeux, son souffle se calmant, et elle sombra dans un sommeil paisible.

Les heures s’égrenaient, mais Hermione restait immobile, gardienne silencieuse à son chevet. Assise dans un fauteuil de velours vert émeraude, elle luttait contre le sommeil, ses paupières mi-closes, sa tête inclinée dans une posture inconfortable. Lorsque Draco entra dans la pièce, son regard se posa sur elle – elle était frêle, mais indomptable. Un sourire doux effleura ses lèvres malgré lui.

—  Viens dormir, petit serpent, murmura-t-il en s’approchant.

Hermione remuait à peine, ses lèvres articulant des mots incohérents. S’agenouillant près d’elle, Draco effleura sa joue de son pouce pour écarter quelques mèches désordonnées.

—  Draco, souffla-t-elle, d’une voix brisée par la fatigue. Je n’ai pas encore fini. Je dois… je dois…

—  Chut.

Avec précaution, il glissa ses bras autour d’elle et la souleva comme si elle était faite de verre. Hermione protesta faiblement, sa tête tombant mollement contre son épaule.

—  Je suis en forme.

C’était une plainte, faible et surtout inefficace. Malfoy l’ignora, les yeux brillants et amusés.

—  Pas assez.

Il l’emmena jusqu’à leur chambre, ignorant ses objections teintées d’un humour acide.

—  Même dans l’état dans lequel je suis, je pourrais toujours te foutre la raclée du siècle, marmonna-t-elle, les paupières mi-closes.

—  Vraiment ? J’aimerais bien te voir essayer.

Un sourire en coin étira ses traits. Hermione plissa les yeux, une lueur espiègle dans ses prunelles.

—  Tu es si déterminé à te battre contre moi ?

—  Toujours.

Ils échangèrent un sourire complice avant que Draco ne capture ses lèvres dans un baiser.

Allongée sur le lit, Hermione semblait reprendre vie sous les caresses de Malfoy.

—  Je pourrais créer une potion stabilisante pour son esprit, le temps d’éliminer les souvenirs implantés par Lucius, réfléchit-elle à voix haute alors que Draco traçait de ses lèvres la peau de son cou.

Ses mains glissèrent sur ses hanches. Il défaisait lentement les boutons de sa robe. Hermione lutta sous les innombrables frissons qui prirent forme le long de ses bras sous son toucher.

—  Je pensais aussi à –

—  Est-ce que tu comptes passer la nuit à me tuer sous la frustration, Granger ? gronda-t-il, son regard brûlant de désir détaillant ses sous-vêtements sombres.

Hermione esquissa un sourire narquois.

—  Tu préfères que je me taise ?

Sans un mot, Draco scella sa bouche avec un baiser féroce, ses mains s’enroulant autour de son corps pour la plaquer contre le matelas. Hermione gémit doucement, ses yeux brillant d’un éclat triomphant.

—  Tu as fait exprès, n’est-ce pas ? murmura-t-il, mi-agacé, mi-amusé.

—  Peut-être.

Un sourire provocateur étirait ses lèvres. Malfoy lui pinça le nez sous sa réaction, les sourcils froncés.

—  Si tu veux me taire, tu n’as qu’à le faire.

Draco, sans cesser de la fixer, plaqua sa main autour de sa gorge, exerçant une pression légère, juste assez pour lui faire relever le menton et croiser son regard.

—  Tu es libre de choisir, petit serpent. Alors, dis-moi, que devrais-je faire de ta jolie bouche ?

Le défi dans ses prunelles fit frissonner Hermione et son sourire s’élargit. Elle était inspirée. Repoussant Malfoy pour l’encadrer de ses hanches, elle traça avec lenteur les cicatrices et tatouages sur sa poitrine. L’encre noire prenait des formes de serpents, de fleurs et des arcs spectrales de runes enchantés. Ses doigts se perdirent dans les muscles durs de ses abdominaux jusqu’à atteindre sa cible. Draco entrouvrit ses lèvres, le souffle court.

—  J’ai des idées, fut sa seule promesse avant de s’abaisser.