Chapter Text
#12 - Adoration mal placée
(Zannah, 20 ans, headcanon)
Les conséquences des événements sur Tython poursuivirent Maître et Apprentie un long moment durant. Même une fois débarrassés des Jedi sur Ambria, et de retour dans l'immensité de l'espace pour fuir dans une nouvelle direction, tout n'était pas entièrement terminé.
La convalescence de Bane, évidemment, était la principale chose qui rappelait Tython à leur mémoire. Il s'était éveillé de nouveau à bord du Loranda , et avait consommé une quantité incroyable de rations de nourriture, comme s'il n'avait pas mangé depuis des décennies. Zannah était bien trop soulagée de le voir reprendre des forces pour s'opposer à ce comportement absolument contre-indiqué dans une cavale. De toute manière, cela ne dura que le temps d'une journée standard, et il retourna rapidement à d'autres préoccupations, telles que l'étude de l'Holocron de Belia Darzu. Les tout premiers jours, il avait insisté pour rester nu, car sa peau toute neuve était trop fine et fragile pour supporter le tissu des vêtements qui se trouvaient à bord du vaisseau.
Alors qu'elle passait par le couloir qui menait notamment à la cabine que Bane ne quittait pas, elle s'arrêta dans l'embrasure de sa porte ouverte. Il était plongé dans une profonde méditation, assis en tailleur sur le sol, torse nu, les yeux clos devant l'Holocron qui lévitait devant lui. L'hologramme du gardien s'activa, et il ouvrit les yeux pour le regarder avec une certaine forme de fierté.
Honnêtement, Zannah aurait pu rester plantée là, à le regarder, pour l'éternité. Un témoin silencieux des machinations d'un grand Seigneur Sith. Sa puissance était incontestable, à la lumière de sa récupération si rapide après être passé si près de la mort.
Malgré sa peau rosâtre et de mauvaise qualité, Bane était de nouveau tout aussi imposant qu'il ne l'était le jour où elle l'avait rencontré. Tout en hauteur et en muscles, son pouvoir immense était canalisé dans ce corps aux proportions gigantesques, et chaque parcelle de lui -- chaque glorieuse parcelle de lui -- exsudait sa puissance.
Même lorsqu'il était blessé et mourant, cette puissance avait encore été présente dans cette figure imposante, et elle l'avait maintenu en vie. Zannah ne pouvait se l'expliquer, mais même dans le brouillard de la panique qui l'avait enveloppée lorsqu'elle avait cru que tout était perdu, il persistait une petite part d'elle-même qui refusait de croire que Bane ne pouvait être autre chose qu'immortel.
C'était un cheminement de pensées dangereux, et elle le savait. Lorsqu'elle était enfant, elle avait déjà pu se perdre dans des moments d'idolâtrie, et Bane l'avait maintes fois prévenue qu'il était définitivement mortel, avec cette irrévocabilité qui ne fonctionnait pas très bien sur les enfants. Elle n'avait pas pu s'empêcher de l'admirer avec une telle force -- il était tout ce qu'il lui restait.
Il lui avait paru être digne d'un géant des mythes, indomptable et inébranlable, si puissant qu'elle se mit à le révérer. Il l'avait élevée, lui avait assuré qu'elle aurait toujours accès à de l'eau, à de la nourriture et à un endroit où dormir, et il l'avait formée aux voies des Sith avec une patience qui contredisait son caractère chaotique. Bien évidemment qu'elle l'avait vénéré.
Désormais, elle comprenait à quel point elle avait eu tort. Bane n'était qu'un homme, malgré toute sa puissance. Il était faillible et il était mortel. Exactement comme il n'avait eu de cesse de lui répéter, toutes ces années durant, afin de lui faire comprendre que ce n'était pas parce que quelqu'un possédait un pouvoir et une force apparemment sans limites, qu'il était pour autant immunisé contre tous les ravages du temps et des blessures.
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- La sottise te tuera, lui avait-il dit en s'agenouillant devant elle.
Zannah n'avait alors que douze ans, et sa main saignait à cause du couteau qu'elle utilisait alors pour s'initier au combat.
- Ne te crois pas incapable de commettre des erreurs, avait-il poursuivi. La fierté te fera perdre toute raison, et c'est cela, ma jeune apprentie, qui te mènera à l'échec.
- Tout le monde commet des erreurs, avait-elle répété en fermant son poing ensanglanté. Même vous, Maître ?
Bane lui avait jeté un regard évaluateur et avait pris sa petite main dans la sienne, ouvrant ses fins doigts qui compressaient la plaie au milieu de sa paume.
- Même moi, avait-il confirmé en appuyant son large pouce sur toute la longueur de la plaie pour contrôler le saignement. Personne n'est parfait, Zannah. Ne sois jamais tentée de penser le contraire.
- Mais..., avait-elle protesté.
- Nos actions ont des conséquences. Toutes nos actions. Lorsque tu parviendras à accepter cette vérité, alors tu commenceras à comprendre la gravité des choix que tu feras.