Chapter Text
Première partie
Dessel rentrait tard d'une journée éprouvante dans les tunnels sans fin serpentant sous la surface fade d'Apatros. Ses courbatures s'avéraient tellement douloureuses qu'il avait peiné à remonter à la surface, et il était donc monté dans le tout dernier transport, bien longtemps après son père et les amis de celui-ci.
Ces derniers s'étaient d'ailleurs probablement rendus directement à la cantina, car même en arrivant aux baraquements dix minutes après Hurst, il ne l'avait croisé nulle part – ni dans leur logement, ni dans les douches, ni dans les rues alentours. Tant mieux, avait-il pensé, car il était trop fatigué pour endurer la haine coutumière de son père.
Il délassa ses muscles endoloris sous la douche bien trop tiède à son goût. L'eau chaude était une denrée rare sur Apatros, comme tout ce qui touchait au confort. Trop tarder faisait que les premiers servis s'en emparaient sans vergogne.
Les douches communes du baraquement furent bientôt occupées par une seconde personne. Keetal, le voisin des Heldane père et fils, arriva quelques minutes après Dessel, et celui-ci ne put s'empêcher de songer que son retard n'avait pas les mêmes raisons que le sien. Même si le nouvel arrivant faisait lui aussi partie de l'équipe de jour, il n'avait clairement pas pris le tout dernier speeder en direction de la colonie.
- Salut, lança Keetal en prenant possession de la cabine à côté de celle de l'adolescent.
- 'Lut, répondit Dessel en étouffant un bâillement.
Son esprit épuisé ne tiqua pas immédiatement du choix de placement de Keetal. Si les douches communes n'étaient effectivement pas une très grande pièce, elles disposaient de trois cabines – certes sommairement séparées par une fine plaque de plastacier. Et Dessel se trouvait à l'une des extrémités de la rangée.
- Tu as trimé comme un brave, aujourd'hui, n'est-ce pas ? poursuivit Keetal sur le ton de la conversation. Tu es le petit gars le plus courageux de cette colonie, tu travailles autant et aussi bien que les grands gars.
C'était clairement un comble que le voisin d'en face se montre plus sympathique que son propre père, mais Dessel, pour l'heure, y prêta à peine attention.
Les brumes entourant son cerveau se dissipèrent cependant d'un seul coup lorsqu'il sentit le corps nu, chaud et humide de Keetal se coller contre son dos.
La respiration de cet homme dans la trentaine était désagréablement proche de son oreille. Keetal entoura le corps encore longiligne de Dessel de ses deux bras puissants, forgés par une demi-douzaine d'années de mines.
- Tu aurais bien mérité une petite récompense, chuchota-t-il au creux du cou de sa proie.
Dessel déglutit avec difficulté. Un étau comprimait sa gorge alors qu'il prenait l'entière mesure de ce qui était en train de se dérouler contre son gré.
- J'ai... j'ai simplement besoin de dormir, bafouilla le grand gringalet.
- Oh, comme c'est dommage, minauda Keetal. Tu ne veux pas essayer avant de voir ? Je te promets de te laisser tranquille si tu te sens vraiment trop épuisé.
- Non... ça ira, vraiment... Je tiens à peine debout...
- Une prochaine fois, alors ? Tu sais, tu n'es même pas obligé de sortir des mines, tu pourrais même me rejoindre avant le début de ton service demain matin...
- C'est ça... On verra demain matin..., murmura Dessel.
- J'ai hâte, lui souffla Keetal en déposant un baiser sur son épaule contracturée.
L'homme se détacha de lui, probablement à regrets à en juger par sa lenteur, et quitta la pièce. Dessel sentit ses jambes vaciller sous lui, et se maintint de justesse en posant la main sur la paroi face à lui.
Il n'irait certainement pas chez Keetal le lendemain matin. De cela, il en était certain.
Ce qui s'avérait moins catégorique, cependant, c'était le temps qu'il parviendrait à gagner sur les appétits immondes de son voisin de palier.