Depuis 2017, en l?honneur de celle qui fut présidente de l?Académie de 2002 à 2014 et amie fidèle de Nancy, les Académiciens ont souhaité que ce prix prenne le nom de « Goncourt de la Biographie Édmonde Charles-Roux ». Ce prix, doté de 4 500 ? par la municipalité, a été décerné cette année à Denis Demonpion pour son roman "Salinger Intime" (Robert Laffont), le 8 septembre 2018 à l'Opéra national de Lorraine.
Céder à la publicité, même pour accompagner la vente d'un ouvrage, pouvait provoquer la colère de Salinger, chatouilleux sur ce point jusqu'à l'obsession. Joyce Maynard, avec qui il allait vivre huit mois, n'avait pas encore écrit son premier roman qu'il lui confiait : "Le visage d'un écrivain ne devrait jamais être connu."
[Salinger], plus difficile à bouger qu'une montagne, n'est jamais plus heureux que chez lui. C'est donc toujours à contrecoeur qu'il quitte sa maison, son bureau, les champs environnants, les bois, les sentiers, la grange, le tracteur, les chiens. Ses compatriotes peuvent bien célébrer chaque 4 juillet la fête de l'Indépendance, une cérémonie qu'il exècre comme toutes les autres, qu'elles soient locales, nationales ou cosmiques, il ronchonne. Les défilés lui paraissent d'une imbécilité sans nom. Aussi qu'on ne compte pas sur lui pour brandir la bannière étoilée. Un pique-nique occasionnel lui suffit. Il sait juste que ce jour-là, il ne recevra pas de courrier et ne pourra pas en poster.
Salinger s'exaspère de l'attitude des États-Unis dans cette affaire*, pestant contre cette "nullité" de George Bush père, le président en exercice, qui a eu le culot de se prévaloir du changement en cours dans les pays de l'Est, comme l'aurait sûrement fait son prédécesseur le "stupide" Ronald Reagan. Aucun homme politique américain n'ayant eu l'honnêteté ou la décence de reconnaître à Mikhaïl Gorbatchev le courage et la perspicacité exceptionnels dont il a fait preuve en la circonstance – pas une goutte de sang n'ayant été versé, il en veut à cette "clique odieuse". D'où son souhait le plus cher : que d'est en ouest, les politiciens nous fichent la paix une partie de l'année afin que l'air soit plus respirable et qu'ils laissent la planète intacte. C'est là, la seule chose qu'il demande.
* L'effondrement de l'Union Soviétique
Ce soir-là, vers 22h50, après une journée d'enregistrement en studio, le Beatles regagne le Dakota Building, sa résidence luxueuse donnant sur Central Park, en compagnie de sa femme Yoko Ono [...] Tandis que Lennon s'engouffrait sous la porte cochère, Mark David Chapman, un gars de vingt-cinq ans complètement détraqué et qui se tenait à peu près à six mètres de distance, lui a déchargé son revolver dans le dos [...] Alors, très calmement, il enlève son manteau et son sweater, prend dans sa poche l'exemplaire de L'Attrape-Coeurs qu'il a acheté le matin même et, assis sur le trottoir, se plonge dans la lecture.
A bien des égards ,elle se trouve davantage d'affinités avec Nietzsche,quelle a découvert a vingt ans en lisant " Ainsi parlait Zarathoustra".Comme lui,elle perd très tot la fois.
"J'ai pas la foi.J'ai les foies."
Un mot pour la galerie.Dans le font ,Arletty fait un constant travail d'ascèse pour atteindre a l'individu doué de qualités supérieures,que prone le philosophe.
"On ne m'a pas élevé.Je me suis élevé"dit elle plus simplement au héros nietzschéen:"J'ai appris a marcher de moi-meme ;depuis,je cours."
Salinger appartient à ces écrivains incapables de se mettre à l'ouvrage s'ils ne se sentent pas dans un état d'absolu détachement par rapport à leurs personnages.
Imperméable à tout sentimentalisme, émotivité, et autres mièvreries, il lui faut atteindre à la complète maîtrise de soi. Car pour lui, seule compte la sincérité, un paramètre indépassable de son existence, comme, plus tard, de celle de son alter égo de papier, Holden Caulfield.
Peu de temps après la capitulation de Berlin le 8 mai 1945, après avoir traversé l'enfer d'Utah Beach et plus encore celui des Ardennes où les deux tiers de son régiment périrent dans les combats, le blizzard et la froidure, Salinger, lui même victime d'une psychose traumatique du soldat, fut hospitalisé pendant plusieurs semaines près de Nuremberg.
Transposer les expériences de l'auteur et de son sujet, et réciproquement, s'apparente, de ce point de vue, à un jeu d'enfant.
Ne voilà -t-il pas que Demonpion revient avec un nouveau livre sur Houellebecq. En nous resservant le couvert, Je me suis demandé si je n'avais pas rêvé et si ce n'était pas une réédition du premier non-livre, même pas ! Je l'ai vu quelque part être qualifié de biographe de Houellebecq ! Allons donc, Il y en a qui ne manquent pas d'air ! Non content d'avoir versé une boule puante dans l'univers houellebecquien avec son premier livre, Monsieur s'autorise maintenant à passer pour être le biographe attitré de notre plus grand représentant des belles lettres, alors que ce dernier ne le connait pas et ne veut même pas en entendre parler.
Pour revenir ainsi sur son piteux premier exercice,
Il semblerait que ce prétendu auteur ait quelques états d'âme
Selon lui, un auteur n'a pas à commenter l'œuvre qu'il écrit.
Sa force d'expression seule doit suffire à convaincre le lecteur de ses intentions.
Tout le reste ne relève que de l'exhibitionnisme, un travers qu'il abhorre.
A l'image du Petit Poucet de Charles Perrault qui balise son chemin de petits cailloux blancs, Salinger égrène des bribes de sa vie au fil de son œuvre, nouvelles et roman.