Alice Kaplan vous présente son ouvrage "
Baya ou le grand vernissage" aux éditions le Bruit du monde.
Illustration : Portrait de Baya Mahieddine par Arik Nepo dans Vogue (février 1948), accompagnant le texte d'
Edmonde Charles-Roux, Baya, enfant peintre .
Photographie © Arik Nepo, 1948, tous droits réservés.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3070909/alice-yaeger-kaplan-
baya-ou-le-grand-vernissage
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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"Il y a des rêves qui, une fois dérangés, ne laissent aucune place à l'espoir."
Non, la douleur n'est pas un naufrage. Elle n'engloutit pas, elle déferle, elle frappe. L'espace d'un éclair et se sentir vidée de son sang, le souffle et les jambes coupées, des crocs dans l'estomac, c'est cela la douleur.
A New York, cela étonnait un homme en noir assis sur le pas de la porte. Même dans la ville basse, même au coin de Mulberry Street cela étonnait. Je reverrai toujours Carmine Bonnavia tel qu'il m'est apparu ce jour là, borne sombre contre laquelle j'ai buté.
"La mort a des ruses étranges. Elle masque sa démarche, et les signes avant-coureurs de sa victoire peuvent souvent être interprétés à faux."
On me dira q'un tel aveuglement relève de l'anomalie, que cette vieille fille ne faisait illusion qu'à elle-même. Cela est vrai. Car, à parler franc, Tante Rosie était pire que vieille. L'aveu de son âge se situait du côté de sa bouche. Un nid à rides, sa bouche, le Waterloo des plus célèbres esthéticiens, une feuille de papier en soie prête à craquer, un désastre. Les frisons qui voletaient autour de son front lisse, sa frange, ses joues sans âge, sa démarche sautillante ne faisaient qu'accuser la ruine d'un bas de visage dolent, affaissé. Tante Rosie en était consciente. Cela se lisait au fond de son regard comme une question sans cesse posée.
"La mode n'existe pas seulement dans les robes ;
la mode est dans l'air, c'est le vent qui l'apporte,
on la pressent, on la respire,
elle est au ciel et sur le macadam,
elle tient aux idées, aux mœurs, aux événements."
Coco Chanel
Car il arrive ainsi, souvent, que la banalité exprimée à haute voix finisse par étouffer la vérité tenue secrète.
Et rien n’interdit de supposer que ce fut à une religieuse, laissée libre de le choisir , que Melle Chanel dut ce prénom de GABRIELLE signifiant en langue hébraïque, force et puissance et, qui, si l’on en croit l’onomancie, assure aux femmes qui le portent un rayonnement durable.
Amer mystère des souvenirs... Cette impossibilité de prévoir d'où viendra l'assaut.
Que je suis lente à comprendre : Antonio ne reviendra pas. Je suis seule. Je me donne à ces mots, à leur vide sans faille. Ils m'accueillent et m'enveloppent. Ils pèsent autant qu'un bras autour de mes épaules : je ne connaîtrai jamais d'étreinte plus durable.
Lecteur, je suis allée à Solanto, ce jour-là, pour la dernière fois.