Un court essai sur un thème de recherche
relatif à l’apprentissage en ligne (TN4)
La pandémie sera-t-il l’élément déclencheur d’un essor technologique durable
en éducation?
Par
Guillet, Brigitte
09374577
Technologie éducative
Unité d’enseignement et de recherche Éducation
Travail présenté à Denis Lamy
Dans le cours TED 6504 Apprentissage en ligne : concepts,
outils et pratiques
TÉLUQ
Saint-Jean-sur-Richelieu, le 24 juin 2021
Brigitte Guillet
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TABLE DES MATIÈRES
LA PANDEMIE SERA-T-IL L’ELEMENT DECLENCHEUR D’UN ESSOR
NUMERIQUE DURABLE EN EDUCATION? .................................................. 3
Références bibliographiques ....................................................................... 9
Brigitte Guillet
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LA PANDEMIE SERA-T-IL L’ELEMENT DECLENCHEUR D’UN ESSOR
NUMERIQUE DURABLE EN EDUCATION?
Qu’est-ce que la Covid-19 nous a appris à propos de l’apprentissage à distance?
L’intégration des technologies dans l’enseignement est-elle belle et bien en voie de
faire sa place dans l’école Québécoise, notamment aux niveaux primaires et
secondaires de l’école publique? Malgré un grand coup de main de la pandémie de
Covid-19 pour remettre à jour nos compétences numériques et nos équipements
technologiques en éducation, davantage sera nécessaire! Des changements en
profondeur aux niveaux pédagogiques et de la formation des enseignants vont devoir
s’imposer pour s’assurer de la pérennité de l’intégration des technologies en
enseignement, en passant par la prise de conscience responsable des acteurs de
changement principaux en éducation.
Premièrement, la mise à jour matérielle est un facteur qui influence grandement et
depuis longtemps l’intégration du numérique en éducation. Déjà, en 2014, Maryse
Paquin, de l’Université du Québec à Trois-Rivières soulevait que les enjeux relatifs à
l’implantation des technologies représentaient des défis importants pour les
enseignants du Canada, tant elle était parsemée de barrières et d’obstacles. Les
principaux enjeux? La disponibilité des ressources à même le milieu scolaire! En fait,
ce frein était majeur puisque, étant donné que les ressources pour l’appui à
l’apprentissage et à l’enseignement étaient déficitaires, les enseignants devaient se
tourner vers des ressources gratuites disponibles et ceci, selon leur propre initiative.
D’autres auteurs avaient aussi fait le même constat, tel que Wood et ses
collaborateurs (Wood et Al., 2005. Dans Paquin 2014). Ainsi, des actions ciblées pour
mettre à jour les équipements et les réseaux Wi-Fi étaient nécessaires, ce que le
Conseil Supérieur de l’Éducation avait d’ailleurs déjà soulevé dans son Rapport de
1999-2000. Depuis, le MEES a essayé de régler la question de l’obsolescence et la
non-suffisance des outils informatiques présents dans nos écoles du Québec. Il a
offert, durant les 20 dernières années, des budgets spécifiquement réservés à
l’amélioration des infrastructures numériques. En 1995, Jacques Parizeau désirait
assurer la connectivité de tous les foyers Québécois. Ensuite, la mesure 50680 du
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Gouvernement Charest a permis aux classes du Québec, à partir de 2012, de recevoir
un tableau numérique interactif (Chouinard, 2012). Puis, dans son Plan économique
de mars 2017, le Gouvernement du Québec annonçait 200M$ pour la mise en œuvre
de la Stratégie numérique en éducation, bien qu’une partie seulement ait été
acheminée aux réseaux en 2017-2018 (MEES, 2018, p. 70). L’autre partie a été
intégrée à la planification budgétaire du Plan d’action numérique (2018). Ce dernier a
permis également des investissements majeurs dans les équipements grâce au
963M$ prévus sur 5 ans. Dernièrement, le 22 mars 2021, les Gouvernement du
Canada et du Québec ont annoncé conjointement, grâce à des investissements à part
égale de 826,3 M$, « l’Opération haute vitesse Canada-Québec , afin de brancher
près de 150 000 foyers à l’internet haute vitesse d’ici septembre 2022 » (MEES,
2021). En ce sens, l’enseignement à distance forcé durant la pandémie de Covid-19
a aidé à niveler les inégalités pour que tous les élèves aient accès à un portable
connecté à un Wifi permettant d’avoir accès à l’enseignement, contribuant
favorablement à l’essor du numérique en éducation. Cependant, la façon d’utiliser ces
budgets dépend des besoins spécifiques de chaque école ou CSS et les budgets
numériques et matériels étaient fusionnés avant la création du regroupement de
mesures numériques 15080 en 2018 (MEES, 2018b). Plusieurs milieux ont investi de
manière inéquitable dans les solutions matérielles au détriment du numérique. Cela a
donc contribué à renforcer les iniquités numériques, en plus de la qualité inconstantes
et disparates des réseaux.
Deuxièmement, il est important de fournir aux enseignants un cadre clair afin de les
guider, les motiver et les engager dans l’implantation du numérique. D’ailleurs, en
réponse à la critique de Paquin au besoin déficitaire d’avoir des politiques claires sur
l’intégration du numérique en éducation pour le Québec (Paquin 2014), le MEES s’est
doté d’un Plan d’action numérique en 2018. Le Cadre de référence de la compétence
numérique (MEES, 2019) est même « l’une des meilleures politiques au monde pour
l’usage du numérique en éducation » selon Thierry Karsenti (2019) de la Chaire de
recherche du Canada. L’approche priorisée dans le Cadre de référence ministériel est
totalement cohérente avec l’approche par compétence, telle que prescrite par le PFEQ
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et la PDA (MEES, 2001 et 2008). Elle cadre également avec l’approche de design ou
d’ingénierie pédagogique, qui permet de réfléchir sur la mise en place d’une activité
intégrant le numérique, d’une plateforme de formation en E-Learning ou d’une
application numérique pédagogique. Cette politique demeure donc un point fort qui
permet d’établir des balises claires pour les enseignants afin de les accompagner
dans l’intégration du numérique en classe. Cependant, il est primordial d’amener ses
derniers à le consulter et à le comprendre! La lecture de ce Cadre est pour eux
démotivante, car il ne leur permet pas d’être dans leur zone proximale de
développement. Plusieurs enseignants présentent des lacunes en matière de
connaissances et de compétences numériques qui sont assez importantes pour les
freiner dans leur désir de mener, en classe, des activités les intégrant. Ceci est
apparu, en effet, comme un des facteurs de l’hétérogénéité de l’enseignement à
distance dispensé durant la crise et ce, mondialement. Remiers et Schleiders, dans
l’étude de l’OCDE (2020), mettent en lumière comment le monde de l’éducation a
répondu aux contraintes posées par l’arrivée inattendue de ce virus, forçant un
contexte d’enseignement à distance pour une période variant de 7 à 19 semaines
selon l’UNESCO (dans Remiers et Schleiders, 2020b). “Data from OECD’s Teaching
and Learning International Survey (TALIS) show that, in many countries, teachers’
familiarity with integrating technology into instructional practice is still limited. » Bien
que 80% des répondants se sont dits satisfaits que chacun ait fait ce qu’il a pu (Ibid),
il est fort à parier que les enseignants sont plus que « sortis de leur zone de confort »
durant cette période historique! Il est vrai de noter que plusieurs enseignants y auront
indéniablement amélioré leurs compétences et connaissances technologiques et, par
le fait même, leur propre sentiment de compétence et d’aisance face à leur utilisation.
Ce facteur est primordial pour assurer l’intégration d’activités numériques en classe
(Melançon, Lefebvre et Thibodeau, 2013; Skaalvik et Skaalvik, 2007). De pair, cela
augmentera leur motivation à se former, qui est essentielle pour assurer l’adaptation
et l’efficacité des changements, tant au niveau des pratiques professionnelles que de
l’intégration des technologies en éducation (Rasmy et Karsenti, 2015). Toutefois, il
faudra plus que de la motivation et de l’engagement pour suivre le rythme d’évolution
des technologies tout en mettant à jour les propres connaissances et compétences
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des enseignants dans ce domaine. Le temps d’expérimentation des technologies
forcé fut de trop courte durée pour créer un changement auquel le monde de
l’éducation résiste depuis 20 ans!
Effectivement, en 2005, Le rapport de Richard et Gauthier, soulevait déjà qu’un
changement profond en éducation doit passer par un changement de paradigme : de
l’enseignement à l’apprentissage. Les auteurs faisaient alors référence au
changement de pédagogie apporté par la Réforme : de l’objectif vers la compétence.
L’apport des technologies en enseignement s’inscrit dans le même ordre d’idée
(Kanuka, 2008). L’enseignant doit donc à la fois mettre à jour ses pratiques pour mieux
correspondre à l’approche par compétence et ajuster sa formation pour suivre le
rythme d’évolution des technologies. Les géants du Web (GAFAM) et les plateformes
numériques comme Youtube, Instagram ou Wikipédia, ont connu un essor exponentiel
durant les 20 dernières années (Karsenti, 2018), tout comme l’accès aux technologies
dans la plupart des foyers de L’OCDE (Reimers et Schleicher, 2020). Cet essor
formidable coïncide dans le temps avec l’arrivée de la Réforme de l’éducation,
accentuant le sentiment d’inconfort et d’insécurité des enseignants, qui doivent
s’adapter à une vitesse fulgurante aux nouveaux besoins des apprenants, aux
nouvelles normes ministérielles, aux nouvelles pédagogies et aux nouvelles
technologies. Cela les forcent à remettre en question les fondements mêmes de leur
enseignement, mais l’aide en temps offert et en formation données n’est pas au
rendez-vous. Durant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, un enseignant sur
cinq a indiqué ne pas avoir reçu de formation adéquate pour être en mesure de
dispenser adéquatement la formation à distance, selon l’étude de L’OCDE (Reimers
et Shleiders, 2020). De même, seulement 77,98% des écoles interrogées se sont
prononcées positivement quant à la perspective d’offrir de la formation supplémentaire
ciblée pour améliorer les compétences en E-learning des enseignants. Il apparait donc
évident que, malgré le changement entamé et l’amélioration du sentiment de
compétence des enseignants, leur formation est nécessaire. D’ailleurs, le même
problème avait guidé l’implantation de la pédagogie par compétence dans les années
2000. Le problème s’est donc accentué en créant des écarts majeurs entre les
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pratiques pédagogiques des enseignants et cela s’accentue encore plus avec l’essor
technologique.
Toutefois, il est important que cette lourde tâche de formation ne repose pas que sur
les enseignants, mais sur tous les partenaires œuvrant dans le milieu de l’éducation.
Les horaires chargés et les contraintes organisationnelles liées à la prise des
formations apparaissaient déjà comme des facteurs influençant la mise en place des
TIC en éducation, tel que mentionné par Paquin (2014) et plusieurs autres.
Malheureusement, la tâche de l’enseignante s’alourdit de plus en plus à cause du
grand nombres d’élèves dans les classes et de leurs besoins grandissants, selon la
Fédération des syndicats de l’enseignement (2021), l’OCDE (2021) et LeVasseur
(2018). Ce dernier précise d’ailleurs que le taux d’élèves EHDAA dans le réseau public
québécois est passé de 13,6% en 2002-2003 à 21,6% en 2015-2016. À cela s’ajoute
les besoins criants de formation des enseignants et l’essor de la technologie, dont ils
peinent à suivre l’évolution. Ainsi, la clé du changement réside dans les acteurs de la
standardisation du Elearning, tels que proposés par Fernandes (2006) ou Norm
Friesen (2005, cité dans Fernandes, 2006), qui doivent offrir et encadrer des
formations adéquates et durables. Ainsi, des acteurs de changements comme La
Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation, le Carrefour
Éducation, le Récit national pédagogique ainsi que L’école Branchée ont commencé
à opérer ce changement, même si leur visibilité est souvent moindre dans les écoles.
Alors, les acteurs principaux doivent s’impliquer, soit les directions d’écoles, les
Centres de Services Scolaires et le MEES pour mobiliser les ressources de formation
nécessaires pour permettre l’essor du numérique en éducation. Cela constituait déjà
un obstacle majeur à l’implantation des TICs (Paquin, 2014) et a été soulevé comme
négligé par 20% des directions dans l’offre de formation des enseignants qui ont
effectué l’enseignement à distance durant la pandémie (Remiers et Scheiders, 2020).
Aussi, étant donné que tous n’ont pas bénéficiés équitablement de cette expérience
formatrice, l’hétérogénéité du contact avec le numérique va accentuer l’écart des
besoins des enseignants. Il faut donc impérativement que le MEES, les CSS et les
directions d’école contribuent afin de guider et soutenir leurs enseignants dans un
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plein épanouissement professionnel, tant du côté pédagogique que numérique, sans
alourdir leur tâche davantage.
Pour terminer, l’intégration du numérique dans l’enseignement est un défi beaucoup
plus complexe que la simple mise à niveau des infrastructures matérielles. Malgré
tous les défis rencontrés, les connaissances, les compétences et la motivation de
plusieurs enseignants auront été favorisés par leur rapport obligé à la technologie
durant la pandémie à la Covid-19. Toutefois, une fracture non-seulement numérique,
mais également pédagogique est bel et bien présente dans le réseau éducatif
québécois. Un changement doit s’opérer et cela inclut la mise à jour des pratiques
pédagogiques et des compétences numériques des enseignants. La valorisation de
la profession enseignante passera par le respect des limites organisationnelles et
l’uniformité des outils matériels disponibles. La mise en place de stratégies par les
acteurs de changements principaux doivent soutenir le travail des enseignants en
apportant une offre et des ressources de formation adéquates. Si ces conditions sont
remplies, alors les technologies verront leur évolution et leur intégration progresser de
manière réussie en éducation à la suite du travail amorcé lors de la pandémie de
Covid-19.
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Références bibliographiques
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http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/PSG/ress_financiere
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Saint-Pierre, Céline (1999-2000) Rapport annuel 1999-2000 sur l'état et les besoins
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Gouvernement du Québec.