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Des déserts et des hommes : Wādi Ramm (Jordanie) : histoire économique, religieuse, sociale et environnementale

2013, Des déserts et des hommes : Wādi Ramm (Jordanie) : histoire économique, religieuse, sociale et environnementale : Actes du colloque international à Wādi Ramm, les 11,12 et 13 novembre 2011, sous la direction de Saba Farès, ADRA (Nancy)

Texte imprimé -- sous la direction de Saba Farès ; ... avec le concours de Ministère des Affaires étrangères Pôle des sciences humaines et de l'archéologie, ... et de EA 1132 HISCANT-MA Histoire et cultures de l'Antiquité et du Moyen-âge (Université de Lorraine) ; [communications de ... Gary Rollefson, ... Bertrand Moulin, ... & al. ; préface de S. A. R. Sumaya bint El Hassan ...] The region of Wadi Ramm, which the fascinating desert landscapes attracts large numbers of tourists, was in antiquity the place where people lived and has developed a complex social and economic system. Those people remained mysterious because of a gap in the historical documentation.

The region of Wadi Ramm, which the fascinating desert landscapes attracts large numbers of tourists, was in antiquity the place where people lived and has developed a complex social and economic system. Those people remained mysterious because of a gap in the historical documentation. Today, thanks to the progress of the research, we can lead comparative studies based on archaeological and epigraphical documentation founded in the region for better understanding of the history of Wadi Ramm and its role in larger context. Mots clés : Wadi Ramm, Hudayb al-Rih, Dissi, al-Titin, al-Kharaza, Abou Nukhayla Pétra Umm Daraj, sanctuaire, culte, inscriptions, architecture, nabatéen, préhistoire, archéobotanique, olivier, climat, système hydraulique, tourisme, géologie. Keyword : Wadi Ramm Hudayb al-Rih, Dissi, al-Titin, al-Kharaza, Abou Nukhayla, Pétra Umm Daraj, sanctuaries, worship, inscriptions, architecture, nabatean, prehistory, archaeobotany, Olive tree, weathering, hydrology, tourism, geology. -:HSMJLD=[[\X[Z: ISBN 13 : 978-2-913667-36-5 11/13 70 # DES DESERTS ET DES HOMMES : Wādī Ramm (Jordanie) La région de Wādī Ramm, dont les paysages désertiques fascinent aujourd’hui un nombre toujours plus important de touristes venus du monde entier, était dans l'Antiquité l’habitat d’un peuple qui, pour survivre, a su créer un système social et économique complexe. Ce peuple est demeuré un mystère du fait de l'absence de documents historiques de première main. Aujourd’hui, grâce au progrès des recherches, il est possible de confronter les documents épigraphiques et archéologiques présents dans le wādī Ramm afin de mieux comprendre le rôle qu’a joué cette région dans l’histoire du Proche-Orient. Saba Farès Études anciennes 52 DES DÉSERTS ET DES HOMMES : WĀDI RAMM (JORDANIE) HISTOIRE ÉCONOMIQUE, RELIGIEUSE, SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE Actes du colloque international à Wādī Ramm, les 11, 12 et 13 novembre 2011 Sous la direction de Saba Farès RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES DES PROSPECTIONS ET DES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES À WADI RAMM SABA FARÈS∗ Résumé Dans cet article, je présente le projet que je porte à wādī Ramm : son historique et l’évolution des thèmes abordés, au fur et à mesure que les recherches avançaient, le transformant d’une simple prospection épigraphique en une prospection archéologique et environnementale et en une étude de cas sur une fouille, celle de Huḍayb ar-Rīḥ, les prospections archéologiques que nous avons menées ainsi que les sondages que nous avons réalisés. Introduction Lors de ma courte expédition en Jordanie, en 1995, j’ai rencontré Fawzi Zayadine, archéologue et épigraphiste jordanien. Nous avons alors décidé de commencer une prospection systématique de la région du wādī Ramm pour étudier l’histoire des tribus arabes préislamiques (Farès-Drappeau, 1997a ; 1997b ; 2001 ; 2004) La première campagne a eu lieu du 17 au 24 février 1996 en coopération avec le Département des Antiquités de Jordanie, avec l’aide de l’Institut Français d’Archéologie du Proche-Orient, et une partie de financement personnel. Les résultats étaient encourageants. Le projet et la demande de financement que nous avions déposés auprès du directeur de l’IFPO, reçurent un avis positif. Une mission annuelle a lieu depuis à Ramm. ∗ Maître de Conférences à l’Université de Lorraine, habilitée à diriger des recherches, spécialiste des populations des confins dans la péninsule arabique. 12 S. FARÈS Historique et objectifs du projet De 1996 à 1998, les prospections étaient focalisées sur l’enregistrement des inscriptions et gravures rupestres. Cette première phase de notre projet nous a conduits au constat que nous ne pouvions ignorer le contexte géographique et culturel de ces inscriptions et de ces gravures. De là, nous avons entamé une recherche pluridisciplinaire et interdisciplinaire des signes d’occupation des sociétés au fil des âges1. En effet, outre les inscriptions, les témoignages archéologiques (silex, céramiques, inscriptions, gravures rupestres, installations, etc.) indiquent que la région de Ramm a fait l’objet d’une occupation intense de la Préhistoire jusqu’au début de l’Islam. L’autorisation de prospecter dans une zone suffisamment grande (60 x 50 km) nous a permis de récolter du matériel pour une étude aussi exhaustive que possible. L’objectif du programme est d’étudier l’histoire économique et sociale des populations des périphéries, de l’époque hellénistique (323 av. l’ère chr.) au début de l’Islam. Les objectifs se déclinent autour des sujets suivants : - Comprendre les modes de diffusion et d’appropriation linguistiques, quelle qu’en soit l’origine (nord-arabique, nabatéenne, sud-arabiques, islamique) afin de contribuer à l’étude des processus d’intégration des nouveautés linguistiques à l’échelle individuelle ou sociale. - Concevoir les cadres économiques et sociaux afin de déterminer le cadre d’échanges et de pratiques, en prenant en compte les contraintes liées à un environnement très aride, mais aussi identifier le système d’approvisionnement en matières premières. - Saisir les mutations structurelles économiques et sociales et repérer les modalités de la transition vers de nouvelles formes d’organisation de la vie en société. - Connaître le système d’approvisionnement en matières premières. Le programme se structure autour des deux axes thématiques suivants : 1 Depuis 1999, le projet de recherche à Ramm est financé par la Sous-direction des Sciences Humaines et de l’Archéologie, du Ministère des Affaires Étrangères, dans le cadre d’un projet quadriennal intitulé « de Pétra à wādī Ramm ». RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 13 1. Définir les territoires tribaux. Ces territoires sont fluctuants : selon les périodes, les limites des territoires changent selon les confédérations tribales qui se forment autour des tribus dominantes. L’emprise de telle ou telle tribu reflète la montée en puissance d’un groupe, pour des raisons souvent économiques. L’étude des territoires tribaux répondrait aux questions de la gestion de l’économie du commerce caravanier, avec tout ce que cela signifie comme impact sur l’aménagement du territoire pour attirer les caravanes : construction de barrages pour l’approvisionnement en eau, construction des temples pour la pratique des cultes. 2. Analyse de la structure sociale. Le proverbe arabe : « moi contre mon frère, mon frère et moi contre mon cousin, mon cousin, mon frère et moi contre l’étranger », montre bien la hiérarchie de loyauté qu’un individu exprime depuis la famille nucléaire jusqu’à un ensemble de groupes auxquels il est lié par la langue (l’étranger)2. Cette étude amène à clarifier le cadre collectif de solidarité, d’entraide et de responsabilité. Elle fournit des détails sur les pressions économiques et de protection des individus. Ces axes conduisent à : 1. Examiner la langue et l’écriture pour discerner le sens des signes, les codes culturels et la cohésion sémantique. 2. Connaître les ressources hydrauliques et de subsistance, qui déterminent généralement la construction d’un territoire. 3. Étudier la religion qui est souvent liée aux préoccupations quotidiennes de la population : eau, reproduction et qui, à son tour, donne une identité au territoire. 4. S’interroger sur les stratégies de gestion hydraulique du territoire : propriété étatique, propriété individuelle et commune. 5. Analyser l’évolution de l’environnement (études paléoenvironnementale) dont l’impact se traduit par les nouveaux systèmes d’adaptation que la société met en place. 2 Pour la définition du terme « famille nucléaire » et son histoire, voir : Todd, 2011 ; Greif, 2006. 14 S. FARÈS Pour ce faire, deux types d’actions sont menés : 1. La prospection de surface (archéologique, épigraphique et géographique) pour donner une vue d’ensemble des traces que chaque société a apportées à son environnement, au travers des aménagements archéologiques, hydrauliques (micro-matériel comme le silex, céramiques, gravures rupestres, inscriptions, identifiants tribaux). 2. Prospection du sous-sol (la fouille) pour une micro-étude d’une occupation pérenne depuis les périodes les plus anciennes jusqu’à nos jours. Ce vaste projet sur l’étude d’une société et de son environnement implique l’intervention de différentes disciplines scientifiques : linguistique, histoire, archéologie, céramologie, matériel lithique, géomorphologie, géoarchéologie, dendrochronologie, archéo-botanique, sédimentologie, anthropologie physique et humaine, géographie humaine, topographie, cartographie, système d’information géographique appliqué à l’archéologie, épigraphie. Depuis 1996, quelques 3000 graffiti linguistiques (inscriptions) et iconographiques (gravures rupestres) ont été enregistrés. Une partie a été publiée sous forme de rapports préliminaires d’opération de terrain (Farès-Drappeau, 1997a ; 1997b ; 2001 ; 2004, d’autres sont des études sur des points précis (Farès-Drappeau, 1995 ; 2000 ; 2003 ; 2008 ; 20093. Historique du projet franco-jordanien : 1996-2010 Localisation du territoire de recherche Ramm désigne une vaste région située le long de la frontière saoudienne. Les limites de la zone de recherche conduite par l’équipe franco-jordanienne s’étendent du wādī Ḥafīr, au nord, au wādī Ṣābiṭ, au sud, et du wādī Ramān, à l’ouest, à Sahl aṣ-Ṣuwwān, à l’est (Figure 1). 3 L’ensemble des textes sont en cours d’édition, à paraître en 2014. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 15 Figure 1 : Zone de recherche Le wādī Ramm proprement dit (souvent orthographié wādī Ram ou encore wādī Rum) n’est qu’une partie d’une région plus étendue, appelée al-Ḥismà, qui se prolonge en Arabie, dans le wādī Ḍamm (Figure 2)4, avec lequel la cohérence géographique est à la fois naturelle et humaine. Cette région est un vaste ensemble de roche à dominante gréseuse. Celle-ci s’étend vers le nord, où elle est arrêtée par l’escarpement de Rās an-Naqab, qui forme la bordure sud du haut plateau central jordanien, et qui le domine de 200 à 350 m. Vers l’ouest, sa limite naturelle est constituée par les montagnes granitiques qui forment la bordure de la grande faille s’étendant de la Mer Rouge à la Turquie ; vers l’est, où cet ensemble se prolonge et vers le sud, où l’unité se poursuit sans rupture marquée dans le paysage jusqu’à Médine. Nous nous limiterons donc arbitrairement à la longitude 36° 30’E pour l’Est et à la frontière saoudienne pour le sud, le tout formant un polygone qui englobe largement notre région d’intérêt. 4 Wādī Ḍamm se trouve à 80 km au nord de Tabūk (Arabie Saoudite). D’après la tradition populaire à Ramm, ce wādī délimite le sud du territoire tribal qui commence à Ramm. Ce territoire est matérialisé par deux points d’eau : Ramm et Ḍamm. 16 S. FARÈS Figure 2 : localisation wādī Ṛamm. © http://mekshat.com/vb/showthread.php?t=366544 Le nom antique de Ramm Nous savons, grâce à l’inscription nabatéenne d’Umm al-Quṣayr (appelée Kheshem Djedaydeh par Savignac, 1932), que le nom antique de Ramm est Iram 5. Le nom Iram apparaît une autre fois comme toponyme (précédé de b-) dans une inscription nabatéenne de ‘ayn aš-Šallālā (Savignac, 1933), puis dans un graffito nabatéen trouvé dans les éboulis du temple, à Ramm, où on lit : la grande déesse qui se trouve à Iram … (Savignac, 1935). Cette découverte corroborait la proposition de Moritz de localiser Aramaua de Ptolémée (Ptolemaei, 1901 : 35) 6 à Ramm (Moritz, 1908 : 387-436). Le site a également été lié à Iram, la « ville aux milliers de colonnes» (Coran, Sourate 89:7). Il existe de nombreuses translittérations du nom de ce site : Ramm, Rhum, Iram. Nous avons fait le choix de suivre l’orthographe utilisée par l’administration jordanienne selon la translittération de l’arabe : Ramm. 5 6 Je cite la traduction de l’inscription : ‘amrū prêtre d’Allât à Iram (Savignac, 1932 : 591). Le géographe Ptolémée (Ptolemaei, 1901) signale dans sa liste des villes de l’intérieur de l’angle nord-ouest de l’Arabie une colonie appelée Aramaua. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 17 Wādī Ramm du début du projet Wādī Ramm est un carrefour de wādīs ; il se trouvait près d’une voie caravanière et sa richesse en sources le rendait attractif aux yeux des bédouins. Lorsque j’ai commencé mes recherches, wādī Ramm était encore un centre régional pour les bédouins, attirés par les sources, et un point central pour les échanges commerciaux. Le tourisme allait ensuite remplacer l’économie traditionnelle. Durant cette période, de 1996 jusqu’à aujourd’hui, le wādī Ramm a connu une transformation profonde qui a eu raison du mode de vie nomade. Nous avons eu la chance de commencer nos recherches de terrain alors que beaucoup de bédouins vivaient encore selon le mode traditionnel. Ils ont été nos guides vers des gravures qui, sans eux, nous auraient échappé. Ils nous ont donné les toponymes pour localiser les inscriptions et les points d’eau, et de longues discussions avec les anciens de la communauté nous ont été d’une grande utilité pour mieux saisir le sens des inscriptions. Ces personnes étaient attachées aux inscriptions nordarabiques : l’un d’eux, ‘awda az-Zalābya, cherchait et parvenait parfois à déchiffrer les inscriptions (Figure 3). Figure 3 : ‘awda az-Zalābya al-’nizi La force de l’héritage culturel était palpable, son dévouement à nous montrer ce qui se cachait dans les recoins des montagnes de Ramm 18 S. FARÈS exprime pour nous son profond attachement à cet héritage. Les liens, qui allaient se renforcer avec le temps, produisirent une mobilisation massive de la population du village de Ramm autour du projet. Leur aide nous était d’autant plus précieuse que le wādī Ramm commençait à devenir une destination touristique et qu’un processus de sédentarisation commençait, avec le risque que se perdent toutes ces informations concernant la vie nomade. Pourquoi Ramm ? Riche en ressources naturelles, le wādī Ramm a été un lieu d’installation privilégié. De la période paléolithique (-300 000) jusqu’à nos jours, le wādī Ramm renferme des vestiges de toutes les époques, gravures rupestres, silex, céramiques, structures, inscriptions : toutes les traces d’activités humaines se trouvent à Ramm. Aucune région au Proche-Orient ne renferme autant de graffiti, concentrés dans une zone aussi vaste. Archéologie rupestre, une autre source pour l’histoire Grottes, abris sous roche aménagés ou empierrés, constructions semi-enterrées, les déserts de Ramm sont riches en traces de l’activité humaine. Des sites comme al-Ka’ka, dans le wādī Umm Saḥm (Figure 4), remonteraient même au Paléolithique moyen (de ca. 100 000 à ca. -35 000) avec des installations de type huttes de surface. Les périodes du Kébarien géométrique et du Natoufien (14 000 à 10 000 BP) ont été identifiées dans le matériel récolté à Ramm7. Dans ce matériel, nous trouvons non seulement les éléments typiques de ces périodes : microlithes géométriques (pour le Kébarien) et segments de cercles (pour le Natoufien), mais également des nuclei, des lamelles, ainsi que des pièces techniques d’entretien des nuclei, témoignant d’un débitage sur place de ces derniers. Ce sont des périodes qui, au Proche-Orient, sont considérées comme étant le début du processus de la néolithisation, avec des constructions semienterrées. 7 Voir l’article de Gary Rollefson dans ce même volume. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 19 Figure 4 : emplacement d’al-Ka’ka. Figure 5 : emplacement des nomades aujourd’hui, sur une occupation ancienne. 20 S. FARÈS L’homme, à Ramm, a continué, même durant les périodes historiques, à occuper le sol de la même manière : habitat dans les grottes, dans les abris sous roche. Les tentes ont remplacé les huttes (Figure 5). Il a continué, même après l’invention de l’écriture, à s’exprimer par l’art iconographique, les graffiti figuratifs complétant le sens des graffiti linguistiques. Vestiges archéologiques à Ramm Les vestiges, à Ramm, n’ont jamais été enregistrés de manière systématique. Les seuls vestiges dûment documentés sont les inscriptions (nabatéennes et grecques) et le temple nabatéen de ‘ayn ašŠallālā, dans le village de Ramm. Figure 6 : temple de Ramm, plan de Savignac 1935 Le temple a été fouillé par Horsfield et Savignac en 1934 (Savignac, 1934 : 572-589), puis par Kirkbride en 1960 (Kirkbride, 1960a). Savignac notait la présence de « ruines » sur sa carte de 1932 et, en 1934, mesurait et dessinait une partie des murs de contours (Savignac, 1932) (Figure 6). C’est une équipe canadienne, sous la RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 21 direction de Dennine Dudley et Barbara Reeves, de l’Université de Victoria, qui a repris la fouille de ce complexe et dégagé une villa et des bains (Dudley, 1997). Historique des recherches à Ramm L’existence des vestiges historiques (archéologiques et inscriptions nord-arabiques, nabatéennes, minéennes et grecques), dans le wādī Ramm, a été signalée dès le début du 20e siècle (Lawrence, 1992 : 406-416). En 1932, le père Savignac, de l’École Biblique de Jérusalem, effectuait une mission pour le compte de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans la région de Ramm, où il relevait les inscriptions de ‘ayn aš-Šallālā (nabatéennes, minéennes, nordarabiques et grecques) (Savignac, 1932). À son tour, il étudie le temple d’Allāt (Savignac, 1933) et, l’année suivante, y mène une fouille (Savignac, 1934, figure 8) qui permet de dater l’ensemble de l’ouvrage de l’époque nabatéenne, c’est-à-dire de la première moitié du second siècle de l’ère chr. (Savignac, 1935 : 245-278) 8. Les inscriptions ont ensuite attiré l’attention de Harding, qui a mené deux courtes missions dans les années 1940. Un rapport d’expédition fut publié en 1947, suivi d’une monographie épigraphique, en collaboration avec Enno Littmann (Kirkbride, 1947 : 7-26). Ce n’est qu’en 1980 (et jusqu’en 1985) que le professeur William Jobling, de l’Université de Sydney, entamait une série de prospections épigraphiques dans le Sud jordanien. Préhistorien, il s’intéressa également à l’épigraphie. Il revient durant cinq saisons ; ses rapports ont été publiés dans Annual of Department of Antiquities of Jordan (Jobling, 1983 ; 1984 ; 1985 ; 1986)9, accompagnés de quelques inscriptions. La mort prématurée de W. Jobling nous a privés d’un rapport final sur l’ensemble de ses découvertes épigraphiques. 8 Dans certains dialectes arabes, le hamza est parfois supprimé et remplacé par un redoublement de la dernière consonne. À Ramm, ’ibil (chameaux), devient bill. Tandis que le mot Iram signifierait, selon les dictionnaires arabes, « la pierre qui est dressée dans le désert comme balise, le pluriel est Aâram et Aamûm ». 9 Voir la bibliographie. 22 S. FARÈS Méthodologie générale : de l’observation à la fouille Après une courte prospection à but essentiellement épigraphique, j’ai compris très vite que sans l’enregistrement scrupuleux de toutes les traces humaines dans ma zone de recherche et sans une fouille rigoureuse, il me serait impossible de comprendre le processus de l’activité humaine. Un autre élément m’a paru aussi important que ceux que je viens de citer : l’observation de la société bédouine d’aujourd’hui. Sa stratégie de gestion des ressources et son mode d’occupation du sol m’ont conduite, au fil des ans, à être de plus en plus convaincue que, sans interroger les bédouins d’aujourd’hui, il me serait difficile d’interpréter le sens des graffiti linguistiques et des graffiti figuratifs. Sans l’observation attentive de l’organisation sociale et de la langue parlée des bédouins, il me semblait que toute interprétation des graffiti linguistiques, basée sur nos dictionnaires, serait erronée. Le vocabulaire de la langue notée par la graphie nordarabique à Ramm ne trouve pas son sens seulement dans les dictionnaires sémitiques, mais dans le système social local. Le vocabulaire et l’iconographie sont des faits sociaux et culturels constitutifs de la société en question. L’ethnoarchéologie Partant de ce constat, j’ai procédé par analogie directe, c’est-à-dire en confrontant nos connaissances historiques des sociétés arabes à des observations ethnographiques et à des analyses des matériels épigraphique et archéologique des mêmes sociétés. Ce n’est qu’en rassemblant tous les faits sociaux recueillis et en les confrontant entre eux que j’allais comprendre l’histoire et la culture des anciens Arabes à Ramm. Aussi suis-je partie des observations directes et des enquêtes sur la population nomade d’aujourd’hui. Ces observations m’ont conduite à des hypothèses que j’ai confrontées ensuite aux résultats des analyses linguistiques et archéologiques. Afin d’illustrer ma démarche, je citerai une anecdote. Lors de nos sorties dans le désert à Ramm, j’ai observé, dès le début de mes recherches, une série de structures carrées à flanc de montagne ; notre chauffeur passait à une certaine distance de ces installations et ne m’avait jamais signalé leur présence, alors que son rôle était de nous RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 23 conduire vers des vestiges archéologiques inédits. Un jour, durant la mission de 1998, je lui posai la question. Il me répondit qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait et qu’il ne fallait pas les approcher. J’insistai pourtant mais, alors que nous étions arrivés à proximité, il refusa de descendre. Il m’est apparu clairement que notre guide craignait un pouvoir surnaturel de ces installations. Sa peur et ma connaissance des croyances locales m’ont fait penser à des installations à fonction religieuse. Les relevés architecturaux de 1999 et les fouilles qui ont suivi en 2000 ont fourni des données confirmant mon hypothèse (Farès, 2004). Opérations de terrain : les prospections et la fouille À la suite de ces observations, il m’a semblé important de rassembler tous les faits historiques accessibles pour aboutir à une connaissance des séquences historiques à Ramm. C’est pour cette raison que j’ai entamé, à partir de l’année 2000, des prospections archéologiques en plus des prospections épigraphiques (commencées en 1995). J’ai rassemblé une équipe pluridisciplinaire, composée d’archéologues, de géographes et d’une ethnologue10. La prospection archéologique a mis au jour de nombreux sites appartenant à des périodes chronologiques variées. J’ai sélectionné six sites pour y effectuer des sondages archéologiques afin de vérifier le type d’occupation. Parmi ces six sites, le choix s’est fixé sur celui d’Huḍayb arRīḥ, car ce site rassemble à lui seul toutes les périodes, du Néolithique à l’époque moderne. Avec cette équipe, j’ai pu conduire simultanément les deux types d’opération, de prospection et de fouille. La prospection se déroule dans une zone géographiquement limitée à la zone de circulation des tribus nomades actuelles. Il s’agit d’enregistrer toutes les traces qui 10 Ont participé à ce projet : Hala Alrashi (archéologue) ; Olivier Barge (géographe) ; Moussab Besso (archéologue, gestion du matériel archéologique) ; Yann Callot (géomorphologue) ; Virginia Cassola (informatique, base de données) ; Géraldine Chatelard (ethnologue) ; Éric Frénée (archéologue) ; Yves Gleiz (anthropologie physique) ; Alain Goulon (archéologue, préhistoire) ; Linda Herveux (archéo-botaniste) ; Jean-François Hullo (topographe) ; Nicolas Jacob (géomorphologue) ; Khaled Jbour (Université de Jordanie) ; Aurélie Jouvenel (archéologue) ; Bertrand Moulin (géomorphologue) ; Sabine Sorin (archéologue, dessinatrice). 24 S. FARÈS indiquent une occupation humaine ancienne et de vérifier par les graffiti si cette zone correspond à celle d’aujourd’hui. À partir de l’enquête menée auprès des bédouins à Ramm, nous avons repéré les territoires de pâturage, les voies de circulation et les liens qu’ils ont avec les bédouins voisins. Ceci m’a permis de mettre en place une stratégie de prospection systématique, dense et exhaustive, de la région. Figure 7 : représentation spatiale des données Les différents types de vestiges récoltés en surface, archéologiques et graffiti, m’ont permis d’évaluer la durée d’occupation de chaque site. La confrontation des données récoltées à partir des prospections avec celles issues des fouilles m’ont fourni des éléments supplémentaires pour mieux étudier les civilisations à Ramm. Les matériels récoltés au cours des prospections et des fouilles ont été ensuite intégrés dans deux types de base de données, simple et complexe. Ces bases de données permettent d’obtenir une lisibilité des RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 25 données récoltées et leur spatialisation. Il s’agit, pour la première, d’une base de données simple de type FileMaker, et pour la seconde, d’un système d’information géographique ou SIG (Figure 7). La base de données complexe de type SIG permet une représentation spatiale des données. Celle-ci ne peut être réalisée que par des personnes ayant été formées d’une manière solide à ce type de base. Ce système permet de multiples possibilités de tri, de requête et d’inventaire et nous offre une représentation graphique et spatiale des vestiges. Étant donné que les recherches de terrain délivrent un grand nombre d’informations graphiques (photos, relevés en plan et en coupe, dessins d’objets…), le SIG permet de traiter efficacement, du début à la fin, les résultats des opérations horizontales et verticales (images satellites et aériennes, accès à de nombreux fonds de cartes, sondages et ramassages de surface, etc.). La base FileMaker est ensuite combinée au SIG et l’association des deux bases conduit à une représentation géographique des données qui permet de dégager des hypothèses sur notre objet de recherche. Par exemple, la concentration des gravures de gazelles sur une carte de SIG et l’absence dans cette zone de toute trace d’occupation domestique indiquent que ce territoire était propice aux gazelles et par conséquent attirait les chasseurs ; il délimiterait ainsi une zone de subsistance plutôt que de vie domestique. Sites pilotes pour le choix d’une micro-étude En 2001, un certain nombre de sondages ont été réalisés sur des sites archéologiques repérés lors de missions de prospection. Ces sites, au nombre de six, se répartissent dans trois wādīs (Figure 8): ‐ Wādī Ramm ‐ Wādī Sābiṭ ‐ Wādī Rūmī (affluent du wādī Ramān) 1. Dans le wādī Ramm, à environ deux kilomètres du village, une trentaine d’enclos quadrangulaires se répartissent de part et d’autre du wādī. Deux d’entre eux ont fait l’objet d’un sondage. 2. Toujours dans le wādī Ramm, à environ 3 kilomètres du village un tumulus de pierres a été sondé. 26 S. FARÈS 3. Dans le wādī Sābiṭ, des ensembles rectangulaires et circulaires se concentrent au pied de la montagne Là aussi, des sépultures sous tumulus de pierres ont été repérées. 4. Dans le wādī Roumi, un enclos de pierres associé à d’importants épandages de mobilier céramique nabatéen a fait l’objet d’un sondage. 5. À Ruways Salīm, il s’agit d’empierrements constituant des cellules qui ont été mis au jour. Figure 8 : emplacement des zones de sondages Objectif des sondages L’objectif de ces sondages est de déterminer la datation des vestiges et de repérer et d’identifier si l’un de ces sites présente une occupation de très longue durée. Dans ce cas, une micro-étude est menée pour comprendre les raisons qui ont conduit l’homme à occuper d’une manière permanente ce lieu : recherche d'autres vestiges, RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 27 systèmes hydrauliques, traces de culture, recherche des voies de communication. Les résultats Wādī Ramm : La sépulture Dans les différents wādī prospectés, il existe un grand nombre de tombes caractérisées par un amas de pierres d’environ 2 m de hauteur. Elles semblent placées sur des points bien visibles, les hauteurs ou le long de wādī (Figure 9). Figure 9 : emplacement de sondage funéraire à Ramm Dans le Wādī Ramm, 11 tumuli de ce type se regroupent sur la pente d’une montagne. Un arc de cercle en pierres semble fermer la partie ouest de cet ensemble de tumuli. L’une de ces sépultures a fait l’objet d’un sondage (Figure 10). Cette tombe, comme la totalité des sépultures de ce type repérées, a été pillée. La partie sud-ouest montrait une ouverture d’environ 1 m de diamètre. Puisque ce quart sud-ouest de la tombe était en partie 28 S. FARÈS endommagé dans la zone sommitale, c’est celle-ci que nous avons choisi de fouiller. Figure 10 : vue d'une tombe zone 38, Ramm Il s’agit d’un amas de pierres circulaire de 4 mètres de diamètre environ, formant un enclos plus ou moins quadrangulaire dans la partie fouillée et semblant plus circulaire au nord. Des pierres de 30/40 cm de côté environ, posées à même le sol naturel délimitent la sépulture. Au milieu de cet enclos, un coffre appareillé a été construit, dans lequel était déposé le défunt, coffre constitué par quatre ou cinq assises de pierres. La chambre, orientée sud-ouest/nord-est, avait une longueur de 1,83 m pour une largeur de 65 cm ; elle s’inscrit dans un périmètre d’environ 4,30 m. Elle était recouverte de grosses dalles dont les dimensions sont d’environ 1 m sur 0,50 m pour une épaisseur de 0,30/0,40 m. Le fond de la chambre se trouve à 95 cm de l’ouverture. L’ensemble formé par l’enclos de pierres et le coffre était recouvert d’abord de grosses pierres sur une épaisseur d’environ 0,70 m, puis de pierres d’un module plus petit (Figure 11). RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 29 Dessin : S. Sorin, CEPAM - UMR 7264 Figure 11 : détail figurant l’enclos qui entoure la tombe Le défunt était déposé directement sur le sol. La sépulture a été pillée, le squelette était entièrement bousculé, quelques-uns des os longs ont été regroupés vers le sud de la chambre, là où les fragments de crâne ont été localisés. (Figure 12) ; le mobilier est absent. 30 S. FARÈS Aucun matériel datable provenant de la tombe n’a pu être trouvé. Le ramassage de surface s’est avéré également pauvre. Figure 12 : détails Kharaza Post Le fort de Kharaza est situé à environ 6 km au nord du village de Dīssī (Figure 13). Un premier sondage réalisé dans l’angle nord-est du bâtiment a mis en évidence que des fouilles clandestines n’avaient laissé qu’une butte témoin, dans l’angle sud-ouest, d’environ 1 m de hauteur sur 2 m de longueur. Le choix de l’emplacement du second sondage vient donc du fait qu’il s’agissait de la seule partie conservée. Figure 13 : plan général du fort-relais d’al-Kharaza RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 31 Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire composé d’un espace central fermé, avec un escalier intérieur sur la façade est et une pièce plus petite au sud, accessible par l’extérieur (Figure 14). Dessin : S. Sorin, CEPAM - UMR 7264 Figure 14 : plan général Un grand nombre de tessons de céramique nabatéenne et romaine couvre le sol sur un périmètre d’environ 50 m autour du bâtiment. Le sondage révèle une succession de 9 couches : ‐ la couche 1 est formée par les derniers éboulis du bâtiment (pierres provenant des murs et sable) (phase d’éboulement des parties hautes). ‐ Les couches suivantes, de 2 à 5, correspondent à des apports successifs de sable suite à l’abandon de l’édifice (phase d’ensablement). ‐ La couche 6 est un sol de mortier qui recouvre un niveau de terre battue de couleur jaunâtre (US 8). Entre les deux, une 32 S. FARÈS ‐ ‐ couche de charbons de bois (US 7) semble correspondre à une phase d’incendie. La couche 9 est composée de sable grisâtre contenant des nodules de mortier de chaux représentant la phase de construction. Les couches d’occupation (US 6 à 9) n’ont révélé que trois fragments de céramiques, mais tous étaient attribuables à la période nabatéenne. ‐ Figure 15 : citerne près du post d’al-Kharaza S’agit-il d’un poste de contrôle ? Cette hypothèse est plausible. De par son isolement et sa position topographique dominant des voies de communications, ce bâtiment peut effectivement avoir joué un rôle de relais ou de poste d’observation. Cependant, aucun vestige matériel ne peut démontrer la fonction exacte de cette construction. La présence d’une citerne souterraine toujours en activité, à quelques dizaines de mètres du bâtiment (Figure 15), est peut-être à mettre en relation avec l’édifice, mais en l’absence de toute datation pour cette réserve d’eau aucun lien probant ne peut être établi. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 33 Ruways Salīm Ruways Salīm se trouve à l’entrée du wādī Umm Saḥm (Figure 16). Le site est près d’une grotte contenant des inscriptions nordarabique, et plusieurs anomalies formées de pierres ont pu être définies (Figure 17). Figure 16 : localisation de Ruways Salīm Figure 17 : vue de Ruways Salīm 34 S. FARÈS Figure 18 : coupe de Ruways Salīm Dessin : S. Sorin, CEPAM ‐ UMR 7264 Figure 19 : plan de l’unité et emplacement du sondage RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 35 En surface, il s’agit d’enclos irréguliers formant des ensembles de cellules. Dans l’un de ces enclos, un sondage d’environ 1 m2 a permis de mettre en évidence un niveau d’occupation caractérisé par une couche cendreuse d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur contenant un abondant mobilier céramique. Dans cette couche, des fragments de sédiments indurés ont pu être mis au jour (Figure 18). Des fragments d’ossements d’animaux et de la céramique proviennent de ce niveau d’occupation. Leur étude reste à faire. Il s’agit probablement d’un habitat, mais seule une fouille permettra de le définir correctement (voir plan général Figure 19). Wādī Rūmī : Roman-Nabataean Post Un autre enclos, formé par des pierres qui semblent avoir été posées directement sur le sol, a pu être mis en évidence à wādī Roumi (Figure 20 et 21). Le sondage a montré l’existence d’un niveau d’occupation caractérisé par une couche de sable grisâtre contenant de nombreux tessons de céramiques. Figure 20 : Localisation de Wādī Rūmī 36 S. FARÈS L’espace défini est d’environ 8 m2. L’abondant matériel mis au jour permet d’attribuer cet ensemble à l’époque nabatéenne. Plus à l’ouest, un ensemble de sépultures mériterait d’être fouillé pour vérifier s’il s’agit bien de la nécropole associée à l’habitat. Figure 21 : vue des vestiges La fonction de cette construction ne peut être identifiée avec un simple sondage. Il semble bien s’agir d’un habitat mais une fouille offrirait plus d’informations quant à son organisation. Wādī Sābiṭ : Huḍayb ar-Rīḥ Le site se trouve au nord de wādī Sābiṭ (Figure 22). Il s’agit d’un lieu-dit comportant des vestiges archéologiques, hydrauliques, des inscriptions nordarabiques et des gravures rupestres. Le site s’organise de façon longitudinale au pied de la falaise Est, offrant ainsi un abri-sous-roche privilégié. Sur ce côté Est du wādī, le vent a dégagé le sable, laissant apparaître un sol de terre sableuse, compacte, couvert de pierres de petit et moyen module ainsi que d’artéfacts liés à la présence humaine (tessons, silex, alignements de pierres de gros module). Du côté Ouest du couloir, un sable meuble s’est accumulé empêchant le repérage de structures archéologiques éventuelles. Ainsi, peu de structures ont été repérées vers le centre du couloir car elles disparaissent rapidement sous le sable. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 37 Figure 22 : localisation de Huḍayb ar-Rīḥ Au total, 33 structures ont été repérées (Figures 23 et 24), qu’il s’agisse d’assises de murs en pierres sèches ou de tumuli. Ce sont des structures rectangulaires ou circulaires, composées d’un ou plusieurs cercles. Rien n’atteste la contemporanéité des différentes structures, d’autant que certains tumuli recoupent des murs. Cet important ensemble bâti nous amène à nous interroger sur le mode d’occupation du site (sédentaire ou semi-sédentaire). Dans cette optique, l’étude du cadre environnemental est primordiale pour connaître l’organisation socio-économique de cette occupation. Ce site présente plusieurs enclos (Figure 23) de pierres ainsi que quelques tumuli formés également de pierres sèches (Figure 25). Le sondage a montré qu’il s’agissait d’une construction soignée. Les pierres qui forment les murs de la structure sont maintenues à l’intérieur par d’autres pierres d’assez gros module formant ainsi une sorte de banquette (Figures 26 et 27). Il est difficile d’affirmer simplement par ce sondage si le sol était pavé. En effet, de nombreuses pierres ont pu être dégagées mais leur disposition très chaotique rend l’interprétation difficile. 38 S. FARÈS Figure 23 : schéma des structures repérées Quelques éléments de mouture et du mobilier céramique proviennent de cette zone. Mais un fragment de meule et deux tessons de céramique ont été mis au jour directement dans l’appareillage du mur. 39 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES Les tessons de céramique sont à pâte rougeâtre claire et fine avec un dégraissant à la chamotte. Il s’agit de fragments de panse, l’un avec un élément de préhension et l’autre portant un décor en cordon digité appliqué. L’étude de ce matériel reste à faire. Il s’agit sans aucun doute d’une unité domestique tournée vers l’agriculture, comme peuvent l’attester les fragments de meules dont la quantité est particulièrement élevée. St. 13 St. 14 S t. 15 S t.08 S t.20 St. 28 S t. 01 S t.04 S t. 09 St. 27 S t.06 St. 16 S t. 03 St. 26 S t. 10 S t.12 S t.25 St. 21 St. 29 S t.30 S t.17 S t. 24 St. 23 S t.22 St. 19 S t. 11 St. 05 S t. 07 S t.18 S t.02 Figure 24 : localisation des structures Figure 25 : vue générale de la structure 1 Du fait de la présence de très nombreux vestiges archéologiques (graffiti iconographiques, linguistiques, système hydraulique et 40 S. FARÈS céramique), une fouille a été lancée sur ce site. Il est le seul parmi les sites étudiés à présenter une très longue occupation continue. La connaissance du contexte environnemental est indispensable pour comprendre l’organisation socio-économique de cette occupation. Figure 26 : vue de la ST 1 Figure 27 : vue de détail du sondage 2001 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 41 Fouille systématique à Huḍayb ar-Rīḥ Suite au sondage de 2001, une fouille a été lancée. Cette fouille a duré trois campagnes : 2002, 2003 et 2004. L’ensemble de la structure a été dégagé (Figure 28). Le plan a pu être réalisé et de nombreux foyers cendreux ont été découverts (Figure 29), ce qui nous a permis de dater les différentes couches d’occupation. Figure 28 : implantation des sondages pour les années 2002, 2003, 2004 Fouille 2002 En 2002, trois sondages ont été implantés sur la structure1 (Figure 30) et 31) : • Le premier sondage (S 100), de part et d’autre du mur M1 (Figure 32), dans le prolongement du sondage effectué en 2001, avait pour but de mieux comprendre la relation entre le mur et la banquette, de vérifier si le bâtiment est pourvu d’un 42 S. FARÈS • • dallage et d’observer le mode de construction du mur en ouvrant à l’extérieur du bâti. Le deuxième sondage (S 200), à l’est du mur M2 (Figure 33) avait pour objectif de vérifier si un demi-cercle composé de pierres posées sur champ constituait un aménagement lié au bâtiment et de comprendre la fonction de cet espace tourné vers l’abri sous roche et clôturé par un muret (M 5). Le troisième sondage (S 300), à l’ouest du mur M2 devait permettre de mieux comprendre l’organisation de l’espace interne et d’établir le lien entre les deux précédents (Figure 34). Figure 29 : plan de situation, 2002, 2003 et 2004 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES Figure 30 : implantation des sondages en 2002 Figure 31 : implantation des sondages en 2002 43 44 S. FARÈS Figure 32 : sondage S 100 M5De ssin : S. Figure 33 : sondage S 200 Figure 34 : sondage S 300 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 45 Mode de construction La première partie de la fouille a consisté à enlever une couche de sable rouge très meuble qui correspond à une phase d’ensablement naturel. Sous cette couche, et sur l’ensemble des secteurs fouillés, se trouvait une couche de démolition (Figure 35). Figure 35 : couche de démolition US 104, 203, 303 Cette couche est composée de gros blocs de grès, elle s’étend sur environ 1,50m de largeur à partir de la base des murs. Compte tenu de la répartition des blocs et de leur pendage, il s’agirait de l’appareillage en pierres sèches des murs ayant versé vers l’intérieur du bâtiment. D’après la faible étendue de cet épandage de blocs, on peut estimer 46 S. FARÈS que la hauteur des murs en pierre ne dépassait pas 1m, les blocs de plus gros module composant les premières assises. Le démontage de la couche de démolition nous a permis de dégager la base des murs et de mieux appréhender le mode de construction de la structure 1. Il s’agit d’une construction en pierres sèches stabilisées par un lit de pierres plates de petit module qui repose directement sur le sol naturel. Sur cette assise est posé un lit de pierres de gros module posées sur champ, un blocage de petites pierres assurant leur stabilité aux jointures (Figure 36). Figure 36 : Mur M2 faces Est et Ouest Le mur M2 est construit au pied de la rupture de pente qui délimite le socle rocheux. Cette disposition semble indiquer une volonté d’implanter le bâtiment à proximité de la paroi de la falaise, tout en évitant de s’établir directement sur le rocher afin d’assurer la stabilité des murs bâtis en pierres sur champ. Il comporte deux blocs plus importants que les autres formant les piédroits d’une porte (Figure 37). Le seuil de cette porte est prolongé à l’Ouest par une dalle posée à plat au même niveau. Il s’agit soit d’une porte d’entrée soit d’une porte de communication entre deux pièces. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 47 Un bouchage composé de pierres de petit module soigneusement agencées en un muret haut de 40 cm en travers du seuil indique une volonté manifeste de murer cette porte. Nous avons donc ici un deuxième état dans l’aménagement du bâtiment, même s’il est impossible de déterminer le laps de temps qui a séparé la création du mur de la condamnation de la porte. Figure 37 : Bouchage de la porte du mur M2 M2 M5 Figure 38 : US 204 et M2 48 S. FARÈS Un demi-cercle de gros blocs vient s’adosser au mur M2 au niveau de la porte. Ces blocs posés sur champ sont disjoints et leur dégagement a montré qu’aucun autre bloc ne venait compléter leur agencement. Ils reposent sur la couche d’occupation (US 204) qui s’appuie contre le mur M2 (Figure 38). La relation stratigraphique indique donc que cet aménagement est postérieur à la création et à l’occupation du bâtiment. La couche d’occupation Sous la couche de démolition (dans les zones à l’intérieur du bâti) se trouvait le sol d’occupation (US 106, 204, 304) (Figure 39). Cette couche est caractérisée dans le sondage 100 par la présence de fragments de céramiques posés à plat, d’esquilles d’os et d’un petit foyer localisé contre le mur M1. Un système de calage a été aménagé dans ce sol. Sa position, au niveau d’une rupture du mur nord et à l’extrémité de la banquette, laisse supposer la présence éventuelle d’une cloison en matériaux périssables. Figure 39 : couche d’occupation RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 49 A la même altitude que cette couche d’occupation, mais à l’extérieur du bâtiment, dans le sondage 100, se trouve un important foyer (Figure 40, 41 et 42). Figure 40 : vue générale et emplacement du foyer 100 Figure 41 : vue de détail du foyer 100 Figure 42 : US 304, fosse cendreuse 50 S. FARÈS Dans le sondage 200 (Figure 33), la couche d’occupation (US 204) repose directement sur le socle rocheux, la plaçant ainsi à une altitude plus élevée que dans le sondage 100 (Figure 32). Cette couche est caractérisée par la présence d’un petit épandage de cendres dans l’angle des murs M2 et M5 et d’un foyer (Figure 38). La présence du mur M5, se développant en direction de la falaise et de cette couche d’occupation, conduit à se demander si nous sommes en présence d’un espace intérieur ou d’un aménagement extérieur tel qu’une cour (Figure 30 et 38). Dans le sondage 300 (Figure 34), la couche d’occupation se matérialise par une épaisse couche de cendres grises (US 304) et la présence de deux fosses remplies de cendres très noires (US 311 et 307) (Figures 42). Nous sommes ici en présence d’un cendrier servant à la vidange d’un ou plusieurs foyers. Quelques tessons, une épingle (ou un perçoir) et de nombreuses esquilles d’os y ont été trouvés (Figure 43). Cet épais dépôt cendreux (US 304) vient s’appuyer contre la première assise des murs avec un pendage descendant Est/Ouest, ce qui nous permet d’attester que ce dépôt est postérieur à la construction du bâtiment et qu’il s’est constitué durant son occupation. Figure 43 : dessins des céramiques et de l’épingle 51 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES Mobilier et prélèvements Parmi le matériel trouvé, les éléments de mouture sont bien représentés et laissent supposer une certaine importance de l’activité agricole sur le site. Les quelques tessons de forme identifiable trouvés dans la couche d’occupation appartiennent à des formes fermées de diamètre important, sans col, dont les dégraissants sont très grossiers avec parfois des traces de végétaux (Figure 43). 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 201 202 203 204 205 206 207 208 N/S S N S N S S N N N S S N S Sondage 100 sable jaune, sol de pluie sable rouge, meuble, pas de mobilier sable rouge, meuble, pas de mobilier gros blocs cailloutis irrégulier cailloutis + noire en surface + céramique zone noire avec charbon cailloutis contre le mur zone très charbonneuse cailloutis très compact cendres dans la coupe (dans 106) cailloutis rouge très compact (concrétions) cailloutis rouge très compact (concrétions) sable meuble, sous 112 Sondage 200 sable jaune, sol de pluie sable rouge, meuble, pas de mobilier gros blocs sable rouge avec petits charbons et graviers couche compacte de gravillons sans mobilier (le mur Sud est posé dessus – entaille) rocher zone noire avec cendres sur le dessus (ds 204) sable rouge sombre avec des fragments de rocher (sur 206, sous le mur Ouest) décapage comblement éolien comblement éolien couche de démolition couche d'occupation petit foyer = 105 foyer niveau de circulation? = 304 dépôt naturel décapage comblement éolien couche de démolition couche d'occupation altération du rocher sol géologique petit foyer ou cendrier altération du rocher non sur creusée (pas un remblai) 52 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 S. FARÈS Sondage 300 sable jaune, sol de pluie sable rouge, meuble, pas de mobilier gros blocs épaisse couche de cendres pierres posées à plat cendres noires creusement de la fosse cailloutis contre le mur sable et cendres cendres noires creusement de la fosse bouchage de la porte décapage comblement éolien couche de démolition couche d'occupation dallage du seuil comblement de la fosse 307 fosse = 106 1er comblement de la fosse comblement de la fosse 311 fosse Sondages 2003 Structure 1 Le sondage de 2003 avait pour but d’observer l’occupation interne de la structure 1 (Figure 44). Une excavation de 5x5m a été creusée au centre du bâtiment. Des banquettes témoins d’une largeur d’environ 1m ont été ménagées entre la fouille 2002 et celle de 2003. La stratigraphie (Figure 45) se compose d’une première couche (US 1001) de 25 cm d’épaisseur de sable rouge très meuble dont seule la surface est indurée. Elle correspond à une phase d’ensablement naturel. Sous ce dépôt s’étend une autre couche de sable (US 1002) contenant quelques blocs de pierre d’un module relativement petit. Cette couche recouvre en partie, mais il est difficile de la distinguer de la première, de gros blocs de pierre qui se répartissent le long du mur M4. Ces blocs viennent reposer sur une couche de sable plus brune (US 1003) qui correspond à la couche d’occupation. Cette dernière couche recouvre un niveau de cailloutis induré correspondant au sol d’occupation (US 1012). RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 53 Figure 44 : vue de l’implantation du sondage en 2003 Figure 45 : stratigraphie, US 1001 (Dessin: S. Sorin) Les blocs regroupés le long du mur ont un pendage ouest-est et s’étendent vers le centre sur une distance de 1,80 m. Comme l’avait démontré la fouille de 2002 il s’agit de l’appareillage en pierres sèches qui s’est effondré vers l’intérieur de la structure. La quantité de pierres formant cet éboulis laisse supposer que le mur ne devait pas excéder une hauteur de 1 mètre. (Figure 46). 54 S. FARÈS Sondage 2002 Sondage 2003 Dessin: S. Sorin Figure : 46 : éboulis d’effondrement des murs Un sondage a été réalisé à l’extérieur du mur M4 (Figure 46). Les niveaux de sable rencontrés ne présentent aucune trace d’action humaine. Cependant, une couche plus compacte a été mise en évidence à la base des pierres posées sur champ. Il s’agit vraisemblablement du niveau d’occupation sur lequel ont été posés les blocs de pierre. Lorsque les pierres posées sur champ présentent une base irrégulière, la mise à niveau est assurée par un calage de petites pierres. Ce système se retrouve dans l’élévation du mur pour coincer ces mêmes blocs entre eux en bouchant les interstices laissés lors de la juxtaposition de l’assise extérieure. Comme cela avait déjà été observé, les pierres posées de champ sont calées à l’intérieur par d’autres blocs posés à plat tout le long du mur. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 55 La couche d’occupation a cependant été plutôt décevante. En effet, la quasi-absence de mobilier a interdit toute étude de répartition spatiale. On ne peut distinguer qu’un niveau de circulation caractérisé par des cailloutis et un aspect compact bien marqué dans le centre de la structure, alors que le sol de la périphérie est un sable rouge semicompact. Les tessons mis au jour ont été découverts posés à plat. Figure 47 : Foyer 2 Le sol est dans la partie nord de la fouille, recoupé par un foyer (F2) marqué par la présence d’une importante quantité de cendres. La forme du creusement est très irrégulière et présente un profil en cuvette (Figure 47). La largeur est de 60 cm pour une longueur connue 56 S. FARÈS de 80 cm. Le reste de la structure s’engage sous la pierre centrale (US 2005). Il semble qu’il s’agit plutôt de plusieurs petits creusements d’une dizaine de centimètres de profondeur faisant office de foyers. Ces cendres n’ont livré que deux tessons de céramique de petite dimension et un éclat de silex. Une autre trace de foyer (F4) provient de la zone sud-ouest de la fouille (Figure 48). Il ne s’agit que d’une tache noirâtre subcirculaire s’étalant à même le sol sur une surface de 50 à 70 cm. Figure 48 : détail foyer 4 Dans la partie nord de la fouille, un ensemble de gros blocs formant un alignement orienté nord-ouest/sud-est peut avoir formé un pilier. Le premier bloc a été renversé et présente une inclinaison SudEst / Nord-Ouest. La base, au Nord-Ouest, repose en partie sur le sol, le corps du bloc repose quant à lui sur une couche de sable (US 1008) qui, elle-même, recouvre la couche d’occupation (US 1003) et de cendres (US 1010). Il est probable que cette pierre était placée debout et a dû tomber après l’abandon et au cours de l’ensablement de la structure 1. Les autres pierres qui continuent l’alignement devaient être placées dessus. Sa hauteur devait être au moins de 1,80 m. Aucun trou de poteau ou de piquet n’a été observé. La structure 2 Il s’agit d’un espace situé à l’Est de la structure 1 et délimité au Sud et à l’Est par les murs M5 et M6 (l’extension vers le Nord n’est pas connue, mais des murs y sont également visibles). Cette zone a été abordée au travers d’un sondage (sondage 200) en 2002. Dans cette RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 57 fenêtre, la couche d’occupation (US 204) repose directement sur le socle rocheux. Nous avons étendu cette fouille vers le mur (M6) situé à l’Est (Figure 49). Figure 49 : emplacement de la structure 2 La stratigraphie présente une couche d'ensablement (US 2001) qui recouvre un niveau de sable très légèrement induré (US 2009) dans lequel a été creusé le foyer F.3 (Figure 50). Figure 50 : stratigraphie ST 2 (Dessin: S. Sorin) Sous cette couche, on retrouve une couche d’occupation antérieure (US 2002) qui contient quelques tessons de céramique de petite taille. Cette dernière unité stratigraphique est située sur une couche de sable (US 2003) dont la surface est légèrement indurée. On retrouve ensuite le socle rocheux. La base des pierres qui constituent les murs M5 et M6 se situe au niveau de l’US 2002, soit sur un niveau dont la phase chronologique 58 S. FARÈS d’occupation est de toute évidence postérieure à l’utilisation de la structure 1. La conception des murs est également très différente. Il s’agit d’une construction en pierres sèches de petit module. Les premiers gros blocs qui constituent le mur M5 appartiennent également à cette deuxième phase. Il ne s’agit donc pas d’une pièce attenante à la structure 1 mais bien une construction opportuniste qui a pris appui sur le mur M4. Le F3 est une fosse irrégulière avec une longueur de 1,30 m pour une largeur de 1 m et une profondeur de 20 cm. Ce foyer a livré de nombreux fragments de charbons de bois et quelques esquilles d’os, mais aucun tesson de céramique n’y a été mis au jour. Le comblement est essentiellement constitué de cendres et de quelques pierres brûlées (Figure 51). F3 0 1m Figure 51 : F3, ST2 (Dessin: S. Sorin) La structure 3 Il s’agit d’un aménagement de pierres sèches délimitant un espace circulaire (Figure 29). Le sondage pratiqué dans cette structure avait pour objectif de vérifier s’il s’agissait d’un habitat pouvant être contemporain de la structure 1. Le sondage a très vite mis en évidence 59 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES qu’il ne s’agissait que de pierres posées à même le sol sur un niveau de sable situé à une altitude nettement supérieure à celle du sol de la structure 1( Figure 52). Là encore, il s’agit d’une occupation humaine plus récente que la construction St. 1. Un foyer (F5) y a été mis au jour. Il ne s’agit que d’une petite cuvette de 5 cm de profondeur pour un diamètre de 17 cm, creusée dans le niveau d’occupation (US 3002) et comblée de cendres (US 3004) (Figure 53). 1m Figure 52 : structure 3 (Dessin: S. Sorin) Figure 53 : stratigraphie structure 3 (Dessin: S. Sorin) 60 S. FARÈS Le mobilier La campagne de fouille 2003 a livré des éclats lithiques et des tessons de céramiques ; plusieurs d’entre eux ont cependant été découverts dans la structure 1 en 2002. La pâte verdâtre contient apparemment un dégraissant végétal. Quant aux fragments de céramiques provenant de la structure 2 ils sont très différents, mais ne présentent aucune forme identifiable et sont de très petite dimension. Sondage 2004 Les objectifs de la mission 2004 étaient de fouiller entièrement la structure 1, c'est-à-dire de fouiller les bermes témoins ménagées en 2003 (Figure 54), pour continuer à identifier la fonction de l’occupation, mais aussi afin de proposer au public une structure très lisible et donc totalement dégagée. Figure 54 : vue de la structure 1 avant la fouille 2004 Relevé des coupes : Coupe NO/SE : (de haut en bas) (Figures 55, 56 et 57) • US : 10001 Sable jaune très induré ayant subi un lessivage intense. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 61 • US : 10002 Sable rouge très meuble non homogène avec une très importante proportion de cailloutis, ceux-ci créant par endroit des zones très indurées. • US : 10004 Sable rouge bien trié et légèrement compact contenant des plaquettes de module moyen constituant la base de l’effondrement. Absence de cailloutis. • US : 10005 Sol d’occupation. • US : 10006 Niveau atteint en 2003. Figure 55 : berme NO/SE Figure 56 : coupe NO/SE 62 S. FARÈS Figure 57 : détail de la coupe de la berme NO/SE Coupe NE/SO : (de haut en bas) (Figure 58 et 59) US : 10001 Sable jaune très induré, sol de surface lessivé. US : 10002 Sable rouge très meuble non homogène avec une très importante proportion de cailloutis. US : 10003 Constitué de gros blocs de grès et de plaquettes de plus petit module : identifié comme étant l’effondrement. US : 10004 Sable rouge bien trié et légèrement compact contenant des plaquettes de module moyen constituant la base de l’effondrement. US : 10005 Sol d’occupation. US : 10006 Niveau atteint en 2003. Dégagement de l’effondrement : US : 10003 Il est constitué de gros blocs de grès très anguleux, les uns sur les autres, mêlés à des plaquettes beaucoup plus petites. Il est mêlé à un sable rouge meuble et à des cailloutis constituant l’US : 10002. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 63 Au niveau du mur 4, sur la berme NE/SO, les gros blocs ont basculé sur une distance de 2,60 m, puis ce sont des plaquettes qui ont constitué cet effondrement (Figures 60 et 61). Figure 58 : berme NE/SO et détail Figure 59 : coupe NE/SO L’effondrement du M2 s’étale sur 1,50 m et celui du M3 sur 1m (Figures 60 à 63). Une banquette, constituée de grandes plaques de grès très bien agencées, se trouve contre le M4 et la moitié du M3. Elle est absente sur le M1 et M3 (voir plan Figure . Le matériel extrait lors de la fouille est constitué d’éclats de silex de petit module et de très peu de céramiques. 64 S. FARÈS Figure 60 : effondrement du mur 2 Figure 61 : effondrement du mur 3 174 175 177 133 151 187 168 148 158 154 186 167 178 195 146 191 193 176 155 151 180 154 159 151 198 163 173 155 140 160 163 147 128 Figure 62 : mur 2, niveau d’éboulis (Dessin A. Goulon) 165 158 183 N Figure 63 : mur 3, niveau d'éboulis (AGoulon)Goulon) RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 65 163 167 160 160 188 162 181 167 157 194 178 172 Figure 64 : 65 mur: blocs 4, niveau d'éboulis Figure centraux De très gros blocs au centre de la ST1 avaient été observés en 2003 ; nous avons dégagé deux autres gros blocs faisant vraisemblablement partie de cet ensemble (Figure 65 et 66) ; nous les avons isolés dans l’US : 10007. 66 S. FARÈS 162 171 157 153 140 Figure 66 : dessin des blocs centraux (Dessin A. Goulon) Le niveau d’occupation : US : 10005 Il est marqué par une fine couche carbonatée blanchâtre très indurée ; deux foyer associés à cette couche ont été fouillés : foyer A et B. Figure 68 : foyer B Figure 67 : foyer A Foyer A : une cuvette (50×60 cm) remplie de cendres très noires sans aucun appareillage, un fragment de céramique et un silex ont été RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 67 trouvés. Il s’agit vraisemblablement d’une vidange ou un cendrier (Figure 67). Foyer B : foyer en cuvette (50×60 cm) délimité par des pierres brulées et contenant également des pierres et des cendres. Associé à ce foyer, un vase en céramique cassé en place en plusieurs fragments contre le mur 2 (Figure 68 et 69). Figure 69: contexte du foyer B La conservation du niveau d’occupation n’est pas identique sur toute la surface étudiée ; en effet, directement sous les gros blocs d’effondrement, la fine couche carbonatée marquant le niveau est totalement absente, vraisemblablement détruite par le poids des blocs. Synthèse St 1 Structure sub-rectangulaire, de 8,3 m de long dans l’axe SO/NE et de 7 m de long dans l’axe NO/SE ; constituée de quatre murs en pierre sèche. Il ne reste qu’une assise en place ; au vu de l’effondrement (Figure 70) il ne devait y avoir qu’une autre assise supplémentaire colmatée par des plaquettes de petit module. Le mur 2 dispose d’une ouverture signalée par deux pierres verticales de plus gros module. À la base des murs 1, 3 et 4 à l’intérieur de la structure, une banquette en dalles de grès très bien agencées 68 S. FARÈS repose sur le niveau d’occupation. Cette banquette s’interrompt, sur les murs 1 et 3, à une rupture de ceux-ci et à l’amorce du mur 2. Le mur 2 a été implanté au pied de la rupture de pente délimitée par le bed rock. Figure 70 : dessin de l’ensemble de l’effondrement (Dessin A. Goulon) En ce qui concerne l’interprétation de cette banquette, l’hypothèse d’un renforcement des murs a été avancée ; elle parait tout à fait plausible si ce n’est que le mur 2, situé sur la rupture de pente, paraît le plus fragile de la structure et c’est le seul non consolidé ! (nous RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 69 avons dû, nous même, les consolider tant ils menaçaient de s’effondrer !) Le niveau d’occupation Relativement horizontal sur toute la surface de la structure, marquée par huit zones de combustions disséminées sur toute la surface. Aucune répartition cohérente n’est observée. Il y a vraisemblablement des fonctions différentes, comme par exemple le foyer A constitué uniquement de cendres dans une légère cuvette et le foyer B dont la cuvette est remplie de pierres brulées et de cendres. Le seul important foyer signalé est situé à l’extérieur de la structure contre le mur 1. Les zones de combustion observées à l’intérieur de la structure sont soit des fosses soit des épandages de cendres. Figure 73 : vue de l’entrée Figure 72 : niveau d'occupation 70 S. FARÈS Peu de matériel a été récolté dans la zone d’occupation. Il faut tout de même mentionner quelques céramiques et des esquilles d’os assez bien conservées aux abords d’un foyer. Une catégorie de matériel est fortement représenté, ce sont les fragments de meules : une grosse meule a été trouvée en place sur le niveau d’occupation (Figure 73) et toutes les autres proviennent du niveau d’effondrement. Une activité agricole probable importante peut être l’explication de la forte présence de ces meules. Figure 73 : meules RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 71 Synthèse stratigraphique Pour une meilleure compréhension des différentes opérations réalisées depuis trois ans, un récapitulatif de toutes les US de la structure a été réalisé en 200. Un certain nombre d’US n’apparaissent pas dans ce tableau mais toute font partie du niveau d’occupation : Zones cendreuses : US : 107, 109, 111, 310, 309 et 306. Creusement de fosse : US : 311et 307. Année 2002* US 101/US 301 US 102/US 302 US 103 US 104/US 303 US 106/US 304 US 112/US113 Année 2003 Année 2004 US 10001 US 1001 US 10002 dénomination Couche superficielle Comblement éolien US 1002 US 10003 Couche de démolition US 1008 US 10004 US 1003 US 10005 Niveau d’abandon Sol d’occupation US 1012 US 10006 Niveau a concrétion sous le sol d’occupation Couches de comblement Couches d’occupation synthèse stratigraphique Discussion Les trois campagnes de fouille de la structure 1 du site Huḍayb arRīḥ nous ont permis de préciser l’étendue du site (Figure 74), et elles fournissent suffisamment de matériel pour nous permettre de signaler une occupation préhistorique du site, et surtout une occupation pérenne, jusqu’aux époques récentes. Les analyses au carbone 14 des charbons nous ont fourni les datations suivantes : N° 2 : US 109 (20 l), ca.6295/35 BP (5342-5213) N° 3 : US 207 (16 l), ca.6225/35 BP (5302-5063) N° 11 : St1 F4 (4 l), foyer 4. ca.4040 /35 BP (2834-2472) 72 S. FARÈS Ces datations indiquent deux périodes d’occupation de la structure : néolithique moyen et Âge de Bronze. La fonction de cette unité semble domestique, ce qui correspond aux standards d’approche des préhistoriens de la période néolithique selon lesquels les structures de cette période ont comme fonction de regrouper les membres de la famille nucléaire (Goring-Morris, 2008). étendu du site Figure 74 : étendu du site Figure 75 : une vue de la structure 1 complétement dégagée RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 73 La découverte postérieure (2006) d’un grand nombre de céramiques, trouvées contre la paroi rocheuse face à notre site, soulève beaucoup de questions relatives à l’environnement, car si cette communauté a choisi de s’installer ici et si cette occupation a été permanente, c’est que l’environnement était propice à l’homme. Et pour ne pas en rester là, la découverte encore plus récente, en 2008, dans la gorge qui mène vers wādī Sābiṭ, de structures et de céramiques identiques à notre site initial, complétées d’inscriptions nordarabiques et nabatéennes, renforce l’importance de ce site. Le site a été, malheureusement, largement pillé. Le site de Huḍayb ar-Rīḥ est un site pilote pour une étude environnementale afin de mieux comprendre comment l’homme s’est adapté, dans son quotidien, aux changements climatiques qui avaient des impacts directs sur son mode de vie. Figure 76 : l’étendue du site Afin de terminer avec un exemple contemporain, je mentionnerais le site d’al-Ḥārik. Les silex trouvés et étudiés par Gary Rollefson indiquent une occupation Néolithique et Bronze ancien. Ce même lieu 74 S. FARÈS est encore occupé par des bédouins qui ont construit des réserves à orge (Figure 77). Figure 77 : al-Ḥārik aujourd’hui, site néolithique Remerciements Mes remerciements vont au Département des Antiquités en Jordanie pour son soutien infaillible depuis 1996. L’étude de ce site n’aurait pu avoir lieu sans : Hassan ‘Awda az-Zalābya, Mouhammad Soulayman az-Zalābya, Nasser az-Zalābya, feus Maqbūl az-Zalābya et Ḥammād az-Zalābya ; de Hala Alrashi, Pauline Ballet, Olivier Barge, Samia Drappeau, Éric Frenée, Yves Gleize, Alain Goulon, JeanFrançois Hullo, Aurélie Jouvenel, Pierrick Leblanc, Romain Mensan, Bertrand Moulin Sabin Sorin. J’adresse aussi mes gratitudes à Zeidan Kafafi, Linda Herveux et Gary Rollefson qui ont accepté d’étudier le matériel extrait de la fouille. Enfin, mes pensées vont vers feu Abou ‘Awad al-’Qra‘ al‘imrān, le bédouin propriétaire du jardin d’oliviers à al-Bzūrī. Il m’avait conduit vers ce site, intimement convaincu de son importance. Je lui ai fait confiance, malgré le scepticisme de mes collègues, qui pensaient à un campement de bédouins. Pour moi un bédouin sait faire la différence entre des vieilles pierres et de très vieilles pierres. Le hasard a fait qu’un propriétaire d’un jardin extraordinaire d’oliviers a RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 75 conduit à la découverte d’un site extraordinaire contenant des restes d’oliviers millénaires11. Figure 78 : à droite Abou Awad et Hassan az-Zalābya al-‘nizi; à gauche le jardin d’Abou Awad al-‘imran ; 11 À ce sujet, voir l’article de Linda Herveux dans ce même volume. 76 S. FARÈS BIBLIOGRAPHIE Dudley D., Reeves M.B. 1997 : "The Wadi Ramm Recovery Project. Preliminary Report on the 1996 Season", Echos du monde classique / Classical Views, vol. 16, pp. 81–106. 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RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES 77 Goring-Morris A.N., Belfer-Cohen A. 2008 : "A roof over one’s head: developments in Near Eastern residential architecture across the Epipalaeolithic – Neolithic transition", in J.-P. and Bar-Yosef, O. (eds.) Bocquet-Appel. The Neolithic Demographic Transition and its Consequences, New York : Springer, pp. 239-286. Greif A. 2006 : Family Structure, Institutions, and Growth: The Origins and Implications of Western Corporations [http://papers. ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=875008] s.l. : Social Science Electronic Publishing, American Economic Review. Jobling W. 1982 : "The Aqaba-Ma'an archaeological and Epigraphical Survey", Annual of Departement of Antiquities of Jordan, vol. 25, pp. 199-209. 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TABLE DES MATIÈRES Préface de SAR la Princesse Sumaya bint El Hassan, Vice Chairman of the board of trustees, Jordan Museum 5 Avant-propos de Saba Farès 7 Saba Farès Résultats préliminaires des prospections et des fouilles archéologiques à wādī Ramm 11 Zeidan Kafafi Pottery Sherds from Test Excavations and Surveys at Wādī Ramm : A Preliminary Report 79 Linda Herveux Subsistence strategies in the Wādī Ramm : an archaeobotanical study of the site of Hudayb al-Rih 133 Gary Rollefson Analysis and Interpretation of Lithic Artifacts from : Excavation and Survey in Wadi Ramm 149 Donald Henry Adaptation to the Arid Zone in the Levantine Early Neolithic as Seen from Research at the Site of Ayn Abū Nukhayla in the Wadi Rum 163 Gary Rollefson Enigmas in the Desert: Late Prehistoric and Nabataean Structures at Turayf al-Maragh 177 Fares Khoury On the Status and Ecology of Breeding Birds in Wādī Rum 217 426 TABLE DES MATIÈRES Bertrand Moulin Prospection Dendrologique sur le wādī Hafir 229 Bertrand Moulin Interprétation des paysages du wādī Hafir 237 Saba Farès Umm Daraj et al-Kharza : les barrages antiques au service des nomades d’aujourd’hui 245 Dennine Dudley and M. Barbara Reeves Immersed in Grandeur: The Eastern Complex at Wādī Rum 281 Laura Strachan Development promises, Bedouin involvement and local knowledge 315 Cassandra Bennett Desert Deities and those who worshipped them: the religious 359 Thomas Paradis Natural and anthropogenic influences on sandstone weathering 371 Patricia Warke, B.J. Smith, F. Bala’awi & F. Ishakat Rapid base-line condition assessment of rock-cut tombs at Petra 397 Abd al-Aziz al-Maani Wādī Ramm chez les historiographes arabes 419