TOME LXVIII - 2008
OUVRAGE PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA HAUTE-GARONNE
Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LXVIII (2008)
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
(IIe SIÈCLE AVANT - Ve SIÈCLE DE NOTRE ÈRE)
BILAN DES CONNAISSANCES À LA LUMIÈRE DES RECHERCHES RÉCENTES
par Philippe GARDES, Christophe BAYSSE et Laure KOUPALIANTZ
en collaboration avec Francis JUILLARD et Vincent GENEVIÈVE *
Un bilan de la documentation disponible sur la fin de l’âge du Fer et la romanisation à l’échelle de la
Gascogne a récemment été dressé, à travers une prospection thématique achevée en 2004 (1). Un des objectifs
de ce projet était de contribuer à la caractérisation des sites d’habitat entre le IIe siècle avant et le début du
Ier siècle de notre ère. Les agglomérations de rang supérieur sont actuellement les mieux connues, et ce même
si l’état des recherches demeure insatisfaisant (2). Les sites ruraux n’ont pas suscité le même intérêt.
Néanmoins, des programmes de prospection ainsi que des bilans micro-régionaux réalisés ces dernières années
ont permis d’identifier de nombreux établissements de ce type et d’engager une réflexion sur l’organisation des
campagnes à l’époque pré-augustéenne (3).
L’existence d’habitats groupés de rang intermédiaire n’a été révélée que plus récemment. Une dizaine de
sites potentiels sont actuellement répertoriés dans le département (4). Ils se distinguent nettement des sites
ruraux par leur localisation, leur emprise au sol, l’abondance et la qualité du mobilier exhumé mais aussi par
la présence d’indices d’activité artisanale ou commerciale. Les moyens d’étude mis en œuvre jusqu’à présent,
principalement la prospection au sol, ne permettent pas d’aller au-delà de cette caractérisation minimale. Ainsi,
l’essentiel des caractéristiques de ces gisements nous échappe : nature et organisation de l’occupation,
chronologie, extension réelle, statut territorial… Une analyse plus approfondie s’impose donc.
C’est dans cette optique que le site de Touget a été sélectionné pour faire l’objet d’une étude
complémentaire. Plusieurs raisons expliquent ce choix. D’abord, il s’agit d’un établissement de plaine, type
d’implantation moins bien connu que les sites fortifiés. Ensuite, une incertitude persistait quant à son
interprétation, l’hypothèse du siège d’un grand domaine rural ou de plusieurs habitats proches mais indépendants ne pouvant être totalement exclue. Un troisième facteur a été jugé déterminant : l’état de la
documentation disponible. En effet, le site est attesté depuis le début du XIXe siècle par des découvertes
fortuites. Plus récemment, les ramassages de surface effectués par Christophe Baysse ont permis de collecter
un mobilier abondant, confirmant l’importance du site.
* Philippe GARDES (I.N.R.A.P.-T.R.A.C.E.S.), Christophe BAYSSE (archéologue bénévole), Laure KOUPALIANTZ (Service d’Archéologie
Municipal de Reims, Francis JUILLARD (archéologue) et Vincent GENEVIÈVE (I.N.R.A.P.-T.R.A.C.E.S.). Communication présentée le 18 mars 2008,
cf. infra « Bulletin de l’année académique » 2007-2008 p. 330.
1. Projet intitulé : « Oppida, formes de l’habitat et culture matérielle du second âge du Fer dans le Gers et ses marges » (2002-2004), mené sous
la direction de Philippe Gardes en collaboration avec Christophe Baysse, Fabien Colléoni, Alain Costes, François Didierjean, Daniel Ferry, JeanJacques Grizeaud, Laure Koupaliantz, Catherine Petit-Aupert, Guy Rancoule, Eric et Rolande Tranier.
2. GARDES et alii, 2002, p. 413-414.
3. PETIT-AUPERT, 1997, 1998 ; COLLÉONI, 1999, 2002 ; SILLIÈRES, 2002b, GARDES et alii, 2002.
4. GARDES et alii, 2002, p. 414-416.
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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Contexte géographique et archéologique
Le site
Le village actuel de Touget se situe dans la partie nord-est du département du Gers, non loin des limites du
Tarn-et-Garonne et de la Haute-Garonne (fig. 1). Il occupe une position remarquable à la confluence de la
Marcaoue et de la Gimone et dans le secteur où le cours de cette dernière se rapproche le plus de celui de
l’Arrats, situé à moins de 6 km à l’ouest. La zone comprend trois grandes entités géo-écologiques : les coteaux
et la ligne de crête dominant les deux rivières, la basse terrasse et les versants des vallées, et la naissance du
vaste plateau de faible altitude séparant les deux rivières au sud-ouest. L’établissement antique est implanté à
la charnière de ces trois secteurs (fig. 1).
FIG. 1. CARTE DE LA RÉGION, localisation générale du site de Touget. Carte Ph. Gardes.
Contexte archéologique, historiographie et sources anciennes
L’importance de l’occupation antique à Touget a été révélée progressivement depuis le milieu du
siècle. De nombreuses découvertes fortuites sont ainsi signalées entre 1845 et les années 1930. En 1909,
l’abbé Duffour publie une première étude archéologique consacrée au site antique situé au lieu-dit Salleneuve
et mentionne d’autres découvertes ponctuelles issues du territoire communal. Mais c’est à J. Clermont, prêtre
de Touget, que revient le mérite d’avoir dressé un premier bilan de la documentation archéologique disponible,
dans une série de notes parues dans le Bulletin Paroissial et un article donné à la Revue de Gascogne en 1932.
L’intérêt pour le site antique ne renaît qu’à la fin des années 1960 à l’instigation de Christophe Baysse. Les
prospections réalisées régulièrement depuis lors et la surveillance des travaux d’aménagement lui ont permis
de compléter les informations disponibles et de mettre en évidence de nouveaux gisements. Grâce à son action,
de nombreuses pièces archéologiques remarquables ont pu être préservées, et en particulier des sculptures et
des éléments d’architecture antiques. Un mobilier abondant et diversifié provient également des ramassages
régulièrement menés à bien sur les principaux sites répertoriés.
XIXe
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
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Les points de découverte se répartissent assez uniformément dans les parcelles accessibles du quartier du
« Faubourg ». Des vestiges à caractère funéraire ont également été signalés en périphérie sud du village (fig. 2).
Zone dite du « Faubourg » (fig. 2-3)
De nombreuses découvertes ont été faites à l’ouest et en contrebas du village, en différents points du
quartier du « Faubourg ».
1. Le Clos Est : Au sud-ouest et en contrebas du village, deux urnes funéraires en marbre blanc ont été
récupérées, en 1956, à l’occasion de l’aménagement d’un terrain de sport à flanc de coteau. Des travaux
complémentaires réalisés vers 1980 ont permis la découverte d’un mobilier archéologique abondant : amphores
italiques, campanienne, sigillée, céramique commune, dont des écuelles à bord rentrant, des jattes carénées, des
ovoïdes et des pots balustres (5). À cette occasion, une inhumation en fosse, « bordée de pierres rougies par le
feu », a également été fouillée par M. Larrieu-Düler (inédit). Plus récemment, en 1991, l’élargissement de l’aire
de jeu a révélé un niveau archéologique et des structures archéologiques dans la coupe d’un talus (6).
2. Le Clos ouest : Une parcelle située à l’ouest du terrain de sport, au lieu-dit le Clos ou Barry, a livré de
nombreux éléments antiques depuis la fin du XIXe siècle (7). La découverte de mosaïques est ainsi mentionnée
en 1890. Dans ce secteur, C. Baysse a récolté depuis les années 1970 un abondant mobilier essentiellement
gallo-romain. Les éléments de construction antiques sont particulièrement abondants (moellons, tegulae,
imbrices) ainsi que les tesselles de mosaïque noires et blanches. Plusieurs fragments de vases en verre, dont
certains remontables, ont été découverts dans l’angle nord-est du champ. Dans le reste de la parcelle, vers le
sud, a également été récolté un abondant mobilier. On note en particulier des fragments d’amphore italique et
de la céramique tournée fine, probablement protohistorique. Mais la majorité de la céramique se rattache à
l’époque gallo-romaine. Elle comprend des productions locales dont de la céramique tournée fine et des
céramiques à pâte claire. Un lot conséquent de sigillée sud-gauloise, et secondairement italique, provient
également des ramassages effectués dans cette zone : Drag. 15-17, Drag. 22, Drag. 24-25, Drag. 29, Drag. 37, Ritt.
5, Hermet 11… Signalons, pour finir, la découverte d’un balsamaire en verre presque complet et d’une urne
cinéraire en marbre (8). Le propriétaire du terrain détient, en outre, un fragment de statuette en céramique à
pâte rouge.
Enfin, une tranchée réalisée en novembre 2003 a recoupé au moins trois murs orientés nord-est/sud-ouest,
dont la base n’a pas été atteinte. Ils étaient construits en moellons de calcaire et conservés sur une hauteur de
1,50 à 1,70 m. L’inspection du secteur, une fois la tranchée rebouchée, a permis de recueillir des moellons
portant encore pour certains un revêtement de mortier hydraulique, des fragments de mortier de tuileau, des
briques d’hypocauste et de nombreuses tegulae.
3. Le prieuré sud : Lors d’épisodes de sécheresse, des anomalies linéaires ont été observées dans la prairie
située au sud du cimetière. Notons également que du mobilier antique provient des déblais d’une tranchée
d’assainissement, réalisée au nord-est de la parcelle, et d’un potager, situé en bordure de la route de Gimont
(fragments d’amphore italique, de sigillée et de céramique commune).
4. Le cimetière : Des vestiges appartenant à l’abbaye bénédictine Saint-Martin (XIe siècle), dépendant de
Saint-Orens d’Auch, sont encore visibles en contrebas du village (9). Le prieuré a été détruit à la Révolution
mais le mur méridional de l’église a été conservé pour servir de clôture au cimetière communal. Les
informations de Gallia 1976 font état de la présence de tegulae encastrées dans ce mur (10). De ce secteur
proviennent également des monnaies (moyen bronze et demi-as de Nîmes), des fragments d’amphore italique,
de sigillée et de céramique commune ainsi qu’un fragment de colonne en marbre blanc et un chapiteau à
palmettes en marbre gris (11).
5. LABROUSSE, 1980.
6. BAYSSE, FERRY et JUILLARD, 1991.
7. CLERMONT, Bulletin Paroissial ; CLERMONT, 1932, p. 23 ; CANTET et alii, 1976, p. 24, n° 92.
8. Une seule monnaie a été ramassée dans ce secteur. Il s’agit d’un demi-as de Nîmes.
9. DUFFOUR, 1911.
10. LABROUSSE, 1976.
11. Coll. Chr. Baysse, GARDES, 2002c, 2003b.
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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
FIG. 2. LE SITE DE TOUGET : points de découverte et implantation des sondages. Relevé A. Daussy.
5. Le prieuré nord : Deux parcelles encore labourées dans ce secteur ont donné un mobilier antique
abondant : amphores italiques et de Tarraconnaise, céramique sigillée et pré-sigillée, céramique commune préaugustéenne et gallo-romaine (12). À noter également la présence de nombreux éléments de construction
(moellons et tegulae), de vestiges d’un mur antique et d’un antéfixe en calcaire local. Plus au sud ont été
découverts deux monnaies antiques, dont une à l’effigie de Gordien III, et un fragment de buste en marbre,
représentant un personnage féminin, à l’occasion de la construction d’une maison.
12. Coll. Chr. Baysse et Dépôt archéologique de L’Isle-Jourdain.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
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FIG. 3. LE QUARTIER DU FAUBOURG (premier plan) et le village de Touget. Cliché F. Didierjean.
La périphérie sud du village (fig. 2-3)
6. Four à Chaux : à l’entrée sud du village, des découvertes à caractère funéraire sont signalées à plusieurs
reprises à l’extrémité de la route de la Galliane et autour de la statue de la Vierge (13). Il s’agit des restes d’une
sépulture « en position assise » (avant 1930), de l’inscription funéraire C.I.L., XIII, n° 472 (1848, aujourd’hui
perdue) (14), d’un « bas-relief » en calcaire représentant un buste féminin (antéfixe ?) dont la chevelure est
coiffée d’une feuille d’acanthe se repliant au-dessus de la tête (avant 1909, déposée au musée de Lectoure),
d’un bracelet à amulettes (fin XIXe siècle, perdu) et, plus près de nous, d’un togatus en calcaire encore pourvu
de sa capsa (15).
7. Moulin Arrout : à 300 mètres au sud de l’entrée du village, entre la route de la Galliane et celle longeant
le fond de vallée, des vestiges d’une importante nécropole ont été révélés à la fin du XIXe siècle à l’occasion de
l’aménagement d’un jardin d’agrément (16). Plusieurs « sarcophages » en calcaire et des sépultures aménagées
avec « de larges briques » (des tegulae ?), « disposées en rangées » sont mentionnés. Ces « sarcophages » n’ont pas
été retrouvés, mais nous avons pu voir un antéfixe en forme de palmette, dans le jardin de la propriété.
8. Salleneuve : établi à environ 850 mètres au sud du village, le site de Salleneuve a été découvert vers 1888
à l’occasion de travaux de carrière (17). Il correspond à une nécropole abritant de très nombreuses tombes,
13. CLERMONT, Bulletin Paroissial ; Id., 1932, p. 23 ; BLADÉ, 1885, p. 51-52 ; DUFFOUR, 1909, p. 59.
14. Cette inscription a été conservée un temps à l’école communale de Touget de même qu’une seconde plaque épigraphique aux dires de
plusieurs anciens élèves.
15. 1983, exposé dans le hall de la Mairie.
16. CLERMONT, 1932, p. 22-23.
17. DUFFOUR, 1909. Situé hors du cadre de la figure 1.
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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
dont certaines probablement « en bâtière », organisées en rangées parallèles. Au moins une sépulture en
amphore semble attestée. Les sépultures ont livré un mobilier abondant parmi lequel des monnaies, des urnes
funéraires en céramique et de la verrerie (unguentaria). On a également recueilli sur ce site des éléments
sculptés en calcaire local ; à noter, en particulier, une statue représentant un personnage tenant un lapin et
accompagné d’un chien (Musée des Antiquités Nationales) et deux antéfixes figurant un masque de Méduse
échevelée, aux yeux clos, surmonté d’une palmette (Musée de Saint-Bertrand-de-Comminges).
Interprétations et problématique de recherche
Les premiers chercheurs à s’être intéressés aux découvertes archéologiques faites à Touget s’accordent sur
l’importance de l’occupation antique du secteur. Le site est ainsi désigné comme « une station gallo-romaine de
quelque importance » (18), une « colonie romaine » (19), voire, de manière fantaisiste, comme la « Cité des
Toges » (20). Mais curieusement il n’est nulle part fait mention d’une agglomération ou d’un noyau urbain bien
délimité. Ces conclusions reposent, en réalité, sur la densité des sites dans l’ensemble du territoire communal
et sur la nature de certaines découvertes fortuites.
Ces interprétations quelque peu approximatives sont balayées par M. Cantet en 1976. Celui-ci distingue
clairement les différents gisements de la commune, en les identifiant, pour la plupart, comme des fermes ou des
villae (21).
Des publications plus récentes ont été l’occasion de reprendre les éléments du dossier. Ainsi, un article paru
en 1991 renoue avec les premières interprétations (22). Les découvertes d’amphore italique, surtout au lieu-dit
Le Clos, sont ainsi mises en avant pour évoquer l’existence d’un « nœud routier », embranchement de deux
pistes conduisant depuis Toulouse à Auch et à Bordeaux via Lectoure. Dans la Carte archéologique, J. Lapart
et C. Petit situent « dès le IIe siècle avant notre ère, un habitat important et sans doute aussi une grande
nécropole » sur la rive droite et autour du confluent de la Gimone et de la Marcaoue (23). Enfin, il y a peu,
Pierre Sillières ne semblait retenir cette hypothèse que pour la fin de l’âge du Fer (24).
Les recherches menées en 2002 et 2003 dans le cadre du programme : « Oppida, formes de l’habitat et
culture matérielle du deuxième âge du Fer dans le Gers et ses marges » ont permis de compléter les données
disponibles (25). Ainsi, l’étude des collections de mobilier constituées par Chr. Baysse depuis trente ans et la
vérification des points de découverte ont abouti à une meilleure compréhension topo-archéologique du site.
L’établissement antique se développe au pied du promontoire couronné par le village actuel, côté ouest, sur un
versant en pente douce s’avançant dans une boucle formée par la Marcaoue. Dans ce secteur péri-urbain du
village actuel, toutes les parcelles cultivées ou qui ont fait l’objet de travaux récents ont donné du matériel
archéologique, dont des matériaux de construction antiques (Prieuré sud, Prieuré nord, Cimetière, Le Clos est
et ouest). Si l’on considère ces différents points de découverte comme faisant partie d’un même site, l’emprise
totale de l’occupation peut être estimée entre 10 et 15 ha. Le mobilier céramique, partout abondant, est
représentatif de la période comprise entre le IIe siècle avant et le IIe siècle de notre ère. Quelques éléments
témoignent du maintien de l’occupation durant l’Antiquité tardive.
Malgré ces avancées, de nombreuses incertitudes persistent. Ainsi, la nature du site est encore en
discussion. En effet, l’hypothèse d’une agglomération n’est pas exclusive. Il pourrait tout aussi bien s’agir d’un
établissement rural d’envergure et de ses dépendances ou d’un sanctuaire. L’extension et l’organisation interne
du site nous échappent également en grande partie. On doit rappeler, en particulier, que les parcelles pouvant
être prospectées représentent moins du tiers de la surface potentielle du site ; les autres sont urbanisées ou en
prairie. Enfin, la chronologie d’occupation ne repose actuellement que sur du mobilier de prospection ou
trouvé ponctuellement en contexte (silo du Clos est). Elle mériterait donc d’être confirmée par des données
stratigraphiques. Afin de répondre à ces insuffisances, une opération d’évaluation a été mise sur pied en 2004.
18. DUFFOUR, 1909, p. 57.
19. CLERMONT, s.d.
20. LARRIEU, 1908.
21. CANTET et alii, 1976, p. 18-19 et p. 23-24, nos 85-94.
22. BAYSSE, FERRY et JUILLARD, 1991.
23. LAPART et PETIT-AUPERT, 1993, p. 131.
24. SILLIÈRES, 2002b, p. 388, note 102, p. 399-400.
25. GARDES, 2002c ; 2003b.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
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Elle a porté sur trois secteurs sélectionnés en raison de leur potentiel documentaire. Nous ne présenterons ici
que les sondages réalisés dans l’emprise de l’habitat antique au Clos (zone 1) est et au Prieuré sud (zone 2)
(26).
Les sondages au lieu-dit Le Clos
Le secteur du Clos occupe la partie sud du quartier dit du « Faubourg », entre la route de Gimont et le
chemin d’accès au stade. Il se situe au flanc du coteau descendant en pente douce vers la Marcaoue (fig. 2).
Stratégie et modalités de l’intervention
L’opération de diagnostic s’est concentrée sur la partie est de la zone du Clos en raison de son intérêt pour
l’étude de l’occupation protohistorique (fig. 2, fig. 4). Le seul secteur préservé des travaux se situe au-dessus du
stade et correspond à plusieurs petits jardins et au parc d’une résidence secondaire. Les recherches ont porté
exclusivement sur cette dernière parcelle.
Préalablement, la coupe du talus bordant le terrain de sport a été ponctuellement rafraîchie. Des
concentrations de mobilier ont ainsi pu être observées, en particulier au nord du talus. Le silo fouillé dans la
coupe en 1990 a également été repéré (27). Les sondages ont
été implantés en tenant compte de la localisation de ces
indices (fig. 4) (28).
Sondage 1
Le sondage a été réalisé dans la partie nord-ouest de la
parcelle, à une dizaine de mètres du talus formant limite avec
le terrain de sport. D’abord limitée à 6 m2, la surface fouillée
a ensuite été portée à 15 m2.
Éléments de stratigraphie
L’ensemble des niveaux présente un léger pendage estouest, dans le sens du dénivelé actuel. La stratigraphie se
présente comme suit :
Us 1000 : humus (0,05 mètre).
Us 1001 : niveau de terre argilo-calcaire gris clair à
inclusions de pierres de calcaire (0,60-0,70 mètre
d’épaisseur). Cette couche correspond à un apport de
colluvions d’époque moderne et médiévale, dont témoigne
du mobilier épars.
Us 1002 : niveau de terre argilo-calcaire gris clair à
marron foncé contenant de nombreuses petites pierres de
calcaire, quelques charbons et des fragments de terre cuite
26. Les sondages réalisés sur la villa de Peyrelongue (zone 3), codirigés
avec Jean-Jacques Grizeaud, feront prochainement l’objet d’une publication
séparée. L’opération a pu être menée à bien grâce à la compréhension des
propriétaires des parcelles sondées (Famille Dessum, M. Tavenard et
Mme Degroutte), et à l’équipe de fouilleurs bénévoles (J.-Ph. Ferrères,
D. Garlatti, L. Pegorarotto, G. Polès, F. Ruzzu, N. Slavova, E. Tranier).
27. BAYSSE, FERRY, JUILLARD, 1990.
28. Nous remercions M. Tavenard d’avoir bien voulu nous laisser réaliser
deux sondages dans sa propriété.
FIG. 4. ZONE 1 : implantation des sondages. Relevé Ph.
Gardes.
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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
(0,10 à 0,15 mètre d’épaisseur). Il présente une importante densité de matériel archéologique. La céramique est
majoritairement à plat ou en position oblique avec des éléments de vases très fragmentés, parfois partiellement
reconstituables ou écrasés en place. Ces caractéristiques évoquent un sol de circulation.
Us 1016 : sédiment marron clair correspondant à une accumulation de colluvions stériles.
Us 1017 : ce niveau n’a pas été atteint en sondage. Il a pu, néanmoins, être observé à la base de la coupe du
talus bordant le stade. Il s’agit d’un banc de calcaire molassique plus ou moins compact.
Les structures (fig. 5)
Dans la masse du niveau 1002 est apparue, à une altitude comprise entre 0,85 et 0,90 mètre de profondeur
par rapport au sol actuel, une structure circulaire, limitée par un liseré de terre cuite. Cet aménagement
correspond en réalité à la chambre de chauffe d’un four de potier, qui a ensuite été dégagé entièrement. Un
second four a été découvert au moment de l’élargissement du sondage.
FIG. 5. FOURS DE POTIERS n° 1 (à gauche) et n° 2 (à droite) vus du sud. Cliché Ph. Gardes.
- Four n° 1
Ce four présente un excellent état de conservation. Il appartient au type « paracirculaire à alandier ». La
longueur totale de la structure, fosse comprise, atteint 4 mètres maximum (fig. 5-6).
L’alandier présente d’épaisses parois latérales en terre cuite reposant sur un socle de pierre calcaire. La
couverture est constituée d’un linteau de pierre à l’aplomb de la paroi de la chambre de chauffe et de blocs de
terre cuite, découverts effondrés dans le corridor. Les parois latérales ont été lissées soigneusement afin de
favoriser l’isolation thermique. Le sol correspond à une chape de terre cuite aplanie et lissée. Il est apparu
noirci et recouvert d’une couche de cendres et de charbons, qui s’étend un peu au-delà vers la chambre
inférieure et vers la fosse (Us 1014). Ceci laisse supposer que le foyer était entretenu dans l’alandier et que les
flammes pouvaient, en cas de fort tirage, entrer en contact avec les vases dans la chambre de chauffe. Les
dimensions de l’alandier sont les suivantes : longueur : 0,64 mètre, largeur : 0,65 mètre, hauteur : 0,50 mètre.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
47
La chambre de chauffe mesure 1,85 mètre de diamètre maximum pour une hauteur conservée de 0,75
mètre. Elle est délimitée par une paroi de terre cuite de plusieurs centimètres d’épaisseur (fig. 6-7).
Afin de préserver l’intégrité de la structure, les rayons formant la sole ont été maintenus en place lors de
la fouille, ce qui explique que le fond de la chambre inférieure n’ait pu être atteint que ponctuellement. Il se
présente comme une sole de terre cuite plane, rougie par le feu, et en légère surélévation par rapport au fond
de l’alandier. Au-dessus a été observé un niveau de cendres et de charbons, produit des cuissons successives (Us
1008). De gros fragments de vases ont été récupérés dans les parties accessibles de ce niveau. Ils ont dû
FIG. 6. FOUR N° 1 en fin de fouille : plan et coupes. Relevé Ph. Gardes.
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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
FIG. 7. LA SOLE DE LA CHAMBRE DE CHAUFFE DU FOUR N° 1 vue du nord. Cliché Ph. Gardes.
s’infiltrer dans les espaces laissés libres entre les rayons, peut-être à la suite d’accidents de cuisson. Le tout était
scellé par une épaisse couche argileuse compacte, riche en blocs et en nodule de terre cuite témoignant
probablement de l’effondrement de la superstructure. La hauteur de cette chambre inférieure est comprise
entre 0,25 et 0,40 mètre.
Un pilier central ovalaire, reposant sur le fond de la chambre de chauffe, soutient la structure de la sole
(fig. 8). Celle-ci était constituée à l’origine de 12 rayons disposés en étoile, dont deux ont disparu. Il s’agit de
poutrelles en terre cuite solidaires des parois et du pilier du four. Le rayon situé primitivement dans l’axe de
l’alandier fait exception. En effet, il venait se loger dans un évidemment ménagé dans le linteau de pierre. Son
effondrement s’explique probablement par la faiblesse de ce dispositif d’accroche. Les rayons présentent une
surface soigneusement lissée et mesurent 0,80 mètre de long en moyenne pour un diamètre compris entre 0,15
et 0,20 mètre. Ils s’épaississent au contact de la paroi et s’affinent au contraire, semble-t-il, côté pilier. Une
chape de terre cuite recouvre la partie centrale de la sole et a dû faire office de support pour les vases. La sole
présente des traces de réfection, signe d’une utilisation prolongée. Ainsi, un des rayons manque du côté nord
de la structure. À cet endroit, est conservée une banquette en terre cuite appuyée contre la paroi et supportée
par deux piliers. Cet aménagement a pu permettre de replacer un rayon endommagé ou effondré. Entre les
rayons, les espaces vides de forme elliptique permettaient d’optimiser la circulation des gaz. Plusieurs blocs de
calcaire, de même que de gros tessons d’amphore, encore en place sur la sole, ont sans doute servi de calage
aux vases prêts à cuire.
L’état d’arasement du four ne permet pas de restituer le système de couverture. On doit tout de même
noter que l’axe des parois conservées au-dessus de la sole ne paraît pas convergent, ce qui pourrait exclure
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
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FIG. 8. PILIER CENTRAL DU FOUR N° 1 vu du nord. Cliché Ph. Gardes.
l’hypothèse d’une fermeture voûtée. Autre élément d’intérêt : une ouverture semble avoir été aménagée dans
la partie supérieure du four. Elle correspond à un renfoncement de la paroi de terre cuite de 0,50 mètre de
longueur. Deux alignements de blocs de calcaire situés dans son axe, à un niveau supérieur, appartiennent peutêtre aux parois latérales ou au système de fermeture de cet accès. Cette ouverture devait servir à
l’enfournement des vases à cuire. Ce type de dispositif a déjà été observé dans le four A de Saint-Cizy (29).
L’abandon du four se signale par un niveau constitué de gros fragments de terre cuite, issus de
l’effondrement des parois et de la couverture, recouvrant la sole avec une concentration particulière dans la
partie centrale de la chambre de chauffe (Us 1006). Le four a ensuite été nivelé à l’aide d’un remblai argileux
marron clair contenant des éléments détritiques (Us 1005).
La fosse d’accès se situe au sud de la chambre de chauffe (fig. 9). Elle n’a pas été fouillée totalement, une
coupe ayant été préservée côté est afin de faciliter la lecture stratigraphique. La structure présente un plan
piriforme. Ses dimensions sont de 1,70 mètre de long sur 2,30 mètres maximum de large. Le creusement a
entaillé le substrat argileux sur 0,50 mètre en moyenne, puis le banc rocheux sur une vingtaine de centimètres.
Le ressaut du rocher forme la bordure inférieure de la fosse. Le fond est constitué d’une croûte de terre rougie
par le feu s’épaississant en direction de l’alandier. Au-dessus a été identifié un niveau peu épais et hétérogène
associant des lentilles de charbons et de cendres et des plages d’argile jaune, très pure (Us 1015). Une épaisse
29. MANIÈRE, 1978, p. 27.
50
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
FIG. 9. FOSSE D’ACCÈS À L’ALANDIER DU FOUR N° 1. Cliché Ph. Gardes.
couche grise, très charbonneuse, occupe le fond de la
fosse (Us 1013). Elle présente un pendage nord-sud
en direction de l’ouverture de l’alandier. Ces
caractéristiques permettent de penser que sa
formation résulte directement du fonctionnement du
four. Ce point de vue est confirmé par les
caractéristiques du mobilier. Il comprend, en effet,
une très forte proportion (plus de 60 %) de fragments
de céramique, présentant des anomalies de cuisson
(surcuisson, déformation, fissuration, éclatement…).
Notons également la très faible représentation des
amphores (6 fragments, soit 0,6 % du nombre de
restes -NR-) et de la faune, contrairement aux autres
couches de ce sondage. La fosse est scellée par un
sédiment marron clair, riche en cailloutis calcaire (Us
1012). Le mobilier associé, plus diversifié et très
abondant, présente un caractère au moins
partiellement détritique. Cette couche correspond
donc, vraisemblablement, à un remblai mis en place
pour niveler la fosse.
- Four n° 2
La chambre de chauffe d’un second four a été partiellement dégagée à l’occasion de l’élargissement du
sondage vers l’est (fig. 10). Elle n’a pas été fouillée par manque de temps. La structure paraît dans un très bon
état de conservation. Elle est limitée par une épaisse paroi de terre cuite et mesure 1,70 mètre de diamètre.
L’accès à l’alandier n’a pas été repéré. Malgré sa proximité, la fosse fouillée à l’avant du four n° 1 n’a pu
desservir les deux alandiers, comme le montre clairement son remplissage. Il est donc probable que cette
structure se situe à l’est ou, plus probablement, au sud du second four.
Ces fours appartiennent très probablement à un centre de production de céramique dont l’étendue réelle
reste à déterminer. Ces structures s’apparentent à la plupart de celles connues dans la vallée de la Garonne. Le
principe de la sole rayonnante reposant sur un pilier vertical central apparaît comme le plus fréquent dans ces
officines (30). Le diamètre des deux chambres de chauffe témoigne d’une importante capacité de production.
Des indices, tels que des tessons déformés ou à parois boursouflées, laissent penser que les fours pouvaient
atteindre des températures élevées et faciliter les cuissons homogènes.
Les fours de potiers de la fin de l’âge du Fer sont encore peu connus dans le Gers. La structure fouillée au
Chemin de Garros, à Auch, dans les années 1960 paraît se rapporter à cette période (31). Elle présente une sole
constituée de panses d’amphores rayonnantes reposant sur des consoles de terre cuite solidaires de la paroi. La
céramique associée n’a pas été dessinée mais la liste des types produits s’apparente à celle de Touget.
L’artisanat de la céramique semble également attesté par des indices au pied de l’oppidum d’Esbérous, à Eauze
(gros fragments de soles inférieures) (32), au lieu-dit Champ Bézian/Hilaou, près de l’oppidum de Latran à
Pouydraguin (fragments de luts) (33), sur le site de La Galane à Lombez à l’emplacement du centre de
production gallo-romain (inédit) et au lieu-dit Saint-Roch à L’Isle-en-Dodon (34). Enfin, un atelier de
production a fait l’objet d’une fouille récente dans le centre du village de Simorre, dans la vallée de la Gimone
(35).
30. SIREIX, 1994.
31. PÉRÉ, CANTET, 1964, p. 155-157.
32. GARDES, 2002b, p. 51-52.
33. GARDES, 2003a, p. 15-16.
34. COSTES, 2002, p. 351-352.
35. IZAC-IMBERT, 2004.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
51
FIG. 10. FOUR N° 2 vu du sud. Cliché Ph. Gardes.
La production de l’atelier : premier aperçu
Le mobilier recueilli dans le four et ses environs peut nous renseigner sur son fonctionnement et sa
production.
Ratés de cuisson
De nombreux ratés de cuisson ont été découverts dans la fosse d’accès de l’alandier, en particulier dans le
niveau correspondant au fonctionnement de la structure (Us 1013). Ainsi, plus de 300 tessons se signalent par
des anomalies dues à une surcuisson. Ceux-ci ont souvent subi de profondes modifications de leur aspect de
surface. Ils présentent fréquemment une déformation plus ou moins importante et quelquefois des fissures ou
des boursouflures (fig. 11). Les parois ont, dans certains cas, éclaté sous l’effet de la chaleur. Néanmoins la
majorité des ratés sont dus à une cuisson insuffisamment maîtrisée qui se manifeste à travers des coups de feu
ou des anomalies chromatiques. Le caractère intentionnel de certaines cuissons ou aspects de surface peut
également être mis en doute dans certains cas. Ainsi, de nombreux fragments présentent des parois claires et
une pâte grise, caractères qui ne se retrouvent qu’exceptionnellement sur les sites de consommation de la
région (36).
36. BACH et GARDES, 2002 ; GARDES et alii, 2002.
52
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Fig. 11. RATÉS DE CUISSON. Clichés Ph. Gardes.
Essai de caractérisation
Malgré les apparences, l’identification de la production du four n° 1 pose des problèmes. Les informations
dont nous disposons sont de type secondaire. En effet, l’abandon du four ne résulte pas d’une destruction
accidentelle, par exemple. Ces circonstances auraient pu permettre, comme cela est quelquefois le cas, de piéger
le dernier chargement et de ce fait, de fournir un « instantané » de la production. L’essentiel du mobilier
récupéré provient de rejets successifs effectués à même la fosse d’accès et probablement dans les environs
immédiats (niveau de circulation 1002). Mais il est certain que, pour des questions de commodité, la zone de
rejet s’étendait bien au-delà du secteur sondé. L’échantillon disponible apparaît donc doublement tronqué.
Néanmoins, un certain nombre d’informations peuvent contribuer à la caractérisation de la production.
D’abord, la couche située sous la sole de la chambre de chauffe a livré de nombreux gros fragments de
céramique, qui se sont probablement infiltrés entre les rayons à la suite d’accidents de cuisson. Ils donnent une
première indication sur la composition des fournées. En second lieu, les caractéristiques de la couche inférieure
de la fosse d’accès (Us 1013) témoignent d’une formation contemporaine de l’activité du four. Le mobilier
associé, parmi lequel une proportion importante de ratés de cuisson, fait donc partie intégrante de la
production. Il en va de même probablement d’une grande partie de la céramique de l’Us 1012. En effet, le
remontage systématique a permis d’observer des connexions fréquentes avec des fragments du niveau
inférieur et aucune avec le niveau de circulation supérieur (Us 1002). De plus, comme dans l’Us 1013, le
mobilier est apparu peu fragmenté avec des tessons dont la taille moyenne avoisine les 40 cm2.
Ces données nous ont conduit à considérer le mobilier situé dans la chambre de chauffe et la fosse d’accès
comme pouvant globalement refléter la production de ce secteur de l’atelier (Us 1005, 1007, 1008, 1010,1012,
1013, 1015). Les types de vases se répartissent comme suit :
Ce décompte montre tout d’abord que l’atelier présente un faible degré de spécialisation. Il a produit la
plupart des vases en usage aux IIe et Ier siècles avant notre ère dans la région. On retrouve ici une des
caractéristiques de la plupart des centres de production du Sud-ouest (fig. 12).
Malgré les variations observées entre les deux contextes, on doit souligner la nette prédominance des
productions tournées. Au-delà, deux types se détachent nettement : l’écuelle à bord rentrant et le pot ovoïde.
Les écuelles occupent une position éminente dans la plupart des séries issues d’ateliers avec un taux oscillant
entre 30,02 et 48,05 % pour les sites de Campet à Sos, de La Gravisse à Aiguillon, du Bourg à Lagruère (Lotet-Garonne) et de Lacoste à Moliets-et-Villemartin (Gironde) (37). La position des pots ovoïdes apparaît plus
37. SIREIX, 1994, p. 106.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
53
FIG. 12. PRODUCTIONS DE TOUGET et de différentes officines du sud-ouest de la France d’après C. Sireix, 1994.
Type/Contexte
Ecuelle à bord rentrant
Pot ovoïde
Pot modelé
Jatte carénée
Jatte sans col
Gobelet
Couvercle
Faisselle
Total
1005-1012
103
59
47
6
5
2
0
0
222
%
46,4
26,6
21,2
2,7
2,2
0,9
0
0
100
1013
36
49
17
6
3
3
1
1
116
%
Total
31
42,2
14,7
5,2
2,6
2,6
0,85
0,85
100
139
108
64
12
8
5
1
1
338
%
41 %
31,9 %
19 %
3,6 %
2,4 %
1,5 %
0,3 %
0,3 %
100 %
54
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
originale. Au Clos, ils représentent, en effet, entre 26,6 et 42,2 % de la production alors que leur proportion est
inférieure à 15 % à Moliets, Aiguillon, et Lagruère. Ils ne jouent un rôle équivalent qu’à Sos avec 45,61 % de
la production.
Viennent ensuite les pots modelés, avec 14,7 à 21,2 % des vases, ce qui se rapproche du taux enregistré à
Lagruère (20,2 %) mais apparaît très supérieur aux valeurs relevées à Moliets (9 %) et surtout Sos (1,27 %).
Les autres formes ne jouent qu’un rôle très secondaire. Les deux principaux types de jattes représentent
tout de même 6 % de l’ensemble. De plus, elles devancent les gobelets (1,5 %), ce qui constitue une discordance
par rapport aux autres ateliers. Comme ailleurs, les céramiques à fonction spécifique, couvercles et faisselles,
n’occupent qu’une position marginale. Enfin, on doit remarquer que, selon notre décompte, les jarres ou dolia
ne sont pas produites au moins dans ce secteur du site. Tous les fragments identifiés proviennent du niveau de
circulation 1002 et se rapportent donc plus probablement à l’activité quotidienne de l’atelier.
Nous n’avons pas pris en compte pour l’instant deux catégories de production qui auraient pu être
fabriquées sur place. Il s’agit des céramiques peintes et claires récentes. Un fragment appartenant à chacune
des deux séries présente des stigmates liés à une surcuisson ou à un montage imparfait. Pourtant, ces éléments
nous paraissent encore insuffisants pour accréditer la thèse d’une production locale.
Globalement la céramique fabriquée dénote une forte standardisation de la production qui ne peut
s’expliquer que par les exigences d’une économie d’échange très développée. L’écoulement de la production
devait être facilité par la situation de l’atelier dans la périphérie d’une probable agglomération, dont on peut
supposer qu’elle jouait un rôle commercial éminent.
Le mobilier : approche typo-chronologique
La stratigraphie mise en évidence dans le sondage 1 permet de distinguer trois phases principales :
- 1 : 1er état de fonctionnement du four (Us 1008, 1010, 1013 et 1015)
- 2 : 2e état de fonctionnement et abandon (Us 1005, 1007 et 1012)
- 3 : nivellement du secteur (Us 1002)
Le mobilier apparaît pourtant très homogène. Il ne permet pas de distinguer ces différentes phases, qui ont
dû se succéder rapidement dans le temps. La composition des assemblages et la part respective des catégories
et types de vases varient néanmoins, bien que dans de faibles proportions, entre le niveau de circulation (Us
1002) et les couches liées au fonctionnement du four. Ces discordances ont été prises en compte dans l’étude.
Méthode de travail
Le comptage général a été réalisé selon les principes du protocole du Mont-Beuvray (38). Le mobilier a
fait l’objet d’un comptage général par unité stratigraphique (nombre de restes = NR), puis d’un remontage
systématique intra et inter Us (collage ou appariement). Afin de déterminer le nombre minimum d’individus
(NMI), on a pris en compte prioritairement les bords et les éléments de forme caractéristiques.
Les fragments ont été répartis par groupes de catégories (amphores, céramique commune, céramique
tournée…) puis par catégories (campanienne, céramique claire récente…). L’identification typologique a
ensuite été proposée en fonction des indices disponibles.
En ce qui concerne les amphores, les fragments ont été inventoriés par éléments de forme et les lèvres ont
fait l’objet d’une procédure particulière afin d’envisager une attribution typologique. Figurent ainsi dans la
base les trois critères métriques discriminants (hauteur, largeur et inclinaison) pouvant faire l’objet d’un
traitement automatisé.
Le mobilier céramique
Le mobilier céramique issu du sondage 1 est particulièrement abondant et homogène. Le niveau de
circulation (Us 1002) a néanmoins livré quelques éléments médiévaux et/ou modernes en surface. Ils ne
représentent que 5,1 % du NR, ce qui permet de les considérer a priori comme intrusifs. La céramique de la
fin de l’âge du Fer comprend un total de 4 004 fragments pour 421 individus minimum. La cohérence de
38. Arcelin et Tuffreau-Libre, 1998
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
55
l’ensemble du mobilier oblige à traiter le lot comme
une entité homogène.
- Céramique tournée fine régionale (CTFR)
Les productions tournées apparaissent très
nettement majoritaires au sein du groupe des
céramiques communes régionales. Deux séries ont
été distinguées en fonction de critères technologiques. Un premier lot est caractérisé par une pâte de
texture savonneuse et une teinte claire unie (rouge à
orangée) ou sandwich, mais dans ce cas, avec un cœur
toujours gris à noir. Le dégraissant apparaît toujours
de petit module et en faible quantité. Les parois
présentent une surface gris-noir unie. Cet aspect de
surface ne résulte pas d’un polissage ou d’un
engobage mais d’un effet de cuisson. Cependant, la
majorité des vases tournés présentent une cuisson
homogène et une pâte dure, fine. Le dégraissant
apparaît peu dense et de faible module (mica et sable
surtout). L’essentiel de la production a été cuite en
FIG. 13. VASES BAS OUVERTS, écuelles à lèvre épaissie. Dessin Ph. Gardes.
mode B. Quelques vases témoignent d’une cuisson
en atmosphère oxydante.
Le lot est nettement dominé par les formes
basses, essentiellement représentées par les écuelles à
bord rentrant (fig. 13). Ces vases constituent une très
forte proportion de la vaisselle de table utilisée à la fin
de l’âge du Fer en Languedoc occidental et en
Aquitaine orientale. Malheureusement, il reste pour
l’instant impossible d’identifier des éléments objectifs
permettant de caractériser l’évolution de la forme.
Dans ce groupe figurent également des jattes
carénées à profil bombé (fig. 14). Ce type de vase
apparaît fréquent dans le Gers et ses marges au cours
des deux derniers siècles avant notre ère (39). Une
dernière forme de jatte apparaît plus originale. Il
s’agit d’un vase à bord convergent, sans col, dont la
lèvre est éversée (fig. 15). Aucun fond n’a pu être
rapporté à ce type de récipient. Cette forme apparaît
pour l’instant comme une production propre à
l’Aquitaine orientale, et en particulier, au pays d’Auch
et au Lectourois. Les éléments de chronologie
disponibles sur les sites régionaux suggèrent que la
série connaît l’essentiel de son développement dans le
courant du IIe siècle avant notre ère (40).
FIG. 14. VASES BAS OUVERTS : jattes carénées à profil bombé. Dessin Ph.
Les vases hauts fermés correspondent pour la
Gardes.
plupart à des vases à col bien marqué et panse
élancée (fig. 16). Les fonds sont plats. Quelques
exemplaires présentent un décor de filets simples ou dédoublés obtenus par polissage sur la totalité ou
uniquement sur le haut de panse. Les cannelures ou les baguettes demi-rondes placées au niveau de
39. Auch, Cougeron ; Lectoure ; Eauze, Esbérous ; Sos, Campet.
40. Auch, Résidence Mathalin : CANTET, 2000, p. 26, fig. 13, n° 1-2 ; Lectoure ; Sos : SIREIX, 1994, p. 105, fig. 17, n° 8. La forme est également
signalée en Gironde, à Moliets-et-Villemartin : SIREIX, 1990, p. 89.
56
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
FIG. 15. VASES BAS OUVERTS : jattes sans col. Dessin Ph. Gardes.
FIG. 16. VASES HAUTS FERMÉS : pots ovoïdes. Dessin Ph. Gardes.
l’épaulement sont beaucoup plus rares. Cette série
appelle peu de commentaires. Il s’agit, en effet, d’une
production conventionnelle, relativement standardisée, dont les principaux caractères sont fixés dès le
début du IIe siècle avant notre ère et n’évoluent que
très lentement jusqu’au milieu du Ier siècle avant
notre ère. À l’image des exemplaires de Lectoure et
de la Caserne Niel à Toulouse, l’absence de décors
complexes et la fréquence des vases de haute stature
pourraient néanmoins permettre d’avancer une
datation comprise entre le milieu du IIe siècle et le
premier quart du Ier siècle avant notre ère.
Le groupe des vases hauts ouverts ne comprend
qu’un petit lot de gobelets à panse tronconiques
(fig. 17). Deux variantes semblent représentées: vases
hauts à lèvre légèrement épaissie et exemplaires bas et
larges dont le bord présente une lèvre ourlée extérieure. Une série de pieds cintrés pourraient également
se rapporter à des formes de gobelets à panse resserrée.
Enfin, deux bords de jarres ou dolium à panse
globuleuse ont également été identifiés dans le
niveau de circulation (Us 1002). Les lèvres correspondent à un épaississement extérieur.
Plusieurs faisselles sont attestées par des fragments de fonds perforés. Ils sont de forme conique et
pourraient donc se rattacher à un type de vase bas et
à bord rentrant bien connu dans la région toulousaine.
- Céramique modelée régionale (CNTR)
La plupart des vases non tournés ont été
entièrement montés à la main. Certains ont néanmoins
été partiellement repris au tour. Dans ce cas, les panses
présentent souvent des stries de tournage externes. Les
pâtes sont le plus souvent dures, d’aspect granuleux, et
parsemées d’un dégraissant dense, en général moyen,
et calibré. Des pâtes plus grossières et chargées en
dégraissant de module variable sont également
représentées. L’essentiel de la production a été cuite en
mode B. Les cuissons libres sont peu attestées.
Le répertoire typologique se limite à des vases
hauts fermés de type pots de cuisine (fig. 18). Deux
séries peuvent être distinguées. Un premier groupe
comprend des exemplaires élancés dont le diamètre
d’ouverture est légèrement supérieur à celui du fond.
Des vases plus trapus, à panse large et diamètre du
fond supérieur à l’ouverture, constituent un second
ensemble bien caractérisé (fig. 18, n° 1). Un microvase, dont la hauteur est égale au diamètre à
l’ouverture (6,6 cm), se rattache morphologiquement
à ce type (fig. 18, n° 2). L’organisation du décor
apparaît répétitive. Elle procède d’une combinaison
entre un motif linéaire soulignant la base du col ou
l’épaulement et un traitement de surface couvrant la
partie supérieure ou la totalité de la panse. Au niveau
de l’amorce du col, on observe fréquemment une
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
frise de courtes incisions obliques ou virgulées quelquefois
jointives. Au-delà, la panse offre des surfaces simplement
régularisées mais aussi soit peignées, soit grattées.
Les vases finis au tour présentent souvent une lèvre en
amande et sont plus rarement décorés. Dans ce cas, la panse
s’orne en général de stries couvrantes obtenues par
application d’un peigne au cours du tournage.
Les caractéristiques de cette production se retrouvent
dans la plupart des séries régionales. Ainsi, la morphologie
générale des vases et l’organisation des décors rappellent
clairement les séries étudiées à Toulouse, Auch et Lectoure.
La décoration au peigne des vases finis au tour apparaît
comme une technique plus spécifique au Lectourois (41).
L’épaississement des bords, malgré des différences de
détail, renvoie quant à lui à une tradition commune aux
trois entités territoriales de la Gascogne gersoise (Elusates,
Ausques, Lactorates).
FIG. 17. VASES HAUTS OUVERTS : gobelets. Dessin Ph. Gardes.
FIG. 18. VASES HAUTS FERMÉS : pots modelés. Dessin Ph. Gardes.
41. LARRIEU-DÜLER, 1973, p. 56.
57
58
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Une variante de cette forme n’est représentée que par deux tenons de préhension. Ces éléments
appartiennent vraisemblablement à des pots sans col dont le type n’est pour l’instant connu qu’en Aquitaine
orientale (Auch, Résidence Mathalin et Route du Garros, Eauze, Vic-Fezensac, Gers, Maubourguet, HautesPyrénées) (42). Les exemplaires connus se situent chronologiquement entre la fin du IIe et le troisième quart
du Ier siècle avant notre ère.
- Céramiques importées
Le groupe des céramiques importées est numériquement faible. Néanmoins, il témoigne d’un approvisionnement diversifié.
Deux fragments attestent l’existence de céramiques peintes. Le seul bord identifié correspond à un pot à
panse probablement ovoïde (fig. 19, n° 3). Ce type de vase, réellement importé ou fabriqué dans la région,
connaît l’essentiel de sa diffusion au IIe et au début du Ier siècle avant notre ère (43).
La céramique à vernis noir n’est représentée que par une poignée de fragments. Ils appartiennent tous au type
A. Deux éléments de forme ont été identifiés: une lèvre de coupe Lamb. 33b (44) (fig. 19, n° 5) et un bord de
coupelle Lamb. 28a-b (45) (fig. 19, n° 6). Ces éléments sont a priori datables de la deuxième moitié du IIe siècle
(46). Mais leur chronologie peut déborder sur le premier quart du Ier siècle avant notre ère comme le montrent
des exemples régionaux (Auch, Chemin
du Cougeron, Caserne Niel à Toulouse).
Seuls cinq tessons de céramique
commune à pâte claire proviennent de la
zone fouillée. Les pâtes sont similaires.
Un seul élément d’intérêt figure dans ce
lot. Il s’agit d’un bord de cruche, qui
présente un défaut de fabrication. La
lèvre a, en effet, été déformée par
pression avant cuisson (fig. 19, n° 4), ce
qui pourrait indiquer une fabrication sur
place. La céramique claire récente s’est
largement diffusée en Méditerranée
occidentale à partir du IIe siècle avant
notre ère. Elle se trouve encore en
quantité importante dans l’intérieur des
terres, et ce jusqu’à Toulouse (47). Audelà vers l’ouest, ces productions se
raréfient.
Néanmoins,
quelques
fragments ont été identifiés dans des
contextes de la fin du IIe et de la première
moitié du Ier siècle avant notre ère à Auch
(Cougeron), Lectoure (Lamarque),
Eauze (oppidum d’Esbérous) et PouyFIG. 19. CÉRAMIQUES IMPORTÉES ET IMITATIONS. Dessin Ph. Gardes.
draguin (Latran).
Quelques fragments de céramique
commune ibérique figurent dans le lot
étudié. Ils correspondent à une carène décorée de deux sillons appartenant à une jatte à large panse de la série
COM-IB Jt0 (48). Ces productions étaient jusqu’alors inconnues dans la région. Elles ont été identifiées pour
42. Auch, Résidence Mathalin (CANTET, 2000, p. 26 et fig. 11, n° 12) et Route du Garros (PÉRÉ, CANTET, 1964, p. 155-157) ; Eauze (GARDES et
alii, 2002, p. 43) ; Vic-Fezensac, Gers (CANTET, 1975, p. 30, n° 22a, 23) ; Maubourguet, Hautes-Pyrénées (inédit).
43. VIDAL, 1988a.
44. Équiv. Morel 2973a1/2974a1.
46. MOREL, 1990, p. 66 ; PY, 1993, p. 146.
47. VIDAL, 1988b.
48. CASTANYER, SANMARTI, TREMOLEDA, 1993, p. 355-356.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
59
la première fois récemment à Toulouse (49), dans un horizon daté de la fin du IIe ou du premier quart du
Ier siècle avant notre ère. Mais leur apparition remonte à la deuxième moitié du IIe siècle en Lauragais (50).
- Amphores italiques
Le lot amphorique est exclusivement constitué de fragments de type italique. Les tessons se répartissent
comme suit :
US
Panses
Lèvres
DAS (51)
DAI
Anses
Epaules
Pieds
Total
1002
1005
1012
1013
89
18
66
6
6
/
3
/
/
2
3
/
1
/
/
/
6
2
13
/
2
/
1
/
/
/
/
/
104
22
86
6
Total
179
9
5
1
21
3
0
218
Seules les lèvres permettent d’envisager une attribution typologique précise. Parmi les 4 bords
identifiables, 1 appartient au type Gréco-italique (fig. 19, n° 1) et 3 à des Dressel 1A (fig. 19, n° 2).
- Mobilier métallique
Quelques rares éléments métalliques proviennent de la zone fouillée. Il s’agit de deux fragments de tôle de
bronze, dont un semblait recouvrir une âme en matériau périssable.
Monnaie
Une monnaie en argent a été découverte dans le niveau de circulation (Us 1012 ; (cf. annexe) Elle
appartient à la série des monnaies à la croix. La frappe de ce type de numéraire se situe entre 120 et 75 avant
notre ère.
Ce mobilier permet de fixer la chronologie du four. En ce qui concerne la céramique commune régionale,
la forte proportion des productions tournées va dans le sens d’une datation postérieure au milieu du IIe siècle
avant notre ère. On retrouve un taux équivalent dans des horizons du dernier tiers du IIe siècle à Toulouse, par
exemple (Caserne Niel, phase 1b) et du premier quart du Ier siècle avant notre ère. (Caserne Niel, Phase 2,
Auch-Cougeron). Le répertoire des formes tournées confirme ce diagnostic. Ainsi, on doit noter la part
importante des pots ovoïdes de grande taille décorés exclusivement de filets polis. De même, la jatte carénée
à profil bombé apparaît seule représentée alors que des variantes se développent rapidement à partir du
Ier siècle avant notre ère (52). Les productions modelées appellent les mêmes commentaires. Les vases sont en
général de haute stature et rarement repris au tour avec des décors fréquents dans le courant de la deuxième
moitié du IIe siècle.
Les céramiques importées apportent des éléments de chronologie complémentaires, en particulier pour le
niveau correspondant au dernier état de fonctionnement du four (Us 1012). La céramique à vernis noir relève
du faciès campanien moyen (180-100 avant notre ère). Les formes appartiennent au répertoire en usage durant
la deuxième moitié du IIe et le premier quart du Ier siècle avant notre ère. Le faciès amphorique s’inscrit
parfaitement dans ce contexte. Il associe, en effet, types gréco-italiques et Dr. 1A, ce qui le place, en principe,
entre 140 et 100 avant notre ère (53). Toutefois, la durée de consommation peut se prolonger largement audelà de la durée de fabrication de ces conteneurs, comme le montrent les récentes fouilles réalisées à Toulouse
Saint-Roch (Caserne Niel, Métro Saint-Agne). La limite inférieure de la fourchette peut donc être descendue
jusqu’au début du Ier siècle avant notre ère.
La seule monnaie découverte confirme ce diagnostic (Us 1012). Elle a, en effet, été frappée entre 120 et 75
avant notre ère (cf. Annexe).
49. Plusieurs fragments de jattes carénées pourvues, au moins pour certaines, de becs tubulaires figurent parmi le mobilier céramique issu de
la fouille de la Caserne Niel (2001). L’étude du mobilier est achevée et devrait faire l’objet d’une publication prochainement.
50. Une jatte archéologiquement complète provient d’un puits fouillé à Bram (Aude). Le mobilier est daté du troisième tiers du IIe siècle avant
notre ère (Communication inédite de M. Passelac aux Journées d’Études de Lattes, tenues en 2002).
51. DAS : départ d’anse supérieur, DAI : départ d’anse inférieur.
52. ARRAMOND, REQUI et alii, 2006.
53. HESNARD, 1990, p. 50 ; VIDAL, 1988c.
60
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Ces données suggèrent que le premier état de fonctionnement du four se situe dans le courant de la
deuxième moitié du IIe siècle avant notre ère (Us 1013). Il semble cesser son activité entre la fin du IIe et le début
du Ier siècle avant notre ère (Us 1012). Aucun élément plus récent ne provient de la zone sondée mais la faible
étendue de la fouille ne permet pas encore de situer avec certitude l’abandon du centre de production.
Sondage 2
Un second sondage a été entrepris dans le secteur où avait été découvert un silo protohistorique, lors des
travaux de 1990 (54). Il a été implanté à quelques mètres du talus du stade dans le sens nord-sud.
Éléments de stratigraphie
La stratigraphie révélée par ce sondage s’apparente à celle du sondage 1 :
Us 2000 : humus (0,05 à 0,10 mètre d’épaisseur).
Us 2001 : niveau de terre argilo-calcaire gris clair à inclusions de pierres de calcaire (0,40-0,50 mètre
d’épaisseur). Elle correspond à un apport de colluvions d’époque moderne et/ou médiévale.
Us 2002 : couche argilo-calcaire marron foncé de 0,10 à 0,15 mètre d’épaisseur contenant quelques petites
pierres calcaires. Le mobilier associé est peu abondant. Ce niveau peut provisoirement être interprété comme
une couche d’occupation.
Us 2004 : substrat de molasse chargée en cailloutis calcaire.
Le silo
La partie supérieure d’un silo creusé dans le substrat de molasse est apparue à environ 0,70 mètre de
profondeur (fig. 20). Seule sa moitié ouest a été dégagée. Il présente une ouverture circulaire que l’on peut
estimer à 0,95 mètre de diamètre. Le creusement apparaît tronconique avec un fond en cuvette et une
ouverture rétrécie. Sa hauteur est de 1,35 mètre maximum pour une largeur de 2 mètres au fond.
Trois couches de comblement ont pu être individualisées (fig. 21). Sur le fond reposaient deux groupes
d’ossements en connexion correspondant aux mandibules inférieures d’un cheval et d’un ovicapridé (55). Un
premier remblai occupe la moitié inférieure du creusement. Il correspond à un sédiment hétérogène, contenant
des nodules de calcaire et du charbon (Us 2005). Le niveau intermédiaire est constitué d’un assemblage formé
d’un sédiment argilo-calcaire marron foncé, mêlé de pierres calcaire de petit module (Us 2004). Le tout est
scellé par une couche destinée à niveler le terrain, dont l’aspect rappelle la couche d’occupation supérieure (Us
2003). Le mobilier issu de cette structure apparaît hétéroclite. L’Us 2004 a livré une soixantaine de fragments
de céramique parmi lesquels une majorité d’éléments datables de la fin de l’âge du Fer. Néanmoins, la série
comprend également deux tessons de céramique sigillée italique, dont un bord de bol SIG-IT 17, et une dizaine
de fragments de céramique commune médiévale. On peut donc soit attribuer cette structure à l’époque antique
au sens large, en considérant le mobilier postérieur comme intrusif, soit retenir une datation médiévale, en
tenant pour résiduels les éléments antérieurs. Les phénomènes de soutirage et de percolation auxquels sont
fréquemment soumis les structures de type silo rendent la première hypothèse plausible. On doit également
tenir compte du fait qu’un autre silo fouillé en 1990, à moins de 5 mètres de distance, a livré un mobilier
apparemment homogène, datable de la deuxième moitié du IIe ou du début du Ier siècle avant notre ère (56).
Malgré tout, il ne nous paraît pas possible pour l’instant de trancher entre les deux hypothèses chronologiques.
54. BAYSSE, FERRY et JUILLARD, 1991, p. 152.
55. Détermination Francis Juillard.
56. BAYSSE, FERRY et JUILLARD, 1990, p. 152.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
FIG. 20. SILO en fin de fouille. Cliché Ph. Gardes.
Conclusion
Le diagnostic réalisé dans la zone du Clos Est a
donné des résultats particulièrement intéressants,
malgré la faible surface traitée.
L’opération a permis, en particulier, de lever le
doute sur la nature de l’occupation de ce secteur à la
fin de l’âge du Fer. La découverte de deux fours de
potiers montre que nous avons affaire à une zone
artisanale, dont l’extension reste toutefois à
déterminer. Les potiers semblent avoir exploité la
molasse, argile locale naturellement riche en éléments
solides tels que le mica, les feldspath, quartz et sables.
Ce centre de production est en activité au moins dès
la deuxième moitié du IIe siècle. L’arrêt de la
production paraît plus difficile à situer dans le temps
en raison de la faible extension de la fouille. Il est tout
de même certain que le four n° 1 est abandonné
durant la première moitié du Ier siècle avant notre ère.
FIG. 21. SILO : plan et coupe. Dessin Ph. Gardes.
61
62
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de
l’examen du mobilier. On doit tout d’abord noter le
caractère standardisé de la production, avec la présence de la plupart des vases en usage sur les sites de
consommation contemporains. En second, lieu
l’absence de jarres de stockage nous paraît significative. Elle pourrait, entre autres, s’expliquer par les
exigences du marché local.
La découverte de silos pourrait démentir ce point
de vue. Néanmoins, malgré les incertitudes chronologiques, il semble que ce fait confirme le caractère
périphérique de l’occupation. L’activité industrielle et
le gros stockage vont, en effet, souvent de pair dans les
agglomérations pré-romaines (Borde-Basse à VieilleToulouse).
Les sondages au lieu-dit Le Prieuré
Un second secteur du « Faubourg » a fait l’objet
d’une évaluation archéologique au lieu-dit Le Prieuré
correspondant à un ensemble de parcelles situées de
part et d’autre du cimetière actuel (fig. 2). La zone
d’étude s’étend concrètement entre la route de
Gimont et le cimetière, à environ 150 mètres à l’est de
la Marcaoue. La parcelle présente actuellement un
léger pendage est-ouest (57).
Le toponyme trouve son origine dans l’existence
d’une abbaye bénédictine dédiée à Saint-Martin, sans
doute fondée au XIe siècle. Cet établissement dépendait de l’abbaye Saint-Orens d’Auch. De cet ensemble
monastique, seul subsiste un pan de mur de l’église,
actuel mur de clôture nord du cimetière.
Stratégie et modalités de l’intervention
Le secteur a fait l’objet d’une évaluation menée à
bien à travers une série de six sondages (fig. 22). Leur
implantation a été déterminée en fonction de la
topographie de la parcelle. Les sondages n’ont pas
toujours été approfondis jusqu’au substrat. Plusieurs
raisons expliquent ce fait. Tout d’abord, les contraintes de sécurité nous ont empêché de poursuivre la fouille
au-delà de la côte de 1,50 mètre de profondeur. Ensuite, nous avons pris le parti de préserver les niveaux
antiques superficiels les mieux conservés, en particulier les sols construits (sondages 2 et 5). Enfin, le substrat
se situe le plus souvent à plus de 2 mètres de profondeur et n’a donc pu être atteint en raison des capacités
réduites de la mini-pelle.
FIG. 22. PRIEURÉ SUD, implantation des sondages. Relevé Ph. Gardes.
Synthèse
Les recherches menées dans la parcelle du Prieuré sud ont permis de préciser la chronologie et d’entrevoir
les conditions générales d’occupation de ce secteur du site antique et médiéval. Mais dresser une synthèse à partir
57. Nous remercions Mme Degroutte, propriétaire, de nous avoir autorisé à réaliser les sondages.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
63
d’éléments déconnectés apparaît encore délicat. Néanmoins, une première présentation des résultats par grandes
entités chronologiques peut déjà être envisagée.
Phase 1 : IIe-Ier siècle avant notre ère
Les niveaux les plus anciens ont été mis au jour dans le sondage 5 (fig. 25A). Au contact du substrat
argileux (Us 5027) a été identifiée une structure ovalaire, de 1,20 mètre de long sur 0,80 de large, constituée
de deux niveaux de gros tessons d’amphores posés à plat (Us 5020, 5026) intercalés avec une plaque d’argile
rubéfiée (Us 5022). Ces vestiges peuvent être interprétés comme deux états d’une sole de foyer (F 12). Les
fragments d’amphore formant sa structure le datent au plus tard de la première moitié du Ier siècle avant notre
ère. Cet aménagement semble fonctionner avec un sol cendreux périphérique, contenant des nodules de terre
cuite (Us 5025). Un niveau contemporain et morphologiquement proche a été reconnu dans le sondage 2 (Us
2007) (fig. 23B).
Afin de préserver les structures antiques, souvent bien conservées (Sondage 4) ou en raison de problèmes de
sécurité (Sondages 1 et 6), les autres sondages n’ont pas été approfondis jusqu’à ces premiers niveaux.
Néanmoins, il est fort probable que l’occupation protohistorique s’étende sur toute la parcelle si l’on en juge par
la fréquence de mobiliers préaugustéens hors-contexte ou résiduels dans les niveaux supérieurs de tous les
sondages (fragments d’amphores italiques mais aussi céramique commune et campanienne A).
Ces nouvelles données confortent les hypothèses déjà avancées sur l’origine de l’établissement antique.
Elles permettent de penser que nous sommes en présence d’une zone d’habitat, malheureusement encore mal
définie. La connexion est donc établie entre cette parcelle et celles qui avaient déjà livré du mobilier
préaugustéen au Clos (ouest et est) et au Prieuré Nord.
Le mobilier provient des niveaux 2007 et 5025 ainsi que de la structure F 12. La céramique commune
apparaît nettement prédominante. Elle comprend des productions tournées (pots ovoïdes, écuelles à bord
rentrant) et secondairement modelées (pots). Les importations ne sont représentées que par un tesson de coupe
en campanienne A (fig. 26, n° 7) trouvé en contexte (Us 2007). Trois autres fragments ont été découverts horscontexte (Sondage 1). Parmi le mobilier amphorique, on doit noter que la sole supérieure du foyer 12 a été
aménagée à l’aide de nombreux fragments appartenant à la moitié inférieure d’une amphore Dr. 1 (fig. 26, n° 6).
Cette structure a également livré une lèvre de type gréco-italique très usée (fig. 26, n° 1), deux lèvres de Dr. 1A
(fig. 26, n° 2-3) et une Dr. 1B (fig. 26, n° 4). Ces éléments permettent de situer l’occupation du secteur entre la
deuxième moitié du IIe et le milieu du Ier siècle avant notre ère.
Outre son intérêt chronologique, une partie de ce mobilier trahit l’importance des échanges avec la
Méditerranée. La présence de plusieurs fragments de campanienne A doit tout particulièrement être soulignée.
En effet, la diffusion de ce type de vaisselle concerne surtout les sites importants, de type agglomération, dans
le Gers et dans le reste de l’Aquitaine.
Phase 2 : La période gallo-romaine
L’essentiel de la documentation archéologique recueillie dans cette parcelle se rapporte à la période galloromaine. Trois phases principales ont pu être distinguées.
Phase 2a : période augusto-tibérienne
Excepté le sondage 1, qui n’a atteint que le niveau d’arasement supérieur des structures antiques,
l’ensemble des tranchées ont permis d’observer des vestiges d’occupation datables de la fin du Ier siècle avant
et du début du Ier siècle de notre ère.
Les structures identifiées au cours de l’opération correspondent à un habitat en matériaux périssables. Les
éléments découverts dans le sondage 6 permettent un premier essai d’interprétation (fig. 25B). Un mur, orienté
est-ouest, a été mis en évidence dans la partie sud du sondage (F8). Il est construit à partir de blocs de calcaire
pour la plupart de gros module, montés à sec. Ce dispositif appartient semble-t-il à un solin destiné à soutenir
une superstructure en terre crue (mur porteur ou cloison). Cette structure délimite clairement deux espaces
(fig. 25B). Au nord, se développe une couche argileuse très compacte, légèrement cendreuse (Us 6003). Un
probable trou de poteau a été aménagé à partir de ce niveau, à environ 1,50 mètre du mur. Il s’agit d’un
creusement circulaire (Fait 7) qui conserve encore les éléments d’un calage formé de gros tessons d’amphore
de Bétique et de petits blocs de calcaire, dont certains ont basculé dans le creusement (fig. 25B). Au sud du
mur, a été observé un niveau horizontal contenant des charbons de bois (Us 6004). Dans la partie supérieure
64
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Fosse médiévale
A
B
Niveau de surface
Décapage mécanique
Sondage
Réduction
FIG. 23. LES SONDAGES 1 ET 2. Dessin Ph. Gardes.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
65
A
B
FIG. 24. LES SONDAGES 3 ET 4. Dessin Ph. Gardes.
de ce niveau, a été dégagée une amphore Dr. 20 écrasée en place et un fond de petit vase de stockage.
L’extension réduite de la fouille dans ce secteur rend toute interprétation délicate. Néanmoins, ce niveau
pourrait correspondre à un sol en terre battue (resserre ?) en relation avec la construction à laquelle appartient
le mur F 8. Une probable sole de foyer, constituée d’un assemblage de tessons d’amphore reposant sur un lit
d’argile rubéfié, a également été observée dans le sondage 5 (Us 5023/5024) (fig. 25A).
Notons en dernier lieu que des niveaux d’occupation contemporains, en place, ont été reconnus dans tous les
autres sondages profonds (Us 2010, 4010).
Le mobilier associé est peu abondant. La céramique commune s’inscrit dans la continuité avec la période
antérieure. Elle comprend des productions tournées et de la vaisselle plus grossière. La première catégorie est
représentée par des pots ovoïdes, à lèvre quelquefois épaissie, et des écuelles à lèvre biseautée. Un pied annulaire
66
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
A
B
FIG. 25. LES SONDAGES 5 ET 6. Dessin Ph. Gardes.
appartient probablement à une imitation de céramique fine italique (fig. 27, n° 2). La seconde série associe des
écuelles à bord rentrant, des pots, souvent décorés de stries au tour, et des marmites de forme tronco-coniques.
Quelques fragments de pots modelés, dont un portant un motif ondé au peigne, sont également à signaler (fig. 27,
n° 3). La céramique fine importée n’est représentée que par quelques fragments de sigillée sud-gauloise (Drag.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
29a), de la paroi fine (fig. 27, n° 4) et un plat de type
rouge pompéien (R-POMP 15) (Us 6004). Un
fragment de lampe à volutes mérite également d’être
signalé (Us 4010) (fig. 27, n° 5). En dehors de tessons
de type italique résiduels, les amphores trahissent une
diversification des sources d’approvisionnement avec
la présence de conteneurs catalans (Pascual 1) et de
Bétique (Dr. 20). Un seul bord d’amphore Dr. 2-4 a été
récolté (fig. 27, n° 1).
Phase 2b : 40-90/120 de notre ère
La deuxième moitié du Ier siècle de notre ère
coïncide, semble-t-il, avec une phase de restructuration
de l’occupation. La plupart des vestiges de constructions en dur, rencontrés dans les différents sondages,
sont datables de cette période. Ils s’intègrent dans une
trame orthogonale qui couvre au moins l’ensemble de
la parcelle, organisation qui pourrait reprendre un
dispositif antérieur (cf. axe du mur F8 du sondage 6).
- Le bâti
Les structures bâties sont apparues souvent très
arasées avec une élévation maximum de deux à trois
assises. La plupart des murs présentent un mode de
construction cohérent. Ils sont montés en assises
régulières à partir de moellons de calcaire équarris, liés
au mortier blanc. Des pierres de plus petit module,
noyées dans du mortier, constituent le blocage. Dans le
cas des murs F3 et F4 (sondage 4), la fondation
correspond à une épaisse assise de blocs calcaire et de
mortier blanc, particulièrement compacte. Elle forme
une semelle débordante côté intérieur. Les largeurs
observées oscillent entre 0,35 m pour la probable
cloison F6 et 0,45 à 0,76 pour les murs de façade.
Le mur F1 se distingue nettement des autres par
sa position et son caractère massif (0,76 mètre de
large) (fig. 23A). L’hypothèse d’un mur de terrasse
doit être écartée en raison de l’absence de dénivelé
observé avec les autres maçonneries. En revanche, il
pourrait correspondre à une des façades d’un
bâtiment important, probablement dès le HautEmpire. À la même altitude, plus à l’est de la parcelle,
les sondages 4 et 5 ont révélé une série de murs
appartenant peut-être au même ensemble (fig. 24B ;
fig. 25A). En effet, les murs F3 (sd 4) et F5 (sd 5)
orientés nord-est/sud-ouest apparaissent plus épais et
se trouvent alignés par-delà la limite de sondages. Ils
pourraient donc peut-être appartenir à un des mursmaîtres d’un bâtiment, voire d’un îlot. L’angle formé
par le mur F3 avec F4 suggère la présence d’un
passage orienté est-ouest. Le mur F6 peut, quant à
lui, être interprété comme un mur de refend. Malgré
son état de conservation et de possibles interférences
stratigraphiques, il semble que le mur F10 s’inscrive
dans le même programme architectural.
FIG. 26. PHASE 1, mobilier céramique. Dessin Ph. Gardes.
FIG. 27. PHASE 2A : mobilier céramique. Dessin Ph. Gardes.
67
68
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
FIG. 28. PHASE 2B : mobilier céramique. Dessin Ph. Gardes.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
69
La faible extension de la fouille et l’arasement prononcé des niveaux de sol ne permettent pas toujours de
dater la mise en place de cette organisation. Les niveaux les plus anciens associés aux murs F3/F4 (Us 4009) et
F10 (Us 2006) remontent néanmoins au milieu ou à la deuxième moitié du Ier siècle de notre ère.
- Voies de circulation
Le sondage 2 a révélé plusieurs niveaux de voirie orientée est-ouest (fig. 23B). Un assemblage de tuiles à
plat, mêlé de quelques pierres calcaires (Us 2008), ainsi qu’une possible recharge (Us 2006) pourrait
correspondre à un premier état datable du Ier siècle de notre ère.
Dans le sondage 5, différentes couches étagées ont été interprétées comme des niveaux de circulation
probablement extérieurs (Us 5015 à 5019). Il s’agit en l’occurrence d’une alternance de niveaux contenant des
blocs de calcaire et d’argile jaune damée. L’hypothèse de sols de cour ou de recharges de voierie peut
provisoirement être retenue.
Le mobilier de cette phase constitue un lot très homogène. Les céramiques communes de tradition indigène
continuent à jouer un rôle important. Les productions fines sont majoritairement cuites en mode B. Elles
comprennent essentiellement des écuelles à lèvre biseautée (fig. 28, n° 1-2) ou à bord rentrant (fig. 28, n° 3-5),
des plats imitant le répertoire de la sigillée et des pots ovoïdes (fig. 28, n° 8-10). Des formes nouvelles font
également leur apparition comme des cruches à lèvre en bandeau (fig. 28, n° 11) ou à bec tréflé. La céramique
à engobe micacé est également bien représentée avec en particulier des pots à lèvre rainurée (fig. 28, n° 14).
S’ajoutent à la vaisselle commune de table, des vases de cuisson à pâte plus grossière dont des pots globulaires
(fig. 28, n° 12), souvent décorés de stries au tour, des marmites tronco-coniques (fig. 28, n° 13) et des couvercles.
La sigillée sud-gauloise apparaît fréquente avec des vases surtout d’origine Montanaise. Le catalogue des formes
comprend des plats et écuelles (Drag. 15/17, 18b) ainsi que des coupes (Ritt. 9, Drag. 29b). En ce qui concerne
les amphores, on note la coexistence des conteneurs catalans (Pascual 1) (fig. 28, n° 15) et de Bétique (Dr. 20).
La série est complétée par des fragments de paroi fine, à surfaces quelquefois sablées (fig. 28, n° 19).
La fin de cet horizon est difficile à situer précisément dans le temps en raison des remaniements occasionnés
par les restructurations postérieures. Seuls des éléments datables incontestablement des IIe et IIIe siècles ont été
mis en évidence dans le niveau d’occupation 6002 (monnaie de la fin du IIIe siècle, cf. Annexe).
Phase 2c : L’Antiquité tardive (fin IIIe-début Ve siècle)
- L’évolution du bâti
L’habitat semble se maintenir à la fin de l’Antiquité dans l’ensemble du secteur d’étude, sans changement
marquant dans l’organisation du bâti préexistant. Ainsi, deux niveaux de sols successifs, en terre battue, ont été
aménagés dans le bâtiment délimité par les murs F3 et F4 (Us 4004 et 4006) (fig. 24B). Ils sont datables
respectivement du IIIe-IVe siècle et de la fin du IVe ou du début du Ve siècle. Cette nouvelle étape d’occupation
s’accompagne sans doute d’une destruction partielle des niveaux antérieurs, dont témoigne la découverte
d’éléments de construction et de décoration architectonique du Haut-empire dans un remblai extérieur (Us 4007).
- Voies de circulation
Deux niveaux de recharge de la voierie identifiée dans le sondage 2 sont datables de la fin de l’Antiquité
(IVe-début Ve siècle). Le premier présente une bande de roulement constituée d’un assemblage serré de pierres
et de cailloutis calcaire (Us 2005) (fig. 23A). Les niveaux de circulation du sondage 5 ont connu la même
évolution avec la mise en place de recharges (Us 5009/5014) et d’un sol morphologiquement proche de l’Us
2005 (Us 5005) (fig. 25A).
Le mobilier présente une grande homogénéité. Il se compose essentiellement de productions communes
oxydantes, engobées ou non, imitant le répertoire de la Sigillée claire B et D (58). Les formes les mieux
représentées sont la jatte carénée à baguette médiane et lèvre souvent en amande (imitation de CLAIR-B G1)
(fig. 29, n° 6-7). Un décor guilloché occupe quelquefois le registre supérieur. Viennent ensuite les écuelles à bord
rentrant (fig. 29, n° 1-6), les plats à lèvre biseautée ou à marli (imitation de Hayes 58B), les mortiers (fig. 29,
n° 11), les bols hémisphériques de type CLAIR – B 16 ou carénés de type CLAIR-B 6 et les formes hautes de
58. LAPART, 1980 ; DIEULAFAIT et alii ; 2002.
70
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
type cruche ou lagène. Les productions
grossières cuites en mode B se situent en position
secondaire. Elles sont représentées par des pots
et des écuelles à bord rentrant (fig. 29, n° 12). La
plupart des fragments d’amphore doivent être
considérés comme résiduels. Néanmoins, on doit
noter la présence de deux fragments de
conteneurs de la fin de l’Antiquité: une lèvre
d’amphore Dr. 23 (Us 5010) (fig. 29, n° 13) et un
fragment de col d’amphore africaine tardive (Us
4 004). Au mobilier céramique s’ajoutent de
nombreux fragments de verre dont un bord de
coupe type Isings 116/117 (IVe-VIe siècle).
Phase 2d : abandon des structures antiques
L’abandon du site antique semble
intervenir à partir du milieu du Ve siècle. C’est
du moins l’hypothèse que l’on peut formuler à
partir des observations faites dans le sondage 4.
En effet, les murs F3 et F4 sont recouverts par
deux niveaux de démolition (Us 4002, 4005)
dont l’un contient en particulier deux bords
d’écuelles en céramique oxydante engobée
(fig. 30, n° 1-2) et un fragment de bol DSP
Rigoir 15 (fig. 30, n° 3). Quelques éléments
découverts hors-contexte témoignent encore de
la fréquentation du site aux VIe-VIIe siècles (pots
à décor peigné).
L’occupation médiévale
FIG. 29. PHASE 2C : mobilier céramique. Dessin Ph. Gardes.
Les niveaux médiévaux sont apparus, en
général, assez mal conservés. Ils se situent au
contact des structures antiques dans la partie
basse de la parcelle et en sont séparés par une
épaisse couche lessivée, peu anthropisée, dans la
partie haute (Sondage 1). Ce phénomène peut
provisoirement être imputé aux effets du colluvionnement, probablement accentué, à partir du
XIIe siècle, par l’installation du village sur le
promontoire dominant la parcelle. Des structures
et du mobilier appartenant à cette période sont
attestés dans les sondages 1, 2, 3 et 5.
Niveaux d’occupation
Dans les sondages 3 et 4, on peut observer des niveaux apparentés (3003, 4001), damés et constitués de
blocs calcaires mêlés à du cailloutis. Ces structures sont souvent apparues mal conservées et sur des surfaces
réduites. Leur aspect évoque des sols de circulation, peut-être de type voierie. Elles n’ont pas livré de mobilier
mais on peut déduire de leur position stratigraphique une datation postérieure à l’Antiquité. L’occupation
médiévale pourrait donc se structurer à partir d’un réseau de chemins.
Structures
Les structures relevées dans le sondage 5 for-ment un ensemble intéressant, témoignant de l’exis-tence d’un
habitat (fig. 25A). Il s’agit d’un trou de poteau (F 14), d’une fosse (F 13) et d’un probable foyer ou four excavé
(F16).
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
71
Les sondages 1 et 5 ont révélé deux sections de
fossés qui pourraient être connectées. Compte-tenu
des moyens disponibles, il n’a pas été possible de les
fouiller complètement (fig. 23A ; fig. 25A). Le
creusement présente une largeur d’environ 8 mètres
dans le sondage 5 et s’approfondit, à travers le niveau
antique, sur au moins 1,70 mètre dans le sondage 1.
Ce ou ces fossés, dont l’un est daté des XIe-XIIIe
siècles, sont probablement en relation avec l’abbaye
toute proche. Ils pourraient marquer la limite de
l’espace conventuel ou correspondre à la clôture
d’un espace cimetérial.
Le niveau de comblement inférieur a livré un
mobilier particulièrement abondant. La céramique
comprend essentiellement des productions non
tournées ou tournassées de type grise ou « rouge
polie ». Les formes identifiées se résument à des
FIG. 30. PHASE 2D : mobilier céramique. Dessin Ph. Gardes.
oules à lèvre courte et fond aplani et à des pégaus à
anse souvent rubanée. Cet ensemble peut être situé
entre le XIe et le XIIIe siècle.
Signalons enfin la découverte, contre le parement nord du mur F10 (Sondage 2), d’un amas de restes
humains et animaux (F 2) (fig. 23B). Les ossements étaient placés dans une cuvette creusée à travers les
niveaux antiques. La faune est représentée par du porc, des ovicapridés et des bovins. Ces éléments sont
répartis sur deux niveaux successifs, à peu près horizontaux (59). Ces ossements font probablement la
conséquence d’un réaménagement du cimetière du Prieuré (60).
Conclusion
Le diagnostic mené à bien dans la parcelle dite du Prieuré sud a démontré le potentiel archéologique du
secteur avec en particulier une stratigraphie s’échelonnant du IIe siècle avant au milieu du Ve siècle de notre ère
et une réoccupation à partir du Xe-XIe siècle. Toutefois, de nombreux problèmes restent en suspens : fonction et
organisation des structures, importance relative de l’occupation durant les différentes phases…
Bilan et perspectives de recherche
L’opération de diagnostic réalisée en 2004 a permis de collecter une abondante moisson d’informations sur
l’occupation antique de Touget. Celles-ci concernent la nature de l’occupation, la chronologie et la topographie
du site.
Un des apports majeurs de ces recherches est d’avoir clairement mis en évidence l’importance du site du
« Faubourg » et sa longévité.
Les structures mises au jour au Prieuré, dans une des seules parcelles à n’avoir pas livré d’indices
d’occupation jusque-là, permettent désormais de relier les différents points de découverte déjà connus et
d’écarter définitivement les hypothèses qui avaient encore cours sur la présence de plusieurs petits
établissements indépendants. On peut donc désormais affirmer que nous avons affaire à un site unique, qui
s’étend assurément sur au moins entre 10 et 15 ha. Les limites de l’établissement semblent à peu près fixées. Il
occupe l’ensemble de la vaste terrasse située au pied du village actuel, et ce probablement jusqu’à la Marcaoue.
Côté sud, aucun indice n’a été observé au-delà de la route d’accès au stade. En revanche, vers le nord on ne
sait si l’occupation se poursuit au-delà des parcelles du Prieuré nord, en direction du pont franchissant la
Gimone, en raison de la nature de l’occupation du sol dans ce secteur (prairies et bois).
59. Étude anthropologique en cours (Sylvie Bach).
60. Ce type de pratique (association de restes humains et animaux) est peu attesté avant le Bas Moyen Âge ou la période moderne, ce qui
concorde parfaitement avec les observations stratigraphiques.
72
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Un autre point désormais acquis est la longue durée d’occupation du site. Les premiers niveaux attestés en
stratigraphie, ainsi que des structures associées, remontent aux IIe et Ier siècles avant notre ère. La séquence
d’occupation gallo-romaine couvre toute l’Antiquité, sans interruption apparente, avec un programme de
construction daté du Ier siècle et une phase de restructuration au IV siècle Les données collectées au Prieuré
permettent de penser que l’établissement ne semble péricliter qu’à partir du milieu du Ve siècle. Les niveaux
médiévaux, datés entre le XIe et le XIIIe siècle, traduisent une réoccupation tardive du secteur, probablement en
relation avec l’établissement monastique dont les ruines sont encore visibles dans le cimetière.
Il est intéressant de noter que l’évolution mise en évidence à Touget concorde parfaitement avec celle
révélée dans la ville antique d’Auch. Ainsi, la fouille du Chemin du Cougeron (1998), dans la partie est de
l’agglomération d’Augusta Auscorum, a montré que l’habitat du second âge du Fer et d’époque augustéenne
est également constitué de constructions en matériaux périssables (61). L’apparition de bâtiments en dur va de
pair avec une première phase de structuration de l’espace urbain, à partir d’un réseau de voies orthogonales.
Cette phase est datée, comme à Touget, du milieu et de la deuxième moitié du Ier siècle de notre ère.
L’occupation se maintient sans changement marquant jusqu’au IIIe siècle. Le IVe siècle inaugure une phase de
restructuration, puis le site semble abandonné à partir de la deuxième moitié du Ve siècle.
La contribution de l’opération à la compréhension interne du site apparaît plus modeste. Néanmoins, les
quelques données acquises, confrontées à celles déjà disponibles, permettent de dessiner les contours d’une
organisation élémentaire de l’espace.
L’occupation pré-augustéenne était jusqu’à présent attestée par des éléments mobiliers ramassés dans
l’ensemble des parcelles du « Faubourg » (fig. 31A). Les sondages du Prieuré nous fournissent désormais une
première indication sur la destination de ce secteur. Les vestiges découverts évoquent, en effet, une occupation
de type habitat (niveaux de sol et foyer aménagé). La périphérie sud-est du site semble quant à elle occupée
par un centre de production artisanal. On retrouve donc à Touget un type d’association observé sur la plupart
des agglomérations de la fin de l’âge du Fer connues dans le Sud-Ouest, avec un atelier de potiers installé en
limite d’un habitat d’envergure (Sos, Lagravisse à Aiguillon, Esbérous à Eauze, Lacoste à Moliets-etVillemartin…). Le rôle commercial éminent du site se déduit également de la présence massive d’amphores
italiques mais aussi et surtout de céramiques importées en provenance de Méditerranée occidentale
(céramique à vernis noir) avec en particulier des catégories jusque-là très peu ou pas représentées dans le Gers
(céramique claire récente, commune ibérique). On peut donc émettre l’hypothèse que le site de Touget
correspond à une agglomération de plaine, assumant un rôle économique important à l’échelle microrégionale.
La destination du secteur du Prieuré ne semble pas changer durant l’Antiquité. Les vestiges de
construction semblent, en effet, appartenir à un habitat, peut-être délimité par un réseau de voies (fig. 31B). Par
ses caractéristiques, un des murs pourrait néanmoins appartenir à un édifice plus important (bâtiment public
ou édilitaire ?). On doit ajouter que tous les murs identifiés s’intègrent dans une trame orthogonale orientée à
38° N.
Des vestiges de construction avaient déjà été observés dans l’emprise potentielle du site. Ainsi, à une
cinquantaine de mètres au sud de la zone du Prieuré, des travaux d’assainissement ont recoupé une série de
murs également orientés à 38° N, en 2003 (Site 2). L’inspection des déblais a donné de nombreux moellons
conservant encore un revêtement de mortier hydraulique et des éléments de pilettes d’hypocauste. Ces vestiges
trahissent l’existence d’un probable complexe thermal, privé ou public. Deux autres portions de murs, dont
l’orientation paraît compatible avec celle observée au Prieuré, ont été repérées au cimetière (Site 4) et, en
limite d’emprise, au Prieuré nord (Site 5).
Au-delà, on doit noter qu’une partie du parcellaire actuel s’aligne sur celui mis en place durant l’Antiquité.
Ce réseau tient compte, en réalité, des conditions topographiques locales et se développe à flanc de coteau,
parallèlement à l’axe de la Marcaoue. Il semble dans son ensemble orienté à 38° N.
Rappelons, en dernier lieu, que deux importantes nécropoles se développent en périphérie sud du site. La
première est située à la sortie du village actuel, non loin du Clos. Elle s’étend semble-t-il sur au moins 1 ha,
entre le lieu-dit Moulin Arrout et le carrefour des routes de Gimont et de L’Isle-Jourdain (Sites 7 et 9). Elle a
livré en particulier une inscription et des éléments sculptés appartenant peut-être à des monuments funéraires
(togatus, antéfixes en calcaire) des Ier et IIe siècles. Des sépultures probablement en bâtière, organisées en
e
61. BACH, GARDES, 2001-2002.
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
73
FIG. 31. LE SITE DE TOUGET À LA FIN DE L’ÂGE DU FER (A) ET À L’ÉPOQUE ROMAINE (B). Dessin Ph. Gardes.
rangées, sont également signalées, de même que des « sarcophages » en calcaire local, sépultures que l’on situe
habituellement entre la fin de l’Antiquité et le début du haut Moyen Âge. À environ 500 mètres plus bas dans
la vallée, une autre nécropole est connue au lieu-dit Salleneuve (Site 8). Elle a donné de très nombreuses
sépultures datables, semble-t-il, pour la plupart des deux premiers siècles de notre ère ainsi que des éléments
sculptés pouvant faire penser à l’existence de mausolées et/ou d’un possible sanctuaire (statue de dieu (?)
chasseur et antéfixes).
Nous sommes donc désormais en mesure de reprendre sur des bases plus solides le problème du statut du
site à l’époque antique. Rappelons tout d’abord qu’il se développe sur une surface supérieure à 10 ha et
présente des traces de construction dans l’ensemble de l’emprise potentielle. D’autre part, les vestiges de
bâtiments mis en évidence semblent répondre à une structuration suivant un réseau orthonormé. Enfin, deux
vastes nécropoles se situent dans la périphérie immédiate de ce noyau habité. Ces caractéristiques permettent
de penser que nous avons affaire à une agglomération secondaire, qui prend la suite d’un établissement
indigène.
Les sources antiques ne font semble-t-il pas référence à cet établissement qui, de plus, se situe a priori en
dehors des grands axes de communication (62). La Table de Peutinger ne mentionne que la station de
Casinomago entre Auch et Toulouse alors que cet établissement est inconnu de l’Itinéraire, qui recense quant
à lui quatre relais pour la même distance. Cette discordance peut s’expliquer de différentes façons : soit les
deux documents consignent des indications sur la même voie mais avec un degré de précision plus ou moins
grand (63), soit ils font état de deux parcours différents ou partiellement différents. En ce qui concerne
62. LABROUSSE, 1968, p. 353-358 ; SILLIÈRES, 2002a, p. 336-338. Toutefois, gardons-nous de conclure trop vite. En effet, le tracé de la voie reliant
Auch à Toulouse est loin d’être acquis, que ce soit du point de vue archéologique ou des sources antiques. Ainsi doit-on noter pour ce segment
l’incompatibilité des listes de stations figurant d’une part dans la Table de Peutinger et d’autre part, dans l’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem ; ceci
alors que ces documents sont quasiment contemporains (IVe siècle).
63. La Table de Peutinger correspond à la copie d’une carte générale du réseau routier de l’Empire romain. L’original a probablement été
définitivement établi au IVe siècle. L’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem retrace, quant à lui sous la forme d’une liste d’étapes, le parcours d’un pèlerin
bordelais se rendant en Terre sainte en 333 de notre ère.
74
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
l’Itinéraire, l’absence de Casinomago pourrait plutôt faire pencher la balance en faveur de la deuxième
hypothèse (64). Dans ce cas de figure, la localisation de Ad Sextum et de Hungunverro, situés entre Auch et
L’Isle-Jourdain (Bucconis) devrait être réexaminée. Une des conséquences de cette proposition serait de
replacer le site de Touget dans la la liste des candidats possibles. Concrètement, un rapprochement pourrait
être envisagé avec Hungunverro, dont la position relative par rapport à Auch et L’Isle-Jourdain est conforme
avec celle de Touget (65).
Malgré les progrès accomplis ces dernières années, de nombreux problèmes se posent encore sur le site
antique de Touget et mériteraient d’être traités à l’avenir. Les données spatiales manquent pour caractériser de
manière satisfaisante l’habitat, son organisation et son évolution. Au-delà, il apparaît difficile de restituer la
trame viaire du site et plus encore de localiser un éventuel centre administratif, pourtant indissociable de ce
type d’agglomération.
64. L’hypothèse d’un double tracé avait déjà été évoquée par Michel LABROUSSE (1968, p. 353). Il le tenait toutefois comme hautement
improbable en raison de l’équivalence des distances décomptées entre Auch et Toulouse dans les deux documents.
65. Le rapprochement linguistique paraît beaucoup plus difficile à établir. En effet, Touget figure déjà sous la forme Togei dans la plus ancienne
occurrence connue (XIIe siècle). Dans ces conditions, seule une corruption majeure du nom antique pourrait à la rigueur justifier une relation avec
Touget. Enfin, des clichés aériens ont récemment révélé l’existence d’une voie est-ouest et d’un tracé secondaire se dirigeant vers l’ouest, à la sortie
du Pont-Perrin à L’Isle-Jourdain (KOUPALIANTZ, 2004).
L’AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE TOUGET (GERS)
75
ANNEXE
Catalogue des monnaies
Vincent GENEVIÈVE
1 - Clos Est, Sondage 1, Us 1012
Monnaie gauloise à la croix, volques tectosages, vers 120-75 av. notre ère.
Anépigraphe ; tête à g., très décentrée, avec mèches ovoïdes, sans pendant d’oreille.
Anépigraphe ; les 1er et 2e cantons, très décentrés ne sont pas visibles, hache fine au manche bouleté devant un croissant au 3e
canton et ellipse seule visible au 4e canton.
Pds 3,24 ; axe 1 ; diam. 13-12 ; Savès 50-52, série XI. L’attribution à cette série repose principalement sur la gravure du revers,
très fine, qui ne se retrouve pas sur les émissions antérieures. Le flan est de forme quadrangulaire et plutôt épais.
2 - Prieuré : Sondage 6. Us 6002
Tétricus Ier, imitation radiée, atelier clandestin, à partir de 273-274.
IIC [ ] ; buste radié à d., cuirassé avec paludamentum.
[ ] GG ; Salus débout à g. tenant un gouvernail et nourrissant un serpent sortant d’un autel.
Pds 0,68 ; axe 3 ; diam. 14-12 ; type Elmer 779. Imitation de la 5e émission de Trèves (atelier I) frappée vers 273-274. Malgré
l’absence de certains détails, cette imitation semble bien attribuable à Salus.
3 - Prieuré : surface parcelle
Empereur indéterminé, imitation, atelier clandestin, à partir de 357/8-361.
[ ] ; illisible ?
[ ] ; Type Spes Reipublice ? l’empereur debout à g., tenant une lance et un globe ?
Pds 0,29 ; axe - ; diam. 10-9. Les imitations de très faible module comme cet exemplaire se rencontrent surtout vers le milieu
du IVe siècle. Les types les plus fréquents sont à la légende Gloria Exercitus avec un ou deux étendards, Fel temp Reparatio au
cavalier tombant, ou Spes Reipublice à l’empereur tenant un globe et une lance. Sur cette imitation de Touget, Le personnage seul,
debout à g. avec le bras tendu, correspond parfaitement à ce dernier type.
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Musée Saint-Raymond, 1988, p. 16-23.
VIDAL, 1988b : « La céramique peinte en blanc », dans le catalogue de l’exposition Palladia Tolosa, Toulouse, Musée SaintRaymond, 1988, p. 29-31.
VIDAL, 1988c : Les amphores vinaires, dans le catalogue de l’exposition Palladia Tolosa, Toulouse, Musée Saint-Raymond,
1988, p. 53-55.