Deux églises romanes édifiées sur des sites
antiques de la vallée de la Dordogne :
Saint-Pierre de Montcaret (24) et
Saint-Vincent de Pessac-sur-Dordogne (33)
CHRISTIAN GENSBEITEL
L’auteur …
La vallée de la Dordogne fut, comme
celle de la Garonne, un axe de circulation et
de développement dès l’Antiquité. On ne
sera donc pas surpris d’y trouver des sites
qui, tout au long de l’Histoire, ont concentré les populations et produit des constructions se superposant au fil des siècles. Les
deux églises abordées ici ont justement en
commun non seulement leur proximité
avec le fleuve, dans une position de vis-à-vis
le long d’un probable axe nord-sud de franchissement, mais aussi l’existence avérée
d’un site antique dans leur environnement
proche, et jusque sous leurs fondations.
Dans les deux cas, en l’état actuel de nos
connaissances, il est difficile, voire impossible d’établir des liens de continuité entre
l’occupation antique, plutôt résidentielle,
et la construction de l’église, dont l’origine,
dans les deux cas, ne paraît guère antérieure au XIe siècle. En l’absence de recherches archéologiques renouvelées, l’étude
des deux édifices doit donc se concentrer
sur leur état médiéval. Dans la mesure où
leur seul point commun réside dans ces
34
analogies topographiques, il paraît donc
plus opportun de les aborder de façon distincte pour ne pas créer de confusion.
S AINT-P IERRE - ÈS -L IENS
DE M ONTCARET *
Un monument mutilé
Situé sur la rive droite de la Dordogne,
à l’ouest de Sainte-Foy-la-Grande, aux
confins du diocèse de Périgueux, le village
de Montcaret abrite un des sites gallo-romains les plus réputés du Sud-Ouest de la
France. Les vestiges découverts au XIX e
siècle par l’abbé Delpeyrat et fouillés jusque dans les années 1930 par Pierre Tauziac, témoignent de la présence d’une importante villa, dont les parties dégagées,
correspondant à la pars urbana, sont aujourd’hui mises en valeur et gérées par le
Centre des Monuments Nationaux.
L’église Saint-Pierre-ès-Liens, un vocable
qui pourrait témoigner d’une origine an-
cienne1, est construite dans la partie méridionale de l’espace central de la villa, à
proximité du complexe thermal privé qui
occupait l’angle sud-est de la résidence.
Néanmoins, malgré certaines hypothèses
avancées par les premiers fouilleurs2, aucun indice archéologique probant ne per met à l’heure actuelle d’entrevoir une continuité d’occupation et une origine antique
pour l’église, dont on ignore même si l’édifice roman a été précédé par un autre sanctuaire.Toutefois, comme nous allons le voir,
des liens indirects existent entre les vestiges gallo-romains et l’église dont la
construction peut être située aux alentours
de la fin du XIe et du début du XIIe siècle.
Cette église a connu une histoire mouvementée, et sa nef a aujourd’hui en grande
partie disparu, réduite à une travée correspondant à l’extrémité orientale du seul
vaisseau central, dépourvu des collatéraux
qui l’encadraient. En fait, hormis ce moignon de nef datant du XIXe siècle, le monument ne conserve que ses parties orientales : un transept qui était à l’origine
35
– Des archaïsmes et –
des formes originales
faiblement débordant ouvrant sur une
abside prin cipale précédée d’une travée
droite et deux absidioles venant s’appuyer
contre celle-ci (fig. 1). Mais là encore, on
devra faire abstraction de la croisée, du
bras sud et de l’absidiole méridionale, qui
ont également fait l’objet de reconstructions au XIXe siècle. En effet, l’église investie, et peut-être reconstruite à la fin du XIe
siècle par les moines bénédictins de SaintFlorent-de-Saumur 3 a subi au cours des
guerres de Religion des destructions massives, qui n’ont laissé subsister que l’abside
principale et le seul bras de transept nord,
avec sa chapelle. à l’issue du conf lit, en
1622, un mur oblique avait été tendu entre
les piliers nord-ouest et sud-est de l’ancienne croisée pour fermer le volume préservé, à la suite de quoi ont rétablit une
façade occidentale à l’entrée de l’ancienne
croisée et cette situation provisoire dura
jusqu’au milieu du XIXe siècle4. Il est possible que le clocher qui se dresse au-dessus
du bras nord du transept ait été relancé
après la disparition d’un clocher antérieur
placé à la croisée. En 1747, l’abbé Tappie
fit adosser une sacristie, aujourd’hui disparue, contre l’absidiole nord. En 1858,
grâce à une souscription, l’abbé Berger fit
construire la nouvelle nef, et dix ans plus
tard le bras de transept sud fut réédifié
tandis qu’une chapelle néo-gothique à
pans coupés venait remplacer l’absidiole
disparue. Une voûte d’ogives fut lancée sur
la croisée reconstituée5. Une nouvelle campagne de restauration eut lieu dans les
années 1950 sous l’impulsion de l’abbé Sabouret aidé de bénévoles, qui dégagèrent
plus d’un mètre de remblais dans l’église,
avant les travaux de restauration proprement dits, menés sous la conduite d’YvesMarie Froidevaux, l’édifice étant classé Monument Historique depuis 19136.
36
Fig. 2 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens.
Vue du chevet depuis le nord-est.
Fig. 1 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Plan par Valleton en 1858.
Archives numériques de l’UDAP 24 001062 Plans 02.
Malgré ces nombreux remaniements et
les mutilations qui l’ont amoindrie, il est
possible de restituer prudemment une
église romane assez ambitieuse, dotée
d’une nef qui peut avoir compté trois vaisseaux, d’un transept faiblement débordant
et d’un chevet dont l’abside principale, pré-
cédée d’une courte travée droite, est cantonnée de deux absidioles ouvrant sur les
bras du transept. Un passage en plein cintre
s’ouvre entre chacune des deux absidioles
et la travée droite du sanctuaire, créant une
liaison au sein de ce sanctuaire, qui entre
dans la catégorie des chevets à chapelles
échelonnées, un type apparu au début de
l’époque romane et dont l’Ouest aquitain
possède un certain nombre d’exemples,
parfois complexes, avec cinq chapelles7, ou
plus simples, comme ici8. Les fouilles ont
laissé entrevoir une longueur de plus de
20 m pour la nef, ce qui n’est pas négligeable et qui la fait entrer dans la catégorie des
grandes églises. Il est difficile de juger, en
l’état actuel des vestiges en place, quelle fut
la structure effective de cette nef. La profondeur des contreforts dont subsistent les
traces laisse envisager un remaniement
gothique. L’hypothèse d’une reprise gothique se trouve d’ailleurs renforcée par la
présence, sur le revers extérieur du mur
occidental du bras nord du transept, d’un
arc brisé, correspondant probablement à
un doubleau de la fin du Moyen Âge, et
donc à un voûtement sur croisée d’ogives
du collatéral, à moins qu’il ne s’agisse d’une
chapelle. La faible hauteur de cet arc permet d’ailleurs de s’interroger sur l’existence de vrais bas-côtés, et donc d’un dis-
positif basilical, qui serait absolument
exceptionnel dans la région. Mais il n’est
guère possible d’aller au-delà des hypothèses au vu du peu d’éléments concrets
dont nous disposons.
En fait, même les élévations conservées
sont, au moins à l’extérieur, très perturbées. Cela se voit aussi bien dans les parties hautes de l’abside que sur l’absidiole
nord, désormais débarrassée de la sacristie
qui était venue s’appuyer contre elle et qui
fut démolie dans les années 1950. Des reprises grossières, avec des pierres récupérées, remplacent le couronnement ancien
des murs, dont les corniches ont disparu.
Il est même difficile de savoir, en l’état
actuel, jusqu’à quel point les voûtes sont
réellement d’origine ou si elles ont été remontées à un moment donné. Il faut donc
faire abstraction de beaucoup d’éléments
pour retrouver avec un certain degré de
fiabilité les formes primitives de l’édifice
roman, ce qui est un des points communs
avec l’église de Pessac-sur-Dordogne.
Le premier constat qui s’impose est celui
de l’emploi d’un petit appareil de moellons
dans les élévations anciennes qui subsistent.
Même si à l’intérieur, un enduit couvre la
plus grande partie des surfaces, cette technique constructive apparaît clairement et
les témoignages des années 1950, en particulier celui de l’abbé Sabouret9, apportent
une confirmation sur ce point. C’est donc
une enveloppe murale entièrement en
moellon qui définit ces parties orientales.
L’absidiole nord, dépourvue de toute modénature, est épaulée par deux contreforts
entre lesquels une fenêtre primitive a été
maintenue en place,redécouverte,semble-til, lors de la démolition de la sacristie qui
l’occultait (fig. 2). Cette fenêtre correspond
encore aux standards du XIe siècle, avec son
ouverture étroite au nu du mur extérieur et
s’élargissant pas un fort ébrasement intérieur. Son linteau monolithe rectangulaire
échancré en for me d’arc à sa base, est engravé de faux claveaux. Toutefois, les élévations ne sont pas aussi austères que celles de
certains édifices encore entièrement tournés vers la tradition préromane. On note en
particulier sur l’abside,un recours à la pierre
de taille dans les parties supérieures,sur une
hauteur correspondant aux arcs des fenêtres, puis, après une bande en maçonnerie
de moellons allongés, on retrouve quatre
autres assises de pierres de taille, qui
devaient correspondre au haut de l’élévation primitive de l’abside. D’une manière
générale, on peut assimiler le chevet de
Montcaret à ceux d’édifices, généralement
construits dans les dernières décennies du
XIe ou au début du XIIe siècle, pour lesquels
on a recouru à des formules d’appareil
mixte plus ou moins élaborées, en associant
notamment des panneaux en moellons à des
cadres en pierre de taille relativement structurés10. Cette forme de rupture avec l’archi37
tecture presque exclusivement en moellons
du XIe siècle représentait une alternative,
certes éphémère, à la systématisation des
parements en pierre de taille qui devaient
finalement triompher.
Mais la principale singularité de l’église,
dont on verra qu’elle s’accorde assez bien
avec cet usage des maçonneries mixtes,réside
dans la conception de sa fenêtre axiale (fig. 3).
Les trois baies qui éclairent l’abside sont de
dimensions nettement plus amples que celle
de l’absidiole, et leurs grands arcs sont clavés.
Les deux ouvertures latérales sont dépourvues de toute modénature, et il semble
qu’elles aient été légèrement élargies ou tout
au moins délardées à une époque indéterminée pour créer un faux ébrasement extérieur11. La fenêtre axiale s’ouvre en revanche
dans l’épaisseur d’un massif de maçonnerie
que l’on peut assimiler à un contrefort, parfaitement appareillé en moyen appareil de pierre de taille et couronné par un arc qui vient
coiffer celui de la baie. Ce curieux dispositif,
loin d’être le résultat d’un remaniement empirique en vue de renforcer une structure fragile, est au contrairement parfaitement maîtrisé et ses chaînages latéraux indiquent,
comme ceux des fenêtres qu’ils jouxtent, une
mise en œuvre cohérente avec le mur en moellons. L’arc supérieur repose sur des impostes
moulurées et son extrados est souligné par
une frise dotée d’une moulure similaire. Le
soin apporté à cet ensemble dénote une
volonté de valoriser la baie centrale.Ce phénomène de hiérarchisation et de valorisation des
fenêtres, et en particulier de celles qui éclairent le sanctuaire et l’autel, n’est pas anodin. Il
se traduit ici par l’inscription d’une fenêtre
dans l’épaisseur d’un contrefort, solution
apparemment paradoxale, mais pas absurde
d’un point de vue structurel, et finalement
assez répandue dans le contexte de la fin du
XIe siècle et même au-delà12, mais également
par l’isolement de ce contrefort d’axe, qui
contribue à sa mise en scène. Il est intéressant
de noter que cette valorisation de l’axe par un
38
renforcement assorti d’une ouverture, particulièrement nette à Montcaret, n’est pas un
cas isolé, malgré sa rareté. La fenêtre axiale de
la cathédrale d’Angoulême par exemple, que
l’on peut dater du premier quart du XIIe siècle,
est encore un témoin de cette pratique,et sans
doute son expression la plus élaborée13, mais
pas la plus ancienne. Une telle mise en scène,
renforcée par des réemplois de blocs antiques, a également été réalisée, sans doute à la
fin du XIe siècle, au chevet de la cathédrale de
Saint-Lizier, le plus oriental des diocèses gascons relevant de l’archevêché d’Auch14. C’est
en Gascogne,également,mais aussi dans toute
l’Aquitaine médiévale, que de tels contreforts
percés de fenêtres, pas uniquement sur l’axe
du chevet, sont particulièrement nombreux,
même si l’on en trouve dans d’autres régions,
comme la Normandie. Parmi les exemples les
plus frappants,celui de la fenêtre de l’absidiole
sud de l’église de Maubourguet, au diocèse
d’Auch,se rapproche de la formule de Montcaret. L’ouverture y est pratiquée dans l’épaisseur d’un contrefort assez large et qui s’élève
bien-dessus de la baie,pour se terminer en une
forme courbe dont l’arc n’est toutefois ni mouluré ni structuré. En revanche, cette partie
supérieure du massif est dotée d’un parement
en appareil réticulé qui contribue à sa mise en
valeur par contraste avec les murs en moellons de l’abside, tandis que la fenêtre ellemême est encadrée par des colonnettes. Il
existe par ailleurs un certain nombre d’édifices dont les chevets ou les travées de chœur
sont dotés de baies axiales ou latérales percées
sans plus de mise en scène dans des contreforts de forme courante. Mais un autre édifice,
dont les connexions formelles avec la Gascogne sont également à rappeler15, est l’église
Saint-Pierre de Bougneau, dont on rappellera
utilement qu’elle fit l’objet en 1090 d’un
échange entre l’abbaye saintongeaise de
Baignes, à laquelle elle avait été donnée par
Boson peu de temps auparavant, et l’abbaye
Saint-Florent-de-Saumur16,dont elle devint dès
lors une dépendance,au même titre que Mont-
Fig. 3 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens.
Fenêtre axiale du chevet.
caret. C’est peut-être à l’occasion de ce changement de tutelle que le chevet de cette église
fut reconstruit ou réaménagé. Certes, le plan
du chevet de l’église de Bougneau est assez
éloigné de celui qui nous occupe,puisqu’il est
constitué d’une travée droite surmontée d’un
clocher et d’une abside inscrite dans une
structure rectangulaire. En outre, si une série
d’arcatures plaquées à l’intérieur révèlent un
mur en moellons, tout le parement extérieur
est constitué de pierres de taille parfaitement
appareillées. De plus, s’il existe bien une fenêtre axiale, celle-ci a été occultée par un puissant contrefort gothique qui ne laisse plus rien
voir de cette ouverture à l’extérieur,et ne nous
permet donc plus de savoir si un contrefort
d’axe était déjà présent à l’origine. En revanche, au nord et au sud de ce chevet se dessinent d’étranges structures que l’on peut identifier comme des contreforts qui s’élargissent
dans leur partie supérieure pour abriter les
fenêtres latérales éclairant le sanctuaire. Les
baies en plein cintre s’inscrivent ainsi dans un
Fig. 4 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Abside.
volume maçonné en relief, souligné par une
véritable corniche et puissamment structuré
par les impostes de son arc, lui aussi doté d’un
sourcil mouluré, le tout évoquant immanquablement une sorte de niche ou de tabernacle
posé sur un pilier.C’est sans doute là le modèle
et plus abouti de ce dispositif,et le plus proche
de celui de Montcaret, malgré la différence de
mode de construction des parois. Peut-être la
filiation commune des deux églises expliquet-elle cette similarité.
À l’intérieur aussi, les parois ne sont pas
toutes dépouillées. L’abside est divisée en
cinq travées définies par une série de hautes
arcades en plein cintre portées par des
colonnes engagées (fig. 4). Les trois travées
centrales sont occupées par les fenêtres qui
s’y insèrent harmonieusement, ce qui permet d’envisager un dispositif conçu dès
l’origine et non un placage postérieur. La
fenêtre d’axe est valorisée également à l’intérieur par la présence de colonnettes qui
s’inscrivent dans des ressauts alors que les
deux autres baies en sont dépourvues.
Toutefois il semble que toutes les parties
considérées comme romanes ne soient pas
issues d’une seule campagne, contrairement à tout ce qui a pu être dit ou qui du
moins a été peu abordé jusqu’ici. En effet, les
deux murs est et ouest du bras nord du transept ont visiblement été doublés par le plaquage de grands arc dont les tracés sont en
décalage par rapport aux structures primitives. Cela pose la question du clocher, qui
pourrait n’avoir été lancé sur le bras nord
que dans un second temps, cette partie de
l’église n’ayant peut-être pas été voûtée à
l’origine. Le mur nord, particulièrement
bien conservé, avec ses paires de contreforts, pas nécessairement liées à un voûtement, venant se placer en équerre sur les
angles du mur en moellons percé d’une
fenêtre à arc en plein cintre aux claveaux
étroits, qui doit représenter le prototype de
celles de l’abside, dont les ouvertures ont
été rabotées. Les deux arcs plaqués à l’intérieur, qui portent la voûte en berceau, ont un
profil brisé, alors que l’ouverture en plein
cintre vers l’absidiole est un plein cintre,
tout comme l’arc qui s’ouvre à l’ouest,
contre le pilier nord-ouest de la croisée. Ce
passage, qui peut correspondre à l’ancien
collatéral ou à un passage contournant le
pilier, donne aujourd’hui dans un petit
réduit, lui-même encombré en partie par la
cage de l’escalier menant à la tour. L’arc renforçant le mur occidental du transept vient
d’ailleurs perturber le piédroit de ce passage et sa retombée, tout comme celle de
l’arc qui lui fait face, a donné lieu à un traitement en redents adoucis par des moulures
d’angles que coiffent des impostes. Cet aménagement semble bien postérieur à la
construction des piliers de la croisée. Ce qui
nous conduit à proposer une transformation que l’on peut placer à la fin du XIIe siècle, probablement au moment où l’on a
décidé de voûter cet espace et de construire
le clocher, soit en remplacement d’une tour
de croisée inachevée ou disparue, soit parce
qu’il n’avait pas été prévu dans le premier
projet.A l’extérieur, sur l’extrémité nord, un
cordon mouluré délimite nettement la partie supérieure de la tour, en pierre de taille,
de la partie inférieure correspondant au
transept primitif. Sur le mur oriental, au-dessus de l’absidiole, une corniche à modillons
encore visible est placée plus bas. Ce décalage entre la hauteur du mur nord en moellons et cette corniche ne s’explique pas vraiment, mais il est possible qu’au nord on ait
arasé un ancien pignon lorsqu’on a repris la
structure, et que le cordon mouluré ait été
installé à ce moment-là. Le contrefort nord
s’élève d’ailleurs très haut sur la tour, sans
que l’on puisse déterminer une rupture,
alors que ceux du côté nord se terminent
sous ce cordon par un glacis sous lequel ont
été insérées de part et d’autre, dans le haut
des parties verticales, deux dalles sculptées
de bas-reliefs sur lesquels on aura à revenir.
39
– Un décor sculpté entre –
réemplois et créations
L’autre attrait majeur de l’église Saint-Pierre
réside dans le décor sculpté qui accompagne
son architecture. Des chapiteaux couronnent les
quatre colonnes des arcades de l’abside, ainsi
que de celles, plus élevés, qui portent les arcs
doubleaux de la travée droite, tandis que d’autres
sont encore en place sur les colonnes engagées
des trois des piliers conservés de l’ancienne croisée du transept : un au sud-est, un au nord-est et
deux au nord-ouest, dont un donnant dans la
travée de nef, la pile sud-ouest et l’essentiel des
structures méridionales du transept et de la
courte nef étant le fruit de la reconstruction du
XIXe siècle. Ces chapiteaux se divisent en quatre
ensembles relativement cohérents.
L’utilisation, dans l’abside, de quatre chapiteaux antiques en marbre a déjà été signalée17,
mais sans que l’on mette leur position en lien
avec cet effort de valorisation du sanctuaire évoquée plus haut à travers la mise en scène de la
fenêtre axiale. Ces chapiteaux, qui peuvent provenir de la villa, sans qu’on en ait la preuve, et
qui peuvent être datés de l’Antiquité tardive (IVeVe siècle), sont en marbre de Saint-Béat pour la
majorité d’entre eux, un seul étant taillé dans un
marbre provenant de la vallée d’Ossau18. Tous
les quatre19 se rattachent à un type corinthien,
trois d’entre eux dérivant vers le composite, leur
partie supérieure de plan circulaire étant garnie
de perles ou de motifs géométriques. Deux de
ces corbeilles ont conser vé leur tailloir, probablement d’origine, orné de feuilles d’acanthes
dressées au-dessus d’un rang de perles et pirouettes. Les deux autres sont dotés de tailloirs
romans, orné de lions pour le premier, de
masques d’angles reliés par des rinceaux à palmettes pour le second (fig. 5).
L’intérêt de cet ensemble est d’autant plus
grand qu’il semble avoir contaminé une partie au
40
Fig. 7 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée
de l’abside. Chapiteau de Daniel dans la fosse aux lions.
Fig. 5 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Abside.
Chapiteau antique en réemploi avec tailloir roman.
Fig. 6 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Travée
de chœur. Chapiteau roman d’inspiration antique.
moins des chapiteaux romans qui le complètent (fig. 6). Deux des corbeilles de la travée droite ainsi que celle qui est placé au
nord-est de la nef présentent en effet un air
de parenté avec ces œuvres antiques, bien
qu’elles soient en calcaire et que leur caractère roman ne fasse aucun doute. Toutes
trois sont ornées de deux couronnes de palmettes fortement nervurées, dressées et emboîtées, tandis que leur abaque très échancré est orné de perles ou de baguet tes,
référence évidente aux modèles antiques
qu’elles côtoient. Ce type de chapiteaux
renvoie également, par le procédé de simplification de l’acanthe, à des œuvres d’époque
carolingienne, tels certains chapiteaux du
IXe siècle dans la crypte de Flavigny-sur-Ozerain, mais aussi des œuvres bourguignonnes
plus proches dans le temps, comme certains
chapiteaux du cloître de Tournus. Toutefois,
le sculpteur de Montcaret a su nettement
détacher le volume de chaque feuille, créant
des effets très vigoureux. Les tailloirs simplement moulurés d’une superposition de
deux cavets, dans le prolongement du cordon qui souligne les voûtes, contribuent à
leur homogénéité, qui s’oppose au caractère plus disparate des quatre chapiteaux de
l’abside. Ce type de tailloir est d’ailleurs
commun à toutes les corbeilles de la travée
droite et de la croisée.
Parmi les œuvres romanes, deux chapiteaux historiés, placés face-à-face à l’entrée
de l’abside, constituent un second groupe à
part, en raison même de leur iconographie,
puisqu’ils sont les seuls à présenter des
scènes évoquant un épisode biblique. Au
nord, on reconnaît aisément Daniel dans la
Fosse aux Lions (Dn 14, 31-42) (fig. 7), un
des thèmes les plus fréquents de l’iconographie chrétienne depuis l’Antiquité, et au
sud, de manière parfaitement complémentaire, le sculpteur a représenté le prophète
Habacuc emporté par un ange pour aller
nourrir Daniel pendant son séjour au milieu
des fauves (Dn 14, 33-39)20. Le traitement de
ces deux corbeilles relève d’une sculpture
assez fruste, dont l’exécutant a eu du mal à
s’éloigner du plan d’épannelage bien éloigné des volumes plus maîtrisés des corbeilles corinthiennes, et défini par trois
faces presque rectilignes et perpendiculaires. Le relief des personnages est relativement faible et exempt de modelé, le dessin
de leurs silhouettes manquant de fermeté.
Le rappel d’un rang de perles sur l’abaque
très écrasé de la corbeille méridionale
indique le lien avec les chapiteaux corinthiens voisins, sans doutes issus du même
atelier, plus à l’aise, semble-t-il, avec les
motifs végétaux. Le chapiteau de Daniel présente une composition assez courante, le
prophète se tenant debout sur l’axe de la
corbeille, tandis que de chaque côté se superposent deux lions dont les têtes occupent les angles de la corbeille. La silhouette
très raide du prophète se découpe en faible
relief et sa tête prend place dans une véritable niche ménagée dans l’étroit abaque qui
couronne la corbeille. Il se distingue de l’iconographie habituelle par la position de ses
mains, qui sont jointes devant lui dans un
geste qui allait devenir au cours de cette
période le geste de la prière catholique,
alors que dans la tradition, Daniel est plus
souvent représenté en position d’orant, bras
écartés et mains ouvertes, ou parfois dans
un geste d’acceptation, voire, assis, la tête
appuyé sur sa main. Les lions ont bénéficié
d’un soin particulier et le sculpteur s’est plu
à leur conférer des têtes aux babines soulignées par un bourrelet qui leur donne un air
« souriant ». Le chapiteau d’Habacuc est
structuré de manière différente, l’ensemble
des protagonistes se tenant debout sur l’astragale. La face principale de la corbeille est
occupée par l’ange qui se tient debout, les
ailes déployées, dans une position symétrique par rapport à Daniel, à qui il fait face
41
(fig. 8). Habacuc, que l’ange soulève par les cheveux (fig. 9), est clairement relégué au rang d’instrument de la volonté divine. Il est cantonné sur
l’angle droit de la corbeille, tenant sous son bras
un pain de forme ronde et l’ange désigne de son
doigt la marmite ou le panier qu’Habacuc tient
devant lui, contenant la bouillie qu’il vient de préparer pour nourrir ses moissonneurs. Ceux-ci
sont représentés par deux personnages tenant
des faucilles sur le côté gauche du chapiteau, tandis que le côté droit, derrière le prophète, est
occupé par deux arcades superposées dans lesquelles se découpent des silhouettes. On peut y
reconnaitre une vision simplifiée de la ville de
Babylone et de ses habitants, qui allaient être châtiés par le roi pour avoir demandé la mise à mort
de Daniel. On perçoit dans la réalisation de ce
chapiteau une volonté d’appuyer cet épisode, qui
est rarement associé de manière aussi forte et
avec un tel développement narratif à la représentation de Daniel21.
Les trois derniers chapiteaux sont simplement figurés. Ils sont disposés latéralement par
rapport à l’axe principal de l’église à l’entrée des
deux bras du transept, l’un au sud, les deux autres
se faisant face au nord. Ces chapiteaux se rapprochent plus aisément de formules courantes dans
le monde aquitain, notamment en Saintonge : des
hommes y sont représentés aux prises avec un
environnement végétal ou avec des animaux,
dans un cadre construit de façon rigoureusement
symétrique.Au sud, un petit personnage central
dont la tête est positionnée sous le dé médian est
entourée de deux lions – celui de droite a été
mutilé – qu’il semble tenir par la crinière (fig. 10).
Les têtes surdimensionnées des fauves occupent
l’angle de la corbeille et ils engloutissent dans
leurs gueules les extrémités de deux tiges végé-
Fig. 8 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de
l’abside. Chapiteau d’Habacuc. L’ange et les moissonneurs.
Fig. 9 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Travée de
chœur. Chapiteau d’Habacuc. Habacuc et personnages dans une
architecture.
42
tales qui peuvent aussi être interprétées comme
des serpents s’enroulant autour de la tête de
l’homme. Sur les deux chapiteaux qui se font face
à l’entrée du bras nord du transept, des hommes
placés sur les angles de la corbeille dans des
poses peu avantageuses – ils sont présentés de
face, nus, jambes fléchies et écartées, dans une
posture que l’on pourrait qualifier d’exhibitionniste – paraissent prisonniers des tiges végétales
qui tapissent les deux corbeilles. Sur le chapiteau
occidental, la situation de ces personnages est
encore aggravée par la présence de lions dont les
corps s’élancent sur les faces latérales pour venir
littéralement «gober» leurs têtes22 (fig. 11). Le premier chapiteau de cette série peut éven- tuellement trouver une interprétation positive tout en
rappelant le thème de Daniel. En effet, l’homme
semble être délivré des serpents (ou des éléments végétaux) qui le menacent par les fauves
qu’il paraît maîtriser et qui ne semblent pas agressifs à son égard23. En revanche, les deux autres
œuvres ont une connotation nettement plus
négative, et on peut y voir deux de ces nombreuses scènes dénonçant les tourments de l’homme
confronté à ses vices. Il est évidemment intéressant de constater une relative cohérence dans la
distribution de ces chapiteaux. Les quatre chapiteaux antiques en réemploi sont disposés dans
l’abside, contribuant clairement à la valorisation
de l’espace liturgique, tandis que les deux chapiteaux historiés relatifs à l’histoire de Daniel, avec
cette rare différenciation entre l’épisode de la
Fosse aux Lions et celui d’Habacuc, occupent
précisément l’entrée dans l’abside. La mise en
miroir de ces deux images peut être perçue assez
clairement comme une insistance sur la préfigure christique de Daniel, associée à l’évocation
de l’eucharistie, que l’on peut reconnaître dans la
valorisation du pain que tient Habacuc24.
Fig. 10 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de
l’abside. Chapiteau du bras sud du transept.
Fig. 11 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de
l’abside. Chapiteau du bras nord du transept.
43
DE
– SAINT-VINCENT –
P ESSAC - SUR -D ORDOGNE
Un édifice composite
Deux autres sculptures sont conservées
sur l’église. Il s’agit de deux bas-reliefs implantés au sommet des deux contreforts qui
encadrent la façade nord du transept dans
une probable situation de réemplois.On peut
a priori les comprendre comme étant en
position de réemploi.Toutefois, leurs dimensions s’ajustent exactement à la largeur des
contreforts alors qu’ils ne paraissent pas
avoir été retaillés. Généralement associées
aux chapiteaux intérieurs, et parfois même
datées du haut Moyen Âge25, ses sculptures
appartiennent plutôt à une phase romane
plus tardive.A l’est sont représentés Adam et
Ève (fig. 12), chacun sous une arcade et à
l’ouest deux personnages en toges, qui tiennent chacun un livre. L’un est saint Pierre,
reconnaissable à la clé qu’il tient dans sa main
droite et le second est probablement saint
Paul (fig. 13).Les sculptures,bien que taillées
en fond de cuve,ne manquent pas de relief et
les silhouettes, en particuliers celles d’Adam
et Ève, dénotent un sens de l’anatomie et des
proportions qui échappent à la comparaison
avec les figures des chapiteaux intérieurs. Le
contexte est incontestable roman, comme
l’indique le cadre architecturé du relief
d’Adam et Ève, dont les colonnettes des arcades en plein cintre sont dotées de petits
chapiteaux sculptés. Par cer tains traits, ces
œuvres offrent de lointaines réminiscences
de l’art du Poitou ou de l’Angoumois26, transposé ici dans des formes réduites.
***
44
Fig. 12 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens.
Relief de la façade nord du transept. Adam et Ève.
Fig. 13 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens.
Relief de la façade nord du transept. Pierre et Paul.
L’église paroissiale de Pessac-sur-Dordogne, autrefois dédiée à saint Martin, ne fut
guère plus épargnée par les mutilations et les
transformations que celle de Montcaret,bien
qu’elle présente aujourd’hui un plan complet. Encore entourée de son cimetière, elle
se tient à l’écart du bourg, non loin du château Vidasse, qui devait contrôler un gué sur
le fleuve, et sur l’aire occupée par une implantation antique dont la nature demeure
incertaine, mais qui semble s’être prolongée
à l’époque mérovingienne,comme en témoigne la découverte effectuée dans le cimetière par A. Conil de sarcophages dont l’un
contenait une plaque-boucle ornée d’entrelacs27. L’occupation semble donc s’être prolongée durant le haut Moyen Âge, mais là encore, aucun signe de continuité n’a pu être
établi entre le sanctuaire roman et les structures antérieures.
L’église elle-même présente une nef à
vaisseau unique prolongée par un transept
consistant en un simple élargissement qui
forme deux bras très faiblement débordants
et par une abside de même largeur que la nef.
Une chapelle latérale, plus débordante, mais
plus basse que le bras de transept contre
lequel elle s’appuie, s’ouvre en outre au sud
de la nef. Une sacristie en forme de couloir
déambulatoire est venue se greffer au XIXesiècle autour du chevet (fig. 14).L’ensemble
de l’édifice, nef, transept et abside, a été très
fortement perturbé dans ses élévations, les
ouvertures primitives ayant toutes été remaniée, les murs de la nef ayant été renforcés
par de puissants contreforts et l’espace intégralement couvert de croisées d’ogives à la
fin du XVe siècle (fig. 15). Quand on pénètre
dans l’édifice, ce sont ces voûtes qui attirent
d’emblée le regard du fait de leur puissantes
nervures dont le réseau forme une véritable
structure en parapluie se déployant sur une nef dont on voit
bien qu’elle n’avait pas été prévue pour recevoir un tel couvrement.Aux trois voûtes quadripartites de dimensions inégales de la nef et de la croisée, s’ajoutent celles, étroites et
barlongues, des deux bras de transepts, et celle en trapèze
qui s’adapte tant bien que mal à l’hémicycle de l’abside.
Cette structure a donc été rapportée sur une enveloppe
murale plus ancienne,dépourvue d’articulations.C’est pourquoi toutes les nervures, ainsi que les arcs doubleaux brisés
et les arcs formerets reposent sur des culs-de-lampe insérés
aux deux tiers de la hauteur des murs. Deux de ces supports,
Fig. 14 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent.
Chevet et sacristie.
Fig. 15 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent.
Façade occidentale.
45
Fig. 16 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent.
Vue générale intérieure vers l’est.
à la rencontre des deux voûtes de la nef, sont
ornés d’un décor sculpté de médiocre qualité. Sur l’un, un ange porte des armoiries aujourd’hui effacées et un joueur de cornemuse se tient à son côté (fig. 16), sur l’autre,
un personnage assez grossier est accompagné d’un aigle et d’un second personnage à
la posture ambigüe. La nef primitive en maçonnerie de moellons ne devait pas être voûtée.En effet,les élévations intérieures rejointoyées récemment, et le peu que l’on peut
deviner sous l’enduit lépreux des élévations
extérieures, montrent assez clairement ce
parement de moellons plus ou moins réguliers – il ne semble pas qu’il s’agisse de réemplois antiques – qui a été perturbé à l’extérieur lors du remaniement des grandes
46
fenêtres en arcs brisés agrandies ou percés
sans doute au moment du voûtement et
peut-être reprises au XIXe siècle. Il n’est en
tout cas plus possible d’observer la moindre
fenêtre primitive de cette nef que l’on peut
a priori dater du XIe siècle, même si, en l’absence de ces éléments de confirmation, on
doit rester prudent.Il existe certes dans l’axe
de la façade occidentale une petite fenêtre
archaïque à linteau monolithe, aujourd’hui
murée, mais cette façade est entièrement en
pierre de taille, et il est difficile de savoir si
elle a été greffée sur une nef plus ancienne
ou si elle en est contemporaine (fig. 17).
Le portail à quatre voussures en plein cintre
dépourvues de tout décor semble plutôt
indiquer une construction au XIIe siècle. En
BIBLIOGRAPHIE
outre, les parties hautes de cette façade ont
été perturbées à la fin du XIXe ou au début du
XXe siècle par la création d’un clocher à
deux arcades en brique venant s’insérer
dans le pignon. Les trois lanternons inspirés
de ceux des dômes périgourdins qui surmontent ces deux arcades, eux aussi en
briques et en ciment, donnent à la silhouette
de l’édifice une touche singulière.
La restitution de l’église romane n’est
donc pas aisée, et il faut se contenter de
quelques maigres vestiges pour évoquer les
parties orientales de l’édifice roman avant
de passer à une approche plus spéculative.
L’abside, aussi altérée soit-elle, semble bien
appartenir à une construction du XIIe siècle,
comme l’indique le tronçon de banquette
que l’on observe derrière l’autel à la base du
mur (fig. 18). Celle-ci présente un angle
adouci par une moulure torique, fréquente
sur ce type d’éléments à l’époque romane.
Dans la sacristie, le parement roman extérieur en moyen appareil est conservé sous
le comble. Pour le reste, hélas, les fenêtres,
garnies de colonnettes, ont été complètement reprises au XIXe ou au début du XXe
siècle, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
L’observation des arrachements placés
au ras du sol à l’extérieur du moignon de
transept sud pourrait suggérer l’existence
d’une chapelle absidiale perpendiculaire
antérieure à celui-ci, mais pour s’en assurer,
il faudrait entreprendre des sondages, et ce
des deux côtés, pour évaluer la possibilité
d’un chevet triconque, une forme qui est
présente sur d’autres édifices romans en
Aquitaine. Pour l’heure, en l’absence d’une
étude archéologique qui mériterait d’être
menée sur le site, cette proposition demeure purement spéculative.
*L’auteur tient à remercier vivement
Marie-France Bunel pour son aide dans la
recherche des documents relatifs aux travaux sur l’église de Montcaret.
Fig. 17 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent.
Cul-de-lampe gothique de la nef.
Fig. 18 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent.
Banquette de l’abside romane.
ANGHEBEN, M. : Les chapiteaux
romans de Bourgogne. Thèmes et programmes, Brepols, Turnhout, 2003.
CABANOT, J. : Les débuts de la
sculpture romane dans le Sud-Ouest
de la France, Picard, Paris, 1987.
« Recherche sur l’origine du marbre
blanc utilisé pour les chapiteaux et les
sarcophages de l’Antiquité tardive et
du haut Moyen Âge conservés dans la
région Aquitaine », Aquitania, 11, 1993,
p. 189-232.
DURLIAT, M. : « L’église de PeyrusseGrande », Congrès Archéologique de
France, Gascogne, 1970, Paris, 1970,
p. 43- 54.
Essai sur l’histoire de Montcaret,
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de sa région, 3 vol., 1987-1990.
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médiévales », Comptes-rendus des
séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N.
3, 1991, p. 613-636.
GAILLARD, H. (dir.) : Carte archéologique de la Gaule, 24 Dordogne,
Paris, 1997.
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mixité des appareils dans l’architecture
religieuse en Aquitaine romane », dans
Ex quadris lapidibus. La pierre et sa
mise en œuvre dans l’art médiéval.
Mélanges d’histoire de l’art offerts à
Eliane Vergnolle,Yves Gallet (éd.), Brepols,Turnhout, 2012, p. 53-66.
« L’éveil des formes romanes en
Aquitaine au temps de la réforme grégorienne : quelle identité artistique
pour quelle identité religieuse ? »,
dans Les appartenances religieuses.
Confessions, sensibilités et particularismes dans l’histoire du Sud-Ouest,
Textes réunis par Nicolas Champ et
Éric Suire, Fédération Historique du
Sud-Ouest, 2012, p. 27-46.
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le Périgord (1080-1186) », Bulletin de
la Société historique et archéologique du Périgord, t. 6, 1879, p. 47-51,
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MESPLÉ, P. : « Les églises du SudOuest à fenêtres percées dans les contreforts », Bulletin Monumental, t.
CXIV, 1958, p. 163-184 et t. CXXXIV,
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travaux exécutés de 1947 à 1957,
dossier dactylographié déposé à
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Promenades en Périgord roman,
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TAUZIAC S.D. - TAUZIAC, P.-M. : Les
fouilles gallo-romaines de Montcaret
(Dordogne), Ribes, Périgueux, sans
date.
47
1.
2.
En Charente-Maritime, l’église Saint-Pierre-ès-Liens
de Thaims est elle aussi établie sur une ancienne villa
gallo-romaine, et son architecture incorpore des
segments d’élévations préromanes.
14.
Cabanot 1987.
15.
Voir l’article de Marcel Durliat, relayé par les observations de Jean Cabanot. Durliat 1957, Cabanot 1987,
p.
Les extrapolations à partir des fouilles de P. Tauzin ne
reposent que sur des interprétations mal documentées
et des observations peu étayées. La découverte d’une
croix pectorale attribuée à l’époque mérovingienne a,
semble-t-il, motivé une surinterprétation des données
archéologiques. Gaillard 1997, p. 163.Toutefois, l’abbé
Sabouret fait état de la découverte en 1952, dans l’absidiole nord, de vestiges d’une absidiole plus petite,
posée sur l’arase d’un mur antique. Malheureusement,
cette observation n’est consignée sur aucun plan.
Sabouret., p. 7.
16.
La donation à Baignes se situe entre 1075 et 1081,
période du règne de Boson, destitué pour simonie lors
d’un des premiers conciles qui introduisirent la réforme
grégorienne en Aquitaine.
17.
Secret 1979 et 2002 ; Cabanot 1993.
18.
Cabanot 1993.
19.
Une cinquième corbeille de même type a été transformée en bénitier.
20.
Jean Secret y voyait, sans certitude, le thème de Tobie
et l’Ange ; Secret 1979, p. 27.
21.
Dans la plupart des cas, la scène du « transport »
d’Habacuc est associée à la représentation de Daniel
sur le même chapiteau, comme à Sainte-Radegonde
de Poitiers, entre autres.
22.
Cette formule rappelle celle de plusieurs chapiteaux
du transept, et notamment de la Porte des Comtes de
Saint-Sernin de Toulouse, où des hommes sont ainsi
attaqués par des dragons.
23.
L’ambivalence de la figure du lion, pouvant aussi bien
représenter les forces du Mal que la protection divine,
est bien connue. Voir notamment Favreau 1991.
24.
Voir Réau 1955-1959, vol. 2, I, p. 402. Marcello Angheben
signale dans l’église de Melay (71), en Bourgogne, deux
chapiteaux distincts dédiés à Daniel dans la Fosse aux
Lions et à Habacuc, mais ils ne sont malheureusement
plus dans leur contexte initial, ce qui rend la comparaison difficile ; Angheben 2003, p. 193 et fig. 42. A la
cathédrale de Lescar, en revanche, à l’entrée de la
chapelle méridionale du chevet, deux chapiteaux
distincts se font face, comme à Montcaret ; Lacoste 2007,
p. 37 et fig. 27.
3.
Voir Marchegay 1876, en particulier p.118-119, charte
de donation à Saint-Florent, vers 1080, par un certain
Boson, viguier. Il s’agit bien de la donation d’une église
déjà existante, ce qui rend difficile la datation précise
de la construction romane.
4.
Essai sur l’histoire de Montcaret, III, p. 4.
5.
Archives Départementales de la Dordogne O12 art. 317.
L’architecte Valleton effectua les travaux.
6.
Voir Sabouret s.d.
7.
À Saint-Amant-de-Boixe et à Saint-Pierre de Châteauneuf-sur-Charente, en Angoumois, pour ne citer que ces
exemples. Le cas le plus spectaculaire est celui de l’abbatiale de Saint-Sever, dans les Landes, qui possédait sept
chapelles.
8.
On peut signaler dans une version proche de celle de
Montcaret, l’église de l’abbaye de Cellefrouin, en Angoumois, où les trois chapelles sont également reliées
par des passages, la cathédrale de Lescar en Béarn ou
l’abbatiale de Saint-Ferme, dans l’Entre-deux-Mers.
9.
Sabouret s.d., p. 9.
10.
Voir à ce propos Gensbeitel, 2012a.
11.
Leurs claveaux sont plus courts que ceux de la baie
axiale et de la fenêtre nord du transept.
12.
Mesplé 1959-1966.
13.
À Angoulême, vu la dimension de la fenêtre, on s’éloigne
d’ailleurs de l’idée de contrefort. Il s’agit d’un léger
épaississement du mur dans l’axe de l’abside, surmonté
d’une frise sculptée de d’une élégante scène de chasse.
48
25.
Secret 2002, p. 75.
26.
On songe à certaines figures de grand format et en
haut relief de la façade de l’église Notre-Dame-laGrande de Poitiers ou aux apôtres des tympans de la
cathédrale d’Angoulême, des œuvres de la première
moitié du XIIe siècle.
27.
Sion 1994, p. 257.