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Deux églises romanes construites sur des sites antiques : Saint-Pierre de Montcaret (24) et Saint-Vincent de Pessac sur Dordogne (33)

2017, L’Entre-deux-Mers et son Identité. L’Entre-deux-Mers oriental, Actes du 15e Colloque de l’Entre-deux-Mers, Pessac-sur-Dordogne, 16 octobre 2015.

Deux églises romanes édifiées sur des sites antiques de la vallée de la Dordogne : Saint-Pierre de Montcaret (24) et Saint-Vincent de Pessac-sur-Dordogne (33) CHRISTIAN GENSBEITEL L’auteur … La vallée de la Dordogne fut, comme celle de la Garonne, un axe de circulation et de développement dès l’Antiquité. On ne sera donc pas surpris d’y trouver des sites qui, tout au long de l’Histoire, ont concentré les populations et produit des constructions se superposant au fil des siècles. Les deux églises abordées ici ont justement en commun non seulement leur proximité avec le fleuve, dans une position de vis-à-vis le long d’un probable axe nord-sud de franchissement, mais aussi l’existence avérée d’un site antique dans leur environnement proche, et jusque sous leurs fondations. Dans les deux cas, en l’état actuel de nos connaissances, il est difficile, voire impossible d’établir des liens de continuité entre l’occupation antique, plutôt résidentielle, et la construction de l’église, dont l’origine, dans les deux cas, ne paraît guère antérieure au XIe siècle. En l’absence de recherches archéologiques renouvelées, l’étude des deux édifices doit donc se concentrer sur leur état médiéval. Dans la mesure où leur seul point commun réside dans ces 34 analogies topographiques, il paraît donc plus opportun de les aborder de façon distincte pour ne pas créer de confusion. S AINT-P IERRE - ÈS -L IENS DE M ONTCARET * Un monument mutilé Situé sur la rive droite de la Dordogne, à l’ouest de Sainte-Foy-la-Grande, aux confins du diocèse de Périgueux, le village de Montcaret abrite un des sites gallo-romains les plus réputés du Sud-Ouest de la France. Les vestiges découverts au XIX e siècle par l’abbé Delpeyrat et fouillés jusque dans les années 1930 par Pierre Tauziac, témoignent de la présence d’une importante villa, dont les parties dégagées, correspondant à la pars urbana, sont aujourd’hui mises en valeur et gérées par le Centre des Monuments Nationaux. L’église Saint-Pierre-ès-Liens, un vocable qui pourrait témoigner d’une origine an- cienne1, est construite dans la partie méridionale de l’espace central de la villa, à proximité du complexe thermal privé qui occupait l’angle sud-est de la résidence. Néanmoins, malgré certaines hypothèses avancées par les premiers fouilleurs2, aucun indice archéologique probant ne per met à l’heure actuelle d’entrevoir une continuité d’occupation et une origine antique pour l’église, dont on ignore même si l’édifice roman a été précédé par un autre sanctuaire.Toutefois, comme nous allons le voir, des liens indirects existent entre les vestiges gallo-romains et l’église dont la construction peut être située aux alentours de la fin du XIe et du début du XIIe siècle. Cette église a connu une histoire mouvementée, et sa nef a aujourd’hui en grande partie disparu, réduite à une travée correspondant à l’extrémité orientale du seul vaisseau central, dépourvu des collatéraux qui l’encadraient. En fait, hormis ce moignon de nef datant du XIXe siècle, le monument ne conserve que ses parties orientales : un transept qui était à l’origine 35 – Des archaïsmes et – des formes originales faiblement débordant ouvrant sur une abside prin cipale précédée d’une travée droite et deux absidioles venant s’appuyer contre celle-ci (fig. 1). Mais là encore, on devra faire abstraction de la croisée, du bras sud et de l’absidiole méridionale, qui ont également fait l’objet de reconstructions au XIXe siècle. En effet, l’église investie, et peut-être reconstruite à la fin du XIe siècle par les moines bénédictins de SaintFlorent-de-Saumur 3 a subi au cours des guerres de Religion des destructions massives, qui n’ont laissé subsister que l’abside principale et le seul bras de transept nord, avec sa chapelle. à l’issue du conf lit, en 1622, un mur oblique avait été tendu entre les piliers nord-ouest et sud-est de l’ancienne croisée pour fermer le volume préservé, à la suite de quoi ont rétablit une façade occidentale à l’entrée de l’ancienne croisée et cette situation provisoire dura jusqu’au milieu du XIXe siècle4. Il est possible que le clocher qui se dresse au-dessus du bras nord du transept ait été relancé après la disparition d’un clocher antérieur placé à la croisée. En 1747, l’abbé Tappie fit adosser une sacristie, aujourd’hui disparue, contre l’absidiole nord. En 1858, grâce à une souscription, l’abbé Berger fit construire la nouvelle nef, et dix ans plus tard le bras de transept sud fut réédifié tandis qu’une chapelle néo-gothique à pans coupés venait remplacer l’absidiole disparue. Une voûte d’ogives fut lancée sur la croisée reconstituée5. Une nouvelle campagne de restauration eut lieu dans les années 1950 sous l’impulsion de l’abbé Sabouret aidé de bénévoles, qui dégagèrent plus d’un mètre de remblais dans l’église, avant les travaux de restauration proprement dits, menés sous la conduite d’YvesMarie Froidevaux, l’édifice étant classé Monument Historique depuis 19136. 36 Fig. 2 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Vue du chevet depuis le nord-est. Fig. 1 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Plan par Valleton en 1858. Archives numériques de l’UDAP 24 001062 Plans 02. Malgré ces nombreux remaniements et les mutilations qui l’ont amoindrie, il est possible de restituer prudemment une église romane assez ambitieuse, dotée d’une nef qui peut avoir compté trois vaisseaux, d’un transept faiblement débordant et d’un chevet dont l’abside principale, pré- cédée d’une courte travée droite, est cantonnée de deux absidioles ouvrant sur les bras du transept. Un passage en plein cintre s’ouvre entre chacune des deux absidioles et la travée droite du sanctuaire, créant une liaison au sein de ce sanctuaire, qui entre dans la catégorie des chevets à chapelles échelonnées, un type apparu au début de l’époque romane et dont l’Ouest aquitain possède un certain nombre d’exemples, parfois complexes, avec cinq chapelles7, ou plus simples, comme ici8. Les fouilles ont laissé entrevoir une longueur de plus de 20 m pour la nef, ce qui n’est pas négligeable et qui la fait entrer dans la catégorie des grandes églises. Il est difficile de juger, en l’état actuel des vestiges en place, quelle fut la structure effective de cette nef. La profondeur des contreforts dont subsistent les traces laisse envisager un remaniement gothique. L’hypothèse d’une reprise gothique se trouve d’ailleurs renforcée par la présence, sur le revers extérieur du mur occidental du bras nord du transept, d’un arc brisé, correspondant probablement à un doubleau de la fin du Moyen Âge, et donc à un voûtement sur croisée d’ogives du collatéral, à moins qu’il ne s’agisse d’une chapelle. La faible hauteur de cet arc permet d’ailleurs de s’interroger sur l’existence de vrais bas-côtés, et donc d’un dis- positif basilical, qui serait absolument exceptionnel dans la région. Mais il n’est guère possible d’aller au-delà des hypothèses au vu du peu d’éléments concrets dont nous disposons. En fait, même les élévations conservées sont, au moins à l’extérieur, très perturbées. Cela se voit aussi bien dans les parties hautes de l’abside que sur l’absidiole nord, désormais débarrassée de la sacristie qui était venue s’appuyer contre elle et qui fut démolie dans les années 1950. Des reprises grossières, avec des pierres récupérées, remplacent le couronnement ancien des murs, dont les corniches ont disparu. Il est même difficile de savoir, en l’état actuel, jusqu’à quel point les voûtes sont réellement d’origine ou si elles ont été remontées à un moment donné. Il faut donc faire abstraction de beaucoup d’éléments pour retrouver avec un certain degré de fiabilité les formes primitives de l’édifice roman, ce qui est un des points communs avec l’église de Pessac-sur-Dordogne. Le premier constat qui s’impose est celui de l’emploi d’un petit appareil de moellons dans les élévations anciennes qui subsistent. Même si à l’intérieur, un enduit couvre la plus grande partie des surfaces, cette technique constructive apparaît clairement et les témoignages des années 1950, en particulier celui de l’abbé Sabouret9, apportent une confirmation sur ce point. C’est donc une enveloppe murale entièrement en moellon qui définit ces parties orientales. L’absidiole nord, dépourvue de toute modénature, est épaulée par deux contreforts entre lesquels une fenêtre primitive a été maintenue en place,redécouverte,semble-til, lors de la démolition de la sacristie qui l’occultait (fig. 2). Cette fenêtre correspond encore aux standards du XIe siècle, avec son ouverture étroite au nu du mur extérieur et s’élargissant pas un fort ébrasement intérieur. Son linteau monolithe rectangulaire échancré en for me d’arc à sa base, est engravé de faux claveaux. Toutefois, les élévations ne sont pas aussi austères que celles de certains édifices encore entièrement tournés vers la tradition préromane. On note en particulier sur l’abside,un recours à la pierre de taille dans les parties supérieures,sur une hauteur correspondant aux arcs des fenêtres, puis, après une bande en maçonnerie de moellons allongés, on retrouve quatre autres assises de pierres de taille, qui devaient correspondre au haut de l’élévation primitive de l’abside. D’une manière générale, on peut assimiler le chevet de Montcaret à ceux d’édifices, généralement construits dans les dernières décennies du XIe ou au début du XIIe siècle, pour lesquels on a recouru à des formules d’appareil mixte plus ou moins élaborées, en associant notamment des panneaux en moellons à des cadres en pierre de taille relativement structurés10. Cette forme de rupture avec l’archi37 tecture presque exclusivement en moellons du XIe siècle représentait une alternative, certes éphémère, à la systématisation des parements en pierre de taille qui devaient finalement triompher. Mais la principale singularité de l’église, dont on verra qu’elle s’accorde assez bien avec cet usage des maçonneries mixtes,réside dans la conception de sa fenêtre axiale (fig. 3). Les trois baies qui éclairent l’abside sont de dimensions nettement plus amples que celle de l’absidiole, et leurs grands arcs sont clavés. Les deux ouvertures latérales sont dépourvues de toute modénature, et il semble qu’elles aient été légèrement élargies ou tout au moins délardées à une époque indéterminée pour créer un faux ébrasement extérieur11. La fenêtre axiale s’ouvre en revanche dans l’épaisseur d’un massif de maçonnerie que l’on peut assimiler à un contrefort, parfaitement appareillé en moyen appareil de pierre de taille et couronné par un arc qui vient coiffer celui de la baie. Ce curieux dispositif, loin d’être le résultat d’un remaniement empirique en vue de renforcer une structure fragile, est au contrairement parfaitement maîtrisé et ses chaînages latéraux indiquent, comme ceux des fenêtres qu’ils jouxtent, une mise en œuvre cohérente avec le mur en moellons. L’arc supérieur repose sur des impostes moulurées et son extrados est souligné par une frise dotée d’une moulure similaire. Le soin apporté à cet ensemble dénote une volonté de valoriser la baie centrale.Ce phénomène de hiérarchisation et de valorisation des fenêtres, et en particulier de celles qui éclairent le sanctuaire et l’autel, n’est pas anodin. Il se traduit ici par l’inscription d’une fenêtre dans l’épaisseur d’un contrefort, solution apparemment paradoxale, mais pas absurde d’un point de vue structurel, et finalement assez répandue dans le contexte de la fin du XIe siècle et même au-delà12, mais également par l’isolement de ce contrefort d’axe, qui contribue à sa mise en scène. Il est intéressant de noter que cette valorisation de l’axe par un 38 renforcement assorti d’une ouverture, particulièrement nette à Montcaret, n’est pas un cas isolé, malgré sa rareté. La fenêtre axiale de la cathédrale d’Angoulême par exemple, que l’on peut dater du premier quart du XIIe siècle, est encore un témoin de cette pratique,et sans doute son expression la plus élaborée13, mais pas la plus ancienne. Une telle mise en scène, renforcée par des réemplois de blocs antiques, a également été réalisée, sans doute à la fin du XIe siècle, au chevet de la cathédrale de Saint-Lizier, le plus oriental des diocèses gascons relevant de l’archevêché d’Auch14. C’est en Gascogne,également,mais aussi dans toute l’Aquitaine médiévale, que de tels contreforts percés de fenêtres, pas uniquement sur l’axe du chevet, sont particulièrement nombreux, même si l’on en trouve dans d’autres régions, comme la Normandie. Parmi les exemples les plus frappants,celui de la fenêtre de l’absidiole sud de l’église de Maubourguet, au diocèse d’Auch,se rapproche de la formule de Montcaret. L’ouverture y est pratiquée dans l’épaisseur d’un contrefort assez large et qui s’élève bien-dessus de la baie,pour se terminer en une forme courbe dont l’arc n’est toutefois ni mouluré ni structuré. En revanche, cette partie supérieure du massif est dotée d’un parement en appareil réticulé qui contribue à sa mise en valeur par contraste avec les murs en moellons de l’abside, tandis que la fenêtre ellemême est encadrée par des colonnettes. Il existe par ailleurs un certain nombre d’édifices dont les chevets ou les travées de chœur sont dotés de baies axiales ou latérales percées sans plus de mise en scène dans des contreforts de forme courante. Mais un autre édifice, dont les connexions formelles avec la Gascogne sont également à rappeler15, est l’église Saint-Pierre de Bougneau, dont on rappellera utilement qu’elle fit l’objet en 1090 d’un échange entre l’abbaye saintongeaise de Baignes, à laquelle elle avait été donnée par Boson peu de temps auparavant, et l’abbaye Saint-Florent-de-Saumur16,dont elle devint dès lors une dépendance,au même titre que Mont- Fig. 3 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Fenêtre axiale du chevet. caret. C’est peut-être à l’occasion de ce changement de tutelle que le chevet de cette église fut reconstruit ou réaménagé. Certes, le plan du chevet de l’église de Bougneau est assez éloigné de celui qui nous occupe,puisqu’il est constitué d’une travée droite surmontée d’un clocher et d’une abside inscrite dans une structure rectangulaire. En outre, si une série d’arcatures plaquées à l’intérieur révèlent un mur en moellons, tout le parement extérieur est constitué de pierres de taille parfaitement appareillées. De plus, s’il existe bien une fenêtre axiale, celle-ci a été occultée par un puissant contrefort gothique qui ne laisse plus rien voir de cette ouverture à l’extérieur,et ne nous permet donc plus de savoir si un contrefort d’axe était déjà présent à l’origine. En revanche, au nord et au sud de ce chevet se dessinent d’étranges structures que l’on peut identifier comme des contreforts qui s’élargissent dans leur partie supérieure pour abriter les fenêtres latérales éclairant le sanctuaire. Les baies en plein cintre s’inscrivent ainsi dans un Fig. 4 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Abside. volume maçonné en relief, souligné par une véritable corniche et puissamment structuré par les impostes de son arc, lui aussi doté d’un sourcil mouluré, le tout évoquant immanquablement une sorte de niche ou de tabernacle posé sur un pilier.C’est sans doute là le modèle et plus abouti de ce dispositif,et le plus proche de celui de Montcaret, malgré la différence de mode de construction des parois. Peut-être la filiation commune des deux églises expliquet-elle cette similarité. À l’intérieur aussi, les parois ne sont pas toutes dépouillées. L’abside est divisée en cinq travées définies par une série de hautes arcades en plein cintre portées par des colonnes engagées (fig. 4). Les trois travées centrales sont occupées par les fenêtres qui s’y insèrent harmonieusement, ce qui permet d’envisager un dispositif conçu dès l’origine et non un placage postérieur. La fenêtre d’axe est valorisée également à l’intérieur par la présence de colonnettes qui s’inscrivent dans des ressauts alors que les deux autres baies en sont dépourvues. Toutefois il semble que toutes les parties considérées comme romanes ne soient pas issues d’une seule campagne, contrairement à tout ce qui a pu être dit ou qui du moins a été peu abordé jusqu’ici. En effet, les deux murs est et ouest du bras nord du transept ont visiblement été doublés par le plaquage de grands arc dont les tracés sont en décalage par rapport aux structures primitives. Cela pose la question du clocher, qui pourrait n’avoir été lancé sur le bras nord que dans un second temps, cette partie de l’église n’ayant peut-être pas été voûtée à l’origine. Le mur nord, particulièrement bien conservé, avec ses paires de contreforts, pas nécessairement liées à un voûtement, venant se placer en équerre sur les angles du mur en moellons percé d’une fenêtre à arc en plein cintre aux claveaux étroits, qui doit représenter le prototype de celles de l’abside, dont les ouvertures ont été rabotées. Les deux arcs plaqués à l’intérieur, qui portent la voûte en berceau, ont un profil brisé, alors que l’ouverture en plein cintre vers l’absidiole est un plein cintre, tout comme l’arc qui s’ouvre à l’ouest, contre le pilier nord-ouest de la croisée. Ce passage, qui peut correspondre à l’ancien collatéral ou à un passage contournant le pilier, donne aujourd’hui dans un petit réduit, lui-même encombré en partie par la cage de l’escalier menant à la tour. L’arc renforçant le mur occidental du transept vient d’ailleurs perturber le piédroit de ce passage et sa retombée, tout comme celle de l’arc qui lui fait face, a donné lieu à un traitement en redents adoucis par des moulures d’angles que coiffent des impostes. Cet aménagement semble bien postérieur à la construction des piliers de la croisée. Ce qui nous conduit à proposer une transformation que l’on peut placer à la fin du XIIe siècle, probablement au moment où l’on a décidé de voûter cet espace et de construire le clocher, soit en remplacement d’une tour de croisée inachevée ou disparue, soit parce qu’il n’avait pas été prévu dans le premier projet.A l’extérieur, sur l’extrémité nord, un cordon mouluré délimite nettement la partie supérieure de la tour, en pierre de taille, de la partie inférieure correspondant au transept primitif. Sur le mur oriental, au-dessus de l’absidiole, une corniche à modillons encore visible est placée plus bas. Ce décalage entre la hauteur du mur nord en moellons et cette corniche ne s’explique pas vraiment, mais il est possible qu’au nord on ait arasé un ancien pignon lorsqu’on a repris la structure, et que le cordon mouluré ait été installé à ce moment-là. Le contrefort nord s’élève d’ailleurs très haut sur la tour, sans que l’on puisse déterminer une rupture, alors que ceux du côté nord se terminent sous ce cordon par un glacis sous lequel ont été insérées de part et d’autre, dans le haut des parties verticales, deux dalles sculptées de bas-reliefs sur lesquels on aura à revenir. 39 – Un décor sculpté entre – réemplois et créations L’autre attrait majeur de l’église Saint-Pierre réside dans le décor sculpté qui accompagne son architecture. Des chapiteaux couronnent les quatre colonnes des arcades de l’abside, ainsi que de celles, plus élevés, qui portent les arcs doubleaux de la travée droite, tandis que d’autres sont encore en place sur les colonnes engagées des trois des piliers conservés de l’ancienne croisée du transept : un au sud-est, un au nord-est et deux au nord-ouest, dont un donnant dans la travée de nef, la pile sud-ouest et l’essentiel des structures méridionales du transept et de la courte nef étant le fruit de la reconstruction du XIXe siècle. Ces chapiteaux se divisent en quatre ensembles relativement cohérents. L’utilisation, dans l’abside, de quatre chapiteaux antiques en marbre a déjà été signalée17, mais sans que l’on mette leur position en lien avec cet effort de valorisation du sanctuaire évoquée plus haut à travers la mise en scène de la fenêtre axiale. Ces chapiteaux, qui peuvent provenir de la villa, sans qu’on en ait la preuve, et qui peuvent être datés de l’Antiquité tardive (IVeVe siècle), sont en marbre de Saint-Béat pour la majorité d’entre eux, un seul étant taillé dans un marbre provenant de la vallée d’Ossau18. Tous les quatre19 se rattachent à un type corinthien, trois d’entre eux dérivant vers le composite, leur partie supérieure de plan circulaire étant garnie de perles ou de motifs géométriques. Deux de ces corbeilles ont conser vé leur tailloir, probablement d’origine, orné de feuilles d’acanthes dressées au-dessus d’un rang de perles et pirouettes. Les deux autres sont dotés de tailloirs romans, orné de lions pour le premier, de masques d’angles reliés par des rinceaux à palmettes pour le second (fig. 5). L’intérêt de cet ensemble est d’autant plus grand qu’il semble avoir contaminé une partie au 40 Fig. 7 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de l’abside. Chapiteau de Daniel dans la fosse aux lions. Fig. 5 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Abside. Chapiteau antique en réemploi avec tailloir roman. Fig. 6 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Travée de chœur. Chapiteau roman d’inspiration antique. moins des chapiteaux romans qui le complètent (fig. 6). Deux des corbeilles de la travée droite ainsi que celle qui est placé au nord-est de la nef présentent en effet un air de parenté avec ces œuvres antiques, bien qu’elles soient en calcaire et que leur caractère roman ne fasse aucun doute. Toutes trois sont ornées de deux couronnes de palmettes fortement nervurées, dressées et emboîtées, tandis que leur abaque très échancré est orné de perles ou de baguet tes, référence évidente aux modèles antiques qu’elles côtoient. Ce type de chapiteaux renvoie également, par le procédé de simplification de l’acanthe, à des œuvres d’époque carolingienne, tels certains chapiteaux du IXe siècle dans la crypte de Flavigny-sur-Ozerain, mais aussi des œuvres bourguignonnes plus proches dans le temps, comme certains chapiteaux du cloître de Tournus. Toutefois, le sculpteur de Montcaret a su nettement détacher le volume de chaque feuille, créant des effets très vigoureux. Les tailloirs simplement moulurés d’une superposition de deux cavets, dans le prolongement du cordon qui souligne les voûtes, contribuent à leur homogénéité, qui s’oppose au caractère plus disparate des quatre chapiteaux de l’abside. Ce type de tailloir est d’ailleurs commun à toutes les corbeilles de la travée droite et de la croisée. Parmi les œuvres romanes, deux chapiteaux historiés, placés face-à-face à l’entrée de l’abside, constituent un second groupe à part, en raison même de leur iconographie, puisqu’ils sont les seuls à présenter des scènes évoquant un épisode biblique. Au nord, on reconnaît aisément Daniel dans la Fosse aux Lions (Dn 14, 31-42) (fig. 7), un des thèmes les plus fréquents de l’iconographie chrétienne depuis l’Antiquité, et au sud, de manière parfaitement complémentaire, le sculpteur a représenté le prophète Habacuc emporté par un ange pour aller nourrir Daniel pendant son séjour au milieu des fauves (Dn 14, 33-39)20. Le traitement de ces deux corbeilles relève d’une sculpture assez fruste, dont l’exécutant a eu du mal à s’éloigner du plan d’épannelage bien éloigné des volumes plus maîtrisés des corbeilles corinthiennes, et défini par trois faces presque rectilignes et perpendiculaires. Le relief des personnages est relativement faible et exempt de modelé, le dessin de leurs silhouettes manquant de fermeté. Le rappel d’un rang de perles sur l’abaque très écrasé de la corbeille méridionale indique le lien avec les chapiteaux corinthiens voisins, sans doutes issus du même atelier, plus à l’aise, semble-t-il, avec les motifs végétaux. Le chapiteau de Daniel présente une composition assez courante, le prophète se tenant debout sur l’axe de la corbeille, tandis que de chaque côté se superposent deux lions dont les têtes occupent les angles de la corbeille. La silhouette très raide du prophète se découpe en faible relief et sa tête prend place dans une véritable niche ménagée dans l’étroit abaque qui couronne la corbeille. Il se distingue de l’iconographie habituelle par la position de ses mains, qui sont jointes devant lui dans un geste qui allait devenir au cours de cette période le geste de la prière catholique, alors que dans la tradition, Daniel est plus souvent représenté en position d’orant, bras écartés et mains ouvertes, ou parfois dans un geste d’acceptation, voire, assis, la tête appuyé sur sa main. Les lions ont bénéficié d’un soin particulier et le sculpteur s’est plu à leur conférer des têtes aux babines soulignées par un bourrelet qui leur donne un air « souriant ». Le chapiteau d’Habacuc est structuré de manière différente, l’ensemble des protagonistes se tenant debout sur l’astragale. La face principale de la corbeille est occupée par l’ange qui se tient debout, les ailes déployées, dans une position symétrique par rapport à Daniel, à qui il fait face 41 (fig. 8). Habacuc, que l’ange soulève par les cheveux (fig. 9), est clairement relégué au rang d’instrument de la volonté divine. Il est cantonné sur l’angle droit de la corbeille, tenant sous son bras un pain de forme ronde et l’ange désigne de son doigt la marmite ou le panier qu’Habacuc tient devant lui, contenant la bouillie qu’il vient de préparer pour nourrir ses moissonneurs. Ceux-ci sont représentés par deux personnages tenant des faucilles sur le côté gauche du chapiteau, tandis que le côté droit, derrière le prophète, est occupé par deux arcades superposées dans lesquelles se découpent des silhouettes. On peut y reconnaitre une vision simplifiée de la ville de Babylone et de ses habitants, qui allaient être châtiés par le roi pour avoir demandé la mise à mort de Daniel. On perçoit dans la réalisation de ce chapiteau une volonté d’appuyer cet épisode, qui est rarement associé de manière aussi forte et avec un tel développement narratif à la représentation de Daniel21. Les trois derniers chapiteaux sont simplement figurés. Ils sont disposés latéralement par rapport à l’axe principal de l’église à l’entrée des deux bras du transept, l’un au sud, les deux autres se faisant face au nord. Ces chapiteaux se rapprochent plus aisément de formules courantes dans le monde aquitain, notamment en Saintonge : des hommes y sont représentés aux prises avec un environnement végétal ou avec des animaux, dans un cadre construit de façon rigoureusement symétrique.Au sud, un petit personnage central dont la tête est positionnée sous le dé médian est entourée de deux lions – celui de droite a été mutilé – qu’il semble tenir par la crinière (fig. 10). Les têtes surdimensionnées des fauves occupent l’angle de la corbeille et ils engloutissent dans leurs gueules les extrémités de deux tiges végé- Fig. 8 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de l’abside. Chapiteau d’Habacuc. L’ange et les moissonneurs. Fig. 9 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Travée de chœur. Chapiteau d’Habacuc. Habacuc et personnages dans une architecture. 42 tales qui peuvent aussi être interprétées comme des serpents s’enroulant autour de la tête de l’homme. Sur les deux chapiteaux qui se font face à l’entrée du bras nord du transept, des hommes placés sur les angles de la corbeille dans des poses peu avantageuses – ils sont présentés de face, nus, jambes fléchies et écartées, dans une posture que l’on pourrait qualifier d’exhibitionniste – paraissent prisonniers des tiges végétales qui tapissent les deux corbeilles. Sur le chapiteau occidental, la situation de ces personnages est encore aggravée par la présence de lions dont les corps s’élancent sur les faces latérales pour venir littéralement «gober» leurs têtes22 (fig. 11). Le premier chapiteau de cette série peut éven- tuellement trouver une interprétation positive tout en rappelant le thème de Daniel. En effet, l’homme semble être délivré des serpents (ou des éléments végétaux) qui le menacent par les fauves qu’il paraît maîtriser et qui ne semblent pas agressifs à son égard23. En revanche, les deux autres œuvres ont une connotation nettement plus négative, et on peut y voir deux de ces nombreuses scènes dénonçant les tourments de l’homme confronté à ses vices. Il est évidemment intéressant de constater une relative cohérence dans la distribution de ces chapiteaux. Les quatre chapiteaux antiques en réemploi sont disposés dans l’abside, contribuant clairement à la valorisation de l’espace liturgique, tandis que les deux chapiteaux historiés relatifs à l’histoire de Daniel, avec cette rare différenciation entre l’épisode de la Fosse aux Lions et celui d’Habacuc, occupent précisément l’entrée dans l’abside. La mise en miroir de ces deux images peut être perçue assez clairement comme une insistance sur la préfigure christique de Daniel, associée à l’évocation de l’eucharistie, que l’on peut reconnaître dans la valorisation du pain que tient Habacuc24. Fig. 10 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de l’abside. Chapiteau du bras sud du transept. Fig. 11 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Entrée de l’abside. Chapiteau du bras nord du transept. 43 DE – SAINT-VINCENT – P ESSAC - SUR -D ORDOGNE Un édifice composite Deux autres sculptures sont conservées sur l’église. Il s’agit de deux bas-reliefs implantés au sommet des deux contreforts qui encadrent la façade nord du transept dans une probable situation de réemplois.On peut a priori les comprendre comme étant en position de réemploi.Toutefois, leurs dimensions s’ajustent exactement à la largeur des contreforts alors qu’ils ne paraissent pas avoir été retaillés. Généralement associées aux chapiteaux intérieurs, et parfois même datées du haut Moyen Âge25, ses sculptures appartiennent plutôt à une phase romane plus tardive.A l’est sont représentés Adam et Ève (fig. 12), chacun sous une arcade et à l’ouest deux personnages en toges, qui tiennent chacun un livre. L’un est saint Pierre, reconnaissable à la clé qu’il tient dans sa main droite et le second est probablement saint Paul (fig. 13).Les sculptures,bien que taillées en fond de cuve,ne manquent pas de relief et les silhouettes, en particuliers celles d’Adam et Ève, dénotent un sens de l’anatomie et des proportions qui échappent à la comparaison avec les figures des chapiteaux intérieurs. Le contexte est incontestable roman, comme l’indique le cadre architecturé du relief d’Adam et Ève, dont les colonnettes des arcades en plein cintre sont dotées de petits chapiteaux sculptés. Par cer tains traits, ces œuvres offrent de lointaines réminiscences de l’art du Poitou ou de l’Angoumois26, transposé ici dans des formes réduites. *** 44 Fig. 12 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Relief de la façade nord du transept. Adam et Ève. Fig. 13 - Montcaret, église Saint-Pierre-ès-Liens. Relief de la façade nord du transept. Pierre et Paul. L’église paroissiale de Pessac-sur-Dordogne, autrefois dédiée à saint Martin, ne fut guère plus épargnée par les mutilations et les transformations que celle de Montcaret,bien qu’elle présente aujourd’hui un plan complet. Encore entourée de son cimetière, elle se tient à l’écart du bourg, non loin du château Vidasse, qui devait contrôler un gué sur le fleuve, et sur l’aire occupée par une implantation antique dont la nature demeure incertaine, mais qui semble s’être prolongée à l’époque mérovingienne,comme en témoigne la découverte effectuée dans le cimetière par A. Conil de sarcophages dont l’un contenait une plaque-boucle ornée d’entrelacs27. L’occupation semble donc s’être prolongée durant le haut Moyen Âge, mais là encore, aucun signe de continuité n’a pu être établi entre le sanctuaire roman et les structures antérieures. L’église elle-même présente une nef à vaisseau unique prolongée par un transept consistant en un simple élargissement qui forme deux bras très faiblement débordants et par une abside de même largeur que la nef. Une chapelle latérale, plus débordante, mais plus basse que le bras de transept contre lequel elle s’appuie, s’ouvre en outre au sud de la nef. Une sacristie en forme de couloir déambulatoire est venue se greffer au XIXesiècle autour du chevet (fig. 14).L’ensemble de l’édifice, nef, transept et abside, a été très fortement perturbé dans ses élévations, les ouvertures primitives ayant toutes été remaniée, les murs de la nef ayant été renforcés par de puissants contreforts et l’espace intégralement couvert de croisées d’ogives à la fin du XVe siècle (fig. 15). Quand on pénètre dans l’édifice, ce sont ces voûtes qui attirent d’emblée le regard du fait de leur puissantes nervures dont le réseau forme une véritable structure en parapluie se déployant sur une nef dont on voit bien qu’elle n’avait pas été prévue pour recevoir un tel couvrement.Aux trois voûtes quadripartites de dimensions inégales de la nef et de la croisée, s’ajoutent celles, étroites et barlongues, des deux bras de transepts, et celle en trapèze qui s’adapte tant bien que mal à l’hémicycle de l’abside. Cette structure a donc été rapportée sur une enveloppe murale plus ancienne,dépourvue d’articulations.C’est pourquoi toutes les nervures, ainsi que les arcs doubleaux brisés et les arcs formerets reposent sur des culs-de-lampe insérés aux deux tiers de la hauteur des murs. Deux de ces supports, Fig. 14 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent. Chevet et sacristie. Fig. 15 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent. Façade occidentale. 45 Fig. 16 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent. Vue générale intérieure vers l’est. à la rencontre des deux voûtes de la nef, sont ornés d’un décor sculpté de médiocre qualité. Sur l’un, un ange porte des armoiries aujourd’hui effacées et un joueur de cornemuse se tient à son côté (fig. 16), sur l’autre, un personnage assez grossier est accompagné d’un aigle et d’un second personnage à la posture ambigüe. La nef primitive en maçonnerie de moellons ne devait pas être voûtée.En effet,les élévations intérieures rejointoyées récemment, et le peu que l’on peut deviner sous l’enduit lépreux des élévations extérieures, montrent assez clairement ce parement de moellons plus ou moins réguliers – il ne semble pas qu’il s’agisse de réemplois antiques – qui a été perturbé à l’extérieur lors du remaniement des grandes 46 fenêtres en arcs brisés agrandies ou percés sans doute au moment du voûtement et peut-être reprises au XIXe siècle. Il n’est en tout cas plus possible d’observer la moindre fenêtre primitive de cette nef que l’on peut a priori dater du XIe siècle, même si, en l’absence de ces éléments de confirmation, on doit rester prudent.Il existe certes dans l’axe de la façade occidentale une petite fenêtre archaïque à linteau monolithe, aujourd’hui murée, mais cette façade est entièrement en pierre de taille, et il est difficile de savoir si elle a été greffée sur une nef plus ancienne ou si elle en est contemporaine (fig. 17). Le portail à quatre voussures en plein cintre dépourvues de tout décor semble plutôt indiquer une construction au XIIe siècle. En BIBLIOGRAPHIE outre, les parties hautes de cette façade ont été perturbées à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle par la création d’un clocher à deux arcades en brique venant s’insérer dans le pignon. Les trois lanternons inspirés de ceux des dômes périgourdins qui surmontent ces deux arcades, eux aussi en briques et en ciment, donnent à la silhouette de l’édifice une touche singulière. La restitution de l’église romane n’est donc pas aisée, et il faut se contenter de quelques maigres vestiges pour évoquer les parties orientales de l’édifice roman avant de passer à une approche plus spéculative. L’abside, aussi altérée soit-elle, semble bien appartenir à une construction du XIIe siècle, comme l’indique le tronçon de banquette que l’on observe derrière l’autel à la base du mur (fig. 18). Celle-ci présente un angle adouci par une moulure torique, fréquente sur ce type d’éléments à l’époque romane. Dans la sacristie, le parement roman extérieur en moyen appareil est conservé sous le comble. Pour le reste, hélas, les fenêtres, garnies de colonnettes, ont été complètement reprises au XIXe ou au début du XXe siècle, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’observation des arrachements placés au ras du sol à l’extérieur du moignon de transept sud pourrait suggérer l’existence d’une chapelle absidiale perpendiculaire antérieure à celui-ci, mais pour s’en assurer, il faudrait entreprendre des sondages, et ce des deux côtés, pour évaluer la possibilité d’un chevet triconque, une forme qui est présente sur d’autres édifices romans en Aquitaine. Pour l’heure, en l’absence d’une étude archéologique qui mériterait d’être menée sur le site, cette proposition demeure purement spéculative. *L’auteur tient à remercier vivement Marie-France Bunel pour son aide dans la recherche des documents relatifs aux travaux sur l’église de Montcaret. Fig. 17 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent. Cul-de-lampe gothique de la nef. Fig. 18 - Pessac-sur-Dordogne, église Saint-Vincent. Banquette de l’abside romane. ANGHEBEN, M. : Les chapiteaux romans de Bourgogne. Thèmes et programmes, Brepols, Turnhout, 2003. 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Tauzin ne reposent que sur des interprétations mal documentées et des observations peu étayées. La découverte d’une croix pectorale attribuée à l’époque mérovingienne a, semble-t-il, motivé une surinterprétation des données archéologiques. Gaillard 1997, p. 163.Toutefois, l’abbé Sabouret fait état de la découverte en 1952, dans l’absidiole nord, de vestiges d’une absidiole plus petite, posée sur l’arase d’un mur antique. Malheureusement, cette observation n’est consignée sur aucun plan. Sabouret., p. 7. 16. La donation à Baignes se situe entre 1075 et 1081, période du règne de Boson, destitué pour simonie lors d’un des premiers conciles qui introduisirent la réforme grégorienne en Aquitaine. 17. Secret 1979 et 2002 ; Cabanot 1993. 18. Cabanot 1993. 19. Une cinquième corbeille de même type a été transformée en bénitier. 20. Jean Secret y voyait, sans certitude, le thème de Tobie et l’Ange ; Secret 1979, p. 27. 21. Dans la plupart des cas, la scène du « transport » d’Habacuc est associée à la représentation de Daniel sur le même chapiteau, comme à Sainte-Radegonde de Poitiers, entre autres. 22. Cette formule rappelle celle de plusieurs chapiteaux du transept, et notamment de la Porte des Comtes de Saint-Sernin de Toulouse, où des hommes sont ainsi attaqués par des dragons. 23. L’ambivalence de la figure du lion, pouvant aussi bien représenter les forces du Mal que la protection divine, est bien connue. Voir notamment Favreau 1991. 24. Voir Réau 1955-1959, vol. 2, I, p. 402. Marcello Angheben signale dans l’église de Melay (71), en Bourgogne, deux chapiteaux distincts dédiés à Daniel dans la Fosse aux Lions et à Habacuc, mais ils ne sont malheureusement plus dans leur contexte initial, ce qui rend la comparaison difficile ; Angheben 2003, p. 193 et fig. 42. A la cathédrale de Lescar, en revanche, à l’entrée de la chapelle méridionale du chevet, deux chapiteaux distincts se font face, comme à Montcaret ; Lacoste 2007, p. 37 et fig. 27. 3. Voir Marchegay 1876, en particulier p.118-119, charte de donation à Saint-Florent, vers 1080, par un certain Boson, viguier. Il s’agit bien de la donation d’une église déjà existante, ce qui rend difficile la datation précise de la construction romane. 4. Essai sur l’histoire de Montcaret, III, p. 4. 5. Archives Départementales de la Dordogne O12 art. 317. L’architecte Valleton effectua les travaux. 6. Voir Sabouret s.d. 7. À Saint-Amant-de-Boixe et à Saint-Pierre de Châteauneuf-sur-Charente, en Angoumois, pour ne citer que ces exemples. Le cas le plus spectaculaire est celui de l’abbatiale de Saint-Sever, dans les Landes, qui possédait sept chapelles. 8. On peut signaler dans une version proche de celle de Montcaret, l’église de l’abbaye de Cellefrouin, en Angoumois, où les trois chapelles sont également reliées par des passages, la cathédrale de Lescar en Béarn ou l’abbatiale de Saint-Ferme, dans l’Entre-deux-Mers. 9. Sabouret s.d., p. 9. 10. Voir à ce propos Gensbeitel, 2012a. 11. Leurs claveaux sont plus courts que ceux de la baie axiale et de la fenêtre nord du transept. 12. Mesplé 1959-1966. 13. À Angoulême, vu la dimension de la fenêtre, on s’éloigne d’ailleurs de l’idée de contrefort. Il s’agit d’un léger épaississement du mur dans l’axe de l’abside, surmonté d’une frise sculptée de d’une élégante scène de chasse. 48 25. Secret 2002, p. 75. 26. On songe à certaines figures de grand format et en haut relief de la façade de l’église Notre-Dame-laGrande de Poitiers ou aux apôtres des tympans de la cathédrale d’Angoulême, des œuvres de la première moitié du XIIe siècle. 27. Sion 1994, p. 257.