Responsabilité morale
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Résumé Distinguant deux sens de « communauté morale », cet article soutient que certains animaux appartiennent à la communauté morale dans les deux sens : (1) ils sont des patients moraux dignes de considération morale directe et... more
Résumé
Distinguant deux sens de « communauté morale », cet article soutient que certains animaux appartiennent à la communauté morale dans les deux sens : (1) ils sont des patients moraux dignes de considération morale directe et équivalente, mais également (2) des agents moraux au sens où ils sont capables de reconnaître, d’assumer et d’adresser aux autres des exigences minimales de bonne conduite et de savoir-vivre. Au moyen de la notion d’« attitudes réactives » développée par Peter F. Strawson, je soutiens que les animaux sociaux qui sont à la fois objets et sujets d’attitudes réactives forment des communautés morales au second sens, dans la mesure où ils se traitent mutuellement comme des individus ayant des obligations et tenus à des exigences de bonne volonté minimale dans leurs interactions interpersonnelles. Distinguant l’agentivité morale du raisonnement moral, je soutiens que la capacité de raisonner abstraitement sur les principes et les conséquences de nos actions nous imposent plus de responsabilités que n’en ont d’autres animaux, mais que cela ne fait pas nécessairement de nous des agents moraux plus compétents que d’autres animaux sociaux. Je termine en donnant un aperçu de quelques implications de ce changement de perspective en éthique animale.
Abstract
This article draws the distinction between two meanings of “moral community” and maintains that certain animals belong to moral communities in both senses of the term: these animals are (1) moral patients worthy of direct and equivalent moral consideration, but also (2) moral agents in the sense that they are capable of recognizing and respecting minimal requirements of good conduct and manners as well as expecting and demanding the same from other members of their community. By way of the notion of “reactive attitudes” developed by Peter F. Strawson, I maintain that social animals who are at once objects and subjects of reactive attitudes constitute moral communities in the second sense of the term, in that they treat each other as individuals who have obligations and who are bound by the demand for a minimum of good-will in their interpersonal interactions. Distinguishing between moral agency and moral reasoning, I maintain that the capacity to reason abstractly about the principles and consequences of our actions gives us more responsibilities than other animals have, but that this does not necessarily make us more competent moral agents than other social animals. I conclude with an overview of some of the implications that this change in perspective has for animal ethics.
Distinguant deux sens de « communauté morale », cet article soutient que certains animaux appartiennent à la communauté morale dans les deux sens : (1) ils sont des patients moraux dignes de considération morale directe et équivalente, mais également (2) des agents moraux au sens où ils sont capables de reconnaître, d’assumer et d’adresser aux autres des exigences minimales de bonne conduite et de savoir-vivre. Au moyen de la notion d’« attitudes réactives » développée par Peter F. Strawson, je soutiens que les animaux sociaux qui sont à la fois objets et sujets d’attitudes réactives forment des communautés morales au second sens, dans la mesure où ils se traitent mutuellement comme des individus ayant des obligations et tenus à des exigences de bonne volonté minimale dans leurs interactions interpersonnelles. Distinguant l’agentivité morale du raisonnement moral, je soutiens que la capacité de raisonner abstraitement sur les principes et les conséquences de nos actions nous imposent plus de responsabilités que n’en ont d’autres animaux, mais que cela ne fait pas nécessairement de nous des agents moraux plus compétents que d’autres animaux sociaux. Je termine en donnant un aperçu de quelques implications de ce changement de perspective en éthique animale.
Abstract
This article draws the distinction between two meanings of “moral community” and maintains that certain animals belong to moral communities in both senses of the term: these animals are (1) moral patients worthy of direct and equivalent moral consideration, but also (2) moral agents in the sense that they are capable of recognizing and respecting minimal requirements of good conduct and manners as well as expecting and demanding the same from other members of their community. By way of the notion of “reactive attitudes” developed by Peter F. Strawson, I maintain that social animals who are at once objects and subjects of reactive attitudes constitute moral communities in the second sense of the term, in that they treat each other as individuals who have obligations and who are bound by the demand for a minimum of good-will in their interpersonal interactions. Distinguishing between moral agency and moral reasoning, I maintain that the capacity to reason abstractly about the principles and consequences of our actions gives us more responsibilities than other animals have, but that this does not necessarily make us more competent moral agents than other social animals. I conclude with an overview of some of the implications that this change in perspective has for animal ethics.
Résumé La philosophie tente généralement de définir la responsabilité morale dans des termes absolutisants, en prenant soin de se tenir à distance de la réalité empirique du monde social. Cet article présente une approche d'orientation... more
Résumé
La philosophie tente généralement de définir la responsabilité morale dans des termes absolutisants, en prenant soin de se tenir à distance de la réalité empirique du monde social. Cet article présente une approche d'orientation pragmatiste qui plaide en faveur d'un rapprochement entre philosophie et sciences humaines dans l'étude de la responsabilité et qui opère ce rapprochement en se donnant pour objet les « pratiques de responsabilité », plutôt que les critères ou les fondements de la responsabilité. Elle vise à analyser les structures d'interaction à travers lesquelles les agents sociaux s'engagent dans des pratiques concrètes de responsabilisation. Cette approche se veut en prise sur la réalité de l'ordre moral caractéristique des sociétés de la modernité avancée, qu'il faut concevoir comme un système ouvert, mouvant, en perpétuelle reconstruction. C'est un système où les responsabilités ne sont plus attribuées sur un mode autoritaire, dans des cadres rigides et suivant des critères prédéfinis et stables, mais sont largement abandonnées à l'initiative des acteurs sociaux.
Abstract
Towards a pragmatic of moral responsibility
Philosophy generally seeks to define moral responsibility in absolute terms, taking care to remain at a distance from the empirical reality of the social world. This article, however, provides a pragmatic approach that seeks to narrow the gap between philosophy and the social sciences when analysing responsibility. It proposes to examine the “practices of responsibility” rather than fundamental principles of or criteria for responsibility. The approach involves tracing the structures of interaction by which social agents engage in concrete practices of assigning responsibility. Doing so, the approach seeks to appreciate the realities of the moral order in advanced modern societies. These should be understood as an open, changing system constantly under reconstruction. In such a system responsibilities are not assigned in an authoritarian way, according to strict rules and fixed and predefined criteria. Instead, for the most part they are left to the initiative of social actors.
La philosophie tente généralement de définir la responsabilité morale dans des termes absolutisants, en prenant soin de se tenir à distance de la réalité empirique du monde social. Cet article présente une approche d'orientation pragmatiste qui plaide en faveur d'un rapprochement entre philosophie et sciences humaines dans l'étude de la responsabilité et qui opère ce rapprochement en se donnant pour objet les « pratiques de responsabilité », plutôt que les critères ou les fondements de la responsabilité. Elle vise à analyser les structures d'interaction à travers lesquelles les agents sociaux s'engagent dans des pratiques concrètes de responsabilisation. Cette approche se veut en prise sur la réalité de l'ordre moral caractéristique des sociétés de la modernité avancée, qu'il faut concevoir comme un système ouvert, mouvant, en perpétuelle reconstruction. C'est un système où les responsabilités ne sont plus attribuées sur un mode autoritaire, dans des cadres rigides et suivant des critères prédéfinis et stables, mais sont largement abandonnées à l'initiative des acteurs sociaux.
Abstract
Towards a pragmatic of moral responsibility
Philosophy generally seeks to define moral responsibility in absolute terms, taking care to remain at a distance from the empirical reality of the social world. This article, however, provides a pragmatic approach that seeks to narrow the gap between philosophy and the social sciences when analysing responsibility. It proposes to examine the “practices of responsibility” rather than fundamental principles of or criteria for responsibility. The approach involves tracing the structures of interaction by which social agents engage in concrete practices of assigning responsibility. Doing so, the approach seeks to appreciate the realities of the moral order in advanced modern societies. These should be understood as an open, changing system constantly under reconstruction. In such a system responsibilities are not assigned in an authoritarian way, according to strict rules and fixed and predefined criteria. Instead, for the most part they are left to the initiative of social actors.