Aufklärung Catholique

Cet article étudie la transition du Père Girard de l’Ancien Régime à la révolution helvétique depuis la perspective de l’Aufklärung catholique. Dans la vie du cordelier, cette période charnière marque l’avènement d’un intellectuel engagé dans les réformes sociales, après une période de formation en Allemagne. Du point de vue de l’histoire des idées et de leur circulation, le parcours académique du Père Girard et sa participation à la révolution helvétique apportent des éléments de réflexion sur les possibilités de pénétration et d’expression des Lumières catholiques en Suisse et à Fribourg.

En mars 1758, Guilliaume Pex, célèbre couturier d’Amsterdam, fut refusé a la porte d’une église catholique de cette ville, à cause de son association a la franc-maçonnerie locale. La franc-maçonnerie étant suspecte et interdite aux yeux de l’église catholique,  toute implication des catholiques dans la franc-maçonnerie fut alors traitée comme un danger au statut de minorité tolérée dont profitait la communauté catholique dans la République néerlandaise. Pex, qui ne partageait pas les inquiétudes du clergé, a répondu au prêtre avec ces mots : « voyez ce que vous faites, vous vous provoquerez des grandes difficultés. »  Et ces difficultés n’ont pas tardé à arriver: le refus a tellement fait scandale à Amsterdam, qu’il a fallu une intervention par la papauté pour y mettre fin. Qualifiant comme ‘imprudent’ l’intervention du prêtre, Benoit XIV (1675-1758) a tacitement permis la continuation des activités maçonniques de Pex, tout en maintenant la condamnation officielle de la franc-maçonnerie.
Le cas de Pex est une indication importante de la présence de catholiques dans la franc-maçonnerie néerlandaise, malgré les interdictions imposées par l’église catholique. Et cela fait partie d’un phénomène plus large : la participation croissante des minorités religieuses aux nouvelles formes de sociabilité dans la République néerlandaise du dix-huitième siècle. Ces minorités ont profité de la croissance extraordinaire du nombre de sociétés scientifiques, culturelles, récréatives, sociétés d’engagement social inspiré par l’idealisme des Lumières que République a connu entre 1750 et 1800. La  présence de catholiques dans la sociabilité est une correction importante a l’historiographie traditionnelle, qui assume une absence (et passivité) générale de l’élite catholique dans la société civile néerlandaise.
Mais doit-on s’imaginer une histoire d’émancipation dans laquelle les minorités religieuses ont su échapper, aux restrictions imposées depuis la Reformation, grâce à ces organisations de sociabilité? Pas nécessairement! Pour le cas néerlandais, il faut encore  poser une question simple, mais essentielle : combien d’individus issues de minorités religieuses ont, en fait, participé a ces organisations ? Ces sociétés, loges maçonniques, ont-ils vraiment fonctionné comme moteurs d’intégration et d’émancipation?
Voila les questions que je tenterai d’explorer dans cette communication, à partir de mes recherches sur la sociabilité des Lumières à Amsterdam, ville principale de la République sur le plan politique, économique, et démographique, et Leiden, ou siégeait la première université du pays.

When French revolutionary troops arrived in the Dutch Republic at the end of 1794, the promise of new liberties became the subject of considerable tension and conflict. In order to steer the revolutionary process in their favour, various interest groups across the Dutch Republic set up political societies that soon acquired significant power. From these societies arose a new generation of politicians, which for the first time included Catholics, dissenting Protestants, and even Jews.

But the egalitarian and tolerant idealism of the Revolution caused tensions among religious groups. Conservative Calvinists could not accept the loss of the close connection between the Calvinist church and the state and guild members feared competition from previously excluded minorities. Many historians have since claimed that these and other difficulties resulted in a closing down of the Dutch Enlightenment, the establishment of a broadly Protestant governing and cultural elite, and the confessionalization of politics and even sociability in its many forms.

This paper examines the issue of confessional diversity in Dutch organized sociability during the revolutionary period. Drawing on case studies from Amsterdam, Leiden, and Nijmegen, it will trace the rise and fall of the religiously neutral model of sociability generally associated with the Enlightenment, and specifically with the revolutionary period. It will explore how within the various forms of sociability in this period, a variety of ways was developed to deal with the newly controversial fact of religious difference.  The key point it makes is that the rise and fall of the confessionally neutral clubs and societies cannot be described simply as the success or failure of the discourse of tolerance, and that more attention should be given to the ability of some individuals from religious minority groups to consolidate positions of influence slowly built up during the pre-revolutionary years.