Sociabilité et diversité religieuse: la présence catholique dans les sociétés des Lumières Néerlandaises 1750-1800. (Congres de la SCEDHS, Montréal 15-18ieme octobre 2014)
Sociabilité et diversité religieuse: la présence catholique dans les sociétés des Lumières Néerlandaises 1750-1800. (Congres de la SCEDHS, Montréal 15-18ieme octobre 2014)
En mars 1758, Guilliaume Pex, célèbre couturier d’Amsterdam, fut refusé a la porte d’une église catholique de cette ville, à cause de son association a la franc-maçonnerie locale. La franc-maçonnerie étant suspecte et interdite aux yeux de l’église catholique, toute implication des catholiques dans la franc-maçonnerie fut alors traitée comme un danger au statut de minorité tolérée dont profitait la communauté catholique dans la République néerlandaise. Pex, qui ne partageait pas les inquiétudes du clergé, a répondu au prêtre avec ces mots : « voyez ce que vous faites, vous vous provoquerez des grandes difficultés. » Et ces difficultés n’ont pas tardé à arriver: le refus a tellement fait scandale à Amsterdam, qu’il a fallu une intervention par la papauté pour y mettre fin. Qualifiant comme ‘imprudent’ l’intervention du prêtre, Benoit XIV (1675-1758) a tacitement permis la continuation des activités maçonniques de Pex, tout en maintenant la condamnation officielle de la franc-maçonnerie.
Le cas de Pex est une indication importante de la présence de catholiques dans la franc-maçonnerie néerlandaise, malgré les interdictions imposées par l’église catholique. Et cela fait partie d’un phénomène plus large : la participation croissante des minorités religieuses aux nouvelles formes de sociabilité dans la République néerlandaise du dix-huitième siècle. Ces minorités ont profité de la croissance extraordinaire du nombre de sociétés scientifiques, culturelles, récréatives, sociétés d’engagement social inspiré par l’idealisme des Lumières que République a connu entre 1750 et 1800. La présence de catholiques dans la sociabilité est une correction importante a l’historiographie traditionnelle, qui assume une absence (et passivité) générale de l’élite catholique dans la société civile néerlandaise.
Mais doit-on s’imaginer une histoire d’émancipation dans laquelle les minorités religieuses ont su échapper, aux restrictions imposées depuis la Reformation, grâce à ces organisations de sociabilité? Pas nécessairement! Pour le cas néerlandais, il faut encore poser une question simple, mais essentielle : combien d’individus issues de minorités religieuses ont, en fait, participé a ces organisations ? Ces sociétés, loges maçonniques, ont-ils vraiment fonctionné comme moteurs d’intégration et d’émancipation?
Voila les questions que je tenterai d’explorer dans cette communication, à partir de mes recherches sur la sociabilité des Lumières à Amsterdam, ville principale de la République sur le plan politique, économique, et démographique, et Leiden, ou siégeait la première université du pays.