La question de l’éclectisme culturel a focalisé la plupart des débats sociologiques consacrés aux pratiques culturelles depuis vingt ans, soit depuis les premiers articles de Richard Peterson (Peterson, 1992 ; Peterson and Simkus,...
moreLa question de l’éclectisme culturel a focalisé la plupart des débats sociologiques consacrés aux pratiques
culturelles depuis vingt ans, soit depuis les premiers articles de Richard Peterson (Peterson, 1992 ;
Peterson and Simkus, 1992). En proposant de substituer l’opposition omnivore vs univore aux oppositions
lowbrow vs highbrow établie par Herbert Gans (Gans, 1974) ou légitime vs illégitime établie par Pierre
Bourdieu (Bourdieu, 1979), ces articles ont fécondé l’imagination sociologique et suscité une littérature qui
ne cesse de se développer. Les discussions portent sur la réalité de cette transformation, son étendue, sa
nature, son explication, etc. Pourtant, à la lecture de ces travaux, on ressent parfois embarras et confusion :
de quoi parlent-ils ? En effet, en-deçà des accords et désaccords sur les résultats d’enquête, c’est un
considérable... éclectisme sur les définitions et les méthodes qui domine. Plus que des hypothèses validées
ou infirmées, il semble bien que les sociologues s’opposent – sans l’écrire explicitement – des démarches
d’enquête, avec leurs modes de construction d’objet et leurs méthodologies pour le moins variés. L’une
des leçons de ces débats est ainsi négative : ils font apparaître en creux combien les résultats dépendent
des choix de méthode et des hypothèses qu’ils impliquent, et combien lorsqu’on discute exclusivement ces
résultats, on discute bien souvent d’objets différents, voire incomparables – en somme, la leçon de ces
débats est qu’ils n’ont que partiellement lieu !