PROCEDE DE REALISATION D'UN TISSU CHAINE ET TRAME ET MACHINE A TISSER PERMETTANT SA MISE EN ŒUVRE.
La présente invention a trait à un procédé perfectionné permettant la réalisation d'un tissu chaîne et trame ; elle a trait également à une machine à tisser perfectionnée permettant la mise en œuvre d'un tel procédé.
La réalisation de tissus chaîne et trame implique, avant l'opération de tissage proprement dite, que l'on doit procéder à une succession d'opérations de préparation tant en ce qui concerne les fils de trame que les fils de chaîne.
Concernant les fils de trame qui, en général, sont stockés sous la forme d'une bobine, il est impératif qu'ils se dévident facilement et très régulièrement. Par suite, lors de l'opération de bobinage, notamment dans le cas de filés de fibres, on améliore les propriétés de glissement du fil en le recouvrant d'une fine pellicule lubrificatrice qui, pendant très longtemps, était obtenue par une opération de paraffinage ou encirage en faisant passer le fil au cours de l'opération de bobinage entre deux blocs de paraffine. Une telle opération relativement délicate à mettre en œuvre, est pratiquement abandonnée de nos jours et a été remplacée par des systèmes faisant appel à des lubrifiants liquides dits "ensimage".
Concernant les fils de chaîne, si certains peuvent être utilisés sans traitement particulier, notamment lorsqu'ils ont reçu une torsion suffisante ou un traitement spécifique, tel qu'un traitement d'entrelaçage dans le cas de fils à filaments continus, il est bien connu que pour résister aux contraintes dues aux frottements lors de l'opération de tissage, qu'après ourdissage, la nappe de fils doit recevoir un traitement d'encollage réalisé simultanément sur l'ensemble des fils de chaîne par passage à l'intérieur d'un bain de composition approprié permettant d'une part, d'agglomérer les brins élémentaires des filés, sans cependant nuire à leur élasticité de façon à avoir une bonne résistance aux frottements et aux variations de tension imposés sur le métier à tisser, et d'autre part, qui permet de lubrifier correctement les fils pour améliorer leurs caractéristiques de glissement lors de la phase de tissage.
Une telle opération d'encollage est délicate à réaliser, complique le cycle de fabrication et implique donc deux phases successives d'enroulement de la nappe de fils de chaîne, l'une lors de l'ourdissage proprement dit, la seconde qui consiste à dérouler la nappe préalablement ourdie lors de l'opération d'encollage pour la renvider, après encollage, sur l'ensouple destinée à être montée sur le métier à tisser.
Pour surmonter ces inconvénients, il a été proposé, depuis des décennies, ainsi que cela ressort des brevets français 687 510, 394 862, et éventuellement du brevet suisse 107 592, de réaliser l'encollage directement sur la machine à tisser.
Ces solutions proposées antérieurement sont cependant difficiles à mettre en œuvre efficacement compte tenu du fait que l'opération d'encollage se réalise dans un espace réduit et que l'on arrive pas vraiment à imprégner une chaîne dans la masse en la faisant passer simplement sur un rouleau ou dans un bac de liquide.
Or on a trouvé, et c'est ce qui fait l'objet de la présente invention, un procédé de tissage perfectionné qui permet de réaliser des articles dont la chaîne est constituée notamment de filés de fibres, et pour lesquels le tissage est réalisé directement à partir d'une ensouple d'ourdissage sans avoir à réaliser une opération d'encollage préalable.
D'une manière générale, le procédé conforme à l'invention consiste :
- à réaliser une chaîne ourdie comportant le nombre total de fils correspondant à l'article à réaliser, et ce directement sur une ensouple adaptable sur le métier à tisser ;
- puis, à partir d'une telle ensouple, à former de manière conventionnelle un tissu par :
. déroulement de la nappe de fils de chaîne,
. passage de ladite nappe sur des rouleaux de détour l'amenant dans le plan horizontal de tissage, . formation de la foule par tous moyens appropriés, lisses notamment, . insertion de la trame et battage au moyen du peigne contre la façure du tissu,
. renvidage de l'étoffe formée.
Le procédé selon l'invention se caractérise en ce que on réalise une opération d'encollage de la chaîne immédiatement après l'appel de la nappe de fils de chaîne à partir de l'ensouple de stockage, et avant passage autour du rouleau de détour l'amenant dans le plan horizontal, ladite opération d'ensimage ou d'encollage étant réalisée en séparant les fils de chaîne en deux nappes élémentaires, chaque nappe étant traitée indépendamment l'une de l'autre et recevant un liquide d'ensimage, d'encirage ou d'encollage par léchage par passage sur un rouleau immergé partiellement dans un bain de liquide. Après dépôt du liquide, la nappe de fils de chaîne est soumise à un traitement de séchage réalisé immédiatement en aval de la zone d'imprégnation, et avant que les fils de chaîne arrivent au niveau du rouleau de détour du métier à tisser formant l'entrée du plan de tissage proprement dit.
De préférence, conformément à l'invention, les deux nappes élémentaires sont obtenues en sélectionnant un fil sur deux de l'ensemble des fils de chaîne destinés à constituer le tissu.
La mise en œuvre du procédé conforme à l'invention est obtenue par une simple adaptation d'un métier à tisser conventionnel en adaptant à l'entrée dudit métier un module amovible comportant l'ensemble des moyens permettant de réaliser le traitement conforme à l'invention.
Pour réaliser la séparation de la nappe de fils de chaîne en deux nappes élémentaires, ladite nappe comporte à chacune de ses extrémités une "enverjure" permettant d'obtenir sans aucune adaptation particulière la séparation de l'ensemble des fils de chaîne en deux nappes élémentaires au niveau de la zone de traitement.
En conséquence, compte tenu du fait que pendant l'opération d'imprégnation, le nombre de fils de chaîne se trouve divisé par deux par rapport au nombre total nécessaire pour réaliser le tissu et que les deux nappes sont traitées séparément, les fils sont imprégnés de manière beaucoup plus régulière. La réunion des deux nappes élémentaires est ensuite réalisée avant l'entrée dans la machine à tisser.
L'invention et les avantages qu'elle apporte sera cependant mieux comprise grâce à l'exemple de réalisation qui suit, donné à titre indicatif mais non limitatif, et qui est illustré par les schémas annexés dans lesquels :
. la figure 1 est une vue schématique, de côté, montrant l'alimentation en chaîne d'un métier à tisser adapté pour mettre en œuvre le procédé conforme à l'invention ;
• la figure 2 est une vue de détail montrant la manière dont est réalisée la séparation de la nappe de chaîne en deux nappes élémentaires ;
• la figure 3 illustre de manière schématique comment est réalisée l'imprégnation des nappes élémentaires de fils de chaîne par contact sur un rouleau lécheur.
Pour réaliser le tissu, de manière conventionnelle, on réalise une chaîne ourdie comportant le nombre total de fils (1) correspondant à l'article à réaliser, et ce directement sur une ensouple, désignée par la référence générale (2), montée sur le métier à tisser.
En se reportant à la figure 1 annexée, le procédé conforme à l'invention est mis en œuvre sur un métier à tisser conventionnel adapté pour sa mise en œuvre.
Pour la réalisation du tissu, à partir de l'ensouple (2), on procède de manière conventionnelle par :
. déroulement de la nappe de fils de chaîne (1),
• passage autour d'un rouleau de détour (3) amenant la nappe de chaîne (1) dans le plan horizontal de tissage.
De manière connue, et cela n'est pas représenté à la figure 1 , les fils de chaîne maintenus à plat sont donc amenés aux moyens permettant la formation de la foule, moyens constitués par des lisses comportant des œillets pour le guidage du fil de chaîne. La foule étant formée, le fil de trame est introduit et l'on procède ensuite au battage au moyen d'un peigne contre la façure du tissu produit, tissu qui après passage autour d'un rouleau de détour de sortie, est renvidé sous la forme d'un rouleau.
Conformément à l'invention, immédiatement après l'appel de la nappe de fils (1) à partir de leur ensouple de stockage, et avant passage autour du rouleau de détour (3), la nappe de fils de chaîne (1) est divisée en deux nappes élémentaires (l a, lb). Ces deux nappes élémentaires (la, lb) passent sur deux ensembles de traitement similaires, permettant de déposer autour de chaque fil de chaîne une composition d'ensimage, encirage, voire encollage, permettant d'agglomérer les brins élémentaires en les lubrifiant.
De manière simple, ainsi que cela ressort de la figure 2, la division de la nappe de fils de chaîne (1) en deux nappes élémentaires (la, lb) est réalisée en prévoyant à chaque extrémité de la chaîne ourdie des enverjures (3a, 3b ; 4a, 4b) permettant aussi d'obtenir directement sur le métier deux nappes élémentaires comportant le même nombre de fils.
Pour réaliser l'opération d'ensimage ou d'encollage, de préférence on utilise deux ensembles similaires montés en aval du rouleau de détour (5) prévu immédiatement à la sortie de l'ensouple (2).
Chacun de ces ensembles, désignés par les mêmes références, comporte, montés sur un bâti, ledit rouleau de détour (5) et deux systèmes d'imprégnation désignés par la référence générale (6).
Chaque système d'imprégnation comporte un bac contenant le liquide (ensimage ou encollage), liquide qui est déposé sur les fils par contact tangentiel contre des rouleaux immergés (7).
Un moyen additionnel peut être utilisé pour assurer le séchage de la nappe après imprégnation.
Un tel séchage peut par exemple être réalisé simplement à l'air libre, un rouleau réglable additionnel étant prévu entre l'ensemble de dépose du produit d'encollage et le rouleau de détour (3). Lorsque les fils des deux nappes élémentaires (la, lb) sont secs,
ils sont rassemblés sous la forme d'une nappe unique (1) qui est amenée au niveau de la zone de tissage proprement dite.
Ainsi que cela ressort de la figure 3, l'un des principaux avantages que présente le procédé conforme à l'invention, est de permettre de diviser par deux les fils lors de la phase d'imprégnation, ce qui permet d'obtenir une meilleure répartition du liquide d'encollage.
Bien entendu, l'invention n'est pas limitée à l'exemple de réalisation donné précédemment, mais elle en couvre toutes les variantes réalisées dans le même esprit.