Books by Guillaume Huitorel
https://www.editions-mergoil.com/fr/monographies-instrumentum/252-outils-batiments-et-structures-... more https://www.editions-mergoil.com/fr/monographies-instrumentum/252-outils-batiments-et-structures-dexploitation-des-campagnes-du-nord-de-la-gaule-9782355181054.html
G. Huitorel, Outils, bâtiments et structures d’exploitation des campagnes du nord de la Gaule. Essai de caractérisation des équipements et des activités des établissements ruraux (Ier-Ve s. apr. J.-C.), Drémil Lafage, Éditions Mergoil (monographies instrumentum, 66), 2020, 556 p.
Le développement de l’archéologie agraire et l’exploration plus systématique des parties économiques et fonctionnelles des établissements ruraux offrent la possibilité de proposer une synthèse sur l’équipement des domaines du nord de la Gaule à l’époque romaine. À partir d’un échantillon de 140 exploitations fouillées, notamment dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive, 1 600 équipements mobiliers et immobiliers ont été répertoriés. Ils représentent plus de 70 outils, bâtiments et structures de nature différente, qui, appréhendés par leur structure, leur fonctionnement et leur fonction, donnent une image très complète de l’équipement des exploitations au moment de leur fonctionnement, malgré des biais liés aux difficultés d’identification et à la non-conservation de certains matériaux comme le bois, l’osier ou encore le cuir. L’identification récurrente de greniers, bâtiments de stabulation, séchoirs ou encore sonnailles, faucilles et faux témoigne d’une activité domaniale d’abord tournée vers l’agriculture et l’élevage, ainsi que vers la transformation de produits alimentaires, sans exclure toutefois les activités d’acquisition et de transformation de matériaux à des fins non alimentaires représentées par les fours artisanaux, les marteaux ou encore les ciseaux.
Les reconstitutions puis expérimentations menées sur les séchoirs, les outils à lier et les échardonnoirs, ainsi que l’intégration systématique de l’ensemble des équipements dans les processus de production ont permis de préciser la nature de ces activités, qui prennent part à l’entretien et au fonctionnement des exploitations et dépassent parfois même ce cadre pour participer à l’économie des domaines. Enfin, l’étude de certains équipements comme les fosses à fumier, les moulins hydrauliques ou encore le vallus incite à identifier une dépense des domaines dans des installations et des outils performants que l’on peut, dans certains cas, qualifier d’innovations. Ces observations permettent manifestement de reconsidérer certains poncifs, parfois encore en vigueur, qualifiant l’économie antique d’autarcique et de stagnante, freinée par un retard technique et par l’esclavage. L’identification et la caractérisation des équipements renvoient, à l’inverse, l’image d’une économie plus ouverte associant des acteurs différents par leur superficie bâtie et cultivée, et qui emploient tous, à leur échelle, des infrastructures et des outils efficaces.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
PhD by Guillaume Huitorel
Thèse de doctorat, Jan 1, 2018
http://www.theses.fr/2017PA100121#
Le développement de l’archéologie agraire et de l’explorati... more http://www.theses.fr/2017PA100121#
Le développement de l’archéologie agraire et de l’exploration des parties agricoles (pars rustica) des établissements ruraux de Gaule romaine, permet aujourd’hui de proposer une synthèse sur l’instrumentum fundi : l’équipement des domaines. À partir d’un échantillon de 140 sites archéologiques fouillés dans le nord de la Gaule, 1 600 équipements mobiliers (outils) et immobiliers (infrastructures et bâtiments) sont inventoriés. Ils représentent plus de 70 équipements de nature différente, qui sont caractérisés par leur structure, leur fonctionnement et leur fonction. La caractérisation de certains équipements comme les séchoirs à céréales, les outils à lier les gerbes et les échardonnoirs a été réalisée à partir d’expérimentations archéologiques menées avec le laboratoire départemental d’archéologie du Val-de-Marne à l’Espace d’aventures archéologiques situé dans le parc départemental des Hautes Bruyères (Villejuif).
Les découvertes archéologiques donnent une image très complète de l’équipement des exploitations au moment de leur fonctionnement, malgré des biais liés à l’incertitude des identifications et à la non-conservation de certains matériaux comme le bois et l’osier.
L’identification récurrente de greniers, bâtiments de stabulation, séchoirs ou encore sonnailles, faucilles et faux, offre l’image d’une activité domaniale d’abord tournée vers l’agriculture et l’élevage, ainsi que la transformation de produits alimentaires. Toutefois, les activités d’acquisition et de transformation de matériaux à des fins non alimentaires sont également bien présentes à travers des équipements tels que les fours de tuiliers, les marteaux, les ciseaux, etc.
L’assemblage des équipements et leur position dans les processus de production, à l’échelle de microrégions (Plaine de France, nord-est de Dijon, vallée de la Moselle, etc.) et du nord de la Gaule, permettent de préciser la nature de ces activités ; qui prennent part à l’entretien et au fonctionnement des exploitations mais dépasse parfois ce cadre pour participer à l’économie domaniale.
L’étude de certains équipements comme les fosses à fumier, les moulins hydrauliques ou encore le vallus nous conduit à identifier une dépense des domaines dans des installations et des outils performants que l’on peut, dans certains cas, qualifier d’innovations. Ces observations permettent de s’éloigner un peu plus de certains poncifs, parfois encore en vigueur, concernant une économie antique autarcique et stagnante, freinée par un retard technique et par l’esclavage. L’identification et la caractérisation des équipements renvoient, à l’inverse, l’image d’une économie plus ouverte associant des acteurs différents par leur superficie bâtie et cultivée, mais qui emploient, à leur échelle, des infrastructures et des outils efficaces.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Papers/chapters by Guillaume Huitorel
Le texte et la pratique : dialogues interdisciplinaires sur le statut du traité d’agriculture, Actes du colloque de Lyon (juin 2022), Lyon, CEROR, 57, 2024
Anaïs Berson, Guillaume Huitorel. Identifier les pratiques de travail du sol à l’époque romaine :... more Anaïs Berson, Guillaume Huitorel. Identifier les pratiques de travail du sol à l’époque romaine : dialogue entre données archéologiques, environnementales et textuelles. M. Bretin-Chabrol, M. Blandenet et P. Luccioni (dir.), Le texte et la pratique : dialogues interdisciplinaires sur le statut du traité d’agriculture, Actes du colloque de Lyon (juin 2022), 57, CEROR, pp.314-340, 2024, 978-2-36442-102-8.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Guillaume Huitorel. Herser dans les campagnes de la Gaule. Essai de caractérisation de la herse à... more Guillaume Huitorel. Herser dans les campagnes de la Gaule. Essai de caractérisation de la herse à cadre rigide à l'époque romaine. Éditions Universitaires de Dijon. Kasprzyk M., Tisserand N. (dir.), L’outillage agropastoral en Gaule (IIe av.-VIe s. ap.), pp.315-344, 2023, collection Art, Archéologie & Patrimoine, 978-2-36441-482-2
Les découvertes archéologiques permettent de proposer l’utilisation de herses à cadre rigide dans les campagnes de Gaule romaine. Ces dernières peuvent être entièrement en bois ou être dotées de dents en fer. Dans le second cas, il est parfois délicat de distinguer les dents de herses, des dents de râteaux, même si des données métriques (longueur, masse, etc.) et techniques (épaisseur estimée du châssis, courbure, etc.) apportent des éléments de différenciation. Les dents de herse en fer sont notamment plus massives et dotées généralement d’un système de fixation par contreplaque. La rareté des données sur le fonctionnement et la traction des herses demande une approche diachronique notamment à partir de l’iconographie médiévale qui révèle différentes pratiques comme l’alourdissement de l’instrument. Enfin, il est nécessaire d’ouvrir une réflexion sur l’implication de la herse dans le processus agricole qui peut servir, d’une part, au travail de la terre pour l’émottage et la lutte contre les adventices et, d’autre part, être employée pour enfouir les semis.
The archaeological discoveries allow to propose the use of harrows with rigid frame in the campaigns of Roman Gaul. They can be made entirely of wood or have iron teeth. In the second case, it is sometimes difficult to distinguish between harrow teeth and rake teeth, even if metric data (length, mass, etc.) and technical data (estimated thickness of the frame, curvature, etc.) provide elements of differentiation. The iron harrow teeth are notably more massive and generally equipped with a plywood fixing system. The scarcity of data on the operation and traction of harrows requires a diachronic approach, particularly based on medieval iconography that reveals different practices such as weighing down the instrument. Finally, it is necessary to reflect on the involvement of the harrow in the agricultural process, which can be used, on the one hand, to work the soil for pruning and weed control and, on the other hand, to bury the seedlings.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Luc Leconte, Guillaume Huitorel. L'outillage des établissements ruraux laténiens et gallo-romains... more Luc Leconte, Guillaume Huitorel. L'outillage des établissements ruraux laténiens et gallo-romains d'Île-de-France. Apports sur la caractérisation des activités agropastorales. Éditions Universitaires de Dijon. Kasprzyk M., Tisserand N. (dir.), L’outillage agropastoral en Gaule (IIe av.-VIe s. ap.), pp.101-125, 2023, collection Art, Archéologie & Patrimoine, 978-2-36441-482-2
Réalisée à l’échelle de l’Île-de-France, et pour La Tène C et D et l’époque romaine, cette étude se propose d’aborder l’outillage agropastoral tout d’abord par type d’activité : préparation des terres et labours, culture des petites parcelles, entretien des parcelles, entretien des arbres et récolte, moisson et fenaison, équipements associés à l’élevage. Puis les outils sont associés à l’unité paysagère d’Île-de-France où ils ont été découverts afin d’ouvrir une réflexion sur la présence/absence des objets sur les zones de plateau et de vallée.
This study, about the Île-de-France, for the Gaulish and Roman period, deals with agro-pastoral tools first of all by activity: preparation of land and ploughing, cultivation of small plots, maintenance of plots, maintenance of trees and harvest, harvesting and haying, breeding equipment. Then, the tools are associated with the plateau and valley areas where they were discovered to open a reflection on their distribution.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Guillaume Huitorel. Caractériser les outils agricoles d'époque romaine en Gaule. L'apport de l'ex... more Guillaume Huitorel. Caractériser les outils agricoles d'époque romaine en Gaule. L'apport de l'expérimentation archéologique. Éditions Universitaires de Dijon. Kasprzyk M., Tisserand N. (dir.), L’outillage agropastoral en Gaule (IIe av.-VIe s. ap.), 2023, collection Art, Archéologie & Patrimoine, 978-2-36441-482-2
Les spécialistes ne manquent pas de sources pour étudier les outils agricoles d’époque romaine en Gaule tels que les données archéologiques, les textes et les images. Toutefois, il est parfois délicat d’apporter des éléments de réponse concrets aux questions concernant la structure, le fonctionnement et la fonction des outils. La méthode de l’expérimentation peut alors mettre à l’épreuve des faits, des hypothèses théoriques, afin d’améliorer la caractérisation des objets et en perfectionner l’étude. Cette démarche a été effectuée pour des objets en fer et en bois de cerf généralement identifiés comme des échardonnoirs pour les premiers et des outils à lier pour les seconds.
Specialists do not lack sources to study agricultural tools from the Roman period in Gaul, such as archaeological data, texts and images. However, it is sometimes difficult to provide concrete answers to questions concerning tools structure, operation and function. The method of experimentation can then test theoretical hypotheses in order to improve the characterization of objects and perfect their study. This approach was carried out for iron and deer antler objects generally identified as thitle tools for the former and binding tools for the latter.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Faivre Xavier (dir.), Argiles. De la physique du matériau à l’expérimentation. Actes des journées d’études du Programme Collectif « Argiles » (2018-2020). UMR 7041 – ArScAn, Nanterre, Archaeopress, Oxford, 2023, 2023
Depuis la fin du XIXe siècle, des structures de combustion identifiées comme des séchoirs et fumo... more Depuis la fin du XIXe siècle, des structures de combustion identifiées comme des séchoirs et fumoirs sont régulièrement découvertes dans le nord de la Gaule dans des niveaux datés de l’époque romaine. Toutefois, de nombreuses interrogations persistent sur la forme, le fonctionnement et la fonction de ces installations souvent mal conservées. Afin d’apporter de nouveaux éléments de réflexion et de nouvelles pistes de recherche, un séchoir d’un type dit à canaux en T a été reconstitué en 2016 à l’espace d’aventures archéologiques (parc départemental des Hautes-Bruyères, Villejuif, Val-de-Marne) dans le cadre d’une convention entre l’UMR 7041 ArScAn et le laboratoire d’archéologie du Département du Val-de-Marne. Les premiers tests effectués sur le séchoir permettent de mieux comprendre la circulation des gaz dans l’installation et les phénomènes physico- chimiques qui doivent participer au séchage des denrées par « entraînement ». L’argile, par sa facilité d’accès, sa plasticité et sa bonne inertie thermique est un matériau souvent employé dans la construction des séchoirs, crue pour les murs en torchis ou cuite pour la fabrication d’éléments dans l’aménagement du système interne.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
E-Phaïstos - Revue d'histoire des techniques, 2022
https://journals.openedition.org/ephaistos/10349
Durant de nombreuses décennies, la recherche,... more https://journals.openedition.org/ephaistos/10349
Durant de nombreuses décennies, la recherche, francophone notamment, s'est opposée sur la question du progrès technique à l’Antiquité. Tandis que le courant « primitiviste » identifie une fracture technique entre l’Antiquité et les périodes qui suivent, en raison d’un blocage des mentalités et de l’esclavage ou d’une déficience technique, le courant « moderniste » met en avant des innovations techniques spécifiques à l’époque grecque et romaine. À partir des exemples du moulin hydraulique, du vallus et du fléau, il est possible de s’interroger sur les notions de conception, d’invention et d’innovation et d’identifier comment se sont construites les réflexions sur ce sujet et quels éléments ont progressivement fait basculer la position de la recherche : augmentation des découvertes archéologiques, meilleure identification et caractérisation des vestiges grâce à l’évolution des méthodes de l'archéologie, nouvelles propositions de lecture des textes anciens, contextualisation de l’iconographie, etc. Malgré les progrès de la recherche, les discussions autour de la conception et de l’innovation restent le lieu d’hypothèses qui doivent dépasser les débats entre courants de pensée et s’ouvrir à différentes possibilités, en s’appuyant toujours sur les données disponibles.
Water mill, vallus and flail. Historiographic reminders and reflections on conception, invention and innovation in Rural Ancient world
For several decades, French research was opposed to the question of technical progress in the Ancient World. While the « primitivists » identifies a technical divide between Antiquity and the periods that follow, due to a blockage of mentalities and slavery or a technical deficiency, the « modernists » identifies technical innovations in Greek and Roman periods. Based on the examples of water mill, vallus and flail, we examine the concepts of conception, invention and innovation to identify how reflections on this subject have been constructed and what has changed the course of research: increase of archaeological discoveries, better identification and characterization of archeological remains, new proposals for reading ancient texts, contextualization of images etc. Despite the progress of research, discussions about conception and innovation are still the place for hypotheses that must go beyond debates between schools of thought and open to different possibilities, always relying on the available data.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bulletin de la Société Préhistorique Française, 2022
Here is the english translation of the french paper entitled: Presentation of the Neolithic-type ... more Here is the english translation of the french paper entitled: Presentation of the Neolithic-type agriculture experiment of the « parc de la Haute-Île » (Neuilly-sur-Marne, France): implementation and first results from the cereal plots, Bulletin de la Société préhistorique française, 119, 1, p. 49-76. https://hal.science/mnhn-03633633/
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bernasconi G., Carnino G., Hilaire-Pérez L., Raveux O., Les Réparations dans l’Histoire. Cultures techniques et savoir-faire dans la longue durée, actes du colloque de Paris (2019), Paris, Presses des Mines, 2022
La question de la réparation des objets notamment métalliques dans les domaines de Gaule gallo-ro... more La question de la réparation des objets notamment métalliques dans les domaines de Gaule gallo-romaine est régulièrement reprise par les archéologues et les historiens parce qu’elle amène à s’interroger sur l’autosuffisance du domaine et sur la spécialisation des activités artisanales et agricoles. A travers trois angles d’approches complémentaires – les objets réparés, les équipements d’entretien et les forges de maintenance) – nous proposons de reprendre ce sujet pour montrer notamment la longue vie des objets métalliques maintes fois remis en état ainsi que la différence forte qu’il faut établir entre entretien et réparation ; le premier étant fait à froid et souvent sur le lieu de travail, le second à chaud en se fondant sur des infrastructures plus lourdes implantées ou itinérantes au cœur d’un marché large.
Theme of repairing metallic objects in rural settlements in Gaul during the Roman period is often taken up by archaeologists and historians because it raises questions about the self-sufficiency of the field and the specialization of artisanal and agricultural activities. Thanks to three complementary approaches – repaired objects, maintenance tools and maintenance forges – this article shows the long life of metallic objects that have been repaired several times and the difference between maintenance and repair; the first being cold and often in the workplace, the second hot with larger infrastructures installed or mobile in a wide market.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Blandenet M., Bretin-Chabrol M. (éd.), La terre et le grain. Lectures interdisciplinaires de Columelle De re rustica, I et II. Actes du colloque Columelle et les céréales (Lyon, 25-26 septembre 2018), Paris, De Boccard (coll. Études et Recherches sur l’Occident romain, 54), p. 189‑198., 2020
L’archéologie et ses méthodes ont depuis près de trois décennies maintenant profondément renouvel... more L’archéologie et ses méthodes ont depuis près de trois décennies maintenant profondément renouvelé nos connaissances des campagnes de Gaule romaine, qu’il s’agisse des habitats ou des paysages qui les entourent. Les problématiques associées sont nombreuses et peuvent notamment concerner la vie dans les campagnes, les activités qui s’y déroulent et l’organisation des établissements ruraux, à l’échelle d’un site ou d’un territoire. Les archéologues ont donc pris conscience depuis longtemps qu’il est nécessaire de développer différentes méthodes et outils pour affiner la compréhension des découvertes effectuées sur les sites. Mais ces méthodes ne peuvent systématiquement être appliquées notamment en raison de la conservation des vestiges. Ainsi, afin d’enrichir l’étude des bâtiments et des outils des établissements ruraux, pour prendre cet exemple, il est nécessaire de faire appel à d’autres sources de données et disciplines qui font des vestiges archéologiques, appréhendés concrètement dans leurs matériaux et leurs dimensions, des objets historiques qui évoluent dans un contexte sociétal et économique spécifique. Parmi les sources qui peuvent être convoquées, les textes latins, comme celui de Columelle, fournissent de précieuses informations sur les domaines ruraux, qu’il s’agisse de leur gestion, de leurs activités ou de leurs éléments constitutifs.
Une reprise de la littérature archéologique faisant appel aux textes latins permet de constater que les informations empruntées aux écrits semblent être de différentes natures :
- immatérielles lorsqu’il s’agit de discuter de la gestion et de l’économie des domaines ou encore des pratiques et systèmes agropastoraux,
- matérielles quand les informations visent à décrire et à participer à l’identification des parties des sites ou des équipements.
L’utilisation des textes latins en archéologie est un fait bien établi mais il n’existe pas un usage des textes mais bien des usages, qui manquent parfois d’un cadre méthodologique, suscitant des débats sur la manière de faire appel à cette source de données.
L’ensemble des prescriptions portant sur l’agriculture et l’élevage dans la littérature latine donne un état des connaissances agronomiques et des modes de gestions des domaines à l’Antiquité et ce sur une longue période. Les textes latins fournissent alors un contexte aux découvertes archéologiques. Il est toutefois nécessaire de mentionner plusieurs limites à l’utilisation des textes. D’abord, les auteurs latins évoquent peu la Gaule, ce qui pose inévitablement la question de la possibilité de transposer des informations concernant surtout l’Italie pour étudier la Gaule et notamment sa partie septentrionale qui correspond à une zone géographique, climatique, historique et économique différente. De plus, les prescriptions des agronomes latins ont souvent un caractère général difficile à appliquer directement aux données archéologiques. Enfin, il faut noter la difficulté de transposer un mot latin à un objet ou bâtiment découvert lors d’une fouille archéologique.
Utilisées avec prudence et méthode, les prescriptions des agronomes latins peuvent participer à l’étude de certains équipements découverts par l’archéologie comme un certain type de fosse associé au stockage du fumier. L’insistance de Columelle notamment sur l’amendement permet d’abord de mesurer l’importance de cette pratique dès l’Antiquité dans le système agricole mais participe aussi à l’interprétation d’éléments matériels. Dans l’analyse de fosses découvertes récemment, les prescriptions des auteurs latins affinent la compréhension de certaines observations effectuées sur le terrain et en laboratoire comme la localisation des fosses à proximité des bâtiments et enclos dédiés au séjour des animaux qui produisent le fumier, son mode de stockage grâce aux aménagements des fosses ou encore sa conservation avec le système de double fosse et la pratique d’humectation.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Antiquité Tardive. Revue Internationale d'Histoire et d'Archéologie (IVe-VIIe siècle), 2019
Plant storage for food is necessary to ensure a varied diet all year long, and to keep the seedli... more Plant storage for food is necessary to ensure a varied diet all year long, and to keep the seedlings. Rural settlements of Late Antiquity store different products: cereals, legumes, fruits, fodder plants, straw, wood, etc. Several ways of conserving plants coexist. The storage of small quantities is realised without specific installation, in ceramics or in chests. The storage of larger volumes requires specialized equipment such as underground silos for conservation in a confined atmosphere and buildings for conservation in a renewed atmosphere.
An inventory of granaries from rural settlements of Late Antiquity shows continuity with the previous centuries. However, several characteristics are specific to the end of Antiquity such as the reuse of domestic rooms as a storage space or the fortification of buildings. Research on storage and conservation modes and equipment will help to better understand the specificities of Late Antiquity and early Middle Ages, such as the resurgence of the confined-atmosphere storage.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Gallia. Archéologie des Gaules, 2018
https://journals.openedition.org/gallia/3988
La fouille archéologique du site de la Côte à Con... more https://journals.openedition.org/gallia/3988
La fouille archéologique du site de la Côte à Contrexéville (Vosges), réalisée en 1988 par le Cercle d’études locales de Contrexéville, a permis de mettre partiellement au jour les vestiges d’un établissement rural et notamment ceux d’une cave incendiée, puis abandonnée entre la fin du iie s. et le premier tiers du iiie s. apr. J.-C. L’incendie a scellé un ensemble mobilier qui se compose de nombreuses céramiques de stockage de gabarits divers, ainsi que d’outils en pierre et en fer, dont l’intégralité des dents d’une herse. Les outils qui ont été identifiés constituent certainement une part non négligeable de l’outillage en fer de cette exploitation agricole, et permettent de discuter du caractère représentatif de cette découverte archéologique.
The toolkit from the site of La Côte in Contrexéville (Vosges). Study of the agropastoral and artisanal equipment from a rural settlement (2nd-3rd c. AD)
The archaeological excavation of the site “la Côte” in Contrexéville, led in 1988 by Le Cercle d’études locales de Contrexéville, revealed some of the vestiges of a rural settlement and in particular a cellar burnt down between the end of the 2nd c. and the first third of the 3rd c. AD. The fire sealed a set of pottery and tools, including a complete harrow. Identified tools certainly constitute a considerable component of the iron equipment of this rural settlement and allow us to discuss the representativeness of this archaeological discovery.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
by Isabelle Bertrand, Kordula Gostencnik, Amy Rodighiero, Guillaume Huitorel, Antony Carbone, Gaëlle Morillon, Franck Gabayet, Annamaria Carini, Marie-Astrid Chazottes, Olivier Thuaudet, and Nina Crummy Articles, bibliography, book reviews, ...
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bulletin Instrumentum, 2018
Dans un article récent du Bulletin Instrumentum, Franziska Dövener s’interrogeait sur l’identific... more Dans un article récent du Bulletin Instrumentum, Franziska Dövener s’interrogeait sur l’identification et la caractérisation d’un objet triangulaire (Dövener 2017). La découverte d’un lot d’outils romains en contexte de cave incendiée ainsi que des analogies avec des équipements traditionnels permettent d’identifier ces objets comme des marteaux à rabattre les lames...Cet article s'interroge également sur l'association fonctionnelle de ces marteaux avec les enclumettes.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
F. Trément (dir.), Produire, transformer et stocker dans les campagnes des Gaules romaines. Problèmes d’interprétation fonctionnelle et économique des bâtiments d’exploitation et des structures de production agro-pastorale, Bordeaux, Aquitania (supplément, 38), 2018
Connus depuis le début du XXe s., les séchoirs et/ou fumoirs suscitent toujours de nombreux débat... more Connus depuis le début du XXe s., les séchoirs et/ou fumoirs suscitent toujours de nombreux débats en raison des difficultés rencontrées pour comprendre précisément leur fonctionnement et plus largement leur place dans l’économie antique. Les développements de l’archéologie préventive et la multiplication des découvertes permettent aujourd’hui de rassembler un corpus de plus de 270 installations réparties dans de larges secteurs du Nord-Ouest de l’Europe. Leur étude révèle les liens étroits entre séchage et fumage, et incite à dissocier la typologie des fours de leurs fonctions. Celles-ci étaient de toute évidence multiples et dépendaient de paramètres variant selon les régions, les besoins et les modalités d’utilisation des fours. Leur association étroite avec les activités domestiques et agricoles en fait une structure pérenne dont l’utilisation doit être analysée dans la diachronie.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
A. Bats, Les céréales dans le monde antique. Regards croisés sur les stratégies de gestion des cultures, de leur stockage et de leurs modes de consommation, Nehet, 5, 2017
Bookmarks Related papers MentionsView impact
https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=1244
Les structures de combustion de... more https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=1244
Les structures de combustion de l’époque romaine en Gaule nommées séchoirs ou fumoirs, interrogent encore malgré la multiplication des découvertes et des études. En effet, des zones d’ombre demeurent autour du fonctionnement et de la destination de ces installations. La forme et la disposition des chambres de traitement – qui contiennent les produits traités – posent notamment des questions auxquelles les archéologues ont répondu par plusieurs hypothèses.
Afin de les mettre à l’épreuve et de les illustrer, une expérience de modélisation 3D a été menée dans le cadre d’une communication et d’un article dressant un bilan des recherches sur les séchoirs et fumoirs.
Ces modélisations, réalisées à partir de documents iconographiques, de restitutions déjà existantes et d’hypothèses de travail, ont permis, autour de modèles de base de varier les systèmes d’accès ou d’évacuation de la fumée.
Cette expérimentation virtuelle, menée par un archéologue, autodidacte concernant la prise en main du logiciel de modélisation Blender, a joué un rôle dans la réflexion portant sur les solutions techniques des séchoirs, tout en permettant d’obtenir des supports visuels pouvant être commentés, repris ou critiqués par les chercheurs. Toutefois, certaines questions restent encore en suspens, telle la performance des structures, où seule une simulation informatique du comportement de la chaleur et de la fumée ou une expérimentation réelle pourraient apporter des éléments de réflexion.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Revue archéologique du Loiret et de l'axe ligérien. L'artisanat dans le contexte de recherche archéologique préventive : approches pluridisciplinaires. Hors série n°3., 2016
Aujourd’hui, l’archéologie préventive offre la possibilité d’appréhender des sites sur de grandes... more Aujourd’hui, l’archéologie préventive offre la possibilité d’appréhender des sites sur de grandes superficies, mais avec des moyens humains et dans un laps de temps limités qui poussent les archéologues à innover dans leur approche méthodologique. Sur la villa de Damblain (Vosges), l’impossibilité de fouiller exhaustivement tous les espaces situés entre les bâtiments de la pars rustica et de la pars urbana a été en partie compensée par un repérage systématique des différentes zones au détecteurs à métaux. Une détection du mobilier métallique au sein des bâtiments fouillés, suivant un protocole différent a également été pratiquée, permettant de mieux quantifier et organiser la fouille. Cette méthode, soumise à une autorisation du SRA, a permis de découvrir en contextes bien référencés un grand nombre d’objets métalliques et notamment un important lot d’outils permettant de mieux caractériser les activités et les différents espaces de cet établissement rural.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Séminaire TransImage 2014, 2014
https://transimage.hypotheses.org/exposes-2014
Quels sont les équipements (outils, bâtiments, ... more https://transimage.hypotheses.org/exposes-2014
Quels sont les équipements (outils, bâtiments, infrastructures) des établissements ruraux qui occupent les campagnes du Nord de la Gaule ? Quelles sont leurs caractéristiques fonctionnelles ? A quelle(s) fin(s) sont-ils employés ?
Pour répondre à ces questions, si l’archéologie et les textes sont d’un apport indéniable, les images, malgré les limites de leur interprétation, vont venir compléter ce triptyque en apportant une dimension supplémentaire...
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Uploads
Books by Guillaume Huitorel
G. Huitorel, Outils, bâtiments et structures d’exploitation des campagnes du nord de la Gaule. Essai de caractérisation des équipements et des activités des établissements ruraux (Ier-Ve s. apr. J.-C.), Drémil Lafage, Éditions Mergoil (monographies instrumentum, 66), 2020, 556 p.
Le développement de l’archéologie agraire et l’exploration plus systématique des parties économiques et fonctionnelles des établissements ruraux offrent la possibilité de proposer une synthèse sur l’équipement des domaines du nord de la Gaule à l’époque romaine. À partir d’un échantillon de 140 exploitations fouillées, notamment dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive, 1 600 équipements mobiliers et immobiliers ont été répertoriés. Ils représentent plus de 70 outils, bâtiments et structures de nature différente, qui, appréhendés par leur structure, leur fonctionnement et leur fonction, donnent une image très complète de l’équipement des exploitations au moment de leur fonctionnement, malgré des biais liés aux difficultés d’identification et à la non-conservation de certains matériaux comme le bois, l’osier ou encore le cuir. L’identification récurrente de greniers, bâtiments de stabulation, séchoirs ou encore sonnailles, faucilles et faux témoigne d’une activité domaniale d’abord tournée vers l’agriculture et l’élevage, ainsi que vers la transformation de produits alimentaires, sans exclure toutefois les activités d’acquisition et de transformation de matériaux à des fins non alimentaires représentées par les fours artisanaux, les marteaux ou encore les ciseaux.
Les reconstitutions puis expérimentations menées sur les séchoirs, les outils à lier et les échardonnoirs, ainsi que l’intégration systématique de l’ensemble des équipements dans les processus de production ont permis de préciser la nature de ces activités, qui prennent part à l’entretien et au fonctionnement des exploitations et dépassent parfois même ce cadre pour participer à l’économie des domaines. Enfin, l’étude de certains équipements comme les fosses à fumier, les moulins hydrauliques ou encore le vallus incite à identifier une dépense des domaines dans des installations et des outils performants que l’on peut, dans certains cas, qualifier d’innovations. Ces observations permettent manifestement de reconsidérer certains poncifs, parfois encore en vigueur, qualifiant l’économie antique d’autarcique et de stagnante, freinée par un retard technique et par l’esclavage. L’identification et la caractérisation des équipements renvoient, à l’inverse, l’image d’une économie plus ouverte associant des acteurs différents par leur superficie bâtie et cultivée, et qui emploient tous, à leur échelle, des infrastructures et des outils efficaces.
PhD by Guillaume Huitorel
Le développement de l’archéologie agraire et de l’exploration des parties agricoles (pars rustica) des établissements ruraux de Gaule romaine, permet aujourd’hui de proposer une synthèse sur l’instrumentum fundi : l’équipement des domaines. À partir d’un échantillon de 140 sites archéologiques fouillés dans le nord de la Gaule, 1 600 équipements mobiliers (outils) et immobiliers (infrastructures et bâtiments) sont inventoriés. Ils représentent plus de 70 équipements de nature différente, qui sont caractérisés par leur structure, leur fonctionnement et leur fonction. La caractérisation de certains équipements comme les séchoirs à céréales, les outils à lier les gerbes et les échardonnoirs a été réalisée à partir d’expérimentations archéologiques menées avec le laboratoire départemental d’archéologie du Val-de-Marne à l’Espace d’aventures archéologiques situé dans le parc départemental des Hautes Bruyères (Villejuif).
Les découvertes archéologiques donnent une image très complète de l’équipement des exploitations au moment de leur fonctionnement, malgré des biais liés à l’incertitude des identifications et à la non-conservation de certains matériaux comme le bois et l’osier.
L’identification récurrente de greniers, bâtiments de stabulation, séchoirs ou encore sonnailles, faucilles et faux, offre l’image d’une activité domaniale d’abord tournée vers l’agriculture et l’élevage, ainsi que la transformation de produits alimentaires. Toutefois, les activités d’acquisition et de transformation de matériaux à des fins non alimentaires sont également bien présentes à travers des équipements tels que les fours de tuiliers, les marteaux, les ciseaux, etc.
L’assemblage des équipements et leur position dans les processus de production, à l’échelle de microrégions (Plaine de France, nord-est de Dijon, vallée de la Moselle, etc.) et du nord de la Gaule, permettent de préciser la nature de ces activités ; qui prennent part à l’entretien et au fonctionnement des exploitations mais dépasse parfois ce cadre pour participer à l’économie domaniale.
L’étude de certains équipements comme les fosses à fumier, les moulins hydrauliques ou encore le vallus nous conduit à identifier une dépense des domaines dans des installations et des outils performants que l’on peut, dans certains cas, qualifier d’innovations. Ces observations permettent de s’éloigner un peu plus de certains poncifs, parfois encore en vigueur, concernant une économie antique autarcique et stagnante, freinée par un retard technique et par l’esclavage. L’identification et la caractérisation des équipements renvoient, à l’inverse, l’image d’une économie plus ouverte associant des acteurs différents par leur superficie bâtie et cultivée, mais qui emploient, à leur échelle, des infrastructures et des outils efficaces.
Papers/chapters by Guillaume Huitorel
Les découvertes archéologiques permettent de proposer l’utilisation de herses à cadre rigide dans les campagnes de Gaule romaine. Ces dernières peuvent être entièrement en bois ou être dotées de dents en fer. Dans le second cas, il est parfois délicat de distinguer les dents de herses, des dents de râteaux, même si des données métriques (longueur, masse, etc.) et techniques (épaisseur estimée du châssis, courbure, etc.) apportent des éléments de différenciation. Les dents de herse en fer sont notamment plus massives et dotées généralement d’un système de fixation par contreplaque. La rareté des données sur le fonctionnement et la traction des herses demande une approche diachronique notamment à partir de l’iconographie médiévale qui révèle différentes pratiques comme l’alourdissement de l’instrument. Enfin, il est nécessaire d’ouvrir une réflexion sur l’implication de la herse dans le processus agricole qui peut servir, d’une part, au travail de la terre pour l’émottage et la lutte contre les adventices et, d’autre part, être employée pour enfouir les semis.
The archaeological discoveries allow to propose the use of harrows with rigid frame in the campaigns of Roman Gaul. They can be made entirely of wood or have iron teeth. In the second case, it is sometimes difficult to distinguish between harrow teeth and rake teeth, even if metric data (length, mass, etc.) and technical data (estimated thickness of the frame, curvature, etc.) provide elements of differentiation. The iron harrow teeth are notably more massive and generally equipped with a plywood fixing system. The scarcity of data on the operation and traction of harrows requires a diachronic approach, particularly based on medieval iconography that reveals different practices such as weighing down the instrument. Finally, it is necessary to reflect on the involvement of the harrow in the agricultural process, which can be used, on the one hand, to work the soil for pruning and weed control and, on the other hand, to bury the seedlings.
Réalisée à l’échelle de l’Île-de-France, et pour La Tène C et D et l’époque romaine, cette étude se propose d’aborder l’outillage agropastoral tout d’abord par type d’activité : préparation des terres et labours, culture des petites parcelles, entretien des parcelles, entretien des arbres et récolte, moisson et fenaison, équipements associés à l’élevage. Puis les outils sont associés à l’unité paysagère d’Île-de-France où ils ont été découverts afin d’ouvrir une réflexion sur la présence/absence des objets sur les zones de plateau et de vallée.
This study, about the Île-de-France, for the Gaulish and Roman period, deals with agro-pastoral tools first of all by activity: preparation of land and ploughing, cultivation of small plots, maintenance of plots, maintenance of trees and harvest, harvesting and haying, breeding equipment. Then, the tools are associated with the plateau and valley areas where they were discovered to open a reflection on their distribution.
Les spécialistes ne manquent pas de sources pour étudier les outils agricoles d’époque romaine en Gaule tels que les données archéologiques, les textes et les images. Toutefois, il est parfois délicat d’apporter des éléments de réponse concrets aux questions concernant la structure, le fonctionnement et la fonction des outils. La méthode de l’expérimentation peut alors mettre à l’épreuve des faits, des hypothèses théoriques, afin d’améliorer la caractérisation des objets et en perfectionner l’étude. Cette démarche a été effectuée pour des objets en fer et en bois de cerf généralement identifiés comme des échardonnoirs pour les premiers et des outils à lier pour les seconds.
Specialists do not lack sources to study agricultural tools from the Roman period in Gaul, such as archaeological data, texts and images. However, it is sometimes difficult to provide concrete answers to questions concerning tools structure, operation and function. The method of experimentation can then test theoretical hypotheses in order to improve the characterization of objects and perfect their study. This approach was carried out for iron and deer antler objects generally identified as thitle tools for the former and binding tools for the latter.
Durant de nombreuses décennies, la recherche, francophone notamment, s'est opposée sur la question du progrès technique à l’Antiquité. Tandis que le courant « primitiviste » identifie une fracture technique entre l’Antiquité et les périodes qui suivent, en raison d’un blocage des mentalités et de l’esclavage ou d’une déficience technique, le courant « moderniste » met en avant des innovations techniques spécifiques à l’époque grecque et romaine. À partir des exemples du moulin hydraulique, du vallus et du fléau, il est possible de s’interroger sur les notions de conception, d’invention et d’innovation et d’identifier comment se sont construites les réflexions sur ce sujet et quels éléments ont progressivement fait basculer la position de la recherche : augmentation des découvertes archéologiques, meilleure identification et caractérisation des vestiges grâce à l’évolution des méthodes de l'archéologie, nouvelles propositions de lecture des textes anciens, contextualisation de l’iconographie, etc. Malgré les progrès de la recherche, les discussions autour de la conception et de l’innovation restent le lieu d’hypothèses qui doivent dépasser les débats entre courants de pensée et s’ouvrir à différentes possibilités, en s’appuyant toujours sur les données disponibles.
Water mill, vallus and flail. Historiographic reminders and reflections on conception, invention and innovation in Rural Ancient world
For several decades, French research was opposed to the question of technical progress in the Ancient World. While the « primitivists » identifies a technical divide between Antiquity and the periods that follow, due to a blockage of mentalities and slavery or a technical deficiency, the « modernists » identifies technical innovations in Greek and Roman periods. Based on the examples of water mill, vallus and flail, we examine the concepts of conception, invention and innovation to identify how reflections on this subject have been constructed and what has changed the course of research: increase of archaeological discoveries, better identification and characterization of archeological remains, new proposals for reading ancient texts, contextualization of images etc. Despite the progress of research, discussions about conception and innovation are still the place for hypotheses that must go beyond debates between schools of thought and open to different possibilities, always relying on the available data.
Theme of repairing metallic objects in rural settlements in Gaul during the Roman period is often taken up by archaeologists and historians because it raises questions about the self-sufficiency of the field and the specialization of artisanal and agricultural activities. Thanks to three complementary approaches – repaired objects, maintenance tools and maintenance forges – this article shows the long life of metallic objects that have been repaired several times and the difference between maintenance and repair; the first being cold and often in the workplace, the second hot with larger infrastructures installed or mobile in a wide market.
Une reprise de la littérature archéologique faisant appel aux textes latins permet de constater que les informations empruntées aux écrits semblent être de différentes natures :
- immatérielles lorsqu’il s’agit de discuter de la gestion et de l’économie des domaines ou encore des pratiques et systèmes agropastoraux,
- matérielles quand les informations visent à décrire et à participer à l’identification des parties des sites ou des équipements.
L’utilisation des textes latins en archéologie est un fait bien établi mais il n’existe pas un usage des textes mais bien des usages, qui manquent parfois d’un cadre méthodologique, suscitant des débats sur la manière de faire appel à cette source de données.
L’ensemble des prescriptions portant sur l’agriculture et l’élevage dans la littérature latine donne un état des connaissances agronomiques et des modes de gestions des domaines à l’Antiquité et ce sur une longue période. Les textes latins fournissent alors un contexte aux découvertes archéologiques. Il est toutefois nécessaire de mentionner plusieurs limites à l’utilisation des textes. D’abord, les auteurs latins évoquent peu la Gaule, ce qui pose inévitablement la question de la possibilité de transposer des informations concernant surtout l’Italie pour étudier la Gaule et notamment sa partie septentrionale qui correspond à une zone géographique, climatique, historique et économique différente. De plus, les prescriptions des agronomes latins ont souvent un caractère général difficile à appliquer directement aux données archéologiques. Enfin, il faut noter la difficulté de transposer un mot latin à un objet ou bâtiment découvert lors d’une fouille archéologique.
Utilisées avec prudence et méthode, les prescriptions des agronomes latins peuvent participer à l’étude de certains équipements découverts par l’archéologie comme un certain type de fosse associé au stockage du fumier. L’insistance de Columelle notamment sur l’amendement permet d’abord de mesurer l’importance de cette pratique dès l’Antiquité dans le système agricole mais participe aussi à l’interprétation d’éléments matériels. Dans l’analyse de fosses découvertes récemment, les prescriptions des auteurs latins affinent la compréhension de certaines observations effectuées sur le terrain et en laboratoire comme la localisation des fosses à proximité des bâtiments et enclos dédiés au séjour des animaux qui produisent le fumier, son mode de stockage grâce aux aménagements des fosses ou encore sa conservation avec le système de double fosse et la pratique d’humectation.
An inventory of granaries from rural settlements of Late Antiquity shows continuity with the previous centuries. However, several characteristics are specific to the end of Antiquity such as the reuse of domestic rooms as a storage space or the fortification of buildings. Research on storage and conservation modes and equipment will help to better understand the specificities of Late Antiquity and early Middle Ages, such as the resurgence of the confined-atmosphere storage.
La fouille archéologique du site de la Côte à Contrexéville (Vosges), réalisée en 1988 par le Cercle d’études locales de Contrexéville, a permis de mettre partiellement au jour les vestiges d’un établissement rural et notamment ceux d’une cave incendiée, puis abandonnée entre la fin du iie s. et le premier tiers du iiie s. apr. J.-C. L’incendie a scellé un ensemble mobilier qui se compose de nombreuses céramiques de stockage de gabarits divers, ainsi que d’outils en pierre et en fer, dont l’intégralité des dents d’une herse. Les outils qui ont été identifiés constituent certainement une part non négligeable de l’outillage en fer de cette exploitation agricole, et permettent de discuter du caractère représentatif de cette découverte archéologique.
The toolkit from the site of La Côte in Contrexéville (Vosges). Study of the agropastoral and artisanal equipment from a rural settlement (2nd-3rd c. AD)
The archaeological excavation of the site “la Côte” in Contrexéville, led in 1988 by Le Cercle d’études locales de Contrexéville, revealed some of the vestiges of a rural settlement and in particular a cellar burnt down between the end of the 2nd c. and the first third of the 3rd c. AD. The fire sealed a set of pottery and tools, including a complete harrow. Identified tools certainly constitute a considerable component of the iron equipment of this rural settlement and allow us to discuss the representativeness of this archaeological discovery.
Les structures de combustion de l’époque romaine en Gaule nommées séchoirs ou fumoirs, interrogent encore malgré la multiplication des découvertes et des études. En effet, des zones d’ombre demeurent autour du fonctionnement et de la destination de ces installations. La forme et la disposition des chambres de traitement – qui contiennent les produits traités – posent notamment des questions auxquelles les archéologues ont répondu par plusieurs hypothèses.
Afin de les mettre à l’épreuve et de les illustrer, une expérience de modélisation 3D a été menée dans le cadre d’une communication et d’un article dressant un bilan des recherches sur les séchoirs et fumoirs.
Ces modélisations, réalisées à partir de documents iconographiques, de restitutions déjà existantes et d’hypothèses de travail, ont permis, autour de modèles de base de varier les systèmes d’accès ou d’évacuation de la fumée.
Cette expérimentation virtuelle, menée par un archéologue, autodidacte concernant la prise en main du logiciel de modélisation Blender, a joué un rôle dans la réflexion portant sur les solutions techniques des séchoirs, tout en permettant d’obtenir des supports visuels pouvant être commentés, repris ou critiqués par les chercheurs. Toutefois, certaines questions restent encore en suspens, telle la performance des structures, où seule une simulation informatique du comportement de la chaleur et de la fumée ou une expérimentation réelle pourraient apporter des éléments de réflexion.
Quels sont les équipements (outils, bâtiments, infrastructures) des établissements ruraux qui occupent les campagnes du Nord de la Gaule ? Quelles sont leurs caractéristiques fonctionnelles ? A quelle(s) fin(s) sont-ils employés ?
Pour répondre à ces questions, si l’archéologie et les textes sont d’un apport indéniable, les images, malgré les limites de leur interprétation, vont venir compléter ce triptyque en apportant une dimension supplémentaire...
G. Huitorel, Outils, bâtiments et structures d’exploitation des campagnes du nord de la Gaule. Essai de caractérisation des équipements et des activités des établissements ruraux (Ier-Ve s. apr. J.-C.), Drémil Lafage, Éditions Mergoil (monographies instrumentum, 66), 2020, 556 p.
Le développement de l’archéologie agraire et l’exploration plus systématique des parties économiques et fonctionnelles des établissements ruraux offrent la possibilité de proposer une synthèse sur l’équipement des domaines du nord de la Gaule à l’époque romaine. À partir d’un échantillon de 140 exploitations fouillées, notamment dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive, 1 600 équipements mobiliers et immobiliers ont été répertoriés. Ils représentent plus de 70 outils, bâtiments et structures de nature différente, qui, appréhendés par leur structure, leur fonctionnement et leur fonction, donnent une image très complète de l’équipement des exploitations au moment de leur fonctionnement, malgré des biais liés aux difficultés d’identification et à la non-conservation de certains matériaux comme le bois, l’osier ou encore le cuir. L’identification récurrente de greniers, bâtiments de stabulation, séchoirs ou encore sonnailles, faucilles et faux témoigne d’une activité domaniale d’abord tournée vers l’agriculture et l’élevage, ainsi que vers la transformation de produits alimentaires, sans exclure toutefois les activités d’acquisition et de transformation de matériaux à des fins non alimentaires représentées par les fours artisanaux, les marteaux ou encore les ciseaux.
Les reconstitutions puis expérimentations menées sur les séchoirs, les outils à lier et les échardonnoirs, ainsi que l’intégration systématique de l’ensemble des équipements dans les processus de production ont permis de préciser la nature de ces activités, qui prennent part à l’entretien et au fonctionnement des exploitations et dépassent parfois même ce cadre pour participer à l’économie des domaines. Enfin, l’étude de certains équipements comme les fosses à fumier, les moulins hydrauliques ou encore le vallus incite à identifier une dépense des domaines dans des installations et des outils performants que l’on peut, dans certains cas, qualifier d’innovations. Ces observations permettent manifestement de reconsidérer certains poncifs, parfois encore en vigueur, qualifiant l’économie antique d’autarcique et de stagnante, freinée par un retard technique et par l’esclavage. L’identification et la caractérisation des équipements renvoient, à l’inverse, l’image d’une économie plus ouverte associant des acteurs différents par leur superficie bâtie et cultivée, et qui emploient tous, à leur échelle, des infrastructures et des outils efficaces.
Le développement de l’archéologie agraire et de l’exploration des parties agricoles (pars rustica) des établissements ruraux de Gaule romaine, permet aujourd’hui de proposer une synthèse sur l’instrumentum fundi : l’équipement des domaines. À partir d’un échantillon de 140 sites archéologiques fouillés dans le nord de la Gaule, 1 600 équipements mobiliers (outils) et immobiliers (infrastructures et bâtiments) sont inventoriés. Ils représentent plus de 70 équipements de nature différente, qui sont caractérisés par leur structure, leur fonctionnement et leur fonction. La caractérisation de certains équipements comme les séchoirs à céréales, les outils à lier les gerbes et les échardonnoirs a été réalisée à partir d’expérimentations archéologiques menées avec le laboratoire départemental d’archéologie du Val-de-Marne à l’Espace d’aventures archéologiques situé dans le parc départemental des Hautes Bruyères (Villejuif).
Les découvertes archéologiques donnent une image très complète de l’équipement des exploitations au moment de leur fonctionnement, malgré des biais liés à l’incertitude des identifications et à la non-conservation de certains matériaux comme le bois et l’osier.
L’identification récurrente de greniers, bâtiments de stabulation, séchoirs ou encore sonnailles, faucilles et faux, offre l’image d’une activité domaniale d’abord tournée vers l’agriculture et l’élevage, ainsi que la transformation de produits alimentaires. Toutefois, les activités d’acquisition et de transformation de matériaux à des fins non alimentaires sont également bien présentes à travers des équipements tels que les fours de tuiliers, les marteaux, les ciseaux, etc.
L’assemblage des équipements et leur position dans les processus de production, à l’échelle de microrégions (Plaine de France, nord-est de Dijon, vallée de la Moselle, etc.) et du nord de la Gaule, permettent de préciser la nature de ces activités ; qui prennent part à l’entretien et au fonctionnement des exploitations mais dépasse parfois ce cadre pour participer à l’économie domaniale.
L’étude de certains équipements comme les fosses à fumier, les moulins hydrauliques ou encore le vallus nous conduit à identifier une dépense des domaines dans des installations et des outils performants que l’on peut, dans certains cas, qualifier d’innovations. Ces observations permettent de s’éloigner un peu plus de certains poncifs, parfois encore en vigueur, concernant une économie antique autarcique et stagnante, freinée par un retard technique et par l’esclavage. L’identification et la caractérisation des équipements renvoient, à l’inverse, l’image d’une économie plus ouverte associant des acteurs différents par leur superficie bâtie et cultivée, mais qui emploient, à leur échelle, des infrastructures et des outils efficaces.
Les découvertes archéologiques permettent de proposer l’utilisation de herses à cadre rigide dans les campagnes de Gaule romaine. Ces dernières peuvent être entièrement en bois ou être dotées de dents en fer. Dans le second cas, il est parfois délicat de distinguer les dents de herses, des dents de râteaux, même si des données métriques (longueur, masse, etc.) et techniques (épaisseur estimée du châssis, courbure, etc.) apportent des éléments de différenciation. Les dents de herse en fer sont notamment plus massives et dotées généralement d’un système de fixation par contreplaque. La rareté des données sur le fonctionnement et la traction des herses demande une approche diachronique notamment à partir de l’iconographie médiévale qui révèle différentes pratiques comme l’alourdissement de l’instrument. Enfin, il est nécessaire d’ouvrir une réflexion sur l’implication de la herse dans le processus agricole qui peut servir, d’une part, au travail de la terre pour l’émottage et la lutte contre les adventices et, d’autre part, être employée pour enfouir les semis.
The archaeological discoveries allow to propose the use of harrows with rigid frame in the campaigns of Roman Gaul. They can be made entirely of wood or have iron teeth. In the second case, it is sometimes difficult to distinguish between harrow teeth and rake teeth, even if metric data (length, mass, etc.) and technical data (estimated thickness of the frame, curvature, etc.) provide elements of differentiation. The iron harrow teeth are notably more massive and generally equipped with a plywood fixing system. The scarcity of data on the operation and traction of harrows requires a diachronic approach, particularly based on medieval iconography that reveals different practices such as weighing down the instrument. Finally, it is necessary to reflect on the involvement of the harrow in the agricultural process, which can be used, on the one hand, to work the soil for pruning and weed control and, on the other hand, to bury the seedlings.
Réalisée à l’échelle de l’Île-de-France, et pour La Tène C et D et l’époque romaine, cette étude se propose d’aborder l’outillage agropastoral tout d’abord par type d’activité : préparation des terres et labours, culture des petites parcelles, entretien des parcelles, entretien des arbres et récolte, moisson et fenaison, équipements associés à l’élevage. Puis les outils sont associés à l’unité paysagère d’Île-de-France où ils ont été découverts afin d’ouvrir une réflexion sur la présence/absence des objets sur les zones de plateau et de vallée.
This study, about the Île-de-France, for the Gaulish and Roman period, deals with agro-pastoral tools first of all by activity: preparation of land and ploughing, cultivation of small plots, maintenance of plots, maintenance of trees and harvest, harvesting and haying, breeding equipment. Then, the tools are associated with the plateau and valley areas where they were discovered to open a reflection on their distribution.
Les spécialistes ne manquent pas de sources pour étudier les outils agricoles d’époque romaine en Gaule tels que les données archéologiques, les textes et les images. Toutefois, il est parfois délicat d’apporter des éléments de réponse concrets aux questions concernant la structure, le fonctionnement et la fonction des outils. La méthode de l’expérimentation peut alors mettre à l’épreuve des faits, des hypothèses théoriques, afin d’améliorer la caractérisation des objets et en perfectionner l’étude. Cette démarche a été effectuée pour des objets en fer et en bois de cerf généralement identifiés comme des échardonnoirs pour les premiers et des outils à lier pour les seconds.
Specialists do not lack sources to study agricultural tools from the Roman period in Gaul, such as archaeological data, texts and images. However, it is sometimes difficult to provide concrete answers to questions concerning tools structure, operation and function. The method of experimentation can then test theoretical hypotheses in order to improve the characterization of objects and perfect their study. This approach was carried out for iron and deer antler objects generally identified as thitle tools for the former and binding tools for the latter.
Durant de nombreuses décennies, la recherche, francophone notamment, s'est opposée sur la question du progrès technique à l’Antiquité. Tandis que le courant « primitiviste » identifie une fracture technique entre l’Antiquité et les périodes qui suivent, en raison d’un blocage des mentalités et de l’esclavage ou d’une déficience technique, le courant « moderniste » met en avant des innovations techniques spécifiques à l’époque grecque et romaine. À partir des exemples du moulin hydraulique, du vallus et du fléau, il est possible de s’interroger sur les notions de conception, d’invention et d’innovation et d’identifier comment se sont construites les réflexions sur ce sujet et quels éléments ont progressivement fait basculer la position de la recherche : augmentation des découvertes archéologiques, meilleure identification et caractérisation des vestiges grâce à l’évolution des méthodes de l'archéologie, nouvelles propositions de lecture des textes anciens, contextualisation de l’iconographie, etc. Malgré les progrès de la recherche, les discussions autour de la conception et de l’innovation restent le lieu d’hypothèses qui doivent dépasser les débats entre courants de pensée et s’ouvrir à différentes possibilités, en s’appuyant toujours sur les données disponibles.
Water mill, vallus and flail. Historiographic reminders and reflections on conception, invention and innovation in Rural Ancient world
For several decades, French research was opposed to the question of technical progress in the Ancient World. While the « primitivists » identifies a technical divide between Antiquity and the periods that follow, due to a blockage of mentalities and slavery or a technical deficiency, the « modernists » identifies technical innovations in Greek and Roman periods. Based on the examples of water mill, vallus and flail, we examine the concepts of conception, invention and innovation to identify how reflections on this subject have been constructed and what has changed the course of research: increase of archaeological discoveries, better identification and characterization of archeological remains, new proposals for reading ancient texts, contextualization of images etc. Despite the progress of research, discussions about conception and innovation are still the place for hypotheses that must go beyond debates between schools of thought and open to different possibilities, always relying on the available data.
Theme of repairing metallic objects in rural settlements in Gaul during the Roman period is often taken up by archaeologists and historians because it raises questions about the self-sufficiency of the field and the specialization of artisanal and agricultural activities. Thanks to three complementary approaches – repaired objects, maintenance tools and maintenance forges – this article shows the long life of metallic objects that have been repaired several times and the difference between maintenance and repair; the first being cold and often in the workplace, the second hot with larger infrastructures installed or mobile in a wide market.
Une reprise de la littérature archéologique faisant appel aux textes latins permet de constater que les informations empruntées aux écrits semblent être de différentes natures :
- immatérielles lorsqu’il s’agit de discuter de la gestion et de l’économie des domaines ou encore des pratiques et systèmes agropastoraux,
- matérielles quand les informations visent à décrire et à participer à l’identification des parties des sites ou des équipements.
L’utilisation des textes latins en archéologie est un fait bien établi mais il n’existe pas un usage des textes mais bien des usages, qui manquent parfois d’un cadre méthodologique, suscitant des débats sur la manière de faire appel à cette source de données.
L’ensemble des prescriptions portant sur l’agriculture et l’élevage dans la littérature latine donne un état des connaissances agronomiques et des modes de gestions des domaines à l’Antiquité et ce sur une longue période. Les textes latins fournissent alors un contexte aux découvertes archéologiques. Il est toutefois nécessaire de mentionner plusieurs limites à l’utilisation des textes. D’abord, les auteurs latins évoquent peu la Gaule, ce qui pose inévitablement la question de la possibilité de transposer des informations concernant surtout l’Italie pour étudier la Gaule et notamment sa partie septentrionale qui correspond à une zone géographique, climatique, historique et économique différente. De plus, les prescriptions des agronomes latins ont souvent un caractère général difficile à appliquer directement aux données archéologiques. Enfin, il faut noter la difficulté de transposer un mot latin à un objet ou bâtiment découvert lors d’une fouille archéologique.
Utilisées avec prudence et méthode, les prescriptions des agronomes latins peuvent participer à l’étude de certains équipements découverts par l’archéologie comme un certain type de fosse associé au stockage du fumier. L’insistance de Columelle notamment sur l’amendement permet d’abord de mesurer l’importance de cette pratique dès l’Antiquité dans le système agricole mais participe aussi à l’interprétation d’éléments matériels. Dans l’analyse de fosses découvertes récemment, les prescriptions des auteurs latins affinent la compréhension de certaines observations effectuées sur le terrain et en laboratoire comme la localisation des fosses à proximité des bâtiments et enclos dédiés au séjour des animaux qui produisent le fumier, son mode de stockage grâce aux aménagements des fosses ou encore sa conservation avec le système de double fosse et la pratique d’humectation.
An inventory of granaries from rural settlements of Late Antiquity shows continuity with the previous centuries. However, several characteristics are specific to the end of Antiquity such as the reuse of domestic rooms as a storage space or the fortification of buildings. Research on storage and conservation modes and equipment will help to better understand the specificities of Late Antiquity and early Middle Ages, such as the resurgence of the confined-atmosphere storage.
La fouille archéologique du site de la Côte à Contrexéville (Vosges), réalisée en 1988 par le Cercle d’études locales de Contrexéville, a permis de mettre partiellement au jour les vestiges d’un établissement rural et notamment ceux d’une cave incendiée, puis abandonnée entre la fin du iie s. et le premier tiers du iiie s. apr. J.-C. L’incendie a scellé un ensemble mobilier qui se compose de nombreuses céramiques de stockage de gabarits divers, ainsi que d’outils en pierre et en fer, dont l’intégralité des dents d’une herse. Les outils qui ont été identifiés constituent certainement une part non négligeable de l’outillage en fer de cette exploitation agricole, et permettent de discuter du caractère représentatif de cette découverte archéologique.
The toolkit from the site of La Côte in Contrexéville (Vosges). Study of the agropastoral and artisanal equipment from a rural settlement (2nd-3rd c. AD)
The archaeological excavation of the site “la Côte” in Contrexéville, led in 1988 by Le Cercle d’études locales de Contrexéville, revealed some of the vestiges of a rural settlement and in particular a cellar burnt down between the end of the 2nd c. and the first third of the 3rd c. AD. The fire sealed a set of pottery and tools, including a complete harrow. Identified tools certainly constitute a considerable component of the iron equipment of this rural settlement and allow us to discuss the representativeness of this archaeological discovery.
Les structures de combustion de l’époque romaine en Gaule nommées séchoirs ou fumoirs, interrogent encore malgré la multiplication des découvertes et des études. En effet, des zones d’ombre demeurent autour du fonctionnement et de la destination de ces installations. La forme et la disposition des chambres de traitement – qui contiennent les produits traités – posent notamment des questions auxquelles les archéologues ont répondu par plusieurs hypothèses.
Afin de les mettre à l’épreuve et de les illustrer, une expérience de modélisation 3D a été menée dans le cadre d’une communication et d’un article dressant un bilan des recherches sur les séchoirs et fumoirs.
Ces modélisations, réalisées à partir de documents iconographiques, de restitutions déjà existantes et d’hypothèses de travail, ont permis, autour de modèles de base de varier les systèmes d’accès ou d’évacuation de la fumée.
Cette expérimentation virtuelle, menée par un archéologue, autodidacte concernant la prise en main du logiciel de modélisation Blender, a joué un rôle dans la réflexion portant sur les solutions techniques des séchoirs, tout en permettant d’obtenir des supports visuels pouvant être commentés, repris ou critiqués par les chercheurs. Toutefois, certaines questions restent encore en suspens, telle la performance des structures, où seule une simulation informatique du comportement de la chaleur et de la fumée ou une expérimentation réelle pourraient apporter des éléments de réflexion.
Quels sont les équipements (outils, bâtiments, infrastructures) des établissements ruraux qui occupent les campagnes du Nord de la Gaule ? Quelles sont leurs caractéristiques fonctionnelles ? A quelle(s) fin(s) sont-ils employés ?
Pour répondre à ces questions, si l’archéologie et les textes sont d’un apport indéniable, les images, malgré les limites de leur interprétation, vont venir compléter ce triptyque en apportant une dimension supplémentaire...
Des structures de combustion dénommées séchoir ou fumoir sont régulièrement découvertes au sein des sites archéologiques d’époque romaine. Pour mieux les comprendre et les caractériser, un inventaire général de ces installations ainsi qu’une description détaillée et homogénéisée de chacune d’entre elles est en ligne.
Ce projet d’inventaire des séchoirs et fumoirs est collaboratif, n’hésitez pas à contribuer au site internet en nous contactant.
Poster présenté lors du colloque Ager XV « Villages et hameaux en Gaule et dans les espaces voisins entre la période laténienne et la fin de la période romaine (IIIe s. av. J.-C. – VIe s. ap. J.-C.) » du 28 septembre et le 1er octobre 2022 au château des Rohan à Saverne. Colloque organisé par Gaël Brkojewitsch (Metz Métropole, UMR 7299), Pascal Flotté (Archéologie Alsace, UMR 7044), Nicolas Meyer (INRAP, UMR 7044) et Antonin Nüsslein (CNRS, UMR 7044).
Les découvertes archéologiques permettent d’appréhender les objets dans leurs matériaux, leurs dimensions et donc d’appréhender leur structure, bien qu’il existe des questionnements autour des parties périssables. Les questions concernant le fonctionnement, et au-delà, la fonction des outils, dépassent la simple description et amènent le chercheur à construire des hypothèses. C’est ici que plusieurs sources de données et méthodes tel que l’iconographie et l’analogie sont nécessaires. Pour les périodes historiques, la reconstitution d’outils et leur expérimentation est encore peu exploitée, malgré un potentiel important. À travers des tests menés depuis 2017, sur des outils à lier en bois de cerf et sur des échardonnoirs à lame angulaire, ce poster a pour objectif de présenter les limites et les apports de l’expérimentation pour mieux caractériser l’outillage agricole.
Héron Claude, Hoerni Caroline, Huitorel Guillaume (dir.), Qu'est-ce qu'un site archéologique ?, Bobigny, Département de Seine-Saint-Denis, Bureau du patrimoine archéologique de Seine-Saint-Denis, 2022, n.p., 979-10-95429-04-3
Photographies du site et du mobilier archéologique de Bobigny : Emmanuelle Jacquot
Dessins et modelages : Joachim Galerne
Avec le soutien de la DRAC Île-de-France
Livret d'éducation scientifique et technique aux méthodes de l'archéologie
Musée départemental de la Seine-et-Marne, 17 avenue de La Ferté-sous-Jouarre, 77750 Saint-Cyr-Sur-Morin
01.60.24.46.00
Depuis plusieurs millénaires, la culture des végétaux et l’élevage sont les principaux modes d’obtention des aliments de base en Île-de-France. Si les plantes, les animaux exploités, et les techniques agricoles, ont changé au fil du temps, que connaît-on concrètement des agricultures passées et qu’est-ce qui les rapproche ou les éloigne de nos pratiques actuelles ? Découvrez comment les archéologues œuvrent chaque jour pour mieux répondre à cette question lors d’une exposition inédite au Musée de la Seine-et-Marne (29 janvier au 30 juillet 2023).
L’archéologie permet de remonter le temps et d’en apprendre davantage sur les exploitations agricoles et leurs activités. Les découvertes sont particulièrement riches pour la fin de l’Âge du Fer et la période romaine. Les cités des Sénons et des Meldes, héritées des peuples gaulois et occupant une partie de la Seine-et-Marne actuelle, sont traversées par de nombreuses voies routières. Elles sont occupées par des villes, des sanctuaires ou encore des relais routiers qui participent de la vie culturelle, religieuse et économique de ces territoires. Les campagnes sont densément exploitées par des fermes, de toutes dimensions, qui produisent notamment la nourriture nécessaire aux habitants des villes qui se développent.
Les fouilles archéologiques révèlent le plan et l’organisation des exploitations. Elles livrent également des données de différentes natures qui permettent d’appréhender l’agriculture et l’élevage comme des graines carbonisées étudiées par le carpologue ou encore des restes animaux analysés par l’archéozoologue.
Pour reconstituer les activités agropastorales, les chercheurs peuvent également s’appuyer sur l’outillage agricole retrouvé sur les sites archéologiques. Les outils et instruments de l’époque romaine ne sont pas identiques à ceux d’aujourd’hui, ni ceux d’il y a 100 ans, précédant les débuts de la mécanisation et de la motorisation. Toutefois, pour l’archéologue, l’outillage qui lui parvient est fragmentaire : de nombreuses parties des objets sont brisées ou manquantes comme les manches en bois ou les liens en cuir qui ont disparu avec le temps… L’outillage traditionnel, encore préservé du temps, comme celui issu des collections du Musée de la Seine-et-Marne partage des matériaux communs avec celui de l’époque romaine. Ces outils et instruments sont alors une formidable source de comparaison pour l’archéologue pour mieux comprendre les outils, leurs parties manquantes ou encore la manière de s’en servir. Cette exposition invite à observer les ressemblances et les différences entre les objets d’époque romaine et les outils contemporains pour découvrir les ruptures et les continuités entre ces deux périodes.
Le temps de cette exposition, découvrez les activités agropastorales au fil des saisons grâce aux découvertes de l’archéologie et voyagez à travers le temps pour partager le quotidien des agriculteurs et éleveurs gallo-romains d’Île-de-France. Au programme, exposition d’outils provenant de fermes gauloises et gallo-romaines situées en Ile-de-France et d’outils de la collection du Musée de la Seine-et-Marne, la présentation de la cave de Contrexéville « La Côte » (Lorraine), mais aussi des reconstitutions et le laboratoire des sciences environnementales avec des ateliers carpologie et archéozoologie à faire en autonomie.
COMMISSARIAT GÉNÉRAL
Guillaume Huitorel, Service Départemental d’Archéologie de Seine-et-Marne, Département de Seine-et-Marne, UMR 7041 ArScAn
COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE
Nicolas Bernigaud (Aix-Marseille Université, CEREGE) • Anaïs Berson (Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, UMR 7041 ArScAn) • Karine Boulanger (INRAP, EA 1132 Hiscant) • Stéphane Frère (INRAP, UMR 7209 AASPE) • Séverine Gauduchon (SAI78-92, UMR 7041 ArScAn) • Patrick Gouge (SDASM 77, UMR 7041 ArScAn) • Guillaume Huitorel (SDASM 77, UMR 7041 ArScAn) • Luc Leconte (INRAP, UMR 7041 ArScAn) • Véronique Matterne (CNRS, UMR 7209 AASPE) • Aurélie Salavert (MNHN, UMR 7209 AASPE) • Jean-Marc Séguier (INRAP, UMR 7041 ArScAn) et Françoise Toulemonde (UMR 7209 AASPE)
CONCEPTION DE L’EXPOSITION
Une exposition conçue par les équipes du Service départemental d’archéologie de Seine-et-Marne et du Musée de la Seine-et-Marne, et illustrée par Astrid Amadieu (Past and curious), avec des vidéos inédites d’Astrid Amadieu et de Claire Lacroix (Past and curious).
UNE EXPOSITION CRÉÉE AVEC :
- La Préfecture de la Région Île-de-France (DRAC, SRA)
- La Région Île-de-France
- L’INRAP
- Past and Curious
- La Préfecture de la région Grand Est (DRAC, SRA)
- Le Musée de Préhistoire d’Île-de-France
- Arkéo Fabrik
- Le Service Archéologique Interdépartemental Yvelines-Hauts-de-Seine
- Le Bureau du patrimoine archéologique du Département de Seine-Saint-Denis et l’archéosite de la Haute-Île
Guillaume Huitorel, Seine-Saint-Denis, UMR 7041 ArScAn, GAMA
Le développement de l’archéologie agraire et de ses méthodes permet aujourd’hui de s’intéresser aux questions du travail du sol et sur sa place dans le processus agricole à l’époque romaine. Les données rassemblées issues des opérations archéologiques sont de natures diverses ; 1) les parties conservées des outils à bras (houe, bêche etc.) et des instruments tractés (soc, reille, coutre etc.) qui permettent de restituer les équipements utilisés pour le travail du sol ; 2) les traces de labours fossilisées dans les champs, découvertes principalement dans les terres marginales d’Europe du Nord, qui permettent d’appréhender la question du fonctionnement et de l’usage des instruments, voire les types de travaux effectués pour préparer les parcelles. Par exemple, est-ce que comme l’évoque Columelle, un instrument tracté peut être incliné pour labourer (« alternisque versibus obliqum tenere aratrum » (LIB. II, II)) ? Cet instrument peut-il et doit-il retourner le sol ? ; 3) ou encore les restes archéobotaniques, et particulièrement les plantes adventices, qui offrent la possibilité de restituer certaines pratiques de travail du sol comme la profondeur des labours (profonds vs superficiels, lourds vs légers), ou encore la régularité des travaux aratoires.
Pour l’époque romaine, les données archéologiques ne sont pas les seules à nous renseigner sur les pratiques de préparation des terres dans les processus de culture des végétaux. Les traités des agronomes latins, y compris les textes de Columelle évoquent, en effet, largement ces questions. Toutefois, l’appréhension des pratiques à travers des textes dont la portée n’est pas exclusivement agronomique et dont les conseils sont parfois assez généralistes est souvent délicate. De plus, comment faire dialoguer des données archéologiques, environnementales et textuelles qui concernent des aires géographiques – et aussi climatiques – différentes et ceux sur plusieurs siècles ?
Cette communication propose, à partir d’exemples récents de la recherche, d’ouvrir des pistes de réflexion sur les liens et les oppositions qui peuvent être établis entre les différentes données afin d’esquisser un bilan des pratiques de labours qui existent dans l’espace romain et la manière de les identifier.
Cette communication présentera un résultat intermédiaire d’un projet débuté en 2017 et toujours en cours portant sur les équipements mobiliers (métal, os, terre cuite etc.) des établissements ruraux d’Île-de-France entre La Tène moyenne et le début du Moyen Âge. À partir d’une base de donnée comportant une centaine de sites franciliens et près de 900 outils et instruments, l’objectif est de présenter les activités identifiées dans les campagnes et de mieux comprendre les pratiques agro-pastorales et artisanales dans le monde rural ainsi que la manière dont elles s’inscrivent dans le fonctionnement et l’économie des sites. Une approche par unités paysagères (Pays de France, vallée de la Marne, Hurepoix, Bassée etc.) doit permettre d’identifier des similitudes et des différences entre ces différents terroirs. Enfin, cette communication présentera les prochaines étapes de ce projet, concernant notamment des analyses archéométriques dont le but est d’aborder la question des techniques de forge et d’approvisionnement du mobilier métallique dans l’espace francilien.
Paris, 26-28 juin 2019
Présentation de marteaux triangulaires à rabattre les lames, découverts dans l'est de la Gaule.
Depuis le début des années 1990, l’archéologie agraire (Guilaine, 1991) a pour vocation de mieux comprendre les pratiques agricoles par le biais de l’ensemble des sources et méthodes disponibles: découvertes archéologiques, données environnementales, tracéologie, données micromorphologiques ou encore pédologiques. Toutefois, les archéologues ont depuis longtemps compris l’intérêt d’une approche pluridisciplinaire associant d’autres sources de données tel que l’iconographie et les textes. Dans le livre II de son traité De re rustica, Columelle présente des pratiques agricoles faisant appel, pour certaines, à des équipements mobiliers (outillage) ou immobiliers (infrastructures) parfois mis en évidence sur les occupations rurales.
Cette communication a d’abord une vocation heuristique et critique, en abordant la complémentarité et l’interaction entre les textes et les données archéologiques. Comment et dans quelle mesure les archéologues peuvent utiliser les textes pour caractériser les équipements agricoles ? Comment ces découvertes éclairent les textes ? Quel vocabulaire faut-il employer pour désigner ces outils et installations ? etc.
La seconde partie de cette présentation est consacrée à des exemples pratiques d’interaction entre des équipements découverts en Gaule, caractérisés dans le cadre d’une thèse (Huitorel, 2017) grâce aux dernières méthodes de l’archéologie (modélisation, expérimentation, données géochimiques, archéobotanique) et qui sont évoqués par Columelle pour les cultures en plein champ : instruments aratoires (araire, herse), fumières et aire de battage.
Bibliographie :
Guilaine Jean, Pour une archéologie agraire : à la croisée des sciences de l’homme et de la nature, Paris, A. Colin, 1991, 576 p.
Huitorel Guillaume, L’instrumentum fundi. L’équipement des activités domaniales des établissements ruraux du nord de la Gaule (Ier-IVe s. ap. J.-C.), Nanterre, Université Paris-Nanterre (thèse en Histoire et archéologie des mondes anciens sous la direction de Paul Van Ossel), 2017, 884 p.
Cette communication a pour objectif de faire le point sur les découvertes archéologiques d’éléments de herse en Gaule pour mieux caractériser cet équipement.
La première étape est de discuter de la structure des herses (matériaux, dimensions, poids) et de proposer des restitutions grâce à des découvertes exceptionnelles de herses entièrement en bois (Deforce & Annaert, 2007) et de dents en fer comme dans la cave abandonnée brutalement de Contrexéville (88) (Huitorel, 2017). L’étude des dents en fer permet également de discuter des caractéristiques permettant de distinguer les dents de herse de celles de râteau.
Les questions concernant le fonctionnement et la fonction des herses seront approfondies, en discutant notamment des animaux employés pour leur traction ou encore de l’utilisation de dents en bois ou en fer selon le type de sol.
Enfin, les questions relatives à la place des herses dans le système agraire seront posées: dans quels buts sont employées les herses (briser les mottes, recouvrir les semis, etc.) ? À quelles cultures participent-elles (culture des prairies, des blés) ?
Bibliographie
Deforce K., Annaert R., «An early Roman age harrow from Poppel, Belgium», Archäologisches korrespondenzblatt, 37, 1, 2007, pp. 85-94.
Huitorel G., L’instrumentum fundi. L’équipement des activités domaniales des établissements ruraux du nord de la Gaule (Ier-IVe s. ap. J.-C.), Nanterre, université Paris Nanterre (thèse de doctorat sous la direction de P. Van Ossel), 2017, 2 vol. (884 p.).
Les récents progrès de la recherche, portés par le développement de l’archéologie préventive, ont entraîné un intérêt renouvelé pour l’étude des campagnes. La multiplication des fouilles d’établissements ruraux lors de grands décapages (aéroports, carrières, etc.), couvrant un large panel allant des établissements les plus modestes aux villae les plus grandes, a apporté une quantité de données nouvelles, sur les bâtiments, les structures et les outils nécessaires aux activités et au fonctionnement des domaines d’Ile-de-France.
Dans ce contexte, l’outillage mérite une attention toute particulière en raison des informations qu’il transmet sur la variété des activités pratiquées au sein des exploitations. Pourtant, force est de reconnaître que « la caisse à outils » des domaines ruraux reste encore bien souvent délicate à définir. Si les corpus d’instruments de toutes sortes ne cessent d’augmenter avec la multiplication des fouilles et si des découvertes occasionnelles apportent parfois des éclairages remarquables sur telle ou telle activité, il est pourtant évident qu’à l’échelle d’un établissement le nombre de découvertes est souvent peu représentatif. Ce constat ne saurait toutefois demeurer en l’état et il importe de dégager aujourd’hui de nouvelles pistes de recherche tirant parti d’une approche élargie des découvertes, notamment en proposant des synthèses et en replaçant l’outil dans le processus technique des activités pratiquées dans les établissements ruraux.
À partir d’une base de données comportant plus de 50 sites et plus de 300 outils, l’objectif de cette communication est de présenter le panel d’outils découvert par l’archéologie en Ile-de-France. Une meilleure caractérisation de chaque type d’équipements mobiliers permet d’affiner la compréhension des activités et des pratiques agropastorales des domaines et d’éventuellement identifier des similitudes et des différences entre les différentes unités paysagères de cet espace (Pays de France, Hurepoix, Bassée, etc.).
De l’Antiquité au Moyen Âge, les expérimentations présentées portent sur des thèmes divers tels que la conservation et la transformation des céréales, les pratiques culinaires ou encore le façonnage de la céramique sigillée.
Longtemps domaine des préhistoriens, l’expérimentation trouve aujourd’hui de nombreux échos pour les périodes plus récentes.
Associée à d’autres méthodes et disciplines de recherche comme la restitution 3D, les sciences environnementales ou l’archéométrie, l’archéologie expérimentale est (ou devient) un outil de recherche à part entière. Toutefois, comme toute méthode scientifique, elle doit nécessairement fonder ses analyses et conclusions sur des protocoles ainsi que des modes d’enregistrement et de traitement des données, bien établis.
Ce séminaire a pour objectif de présenter quelques-unes des orientations que peut prendre l’archéologie expérimentale pour les périodes historiques (agriculture, céramologie, archéométallurgie, etc.) et de discuter de cet outil méthodologique encore trop peu souvent employé.
L'expérimentation en sciences humaines. Vers une systématisation de la démarche expérimentale.
d’un merveilleux système d’information
géographique ? Ce séminaire est fait pour
vous ! Grâce à nos 5 intervenants issus de
diverses disciplines vous saurez tout ce qu’il
faut savoir en deux heures intensives
d’apprentissage et d’application.