Le Nombre D'or
Le Nombre D'or
Le Nombre D'or
rapport. Dailleurs, Euclide ne semble pas avoir accord plus dimportance ce rapport qu
dautres rencontrs dans son tude de diffrents polygones. Le nombre dor na en ralit pas
une importance hors du commun en mathmatiques. Il intervient dans certaines figures
gomtriques, ainsi que dans des contextes non gomtriques. Mais dautres constantes sont
tout aussi importantes: 2, 3, Pi et tout aussi fascinantes[4].
La Grande Pyramide a t lobjet de nombreuses interprtations cabalistiques. Le chiffre 5 a
t largement cit comme une cl dans la construction de ldifice. Il nest pas plus difficile
de retrouver le chiffre 5 que le nombre dor dans un monument quelconque, comme lindique
Martin Gardner (voir lencadr Les secrets du Washington Monument).
La Grande Pyramide: nombre dor ou nombre 5?
que lon retrouve partout, avec un peu deffort
Aucun trait darchitecture, de lAntiquit ou du Moyen ge, ne mentionne le nombre dor.
Pour lhistorien de lart Rudolph Wittkower, aussi loin que nous puissions voir, [2] est le
seul nombre irrationnel dimportance impliqu dans la thorie architecturale des proportions
la Renaissance[5]. Sil devait tre retrouv dans une construction, ce serait donc, soit par
pur hasard, soit en faisant lhypothse dun savoir secret transmis hors de tout support crit.
Concernant la pyramide de Kheops, pour trouver le nombre dor, il faut diviser lapothme
(distance du sommet au milieu dun des cts au sol), par la demi-base de la pyramide. JeanPierre Adam[6] montre quune recherche approfondie dans les dimensions de la gurite de la
marchande de billets de la Loterie nationale de lavenue de Wagram permet de dcouvrir
peu prs toutes les relations gomtriques et les nombres que lon veut: le rapport entre la
hauteur et la largeur de la fentre arrire est miraculeusement 3,142 (presque le nombre Pi),
lpaisseur de la tablette donne, aux units prs bien entendu, le mme nombre que celui de la
distance de la Terre au Soleil (voir encadr: La Grande Pyramide: nombre dor ou nombre
5?). La date de la bataille de Poitiers et la formule chimique de la naphtaline ont galement
t retrouves. Et si la pyramide de Kheops a une pente de 14/11, de nombreuses autres
pyramides utilisent un autre rapport (6/5 pour la pyramide rouge, 4/3 pour la pyramide de
Khephren ou encore 7/5 pour la pyramide rhombodale). Cest donc un autre calcul quil
faut satteler pour trouver le nombre dor dans ces constructions. Mais la tche ne semble pas
impossible.
Pour faire entrer la face avant du Parthnon dans un rectangle dor, il faut, soit ne pas
compltement sajuster au toit, soit ne considrer que trois des quatre marches du socle.
Les secrets du Washington Monument
Si quelquun samusait relever les proportions du Washington Monument (dans la capitale
fdrale) telles quelles sont indiques dans le World Almanac, il y discernerait une
quintuplit non moins remarquable. Ce monument mesure 555 pieds 5 pouces de haut, 55
pieds carrs la base; ses fentres souvrent 500 pieds du sol; le produit de la base par 60
(soit 5 fois le nombre de mois dans lanne) donne 3 300 soit le poids exact de la pierre de
fate en livres anglaises. De plus, le mot Washington se compose exactement de dix lettres
(deux fois cinq). Et si lon multiplie la base par le poids de la pierre de fate, on a 181 500,
une approximation trs pousse de la vitesse de la lumire en miles par secondes. Si on prend
pour unit le pied monumental, lgrement plus court que le pied talon, la base mesurera
56 pieds 1/2 de ct. Ce chiffre, multipli par 33 000, donne cette fois un rsultat plus
approch encore de la vitesse de la lumire.
Nest-il pas significatif aussi que le monument affecte la forme dun oblisque? Ou encore,
que sur le billet dun dollar, la grande pyramide apparaisse au verso dun portrait de
Washington? Bien mieux, la dcision dimprimer la pyramide (cest--dire le revers du sceau
des tats Unis) sur les dollars fut annonce par le secrtaire dtat au Trsor le 15 juin 1935,
jour et anne multiples de 5 tous les deux. Et ne trouve-t-on pas vingt-cinq lettres exactement
(cinq fois cinq) dans le titre The Secretary of the Treasury? Il faudrait environ cinquante-cinq
minutes un mathmaticien moyen pour dcouvrir toutes ces vrits, en travaillant
uniquement sur les maigres donnes fournies par lAlmanach. Si lon considre que Smyth
[Charles Piazzi Smyth, 1819, 1900, astronome royal dcosse, qui prtendit avoir trouv des
vrits fondamentales dans les dimensions de la grande pyramide, et dont les ouvrages eurent
un succs retentissant] effectuait lui-mme ses relevs, rcoltant ainsi des centaines de
mesures, et quil passa une vingtaine dannes ruminer l-dessus, on conoit sans peine quil
ait pu parvenir des rsultats aussi extraordinaires.
Nanmoins, les ouvrages de Smyth firent une forte impression sur des millions de lecteurs
nafs. On vit paratre des dizaines de volumes, dans toutes les langues, apportant chacun leur
caillou la grande uvre. En France, la pyramidologie eut pour chef de file labb F. Moigno,
chanoine de Saint-Denis. Un Institut International pour la Conservation et le
Perfectionnement des Poids et Mesures fut fond Boston en 1879, au cours dune
assemble tenue lOld South Church. Cette socit se donnait pour but la rvision des units
de mesure, conformment aux talons sacrs de la pyramide, et la lutte contre le systme
mtrique athe de la France.
Martin Gardner, Fads and Fallacies in the Name of Science, 1957. Traduction franaise dans
Les magiciens dmasqus, Presses de la Cit, 1966.
Des constructions tout aussi arbitraires sont ncessaires pour retrouver a posteriori le nombre
dor dans les tableaux de Lonard de Vinci (voir le tableau reprsentant Saint-Jrme).
Le clbre croquis Lhomme de Vitruve, suppos illustrer de faon emblmatique le rle
du nombre dor dans les proportions du corps humain, est bas en ralit sur un cercle, un
carr et des divisions en quarts et en huitimes. Lonard de Vinci ne mentionne pas cette
proportion lorsquil traite de la composition du corps humain.
Saint-Jrme. Tableau de Lonard de Vinci.
Pour retrouver le rectangle dor, il faut oprer quelques choix de cadrage bien arbitraires: une
partie du bras oubli, vtements, etc.).
Une prsence parfois bien relle, mais pas mystrieuse
Si donc la reconstruction a posteriori dune conception base du nombre dor semble bien
arbitraire (et pas trs difficile), il existe des cas, en peinture ou en architecture, o le nombre
dor est intentionnellement prsent. Il en est ainsi de la Cit radieuse de Marseille, o Le
Corbusier a explicitement utilis le nombre dor et la suite de Fibonacci (systme de
proportion Le Modulor, invent par larchitecte). Les peintres Dali et Picasso lont galement
utilis par jeu.
Li certaines formes gomtriques (dodcadre ou icosadre) et la suite de Fibonacci, il
nest alors pas surprenant de retrouver le nombre dor dans la nature lorsque ces formes
gomtriques sont impliques, ou lorsque la suite de Fibonacci est prsente. Nulle
considration desthtique divine nest ncessaire. Cest ainsi le cas en phyllotaxie dans
des structures spirales (pomme de pin par exemple, voir encadr).
Lorigine du mythe de lesthtique du nombre dor
La fascination pour le nombre dor remonte loin. Le moine franciscain Luca Pacioli lui
consacre en 1509 un livre, De divina proportione. Les proprits gomtriques y sont
tudies, ainsi que ses relations avec certains polydres, dont le dodcadre qui reprsente
lunivers chez Platon. Lonard de Vinci illustrera louvrage avec 60 dessins de polydres. Ce
travail tmoigne dabord dun intrt pour la gomtrie, dans la ligne dEuclide et des
pythagoriciens. Mais Luca Pacioli semble tre le premier y avoir ajout une rfrence
lesthtique de cette proportion[7]. Il faudra toutefois attendre le 19e sicle et luvre dun
professeur de philosophie allemand, Adolf Zeising (1810-1876), pour voir la section dore
rige en norme ou valeur esthtique. Mais cest Matila Ghyka, prince et diplomate roumain,
qui va vritablement lancer le mythe avec son ouvrage Le nombre dor[8] (crit en franais).
Cest lui que lon doit une revisite dtaille de lart et de larchitecture, et la dcouverte
du nombre dor dans les cathdrales, les temples grecs ou les tableaux de grands peintres.
[7] http://www.ac-poitiers.fr/arts_p/B@lise14/pageshtm/page_4.htm.
[8] Le nombre dor, Gallimard, 1931, rdit en 1959.
[9] http://www.ac-nice.fr/artsap/fichedocumen/nombredor.html.
[10] http://www.umcs.maine.edu/markov/GoldenRatio.pdf.
[11] Cerveau droit, cerveau gauche, cultures et civilisations, Plon, 1995.
[12] Ibid, page 290.
[13] Don Neroman, Le nombre dor, cl du monde vivant.
Mis en ligne le 30 novembre 2007
triangle ACD sont tous deux des triangles isocles dont les longueurs des cts sont dans le
rapport du nombre d'or : ce sont deux triangles dor (fig. 3).
2/ _ dans larchitecture grecque
Le cas le plus flagrant est peut-tre celui du thtre d'Epidaure, construit en Grce la fin du
IVme sicle avant J.-C. Il y a en effet 55 gradins rpartis en deux sries de 34 et 21 rangs ; or
ce sont trois nombres successifs de la suite de Fibonacci et les rapports 34/21 et (34+21)/34
sont trs proches du nombre d'or. Les gradins semblent donc partags en "extrme et moyenne
raison" (fig. 4).
A Delphes, la prsence de la suite de Fibonacci, dj remarque dans des temples du Vme
sicle, a t mise en vidence dans la Tholos de Marmaria, dont les colonnes ont t
implantes grce des polygones inscrits dans un cercle - une figure parfaite selon la thorie
des Pythagoriciens, car sa composition est rgulire (fig. 5). La faade du Trsor de Cyrne,
selon une nouvelle restitution, est inscrite dans un carr dcoup en rectangles dont les
rapports seraient proche du nombre _ (fig. 5).
La rfrence au nombre dor a galement t suppose dans la construction du temple dit de
Hra II Poseidonia (Lucanie), dont la faade sinscrit dans un ensemble de pentacles assez
complexe.
Le plus clbre des monuments tudis sous le rapport du nombre dor est le Parthnon. Pour
ce monument, J. Hambidge, F. Lund et E. Moessel, principaux auteurs avoir cherch la
Divine Proportion dans larchitecture grecque, restituent 3 types de tracs gomtriques
diffrents, mais qui font tous appel au rapport (1+5)/2. Ainsi F. Lund voit dans la faade un
pentagone rgulier et un pentagramme inscrits dans un cercle, lui-mme inscrit dans un carr.
Le problme est que lon pourrait tracer bien dautres figures partir des plans de tous ces
monuments et que le nombre d'or semble tre prsent au mme titre que d'autres chiffres trs
frquents (fig. 6).
3/ Le nombre dor, un mythe?
Le diplomate roumain Matila Ghyka, dans Le Nombre d'or, sautorise de ces travaux pour
fonder larchitecture grecque sur le rectangle module _. Nombre dauteurs, dans son sillage,
ont t sduits par cette thse qui s'appuie sur les pythagoriciens, et ont eu recours la section
dor pour raliser leurs oeuvres.
Pourtant, selon Marguerite Neveux, ce mythe ne rsiste pas un examen attentif : par
exemple, Ghyka se fonderait sur des mesures approximatives. La preuve en est que pour
trouver le rectangle dor dans la faade du Parthnon, il est oblig de prendre quelques
marches en plus de la faade elle-mme.
De plus, Ghyka est conduit une gnralisation abusive de sa thorie toute larchitecture
grecque et mme larchitecture gyptienne, alors que lide mme de nombre dor apparat,
avec la notion de proportion, seulement partir de la gomtrie grecque (VI-Vmes sicles
avant J.-C. en Italie du Sud).
Nest-il donc pas plus prudent de substituer la notion de proportion celle, plus systmatique,
plus biaise, de nombre dor?
En effet, le recherche de proportions harmonieuses, que ce soit en architecture, dans la
sculpture ou mme dans le monde, est inhrente la civilisation grecque. Pythagore, laube
du sicle de Pricls, a fond une cole de pense base sur les nombres et leurs rapports qui a
largement influenc la mentalit grecque. En attribuant un nombre chaque chose, les
pythagoriciens font du nombre le concept central de la nature. Ainsi lit-on dans Jamblique :
les acousmaticiens (lves des pythagoriciens), dont tait responsable Hippase, ont dit du
nombre quil est le modle premier de la cration de lunivers. On le voit donc, le nombre