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Chapitre I Nombres Réels - 2
Chapitre I Nombres Réels - 2
Chapitre I Nombres Réels - 2
Nombres réels
Sommaire
1.1 Les ensembles de nombres N, Z et Q . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 L’ensemble des nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.1 Définition axiomatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.2 Valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Propriété fondamentale de l’ensemble des réels . . . . . . . . . . . . 3
1.3.1 Majorant, minorant, maximum, minimum . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3.2 Borne supérieure, inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3.3 Axiome de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.4 Intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Propriété d’Archimède, partie entière d’un réel . . . . . . . . . . . . 7
1.4.1 R est un corps archimèdien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
©EL ACHAB
1.4.2 Partie entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.4.3 Densité de Q et R\Q dans R . . . . . . . . . . .
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1.5 Droite numérique achevée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1
1.2 L’ensemble des nombres réels Analyse I
Définition 1.1. Les nombres qui ne sont pas rationnels sont dits irrationnels. On note RQ
l’ensemble des nombres irrationnels.
La construction des nombres réels vise donc à ajouter de nouveaux nombres à l’ensemble
Q de telle sorte que ces équations possèdent des solutions.
Nous ne rentrerons pas dans les détails a de la construction de R, mais l’idée principale est qu’un
nombre réel x ≪coupe en deux≫ l’ensemble des rationnels : il y a ceux qui sont plus petits que
x et ceux qui sont plus grands que x.
Un nombre réel est alors une partition de Q en deux ensembles A et B tels que tout élément de
A soit plus petit que tout élément
√ de B. √
Notons qu’on ne peut
√ définir
√ 2 comme étant la partition (A,√B) où A = {x ∈ Q|x < 2}
etB = {x ∈ Q|x ≥ 2} : 2 ne peut pas être défini à partir de 2.
a. La construction de R proposée ici n’en est qu’une parmi d’autres possibles (bien qu’on montre que
toutes jouissent bien des mêmes propriétés). Une autre très classique construit les nombres réels comme classes
d’équivalence d’une relation d’équivalence définie sur un ensemble de suites à valeurs rationnelles.
©EL ACHAB
2. (R, +, ×, ≤) est un corps commutatif totalement ordonné :
(a) Les lois + et × sont commutatives : ∀(x, y) ∈ R2 , x + y = y + x et x × y = y × x.
(b) + et × sont associatives : ∀x, y, z ∈ R, (x + y) + z = x + (y + z) et (x × y) × z =
x × (y × z).
(c) + et × ont chacune un unique élément neutre :
+ possède un élément neutre 0 : ∀x ∈ R, x + 0 = 0 + x = x.
× possède un élément neutre 1 : ∀x ∈ R∗ , x × 1 = 1 × x = x.
(d) Chaque réel possède un opposé pour la loi + : ∀x ∈ R, ∃y ∈ R, : x + y = y + x = 0.
Le nombre y opposé à x est noté −x.
(e) Chaque réel possède un opposé pour la loi × : ∀x ∈ R∗ , ∃y ∈ R∗ , : x×y = y×x = 1.
Le nombre y, inverse de x est noté x−1 .
(f) La loi × est distributive par rapport à la loi + : ∀x, y, z ∈ R, x × (y + z) =
x × y + x × z.
(g) La relation binaire ≤ est réflexive : ∀x ∈ R x ≤ x.
(h) ≤ est antisymétrique : ∀(x, y) ∈ R2 (x ≤ y et y ≤ x) ⇒ x = y.
(i) ≤ est transitive : ∀(x, y, z) ∈ R3 (x ≤ y et y ≤ z) ⇒ x ≤ z.
(j) L’ordre ≤ est total : ∀(x, y) ∈ R2 x ≤ y ou y ≤ x.
(k) Compatibilité des lois avec l’ordre : ∀x, y, z ∈ R, x ≤ y ⇒ x + z ≤ y + z et (x ≤
yetz ≥ 0) ⇒ x × z ≤ y × z.
3. R a la propriété de la borne supérieure :
Toute partie de R qui est non vide et majorée admet une borne supérieure.
Remarques.
• Ce théorème est admis.
• Les axiomes (a) à (f) expriment que (R, +, ×) un corps commutatif. Les axiomes (g)
à (j) expriment que ≤ une relation d’ordre totale sur R.
• (Q, +, ×, ≤) est aussi un corps commutatif totalement ordonné mais il n’a pas la
propriété de la borne supérieure.
• Les propriétés 2 et 3 suffisent à caractériser l’ensemble R au sens où tout corps
commutatif totalement ordonné qui possède la propriété de la borne supérieure est
égal à (R, +, ×, ≤).
• Il reste à expliquer ce qu’est la propriété de la borne supérieure. Cette propriété est
fondamentale ; c’est d’elle que découlent les propriétés les plus importantes de R. Le
paragraphe (1.3) lui est consacré.
©EL ACHAB
√
4. ∀x ∈ R x2 = |x|
5. ∀(x, y) ∈ R2 |xy| = |x||y|, | − x| = |x|
6. ∀(x, y) ∈ R2 |x + y| ≤ |x| + |y| (Première inégalité triangulaire ).
7. ∀(x, y) ∈ R2 |x| − |y| ≤ |x − y| (Seconde inégalité triangulaire ).
Preuve.
1. Il suffit d’étudier les cas x ≥ 0 et x < 0.
2. Puisque |x| ≤ r , d’après (1), x ≤ r et −x ≤ r d’où l’encadrement souhaité.
3.,4. et 5. Ces points s’obtienent facilement par distinction de cas.
6. Utilisons la propriété (1), −|x| ≤ x ≤ |x| et −|y| ≤ y ≤ |y|. Par somme, on obtient
− (|x| + |y|) ≤ x + y ≤ |x| + |y|, donc |x + y| ≤ |x| + |y|.
7. Puisque x = (x − y) + y, on a d’après la première inégalité (6) : |x| = (x − y) + y ≤
|x − y| + |y|. Donc |x| − |y| ≤ |x − y|. En inversant le rôle de x et y, on obtient également
|y| − |x| ≤ |y − x|. Comme |y − x| = |x − y| on a donc |x| − |y| ≤ |x − y|.
©A. EL ACHAB 3
1.3 Propriété fondamentale de l’ensemble des réels Analyse I
Exemples.
• La partie A = {x = n + 1, n ∈ N∗ } est minoré √
par 0.
• La partie A = {x ∈ R, x2 ≤ 2} est majoré par 2.
• La partie A = { n1 , n ∈ N∗ } est bornée.
Remarque.
Les majorants et les minorants ne sont pas en général uniques, par contre un plus grand
élément et un plus petit élément s’ils existent sont uniques.
En effet, si α2 et α1 sont deux plus grands éléments, alors α1 6 α2 et α1 > α2 donc α1 = α2 .
Exemples.
• N, Q, R n’ont pas de plus grand élément.
• l’ensemble Z n’a ni plus petit, ni plus grand élément. 0 est le plus petit élément de
N.
• A = {x ∈ R, 0 ≤ x ≤ 1} possède un plus grand et un plus petit élément.
• A = {x ∈ R, 0 < x < 1} ne possède ni de plus grand ni de plus petit élément.
©EL ACHAB
1.3.2 Borne supérieure, inférieure
Définition 1.5. Soit A une partie non vide de R (ou de Q).
• Si A est majorée, on appelle borne supérieure de A et on note sup(A) le plus petit
des majorants de A.
• Si A est minorée, on appelle borne inférieure de A et on note inf(A) le plus petit des
minorants de A.
Exemples.
• A = {x ∈ R, 0 < x ≤ 1}, l’ensemble des majorants est {x ∈ R, x ≥ 1}, celui-ci ad-
met un plus petit élément qui est 1, donc sup(A) = 1. L’ensemble des minorants de
A est {x ∈ R, x ≤ 0} qui admet un plus grand élément : 0, donc inf(A) = 0.
• A = {x ∈ R, x > 1}, L’ensemble des majorants est vide donc A n’a pas de borne
supérieure. L’ensemble des minorants est {x ∈ R, x ≥ 1}, celui-ci admet un plus
grand élément 1, donc inf(A) = 1.
Remarques.
1. Pour tout x ∈ A, inf(A) ≤ x ≤ sup(A).
2. sup(A) et inf(A) peuvent ne pas appartenir à A.
3. sup(A) et inf(A) s’ils existent, ils sont uniques.
Preuve. Nous avons montré que le plus petit élément d’un ensemble (ici les majorants
de A) était unique.
Voici le lien entre minimum et borne inférieure (ou maximum et borne supérieure) :
Théorème 1.2. Soit A une partie non vide de R et soient α, β ∈ R :
• β = min(A) si et seulement si β ∈ A et β = inf(A).
• α = max(A) si et seulement si α ∈ A et α = sup(A).
Exemple.
Soit a un réel positif, on pose A = {x ∈ R|x2 ≤ a}. A est une partie non vide de R car
0 ∈ A, d’autre part A est majoré par a+1 car x > a+1 ⇒ x2 > a2 +2a+1 > a. L’ensemble
A admet donc une borne supérieure M. En raisonnant par l’absurde on peut montrer que
√
M 2 = a, par √conséquent M = sup(A)√= a. En particulier l’ensemble B = {x ∈ R|x2 ≤ 2}
admet donc 2 comme sup(B) et − 2 comme inf(B).
Remarque.
Q ne vévifie pas le théorème (1.3). En effet, la partie C = {x ∈ Q|x2 ≤ 2} n’admet pas de
borne supérieure ni de borne inférieure dans Q.
Corollaire 1. Toute partie non vide minorée de R admet une borne inférieure.
Preuve. Soit A une partie non vide et minorée de R, et soit B = −A = {−a, a ∈ A}. Alors B
est non vide, et un réel m est un minorant de A, si et seulement si −m est un majorant de B,
©EL ACHAB
donc B est majorée et possède une borne supérieure b. Alors, si m est un minorant de A, −m
est un majorant de B, donc −m ≥ b. Et donc m ≤ −b : −b est le plus grand des minorants de
A, c’est donc sa borne inférieure.
©A. EL ACHAB 5
1.3 Propriété fondamentale de l’ensemble des réels Analyse I
Exemples.
• Avec ces caractérisations, il est facile de constater que A = {x ∈ R, 0 ≤ x < 1}
possède 1 comme borne supérieure : soit ǫ > 0.
◮ Si ǫ ≥ 1, alors 1 − ǫ ≤ 0, et donc il existe bien x ∈ A, par exemple x = 12 tel que
1 − ǫ < x ≤ 1.
◮ Si ǫ < 1, soit x = 1 − 2ǫ . Alors x ∈ A, et 1 − ǫ < x ≤ 1. Donc 1 = sup(A).
• Soit A = {3 − n22 , n ∈ N∗ }. Déterminer les bornes supérieure et inférieure de A si
elles existent.
A est une partie non vide et majorée de R (par 3), donc elle admet une borne
supérieure.
Prouvons que sup A = 3. Nous venons de dire que 3 est un majorant de A.
Soit à présent ǫ > 0. Prouvons que 3 − ǫ n’est pas un majorant
q de A.
2 2 2
Pour n ∈ N , on a 3 − n2 > 3 − ǫ ⇐⇒ ǫ > n2 ⇐⇒ n > ǫ .
∗
q
Donc si on note n0 = E( 2ǫ ), alors 3 − n22 > 3 − ǫ.
0
Donc nous venons de prouver que pour tout ǫ > 0, il existe a tel que 3 − ǫ < a ≤ 3.
C’est bien la caractérisation de sup A = 3.
1.3.4 Intervalles de R
Définition 1.6.
• Segment
Soient a et b deux réels. On appelle segment [a, b] l’ensemble des réels compris, au sens
©EL ACHAB
large, entre a et b :
- Si a < b, [a, b] = {t ∈ R| a ≤ t ≤ b} .
-Si a = b, [a, a] = a.
• Intervalle
Soit I une partie de R. On dit que I est un intervalle de R si et seulement si ∀x, y ∈
I, [x, y] ∈ I.
Preuve.
Raisonnons par l’absurde. Supposons qu’il existe x > 0 et y ∈ R tels que pour tout n ∈ N, nx <
y. Considérons la partie de R suivante : A = {nx, n ∈ N } . Elle est non vide et majorée par y.
D’après l’axiome de la borne supérieure, A possède une borne supérieure b ∈ R. En particulier :
∀n ∈ N, nx ≤ b ce qui s’écrit aussi ∀n ∈ N, (n + 1)x ≤ b. On en déduit que ∀n ∈ N, nx ≤ b − x.
Mais alors b − x est un majorant de A et comme x > 0, b − x < b. Le réel b n’est donc pas le plus
petit des majorants de A ce qui est en contradiction avec le fait que ce soit la borne supérieure
de A.
n ≤ x < n + 1.
Cet entier est appelé la partie entière de x et est noté [x] ou E(x).
Preuve.
• Unicité. Soient n1 et n2 deux entiers relatifs vérifiant :
©EL ACHAB
n1 6 x < n1 + 1 et n2 6 x < n2 + 1.
On a alors
x − 1 < n1 6 x et x − 1 < n2 6 x.
Ou encore
x − 1 < n1 6 x et − x 6 −n2 < 1 − x.
En sommant ces deux encadrement, on obtient :
−1 < n1 − n2 < 1.
Remarque.
Les deux majorations suivantes sont souvent utiles dans les exercices :
©A. EL ACHAB 7
1.5 Droite numérique achevée Analyse I
Exemple. √
Soit a ∈ N\{0, 1, 2}. Déterminer E( a2 + 5).
On note que a2 ≤ a2 + 5 et a2 + 5 < (a√+ 1)2 .
Comme les nombres √ sont positifs, a ≤ a + 5 < a + 1.
2
Or a ∈ N donc E( a2 + 5) = a.
Définition 1.7. Soit A une partie de R. A est dite dense dans R lorsque pour tout (x, y) ∈ R2
tel que x < y il existe a ∈ A tel que x < a < y.
Remarque.
©EL ACHAB
Entre deux réels x et y distincts, il existe une infinité de rationnels et une infinité d’irra-
tionnels compris entre x et y.
Opérations sur R
On prolonge aussi (en partie) les opérations + et × à R en posant :
• (+∞) + x = x + (+∞) = +∞
• (−∞) + x = x + (−∞) = −∞.
• (+∞) + (+∞) = +∞.
• (−∞) + (−∞) = −∞.
• Si x > 0 : x(+∞) = (+∞)x = +∞ et (−∞)x = x(−∞) = −∞
• si x < 0 : x(+∞) = (+∞) = −∞ et (−∞)x = x(−∞) = +∞.
• (+∞)(+∞) = +∞, (−∞)(−∞) = +∞ et (−∞)(+∞) = (+∞)(−∞) = −∞.
Remarque.
• les lois (+, ×) dans R ne sont pas partout définies : 0 × (±∞) ni (−∞) + (+∞).
• Les règles de calculs définies ci-dessus auront leur utilité dans le chapitre sur les limites.
Exercices.
Exercice 1.1.
√
1. Montrer que : 3 ∈ / Q.
√ √
2. Soient x et y deux rationnels positifs tels que x et y soient irrationnels. Montrer que
√ √
x + y est irrationnel.
Exercice 1.2.
Soient x et y deux réels quelconques.
1. Montrer en utilisant l’inégalité triangulaire que : 2 | x |≤| x + y | + | x − y |, et déduire
que | x | + | y |≤| x + y | + | x − y | .
2. Soient a, b, c ∈ R, montrer que : | a + b |=| a | + | b | ssi a et b sont tous les deux positifs
ou tous les deux négatifs.
3. Déduire que : | a − b |=| a − c | + | c − b | ssi a ≤ c ≤ b ou b ≤ c ≤ a.
Exercice 1.3.
©EL ACHAB
(b) A n’est pas majoré.
(c) A n’admet pas un plus grand élément.
(d) M est la borne supérieure de A.
2. Soient A et B deux parties non vides bornées de R.
Montrer que si A ⊂ B alors : inf B ≤ inf A ≤ sup A ≤ sup B.
3. Les parties suivantes sont-elles majorées, minorées ? Si oui, déterminer leurs bornes supérieures,
inférieures.
n o n o
x2 +2 1
(a) x2 +1 , x∈R (c) (−1)n + n+1 , n∈N
n o n o
(b) (−1)n (1 − n1 ), n ∈ N∗ (d) 1
n + 1
m, (m, n) ∈ N∗ × N∗ .
Exercice 1.4.
©A. EL ACHAB 9
10 A. EL ACHAB