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Fantastiques Expériences de Voyage Astral (Robert A. Monroe)

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Table des matières

PREMIÈRE PARTIE
1. LE TRAFIC LOCAL DE JADIS
3. LE PROGRAMME GATEWAY
4.LA PREMIÈRE ÉQUIPE D’EXPLORATEURS
5. NOUVELLES ASSOCIATIONS
6. TRANSITION
DEUXIEME PARTIE
HORIZONS LOINTAINS
7. ÉTUDES ET SCHÉMAS
8. LE POINT DE RENCONTRE
9. LA ROUTE DE L’ARC-EN-CIEL
10. UN NOUVEL AMI
11. MISSION DE SAUVETAGE
12. TÉMOIGNAGE PAR OUÏ-DIRE
13. TRAITEMENT DE CHOC
14. UNE LEÇON SANS PEINE
15. REALISATION D’UNE PROMESSE
16. LE RASSEMBLEMENT
Épilogue
LA DERNIÈRE MANCHE
Croisière dans les anneaux
La boule de pensée BHP-1
Apprentissage intensif— Catégorie des humains
Distorsion de la Pulsion de Vie
Protection du corps et entretien
Sexualité — reproduction
Diffusion de l’Énergie Primordiale
Préparation: lancement et décollage
Détoxication/Réduction de charge/Purge
La Réalité est ce qui est perçu
L’Énergie n’existe que si elle est exprimée
L’Énergie dirigée est exponentielle
La Conscience est l’Énergie dirigée
Prendre les événements au jour le jour
Vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre
Mettre l’ego au régime
Se défaire des liens sexuels pulsionnels
Renoncer aux jugements de valeur
Détacher la matière-émotion
Vous êtes responsable de votre vie
Le libre arbitre est imagination
Le rire est un processus qui purge
Plaisir-Douleur constituent une courbe d’apprentissage (PP)
Tirer le maximum des périodes de sommeil
Mesurez votre taux de charge énergétique
Construire l’énergie de la vitesse d’arrachement
«Pas de Lieu Rhône que Nous»
ANNEXES
I- L’EXPERIENCE HORS DU CORPS: LES QUESTIONS LES PLUS
FREQUENTES
II- PSYCHOPHYSIOLOGIE DE L’OBE CHEZ ROBERT A MONROE
III- L’EXPERIENCE HORS DU CORPS: PHENOMENOLOGIE
Avertissement
Définition des termes « Expérience de sortie du corps »
A. LES CIRCONSTANCES PRÉALABLES À L’EXPERIENCE
B. NATURE DE L’EXPÉRIENCE
C. IMPACT DE L’EXPÉRIENCE
RÉFÉRENCES
ROBERT A. MONROE
FANTASTIQUES EXPERIENCE DE VOYAGE ASTRAL
Traduit de l’américain par Martin Meyer

EDITIONS ROBERT LAFFONT PARIS


« LES ÉNIGMES DE L’UNIVERS »

Collection dirigée par Francis Mazière


« L’Expérience hors du corps: une typologie phénoménologique fondée sur
un questionnaire », par S.W. Twemlow, G.O. Gabbard et F. C. Jones. The
American Journal of psychiatry, Volume 139, 4, pp. 450- 455, 1982, ©
1982. Association américaine de psychiatrie, réimpression autorisée.
« Psychophysiologie de l’expérience hors du corps chez Robert A. Monroe
», dans With the Eyes of the Mind, par Gien 0. Gabbard et Stuart W.
Twemlow, © 1984, Éditions Praegers, réimpression autorisée.
Titre original: FAR JOURNEYS
© Robert A. Monroe, 1985
Traduction française: Éditions Robert Laffont, S.A.,
Paris, 1990
ISBN 2-221-05773-2
[Édition originale:
ISBN 0-385-23182-2 Doubleday & Company. Inc, New-York)
A Nancy, ma femme et beaucoup plus qu’une épouse, dont
l’amour, le soutien et la compréhension m’ont permis de réaliser
cet ouvrage.
Aux centaines de volontaires qui, au cours des quinze dernières
années, nous ont consacré tant de temps et d’énergie, et sans le
dévouement desquels bien peu aurait été accompli.
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR
Le ton et le contenu de ce livre peuvent étonner le lecteur français qui
y verrait plus volontiers de la mauvaise science- iction qu’un ouvrage de
recherche. Il serait plus juste de parler d’un compte rendu d’expériences
déroutantes et nous conseillons de considérer Fantastiques expériences
de voyage astral sous cet angle. La recherche sur la synchronisation du
cerveau existe aux États-Unis aussi bien dans des laboratoires privés,
comme celui de Monroe, que dans des laboratoires universitaires. On se
reportera avec pro it, sur ce sujet, à Channeling de Jon Klimo, dans la
même collection. Par ailleurs, il est également nécessaire de remettre
Fantastiques expériences de voyage astral dans le contexte du
mouvement appelé New-Age, riche de recherches sur la conscience et les
possibilités du cerveau, mais baignant dans une idéologie spirituelle qui
déroute souvent, tant par ses concepts que par son vocabulaire, le lecteur
habitué à des raisonnements et non à des extases religieuses! Mais si l’on
aborde ce texte avec la curiosité que l’on peut avoir pour une littérature
très éloignée de notre culture, on y trouvera bien des sujets de ré lexion,
comme la célèbre Elizabeth Kübler-Ross, qui n’a pas hésité à tester
l’appareillage de Monroe.
AVANT-PROPOS

On peut toujours choisir entre la facilité et la dif iculté. Et, placés


devant un choix, nous décidons souvent de suivre la voie de la facilité.
C’est une question d’ef icacité: la voie de la facilité nous permet
d’épargner du temps et de l’énergie. Mais parfois, face à une trop
grande facilité, nous ressentons une certaine culpabilité. Nous
éprouvons la sensation désagréable que quelque chose manque si l’on
ne suit pas laborieusement les sentiers éprouvés. Et l’on en vient à
douter. Si c’est trop facile, ce n’est probablement pas bon, c’est peut-
être un péché !
Néanmoins, on s’habitue vite à la facilité et l’on oublie l’ancienne
route. Si vous habitez depuis longtemps dans une région, vous avez
certainement circulé entre deux villes avant la création des autoroutes.
Essayez donc, ne fût-ce qu’une fois, la bonne vieille route. Vous verrez
qu’une fois suf it Les embouteillages, le débit au compte-gouttes et les
frustrations chasseront le reste de nostalgie que vous auriez pu nourrir.
Vous affrontez déjà suf isamment les bouchons dus au tra ic local aux
abords de l’autoroute.
Le problème est le suivant: supposez que vous ayez rencontré
quelqu’un n’ayant jamais conduit sur autoroute. De toute sa vie, il n’a
jamais connu que le tra ic local, mais il a entendu parler de ces super
autoroutes. Peut-être même en a-t-il vu une de loin, en a entendu le
grondement ou senti les gaz d’échappement II explique par un certain
nombre de raisons pourquoi il n’emprunte pas et n’empruntera
pas l’autoroute: il peut s’en passer; est satisfait ainsi; la vitesse y est
trop élevée au détriment de la sécurité ; il faut changer d’itinéraire pour
y avoir accès; elle est fréquentée par des inconnus auxquels on ne peut
faire con iance ; sa voiture n’est pas en parfait état et pourrait tomber
en panne, le laissant en plan sans personne pour l’aider dans Dieu sait
quel bled perdu. Peut-être essayera-t-il un jour; mais nous en
reparlerons plus tard.
Supposez que vous tombiez sur un décret du ministère des
Transports ordonnant la démolition de l’ancienne route et la déviation
obligatoire du tra ic local sur l’autoroute. Que faire? Que feriez-vous?
Rien? Supposez que l’usager récalcitrant soit un vieil ami. Votre ami a
eu vent du décret, mais refuse d’y croire. Il voit les équipes d’ouvriers
qui s’organisent aux abords de “ancienne route, mais il les ignore. Donc,
vous savez qu’il sera fortement traumatisé lorsque la route sera fermée
et qu’il sera refoulé, gémissant et braillant, sur l’autoroute.
Vous décidez de faire tout ce que vous pourrez pour l’aider. Des
semaines, des mois, peut-être des années s’écoulent et vous ne faites
rien. Certes, vous vous justi iez. Vous ne savez comment vous y prendre.
Vous ne savez comment décrire l’autoroute en termes de tra ic local et
votre ami ne connaît que ça. Quelqu’un d’autre interviendra et le fera
pour vous, pour votre ami. En in, vous découvrez la réponse, simple
comme bonjour. Vous et votre ami souffrez du même mal, mais pour
des raisons différentes: l’inertie. Pensez aux chemins de fer de jadis.
Une locomotive ne pouvait guère tirer que quatre ou cinq wagons, car si
le train était plus lourd, les roues motrices patinaient
en vain au démarrage. Inertie. Arrive alors un petit malin de
penseur qui invente l’attelage coulissant, permettant à la locomotive de
transmettre l’impulsion du départ à chaque wagon successivement,
rompant ainsi l’inertie. Demandez donc au cheminot situé dans le
fourgon de queue d’un convoi de cent wagons quelle sensation il
éprouve lorsqu’il avertit le mécanicien que tout est en mouvement. On
passe d’un coup de zéro à cinquante kilomètres heure. Même principe
pour les automobilistes dont la transmission permet une puissante
rotation à basse vitesse pour vaincre l’inertie. Une fois le moteur lancé,
un minimum de puissance suf it à vaincre la résistance de l’air et le
frottement de la route. Plus expéditive est la catapulte de lancement sur
un porte-avions, dont l’action est brutale. De mêmes les armes à feu
sont conçues pour vaincre l’inertie des balles.
On ne peut douter que cette brutalité (explosion, catapulte)
transposée à l’autoroute, où la vitesse est très élevée, ne soit déroutante
et traumatisante, même avec l’adaptation aux impératifs du tra ic local.
En voici une illustration :
… Je ne parviens pas en dessous du point zéro, il doit y avoir une
meilleure façon de s’y prendre !
(Votre colère incontrôlée vous demande beaucoup d’énergie.
Réaction très humaine.)
Une meilleure façon de s’y prendre… la matière n’est que ce qu’elle
est Si vous heurtez du pied une pierre sur votre chemin et que vous
vous blessiez un orteil, pourquoi se mettre en colère contre la pierre ?…
vous ne pouvez lui en vouloir de se trouver sur le chemin ou d’être plus
dure que votre orteil… Et maintenant, voyons si c’est valable.

(C’est une concentration de l’attention, de la conscience, sans


diversion ni déviation. Vous, être humain, ne disposez d’aucune autre
énergie aussi puissante. Vous pouvez utiliser votre conscience comme une
lentille dirige l’énergie que vous appelez la lumière.)
Chaque fois que j’entends ce genre d’explication, je Comprends à
quel point la route est encore longue.
(Vous vous en tirez très bien, monsieur Monroe. Le fait que vous
identi iiez cette image en est le signe)
O.K. Compris ! C’est en dessous d’une ligne de base… euh, à
l’exception de cette unique dent de scie qui dépasse… et il y a une petite
onde sur la dent, que je ne parviens pas à écarter.
(C’est un autre genre de boule de pensée/rote1, comme vous dites.
Prenez-la, si vous voulez. Elle pourrait vous intéresser)
D’accord, pourquoi pas !
(CLIC !)
Pour passer du tra ic local à l’autoroute, il faut impérativement une
voie d’entrée ou d’accélération qui permette de se fondre dans le lux. Si
vous pouvez utiliser les instruments du tra ic local pour la conception
et la construction de la rampe d’accès, c’est d’autant mieux. N’oubliez
pas le facteur inertie.
Donner l’impulsion du départ à un wagon chargé à la fois, démarrer
en première pour ne pas faire caler le moteur, puis changer de vitesse
sans à-coups. Attention, la transmission automatique ignore quand
vous devez changer de vitesse. Si la démonstration est probante, votre
ami aura emprunté l’autoroute bien avant la fermeture de l’ancienne
route.
Faites de votre mieux.

Robert A. MONROE
Faber, Virginie, 1985
PREMIÈRE PARTIE
PREMIÈRES EXPLORATIONS
1. LE TRAFIC LOCAL DE JADIS

Si une première observation s’impose, c’est que, manifestement,


après avoir pratiqué personnellement l’expérience hors du corps
pendant vingt-cinq ans, je suis toujours physiquement vivant. Certes,
un peu usé par le temps, mais encore plus ou moins opérationnel.
J’ai souvent eu des moments de doute, mais de grands médecins
m’ont assuré que mes problèmes de santé étaient simplement liés à la
civilisation de ce milieu du XXe siècle aux Etats-Unis. Certains pensent
différemment et soutiennent que je suis encore en vie parce que je
pratique l’expérience hors du corps. A vous de choisir !
On peut donc, semble-t-il, pratiquer régulièrement l’expérience
hors du corps et survivre. Pour ma part, m’étant fait régulièrement
examiner par des spécialistes, je puis af irmer être raisonnablement
sain dans un monde qui ne l’est pas tant que ça. Beaucoup de gens font
des choses bizarres et s’en tirent à bon compte, alors qu’au siècle
dernier il pouvait leur en coûter un périple en tonneau dans les chutes
du Niagara.
Qu’est-ce que l’expérience hors du corps (OBE) “Out of Body
Experience”. Pour ceux qui l’ignorent encore, l’OBE est l’état dans
lequel, sorti de son corps physique, on demeure pleinement conscient
et capable de percevoir et d’agir comme si l’on fonctionnait
physiquement, mais avec un certain nombre de différences.
On peut se déplacer lentement ou, semble-t-il, à des vitesses
supérieures à celle de la lumière, dans l’espace (et dans le temps ?). On
peut observer, participer à des événements et prendre des décisions
ré léchies, fondées sur ce que l’on perçoit et fait On peut traverser la
matière, les murs, les tôles d’acier, le béton, la terre, les océans, l’air et
même les radiations atomiques, sans le moindre effort et sans en être
incommodé.
On peut passer d’une pièce à l’autre sans se donner la peine
d’ouvrir la porte. On peut rendre visite à un ami à cinq mille kilomètres
de distance. On peut explorer la Lune, le système solaire et la galaxie, si
le cœur nous en dit. Ou bien, on peut pénétrer d’autres réalités
vaguement perçues et théorisées par notre conscience spatio-
temporelle.
Ce n’est pas un phénomène nouveau, puisque des études récentes
ont montré que quelque 25 pour 100 de notre population se souvenait
d’au moins une expérience de ce genre. Notre histoire regorge de tels
récits que, dans la littérature de jadis, on quali iait de « projection
astrale ». Dès le commencement, j’ai refusé d’utiliser cette expression
du fait de sa connotation occulte et certainement peu scienti ique, eu
égard aux normes actuelles. Dans les années soixante, Charles Tart, un
ami psychologue avec qui je travaillais alors, a vulgarisé l’expression «
expérience hors du corps». Au cours des vingt dernières années, cette
expression est devenue le terme générique consacré en Occident pour
désigner cet état particulier.
C’est en automne 1958 que, sans raison manifeste, j’ai commencé à
sortir de mon corps. A la lumière d’événements historiques ultérieurs,
il convient de noter que la drogue et l’alcool n’y sont pour rien. Je ne
consomme pas de drogue et ne bois que rarement.
Il y a plusieurs années, j’assistais à une conférence donnée à
proximité de mon ancien domicile, dans le comté de Westchester, état
de New-York, où mes premières expériences hors du corps avaient eu
lieu. En passant devant la maison, l’idée me vint que j’ignorais encore
pourquoi elles avaient commencé et j’en is la remarque à l’ami
psychologue qui se trouvait en voiture avec moi.
Celui-ci jeta un coup d’œil à la maison, se tourna vers moi et sourit.
« L’explication était simple. C’est la maison. Regarde-la bien. » J’arrêtais
la voiture. La maison toujours le même aspect, toit vert et pierre. Le
nouveau propriétaire l’avait fort bien entretenue. Je me retournai vers
mon ami et lui dis: « Je ne vois rien de spécial. »
« Le toit. » Il le désigna du doigt «C’est une véritable pyramide. En
outre, il est recouvert de cuivre, comme l’était le sommet des grandes
pyramides avant le passage des pillards.» J’écarquillai les yeux,
complètement abasourdi.
«C’est l’in luence des pyramides, Robert, continua- t-il. Tu as
certainement lu quelque chose à ce sujet Tu habitais une pyramide.
Voilà la raison !»
L’in luence des pyramides? C’est possible, après tout. Il y a, à ce
sujet, des récits et des ouvrages qui évoquent d’étranges énergies.
Ce serait peu dire qu’après cela, j’étais épouvanté par l’expérience
hors du corps. Lorsque cela se produisait, j’avais des visions terri iantes
de tumeur au cerveau et je croyais devenir dément C’est pourquoi je me
prêtai à des examens de santé approfondis qui furent tous négatifs, et
l’on me recommanda une psychothérapie pour « troubles
hallucinatoires mineurs ». J’ai spontanément décidé de ne pas retenir ce
diagnostic. Plusieurs de mes amis de l’époque, psychiatres et
psychologues, avaient également des problèmes, quoique certainement
plus orthodoxes que les miens.
Au lieu de cela, je me lançai avec obstination dans des recherches
sur le phénomène, par instinct de conservation et, au fur et à mesure
que mes craintes s’apaisaient, par curiosité. Cette piste me conduisait
au-delà de la recherche conventionnelle (rejet total), au-delà des
religions (« C’est l’œuvre du diable »), au- delà de la parapsychologie («
C’est intéressant Désolé, aucune donnée là-dessus ») et au-delà des
disciplines orientales (« Viens donc étudier pendant dix ans dans notre
ashram, en Inde du Nord »). J’ai déjà évoqué tout cela dans mon livre
précédent, Voyages hors du corps.
Une chose est certaine, c’est que l’objectif du livre précédent a été
amplement atteint J’ai reçu des milliers de lettres de tous les coins du
monde. Plusieurs centaines de personnes qui se croyaient victimes de
troubles mentaux m’ont remercié de les avoir rassurées et de ne plus se
sentir trop seules avec des expériences dont elles ne pouvaient parler à
autrui. L’essentiel est que ces personnes ont compris qu’elles n’étaient
pas nécessairement candidates au divan de l’analyste psychiatrique. Tel
était l’objectif déclaré du premier ouvrage : éviter ne serait-ce qu’à une
seule personne un internement inutile.
Je suis, quant à moi, stupéfait des changements intervenus cours
des vingt cinq dernières années. Il est désormais admis d’évoquer l’OBE
dans des milieux académiques et intellectuels. Cependant, je suis
certain que dans nos civilisations, l’immense majorité des gens ignorent
encore cet aspect de leur vie. En 1959 ou 1960, je n’aurais certainement
pas pris au sérieux l’idée que je pourrais donner un jour une conférence
sur l’OBE à l’institut Smithson ou présenter une documentation sur ce
thème à l’Association américaine de psychiatrie. Pourtant, c’est ce qui
arriva.
L’une des approches les plus fréquentes me rappelle beaucoup la
routine éculée du show- business, à savoir, les questions qu’un
producteur pose d’habitude à “artiste qui se présente pour un rôle, il
écoute ce qu’il sait déjà, que l’acteur a fait une apparition dans The
Great One en 1922, qu’il a été la vedette de Who Goes There en 1938,
qu’il a gagné le prix de la critique pour le premier rôle dans Nose to
Nose et qu’en 1949, il a interprété le rôle de Willie dans What Makes
Willie Weep. Le producteur l’interrompt et lui demande simplement
«Tout cela est parfait, mais qu’avez-vous fait hier ?»
Il en va ainsi pour moi. Qu’ai-je fait (hors du corps) depuis la
publication de Voyages hors du corps ? Je réponds d’habitude qu’au
début des années soixante- dix j’ai commencé à me sentir frustré et
limité dans mes activités hors du corps. Je suppose que certains auront
peine à le croire, mais ces voyages étaient devenus réellement
ennuyeux. L’excitation du début était passée depuis longtemps. Il
m’était pénible de participer à ces tests sous contrôle et, parce que
c’était fastidieux, j’ai compris que le thème particulier de la «preuve» ne
correspondait pas à ma manière de travailler. Mais une fois libéré des
contraintes de la preuve, il ne semblait plus y avoir grand-chose
d’excitant.
Mon intérêt pour l’induction volontaire d’un état second s’était
également émoussé, car j’avais trouvé un moyen plus simple d’y
parvenir. Il suf isait que je me réveille après deux ou, si possible, trois
cycles de sommeil, soit approximativement trois ou quatre heures, pour
que je me sente déjà physiquement détendu, reposé et parfaitement
éveillé. Une fois dans cet état, ce n’était plus qu’un jeu d’enfant de «
décrocher » et de sortir librement hors de mon corps. Bien sûr, il restait
à savoir ce que je pourrais bien faire, car à 3 heures ou 4 h 30, tout le
monde dort N’ayant ni but ni perspective particulière, d’habitude,
j’errais un peu, puis revenais en moi-même, allumais la lumière et lisais
jusqu’à ce que je m’endorme à nouveau, et c’était tout.
L’obligation jouant, ma frustration s’aggrava. Cet effort laborieux
relatif à l’état hors du corps devait avoir une signi ication ou une
importance, au-delà de ce que mon esprit conscient (ou celui des
autres) pouvait considérer comme important.
Au printemps 1972, je pris une décision qui permit de répondre à
cette question. J’étais limité par mon esprit conscient Donc, si les
décisions relatives à l’OBE étaient encore laissées à cette partie de moi-
même, comme elles l’avaient été jusqu’à présent, les choses en
resteraient là. J’étais trop sous contrôle de l’hémisphère gauche du
cerveau, c’est-à-dire le « Moi ». Qu’arriverait-il si j’axais ce processus
décisionnel sur mon être total (l’âme ?) qui prétendait connaître de ces
activités ?
Avec conviction, je passai à la pratique. La nuit suivante, je
m’endormis pour une durée de deux cycles de sommeil (environ trois
heures) et me réveillai en pensant à ma décision. Je me séparai de mon
être physique et lottai librement Dans mon esprit conscient, je
considérais que la décision devait être prise par mon être tout entier.
Après avoir attendu, me sembla-t-il, quelques secondes, il y eut une
poussée terrible, un mouvement, une énergie dans cette obscurité
spatiale qui m’était familière et j’entrai dans une toute nouvelle phase
de mes activités hors du corps. Depuis cette nuit-là, presque toutes mes
expériences immatérielles ont suivi ce processus.
Les résultats de ces expériences se sont révélés si éloignés de tout
ce que mon esprit conscient pouvait concevoir que cela suscita un
nouveau problème. Quoique ma conscience physique immédiate
participe toujours à l’expérience, plus de 90 pour 100 de ces faits
semblent ne pas pouvoir être transposés sur le plan spatio-temporel. Ce
serait comme essayer de décrire une composition musicale, une
symphonie avec choeur, par exemple, à l’aide de simples mots, sans
faire de description technique de la notation, des instruments, des
intervalles, des tons, etc. On peut, certes, quali ier la musique de « belle
», « irrésistible », « fantastique », « chaleureuse », « enchanteresse »,
«agréable», sans faire de véritable description.
On fait de son mieux. C’est, je suppose, ce qu’il se passe lors d’une
tentative. Je suis certain qu’il était plus facile de raconter la croisière en
tonneau dans les chutes du Niagara.
Mes activités immédiates ont suscité un autre problème: aucun des
exercices et des techniques que j’avais conçus et destinés à d’autres ne
pouvait s’appliquer à mon cas. Mes amis psychologues ont avancé
plusieurs explications à cette absence d’effet sur moi, la plus simple
étant que je ne parviens pas à dégager l’hémisphère gauche du cerveau.
J’ai été si intimement associé au processus de création que mes facultés
d’analyse et de critique entravent la concentration de l’attention
immédiate. D’autre part, a in de créer ces exercices sonores, j’ai dû faire
un effort intense de concentration pour écouter, pendant
l’enregistrement et le mixage, les différents sons que nous utilisons. Il
est bien évident que pour ce faire, j’ai dû en interrompre l’effet Même
pour un simple son d’une fréquence, je dois en faire l’analyse et
m’efforcer de déterminer s’il est stable.
Peut-être y a-t-il un effet dont je ne suis pas conscient Mais c’est
une situation curieuse que de regarder par-dessus une clôture un jardin
que l’on a entretenu et mis en saleur, et d’observer ceux qui en jouissent
Les aspects tangibles des faits récents sont relativement clairs. Par
exemple, je suis devenu douloureusement (c’est le mot !) conscient du
fait que mon organisme s’est mis à rejeter les substances chimiques
comme l’alcool, les médicaments, la caféine, et tout ce qu’il perçoit
comme n’étant pas naturel. Le rejet ou la réaction allergique se
manifeste par une transpiration abondante, des vomissements et/ou de
violentes crampes abdominales. Cela peut être positif, mais comporte
également des désavantages. Je n’ai jamais été un buveur avéré, mais un
seul verre de vin déclenche une réaction de rejet.
Le problème devient particulièrement délicat pendant une
intervention chirurgicale, car je fais un rejet de l’anesthésique et, éveillé
sur la table d’opération, je sens le chirurgien me recoudre
(certainement à la grande surprise de l’anesthésiste). Pendant la
période postopératoire, une piqûre de Demerol contre la douleur ne
provoque chez moi que de forts vomissements. Vous pouvez imaginer
ma frustration. Je n’ai pu en pro iter qu’une seule fois pendant mes
périodes d’hospitalisation, au cours des dix dernières années. J’ai été
cruellement déçu que cela n’ait pas été ef icace la dernière fois, car la
souffrance était presque intolérable. Cependant, je savais que, si j’étais
sorti de mon corps, je n’aurais pas eu le courage de revenir vers cet
océan de douleur. Les premiers temps, l’un de mes amis psychologues
s’était montré sceptique quant à cette allergie. Par la suite, il s’intéressa
aux effets que les stupé iants auraient sur un organisme comme le
mien. Nous avons essayé sur moi la mescaline de laboratoire et le LSD),
sans résultat
Autre point: j’ai demandé à un ami immatériel si j’avais eu une vie
physique antérieure dans un passé récent Ce fut l’une des rares
réponses verbales qu’il m’a été donné de recevoir:
Pendant votre vie humaine antérieure, vous étiez moine dans un
monastère à Coshocton, en Pennsylvanie.
J’ai examiné la carte de Pennsylvanie. Coshocton n’y igurait pas,
mais je n’ignorais pas qu’un Coshocton existait en Ohio, où j’avais déjà
vécu, et je posai à nouveau la question pour m’assurer qu’il n’y avait pas
erreur sur l’Etat C’était bien la Pennsylvanie. Néanmoins, je n’y ai pas
accordé trop d’importance, car il ne m’importe guère de savoir qui
j’étais dans une vie antérieure hypothétique. Je racontai la chose à un
évêque de mes amis, qui proposa de faire des recherches dans ses
registres. De fait, quelques semaines plus tard, il m’appela pour dire
qu’il y avait bien un monastère dans un lieu appelé Coshocton, en
Pennsylvanie. A son avis, il serait intéressant de faire un tour là-bas un
week-end, histoire de voir si cela me remémorerait quelque chose.
Peut-être un de ces jours.
Phénomène de l’argent dans la poche de mon pantalon: pendant
des années, j’ai gardé la chose secrète car personne ne me croyait Je l’ai
montré à Nancy, ma femme, et elle demeurée sceptique. Il semble que,
lorsque j’accroche un certain pantalon dans la penderie de la chambre à
coucher, il génère des billets de banque, des vrais, ni neufs ni craquants,
mais usagés. Il n’y a jamais de fortes sommes dans la poche, le
maximum que j’y ai trouvé s’élevant à onze dollars. D’ordinaire, il n’y a
guère que deux, trois ou quatre dollars et ces montants ne semblent pas
varier dans le temps. Il peut m’arriver de ne pas y penser pendant une
semaine et je n’y trouverai peut-être que trois dollars. Si je ne touche
pas ce pantalon pendant trois mois, il n’y aura peut-être que six dollars.
Le mode de génération et le montant de la somme ne semblent pas
répondre à une règle particulière. Si j’apporte le pantalon au nettoyage,
puis le remets dans sa housse de plastique dans le placard, rien ne
change. Nous avons supposé que je pourrais introduire l’argent dans la
poche pendant mon sommeil, mais l’emballage resté clos nous a fait
rejeter cette hypothèse. On pourrait raisonnablement penser qu’il s’agit
de l’aboutissement progressif d’un besoin très urgent de quelques
dollars pendant mon adolescence (ce fait peut être rapproché d’autres
faits étranges à cette époque). Une partie de moi-même se souviendrait
encore de ce besoin urgent et s’efforcerait d’y subvenir. Il est bien
dommage que, lorsque l’on parvient à un autre stade de sa vie, cinq, six
ou onze dollars ne mènent pas bien loin. Très peu de gens croient en ce
phénomène et je ne leur en fais pas grief. Si ce n’était pas à moi que cela
arrivait, je ne le croirais pas non plus.
Autre phénomène : il y avait, dans notre maison de Whistle ield
Farm, une véranda fermée donnant sur le salon. Pour y accéder, on
devait franchir deux portes à double battant et descendre quelques
marches de pierre, la véranda se trouvant en dénivelé par rapport au
salon. Les marches étaient très raides et le dénivelé d’environ un mètre
vingt
Un matin, pénétrant dans la véranda les bras chargés de livres et de
documents, je is un faux pas. Mon pied droit vint se placer devant mon
pied gauche en position croisée et je culbutai la tête la première sur le
dallage. Comme j’étais incapable de me protéger le visage avec les bras,
je me rappelle avoir pensé: « J’en serai quitte pour me fracturer le crâne
et me casser le cou. »
Tout à coup, à environ quinze centimètres du sol, ma chute fut
freinée. Ma tête et mes épaules atterrirent en douceur sur les dalles,
exactement comme si je les y avais posées avec précaution. Le reste de
mon corps, entraîné dans la chute, s’allongea par terre aussi légèrement
qu’une plume. Je restai étalé sur le sol pendant un moment, me
demandant ce qui avait bien pu se produire. Je me palpai la tête et les
épaules, mais ne ressentis aucune douleur. Il n’y avait aucune trace, pas
la moindre contusion, rien. Je me redressai, ramassai mes livres et
documents et examinai l’endroit où j’étais tombé, a in d’essayer de
trouver la clé de l’énigme. Il est clair que quelque chose, dont je n’avais
certainement pas conscience, avait amorti ma chute.
Quelques mois plus tard, au coeur de l’hiver, un fait analogue se
produisit En descendant les marches du perron, qui avaient
probablement été nettoyées après une chute de neige, je glissai, mais
cette fois, je ne fus pas aussi surpris de tomber en douceur. Cela n’arriva
que deux fois et je n’envisage pas de renouveler intentionnellement
l’expérience. Voilà donc l’un de ces phénomènes encore inexpliqués.
Autre phénomène: l’un des événements les plus déconcertants se
produisit, semble-t-il, à la suite d’une communication très directe. Vers
le milieu des années soixante-dix, tôt un matin, je me glissai
paresseusement hors de mon corps, comme à l’accoutumée. Presque
immédiatement, je fus abordé par un individu de forme indécise, qui
me transmit très précisément l’instruction suivante :
Monsieur Monroe, soyez à Eaglehill le 4 juillet à 7 heures du matin.
Surpris, je le priai de bien vouloir répéter l’instruction et j’entendis
exactement le même message: Monsieur Monroe, soyez à Eaglehill le
4 juillet à 7 heures du matin.
La forme s’estompa et disparut sans me laisser la possibilité de
demander plus d’explications. Je réintégrai mon corps, m’assis sur le lit
et is un résumé circonstancié de cette rencontre.
La nuit suivante, alors que je réitérais l’opération, la forme se
manifesta presque immédiatement et répéta le message, comme elle
l’avait fait la veille. C’était un message très catégorique, presque un
ordre. La forme s’évanouit à nouveau sans que je puisse obtenir de plus
amples informations. La troisième nuit, j’attendis vainement que le
phénomène se renouvelle, mais il n’en fut rien. J’étais particulièrement
impressionné par la clarté de la demande et par la répétition exacte du
phénomène la deuxième fois. Fait primordial, on » m’avait appelé par
mon nom.
Cette demande suscita particulièrement ma curiosité et celle de
mes amis et parents à qui j’en avais fait part. Nous avons examiné le
problème sous toutes ses facettes, mais la question majeure était: « Où
est donc Eaglehill? » J’avais reçu le message vers le mois d’avril et il
nous restait un certain temps pour découvrir sa signi ication. Malgré
tous nos efforts, nous ne pûmes trouver aucun lieu du nom d’Eaglehill.
Après quelques semaines de recherche, j’abandonnai plus ou moins
cette question.
Alors que j’étais en visite chez des amis à plusieurs centaines de
kilomètres de chez moi, quelque chose se produisit qui changea tout
Nous dînions dans le patio. Mes hôtes possédaient un poste récepteur
qui captait automatiquement des fréquences diverses, comme celles de
la police, des pompiers, etc. Nous bavardions tranquillement,
lorsqu’une voix, à la radio, prononça soudain « Eaglehill », attirant
instantanément mon attention. Fébrilement je demandai à mon hôte
sur quel émetteur le poste était réglé. Il me répondit que c’était la
fréquence de la FAA destinée aux communications avec les avions en
vol. J’écoutais avidement la radio, en quête d’autres indices. Mon hôte
me demanda ce qu’il y avait là de si important mais il va sans dire que je
ne pouvais le mettre au courant Quelques minutes plus tard, le
récepteur s’anima bruyamment: «Ici Unité 351 au-dessus d’Eaglehill à
douze mille pieds. »
Le lendemain, de retour chez moi après un long voyage par la route,
je me rendis au bureau de la FAA de l’aéroport le plus proche et
demandai à l’employé où se trouvait Eagle ill. Il me répondit que c’était
une balise dans un État voisin, qu’il me désigna sur une carte de
navigation aérienne. Eaglehill, c’était certainement là. Il y avait
vraisemblablement un petit village de ce nom là quelque part, même si
je ne l’avais pas trouvé sur la carte routière.
Cela éclaira le message d’une toute nouvelle lumière et le 3 juillet
dans l’après-midi, je pris la route pour Eaglehill. Après un long voyage,
je is une halte dans une petite ville aux environs du lieu en question,
louai une chambre dans un motel, dînai légèrement et me couchai de
bonne heure.
Le lendemain matin, à 7 heures précises, je me rendis au lieu-dit
d’Eaglehill. Il n’y avait guère que deux ou trois maisons, un garage et un
magasin groupés autour d’un petit carrefour de campagne. Le moins
que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y avait là rien de bien extraordinaire et
peut-être que rien n’avait changé depuis trente ou quarante ans. Je me
garai au bord de la route et éteignis le moteur. Je me mis à attendre,
sous les regards curieux de quelques badauds assis devant le garage.
J’attendis en vain pendant plus d’une heure, je démarrai sous les
regards des curieux, traversai Eaglehill et parcouru environ trois
kilomètres dans la campagne. Il n’y avait que des fermes. Je revins au
carrefour et obliquai vers l’ouest Je roulai encore quelques kilomètres.
Même chose, personne ne me it signe, rien que la campagne et des
fermes. Je is demi-tour et roulai vers l’est. Toujours rien. Je revins à ma
première place au carrefour et attendis, assis dans la voiture. Quand il
fut midi, j’en conclus que tout cela n’avait été qu’une illusion, revins au
motel, réglai ma note et déjeunai. Soit ce n’était pas le bon Eaglehill, soit
j’avais mal compris ou mal interprété le message, ou bien tout cela
n’était qu’un canular ou un rêve.
Après avoir longuement médité, je inis par comprendre mon
erreur. L’invitation ou l’ordre ne m’enjoignait pas d’aller à Eaglehill
physiquement: je devais m’y rendre hors du corps. L’invitation ne tenait
pas compte de la dif iculté que j’éprouvais à me rendre directement à
un endroit précis, plutôt que vers une personne.
Et comme pour verser de l’huile sur le feu, quelques années plus
tard, je rencontrai un membre du gouvernement et l’interrogeai sur le
lieu en question, sans mentionner la raison pour laquelle je m’y
intéressais. Il m’informa qu’il s’agissait d’un centre fédéral spécial
destiné à la recherche, qui avait été construit vers l’époque où je m’y
étais rendu.
Manifestement, il n’est pas encore connu ou, tout au moins, je ne
veux pas courir ce risque. C’est pourquoi, le lieu tel qu’indiqué dans les
messages n’est pas le bon. Je me demande encore ce qu’il se serait
passé, si j’avais accepté le rendez-vous hors du corps.
Autre phénomène: ma société ayant été autorisée à installer un
réseau de câbles TV à Charlottesville, en Virginie, nous avions besoin
pour l’antenne de réception d’un terrain situé au sommet d’une colline
proche de la ville.
Roy, le propriétaire de la colline, était un petit bonhomme
énergique, aux yeux bleus étincelants et à la calvitie naissante. Il avait
l’humour caustique et l’esprit sagace. Les nombreuses années passées à
diriger les travaux dans son verger de vingt mille pommiers, situé sur la
colline, lui avaient tanné et ridé la peau du visage. Comme c’était un
véritable Écossais, la négociation s’engagea avec une savante
désinvolture, mais nous parvînmes à un accord raisonnable et
satisfaisant, et devînmes amis.
Un vendredi, après le déjeuner, il se tourna vers moi et me
demanda: « Vous aimez jouer aux cartes? »
Je sentis en moi une excitation qui m’était familière. «Quel genre de
jeu? »
« Eh bien, dit-il, certains ne disent pas poker parce que nous faisons
beaucoup de parties délirantes, mais on s’amuse bien. On ne joue qu’à
dix ou vingt cents, donc, ne vous attendez pas à gagner des fortunes.
Chaque vendredi soir, nous jouons chez l’un d’entre nous à tour de rôle
et, point particulier, on ne boit pas d’alcool. C’est le plus vieux cercle de
poker de Charlottesville. Il existe depuis soixante-dix ans, ce qui fait un
bon bout de temps. Si vous voulez vous joindre à nous ce soir, je
viendrai vous chercher vers sept heures et demie. Vous verrez, vous
vous amuserez bien à la chorale. »
Déconcerté, je le regardai. « La chorale? »
Il sourit « C’est ainsi que nous l’appelons chez nous, en Virginie!
Certains disent qu’ils ne savent pas si c’est légal ou non. La police a fait
des descentes dans d’autres cercles, parce qu’il s’agissait de jeux
d’argent illicites. Bien sûr, ce n’est pas notre cas. »
Je répliquai en souriant: « Bien sûr que non. Rendez-vous à sept
heures et demie pour la chorale. »
Je devins un habitué. Je n’y participais pas tous les vendredis mais
j’y faisais une apparition, au moins une fois sur deux. Cela me
permettait de me distraire de mes activités quotidiennes d’installation
de télévision par câble. Les participants étaient tous des hommes
d’affaires qui, pour la plupart, avaient passé leur vie dans la région de
Charlottesville. Ils n’étaient pas au courant de mes étranges recherches.
Même lorsque mon premier livre fut publié ils n’en surent rien et je
n’en is pas mention. A ce jour, peut-être qu’un ou deux d’entre eux est
vaguement au courant de mes activités actuelles.
Les premiers indices laissant entrevoir des éléments inhabituels au
cours des soirées de jeu apparurent après environ deux années, lors
d’une partie de stuc-poker à sept cartes que nous jouions à six. La
donne avait commencé normalement Les deux cartes qui m’avaient été
distribuées à l’envers étaient le trois et le quatre de trè le. Parmi les
cartes distribuées à l’endroit, il y avait le cinq et le sept de trè le. La
mise était assez élevée et il y avait des paires un peu partout sur la
table, y compris une paire d’as parmi les cartes retournées de Roy. Je
restai dans le coup, ce que, statistiquement parlant, je n’aurais pas dû
faire, et essayai de former une quinte ou un lush. La dernière carte
nous fut distribuée à l’envers. Je ne pris même pas la peine de regarder
la mienne, car soudain, je sus avec certitude que c’était un six de trè le.
C’était très bizarre, mais simplement, « je savais ».
« Roy, dis-je en désignant la carte à l’envers que je n’avais pas
touchée, cette carte est un six de trè le, ce qui signi ie que j’ai une
quinte lush. Votre full aux as sera battu. »
Roy regarda la carte, puis me toisa avec un sourire amusé. Il avait
déjà regardé sa carte et savait qu’il avait un full aux as.
«Je parie cinq jetons que vous ne l’avez pas. Ce n’est pas un six de
trè le. »
Je tendis la main vers une pile de jetons et dis: «Si, Roy»
Il sourit et misa. «Très bien, pour voir. » Je retournai la carte. C’était
bien un six de trè le.
Roy sourit. « Il n’y a pas là de quoi battre mon full. » Il retourna son
full aux as, qui l’emportait sur tous les autres jeux « Je parie cinq de
plus que vos cartes retournées ne sont pas le trois et le quatre de trè le.
»
Je souris. « Je ne voudrais pas vous plumer, Roy. »
« Une quinte lush battrait mon full aux as. » Il poussa une autre
mise. « Je ne pense pas que vous l’ayez. Vous deviez vous douter que
vous tomberiez sur un six de trè le et je vous conseille d’abandonner
avant de perdre. »
Je souris et dis: « Je ne veux pas ces cinq jetons »,
puis je retournai le trois et le quatre, complétant ainsi une quinte
lush.
Il y jeta un coup d’œil rapide et dit: «c’est extraordinaire! »
Lors de la partie suivante, Roy faisait la donne. La sensation que je
« savais » était toujours présente et intense. Je ne regardai même pas
les cartes distribuées à l’envers. Parmi les cartes qui m’avaient été
données à l’endroit, il y avait un cinq et un sept de cœur. Je savais, c’est
tout ce que je peux dire.
« Roy, dis-je, vous voyez ce cinq et ce sept de coeur? » Roy
acquiesça. Cette fois, il n’avait pas d’as. « Eh bien, dis-je, cette dernière
carte que vous vous apprêtez à me donner est un six de coeur et j’aurai
une quinte lush. Vous remarquerez que je n’ai pas encore retourné mes
cartes » Il acquiesça encore et resta attentif. C’est lui qui avait distribué
les cartes. Les autres joueurs observaient la scène attentivement,
s’attendant à ce que je perds, car Roy était un joueur exceptionnel.
La dernière carte me fut donnée à l’envers et, avant que je n’aie le
temps de la retourner, Roy dit: « Je parie cinq de plus que vous n’avez
pas le six de coeur. Et puis, à la ré lexion, je monte jusqu’à dix », et
poussa devant lui une pile de jetons.
« Je ne veux pas prendre votre argent», dis-je en souriant.
« Vous ne me le prendrez pas et je ne vais vous le donner, dit-il. A
vous de de miser. »
Je m’exécutai.
« Maintenant, montrez » demanda-t-il. Je retournai la carte, et
c’était bien le six de cœur. Il me regarda, complètement éberlué. C’est
lui qui avait fait la donne.
Dans son système de référence, il n’y avait pas de tricherie possible.
« De plus, ces deux cartes à l’envers que je n’ai pas encore
regardées sont le trois et le quatre de cœur. »
Roy leva les yeux sur moi. « Je parie vingt de plus que c’est faux. »
Je retournais les deux cartes, qui étaient bien le trois et le quatre de
cœur.
Roy regarda la quinte lush, la même que précédemment, mais à
coeur. « Des fois, vous êtes le type le plus veinard que je n’aie jamais
rencontré. »
Les autres joueurs approuvèrent
On discuta pendant des mois de cette série extraordinaire de
hasards. Les chances que deux quintes lush successives et de même
valeur tombent sur la même personne dans un jeu de six mains est
d’environ une pour 5 780 000. Comment cela a-t-il pu arriver? Je
l’ignore. Comment pouvais-je savoir? Tout simplement, une certitude. Je
suspecte que nombre de grands joueurs ont gagné beaucoup d’argent
sur de telles donnes et en ont aussi beaucoup perdu parce que leur
«savoir » n’était pas le bon.
2. HEMI-SYNC ET AUTRES

La publication de Voyages hors du corps a suscité d’étonnantes


questions, des informations et une coopération émanant de sources les
plus inattendues. Ce livre, initialement destiné au grand public, a attiré
l’intérêt des milieux scienti iques et académiques. Notre laboratoire,
situé à l’ouest de Charlottesville, en Virginie, démarra avec des
volontaires. La dénomination initiale de « Laboratoires de Recherche de
Whistle ield » devint par la suite « Institut Monroe de Sciences
appliquées. » L’utilisation du nom de Monroe n’avait rien
d’égocentrique, mais était simplement le moyen le plus direct
d’attribuer à l’institut une dénomination of icielle. La partie « Sciences
appliquées » était tout à fait spéci ique. Nous sentions que l’approche
des OBE pourrait se situer à un niveau compatible avec nos sciences
occidentales et, à cet égard, le moins que nous puissions faire était de
tester toutes nos découvertes et informations. Le laboratoire était un
bâtiment de plain-pied conçu spécialement pour nos travaux. Il
comprenait deux bureaux, un salon et une aile destinée à la recherche.
Dans l’aile destinée à la recherche, il y avait une salle de contrôle ou
salle des appareils, trois cabines d’isolation et une salle de réunions.
Les trois cabines étaient connectées à la salle de contrôle d’abord pour
assurer la surveillance physiologique d’un sujet isolé et, ensuite, pour
lui envoyer divers types de signaux auditifs et électromagnétiques
destinés à stimuler une réaction de sa part.
Les cabines elles-mêmes, équipées d’un matelas rempli d’eau
chaude, offraient des conditions optimales de confort dans une
obscurité totale. Elles étaient également climatisées et sonorisées. Un
sujet installé dans une cabine pouvait, le biais d’électrodes, transmettre
à la salle de contrôle une large gamme de signaux physiologiques, dont
un électro-encéphalogramme à huit pistes (EEG, ondes cérébrales
électriques), un électromyogramme (EMG, tonus musculaire), le rythme
du pouls et le voltage du corps. A ce stade, nous pouvions obtenir
presque tout ce que nous voulions savoir par la simple lecture des
variations du voltage du corps.
Outre les visiteurs extérieurs à la ville, nous avions un groupe de
volontaires locaux composé de plusieurs médecins, d’un physicien, d’un
ingénieur en électronique et de divers membres de services
psychiatriques et sociaux, auxquels s’ajoutaient une kyrielle de parents
et amis. La plupart des expériences avaient lieu le soir ou le week-end,
eu égard aux activités respectives de chacun. Rétrospectivement, je
considère la large participation de ce groupe bénévole comme un
facteur essentiel, qui contribua à faire démarrer l’ensemble du
processus dans ce nouvel environnement Je leur en suis, pour toujours,
reconnaissant II fallut patience et obstination pour ixer des électrodes,
rester étendu pendant des heures dans une cabine obscure et rapporter
les résultats subjectifs des divers tests; ces résultats, corrélés avec la
lecture des instruments de contrôle, devaient permettre d’atteindre un
consensus.
Nos premières recherches étaient la continuation de travaux sur le
sommeil commencés à New York. La nécessité de résoudre ce problème
favorisa nos premiers résultats signi icatifs. Dans la mesure où
beaucoup d’expériences hors du corps, y compris les miennes,
tournaient autour du sommeil, nous pensions encore trouver certaines
réponses dans ce domaine. La plupart de nos sujets arrivaient après le
dîner. Et après la longue et fastidieuse pose des électrodes, ils étaient
soit trop fatigués pour rester éveillés dans la cabine, soit trop nerveux
pour se détendre suf isamment et transmettre la moindre réaction
subtile et subjective. Cela allait à l’encontre de notre souhait d’utiliser
médicaments ou drogues pour maîtriser ces états. Nous avons donc
cherché une méthode dans notre propre système de référence.
Nécessité oblige: le besoin de maintenir nos sujets éveillés dans un
état à la frontière du sommeil nous poussa à essayer des sons. La
découverte d’un rapport fréquence/réaction (FFR) “Frequency-
Following Response” permit à un sujet de demeurer dans un état de
conscience entre la vigilance et le sommeil, pendant des périodes
prolongées. L’introduction de certains types de sons dans l’oreille
provoquait une réaction correspondante au niveau des ondes
cérébrales du sujet. Nous pouvions l’aider à se relaxer, à rester éveillé
ou à s’endormir par un simple contrôle de la fréquence des ondes
cérébrales. Un ingénieur suggéra de faire breveter ce procédé
inhabituel et, en 1975, ce fut chose faite.
En comparant les diverses fréquences ef icaces parmi nos sujets,
nous avons progressivement développé des combinaisons de
fréquences sonores qui nous permirent de créer des FFR
particulièrement favorables aux OBE et aux autres états inhabituels de
conscience. Il y avait, entre autres, un moyen très ef icace d’entrer dans
ce que l’on appelle couramment un état de méditation.
Tout cela ne se it pas du jour au lendemain. Ce que je résume en
quelques mots recouvre en réalité des centaines d’heures de travail au
cours desquelles nous avons comparé différents types de sons et testé
les réactions de sujets qui, patiemment étendus dans leur cabine,
écoutaient des sons de tonalité variable leur gazouiller dans les oreilles.
Pendant ce temps, le technicien, dans la salle de contrôle, surveillait les
variations sur ses cadrans.
Pendant ces sessions, nos volontaires apprirent à signaler
verbalement toute modi ication de leur état mental ou physique. Cette
capacité devint primordiale: parler et percevoir lorsqu’il serait normal
de perdre conscience ou d’être « endormi ».
L’un des premiers points de repères solides un état que, dès
l’origine, nous avons appelé Focus 10. Le nombre 10 n’avait pas de
signi ication particulière et je ne sais plus très bien d’où il provient.
Nous voulions également être sûrs de ne pas confondre cet état avec
d’autres formes de conscience. C’est pourquoi il devint simplement DIX.
Nous étions parfaitement capables d’identi ier cet état et d’y revenir
sans cesse avec nos sujets. Facilement dé inissable, Focus 10 est un état
dans lequel l’esprit est éveillé et le corps endormi. Toutes les réactions
physiologiques sont celles d’un état de sommeil léger ou profond.
Cependant, les ondes cérébrales sont différentes.
L’électro-encéphalogramme montre un mélange d’ondes
habituellement associées au sommeil léger ou profond et de signaux
bêta superposés (état de veille).
Peu à peu, nous avons formé un groupe très spécial composé de
huit sujets, tous familiarisés avec l’état Focus 10. La communication
verbale en Focus 10, au moyen de micros et d’écouteurs, devint aussi
normale que si nous étions réunis dans une salle de conférences. Il était
facile de dire, à la lecture des cadrans, s’ils étaient ou s’ils n’étaient pas
en Focus 10. Cet état n’aurait pu être ni imaginé ni feint, même si
certains avaient eu la moindre velléité de le faire. Bien sûr, les sujets
étaient souvent incapables d’entrer en Focus 10 en raison de pressions
externes ou de stress dans leur vie quotidienne, dont ils ne pouvaient
facilement faire abstraction. Dans ces conditions, ils nous informaient
simplement qu’ils ne pouvaient le faire cette nuit-là et annulaient leur
rendez-vous. Cela permit d’épargner beaucoup de temps et d’efforts.
Le lot constant de visiteurs nous permit de constater que d’autres
personnes, non entraînées, pouvaient entrer en Focus 10 sans trop de
problèmes. Apprendre à communiquer verbalement prenait beaucoup
plus de temps. Pour savoir jusqu’où nous pourrions aller, nous avons
envoyé un enregistrement de signaux composites à l’un de mes amis
psychiatres, dans le Kansas. Il testa cette bande sur quatre sujets qui
ignoraient tout de nos préoccupations et rien ne leur fut suggéré quant
aux résultats à attendre. Il nous it savoir que l’un des quatre sujets
avait abandonné l’expérience parce qu’il avait l’impression de rebondir
contre le plafond de la pièce en regardant son corps.
La phase suivante comporte une proposition intéressante. Le corps
étant endormi - les facultés physiques neutralisées ou réduites -
pourquoi ne pas développer des fréquences qui permettraient
d’accroître la perception extra-sensorielle? L’introduction de signaux
bêta de haute fréquence révéla à nos sujets beaucoup plus que
l’obscurité habituelle. D’abord, ils virent de la lumière et des couleurs
dans la cabine obscure, les yeux fermés ou ouverts. Puis ils entendirent
des sons, non pas les sons synthétiques, mais des voix de la musique et,
quelquefois, des explosions si bruyantes saisissement, ils sortaient de
l’état Focus 10 - effet encore inexpliqué.
Nous comprîmes peu à peu que ces phénomènes précédaient la
sortie du corps. Des réactions physiologiques préliminaires étaient
associées: baisse de la tension, ralentissement du pouls, légère baisse
de la température (0°3) et léchissement du tonus musculaire. Quelques
rapports font état d’une certaine lourdeur du corps subjective,
quelquefois de catalepsie et d’une forte sensation de chaleur, suivie
d’une sensation de froid. Au il des expériences de passage en OBE, un
élément clé revenait constamment. Dans le cadre de leur perception
extrasensorielle, les sujets localisaient un point lumineux. Lorsqu’un
sujet apprenait à « se déplacer » en direction de la lumière jusqu’à ce
que celle-ci « grossisse », et qu’ensuite il la traverse, l’OBE était atteinte.
Au ralenti, cela « donnait l’impression de traverser un tunnel pour
atteindre la lumière », phénomène classique dont témoignent de
nombreuses personnes sorties involontairement de leur corps ou dans
un état proche de la mort.
Une nouvelle étape dans nos recherches ouvrit moult perspectives:
le procédé Hemi-Sync.
On sait depuis longtemps que le cerveau est divisé en deux
hémisphères. Mais on a découvert récemment que ces deux parties ont
des fonctions tout à fait différentes. Certains détails de cette théorie
prêtent encore à controverse. En général, nous ne pensons qu’avec
notre «hémisphère gauche». Lorsque nous utilisons notre «hémisphère
droit», c’est essentiellement pour appuyer l’action de l’hémisphère
gauche. Sinon, nous nous efforçons d’en ignorer l’existence. Les
impulsions nerveuses de ces deux parties cérébrales se croisent
L’hémisphère gauche contrôle le côté droit du corps, et l’hémisphère
droit contrôle le côté gauche. Nous vivons dans une civilisation
composée surtout de droitiers, dont l’action est dominée par
l’hémisphère du cerveau. Les gauchers ne sont admis comme des «
égaux » que depuis une cinquantaine d’années. A bien des égards, il
existe encore une discrimination à leur encontre. Saviez-vous, par
exemple, qu’une paire de ciseaux est un instrument conçu pour les
droitiers?
Nous utilisons l’hémisphère gauche pour parler, pour lire en, pour
calculer, pour raisonner et déduire, pour se remémorer des détails,
pour mesurer le temps, entre autres nombreuses fonctions.
L’hémisphère gauche est la source de la pensée logique et rationnelle. Il
ne « connaît» rien d’autre.
Notre hémisphère droit génère les idées, le sens de l’espace,
l’intuition, la musique, l’émotion et certainement beaucoup plus que
nous ne sommes en mesure, actuellement, d’appréhender. Il est hors
du temps et, apparemment, possède son propre langage.
L’une des meilleures démonstrations visant à illustrer cette
différence s’effectue comme suit: prenons une bobine de ilm. Pour en
déterminer le contenu, l’hémisphère gauche la placera sur un
projecteur, projettera le ilm sur un écran et sera ainsi informé.
L’hémisphère droit saisira la bobine de ilm, la tiendra pendant un
moment, puis la reposera et dira:
« Oui, je comprends. »
Mais c’est ridicule! Telle est la réaction de votre hémisphère
cérébral gauche, que vous utilisez pour lire ces mots. Tout simplement,
cela ne tient pas debout, si l’on se réfère au mode de fonctionnement de
l’hémisphère gauche.
Fondamentalement, nous formons une société de demi-cerveaux.
De fait, tout ce que nous considérons comme «valable» est effectué ou
contrôlé par notre hémisphère gauche dominant; même ce qui est
généré par l’hémisphère droit, les idées, la musique, par exemple,
l’hémisphère gauche s’en empare et le met en oeuvre.
Que se passe-t-il donc? Personne ne le sait avec certitude, mais l’on
peut supposer que c’est vraisemblablement le besoin fondamental de
survivre dans un monde matériel qui expliquerait la domination de
l’hémisphère gauche. Pendant des millénaires, nos ancêtres ont af irmé
la domination de l’hémisphère cérébral gauche, car c’était le moyen de
faire fonctionner le monde. Notre système dans sa globalité - livres,
écoles, collèges, et universités, industrie, structures politiques et Eglise
- est fondamentalement dominé par l’hémisphère gauche, au niveau des
connaissances, de l’application et du fonctionnement Nous avons en
général considéré la pensée de l’hémisphère droit avec une tolérance
amusée, de la suspicion, du dégoût, de l’irritation, de la dé iance et de la
crainte.
Pourquoi s’en faire? Pourquoi ne pas rester des demi-cerveaux et
laisser les choses comme elles sont? L’hémisphère droit, qui donc en a
besoin?
Nous. Des études récentes montrent que nous utilisons
constamment et de diverses manières subtiles notre hémisphère droit
dans la vie quotidienne. Par exemple, l’hémisphère gauche se souvient
d’un nom, mais l’hémisphère droit se souvient du visage. (Combien de
fois avez-vous aperçu un visage familier, mais sans pouvoir mettre un
nom dessus? ) Hémisphère gauche, attention! Des études réalisées sur
les leaders de ce monde tout au long de l’histoire indiquent qu’ils
utilisaient, pour penser, beaucoup plus que leurs seules facultés
analytiques et intellectuelles. Toutes les grandes décisions de
l’humanité sont dues à l’hémisphère gauche plus quelque chose. Plus
l’hémisphère droit? Compte tenu de ce que nous savons désormais, cela
ne fait plus de doute. En outre, il est à parier que c’est l’hémisphère
droit qui commande le choix décisif lors des élections présidentielles.
Selon une théorie courante, les deux hémisphères cérébraux
domineraient en alternance plusieurs fois par jour. Cette alternance
s’opérerait spontanément, selon les besoins mentaux ou physiques du
moment Voilà qui semble limiter encore plus sévèrement l’utilisation
déjà faible de notre potentiel cérébral/intellectuel. Que l’homme ait été
assez malin, assez longtemps, pour descendre de l’arbre et survivre en
tant qu’espèce a été, soit une chance insensée, soit un miracle. Ou
encore autre chose.
Comment nous y sommes-nous pris pour utiliser davantage notre
puissance cérébrale? Plusieurs méthodes ont été essayées au cours de
l’évolution humaine, chacune avec ses inconvénients et ses limites.
Dans ce domaine, le procédé de synchronisation hémisphérique est
prometteur. Il peut être mis en oeuvre avec une facilité relative ne
nécessite pas des années entrainement intensif et n’est pas limité à une
gamme étroite d’applications.
Hemi-Sync (forme abrégée de synchronisation hémisphérique) fait
usage de sons, propres à créer simultanément une forme identique
d’ondes dans les deux hémisphères cérébraux. Cela signi ie que,
lorsque votre oreille perçoit un certain signal sonore, le cerveau est
susceptible de réagir ou de « raisonner » à l’aide de signaux électriques
correspondants. Sachant que les diverses ondes cérébrales électriques
sont des indicateurs des états de conscience (comme la vigilance ou le
sommeil), vous pouvez entrer dans l’état de conscience désiré grâce à
un son approprié.
Hemi-Sync constitue une amélioration considérable du processus.
Chaque oreille envoie son signal nerveux dominant à l’hémisphère
cérébral opposé. Lorsque des impulsions sonores distinctes sont
envoyées aux oreilles (en utilisant des écouteurs pour isoler chaque
oreille de l’autre), les deux moitiés du cerveau agissent à l’unisson pour
«entendre» un troisième signal, qui constitue la différence entre les
deux signaux envoyés dans chaque oreille. Par exemple, si vous
entendez dans une oreille un son de 100 Hz et dans l’autre un son de
125 Hz, le signal que l’ensemble de votre cerveau « produira » sera de
25 Hz. Il ne s’agit jamais d’un véritable son, mais d’un signal électrique
qui ne peut être généré que par les deux hémisphères opérant
ensemble. Le signal ainsi produit s’inscrit dans une bande de fréquence
étroite et atteint souvent deux fois l’amplitude ou l’intensité d’une onde
cérébrale typique dans l’encéphalogramme (EEG).
Si ce signal 25 engendre un certain état de conscience, les deux
hémisphères convergent simultanément vers un état de conscience
identique. Mieux encore, l’état peut être modi ié à volonté, si l’on
change de type de son. Il peut être également appris et recréé par la
mémoire lorsqu’il en est besoin.
Dès que le chercheur ou le clinicien connaît certaines possibilités
du procédé Hemi-Sync, sa première pensée est de l’appliquer dans son
propre domaine d’activité. C’est, par exemple le cas de la psychiatrie. En
analyse, il semble que la synchronisation hémisphérique permette au
patient d’atteindre des couches de la mémoire qu’il mettrait des années
à atteindre suivant les méthodes classiques d’entretien. Une autre
application expérimentale du procédé vise la réduction du stress chez
certains patients. Parfois, le changement est si subtil que le patient lui-
même n’en est pas conscient L’un de nos associés, un psychiatre, traitait
un colonel de l’armée de l’air pour des problèmes de stress. Après deux
semaines de travail avec le psychiatre selon le procédé Hemi-Sync,
furieux, il voulut abandonner.
« Ce ne me sert strictement à rien, protesta-t-il. C’est tout du pareil
au même, je ne sens aucune différence, rien. » Il hésita: « En in, l’autre
soir j’ai emmené ma femme au restaurant pour la première fois depuis
six mois. Ah oui, j’ai ini par aller à la pêche avec mon ils pendant le
week-end, ce que je lui avais promis depuis très longtemps. Mais c’est
tout, rien d’autre. Pas la moindre chose! »
Notre ami psychiatre se contenta d’acquiescer d’un hochement de
tête.
Il y eut beaucoup de polémiques quant à l’utilisation du procédé
Hemi-Sync avec des malades en phase terminale. En effet, malgré
l’intérêt considérable et les nombreuses demandes que le procédé
suscitait, il fut, en réalité, rarement utilisé avec des malades. Un autre
de nos associés, psychiatre également, nous fournit un exemple
intéressant. Il traitait un patient en phase terminale, atteint, si l’on peut
s’exprimer ainsi, jusqu’à la moelle. Son patient était un psychologue,
malade depuis deux ans, qui ne pouvait plus se passer de médicaments
pour supporter ses souffrances. Donc, les problèmes étaient doubles : le
patient était censé connaître toutes les solutions et résisterait
automatiquement à tout traitement normal, étant donné sa dépendance
à l’égard des calmants. Notre ami psychiatre commença avec lui un
travail quotidien selon le procédé Hemi-Sync. Le mercredi de la
deuxième semaine, un fait simple, mais très signi icatif, se produisit Le
patient fut capable de s’endormir le soir, pour la première fois depuis
deux ans, sans douleur ni somnifère.
Après deux semaines, le patient rentra chez lui, où il mourut
quelques mois plus tard. Selon les derniers témoignages de sa femme, il
avait vécu dans le calme et la sérénité la dernière semaine de s vie, sans
souffrance et sans le moindre médicament. Ses derniers jours avaient
donc été agréables et paisibles. Notre ami psychiatre qui l’avait traité
soutient que l’amélioration de son était due au procédé Hemi-Sync.
Un autre de nos amis psychiatres, spécialisé dans la recherche sur
la schizophrénie, découvrit que l’utilisation de certains schémas
sonores du procédé Hemi-Sync avait permis à l’un de ses patients de se
débarrasser de plusieurs symptômes. Mais une fois interrompu le son
Hemi-Sync, l’état psychotique typique réapparut. Il ne s’agissait, en
l’espèce, que d’un cas particulier, mais suf isamment intéressant pour
susciter de nouvelles recherches visant à déterminer si le patient
pourrait s’entraîner à reproduire lui-même les conditions créées par
Hemi-Sync, et si un certain conditionnement pourrait lui permettre de
les mémoriser et d’en béné icier dans sa vie quotidienne.
L’une des applications les plus fructueuses d’Hemi-Sync est
certainement un cycle de formation dénommé Traitement d’urgence,
conçu pour les grands malades, les blessés et les opérés. A ce propos,
un exemple récent me vient à l’esprit.
Ayant entendu parler de certains de nos travaux, un conseiller en
psychiatrie visita notre laboratoire. Au cours de la conversation, nous
avons découvert qu’il était le deuxième plus ancien greffé du rein
encore vivant Au il des ans, il avait subi plus de quinze opérations pour
corriger les effets des médicaments destinés à éviter le rejet de la
greffe. Et il devait subir sa seizième opération le jeudi suivant Nous lui
avons proposé d’essayer ce Traitement d’urgence. Il accepta volontiers.
C’était important car, ayant subi auparavant de nombreuses
opérations, le praticien connaissait parfaitement son état physiologique
pendant une intervention, la dose d’anesthésique appropriée, sa
réaction à la douleur et son rythme de récupération, entre autres
choses. En connaissance de cause, son médecin accepta de le laisser
utiliser nos enregistrements, ce qui supposait des exercices
préliminaires et l’écoute d’une bande Hemi-Sync dans la salle
d’opération, pendant l’intervention proprement dite, pendant la
période de guérison et, à nouveau, pendant la convalescence.
Le jeudi suivant, il fut admis en salle d’opération à 11 heures. Selon
le rapport, le chirurgien faillit annuler l’intervention en raison de la
faiblesse de sa tension artérielle. Cependant, comme elle était stable, il
s’avisa que le malade ne courait aucun risque grave. A 16 heures, le
malade m’appela dans sa chambre d’hôpital. Je le trouvai assis sur son
lit
« Je voulais simplement vous raconter comment cela s’est passé,
dit-il d’un voix ferme. Ils m’ont infecté un calmant avant que je ne
puisse les en empêcher mais, depuis, je n’en ai pas eu besoin. Le seul
problème est qu’en essayant de me lever pour me rendre aux toilettes,
j’ai été pris d’un malaise.
Le médecin m’a signalé que j’avais une tension artérielle encore
très basse. Est-ce normal?
- Essayez de compter à l’envers de dix à zéro, répondis-je. Puis
voyez où en est la tension. Il semblerait que l’effet de la bande «
guérison » n’a pas été total. Appelez-moi lorsque votre médecin aura
contrôlé votre tension.
Il it ce que je lui avais suggéré et m’informa que sa tension était
revenue à la normale. Il ressort du dossier que sa convalescence fut
deux fois moins longue qu’après toutes les opérations précédentes.
Mais l’essentiel, c’est qu’il était en mesure de maîtriser parfaitement le
problème de la douleur chronique qui l’avait tourmenté pendant des
années auparavant.
Une fois sorti de l’hôpital, il s’adonna activement à la pratique
d’Hemi-Sync pour maîtriser la douleur. Il prit contact avec l’Of ice de la
Rééducation de l’État “State Rehabilitation Agency”, dont l’une des
préoccupations majeures en matière de rééducation est la maîtrise de
la douleur qui empêche de nombreuses personnes de vivre et de
travailler normalement. Cet organisme fut fort intéressé par le procédé
et l’on nous invita à effectuer une démonstration au Centre Fédéral de
Rééducation“Federal Rehabilitation Facility” de Hot Springs dans
l’Arkansas. Peu après, on nous demanda d’évaluer le coût d’une
formation du personnel à notre procédé dans les centres de
rééducation des cinquante Etats. C’est ce que nous îmes, mais de toute
évidence, Hemi-Sync était trop peu orthodoxe pour igurer au budget
fédéral.
Le recours au Traitement d’urgence pendant une intervention
chirurgicale fut plus ou moins fructueux mais, appliqué
convenablement, il n’y avait pas d’échec. Un spécialiste en chirurgie
vasculaire l’applique à plus de trente malades, mais ne parvint pas à
convaincre ses collègues d’en faire autant Le président d’une
importante société l’utilisa pendant une intervention et refusa toute
médication post-opératoire contre la douleur ou l’insomnie. A
l’évidence, il fut si contrarié par les procédures hospitalières qu’il prit
sur lui de sortir trois jours après l’opération. Par ailleurs, une jeune
femme parachutiste ayant subi une importante intervention
abdominale it, dès la semaine suivante, un saut en chute libre. Le
Traitement d’urgence a un passé remarquable, mais le problème
majeur était d’obtenir que le chirurgien et le personnel hospitalier
consentent à l’appliquer dans leur environnement hyper organisé.
Hemi-Sync est, semble-t-il, aussi ef icace qu’un médicament pour
passer une bonne nuit Des hommes d’affaires l’appliquent pour
dominer les malaises consécutifs au décalage horaire; d’autres trouvent
qu’Hemi-Sync leur permet de diminuer le stress ou de faire un meilleur
score au golf.
Comme outil pédagogique, Hemi-Sync favorise la concentration.
Lors d’un cours spéci ique, dans un centre de formation de l’État, les
facultés psychomotrices furent accrues de 75 pour 100 et, lors d’une
autre expérience, des élèves apprenant l’alphabet morse purent
augmenter leur capacité de 30 pour 100. A l’autre extrémité de la
chaîne, des élèves du primaire, à Tacoma, apprirent en quatre semaines
ce qu’ils auraient appris en un semestre.
Ces résultats, et d’autres encore, nous amenèrent à dé inir la nature
et la raison de notre action, qui se sont révélées fort éloignées des
recherches sur le déclenchement des OBE. En conséquence, nous
avons établi les principes formels suivants:
Pour dire les choses simplement, l’institut est attaché au concept
suivant lequel [1] la conscience contient toutes les réponses aux
circonstances de la vie que l’homme désire ou auxquelles il est
confronté; [2] une meilleure compréhension et appréciation de cette
conscience ne peuvent être atteintes que par des approches et une
coordination interdisciplinaires; [3] les résultats des recherches n’ont
de sens que dans la mesure où ils font l’objet d’une application
pratique, où ils représentent «quelque chose de valable» dans le
contexte de notre culture.
Cela nous conduisit à l’idée fondamentale suivant laquelle la
conscience est une forme d’énergie en action. C’est pourquoi il y a lieu,
tout d’abord, de percevoir l’énergie elle-même, et ce n’est pas une
mince affaire que d’avoir, pour ainsi dire, recours à soi-même pour
s’évaluer soi-même: une fois qu’on l’a sentie à l’état brut, on peut alors
commencer à comprendre comment elle est utilisée naturellement. Une
telle perception permettra de maîtriser davantage et plus délibérément
ces champs énergétiques. Dès lors, il devient très logique d’en faire des
applications nouvelles et extensives. Tout cela pour dire que, si vous
pouviez découvrir ce qui vous fait penser et être, vous pourriez en faire
des usages qui vous sont aujourd’hui inaccessibles.
3. LE PROGRAMME GATEWAY
Vers le milieu des années soixante-dix, nos activités furent en
partie bouleversées par un événement dont nous n’avons pris
conscience que rétrospectivement
Nous fûmes invités par l’institut Esalen à Big Sur, en Californie, a in
d’animer une session de week-end selon nos méthodes et nos
techniques. Nous avons considéré cela comme une certaine
reconnaissance de nos travaux, car l’institut Esalen était alors connu
comme la source de nombreuses théories et pratiques psychologiques,
et d’approches intellectuelles de l’esprit humain.
Nous avons accepté sans trop savoir ce qu’il fallait en attendre.
Dans le champ des états de conscience qui nous étaient familiers, nous
ne nous étions jamais occupés de vingt-quatre personnes à la fois. Je
suis persuadé que les participants ne savaient pas réellement de quoi il
retournait, si ce n’est que cela avait à voir avec l’expérience hors du
corps. Nous avions prévu un programme continu de vingt- quatre
heures, avec repas possibles à toute heure et interruptions de temps en
temps pour deux cycles de sommeil. Nous n’étions que deux, un
ingénieur et moi- même, pour animer ce marathon.
Ayant affaire à des inconnus, nous avions apporté une déclaration
que tous les participants étaient censés apprendre par cœur avant de
commencer la session.
Je suis plus que mon corps matériel. Comme je suis plus que la
matière physique, je peux percevoir ce qui dépasse la réalité physique.
C’est pourquoi je désire profondément développer, éprouver,
connaître, comprendre, maîtriser et utiliser ces énergies supérieures et
ces systèmes énergétiques dans la mesure où ils se révèlent béné iques
et constructifs à mon endroit et vis-à-vis de ceux qui me succéderont.
D’autre part, je désire profondément l’aide, la coopération et la
compréhension de ceux dont la sagesse, le niveau de développement et
l’expérience égalent ou dépassent mes propres facultés. Je leur
demande de bien vouloir me guider et me protéger contre toute
in luence ou tout facteur qui ne serait pas de nature à combler mes
désirs tels que je viens de les énoncer.
L’évaluation de cette première session ne mit en lumière aucun
résultat spectaculaire, mais fut pour nous d’autant plus instructive que
l’expérience avait été effectuée sur une base très large.
Fondamentalement, nous avions accompli une initiation à l’état Focus
10 et à diverses applications élémentaires de cet état de conscience
particulier. Nous avons constaté, lors du débrie ing, que cet objectif
avait été atteint Les participants avaient appris ce qu’était l’état Focus
10 — esprit éveillé, corps endormi — et pouvaient, intérieurement,
générer cet état à volonté. Nous sommes revenus en Virginie, satisfaits
que la méthode ait fait ses preuves.
Peu après, des demandes de session de ce type, émanant de
particuliers et d’organisations, commencèrent à af luer. Après avoir
réexaminé nos résultats, nous fûmes convaincus que ces sessions
seraient le meilleur moyen d’effectuer nos expériences sur une vaste
échelle. Ainsi naquirent les sessions de week-end, que nous avons
appelées pompeusement Programme 5 000, et qui, si 5 000 personnes
y participaient, seraient censées nous fournir une excellente base
statistique et un système de formation hautement sophistiqué,
parfaitement au point. Les enseignements tirés de chaque session nous
permettraient d’améliorer la session suivante en vue de maximiser les
résultats.
Nous avions besoin de moniteurs ce pour animer ces sessions, ce
qui était un problème dif icile à résoudre. Nous devions également
introduire des écouteurs dans le système, a in d’optimiser l’effet Hemi-
Sync. Dès tes premières sessions avons compris que nous ne pourrions
jamais atteindre nous l’objectif de 5 000 personnes et que, par ailleurs,
nous étions en train de créer une trouée, une porte par laquelle le
participant serait à même d’atteindre d’autres états de conscience. Les
sessions prirent alors le nom de programme Gateway “Gateway: porte,
entrée. (N. d. T.)”
Nous ne îmes que peu ou pas de promotion pour ces sessions et
ceux qui y prenaient part en avaient entendu parler par d’anciens
participants. Du fait de leur caractère expérimental, chaque participant
était tenu de signer une déclaration selon laquelle il s’engageait à nous
communiquer les résultats même après la session proprement dite.
Tous ne le irent pas, mais nous en reçûmes suf isamment pour être
en mesure d’établir des statistiques signi icatives. Les premiers
programmes eurent lieu pendant les weekends, dans des motels, des
centres de conférences et autres lieux ad hoc un peu partout aux États-
Unis. Les participants se réunissaient dans une grande salle où les
exercices d’entraînement enregistrés étaient diffusés au moyen
d’écouteurs par un système de notre invention.
Rétrospectivement, il est stupé iant que ces sessions aient pu
produire quelque effet, car il arrivait que la salle de réunions avoisine
directement le bar du motel où un orchestre jouait en soirée. A in de
parer localement à cet inconvénient, nous avons décidé de sonoriser un
petit motel situé à environ huit kilomètres de notre laboratoire, où nous
avons organisé un système de communication allé et retour avec
chaque pièce. Le problème majeur était l’absence de restaurant dans ce
motel et nous devions nous occuper nous-mêmes de la nourriture. C’est
là que nous avons tenté une expérience intéressante.
Nous avions élaboré un exercice suivant lequel les participants
seraient, ensemble, capables de diriger cette énergie mentale spéci ique
pour former un faisceau de lumière visible à environ trente mètres au-
dessus du motel. Lors des dernières phases de la session, tard dans la
nuit, ils furent soumis à un essai. L’idée était que l’énergie combinée de
vingt-quatre personnes pourrait déclencher quelque chose de visible.
Tous les éclairages extérieurs du motel avaient été éteints et le motel
était situé en rase campagne, en un lieu écarté. Nous connaissions, pour
l’avoir calculé, le moment exact où la lumière devrait apparaître au-
dessus du motel.
Nous sommes sortis à quatre et avons scruté les ténèbres. Au
préalable, nous avions eu largement l’occasion de nous accoutumer à
l’obscurité lorsque le signal nous indiqua l’instant prévu, nous avons
regardé avidement Aucun d’entre nous ne vit quoi que ce soit.
Soudain, notre ingénieur en électronique s’écria: «Regardez là-
haut, regardez là-haut! »
La plupart d’entre nous avaient regardé juste au- dessus du toit du
motel. Nous regardâmes alors haut dans le ciel avec étonnement Sur un
fond de nuit étoilée, il y avait des lueurs douces et rouges rappelant le
néon. On aurait dit un ilet d’eau coulant du ciel, directement sur le toit
du motel. Au moment précis où l’exercice prévoyait l’extinction de la
lumière, elle disparut soudain. L’exercice fut réitéré sur bande
magnétique trois minutes après: les traînées rouges ondoyantes
réapparurent et disparurent au signal donné, Nous avions observé tous
quatre le phénomène et étions bouleversés.
Ultérieurement, lors d’une session Gateway en Californie, dans un
ranch situé au nord de San Francisco, l’exercice fut répété. Cette fois, un
ingénieur pointait vers le ciel un appareil photo Polaroid spécial, a in
d’essayer de faire un cliché du phénomène s’il se reproduisait Pour
parer à toute éventualité au cas où le ilm serait voilé, deux photos
furent prises juste avant le signal qui devait annoncer la génération
d’énergie lumineuse. Pendant l’exercice, au moment où la lumière
devait apparaître deux autres photos furent prises et encore deux
lorsque le signal annonça l’extinction.
Nous étions cinq ou six observateurs et nul ne vit le moindre
phénomène lumineux. Une fois rentrés, lors du débrie ing, nous avons
examiné les Polaroid. Ceux qui avaient été pris avant le signal et les
deux pris pendant l’exercice étaient obscurs mais, sur les deux pris
après la in de l’exercice à proprement parler, igurait une boule ronde
et marbrée rappelant la terre vue de loin. Plusieurs physiciens et
photographes nous expliquèrent la raison pour laquelle le Polaroid
avait pu saisir une image, alors que nous n’avions rien vu: le ilm est
sensible à des fréquences de lumière imperceptibles l’oeil nu. Les
explications habituelles relatives aux traînées de lumière, aux ilms
voilés, etc., ont également été avancées pour expliquer la photographie
de la boule d’énergie. Le ilm vierge avant et après l’exercice conféra
plus de signi ication encore aux clichés représentant l’énergie, qui
étaient situés au milieu de la pellicule — un endroit où il n’est guère
vraisemblable qu’on l’ait impressionnée au préalable.
Qu’apporte réellement le programme Gateway? La réponse varie
considérablement d’un individu à l’autre, mais il est évident que de
nombreuses personnes envisagent une expérience hors du corps.
Cependant, cette attente est rarement comblée pendant la session elle-
même. En revanche, ces personnes acquièrent une certaine perspicacité
et une profonde compréhension des ins qui sous tendent leur
existence. C’est souvent l’occasion de grandes décisions ou
d’importantes révélations.
Le programme lui-même comprend une formation à l’état Focus 10
(esprit éveillé, corps endormi). Les participants apprennent également
à évoluer en Focus 12, état dans lequel toute introduction de données
physiques est interrompue, tandis que la perception devient extra-
sensorielle. L’action débute réellement là où les perspectives et les
visions globales changent radicalement, et c’est alors que le participant
comprend vraiment qu’il est « plus que son corps ».
Donc, le programme Gateway se développa en un processus unique
d’exploration et de découverte de soi-même. D’abord, il franchit la
barrière de la peur (peur de l’inconnu, du changement), qui semble être
la limite culturelle la plus considérable du développement individuel.
Supposez que vous vous trouviez dans une clairière au milieu d’une
forêt sombre, que nous appelons état de conscience C-l. Puis nous vous
emmenons en un lieu de la forêt d’où vous pouvez encore « voir » la
clairière. Ce lieu, c’est un point de repère (Focus 10) Après un certain
nombre d’aller et retour entre ce point de repère et la clairière, la peur
disparaît, car vous savez que, de ce, point de repère Focus 10, vous
pouvez toujours revenir à la clairière si, pour une raison ou une autre,
vous vous sentez mal à l’aise.
A partir du point de repère Focus 10, on ixe un autre point situé
plus profondément dans la forêt et «hors de vue» de la clairière. Cet
autre point est ce que nous appelons Focus 12. Après plusieurs allers et
retours entre les points de repère 10 et 12, ce dernier devient
également familier et cette peur au deuxième degré s’apaise. Vous savez
que, si vous ne pouvez apercevoir la clairière (C-1) du point Focus 12,
vous pouvez « voir » le point Focus 10, et à partir de Focus 10, vous
connaissez le chemin de retour vers C-1. Le processus comprend une
succession de points de repère différents et situés toujours plus
profondément, au-delà de limites sans cesse repoussées.
Lorsque la barrière de la peur est franchie l’un des dons les plus
importants de l’espèce humaine entre en jeu: la curiosité. Le participant
est alors libre d’agir à sa guise. Il accepte son autonomie et la
responsabilité de ses actes.
L’individu, de son propre consentement et sans que rien ne lui soit
suggéré, mais par l’expérience directe, commence à savoir, plutôt que
croire, qu’il survit vraiment à la mort physique. Qu’importe ce qu’il fait
et ce qu’il croit pendant son existence, il continuera après la mort. La
survie au-delà de la mort n’est donc pas un système de croyance, mais
un fait simple, aussi naturel que la naissance. Ce n’est pas un dogme
associé au programme Gateway. Cependant, lorsque vous commencez
une session, vous devez sérieusement considérer que vous êtes « plus
que votre corps physique ».
Inévitablement, les frontières entre ce qui précède et d’autres
systèmes de réalité-énergie sont franchis. Il en résulte, nous rapporte-t-
on, des réunions avec des amis ou parents « décédés », ainsi que des
confrontations avec d’autres formes d’énergie intelligente qui, en
général, ne sont ni reconnues ni admises par les grands courants de
l’opinion américaine.
Encore une fois, si vous êtes conscient de l’effet fondamental
d’Hemi-Sync qui, simultanément, livre accès à nombreux niveaux de
conscience, forts différents de la conscience habituelle dont nous
faisons essentiellement usage dans notre vie quotidienne, vous pouvez
commencer à appréhender certains résultats potentiels.
Par le biais du programme Gateway, nous avons été en mesure
d’effectuer des tests relatifs au processus Hemi-Sync sur plus de 3 000
sujets, au cours des dix dernières années. A raison d’une vingtaine de
tests/exercices, au minimum, par participant, cela donne plus de 60
000 tests individuels sur l’ef icacité de la méthode et des techniques
utilisées. Pour nous, cette base de 60 000 tests a été et représente la
valeur fondamentale du programme. Au pire, nous savons que nous
avons été en mesure d’endormir et de réveiller des personnes 60 000
fois. C’est là une excellente base statistique pour un contrôle de produit,
notamment s’il s’agit d’un produit dont l’impact physiologique est
inoffensif.
L’analyse de la population ayant participé aux sessions du
programme Gateway au cours des huit dernières années est essentielle.
Primo, 41 pour 100 de cette population est masculine, ce qui
représente le double de la fréquentation normale pour un stage typique
de travail sur soi. Pour la plupart des chercheurs, cela est dû à l’aspect
scienti ique du procédé Hemi-Sync par rapport à des origines plus
ésotériques. Secundo, 29 pour 100 est composé de ce que nous
appelons les professionnels — psychologues, psychiatres, éducateurs,
scienti iques, ingénieurs, etc. Ceux-ci y participent notamment a in de
déterminer des applications possibles dans leurs propres domaines
d’activité. Tertio, l’âge moyen est de trente-neuf ans, ce qui exclut du
programme Gateway les tranches d’âge dans lesquelles se situen les
maniaques de ce type de recherches et le groupe éphémère des jeunes «
branchés». En in de compte, 83 pour 100 des gens participent pour
une raison classique et repartent, forts d’un résultat différent et plus
valable.
Le meilleur moyen d’illustrer ce que signi ie le programme
Gateway est de vous présenter des témoignages d’anciens participants.
En voici quelques-uns:
1. 135-CM

Pour moi, l’expérience la plus sensationnelle fut celle des


vibrations croissantes en Focus 15: je sentais que l’énergie montait
lentement d’un côté de mon corps et redescendait de l’autre, puis de
plus en plus vite. J’avais l’impression de devenir une spirale, puis un
point, et c’est bien ce qu’il se passait, et comme un bloc compact, je
volais de plus en plus haut.. Mais ensuite, je pensai: je ne peux pas aller
plus loin, plus haut, et en un éclair j’« entends»: Eh, tu te limites toi-
même! O.K., alors je me maîtrisai, j’acceptai, et me voilà parti, je me
sentis propulsé comme un Spoutnik dans l’univers, parmi les étoiles,
une autre entité intégrée dans la totalité. Sentir cette harmonie en soi-
même était une joie et un bonheur indescriptibles!
La leçon profonde que j’ai retirée de cet exercice était que, bien
qu’ayant souvent entendu et lu que nous sommes ce que nous pensons,
que notre esprit nous limite, j’ai fait là-bas une expérience unique, du
moins en ce qui me concerne, en triomphant des doutes et des
limite dont je suis seul responsable.
1644-CM

… Ce matin-là, n’ayant plus goût à tenir le système solaire entre


mes mains (je ne peux croire que je viens de dire cela), comme la bande
magnétique m’avait ordonné de le faire, je visualisai la « porte » bleue
de Focus 15 “Conscience hors du temps”. N’y trouvant rien de particulier,
je poursuivis en rouge, jaune, rose, vert, pourpre et inalement en blanc.
Utilisant le blanc comme « niveau 21 », je continuai en « 26 » où je reçus
(et reçois depuis) des messages destinés à d’autres personnes du
programme. Plus tard, je me rendis en « 27» où j’avais précédemment
rencontré mon père. Sentant qu’il était occupé, j’essayai de pénétrer en
territoire inexploré (du moins, pour moi).
Imaginant un compteur digital, je naviguai en marche arrière dans
l’obscurité, tandis que des chiffres apparaissaient sur le compteur
comme des éclairs, plus vite que je ne pouvais les lire. Quelque part, à
proximité de ce que je perçus comme étant le nombre 100 (98?), je
m’arrêtai et vis une foule de gens: ils avaient l’air d’hologrammes et me
irent savoir qu’ils étaient « vivants ». Certains m’ignorèrent, d’autres
s’éloignèrent, mais beaucoup s’approchèrent de moi avec joie. Je
compris que ces derniers se sentaient abandonnés et pensaient que
j’étais là pour les ramener. Je m’enquis des autres et appris que certains
étaient justement en exploration et réintégreraient leur corps lorsqu’ils
en auraient envie, tandis que d’autres encore attendaient que leur
corps meurt; a in d’en être libéré.Ceux qui me parlaient avouèrent
cependant qu’ils étaient arrivés là par inadvertance et qu’ils n’étaient
pas en mesure de rentrer par leurs propres moyens.
C’est alors, Bob, que j’entendis ta voix, à peine audible, me dire: «
Reviens maintenant en Focus 10. » Pris de panique, je sentis que j’avais
besoin de ta voix pour trouver le chemin de retour. J’essayai de porter
quelqu’un sur mon dos, mais n’en fus pas capable et revins à ma
Chambre d’Environnement Hollistique Contrôlé (CHEC “Controlled
Holistic Environmental Chamber” ) où je sentis que j’arrivais juste à
temps. Avec un grand soupir et un ou deux jurons, j’ai reconsidéré
l’expérience et c’est ce que je fais encore une fois, au moment précis ou
j’écris ces lignes:
1. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un rêve. Après deux semaines,
alors que je tape ces lignes, je suis encore étreint par un sentiment de
profondeur.
2. Je ne crois pas aux coïncidences. Bien que j’en voie mal les
implications, je sens que si j’ai vécu une chose à laquelle je n’avais
jamais pensé consciemment, c’est qu’il doit y avoir une raison.
3. Un fait: dans divers instituts, il y a bel et bien des catatoniques
et des comateux que la médecine ne parvient pas à ranimer.
4659-CM

Je veux parler maintenant de ce qui, pour moi, est le plus


vraisemblable, à savoir que presque tout ce qui peut être développé par
les cinq sens traditionnels, l’expression verbale et la pensée orientée,
n’est qu’une illusion. La sensation extraphysique est ce qui se
rapproche le plus de ce que je peux décrire comme étant désormais la
réalité absolue pour moi.
Lorsque je cherche à percevoir, pour moi- même, la réalité absolue
(ce à quoi vous faites allusion, je pense, lorsque vous employez
l’expression « chez moi »), j’éprouve un sentiment de néant et de
félicité. Le néant, non parce que c’est le vide, mais parce que je
m’efforce de le vivre au moyen de processus mentaux reliés aux cinq
sens et qui ont l’habitude de percevoir l’illusion. J’essaie d’utiliser mon
ordinateur biologique d’illusion a in de percevoir au-delà des limites
apparentes de l’illusion, comme, par exemple, sentir une leur avec
l’oreille. J’ai éprouvé la félicité, car l’émotion est le seul instrument de
perception que je sois capable d’employer pour percevoir au-delà de
l’illusion. S’il existe d’autres instruments de perception dont je pourrais
disposer, soit ils sont atrophiés par l’absence d’utilisation et doivent
être quelque peu réactivés, soit ils doivent être activés pour la première
fois.
2312-CF

Lors d’un exercice de respiration « Rebal », j’ai vécu ce qui était le


commencement d’événements plutôt bizarres. Pour des raisons
inconnues, je me suis soudain retrouvée dans une boite noire, le vide
dans une obscurité totale. C’était comme être ballotée d’un extrême à
l’autre, d’une sensation totale à une absence de sensation. J’ai
commencé à me sentir frustrée, car j’avais du mal à trouver mon
chemin dans cette immense obscurité. Avant la bande suivante, j’ai
réitéré l’expérience de l’obscurité et c’est alors que je me suis inquiétée.
Lors du repas suivant, je mentionnai ce qui m’était arrivé à notre
monitrice, espérant qu’elle m’indiquerait une solution.
Quelques hommes écoutaient notre conversation. Par la suite, l’un
deux m’attira à l’écart a in de s’expliquer. Il me it savoir que quelques
membres de notre groupe s’étaient surpris à fantasmer à mon sujet au
cours de leurs exercices sur bande, d’où les impulsions érotiques que
j’avais ressenties. Il ajouta que, gênés par cette attirance sexuelle, ils
m’avaient placée dans leur « boîte de conversion d’énergie » (lieu où
l’on se débarrasse de ses problèmes) avant de s’embarquer vers
d’autres états de conscience. Ils avaient tous contribué à me mettre
dans ce vide obscur, a in de ne pas être troublés! Tout d’abord, je fus
contrariée. Comment avaient-ils osé in luer sur mes expériences et
comment pouvaient-ils laisser leurs pulsions sexuelles avoir tant
d’impact sur moi! Je m’émerveille encore de ta force qu’ont les pensées
et les pensées de trois hommes dirigées vers moi étaient écrasantes. En
même temps, je ressentis combien j’avais été naïve de n’avoir pas perçu
ces signaux plus tôt, niais j’étais trop absorbée par le changement que
m’apportait le stage pour pénétrer pleinement les pensées des autres.
Et ce n’est pas ini… La contrariété d’avoir été utilisée comme «
objet sexuel », même si cela n’avait été qu’une projection consciente, se
métamorphosa et je commençai à me demander quel pro il je pourrais
tirer de cette expérience. Je modi iai ma manière de penser et ce qui
devait suivre allait changer le cours de ma vie.
Cela est arrivé simplement parce que j’avais demandé, en toute
sincérité, aux puissances divines de me permettre d’éprouver l’amour
spirituel. Je ne demandais pas d’en être la destinataire, mais
d’apprendre à donner aux autres le meilleur de moi-même. Ma
demande fut satisfaite.
En passant à la bande suivante, je gardai cette pensée présente à
l’esprit. J’étais curieuse d’éprouver un peu d’amour universel et, d’une
certaine manière, de faire vraiment l’amour avec une partie de moi-
même, une partie de tout le monde. Je quittai mon unité CHEC à ce
point (départ immatériel, OBE) et ressentis le besoin de rendre visite
aux autres participants du programme Gateway. Je m’isolai dans une
pièce et appelai doucement l’un des participants. Il parut déconcerté de
me voir et je lui dis de ne pas s’alarmer, que j’étais là pour lui
transmettre de l’amour, puis je le quittai, non sans l’avoir ef leuré d’un
furtif baiser d’adieu. (Plus tard, cette personne se rappela avoir
entendu une voix douce lui susurrer son nom à l’oreille. Elle dit avoir
ressenti une impulsion amoureuse en entendant ces mots, mais elle ne
savait pas bien d’où venait la voix.)
Ensuite, de la manière la plus inattendue, je fus soudain attirée par
une force puissante vers une pièce particulière, vers une unité CHEC
particulière. Je fus fort étonnée, car je ne connaissais guère l’homme qui
se trouvait dans cette unité. En fait, c’était le seul stagiaire avec qui je
n’avais jamais eu l’occasion de parler. C’était un psychologue, jeune et
beau et il semble que, pour une raison ou une autre, nous nous étions
évités intentionnellement.
Tout à coup, j’eus une révélation. Il me sembla que je marchais vers
lui d’un pas léger et que nous vibrions à l’unisson. J’éprouvai le désir
profond de le sentir, de me fondre en lui, de ne plus faire qu’un. Ce fut
véritablement l’une de mes expériences les plus pénétrantes et les plus
profondes. Je lui donnai mon corps et mon âme jusqu’à ce que cette
poussée terrible d’énergie nous secoue et éclate en nous. Ce fut une
expérience indescriptible, car l’amour absolu et total nous étreignit
plus fort qu’on ne peut le faire ou l’imaginer sur terre. Plus je donnais,
plus je recevais, et je ne voulais pas m’arrêter là. Je voulais lui en
donner davantage. C’était comme deux énergies en parfaite harmonie
ne faisant plus qu’une. (Je me rappelle avoir pensé à quel point la
sexualité physique était fade en comparaison.)
Des souvenirs de nos vies antérieures surgirent en même temps
comme des éclairs. Nous avons ainsi discuté et je réalisai que cette
expérience n’avait pu se produire qu’en in de stage, ce qui fut le cas, car
chacun de nous aurait été troublé si l’on s’était et « rencontrés » plus
tôt. En effet, cela aurait peut-être gêné le déroulement d’autres
expériences pendant la semaine. Ce fut une réunion de nos deux esprits
et je savais que notre rencontre avait été plus qu’une simple
coïncidence. Elle était prédestinée.
J’ai véritablement vécu tout ce que j’avais demandé et même plus.
En in d’exercice, lorsque je me rendis en salle de réunions, une énergie
survoltée inhabituelle semblait faire voler les gens. Je « le » vis en
descendant l’escalier pour rejoindre le groupe et il me regarda avec
ièvre avec extase, comme si quelque chose d’absolument incroyable lui
était arrivé. Je n’avais pas encore prononcé un seul mot, lorsqu’il répéta
tranquillement plusieurs fois: « Merci, merci. » J’étais transportée de
joie, j’avais établi une relation. Nous avons comparé nos expériences
respectives, nous assurant que chacun n’embellissait pas l’histoire de
l’autre. Cela m’était égal, nos histoires collaient comme les éléments
d’un puzzle elles étaient parfaitement assorties et s’emboîtaient à
merveille. Tous deux, également, avions eu l’usage de tous nos sens, le
plus fort étant le toucher.
Par la suite, nous nous sommes retrouvés pour partager d’autres
expériences. Maintenant, nous sommes ensemble depuis deux ans,
nous progressons ensemble et nous nous aimons.
Voilà tout ce que le programme Gateway m’a appris. J’ai vraiment
eu de la chance, car ce n’est pas seulement la couche de sucre glace que
j’ai reçue, c’est le gâteau entier!
Désormais, le programme Gateway se déroule pendant sept jours
dans notre centre en Virginie. Ce centre a été spécialement conçu pour
ça. Il n’est plus nécessaire de s’étendre sur le sol pour faire les exercices
sur bandes, car le centre dispose maintenant de ce que nous appelons
les unités CHEC (Chambres d’environnement holistique contrôlé), qui
assurent un isolement aussi parfait que les premières cabines
d’isolation du laboratoire. Les exercices sur bandes sont effectués au
moyen d’écouteurs dans l’unité CHEC; de surcroît, le participant y dort
la nuit Comme l’unité rappelle beaucoup la couchette pullman des
trains de jadis, certaines personnes avaient, la première nuit,
l’impression qu’elles ne pourraient pas y dormir peut-être à cause d’un
sentiment de claustrophobie. Mais, en raison du conditionnement de
l’environnement - climatisation et sons sopori iques sur demande dès
la deuxième nuit, le problème majeur était de les réveiller, tant le
sommeil en milieu isolé est réparateur. Cela permet de si bien dormir
que certains participants ont construit des unités CHEC chez eux.
Dans la mesure où le programme Gateway est très dif icile à mettre
en oeuvre, nous remettons chaque année sa prolongation en question.
Tout bien considéré, ce n’est certainement pas un succès inancier,
quoique, soi-disant, notre centre de recherche soit le seul à faire payer
le privilège d’être volontaire. Chaque fois que nous envisageons sa
cessation, comme par hasard, nous recevons le rapport d’un participant
nous décrivant à quel point les résultats de sa participation ont été
signi icatifs et constructifs.
Ainsi, nous prolongeons le programme d’année en année.
4.LA PREMIÈRE ÉQUIPE D’EXPLORATEURS
Outre la diversion que créaient les sessions Gateway, les visiteurs
de toutes sortes (psychologues, électroniciens, etc. ) et le courrier
afférent aux premiers voyages, nous poursuivions notre programme de
recherche en laboratoire avec nos volontaires. Ils étaient de plus en
plus capables d’atteindre d’autres formes de conscience, y compris
l’OBE. Néanmoins notre groupe hebdomadaire régulier fut réduit à six
personnes en raison d’événements dans la vie privée de nos volontaires
(par exemple, un déménagement dans une autre ville). Le groupe
comprenait un physicien, un ingénieur en électronique, une assistante
sociale, un psychologue transpersonnel, une directrice administrative
et une psychiatre. J’aurais préféré les nommer, mais plusieurs d’entre
eux craignaient que leurs employeurs n’aient une piètre opinion de tout
cela. C’est pourquoi je ne citerai aucun nom.
Point particulier: leurs expériences n’étaient analogues aux
miennes qu’au niveau des phases préliminaires. Ils pouvaient
reproduire et reproduisaient réellement mes propres expériences
proches de l’OBE, mais à partir de là, il n’y avait, semble-t-il, plus guère
de similitudes. A certains égards, ils avaient des facilités que je n’avais
jamais connues, en raison notamment du facteur sécurisant que sont
les communications avec le moniteur.
Le sujet est allongé sur un matelas rempli d’eau, dans une pièce
obscure d’environ deux mètres cinquante sur trois, isolée par un
dispositif de protection acoustique et magnétique (pour des raisons
inconnues, la cabine 2 est, en général la préférée). La cabine est équipée
d’un système autonome de climatisation et de chauffage. Des électrodes
ixées sur la tête, les doigts et le corps, permettent d’assurer la
surveillance physiologique du sujet Un micro est suspendu à environ
treize centimètres au-dessus de son visage et des écouteurs lui
recouvrent complètement les oreilles. Point essentiel: le sujet est
d’abord passé aux toilettes. En effet, trop de séances ont échoué parce
que le sujet signalait un « problème » physique, qui se révélait, après un
retour précipité, n’être qu’une vessie dilatée. Manifestement, la
relaxation totale favorise ce besoin naturel.
Dans la salle de contrôle située environ six mètres au-dessous du
hall, un moniteur (moi-même ou un autre) communique verbalement,
au moyen d’un système sonore, avec le sujet étendu dans la cabine. Le
moniteur envoie des sons Hemi-Sync dans les écouteurs du sujet, soit
pour tester ses réactions à de nouvelles fréquences, soit pour l’aider à
atteindre les états de conscience qu’il désire. En in, le moniteur
surveille les cadrans et note les modi ications physiologiques du sujet,
souvent avec l’aide d’un assistant
Voici un rapport typique de « passage » en OBE extrait d’un
enregistrement d’archive effectué pendant une expérience:
SS/ROMC (DIRECTEUR ADMINISTRATIF) 7 MINUTES - TEST #188

En ce moment, je me déplace rapidement à l’intérieur d’un tunnel.


J’étais debout et maintenant je suis comme aspiré par ce tunnel. Il est
très étroit et maintenant je m’y élance vivement. J’ai aperçu un point de
lumière à l’autre extrémité. Je m’achemine rapidement vers ce point de
lumière. C’est comme si j’étais sur une sorte de faisceau lumineux qui
me propulserait. J’en sors. Je pénètre dans une autre dimension et je
viens de ralentir au maximum. Je me trouve exactement à l’ouverture
de ce point de lumière que, maintenant, je franchis lentement Tout est
vert. La clarté contraste tellement avec l’obscurité du tunnel qu’elle en
est presque aveuglante. C’est une sensation différente. Et maintenant,
c’est comme si une énergie puissante m’étreignait. C’est une sensation
extraordinaire. C’est une énergie d’une dimension nouvelle. Je sens un
fort… tout est vert autour de moi. La clarté est si vive qu’il me faut une
minute pour m’adapter et comprendre où je me trouve.
Il y avait un « petit » problème. A partir du moment où les sujets
avaient atteint la lumière, ou l’OBE, ils n’éprouvaient plus d’intérêt
particulier pour la recherche longue et fastidieuse de nouveaux type de
fréquences sonores. Certes, ils s’abandonnaient pas leur tâche, mais au-
delà du tunnel, en pleine lumière, c’était comme être à Paris! Alors, les
faire rester à la ferme n’était pas une mince affaire. Nous avons donc
usé d’astuce.
Voici comment: nous avons envoyé nos sujets explorer la Lune,
qu’ils trouvèrent très morne. Nous sommes allés en d’autres points du
système solaire, vers d’autres planètes. Pour autant que nos moyens
nous le permettaient, nous n’avons vu que des kilomètres et des
kilomètres de cratères et de montagnes ou simplement des étendues de
matière en mouvement, mais pas de végétation, aucun signe de vie, rien
qui retienne notre attention humaine. Nous avons découvert que, dans
un état comme l’OBE, une autre sorte de conscience semble exister. Le
sujet a une perception modi iée. Par exemple, ce qui était pour nous, en
salle de contrôle, une minute pouvait représenter des heures ou être
intemporel pour le volontaire en cabine d’isolation. C’est à ce stade que
nous avons appelé nos volontaires «explorateurs».
Comme la plupart des humains, nous étions obsédés par l’idée ou
l’espoir d’une vie intelligente quelque part parmi les milliards d’étoiles
que l’on pouvait percevoir matériellement.
Ainsi, dans le cadre de nos jeux, nous nous mîmes à envoyer nos
explorateurs au-delà du système solaire, vers ce qui apparut être un
changement de scène presque instantané. Ils avaient pour instruction
de continuer jusqu’à ce qu’il ou elle perçoive quelque chose qui en vaille
la peine. Ils passèrent par d’autres soleils, trouvèrent d’autres planètes,
mais aucune forme de vie. L’univers nous sembla stérile.
Le changement eut lieu en 1974 et se produisit, en quelques
semaines, chez tous nos explorateurs. Certains ne s’étaient jamais
rencontrés, de sorte qu’il ne pouvait y avoir d’interférence. En
considérant après coup les raisons de ce changement radical, un seul
élément nous est apparu: nous avions intégré la déclaration préalable
au programme Gateway au début de chaque séance d’essai en
laboratoire. Hormis cela, nous n’avions effectué aucune modi ication
importante au niveau des fréquences Hemi-Sync, de l’environnement
de base ou des méthodes de présentation. Il se pourrait que la
deuxième partie de la déclaration ait été le catalyseur.
… D’autre part, je désire profondément l’aide, la coopération et la
compréhension de ceux dont la sagesse, le niveau de développement et
l’expérience égalent ou dépassent mes propres facultés. Je leur
demande de bien vouloir me guider et me protéger contre toute
in luence ou tout fait qui ne serait pas de nature à combler mes désirs
tels que je viens de les énoncer.
Ce fut soudain comme si un rideau venait d’être levé. Presque
chaque fois que nos explorateurs entraient en OBE ou simplement en
Focus 12 avancé, ils rencontraient des êtres doués d’intelligence, plus
ou moins disposés et aptes à communiquer. Après des années de
stérilité, l’effet fut, pour nous, foudroyant Parfois, nous ne savions pas
comment nous y prendre. Voici un extrait de l’enregistrement d’une des
premières rencontres.
SS/TC (PHYSICIEN) XAL 8: 12 MIN #332

Retour à Focus 12 normal. Deux rencontres. Première rencontre


avec une intelligence invisible qui a répondu à ma demande de
communication quelque chose comme « Je vous parlerai », mais il était
évident qu’il (je dis « il » parce que j’avais la sensation que c’était « il»)
voulait m’entendre et il dit: «O. K., de quoi voulez-vous parler? » Et
comme j’essayais de lui renvoyer la balle pour en savoir plus sur lui et
sur son environnement, j’ai eu l’impression qu’il ou que cette chose
était fâchée qu’on la dérange. C’était un peu comme heurter un piéton
pressé à New York. La deuxième rencontre fut beaucoup plus
intéressante. Ce ne fut pas simplement un contact avec une intelligence;
j’eus la vision complète d’une femme, la trentaine bien avancée. Elle
était ravie de communiquer, offrit de me faire visiter les lieux et me
montra un certain nombre de choses. Je ne sais pas comment dire
autrement, sinon qu’elle était… chez elle. Nous avons marché vers ce
mur et deux grandes portes se sont ouvertes. Il n’y avait rien là de bien
impressionnant, mais elle considérait les taches et irrégularités de la
surface comme quelque chose de spécial. J’ignore pourquoi. Je n’ai fait
aucun rapport. Je lui ai demandé si elle avait plus ou moins
connaissance d’une existence physique telle que je la connaissais, et elle
m’a demandé de m’expliquer. Je n’ai vraiment pas su comment
expliquer la matière et je lui ai demandé si elle était d’accord pour me
rencontrer à nouveau, car, dans l’immédiat, je voulais rentrer faire mon
rapport. Elle sembla légèrement consternée de mon départ en cours de
visite, mais elle dit: «Très bien » et maintenant nous en sommes là.
Moniteur: C’est bon. Lorsque tu y retourneras, tâche de comprendre
quel type d’énergie ils utilisent là-bas.
(INTERVALLE: 3 MINUTES)

Bon, j’ai pensé que je devais refaire un rapport avant d’oublier une
partie des faits. J’ai repris contact avec la même femme qui a été
fort surprise de mon retour. Agréablement. Je me suis d’abord demandé
comment cette intelligence se voyait réellement elle-même. Est-ce que
je projetais simplement l’image que j’ai de l’humanoïde femelle? Nous
en avons discuté et je me suis aperçu que je créais cette image d’elle et
ignorais si c’était l’image qu’elle avait d’elle-même ou non.
De même, elle se forgeait une image de moi à sa manière et il n’y a
pas eu moyen de déterminer si ces images, la sienne et la mienne,
étaient similaires. Nous avons dû laisser cette question en suspens. Puis
j’ai ressenti une démangeaison assez intense au cou et j’ai essayé de lui
expliquer que j’existais dans une autre réalité, que j’avais un corps
autre part et que ce corps ressentait une démangeaison au niveau du
cou, ce qui troublait ma concentration. C’est la raison pour laquelle je
semblais apparaître et m’estomper au gré de mon attention vacillante.
Cela lui semblait tout à fait incroyable. Je ne pense pas qu’elle m’ait cru.
Elle a feint de l’ignorer, comme il nous arrive de ne pas prêter attention
à ceux qui disent des bêtises. Je l’ai interrogée sur la physique chez elle.
Elle me conduisit en un autre lieu où se trouvait une autre entité.
Cette fois, il s’agissait d’un mâle. Il y avait une surface pour écrire,
analogue à celle d’un tableau noir, mais ce n’était pas un tableau noir,
sur laquelle il essaya d’expliquer la nature des choses chez eux.
L’écriture cela n’a pas marché. Les signes qu’il inscrivait sur cette
surface, ce tableau, m’étaient tout à fait incompréhensibles et, après
quelques efforts, nous avons arrêté. Nous avons essayé les dessins.
Pendant ce temps, nous Pouvions communiquer par télépathie. Les
dessins, cela a marché et il en a fait quelques-uns.
J’ai eu le sentiment, d’après notre échange télépathique, que leur
science, le concept de leur propre existence et réalité, était, à divers
égards, similaire au nôtre, en ce sens qu’ils étaient établis dans cette
réalité et ne pouvaient en sortir comme j’étais passé de la réalité
physique à la leur. J’ignore s’ils ont cru qu’il existait une autre réalité
que la leur. Ils avaient des sciences physiques, comme nous, suivant
lesquelles les choses, dans leur réalité, obéissaient à des lois bien
précises, j’ai essayé de savoir si certaines de ces lois, comme la
gravitation, par exemple, étaient similaires aux nôtres. C’était très
dif icile à dire. Je ne pouvais pas faire la distinction entre ce qui était
leur concept et ce qui était leur réalité. Je ne pouvais que transposer
ceux-ci dans mes propres concepts.
Par exemple, je ne les ai pas vus lotter en l’air, mais je ne saurais
dire si c’était parce que, comme nous, ils ont quelque chose comme la
gravitation, ou si c’était l’effet de ma propre expérience de me igurer
que les humanoïdes ne lottent pas. Mais j’ai eu l’impression qu’ils
avaient une physique régissant les choses. Ils ne déplaçaient pas les
objets par la pensée ou quoi que ce soit de cet ordre. Cela leur semblait
comme une réalité physique du type terrien, bien que je ne reconnaisse
pas nombre de leurs systèmes et structures, très étrangers en
apparence, et dans lesquels ils avaient l’air établis et isolés. D’une
certaine manière, je leur suis apparu comme étant de leur nature. Que
cette nature soit humanoïde ou non, je l’ignore. Peut-être aurais-je dû
essayer de savoir d’où je venais et qui je pourrais bien être, selon eux.
Voici un second extrait, qui vous donnera un aperçu d’un autre
Contact:
SVICA. (ASSISTANTE SOCIALE) 6: 27 MIN #356

Je bavarde avec mon bonhomme vert et je m’exerce à monter et


descendre là où ils sont… et j’ai compris pourquoi il avait cette robe
verte. Il a dit qu’il n’en avait pas besoin, mais qu’il la fallait, pour moi,
a in que je sois plus à l’aise avec lui. Il a dit aussi que j’avais encore un
peu peur, alors il veut que je me sente plus à l’aise d’aller et venir hors
de mon corps… Je veux m’asseoir et parler encore un peu avec lui… Il
s’est assis, en quelque sorte, et a parlé de moi et de l’endroit où je me
trouve. Et il a dit qu’il est en quelque sorte mon gardien et qu’il est
responsable, quelque chose comme responsable de mon évolution et de
mon développement et mon gardien dans le cadre de ce contact et de
cette responsabilité. Apparemment, il est passé par de nombreuses vie
dont la durée variait… Je ne sais pas s’ils font partie de lui ou non.
Je me sens à l’aise comme si j’étais chez moi. C’est un sentiment que
je connais. Je pense avoir fait des progrès, car cette fois, je n’ai eu besoin
de personne pour m’aider. J’étais simplement là et je les regardais.
C’était à un vote de con iance que cela ressemblait le plus. Je lui ai
demandé ce qu’il faisait là et il a dit: « Là, c’est quelque chose que tu
essaies de repérer. Là n’est pas… là n’a pas d’importance. » Je ne sais
pas pourquoi, mais je me sens vraiment très fatiguée. J’ai l’impression
d’être sur le point de rentrer brusquement. J’ai remarqué auparavant
que c’était comme un éclair, mais ici, c’était sombre. J’ai été surprise,
parce que c’était mon éclair de lumière qui apparaissait
Beaucoup plus signi icatifs furent les cas dans lesquels nos
explorateurs se sont rapidement « liés d’amitié » avec l’être ou les êtres
(entités? ) qui ne semblaient pas éprouver d’intérêt particulier ou avoir
d’af inité avec notre explorateur. Voici la réponse d’un explorateur à l’un
d’entre eux:
SS/BY (INGÉNIEUR EN ÉLECTRONIQUE) 26: 20 MIN #325

J’ai recontacté la source et l’ai interrogée sur ses directives et


perspectives. Je lui ai demandé s’il était un familier de la terre, et il a
répondu: «Oui, c’est mon territoire. » J’ai eu l’idée que la terre était en
quelque sorte le domaine qui lui était assigné. J’ai également pensé que
lui et d’autres entités sont mis à notre disposition pour nous aider à
maximiser ou à vivre notre existence sur terre. Je ne veux pas dire par
là « vivre » dans le sens « venir à bout », mais ils sont là pour nous aider
à en tirer le maximum. Ils sont comme des interprètes ou des aides et
ne sont pas spécialement affectés au service terrien. Puis je l’ai
interrogé sur les conditions géologiques des dix prochaines années. Il a
prélevé les données de mon esprit, a su ce que j’en pensais et a dit: «Je
ne savais pas qu’il existait des renseignements sur ce point. » Il fut
surpris que cette information ait été répandue. Il ignorait que ce genre
d’information était diffusé.
Un autre type de rencontre se déroula de la manière suivante:
SS/SHE (PSYCHIATRE) 16: 14 MIN #314
… Un point de lumière. Cela mis à part, je ne sens rien.
Moniteur: Quelle sensation la lumière donne-t-elle ?
On dirait une étoile. Lorsque je me concentre sur elle, je commence
à lotter.
Moniteur: Fais une expérience avec la lumière.
Maintenant, ils se rapprochent, maintenant, c’est moi qui me
rapproche d’eux.

(INTERVALLE: 2: 55 MIN)

Nouvelle Voix: Comment allez-vous?


Moniteur: Enchanté de faire votre
connaissance. Je vous suis très reconnaissant d’être venu.
Nouvelle Voix: C’est dif icile de venir jusqu’ici.
Moniteur: Où est la dif iculté?
Nouvelle Voix: Il faut pénétrer de nombreuses couches.
Moniteur: Nous vous sommes vraiment très reconnaissants d’avoir
traversé ces couches jusqu’à nous. Nous vous aiderons par tous les moyens
possibles.
Nouvelle Voix: Ses couleurs sont très bien. Nous devons trouver un
moyen de l’aider à se détendre.
Moniteur: Que recommandez-vous?
Nouvelle Voix: Il doit y avoir une période pendant laquelle elle va
très en profondeur.
Moniteur: Alors, vous suggérez une longue période préliminaire?
Nouvelle Voix: Possible. Cela ira mieux au fur et à mesure qu’elle
sera plus en con iance. Elle a encore très peur.
Moniteur: Je vous remercie beaucoup de votre intérêt pour elle.
Nouvelle Voix: Maintenant, elle ressent un grand manque
harmonie. Je l’ai emmenée en un lieu où elle peut se reposer.
Dans ce cas précis, le sujet n’a eu aucun souvenir de l’évènement ou
de la rencontre. La dernière chose qu’elle se rappelle est qu’elle
travaillait avec des couleurs. Des modi ications au niveau de la voix et
l’observation des cadrans de contrôle corroborent l’idée d’une autre
«présence» ou personnalité dans son corps, à ELLE. Nous avons
longuement débattu l’opportunité de poursuivre dans cette direction,
malgré l’immense intérêt et l’excitation suscités dans le groupe. En fait,
je soupçonne qu’à ce stade de nos connaissances nous n’avions pas
vraiment les moyens de « couper » cette communication. Je pense
également que, de toute façon, personne n’en avait envie et, en tout cas,
pas moi.
Un explorateur a développé une relation très proche avec ce qui
nous sembla être un groupe de quatre ou cinq êtres, dont l’un tenait le
rôle de porte- parole. Voici un extrait de l’enregistrement d’une phase
importante de cette relation.
SS/ROMC (DIRECTRICE ADMINISTRATIVE) 8: 05 MIN #306

J’observais et, en même temps, je ressentais ce qui se passait. Les


quatre assistants m’aidaient à monter, comme ce corps d’énergie était
venu à mon corps physique. Ils aidaient à faire monter mon corps
d’énergie et je me sentais vraiment très légère, très à l’aise et j’avais la
sensation que cette forme énergétique était en quelque sorte implantée
ou, en d’autres termes, simplement dans mon corps. Elle était
énergisante pour mon corps. Je me sentais légère, bien protégée et
heureuse d’être sortie et légère, et je ressentais cette énergie d’être.
Quelqu’un parlait de la manière dont ils pourraient ou aimeraient
utiliser mon corps comme une sorte de poste de transmission entre
dimensions. Je serais capable de sortir, de me sentir très en sécurité et
en con iance avec ces assistants, et légère, et heureuse et toujours
capable d’observer, si j’en avais envie, ce que faisait l’être d’énergie.
Moniteur: Veulent-ils faire une autre expérience, maintenant?
Bon j’ai l’impression qu’ils voudraient faire l’expérience, de parler
un peu avec les cordes vocales, mais je ne suis pas suf isamment loin
pour pouvoir dégager l’accès. Cela viendra avec la pratique, au fur et à
mesure que j’apprends à être moins, c’est-à-dire à être plus détendue,
plus à même de me laisser aller, d’accepter et d’empêcher mon esprit de
freiner. Plus ils s’exerceront plus cela ira vite. Ils ne veulent faire qu’une
brève expérience: arriver avec quelques pensées dans mes cordes
vocales et mes facultés mentales. Alors, nous allons voir, nous allons
essayer de voir ce qu’il se passe ici.
Moniteur: O. K. Je serai là si tu as besoin de moi. (INTERVALLE: 3: 23 MIN)

Nouvelle Voix: Salut. Je parle au moyen de ces cordes vocales et je


m’adresse à cette jeune femme qui observe ce qui se passe. Son corps
physique semble se réchauffer très rapidement. Il y aura des hausses et
des baisses de température. Les molécules du corps d’énergie dans son
corps physique deviennent plus rapides, c’est pourquoi, en ce moment
précis, une sensation de chaleur envahit ce corps. Cette jeune femme
comprendra ce qui se passe une fois que nous serons dans son aura.
Elle éprouvera une sensation de chaleur, elle se détendra davantage et
elle pourra lotter au-dessus de son corps physique. Elle ressentira de la
fraîcheur et se détendra. Ce sera une relaxation complète, une sensation
de grand calme, de paix intégrale et de totale sécurité. Puis, lors de la
phase de lumière, la fraîcheur l’envahira et elle saura qu’elle est en train
de sortir en douceur de son corps, mais elle pourra toujours garder la
maîtrise d’elle-même, si tel est son choix. Elle continue d’observer, elle
peut parler à tout moment et peut toujours choisir d’entrer dans
d’autres dimensions. Certains l’aideront à pénétrer ces autres
dimensions, cependant que nous nous efforcerons de transmettre
l’information au moyen de ses cordes vocales.
C’est une expérience spéciale de passage dans d’autres dimensions
du savoir, qui ne pourrait avoir lieu si ce n’était pour vous et en raison
de ce savoir que vous apportez, des grandes lumières et de la con iance
dont vous entourez tout ce projet auquel vous travaillez. J’ai travaillé
avec d’autres qui interviendront lorsque nous atteindrons d’autres
dimensions et d’autres niveaux. Nous ne dirons pas, plus ou moins
élevé. Au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans les différents
niveaux, nous traversons des dimensions lumineuses. Il est plus facile
d’apporter le savoir. Maintenant, je travaille au niveau où l’entité se
trouve actuellement, mais nous allons travailler ensemble à plusieurs
niveaux. D’autres travaillent avec elle. Je parle en termes de « nous » car,
chaque fois que je viens, nous venons en tant que groupe. Les autres
sont des assistants et seront toujours là pour élever les niveaux
d’énergie et pour travailler. Nous disons que vous faites exactement ce
qu’il faut pour faire évoluer la situation vers cet état suprême, qui
permet de libérer les énergies dans d’autres niveaux de conscience. Et
maintenant, nous allons sortir et lui permettre de reprendre place dans
son propre corps. C’est un privilège pour lequel je vous remercie, chers
amis.
Sa con iance envers le groupe était si grande que leur aide n’était
guère qu’une procédure de routine. Par exemple, a in de l’aider à sortir
de son corps, quatre de ces êtres se postaient autour d’elle, deux de
chaque côté, et simplement « l’élevaient hors de son corps ». Cela
simpli iait considérablement l’ensemble de l’opération.
Quelques mois plus tard, par hasard, une information intéressante
se it jour. L’explorateur ROMC faisait d’habitude une séance de
laboratoire les mercredis à 5 heures. Cette fois, elle avait annulé son
rendez-vous plusieurs jours auparavant. Et ce même mercredi, comme
par hasard, une psychologue de la région de Washington vint visiter le
laboratoire. Elle était fort sceptique quant à nos activités et l’après-
midi, pendant des heures, nous avons passé en revue nos méthodes et
nos techniques. Finalement, pour l’aider à mieux comprendre, je lui ai
proposé de se rendre dans la cabine 2, de s’y étendre, d’écouter
quelques exemples de sons Hemi-Sync et de découvrir par elle-même si
elle réagissait à ces sons. Elle accepta, sûre que rien ne se produirait.
Étant donne son scepticisme, j’étais prêt à le croire.
Après cinq minutes en cabine avec des sons Hemi-Sync sa voix
retentit dans le haut-parleur de l’interphone.
Il y a quelqu’un avec moi dans la cabine.
Je pressai le bouton du micro. « En êtes-vous sûre? » demandai-je.
Évidemment que j’en suis sûre. En fait, ils sont quatre.
« Êtes-vous sûre qu’ils sont quatre? »
Je le perçois très clairement. Il y en a deux près de mes pieds deux
près de ma tête.
« Que font-ils? »
Ils essaient de me sortir de mon corps, si vous pouvez croire une
chose pareille.
Tout à coup je compris. Je regardais la pendule. Il était
17 h 10 et nous étions mercredi. Les amis de ROMC
peuvent bien être piégés par la routine, eux aussi. J’éclatai de rire et
étais sur le point de prendre le micro pour l’expliquer à la femme dans
la cabine, lorsque j’eus une meilleure idée.
J’appuyai sur le bouton du micro. « Que font-ils maintenant? »
Ils n’essaient plus de me soulever hors de mon corps. Ils discutent.
J’avais du mal à maîtriser ma voix, lorsque je lui répondis:
« De quoi discutent-ils? »
Les quatre premiers veulent me sortir de mon corps, mais
maintenant, il y en a un cinquième qui est contre.
« Voulez-vous qu’ils le fassent? » demandai-je.
Non, je ne crois pas, répondit-elle. Ils ont cessé de discuter et ils s’en
vont. Je pense qu’il n’y a plus de problème.
Je souris, appuyai sur le bouton du micro et dis: « C’est bon,
détendez-vous un peu, je viendrai vous chercher dans quelques
minutes. Vous sentez-vous à l’aise, maintenant? »
Oui, je me sens bien, répondit-elle.
Je la laissai pendant dix à quinze minutes dans la cabine et vis sur
les cadrans de contrôle qu’elle se détendait dans un sommeil léger. A
l’issue d’un laps de temps approprié, je la réveillai et la is sortir bien
délassée. Elle était quelque peu déconcertée par l’expérience et tenta
vaillamment de rester sceptique. Je lui montrai le planning des rendez-
vous qui prévoyait d’habitude une séance d’expériences, puis je lui is
entendre le véritable enregistrement des techniques d’« élévation »,
décrites par l’explorateur.
Elle init par s’en aller, déconcertée et intriguée.
Chez la plupart des gens, ce genre d’expérience ébranle les
systèmes de croyance. Il nous arrivait beaucoup de choses et les
moments de suspense étaient nombreux.
Il nous a fallu des heures et des heures de contacts préliminaires et
de discussion en tant qu’« observateur » pour parvenir à un tel niveau
de con iance, de communication et/ou d’association avec ces entités et
être amicaux. Cela ne s’est vraiment pas fait du jour au lendemain. Une
bonne partie du matériel apporté par ces êtres était de nature
philosophique ou représentait des suggestions et conseils relatifs au
bien-être personnel de l’explorateur concerné. Nous n’avons utilisé ni
drogues ni médicaments au cours de ces expériences.
En outre, des indices laissent à penser qu’il y aurait création d’un
champ magnétique, d’une nature inaccoutumée pour notre science. Par
exemple, des champs magnétiques se forment à proximité de circuits
électriques et de câbles audio, ou bien ils peuvent impressionner une
bande magnétique d’une piste à l’autre. L’industrie aimerait beaucoup
savoir comment appliquer un tel procédé à une échelle commerciale.
Cependant, nos résultats ne sont pas encore assez signi icatifs pour être
commercialement viables.
Une nuit, alors que nous regagnions nos voitures garées au dehors,
à environ six mètres de la cabine 2, nous avons constaté que toutes les
batteries étaient à plat. Comme c’était une nuit d’été, nous n’eûmes
aucun mal à faire démarrer les voitures en les poussant et, par la suite,
les batteries restèrent chargées. Les autres voitures, garées d’un autre
côté ou éloignées d’environ dix-huit mètres de la cabine, n’étaient pas
touchées par le phénomène. Nous avons donc appris qu’il valait mieux
ne pas se garer trop près de la cabine 2, lorsque certaines expériences
avaient lieu avec certains explorateurs. Pourquoi ce phénomène s’est-il
produit et se produit encore, nous l’ignorons.
Notre groupe actuel d’explorateurs ne comprend plus que deux
membres de l’équipe initiale. Des événements personnels ont éloigné
les autres de la région et leurs vies sont visiblement transformées par
l’expérience. Si nous continuons à travailler sur le matériel d’origine,
entre-temps nous avons récolté beaucoup d’autres matériaux pendant
les séances dans notre nouveau laboratoire.
Peut-être aurions-nous besoin de plus de médecins, munis d’autres
références.
5. NOUVELLES ASSOCIATIONS

A ce jour, nous avons consacré des centaines d’heures de recherche


à la communication. Dans près d’un tiers des cas, les explorateurs
autorisaient les entités amies à prendre possession de leur corps et à
s’exprimer au moyen de leurs cordes vocales. Dans les autres cas,
l’explorateur ayant pu établir un contact discutait avec l’entité
immatérielle, puis faisait un compte rendu de la conversation. Dans les
deux cas, le moniteur, depuis la salle de contrôle (domaine physique du
vivant! ), participait à ces discussions.
Ce que nous appelons le « matériel » de l’explorateur est une
combinaison de données fascinantes, déconcertantes, effrayantes,
stimulantes et parfois ennuyeuses, vraisemblablement contraires à une
bonne partie des croyances et des grands courants de pensée
contemporains. La réalité du matériel, l’expérience des explorateurs et,
notamment, l’aide que leur apportent ces entités amies présentent des
potentialités majeures, auxquelles s’ajoute le fait que le processus est
en continuel développement
Développer ces potentialités nécessite des actions et des capacités
qui dépassent de loin les limites de notre organisation.
Des témoignages convergents relatifs aux séances d’exploration
permettent d’af irmer le caractère constant de certains éléments:
1. Quels qu’ils soient, ces tiers immatériels
2. rayonnent d’une chaleur amicale qui suscite la con iance totale
de l’explorateur.
3. En particulier, ces être sont très soucieux du bien-être de
l’explorateur et s’efforcent d’offrir les meilleures conditions mentales et
physiques à l’être humain auquel ils sont « associés ».
4. D’habitude, un être se présente sous la forme d’une silhouette
encapuchonnée dont le visage, dissimulé dans l’ombre, ne peut être vu
par l’explorateur. Une fois que l’explorateur s’est parfaitement « habitué
» à l’entité, la pèlerine disparaît et l’explorateur ne perçoit plus qu’un
rayonnement
5. Lorsqu’il s’adresse à l’explorateur, l’être dispose d’un
vocabulaire limité à celui mémorisé par ledit explorateur, C’est
pourquoi il peut hésiter lorsqu’il cherche un mot. II arrive souvent que
ce mot ne igure pas dans la mémoire de l’individu.
6. Lorsque ces êtres s’expriment au moyen des cordes vocales de
l’explorateur, le corps de ce dernier connaît des variations de voltage et
autres modi ications biologiques véri iables.
Sans autre commentaire, voici des extraits de quelques séances.
SS/TC (PHYSICIEN) 22: 10 MIN #372

J’ai obtenu diverses informations que je me suis efforcé d’ordonner


de manière rationnelle. Tout d’abord, J’ai eu l’impression que la réalité
de la matière physique — du moins ce que je crois qu’on appelle
normalement la réalité, non seulement la matière physique, mais
également certains rêves diurnes, l’imagination et l’intuition —
participait d’une sorte de grand rêve éveillé ou d’une pensée émanant
d’une conscience supérieure. Comme lorsque nous rêvons tout éveillés
en inventant des personnages et situations, nous sommes nous-mêmes
des personnages dans une situation inventée ou rêvée consciemment
par une espèce plus évoluée de conscience. Dans ce rêve diurne, notre
rôle consiste à apprendre à se dépasser.
J’ignore pourquoi cette espèce surconscience ou de sur âme fait ce
rêve éveillé, mais j’ai l’impression que c’est pour sa propre éducation.
Elle s’instruit, comme nous. De toute façon, nous avons, au départ, une
conscience si limité que si l’on essaye de créer une situation en
espérant que certains processus se développeront - ces processus, bien
sûr, sont notre éducation, notre savoir - on ne crée pas l’expérience ou
la situation la plus compliquée. On crée une situation simple, à notre
portée et à même d’engendrer les résultats recherchés.
C’est pourquoi notre conscience semble si limitée. Mais la raison
qui nous pousse à choisir de développer davantage notre conscience
fait partie de l’expérience elle-même. On doit s’instruire, se développer,
évoluer, expérimenter, se rapprocher au maximum de la compréhension
et l’intégrer. Cette compréhension participe de notre créateur, de la sur-
âme de notre rêveur diurne, si vous voulez, de cette espèce de
puissance qui nous domine. Plus nous comprenons, plus nous
acquérons de connaissances. Alors, ce n’est pas vraiment… Bon! Je n’ai
rien dit. Ce n’est pas tant que nous soyons ou devions être amenés à
développer notre conscience, mais c’est une direction dans laquelle
nous pourrions tendre, si tel était notre choix.
Tout cela est un peu confus pour moi, mais je dis les choses comme
elles viennent.

SS/SHE (ASSISTANTE SOCIALE) 18 MIN #366

C’est comme si j’avais été prise dans un tourbillon. Vingt-deux n’est


nullement physique. Vingt et un peut être ou ne pas être physique,
selon l’objet sur lequel on choisit de concentrer son énergie.
Ce n’est ni en haut, ni en bas, ni en avant, ni en arrière. A vingt et
un, tout semble très confortable, mais différent J’ai l’impression de me
trouver devant un arc-en-ciel. Ses couleurs me rappellent celles que
Miranon a décrites, mais elles sont animées de battements et de
mouvements divers. C’est comme si je pénétrais un spectre de vingt-
deux, je ne sais pas, de vingt-huit, ou quelque chose de cet ordre. Ils
sont tous entremêlés. Je pense que je pourrais vous en faire un dessin.
J’aime vingt et un et j’y suis resté. Si vous me demandez ce que j’ai
ressenti, eh bien, j’ai eu l’illusion de regarder un coucher du soleil, ce
qui m’a laissé à penser que l’horizon pourrait être le bout. Mais tout
cela n’est qu’illusion, parce que, si l’on progresse dans les niveaux, de
nouveaux niveaux apparaissent.
(INTERVALLE: 1: 22 MIN)

Autre Voix: Je m’excuse d’être en retard, mais je voulais vous


remercier. Je suis très content que vous ayez reçu mon message. Si vous
désiriez explorer ces niveaux, je me ferais un plaisir de vous
accompagner.
Moniteur: Cela ne plairait beaucoup.
Autre Voix: Comme je vous l’ai déjà dit, il y a des plantes animées
d’un mouvement vibratoire aux niveaux un à sept. De la même manière,
il y a des animaux aux niveaux huit à quatorze. Lorsqu’une personne,
une conscience, atteint le niveau quatorze, elle ne peut continuer, à
moins de changer de forme de conscience. Aux niveaux quinze à vingt
et un, il y a vie humaine au sens terrestre du terme. Lorsqu’une
personne parvient dans le domaine de la forme humain. Elle ne peut
continuer qui si elle abandonne la forme humaine.
Moniteur: Cessez-vous d’être humain?
Autre Voix: Les niveaux vingt-deux à vingt- huit sont votre
passerelle. Ce sont les niveaux que vous pénétrez au moment de la
mort. Vous vous trouvez au niveau vingt. Comme c’est un niveau
ascendant, vous pouvez évoluer au-delà de la vie physique, mais vous
ne pouvez y rester, à moins d’abandonner la forme humaine. Est-ce bien
clair?
Moniteur: Oui, ça, du moins.
Autre Voix: Dès qu’une personne ou une conscience - nous parlons
de consciences - atteint le niveau vingt-huit, ma passerelle est franchie.
Dès lors, pour qu’une conscience puisse évoluer, elle ne doit en aucun
cas prendre la forme humaine, pas même à titre expérimental. Je ne
m’incarnerai plus jamais en humain, en une autre forme de vie, oui,
mais pas en humain. Ces mots peuvent paraître très durs parce que
votre niveau d’existence est différent. Peut-être comprendrez- vous tout
cela si vous vous représentez sept cercles, ce qui vous donnera les
quarante-neuf niveaux. Aux trois premiers niveaux, vous trouverez la
matière physique, telle que vous la connaissez.
Ce sont vos plantes, vos animaux, vos êtres humains. Le quatrième
cercle et votre passerelle, votre domaine, votre centre. C’est là qu’une
conscience peut choisir de revenir aux niveaux inférieurs ou de monter
aux niveaux supérieurs. De nombreuses consciences choisissent de
revenir à la forme physique, aux niveaux inférieurs. Les trois cercles
supérieurs représentent ce que votre conscience quali ie de spirituel. A
ce stade, une bonne partie du travail est achevée. Je ne pourrais guère
aider quelqu’un qui ne se trouverait pas au niveau dix-huit, parce que
mon plan, mon niveau vibratoire, est différent. C’est pourquoi je ne puis
vous aider à résoudre vos problèmes particuliers. Je peux vous
communiquer des idées, mais non l’orientation directe comme je le
ferais si vous vous trouviez au niveau dix-huit. Nos niveaux se touchent
Puisque le vôtre est une spirale ascendante, une ellipse, comme vous
dites, une ellipse ascendante, je peux le traverser et communiquer avec
vous.
Dès que j’aurai atteint le niveau quarante-neuf, ce que j’ai souhaité,
je quitterai l’ensemble de ce domaine d’existence. Cela ne signi ie pas
que je sois parvenu au point culminant, mais simplement que je quitte
cet ensemble de sept. Imaginez que les sept cercles soient inclus dans
un cercle plus grand, sur lesquels sept autres cercles seraient
superposés, lequel cercle serait inclus à son tour dans un cercle encore
plus grand. Alors, vous pouvez vous faire une idée de l’in ini. Cela ne se
termine jamais.
Moniteur: Bon, je vous avoue que tout cela est plutôt dif icile pour
ma pauvre et in ime conscience de matière physique.
Autre Voix: C’est vrai. Je dois… C’est très dur pour ma conscience
également. Comme j’ai presque terminé ce cercle, j’ai l’impression
d’avoir accompli une évolution majeure au niveau de la conscience.
Mais lorsque j’essaye d’expliquer tout cela, je m’aperçois que la route
est encore longue. Comme mon niveau de conscience est un niveau
d’amour, je vous quitte avec amour. Au revoir.
SS/SCA (CADRE) 34 MIN #402

Moniteur: Demandez lui de décrire cette unité interactive que vous


êtes et qu’est votre corps physique actuellement. Quel rapport y entre
cette forme d’énergie et votre corps physique?
Une partie de l’énergie dont je dispose hors du corps est utilisée
pour créer mon corps. Lorsque j’utilise cette énergie pour mon corps,
ici, sur terre, j’entrave ou in luence mes processus mentaux de sortie du
corps. Le processus mental doit être in léchi pour communiquer à
nouveau avec d’autres êtres sur terre. C’est l’un des types de
communication hors du corps. J’emporte avec moi la majeure partie de
cette énergie utilisée pour mon corps, mais il en reste suf isamment ici
pour maintenir le corps informé. Cela me permet de communiquer avec
d’autres êtres ou cerveaux, si l’on peut s’exprimer ainsi. Communiquer,
s’instruire, parler.
Moniteur: A quel point entrez-vous pour devenir partie de ce corps
physique?
Bien que la fécondation soit un phénomène mécanique, chimique…,
les êtres sortis de leurs corps savent quand les choses se produisent et
choisissent alors de développer ou de ne pas développer le fœtus. Donc,
une partie de mon énergie peut, en ce moment, être utilisée à
développer un être, et je peux avoir plusieurs personnalités qui existent
et se développent en même temps.
Moniteur: En même temps dans une réalité de type physique?
Oui, oui. Ils me disent en ce moment précis que l’un est vieux,
l’autre in irme, le troisième masculin, et je ne suis pas près de savoir où
ils sont… Je peux me sentir vieux et in irme, mais je ne puis me sentir
mâle.
Moniteur: Est-ce que cette pénétration du corps physique est limitée
à la planète Terre?
Nous nous rendons en d’autres points habités dont notre énergie a
conscience.
Moniteur: Est-ce que, dans ces autres lieux, nous disposons de corps
physiques?
Pas de corps physiques comme sur Terre… mais… d’autres sortes
de choses ou d’êtres.
Moniteur: Pouvez-vous nous donner quelques exemples de formes
vivant sur ces planètes?
L’une ressemble à une masse de gélatine… quelque chose de
visqueux.
Moniteur: Est-ce qu’elles se trouvent à proximité de la Terre?
A des milliers d’années-lumière.
Moniteur: Est-ce que notre fonctionnement obéit à un ensemble de
règles?
Je ne comprends pas bien le sens de votre question.
Moniteur: Est-ce que le fonctionnement du corps obéit à un
ensemble de règles?
Non. Si l’énergie décide elle-même qu’elle prend une mauvaise
décision, alors elle se détruit. Si elle prend les décisions correctes, elle
façonne ou af irme sa responsabilité. L’énergie peut se détruire elle-
même.
Moniteur: Qu’est-ce qui est considéré comme négatif?
Lorsqu’elle n’a pas enrichi sa connaissance actuelle. Lorsqu’elle n’a
rien appris de plus que ce qu’elle savait déjà. Ce n’est pas seulement
une question de bon ou de mauvais, de bien ou de mal. Par exemple,
tuer, en soi, ne signi ierait pas détruire l’énergie, si l’on tue un animal
ou un être humain. L’acte grandit réellement la connaissance acquise ou
la compréhension, non seulement en l’augmentant, mais en
développant la personnalité. S’il s’agit d’un meurtre gratuit, si rien n’a
été acquis, il peut alors détruire la personnalité. Mais il semble qu’il y
ait aussi une hiérarchie dans la compréhension. Au fur et à mesure que
l’énergie se renforce, elle s’élève dans la hiérarchie de la connaissance.
Moniteur: A quoi cette hiérarchie de la connaissance peut-elle bien
mener?
Il est primordial de tendre vers un tout uni ié comme il y en a un au
sommet… Le degré de compréhension augmente à mesure que l’on
gravit la pente de la connaissance. Verbalement, cela n’a pas de sens,
mais visuellement, cela en a beaucoup.
Moniteur: Très bien, je pense que vous nous avez fourni
suf isamment de matière à ré lexion. Remerciez votre guide et demandez
lui comment il s’appelle.
Pour l’instant, il ne veut pas se nommer a in de ne pas interférer
dans notre entraînement… être trop concret. Je dois accroître ma
connaissance et il est mieux à même de faire son travail si je ne lui
attribue pas de nom.
Moniteur: Demandez lui s’il veut accomplir un autre exercice avant
la in de la séance?
Non, il pense que je suis allé… plus loin qu’il ne l’avait prévu.
SS/MSL, (PSYCHOLOGUE) 8: 22 MIN #375

Moniteur: Demandez à votre ami comment, à l’origine, nous


sommes arrivés ici, comment nous sommes arrivés sur la planète Terre et
dans l’espace-temps.
J’ai eu l’impression d’être transporté à l’origine des temps; je
pouvais sentir et voir vraiment un bombardement de particules… de
matière… Quelques particules amalgamées ont réellement constitué un
mouvement dont on pourrait comprend le mécanisme en le comparant
à un ordinateur. Au cours de leur fusion, ces particules ont commencé à
communiquer entre elles par la chaleur de la lumière ou l’énergie
qu’elles répandaient. Finalement, elles ont compris qu’elles
communiquaient ou, plus exactement, qu’elles essayaient de
communiquer au même niveau. Le phénomène était fréquent.
Elles voulaient découvrir ce quelles pourraient faire de cette
communication, jusqu’où elles pourraient aller, s’étendre, voir et
penser. Elles ont développé la Terre et l’ont réellement bâtie. Elles ont
pris une partie d’elle-même et ont joué avec des animaux et des gens.
Elles sont devenues conscientes du nombre qu’elles pouvaient
produire. Une seule de ces choses pouvait engendrer des milliers de
gens, des parties d’elle- même situées partout. Mais après un certain
temps, elles ont créé des esprits ou machines à penser plus
perfectionnés, signi iant que l’original devrait mourir ou se désintégrer.
En termes de milliers d’années, elles n’ont pas une longue vie et ne sont
pas éternelles. Nos esprits semblent être une réplique améliorée de
l’original. L’original s’est désintégré.
Moniteur: Est-ce que l’esprit est issu de ce processus?
L’esprit en est le fruit. Il provient de la fusion de ces particules,
elles-mêmes constituées de matières amalgamées. L’esprit a vécu des
milliers d’années, puis s’est désintégré. Avant de se désintégrer, il a créé
quelque chose de mieux. Il savait qu’il allait mourir et se désintégrer.
Alors il a créé l’esprit avec lequel je communique actuellement. Dans un
certain sens, on peut les appeler tous deux esprit ou super-esprit. Mais
votre esprit pourrait êtres et est différent du mien.
Moniteur: Combien y a-t-il d’esprits analogues à celui avec lequel
vous communiquez?
Guère plus d’un millier.
Moniteur: Sont-ils restés à proximité de la Terre?
Ils ignorent l’expression « à proximité » qui, pour eux, peut signi ier
des millions et des millions de kilomètres. Pour nous, c’est tout proche.
Eux, ils peuvent évoluer à des millions d’années-lumière.
Moniteur: Existe-t-il des communications avec les autres esprits ou
les autres entités intelligentes?
Ils les ont créés. Donc, s’ils les ont créés, il en existe.
Moniteur: Pourquoi prêtent-ils autant d’attention à l’homme?
Ils sont une création. Comme je l’ai déjà dit il y a des mois, nous
faisons partie de l’expérience. Nous sommes le cobaye qui leur permet
de savoir jusqu’où cet esprit peut penser, amalgamer des particules et
mesurer son potentiel. Ils poursuivent l’expérience pour évaluer leur
potentiel et nous faisons partie de cette expérience.
Moniteur: Sommes-nous importants ou négligeables dans cette
expérimentation?
Ils craignent que tous ces cerveaux qu’ils ont créés ne inissent par
la comprendre ou s’en emparer.
Moniteur: Est-ce qu’ils ont créé tous les cerveaux humains sur la
planète Terre?
Oui.
Moniteur: Je vois.
Ils sont au courant de tout En clair, ils n’exercent pas
nécessairement de contrôle sur la progéniture des humains, mais
observer le résultat d’un accouplement représente un aspect de
l’expérimentation. Quand les deux parties d’un esprit ou deux esprits
différents s’unissent réellement, qu’arrive-il?… Ils l’ignorent et cela fait
partie de l’expérimentation.
Moniteur: Est-ce que votre esprit peut être en contact avec mon
esprit?
Oui, à tout moment.
Moniteur: Demandez à votre esprit s’il peut communiquer avec mon
esprit et voyez s’il n’ y pas de message particulier que mon esprit aurait
pour moi.
Je ne vais pas vers d’autres esprits sans un malaise et il s’est moqué
de moi parce que je suis mal à l’aise. Et pourtant je l’ai fait avec ma
mère. Je ferais mieux de rentrer.
Moniteur: Bien. Remerciez votre esprit
O. K.
SS/NVP (DECORATEUR) 92: 30 MIN #388

Bénis soient ceux qui me recherchent. En me


cherchant, leur longue période d’oubli arrive à sa in. Ils
comprennent qui ils sont véritablement, une partie de moi-même,
témoignant de la vie et irradiant de l’amour.
Vous avez oublié de me chercher et plus encore de prendre mon
soutien en considération. Oh, les hommes de peu de foi! Innombrables
sont ceux qui vivent dans l’attente de ma venue. En vérité, je ne suis
jamais parti.
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Vous me cherchez dans votre aveuglement. Vous me regardez sans
me reconnaître. Vous touchez ma main et ignorez ce que vous avez
touché.
Vous proclamez mon nom et mes enseignements quand bon vous
semble et selon les circonstances. Réveillez-vous, considérez la réalité
de ma présence parmi vous.
Je suis le séisme, le vent et le feu.
Je suis la petite voix tranquille qui franchit le tumulte orageux.
Je suis la paix au-delà de toute entente.
Je suis la lumière qui guide tous les hommes vers le Père.
Je suis l’amour qui triomphe de tout.
Je suis la lumière qui éclaire l’esprit des hommes. Je suis la
nourriture de l’âme humaine.
Je suis votre vie et vous êtes la mienne.
Je suis votre souf le.
Nous sommes un dans le Père.
Ne désespère pas. Je ne te quitterai ni ne t’abandonnerai jamais. Et
tu ne peux réellement m’abandonner, car nous sommes un.
Que la vielle route ne soit plus. Elle doit mourir et ses cendres
doivent être souf lées aux quatre coins de la terre. La nouvelle apparaît,
mais tu dois changer de perspective. Ne me cherche pas sous les traits
d’un homme. Le moment n’est pas encore venu. Mais cherche-moi dans
la vie, dans tes activités quotidiennes. Tu as mal regardé.
Je suis in ini et ignore les limites physiques.
Je dé ie la logique et transcende vos concepts.
Je vis et suis dans tout ce qui est. Tu m’as mal cherché.
Mon expression se dessine derrière chaque visage créé par mon
Père. Regarde ton frère et vois mon visage.
Penche-toi au-dessus de l’eau. Ne sois pas déçu. L’image dont tu
vois le re let est la mienne.
Ne vois-tu pas la vérité, maintenant?
Apprends de moi. Prends dans ta main une feuille, un caillou, une
goutte d’eau et sache que rien n’existe qui ne me contienne.
Ne savais-tu pas que je suis la vie éternelle et c’est pourquoi je ne
connais ni passé ni futur! Il n’y a que le présent Vis le présent avec moi.
Je suis dans la lumière et tu es dans la lumière. Mais tu l’ignores. Je
suis là pour te montrer que ta lumière et la mienne ne sont qu’une. Dès
que tu reconnaîtras cette divine lumière comme une partie du tout, tu
saisiras le sens de ta relation avec la vie, avec ton créateur et, par là, ta
propre iliation éternelle.
Je ne sommeille ni ne dors et tu dois savoir que ton âme ne
sommeille ni ne dort. Lorsque tu l’auras compris, tu connaîtras ta force
spirituelle et la vigilance de ta conscience.
Tu comprendras que je suis véritablement plus proche de toi que
tes mains et tes pieds. Dans ce
savoir, dans cette connaissance, nous sommes un. Vis dans la vérité.
Sois vérité. Vis dans la beauté. Deviens un artiste de la vie.
Vis en moi et laisse-moi t’exprimer.
Je suis partout et nulle part, toujours et jamais. Lorsque tu auras
changé et participeras de ma réalité, la force sera restaurée en toi. C’est
la force qui t’unira au tout. C’est elle qui te libérera.
Mes enfants, demeurez en moi.
Une caractéristique est commune à l’ensemble du matériel de
l’explorateur: il y a plus de questions que de réponses. Nous avons ici
un problème. Nous avons pensé que nos « nouvelles » associations nous
apporteraient des réponses. Mais il y a une réponse pour environ
cinquante nouvelles questions.
Il fallait considérer la forêt et non compter les arbres.
C’est ce que nous îmes.
6. TRANSITION

Tiré d’un contexte culturel donné et appliqué ici de manière


appropriée, le mot « transition » se dé init comme un interlude
mélodique approprié entre l’épilogue d’une oeuvre musicale et
l’ouverture d’une autre. Par « approprié », il faut entendre une
transition en douceur d’un thème à l’autre.
Pour nous, une transition représente le passage de ce que nous
avons quali ié de « tra ic local », c’est-à-dire des faits et des activités en
rapport direct avec l’espace-temps immédiat (encombrements,
motivations, routes tortueuses et indirectes, idées fausses, émotions
accablantes, déviations, réparations, indications confuses et
contradictoires, cartes routières imprécises, appâts et leurres subtils et
odieux, rêves, idées, enseignement et amour), aux « autoroutes
interfédérales », où virtuellement les règles, tendances, illusions et tout
ce qui concerne le ce « tra ic local », à quelques exceptions près,
n’existent pas.
Voici un ensemble d’af irmations et de conclusions auxquelles nous
sommes parvenus vers le milieu de l’année 1984:
1. Tous les humains sortent de leur corps pendant le sommeil.
S’endormir n’est qu’un processus de déphasage par rapport à l’espace-
temps physique. Vues sous cette perspective les diverses phases du
sommeil sont facilement explicables. Le sommeil profond ou « delta »
représente le point où la
2. conscience est complètement détachée de la réalité physique. Le
Corps physique fonctionne alors de manière autonome, mais un état
d’alerte préprogrammé et des systèmes d’alarme rappellent la
conscience si nécessaire. Le fait que la plupart des consciences
humaines ne se rappellent pas ou ne peuvent se rappeler ces excursions
nocturnes ne prouve en rien qu’elles n’ont pas lieu. Une nuit d’ivresse
peut provoquer le même état d’amnésie.
3. Une forme d’énergie dynamique non encore identi iée et
mesurée par le courant dominant de la civilisation réside dans toute vie
organique fondée sur le carbone. C’est une forme organisée de cette
essence qui pénètre le corps physique avant la naissance et le quitte à la
mort, probablement plus instruite et peu usée. La différence entre la
version humaine, la vache ou le ver, n’est qu’une question de complexité
de cette organisation.
4. La conscience éveillée dominante, que l’homme considère
comme primordiale dans son existence, n’est qu’une partie, peut-être la
plus in ime, des diverses formes de conscience dont il dispose,
L’adjonction d’autres parties à la conscience dominante peut être faite
systématiquement, mais prudemment, sans danger ni destruction. Le
résultat peut échapper à son appréhension et provoquer des angoisses
ou au pire, un rejet total.
5. La conscience humaine n’est qu’une manifestation du système
généré au stade décrit au paragraphe 2. En tant que structure vibratoire
à plusieurs niveaux et comportant de nombreuses fréquences en
interaction et résonance, elle réagit et agit en fonction d’éléments
extérieurs. Une utilisation
6. plus vaste peut donc résulter de la création et de l’application
d’une vibration externe, d’une fréquence résonante adéquate, a in
d’augmenter une qualité voulue ou nécessaire.
7. Les structures de conscience, humaines ou non, sont par nature
immatérielles. En tant que telles, elles ne sont pas liées à l’espace-
temps. Une fois déchargées des contraintes physiques, elles pénètrent
un environnement complexe en harmonie avec la matrice d’énergie
devenue totale, générée par chacune. Aucun courant de pensée, aucune
illusion, action ou perse connue pendant un séjour dans l’espace-temps
ne peut altérer ce processus de base. Que vous le vouliez ou non, vous
continuerez d’être et d’agir après votre mort physique. Il n’y a de repos
pour personne, pas seulement pour les méchants.
8. Dans cet effrayant nuage de cosmologie émanant des
explorateurs et de leurs contacts, une mosaïque sous-jacente d’action
— d’un potentiel extraordinaire si on la considère séparément —
demeure presque inaperçue. Nous n’aurions pu en prendre conscience
nous-mêmes, si nous n’étions exposés en permanence aux divers
aspects de son utilisation.
C’est la démonstration et l’application d’une science, disons d’une
technologie, complètement absente de notre culture. Nous n’en
connaissons rien et ne disposons d’aucun moyen admis d’en découvrir
la nature et le contenu.
Voici les extraits de diverses séances d’exploration. II est encore
plus saisissant d’écouter le véritable rapport que de lire ces extraits
hors contexte, comme ici.
SS/ROMC6: 45 MIN #322

Deux disques sont venus vers moi. A première vue, on aurait dit
deux gros yeux. On me met sur l’un d’eux. Je pivote et une lumière se
braque sur moi. J’ai mal quelque part et ils s’activent sur ce point. Ils me
font pivoter sur le disque et braquent vers moi un rayon de lumière.
Mon corps est engourdi par la douleur physique que je ressentis ce
matin en me réveillant. Je me sens lourd aujourd’hui, et peu lucide. Ils
essaient de m’aider. Je dis « ils». J’ai la sensation qu’il y a; quelqu’un ici,
mais on dirait deux disques et une lumière. J’ai été mis sur un disque et
j’ignore où est l’autre. Je suis toujours étendu sur ce disque. La lumière
augmente, elle inonde tout mon corps. Je crois qu’elle provient de
l’autre disque situé au-dessus de moi. C’est comme si j’étais entre deux
disques d’énergie.
Moniteur: Demandez leur qui ils sont
Je viens de recevoir la réponse suivante: « Nous sommes la source
de lumière et d’énergie dont votre corps a besoin en ce moment. »
Moniteur: Ressentez-vous l’effet de cette énergie?
Au début j’étais exténué, mais à présent j’ai conscience d’être un
peu revigoré.
Moniteur: Signalez vos changements.
Bon. Je suis censé vous dire ce qu’il se passe parce que ça m’aide. Je
n’arrête pas de reni ler un peu, et j’ai l’impression que ça favorise la
résonance entre ma voix et la vibration. Je me trouve sur le disque de
tout à l’heure et j’ai eu l’impression de tourner très vite. C’est une sorte
d’équilibre, un équilibrage d’énergie. Je me suis rendu compte que ce
rayon de lumière était, en quelque sorte, centré sur moi. Ensuite, ils se
sont occupés d’une région de mon corps apparemment sombre. J’ai eu
l’impression qu’ils me plantaient des espèces de petites iches dans
l’abdomen. Ensuite, j’ai eu l’impression qu’ils travaillaient avec des
couleurs, notamment un violet et un bleu. Le rayon arrivait par-
derrière, traversant la colonne vertébrale et les iches plantées dans
l’abdomen. Ils effectuaient un travail curatif. A présent, on me retire du
disque. Ils vont m’aider à passer au niveau suivant.
SS/MJL 1:23 MIN #351

Lorsque je monte, je dois laisser cette boule d’énergie derrière moi,


avec mon corps. Je suis censé placer la boule au bas de ma colonne
vertébrale lorsque je décolle. J’essayerai encore a in de protéger mon
corps physique. Je les sens me dire qu’à ce point ils seront en mesure de
parler et d’agir au moyen de mon corps. Ils disent que je me sentirai
tout à fait à l’aise et sous contrôle, que j’avais laissé ma boule d’énergie
qui avait été comme une partie de moi-même, que j’en aurai une là-bas
dans mon corps pour me protéger, que j’irai faire d’autres explorations
hors de mon corps et qu’ils pourront parler au moyen de mes cordes
vocales.
SS/ROMC 9:30 MIN #385

Maintenant, je lotte en l’air. Je suis censé être debout et observer


ce qu’il va se passer. J’ai un curieux bourdonnement dans l’oreille, mais
quelqu’un s’occupe de mon visage. Ils me font exercer les muscles de la
gorge et me préparent à parler.
Autre Voix: Nous essayons de montrer qu’elle est
multidimensionnelle et c’est l’explication de ce grand cercle
comprenant plusieurs formes, le moi », Elle a l’impression d’être
multiple, de s’étendre depuis un cercle, vers les autres et entre les
cercles. Nous essayons de lui montrer qu’un seul moi humain a de
nombreuses dimensions. Elle comprend qu’elle dépasse ce moi
conscient qui se re lète dans le miroir et qu’elle connait à l’état de veille.
Elle sera beaucoup mieux préparée à pénétrer les niveaux
multidimensionnels de la conscience. C’est pourquoi nous travaillons à
différents niveaux et non au seul niveau perceptible à l’œil. Il est
essentiel de travailler sur ce qui est visible mais nous travaillons aussi
avec les autres sens.
SS/JCA 39: 30 MIN #396

Moniteur: Demandez lui s’il peut vous aider à communiquer avec un


autre esprit sur une autre planète.
Il l’a fait tandis que je parlais, il y a une seconde à peine. Guidée par
lui, je me suis rendue brièvement là-bas… J’ai vu une personne, pas
vraiment une personne, un être et un… un lieu d’un vert affreux. Le ciel
était très clair, mais il y régnait un froid étrange. Et les gens vivent sous
des monticules. Bizarre…
SS/TC 21: 30 MIN #392

Je suis revenue là où j’étais auparavant et l’entité, là-bas, m’a fait


quelque chose. Elle est venue vers moi et m’a fait quelque chose. Ma
perception a été modi iée et, depuis lors, j’ai traversé une douzaine ou
plus d’états différents les uns des autres. J’ai essayé de discuter avec
l’entité qui s’est montrée bienveillante et a semblé dire: « Bien, faites ce
que vous avez à faire, nous ne sommes pas encore prêts à en discuter. »
Elle n’était guère d’humeur bavarde et semblait plus soucieuse de me
voir accomplir mes exercices que de discuter. Elle est venue, les mains
sur la tête ou ce que j’ai perçu comme des mains et une tête, mais cela
ne ressemblait guère à un corps physique. J’ai pris tout de suite
conscience de ces changements. Certains des états que je traversais me
troublaient au point que je ne pouvais distinguer le haut du bas, la
droite de la gauche etc. J’avais l’impression de me contorsionner et
surtout de tournoyer jusqu’à perdre le sens de l’orientation. Le fait
d’avoir conscience de ces changements d’états, qui correspondaient à
mes changements internes, semblait être le thème de la leçon. Observer
simplement.
SS/JCA7: 45 MIN #318

Je viens d’être aspiré dans un long tube et propulsé à l’autre


extrémité. C’est comme si j’étais un cocon. Je sens mes mains se tenir
solidement, ce que je me rappelle avoir déjà fait. C’est merveilleux. A
présent, je me tiens sur la tête, puis sur le côté… Obscurité. Je lotte, je
suis dans quelque chose. J’ai le sentiment d’être observé.
Plusieurs personnes sont passées en me regardant. Elles regardent
vers le bas, mais elles sont venues me voir. Pas de forme humaine, mais
seulement une communication et une présence. Je vois où nous allons
et encore autre chose. Peuvent-elles venir ici? Elle a dit non. Elles
veulent me voir dans ces limbes. Maintenant elles font cercle autour de
moi, se penchent et me touchent. Mais je ne les vois pas. Je les sens.
Elles sont gentilles et chaleureuses. Ce sont des gens amicaux… des
mains amicales qui me conduisent quelque part. Leur présence, autour
de moi, m’amène quelque part. Elle… Cela prend soin de moi. D’abord,
nous faisions partie les uns des autres, mais nous sommes un peu
perdus en ce qui concerne la communication entre nous. C’est le bout,
mais pas le grand jour. La présence blanche essaye de nous aider ou de
me pousser. Elle peut voir à travers moi, me sentir… Vous allez vous
moquer de moi. Je me suis exercé à entrer et sortir du tunnel, à monter
et descendre. Ils ont pensé qu’il fallait s’entraîner à monter et
descendre. Mon corps ressemble à… vous savez, dans un télescope, la
longue distance… et vous changez et rechargez de plan. Après une
étreinte, je dis «au revoir».
SS/MJL 10: 10 MIN #367

En ce moment, ils s’occupent de mes pieds. Ils sont deux… ils s’en
saisissent et m’administrent un bon massage. Mes pieds vibrent sous
leurs mains. Ce sont des êtres d’énergie lumineuse. Ils sont très
délicats. Ce n’est pas de mon pied physique qu’ils s’occupent, mais de
mon pied énergie, celui de mon autre corps. Les voilà qui touchent mes
pieds d’une drôle de façon. Ils s’occupent de mes orteils et ef leurent à
peine mes pieds. Je sens une grande énergie dans ce contact. C’est bon…
ça picote… ils s’attaquent aux petits détails. Mes orteils, mon gros orteil.
Leurs doigts ne touchent que le gros orteil.
Ce compte rendu est très révélateur:
- Remarquez à quel point n’importe quelle angoisse ou crainte est
facilement surmontée par le simple rayonnement d’étrangers. Si vous
exploriez un espace dans un environnement nouveau, accepteriez-vous
aussi volontiers l’apparition d’un être inconnu?
- Les combinaisons de couleurs. Nos explorateurs les interprètent
comme des motifs lumineux perceptibles à l’œil. Ils ne peuvent faire
mieux pour évoquer un type inconnu de rayonnement Une lumière
pourpre, bleue ou verte ne suscitera pas cet effet sur l’humain. Notre
connaissance approfondie des fréquences lumineuses et de leurs
applications nous aurait permis depuis longtemps d’en observer les
effets.
- L’utilisation des mécanismes apparemment spéci iques
produisant un effet qui échappe complètement à notre compréhension.
- La capacité d’éloigner l’essence de l’énergie humaine du corps
physique sans désorganiser le fonctionnement biologique. Cette
opération s’effectue avec une netteté qui dénote l’habitude. Ils savent ce
qu’ils font pour l’avoir souvent fait.
- La capacité de pénétrer un corps humain vacant et, dans une
certaine mesure, de l’actionner sans en désorganiser les fonctions
normales.
- Non seulement ils utilisent les cordes vocales et l’appareil
respiratoire de l’individu, mais encore ils
ont libre accès aux éléments stockés dans sa mémoire.
- Ils modi ient la température du corps humain qu’ils visitent et
l’élèvent ou l’abaissent à volonté (phénomène enregistré avec précision
par les thermomètres à distance).
- La capacité de déplacer cette essence humaine, une fois extraite
du corps, vers d’autres lieux (réalités ? ) et de l’y replacer,
apparemment avec une parfaite maîtrise et une sécurité absolue. Le
voyage peut être instantané ou se dérouler « au ralenti. » La matière
peut être pénétrée comme si elle n’existait pas.
- Bien que cette opération ne semble pas avoir d’effet direct sur la
matière, elle peut, par certains procédés invisibles, la modi ier. En
d’autres termes, il n’est pas prouvé qu’elle produise de la matière, non
qu’elle ne le puisse, mais simplement cela n’a pas été fait jusqu’ici. Mais
elle peut avoir un effet sur une structure énergétique qui, à son tour,
par le biais de notre système neurologique, in lue sur la structure
physique.
- Percevoir nos pensées, aussi vacillantes soient- elles, n’est qu’un
jeu d’enfants. Mais la plupart d’entre eux ne semble pas considérer que
cela en vaille la peine.
- L’espace et le temps deviennent notre phénomène. Cette
technologie les appréhende dans une perspective au sujet de laquelle
nous ne pouvons faire que des conjectures. Même la meilleure de ces
hypothèses ne couvre pas les nuances implicites dans leur approche
des conditions vitales auxquelles nous sommes soumis.
- Si besoin est, ils peuvent connaître en détail l’histoire complète de
l’humanité et de la terre. Où et
- comment ces informations sont-elles stockées et retrouvées fait
partie inhérente de cette technologie. Un aspect peu important en
apparence. Ce stockage d’informations comprend également des
données sur l’ensemble de l’univers physique.
- Cette technologie peut produire un rayon d’énergie, d’abord
transformé en lumière, à travers lequel l’essence de l’énergie humaine
et l’information circulent Les opérateurs de cette technologie peuvent
pénétrer l’environnement spatio-temporel de la terre. Dès qu’ils l’ont
vraiment perçu, ils peuvent doter l’esprit humain de la faculté de créer
(accroître? ) ce rayon d’énergie.
Ces observations se fondent sur plusieurs centaines de
confrontations avec cette technologie. Nos contacts limités expliquent
notre faible connaissance de ce vaste domaine. Nos tentatives d’en
apprendre davantage ont été sévèrement freinées par le savoir et
l’expérience de l’explorateur, par le canal duquel l’information est
transmise. Il y a également, dans la réponse à nos questions la
suggestion polie que de toute façon nous ne pourrions pas comprendre.
Il ne faut pas grande imagination pour ce rendre compte des
changements révolutionnaires potentiels qui se produiraient dans nos
sciences et notre culture, si même seulement une partie de cette
technologie y était introduite activement et appliquée dans les années à
venir. Toute considération sérieuse de ce qui précède repose sur une
seule question: dans quelle mesure le projet global est-il viable? A cette
in, les parties responsables désirant reproduire ces expériences sont
les bienvenues.
Quels êtres détiennent et appliquent cette technologie? (Certains
ont admis n’avoir jamais été des être humains dans une existence
physique. D’autres ont vécu il y a des milliers d’années. D’autres encore
ont connu une existence physique en d’autres points de l’univers et
sous une forme non humaine. ) Pourquoi s’intéressent-ils à la vie
terrestre? Sont-ils des milliers, des millions, des milliards? (Ils semblent
avoir une certaine individualité. ) Comment cette technologie elle née?
Qui l’a développée? Notre étude de cette technologie et de son
apparition dans l’espace-temps terrestre est-elle limitée? Cette
technologie fait-elle l’objet d’autres applications permanentes sur terre
et parmi les humains, dont nous n’aurions pas connaissance ni
conscience?
Il existe peut-être une réponse. Nos contacts prouvent que
l’application de cette technologie est tout à fait bienveillante. En outre,
elle semble réglementée et limitée.
Nous en sommes humblement reconnaissants. Toute autre
alternative pourrait conduire à un désastre mental. Quelle que soit
notre position, je ne pense pas que nous puissions agir là-dessus.
Cependant, un point fondamental se dégage. Mon expérience
personnelle, notre travail en laboratoire et les milliers d’expériences
Gateway indiquent que toutes les espèces intelligentes, dans l’univers
physique comme dans d’autres systèmes d’énergie, connaissent la
communication totale et vraisemblablement non verbale. Lorsque des
mots sont employés pour communiquer avec nous, un réglage ultra- in
permet de les rendre compréhensibles, au moins en partie.
Je ne peux guère insister sur point. Toutes les autres espèces
intelligentes utilisent la communication non verbale (NVC) [Non verbal
communication) . Elle dépasse ce que nous appelons le langage du
corps, la télépathie, la visualisation à distance et les fréquentes
connotations mystiques ou religieuses souvent appliquées à une in ime
partie de la NVC. Supposons qu’une image vaille 1 000 mots, une image
en couleurs 10 000 mots.
Un ilm en couleurs peut-être 50 000 mots et un ilm avec bande-
son 100 000 mots ou plus dans la transmission de information et/ou la
communication.
La communication non verbale se situe in iniment plus loin qu’un
ilm sonorisé en couleurs. C’est une expérience en direct et/ou un
savoir immédiat transmis d’un système d’énergie intelligente à un
autre. Le contenu peut n’être qu’un nombre à deux chiffres ou la
reproduction authentique d’un fait échappant à nos schémas.
Pourquoi notre évolution a-t-elle suivi un chemin particulier, si
différent du reste? Je me rallie volontiers à la thèse de la spéci icité de
l’environnement terrestre. Nous pouvons voir le Soleil et la Lune, les
planètes et les étoiles. A contrario, on peut présumer que la plupart des
planètes générant et abritant une forme de vie sont ceintes de nuages
épais qui ne laisseraient rien voir. Visuellement, leurs soleils ne seraient
rien de plus qu’une brume de lumière, rien que l’obscurité, la nuit.
Notre espèce, qui a observé l’univers physique depuis le
commencement, s’est naturellement orientée vers l’astronomie, la
gravitation, l’électromagnétisme, la théorie des particules, la mécanique
quantique, etc., bref, tout ce que nous appelons « sciences ».
Privées d’un univers physique visible, les autres espèces ont appris
la communication non verbale.
Si je connaissais la NVC (ce qui n’est pas le cas) et que vous me
demandiez de quoi je souffre, ayant détecté inconsciemment par la NVC
que j’éprouvais une douleur, je serais à même de transmettre à votre
système sensoriel la sensation d’une douleur au gros orteil. Votre gros
orteil serait momentanément douloureux, exactement comme le mien,
étant entendu que c’est mon gros orteil, non le vôtre, qui me fait mal.
Donc, vous apprendriez bien mieux qu’avec des mots ce que j’éprouvais,
ressentais et désirais vous communiquer.
Au lieu de me téléphoner pour m’avertir que, retardée, elle
n’arriverait qu’à 9 heures, j’aurais « à l’esprit» de ma femme au volant
de sa voiture, phares allumés, et du chiffre 9. J’aurais également l’image
du pneu arrière droit crevé, que serait en train de changer un agent de
police. Cette image pourrait être transmise, doublée d’un signe de
chaleur et d’amour, en deux ou trois secondes au plus.
Si je Connaissais la NVC et si mon ils y était également formé, je
pourrais lui transmettre, en un temps minimal, toutes celles de mes
connaissances et de mes expériences qu’il désirerait connaître ou qui
pourraient lui être utiles. Il ne s’agirait pas simplement d’une ingestion
de mots, mais d’une transmission quasi instantanée de ma
connaissance globale, y compris mes réactions émotionnelles, mes
perceptions sensorielles et les interprétations et conclusions que j’en ai
tiré.
Dès lors, vous pouvez extrapoler et comprendre les limites espèce
semi-intelligente.
La NVC implique une maîtrise de processus mentaux très éloignés
de nos normes. Je doute qu’un seul humain ou groupe d’humains sur
notre planète ait dominé cette technique. Si c’était le cas, ils demeurent
bien discrets. En outre, ils auraient vraisemblablement développé une
certaine protection mentale a in de surmonter la cacophonie de la
pensée inorganisée, si répandue parmi nous.
Avant de pouvoir communiquer (et s’associer) avec des espèces
intelligentes à tous les niveaux de réalité, il convient de maîtriser la
NVC. Sans doute d’autres espèces intelligentes sont-elles stupé iées,
voire amusées, des millions que nous dépensons pour acquérir
d’énormes radiotélescopes, dans l’espoir de recevoir les signaux
électromagnétiques d’autres sources de vie intelligente. C’est comme si
d’autres espèces intelligentes mesuraient les gaz d’échappement de nos
voitures ou notre pollution pour déceler une communication dans ce
résidu d’énergie. Cependant, les animaux communiquent
essentiellement par le lair et l’odorat
Il serait facile d’illustrer ces tentatives de NVC. Nous avons effectué
tant d’essais que nous en savons probablement davantage que
n’importe quel groupe ou organisme moyen. Aujourd’hui encore, nous
cherchons à tâtons les rudiments d’une formation à la NVC et d’un
entraînement mental approprié. Actuellement, nous ne pouvons
qu’af irmer l’existence de la NVC et le besoin que nous en avons.
Cette transition nous amène au domaine que nous assimilons à une
« autoroute interfédérale », une tentative de traduire la perspective de
la NVC par des mots écrits. En raison de cette conversion, la question de
la validité se posera toujours. Certaines « boules de pensée » sont plus
faciles à débrouiller que d’autres. L’humanisation spatio-temporelle
conduit à des distorsions. Elle l’a toujours fait
On fait ce que l’on peut.
DEUXIEME PARTIE
HORIZONS LOINTAINS
7. ÉTUDES ET SCHÉMAS

Ce qui suit est une traduction intentionnellement libre de


communications non verbales. A in d’en faciliter la lecture, cette
traduction représente en grande partie, voire en totalité, la
transposition de faits et d’ambiances hors espace-temps dans des
reproductions de l’expérience humaine consciente. Ce procédé «
humanisant » est largement appliqué ici, ce qui favorise la
compréhension et parallèlement diminue la précision.
La méthode comprend des termes spéci iques utilisés dans un sens
inhabituel, mais dont la connotation ne diffère pas complètement de
leur dé inition courante. Le contexte immatériel interdit les expressions
comme « il dit », « il marcha » ou « il sourit », parce que cela ne s’est pas
déroulé ainsi.
En revanche, voici quelques termes du vocabulaire utilisé dans la «
reproduction »:
Illusion spatio-temporelle (IST) [Time Space Illusion) : Anomalie
au niveau des systèmes d’énergie «courants», ce qui comprend l’univers
physique tout entier.
Bande M: Portion du spectre d’énergie habituellement utilisée
pour la pensée. N’est ni électromagnétique, ni électrique, ni
magnétique, ni nucléonique, etc. Le son de la bande M émane d’une
pensée incontrôlée.
Identi icateur: Nom mental ou « adresse », c’est-à-dire structure
énergétique de l’objet considéré.
« Rote » / Boule de pensée: « Masse » de pensée/processus de la
pensée, mémoire totale: Connaissance
Information Expérience Histoire
Visualiser la boule de pensée: Se souvenir de parties après
réception de la totalité.
Image: Vision, sensation interne: Intuition Compréhension
S’ouvrir: Réceptivité
Se fermer: Diminuer (ou couper) les stimuli externes.
Tressaillir: Incertitude.
CLIC!: Changement instantané de conscience.
Sans réaction: Ne pas comprendre.
Entrer en soi-même: Songer, ré léchir.
Vibrer: Manifester son émotion.
Se détendre: S’y retrouver.
S’atténuer: Ne plus éprouver d’intérêt.
S’éclairer: Bonheur, idée, enthousiasme.
Rouler: S’amuser, rire.
Volute: Énergie organisée, habituellement intelligente, expression
locale.
Acquiescer: La manière dont sont les choses s’accorde avec le
territoire.
L’une de des premières découvertes dans les expériences où je «
laissais le volant à quelqu’un d’autre » fut que j’avais plusieurs corps
immatériels. En effet, lors du retour au physique, j’avais remarqué que
la réintégration exigeait un peu plus d’efforts. Initialement, j’avais
pensé à un faible décentrage au moment de la rentrée. Lors d’une
tentative particulièrement dif icile, je pris légèrement du recul, relâchai
mon effort et considérai le problème froidement J’eus l’impression de
voir deux corps, à la manière des astigmates dont les yeux sont fatigués.
Les deux corps semblaient très proches l’un de l’autre, distant tout au
plus de huit ou dix centimètres. Le second était légèrement en retrait et
moins net Je m’approchai lentement du premier, me glissai facilement à
l’intérieur et y restai un moment. A défaut de me retrouver totalement
en phase, j’avais l’impression d’être en partie dans le physique. Cet état
me rappela la vibration initiale que j’avais éprouvée et la paralysie
physique qui l’accompagnait La sensation était quasi identique, mais
dénuée de panique, cette fois.
De là, il fut facile de réintégrer le physique par un simple
mouvement comparable à un haussement d’épaules. Par la suite, je
prêtai attention à ta réintégration physique et découvris que j’entrais
réellement dans une deuxième forme, juste avant de pénétrer le corps
physique. Apparemment, cette forme était identique au corps physique,
mais d’une densité moindre. Néanmoins, lors d’un retour, ce second
corps me sembla plus réel, plus solide que l’autre. Ayant intégré le
second corps, le corps physique véritable m’apparut plus nettement.
J’observai davantage le processus de séparation, supposant que, si les
prémisses se révélaient exactes, je pourrais sentir comment je me
dégageais de ce quasi-second corps. Je le trouvais très réel.
Je pouvais rester dans le second corps, lottant à la frontière du
physique, mais ne pouvais m’éloigner de plus de trois mètres à quatre
mètres cinquante. Cela me rappelait mes premières expériences
limitées hors du corps. Je me souvins également d’innombrables
tentatives frustrantes pour m’éloigner davantage et du moment où
j’avais trouvé le point de libération. Sans savoir pourquoi, j’avais fourni
aux autres la clé de cette libération, le « coffre de sécurité » mentale où
chacun peut placer les pensées qui l’encombrent.
Dès que le véritable processus me fut connu, tout cela devint
automatique. La séparation et le retour se déroulaient comme suit:
laisser le second corps en « orbite proche du corps physique, s’éloigner
et se séparer complètement du corps physique dans un troisième corps
ou essence énergétique (sans forme ? ). Je ne m’intéressais plus aux
détails. Comprendre le fonctionnement, à défaut de la cause, me
suf isait
L’un des premiers résultats de mon nouveau mode de « navigation
» (mon moi total? ) me rappela l’époque où j’allais à école! J’étais sorti
de mon corps, comme à l’accoutumée. M’étant laissé guider sans guère
bouger, je me retrouvai dans une foule de formes grises. Je dis « foule »,
parce qu’elles étaient si nombreuses qu’elles semblaient s’estomper à
l’horizon. Elles se concentraient toutes dans une direction. Elles ne
semblèrent pas remarquer mon arrivée, à l’exception d’une, plus
brillante que les autres. Elle s’approcha de moi et s’arrêta.
Elle s’ouvrit - avec des mots! Dans ma conscience. (Content que vous
soyez de retour, Bob. Vous avez raté un certain nombre de séances. )
Je tressaillis. (C’est-à-dire, euh, j’étais occupé. )
La forme se concentra. (Vous êtes différent. Avez- vous pris de la
drogue ou de l’alcool? )
Je m’ouvris complètement (J’ai perdu beaucoup de données, à moins
qu’elles ne soient bloquées. Où suis- je? )
La forme roula. (Je crois que oui! Vous êtes de retour dans la classe
des dormeurs. )
J’entrai en moi-même. L’image devint claire et nette. Pendant la
période de sommeil hors du corps, les classes de dormeurs étaient
fréquentées par un nombre incalculable d’humains en phase de
sommeil profond. La seule condition était que ce type de sommeil
devait être naturel. Aucun médicament ne pouvait entrer en jeu.
Combien de fois suis-je venu ici avant de connaître les OBE et autres
activités de ce type! Je ne me rappelais rien lorsque je me réveillais,
comme tout le monde. Si quelque chose en iltrait, c’était attribué à un
rêve, une inspiration, une idée ou à l’imagination.
Je reconnus mon instructeur. (Salut, Bill. )
Bill roula. (Il t’a fallu beaucoup de temps. Est-ce que tu veux que je te
connecte? )
Je tressaillis. (Euh, je ne sais. Vois-tu, je crois que je suis différent. Je
ne suis pas endormi. )
Bill fut légèrement déconcerté, puis s’éclaira. (Ah, tu es l’un deux.
Comment est-ce arrivé? )
J’acquiesçai. (Je ne sais pas. C’est arrivé, c’est tout. )
Bill entra en lui-même, puis s’ouvrit. (Cela signi ie que tu n’es plus
des nôtres. Dommage! Tu étais l’un des meilleurs élèves. )
Je tressaillis. (Crois-tu vraiment que je ne suis plus des vôtres? )
Bill se détendit (J’en ai déjà eu des comme toi. Cela ne marche pas.
Tous ceux qui sont comme toi s’impatientent et s’ennuient. Des gars
bizarres, ces OBEers “ceux qui pratiquent l’OBE, la sortie du corps”, très,
très actifs. )
Je me détendis avec précaution. (Pourquoi ne pas essayer de me
connecter encore une fois? Puisque je suis là. )
Bill s’atténua. (Tu sais certainement que je ne veux pas changer le
programme. )
Je m’ouvris complètement (Mets-moi à l’épreuve. )
Bill tressaillit et me lança une boule de pensée. Je l’ouvris
facilement
CLIC!
La formule passe-partout contre l’ulcère, l’angoisse et le stress:
La cause principale des soucis de l’homme tient à la loi du
changement Tous les con lits humains en dépendent Certains ont peur
du changement, d’autres craignent que rien ne change. Les guerres
permettent de résister au changement ou d’en accélérer le processus.
Au niveau individuel, la peur du changement se traduit par
l’indécision sous toutes ses formes, à laquelle s’ajoute la peur des
conséquences d’une décision ou d’une action quelconque. La tension
naît et s’intensi ie à mesure que la décision est différée. Il en résulte une
accumulation de toxines dans tous les recoins de la machine humaine,
de nature à provoquer une défaillance ou une grave diminution des
facultés. L’indécision nous tue.
Considérons d’une manière générale ces simples calculs relatifs à la
prise de décision. Toute décision abstraite a une chance sur deux d’être
bonne. Si on a opté pour la solution correcte, il n’y a bien sûr aucun
problème. A l’inverse, si une mauvaise décision a été prise, on init
toujours par s’en apercevoir. Il y a une chance sur deux pour que l’on
puisse alors revenir dessus et y substituer une meilleure solution.
En conséquence, il n’y a qu’une chance sur quatre de faire un choix
irréversible. Toutes les grandes décisions historiques ont été adoptées
alors que le rapport était bien moins favorable que trois pour un. Dans
certains cas, il n’y avait même qu’une chance sur vingt et c’est le bon
choix qui a été fait.
A in de se dégager du point zéro de l’indécision, considérez que
n’importe quelle action ou décision l’emporte sur l’absence totale de
décision, si l’on se fonde sur ce rapport de trois pour un. A in
d’enclencher le processus sans traumatisme, faites comme suit:
Établissez une liste A. Inscrivez y tous vos soucis, angoisses et
préoccupations sur lesquels vous ne pouvez absolument pas agir. Vous
ne pouvez rien changer au temps qu’il fera demain. Donc, s’il n’y a
vraiment pas d’action que vous puissiez entreprendre aujourd’hui dans
des domaines de ce genre, inscrivez les sur la liste A.
Établissez une liste B. Inscrivez y tous ceux de vos soucis,
angoisses et préoccupations sur lesquels vous pouvez plus ou moins
agir aujourd’hui.
Établissez une liste C. Inscrivez y tous vos besoins, espoirs et
désirs, grands ou petits, que vous voudriez en in voir satisfaits.
Aujourd’hui, faites comme suit:
1. Prenez la liste A et détruisez-la. En agissant ainsi, vous chassez
de votre conscience tous les problèmes contenus dans cette liste.
Pourquoi gaspiller votre énergie à vouloir faire l’impossible?
2. Liste B: Commencez ne fût-ce qu’un peu, à résoudre chaque
question. Certaines peuvent être traitées sur-le-champ et donc être
rejetées de votre conscience. Quant aux autres points la pression sera
moindre car le processus a commencé et une décision a été prise.
3. Choisissez au moins un des problèmes de la liste C et faites un
premier pas, petit ou grand, dans la direction souhaitée.
Effectuez cette démarche chaque jour jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de
liste A ni de liste B. Vous pourrez alors concentrer toute votre énergie
sur la liste C.
Cette méthode vous permettra de vous réaliser avec sérénité
pendant votre vie humaine.
CLIC!
Je refermai la boule de pensée, l’ai mis en moi et me tournai vers
Bill. (C’est très bien. Cela ne m’est pas inconnu. )
Bill acquiesça. (En effet. Tu as dû l’apprendre quelques centaines de
classes auparavant. )
Je m’ouvris. (Bill, si je ne suis pas des vôtres, où vais- je aller? )
(je n’en ai pas la moindre idée. )
(Il doit bien y avoir des classes pour des, euh… des non-conformistes
comme moi).
Bill acquiesça. (Je suis sûr qu’il y en a. Je dois aller
faire mes rondes, maintenant. Viens donc faire un tour, si tu veux. Je
me rends deux cercles plus loin vers l’extérieur. )
Je m’ouvris complètement (D’accord, Bill. )
Il me tourna le dos et se fondit dans la masse des formes grises.
Comme plus rien ne me retenait, je pivotai et plongeai à nouveau vers le
monde physique. Le retour se it sans problème.
La leçon suivante fut une série de démonstrations (expériences
fondées sur la vie) du vieux proverbe sur le fou et l’ange (Référence à
l’expression d’après laquelle « seul un fou ou un ange se lancerait dans
l’aventure » [N.d.T.]). Je ne puis concevoir que le second ait peur, mais
simplement qu’il soit sélectif. Quant au premier, je l’avais, sans le savoir,
pratiqué à plusieurs reprises dès le début de mes activités,
certainement avec succès. Je l’ai baptisé Traitement de
dégrossissement.
J’avais présumé que mon Grand Moi (l’âme? ) avait connaissance de
tout ce que je faisais. C’est ainsi que j’avais appris comment un principe
autodirecteur, appelé à tort identi icateur, était utilisé. C’était comme un
signal que l’on pouvait suivre jusqu’à la source du lieu ou de l’être. Dans
un cas précis de dégrossissement, j’avais roulé hors du corps tôt le
matin et, après avoir quitté le second corps, j’exprimai discrètement le
désir de visiter une civilisation spatio-temporelle proche de la nôtre et
que je pourrais comprendre.
Immédiatement, l’identi icateur Z-55 se projeta en moi. Je tendis le
bras. Il y eut comme un léger mouvement et je me trouvai face à une
silhouette qui brillait légèrement Des silhouettes similaires se
trouvaient à l’arrière-plan. Au-delà, rien.
La silhouette s’ouvrit. (Alors, Robert, on se rencontre à nouveau. )
Je tressaillis. (Euh, oui. )
(Toujours à la découverte des secrets de l’univers? )
Ce n’était pas ce à quoi je m’étais attendu. Il ne s’agissait
décidément pas d’un monde comparable au nôtre. Cet être semblait me
connaître. Peut-être y avait-il erreur sur l’identi icateur, mais le
rayonnement ne m’était pas inconnu. J’osais à peine, mais je dus
demander. (Où suis-je? )
La silhouette se détendit (Dans le dernier cercle vers l’extérieur,
Robert. Encore un cycle inal de réincarnation et ce sera tout Pour moi.
)
Je tressaillis. (Je n’ai aucune image de l’identi icateur Z-55, mais je
vous connais. )
Z-55 roulai (Nous avons passé tant d’heures à faire des
arrangements musicaux… le voyage à Cuba, dans les années cinquante,
pour enregistrer à La Havane… )
L’image se dessina clairement en moi. Bien sûr, je le connaissais. En
ce temps-là, je l’appelais déjà «Vieille Ame»!
Je vibrai fortement. (Lou! Bien sûr! L’identi icateur Z-55 m’a surpris.
On dirait que tu as changé, mais je suis content de te revoir! )
Z-55/LOU se détendit (Oui, je me suis réincarné plusieurs fois depuis
notre dernière rencontre. Lou est quelque peu masqué par les
réincarnations successives. )
J’entrai en moi-même. Lou, l’un des hommes les plus doux que
j’avais jamais connus… musicien, arrangeur, chef d’orchestre… vivant et
travaillant tranquillement… les heures et les journées que nous avons
passées ensemble… travaillant tard dans la nuit sur une mélodie…
accords, orchestrations… puis nos chemins se séparèrent… j’avais
appris sa mort encore jeune… Le diabète, je savais qu’il en souffrait…
Z-55/LOU s’ouvrit. (Tu es encore incarné! )
Je me détendis. (Ouais. )
Il tressaillit. (Un dormeur! Tu es allé si loin ? Bon, très bon.
Seulement, tu ne te rappelleras rien. )
Je m’ouvris davantage. (Ce n’est pas tout à fait ainsi, Lou, moi, euh…
ici. )
Je lui transmis une boule de pensée relative au commencement de
l’OBE. Il la prit et se ferma. Puis il s’ouvrit et roula doucement (L’un
d’entre eux. Tu ne m’avais jamais dit. )
J’acquiesçai. (Je l’ignorais moi-même lorsque nous travaillions
ensemble. )
Il tressaillit. (Alors, de quoi ai-je l’air ? Tu es venu me chercher.
Encore pour la musique ?)
J’acquiesçai à nouveau. (Je n’en suis pas sûr. J’ai demandé à visiter
une civilisation voisine de la nôtre, j’ai eu ton identi icateur… et me voici.
)
Z-55/LOU s’éclaira. (Veux-tu visiter ma… euh… ville, si je puis dire ?)
Je roulai. (Pas le Kentucky. J’y suis déjà allé. C’est trop humain! )
Il roula avec moi. (Non, non… mon chez-moi originel. C’est cela que
tu veux, c’est pourquoi tu as reçu mon identi icateur… c’est, euh…
différent, mais tu peux parfaitement comprendre. )
J’entrai en moi-même.
Si vous n’avez jamais été dans une région exotique ou dans un lieu
qui vous apparaisse comme tel, vous pouvez fantasmer à l’in ini sur
tout ce que vous pourrez y faire.
Dans votre impatience, vous êtes prêt à accepter toutes sortes de
limites et de restrictions qui, de l’extérieur, semblent peu importantes.
Vous oubliez également un facteur primordial. Vous emportez avec
vous, comme un bagage invisible, votre propre culture, comme critère
de comparaison.
Z-55/LOU s’éclaira brillamment. (A in de t’en faire vraiment une
idée, rends-toi là-bas en tant que simple touriste, avec un minimum
d’acquis, et participe à l’événement historique normal que nous, euh…
qu’ils appellent remous. )
Je m’éclairai également (Formidable! Excellente idée. )
(Tu pourras vraiment vivre cette expérience), poursuivit-il.
(Interromps la communication avec nous jusqu’à la in des remous. C’est
un peu comme l’entraînement à l’incarnation, mais saris l’effacement de
la boule de pensée. )
Je m’ouvris complètement (Entièrement d’accord. Comment
Commence-t-on? )
(Je serai ton point d’ancrage. Pour le retour, il le suf ira de revenir sur
mon identi icateur. ) II y avait dans sa structure un rayonnement
bizarre. (Pour te rendre là-bas, concentre-toi sur l’identi icateur…
Remous… )
Je vibrai. (Remous. )
Je tendis le bras.
CLIC!
Je me trouvais dans une ville, ou ce qui semblait être une ville. Il y
avait partout des immeubles, presque tous identiques, d’environ trois
ou quatre étages. Ils n’avaient rien de particulièrement attractif ou
original. Des ouvertures latérales semblaient être, d’après l’image que
j’en avais, les fenêtres et les portes. Les rues ou les espaces entre les
immeubles n’étaient pas particulièrement larges. Il ne s’y trouvait que
des gens, des êtres comme moi ou comme ce que j’étais
temporairement Pas d’autos, pas de camions, aucun type de véhicule.
Pas de poteaux électriques ni de câbles aériens, pas de trottoirs. Il y
avait une luminosité éclatante, mais je ne voyais pas le soleil dans le
ciel.
Je marchai et me mêlai à la foule. Les gens me remarquaient, mais
ne semblaient pas me prendre pour un étranger. A mesure que
j’avançais, je me sentais plus à l’aise et les gens avaient l’air plus
humains. Chaque habitant semblait poursuivre un but bien précis,
comme préoccupé par une tâche éminemment sérieuse dont le
processus était cohérent. S’il y avait un langage du corps, aucune image
ne l’indiquait Ne pouvant pas distinguer les mâles des femelles, fait
nouveau pour moi, je supposai qu’il ne devait guère y avoir de
différence.
Incapable d’attirer l’attention des passants dans la rue, je pénétrai
dans l’un des immeubles et me retrouvai dans une grande pièce
rappelant le hall d’entrée d’un hôtel moyen. Des gens debout, un peu
partout, semblaient bavarder. Je m’approchai d’un homme (? ) qui se
tenait derrière le comptoir et qui m’adressa un regard interrogateur. Il
fallait que je trouve un prétexte.
« Y a-t-il, euh, y a-t-il un restaurant ici? » Je m’efforçai de faire
comme si de rien n’était, mais il pâlit. Je compris que j’avais commis
une erreur.
Je is appel à mes notions rudimentaires de NVC. (Avez-vous de quoi
me recharger? )
L’homme s’éclaira intensément et me it un signe vers la droite.
Tout en suivant la direction indiquée, j’éprouvais une certaine
satisfaction d’avoir passé le premier test. Ils ne pouvaient se faire
entendre, mais grâce à mes quelques rudiments de NVC, je m’étais fait
comprendre. Désormais, ce serait un jeu d’enfant Je me demandais de
quoi ils pouvaient bien se nourrir. C’était certainement quelque chose
de spécial. Je me trouvais devant un passage voûté, arrondi, qui
semblait déboucher dans l’obscurité. Non, ce n’était pas obscur, mais la
lumière était un étrange mélange de couleurs.
Je pénétrai en con iance dans le passage voûté et dans les couleurs.
A l’intérieur, le rayonnement me frappa comme un jet de feu et je
reculai en chancelant Ce n’était pas le restaurant, l’homme s’était
mépris. J’étais assailli de tous côtés par l’irrésistible attraction de la
sexualité féminine, aguichante, suppliante, offrante et prometteuse.
C’était trop.
Avec beaucoup d’efforts, je reculai dans le passage voûté, respirant
bruyamment et m’efforçant de recouvrer mon calme. Je commençai à
peine à me remettre lorsque, levant les yeux, je vis le garçon d’étage (? )
en face de moi, escorté par deux autres individus. Image de police,
d’autorité, de KGB, etc.
L’un des « KGB » s’avança. (Votre identi icateur, s’il vous plaît? )
Je cherchai mon portefeuille dans mes poches, mais il n’y avait pas
de poche sur la couverture d’une seule pièce dont j’étais vêtu. Je portais
une ceinture munie d’une pochette que j’ouvris et dans laquelle je
trouvai une carte. Je la retirai. Elle ressemblait à une banale carte de
crédit Le KGB me la prit des mains, l’examina attentivement, puis leva
les yeux.
(Vous venez de la Terre, hein? Je n’ai jamais entendu parler de cette
ville! De l’autre côté de l’océan? )
Je me détendis. (Pourquoi, euh, oui. vous voyez… )
KGB me brandit la carte sous le nez. (Nous n’apprécions pas
particulièrement votre visite ici. Cependant, vous devez vous plier aux
règlements. )
Je m’épanouis. (Bien sûr, je comprends. )
(Ici, nous n’entrons pas dans un espace privé sans payer
auparavant Toujours payer avant. ) KGB se retourna vers le
réceptionniste et lui tendit ma carte. (Combien en voulez-vous? Il n’a pas
grand-chose. )
Le réceptionniste glissa la carte dans la pochette de sa ceinture.
(Cela devrait suf ire. )
Je protestai. (Mais c’est tout ce que j’ai, je ne peux… )
(Dans ce cas, nous sommes obligés de vous arrêter. ) Le second KGB
s’approcha de moi et me saisit les mains. (Nous ne voulons pas que vous
déambuliez ici et troubliez tout sans le moindre identi icateur. )
Je tressaillis. (Qu’allez-vous faire? )
Le second KGB tira une petite boîte plate de sa pochette et l’ouvrit.
(Restez calme. Cela ne fait pas mal. )
Il saisit l’une de mes mains et enfonça mes doigts dans la boîte. Je
pensais aux empreintes, ils prennent mes empreintes digitales. Mais je
me trompais. Une teinture noire s’étendit rapidement sur mes doigts
jusqu’à ce qu’elle couvre la main entière. Comme je la regardais, hébété,
ils plongèrent les doigts de l’autre main dans la boite. Mes deux mains
furent noircies. Je les frottai l’une contre l’autre pour essayer
d’enlever la teinture, mais elle avait pénétré la peau.
Le premier KGB considéra mes mains avec satisfaction.
(Cela devrait aller. Au moins, les gens vous verront venir. )
(Et faites attention), ajouta le second KGB. (Je vous conseille de
rentrer chez vous. Vous n’avez rien à faire ici, tel que vous êtes,
sans identi icateur. )
Le premier KGB me toisa durement. (Nous vous tenons à l’oeil. )
Les deux KGB me tournèrent le dos, traversèrent la pièce et
s’éloignèrent dans la rue.
Je me détendis devant le réceptionniste. (Désolé, j’ignorais que
c’était un espace privé. )
Le réceptionniste vibra. (Il y en a d’autres! )
Je tressaillis. (Vous voulez dire que tous ces immeubles sont
privés? )
Le réceptionniste s’atténua.
(Alors, que font tous ces gens ici? Ils doivent être une
centaine! ) Je lançai cela assez fort pour capter son attention.
(Naturellement, c’est leur espace privé. )
(A tous les cent? )
Le réceptionniste me it un signe par-dessus le comptoir. II me
désigna un dessin accroché au mur derrière lui. Il représentait cinq
rangées de gros points noirs ressemblant à des trous, à raison de vingt
par rangée.
(C’est notre espace personnel. ) Il gesticula ièrement. (Le
meilleur de la ville. )
Je regardai ixement le dessin. (Vous rentrez là- dedans? )
Il acquiesça d’un signe de la tête. (Seulement au moment des
remous. Il y a ce gros, là, au milieu. )
D’un geste, il désigna une largeur d’environ soixante centimètres. Il
allait continuer, lorsqu’un bruit de tonnerre éclata dans le lointain et le
sol se mit à trembler. Immédiatement, tous les occupants de la pièce
tournèrent les talons et se hâtèrent vers les issues au fond de
l’immeuble. Le préposé de l’hôtel courut les rejoindre.
(Les remous commencent, cria-t-il par-dessus son épaule, je
suppose que c’est ce que vous étiez venu voir, mais vous feriez mieux de
gagner rapidement votre espace personnel.)
Après quoi, la pièce se trouva désertée. Je m’efforçais de garder mes
deux pieds sur le sol qui se soulevait en cadence. Je gagnai en titubant
la porte d’entrée, tandis que le vacarme augmentait. Dans le lointain,
une puissante vague s’approchait rapidement, qui n’était pas de l’eau,
mais la terre elle-même, soulevant les immeubles et les rues à des
dizaines de mètres de hauteur comme des épaves démantelées.
Derrière la première vague, il y en avait une seconde, puis une
troisième, plus grandes que la première. Il y en avait peut-être
beaucoup d’autres, mais je n’eus pas le loisir de les compter, car la
première vague déferla, soulevant l’immeuble où je me trouvais,
retombant, rebondissant, roulant, se tordant, craquant…
… Désespérément, j’essayai de me concentrer, quel identi icateur
?… identi icateur Z-55/LOU… Z- 55/LOU… tendre le bras, tendre le
bras… fermé hermétiquement… hermétiquement…
CLIC!
Le calme était revenu, le pilonnage avait cessé. Je m’efforçai
pendant un certain temps de maîtriser mes tremblements et réussis à
m’ouvrir. Je me retrouvai face à Z-55/LOU et j’eus l’image d’une attente
polie.
Je me détendis un peu. (C’est chez toi, ici? Là où tu étais avant d’être
humain? )
Il acquiesça. (Ce n ‘est pas le Kentucky. )
(Et tu vas retourner là-bas? )
Z-55/LOU s’ouvrit complètement et rayonna intensément, presque
jusqu’au blanc. (Non, pas là- bas. )
Soudain, il y eut un signal pressant de retour et, avant de pouvoir
répondre, je m’éloignai rapidement.. J’étais de retour, planant au-dessus
de mon corps physique. Le signal demeurait impérieux. Je me glissai
dans le second corps, puis dans le corps physique et m’assis sur le lit
d’eau. Mon corps était en parfait état, ma vessie n’était pas pleine. Pas
de signal.
Qu’est ce qui m’avait donc rappelé? Je n’en avais pas la moindre
idée.
Le traitement de dégrossissement. Ils s’y précipitent.
Le fait de laisser l’initiative à mon moi total engendra un
programme d’urgence relatif à la compréhension de ce que j’avais déjà
nomme Locale IL II commençait par des éléments fondamentaux à
l’extrémité inferieure du spectre, et par un processus modi ié sur le tas
qui imposait des conclusions inéluctables. En clair, j’étais en mesure
d’observer, mais non de participer. J’ai découvert que l’objectif
comportait plusieurs facettes et était partiellement déterminé
longtemps après l’événement lui-même.
L’un des principaux cas se produisit une nuit, alors que je roulais
hors du corps physique. Avant que je ne puisse quitter le second corps,
un désir sexuel impérieux s’éveilla en moi. J’allais utiliser ma technique
habituelle « pas-maintenant-mais-plus- tard», lorsqu’un changement
soudain se produisit. Je m’éloignai brusquement, le mouvement fut très
bref. Je perçus que je me tenais debout à quelques mètres d’un énorme
tas de formes Contorsionnées. Cela s’avançait, pour autant que je pusse
voir, et s’étendait de tous côtés à perte de vue. On aurait dit un entrelacs
d’énormes vers de pêche au fond d’une boîte où ils seraient restés toute
la nuit. Le mouvement était continu. Des milliers et des milliers de
formes visqueuses, entremêlées remuaient dans cet amas, cherchant,
essayant de faire quelque chose… mais en vain.
J’eus simultanément trois chocs de perception. Les formes n’étaient
pas des vers, mais des humains! Deuxièmement, une incroyable et
vacillante irradiation sexuelle, mâle et femelle, émanait de la masse
bouillonnante. Troisièmement, ils étaient tous physiquement morts. Je
voulus m’éloigner en courant, mais je ne sais ce qui me retint. Je inis
par me calmer suf isamment pour analyser la situation. Voulais-je me
joindre à eux? Mon être entier frissonnait de dégoût Il ne restait rien de
la pulsion sexuelle qui m’avait semblé si importante jusqu’alors. J’avais
la perception nette qu’elle me reviendrait, mais jamais au point où elle
contrôlerait complètement mes pensées et mes actes.
Outre cet éclair de connaissance, une autre émotion m’envahit.
J’éprouvai une compassion intense à l’égard de ceux qui étaient pris
dans cette masse ondulante. Ils étaient si absorbés par la recherche de
la satisfaction sexuelle qu’ils n’avaient pas conscience de l’existence des
autres. Je m’insurgeai contre un système qui inhibait, réprimait et
dénaturait au point de créer la situation dont j’étais le témoin. Étaient-
ils le rebut du processus humain, demeurant ainsi pour l’éternité?
Je m’avançai lentement et ne m’arrêtai qu’au bord du magma. Ces
corps mouvants, de toutes sortes et de toutes tailles, mâles et femelles,
luisaient d’humidité. Une jambe nue et velue émergea un instant Je la
saisis par le pied et tirai… La jambe s’agita nerveusment, essayant de
s’enfoncer plus profondément dans la masse palpitante. Je tirai plus
fort, m’efforçant de maintenir mon étreinte sur la cheville ruisselante.
Petit à petit, je pus extirper le reste du corps. C’était un homme brun de
petite taille, aux traits ins et d’un âge indéterminé. Il était étendu sur le
ventre, remuant bras et jambes comme un crabe, s’efforçant de ramper
vers le magma, ignorant complètement que je le tenais par le pied et
l’empêchais de se mouvoir.
Je pus sans dif iculté le maintenir sur place, me penchai et lui criai à
l’oreille. (Hé, je voudrais vous parler. Restez calme un instant! )
Rien n’indiquait qu’il m’avait entendu. Son visage était igé dans
une expression d’attente. Il essayait toujours de revenir vers le magma,
mais je le maintenais place, sans trop savoir ce que j’allais faire.
Je tentai une autre approche. (Oh! Les lics! C’est la police, ils font
une descente! Vous devez sortir! )
J’attendis une réaction, en vain. Je ne pouvais lui transmettre le
rayonnement qui retiendrait son attention. Je relâchai son pied. Il
rampa dans la masse et fut avalé par le magma. Je m’éloignai
tristement, me tournai vers mon identi icateur physique et revins sans
incident.
Dès lors, je disposai d’une nouvelle technique pour maîtriser toute
pulsion sexuelle, se tortillant et se contorsionnant
Cet épisode fait partie de la catégorie la plus douce que l’on puisse
rencontrer dans les zones les plus proches du physique. Je ne tardai pas
à découvrir que mon excursion dans ces zones était structurée. Il
s’agissait d’états que j’avais déjà traversés, mais très vite, pour éviter la
confrontation. Toutes ces incursions débutaient lorsque je me trouvais
dans second corps et avant de pouvoir le quitter. Je me sentais en
sécurité, guidé par mon plus haut moi.
L’impression était correcte, mais la cause ne l’était pas.
8. LE POINT DE RENCONTRE

Alors que je pensais avoir une vision satisfaisante de l’expérience


humaine, je fus pris d’un doute. Rétrospectivement, j’eus le sentiment
que tout avait peut-être été prévu dès le commencement
J’entrais et sortais du corps allègrement, certain que mon moi total
directeur, ayant réponse à tout, assumait tous les problèmes lorsqu’ils
se présentaient Jusqu’à présent, il avait très bien fonctionné et c’est
peut-être la raison pour laquelle je me suis mis à douter. Qu’importe
mon ego, je savais que je n’étais pas si fort
Une fois de plus, l’une de mes douteuses qualités entra en jeu. Il
faut toujours que je touche à tout, que je recherche le pourquoi et le
comment Au cours de voyages réussi hors du corps, je me suis efforcé
de comprendre qui était le guide et/ou le navigateur. Au début, le
contact était fuyant. Aucune image, hormis cette douce présence
derrière moi qui dirigeait mes pas. Lorsque je me retournais, il n’y avait
rien d’autre que la sensation d’une présence amicale. Cependant, cette
présence semblait bien réelle et décidément extérieure à moi-même.
Je relus l’ensemble de mes notes et fus sidéré d’avoir ignoré une
telle évidence. Une main m’aidant à sortir, une main sur mon bras, une
réponse à mes cris d’angoisse et les indices plus subtils rendus visibles
par ma nouvelle perspective. A cette époque, je leur avais donné le nom
d’aides et ne l’ai pas changé depuis. Au moins, je n’avais pas tournée
mes activités vers mon « grand moi », mais vers eux, quels qu’ils soient
Par la suite, au cours de voyages actifs, j’ai souvent tenté de
communiquer avec ces présences, au singulier ou au pluriel, mais sans
résultat. Recti ication: je croyais rester sans réponse parce qu’il ne
s’agissait pas de paroles, mais d’images, de sensations et de
mouvements. Le changement se produisit lorsque je compris que je ne
parlais pas leur « langage ». Le réexamen de mes premières notes
con irme, pour l’essentiel, cette assertion. Les paroles et le langage, tels
que nous les connaissons, sont strictement humains. En tant qu’être
humain, la déduction me sembla aller de soi. Mon ego dégon lé se
releva un tant soit peu. Je comprenais que, quelle qu’ait été ma méthode
de communication, une réponse émanait de ces… non-humains.
Malgré tout, je leur demandais de me guider et de me faire
naviguer pendant mes voyages, pour la simple et bonne raison que le
processus avait fonctionné. J’ignore qui ils étaient, mais ils
connaissaient le territoire certainement mieux que moi. Lors de chaque
voyage, j’essayais un autre type de communication. Mes tentatives
commencèrent à porter leurs fruits. J’adressais des pensées muettes,
images, gestes, sentiments et émotions à la présence supposée derrière
moi. Chaque fois, il y avait une réaction immédiate correspondante. Il
me fallut adopter une démarche combinant analyse et subjectivité pour
comprendre ce que je recevais. De mon côté, c’était douloureusement
lent et, du leur, c’était stupé iant de patience. De là proviennent
mes rudiments de communication non verbale (NVC). Ce fut un
événement important dans ma conscience. Je savais que la NVC existait
et qu’elle était différente de notre type de langage, mais guère plus.
La reconnaissance mutuelle de cette communication permit
d’approfondir et d’étendre mes OBE. J’étais fréquemment escorté vers
ce qui pourrait être vaguement une classe avec un instructeur et des
étudiants, moi y compris. C’était très différent des classes de dormeurs
que je connaissais déjà. Ici, interprété librement, le professeur était une
boule lumineuse rayonnante, d’un blanc éclatant Je pouvais capter le
rayonnement des autres, les étudiants présumés, tout autour de moi.
Sinon, rien, aucune forme, aucun indice révélant qui et ce qu’étaient les
autres. La leçon consistait, semble-t-il, en un bombardement continu de
paquets de connaissances empiriques totales qui devaient être
absorbées instantanément, et de boules de pensée accumulée, dont le
nom véritable ne peut être traduit par aucun mot et que j’ai appelé «
boule de pensée9 ». Apparemment, c’est une technique de
communication très courante en NVC. J’ai essayé de convertir les
informations que j’ai rapportées à l’usage humain, avec des résultats
mitigés. J’ai été incapable d’établir un rapport entre la plupart des
informations et la vie terrestre spatio-temporelle. Il pourrait s’agir de la
préparation d’une activité qui se déroulerait ici et serait destinée à
d’autres systèmes d’énergie immatérielle, ou bien cela dépasse mon
entendement Cette dernière hypothèse est la plus probable.
La relation prit donc un tour très différent J’avais con iance en mon
(mes) pilote(s) non encore vu(s), plus que je n’aurais jamais eu
con iance en moi-même. Par exemple, en tant que passager dans un
avion de ligne, je n’ai jamais totalement con iance en l’équipage. Peut-
être en sais-je trop! Cependant, lorsque je dois me rendre
physiquement d’un point à l’autre en un temps minime, je suis bien
obligé de prendre l’avion. Pendant le vol, je ne ressens que de l’angoisse
et des contractions musculaires. Dormir serait impensable.
Mais là, c’était différent Ils savaient où et comment piloter cet avion
bien mieux que moi. Ma con iance en eux grandissait lors de chaque «
vol ». Inversement, je compris que je connaissais bien peu la route à
mesure qu’elle se compliquait J’ai ini par les appeler affectueusement
INSPECS, forme abrégée pour « espèces intelligentes » “Intelligent
Species”, ce qui laisse présumer que les humains ne le sont pas tout à
fait.
Conscient de cette assistance lors de mes voyages, je m’approchais
des cercles proches de la terre avec beaucoup plus de con iance
qu’auparavant. Je me sentais en totale sécurité. Si je dépassais ma
profondeur, ILS me repoussaient dans la zone de sécurité. Néanmoins,
j’estimais que leur concept de profondeur et le mien différaient quelque
peu. Je croyais descendre pour la troisième et dernière fois, implorant
de l’aide, mais ILS attendaient la huitième ou neuvième fois avant de me
tendre calmement la main. Tout un programme d’apprentissage avec
suspens intégré.
Une de leurs méthodes d’apprentissage favorite était rapide et
ef icace: la simulation. Fondée sur leur capacité à créer et placer dans
une conscience humaine, la mienne en l’occurrence, une situation de
type terrestre, la simulation était si réaliste que je ne pouvais plus
distinguer l’illusion de la réalité. Je ne connais ni les limites de cette
capacité/technologie de la simulation, ni la mesure dans laquelle ils
l’appliquent Elle est peut-être limitée à mon cas particulier, mais j’en
doute. Son application offre des potentialités qui ouvrent la voie à
nombreuses conjectures.
Dans mon cas personnel, elle était généralement appliquée comme
un nettoyage instantané d’émotions mineures qui entravaient ou
faussaient ma perception ou mon équilibre. D’habitude, je n’étais pas
conscient de ce dysfonctionnement Ils en prenaient note et proposaient
de régler le problème. J’étais informé qu’avec mon consentement la
leçon aurait lieu. Pendant la simulation, la situation semblait si réelle
que je la vivais pleinement II s’agissait surtout de situations brèves
relatives à des événements individuels, comme par exemple un choix
décisif dans des circonstances dif iciles. La partie vitale, la leçon devant
être apprise pour toujours, était la résolution du problème d’une
manière constructive et raisonnée. En cas de solution erronée la
simulation recommençait jusqu’à ce que je parvienne à un bon résultat.
Même lors de la répétition de l’exercice, je ne pouvais percer la réalité
de la simulation. Cependant, une fois que la séquence de formation était
terminée, je savais à quoi m’en tenir.
Une information intéressante apparut par hasard lorsque nos
explorateurs en laboratoire s’associèrent à des êtres intelligents
rompus à l’usage de mots. Certains me rappelaient la perception que
j’avais des INSPECS. En outre, ils me saluaient avec chaleur et j’en
faisais de même à leur égard.
Je n’ai jamais demandé aux INSPECS quel était exactement leur rôle
à l’égard des terriens. Je suppose qu’ils constituaient une version
améliorée des assistants ex-humains des anneaux extérieurs. Leur
mode d’action et leur but semblaient très similaires, mais les INSPECS
disposaient d’un savoir et d’une technologie très supérieurs à
l’expérience humaine. Le fait d’être indépendants vis-à-vis des anneaux
de recyclage con irmait cette thèse. Leur demander quels étaient leurs
motifs semblait irrévérencieux. Plus exactement, je ne voulais pas
compromettre mes acquis. Donc, je n’étais pas en communication
directe et consciente avec eux lorsque je sortais du corps.
Mais nous, idiots que nous sommes, ne pouvons jamais laisser les
choses comme elles sont. Une nuit, il me vint une idée que je décidai de
mettre en oeuvre. J’avais ini par éprouver une certaine intimité vis-à-
vis du rayonnement des INSPECS et pensais pouvoir me rallier
facilement à leur signal - l’identi icateur. Je pourrais en apprendre
beaucoup. Voici le fait tel qu’il ressort de mes notes, rédigé d’une
manière à peu près compréhensible.
Heure: 2 h 17 du matin… chambre à coucher… Après deux cycles de
sommeil, réveillé, reposé, détendu… suis entré dans le second corps
suivant la méthode de décrochage, suis sorti du second corps, et cette
fois, j’ai eu la perception de l’identi icateur INSPEC… faible, mais
suf isante, ai-je pensé.., me suis dirigé vers l’identi icateur… ai suivi la
procédure normale d’extension… me suis déplacé rapidement à travers
les anneaux…. et plus loin… ce qui ne m’a pas surpris… commencé à
avoir chaud, de plus en plus chaud, c’est devenu insupportable et j’étais
sur le point de rebrousser chemin… foncé la tête la première dans
quelque chose et me suis effondré, ébranlé… il y avait un obstacle d’une
texture lisse, rigide, impénétrable… et toujours cette chaleur
insupportable. J’ai repris mes esprits. Sachant que c’était le bout de la
ligne, j’aurais aussi bien pu réintégrer le plan physique… Une lumière
éclatante, très intense, brillait devant moi, d’abord ovale, puis dessinant
une grande forme humanoïde, si brillante que je m’y dérobai… Durant
ce qui semblait être une éternité, j’ai reculé, essayant d’échapper à la
clarté… progressivement, la température a diminué. Je me suis senti
plus à l’aise et j’ai pu tolérer la clarté.
(Est-ce que cela va mieux? )
« Mieux », c’était peu dire. Encore un peu et je me serais liqué ié.
(Vous êtes-vous cogné la tête? )
Oui, je crois qu’on pourrait exprimer cela ainsi. D’habitude, ma tête
était…
(Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Vous avez la tête dure, monsieur
Monroe. )
J’en étais tout retourné. Je n’avais jamais pensé que Dieu aurait un
sens de l’humour aussi caustique. Ah! La routine de M. Monroe! Je me
suis redressé. J’avais presque envie de tendre la main en guise de
salutation.
(Il y a des manières plus signi icatives et plus appropriées.)
J’étais désorienté. Je lottais là-bas, essayant de comprendre ce qu’il
se passait…
(Vous avez traversé un état proche de ce que les scienti iques
appellent onde stagnante. Cela signi ie que deux mêmes énergies en phase
semblent s’annuler mutuellement jusqu’au point zéro. Cependant, il n’y a
pas de point zéro dans la mesure où les énergies ne s’annulent pas, elles se
métamorphosent en d’autres états dynamiques. )
Désormais, j’étais donc censé savoir ce qu’il s’était passé. Mais je ne
savais toujours pas où j’étais. Si je demandais…
( « Où », c’est relatif. De votre point de vue, l’explication la plus
raisonnable est que vous vous trouvez juste derrière la porte, au point
d’entrée de notre réalité. C’est un point de conversion. L’identi icateur que
vous avez utilisé vous a amené ici. )
Bien! Le paradis a bien des portes, après tout Je suppose qu’elles
pourraient être imaginées d’or et de perles, si l’on pensait que le
paradis se trouve derrière.
(Votre supposition est correcte. Tout dépend de la vision intérieure de
l’observateur. )
Finalement, l’image disparut. La communication était si peu
naturelle et si rapide que je l’avais complètement ratée.
J’en étais là, à parler comme si de rien n’était… Recti ication: à
communiquer avec cet être-lumière merveilleux, exactement comme si
c’était un nouvel ami. IL/Cela répondait à mes questions avant que je ne
les pose; je devais donc utiliser la communication non verbale mieux
que je ne le croyais. Il aurait été vain de vouloir cacher une partie de
moi-même, même si je l’avais voulu. Cela lisait, de toute façon, chacune
de mes pensées, quelles qu’elles fussent Je m’ouvris tout à fait.
(Ce n’est pas nécessaire, monsieur Monroe. )
Je sus immédiatement pourquoi. Cela/ILS avaient pris part au
processus. L’idée que je me faisais d’une source externe d’énergie
intelligente qui m’aidait, me faisait naviguer et me guidait, était exacte.
(Compte tenu de voire besoin actuel d’individuation, oui. )
Une question se posa automatiquement: combien de temps le
phénomène avait-il duré? Je n’en avais pris conscience que récemment
et j’étais remonté jusqu’au début de mes OBE. Mais qu’en était-il avant?
Ont-ils toujours…
(Vous prendrez conscience de cette réalité au moment voulu. )
Je ne pouvais être sûr que de mon expérience personnelle, mais ils
devaient communiquer avec d’autres personnes…
(Avec de très nombreuses personnes et suivant d’autres méthodes,
mais avec très peu comme nous l’avons fait jusqu’à présent. )
Je savais que je n’obtiendrais rien de mieux, mais je me demandais
qui ils étaient
(Nous sommes nombreux et vous avez connu beaucoup d’entre nous.
)
Donc, « ILS » serait correct… J’espérais que le nom d’INSPECS ne les
dérangerait pas. Maintenant, il semblait inadéquat
(Il fera l’affaire aussi bien qu’un autre. )
Je me demandais s’ILS étaient les mêmes que ceux rencontrés lors
de séances en laboratoire par divers explorateurs…
(Dans certains cas, pas toujours. )
Tant de questions! Maintenant, c’était pour moi la grande
occasion….
(Il y en aura d’autres. )
La première question, la première, ce qui devrait être la
première?… Sont-ILS Dieu ou…?
(Nous avons été créés et nous créons nous-même, tout comme vous. Si
Dieu et le créateur ne font qu’un, alors vous êtes Dieu par rapport à ce
que vous créez. )
Je n’aurais pu m’empêcher de poser la question suivante, même si
cela m’avait tué. Il fallait que je sache. Ont-ILS…?
(Contrairement à ce que vous imaginez, cela ne tuera pas ni ne fera
de mal. Vous êtes prêt à recevoir une réponse du fait même de votre
présence ici, de votre curiosité, comme vous dites. L’essence que vous êtes,
vous et les autres, le processus humain, n’est pas le fait de notre création.
Comme nous, vous existez avant l’espace-temps terrestre, Et à ce point,
c’est bien le cas. L’incarnation n’est qu’un ajout par rapport à ce que vous
êtes. Néanmoins, c’est un ajout important. )
J’ai essayé d’élucider en quoi un être humain était si important..
(Comment dites-vous cela? Une goutte d’eau dans un océan ne peut
comprendre les mers ou la vague qui la rejette sur une plage de sable. )
Eh! Une minute! Cela est sorti de manière très humaine. Peut-être
ne sont-lLS, après tout, que des super humains qui ont beaucoup
appris.
(Certains d’entre nous sont passés par l’incarnation. J’ai été choisi
parce que je igure parmi ces quelques- uns. )
Quelques-uns… Je me demande combien. Cinq, dix, mille…
(C’est dif icile à établir. Plus que la population humaine incarnée
actuellement, peut-être cent fois plus. )
Cela signi ierait qu’ILS ont été impliqués depuis les débuts mêmes
de la vie humaine.
(C’est exact. Avant cela, nous sommes comme vous. )
Et si plusieurs centaines de milliards ne sont qu’un peu, ce doit
vouloir dire que le total doit atteindre un nombre astronomique…
(Nous ne comptons pas les parties du tout. Ce n’est pas nécessaire. )
Si le tout se compose de tant de parties, il doit y avoir d’autres
moyens importants d’apprendre, d’autres systèmes humains non
terrestres…
(Aucun exactement comme vous en avez trouvé sur la terre physique.
Il y a beaucoup d’autres centres de développement ou écoles, comme vous
les appelez, partout dans ce que vous connaissez comme l’univers
physique. )
Je parierais qu’ils participent à tous. Ils le devraient, si…
(C’est un pari très sûr, monsieur Monroe. )
Les événements prenaient une tournure inattendue. Ma peur se
dissipait rapidement et faisait place à une agréable sensation de
chaleur, rappelant celles des vieilles amitiés profondes, mais empreinte
d’un respect intense, pas ce que l’on attend des anges tels qu’on se les
imagine, si c’est cela qu’ILS étaient.
(On peut rapidement se faire pousser des ailes, si vous voulez. )
Non, non, je vous en prie, pas d’ailes. Pas d’auréole
non plus, bien que j’en aie eu la perception nette en regardant mon
ami INSPEC!…
(C’est déjà ça, pour le moment. )
Je comprenais comment les humains, dont la vision
supraconsciente était limitée et strictement momentanée, pouvaient
ajouter une auréole pour faire ressortir d’une autre manière un INSPEC
de forme humaine. Une forme rayonnante dans tout son éclat. Combien
de fois dans l’histoire de l’humanité une telle image a-t-elle été perçue?
Faiseurs de miracles, saints, guérisseurs de campagne et dernières
réincarnations en in de course, sans doute.
(Sans aucun doute. )
Je voulais m’assurer d’avoir au moins une vague appréhension, de
comprendre cela aussi précisément et exactement que possible. Les
INSPECS existaient avant l’apparition des humains, il y a au moins
plusieurs millions d’années.
(Votre estimation du temps est correcte. Si vous vous placez dans
cette perspective, il en va ainsi pour vous et pour toutes les énergies qui
sont actuellement ou ont été incarnées. )
Peut-on en déduire que notre énergie immatérielle fait de nous
réellement des INSPECS et que nous l’ignorons?
(Tel que nous l’entendons, vous êtes créés par la même source. )
Mais nous, humains ne sommes pas identiques.
(J’ai du mal à m’exprimer dans votre langage. Considérez la structure
de la matière physique sous ses diverses formes.
Prenez ces sous-concepts que vous avez nommés atomes. Ceux-ci
possèdent de nombreuses particules organisées et combinées de diverses
manières. Vos scienti iques commencent à comprendre la relation
énergétique de ces particules et à percevoir la rotation de la particule
elle-même. C’est la force créatrice provoquant cette rotation qui nous est
commune. )
Si le travail s’effectuait depuis cette base vers l’extérieur, cela
pourrait impliquer des différences si profondes qu’il n’y aurait aucun
point d’accord ou de similitude.
(Vous imaginez une complexité qui, dans notre réalité, est simple et
directe, parce que l’illusion spatio- temporelle trompe votre conscience. )
Je devrais encore essayer. Il doit y avoir une relation continue entre
ces INSPECS et les humains, sinon pourquoi se donneraient-ils tant de
mal pour communiquer avec nous? Pour une raison quelconque, ils ont
besoin de nous et nous avons besoin d’eux. Ils ont été impliqués dans
l’existence humaine depuis ses origines. Non, je suis en train de faire
une erreur.
(Dans certaines toutes vos perceptions sont correctes. )
Je reçois un signal inquiétant m’ordonnant de m’occuper de
quelque chose revenu là-bas… Revenu où? Où? Le signal gênant a
continué et j’ai essayé de l’ignorer. Ce que j’étais en train de faire était
bien trop important pour être interrompu. Je voulais me concentrer sur
ma nouvelle pensée-question, mais le signal s’est interposé. J’ai ini par
ne plus y faire attention. J’ai compris que c’était le besoin de réintégrer
mon corps physique… Bien sûr, mon corps physique! Il fallait que j’y
revienne, mais je ne le voulais pas, la chance ne se représenterait peut-
être jamais…
(Nous pouvons nous rencontrer souvent à ce point. Nous comprenons
votre besoin. Un signal identi icateur de retour, plus fort, interviendra
pour vous le permettre. )
Le rayonnement était chaud, empreint d’amitié et d’autre chose
encore. J’y répondis avec reconnaissance, m’avançai vers l’identi icateur
de mon corps physique et m’étirai. La sensation de retour sembla brève
et, automatiquement, je glissai dans le second corps, puis dans le corps
physique. Par habitude, je regardai l’heure: 2h30 du matin. Seulement
six minutes! Par contraste, le problème qui me rappelait était si
dérisoire que cela en était frustrant. Mes pensées étaient emplies de la
signi ication éblouissante de ces six minutes, lorsque je sortis du lit
pour soulager ma vessie.
Je ne dormis guère pendant le reste de la nuit.
Durant les semaines qui suivirent, le stress de l’activité
quotidienne, l’impatience et la surexcitation rendirent une autre
rencontre impossible. J’avais du mal à trouver l’état de pré-sommeil
nécessaire. Cependant, avec précaution, je m’approchais du point de
déclenchement après m’être relaxé. Mais je ne pouvais entrer en OBE.
Mes efforts restaient vains et je ne pouvais rien faire de mieux que
m’endormir. Je compris que j’avais trop forcé, ce qui était dif icile à
contrôler. Finalement, j’abandonnai mes tentatives et cela se produisit
sans dif iculté.
Heure: 4 h 45 du matin… éveillé et reposé. Bien que mon cycle
habituel soit largement dépassé, je décrochai et entrai facilement dans
le second corps… Je sortis facilement du second corps et me ralliai à un
identi icateur pour me diriger… C’était là-bas! Je contins mon excitation,
restai calme, m’étirai en suivant le signal. La sensation d’un mouvement
fut brève et j’arrêtai. La forme brillante se trouvait devant moi. Derrière
elle, il y en avait plusieurs autres. M’efforçant de rester calme et serein,
je me concentrai sur le rayonnement qui avait été si pénible
auparavant. Maintenant, il était parfaitement tolérable, à moins que je
ne m’y sois habitué.
(Un peu des deux, monsieur Monroe. Nous l’avons légèrement modi ié
pour vous. )
J’ai souvent ré léchi à la manière dont je résumerais notre
communication, aux questions que je poserais, à l’ordre des priorités en
cas de rupture brutale. Et la première, la première…
(Votre intérêt réside dans notre relation avec cette expérience
d’incarnation précédant votre départ pour… )
Pour me rendre aux toilettes! Quelle incongruité! Cette fois, j’avais
pris mes précautions, pas de café, très peu de liquides…
(La cause et l’effet, dans lesquels vous placez tant de foi.)
Foi, foi! Elle est bien bonne, il faudra que je m’en souvienne. Mais
les autres, derrière mon ami, je ne me souviens plus de leur…
(Comme vous avez pu le remarquer, à ce point, nous ne sommes pas
seuls. D’autres entités assistaient à notre rencontre. C’est votre aptitude à
percevoir qui a changé. Ils sont, comment diriez-vous?… intéressés?…
curieux?… « curieux » est le terme qui convient le mieux. ) “
Je sais que j’aurais besoin de toute l’aide possible. Me voilà en train
de bavarder avec un être ou des êtres dont l’intervention dans l’activité
humaine a été interprétée comme celle de Dieu, des dieux, des anges,
du diable…
(Là n’était pas notre dessein. Certains… ajustements ont dû être
effectués. )
Maintenant, il y a les OVNI et les soucoupes volantes qui
correspondent mieux aux concepts courants.
(Vous auriez perdu ce pari, monsieur Monroe. Ce sont des
manifestations d’un autre type, dont vous prendrez bientôt conscience. )
Je préférerais abandonner ce point et me concentrer sur la
question essentielle. Pourquoi des ajustements, quel qu’en soit le sens?
(Parce que le libre arbitre est vital dans l’expérience de la
connaissance humaine. Les déviations par rapport à l’intention première
sont fréquentes et calculées à l’avance, comme vous diriez. Ces
ajustements ne sont rien de plus qu’un… le terme exact me manque…
réglage de précision… oui, un réglage de précision. )
J’eus la vision d’une énorme machine… extrêmement compliquée…
des INSPECS grimpaient dessus, y entraient et en sortaient, tournant un
bouton par-ci, tirant un clapet par-là, retirant un iltre et le nettoyant,
régularisant une forme ondoyante sur un oscilloscope, contrôlant le lot
d’entré de matériaux… Flot! C’était cela! Ils s’occupaient du lot
d’énergie de part et d’autre de l’expérience humaine. L’image de la
machine s’effaça complètement et it place à la terre physique
qu’encerclaient les anneaux d’énergie humaine, comme dans un rêve…
(Votre dernière image témoigne d’un grand progrès. )
Mais s’ils ont créé le processus, ils auraient dû savoir qu’il
nécessiterait… une surveillance, des modi ications.
(Nous n’avons pas créé l’espace-temps tel que vous le connaissez, ni la
terre physique, ni le processus humain, ni le lot d’énergie lui-même. Ce
n’est pas notre rayon, comme vous dites. Nous nous intéressons au
résultat… et à la qualité y afférente. A cette in, nous réglons le lot
interne selon les besoins. )
J’avais laissé passer cela également. Essayer d’éviter toute
déviation…
(Vous connaîtrez l’intention fondamentale ou originale. )
La plus grande des vertus, la patience…
(Vous êtes destiné à marcher avant de voler. Ceux qui commencent
par voler doivent revenir en arrière et se souvenir qu’ils ont déjà appris à
marcher. Cela vous était nécessaire. )
Maintenant voilà la première question très dif icile. Pourquoi moi?
Pourquoi ai-je d’abord appris à voler?
(Vous aviez la capacité latente de remplir une fonction importante
d’une nature tout à fait mineure à ce stade du développement de la
conscience humaine. )
De quelle capacité pouvait-il s’agir? Quelle fonction? Elle doit être si
mineure que je ne peux la percevoir.
(Vous devez seulement vous regarder vous-même, car vous et vous
seul savez ce que vous êtes. Quant à la fonction, vous vous en acquittez
fort bien, comme prévu. )
Avec un peu d’aide de temps en temps, j’espère que, quelle que soit
la fonction, je ne parviens pas à m’y retrouver à brûle-pourpoint. Je dois
mettre de l’ordre dans tout cela, remonter jusqu’à mes premiers vols.
Est-ce qu’ils m’aidaient déjà?
(Vous avez été un peu aidé. L’un des aspects de votre capacité en a été
le véritable instigateur. Cela aurait dû être évident pour vous. Elle
commande vos actes si fréquemment que vous en êtes devenu conscient. )
L’image est apparue immédiatement, J’ai toujours eu sensation que
ce trait de caractère était douteux. La curiosité. Elle a toujours engendré
plus de problèmes que de solutions.
(C’est exact. )
Elle vieux dicton: la curiosité tue…
(Une espèce différente. A l’occasion, elle peut tuer des chats [“Allusion
au proverbe: « Curiosity killed the cat »). Vous vivez sous diverses formes.
)
Maintenant, si je pouvais simplement avoir l’image de cette histoire
de fonction, je pourrais l’accomplir de manière plus ef icace.
(Nous essayerons de vous faire connaître la totalité de votre fonction
au cours de rencontres ultérieures. D’ici là, vous ne serez pas en mesure
d’obtenir une image claire et la moindre boule de pensée que vous
recevriez fausserait la fonction que vous remplissez. )
Je m’en tins humblement à la promesse de cette déclaration, me
sentant gauche… et surpris d’être resté si calme face à la confrontation
qui avait eu lieu… l’effronterie de mes questions, l’étendue de mon
ignorance… Leur réponse rayonnante à ces balbutiements de pensée
était si profonde que je m’effondrai presque et perdis le contrôle. Pas
de condescendance, pas de compassion, pas de sentiment de
supériorité… mais au-delà de l’amitié, au-delà de la fraternité, au-delà
des pères et mères, au- delà de l’affection, au-delà des mots… S’ils
m’avaient dit qu’ils étaient mon Dieu créateur, je m’y serais résolu.
(Mais nous ne le sommes pas, monsieur Monroe. )
Ils ont même su comment me mettre en accord avec moi-même,
moi, Robert Monroe et tout mon bazar. Si cela s’était déroulé au niveau
physique, j’en aurais ri de soulagement ou j’aurais dit: merci, j’en avais
besoin!
(Nous avons un autre nom pour vous. Nous pouvons en faire usage, si
vous le souhaitez. )
Pour l’instant, j’étais content de laisser les choses telles quelles. Il
n’y avait rien de formel ni de réservé dans la manière dont ils avaient
utilisé leur identi icateur à mon égard. Je me demande comme cela a
commencé.
(L’un d’entre nous l’a utilisé dans une réunion dans votre espace de
travail… oui, en laboratoire. Par la suite, nous avons tous utilisé cet
identi icateur à votre égard. )
Je compris tout de suite que qui il s’agissait et n’en fus guère
surpris. Je souhaitais lui transmettre mes salutations.
(Nous n’y avons pas manqué. )
Mais le problème, la question fondamentale, demeure sans
réponse. Si je ne sais pas où aller, ce que je suis censé faire, je pourrais
bien me tromper de direction. Je sais que cela s’est déjà produit maintes
fois…
(Nous vous aiderons bientôt à devenir plus conscient
de votre temps. C’est sur cette facette de votre processus particulier
que nous travaillerons en premier lieu. Tout vient très vite et en même
temps. Le temps, comme vous dites, passe vite. )
Vu leur sens du temps, cela pourrait signi ier un million d’années.
D’ici là, je serai parti depuis longtemps, et les humains également
(Nous faisons référence à la durée de votre vie physique actuelle. A in
d’accélérer votre conscience, nous vous recommandons de n’utiliser que le
signal de ralliement identi icateur que nous fournissons. S’il ne se produit
pas, vous saurez que vous devez concentrer votre attention sur votre
manifestation physique jusqu’au point qui est le présent. )
Autrement dit, s’il se produit, la récréation est terminée, au travail.
(Avant de continuer, vous devez vous soumettre à certaines
procédures. Nous serons avec vous par leur intermédiaire, mais pas dans
votre conscience physique. Nous vous avons préparé un exercice qui sera
pour vous une aide tout au long de ces expériences. Voulez-vous
l’effectuer? )
J’avais bien une image de ce genre d’exercice, mais pas de son
contenu. Je savais qu’il serait dif icile. S’ILS disent qu’il pourra m’être de
quelque utilité, bien sûr que je le souhaite.
(Retournez-vous vers vous-même et refermez-vous hermétiquement.
)
CLIC!
Je pilote un monomoteur Navion au-dessus d’une grande ville. Bill
est assis à côté de moi. Nous sommes à environ six cents mètres
d’altitude et nous nous
trouvons juste au-dessous des nuages. Les turbulences sont faibles.
Les jauges sont bonnes. Il s’agit d’un Navion emprunté. J’ai rendez-vous
dans la ville en bas.
Bill se penche et hurle. (Si tu veux être à l’heure, atterris
maintenant! )
Je regarde tout autour. (Je ne vois pas d’aéroport! ) (Aucune importance. )
Bill montre le sol du doigt.
(Tu dois atterrir maintenant, là, en bas! )

J’acquiesce, fais descendre le Navion, réduis les gaz, diminue


l’assiette, sors le train, légère spirale… faut décider où le poser… la rue,
pleine de voitures… il y a un grand toit plat, je me retourne vers Bill
pour avoir son avis, mais il est parti! Parti! Je regarde rapidement
derrière moi, je suis en dessous des trois cents mètres, vitesse de vol de
soixante-dix nœuds. Je dois décider rapidement, opte pour le toit, au
moins, si je parviens à freiner, je ne tuerai personne d’autres, tandis que
dans la rue… je m’aligne à droite sur le bord du toi… baisse de vitesse,
l’alarme mugit… couper les gaz, couper le contact… se poser, se poser…
toucher le sol, les freins, tout dépend des freins… l’autre bord arrive
vite, puis moins vite… ça y est, posé et stoppé! Je soupire et cesse de
trembler. Il fait chaud. J’ouvre la verrière et descends sur le toit. J’y
demeure un moment immobile et regarde le Navion. Il est intact, pas
une éra lure. Il ne me reste qu’à trouver des escaliers et j’arriverai à
temps pour mon rendez-vous. Mais comment ramener le Navion à son
propriétaire? Je ne pourrais jamais décoller d’un toit d’environ soixante
mètres de long. Je dois ôter les ailes, le descendre dans la rue au moyen
d’une grue. Quelle décision idiote, pourquoi ai-je…
CLIC!
RESET.
CLIC!
… La rue ou le toit… la rue, voitures me verront venir et dégageront
un espace au milieu de la chaussée… pleins volets… descente…
attention à l’immeuble plus haut… juste au-dessus de la rue, au milieu…
attention aux turbulences, vent de travers au coin… faire signe de rester
à distance… dégagez, dégagez la route!… l’avertisseur de décrochage
gueule… je m’arrête trop vite… éclair aveuglant, chaleur, chaleur
terrible.
CLIC!
RESET.
CLIC!
… Je pilote un Navion monomoteur au-dessus d’une grande ville,
Bill est assis à côté de moi. Nous volons à environ six cents mètres
d’altitude et nous nous trouvons juste au-dessous des nuages. Les
turbulences sont faibles. Les jauges sont bonnes. C’est un avion
emprunté. Je dois honorer un rendez-vous dans la ville en dessous de
nous.
Bill se penche et hurle. (Si tu veux être à l’heure, atterris
maintenant! )
Je regarde tout autour. (Je ne vois pas d’aéroport !)
(Aucune importance. ) Bill montre le sol du doigt. (Tu dois atterrir
maintenant, là, en bas! )
(Pas de ça! je réponds en hurlant Le rendez-vous attendra. Si
l’affaire me passe sous le nez, tant pis. Bon alors, où est l’aéroport? )
CLIC!
RESET.
CLIC!
… C’est un avion emprunté. Je dois honorer un rendez-vous dans la
ville en bas.
Bill se penche et hurle. (Si tu veux être à l’heure, atterris
maintenant! )
Je regarde tout autour. (Je ne vois pas d’aéroport! )
(Aucune importance. ) Bill montre le sol du doigt. (Tu dois atterrir
maintenant, là, en bas! )
J’éclate de rire, passe les commandes à Bill et boucle le harnais du
parachute sur ma poitrine. Puis je détache ma ceinture de sécurité et
ouvre la verrière.
(Ramène-le), dis en sautant le plus loin possible pour éviter la
queue de l’appareil. Je tire la poignée d’ouverture, sens la secousse, et
plane vers le sol.
(… Merci de m’avoir proposé ton Navion, mais c’était trop juste, je
n’aurais pas pu arriver à temps. J’ai téléphoné et remis le rendez-vous à
plus tard… )
CLIC!
La brume était très dense. Bill était à côté de moi. Il roulait
légèrement (Il t’en a fallu du temps! )
Je me rembrunis et roulai avec lui. (Tu n’as certainement été
d’aucune aide! )
Il se détendit. (Prends-le en bonne part. )
Je me tournai un peu. (Où est, euh…? )
(J’ai reçu l’affectation. Tu devrais repartir maintenant. Tu as
beaucoup à faire. )
J’acquiesçai. (En effet! Au revoir! )
Je me tournai, plongeai vers moi-même, identi icateur corps
physique, et réintégrai mon corps sans incident. Je m’assis sur le lit,
endossai une robe de chambre et sortis. La nuit était claire, calme et
chaude. Je ne savais pas encore avec certitude comment et pourquoi
c’était arrivé, mais je ne doutais pas de la réalité de l’expérience. Si j’ai
pu la vivre, combien de milliers d’êtres humains actuellement sur terre
ont vécu cette expérience ou une expérience similaire? Et dans ce cas, à
qui en parlent-ils? Les autres centres de formation dans les planètes
côtoyant ces milliards d’étoiles auxquelles nous sommes liés par une
énergie intelligente commune sont-ils aussi ignorants que nous?

En regardant les étoiles et plus loin encore, je me sentis tout petit


Mais pas seul. Jamais seul.
9. LA ROUTE DE L’ARC-EN-CIEL

Dès lors, j’ai commencé à accepter mon nouveau rôle et ne me suis


plus lancé dans des aventures ou activités dans les autres systèmes
d’énergie dont je connaissais l’existence. J’ai vraiment compris que,
pendant le sommeil, un certain nombre d’éléments affectaient ma
pensée consciente et mes actes. Je ne me suis pas donné la peine
d’étudier le phénomène, certain qu’il se déroulait de lui-même et qu’il
m’était favorable. Si je regagnais la classe des dormeurs, j’appliquerais
avec bon espoir ce que j’avais appris dans ma vie quotidienne.
Des séances d’instruction et des réunions avec l’INSPEC eurent lieu
périodiquement, réparties sur plusieurs années. J’utilisais encore le
symbole INSPEC parce que je n’en connaissais pas de plus approprié
qui ne soit teinté de connotations philosophiques et culturelles. A
propos d’INSPEC, suite à un événement récent, je rassemblai à la hâte
mes notes relatives aux aventures qui avaient eu lieu entre-temps. Les
pièces collèrent dans la mosaïque.
Ce qui suit n’est qu’une étude des aspects marquants ou critiques
de la séquence. Par mesure de concision, j’ai omis les procédures
préliminaires et inales de sortie et d’entrée du corps, à moins qu’elles
ne présentent un intérêt particulier. Les épisodes suivants commencent
tous à ce point qui se trouve en dehors de l’espace-temps, à proximité
du « territoire des INSPECS, en présence d’au moins l’un d’entre eux.
CLIC!
Si j’ai un souhait, de la curiosité et même plus, ce serai de savoir,
pas de croire, mais de savoir ce qu’il y a au delà de ce point… où ILS
sont…
(C’est un problème de souvenir. Au point où vous vous trouvez, vous
n’êtes pas en mesure de… quel est le mot?… supporter une visite parmi
nous. Nous pouvons vous y préparer, si tel est votre désir. La préparation
n’est pas une mince affaire. )
S’ILS déclaraient que ce n’était pas une mince affaire, je savais que,
de mon point de vue, c’était encore en deçà de la vérité. Mais c’est ce
que je voulais… oui!
(Nous effectuerons les modi ications nécessaires dans votre foi en
l’espace-temps. Votre perception doit rester personnelle. )
CLIC!
… Je joue dans la cour devant la maison. Je roule avec mon tricycle
du trottoir sur le gazon et du gazon sur le trottoir… le soleil a disparu
derrière un nuage, mais il ne pleut pas encore… si le ciel s’assombrit, je
pourrai allumer la bougie dans la boite de conserve qui me tient lieu de
phare, mais il faudra que j’aille chercher des allumettes à la cuisine…
quand je serai grand, j’aurai une voiture bleue qui fera VROUMMM,
VROUMMM… et puis j’aurai un avion, oui, c’est ce que je désire le plus,
un avion… et je volerai au-dessus d’un nuage noir, là où le soleil brille…
et puis je m’élèverai dans les airs et je plongerai dans le nuage,
VOOOUUUUUU, VOOOUUUUUU… Ah, zut! Voilà qu’il se met à pleuvoir, il
faut rentrer à la maison.
Allez-encore un tour dans la cour… je suis dans un avion,
VOOOUUUUUU, VOOOUUUUU… une forte lumière… une lumière
blanche, un éclair!… Boum! Je suis tombé du tricycle… dans l’herbe qui
est mouillée… il faut que je me relève et que je rentre à la maison, il faut
mettre le tricycle à l’abri sous la véranda… mais je n’arrive pas à bouger,
je ne peux pas bouger, que m’arrive-t-il?… il fait sombre, je n’y vois
rien… je ne sens rien… je ne suis pas blessé, je n’ai pas mal, mais je ne
peux rien voir, je ne parviens pas à soulever ma tête de l’herbe, il faut
que je me relève, sinon la bécane sera mouillée et elle rouillera, il faut
que j’aille jusqu’à la véranda… mais je n’arrive pas à bouger,
impossible… quoi?… quoi?… il suf it de… et je pourrais aller jusqu’à la
véranda!
Comment pouvais-je oublier ça! Comment pouvais-je oublier de…
Qu’est-ce qui pourrait me faire oublier quelque chose d’aussi
fondamental! Oui…! Je peux le faire sans y penser, n’importe qui le peut!
Et… oui!… Je pourrais faire un triple tour et il ne ferait pas sombre…
pourquoi, n’importe quelle boucle peut faire un triple tour sans tourner,
vous devez faire un triple tour si vous voulez que votre spirale
continue… que m’est-il arrivé pour que j’oublie quelque chose d’aussi
simple!… Je pouvais faire un saut… saut? Saut! Et il y a plus, tout cela
revient, je me souviens de tout et ces principes fondamentaux que je
n’aurais jamais pensé oublier parce que c’était impossible, c’est aussi
important que de savoir qui l’on est.
Comment ai-je pu l’oublier, cela et tout le reste? Je suis stupéfait
d’avoir pu oublier!… oublier, oublier… Je me fais mouiller, la pluie tombe
dru… je serai couvert de boue… cette forte détonation qui était le
tonnerre m’a fait mal aux oreilles, mais je peux entendre et je peux
bouger… Je sens mon corps, mais je n’ai pas mal, je pense que ça va… il
faut que je mette le vélo sous le porche et que j’essuie l’eau et la boue
avec un chiffon…
CLIC!
Maintenant, je me rappelle! J’étais très jeune et je jouais devant la
maison peu avant un orage… la foudre a frappé un poteau électrique
dans la rue. Moi, je ne le savais pas, c’est mon père qui me l’a dit… sous
le choc ou Dieu sait comment, j’ai été étourdi… il m’a porté sous le
porche devant la maison. Après quelques minutes, j’étais remis… mais
j’ai complètement oublié la suite de l’incident. Aujourd’hui encore, je ne
me souviens que du fait, pas des détails…
(Ce n’était qu’un aperçu de ce que vous êtes avant d’entreprendre
l’expérience humaine. Comment cela a eu lieu n’importe guère. Cette
évocation fugace revient fréquemment au cours du processus physique,
mais elle est marquée et éclipsée par l’impact plus direct des données
physiques. Néanmoins, le fait est enregistré sous la surface de la
conscience et c’est pourquoi il affecte vos actes ultérieurs. Il est signi icatif
que, depuis, vous ne craignez plus les orages, mais au contraire vous y
prenez goût. C’est l’un des effets de ce type d’évocation pré-humaine
proche de votre niveau de conscience physique. Un autre effet, plus
convaincant, est la petite modi ication du processus de votre vie physique,
qui vous a mené inconsciemment à votre état actuel. )
Faut-il donc être presque foudroyé pour commencer à s’éveiller. Ce
ne serait guère une méthode populaire…
(La plupart des faits de ce genre sont suf isamment in imes pour
passer inaperçus. Néanmoins, s’il faut les rappeler, ils sont là. Si vous le
voulez bien, voici un autre épisode. )
Comment pouvais-je l’oublier!… Oui, oui.
(Voici une autre zone de votre perception relative à un phénomène
oublié depuis longtemps. Vous seul êtes concerné. Nous vous aidons
simplement à vous en rappeler. )
… Je veux écouter la musique… je veux écouter cette mélodie en
particulier… je sais comment faire fonctionner le Victrola, j’ai appris en
observant et puis je lui ai montré que je savais le faire marcher. Alors,
elle m’a dit que je pouvais m’en servir, mais que je devais faire très
attention à ne pas casser les disques… donc, je ne serai pas un vilain si
je le fais tourner… je pousse la chaise tout contre le Victrola a in de
monter dessus et placer le disque… je dois soulever le lourd couvercle…
ça va, j’y arrive… Je tourne la manivelle brillante sur le côté de l’appareil
jusqu’à ce qu’elle résiste, et je ne force pas a in de ne pas risquer de
casser de ressort… puis, j’ouvre les portes frontales du Victrola derrière
lesquelles se trouve mon disque spécial, sur la première étagère, là où
je l’ai laissé… je retire le disque avec précaution, pour ne pas le casse, et
je le pose. Ensuite, je grimpe sur la chaise. Je retire le disque de sa
pochette et le place sur le plateau avec d’in inies précautions, je mets
l’extrémité brillante et ronde du bras, munie de l’aiguille pointue, sur le
bord du disque noir… maintenant, tout est prêt… j’actionne le petit
clapet brillant et le disque noir sur le plateau commence à tourner.
Je me hâte de descendre de la chaise pour écouter la musique qui
s’échappe du Victrola. Je me sens profondément calme, ferme les yeux…
il y a un long vide tandis que j’écoute la musique, mais je ne tarde pas à
ressentir une forte sensation monter au fond de moi, comparable au
picotement des fourmis dans le pier. Cela ne fait pas mal, c’est bon et
j’entends pleuvoir, comme s’il pleuvait sur le toit, mais le son va et
vient… et la musique devient si douce que je ne peux plus l’entendre…
puis c’est le calme et je n’entends ni ne sens plus rien… ça y est de
nouveau, cela remonte plus fort du tréfonds le moi-même, le
fourmillement et la vague de pluie… c’est meilleur que tout ce que j’ai
pu ressentir jusqu’à présent… j’attends que ça recommence… ça
recommence, plus fort et davantage. C’est si bon que ça commence à
faire mal, mais c’est si bon que je ne sens pas la douleur… ça se dissipe à
nouveau… Je sais que ça va revenir, et ça revient… beaucoup, beaucoup
plus fort et plus encore, à travers moi, le meilleur et le plus fort
sentiment de bonheur que je pourrai jamais ressentir, je suis si heureux
que je voudrais pleurer, la douleur est si forte qu’elle me pourfend… elle
s’en retourne au tréfonds de moi-même, et je sais que je ne pourrai
jamais rien ressentir de meilleur, rien, que ce que je viens de vivre…
aucune douleur ne pourrait brûler davantage… et je sens que ça
remonte encore.
Je ne pense pas que je pourrais supporter une douleur plus vive,
mais ça revient avec plus d’intensité, ce si bon, si bon fourmillement, le
bruissement de la pluie et la douleur si grande montant directement à
la tête… terrible, terrible douleur aiguë… c’est si bon et si douloureux…
c’est si bon et si douloureux que jamais rien ne pourra être aussi bon et
faire aussi mal, jamais, jamais… puis, ça commence à disparaître et je
sais que je me rappellerai toujours ce formidable, formidable plaisir et
cette grande, grande douleur, et rien ne sera jamais aussi bon et ne fera
jamais aussi mal, mais cela revient, non, non!… je ne peux le supporter
une fois de plus, je ne le peux pas, vraiment pas! Le plaisir me fait
pleurer, c’est si bon et la douleur me fait pleurer, elle me fait si mal, cela
ne peut faire plus mal que la dernière fois, c’était la douleur la plus
forte, cela ne peut devenir encore plus fort, le plaisir et la douleur…
mais c’est ainsi et je pleure de joie et de souffrance, et je sais que c’est
ce qu’il y a de plus fantastique, la joie sublime, la beauté qui transcende
toute pensée ou toute conscience… que la douleur n’est qu’une angoisse
douloureuse de la structure physique s’efforçant de contenir l’énergie
au-delà de sa capacité, qu’un jour je revivrai Cela sans douleur, parce
que je comprendrai mieux, un jour il y aura la splendeur suprême de…
je sens des mains qui me saisissent et je sanglote légèrement, pas trop,
j’ouvre les yeux et relève la tête. Le Victrola a cessé de jouer et elle, ma
mère, me regarde et ne dit rien…
CLIC!
… Oui, oui, je me souviens. C’était pour moi un grand privilège de
pouvoir utiliser le Victrola. Je suis ier de n’avoir jamais cassé de
disques… des symphonies, des opéras que mère aimait et quelques
disques de jazz donnés par l’étudiant qui loge au- dessus. Je les écoute
lorsque je suis seul… je me rappelle la même séquence au moment de
l’anesthésie précédant une opération, la même chose…
(L’acceptation de la douleur comme condition du plaisir symbolise un
con lit dans la vie physique. La
structure du présent n’est pas compatible avec la promesse du futur
telle que vous la percevez dans l’illusion spatio-temporelle. Pour vous,
c’est un con lit de réalités. )
Je me rappelle si bien… si c’est cela le plaisir, j’accepterai la douleur
à nouveau, et si je ne peux la supporter…
(Ce n’est pas nécessaire. Votre conscience actuelle a désormais un
point de référence. Vous pouvez percevoir la destination des rayons
d’énergie pure que vous avez nommée « Loosh » / amour lorsqu’elle
pénètre dans votre espace terrestre en plusieurs segments de ce que vous
appelez le temps. Nous vous aiderons à vous situer à l’intérieur de
l’événement. Dé inir les contours, décider de faire une distinction doit être
exclusivement votre tâche. Y êtes-vous prêt? )
Je ne sais pas avec certitude ce que je vais rechercher, mais je
n’oublierai jamais plus. Et si c’est ce que je cherche, je le trouverai.
CLIC!
Je suis seul assis sur le sable devant notre tente: le soleil se couche.
Le désert se rafraîchit. Bientôt, il fera sombre et très froid. J’ai fait un
feu de crottes de chameau a in de nous réchauffer… Oui je m’appelle
Shola. Ma femme et les enfants, un garçon et une ille, se trouvent dans
la tente derrière moi. Nous allons mourir. J’aperçois le village au loin.
Ses feux brillent dans le crépuscule. Nous sommes venus vendre des
marchandises, mais ils ne nous ont pas laissés entrer, ils nous ont lancé
des pierres pour nous éloigner. Nous n’avons pas pu traverser le désert
jusqu’au prochain village par manque d’eau et parce que nous sommes
malades.
Maintenant, après tant de jours, nous n’avons plus d’eau ni de
vivres. Nous n’avons survécu qu’en mangeant des excréments de
chameau, ce que seul un chien ferait. Nos deux chameaux vivront et
nous allons mourir. Ils ne peuvent attraper la maladie, ce léau qui
couvre notre peau de plaies béantes impossibles à cicatriser. Je tuerais
bien les chameaux pour manger, mais ce sont de vieux amis. On ne
mange pas ses vieux amis pour prolonger sa propre existence.
Maintenant, plus rien n’a d’importance. Les vivres et l’eau ne
serviraient à rien. La maladie nous emporte vers le trépas. Il n’y a plus
rien à faire. J’ai peur d’entrer dans la tente et de les trouver morts… eux,
toute ma famille. Je préfère ignorer si je suis seul. Nous avons fait tant
de choses ensemble, nous avons partagé le meilleur et le pire… le
travail et la vie commune. Ma femme et les petits… ni la maladie ni la
mort ne pourront rompre le lien qui nous unit…
CLIC!
Bien que cela ne me semble pas inconnu… je ne parviens pas à me
rappeler si j’ai déjà vécu cette vie- là… mais ce but commun, cette union
pour la simple survie… rien d’autre qui puisse m’évoquer…
l’attachement au-delà du lien du mariage et de la famille… et que… je
me rappelle…
(Par-delà la manifestation physique, mal interprétée, incomprise et
souvent négligée, c’est un aspect de l’expression initiale, inhérente au
processus d’apprentissage propre à l’expérience humaine. )
Est-ce le but de l’existence humaine? Apprendre ou être?
(Indirectement, c’est exact. Mais cela participe d’un large spectre.
L’un des buts est de devenir le générateur et le transformateur de ce
rayonnement. Il importe que vous perceviez les limites et l’harmonisation
du destinataire. L’être dans le désert était en harmonie et pour cette
raison n’était que le destinataire. Il n’était ni le transformateur ni le
générateur. Le but n’est que la génération et la transformation. Voulez-
vous approfondir ce type de perception? )
Si j’ai suf isamment déblayé le terrain pour le faire…
(Oui.)
CLIC!
Nous sommes étendus dans le périmètre de défense du camp…
C’est la nuit Nous avons mangé. Après cette longue marche, nos pieds
sont meurtris. Les feuilles mortes craquent au moindre mouvement Si
nous étions de garde à l’extérieur du camp, il faudrait être tout à fait
silencieux, mais ce n’est pas notre affaire. Les sentinelles sonneront
l’alarme si l’ennemi attaque de nuit. Mon casque et mon bouclier sont à
portée de ma main gauche. Mon glaive près de la main droite. Avec sa
pointe froide et af ilée et ses bords tranchants, il a ini par faire partie
intégrante de moi-même, comme le bras qui le manie. Mon ami Cheti
est étendu à côté de moi et ron le si fort qu’il en réveille les oiseaux. De
l’autre côté, mon ami Dorn dort à poings fermés, mais il se réveille
instantanément dès que l’on murmure son nom… nous faisons partie de
cette grande armée qui, demain, affrontera l’ennemi et le taillera en
pièces.
Nous sommes trois. Je me rappelle le jour où l’on s’est rencontrés
sur le terrain d’entraînement, il y a de cela un bon bout de temps. Cheti,
grand, la démarche hésitante, est un montagnard. Dorn, solide comme
un roc, vient de la grande forêt, dans les plaines du centre. Nous
apprenions l’art de tuer. Pendant des jours entiers, nous n’avons pas
échangé un seul mot Dès notre premier combat, tout a changé lorsque,
encerclés par de cheveux jaunes deux fois plus nombreux que nous, dos
à dos, nous avons formé un triangle! Cheti injuriait les cheveux jaunes
d’une manière si grotesque que même Dorn en riait. Rire nous donna
un tel regain d’énergie que nous pûmes nous dégager de ce
traquenard… par la suite, nous fûmes trois. Un nombre incalculable de
combats et de blessures… nous sommes toujours trois.
Ils sont plus que mon frère dont je ne peux, en ce moment, me
remémorer ni le visage ni la voix… plus que n’importe quelle femme,
bien que ce ne soit pas la même chose… et l’homme, dans ce village, qui
m’a interrogé sur mes ils et mes illes, et j’ai répondu, mes ils et mes
illes, je ne les connais pas. Si jamais j’en ai eu, ils sont auprès d’une
femme. Je n’ai pas de femme, je suis de la légion, je ne suis lié à
personne, femme, ils ou illes… il y a ces femmes que je prends, lorsque
nous nous emparons d’une ville… je me rappelle l’une d’entre elles. Elle
était chaleureuse et ne pleurait pas, elle me parlait au creux de l’oreille
et j’étais aussi gentil que possible avec elle. J’aurais pu garder cette
femme… mais nous sommes trois et tout est différent. Je donnerais ma
vie pour Cheti ou pour Dorn. Je n’ai pas besoin d’en parler avec eux
pour savoir qu’ils feraient de même pour moi… j’ignore pourquoi c’est
ainsi, mais ils sont moi, je suis eux, nous sommes trois…
CLIC!
J’ai l’image de trois, trois cents, trois mille, trois millions, trois
milliards, c’est du pareil au même… effort en commun, volontaire ou
non, association qui dure, expériences que l’on partage… ce lien
particulier qui nous dépasse peut se nouer inconsciemment et sans que
l’on reconnaisse son importance… la plupart du temps, on ne l’appelle
pas amour, parce que la tradition y verrait une connotation sexuelle,
masculine ou féminine… on le dissimule et on le sublime…
(Vous apprenez rapidement. Votre regard d’humain vous sert bien.
Voulez-vous passer au point suivant de voire apprentissage? )
Je comprends ce qui se passe, la partie humaine… si c’est encore de
la même valeur, c’est bon…
(Alors, nous continuons. )
CLIC!
Je me trouve devant un édi ice de pierre surmonté d’une grande
lèche. De larges marches descendent sur la place pavée. La place
fourmille de gens, de voitures et de charrettes tirées par des chevaux.
La sueur des hommes, les bêtes, les aliments, les excréments dégagent
une odeur nauséabonde. Je suis prêtre et, malgré la chaleur, je porte
une robe marron à capuche qui tombe jusqu’aux chevilles. A l’intérieur
de l’église, il fait frais. Cependant, je n’y entre qu’à contrecœur. La
cérémonie va commencer et je dois y participer, car cela fait partie des
devoirs de ma charge. Ce que je dois accomplir me brise le cœur. C’est si
éloigné de ce que j’ai rêvé des années auparavant, ma vie au service du
Tout-Puissant La gloire des cloches qui retentissent dans la lèche du
clocher, les voix mélodieuses qui résonnent sous la voûte, une harmonie
sacrée, la majesté et le mystère à l’hymne processionnel, les têtes
pensées des idèles agenouillés, pleins de vénération. Ils sont tous
semblables.
Tout cela m’a révélé ce besoin grandissant auquel j’ai répondu.
Maintenant ils sont pareil, mais ne le suis pas. Où est le besoin? Il est
resté inassouvi. Où est le mystère? Il a disparu sous le poids des années,
après tout ce que mes yeux ont vu et mes oreilles entendu… la cloche
commence à tinter, c’est le signal, je dois entrer et me joindre aux
autres. Je pénètre par la petite porte latérale dans la grande nef et me
dirige lentement vers la nef latérale où le groupe attend devant l’autel.
Le grand prêtre se tient devant l’autel, vêtu de sa robe blanche
galonnée. Derrière lui, les sept gardiens du royaume tiennent à bout de
bras quelque chose qui n’est autre que l’une des sept étoiles sacrées
illuminée par un cierge lamboyant.
En m’approchant de l’autel, je sais déjà ce que j’y verrai et je ne me
trompe pas. Une jeune ille vêtue d’une longue robe écarlate destinée à
dissimuler le sang est étendue sur la surface de pierre. Ses chevilles et
ses poignets sont attachés par des cordons de soie à de gros anneaux
disposés sur les côtés de l’autel. Sans jamais l’avoir exécuté je connais
parfaitement le rituel. Dès que j’aurai accompli l’acte sacré au nom du
Tout-Puissant, je transcenderai statut de l’humble prêtre et deviendrai
un vice- gardien du royaume. Quand l’un des sept gardiens mourra et
s’en ira à Chimmon, pays de la félicité éternelle et siège du Tout-
Puissant, je deviendrai l’un des sept gardiens. Lorsque grand prêtre s’en
ira, l’un des sept gardiens prendra sa place et assumera sa puissance et
sa gloire au titre de communiant direct avec le Tout-Puissant Peut-être
serai-je celui-là… mais maintenant, je n’en suis plus sûr. Le rêve des
années passées vacille en moi. Il était si différent de toute cela. Si je
n’accomplis pas le rituel, je serai dépouillé de ma robe, jeté à la rue, et le
peuple me lapidera. Je m’approche de l’autel et le grand prêtre me tend
l’arme du rituel, un poignard ef ilé à la pointe tranchante muni d’un
manche en argent ciselé.
On m’a indiqué avec précision où je devais l’enfoncer, en divers
points de son corps, de manière à ce qu’elle ne meure pas tout de suite
et à susciter en elle l’extase suprême pendant que le grand prêtre et les
sept gardiens lui donnent leur bénédiction… j’élève le poignard pour un
premier coup rapide… et je m’arrête, le bras levé, je regarde la ille dans
les yeux, ses yeux qui expriment la peur, le trouble et la résignation… et
par-dessus tout, une connaissance, une profondeur qui me transportent
par-delà toute déformation de mon rêve, là où je suis sûr d’avoir
toujours été… J’abaisse le bras et laisse tomber le poignard d’argent, un
simple couteau, devant ce gros homme qui se dit grand prêtre… je ne
peux le faire, je ne le ferai pas… et je suis libre!… Un rayon blanc
éclatant pénètre par le plafond de la grande nef, se concentre sur moi,
se répand à travers tout mon être, le poignard d’argent se fond en un
amas de métal, les cordons de soie se délient, l’autel se met à trembler
et se fend tandis que la ille se relève et se dresse sur ses jambes… les
hommes en robe s’agenouillent pétri iés, leurs yeux ixant aveuglément
le rayon blanc éclatant…
CLIC!
… Oui!… Et quelque part dans l’histoire de l’humanité, une légende
est née… l’événement n’est plus qu’un vague souvenir pour moi, si
même ce… mais l’émotion que j’ai éprouvée… trop claire, trop forte…
(Ce que vous appelez émotion est primordial dans le processus
d’apprentissage de base. C’est une conséquence particulière et véri iable
de l’exposition au rayonnement de l’amour « loosh ». C’est donc la force
motrice, l’énergie créatrice qui motive la pensée et les actes humains.
Sans cela, vous resteriez à l’état d’animal. )
Mais ce que les animaux manifestent me semble très proche de
l’émotion…
(Ce que vous percevez est un re let, une réaction au rayonnement
humain de cette énergie, qui a été elle- même générée et transformée par
l’humain. Nous allons vous en faire la démonstration, si vous le voulez
bien. )
Formidable! Cela me ferait très plaisir…
CLIC!
… Notre petit chien qui a un drôle de nom, Bateau à vapeur,
gambade près de moi le long de la route, tôt un matin… c’est réellement
un ami… il découvre vraiment les dents quand il veut vous faire savoir
quel brave petit il est, simplement parce qu’il imite son dieu humain, là,
tout près de lui… son besoin apparent d’être avec vous, de faire avec
enthousiasme ce que vous voulez qu’il fasse… un mot de moi et il
accourt avec allégresse… ce n’est pas dû au seul fait que je le nourrisse,
car ce que nous faisons n’a, la plupart du temps, rien à voir avec la
nourriture… nous avons une relation que l’on peut quali ier d’amicale, il
a réussi à devenir l’ami de son dieu… Le voilà qui va jouer sur le talus
boisé le long de la route, cherchant avidement un hypothétique lapin,
mais après avoir un peu cherché, il revient, sautant sur la route pour
marcher à nouveau juste devant moi.
Puis j’entends un véhicule, une voiture ou un camion, qui s’engage
dans le virage sans visibilité et j’appelle Bateau à vapeur pour qu’il
revienne près de moi et reste en sécurité… c’est un camion… il amorce
le virage trop vite, beaucoup trop vite… à environ trois mètres de moi
seulement, Bateau à vapeur jaillit du bois et saute du talus directement
sous les roues du camion… un cri déchirant lorsque la roue écrase la
partie inérieure de son corps, l’aplatissant complètement… le camion
s’arrête un peu plus loin et le conducteur descend de sa cabine en
s’excusant tristement… je m’approche de Bateau à vapeur qui essaye
encore d’aller vers moi, ses pattes antérieures s’efforcent de traîner la
moitié écrasée de son corps sur la route vers l’endroit où je me trouve…
je m’assieds sur la chaussée juste devant lui… il n’essaie plus de bouger
lorsque j’avance la main et lui gratte la tête.
Des larmes se forment dans mes yeux comme un témoignage
in ime du chagrin profond qui m’envahit… je sens dans la mains le
tremblement douloureux qui s’empare de son corps… il lèche ma main
et me regarde dans l’attente, dans l’espoir que son dieu le délivrera de
sa souffrance… je regarde son corps, les ravages sont si considérables
qu’il n’y a aucun espoir… à nouveau, il me lèche la main… j’accepte la
responsabilité… je me redresse, me dirige vers le conducteur immobile
et ôte mon sweat-shirt tout en marchant… un regard entre nous, il sait
que je ne lui en veux pas, qu’il ne doit pas se sentir coupable… tristesse
partagée, oui… mais pas de culpabilité… j’étais le responsable, pas lui…
je vais vers le camion, retire le bouchon du réservoir y enfonce le
sweat-shirt pour l’imbiber de gas-oil… je retire le tissu ruisselant et
reviens vers Bateau à vapeur qui me regardait avec espoir, trop faible
pour bouger… je m’assieds et il pose sa tête sur mes genoux, ses yeux se
lèvent vers moi, implorants, implorants… d’une main, je place
doucement le tissu sur son museau et pose l’autre main sur sa, tête…
ses yeux me regardent profondément et les tremblements de son cou
diminuent lentement et cessent… je vois et je sais que cette intimité que
nous partageons est éternelle et, d’une certaine façon, il le sait aussi… la
conscience s’éteint dans ses yeux, il n’est plus là… il n’y a plus que mes
yeux et des larmes…
CLIC !
… Mais cela n’est pas arrivé ! Bateau à vapeur est vivant ! Il est là
d’où je viens, quelque part près de mon corps physique…
(Exact! L’évènement s’est produit antérieurement dans cette vie
physique, avec un autre animal, un chien, comme vous dites. Vous avez
fait une identi ication avec votre affection actuelle. Au cours de l’épisode
précédent, vous avez été la proie d’une émotion incontrôlée et vous étiez
désemparé. Vous n’avez rien fait pour assumer votre responsabilité. Dans
votre état actuel de conscience, vous avez exercé le contrôle qui est si
important, ce qui dénote l’amélioration de vos capacités, même dans cette
dernière démonstration synthétique. Le paradoxe lié à cette énergie vitale
est que l’émotion, comme vous l’appelez, permet de les développer et, en
même temps, peut provoquer leur stagnation et leur régression. Donc, la
maîtrise de cette énergie est un objectif majeur de l’expérience humaine.
La compréhension en découle automatiquement. Il ne s’agit nullement de
réprimer ou de supprimer cette énergie. Au contraire, elle s’accroît
lorsqu’elle est dirigée et concentrée vers les canaux pour lesquels elle a
été initialement prévue. Ce que vous appelez la curiosité est peut-être la
forme la plus méconnue et la moins dénaturée de cette énergie.
Néanmoins, c’est la force sous-jacente qui produit ce que les humains
considèrent comme leur accomplissement historique le plus marquant.)
… Cela devient trop dif icile et trop rapide. Je vais devoir remettre
ce thème de ré lexion à plus tard.
(Voulez-vous prendre part à la démonstration inale ?)
… Comme c’est la dernière, je suppose que c’est la plus ardue… si,
au moins, je pouvais garder à l’esprit que c’est seulement une
démonstration, comme ILS disent, mais cela ressemble plus à un
examen… si je pouvais m’en souvenir, ce ne serait plus un examen… il
existe un point commun à toutes les expériences physiques humains,
cette absence de souvenance et l’importance qu’elle recouvre…
l’examen inal, oui !…
CLIC !
Je suis à la maison, seul. Tout est calme… le chien et le chat
somnolent dans le hall d’entrée, face à la porte, ils attendent… le soleil
vient de se coucher et le jour décline… bientôt il fera sombre. Je suis
assis dans l’obscurité et regarde la maison emplie d’objets, ceux qu’elle
a choisis et tant aimés, ceux dont elle s’est contentée faute de mieux,
ceux que sa grand-mère utilisait, ceux qu’elle a placés, accrochés dans
chaque pièce, mis dans des placards ou des tiroirs de telle sorte qu’elle
seule savait où ils étaient… tous ces objets me font penser à elle,
portent un signe d’elle… mais elle est partie, elle n’est pas là comme je
l’espérais… je n’ai nullement besoin de lumière pour voir les choses qui
évoquent sa présence ici… leur vue ne me dérange pas et je ne les
remplacerai ni ne les déplacerai, parce qu’elles sont profondément
imprégnées d’elle… je peux la trouver dans l’obscurité ou dans la clarté,
qu’importe…
Elle m’a appris tant de choses sans le savoir… l’authentique
réponse féminine à tous les problèmes, grands ou petits, à l’état brut,
non colorés, si ce n’est par son propre regard… nous partageons tout
cela… si intensément que je ne vis pas une seule vie, mais trois, la
sienne, la mienne et la nôtre… Elle m’a aidé à me libérer d’un problème
des plus délicats, à savoir que la pulsion sexuelle n’est pas l’essentiel de
cette énergie que l’on nomme amour, mais l’un des motifs les plus
fréquents du processus… dès que cette lamme brûle pleinement, le
motif n’est même pas le carburant qui l’alimente, mais simplement une
note physique mineure à plusieurs niveaux dans un accord in ini… Je
comprends maintenant la maternité… pourquoi une femme veut être
une épouse, le mélange d’idéalisme et de réalisme qui forme ce
penchant… là où tu vas, je vais aussi, cela est plus que vrai. Cependant
une libération est nécessaire et acceptée… Elle vient avec moi et je vais
avec elle… le fait d’être seul est une illusion… ici ou là, la lamme est
éternelle et nous portons en nous celle que nous avons reçue et créée…
elle revient maintenant, comme je le savais… et nous n’échangerons pas
d’adieux ni de nouvelles adresses, nos identi icateurs l’un en l’autre
sont indélébiles… C’est simplement un moment inal à ce point du
temps…
CLIC !
(Votre perception était tout à fait claire, Ashaneen. La démonstration
a été concluante.)
C’était très étrange… l’un de nous avait libéré l’autre du physique et
je pensais que c’était elle… puis, au il du temps, j’en ai douté, c’est moi
qui aurais pu… et j’ai inalement compris que cela n’avait aucune
importance, elle ou moi… le résultat était le même… maintenant, bien
sûr, je n’ai pas à demander si c’est arrivé mais je sais que cela arrivera
un jour dans notre temps échelonné…
(Exact ! Le résultat est identique. Nous pensons que vous êtes
désormais en mesure de nous rendre visite, si tel est encore votre désir. Il
ne s’agit plus d’une
démonstration, mais de notre réalité. Néanmoins, nous vous
guiderons et vous ramènerons à ce point. Vous devez savoir que cette
visite temporaire peut provoquer en vous des changements irréversibles.)
… Je le veux et assume la responsabilité des changements qui
pourraient se produire en moi.
(Soyez tout à fait ouvert et prenez bien du plaisir, comme on dit chez
vous.)
CLIC !
(Je me trouve dans un tunnel d’un blanc éclatant et me déplace
rapidement. Non, ce n’est pas un tunnel, mais un tube rayonnant et
transparent. Je baigne dans ce rayonnement qui circule partout en moi.
Son intensité et sa perception retrouvées enveloppent ma conscience, el je
ris avec beaucoup allégresse. Quelque chose a changé, car, la dernière fois,
je devais me protéger de sa vibration erratique. Maintenant, je peux
supporter facilement l’énergie, la véritable énergie, Le rayonnement se
fait à double sens dans le tube. Le lux qui s’écoule dans la direction d’où
je viens est régulier, uniforme et pur. Le lux que je suis s’écoule en
direction opposée et semble organisé de manière très différente et plus
complexe. Il est similaire à l’onde que je croise, mais comporte une
multitude de petites ondes superposées à l’onde de base. Je suis en même
temps l’onde de base et les petites ondes. Je m’en retourne à la source. Le
déplacement est lent et continu, mû par un désir qui m’est familier, mais
que je ne parviens pas à exprimer. Le seul fait de savoir me fait vibrer
d’une extase joyeuse.)
(Le tube semble s’élargir après l’adjonction latérale d’un autre tube
et une autre onde se fond en moi. Nous ne formons plus qu’un. Tout de
suite, j’accepte l’autre, comme on m’accepte. La réunion entre cet autre
Moi et Moi suscite une grande excitation. Comment avais-je pu l’oublier ?
Nous continuons ensemble, découvrant avec bonheur les aventures, les
expériences et la culture de l’autre. Le tube s’élargit à nouveau. Un autre
Moi se joint à nous. Nos ondes sont remarquablement identiques et se
renforcent en évoluant en phase. Dans chacune, il y a des couleurs
différentes qui, combinées avec une anomalie voisine, créent une nouvelle
et importante modi ication du tout que nous formons. )
(Le tube s’agrandit encore et je ne prête plus attention à son calibre.
Un autre Moi pénètre encore le lux d’ondes. C’est extrêmement excitant,
car c’est le premier que je perçois comme revenant d’un séjour
intégralement non humain. L’interconnexion était presque parfaite et
nous devînmes beaucoup plus nombreux. Maintenant, nous savons que,
quelque part, une queue physique sous contrôle de la conscience,
analogue à celle d’un singe, joue un rôle de loin plus considérable que
celui de contrepoids ou de troisième main. Elle peut constituer un moyen
de communication bien plus performant qu’un langage évolué par signes,
et tout aussi éloquent que des paroles.)
(Lentement, mais sûrement, un Moi après l’autre vient se joindre à
nous. Chaque fois, nous devenons plus conscients et nous nous rappelons
davantage le tout. Le nombre ne semble pas être important.
Notre connaissance et nos moyens sont si considérables que nous n’y
prêtons même pas attention. Qu’importe ! Nous ne faisons qu’un.)
(Nous nous détournons et nous éloignons de l’onde sous-jacente, et
regardons sans broncher, dans un respect général, son mouvement qui
l’éloigne à l’in ini. Nous percevons également l’onde régulière initiale
issue de cet in ini et qui se dissipe dans la direction d’où nous venons.)
(Une énergie cohérente qui est notre création circule en chacun de
nous et montre avec force la réalité de l’ensemble, de loin plus
considérable que la somme des parties. Notre savoir et nos moyens
semblent illimités, mais à ce point, ce n’est vrai que dans les systèmes
d’énergie que nous avons pratiqués. Nous pouvons créer le temps lorsque
nous le désirons ou lorsque besoin est, remodelant et modi iant de
l’intérieur l’image elle-même. Nous pouvons créer de la matière à partir
d’autres modèles d’énergie, en changer la structure à volonté ou
retourner à la forme originale. Nous pouvons créer, accroître, modi ier ou
clari ier n’importe quelle image dans les champs énergétiques relatifs à
nos expériences. Nous pouvons convertir n’importe lequel de ces champs
énergétiques en un ou en d’autres champs énergétiques, à l’exception de
celui que nous sommes nous-mêmes. Nous ne pouvons créer ou
comprendre notre source d’énergie avant d’être complet.)
(Nous pouvons créer des structures physiques comme votre soleil ou
votre système solaire, mais nous ne le faisons pas, car c’est déjà fait. Nous
pouvons nous adapter au milieu de votre planète Terre, mais nous ne le
faisons pas, car tel n’est pas notre dessein. Nous pouvons surveiller,
augmenter et améliorer de l’apprentissage humain. Nous le faisons pour
d’autres expériences d’apprentissage, d’un contenu similaire dans tout
l’espace-temps. Ces expériences sont permanentes à tous les niveaux de la
conscience humaine, a in de préparer convenablement ces unités moteurs
de notre énergie première à l’entrée et à l’intégration dans ce tout que
nous devenons. C’est l’essence même de notre développement que d’agir
ainsi. Nous assurons cette assistance et cette préparation uniquement sur
demande d’un ou plusieurs niveaux de conscience au sein de l’unité. Par la
suite, nous sommes en mesure de communiquer de diverses manières
jusqu’à ce que la transformation inale s’opère.)
(Nous savons qui nous sommes. Un Moi rit et nous rions tous du nom
que ce Moi nous a donné. Nous sommes un INSPEC, un seul. Il y en a
beaucoup d’autres autour de nous.)
(Vous êtes encore incomplet. Des parties de vous doivent être encore
transformées, y compris cette partie en visite, qui est si curieuse. Chacun
de nous est incomplet. C’est pourquoi nous demeurons à ce point, a in
d’effectuer un retour en arrière et de rassembler toutes ces parties jusqu’à
ce que nous soyons complets.)
(Notre curiosité désire l’effet de complétude.)
(Nous gagnons à nouveau le lux de retour créatif, l’onde qui vous a
amené ici. Ce faisant, nous quittons cette réalité.)
(Pouvez-vous expliquer cela ?)
(C’est impossible. Notre savoir ne nous le permet pas. Lorsque vous
vous serez transformé et totalement intégré vous comprendrez. C’est la
raison de l’apparition de ce point. Il est impossible de continuer avant la
complétude.)
(Continuer vers quelle destination?)
(Vers ce que nous croyons être la source du rayonnement, l’émission
créative et le retour. La communication est interrompue avec ceux qui ont
continué. Le désir de continuer survient avec la complétude. C’est plus que
de la curiosité et c’est dif icile à transmettre sous une forme que nous
puissions comprendre. Des tentatives ont été faites par ceux qui ont été
complétés et doivent continuer, mais sans succès.)
(Le dernier chez-soi?)
(Bonne idée de départ. Une intention qui se révèle à mesure que la
perception augmente. Maintenant, vous devez terminer votre visite et
vous en retourner.)
(Nous serons avec vous, vous, notre curieux Moi.) Retourner, mais où
donc? (Votre milieu physique)… Où est-ce?… (L’humain, votre corps
physique)… Ah oui! J’avais oublié… Dois-je vraiment rentrer ? (Allez vers
nous et nous serons avec vous de multiples façons. Vous avez beaucoup à
faire. Allez les chercher, tigre !)
(Et une boule de pensée, comme vous dites, pour jouer avec.)
CLIC!
Le retour au physique fut presque instantané, mon visage et mes
yeux étaient humides. Je m’assis sur la chaise et me remémorai, les faits.
Je saisis le bloc jaune et le stylo, a in d’exprimer immédiatement cela au
moyen de mots. Je savais que j’avais changé. Je m’en souviendrai jusqu’à
la in de ma vie physique. Mais cela ne changera jamais:
Pour ceux qui meurent, il y a la vie.
Pour ceux qui rêvent, il y a la réalité.
Pour ceux qui espèrent, il y a la connaissance.
Pour ceux qui évoluent, il y a éternité.
10. UN NOUVEL AMI
TERMINOLOGIE SUCCINCTE

Sans réaction : Ne pas comprendre.


CLIC ! : Changement de conscience.
Se fermer: Diminuer ou couper.
Volute: Énergie organisée.
S’atténuer: Ne plus éprouver d’intérêt.
Tressaillir: Manifestation d’incertitude.
Identi icateur: Nom/adresse.
S’éclairer : Idée, Bonheur.
Son de la bande M : Pensée incontrôlée.
S’ouvrir : Être réceptif.
Percept : Vision, perception interne, intuition.
Acquiescer : Prendre les choses comme elles sont Rouler : Rire.
Rote : Boule de pensée
Visualiser la boule de pensée: Considérer les détails.
Se détendre/d’adoucir : S’y retrouver.
TSI “Illusion spatio-temporelle (Time-Space Illusion)” : Univers
physique.
Entrer en soi: Considérer.
Vibrer: Manifester son émotion.

Heure réelle: 3h5 du matin… Corps reposé, relaxé… sensation de


chaleur… léger signal persistant, familier… respiration assez bonne et
profonde, expirer, dételer, décrocher, descendre et sortir, puis monter…
libéré du physique, légère élévation, je roule hors du second corps, le
laisse sur une orbite de garage… maintenant, je suis complètement
libre… commence à me diriger vers l’identi icateur INSPEC… déphasé
par rapport au physique, bouger… routine… traverser rapidement les
anneaux denses du centre… il doit y avoir moyen de les réveiller tous en
même temps, ce serait quelque chose… pas même une bonne
simulation de l’enfer… si vous n’acceptez pas de n’être plus physique,
vous êtes mort, mort, mort et encore vivant., davantage déphasé, dans
l’anneau central qu’on a coutume d’appeler Locale II… quelle sous-
estimation, nom erroné… au moins, ils ont commencé de comprendre et
de se rappeler… formes sombres qui s’éclairent si vous vous concentrez
sur elles… c’est là que se trouvaient mon père, le Dr Gordon, Agnew…
toujours plus déphasé, en spirale, le dernier anneau extérieur presque
dépassé…
Quelqu’un m’a empoigné du calme, du sang-froid, cela ne peut
marcher, cela s’est déjà produit, mais pas aussi prés du bord. Inutile
d’interrompre et de revenir au physique… pas un geste, pas un
mouvement., cela me libère, me soulage… énergie très différente, mais
intelligente, oui, Bande M… Certainement pas…
(Je ne voulais pas vous pousser.) La forme était ouverte, vibrante.
(Votre identi icateur ressemble fort à un autre, mais j’ai vu que c’était
vous.)
Je me détendis. (C’est O.K.)
La forme fut déconcertée. (O.K. ?)
(Pas de problème.)
Il y avait encore le signal de ralliement. J’allais partir, lorsque le
signal s’interrompit brutalement.
Plus de signal. Cela se produisait rarement et, d’habitude, il y avait une
raison. Presque immédiatement, j’en eus l’image et me retournai vers la
forme. Elle était atténuée, fermée, et se retirait
(Eh ! Une minute !)
La forme s’ouvrit légèrement. (Vous êtes humain ou l’avez été ?)
Je me détendis. (Oui, pas vraiment comme vous…)
(Si vous êtes humain, vous ne pouvez rien, car vous êtes surajouté,
comme tous les autres.) La forme vibra lourdement. (Il faut une
intelligence supérieure à celle de tout humain ou de quiconque ayant été
humain. Ils sont contaminés.)
J’eus un sentiment de profonde solitude. (Faites- moi faire le test.)
Des lambeaux de pensées se détachaient peu à peu de le forme qui
tressaillait, entrouverte. Ils étaient tous différents. Je ne parvenais pas à
les assembler. Bizarre ! J’ai eu d’abord une réaction de prudence, puis je
me suis souvenu de ce que j’avais appris.
Je m’ouvris complètement (Faites-moi faire le test.)
La forme tressaillit, puis s’éclaira un peu. (Euh, j’ai cet ami, et… il y a
un problème. Ici…)
Une grosse boule de pensée sortit de la forme et roula vers moi. Je
la recueillis délicatement et, certes, avec précaution. Il y en a dont on se
passerait bien. Celle-ci avait un identi icateur inconnu. Lentement, je
l’ouvris.
CLIC !
Le guide s’assura que tous les membres de son groupe étaient
présents. C’était la dernière étape d’une grande excursion.
(Votre attention, s’il vous plaît ! Si vous êtes prêts, nous allons encore
une fois entrer en TSL Je suis certain que cette dernière visite vous
intéressera au plus haut point.)
L’entité AA eut l’air ennuyée. (Je crois que je ne vais pas me joindre à
vous.)
L’entité BB se tourna vers son ami. (Allez, AA, c’est la dernière fois et
après, nous prendrons le chemin du retour.)
(Un seule fois, une seule fois!) AA vibra. (La stupé iante et excitante
illusion spatio-temporelle! TSI ! L’éprouver personnellement! J’aurais pu
rester à la maison et ressentir la même chose. Quand on l’a vue une fois,
on l’a vue pour toujours.)
(Celle-là devrait être différente.) BB s’éclaira.
(C’est sûr, c’est sûr.)
(… Et je suis chargé de vous signaler un rayonnement extrêmement
dénaturé de la Bande M, poursuivit le Guide. Je suggère donc que vous
vous en protégiez.)
AA se tourna vers BB, à demi fermé. (Toujours la même
construction. Sans doute plus de rochers, plus de poussière et de
cratères.)
(… Par mesure de sécurité, tenez-vous à distance suf isante. Vous
en verrez largement assez. Est-ce que tout le monde est prêt ?)
(Alors, AA, tu viens ?) demanda inutilement BB, car il connaissait
fort bien son ami.
AA se tourna. (Ça va, c’est bon, tu en ferais toute une histoire si je ne
venais pas.)
CLIC !
La boule bleu-vert s’approcha à toute allure jusqu’à ce qu’elle
annihile toute autre perception. Ensuite, ils planèrent au-dessus de
grandes masses rectangulaires disposées en rangs ordonnés. Dans les
profonds sillons qui séparaient les masses, des objets de toutes sortes
bougeaient lentement. Le niveau sonore de la Bande M était presque
insupportable.
BB se déconcentra avec dégoût. (Quelle pagaille !)
Le guide entama le laïus qu’il avait minutieusement préparé. (Voici
l’un des principaux produits fabriqués par l’espèce dominante, l’homme
ou l’humain, comme nous vous l’avons indiqué au cours de la réunion
d’information. L’identi icateur local est New York.)
BB s’atténua. (Je ne vois rien de nouveau.)
(L’espèce humaine se caractérise par sa position plus souvent
verticale qu’horizontale, poursuivit le guide. Les couleurs que vous
percevez émanent d’un revêtement arti iciel purement décoratif. Les
grands mobiles sont, en fait, des corps physiques, souvent
temporairement habités par des entités de l’espèce dominante. Ils
utilisent la réaction chimique d’une force explosive pour parer aux
besoins d’énergie, nécessaires à leur fonctionnement.)
(Tu avais raison, AA, l’effort n’en vaut guère la peine et le son de la
Bande M ne me réussit pas.) BB sonda son ami. (Cela te prend aussi, hein
?) AA se concentra profondément sur l’activité qui se déroulait autour
d’eux. (Fascinant, absolument fascinant.)
BB se tourna prestement vers lui. (Quoi ?)
(Cette incroyable puissance. Je n’ai jamais rien ressenti de
semblable.)
(Quelle puissance ?)
(Ne la sens-tu donc pas? Il y a tant d’espèces, tellement différentes,
toutes pêle-mêle.)
(Où, de quoi parles-tu ?)
AA s’étira (Elles émanent d’eux. Les énergies de la Bande M, il y en a
des milliers, des énergies dures, des énergies douces… et la texture, la
texture !)
BB était déconcerté. (Est-ce que tu te sens bien ?)
AA s’ouvrit complètement (Je me sens bien. En fait, je me sens très
bien. Simplement, j’ignorais que quelque chose de semblable pouvait
exister.)
BB s’éclaira soudain. (C’est le son de la Bande M ! Tu as épongé trop
de…)
(Ce n’est pas le son. BB, intervint AA. Certainement pas le son. C’est
un mélange étonnant de résonances, de fréquences, de battements,
d’ondes ixes, de combinaisons imprévisibles.)
(C’est le son. C’est ainsi qu’on l’a appelé pendant la réunion
préparatoire. Tout le monde en fait de même. Le son de la bonne vieille
Bande M…)
AA se retourna vers lui-même. (Je me demande ce que c’est
réellement.)
(Qu’entends-tu par là ? On le trouve partout. Tous les groupes
primitifs l’ont. Le son de la Bande M est le son de la Bande M. Allez,
sortons d’ici, le groupe s’en va.)
AA était toujours retourné vers lui-même. (Y aller, se trouver là-
dedans, ce doit être spectaculaire.)
(je l’ignore et je ne veux pas le savoir), grogna BB.
(j’ai entendu dire qu’on pouvait le faire, BB.)
(Ce n’est qu’une rumeur, un ragot). BB vibra d’impatience.
(Allons, nous allons perdre le groupe si nous ne… Eh, oh ! Où vas-tu,
AA ?
CLIC!
AA pénétra dans la zone intermédiaire, suivi par
BB. Il s’arrêta devant une forme, grande et robuste, qui n’était pas
sans ressembler aux humains qu’il venait de voir.
(Comment devient-on humain ?)
(Identi icateur poste d’entrée), répondit curieusement la forme.
(Je le veux.) AA vibra. (C’est-à-dire, je veux être humain.)
La forme fut déconcertée. (Qu’est-ce que vous voulez ?)
(Je veux savoir ce que signi ie être humain, je veux savoir comment ils
vivent, en bas, insista AA. Je ne veux pas être un humain pour toujours,
mais juste le temps de m’en faire une idée.)
(Juste le temps de vous en faire une idée !) La forme se retourna vers
elle-même puis ressortit. (Pourquoi voulez-vous le faire ?)
(Eh bien, euh…) AA s’efforça de mettre de l’ordre dans ses idées.
(Nous étions en excursion TSI et au- dessus de l’identi icateur New-York,
soudain, j’ai… c’était très étrange, je voulais, euh, voulais…)
(Le son de la Bande M, intervint BB. Il a été saisi.)
La forme acquiesça. (Mmoui, le son de la Bande M. C’est ce qui se
passera si vous ne faites pas attention.)
(Je ne sais comment m’exprimer.) AA tressaillit, s’efforçant de
rassembler ses idées. (Il faut que j’essaye, c’est important, je crois.)
(Est-ce seulement pour le plaisir, une sensation forte, quelque chose
de nouveau ?) Suggéra la forme.
(Eh bien, oui.) AA s’éclaira. (Au moins, au début, Mais il y a plus que
cela, car je n’ai jamais éprouvé un intérêt aussi fort)
(D’où venez-vous ?) La forme se détendit.
(KT-95, lança BB. Je sais que d’ici, c’est un saut important mais nous
avons eu beaucoup d’informations relatives à l’espace-temps et la TSI.
Personne en KT-95 n’y est jamais allé, alors quand on nous a offert
l’excursion… en in, vous comprenez, ajouta-t-il, c’est parfois un peu
ennuyeux, alors, on fait ce que l’on peut pour rompre la monotonie.)
(Est-ce que je peux ?) demanda AA avec un brin d’anxiété.
(Les rumeurs font état d’histoires extravagantes, auxquelles la boule
de pensée « excursion » ne fait aucune référence of icielle, alors…)
La forme soupira. (Vous n’avez qu’à demander, simplement
demander.)
AA s’éclaira avec un éclat inhabituel. (C’est simplement fantastique.
Je vais certainement…)
(AA, arrête, arrête, intervint BB. Sais-tu vraiment ce que’il est en
train défaire? Je me souviens de quelques histoires extravagantes qui, sur
certains points, n’étaient pas si…)
(Je n’ai pas envie de rater cela pour KT-95 !) AA se retourna vers la
forme. (Je formule la demande. Alors que faut-t-il faire ?)
(Votre demande est enregistrée.) La forme se tourna et it un signe
du bras. (Allez dans cette direction, puis tournez droite. A droite, pas à
gauche.)
(Compris ! Par là, puis tourner à droite !)
(Pas à gauche.)
(A droite). AA se pencha vers BB. (Attends jusqu’à ce que je revienne,
vieille branche. Je t’en dirai des nouvelles!)
(Ouais, grogna BB avec aigreur. Le groupe d’excursion est déjà parti.
Il va falloir « sauter » tout le
long du chemin de retour. N’y reste pas une éternité.) AA s’éclaira
avec intensité et se fondit dans l’obscurité. BB s’agita, mal à l’aise.
(Vous pouvez attendre ici, si vous voulez), offrit la forme.
(Merci, volontiers.) BB était déconcerté. Il demanda négligemment:
(Qu’y a-t-il à gauche ?)
La forme répondit d’un air absent : (Ah, à gauche. C’est un autre
département. Il ne faut pas les confondre.)
(Ah, bon.) Puis, percevant la forme plus clairement (Eh, mais qui
êtes-vous ?)
(Identi icateur directeur d’entrée, ED “Entry Director”. Appelez-moi
Ed.)
(Ed.) BB s’ouvrit avec curiosité. (Êtes-vous déjà allé chez ces
humains?)
Ed resta silencieux un moment. (Oui, quelquefois.) BB traînait sans
but dans le poste. Le directeur d’entrée lottait immobile, retourné vers
lui-même et fermé.
BB osa. (Vous avez beaucoup de boulot ici?)
Ed s’ouvrit légèrement (Mmoui.) (Cela doit exiger beaucoup plus
d’organisation qu’il n’y parait, hein?)
(Mmoui.)
(Vous avez dû emmagasiner une boule de pensée plutôt forte.)
(Mmoui.)
BB s’étira sans trop de résultat. (La brume est une chose étrange.
Elle ramène votre perception à presque rien.)
(Mmoui.)
(C’est l’effet de la TSI, hein ?)
(Mmoui.)
BB pivota légèrement, puis it rapidement quelques spirales (Chez
nous, il y a un jeu qui consiste à en faire une centaine comme celle-là, les
unes après les autres. C’est chouette, hein?)
(Mmoui.)
(Mais il faut s’entraîner si l’on veut continuer à jouer).
(Mmoui.)
BB it encore quelques spirales plus serrées, puis se détendit. (Mon
ami reviendra au poste quand il en aura assez, n’est-ce pas ? Ici ?)
(Mmoui.)
(Bon, alors je ne peux pas le rater.)
(Mmoui.)
BB fut déconcerté. (Serait-ce possible ?)
Ed s’ouvrit tout d’un coup. (Quoi?)
(Mon ami doit bien revenir au poste, n ‘est-ce pas ?)
Ed se ferma. (Hé…)
(Je ne veux pas…)
Ed s’ouvrit et vibra lourdement (Votre ami n’est-il pas encore revenu
?)
(Non, pas encore. Mon image était…)
Ed lança: (J’aurais dû voir qu’il était de ce genre. Allez !)
BB vibra. (Qu’y a-t-il?)
Ed pâlit. (Eh bien, votre ami a un problème.)
Il tourna les talons et s’éloigna rapidement, BB le suivit en
tressaillant Ed tourna à droite et attendit que BB le rejoigne.
(Là. C’est notre grand département. Pas de boule de pensée. La
réalité. Prenez votre propre boule de pensée.)
BB fut déconcerté et tressaillit, grand ouvert. Il faisait face à la
planète bleu-gris, indistincte. Autour de la planète, un nombre
indéterminé d’anneaux, gigantesques et épais, mal démarqués les uns
des autres, entremêlaient leurs traînées et torsades de brume. Seul
l’anneau jouxtant la planète elle-même semblait isolé. A cette exception
près, les autres s’écoulaient rapidement par le portail du poste d’entrée.
Non, il y en avait encore un autre sur le bord extérieur. Il ne s’approcha
pas du poste. Très mince.
BB se concentra profondément Le son de la Bande était affreux,
mais beaucoup moins qu’il ne l’avait été, en bas, sur la planète elle-
même. De plus, comme il choisissait chaque bande, son image indiquait
quel bruit était plus intense sur les bandes proches de la planète. Le son
était d’autant plus faible que la planète était éloignée. Il était très faible
sur la bande la plus extérieure. Très faible, mais encore encore audible.
BB était toujours plus déconcerté. La Bande M ne décline pas avec la «
distance » ou la dimension. Même la boule de pensée relative à la
réunion précédant l’excursion TSI couvrait l’histoire entière. S’il n’y a
pas de Bande M, il n’y a pas de vie. Bande M avec son, encore primitif,
pas d’image, pas de communication digne d’intérêt. Bande M, pas de
son, un lieu à visiter et où l’on peut cueillir des boules de pensée, les
gens du coin savent où elles se trouvent et ce qu’elles sont
Communication facile, mais limitée, un lieu où rester. Rien. Pas de
baisse d’intensité, pas de mixage de son et de signaux M. Ce doit être un
effet de la zone intermédiaire.
BB se concentra fortement sur une bande centrale, tomba presque
sous le choc, se ferma rapidement et se retourna vers lui-même. La
bande était composée de formes, de formes vivantes! Il s’ouvrit
légèrement, se concentra sur chaque bande successivement Elles
étaient toutes identiques. Des milliers, non des millions, peut-être des
milliards de formes vivantes. BB se ferma, très déconcerté et fort
atténué.
Ed entra, gentil et triste. (Votre ami est là-bas)
BB s’ouvrit légèrement, encore atténué. (Quoi ?)
(Puisqu’il n’est pas revenu au poste, c’est la seule solution.)
BB fut à nouveau déconcerté. (Il est là-bas ?)
(Mmoui.)
(Qu’est-ce que c’est? Il n’y avait rien de ce genre pendant l’excursion
TSl, lorsque nous nous sommes arrêtés au-dessus…)
(Vous étiez totalement concentré sur la matière physique. Les
groupes d’excursionnistes traversent le plus vite possible la zone
intermédiaire, comme s’ils évitaient un cahot sur la route.)
BB était toujours déconcerté. (Route ? Cahot ?)
(C’est sans importance, ce sont des termes humains.)
(Mais toutes ces formes vivantes…)
(Ce sont des réincarnations.)
(Réincarnations ?)
(Ils veulent refaire une autre expérience humaine.)
BB se ferma hermétiquement. La boule de pensée approchait à une
vitesse presque incontrôlable. Il était incroyable que certains veuillent
refaire la route une deuxième fois. La première fois avait l’air
suf isamment déplaisante. Néanmoins, l’image était claire. Connaissant
AA, c’était évident II s’ouvrit. Le choc s’apaisa.
(Pouvons-nous le trouver parmi tous les autres ?)
Ed se détendit (Il y a des chances. La plupart des premières
incarnations qui prennent le chemin d’une réincarnation s’arrêtent en
général à la bande extérieure. Pouvez-vous l’apercevoir ? Je veux dire
pouvez-vous obtenir son image facilement ?)
BB s’éclaira. (AA ? Je possède plus de données sur lui que sur
quiconque en KT-95. Aucun problème.)
(Alors vous pourriez bien arriver à l’en sortir). Ed se retourna. (On
ferait mieux de monter à la porte de conversion.)
CLIC !
BB examina profondément cette multitude de formes animées qui
dé ilaient en dessous de lui. AA et ses coups de tête ! Lorsqu’il est pris
par quelque chose, il ne sait jamais quand il faut s’arrêter. Mais ces
milliers et milliers… Il s’adressa à Ed. (Ce doit être tout de même quelque
chose, s’ils sont si nombreux à vouloir refaire l’expérience.)
(Nous les prévenons et tout cela igure dans la boule de pensée
préparatoire.)
(Cela ne doit pas être bien clair.)
(Ici, voyez-vous même. Je vais rechercher votre ami.) Ed lança une
grosse boule à BB qui s’en saisit rapidement A Mi-chemin, c’était là : …
restez en possession de votre libre arbitre et de votre conscience au
point d’entrée. C’est garanti et c’est exigé par le système
d’apprentissage intensif… Un dernier avertissement: certains aspects
de l’expérience humaine sont de nature à engendrer des effets
spéci iques et généraux, qui peuvent se révéler néfastes. A moins d’être
contrôlés, ils provoquent une accoutumance aux conséquences
indésirables. Votre empreinte con irme votre compréhension de cette
section.
BB s’ouvrit (Tout cela n’est guère clair.)
Ed vibra (Nous ne pouvons aller plus loin sans risquer défausser le
processus d’apprentissage.)
(Quels aspects, quels effets ?)
(Cela fausserait le…)
(Allez, Ed, cela ne va pas me détraquer. Je n’ai pas l’intention d’être
un humain et je ne le deviendrai jamais.)
Ed s’atténua, puis se ferma. (Prenez votre propre boule de pensée.)
BB vibra. (D’accord.)
Tous deux demeurèrent entrouverts, se concentrant sur le torrent
de formes qui franchissaient le portail. Chacune était différente des
autres, mais possédait quelque trait humain, quoique faible. Chez
quelques-uns, l’image de BB trouva un rayonnement brillant et intense
qui le confondit et le mit mal à l’aise. Sa réaction à l’un d’eux le força à
s’ouvrir et à se détendre. (Ed, vous ne faites que votre boulot, mais moi,
ce qui me tracasse, c’est mon ami AA.)
Ed s’ouvrit. (Mmoui, j’en ai l’image. Le problème, c’est que les faits
comme celui-ci se produisent rarement et j’ai perdu la boule de pensée en
question.)
BB fut décontenancé. (C’est impossible. Ce cela n’arrive jamais.)
Ed désigna les bandes massives de formes vivantes. (Ils l’ont
perdue, tous autant qu’ils sont.)
(Perdre quelle boule ?)
(Qui ils étaient ! Ils ont oublié qui ils étaient.)
BB fut déconcerté et se ferma. Cela ne pouvait en aucun cas se
produire. C’était primordial pour l’existence même. Personne ne
pouvait être et faire, si vous… comment Ed a-t-il dit cela ? … oublier qui
l’on est. Cependant l’image d’Ed était claire.
(Maintenant, cet anneau extérieur, continua Ed. Ils sont constitués de
trois types. L’un est une première incarnation, comme votre ami. Il
commence à peine d’oublier. Puis il y a les anciennes incarnations qui,
pour la plupart, se souviennent avoir fait la route, euh… après avoir été
humains un certain nombre de fois. Ceux-ci traînent par-là et proposent
leur aide dans la mesure du possible. Leurs souvenirs sont trop vagues
pour leur permettre de rentrer.)
BB s’éclaira.
(Vous êtes une ancienne incarnation, Ed !)
(Mmoui. De toute manière, continuez de chercher votre ami. Je vais
visualiser le reste de la boule pour vous, point par point.)
BB s’ouvrit tout à fait, balayant du regard le lot des innombrables
formes vivantes. Trouver AA ne devrait guère poser de problèmes.
Comment Ed avait-il pu être désigné pour ce travail ? Pourquoi lui ?
(Je n’ai pas été désigné. Il y avait un trou là où il y avait,
normalement, un ED. J’ai sauté dedans.) Ed était doux et chaleureux.
(En in, il y a le troisième type, les énièmes incarnations. Ils se remettent
encore une fois en circulation, euh… dans une autre vie physique en tant
qu’humains, et ensuite c’est ini.)
BB se tourna. (Où vont-ils ?)
Ed roula. (Je ne sais pas. Chez eux, je suppose. Ils ne reviennent
jamais ici et, ah oui, il y a encore un autre type que nous appelons les
chercheurs. Nous n’en avons
pas beaucoup ils vous glissent entre les doigts comme des anguilles.
Ils vont et viennent.)
BB fut déconcerté. (Comme quoi ? Glissant ?)
(Aucune importance, ce sont encore des termes humains.)
(Donnez-moi une boule de pensée, juste pour voir.)
(Inutile. Ces chercheurs sont différents. Si j’ai bien compris, ils
viennent fureter ici et disposent encore d’un corps physique vivant là-
bas.)
(Je n ‘en ai pas eu l’image. Je croyais qu’ils revenaient tous une fois
leur corps physique désintégré, hors de fonction.)
(Je le croyais également jusqu’à ce que j’arrive ici et que je devienne
ED. Puis, j’ai pu les identi ier.)
BB s’éclaira intensément (Là, le voilà !)
Ed était doux et chaleureux. (Va le chercher, tigre !)
BB fut déconcerté. (Tigre ?)
(Vas-y !)
BB plongea promptement dans l’anneau épais et luide grouillant
de formes vibrantes. Le son de la Bande M n’était guère comme il se
l’était imaginé, mais d’une intensité presque tolérable. En se glissant
par les bords du rayonnement, il perçut rapidement que nombre
d’entre eux, si ce n’est la plupart, étaient dotés d’un signal d’une
intensité égale ou supérieure au sien, mais différent. Il ne s’agissait pas
que d’un son, mais d’autre chose. Rien de semblable en KT-95. D’autre
part, les formes étaient manifestement conscientes de son passage…
petits éclairs de curiosité se rétractant pour le laisser passer,
reconnaissance agréable. Rien à voir avec ce qu’il avait tout d’abord
imaginé.
Puis il se trouva avec AA (Des aventures, hein ?)
AA fut déconcerté, puis s’éclaira intensément (BB ! Qu’est-ce que tu
fais ici ?)
(Je suis venu te chercher, c’est tout !)
(Tu n’avais pas à le faire.)
(Ecoute, tu étais censé rentrer au poste. Que s’est-il passé ?)
AA tressaillit. (Vraiment ?)
(Oui, vraiment !)
AA tressaillit plus profondément (Je ne sais pas. Cela semblait, euh…
plus facile ainsi.)
BB s’adoucit (Comment était-ce ?)
AA s’éclaira. (Stupé iant ! Je ne sais comment l’exprimer.)
(Commence par le commencement.)
AA roula vivement et frappa BB avec une boule de pensée solide
avant qu’il ne puisse se fermer.
CLIC !
AA se trouva mêlé à une grande foule d’êtres de toutes sortes, de
formes, de tailles et de genres différents. La foule était si grande qu’il ne
savait pas où elle se terminait Personne ne ressemblait, même
approximativement, à aucune de ses connaissances revenues en KT-95.
Déçu, il s’atténua. Attendent-ils tous d’être humains?
(Oui, tous.)
Une forme courte, d’aspect humain, attira l’attention de AA. Elle se
pencha derrière lui.
(Quoi ?)
La forme vibra. (Identi icateur responsable des entrées régulières,
RED12… appelez-moi simplement Red.)
(Red ?)
(Ne pas confondre avec… pardon, erreur de département. Vous avez
dû entrer alors que j’étais occupé. Il me faut des données sur vous a in de
vous placer convenablement. Allez.)
AA s’ouvrit et lui donna la meilleure boule de pensée possible.
Red s’éclaira. (KT-95, hein ? O.K., c’est nouveau pour moi. Vous êtes le
premier de KT-95 depuis que je suis ici.)
(Je ne peux croire qu’il n’y en ait pas eu, répliqua AA. Que des boules
secondaires, ce qui ne signi ie pas grand- chose.)
(Vous êtes venu en excursion TSI et vous voudriez vous en faire une
idée, hein ? Le son de la Bande M vous est parvenu, n’est-ce pas ?)
(Ben, non.) AA tressaillit (Pas exactement, voyez- vous, je…)
(Aucune importance, coupa Red. Cela facilitera simplement votre
préparation, en fait de boule de pensée. Pour commencer, que préférez-
vous, mâle ou femelle ? Je ne peux rien vous garantir, nais le point
d’entrée dépend de votre choix.)
AA fut déconcerté.
- Red vibra. (Ah ! Vous ne connaissez pas la différence. Vous êtes tiré
d’affaire.)
AA fut encore plus déconcerté.
(C’est une expression humaine qui… peu importe. Je nr crois pas que
le choix, mâle ou femelle, change quelque chose à long terme, surtout
dans votre cas. Désirez-vous entrer en un lieu particulier ?)
AA hésita, puis se décida. (New York ?)
(C’est tout ? New York, rien que ça ?)
AA s’éclaira.
(New York, n’importe quel point d’entrée, n’importe quel sexe. AA, ça
ira vite pour vous. Bien sûr, ce serait immédiat si vous choisissiez Bombay,
Calcutta ou une douzaine d’autres lieux. C’est très animé, là-bas.)
AA perdit de son éclat et s’atténua. (New York. Au moins, j’ai une
boule de pensée sur New York. J’y suis allé.)
Red se retourna vers lui-même et se ferma. (Mmoui, c’est sûr, c’est
sûr.) Puis il s’éclaira vivement. (Prenez cette boule préparatoire et
concentrez-vous dessus tout le long du chemin. Vous devrez y imprimer
votre accord lorsque vous passerez par le point d’entrée. Prêt ?)
Red lança la boule et AA l’arrêta facilement. AA explora les bords
extérieurs, puis s’ouvrit. (Eh, c’est compliqué ! Vous dites que je dois me
débrouiller dans tout ce fatras ?)
Red était fermé. (Mmoui.)
(Pourquoi ne puis-je pas simplement m’y rendre et devenir humain ?
Pourquoi dois-je faire tout cela ?)
(Lorsque vous serez à Rome…)
(Je ne vais pas à Rome, je vais à New York.)
Red s’adoucit (Ah, euh… oui, oui, c’est partout la même chose. Ce sont
les règlements, iston, et ce n’est pas moi qui les fais. Maintenant, trouvez-
vous un coin pas mal et allez-y. Votre point général sera New York, tout à
fait en dehors du temps.)
AA fut déconcerté. (Tout à fait hors du temps ! Je pensais que le
temps était…)
(Contentez-vous de visualiser la boule de pensée, iston, ça suf ira.)
Red se déconcentra et disparut
AA se pencha en arrière et it s’ouvrir la boule.
Accord et compréhension.
Séjours humains seulement.
Statut de Première Entrée (FES) “First Entry Status”.
• Organisé comme une école d’apprentissage intensif. Ceux qui
réussissent entrent dans la catégorie tangente.
• Pour la durée du séjour humain, la garantie que l’espace-temps existe
recouvre une réalité. Réalité d’un point d’entrée particulier et de ses
environs (matière, planète Terre, système solaire, galaxie, univers
physique), date indiquée au point l’entrée, forme physique animée
identique à celle des autres, faits passés enregistrés en tant qu’histoire
humaine, biostructures complètes.
• A in que le système éducatif fonctionne avec un maximum d’ef icacité,
l’effacement provisoire de l’activité antérieure est nécessaire à l’entrée.
L’accord d’effectuer cet effacement est stipulé par la présente.
• Nonobstant toute contradiction aux dispositions ci- dessus, tout FES
est établi selon la libre volonté et conscience au point d’entrée. Cela est
garanti et exigé par le système d’apprentissage intensif en vigueur.
• Dernier avertissement certains aspects de l’expérience humaine
peuvent engendrer des effets spéci iques et généraux susceptibles
d’être néfastes et…

AA libéra la boule. Tactiques dissuasives, nécessaires pour endiguer


le lot de candidatures.
Bon, ça ne marchera pas, cette fois. On ne se débarrasse pas du vieux
AA si facilement.

Il se concentra à nouveau sur une forme toute proche : (Comment


ça va ?)
La forme s’ouvrit et se referma. (A qui ai-je l’honneur ?)
(Identi icateur AA de KT-95.) AA s’avança, puis recula promptement
(D’où venez-vous ?)
(Vous ne voulez pas savoir.)
(Si, je le veux. Si je comprends bien, c’est la première fois pour vous
aussi. Comment, en in, qu’est-ce qui vous a poussé à essayer ?)
La forme s’atténua. (Je n’ai pas essayé.)
A fut déconcerté. (Bien sûr que vous avez essayé.)
(Vous ne comprenez pas.) La forme roula une boule à AA qui la
ramassa avec précaution.
La première couche suf isait Attribué à HSTI-FES pour recyclage, ne
revenez pas avant de vous être amélioré. Les détails igurent dans… La
boule devint si chaude pouvait plus la tenir. AA la renvoya dare-dare à
la forme qui la reprit à contrecœur. AA se déconcentra et s’éloigna.
(C’est un grand événement !) Une forme, grande et mince émergea
de la brume.
AA s’ouvrit timidement (Oui, c’est vrai.)
(Après toutes ces préparations, je vais en in le faire !)
AA s’étonna. (Faire quoi ?)
(Faire mon expérience.) La forme s’éclaira intensément (J’ai étudié
le système humain sous tous ses aspects, ce qui a été un effort
considérable. Je ne peux tester que l’état de conscience. Voilà qui pourrait
tout changer !)
(Vraiment !) AA se concentra davantage. (Qu’est-ce que ça fait ?)
La forme se ferma. (Désolé, si vous aviez une boule, cela pourrait
gâcher l’expérience, peut-être nous reverrons-nous en tant qu’humains.
Alors, à la revoyure, sur terre !)
La forme s’estompa et, tout en s’éloignant, AA prit conscience d’une
minuscule forme pelotonnée à ses côtés. Il se concentra. (Salut.)
La petite forme était tout ouverte. (Salut.)
(Vous allez faire le grand saut, hein?)
(Oui… Je l’espère.)
AA se troubla. (Vous l’espérez! N’en êtes-vous pas sûr ?)
La petite forme vibra. (C’est-à-dire, tout s’est fait si vite, été si
surpris. Je ne suis pas encore revenu de ma surprise. J’ai tellement essayé
que cela va en in se produire.)
(Voulez-vous dire qu’ils ne vous ont pas accepté, que, jusqu’à présent,
ils ne vous ont pas laissé entrer ?)
(Non. Je voulais, mais ce n’est jamais arrivé… jusqu’à aujourd’hui.)
AA s’ouvrit davantage. (Je croyais que n’importe qui pouvait s’y
rendre et y être admis s’il y avait des points d’entrée disponibles.)
(Oh, non, il faut répondre à certaines conditions.)
AA demanda : (Identi icateur ?)
La forme tressaillit (Quoi ?)
(Identi icateur.)
(J’ignore de quoi vous parlez.)
AA fut déconcerté, puis se concentra doucement (Donnez-moi des
détails, j’essayerai de vous aider. Je comprends votre excitation après
toute cette attente)
La forme tressaillit davantage. (Qu’est-ce qu’une boule de pensée ?)
(C’est une information en vous qui…) AA s’interrompit, puis reprit.
(D’où venez-vous ?)
La forme s’éclaira (De là-bas. C’était facile.)
AA suivit la concentration. (La planète où sont les humains?)
(Oui, oui.)
AA vibra. (Alors pour vous, ce n’est pas la première fois. Vous avez été
un humain? Ce doit être un peu confondant !)
(Non, ce n’est pas le cas.) La forme prit de l’éclat (Je n’ai jamais été
un humain, mais j’ai longtemps étudié les humains. J’ai vécu avec eux. Ils
m’ont nourri et aimé… et maintenant je…je vais devenir un humain. Ils me
disent que je l’ai mérité, je veux dire appris. Je serai un bon humain, j’en
suis sûr !)
AA l’encouragea chaleureusement et s’éloigna, puis se déconcentra.
Il se retourna profondément vers lui- même en quête de quelque boule
de pensée obscure qui lui fournirait une explication. Rien.
La brume formait des amas, grands et petits. Chacun comportait
des traînées torsadées de boules, qui transperçaient AA lorsqu’il
traversait ces amas. En KT-95, c’était d’habitude le signe d’une
discipline défaillante ou, au moins, de valves non étanches. Ici, ce n’était
guère important et la foule ne semblait pas s’atténuer, au contraire. AA
pensa que cette zone intermédiaire était trompeuse. Elle a tendance à
déformer. Des centaines, pis, des milliers de boules serrées dans le
poste d’entrée. Et ce petit-là, tout confus. Je n’avais aucune donnée,
ignorais même d’où elle venait vraiment.
Elle ? Qu’est-ce qu’elle est?
Soudain, une spirale particulièrement grande émergea d’un amas
et agrippa AA intérieurement (J’ai besoin de votre aide, j’ai besoin de
vous !)
AA se dégagea juste à temps pour ne pas tomber dans l’amas qui
s’ouvrait (Que se passe-t-il ?)
La forme écarta les restes de brume. (Que comptez- vous faire, une
fois entré ?)
AA s’ouvrit légèrement (Pourquoi, euh… faire l’expérience de la vie
humaine.)
La forme vibra. (C’est tout ?)
AA roula. (C’est suf isant, me semble-t-il.)
(Savez-vous où ils vont, eux, là-bas ?)
(Euh, je…)
(Souffrances inouïes. Des millions et des millions d’entre eux qui se
mentent et se trahissent mutuellement, violant toutes les lois possibles,
y compris celles qu’ils ont imaginées, illusion sur illusion, creusant
toujours plus profondément… C’est horrible.)
AA commença de se fermer. (Je suis sûr que ce n’est pas aussi
moche que vous…)
La forme vibra plus pesamment (C’est encore pis. Je les ai étudiés et
observés pendant des siècles. Pis !)
AA fut déconcerté. (Des siècles ?)
(Maintenant, ils entrent en crise et il faut que quelqu’un fasse
quelque chose. Comme personne n’agit, moi, je vais agir.)
AA se détendit (Faire quoi ?)
(Je vais y aller et tout changer, et j’ai besoin de votre aide. J’ai
besoin de vous et de tous ceux que je pourrai trouver. Voici ce que nous
allons faire.)
La forme lança une lourde boule de pensée à AA qui l’attrapa avec
dif iculté. Les premières couches le choquèrent et le frappèrent de
stupeur. Comment la boule pouvait-elle être si embrouillée et distordue
? Il se retourna vers lui-même et se ferma. Comment se dégager avec
élégance ? La solution se présenta facilement
Il renvoya la boule à la forme qui vibrait pesamment. (Désolé, je ne
peux pas vous aider. Ce serait bien volontiers, mais je ne le peux vraiment
pas.)
La forme vibra. (Vous ne le pouvez pas! Et pourquoi donc ?)
AA se détendit davantage. (Avez-vous réussi votre préparation ?)
(Oui, bien sûr.)
(La Partie concernant l’effacement de toutes les boules antérieures ?
S’il en est ainsi, je n’aurai aucun moyen de vous rencontrer, malgré ce qui
s’est passé ici.)
La forme s’atténua et se ferma. La brume l’enveloppa à nouveau. AA
se déconcentra et poursuivit sa route parmi les amas. Il it davantage
attention et évita toutes les grandes spirales suintantes. Il en traversa
d’autres, ramassant des fragments d’événements, des exemples, des
états de conscience complètement inconsistants par rapport à ceux de
T-95.
Soudain, un signal perçant se it sentir. (Identi icateur AA !
Identi icateur AA ! Portail d’entrée paré pour vous!)
AA pivota prestement, se concentra sur le signal, s’y ralliant à
travers la brume et les amas. Une grande fente verticale apparaissait
dans le brouillard, vibrant avec une énergie que AA n’avait jamais
perçue auparavant. Red et Ed attendaient à côté de la fente.
Red vibra. (Tout est prêt, identi icateur AA.)
AA tressaillit. (Que dois-je faire ?)
Ed se pencha. (Inscrivez ici les termes d’acceptation contenus dans
le document préparatoire.)
Deux spirales rigoureusement contrôlées émanèrent d’Ed. AA lança
sa propre spirale entre celles d’Ed, puis activa. Ed retira les spirales et
se pencha en arrière.
AA vibra très fort (Que dois-je faire maintenant ?)
Red lança fort et haut : (Sautez ! Sautez par la fente !)
AA sauta.

CLIC!
Contraction intense, étouffante… entrée d’un signal débordant de
types inconnus… venant de parties de lui dont il ignorait l’existence…
piégé, ne peut pas sortir d’ici… rien ne va… ne peut rien faire pour que
ça aille… ce n’est pas ce que j’attendais… ça fait mal… qu’est-ce qui fait
mal ?… attendre quoi, qui?… arrêtez les signaux, arrêtez-les, ils me
déchirent., il y en a trop, trop forts… à l’aide, au secours !… piégé… je
vous en supplie, je vous en supplie, y a-t-il quelqu’un pour m’aider, pour
me sortir de là… c’est la in de AA, hurlant, hurlant…
Un nouveau-né crie à pleine gorge dans la chambre à coucher d’un
logement new-yorkais. La mère et la sage-femme sourient de bonheur,
leurs visages dégoulinent de transpiration.
CLIC !
BB tressaillit (C’est tout ?)
AA s’éclaira. (Ce n’est qu’un début.)
BB se retourna vers lui-même. (Un début. Tu n’étais guère heureux.)
(Oh, après le peu que j’ai appris ! Mais ai-je appris ? Il y en a trop je
ne peux tout prendre dans une boule… qu’est-ce qui ne va pas ?)
(J’ai une idée étrange.)
AA fut déconcerté. (D’où vient-elle ?)
BB se détendit (Aucune importance. Rentrons. Nous devrons faire
quatre sauts pour revenir seuls en KT-95. Alors…)
(Rentrer ! Je ne peux pas rentrer maintenant.) AA vibra
promptement
(Mais si, tu peux.)
(Non !)
(Allez, AA…)
(Je n’ai eu que quarante-cinq années. Je suis tombé malade. Je n’ai
pas terminé !)
BB s’adoucit (Qu’importe ce que représentent quarante-cinq années,
c’est suf isant. Allez, viens.)
(Je ne peux pas.) AA tressaillit violemment (Je n’ai fait l’expérience
qu’à motié !)
BB fut déconcerté. (A moitié)
(La dernière fois, j’étais un mâle. Maintenant, Je veux être une femelle
!)
BB fut tout à fait déconcerté. (Mâle ? Femelle ?)
(Exact, vieille branche, et ils sont aussi différents que, que… c’est ce
que je vais découvrir maintenant).
BB se durcit. (Tu as des ennuis.)
(Ennuis ? Quels ennuis ?)
(As-tu reçu la boule préparatoire ?)
AA tressaillit. (Bien sûr, je l’ai reçue.)
(Alors tu sais ce qui se passe.)

AA fut déconcerté. (Non. De quoi s’agit-il ?)


BB se détendit (AA, tu es en train de t’accrocher, tu…)
L’immense portail apparut, avec une myriade de vibrations. AA
était en train de disparaître avec les autres par le portail massif.
BB vibra aussi fort qu’il put. (AA, non… attends !)
AA se fondit dans une onde étrange. BB s’atténua et se ferma, puis
s’éloigna du courant.
(Désolé, iston, prononça Ed avec douceur. Je pensais bien que vous
n’auriez guère de chance, mais je devais vous laisser essayer.)
BB s’atténua. (Que va-t-il se passer maintenant ?)
(S’il/elle suit la voie tracée, il/elle s’impliquera de plus en plus
profondément dans l’expérience humaine, descendant d’un anneau
chaque fois jusqu’à ce qu’il/elle atteigne le fond).
BB tressaillit, toujours atténué. (Et ensuite ?)
Ed s’ouvrit tout à fait et dit avec précaution : (Ils restent au fond et
n’en reviennent pas, ou bien ils commencent à préparer leur retour, mais
la plupart d’entre eux restent au fond.)
BB s’atténua.
(Rentrez, iston, retournez en KT-95.)
BB, toujours atténué, se ferma complètement
Il sortit lentement du poste, tressaillant légèrement. La brume avait
diminué. Les signaux sur son chemin n’avaient pas son identi icateur et
donc ne l’attiraient ni ne le pénétraient; ils restaient ignorés.
Puis une image faible pénétra. BB s’ouvrit d’un coup. Une forme
passait devant lui. Il vibra, étiré.
(AA ! En in, ça y est ! Tu t’es échappé. Comment…)
La forme s’arrêta immobile. BB s’éloigna
rapidement Ce n’était pas AA.
CLIC !
BB s’ouvrit complète ment. (J’ai confondu mes identi icateurs. C’est
pourquoi je vous ai accroché.) Je repliai la boule lentement (Vous avez un
problème, bon.)
Puis il y eut un puissant appel de retour au physique.
J’avais un problème, moi aussi. J’avais eu l’image de BB dans une
totale obscurité et m’étais sans doute éloigné presque instantanément
J’ai gagné le second corps, puis réintégré le corps physique. J’inspirai
profondément et cherchai le problème.
Le chien aboyait à nouveau pour sortir.
11. MISSION DE SAUVETAGE

Heure: 3 h 55 du matin… parfaitement éveillé, conditions


habituelles, mais identi ication inaccoutumée du signal de ralliement
INSPEC dans cette conscience… puis sortie normale… l’appel était
puissant., je suis monté et sorti, j’ai franchi des anneaux, je suis passé
par la zone intermédiaire, puis je me suis arrêté. Ou plutôt, j’ai été
stoppé. Sensation de fatigue, je n’en avais pas conscience auparavant Le
signal de ralliement a cessé. J’y étais. ILS y étaient aussi. Forte sensation
de chaleur amicale, de camaraderie et plus encore.
(Monsier Monroe.)
Dans ces cas-là, je ne savais jamais si c’était sérieux ou si c’était
pour jouer, si tant est que je pouvais faire la différence, ou autre chose
encore. C’était autre chose.
(Des recti ications et des rééquilibrages sont nécessaires.)
Je m’ouvris complètement.
CLIC !
Un énorme chien blanc, trois fois plus gros que notre Bateau à
vapeur adoré (quel nom pour un si mignon Petit chien !), a refermé ses
puissantes mâchoires sur le cou de Bateau à vapeur et le secoue d’avant
en arrière par saccades rapides. Le corps de Bateau à vapeur se balance
déjà mollement.
(Non, non !) Je ne peux accepter cela. Est-ce bien
Bateau à vapeur ? C’est bien lui. Il est mort, Bateau à vapeur est
mort ! Je vais tuer ce salaud. Jamais plus il ne…
CLIC !
RESET.
Un énorme chien, trois fois plus gros que Bateau à vapeur, a
refermé ses puissantes mâchoires sur le cou de notre petit chien et le
secoue de gauche à droite. Bateau à vapeur se balance, inerte.
(Bateau à vapeur est mort ! Mort ! Quelle tragédie ! Il va me
manquer, il va me manquer. Va-t’en, gros chien, que je puisse au moins
ramasser ce qui reste de…)
CLIC
RESET.
Un chien blanc, bien plus grand que Bateau à vapeur, l’a saisi par le
cou et le secoue d’avant en arrière. Bateau à vapeur pend inerte, les
yeux clos.
(O.K. petit camarade, c’est ainsi. Merci d’être resté avec moi aussi
longtemps. On s’est bien amusés, tous les deux. Je n’oublierai jamais tout
ce que tu m’as apporté…)
Toujours entre les mâchoires du grand chien blanc, Bateau à
vapeur relève légèrement la tête, ouvre un œil, bat de la paupière et
esquisse une grimace souriante à mon endroit.
CLIC !
J’étais calme et détendu. Ma fatigue s’était dissipée. Mieux, j’avais
recouvré toute mon énergie. (Merci.)
(Content de rendre service.)
Je roulai. (Les chiens vont aboyer.)

(Bien, allez retrouver votre ami de l’autre système. Il est perdu et


aura besoin de votre aide.)
Je tressaillis. (Je ne suis pas sûr de pouvoir l’aider.)
(Nous serons avec vous. Il est important que vous l’aidiez.)
Je fus déconcerté. (Important ?)
(Important pour vous. Nous avons interrompu le signal a in que vous
puissiez le percevoir. Et comme on dit chez vous, qui vivra verra.)
Je me détendis. (Dois-je lui faire prendre conscience de vous ?)
(Pas encore. Prenez ce… comment dites-vous, cette boule de pensée
avec vous. Peut-être pourrait-il s’en servir. On l’appelle le BHP-1.)
Je m’ouvris complètement (Bien sûr.)
La boule vint à moi et je l’a mis à l’écart Je me tournai et me
concentrai sur l’identi icateur BB KT-95. Il eut du mouvement puis il fut
là, encore dans la brume et vacillant.
BB vibra. (Que vous est-il arrivé ? Vous vous êtes effacé, vous êtes
réapparu. Quelqu’un aurait-il fait un saut sur vous ?)
Je fus déconcerté. (Faire un saut ? Qu’est-ce ça veut dire ?)
(Bien, quand on veut aller d’une structure à l’autre, on, euh… vous
savez, on fait un saut. Si quelqu’un était complètement ouvert et que vous
y entriez, vous pourriez lui faire faire un saut et il se retrouverait ailleurs
avant d’avoir saisi la moindre image.)
Je tressaillis. (Pourquoi voudriez-vous faire cela ?)
BB roula. (C’est un jeu, c’est pour rire !)
Je roulai avec lui. (Vous êtes ouvert maintenant.)
(Alors, quelqu’un a fait un saut sur vous !)
Je me détendis. (Non, pas exactement.)
(Même un saut laisse des traces. Je n’ai jamais rencontré personne
capable de faire ce que vous venez défaire. De quoi s’agit-il ?)
Je tressaillis. (Oui, euh… il fallait que j’aille m’occuper de quelque
chose.}
BB fut déconcerté. (Vous occupez de quoi ?)
Je me calmai. (De mon corps.)
(Quel corps ?)
Je roulai. (Mon corps physique, bien sûr. Mon corps humain. J’en ai
encore un et il est parfaitement vivant.)
BB se ferma hermétiquement puis, puis s’ouvrit lentement
(Comment, en in, pourquoi, euh… qu’est-ce que…)
(Je l’ignore. C’est tout simplement arrivé. J’essaye d’en trouver la
raison.)
BB se retourna vers lui-même, puis s’ouvrit (Vous êtes l’une de ces
anguilles glissantes !)
Je fus déconcerté. Une partie de la boule de pensée d’Ed émergea.
Je roulai fortement (Je pense que cette image en vaut une autre.)
BB roula, puis se durcit. (Qu’en est-il de AA ? Puis-je encore faire quoi
que ce soit ?)
(Nous allons essayer. Il vous faudrait une meilleure image de ce qui
est en train de se passer.)
BB se retourna vers lui-même. (Je ne veux pas de véritable boule de
pensée sur ce point. Je refuse catégoriquement d’être surajouté.)
Je me détendis. (Vous ne risquez rien avec cette boule. En fait, ce sera
le début d’un processus d’inoculation.)
BB pâlit. (Inoculation…)
(Vous pouvez mieux vous fermer. Je vais la pousser lentement.
Attrapez-en le bord. Si vous ne l’aimez pas, ne la prenez pas.)
BB s’ouvrit lentement. Je me déchargeai sur lui de la boule BHB-1
qu’ILS m’avaient donnée et il tournoya lentement lorsqu’il la toucha
avec précaution. Pendant un long moment, il y eut un vide, pas un
mouvement, pas une réaction. Puis il y eut un claquement et la boule
entière glissa en lui.
BB se tourna vers lui-même et se ferma. J’attendis patiemment
Nous dérivions lentement vers une brume moins épaisse. A ce point, je
n’avais que deux identi icateurs. J’allais revenir, soit là où ILS se
trouvaient, soit au physique.
Je n’avais aucune donnée sur AA et rien que des fragments de boule
sur BB, ce qui était insuf isant Cela devait venir de BB. Je ne pouvais
trouver AA à sa place.
BB se retourna vers lui-même et s’ouvrit (Tout est nouveau pour
moi. Véritable boule de pensée, hein?)
(Mmoui.)
(Et AA est allé se fourrer là-dedans ?)
(Mmoui.)
BB fut déconcerté. (Ce n’est pas votre boule de pensée. Où l’avez-vous
trouvée ?)
Je me calmai. (Des amis. L’essentiel de la boule de pensée était
nouveau pour moi aussi. De moins, je n’ai jamais eu d’image comme celle-
là.)
BB se durcit (Bon, maintenant, j’ai reçu une donnée sur ce qui se
déroule. Un peu compliqué, mais dès que AA aura une image de cette
qualité, il sautera d’un coup hors de ce bazar.)
Je tremblai. (Euh…, c’est un peu plus que cela, voyez-vous.)
(Que fait-on ensuite ?)
(On attrapera votre ami dès qu’il ressortira, si du moins vous pouvez
le trouver.)
BB s’adoucit. (Je pourrais trouver AA dans un trou noir. Vous venez ?)
BB savait que je le suivrais et il avait raison. Il plongea dans la
brume et je restai sur ses talons, me dirigeant d’après son
identi icateur. Nous îmes un tour complet de l’anneau sur lequel il avait
trouvé AA auparavant. Rien. J’étais absolument sûr que cela se passerait
ainsi, qu’il y aurait de mauvaises nouvelles. Mauvaises nouvelles pour
BB. Il était toujours possible que, si AA se trouvait sur l’anneau
extérieur, BB puisse le convaincre de partir. Mauvaises nouvelles pour
AA ? Personne ne pouvait en concevoir l’image et, à ce point, AA lui-
même ne le pouvait non plus.
Lors de mes escales sur l’anneau extérieur, j’avais toujours trouvé
ce mélange absolument fascinant Les Dernières Incarnations, c’est-à-
dire ceux qui, en connaissance de cause, étaient sur le point le faire leur
recyclage inal, me fascinaient particulièrement. Ils dégageaient un
rayonnement inoubliable, une puissance vitale formidable qui semblait
totalement maîtrisée. Toutes les valeurs et tous les idéaux des humains
résidaient dans cette puissance hors contexte spatio-temporel et hors
des systèmes de contrôle extérieurs exigeant une mise en oeuvre
spéci ique. Il s’agissait de quelque chose de tout à fait particulier, appris
grâce au fait d’être humain. L’essentiel est que tout soit sous contrôle
dans cet ensemble qui coopère et s’entremêle. Ils étaient complètement
ouverts. Il était facile d’avoir une vue d’ensemble de l’expérience
humaine, qui exprimait tant de grandeur. Je m’y suis essayé une fois,
mais c’était trop. J’ai réintégré le corps physique et, les jours suivants, je
l’ai regretté. La solution était que, en raison de le leur expérience de
l’humanité, ils avaient beaucoup changé depuis leur première entrée.
Mais maintenant, c’était différent Leur rayonnement m’était
familier et je me demandais pourquoi. La dernière fois ou l’une des
dernières fois, manifestement, ils ferment tout Mais une partie de la
vitalité iltre, car la fermeture ne peut être absolue. Cependant, ils ne
choisissent pas de rôle historique pour ce dernier parcours, peut-être
parce qu’ils en ont déjà tenu un. Ils sont simplement facteur, exploitant
agricole, marin ou comptable, éparpillés çà et là dans le temps et
l’espace.
Si vous leur demandez où ils se rendent lorsqu’ils ont terminé, la
plupart répondent, attendris : chez moi. L’image se révèle ainsi, mais il y
une nuance, un parfum qui n’est que légèrement familier.
Oui, BB, cette donnée brute cache beaucoup. Vous payez le prix et,
d’une manière ou d’une autre, vous en recevez pour votre argent
Comment expliquez-vous à un poisson ce qu’est la terre ferme ? Vous
n’essayez pas !
(Hé, je croyais que vous étiez avec moi), lança BB.
Je m’ouvris. (Je suis là, je suis là.)
(Il n’est pas dans cette foule. Alors quoi ?)
Je me détendis. (Un cercle plus bas.)
BB et moi nous sommes enfoncés à toute allure dans ta brume
basse qui était d’une texture différente. Vraiment, à ce point, il était
dif icile de distinguer où
un anneau commençait et où l’autre se terminait Une partie des
lieux m’était familière pour y avoir fréquenté une classe pendant un
certain temps.
Je n’étais pas suf isamment fermé. (Quel genre de classe ?) coupa
BB.
(La classe où l’on apprend à aider ceux qui occupent encore un corps
physique.)
BB roula. (AA ne pourrait y être. On ne peut rien lui apprendre !)
Je me retournai vers moi-même. (Si c’est vous qui le dites…)
BB sortit et descendit comme une lèche. Je le suivis… Toujours
dans la brume, nous avons pénétré des zones dégagées. Des maisons,
des plantes par champs entiers, des bois, des forêts, de grands
immeubles, des rangées d’églises à l’in ini. Des formes humanoïdes
accomplissaient activement des tâches de type terrestre.
BB trembla. (La brume est sûrement épaisse. Que font-ils donc ?)
Je me détendis. (Ils font ce qui leur plaît.)
(Est-ce qu’ils se limitent à tourner en rond ainsi ?)
(Certains bricolent dans leur maison, d’autres travaillent, voyons…
d’autres font une partie de golf. Tiens, dans cet immeuble, là-bas, il y a
une partie de poker…)
BB m’interrompit (Quel immeuble? Je n’en ai aucune image !)
Je tressaillis. (Vous ne voyez aucun immeuble ?)
(Non.)
(Pas de maisons, de rues, d’arbres, de champs…)
(Rien que des formes de type humain qui vont et viennent, beaucoup
de brouillard.)
Je fus déconcerté et me retournai vers moi-même. Toutes ces
constructions n’étaient pas de matière physique. De toute façon, BB
aurait dû en percevoir l’image. Les temporaires savaient qu’ils étaient
immatériels. Ils ont construit tout cela a in de méditer et de se préparer
à leur prochain cycle humain dans un environnement familier, fait de…
Je m’éclairai. BB n’avait aucune donnée sur ce point, donc il ne pouvait
en extraire une image. Seuls les humains le pouvaient.
Je me détendis. (Je ne pense pas que votre ami soit là. Continuons)
BB tressaillit. (En bas?)
(Oui.)
Je me retournai, is un superbe demi-tonneau et plongeai dans la
bordure du brouillard. On aurait pu passer des milliers d’années dans
les anneaux sans pouvoir en explorer tous les recoins. Certaines parties
sont magni iques, d’autres le sont moins! Je me suis laissé dire que tout
ce à quoi l’on pense igure dans ces anneaux. Donc, plus l’homme pense,
plus il y a de pensées dans les anneaux. On m’a également dit que
certains humains passent des milliers d’années ici, entrant et sortant de
la vie physique sur terre. Cela pourrait être intéressant, préparé et
plani ié judicieusement Mais la plupart d’entre eux…
(Je l’ai, je l’ai !) BB m’envoya presque dans le décor, tant il vibrait.
(Où ?)
BB se dépêchait déjà et je le suivis de près. Curieux de rencontrer
en in ce fameux AA…Soudain BB s’arrêta si brutalement que je faillis le
tamponner.
BB tressaillit (C’est bien AA, mais … quelque chose ne va pas.)
Je m’efforçai d’obtenir une image de sa pensée. Il y avait une forme,
petite, une faible base d’énergie, femelle, vieille femme, non, pas si
vieille, seulement…
BB vibra et entra. (AA, hé, vielle branche, c’est moi !)
La forme tressaillit, à demi ouverte. (Fichez-moi la paix.)
BB vibra. (C’est moi, BB !)
La forme s’ouvrit davantage. (Quoi ?)
BB s’avança. (BB, c’est moi, je suis venu te chercher, vieille branche !)
La forme s’ouvrit davantage. (BB, d’où viens-tu ?)
BB se détendit. (Aucune importance, mais je vais te ramener.)
AA tressaillit. (Me ramener ? A le ramener où ?)
(Là d’où tu viens.)
AA vibra. (Là d’où je viens? Je suis d’ici. Je te le dis, BB, je ne serai
jamais plus une femelle! Je devais sarcler dans les champs toute la
journée, me réveiller dans cette hutte de pierre, sombre et froide, je devais
faire le feu, moudre le grain, nourrir les enfants. Après, il se levait, je
devais lui préparer à manger. Le percepteur est venu et m’a pris trois
cochons, les trois meilleurs. Ce n’est pas tout, mon plus jeune enfant est
mort et j’ai dû l’enterrer à côté des huit autres, mais six sur quatorze sont
encore en vie. Ensuite, j’ai attrapé la peste. Et lui, il traînait çà et là, allait
à la chasse ou me battait. Avec ses copains, ils rentraient complètement
ivres et me prenaient, tous autant qu’ils étaient. Cette peste, c’était la
providence. Elle m’a sauvée de tout cela!)
BB était complètement déconcerté et tremblait Je m’avançais,
lorsque soudain une barrière se dressa, comme une force qui me
repoussait. J’essayais encore, mais ne pouvais m’approcher de AA. Je
n’avais jamais rien ressenti de semblable. Finalement, je me tins à
distance
BB s’ouvrit avec précaution. (Écoute, AA, je suis venu t’aider…)
(Je n’ai nullement besoin d’aide, coupa AA. Je sais ce que j’ai à faire. Je
vais y revenir et, cette fois, je serai un guerrier, un homme puissant, et je
sévirai d’un bout à Vaut de l’Angleterre.)
(AA !) BB vibra fortement
AA fut déconcerté et tressaillit. (Quoi ? C’est toi, BB. Qu’est-ce que tu
veux ?)
BB dit posément : (Rentrons à la maison.)
AA tressaillit (A la maison ?)
(Oui, en KT-95. Qu’en dis-tu ?)
AA tressaillit encore. (KT-95 ?KT-95. Ouais… ouais! Qu’est-ce que
c’est, BB ?)
BB se it plus doux. (Nous devons partir et rentrer. Nous devons
retrouver nos vieux amis et tous les copains, leur donner quelques
nouveaux jeux, leur donner la grosse boule de pensée que tu as là. Allons-
y.)
AA tressaillit. (BB, tu pourrais seulement… tu pourrais seulement…
Non ! Je ne peux pas, je n’ai pas terminé ici! Je vais devenir un grand
guerrier. Alors, je pourrai tuer des hommes, tuer, tuer, aller et venir en
toute liberté. Cette fois, les femmes me serviront, j’irai chasser, je me
saoulerai tant que je voudrai, plus de bébé à porter…)
BB voulut s’approcher de lui, mais il s’évanouit soudain dans le
brouillard, BB se mit à le suivre, mais je lui barrai la route, debout,
immobile. Il se referma lentement et s’atténua.
Diverses formes passaient près de nous, mais deux seulement
témoignèrent un peu de curiosité. La petite image que j’avais de AA
m’indiquait ce qui allait arriver. Il abandonnerait plus vite qu’une
première entrée typique. BB aurait certainement parlé de boule de
pensée sauvage, si je la lui avais transmise auparavant.
(Vous avez une fuite.) BB s’ouvrit légèrement (Vous ne pouvez être
ouvert et fermé en même temps. J’en ai l’image aussi nettement que si
vous me l’aviez transmise.)
Je roulai. (Je suis encore en train d’apprendre.)
(Je crois que vous avez raison, continua BB. Il s’agissait d’une boule
de pensée sauvage, pure et lisse, sans la moindre aspérité ! Qu’y a-t-il
donc en AA?)
(Etre une femelle, une femme, continuai-je avec précaution. Il doit
avoir vécu cela il y a trois ou quatre cents ans, euh… avant aujourd’hui.)
BB fut déconcerté. L’échelonnement du temps le dépassait. J’eus
une image nouvelle pour moi aussi. J’avais toujours supposé que les «
recommençants» vivaient des vies consécutives dans le temps. Soit il
n’en est rien, soit AA est une exception.
BB s’ouvrit légèrement (Est-ce cela, être femelle ?)
Je tressaillis. (Eh bien, euh… c’est ainsi qu’elles vivaient à l’époque.
Maintenant, c’est différent… en in, pour certaines d’entre elles.)
(Et parmi les humains, combien y a-t-il de femelles ?) Je tressaillis à
nouveau. (A peu près la moitié, je crois.)
BB vibra (Mais qui peut bien vouloir être une femme ?)
Je me détendis. (Il y a des compensations, des rééquilibrages.
Certains hommes suspectent les femmes de régir secrètement le
monde.)
BB se concentra intensément (Est-ce vrai ?)
Je me retournai vers moi-même, puis roulai. (Pour l’instant, je suis
un mâle et, à ce titre, je les suspecte de le faire.)
BB se retourna vers lui-même et se ferma. Il m’apprenait beaucoup
sous une forme inversée. Manifestement, son KT-95 n’avait rien de
physique ni d’humain. Expliquer le processus, même avec force boules
de pensée, me semblait une tâche gigantesque. Il y avait toujours une
sensation de chaleur, d’amitié et même de familiarité chez BB qui
passait mal. Je l’aimais bien, c’était un type sympathique et ses
réactions étaient très humaines. Peut-être la base énergétique est-elle
commune à tous les systèmes, physiques ou autres. Seule l’expérience,
la boule de pensée, était différente.
BB s’ouvrit d’un coup. (Où en est AA ?)
(Nous pouvons essayer une fois de plus.)
(Mais vous n ‘êtes pas dessus.)
Je fus déconcerté. (Dessus ?)
(Votre image de lui est un effort perdu.)
Je m’éclairai. (Aurais-je encore une fuite ?)
BB roula. (Une légère.)
(AA se trouve dans une structure à laquelle vous ne pouvez rien
changer. Néanmoins, vous devez essayer.)
BB se détendit (Encore une fois, une seule fois.)
(Où ai-je déjà entendu cela?)
(Je le lui dois, est-ce ainsi que vous dites?)
J’acquiesçai. (Une fois encore. Mais désormais, cela devient dif icile.)
Je me tournai, rassemblai mon courage et me fermai
hermétiquement. Le brouillard, devant moi, était beaucoup plus dense,
d’un gris monotone coloré par les rares lueurs qui le traversaient. Je
compris les lueurs. C’étaient celles des anneaux extérieurs qui
pénétraient, s’efforçant d’aider ou accueillant des êtres aimés lors de
leur mort physique. Bien, que peu enclin à ce genre d’exercice, je m’y
étais essayé à diverses reprises. D’ordinaire, je traversais ces anneaux
aussi rapidement et aussi discrètement que possible.
Nous entrâmes lentement Presque immédiatement, je me sentis
mal à l’aise et je sus que BB l’était plus encore. Tout espoir de repérer
AA reposait complètement sur lui. Je nous frayai un chemin parmi les
innombrables formes suspendues, immobiles. En réalité, leur
mouvement était si lent qu’on ne le percevait qu’à peine. Il s’agissait
d’être libéré depuis peu du corps par la mort Ils l’avaient vaguement
compris, mais n’avaient pas les éléments nécessaires pour
entreprendre quoi que ce soit, s’il y avait quelque chose à entreprendre
chose à entreprendre. Parfois, au moment où nous passions, l’un
d’entre eux se penchait dans notre direction. Comme je l’avais appris,
c’était l’indice d’un commencement de souvenir ou la in du processus
d’oubli. D’habitude, je me demandais si j’avais moi-même été ainsi.
Avais-je jamais été aussi inconscient ? J’étais déprimé à l’idée que c’était
probable. Je ne me souviens pas, ou ne veux pas me souvenir.
Pour la première fois, je réalisai que le son de la Bande M était plus
bas ici. Immédiatement, je pensai: non, c’est stupide. Personne ne pense
beaucoup ici. Suite à leur décès, ils sont en état de choc, ne savent plus à
quoi se raccrocher et ont tellement peur qu’ils ne peuvent faire face à la
situation. Ils fourrent leurs têtes dans le sable et essayent de se cacher.
L’onde typique de compassion me traversa, mais je l’interrompis.
D’autres travaillent sur l’effet, cette in du blocage. Je suis censé être
avec ceux qui luttent pour diminuer la cause. J’ignore ce qui est le plus
dif icile.
(Il n’est pas là). BB arriva d’un air lugubre. Il était à peine ouvert
Je me retournai vers moi-même. Il y a longtemps que j’avais
désamorcé la boule de pensée de ma première ascension douloureuse
(maladroite serait plus correcte). Il m’en restait au moins une petite
expérience. Mais je connaissais l’anneau intérieur suivant, qui n’était
pas beau. Au-delà, c’était la vie physique. Les deux étaient étroitement
liés ; l’anneau dense n’était que légèrement déphasé par rapport à la
matière physique. C’était la limite entre deux systèmes de réalité. Même
dans cette optique, il était dif icile pour un novice de distinguer à brûle-
pourpoint entre les deux. Mais moi, je le pouvais.
C’était le problème. Les habitants de cet anneau ne le pouvaient
pas. Ils ne réalisaient pas, ou ne pouvaient ou ne voulaient réaliser
qu’ils n’étaient plus physiques. Ils étaient physiquement morts et ne
disposaient plus de leur corps physique. Mais ils essayaient encore
d’être physique, de faire et d’être ce qu’ils avaient été, de continuer
d’une manière ou d’une autre. Désorientés, certains consacraient toute
leur activité à essayer de communiquer avec des amis et être aimés qui
étaient encore dans leurs corps ou avec quiconque susceptible
d’arriver. Tout cela restait lettre morte. D’autres restaient attirés par
des lieux physiques qui avaient été signi icatifs ou importants au cours
de leur vie humaine antérieure. Tous avaient depuis longtemps oublié
ou profondément bloqué la technique si fondamentale: la Bande M.
D’autres encore n’interprétaient leur changement de condition que
comme un mauvais rêve ou un cauchemar. Ils attendaient et espéraient
se réveiller bientôt.
J’entrai avec précaution, BB sur mes talons. Il était presque
complètement fermé, toujours à la recherche de l’identi icateur AA. Je
ne l’en blâmerai pas. J’aurais fait machine arrière et me serais éloigné
en vitesse, s’il s’était agi de mon premier voyage dans les lieux. Le son
de la Bande M était orageux, une cacophonie de peur, de colère et
d’autres émotions humaines, de désirs et de besoins liés à l’existence
physique. Tandis que nous pénétrions plus en profondeur, je
m’attendais à ce que BB me fasse un signes , mais il n’en it aucun. La
terre physique et ceux qui s’étaient embarqués dans le voyage se
mélangeaient à mesure que j’activais mes recherches. Mais on pouvait
distinguer ceux qui étaient encore physiques, car ils semblaient moins
distincts, presque transparents. Soudain, BB me it signe et je stoppai
immédiatement
(Je l’ai trouvé !) BB vibra fortement. (Pas beau, tout recouvert, mais
c’est bien lui !)
Je tressaillis. (Où ?)
BB se pencha. (Par là.)
Je me retournai vers moi-même. Par là, par là, par là… hors de
temps, non, à une autre époque. Aller ver un identi icateur d’une autre
époque m’arrivait plutôt rarement et jamais délibérément Puis j’eus la
vision de notre dernier contact avec AA. C’était également un autre
système temporel. Pedu, hémisphère gauche.
Puis, très clairement, je ressentis une douce vibration, f// est
important pour vous d’y aller. Il vous aidera.)
Je m’éclairai intensément
CLIC !
BB vibra. (Je croyais que vous ne pouviez pas faire de saut !)
Je tressaillis. (Oui, je…)
(Et tous deux dans le même saut ! roula BB. Vous n’acceptez pas votre
propre force.)
Je me détendis. (Est-ce un saut ?)
(Exactement comme nous en faisons chez nous, en KT-95.)
Puis BB s’interrompit et regarda le spectacle qui se déroulait en
bas.
Nous survolions un paysage accidenté, rocailleux et sablonneux,
noyé sous un soleil aride. Directement en dessous de nous, une colonne
de quatre-vingts à quatre-vingt-dix hommes avançait par rangs de trois
sur une route poussiéreuse. Chaque homme était vêtu d’une sorte de
manteau sans manches tombant jusqu’aux genoux, fermé par un large
ceinturon de cuir juste au-dessus des hanches. Ils portaient également
un lourd gilet Un glaive double tranchant leur battait les lancs, pendu
au ceinturon par une boucle. Ils avaient des plaques de métal ixées aux
bras. Ils tenaient un bouclier rond à pointe dans la main gauche et une
longue lance à manche de bois dans la main droite. Ils marchaient vite,
très vite. La scène se déroulait hors de l’anneau. C’était une boule de
pensée relative à la véritable vie physique.
Le son de la Bande M avait diminué. Je m’ouvris davantage. (Est-ce
que vous reconnaissez votre ami ?).
Je tressaillis. (C’est formidable, mais… c’est bien lui ! Il y a cet humain
qui marche devant, tout seul. AA marche juste derrière lui… mais il est
différent. Il y a tant d’autres boules de pensée sur lui. AA est faible. Je ne
peux avoir aucune image précise. L’autre est trop fort. Que se passe-t-il
donc ?)
Je me détendis. (Là, il est encore dans son corps physique. C’est un
guerrier.)
BB fut déconcerté. (Qu’est-ce qu’un guerrier ?)
(C’est un humain qui tue d’autres humains.)
Je me détournai d’un BB complètement déconcerté, m’avançai et
me concentrai sur l’image de AA. Presque aussitôt, je me heurtai à un
mur de résistance qui me repoussa violemment Malgré mes tentatives,
je ne pouvais forcer le passage. Je me trouvais devant le même
phénomène déjà éprouvé lorsque, précédemment, j’avais essayé de
m’approcher de AA.
La colonne de soldats évoluait sur la route, au fond d’un ravin, et je
vis les troupes ennemies cachées sur chacun des promontoires qui
surplombaient le ravin. Une forte sensation de savoir me traversa et
j’essayai frénétiquement de m’approcher du guerrier AA, mais la
barrière me repoussa. Je savais ce qui allait se passer et je ne me
trompais pas. Lorsque la colonne fut bien engagée dans le ravin, les
soldats en embuscade se dressèrent et se déployèrent. Une pluie de
traits s’abattit sur la troupe et AA fut l’un des premiers à tomber. Il se
tordait de douleur sur la route poussiéreuse, gisant face contre terre,
essayant de se relever et de replonger dans la mêlée. Mais la lance qui
lui avait transpercé le dos le clouait au sol. Son sang giclait dans la
poussière et après quelques contorsions, son corps sembla se détendre
et devint inerte.
Je vibrai intensément à l’intention de BB (Descendez, rejoignez-le.
Moi, je ne peux pas. Vous seul pouvez le faire ! Ramenez-le-moi ici.)
BB partit rapidement et je me concentrai sur lui, tandis qu’il
descendait sur le champ de bataille. Je suppose que cette scène et la
tuerie ne l’ont pas éprouvé te moins du monde. Il extirpa du corps du
guerrier un AA survivant à peine et le ramena auprès de moi. J’étais
stupéfait Tandis qu’il s’approchait de moi avec AA, la barrière me
repoussa encore. En in de compte, je is signe à BB de rester à distance.
AA, encore en guerrier, se débattait et vibrait fortement. (Il faut que
j’aille les tuer, les tuer, les tuer. Il faut que je me relève et que je les
trucide… Où est ma lance, mon bouclier ? Il faut que je me relève et que je
les trucide. Je suis en train de rater le combat. Laissez-moi y aller. Vous me
faites rater le combat. Il va se terminer et j’aurai tout raté… donnez-moi
ma lance. Où est-elle ?… Je dois y aller et combattre, y aller, combattre et
tuer !)
BB vibra. (Il ne me reconnaît pas! Je ne peux le retenir plus
longtemps !)
Je tressaillis. (Laissez-le partir.)
BB fut déconcerté. (Quoi ?)
Je me détendis. (Laissez-le partir. En ce moment, vous ne pouvez rien
pour lui.)
BB libéra la forme qui se débattait et le guerrier AA s’éclipsa vers le
champ de bataille, s’efforçant en vain de ramasser une lance et un
bouclier, et de foncer dans la bataille. Incapable de le faire, il regarda
ixement ses mains, hébété et se mit à frapper les soldats ennemis à
coups de poing. Mais ses poings n’atteignaient que le vide, comme si les
soldats n’existaient pas. AA essayait encore.
Je me tournai vers BB. Il était atténué et complètement fermé.
(Venez, nous allons rentrer.)
BB s’ouvrit légèrement (Rentrer, où donc?)
CLIC !
Nous nous trouvions dans la Zone intermédiaire, près du poste. BB
était sombre, immobile, à demi fermé.
Je m’éclairai. (Avez-vous apprécié ce saut ? Bien ciblé ?)
BB s’ouvrit légèrement (Mmoui, très bien.)
Tout à coup, je me sentis mal à l’aise. J’avais oublié quelque chose
d’important. Mon malaise s’aggrava. Quelque chose m’appelait, attirait
mon attention. Quelque chose d’urgent Oui ! Mon corps ! Il fallait que je
retourne dans mon corps.
Je vibrai. (Il faut que je parte ! Je vais rentrer !)
BB s’ouvrit tout grand. (Hein !)
Il s’estompa jusqu’à devenir un point in ime, puis disparut
rapidement à mesure que je m’éloignais. Je m’aperçus à peine que je
traversais les anneaux…Mon second corps était en orbite autour de
mon corps physique… Je m’y glissai facilement, puis me glissai dans
mon corps physique. Je m’assis, épuisé, ce qui était inhabituel. Le
problème qui m’avait rappelé était parfaitement clair. Mon corps avait
froid. La couverture était tombée du lit
12. TÉMOIGNAGE PAR OUÏ-DIRE

Heure: indéterminée, la nuit… j’ai décroché normalement, rien de


particulier… beaucoup de possibilités m’étaient ouvertes… j’ai décidé de
revenir tout seul vers BB, si cela m’était possible… Identi icateur BB-KT-
95… méthode d’étirement pour sortir… passage sans incident par les
anneaux, puis, ine brume au bord de la Zone intermédiaire… je me suis
approché sans bouger de l’image de BB, car elle ne me semblait pas
nette… image surprenante… il se trouvait directement en dessous de
moi. Refermé et terne comme il était, je comprenais pourquoi j’avais eu
tant de mal à le trouver.
Je m’ouvris et vibrai. (Eh, BB, je suis de retour.)
BB s’ouvrit légèrement et s’éclaira. (Ah! Je ne vous attendais plus.
Étiez-vous resté collé à votre corps physique?)
Je roulai doucement (Cela m’arrive parfois.)
Aucune image de AA n’émanait de lui. J’envisageais de mettre le
sujet sur le tapis, s’il ne l’abordait lui- même. A ce point, c’était une
boule de pensée délicate et je savais que je n’avais pas la réponse qu’il
attendait, si toutefois réponse il y avait. A in de maintenir la tension, je
m’étirai, is environ trois roulades rapides et revins majestueusement.
BB demanda. (Qu’était-ce?)
(Je faisais un peu d’exercice.)
BB s’ouvrit. (Nous avons ramené en KT-95 un jeu qui consiste à faire
ce genre d’exercice. Voulez-vous y
jouer ?)
Je m’éclairai. (Volontiers !)
BB roula légèrement (Essayez de faire simplement comme moi. C’est
tout ce qu’il y a à faire.)
Il se tourna, tournoya et je m’étirai derrière lui. Je me concentrai
intensément sur son image. C’était à peu près comme se tenir à un
cochon boueux sur une couche de glace, sauf que la glace était en trois
dimensions. Pis encore, elle était multidimensionnelle. Tournoiements,
arrêts, redémarrages, au ralenti ou à toute allure, à travers d’étranges
éclairs de perception, dans et derrière un soleil éclatant, autour
d’étranges amas de formes qui paraissaient terrorisées, en percevant
notre image. Pendant tout ce temps, je restai accroché à l’image de BB,
comme le dernier patineur d’une chaîne, dans les nuages et hors des
nuages, dans des champs d’énergie semblables à des bouffées d’air
chaud et froid, et a des chocs électriques, droit dans les murs d’une ville
dominée par un magni ique beffroi. Je craignais de ne pouvoir
m’accrocher plus longtemps à son image. Si je la lâchais, je serais
complètement perdu. Tout à coup, il stoppa. Nous étions revenus dans
la brume ine des environs de la Terre.
Je tremblais.
BB vibra avec éclat. (Nous nous sommes bien amusés, hein ?)
Je tressaillis profondément (Mouais, c’était amusant. Qui donc a
inventé ce jeu-là ?)
BB fut déconcerté. (Inventé ?)
(Oui, comment a-t-il pu commencer ?)
BB répondit : (Oh, je ne sais pas. Il a toujours existé. On peut
commencer un jeu tout à fait nouveau, si l’on
veut. Ce qui est amusant, c’est d’introduire dans le jeu initial un
contenu nouveau, au milieu ou à la in, comme une espèce de surprise.
Est-ce que vous comprenez ?)
(Mouais. Les humains ont un jeu semblable appelé « suivez-le-guide
».)
BB s’éclaira. (Exact, suivez-le-guide ! Vous vous êtes fort bien tiré
d’affaire. Vous devez souvent y jouer.)
Je tressaillis. (Non, euh … pas récemment, mais j’ai pris l’avion…)
BB fut déconcerté et je continuai (Qu’arrive-t-il si, par accident, on
rate un tour ou on perd l’image ?)
BB roula fortement (On perd !)
(Qu’arrive-t-il aux perdants ?)
BB tressaillit. (Je n’ai aucune donnée sur ce point. Ils ne
recommencent jamais à jouer. J’ai l’image qu’ils se perdent.)
(Et restent perdus ?)
(Comme je l’ai dit, ils ne rejouent jamais. De ce fait, je n’ai aucune
donnée sur ce point. Souvent, nous sommes une centaine à jouer. C’est un
jeu amusant, hein ?)
(Mmoui.) J’avais une dernière question. (Qu’était-ce donc, tout ce
que l’on a traversé ?)
(Là encore, je n’ai aucune donnée. Personne ne se soucie de ce bric-à-
brac. Ce n’est qu’un jeu.)
Un jeu! J’avais la vision nette de perdre l’image de BB pendant le
parcours. Si je l’avais lâchée, je me serais certainement perdu. Mais ce
n’est pas arrivé et j’avais une image précise du jeu avant d’y jouer,
certainement parce qu’on le pratiquait en KT-95.
Il y avait l’autre aspect, le lieu et le moment où le jeu nous amenait.
Quel effet cette énergie produisait- elle lorsque nous avons pénétré ces
zones, nous
frayant un chemin au petit bonheur la chance ? Combien de fourmis
avons-nous écrasées en parcourant le golf sans regarder Où nous
mettions les pieds. Que se passait-il lorsqu’une centaine d’entre eux
jouaient? Les habitants devaient y voir une catastrophe naturelle ou la
volonté de Dieu, qu’ils soient des fourmis ou des archétypes. De part et
d’autre, c’est une image bien étrange.
BB lança. (Hé, ça va ?)
je m’ouvris. (Oui, tout va bien.)
(Vous étiez fermé et tremblant. J’avais l’impression que vous étiez sur
le point de bondir a nouveau vers ce corps physique.)
Je m’ouvris et roulai. (Non, non, pas encore, en tout cas.)
(Pourquoi vous donner cette peine ? Pourquoi revenir ? Laissez
tomber tout cela.)
Je me retournai vers moi-même. A vrai dire, l’idée m’avait déjà
ef leuré et, jusqu’à présent, je l’avais repoussée. Je me demandais ce
que, dans ce cas, je ferais ou serais ? Un élément manquait encore. Je
savais que je pouvais traverser facilement les anneaux, errer dans l’un
des segments et me mêler à l’activité. Il s’y passe un tas de choses
intéressantes qui, dans l’ensemble, ont trait à l’amélioration du
processus humain. C’est un point essentiel et positif du système de
formation, mais limité à la préparation. Préparation à quoi ? Voilà
l’élément manquant. Ces Dernières Incarnations, sur l’anneau extérieur,
rentraient à la Maison, mais mon image « Maison » s’était embuée au
lieu de se préciser. Je n’avais pas été Là-Bas depuis très, très longtemps.
Je m’ouvris avec précaution. (Oui, c’est, euh… je suis encore en classe,
j’étudie en ce moment… et pour ce faire, j’ai besoin d’un corps
physique.)
BB était complètement déconcerté.
(C’est une sorte de jeu, continuai-je, que j’ai accepté de jouer.)
BB s’éclaira. (Oh, un jeu! Mmouais, je peux y prendre part ?)
(Je vous donnerai un bref aperçu si vous pensez que vous pouvez vous
en tirer.)
BB roula. (Après ce dernier saut avec AA, l’humain n ‘a plus de secrets
pour moi.)
Je me retournai vers moi-même. Il avait mentionné AA sans
tressaillir, ce qui était formidable. Il était en train de se détendre. Je
préparai une boule de pensée concise de mes activités immatérielles
depuis 1958, omettant les sections ILS, et la lui envoyai. Il la prit et
demeura fermé, calme, sans un geste. Puis il s’ouvrit complètement,
roula et tressaillit.
Je vibrai. (Ce n’est pas si drôle!)
Finalement, BB se calma. (J’ai un « nom mental» pour vous ! BOUM
BOUM Bélier!)
Et le voilà reparti, tressaillant et roulant fortement
(BOUM BOUM tout court, ça ira.)
Il init par se calmer. (Oui, BOUM BOUM. J’ai l’image que vous n’étiez
qu’un humain enfermé, accroché, jusqu’à ce que cela se produise. L’effet a
été puissant ! Vous n’avez pas eu beaucoup de jugeote.)
(Je n’en ai toujours pas beaucoup.)
(Et vous ne prenez certainement pas la voie de la facilité.)
Je roulai un petit peu. (Avez-vous l’image que vous pourriez faire
mieux ?)
BB tressaillit (Pourquoi, n’importe quelle volute
imbecile n’ayant qu’un demi-identi icateur pourrait..)
BB fut déconcerté et vibra. (Non ! Vous n’allez pas m’entraîner dans
ce feu ! Je reste comme je suis !)
Je roulai et me retournai vers moi-même. Je pense que, vues de
l’extérieur, la plupart de mes réactions au cours de mes premiers
voyages sembleraient grotesques. Après coup, je pourrais moi-même en
rire. Au moins, je sais que le jeu de l’école humaine peut fonctionner.
Mais il y a beaucoup d’inconnues. Que faut-il faire à la in de la
formation ? Où et comment puis-je appliquer ce que j’ai appris ?
BB interrompit (Dites, euh, BOUM BOUM).
Je m’ouvris. (Oui?)
BB tressaillit. (Je retire ce que j’ai dit. Vous n’êtes pas vraiment un
imbécile.)
Je roulai. (Merci. J’en avais besoin.)
BB fut déconcerté. (Quoi ?)
(C’est une blague, une blague humaine.)
Il se retourna vers lui-même, puis enchaîna en s’ouvrant.
(Comment vous est venu l’idée de ce jeu, de sortir de votre corps ?)
Je tressaillis. (Je ne sais pas. C’est arrivé, c’est tout.)
(Est-ce que les autres humains font de même ?)
(J’en connais au moins quelques-uns qui sortent de leur corps. J’en ai
rencontré. Le problème, c’est que la plupart sortent de leur corps pendant
leur sommeil et ne se souviennent de rien lorsque, de retour au monde
physique, ils se réveillent.)
BB se retourna vers lui-même. Je savais qu’il était en train
d’examiner la boule de pensée que je lui avais donnée. Des images
comme « sommeil » et « se réveiller » lui étaient jusqu’alors inconnues.
Je savais aussi à quoi il voulait en venir, mais il attendit.
Il s’ouvrit en tressaillant. (Qui étaient ces trois volutes qui sont
descendues le long du… euh, rayon, comme vous l’appelez?)
(Je l’ignore.)
(Mais elles avaient l’air de vous connaître.)
(Peut-être venaient-elles de KT -95 ?)
BB roula. (C’est une boule de pensée désordonnée… Oh, c’est une
blague. Mais vous aviez l’air de les connaître ? Vous vouliez qu’elles vous
prennent avec elles. Pourquoi ?)
Je tressaillis. (Je ne sais pas)
(Allez-vous jamais les rencontrer à nouveau ?)
(Pas que je sache.)
BB se retourna vers lui-même, puis s’ouvrit (Et ces volutes qui vous
ont aidé lorsque vous aviez besoin d’elles, ou perçu que vous en aviez
besoin, qui étaient- elles ?)
Je m’adoucis. (Elles venaient sans doute des anneaux supérieurs. Ils
en sont pleins. Encore une fois, la plupart des humains n’en ont aucune
perception, à l’exception de ce appellent les rêves, euh, les boules de
pensée désordonnée.)
BB se tourna à nouveau vers lui-même, puis s’ouvrit et tressaillit.
(J’ai eu l’image qu’il y avait par-là trop de boules de pensée désordonnée.)
J’étais déconcerté. (Lesquelles en particulier ?)
(Cette boule de pensée relative à l’apprentissage humain intensif, la
structure humaine, celle que vous m’avez envoyée.)
Je tressaillis. (Oui ?)
BB continua. (Elle n’est pas désordonnée ?)
(Mon image est qu’elle est bien.)
(J’ai une autre boule de pensée, et lorsque je les superpose, l’une
d’entre elles est certainement désordonnée.)
J’étais déconcerté. (De quelle boule de pensée s’agit- il ?)
(Celle que nous avons reçue dans la brochure TSI, relative à tout ce
que nous allions visiter, à la Terre et aux humains, à la manière dont tout
a commencé, à quelle in… et tout ce qui s’ensuit.)
Je me fermai, puis m’ouvris lentement. (Est-ce qu’elles ne sont pas
en rivalité ?)
(Voilà, j’ai votre propre image.) BB me lança une boule de pensée
que je reçus avec curiosité et que je dépliai.

CLIC !
Quelqu’un, Quelque Part (ou les deux, par millions, ou
innombrables), exige, aime, a besoin, évalue, récolte, boit, mange,
consomme une drogue (sic), une substance dont l’identi icateur est «
Loosh », (Électricité, pétrole, oxygène, or, blé, eau, terre, pièces de
monnaie anciennes, uranium). C’est une substance rare en Quelque
Part, et ceux qui possèdent le « Loosh » considèrent qu’il est d’une
importance vitale à tous égards.
Face à la question de l’offre et de la demande (une loi universelle de
Quelque Part), Quelqu’un a décidé de produire le « Loosh »
arti iciellement, pour ainsi dire, plutôt que de le rechercher sous ses
formes « naturelles ». Il entreprit donc d’aménager un jardin et d’y faire
pousser le « Loosh ».
A l’état naturel, le « Loosh » s’est révélé issu d’une série de
mouvements vibratoires dans le cycle carbone-oxygène, dont le résidu
était précisément le « Loosh », à des degrés divers de pureté. Le « Loosh
» n’était produit que pendant ce mouvement et pendant le processus
réactif. Les prospecteurs de Quelque Part battirent le terrain à la
recherche des sources de «Loosh » et les nouvelles découvertes furent
saluées avec un grand enthousiasme et beaucoup de récompenses.
Donc, tout changea grâce à Quelqu’un et à son jardin. C’est dans
une région lointaine que Quelqu’un mit en oeuvre son expérimentation.
D’abord, il créa un environnement favorable au cycle carbone-oxygène.
Il y établit un équilibre garantissant qu’un rayonnement adéquat et
autres substances indispensables seraient fournis en permanence.
Ensuite, il tenta une première culture, mais récolta peu de « Loosh
», d’une qualité relativement médiocre. Le résultat était trop peu
signi icatif pour ramener le « Loosh » Quelque Part Le problème était
double. La durée de vie des unités de culture était insuf isante et ces
unités elles-mêmes étaient trop faibles. Le rendement qualitatif et
quantitatif était médiocre, car le temps de génération du « Loosh » était
trop bref. En outre, le « Loosh » ne pouvait être récolté qu’à l’issue de la
courte vie des unités, et pas avant.
Sa deuxième culture ne fut pas la meilleure. II déplaça
l’environnement, à l’intérieur du jardin, dans un espace gazeux et non
liquide, où des substances chimiques d’une densité élevée formaient
une base solide et riche. Il planta d’innombrables unités de formes
diverses. Celles-ci étaient quelques milliers de fois plus grandes et plus
complexes que les unités unicellulaires de la première culture. Il
inversa le cycle carbone-oxygène. Désormais, il y avait une uniformité
fondamentale. Comme auparavant, les unités portaient semence à
intervalles réguliers et arrivaient automatiquement au terme de leur
vie. En vue d’éviter une distribution inégale des substances chimiques
et des radiations, ce qui avait été le cas lors de la première culture,
immobilisa la deuxième récolte. Chaque unité était conçue pour
demeurer dans sa propre section du jardin.
A cette in, chacune était doté de vrilles solides qui s’enfonçaient
profondément dans la matière chimique. Une tige ou un tronc les
prolongeait, permettant d’élever la partie supérieure, large et ine,
quelque peu fragile, était destinée à convertir les composés de carbone
et d’oxygène vers, et à partir de l’unité de récolte. En outre, des
radiateurs de couleur brillante, assortis de générateurs de petites
particules, étaient montés sur chaque unité, en général vers le haut et
en position symétrique.
Il installa des structures de circulation dans l’enveloppe gazeuse de
l’unité, notamment pour favoriser le processus de réensemencement.
Par la suite, il découvrit que l’effet de turbulence permettait de récolter
le « Loosh ». Si ta turbulence était suf isamment forte en in de vie, la
cûlture était entraînée vers le bas et le « Loosh » se dégageait Ce
processus permettait notamment un approvisionnement immédiat en «
Loosh », non seulement à la saison des récoltes, mais à tout moment
Cependant la deuxième culture ne fut pas un succès. S’il est vrai
que les quantités étaient décuplées, le « Loosh » ainsi produit
demeurait si médiocre que l’effort n’en valait guère la peine. En outre, la
période de croissance était maintenant trop longue et n’était
compensée par aucune amélioration qualitative. Un élément vital
manquait
Quelqu’un survola et étudia longtemps son jardin avant de se
lancer dans la troisième culture. C’était vraiment un dé i. En vérité, il
avait partiellement réussi, puisqu’il faisait pousser le « Loosh ». Mais il
n’avait pu en produire d’une qualité égale ou supérieure à celle du «
Loosh » sauvage.
Inévitablement, il inirait par trouver la solution. La troisième
culture fut la preuve vivante de cette Vérité. Le cycle initial carbone-
oxygène devait être associé au processus et la mobilité devait être
restaurée. Chacun de ces deux facteurs avait auguré d’un « Loosh » de
grande qualité. Il ne restait plus qu’à augmenter la dimension.
En vue de réaliser ce projet, Quelqu’un déplaça quelques unités de
la première culture qui se développaient dans l’espace liquide du jardin.
Il les modi ia de manière à ce que’elles vivent et croissent dans la zone
gazeuse. Ces unités devaient se nourrir de la deuxième cultre, qu’il it
foisonner à cet effet. C’est ainsi que les premiers mobiles, la troisième
culture, naquirent Les mobiles se nourrissaient d’unités de la deuxième
culture qui parvenaient ainsi au terme de leurs vies, engendrant un «
Loosh » de qualité médiocre. Lorsqu’un gigantesque mobile arrivait au
terme de sa propre vie, d’autre « Loosh » était produit Les quantités de
« Loosh » étaient considérables, mais le résidu excédait les limites
souhaitables.
Quelqu’un trouva par hasard le catalyseur principal de la
production de « Loosh ». Les mobiles, lents et monstrueux, avaient une
durée de vie fort disproportionnée par rapport à la quantité d’aliments
qu’ils ingéraient. Leurs processus de croissance et de vieillissement
étaient si lents qu’ils ne pourraient plus venir à bout de la deuxième
culture. L’équilibre du jardin entier et la production de « Loosh »
seraient remis en question. Les deuxièmes et troisièmes cultures
seraient menacées d’extinction.
Comme la deuxième culture se développait à peine, les besoins
énergétiques des mobiles devinrent aigus. Il arrivait que deux mobiles
tentent d’ingérer une même unité de la deuxième culture, provoquant
des con lits qui dégénéraient en combats physiques entre deux ou
plusieurs d’entre eux.
D’abord amusé par le problème, Quelqu’un se pencha plus
attentivement sur ces pugilats. Il observa qu’au cours des combats, le «
Loosh » émanait des mobiles ! Il ne s’agissait pas de quantités minimes,
mais de quantités utilisables, d’une grande pureté.
Passant directement de la théorie à la pratique, il modi ia
profondément une unité de la première culture et la déplaça de l’espace
liquide vers l’espace gazeux du jardin. Le nouveau mobile, légèrement
plus petit, se nourrirait d’autres mobiles. Cette modi ication visait à
résoudre le problème de la surpopulation des mobiles et à engendrer
une quantité importante de « Loosh » utilisable lors de chaque
con lit/combat. S’y ajoutait une boni ication, si la nouvelle classe de
mobiles mettait un terme à la vie de l’autre. Quelqu’un pourrait alors
transférer Quelque Part de grandes quantités de « Loosh », utilisable et
suf isamment pur.
Ainsi fut établie la Règle du Catalyseur principal. Les con lits entre
les unités du cycle carbone-oxygène suscitaient des émanations de «
Loosh ». Ce n’était pas plus dif icile que ça !
Satisfait de la formule, Quelqu’un prépara la quatrième culture. Il
savait désormais que les mobiles de la troisième culture étaient trop
grands et vivaient trop longtemps pour être ef icaces. S’ils devenaient
trop nombreux, il faudrait agrandir le jardin. L’espace manquait pour
faire croître ces unités massives, ainsi que des unités feuillues de la
deuxième culture, en nombre suf isant pour parer à leurs besoins
alimentaires. Il déduisit de ce qui précède qu’une mobilité plus grande
et accélérée permettrait de multiplier le facteur con lit, ce qui
entraînerait un rendement supérieur de «Loosh».
D’un seul geste, Quelqu’un anéantit tous les mobiles lourds de la
troisième culture. Revenant à la première culture en zone liquide, il
modi ia les unités, les développa sous diverses formes et dimensions, et
leur attribua des structures multicellulaires complexes d’une grande
mobilité. Il établit un système équilibré: il y avait celles qui ingéreraient
des unités du cycle carbonique de la deuxième culture (initialement
immobiles) comme source d’énergie et il y en avait d’autres, très
mobiles, qui consommeraient des unités mobiles de la première culture
modi iée.
Le circuit complet fonctionna à merveille. La modi ication de la
deuxième culture immobile en milieu liquide porta ses fruits. De petits
mobiles très actifs, respirant du liquide, se nourrirent, « mangèrent » la
deuxième culture modi iée. Des mobiles actifs, plus grands et/ou
différents, consommaient de petits « mangeurs de plantes ». Lorsqu’un
mobile devenait trop grand et trop lent, il était une proie facile pour les
petits mobiles qui l’attaquaient voracement Le résidu chimique de ces
ingestions se ixait au fond du milieu liquide et fournissait un nouvel
aliment aux sédentaires (deuxième culture modi iée), complétant ainsi
le cycle. Il en résulta un lot continu de « Loosh » issu des sédentaires
parvenus au terme de leur vie, des con lits intenses entre mobiles pour
éviter l’ingestion, et en in de l’interruption de la vie de ces mobiles, en
tant que conséquence fatale des con lits.
Quelqu’un appliqua à l’autre partie de son jardin, la zone gazeuse,
les à l’autre partie de son jardin, la zone gazeuse, les même techniques
encore perfectionnées. Il ajouta plusieurs variétés de sédentaires
(deuxième culture originelle) a in de fournir des aliments suf isamment
diversi iés aux nouveaux mobiles qu’il devait créer. Comme dans l’autre
zone du jardin, ces mobiles étaient une synthèse des deux espèces : il y
avait ceux qui ingéraient et tiraient leur énergie des sédentaires de la
deuxième culture, et ceux qui se nourrissaient d’autres mobiles. Il créa
des milliers de types originaux, petits et grands (mais pas aussi grans
que les mobiles de la troisième culture) et, ingénieusement, les équipa
pour les combats. Ces équipements prirent la forme d’une masse, d’une
vitesse insaisissable, d’une couche trompeuse et/ou protectrice, d’un
rayonnement de couleur, d’une action ondulatoire, de percepteurs et de
détecteurs de particules et protubérances de haute densité destinés à
déchirer, saisir et pourfendre l’adversaire. Tout cela visait à prolonger la
durée des combats et, en conséquence, à accroître les émanations de «
Loosh ».
A titre expérimental, Quelqu’un conçut et créa un type de mobile
faible et inef icace comparé à ceux de la quatrième culture. Cependant,
ce mobile expérimental présentait deux avantages distincts. D’une part,
il pouvait ingérer et tirer son énergie à la fois des sédentaires et des
autres mobiles. D’autre part, Quelqu’un leur avait transmis une
substance prélevée sur lui-même (substance partout ailleurs inconnue
ou introuvable), qui était censée agir comme facteur intensif et
déterminant de mobilité. Quelqu’un savait que, conformément à la
Règle de l’attraction, ce transfert susciterait une mobilité permanente
chez ce type particulier de mobile, qui céderait toujours à l’attraction
que ce minuscule atome de lui-même avait engendré dans sa recherche
du grand Tout Ainsi la pulsion de satisfaction des besoins d’énergie par
ingestion ne serait pas la seule motivation. Plus important, les besoins
et compulsions créés par la substance prélevée sur Quelqu’un ne
pourraient être rassasiés dans le jardin. Le besoin de mobilité étant
constant, le con lit entre ce besoin et le besoin d’énergie serait
permanent II pourrait constituer une source continuelle de « Loosh »
de grande qualité s’il se perpétuait
La quatrième culture dépassa de loin les attentes de Quelqu’un. Il
devint manifeste que le jardin produisait un lot utilisable de « Loosh ».
L’équilibre de la « vie » était parfaitement atteint: le Facteur Con lit
engendrait des quantités considérables de « Loosh », augmentées en
permanence par le décès des mobiles de toutes sortes et des
sédentaires. Quelqu’un créa les collecteurs spéciaux, chargés de
la production et de la récolte. Il établit des canaux destinés à acheminer
le lot de « Loosh » de son jardin vers Quelque Part Grâce au jardin de
Quelqu’un, Quelque Part n’était plus tributaire de l’ « état sauvage »
comme source principale de « Loosh ».
Le succès du jardin et la culture de « Loosh » incitèrent des autres à
concevoir et aménager leur propre jardin, ce qui était conforme à la loi
de l’offre et de la demande (le Vide est une condition instable). En effet,
les quantités de « Loosh » produites par le jardin de Quelqu’un ne
suf isaient pas aux besoins de Quelque Part Les collecteurs agissant
pour le compte des autres entrèrent dans le jardin de Quelqu’un a in de
tirer pro it des petites émanations de « Loosh» négligées ou ignorées
par les collecteurs de Quelqu’un.
Lorsqu’il eut terminé son travail, Quelqu’un revint Quelque Part et
se consacra à d’autres activités. La production de « Loosh » surveillée
par les collecteurs, demeurait Constante. Seules les modi ications
étaient ordonnées par Quelqu’un lui-même. Conformément aux
instructions de Quelqu’un, les collecteurs moissonnaient
périodiquement des portions de la quatrième culture, a in d’assurer la
fourniture en substances chimiques, rayonnement et autres
ingrédients, destinés aux jeunes unités. En second lieu, cette moisson
visait à produire de temps à autre des quantités supplémentaires de «
Loosh ».
A in d’effectuer la récolte, les collecteurs provoquaient des
turbulences et des remous, à la fois dans « enveloppe gazeuse » et les
formations chimiques solides qui composaient la base du jardin lui-
même. Ces bouleversements avaient pour conséquence d’interrompre
la vie de nombreuses unités de la quatrième culture, écrasées par les
mouvements de terrain ou immergées par la tempête de l’espace
liquide du jardin (la quatrième culture était conçue de telle manière
que ses unités ils ne pouvaient maintenir leur cycle carbone-oxygène en
milieu liquide).
Sans la perception et la curiosité de Quelqu’un, ce mode de « Vie »
du jardin aurait pu se prolonger éternellement A l’occasion, il étudiait
les échantillons de « Loosh ». Il n’avait aucune raison de le faire, si ce
n’est un certain intérêt pour son œuvre.
Au cours de l’analyse d’un certain échantillon de « Loosh »,
Quelqu’un en avait, par hasard, examiné des émanations et s’apprêtait à
le remettre au réservoir, lorsqu’il observa une différence très légère,
mais réelle.
Vivement intéressé, il reprit son examen. Un fragment ténu de «
Loosh » puri ié et distillé se trouvait minutieusement enchevêtré à des
émanations banales de « Loosh ». Or, c’était impossible. Le « Loosh »
puri ié et distillé ne pouvait être obtenu qu’après une série de
traitements du « Loosh » à l’état sauvage ». Le « Loosh » du jardin de
Quelqu’un devait subir les mêmes opérations avant d’être utilisable.
Pourtant, le fragment en question dégageait réellement un
rayonnement si raf iné et puri ié qu’il ne pouvait ou ne pourrait plus se
combiner avec la substance à l’état brut.
Quelqu’un réitéra ses analyses. Le résultat, à nouveau positif,
laissait à penser que, dans son jardin, un élément lui échappait.
Quelqu’un quitta à la hâte Quelque Part et retourna dans son jardin.
En apparence, rien n’avait changé. Les zones gazeuses du jardin
présentaient, au niveau de la base de composition solide, un
interminable tapis de re lets verts issus de la deuxième culture
lorissante. La première culture modi iée, en zone liquide, était
parfaitement conforme à la loi de l’Action-Réaction (une section de la loi
de la Cause et de l’Effet). Quelqu’un perçut immédiatement que cette
différence, la source de « Loosh » distillé, ne concernait ni la première
ni la deuxième culture.
Il trouva les premières émanations de « Loosh » distillé dans l’une
des unités de la quatrième culture, qui avait été épurée au cours des
plantations de la deuxième culture.
L’idée germa en lui, tandis que cette unité se lançait dans une lutte
à mort contre une autre unité de la quatrième culture, d’une manière
habituelle. Certes, ce seul fait ne pouvait engendrer de « Loosh » distillé.
Quelqu’un le savait et continuait ses recherches.
C’est alors qu’il découvrit la différence. Cette unité ne luttait pas
pour ingérer les restes d’une unité plus faible de quatrième culture, ni
pour absorber la feuille savoureuse d’une tige de la deuxième culture
toute proche, ni pour éviter de perdre la vie et d’être ingérée par l’unité
adverse de la quatrième vague.
Elle luttait pour protéger et sauver la vie à trois de ses semblables
récemment générés et blottis sous une grande unité de la deuxième
culture, qui attendait l’issue du combat. Il n’y avait plus de doute. C’est
de là que provenaient les Eclairs de « Loosh » distillé.
Sachant cela, Quelqu’un observa les comportements d’autres unités
de la quatrième culture dans le jardin. Il perçut les mêmes éclairs
lorsque d’autres unités de la quatrième culture défendaient leurs «
petits » de manière analogue. Mais un point demeurait illogique. Ces
éclairs de « Loosh » distillé émanant d’unités actuelles de la quatrième
culture ne fournissaient même pas 50 pour 100 de la quantité de
«Loosh» distillé trouvée dans l’échantillon du réservoir. A l’évidence, un
autre facteur intervenait.
Il survola systématiquement le jardin, furetant dans toutes les
zones. Il ne tarda guère à percevoir la source. Un rayonnement de «
Loosh » distillé de grande qualité émanait d’une section particulière du
jardin. Il se précipita vers ce point.
Il s’agissait d’une de ces unités expérimentales de la quatrième
culture modi iée, comportant une substance prélevée sur lui-même.
Elle se tenait toute seule sous la partie supérieure feuillue d’une grande
unité de la deuxième culture. Elle n’avait pas « faim ». Elle n’était pas en
con lit avec une autre unité de la quatrième culture. Alors il comprit
L’unité était solitaire ! Cette circonstance était de nature à engendrer un
« Loosh » distillé.
Avec du recul, Quelqu’un observa un autre phénomène illogique et
inhabituel. L’unité de la quatrième culture modi iée prit soudain
conscience de Sa présence. Elle s’était effondrée et se convulsait
curieusement sur la base de composition solide. Un liquide clair était
sécrété par les deux ori ices destinés à la perception des rayonnements.
Le «Loosh» ainsi dégagé était encore plus raf iné.
Dès lors, Quelqu’un énonça sa fameuse formule, DLP, actuellement
en vigueur dans le jardin.
Tout le monde connaît la suite de l’histoire. Quelqu’un introduisit
dans sa formule le principe essentiel selon lequel:
«… Le “Loosh” pur, distillé, est produit dans les unités de Type 4M
du fait de l’inassouvissement, mais sa création n’a lieu qu’à un niveau
vibratoire supérieur aux limites sensorielles de l’environnement Plus
l’intensité est grande, plus la production de “Loosh” distillé est forte. »
Pour appliquer la formule dans son jardin, Quelqu’un Conçut des
changements subtils connus de tous les historiens. Deux des
innovations les plus remarquables consistaient, d’une part, à diviser en
moitiés les unités de toutes les cultures pour engendrer la solitude
(elles cherchaient, à se réunir) et, d’autre part, à favoriser la
prédominance de l’unité de Type 4M.
Tel qu’il se présente désormais, le jardin connaît un rendement
fascinant. Depuis longtemps, les collecteurs sont passés maîtres dans
l’art d’appliquer la formule DLP. Les unités de Type 4M prédominent et
se sont étendues à l’ensemble du jardin, hormis les parties les plus
profondes du milieu liquide. Elles sont les principaux producteurs de «
Loosh » distillé.
L’expérience a permis aux collecteurs de développer toute une
technologie et des outils complémentaires pour récolter « Loosh » des
unités de Type 4M. Les plus courants ont été appelés amour, amitié,
famille, avidité, haine, souffrance, culpabilité, maladie, ierté, ambition,
propriété, possession, sacri ice, et à une plus grande échelle, nations,
provinces, guerres, famine, religion, machines, liberté, industrie et
commerce, pour n’en citer que quelques- uns. La production de « Loosh
» est plus prospère que jamais…
CLIC !
J’étais hermétiquement fermé, retourné vers moi- même et
abasourdi. Ma première réaction fut de penser à une erreur. Cela ne
pouvait être l’histoire de la Terre, BB devait confondre avec une autre
escale prévue au programme de l’excursion. Cependant, en
reconsidérant les détails du récit, mes faibles connaissances de la
zoologie terrestre et de l’histoire humaine se révélaient
douloureusement exactes, bien qu’envisagées sous un autre angle. Le
cycle alimentaire du système écologique et biologique terrestre avait
bien été établi. Connaissant la Mère Nature, quelques grands
philosophes ont médité sur la place de l’animal humain dans ce
processus. Par qui sommes-nous mangés ? Auparavant, ce n’était
qu’une hypothèse. Maintenant…
BB s’ouvrit. (Est-ce que vous avez l’image, BOUM BOUM ?)
Je m’atténuai. (Mmoui, je l’ai.)
(Bon, enchaîna BB. Qu’est-ce que le « Loosh » et la connaissance ont à
voir l’un avec l’autre ?)
Je m’ouvris légèrement. (Avez-vous reçu la boule de pensée avant de
venir sur Terre ?)
BB se détendit. (Je vous répète qu’elle igurait dans la brochure de
l’excursion TSI, parmi des centaines d’autres boules de pensée que nous
avons reçues avant le départ.)
Je m’ouvris davantage. (D’où la brochure venait- elle ?)
(Pourquoi, euh… oui, du Directeur d’Excursion.)
(OÙ l’a-t-il obtenue, lui ?)
BB tressaillit. (Je n’ai aucune donnée sur ce point. Il s’est borné à s’en
décharger sur nous et a roulé : « Voici les escales intéressantes que nous
ferons pendant cette croisière. » J’en ai eu une bonne image parce que
c’était notre dernière visite, donc la dernière boule de pensée que nous
avons reçue. C’est pourquoi elle était si claire. D’autres sont moins bonnes
parce qu’elles se trouvent au milieu. Non, la boule de pensée Terre ou
humaine est nette. Tout est en ordre.)
Je me durcis. (Et d’où venait le Directeur d’Excursion ?)
BB s’éclaira. (Oh, lui et les autres font partie d’un groupe de volutes
issues d’un système voisin.)
(Pourquoi vous ont-ils offert l’excursion, à vous qui êtes de KT-95?)
BB se détendit (Euh, c’était une sorte de, euh… marché. Nous en
faisons de même avec tous les systèmes voisins.)
(Qu’ont-ils reçu en échange ?)
BB s’éclaira. (Des jeux, des jeux ! Nous avons plus de jeux que
n’importe quel autre système dans un rayon de quatre sauts !)
Je me retournai vers moi-même et me fermait. La boule de pensée
devenait si chaude qu’il était dif icile de la toucher. Si elle était réelle…
un grand si… Je me suis mis à diminuer. Colère, forte déception…
sentiment d’être manipulé… envie de porter un coup à ceux qui me
dupaient… nous… tous les humains… à ceux qui nous prenaient
quelque chose sans notre assentiment ou notre permission. Qu’en est-il
de la liberté ? Est-ce que chacune de nos pensées, chacun de nos actes a
été guidé, non, dirigé et contrôlé dans le seul but de produire plus de «
Loosh », de quelque manière que ce soit, pour un petit déjeuner ou un
réservoir de fuel dans un Quelque Part quelconque ? Et que pourrais-je
y faire ? Je m’atténuai considérablement et me détachai de plus en
plus…
(Hé, BOUM BOUM !) BB s’estompait rapidement (Où allez-vous ?)
Le retour au physique fut quasi instantané, exactement comme si
j’avais pressé le bouton d’alarme, ce que je n’avais pas fait depuis
longtemps. Forte sensation de fatigue mentale et physique. J’ai oublié
de noter l’heure de retour. Manque d’énergie. Je n’avais envie de rien
faire. Je ne parvenais pas à m’endormir. Je me suis levé, me suis rendu à
la cuisine où j’ai préparé une tasse de café. Je me suis assis et j’ai
regardé ixement la tasse.
Je n’ai pas eu l’énergie ni le désir de me lancer dans une autre
exploration au cours des deux semaines suivantes. J’étais déprimé. La
seule scène à refaire surface fut la suivante.
C’était le crépuscule. La vache de Guernesey avait parcouru des
kilomètres dans les pâturages à la recherche de fourrage. Hier, l’herbe
était belle ici, mais elle ne s’est pas donné la peine de se demander
pourquoi. Elle a calmement passé le portail lorsqu’il lui a ordonné de le
faire. Il savait que l’herbe serait plus belle ici et c’est pourquoi II l’y a
amenée, sans qu’elle le réalise. Elle n’a fait que ce qu’il lui a ordonné de
faire.
Et maintenant, le crépuscule, c’est à nouveau le moment Elle doit se
rendre chez Lui. Elle éprouve une douleur qui l’aiguillonne sous les
lancs et la pousse à rentrer. Chez Lui, sur la colline, il fait frais et les
pâturages sont plus abondants. Et II la délivrera de sa douleur.
La vache gravit la colline et attend près de chez Lui. Bientôt, le
portail s’ouvrira, elle prendra place chez Lui et mangera le fourrage
qu’il lui donnera. Et pendant qu’elle mangera, Il la soulagera de sa
douleur jusqu’au matin.
Ensuite, l’Homme s’éloignera avec un récipient circulaire rempli
d’eau blanche. La vache ignore d’où Il a tiré cette eau blanche, et
pourquoi II la veut.
Comme elle l’ignore, cela lui est égal.
13. TRAITEMENT DE CHOC

Il me fallut plusieurs mois pour m’adapter à la boule de pensée «


loosh ». « Adapter » est un terme très général pour exprimer un cycle
complet de réactions telles que le choc, le rejet, la colère, la dépression,
la résignation et l’acceptation. Mon expérience était sensiblement
comparable aux découvertes effectuées par d’autres et aux études sur
l’être humain face à la mort naturelle ou accidentelle.
Quelque chose était en train de mourir en moi. J’avais réalisé
depuis longtemps que le Dieu de mon enfance n’existait pas, du moins
pas sous la forme qui m’avait été inculquée. Cependant, j’avais
profondément intégré le concept de créateur et de créature. Il me
suf isait d’observer l’ordre de la création, complexe et élaboré, la
symbiose qui présidait à l’ensemble du processus… les arbres qui,
naturellement, poussaient à la verticale et nous fournissaient l’oxygène
nécessaire, tandis que, depuis longtemps, nous les nourrissions sans le
savoir de nos déchets, indispensables à leur existence… l’équilibre de la
planète entière, dont les phénomènes de iltrage extérieur ne laissaient
passer que la quantité et la qualité adéquates de lumière solaire, si
déterminante pour le développement biologique…et bien sûr pour la
chaîne alimentaire.
La boule de pensée « loosh » contenait toutes les réponses.
Notamment, elle expliquait le but, la cause et la raison de tout Ce
facteur m’avait longtemps
échappé. La réponse « loosh » était simple et évidente. La raison
était là, très prosaïque. Nous produisons vraiment Quelque Chose de
valeur. Le « loosh ». Si en in on était en mesure de franchir les barrières
émotionnelles en question, il devenait, même dans ce cas, dif icile de
trouver des brèches dans le concept général. C’était une explication
totale de l’histoire et des comportements humains.
Et les INSPECS?
Étaient-ils les jardiniers, les collecteurs de « loosh » ou les
surveillants ? Ce problème m’avait tourmenté pendant des semaines
avant que je ne me décide à trouver la solution, coûte que coûte.
Une nuit, après avoir péniblement dormi deux cycles, je me
réveillai en sursaut et demeurai calmement étendu sur mon lit A
l’évidence, la crainte de ce que je pourrais trouver était plus forte que je
ne l’avais pensé. Je décrochai dif icilement du physique et glissai hors
du second corps qui planait Je recherchai le signal de ralliement
INSPEC, mais sans succès. Tout d’abord, je fus déconcerté, mais je ne
manquais ni de détermination ni d’audace. J’utilisai l’identi icateur
INSPEC, la boule de pensée totale que j’avais d’eux, m’étirai, me
concentrai et partis. J’eus brièvement la sensation d’effectuer une
rotation, mais non de traverser les anneaux. Puis je pénétrai une
obscurité profonde. J’étais immobile. Rien d’autre.
J’avais l’image que l’identi icateur utilisé n’était pas suf isant. Je
pouvais bien me trouver aux portes du territoire INSPEC, mais je ne
possédais pas le passeport qui m’aurait permis d’entrer. Je n’avais
jamais essayé d’aller vers eux, car ils étaient toujours venus à ma
rencontre. Je n’avais aucune image de leur
réalité/état. C’est pourquoi je n’étais parvenu qu’au lieu de nos
rencontres. Si je me concentrais sur…
Une vibration chaleureuse me traversa. (Bravo monsieur Monroe.
C’est tout à fait correct.)
Je commençai à me détendre un peu. Au moins, j’avais pu aller
aussi loin et ILS ne m’avaient pas appelé BOUM BOUM.
(Peut-être préféreriez-vous l’identi icateur sous lequel nous vous
connaissons le mieux. Nous estimons que, désormais, vous y êtes prêt.)
Prêt… un nom…ils me connaissent mieux que… Quel est donc ce
nom ?
(Ashaneen.)
Ashaneen, nom étrange et familier. Sensation d’essayer de guérir
d’une amnésie profonde… tendre patience de ceux qui m’aident à
retrouver la mémoire. Mais le « loosh »…
(Nous savons quelles perturbations vous avez traversées, mais vous
deviez en passer par là. Comme vous dites, c’est inhérent au territoire.)
Puis la boule de pensée «loosh» fut réelle ! Je tressaillis…
(C’est la traduction qui n’en est pas réelle. Vous savez parfaitement à
quel point il est dif icile de situer correctement la Terre et les valeurs
humaines dans des perspectives et des énergies qui échappent à l’espace-
temps.)
Je me tournai vers moi-même et saisis la boule de pensée « loosh ».
« Loosh », une énergie générée par toute vie organique à divers degrés
de pureté. La plus pure et la plus active émane des humains. Elle est
engendrée par l’activité humaine qui déclenche l’émotion, la plus élevée
de ces émotions étant…
l’amour ? Est-ce que l’amour est «loosh »?
(Continuez, Ashaneen.)
Mais la boule de pensée indique que du « loosh » est rejeté à l’issue
de la vie physique, en cas de souffrance, de colère, de haine… tout cela
ne ressemble guère à l’amour.
(Comment dé iniriez-vous l’amour dans votre langage ?)
Je savais que, logiquement, c’était l’étape suivante. Je ne pouvais
trouver la réponse. Tout au long de l’histoire, de grands esprits et les
plus grands philosophes s’y étaient essayés. Ils n’avaient trouvé que des
réponses partielles. Et je n’étais pas de ceux- là. Je n’envisagerais même
pas d’essayer.
(Mais vous savez que cela existe. L’amour n’est pas une illusion.)
Je relâchai la boule de pensée « loosh » et me tournai
profondément vers moi-même. De cette manière, c’était plus facile, ou
peut-être était-ce la présence de l’énergie INSPEC. Elle se présentait
elle- même, à la fois comme un mélange et une séquence d’accords
musicaux et de courtes mélodies. Cependant, il ne s’agissait pas de
sons, mais de couleurs lumineuses. Dispersées dans une confusion
d’harmonies, de dissonances, d’excitation, de joie, de peut et
d’émotions, j’avais parfois, depuis ma naissance, l’image d’un af lux de
blanc… d’abord issu de ma mère et de mon père. Puis il y eut de plus
petits éclairs, dont je ne pouvais identi ier la source. Pendant toute mon
enfance, je recherchai une légère lueur de blanc prenant sa source en
moi, une lueur que j’émettrais moi-même. Je fus consterné de
n’observer qu’une seule petite lueur blanche dirigée
vers un chien airedale répondant au nom de Pete. J’étais certain
que la ille, au lycée, comment s’appelait-elle… n’avait même pas
tressailli.
(C’est une idée fausse des plus communes, un instinct de conservation
précoce.)
J’étais d’accord, mais je ne pouvais comprendre pourquoi. Même de
ce point de vue, les accords rouge vif et rose, et la mélodie étaient
impressionnants. Pas étonnant qu’une volute ignorante comme je l’étais
ait une image erronée. Je progressai rapidement dans ce fouillis que
j’étais. Je pouvais parfois repérer des af lux de blanc dont je n’avais pas
eu conscience. Leur réalité me déprimait et m’attristait, parce que je ne
trouvais pas en moi d’émission signi icative analogue. Tout entrait en
moi, je le prenais et ne réagissais pas. Finalement, je m’interrompis et
arrêtai là mes investigations. Je n’étais guère un producteur de «loosh ».
Trop d’autres accords colorés et de mélodies. Sauf maintenant. Je savais
qu’en certains points, quelques fortes émissions émanaient de moi. Cela
prenait-il tant de temps !
(Vous comprenez les ondulations. Tout provient de la même ligne de
base, les couleurs et le blanc. Il n’y a qu’une différence de fréquence et
d’amplitude.)
Je savais ce qu’ILS faisaient et je l’appréciais. Ma concentration
s’était détournée de ce que je pensais être désagréable dans une
situation à nouveau abstraite, mais néanmoins très solide. En agissant
de même (expérience interactive), on apprend à exprimer la colère, la
douleur, la crainte et tout le reste, et inalement (si, par bonheur, on a
terminé le cours avec succès) une forme d’énergie spéciale appelée
amour.
Cependant, nous ne savons pas avec certitude de quoi il s’agit ni
comment l’utiliser.
(Une école d’apprentissage intensif bien conçue.)
Oui, pour apprendre à produire du « loosh » l’amour de grande
qualité. Le fait que la conscience physique humaine ignorait pour
l’essentiel qu’elle était impliquée dans ce processus peut être un
élément important Rares sont ceux qui connaissent le programme
immatériel, au moins ouvertement. Cela devenait très lourd pour ma
connaissance. Néanmoins, je commençai à me faire une image timide,
insaisissable, mais réelle. Qu’arriverait-il si la vache de Guernesey
découvrait la valeur de son lait ? Et que pourrait-elle en faire si elle
n’avait pas de veau à nourrir ? Pourrait-elle l’économiser ? Pourrait-elle
le troquer contre du foin ou des blocs de vitamines et de protéines à
lécher ? Qu’arriverait-il si elle découvrait que l’homme lui prend son lait
? Se révolterait-elle et refuserait-elle d’en donner encore? Mais alors, lie
n’aurait plus de pâturage où paître, plus de chien de berger pour la
protéger, plus de taureau quand elle en aurait besoin et, pis que tout,
plus d’étable où aller se faire soulager de sa douleur. N’ayant aucune
notion du temps qui passe, elle oublie que la douleur s’apaise par la
suite. Et même si elle le savait, peut-être n’y ferait-elle pas attention.
Elle ne voudrait pas gâcher une bonne chose. En in de compte, qui s’en
soucie ? Qui pourrait bien s’en soucier ?
(Comme on dit chez vous, on ne peut vaincre la machine.)
L’image était encore là, timide, toujours inexpliquée. Et ceux qui
pouvaient vaincre la machine ? Ils sont condamnés à demeurer des
exceptions, aucune machine n’est parfaite, une seule anomalie suf it à
justi ier ou à créer un élément statistique. Sont-elles abattues et en fait-
on des hamburgers ? Et dans ce cas, est-ce qu’un hamburger est une
sorte de « super-loosh» ou quelque chose de complètement différent ?
Est-ce également une portion du produit de la machine, ou bien est-ce
la rouille qui est raclée et dont on se débarrasse ?
Quel est le rôle des jeunes taureaux? Ils ne produiront jamais de «
loosh ». Un taureau suf it pour cinquante vaches, donc il y a un surplus.
Dans la nature — la machine ? — à l’état sauvage, l’impersonnalité de
cette perspective de prédominance et de prédation ne igure
certainement pas dans la colonne gagnante. Attendez l’image se précise.
Il n’y aurait pas de production de « loosh » sans au moins un, euh…
taureau. Donc le taureau est un producteur indirect, mais
indispensable, de « loosh ». Dans cette optique, il en va même pour
l’herbe, le fourrage, l’eau, les minéraux et le reste.
(Rappelez-vous les ondes, battez les fréquences que vous aimez tant.)
Voyons ! Si un émetteur propage certaines ondes, elles peuvent
résonner avec des vibrations de même type, de manière à former une
combinaison de plusieurs vibrations qui, pensée en termes de lumière,
serait blanche ! Ainsi, à l’entrée comme à la sortie, vous ne devez pas
être l’antenne ou le transducteur, mais l’un des oscillateurs. Vous
pouvez ne jamais percevoir un véritable rayonnement de « loosh » et
jouer un rôle vital dans sa production. Me rappelant mes premières
recherches, je me sentis beaucoup mieux.
(Alors, qu’est-ce qui vous tracasse ?)
L’image me titillait encore de l’intérieur. ILS avaient raison. Que
ferais-je de tant de « loosh» /amour si j’en possédais un plein entrepôt ?
Le distribuer ? Il ne ferait que revenir par intérêt et je devrais
construire un autre entrepôt a in d’y stocker des quantités toujours
plus grandes. J’eus une intuition lumineuse. C’était évident… Quelqu’un,
Quelque Part Si je pouvais…
(A ce point, vous n’êtes pas encore prêt.)
Prêt à aller Quelque Part ? Pour y rencontrer Quelqu’un ? Et dans
tout cela, comment vous situez- vous, cher ami ? Si j’avais le courage de
demander…
(Nous ne sommes pas ce Quelqu’un, ni ne venons de ce Quelque Part
que vous avez mentionné. Nous ne sommes pas non plus les gardiens du
jardin de la Terre ni les jardiniers. Nous ne collectons ni ne déplaçons le «
loosh »/énergie développé par l’humain dans le temps ou dans l’espace.
Nous ne nous situons nulle part dans le processus humain d’apprentissage
intensif. Cependant, nous avons observé sa production et son
développement depuis le commencement. Nous y participons, si besoin
est, sans interrompre la session d’étude. Notre participation se révèle
nécessaire lorsque le lux est bloqué. En dernière analyse, cette
participation satisfait un besoin vital pour nous.)
Il fallait que je pose la question. Est-ce…
(Quelque Part n’est pas le ciel de votre histoire, mais a été créé,
comme l’ont été tous les autres systèmes.)
Alors Quelqu’un…
(Est le créateur qui a été créé. Vous êtes un créateur qui a été créé.
Chacun d’entre vous porte en lui une petite boule de pensée de Quelqu’un,
qui lui-même vous
a créé. Par le biais de cette boule de pensée de Quelqu’un, votre
créateur, vous portez en vous une image du créateur qui a créé
Quelqu’un.)
Je me retournai vers moi-même. Même sous cet angle, il était
dif icile de ne pas tenir compte de la logique sérielle. L’image facile
représentait la multitude de déformations, de conceptions fausses et
d’indications erronées. Une petite connaissance peut être dangereuse et
l’imagination humaine créatrice s’est inspirée là-bas. S’il n’y avait pas
eu un Quelqu’un…
(Les humains n ‘existeraient pas.)
Je méditai cette idée de « loosh »/amour. Ce Quelque Part doit être
l’endroit où l’on traite tout ce « loosh ». Il cadrerait avec plusieurs
concepts du ciel. Je devins mélancolique peut-être pourrions-nous aller
jusqu’au bord de ce Quelque part. Ainsi, je pourrais me faire une idée
du lieu/de l’état dans lequel il y avait tant d’amour. Tout près, mais pas
dedans juste pour regarder de loin. Cela pourrait me fournir tant de
réponses…
(Vous n’en demandez pas trop, monsieur Monroe. Nous pouvons
arranger cela. Fermez-vous bien…)
CLIC !
Même complètement fermé, le rayonnement était si puissant qu’il
en était presque intolérable… j’avais la sensation de dégouliner de
transpiration, de fondre… mais ce n’était pas la chaleur… j’éclatai en
sanglots déchirants et ignorais pourquoi… Puis le rayonnement
s’adoucit et je m’ouvris un peu. Entre le rayonnement et moi, et il avait
une forme. Elle me protégeait Je pouvais percevoir un effet auréolé
autour d’elle, au-delà du rayonnement, qui m’évoquait des fresques
religieuses j’avais admirées. Mais c’était vivant et, d’une certaine
manière, très différent des couleurs pigmentées…
(Votre tolérance a atteint ses limites. Nous écartons la plupart des
types d’énergie, qui ne sont eux-mêmes que le résidu hasardeux, la fuite,
comme vous diriez, du fondamental. Concentrez-vous sur nous et non sur
l’auréole extérieure. Cela vous aidera.)
Je me is violence et ixai le centre de la forme… je commençai à me
rafraîchir et à me calmer… lentement, mon moi rationnel et observateur
émergeait à nouveau, maîtrisant l’accès émotionnel écrasant qui
m’avait envahi… c’était comme regarder à travers une plaque de verre
fumé et je devais faire un effort continuel pour maintenir l’émotion en
dessous du seuil de tolérance… la joie merveilleuse et éclatante,
l’horreur et la vénération ne faisaient plus qu’un, cependant que
jaillissaient d’elles des éclairs fugaces qui me transperçaient. J’étais
incapable d’éviter le rayonnement et ne le maîtrisais qu’à grand- peine.
Ce serait très certainement le paradis absolu, le dernier chez moi…
(Concentrez-vous davantage. Vous en êtes capable.)
Je regardai à travers cette protection de verre fumé qu’était mon
ami INSPEC… et j’étais reconnaissant, car je savais que si j’étais
tellement sensible au simple re let, à la fuite, la pleine force du
rayonnement m’aurait épuisé. Je n’étais pas prêt… si c’était l’image du
bord… Là-bas, dans le lointain, il y avait une forme vivante, rayonnante,
d’une taille incroyable, ma première image d’un grand humanoïde
debout, les bras tendus devant lui, les paumes tournées vers le haut.,
mais aussi vite qu’elle était apparue, la forme disparut.. A la place, il y
avait une sphère brillante aux bords indistincts, suivie d’une autre,
identique en apparence. Il en venait encore d’autres, qui formaient une
cascade continue remontant à l’in ini, transcendant l’image que je
pouvais en avoir… d’innombrables faisceaux ou rayons émanaient de
chaque sphère… dont le diamètre était parfois considérable, parfois
aussi in ime qu’une pointe d’épingle… ils étaient uniformes dans le sens
de la longueur, mais leur destination échappait à mon image… certains
me rasaient de si près que j’avais la sensation de pouvoir tendre le bras
et les toucher…
(Voudriez-vous les toucher ? Nous vous aiderons, le cas échéant.)
J’hésitai, mais rassuré par la protection chaleureuse de l’INSPEC,
j’avançai avec précaution une partie de moi-même et touchai le plus
petit des rayons qui se trouvaient à proximité de moi…
En un éclair, le choc se propagea dans tout mon être… et je sus… et
je savais que j’allais oublier, parce que je n’étais pas, pour l’instant, en
mesure de saisir la réalité… cependant, je ne serais jamais plus le
même, bien qu’ayant tout oublié, sauf le fait que cela m’est arrivé. Le
bonheur de savoir que cela avait lieu était indescriptible. Les échos se
répercuteraient en moi pour l’éternité, quelle que soit mon éternité…
doucement, je sentis que je me détachai du rayon et je m’évanouis
derrière la forme protectrice de mon ami INSPEC… Ami ? INSPEC ? Je
compris alors à quel point mes images étaient limitées… les sphères
rayonnantes, les rayons émis…
(Vous avez très bien réagi à cette première
exposition. Votre énergie « loosh»/amour humain devient le centre de
ce que vous percevez, d’où elle est redirigée dans les rayons, aux points où
elle manque le plus. Lorsque vous aurez accompli des progrès, nous vous
guiderons vers l’une de ces destinations a in de faire connaître les
résultats.)
Mon image, trop faible, ne m’indiquait pas ce que serait une
exposition à la pleine puissance de ces rayons. Maintenant que je
m’étais un peu détendu, ma curiosité humaine ne laisserait pas la
question fondamentale sans réponse.
(Cela a été créé. C’était toujours là-bas… nous n’avons aucune image
d’un commencement. Etes-vous prêt à revenir maintenant ?)
Je me tournai vers moi-même et me fermai tout à fait.

CLIC!
… Nous nous trouvions à nouveau dans une obscurité familière,
mais maintenant elle semblait vide et stérile. L’énergie INSPEC était
encore à mes côtés… il faudrait que je leur trouve un nouvel
identi icateur, car s’ils pouvaient se maintenir si calmement sous…
INSPEC fera parfaitement l’affaire.)
Mais je ne pouvais le laisser tranquille. Secoué comme je l’étais, je
savais que je devais leur demander, parce que je savais qu’ils étaient
extraordinaires, mais j’ignorais à quel point…
(Nous sommes créés, comme vous l’êtes. Il importe que vous en
obteniez davantage de votre propre image. Vous en trouverez la raison
dans votre propre — comment dites-vous cela? — temps.)

Soudain, je sentis un signal impérieux et pressant derrière moi.


D’abord, je résistai, refusant de partir, mais le signal persistait. Grâce à
ta chaleureuse compréhension de mon ami INSPEC, je me tournai et
suivis le signal. Instantanément, je lottai au-dessus de mon corps
physique. Mon second corps était au- dessous de moi. Je m’y glissai
facilement, puis glissai dans mon corps physique. J’avais des fourmis au
bras droit De toute évidence, j’avais reposé dessus de tout mon poids. Je
léchis le bras plusieurs fois, méditant comme je l’avais souvent fait
auparavant ; et s’il n’y avait pas eu le signal de retour, combien de temps
serais-je resté absent, ne serais-je jamais revenu ? J’étais étendu dans
l’obscurité et prêtais l’oreille à l’engoulevent et aux criquets de nuit.
Une brise légère imprégnée des senteurs de la terre pénétrait par la
fenêtre ouverte. Je sentais la douce chaleur de notre petit chien Bateau
à vapeur sommeillant comme un bienheureux, blotti contre mes pieds.
Je percevais la respiration régulière de Nancy, qui dormait auprès de
moi. Et je sentais l’humidité de mes joues et quelques restes de larmes
dans les yeux.
Je me souvenais… Pas bien, mais je me souvenais ! Je m’assis sur le
lit, prêt à sauter et à hurler d’un bonheur incompréhensible. Bateau à
vapeur a relevé la tête et m’a regardé curieusement, puis l’a reposée. Ma
femme a changé de position lorsque je me suis assis, puis sa respiration
est redevenue régulière. Je ne voudrais pas la réveiller, car elle a besoin
de repos.
Je me suis recouché, songeur. Peu avant l’aube, je me suis endormi à
mon tour.
14. UNE LEÇON SANS PEINE
Heure: 3 h 40 du matin… réveillé, alerte, reposé, détendu… j’ai
décroché facilement du physique, me suis glissé sans délai hors du
second corps. J’ai attendu un signe. Rien. J’ai abandonné et laissé mon
moi total prendre le relais. Il y eut un peu de cafouillage, comme
d’habitude, et l’identi icateur BB se trouva à côté de moi. J’avais une
image très différente de lui. Il était complètement fermé et atténué. La
ine brume centrifuge de la Zone intermédiaire le rendait encore moins
distinct
Je lançai avec négligence: (Eh, vieille branche, qu’y a-t-il ?)
BB s’ouvrit légèrement (Oh ! salut, BOUM BOUM.)
(J’ai appris que vous alliez rentrer en KT-95.)
Il s’atténua. (Oui.)
Je me détendis complètement (Que puis-je faire pour vous?)
(Rien… rien.) Il faisait mine de se fermer. (Je me balade, c’est tout.) Il
avait l’attitude de quelqu’un qui vient de perdre son meilleur ami, ce
qui était parfaitement vrai de son point de vue, mais partiellement
seulement dans une autre optique.
Partiellement, en ce sens que AA, lorsqu’il émergerait en in, serait
bien le même, mais empreint et masqué par l’être qu’il était devenu au
cours de son incarnation humaine. Cela pourrait être analysé comme
une perte si BB n’acceptait pas le changement ou attendait encore la
stase de KT-95 qu’était auparavant AA.
J’essayai une autre approche. (Écoutez, nous ne pouvons pas rester
ici éternellement.)
BB fut déconcerté. (Éternellement ? Qu’est-ce que cela signi ie ?)
Je tressaillis. (C’est, euh… une expression humaine.)
Il vibra. (Je ne veux rien avoir à faire avec les humains.)
Je lançai sans détour. (Il vous faudra bien avoir une boule de pensée
sur les humains, sinon, vous ne reconnaîtrez pas votre ami AA lorsqu’il
reviendra. Vous ne pourrez pas trouver son identi icateur.)
Il vibra. (Bien sûr que si ! On ne perd pas ces choses- là !)
(Ce sera différent. Prenez votre boule de pensée lorsque vous avez
essayé de le tirer de là. Même à ce moment vous aviez des problèmes avec
son identi icateur. Je vous garantis que ce n’est qu’un aperçu de ce qui
vous attend: il venait seulement de se mettre en route.)
Il se retourna vers lui-même et se ferma. J’ai eu soudain l’image
d’une répétition. Que ferais-je de lui ? Il n’était pas un chien ou un chat
perdu que je pourrais ramener, nourrir et caser chez l’un ou l’autre,
c’était ridicule. Lui trouver un corps humain ? Comment le pourrais-je ?
Il n’allait certainement pas prendre la ile et devenir humain en passant
par le poste d’entrée. Comment apprendre à nager sans entrer dans
l’eau et sans se mouiller ?
J’essayai de m’en sortir avec élégance. (Il serait peut-être préférable
défaire un petit saut et de rentrer en KT-95.)
BB s’ouvrit légèrement. (Je l’ai fait et j’en suis revenu.)
J’attendis. Je n’approfondirais pas davantage si je ne pouvais l’aider.
Je savais qu’il continuerait, et c’est ce qu’il it.
(Il y avait un trou, un trou vide. Cela vous est-il déjà arrivé ?)
J’acquiesçai. (Mouais, j’ai été là-bas. Il restera vide parce qu’il est
conçu pour une certaine volute. Aucun autre ne pourra l’occuper.)
(AA était une super-volute, vous pouvez me croire. Beaucoup trop
bon. Regardez où il en est.)
J’acquiesçai à nouveau. (Cela peut arriver.)
J’étais sur le point de me tourner et de me retirer avec précaution,
mais c’était trop tard. J’avais l’image précise qu’il parviendrait à une
solution et que je serais impliqué. Je n’avais que trop raison.
Il s’éclaira intensément. (Vous pouvez le faire !)
(Faire quoi ?)
(Donnez-moi les boules de pensée relatives aux humains, a in que je
puisse me préparer pour lui.)
(Je ne saurais par où commencer)
(Alors, dites-moi comment ça marche.)
(Comment vais-je m’y prendre? Vous devriez être incarné…)
(Non, non, interrompit BB. Vous n’avez pas de corps physique.)
(Si, si, mais…)
(Nous avons sympathisé dès le début, BOUM BOUM. Nous voilà
comme deux vieux copains. J’ai un solide indicateur sur vous. Vous
pourriez, tout simplement, être mon guide. Qu’en pensez-vous ?)
Je me détendis. (Découvrir la condition humaine en une leçon sans
peine ?)
Il s’éclaira davantage. (C’est cela, c’est exactement cela !)
Et voilà ! C’était quasiment le coup de l’aveugle servant de guide à
un autre aveugle. Je ne pouvais guère que lui donner un aperçu des
points essentiels, lui montrer… oui ! II fallait lui montrer, éclaircir tout
cela.
Je m’ouvris. (Très bien ! L’essentiel de l’incarnation, c’est la survie.
C’est l’image qui transcende presque tout pour la plupart des humains.)
Il fut déconcerté. (Qu’est-ce que la survie?)
(C’est le fait de rester en vie.)
(Je ne vois pas où est le problème ! Vous êtes vivant, vous restez
vivant.)
Je m’adoucis. (Pas si vous occupez un corps physique. Pour la plupart,
le souci majeur est de rester vivant dans un corps physique, rien de plus.
Ils dépensent une énergie considérable à essayer de survivre, d’une
manière ou d’une autre. C’est virtuellement la cause de presque tous les
problèmes humains. L’instinct de conservation est si puissant qu’il sème
partout la confusion. Fin de la leçon.)
BB roula. (C’est bien la boule de pensée la plus bizarre que j’aie
jamais reçue !)
(Ce n’est pas si drôle pour qui est un humain. On pense que c’est la
réalité, un point c’est tout.)
Il roula encore et je compris qu’il n’existait qu’un seul moyen de lui
faire saisir l’idée. Lui montrer ! L’emmener sur une plage et lui montrer
les baigneurs… (Allez, suivez mon identi icateur.)
BB s’éclaira. (D’accord, BOUM BOUM !)
Je me tournai, effectuai une demi-roulade et plongeai dans les
anneaux avec mon nouvel ami de
KT-95. Qu’importent les grands centres, il valait mieux descendre
vers des zones plus représentatives… à l’écart de la civilisation, pour
souligner les caractéristiques de l’environnement physique… Asie
centrale, oui… ça devrait aller… Je m’arrêtai juste à la verticale d’une
colline nue, avec une forêt clairsemée d’un seul côté de sa base. Un
homme était accroupi à l’orée de la forêt. BB se trouvait à mes côtés et
je dirigeai sa concentration sur l’homme. Ce qui semblait être une biche
était en train de paître non loin de l’homme. Celui-ci leva son fusil, visa
et tira. La biche s’effondra, en secouant les pattes par saccades.
L’homme accourut, tira ta tête de l’animal en arrière et lui trancha la
gorge d’un coup de couteau. Le sang jaillit, puis coula doucement
L’homme chargea la biche sur son épaule et suivit la lisière de la forêt
en direction d’une hutte de pierre. Nous le suivîmes tandis que BB me
communiquait ses observations.
(Cet humain, il vient de tuer cet autre être.) J’acquiesçai. (En effet.)
(Pourquoi l’a-t-il fait ? II n’est guère question de survie, jusqu’ici !)
(Pas en ce qui concerne la biche, euh… l’autre être, l’animal. L’être
humain a besoin du corps de la biche.)
BB fut déconcerté. (Pourquoi en a-t-il besoin ? II possède déjà un
corps.)
Je me détendis. Nous arrivions au fait ! (Pour survivre, l’être a besoin
de manger.)
(Manger ? Qu’est-ce que cela signi ie ?)
(Il met le corps de l’animal dans son propre corps physique, a in de
survivre. C’est ainsi qu’il peut rester en vie. C’est ce que nous appelons
manger.)

(L’autre être, le, euh…la biche, elle n’a pas survécu, elle n’est pas
restée en vie… euh… physiquement. J’ai nettement perçu que son énergie
la quittait.)
Une leçon sans peine, disais-je ! (Voilà ! Nous considérons que les
humains constituent l’espère dominante, euh… parmi les êtres vivants sur
terre, lisse situent à l’extrémité de ce que nous nommons chaîne
alimentaire. Les aliments sont ce que mangeons. Les petites espèces sont
dévorées par des plus grandes qui, à leur tour, sont mangées par des
espèces encore plus grandes, et ainsi de suite jusqu’ à l’être humain. L’être
humain n’est pas le plus grand, mais le plus intelligent, c’est pourquoi il
constitue une espèce dominante. Il mange presque tout ce qui pousse.)
BB, retourné vers lui-même, tressaillait, tandis que nous suivions
l’homme vers la hutte de pierre. Il déchargea la carcasse de la biche et
l’accrocha, tête en bas, à un râtelier situé devant une ouverture
masquée par un rideau. Puis il entra.
BB tressaillit (Ne va-t-il donc pas le… euh… la manger ?)
(Il le fera plus tard. Il doit d’abord l’apprêter, laisser le sang
s’égoutter. Voulez-vous entrer ?)
Il n’avait pas vraiment le choix et je le guidai à travers le mur de
pierre. A l’intérieur, un petit feu crépitait au centre de la pièce, à même
le sol de terre battue. Trois personnes étaient assises autour du feu, une
femme et deux enfants en bas âge. La femme remuait le contenu d’un
pot suspendu au-dessus du feu. Les enfants la regardaient faire, l’air
affamé. L’homme se joignit à eux et s’assit II ôta son lourd manteau et
accepta le bol que la femme lui tendait II se mit à manger, se servant de
ses doigts pour extraire la nourriture du bol, morceau par morceau. BB
s’enquit avec empressement:
(Que vient-il défaire ?)
(En ce moment précis, il est train de manger. Il saisit des aliments par
petits morceaux et les introduit dans son corps.)
(Oui, oui, j’ai bien perçu cette image, mais auparavant, il a ôté une
partie de son corps!)
Tout d’abord déconcerté, je m’éclairai. (C’était son manteau, non son
corps. C’est un morceau d’étoffe qu’il met sur lui pour se protéger du froid.
C’est le second impératif de la survie : protéger son corps contre la
chaleur, le froid, et les accidents. C’est la raison d’être de la cabine, euh…
de la hutte où il se trouve actuellement. Elle lui permet d’abriter son
corps. Le feu…euh… ce rayonnement au centre de la pièce leu permet de
se maintenir au chaud.)
J’eus la vision d’un BB concentré comme on serait fasciné par la
tête d’un cobra ondulant devant soi. Je dirigeai ma concentration sur
lui, m’efforçant de déterminer exactement dans quelle mesure la scène
le pénétrait en tant que véritable boule de pensée. Comment expliquer
la chaleur et le froid, des phénomènes aussi élémentaires que le feu ou
les soins constants que requiert un corps humain, à quelqu’un qui n’en
a jamais eu ? BB me sollicita encore.
(BOUM BOUM, BOUM BOUM!) Il vibrait intensément (Il est en train
de tuer l’autre être !)
Je me tournai. L’homme avait éloigné la femme du feu et l’avait
culbutée sur le sol. De tout son poids, il la maintenait à terre et
l’enlaçait étroitement La femme l’étreignait également. Il lui avait
troussé les jupes jusqu’aux hanches et tous deux se
contorsionnaient violemment. La femme, jambes écartées, enserrait le
buste de l’homme. Les enfants poursuivaient leur repas dans la plus
parfaite indifférence. N’étant pas voyeur, je pus décrire le phénomène
sous un angle purement scienti ique.
Je me détendis, elle ne la tue pas. Ils sont en train de… euh… de se
reproduire.)
(Qu’est-ce…)
(Ils unissent leurs énergies pour en créer une troisième. Ils sont en
train défaire une réplique d’eux- mêmes, comme ces deux petits êtres qui
mangent près du feu. Je suis certain qu’ils ont fait ces deux enfants.)
(Mais pourquoi le font-ils)
(C’est un aspect crucial de la survie, faire une réplique de soi et se
prolonger dans cette réplique. C’est un point commun à toutes les espèces
vivantes: se reproduire, puis résoudre les problèmes de nourriture, de
chaleur, de froid et tout le reste.)
(Alors ils en ont déjà fait deux.)
(C’est en quelque sorte la garantie qu’au moins l’un d’entre eux
pourra survivre et se reproduire à son tour. Si ces deux petites répliques
meurent ou sont tuées avant d’avoir pu se reproduire, la troisième qu’ils
sont en train de concevoir vivra peut-être suf isamment longtemps pour
faire des répliques elle-même.)
BB tressaillit. (Pourquoi mourraient-ils et comment seraient-ils tués
?)
(C’est l’un des problèmes de la vie physique. Il est plus facile mourir
ou de se faire tuer que de survivre. Il faut un puissant instinct de
conservation pour atteindre un équilibre, ce qui engendre d’autres
problèmes.)
(Quels problèmes ?)
(Nous y viendrons petit à petit.)

Il se concentra sur les deux partenaires qui, l’acte sexuel terminé,


étaient revenus manger auprès du feu. (Les deux grands ne sont pas
identiques.)
(Tous deux sont des humains, mais différents. Lorsque vous avez
retrouvé AA, il voulait revenir parmi les humains et être une femelle.
Effectivement, il est devenu une femelle. Les humains sont soit mâles, soit
femelles. Il faut un mâle et une femelle pour se reproduire, pour faire une
réplique de soi.)
BB se retourna vers lui-même, puis s’ouvrit. (Et vous, qu’est-ce que
vous êtes?)
(Un mâle.)
(Avez-vous déjà été une femelle ?)
(N’ayant aucune donnée sur ce point, j’ai tout lieu de penser que
non.)
Il s’ouvrit davantage. (Nous n’avons rien de semblable en KT- 95. Je
n’ai jamais eu d’image relative à des répliques de soi-même. C’est
fascinant !)
Je l’interrompis. (En fait, ce n’est pas vraiment une réplique de soi,
mais un mélange physique des deux êtres. On espère obtenir une réplique
de soi-même, mais cela ne se passe jamais vraiment ainsi. Cette réplique
n’est que le véhicule physique. La volute qui s’y installe peut-être tout à
fait différente.)
BB roula. (Ne vous fatiguez pas, BOUM BOUM, je ne suis pas fasciné à
ce point.)
(Je perçois l’image de volutes plus fortes que vous, chez les humains.)
Il se détendit. (A ce point, je ne comprends rien à cette histoire de
survie. Ce serait trop pour moi. Manger, je pourrais m’y faire, la chaleur,
le froid, oui. S’ils peuvent y faire face, je le pourrais aussi. La reproduction,
comme vous dites, la duplication, ce serait gai, on pourrait en faire tout
un jeu.)
Je ne pus me retenir. (Fin de citation ! C’est parti !)
Il fut déconcerté. (Aucune perception. La in, vraiment ?)
Je me tournai, traversai le mur, certain que BB me suivrait. Je pris
l’identi icateur du lieu qui, pensais-je, lui fournirait une donnée solide
sur l’accumulation des dénaturations. Identi icateur New York, au cœur
de Manhattan. Commençons par la 42e Rue ouest. Après un mouvement
bref, nous nous sommes trouvés au niveau du trottoir. La faune du soir
grouillait dans la rue. Ils se bousculaient les uns les autres, lânaient, se
hâtaient ou s’attardaient Les restaurants, les cinémas pornos aux
devantures couvertes d’af iches obscènes, les boutiques de gadgets, les
magasins de disques d’où s’échappait une musique tonitruante, les
voitures et les camions encombrant la chaussée, tout cela n’avait guère
changé en trente ans. Au contraire ! Ce spectacle serait très instructif
pour BB. En pleine cohue, il s’esquivait et s’efforçait inutilement de ne
bousculer personne. Je le guidai vers le bord du trottoir, à l’écart de la
foule.
Il tressaillit. (D’où viennent-ils tous ?)
(Des grands carrefours de ce monde. Ils viennent de partout.
Beaucoup d’entre eux habitent dans les environs.)
(Pourquoi viennent-ils ici, à cet endroit ?)
Je me détendis. (D’après l’image, on peut trouver tout ce que l’on
veut à New York.)
BB vibra. (Cela ne me semble guère nouveau, même ici.)
(Ce n’est qu’une image. Tous ceux-là ne font rien de plus que l’homme
dans la forêt. Ils s’efforcent de survivre, ils font tout ce qu’ils peuvent pour
survivre.)
BB tressaillit (Je n’en ai pas la même image et le son de la Bande M
m’est insupportable, notamment ce grincement ! C’est la première fois
que Je le perçois ! D’où vient-il donc ?)
(Refermez-vous un peu, cela ira mieux. Ce bruit émane de nous, les
humains. Ce grincement est si aigu que j’ai ini par l’identi ier. C’est la
manifestation de leurs émotions.)
(Émotions?)
(Je ne vais pas vous transmettre de donnée sur ce point. Il faut être
humain pour ressentir l’émotion. C’est le point le plus important après
l’instinct de conservation. Elle fait faire aux humains ce que, sans cela, ils
ne voudraient pas faire.)
Il tressaillit, entrouvert. (Pourquoi font-ils tant de bruit?)
(Ils n ‘en ont pas conscience.)
Il se retourna vers lui-même et se ferma. Puis il s’ouvrit légèrement
(Vous êtes un humain, n’est-ce pas ? Comment se fait-il que vous ne
dégagiez pas le même son ?)
(Je le fais, mais pour l’instant, je le maîtrise. De retour au physique, je
suis sûr de le répandre partout.)
BB s’ouvrit et se détendit (Bien ! Si vous le faites, je le peux aussi.
Revenons à cette histoire de survie !)
Je virai lentement à 360 degrés. (A peu de temps/distance de ce
point, on peut trouver ce qu’il faut pour survivre et même plus. Il suf it
d’identi ier ses besoins et l’on obtient tout ce que l’on désire.)
BB tressaillit. (Toute la, euh… nourriture que l’on, euh… mange ?)
(Depuis le snack à hamburgers là-bas, jusqu’au
dernier étage de cette tour dans le lointain, vous obtiendrez tout ce
que vous désirez.)
(La chaleur et le froid, la, euh… hutte dans laquelle on s’abrite, cette
chose pour couvrir son corps)
(On peut tout trouver ici.)
(Et qu’en est-il des répliques de soi, de… euh… la reproduction ?)
Je roulai. (Je pense que vous pourriez y arriver aussi, si vous
cherchiez bien. La plupart des gens font l’acte sans faire de répliques
d’eux-mêmes.)
BB fut déconcerté. (Mais pourquoi le faire, si ce n’est pour faire des
répliques de soi?)
Je tressaillis. (Selon l’image que j’ai de la chose, l’instinct de
conservation était si puissant que, pour garantir la prolongation de
chaque espèce, on a fait de l’acte de reproduction un acte de, euh…
plaisir.)
Il fut à nouveau déconcerté. (Plaisir ! Les deux que nous avons
observés n’avaient pas l’air d’y prendre du plaisir !)
(En effet, il faut être humain pour avoir cette image. Elle ne peut non
plus faire l’objet d’une boule de pensée. De toute façon, vous pouvez
également satisfaire cet aspect de l’instinct de conservation à volonté.)
BB s’éclaira intensément (Mais alors, il ne peut être question de
confusion. Tout est parfaitement maîtrisé ! Les humains obtiennent tout
ce qu’ils désirent parce qu’il y a profusion de tout. Chaque volute se gave
de tout, puis revient là d’où elle est arrivée.)
J’entrai en moi-même et me fermai. La leçon se révélait plus ardue
que je n’avais pensé, non pour lui, mais pour moi. J’étais sûr qu’elle ne
porterait pas de fruit et, effectivement, elle en prenait le chemin.
Comment pouvais-je lui faire comprendre que les humains travaillent
pour vivre durant la majeure partie de leur existence diurne, qu’ils
veulent tous la même chose et s’entre-tuent pour l’obtenir, qu’ils sont si
absorbés par leur survie qu’ils ne savent plus s’arrêter lorsqu’ils en ont
assez, qu’ils sont répartis en grands clubs que l’on nations et qu’ils
s’efforcent de détruire d’autres nations qui, pensent-ils, menacent leur
vie, que tous ces problèmes imprègnent à tel point leurs pensées et
leurs actes qu’ils en oublient complètement toute autre existence,
hormis l’existence humaine…
(Vous avez à nouveau une fuite, BOUM BOUM, interrompit BB. Vous
avez raison, je ne pourrais obtenir d’image sur aucun de ces points. Mais
qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Les humains s’entre- tueraient et se
mangeraient les uns les autres ? Qu’est- ce que vous voulez dire par « ils
oublient» ?)
Je is de mon mieux. (Les humains travaillent pour gagner de
l’argent, euh… de l’énergie qui leur permet de payer, euh… qu’ils
transmettent à d’autres humains en échange de ce qu’ils désirent pour
satisfaire leurs besoins liés à la survie.)
(De l’énergie argent, hein ? Cela me semble obscur. Je n’ai aucune
image là-dessus.)
(Et vous ne pouvez en avoir. Seuls les humains connaissent l’argent.
L’argent est strictement matériel et ne pourrait avoir cours ailleurs que
sur la terre physique et parmi les humains. Pis encore, chaque groupe
d’humains, euh, les nations…)
(Les grands clubs… nous avons également des clubs de jeux en KT-
95.)
(Oui, ces grands clubs d’humains. Chacun possède sa propre énergie
argent et ils s’échangent mutuellement de l’argent.)
BB se détendit (Alors, si je désire manger une biche, m’abriter dans
une hutte ou me vêtir d’une couverture, je dois donner de l’énergie argent
et j’aurai ce que je désire !)
(On travaille, on paye et on reçoit.)
Il se concentra sur les voitures qui passaient dans la rue.
(Et ces couvertures-là, peut-on les obtenir contre de l’énergie
argent?)
(Oui, et pas autrement.)
(C’est trop con it pour moi.) BB se détendit complètement (Si je
devais être humain, je resterais à l’écart de tout cela et je me contenterais
de faire des répliques de moi-même, un point c’est tout…Qu’y a-t-il de si
drôle ?)
Je roulai fortement, sans parvenir à rester fermé.
Il fut déconcerté. (Est-ce que ça coûte de l’énergie argent, ça aussi ?)
J’acquiesçai. (D’une certaine manière !)
Soudain, je perçus un puissant appel de retour au physique, clair et
sonore. J’y résistai et, simultanément, essayai d’attirer l’attention de BB.
Je devais partir. Cependant, je ne pouvais le laisser là, car il ne saurait
comment s’en sortir… mais le signal était trop puissant et je ne pouvais
me retenir.
Je m’éloignai lentement tout en résistant, puis accélérai dès que
j’eus décidé de rentrer, de régler ce problème et de revenir aussi vite
que possible. Je regagnai le second corps, m’y glissai rapidement et, de
là, sautai dans mon corps physique. Je m’assis sur le lit et regardai
autour de moi. Tout était normal, pas de problème de vessie, pas de
fourmis dans le bras ou dans la jambe, aucune douleur. Le signal devait
être externe, sonnerie du téléphone ou passage d’un avion. Quoi qu’il en
soit, cela n’importait guère. Je pensai tout de suite à BB et me le
représentai, désorienté, au bord du trottoir de la 42e Rue ou de
Broadway. Je is quelques exercices de relaxation a in de me détendre et
de pouvoir ressortir de mon corps, mais j’étais trop tendu, je n’y
parvenais pas. Après la sixième tentative, je inis par m’endormir.
Je ne me réveillai qu’au petit matin. Je voulais sortir de mon corps
et aller aider BB, mais ce n’était pas le moment qui me convenait. Je
passai une journée normale et, parfois, BB jaillissait comme un éclair
dans ma conscience. Dans cette affaire, j’étais responsable à 100 pour
100, et je le savais. Finalement, en in d’après-midi, je me sentis
suf isamment fatigué pour pouvoir me détendre. Je montai au
laboratoire, y entrai et m’y enfermai. Je préparai quelques signaux
sonores avant d’entrer dans une cabine d’isolation. Je m’étendis sur le
lit à eau et plaçai les écouteurs sur mes oreilles. Presque
immédiatement, je pus me relaxer. Le reste se it sans dif icultés. Je me
détachai du corps physique, roulai en dehors du second corps, m’étirai
et stoppai. Je me retrouvai juste devant une forme.
(Eh, BOUM BOUM, où allez-vous ?J
Je vibrai. (Comment êtes-vous arrivé ici ?)
BB était parfaitement détendu. (Lorsque vous avez fait ce petit saut,
j’ai suivi votre identi icateur. Je n’allais tout de même pas rester au milieu
de ce tapage de la Bande M si vous n’y restiez pas vous-même. C’est
beaucoup mieux ici.}
(Je l’espère.J
(Votre instinct de conservation doit être très fort. Vous possédez
plusieurs huttes.)
Je tressaillis. (Ce n’est pas une hutte, c’est notre lieu de travail.)
(J’ai eu l’image précise de vous sortant d’un corps physique, là-bas.
C’était bien le vôtre ?)
Je vibrai. (Bien sûr ! Je ne pénètre pas dans le corps des autres.)
(Et pourquoi pas?)
Je tressaillis. (Eh bien, euh… c’est contraire aux règles.)
(Quelles règles?)
(Je ne sais pas, cela ne, euh… cela ne se fait pas. Je ne pense d’ailleurs
pas que je pourrais le faire, même si je le voulais.)
(Savez-vous que vous vous tournez et vous tortillez beaucoup lorsque
vous sortez de votre corps ?)
J’acquiesçai. (Je n’ai pas la faculté de me voir de l’extérieur en
action.)
(Nous avons un jeu tout à fait semblable en KT- 95. Nous entrons et
sortons du système situé au-dessus du nôtre. Et que font toutes ces volutes
dans cette grande hutte là-bas?)
Je vibrai. (Vous n’avez pas été là-bas, n’est-ce pas?)
BB se détendit. (J’ai un peu traîné par là, c’est tout. Comme je ne
parvenais pas à attirer votre attention, il fallait bien que je fasse quelque
chose. J’ai lancé quelques boules de pensée à un ou deux d’entre eux. Ils en
avaient l’air satisfaits. Mais que font-ils exactement?)
(Ils essayent de rompre cette habitude de survivre… et de
réapprendre ce qu’ils ont oublié. Cela s’appelle une école.)
(Je ne perçois pas que vous ayez besoin d’une école pour le faire.)
Je me tournai. (Vous devez poursuivre cette leçon sans peine.)
J’étendis et étirai le bras, mis le cap sur l’anneau le plus bas, en
léger déphasage par rapport au physique. C’était la partie dif icile, mais
j’étais sûr qu’on nous laisserait tranquilles si nous demeurions sur les
bords supérieurs. Je n’étais pas pressé. A titre de comparaison,
j’utilisais le même identi icateur 42e Rue à New Yok. Le voyage fut bref
et nous nous retrouvâmes à environ quinze mètre au-dessus de la rue.
BB était auprès de moi.
Il se détendit (Nous voici à nouveau sur place. Rien de neuf si ce n ‘est
que la foule est encore plus dense.)
(Concentrez-vous sur les gens que vous percevez le mieux.)
BB s’ouvrit. A l’évidence, il percevait le changement dans foule en
superposition. L’homme qui descendait du trottoir pour héler un taxi,
se précipitait, s’arrêtait, désorienté par les voitures passant dans
l’espace qu’il semblait occuper. Le jeune mâle ef lanqué et chevelu, à
peine âgé de dix-huit ans, qui s’efforçait d’attirer l’attention d’un groupe
de jeunes gens appuyés contre une voiture en stationnement, espérant
une bouffée du joint qui circulait parmi eux, mais incapable d’attirer
leur attention parce qu’ils ne pouvaient pas le voir ni l’entendre. L’agent
de police fortement charpenté, en uniforme, balançant son bâton
lumineux, qui arpentait la rue le long des devantures, ignorant
complètement qu’il passait inaperçu. La dame élégante, d’un âge
indéterminé, qui cherchait dans son sac une pièce de monnaie pour
acheter le journal tout en traversant inconsciemment le mur d’angle
d’un immeuble. Le vieillard qui essayait d’acheter les charmes de deux
jeunes prostituées au bas d’un escalier d’hôtel, furieux parce qu’elles ne
se rendaient pas compte de sa présence, et qui regardait un homme
agiter deux billets de dix dollars au nez d’une des illes, qui virevoltait
et l’emmenait dans l’escalier. La vieille femme trottinant à petits pas
dans la rue, indifférente à tout ce qui l’entourait, et qui se penchait
parfois pour ramasser un mégot à demi consumé, sans toujours y
parvenir. Le Noir au visage haineux, planté avec dé i au milieu de la
cohue, qui brandissait un couteau devant chaque passant, sans réaliser
qu’il ne frappait ni ne blessait personne. Le vieil homme mal rasé à la
terrasse d’un café, qui essayait de prendre et de jeter à terre la boisson
d’un consommateur à son nez et à sa barbe, ou qui sautait sur le dos
d’un client au moment où il buvait, comme pour savourer avec lui la
boisson qu’il ingurgitait, et qui passait inaperçu.
Je me tournai vers BB. (Assez ?)
Il tressaillit fortement (Qu’est-ce qu’ils font, ceux- là?)
(Ils sont physiquement morts et l’ignorent. Ils ne se rappellent que
l’existence physique humaine et ils s’y accrochent. Ils pensent que c’est
tout ce qu’ils possèdent.)
(Ne pouvez-vous pas leur donner une image différente ?)
Je me détendis. (Si c’était le cas, j’aurais besoin d’aide. Certains
enfant leur carrière.)
BB fut déconcerté. (Carrière ?)
(C’est leur activité, ils essaient d’attirer l’attention
de ces humains-là. Voudriez-vous avoir l’image d’une dénaturation
extrême de l’instinct de conservation ?)
Il tressaillit. (Oui, allez-y !)
Je le savais bouleversé, mais je devais le pousser tout le long du
chemin. J’étais certain qu’il apprécierait les anneaux extérieurs.
J’étendis le bras, suivis l’identi icateur « amas sexuel » et m’étirai. Le
mouvement fut bref. Nous nous trouvions à moins de trois mètres du
magma. Toujours à côté de moi, BB se concentrait. Il fut déconcerté et
se ferma. J’attendis qu’il s’ouvre légèrement. Je détournai ma
concentration de l’amas de formes humaines qui se contorsionnaient et
me fermai à demi. Je ne pouvais guère faire plus.
BB vibra faiblement (Que leur est-il arrivé ?)
(Ils sont physiquement morts et, au moins, ils savent qu’ils sont
différents. Ils pensent qu’ils ne sont pas responsables et ils laissent tout
tomber.)
(Mais, euh… que font-ils ?)
(Ils n’ont d’intérêt que pour la reproduction. Ils ne cherchent pas à
fabriquer des répliques d’eux-mêmes, mais à faire l’acte de reproduction.
C’est tout ce qu’ils savent faire et tout ce qui les intéresse. Ils essayent
continuellement, mais n’en tirent aucune satisfaction, puisque la
satisfaction telle qu’ils la connaissent concerne le corps physique, et ils n
‘en possèdent pas.)
BB essaya de se concentrer à nouveau et se détourna.
(Partons d’ici.)
Je voulais que sa boule de pensée la re lète idèlement.
(Convaincu ?)
(Oui, oui, allons-y)

Je m’étirai vers l’extérieur, certain qu’il me suivait de près, et


m’éloignai lentement. Nous sommes passés par les formes et grises
tranquilles qui n’étaient nulle part, à peine conscientes et attendant que
quelque chose se produise. Et quelque chose se produirait, c’était
certain. Faible son de la Bande M, ici. Je nous is faire un arrêt au centre
de l’avant-dernier anneau. Nous étions parmi des formes très
humaines. Chacune était consciente et s’activait dans un petit périmètre
qui n’englobait que sa propre boule de pensée.
BB me poussa du coude. (Pourquoi s’arrêter ici ? Le bruit est encore
pénible.)
Je m’ouvris. (Ceux-ci sont très différents. Ils savent qu’ils ne disposent
plus de leur corps physique, mais c’est tout. Concentrez-vous sur
quelques-uns d’entre eux et vous en aurez l’image)
BB se tourna et it face à une femme qui avait l’air de marcher
lentement sur place. Elle devait être d’âge mûr. Elle était très grosse.
Des larmes coulaient sur ses joues… (Je suis désolée, désolée, maman ne
voulait pas te quitter, mon petit, mais elle n’a pas pu faire autrement, Je
vais revenir, je vais revenir m’occuper de toi, dès que je pourrai… de toute
façon, je vais revenir…)
Je me tournai vers un homme d’environ soixante ans qui faisait les
cent pas nerveusement et se martelait du poing la paume de l’autre
main… BB se concentra à nouveau… (Bon Dieu de bon Dieu ! Juste au
moment où j’allais sortir et m’amuser un peu, bon Dieu ! Maintenant, elle
va tout dilapider en vêtements et en voyages, et moi, je n’y suis plus. Il
faut que j’y revienne, coûte que coûte, je veux savoir ce qui m’attend. Bon
Dieu de bon Dieu !…)
Puis nous avons considéré un homme d’un âge indéterminé, qui
semblait assis. Il dodelinait de la tête, le regard perdu dans ses
pensées… (Quand je pense que je n’ai jamais pu lui dire que je ne voulais
pas lui faire mal. J’étais ivre, complètement bourré, c’est tout. Ah, je m’en
souviendrai ! Et qu’est-ce que je vais faire, maintenant ? Je savais bien que
j’arrivais à ce virage sur la route… Il doit bien y avoir quelque chose à
faire…)
Une jeune ille mince, en jean, attira notre attention. Les mains sur
les hanches, elle regardait autour d’elle avec rage… (Merde ! Mourir, ce
n’est que ça ? Où est Dieu ? Où sont les anges ?… Je le savais, ah je le savais
bien ! Merde !)
Nous nous sommes déplacés avec précaution parmi les formes
humaines animées et avons choisi un homme entre deux âges, aux
cheveux grisonnants. Il était debout et ixait la brume, les bras croisés…
(J’ai fait de mon mieux. Je leur ai laissé de l’argent à la banque, une
maison en bon état et l’assurance se chargera de l’hypothèque. Il faut
remplacer le pneu avant droit du break. J’espère que Ben s’occupera du
contrat avec Holmes. La société va me manquer. J’aurais bien aimé dîner
encore une fois chez Luigi, je n’avais jamais mangé d’aussi bons
crustacés…)
BB se tourna vers moi. (Il est complètement fermé. Comment
pouvons-nous l’atteindre ?)
(Allez-y, essayez.)
Il se plaça en face de l’homme et lui lança des petites boules de
pensée au visage. Chaque fois, l’homme balayait son visage de la main,
comme pour chasser une mouche posée sur son nez. Hormis ces gestes,
aucune réaction. BB init par abandonner et me suivit lorsque je
m’éloignai dans le brouillard. Il m’était dif icile d’accepter que j’avais pu
être autrefois, moi aussi, aussi profondément impliqué dans le monde
matériel. Et pourtant, j’étais sûr de l’avoir fait. Si ma boule de pensée de
ce niveau était là- bas, elle était bien dissimulée. Je préfère penser que
je m’en suis libéré, bien sûr !
Encore une escale et nous allions atteindre le point zéro. Lorsque la
brume fut moins épaisse, je stoppai. Une femme se trouvait dans un
paysage de roches déchiquetées. Elle prit tout de suite conscience de
notre présence et se mit à pleurer. BB recula.
La femme s’approcha de nous en gesticulant (Vous me fuyez, ils du
diable! Oui, j’étais une pécheresse, mais je n’ai pas péché plus qu’un autre.
Je peux vous le garantir ! Vous ne pouvez pas m’envoyer en enfer, parce
que je suis bonne ! Vous qui courez après ces prostituées en bas !)
Elle s’arrêta soudain, tomba à genoux et se prosterna en sanglotant
(Je vous en supplie, ne m’envoyez pas en enfer… Je vous en supplie. Je veux
simplement retrouver ma ille. Elle doit se trouver quelque part dans les
environs. Elle était si bonne. Elle n’a pas pu s’empêcher de mourir avant
moi. Je sais qu’elle n’est pas allée en enfer… Je vous en prie, je vous en prie
!)
Je is ce que je pouvais. (Votre ille était bonne. Si vous pouviez vous
calmer, elle viendrait et vous retrouverait. Pensez à elle. Assoyez-vous
tranquillement et pensez à elle. Elle vous retrouvera. Comme s’appelait-
elle ?)
Les sanglots de la femme se dissipèrent Elle était toujours
prosternée et ne pouvait y voir clair dans ses pensées. J’eus réellement
une vision. (Claire vous retrouvera très bientôt.)
La femme releva lentement la tête, son visage exprimait l’espoir. Je
me tournai et entraînait BB dans la brume, puis loin vers l’extérieur.
BB vint auprès de moi. (Vous l’avez certainement remontée, BOUM
BOUM.)
J’acquiesçai. (Un coup de chance pour un débutant.)
Il fut déconcerté. (Qu’est-ce…)
(Encore des choses humaines. Venez.)
Je n’étais pas toujours aussi bon navigateur que je l’aurais voulu.
En in, nous sommes passés de la brume à une zone dégagée. C’était le
but que je m’étais ixé. A ma droite, le ressac d’un océan bleu aux crêtes
écumantes se brisait régulièrement contre les rochers. Au-dessus de
nous, un ciel d’azur sans nuages. En face de nous, il y avait une simple
cabane de bois au pied d’une montagne boisée. On aurait pu se croire
dans le Maine ou en Californie, mais ce n’était pas le cas. Ce n’était rien
du tout.
(Eh, pourquoi nous arrêtons-nous ?) coupa BB.
(Identi icateur Charlie. C’est un ami. Essayez-le.)
C’est ce qu’il it et je savais ce qui allait arriver. Tout ce que je
percevais pénétra soudain BB, l’océan, le rivage, la cabane, le ciel et la
montagne. Il tressaillit (Sommes-nous de retour sur votre Terre?)
Je me détendis. (Non, nous devons ce paysage à Charlie.)
BB fut déconcerté. (Nous le devons à Charlie ?)
(Il songe volontiers à ses paysages physique favoris. C’est pourquoi il
en a fabriqué une réplique.)
(Le peut-il ?)
(C’est presque comme une boule de pensée.)
La porte de la cabane s’ouvrit et Charlie en sortit. Il était toujours le
même, petit et potelé, visage rond et chemise écossaise habituelle. Mais
ses cheveux étaient bruns et raides, alors que je le connaissais blond et
frisé.
Il s’est approché et nous nous sommes serré la main. (Alors, Robert,
te voilà encore de sortie.)
(Salut, Charlie. Qu’as-tu fait ? Tes cheveux ont changé !)
Charlie tressaillit (Je, euh… j’ai une nouvelle amie. Elle aime les
cheveux bruns et raides, alors j’ai opéré ce changement. Elle est dans la
cabane. Veux-tu que je te la présente ?)
(Nous ne nous arrêtons qu’une minute. Peut-être la prochaine fois.)
Il regarda dans la direction où se trouvait BB. (Y a- t-il quelqu’un
avec toi ?)
Je me détendis. (Oui, un ami.)
Il regarda intensément. (Je ne perçois que vaguement les contours
d’une forme.)
(Dis bonjour à BB.)
Charlie avait l’air dubitatif. (Je ne peux pas vous voir, mais, salut, BB,
bienvenue au pays imaginaire.)
BB tressaillit. (Euh… Salut, Charlie !)
Le visage de Charlie exprima la surprise. (Je l’ai entendu ! Je l’ai
entendu, mais je ne peux pas le voir !)
BB roula un peu. (Je vous reçois cinq sur cinq, Charlie !)
Charlie se tourna vers moi. (Tu lui as appris à sortir du corps et
maintenant tu as un compagnon de voyage. C’est formidable !)
Je m’adoucis. (Pas vraiment. Vois-tu, Charlie…)
(Tu devras lui apprendre le réglage, Robert. Je ne peux même pas
distinguer clairement sa silhouette.

C’est comme si elle était déformée par la chaleur dans un désert. Vous
m’entendez toujours, euh… BB ?)
BB avait dû sauter sur une image de Charlie, qui était grand ouvert
(Parfaitement, Charlie, niveau zéro, plus ou moins trois décibels.)
Charlie eut l’air satisfait (Nous parlons le même langage, BB ! Au
moins, je vous entends. Dites-moi aimez-vous ce que j’ai fait ici ? C’était un
sacré boulot pour que les vagues de l’océan viennent se briser contre les
rochers. Hé, Robert, toi qui aimes les couchers du soleil, regarde-moi
celui-là.)
Nous nous sommes retournés pour regarder l’océan.
Progressivement, le ciel d’azur s’est assombri, des lamboiements
rouge, orangé et jaune se sont fondus à l’horizon. Des couches de
nuages sont apparues, ajoutant une perspective et une texture au
spectacle. Les nuages prirent des teintes rose et mauve, cela me
rappelait Oahu, à Hawaii.
Charlie se tourna vers moi. (Pas mal pour un coup d’essai ?)
Je dus expliquer à BB. (Charlie avait été ingénieur en électronique au
cours de sa dernière vie physique.)
(Pas mal, n’est-ce pas ? ajouta Charlie. Mais ce n’est rien par rapport
à ce que l’on pourrait faire ici. Et vous, BB, que faites-vous ? Travaillez-
vous avec Robert ?)
BB tressaillit. (Euh, je viens de KT-95)
Charlie fut déconcerté. (KT-95 ? Tiens, je ne connais pas. Où se
trouve cette entreprise ?)
Je résolus de l’informer sans ambages. (Écoute, Charlie, il ne vient
pas de la Terre. Il n’est pas humain !)
Il resta interdit, puis se ressaisit (Allons, allons, tu ne vas pas
recommencer ce genre de discussion !) J’éclatai de rire. (C’est pourtant la
vérité, Charlie.) Il se tourna vers BB. (Robert m’a rebattu les oreilles avec
ces idées farfelues qu’il y aurait d’autres mondes, d’autres champs
d’énergie dont nous ne savons rien, et d’autres choses de ce genre. Je
pense comme lui que d’autres vies intelligentes peuvent exister sur
d’autres planètes, au-delà de notre système solaire, mais ce n’est pas là
son propos. Je peux également admettre le type de vie humaine que je
connais actuellement… Alors, il vous a pris pour l’aider à faire un petit
saut sur Charlie. Vous vous désynchronisez un peu pour prendre une
apparence brumeuse, et en avant! Robert a lui-même un super-être.)

BB tressaillit. (Écoutez, Charlie, je n’ai pas…)


(O.K. je peux m’accommoder d’un gag de ce genre.) Il ricana. (D’où
venez-vous déjà?)
(De KT-95, Charlie.) BB se détendît (C’est très différent d’ici.)
(Je peux bien l’imaginer.) Il rit. (Que faites-vous là- bas ? Je parle de
vous personnellement.)
(Je, euh… je joue.)
(Quels genres de jeux ?)
(C’est dif icile à expliquer, mais je peux vous en montrer un.)
Charlie sourit. (O.K. Montrez-moi ça, je suis un gars du Missouri.)
Je m’interposai, (je ne pense pas que ce soit opportun… BB. Nous,
euh, nous n’avons pas suf isamment de temps.)
Charlie éclata de rire (Tu le tire bien d’affaire, hein, Robert ? Tu
aurais dû l’entraîner davantage. Je suppose, BB, que vous êtes venu sur
terre pour nous sauver, nous les humains, de nous-mêmes et mettre in au
danger nucléaire, ou quelque chose de ce genre.)
BB fut déconcerté. (Non, pas du tout. Nous étions en excursion dans
l’illusion spatio-temporelle et…)
(Vous étiez juste en visite, c’est bien cela ?)
(C’est cela. Puis…)
(Mais où se trouve ce KT-95 dont vous prétendez venir ?)
BB tressaillit. (Euh, il suf it de faire quelques grands sauts dans cette
direction.)
Charlie se tourna vers moi en souriant (Belle tentative, Robert
J’apprécie que vous vous soyez donné la peine d’imaginer cette histoire.
Apportez- moi des données plus convaincantes, et je vous croirai)
Je souris. (J’essayerai encore. Maintenant, nous devons partir. Merci
de ton hospitalité. J’ai bien aimé ton coucher de soleil.)
Nous nous sommes serré la main, puis Charlie se tourna vers BB.
(Revenez quand vous voudrez, BB. Inutile d’attendre que Robert vous
amène.)
BB vibra. (Ah ?)
(Venez dès que vous en aurez envie. La prochaine fois, inutile de vous
dérégler. Je pourrai mieux vous percevoir.)
(Au fait, ajoutai-je, t’es-tu décidé pour une nouvelle existence
physique ?)
Il haussa les épaules. (J’y pense, mais je ne suis pas pressé.)
(Parfait ! Fais le bon choix, la prochaine fois.)
(Et Comment!)
Je me détendis. (Salut, Charlie.)
Nous avons décollé et sommes promptement revenus dans la
brume. Je pouvais dire, d’après le changement de texture, le moment
exact où nous étions passés au point zéro. A partir de là, le changement
s’opérerait rapidement La question était de savoir où nous ferions
notre prochaine escale. Je savais que BB, auprès de moi, s’efforçait de
mettre de l’ordre dans les boules de pensée qu’il recevait. Je cherchai
l’image de leur impact sur lui, mais en vain, car il était trop
hermétiquement fermé. Au fond, je n’avais pas vraiment vu d’image.
Charlie l’avait fort impressionné. Bien que provisoirement privé de
corps physique, c’était un autre humain auquel il pouvait facilement se
référer. Après la pagaille des anneaux inférieurs, ce Charlie semblait
parfaitement normal. Il avait une autre manière de faire (jouer ?),
nouvelle et excitante pour BB. En outre, c’était un être humain qui,
comme lui, avait le sens de l’humour. Le problème est que Charlie ne
pourrait croire en l’existence de BB s’il avait la véritable boule de
pensée.
Estimant que nous nous étions suf isamment enfoncés mans
l’anneau extérieur, je décidai, sans identi icateur de faire une simple
halte. La brume était moins dense et des immeubles, plus ou moins
éloignés les uns des autre, se dessinèrent. Ces immeubles étaient
conçus différemment. Beaucoup semblaient avoir été construits en
pierre et la plupart étaient surmontés de lèches, de clochers, de coupe,
ou de tours de toutes sortes. Sur certains, on trouvait des vitraux
circulaires minutieusement exécutés. Nous sommes descendus devant
la façade de l’immeuble le plus proche. Une femme émergea de l’entrée
principale et descendit un large escalier. Lorsqu’elle atteignit la
dernière marche, elle leva les yeux vers nous et s’arrêta. Son visage
n’exprimait pas la crainte, mais l’incertitude.
Sans attendre, je commençai: (Nous n’allons pas vous faire de mal.)
Elle répondit d’emblée: (Pourquoi m’en feriez-vous? J’essayais de
vous situer. Nous avons tant de comités. Vous n’avez pas l’air d’un
nouveau venu.)
Je souris. (Nous sommes en visite.)
(Selon notre pasteur, ne peut y avoir de visiteurs ici. répondit-elle
avec assurance. Vous n’auriez pas pu nous trouver si vous n’aviez pas
notre con iance. De toute façon, les nouveaux venus sont les bienvenus. Je
vais vous conduire auprès de Thelma, qui s’occupe du comité d’accueil.)
Je souris. (Non merci, nous ne faisons que passer.)
Elle eut l’air déconcertée. (Pourquoi dites-vous « nous » ? Seriez-vous
multiple ? Nous avons une classe de personnalités multiples que vous
pourriez fréquenter. C’est le Dr Frankel qui en a la charge.)
BB interrompit (Pourquoi ne peut-elle pas me percevoir. BOUM
BOUM ? Charlie m’a bien perçu.)
Elle me sourit. (Qu’avez-vous… Oh ! Vous vous appelez Percy BOUM
BOUM Charles ?)
(Pas exactement), répondis-je. C’était assez intéressant. Elle
mélangeait nos deux rayonnements pour forger son image.
(N’est-ce pas merveilleux de savoir, d’avoir la certitude d’une vie
éternelle ?) D’un ample mouvement, elle écarta les bras. (Oh, je me
rappelle si bien ce que j’ai ressenti en mourant, et ils m’ont amenée ici. J’ai
moi-même nourri en secret quelques doutes et je comprends ce que vous
ressentez. L’école du dimanche et les classes de réendoctrinement vous
permettront d’y voir clair. Ne vous inquiétez pas. Ce qui est inhabituel,
c’est que vous arriviez ici seul.)
Par égard pour BB, je me devais de poser la question suivante. Il se
concentrait très attentivement sur la scène qui se déroulait. (Alors, nous
ne sommes pas au ciel, ici? Ce n ‘est pas ici que Dieu se trouve ?)
Elle eut un léger rire. (C’est exactement la question que j’ai posée
lorsque je suis arrivée ici. Ne soyez pas déçu, nous ne sommes qu’aux
portes du paradis. Notre pasteur, le Dr Fortune en parle dans ses sermons
tous les dimanches, j’avoue que ses sermons sont très différents de ceux du
révérend Wilson, à Lexington, là où je vivais physiquement.)
(Allez-vous y retourner ?)
Elle fronça les sourcils. (Voulez-vous dire, retourner à la vie physique
?)
Je m’adoucis. (C’est bien cela.)
Elle resta pensive un moment (Je ne sais pas. Le Dr Fortune fait
également des sermons sur ce point. Il dit que, lorsque vous partez d’ici,
vous pouvez revenir à la vie physique ou aller encore ailleurs.)
BB interrompit: (Vous avez vu ça, BOUM BOUM ? Ce, euh… cette
volute Fortune s’est trouvé une image solide 0
Je me tournai vers BB. (Exact !)
La femme me regardait (Je ne comprends pas ce que vous murmurez!
Oui, je pense que la perception du Dr Fortune est correcte. Mais en in,
c’est un homme, pas une ille.)
J’insistai. (Alors, il y en a qui partent d’ici ?)
Elle sourit. (Oui ! Nous perdons plusieurs idèles chaque dimanche. Le
Dr Fortune n’y voit aucun inconvénient.)

(Savez-vous ce qu’il advient de ceux qui partent ?)


(A la in du service, ils se lèvent et sortent par la porte principale
avant tout le monde, et on ne les revoit plus. Lorsque, à notre tour, nous
quittons les lieux, ils sont déjà partis. C’est un, euh… rituel que notre église
accomplit ici.)
Je is de mon mieux pour y croire. (Vont-ils au paradis en in de
compte ?)
Elle s’ouvrit et fut très claire. (La plupart de nos idèles le pensent.
L’opinion du Dr Fortune est plus nuancée. A la in de chaque service, il
lance un appel, comme le révérend Wilson dans la vie physique. Des gens
se lèvent et s’approchent de lui. Il leur parle sans que les autres puissent
entendre. Puis nous chantons un hymne et, eux, sortent.)
(Où pensez-vous qu’ils se rendent)
Elle hésita (Je l’ignore. Tout est si différent de ce que j’avais imaginé
et j’ai tant appris… Mais je ne me suis pas encore fait d’idée précise.)
Puis elle éclata de rire. (Vous me posez des questions et des
questions! Vous devez rencontrer les gens du comité d’accueil. Je vais vous
conduire à… Attendez une minute, où allez-vous ?)
(Nous, euh… je dois partir maintenant.) Je pris congé d’elle et nous
nous élevâmes. (Rendez-vous au paradis, j’espère !)
Elle resta interdite, le regard ixe, tandis que nous nous éloignions
dans la brume. J’étais curieux de savoir quel compte rendu de notre
visite elle allait faire, du moins si elle en faisait un. Tout en cheminant
lentement, je m’efforçais de choisir une halte adéquate pour la dernière
partie de la leçon. Je faisais l’impasse sur tant de points que je
commençais à douter de la valeur de ce périple. Ce n’était certes pas
une tâche pour un néophyte, et c’est pourtant ce que j’étais. Une leçon
sans peine ! J’étais moi-même encore trop humain. C’est en s’adressant
à moi que BB me fournit la réponse.
(Eh, BOUM BOUM, Allons-nous au ciel, maintenant?)
Je roulai un peu, puis me détendis. (Pas encore. J’ai l’image que,
même si je le voulais, je ne pourrais pas y aller.)
(Et alors, où sont les humains qui me donneront des boules de pensée
? C’est ce qui était supposé faire l’objet de ma leçon. Or, je ne fais que
traîner, vous comprenez ce que je veux dire ? Revenons auprès de Charlie.)
Je ne répondis pas, mais l’image m’apparut avec intensité. Je me mis
rapidement en mouvement. Je savais avec certitude qu’elle serait notre
dernière visite. Je me dirigeai vers les bords extérieurs de l’anneau le
plus extérieur, où la brume était très ine. Le bord de l’anneau
embrasait la brume. Lorsque nous l’avons pénétré, la lueur s’est divisée
en nombreuses sources de lumières douces. Ces sources lumineuses
représentaient les habitants du lieu. C’était les professeurs, les
assistants, les soi-disant guides des anneaux intérieurs. Tous étaient,
par vocation, en mission temporaire. J’avais l’identi icateur d’un ami et
m’y ralliai, suivi de BB. Il nous fallut encore un certain temps avant de
pouvoir faire halte. Une forme se détacha d’un groupe et s’approcha de
nous. Elle n’était que légèrement humanoïde et luisait doucement.
Je m’ouvris. (Je t’ai pris au mot, Bill. Nous sommes venus te rendre
visite.)
La forme se détendit (Nous t’attendions, Bob. Je suppose que tu es en
compagnie de ton ami de KT-95. Bienvenue, BB.)
BB tressaillit (Euh… Salut !)
Je n’étais pas surpris que Bill ait conscience de BB et de toute la
séquence. Il m’arrive de percevoir l’image que toute mon aventure, y
compris celle-ci, a été soigneusement prévue depuis le commencement
C’est pourquoi je laissai Bill et BB s’entretenir, et c’est ce qu’ils irent
BB s’enquit. (Êtes-vous un humain comme BOUM BOUM?)
Bill roula un petit peu. (Je possède un grand nombre de boules de
pensée humaines, BB. J’ai passé par de rudes épreuves à cette occasion,
mais, à ce point, je ne dispose pas d’un corps physique, comme Bob.)
(Voulez-vous une boule de pensée me concernant, ce que je suis et
tout le reste ?)
(C’est inutile. J’ai une bonne image de vous, de votre ami, euh… AA et
de KT-95. Ce qui m’intéresserait, c’est l’image que vous retirez de
l’expérience humaine, suite à votre leçon.)
BB tressaillit (Elle n’est… euh… pas très au point. Etes-vous sûr que
vous la voulez?)
Bill s’adoucit (Donnez-la-moi telle quelle.)
(Ah ! Bien, euh… c’est le groupe de jeux le plus extravagant à… Avec,
euh… des règles qui se superposent aux règles. Tout est si confus que vous
n’obtenez, en aucun cas, l’image du jeu auquel vous êtes en train de jouer.
Ils sont tellement pris par le jeu qu’ils en oublient qu’il ne s’agit que d’un
jeu. Ils oublient même pourquoi ils jouent et comment ils ont commencé.)
(Vous avez très bien posé le problème. BB.)
(Pourquoi, je pourrais prendre la boule de pensée que j’ai reçue, la
véritable boule, revenir en KT-95 et la dévider, chaque partie serait un jeu,
et je pourrais garder ces volutes là-bas, en train de sauter si vite qu’elles
dureraient.)
(Je suis sûr que vous le pourriez.)
BB tressaillit (Mais des éléments manquent… et, euh… le jeu n’est pas
vraiment un jeu sans ces éléments.)
Bill était très calme. (Tels que… ?)
(Comment comptent-ils les points ? Qui est-ce qui se charge de
compter les points ?)
(Bonnes questions.)
BB vibra. (Où est le plaisir ? Pourquoi jouer si vous ne tirez aucun
plaisir du jeu? Je n’ai pas eu l’image qu’un seul de ces humains ait éprouvé
du plaisir.)
Bill acquiesça. (Ils en éprouvent parfois. Quelques- uns en éprouvent
la plupart du temps et un très petit nombre d’entre-eux en éprouvent en
permanence, mais ces derniers sont rares. II manque à votre image
quelques nuances subtiles)
BB tressaillit. (Mais il y a encore autre chose !)
(Oui ?)
(La partie qui perturbe tant la Bande M… le grincement. BOUM
BOUM l’a appelé émotion. Je n’en ai pas la moindre image. Il prétend qu’il
faut être humain pour…)
(L’émotion, ce sont les points, le score.)
BB fut déconcerté. J’attendais que Bill s’explique. Moi aussi, je
voulais savoir.
Bill Continua. (L’émotion est ce qui donne son aspect si extravagant
au jeu. Mais c’est le jeu, le vrai jeu à l’intérieur duquel tous les autres jeux
se déroulent. Les autres jeux alimentent le score du grand jeu
d’énergie émotionnelle. Le grand jeu consiste à développer celle énergie
émotionnelle jusqu’à son point le plus effectif vaguement ixé par les
humains comme étant l’amour. Plus nous accumulons de points, plus
grand est notre plaisir. Ici (où vous vous trouvez actuellement), nous
consacrons presque toute notre énergie à aider d’autres humains, de
toutes les manières et partout où nous le pouvons, en vue d’améliorer leur
score, c’est-à-dire de ressentir plus de plaisir.)
BB se retourna vers lui-même et se ferma. Il init par s’ouvrir à
nouveau. (Euh, Bill ?)
(Oui, BB ?)
BB tressaillit (Je n’ai aucune image de cette émotion et de cette
énergie-amour. Pas la moindre idée.)
Bill vibra doucement (Mais si !)
BB fut déconcerté. (Moi ?)
(Pourquoi êtes-vous venu ici ? Pourquoi êtes-vous donné la peine de
revenir de KT-95 ? Pourquoi avez- vous… traîné un peu partout ?
Pourquoi vouliez-vous prendre cette leçon avec Bob ? Pourquoi n ‘êtes-
vous pas simplement rentré en KT-95 pour jouer un peu ?)
BB était tout à fait déconcerté. Il se retourna lentement vers lui-
même et se ferma hermétiquement Je ne pouvais plus percevoir le
moindre rayonnement ou mouvement en lui. Bill s’approcha doucement
de lui, mais BB ne réagit pas. Je n’avais jamais assisté à un phénomène
semblable chez un être immatériel, sauf chez ces êtres rencontrés dans
cet extraordinaire anneau, directement consécutif à la mort physique.
Et encore, je ne les avais jamais vus entrer dans cet état. Je me mis à
vibrer.
Bill s’ouvrit doucement (Tu devrais rentrer. Nous nous occuperons
de lui.)
Je vibrai davantage. (Est-ce qu’il s’en remettra ?)
(Il est en train d’absorber une énorme boule de pensée. Le fait qu’il
n’ait jamais été humain rend les choses… différentes. Il s’en remettra.)
Je pensais que je n’aurais jamais dû entraîner BB dans ce périple,
lorsque Bill m’interrompit (Bob, c’est moi qui lui ai donné cette boule de
pensée fracassante. Il est dans un état équivalant à notre état de choc.
Redresse-toi maintenant, tu as une baisse d’énergie. Nous nous
occuperons bien de BB. Il s’en remettra.)
Je me tournai à regret, is une demi-roulade, plongeai et suivis
l’identi icateur de mon corps physique. Je me sentais détendu et en
con iance, car BB ne pouvait être en de meilleures mains que celles de
Bill et de ses amis, à l’exception, peut-être, des INSPECS. Et la différence
entre les deux était très, très mince. Je me glissai dans le second corps,
puis réintégrai le corps physique sans incident Tout était calme et
normal, sauf que j’oubliai de véri ier l’heure.
Je méditai sur cette in ime différence pendant les mois qui
suivirent.
15. REALISATION D’UNE PROMESSE

2 h 32… éveillé en pleine possession de ma conscience physique, je


sentis la présence familière du signal INSPEC, douce, discrète mais bien
réelle… Sentiment d’aise et de con iance… Brève routine du processus
de concentration, séparation du corps physique, puis du second corps…
absolument comme deux lentes demi-boucles en avion. Appel de
l’identi icateur, sensation in ime de mouvement, et puis je me retrouvai
parmi eux, à notre habituel rendez-vous. Je savais désormais que je
n’irais plus les rejoindre au-delà, du moins jusqu’à ce que j’aie
abandonné dé initivement mon corps physique. Malgré l’irrésistible
attraction qu’exerçait sur moi cette certitude, je pensais être capable
d’avoir prise sur elle, du moins pour l’instant.
(Nous aimons les termes humains. Votre mot « avoir prise », par
exemple, n’indique pas seulement un point de contact avec votre
prolongement humain. Il indique aussi la capacité d’agir de façon
appropriée. Ainsi, nous apprenons grâce à vous.)
J’avais bien du mal à imaginer qu’ils puissent apprendre de moi
quoi que ce soit d’intéressant, mais du moment qu’eux le pensaient,
c’était le principal.
(Nous apprenons bien des choses importantes, par vous et grâce à
vous, Ashaneen.)
Je me souviens encore de la première fois où j’ai pris conscience
que je n’avais pas à parler. Comme j’ai été déconcerté en constatant
qu’ils percevaient chacune de mes pensées, de mes questions avant
même que j’aie eu le temps de les formuler ! Heureusement, j’ai ini par
accepter le fait que mes pensées, mes réactions, mes émotions étaient
simplement humaines et qu’ils ne portaient dessus aucun jugement
Quelle joyeuse liberté !
(Pourtant, vous ne sauriez pas qu’il s’agit de liberté si vous n’aviez
connu la répression.)
Oui, le facteur comparatif semble toujours valable. Sans lui, peut-
être n’y aurait-il ni changement ni conscience.
(Nous pensons désormais que vous êtes prêt pour une autre
conscience. Vous êtes en effet capable d’évaluer les chances
d’aboutissement de ce que vous tentez de réaliser au cours de votre
incarnation actuelle. Ce qui ne veut pas dire que vous puissiez, seul,
transformer cet espoir en réalité terrestre. Vous ne disposez que d’une
toute petite partie d’un grand tout, lequel verra le jour avec l’aide et le
soutien de ceux — et ils sont légion — qui apportent comme vous leur
modeste contribution. Toutefois, grâce à vos efforts actuels, vous pouvez
accomplir votre part et puis, lorsque les fruits de ce que vous offrez
auront mûri, vous retournerez à la maison, pour les partager. Ce sont ces
fruits que nous allons vous montrer.)
L’emploi de l’expression « à la maison » m’emplit d’un brutal
sentiment de nostalgie. Je me retournai vers moi-même et me fermai.
Des fragments de la boule de pensée qui resteront à jamais
inexprimables — la sérénité, un sentiment de plénitude et d’harmonie
— résonnaient en moi, évoquant la vitalité que j’avais oubliée, la clarté
chaude et précise de… Non pourtant, ce n’était pas tout à fait ça.
Quelque chose manquait, trop bien enfoui, ou bien… Je m’ouvris.
(Nous estimons que cela pourrait être important pour vous. Au lieu
de participer, vous pourrez rester simple spectateur.)
Totalement déconcerté, je me mis à vibrer. Pour qu’ILS Paient prévu
eux-mêmes, ce devait être effectivement important. Malheureusement,
moi je n’étais pas capable de lire en eux. Quel…
(Nous pouvons vous accompagner jusqu’à une possibilité terrestre
physique de votre temps situé au- delà de l’an 3000. Les principaux
habitants sont des H- plus, des humains-plus. Nous les appelons ainsi pour
montrer l’évolution survenue par rapport à votre époque. Vous arriverez
en tant que visiteur.)
C’est donc ça ! Je n’avais fait jusqu’à présent que quelques visites
dans le futur. Jamais je n’aurais eu le cran d’effectuer seul ce saut
formidable, mais avec eux…
(Fermez-vous hermétiquement. C’est préférable.)
Ma vibration re létait l’ampleur de mon excitation aussi entrai-je en
moi-même pour me fermer. Ainsi, j’allai recevoir la véritable boule de
pensée, et non plus les projections et suppositions de ceux qui suivaient
les modes, qui…

CLIC !
Nous planions si haut au-dessus de la terre que j’avais l’impression
d’être à mi-distance de la lune, laquelle était toujours là, derrière nous.
La terre conservait sa teinte bleu-vert, partiellement obscurcie en
contrebas par une couverture de nuages blancs. Au fur et à mesure de
notre progression régulière, je constatais avec joie que les profonds
anneaux gris et bruns avaient disparu — le blocage avait donc été
éliminé. Parfait ! Finies, les incarnations à répétition !
C’est pourtant un autre élément qui attira pour de bon mon
attention. Autour de la terre, il y avait un unique anneau plat, très
semblable à ceux qui entourent Saturne. II irradiait et étincelait, non
parce qu’il re létait la lumière du soleil, mais sous l’effet d’une source
interne.
(La signi ication de cet anneau apparaîtra plus clairement à mesure
que nous progresserons.)
Comme nous contournions l’anneau sans le traverser, je pris
conscience d’un autre changement Dans la bande M, je percevais des
communications et non du bruit Plus de brouhaha ! Cela ne pouvait
signi ier qu’une chose — l’homme avait ini par réussir. Pour preuve
d’ailleurs, le halo créé par le bruit de bande M avait disparu. Finis la
pagaille, le désordre. Je commençai à pressentir ce qui m’attendait
En arrivant à basse altitude, à environ deux ou trois kilomètres,
nous commençâmes à tracer des cercles d’est en ouest, à environ 28
degrés de latitude Nord. Nous nous trouvions à quelques milles de ce
qui semblait être les côtes japonaises. La mer était d’un doux vert
lumineux et une lente houle avec des creux d’environ trois mètres en
animait majestueusement la surface. En profondeur, j’aperçus des
bancs de poissons qui serpentaient paresseusement en suivant
lentement le contour éloigné de la côte. Il y en avait des milliers, dont
les lancs argentés étincelaient lorsque, en un éclair, ils changeaient de
direction. Oui, il y avait eu bien des changements si les
poissons s’aventuraient, en bancs, aussi près du rivage ! Le paysage
m’était familier et, pourtant, il y manquait un élément. En scrutant la
surface de l’océan, je compris immédiatement
Aucun bateau. Je me dirigeai vers la ligne d’horizon et la dépassai.
Mais rien, pas même une barque ou un canot Je levai les yeux vers le
ciel et ses cumulus blancs. Pas un avion, seules des mouettes et des
hirondelles de mer qui tournoyaient en cherchant leur pitance dans les
creux de la houle.
Au-dessus, au-delà de la ligne des nuages, rien. Nulle traînée
blanche, nul jet.
Nous franchîmes la côte et nous nous retrouvâmes au-dessus du
Japon. Vers le nord, le Fuji-Yama, cône blanc scintillant au soleil. Au-
dessous de nous, un tapis soigné de champs, ordonnés comme les cases
d’un grand échiquier qui aurait été peint de subtiles nuances de vert En
outre, blottis parmi ces cases vertes comme un gigantesque bouquet, de
petits groupes de champs de couleurs différentes, l’un orange vif,
l’autre bleu profond, blanc, ou bien rouge — des champs de leurs
épanouies, de buissons, et vraisemblablement des hybrides entre les
deux, aucune leur ne pouvant prétendre aux dimensions que j’admirais
ici. Pour distinguer le motif de ce somptueux tapis, il fallait le survoler
de très haut. Mais il n’y avait pas d’avion, et cela encore me mit
vaguement la puce à l’oreille.
Comme nous nous dirigions vers l’ouest, je pris conscience de
l’absence d’autres éléments. Il n’y avait pas de route, pas même une
allée pour desservir les champs. Pas non plus de bâtiments, de maisons,
de granges, d’abris. J’eus beau scruter toutes les directions, je ne vis
rien. Ni ville, ni village, ni ligne à haute tension, ni voiture, ni camion, ni
bicyclette — tous disparus. L’air était clair et pur, sans fumée ni
brouillard.
J’eus alors un éclair de compréhension. Je n’avais vu personne! Et
c’étaient évidemment eux que je cherchais, les hommes, les femmes, les
enfants ! Quelle terrible catastrophe avait pu tous les emporter?
(Ils sont là. Beaucoup moins nombreux, mais ce n’est pas le résultat
d’un quelconque événement. Cette situation est le fruit d’une volonté
délibérée.)
Nous nous mîmes à progresser plus rapidement, en direction de
l’ouest, en survolant le dé ilé interminable des bouquets multicolores
dessinés sur fond de vert, dont certains semblaient s’étendre sur des
kilomètres et des kilomètres. Bientôt, nous survolâmes à nouveau l’eau,
la mer du Japon, si je ne me trompe. Et toujours nul bateau sur ce qui
fut jadis une voie maritime si importante. La terre — encore la
péninsule coréenne ? —, puis le paysage changea. Partout, de grands
arbres majestueux tendaient vers le ciel leurs branches serrées. Une
espèce inconnue de moi… Mais toujours aucun signe d’objet fabriqué
par l’homme.
(Votre image est — comment dire ? — obsolète)
Avant que j’aie eu le temps de méditer cette remarque, nous
survolions de nouveau l’eau, à une allure encore plus vive, et puis
encore La terre. Ce devait être la Chine. Certes, il était inutile que les
habitants soient au grand complet mais, à coup sûr, une partie de sa
population grouillante serait encore visible ! Nous parcourûmes des
kilomètres et des kilomètres de forêts d’un vert profond, interrompues
seulement de temps à autre par une clairière herbue, un large cours
d’eau ou une rivière. Où se trouvaient donc les rizières indispensables à
la substance de l’homme ?
(Il en reste quelques-unes, mais elles sont réservées a un autre usage.
Ce sont des sanctuaires d’oiseaux)
Nous surplombions un paysage de plus en plus accidenté. Bientôt,
nous naviguâmes entre les chaînes et les pics d’un terrain très
montagneux. La végétation était clairsemée, et nous laissions derrière
nous, à une vitesse au moins égale à Mach 2, des couronnes de neige
étincelante. Ma vieille expérience de pilote « audacieux mais pas
téméraire » resurgissant, je déplorai intérieurement cette altitude
risquée. Certes, mon manque d’audace m’avait permis de vieillir mais il
manquait indéniablement de panache. Le lanc abrupt et rocailleux
d’une haute chaîne de montagnes enneigées surgit devant nous.
(Vous pouvez les traverser sans problème. Cela ne fait aucune
différence.)
La chaîne était presque sur nous. Je me fermai étroitement, juste
avant de m’y écraser. Je perçus un changement léger, éphémère, dans la
texture environnante et ce fut tout Je m’ouvris et regardai derrière
nous. Déjà la barrière montagneuse s’évanouissait dans le lointain. Je
n’ai guère l’habitude de traverser la matière ! Très vite, la terre
commença à s’aplanir au-dessous de nous. Le vert des forêts s’éclaircit
tandis que les zones dégagées s’élargissaient Je m’efforçai de
rassembler mes souvenirs géographiques; il me semblait que nous nous
trouvions au-dessus du Moyen-Orient.. Oui, déjà elles se dressaient vers
nous, ces régions presque désertiques, ondulées et sablonneuses, d’où
surgissait le pétrole. J’eus beau scruter toutes les directions, je vis des
bosquets d’arbres très symétriques, mais aucun réservoir, aucun pipe-
line ni puits de pompage, rien qui indiquât que l’homme eût posé les
pieds à cet endroit Les gisements avaient dû se tarir ou bien l’on n’avait
plus besoin de pétrole.
(Ces hypothèses sont toutes deux exactes.)
Nous survolâmes de nouveau la mer. La Méditerranée ?
Plus haut, plus vite. Une bande de terre scintilla au- dessous, que je
ne pus identi ier. De nouveau la mer, de grosses vagues, sans doute
l’Atlantique… Et puis la terre. Un ralentissement soudain et nous
atterrîmes doucement dans un champ, niché parmi des collines
ondoyantes. Je regardai autour de moi, en me demandant pourquoi
nous nous étions arrêtés dans cet endroit II m’était vaguement familier.
J’étais debout sur un monticule, dans un champ d’herbe verte, grasse, et
très régulière qui venait sûrement d’être tondue… Pourtant, non, elle
n’avait pas été coupée : elle poussait régulièrement ! L’orée d’un bois de
chênes, aux branches largement étalées, se dressait derrière moi. Au
loin, une succession de montagnes bleu-vert s’élevait, dessinant vers le
ciel un escalier géant… Pourquoi s’être arrêtés ici, pourquoi cet
endroit?
(Ils le souhaitaient. Ils vous attendent.)
L’énergie INSPEC s’évanouit et je restai seul. Tandis que j’attendais,
j’éprouvais des sensations très physiques. Je sentais le soleil sur mon
visage. Une brise fraîche et légère ébouriffait mes cheveux.
Mes cheveux? Mais pourquoi aurais-je eu des cheveux ?… Ainsi, ils
m’attendaient ? Je regardai dans toutes les directions. Pas le moindre
identi icateur. Si, il y en avait un, et il m’était très, très familier… là-bas,
dans le bois. Je is demi-tour et me mis en marche… En marche ? Mais…
En jetant un coup d’œil, je constatai qu’effectivement j’avais des jambes,
très normales et très humaines, des jambes et des pieds nus, que
caressait l’herbe à chacun de mes pas… Tout en me dirigeant vers les
grands chênes, je tâtai mon corps. Il était bien réel et chaud sous mes
doigts. Mais je m’aperçus qu’en fait de corps, j’avais hérité d’une espèce
de grande perche, vieille d’une vingtaine d’années… Tiens, tiens! Pas de
vêtements ! Voilà déjà un progrès. Je sentais le vent qui caressait mon
corps, l’air que respiraient mes poumons. Jamais encore je n’avais
expérimenté, dans cet état de conscience, un corps physique
parfaitement opérationnel. Toutefois, je ne voyais pas pourquoi il fallait
que ce soit ce mètre quatre-vingts, de soixante-neuf kilos à peine et tout
en os… J’atteignis l’orée du bois et j’allais y pénétrer quand je me
heurtai à une barrière qui me rejeta dans le champ. Je m’arrêtai, mais
j’eus beau regarder, je ne vis rien. L’identi icateur que j’étais incapable
d’associer à quoi que ce soit se trouvait pourtant derrière la barrière,
aussi is-je une nouvelle tentative. La barrière céda à peine. Cette force
invisible m’était également familière, et pourtant, je ne pus la relier à
l’identi icateur. Il manquait un élément
(Restez dans l’herbe, nous allions vous rejoindre.)
Pas de son, communication non verbale ! Nous avions donc réussi!
Les humains avaient réussi ! J’étais impatient de rencontrer mon comité
d’accueil, quel qu’il fût. Je n’eus d’ailleurs pas à attendre longtemps.
Surgissant derrière les arbres, un homme et une femme apparurent
devant moi. Du moins, cette charmante polarité n’avait-elle pas changé.
Séduisants, bien faits, la peau hâlée, tous deux semblaient
approcher la trentaine. L’homme avait les cheveux châtain clair, la
femme châtain foncé. Ils sourirent tandis que je les observais.
Je m’ouvris. (Eh bien, apparemment nous n’avons pas changé autant
que je le croyais ! Physiquement en tout cas.)
(Désolé de ce petit contretemps, BOUM BOUM.) L’homme roula.
(Votre hôte a oublié la barrière, c’est pourquoi nous le remplaçons.)
Je restai interdit (Vous me connaissez donc sous ce nom de BOUM
BOUM ?)
L’homme devint chaleureux. (Oui !)
(Je vous connais sans doute aussi ! Mais l’identi icateur est lou et à la
façon dont il sort, je sais qu’il est déformé.)
L’homme se mit à vibrer et à rouler. (Dans mille ans, vous ne me
croiriez toujours pas ! Et comme cela fait plus de mille ans, vous feriez
mieux de me croire !)
J’eus une intuition soudaine. (BB !)
(Et qui voulez-vous que ce soit ?)
Devant mon ébahissement, BB se mit à rire.
Je me tournai vers moi-même pour chercher dans ma boule de
pensée les images de la barrière qui m’avait déjà repoussé, et je sus qui
était mon hôte. (C’est AA qui est resté sous les arbres !)
BB s’ouvrit. (Et on peut dire qu’il avait envie de vous rencontrer ! Au
point, d’ailleurs, d’en oublier la barrière ! En in, il reçoit tout de même les
images.)

(Sait-il ce qu’est cette barrière?)


BB se it plus doux. (Oui, il le sait. Mais il m’a dit que vous deviez le
trouver tout seul.)
Je me tournai vers la femme, incapable de résister plus longtemps à
l’immense attrait que, consciemment ou non elle exerçait sur moi… Son
sourire m’indiqua qu’elle agissait consciemment, mais elle était
étroitement fermée et je respectai le signal. Comme celui de BB, son
identi icateur était fort, très fort… mais lou. Comment pouvait-on
oublier cette vitalité…
Son sourire se it espiègle. (Vous ne l’oublierez pas.)
(Eh bien, par quoi voulez-vous commencer ? coupa BB./e pourrais
vous faire visualiser ma boule de pensée, mais elle ne correspond peut-
être pas à ce que vous attendez.)
Je me tournai vers BB. (Mais en quelle année sommes-nous, au juste
?)
(En quelle année ? Oh ! Le temps, vous savez… On a abandonné ce
genre d’évaluation peu après l’an 3000. On n’en avait plus besoin. Quoi
d’autre ?)
Je tressaillis. (Où sommes-nous ? D’après le chemin que nous avons
suivi en venant, nous devrions être aux États-Unis, près de la côte ?)
(Selon AA, c’était le meilleur endroit pour vous accueillir, it BB,
détendu. Mais ce ne sont plus les États- Unis. Il n’y a plus d’Etats ni de
pays nulle part. On n’en a plus besoin…Vous devriez vous imprégner de
cet endroit.)
Je me tournai pour observer le paysage qui m’entourait. Il m’était
pourtant familier. Ce monticule où nous nous trouvions, les gradins des
chaînes bleutées qui s’élevaient vers l’est… Les montagnes bleues !
L’image était parfaite. Combien de fois auparavant m’étais-je tenu sur ce
monticule en regardant vers l’ouest, combien de fois avais-je fait de cet
escalier de collines rondes ma rampe de lancement ! J’avais attaché à ce
lieu, à ce site le lux de l’expérience humaine…
Les maisons, les barrières, les bâtiments, les routes, tout avait
disparu. Le lac. Le lac était encore là. Et les arbres, tellement plus
nombreux et plus variés qu’auparavant ! Et puis vers l’est, il y avait… la
mer. La mer, là où jadis passait une autoroute à quatre voies, la mer qui
s’étirait vers l’horizon.
(Nous l’appelons Virginia Bay en souvenir du passé. C’est une partie
de l’océan, it BB, très doucement. Vous voyez, vous qui hurliez toujours
contre la loi du changement. Eh bien, certains d’entre nous viennent hiber
ici en souvenir du bon vieux temps.)
(Hiber ?) J’étais déconcerté.
La femme s’ouvrit légèrement. (Nous stockons nos corps humains
préférés ici, sous les chênes, jusqu’à ce que nous en ayons besoin.)
(Ce qui n’est pas trop fréquent), ajouta BB.
Je me retournai vers moi-même. Hiber… hiberner. Bien sûr,
pourquoi pas? Tout simplement une vaste amélioration du vieux
schéma de l’OBE. Mais tout de même, laisser son corps étendu sous un
chêne!
(Nous l’entourons d’un super-RebalI, répondit la femme en souriant.
II est d’une structure si serrée que même un virus ne s’y glisserait pas. Le
corps ne risque donc pas d’être dérangé par les tiques, les moustiques ou
quoi que ce soit d’autre.)
La boule de pensée s’élaborait rapidement Ce « Reball » —
diminutif de ballon d’énergie résonante “Resonant Energy Balloon” —
que nous avions essayé maladroitement d’engendrer, avec un succès
inégal. Un champ d’énergie entourant le corps pour le protéger en
faisant écran ! En tout cas, il y a toujours des tiques, des moustiques,
des virus, cela ne fait pas de doute.
BB sourit. (Pas l’ombre d’un doute !)
Je le regardai. (Qu’est-ce que vous entendez par « pas trop souvent»
?)
BB pivota vers la femme. (Explique-lui.)
Elle s’ouvrit un peu plus et, comme son aura de séduction
diminuait, je compris que c’était là un geste délibéré. Elle savait de
toute évidence que je ne tenterais plus de la percevoir, puisque tel était
son désir. Du moins cela n’avait-il pas changé. Les femmes aimaient
toujours le mystère.
(Pas trop souvent, cela veut dire environ deux fois semaine.)
Détendue, elle attendait une réaction de ma part.
Elle n’avait pas tort Je restai interdit.
(Si nous sommes réunis tous les trois le même jour dans des corps
physiques, c’était dans le seul but de vous rencontrer, poursuivit-elle,
appréciant l’effet de chacune de ses paroles. C’est parfaitement
exceptionnel.)
Je souris. (Je vous en suis reconnaissant, vous pouvez me croire !)
(Rappelez-vous, ajoute-t-elle en riant Vous disiez toujours que nous
sommes plus que nos corps matériels. Désormais c’est l’inverse. Vous,
en in nous ne cessons de répéter aux nouveaux qu’ils sont davantage que
leur corps énergétique.)
Je me retournai vers moi-même. Voilà qui dépassait tout ce que
j’avais jamais imaginé ! Pourtant, un point n’avait pas changé: une
réponse débouchait toujours sur cent questions nouvelles. J’avais
besoin de…
(Vos points de repère ? Eh bien, sachez que nous sommes toujours des
êtres humains, ou des êtres qui sont humains. Du moins je présume.) Elle
regarda BB, qui se contenta de hausser les épaules. Voilà qui était
inhabituel. AA avait dû lui recommander de laisser la femme se charger
du dialogue — ou du moins de la communication.
J’essayai une autre tactique. (En chemin, je n’ai rien vu qui indique
que l’homme soit là ou qu’il ait jamais été. Pas de maison ni de bâtiment,
pas de route, pas d’usine, de ville, d’avion, de voiture, rien! Comment cela
se fait-il ?)
(Vous n’avez pas dû bien regarder !) it BB amusé.
La femme s’éclaira. (N’est-ce pas beau ?)
Je demandai plus doucement: (Je comprends que vous puissiez
dormir sous les arbres par un temps comme celui-ci, mais l’hiver ? II faut
bien que vous soyez au chaud !)
(Le Reball s’en charge, répondit-elle. Il maintient autour du corps
une couche d’air à la température voulue.)
(Et la nourriture ? Vous devez tout de même manger 0
Elle étendit les bras devant elle, à hauteur des épaules, paumes vers
le ciel. Les yeux fermés, elle attendit tranquillement Au bout d’un
moment, elle abaissa les bras et rouvrit les yeux.
(Cela donne au corps assez d’énergie pour une bonne semaine), it-
elle en poussant un soupir d’aise.
Je tressaillis. (Vous voulez dire que vous n’avez plus besoin de goûter
la nourriture, la vraie nourriture ?)
(Ah oui ! La nourriture…) Aussitôt, BB se baissa pour ramasser
entre les herbes une poignée de terreau rouge qu’il recueillit dans le
creux de sa main. (Que voulez-vous ? Du riz sauvage ? C’est ce que je
préfère.)
Je regardai, fasciné… et décidai de jouer le jeu. (Euh, non, plutôt du
Silver Queen!)
BB sembla interloqué. (Du quoi ?…)
(Voilà, voilà), it la femme en lui prenant la poussière des mains.
Elle la mit dans sa main droite et la ixa intensément La poussière
se mit à bouillonner, à bouillir, à changer de couleur, puis forma bientôt
un petit épi de maïs blanc aux grains pleins et bien mûrs.
Elle me le tendit alors. Il était chaud au toucher. Je le portai
délicatement à ma bouche, y mordit. C’était bien du Silver Queen, le
maïs le plus doux que j’aie jamais goûté, avec cette fraîcheur de l’épi qui
vient d’être cueilli. Il dégoulinait même de beurre fondu, ou plutôt de
margarine. Je regardai la femme en mâchant avidement. Elle me sourit
d’un air entendu. Si elle continuait à laisser iltrer ainsi ses perceptions,
je inirais, malgré moi, par connaître son identi icateur, et elle n’aurait
plus de secret! Je lui rendis l’épi, dans lequel elle mordit à son tour.
Tout en mâchant et en avalant, je me demandais où pouvaient bien
aller ces grains. Mais cela n’avait guère d’importance et ne m’empêchait
pas de me sentir bien. (C’est bon, vous m’avez convaincu. Mais…
Et l’absence de routes, de transports? Imaginez que nous voulions aller au
Japon. Ce n’est pas faisable à pied !)
BB sourit (Et alors, il suf it de faire un petit saut ! Version abrégée,
naturellement. Mais pourquoi le Japon)
(En venant ici, j’ai remarqué dans la végétation des motifs
inhabituels.)
La femme sourit. (N’est-ce pas ravissant ?)
(Premier arrêt, le Japon, it BB en se dirigeant vers le bois, suivi de
la femme. Nous revenons tout de suite.)
En les regardant disparaître dans le bosquet de chênes, je me mis à
songer à ce curieux mélange d’énergies, physiques et non physiques,
qu’était désormais devenue la vie terrestre.
Il n’y avait plus de ligne de démarcation nette et précise entre les
deux. Est-ce que tout était ainsi ?
(Prêt ?) En me retournant, je vis BB et la femme à mes côtés. Ils
semblaient différents, plus légers. (Nous avons dû abandonner nos
corps.)
Un souvenir soudain me traversa. (Pas de blague, BB!)
BB roula. (Pas de danger ! C’est elle qui détient l’identi icateur. Vous
et moi nous allons nous contenter de suivre.)
Je me concentrai intensément sur BB et m’étirai.

CLIC !
Nous planions au-dessus d’un paysage onduleux, à quelque trois
mille mètres d’altitude. Juste au-dessous de nous, ce qui semblait être le
cœur d’une leur de lotus dont les pétales étalaient la splendeur
éclatante de leurs coloris dans toutes les directions, sur près de dix
kilomètres. Au-delà, un dégradé de vert allant de la teinte pâle de la
feuille nouvelle au ton riche et sombre de L’épaisse forêt tropicale.
J’étais encadré d’un côté par BB, de l’autre par la femme.
Elle se mit à vibrer. (C’est l’un des plus jolis paysages.)
Je la croyais sans peine. Je m’ouvris. (Qui l’a réalisé ?)
(Un groupe qui voulait donner à cette région l’image de la beauté qui
est née ici. A mon arrivée, il existait déjà. Aujourd’hui, on se contente de
l’entretenir.)
L’image que j’avais était claire et nette. (Et le reste du monde ? Tout
est donc comme ça ?)
(La terre a retrouvé son équilibre écologique initial, tel qu’il était
avant que l’homme ne le bouleverse si gravement. Tout a réapparu,
chaque arbre, chaque plante, chaque animal… absolument tout.)
(Sans compter quelques améliorations), intervint BB.
(Mais le paysage est-il partout disposé comme ici, en jardins
immenses ?), demandai-je à la femme.
(Non, seulement une petite partie. Le reste est composé de forêt, de
bois, de pâturages, de prairies. Même les zones désertiques ont été
restaurées.)
Mon image était très claire. Les humains avaient repris le travail de
Mère Nature — en l’améliorant quelque peu. Inutile de demander
comment cela s’était fait. L’épisode de la poussière changée soudain en
un épi de maïs doux et frais en disait assez long. Si l’homme était
capable de faire ça… Je devais compléter ma boule de pensée. Mais
avant même d’avoir posé ma question, je fus certain de la réponse.
(Et si nous voulions descendre faire un tour ici. Je veux dire, dans un
corps physique ? Fis-je, en me détendant prudemment. Comment ferions-
nous ?)
La femme se mit à vibrer, (Je suis sûre que nous trouverions tous les
corps que nous voulons, sous ces belles leurs rouges.)
J’insistai. (Mais nous pourrions en prendre un chacun, tout
simplement ?)
(Naturellement.)
Il fallait que je sache. (Et s’ils étaient tous… déjà occupés ?)
Incapable de rester à l’écart plus longtemps, BB intervint
(On en fabriquerait d’autres. Ce n’est pas long. Vous voulez descendre
?)
J’hésitai. (Non, non, pas tout de suite. Mais… et les corps physiques
que vous avez laissés au pied des chênes. N’importe qui peut donc les
occuper?)
BB roula. (Bien sûr, pourquoi ?)
Pourquoi ? Cela demandait une rapide mise au point. Je cherchai
donc dans ma boule de pensée le moment où d’autres êtres avaient
effectivement occupé les corps physiques de nos volontaires en
laboratoire, celui où ils avaient communiqué verbalement avec nous,
activé parfois certaines parties desdits corps quand par exemple ils
jouaient du piano… Et tout cela sans crainte, sans larmes, sans souci.
Alors en effet, pourquoi pas ?
La femme s’adressait à BB. (Je ne crois pas qu’il soit prêt.)
(Bien sûr que si ! C’est un grand garçon maintenant. Il avalerait en
une bouchée l’intégralité de la boule de pensée. Ça l’amuserait au point
qu’il en serait carrément souf lé !)
(Retournons d’abord au dortoir, comme AA l’a prévu, répondit-elle
tranquillement, On pourra peut- être de là.)
Je m’ouvris. (Est-ce que j’ai voix au chapitre?)
Elle roula. (Naturellement !)
Retenant mes vibrations, je déclarai doucement (Faisons comme
elle dit. Votre sens de l’amusement m’a causé déjà suf isamment
d’émotions, BB. Cela dit sans vouloir vous offenser !)
BB roula. (Mais bien sûr!)
La femme se tourna vers moi. (Fermez-vous bien.) J’obtempérai.

CLIC!
Nous lottions maintenant parmi des milliers et des milliers de
formes blanches, étincelantes, animées et vibrantes. Surpris par
l’intensité de la radiation, je crus devoir tirer le signal d’alarme ou
appeler au secours mon ami INSPEC. Mais l’éclat s’atténua bientôt et je
me sentis pénétré de toutes parts par un chaleureux sentiment de
compréhension. Je compris que les formes avaient délibérément dévié
leur radiation, quelle qu’elle fût, de façon à respecter mon niveau de
tolérance. Comment pouvais-je bien leur apparaître ? Probablement
comme un peu de brouillard gris et morne…
(Bienvenue au dortoir de la super-école rénovée d’apprentissage
intensif !) L’identi icateur était sans aucun doute celui de BB. (AA a
décrété que « dortoir» était le meilleur terme à utiliser, mais je n’ai
aucune idée de ce qu’est un dortoir.)
Je perçus l’identi icateur lisse mais vague de la femme qui
m’accompagnait. Elle était aussi lumineuse et radieuse que toutes ces
formes étincelantes. Comme elles, je savais qu’elle était humaine —
mais le savais-je vraiment ?
Je m’ouvris autant que possible. (Quel est cet endroit ?)
Aussitôt, je perçus l’anneau étincelant dont elle m’envoyait l’image.
(Vous y êtes passé en arrivant sur terre. C’est notre point de référence
jusqu’à ce que nous décidions…)
Laissant sa phrase en suspens, elle se ferma.
(Que vous décidiez quoi ?) demandai-je doucement.
Elle s’ouvrit légèrement (Je… euh, j’avance dans mon cycle d’études.)
Je décidai de prendre le temps de digérer cette information. (Mais
que faites-vous en attendant ?)
Elle roula un peu. (Eh bien, tout d’abord, nous fabriquons et nous
rassemblons… comment appelez- vous ça déjà ?… du loosh. Comme des
abeilles. Ou des vaches de Guernesey. Seulement maintenant, nous savons
ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons, et nous sommes heureux
de le faire.)
Je me retournai vers moi-même et me fermai. J’avais beau
comprendre, l’étendue du changement ne m’en paraissait pas moins
incroyable. Les preuves m’entouraient pourtant. L’étape intermédiaire
vers la liberté…
Je m’ouvris à nouveau. (Que faites-vous encore ?)
Elle s’éclaira doucement (Nous explorons la Conscience Terrestre et
non plus seulement sous la forme physique humaine — souvenez-vous
que nous n’en percevions qu’une partie, une simple partie. Désormais,
nous la découvrons complètement, depuis la plus minuscule vie
unicellulaire. Nous expérimentons des millions de cycles de vie différents,
dont nous n’avions pas conscience en tant qu’hommes purement
physiques. Or, la terre elle-même possède une conscience active.)
Je ne relevai pas non plus ce point, incapable de résister à une telle
avalanche. (Et le processus naturel de la chaîne alimentaire, existe-t-il
encore et l’expérimentez-vous? De bout en bout?)
(C’est même une partie essentielle du processus d’apprentissage,
répondit-elle doucement. Sans cela, nous ne pourrions pas fabriquer de
loosh.)
(Alors, BOUM BOUM !) intervint BB, incapable de rester plus
longtemps à l’écart (Sacré changement, non ? Plus de halo, plus de bruit
de bande M, plus d’anneau d’emmurés! Je vous fais visiter ?)
Je me tournai vers la femme mais elle ne répondit pas, et j’en
déduisis qu’elle n’y voyait pas d’inconvénient. De plus, elle s’était
fermée. De toute évidence, elle voulait garder son mystère, or si son
identi icateur avait percé encore un peu. elle aurait perdu tout secret.
Je regardai BB. (Je vous suis, mon vieux !)
Accroché à son identi icateur pour ne pas me perdre, je me
mouvais avec aisance parmi les formes étincelantes. Je sentais la
radiation diminuer devant moi, dégageant une sorte d’allée dont le bas
niveau d’énergie m’était tolérable. A ma grande surprise, une étincelle
se détachait de temps autre d’une des formes et venait me toucher.
Dans ces étincelles je distinguais très clairement des mots parlés…
Bonjour, Bob. Salut, Robert… Mais je ne pus reconnaître aucun
identi icateur. Finalement, BB s’arrêta. Devant nous se trouvait le
premier Poste d’Entrée. Un grand nombre de formes grises planaient à
l’entour.
(Cela a bien changé, observa gentiment BB. Mais vous ni verriez que
du feu si vous n’en saviez plus long désormais.)
(De quel ordre sont ces changements ?) risquai-je.
(De grosses réductions de l’empreinte de survie, pour commencer.)
BB roula. (Vous vous souvenez de cette conférence que vous m’avez faite,
avec des illustrations vivantes pour les vieux anneaux ? Vous seriez ébahi
des résultats produits par un seul changement !)
Je m’ouvris. (Mais je le suis.)
Un instant déconcerté, BB reprit (Ouais… Préalablement à
l’incarnation, il y a maintenant un solide brie ing ainsi qu’un
entraînement destiné notamment à maintenir le contact pendant les
cycles du sommeil physique.)
J’étais interdit. (Pourtant ici, vous ne dormez même pas ?)
(Non, nous n’en avons pas besoin.) II s’éclaira. (Ah oui, Voici l’autre
point. Les premières incarnations choisissent maintenant une époque
antérieure à tous ces changements. Certains remontent presque à
l’apparition de l’être humain. Ils effectuent un seul et unique cycle de vie
humaine, après quoi ils viennent nous rejoindre ici. Plus d’incarnations à
répétition, rien que des Incarnations Uniques.)
Je me tournai vers moi-même, puis m’ouvris. (Est- ce que ce
processus d’incarnation Unique existe à l’endroit d’où je viens ?)
BB s’éclaira. (Bien sûr !)
J’oscillai. (Pourtant, je n’en ai pas eu la moindre image.)

Il protesta doucement (Mais si !)


J’étais ébahi. (Comment ça ?)
(Vous vous souvenez des êtres du dernier anneau ? Ils ne
s’approchaient pas du service des réincarnations. Ils montaient, puis
disparaissaient, non ?)
Je tressaillis de nouveau. (Mais il s’agissait de ceux qui allaient à la
maison !) vibra d’un air triomphant (Eh bien ?)
Je me retournai vers moi-même et me fermai. Tout cela
m’échappait. C’était au-delà de mes capacités d’absorption et de
compréhension immédiates. Mais B B me tirait
(Venez BOUM BOUM) Il vibrait (Allons nous y amuser un peu !)
J’hésitais. (Nous amuser ? Ma foi, je ne sais pas. C’est que, votre idée
de l’amusement…)
(Rien que du très banal, je vous assure. Des choses que nous faisons
tous les jours, ici. Et puis j’ai reçu de AA une boule de pensée très précise
quant à ce que je pouvais vous montrer ou non.)
J’observai les lumières étincelantes au-delà des formes grises qui
planaient au-dessus du Poste d’Entrée. (Où se trouve AA, à présent? Je
n’arrive pas à obtenir correctement son identi icateur.)
(Il est par là, it-il en désignant la direction opposée. La barrière ne le
laissera pas s’approcher davantage, mais je parie qu’il va nous suivre.
Vous êtes prêt ? Juste des petits sauts, c’est tout.)
Mis en con iance par cette brève image, j’étendis les bras devant
moi et m’accrochai à son identi icateur.

CLIC!
Je lotte environ mille mètres au-dessus d’un grand champ brun…
J’ai une base plate et une forte énergie vitale monte d’en bas pour se
déverser en moi… Je deviens de plus en plus vaste et je transforme
ardemment en moi-même l’énergie que je reçois… Je suis un tourbillon
tournoyant Par mon action, je prends l’eau dans l’énergie et je deviens
plus grand, plus conscient A mesure que je grandis, je suis capable d’en
savoir davantage… Dessus, je suis comme une vesse-de-loup, et je me
sens grandir davantage vers le haut que vers l’extérieur…
A présent, une grande partie de mon énergie vitale circule en
s’élabore…. (Mais, c’est., de l’électricité !)… Si je peux continuer à
grossir avant que l’eau ne s’écoule, si l’énergie continue de monter
assez longtemps vers moi, je vais être fort, très fort… Mais ie m’éloigne
irrésistiblement, en dérivant loin des rayons énergétiques. Et je ne suis
pas assez, pas assez…

CLIC !
Nous survolions maintenant une épaisse forêt Le champ brun qui
s’étendait au loin m’était familier. BB planait devant moi.
Il vibrait (Amusant, non ?)
Je tressaillis. (Mais qu’est-ce que c’était?)
Il indiqua la direction opposée. En me retournant, je pus voir un
cumulus de taille moyenne, blanc à l’endroit où le traversaient les
rayons du soleil, gris à l’arrière, avec une base plate et sombre. Les
nuages ont-ils donc une conscience ? Est-ce la base de la vie ? L’eau,
in imes particules chimiques, et l’électricité ! Tous les ingrédients. Et si
j’avais été un ciel d’orage ?
Ou une tornade, un ouragan, n’importe lequel des aléas du temps !
BB interrompit mes ré lexions. (Prêt à continuer ?)
J’étendis les bras et le suivis.

CLIC!
Je nage dans une eau verte… Elle est claire au- dessus, plus sombre
au-dessous. Ma bouche s’ouvre et se ferme rythmiquement, absorbant
l’eau qui circule dans ma tête pour ressortir par mes oreilles… Non, par
mes branchies. Je suis un poisson, un très gros poisson ! Mes nageoires
ondoient doucement pour me stabiliser et me maintenir en place, ma
vision est multiple. Je vois droit devant moi… Derrière, c’est presque un
point noir mais ma vision périphérique, immense, me révèle des détails
exquis. Pas beaucoup de couleurs… Une ou deux seulement.. J’essaie de
remuer et, aussitôt, je me propulse d’un bond rapide, j’oblique à droite,
à gauche, je me retourne, grimpe à pic, puis plonge… Mais… qu’est-ce
que c’était, à la surface? Il faut que j’y retourne, que je l’attrape, j’ai
faim, faim… Je remonte en lèche vers la surface, bouche ouverte, en
gobant quelque chose… Un saut hors de l’eau et, à nouveau, je plonge
avec un grand sentiment de satisfaction. Quelque chose s’agite et
craque au fond de ma bouche. Un puceron ? Je nage dans les
profondeurs, mais ce n’est pas aussi sombre que je le pensais. Je vois
merveilleusement bien. J’ai conscience de la présence d’un autre
poisson qui plonge à mon côté, en godillant du dos et de la queue. Est-
ce que moi aussi je godille? Mais oui ! D’ailleurs cela se fait tout seul… Il
suf it que j’y pense et cela marche, c’est comme d’avancer ou de tourner
dans un corps humain… Je m’arrête. Un autre poisson se dirige droit
vers moi… Non, celui-là est gigantesque, la mer est trompeuse. Il est
incroyablement plus gros que moi ! Je lui irradie le signal de la faim. Va-
t’en, va-t’en ! C’est moi qu’il chasse. Nager, nager vite, il est derrière moi
! Vers le haut, plus vite… Un signal pénètre mes lancs, un autre poisson
nage avec force à mon côté… Le signal traverse les bandes dessinées sur
mon lanc.
(BOUM BOUM, dès que vous serez à l’air libre, sautez ! Sautez !)

CLIC!
Je me retrouvai juste au-dessus de l’eau, et je vis le corps de mon
poisson, accompagné d’un autre, qui s’arquait dans l’air puis plongeait à
nouveau dans l’eau avec une éclaboussure dérisoire. Mais aussitôt, il y
eut une ruée, un tourbillon sous la surface, et puis plus rien.
(Amusant, non ?) C’était BB qui m’avait rejoint Je ne pus répondre,
tant je tremblais, Aussi poursuivit-il: (J’avais promis à AA de ne pas vous
laisser aller jusqu’au bout du processus. Il avait le sentiment que vous
n’étiez pas prêt et apparemment il avait raison. Mais puisque vous vous
interrogiez sur la chaîne alimentaire…)
Je vibrais. (Ça va, ça va.)
BB déclara doucement: (Vous voulez toujours voir les choses comme
elles sont, n ‘est-ce pas ?)
Je m’adoucis aussi. (J’ai été surpris, voilà tout!)
(Eh bien, la prochaine aventure sera parfaitement tranquille.
Tranquille et agréable. Prêt ?)
Tout est relatif, y compris l’idée que BB se fait de la tranquillité…
J’étendis les bras devant moi.

CLIC !
J’ondoie doucement, en ployant et léchissant Coulant à lots par les
plus minuscules parties de moi- même — je suis longue et étroite,
traversée d’innombrables tubes — arrive ma glorieuse part de force
vitale, venant du Tout, la famille dont je fais partie… Je sais combien le
Tout a besoin de moi, et je le sers avec joie et bonheur… Le lot de
l’énergie qui me fait vaciller et ployer pénètre mes côtés plats… (Mais,
c’est simplement de l’air, du vent !). J’y puise les parties dont a besoin le
Tout et je les transmets par mes tubes étroits car elles sont nécessaires.
C’est si facile pour moi, ce n’est même pas un travail, c’est une
respiration… C’est à cela que je sers, à respirer pour le Tout, auquel je
prends ses cendres, que je disperse dans l’énergie… L’heureux
échange…Et, oh ! ma forme, particulière et si importante… mon pro il,
ma con iguration…Elle reçoit un signal particulier que comprend le
Tout, dont il a besoin, et qu’il utilise… Tout ce que je fais, c’est de
recevoir et de transmettre… Et je suis bien, suprêmement bien…
J’éprouve un sentiment de plénitude absolu, le sentiment d’accomplir
ce pour quoi j’ai été conçu… Bel équilibre, donner… recevoir… force et
sécurité du Tout..

CLIC !
BB était auprès de moi. (Ça vous a plu. Non ?) (Qu’est-ce que c’était ?)
Je me tournai dans la direction qu’il indiquait Tout près de moi il y
avait une feuille, une feuille de chêne, attachée à une branche par une
longue tige. Au-delà de la branche, le tronc massif d’un arbre
s’enracinait solidement dans la terre. Dire que nous avions traversé ce
savoir sans conscience… Je compris mieux la nouvelle école humaine.
(Et voici maintenant ce que je préfère. On y va?)
Je tressaillis. (Ma foi, euh… Je ne sais pas. Nous devrions peut-être…)
(Cette expérience-ci, nous l’avons conçue nous- même, coupa BB. Si
elle ne vous plait pas, envoyez-moi un signal et nous l’interromprons
aussitôt.)
A regret, j’étendis les bras et le suivis.
CLIC !
Je suis étendu sur le lanc, dans une herbe épaisse et douce…
J’ouvre les yeux… De grands arbres m’entourent de toutes parts, leurs
hautes branches chargées de feuilles tissant un baldaquin au-dessus de
ma tête. Le soleil qui iltre à travers le feuillage produit une luminosité
agréable qui n’éblouit pas. Penchée au-dessus de moi, une grande
panthère brune me ixe intensément.
(Allons, BOUM BOUM… on va jouer)
Je roule sur le lanc et me dresse sur mes… Mais oui, j’ai quatre
pattes ! Quel sentiment de stabilité et de sécurité cela procure… Ma tête
précède mon corps, je dois la tourner pour voir mes lancs… couverts
de fourrure, lisses… Qu’est-ce qui bouge derrière moi ? C’est une queue,
j’ai une queue. A peine ai-je envie de la remuer qu’elle s’agite de droite
à gauche et de gauche à droite, ça alors ! Par contre, de haut en bas elle
bouge à peine, et il m’est plus facile de la baisser que de la lever. Un
parfum attire mon attention. Des odeurs, des odeurs, un nombre
incalculable d’odeurs…dont j’évalue instantanément la distance?
Ces informations valent amplement celles données par ma vue.
Quant à mon ouïe… elle me permettrait de distinguer n’importe quoi…
Je léchis les pattes, je sors mes griffes. Oui ! J’ai des griffes ! Attention,
le monde, j’arrive! Comme je me sens puissant ! Quel merveilleux
sentiment de vie… de vie absolue ! J’ai envie de courir, de sauter, de
grimper…
(Eh bien, alors, qu’est-ce qu’on attend !)
La panthère brune quitte le couvert des arbres en bondissant et je
la suis, à vive allure. Je galope maintenant de toutes mes forces, me
fau ilant à travers les arbres, esquivant aisément les branches basses…
Un lux enivrant de parfums passe sous mes naseaux et je me plais à les
reconnaître. Mes yeux, mes oreilles recueillent et identi ient une
myriade de signaux, tous familiers… D’un bond, la panthère brune
escalade le lanc d’un grand arbre mort qui se dresse devant nous. A sa
suite, je plonge mes griffes, je tire et les plonge à nouveau. Posée
tranquillement sur une branche épaisse, elle m’attend… je la rejoins,
m’assieds. Elle remue la queue, et je bouge la mienne en réponse.
(Vraiment pas mal pour un débutant, BOUM BOUM.)
Abasourdi par cette avalanche de stimulations, je ne réponds pas.
Je songe à ce sentiment de puissance dans mes muscles, au tri des
informations massives qui pénétraient par mes sens… Comment les
hommes ont-ils pu ignorer, déformer des perceptions aussi profondes ?
Comment ont-ils pu en recueillir aussi peu, quand un animal inférieur…
inférieur ?… en recueillait autant ?
(Nous devons partir, maintenant.)
La panthère brune se dresse, fait demi-tour et redescend… Elle
descend tête la première ! Mais… les félins en sont donc capables, eux
qui descendent toujours à reculons ? Je me dresse sur mes pattes, je
recule lentement, puis je franchis d’un bond aisé les trois mètres qui me
séparent encore du sol.
(Allongez-vous sous l’arbre, près du tronc, puis faites un saut, un tout
petit saut.)
Je m’étends dans l’herbe haute puis, à regret, je m’étire et j’étends
les bras.

CLIC !
Nous lottions juste au-dessus du sol et je regardais en bas.
Respirant lentement, de façon imperceptible, je vis alors le corps d’une
panthère brune allongée dans l’herbe… et celui de l’autre, plus foncé,
que j’avais occupé.
BB s’amusait visiblement (Ça vous a plu, pas vrai ?)
Je vibrais. (C’était fantastique !)
(Eh bien, il vous reste une dernière expérience à tenter. Celle-là, c’est
NA… euh, c’est elle qui l’a choisie. Elle est sûre que ça va vous plaire. Vous
serez seul, mais elle a dit que vous sauriez quoi faire. Je vais seulement
vous guider jusque-là. Prêt ?)
Tout en me demandant ce qu’elle avait bien pu choisir, j’étendis les
bras devant moi.
CLIC !
Je plane haut au-dessus d’une chaîne de montagnes accidentées,
couronnées de neige, et ma vue porte à des centaines de kilomètres de
toutes parts… Au sol, mon œil perçant distingue dans leurs moindres
détails les feuilles des arbres, les petits animaux qui se déplacent sur
les roches… Lentement, j’évolue dans l’espace et, tandis que j’effectue
avec aisance un large demi-tour, la crête des montagnes offre une
poussée solide et ferme sous mes ailes. Mes ailes ! Je tourne la tête. Une
aile large et arquée, qui s’arrondit à l’extrémité, se déploie à partir de
l’épaule. Ses plumes sont hérissées par la légère turbulence. Je roule la
tête vers la gauche, où une autre aile lui fait pendant.. Je ne lotte pas, je
plane… comme un oiseau, je suis un oiseau ! … Un superbe planeur qui
fait exactement ce que je veux ! Je me mets en virage et les plumes du
bord de fuite s’abaissent sur un côté, se relèvent sur l’autre, comme des
ailerons. J’atteins la portance maximale… Ça y est Plus sous l’aile
gauche que sous la droite. Tournant dans l’ascendance. Je sens
l’ascendance de plus en plus forte… Je vire et tourne en spirale. Je dois
avoir une inesse de cinquante… Spirale ascendante, plus serrée, plus
rapide… contrôle parfait… L’air est moins dense… J’augmente encore la
vitesse relative… Je me demande où est le point de décrochage. Nez
vers le bas. Non. Tête plus haute. On augmente l’angle d’attaque, encore.
Eh ! Mais ça n’est pas mal du tout ! Je n’aurais jamais cru qu’un oiseau
pouvait… Ouh là là ! Ça décroche…Mais oui ! Comme c’est simple de
reprendre de la vitesse…Il suf it de replier les ailes ethooooooo ! on
descend !
(Eh, BOUM BOUM !)
Je parie que, si on tes ouvre lentement, ces ailes sont capables de
supporter l’accélération de la pesanteur qui suit un piqué… Voyons… je
vais piquer un peu plus vite…
(BOUM BOUM, vous savez ce que vous faites ?)
Bon. Ma vitesse est suf isante. Et maintenant j’ouvre les ailes peu à
peu… lentement… Et maintenant, je reprends le manche… euh, relever
peu à peu les plumes de la queue… Voilà ! Retour à la normale, vitesse
de croisière… Ah, quel oiseau! C’est sans doute un condor… Je me
demande comment ferait un petit moineau…
(BOUM BOUM, faites un petit saut. Immédiatement 0
Je soupire… et j’étends les bras devant moi.
CLIC !
Revenu au milieu des formes étincelantes, je me fermai
soigneusement Sous l’effet du rayonnement, je me brisai en ondes
délicieusement familières. Au bout d’un moment, la radiation diminua
pourtant et je pus m’ouvrir. J’identi iai immédiatement BB et aussi, plus
vaguement, la femme. BB roula. (Ce gros oiseau doit encore se demander
pourquoi ses ailes sont tordues !)
Je me roulai à mon tour. (Sûrement pas ! Je vous jure que, quand je
l’ai quitté, il n ‘avait pas un tendon ou un muscle froissé, pas une plume
qui dépassât !)
BB se tourna vers la femme, que j’avais déjà identi iée sous sa
forme étincelante. (C’est lui, votre problème. Je vais voir, euh… AA, et je
vous retrouve au site.)
(Le site ?) demandai-je à l’adresse de la femme.
(L’endroit où nous vous avons accueilli.)
Je me retournai vers moi-même. J’avais le sentiment que ma visite
tirait à sa in et tant de questions restaient sans réponse. Je décidai
d’aller droit au but
Je me concentrai, complètement ouvert a in de ne rien déformer.
[En revenant, les Premières Incarnations…)
(Les Incarnations Uniques), corrigea-t-elle.
(Si l’entrée est constante, repris-je, vous devez bien avoir une sortie
pour maintenir l’activité du lux, du mouvement ?)
Elle attendit tranquillement., poliment ?… Ou bien percevait-elle à
la fois les questions et les réponses ? Je continuai. (Ainsi c’est à partir
d’ici, le dortoir, que les humains effectuent leur cycle ? Mais qu’advient-il
lorsqu’ils l’ont achevé ?)
Elle tressaillit. (Je… je n’ai aucune image à ce sujet. Ils disparaissent,
c’est tout.)
(Un par un ou en groupe ?)
Elle redevint lisse. (Plusieurs à la fois, en général. Mais de temps en
temps, l’un d’eux s’en va tout seul.)
(Et ils ne reviennent jamais ?)
(Non, jamais.)
(Vous communiquez avec eux ? Après leur départ ?)
Elle tressaillit (Pas d’une manière que nous comprenions.)
J’eus envie de poursuivre, mais je savais que la réponse inirait par
venir. (Il y a des signes montrant qu’ils sont en train d’achever leur cycle
?)
Elle s’apaisa de nouveau. (Oh oui ! Comme ils n’ont plus besoin de
l’expérience terrestre, ils deviennent de moins en moins physiques. En in
de compte, ils cessent complètement de l’être.)
(Et c’est tout?)
(Non, leur… euh, leur radiation se modi ie. Et ils commencent à se
fermer. Après quoi, ils disparaissent.)
Je sentis qu’elle commençait à vibrer. (Je ne voudrais pas apparaître
comme un inquisiteur, mais…)
Elle s’ouvrit davantage. (Continuez. Nous savions que vous poseriez
ces questions.)
J’essayai une autre direction. (J’ai besoin de la boule de pensée la
plus complète possible. Je n’aurai peut-être pas une deuxième occasion.)
(Oh, je suis sûre du contraire !) Sa réponse, empreinte d’une douceur
opportune, n’était pas dépourvue d’humour.
(Dans l’espace-temps, repris-je, existe-t-il beaucoup de processus
de développement de la conscience semblables à celui de la terre et des
humains ?)
Elle roula. (Vous ne pourriez pas les compter tant ils sont nombreux !
D’autant que les nouveaux arrivent sans cesse sur la ligne.)
(Sur la ligne ?)
Elle roula plus fort (AA savait que vous aimeriez cette phrase.)
(J’aimerais le rencontrer, un jour. Il en sait plus sur moi que je n’en
sais moi-même !)
Elle ne répondit pas et roula encore plus fort Je n’avais pourtant
pas le sentiment que c’était drôle. (Mais est-ce que les humains sont en
communication avec de telles… euh, civilisation ?)
Elle s’apaisa. (Pas vraiment. Il y a bien quelques échanges, mais ils ne
semblent pas véritablement importants. )
(Et les autres systèmes énergétiques non physiques ?)
Elle s’éclaira. (Ah ! Ceux-là, nous les visitons aussi souvent que
possible.)
Je risquai une question hardie. (Pour recueillir du « loosh » ?)
Elle se tourna vers l’intérieur, puis s’ouvrit avec précaution. (Non.
Pour le semer, pour planter les graines. Cela permet au… euh, au rayon
d’avoir un identi icateur sur lequel se concentrer.)
Ce fut à mon tour de rentrer en moi-même pour me fermer. Cette
simple déclaration impliquait une telle connaissance que tout le reste
en devenait aussitôt inutile que du bavardage de singe. Décidément, il
restait beaucoup du singe en moi, beaucoup trop… Mais une image me
vint tout à coup. Il fallait que je véri ie.
Je la lui envoyai calmement. (Êtes-vous en train d’achever votre cycle
?)
Elle oscilla. (Oui.)
(Comment le savez-vous ?)
Elle se mit à vibrer. (Il m’avait avertie que vous me poseriez la
question, mais vous l’avez mal posée. Je ne peux donc pas répondre.)
Inutile de demander qui était cet « il ». (Pourtant vous m’avez
transmis que vous n’aviez pas d’image sur ce qu’il advenait des êtres en
in de cycle !)
Elle s’adoucit joliment (C’est vrai. Vous, par contre, vous en avez.)
J’étais totalement déconcerté. Les INSPECS ou bien elle-même
avaient-ils donc décrété que c’était à moi de l’informer ? Un petit garçon
devait faire le travail d’un homme ? J’étais si fermé que je faillis
manquer le reste.
Elie vibrait chaudement (Nous attendons que cet… euh, qu’un
événement se produise. A ce moment-là, nous pourrons partir.)
J’allais demander ce qu’étaient ce « nous » et cet événement, quand
je sentis le signal familier de l’INSPEC. Je commençais à réagir. Elle
aussi. Elle aussi ! Une avalanche d’images se déversait en moi,
m’apportant toutes les réponses… Ou du moins je le crus.
(Nous devons retourner au site, à présent.) Elle était détendue, et
pourtant vibrante. (Etes-vous prêt ?)
Je me fermai, cherchai l’identi icateur du monticule… Puis j’ouvris
les bras.

CLIC !
Je me trouvais au-dessus du monticule… à environ trente mètres
d’altitude… les chaînes s’étendaient vers l’ouest, et je me tournai en
direction des palissades… Les palissades ! Au-delà, j’apercevais les
bâtiments du Centre, avec leurs toits rouge sombre… Une voiture passa
et l’allée de gravier disparut sous un nuage de poussière. J’avais choisi
le mauvais identi icateur et me retrouvai en 1982. Je sentis que j’aurais
bien du mal à démêler l’écheveau étrange des émotions qui
m’envahissaient — si tant est que j’y parvienne. Fait inhabituel, j’avais
même réintégré mon second corps de mon propre chef. C’était une
vieille routine que de revenir au physique, de s’y glisser… J’ouvris les
yeux, remuai bras et jambes. Je regardai la pendule. 2 h 40. Huit
minutes s’étaient écoulées !
Huit minutes ?
16. LE RASSEMBLEMENT

Les jours, les semaines, les mois dé ilaient rapidement, sans


m’apporter d’activité hors du corps inhabituelle. J’avais perdu le désir
d’explorer les événements locaux qui m’avaient tellement attiré. De
temps à autre, je m’éveillais encore, par habitude, au petit matin et je
me détachais de mon corps physique. J’attendais alors l’arrivée d’un
signal INSPEC qui m’indiquerait un identi icateur clair et précis, mais
rien ne se produisait Je inissais donc par réintégrer mon corps et me
rendormir.
Je ne ressentais pourtant pas le moindre sentiment d’isolement ou
de privation de quelque sorte que ce soit Je ne voyais nullement dans ce
silence le signe que j’étais ignoré ou abandonné. J’éprouvais au
contraire un sentiment de sécurité absolue, un désir total de poursuivre
et d’étendre ma participation à la vie physique qui m’entourait.
Ignorant l’angoisse du quotidien ou du lendemain, je me sentais libre
d’exprimer cette curiosité que j’avais toujours réprouvée. Je me
contentais de vivre, sachant bien que tout ce que me réservait
aujourd’hui me mènerait toujours à demain. Le signal viendrait quand
le moment serait venu.
Et c’est bien ce qui se produisit Un beau matin, j’eus le sentiment
d’avoir besoin d’une chose que j’avais oubliée. Sans avoir au juste de
quoi il s’agissait, je sentais que cela touchait à mon activité physique. A
11 heures, je fus pris d’une telle envie de dormir que
je me dirigeai vers ma chambre pour aller faire un petit somme. Je
n’étais pas fatigué, mais il fallait que je dorme. Je m’allongeai sur mon lit
et, en quelques secondes, je tombai dans un état de relaxation profonde.
Je pus alors le percevoir clairement II était là, le signal INSPEC, net et
bien dé ini. Maîtrisant mon excitation, je déclenchai le processus de
sortie du corps, j’étendis les bras et suivis l’identi icateur désormais
familier.
Le changement fut instantané, sans que j’aie éprouvé la moindre
sensation de mouvement La rayonnante et lumineuse silhouette se
tenait devant moi. J’avais conscience de sa radiation, mais elle était très
agréable.
(Quelle compétence, Ashaneen !)
Et quels progrès !
(Bien des changements sont intervenus. Nous pensons maintenant
que vous êtes prêt pour la prochaine — comment dites-vous ? — étape.)
En l’absence d’image, je me demandai paresseusement s’il
s’agissait d’une façon polie de m’informer que je n’allais plus réintégrer
mon corps physique. Eh bien, je pourrais ajouter un peu de musique
aux couchers de soleil de Charlie, ou bien…
(Non, ce n’est pas ce que nous avons prévu. Quand viendra le moment
d’abandonner votre corps physique, vous le saurez. Nous n’aurons pas
besoin de vous en informer. D’ailleurs nous n’avons pas l’intention
d’intervenir, ni dans la date ni dans le processus de cet abandon, à moins
que vous ne le demandiez. Mais il vous reste encore beaucoup de choses à
accomplir auparavant.)
J’intégrai cette information avec des sentiments mitigés, une part
de moi-même brûlant d’aller de l’avant, l’autre s’accrochant à la terre, à
la matière, et aux émotions profondes et poignantes que j’y partageais.
Je me souvins que des années plus tôt, au cours d’un épisode de grande
tension, j’avais eu le choix de rester sur terre ou d’abandonner mon
corps physique. J’avais décidé de garder celui-ci aussi longtemps qu’il
serait opérationnel, en toutes circonstances, car je voulais découvrir ce
que me réservait le lendemain. Ah ! Cette curiosité !
(Nous vous avons expliqué que c’était l’un de vos atouts. Le
déroulement de la prochaine étape vous apportera justement la réponse à
beaucoup de questions.)
Un des éléments de schéma d’ensemble manquait cruellement, et
rien au monde ne m’aurait empêché de chercher la réponse.
(Rien au monde ou ailleurs… Vous n’avez plus besoin de vous fermer
pour le changement, désormais.)
Dans l’expectative, je m’efforçai de rester calme.
CLIC !
Nous nous trouvions à la bordure extérieure du dernier anneau. Je
le reconnus à son in halo. Les douces formes blanches nous
entouraient. Je sentais que mon ami INSPEC se trouvait avec moi, mais
il n’y avait pas de forme rayonnante.
(Il est inutile d’attirer leur attention.)
Je cherchai une image de Bill, puis de Lou, mais je ne trouvai ni
l’une ni l’autre.
(Ils ont achevé leur cycle, comme vous dites.)
Il fallait s’y attendre, et j’eus même l’image de leur nouvelle
adresse, si je puis dire, mais un facteur me troublait que je ne pus
mettre au clair. Je pris alors conscience de la concentration intense qui
régnait sur l’anneau tout entier, absorbant chacun des habitants. Il
émanait de cette radiation non de l’inquiétude mais une forte attente,
un peu comme si la vedette du spectacle allait faire son apparition. Je
suivis l’objet de cette concentration. C’était la planète Terre, indistincte
et nébuleuse à cet endroit.
(Nous allons adopter un autre point de vue.)
Voilà certainement une phrase qui prenait tout son sens!

CLIC !
Nous nous trouvions quelque part dans l’espace entre la terre et la
lune, à une distance indéterminée, peut-être à quatre-vingt mille
kilomètres de la surface de la terre. La perspective était différente mais
nette et détaillée. Comme Je me tournais pour regarder la lune, je restai
interdit. A trois cents mètres à peine, c’est du moins ce qui me sembla,
je vis un immense objet gris, d’apparence solide, long et ef ilé, en forme
de cône. Un dôme hémisphérique surmontait l’extrémité la plus large,
l’autre se trouvant éloignée de plusieurs kilomètres. Il semblait
immobile, mais je percevais clairement la radiation de bande M qui en
provenait. Un vaisseau spatial, un vrai vaisseau spatial ?
(Selon votre terminologie, c’est exact. Ce n’est pas une construction
humaine. Il y en a beaucoup autour de la terre en ce moment. Ils viennent
de votre univers, mais pas nécessairement de votre époque de référence.)
« Beaucoup. » Cela pouvait signi ier cinq comme cinq mille. A quoi
bon essayer de deviner ? Mais pourquoi autour de notre terre y avait-
il…
(Ils sont concentrés sur la planète Terre et ses habitants, de la même
façon que vous avez observé les autres, et dans le même but. On avance ?
La réponse va venir bientôt.)
Ma curiosité piquée au vif, j’acceptai avec joie.

CLIC !
A distance, l’image que j’avais de ta terre se réduisait au re let d’un
point lumineux, pas plus grand qu’une petite étoile. Il en émanait des
ondes d’énergie irrégulières, multi-dimensionnelles, semblables à un
battement interrompu de temps à autre par un lamboiement rapide.
C’était un processus complexe, inorganisé, composé non de lumière ni
de forces électromagnétiques ou gravitationnelles, mais d’un autre type
d’énergie que je ne pouvais dé inir. Totalement fasciné par le spectacle,
je n’avais pas encore remarqué l’environnement. Aussi loin que portât
ma vue tout autour de la terre, je découvrais des myriades d’espèces, en
nombre apparemment in ini. Certaines avaient une forme dé inie,
d’autres évoquaient de simples volutes de vapeur nuageuse, mais
toutes rayonnaient, à des degrés d’intensité divers. Chez ceux qui
m’étaient le plus proches, je percevais la même attente, le même espoir
que le spectacle commences Et ce spectacle devait être grandiose pour
attirer tous…
(C’est ce que nous appelons le rassemblement. Ces êtres se manifestés
depuis les systèmes énergétiques proches, à seule in d’assister à ce grand
spectacle, comme vous dites. Comme d’ailleurs ceux du vaisseau spatial ou
les humains en in de cycle. Le spectacle qui va se produire est, à vrai dire,
un événement très rare. Il s’agit de la conjonction, au même point de
votre espace- temps, de plusieurs champs d’énergie très intenses. C’est la
rareté du phénomène qui attire tellement l’attention. Disons que, selon
votre terminologie terrestre humaine, il peut apparaître environ tous les
quatre-vingt-sept millions d’années.)
Effectivement, l’attente pouvait sembler longue !
(Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire qu’il se produira à ce rythme. Il faut
tenir compte en effet des éléments aléatoires et des variables de format
que l’on ne peut prédire.)
Il se pouvait donc que l’événement n’ait pas lieu. Ce qui ferait bien
des déçus…
(Il s’agit là d’une question dépassée depuis longiemps. L’événement se
produira. Son intérêt réside dans ce qui en résultera. Le meilleur symbole
pour vous serait celui de la convergence d’un grand nombre de
possibilités, émergeant sous la forme de probabilités diverses et d’un
nombre restreint de possibilités. L’une de ces probabilités risque de
modi ier non seulement votre espace-temps, mais aussi tous les systèmes
d’énergie voisins. D’où ce vaste intérêt. En termes humains, toujours
symboliques, ce rassemblement a pour objet d’observer l’éventuelle
naissance d’une énergie nouvelle. Cette énergie survivra-t-elle au
processus de sa naissance, et si oui, ses potentialités se révéleront-elles
effectives à la maturité ? Ou bien l’enfant sera-t-il mort-né, réduisant du
même coup toutes les possibilités à de pauvres éventualités dépourvues de
coordination ?)
Comme j’examinai la partie de ma délicieuse boule de pensée
concernant les H+, tout s’éclaira. Mais mon moi encore incarné
regardait la terre et le système humain…
(En Orient, les humains ont un symbole de crise qui se compose de
deux sous-symboles représentant le danger et l’opportunité. Selon la
terminologie humaine terrestre, l’événement est précisément un point de
crise. Or, du point de vue de l’existence humaine, il est indéniable que le
danger comme les opportunités seront partout présents, à des degrés
extrêmes.)
Le danger ? Le danger physique ? Mental ? Le…
(Il s’agit là de possibilités dont la nature exacte sera déterminée par
l’événement lui-même. Votre image, quelle qu’elle soit, vous montre l’une
d’entre elles. Il pourra s’en produire plusieurs.)
L’autre aspect, l’occasion, l’opportunité.
(Elle est là clé qui permet de comprendre l’événement. Car c’est elle
qui donnera à la conscience humaine des chances exceptionnelles
d’évoluer rapidement vers un système d’énergie uni ié, intelligent, dont la
portée dépassera de beaucoup l’illusion spatio-temporelle, créant,
construisant, enseignant comme seule est capable de le faire une énergie
qui est passée par l’école humaine et a achevé son cycle.)
Notre visite sur terre en l’an 3000 plus…
(Une simple possibilité, que cet événement peut rendre probable.
Votre action compte parmi ces in imes facteurs aléatoires susceptibles d’y
contribuer.)
Si les humains manquent l’occasion…
(Alors ils cesseront d’être l’espèce dominante sur la terre. Un jour
viendra où leur conscience active ne survivra plus, puis inalement, ils
n’existeront plus sous aucune forme.)
Je demandai directement: (Et vous, vous tous, que ferez-vous si cela
se produit ?)
En réponse, je fus enveloppé d’une merveilleuse chaleur et d’un
sourire doux. (Il nous faudrait alors reprendre au début une nouvelle
action dans l’espace- temps de quelque autre planète, avec d’autres
humains.)
Je me retournai vers moi-même et me fermai. Je n’étais plus en état
de penser à grand-chose ni de faire quoi que ce soit Mais j’avais beau
être ébranlé, je ne voulais pas le perdre, pas maintenant. (Il nous reste
encore un processus à accomplir avant de vous laisser réintégrer voire
corps physique.)
Je croyais ne pas pouvoir en supporter davantage et, pourtant, je
sus que j’y arriverais.
(Appelez votre ami BB et guidez-le jusqu’ici.)
La boule de pensée se déroula instantanément Je l’avais laissée
avec Bill, et Bill n’était pas là…
(Vous le localiserez facilement. Il est en mesure de remplir pour nous
une fonction d’un genre très particulier.)
Les questions étaient inutiles. J’entrepris de rechercher
l’identi icateur de BB et m’étirai.

CLIC !
Je me sentais mieux, ou plus âgé. Pas la moindre sensation de
déplacement Et je ne fus guère surpris de l’endroit où j’arrivai. Je me
trouvais sur l’herbe, devant la cabine de Charlie. Celui-ci était en
compagnie de BB, tous deux totalement absorbés par quelque chose. Je
me dirigeais vers eux lorsque BB m’aperçut.
Il vibra fortement (Hé, BOUM BOUM. Regardez ce que nous sommes
en train de fabriquer !)

Charlie riait. (Je m’évertue à répéter à ce gosse que le même engin ne


peut servir à la fois de bateau à voile et de deltaplane. L’air et l’eau, ce
n’est pas la même chose !)
Je tressaillis. (Tu le vois, maintenant, tu le vois avec tes yeux, Charlie
?)
Celui-ci sourit (Bien sûr ! J’y suis parvenu dès le premier jour où il est
venu ici. Il a bien dû modi ier l’océan une centaine de fois avant que j’aie
pu l’arrêter… Si je te disais, par exemple, qu’il l’a changé en jaune avec des
vagues carrées ? Mais il est intelligent, il apprend vite.)
Je me détendis. (Ma foi, ça m’ennuie beaucoup de vous interrompre,
mais j’ai besoin de BB.)
BB s’ouvrit. (Me voici, BOUM BOUM !)
Charlie agita la main. (Tâchez de revenir, mon vieux !)
BB roula. (Qu’on s’avise de m’en empêcher !)
Charlie secoua la tête en riant J’étendis les bras devant moi et suivis
l’identi icateur de l’INSPEC…
CLIC !
BB était à mes côtés. (Eh bien, on peut dire que vous avez ajusté
votre saut. Je n’aurais jamais pu m’y accrocher si je ne m’étais pas exercé
grâce à un jeu auquel nous jouions quand…)
Il s’interrompit net et se ferma en prenant conscience de la
présence lumineuse et rayonnante de l’INSPEC. J’aurais sans doute dû
l’avertir… Nous planions à environ cent ou deux cents mètres au-
dessus de la terre. Il faisait nuit et, de temps à autre, une lumière
s’allumait dans la campagne. Juste en dessous de nous brillait une
étendue d’eau, une mare ou un petit étang. Au-delà se dressait un
édi ice vert en forme de pyramide, à l’intérieur duquel on voyait luire
une lumière. J’éprouvais une forte sensation de déjà-vu, mais je ne pus
savoir de quoi il s’agissait.
Je me tournai vers BB. (Ouvrez-vous lentement, c’est un ami.)
Il obéit prudemment, puis se concentra sur la lumière qui rayonnait
(Euh, bonjour !)
(Nous vous remercions d’avoir bien voulu venir.)
BB n’avait aucun blocage culturel. (Sur KT-95, nous avions une
volute qui clamait vous avoir rencontré, vous ou quelqu’un de votre genre.
Nous l’avons écartée comme tant d’autres boules de pensée complètement
ineptes.)
(C’est bien compréhensible.)
BB poursuivit (Il n’arrêtait pas de nous lancer sa boule. Mais au bout
d’un certain temps, il a ini par sauter et n’est jamais revenu… Ainsi, il
avait raison. Vous existez bel et bien !)
(Nous avons besoin de vous pour accomplir un acte spéci ique, si vous
le voulez bien.)
BB tressaillit. (Mais oui ! Bien sûr !)
(Approchons-nous.)
Lentement, nous avançâmes tous trois. Nous passâmes au-dessus
de la pyramide verte, puis nous arrêtâmes au-delà, devant un petit
édi ice situé au milieu d’un bosquet d’arbres. Tout cela me semblait
familier mais, pour une raison quelconque, je me sentais mal à l’aise.
J’avais l’impression de rencontrer une résistance, un élément qui me
repoussait d’autant plus que j’essayais d’avancer.
(Votre ami AA se trouve ici. A présent, il est important que vous
l’aidiez.)
BB resta interdit. (AA ?)
(C’est exact.)
BB se concentra et je l’imitai. A l’intérieur du petit édi ice, un
homme était étendu sur un lit, ou un lit de camp. La résistance que
j’avais ressentie semblait émaner de lui. C’était exactement celle que
j’avais éprouvée à d’autres moments. Il s’agissait bien d’AA, j’en étais
certain. La force qu’il m’opposait, très intense, me faisait vibrer.
BB se retourna. (Bon, je pense effectivement que c’est lui. J’obtiens
une partie de son identi icateur… toute petite. J’en sens également une
autre que je connais, mais l’image est extravagante.)
(Il est important que vous l’aidiez à se séparer provisoirement de son
physique.)
BB s’éclaira. (Comme BOUM BOUM ?)
(Absolument.)
BB semblait déconcerté. (Mais comment dois-je m’y prendre ?)
(Il vous suf it de tirer doucement, en employant l’énergie que vous
utilisez d’habitude pour sauter.)
BB it demi-tour et s’approcha de l’homme étendu sur le lit.
J’observai, fasciné, en me demandant si c’était ainsi que cela s’était
produit pour moi, la première fois. Est-ce qu’un ami non physique avait
été désigné pour m’aider à sortir de mo mon corps ? Mais à l’époque, je
n’avais pas d’amis non physiques, du moins, à ma connaissance.
Soudain, la résistance s’ampli ia et me repoussa. Très mal à l’aise, je
is de mon mieux pour conserver ma position. Je me tournai vers moi-
même et me fermai. L’homme se tenait maintenant debout au milieu de
la pièce, tandis que son corps physique était toujours allongé sur le lit
BB, qui avait reculé, vacillait fortement.
Il se concentra sur l’INSPEC. (Çay est, je l’ai sorti ! Mais, euh…)
(lnterrogez-le sur ses buts.)
L’homme parla, mais tout ce que je perçus de sa réponse ce furent
les grincements et crissements de la bande M, qui indiquaient une forte
émotion. En songeant qu’il faisait cette expérience pour la première
fois, je me sentis empli de compréhension et de compassion.
(Il a déclaré qu’il souhaitait servir l’humanité. Un but très noble.)
Je parvins à m’ouvrir un peu. (Pourquoi cette résistance ? Elle surgit
dès que j’essaie d’approcher de son ami AA.)
(Un véritable paradoxe refuse d’exister. Vous ne tarderez pas à
comprendre.)
BB intervint avec force. (Il veut venir avec nous ! C’est possible ?)
La résistance et le crissement étaient si violents qu’ils faisaient mal.
Pourtant, je sus la réponse avant même que l’INSPEC l’ait transmise.
(lnformez-le qu’il doit rester ici pour accomplir la tâche qui lui est
impartie. Pour l’instant, il n’a pas le choix.)
En dépit de la douleur, j’essayai d’observer. Au bout d’un moment,
BB vint nous rejoindre. Quand l’homme tomba à genoux au milieu de la
pièce, la violence du grincement m’obligea à me fermer complètement

CLIC !
Nous nous trouvions devant le in halo de la zone intermédiaire. Au
loin, on apercevait la forme loue de la terre entourée par les anneaux.
Les bruits de bande M, notamment le crissement, s’était totalement
estompés. Je m’ouvris, soulagé. L’INSPEC se trouvait devant moi. A mon
côté, BB était complètement fermé, ce qui me parut étrange.
(Voilà. Le processus est achevé.)
Il y avait dans cette déclaration un aspect dé initif qui me mit mal à
l’aise. Elle résonnait en moi, éveillant au passage une foule d’émotions
auxquelles je m’efforçais de faire face en les détournant à mesure
qu’elles surgissaient. Cette fois en effet, c’était différent. Ma boule de
pensée était bien trop exquise, trop précieuse pour que je la laisse
prendre une autre tournure. Le malaise s’évanouit.
Je m’ouvris complètement et me détendis. (Je comprends
l’individuation. Elle n ‘est pas nécessaire.)
(Vous avez bien appris vos leçons, Ashaneen.)
La forme rayonnant d’un vif éclat disparut A présent, je savais que
je n’aurais plus l’occasion de suivre l’identi icateur d’un INSPEC.
Pourtant, je n’éprouvais aucun sentiment de solitude. Je m’approchai de
BB qui planait, immobile, toujours fermé.
Je me concentrai. (Dites donc, mon vieux, il va falloir que je reparte.)
Il s’ouvrit lentement. (Ah! Euh, BOUM BOUM… Justement, j’ai moi
aussi quelque chose à faire.)
Je ne doutai pas un instant de ce que c’était. (Eh bien, tout se
passera bien. C’est comme défaire un saut ou un jeu sur KT-95.)
Il s’éclaira. (Absolument ! Plein de jeux !)

Je m’ouvris complètement. (Un tigre dans votre genre ne peut qu’y


arriver ! N’oubliez pas mon identi icateur et amusez-vous bien !)
Je is demi-tour. J’allais étendre les bras quand il m’arrêta. (Que se
passe-t-il, BB ?)
Il vacilla. (Eh bien… Ce que nous venons de faire… tirer AA hors de
son corps… Euh, vous n’avez aucune image n’est-ce pas ?)
(Non, sinon que je suis absolument certain qu’il s’agissait d’AA. J’ai
senti la même résistance que d’habitude. Pourquoi ? Il y a quelque chose
que je n’ai pas compris ?)
BB se concentra très fort sur moi et j’attendis. Soudain, il s’illumina
complètement et se mit à rouler. C’était presque un rire humain tant
c’était fort
Je tressaillis. (Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?)
(C’est vous qui allez vous amuser, BOUM BOUM !)
Je le regardai s’éloigner en direction du premier Poste d’Entrée,
toujours en roulant. Lorsqu’il eut disparu à l’intérieur, j’étendis les bras
devant moi, identi iai mon corps physique et m’étirai doucement Empli
d’un sentiment de force et de sécurité, je me déplaçais lentement vers
les anneaux centraux. Mais je savais que ma boule de pensée humaine
avait encore grand besoin d’être parfaite et complétée. En pénétrant
dans mon second corps puis dans mon corps physique, je savais qu’un
processus venait de prendre in et qu’un autre commençait
Mais qu’y avait-il de si drôle? La pyramide verte, nous trois, servir
l’humanité… le toit de la pyramide verte, verte… trois sur un rayon… hé
!
Avant d’aller me coucher, lorsque la nuit est claire, il m’arrive de
sortir pour regarder le ciel. Parfois les étoiles disparaissent et il ne reste
plus alors que les ténèbres au-dessus de moi. Au-delà des ténèbres
surgit bientôt un chant invisible, éternel, et dont la familiarité
m’obsède. C’est le rappel, s’il en était besoin, qui vient brutalement
interrompre le bruit de la circulation locale. L’INSPEC, BB, Lou, Bill, Elle,
tous sont Là, dans ce chant. Tous sauf AA.
Puis le chant s’évanouit, et les étoiles retournent à l’obscurité. Je
prends alors une profonde inspiration et je rentre à la maison.
Épilogue
LA DERNIÈRE MANCHE

Parfaitement serein, je me mis à trier et passer en revue les


différentes boules de pensée que j’avais simplement mises de côté pour
plus tard. Je voulais non seulement véri ier que je n’avais rien laissé
échapper, mais aussi en démonter le mécanisme, pour le cas éventuel
où un groupe, un individu, viendrait à examiner soigneusement le
matériel, sous le prétexte d’une étude philosophique, pathologique,
pédagogique ou autre. Là encore, si les pages qui suivent peuvent aider,
fût-ce un seul individu, à acquérir une compréhension profonde de qui
il est et ce qu’il est, mon but aura été atteint
Lancer un « rote », une boule de pensée, c’est un peu essayer de
rappeler le souvenir d’un événement passé. La différence réside dans la
clarté immédiate de chaque détail, une fois le processus de
déroulement entamé. Il semble que l’isolement et la relaxation
permettent d’obtenir les meilleurs résultats. Il est important de rester
tout à fait éveillé, la conscience du cerveau gauche gardant les rênes en
main. Il suf it ensuite de penser à l’identi icateur — c’est-à-dire le sujet
de la boule dépensée — et d’attendre. Lorsque vous essayez de
transcrire les informations en mots écrits ou parlés, vous pouvez
prendre des notes ou parler devant un magnétophone. Si vous avez
l’impression d’avoir laissé échapper un élément, vous pouvez revenir
en arrière et recommencer, soit au début, soit à un point processus. Si le
téléphone sonne, vous pouvez même appuyer mentalement sur le
bouton PAUSE, mais ce genre d’interruption vous obligera souvent à
reprendre tout le travail de relaxation déjà effectué. Néanmoins, vous
retrouverez la boule de pensée « ouverte » à l’endroit où vous l’aviez
laissée. L’expérience requiert du temps et de la patience, et impose
donc de s’isoler.
Les premiers résultats sont apparus sous la forme suivante, peu
rigoureuse sans doute mais peut-être plus pertinente.

Croisière dans les anneaux


Du point de vue non physique où je me trouvais, la première
couche, ou anneau central, était nette et plus distincte. Tous les êtres
semblaient concentrés sur les activités de l’incarnation humaine. Les
réactions à mes tentatives de communication allaient de la plus totale
indifférence à la stupéfaction, en passant par la peur ou l’hostilité
franche.
Chacun s’efforçait, d’une façon ou d’une autre, de participer à la vie
matérielle, sans succès toutefois. Ils semblaient partager une
caractéristique commune : nul ne soupçonnait la possibilité d’une
existence autre que physique. Seule l’observation directe et répétée
permettait d’effectuer un semblant de tri et de classi ication de ces
humains si proches de la terre.
Les rêveurs: la radiation ou vibration particulière de ce groupe
indique qu’ils sont rattachés à un corps physique quelque part dans
l’espace-temps terrestre. On peut donc supposer qu’ils pourraient avoir
quitté leur corps au cours du sommeil. Ils s’efforcent
apparemment de poursuivre leurs activités de l’état de veille, ou
encore celles qu’ils désirent ou imaginent Certains se contentent d’en
reproduire les gestes; d’autres tentent de parler avec ceux dont ils
savent qu’ils sont éveillés, ou bien ils mangent, boivent, travaillent,
jouent, essaient d’accomplir l’acte sexuel, s’adonnant à des rêves tout
éveillés, sans pourtant jamais donner lieu à la moindre réalisation ni
sans jamais, ou presque, distinguer les activités similaires qui les
entourent On pourrait voir un semblant de preuve de leur origine dans
le fait qu’en un clin d’œil, ils disparaissent soudain au milieu d’une
action. Est- ce qu’après leur sommeil, ils se réveillent à nouveau dans le
monde matériel ? Les analystes qui se penchent sur les rêves
pourraient bien être sur la bonne piste, mais dans une perspective
erronée.
Les emmurés: ils sont très semblables à ceux de la première
catégorie, avec lesquels on pourrait les confondre, n’étaient quelques
différences fondamentales. Ce groupe se compose exclusivement de
ceux qui ont quitté à jamais leur corps physique actuel : ils sont morts
physiquement mais ne le savent pas. En conséquence, ils s’évertuent
sans cesse à poursuivre l’existence matérielle à laquelle ils sont
habitués. On les retrouve souvent auprès des lieux comme les maisons,
ou auprès des êtres incarnés auxquels ils se sont attachés. Certains
essaient encore de réintégrer leur ancien corps physique et de le
réanimer, même dans la tombe — ce qui permettrait d’ajouter foi à ces
étranges impressions de radiation parfois perçues dans les cimetières.
Sans doute faut-il méditer sur les tourments qu’ils doivent endurer
lorsqu’ils assistent à la crémation de leur corps.

Comme les rêveurs, ces êtres ne peuvent s’empêcher de s’enfermer


totalement dans la matérialité de l’espace-temps. De plus, ils semblent
profondément empêtrés dans des peurs et des comportements
émotionnels qu’ils essaient d’exprimer sans jamais y parvenir. En tant
que groupe, ils constituent le blocage majeur au lux de l’expérience
d’apprentissage humain. Tant qu’ils n’ont pas été rejoints, aidés, ou que
n’a pas brillé en eux une lueur de conscience, ils demeurent pour des
années, voire des siècles, dans cet état d’enfermement Leur nombre, en
augmentation constante, continuera de croître tant que les valeurs
physiques humaines qui engendrent cette condition resteront
inchangées.
Les sauvages: beaucoup moins nombreux que les précédents, ils
sont poussés par les mêmes pulsions, qui s’expriment toutefois d’une
tout autre manière. Une légère modi ication de la conscience s’est en
effet opérée. Les sauvages ne savent pas qu’ils ont perdu l’usage de leur
corps physique et ne perçoivent d’autre réalité que celle du monde
matériel. Parfaitement conscients de leur différence, ils n’en
comprennent cependant ni le pourquoi ni le comment, et n’ont
d’ailleurs pas envie de l’apprendre. Ce qu’ils savent, c’est que cette
différence les libère des contraintes, obligations et responsabilités qui
étaient le lot de leur existence physique. Leur situation présente leur
apparaissant comme la liberté absolue, ils tentent donc de s’exprimer
de la seule manière qu’ils connaissent: en reproduisant l’activité
physique. Leurs efforts pour participer à la vie physique humaine —
qu’ils perçoivent comme se déroulant autour d’eux — revêtent parfois
des formes curieuses. Cet amas sexuel humain que nous avons décrit
précédemment en constitue un exemple. On a pu insinuer que si la
conscience physique humaine, lorsqu’elle s’éveille, est pour une raison
ou pour une autre lottante ou chancelante, l’un de ces êtres peut saisir
l’occasion de venir y faire un petit tour, par simple curiosité. La
fréquence de tels incidents, du point de vue qui m’occupe ici, n’est pas
connue. Espérons qu’ils sont rares, car ces êtres peuvent devenir
méchants.
Il y a une foule de choses à apprendre sur ces anneaux centraux, et
ce n’est pas facile si l’on reste fortement enfermé dans les illusions
humaines de l’espace-temps. Inutile d’évoquer ici les nombreuses
tentatives de contact avec les habitants de ce lieu. Vous pouvez en faire
l’expérience vous-même, sans d’ailleurs avoir à quitter votre corps.
Interrogez et observez un groupe d’humains pris au hasard parmi les
habitants d’une grande ville. Les données qui en résulteront nous
fourniront une version abrégée et plus facile à étudier. Une telle
préoccupation semble provenir, dans chaque cas, d’une distorsion
extrême de l’empreinte de survie initiale. Il existe évidemment des
méthodes permettant de sauver des individus sur une assez grande
échelle, et le processus est déjà entamé. N’y ayant participé
personnellement qu’une fois ou deux, je ne suis pas particulièrement
ier de mes efforts. Cela m’a cependant permis d’apprendre quelques
petites choses. J’ai découvert, en premier lieu, que la pensée humaine
produisait une radiation discordante et non dirigée parfaitement
cacophonique — que j’appelle bruit de bande M. En second lieu, j’ai
appris à fermer ma perception a in de ramener cette cacophonie à un
niveau tolérable. Nécessité oblige. C’est d’ailleurs un bon truc, utile
même dans le monde matériel à l’état de veille.
L’anneau suivant, en allant vers la périphérie, est assez simple. Il se
compose de ceux qui savent ne plus appartenir au monde sensible, mais
n’ont ni conscience ni souvenir d’une autre éventualité. Généralement
dépassés par la perte de leur corps, ils demeurent, immobiles et passifs,
prostrés dans un état de non-perception, comme dans l’attente de
quelque événement Ils sont habituellement faciles à aborder, à instruire
et à conduire à un anneau approprié. La population y reste relativement
restreinte, en raison de l’aide fournie par les anneaux suivants.
Si l’on s’éloigne encore, on arrive à l’anneau le plus grand. Il semble
contenir un nombre illimité de sous- anneaux qui, tous, présentent une
caractéristique commune : ici en effet, les résidents savent qu’ils ont
traversé la mort physique. Il peut exister en revanche un certain lou ou
des divergences de vue sur les raisons qui les ont conduits ici et sur la
nature de cet endroit; d’où ces sous-anneaux, souvent délimités de
façon très nette. A peu près au centre du grand anneau, il existe ce
qu’on pourrait appeler un point zéro d’un autre type, et pourtant très
repérable depuis l’extérieur. Il est engendré par l’existence de deux
champs d’énergie symbolisés qui se chevauchent, exerçant une
pression et une in luence quasiment égales, sans qu’il y ait pour cela
interaction entre les deux. Il n’y a pas d’onde stationnaire formée par
des fréquences qui se heurteraient, car les deux champs ne sont pas
compatibles. L’analogie avec une barre magnétique dotée d’un champ
positif et d’un champ négatif se rejoignant au centre n’est pas
applicable. Il serait préférable de se représenter un champ de
gravitation exerçant une force dans un sens et l’action dans l’autre sens
d’une comédie à la télévision.
En deçà de ce point zéro, la force dominante est HTSI, initiales de
Human Time-Space Illusion (“Illusion spatio-temporelle humaine”) , qui
est au summum de sa puissance dans les sous-anneaux centraux et
s’amoindrit inversement jusqu’à devenir insigni iante à la frontière
externe de l’anneau. Ici, en effet, la force dominante est NPR, ou Non
Physical Reality (“Réalité non physique”), termes aussi généraux que
possible dans la mesure où il n’existe pas de traduction adéquate du
peu que nous en connaissions. Image inversée dans la force du champ,
l’effet NPR est très important au bord externe de l’anneau ; il diminue
lentement jusqu’au point zéro, puis de façon exponentielle jusqu’au
bord interne.
Vue de l’extérieur, la structure du passage humain à travers cet
anneau est parfaitement fascinante. Elle se compose d’un double lux
d’énergie, centrifuge et centripète, revêtant la forme de l’expérience
humaine. Le lux centripète est constitué de l’énergie nouvelle
provenant de la zone NPR, qui rencontre en premier lieu le champ
HTSI, subit de plus en plus son attraction au travers d’une série
d’incarnations, puis poursuit plus rapidement sa traversée une fois
dépassé le point zéro. Dès lors, le mouvement s’accélère jusqu’au bord
interne de l’anneau et au-delà, pour s’arrêter habituellement dans les
anneaux centraux.
Le lux centrifuge, après avoir contourné ou dépassé les anneaux
centraux, commence son voyage, apparemment au hasard, mais en fait
très méticuleusement, à travers cet anneau très large. Pour certains, le
passage sera relativement direct, quelques incarnations suf isant à
fournir l’in lux nécessaire. Pour d’autres, la grande majorité, il faudra
des centaines de vies et des milliers d’années terrestres avant d’achever
le processus. Les raisons de cette vaste divergence ne m’apparaissent
pas clairement. Toutefois, le trajet direct semble bien se caractériser à
la fois par le choix méticuleux des incarnations, et par la réalisation de
projets en dépit de ce qu’on pourrait appeler une espérance
mathématique nulle. Les deux routes débouchent au bord externe de
cet anneau et conduisent au suivant, qui est aussi le dernier.
Dans l’anneau extérieur, unique, on trouve exclusivement ceux qui
préparent leur dernière incarnation humaine. Ce sont les Dernières-
Incarnations, ou les Anciens, selon le point de vue que vous préférerez
adopter. Ils ont perdu leur apparence grise et l’essentiel de leur forme
humanoïde; leur radiation est presque blanche, entourée
d’occasionnels motifs étincelants. Etroitement fermés, ils ne répondent
à aucune tentative de communication, si ce n’est peut-être entre eux. Il
est dif icile d’observer l’instant de leur dernière incarnation, qui
s’effectue quasi instantanément Lorsqu’ils quittent le cycle inal, une
lumière étincelante et lamboyante ile rapidement à travers les
anneaux pour aller vers l’extérieur, en marquant occasionnellement
une pause pour quelque raison inconnue. En dépassant le dernier
anneau, ils échappent soudain à toute perception, ne laissant nulle
trace ou image résiduelle.
A certains égards, l’ensemble du processus évoque grossièrement
le parcours de l’innocent qui goûte une drogue provoquant un
phénomène d’accoutumance ou un produit chimique comme l’alcool. La
première saveur n’est guère agréable, mais l’effet est intéressant et
l’expérience nouvelle.
Dès que l’occasion se présente, le néophyte double la dose, juste
pour voir si l’effet s’en trouve renforcé — et c’est bien ce qui se produit
Dès lors, si le processus n’est pas contrôlé, commence la trop familière
descente en enfer. Rien n’importe plus au drogué ou à l’alcoolique, rien
d’autre n’occupe plus ses pensées que de savoir où il trouvera le
prochain verre, la prochaine dose. On se trouve fréquemment en
présence d’une amnésie quasi totale fréquemment associée, ce qui est
plus remarquable, à l’absence de désir de changer. Il a oublié qui il est
et s’en soucie d’ailleurs comme d’une guigne. Amendement et souvenir
constitueront un parcours long et laborieux, souvent douloureux. Une
fois ce chemin parcouru, toutefois, l’ex-innocent se trouve dans un état
bien différent de ce qu’il était jadis, quand il goûta sa première gorgée
ou prit sa première dose. L’analogie a toutefois ses limites; dans le
déroulement de la vie humaine en effet, le changement est permanent.
Voici comment on pourrait représenter l’itinéraire de l’expérience
humaine.
Voici encore une autre façon de décrire le processus dans un
vocabulaire moderne : l’Unité (l’être d’origine ?) est attirée et happée
par le champ d’énergie humaine terrestre. Elle décide de venir y faire
un petit tour pour récupérer quelques informations à ce sujet. En
raison du facteur inattendu de l’adhérence des particules dans le
champ, la réduction de sa vitesse outrepasse cependant les calculs
qu’elle avait effectués en fonction du frottement. Cette réduction,
spectaculaire, fait tomber la vitesse en deçà du seuil d’arrachement et
l’Unité se met à décrire inexorablement une orbite elliptique. A chaque
apogée de cette orbite, elle traverse à nouveau le champ d’énergie
humaine terrestre, récoltant au passage d’autres particules. Sa vitesse
s’en trouve encore diminuée, ce qui abaisse en retour le périgée de
l’orbite. L’unité init par quitter cette orbite en succombant à
l’attraction désormais plus puissante du champ, et s’établit dans ce
champ, pour devenir partie intégrante de celui-ci.
Pour atteindre la vitesse d’arrachement, l’Unité doit (1) se débarrasser
des particules adhérentes qui ont provoqué le problème, tout en
conservant lesinformations, les données et les expériences qui lui
permettront de rapporter un témoignage de valeur ; (2) produire et
emmagasiner assez d’énergie pour réussir le lancement et atteindre la
vitesse voulue. Ce qui, outre les réserves nécessaires à la compensation
de l’emport, exige une quantité d’énergie bien supérieure à celle
disponible au point d’entrée initial sous des conditions normales.
Dans le meilleur des cas, le processus de dégagement reste donc
long et hasardeux. La solution consiste à commencer par des
trajectoires balistiques. Elles seront ensuite suivies d’orbites
elliptiques, le périgée augmentant tant progressivement jusqu’à ce que
la vitesse d’arrachement soit atteinte.
Après quoi, l’Unité pourra rejoindre sa base d’origine avec son
emport — ou son énergie accrue — , et procéder à des explorations
plus vastes.
Le passage qui précède ne saurait constituer qu’une généralisation,
valable uniquement pour les grandes classi ications indiquées. C’est la
modélisation simpli iée des mouvements très complexes qui sont
perçus de l’extérieur. Elle est dépourvue, autant qu’il est possible à un
humain, de toute trace d’humanisme : nous pensons en effet que la
rigidité qui en résulte mobilisera l’attention et la compréhension que
l’on trouve à l’état latent dans le cerveau gauche. Cependant, il n’en
demeure pas moins indispensable d’exprimer les choses sous une
forme plus ou moins acceptable pour la conscience incarnée.
Il s’agit donc d’une sorte d’organigramme représentant le lieu où se
situe l’action dans laquelle nous sommes impliqués sur le plan vital. On
pourrait l’appeler environnement énergétique terrestre humain,
illusion humaine de l’Espace-Temps. Ce résumé s’appuie sur plusieurs
centaines d’explorations individuelles, dont la plupart n’autorisent
guère une transcription littérale. En faire la chronique exigerait un
volume tout entier, en admettant évidemment que cela soit possible.
Nous
devrons donc nous contenter pour l’instant de point de départ II se
peut que nous nous perdions, avec ou sans lui, mais il permet
d’accroître nos chances.

La boule de pensée BHP-1


Apprentissage intensif— Catégorie des humains

La première remarque qui s’impose, lorsque l’on considère la


structure humaine, est sans doute le fait qu’un petit nombre d’êtres
n’ont jamais connu cette expérience avant leur séjour actuel dans le
temps. Ils peuvent avoir vécu des vies matérielles dans d’autres parties
de l’espace-temps et sous une autre forme physique, mais c’est leur
premier passage en tant qu’humain. D’autres Premières Incarnations
n’ont jamais revêtu aucune forme physique d’aucune sorte.
L’espace-temps — matière physique —, et notamment la vie
humaine sur terre, constitue une anomalie intéressante. Il comporte
des traits particuliers qui sont uniques dans le développement de
l’inteiligence et de la conscience. C’est pourquoi la vie humaine
comporte bien des attraits. Pour certains, c’est comme de se promener
dans tin vaste parc d’attractions proposant une multitude de
distractions différentes, plus excitantes les unes que les autres ; c’est
une véritable cour de récréation où les règles standards (non
terrestres) sont momentanément suspendues. Ils désirent alors avoir
une existence humaine par simple curiosité. Intéressés par la boule de
pensée qu’ils ont reçue sur cet état, ils veulent découvrir ce qu’elle
pourra comporter. Beaucoup, après avoir observé la situation à un point
donné de l’histoire humaine, saisissent la meilleure occasion pour
tenter l’expérience conçue clans leurs périodes de contemplation. La
spéci icité de l’existence humaine à un point donné de l’évolution
fournit en effet une occasion idéale pour mettre une idée à l’épreuve.
D’autres découvrent également que les limites imposées par
l’incarcération dans le corps physique humain engendrent la
concentration de certaines énergies qui ne se trouvent que dans cet état
C’est le seul lieu où l’on puisse appliquer ces énergies.
Mais la plus grande motivation, celle qui surpasse la somme de
toutes les autres, c’est le résultat. Dès lors que vous avez rencontré un
être ayant achevé son cycle, votre seul but, une fois que cela vous paraît
possible, est de devenir comme lui. Et c’est possible.
Ainsi, nous « entrons dans le physique » à cause de ce qu’il est —
un processus d’apprentissage intensif, une école d’un genre très
particulier. Une part importante de ce processus d’apprentissage sera
donc de forcer le mélange de deux composantes énergétiques
différentes, l’une mâle et l’autre femelle. Pulsions, besoins, phénomènes
d’acculturation et autres facteurs peuvent tous être conçus pour forcer
l’accommodation, la fusion, et la compréhension entre ces deux
systèmes de conscience.
Les conditions nécessaires à l’incarnation humaine sont
relativement strictes. C’est un peu comme de passer un contrat détaillé.
Tout d’abord, la forme énergétique doit admettre que l’espace-temps
existe bien. Sans cette acceptation, il est impossible d’avoir une
conscience humaine primaire. La forme énergétique doit ensuite
admettre qu’il existe un temps évalué à l’échelle humaine, par exemple
les années 1980 ou tout autre cadre temporel. Elle doit également
admettre l’existence d’une planète Terre, conçue et créée sous la forme
qui est la sienne. Elle doit encore admettre que la conscience incarnée
comporte ses particularités et ses limites.
L’oubli ou la sublimation de l’expérience antérieure font partie du
processus. Ils permettent de minimiser les risques d’interférence entre
l’accomplissement de cette vie humaine et les schémas de vie
antérieurs, dans le monde physique ou dans d’autres réalités. Il ne faut
pas oublier que tout cela se situe au niveau de la perception consciente
et n’est pas enlevé à l’essence de la forme énergétique qui accepte le
contrat L’expérience antérieure demeurera à l’état non conscient dans
la forme nouvellement humaine. C’est là un point important car cette
expérience ou ce but pourraient bien constituer la motivation sous-
jacente, la force agissante cachée derrière les accomplissements de
cette énergie dans son incarnation humaine.
Une fois la décision prise ou l’accord obtenu, un point d’entrée
propice et probable pour la naissance est sélectionné, en fonction des
facteurs génétiques, environnementaux, sociaux, politiques et
économiques susceptibles de permettre la réalisation des objectifs
prévus. Bien souvent, étant donne le risque que ces facteurs ne soient
pas tous adéquats la perspective de réaliser les buts envisagés
constituera seulement une éventualité ou un espoir. En effet, tant de
variables peuvent entrer en jeu que le simple fait de venir à bout des
circonstances, de les modi ier par la force de la pensée ou de l’action
constituera déjà un dé i stimulant Certains parviendront à le relever,
d’autres non.
Par ailleurs, la demande excède de beaucoup les possibilités en
matière de points d’entrée. Il arrive donc sans doute que certains, las
d’attendre, si l’on peut dire, acceptent d’arriver dans les circonstances
les plus dif iciles.
On obtiendra un début d’éclaircissement en observant les
processus d’apprentissage et d’absorption des informations d’un être
qui effectue sa première incarnation. A son arrivée (naissance), le «
Première Incarnation » est surpris et choqué par les limites très sévères
du corps physique. Il ne peut plus se déplacer librement et facilement
par la seule force de sa pensée ou de son désir. Les premières semaines
de vie de l’humain sont donc consacrées à des efforts conscients et
frustrants pour gagner le contrôle de ce nouveau corps physique.
Parallèlement, il est accablé par un ahurissant besoin d’alimentation,
processus qui correspondait à une fonction automatique dans son
existence précédente. Ajoutez à cela la batterie des signaux violents et
chaotiques déversés par des sources sensorielles inconnues jusqu’alors,
les cinq sens, et vous commencerez à mieux apprécier l’étendue du
traumatisme enduré. On a tout lieu de croire que cet effet serait
beaucoup plus grave si le « Première Incarnation » n’était affermi au
cours des périodes non conscientes (sommeil) par les observateurs
intéressés et attentifs qu’il a laissés dans la réalité extérieure à l’espace-
temps.
Dès lors va émerger le premier système d’apprentissage qui se
poursuivra tout au long de l’existence humaine. C’est la concentration
de la conscience. Douleur et plaisir, tels qu’ils sont rapportés par les
cinq sens physiques, dirigent l’attention vers l’événement qui est vécu,
puis l’expérience est apprise et enregistrée. Si un élément émotionnel
entre en jeu à son tour, le processus de stockage est fortement accentué.
Une expérience physique de nature extrême approfondit également
ce processus. Autrement dit, la profondeur de l’apprentissage
(mémoire, souvenir) est directement liée à l’intensité de l’expérience.
Inversement, plus l’expérience est super icielle, moindre est l’attention,
et moins ef icace le processus d’apprentissage. L’apprentissage premier
est la base de données qui nous permet à nous, humains, d’orienter nos
existences physiques. D’autres processus d’apprentissage affectent nos
pensées, nos actions, mais le schéma fondamental de fonctionnement
repose sur cet apprentissage premier.
Le deuxième apprentissage, autre schéma présent tout au long de
l’existence, s’effectue au-delà de ce que nous appelons le niveau de la
conscience. Il s’agit des données reçues par l’intermédiaire de nos cinq
sens physiques, dans les zones où ne se porte pas notre attention. Il se
produit au cours de l’état de veille, et il est enregistré et retenu dans les
moindres détails. En raison du manque d’attention, l’esprit humain
conscient n’est capable d’utiliser que 20 pour 100 à peine de cet
apprentissage second. Pourtant, c’est le spectre entier de la mémoire
qui est sollicité par l’individu, involontairement, lorsque le besoin s’en
fait sentir. Il colore et affecte nos pensées, décisions et actions, mais
nous n’en avons absolument pas conscience.
Une troisième forme d’apprentissage apparaît au cours de l’état
cyclique non conscient (sommeil). A l’état de veille, nous nous
rappelons une très faible partie de cette activité, pourtant gravée dans
le système souvenir-expérience sur lequel repose toute notre activité.
Notre culture nous ayant habitués à n’accorder qu’une importance
dérisoire aux événements oubliés, nous reconnaissons rarement
l’in luence qu’ils exercent sur nos activités ou notre expérience. Si l’on
observe la situation de l’extérieur, le recours systématique à cet
apprentissage devient pourtant très visible.
Le principal système d’apprentissage conçu par les diverses
cultures de l’histoire humaine, le plus largement répandu et accepté,
apparaît pourtant comme le moins naturel. Il ignore presque
complètement les deux premiers processus d’apprentissage qui
fonctionnent déjà. Arti iciel, incapable de retenir naturellement
l’attention, il exige des qualités d’abnégation et de discipline dont
dispose rarement l’esprit conscient de l’homme moyen. L’attention
vacille, luctue, notamment dans les expériences répétitives ou d’ordre
inférieur, dépréciant la plus grande partie de l’apprentissage qui
pourrait s’effectuer. Aussi grossières qu’elles puissent être, de telles
méthodes sont pourtant tenues en haute estime par le genre humain.
L’essentiel de l’existence tourne autour de la connaissance, de la
compréhension, du contrôle et de l’utilisation de la matière physique, y
compris du système d’énergie qu’elle engendre.
Qui plus est, ce système d’apprentissage dominant, mais arti iciel et
limité, procède entièrement des informations transmises par les cinq
sens. En raison de cette assise, il a pour effet d’éliminer les derniers
vestiges d’identité originelle qu’aurait pu conserver l’individu. Cela
constitue à la fois le cœur du problème et le dé i majeur lancé à la forme
énergétique qui ne sait plus l’objet de l’expérience.
Les seules orientations dont disposera le « Première Incarnation »
pour guider sa pensée au cours de sa vie humaine seront presque
toutes dirigées vers le monde matériel de l’espace-temps. Cette
remarque englobe malheureusement les organisations proposant des
systèmes de croyances basés sur les individus d’aujourd’hui ou d’hier,
dont la connaissance de l’identité originelle valait lors de leur séjour
sur terre. En effet, suite au processus de traduction verbale de leur
savoir et à l’érosion due aux nombreuses retranscriptions qui en ont été
faites, seules des portions de ce savoir ont subsisté. Celles-ci s’efforcent
tristement désormais d’enseigner les effets plutôt que les causes, et
bien rares sont les exemples qui permettent d’accéder à la source.
Donc, à mesure qu’il traverse son existence physique humaine, le
«Première Incarnation » amasse et absorbe bien des attachements
insoupçonnés. Les plus puissants sont d’ordre émotionnel, ou plutôt
constituent des distorsions d’émotions, liées exclusivement à
l’expression dans la seule réalité de l’espace-temps. Ils peuvent prendre
une telle ampleur qu’une seule vie humaine ne suf it plus à les réaliser
et les expérimenter tous. Il en résulte un besoin compulsif de rentrer
dans le cycle pour achever ce qui a été commencé: réaliser le but que
l’on n’a pas eu le temps d’atteindre, payer des « dettes » imaginaires —
la liste est in inie.
En résumé, on peut poser très simplement le problème qui fait d’un
« Première Incarnation » un récidiviste: la vie matérielle humaine crée
un phénomène de dépendance.
Cette dépendance ou cet affaiblissement de l’orbite, si vous
préférez, est engendrée par deux facteurs accablants. Additionnez-les et
mélangez-les étroitement, et il vous sera facile de voir combien le
Système humain d’Apprentissage intensif est ardu, surtout pour ceux
qui ne sont pas conscients ou informés. Peut-être cela fait-il partie de la
formation. A ceux qui n’ont jamais été humains, il est quasiment
impossible de comprendre ces méthodes, tout comme il est
extrêmement dif icile d’expliquer à un « Première Incarnation » le
statut d’un être ayant achevé son cycle. Les deux facteurs en cause sont
la Distorsion de la Pulsion de Vie et la Diffusion de l’Énergie
Primordiale.

Distorsion de la Pulsion de Vie

Comme les animaux, les plantes ou toute autre vie organique,


l’homme physique est fortement imprégné à la naissance de la volonté
de croître, vivre, survivre. Cela s’exprime de deux manières différentes:
Protection du corps et entretien

L’eau et la nourriture constituent la première exigence. Vient


ensuite le besoin de maintenir le corps à une température appropriée.
Puis celui de le protéger des prédateurs, qui vont des autres humains
aux animaux carnivores, en passant par les insectes et en allant
jusqu’au plus minuscule virus. Le dilemme combattre ou fuir surgit dès
lors que deux besoins ou plus entrent directement en con lit sur une
question de priorité.
Cette observation ne semble soulever aucune question, alors quel
est le problème ? La plupart des humains passent le plus clair de leur
temps à s’occuper de ces questions, d’une façon ou d’une autre. Il
n’existe pas de choix en la matière. Vous appartenez au 0,0001 pour
100 qui forme le sommet de la pyramide humaine si vous savez sans
l’ombre d’un doute que ces besoins seront satisfaits demain, la semaine
prochaine, le reste de votre vie, par vos bons soins, ceux de votre
famille, ou de « votre » gouvernement
Rien de neuf non plus dans les distorsions massives qui
apparaissent au-delà de ces besoins fondamentaux. Le stockage de la
nourriture ou autres biens pour le cas éventuel où surviendrait un
changement; une variété in inie d’aliments dirigés non tant vers la
nutrition que vers la satisfaction du goût et du souci esthétique; des
préparations alimentaires et des services spéciaux. Des « aliments » de
distraction comme l’alcool, la drogue, le tabac, etc., et puis encore le
cycle des produits qui sont « bons » pour la santé. Des vêtements qui
non seulement vous tiennent chaud, mais sont coupés convenablement,
dans une texture ou un coloris tentants, qui varient selon les occasions
et, naturellement, dont le style change rapidement De vastes abris
parfois situés dans des endroits de rêve et qui n’ont plus grand- chose à
voir avec le refuge d’antan, qui sont équipés et rééquipés de mobilier
toujours plus neuf, d’appareils, d’objets décoratifs — tout cela en
fonction des goûts personnels et du style en vogue, beaucoup plus que
du confort et des « besoins » signalés plus haut.
La situation est telle qu’il devient vraiment dif icile de mourir. La
multiplication des onéreux respirateurs arti iciels dans les hôpitaux en
est un exemple. Il faut maintenir le corps en vie, coûte que coûte. Dans
certaines sociétés « civilisées », c’est un crime de supprimer sa propre
vie. Mais qui va-t-on poursuivre en cas de succès ? Tous ces extra, ce
super lu sont stimulés par d’innombrables incitations et
rationalisations, dont bien peu pourraient soutenir l’examen. Cela est
encore aggravé par la course à l’acquisition et la distribution, qui fait
jouer à plein la loi physique naturelle de l’offre et de la demande.
Alors, pour protéger tous ces objets accumulés et servir le corps
qui est le vôtre : des verrous sur les portes, des barrières autour des
maisons, des portes et des grilles, des lois et des règlements, des
médicaments et des drogues, des armes, des of iciers de police qui
effectuent leurs rondes en voiture, des hommes de loi, des médecins,
des remèdes de charlatan à n’en plus inir, des villes, des nations, des
banques, des armées et des bombes atomiques.
C’est dans cette distorsion que réside l’élément qui fait adhérer à la
forme énergétique les particules lourdes — qui toutes sont nées avec
les cultures agraires et les tribus. Pulsion de vie provoquant une sur
extermination intense. Rien d’autre n’importe. Mais cela devait arriver,
le libre arbitre étant ce qu’il est.

Sexualité — reproduction

C’est la plus puissante des empreintes de la pulsion de vie. Elle


prend le pas sur toutes les autres et, de ce fait, a plus qu’aucune autre
subi des distorsions majeures. Le plus grand leurre est sans doute celui
consistant à croire que, en tant qu’acte créateur, elle engendre
automatiquement l’émotion créatrice de l’amour, éthéré et divin. Il en
résulte des attachements et engagements à la fois irrationnels et
limités, qui non seulement déforment gravement les objectifs de la vie
physique actuelle, mais se poursuivent au-delà — c’est le fardeau
illusoire de la culpabilité, des obligations, et le grand nombre des
schémas mémoriels qui s’y rattachent, trop puissants pour être
abandonnés. De plus, la motivation originelle de la reproduction est
depuis longtemps passée au second plan, éclipsée par le paroxysme
sensoriel temporaire que procure l’acte lui-même. A quelques
exceptions près, on peut douter qu’il en ait jamais été autrement pour
le mâle. Sachant cela, la femme, avec son intuition naturelle, a très
largement abusé de cet avantage tout au long de centaines d’années
d’évolution culturelle. Les femmes qui succombent à l’illusion de la
permanence n’ont pas d’autre choix que de s’étendre et de prendre ce
qui vient. Disons plus vulgairement qu’en tirant un coup, on ne fait pas
son avenir — mais, à la rigueur, un bébé.
Maintenant que l’on connaît de façon plus objective la puissante
in luence de l’instinct de reproduction, leurres et latteries viennent
impudemment renforcer l’aspect de dis traction sensorielle de l’acte
lui-même — toute référence au but initial étant soigneusement omise.
De l’individu aux gouvernements eux-mêmes, en passant par les
grandes industries, chacun exploite — la séduction de l’irrationnel. Il en
résulte une cacophonie de distorsions, visant toutes à développer le
besoin et le désir de l’acte reproductif. Le problème se trouve ampli ié
sans qu’apparaisse la moindre proposition de solution sensée. Tout cela
ne fait qu’ajouter fortement à la glu qui retient l’homme en orbite basse.

Diffusion de l’Énergie Primordiale

Considérons que nos diverses émotions sont des expressions


inconscientes de l’Énergie Primordiale, de la Force Créatrice inhérente
à chacun d’entre nous. Il n’y a pas d’exceptions à cette règle qui inclut
donc, entre autres, la joie, la tristesse, la colère, le bonheur, la haine,
l’amitié, la nostalgie, la possessivité, la loyauté, l’ego, la gourmandise, la
culpabilité, l’amusement, les soucis, l’anxiété. Ajoutez-y des éléments
qui ne sont habituellement pas vus comme des émotions : la curiosité,
les idées, l’égalité, l’espoir, la solitude et, naturellement, l’amour, s’il
n’est pas pris dans son acception ordinaire.
Dans un tel contexte, l’émotion devient la clé, la force agissante qui
se cache derrière toute pensée, toute action au cours de l’existence
humaine. Le concept d’absence d’émotion n’est qu’une illusion. La plus
extrême objectivité recouvre encore soigneusement tout un
programme émotionnel. Rationalité et émotion vont d’ailleurs de pair
lorsqu’on remonte à la source. Si l’être humain est le produit d’une
Force Créatrice, en ce cas le fait d’être humain est une expression
purement émotionnelle de cette énergie.
Il n’existe pas, dans toute l’histoire humaine, un seul acte important
qui n’ait été dirigé et/ou inspiré par l’émotion. Les politiciens astucieux
reconnaissent aujourd’hui que les électeurs choisissent leurs
présidents en fonction de critères émotionnels, et que même les faits
les plus simples et les chiffres ont une coloration émotionnelle. Tous les
grands leaders de l’humanité ont puisé dans la séduction émotionnelle
la source de leur pouvoir. La motivation est une formulation provisoire
de l’émotion. Ces dernières années, ce concept a été mis en application
dans de nombreuses études ou des livres faisant autorité et des
centaines de millions de dollars y ont été consacrés — mais tous
apparemment s’écartent poliment de la source fondamentale du
phénomène, soit par refus, soit par ignorance.
D’où ce mélange chaotique d’énergie non contrôlée, mal dirigée
qu’est et a été l’expérience humaine. Des tentatives isolées ont été faites
pour chasser l’émotion des actes et des pensées, mais c’est là une
impossibilité. Même en laboratoire, on est aujourd’hui en train de
prouver que l’observateur in lue toujours sur l’expérience, par
inadvertance, inconsciemment, et discrètement. On ne peut reproduire
la même expérience que dans des conditions absolument identiques et
là encore il s’agit d’une impossibilité, si l’on considère la mobilité des
schémas rationnels/émotionnels de l’observateur- expérimentateur. A
titre d’exercice, essayez d’enregistrer chacune des pensées et émotions
que vous avez exprimées au cours de la minute qui vient de s’écouler ;
puis refaites l’expérience avec une minute qui s’est écoulée il y a une
heure.

Au niveau de l’individu, la généralisation devient caractéristique. A


chaque instant, nous sommes un véritable bouillonnement de réactions
émotionnelles à des stimuli internes et externes. Que nous soyons
éveillés ou endormis, la mosaïque toujours changeante de notre lux
énergétique déferle à des amplitudes et des fréquences assorties à ces
émotions. Nous formulons sur toute chose des jugements de valeur qui
sont déterminés par notre expérience et imprimés en nous par la
culture dans laquelle nous vivons. Quand expérience et culture entrent
en con lit, nous optons habituellement pour cette dernière a in de ne
pas heurter les convenances. Nous nous efforçons donc de laisser libre
cours à ce qui émane en nous de «bon », et en essayant de supprimer,
de réprimer le « mauvais », en le cachant Voilà donc comment la grande
majorité d’entre nous essaient de contrôler cette puissante énergie
vitale qui constitue notre véritable héritage. Dans le meilleur des cas,
nous ne parvenons qu’à un succès partiel, qui repose d’ailleurs sur des
critères d’évaluation erronés.
Nous prenons des décisions sous le coup de la colère, et nous nous
indignons des résultats. Nous espérons, et puis nous sommes déçus.
Nous rions de joie, mais nous sommes déprimés quand l’instant
s’évanouit. Nous détestons voir un individu, un lieu ou un objet qui ne
correspondent pas à notre conception de ce qu’ils « devraient » être.
Nous croyons « aimer », puis notre coeur se brise quand nous
découvrons qu’il n’en va pas ainsi, que nous nous sommes trompés. La
liste est in inie, et nous ne pouvons nous empêcher de continuer, car
nous ne savons rien faire d’autre. Nous sommes ballottés sur les vagues
de nos émotions. Alors certains d’entre nous inissent par devenir
cyniques — sans même voir que le cynisme est encore une émotion en
soi. La confusion s’aggrave encore quand nous comprenons que les
décisions ef icaces et rationnelles de notre cerveau gauche sont dues,
en dernière analyse, à quelque facteur émotionnel, si bien caché ou
déguisé qu’il puisse être. D’où le vieux syndrome : «je ne peux pas vivre
avec et je ne peux pas vivre sans ». Enterré sous une nuée d’obstacles
émotionnels, le libre arbitre n’est plus libre et ne met plus guère en jeu
la volonté.
La plus lourde des charges ainsi accumulées est de loin cette masse
émotionnelle que l’on tient plus ou moins pour l’ego humain. Émanant
probablement de l’empreinte de survie, l’ego requiert et consume en
permanence d’innombrables schémas émotionnels qui le renforcent et
sont tous, par nature, déformés et déformants. L’ego exploite l’idée qu’il
est nécessaire à l’existence de l’accomplissement, qu’il ne saurait y
avoir de con iance en soi sans son support, que le bonheur est un ego
satisfait. Il peut fournir des centaines de raisons émotionnelles et
irrationnelles pour justi ier son existence — en éludant le fait
qu’émotion et irrationalité ne sont pas synonymes. Il af irme
résolument que, sans lui, la personnalité humaine n’existerait pas.
Du moins l’ego a-t-il raison sur un point: l’humain est un être
émotionnel, et tout est simplement une question d’utilisation,
d’application.
Voilà la matière visqueuse qui arrime cette lourde charge à l’unité
et rend l’affaiblissement de l’orbite inévitable. Ces émotions si
prépondérantes sont directement liées aux événements terrestres, aux
objets, aux relations du monde sensible de l’espace- temps. En tant que
telles, elles ne s’appliquent à aucune réalité autre que celle de leur
point d’origine, ni ne peuvent exister ailleurs.
Il existe une exception. C’est la seule manifestation claire et précise
de l’Énergie Primordiale, et elle ne peut d’ailleurs être engendrée à
volonté. C’est la synthèse d’une autre pensée/action émotionnelle,
exprimée et dès lors indestructible. Fait remarquable, elle n’est pas
spéci ique du continuum espace-temps, et son existence ne dépend pas
de cet environnement Elle ne participe donc pas au facteur de charge.
Au contraire, c’est elle qui permet de décoller, d’atteindre l’orbite et
d’établir la vitesse d’échappement Les meilleures raisons — sinon les
seules — de fréquenter l’école de l’expérience humaine sont justement
d’apprendre à traduire cette énergie en une forme perceptible et,
ensuite, d’en devenir soi-même un générateur de premier ordre. Cela
n’est pas une tâche aisée quand on ne sait pas de quoi il s’agit, qu’on ne
sait ni comment l’exprimer ni comment l’engendrer. Comment une
personne peut-elle apprendre à chanter si elle n’a jamais entendu de
chanson, ne sait rien des paroles, de la mélodie, de la tonalité; pis, si elle
ignore qu’elle a des cordes vocales ou même une voix ?
L’appellation erronée des émotions et leur mauvaise interprétation
permettent d’en trouver quelques indices apparentés, mais
indéniablement différents. Pour éviter toute confusion, nous
parlerons de Super Amour “Super Love” (SL), en sachant bien que la
différence est la clé, dans la mesure ou l’identi icateur amour a été
utilisé si largement qu’il en a perdu toute signi ication véritable.
Commençons avec un cadre de dé inition relativement grossier. SL est
indestructible, comme nous l’avons dit. Une fois activé, aucune pensée,
aucune émotion, aucun événement ultérieur ne peut plus l’affecter. SL
ne dépend nullement de sa manifestation dans le monde sensible ni de
l’activité qui s’y déroule. SL n’a pas d’objet, animé ou inanimé, bien
qu’un objet puisse constituer l’un des catalyseurs qui déclencheront sa
production. SL est une radiation continue, absolument indépendante de
la réception ou de toute autre forme de retour quelle qu’elle soit SL est.
C’est un parcours complexe et rude que cet Apprentissage Intensif
de l’école humaine. A côté, le parcours du combattant le plus dur serait
une vraie partie de plaisir. Là, du moins, vous avez une idée à peu près
claire de ce que vous faites et de votre destination probable. Sachant
cela, le jeu en vaut la chandelle.
Voici mon sentiment profond: parmi les quelques anciens parvenus
en in de cycle que j’ai pu rencontrer, il n’en est pas un, sachant le
résultat magni ique et indescriptible qu’on peut en escompter, qui n’eût
volontiers renouvelé, autant de fois que nécessaire, son expérience
d’apprentissage incarnée. Mes visions fugitives viennent totalement
corroborer ce point de vue.

Préparation: lancement et décollage

Voici ce qu’on pourrait par euphémisme appeler une antisèche —


sans doute proposée sciemment, avec l’assentiment des instructeurs.
Comme toutes les aides de ce genre, elle ne fournit pas toutes les
réponses et son exactitude n’est pas toujours garantie. Le mieux qu’on
puisse en dire est qu’elle fut recopiée à la hâte à partir du manuel des
instructeurs, avec leur permission et leur coopération. Aussi dénaturée
et mal iltrée qu’elle soit, peut-être cette coupe d’eau trouble sera-t-elle
de quelque secours pour le coureur brûlé par la soif. Au moins c’est de
l’eau, et cela peut l’aider à franchir la ligne d’arrivée avec joie et
légèreté.
Détoxication/Réduction de charge/Purge

Le projet appelle la poursuite et l’expansion des activités de la vie


sous toutes ses formes: physique, mentale, émotionnelle. Rien ne
permet de croire qu’un amoindrissement ou un repli doivent survenir,
ce qui aurait pour effet d’allonger le processus plutôt que de le
raccourcir. Le changement doit résider dans la perception, le contrôle,
la réorientation des formes d’énergie qui sont vous-mêmes, de la même
façon qu’une lumière cohérente produit des résultats bien plus
ef icaces sous forme de laser. Pour commencer, suivez ces principes
essentiels.
La Réalité est ce qui est perçu

Dans la mesure où vous participez à l’espace- temps, celui-ci


constitue pour vous une réalité. Tant que vous ne l’avez pas perçu, tout
autre système d’énergie reste irréel à vos yeux. Toutefois, vous devez
considérer que vous avez connu ce type d’expérience mais qu’elle
échappe à votre conscience actuelle. Le problème se résume alors à une
simple question de mémoire.
L’Énergie n’existe que si elle est exprimée

Nous sommes des expressions de l’énergie. L’énergie que nous


transformons ou engendrons n’a de réalité que si nous l’exprimons. Une
idée n’a pas de réalité tant que nous ne l’avons pas transmise ou mise
en pratique. Connaissance et information ne sont rien sans diffusion ou
application. Une pensée isolée est irréelle tant qu’elle n’est pas insuf lée
dans une autre, n’agit pas sur celle-ci ou qu’une autre idée n’agit pas sur
elle. La formule opérationnelle, au plan physique ou mental, de divers
systèmes d’énergie, c’est la combinaison de la pensée et de l’action.
Inhibez, freinez ou bloquez le lux de l’énergie et elle cesse d’exister.
L’Énergie dirigée est exponentielle

De même qu’une lentille peut concentrer la radiation solaire à une


température beaucoup plus élevée que la normale, de même d’autres
énergies peuvent être transformées et modi iées. Cela est
particulièrement vrai du spectre énergétique accessible à la conscience
humaine. Le fait que nous exercions le plus souvent ces énergies au
hasard et inconsciemment, notamment dans les domaines non
physiques, n’annule pas ce potentiel.
La Conscience est l’Énergie dirigée

La conscience humaine est largement concentrée sur la matière


physique de l’espace-temps. Elle ne représente pas, cependant, la
totalité de la conscience énergétique mise en jeu, car d’autres formes de
la même conscience sont parallèlement actives dans d’autres systèmes
ou réalités. Deux conclusions découlent de cette multiplicité: d’une
part, le réglage de l’incarnation peut être beaucoup plus in, et les
possibilités de puissance et d’action ainsi offertes sont trop immenses
et insondables pour être prises à la légère; d’autre part, si le besoin s’en
fait sentir, il est possible de puiser aux formes non humaines du même
système d’énergie.
Cela étant dit, nous pouvons maintenant passer à la phase pratique.
Bien que les notes suivantes soient présentées dans un certain ordre, il
semble tout à fait souhaitable de se référer à tout moment à toute
partie susceptible de répondre à un besoin donné. L’expérience
d’apprentissage humain ne se plie à aucun modèle igé. Un événement
survenu tôt dans la vie de l’un pourra ne faire surface chez l’autre que
des années plus tard, voire jamais.
Prendre les événements au jour le jour

Au lieu de vous évertuer à provoquer les changements nécessaires,


contentez-vous de les prendre en main, un par un, lorsqu’ils se
présentent dans votre vie quotidienne. Vivez, et soyez vous-même
jusqu’à ce que vous perceviez une émotion ou un attachement si
évidents que vous ne pouvez plus les ignorer.
Vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre

Soyez conscient à chaque instant de ce que vous faites ou pensez,


examinez les facteurs émotionnels qui semblent les plus forts, qui
attirent votre attention. N’oubliez pas vos périodes de sommeil et le
contenu non verbal de vos rêves. Explorez-les en vous interrogeant sur
leur raison d’être, et recommencez l’investigation jusqu’à ce que vous
soyez remonté à la source. Il vous sera alors facile de libérer cette
énergie pour l’utiliser à d’autres buts. Commencez petit et élargissez de
plus en plus votre travail.
Mettre l’ego au régime

Il semble tout à fait malvenu d’attaquer de front cet immuable


noyau qui concentre tant d’émotions déformées. Bien trop de gens
perdent cette bataille inégale, et beaucoup ne la commencent jamais. Le
truc consiste à cesser d’alimenter le pouvoir émotionnel indispensable
à son existence. N’oubliez pas que l’ego vous bombarde constamment
de stratagèmes de grati ication visant à modi ier votre comportement,
dans l’intérêt d’autrui. Le problème réside dans votre réaction
émotionnelle, non dans les latteries elles- mêmes ni dans les actes que
vous accomplissez en fonction de celles-ci. Si vous voulez conduire une
voiture de luxe parce que cela vous plaît tout simplement, c’est très
bien. Si cela vous donne un sentiment d’importance, ou que vous aimez
être vu à son volant, si vous avez besoin de préciser que c’est « la vôtre
», vous alimentez la puissance de votre ego. Gardez bien cela en vue
pour l’appliquer lorsque le besoin s’en fait sentir, et agissez en
conséquence.
La deuxième source d’alimentation du pouvoir émotionnel de l’ego
est interne. L’on admet aujourd’hui que l’ambition et le désir de réussir
sont essentiellement des processus de grati ication de l’ego. Pour
déterminer si cela est vrai pour vous ou s’il faut rechercher une origine
plus profonde, faites ce test : serez-vous satisfait de répondre à ces
besoins si vous ne devez en espérer nul crédit ni privé ni public ? Sont-
ils absolument essentiels à votre survie physique ? Si la réponse est
af irmative dans les deux cas, vous avez parcouru un chemin beaucoup
plus grand que vous ne l’imaginez. En dépit de la gloire, la fortune ou
l’adulation, votre charge va réellement s’alléger. Si vous répondez au
contraire par la négative à ces deux questions, commencez à vous
interroger a in d’interrompre le processus d’alimentation de l’ego.
A un moment donné du processus, l’Énergie Primordiale viendra
vous éclairer de ses lueurs et fournir toutes les justi ications que vous
pourrez souhaiter. Plus vous relâcherez ainsi d’énergie émotionnelle,
plus grande vous percevrez cette énergie.
Se défaire des liens sexuels pulsionnels

Étant donné la nécessité de protéger et d’élever sa progéniture


jusqu’à la maturité physique, de nombreuses cultures ont attaché à
l’acte de reproduction un certain nombre d’obligations. Alors qu’il
répond en général à une pure exigence physique, beaucoup ont
prétendu qu’il impliquait bien davantage. L’acte de reproduction est
d’abord et avant tout une réaction très puissante à des stimuli
purement sensuels. Cette réaction n’est pas en elle- même une émotion,
bien que la profondeur de l’expérience amène souvent à imaginer le
contraire et à lui attribuer une importance démesurée. Pour accroître
encore la confusion, l’union sexuelle apparaît comme l’une des façons
les plus signi icatives d’exprimer l’émotion du SL que l’on trouve dans
l’Énergie Primordiale.
Celui qui veut réduire sa charge doit comprendre la différence. Il ne
s’agit en effet ni de bien ni de mal, mais de différence. Admettez que, du
seul point de vue de l’acte physique, tout attachement émotionnel ne se
rattache qu’à la seule réalité de l’espace-temps. En tant qu’acte
procréateur, il est physique par nature. A moins qu’il n’en émerge
d’autres modèles d’énergies, appréciez-le sans vous y accrocher. Vous
n’avez pas besoin de l’emporter, parce que vous trouverez mieux dans
la forme originale. Ce que vous avez expérimenté ici sexuellement n’est
qu’une très pâle imitation d’une partie du tout. La copulation n’est une
« obligation » ni pour l’homme ni pour la femme. L’attirance sexuelle et
la séduction font partie d’une pulsion de vie, qui est purement et
simplement physique. Pourtant elles suf isent à modi ier radicalement
les modèles de vie individuelle. Or, on produit la charge quand on lui
attribue plus qu’elle ne contient.
La sexualité n’est pas l’amour, si l’on dé init l’amour comme une
expression de l’Énergie Primordiale, mais elle peut être la procédure
grâce à laquelle l’individu découvrira son existence. Si cela se produit
effectivement, gardez l’amour et abandonnez la sexualité, et alors il n’y
aura pas de charge.
Renoncer aux jugements de valeur

Il est impossible, à quiconque se situe dans la distorsion spatio-


temporelle, d’apprécier avec justesse la qualité d’une pensée ou d’une
action; bien-mal, vrai-faux, ne sont en effet qu’illusions. En orbite, il n’y
a ni haut ni bas. Par mesure de commodité, il peut être nécessaire
d’adhérer aux concepts de la culture dans laquelle nous vivons
provisoirement Cependant, seul un examen solide nous permet de
comprendre la valeur ultime de ce que nous faisons. Donc, suivez votre
propre dessein, allégez votre charge en refusant de lier des émotions
durables à un acte physique ou à l’action d’autrui.
Détacher la matière-émotion

Les objets physiques, les lieux, etc., sont des unités intégrées à
l’espace-temps, qu’il convient d’apprécier et d’utiliser en tant qu’outils
de l’expérience d’apprentissage. Aucun ne nous appartient Nous ne
possédons nul objet, nul être, rien. Même la substance de notre corps
physique est “empruntée” si l’on peut dire. Emmagasinez le souvenir et
l’expérience, laissez l’émotion derrière vous.
Vous êtes responsable de votre vie

Nous avons tendance à laisser de côté notre responsabilité à


chaque fois que nous le pouvons. En cas d’erreurs, nous blâmons les
circonstances ou les autres pour ce que nous faisons et ce que nous
sommes. Nous aimons en revanche recevoir le crédit des actions
positives. Puisque nous disposons de notre libre arbitre, c’est à nous de
faire notre propre investigation. Le fait d’accepter calmement les
conséquences de vos actes vous aidera à décoller. Comme le dit fort
bien une vieille chanson populaire américaine: « Ce n’est la faute de
personne d’autre que moi16. » Méditez cette phrase.
Le libre arbitre est imagination

Les limites mêmes rencontrées dans l’espace- temps excluent une


telle théorie. A la naissance physique, nous sommes liés non seulement
par notre existence antérieure, quelle qu’elle ait pu être, mais aussi par
la structure génétique du corps physique que nous habitons. Dès lors,
nous sommes irrémédiablement liés à la chair pour la vie, qu’elle soit
longue ou courte. Nous sommes voués à entretenir et faire fonctionner
notre corps physique dans les limites qu’il nous impose. Le cadre et le
décor de notre existence physique sont contrôlés, au début du moins,
par d’autres. Ce qui reste, coloré et modi ié comme il l’est, pourrait être
considéré comme le libre arbitre. Exercer celui-ci contre autrui ne fait
qu’augmenter la charge. Pour pouvoir décoller, il faut utiliser au
maximum ce libre arbitre dans les domaines non physiques, en
acceptant sans émotion les limitations qui lui sont imposées.
Le rire est un processus qui purge

Puisqu’il est une émanation directe de l’Énergie Primordiale, en cas


de doute, laissez-le s’exprimer. Un sourire insouciant s’inscrit dans le
même registre. C’est l’une des meilleures émotions qui soient, mais elle
doit être spontanée pour produire des résultats. Il ne faut surtout pas
manquer de voir et apprécier l’humour de la vie. Cela détend,
déstabilise l’ego et restitue à chaque événement sa juste place.
Plaisir-Douleur constituent une courbe d’apprentissage (PP)

Considérez le plaisir et la douleur comme une forme ondulatoire


tirant son origine de l’empreinte de survie, et donc comme des signaux
vous reliant exclusivement au monde sensible de l’espace-temps. Ce
sont des outils essentiels qui peuvent être utilisés à titre de mesure.
Pensez-y comme à une sinusoïde, la douleur se trouvant en dessous de
la ligne zéro, le plaisir au-dessus. Leur amplitude respective est un
indicateur d’intensité, qui peut être contrôlé. Première étape : triez et
éliminez toute énergie émotionnelle adhérant aux souvenirs de l’onde
Plaisir-Douleur que vous avez accumulés. Deuxième étape : commencez
à contrôler chaque partie de cette forme ondulatoire, de sorte que vous
puissiez en augmenter ou diminuer l’amplitude à volonté. Vous
approcherez du statut de la vitesse d’échappement lorsque vous saurez
ramener cette forme ondulatoire à une ligne presque parfaite.
Tirer le maximum des périodes de sommeil

C’est la partie la plus négligée et la plus mal comprise de notre


existence. Libéré provisoirement des limites imposées par
l’organisation de notre cerveau gauche et de la pression des
informations physiques, le sommeil offre une merveilleuse occasion de
progresser dans de nombreux domaines. Toutes les suggestions
précédentes peuvent être abordées et développées au cours du
sommeil. Régularité et fréquence sont deux facteurs importants. Vous
n’obtiendrez peut-être pas de résultats dès la première, la deuxième, la
troisième, ni même la cinquième fois, mais vous inirez par réussir.
Commencez par af irmer:
Je suis plus que mon corps matériel. Comme je suis plus que la
matière physique, je peux percevoir ce qui dépasse la réalité physique.
C’est pourquoi je désire profondément développer, éprouver,
connaître, comprendre, maîtriser et utiliser ces énergies et systèmes
d’énergie supérieurs dans la mesure où ils pourraient être béné iques et
constructifs à mon endroit et vis-à-vis de ceux qui me succéderont.
Je désire profondément l’aide et la coopération, l’assistance et la
compréhension de ceux dont la sagesse, le niveau de développement et
l’expérience égalent ou dépassent mes propres facultés. Je demande à
ceux-ci de bien vouloir me guider et me protéger contre toute in luence ou
tout facteur qui ne serait pas de nature à combler mes désirs tels que je
viens de les exprimer.
Dites-le d’abord mentalement sous forme de mots lorsque vous
dérivez vers le sommeil. Convertissez aussitôt que possible les mots en
communication non verbale, af irmez vos propos en action mentale et
non plus en mots. Quand cette technique vous sera familière, ajoutez-y,
par le moyen de la communication non verbale, des demandes
spéci iques comme l’information, les soins de santé, la solution aux
problèmes, la communication, ou n’importe laquelle des procédures
énumérées antérieurement La réponse se présentera en principe non
en mots mais en images, en sons, en action vivante dans votre esprit
Les emplois de cette méthode sont illimités, à condition que vous
n’empiétiez pas sur la volonté d’autrui. Si vous avez besoin d’aide,
demandez la sous forme non verbale. Vous la recevrez toujours, même
si ce n’est pas immédiat, et bien souvent elle tombera merveilleusement
à point. Prenez garde à bien formuler votre besoin et soyez sûr de
pouvoir gérer la réponse ou le résultat
Mesurez votre taux de charge énergétique

A la naissance, nous commençons la vie physique avec une


conscience présumée innocente. On peut appeler perte de cette
innocence le chemin vers l’âge adulte avec les progrès qu’il comportera.
Il sera jalonné par le nombre des responsabilités que vous aurez
accepté d’assumer, et façonné par vos actes d’af irmation. Phénomène
différent, la maturité se calcule en totalisant le pourcentage des
illusions abandonnées ou écartées délibérément — mais non par
désenchantement forcé. La sagesse, qui est la plus légère des charges et
la plus précieuse, est le résultat de l’abandon de ces illusions. Ainsi que
vos progrès sur la grand-route inter-états, elle se re létera dans votre
action volontaire, mentale et physique.
Les processus de détoxication, de réduction de charge et de purge,
peuvent être interprétés comme la simple succession de ces trois
points, l’âge adulte, la maturité, la sagesse. Vous êtes, en dernière
analyse, votre propre instructeur, et c’est vous qui remplirez votre
bulletin scolaire.
Construire l’énergie de la vitesse d’arrachement
Fruit du processus d’apprentissage humain, cette énergie sera
produite en quantité largement suf isante pour vous permettre de
décrire une tangente par rapport à l’orbite précédente quand vous
progresserez dans le cycle. Vous devez donc comprendre que les
actions suggérées ici peuvent y contribuer. Alors vous ne re léterez ni
ne transformerez plus l’Énergie Primordiale comme par le passé, mais
vous la créerez par vous-même et en vous-même. Elle émanera de vous
sous toutes formes — que vous l’appeliez amour, loosh ou bien comme
vous le voudrez, sans qu’il soit besoin de sujet ni d’objet.
«Pas de Lieu Rhône que Nous»

Un père professeur de français, passé désormais dans une autre


réalité, utilisait cette phrase curieuse pour éveiller l’attention de ses
étudiants, déclarant qu’il s’agissait d’un vieux et célèbre proverbe
français. Certains peinaient des heures entières à essayer de résoudre
l’énigme. L’exercice pourrait se révéler très pro itable ici aussi. Pour
trouver la solution, dites la phrase mentalement ou prononcez-la avec
l’accent français. Écoutez ce que vous êtes en train de dire.

Rendez-vous « à la maison » — ou bien en chemin ( See you in Home


— or along the way.[N.d.T.]) .
ANNEXES

I- L’EXPERIENCE HORS DU CORPS: LES QUESTIONS


LES PLUS FREQUENTES

QUESTION: COMMENT SAVEZ-VOUS QU’IL NE S’AGIT PAS SEULEMENT D’UNE SORTE DE


RÊVE ?

La plupart des gens qui font cette expérience l’écartent comme s’il
ne s’agissait que d’un rêve marquant Au mieux, certains la rangent dans
la catégorie des rêves dits « lucides ». Dans celle-ci, le rêveur est
apparemment conscient de son rêve et peut en contrôler le contenu au
point même d’en changer le cours, les acteurs, l’issue.
Dans l’OBE, l’individu se trouve dans un état très voisin de la
conscience, selon la dé inition qu’en donne notre civilisation. Elle
reproduit la plus grande partie, sinon la totalité, de notre perception
sensorielle physique. On peut « voir », « entendre », « toucher » — les
sens les plus faibles semblent être l’odorat et le goût Le point de
référence est un endroit proche ou lointain, mais extérieur au corps
physique. S’il est proche, il s’agira généralement d’un lieu où le corps
physique ne peut pas, en principe, se trouver, par exemple le plafond.
S’il est lointain, il pourra s’agir par exemple de Paris alors que l’on sait
se trouver physiquement à New York. On peut voir se dérouler les
événements, sans être pourtant en mesure de les modi ier ni de les
affecter de manière sensible. Il est d’ailleurs possible d’en véri ier
ultérieurement l’authenticité, si on le désire. En revanche, il est
impossible d’y participer activement puisque la présence à cet instant
n’est pas « physique ». C’est l’extrême réalité de l’OBE qui la distingue
du rêve. Elle est aussi « réelle» que n’importe quelle expérience de la
vie physique.
QUESTION: N’IMPORTE QUI PEUT-IL SORTIR DE SON CORPS ?

Selon diverses études effectuées au cours des dix dernières années,


25 pour 100 des adultes déclarent avoir quitté spontanément leur
corps au moins une fois. Beaucoup ne comprenaient d’ailleurs pas ce
qui s’était passé avant qu’on leur décrive le phénomène. Comme nous
l’avons déjà expliqué, nous pensons que l’OBE se produit,
naturellement et à des degrés divers, lorsqu’un individu se trouve en
phase de sommeil profond ou en ondes delta. La première étape
pourrait donc consister à se rappeler la marche suivie dans les OBE qui
surviennent pendant le sommeil nocturne. Nous croyons en outre
qu’après une préparation psychologique et/ou philosophique adéquate,
tout individu peut quitter son corps consciemment.
QUESTION: L’OBE VOLONTAIRE PEUT-ELLE SE RÉVÉLER NOCIVE ? PEUT-ON EN MOURIR
?

En vingt-cinq années d’investigations et d’explorations


personnelles, je n’ai rien trouvé qui puisse étayer l’une ou l’autre de ces
éventualités. En découvrant la réalité de l’état OBE, on ressent
indubitablement un choc émotionnel. La révision complète de son
système de valeurs constitue souvent, pour un individu, une expérience
traumatisante qu’il doit aborder prudemment. Il ne semble pas, en
revanche, qu’il y ait aucun effet physiologique, notamment une
quelconque réduction d’énergie.
QUESTION: LA DROGUE OU L’ALCOOL DÉCLENCHENT-ILS OU FAVORISENT-ILS LA SORTIE
DU CORPS ?

Selon certaines informations, les hallucinogènes pourraient


provoquer une OBE non contrôlée. Toutefois, cet aspect spéci ique de la
drogue n’a jamais été étudié à fond. L’alcool, en tant que dépresseur, a
tendance à inhiber la conscience de l’OBE, ou du moins son souvenir.
L’hypothèse selon laquelle les anesthésiques seraient, en fait, un
catalyseur permettant de déclencher chimiquement de profonds états
d’OBE, comme l’inconscience, n’est pas dénuée de fondement En effet,
elle s’appuie d’une part sur l’administration expérimentale
d’anesthésiques, réalisée lentement et dans des conditions non
dangereuses, d’autre part sur la description médicale des divers «
niveaux » de l’anesthésie.
QUESTION: L’EXPÉRIENCE DE L’OBE PEUT-ELLE SE COMPARER A CELLE DES RESCAPÉS
DE LA MORT DONT PARLENT PLUSIEURS LIVRES RÉCENTS ?

Ces deux expériences sont effectivement très similaires. En faisant


la part du contexte culturel et des actions-réactions incontrôlées dues
au niveau élevé de stress d’un tel moment, on peut même af irmer qu’il
s’agit d’un seul et même phénomène. Les éléments décrits dans les
expériences de mort imminente se retrouvent, pour la plupart sinon la
totalité, chez les sujets qui expérimentent le procédé de l’Hemi-Sync en
laboratoire. Seule diffère la perception des événements et des
situations vécus dans l’un et l’autre cas. Le même état ou la même
condition peut être vécu de façon radicalement différente par un
individu libéré de tout stress, de toute angoisse et mû par un souci
d’observation objective.
QUESTION: LES ÉVÉNEMENTS TELS QUE LES CONDITIONS MÉTÉO, LES PHASES DE LA
LUNE. L’ORIENTATION NORD-SUD JOUENT-ILS UN RÔLE IMPORTANT DANS L’OBE ?

Aucune source iable ne permet d’af irmer que l’un ou l’autre de ces
éléments ait un effet tangible sur l’OBE. Il semble toutefois que
l’orientation nord-sud joue bien un rôle, d’où il découle que le champ
terrestre magnétique pourrait in luencer le processus. Dans la mesure
où c’était facile à réaliser, nous avons aligné la nouvelle cabine
d’isolation de notre laboratoire sur la position magnétique nord-sud. En
y installant des champs magnétiques arti iciels, nous pourrons égaler
ou produire un « zéro » magnétique comme celui que connaissent les
astronautes au cours de leurs explorations lunaires. Nos études
ultérieures devraient donc fournir au moins des réponses partielles.
QUESTION: SI J’ABANDONNE PROVISOIREMENT MON CORPS. UNE AUTRE PERSONNE
PEUT-ELLE S’Y GLISSER EN MON ABSENCE ?

Si nos hypothèses sont exactes, vous ne courez pas plus de danger


que lorsque vous dormez d’un sommeil normal. Si l’on disposait de
statistiques sur ce point, on verrait en effet que la probabilité de voir ce
phénomène se produire est beaucoup moins élevée que celle d’être tué
dans un accident de voiture au cours de l’année à venir. En quinze ans
de travail, en laboratoire sur des sujets ou des participants, on n’a
relevé aucun incident pouvant, de près ou de loin, être relié à la
possession ou à un phénomène destructeur ou incontrôlable.
QUESTION: DANS VOTRE PRÉCÉDENT LIVRE, VOUS PROPOSEZ UNE MÉTHODE POUR
SORTIR DE SON CORPS, MAIS JE N’Y SUIS JAMAIS PARVENU. EST-CE QUE JE M’Y PRENDS MAL ?

Il s’agissait d’une technique mise au point il y a très longtemps et


qui fonctionna d’ailleurs en son temps. Depuis lors, nous avons
découvert les nombreux autres facteurs vitaux qui interviennent dans
le processus. Nous utilisons d’ailleurs aujourd’hui de nouvelles
techniques, plus faciles à appréhender et à mettre en oeuvre. En clair, ce
n’est pas aussi simple que nous l’avions cru jadis.
QUESTION: SI L’ON ÉPROUVE D’ÉTRANGES DOULEURS À LA TÊTE ET DANS DIVERSES
PARTIES DU CORPS AU COURS D’UNE OBE, QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ?

En général, cela laisse supposer l’existence d’angoisses et de


préoccupations inconscientes, qu’il faut rechercher et traiter avant de
sortir de son corps. Si vous êtes capable de cerner ou de percevoir le
pourquoi de chacune, au niveau où elle se situe, relâchez l’émotion qui
s’y attache: le symptôme physique disparaîtra.
QUESTION: EST-CE QU’ON PEUT RÉINTÉGRER PAR ERREUR LE CORPS PHYSIQUE DE
QUELQU’UN D’AUTRE ?

Oui, ce type d’incident peut se produire et m’est d’ailleurs arrivé


autrefois. Sa fréquence est une autre affaire. Notre civilisation actuelle
ne permet ni de comprendre ni même d’imaginer la raison de ce
phénomène. Toutefois, jamais nos sujets en laboratoire ni ceux que
nous avons entraînés n’en ont fait l’expérience. Nous utilisons en effet
un dispositif très simple pour garantir un retour rapide et sans
problème au corps physique: il suf it de penser à une partie de son
corps — par exemple, le gros orteil du pied droit —, puis de tenter de
remuer cette partie. Cette technique donne des résultats rapides. Il
n’existe aucune information sur ce type d’incident mais, dans la mesure
où j’en ai fait personnellement l’expérience, j’imagine aisément qu’un
novice non entraîné pourrait également en faire les frais. Si cela vous
arrive, pensez au truc du « gros orteil qui bouge ». Cela vous évitera
bien des peurs et des soucis.
QUESTION: QUE SAVEZ-VOUS DES ANIMAUX EN ÉTAT D’OBE ? EN AVEZ-VOUS
RENCONTRÉ ? AVEZ-VOUS PU COMMUNIQUER AVEC EUX ?

Les seuls animaux que, personnellement, j’ai pu reconnaître étaient


des chats domestiques qui avaient fait partie de ma famille. De toute
évidence, les chats ont également au moins un deuxième corps, que l’on
peut percevoir pendant leur sommeil quand on sort de son corps pour
partir en exploration. Au cours d’une phase de départ, j’en ai
récemment rencontré trois qui étaient assis devant chez moi, détendus,
attentifs. En les saluant, j’ai constaté avec surprise qu’il s’agissait de nos
trois chats préférés, morts physiquement au cours des trois dernières
années. Rétrospectivement, je me demande d’ailleurs pourquoi cela m’a
étonné.
QUESTION: EST-CE QUE LES SONS QUE VOUS ENREGISTREZ SUR UNE CAS-SETTE AUDIO
OU CEUX D’UN AUTRE ENREGISTREMENT PEUVENT PROVOQUER LA SORTIE DU CORPS ?

Si le cas se produit, il n’est sûrement pas fréquent. En effet, il est


auparavant nécessaire d’aborder d’autres facteurs, notamment la
barrière de la peur, la réévaluation du système de croyances. Il est
excessivement rare que l’on ait atteint un équilibre suf isant pour
pouvoir sortir facilement de son corps.
QUESTION: ET LES RÊVES DE VOL ? S’AGIT-IL D’OBE ?

L’on admet généralement que le rêve de vol, avec ou sans avion,


constitue la rationalisation d’une OBE qui serait, sinon, inacceptable
pour le système de valeurs du conscient. Selon des sources récentes, le
fait de rêver que l’on sort de sa « voiture » et que l’on accomplit un acte
quelconque entrerait dans la même catégorie. N’avez-vous jamais rêvé
que vous ne saviez plus où était garée votre « voiture » ? De la même
façon, les rêves de chute sont souvent des réintégrations du corps
physique lorsqu’on les effectue « au ralenti ».
QUESTION: EN QUOI LA VISION À DISTANCE SE DIFFÉRENCIE-T- ELLE DE L’OBE ?

La vision à distance, ou capacité de « voir » les événements qui se


déroulent en un autre lieu, met en oeuvre un état de conscience qui est
ef icace, bien qu’il reste encore très physique. La seule forme de
perception habituellement employée est la perception visuelle. Dans
l’état OBE en revanche, on n’a plus conscience du physique puisqu’on l’a
quitté. De plus, la perception n’y est plus uniquement visuelle. Il existe
d’autres différences, mais celles-là sont les principales.
QUESTION: PEUT-ON DÉCLENCHER L’OBE SOUS HYPNOSE ?

Un certain nombre de récits font état de ce phénomène, ce qui est


sans doute plausible. Nous n’en avons pas fait personnellement
l’expérience. La faiblesse de cette technique, à notre avis, réside dans le
fait que, sous hypnose, l’individu sorti de son corps ne contrôle pas
l’expérience — ce qui semble un point très important dans le
processus.
QUESTION: QUE FAUT-IL FAIRE SI L’ON SORT BRUSQUEMENT DE SON CORPS ALORS
QUE, PAR EXEMPLE, ON CONDUIT SA VOITURE ? COMMENT CONTRÔLER LA SITUATION ?

Revenez aussi vite que vous le pouvez! Utilisez la technique de


retour rapide exposée plus haut. Cela ne m’est jamais arrivé
personnellement, mais je sais que le phénomène se produit de temps à
autre, plutôt rarement.
QUESTION: QUAND ON SORT DE SON CORPS, EST-IL PLUS FACILE DE REJOINDRE UNE
PERSONNE OU UN ENDROIT DONNÉ ?

En général une personne, surtout s’il s’agit d’un être dont vous êtes
proche sur le plan affectif. Certains parviennent pourtant à se rendre en
un lieu donné, mais ils doivent pour cela disposer d’une « adresse » ou
d’un identi icateur spéci iques.
QUESTION: SI L’ON RENCONTRE UN ÊTRE AU COURS D’UNE OBE. COMMENT PEUT-ON
SAVOIR S’IL EST BÉNÉFIQUE OU MALÉFIQUE ?

Il est dif icile de répondre exactement à cette question. En effet, ce


qui est perçu comme malveillant ou méchant n’est bien souvent qu’une
énergie parfaitement impersonnelle que l’on interprète comme étant
dirigée personnellement contre soi. Une lame de fond soudaine sur la
plage peut vous paraître redoutable et dangereuse, pourtant seuls
l’inconnu et la peur que vous en avez la font paraître telle: cette lame de
fond en elle-même ne sait pas que vous existez et ne s’en soucie guère.
Pour éviter tout problème, vous devez limiter délibérément votre «
fréquence » et refuser d’entrer en contact avec les êtres qui ne sont pas
sur votre « longueur d’onde ». Si vous doutez d’un être, tapez-lui sur
l’épaule et dites-lui de s’en aller. Au pis, réintégrez votre corps
physique. Ou bien encore, saluez-le et communiquez d’une façon
quelconque.
QUESTION: PEUT-ON AVANCER OU RECULER DANS LE TEMPS LORSQUE L’ON QUITTE
SON CORPS ?

Absolument, la véritable OBE échappe en effet à l’espace-temps.


Pour des raisons très complexes, elle n’est d’ailleurs pas aussi
productive qu’on se l’imaginerait. Le plus important, c’est d’utiliser un
solide identi icateur de retour pour regagner son point de départ
original. Cet identi icateur doit être ancré non seulement dans le temps,
mais aussi dans l’espace. Il faut toutefois s’exercer aux voyages dans le
temps proche avant de s’aventurer dans le lointain.
QUESTION: QUELLE EST MA « FORME » EN ÉTAT D’OBE ?

Votre second corps physique, ou corps immédiat, ressemble


beaucoup à de la gélatine qu’on aurait démoulée. Il « se souvient » de sa
forme humaine et lui est donc presque identique. Plus on est séparé
longtemps de son corps physique, plus ce souvenir s’affaiblit, à moins
qu’il ne soit renforcé par ailleurs. Temps et distance semblent
intervenir également. Plus on est éloigné du physique, plus ce souvenir
ou sa réalité s’amoindrissent S’il est livré à lui-même, le corps immédiat
peut se transformer en balle, en larme, en petit nuage, ou tout
simplement en grosse goutte. Pour éviter cela, il suf it de se glisser hors
de ce second corps immédiatement après la séparation, a in de devenir
de l’énergie pure, non diluée. Vous pourrez toujours « fabriquer » une
main et un bras si vous en avez besoin.
QUESTION: QU’EN EST-IL DU PROCESSUS DE RÉINCARNATION ? LES VIES MATÉRIELLES
SONT-ELLES SUCCESSIVES OU SIMULTANÉES ?

Elles ne se suivent pas dans le temps. En revanche, elles peuvent


effectivement être simultanées. Tout dépend de « l’individu qui perçoit
».
QUESTION: POURQUOI DES SUPER-ÊTRES TELS QUE CEUX QUE VOUS DÉCRIVEZ
AURAIENT-ILS BESOIN DE LA TECHNOLOGIE ?

Ils n’en ont pas besoin. Toutefois, c’est peut-être en replaçant leurs
activités et capacités dans ce contexte que notre culture, basée sur le
cerveau gauche, commencera à comprendre ce qu’ils font Cette «
technologie » leur est en effet aussi naturelle que l’est pour nous notre
système nerveux autonome. En considérant notre appareil gastro-
intestinal, notre système circulatoire ou nos poumons, nous ne pensons
pas technologie. Nous nous contentons de les utiliser sans effort
conscient, bien que nous en sachions plus long désormais sur la
technologie qu’ils mettent en oeuvre. Toutes choses étant égales, la
technologie de ces êtres est la même, à ceci près qu’ils l’utilisent
délibérément et savent la contrôler.
QUESTION: NOTRE TECHNOLOGIE HUMAINE EST-ELLE LE RÉSULTAT DE LA
COMMUNICATION AVEC CES SUPER-ÊTRES ?

Bien des éléments viennent appuyer cette hypothèse, surtout


lorsque les personnages et les événements clés de l’histoire humaine
sont étudiés objectivement dans cette perspective, en tant
qu’alternative à notre système de valeurs actuel.
QUESTION: CERTAINS TYPES DE PRODUITS COMME LE CAFÉ. LA CIGARETTE, LE SUCRE,
ETC., PEUVENT-ILS FAVORISER OU ENTRAVER L’OBE?

Aucune corrélation directe n’a pu être établie à partir des sujets


observés dans notre laboratoire ou des participants qui travaillent dans
notre institut. Par ailleurs, nous n’avons eu connaissance d’aucun
travail sérieux sur cette question. S’il existe un facteur favorable, ce
pourrait bien être la modération.
QUESTION: QUE PEUT-ON DIRE DE LA NATURE DU BIEN ET DU MAL?

Ils n’existent que dans l’esprit de celui qui les perçoit, et


proviennent de l’ignorance, du manque de compréhension et d’un point
de vue « immergé » dans la matière.
QUESTION : PEUT-ON VIVRE DEUX VIES SIMULTANÉMENT?

Cette question a été posée à nos amis non physiques, qui af irment
que cela est non seulement possible, mais encore fréquent. En l’absence
d’autres informations à ce sujet, nous ne savons ni comment ni
pourquoi cela se produit. On m’a donné personnellement le nom et le
lieu d’une «deuxième vie» que je vivrais, mais je n’ai eu ni le temps ni le
courage d’aller véri ier en admettant que cela soit possible.
QUESTION: VOTRE PRATIQUE DE L’OBE A-T-ELLE MODIFIÉ VOS CONVICTIONS
RELIGIEUSES ?

Oui.
II- PSYCHOPHYSIOLOGIE DE L’OBE CHEZ
ROBERT A MONROE
Stuart W. Twemlow etGIen O. Gabbard, docteurs en médecine

Homme d’affaire de Virginie, âgé aujourd’hui d’une soixantaine


d’années, Robert Monroe est l’un des sujets les plus doués que
connaisse la littérature consacrée à la « sortie du corps ». Il a d’ailleurs
recensé dans un livre (Le Voyage hors du corps: techniques de
projection du corps astral, Garancière, 1986) ses étonnants voyages
hors du corps et a fondé à Faber, en Virginie, un institut privé pour
étudier ces phénomènes: l’institut Monroe de sciences appliquées.
Avant de publier son livre, il s’est soumis pendant plusieurs années, de
son plein gré, à une évaluation psychiatrique et psychologique très
poussée. Il a également subi des entretiens psychiatriques intensifs,
ainsi qu’une batterie de tests psychologiques. Monroe n’a jamais suivi
de traitement psychiatrique de quelque sorte que ce soit. Tout au long
de sa carrière, il a occupé des postes à hautes responsabilités, que ce
soit en tant que réalisateur, homme d’affaire ou chef d’entreprise.
En plongeant dans son passé, nous constatons que c’est seulement
à l’âge de quarante-deux ans qu’il connaît sa première expérience de
voyage hors du corps. Élevé selon l’orthodoxie du Sud par des parents
dont la réussite professionnelle et personnelle est indéniable, il
éprouve, très tôt, une fascination pour le vol. Enfant, il construit des
maquettes d’avion et, dès le lycée, il apprend à piloter. Par la suite, il
deviendra d’ailleurs un pilote de planeur accompli. Également
émerveillé par le mouvement il conserve encore de magni iques
souvenirs de ses voyages en train.
Tolpin (1974) relie ce type de développement au fantasme de
grandeur qu’elle appelle « l’expérience de Dédale ». Elle a
naturellement emprunté ce nom au mythe d’Icare, dont le père, Dédale,
fabriqua deux paires d’ailes ixées par de la cire pour s’envoler au-
dessus des mers. Grisé par le vol, Icare s’approcha trop du soleil. La cire
de ses ailes fondit et il fut précipité dans la mer tandis que son père,
Dédale, poursuivait son vol. Tolpin af irme que ce mythe, ainsi que la
fascination du vol, est intimement lié à un certain stade du
développement de l’enfant, qui expérimente le plaisir primordial de
l’extase lorsque son père, sa mère ou ses proches le lancent en l’air. Cet
archaïque fantasme de grandeur consistant à dé ier la gravité et à voler
dans l’air est normalement maîtrisé au cours du processus de
maturation, et transposé sur un plan de réalisation supérieur en
activités sublimées. Ainsi, Tolstoï subit une commotion pour avoir sauté
par la fenêtre à l’âge de neuf ans. Cependant, il n’abandonna jamais tout
à fait la conviction qu’il pouvait voler. Il avait des rêves extatiques de
fusion avec la lune, ce que Tolpin relie au fantasme de fusion mystique
avec la mère, Tolstoï ayant perdu la sienne à l’âge de deux ans. Ce désir
de grandeur fut, naturellement, canalisé plus tard par sa maîtrise de
l’écriture et son extraordinaire créativité dans ce domaine. On note un
passé similaire chez Winston Churchill qui, à l’âge de huit ans, enjamba
le parapet d’un pont pour se retrouver perché sur la cime d’un arbre. Ce
précoce désir de grandeur se déplaça peu à peu du règne de l’action à
celui de la pensée, ce dont témoignent des déclarations en lammées du
type: « Nous ne nous rendrons jamais ». Tolpin propose encore
l’exemple d’un enfant de six ans qui sauta d’un buisson en essayant de
voler et se fâcha contre sa mère parce qu’il n’y arrivait pas. Cette fois
encore, le désir de voler devint, plus tard, désir de voler en avion.
Cette fascination pour le « voyage » hors du corps que l’on trouve
chez Monroe constitue probablement un dérivé adulte du fantasme de
Dédale. Le désir de grandeur de l’enfant se traduira chez l’adulte non
seulement par des voyages hors du corps, mais aussi par la création
d’un institut consacré à l’étude de ces expériences et autres
phénomènes ésotériques. Dans le cas de Monroe, l’adulte ne s’est donc
sans doute pas contenté de traduire son désir de voler en désir de
grandeur. Quoi qu’il en soit, il a su exploiter ef icacement cet intérêt de
manière productive et non autodestructrice. Peut-être parce que ce
perpétuel désir de voler est le plus susceptible d’apparaître comme
déterminant chez les sujets qui ont expérimenté la diversité ésotérique
des « sorties » du corps, c’est-à-dire les voyages en des lieux distants,
vers des royaumes fantastiques et inexplicables. Ce déterminant ne
s’applique pas forcément aux expériences plus banales où l’on se
retrouve simplement en train de lotter au plafond, au-dessus de son
corps.
Si ce désir incessant d’échapper aux entraves de la forme physique
terrestre constitue, chez Monroe, l’un des éléments qui déterminent la
sortie du corps, quels sont les autres ? Son histoire nous indique qu’il
n’a subi aucun traumatisme infantile et qu’il était, au contraire, plutôt
gâté dans le domaine du confort matériel. Sa mère, dynamique médecin
à la carrière brillante, avait tendance à éviter la laideur et les aspects
déplaisants de la vie. On retrouvera ce trait de caractère dans l’analyse
de la personnalité de Monroe. A l’instar de sa mère, celui-ci a largement
usé du rejet et de l’évasion comme mécanismes de défense. Des tests
psychologiques de projection ont permis de prouver la présence
atténuée de ces défenses maniaques contre l’agression, le tragique, la
destruction. Le test de Rorschach indique que Monroe évite maints
aspects de sa vie intérieure. Il a élaboré de solides défenses contre sa
sexualité, contre les réactions de défense comme l’agression, toutes
zones de sa psyché qu’il préfère laisser dans l’ombre. Sa tendance
générale à éviter ses sentiments et à s’en détacher apparaît aussi bien
dans son schéma de pensée que dans l’usage qu’il fait de la langue ou
dans ses relations avec autrui. Sa façon de penser, de sentir, de
percevoir ou de s’exprimer se démarque de celle des autres individus
ou s’y oppose. Ces inclinations de sa personnalité rejaillissent d’ailleurs
dans l’analyse qu’il propose pour l’une des planches du test,
généralement perçue comme une chauve-souris ou un oiseau. Monroe y
voit en effet une « unité de vol, avec des ailes, en forme d’oiseau,
d’insecte ou de papillon, volant droit vers le haut de la planche ». Ainsi,
l’expérience de la sortie du corps chez Monroe sert également à éviter
les con lits. En transcendant la prison de son corps, elle lui permet de
se tenir à l’écart des zones de con lit potentiel que sont la sexualité, la
dépression et l’agression.
Robert Monroe a été mis en observation pendant une période de
trente minutes par le Dr Fowler Jones, un collègue du Centre médical
universitaire du Kansas, et Stuart W. Twemlow. Il était alors contrôlé
par un appareil de Beckman, les électrodes gauche et droite d’un
électro-encéphalogramme étant implantées au niveau occipital. Nous
l’observions à travers une glace sans tain (Twemlow, 1977).
Particulièrement frappante était sa respiration spasmodique
entrecoupée de périodes d’apnée. Après ces périodes d’apnée, son
souf le se contracta. Le Dr Jones et S. W. Twemlow se regardèrent alors
simultanément. Ils avaient l’impression qu’une distorsion en forme de
vague, due à la chaleur, naissait au niveau de sa taille, au point qu’il était
dif icile d’avoir une image nette de la moitié supérieure de son corps. La
partie inférieure, en revanche, restait tout à fait claire. Auparavant,
Monroe avait déclaré qu’il allait incessamment sortir de son corps sans
pouvoir préciser quand exactement, bien qu’il pût prévoir son retour
dans un délai de cinq secondes. La distorsion disparut de manière assez
soudaine un peu avant qu’il ne s’élève. A cet instant, l’électro-
encéphalogramme indiqua un changement de grande amplitude dans
l’hémisphère droit, l’électrode occipitale gauche révélant au contraire
une activité de faible amplitude.
Il fut quelque peu désorienté dans l’espace pendant une trentaine
de secondes, son discours étant légèrement indistinct, mais il sembla
néanmoins s’éveiller sans angoisse. Il ne put se rappeler
immédiatement son expérience. Son niveau d’excitation dermique
électrique au cours de la séance présentait une élévation d’environ 150
microvolts, caractérisée par l’absence totale de réponse, spéci ique ou
non spéci ique, durant sa sortie du corps. Monroe ne parut pas
conscient de l’arrivée du technicien venu contrôler ses électrodes et on
n’enregistra aucune luctuation du niveau d’excitation dermique
électrique. La peau du bras et de l’avant-bras était sèche et chaude au
toucher. On nota alors de rapides mouvements des yeux (qui ne furent
pas mesurés).
Les différentes sections de l’électro-encéphalogramme enregistrées
au cours de cette expérience de sortie du corps ont été analysées pour
mettre en évidence les différences de fréquences existant entre les deux
hémisphères et au sein de chacun d’eux. Les données furent réparties
en trois sections : début, milieu, in, chacune d’elles comportant 29
valeurs pour un total de 290 secondes. Avant de procéder à leur
comparaison, on distingua encore deux éléments: l’hémisphère droit et
l’hémisphère gauche. On ne put noter de différence de fréquences
signi icative entre ces deux hémisphères, malgré d’évidentes
différences d’amplitude. En revanche, les différences entre les sections
du début et du milieu, du milieu et de la in, du début et de la in, au sein
d’un même hémisphère sont importantes. Cette dernière confrontation
(F = 41,47 et F = 59,08; p < 0,001) révèle que les fréquences antérieures
et postérieures à l’OBE sont beaucoup plus élevées que celles qui ont
lieu « pendant ». Les écarts types de la section du milieu sont également
très inférieurs à ceux de début et de in. Une analyse du spectre
électrique des périodes d’OBE montre des crêtes à 4-5 Hertz, seule une
très faible activité dépassant 10 Hertz.
Que devons-nous conclure de cette expérience? Si les résultats de
l’observation perturbent davantage que ceux fournis par l’électro-
encéphalogramme, ils sont aussi moins faciles à expliquer. Ce qui est
clair, c’est que Monroe se trouvait en état de relaxation profonde. En
outre, pendant la période où il se trouve hors de son corps, on note un
ralentissement de fréquence, et une modi ication électrique dans la
zone transitionnelle thêta-delta qui atteint la plage des 4-5 Hertz. Cet
état électro-physiologique limite est étroitement lié aux états situés à la
frontière du sommeil et de la veille, étudiés dans les travaux de Tan et
d’Harary.
III- L’EXPERIENCE HORS DU CORPS:
PHENOMENOLOGIE

Stuart W. Twemlow et Glen O. Gabbard,


docteurs en médecine,
et Fowler C. Jones, docteur en pédagogie.

Article présenté les 5-9 mai 1980 à San Francisco, lors de la


réunion annuelle de l’Association américaine de psychiatrie. Le Dr
Twemlow, anciennement chef du service de recherche au Centre
hospitalier des Anciens Combattants de Topeka, exerce aujourd’hui en
cabinet privé (2145 S.E. Maryland, Topeka, Kans. 66605). Le Dr
Gabbard appartient au personnel psychiatrique de la Fondation
Menninger. Le Dr Jones est professeur assistant en psychiatrie au
Centre hospitalier universitaire du Kansas.
Les auteurs aimeraient remercier Robert Ellsworth, docteur en
philosophie, pour son analyse et interprétation du questionnaire; Gary
Clark et Lolafaye Coyne, docteurs en philosophie, pour leur aide en
matière statistique.
Le projet a été inancé en partie par l’Institut Monroe de sciences
appliquées établi à Faber, Virginie, le service de psychiatrie du Centre
hospitalier universitaire du Kansas, et par la Fondation Menninger de
Topeka au Kansas.
Avertissement
Les données qui suivent ont été établies à partir d’une population
de 339 sujets ayant décrit, en réponse1 à une annonce, des expériences
de sortie du corps. Ces données ont été analysées en fonction des
circonstances préalables à l’expérience, des particularités
phénoménologiques de cette dernière et de ses répercussions.
L’étiologie du phénomène et sa signi ication pour l’individu soulèvent
par ailleurs diverses questions.
Introduction
Dans son discours de 1979 à l’Association américaine de
psychiatrie, le Dr Jules Masserman, président de l’association, observe
que, parmi les trois quêtes fondamentales de l’homme, on trouve la
nécessité « d’un système de valeurs et de croyances mystiques,
susceptible de lui procurer une sérénité métapsychologique ». Il
remarque l’intérêt grandissant pour ce qu’il appelle « la
métapsychiatrie, que re lète parallèlement dans le grand public le souci
des croyances ésotériques et de la quête transcendantale de l’ultime. La
littérature psychiatrique traditionnelle n’accorde pas une
reconnaissance suf isante à ces questions, en dépit de l’apparition de
quelques études périodiques (par exemple l’étude par Kennedy d’un
cas d’«auto-dépersonnalisation1»). Il est vrai qu’un nombre croissant
de patients, engagés dans des mouvements comme celui de la
Méditation transcendantale, font état d’expériences traditionnellement
considérées comme psychopathologiques. Selon ces mouvements, il ne
convient pas d’aborder certains ensembles de symptômes sous l’angle
habituel (c’est-à-dire selon le processus interprétation, médication); le
médecin traitant, auquel ils ne sont pas familiers, devrait, dans nombre
de cas, dédramatiser son attitude et s’en remettre au directeur de
méditation. En effet, ces phénomènes accompagnent souvent de façon
normale et habituelle toute modi ication, d’ailleurs attendue et
souhaitable, intervenant dans la connaissance, la perception, ou
l’ajustement d’une charge affective 2,,3.
Les deux articles rapportés ici résument l’étude d’un tel
phénomène, l’expérience de sortie du corps (OBE).
Ce travail se propose de traiter les questions suivantes: (1) quel est
le continuum de caractéristiques phénoménologiques constituant l’état
de « sortie du corps »; (2) quel est son rapport avec certains autres
états de conscience tels que le rêve, les situations qui mettent la vie en
danger, les états de privation sensorielle et les expériences religieuses
mystiques ; (3) quels sont ses liens avec les états pathologiques, par
exemple, la dépersonnalisation, l’autoscopie, la psychose; (4) quels sont
les effets à court et long terme sur l’individu et quelle est pour lui la
signi ication de l’expérience; (5) quelles en sont les éventuelles
implications sur la pratique de la psychiatrie ?
Définition des termes « Expérience de sortie du corps »

Aux ins de notre étude, nous avons décidé de dé inir l’expérience


d’une façon très générale, puisque l’examen de la littérature montre
clairement qu’il n’existe aucun consensus réel sur ce qui caractérise cet
état, qu’on l’aborde du point de vue de la phénoménologie, de la
physiologie, de la structure de la personnalité, ou de sa signi ication
pour l’individu. Nous avons choisi la dé inition suivante: « Expérience
où l’on sent son esprit ou sa conscience séparés de son corps physique.
» Ainsi qu’à Palmer4, il nous semble que le seul thème qui distingue ces
expériences dans la littérature est la sensation que la totalité du sens de
soi ne se situe plus dans le corps physique. Il ne nous a pas paru sage, à
ce point, de restreindre davantage notre dé inition avant que
l’expérience n’ait été étudiée plus avant. Cette dé inition re létera
toutefois un certain nombre de partis pris, qui sont les suivants: (1)
nous croyons qu’en l’état actuel des connaissances, le sujet est en
meilleure position que l’investigateur pour juger si, oui ou non, il a
quitté son corps; (2) nous avons délibérément mis l’accent sur le
sentiment de localisation de la conscience de soi, plutôt que sur les
expériences visuelles ou auditives, complexes et extrêmement
variables, relatées dans la littérature anecdotiques; (3) nous avons
écarté comme ne relevant pas de l’étude du phénomène, du point de
vue psychiatrique, la question de savoir si l’on a démontré
objectivement en laboratoire que la conscience quittait sa localisation
habituelle dans le cerveau. A l’inverse de certains auteurs comme
Orne7, ce critère ne nous paraît pas fondamental pour comprendre les
conséquences psychologiques de l’expérience ni sa signi ication pour
l’individu, particulièrement en ce qui concerne son système de valeurs,
l’organisation et le fonctionnement de son ego. Pour l’instant, nous
avons le sentiment que l’expérience doit être dé inie subjectivement
Toutefois, nous ne négligeons nullement l’abondante littérature
consacrée aux illusions des sens, qui suggère qu’une telle recherche
ouvre la voie au parti pris. Orne, pour citer un exemple, a montré que
les résultats expérimentaux sont directement affectés par le système de
valeurs personnel de l’expérimentateur.
Les démarches visant à déterminer les aspects
psychophysiologiques de l’expérience, comme celles de Tart8, 9 et
Twemlow10, ne permettent nullement de la caractériser de façon
adéquate, fût-ce partiellement. C’est un peu comme si l’on essayait de
décrire une personne tout entière en s’appuyant uniquement sur
son électrocardiogramme. Si les études réalisées en laboratoire ne
fournissent aucune caractéristique stable, elles sont néanmoins très
parlantes. Dans nos propres ouvrages10 consacrés à Robert Monroe, et
dans l’étude d’une série chronologique de 11 sujets réalisée pour
véri ier la validité de sa technique de sortie hors du corps, nous
trouvons le cas d’un sujet où l’électro- encéphalogramme présente des
modi ications inhabituelles, le tracé occipital étant très semblable aux
ondes lentes occipitales du sommeil. Comme nous l’avons fait, Tan
note8,9 que l’électro-encéphalogramme indique généralement une
réduction spectaculaire de l’activité neuronale sur la bande alpha et
thêta, ainsi que certains tracés inhabituels, non caractéristiques du
sommeil paradoxal ou autres phases normales du sommeil.
L’expression « expérience hors du corps » a été inventée par Tan en
1960, dans le souci d’éviter les termes partiaux de la littérature, par
exemple, projection astrale, projection extra-sensorielle, double, voyage
astral, etc., qui dénotaient une méconnaissance de l’étiologie de
l’expérience. Certains auteurs estiment que l’expérience hors du corps
est une forme spéci ique de dépersonnalisation, question qui sera
soulevée dans le troisième article de cette série. D’autres, comme
Ehrenwald11, mettent l’accent non seulement sur le sentiment de
séparation, mais aussi sur les accompagnements visuels de ce qui est
vu par le moi situé hors du corps.
Tan dé init l’état de conscience modi ié comme « une modi ication
qualitative du schéma général de fonctionnement mental telle que celui
qui le subit a le sentiment que sa conscience s’éloigne radicalement de
son fonctionnement habituel12 ». En s’inspirant de cette dé inition, très
largement admise, on pourrait dé inir ainsi l’OBE: état de conscience
modi ié dans lequel le sujet sent que son esprit ou sa conscience de soi
est séparé de son corps physique, la conscience de soi ayant un
sentiment très vivant et réel de cet état, très différent du rêve.
Pour compléter cette dé inition relativement abstraite, nous avons
sélectionné une lettre parmi les 700 envoyées à l’un des auteurs (S. W.
Twemlow] pour décrire des expériences de ce type. Ce récit, dépourvu
de presque tous les pièges du spectaculaire que l’on trouve
habituellement dans la littérature parapsychologique et théosophique,
nous est proposé par un retraité de 52 ans, ancien employé
administratif, vivant à Porto Rico. L’homme déclare : « A l’âge de 10 ans
environ, je vivais avec mon frère aîné chez mon oncle, commandant du
corps médical de l’armée américaine. Un jour que j’étais allongé sur
mon lit, bien réveillé, j’observais les poutres au plafond du vieux
bâtiment espagnol qui abritait les logements d’habitation. J’étais en
train de me poser des questions du genre: que fais-je, qui suis-je, etc.,
lorsque soudain, je me levai et me dirigeai vers la pièce voisine. A cet
instant, j’éprouvai une sensation étrange: c’était une sensation
d’apesanteur mêlée d’un curieux sentiment de joie. Je revins sur mes
pas a in de me recoucher quand, à ma grande surprise, je me vis allongé
sur le lit. Cette expérience surprenante, vécue à un très jeune âge, me
donna un tel sursaut que, si je puis dire, je fus renvoyé d’une secousse
dans mon corps. » Ce récit illustre parfaitement le contenu ordinaire,
presque banal, de l’expérience, son puissant impact émotionnel.
L’auteur y exprime le sentiment d’un moi fonctionnant de façon
complètement extérieure au cerveau et la surprise considérable qu’il
éprouve en voyant son corps physique; il montre également la manière
dont cette angoisse ébranle le fragile équilibre de la modi ication de la
conscience, ce qui provoque le retour à l’environnement cognitif
normal de l’état «dans le corps».es OBE
Comme on pouvait s’y attendre, toutes les possibilités de
classi ication ont été appliquées à ce type d’expériences. En l’absence
de consensus sur ce qui constitue l’OBE, toutes considèrent d’ailleurs
généralement la question comme résolue. Les quatre directions
suivantes semblent toutefois se dégager:
1. Classi ication par regroupement naturel des phénomènes,
autrement dit récit subjectif. C’est l’approche adoptée dans cet article.
2. Classi ication par agents ou éléments déclencheurs de
l’expérience. Il s’agit ici des circonstances existant au moment de
l’expérience, bien qu’une relation de cause à effet n’ait jamais été
établie (ce point de vue sera étudié dans cet article].
3. Classi ication par variables psychosociales et
psychopathologiques, évoquée de façon anecdotique et étudiée dans le
second article de cette série. Par exemple, Eastman13 fait mention de
sorties du corps associées à des états de petit, de solitude, ou d’humeur
extrêmement positive (états extatiques],
4. Classi ication par analogie. Sont évoqués ici l’état d’isolement
sensoriel, les expériences de paroxysmes et de paliers, les états
psychopathologiques (perte des limites du corps chez le schizophrène,
autoscopie, dépersonnalisation, etc., toutes questions étudiées dans
notre troisième article].
Une bonne taxinomie peut utiliser ces quatre approches pour
tenter de dé inir les caractéristiques pathognomoniques de
l’expérience. Naturellement, sa valeur dé initive dépendra en in de
compte de ce qu’elle est capable d’expliquer. Or, maintes particularités
des OBE sont susceptibles d’être expliquées par les effets particuliers
de certains agents (par exemple la drogue), par des caractéristiques de
la personnalité et des symptômes de défense, en in par des facteurs
culturels, notamment les systèmes de croyance.es de l’OBE
Il existe peu d’études sur l’incidence des OBE. La première fut
réalisée en 1954 par Hart14, qui demanda à 155 étudiants s’ils avaient
eu une OBE. 27,1 % d’entre eux répondirent par l’af irmative, la plupart
ayant connu plusieurs expériences de ce type. Ce résultat ne contredit
pas les diverses études postérieures. En 1968, Green15 rapporte les
résultats d’une enquête effectuée auprès de 380 étudiants d’Oxford. A
la question : « Vous est-il arrivé d’avoir l’impression que vous étiez sorti
de votre corps ? » 34 % des sujets interrogés répondirent
af irmativement. Palmer et Dennis publièrent en 197516 la première
enquête s’appuyant sur un échantillon, pris au hasard, de 1000
étudiants et habitants d’une petite ville de Virginie. 25 % des étudiants
et 14 % des habitants de la ville déclarèrent être déjà sortis de leur
corps.
L’approche de Shiels17 est très originale. Il a en effet enquêté
auprès d’environ 70 populations de cultures non occidentales sur la
croyance en la sortie du corps. En dépit des différences culturelles, ces
croyances se révèlent étonnamment similaires. Shiels en conclut que
c’est la preuve indirecte d’un phénomène authentique, l’OBE. Il est bien
connu par exemple que de nombreuses cultures attribuent aux
chamans la capacité de voler hors de leur corps18. En fait, pour être
sacré chaman, il faut déjà posséder cette capacité. Selon Eliade, ces vols
expriment l’intelligence des choses secrètes, des vérités métaphysiques,
du sens symbolique, de la transcendance, et la liberté. Une enquête sud-
africaine19, analysant 122 questionnaires remplis en réponse à une
annonce publiée par voie de presse, constate que l’OBE survient
souvent quand le sujet est endormi, détendu ou somnolent; plus de 50
% des sujets ont déclaré se trouver dans un état mental normal lorsque
s’est produit le phénomène.
Les personnes déjà convaincues de la véracité et de la validité de
telles expériences proposent des récits anecdotiques, 20,24. Tous
contiennent des descriptions vivantes et passionnantes, reposant sur
l’hypothèse que l’esprit peut être séparé du corps et exister
indépendamment de lui. De nombreux récits s’intéressent aux
nouvelles dimensions de la réalité pouvant être explorées dans ces
conditions. Le premier, Eastman13 récapitule les circonstances dans
lesquelles survient l’OBE; par exemple avant, pendant, et après le
sommeil, pendant la transe hypnotique (ce qu’aucune publication
ultérieure n’est venue étayer], au cours de la maladie, après la prise de
drogue, après un choc ou un accident. Quelques publications
psychiatriques11 proposent des cadres d’explication très élaborés
reposant, par exemple, sur les théories psychanalytiques qui mettent
habituellement l’accent sur l’imminence de la mort physique ou les
différents moyens d’aborder la pensée magique infantile. La sortie du
corps est donc souvent considérée comme une tentative inconsciente
pour décrire certains aspects de la quête éternelle de l’immortalité. La
littérature d’inspiration philosophique ou psychique, toutefois, l’utilise
pour classer les individus selon leur degré de spiritualité (ce qui
signi ie habituellement psychologiquement sain et/ou doté
de capacités de perception extra-sensorielle], en fonction du type et de
la nature de leur expérience de sortie du corps25.
Méthode
Le 15 février 1976, l’un des investigateurs (S.W. Twemlow], dans
une interview accordée à un périodique national (diffusé à 15 millions
d’exemplaires sur le continent nord-américain], a sollicité des lettres de
la part d’individus pensant avoir vécu cette expérience. Sur environ
1500 réponses, 700 sujets rapportent que leur conscience s’est déjà
trouvée séparée de leur corps physique. Environ un an après
l’interview, deux questionnaires à niveaux multiples (Pro il
d’expériences de sortie du corps, PESC, et Pro il d’adaptation à
l’existence, PA E] leur furent envoyés et 420 d’entre eux retournèrent
des réponses valides. 339 y relatent des expériences de sortie du corps.
81 personnes, qui, sans avoir connu ce genre d’expériences, expriment
un vif désir d’en apprendre davantage à ce sujet, ont été choisies, pour
les besoins de l’enquête, comme groupe témoin en raison du grand
intérêt qu’elles portaient aux phénomènes ésotériques.
Sur le questionnaire PESC, les éléments relatifs à la
phénoménologie ont été sélectionnés selon les sources suivantes: récits
d’expériences de mort imminente, littérature religieuse mystique
décrivant des états de transcendance, littérature psychique occulto-
philosophique décrivant des expériences hors du corps, données
psychanalytiques et psychiatriques décrivant des cas de
dépersonnalisation, de psychose, d’autoscopie, de dissociation
hystérique, ou des états de rêve.
Les cinq échelles de tests psychologiques décrits dans notre second
article y ont été intégrées, a in d’établir une distinction entre les états
psychopathologiques et les états traditionnellement reliés à la tendance
aux modi ications de l’état de conscience, par exemple : la dilution de
l’attention26.
Les données démographiques étaient orientées sur la prise
antérieure de drogues modi iant la conscience, l’hypnose et la
méditation, et visaient également à déterminer partiellement les
systèmes de croyance du milieu, notamment le cadre religieux et le type
de lectures.
En outre, tous les sujets reçurent le questionnaire PAE27, une
échelle de santé psychologique bien validée. Ce test d’équilibre
psychologique est l’un des rares instruments adaptés à l’usage des
populations saines. Ses entités reposent essentiellement sur des
mesures concrètes de comportement plutôt que sur une détermination
subjective des états de l’humeur.
Sur les 339 sujets qui af irment être sortis de leur corps, 228 (66
%) ont fait plusieurs expériences de ce type, tandis que 117 (34 %)
n’en ont fait qu’une. 74 sujets ont vécu plus de 10 OBE.

A. LES CIRCONSTANCES PRÉALABLES À L’EXPERIENCE

Le tableau 1 résume les circonstances présentées par les sujets comme


existant à l’époque où ils ont vécu l’OBE. Naturellement, il n’y a pas
nécessairement relation de cause à effet entre ces circonstances et
l’expérience elle-même, contrairement à ce que certains auteurs» ont
pu déclarer. Parmi la population de l’échantillon, une écrasante
majorité (79 %) se trouvait dans un état d’esprit parfaitement détendu,
l’éventail des états de stress émotionnel, douleur physique, intoxication
due à la drogue ou l’alcool, accouchement et anesthésie générale
représentant un pourcentage bien moindre (23 %]. Cette expérience
n’est donc habituellement pas associée à la maladie ou au stress, ce que
l’on peut rapprocher des résultats obtenus par Crookall28, dont quatre
des cinq sujets testés étaient normaux et bien portants. Crookall a
essayé de classi ier les OBE selon qu’elles survenaient ou non en
situation de stress (physique ou mental]. En rapprochant ces résultats
de ceux de Green15, on s’aperçoit que ce qui distingue les individus
n’ayant vécu qu’une seule OBE, c’est qu’ils se trouvaient soumis
préalablement à l’expérience à un stress identi iable, notamment un
traumatisme physique. Nous avons soumis notre échantillon à des tests
t d’indépendance comportant un facteur unique a in de déterminer la
fréquence des OBE. Cette recherche, portant sur les bornes de 25 9%
supérieure et inférieure, n’a permis de mettre en évidence aucune
circonstance préalable atteignant le niveau de probabilité p < 0,01.
Dans la borne inférieure de 25 %, le nombre d’OBE spontanées, c’est-à-
dire survenant sans effort pour quitter le corps, est signi icativement
plus élevé que dans la borne supérieure (d.d.l. = 62, p > 0,01] (1 d.d.l. =
degré de liberté), Une étude brève mais très fouillée consacrée aux
récits de 10 sujets montre que l’état de calme mental est mentionné 20
fois plus souvent chez ceux qui sont sortis plusieurs fois de leur corps.
Les sujets ayant fait cette expérience une seule fois ne font état de
stress psychologique qu’à trois reprises. La plupart des experts de la
littérature parapsychologique préconisent, au vu de leur expérience
propre, la relaxation physique10+22. Dans la majorité des cas, les sujets
af irment catégoriquement que les OBE survenues au cours d’un rêve
sont « plus réelles qu’un rêve ». Les rêves de vol et de chute, très
communs dans l’enfance, constituent la majorité des rêves qui se
déroulent au moment où l’on note la sortie du corps. L’insistance avec
laquelle les sujets ont déclaré connaître la différence entre un état de
rêve et un état d’OBE nous semble particulièrement intéressante.
Parmi les sujets qui se trouvaient en état de calme mental au
moment de l’expérience, on compte une proportion nettement plus
grande d’adeptes de la méditation (d.d.l. = 178, p < 0.0001] que chez
ceux qui n’étaient pas plongés dans cet état de calme mental : cela mis à
part, aucune condition préalable ne distingue ce groupe de façon
signi icative. Des analyses des données s’appuyant sur plusieurs
variables seront effectuées ultérieurement a in de déterminer tout
groupe éventuel qui émergerait des circonstances préalables
énumérées. Les cas de danger de mort, décrits par Stevenson et
Greyson29, viennent étayer l’opinion dominante de la littérature, selon
laquelle la sortie du corps est fréquemment liée à la maladie grave ou
au danger de mon, soit interne (psychotique], soit externe (physique].
Ces expériences de mort imminente peuvent-elles être distinguées des
expériences de sortie du corps ? Une autre étude fera le point sur cette
question3. Quoi qu’il en soit, certaines caractéristiques attachées à la
sortie du corps permettent d’effectuer une distinction entre les OBE
réalisées en dehors de tout stress et celles survenues en état de stress
(qu’il soit émotionnel ou provoqué par la mort imminente). Le test de
Khi** montre que les expériences suivantes sont plus fréquentes
lorsque les deux éléments apparaissent (expérience de mort imminente
et stress émotionnel) : (1) traversée d’un tunnel sombre (p < 0,05); (2)
lumière brillante (p < 0,001); (3) observation d’une frontière ou limite
(p < 0,002); (4) sentiment d’attachement au corps physique (p < 0,05);
(5) vision panoramique de portraits d’amis et parents décédés (p <
0,05).
L’usage de drogue ou d’alcool n’a eu qu’une faible incidence sur
notre population. Une idée portant sur les consommateurs de
marijuana montre que 44 % de ceux- ci ont vécu au moins une OBE.
Notre population est beaucoup plus âgée (âge moyen 45 ans) que celle
observée par Tan, et les drogues citées comme ayant été utilisées par
nos sujets ne sont pas classables, puisqu’elles vont des anti-
hypertenseurs aux comprimés vitaminiques et aux antibiotiques. Seuls
quatre sujets ont déclaré avoir utilisé des drogues psychédéliques (LSD
ou marijuana) au moment de l’expérience.
74 récits décrivent des états du type stress émotionnel. Nous avons
été frappés par la présence des thèmes de perte, de deuil, de solitude
chez 21 des sujets ; de danger de mort, notamment la maladie, la
présence dans une zone de guerre, la préchirurgie, et le cancer chez 20;
des problèmes conjugaux et familiaux chez 12; et parmi les divers
thèmes restants, des états de tension non spéci iques. Si l’on examine
ces descriptions en vue d’établir la distinction entre les sujets n’ayant
vécu qu’une OBE (n = 33) et ceux qui en ont vécu plusieurs (n = 41), on
constate que le stress évoqué est lié à la perte, au deuil, à la solitude
dans 21,7 % des cas pour le premier groupe, dans 34,2 % pour le
second. De la même façon, selon Eastman13, l’OBE survient très
souvent lorsqu’il existe un sentiment de solitude. On peut donc estimer
que ces observations corroborent les théories qui soulignent
l’importance des ré lexes de défense et l’adaptation devant la menace
de perte ou de dommage pour l’ego.
Une des questions, visant à explorer les raisons qui amènent un
individu à vouloir sortir de son corps, donne lieu à d’intéressantes
révélations. Sur 91 réponses classables, 19 sujets (20,9%) avouent
avoir été poussés par la curiosité ou l’envie de s’amuser, 21 (23,1 %)
étaient membres d’un groupe d’étude ou de recherche psychique, 23
(25,3 %) étaient engagés dans des recherches existentielles
personnelles sur les stades de développement majeurs de l’existence;
pour 28 personnes (30,7 %), l’expérience fut totalement spontanée et
inattendue. Seuls 10 % des sujets avaient précédemment participé à
des ateliers d’OBE. Fait signi icatif, un tiers environ de l’échantillon ne
s’attendait nullement à une telle expérience et ne reconnaît pas même
l’avoir souhaitée ou avoir entendu parler auparavant du phénomène.

B. NATURE DE L’EXPÉRIENCE

Le tableau 2 résume certaines caractéristiques phénoménologiques


de l’expérience. Les six premières, présentes chez plus de 50 % des
sujets, ne reprennent pas les aspects les plus ésotériques apparaissant
dans la littérature. Elles décrivent simplement une expérience de
perception subjective de séparation qui s’opère entre l’ensemble du
moi et sa localisation normale dans la tête. L’individu a conscience que
son moi existe dans le même environnement que son corps physique,
qu’il voit d’ailleurs clairement, et qu’il est habité d’un sentiment d’«
énergie » inhabituel ainsi que du désir de retourner vers le corps.
Comme on pouvait s’y attendre, une partie des particularités
phénoménologiques les plus vivantes et les plus détaillées sont
surreprésentées dans la borne supérieure de 25 %. Les tests t indiquent
par exemple que les caractéristiques suivantes sont plus fréquentes
dans les 25 % de la borne supérieure: sentiment d’énergie (d.d.l. = 94, p
< 0,0005], bruits, notamment rugissements (d.d.l. = 39, p < 0,0005],
vibrations (d.d. 1. = 97, p < 0,01], vision d’un corps à distance (d.d. 1. =
97, p < 0,005], sentiment d’avoir la capacité de traverser les objets
(d.d.l. = 93, p < 0,00006], conscience de la présence d’êtres non
physiques (d.d.l = 96, p < 0,005] et vision d’une lumière brillante (d.d. I.
= 96, p < 0,002],
Ces résultats s’écartent quelque peu des principales études
publiées. Ainsi, Crookall31, dans une analyse de récits anecdotiques
portant sur 380 sujets, a trouvé une forte représentation d’individus
qui, au cours de l’expérience se sentaient reliés à leur corps par une
corde, voyaient d’autres apparitions ou manifestaient des perceptions
extra-sensorielles. Rien de tout cela n’apparais de façon signi icative
dans notre population. Toutefois, notre étude vient d’étayer certaines
de ses observations les plus importantes. C’est le cas, par exemple, du
sujet capable de voir son propre corps depuis un nouveau lieu,
indépendant et bien situé dans l’espace, et qui sent que cet « autre
corps », dont la forme est semblable à son corps physique, a tendance à
lotter. En revanche, nos observations recoupent de très près celles de
Celia Green15, dont pratiquement aucun des correspondants ne vit de
corde.

C. IMPACT DE L’EXPÉRIENCE

Comme le montre le tableau 3, l’expérience s’est révélée


remarquablement positive pour la majorité des sujets. Ce qui est
frappant, c’est le nombre d’adjectifs superlatifs employés dans les
récits. En aucun cas, cette expérience n’a été banale, et pour 60 % de la
population de l’échantillon, elle a changé la vie. Quant à ceux qui l’ont
ressentie comme particulièrement effrayante ou donnant une grande
sensation de pouvoir, le test de Khi ne les relie pas de façon signi icative
à l’échelle d’évaluation des tendances hystériques et psychotiques. Ce
qui laisse à penser que l’expérience ne s’est jamais produite chez des
individus particulièrement malades et qu’elle n’a pas eu non plus
d’impact pathologique. 85 % la quali ient d’« expérience très agréable
».
Comme on pouvait s’y attendre, la confrontation aux tests t
d’indépendance révèle que les sujets qui se trouvaient en état de calme
mental au moment où ils sont sortis de leur corps ont vécu l’expérience
de façon plus positive, que ce soit pendant ou après celle-ci. Les états de
l’humeur tels que la joie (d.d.l. = 304, p < 0,01], la liberté (d.d.l. = 309, p
< 0,008], le calme, la paix et la tranquillité (d.d.l. = 90, p < 0,0002] sont
attestés ici beaucoup plus souvent que chez ceux qui éprouvaient un
sentiment de peur pendant l’expérience. Ils conservent également des
impressions plus vivantes, plus détaillées, que ces derniers, par
exemple sentiment d’énergie (d.d.l. = 312, p < 0,02), vibrations (d.d.l =
322, p < 0,01), sentiment que des personnes qui n’ont pas quitté leur
corps ont conscience de leur présence (d.d.l. = 155, p < 0,008). Dans ce
groupe, l’expérience est considérée comme ayant eu un impact plus
spectaculaire et plus durable sur l’existence; elle est décrite, par
exemple, comme une expérience spirituelle ou religieuse (d.d.l. = 302, p
< 0,01), une expérience de grande beauté au béné ice durable (d.d.l =
301, p < 0,0003), qui a permis de croire en la survie après la mort (d.d.
1. = 313, p < 0,01).
Ces observations évoquent tout à fait les catégories utilisées pour
décrire les expériences de crêtes et de paliers32, ainsi que les
expériences religieuses mystiques33 : par exemple, sentiment d’unité,
de transcendance du temps et de l’espace, sentiment d’objectivité et de
réalité, caractère noétique et sacré, humeur profondément positive,
sentiment d’ineffable.
Les sujets qui disent avoir ressenti l’existence d’un but dans
l’expérience, indiquent en général qu’elle leur a permis d’obtenir la
réponse à certaines questions existentielles fondamentales en leur
montrant par exemple que « tout est possible » ou qu’il existe «de
nouvelles possibilités ou réalités ». Les comptes rendus de ce type
proviennent en majorité (85 %) de sujets qui s’intéressaient déjà aux
changements majeurs de l’existence réclamant une introspection
profonde, la révision et l’évaluation des forces et faiblesses
personnelles.
En laissant de côté les inconvénients, largement admis, de
l’approche adoptée dans ce questionnaire, cette étude présente encore
un certain nombre de défauts, notamment le fait que les expériences
relatées datent souvent de plusieurs années. La structuration directive
du questionnaire a introduit des caractéristiques de choix forcé; certes,
si les réponses aux questions ont été forcées, c’était pour permettre
de quanti ier les données, mais le sacri ice n’en est pas moins évident
Malgré le nombre des questions posées, la méthode pèche par son
absence de protocoles individualisés et détaillés. Pour tenter de
remédier à ce problème, un test psychologique extensif a été effectué
sur une population de 100 personnes sélectionnées parmi les sujets,
dont un échantillon, prélevé au hasard, sera personnellement
interviewé dans les études ultérieures. La possibilité de généraliser ces
données est favorisée par l’aspect semi-aléatoire de l’étude et
l’anonymat de ceux qui ont répondu. La population étudiée est très
représentative de la population globale : l’analyse de l’échelle de Pro il
d’Adaptation à l’Existence a comparé parallèlement diverses
populations, notamment lycéens, individus pratiquant la méditation
transcendantale, professionnels et patients psychiatriques, dans le but
de dé inir des normes. Il s’est révélé que notre groupe OBE représentait
cette « norme », dans la mesure où il recouvre à la fois un vaste éventail
d’âges et de critères géographiques, et une bonne adaptation27
psychologique et physique. Le fait que 280 personnes n’aient pas
répondu au questionnaire jette évidemment le doute sur le bien- fondé
de la généralisation de l’enquête, même sur la population ayant vécu
des OBE. Il ne faut pas oublier, toutefois, qu’une centaine de
questionnaires n’ont pu être distribués et qu’il s’est écoulé un délai
d’un an entre la publication de l’interview et l’envoi des questionnaires.
Si l’on examine les résultats en tentant de dégager la
phénoménologie de l’OBE, cette étude éclaire l’expérience d’un certain
nombre d’éléments majeurs. Un vieux texte théosophique34 utilise le
concept de « forme pensée ». D’une façon générale, l’OBE est une «
forme-pensée » typique, la véritable question étant alors : quelle forme
prend cette pensée-là ? Nous avons décidé de laisser de côté la question
de savoir si notre esprit se sépare réellement ou non du corps physique,
mais notre recherche n’en soulève pas moins des questions
fondamentales sur la nature de ce qui est « vraiment réel ». Outre ce
sentiment de séparation de l’esprit et du corps, ce qui ressort de l’étude
est que l’esprit total, qu’il vaut peut-être mieux appeler « sentiment du
soi total », est distinct. Il n’y a pas de conscience de soi visuelle dans le
corps. Le soi total, y compris les fonctions d’observation et
d’expérimentation de l’ego, se situe dans l’espace perceptif à un autre
endroit que le cerveau, le corps physique étant vu comme inerte et «
dépourvu de pensée ». La conscience n’est pas obscurcie comme dans
les états précédant l’éveil ou le sommeil, et dans le rêve, y compris le
rêve lucide ; en fait, la conscience est ressentie comme tout à fait claire.
Un des faits les plus frappants est cette certitude absolue du sujet qu’il
n’est pas en train de rêver, même s’il ne se trouve pas en parfait état
d’éveil, qu’il soit en proie à une douleur intense ou, pour la majorité des
cas, en train de se reposer. La réaction est beaucoup moins positive
lorsque l’expérience se situe dans un contexte de peur, de frayeur ou de
souffrance. Comme on peut s’y attendre, elle ne donne pas lieu en ce cas
à des changements d’attitude aussi radicaux et demeure beaucoup
moins vivante dans le souvenir du sujet. Des études ultérieures
permettront d’af iner la dé inition de ce dernier groupe, qui pourrait
recouvrir les expériences de dépersonnalisation. Loin de constituer les
attributs spéci iques de la maladie et des états douloureux ou toxiques,
la majorité de ces expériences se produisent quand le sujet est tout à
fait détendu, au moment où il s’y attend le moins. Les théories comme
celles de Palmer35 mettent l’accent sur l’importance de la réduction
des informations proprioceptives dans l’état de relaxation physique qui
s’apparente à la privation sensorielle. A mesure que le cerveau reçoit
moins d’informations sensorielles, proprioceptives ou autres, l’ego peut
théoriquement relâcher sa mise à l’épreuve de la réalité. Les
composants régressifs de l’OBE semblent présents chez les 22 % de
patients auxquels sont rappelées des expériences enfantines ; aussi est-
il tentant d’évoquer le concept psychanalytique de régression au
service de l’ego. Mais la question demeure: quel est ce service, d’un
point de vue synthétique, à la fois de défense et d’adaptation ? Inutile
de chercher une cause unique aux OBE: le multi déterminisme est un
concept largement admis en psychiatrie. Ainsi, nous abordons
l’étiologie de l’OBE en considérant qu’elle ressort de plusieurs niveaux
d’explication.
Toute expérience de sortie du corps pourrait donc être déterminée
par un certain nombre de facteurs (facteurs psychopathologiques,
toxiques/organiques, facteurs d’évolution, de développement, ou
facteurs cognito-perceptifs), dont chacun apporterait sa contribution.
Sous des circonstances différentes, un même individu serait donc
susceptible de présenter une combinaison étiologique différente,
l’impact de l’expérience étant alors variable. Ce concept sera développé
dans un article en préparation4.
Dans La République, Platon distingue quatre niveaux de réalité
expérimentale: le monde de l’illusion, celui des objets sensibles, celui
de la connaissance discursive, et en in celui de la connaissance
noétique, qu’il appelle vision immédiate ou « Bien ». L’histoire de Er
[La République, 616-617] est celle d’un homme vaillant, tué au cours
d’une bataille et qui, une fois ressuscité, raconte comment son âme s’est
séparée de lui. Platon développe ici un concept parfaitement étranger à
la mentalité moderne ; il af irme que c’est seulement après la mort,
quand nous serons libérés de toute in luence corporelle, que nous
connaîtrons l’essence de l’être. Pour Platon, libérer l’âme du corps est la
condition essentielle du voyage philosophique vers l’ultime sagesse.
Comme l’indique Grosso36,37, le matérialisme moniste a réduit
l’architecture de l’être à un seul niveau : celui du monde vraiment réel
de l’expérience. Le royaume intermédiaire, domaine irréel des rêves et
forme d’épiphénomène la plus légère, asile commun, peut-être, des
artistes et des fous, pourrait nous apprendre à nous montrer moins
dogmatiques quand nous agitons des épithètes comme « réel ». Peut-
être nous permettra-t-il d’accéder à d’autres ontologies à plusieurs
niveaux.
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ANNEXES
I - L’expérience hors du corps: Les questions les plus
fréquentes 307
II - Psychophysiologie de l’OBE chez Robert A, Monroe …. 314
par les docteurs Stuart W. Twemlow et Glen O. Gabbard.
III - L’expérience hors du corps: Phénoménologie 318

par les docteurs Stuart W. Twemlow, Glen 0. Gabbard et Fowler C. Jones,


document présenté à la réunion an nuelle de l’Association américaine de
psychiatrie, San Francisco, 5-9 mai 1980.

Les personnes intéressées par les activités de l’institut peuvent


écrire à:
The Monroe Institute
Faber, Virginia 22938
Le photocomposition de cet ouvrage a été réalisée par GRAPHIC
HAINAUT
59690 Vieux-Condé — f i 27.25.04.64
Achevé d’imprimer en février 1990 sur les pressa de l’imprimerie Carlo Descamps — 59163
Condé-sur4’Escaut
Dépôt légal : février 1990
No d’édition: 32353 — No d’impression: 6201
1 « Rote » désigne en anglais courant une connaissance acquise automatiquement, par un
procédé de mémorisation procédant de la routine et de la répétition, non de la compréhension
(apprendre par cœur). Faute de disposer d’une terminologie adéquate, Robert Monroe a adopté
le mot rote pour désigner des “connaissances spéci iques totales” absorbées instantanément
(masses de pensée processus mentaux, mémoire totale, connaissance, information, expérience,
histoire). Dans la version française, rote a été traduit par ‘boule de Pensée”.

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