Fantastiques Expériences de Voyage Astral (Robert A. Monroe)
Fantastiques Expériences de Voyage Astral (Robert A. Monroe)
Fantastiques Expériences de Voyage Astral (Robert A. Monroe)
PREMIÈRE PARTIE
1. LE TRAFIC LOCAL DE JADIS
3. LE PROGRAMME GATEWAY
4.LA PREMIÈRE ÉQUIPE D’EXPLORATEURS
5. NOUVELLES ASSOCIATIONS
6. TRANSITION
DEUXIEME PARTIE
HORIZONS LOINTAINS
7. ÉTUDES ET SCHÉMAS
8. LE POINT DE RENCONTRE
9. LA ROUTE DE L’ARC-EN-CIEL
10. UN NOUVEL AMI
11. MISSION DE SAUVETAGE
12. TÉMOIGNAGE PAR OUÏ-DIRE
13. TRAITEMENT DE CHOC
14. UNE LEÇON SANS PEINE
15. REALISATION D’UNE PROMESSE
16. LE RASSEMBLEMENT
Épilogue
LA DERNIÈRE MANCHE
Croisière dans les anneaux
La boule de pensée BHP-1
Apprentissage intensif— Catégorie des humains
Distorsion de la Pulsion de Vie
Protection du corps et entretien
Sexualité — reproduction
Diffusion de l’Énergie Primordiale
Préparation: lancement et décollage
Détoxication/Réduction de charge/Purge
La Réalité est ce qui est perçu
L’Énergie n’existe que si elle est exprimée
L’Énergie dirigée est exponentielle
La Conscience est l’Énergie dirigée
Prendre les événements au jour le jour
Vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre
Mettre l’ego au régime
Se défaire des liens sexuels pulsionnels
Renoncer aux jugements de valeur
Détacher la matière-émotion
Vous êtes responsable de votre vie
Le libre arbitre est imagination
Le rire est un processus qui purge
Plaisir-Douleur constituent une courbe d’apprentissage (PP)
Tirer le maximum des périodes de sommeil
Mesurez votre taux de charge énergétique
Construire l’énergie de la vitesse d’arrachement
«Pas de Lieu Rhône que Nous»
ANNEXES
I- L’EXPERIENCE HORS DU CORPS: LES QUESTIONS LES PLUS
FREQUENTES
II- PSYCHOPHYSIOLOGIE DE L’OBE CHEZ ROBERT A MONROE
III- L’EXPERIENCE HORS DU CORPS: PHENOMENOLOGIE
Avertissement
Définition des termes « Expérience de sortie du corps »
A. LES CIRCONSTANCES PRÉALABLES À L’EXPERIENCE
B. NATURE DE L’EXPÉRIENCE
C. IMPACT DE L’EXPÉRIENCE
RÉFÉRENCES
ROBERT A. MONROE
FANTASTIQUES EXPERIENCE DE VOYAGE ASTRAL
Traduit de l’américain par Martin Meyer
Robert A. MONROE
Faber, Virginie, 1985
PREMIÈRE PARTIE
PREMIÈRES EXPLORATIONS
1. LE TRAFIC LOCAL DE JADIS
Bon, j’ai pensé que je devais refaire un rapport avant d’oublier une
partie des faits. J’ai repris contact avec la même femme qui a été
fort surprise de mon retour. Agréablement. Je me suis d’abord demandé
comment cette intelligence se voyait réellement elle-même. Est-ce que
je projetais simplement l’image que j’ai de l’humanoïde femelle? Nous
en avons discuté et je me suis aperçu que je créais cette image d’elle et
ignorais si c’était l’image qu’elle avait d’elle-même ou non.
De même, elle se forgeait une image de moi à sa manière et il n’y a
pas eu moyen de déterminer si ces images, la sienne et la mienne,
étaient similaires. Nous avons dû laisser cette question en suspens. Puis
j’ai ressenti une démangeaison assez intense au cou et j’ai essayé de lui
expliquer que j’existais dans une autre réalité, que j’avais un corps
autre part et que ce corps ressentait une démangeaison au niveau du
cou, ce qui troublait ma concentration. C’est la raison pour laquelle je
semblais apparaître et m’estomper au gré de mon attention vacillante.
Cela lui semblait tout à fait incroyable. Je ne pense pas qu’elle m’ait cru.
Elle a feint de l’ignorer, comme il nous arrive de ne pas prêter attention
à ceux qui disent des bêtises. Je l’ai interrogée sur la physique chez elle.
Elle me conduisit en un autre lieu où se trouvait une autre entité.
Cette fois, il s’agissait d’un mâle. Il y avait une surface pour écrire,
analogue à celle d’un tableau noir, mais ce n’était pas un tableau noir,
sur laquelle il essaya d’expliquer la nature des choses chez eux.
L’écriture cela n’a pas marché. Les signes qu’il inscrivait sur cette
surface, ce tableau, m’étaient tout à fait incompréhensibles et, après
quelques efforts, nous avons arrêté. Nous avons essayé les dessins.
Pendant ce temps, nous Pouvions communiquer par télépathie. Les
dessins, cela a marché et il en a fait quelques-uns.
J’ai eu le sentiment, d’après notre échange télépathique, que leur
science, le concept de leur propre existence et réalité, était, à divers
égards, similaire au nôtre, en ce sens qu’ils étaient établis dans cette
réalité et ne pouvaient en sortir comme j’étais passé de la réalité
physique à la leur. J’ignore s’ils ont cru qu’il existait une autre réalité
que la leur. Ils avaient des sciences physiques, comme nous, suivant
lesquelles les choses, dans leur réalité, obéissaient à des lois bien
précises, j’ai essayé de savoir si certaines de ces lois, comme la
gravitation, par exemple, étaient similaires aux nôtres. C’était très
dif icile à dire. Je ne pouvais pas faire la distinction entre ce qui était
leur concept et ce qui était leur réalité. Je ne pouvais que transposer
ceux-ci dans mes propres concepts.
Par exemple, je ne les ai pas vus lotter en l’air, mais je ne saurais
dire si c’était parce que, comme nous, ils ont quelque chose comme la
gravitation, ou si c’était l’effet de ma propre expérience de me igurer
que les humanoïdes ne lottent pas. Mais j’ai eu l’impression qu’ils
avaient une physique régissant les choses. Ils ne déplaçaient pas les
objets par la pensée ou quoi que ce soit de cet ordre. Cela leur semblait
comme une réalité physique du type terrien, bien que je ne reconnaisse
pas nombre de leurs systèmes et structures, très étrangers en
apparence, et dans lesquels ils avaient l’air établis et isolés. D’une
certaine manière, je leur suis apparu comme étant de leur nature. Que
cette nature soit humanoïde ou non, je l’ignore. Peut-être aurais-je dû
essayer de savoir d’où je venais et qui je pourrais bien être, selon eux.
Voici un second extrait, qui vous donnera un aperçu d’un autre
Contact:
SVICA. (ASSISTANTE SOCIALE) 6: 27 MIN #356
(INTERVALLE: 2: 55 MIN)
Deux disques sont venus vers moi. A première vue, on aurait dit
deux gros yeux. On me met sur l’un d’eux. Je pivote et une lumière se
braque sur moi. J’ai mal quelque part et ils s’activent sur ce point. Ils me
font pivoter sur le disque et braquent vers moi un rayon de lumière.
Mon corps est engourdi par la douleur physique que je ressentis ce
matin en me réveillant. Je me sens lourd aujourd’hui, et peu lucide. Ils
essaient de m’aider. Je dis « ils». J’ai la sensation qu’il y a; quelqu’un ici,
mais on dirait deux disques et une lumière. J’ai été mis sur un disque et
j’ignore où est l’autre. Je suis toujours étendu sur ce disque. La lumière
augmente, elle inonde tout mon corps. Je crois qu’elle provient de
l’autre disque situé au-dessus de moi. C’est comme si j’étais entre deux
disques d’énergie.
Moniteur: Demandez leur qui ils sont
Je viens de recevoir la réponse suivante: « Nous sommes la source
de lumière et d’énergie dont votre corps a besoin en ce moment. »
Moniteur: Ressentez-vous l’effet de cette énergie?
Au début j’étais exténué, mais à présent j’ai conscience d’être un
peu revigoré.
Moniteur: Signalez vos changements.
Bon. Je suis censé vous dire ce qu’il se passe parce que ça m’aide. Je
n’arrête pas de reni ler un peu, et j’ai l’impression que ça favorise la
résonance entre ma voix et la vibration. Je me trouve sur le disque de
tout à l’heure et j’ai eu l’impression de tourner très vite. C’est une sorte
d’équilibre, un équilibrage d’énergie. Je me suis rendu compte que ce
rayon de lumière était, en quelque sorte, centré sur moi. Ensuite, ils se
sont occupés d’une région de mon corps apparemment sombre. J’ai eu
l’impression qu’ils me plantaient des espèces de petites iches dans
l’abdomen. Ensuite, j’ai eu l’impression qu’ils travaillaient avec des
couleurs, notamment un violet et un bleu. Le rayon arrivait par-
derrière, traversant la colonne vertébrale et les iches plantées dans
l’abdomen. Ils effectuaient un travail curatif. A présent, on me retire du
disque. Ils vont m’aider à passer au niveau suivant.
SS/MJL 1:23 MIN #351
En ce moment, ils s’occupent de mes pieds. Ils sont deux… ils s’en
saisissent et m’administrent un bon massage. Mes pieds vibrent sous
leurs mains. Ce sont des êtres d’énergie lumineuse. Ils sont très
délicats. Ce n’est pas de mon pied physique qu’ils s’occupent, mais de
mon pied énergie, celui de mon autre corps. Les voilà qui touchent mes
pieds d’une drôle de façon. Ils s’occupent de mes orteils et ef leurent à
peine mes pieds. Je sens une grande énergie dans ce contact. C’est bon…
ça picote… ils s’attaquent aux petits détails. Mes orteils, mon gros orteil.
Leurs doigts ne touchent que le gros orteil.
Ce compte rendu est très révélateur:
- Remarquez à quel point n’importe quelle angoisse ou crainte est
facilement surmontée par le simple rayonnement d’étrangers. Si vous
exploriez un espace dans un environnement nouveau, accepteriez-vous
aussi volontiers l’apparition d’un être inconnu?
- Les combinaisons de couleurs. Nos explorateurs les interprètent
comme des motifs lumineux perceptibles à l’œil. Ils ne peuvent faire
mieux pour évoquer un type inconnu de rayonnement Une lumière
pourpre, bleue ou verte ne suscitera pas cet effet sur l’humain. Notre
connaissance approfondie des fréquences lumineuses et de leurs
applications nous aurait permis depuis longtemps d’en observer les
effets.
- L’utilisation des mécanismes apparemment spéci iques
produisant un effet qui échappe complètement à notre compréhension.
- La capacité d’éloigner l’essence de l’énergie humaine du corps
physique sans désorganiser le fonctionnement biologique. Cette
opération s’effectue avec une netteté qui dénote l’habitude. Ils savent ce
qu’ils font pour l’avoir souvent fait.
- La capacité de pénétrer un corps humain vacant et, dans une
certaine mesure, de l’actionner sans en désorganiser les fonctions
normales.
- Non seulement ils utilisent les cordes vocales et l’appareil
respiratoire de l’individu, mais encore ils
ont libre accès aux éléments stockés dans sa mémoire.
- Ils modi ient la température du corps humain qu’ils visitent et
l’élèvent ou l’abaissent à volonté (phénomène enregistré avec précision
par les thermomètres à distance).
- La capacité de déplacer cette essence humaine, une fois extraite
du corps, vers d’autres lieux (réalités ? ) et de l’y replacer,
apparemment avec une parfaite maîtrise et une sécurité absolue. Le
voyage peut être instantané ou se dérouler « au ralenti. » La matière
peut être pénétrée comme si elle n’existait pas.
- Bien que cette opération ne semble pas avoir d’effet direct sur la
matière, elle peut, par certains procédés invisibles, la modi ier. En
d’autres termes, il n’est pas prouvé qu’elle produise de la matière, non
qu’elle ne le puisse, mais simplement cela n’a pas été fait jusqu’ici. Mais
elle peut avoir un effet sur une structure énergétique qui, à son tour,
par le biais de notre système neurologique, in lue sur la structure
physique.
- Percevoir nos pensées, aussi vacillantes soient- elles, n’est qu’un
jeu d’enfants. Mais la plupart d’entre eux ne semble pas considérer que
cela en vaille la peine.
- L’espace et le temps deviennent notre phénomène. Cette
technologie les appréhende dans une perspective au sujet de laquelle
nous ne pouvons faire que des conjectures. Même la meilleure de ces
hypothèses ne couvre pas les nuances implicites dans leur approche
des conditions vitales auxquelles nous sommes soumis.
- Si besoin est, ils peuvent connaître en détail l’histoire complète de
l’humanité et de la terre. Où et
- comment ces informations sont-elles stockées et retrouvées fait
partie inhérente de cette technologie. Un aspect peu important en
apparence. Ce stockage d’informations comprend également des
données sur l’ensemble de l’univers physique.
- Cette technologie peut produire un rayon d’énergie, d’abord
transformé en lumière, à travers lequel l’essence de l’énergie humaine
et l’information circulent Les opérateurs de cette technologie peuvent
pénétrer l’environnement spatio-temporel de la terre. Dès qu’ils l’ont
vraiment perçu, ils peuvent doter l’esprit humain de la faculté de créer
(accroître? ) ce rayon d’énergie.
Ces observations se fondent sur plusieurs centaines de
confrontations avec cette technologie. Nos contacts limités expliquent
notre faible connaissance de ce vaste domaine. Nos tentatives d’en
apprendre davantage ont été sévèrement freinées par le savoir et
l’expérience de l’explorateur, par le canal duquel l’information est
transmise. Il y a également, dans la réponse à nos questions la
suggestion polie que de toute façon nous ne pourrions pas comprendre.
Il ne faut pas grande imagination pour ce rendre compte des
changements révolutionnaires potentiels qui se produiraient dans nos
sciences et notre culture, si même seulement une partie de cette
technologie y était introduite activement et appliquée dans les années à
venir. Toute considération sérieuse de ce qui précède repose sur une
seule question: dans quelle mesure le projet global est-il viable? A cette
in, les parties responsables désirant reproduire ces expériences sont
les bienvenues.
Quels êtres détiennent et appliquent cette technologie? (Certains
ont admis n’avoir jamais été des être humains dans une existence
physique. D’autres ont vécu il y a des milliers d’années. D’autres encore
ont connu une existence physique en d’autres points de l’univers et
sous une forme non humaine. ) Pourquoi s’intéressent-ils à la vie
terrestre? Sont-ils des milliers, des millions, des milliards? (Ils semblent
avoir une certaine individualité. ) Comment cette technologie elle née?
Qui l’a développée? Notre étude de cette technologie et de son
apparition dans l’espace-temps terrestre est-elle limitée? Cette
technologie fait-elle l’objet d’autres applications permanentes sur terre
et parmi les humains, dont nous n’aurions pas connaissance ni
conscience?
Il existe peut-être une réponse. Nos contacts prouvent que
l’application de cette technologie est tout à fait bienveillante. En outre,
elle semble réglementée et limitée.
Nous en sommes humblement reconnaissants. Toute autre
alternative pourrait conduire à un désastre mental. Quelle que soit
notre position, je ne pense pas que nous puissions agir là-dessus.
Cependant, un point fondamental se dégage. Mon expérience
personnelle, notre travail en laboratoire et les milliers d’expériences
Gateway indiquent que toutes les espèces intelligentes, dans l’univers
physique comme dans d’autres systèmes d’énergie, connaissent la
communication totale et vraisemblablement non verbale. Lorsque des
mots sont employés pour communiquer avec nous, un réglage ultra- in
permet de les rendre compréhensibles, au moins en partie.
Je ne peux guère insister sur point. Toutes les autres espèces
intelligentes utilisent la communication non verbale (NVC) [Non verbal
communication) . Elle dépasse ce que nous appelons le langage du
corps, la télépathie, la visualisation à distance et les fréquentes
connotations mystiques ou religieuses souvent appliquées à une in ime
partie de la NVC. Supposons qu’une image vaille 1 000 mots, une image
en couleurs 10 000 mots.
Un ilm en couleurs peut-être 50 000 mots et un ilm avec bande-
son 100 000 mots ou plus dans la transmission de information et/ou la
communication.
La communication non verbale se situe in iniment plus loin qu’un
ilm sonorisé en couleurs. C’est une expérience en direct et/ou un
savoir immédiat transmis d’un système d’énergie intelligente à un
autre. Le contenu peut n’être qu’un nombre à deux chiffres ou la
reproduction authentique d’un fait échappant à nos schémas.
Pourquoi notre évolution a-t-elle suivi un chemin particulier, si
différent du reste? Je me rallie volontiers à la thèse de la spéci icité de
l’environnement terrestre. Nous pouvons voir le Soleil et la Lune, les
planètes et les étoiles. A contrario, on peut présumer que la plupart des
planètes générant et abritant une forme de vie sont ceintes de nuages
épais qui ne laisseraient rien voir. Visuellement, leurs soleils ne seraient
rien de plus qu’une brume de lumière, rien que l’obscurité, la nuit.
Notre espèce, qui a observé l’univers physique depuis le
commencement, s’est naturellement orientée vers l’astronomie, la
gravitation, l’électromagnétisme, la théorie des particules, la mécanique
quantique, etc., bref, tout ce que nous appelons « sciences ».
Privées d’un univers physique visible, les autres espèces ont appris
la communication non verbale.
Si je connaissais la NVC (ce qui n’est pas le cas) et que vous me
demandiez de quoi je souffre, ayant détecté inconsciemment par la NVC
que j’éprouvais une douleur, je serais à même de transmettre à votre
système sensoriel la sensation d’une douleur au gros orteil. Votre gros
orteil serait momentanément douloureux, exactement comme le mien,
étant entendu que c’est mon gros orteil, non le vôtre, qui me fait mal.
Donc, vous apprendriez bien mieux qu’avec des mots ce que j’éprouvais,
ressentais et désirais vous communiquer.
Au lieu de me téléphoner pour m’avertir que, retardée, elle
n’arriverait qu’à 9 heures, j’aurais « à l’esprit» de ma femme au volant
de sa voiture, phares allumés, et du chiffre 9. J’aurais également l’image
du pneu arrière droit crevé, que serait en train de changer un agent de
police. Cette image pourrait être transmise, doublée d’un signe de
chaleur et d’amour, en deux ou trois secondes au plus.
Si je Connaissais la NVC et si mon ils y était également formé, je
pourrais lui transmettre, en un temps minimal, toutes celles de mes
connaissances et de mes expériences qu’il désirerait connaître ou qui
pourraient lui être utiles. Il ne s’agirait pas simplement d’une ingestion
de mots, mais d’une transmission quasi instantanée de ma
connaissance globale, y compris mes réactions émotionnelles, mes
perceptions sensorielles et les interprétations et conclusions que j’en ai
tiré.
Dès lors, vous pouvez extrapoler et comprendre les limites espèce
semi-intelligente.
La NVC implique une maîtrise de processus mentaux très éloignés
de nos normes. Je doute qu’un seul humain ou groupe d’humains sur
notre planète ait dominé cette technique. Si c’était le cas, ils demeurent
bien discrets. En outre, ils auraient vraisemblablement développé une
certaine protection mentale a in de surmonter la cacophonie de la
pensée inorganisée, si répandue parmi nous.
Avant de pouvoir communiquer (et s’associer) avec des espèces
intelligentes à tous les niveaux de réalité, il convient de maîtriser la
NVC. Sans doute d’autres espèces intelligentes sont-elles stupé iées,
voire amusées, des millions que nous dépensons pour acquérir
d’énormes radiotélescopes, dans l’espoir de recevoir les signaux
électromagnétiques d’autres sources de vie intelligente. C’est comme si
d’autres espèces intelligentes mesuraient les gaz d’échappement de nos
voitures ou notre pollution pour déceler une communication dans ce
résidu d’énergie. Cependant, les animaux communiquent
essentiellement par le lair et l’odorat
Il serait facile d’illustrer ces tentatives de NVC. Nous avons effectué
tant d’essais que nous en savons probablement davantage que
n’importe quel groupe ou organisme moyen. Aujourd’hui encore, nous
cherchons à tâtons les rudiments d’une formation à la NVC et d’un
entraînement mental approprié. Actuellement, nous ne pouvons
qu’af irmer l’existence de la NVC et le besoin que nous en avons.
Cette transition nous amène au domaine que nous assimilons à une
« autoroute interfédérale », une tentative de traduire la perspective de
la NVC par des mots écrits. En raison de cette conversion, la question de
la validité se posera toujours. Certaines « boules de pensée » sont plus
faciles à débrouiller que d’autres. L’humanisation spatio-temporelle
conduit à des distorsions. Elle l’a toujours fait
On fait ce que l’on peut.
DEUXIEME PARTIE
HORIZONS LOINTAINS
7. ÉTUDES ET SCHÉMAS
CLIC!
Contraction intense, étouffante… entrée d’un signal débordant de
types inconnus… venant de parties de lui dont il ignorait l’existence…
piégé, ne peut pas sortir d’ici… rien ne va… ne peut rien faire pour que
ça aille… ce n’est pas ce que j’attendais… ça fait mal… qu’est-ce qui fait
mal ?… attendre quoi, qui?… arrêtez les signaux, arrêtez-les, ils me
déchirent., il y en a trop, trop forts… à l’aide, au secours !… piégé… je
vous en supplie, je vous en supplie, y a-t-il quelqu’un pour m’aider, pour
me sortir de là… c’est la in de AA, hurlant, hurlant…
Un nouveau-né crie à pleine gorge dans la chambre à coucher d’un
logement new-yorkais. La mère et la sage-femme sourient de bonheur,
leurs visages dégoulinent de transpiration.
CLIC !
BB tressaillit (C’est tout ?)
AA s’éclaira. (Ce n’est qu’un début.)
BB se retourna vers lui-même. (Un début. Tu n’étais guère heureux.)
(Oh, après le peu que j’ai appris ! Mais ai-je appris ? Il y en a trop je
ne peux tout prendre dans une boule… qu’est-ce qui ne va pas ?)
(J’ai une idée étrange.)
AA fut déconcerté. (D’où vient-elle ?)
BB se détendit (Aucune importance. Rentrons. Nous devrons faire
quatre sauts pour revenir seuls en KT-95. Alors…)
(Rentrer ! Je ne peux pas rentrer maintenant.) AA vibra
promptement
(Mais si, tu peux.)
(Non !)
(Allez, AA…)
(Je n’ai eu que quarante-cinq années. Je suis tombé malade. Je n’ai
pas terminé !)
BB s’adoucit (Qu’importe ce que représentent quarante-cinq années,
c’est suf isant. Allez, viens.)
(Je ne peux pas.) AA tressaillit violemment (Je n’ai fait l’expérience
qu’à motié !)
BB fut déconcerté. (A moitié)
(La dernière fois, j’étais un mâle. Maintenant, Je veux être une femelle
!)
BB fut tout à fait déconcerté. (Mâle ? Femelle ?)
(Exact, vieille branche, et ils sont aussi différents que, que… c’est ce
que je vais découvrir maintenant).
BB se durcit. (Tu as des ennuis.)
(Ennuis ? Quels ennuis ?)
(As-tu reçu la boule préparatoire ?)
AA tressaillit. (Bien sûr, je l’ai reçue.)
(Alors tu sais ce qui se passe.)
CLIC !
Quelqu’un, Quelque Part (ou les deux, par millions, ou
innombrables), exige, aime, a besoin, évalue, récolte, boit, mange,
consomme une drogue (sic), une substance dont l’identi icateur est «
Loosh », (Électricité, pétrole, oxygène, or, blé, eau, terre, pièces de
monnaie anciennes, uranium). C’est une substance rare en Quelque
Part, et ceux qui possèdent le « Loosh » considèrent qu’il est d’une
importance vitale à tous égards.
Face à la question de l’offre et de la demande (une loi universelle de
Quelque Part), Quelqu’un a décidé de produire le « Loosh »
arti iciellement, pour ainsi dire, plutôt que de le rechercher sous ses
formes « naturelles ». Il entreprit donc d’aménager un jardin et d’y faire
pousser le « Loosh ».
A l’état naturel, le « Loosh » s’est révélé issu d’une série de
mouvements vibratoires dans le cycle carbone-oxygène, dont le résidu
était précisément le « Loosh », à des degrés divers de pureté. Le « Loosh
» n’était produit que pendant ce mouvement et pendant le processus
réactif. Les prospecteurs de Quelque Part battirent le terrain à la
recherche des sources de «Loosh » et les nouvelles découvertes furent
saluées avec un grand enthousiasme et beaucoup de récompenses.
Donc, tout changea grâce à Quelqu’un et à son jardin. C’est dans
une région lointaine que Quelqu’un mit en oeuvre son expérimentation.
D’abord, il créa un environnement favorable au cycle carbone-oxygène.
Il y établit un équilibre garantissant qu’un rayonnement adéquat et
autres substances indispensables seraient fournis en permanence.
Ensuite, il tenta une première culture, mais récolta peu de « Loosh
», d’une qualité relativement médiocre. Le résultat était trop peu
signi icatif pour ramener le « Loosh » Quelque Part Le problème était
double. La durée de vie des unités de culture était insuf isante et ces
unités elles-mêmes étaient trop faibles. Le rendement qualitatif et
quantitatif était médiocre, car le temps de génération du « Loosh » était
trop bref. En outre, le « Loosh » ne pouvait être récolté qu’à l’issue de la
courte vie des unités, et pas avant.
Sa deuxième culture ne fut pas la meilleure. II déplaça
l’environnement, à l’intérieur du jardin, dans un espace gazeux et non
liquide, où des substances chimiques d’une densité élevée formaient
une base solide et riche. Il planta d’innombrables unités de formes
diverses. Celles-ci étaient quelques milliers de fois plus grandes et plus
complexes que les unités unicellulaires de la première culture. Il
inversa le cycle carbone-oxygène. Désormais, il y avait une uniformité
fondamentale. Comme auparavant, les unités portaient semence à
intervalles réguliers et arrivaient automatiquement au terme de leur
vie. En vue d’éviter une distribution inégale des substances chimiques
et des radiations, ce qui avait été le cas lors de la première culture,
immobilisa la deuxième récolte. Chaque unité était conçue pour
demeurer dans sa propre section du jardin.
A cette in, chacune était doté de vrilles solides qui s’enfonçaient
profondément dans la matière chimique. Une tige ou un tronc les
prolongeait, permettant d’élever la partie supérieure, large et ine,
quelque peu fragile, était destinée à convertir les composés de carbone
et d’oxygène vers, et à partir de l’unité de récolte. En outre, des
radiateurs de couleur brillante, assortis de générateurs de petites
particules, étaient montés sur chaque unité, en général vers le haut et
en position symétrique.
Il installa des structures de circulation dans l’enveloppe gazeuse de
l’unité, notamment pour favoriser le processus de réensemencement.
Par la suite, il découvrit que l’effet de turbulence permettait de récolter
le « Loosh ». Si ta turbulence était suf isamment forte en in de vie, la
cûlture était entraînée vers le bas et le « Loosh » se dégageait Ce
processus permettait notamment un approvisionnement immédiat en «
Loosh », non seulement à la saison des récoltes, mais à tout moment
Cependant la deuxième culture ne fut pas un succès. S’il est vrai
que les quantités étaient décuplées, le « Loosh » ainsi produit
demeurait si médiocre que l’effort n’en valait guère la peine. En outre, la
période de croissance était maintenant trop longue et n’était
compensée par aucune amélioration qualitative. Un élément vital
manquait
Quelqu’un survola et étudia longtemps son jardin avant de se
lancer dans la troisième culture. C’était vraiment un dé i. En vérité, il
avait partiellement réussi, puisqu’il faisait pousser le « Loosh ». Mais il
n’avait pu en produire d’une qualité égale ou supérieure à celle du «
Loosh » sauvage.
Inévitablement, il inirait par trouver la solution. La troisième
culture fut la preuve vivante de cette Vérité. Le cycle initial carbone-
oxygène devait être associé au processus et la mobilité devait être
restaurée. Chacun de ces deux facteurs avait auguré d’un « Loosh » de
grande qualité. Il ne restait plus qu’à augmenter la dimension.
En vue de réaliser ce projet, Quelqu’un déplaça quelques unités de
la première culture qui se développaient dans l’espace liquide du jardin.
Il les modi ia de manière à ce que’elles vivent et croissent dans la zone
gazeuse. Ces unités devaient se nourrir de la deuxième cultre, qu’il it
foisonner à cet effet. C’est ainsi que les premiers mobiles, la troisième
culture, naquirent Les mobiles se nourrissaient d’unités de la deuxième
culture qui parvenaient ainsi au terme de leurs vies, engendrant un «
Loosh » de qualité médiocre. Lorsqu’un gigantesque mobile arrivait au
terme de sa propre vie, d’autre « Loosh » était produit Les quantités de
« Loosh » étaient considérables, mais le résidu excédait les limites
souhaitables.
Quelqu’un trouva par hasard le catalyseur principal de la
production de « Loosh ». Les mobiles, lents et monstrueux, avaient une
durée de vie fort disproportionnée par rapport à la quantité d’aliments
qu’ils ingéraient. Leurs processus de croissance et de vieillissement
étaient si lents qu’ils ne pourraient plus venir à bout de la deuxième
culture. L’équilibre du jardin entier et la production de « Loosh »
seraient remis en question. Les deuxièmes et troisièmes cultures
seraient menacées d’extinction.
Comme la deuxième culture se développait à peine, les besoins
énergétiques des mobiles devinrent aigus. Il arrivait que deux mobiles
tentent d’ingérer une même unité de la deuxième culture, provoquant
des con lits qui dégénéraient en combats physiques entre deux ou
plusieurs d’entre eux.
D’abord amusé par le problème, Quelqu’un se pencha plus
attentivement sur ces pugilats. Il observa qu’au cours des combats, le «
Loosh » émanait des mobiles ! Il ne s’agissait pas de quantités minimes,
mais de quantités utilisables, d’une grande pureté.
Passant directement de la théorie à la pratique, il modi ia
profondément une unité de la première culture et la déplaça de l’espace
liquide vers l’espace gazeux du jardin. Le nouveau mobile, légèrement
plus petit, se nourrirait d’autres mobiles. Cette modi ication visait à
résoudre le problème de la surpopulation des mobiles et à engendrer
une quantité importante de « Loosh » utilisable lors de chaque
con lit/combat. S’y ajoutait une boni ication, si la nouvelle classe de
mobiles mettait un terme à la vie de l’autre. Quelqu’un pourrait alors
transférer Quelque Part de grandes quantités de « Loosh », utilisable et
suf isamment pur.
Ainsi fut établie la Règle du Catalyseur principal. Les con lits entre
les unités du cycle carbone-oxygène suscitaient des émanations de «
Loosh ». Ce n’était pas plus dif icile que ça !
Satisfait de la formule, Quelqu’un prépara la quatrième culture. Il
savait désormais que les mobiles de la troisième culture étaient trop
grands et vivaient trop longtemps pour être ef icaces. S’ils devenaient
trop nombreux, il faudrait agrandir le jardin. L’espace manquait pour
faire croître ces unités massives, ainsi que des unités feuillues de la
deuxième culture, en nombre suf isant pour parer à leurs besoins
alimentaires. Il déduisit de ce qui précède qu’une mobilité plus grande
et accélérée permettrait de multiplier le facteur con lit, ce qui
entraînerait un rendement supérieur de «Loosh».
D’un seul geste, Quelqu’un anéantit tous les mobiles lourds de la
troisième culture. Revenant à la première culture en zone liquide, il
modi ia les unités, les développa sous diverses formes et dimensions, et
leur attribua des structures multicellulaires complexes d’une grande
mobilité. Il établit un système équilibré: il y avait celles qui ingéreraient
des unités du cycle carbonique de la deuxième culture (initialement
immobiles) comme source d’énergie et il y en avait d’autres, très
mobiles, qui consommeraient des unités mobiles de la première culture
modi iée.
Le circuit complet fonctionna à merveille. La modi ication de la
deuxième culture immobile en milieu liquide porta ses fruits. De petits
mobiles très actifs, respirant du liquide, se nourrirent, « mangèrent » la
deuxième culture modi iée. Des mobiles actifs, plus grands et/ou
différents, consommaient de petits « mangeurs de plantes ». Lorsqu’un
mobile devenait trop grand et trop lent, il était une proie facile pour les
petits mobiles qui l’attaquaient voracement Le résidu chimique de ces
ingestions se ixait au fond du milieu liquide et fournissait un nouvel
aliment aux sédentaires (deuxième culture modi iée), complétant ainsi
le cycle. Il en résulta un lot continu de « Loosh » issu des sédentaires
parvenus au terme de leur vie, des con lits intenses entre mobiles pour
éviter l’ingestion, et en in de l’interruption de la vie de ces mobiles, en
tant que conséquence fatale des con lits.
Quelqu’un appliqua à l’autre partie de son jardin, la zone gazeuse,
les à l’autre partie de son jardin, la zone gazeuse, les même techniques
encore perfectionnées. Il ajouta plusieurs variétés de sédentaires
(deuxième culture originelle) a in de fournir des aliments suf isamment
diversi iés aux nouveaux mobiles qu’il devait créer. Comme dans l’autre
zone du jardin, ces mobiles étaient une synthèse des deux espèces : il y
avait ceux qui ingéraient et tiraient leur énergie des sédentaires de la
deuxième culture, et ceux qui se nourrissaient d’autres mobiles. Il créa
des milliers de types originaux, petits et grands (mais pas aussi grans
que les mobiles de la troisième culture) et, ingénieusement, les équipa
pour les combats. Ces équipements prirent la forme d’une masse, d’une
vitesse insaisissable, d’une couche trompeuse et/ou protectrice, d’un
rayonnement de couleur, d’une action ondulatoire, de percepteurs et de
détecteurs de particules et protubérances de haute densité destinés à
déchirer, saisir et pourfendre l’adversaire. Tout cela visait à prolonger la
durée des combats et, en conséquence, à accroître les émanations de «
Loosh ».
A titre expérimental, Quelqu’un conçut et créa un type de mobile
faible et inef icace comparé à ceux de la quatrième culture. Cependant,
ce mobile expérimental présentait deux avantages distincts. D’une part,
il pouvait ingérer et tirer son énergie à la fois des sédentaires et des
autres mobiles. D’autre part, Quelqu’un leur avait transmis une
substance prélevée sur lui-même (substance partout ailleurs inconnue
ou introuvable), qui était censée agir comme facteur intensif et
déterminant de mobilité. Quelqu’un savait que, conformément à la
Règle de l’attraction, ce transfert susciterait une mobilité permanente
chez ce type particulier de mobile, qui céderait toujours à l’attraction
que ce minuscule atome de lui-même avait engendré dans sa recherche
du grand Tout Ainsi la pulsion de satisfaction des besoins d’énergie par
ingestion ne serait pas la seule motivation. Plus important, les besoins
et compulsions créés par la substance prélevée sur Quelqu’un ne
pourraient être rassasiés dans le jardin. Le besoin de mobilité étant
constant, le con lit entre ce besoin et le besoin d’énergie serait
permanent II pourrait constituer une source continuelle de « Loosh »
de grande qualité s’il se perpétuait
La quatrième culture dépassa de loin les attentes de Quelqu’un. Il
devint manifeste que le jardin produisait un lot utilisable de « Loosh ».
L’équilibre de la « vie » était parfaitement atteint: le Facteur Con lit
engendrait des quantités considérables de « Loosh », augmentées en
permanence par le décès des mobiles de toutes sortes et des
sédentaires. Quelqu’un créa les collecteurs spéciaux, chargés de
la production et de la récolte. Il établit des canaux destinés à acheminer
le lot de « Loosh » de son jardin vers Quelque Part Grâce au jardin de
Quelqu’un, Quelque Part n’était plus tributaire de l’ « état sauvage »
comme source principale de « Loosh ».
Le succès du jardin et la culture de « Loosh » incitèrent des autres à
concevoir et aménager leur propre jardin, ce qui était conforme à la loi
de l’offre et de la demande (le Vide est une condition instable). En effet,
les quantités de « Loosh » produites par le jardin de Quelqu’un ne
suf isaient pas aux besoins de Quelque Part Les collecteurs agissant
pour le compte des autres entrèrent dans le jardin de Quelqu’un a in de
tirer pro it des petites émanations de « Loosh» négligées ou ignorées
par les collecteurs de Quelqu’un.
Lorsqu’il eut terminé son travail, Quelqu’un revint Quelque Part et
se consacra à d’autres activités. La production de « Loosh » surveillée
par les collecteurs, demeurait Constante. Seules les modi ications
étaient ordonnées par Quelqu’un lui-même. Conformément aux
instructions de Quelqu’un, les collecteurs moissonnaient
périodiquement des portions de la quatrième culture, a in d’assurer la
fourniture en substances chimiques, rayonnement et autres
ingrédients, destinés aux jeunes unités. En second lieu, cette moisson
visait à produire de temps à autre des quantités supplémentaires de «
Loosh ».
A in d’effectuer la récolte, les collecteurs provoquaient des
turbulences et des remous, à la fois dans « enveloppe gazeuse » et les
formations chimiques solides qui composaient la base du jardin lui-
même. Ces bouleversements avaient pour conséquence d’interrompre
la vie de nombreuses unités de la quatrième culture, écrasées par les
mouvements de terrain ou immergées par la tempête de l’espace
liquide du jardin (la quatrième culture était conçue de telle manière
que ses unités ils ne pouvaient maintenir leur cycle carbone-oxygène en
milieu liquide).
Sans la perception et la curiosité de Quelqu’un, ce mode de « Vie »
du jardin aurait pu se prolonger éternellement A l’occasion, il étudiait
les échantillons de « Loosh ». Il n’avait aucune raison de le faire, si ce
n’est un certain intérêt pour son œuvre.
Au cours de l’analyse d’un certain échantillon de « Loosh »,
Quelqu’un en avait, par hasard, examiné des émanations et s’apprêtait à
le remettre au réservoir, lorsqu’il observa une différence très légère,
mais réelle.
Vivement intéressé, il reprit son examen. Un fragment ténu de «
Loosh » puri ié et distillé se trouvait minutieusement enchevêtré à des
émanations banales de « Loosh ». Or, c’était impossible. Le « Loosh »
puri ié et distillé ne pouvait être obtenu qu’après une série de
traitements du « Loosh » à l’état sauvage ». Le « Loosh » du jardin de
Quelqu’un devait subir les mêmes opérations avant d’être utilisable.
Pourtant, le fragment en question dégageait réellement un
rayonnement si raf iné et puri ié qu’il ne pouvait ou ne pourrait plus se
combiner avec la substance à l’état brut.
Quelqu’un réitéra ses analyses. Le résultat, à nouveau positif,
laissait à penser que, dans son jardin, un élément lui échappait.
Quelqu’un quitta à la hâte Quelque Part et retourna dans son jardin.
En apparence, rien n’avait changé. Les zones gazeuses du jardin
présentaient, au niveau de la base de composition solide, un
interminable tapis de re lets verts issus de la deuxième culture
lorissante. La première culture modi iée, en zone liquide, était
parfaitement conforme à la loi de l’Action-Réaction (une section de la loi
de la Cause et de l’Effet). Quelqu’un perçut immédiatement que cette
différence, la source de « Loosh » distillé, ne concernait ni la première
ni la deuxième culture.
Il trouva les premières émanations de « Loosh » distillé dans l’une
des unités de la quatrième culture, qui avait été épurée au cours des
plantations de la deuxième culture.
L’idée germa en lui, tandis que cette unité se lançait dans une lutte
à mort contre une autre unité de la quatrième culture, d’une manière
habituelle. Certes, ce seul fait ne pouvait engendrer de « Loosh » distillé.
Quelqu’un le savait et continuait ses recherches.
C’est alors qu’il découvrit la différence. Cette unité ne luttait pas
pour ingérer les restes d’une unité plus faible de quatrième culture, ni
pour absorber la feuille savoureuse d’une tige de la deuxième culture
toute proche, ni pour éviter de perdre la vie et d’être ingérée par l’unité
adverse de la quatrième vague.
Elle luttait pour protéger et sauver la vie à trois de ses semblables
récemment générés et blottis sous une grande unité de la deuxième
culture, qui attendait l’issue du combat. Il n’y avait plus de doute. C’est
de là que provenaient les Eclairs de « Loosh » distillé.
Sachant cela, Quelqu’un observa les comportements d’autres unités
de la quatrième culture dans le jardin. Il perçut les mêmes éclairs
lorsque d’autres unités de la quatrième culture défendaient leurs «
petits » de manière analogue. Mais un point demeurait illogique. Ces
éclairs de « Loosh » distillé émanant d’unités actuelles de la quatrième
culture ne fournissaient même pas 50 pour 100 de la quantité de
«Loosh» distillé trouvée dans l’échantillon du réservoir. A l’évidence, un
autre facteur intervenait.
Il survola systématiquement le jardin, furetant dans toutes les
zones. Il ne tarda guère à percevoir la source. Un rayonnement de «
Loosh » distillé de grande qualité émanait d’une section particulière du
jardin. Il se précipita vers ce point.
Il s’agissait d’une de ces unités expérimentales de la quatrième
culture modi iée, comportant une substance prélevée sur lui-même.
Elle se tenait toute seule sous la partie supérieure feuillue d’une grande
unité de la deuxième culture. Elle n’avait pas « faim ». Elle n’était pas en
con lit avec une autre unité de la quatrième culture. Alors il comprit
L’unité était solitaire ! Cette circonstance était de nature à engendrer un
« Loosh » distillé.
Avec du recul, Quelqu’un observa un autre phénomène illogique et
inhabituel. L’unité de la quatrième culture modi iée prit soudain
conscience de Sa présence. Elle s’était effondrée et se convulsait
curieusement sur la base de composition solide. Un liquide clair était
sécrété par les deux ori ices destinés à la perception des rayonnements.
Le «Loosh» ainsi dégagé était encore plus raf iné.
Dès lors, Quelqu’un énonça sa fameuse formule, DLP, actuellement
en vigueur dans le jardin.
Tout le monde connaît la suite de l’histoire. Quelqu’un introduisit
dans sa formule le principe essentiel selon lequel:
«… Le “Loosh” pur, distillé, est produit dans les unités de Type 4M
du fait de l’inassouvissement, mais sa création n’a lieu qu’à un niveau
vibratoire supérieur aux limites sensorielles de l’environnement Plus
l’intensité est grande, plus la production de “Loosh” distillé est forte. »
Pour appliquer la formule dans son jardin, Quelqu’un Conçut des
changements subtils connus de tous les historiens. Deux des
innovations les plus remarquables consistaient, d’une part, à diviser en
moitiés les unités de toutes les cultures pour engendrer la solitude
(elles cherchaient, à se réunir) et, d’autre part, à favoriser la
prédominance de l’unité de Type 4M.
Tel qu’il se présente désormais, le jardin connaît un rendement
fascinant. Depuis longtemps, les collecteurs sont passés maîtres dans
l’art d’appliquer la formule DLP. Les unités de Type 4M prédominent et
se sont étendues à l’ensemble du jardin, hormis les parties les plus
profondes du milieu liquide. Elles sont les principaux producteurs de «
Loosh » distillé.
L’expérience a permis aux collecteurs de développer toute une
technologie et des outils complémentaires pour récolter « Loosh » des
unités de Type 4M. Les plus courants ont été appelés amour, amitié,
famille, avidité, haine, souffrance, culpabilité, maladie, ierté, ambition,
propriété, possession, sacri ice, et à une plus grande échelle, nations,
provinces, guerres, famine, religion, machines, liberté, industrie et
commerce, pour n’en citer que quelques- uns. La production de « Loosh
» est plus prospère que jamais…
CLIC !
J’étais hermétiquement fermé, retourné vers moi- même et
abasourdi. Ma première réaction fut de penser à une erreur. Cela ne
pouvait être l’histoire de la Terre, BB devait confondre avec une autre
escale prévue au programme de l’excursion. Cependant, en
reconsidérant les détails du récit, mes faibles connaissances de la
zoologie terrestre et de l’histoire humaine se révélaient
douloureusement exactes, bien qu’envisagées sous un autre angle. Le
cycle alimentaire du système écologique et biologique terrestre avait
bien été établi. Connaissant la Mère Nature, quelques grands
philosophes ont médité sur la place de l’animal humain dans ce
processus. Par qui sommes-nous mangés ? Auparavant, ce n’était
qu’une hypothèse. Maintenant…
BB s’ouvrit. (Est-ce que vous avez l’image, BOUM BOUM ?)
Je m’atténuai. (Mmoui, je l’ai.)
(Bon, enchaîna BB. Qu’est-ce que le « Loosh » et la connaissance ont à
voir l’un avec l’autre ?)
Je m’ouvris légèrement. (Avez-vous reçu la boule de pensée avant de
venir sur Terre ?)
BB se détendit. (Je vous répète qu’elle igurait dans la brochure de
l’excursion TSI, parmi des centaines d’autres boules de pensée que nous
avons reçues avant le départ.)
Je m’ouvris davantage. (D’où la brochure venait- elle ?)
(Pourquoi, euh… oui, du Directeur d’Excursion.)
(OÙ l’a-t-il obtenue, lui ?)
BB tressaillit. (Je n’ai aucune donnée sur ce point. Il s’est borné à s’en
décharger sur nous et a roulé : « Voici les escales intéressantes que nous
ferons pendant cette croisière. » J’en ai eu une bonne image parce que
c’était notre dernière visite, donc la dernière boule de pensée que nous
avons reçue. C’est pourquoi elle était si claire. D’autres sont moins bonnes
parce qu’elles se trouvent au milieu. Non, la boule de pensée Terre ou
humaine est nette. Tout est en ordre.)
Je me durcis. (Et d’où venait le Directeur d’Excursion ?)
BB s’éclaira. (Oh, lui et les autres font partie d’un groupe de volutes
issues d’un système voisin.)
(Pourquoi vous ont-ils offert l’excursion, à vous qui êtes de KT-95?)
BB se détendit (Euh, c’était une sorte de, euh… marché. Nous en
faisons de même avec tous les systèmes voisins.)
(Qu’ont-ils reçu en échange ?)
BB s’éclaira. (Des jeux, des jeux ! Nous avons plus de jeux que
n’importe quel autre système dans un rayon de quatre sauts !)
Je me retournai vers moi-même et me fermait. La boule de pensée
devenait si chaude qu’il était dif icile de la toucher. Si elle était réelle…
un grand si… Je me suis mis à diminuer. Colère, forte déception…
sentiment d’être manipulé… envie de porter un coup à ceux qui me
dupaient… nous… tous les humains… à ceux qui nous prenaient
quelque chose sans notre assentiment ou notre permission. Qu’en est-il
de la liberté ? Est-ce que chacune de nos pensées, chacun de nos actes a
été guidé, non, dirigé et contrôlé dans le seul but de produire plus de «
Loosh », de quelque manière que ce soit, pour un petit déjeuner ou un
réservoir de fuel dans un Quelque Part quelconque ? Et que pourrais-je
y faire ? Je m’atténuai considérablement et me détachai de plus en
plus…
(Hé, BOUM BOUM !) BB s’estompait rapidement (Où allez-vous ?)
Le retour au physique fut quasi instantané, exactement comme si
j’avais pressé le bouton d’alarme, ce que je n’avais pas fait depuis
longtemps. Forte sensation de fatigue mentale et physique. J’ai oublié
de noter l’heure de retour. Manque d’énergie. Je n’avais envie de rien
faire. Je ne parvenais pas à m’endormir. Je me suis levé, me suis rendu à
la cuisine où j’ai préparé une tasse de café. Je me suis assis et j’ai
regardé ixement la tasse.
Je n’ai pas eu l’énergie ni le désir de me lancer dans une autre
exploration au cours des deux semaines suivantes. J’étais déprimé. La
seule scène à refaire surface fut la suivante.
C’était le crépuscule. La vache de Guernesey avait parcouru des
kilomètres dans les pâturages à la recherche de fourrage. Hier, l’herbe
était belle ici, mais elle ne s’est pas donné la peine de se demander
pourquoi. Elle a calmement passé le portail lorsqu’il lui a ordonné de le
faire. Il savait que l’herbe serait plus belle ici et c’est pourquoi II l’y a
amenée, sans qu’elle le réalise. Elle n’a fait que ce qu’il lui a ordonné de
faire.
Et maintenant, le crépuscule, c’est à nouveau le moment Elle doit se
rendre chez Lui. Elle éprouve une douleur qui l’aiguillonne sous les
lancs et la pousse à rentrer. Chez Lui, sur la colline, il fait frais et les
pâturages sont plus abondants. Et II la délivrera de sa douleur.
La vache gravit la colline et attend près de chez Lui. Bientôt, le
portail s’ouvrira, elle prendra place chez Lui et mangera le fourrage
qu’il lui donnera. Et pendant qu’elle mangera, Il la soulagera de sa
douleur jusqu’au matin.
Ensuite, l’Homme s’éloignera avec un récipient circulaire rempli
d’eau blanche. La vache ignore d’où Il a tiré cette eau blanche, et
pourquoi II la veut.
Comme elle l’ignore, cela lui est égal.
13. TRAITEMENT DE CHOC
CLIC!
… Nous nous trouvions à nouveau dans une obscurité familière,
mais maintenant elle semblait vide et stérile. L’énergie INSPEC était
encore à mes côtés… il faudrait que je leur trouve un nouvel
identi icateur, car s’ils pouvaient se maintenir si calmement sous…
INSPEC fera parfaitement l’affaire.)
Mais je ne pouvais le laisser tranquille. Secoué comme je l’étais, je
savais que je devais leur demander, parce que je savais qu’ils étaient
extraordinaires, mais j’ignorais à quel point…
(Nous sommes créés, comme vous l’êtes. Il importe que vous en
obteniez davantage de votre propre image. Vous en trouverez la raison
dans votre propre — comment dites-vous cela? — temps.)
(L’autre être, le, euh…la biche, elle n’a pas survécu, elle n’est pas
restée en vie… euh… physiquement. J’ai nettement perçu que son énergie
la quittait.)
Une leçon sans peine, disais-je ! (Voilà ! Nous considérons que les
humains constituent l’espère dominante, euh… parmi les êtres vivants sur
terre, lisse situent à l’extrémité de ce que nous nommons chaîne
alimentaire. Les aliments sont ce que mangeons. Les petites espèces sont
dévorées par des plus grandes qui, à leur tour, sont mangées par des
espèces encore plus grandes, et ainsi de suite jusqu’ à l’être humain. L’être
humain n’est pas le plus grand, mais le plus intelligent, c’est pourquoi il
constitue une espèce dominante. Il mange presque tout ce qui pousse.)
BB, retourné vers lui-même, tressaillait, tandis que nous suivions
l’homme vers la hutte de pierre. Il déchargea la carcasse de la biche et
l’accrocha, tête en bas, à un râtelier situé devant une ouverture
masquée par un rideau. Puis il entra.
BB tressaillit (Ne va-t-il donc pas le… euh… la manger ?)
(Il le fera plus tard. Il doit d’abord l’apprêter, laisser le sang
s’égoutter. Voulez-vous entrer ?)
Il n’avait pas vraiment le choix et je le guidai à travers le mur de
pierre. A l’intérieur, un petit feu crépitait au centre de la pièce, à même
le sol de terre battue. Trois personnes étaient assises autour du feu, une
femme et deux enfants en bas âge. La femme remuait le contenu d’un
pot suspendu au-dessus du feu. Les enfants la regardaient faire, l’air
affamé. L’homme se joignit à eux et s’assit II ôta son lourd manteau et
accepta le bol que la femme lui tendait II se mit à manger, se servant de
ses doigts pour extraire la nourriture du bol, morceau par morceau. BB
s’enquit avec empressement:
(Que vient-il défaire ?)
(En ce moment précis, il est train de manger. Il saisit des aliments par
petits morceaux et les introduit dans son corps.)
(Oui, oui, j’ai bien perçu cette image, mais auparavant, il a ôté une
partie de son corps!)
Tout d’abord déconcerté, je m’éclairai. (C’était son manteau, non son
corps. C’est un morceau d’étoffe qu’il met sur lui pour se protéger du froid.
C’est le second impératif de la survie : protéger son corps contre la
chaleur, le froid, et les accidents. C’est la raison d’être de la cabine, euh…
de la hutte où il se trouve actuellement. Elle lui permet d’abriter son
corps. Le feu…euh… ce rayonnement au centre de la pièce leu permet de
se maintenir au chaud.)
J’eus la vision d’un BB concentré comme on serait fasciné par la
tête d’un cobra ondulant devant soi. Je dirigeai ma concentration sur
lui, m’efforçant de déterminer exactement dans quelle mesure la scène
le pénétrait en tant que véritable boule de pensée. Comment expliquer
la chaleur et le froid, des phénomènes aussi élémentaires que le feu ou
les soins constants que requiert un corps humain, à quelqu’un qui n’en
a jamais eu ? BB me sollicita encore.
(BOUM BOUM, BOUM BOUM!) Il vibrait intensément (Il est en train
de tuer l’autre être !)
Je me tournai. L’homme avait éloigné la femme du feu et l’avait
culbutée sur le sol. De tout son poids, il la maintenait à terre et
l’enlaçait étroitement La femme l’étreignait également. Il lui avait
troussé les jupes jusqu’aux hanches et tous deux se
contorsionnaient violemment. La femme, jambes écartées, enserrait le
buste de l’homme. Les enfants poursuivaient leur repas dans la plus
parfaite indifférence. N’étant pas voyeur, je pus décrire le phénomène
sous un angle purement scienti ique.
Je me détendis, elle ne la tue pas. Ils sont en train de… euh… de se
reproduire.)
(Qu’est-ce…)
(Ils unissent leurs énergies pour en créer une troisième. Ils sont en
train défaire une réplique d’eux- mêmes, comme ces deux petits êtres qui
mangent près du feu. Je suis certain qu’ils ont fait ces deux enfants.)
(Mais pourquoi le font-ils)
(C’est un aspect crucial de la survie, faire une réplique de soi et se
prolonger dans cette réplique. C’est un point commun à toutes les espèces
vivantes: se reproduire, puis résoudre les problèmes de nourriture, de
chaleur, de froid et tout le reste.)
(Alors ils en ont déjà fait deux.)
(C’est en quelque sorte la garantie qu’au moins l’un d’entre eux
pourra survivre et se reproduire à son tour. Si ces deux petites répliques
meurent ou sont tuées avant d’avoir pu se reproduire, la troisième qu’ils
sont en train de concevoir vivra peut-être suf isamment longtemps pour
faire des répliques elle-même.)
BB tressaillit. (Pourquoi mourraient-ils et comment seraient-ils tués
?)
(C’est l’un des problèmes de la vie physique. Il est plus facile mourir
ou de se faire tuer que de survivre. Il faut un puissant instinct de
conservation pour atteindre un équilibre, ce qui engendre d’autres
problèmes.)
(Quels problèmes ?)
(Nous y viendrons petit à petit.)
C’est comme si elle était déformée par la chaleur dans un désert. Vous
m’entendez toujours, euh… BB ?)
BB avait dû sauter sur une image de Charlie, qui était grand ouvert
(Parfaitement, Charlie, niveau zéro, plus ou moins trois décibels.)
Charlie eut l’air satisfait (Nous parlons le même langage, BB ! Au
moins, je vous entends. Dites-moi aimez-vous ce que j’ai fait ici ? C’était un
sacré boulot pour que les vagues de l’océan viennent se briser contre les
rochers. Hé, Robert, toi qui aimes les couchers du soleil, regarde-moi
celui-là.)
Nous nous sommes retournés pour regarder l’océan.
Progressivement, le ciel d’azur s’est assombri, des lamboiements
rouge, orangé et jaune se sont fondus à l’horizon. Des couches de
nuages sont apparues, ajoutant une perspective et une texture au
spectacle. Les nuages prirent des teintes rose et mauve, cela me
rappelait Oahu, à Hawaii.
Charlie se tourna vers moi. (Pas mal pour un coup d’essai ?)
Je dus expliquer à BB. (Charlie avait été ingénieur en électronique au
cours de sa dernière vie physique.)
(Pas mal, n’est-ce pas ? ajouta Charlie. Mais ce n’est rien par rapport
à ce que l’on pourrait faire ici. Et vous, BB, que faites-vous ? Travaillez-
vous avec Robert ?)
BB tressaillit. (Euh, je viens de KT-95)
Charlie fut déconcerté. (KT-95 ? Tiens, je ne connais pas. Où se
trouve cette entreprise ?)
Je résolus de l’informer sans ambages. (Écoute, Charlie, il ne vient
pas de la Terre. Il n’est pas humain !)
Il resta interdit, puis se ressaisit (Allons, allons, tu ne vas pas
recommencer ce genre de discussion !) J’éclatai de rire. (C’est pourtant la
vérité, Charlie.) Il se tourna vers BB. (Robert m’a rebattu les oreilles avec
ces idées farfelues qu’il y aurait d’autres mondes, d’autres champs
d’énergie dont nous ne savons rien, et d’autres choses de ce genre. Je
pense comme lui que d’autres vies intelligentes peuvent exister sur
d’autres planètes, au-delà de notre système solaire, mais ce n’est pas là
son propos. Je peux également admettre le type de vie humaine que je
connais actuellement… Alors, il vous a pris pour l’aider à faire un petit
saut sur Charlie. Vous vous désynchronisez un peu pour prendre une
apparence brumeuse, et en avant! Robert a lui-même un super-être.)
CLIC !
Nous planions si haut au-dessus de la terre que j’avais l’impression
d’être à mi-distance de la lune, laquelle était toujours là, derrière nous.
La terre conservait sa teinte bleu-vert, partiellement obscurcie en
contrebas par une couverture de nuages blancs. Au fur et à mesure de
notre progression régulière, je constatais avec joie que les profonds
anneaux gris et bruns avaient disparu — le blocage avait donc été
éliminé. Parfait ! Finies, les incarnations à répétition !
C’est pourtant un autre élément qui attira pour de bon mon
attention. Autour de la terre, il y avait un unique anneau plat, très
semblable à ceux qui entourent Saturne. II irradiait et étincelait, non
parce qu’il re létait la lumière du soleil, mais sous l’effet d’une source
interne.
(La signi ication de cet anneau apparaîtra plus clairement à mesure
que nous progresserons.)
Comme nous contournions l’anneau sans le traverser, je pris
conscience d’un autre changement Dans la bande M, je percevais des
communications et non du bruit Plus de brouhaha ! Cela ne pouvait
signi ier qu’une chose — l’homme avait ini par réussir. Pour preuve
d’ailleurs, le halo créé par le bruit de bande M avait disparu. Finis la
pagaille, le désordre. Je commençai à pressentir ce qui m’attendait
En arrivant à basse altitude, à environ deux ou trois kilomètres,
nous commençâmes à tracer des cercles d’est en ouest, à environ 28
degrés de latitude Nord. Nous nous trouvions à quelques milles de ce
qui semblait être les côtes japonaises. La mer était d’un doux vert
lumineux et une lente houle avec des creux d’environ trois mètres en
animait majestueusement la surface. En profondeur, j’aperçus des
bancs de poissons qui serpentaient paresseusement en suivant
lentement le contour éloigné de la côte. Il y en avait des milliers, dont
les lancs argentés étincelaient lorsque, en un éclair, ils changeaient de
direction. Oui, il y avait eu bien des changements si les
poissons s’aventuraient, en bancs, aussi près du rivage ! Le paysage
m’était familier et, pourtant, il y manquait un élément. En scrutant la
surface de l’océan, je compris immédiatement
Aucun bateau. Je me dirigeai vers la ligne d’horizon et la dépassai.
Mais rien, pas même une barque ou un canot Je levai les yeux vers le
ciel et ses cumulus blancs. Pas un avion, seules des mouettes et des
hirondelles de mer qui tournoyaient en cherchant leur pitance dans les
creux de la houle.
Au-dessus, au-delà de la ligne des nuages, rien. Nulle traînée
blanche, nul jet.
Nous franchîmes la côte et nous nous retrouvâmes au-dessus du
Japon. Vers le nord, le Fuji-Yama, cône blanc scintillant au soleil. Au-
dessous de nous, un tapis soigné de champs, ordonnés comme les cases
d’un grand échiquier qui aurait été peint de subtiles nuances de vert En
outre, blottis parmi ces cases vertes comme un gigantesque bouquet, de
petits groupes de champs de couleurs différentes, l’un orange vif,
l’autre bleu profond, blanc, ou bien rouge — des champs de leurs
épanouies, de buissons, et vraisemblablement des hybrides entre les
deux, aucune leur ne pouvant prétendre aux dimensions que j’admirais
ici. Pour distinguer le motif de ce somptueux tapis, il fallait le survoler
de très haut. Mais il n’y avait pas d’avion, et cela encore me mit
vaguement la puce à l’oreille.
Comme nous nous dirigions vers l’ouest, je pris conscience de
l’absence d’autres éléments. Il n’y avait pas de route, pas même une
allée pour desservir les champs. Pas non plus de bâtiments, de maisons,
de granges, d’abris. J’eus beau scruter toutes les directions, je ne vis
rien. Ni ville, ni village, ni ligne à haute tension, ni voiture, ni camion, ni
bicyclette — tous disparus. L’air était clair et pur, sans fumée ni
brouillard.
J’eus alors un éclair de compréhension. Je n’avais vu personne! Et
c’étaient évidemment eux que je cherchais, les hommes, les femmes, les
enfants ! Quelle terrible catastrophe avait pu tous les emporter?
(Ils sont là. Beaucoup moins nombreux, mais ce n’est pas le résultat
d’un quelconque événement. Cette situation est le fruit d’une volonté
délibérée.)
Nous nous mîmes à progresser plus rapidement, en direction de
l’ouest, en survolant le dé ilé interminable des bouquets multicolores
dessinés sur fond de vert, dont certains semblaient s’étendre sur des
kilomètres et des kilomètres. Bientôt, nous survolâmes à nouveau l’eau,
la mer du Japon, si je ne me trompe. Et toujours nul bateau sur ce qui
fut jadis une voie maritime si importante. La terre — encore la
péninsule coréenne ? —, puis le paysage changea. Partout, de grands
arbres majestueux tendaient vers le ciel leurs branches serrées. Une
espèce inconnue de moi… Mais toujours aucun signe d’objet fabriqué
par l’homme.
(Votre image est — comment dire ? — obsolète)
Avant que j’aie eu le temps de méditer cette remarque, nous
survolions de nouveau l’eau, à une allure encore plus vive, et puis
encore La terre. Ce devait être la Chine. Certes, il était inutile que les
habitants soient au grand complet mais, à coup sûr, une partie de sa
population grouillante serait encore visible ! Nous parcourûmes des
kilomètres et des kilomètres de forêts d’un vert profond, interrompues
seulement de temps à autre par une clairière herbue, un large cours
d’eau ou une rivière. Où se trouvaient donc les rizières indispensables à
la substance de l’homme ?
(Il en reste quelques-unes, mais elles sont réservées a un autre usage.
Ce sont des sanctuaires d’oiseaux)
Nous surplombions un paysage de plus en plus accidenté. Bientôt,
nous naviguâmes entre les chaînes et les pics d’un terrain très
montagneux. La végétation était clairsemée, et nous laissions derrière
nous, à une vitesse au moins égale à Mach 2, des couronnes de neige
étincelante. Ma vieille expérience de pilote « audacieux mais pas
téméraire » resurgissant, je déplorai intérieurement cette altitude
risquée. Certes, mon manque d’audace m’avait permis de vieillir mais il
manquait indéniablement de panache. Le lanc abrupt et rocailleux
d’une haute chaîne de montagnes enneigées surgit devant nous.
(Vous pouvez les traverser sans problème. Cela ne fait aucune
différence.)
La chaîne était presque sur nous. Je me fermai étroitement, juste
avant de m’y écraser. Je perçus un changement léger, éphémère, dans la
texture environnante et ce fut tout Je m’ouvris et regardai derrière
nous. Déjà la barrière montagneuse s’évanouissait dans le lointain. Je
n’ai guère l’habitude de traverser la matière ! Très vite, la terre
commença à s’aplanir au-dessous de nous. Le vert des forêts s’éclaircit
tandis que les zones dégagées s’élargissaient Je m’efforçai de
rassembler mes souvenirs géographiques; il me semblait que nous nous
trouvions au-dessus du Moyen-Orient.. Oui, déjà elles se dressaient vers
nous, ces régions presque désertiques, ondulées et sablonneuses, d’où
surgissait le pétrole. J’eus beau scruter toutes les directions, je vis des
bosquets d’arbres très symétriques, mais aucun réservoir, aucun pipe-
line ni puits de pompage, rien qui indiquât que l’homme eût posé les
pieds à cet endroit Les gisements avaient dû se tarir ou bien l’on n’avait
plus besoin de pétrole.
(Ces hypothèses sont toutes deux exactes.)
Nous survolâmes de nouveau la mer. La Méditerranée ?
Plus haut, plus vite. Une bande de terre scintilla au- dessous, que je
ne pus identi ier. De nouveau la mer, de grosses vagues, sans doute
l’Atlantique… Et puis la terre. Un ralentissement soudain et nous
atterrîmes doucement dans un champ, niché parmi des collines
ondoyantes. Je regardai autour de moi, en me demandant pourquoi
nous nous étions arrêtés dans cet endroit II m’était vaguement familier.
J’étais debout sur un monticule, dans un champ d’herbe verte, grasse, et
très régulière qui venait sûrement d’être tondue… Pourtant, non, elle
n’avait pas été coupée : elle poussait régulièrement ! L’orée d’un bois de
chênes, aux branches largement étalées, se dressait derrière moi. Au
loin, une succession de montagnes bleu-vert s’élevait, dessinant vers le
ciel un escalier géant… Pourquoi s’être arrêtés ici, pourquoi cet
endroit?
(Ils le souhaitaient. Ils vous attendent.)
L’énergie INSPEC s’évanouit et je restai seul. Tandis que j’attendais,
j’éprouvais des sensations très physiques. Je sentais le soleil sur mon
visage. Une brise fraîche et légère ébouriffait mes cheveux.
Mes cheveux? Mais pourquoi aurais-je eu des cheveux ?… Ainsi, ils
m’attendaient ? Je regardai dans toutes les directions. Pas le moindre
identi icateur. Si, il y en avait un, et il m’était très, très familier… là-bas,
dans le bois. Je is demi-tour et me mis en marche… En marche ? Mais…
En jetant un coup d’œil, je constatai qu’effectivement j’avais des jambes,
très normales et très humaines, des jambes et des pieds nus, que
caressait l’herbe à chacun de mes pas… Tout en me dirigeant vers les
grands chênes, je tâtai mon corps. Il était bien réel et chaud sous mes
doigts. Mais je m’aperçus qu’en fait de corps, j’avais hérité d’une espèce
de grande perche, vieille d’une vingtaine d’années… Tiens, tiens! Pas de
vêtements ! Voilà déjà un progrès. Je sentais le vent qui caressait mon
corps, l’air que respiraient mes poumons. Jamais encore je n’avais
expérimenté, dans cet état de conscience, un corps physique
parfaitement opérationnel. Toutefois, je ne voyais pas pourquoi il fallait
que ce soit ce mètre quatre-vingts, de soixante-neuf kilos à peine et tout
en os… J’atteignis l’orée du bois et j’allais y pénétrer quand je me
heurtai à une barrière qui me rejeta dans le champ. Je m’arrêtai, mais
j’eus beau regarder, je ne vis rien. L’identi icateur que j’étais incapable
d’associer à quoi que ce soit se trouvait pourtant derrière la barrière,
aussi is-je une nouvelle tentative. La barrière céda à peine. Cette force
invisible m’était également familière, et pourtant, je ne pus la relier à
l’identi icateur. Il manquait un élément
(Restez dans l’herbe, nous allions vous rejoindre.)
Pas de son, communication non verbale ! Nous avions donc réussi!
Les humains avaient réussi ! J’étais impatient de rencontrer mon comité
d’accueil, quel qu’il fût. Je n’eus d’ailleurs pas à attendre longtemps.
Surgissant derrière les arbres, un homme et une femme apparurent
devant moi. Du moins, cette charmante polarité n’avait-elle pas changé.
Séduisants, bien faits, la peau hâlée, tous deux semblaient
approcher la trentaine. L’homme avait les cheveux châtain clair, la
femme châtain foncé. Ils sourirent tandis que je les observais.
Je m’ouvris. (Eh bien, apparemment nous n’avons pas changé autant
que je le croyais ! Physiquement en tout cas.)
(Désolé de ce petit contretemps, BOUM BOUM.) L’homme roula.
(Votre hôte a oublié la barrière, c’est pourquoi nous le remplaçons.)
Je restai interdit (Vous me connaissez donc sous ce nom de BOUM
BOUM ?)
L’homme devint chaleureux. (Oui !)
(Je vous connais sans doute aussi ! Mais l’identi icateur est lou et à la
façon dont il sort, je sais qu’il est déformé.)
L’homme se mit à vibrer et à rouler. (Dans mille ans, vous ne me
croiriez toujours pas ! Et comme cela fait plus de mille ans, vous feriez
mieux de me croire !)
J’eus une intuition soudaine. (BB !)
(Et qui voulez-vous que ce soit ?)
Devant mon ébahissement, BB se mit à rire.
Je me tournai vers moi-même pour chercher dans ma boule de
pensée les images de la barrière qui m’avait déjà repoussé, et je sus qui
était mon hôte. (C’est AA qui est resté sous les arbres !)
BB s’ouvrit. (Et on peut dire qu’il avait envie de vous rencontrer ! Au
point, d’ailleurs, d’en oublier la barrière ! En in, il reçoit tout de même les
images.)
CLIC !
Nous planions au-dessus d’un paysage onduleux, à quelque trois
mille mètres d’altitude. Juste au-dessous de nous, ce qui semblait être le
cœur d’une leur de lotus dont les pétales étalaient la splendeur
éclatante de leurs coloris dans toutes les directions, sur près de dix
kilomètres. Au-delà, un dégradé de vert allant de la teinte pâle de la
feuille nouvelle au ton riche et sombre de L’épaisse forêt tropicale.
J’étais encadré d’un côté par BB, de l’autre par la femme.
Elle se mit à vibrer. (C’est l’un des plus jolis paysages.)
Je la croyais sans peine. Je m’ouvris. (Qui l’a réalisé ?)
(Un groupe qui voulait donner à cette région l’image de la beauté qui
est née ici. A mon arrivée, il existait déjà. Aujourd’hui, on se contente de
l’entretenir.)
L’image que j’avais était claire et nette. (Et le reste du monde ? Tout
est donc comme ça ?)
(La terre a retrouvé son équilibre écologique initial, tel qu’il était
avant que l’homme ne le bouleverse si gravement. Tout a réapparu,
chaque arbre, chaque plante, chaque animal… absolument tout.)
(Sans compter quelques améliorations), intervint BB.
(Mais le paysage est-il partout disposé comme ici, en jardins
immenses ?), demandai-je à la femme.
(Non, seulement une petite partie. Le reste est composé de forêt, de
bois, de pâturages, de prairies. Même les zones désertiques ont été
restaurées.)
Mon image était très claire. Les humains avaient repris le travail de
Mère Nature — en l’améliorant quelque peu. Inutile de demander
comment cela s’était fait. L’épisode de la poussière changée soudain en
un épi de maïs doux et frais en disait assez long. Si l’homme était
capable de faire ça… Je devais compléter ma boule de pensée. Mais
avant même d’avoir posé ma question, je fus certain de la réponse.
(Et si nous voulions descendre faire un tour ici. Je veux dire, dans un
corps physique ? Fis-je, en me détendant prudemment. Comment ferions-
nous ?)
La femme se mit à vibrer, (Je suis sûre que nous trouverions tous les
corps que nous voulons, sous ces belles leurs rouges.)
J’insistai. (Mais nous pourrions en prendre un chacun, tout
simplement ?)
(Naturellement.)
Il fallait que je sache. (Et s’ils étaient tous… déjà occupés ?)
Incapable de rester à l’écart plus longtemps, BB intervint
(On en fabriquerait d’autres. Ce n’est pas long. Vous voulez descendre
?)
J’hésitai. (Non, non, pas tout de suite. Mais… et les corps physiques
que vous avez laissés au pied des chênes. N’importe qui peut donc les
occuper?)
BB roula. (Bien sûr, pourquoi ?)
Pourquoi ? Cela demandait une rapide mise au point. Je cherchai
donc dans ma boule de pensée le moment où d’autres êtres avaient
effectivement occupé les corps physiques de nos volontaires en
laboratoire, celui où ils avaient communiqué verbalement avec nous,
activé parfois certaines parties desdits corps quand par exemple ils
jouaient du piano… Et tout cela sans crainte, sans larmes, sans souci.
Alors en effet, pourquoi pas ?
La femme s’adressait à BB. (Je ne crois pas qu’il soit prêt.)
(Bien sûr que si ! C’est un grand garçon maintenant. Il avalerait en
une bouchée l’intégralité de la boule de pensée. Ça l’amuserait au point
qu’il en serait carrément souf lé !)
(Retournons d’abord au dortoir, comme AA l’a prévu, répondit-elle
tranquillement, On pourra peut- être de là.)
Je m’ouvris. (Est-ce que j’ai voix au chapitre?)
Elle roula. (Naturellement !)
Retenant mes vibrations, je déclarai doucement (Faisons comme
elle dit. Votre sens de l’amusement m’a causé déjà suf isamment
d’émotions, BB. Cela dit sans vouloir vous offenser !)
BB roula. (Mais bien sûr!)
La femme se tourna vers moi. (Fermez-vous bien.) J’obtempérai.
CLIC!
Nous lottions maintenant parmi des milliers et des milliers de
formes blanches, étincelantes, animées et vibrantes. Surpris par
l’intensité de la radiation, je crus devoir tirer le signal d’alarme ou
appeler au secours mon ami INSPEC. Mais l’éclat s’atténua bientôt et je
me sentis pénétré de toutes parts par un chaleureux sentiment de
compréhension. Je compris que les formes avaient délibérément dévié
leur radiation, quelle qu’elle fût, de façon à respecter mon niveau de
tolérance. Comment pouvais-je bien leur apparaître ? Probablement
comme un peu de brouillard gris et morne…
(Bienvenue au dortoir de la super-école rénovée d’apprentissage
intensif !) L’identi icateur était sans aucun doute celui de BB. (AA a
décrété que « dortoir» était le meilleur terme à utiliser, mais je n’ai
aucune idée de ce qu’est un dortoir.)
Je perçus l’identi icateur lisse mais vague de la femme qui
m’accompagnait. Elle était aussi lumineuse et radieuse que toutes ces
formes étincelantes. Comme elles, je savais qu’elle était humaine —
mais le savais-je vraiment ?
Je m’ouvris autant que possible. (Quel est cet endroit ?)
Aussitôt, je perçus l’anneau étincelant dont elle m’envoyait l’image.
(Vous y êtes passé en arrivant sur terre. C’est notre point de référence
jusqu’à ce que nous décidions…)
Laissant sa phrase en suspens, elle se ferma.
(Que vous décidiez quoi ?) demandai-je doucement.
Elle s’ouvrit légèrement (Je… euh, j’avance dans mon cycle d’études.)
Je décidai de prendre le temps de digérer cette information. (Mais
que faites-vous en attendant ?)
Elle roula un peu. (Eh bien, tout d’abord, nous fabriquons et nous
rassemblons… comment appelez- vous ça déjà ?… du loosh. Comme des
abeilles. Ou des vaches de Guernesey. Seulement maintenant, nous savons
ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons, et nous sommes heureux
de le faire.)
Je me retournai vers moi-même et me fermai. J’avais beau
comprendre, l’étendue du changement ne m’en paraissait pas moins
incroyable. Les preuves m’entouraient pourtant. L’étape intermédiaire
vers la liberté…
Je m’ouvris à nouveau. (Que faites-vous encore ?)
Elle s’éclaira doucement (Nous explorons la Conscience Terrestre et
non plus seulement sous la forme physique humaine — souvenez-vous
que nous n’en percevions qu’une partie, une simple partie. Désormais,
nous la découvrons complètement, depuis la plus minuscule vie
unicellulaire. Nous expérimentons des millions de cycles de vie différents,
dont nous n’avions pas conscience en tant qu’hommes purement
physiques. Or, la terre elle-même possède une conscience active.)
Je ne relevai pas non plus ce point, incapable de résister à une telle
avalanche. (Et le processus naturel de la chaîne alimentaire, existe-t-il
encore et l’expérimentez-vous? De bout en bout?)
(C’est même une partie essentielle du processus d’apprentissage,
répondit-elle doucement. Sans cela, nous ne pourrions pas fabriquer de
loosh.)
(Alors, BOUM BOUM !) intervint BB, incapable de rester plus
longtemps à l’écart (Sacré changement, non ? Plus de halo, plus de bruit
de bande M, plus d’anneau d’emmurés! Je vous fais visiter ?)
Je me tournai vers la femme mais elle ne répondit pas, et j’en
déduisis qu’elle n’y voyait pas d’inconvénient. De plus, elle s’était
fermée. De toute évidence, elle voulait garder son mystère, or si son
identi icateur avait percé encore un peu. elle aurait perdu tout secret.
Je regardai BB. (Je vous suis, mon vieux !)
Accroché à son identi icateur pour ne pas me perdre, je me
mouvais avec aisance parmi les formes étincelantes. Je sentais la
radiation diminuer devant moi, dégageant une sorte d’allée dont le bas
niveau d’énergie m’était tolérable. A ma grande surprise, une étincelle
se détachait de temps autre d’une des formes et venait me toucher.
Dans ces étincelles je distinguais très clairement des mots parlés…
Bonjour, Bob. Salut, Robert… Mais je ne pus reconnaître aucun
identi icateur. Finalement, BB s’arrêta. Devant nous se trouvait le
premier Poste d’Entrée. Un grand nombre de formes grises planaient à
l’entour.
(Cela a bien changé, observa gentiment BB. Mais vous ni verriez que
du feu si vous n’en saviez plus long désormais.)
(De quel ordre sont ces changements ?) risquai-je.
(De grosses réductions de l’empreinte de survie, pour commencer.)
BB roula. (Vous vous souvenez de cette conférence que vous m’avez faite,
avec des illustrations vivantes pour les vieux anneaux ? Vous seriez ébahi
des résultats produits par un seul changement !)
Je m’ouvris. (Mais je le suis.)
Un instant déconcerté, BB reprit (Ouais… Préalablement à
l’incarnation, il y a maintenant un solide brie ing ainsi qu’un
entraînement destiné notamment à maintenir le contact pendant les
cycles du sommeil physique.)
J’étais interdit. (Pourtant ici, vous ne dormez même pas ?)
(Non, nous n’en avons pas besoin.) II s’éclaira. (Ah oui, Voici l’autre
point. Les premières incarnations choisissent maintenant une époque
antérieure à tous ces changements. Certains remontent presque à
l’apparition de l’être humain. Ils effectuent un seul et unique cycle de vie
humaine, après quoi ils viennent nous rejoindre ici. Plus d’incarnations à
répétition, rien que des Incarnations Uniques.)
Je me tournai vers moi-même, puis m’ouvris. (Est- ce que ce
processus d’incarnation Unique existe à l’endroit d’où je viens ?)
BB s’éclaira. (Bien sûr !)
J’oscillai. (Pourtant, je n’en ai pas eu la moindre image.)
CLIC!
Je lotte environ mille mètres au-dessus d’un grand champ brun…
J’ai une base plate et une forte énergie vitale monte d’en bas pour se
déverser en moi… Je deviens de plus en plus vaste et je transforme
ardemment en moi-même l’énergie que je reçois… Je suis un tourbillon
tournoyant Par mon action, je prends l’eau dans l’énergie et je deviens
plus grand, plus conscient A mesure que je grandis, je suis capable d’en
savoir davantage… Dessus, je suis comme une vesse-de-loup, et je me
sens grandir davantage vers le haut que vers l’extérieur…
A présent, une grande partie de mon énergie vitale circule en
s’élabore…. (Mais, c’est., de l’électricité !)… Si je peux continuer à
grossir avant que l’eau ne s’écoule, si l’énergie continue de monter
assez longtemps vers moi, je vais être fort, très fort… Mais ie m’éloigne
irrésistiblement, en dérivant loin des rayons énergétiques. Et je ne suis
pas assez, pas assez…
CLIC !
Nous survolions maintenant une épaisse forêt Le champ brun qui
s’étendait au loin m’était familier. BB planait devant moi.
Il vibrait (Amusant, non ?)
Je tressaillis. (Mais qu’est-ce que c’était?)
Il indiqua la direction opposée. En me retournant, je pus voir un
cumulus de taille moyenne, blanc à l’endroit où le traversaient les
rayons du soleil, gris à l’arrière, avec une base plate et sombre. Les
nuages ont-ils donc une conscience ? Est-ce la base de la vie ? L’eau,
in imes particules chimiques, et l’électricité ! Tous les ingrédients. Et si
j’avais été un ciel d’orage ?
Ou une tornade, un ouragan, n’importe lequel des aléas du temps !
BB interrompit mes ré lexions. (Prêt à continuer ?)
J’étendis les bras et le suivis.
CLIC!
Je nage dans une eau verte… Elle est claire au- dessus, plus sombre
au-dessous. Ma bouche s’ouvre et se ferme rythmiquement, absorbant
l’eau qui circule dans ma tête pour ressortir par mes oreilles… Non, par
mes branchies. Je suis un poisson, un très gros poisson ! Mes nageoires
ondoient doucement pour me stabiliser et me maintenir en place, ma
vision est multiple. Je vois droit devant moi… Derrière, c’est presque un
point noir mais ma vision périphérique, immense, me révèle des détails
exquis. Pas beaucoup de couleurs… Une ou deux seulement.. J’essaie de
remuer et, aussitôt, je me propulse d’un bond rapide, j’oblique à droite,
à gauche, je me retourne, grimpe à pic, puis plonge… Mais… qu’est-ce
que c’était, à la surface? Il faut que j’y retourne, que je l’attrape, j’ai
faim, faim… Je remonte en lèche vers la surface, bouche ouverte, en
gobant quelque chose… Un saut hors de l’eau et, à nouveau, je plonge
avec un grand sentiment de satisfaction. Quelque chose s’agite et
craque au fond de ma bouche. Un puceron ? Je nage dans les
profondeurs, mais ce n’est pas aussi sombre que je le pensais. Je vois
merveilleusement bien. J’ai conscience de la présence d’un autre
poisson qui plonge à mon côté, en godillant du dos et de la queue. Est-
ce que moi aussi je godille? Mais oui ! D’ailleurs cela se fait tout seul… Il
suf it que j’y pense et cela marche, c’est comme d’avancer ou de tourner
dans un corps humain… Je m’arrête. Un autre poisson se dirige droit
vers moi… Non, celui-là est gigantesque, la mer est trompeuse. Il est
incroyablement plus gros que moi ! Je lui irradie le signal de la faim. Va-
t’en, va-t’en ! C’est moi qu’il chasse. Nager, nager vite, il est derrière moi
! Vers le haut, plus vite… Un signal pénètre mes lancs, un autre poisson
nage avec force à mon côté… Le signal traverse les bandes dessinées sur
mon lanc.
(BOUM BOUM, dès que vous serez à l’air libre, sautez ! Sautez !)
CLIC!
Je me retrouvai juste au-dessus de l’eau, et je vis le corps de mon
poisson, accompagné d’un autre, qui s’arquait dans l’air puis plongeait à
nouveau dans l’eau avec une éclaboussure dérisoire. Mais aussitôt, il y
eut une ruée, un tourbillon sous la surface, et puis plus rien.
(Amusant, non ?) C’était BB qui m’avait rejoint Je ne pus répondre,
tant je tremblais, Aussi poursuivit-il: (J’avais promis à AA de ne pas vous
laisser aller jusqu’au bout du processus. Il avait le sentiment que vous
n’étiez pas prêt et apparemment il avait raison. Mais puisque vous vous
interrogiez sur la chaîne alimentaire…)
Je vibrais. (Ça va, ça va.)
BB déclara doucement: (Vous voulez toujours voir les choses comme
elles sont, n ‘est-ce pas ?)
Je m’adoucis aussi. (J’ai été surpris, voilà tout!)
(Eh bien, la prochaine aventure sera parfaitement tranquille.
Tranquille et agréable. Prêt ?)
Tout est relatif, y compris l’idée que BB se fait de la tranquillité…
J’étendis les bras devant moi.
CLIC !
J’ondoie doucement, en ployant et léchissant Coulant à lots par les
plus minuscules parties de moi- même — je suis longue et étroite,
traversée d’innombrables tubes — arrive ma glorieuse part de force
vitale, venant du Tout, la famille dont je fais partie… Je sais combien le
Tout a besoin de moi, et je le sers avec joie et bonheur… Le lot de
l’énergie qui me fait vaciller et ployer pénètre mes côtés plats… (Mais,
c’est simplement de l’air, du vent !). J’y puise les parties dont a besoin le
Tout et je les transmets par mes tubes étroits car elles sont nécessaires.
C’est si facile pour moi, ce n’est même pas un travail, c’est une
respiration… C’est à cela que je sers, à respirer pour le Tout, auquel je
prends ses cendres, que je disperse dans l’énergie… L’heureux
échange…Et, oh ! ma forme, particulière et si importante… mon pro il,
ma con iguration…Elle reçoit un signal particulier que comprend le
Tout, dont il a besoin, et qu’il utilise… Tout ce que je fais, c’est de
recevoir et de transmettre… Et je suis bien, suprêmement bien…
J’éprouve un sentiment de plénitude absolu, le sentiment d’accomplir
ce pour quoi j’ai été conçu… Bel équilibre, donner… recevoir… force et
sécurité du Tout..
CLIC !
BB était auprès de moi. (Ça vous a plu. Non ?) (Qu’est-ce que c’était ?)
Je me tournai dans la direction qu’il indiquait Tout près de moi il y
avait une feuille, une feuille de chêne, attachée à une branche par une
longue tige. Au-delà de la branche, le tronc massif d’un arbre
s’enracinait solidement dans la terre. Dire que nous avions traversé ce
savoir sans conscience… Je compris mieux la nouvelle école humaine.
(Et voici maintenant ce que je préfère. On y va?)
Je tressaillis. (Ma foi, euh… Je ne sais pas. Nous devrions peut-être…)
(Cette expérience-ci, nous l’avons conçue nous- même, coupa BB. Si
elle ne vous plait pas, envoyez-moi un signal et nous l’interromprons
aussitôt.)
A regret, j’étendis les bras et le suivis.
CLIC !
Je suis étendu sur le lanc, dans une herbe épaisse et douce…
J’ouvre les yeux… De grands arbres m’entourent de toutes parts, leurs
hautes branches chargées de feuilles tissant un baldaquin au-dessus de
ma tête. Le soleil qui iltre à travers le feuillage produit une luminosité
agréable qui n’éblouit pas. Penchée au-dessus de moi, une grande
panthère brune me ixe intensément.
(Allons, BOUM BOUM… on va jouer)
Je roule sur le lanc et me dresse sur mes… Mais oui, j’ai quatre
pattes ! Quel sentiment de stabilité et de sécurité cela procure… Ma tête
précède mon corps, je dois la tourner pour voir mes lancs… couverts
de fourrure, lisses… Qu’est-ce qui bouge derrière moi ? C’est une queue,
j’ai une queue. A peine ai-je envie de la remuer qu’elle s’agite de droite
à gauche et de gauche à droite, ça alors ! Par contre, de haut en bas elle
bouge à peine, et il m’est plus facile de la baisser que de la lever. Un
parfum attire mon attention. Des odeurs, des odeurs, un nombre
incalculable d’odeurs…dont j’évalue instantanément la distance?
Ces informations valent amplement celles données par ma vue.
Quant à mon ouïe… elle me permettrait de distinguer n’importe quoi…
Je léchis les pattes, je sors mes griffes. Oui ! J’ai des griffes ! Attention,
le monde, j’arrive! Comme je me sens puissant ! Quel merveilleux
sentiment de vie… de vie absolue ! J’ai envie de courir, de sauter, de
grimper…
(Eh bien, alors, qu’est-ce qu’on attend !)
La panthère brune quitte le couvert des arbres en bondissant et je
la suis, à vive allure. Je galope maintenant de toutes mes forces, me
fau ilant à travers les arbres, esquivant aisément les branches basses…
Un lux enivrant de parfums passe sous mes naseaux et je me plais à les
reconnaître. Mes yeux, mes oreilles recueillent et identi ient une
myriade de signaux, tous familiers… D’un bond, la panthère brune
escalade le lanc d’un grand arbre mort qui se dresse devant nous. A sa
suite, je plonge mes griffes, je tire et les plonge à nouveau. Posée
tranquillement sur une branche épaisse, elle m’attend… je la rejoins,
m’assieds. Elle remue la queue, et je bouge la mienne en réponse.
(Vraiment pas mal pour un débutant, BOUM BOUM.)
Abasourdi par cette avalanche de stimulations, je ne réponds pas.
Je songe à ce sentiment de puissance dans mes muscles, au tri des
informations massives qui pénétraient par mes sens… Comment les
hommes ont-ils pu ignorer, déformer des perceptions aussi profondes ?
Comment ont-ils pu en recueillir aussi peu, quand un animal inférieur…
inférieur ?… en recueillait autant ?
(Nous devons partir, maintenant.)
La panthère brune se dresse, fait demi-tour et redescend… Elle
descend tête la première ! Mais… les félins en sont donc capables, eux
qui descendent toujours à reculons ? Je me dresse sur mes pattes, je
recule lentement, puis je franchis d’un bond aisé les trois mètres qui me
séparent encore du sol.
(Allongez-vous sous l’arbre, près du tronc, puis faites un saut, un tout
petit saut.)
Je m’étends dans l’herbe haute puis, à regret, je m’étire et j’étends
les bras.
CLIC !
Nous lottions juste au-dessus du sol et je regardais en bas.
Respirant lentement, de façon imperceptible, je vis alors le corps d’une
panthère brune allongée dans l’herbe… et celui de l’autre, plus foncé,
que j’avais occupé.
BB s’amusait visiblement (Ça vous a plu, pas vrai ?)
Je vibrais. (C’était fantastique !)
(Eh bien, il vous reste une dernière expérience à tenter. Celle-là, c’est
NA… euh, c’est elle qui l’a choisie. Elle est sûre que ça va vous plaire. Vous
serez seul, mais elle a dit que vous sauriez quoi faire. Je vais seulement
vous guider jusque-là. Prêt ?)
Tout en me demandant ce qu’elle avait bien pu choisir, j’étendis les
bras devant moi.
CLIC !
Je plane haut au-dessus d’une chaîne de montagnes accidentées,
couronnées de neige, et ma vue porte à des centaines de kilomètres de
toutes parts… Au sol, mon œil perçant distingue dans leurs moindres
détails les feuilles des arbres, les petits animaux qui se déplacent sur
les roches… Lentement, j’évolue dans l’espace et, tandis que j’effectue
avec aisance un large demi-tour, la crête des montagnes offre une
poussée solide et ferme sous mes ailes. Mes ailes ! Je tourne la tête. Une
aile large et arquée, qui s’arrondit à l’extrémité, se déploie à partir de
l’épaule. Ses plumes sont hérissées par la légère turbulence. Je roule la
tête vers la gauche, où une autre aile lui fait pendant.. Je ne lotte pas, je
plane… comme un oiseau, je suis un oiseau ! … Un superbe planeur qui
fait exactement ce que je veux ! Je me mets en virage et les plumes du
bord de fuite s’abaissent sur un côté, se relèvent sur l’autre, comme des
ailerons. J’atteins la portance maximale… Ça y est Plus sous l’aile
gauche que sous la droite. Tournant dans l’ascendance. Je sens
l’ascendance de plus en plus forte… Je vire et tourne en spirale. Je dois
avoir une inesse de cinquante… Spirale ascendante, plus serrée, plus
rapide… contrôle parfait… L’air est moins dense… J’augmente encore la
vitesse relative… Je me demande où est le point de décrochage. Nez
vers le bas. Non. Tête plus haute. On augmente l’angle d’attaque, encore.
Eh ! Mais ça n’est pas mal du tout ! Je n’aurais jamais cru qu’un oiseau
pouvait… Ouh là là ! Ça décroche…Mais oui ! Comme c’est simple de
reprendre de la vitesse…Il suf it de replier les ailes ethooooooo ! on
descend !
(Eh, BOUM BOUM !)
Je parie que, si on tes ouvre lentement, ces ailes sont capables de
supporter l’accélération de la pesanteur qui suit un piqué… Voyons… je
vais piquer un peu plus vite…
(BOUM BOUM, vous savez ce que vous faites ?)
Bon. Ma vitesse est suf isante. Et maintenant j’ouvre les ailes peu à
peu… lentement… Et maintenant, je reprends le manche… euh, relever
peu à peu les plumes de la queue… Voilà ! Retour à la normale, vitesse
de croisière… Ah, quel oiseau! C’est sans doute un condor… Je me
demande comment ferait un petit moineau…
(BOUM BOUM, faites un petit saut. Immédiatement 0
Je soupire… et j’étends les bras devant moi.
CLIC !
Revenu au milieu des formes étincelantes, je me fermai
soigneusement Sous l’effet du rayonnement, je me brisai en ondes
délicieusement familières. Au bout d’un moment, la radiation diminua
pourtant et je pus m’ouvrir. J’identi iai immédiatement BB et aussi, plus
vaguement, la femme. BB roula. (Ce gros oiseau doit encore se demander
pourquoi ses ailes sont tordues !)
Je me roulai à mon tour. (Sûrement pas ! Je vous jure que, quand je
l’ai quitté, il n ‘avait pas un tendon ou un muscle froissé, pas une plume
qui dépassât !)
BB se tourna vers la femme, que j’avais déjà identi iée sous sa
forme étincelante. (C’est lui, votre problème. Je vais voir, euh… AA, et je
vous retrouve au site.)
(Le site ?) demandai-je à l’adresse de la femme.
(L’endroit où nous vous avons accueilli.)
Je me retournai vers moi-même. J’avais le sentiment que ma visite
tirait à sa in et tant de questions restaient sans réponse. Je décidai
d’aller droit au but
Je me concentrai, complètement ouvert a in de ne rien déformer.
[En revenant, les Premières Incarnations…)
(Les Incarnations Uniques), corrigea-t-elle.
(Si l’entrée est constante, repris-je, vous devez bien avoir une sortie
pour maintenir l’activité du lux, du mouvement ?)
Elle attendit tranquillement., poliment ?… Ou bien percevait-elle à
la fois les questions et les réponses ? Je continuai. (Ainsi c’est à partir
d’ici, le dortoir, que les humains effectuent leur cycle ? Mais qu’advient-il
lorsqu’ils l’ont achevé ?)
Elle tressaillit. (Je… je n’ai aucune image à ce sujet. Ils disparaissent,
c’est tout.)
(Un par un ou en groupe ?)
Elle redevint lisse. (Plusieurs à la fois, en général. Mais de temps en
temps, l’un d’eux s’en va tout seul.)
(Et ils ne reviennent jamais ?)
(Non, jamais.)
(Vous communiquez avec eux ? Après leur départ ?)
Elle tressaillit (Pas d’une manière que nous comprenions.)
J’eus envie de poursuivre, mais je savais que la réponse inirait par
venir. (Il y a des signes montrant qu’ils sont en train d’achever leur cycle
?)
Elle s’apaisa de nouveau. (Oh oui ! Comme ils n’ont plus besoin de
l’expérience terrestre, ils deviennent de moins en moins physiques. En in
de compte, ils cessent complètement de l’être.)
(Et c’est tout?)
(Non, leur… euh, leur radiation se modi ie. Et ils commencent à se
fermer. Après quoi, ils disparaissent.)
Je sentis qu’elle commençait à vibrer. (Je ne voudrais pas apparaître
comme un inquisiteur, mais…)
Elle s’ouvrit davantage. (Continuez. Nous savions que vous poseriez
ces questions.)
J’essayai une autre direction. (J’ai besoin de la boule de pensée la
plus complète possible. Je n’aurai peut-être pas une deuxième occasion.)
(Oh, je suis sûre du contraire !) Sa réponse, empreinte d’une douceur
opportune, n’était pas dépourvue d’humour.
(Dans l’espace-temps, repris-je, existe-t-il beaucoup de processus
de développement de la conscience semblables à celui de la terre et des
humains ?)
Elle roula. (Vous ne pourriez pas les compter tant ils sont nombreux !
D’autant que les nouveaux arrivent sans cesse sur la ligne.)
(Sur la ligne ?)
Elle roula plus fort (AA savait que vous aimeriez cette phrase.)
(J’aimerais le rencontrer, un jour. Il en sait plus sur moi que je n’en
sais moi-même !)
Elle ne répondit pas et roula encore plus fort Je n’avais pourtant
pas le sentiment que c’était drôle. (Mais est-ce que les humains sont en
communication avec de telles… euh, civilisation ?)
Elle s’apaisa. (Pas vraiment. Il y a bien quelques échanges, mais ils ne
semblent pas véritablement importants. )
(Et les autres systèmes énergétiques non physiques ?)
Elle s’éclaira. (Ah ! Ceux-là, nous les visitons aussi souvent que
possible.)
Je risquai une question hardie. (Pour recueillir du « loosh » ?)
Elle se tourna vers l’intérieur, puis s’ouvrit avec précaution. (Non.
Pour le semer, pour planter les graines. Cela permet au… euh, au rayon
d’avoir un identi icateur sur lequel se concentrer.)
Ce fut à mon tour de rentrer en moi-même pour me fermer. Cette
simple déclaration impliquait une telle connaissance que tout le reste
en devenait aussitôt inutile que du bavardage de singe. Décidément, il
restait beaucoup du singe en moi, beaucoup trop… Mais une image me
vint tout à coup. Il fallait que je véri ie.
Je la lui envoyai calmement. (Êtes-vous en train d’achever votre cycle
?)
Elle oscilla. (Oui.)
(Comment le savez-vous ?)
Elle se mit à vibrer. (Il m’avait avertie que vous me poseriez la
question, mais vous l’avez mal posée. Je ne peux donc pas répondre.)
Inutile de demander qui était cet « il ». (Pourtant vous m’avez
transmis que vous n’aviez pas d’image sur ce qu’il advenait des êtres en
in de cycle !)
Elle s’adoucit joliment (C’est vrai. Vous, par contre, vous en avez.)
J’étais totalement déconcerté. Les INSPECS ou bien elle-même
avaient-ils donc décrété que c’était à moi de l’informer ? Un petit garçon
devait faire le travail d’un homme ? J’étais si fermé que je faillis
manquer le reste.
Elie vibrait chaudement (Nous attendons que cet… euh, qu’un
événement se produise. A ce moment-là, nous pourrons partir.)
J’allais demander ce qu’étaient ce « nous » et cet événement, quand
je sentis le signal familier de l’INSPEC. Je commençais à réagir. Elle
aussi. Elle aussi ! Une avalanche d’images se déversait en moi,
m’apportant toutes les réponses… Ou du moins je le crus.
(Nous devons retourner au site, à présent.) Elle était détendue, et
pourtant vibrante. (Etes-vous prêt ?)
Je me fermai, cherchai l’identi icateur du monticule… Puis j’ouvris
les bras.
CLIC !
Je me trouvais au-dessus du monticule… à environ trente mètres
d’altitude… les chaînes s’étendaient vers l’ouest, et je me tournai en
direction des palissades… Les palissades ! Au-delà, j’apercevais les
bâtiments du Centre, avec leurs toits rouge sombre… Une voiture passa
et l’allée de gravier disparut sous un nuage de poussière. J’avais choisi
le mauvais identi icateur et me retrouvai en 1982. Je sentis que j’aurais
bien du mal à démêler l’écheveau étrange des émotions qui
m’envahissaient — si tant est que j’y parvienne. Fait inhabituel, j’avais
même réintégré mon second corps de mon propre chef. C’était une
vieille routine que de revenir au physique, de s’y glisser… J’ouvris les
yeux, remuai bras et jambes. Je regardai la pendule. 2 h 40. Huit
minutes s’étaient écoulées !
Huit minutes ?
16. LE RASSEMBLEMENT
CLIC !
Nous nous trouvions quelque part dans l’espace entre la terre et la
lune, à une distance indéterminée, peut-être à quatre-vingt mille
kilomètres de la surface de la terre. La perspective était différente mais
nette et détaillée. Comme Je me tournais pour regarder la lune, je restai
interdit. A trois cents mètres à peine, c’est du moins ce qui me sembla,
je vis un immense objet gris, d’apparence solide, long et ef ilé, en forme
de cône. Un dôme hémisphérique surmontait l’extrémité la plus large,
l’autre se trouvant éloignée de plusieurs kilomètres. Il semblait
immobile, mais je percevais clairement la radiation de bande M qui en
provenait. Un vaisseau spatial, un vrai vaisseau spatial ?
(Selon votre terminologie, c’est exact. Ce n’est pas une construction
humaine. Il y en a beaucoup autour de la terre en ce moment. Ils viennent
de votre univers, mais pas nécessairement de votre époque de référence.)
« Beaucoup. » Cela pouvait signi ier cinq comme cinq mille. A quoi
bon essayer de deviner ? Mais pourquoi autour de notre terre y avait-
il…
(Ils sont concentrés sur la planète Terre et ses habitants, de la même
façon que vous avez observé les autres, et dans le même but. On avance ?
La réponse va venir bientôt.)
Ma curiosité piquée au vif, j’acceptai avec joie.
CLIC !
A distance, l’image que j’avais de ta terre se réduisait au re let d’un
point lumineux, pas plus grand qu’une petite étoile. Il en émanait des
ondes d’énergie irrégulières, multi-dimensionnelles, semblables à un
battement interrompu de temps à autre par un lamboiement rapide.
C’était un processus complexe, inorganisé, composé non de lumière ni
de forces électromagnétiques ou gravitationnelles, mais d’un autre type
d’énergie que je ne pouvais dé inir. Totalement fasciné par le spectacle,
je n’avais pas encore remarqué l’environnement. Aussi loin que portât
ma vue tout autour de la terre, je découvrais des myriades d’espèces, en
nombre apparemment in ini. Certaines avaient une forme dé inie,
d’autres évoquaient de simples volutes de vapeur nuageuse, mais
toutes rayonnaient, à des degrés d’intensité divers. Chez ceux qui
m’étaient le plus proches, je percevais la même attente, le même espoir
que le spectacle commences Et ce spectacle devait être grandiose pour
attirer tous…
(C’est ce que nous appelons le rassemblement. Ces êtres se manifestés
depuis les systèmes énergétiques proches, à seule in d’assister à ce grand
spectacle, comme vous dites. Comme d’ailleurs ceux du vaisseau spatial ou
les humains en in de cycle. Le spectacle qui va se produire est, à vrai dire,
un événement très rare. Il s’agit de la conjonction, au même point de
votre espace- temps, de plusieurs champs d’énergie très intenses. C’est la
rareté du phénomène qui attire tellement l’attention. Disons que, selon
votre terminologie terrestre humaine, il peut apparaître environ tous les
quatre-vingt-sept millions d’années.)
Effectivement, l’attente pouvait sembler longue !
(Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire qu’il se produira à ce rythme. Il faut
tenir compte en effet des éléments aléatoires et des variables de format
que l’on ne peut prédire.)
Il se pouvait donc que l’événement n’ait pas lieu. Ce qui ferait bien
des déçus…
(Il s’agit là d’une question dépassée depuis longiemps. L’événement se
produira. Son intérêt réside dans ce qui en résultera. Le meilleur symbole
pour vous serait celui de la convergence d’un grand nombre de
possibilités, émergeant sous la forme de probabilités diverses et d’un
nombre restreint de possibilités. L’une de ces probabilités risque de
modi ier non seulement votre espace-temps, mais aussi tous les systèmes
d’énergie voisins. D’où ce vaste intérêt. En termes humains, toujours
symboliques, ce rassemblement a pour objet d’observer l’éventuelle
naissance d’une énergie nouvelle. Cette énergie survivra-t-elle au
processus de sa naissance, et si oui, ses potentialités se révéleront-elles
effectives à la maturité ? Ou bien l’enfant sera-t-il mort-né, réduisant du
même coup toutes les possibilités à de pauvres éventualités dépourvues de
coordination ?)
Comme j’examinai la partie de ma délicieuse boule de pensée
concernant les H+, tout s’éclaira. Mais mon moi encore incarné
regardait la terre et le système humain…
(En Orient, les humains ont un symbole de crise qui se compose de
deux sous-symboles représentant le danger et l’opportunité. Selon la
terminologie humaine terrestre, l’événement est précisément un point de
crise. Or, du point de vue de l’existence humaine, il est indéniable que le
danger comme les opportunités seront partout présents, à des degrés
extrêmes.)
Le danger ? Le danger physique ? Mental ? Le…
(Il s’agit là de possibilités dont la nature exacte sera déterminée par
l’événement lui-même. Votre image, quelle qu’elle soit, vous montre l’une
d’entre elles. Il pourra s’en produire plusieurs.)
L’autre aspect, l’occasion, l’opportunité.
(Elle est là clé qui permet de comprendre l’événement. Car c’est elle
qui donnera à la conscience humaine des chances exceptionnelles
d’évoluer rapidement vers un système d’énergie uni ié, intelligent, dont la
portée dépassera de beaucoup l’illusion spatio-temporelle, créant,
construisant, enseignant comme seule est capable de le faire une énergie
qui est passée par l’école humaine et a achevé son cycle.)
Notre visite sur terre en l’an 3000 plus…
(Une simple possibilité, que cet événement peut rendre probable.
Votre action compte parmi ces in imes facteurs aléatoires susceptibles d’y
contribuer.)
Si les humains manquent l’occasion…
(Alors ils cesseront d’être l’espèce dominante sur la terre. Un jour
viendra où leur conscience active ne survivra plus, puis inalement, ils
n’existeront plus sous aucune forme.)
Je demandai directement: (Et vous, vous tous, que ferez-vous si cela
se produit ?)
En réponse, je fus enveloppé d’une merveilleuse chaleur et d’un
sourire doux. (Il nous faudrait alors reprendre au début une nouvelle
action dans l’espace- temps de quelque autre planète, avec d’autres
humains.)
Je me retournai vers moi-même et me fermai. Je n’étais plus en état
de penser à grand-chose ni de faire quoi que ce soit Mais j’avais beau
être ébranlé, je ne voulais pas le perdre, pas maintenant. (Il nous reste
encore un processus à accomplir avant de vous laisser réintégrer voire
corps physique.)
Je croyais ne pas pouvoir en supporter davantage et, pourtant, je
sus que j’y arriverais.
(Appelez votre ami BB et guidez-le jusqu’ici.)
La boule de pensée se déroula instantanément Je l’avais laissée
avec Bill, et Bill n’était pas là…
(Vous le localiserez facilement. Il est en mesure de remplir pour nous
une fonction d’un genre très particulier.)
Les questions étaient inutiles. J’entrepris de rechercher
l’identi icateur de BB et m’étirai.
CLIC !
Je me sentais mieux, ou plus âgé. Pas la moindre sensation de
déplacement Et je ne fus guère surpris de l’endroit où j’arrivai. Je me
trouvais sur l’herbe, devant la cabine de Charlie. Celui-ci était en
compagnie de BB, tous deux totalement absorbés par quelque chose. Je
me dirigeais vers eux lorsque BB m’aperçut.
Il vibra fortement (Hé, BOUM BOUM. Regardez ce que nous sommes
en train de fabriquer !)
CLIC !
Nous nous trouvions devant le in halo de la zone intermédiaire. Au
loin, on apercevait la forme loue de la terre entourée par les anneaux.
Les bruits de bande M, notamment le crissement, s’était totalement
estompés. Je m’ouvris, soulagé. L’INSPEC se trouvait devant moi. A mon
côté, BB était complètement fermé, ce qui me parut étrange.
(Voilà. Le processus est achevé.)
Il y avait dans cette déclaration un aspect dé initif qui me mit mal à
l’aise. Elle résonnait en moi, éveillant au passage une foule d’émotions
auxquelles je m’efforçais de faire face en les détournant à mesure
qu’elles surgissaient. Cette fois en effet, c’était différent. Ma boule de
pensée était bien trop exquise, trop précieuse pour que je la laisse
prendre une autre tournure. Le malaise s’évanouit.
Je m’ouvris complètement et me détendis. (Je comprends
l’individuation. Elle n ‘est pas nécessaire.)
(Vous avez bien appris vos leçons, Ashaneen.)
La forme rayonnant d’un vif éclat disparut A présent, je savais que
je n’aurais plus l’occasion de suivre l’identi icateur d’un INSPEC.
Pourtant, je n’éprouvais aucun sentiment de solitude. Je m’approchai de
BB qui planait, immobile, toujours fermé.
Je me concentrai. (Dites donc, mon vieux, il va falloir que je reparte.)
Il s’ouvrit lentement. (Ah! Euh, BOUM BOUM… Justement, j’ai moi
aussi quelque chose à faire.)
Je ne doutai pas un instant de ce que c’était. (Eh bien, tout se
passera bien. C’est comme défaire un saut ou un jeu sur KT-95.)
Il s’éclaira. (Absolument ! Plein de jeux !)
Sexualité — reproduction
Les objets physiques, les lieux, etc., sont des unités intégrées à
l’espace-temps, qu’il convient d’apprécier et d’utiliser en tant qu’outils
de l’expérience d’apprentissage. Aucun ne nous appartient Nous ne
possédons nul objet, nul être, rien. Même la substance de notre corps
physique est “empruntée” si l’on peut dire. Emmagasinez le souvenir et
l’expérience, laissez l’émotion derrière vous.
Vous êtes responsable de votre vie
La plupart des gens qui font cette expérience l’écartent comme s’il
ne s’agissait que d’un rêve marquant Au mieux, certains la rangent dans
la catégorie des rêves dits « lucides ». Dans celle-ci, le rêveur est
apparemment conscient de son rêve et peut en contrôler le contenu au
point même d’en changer le cours, les acteurs, l’issue.
Dans l’OBE, l’individu se trouve dans un état très voisin de la
conscience, selon la dé inition qu’en donne notre civilisation. Elle
reproduit la plus grande partie, sinon la totalité, de notre perception
sensorielle physique. On peut « voir », « entendre », « toucher » — les
sens les plus faibles semblent être l’odorat et le goût Le point de
référence est un endroit proche ou lointain, mais extérieur au corps
physique. S’il est proche, il s’agira généralement d’un lieu où le corps
physique ne peut pas, en principe, se trouver, par exemple le plafond.
S’il est lointain, il pourra s’agir par exemple de Paris alors que l’on sait
se trouver physiquement à New York. On peut voir se dérouler les
événements, sans être pourtant en mesure de les modi ier ni de les
affecter de manière sensible. Il est d’ailleurs possible d’en véri ier
ultérieurement l’authenticité, si on le désire. En revanche, il est
impossible d’y participer activement puisque la présence à cet instant
n’est pas « physique ». C’est l’extrême réalité de l’OBE qui la distingue
du rêve. Elle est aussi « réelle» que n’importe quelle expérience de la
vie physique.
QUESTION: N’IMPORTE QUI PEUT-IL SORTIR DE SON CORPS ?
Aucune source iable ne permet d’af irmer que l’un ou l’autre de ces
éléments ait un effet tangible sur l’OBE. Il semble toutefois que
l’orientation nord-sud joue bien un rôle, d’où il découle que le champ
terrestre magnétique pourrait in luencer le processus. Dans la mesure
où c’était facile à réaliser, nous avons aligné la nouvelle cabine
d’isolation de notre laboratoire sur la position magnétique nord-sud. En
y installant des champs magnétiques arti iciels, nous pourrons égaler
ou produire un « zéro » magnétique comme celui que connaissent les
astronautes au cours de leurs explorations lunaires. Nos études
ultérieures devraient donc fournir au moins des réponses partielles.
QUESTION: SI J’ABANDONNE PROVISOIREMENT MON CORPS. UNE AUTRE PERSONNE
PEUT-ELLE S’Y GLISSER EN MON ABSENCE ?
En général une personne, surtout s’il s’agit d’un être dont vous êtes
proche sur le plan affectif. Certains parviennent pourtant à se rendre en
un lieu donné, mais ils doivent pour cela disposer d’une « adresse » ou
d’un identi icateur spéci iques.
QUESTION: SI L’ON RENCONTRE UN ÊTRE AU COURS D’UNE OBE. COMMENT PEUT-ON
SAVOIR S’IL EST BÉNÉFIQUE OU MALÉFIQUE ?
Ils n’en ont pas besoin. Toutefois, c’est peut-être en replaçant leurs
activités et capacités dans ce contexte que notre culture, basée sur le
cerveau gauche, commencera à comprendre ce qu’ils font Cette «
technologie » leur est en effet aussi naturelle que l’est pour nous notre
système nerveux autonome. En considérant notre appareil gastro-
intestinal, notre système circulatoire ou nos poumons, nous ne pensons
pas technologie. Nous nous contentons de les utiliser sans effort
conscient, bien que nous en sachions plus long désormais sur la
technologie qu’ils mettent en oeuvre. Toutes choses étant égales, la
technologie de ces êtres est la même, à ceci près qu’ils l’utilisent
délibérément et savent la contrôler.
QUESTION: NOTRE TECHNOLOGIE HUMAINE EST-ELLE LE RÉSULTAT DE LA
COMMUNICATION AVEC CES SUPER-ÊTRES ?
Cette question a été posée à nos amis non physiques, qui af irment
que cela est non seulement possible, mais encore fréquent. En l’absence
d’autres informations à ce sujet, nous ne savons ni comment ni
pourquoi cela se produit. On m’a donné personnellement le nom et le
lieu d’une «deuxième vie» que je vivrais, mais je n’ai eu ni le temps ni le
courage d’aller véri ier en admettant que cela soit possible.
QUESTION: VOTRE PRATIQUE DE L’OBE A-T-ELLE MODIFIÉ VOS CONVICTIONS
RELIGIEUSES ?
Oui.
II- PSYCHOPHYSIOLOGIE DE L’OBE CHEZ
ROBERT A MONROE
Stuart W. Twemlow etGIen O. Gabbard, docteurs en médecine
B. NATURE DE L’EXPÉRIENCE
C. IMPACT DE L’EXPÉRIENCE