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Tiers Monde

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LE TIERS MONDE

Une société spécialisée en


COOPERATION TECHNIQUE
INTERNATIONALE

COFRAL
Pour votre EXPANSION à !'Etranger
Principales branches : Chimie
Agro-alimentaire
Plastiques
Bâtiment

Principales zônes : Sud-Est Européen


Afrique du Nord et de l'Ouest
Moyen-Orient
Inde-Pakistan

Pour un DEVELOPPEMENT Harmonieux


Principales fonctions : Etudes d'investissement
Transfert de technologies
Constitution de groupes
Négociations internationales

Principales méthodes : Cession de licences


Assistance technique
Promotion industrielle
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Vingt* professionnels, associés pour un objectif clair

des PROJETS SAINS et PROFITABLES


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Jacques de MONTETY 1 943
Roger NANCY 1 934
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Téléphone 387.16.00 Telex OFRAL 660425 F Cable INTEROFRAL PARIS
REVUE DE L'AMICALE DES ANCIENS ËLÈVES DE L'ËCOLE POLYTECHNIQUE

La Jaune et la Rouge n' 338 - Février 1979

MMAIRE LE TIERS MONDE

dossier préparé par Michel Arnaudon (51), Pierre Garrigues (34) et Claude Laigle (53)

4 Le développement du Tiers Monde, quel intérêt pour la France?


par Christian Beullac (43) Ministre de !'Education.
Réalités du Tiers Monde
8 La complexité géopolitique du Tiers Monde.
par Michel Malherbe (50)
13 Le développement de l'Amérique Ibérique,
par Salvador de Madariaga (06)
17 Agriculture et développement rural en Asie du Sud,
par Jacques Loup (62)
21 Quel avenir pour le Sahel ?
par Jacques Giri (52)
Points de vue sur le développement
25 Quelques obstacles au développement du Tiers Monde et leurs remèdes,
par Mohammed Bahda (76)
29 Pays en développement : pour une nouvelle problématique,
par Marc Chervel (52)
32 Les travaux de «Economie et Humanisme » sur le développement,
par Jean Queneau (30)
L'ordre international en question
36 L'industrialisation du Tiers Monde :
conséquences pour l'économie française,
par Yves Berthelot (58)
41 L'expertise de W. Léontief: vers un nouvel ordre international?
par Philippe Bourcier de Carbon ( 61)
46 L'évolution à long terme des relations entre pays en développement et pays industrialisés,
par Jacques Lesoume (48)
50 Le nouvel ordre économique international : mythe ou réalité ?
par Marcel Sala (35)
Les institutions
54 La coopération avec le Tiers Monde : réalités et perspectives,
par Dominique Gardin (60)
56 La banque mondiale et le développem,ent,
par Pierre-Henri Cassou ( 66)
La technologie
61 Techniques d'irrigation pour les pays en voie de développement,
par Jean-Louis Janin (60)
65 La désertification et ses remèdes,
par Paul Schrumpf (43)
69 Du transfert de technologie à l'accès à la maîtrise industrielle,
par Silvère Seurat (37)
73 Le développement d'une technologie adaptée au Tiers Monde :
une nécessité inéluctable,
par Claude Laigle (53)
La vie de l'association
79 Carnet Professionnel
80 Informations diverses
82 Crédit X Mines
83 Suite au déjeuner des présidents - Cotisations
84 Groupes X et convocations de promotions
85 G.P.X.
86 Carnet Polytechnicien
88 Petites Annonces
96 Dernière Heure
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X1
DOSSIER PRÉPARÉ PAR LE G.T.M.X.
SOUS LA DIRECTION DE
MICHEL ARNAUDON ( 51)
PIERRE GARRIGUES (34)
ET CLAUDE LAIGLE (53)

3
L'année 1973 a brutalement attiré l'attention du monde occidental
sur ses relations avec le Tiers Monde. Confrontés à une situation
nouvelle de l'économie mondiale, théoriciens et experts tentent
depuis lors de préciser avec le plus de rigueur possible le visage du
monde de demain, un monde enfin saisi dans sa globalité. Les
responsables d'aujourd'hui, qui ont à déterminer les orientations à
long terme de la politique de notre pays, se doivent de participer à
cette recherche. Il est donc normal que le Ministre de l'Éducation,
ayant en charge la formation des jeunes générations, tienne sa
place dans ce grand débat. Depuis 1973 en effet, le contexte
international nous impose, d'une façon beaucoup plus évidente
qu'auparavant, d'adapter notre politique éducative aux conditions
économiques nouvelles, changeantes, auxquelles nous sommes et
serons toujours plus étroitement confrontés.

LE DEVELOPPEMENT
DU
TIERS MONDE
auel intérêt pour la France ?
PAR CHRISTIAN BEULLAC (1943)
Ministre de !'Éducation

4
-----------------------------~----~

VIVRE A HUIS CLOS la maturité industrielle représentent ac- concurrence du Tiers Monde sur l'in-
tuéllement moins de 30 % de la popula- dustrie française sont encore globale-
tion mondiale. A la fin de ce siècle, ils ment très limités (7 % des importations
L'émergence des pays du Tiers
seront réduits à 20 %, et à 10 % au mi- de produits manufacturés), mais il faut
Monde est trop souvent perçue comme lieu du prochain. Qui peut imaginer aussi relativiser les pertes d'emplois que
une menace pour l'économie française.
On parle de «déferlement}), on s'émeut
qu'un dixième de la population mon- provoque cette concurrence par rapport
d'une concurrence « sauvage», notam- diale puisse continuer à vivre dans une à celles qu'entraînent les mutations nor-
ment dans le textile et l'habillement, on île de prospérité et à contrôler économi- males de l'économie (augmentation de
prévoit des coupes sombres dans l'ap- quement l'univers, alors que sa dépen- la productivité par exemple).
dance va croître par rapport au reste du
pareil productif français. Ensuite, s'il y a une menace, elle
monde?
Notre industrie, par surcroît, doit vient surtout des autres pays industria-
faire face à des revendications sociales lisés dont la concurrence est beaUcoup
profondes, tout en restant perçue plus redoutable pour nous que celle des
comme le recours suprême pour la sau- pays du Tiers Monde. Même 'si la
RICHES TOUT SEULS ? France s'est beaucoup plus ouverte au
vegarde économique du pays. Est-il
alors bien opportun de la fragiliser, monde depuis vingt-cinq ans qu'elle ne
c'est-à-dire de compromettre la crois- La prise en compte lucide et respon- l'avait jamais fait auparavant, sa situa-
sance de secteurs entiers, en l'exposant sable de l'émergence économique du tion actuelle demeure peu favorable
à cette « concurrence indésirable » ? Tiers Monde est enfin (et surtout) une dans le cadre de la spécialisation inter-
condition essentielle d'efficacité pour la nationale qui caractérise le nouvel ordre
Tel est bien l'étau dans lequel elle est politique économique de la France. économique. Elle a investi, en effet,
prise : aménager les conditions sociales Aujourd'hui, l'alliance peut et doit se dans les domaines où la demande mon-
de la production et défendre sa place substituer à l'antagonisme. Aucun pays diale est en déclin. De plus, ses investis-
dans la compétition internationale. La ne peut plus espérer maîtriser seul son sements directs dans le Tiers Monde
pire manière pour notre pays de tenter économie. Nous sommes entrés dans restent faibles et le retard s'accentue
de desserrer cet étau serait sans doute une ère d'interdépendance économique. par rapport à d'autres pays comme l'Al-
de revenir à un repliement sur soi dé- Tous les pays du monde occidental sont lemagne ou les USA.
sormais anachronique, et qui risquerait d'ores et déjà devenus dépendants de
de le conduire, au sein d'une économie Ainsi les liens économiques solides
l'extérieur pour leurs importations avec le Tiers Monde ne constitueraient
en voie d'intégration mondiale, à la comme pour leurs exportations, c'est-à-
·marginalisation, sans parler de la réces- pas seulement pour la France un moyen
dire aussi bien du point de vue de la de relance, mais aussi la base d'une
sion sociale. croissance que du point de vue de l'em- stratégie plus indépendante vis-à-vis des
Il nous faut admettre désormais que ploi. grands pays industrialisés.
l'industrialisation des pays du Tiers L'économie française, elle aussi, s'est
Monde est non seulement inévitable, ouverte, et d'une manière irréversible,
mais souhaitable à bien des égards pour aux échanges mondiaux. Notre taux
les économies développées en général et d'exportation est passé de 14 à 22 % du
pour la France en particulier. Nous ne PNB en 10 ans, ce qui est remarqua-
pouvons refuser ce processus prévisible, ble ; nous exportons 40 % de notre pro-
pour des raisons de justice, d'intérêt duction industrielle. Cette nécessité de
bien compris et d'efficacité. l'exportation ne saurait d'ailleurs être CONCURRENTS
remise en question : pour acquitter la MAIS CLIENTS
facture pétrolière, étant donnée notre
dépendance énergétique, nous sommes Il faut adopter une vue plus dynami-
condamnés à garder les frontières ou- que et moins malthusienne : nous nous
vertes. créerons des concurrents, certes, mais
DE LA CHARITÉ C'est dans ce nouveau contexte que aussi des partenaires et de nouveaux
A LA SOLIDARITÉ va se faire l'industrialisation du Tiers marchés. L'industrialisation du Tiers
Monde. Elle se fera, que la France y Monde est une chance à saisir pour
participe ou non. C'est dès maintenant notre économie. Et ce pour trois raisons
C'est tout d'abord une question de que nous devons nous préparer, lucide- principales :
justice. Les temps ont en effet changé. ment, à ce qu'elle se fasse avec la
Il y eut une époque où l'on affirmait - Sur le marché mondial, le Tiers
France. Monde est un client privilégié offrant à
que la responsabilité principale en ma-
Bien entendu, participer à l'industria- notre production des débouchés indis-
tière de sous-développement était le fait
lisation des pays du Tiers Monde, c'est pensables. La saturation des marchés
des pays développés. Faut-il rappeler
renforcer une concurrence-boomerang. est en effet devenue la règle pour de
que la France, pour sa part, n'a jamais
On ne manquera pas de mentionner les nombreux biens et l'exportation de
failli au devoir d'assistance qu'elle
s'était fixé à l'égard des pays en voie de importations sauvages qui commencent biens d'équipement ne doit pas exclure
à provenir de pays à bas salaires et sans celle de biens de consommation. La
développement? Il reste que le Tiers
législation sociale. clientèle du Tiers Monde, où les besoins
Monde, jusque dans un passé encore
sont imm.enses et les marchés nom-
proche, demeurait exclu d'un dévelop-
breux, est 'également nécessaire pour as-
pement mondial qui s'était fait en pui-
surer les emplois des pays développés,
sant de plus en plus dans ses ressources.
voire en créer de nouveaux, comme
C'est ensuite notre intérêt bien dans le secteur des biens d'équipement.
compris. On ne peut pas plus envisager LES GRANDES INVASIONS? Si on estime, par exemple, que les
un retour des pays pauvres à leur rési- achats de la France au Tiers Monde lui
gnation historique qu'une croissance Mais ce schéma est trop facile et il ont « coûté » près de 100 000 emplois
des inégalités comparable à celle du faut dissiper une illusion d'optique. Le en 1976, on doit reconnaître aussi que
passé. Le risque d'explosion serait trop danger est probablement plus ressenti ses ventes au Tiers Monde ont corres-
grand. En effet, les peuples parvenus à que réel. Non seulement les effets de la pondu à 360 000 emplois. 5
EXPORTER MIEUX FAIRE PEAU NEUVE Dans cette optique, notre pays doit
faire un gros effort de prospective di-
- Les économies du Tiers Monde peu- S'il faut faire progresser les échanges men~ion nouvelle et primordiale qu'il
vent être pour la France un complé- avec les pays en voie de développement, conviendrait d'institutionnaliser. Les
ment appréciable. Il faut développer un il faut également permettre aux entre- exportations françaises devraient être
prises françaises de faire face aux nou- facilitées par un réseau d'information
flux d'activités économiques dans les
velles concurrences présentes et à venir. comparable à celui dont disposent les
deux sens, intensifier avec des écono-
Et cet effort spectaculaire et parfois sociétés de commerce international ja-
mies en voie de développement un
douloureux entraîne pour notre pays et ponaises ou allemandes.
échange entre biens de consommation
et biens énergétiques d'un côté, et de notre société plusieurs conséquences : Pour l'exportation à destination des
l'autre biens d'équipement pour un - Il nous faut en premier lieu accepter pays du Tiers Monde, la France pos-
début d'industrialisation. Ce n'est qu'en toutes les mutations intervenues dans le sède des atouts considérables qu'elle
favorisant l'entrée à l'intérieur de nos jeu économique mondial et changer doit exploiter résolument : technologies,
frontières des productions du Tiers notre état d'esprit dans bien des domai- ingénierie, transfert de maîtrise indus-
Monde que nous pourrons accroître ra- nes. Ainsi, trop de mentalités dans trielle, toutes «exportations » dont les
pidement nos exportations de biens notre pays sont restées profondément répercussions sur l'emploi à l'intérieur
d'équipement et de produits élaborés déterminées par un long passé histori- de notre pays ne peuvent être que béné-
dits «à haute technologie». C'est « im- que d'autarcie relative, alors que la fiques.
porter mieux pour exporter plus 1>. Il est France dépend désormais fortement de Pour pouvoir exporter des produits
désormais admis que les restrictions im- l'extérieur (20 % de son produit natio- ou des technologies, la France expor-
posées aux importations en provenance nal environ). Il est peut-être temps d'en tera des hommes. Il faut les y préparer.
des pays en voie de développement peu- finir avec les vieux réflexes d'indépen- Dans ce domaine également le Français
vent aller à l'encontre ·de leur but, car dance économique absolue. doit changer de mentalité. Pas seule-
elles compromettent un courant d'ex- ment l'ingénieur de haut niveau, mais
portations beaucoup plus important, de aussi bien le cadre moyen, l'agent de
l'ordre du quintuple. A terme, accepter maîtrise, le professionnel. ..
les importations du Tiers Monde per-
met donc de réduire l'inflation ·et d'ac- REFUSER L'ACHARNEMENT
célérer la croissance. On sait aussi que THËRAPEUTIOUE
la similitude entre la structure des éco-
nomies, de même qu'entre les deman- - Il faut également en finir avec certai-
des, permet une plus grande progres- nes allocations de ressources dans l'in-
sion des échanges commerciaux : ici EXPORTER DU SAVOIR
dustrie française. Des entreprises qui
encore, dans l'immédiat comme à n'ont pas su s'adapter sont maintenues
terme, l'intérêt pour l'économie fran- artificiellement en état de survie pré- S'il faut former des- hommes pour
çaise du développement du Tiers caire alors que des entreprises saines ne l'étranger, il faut aussi leur apprendre à
Monde paraît certain. trouvent pas les moyens- de se dévelop- en former d'autres. Et notre chance,
per. Tel empire qui a refusé de voir c'est qu'au-delà de la mise en place des
l'évidence il y a dix ans aboutit au- équipements, ce que nous demandent
jourd'hui à la catastrophe, avec toutes les pays du Tiers Monde, c'est la forma-
ses incidences sociales et humaines trop tion des hommes. Si elle ne cède pas à
souvent dramatiques. Ces pratiques la facilité, 1a France a, dans ce do-
SOUS-TRAITER coûtent cher à la collectivité nationale. maine, un avenir immense. Ne pas
Sachons mettre en œuvre une économie céder à la facilité, c'est ne pas chercher
ABON MARCHÉ
de responsabilité. à imposer à des pays qui manquent de
La nouvelle répartition mondiale ne capital financier et font face à un excé-
- La troisième raison rejoint et renforce dent de capital humain une technologie
les deux autres : la division internatio- signifie pas nécessairement la dispari-
tion de certaines de nos industries qua- et donc une formation à l'occidentale,
nale du travail en fonction des coûts de qui supposeraient une utilisation inten-
main d'œuvre, telle qu'on la connaît lifiées et traditionnelles. Elle implique
seulement qu'elles doivent s'adapter sive du premier et un faible recours au
dans le textile, gagnera sans doute dans second. Ces pays ont surtout besoin de
l'avenir d'autres produits plus élaborés. aux nouveaux marchés. Or elles en ont
la capacité, mais à la condition de re- contremaîtres, de chefs d'équipes, de
La sous-traitance d'une partie du cycle techniciens. En effet, participer à l'in-
de production dans les pays à main garder les réalités en face. Notre indus-
trie textile, par exemple, n'est pas du dustrialisation du Tiers Monde, ce doit
d'œuvre ou à matières premières à bon être l'aider à se doter de moyens auto-
marché va constituer, de plus en plus, tout destinée à disparaître, comme on
l'entend dire parfois, mais à évoluer nomes de développement, par le biais
une source essentielle de compétitivité. peut-être d'une « technologie intermé-
vers la fabrication de produits plus éla-
Le Tiers Monde peut offrir à notre in- diaire>) immédiatement utilisable. Il y a
borés, incorporant une technologie plus
dustrie ce lieu de déplacement stratégi- trop d'exeinples de machines importées
recherchée.
que si les groupes français cherchent à par le Tiers Monde et qui n'ont jamais
y implanter des filiales. servi après le départ des experts. Une
L'industrialisation du Tiers Monde, nation industrialisée comme la Fiance
on le voit, constitue donc pour la devrait donc se mettre à l'écoute des
France une occasion unique de revitali- MONTER AU CRENEAU ... «vrais 1> besoins du Tiers Monde et ré-
ser son propre tissu industriel pour ET LE TROUVER sister à la tentation de lui faire connaî-
mieux l'adapter aux nécessités du nou- tre un dévêloppement {(mimétique »
vel ordre économique mondial. Il ne La recherche du marché doit être dé- plaqué du dehors et donc sans efficacité
doit plus s'agir maintenant de peser les sormais le principal critère de notre pour personne.
avantages et les inconvénients d'une production industrielle en matière d'ex-
partîcipation de notre pays à cette mu- portations. Il faut coller à la demande
tation, mais bien d'y voir une condition mondiale et savoir tfouver les bons
6 de survie polir 1' économie française. (f créneaux >).
-----------------------------------~--"~~~---'~

S'ÉDUQUER A CHANGER l'autonomie de l'élève permettra d'at- évidemment donner une priorité à l'en-
teindre ce but. seignement technique en développant
Changer les mentalités, cela pose, Il faut favoriser les reconversions et .ses voies longues et en valorisant ses di-
pour les hommes d'aujourd'hui, un pro- la mobilité des hommes et des entrepri- plômes. L'introduction récente de l'édu-
blème d'éducation au sens le plus ses. Au mythe sécurisant de l'universa- cation manuelle et technique dans l'en-
large : tous les partenaires économiques lité de la langue française doit succéder seignement général des collèges est à cet
sont concernés. Mais le Ministère de une ouverture résolue aux langues vi- égard déterminante. Cette formation
l'Education a un rôle particulier à vantes et aux civilisations étrangères. professionnelle n'a pas besoin d'être
jouer. Outre de nouvelles mentalités, ce C'est la seule réponse possible à l'inter- une formation <1 pointue » mais devrait
monde qui est en train de naître appelle nationalisation des rapports économi- plutôt correspondre aux grandes caté-
en effet de nouvelles formations. Pour ques. gories ou aux grands types de métiers.
aujourd'hui et pour demain, l'une des Il est nécessaire parallèlement d'orga- A l'entreprise, ensuite, d'adapter plus
meilleures chances de développement niser et de développer les actions de re- précisément cette formation à tel sec-
de notre économie se trouve dans nos cherche en les obligeant notamment à teur ou à telle activité.
rapports avec l'extérieur, donc avec le devenir de plus en plus internationales. La France ne pratique aucune forme
Tiers Monde. Pour l'Education, ce Et plus que jamais notre système éduca- d'impérialisme, ni économique, ni cul-
quasi-p.ostulat s'énonce en terme d'ou- tif doit former des jeunes dotés, outre turel, ni politique. Pour nous, dans le
verture au monde, de mobilité, de for- de solides connaissances de base, de développement de nos rapports avec le
mation professionnelle. cette capacité à «continuer à appren- Tiers Monde, il n'y a pas d'un côté une
L'ouverture de l'école sur les réalités dre» qu'exigent les sociétés et les éco- utopie qui nous coûterait cher et de
du monde contemporain, déjà mise en nomies en mouvement qui soi:it les l'autre une exploitation indirecte visant
œuvre dans les contenus d'enseigne- nôtres. à la «récupération». Il y a au contraire
ment du collège unique, devrait donner une réelle convergence entre la volonté
aux adultes de demain, selon les termes d'indépendance de la France d'une part
de M. Giscard d'Estaing à !'Unesco, et la pratique de la solidarité et de la
«les moyens de mieux comprendre le coopération d'autre part. Le système
monde qui est le nôtre, mais qui, cha- éducatif français peut et doit être pour
que jour qui passe, devient le leur, d'en APPRENDRE POUR AGIR les responsables de demain le lieu de
mieux percevoir et prévoir les évolu- cette prise de conscience : c'est en dé-
tions de plus en plus rapides et de plus L'adaptation de notre politique édu- fendant nos valeurs, que nous défen-
en plus profondes » : Telle doit être cative aux conditions économiques nou- drons le mieux nos intérêts. C'est de
notre école, « mémoire des civilisations velles passe enfin par un renforcement cette façon, et de cette façon seule,
et des cultures » pour mieux remplir sa de la formation professionnelle. Jamais que la France pourra rester, comme
seconde fonction qui est essentielle : nous n'avons ressenti à ce point la né- l'écrivait M. Giscard d'Estaing dans
celle de «moteur du changement». cessité d'armer les jeunes générations Démocratie fra'nçaise: « un partenaire
Seule une pédagogie favorisant l'imagi- pour la compétition internationale. inventif et respecté du monde contem-
nation et laissant une grande place à Dans cette perspective, nous devons porain».
réalités du tiers monde

LA COMPLEXITE GEOPOLITIQUE
DU
TIERS MONDE
PAR MICHEL MALHERBE (50) "

e tiers monde n'est pas je ne sais d'avoir vécu à l'étranger, perçoit mal

L quel boulet que l'humanité vi-


goureuse et développée aurait à
remorquer par charité et qui fe-
rait, en quelque sorte, ressortir la
qualité morale de notre civilisation.
Le tiers monde constitue en fait
l'écrasante majorité de l'humanité et
l'étonnante variété des situations.
Sans prétendre pouvoir éclairer ce ta-
bleau par une expérience forcément très
limitée dans le temps et l'espace, il n'est
peut-êire pas inutile de brosser en quel-
ques touches la toile de fond sur la-
quelle ressortiront les articles plus tech-
nous ne sommes qu'une exception bien niques ou plus spécialisés de ce numéro
fragile à la règle. de la «jaune et la rouge ».
Notre illusion d'optique de nantis, La longue lignée de nos ancêtres, qui
nous fait confondre dans une grisaille descendent paraît-il du singe, a connu
uniforme toute cette humanité à problè- successivement l'âge de pierre, celui du
mes qui n'a été jusqu'à présent qu'ef- métal, la féodalité, la royauté, la répu-
fleurée par la révélation chrétienne et blique.
technologique dont nous nous sentons Une façon qui me semble éclairante
les grands prêtres. nous avons bien assez de problèmes : à de voir le tiers monde consiste à admet-
Les jugements de pharisiens que nous chacun les siens ». tre que toutes ces époques et ces modes
portons témoignent, hélas, plus de notre La deuxième est pétrie de générosité : de vie, plus d'autres encore, coexistent
ignorance que de notre supériorité. « Il faut aider tous ces misérables, sous nos yeux. Nos ethnologues se dé-
respecter leur culture, les aider à trou- lectent de la découverte presque chaque
Nous avons en face de ces peuples
deux types de réactions qui, quoique lo- ver leur propre voie dans un monde où année de peuplades inconnues qui vi-
chacun sera beau et gentil)}. vent encore au paléolithiqut;. Pourquoi
giquement opposées ont de plus en plus
Selon qu'il s'agit d'affirmer une opi- ne pas admettre qu'il existe aujourd'hui
tendance à se mélanger et à se juxtapo-
ser selon les problèmes posés et selon nion politique, de participer à une des peuples qui vivent selon un mode
quête pour lutter contre la faim ou de de culture comparable à celui des tribus
notre sensibilité.
louer une chambre à un travailleur afri- gauloises de Vercingétorix, qui suppor-
La première est de type cartiériste ~ cain, nous serons dominés par l'une ou tent un régime ignorant des droits de
<t Nous n'y pouvons rien, il leur fau- l'autre de ces tendances. l'homme comme celui de Louis XI, qui
dra des générations pour accéder à ce En fait l'écrasante majorité des fran- usent leur intelligence dans des intri-
qu'il nous a fallu des siècles pour bâtir, çais se contente de schémas et, faute gues dignes de Florence ou de Bv-
zance?
Égaux en dignité, les hommes sont
placés par l'histoire et par les condi-
tions naturelles dans des situations de
profonde inégalité.

LES CONDITIONS CLIMATIQUES


ET LES RESSOURCES
NATURELLES
On constate que les pays les plus dé-
veloppés - ce qui ne veut pas forcément
dire les plus riches - se situent très gé-
néralement dans des climats tempérés.
Et de îait, il est évidemment beaucoup
plus difficile de vivre et de travailler
sous des climats extrêmes : imaginons
la perpétuelle corvée d'eau des' femmes
au Sahel ou, au contraire, les contrain-

8
boulet ... "' ingénieur en chef des Ponts et Chaus-
sées, ancien expert des Nations-Unies
tes que la nuit polaire et le froid impo-
se11t aux Eskimos?
riance de leur végétation ne sont donc Mais comment accéder à ce niveau
pas, tant s'en faut, synonymes d'agricul- quand on appartient à une tribu de
ture potentiellement florissante. De plus quelques centaines de personnes enfer-
la prolifération de la vie là où l'eau et le mées dans une clairière péniblement dé-
soleil existent en abondance entraîne frichée où la nature est si hostile que la
aussi, entre autres, la prolifération des durée moyenne de vie ne dépasse pas
insectes et des maladies. vingt ans.
Les grandes endémies tropicales - Ce sont pourtant quelques dizaines
'"°- 4 __s.
... de. Vercin~é..t.o..-·1x
malaria, filaTioses, bilharziose, tripano-
somiase - sont la rançon de cette exubé-
rante vitalité de la nature et l'homme de
de millions d'hommes qui vivent encore
dans ces conditions, de 1'Amazonie à la
Nouvelle Guinée en passant par l'Afri-
Les pays désertiques semblent à tels pays doit faire face à une inégalité que Équatoriale et l'Asie du Sud-Est.
priori les plus deshérités mais, si l'agri- de plus : l'inégalité devant la maladie
qui n'est que l'expression de cette loi de L'organisation sociale est déjà beau-
culture y est effectivement un exploit li- coup plus élaborée et hiérarchisée dans
mité à des oasis ou à des irrigations la nature de maintien des équilibres
entre les espèces. C'est l'écologie à l'état les pays de Savane où les communica-
aléatoires, ces pays se trouvent être gé- tions à pied ou à cheval sont plus faci-
néralement vastes par suite de leur pau- pur.
Les ressources naturelles, telles qu'el- les : les colporteurs, les griots comme
vreté même. Ils ont ainsi des chances nos anciens troubadours, transmettent
quasi-proportionnelles à leur surface de les correspondent aux besoins que nous
exprimons, sont pour beaucoup de pays par leurs récits la conscience d'un «ail-
disposer de ressources minérales : fer de leurs » forcément embelli qui peut
la Mauritanie, pétrole d'Arabie, ura- petits ou moyens un facteur de distor-
sion supplémentaire. pousser la société à l'évolution. Ce rôle
nium du Niger etc... est maintenant prolongé par les travail-
Un certain décollage économique qui Par quel effet du sort, le Gabon, forêt
vide d'habitants, a-t-il à la fois du pé- leurs immigrés qui reviennent au village
n'ira pas sans perturber grandement le auréolés de prestige et font des récits
mode de vie traditionnel, peut, pour trole, du fer, du manganèse, de l'ura-
idéalisés de leur expérience.
certains de ces pays,être envisagé à plus nium, plus les bois tropicaux alors que
ou moins longue échéance. d'autres pays africains comme le
La situation la plus dramatique, ne Rwanda et le Burundi doivent nourrir
serait-ce que par le nombre des person- 150 habitants au kilomètre carré - près
nes concernées, est celle des pays qui de 100 fois plus que le Gabon sans au-
vivent uniquement - ou presque - de cune ressource utilisable à ce jour?
l'agriculture et qui ne peuvent accroître
leur production aussi vite qu'augmente
DIVERSITÉ SOCIALE,
leur population. CULTURELLE ET LINGUISTIQUE
On a trop tendance à oublier dans Les conditions climatiques réagissent
nos pays où les naissances sont si bien vigoureusement non seulement sur le
contrôlées qu'il n'y aura peut-être bien- mode de vie, mais sur la structure so-
tôt plus assez de jeunes pour payer la ciale et politique des pays.
retraite des vieux, qu'une loi perma- Prirnum vivere : tout approfondisse-
nente de la nature est l'adaptation du ment d'une culture, toute amélioration est dans ces espaces plus clairse-
nombre des représentants d'une espèce de la structure sociale implique qu'une més que ce sont ainsi brassées
aux disponibilités de ses ressources ali- partie au moins de la société soit débar- les populations - souvent à l'oc-
mentaires : protégeons les éléphants, ils rassée du souci exclusif de la survie. ( casion de guerres - et constitués
pullulent, dévorent plus que la terre ne La majorité, pas la totalité hélas, de les royaumes dont il subsiste de
produit et finissent par mourir de faim la population des pays développés en nombreuses traces : sultanats peuls du
jusqu'à ce que le nombre des survivants est à ce stade. Dans les civilisations an- Cameroun, empire du Mossi en Haute
corresponde à ce que la terre peut leur ciennes, l'exploitation des serfs, des es- Volta, etc... Chacun de ces ensembles
offrir. claves ou des prisonniers de guerre lais- qui peut toucher quelques centaines de
sait à une minorité la possibilité milliers à quelques millions d'hommes a
d'allumer les flambeaux de la pensée créé ou développé sa culture et sa lan-
qui font encore notre admiration. gue propre.

Louis X[
Nous sommes, nous aussi, soumis à
cette loi que nous avons tournée en ce
qui concerne les pays développés par le
progrès technique et la productivité.
Mais il existe des pays, Haïti en est
peut-être le pire exemple, où l'homme a
détruit pour ses besoins la nature et les
sols qui le faisaient vivre provoquant
ainsi inexorablement la misère, la fa-
mine et la mort. Les climats tropicaux
et équatoriaux quelque soit la luxu- , .. 01Qintleti
n trouve donc simultanément, a religion - ou la philosophie - toire et de la culture : de même que les

0
dans les pays du Tiers Monde constitue également un élément Britanniques se sont <t décomprimés »
de micro-sociétés assimilables à important du substrat culturel après leur victoire de 1945 de même les
des tribus, des « royaumes » qui des peuples et contribue à la _di- Stakhanovistes qui dans les années 1920
ont, au sein des gouvernements versité des situations. se répétaient «iechtchodvatsat liet i bu-
actuels, une place analogue à celle des diet kommunism » (encore vingt ans et
grands féodaux dans notre moyen-âge Il est certain que les grands ensem- ce sera le communisme) n'ont pour hé-
et, bien sûr, des états plus centralisés et bles, chrétiens, islamiques, bouddhistes, ritiers aujourd'hui que des bureaucrates
proches de ce que nous connaissons en indouistes, marxites ou même animistes combinards et désabusés. La philoso-
Europe. impriment à leurs «fidèles )} un certain phie révolutionnaire ou la mobifisation
type de comportement qui les détermi- patriotique ont le souffle plus court que
La situation peut être toute différente nent ou plus souvent infléchissent la ré-
dans deux pays voisins de taille et de les grands courants religieux.
sultante des autres tendances.
population comparables : alors que la
Thaïlande eSt un royaume comparative- La société et la religion interagissent
ment très unifié culturellement où ne l'une sur l'autre. L'Islam n'est pas vécu
subsiste que des minorités marginales, de la même façon en Indonésie, en LES PROBLÈMES POLITIQUES
la Birmanie est une mosaïque de peu- Afrique Noire qu'en Afrique du Nord
ples - Kachin, Çhan, Chin, Karen, ou en Arabie Saoudite. Si l'on veut discerner comment la vie
Kayah, Birman etc... fédérés officielle- politique influence les conditions du dé-
ment mais pratîquement en équilibre Au Sénégal par exemple des confré- veloppement, il faut se résigner à sim-
très instable. ries comme les Tidjanes et surtout les plifier considérablement la complexité
Mourides forment des groupes impor- inextricable des situations réelles.
Mêmes différences entre les deux na- tants totalement dévoués à leurs chefs.
tions géantes de l'Asie. La Chine, mal- L'une des schématisations possibles
Ceux-ci, riches et puissants, représen-
gré de très importantes nationalités mi- consiste à évoquer les faits de nature
tent un pouvoir politique considérable économique et ceux liés au comporte-
noritaires apparaît infiniment plus et aucun gouvernement ne pourrait sub-
unitaire que l'Inde. ment des dirigeants.
sister sans leur neutralité; ce n'est pas
En ce qui concerne l'économie, la
Sur le plan linguistique, la Chine l'une des moindres qualités du Prési-
mode consiste aujourd'hui à imputer au
n'utilise pratiquement qu'un système dent Senghor, Serère chrétien, que
colonialisme les malheurs du Tiers
d'écriture utilisé sans modification no- d'avoir su s'en accommoder.
monde.
table par les différents dialectes chinois
En Iran, où la vieille civilisation· indi- La générosité précédente qu'on peut
alors qu'en Inde les treize langues offi-
européenne et zoroastrienne a été penser ni meilleure ni pire que la nôtre
cielles utilisent une dizaine de système
contrainte à capituler devant les Arabes s'est, elle, enthousiasmée pour l'aven-
d'écriture différente - soit près de la
et leur islam, le pays, pour garder en ture coloniale qui consistait dans l'es-
moitié de ceux en usage dans le monde
quelque sorte sa personnalité sans pour prit de la majorité de ceux qui la vi-
entier.
autant encourir les foudres des soldats vaient à prendre des risques physiques
Et que dire de pays africains comme du prophète, s'est réfugié dans le considérables pour évangéliser, instruire
le Gabon où l'on parle plusieurs dizai- chiisme un peu de la même façon que et civiliser les «sauvages». Il est faux
nes de langues pour à peine quelques pour des raisons d'antagonisme politi- de penser que ces lampistes du colonia-
centaines de milliers d'habitants. que s'est effectué en Europe quelques lisme aient eu un comportement diffé-
A l'intérieur de l'Afrique, et toujours siècles plus tard le clivage entre États rent en face des réalités que nos coopé-
sur le plan linguistique qui est un bon protestants et États catholiques dans ce rants d'aujourd'hui: certains ont servi,
révélateur des diversités culturelles, les qui est aujourd'hui l'Allemagne. d'autres se sont servis. Les pays où il
situations sont radicalement différentes n'y a aucune richesse n'ont pas pu être
d'un pays à l'autre: le Rwanda et le « exploités » : ils ont bénéficié de la
Burundi constituent un ensemble de 6 à paix, qu'ils ignoraient, d'une certaine
7 millions d'habitants qui parlent sensi- justice qui protège les plus faibles, de
blement la même langue alors que des médecins et d'infrastructures. A moins
pays comme le Gabon mais aussi le d'interroger un militant politique en
Benin, le Togo, la Côte d'Ivoire souf~ 'homme a besoin pour se déve- transes, force est de reconnaître avec le
frent d'une diversité telle que seul le lopper d'abord d'être assez paysan de base de ces pays que le bilan
franÇais permet l'intercommunication nourri mais aussi d'être poussé a été positif : c'est en général le cas de
des citoyens d'un même pays. Entre ces par une force intérieure qui le l'Afrique Noire où, c'est un bon indice,
deux extrêmes des pays comme le Séné- sorte de lui-même. Peut-être l'ap- l'indépendance s'est passée sans dou-
gal avec le ouolof, l'Empire Centre pât du gain, du confort et de la leurs : la puissance coloniale n'avait
Africain avec le Sango ou la Tanzanie consommation constitueront-ils un res- rien à y perdre, les élites locales tout à
avec le swahili peuvent hésiter entre sort plus puissant que la philosophie ou y gagner, les paysans rien à comprendre
une langue nationale comprise sinon la religion mais il faut bien constater dans ce changement de maître.
parlée par la majorité de la population que le fatalisme musulman du «mek- Par contre de la même façon que
mais de portée réduite et l'usage d'une toub » - c'est écrit - ou celui de l'indou l'empire Inca a été culturellement mas-
langue européenne. pris dans le cercle des réincarnations sacré par le colonialisme espagnol, de la
Des solutions de bilinguisme comme successives ont contribué largement à la même façon l'Inde a été économique-
au Pérou où le quechua - la langue des léthargie relative d'une bonne partie du ment très traumatisée par la colonisa-
Incas - vient d'être réhabilitée comme Tiers monde. tion britannique.
langue nationale aux côtés de l'espagnol La confrontation entre une philoso- Mais alors que dans le premier cas la
constitueront peut-être une solution phie ou un système de valeurs et les destruction a été irréversible, il est im-
moyenne permettant à la fois la scolari- événements peut engendrer des situa- possible d'admettre que le péché colo-
sation des habitants dans leur langue tions de tension dramatique qui stimu- nial entraîne des conséquences écono-
maternelle et la recherche d'une expres- lera pour un temps toute une popula- miques indéfinies. L'Allemagne était
sion culturelle originale en même temps tion mais cette tension retombe et profondément détruite après la guerre,
que le rattachement à un ensemble lin- disparaît bientôt pour laisser s'exprimer les hommes qui restaient vivaient
10 guistique d'importance internationale. les tendances plus profondes de l'his- comme des rats et en 10 ans le pays
--------------------------------------~-----,----·

INFRASTRUCTURE ROUTIÈRE AU NÉPAL


(PROJET IDA)
PHOTO MARY HILL
s'est relevé. La C0rée;· profondément ments. Mais si nous comparons la si- QUELS AVENIRS
brimée par le colonialisme japonais tuation de la Guinée et de la Côte POUR LE TIERS MONDE?
pendant un demi-siècle, rattrape à d'Ivoire force est de constater que pour
grands pas ses anciens colonisateurs. des conditions climatiques et économi- Est-il besoin de dire à ce stade que,
Par contre l'Éthiopie, potentiellement ques comparables ceux qui le peuvent nolens-volens, l'avenir du Tiers monde
relativement .riche et qui n'a jamais été quittent la Guinée alors que la Côte sera, pour les quelques dizaines d'an-
colonisée - occupée seulement par les d'Ivoire est un pôle d'immigration nées à venir, aussi varié que les données
Italiens pendant la guerre comme nous considérable - ce critère me semble de naturelles de base et les tendances de
l'avons été par les Allemands - n'a plus de valeur que le nombre d'hôtels croissance - ou de décroissance - que
jamais trouvé en elle-même les ressour- pour hommes d'affaires qui existent développent les paramètres sociaux et
ces de son décollage économique et ne dans les capitales, bien que les deux as- politiques.
semble pas sur le point d'y arriver à pects soient souvent liés. Force est de Les progrès de l'information, de
court terme. reconnaître plus de talent comme chef l'éducation et du niveau de vie rendront
Dans certains cas des régions n'ont d'État à Houphouët-Boigny qu'à Sekou en tout cas beaucoup plus douloureux
pas eu la chance d'accéder au rang Toure. le sentiment de l'inégalité des situations
d'État. Le caractère aléatoire de ce que de- entre nations et les peuples en rendront
Le Shaba, ancien Katanga, est, pour viendra un pays en fonction de l'équipe leurs gouvernements responsables.
son malheur, agglutiné au Zaïre qui au pouvoir est une caractéristique très La concurrence pour le pouvoir sera
cherche à vivre de ses richesses alors importante des pays sous-développés. simultanément beaucoup plus âpre et
qu'il aurait pu constituer un État indé- Alors que beaucoup de Français pen- elle fera sans doute largement appel aux
pendant largement aussi viable que la sent, peut-être non sans quelque raison, aides extérieures sous prétexte d'idéolo-
Zambie voisine. Imaginez que l'indé- que leur mode de vie ne changera guère gie, si les grandes puissances continuent
pendance des années 1958 ait constitué selon que le Gouvernement est d'un à se prêter au jeu des« clientèles)}.
un ensemble unique de l'ancienne Afri- bord ou de l'autre, il est superflu de de-
que Équatoriale Française : le Gabon mander s'il vaut mieux être gouverné Face à cette évolution, notre contri-
aurait été le Shaba de cet ensemble. par Senghor ou par !di Amin Dada. bution au développement devrait se
La France a préféré multiplier les na- Cette situation provient de la rareté concentrer, si ce n'est se limiter, à
tions africaines, en particulier par désir des élites et de ce que, corrélativement, l'orientation d'une partie de notre
d'avoir à l'ONU un plus grand nombre avance technique vers la solution de
de pays francophones. On imagine leur problèmes essentiels pour les peuples
puissance quand on sait qu'il faut addi- du Tiers monde : - technologie appro-
tionner les budgets du Congo, de l'Em- priée, énergies nouvelles, nouvelles
pire centre Africain, du Tchad, du sources de protéines, téléenseignement,
Niger, de la Haute Volta, du Benin et etc... -
du Togo pour atteindre le chiffre d'af- C'est peut-être une telle coopération
faires des Galeries Lafayette. qui nous permettrait dans les décades à
Et les conflits patents ou latents venir de maintenir notre niveau de vie
constatés en Érythrée, au Sahara ex Es- et une certaine bonne conscience. Cette
pagnol et ailleurs sont autant de fer- aide teclu;lique, qui ne peut évidemment
ments d'émiettement supplémentaire... pas être indépendante de la vie
commerciale et politique, est cependant
la seule que nous puissions nous per-
mettre en plus des sentiments d'amitié,
de compréhension et de solidarité. Car,
a personnalité des hommes au

L
pour prendre un vocabulaire à la mode,
pouvoir joue un rôle bien plus ce serait une attitude néo-colonialiste
important dans la politique de ce ne sont pas forcément les mieux aussi bien de chercher à imposer notre
leur pays que dans le cas des formés qui sont les plus forts. On peut modèle - seuls quelques rares attardés y
pays développés. Sous la 3' Ré- même trouver des polytechniciens du songent encore - que de souhaiter à leur
publique, les fonctionnaires français ont Tiers monde qui sont sortis dans l'ar- place que ces peuples gardent intacte,
permis au pays de vivre sans grands inée pour tenter de résoudre cette équa- écologiquement, leur culture alors _que
dégâts malgré la valse des Gouverne- tion ... tout prouve qu'ils veulent en changer.

12
LE DEVELOPPEMENT
DE
L'AMERIQ IBERIQUE
PAR SALVADOR DE MADARIAGA (06)

Le texte que nous vous présentons est peut-être la dernière œuvre de notre camarade.
Son attachement à l'École s'est, jusqu'à la fin, manifesté, et par son immédiate acceptation de participer à ce numéro, et par
son désir, encore exprimé à la veille de sa mort, de créer un prix littéraire polytechnicien.
Lorsque le 2 mai 1976, il fut enfin reçu à l'Académie Espagnole, il évoqua Polytechnique. Voici comment:
« Mon souvenir comme étudiant en France était surtout vivace en ce qui concerne la superbe intelligence didactique des
professeurs français ... Je parlais de ((la Beauté dans la Science 1>, pour me permettre d'évoquer la figure de mes anciens maîtres
admirés, précisément, pour la beauté de leurs exposés. J'aurais aimé que ce discours, où il est surtout question du Professeur
Humbert qui enseignait l'analyse algébrique à l'X et la résistance des matériaux aux Mines, trouve sa place parmi vos
publications».
Sa mort l'a empêché de poursuivre ses «retrouvailles » avec l'École, au moment où X Littérature allait commencer avec lui une
sympathique collaboration.

e commence par déclarer que, Or, rien n'arrive dans le langage qui nutile aussi de s'égarer en des cas

J pour moi, l'Amérique Latine


n'existe pas, puisque le nom de ce
dont nous entendons parler est
l'Amérique Ibérique, réflexion
presque exacte de l'Espagne-Portugal si
l'on admet que le miroir est quelque
peu déformé. Je dirai encore que la
ne révèle l'esprit. Si la nation qui se dé-
signe elle-même sous le nom de «États-
Unis »... les définit comme ... de l'Amé-
rique, et si, en conséquence, ses ci-
toyens se nomment eux-mêmes, « amé-
ricains», est-ce que nous pouvons
fermer les yeux à l'évidence que nous
1 isolés pour en tirer des conclusions
vouées à être insuffisantes parce
qu'incomplètes. Du reste, elles of-
frent de la marge à l'opinion. A
mon avis, Stevenson était dans l'erreur
lorsqu'il força Kennedy à rater son dé-
barquement à la Plage des Pourceaux ;
perspective humaine que je vais adopter délivrent nos oreilles? Pour les (( améri- et les Chiliens sous Allende méritaient
n'est économique que tout juste lors- cains», il n'y a pas d'autre Amérique d'être battus pour avoir essayé de forcer
qu'il faut, ce qui n'arrive pas souvent; quel'« américaine». Inutile de discuter leurs compatriotes à se faire marxistes ;
et que, par conséquent, je me passerai si cette Amérique est ibérique ou latine. mais ces cas concrets n'ont de valeur
de statistiques aussi souvent que possi- Elle est Américaine. que celle de plaque routière pour mon-
ble. trer. où l'on va. L'essentiel n'est pas
Cette résolution n'est pas due aux dans l'opération elle-même, mais dans
dires de je ne sais quel pessimiste qui l'autorité morale du pays qui ose la
pJp.çfti! les statiStiquc!s juste après l'ac- faire.
tion et l'omission comme les trois
moyens de mentir ; mais plutôt à la
conviction acquise en trois quarts de
siècle d'expérience que la statistique est
aux faits ce que le squelette est au por-
trait d'un homme debout et guère da-
C e sont ces faits qui nous délivrent
l'image vraie des sentiments et
des pensées des groupes humains
qui sont les vrais faits historiques.
C'est dans le magma primaire des pen-
sées-forces que les autres faits histori-
C'est MAINTENANT que nous en-
trons dans le vif du sujet. J'en rappelle-
rai le principe en des mots qui datent
d'un de mes premiers discours à la So-
ciété des Nations. Si quelqu'un vous
plonge un couteau dans le ventre, /'essen-
vantage. ques - alliances, sympathies, défenses, tiel au point de vue juridique n'est pas de
Le développement de l'Amérique Ibé- armements, guerres - viennent, fer- savoir quel est le métal du couteau ni la
rique dépend pour une trop forte partie mentent, poussent, s'élèvent, pour plus profondeur de la blessure; mais s'il s'agit
de la politique des États-Unis. Des- tard s'embraser en des guerres cruelles, d'un bandit qui cherche votre fortune ou
quels? Car, après tout, il y a les États- lesquelles réagissant à leur tour avec d'un chirurgien qui va vous couper /'ap-
Unis du Mexique et ceux du Brésil et venin sur les magmas primitifs, prépa- pendice.
j'en oublie sans doute. Mais ceux qui rent les guerres futures. Ne caressons
font l'objet de ma proposition ne sont donc des î1lusions qui seraient vaines
rien moins que les États-Unis d'Améri- sur le développement futur de l'Améri-
que. Tiens? D'Amérique, tout court? que Ibérique. Ou elle consent à être r, il me semble que les nations
Oui, monsieur, de l'Amérique tout long. «développée» par les États-Unis de l'Occident ont, bien en-
Cas unique. Je ne connais aucun autre d'Amérique qui en feront tout au plus tendu, professé publiquement
qui, avec un calme plus effarant, ose des satellites à la russe des États-Unis, le motif déterminant de leur
écrire le nom d'un continent dont il oc- ou ce sera pire encore. Le reste est litté- politique ; mais qu'elles n'en
cupe moins d'un tiers. rature. ont pas toujours tenu compte à telle en- 1 13
1
seigne que Charles de Gaulle a prêté, Première propos1tton : La vie réelle foi qui unit <1 anglais l} et « américains ))
voire livré son nom au principe telle que les habitants de l'Empire espa- est plus précise que celle que désignent
contraire en sculptant de sa belle griffe gnol d'Amérique de 1492 à 1800 lavé- ces deux termes. Il s'agit, au fond, si
littéraire : Les États sont des monstres curent a été la plus riche, la plus pacifi- j'ose m'exprimer ainsi, d'une commu-
froids. Nous sommes ici à l'endroit que, c'est-à-dire, la mîeux tenue en paiX nauté de foi scientifique.
précis où les routes divergent. Votre avec le moindre secours de la force Il fallait, tout de même, être animé
route est par là ; la mienne est par ici. armée que !'Histoire a pu enregistrer, la d'une grande foi en soi-même pour em-
.Je suis bien forcé de rappeler que les plus prospère, et telle que de limer des pêcher Puerto Rico - sans oublier Gi-
adversaires historiques des espagnols se rognures des doublons d'or espagnols braltar - de rester espagnol et de
sont donnés à cœur joie au sport de était une activité très prisée par les pay- contînuer à regarder les autres humains
vouer aux enfers les conquistadores sans des pays américains non espa- avec des yeux qui chantaient <1 le ciel
pour avoir fait la guerre aux indigènes gnols. La culture était telle que l'Améri- n'est pas plus pur que le fond de mon
du nouveau monde en prenant comme que espagnole n'a pas connu de cœur ». Et cette paix de l'âme, les deux
prétexte qu'ils n'étalent pas des fils de génération plus brillante que l'élite peuples anglo-saxons la puisaient dans
Dieu ; alors !1Ue les conquistadores même qui a coupé son lien avec l'Espa- le darwinisme. C'est la vraie religion
étaient forcés de faire lire aux indiens gne. (Voir à ce sujet l'historien du Ve- des anglo-saxons. Et, puisque nous
une déclaration de Palacios, le maître nezuela C. Parra Pérez). L'inquisition, sommes ·toujours à nous appliquer à
juriste des Rois Catholiques, déclarant qui faisait écumer les anticléricaux et une enquête sur le développement de
précisément le contraire; et ce n'étant protestants ·du monde entier, n'a causé l'Amérique Ibérique, il nous faudra
que si les indiens rejetaient la proposi- en trois siècles que bien moins d'une bien constater que la foi anglo-saxonne
tion que les espagnols pouvaient centaine de victimes pour un territoire n'est pas aussi générale aux 1?.tats-Unis
commencer les hostilités. Souvent violé, si énorme. qu'en Angleterre.
le principe que les indiens étaient les Deuxième proposition : En très peu La raison est bien simple. L' Améri-
égaux des espagnols était explicite pen- de temps, après son détachement de cain n'est pas aussi capable que 1' An-
dant la conquête du Nouveau Monde. l'Espagne, l'Amérique Ibérique a vu son glais d'avoir simultanément des idées
A la longue, il a fini par triompher ; niveau de vie descendre à celui des contradictoires. La vie est son affaire ;
et si l'on veut se rendre compte en quoi masses urbaines européennes d'abord, et si elle s'accommode de principes
le cas de l'Amérique diffère de celui et l'or qui circulait librement disparut. contraires, pourquoi voudriez-vous em-
d'autres continents, il suffit de faire un Le niveau de perfection et l'élégance de pêcher 1' Anglais de faire de même ?
parallèle qui est à 13. portée de tous. la production des livres tomba rapide-
ment de l'extrême élégance à l'extrême Cela est si vrai que, de l'autre côté de
pauvreté. l'eau (ou l'Amérique, c'est-à-dire les
Troisième propos1tton : L'emprise 1?.tats-Unis d'Amérique), ceux des
hose curieuse, on ne semble « américains )} qui manifestent leur

C
économîque des 1?.tats-Unis et de l'An-
jamais ou presque se rappeler que gleterre sur le continent ibérique gran- anglo-saxonisme pur sang acceptant les
Cuba et Puerto Rico sont restés dit rapidement. La force priva le Mexi- contradictions vitales, ont reçu un nom
dans l'ensemble espagnol jusqu'à que de vastes territoires aujourd'hui pittoresque et sagace : ils sont des
la fin du siècle. La raison en est «américains», et cette évolution se ter- guêpes. Pourquoi? Parce que l'anglais
bien simple. Les deux îles étaient en mina par la guerre américaine qui arra- pour guêpe est Wasp qui réunit les ca-
parfait accord avec leur situation. Les cha à l'Espagne non seulement le Cuba, ractéristiques de l'américain anglais jus-
guerres séparatistes du siècle n'avaient où existait un parti séparatiste soutenu qu'au bout : W veut dire blanc ; AS
lieu qu'à Cuba, dont les États-Unis par les États-Unis, mais le Puerto Rico veut dire Anglo-saxon ; P veut dire Pro-
d'Amérique désiraient s'emparer ; mais dont le désir de quitter l'Espagne était testant. Après avoir mis à la porte le
rien ne troublait le Paradis portoricain. nul. plus gentlemanly possible du monde,
Le lecteur que ce thème intéresse devra juifs, catholiques, latiris, slaves et Dieu
lire PO!NSETI*, auteur tout ce qu'il y sait quoi, le <1 guêpe l} peut penser à son
a de plus américain qui le constate au aise sans avoir à être logique - chose
début du siècle. que l'Anglais n'aime pas du tout.
Aujourd'hui, les cubains sont des sa- LA RELIGION DE DARWIN Inutile de dire que lorsque les guêpes
tellites de l'Europe russe et les portori- ont purifi.é leur maison, ils n'en sont
cains les plus misérables des américains. pourtant pas capables d'expulser les in-
Ce qui a disparu, c'est le Paradis. endant cette guerre, l'Angle- désirables, et c'est ici que se trouve la
terre fit tout ce qui était en son vraie faille qui sépare les deux partis
pouvoir pour aider les États- américains.
Unis et notamment trouva le Lorsqu'un Américain vous avoue
moyen de refuser à l'Espagne le qu'il est devenu démocrate, il n'oublie
AVANT ET APRÈS droit de passage par le Suez, qui lui
« L'INDÉPENDANCE,, jamais de vous avertir que sa famille a
était indispensable pour ravitailler sa été, toute sa vie, républicaine. Ça veut
flotte des Philippines. Cette attitude dire : Je suis démocrate malgré que,
plus ou moins tacite contre l'Espagne chez moi, nous sommes tous guêpes. Le
oilà ce qui a été notre passé. était déjà traditionnelle en Angleterre et
Mais il est aussi vrai de !'His- paysage est clair. Démocrates, populai-
s'explique par la communauté de foi res, <~ gauche » ; républicains, aristocra-
toire que de la biologie que entre les deux pays dont l'un pouvait
l'avenir est porté par le présent tes, guêpes.
être considéré comme la mère-patrie de Mais qu'eqt devenu Darwin? That is
dans son ventre. Nous pointe- l'autre.
rons donc au fait que ce sont des the question. Wasps et anglais (qu'ils ad-
Nous sommes déjà sur le terrain de la
cubains qui ont pris une part peut-être mirent et détestent) sont danviniens.
foi. Mais il y a lieu d'éviter toute confu-
déterminante dans l'avenir de l'Angola Pendant le dix-neuvième siècle, le
sion entre foi et confession. Bien en-
et du Mozambique, ce qui montre que concept d'évolution prend possession
tendu, les deux pays comptent dans les
la politique américaine des 1?.tats-Unis des esprits scientifiques et, graduelle-
statistiques comme prostestants, et il ne
n'est pas seulement une erreur en soi, ment, fait disparaître l'idée d'une créa-
serait guère sage de l'oublier; mais la tion subite et explosive que des anglo-
mais aussi une cause de graves erreurs.
Je voudrais à cet égard essayer de met- * J.R. POINSEIT - Notes on Mexico saxons et autres guêpes ridiculisent sous
14 tre en avant trois propositions : made in the autumn of 1822. London, 1825. le nom pittoresque de Big-bang c/·eation.
PËROU, PROVINCE DE PUNO, CHINCHERA
UNESCO/P. ALMASY

15
Il semble à l'auteur de ces lignes que Etats-Unis contre l'Espagne. Mais darwiniens ? Mais on pouvait être cela,
l'opposition elle-même ainsi suggérée Cuba? Au fond c'était bien le même et bien d'autres choses, avec une diffé-
est loin d'être inspirée dans un esprit cas mais les circonstances en furent un rence. Mon plan, cependant, n'était
scientifique et il a essayé de donner un événement tout différent où les respon- nullement darwinien. Il cOnsistait à es-
aperçu de ses. raisons pour s'en écarter sabilités semblaient peu claires. sayer de faire un traité à trois où les
dans des ouvrages tels que Portrait d'un Le cas clair c'est ~uerto Rico. Car à trois parties - les Etats-Unis, l'Améri-
homme debout (Stock, Paris, 1968). Puerto Rico jamais ne s'était produit un que Ibérique et l'Espagne - y trouvent
Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que, mouvement de séparatisme comme leur compte. pour moi, et cela est tou-
même si l'idée aujourd'hui discutée de celui qui avait permis aux Etats-Unis de jours mon opinion, l'intérêt des Etats-
l'évolution était admise, elle autoriserait se présenter à Cuba comme un pays li- Unis était de se faire en Amérique un
des sociologues et politiciens à cons- bérateur. Mais les Etats-Unis se sont vaste marché, en contribuant par ses
truire sur une base aussi précaire un emparés de Puerto Rico par la force du capitaux à augmenter la population.
édifice aussi mal conçu que la politique plus fort ; et cette île, hetireuse sous' les L'intérêt de l'Amérique Ibérique était
du plus fort et le Faustrecht der Macht. espagnols, est devenue le plus misérable de choisir cette population en Espagne
C'est pourtant ce qui s'est passé. Avec des pays. et au Portugal avec un certain apport
la ponctualité étonnante que !'Histoire Presque inaperçu alors, cet évén~­ d'autres peuples méditerranéens. C'était
révèle quelquefois, nous observons ment, le plus brutal des vols qu'enregis- là aussi l'intérêt de l'Espagne. Elle four-
comment Philippe Il (mort en 1598, fils tre l'Histoire·, fut perpétré par un pays nirait non pas des individus isolés mais
de Charles V né en 1500) semble, par la au sommet de sa puissance, et ce en aussi des communautés déjà consti-
même magie des chiffres, présider la li- vertu d'un programme d'expulsion de tuées, avec docteur et curé tout prêts.
quidation de l'empire espagnol, dévoré tous les Etats européens qui avaient été Et il me semble encore que la vraie so-
par les «américains» en 1898. Et alors mis en avant par Roosevelt I. Cet acte lution est là.
que l'empiFe espagnol avait été fondé de «violation de droit 1> a· empoisonné Dans le plan Dar\vin, variété Wal-
au nom de Dieu le Père, l'empire tout notre siècle. Aujourd'hui, la lace, cette vue n'avait pas de place. Cela
« américain}) s'élève sur la doctrine dÙ. science s'étant déclirée athée, tout un n'existait pas. Cela n'existe toujours
Père Charles Darwin. chacun se croit en droit d'occuper le pas, et c'est pourquoi cet article a été
Or cette doctrine ne tient pas debout. trône vide et, donc, à se déclarer Dieu. écrit.
J'ai essayé de montrer pourquoi dans D'où ·1e droit de mort que n'importe
d'autres ouvrages. Elle ne tient pas de- quël terroriste s'arroge d'assumer pour
vant une critique scientifique sérieuse ; lui-même.
mais même si elle tenait, ce qu'elle di-
rait n'autoriserait guère les anglo- e maintiens que c'est dommage,
saxons à se rêver dans le rôle des «plus
aptes » à qui la victoire est due, ne füt-
ce que parce que nous tous, les hommes
et femmes du monde, sans autre préten-
tion à la sagesse que le sens commun,
ne reconnaissons pas l'homme « apte })
ni dans le ridicule Roosevelt I, ni dans
D
ans un de mes voyages à Wa-
shington, Roosevelt II régnant,
je rendis visite à John Wallace,
ministre de l'Agriculture, afin
de lui exposer ma façon de
voir le problème du développement de
l'Amérique Ibérique. John Wail ace était
J entre autres raisons parce que le
résultat ne. fait pas justice au peu-
ple des Etats-Unis, dont les non-
guêpes, grosso-tnodo des démocra-
tes, valent beaucoup plus que la réputa-
tion qu'on leur a faite, comme les deux
grandes guerres du siècle le prouvent.
le pédant, sagace tacticien mais autre- un Wasp pur, dans tous les sens du Le peuple américain est beaucoup plus
ment aveugle Roosevelt Il, ni dans le mot : car il devait sa fortune à des ex- idéaliste et noble que ses wasps le di-
féroce Kitchener. périences réussies dans l'art difficile de sent aux chardons.
C'est pourtant cette doctrine, tacite- l'hybridation du maïs. Darwinien à la Après tant d'austérité, je crois de
ment maintenue, qui autorise les Etats- base. Pas l'e moindre doute. 11 était ce- mon devoir de terminer avec une anec-
Unis, menés par leurs guêpes, à pendant de ceux qui disaient : {( Ma fa- dote. Deux protestants essayent de
commettre en 1898 le plus grand crime mille a toujours été républicaine 1>, car convertir un portoricain d'origine espa-
politique de notre siècle. Ce crime ce ce n'est que relativement tard qu'il était gnole: «Comment 1>, leur demande-t-il,
fut le vol de Puerto Rico par une atta- devenu démocrate. « pourrais-je devenir protestant, quand
gue à main armée, menée à bout aveç Après tout, les démocrates eux- je ne crois même pas à la religion ca-
un cynisme tout darwinien par les mêmes, que pouvaient-ils être sinon tholique qui est la seule vraie ? »

16
AGRICULTURE
ET DEVELOPPEMENT RURAL EN
ASIE DU SUD:
mythes et réalités de la révolution verte
PAR JACQUES LOUP (62)

e terme « Tiers Monde » est, on Népal), la consommation moyenne par

L l'a souvent dit, un vocable trom-


peur qui dissimule de grandes
disparités sociales, culturelles et
économiques entre les différents
pays. De manière tout aussi arbitraire,
on pourrait distinguer, dans l'ensemble
du Tiers Monde, un (( Quart Monde »
tête est inférieure à 2 000 calories par
jour. (La FAO considère 2 150 calories
comme le strict mimmum nécessaire à
une alimentation normale.) Qui plus
est, dans certains cas (Bangladesh, Sri
Lanka), la situation alimentaire s'est
notablement détériorée dans les dix
qui regrouperait les pays les plus pau- dernières années.
vres, ceux dont le revenu moyen par ha- La production céréalière de la région
bitant ne dépasse pas 200 dollars. Lais- est de l'ordre de 120 millions de tonnes
sant à part les pays communiStes, nous par an. Le riz fournit un peu plus de la
trouverions dans cette catégorie une moitié de ce tonnage, le blé 30 % et le
quarantaine de pays regroupant 1 200 reste est constitué essentiellement par le
millions d'hommes. Les deux tiers de maïs, le mil et le sorgho. Le blé est la
cette populati_on se trouvent dans 1'Asie principale production du Pakistan ; il
méridionale, l'Inde elle-même comptant LA COURSE:
constitue aussi quelque 20 % de la pro-
pour la moitié de ce total. Cette région, ENTRE LA CIGÔGNE
duction céréalière de l'Inde. Le riz pré-
constituée par les pays du sous-conti- ET LA CHARRUE domine dans le nord-est de la région
nent indien (Inde, Bangladesh, Pakis- (Birmanie, Bangladesh, état indien du
tan, Birmanie, Sri Lanka, Népal), repré- Bengale de l'Ouest) et à Sri Lanka.

L
sente sans doute la plus grande 'histoire du développement
Si on analyse la croissance de la pro-
concentration de pauvreté dans le agricole de la région depuis les
duction depuis 1960, un tournant appa-
monde et l'avenir de cet ensemble géo- indépendances de la fin des
raît vers les années 1965-67. Un taux de
graphique est un des problèmes majeurs années quarante apparaît comme
croissance annuelle relativement bas
du développement du Tiers Monde. une lutte permanente pour main-
tenir un ·taux d'accroissement de la pro- (0,32 %) de 1960 à 1965 a été suivi par
L'économie de l'Asie du Sud reste es- un taux beaucoup plus rapide (3,70 %)
sentiellement agricole. L'agriculture est duction agricole et alimentaire à tout le
moins égal à celui de la popl,llation ; de 1965 à 1974. Cette accélération de la
à l'origine de près de la moitié du pro- croissance est particulièrement marquée
duit intérieur brut de la région et four- c'est ce que on a appelé la course entre
la cigogne et la charrue. Après trois dé- pour le blé (de 1,85 % à 10,52 %).
nit 70 % des emplois ; quatre habitants Jusqu'à 1965, l'accroissement de la
sur cinq vivent dans les campagnes. Le cennies d'effort, l'issue de la course pa-
raît malheureusement toujours incer- production fut essentiellement dO. à
développement économique du sous- l'application de mêthodes traditionnel-
continent doit donc passer par l'amélio- taine. De 1960 à 1974, par exemple, la
production céréalière a augmenté d'en- les : accroissement des zones cultivées
ration de la productivité de son secteur (de manière limitée, cependant, car les
viron 40 9b mais la population s'est ac-
agricole. Le développement de l'agricul- possibilités sont réduites), développe-
ture et la situation alimentaire de la ré- crue dans la même proportion.
ment de l'irrigation, premières utilisa-
gion ont, par ailleurs, des implications Clairement la production par tête n'a tions des engrais sur des variétés locales
qui dépassent les limites du sous-conti- pratiquement pas bougé dans les deux de céréales. En 1965-66 et 1966-67, une
nent. On a vu dans le passé (1966-67, dernières décennies et la consommation succession dé deux moussons insuffi-
1972-74) que des récoltes céréalières ex- reste aussi à un niveau déplorablement santes causèrent une chute des récoltes
ceptionnellement mauvaises dues à des bas. La consommation journalière céréalières, particulièrement en Inde.
moussons insuffisantes, avaient des ré- moyenne dans la région est d'environ Seules les importations massives de blés
percussions importantes sur les exporta- 430 grammes de grains (surtout blé, riz, américains permirent à ce pays d'échap-
tions de grains· des pays à surplus et sur maïs ou mil) qui constituent l'essentiel per à la famine. Catastrophe économi-
les réserves alimentaires mondiales. Le de l'alimentation de la grande majorité. que et humaine, la sécheresse eut ce-
développement rural dans le sous-conti- Les céréales constituent 65 % de l'ap- pendant le résultat de forcer les
nent concerne donc directement le cin- port calorique de la ration alimentaire gouvernements à prendre conscience de
quième le plus pauvre de l'humanité ; moyenne en Inde et au Pakistan et plus la nécessité de développer leurs agricul-
indirectement il affectera la situation de 80 % au Bangladesh et au Népal. tures. Par coïncidence, cette prise de
alimentaire du reste du monde. Dans plusieurs pays (Inde, Bangladesh, conscience s'effectuait au moment où 17
INDONËSIE, RËGION DE BANDUNG,
UNESCO/DAVID DAVIES

18
des progrès récents des techniques agri- Ceci n'est pas dire que la situation se d'abondance ont été rudement secoués
coles allaient permettre un accroisse- soit améliorée pour l'ensemble des par les sécheresses et les déficits céréa-
ment sans précédent de la production masses rurales dans la région. Bien que liers du début des années soixante-dix.
alimentaire : la (( révolution verte » dé- les statistiques soient notoirement peu Aujourd'hui grâce à plusieurs bonnes
butait. sûres, il semble que le nombre et la pro- moussons successives, la crise des
A l'origine de la révolution verte se portion des travailleurs sans terre dans années 1972-74 est heureusement der-
trouvent les nouvelles variétés de céréa- l'ensemble des cultivateurs aient aug- rière nous, mais il ne nous est plus pos-
les déveloi)pées, au Mexique pour le menté. En Inde, par exemple, cette pro- sible d'ignorer les limitations de la ré-
blé, aux Philippines pour le riz. Ces portion s'est accrue, atteignant 20 % en volution verte. En particulier, il est
« variétés miracles » permettent des ren- 1971 ; au Bangladesh le pourcentage devenu évident que, contrairement aux
dements doubles ou triples de ceux des correspondant passait de 22 à 38 % espoirs de ses zélateurs, et en dépit de
variétés traditionnelles. A la différence entre 1961 et 1973. Dans l'ensemble, un succès peu contestables, la nouvelle
de celles-ci, cependant, elles demandent consensus existe que la pauvreté rurale technologie n'a pas créé une améliora-
des doses importantes d'engrais, et une a empiré dans les dix dernières années. tion générale du niveau de vie.
irrigation contrôlée et régulière. La ré- Toutefois cette détérioration doit sans .Les échecs partiels de la révolution
volution verte a particulièrement mar- doute bien plus à la présente explosion verte ne sont peut-être pas l'aspect le
qué la production de blé et transformé démographique qu'à la révolution verte. plus troublant. Certains signes donnent
l'économie rurale des deux Punj abs à penser que la nouvelle technologie a
La pauvreté rurale est liée à la ques-
(Inde et Pakistan) et de l'état de Ha- peut-être donné le meilleur de ses possi-
tion de la dimension des exploitations
ryana en Inde. Dans les autres zones bilités et que les futurs accroissements
agricoles et de leur distributiori. Dans
productrices, son avance a toutefois été de la production resteront plus limités.
l'ensemble du sous-continent, la surface
limitée par l'absence de moyens d'irri- Les taux d'accroissement de la produc-
moyenne des fermes apparait extrême-
gation. tion de blé et de riz ont été pour la pé-
ment réduite. En Inde la moitié des ex-
En comparaison, la révolution verte riode 1969-74 inférieurs à ceux de lapé-
ploitations ont moins d'un hectare ; au
semble avoir peu touché la production riode 1960-74 dans son ensemble. Pour
Bangladesh cette proportion est de
rizicole. De 1964-65 à 1970-71, la pro- partie, ces résultats décevants ont été
deux tiers. Qui plus est, dans ces deux
duction indienne de blé augmentait de causés par la crise de l'énergie des
pays, la proportion des exploitations
plus de 90 %, celle de riz augmentait de années 1973-74. L'essence nécessaire
dans cette catégorie s'est accrue consi-
moins de 8 %. Malgré l'introduction de aux tracteurs et aux pol'npes des puits,
dérablement dans les dix dernières
variétés à hauts rendements, les rende- années. En Inde et au Pakistan, on les engrais à base d'azote (et de phos-
ments en Asie du Sud restent bien infé- phate) ont soudain vu leurs prix monter
trouve une large concentration de la
rieurs à ceux de l'Asie de l'Est et du en flèche ; dans de nombreuses régions
terre dans quelques grandes exploita-
Sud-Est. ces produits disparurent même du mar-
tions. En Inde, par exemple, les fermes
ché. Le fléchissement résultant dans la
Le développement de nouvelles varié- de plus de dix hectares representent 4 %
production agricole montra clairement
tés de blé et de riz ne s'est malheureuse- du total mais couvrent 31 % des terres.
combien la nouvelle agriculture dépen-
ment pas accompagné de découvertes Les programmes de réforme agraire dait du secteur moderne pour son ap-
analogues dans le cas des autres céréa- ont généralement fait partie des mani- provisionnement en «inputs». Il indi-
les. Par ailleurs, à cause des exigences festes politiques ou des déclarations qua aussi que les futurs progrès de la
des nouvelles semences, la révolution d'intention des gouvernements ; ils ont révolution verte seraient largement liés
verte n'a pas affecté les fermiers dé- toutefois été rarement exécutés. Dans à l'avenir du marché de l'énergie.
pourvus d'irrigation. Ses limites appa- les seize états indiens qui, entre 1958 et
raissent clairement quand on sait que Ces indications alarmantes quant aux
1971, ont passé des législations impo- futures posssibilités de la nouvelle agri-
80 % des terres cultivées en Inde, 90 % sant un plafond sur la dimension des
au Bangladesh, manquent de tout culture sont d'autant plus inquiétantes
exploitations, environ un million d'hec- que l'explosion démographique ne
moyen d'irrigation ! tares avaient été déclarés en excès en donne pas grand signe de ralentisse-
On a accu.sé la révolution verte d'en- 1971, soit 0,7 % de la superficie cultivée ment. Les statisticiens de l'ONU projet-
richir les riches et d'appauvrir les pau- nette cette année ; moins de la moitié tent pour la région une population de
vres. Bien sür, la possibilité d'utiliser la en a été redistribuée à des ferÎniers pau- 1050 millions en 1985, 1450 millions en
nouvelle technologie ne dépend pas de vres. A l'exception de Sri Lanka, les ré- l'an 2000. Dans ces conditions, il est à
la dimension des exploitations, et tout formes agraires dans la région ont lar- craindre que la cigogne dépasse la char-
fermier ayant à sa disposition engrais, gement avorté parce que les rue. La Banque Asiatique de Dévelop-
semences et le contrôle de l'eau, peut en gouvernements n'avaient ni la volonté pement prévoit pour 1985 un déficit
profiter. En pratique toutefois, l'irriga- politique, ni la capacité adminiStrative entre 7 et 22 millions de tonnes de cé-
tion est plus facile à organiser sur une de les exécuter. réales dans la région. Plus pessimiste la
grande exploitation que sur une my- Banque Mondiale prévoit pour cette
riade de petites fermes, et les grands L'AVENIR date un déficit de quelque 23 millions
fermiers ont plus facilement accès aux DE LA RÉVOLUTION VERTE de tonnes, représentant une valeur de
ressources financières nécessaires pour près de trois milliards de dollars (en
construire un puits ou acheter semences u vu des maigres résultats ob-
dollars constants 1973).
et engrais. On l'a vu au Punjab où les tenus jusqu'à présent, il paraît
grandes fermes ont été les premières à difficile de se montrer opti- Vu la situation actuelle et projetée
utiliser les nouvelles semences. Il est miste sur l'avenir des masses des balances des paiements de ces pays,
toutefois trop rapide de conclure que la rurales dans le sous-continent. il paraît douteux qu'ils puissent finan-
révolution verte n'a profité qu'aux Pour partie, ce pessimisme est dû à une cer la totalité des importations nécessai-
riches. La nouvelle technologie réclame certaine désillusion après les espoirs res sur leurs propres ressources. Il pa-
plus de travail pour la préparation des suscités par la révolution verte. La fin raît aussi peu vraisemblable que
sols, l'application des engrais et la des années soixante fut marquée par l'assistance alimentaire des pays à sur-
moisson. Toujours au Punjab, l'utilisa- une confiance parfois e;i;:ubérante dans plus céréaliers (Amérique du Nord es-
tion des nouvelles variétés a augmenté les promesses de la nouvelle technolo- sentiellement) puisse suffire à satisfaire
la demande de main d'œuvre, par là gie. Pour leurs partisans, les semences ces besoins: pour l'ensemble du Tiers
causant une augmentation des salaires miracles promettaient une prospérité Monde, le déficit céréalier devrait dé-
des travailleurs agricoles. générale à moyen terme. Ces rêves passer cent millions de tonnes dans les 19
années quatre-vingt. On voit donc se termes de l'échange entre la ville et la pour obtenir un prêt, se procurer des
dessiner une situation où l'Asie du Sud campagne soient redressés en faveur des engrais ou s'assurer les conseils d'un
aurait à rivaliser, pour l'assistance ali- cultivateurs. agent de vulgariSation agricole, les fer-
mentaire nord-américaine, avec un Jusqu'à maintenant, seuls les cultiva- miers les plus pauvres so.gt toujours dé-
grand nombre d'autres pays sous-déve- teurs de blé et de riz disposant d'un savantagés par rapport aux riches pro-
loppés. Finalement, même si la région bon contrôle de l'eau ont pu bénéficier priétaires. Seuls des programmes
pouvait obtenir, grâce à des achats ou de la révolution verte. Les autres récol- destinés spécifiquement aux plus défa-
des dons, les grains nécessaires à tes attendent toujours une percée de la vorisés seront à même de les atteindre
combler son déficit, les appareils de dis- recherche agricole similaire aux succès effectivement. Pour cela les bénéficiai-
tribution existants ne paraissent pas à obtenus pour ces deux céréales. Les tra- res doivent être soigneusement identi-
la mesure des pr_oblèmes logistiques for- vaux des chercheurs doivent maintenant fiés et les institutions, organisations et
midables posés par l'acheminement et porter sur ces autres plantes (maïs, mil, services destinés à les encadrer doivent
la distribution, dans les campagnes les sorgho, légumineuses et tubercules) et être évalués sous cet angle particulier.
plus reculées, de telles quantités de cé- sur le développement de nouvelles va- Pour arrêter la dégradation de l'em-
réales. riétés de blé et de riz adaptées aux ploi rural et améliorer la condition des
L'ampleur même du problème crée ce conditions de la majorité des fermiers. travailleurs sans terre, le développement
qui est peut-être, en fait, la seule raison La nécessité de faire bénéficier les agricole doit être accompagné par des
d'espérer : la prise de conscience gran- petits fermiers du potentiel de la nou- programmes de création d'emplois non
dissante des responsables. Aiguillonnés velle technologie constitue un impératif agricoles. Ces programmes doivent in-
par la crise alimentaire de 1972-74, les économique et social. Économique puis- clure des travaux ruraux à haut cœffi-
organismes d'aide multilatéraux et la que une augmentation de la production cient de main d'œuvre (construction
majorité des donneurs d'aide ont radi- demande une amélioration de la pro- d'infrastructure agricole et sociale, dé-
calement changé leur attitude et don- ductivité des petits cultivateurs. Social veloppement du réseau de transport,
nent maintenant une importance crois- puisque ces cultivateurs ont, dans l'en- etc.). Jusqu'à maintenant, les program-
sante à l'agriculture et au déve- semble, moins bénéficié de la nouvelle mes de travaux ruraux dans la région
loppement rural (ainsi qu'au contrôle technologie que les riches propriétaires ont eu un impact limité, mais presque
des naissances, sujet plus controversé). terriens. Les deux objectifs, social et toujours les échecs passés peuvent être
De manière plus importante, les gou- économique, ne sont pas nécessaire- attribués à des insuffisances dans leur
vernements de la région ont aussi modi- ment contradictoires. L'exemple d'au- organisation et administration. Un
fié leurs politiques et donnent mainte- tres pays asiatiques (Japon, Formose, autre volet de ces programmes d'em-
nant la priorité, dans leurs politiques Corée du Sud) montre que la producti- plois ruraux consiste dans la création
économiques, au développement agri- vité des petites exploitations peut rivali- de petites industries villageoises utili-
cole et rural. ser avec celle des grandes fermes si elles sant les matières premières locales.
reçoivent le support nécessaire. Une ·po- La décennie écoulée depuis les gran-
ËLËMENTS D'UNE STRATËGIE litique de développement rural orientée des sécheresses de 1965 et 1966 a mon-
vers les classes les plus pauvres devrait tré le potentiel mais aussi les limitations
es succès initiaux de la révo- comprendre une réforme agraire, des de la révolution verte. Annoncée dans

L lution verte ont révélé le poten-


tiel de cette nouvelle technologie.
Après des progrès rapides au
début, le fléchissement qur a
suivi est essentiellement dü à des pro-
blèmes de diffusion. Pour étendre son
domaine, la nouvelle technologie doit
programmes et projets de développe-
ment rural destinés spécifiquement aux
petits fermiers et la création d'emplois
non agricoles dans les campagnes.
D'autres pays asiatiques d'orienta-
tions politiques variées ont montré que,
proprement exécutée, une réforme
la fin des années soixante comme la so-
lution du problème alimentaire de la ré-
gion, la nouvelle technologie a remporté
des succès incontestables. Elle n'a tou-
tefois pas apporté l'abondance promise
ni amélioré la sîtuation de la grande
masse des populations rurales. Il est
maintenant atteindre des terres moins agraire peut réconcilier justice sociale et maintenant devenu clair que seule une
adaptées et des fermes plus petites. productivité. Pour être efficace toute- politique déterminée visant à faire par-
La nouvelle technologie est coûteuse ; fois, ces réformes agraires doivent ticiper les classes rurales les plus pau-
le fermier doit se procurer matériel d'ir- comprendre un système d'encadrement vres permettra d'exploiter le potentiel
rigation, semences et engrais. Il est évi- pour organiser les bénéficiaires et leur incoûtestable de la nouvelle techn.olo-
dent qu'il ne se lancera dans ces dépen- apporter les services de support néces- gie. Bien sûr, cette stratégie ne permet-
ses que s'il attend un profit à la mesure saires (vulgarisation agricole, crédit, tra que de gagner du temps et une ac-
de ses coûts. Pour que la diffusion de la distribution d'engrais et semences). En tion vigoureuse pour limiter l'expansion
révolution verte se continue, il est donc l'absence de cet encadrement, un pro- démographique reste plus nécessaire
nécessaire que les prix des produits gramme de redistribution des terres se- que jamais. Seule l'exécution à une
agricoles soient maintenus à un niveau rait voué à un échec d'autant plus re- échelle sans précédent, de ces deux pro-
suffisamment élevé et stable. Trop sou- grettable qu'il renforcerait l'inertie grammes développement rural
vent les gouvernements de ces pays ont conservatrice des gouvernements. orienté vers les classes les plus défavori-
eu une politique de prix alimentaires L'histoire des programmes de déve- sées et contrôle des naissances - per-
bas pour satisfaire les masses urbaines, loppement rural montre que les grands mettra à l'Asie du Sud d'atteindre,
politiquement toujours volatiles. Une fermiers reçoivent toujours plus que sinon l'abondance, à tout le moins une
amélioration soutenue de la production leur part des services destinés à l'en- certaine amélioration de la situation de
agricole demande pourtant que les semble des cultivateurs. Que ce soit ses masses rurales.

20
QUEL AVENIR POUR
LE SAHEL
7
Ill

PAR JACQUES GIRi ( 52)"

e Sahel, c'est le rivage du Sahara. n premier po~nt est que la succes-

L En Afrique de l'Ouest, ce sont les


pays qui s'étendent du Cap Vert
au Lac Tchad, entre le désert et
les zones humides que l'on
trouve plus au sud. La sécheresse pro-
longée qui a frappé cette ré&_ion de 1968
à 1973 a attiré, au moins pour un
U sion d'années sèches constatées
après 1968 n'a rien d'exception-
nel dans l'histoire du Sahel. Il y a
eu dans le passé, vers 1933, vers
1913 et sans doute dans les époques an-
térieures des sécheresses comparables
qui ont fait très probablement un beau-
temps, l'attention de l'opinion mondiale coup plus grand nombre de victimes.
sur la situation précaire de ces pays. Mais l'opinion publique mondiale n'en
Pendant cette période, les récoltes de eut pas alors connaissance.
céréales ont été en moyenne amputées Ce que l'on constate aussi, c'est que
du tiers par rapport à leur niveau nor- le phénomène ne semble pas «gaus-
mal, les troupeaux ont perdu plus du * Directeur à la SEMA, Consultant du sien 1>. Les variations de la pluviométrie
quart de leur effectif et même, dans cer- Club du Sahel. ne se font pas absolument au hasard
taines zones, plus de la moitié de celui- d'une année sur l'autre, mais il paraît
ci. Une catastrophe humaine n'a été plutôt y avoir une succession de sé-
évitée que par un mouvement de solida- Sahel assurant la nourriture de ses habi- quences d'années relativement humides
rité mondial et l'envoi massif de secours tants et se développant de façon auto- puis de quelques années sèches, qui ne
alimentaires d'urgence. Encore ceux-ci nome? sont pas sans rappeler les périodes de
n'ont-ils pu entièrement éviter la fâ.mine De nombreuses réflexions ont été vaches maigres et de vaches grasses des
et des pertes en vies humaines, difficiles faites pour tenter d'apporter une répone auteurs bibliques.
à évalller. à ces questions. En 1976, s'est créé un Enfin, la sécheresse ne semble pas la
Depuis 1974, des pluies plus norma- « Club du Sahel » qui regroupe de manifestation d'une évolution accélérée
les sont revenues. Malgré cela, le Sahel façon informelle des États sahéliens et du climat sahélien vers un climat plus
n'a pu survivre que grâce à une aide ali- les pays développés et institutions inter- sec. A l'échelle des millénaires, l'actuel
mentaire provenant des pays occiden- nationales qui s'intéressent à l'avenir du Sahel a connu depuis la préhistoire un
taux, aide qui n'a pratiquement pas Sahel. La première tâche que s'est assi- dessèchement certain et important. A
cessé depuis la fin de la grande séche- gné le Club est de bâtir une stratégie de l'échelle des siècles, certains indices
resse. L'année 1977-78 aura été particu- lutte contre la sécheresse et de dévelop- semblent montrer aussi une évolution
lièrement difficile dans une vaste partie pement du Sahel, stratégie qui serait vers une moindie hauteur moyenne des
du Sahel et c'est à plus de 500 000 une sorte de cadre à l'intérieur duquel pluies, au moins en certaines régions.
tonnes que l'oii a évalué le déficit en cé- les Sahéliens et la Communauté inter- Mais aujourd'hui, nous sommes incapa-
réales pour cette période. nationale pourraient conjuguer leurs ef- bles de dire si cette évolution se pour-
Cette succession d'années sèches, la forts pour sortir cette région de la situa- suit. La vitesse d'évolution, si elle
nécessité persistante d'avoir recours à tion précaire où elle se trouve. existe, doit être si faible que, à l'échelle
une aide alimentaire extérieure amènent humaine, le climat sahélien que nous
à Se poser des questions : la dernière sé- Où en est-on aujourd'hui? Quelles connaissons peut être considéré comme
cheresse n'est-elle qu'un accident clima- réponses peut-on donner aux questions une donnée.
tique ou est-elle une manifestation d'un ci-dessus? Quel avenir peut-on envisa- De ces réflexions sur le climat, on
dessèchement progressif? Le déficit en ger pour le Sahel ? peut conclure que, au cours des pro-
produits vivriers constaié est-il seule- chaines décennies, une évolution rapide
mënt la conséquence de la sécheresse et vers un climat plus sec ne semble pas à
de ses séquelles? est-il dü à des causes craindre, mais que, en revanche, la
plus profondes? à l'insuffisance des res- venue de nouvelles périodes de séche-
sources naturelles ? à une mauvaise resse est malheureusement probable.
orientation du développement? à l'ac- Comme nous n'avons aujourd'hui ni les
tion pernicieuse des pays industrialisés moyens d'agir sur le phénomène, ni
et, selon le titre d'un pamphlet, nous même de le prévoir, une première
nourrissons-nous de la famine au conclusion est claire : le Sahel doit se
Sahel? peut-on concevoir demain un préparer à de nouvelles sécheresses. 21
n second point est que la séche- à l'extérieur ou recevoir au titre de lentement vers une plus grande produc-
resse s'est abattue sur une société l'aide alimentaire, une quantité de cé- tivité des cultures, les sols s'appauvris-
très différente de la société tradi- réales équivalente à celle qu'il a reçue sent et on est entré dans le cercle vi-
tionnelle qui avait été celle du au cours de la plus mauvaise année de cieux où réduction des temps de jachère
Sahel pendant des siècles. Celle- la dernière sécheresse. Cela signifie que, et dégradation des sols s'entraînent l'un
ci avait su s'adapter à des conditions pour survivre, le Sahel deviendra de l'autre. Les cultures d'arachide et de
climatiques rudes et à des pluies aléa- plus en plus dépendant de 'la Commu- coton, indispensables par ailleurs à
toires, réussissant à faire vivre tant bien nauté internationale. l'équilibre des balances commerciales
que mal une population assez clairse- Le fait que l'envoi d'aide alimentaire des pays, viennent évidemment aggra-
mée sur de vastes espaces. Le Sahel n'ait pas cessé depuis la fin de la pé- ver cette pénurie de terres. Avant la fin
d'aujourd'hui n'est plus statique, il évo- riode sèche ne s'explique donc pas du siècle, c'est la quasi-totalité du Sahel
lue et se trouve engagé dans certaines seulement par des facteurs locaux qui sera dans ce cas du fait de la crois-
voies qui sont en fait des impasses. On (sécheresses locales ou invasions de sance dén1ographique.
n'en avait pas une conscience claire prédateurs), inais constitue sans doute - déséquilibre écologique aussi parce
avant la sécheresse et celle-ci a joué un une première manifestation de cette dé- que, dans les régions les plus proches
rôle de révélateur, rendant évidente et pendance croissante. du désert - le Sahel des nomades - l'ac-
aigüe une crise qui était latente mais Mais, ce déséquilibre production-be- croissement des troupeaux a provoqué
qui se serait manifestée tôt ou tard. soins n'est lui-même que la consé- le surpflturage et la désertification, en
Crise d'abord à cause du déséquilibre quence de déséquilibres plus profonds : particulier autour des points d'eau que
entre l'évolution des productions ali- - déséquilibre écologique parce que la l'aide internationale a contribué à créer,
mentaires et notamment des produc- société sahélienne traditionnelle utilisait sans que toutes les conséquences de ces
tions de céréales et l'évolution de la dé- des techniques de culture qui obli- créations soient bien recensées. La sé-
mographie et des besoins. En gros, geaient à de longues périodes de jachère cheresse, en provoquant des hécatom-
malgré les lacunes de la documentation pour reconstituer la fertilité des sols bes dans les troupeaux, a provisoire-
statistique, on peut avancer que la ten- après les périodes de culture. Au- ment mis fin à cette surpopulation en
dance de la production céréalière (cor- jourd'hui, dans plusieurs régions du bétail. Mais à quel prix? et pour
rection faite des aléas climatiques) est à Sahel, l'accroissement de la population con1bien de temps?
un accroissement de l % par an alors est tel qu'il n'y a plus suffisamment de - déséquilibre écologique encore à
que la population croît partout à des terres cultivables disponibles pour ap- cause de la déforestation accélérée que
taux compris entre 2 et 3 %. pliquer ce système. Les paysans n'ont connaît le Sahel. Le bois est la princi-
Si ces tendances persistent, cela signi- d'autre solution que de réduire les pale source d'énergie de la société tradi-
fie qu'en 1985, si les pluies sont norma- temps de jachère et comme les techni- tionnelle. Relativement abondant avant
les, le Sahel devra quand même acheter ques n'évoluent pas ou n'évoluent que l'explosion démographique, il est tau-

RÉPUBLIQUE DU NIGER, MARE A DOSSO


PHOTO DOCUMENTATION FRANÇAISE

22
jours utilisé pour la cuisson des ali- e recensement des potentialités production et celle-ci doit être mise en
ments avec des méthodes très primitives
et des rendements très faibles. Avec
l'accroissement de la population, la
L du Sahel contraste singulière-
ment avec ce ·diagnostic plutôt
sombre. Il existe dans la zone des
terres qui sont encore peu ou pas
œuvre, sous peine de crise aigüe, avant
la fin du siècle.

.
consommation de bois est devenue très
supérieure au croît naturel des arbres et exploitées et qui pourraient être mises
le Sahel connaît une déforestation dont en valeur. Le rendement des terres cul-
on commence seulement à mesurer tivées est très faible et pourrait être
accru dans des proportiens importan- ette mutation est-elle réalisable?

C
l'ampleur et la gravité, déforestation
qui, à terme, ne peut rester sans consé- tes. L'élevage, actuellement concentré Cette réalisation se heurte à
quences sur le climat et sur la fertilité dans les zones les moins arrosées qui trois sortes de problèmes : des
des sols. jouxtent le Sahara pourrait être déve- problèmes techniques, des pro-
- déséquilibre économique enfin, en ce loppé et rendu plus productif dans les blèmes de gestion et des problè-
sens que le système des prix n'incite zones plus arrosées du sud Sahel. Les me~ iJOlitiques.
guère les paysans à accroître la produc- côtes du Sénégal et de la Mauritanie Les problèmes techniques ne sont pas
tivité de leurs cultures vivrières. Les comptent parmi les plus poissonneuses les plus redoutables. Les potentialités
prix d'achat des céréales sont tels que le du monde. Les pêches maritimes pour- existent. Les techniques pour les mettre
cultivateur n'a guère intérêt à intensifier raient donc contribuer de façon impor- en valeur de façon plus efficace sont à
sa production en employant des en- tante à l'alimentation des populations peu près connues. Certes, un effort de
grais, des pesticides et d'une façon gé- sahéliennes. Il en est de même de la recherche important pour mettre au
nérale des techniques modernes de cul- pêche dans les fleuves et les lacs. point des techniques spécialement
ture. Depuis une vingtaine d'années, adaptées aux conditions particulières du
Au total, même si les conditions cli- Sahel, reste à faire. La recherche agro-
alors que le revenu des populations ur- matiques du Sahel sont sévères, même
baines croissait un peu partout dans le nomique, par exemple, s'est jusqu'à pré-
si les sols y sont fragiles et si les rende- sent beaucoup plus attachée aux cultu-
Sahel, et parfois de façon assez impor- ments des cultures et des pâturages ne
tante, le revenu des populations rurales res de rente qu'aux cultures vivrières
peuvent être accrus sans précautions, pourtant essentielles pour la survie des
a diminué. Aussi le monde paysan a-t-il les potentialités de la région semblent
le sentiment d'être laissé à l'écart du pays sahéliens.
telles que nourrir les 50 millions d'habi- Un effort de recherche encore plus
progrès et a-t-il tendance à se replier tants prévisibles pour l'an 2000 et met-
sur lui-même, ne produisant que les cé- important reste aussi à faire en ce qui
tre en place les bases pour un dévelop- concerne la combinaison des techni-
réales nécessaires pour ses propres be- pement autonome est un objectif
soins et comptant pour ses revenus mo- ques, adaptée aux conditions écologi-
réaliste pour les pays sahéliens. ques, économiques et sociologiques,
nétaires sur quelques cultures
Mais, si les productions sont accrues, qu'il convient de promouvoir au niveau
d'araclùde et de coton. Production et
ne resteront-elles pas vulnérables lors de chaque exploitation, qu'il s'agisse
productivité stagnent alors que l'urbani-
de périodes de sécheresse prolongée? d'agriculture, d'élevage ou de l'associa-
satîon croissante crée des besoins nou-
Cette vulnérabilité ne sera-t-elle pas ac- tion agriculture-élevage, non tradition-
veaux en produits vivriers qui ne peu-
crue? Des réponses existent à ces ques- nelle dans le Sahel et qui est sans doute
vent être totalement satisfaits que par
tions. On peut d'abord mettre au point une des clés de la mutation du système.
des importations ou le recours à l'aide des variétés à cycle végétatif court et
alimentaire. Les problèmes de gestion sont plus
donc moins sensibles à une saison des difficiles. Il s'agit de faire évoluer un
Ainsi le Sahel s'est-il engagé dans pluies écourtée. Mais surtout, on cons-
une voie qui ne peut conduire qu'à une système complexe dont tous les élé-
tate que, à l'heure actuelle, à peine ments agissent les uns sur les autres de
dépendance accrue vis-à-vis de l'exté- 100 000 hectares sont irriguées dans le
rieur et à une situation catastrophique façon parfois inattendue. Il faut atta-
Sahel, alors que au moins 1 500 000 quer sur tous les fronts. Une des rai-
lors de la venue de nouvelles périodes hectares sont irrigables dans les seules
de sécheresse. sons des échecs passés et de la situation
vallées des fleuves Sénégal et Niger, actuelle est certainement que les problè-
dans les vallées des Voltas et dans le mes ont été attaqués de façon beaucoup
bassin Tchad-Logone-Chari. La mise en trop partielle tant par les sources d'aide
irrigation de ces surfaces apporterait au que par les Gouvernements sahéliens.
Sahel non seulement une production ac- Certaines actions, comme le forage des
crue de céréales, de fourrage, de sucre, puits en zone pastorale, ont même fini
etc... mais encore une production très par se retourner contre les objectifs
peu vulnérable à la sécheresse. Et, si on poursuivis par leurs promoteurs, faute
ajoute à la sécurité ainsi acquise, celle d'une analyse suffisante du tissu de re-
apportée par la constitution de quel- lations dans lesquelles elles venaient
ques stocks interannuels, on peut dire s'insérer.
que le Sahel a les moyens de nourrir sa Le Club du Sahel s'est efforcé de
population de l'an 2000 mais aussi de mettre sur pied une stratégie d'ensem-
franchir les périodes difficiles qui pour- ble qui inclut aussi bien les actions de
raient se présenter. développement des productions que des
Le Sahel ne manque donc à propre- actions d'accompagnement: formation
ment parler ni de terres, ni d'eau. En des hommes à la technique et à la ges-
revanche, il manque d'un système effi- tion, recherche technique, équilibres
cace pour les exploiter et satisfaire ses écologiques, politiques de prix, de
besoins actuels. Le système traditionnel commercialisation et de stockage, déve-
a été bouleversé par l'impact du monde loppement des infrastructures, politique
industrialisé et l'explosion démographi- énergétique, etc ... et qui tient compte
que qui en est résultée. Le système ac- des interrelations entre tous ces élé-
tuelest tragiquement insuffisant pour ments. Mais, des progrès importants
faire face aux besoins croissants du restent encore à faire dans la compré-
Sahel d'aujourd'hui. Une seule solution hension du système sahélien, si l'on
est possible : la mutation du système de vent éviter à l'avenir les déconvenues. 23
Les problèmes de gestion se situent pasteurs ont en main la clé du Sahel de est possible et le Sahel peut, en quelque
aussi du côté des choix et des priorités demain. Encore faut-il qu'ils soient in- sorte, constituer au cours des deux dé-
à donner aux différentes actions. On formés, motivés, guidés et aidés à aller cennies à venir un test de la réalité de
peut se demander à ce propos si le cal- dans la bonne voie. la solidarité entre pays riches et pays
cul économique classique et l'évaluation pauvres. En effet et malgré certaines
de la rentabilité telle qu'elle est courant- Mais les problèmes se situent aussi apparences, sortir le Sahel du sous-
ment pratiquée, en particulier par les du côté de la Communauté internatio- développement est à notre portée. Le
organismes de financement, sont des nale. Vu l'état actuel du Sahel et son Sahel avait développé une civilisation
outils bien adaptés au cas du Sahel : les dénuement, il est bien évident que toute originale et attachante qui avait ré-
projets de reforestation par exemple mutation est inconcevable sans un ap- pondu au défi lancé par des conditions
n'ont qu'une rentabilité médiocre aux port extérieur important de savoir-faire climatiques difficiles. Il faut aujour-
yeux des économistes ; ils sont pourtant et de capitaux. Les pays industrialisés d'hui l'épauler pour l'aider à sortir
essentiels pour l'avenir de la région. et les détenteurs de pétro-dollars au- de l'impasse dans laquelle il s'est four-
Restent les problèmes politiques qui ront-ils la volonté d'aider le Sahel à réa- voyé. Les potentiels existent, les techni-
sont essentiels. liser au cours des vingt prochaines ques aussi. Le Sahel n'est point de ces
Ils se. situent d'abord du côté des années la mutation nécessaire à sa sur- pays où le pullulement des hommes
Gouvernements sahéliens. Rien ne se vie? semble décourager d'avance tout effort
fera et toute mutation du sYstème ac- Ou bien le Sahel deviendra un pays d'aide extérieure. La réforme agraire
tuel est illusoire s'il n'existe pas une vé- assisté de façon permanente et la pro- n'y est point, comme dans d'autres ré-
ritable volonté de changement, une vo- chaine grande sécheresse s'abattra de gions du monde, un préalable au déve-
lonté de sortir le monde paysan de façon catastrophique sur la région. Ou loppement. Les conditions semblent
l'isolement et de la stagnation dans les- bien le Sahel, avec l'aide extérieure, réunies pour qu'une coop_ération effi-
quels il se trouve et de le faire partici- conquerra peu à peu son autonomie et cace soit mise en œuvre. Aurons-nous
per au développement. Cultivateurs et diminuera sa vulnérabilité. Cette voie la volonté de la mener à bien?

14
QUELQUES OBSTACLES
AU DEVELOPPEME
DU TIERS MONDE
et leurs remèdes

PAR MOHAMMED BAHDA (76)

La grande majorité de la population Tiers Monde est dû essentiellement à


du monde se trouve en dehors des pays l'introduction des techniques médicales
riches dits pays développés. La situa- avancées dans des sociétés dont les res-
tion économique et sociale des pays que sourcés alimentaires sont en général in-
l'on appelle sous-développés constitue suffisantes.
le problème le plus important de notre Avant de voir comment cette crois-
temps. Dans cet essai je ne prétends pas sance démographique rapide constitue
apporter la solution à ce problème ma- un grave obstacle au progrès économi-
jeur, mais simplement chercher à voir, que et social de la majorité des habi-
dans un contexte général, quels sont les tants du Tiers Monde, remarquons que
obstacles qui, actuellement, s'opposent toute augmentation de la population
au démarrage des pays sous-développés entraîne une augmentation de la force
et comment, malgré ces obstacles, les de travail et, par conséquent de la pro-
pays du Tiers Monde peuvent espérer duction et que, par ailleurs, la jeunesse
s'engager dans un processus de dévelop- ËLËVE A L'ENSAE de la population représente le dyna-
pement économique et social rapide. misme d'un pays. Oui, mais le problème
pas causée par l'augmentatîon des taux réside dans le fait qu'une augmentation
de natalité mais par une chute specta- rapide de la population du Tiers Monde
LES OBSTACLES AU DËVELOPPE- culaire du taux de mortalité, due princi- nécessite, rien que pour le maintien du
MENT DU TIERS MONDE palement aux progrès de la médecine. niveau de vie, un taux très élevé d'in-
Le Tiers Monde se trouve confronté, Ainsi, dans certaines populations, les vestissement. Les membres de cette po-
dans son ensemble, avec toute une série taux de mortalité ont diminué en dépit pulation croissante doivent être !J.Ourris,
d'obstacles, s'opposant à un développe- d'une détérioration de leur poisition habillés, logés, soignés, instruits. Et une
ment économique et social rapide. économique. fois adultes il faut les doter de moyens
Parmi ces obstacles, l'obstacle démogra- Actuellement la population du Tiers de travail. Comme la population du
phique apparaît comme le plus impor- Monde s'accroît à un taux annuel de Tiers Monde est une population de plus
tant. Vient ensuite l'obstacle créé par la l'ordre de 2,5 - 3,5 %. Cette croissance en plus jeune, les gouvernements des
complexité actuelle de la technique, démographique est un phénomène en- pays du Tiers Monde se voient obligés
plus d'autres obstacles parmi lesquels tièrement récent puisque la moyenne de construire de plus en plus d'écoles,
ceux découlant de la colonisation. des taux de progression démographique de former de plus en plus d'enseignants
des pays occidentaux pendant les pre- et d'installer de plus en plus de centres
L'obstacle démographique. mières phases de la révolution indus- de formation. Tout cela exige des capi-
trielle se situait aux environs de 0,6 %. taux, des capitaux qui auraient pu être
Le tiers Monde connaît aujourd'hui Mais si, dans les pays occidentaux la investis dans d'autres secteurs produc-
une véritable explosion démographique. croissance démographique a été suscitée tifs de l'économie.
Avant la diffusion généralisée de la mé- par l'amélioration de la production ali- L'inflation démographique peut aussi
decine et de l'hygiène, la croissance de mentaire résultant de la révolution agri- se présenter comme un obstacle dans le
la population fut lente, les taux de na- cole, le rôle de la médecine n'était inter- domaine agricole. En effet une crois-
talité et de mortalité étant relativement venu que plus tard (comme l'expliquait sance démographique rapide entraîne
équilibrés. Aujourd'hui cet équilibre se Alfred Sauvy, la médecine suivait le une augmentation rapide de la popula-
trouve modifié. L'application des mé- progrès économique sans pouvoir le tion active agricole, laquelle peut
thodes sanitaires modernes a provoqué précéder). Le fort taux de croissance conduire à une diminution de la super-
une grande régression de la mortalité. démographique qui apparaît comme ficie cultivable disponible par exploita-
L'explosion démographique n'est donc une caractéristique générale des pays du tion ; laquelle à son tour peut conduire 25
à la stagnation ou la régression de la Monde l'investissement productif est trie est exportée. En plus, l'équipement
productivité agricole. Rien d'étonnant difficile, les entrepreneurs sont rares, et utilisé est généralement importé et une
donc que les pays de la faim soient pourquoi les entreprises industrielles fraction importante des cadres et de la
aussi ceux où les rendements à l'hectare installées dans certains pays n'ont pas main d'œuvre qualifiée est originaire
sont les plus faibles. · pu être véritablement intégrées au reste des pays développés. Il en faut pas ou-
Les pays du Tiers Monde se trouvent de l'économie de ces pays. blier aussi que les ressources minières et
ainsi placés devant un redoutable obs- - Une autre conséquence de l'évolution pétrolières sont non renouvelables. Ce
tacle à leur développement. Leur crois- de la technique est la régression de la qui peut handicaper fortement les pays
sance démographique excessive conduit technique traditionnelle. L'économie ne sous-développés au moment où ils au-
à la nécessité de taux extrêmement formant plus un tout devient alors ront besoin de disposer des matières
élevés d'investissement, handicape les Une économie désarticulée. D'un côté le premières pour le développement de
progrès de la productivité agricole et secteur traditionnel, souvent replié sur leurs propres industries de transforma-
accroît le coût de l'éducation et de Ja lui-n1ême, de l'autre le secteur moderne tion ..
formation générale. Cette croissance dé- qui dépt!nd fortement de l'extérieur.
mographique excessive constitue donc De quelques autres obstacles
l'obstacle principal aux progrè's écono- L'attrait du con1merce et de l'adminis-
miques et sociaux de la majorité des Les obstacles découlant tration : les éléments les plus dynami-
pays du Tiers Monde. de la colonisation ques de la population sont plus attirés
Les responsabilités du reg1me colo- par le commerce et l'administration que
nial et néo-colonial actuel, concernant par l'industrie. Ce qui conduit au man-
La complexité que d'entrepreneurs et réduit l'incita-
la situation des pays du Tiers Monde
de la technique actuelle tion à l'investissement industriel.
sont très lourdes. Les conséquences de
Pendant les premières phases de la la domination européenne ont réduit les Les effets de démonstration : Influen-
révolution industrielle, les techniques chances du démarrage de la plupart des cés par les genres de vie européens ou
mises en oeuvre dans les processus de pays du Tiers Monde. nord-américains, les habitants du Tiers
production agricole et industrielle Dans le domaine agricole: La politi- Monde et plus particulièren1ent la
étaient extrên1en1ent simples. Le faible que coloniale était une politique de classe privilégiée, n'épargnent pratique-
écart entre les techniques nouvelles et plantation, provoquant une expansion ment pas mais consomment. (Même si
les techniques traditionnelles avait fa- des cultures d'exportation : produits l'épargne apparaît, elle ne s'investit pas
vorisé la transmission à d'autres pays tropicaux, sucre, bananes, café, caout- sur place, l'argent est placé à l'étran-
des procédés techniques inventés en chouc, oléagineux, etc.. Ces divers types ger). Cette augmentation de la consom-
Angleterre. Ainsi la simple information d'implantations coloniales ont eu des mation au détriment de l'épargne
était insuffisante pour rendre possible graves conséquences sur le plan du dé- conduit à un gonflement des importa-
l'imitation et la transmission de l'inno- veloppement. tions et à une perte de débouchés pour
- Ces cultures sont destinées à approvi- la production traditionnelle.
vation. Aujourd'hui la rupture est totale
sionner les métropoles ou le marché Fuite de cerveaux: Ayant un niveau
entre la technique traditionnelle et la
mondial. Il ne s'agit donc pas de satis- de forn1ation bien supérieur à celui de-
technique moderne. Les progrès de la
faire les besoins de la population au- mandé par les besoins locaux et consta-
science, l'introduction de l'électricité et
tochtone. tant un grand écart des niveaux de ré-
des moteurs à explosion, les multiples
- Les profits réalisés par les propriétai- munération existant entre le Tiers
applications de l'électronique et de
l'énergie nucléaire ont participé à l'élar- res de ces plantations sont générale- Monde et les pays développés, certains
ment exportés au lieu d'être investis sur spécialistes du Tiers Monde quittent
gissement de cette rupture. Ce fossé
profond entre la technique tradition- place. leur pays pour aller s'installer dans les
nelle et la technique moderne est au- - Les méthodes mises en oeuvre dans pays développés. Le coût de formation
jourd'hui un obstacle s'opposant au dé- ces plantations exigent l'apport de ma- de ces spécialistes et la qualité du per-
marrage des pays sous-développés, pour tériel étranger. Elle ne peuvent donc in- sonnel ainsi perdue représentent une
plusieurs raisons : fluencer favorablement l'agriculture tra- perte assez importante pour le Tiers
- la technique moderne nécessite des ditionnelle. Monde.;
techniciens, des ouvriers et des cadres - En plus ces cultures destinées à l'ex-
qualifiés dont le coût de formation est portation ont occupé des grands domai- LES CHANCES
très élevé. nes, privant ainsi les cultures vivrières D'UN DÉVELOPPEMENT
- la technique moderne nécessite des d'une fraction importante des bonnes ÉCONOMIQUE
unités de production de grande taille. terres, ce qui a conduit à réduire la pro- ET SOCIAL RAPIDE
Ces unités ont une forte capacité de d~ctivité de l'agriculture vivrière.
production incompatible avec l'étroi- Dans le don1aine de l'industrie: La Con1pte tenu de tous les obstacles
tesse du marché intérieur des pays du politique coloniale était une politique cités ci-dessus, comment le Tiers
Tiers Monde. d'exploitation des ressources minières. Monde peut-il espérer améliorer son ni-
- La construction de machines et Depuis la 2c guerre mondiale, on assiste veau de développement ? Dans cette
d'équipements ne peut plus se réaliser à à une forte accélération de l'exploita- partie, il ne s'agit pas de répondre à
partir des techniques traditionnelles. tion des matières premières dans les cette question, réponse qui me paraît
Au départ, les pays du Tiers Monde ne pays du Tiers Monde. Cette augmenta- d'ailleurs difficile à donner, mais d'ex-
peuvent donc qu'importer des biens tion de la production extractive peut poser les conditions susceptibles de per-
d'équipement. Or l'importation des avoir des conséquences néfastes sur le mettre aux pays du Tiers Monde de
biens d'équipement entraîne le blocage processus du développement. surmonter ces obstacles et d'entraîner
de l'industrialisation puisqu'elle conduit Car il convient de remarquer que une accélération de leur croissance éco-
à faire dépendre presque exclusivement cette augmentation n'est pas suscitée no1nique.
de l'extérieur l'équipement de l'indus- par les besoins de l'industrie locale. Les mesures qui me paraissent les
trie. Cette situation conduit à la dispa- Presque la totalité de l'industrie extrac- plus urgentes à prendre sont la maîtrise
rition des effets de diffusion qui au- tive sert à l'alimentation des industries du mouvement démographique, le déve-
raient entraîné la fabrication sur place de transformation des économies des loppement temporaire du secteur agri-
de cet équipement. Ainsi on peut pays développés. Une fraction impor- cole et la protection du marché natio-
26 comprendre pourquoi dans le Tiers tante des profits dégagés de cette indus- nal.
MAROC, MARRAKECH ARTISANAT. TRAVAIL DU CUIVRE
UNESCO/DOMINIQUE ROGER

27
La maitrise niveau de vie nécessaire pour faire pro- taine indépendance économique devrait
du mouvement démographique gresser la demande intérieure et être recherchée pour satisfaire les be-
conduire à une expansion du marché de soins essentiels (nourriture, logement. ..).
Ainsi, comme nous l'avons vu, la pro- l'industrie surtout que, dans la majorité Les pays du Tiers Monde doivent refu-
gression démographique pose de graves des pays du Tiers Monde, la population ser d'être essentiellement un marché et
problèmes au Tiers Monde. Il faut bien rurale représente une large partie de la un lieu de tourisme pour les pays déve-
préciser que c'est le rythme trop rapide population totale. loppés. Ils doivent essayer d'assimiler et
de la progression démographique qui de maîtriser les moyens technico-indus-
menace le développement et non le triels nécessaires pour surmonter l'obs-
chiffre absolu de pope.lation qu'il en- Protection du marché national
tacle créé par la complexité de la tech-
traîne. Il s'agit alors de prendre des me- Toute création d'industrie dans url nique actuelle, afin de faciliter le
sures visant la limitation des naissances, pays du Tiers Monde doit s'accompa- processus d'industrialisation. Ces choix
en tenant compte des aspects psycholo- gner d'une protection efficace. En effet, économiques ne doivent pas faire ou-
giques du problème. Car la baisse du étant donné l'écart important existant blier que le développement ne dépend
taux de natalité est liée à toute une entre le niveau de développement des que partiellement des transformations
transformation des mentalités et des pays industriels et celui des pays non- économiques. Les transformations des
comportements, sans laquelle on risque industriels, et le faible coO:t des moyens mentalités et des comportements sont
d'aboutir à des échecs. de transport (au début de la révolution aussi importantes.
industrielle le coût élevé des transports Mais l'idée fondamentale dans toute
représentait une protection naturelle ef- recherche sur les problèmes de dévelop-
Développement temporaire ficace) un processus d'industrialisation pement est que chaque pays doit comp-
en cours dans le Tiers Monde n'aura de ter avant tout sur lui-même. Il doit faire
du secteur agricole
chance de se réaliser qu'à l'abri des pro- une analyse de ses problèmes et bien
Si l'industrialisation représente l'ob- tections douanières. Protections doua- définir ses objectifs. Le développement
jectif de toute politique visant un déve- nières qui doivent être complétées par ne peut être imposé ou réalisé de l'exté-
loppement rapide, il ne faut pas perdre des limitations d'importations et sur- rieur.
de vue que dans un pays où une grande tout les importations concernant les L'organisation des pays du Tiers
partie de la population est rurale - et biens dont il existe une production lo- Monde en unités économico-politiques
c'est le cas de la majorité des pays du cale. peut leur permettre de réduire leur forte
Tiers Monde - l'agriculture joue un Ces priorités impératives étant défi- dépendance vis-à-vis des pays dévelop-
rôle décisif dans le processus de déve- nies, il existe d'autres options suscepti- pés. Aussi la coopération internationale
loppement économique et social. Etant bles de favoriser le développement. Il peut faciliter la tâche des gouverne-
donné l'ampleur de la croissance démo- n'est pas possible d'examiner tous les ments des pays du Tiers Monde, à
graphique, la production alimentaire types de choix qui se présentent en res- condition que cette coopération s'ins-
doit être très importante. D'autre part, tant dans un cadre général. Chaque crive dans le cadre d'une politique de
le développement de l'agriculture peut pays a ses propres problèmes ; les choix véritable coopération, non d'une politi-
entraîner l'élévation du niveau de vie varient suivant les situations des diffé- que d'exploitation ou de coopération
des populations rurales. Elévation du rents pays. Mais en général, une cer- ambigüe.

28
PAYS
EN DEVELOPPEMENT:
pour une nouvelle problématique
L'interrogation sur le développement des pays du Tiers-Monde a donné lieu depuis une trentaine
d'années à·un volume croissant de contributions, et à une littérature qui, maintenant est considérable.
Aussi paraît-il nécessaire, avant même de tenter une nouvelle contribution, de se retrouver dans cet
ensemble - et donc de réfléchir sur cette réflexion.
La présente note propose une structuration, sinon de l'ensemble, du moins d'une partie de cette
littérature sur le développement économique ; en ce sens une « thèse» est présentée : elle peut être
contestée - mais notre ambition n'est pas tant de présenter cette thèse que de montrer la nécessité
d'avoir une thèse - tant il est vrai que «la vérité émerge plus facilement de l'erreur que de la
confusion)) (F. Bacon).

PAR MARC CHERVEL ( 52) "

u côté des pays eux mêmes, dence ; ceci dans un but moral : pour

D qu'avons-nous vu concernant que le riche puisse goûter (( la volupté


le Tiers-Monde depuis une sublin1e de la générosité» et Je pauvre
trentaine d'années? <(s'élever à ce sentùnent de la reconnais-
On a vu successivement : sance qui. .. a aussi sa dignité» (Baron
- un grand nombre de pays dits «sous- Degerando, Le Visiteur du Pauvre,
développés )) prendre leur indépendance 1838).
politique : ainsi le nombre des pays Cette thèse fataliste, et à la limite ra-
sous-développés indépendants est passé ciste, a été en particulier, définitivement
de 35 en 1945 à 120 en 1978; contredite par l'histoire - parfois après
- ces pays poser de plus en plus claire- de longs et douloureux conflits ; nous
ment leurs revendications, ayant trait à ne la citons que parce que le passage de
leur développement écohomique et à cette première réponse à la deuxième
leur volonté d'indépendance économi- éclaire notre propos concernant le pas-
que ; certains disent même, faisant réfé- sage de la deuxième à la troisième ré-
rence à la période antérieure, leur vo- ponse et parce que l'on trouve encore
lOnté de libération économique ; Passons rapidement sur la première sinon des théories, au moins des réfé-
- ces pays commencer à se coaliser thèse, développée de manière plus ou rences ou des comportements qui s'en
pour tenter de renverser les rapports de moins honteuse dans la période colo- inspirent.
force, qui, estiment-ils, jouent en leur niale ou post coloniale : selon cette
défaveur (conférence de Bandoeng en thèsé, le sous-développement résulte
1955, réunion de !'OPEP en 1973, etc...) d'une conjonction néfaste due aux
Face à cette évolution, quelle a été la conditions naturelles défavorables (cli- PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS:
réponse des pays industrialisés? On mat, ressources naturelles, populations), PAYS EN RETARD
peut, schématiquement, la situer· à deux qui enferment ces pays dans les cercles
niveaux : au niveau des pratiques, au vicieux de la pauvreté, du genre : bas La deuxième réponse fait de ces pays
niveau des théories. Il n'est pas dans niveau de revenu donc mauvais état de en développement des pays en retard -
notre propos de reprendre ici un histo- santé donc faible productivité donc peu c'est la thèse qui a été développée après
rique de nos relations avec ces pays, re- d'épargne et bas niveau de revenu, etc. la phase des indépendances politiques ;
lations qui nous ont été parfois cruelles en définitive ces pays sont pauvres c'est la thèse encore dominante actuel-
- mais seulement de tenter de classer parce qu'ils sont pauvres, et arriérés lement : il est donc nécessaire de s'y ar-
nos réponses théoriques, en s'appuyant parce qu'ils sont arriérés. Les interven- rêter quelque temps.
sur cette évolution historique. tions des pays riches ne peuvent ressor- En suivant cette thèse, on va caracté-
Suivant G. Destanne de Bernis, les tir alors que de la charité. riser ces pays par toute une série d'indi-
principales réponses théoriques se sont On retrouve ici une thèse développée cateurs : revenu national par tête (en %
successivement articulées autour de au début du XIXe siècle dans les pays par an), taux d'analphabétisme, taux de
trois thèses principales, faisant de ces industriels, qui faisait des pauvres un mortalité infantile, consommation
pays: ordre de l'état social voulu par la Provi- d'énergie par tête... Ces pays apparais-
- des pays arriérés (thèse fataliste) sent alors comme en retard par rapport
- puis des pays en retard (thèse pater- à nos pays ; ils ne sont plus fatalement
naliste) * Directeur de Recherche à l'l.E.D.E.S. (Insti- (( arriérés » mais seulement, actuelle-
- puis des pays économiquement domi- tut d'Étude de Developpement Économique ment « sous-développés » ; ils sont à un
nés (thèse actuelle). et Social) - Université de Paris I stade de développement antérieur au 29
nôtre ; ils traversent une étape que nous chaque pays aussi les pauvres sont plus
avons traversée plus tôt, au XIX" siècle, pauvres et les riches plus riches ; (( 900
lorsque nous avons constitué - dure- nû/lions d'honunes subsistent avec un re-
ment - notre appareil de production. venu inférieur à 75 % par an, n'ayant
De cette réponse générale au pro- pour tout horizon que la crasse, la faim et
blème du sous-développement, plu- le désespoir». UN NOUVEAU PONT LANCÉ
sieurs conséquences sont tirées :
L'échec est dans les faits : il est res- EN DIRECTION
- sur le plan théorique tout d'abord, il
senti ainsi par les cadres des pays sous- DU TIERS-MONDE
est fait recours aux modèles qui passent
développés :
pour expliquer notre développement, - qui contestent les opérations qui ont
c'est-à-dire principalement à la théorie Depuis plus de trois ans, « La
été engagées ; Jaune et la Rouge» voit vivre et se
micro-économique (néo-classique). - qui cherchent à définir d'autres stra-
Cette théorie stipule que (sous réserve développer une formule de coopéra-
tégies de développement ; tion nouvelle en France.
d'un certain nombre d'hypothèses tech- - qui sont las de voir traiter leurs pro-
niques, en particulier de l'hypothèse de Créé à l'initiative d'un groupe de
pres problèmes par d'autres, avec si peu nos camarades, appuyé par quel-
la concurrence parfaite et de l'hypo- de succès.
thèse des rendements décroissants) l'op- ques entreprises françaises dynami-
timum pour la collectivité résulte de la · Ainsi. lors d'un colloque internatio- ques (et bien sûr par !'A.X.), ECTI
poursuite par chaque agent de son opti- nal récent (Brighton Septembre 1976), nlise sur les relations amicales et
mum individuel (l'entrepreneur maximi- certains d'entre eux ont fait part à leurs confiantes que les cadres en fin de
sant son bénéfice et le consommateur sa collègues des pays développés, d'un be- carrière peuvent instituer et entrete-
satisfaction), l'État intervenru:it cepen- soin de silence et leur ont demandé un nir avec leurs partenaires du Tiers-
dant, pour faire respecter la concur- annistice. une trève de Dieu pour leur Monde, par leur disponibilité, leur
rence et pour définir le projet collectif permettre de réfléchir entre eux. impartialité, leur expérience et leur
(fonction d'utilité collective). La raison Cet échec constaté au niveau des or- ferme désir d'être utiles.
essentielle du sous-développement ré- ganisations internationales et au niveau En mobilisant ce capital peu uti-
side alors dans l'insuffisance du capital des cadres des pays sous-développés lisé jusque là ECTI permet la ren-
productif de ces pays ; il importe donc : nous amène à faire un examen sans contre des intérêts convergents des
- de mobiliser le plus de capitaux possi- complaisance de la démarche suivie ; le pays en développement, de la
bles pour pouvoir constituer au plus bilan est sévère: France, des entreprises et de leurs
vite l'appareil de production, ceci sur sur le plan théorique il est vrai cadres.
épargne intérieure et, comme celle-ci est - que le corps d'hypothèses de base qui Plus de 150 missions ont été ac-
faible, sur prêts et dons extérieurs ; a été retenu est parfaitement irréaliste con1plies dans une vingtaine de
- d'affecter ces ressources aux investis- en pays sous-développés (les déséquili- pays, dans les conditions avantageu-
sements les plus «rentables économi- bres sont structurels, les lois du marché ses de coût, rapidité et efficacité que
quement 1>, cette ((rentabilité économi- ne jouent pas, les rendements sont seuls permettent le volontariat et le
que » ou «rentabilité pour la croissants.); bénévolat.
collectivité » étant définie et calculée - que les méthodes d'évaluation des Rejetant tout esprit de concur-
grâce à la théorie néo-classique. projets, déduites de cette théorie néo- rence, ECTI offre à chaque service
- sur le plan des relations entre pays classique, méthodes qui vont condition- ou entreprise la possibilité de faire
développés et pays sous-développés, les ner les choix effectifs d'investissement, plus ou mieux. Il n'y a pas d'exem-
interventions sont alors justifiées par la sont incapables de prendre en compte ple qu'une concertation n'ait fait
nécessité: les objectifs de développement retenus apparaître le créneau de complé-
- de l'aide au financement du capital par les Responsables Politiques - et mentarité où ECTI peut se rendre
(aide publique et privée) qui doit donc ce, malgré une sophisticatîon incroya- utile.
permettre la constitution de l'infrastruc- ble; Qui ne serait tenté de faire appel,
ture économique ; - que, au total, cette théorie néo-classi- avec sa propre formule, aux
- de l'aide technique (on dira aussi as- que n'est véritablement ni une théorie 1 000 experts - dont une centaine
sistance technique) des pays dévelop- du développement, ni une théorie de la d'X - déjà inscrits au fichier?
pés, tant en ce qui concerne les techni- décision publique ;
ques de production elles-mêmes, que la - sur le plan des pratiques, il est vrai,
programmation des investissements. d'ailleurs, que le développement écono- ÉCHANGES
Ces aides sont complétées par des n1ique de nos pays d'une part ne s'est ET CONSULTATIONS
aides humanitaires destinées à parer au pas effectué, historiquement, dans le TECHNIQUES
plus pressé et à permettre aux popula- contexte précisé par la théorie, d'autre INTERNATIONAUX
tions de ces pays de franchir la période part n'a pas résulté de ses enseigne-
difficile actuelle. n1ents : ainsi le développement des
grandes puissances industrielles ne s'est
pas produit sur un marché international 23, rue de la Sourdière
libre, mais à l'abri de puissantes protec- 75001 Paris 261 18 80 et
tions nationales (P. Bairoch) ; il est 261 03 79
L'ÉCHEC DE CETIE RÉPONSE
connu que si on avait fait les calculs
Il ne sert à rien de se leurrer : cet en- préconisés nous n'aurions jamais cons-
semble complexe d'élaborations théori- truit nos chemins de fer, etc. ;
ques, de bonnes intentions et d'inter- - il est vrai, enfin, que le problème du
ventions diverses a échoué ; la décennie développement de ces pays du Tiers-
60, qui devait être la décennie du déve- Monde n'est pas celui que nous avons
loppement, a été la décennie de rencontré au XIX•' siècle : pour la sim-
l'échec : il n'est que de lire les discours ple raison qu'à l'époque nous n'étions
de R. Mac Namara, Président de la pas confrontés à des économies domi-
Banque Mondiale : les pays pauvres se nantes - alors qu'eux, bien sûr, le sont.
retrouvent plus pauvres et les pays Il nous faut alors reprendre notre ré-
30 riches plus riches, et à l'intérieur de flexion.
PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS: Monde ; cette approche théorique ap- porter des jugements sur les thèses pré-
PAYS DOMINÉS paraît définitivement comme inadé- sentées plus haut :
quate. - cette approche pragmatique fait évi-
Une troisième réponse est actuelle- Mais alors que penser et que faire ? demment justice de la première thèse
ment proposée : elle met l'accent sur Reprenant l'ensemble de la démarche évoquée : il ne peut être question pour
l'articulation entre développement et suivie jusqu'à présent, une de ses carac- ces Responsables de se satisfaire de
sous-développement ; ainsi il n'y aurait téristiques apparaît: quoiqu'on ait pu cette thèse fataliste ; cette thèse appa-
pas d'une part des pays sous-dévelop- en dire cette démarche est marquée par raît clairement comme une thèse
pés et d'autre part des pays développés la première thèse, elle continue à faire complaisante, une thèse alibi, une thèse
- mais des pays sous-développés parce de nous les «maîtres à penser», sur ce raciste, qui les condamnerait à une mi-
qu'il y a des pays développés. problème qui, au premier chef n'est pas sère irrémédiable ;
Plus précisément, le développement le nôtre ; elle est ethnocentrique. - cette approche fait aussi justice de la
des pays occidentauX, leur domination, Si l'on essaie de dépasser cette limite, théorie néo-classique du développe-
dans un premier temps politique puis il' apparaît que tout un volet de choses ment: en effet l'ensemble des mesures
économique, ont eu pour conséquence nous a en partie échappé : c'est l'appro- prises par les Responsables Politiques
la déstructuration des économies moins che qu'avaient du problème du dévelop- de ces pays sont contraires aux ensei-
avancées, leur désarticulation et leur dé- pement les responsables et les cadres gnements de cette théorie : qu'il s'agisse
pendance (F. Perroux) : ce sont ces des pays sous-développés eux-mêmes. à l'intérieur des pays :
phénomènes qui sont caractéristiques Or cette approche est éclairante - mais - de la n1ise sur pied d'une organisation
de ce qu'on a appelé le sous-développe- à condition de la prendre pour ce de planffication ;
ment, ce sont les causes du sous-déve- qu'elle est et non de tenter de la couler - de mesures de protection douanière
loppement. immédiatement dans nos schémas de pour l'industrie nouvelle, de législation
De même que précédemment, les pensée antérieurs. du travail (salaire minimum) ;
conséquences de cette thèse doivent être Cette approche est d'abord une ap- - de contrôle des changes, de politiques
tirées : proche pragmatique : si nous, nous industrielles... ou qu'il s'agisse au ni-
- si le sous-développement des uns est avons toute latitude pour réfléchir aux veau international de préconiser les
le revers du développement des autres, problèmes de leurs pays, eux, en plus stratégies nouvelles de self-reliance, des
on comprend que les stratégies de déve- doivent agir ; et l'action, d'une manière besoins essentiels ... etc.
loppement des pays du Tiers-Monde ne ou d'une autre finit toujours par être
puissent pas se confondre avec les stra- sanctionnée. C'est par l'analyse des pra-
tégies d'intégration au marché mondial tiques de développement mises en insi la chute peut paraître sé_-

A
mais à l'inverse être des stratégies auto- œuvre par les Responsables Politiques vère : une masse importante de
nomes (concept de self-reliance); des pays du Tiers-Monde, l'analyse des travaux théoriques, de métho-
- si les mécanismes à l'œuvre sont non ambitions initiales, des succès et des dologies, d'approches préconi-
des mécanismes d'équilibre, comme le échecs que nous pourrons avancer dans sées - en particulier par de
veut la théorie néo-classique, mais des la connaissance et dans la maîtrise des grandes organisations internationales -
mécanismes de déséquilibre rendant problèmes de développement. parait inadéquate aux problèmes posés
plus forts les forts et plus faibles les fai- Plus précisément, il nous semble que par le développement des économies du
bles - il y a lieu de faire du problème la crise que connaît actuellement l'éco- Tiers-Monde ; notre rôle, confortable,
de l'intervention de l'État national non nomie du développement peut être dé- de grands experts, de maîtres à penser,
un problème annexe, mais un problème passée par: est mis à l'épreuve, contesté, critiqué.
central. - l'étude des politiques de développe- C'est vrai, le temps des grandes certi-
La planification n'est plus alors une ment mises en œuvre dans certains pays tudes est passé et les faits nous pressent
·vague étude de marché destinée à éclai- du Tiers-Monde, l'étude des procédures à plus d'humilité.
rer les entrepreneurs sur leurs marchés : de planification, l'étude des méthodes Mais, après tout, ce problème du dé-
elle est le moyen essentiel, autour du- de choix des investissements et des dé- veloppement économique est aussi le
quel les mesures doivent être articulées, cisions publiques ; nôtre ; nous nous y heurtons, nous en
d'atteindre les objectifs d'indépendance - l'étude des stratégies proposées - savons, nous en vivons les difficultés.
économique. qu'il s'agissse de la « self-reliance », des Et si, en définitive, l'histoire conduit
Sur le plan théorique, alors, une autre (( besoins essentiels l} ou du «nouvel à juger sévèrement nos thèses et nos at-
conséquence est claire : il faut cesser de ordre économique mondial». titudes passées .,_. les pays pauvres et la
croire que l'on pourra, en aménageant La prise en compte de ces pratiques charité, les pays en retard et l'assistance
encore les méthodes néo-classiques, ré- et des stratégies préconisées par ces - il nous reste le travail en commun, la
pondre aux problèmes de développe- Responsables des pays du Tiers-Monde réflexion commune - la solidarité.
ment posés par les pays du Tiers- permet aussi de dégager le terrain et de Ce n'est pas plus mal.

31
LES TRAVAUX DE
'ECONOMIE &HUMANISME'
SUR LE DEVELOPPEMENT

PAR JEAN QUENEAU (1930)


epuis 1942, date de son premier l'exécution de leurs programmes de dé-
Manifeste, «Économie et Hu- veloppement » ( 1961 ).
manisme» a constamment pri- document dont l'OCDE patronne la
vilégié les recherches et les publication.
études axées sur le développe-
ment.
DÉFINITIONS ET CRITÈRES
L'origine en remonte sans doute aux
En quoi consistait, à l'époque, la
analyses socio-économiques menées par
théorie du développement, telle
le P. Lebret auprès des pêcheurs bre-
qu' « Économie et Humanisme » la pro-
tons dès avant la guerre et dont le ni-
posait?
veau de vie, souvent misérable, lui ap-
Elle dénonçait d'abord certaines
parut comme résultant en grande partie
confusions entre développement pure-
des structures mêmes de leur vie profes-
* Président de l'Institut «Économie et Huma- ment économique et développement
sionnelle.
nisme)) global:
A partir de ce constat, des initiatives " Comme il avait semblé au premier
furent prises par lui qui débouchèrent trois États du Sud du Brésil (de 1955 à âge de l'économie politique que la créa-
sur de rudes combats syndicaux d'où 1957). tion de richesse était l'objectif essentiel,
sortit une restructuration ainsi qu'une Les expériences ainsi vécues alimen- cette richesse devant bénéficier à tous,
conscience collective dans le milieu des tent alors deux ouvrages, signés collecti- sans que l'on ait à se préoccuper direc-
pêches, permettant, pour l'avenir, que vement par des équipes de spécialistes : tement de sa répartition, certains consi-
les intéressés eux-mêmes prenent en - Niveau de vie, besoins et civilisation déraient, au début récent de l'âge du
mains leur propre destin. (1956) développement, que le développement
- Service économique et développement économique entraînerait en chaîne tous
L'horizon s'élargissant ensuite, sui- les progrès. Une confusion s'est ainsi
vant ce qu'exigeait l'étude entreprise, ce (1958)
cependant que les techniques d'appro- établie entre «développement économi-
furent les pêches françaises dans lçur que » et «développement » tout court.
ensemble, puis les pêches à l'échelle che des problèmes abordés s'affinent,
par exemple dans Un effort considérable a été effectué
mondiale qui devinrent l'objet d'enquê- pour dessiner les voies et préciser les
tes et d'analyses comparées. Au milieu - «ensemble des opérations d'analyses
préalables à tout développement or- moyens du développement économique
desquelles une certitude s'affirmait avec sans qu'un effort correspondant ait été
un netteté sans cette accrue : «l' écono- donné » (1960)
- {(l'exigence d'un développement uni- fait pour définir le développement
mie doit être mise au service de comme valeur de civilisation » (2)
l'homme!). versel» (1960)
- - analyse des différentes compétences Puis, après cette mise au point, émer-
Peu après, à l'occasion de sessions et nécessaires dans les administrations pu- geait, en pleine exigence, la notion posi-
de cours donnés dans des universités bliques des pays en voie de développe- tive du développement intégral :
étrangères, des secteurs de plus en plus ment pour l'établissement, l'adoption et <t L'aspiration de l'humanité est le dé-
divers de la vie économique furent ana- veloppement et non seulement le déve-
lysés, sous le même angle de vue. En (I) Guide pratique de l'enquête sociale loppement économique. Selon un leit-
même temps se précisait la «méthode Tome I - l'enquête rurale (PUF 195 l) motiv cher à François PERROUX, c'est
d'enquête» (1), effectivement appliquée Tome II - manuel de l'enquêteur (1952) tout l'homme qui est en question et ce
suivis quelques années plus tard, par sont tous les hommes.
en Amérique Latine lors d'une enquête Tome III - l'enquête urbaine (1955)
globale sur les conditions du développe- Le développe1nent, con1n1e opération,
(2) Revue «Développement et civilisa-
ment (préparation du Plan en Colombie tion», n° 15, Septembre 1963, p. 22-29. devient ainsi la série de passages,pour
1955/56) et au cours d'une enquête sur (3) Économie et civilisation, tome 1, p. 22, une population détenninée, et pour toutes
32 les niveaux de vie des populations de Ed. Ouv. 1956 les fractions de population qui la compo-
sent, d'une phase 1noins Juanaine à une Simultanément, un grand effort est chez eux s'installer une inquiétude qui
phase plus hun1aine, au 1ytl11ne le plus ra- entrepris pour alerter l'opinion mon- porte sur leurs propres chances d'ave-
pide possible, au coût le 111où1s élevé pos- diale sur l'urgence et les dimensions du nir. La valeur en soi de leur type d'évo-
sible, con1pte tenu des solidarités entre les développement. lution est mise en question par certains.
sous-populations et les populations J>. (3) Les voieS de cette action sont multi- L'on en vient à s'interroger: la crois-
Enfin, Économîe et Humanisme ples: sance des pays occidentaux est-elle bien
énonçait quelques critères essentîels - publications pour divers pays notam- le n1odèle idéal à transférer à autrui ?
auxquels doit répondre un schéma de ment Brésil, Canada, Uruguay, Séné- et, pour eux-mêmes, porte-t-elle encore
développement, pour que soit assurée la gal... toutes les vertus qu'on lui prêtait? Tout
n1ontée humaine d'une population. - présence dans des rencontres interna- contribue ici à alourdir l'anxiété : déca-
Une telle économie de développen1ent tionales (Nations Unies, Genève, FAO) lage démographique des pays industria-
harn1onisé répondrait à cinq critères : - innombrables contacts personnels lisés en face de la croissance rapide de
- la proportionnalité des objectifs et (que relate en détail un journal quoti- la population du g19be, recherche hale-
des actes aux possibilités, et des résul- dien strictement tenu par le P. Lebret tante de nouvelles sources d'énergie en
tats aux actes posés ; tout au long de sa vie) face de besoins dont personne ne se
- la cohérence. Une fois tous les sec- - contribution à la préparation d'un do- sent capable de juguler l'extension,
teurs arrivés au même degré de déve- cument de grande résonnance interna- conjoncture économique déprimée,
loppement, la croissance doit être pro- tionale, l'encyclique sur le développe- perte d'une certaine confiance dans le.
portionnelle et éviter les déséquilibres ; ment « Populorum Progressio )), dont le progrès indéfini qu'auraient soutenu
- l'homogénéité, c'est-à-dire l'adapta- Pape Paul VI, disait « qu'elle était un une science et des technologies en réus-
tion à la nature intime du sujet écono- hommage rendu au P. Lebret », et à qui site illimitée, découverte de contrepar-
mique et social en évolution. Toute in- il emprunte, d'ailleurs, la première cita- ties plus ou moins imprévues à ce pro-
tervention maladroite, toute référence à tion du discours. grès (les nuisances, la nature à
des normes non adaptées peut provo- sauvegarder, les matières premières à
quer des perturbations menaçant tout le LES TRANSFORMATIONS économiser), une certaine lassitude
développement ; DU CONTEXTE enfin devant l'accélération, l'encombre-
- l'indivisibilité, c'est-à-dire la nécessité ment, les surcharges dont des vies hu-
1NTERNATIONAL
pour une économie en développement maines portent de plus en plus difficile-
de ne pas sacrifier les sujets personnels Après la mort de L.J. Lebret (1966), ment le poids.
aux sujets sociaux, ni vice-versa. Le dé- plusieurs groupes - dont en particulier Pour les uns, dans l'équipe Économie
veloppement du sujet social intégral ne l'IRFED qu'il avait fondé en 1958 - et Hun1anisme, la conjoncture ainsi ob-
doit pas contredire le développement relayent Économie et Humanisme pour servée conduit à réexaminer d'abord,
des sujets partiels, ni des individus ; poursuivre des tâches d'appui au déve- d'un œîl critique, ce qui s'est passé dans
- l'autopropulsivité. L'économie en dé- loppement dans les pays les plus pau- nos propres pays. En sorte que, d'uni-
veloppement doit trouver dans ses vres. Années qui voient à la fois bien verselle qu'elle est par nature, la problé-
structures et dans ses organes les condi- des déceptions (et jusqu'à une sorte matique du développement les conduit
tions de son progrès, sans avoir à faire d'éclipse, chez Économie et ·Huma- à des études sur terrain rapproché (cer-
appel, une fois le lancement assuré, à nisme, de travaux naguère chargés d'es- tains États périphériques d'Europe par
l'intervention toujours répétée d'agents poir), et, dans le monde, de multiples exemple) ou même à se demander si
extérieurs ». changements fondamentaux. chaque pays n'a pas à s'inscrire, en
Par là était clairement rejetée : Pendant cette période, en effet, la di- quelque manière, parmi les pays en voie
" l'intervention impérialiste ou trop vision des États en trois groupes (pays de développement. ..
souvent paternaliste des pays dévelop- industrialisés, pays d'obédience commu- D'autres préfèrent atteindre tout de
pés autant que le maintien des routines, niste, pays en voie de développement) suite la question fondamentale: qu'ap-
des improvisations, de l'imprévoyance perd de sa rigueur ; son impact sur la porte à l'homme l'accroissement indé-
et des changements de politique dans politique internationale s'affaiblit par fini de son bien-être matériel? Cet ac-
les pays en voie de développement au- rapport à ce qu'elle était au temps de la croissement, s'il est pris comme un
tonome. Un gouvernement tout tourné guerre froide et de la décolonisation. absolu, ou même seulement placé à trop
vers les équipements matériels, sans y De nombreux rapports de force entre haute priorité, ne risque-t-il pas d'em-
joindre un effort de formation cultu- nations créent de multiples opportuni- piéter sur le « plus être i> de l'homme,
relle, technique, administrative et politi- tés, non seulement de conflits (le nouvel ce qui engagerait en définitive l'huma-
que, ne saurait produire les agents de état de guerre économique mondial. .. ) nité dans une impasse dramatique?
développement qui peuvent en assurer 111ais aussi des chances de progrès. Le
la continuité. L'un des objectifs majeurs «jeu i> devient beaucoup plus ouvert et NOUVELLES PRISES DE POSITION
de l'économie de développement est la la variété des dominations réciproques
création continue, dans chaque pays, devient une constante des rapports in- Devant de telles questions - aux-
d'éléments moteurs et d'un développe- ternationaux. Beaucoup de pays par quelles certains, hors des pays occiden-
ment indéfini i>. (4) exen1ple à partir de l'initiative de taux, n'hésitent pas à répondre par une
!'OPEP en 1973 - découvrent qu'ils sorte de défi (5) - Économie et Huma-
détiennent de nouveaux atouts dans la nisme trouve son recours dans ses intui-
DIFFUSION lutte pour la croissance économique, ce tions initiales que les circonstances
DANS L'OPINION MONDIALE quî transforme du tout au tout, à leur n'auront pas démenties, tout en recon-
égard, les notions d'aide et d'assistance. naissant que toute réflexion doit être re-
Sur le terrain, à cette même époque, Quant aux pays occidentaux - dits prise à neuf pour qu'y soient intégrés
diverses équipes, dites (i de réflexion et . encore pays riches, bien que secoués tant de faits importants et nouveaux.
d'action 1>, se réclamant d'Économîe et par des remous monétaires d'une grave Donc, intervenir à nouveau dans le
Humanisme, analysent en plusieurs ampleur et affrontés à de difficiles pro- débat, même si les moyens de l'équipe
pays les données économiques et socia- blèmes d'emploi et de compétitivité disponible sont de taille modeste,
les d'une région ou d'un État, au béné- commerciale internationale - ils voient comparés à l'ampleur prise par les pro-
fice de projets à dimensions politiques, blèmes du développement. Le temps
projets officiels dans certains cas, d'ini- (4) ibid n'est plus en effet - et heureusement!
tiative privée dans d'autres, (Amérique (5) « La pauvreté, richesse des peuples». - où les premières proposit~ons péné-
latine, Afrique, Moyen Orient). Albert Tevoedjre. Ed. EH. Ed. Ouvr. 1978. traient si lentement les esprits, laissant 33
PÉROU, REGION DU LAC TITICACA, UNESCO/PAUL ALMASY

ceux qui les soutenaient si longtemps cette fin, elle ne peut plus demeurer Aussitôt après, chaque groupe doit
prophètes solitaires. l'objectif de développement primordial, reprendre la plume pour formuler à son
mais elle doit être remodelée et adaptée tour des propositions concrètes. De la
Aujourd'hui, le développement est re-
de manière à assurer la réalisation de ce part de l'équipe actuelle d'Économie et
connu d'universelle nécessité. Des cen-
but ultime». (6) Humanisme elles sont centrées sur «un
taines de définitions tentent d'en cerner
De même, à propos de la priorité à nouvel ordre mondial J> à instaurer et
les dimensions ; à son sujet, des milliers
reconnaître aux plus défavorisés : sont rassemblées en un texte pratique,
d'experts travaillent dans le monde en-
«Dans le Tiers Monde, des program- simple guide de réflexion et d'action (8)
tier. L'équipe qui, par vocation et ·dans
mes concrets doivent être mis en œuvre qu'accompagnaient, à quelques mois
la limite de ses capacités, entend conti-
de toute urgence pour satisfaire les be- d'intervalles, plusieurs livraisons de la
nuer à apporter une contribution en ce
soins élémentaires. Ils impliquent des revue (9).
domaine, a donc d'abord à se situer par
objectifs précis définis en fonction de
rapport à un contexte vaste et multiple (6) Coopération pour Je développement :
groupes sociaux spécifiques, en premier
et son prenùer souci est de choisir, p. 77, CAD 1975 OCDE
lieu les groupes les plus pauvres ou
parmi les thèses en· vue, celles qui lui (7) Rapport Dag Hammar Skjôld 1975,
dont la situation est la plus critique : Upsala
paraissent les plus exactement confor-
enfants en bas âges dont le développe- (8) « Construire un nouvel ordre Mon-
mes à ses propres options.
ment est menacé par la malnutrition, dial» Ed. EH Ed. Ouvrières 1976
Tel, pour Économie et Humanisme, paysans sans terre, petits paysans, chô- (9) «EH N° 216 Mars/Avril 1974« Le
par exemple, ce rapport de l'OCDE, meurs et sous-employés urbains. Ces Tiers Monde accuse »
sous la plume de M. M.J. Williams: programmes auraient pour objectifs EH N° 228 Mars/Avril 1976 ((Vers un nouvel
<iAu moins du point de vue de l'aide, l'élimination, dans un laps de temps ordre économique international'?
fixé à l'avance, de la pauvreté en des- EH N° 240 Mars/Avril 1978 «Lutter en
la croissance économique n'est pas une
France pour un autre développement mon-
fin en soi, mais un moyen d'arriver à sous d'un niveau de vie minimum défini dial))
une fin qui est l'élévation du niveau de dans chaque pays et pour chaque pé- ainsi que l'ensemble des volumes parus dans
vie de la population. Si la croissance riode comme le «seuil de pauvreté». une collection spécialisée <t développement et
34 économique n'a pas permis d'atteindre (7) civilisations 1)
Dans ses propositions, Économie et treindraient exagérément les initiatives résultante d'un multidéveloppement
Hu1nanisme maintient, bien entendu, locales ? Économie et Humanisme aux branches innombrables, chacune
certaines idées déjà anciennes. Elles y plaide pour que ne soit ni oublié, ni douée d'une originalité spécifique. dé-
ont été reprises parce qu'à leur sujet les sous-estimé, ni a fortiori exclu le <1 s'ai- èouverte et éprouvée dans des expérien-
investigations sont loin d'être terminées der soi-même, se développer par ses ces vécues à la base.
et que beaucoup de questions y restent propres efforts et non pas être déve-
Le développement est un tout, c'est
encore sans réponse. Au-delà de nou- loppé » qui devient la toile de fond des un processus culturel intégral. .. La di-
velles interrogations s'ouvrent vers rencontres internationales entre pays du
versité dans les voies de développement
l'avenir. Tiers-Monde et résume d'ailleurs ce que
répond à la spécificité des situations
Par exemple, quant à l'industrialisa- contenait une déclaration solennelle : culturelles ou naturelles, il n'y a pas de
tion, comment, dans quels délais, avec «Si le développement est le dévelop-
formule universelle. (12)
quelle participation des autochtones, pement de l'homme, en tant qu'individu
et être social, tendant à sa libération et Certes, les Gouvernements ne 'sont
peut-on, sans périfs, transférer des tech- pas toujours enclins à s'intéresser aux
nologies industrielles de pays haute- à son épanouissement, il ne peut de fait
surgir que du for intérieur de chaque essais expérimentaux de petite taille,
ment industrialisés vers des pays qui le préoccupés qu'ils sont d'aide et d'assis-
sont moins? Et si l'industrialisation est société. Il prend appui sur ce dont un
groupe humain dispose : son environne- tance massives. Il faut donc particuliè-
reconnue tendance irréversible, néces- rement détecter, encourager, accompa-
saire même, ne véhicule-t-elle pas, trop ment naturel, son héritage culturel, la
créativité des hommes et des femmes gner, analyser les essais spontanés de
souvent, des mécanismes de domination micro-structures, où ceux qui en pren-
technique, économique et, par là, politi- qui le constituent, enrichis par
l'échange avec d'autres groupes. Il en- nent . l'initiative découvrent d'ailleurs,
que qu'elle consolide ou même accen- presque toujours, quels liens humains
tue? Économie et Humanisme a peut- traîne la définition autonome de styles
de développement endogène et «self re- de solidarité se nouent lors d'une créa-
être sous-estimé naguère l'impact des tion commune.
techniques sur le type de civilisation liant» (li).
que vit un peuple ; n'avons-nous pas à Les prises de position à cet égard Mais la participation aux tâches du
reprendre ce sujet et le réexaminer jus- doivent être rigoureuses et obstinées développen1ent ne peut être limitée aux
qu'à imaginer d'autres modes de pro- pour que ce «droit de chacun» soit ef- seuls expérimentateurs, non plus qu'aux
duction? ... Produire, oui. Industrielle- fectivement reconnu dans les faits. seuls experts spécialisés. Si le dévelop-
ment, oui, Mais dans quels rapports pement, en effet, est « pour tous les
entre les hommes au travail? Ne faut-il LE DÉVELOPPEMENT, hommes et pour tout l'homme » il doit
pas également mieux scruter quelle AFFAIRE DE TOUS LES HOMMES être aussi (( de tout homme )}, comme
place ces mêmes hommes, producteurs, l'exprime excellemment Bernard Car-
Avant d'en terminer, pouvons-nous rère dans un petit livre suggestif (13):
entendent désormais accorder à leur laisser notre réflexion s'attarder un ins-
travail dans l'équilibre général de leur « chaque société, chaque homme, est
tant à quelques généralités, presque évi- personnellement concerné par ce que
vie, au milieu des diverses motivations dentes, qui conditionnent notre plan de
qui la dynamisent? sera le Nouvel Ordre Économique In-
travail actuel. ternational ... Toute absence du citoyen
Autres préoccupations, concernant Dans la gigantesque entreprise qu'est
les méthodes, par exemple quant à l'in- dans les grands sujets collectifs, toute
la construction d'un ordre nouveau à délégation abusive se paient... par des
suffisance des moyens d'appréciation l'échelle du monde, une valeur irrem-
du développement et de ses variations. choix défectueux », ce qui souligne, en
plaçable est à reconnaître aux expéri- outre, et fort justement, que le plan des
Des données quantitatives, surtout ra- mentations à la base, longuement
menées à des tableaux de moyennes idées, à lui seul, ne suffit pas. Le succès
mûries, patiemment poursuivies. Inno- des discours, fut-il spectaculaire, reste-
(comme par exemple le PNB/ habitant) ver, confirmer la validité de processus
ne suffisent pas à définir complètement rait en effet gravement incomplet si les
déjà existants: partout où des réalisa- comportements n'accompagnaient pas
un niveau de développement. Que pen- tions concrètes peuvent être amorcées,
ser d'un «Indicateur Général du Déve- les propor, tant personnels que collec-
devraient surgir des essais aptes à servir
loppement» tel que l'étudie l'INSTI- tifs. Autrement dit, si des actes ne
de matériaux à l'intention de ceux qui concrétisaient pas des théories, dans des
TUT DE RECHERCHE DES ont à réfléchir et à organiser l'avenir.
NATIONS UNIES (CIRNU) (10)? faits réellement vécus.
Essais d'une extrême diversité résultant
Quant aux perspectives d'un nouvel de situations géographiques différentes, Rappe.ler de telles évidences, pour
ordre mondial, y réserve-t-on une place de la variété des ethnies, de l'inégale ef- étendre la participation au plus grand
suffisante aux participations venant de ficacité des moyens employés. Autant non1bre possible, est une tâche de diffu-
la base? N'a-t-on pas toujours à crain- d'enrichissements pour la construction sion à poursuivre, elle aussi, en perma-
dre des schémas trop directifs, qui res- d'un ordre mondial, à concevoir comme nence.

(10) Voir à ce sujet dans la revue EH N" 242,


Juillet 1978, un article anglais de D. Seers et
des propositions concrètes pour de nouvelles
mesures du niveau de vie et du développe-
ment lui-même.
(11) D.H. - ibid. -
(12) D.H. - ibid. -

(13) Bernard Carrère: ((Partage ou chô-


mage)), le choix de l'industrie mondiale l)
Éditions Entente 1975.

35
---------------------------------------------------------'~',!"'~>"

r INDUSTRIALISATION
DU
Tl S MONDE:
conséquences pour l"'économie francaise
PAR YVES BERTHELOT ( 58)

L'emploi et la croissance en France sont-ils menacés par la Ce fait est d'autant plus remarquable que pendant la même
concurrence des produits industrialisés en provenance des période, l'emploi industriel a pratiquement stagné, n'augmen-
pays en développement? Les échanges avec ces pays sont-ils tant que de 17 000 unités.
au contraire un des moteurs de l'activité économique natio- Les études faites dans différents pays européens conduisent
nale? aux mêmes conclusions. Dans l'ensemble de la zone OCDE
La présentation de faits observés depuis 1970 et d'hypothè- l'évolution de l'emploi s'explique par celle de la demande in-
ses pour l'avenir conduira à quelques réflexions pour l'action. térieure, par les changements structurels et par les gains de
Les chiffres et les idées exposés ici sont pour une grande part productivité. Les échanges et notamment ceux avec le Tiers
empruntés au rapport d'un groupe de travail du Commissa- Monde ont eu un impact positif. Pour situer les ordres de
riat du Plan auquel 'auteur a participé. (1) grandeur, environ 6 000 000 de personnes ont changé d'em-
ploi en Allemagne Fédérale entre 1963 et 1973, 200 000 chan-
1 - QUELQUES FAITS gements seulement ont été dus aux échanges avec le Tiers
Monde.
Si l'on traduit en nombre d'emplois nécessaires à leur pro- Cette analyse est globale; si l'on s'attache à certains pro-
duction, les échanges de biens industriels, on constate qu'en- duits spécifiques et au cas de certaines régions, l'impact des
tre 1970 et 1976 l'augmentation des exportations vers les pays échanges avec les pays du Tiers Monde devient beaucoup
du Tiers Monde a {(créé» plus d'emplois que l'augmentation plus significatif. Pour quelques produits, les exportations vers
des importations en provenance de ces pays n'en a fait « per- les pays en développement jouent un rôle décisif car elles as-
dre». Le solde correspond à la création nette d'environ surent un débouché à une part importante de la production.
100 000 emplois.
TABLEAU2
Quelques productions, particulièrement concernées
TABLEAU!
par l'exportation
Emplois industriels et échanges avec le Tiers Monde
vers les pays du Tiers Monde (1976) (2)

Emplois Emplois « théoriques » Part Part


dans correspondant aux échanges des exportations des exportations
l'industrie avec le Tiers Monde Produits vers les PVD vers
en NAP 600 dans les PVD
Exportations Importations les exportations dans la production
totales
1970 s 44S 000 234000 4,3 % 74 000 1,3 %
tubes d'acîer so % 26 %
1976 s 462 000 363 000 6,6 % 93 000 1,7 %
Construction
Ecart
+ + métalliques SS% 32%
1976-1970 + 17 000 129 000 19 000
Matériel électrique
de haute tension 6S % 28 %
Source : étude SETEF pour le Commissariat du Plan Matériel
électronique SS% 8%
Véhicules
(1) Ce rapport a été publié en Novembre 1978 par la Documentation utilitaires 60 % 18 %
française sous le titre <1 Le défi économique du Tiers Monde l} Matériel
(2) source: d'après les travaux de !'INSEE cités dans le «Défi écono- ferroviaire 6S % 30%
36 mîque du Tiers Monde »
Pour d'autres produits au contraire, une douzaine d'articles TABLEAU4
textiles et d'habillement, les appareils de radio et de télévi-
sion, les produits des scieries, les importations en provenance
des pays du Tiers Monde et des pays de l'Est occupent une PRODUCTIONS ET EXPORTATIONS INDUSTRIELLES
DES PAYS A ÉCONOMIE DE MARCHÉ
part croissante du marché natîonal.
en% du total
Le tableau 3 montre cependant que les importations en
provenance du Tiers Monde ne représentent jamais plus de
10 % du marché national. Production Exportations
industrielle industrielle
1963 1976 1963 1976
TABLEAU3:
Pays Industrialisés
PLACE DES IMPORTATIONS DANS LE MARCHÉ IN- à éconon1ie de marché 88,1 84,0 95,1 92,7
TÉRIEUR dont France (6,3) (6,3) (8, 1) (8,2)
ET PART DE CES IMPORTATIONS Pays en Devt dont Brésil, 11,9 16,0 4,9 7,3
EN PROVENANCE DU TIERS MONDE Mexique, Hong Kong (3,0) (5,3) ( 1,8) (5,6)
(1976) en% Corée du Sud,
Taï\van, Singapour

Total: 100,0 100,0 100,0 100,0


Part Part Part
des importations de ces des importations
dans Je marché importations en provenance
NAP600 intérieur en provenance duT.M. tîon des pays industrialisés sera sensiblement différent selon
du T.M. sur le marché
intérieur
qu'il s'agit, con1me pour le Brésil ou le Mexique d'industries
orientées en priorité vers le marché intérieur avec exportation
d' un surplus, ou comme dans le cas de Hong Kong ou Singa-
Appareils pour d'industries destinées en priorité à l'exportation. De ce
radio télé 37 % 14% 5,2 %
40 % 15 % 6 % point de vue la multiplication des zones franches dans de
Chandails
Sous-vêtements 16 % 44% 7 % non1breux pays d'Asie et d'Afrique est préoccupante : d'une
Articles part elles cumulent les avantages de la main d'œuvre à bas
chaussants 28 % 39 % 10,9% prix, des facilités fiscales et souvent de technologies très so-
Tapis 55 % 16 % 8,8 % phistiquées pour produire des biens destinés à l'exportation et
Chemiserie d'autre part elles ont un effet d'entraînement limité sur l'éco-
lingerie 0,7 % 61 % 4,3 % nomie nationale et de ce fait ne contribuent que faiblement à
Produits
10,5 %
l'accroissement du marché intérieur.
de la scierie 21 % 50%
Les activités industrielles dans ces pays vont progressivement
s'é1endre à tous les secteurs; (3) mais la concurrence exercée
sur la production des pays industrialisés sera limitée à cer-
Les productions concurrencées par les importations en pro- tains produits et ne remettra pas en cause l'existence de sec-
venance du Tiers Monde sont particulièrement concentrées teurs entiers. L'examen des statistiques douanières et de plans
dans une dizaine de départements comme l'Aube, les Vosges. de développement d'une trentaine de pays du Tiers Monde
la Haute Saône, la Dordogne, la Creuse. alors que les produc- confirme ces prévisions pour les dix années à venir.
tions exportées vers ces pays sont réparties sur l'ensemble du Parmi les secteurs dont les exportations vers les pays indus-
Territoire. Il en résulte que pour certaiµes régions, le bilan en trialisés vont croître, on citera : une partie du textile et de
termes d'emploi des échanges avec le Tiers Monde est défici- l'habillement. certaines activités de la construction électrique
taire. (n1oteurs) et électronique (composants, radio-télévision, peti-
La contradiction entre le constat global positif et le constat tes calculatrices, chaînes haute fidélité, jeux électroniques),
régional et sectoriel parfois négatif implique de main_tenir une cuirs. chaussures, horlogerie (montres à quartz), optique de
politique d'ouverture bénéfique au niveau national tout en précision, cycles, motocyles, bijouterie, orfévrerie, céramique,
trouvant des réponses spécifiques aux difficultés régionales le travail du bois et la petite mécanique.
dont l'impact social et politique est directement ressenti. Parmi les secteurs dans lesquels l'apparition de nouveaux
Si les échanges de produits manufacturés avec le Tiers pays producteurs va modifier les conditions de la concurrence
Monde ont des résultats nuancés en termes d'emploi, ils sont internationale, on retiendra la première transformation des
sans conteste très favorables à Péquilibre de la balance des métaux, la sidérurgie (Brésil, Corée du Sud, Mexique, Inde,
Algérie) la pétrochimie (Iran, Emirats du Golfe, Arabie Saou-
paiements. Le taux de couverture des échanges de produits
industriels est de 150 %, la balance commerciale est positive dite, Singapour, Algérie, Mexique), les engrais (Maroc), la
construction navale (Corée du Sud, Taï\van), l'automobile
avec 30 des 36 pays en développement les plus in1portants.
Des pays considérés comme de grands exportateurs comme la (Brésil), la chimie, la cimenterie pour les besoins intérieurs.
Pour ces derniers secteurs, les études disponibles considè-
Corée du Sud importent plus de France qu'ils n'exportent
rent comme limitées les perspectives de délocalisation massive
vers elle.
envisagées en 1973-1974. Elles mettent l'accent sur les risques
de surcapacité durable compte tenu de la demande solvable. Il
Il - PERSPECTIVES s'en suivra une concurrence accrue.
La surproduction était jusqu'ici limitée à certaines matières
Les exportations industrielles du Tiers Monde portent au- pren1ières et avait justifié de nombreux efforts en vue de l'or-
jourd'hui sur un nombre restreint de produits, sont relative-
1nent peu importantes et proviennent essentiellement de six
(3) la diversification se poursuit également au niveau des marchés.
pays. C'est ainsi que plusieurs pays en développement d'Asie réussissent ac-
Pour l'avenir, le nombre de pays ayant des industries ex- tue!len1ent une percée remarquable au Moyen-Orient. La part des mar-
portatrices va passer à une trentaine, les plans et les réalisa- chés au Moyen-Orient, dans les exportations coréennes, devrait large-
tions en cours le confirment. Mais leur impact sur la produc- n1ent dépasser IO% en 1977 contre 1,4 % en 1974. 37
ganisation des marchés. Elle s'étend à certains produits indus- Pour évaluer les effets sur l'emploi en France de l'industria-
triels comme l'acier, la construction navale, la pétrochimie, lisation des pays en développement dans les prochaines
pour lesquels une coordination internationale s'impose dès années, plusieurs facteurs doivent être pris en compte : les
1naintenant. importations en France provenant de ces pays, les effets de
A l'image d'un Tiers Monde producteur de matières pre- substitutions sur les marchés tiers. *
mières, face aux pays producteurs de biens industriels, il ne Les études faites par 1'0.1.T. (Organisation Internationale
faudrait pas substituer l'image d'un tiers monde producteur du Travail) ou par différentes équipes en Allemagne, en An-
de matières et de produits industriels traditionnels face à un gleterre, au Canada, en Belgique concluent toutes que le bilan
n1onde se réservant les productions à haute technologie et la sera négatif, mais de relativement faible ampleur.
conception. Le champ des produits fabriqués est de plus en Pour la France, plusieurs hypothèses ont été émises quant
plus semblable. L'Inde vend des biens d'équipement en Asie au rythme de progression des échanges aux gains de producti-
et au Moyen-Orient, son ingéniérie concurrence sévèrement la vité et à l'ouverture de l'économie tout en excluant la sup-
nôtre dans ces régions. A l'inverse, les pays industrialisés pression de tout contrôle des importations.
n'abandonneront pas les activités du textile; de l'habille- Selon ces hypothèses, l'évolution des emplois liés aux
ment, ... échanges avec les pays en développement se situerait d'ici
Le tableau ci-dessous illustre cette diversité de l'appareil 1985 entre + 50 000 et - 250 000. Le rythme annuel des re-
industriel des pays en développement déjà sensible en 1974. classements imposés par les importations serait de 3 à 7 %
des emplois globaux de 1976. Dans le textile et l'habillement,
il pourrait porter sur 30 % des effectifs de 1976. Les créations
TABLEAUS d'emplois liées aux exportations seraient selon les diverses hy-
STRUCTURE DES EXPORTATIONS VERS L'O.C.D.E. pothèses, de 2 à 8 % des effectifs de 1976.
EN 1974 (HORS PÉTROLE) Ces changements interviendront dans une période où le
nombre global des emplois industriels offerts devrait décroî-
tre (selon une étude de l'OCDE, l'emploi industriel a
Amérique Afrique Asie du commencé à décroître dans tous les pays industriels avancés
Latine Sud Est entre 1967 et 1973) et où la concurrence des pays de l'Est et
Produits des pays du sud de l'Europe candidats à l'entrée dans la CEE
alimentaires 49 40 21 et des autres pays industriels sera vive. Si le rythme de crois-
Matières sance reste faible, les problèmes posés seront encore aggravés.
Premières 21 33 26
Produits Ill - ATIITUDES
semi-finis 18 25 21
Biens Dans le passé les échanges de produits industriels avec le
d'équipements 6 1 14
Tiers Monde ont été bénéfiques à l'équilibre de la balance des
Biens de paiements et ont globalement permis de créer des emplois.
consommation 6 1 18
Dans l'avenir leur.rôle dans l'équilibre de la balance des paie-
ments restera prépondérant, mais ils aggraveront la situation
100 100 !OO de l'emploi.
Face à ce constat, une première tentation est celle du pro-
Source OCDE tectionnisme afin d'éviter une détérioration de la situation de
l'emploi. Deux arguments principaux sont avancés en faveur
Dans le rapport de la Banque Mondiale de Novembre 1977 de cette attitude. Les échanges ne sont profitables qu'entre
des perspectives sont esquissées pour 1985 qui illustrent le dé- partenaires appartenant à des zones homogènes, sinon aucun
veloppement attendu des exportations de produits manufac- mécanisme spontané ne corrige les déséquilibres. Le
turés par les pays en développement. Elles montrent le rôle deuxième argument consiste à avancer que le protectionnisme
prépondérant de 1' Asie de l'Est. Dans cette perspective, il est contribuerait à réorienter dans une direction plus favorable
inquiétant de constater le rôle modeste des investisseurs fran- aux populations les plus deshéritées les politiques économi-
çais dans cette région du monde. ques des pays du Tiers Monde en favorisant un développe-
ment auto-centré et tourné vers les besoins intérieurs.
L'argumentation fait écho à certains objectifs de dévelop-
TABLEAU6 pement autocentré et s'appuie sur le fait que les échanges des
EXPORTATIONS DE PRODUITS MANUFACTURÉS produits substituables se sont considérablement multipliés
EN MILLIARDS DE $ 1975 entre pays industrialisés (Mercedes et Fiat contre Peugeot et
Renault), elle n'est cependant guère convaincante. Il est diffi-
cile de décider en fonction de nos intérêts de ce qui est une
bonne politique de développement pour le Tiers Monde. On
Hypothèse Hypothèse
constate que l'accès aux marchés est une revendication cons-
1975 de base haute
1985 1985 tante de ces pays et que, au cours de ces dernières années, les
succès et les échecs des politiques de développement ne sem-
blent pas se partager selon le degré d'ouverture des écono-
Asie du Sud 2,9 6,4 11,8 1nies. D'un autre côté, s'il s'agit de préserver l'emploi en se
Asie de l'est 17,8 74,8 76,8 protégeant vis-à-vis des pays avec lesquels les échanges sont
Atnérique Latine 6,5 18,5 26,3 déficitaires, ce ne sont pas les importations des pays en déve-
Moyen Orient et loppement qu'il faudrait limiter, mais plutôt celles en prove-
AFrique du Nord 1,5 4,0 5,9 nance d'Allemagne, des Etats Unis ou du Japon. Cela n'est
Afrique subsaharienne évidemment pas envisagé et les espoirs fondés actuellement
et autres 0,9 2,1 3,1 sur les effets bénéfiques de la reprise en Allemagne montrent
combien une telle solution serait inconséquente pour l'emploi.
TOTAL 29,6 105,8 123,9
* Les changements dans les marchés des pays en développement eux-
Source : Banque Mondiale - rapport annuel - novembre n1êmes où une nouvelle demande se crée mais où de nouveaux fournis-
38 1977 serus apparaissent.
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE,
BOALI INDUSTRIE COTONNIËRE UNESCO
LOUIS DURÉ

39
Vis-à-vis du Tiers Monde le protectionnisme empêcherait leurs, pour certaines productions de base, comme la sidérur-
que puisse se réaliser un scénario envisagé par ceux qui voient gie, la pétrochimie ou certains équipements comme la
dans le développement accéléré du Tiers Monde un support à construction navale, les risques d'excès durables de capacité
la croissance économique des pays industrialisés. Selon ce vont obliger à une concertation voire à une organisation des
scénario, des transferts massifs vers les pays en développe- 1narchés.
ment non producteurs de pétrole stimuleraient leur expansion La deuxième considération vise l'ajustement à moyen
et leur demande et par là même la production des pays indus- terme. Quelles restructurations préconiser, qui doit prendre
trialisés. les décisions? ... Autant il est probable que certains pays en
Dans le cas particulier de la France, il est clair que le pro- développement produisent prochainement des biens très so-
tectionnisme unilatéral l'exposerait à des représailles dont les phistiqués, autant il est sûr que les pays industrialisés n'aban-
effets seraient sans commune mesure avec les avantages at- donneront pas des secteurs entiers d'activité. Les progrès
tendus de la fermeture des frontières. En effet, dans nombre technologiques et la spécificité des marchés y pousseront.
de pays en développement, l'Etat contrôle en partie les cou- L'histoire des dernières années est pleine d'exemples de pro-
rants d'importation. L'Algérie où la part du marché tenue par ductions qui se sont déplacées des Etats-Unis à l'Europe, de
la France est passée de 55 % en 1970 à 34 % en 1976 et à l'Europe au Tiers Monde pour revenir en Europe ou aux
nloins de 10 % des commandes industrielles en 1977, fournit Etats-Unis. L'expansion de la productîon textile allemande,
un exemple d'évolution défavorable très rapide due à un ob- indépendamment des phénomènes de sous-traitance, en est
jectif de diversification des approvisionnements mais aussi à une illustration.
une volonté de tirer les conséquences du déséquilibre des
La conséquence en est que l'Etat ne peut définir les choix
échanges avec la France imputé à la faiblesse des achats de
de production d'une politique d'ajustement en dehors des
pétrole brut algérien par celle-ci.
grands secteurs évoqués plus haut (acier, construction na-
Si la leçon globale tirée du passé, des perspectives et des
vale, ... ) Seule l'entreprise peut disposer d'une information suf-
considérations ci-dessus est claire, le protectionnisme est dan-
fisamment détaillée sur les marchés, les technologies, les coûts
gereux pour la France, comment faire face aux difficultés
de production.
qu'entraine dans certains secteurs et pour certaines régions la
concurrence industrielle du Tiers Monde. Deux considéra- Sans doute la disponibilité et l'exploitation de l'information
tions peuvent guider la recherche de solutions. des projets, des réalisations et des marchés étrangers sont un
Tout d'abord l'importance croissante des partenaires du des points faibles; le réseau d'échanges d'information état-
Tiers Monde impose de négocier avec eux et d'établir des entreprise en A11emagne et au Japon est un des facteurs de la
règles régissant les échanges et des procédures pour arbitrer capacité d'ajustement de ces économies.
les conflits. Règles et procédures d'arbitrage doivent viser Le poids industriel d'un certain nombre de pays du Tiers
d'une part à éviter qu'un accroissement massif et brutal des Monde est déjà important, il le sera de plus en plus. Jusqu'à
importations ne vienne sans préparation mettre en péril une présent les conséquences de cette industrialisation ont été bé-
activité, d'autre part que les mesures prises pour <1 étaler la néfiques à l'équilibre de la balance des paiements et à l'em-
vague 1> ne soient pas un prétexte à un protectionnisme dura- ploi. A l'avenir, les conséquences pour la balance des paie-
ble qui retarde les efforts d'adaptation. L'accord multifibre, ments resteront très favorables alors que les implications pour
dans la mesure où il prévoit l'augmentation progressive des l'emploi risquent de devenir négatives. Mais l'es pressions sur
importations, en provenance du Tiers Monde répond à un l'emploi seront très inférieures à celles qu'exercent tous les
objectif, mais il ne répond pas à l'autre, dans la mesure où la autres facteurs et surtout moins fortes que celles qui résulte-
décision de faire jouer les clauses de sauvegarde est unilaté- raient de mesures protectionnistes (l'étude a été faite pour
rale et qu'il n'y a pas de durée limite aux restrictions. Par ail- l'Allemagne).

40
L-EXPERTISE DE
•LEONTIEF
vers un nouvel ordre international l

PAR PHILIPPE BOURCIER DE CARBON (61)

Puisque le genre de richesses naturelles


es grands équilibres mondiaux

L
qui est l'instrument le plus actif d'une
sont aujourd'hui remis en cause civilisation raffinée s'épuise graduelle-
par la croissance démographi- ment et se consomme avec une rapidité
que ; pour deux générations au d'autant plus grande que la civilisation
moins la population déterminera et l'industrie font plus de progrès, il
l'avenir de la civilisation occidentale, la semble que cet épuisement graduel soit
paix et la survie même de l'humanité. le danger le plus menaçant dans l'avenir
Longtemps négligée sinon par la pour la civilisation même. ». (2).
science, du moins par la politique éco-
nomique, cette réalité primordiale ob- Au milieu du XIX~ siècle Stuart Mill
sède à présent les instances internatio- croyait à l'imminence de «l'état sta-
nales. tionnaire » ; mais en 1925 A. Marshall
Depuis qu'en 1798 Th. R. Malthus supputait dans ses « Mémoires » que le
publiait le fameux «Principe de Popu- monde ne parviendrait pas à un tel état
lation», et qu'en six éditions successi- peuples et les civilisations périssent, avant un siècle : {i Les vues de Stuart
ves ce pasteur, qui craignait que toute Mill pourraient bien apparaître plus ac-
mais en Saint-Simonien convaincu, il
l'humanité ((n'aille s'échouer sur les bas notait que la population paraît sura- tuelles dans un siècle qu'aujourd'hui,
fonds de la misère», amplifiait son cri écrivait-il, car au taux actuel de la po-
bondante parce que, à cause de l'impré-
d'<llarme, les tentatives de vision glo- voyance sociale, à cause de la vicieuse pulation mondiale, la terre pourrait se
bale de l'avenir de l'humanité se sont trouver complètement peuplée avant
organisation de l'industrie, à cause de
tour à tour opposées. Déjà Petty, Can- l'imperfection des règles qui gouvernent que beaucoup de générations ne soient
tillon et Turgot avaient cru à la même les rçlations internationales, prospérité passées»
loi de multiplication de l'espèce jusqu'à et crise se succèdent dans les ateliers l}. C'est le progrès technique, mais aussi
la limitation physiologique des subsis- (1) Claude Bernard et Pasteur qui ont
tances ; mais Ricardo, comme Malthus A. Cournot trente ans plus tard, sem- permis la prolifération de l'espèce. Les
d'ailleurs, observait qu'il incombait aux blait attacher plus d'importance à la ra- économistes ne s'en sont avisés que tar-
gouvernants d'aider à transforffier ce réfaction des matières premières, pénu- divement, plus précisement depuis 1960
minimum vital en minimum social. ries susceptibles de compromettre la environ. Auparavant les thèses sur les
Ainsi était notée, dès l'analyse classi- survie des civilisations «raffinées». économies de maturité (3) et sur la sta-
que, l'importance du politique et du so- «En meme temps que l'industrie hu- gnation séculaire par suite de la réduc-
cial. maine s'organise et se perfectionne, tion des propensions à investir, et sur-
En 1838, trois ans après la mort de écrivait-il, les emprunts qu'elle fait au tout en raison du fléchissement
Malthus, Michel Chevalier, jeune poly- sol, au règne inorganique, acquièrent démographique alors observé dans les
technicien enthousiasmé par les pers- plus d'importance. les matériaux en gé- sociétés occidentales, étaient brillam-
pectives du progrès niait ardemment le néral deviennent les instruments indis- ment soutenues dans les universités
fatalisme du paupérisme prédit par le pensables d'une industrie perfectionnée. américaines les plus prestigieuses. A.
pasteur. En écrivant «Tout homme Hansen, Higgins, Paul Sweezy, sa
aura de plus en plus sa part de loisir et (l) article Population par M. Chevalier, femme et son frère Allan, le monéta-
d'indépendance matérielle... Rien n'est tome 44 du {(Répertoire des connaissances riste Musgrave, Paul Samuelson et leurs
usuelles>), Editions Belin-Mandar, Paris 1838. nombreux disciples prêchaient le déclin
moins certain que cette multiplication
(2) A. Cournot, «Traité de l'enchaînement
indéfinie de l'espèce dont on nous fait du progrès. dans le style de «l'ère du
des idées fondamentales dans les sciences et
peur», il calculait que la terre pouvait dans l'histoire l> tome IV, chapitre XIV monde fini commence)). Les statisti-
héberger douze milliards d'hommes (3) cf. J. Duvaux <t La théorie de la matu- ques démographiques des vingt années
(deux fois plus qu'elle n'en comptera en rité économique ou de la stagnation séculaire précédentes semblaient justifier leurs
l'an 2000). Certes il rappelait que «les aux Etats-Unis l) Sedes Paris 1958. propos ainsi que les destructions du 41
conflit mondial de ce début des années ment des Pays-Bas associé à la Fonda- On ne peut que résumer très sommai-
quarante. tion Ford et à la Fondation Nationale rement ici les caractéristiques des cal-
Ce dernier conflit apparaît depuis des Sciences des Etats-Unis, d'accorder culs effectués (5) en rappelant que ce
lors avoir été le grand accoucheur d'un en 1973 une dotation spéciale à l'ONU modèle repose sur le partage du monde
monde désormais solidaire, autant par pour financer un programme de recher- en 15 ensembles économiques (recou-
la menace atomique que par celle des che du CDPPP (Centre des Nations vrant 170 pays et territoires), dont les
pénuries mortelles. L'explosion démo- Unies pour les Projections et les Politi- comportements sont déterminés par le
graphique, la pollution destructrice de ques de Développement) portant sur les jeu des tableaux ((input-output » régio-
la vie, la gestion déraisonnable des ré- interactions entre populations, ressour- naux associés aux flux financiers et
serves naturelles connues ou probables ces, environnement et développement. commerciaux rendant compte des
ont suscité depuis peu recherches et Les Nations Unies ayant demandé à W. échanges internationaux. Dans ses
propositions de remise en ordre. En LEONTIEF d'étudier les cheminements grandes lignes ce découpage correspond
outre, « informés i> par les moyens de aboutissant à une réduction de l'éven- aux régions des Nations Unies, mais
communication de masse, les aspects tail des revenus entre pays riches et pour préserver une certaine homogé-
grégaires de l'existence, en se générali- pauvres, accélérant la croissance des néité économique, il distingue les éco-
sant, ont éloigné les comportements dernières sans réduire le niveau de vie nomies de marché ( 12 régions : 6 déve-
économiques réels de l'individualisme des premiers, le projet s'est traduit par loppées et 6 en développement) des
Parétien et ont rendu caducs les acquis la réalisation en trois ans d'un modèle économies socialistes (3 régions : 2 dé-
des marginalistes. A mesure que les be- mondial dont les résultats constituent veloppées et 1 en développement), les 7
soins s'étendent et s'intensifient, les aujourd'hui la référence explicite des régions en développement se partageant
biens collectifs se multiplient, et dans le objectifs des deux prochaines «décen- en deux groupes : celles qui disposent
même temps les privilèges des peuples nies du développement» des Nations d'importantes réserves minérales et
nantis sont apparus comme un scandale Unies, c'est assez dire son importance. énergétiques (groupe 1 : 3 régions) et le
du développement. Les classes deshéri- reste du monde (groupe II : les 4 autres
tées, les peuples pauvres, les quatre cin- régions) (6). Ainsi la structure fonda-
quièmes des pays membres de l'ONU - Le modèle de W. Leontief. mentale du modèle peut-elle prétendre
revendiquent, et leurs griefs se multi- Contrairement aux études antérieures rendre compte de l'extrême diversité
plient et s'exacerbent à mesure que se où les auteurs examinaient les consé- des situations présentes : 30 % de la po-
creusent les écarts entre les niveaux de quences à terme de conditions initiales pulation du globe produisent actuelle-
vie. L'appel à moins d'injustice devient déterminées, c'est la démarche inverse ment dans les 8 régions développées
pour le monde synonyme de condition qu'ont suivi W. Leontief et ses collabo- plus de 85 % des richesses mondiales,
de survie, alors que depuis un quart de rateurs A.P. Carter et P. Petri: partant les 3 régions en développement dotées
siècle est posée dans les assemblées in- du résultat souhaité et remontant les de réserves naturelles (groupe I), soit
ternationales la question de combler le chaînes causales, ils ont cherché ici à IO % de la population mondiale, four-
fossé entre nations riches et pauvres. identifier les modifications qu'il serait nissant un peu plus de 3 % du produit
Tour à tour, les années 60 et 70 ont été dès à présent nécessaire d'apporter au mondial, tandis que les 4 régions du
proclamées première puis seconde <t dé- fonctionnement des échanges mon- reste du monde (groupe II) représentant
cennies du développement)). L'insuffi- diaux. plus de 60 % de la population mondiale
sance de leurs acquis a fait prévaloir la Appréhender quantitativement l'éco- ne se partagent pas 12 % de l'ensemble
nécessité d'un «Nouvel Ordre Interna- non1ie mondiale dans tous les facteurs des richesses produites. Les 15 régions
tional » qui devrait surgir d'une vérita- fonda1nentaux dont dépendent les ni- du modèle se répartissent en outre en 3
ble mutation des comportements natio- veaux de vie, intégrer au schéma de catégories selon que le revenu par tête y
naux : «Sur 144 nations membres de l'ensemble les moteurs dont devra pro- est supérieur à 2 000 US$ (1970) (hauts
l'ONU, écrivait récemment un membre céder le mouvement espéré, restituer revenus), inférieurs à 500 US $ (bas re-
de Club de Rome (4) 30 constituent en une dynamique cohérente commandant venus), ou intermédiaires (revenus
droit ou en fait 5 grandes communautés l'avenir de tous les pays en développe- moyens).
politico-économiques; ce sont les 5 n1ent et en dégager les conditions d'une L'économie de chacune de ces 15 ré-
géants: l'Amérique du Nord, l'Europe réduction des écarts de revenus, une gions est éclatée en 49 secteurs d'acti-
Occidentale, l'URSS et l'Europe de telle entreprise est évidemment im- vité : 7 productions agricoles et alimen-
l'Est, le Japon, la Chine. A eux seuls, n1ense et fort audacieuse. L'équipe des taires (dont: élevage, oléagineux,
ces 5 géants - soit la moitié de la po- universités d'Harvard et de Brandeis céréales, racines alimentaires), 12 activi-
pulation du globe - produisent et animée par W. Leontief semble pour- tés d'extraction et de traitement des ré-
consomment 90 % du produit mondial tant bien avoir été jusqu'aux limites du serves naturelles (dont: cuivre, bauxite,
brut - PMB - De leur côté les 114 possible pour avancer une estimation nickel, zinc, plomb, fer, pétrole, gaz,
autres nations - le Tiers-Monde - ne suffisamment étayée des possibilités de charbon), 19 productions manufactu-
produisent pas IO % du PMB, alors transformation du monde à l'échéance rées, 6 productions non manufacturées
qu'elles représentent l'autre moitié de de vingt-cinq ans. et 5 activités de traitement des pollu-
l'effectif mondial. Puisque cette situation tions (élimination des poussières, épura-
de grand déséquilibre. est née spontané- tion des eaux, destruction des déchets
nient, il est donc nécessaire qu'un nouvel urbains).
ordre soit instauré par une politique vo- (4) M. Guernier: «Cinq géants et cent
quatorze nations.)>, Le Monde 18-Xl-1977 Diverses catégories d'échanges relient
lontariste fondée sur une stratégie plané- entre eux les systèmes régionaux parmi
taire. » (5) Une description plus détaillée, suivie
d'une discussion technique du modèle de lesquels le modèle n'étudie explicite-
C'est à ce mot d'ordre que répondent Leontief a été présentée dans notre article: ment que les flux commerciaux et fi-
rapports, commissions, projets et réu- «L'économie mondiale et l'expertise de W. nanciers : les balances commerciales
nions internationales qui se multiplient Léonteif », Revue Population 1978 N° 4-5, pp. sont constituées par les flux des pro-
depuis peu (Rapport RIO du Pr. J. Tin- 884-935. duits importés et exportés, les termes de
(6) Les pays exportateurs de pétrole
bergen, Conférence Nord-Sud, Projet d'Afrique et du Moyen Orient ont été regrou-
l'échange étant fournis par la résolution
200 de l'ONU, Projet Interfutur de pés en 1 seule région (Moyen-Orient), ceux de du système des prix mondiaux ; les flux
l'OCDE, sessions de la CNUCED ces deux continents connaissant des sécheres- financiers interrégionaux concernent les
etc.); et c'est dans ce contexte que ses chroniques importantes constituant une services et les invisibles ainsi que les
42 prend place l'initiative du gouverne- autre région (Afrique aride). placements internationaux et les mou-
vements de capitaux à long terme. Ces regton. Ce sont précisément ces varia- Les conséquences de l'inflation géné-
flux constituent avec les balances bles qui feront l'objet des scénarios re- ralisée dans les économies avides
commerciales et les services de la dette tenus pour l'expertise ; c'est dire le d'équipements et de surconsommations
intégrant les intérêts des déficits ou ex- grand nombre des cheminements sus- n'ont pas de prolongements dans les dé-
cédents, les balances des paiements des ceptibles d'être empruntés. Malgré cennies d'intense effort d'épargne et
15 régions, variables cruciales du modèle l'énormité du dispositif, la place réser- d'investissements mondiaux explorées
de Léontief La complexité des réseaux vée ici à la variable démographique pa- par le modèle. Ainsi commence la ré-
des échanges internationaux a été élu- raît cependant bien modeste si l'on ob- flexion critique sur le degré de réalisme
dée par la fiction classique d'un marché serve que dans nombre de pays en et de fiabilité de cette première exper-
international unique ou (i pool » d'ex- développement qui se modernisent, tise, laquelle nous place devant le di-
portation ou d'importation transparent s'urbanisent, s'industrialisent, donc se len1me: réussir ou périr.
et équilibré soumis exclusivement au (( salarisent 1> rapidement, la population
jeu des forces économiques; chaque ré- est assurée de doubler avant la fin du
gion est censée y exporter ses produits siècle.
- Principaux résultats et conditions du
et capitaux et en retirer les biens et les Les scénarios retenus par Leontief
Nouvel Ordre pour l'an 2 000.
flux financiers qui lui sont nécessaires. pour l'expertise destinée à l'ONU ré- Répondant aux soucis prioritaires des
Sous certaines réserves comptables, les pondent à une série d'objectifs définis en agences des Nations Unies, W. Leontief
balances commerciales doivent évidem- tertne de produits par tête tels qu'ils ré-
concentre son analyse sur trois thèmes
ment s'équilibrer physiquement à duisent environ de moitié en trente ans particuliers : les problèmes alimentaires,
l'échelle mondiale, ainsi que les balan- l'écart des revenus par tête entre les l'épuisement des gisements, le coût de
ces des paiements en termes financiers. pays développés et le reste du monde (7 la lutie contre la pollution.
à 1 contre 12 à 1 aujourd'hui), ce résul-
Les besoins en importation d'une ré- Les divers scénarios rapprochent plus
tat progressivement atteint en l'an 2 OO
gion sont obtenus par l'emploi d'un en- ou moins vite le régime alimentaire
serait prolongé de façon à combler
semble de propensions sectorielles à im- moyen des pays en développement
complètement cet écart vers le milieu
porter, l'ensemble des besoins (2 200 calories et 55 grammes de protéi-
du siècle prochain. Huit scénarios ont
régionaux en importations déterminant nes par personne et par jour en 1970)
été élaborés pour serrer plus ou moins
alors les dimensions du marché de celui des pays industriels (plus de
les hypothèses contraignantes des Na-
commercial international. Cette mé- 3 000 calories et 100 grammes de pro-
tions-Unies.
thode keynésienne assise sur la de- Toujours supposé dans ce 1nodè/e gé-
téines). Il s'agit ainsi avant la fin du siè-
mande présume que le marché mondial néré par la seule éconon1ie nord-améri- cle, compte tenu de la croissance démo-
saura toujours s'adapter dans les délais caine, le système des prix mondiaux graphique de tripler au minimu1n les
requis à la demande internationale ; elle (qui commande les termes de l'échange) rendentents agricoles tout en accroissant
élude directement du moins, les effets de 30 à 50 % les siufaces cultivées. Tâche
est déterminé par la résolution du dual
d'éventuelles tensions voire pénuries. du système de production de cette ré- gigantesque quand on connait la multi-
(7) Pour assurer l'équilibre de ce mar-
gion en partant de valeurs ajoutées (trai- plicité des obstacles technologiques et
ché on attribue à chaque région une tements, salaires, profits et revenus de sociologiques que le progrès agricole a
«part » donnée du total d'exportations toute nature) données exogènement. On
toujours suscité sous toutes les latitu-
de chaque produit en introduisant de mesure alors combien, dans cette exper- des. quelque soit le niveau de moderni-
manière exogène des séries de taux secto- sation des populations rurales l Ainsi le
tise, demeure implicitement dominé jus-
riels régionaux d'exportation censées re- déficit alimentaire est-il particulière-
qu'en l'an 2 000 par l'économie anglo-
fléter l'évolution des poids relatifs des ment dramatique pour les pays asiati-
saxonne le système des échanges inter-
économies régionales dans le monde. A nationaux d'où procèdent par le jeu des ques à faibles revenus ; même aux
l'inverse des flux commerciaux, les flux balances des paiements les chemine- conditions favorables du scénario prin-
financiers (aides, subventions, trans- ments régionaux. Il serait nécessaire cipal il ne saurait être entièrement ré-
ferts) reposent sur la constitution d'un d'expliciter les conséquences des simpli- sorbé avant la fin du siècle: le surcroît
((programme d'aide internationale » ali- fications inévitables des réalités poli- d'efforts que cette région devrait ac-
menté par des sorties brutes d'aide en tico-économiques qui en fait président complir pour acquérir dès 1980 son in-
proportions données des PIB régionaux. au développement des peuples : les per- dépendance alimentaire nécessiterait de
En retour les régions accèdent selon un turbations induites par le système mo- réaliser avant cette date le doublement
systè1ne de ((parts» fixées de n1anière nétaire international sur les flux des investissements agricoles et des sur-
exogène à ce n1arché international des commerciaux sont ignorées du modèle, faces irriguées, tout en accroissant tous
capitaux. ainsi sont éludés les problèmes si déli- les ans de plus de 3 % les importations
En résumé, chacun des sous-modèles cats des évolutions à long terme des li- d'engrais et de pesticides, et de plus de
« input-output » régionaux comporte 4 % la capitalisation agricole. Même au
quidités internationales et les difficultés
175 équations (contraintes) reliant 269 du «recyclage » des pétro-devises. Ni prix d'un tel effort le déficit commercial
variables dont 229 variables spécifique- les structures réelles des pouvoirs, ni les de cette région prévu en 1980 ne serait
ment régionales (parmi lesquelles 3 mécanismes des centres de décision qui pas réduit du quart!
macro-variables démographiques seule- déterminent les comportements des Par ailleurs le développement accé-
ment : la population, la population ur- agents économiques internationaux (et léré du Tiers-Monde entraînera d'ici
baine et l'emploi), et 40 variables inter- par conséquent l'avènement du Nouvel l'an 2 000, sinon l'épuisement des res-
régionales. Au total l'expertise de W. Ordre), ni les effets des décisions finan- sources, du moins l'accroissement des
Leontief repose donc sur les inter-ac- cières économiques ou sociales émanant coûts d'extraction corrélatifs à leur ra-
tions de 3 475 variables dont seules 45 des pouvoirs nationaux ou des entités réfaction; Leontief n'omet pourtant
macro-variables démographiques liées multinationales ne trouvent évidem- pas de tenir compte des progrès techni-
par 2 625 équations. A priori ce modèle ment place dans l'approximation de ques ni des procédés de recyclage et de
présente donc plus de 800 degrés de li- Leontief. récupération. On peut noter que le scé-
berté, mais un grand nombre de varia- nario X prévoit une croissance annuelle
bles devant par nature être considérées de 3 - 4 % des consommations occi-
(7) seules les pénuries de certaines matiè-
comme exogènes ou données à priori, le res premières sont directement prises en dentales en ferreux et non ferreux (donc
nombre de ses variables instrumentales compte, mais aucune place n'est laissée aux moindre que les taux européens des 20
est en réalité réduit à quelques centai- ruptures éventuelles des stocks mondiaux des dernières années), des rythmes de 7 -
nes, soit quelques dizaines pour chaque céréales par exemple. 8 % étant annoncés pour les pays en dé- 43
veloppement qui portant sur les 2/3 de Part (en %) des économies de marché
l'humanité, ne visent cependant pas le développées et en développement
quart du revenu mondial, les besoins en dans l'ensemble de la production industrielle mondiale
énergie de ces régions doublant néan-
moins tous les 7 ans. Parmi les matîères
premières étudiées, seules les réserves
Économies Économies
de plomb, zinc, nickel et peut-être de
de marché de marchés
cuivre p<;.iraissent susceptibles d'épuise-
développées en développement
n1ent physique réel avant la fin du siè-
cle. Surgissent aussitôt de nombreuses
questions sans réponses : quelle est 1970 2000 1970 2000
l'importance du cuivre ou d'autres ma-
tériaux à l'ère de l'électronique? Quel Industries légères 66 45 9 22
serait l'impact de telles pénuries sur les Outillage et équipement 73 52 3 13
modes de production ? Quels pourraient Matériaux et Industries lourdes 71 48 5 19
être les effets d'entraînement de la Ensemble de l'industrie 70 49 6 18
hausse rapide des prix des non-ferreux
en voie de raréfaction, et ceux des anti-
cipations et comportements spéculatifs
qu'elle ne manquerait pas de déclencher Selon ce scénario, le volume physique l'aide publique internationale décuplant
sur l'emploi, les autres prix, l'attitude du commerce international devrait pres- dans la même période, et l'accès des ré-
des producteurs, des consommateurs, que sextupler dans son ensemble avant gions en développement aux capacités
celle des Etats ? la fin du siècle, celui des échanges indus- internationales de financement s'élargis-
Contrairement aux précédentes alar- triels décuplant, tandis que quadruple- sant de 19 à 57 % du total annuel des
n1es lancées par le Club de Rome, les rait le produit mondial global dans la investissements internationaux. Alors,
conclusions de l'expertise paraissent op- 1nême période. Les exigences d'une telle de troublantes interrogations sur les
ti1nistes pour ce qui est des pollutions : croissance conduiraient les pays en dé- conditions de l'avènement du <t Nouvel
les cinq types d'activités d'élimination veloppement à réclamer, tout en main- Ordre » ne manquent pas de s'imposer
ne sauraient concerner selon Leontief tenant globalement leur place sur les quand on sait que dans nombre d'éco-
plus de 4 % des stocks de capitaux, le marchés d'exportations, un doublement nomies en développement les revenus
coût actualisé d'une telle immobilisa- de leur part dans l'ense1nble des impor- nets qui rémunèrent actuellement les
tion demeurant toujours inférieur à l % tations mondiales représentant ainsi à placements étrangers ne sont pas même
du P.I.B. On doit cependant ajouter la fin du siècle plus de 30 % du marché couverts par les entrées des capitaux in-
que les activités prises ici en compte re- mondial (9). ternationaux, qu'en 1975, selon la Ban-
présentent à peine la moitié des traite-
ments mis en oeuvre aux Etats-Unis.
Réduire de près de la moitié l'écart
des revenus moyens par tête nécessite-
rait d'assurer jusqu'à la fin du siècle (9) Évolution de la place des économies de marché
aux économies du Tiers-Monde des en développement sur les marchés internationaux
rythmes de croissance de 6 à 9 % l'an
(8). Ainsi les revenus par tête pour-
raient dans ces régions doubler, tripler,
voire quadrupler d'ici à l'an 2 000, % mondial % mondial
tandis que les consommations par tête des exportations des importations
doubleraient ou tripleraient à la condi-
tion implicite que les dépenses publi-
1970 2000 1970 2000
ques improductives (armements par
exemple) ne dépassent pas 12 % des
emplois intérieurs. Les structures de ces Agriculture 33 32 15 39
éconon1ies se rapprocheraient alors ra- Ressources minérales 39 75 Il 19
pidement de celles des pays industriali- Outillage, équipement 2 3 19 34
sés: le secteur primaire étant ramené à Matériaux et Industrie lourde 5 7 20 40
moins de 10 % du P.N.B., le secondaire Ensemble des secteurs 16 17 16 31
croîssant vers 50 % et le tertiaire vers
40 %.
Cette métamorphose ne saurait se réali-
ser sans redistributî'bn des productions
industrielles ni sans bouleversements
des échanges mondiaux •. qui hnpliquent Selon l'expertise, le financement de que Mondiale, l'endettement global des
à tenne la mise en question des rapports cette immense mutation reposerait pres- pays latino-américains excédait l'ensem-
de force et des positions éco11on1iques do- qu'exclusivement sur les capitaux des ble de leurs exportations de l'année,
nlinantes au profit des régions en déve- économies de marché développées, du celui des pays de l'Asie du Sud ne pou-
loppement, comme l'illustrent les résul- moîns pour assurer les investissements vant être couvert par deux ans et demi
tats suivants du scénario X: industriels ; toutefois certains scénarios d'exportations, lorsque l'on rapproche
prévoient une réduction à la fin du siè- ces prévisions des statistiques du F.M.I.
(8) Le scénario X va même jusqu'à impliquer cle de la part des financements étran- selon lesquelles l'endettement des PVD
d'ici l'an 2 000 des taux de croissance an- gers dans certaines régions. D'ailleurs à l'égard des banques commerciales pri-
nuelle de 16 et 17,5 % des produits d'équipe- les scénarios du «Nouvel Ordre» im- vées était en 1976 proche de 70 mil-
ment et de l'industrie lourde des pays pétro- pliquent une explosion du marché des liards de $ dont 50 milliards auprès des
liers, soit un doublement tous les 5 ans ou en capitaux qui en terme constant septu- seules banques américaines, soit 30 % de
30 ans une multiplication de ces productions plerait avant la fin du siècle, les volu- la dette extérieure publique du Tiers-
44 par un facteur supérieure à 60 ! mes des prêts gouvernementaux et de Monde !
En outre le modèle incorpore les dis- Dans quelles dépendances que les déplacements des termes de
torsions des prix relatifs de sorte que
sur 30 ans, le scénario X prévoit que re-
lativen1ent aux prix moyens des biens
n1anufacturés, celui des matières premiè-
res serait triplé, et celui des produits
agricoles accru de 20 % (seulement !),
les effets de ces distorsions pénalisant
D pour cette période de transfor-
mation? Selon quelles discipli-
nes courageuses pour l'Occi-
dent? Avec quel concours
volontaire des pays socialistes? Dans
quelle atmosphère pacifique, et par
quels organes de décision pour cette
l'échange. Aussi les scénarios retenus ici
pour les Nations Unies ne rendent-ils
pas compte de la réalité présente du
système des flux internationaux dominé
pour la décennie à venir par une straté-
gie d'échanges triangulaires: équipe-
ments - matières premières et énergie
particulièrement l'Europe occidentale et œuvre de mondialisation des relations - denrées alimentaires, (sans mention-
le Japon.D'ailleurs pour rétablir dura- pacifiques ? La liste des questions préa- ner même les aléas du système moné-
blement leurs équilibres extérieurs, les lables à ce grand oeuvre de construc- taire international, le rôle des marchés
pays en développement doivent s'effor- tion d'une humanité nouvelle est loin d'armements, ni les politiques des mul-
cer d'élargir leur place sur les marchés d'être close. Cependant, quels que tinationales.).
d'exportation tout en réduisant leurs soient les obstacles, il n'y a pas d'alter-
dépendances économiques par une poli- native autre que le mouvement dans Le réalisme, devant une oeuvre indis-
tique de substitution systématique de cette voie, si l'on veut éviter des crises pensable, commande pourtant d'entre-
produits nationaux à leurs importa- d'ampleur encore inconnue. prendre l'action. La réduction finale des
tions; c'est là l'objet d'un scénario M écarts de revenu suivra sans doute des
qui rééquilibre leurs échanges au détri- En fait nous savons que ce sont des voies plus ou moins éloignées de celles
ment quasi exclusif de l'Europe occiden- facteurs politiques (politique étrangère, qu'une prospective rationnelle nous
tale (et à moindre titre, du Japon) tout politique commerciale, politique moné- propose aujourd'hui. En toute certitude
en préservant les nionstrueux excédents taire, stratégie militaire ...) qui condi- on peut prédire que les styles de vie eu-
des pays pétroliers, comme l'illustre le tionnent les scénarios réellement possi- ropéens changeront. Le meilleur espoir
tableau des balances des paiements de bles ; si décisifs qu'ils soient ces pour le bonheur des générations nou-
l'an 2 000. facteurs restent de par leur nature hors velles demeure dans cette simple consi-
Si cependant le scénario X s'avérait du champ de l'étude, alors qu'ils déter- dération : que les changements néces-
réalisé, le Tiers Monde n'aurait pas en- minent stratégie des investissements, saires ne soient pas imposés mais
core dans son ensemble rejoint en l'an flux et diversification des aides et prêts consentis, donc rationnellement prépa-
2 000 les structures économiques occi- publics, places des pays sur les marchés rés. Le bonheur, comme la paix, est
dentales, mais on peut supputer qu'à ce d'exportation, distorsions des prix rela- dans sa nature profonde psychologique
prix, le cap le plus dangereux aurait été tifs consécutifs aux pratiques commer- et sociologique. Mais la raison doit en
doublé. ciales et politiques de subvention, ainsi être l'architecte.

Balances des paiements en l'an 2000


(scénario X et M) (en milliards de dollars)

Région Scénario X Scénario M

Amérique latine (à moyens revenus) - 242.77 109.11


Asie (à bas revenus) - 187.40 89.07
Afrique (zone aride) - 12.18 0.99
Amérique du Nord -97.31 48.89
Europe occidentale (à hauts revenus) - 17.95 - 120.59
Moyen-Orient 418.44 417.53

45
[EVOLUTION A NG TERME
DES RELATIONS ENTRE
PAYS EN DEVELOPPEMENT
ET
PAYS INDUSTRIALISES

PAR JACQUES LESOURNE ( 48)'''


es trois défis que les pays in- de l'évolution démographique, de l'es-
dustrialisés de l'Occident au- pérance de vie à la naissance, du revenu
ront à relever dans le prochain national par tête ou de la place de
quart de siècle - celui, in- l'agriculture et de l'industrie dans ce re-
terne, de la recherche d'un venu national. De ce point de vue, les
consensus suffisant autour de nouvelles travaux récents ont raison d'insister sur
valeurs, celui de la coexistence pacifi- l'importance pour le Tiers Monde de
que avec l'Union Soviétique et les pays /'ensetnble du système de relations avec
de l'Europe de l'Est, celui des relations les pays développés, car c'est l'ensemble
avec le Tiers Monde - le troisième est de ces relations qui explique certains
dans doute le plus mal compris de leurs traits du sous-développement, tout
habitants. comme il faut avoir recours au sein de
De la guerre du Vietnam à l'opéra- nos pays à la totalité des relations poli-
tion sur Kolwezi, de la famine au Ban- tiques, économiques et sociales pour
gla Desh à l'explosion de la bombe ato-
* Professeur d':Ë.conomie au Conservatoire
national des Arts et Métiers, directeur du pro- comprendre l'existence de régions insuf-
mique indienne, de la hausse du prix du jet Interfuturs à l'O.C.D.E. ; président d'hon- fisan1ment développées.
pétrole aux négocations de l'avenue neur de la SEMA. « Mais, derrière cette homogénéité,
Kléber, de l'envoi de coopérants à l'in- quelle diversité ! Retenons-en deux as-
vasion de notre marché par les chemises LES DIVERSES pects seulement : une énor1ne dispersion
sud-coréennes, les messages sont si dis- LECTURES DU TIERS MONDE des revenus nationaux moyens par tête.
parates que la plupart d'entre nous Même en excluant les pays producteurs
n'arrivent pas à se situer entre les tenta- Homogénéité ou hétérogénéité? de pétrole, ces revenus s'étagent de 1 à
tions de l'indifférence, de la charité et Succès ou échec des programmes de dé- 27 alors que le rapport n'est que de 1 à
de la peur. veloppen1ent ? A partir de ces deux cli- 3 au sein du groupe des pays dévelop-
Sans prétendre le moins du monde à vages s'organisent des lectures différen- pés occidentaux : 34 pays très pauvres,
une synthèse, ces quelques pages vou- tes, mais complémentaires du Tiers du Bhoutan à la République arabe du
draient mettre en évidence un petit Monde: Yémen groupent 1,2 milliard d'invidi-
nombre de faits majeurs dégagés par - C'est la révolution industrielle qui, en dus avec des revenus moyens s'étageant
une analyse prospective des transforma- engendrant le succès de la civilisatîon de 70 à 250 dollars en 1976; 31 autres,
tions des pays développés et des pays occidentale en termes de ressources et du Togo au Paraguay, et qui compren-
en développement sur le prochain quart de puissance, a donné une certaine ho- nent la Chine, se distribuent entre 250
de siècle (! ). Au départ, différentes lec- rnogénéité à cet ensemble qui, il y a en- et 650 dollars et réunissent 1,2 milliard
tures de l'évolution passée et de la si- core 100 ans, était si disparate par le d'hommes ; 27 autres enfin, de la Corée
tuation actuelle du Tiers Monde. Elles contenu de ses grandes religions, l'am- du Sud à Singapour, ont un revenu
conduisent à s'interroger sur la dynami- pleur de ses structures politiques, la na- moyen compris entre 670 et 2 700 dol-
que propre des sociétés en développe- ture de ses organisations sociales. Le lars pour une population totale de 440
ment et sur la diversité de leurs pers- Tiers Monde se définit par rapport aux nüllions. A ces différences, viennent se
pectives, puis à esquisser les différentes pays développés beaucoup plus que par superposer des écarts considérables
dimensions de l'interdépendance entre rapport à lui-même : il est l'ensemble dans la croissance éconornique des 15 ou
pays en développement et pays indus- des sociétés humaines qui n'ont pas pu, 25 dernières années : De 1960 à 1976,
trialisés. Il est alors possible d'ébaucher ou su, ou voulu s'adapter au choc parti la croissance du revenu moyen a été in-
quelques scénarios de l'évolution mon- de l'Angleterre au milieu du 18c siècle férieure à l % par an, et même négative,
diale jusqu'en l'an 2000, pour mieux et qui, de ce fait, revêtent maintenant pour 23 pays ayant ensemble une popu-
comprendre les stratégies qui sont à la des caractères communs; qu'il s'agisse lation de 250 millions environ ; à l'autre
disposition des gouvernements des pays (1) Analyse que cherche à faire le projet extrême, la Chine d'une part (mais les
46 développés. INTERFUTURS de !'OC.D.E. chiffres sont difficilement vérifiables) et
12 autres pays avec une population glo- pourcentage n'aurait fléchi que de 32 à Bangla-Desh s'il arrivait à vaincre les
bale de 260 millions d'autre part, ont 28 %). Résultat décevant qui résulte de obstacles internes au développement.
connu des taux de croissance annuels ce que, dans le calcul, le revenu de - Les continents enfin - Chine et Inde
par tête supérieurs à 4 %. l'Inde est supposé inférieur à 300 dol- - auxquels la taille confère des carac-
- On conçoit dès lors que l'expérience lars. S'il devait dépasser ce chiffre, le tères de tous les groupes. L'Inde peut
du dernier quart de siècle frappe à la pourcentage se réduirait à 12 % seule- devenir une nation industrielle signifi-
fois par ses ombres et par ses lumières. ment. De toute manière, le problème de cative bien que son évolution soit
D'un côté, le revenu par tête a crû en la pauvreté absolue ne pourrait pas être conditionnée par le dévelopement de
25 ans au rythme annuel de 3,0 % dans résolu à la fin du siècle. son agriculture et qu'elle soit pour long-
le Tiers Monde (3,4 % avec la Chine) Au niveau des continents, 1'Amérique temps l'image même du pays pauvre.
contre 3,2 % dans les pays développés. latine émergerait, pour l'essentiel, du La Chine, quant à elle, peut avoir l'am-
Performance fantastique si on la sous-développement ainsi que de nom- bition de jouer à la fin du siècle un rôle
compare à toutes les références histori- breux pays d'Extrême-Orient. A l'op- de premier plan dans les échanges inter-
ques et si l'on Pense à l'explosion dé- posé, les deux grandes zones critiques nationaux grâce à l'industrialisation de
mographique simultanée. du sous-développement resteraient larges poches de sa partie orientale et
De l'autre, force est de constater non l'Asie du Sud (à laquelle par bien des côtière.
seulement l'extrême variété des résultats aspects se rattache l'Indonésie) et Ces perspectives soulignent à l'évi-
de pays à pays, les pays pauvres réussis- l'Afrique noire. Quant à la zone Afrique dence le rôle de leurs stratégies propres
sant moins bien dans l'ensemble que les du Nord et Moyen-Orient, elle se situe- dans l'avenir des sociétés en développe-
pays à revenu moyen, mais aussi l'ag- rait en position intermédiaire, les situa- ment, mais elles montrent aussi l'impor-
gravation de l'inégalité interne engen- tions différant assez largement de pays tance croissante qu'aura l'interférence
drée par les stratégies de développe- à pays. entre pays en développement et pays
ment choisies dans de nombreux pays S'esquisserait alors une typologie en développés. C'est ce que confirme une
comme le Mexique ou le Brésil. Aussi, cinq groupes de pays : analyse des dimensions de cette interdé-
peut-on évaluer actuellement à 800 mil- - Les pays qui sont en train de devenir pendance.
lions le nombre de ceux qui vivent en des nations industrielles avec une base
état de pauvreté absolue. d'activité qui se diversifie. Ils se subdi- LES DIMENSIONS
Ce sont ces contrastes qui rendent visent nettement en deux sous-groupes, DE L'INTERDÉPENDANCE NORD-
difficile aux opinions publiques occi- le chapelet des États asiatiques de taille SUD
dentales l'élaboration d'une image co- 1noyenne (Corée du Sud, Taïwan,
hérente du Tiers Monde. Ils vont pour- Hong-Kong, Singapour), les grands Cette interdépendance revêt des
tant conditionner dans une large pays d'Amérique du Sud (Brésil, Mexi- formes multiples : interdépendance éco-
nlesure les perspectives propres des que et dans une moindre mesure Argen- nomique se traduisant par des trans-
pays en développement, parfois bien tine) qui, contrairement aux premiers, ferts financiers, des migrations humai-
au-delà de l'an 2000. conservent encore longtemps certains nes, des échanges de matières premières
des caractères du sous-développement. et de produits manufacturés ; interdé-
LES PERSPECTIVES - L'ensemble, beaucoup plus hétéro- pendance écologique illustrée par les
DES PAYS DU TIERS MONDE gène des pays où l'industrialisation joue effets possibles sur le climat d'un ac-
un rôle croissant, comme l'Algérie, croissement de la concentration de gaz
Une analyse prospective des princi- l'Iran, le Vénézuela, la Malaisie, les Phi- carbonique dans l'atmosphère; interdé-
paux pays dans les six grandes régions lippines, le Pakistan, le Nigéria, la Côte pendance militaire et politique ; inter-
du monde en développement (l'Asie du d'ivoire. Pour certains d'entre eux, les dépendance culturelle résultant des
Sud, !'Extrême-Orient, l'Afrique du possibilités d'arracher le pays au sous- échanges d'information.
Nord et le Moyen-Orient, 1' Afrique developpement par l'industrialisation Les domaines principaux où se mani-
noire, l'Amérique latine, la Chine) rap- sont des plus incertaines, mais globale- festera à l'avenir l'interdépendance éco-
pelle d'abord - s'il en était besoin - ment, ces pays joueront néanmoins un nomique sont au nombre de six: l'éner-
la probabilité de ruptures socio-politi- rôle non négligeable dans la réaffecta- gie, les produits de base, l'agriculture,
ques plus ou moins profondes suscepti- tion mondiale des activités industrielles. l'industrie, la science et la technologie,
bles d'affecter tel ou tel pays du Tiers - Les pays pour lesquelles les exporta- les transferts financiers. Le domaine le
Monde et de bouleverser parfois l'équi- tions de ressources naturelles influencent moins connu et peut-être le plus signifi-
libre politique d'une région : l'Indoné- de manière décisive les possibilités de catif est celui de l'industrie.
sie, la Thaïlande, le Bangla-Desh, le Pa- croissance (pays qui, par d'autres as- La déclaration de Lima (qui excluait
kistan, l'Iran, l'Arabie Saoudite, pects, s'apparentent parfois aux groupes la Chine des calculs tant au numérateur
l'Egypte, l'Ethiopie, le Zaïre, l'Argen- précédents). Tantôt, ils disposent d'une qu'au dénominateur) indiquait comme
tine, le Chili ne sont ·que quelques position importante sur le marché d'un objectif pour la fin du siècle une part
exe1nples parmi d'autres de pays dont ou de plusieurs minerais ou produits de du Tiers Monde égale à 25 % dans la
l'évolution pourrait être (ou continuer à base (l'Arabie Saoudite et les autres valeur ajoutée industrielle mondiale.
être) fort troublée. pays de !'OPEP pour le pétrole, la Ja- Selon certaines projections, un ordre de
Pourtant, à l'horizon de 25 ans, les maïque, la Guinée pour l'alumine ; le grandeur de 17 à 18 % serait plus réa-
tendance globales ne sont pas facile- Ghana pour le cacao, etc.) ; parfois ils liste, soit 23 à 25 % en réintroduisant la
ment bouleversées. Elles sont éloquen- n'ont que des positions secondaires sur Chine dans le calcul. L'objectif de Lima
tes : les marchés de plusieurs produits ne serait pas atteint, mais on assisterait
- Si l'on place arbitrairement à 250 dol- (l'Ethiopie, la Tanzanie, le Guatemala, néanmoins à une tnodification substan-
lars 1976 la barre du développement, le Paraguay) mais leur économie n'en tielle de l'industrie niondiale, puisque la
les pays qui entreraient dans le groupe dépend pas moins de ce secteur d'acti- part du Tiers Monde sans la Chine
des pays développés représenteraient vité. n'était que de 7 % en 1973 et de 8 à 9 %
12 % de la population totale d'alors, - Les pays très pauvres où les progrès en 1976. Le Tiers Monde, Chine
soit 760 millions environ. de l'agriculture sont encore plus néces- comprise, assurerait 31 % de l'accroisse-
- Si, à l'autre extrême, l'on choisit 300 saires que dans les groupes précédents. ment de la production industrielle du
dollars 1976 pour le seuil des pays pau- Selon leur taille, ils resteront fortement globe de 1970 à 2000.
vres, les pays qui se situeraient en deçà dépendants de l'aide extérieure comme Il est important de souligner trois as-
regrouperaient à l'époque 1 650 millions les pays du Sahel, ou pourraient élabo- pects de cette redistribution de l'indus-
d'habitants contre 1 280 actuelement (le rer des stratégies propres comme le trie mondiale : 47
- Elle ne se fait pas principalement à tion possible des relations Nord-Sud des valeurs et conflits sociaux. Malgré
l'échelle des secteurs industriels comme dans le cadre de scénarios globaux. l'ouverture du commerce international,
on a trop tendance à le croire. C'est au le développement des pays du Tiers
sein des secteurs, des entreprises, des Monde à revenus moyens se révèle plus
lignes de production qu'elle se mani- UN ÉVENTAIL lent ainsi que, pour le reste, celui de
feste p·ar déclin ou essor de certaines DE SCÉNARIOS POSSIBLES ceux qui dépendent du montant de
activités, par abandon de certains pro- l'aide.
duits et concentration sur d'autres, par Quatre dimensions semblent le mini- 3. Le même scénario dans les pays dé-
sous-traitance de certaines étapes des mum inévitable pour que l'on puisse ex- veloppés, mais couplé cette fois avec un
processus de production. Des relais se plorer convenablement les perspectives développement du protectionnisme. Le
produiront entre pays en développe- de l'évolution à long terme de l'écono- Tiers Monde est plus durement atteint,
ment, les plus industrialisés d'entre eux mie mondiale, et en leur sein, les rela- même si des relations préférentielles
ayant à leur tour de la peine à mainte- tions entre pays développés et pays en s'établissent entre groupes de pays du
nir leur con1pétitivité dans certaines développement : Nord et régions du Sud.
opérations intensives en main-d'œuvre. l) La première porte sur les relations 4. Un scénario de cassure Nord-Sud, les
Le rôle des entreprises transnationales entre pays développés soit vers une ou- pays du Sud s'efforçant de limiter leurs
est considérable dans l'ensemble de ces verture de plus en plus grande et une échanges avec les pays du Nord et d'or-
réaffectations. extension du commerce international, ganiser une large autonomie collective
- L'impact sur les pays industrialisés soit, à l'autre extrême, vers la constitu- pour poursuivre des stratégies du déve-
dépendra beaucoup du développement tion de blocs recourant à certaines loppement centrées sur la satisfaction
plus ou moins rapide des marchés des formes de protectionnisme. des besoins de base.
produits industriels dans le Tiers 2) La seconde concerne les relations 5. Un scénario de faible croissance dans
entre sociétés industrielles et pays en dé- les pays développés, mais cette situation
Monde. Or, on peut craindre actuelle-
veloppe1nent et celles entre pays du Tiers étant associée cette fœis à une transfor-
ment que la tendance ne soit de privilé-
Monde. Les hypothèses extrêmes sont mation profonde et rapide des valeurs
gier un développement industriel basé
ici celles d'une intégration de la péri- et de l'organisation sociale dans ces
sur des équipements qui économisent le
phérie au centre ou d'une autonomie pays. Favorable au Tiers Monde par
travail. Tout concourt à ce résultat:
collective (collective self-reliance) du certains aspects, ce scénario peut être
l'existence de technologies mises au
monde en développement, mais bien source de difficultés par d'autres, car
point en fonction des niveaux de prix
des situations intermédiaires nuancées les pays développés peuvent vouloir
relatifs régnant dans les pays dévelop-
en fonction des régions et des pays mé- tout particulièrement protéger divers
pés, la concurrence des pays développés
ritent d'être explorées. aspects de la qualité de la vie de leurs
pour payer les importations de pétrole
avec les exportations de biens d'équipe- 3) C'est la nature des évolutions au sein citoyens.
des sociétés développées elles-mêmes qui Actuellement, c'est autour des
ment, les stratégies des compagnies
transnationales, les subventions accor- doit constituer à l'évidence la troisième deuxième et troisième scénarios que le
dées pour les achats d'équipement, les dimension. Le sujet est bien trop sort semble hésiter, ce qui montre clai-
préférences des pays en développement complexe pour être abordé ici. Indi- rement que pour les gouvernements des
pour des raisons de réexportation ou de quons seulement qu'il nécessite à l'évi- pays développés élaboration de straté-
prestige... Le résultat est clair: l'indus- dence une réflexion simultanée sur le gies à long terme vis-à-vis du Tiers
trialisation crée relativement peu d'em- phénomène culturel de l'apparition Monde et maîtrise de l'évolution de
plois dans le Tiers Monde et contribue éventuelle de nouvelles valeurs (d'ail- leurs propres sociétés ne sont pas sépa-
insuffisamment à la diffusion des reve- leurs plus ou moins partagées par l'en- rables.
nus et à la création de marchés de semble de la collectivité) et sur le phé-
nomène social de la capacité collective DES STRATÉGIES NËCESSAIRES
masse pour les produits de l'industrie.
à organiser efficacement la croissance
- L'industrialisation du Tiers Monde va de la production sociale, phénomènes En tout cas, il n'y a aucun doute pos-
progressivement affecter la plupart des d'ailleurs interdépendants. sible : L'explosion démographique du
branches d'activités industrielles et ne 4) La quatrième dimension enfin se ré- Tiers Monde, l'ampleur des bouleverse-
se limitera pas au textile, à la chaus- fère naturellement à la dynamique in- ments qu'il subit fait que les sociétés
sure, au mobilier, à la construction na- terne propre aux différents groupes de so- qui le composent joueront progressive-
vale, à la sidérurgie ou à la pétrochimie. ciétés en développe111ent. ment un rôle croissant sur la scène
Des phénomènes analogues sont en En combinant des hypothèses relati- mondiale. Nous sommes au milieu d'un
train de se produire pour les autres in- ves à ces différentes dimensions, il est processus - qui ne sera d'ailleurs pas
dustries métallurgiques et pointent à possible de dégager une gamme de scé- terminé à la fin du siècle - de transfor-
l'horizon pour le secteur automobile qui narios possibles. Cinq d'entre eux illus- mations profondes et irréversibles de
a été au centre de l'expansion indus- trent tout particulièrement les perspec- relations à l'échelle du globe. En adop-
trielle de l'O.C.D.E. au cours du dernier tives les plus significatives : tant des stratégies conçues en fonction
quart de siècle. 1. Un scénario de forte croissance des du long terme, constructives mais sans
La mise en œuvre de stratégies indus- pays développés autour d'un consensus complaisance, des stratégies qui tien-
trielles efficaces est donc certainement interne renouvelé. L'ouverture du nent compte à la fois de la différencia-
l'un des problèmes les plus importants commerce international, des politiques tion croissante du Tiers Monde et de
auxquels auront à faire face les gouver- hardies d'aide et de flux financiers per- l'existence de certains problèmes glo-
nements des pays développés dans les mettent une intégration d'une partie du baux, les gouvernements des pays déve-
vingt prochaines années. De telles stra- Tiers Monde tandis que l'autre partie loppés pourraient contribuer à infléchir
tégies ne peuvent évidemment se conce- - la plus peuplée - voit sa situation ces évolutions dans un sens qui soit à
voir que dans le cadre plus vaste de s'améliorer lentement. long terme plus favorable à la sécurité
stratégies mondiales et c'est pour cela 2. un scénario de faible croissance dans du monde et à la prospérité des sociétés
qu'il est nécessaire de replacer l'évolu- les pays développés avec fragmenta~ion dont ils ont la charge.

48
R.A.U. EGYPTE, ABOU SIMBEL,
CAMPAGNE INTERNATIONALE POUR LA SAUVEGARDE DES MO-
NUMENTS DE NUBIE
UNESCO/NENADOVIC.

49
LE NOUVEL ORDRE ECONOMIQUE
INTERNATIONAL=
mythe ou réalité ?

PAR MARCEL SALA (35)


a notion de Nouvel Ordre Eco- l'habitude de confondre puissance éco-

L nomique International s'est es-


sentiellement dégagée dans les
milieux des Nations-Unies.
Après des fortunes diverses, elle
est maintenant admise en France et
dans les autres pays industrialisés. Les
plus hautes autorités en font mention ;
nomique et puissance politique, ou de
subordonner celle-ci à celle-là. Mais
l'histoire offre des tas d'exemples du
contraire, et, après tout Sparte a vaincu
Athènes. A quoi les bons esprits répon-
dront que les gens du Tiers Monde ne
sont pas des Spartiates. Voire ! Regar-
les milieux économiques consentent à la dons-y mieux, et méditons certains
prendre en considération. Ce ne fut pas conflits des années 60.
sans difficultés ! Mais, au juste, de quoi Tout ce processus, d'ailleurs, est fas-
cette notion est-elle faite? Il faut se mé- cinant, analogue à ces grands mouve-
fier des mots, à notre époque. Beaucoup ments d'idées qui de temps à autre tra-
d'expressions naissent et se propagent versent !'Histoire, et produisent de
par le canal des médias sans que l'on se considérables mutations. Il sortirait du
soucie trop de leurs implications sé- cadre de cet article de l'évoquer dans
mantiques. Elles sont susceptibles de son ensemble ; je me limiterai à sa
UNE BASE POLITIQUE
sens différents, et chacun les emploie composante économique, et notamment
dans celui qui lui convient. Toutefois, il Bien qu'il s'agisse apparemment industrielle.
ne suffit pas de hausser les épaules et d'une notion économique, il serait naïf Le terme de Nouvel Ordre Economi-
de parler de dégradation du langage. de ne pas voir que son origine et sa fi- que International apparaît officielle-
Certaines de ces expressions disparais- nalité profonde sont de nature politi- ment en mai 1974, à la VJc assemblée
sent comme elles étaient venues, mais que. On peut faire remonter à la Confé- générale extraordinaire des Nations-
d'autres acquièrent une valeur symboli- rence de Bandoung, en 1955, la prise de Unies, dans le préambule de la résolu-
que et agissent par cette valeur même. conscience du Tiers-Monde. Les acteurs tion 3201/S VI:
Et cette action peut devenir incontrôla- principaux de Bandoung (c'étaient « ... Proclamons solennellement notre
ble. Nehru et Chou-En-Lai) sont morts, les détermination commune de travailler
En est-il de même pour le Nouvel pays et les choses ont évolué, mais la d'urgence à l'instauration d'un nouvel
Ordre? Et d'ailleurs, distingo subtil, prise de conscience a développé ses ordre éconon1ique international fondé sur
est-ce UN Nouvel Ordre, ou LE Nouvel conséquences, sur le plan de la décolo- l'équité, l'égalité souveraine, l'interdé-
Ordre? nisation - c'était le plus urgent - puis pendance, l'intérêt commun et la coopé-
La première formule a eu longtemps sur celui du développement (conditions ration entre tous les Etats.
la faveur des personnes prudentes et de de base, infrastructures, nourriture ... ) Mais après cette introduction bien
quelques milieux officiels. Sans doute puis sur celui des relations commercia- dosée, le préambule dresse un réquisi-
parce qu'elle veut dire n'importe quoi : les et, plus récemment, sur le plan in- toire :
tout état futur sera évidemment diffé- dustriel, avec des fortunes diverses et, il ... Il s'est révélé impossible de réaliser
rent de l'actuel et constituera un Ordre, faut bien le reconnaître des rendements un développement harmonieux de la
éventuellement pire que le premier, faibles. Mais la tendance continue à communauté internationale dans l'ordre
mais Ordre quand même. agir et, maintenant, au-delà des ques- économique international actuel.
tions économiques, au-delà même du ... L'ordre économique international est
Par contre Le Nouvel Ordre désigne développement, on voit poindre la no- en contradiction directe avec l'évolution
celui-là même que de multiples déclara- tion de puissance. Ce que l'on appelle des relations politiques et économiques
tions des Nations-Unies s'efforcent de la crise du. pétrole s'inscrit dans le cadre du monde contemporain ... Le monde
dégager, et que les pays du Tiers de ce processus (et non pas, comme on en voie de développement est au-
Monde voudraient voir s'instaurer. le dit, dans celui de la raréfaction des jourd'hui une force considérable dont
Il m'a paru intéressant de présenter matières premières). l'influence se fait sentir dans tous les
aux Camarades quelques éléments On demandera peut-être comment domaines de l'activité internationale.
d'analyse à son sujet. Il va sans dire ces pays pauvres peuvent aspirer à la Cette évolution irréversible des rapports
qu'il s'agit d'opinions personnelles qui puissance politique. C'est que, depuis de force dans le monde appelle une par-
50 n'engagent que leur auteur. quelques décennies, nous avons pris ticipation active, pleine et équitable des
pays en voie de développement, à la Monde, et de cette nébuleuse d' organis- en plus amenés à tenir, à propos du
l
forn1ation et à l'application de toutes mes, de cet amas de confuses paroles, il Nouvel Ordre, un discours véridique, ex-
les décisions qui intéressent la commu- finit par se dégager un réseau de quasi- 'posant clairement nos difficultés et nos
nauté internationale.» obligations, et elles s'organisent dans limites. Je suis persuadé que, si ce dis-
On peut certes s'associer à ces décla- un quasi-dioit international. De plus, cours est de qualité, bienveillant et sin-
rations. La France d'ailleurs bien les réserves que nous pouvons faire sur cère, il nous vaudra un surcroît d'au-
qu'elle ait fait des réserves sur d'autres tel ou tel texte se perdent dans l'oubli, dience et de considération.
paragraphes du préambule, n'en a pas et les textes eux-mêmes restent. Au niveau de ces deux sortes de dis-
fait sur ceux-là. Mais on ne peut pas ne De cet état d'esprit trop fréquent ré- cours se situe le partage entre mythe et
pas noter leur caractère essentiellement sultent deux conséquences bien diffé- réalité. Mais il semble bien qu'il faille
politique, la référence à des rapports de rentes : autre chose que des discussions dans
force, et le style «volonté de puis- - La première : tous ceux qui, depuis des cercles restreints pour faire passer
sance )} qui s'en dégage. A l'époque, quatre ans s'efforcent d'attirer une at- le Nouvel Ordre de l'un à l'autre. Il y
bien sûr, on était sous le coup du quin- tention réelle sur ce Nouvel Orc,lre Eco- faut une large infor'mation, une péné-
tuplement du prix du pétrole, qui était, no1nique, sur l'expression que lui don- tration de l'opinion publique, et, en ma-
essentiellement, une manifestation de nent les Nations-Unies, et sur ce qui tière économique, une participation des
puissance. Mais ce coup de théâtre lui- pourrait bien s'en dégager, au-delà des agents économiques eux-mêmes.
même n'aurait pas pu avoir lieu dix, ou niots, comme contenu réel, se sont Je voudrais signaler que des efforts
même cinq ans plus tôt. Il y a fallu le heurtés à une réaction d'indifférence, récents ont été faits dans ce sens, en es-
souterrain développement de la prise de voire de condescendance de la part des sayant de 1nettre en contact les agents
conscience de Bandoung, et la pression gens qui, au fond, n'y croient pas, et effectifs du développement. C'est-à-
irrésistible d'un mouvement d'idées, pour qui le « machin » reste le «ma- dire, d'une part des responsables du
bref d'une mutation des données politi- chin». Tiers Monde, et d'autre part des indus-
ques. - La seconde: puisque tout cela n'a pas triels, éventuellement même des repré-
d'in1portance, on peut dire n'importe sentants du monde du travail. Ces réu-
UNE DIFFUSION DIFFICILE quoi. On peut, en particulier, se livrer nions internationales d'un type assez
aux joies d'un discours Tiers Mondiste nouveau ont été jusqu'ici sectorielles.
La notion de Nouvel Ordre engendra intellectuel, inconditionnel, culpabiliste, Elles ont intéressé la sidérurgie, les en-
par la suite un flot de paroles, résolu- souscrivant - en paroles - à des enga- grais, les industries du cuir. D'autres
tions, déclarations, dont le commentaire gements de principe fort dangereux vont avoir lieu, concernant la pétrochi-
prendrait plusieurs volumes, rédigées pour notre économie, avec la double sa- mie, le machinisme agricole, etc... Elles
d'ailleurs dans ce style inimitable des tisfaction de se donner ainsi bonne sont organisées sous l'égide de !'Organi-
Nations-Unies, où le sens se cache sous conscience, et de se ménager des appro- sation des Nations-Unies pour le Déve-
les redondances et les formules rituelles. bations. loppement lndustriel, organisme spécia-
Mais tout cela a été peu ou mal perçu Or je considère que ce discours Tiers lisé qui siège à Vienne. Bien qu'elles
par notre opinion publique, et même mondiste intellectuel n'est plus crédible. aient été accueillies avec un certain
par les milieux économiques ou certains Les gens du Tiers Monde ne sont plus scepticisme par les industriels, elles se
milieux officiels. D'ailleurs, n'est-ce des naïfs prêts à se contenter de grands développent et sont certainement un
pas? tout cela venait du «machin)}, et principes, et de paroles généreuses. Ce moyen de traiter les problèmes en te-
puis, en ces années 74 - 75, on avait sont bien souvent des gens très fins, re- nant compte des réalités, en même
d'autres chats à fouetter, dont on pen- doutables négociateurs, volontiers mé- temps que d'accélérer la prise de cons-
sait qu'ils étaient plus redoutables. fiants, et qui perçoivent parfaitement cience mutuelle des difficultés et des es-
Mais les chats grandissent vite. En nos difficultés, nos limites, nos engage- poirs de chacune des parties. Si elles
1978, plus d'un million de nouveaux ments intenables - à la limite falla- réussissent à éviter des dérapages politi-
chômeurs, et un bouleversement de cer- cieux - et nos restrictions mentales. Ce ques, toujours à craindre, elles peuvent
tains courants commerciaux, nous inci- sont en outre, de plus en plus, des gens constituer un excellent moyen pour sor-
tent à prendre au sérieux les questions informés; différents organismes des tir de la mythologie, et donner un
du Tiers Monde. Nations-Unies s'y emploient, et c'est là, contenu concret à la notion de Nouvel
Certains, tout en étant d'accord sur je crois, une attitude louable. Ordre Economique.
ce point, continuent pourtant à penser Sans doute, le discours Tiers mon-
qu'il n'est pas nécessaire de considérer diste intellectuel, avec son culpabilisme A la recherche
le Tiers Monde à travers le flot de paro- latent, et son irréalisme, continuera à d'un contenu économique
les émanant des Nations-Unies; que les fleurir dans certains milieux - Ces mi-
faits réels sont ailleurs, et que l'on peut lieux qui ont pour spécialité de manipu- Mais ce contenu, peut-on le prévoir,
bien, dans les enceintes internationales, ler ce que Jules Romains appelait «des et, à moyen terme l'orienter? C'est là
dire n'importe quoi ; accepter n'importe idées de faible consistance >) - Il conti- une entreprise difficile, du moins quand
quelle déclaration, souscrire à n'importe nuera aussi de se manifester aux Na- on ne possède pas une bonne boule de
quelle formule. Tout cela serait affaire tions-Unies par le canal d'un certain cristal. Je suppose en outre que divers
de spécialistes, fins connaisseurs en lo- no1nbre de formules, de rappels de articles de ce numéro spécial donneront
gomachie (1), et se perdrait dans le ver- grands principes et de phrases stéréoty- sur le sujet des opinions plus compéten-
biage général. Il faut, je crois, réformer pées, qui ont acquis une valeur rituelle. tes que les miennes. Je me contenterai
ce point de vues. Certes !'Organisation, Il y a un patois Onusien, comme il y a donc de dégager quelques caractéristi-
avec sa prolifération d'organismes, de dans d'autres milieux un patois Mar- ques en liaison avec les discussions qui
conférences, de déclarations, est assez xiste, ou un patois clérical. Il est tou- ont lieu ou vont avoir lieu dans les mi-
monstrueuse et cette complexité influe. jours dangereux de bousculer les rites, lieux des Nations-Unies.
sur sa crédibilité. Certes, aussi les décla- et il faut en prendre son parti. Mais, Il y a un schén1a de base, assez évi-
rations souscrites, avec ou sans réserves, tout en respectant un minimum de li- dent, celui d'une mondialisation des
dans les enceintes des Nations-Unies, turgie, je crois que nous serons de plus productions et des échanges internatio-
n'ont pas une valeur contraignante (il y naux, et le jeu sans entrave des élé-
faudrait, dans la plupart des cas, une (l) Je prends ce mot dans sons sens précis:
ments néo-classiques de l'analyse éco-
ratification parlementaire). Mais elles «discussion dans laquelle les interlocuteurs nomique : avantages comparatifs,
ont une valeur de déclaration d'inten- emploient les mêmes mots dans des sens dif- termes de l'échange, multiplicateur des
tion, souscrite devant l'opinion du Tiers férents» (Larousse) investissements, multiplicateur du 51
commerce international, etc... Le Nou- que, d'une manière plus ou moins visi- Ces considérations, déjà anciennes,
vel Ordre serait ainsi une usine à P N ble, plus ou moins douloureuse, il faut ne sont plus totalement valables, mais
B, aboutissant à une interdépendance prévoir un transfert net de ressources elles expliquent les réticences de cer-
complète, avec forte spécialisation in- d'un groupe à l'autre, ou, si l'on pré- tains pays en voie de développement
,ternationale du travail. fère, un investissement généralisé en fa- envers le libéralisme néo-classique, ainsi
La réalisation de ce schéma implique veur du Nouvel Ordre, dont les retom- que les précautions dont ils veulent
une croissance mondiale, forte dans les bées sur nos économies ne seront qu'à s'entourer en matière d'investissements
pays en voie de développement, mais moyen terme. Il paraît évident que ce étrangers, de même qu'à l'égard des so-
également forte dans les pays industria- transfert net ne sera supportable que ciétés multinationales. Examinées dans
lisés. En effet, ces derniers devront sup- s'il est prélevé sur une substantielle ce cadre leurs revendications, qui pa-
porter dans l'immédiat : croissance nette des pays industrialisés. raissent souvent exorbitantes, doiveiit
- le poids d'une reconversion de leurs C'est dire, incidemment, que les cogita- être comprises. Il s'agit d'éviter que le
économies, essentiellement de leurs in- tions qui continuent à avoir cours ici et processus d'intallation du Nouvel Ordre
dustries ; là, style club de Rome, sur la limitation ne soit bloqué dès le départ.
- le poids des investissements dans le du progrès industriel, la croissance zéro, De nlême, il s'agit d'éviter que ce dé-
Tiers Monde tant que ceux-ci ne pour- ou l'ère post-industrielle, paraissent sin- veloppement économique ne soit «pla-
ront pas les financer eux-mêmes ; gulièrement aberrantes, et le resteront qué » sur les pays, fonctionnant d'une
- le poids de divers transferts (techno- tant que les pays du Tiers Monde n'as- façon peut-être satisfaisante mais avec
logie, liquidités, matières premières), sureront pas d'une manière autonome des centres de décision et de conception
plus l'aide courante à caractère humani- leur propre croissance. basés à l'étranger. D'où aussi les reven-
taire ou culturel. Le schéma de base lui-même appelle dications concernant les transferts de
Cela fait beaucoup, et particulière- certaines réserves, tant du côté des pays technologie et diverses contraintes.
ment pour notre pays ; en raison, d'une en voie de développement que des li s'agit enfin d'éviter que le flux du
part de l'importance de notre aide tra- autres. Les premiers ont bien remarqué con1merce international, qui est l'âme
ditionnelle, d'autre part de nos engage- que, dans le passé, dans les années 60, même du schéma, ne soit détourné ou
ments moraux et politiques envers des par exemple, il y a déjà eu des investis- entravé par diverses mesures de droit
pays qui comptent parmi les plus pau- sements, et un élargissement du ou de fait. D'où les multiples controver-
vres et les plus éloignés d'un démarrage commerce international, et il n'a pas, ses qui s'élèvent à la CNUCED.
économique, et enfin en raison de la ou peu, profité au développement. Ce Du côté des pays industriels, les ré-
structure même de notre tissu industriel phénomène était reconnu par nos pro- serves sont motivées : par l'ampleur des
actuel. pres professeurs d'économie. Dans un réorganisations internes prévisibles, le
manuel, intitulé {( Economie Internatio- souci lêgitime de préserver l'emploi et le
On peut certes imaginer divers ca-
nalei>, de M. Gérard Marcy (2), publié niveau de vie, et la conscience que tout
mouflages de certaines de ces charges.
en 1964, on peut lire ceci : cela ne peut pas se faire d'un seul coup
Par exemple, des prêts soit privés, soit
bilatéraux, soit internationaux. Mais la
«Or les pays insuffisamment déve- et que, par suite, certaines impatiences
loppés ont bénéficié et bénéficieront en- voire certaines menaces, sont mal
dette des pays en voie de développe-
core d'investissements étrangers ; leurs venues. Ces réserves peuvent être justi-
ment est déjà énorme, et ne peut pas
exportations ont fortement augmenté fiées aussi par le fait que des mesures
croître indéfiniment. Pour leur permet-
sans que cette augmentation ait été suf- brutales (telles que l'augmentation du
tre d'y faire face il faut éventuellement
fisante pour assurer le démarrage de prix du pétrole) ont sans doute entraîné
leur permettre de réaliser des bénéfices
l'économie; ils ne paraissent donc pas des transferts nets de ressources, mais
à l'exportation, soit en élevant artificiel-
avoir bénéficié des effets de multiplica- en outre ont déclenché une dépression
lement le prix des matières premières,
tion prévus par la théorie. mondiale, dont la majorité des pays en
ce qui réintroduit des charges sur nos
économies, soit en accueillant leurs pro- «Cette fois encore l'explication est à voie de dêveloppement sont les pre-
duits exportés, lesquels, dans un pre- chercher dans la structure particulière miers à souffrir.
des économies sous-développées ; elle
mier temps, ne peuvent guère être que Tout ceci concerne l'êtablissement du
est telle que :
des biens à forte intensité de main schéma. Mais sa finalité elle-même peut
1) la diffusion de l'accroissement de re-
d'œuvre, ce qui accroît nos charges de être critiquée. Certains pensent en effet
venu induit par les investissements ou
reconversion et précipite, au delà peut- que la fabrication de PNB n'est pas le
les exportations profite surtout aux éco-
être du possible, le rythme de ce redé- but ultime, et qu'un aspect qualitatif,
no1nies étrangères ; et que :
ploiement. On peut aussi diminuer di- ou, au minimum, une adaptation du
rectement le poids de cette dette par 2) les fuites sont particulièrement im-
progrès industriel aux populations
des mécanismes internationaux et trou- portantes. »
concernées, devrait être mieux pris en
ver diverses astuces pour le financement Par « fuites J> on peut entendre plu-
compte. Mais il est vrai que ce point de
sieUrs choses : par exemple le non-réin-
des investissements. vue est mal accepté par les pays en voie
vestissement local de l'épargne consti-
On peut surtout rechercher des de développement, qui considèrent qu'il
tuée par les sociétés étrangères ; ou la
formes de coopération entre nos indus- s'agit là de problèmes relevant de leur
confiscation de l'épargne nationale par
tries et les pays en voie de développe- souveraineté nationale.
une catégorie de privilégiés, qui la réin-
ment, qui soient bénéficiaires à court vestissent peu dans le développement Dans le même ordre d'idées on peut
terme pour les deux parties : contrats du pays. Ou encore, le fait que les ac- dire que les bénéfices promis à tout le
d'entreprise à entreprise, sur des bases croissements de revenu, comme le déve- monde par le schéma impliquent un dé-
privées ; contrats de coopération indus- loppement lui-même, entraînent des im- veloppement réel, s'étendant à toutes
trielle, contrats de sous-traitance, etc. portations qui pèsent sur l'économie du les catégories des populations, et que,
Tout ceci est, dès maintenant, mis en pays considéré. Et certes, cette struc- pour ce faire, non seulement les mar-
œuvre, et devrait l'être davantage. C'est, ture: investissements - exportations chés internationaux doivent être déve-
en somme, une sorte d'auto-finance- - in1portations est un des éléments de loppés, mais aussi les marchés intérieurs
ment du Nouvel Ordre, qui s'implante- base du schéma. Seul son libre jeu as- ou régionaux, et qu'il faut y veiller.
rait ainsi progressivement. Ces derniè- sure la complémentarité des divers Faute de quoi on aboutirait à des iné-
res formules sont certainement pays. Encore faut-il que, au démarrage, galités internes condamnables, et il ne
excellentes à tous points de vue, sou- elle ne soit pas un frein. s'agirait pas de développement des peu-
plesse, adaptation, moindre poids sur ples, mais de la puissance économique
52 nos économies. Il n'en reste pas moins (2) P U F, collection Themis de certains groupes ou certains États.
Comme plus haut, et pour les mêmes tion. On assistera peut-être aussi à des portante qui imposera aux nouvelles gé-
raisons, ce point de vue amène de fortes essais de développement autonome, au nérations des efforts considérables de
réticences chez nos partenaires ; elles moins jusqu'à un certain niveau (et, ici, travail et d'imagination. Le temps n'est
sont peu justifiées, et s'atténueront le modèle chinois serait à méditer). plus - vieux à peine de quelques
peut-être avec le temps. années - où l'on pouvait penser que
Enfin on considère généralement, en l'essentiel, en France, était d'aménager
France, qu'une division internationale notre prospérité interne et d'en jouir
du travail trop rigide n'est ni possible, équitablement et paisiblement. Par la
VERS DES EFFORTS NOUVEAUX
ni heureuse (par exemple, chez nous, la force des choses, et par l'effet du flux
disparition de secteurs industriels en- Les remarques ci-dessus sont loin permanent de !'Histoire, le surgissement
tiers), et que, outre ces inconvénients d'épuiser la question. Elles montrent ce- du Tiers Monde pose des problèmes
internes, elle engendrerait au plan inter- pendant, je crois, que le contenu nouveaux qui, s'ils étaient négligés, me-
national des relatiQns de dépendance et concret du Nouvel Ordre Économique naceraient cette prospérité même. Ces
de conflits. International est difficile à préciser. problèmes ne sauraient être résolus par
Pour toutes ces raisons il n'est pas Mais, quel qu'il puisse être, il n'en ap- une attitude purement défensive. Sans
sür, et peut-être pas souhaitable, que le paraît pas moins comme un élément doute, des mesures de protection et
schéma «mondialiste » triomphe d'une fondamental de l'économie mondiale à d'adaptation seront nécessaires, et, de
façon absolue. Bien qu'il soit une bonne moyen terme. Travailler à mieux définir même que nous prenons en compte les
hypothèse de travail, on assistera peut- et mieux orienter ce contenu dans un difficultés du Tiers Monde, de même
être à des atténuations de sa rigueur, esprit de coopération et de raison est celui-ci devra tenir compte des nôtres.
par exemple à des différenciations ré- une première tâche de la Communauté Mais l'essentiel est de manifester à son
gionales, à des «zones » de développe- internationale. Une autre, pour la égard un nouveau dynamisme, et de
ment concerté et à des particularismes France, est de s'y adapter et de s'y s'intégrer à un mouvement qui semble
greffés sur les différences culturelles, construire une place qui corresponde à bien irréversible et qui devrait être pour
dans les techniques et dans l'organisa- nos aspirations nationales. Tâche im- tous un immense progrès.

53
les institutions

LA COOPERATION
AVEC
LE TIERS MONDE:
réalités et perspectives

PAR DOMINIQUE GARDIN (60),

a coopération française s'exerce La coopération est appelée à se déve-

L dans l'ensemble du monde, mais


elle reste principalement orientée
vers 25 pays d'Afrique et d'Amé-
rique avec lesquels la France en-
tretient des relations privilégiées en rai-
son de liens historiques et culturels.
Ces 25 pays, qui regroupent une cen-
lopper sur une base bilatérale dans les
secteurs où, du fait de procédures
moins lourdes, elle répond mieux et
plus rapidement aux besoins que la
coopération multilatérale. Il s'agit, en
particulier, des projets pour lesquels il
est vivement souhaitable de combiner
taine de millions d'habitants et dont les différentes formes d'aide : aide aux in-
échanges avec la France représentent vestissements, assistance technique, ac-
moins de 4 % du commerce extérieur tions de formation et de recherche- Il
français, reçoivent ainsi les deux tiers s'agit encore des études de factibilité in-
de l'aide qu'elle apporte sur un plan bi- dispensables pour lancer de nouveaux
latéral. projets; c'est ainsi, par exemple, que
On peut s'interroger sur l'opportunité comprises par l'opinion publique: pour toutes les études préliminaires d'aména-
de maintenir cette limitation géographi- certains il ne s'agirait que d'un «héri- gement des fleuves Sénégal et Niger ont
que à une époque où toute action d'une tage de responsabilités», pour d'autres, été financées par des aides bilatérales.
certaine envergure se doit de prendre la coopération serait motivée par la Un secteur privilégié pour la coopé-
une dimension universelle. protection d'intérêts économiques. Trop ration bilatérale sera sans doute de plus
Mais il est incontestable que cette li- peu nombreux sont encore ceux qui y en plus celui du transfert des technolo-
mitation contribue à l'efficacité de voient un acte raisonnable, justifié par gies, c'est-à-dire de l'aide que les pays
l'aide apportée car les problèmes de dé- la vocation et l'intérêt à long terme de industrialisés doivent apporter aux
veloppement qui se posent dans ces la France. La sensibilisation de l'opi- jeunes Nations pour qu'elles puissent
pays sont moins démesurés que dans nion à cette cause est une œuvre de lon- moderniser leurs économies et faire
d'autres régions du monde et, surtout, gue haleine à laquelle doivent s'attacher évoluer, de leurs propres initiatives, les
sont mieux connus de nous. Par ail- tous ceux qui sont conscients de l'enjeu. techniques qu'elles utilisent.
leurs, bien que les concours extérieurs y Il faut sans doute renforcer encore La France s'efforce de satisfaire cette
soient de plus en plus nombreux, l'aide l'efficacité de l'aide publique au déve- revendication par trois types d'actions :
française y reste relativement impor- loppement. Il convient notamment de - la formation qui sera de plus en plus
tante, si bien que tout désengagement y poursuivre le redéploiement de l'assis- professionnelle ;
serait très mal ressenti. tance technique dont une fraction reste - la recherche et le soutien aux innova-
Enfin, il faut tenir compte de la re- employée à des tâches de routine, parti- tions;
marquable permanence de la volonté culièrement dans les pays qui prennent - la coopération industrielle qui doit
des Etats d'Afrique francophone de tra- en charge une part importante de son être facilitée par une meilleure informa-
vailler ensemble et de travailler avec la coût. Mais il ne peut s'agir que d'inflé- tion et des appuis financiers adéquats.
France, de la confiance que les popula- chissements progressifs, dans le cadre Il paraît raisonnable de penser que
tions continuent à lui faire et de l'ami- de la concertation permanente avec nos ces aides à l'industrialisation et aux
tié qu'ils lui témoignent. partenaires, pour mieux adapter notre transferts de technologie contribueront
Les finalités de cette coopération pri- aide à la forme de société à laquelle ils à développer des échanges plus harmo-
54 vilégiée ne sont pas toujours bien aspirent. nieux dans l'intérêt de chacun.
55
LA BANQUE MONDIALE
ET LE
DEVELOPPEMENT

PAR PIERRE-HENRI CASSOU (66''')


A Banque Mondiale a mainte- de projets d'investissements. Au cours

L nant 32 ans d'existence. Créée,


comme le Fonds Monétaire In-
ternational, par les Accords de
Bretton Woods, elle est cepen-
dant moins connue que lui.
Les deux institutions ont ensemble
un certain nombre de caractéristiques
de ses premières années de fonctionne-
ment, elle intervint essentiellement pour
financer la reconstruction de pays déjà
industrialisés, comme ceux d'Europe
Occidentale, ou en cours d'industrialisa-
tion, comme le Japon. Dans les années
1950, elle commença à venir en aide à
communes. Comme le FMI, la Banque des pays en voie de développement tels
rassemble la plupart des pays du que l'Inde, l'Ethiopie ou la Colombie
monde, en dehors de l'URSS, de la Ré- et, jusqu'en 1967, elle continua à avoir
publique Populaire de Chine et des une activité mixte, à la fois en faveur de
États d'Europe Orientale, la Yougosla- * Administrateur suppléant de la Banque la reconstruction et du développement.
vie et la Roumanie faisant toutefois Mondiale; Attaché Financier près l'Ambas- Depuis une dizaine d'années en revan-
partie des deux institutions. Comme lui, sade de France à Washington. che, elle consacre la totalité de ses
elle a son siège à Washington et est di- concours aux pays en développement.
rigée par un Conseil de 20 administra- Ses prêts, d'une durée généralement
teurs, représentant, pour cinq d'entre comprise en entre 15 et 20 ans, sont as-
eux, un seul pays, et, pour les autres, sortis d'un taux d'intérêt voisin de ceux
une circonscription rassemblant plu- des marchés financiers. La Banque se
sieurs pays. Dans les deux cas enfin, la procure en effet la plus grande partie de
France dispose d'environ 5 % des voix. 1. LA BANQUE PREMIÈRE INSTITU- ses ressourcés par des émissions d'em-
Le Fonds et la Banque se distinguent TION D'AIDE FINANCIÈRE AU DÉ- prunts, le capital versé par les pays
en revanche par leurs missions. D'un VELOPPEMENT membres et les réserves provenant des
côté, le premier met à la disposition des Au cours du dernier exercice (1977- bénéfices antérieurs ne représentant que
pays connaissant des difficultés tempo- 1978), les financements accordés par la des montants limités.
raires de balance des paiements, des Banque Mondiale ont dépassé 8,7 mil- La B.l.R.D. joue ainsi un rôle d'inter-
ressources à court terme provenant de liards de dollars, contre un milliard seu- médiaire au profit des pays qui ne peu-
la mise en commun d'une partie des ré- lement il y a dix ans. La Banque est vent, en raison de leur situation ac-
serves de change des membres. D'un ainsi devenue le principal organisme tuelle, emprunter sous leur propre
autre côté, la Banque apporte des d'aide financière aux pays en dévelop- signature les ressources nécessaires à
concours à long terme à des pays en dé- pement. leurs programmes d'investissements,
veloppement, grâce à des contributions mais dont les perspectives de croissance
budgétaires ou à des emprunts. L'expansion de la Banque Mondiale sont suffisamment favorables pour leur
C'est probablement la différence des permettre d'assurer un remboursement
fonctions qui explique l'inégale noto- La Banque Mondiale groupe trois en 15 ans ou 20 ans.
riété des deux institutions. L'intérêt en- institutions internationales, la Banque Il est cependant rapidement apparu
core limité que la Banque suscite reflète Internationale pour la Reconstruction que ce type de concours ne convenait
en fait le manque général d'attention et le Développement (BIRD), l'Associa- qu'à des pays déjà en cours d'industria-
pour le développement. tion Internationale de Développement lisation et que les pays les plus pauvres,
La Banque joue pourtant, tout parti- (AID) et la Société Financière Interna- notamment d'Asie du Sud ou d'Afrique,
culièrement depuis l'élection de M.
0
tionale (SFI). avaient une capacité de remboursement
McNamara comme président, un rôle Aux termes des Accords de Bret- trop faible pour leur permettre de se
de premier plan en faveur des Pays en ton Woods, la BIRD a pour objet de procurer toutes les ressources nécessai-
développement, tant par le volume de contribuer à la reconstruction ou au dé- res à leur développement sous forme de
ses concours que par l'assistance techni- veloppement des pays membres, en leur prêts aux conditions de la BIRD. A la
56 que et économique qu'elle apporte. accordant des prêts pour la réalisation fin des années 50, un nouveau méca-
nisme d'aide au développement, assorti La principale dite, avec 2 076 millions, et la France,
de conditions très concessionnelles, fut institution d'aide avec 1 846 millions, avaient, en 1976,
étudié, notamment sur la suggestion des accordé de manière bilatérale, des
États-Unis. C'est ainsi que fut créée, en En raison du volume des concours concours d'un montant supérieur à
1960, l'Association Internationale de qu'il accorde, le Groupe de la Banque celui du groupe de la Banque, estimé
Développement. Cette institution inter- joue actuellement un rôle central parmi pour cette année à 1 311 millions. Mais,
nationale dispose d'une autonomie juri- les institutions d'aide au développe- si l'on tient compte de la variété des or-
dique et financière mais est gérée par la ment. ganismes responsables dans chacun de
BIRD et soumise à l'autorité du La Banque est en effet la plus an- ces pays, il apparaît bien comme la pre-
Conseil d'administration de celle-ci. Les cienne et la plus importante des organi- mière institution d'aide financière aux
concours de l'AID, dénommés crédits, sations internatinnales d'aide au déve- pays en développement.
sont remboursables en 50 ans, y loppement. Les Banques Régionales de Cette place particulière qu'occupe la
compris 10 ans de différé, et sont seule- Développement (Banque Interaméri- Banque parmi les organismes donneurs
ment assortis d'une commission an- caine, Asiatique et Africaine de Déve- entraîne trois conséquences. D'abord le
nuelle de 0,75 %. Contrairement aux loppement), plus récentes que la BIRD volume des concours qu'elle est en me-
prêts de la BIRD, ils sont financés par et, contrairement à elle, limitées dans le sure d'accorder régulièrement aux pays
des contributions budgétaires des pays champ géographique de leurs opéra- en développement fait d'elle, pour nom-
développés et, accessoirement, par des tions, ne consentent encore qu'un vo- bre d'entre eux, la principale source de
versements de la BIRD, prélevés sur ses lume nettement inférieur de concours. financen1ent. C'est ainsi que, d'après le
bénéfices. A titre d'exemple, en 1977, la Banque rapport du CAD, 30 % des aides publi-
C'est également au cours des années In teraméricaine a pris des décisions de ques reçues par l'Inde en 1976 venaient
1950 à 1960 que fut créée la troisième concours nouveaux pour un montant de l'AID, le second donneur étant les
institution du Groupe, la Société Finan- total de 1 809 millions de dollars et le pays de !'OPEP pris ensemble, qui
cière Internationale. Comme l'AID, la groupe de la Banque Africa,ne, pour avaient apporté 11 % des aides.
SFI est gérée par le Conseil de la BIRD 325 millions. De même, les diverses ins- Ensuite, du fait de sa position de
et possède son autonomie juridique et titutions dépendant de l'ONU, notam- principal bailleur de fonds et donc fré-
financière. Son objet est de promouvoir ment le PNUD, ou les organisations quemment de créancier le plus impor-
les investissements productifs privés en multilatérales regroupant des donneurs tant, la Banque est conduite à jouer le
prenant des participations directes ou (Communauté Européenne, Pays rôle de coordinateur des donneurs
en accordant des prêts. La SFI inter- arabes) ont des moyens financiers net- d'aide à un pays, au sein de consor-
vient à ses propres risques, c'est-à-dire tement inférieurs à ceux de la Banque. tiums ou de groupes consultatifs. Ces
sans la garantie des États bénéficiaires, Celle-ci dépasse également, par le vo- instances rassemblent, souvent sous la
contrairement à la règle prévue pour les lume de ses opérations, les organismes présidence de la Banque, les pays ou les
concours de la BIRD ou de !'AID. En nationaux. Les comparaisons sont institutions qui apportent régulièrement
fait, jusqu'à présent, la SFI n'a encore certes moins aisées, dans la mesure leur assistance au pays considéré. Elles
joué qu'un rôle relativement mo- où les programmes bilatéraux d'aide au ont pour fonction d'étudier l'évolution
deste,par rapport aux deux autres insti- développement prennent des formes récente de ce pays, de permettre une
tutions du Groupe, puisque le montant très diverses : envoi de coopérants ré- concertation sur les concours de l'année
cumulé de ses opérations de 1956 à munérés par le pays donneur, dons de ou des années suivantes et, le cas
1978 n'atteint que 2 100 millions de produits alimentaires, subventions en échéant, d'examiner les possibilités de
dollars. capital, aides aux budgets de fonction- couverture des besoins non encore fi-
Parallèlement à cette diversification nement, prêts, etc. Les statistiques nancés de 1' année en cours. La présence
de ses moyens d'intervention, la Banque concernant les versements d'aides pu- de la Banque dans ces groupes garantit
Mondiale a augmenté le nombre et le bliques à caractère concessionnel, pu- la qualité de l'information mise à la dis-
volume de ses opérations, cette progres- bliées par la Comité d' Aide au Déve- position des participants et lui permet
sion étant surtout marquée depuis loppement (CAD) de l'OCDE, font d'exercer une influence tant sur les dé-
l'élection de M. McNamara à la prési- cependant apparaître que seuls les cisions des donneurs que sur les mesu-
dence du groupe en 1968. (cf. tableau États-Unis, avec des versements de res d'ajustement et les programmes de
ci-dessous). 2 838 millions de dollars, l'Arabie Saou- développement des pays receveurs.

Exercice BIRD AID SFI Groupe de Versements


la Banque

Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant


d'opérations des d'opérations des d'opérations des d'opérations des
engagements engagements engagements engagements

t 947-48 5 263 5 263 878


1952-53 t9 299 19 299 227
t 957-58 34 7tt 8 9 53 717 508
1962-63 28 448 17 260 1t 18 71 972 694
1967-68 44 847 16 107 to 51 60 t 005 686
1972-73 72 205t 73 1 357 25 147 173 3 555 1 756
1977-78 137 5 100 99 2313 40 306 276 8 719 4018

(les montants sont exprimés en millions de dollars courants) 57


w
iii
::;;

â
0

58
En troisiè1ne lieu, grâce à sa position Dès sa création, la Banque a donc été de 1nême, elle inclut souvent dans ses
panni les institutions d'aide, la Banque conduite à développer ses moyens pro- concours des provisions pour la forma-
peut jouer un rôle particulier de cataly- pres d'évaluation. Elle dispose mainte- tion des responsables ou des utilisateurs
seur de flux financiers. Reconnaissant nant de très importants services d'étu- futurs.
la qualité de l'évaluation et de la super- des. Ceux-ci sont articulés en six vice- Après cette évaluation approfondie et
vision de ses projets, des organismes présidences régionales, chargées de la une fois prise la décision de finance-
nationaux ou 1nultilatéraux d'assistance, préparation des projets et de la mise en 1nent, la Banque ne cesse pas de s'inté-
des banques co1nn1erciales ou des orga- place des prêts, et en un service central resser au projet. Les versements des
nismes de crédit à l'exportation accep- des projets, qui joue le rôle de conseiller fonds ne sont en effet effectués qu'au
tent souvent d'apporter des concours technique des départements géographi- fur et à n1esure de la réalisation des dé-
directs à côté des prêts de la BIRD ou ques. Les services opérationnels regrou- penses. La Banque assure une supervi-
des crédits de l'AID. Ces financements pent les deux tiers environ des cadres sion continue, demandant aux pays des
conjoints, ou cofinancements, attei- employés par la Banque Mondiale. Au con1pte rendus réguliers de l'exécution
gnent maintenant des montants consi- non1bre de 2 400, ceux-ci ont toujours des travaux, envoyant des missions sur
dérables. A titre d'exemple, pour l'exer- une formation supérieure très élevée place, contrôlant un certain non1bre
cice 1977-78, parallèlement aux 8,4 (doctorat le plus souvent) et une expé- d'opérations, notamn1ent la régularité
milliards de dollars d'engagements nou- rience professionnelle généralement lon- de la passation des marchés. En ce der-
veaux de la BIRD et de l'AID concer- gue. Ils sont recrutés dans les pays nier domaine, pour parvenir à une exé-
nant 236 projets, des ressources d'un n1embres, les Français, au nombre de cution du projet dans les conditions les
montant de 2,8 milliards ont été appor- 145 (soit 6 %) venant au 3" rang des plus économiques et pour atteindre
tés par des organismes divers, pour 81 groupes nationaux. ainsi la meilleure utilisation des res-
projets. Fréquemment, c'est la Banque Les projets soumis à la Banque font sources prêtées, la Banque den1ande à
qui recherche ces cofinancements, l'objet d'une étude détaillée, qui dure ses en1prunteurs de procéder à des
d'elle-même ou à la demande du pays de 6 à 18 mois et qui comprend plu- appels d'offres internationaux et de
intéressé. Par la pratique des cofinance- sieurs phases. Après une identification confier le marché aux entreprises les
ments, la Banque agit ainsi sur le vo- sur place, une évaluation est effectuée n1oins disantes.
lume et l'orientation des flux financiers par une équipe d'économistes, de finan- Le cycle de réalisation des projets se
en direction des pays en développement tern1ine par un rapport d'évaluation a
ciers et d'experts du secteur concerné.
et pour parvenir à une meilleure utilisa- postériori, préparé par un département
Au vu du rapport d'évaluation, une dé-
tion de ses ressources, malgré tout limi- spécial de la Banque, distinct des servi-
cision interne est prise par la Direction
tées. ces opérationnels et dépendant directe-
Générale qui négocie ensuite avec les
1nent du Président et du Conseil d'Ad-
représentants du pays les conditions
111inistration. Dans cette dernière phase,
Il. LA BANQUE MONDIALE, particulières du prêt ou du crédit. Cha-
la Banque s'assure que les principaux
PROMOTEUR DU DÉVELOPPE- cun de ceux-ci est enfin soumis au
Conseil d'Administration, qui prend la objectifs ont été atteints et elle essaie de
MENT vérifier si le taux effectif de rentabilité
décision finale, à la majorité des voix,
Depuis sa création, la Banque s'est chaque administrateur disposant d'un êconon1ique est conforme aux prévi-
attachée à ne pas être seulement une nombre de voix fonction de la contribu- sions. Ces rapports d'évaluation a pos-
institution financière soucieuse d'une tion du ou des pays qu'il représente, au tériori sont égale1nent l'occasion de
bonne utilisation de ses fonds et de ga- capital de la BIRD ou aux ressources tirer des leçons utiles sur les choix tech-
ranties suffisantes de remboursement. de l'AID. niques, les modes d'organisation, etc.
Elle s'est également attachée à être un La rigueur de la préparation et de
L'évaluation d'un projet porte sur
promoteur actîf du développement, en l'évaluation des projets, le souci continu
tous ses aspects. La Banque veille en
cherchant à agir, à travers les projets de la bonne utilisation des ressources
pre111ier lieu à sa qualité technique et à
qu'elle soutient, sur les programmes et tout au long de leur réalisation, les cri-
sa cohérence avec le programme général
les orientations économiques de ses em- tères progressivement mis au point ont
de développement du pays. Elle exa-
prunteurs. fondé et fondent encore la réputation
n1ine en second lieu la capacité techni-
de la Banque Mondiale. Ses méthodes
que. administrative et financière de
ont fréque1n1nent servi d'exemple, tant
l'en1prunteur. Elle s'attache également à
L'EXPERTISE TECHNIQUE aux autres institutions internationales,
apprécier l'utilité du projet, en détermi-
AU SERVICE DU DÉVELOPPE- notan1n1ent aux banques régionales de
nant son taux de rentabilité économi-
MENT dCveloppen1ent qu'à des organismes bi-
que. Celui-ci est calculé en tenant
latéraux d'assistance ou à des services
D'après ses statuts, la BIRD doit con1pte des produits marchands et
chargés. dans les administrations des
consentir ses concours pour des projets aussi, depuis quelques années, de cer-
pays receveurs, de la programmation,
susceptibles de contribuer au dévelop- tains élén1ents non 1narchands mais
de la préparation ou de la réalisation
pement des capacités de production, à quantifiables, comme les gains de
des investissements. La Banque orga-
l'augmentation de la productivité et à te1nps, pour des investissements dans le
nise d'ailleurs des cours à l'intention
l'amélioration du niveau de vie. Elle secteur des transports, par exemple. Gé-
des responsables de tels services et est
doit en outre prendre ses décisions ex- nérale1nent, les projets aidés par la Ban-
que ont un taux de rentabilité au moins souvent appelée par des pays emprun-
clusivement en fonction de considéra- teurs à les aider à former et à organiser
tions économiques. La Banque a tiré égal à 12 % et souvent nettement plus
élevé. des institutions qui aient le n1ême souci
deux séries de conséquences de ces d'efficacité.
principes : d'une part, elle réserve ses Durant la préparation, la Banque
concours au financement de projets et étudie en outre les reton1bées possibles
n'intervient pas pour couvrir des frais des projets. Dans la mesure du possible, La Banque
de fonctionnement, des déficits budgé- elle cherche à ce qu'ils puissent être ai- et la conception
taires ou d'éventuelles difficultés de ba- sé1nent reproduits dans d'autres parties du développement
lance des paiements; d'autre part, elle du n1ême pays ou dans d'autres pays ;
est particulièrement attentive à l'utilité elle souhaite également qu'ils puissent Par la part qu'elle prend au finance-
économique des projets qui lui sont contribuer au renforcement, voire à la n1ent des budgets d'investissements des
soumis et à leur impact sur le dévelop- création, d'institutions capables de les pays receveurs, par le choix des projets
pement du pays. réaliser, puis de les gérer efficacement; auxquels elle accepte de contribuer, par 59
les n1éthodes administratives et techni- sée à la qualité de cette croissance et En troisième lieu, la Banque oriente
ques qu'elle recommande, enfin par les elle a pris conscience de la nécessité de une part croissante de ses concours vers
relations continues qu'elle entretient veiller à un progrès simultané des divers les pays les plus pauvres. C'est ainsi
avec les pays e111prunteurs, la Banque secteurs, et plus spécialement de l'agri- que les pays dont le revenu par tête
Mondiale est en n1esure d'exercer une culture. Ensuite, elle a décidé de prêter était inférieur à 280 dollars en 1975, ont
influence non négligeable sur leurs déci- une attention particulière aux consé- reçu 90 % des crédits de l'AID entre
sions économiques et sur l'orientation quences des projets sur la distribution 1974 et 1978, contre 82 % entre 1964 et
Ce leur développen1ent. de revenus et de chercher à ce que la 1968. De même, la plus grande partie
Au cours de ses trente-deux ans de partie la moins favorisée de la popula- des prêts de la BIRD va désormais aux
fonctionnement, la Banque a profondé- tiot'i. bénéficie par priorité des avantages pays à revenu bas ou moyen, les pays à
ment renouvelé et élargi ses propres provenant de ses interventions. Cette revenu supérieur à 1 135 dollars par
conceptions. Pendant ses quinze pre- volonté de s'intéresser aux plus pauvres tête ne recevant plus que 27 % des
mières années, elle a essentiellement fi- et d'essayer de satisfaire leurs besoins concours accordés entre 1974 et 1978,
nancé des projets d'infrastructure. Ainsi essentiels (nourriture, vêtements, soins, contre 51%entre1964 et 1968.
32 % des financements accordés de logement, éducation) a été exprimée Cette évolution des activités de la
1947 à 1963 concernaient le secteur des tout particulièrement par M. Mc Na- Banque a eu une très grande influence.
transports (routes, voies ferrées, ports, mara dans le discours qu'il a prononcé En effet, les investissements qu'elle
aéroports, oléoducs, etc.), 31 %, la pro- à Nairobi en septembre 1973. contribue à financer concernent désor-
duction et la distribution d'électricité et Il est résulté de ces réflexions une tri- mais un nombre considérable d'habi-
13 % l'industrie (directement ou par ple réorientation des activités. La tants des villes ou des campagnes (les
l'intermédiaire de sociétés financières conception même des projets a d'abord projets de développement rural approu-
de développen1ent). En revanche, les évolué. Jusqu'à la fin des années 1960, vés en 1977-1978 devraient par exemple
projets agricoles ne représentaient que la Banque a essentiellement financé des toucher 28 millions de ruraux parmi les
6 % et aucune opération ou presque équipements lourds, bien individualisés, plus pauvres du monde). Son action
n"était faite dans le domaine de l'urba- faisant largement appel, pour leur contribue de plus à attirer l'attention
nisme, de l'alimentation en eau ou de conception, leur réalisation ou leur ges- des gouvernements des pays receveurs
l'éducation. Durant cette première pé- tion, à des techniques et à des experts et des organisations nationales ou inter-
riode, la Banque s'attachait surtout à étrangers. Elle cherche maintenant sur- nationales d'aide sur la nécessité d'en-
créer les investissements de base néces- tout à faciliter la réalisation d'opéra- courager un développement qui profite
saires au décollage et à la croissance tions intéressant une population rurale à ceux qui en ont vraiment besoin.
économique. ou urbaine suffisamment nombreuse, Cette évolutîon rencontre inévitable-
comprenant souvent des composantes n1ent des lin1ites, provenant aussi bien
Au cours des années 1960, les limites très variées, d'un coût unitaire limité, et
de cette orientation initiale sont appa- de la disponibilité insuffisante d'experts
susceptibles d'être réalisées en faisant capables de travailler sur les projets
rues, tant aux pays receveurs qu'à l'ins- appel à la main d'œuvre et aux techni-
titution elle-même. Pour assurer le bon « nouveau style » que de réticences de
ques locales. Elle veille également à ce classes favorisées des pays emprunteurs
fonctionnement des infrastructures nou- que l'économie du projet soit telle que
velles, les organismes locaux responsa- ou de la capacité technique et adrninis
les bénéfices en reviennent autant que trative réduite de ces pays.
bles devaient pouvoir trouver un per- possible aux plus pauvres. A titre
sonnel disposant d'une formation, d'exemple, la Banque propose aux pays
d'une nourriture et de soins convena- receveurs, dans le cas de projets d'ali-
bles. De même, la rentabilité économi- 'accès à un volume suffisant de
mentation en eau, d'adopter un système ressources financières ne saurait
que des projets impliquait l'existence de tarification qui fasse supporter la to-
d'une demande suffisante. Elle suppo- certes être une solution suffisante
talité ou la plus grande partie du coût au développement des pays les
sait par exemple, qu'il y ait assez de par les catégories favorisées, les habi-
marchandises à transporter, dans le cas plus pauvres. Ceux-ci ont certai-
tants des quartiers pauvres des villes ou nement besoin de mesures dans bien
de projets ferroviaires ou, dans celui de des zones rurales déshéritées disposant
constructions de centrales électriques, d'autres domaines.
en revanche d'une alimentation gra-
qu'une part suffisante de la population tuite. Cependant des prêts, des crédits ou
dispose de revenus assez élevés pour En deuxième lieu, la Banque a consi- des dons demeurent nécessaires pour
payer leur consommation. En outre la dérablement développé son action dans pallier l'insuffisance de leurs ressources
Banque a été critiquée pour ne pas des secteurs où elle n'intervenait pas, en devises et pour assurer le paiement
s'être assez intéressée à la répartition ou peu, auparavant. C'est ainsi que deS biens d'équipement ou des techni-
des revenus nouveaux résultant des pro- l'agriculture et le développement rural ques qu'ils doivent importer. De même,
jets qu'elle finançait. On a en effet pu sont devenus le premier domaine d'acti- en raison des limites de leurs capacités
observer que les ressources supplémen- vité de la Banque, représentant 30 % techniques et administratives, il leur fait
taires dégagées profitaient parfois da- des concours totaux entre 1974 et 1978 trouver une assistance à la conception
vantage aux catégories privilégiées des (soit 10,9 milliards de dollars), contre et à la réalisation de leurs programmes
pays en développement, qu'aux classes 20 % entre 1969 et 1973 (4,4 milliards) d'investissements.
les plus pauvres. et 11 % entre 1964 et 1968 (1,8 mil- En ces domaines et en dépit des limi-
La Banque a donc été conduite à liards). De même, les projets d'éduca- tes rencontrées, la Banque a pris des
élargir ses propres conceptions dans tion représentent-ils désormais 4 % des initiatives et a acquis une expérience et
deux directions. D'abord, tout en re- concours (1 475 millions entre 1974 et une réputation qui font désormais d'elle
connaissant la nécessité de continuer à 1978). les projets urbains. 2 % (861 mil- un centre collectif de réflexion et d'ac-
encourager la croissance économique lions), les projets d'adduction d'eau, tion en faveur du développement qui
des pays emprunteurs, elle s'est intéres- 4 % (1516 millions). n'a pas d'équivalent.

60
TEC IGUES DlRRIGATION
POUR LES PAYS EN VOIE DE
DEVELOPPEMENT

JEAN-LOUIS JANIN (60) ''

Le titre de cet article pourrait du jour au lendemain. On pourrait en


laisser penser qu'il existe au- dire autant des irrigations par aspersion
jourd'hui des techniques spécifi- de betterave à sucre réalisées par asper-
ques d'irrigation pour les pays en sion dans la vallée du Chéliff en Algérie
voie de développement. Une telle en 1966 pour assurer l'approvisionne-
affirmation aurait un sens si l'irrigation ment de l'usine sucrière, et des irriga-
avait connu récemment, dans ces pays, tions par aspersion de périmètres ma-
un développement tel qu'il soit possible raîchers de Kabylie à partir des petits
de voir apparaître certaines tendances barrages soviétiques vers 1968.
basées sur une expérience à grande En fait, l'irrigation gravitaire tradi-
échelle. On sait malheureusement qu'il tionnelle étant transmise naturellement
n'en est rien, du moins à l'é(·helle des de génération en génération, il est prati-
temps modernes et du développement quement impossible d'assurer une réno-
de la civilisation industrielle en dehors vation des systèmes par les mêmes voies
des zones de plantation de type colonial lorsque les conditions d'utilisation se
qui constituent toutefois un terrain * - Ingénieur du Génie Rural, des Eaux et sont progressivement dégradées. Il faut
des Forêts, Adjoint au Chef de la Section ajouter que l'irrigation gravitaire mo-
d'expérimentation tout à fait exception- Génie Rural du Groupement de Bordeaux du
nel. C.T.G.R.E.F. (Centre Technique du Génie
derne nécessite une formation des irri-
Sur un plan historique, les irrigations Rural, des Eaux et des Forêts - Ministère de gants qu'il est très difficile d'assurer par
dans le monde seraient apparues en l'Agriculture) B.P. 333610 CESTAS PRINCI- opposition avec l'irrigation par asper-
même temps que la houe et la charrue. PAL (FRANCE) sion qu'il est relativement facile de faire
Les irrigations sumériennes ou pharao- appliquer. Par contre, il semble que les
niques, qui remontent à au moins 2 000 Les situations de dégradation des ir- plus grandes inconnues affectent encore
ans avant Jésus-Christ aînsi que les rigations traditionnelles sont très fré- l'irrigation par aspersion en zone aride,
grands travaux d'hydraulique entrepris quentes. L'exemple de la Mésopotamie ce quî laisse de vastes perspectives à
en Chine à partir du 5c siècle avant et de la salure progressive des sols est l'irrigation gravitaire, qu'illustre l'effort
notre ère, témoignent de l'existence bien connu, mais on connaît peut-être entrepris aux États-Unis pour parvenir
d'une volonté de maîtrise de l'eau dans moins l'effort de dessalage entrepris par à une gestion satisfaisante des arrosages
les civilisations de la haute antiquité l'Irak sur des centaines de milliers gravitaires par des innovations techni-
dont les manifestations s'apparentaient d'hectares. Il est encore difficile de dire ques et une meilleure formation des ir-
déjà à ce qu'il est convenu d'appeler au- ce que sera l'irrigation à la parcelle de rigants.
jourd'hui l'art de l'ingénieur. ce~ zones à peine loties, mais il paraît On trouvera dans la suite de cet ex-
Opposer les irrigations traditionnelles très aventureux de préconiser la mise en posé, une présentation des méthodes
de certaines régions du globe, par œuvre à grande échelle des techniques d'irrigation utilisées dans les pays in-
exemple celles qui se pratiquent dans actuelles d'irrigation par petits bassins. dustrialisés et quelques réflexions
les oasis ou dans les zones rizicoles et Qn peut observer qu'une petite tranche complémentaires.
les techniques modernes d'irrigation des d'irrigation par aspersion a été réalisée Lorsqu'on veut bien regarder de près
pays industrialisés me paraît relever en 1977 sur quelques centaines d'hecta- le développement des irrigations en
d'une erreur qui pourrait être aussi fa- res malgré les directives générales d'irri- France (actuellement environ 1 million
tale que celle qui consistait, au début gation gravitaire de la plaine parce qu'il d'hectares irrigués) on constate qu'une
des années 1960, à parler de transfert fallait assurer la production de luzerne contrainte majeure risque fqrt de
technologique et de décollage miracu- d'un élevage laitier et que cette formule commander ce développement à l'ave-
leux. a pu être mise en œuvre pratiquement nir et que cette contrainte est celle de la 61
Fig. 2 - Tambour d'un enrouleur
(Photo Decrop, S.H.F. Sept 78)
Fig. 3 - Canon d'arrosage d'un enrouleur
(Photo Decrop, S.H.F. Sept 78)
Fig. 4 - Rampes sur roues
(Photo Mock, Moscou 1975)
Fig. 6 - Système Quadrimatic
(!rrifrance)

Fig. 7 - Robot Rain


(Continental Irrigation)

62
main d'œuvre: «Augmenter les rende- quement tous les équipements d'arro- péenne a consenti dans ce domaine un
ments de maïs? D'accord! Mais pas sage du marché mondial. L'industrie effort particulier pour le choix de la
question de déplacer des rampes d'as- hongroise s'est engagée dans la fabrica- n1atière première, effort qui a été relayé
perseurs. ni n1ême des asperseurs seuls tion de rampes montées sur roues et de par des essais en vraie grandeur de la
(l), les Portugais eux-mêmes n'en veu- rampes tractées à moyenne pression recherche universitaire (Ëcole Supé·
lent plus, alors vous comprenez ... )). (fig. 4) qui représentent des solutions rieure Technique de Hanovre). Les ré·
La première réaction des vendeurs de très économes et peu sophistiquées bien sultats de ces essais permettent de pen·
n1atériel d'irrigation par aspersion cons- connues dans l'ouest des f:tats-Unis. ser que l'on dispose actuellement d'un
cients de cette évolution, a été d'impor- Des équipements d'un type voisin polyéthylène suffisamn1ent souple pour
ter puis de fabriquer en France des (rampes en polyéthylène montées sur cette utilisation et d'une méthode vala-
équipements utilisés à l'étranger. roues) sont très répandues en Israël. La ble de contrôle du produit fini qu'il
L'exemple typique est celui des rampes position de l'Union Soviétique ne paraît conviendrait de n1ettre en œuvre pour
pivotantes qui ont connu un développe- pas très différente (rampes pivotantes, protéger le tnarché français des tuyaux
ment considérable aux États-Unis ces rampes sur roues ... ) avec certains équi- de 1nauvaise qualité.
15 dernières années . pements originaux tels que les rampes Il existe des appareils d'un modèle
Les structures foncières françaises arrosant en se déplaçant le long d'un voisin. dotés d'un tuyau d'alimentation
ont vite marqué les limites d'un tel dé- canal. du type pompier et d'un canon d'arro-
veloppement qui est surtout cantonné Ce bref tableau des techniques mo- sage monté sur un chariot mobile se ti-
dans le massif forestier landais et impo- dernes d'arrosage par aspersion serait rant sur un câble. Ces appareils
sait jusqu'à présent un arrosage en cer- incomplet sans les systèmes dits connaissent un grand développement
cles. «fixes)) c'est-à~dire constitués de aux États-Unis et sont également fabri-
Une amélioration technologique vient canons d'arrosage ou de rampes d'as- qués en France.
d'être introduite aux États-Unis pour perseurs à poste fixe équipés de vannes Ces systèn1es constituent une nou-
l'arrosage des· coins. D'autres équipe- automatiques (fig. 6). La France a été velle étape dans la simplification du
ments que l'on appelle des arroseurs également à l'origine des arroseurs travail de l'irrigant. Correctement utili-
géants, ont connu aussi un certain déve- robots constitués par un canon se dé- sés, ils permettent de réaliser des arro~
loppement et continuent d'avoir la fa- plaçant automatiquement d'une bouche sages nettement plus fréquents que per-
veur des utilisateurs qui ne peuvent uti- à l'autre en se guidant sur un réseau de n1ettent aussi les rampes pivotantes et
liser des rampes pivotantes sur leur conduites superficielles (fig. 7). d'atteindre ainsi les rendements maxi-
parcellaire. Ce type d'appareil, que l'on appelle n1un1 ainsi qu'une certaine économie
L'utilisation ancienne de rampes couran1ment un enrouleur a été simul- d'eau et d'énergie par une meilleure uti-
d'asperseurs en polyéthylène enroulées tané1nent mis au point en Allemagne et lisation des pluies naturelles.
sur tambour et la recherche d'une éco- a connu en France un succès immédiat, Nous avons déjà mentionné l'irriga-
nomie de main d'ceuvre a conduit la sous de non1breuses variantes. L'en- tion gravitaire. Ajoutons que si l'irriga-
France à développer à partir de 1971 gouen1ent a été porté à son comble par tion gravitaire est actuellement nette-
des canons d'arrosage automoteurs. Ces la sécheresse de 1976, avec certains ment en tête pour les surfaces arrosées,
appareils utilisent l'énergie motrice d'un excès dont les printemps pluvieux de elle ne peut se pratiquer n'importe où et
vérin ou d'une turbine branchés sur 1977 et 1978 ont aggravé les conséquen- exige dans la plupart des cas des tra-
l'alimentation en eau pour enrouler sur ces pour les fabricants de matériels. vaux de terrassement importants pour
un tambour le tuyau en polyéthylène de Certains pays de l'Europe de l'Ouest être n1ise en ceuvre sur des parcelles de
200 à 300 m de long (fig. 2 et 3). et du Nord soumettent depuis plusieurs taille norn1ale.
La France dispose d'un banc d'essais années les appareils vendus sur leur Le paradoxe déjà évoqué de l'irriga-
des asperseurs et des canons d'arrosage marché à des essais officiels. Il en est tion gravitaire consiste en ce qu'elle
unique en Europe et a développé ré- ainsi en Allemagne Fédérale, en Hol- rencontre au niveau de la mise en
cemment des techniques de traitement lande, au Danemark et en Suède. La ceuvre beaucoup de difficultés pour la
des résultats sur ordinateur pour en dé- Suède constitue un bon exemple du rôle fonnation des agriculteurs non instruits
duire les performances des canons auto- que la mécanisation des arrosages peut par la tradition, ce qui la rend extrême-
moteurs. Les possibilités qui s'offrent jouer dans le développement des irriga- n1ent difficile à moderniser dans les
pour réaliser des essais au vent dans les tions dans un pays industrialisé. Les zones d'irrigation traditionnelle. Il se-
grands espaces cultivés et exposés au essais officiels très poussés réalisés dans rait donc dangereux, comme certains
vent du Sud-Ouest permettraient d'étu- ce pays et en particulier les essais de <1 écologistes » auraient tendance à le
dier un problème important pour les turbine, constituent un encouragement faire, de lui décerner par avance un bre·
appareils de ce type. Cet ensemble de indéniable à la fabrication et à la vente vet de <{ technologie douce )) sans faire
moyens d'essais pourrait être utilisé à locale d'équipements de qualité. l'effort d'aller voir sur place de quoi i1
l'échelle européenne, comme il est vrai- L'attention des pouvoirs publics s'est retourne. Avec leur empirisme habituel,
semblable que le seront dans l'avenir les portée en France sur le problème du les A1néricains ont d'ailleurs largement
moyens d'essais de tuyaux en polyéthy- tuyau en polyéthylène soumis sur ces développé, ces dernières années, les sys-
lène de l'Université Technique de Ha- appareils, à des efforts inhabituels que tèn1es d'irrigation gravitaire par tuyaux
novre. le niatériau courant ne permettait pas à vannettes plus ou moins automatisés
d'encaisser. L'industrie chimique euro· et poursuivent leurs recherches dans
Il serait inexact de limiter aux
rampes pivotantes, aux arroseurs géants plusieurs directions (télécommande de
et aux canons automoteurs le phéno- (1) - Une rampe d'asperseurs est consti·
vannes superficielles en arrosage par
mène récent de la mécanisation des ar- tuée par des tuyaux en aluminium, en acier grands bassins à fond plat, adduction
rosages dans les pays industrialisés. ou en plastique à raccords rapides sur laquelle gravitaire par conduites enterrées en
L'exemple de la Hongrie est très signifi- sont branchés des asperseurs rotatifs (tous les vergers et piquages sans pression au ni-
catif car ce pays connaît les mêmes pro- l l, 18 ou 24 m) On n'irrigue qu'une partie du veau de chaque arbre etc.).
blèmes de main d'œuvre agricole bien champ avec ce matériel mobile, faisant « tour- Il faut enfin mentionner l'irrigation
ner» la rampe en 8 à 10 jours entre deux ar·
que régi par une économie planifiée. rosages successifs au même endroit. Il existe au goutte à goutte, appelée aussi micro-
Une part du marché hongrois a été ré· bien entendu beaucoup de variantes à ce irrigation, dans laquelle le système d'ar-
servée aux importations de matériels schéma de principe, l'une d'entre elles utili- rosage est fixe, l'eau étant apportée aux
d'irrigation, ce qui a permis aux techni- sant une <1 couverture totale i> de conduites en cultures par l'intermédiaire de rampes
ciens de l'irrigation d'étudier systémati- P.V.C. avec des asperseurs déplaçables. en charge (environ 1 bar) et de gout- 63
teurs à faible espacement et à débit li- s'il n'est pas certain du succès. La plu- micro-irrigation appelée couramment ir-
mité (de 2 à 10 l/h en général). La mise part du temps, il serait donc indispen- rigation au goutte à goutte, dont la
au point de cette technologie vers 1970 sable d'essayer certains systèmes à technologie fait largement appel à l'au-
doit beaucoup à Israël et à l'Australie. l'échelle d'exploitations pilotes créées tomatisation. Des développements plus
Les systèmes de goutteurs et de vannes sur place pour tester la mise en œuvre récents de l'irrigation par aspersion et
automatiques connaissent maintenant et l'entretien des équipements ainsi que de l'irrigation gravitaire possèdent en
de très nombreuses variantes à l'échelle le programme de cultures du périmètre commun avec la micro-irrigation, la ca-
mondiale. dans des conditions proches de l'exploi- ractéristique de permettre des arrosages
tation ultérieure. Cette exploitation à à intervalles rapprochés.
La nlicro-irrigation exige toutefois
une échelle plus vaste devrait faire elle- La France contribue au développe-
une très bonne filtration et a vu jusqu'à
même l'objet d'un suivi permanent par ment en cours tant par l'extension des
présent son développen1ent limité aux
des techniciens locaux afin d'aider aux irrigations, notamment sur le maïs, que
cultures maraîchères et fruitières auprès
adaptations techniques nécessaires. par l'exportation d'équipements et l'as-
d'agriculteurs suffisamment avertis pour
D'autres aspects du développement sistance technique outre-mer. Étant
utiliser des équipements sophjstiqués et
donné la part relativement modeste de
valoriser un investissement important des irrigations comme celui du pom-
l'irrigation dans l'agriculture française,
par des rendements élevés. Dans la me- page solaire ou celui de l'irrigation fer-
il paraît nécessaire que les pouvoirs pu-
sure où ces conditions d'emploi sont tilisante pourraient être intégrés dans
blics chargés d'engager ou de favoriser
réunies, cette méthode présente d'incon- de telles opérations de développement
des opérations de ce genre dans les
testables avantages sur l'irrigation gra- en fonction des conditions locales.
pays en voie de développement, dispo-
vitaire et l'irrigation par aspersion :
Au terme de cet exposé, on convien- sent d'un système permanent d'infor-
économie de main d'œuvre, souplesse
dra que le problème millénaire de la va- mation sur le développement des tech-
d'emploi, bonne adaptation à l'utilisa-
lorisation de l'eau pour la production niques d'irrigation dans le monde. Un
tion d'eaux salées, économies d'eau et
agricole a donné lieu dans les 60 derniè- tel dispositif d'information pourrait
d'énergie. La France a sa part dans le
res années, à un prodigieux développe- également rendre des services à l'indus-
développement de cette technique et
ment des techniques d'irrigation dans trie. Il pourrait d'autre part s'avérer
contribue actuellement au développe-
les pa:vs industrialisés en débordant le utile de mettre à contribution dans cer-
ment de certains systèmes. Il paraît
chan1r d'application de l'irrigation gra- tains cas des moyens techniques spécia-
souhaitable d'évaluer et d'étendre l'ex-
vitaire traditionnelle sous la pression de lisés qui interviendraient au stade des
périence acquise sur les systèmes d'irri-
l'évolution sociale et technique du études préliminaires et du suivi des opé-
gation au goutte à goutte en France, en
monde agricole. La recherche de techni- rations comme le font déjà en France,
particulier pour ce qui concerne la mise
ques pouvant s'affranchir d'une topo- depuis une dizaine d'années, quelques
en œuvre.
graphie irrégulière ou de sols trop légers unités de 1' Administration au titre de
Nous voici maintenant revenus au ainsi que les problèmes de disponibilité l'appui technique qu'elles apportent sur
point de départ : à quoi tout cela peut- en main d'œuvre ont permis à l'irriga- demande des Services Extérieurs, à des
il être bon pour le développement des tion par aspersion de connaître un dé- réalisations d'Hydraulique Agricole et
pays du Tiers Monde? Il est clair que veloppement spectaculaire qu'illustrent de Génie Rural. L'État pourrait ainsi
compte tenu de la variété des techni- les techniques très variées d'arrosage exercer un contrôle technique, en ap-
ques actuelles d'irrigation dans le mécanisé. La recherche d'un contrôle portant dès le départ sa propre contri-
monde, aucun pays développé ne peut plus étroit des apports d'eau sur des bution à des opérations de mise en va-
se permettre de répandre une technique cultures riches a conduit, il y a une di- leur qui mettent en jeu des fonds
dans un pays en voie de développement zaine d'années, à l'introduction de la publics.

64
LA DESERTIFICATION
ET
SES REMEDES
« Le poisson pris dans la nasse
commence à réfléchir »
(proverbe africain)

PAR PAUL SCHRUMPF ( 43)

1. LA DÉSERTIFICATION 30 ans et d'une sur-exploitation du mi-


lieu par l'homme, avec une intensité
- La désertification c'est la diminution, jamais atteinte jusqu'alors.
voire la destruction, du potentiel biolo-
gique de la terre, au moment même où 3. QUE SE PASSE-T-IL?
il faut satisfaire les besoins de la popu-
lation grandissante. Dans les écosystè- - Comment la désertification se pro-
mes fragiles, la dégradation peut deve- duit-elle, localement? La vie est liée à
nir irréversible. une mince pellicule, une interface le
long de laquelle sol, air, eau et lumière
La sécheresse dont l'Afrique a souf-
fert de 1968 à 1973, <l'Est en Ouest, a entrent en contact.
constitué le signal d'alarme pour l'hu- En zone aride cette interface est pro-
manité. tégée par une maigre couverture végé-
Entre 100 000 et 250 000 personnes tale clairsemée, suffisante néanmoins
en sont mortes au Sahel, autant en pour coller le sol et le protéger contre
2. RETENTISSEMENT.
Ethiopie et beaucoup d'autres ailleurs. eau et vent.
- Le choc des images venues du Sahel En zone arrosée et accidentée la végé-
Très vite les informations se sont en 1973 sur les écrans de nos TV a for- tation pérenne, et très spécialement les
multipliées. D'abord l'ampleur globale tement sensibilisé l'opinion publique et arbres assure cette protection.
·du phénomène: depuis l'aube de l'agri- les responsables du monde. Il était dé- Dans ces deux cas, la destruction de
culture neuf millions de km 2 ont été cidé, dès 1974, de tenir en 1977 une la végétation expose directement le sol
perdus .... alors que l'humanité tire sa conférence des Nations Unies sur ce aux gouttes, au ruissellement, au soleil
subsistance de 14 millions de km 2 • sujet. Cela a été fait et les travaux pré- et au vent. Après un temps il ne sub-
Les déserts progressent: !'Atacama, à paratoires et ceux faits pendant et après siste que la roche nue, du sable stérile
l'Ouest de l'Amérique du Sud, de 1,5 à forment un ensemble considérable. ou une croûte dure comme du béton,
3 km/an sur un front de 80 à 160 km; Toute cette information venait s'ajouter les éléments fins, indispensables à la vé-
le désert de Thar, en Asie, de 1 km/an à d'autres concernant les perturbations gétation, ayant été emportés par l'eau
depuis 50 ans, etc. apportées par l'homme à son environ- ou le vent.
Les zones sèches de la planète, mena- nement. Enfin en zone irriguée à fort ensoleil-
cées à plus ou moins long terme de dé- Quand les phénomènes «sécheresse >) lement, le danger vient du sel. L'eau en
sertification, abritent plus de 600 mil- et « désertification >> ont été perçus par contient toujours. Si les apports d'eau
lions d'êtres humains dont 400 millions le public, la question immédiate a été : sont excessifs, si l'eau s'évapore sur
d'agriculteurs et 40 millions d'éleveurs. « Phénomène naturel. ... inéluctable, ou place, s'évacuant mal par suite d'un
A l'intérieur de ces zones, celles grave- bien responsabilité de l'homme? » mauvais drainage .... on a un marais sa-
ment et immédiatement menacées abri- La réponse de l'ensemble des spécia- lant. Un dépôt de sel apparaît en sur-
tent 80 millions de personnes, dont listes a été claire: «C'est l'homme» face. Les rendements agricoles dimi-
70 % de ruraux. Bien sûr, il y a des phénomènes natu- nuent très rapidement.
Quand nous entendons « Désertifica- rels à évolution lente. On sait que le Sa- Seules certaines plantes tolérant une
tion», nous pensons: Sahara, Arabie, hara était une savane arborée entre certaine teneur de sel subsistent, la
Gobi... Mais le phénomène se révèle 7 000 et 2 000 av. JC et la cuvette du phase finale pouvant être le désert total.
beaucoup plus vaste, incluant par exem- Tchad s'est progressivement asséchée Le désert est susceptible d'apparaître
ple des hautes terres d'Ethiopie, d'Iran, au cours des temps historiques. Mais ce dans des zones dont le climat n'est pas
d'Irak, le Pakistan, le nord ouest de n'est pas de ces évolutions lentes-là désertique. Le désert n'avance pas mais
l'Inde, la Sibérie méridionale, de vastes qu'il est question depuis 1973. il « apparaît », par taches, là où per-
portions de la Chine, presque toute Au Sahel, en effet, le drame a résulté sonne ne l'attendait, éventuellement à
l'Australie et de larges parties del' Amé- de la conjugaison d'une période sèche 200, 300 km ou davantage de sa limite
rique du Sud et des USA. comme il y en a eu tous les 25 ou précédente la plus proche. 65
4. RAISONS PREMIÈRES. du bois augmentent. Au Soudan, le nous: quand ils sont revenus ils ne sa-
charbon de bois pour Khartoum est vaient pas cultiver.... il y a eu un
- Et pourquoi ce phénomène de déserti-
préparé jusqu'à 400 km. concours ils ont eu de la chance... mais
fication se produit-il ? L'homme est de-
Les causes les plus connues n'ont été ils ne savent toujours pas cultiver. Ce
venu nombreux et, en région d'élevage
mentionnées qu'en passant : croissance n'est pas de leur faute ... Mais ils sont
ses troupeaux aussi. {(S'il n'y a pas de
démographique des populations humai- gâtés car, depuis que !'Organisme Ré-
possibilités d'investissements dans le nes ... et de leurs troupeaux à des ryth- gional de Développement est financé
secteur complémentaire de subsistance, mes inconnus dans le passé, du fait des par !'Aide, chaque encadreur touche
il y a de fortes chances pour que le sur-
grandes campagnes de vaccination .... une pri1ne double de son salaire...
plus ... soit réinvesti dans du bétail». (1) mais aussi croissance des besoins res- Alors, ils ne sont pas fous; ils récitent
Qu'il s'agisse d'une période brutale sentis, du fait des medias et de la circu- ce que le programme leur dit de fair~ et
de sécheresse (ex : Sahel 1969-73) ou lation des gens parmi des sociétés diffé- courent après le coton ... Tu connais le
d'une dégradation progressive des sols rentes. prix de celui-ci ? »
par sur-exploitation (ex : Australie, bas- Telles sont quelques-unes des princi- Bref, pour bien comprendre les
sin du Gascoyne (2)) il s'écoule plu- pales causes de la désertification. tout causes fondamentales de la désertifica-
sieurs années entre le début des difficul- au n1oins de celles immédiatement per- tion. il faut nous souvenir que l'Occi-
tés et la décision des éleveurs de réduire ceptibles. La recherche des ren1èdes dent s'est intéressé au Tiers-Monde
les effectifs des troupeaux. Dans le oblige à aller plus loin dans l'analyse avant tout pour les «épices», c'est-à-
Gascoyne (64 000 km', 200 mm de plu- des causes. dire les échanges commerciaux interna-
viosité) sur 15 % des sols le maintien tionaux. Les zones écologiquement fra-
des moutons aboutirait à une détériora- giles ont donc subi, de plein fouet, et si-
tion irréversible et 52 % des sols néces- 5. RAISONS SOUS-JACENTES. multanément, une série de chocs aussi
sitent d'autres méthodes de gestion des brutaux les uns que les autres. Quant à
parcours. Dans ce cas, la désertification - La Recommandation n" 12 de la la production : le soutien (souvent par
est due aux herbivores à sabots, impor- Conférence des N. U. de 1977 introduit la contrainte physique) à l'extension des
tés d'Europe. bien la question (9) )) ... que les facteurs cultures «de rente» ; quant à la
Dans le cas du Sahel, «l'exploitation sociaux, économiques et politiques qui conso1nmation : l'explosion démogra-
non planifiée des points d'eau et la vac- jouent un rôle important dans la déser- phique (qui n'a jamais existé pour l'Eu-
cination du bétail sans prélèvement cor- tification, soient ... évalués, notamment rope) la diffusion par les moyens que
respondant ont été à l'origine de la sur- les relations inéquitables et les métho- l'on connaît de nouveaux modèles de
charge et de la désertification dans de des ... pour rétablir l'équité ... ». consommation, l'école «à l'occiden-
nombreuses zones i> (3). 1> ... les effets «Au Sénégal (IO), l'arachide était à tale», qui déstructure le milieu tradi-
cumulatifs du piétinement et du pa- l'origine une production vivrière, prati- tionnel, etc.
cage... ont dévasté 10 à 12 km autour quée à petite échelle... la colonisation
des points d'eau (Niger) (4). Mêmes développa son utîlisatîon industrielle 6. RAISONNEMENTS
constatations en Tunisie. (5) pour les besoins européens en huile... ;
ÉCONOMIQUES CONTESTABLES
le tourteau riche en protéines, est fourni
Quant à la désertification par engor-
aux animaux des pays industrialisés .... - Ces causes profondes de la désertifi-
gement et salinisation de terres arrides
Avant la récolte (du mil) le paysan sans cation correspondent à des modes de
irriguées, elle affecte la moitié des péri-
réserves devait recourir au crédit des raisonnen1ent économiques, des modes
mètres aménagés dans le monde... là où
marchands, obligatoirement remboursé d'élaboration de projets très répandus
sont les investissements agricoles les
en arachides ... En choisissant de déve- en pays industrialisés et chez les experts
plus importants. Les espoirs suscités
lopper cette orientation, le gouverne- qu'ils envoient et justes du point de vue
par ces grands ouvrages ont été maintes
ment sénégalais .... maintenait la dépen- de ces pays ... mais faux du point de vue
fois déçus. Tel est le cas en Irak et au
dance du pays par rapport aux marchés du Tiers-Monde.
Pakistan (6) : dans le haut-Euphrate, où
internationaux. Par exemple, on escompte des rende-
l'aménagement avait débuté en 1953,
dès 1969 les 2/3 des terres étaient sali- Paradoxale1nent, la pire année de la n1ents moyens ... et la réalité en longue
sécheresse ( 1973) les protéines des cé- période, dans les conditions réelles du
nes et les rendements ont baissé lorsque
réales in1portées au Sénégal se 1non- petit exploitant, se révèle très inférieure.
en 1965 et surtout à partir de 1970 un
taient à 40 000 T. et les protéines ex- On parle souvent de revenus bruts ...
programme de réorganisation a dé-
portées du Sénégal par arachides et 111ais le paysan est contraint d'acheter
marré, le projet initial était totalement
tourteaux représentaient 65 000 T. ! des quantités croissantes d'intrants (à
effondré sur les plans techniques, éco-
( 11 ). Et le coton, qu'en pensent les pay- prix unitaires croissants).
nomique et social.
sans? (IL): On confond ce qui est profitable
En zone d'agriculture pluviale, la dé- SCnégal 1974: « ... ils n'ont pas à pour le con1merce international... et
sertication a été liée non seulement à nous vulgariser seulement en coton. pour le petit exploitant. Ecoutons Jean
l'augmentation de la population (donc Nous avons à cultiver ce qui nous pa- Roger Mercier (13): «La fragilité éco-
des surfaces en cultures vivrières) mais, raît le n1eilleur pour nous. Eux ils di- non1ique de l'agriculture dominante, je
souvent, à l'introduction de la charrue sent : suivez notre programme, vous l'avais personnellement découverte... en
attelée en vue des cultures de «rente)). aurez notre aide... Et quand on les a Inde, en dépouillant des enquêtes d'ex-
Au Tchad, par exemple (7), les charrues suivis, le prix de leur charrue double, le ploitation. L'accusation porte surtout
étaient distribuées à crédit par les socié- prix de nos produits reste pareil. .. » sur ... le mythe de la marge brute maxi-
tés cotonnières. Mais la charrue impose Sénégal 1976 : «Nous son1mes les es- n1ale à l'unité de surface .... Maximiser
de détruire arbres et arbustes, de des- claves de la Société de Développement. la seule productivité de la terre n'a
soucher... et les sols, sont plus exposés. Elle nous dicte tout ce que nous devons aucun sens en général, pour la satisfac-
Un phénomène majeur concourant à faire. payer, en1prunter, vendre, semer. .. tion de l'agriculteur au moins .... En
former le désert est constitué par la ré- et 111oi, président de leur coopérative, fait, l'intensification c'est la maximisa-
colte du bois de chauffage (8) : il s'agit j'ai honte ... 1) tion de la satisfaction des fournisseurs
de 65 % de la consommation mondiale Haute-Volta 1977: <( ••• Avant ils ve- de l'agriculteur. Ce dernier, s'il se laisse
de bois, l'équivalent de 1 300 millions naient nous vulgariser, puis nous ani- entraîner dans cette voie, sera de plus
de tonnes de charbon. Actuellement, la n1er, maintenant c'est pour nous for- en plus vulnérable aux changements de
récolte de bois est supérieure à la pro- n1er... Et qui nous envoie-t-on? nos l'environnement économique et aux
66 duction. Le temps de récolte... et le prix enfants, qui ont été à l'école grâce à aléas climatiques ... >)
UNESCO/REX KEATING

Parmi les raisonnements économi- geants et créateurs d'opinion d'un peu un moyen de satisfaire les besoins fon-
ques discutables, il y a ceux fondés sur partout, il leur faudra abandonner... damentaux de l'homme» (15).
le P.N.B. et ses éléments constituants. l'idée absurde et fausse que la crois- Une première étape consiste, pour
Si une marchandise subit beaucoup de sance de la prospérité de quelques-uns nous habitants des pays tempérés et in-
déplacements, donc de frais de trans- entraîne ... celle de tous. Généralement, dustrialisés, à reconnaître qu'il s'agit
ports et autres services, ... le P.N.B. a elle entraîne au contraire.... la dégrada- d'une lutte complexe et diverse et que
augmenté et pourtant il n'y a pas plus tion des conditions de vie du plus grand les solutions ne résulteront pas d'une
de biens à partager. Le paysan des Ii.ombre. La croissance du p.n.b., no- «science simpliste».
zones sèches, pauvres et à risque de dé- tamment, n'est la preuve d'aucune amé- Au Rajas than la pluviovisté varie, le
sertification se voit proposer un prix lioration du niveau de vie des masses plus souvent, entre 310 et 390 mm.
très bas pour ses produits (c'est-à-dire laborieuses. C'est ce qu'a très bien Dans ce \ quasi-désert vivent, sur
pour son travail). Par contre, tout le compris, et répète à satiété un analyste 150 000 km', 46 hab./km'. les études
système est organisé pour que, à ce économique et financier aussi averti que de l'institut des zones arides de Jodhpur
prix, viennent se rajouter les prix des Mac N amara i>. (16) ouvrent des voies à l'espoir... mais
divers services, eux à des niveaux très que de conditions à réunir concernant
comparables (ou supérieurs !) à ceux 7. UNE LUTIE COMPLEXE l'homme, les techniques ... et le finance-
que l'on aurait en pays industrialisés. - Et maintenant, ayant tenté de pren- ment!
Ainsi en pays pauvres on trouvera une dre conscience des causes, sait-on ce LeS études et programmes expéri-
masse de gens vendant à un prix très qu'il faudrait faire? mentaux montrent la nécessité « de
bas leur travail (et ayant de très faibles Lors de la conférence de Nairobi sur mieux comprendre les conditions loca-
moyens de pression sur l'Etat) et un ce sujet en 1977, il est apparu claire- les» (17) ... , «de ne jamais oublier que
autre groupe, assurant les services (ad- ment que « le Plan d' Action » est à la réalité est une, avec des interactions
ministration, commerce) et vendant son mettre en œuvre non comme une simple entre ses aspects à première vue les plus
travail à des taux s'apparentant à ceux campagne contre la désertification ... éloignés, ce qui suppose une relation
pratiqués ici. C'est ce que Pierre Garri- mais comme un élément essentiel du constante entre les divers spécialistes. »
gues rappelait (14): «Quant aux diri- processus général de développement et (18) 67
Les projecteurs ont besoin d'une stra- 8 .... A MAITRISER PAR LES HABI- Touaregs de Tchirozerine. Après la ré-
tégie cohérente d'action. Pour cela, TANTS. colte dérisoire de 1975, un vieux avait
voici des critères inspirés d'un texte de osé dire : <J Ou bien nous nous exilons
Jacques Chonchol (19) : - Puisque cette lutte est complexe, elle au Nigeria ou bien nous mourons de
- donner une priorité considérable aux doit être maîtrisée par les habitants fain1, ... à moins que... ! » Encouragés
cultures vivrières. eux-mêmes. A partir de 1973, au Niger par un jeune agriculteur ardéchois, ils
- appuyer le type d'industrie et d'artisa- et au Mali, des tribus nomades ont pro- ont réalisés dès 1976 et 1977 des petits
nat qui confortera ce vivrier, posé des ensembles de mesures pour barrages dans le lit et des banquettes
- veiller au respect du droit d'accès à la prévenir de telles catastrophes : par antiérosives sur les versants, sans
terre, exemple, gestion des pâturages pour engins. grâce à leur courage et à un fi-
- développer les équipements utiles au éviter la sur-exploitation, sous la res- nancement des journées de travail par
monde rural, (stockage et conservation ponsabilité des tribus (qui en avaient un organisme extérieur.
des produits notamment) ... les plus dé- été dépossédées à l'époque coloniale), La formation et l'information joue-
centralisés possibles, réensemencements en variétés dispa- ront un rôle essentiel visant en priorité
- veiller qu'une juste part des surplus, rues, à l'aide de graines récoltées à les jeunes adultes des deux sexes, recou-
dégagés le long des flux commerciaux d'autres endroits ... rant aux langues locales, s'accrochant
de produits, fasse retollr aux régions aux thèmes de la vie quotidienne. Au
productives, pour améliorer la vie des Sénégal, «l'enseignement moyen prati-
ruraux, 9. QUELLE AIDE ? que » est une expérience bien intéres-
- développer des recherches agronomi- sante. En Haute-Volta, avec les groupe-
ques et industrielles auto-centrées, pour - L'aide (mot bien ambigu) devra conti- ments <i Nam», une structure sociale
les besoins des populations rurales, et nuer, non pas l'aide qui sait (eux ne sa- traditionnelle devient la base d'un en-
non copiées de l'étranger. vent pas !), ni l'aide qui fait grand (ou- seignement rural renové, repensé par les
- accélérer la formation de cadres et de vrages selon nos normes et nos Voltaïques, ... et ce dans une région dif-
chercheurs pour une agriculture alimen- technologies), ni l'aide qui impose ses ficile où jusqu'à 70 % des jeunes
taire, projets ... mais l'aide appuyant, sans la hommes de certains villages émigrent
- développer le niveau cuturel et techni- défigurer, l'initiative méthodique locale. vers le sud du pays ou la Côte d'I voire.
que des ruraux. A Ouriamija au Niger (20), les gens La désertification c'est le fruit amer
- obtenir des «aides » qu'elles adoptent avaient entendu parler de l'aménage- issu de l'absurdité d'un monde gaspil-
ces critères. ment de leurs koris (vallées) par les leur.... à changer là-bas ... et ici !

OUVRAGES CITÉS

1. Le H ouérou et Rapp. in (( Ecological


Bulletins'' N• 24 - p. 248
2. Conférence N. U. Désertif. - doc
7414 - franc. p 36
3. ... comme <r 1 » - p 247
4.... comnie<r2»-p15
5. ... co1nme <r 2 » - p 6
6. .... co1nme « 2 ;> - p 31
7. G. Charrière <r Le désert et les pay-
sans» (SWISSAID) p 47
8. H Idris ... com1ne « 1 ;; - p 109
9. Conférence N. U. Désertif. doc 74136
- franc. p 40
JO. M. Mar/oie in <r Faùn-Développe-
ment ;; - n" 55 - p 9
11. M. Mar/oie in <r Faim-Développe-
n1ent » - n"48-p 11
12. Paysans africains in <r Construire En-
semble» 1978 - 1
13. JR. Mercier in ((Energie et Agricul-
ture » p 56 (éd. Debard)
14. P. Garrigues in <r Revue Tiers
Monde» n• 71 - p 511
15. ... comme <r 9 ;> - p 5
16. P. Schrumpf - il Désertification»
rapport pour COE - p 25
17. .... comn1e <r 2 J> - p 17
18. P. Morion in «Nouvelles de l'Ecodé-
veloppement » - N• 5 - p 6
19. J. Chonc/wl ... comme « Il » - p 9
20. ... co1n1ne « 11 ;> - p 3.
68
DU TRANSFERT DE TECHNOLOGIE
AL'ACCES A LA MAITRISE
INDUSTRIELLE

PAR SILVÈRE SEURAT (37) '''


omment le concept de transfert change, c'est une technologie. Recruter,

C de technologie s'élargit désor-


mais à une dimension de maî-
trise, par l'entreprise, de son dé-
veloppement industriel, voilà le
thème que nous allons développer ci-
dessous en ses deux volets. Nous essaie-
c'est une technologie, et j'ai peur que
les mots ne cachent un peu trop les
vrais problèmes derrière des termes de
sophistication».
Dans la vaste aventure du transfert
Nord-Sud, c'est plutôt la deuxième défi-
rons de ne mutiler ni l'une ni l'autre de nition que nous adopterons. Cela parce
ces notions qui, pour n'être pas nouvel- que nous avons constaté dans bien des
les, ne sont, le plus souvent, comprises cas que l'arbre du transfert de la tech-
que sous des significations rétrécies. nologie sophistiquée fait oublier la forêt
Le premier volet, c'est-à-dire le trans- du transfert de technologie plus élémen-
fert de technologie, est déjà vaste en taire, mais indispensable à la bonne uti-
soi. Nombre d'instances, nationales ou lisation de la première.
internationales, y consacrent de longues
sessions de travail; il n'est pas au-
* Président directeur général d'Euréquîp. En tout cas, nous percevons une cor-
jourd'hui de congrès international trai- rélation étroite entre une technologie
tant des problèmes Nord-Sud qui ne convenablement assimilée et la capacité
LA TECHNOLOGIE, d'un groupe, d'une entreprise à jouer
lui réserve une ou plusieurs séances. Ce VECTEUR DE CAPACITÉ
qui frappe lorsque l'on compulse ces convenablement son rôle. Ce rôle peut
D'UN GROUPE HUMAIN nécessiter des technologies de la matière
travaux, c'est que le transfert de techno-
logie n'est en général trai(é que dans D'abord qu'est-ce que la technologie, (conduite, entretien, réglage, améliora-
certains de ses aspects, importants sans et de quelles technologies allons-nous tion, recherche) mais aussi des techno-
doute mais limités : parler? Étymologiquement, la technolo- logies de la gestion (des hommes, des
On parlera beaucoup - voire unique- gie c'est à l'évidence un discours, donc matières premières, des produits, des
ment - des brevets et de leur commerce, un savoir-faire, permettant de réaliser clients, des francs).
c'est-à-dire de la transaction portant sur une œuvre et de produire un résultat. Comment se transfère la technologie.
l'autorisation de faire. On parlera sou- Pour certains auteurs toutefois, il n'y Supposons qu'un récepteur existe,
vent de l'usine, bâtie autour du brevet, aurait de technologie que complexe. par exemple une entreprise d'un pays
c'est-à-dire de la transaction portant sur C'est ainsi que François Hetman dans du tiers-monde créant, par un nouvel
le moyen de faire. Mais on ne parlera son ouvrage La Société et la Maîtrise de investissement, une nouvelle usine, et
qu'exceptionnellement, et souvent alors la Technologie propose la définition sui- souhaitant recevoir les technologies de
en annexe de l'usine, des comporte- vante : « La technologie est un proces- conduite de cette usine.
ments des hommes maîtrisant la tech- sus complexe par lequel on applique
nologie, autrement dit de la capacité des connaissances spécifiques en vue
L'ÉMETIEUR PRIVILÉGIÉ
de faire. d'atteindre un résultat déterminé». A
C'est pour combler la lacune ainsi cette définition un peu élitique s'oppose Dès lors que nous parlons de trans-
creusée, de manière insidieuse, et retar- la prise de position de Mohamed Lias- fert, nous admettons que la technologie
dant une communication claire entre les sine, Ministre Algérien de l'industrie existe en un lieu, d'où il faudra l'ex-
parties intéressées, que j'ai choisi de Lourde, observant : « Pour nous, la traire pour la transférer. Il en est bien
parler exclusivement de ce troisième as- technologie, ce sont les actes les plus ainsi, et ce lieu, est tout simplement,
pect trop souvent négligé. élémentaires. Acheter une pièce de re- une usine de même nature exploitée par 69
une entreprise de même métier installée - Il est rare que tous les documents que bles déconvenues : le transfert d'une
dans un pays industriel. je viens d'évoquer existent et soient à technologie dans ses aspects humains et
Je dis : (( une entreprise de même mé- jour. Le plus souvent la technologie est con1portementaux est au moins aussi
tier » car cela est très important. La dans les esprits; le jeu industriel se rap- con1plexe que son tranSfert dans ses as-
structuration du marché du transfert proche alors de la Comedia dell' Arte pects n1atériels de n1achines et d'usines.
des technologies industrielles a souffert chacun jouant à la perfection un rôle
dès l'origine d'un regrettable malen- non écrit;
tendu. Les pays clients ont privilégié les L'ACCÈS
- en supposant même qu'ils existent,
technologies de production, en accom- ces documents traduisent une adéqua- A LA MAITRISE INDUSTRIELLE
pagnement de leurs usines nouvelles. Ils tion plus ou moins consciente entre la
ont, tout naturellement, demandé ces Le deuxième volet propose une vision
culture du pays émetteur et les impéra-
technologies à leurs interlocuteurs habi- tifs industriels du pays récepteur. Cul- élargie du transfert de technologie.
tuels, c'est-à-dire aux fournisseurs de Celle-ci s'introduit facilement en ré-
ture au sens des connaissances de base
l'usine, ensembliers ou ingénieries. ponse à la question : « pourquoi une
d'abord, mais aussi des valeurs et des
Or, ces derniers possèdent certes des entreprise d'un pays en voie de déve-
attitudes. Nos structures sont faites à
technologies, d'installation, parfois de notre i1nage, cependant qu'elles nous loppement demande-t-elle un transfert
construction de matériel, mais il est ex- façonnent. Et la greffe de cet ensemble de technologie ? )} .
ceptionnel qu'ils possèdent et maîtrisent technologique sur une entreprise de cul- La réponse paraît évidente : «pour
les technologies d'exploitation. Ce n'est ture dîfférente aboutira tout simple- améliorer, étendre le champ de ses per-
pas le constructeur du haut fourneau ou ment à un rejet. formances, de ses capacités)}. Si l'on
de la turbine qui sait la faire fonction- appelle maîtrise industrielle l'ensemble
Une adaptation est donc indispensa-
ner de manière industrielle, en dehors ble entre les supports de la technologie des capacités industrielles de l'entre-
de la période d'essais contractuelle. existant dans une entreprise d'un pays prise dans les domaines de la matière et
Les technologies d'exploitation exis- développé, et la culture des hommes du de la gestion, on peut dire que tout
tent chez les exploitants, dans une en- pays et de l'entreprise réceptrice. transfert de technologie vise un progrès
treprise de même métier que le récep- de la maîtrise industrielle de l'entre-
Les critères de recrutement, les pro- prise, ce progrès pourra porter sur :
teur : homologue, cousine ou même grammes de formation, la composition
sœur. - le comblement d'une lacune ;
même des rôles pourront être très diffé- - la meilleure assimilation de technolo-
Cette entreprise est un acteur néces- rents. L'efficacité des groupes, se réali-
saire du transfert, elle est l'émetteur pri- gies déjà présentes ;
sant de manière spontanée dans nos en- - l'extension du domaine d'activité.
vilégié. Elle comporte des hommes, in- treprises, apparaîtra comme moins
sérés dans des groupes, habitués à Pour caractériser le niveau de maî-
naturelle et devra donc faire l'objet trise industrielle du récepteur, il est
mettre en œuvre toutes les technologies, d'entraînements spécialisés. Chacun
simples ou complexes, de la matière, et commode d'établir un profil technologi-
devra en effet comprendre non seule- que de la firme, mettant souvent en évi-
de la gestion dont l'ensemble fait une ment ce qu'il a à faire de lui-même.
entreprise moderne compétitive. dence des lacunes dans des technologies
mais ce que les autres attendent de lui, élémentaires. Il devient évident, et de
Mais nous voyons bien que cet acteur et ce qu'il peut attendre des autres.
nécessaire n'est pas nécessairement un l'intérêt de la firme réceptrice, qu'il
acteur intéressé ou motivé. Dans bien Ensuite, force sera de réaliser que de vaut mieux combler ces lacunes, partant
des cas il ne fournit rien d'autre que ses même que Paris ne s'est pas fait en un par exemple comme le dit Mohamed
technologies, c'est-à-dire les hommes jour, de même une entreprise réceptrice Liassine, sur la gestion des stocks, plu-
qui les possèdent ; il ne vend qu'excep- ne peut prétendre assimiler par de sim- tôt que de se lancer dans l'assimilation
tionnellement des brevets, il n'est pas ples cours, quelqu'efficaces qu'ils soient, d'une technologie de conduite de ma-
une importante partie prenante de la le jeu complexe des technologies. En chines très sophistiquées, car les machi-
transaction. forgeant on devient forgeron dit-on; de nes très sophistiquées resteront en
Il pourra même, déjà menacé sur ses même l'entreprise mettant en œuvre des panne pendant une longue période si
marchés traditionnels par le Tiers technologies acquérera-t-elle progressi- certaines pièces de rechange n'ont pas
Monde, avoir intérêt à ce que ses tech- vement leur maîtrise. été commandées, réceptionnées, inven-
nologies ne se transfèrent pas. Il importera donc que soient balisées toriées et stockées en temps opportun.
Supposons tout de même cet émet- et préparées la progression des L'établissement du profil technologi-
teur motivé et prêt à se lancer dans hommes, des méthodes, des groupes, que de la firme réceptrice s'avère ainsi
l'opération. Il possède, avons-nous dit, l'accroissement du pourcentage des na- d'une grande utilité pour des responsa-
les technologies, ou, plus exactement, tionaux, l'élévation même du degré bles finalement confrontés comme les
des groupes performants, habitués à les d'autonomie de l'entreprise: de la dirigeants des pays développés au
mettre en œuvre groupes au sein des- conduite à l'entretien, à l'amélioration même problème d'efficacité de leur
quels chaque individu est entraîné à un et un jour à l'innovation. firme.
rôle précis, défini ou non par des procé- C'est ainsi que s'affirment la néces-
dures écrites. sité et la complexité de l'établissement
d'un système adapté de transfert~ entre DEUX VOIES D'ÉVOLUTION
Dès lors que la technologie s'incarne POUR L'ENTREPRISE :
ainsi dans des groupes, dans des émetteur et récepteur. Système
complexe dans ses composants : rôle TRANSFERT ET INNOVATION
ho1nn1es, dans des critères de sélection,
dans des programmes de formation, adapté aux hommes, programme de for-
dans des organigrammes, donc des pro- mation des hommes et des groupes ori- Leur efficacité, signe de maîtrise in-
cédures, on pourrait penser que le ginaux, mais aussi dans son ordonnan- dustrielle, les nations d'Europe l'ont
transfert de technologie se matérialisera cement qui tiendra compte de certains améliorée, immédiatement après la
facilement dans la collecte de ces docu- rendez-vous : constitution d'un équi- guerre, en recourant largement au
n1ents, et dans leur envoi au récepteur. page idoine le jour du démarrage effec- transfert de technologies depuis les
tif d'une installation, par exemple. USA, bénéficiant ainsi des progrès
Que ce système de transfert de tech- outre-Atlantique pendant la guerre.
LA NATURE DU TRANSFERT
nologie requière au moins autant d'at- Aujourd'hui elles recourent davan-
Or. nous avons constaté qu'une telle tention que le système de construction tage à l'innovation, autre grande source
réduction s'avère inadaptée. Et cela d'une usine, voilà une vérité qui che- de maîtrise industrielle, sans négliger
70 pour diverses raisons : mine inexorablement au fil d'innombra- pour autant certains transferts. Elles
s'efforcent aussi de réaliser entre leur rapport à celle des agents de maîtrise. Il aurons parcouru la plus grande partie
structure et les opérations de leurs faut attaquer sur tous les fronts à la de la voie du transfert efficace de Maî-
hommes une juste adéquation. fois, et ce dans un ordre bien choisi, en trise Industrielle.
Le mouvement des entreprises du n'oubliant pas que, dans une entreprise, Disons-nous bien que les artifices
Tiers Monde n'est pas totalement diffé- toute lacune est importante dans l'af- comme un contrat « produit en mains »
rent. Ce dont elles commencent à pren- frontement économique. traitant de manière isolée le progrès
dre conscience, c'est de l'aspect global Toute opération de transfert de maî- d'une partie limitée - une usine nou-
de leur réalité, et de la nécessité de trise industrielle est complexe. Elle ne velle - de l'entreprise réceptrice, ne ca-
considérer un progrès dans toutes ses l'est pas plus que l'ordonnancement in- moufleront plus très longtemps ce qui
dimensions. Il ne s'agit surtout pas de terentreprise de la construction d'une s'affirme aujourd'hui en évidente vé-
privilégier la formation par rapport à installation industrielle. Reconnaissons rité : dans une entreprise qui ne serait
l'organisation, ou les technologies de la l'égalité de ces complexités en même pas en mains dans toutes ses fonctions
matière par rapport à celles de gestion, temps que lâ différence des métiers qui vitales, nulle usine ne saurait être réelle-
ou encore la formation des cadres par permettent de les maîtriser, et nous ment en mains.

PROJET D'IRRIGATION AU PAKISTAN (PHOTO KAY MULDOON - BIRD)


71
COMPAGNIE FRANCAISE
DES PÉTROLES
Capital: 1.335.862.750 F
Siège social: 5, rue Michel-Ange, 75781 Paris Cédex 16
Effectifs cadres au siège et détachés à l'étranger: 1228.
Activités:
Société mére d'un groupe intégré dont elle anime, coordonne et contrôle
les activités qui se rapportent à l'ensemble du cycle des hydrocarbures
et à la production d'autres sources d'énergie.
Implantation internationale, et plus particulièrement France, Afrique,
Moyen-Orient, Amérique du Nord.

STAGES
Accueil de stagiaires, étudiants de niveaux et formations
variés, généralement de mai à septembre. Les
demandes doivent êtres adressées de préférence
plusieurs mois à l'avance.

RECRUTEMENT
Le développement des activités, notamment dans le
secteur exploration-production, ouvre des
perspective.s d'emploi. Des postes peuvent être
proposés à des ingénieurs ou cadres comme à des
agents de maîtrise et techniciens, dans les familles
professionnelles suivantes : forage, production,
services généraux, construction, administration. Tous les
postes à pourvoir impliquent la disponibilité à
l'expatriation et exigent la connaissance de la langue
anglaise. S'adresser au Service de Recrutement de la
Compagnie Française des Pétroles,
5, rue Michel-Ange,
75781PARISCédex16.
LE DEVELOPPEMENT
D-UNE TECHNOLOGIE ADAPTEE
AU TIERS MONDE=
une nécessité inéluctable

PAR CLAUDE LAIGLE (53) "

'évolution des pays en développe- tion et sa technologie, s'impose en effet

L
ment est dominée par un phéno- comme exemple à 1' ensemble du
mène de fond, d'ordre mondial, monde, avec la force d'une valeur cultu-
maintenant reconnu : les écarts, relle dominante, diffusée et favorisée
les disparités entre les nations, par les progrès des moyens de commu-
entre les peuples et entre les hommes, nication et d'information, parce qu'il
ne font que s'accroître. Estimé égal à est le seul existant aujourd'hui qui soit
six au début de ce siècle, le rapport techniquement avancé (c'est-à-dire inté-
entre le revenu moyen par habitant des' grant les acquis de la connaissance
régions industrialisées et celui des ré- scientifique universelle) et qui ait fait la
gions en développement était, il y a preuve à une échelle régionale (où il
quelques années, de quatorze. A l'ex- commence d'ailleurs à être discrètement
ception des quelques producteurs de pé- remis en question) d'une indéniable
trole, pour la centaine de pays en déve- réussite.
loppement la crise économique mon- * Président d'Innovation-Tiers Monde Au reste, s'engager dans une autre voie
diale a encore. accentué ce processus, (l.T.M.) suppose de pouvoir le faire et de dispo-
qui s'accompagne pour les .plus dés- par l'absurde, suggère : en supposant, ser de moyens inaccessibles à ceux qui
hérités et les plus démunis d'une pau- hypothèse en soi doublement utopique en auraient le plus besoin (les PVD
périsation croissante (le nombre des et invraisemblable, que la tendance soit consacrent à la R et D des sommes, de
hommes analphabètes, ou souffrant de renversée et, qu'alors que le taux d'ac- l'ordre de 0,1 % de leur PNB, en valeur
malnutrition, est en augmentation ; le croissement de leur population atteint absolue insignifiantes). Cela suppose
«noyau dur )) des PVD, encore récem- actuellement 2,4 % (soit un doublement même avant tout de savoir qu'une telle
ment au nombre de 25, dépasse au- à chaque génération), le taux de crois- entreprise est possible, alors que l'idée
jourd'hui la quarantaine, ...). La pour- sance du revenu par habitant des PVD est encore largement répandue que le
suite naturelle de cette tendance ne dépasse de un point celui des ipays in- progrès technique est \e fait du hasard
peut conduire, comme nous le consta- dustrialisés, il faudrait néanmoins théo- et de la nécessité et est un et indivisible,
tons, qu'à une aggravation des tensions, riquement un temps considérable (près ce qui était peut être encore vrai au siè-
se résorbant éventuellement en recours de 3 siècles) pour que l'écart existant cle dernier mais ne l'est absolument
à la violence et en conflits, certaine- soit compensé. Bien auparavant, la pro- plus du tout aujourd'hui où le champ
ment en d'innombrables souffrances duction, qui aurait visé un niveau mon- du faisable et du réalisable est considé-
humaines, et devant -laquelle un pays dial cent fois supérieur à ce qu'il est au- rable.
comme le nôtre ne peut que se sentir jourd'hui, se serait inévitablement Dans le même esprit, alors que le
pleinement concerné tant par devoir de heurtée aux contraintes naturelles de li- problème est d'ordre qualitatif, on peut
solidarité que dans son intérêt à terme mitation des ressources et de pollution s'interroger sur l'efficacité des « aides »
bien compris. de l'environnement. Notre technologie existantes et notamment des mesures
En termes stricts de croissance, c'est n'est pas « universalisable » et n'est pas envisagées dans le cadre du .Nouvel
à-dire dans le cadre du type de dévelop- en mesure ménze à ter1ne de répondre Ordre Economique International, qui
pement et de la technologie des pays dans l'ensemble aux besoins des pays en ont toutes pour but essentiel d'augmen-
avancés, ces écarts apparaissent être développen-1ent. ter quantitativement les moyens et les
dans l'ensemble totalement irratrapa- Il u'existe aucun avenir possible dans ressources dont peuvent disposer ces
bles, voire même irréductibles. C'est ce cette voie. C'est pourtant celle qu'ont pays, mais ne remettent pas en cause
que confirment en définitive les nom- choisie jusqu'à présent la quasi-totalité l'engagement dans un type de dévelop-
_breux modèles d'économie mondiale des nations du globe, en faisant appel à pement .dont nous savons dans l'ensem-
!llis au point ou à l'étude depuis le la technologie occidentale. ble qu'il est inadéquat. Le principal
coupd'éclat du Club de Rome en 1972 Le modèle de développement occiden- danger de ces mesures est qu'elles lais-
et qu'un raisonnement très simpliste, tal, avec ses standards de consomma- sent à penser qu'elles pourraient consti- 73
tuer en soi une solution, qu'elles don- ques d'obsolescence, à ce qu'on a ap- R et D associés) devra découler de la
nent bonne conscience et ne soient pelé «la stratégie du désir», notre tech- confrontation entre un champ de be-
qu'un faux remède, alors que, si elles nologie est, par ailleurs, par nature peu soins exprimés et des possibilités de
sont sans aucun doute souhaitables, réductrice d'inégalités et s'attache en réalisation concrétisées par des études
certainement nécessaires, elles ne sont réalité fréquemment à· créer plus de be- de faisabilité et d'analyse de la valeur
assurément pas suffisantes. soins qu'elle n'en satisfait. Son exis- au sein d'un dialogue le plus étroit
D'ailleurs, même à court terme, la tence non remise en question, par sim- entre utilisateurs et équipes pluridisci-
technologie des pays industrialisés ple «effet de démonstration », tend plinaires.
convient mal aux pays en développe- souvent dans les pays pauvres où les Les effets indu'its et les implications
ment. Elle est souvent difficilement besoins fondamentaux ne sont pas sa- de tous ordres (au plan économique, so-
«transférable ». tisfaits, à entretenir, voire à aggraver, cial, culturel, écologique, etc.) feront
Dans le secteur industriel les procé- l'accroissement séculaire constaté des l'objet d'une évaluation exhaustive qui
dés de production sont conçus dans les inégalités et des disparités. Contraire- devra être prise en compte lors des
pays avancés pour de grandes séries. ment à une opinion répandue, .dans ces choix qui s'avèreront nécessaires. En
Pour économiser la main-d'oeuvre, ils pays les effets sur l'environnement peu- aval, c'est dans les résultats, la diffusion
sont très largement mécanisés. Ils ré- vent être non-négligeables, même quel- locale des techniques, que devront être
pondent mal, ou souvent pas du tout, à quefois désastreux (désertüication, par mesurés et jugés, sans complaisance, les
la demande des pays en voie de déve- exemple). On citera également les efforts effectués . La réussite est égale-
loppement en moyens de production de exemples de conditions de travail in- ment conditionnée et liée à une action
petites séries, peu exigeants en capital, dustriel inacceptables (le Bureau Inter- générale de soutien, de suivi et de pro-
mais fortement créateurs d'emplois peu national du Travail regorge de dossiers motion de la Science et de la Techni-
qualifiés. à ce sujet) ; etc. que, dans ces pays, en matière d'ensei-
Les biens d'équipements et les pro- Notre technologie apparaît ainsi dans gnement, de formation, d'information,
duits de consommation durables dans l'ensemble inadéquate : à terme inopé- de documentation, de création de cen-
les pays avancés ont un niveau extrême- rante, quelquefois nuisible, dans tous tres de recherche, etc.
ment élévé de performances, mais ils ne les cas insuffisamment efficiente. On peut résolument être optimiste
sont pas prévus pour répondre à des sur cette voie d'approche, pour deux
conditions particulièrement sévères raisons essentielles. La première est que
d'utilisation. C'est tout le contraire qui le niveau qu'ont atteint la connaissance
est demandé dans les pays en voie de scientifique générale et les techniques
ne technologie adaptée, appro-

U
développement : exigences en perfor- de base est tel qu'à ce jour il a très par-
mances limitées, mais par contre impé- priée à ces pays, «sur mesu- tiellement été exploité. La seconde est
ratifs de faible consommation en éner- res)}, est à développer, d'une que les méthodes systématiques d'ex-
gie (celle-ci est peu disponible), de façon générale satisfaisant ploitation existent et ont déjà été mises
durée de vie et de fiabilité élevées et avant tout les besoins essen- au point. Le débarquement sur la Lune,
d'installation et de maintenance aisées. tiels et de base locaux, à fort coefficient vieux rêve réalisé de l'Homme, en a
Dans un autre domaine, celui du mi- de main-d'oeuvre, demandant peu de fourni une preuve éclatante en 1969.
lieu rural où vivent la majorité des ha- capital, transformant les matières et les L'enjeu à terme est lui aussi considé-
bitants de ces pays, il existe, dans de produits locaux, et conduisant à des rable. Il s'agit d'apporter toute notre
très nombreux cas, une immense de- équipements aux performances non su- aide aux pays en voie de développe-
mande non satisfaite pour une techno- rabondantes, consommant peu d'éner- ment pour leur permettre, à partir de la
logie «intermédiaire l), facilement ac- gie et ayant une maintenabilité, une du- connaissance scientifique universelle qui
cessible mais la plus moderne, rabilité et une fiabilité élevées. est le bien et l'héritage de toute l'huma-
permettant simplement à partir des ma- Une telle technologie, essentiellement nité, de définir leur propre technologie
tières premières et de la main-d'oeuvre parce qu'elle «colle aux besoins», mo- qui réponde à leurs propres besoins, à
locales de fabriquer les objets de bilise moins de ressources, est moins leurs propres aspirations et à leur pro-
consommation de la vie courante. Une « chère ». Elle doit permettre à ces pays pre culture, et cela de façon autonome
telle «micro-technologie )) n'est pas dis- de se développer non seulement mieux et indépendante. Il s'agit finalement de
ponible chez les pays avancés, évidem- mais plus rapidement. les aider à définir et à réaliser pleine-
ment parce qu'elle n'a pas lieu d'être. L'entreprise est considérable. Les ment leur destin.
pays en développement, qui sont évi-
Enfin le transfert «mimétique » de demment avant tout concernés, n'ont ôt ou tard, la nécessité d'un tel
notre technologie, même dans les cas a pas eux-mêmes dans l'ensemble, au- dessein apparaîtra inéluctable.
priori les plus bénéfiques, s'accompagne jourd'hui et de loin, l'infrastructure Il est du devoir et de l'intérêt
toujours à des degrés divers d'effets se- scientüique et technique nécessaire de notre pays, qui est ajourd'hui
condaires pervers, quelquefois tels que pour s'y consacrer. confronté avec acuité au pro-
le bilan global apparaît négatif. Mais il s'agit, comme nous l'avons blème de la meilleure insertion de son
L'« inflation technique 1>, c'est-à-dire vu, d'une entreprise urgente et qui appareil productif dans le contexte in-
la mise en oeuvre de projets surabon- concerne également les autres pays. 'ternational, de s'y engager le plus tôt
dants et mal utilisés, favorisée par des Elle relève ainsi spécifiquement de la possible.
causes multiples et génératrice de gas- coopération internationale et de la res- Face à l'immense demande poten-
pillages des ressources, est l'un des plus ponsabilité de pays comme le nôtre, qui tielle, qui ne fera que s'à.ffirmer, pour
fréquents. Au plan humain, les consé- en mettant à disposition à cet effet de nouveaux produits et de nouveaux
quences indirectes de l'apport de ces leurs propres moyens de R et D et d'in- procédés répondants et adaptés aux be-
techniques, répertoriées sous le vocable génierie, peuvent apporter une forme soins réels de ces pays, la France est
de « choc technologique » peuvent aller d'aide des plus efficaces. certainement l'une des nations les
de simples phénomènes de « stratifica- Dans le même souci d'efficacité né- mieux placées pour tenter d'y répondre.
tion sociale» jusqu'à des ruptures, voire cessaire, une stratégie de mise la plus Son potentiel scientüique et technique
la destruction des structures sociales ou directe de ia Science et de la Technique est indéniable et actuellement sous-em-
culturelles locales existantes. Se renou- au service de ces pays doit, à cette occa- ployé. Sa position politique, de puis-
velant le plus souvent par l'écrémage sion, être pratiquée. sance moyenne ouverte vers les pays en
des marchés et faisant un appel massü Dans tout projet, la conception (et la développement, la privilégie. Engager
74 aux méthodes publicitaires, aux politi- définition d'e programmes éventuels de dans une telle tâche une action signifi-
cative, en lui consacrant, affectée d'un Cette entreprise faciliterait pour d'économiser l'énergie et les matières
haut degré de priorité, une part corres- nous-mêmes, l'instauration de cette premières, de limiter la pollution et de
pondante des efforts nationaux d'aide « autre croissance)} à laquelle aspirent protéger l'environnement, d'améliorer
et de recherche, permettrait, entre nos sociétés industrielles, c'est-à-dire en l'emploi et les conditions de travail.
autres, à notre pays de bénéficier rapi- fait la mise en oeuvre également d'une Elle permettrait d'ouvrir la voie à un
dement d'un accroissement de ses ex- autre techndlogie plus efficiente et ré- progrès technique qualitativement da-
portations et d'une amélioration de pondant mieux à des exigences qui ap- vantage au service de tous les hommes
l'emploi. paraissent être primordiales, comme et porteur de plus de <ijustice ».
SÉNÉGAL, DAKAR,
UNESCO/PA PITTET.

75
COOPER ION
EXPORTATION
QUELQUES ADRESSES UTILES :

MINISTÈRÈ DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES


Relations culturelles scientifiques et techniques
37, Quai d'Orsay - 75700 PARIS 555.95.40

MINISTÈRE DU BUDGET
Direction Générale des Douanes et Droits Indirects
93, rue de Rivoli - 75001 PARIS 260.33.00

MINISTÈRE DU COMMERCE EXTERIEUR


Direction des Relations Économiques Extérieures
41, quai Branly - 75007 PARIS 555.92.20

MINISTÈRE DE LA COOPËRATION
20, rue Monsieur - 75007 PARIS 567.55.90

MINISTÈRE DE L'ËCONOMIE
Direction du Trésor (Affaires internationales)
93, rue de Rivoli - 75001 PARIS 260.33.00
Direction du Trésor (Investissements Etrangers)
42, rue de Clichy - 75009 PARIS 874.05.72

CENTRE FRANÇAIS DU COMMERCE EXTERIEUR


10, avenue d'léna - 75783 PARIS 723.61.23

COMPAGNIE FRANÇAISE D'ASSURANCE


POUR LE COMMERCE EXTERIEUR (COFACE)
32, rue Marbeuf - 75008 PARIS 256.60.20

BANQUE DE FRANCE - DIRECTION DES SERVICES ËTRANGERS


9, rue Croix des Petits Champs - 75001 PARIS 261.56.72

BANQUE FRANÇAISE DU COMMERCE EXTERIEUR


21, boulevard Haussmann - 75427 PARIS 233.44.45

CAISSE CENTRALE DE COOPËRATION ËCONOMIQUE


233, boulevard St Germain - 75007 PARIS 550.32.20

AGENCE POUR LA COOPËRATION TECHNIQUE INDUSTRIELLE


ET ËCONOMIQUE (ACTIM)
64, rue Pierre-Charron - 75008 PARIS 359.97.41

CHAMBRE DE COMMERCE INTERNATIONALE


38, Cours Albert 1" - 75008 PARIS 265.12.66

INSTITUT DE COMMERCE INTERNATIONAL


5, avenue Pierre 1" de Serbie - 75116 PARIS 723.61.23

BUREAU COMMUN DU SERVICE NATIONAL


57, boulevard des Invalides - 75007 PARIS 577.02.77

76
l i

AVIONIQUE RADIO-
DÉTECTION COMMUNICATIONS
TRANSMISSION
SYSTÈMES
DIFFUSION

COMMUTATION
INFORMATIQUE
TÉLÉPHONIQUE

INSTRUMENTATION
SCIENTIFIQUE
COMPOSANTS
,

foUIPEMENTS
ET TUBES ELECTRO-HYDRAULIQUES
ÉLECTRONIQUES •
FORMATION DU PERSONNEL
DES CLIENTS

THOMSON-CSF

LMT- Le Matériel Téléphonique

LTT - Lignes Télégraphiques et Téléphoniques

SOCIETE DES TELEPHONES STE (THOMSON-ERICSSON)
Un ensemble de dimension internationale

11-IOMSON-CSF
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PAUL-WUIS CAMIZON (61)


DIRECTEUR GËNËRAL ADJOINT

D. FEALI S.A.
132 BD HAUSSMANN 75008 PARIS TEL 2618040 TELEX FEAUPAR 290561 F
78
Carnet professionnel

Alfred Sauvy (20 S), a été nommé nommé Président de la BFIC (Ban- Christian Stoffaës (66), a reçu le
Président du Conseil scientifique de que· de Financement pour l'industrie prix de la fondation HEC pour son
l'Institut National d'Études démogra- et le Commerce). livre « La grande menace indus-
phiques. Richard Armand (57), ingénieur trielle n.
Pierre Cintrat (33), a été élu Prési- des Mines devient Directeur des Af-
dent de l'Union des Ports autono: faires sociales de PUK.
mes et des Chambres de commerce Jacques Darmon (59), quitte ses LE BUREAU
et d'industries maritîmes. fonctions de Directeur du Cabinet DES CARRIÈRES DE L'A.X.
Clàude Cans (41), Président Direc- du Ministre de !'Environnement et 12, rue de Poitiers
teur général de la CGEA (Compa- devient Directeur général du groupe 75007 PARIS
gnie Générale d'Entreprises Auto- Agache-Willot. 548.41.94
mobiles) a été élu Président de la Christian de Fenoyl (59), ingé- Le Général Kelm (X 33)
Chambre Syndicale Nationale des nieur des Ponts et Chaussées a été a été doté de moyens nouveaux
loueurs de Véhicules industriels. nommé adjoint au Directeur général Mals li lui faut toujours plus d'
Raymond Lévy (46) et Giibert des Postes. OFFRES D'EMPLOI
Rutman (47), dans le cadre de la Bernard Joseph (59), Président Pour des polytechniciens
réorganisation du groupe Elf-Aqui- du Directoire du groupement Fran- de tous Ages
taîne, assureront tous deux des çais d'Informatique va succéder à Les CAMARADES QUI PAR LEUR
fonctions de Vice-Président Direc- Alain Schlumberger (48) à la Prési- SITUATION PEUVENT DISPOSER
teur général. dence de la SERTI. DE TELS POSTES doivent les
Claude Janssen (50), a été Jean-Pierre Capron (62), Direc- faire parvenir au BUREAU DES
nommé Directeur général de la Ban- teur des Hydrocarbures au Ministère CARRIÈRES.
que Worms. de l'industrie a été nommé Commis- La solidarité polytechnlclenne
Claude Bébéar (55), Directeur gé- saire du Gouvernement adjoint doit jouer pour nos chômeurs.
néral des Mutuelles Unies, a été auprès de Gaz de France. 79
Informations diverses

Les économies
de matières premières
Ce mois-ci paraît un numéro des Prix
Annales dos Mines entièrement de la Société Générale
consacré aux économies de matiè- pour !'énergie
res premières. Sa préparation a été
coordonnée par M. Michel Clamen Les candidatures pour le Prix
(57) (direction générale de l'Énergie 1979 peuvent être adressées dès à
et des Matières premières, Ministère présent au Secrétariat du Prix, où
de l'industrie). elles seront reçues jusqu'au 15
Ce numéro, d'un intérêt excep- avril 1979.
tionnel, est à commander à GEDIM, Gala des Grandes Écoles D'un montant annuel de
19, rue du Grand Moulin, 42029 St- 250 000 francs, le Prix pour !'Énergie
Etienne Cédex (30 F l'unité pour les Cette Mnée, l'X présentera, au 3' est décerné chaque année par un
quatre premiers, 23 F pour les sui- Gala des Grandes Écoles qui aura Jury présidé par le Professeur Louis
vants). lieu les 1" et 2 mars 1979, au Neel, Prix Nobel, en vue de récom-
chapiteau Jean Richard (Porte de penser la meilleure initiative ayant
Colloque Gay-Lussac Pantin), un numéro de Cape et pour effet d'améliorer la situation
d'Epée. Nos camarades seront en- énergétique de notre Pays.
Le colloque organisé à l'occasion traînés par le maître d'armes de En plus du Prix principal, peuvent
du bicentenaire de la naissance du l'École. être décernés des Prix d'encourage-
chimiste Gay-Lussac, que nous Ce spectacle, qui réunira 300 étu- ment d'un montant global annuel de
avions annoncé dans la Jaune et la diants de plusieurs Grandes Écoles, 25 000 francs.
Rouge du mois de septembre se déroulera sans doute dans une Ouvert à tous, individus ou équi-
(n° 333) a eu lieu les 11, 12 et 13 dé- ambiance de fête extraordinaire. Ce pes, de toute appartenance, ce
cembre derniers. Le lieu choisi pour qui fit écrire à Jacqueline Cartier concours vise à encourager tous
cette célébration était l'École Poly- (dans France-Soir), au lendemain du ceux qui s'attachent à réaliser l'ob-
technique, à laquelle le savant fut 2° Gala : <1 Formidable ! ». jectif visé ci-dessus.
étroitement lié pendant ,43 ans, de Venez nombreux (prix des places: Tous renseignements seront
1797 à 1840, comme élève, comme 60, 90, 120 F). Pour tout renseigne- communiqués sur simple demande
répétitelj]r., et.comme professeur. ment, s'adresser à !'Association du au Secrétariat du Prix de la Société
Précédé d'une conférence de M. Gala des Grandes Écoles, 8, rue de Générale pour !'Energie, 29 boule-
Fétizon, Professeur de chimie à Lota, 75016 Paris. Téléphone vard Haussmann, 75009 Paris - tél :
l'École, le colloque a été présenté 504.97.29 266.54.00, poste 36.23.
par M. Pierre Aigrain, secrétaire
d'État à la Recherche, et s'est pour-
suivi par une série d'exposés et de
conférences des Professeurs Cross- AU SERVICE DU TRANSPORT INTERNATIONAL
land, G.reenaway, Knight (Grande-
Bretagne), Mandelbaum (États-Unis), FRANSMER S.A.
Guedon, T.H. Levere (Canada), Ler-
vig (Danemark), Jacques, Fétizon,
Transport International : Usines clés en mains. Société de Transports
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pot, Todericiu, Rosmorduc, Hurwic, 74, rue de Rome - 75008 Parî,s.
de Mme Sadoun Goupil, de MM. Tél.: 292-26-01 - Télex: 280802
Fauconnier et J.P. Callot (France).
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manuscrits, documents et appareils Tél.: (20) 66-19-95.
avait été organisée par la bibliothè-
Bureaux de liaison : à Grenoble (Isère) - Nouméa (Nouvelle Calédo-
que de l'École. Les participants fu-
nie) et Mani1le (Philippines).
rent réunis au cocktail offert par le
Général Saunier, Directeur général Nombreux correspondants dans le monde.
80 de l'École Polytechnique.
supérieur

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81
1

Crédit X - Mines vous permet d'obte- 2. Prêts personnels à M.T. (2 à des éventuels prêts antérieurs, ne
nir des Prêts personnels à 14,25 %, 5 ans) doit pas dépasser en principe 30 %
et Immobiliers à partir de 11,25 % - Pour frais familiaux exceptionnels, de ses ressources.
(7 ans), 12,75 % (20 ans), assurance départ à la retraite, équipement im- - Assurance - Tous les prêts sont
comprise. mobilier. assortis d'une assurance décès in-
validité.
A. Crédit X • Mines
- Association créée en 1968 avec 3. Prêts immobiliers à M.T.
l'aide de l'A.X., sous la dénomination (3/7 ans) ou L.T. (10/20 ans):
du Crédit X, pour faciliter aux an- - Pour le financement de terrains à
Renseignements
ciens élèves de !'École Polytechni- bâtir, résidence principale (ou de fu-
et établissements
que, ainsi qu'aux veuves et orphe- ture retraite), résidences secondai-
des dossiers.
lins de camarades, l'obtention de res, travaux immobiliers importants
prêts destinés à faciliter la résolution dans résidence principale. Tous les renseignements néces-
de leurs problèmes. saires à l'établissement des dos-
- Apporte sa caution aux prêts solli- siers, ainsi que la préparation de
cités auprès des 4 organismes ban- ceux-ci peuvent être obtenus à :
caires (mentionnés en D ci-après) C. Règles générales applicables - Secrétariat de Crédit X - Mines,
avec lesquels l'Association est en à tous les prêts 12, rue de Poitiers, 75007 Paris, télé-
rapport. En retour, les banques inté- La garantie de Crédit X - Mines phone 222.76.27. responsable: M.
ressées consentent aux membres de est uniquement délivrée pour te Baudrimont (35) (ouvert aux heures
l'association un tarif préférentiel, compte de ses sociétaires: cotisa- habituelles de bureau, du lundi au
unique pour les quatre banques, tion annuelle de F. 25, - à F. 1 OO - vendredi inclus, sauf les mercredi et
dont les taux sont inférieurs à ceux selon la nature du prêt. vendredi après-midi).
qu'elles pratiquent avec leurs clients - 'Fonds de Garantie - La caution - Caisse Centrale des Banques Po-
ordinaires. donnée aux banques est appuyée pulaires (C.C.B.P.), 115, rue Mont-
L'Assemblée générale extraordi- sur un Fonds de Garantie constitué martre, 75002 Paris. Tél.: 296.15.15,
naire du 5 juillet 1978 a décidé d'ad- par prélèvement sur les sommes em- responsable : Mlle Contri (poste
mettre également comme bénéficiai- pruntées (1 % pour les prêts hypo- 504). (On peut aussi s'adresser dans
res des interventions de Crédit X les thécaires par exemple). Ce prélève- chacune des (21) Banques Populai-
anciens élèves des trois écoles des ment est restitué, à sa valeur res).
Mines, de Paris, de Saint-Étienne et nominale, lorsque le prêt est amorti, - Crédit Lyonnais, Agence T 420 -
Nancy. De ce fait, depuis cette date, cette restitution ne pouvant interve- 58, Boulevard Saint-germain, 75005
Crédit X est devenu Crédit X-Mines. nir que lorsque les comptes de l'an- Paris, Tél. : 633.02.30, responsable :
née N pendant laquelle a eu lieu M. Leroy (On peut aussi s'adresser à
B. Prêts consentis l'amortissement ont été approuvés chacune des Agences).
1. Prêts à C. T. (durée maximum : par l'Assemblée générale de l'année - Banque industrielle et Mobilière
2 ans): N + 1. Privée (B.l.M.P.) 37 /39, rue d'Anjou,
- achat de biens mobiliers : voitures - Montant maximum des mensuali- 75008 Paris, Tél. : 266.91.52, respon-
automobiles, équipement ménager, tés sable : M. Fleurat.
bateaux de plaisance ... L'ensemble des charges suppor- - Banque de financement immobilier
- relais dans l'attente de la vente tées par le candidat emprunteur du Sovac, 75008 Paris. Tél.: 292.12.12,
d'un bien immobilier. fait du, ou des prêts sollicités, ou Responsable : M. Barret.

82
-------------------------------·«·---------
11

a vie de l'association

Suite
au déjeuner
des Présidents

Le problème des relations entre Général Commandant, exposant les efficaces quoiqu'informels avec les
I' A.X. et les élèves ayant été, au vœux des élèves en certains domai- représentants des élèves.
cours du débat qui a suivi le déjeu- nes, et en particulier en matière La tâche n'est pas facile car ceux-
ner, évoqué par un camarade d'une d'enseignement à l'École. ci ont très souvent des préoccupa-
jeune promotion, nous avons reçu Les événements de 1968 ont inter- tions immédiates absorbantes.
une lettre d'un ancien ayant fait par- rompu la poursuite de ces contacts En conclusion, !'A.X. poursuit,
tie du Conseil de l'A.X. entre les qui, repris seulement en 1972, à l'ini- depuis plus de vingt ans, une politi-
années 60 et 75, lettre qui précise tiative du Président Jean Gautier, que de contacts permanents avec
quelques faits : ont été maintenus par la suite. les jeunes, et elle souhaite très vive-
Dès 1961, une commission de Notre camarade Gresse et notre ment que les manifestations de cette
cinq membres organisait trois ou Délégué général s'efforcent, malgré solidarité débordent le cadre utili-
quatre réunions réunions par an, les difficultés résultant de la coupure taire des demandes de prêts d'hon-
avec des élèves de deuxième année. créée par le service militaire avant neur ou d'aval de Crédit X ou d'in-
Un rapport annuel était adressé au l'entrée à l'École, d'établir des liens tervention du Bureau des Carrières.

COTISATIONS 79

Le Trésorier :

• rappelle que conformément à • Informe tous les camarades


l'article 17 du règlement lnté· ayant autorisé I' A.X. à un prélè·
rieur de la société • la cotisation vement automatique sur leur
annuelle doit être payée, au plus compte (bancaire ou postal) que
tard, le 31 mars de l'année à la· ce prélèvement sera effectué à
quelle elle s'apllique • ; partir du 15 février. Le montant
de la cotisation a été porté pour
1979 à 180 F (décision de
• demande à tous les camarades
l'Assemblée générale du 15 juin
qui règlent, directement, leur
1978) avec réduction pour les
cotisation par chèque, de bien
Jeunes promotions à savoir :
vouloir respecter ce délai (sans
oublier de préciser leur promo• 135 F promos 69 à 72 Incluse
tion sur leur chèque) ; 90 F promos 73 à 76 Incluse.

83
X - BREVETS ET LICENCE
Groupes X APPEL Convocations
AUX CAMARADES CONCERNËS
PAR L'INNOVATION de
Promotions
X-MUSIQUE
Créé en 1973, le Groupe, s'est
La prochaine réunion du groupe donné pour mission de rassembler
1919Sp
aura lieu le dimanche 18 mars tous les Camarades dont l'activité
1979, à 15 heuras, chez J.-F. Guil- professionnelle est concernée par la Déjeuner avec épouses, - jeudi
bert (66) 29, rue du Général-Deles- Propriété Industrielle et plus spécia- 15 mars, à 12 h 45 à la Maison des
traint, Paris 16"' lement par les Brevets d'invention. A X. Adhésions à BABINET, 41, rue de
ce titre, le Groupe constitue un point Villiers, 92200 Neuilly-sur-Seine. Té-
Création de rencontre pour les camarades de léphone 758.11.62
d'un groupe X CHINE la fonction publique (INPI, OEB, no-
tamment), les directeurs des servi- 1923
Au moment où la Chine s'ouvre ces Propriété industrielle des gran- Déjeuner le jeudi 22 février, à
plus largement à notre pays, la créa- des entreprises, les Conseils en 12 h 45, Maison des X.
tion d'un groupe X Chine me semble Brevets, les Spécialistes en conces-
s'imposer. sion de licences et transferts de
Sur le plan des affaires comme Technologie. 1924
sur le plan du tourisme culturel, les Depuis sa création, le Groupe Le prochain repas de ménages
contacts se multiplient, les visites s'est réuni régulièrement, en aura lieu le mardi 13 février, 12 rue
deviennent nombreuses et, par voie moyenne trois fois par an, tout en de Poitiers. Déjeuner à partir de
de conséquence, le volume d'infor- appliquant des Statuts très simples 12 h 30.
mations recueillies devient sans consistant à désigner chaque année
commune mesure avec ce qu'on un Président et un Vice-Président 1929
parvenait hier à savoir. qui sont ainsi permutés chaque Le déjeuner de promodu 50' an•
Des échanges d'informations année, ce qui est un gage de renou- niversaire aura lieu à Palaiseau, le
entre nous deviennent possibles, vellement des idées et de dyna- samedi 19mai1979, à 12 h 30.,
des réflexions aussi car l'événe• misme. Il sera précédé d'une messe célé-
ment est gros de conséquences. Cependant, un nombre croissant brée à 11 heures, à l'École.
Nous buts seraient autant cultu- de Camarades dont les activités pro- Une criculaire sera adressée en
rels qu'économiques, et la politique fessionnelles concernent l'INNOVA- temps utile, avec toutes précisions
en serait absente. TION (Responsables de Recherches nécessaires.
Je souhaite que de nombreux ca- ou Directeurs Techniques notam-
marades acceptent de coopérer à la ment) prennent part aux Réunions 1932 - 1933 - 1934
naissance d'un Groupe X Chine et du Groupe.
veuillent bien me l'écrire: Paul Borel Pot de l'amitié, le mardi 20 fé-
Les deux dernières Réunions ont
(26) Président d'honneur Fondateur vrier, à la Maison des X, à 18 h 30.
traité deux sujets d'actualité pour
de l'Association E.C.T.I. Inscriptions Roth Meyer (32) Deu-
!'Innovation :
bel (33) Aubert (34).
J. Delorme ( 48) « Le déposant
français face au brevet européen »
G. Maire (40) «La rémunération 1932
X-IRAN des inventions des salariés » Le prochain dîner « promo-ménages
A l'heure où les Pouvoirs Publics, X 32 ,, aura lieu le jeudi 22 mars, à
N19us .. avons reçu de nos camara- notamment sous l'impulsion d'André 19 h 30, à la Maison des X.
des du groupe X-Iran la lettre sui- Giraud (1944) engagent une relance
vante: active de !'innovation en France, et Inscriptions à Roth-Meyer.
où concurremment les législations
(( Le Groupe X-Iran s'est réuni pour
de brevets tant en France qu'inter- 1933
son magnan trimestriel, à l'Hôtel
nationalement (Brevet européen, Déjeuner de promo, entre Cama-
Crown-Hyatt de Téhéran, le jeudi 30
PCT) connaissent une évolution .rades, le samedi 24 mars, à la Mai-
Novembre 1978, avec les épouses. sans précédent, il semble particuliè-
Étalent présents (en dépit des cir- son des X, à 12 h 30. Inscriptions
rement soÙhaitable que le plus Deubel, 14 rue Angélique-Vérien,
constances) : Riahi (30) Pirnia (35),
grand nombre de camarades 92200 Neuilly-sur-Seine. Téléphone
Desvallées (44), Vidalenche ( 45),
concernés par l'innovation soient à 722.89.13.
Jolly (51 ), Rocroi (54), Parent (61 ),
même de profiter des activités du
Leservot (63), Voyer (63), Brugerolle
Groupe.
(64), Schreiber (64), Madjedi (64),
Ainsi, le Groupe pourra-t-il consti-
Baudiffier (66), Dorbec (66), Délivré
tuer un forum élargi où seront dé-
(67), Land rot (71 ), Régnier (71) -
battus les problèmes conditionnant
S'étalent excusés (en raison des
pour une bonne part l'avenir de la
circonstances) Hassibi (30), Zirakza-
France.
deh (30), Asfia (34), Aalam (37) Ferry
Tous les Camarades intéressés à
(46), Bernard (52), Soudavar (65);
recevoir les convocations pour les
Saleh (69).
réunions, sont donc priés de se faire
Vu les circonstances, l'ambiance connaître auprès de René Larguier
allait d'un optimisme modéré à un (ALPHACOUSTIC, Tour Nobel
pessimisme raisonné ... Bien cordia- Cedex n• 3 - 92080 Puteaux - Tél.
84 lement. 778.15.15 Poste 64.14).
~
X[ .GPX.GPX.GPX.GPX.GPX.

cc SOIREE dansante :au Styx de la Maison des X, le mardi 27 février à 20 h 30: Soirée Chandeleur.
Participation aux frais : 15 F (inscription au secrétariat).

Tournoi de Bridge: le samedi 17 Février à 15 h 30 précises


Promenades à pied: le 18 février avec Michel Artaud (44): de Pont Sainte Maxence à Chantilly par la
Forêt d'Halatte et la Forêt de Chantilly .
.. Départ: Paris Nord 8 h 36, arrivée Pont-Sainte Maxence: 9 h 20
- Retour à Paris Nord: 17 h 14.
On pourra reprendre le train à Chantilly à 16 h 45 (distance 22km, parcours légèrement accidenté au dé-
part). Suivant le temps et l'ardeur du groupe, il est possible de reprendre le même train gare de Orry-Coye-
la-Forêt à 16 h 51 (distance 24 km).
- Prochaine promenade :4 marsavec Henri Jonquet (25) : visite de Provins et sa région.

Diners.. Débats: le G.P.X. accueillera très prochainement: Yves Montand et notre camarade André Carrus
(16) qui nous parlera du tiercé dont il est le " père » et du monde des courses.
Cours de danse: la deuxième série de cours de danse reprendra le 21 Février. Inscription au sécrétariat.

Exposition de peinture et de sculpture: Une exposition de peintures et de sculptures des adhérents du


G.P.X. aura lieu à la Maison des X les 18et19 juin 1979. Les artistes intéressés peuvent demander le règle-
ment de cette exposition au secrétariat et s'y inscrire.

Les voyages G.P.X.


7-15 Février: La Côte d'ivoire
17-18 mars: week-end à !'Alpe d'Huez
10-17 avril: Rome-Sorrente
21-28 avril: Irlande (de château en château)
24 av. 11 mai: voyage en Chine
mi-mai ou mi-juin : week-end en Camargue
17 au 24 mai : Prague-Budapest et Lac Balaton
23-31 mai : l'Irlande (voyage en bateau)
1"' au 4 juin : descente du Rhin jusqu'à Amsterdam
13 au 16 juin : descente du Rhin (2• formule)

La soirée Cabaret du G.P.X.


aura lieu le Lundi 19 février à 20 h 45
à !'Alcazar 62, rue Mazarine 75006 Paris
21 h : diner - de 23 à 1 h : spectacle
Tenue de ville
(inscription au sécrétariat: 548.52.04)

~q ~~
GPX.GPX.GPX.GPX.GPX.GPX. 85
Carnet polytechnicien

==--<====:::::. -----------,~

1902 1925 1932


Décès: 4.12.78, André Hardy, anc. Mariage : 20.12. 78, Léonettl f.p. de Décès: 24.12.78, Eugène Berger,
ing. Télégr. vice pt de la soc. an. de son mariage avec Madame André Colonel G. hon.
Télécommunications, père de Jean Sigmann (25) - 13.12. 78, Gérard Schaepelynck,
Hardy (36). Décès : 16.12. 78, André Prévot, ing. Général de brigade 2' S.
en chef des Manufactures de l'État
1903 ietr. 1933
Fiançailles: Madame Henri Noël f.p. Naissances : Rochelet f.p. de la
des fianç. de son petit-fils, Vincent 1926 naiss. de ses deux petits-fils :
Noël, avec Mlle Marie-Agnès Jarry, Naissances: Crolzat f.p. de la Thierry, chez Alain et Martine
et de la naiss. de son arr. petite fille naiss. de ses 8' et 9' petits-enfants : (30.8.78); Mayeul, chez Jean-Michel
Diane des Courtils. Hubert Croizat et Cyrille Julien-La- et Marie-Odile (16.12. 78).
ferrîère.
1918 - 17.11.78, Tortat f.p. de la naiss.
1935
Décès : 14.12. 78, Roland Zlégel, de son 26' petit-enfant, Clément, fils
ing. général 1' cl.G.M. 2' S., Présl· d'Odile et Jean Bonhomme. Naissances : 16.11. 78,, Albert Daup·
dent de X Organisation, Membre tain f.p. de la naiss. de ses 8' et 9'
de la Caisse de Secours de !'A.X. 1930 petits-enfants: Antoine et Florence,
Naissance: 28.11.78, Leclerc f.p. au foyer de son fils Bernard.
1919 de la naiss. de son 9' petit-enfant, Décès : Jean Hardy f.p. du décès de
Décès : 2.12. 78, Gérard de Charo· Magalie Leclerc. son père, André Hardy (02)
don (Routy), ing. pp. A.N. hon - Décès: 20.11.78, Raphaël Panerai
27.12.78, Charles Suchet, directeur a la douleur de f.p. du décès de sa 1939
hon. de !'École N.S. des Télécom- fille Claude, à l'âge de 26 ans. Mariage: 2.12.7S, Mitjavllle f.p. du
munications, membre du Conseil de mariage de son fils Christian (71 ),
'!'École, beau-père de Maurel (42). 1931 avec Isabelle Tissier.
Naissance: 24.11.78, Fradln f.p. de Décès: 8.12.78, Edouard Melllan,
1924 la naiss. de son 7' petit-enfant, Clé- lng, des Manufactures de l'État
Décès: 26.12.78, Charles Arnould, mentine, fille du LI de vaisseau Fi- dém., Direct. des Et. Crédit Mobilier
86 lng. général 1' cl. des Poudres, 2' S. chant et de sa fille Colette. lndustr. Sovac.
1941 1949 Mariage : 23.12. 78, Jean Fournet
f.p. de son mariage avec C\aude-
Décès : 1.9. 78, Georges Décès: Landon l.p. du. décès de
France Arnould, anc. élève de
Brauer,Président Direct. gén. Mou- son beau-père Jean Calmettes (08)
l'École Normale sup. de J.F., agré-
lin de Morannes. survenu le 4.11. 78
gée de l'Université.
- 2.12.78, André Texier a la douleur
de f.p. du décès de son père, le Gé-
1943 néral Texier.
1971
Naissance: 9.12.78, Jean-Félix Avril
f.p. de la naiss. de sa petite-fille, Fla-
1954 Mariage: 16.12.78, Francis, Lalle·
Décès : 26.12. 78, Jacques Tricaud, mant f.p. de son mariage avec Mlle
vie Durand-Dubief, également petite- Sophie Boisnard, petite-fille de Jo-
ing. en chef Soc. des Grands Tra-
fille de Durand-Dublef (34), arrière- seph Desbordes (20 Sp).
vaux de Marseille.
petite-fille de Durand (06) et de Le
Normand (04), et arr. arr. petite-fille 1958
de Le Normand (1860).
Naissance : 6.1O.78, François
1972
Schlosser f.p. de la naiss. de Marie, Mariages: 9.9.78, Thu Thuy Ta f.p.
sœur de Hervé. de son mariage avec Henry Baras•
1944 ton.
Décès: 13.11.78, Pierre Pascal f.p.
du décès de son père, André Pas-
1961 - 2.12.78, Philippe Vincent f.p. de
Naissance: Pébereau f.p. de la son mariage avec Mlle Geneviève
cal (14), grand-père d'Olivier Pas· naiss. de Iris, sœur de Alexandre et Saurel.
cal (72). Jérôme.
1974
1945 1966 Naissance : 3.12. 78, Laurie et Didier
Naissance: 10.12.78, Duverny f.p. Naissance: 19.12.78, Dominique Maillard (tous deux de la promotion
de la naiss. de sa petite-fille, Béa- Maillotte f.p. de la naiss. de Pierre- 197 4) f.p. de la naiss. de Sébastien.
trice, fille de Terrasse (76). Adrien, frère de David et d'Antoine.

1946 1967 1975


Mariage: 16.12.78, Jean-Marie
Mariages : Perdreau l.p. du ma- Naissance : 11.12. 78, Michel Bu-
Tourret f.p. de son mariage avec
riage de sa fille Laurence, petite-fille reau f.p. de la naiss. de son fils,
Mlle Michèle Giarette.
de Perdreau (14), avec M. Bruno Geoffroy, frère de Jérôme.
Jacquot.
- 16.12. 78, Piganeau f.p. du ma- 1968 1976
riage de son fils Olivier, avec Béa- Naissance : 12.8. 78, Fernand Jour- Naissance: 10.12.78, Xavier Ter•
trice Moussel, petite-fille de Soyer dan f.p. de la naiss. de son fils rasse f.p. de la naiss. de sa fille
(13) Simon. Béatrice.

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techniciens de Joigny » peut aussi
accueillir pour des séjours de courte
et moyenne durée, des camarades,
ou des membres de leur proche fa-
mille, qui souhaitent bénéficier d'un
havre de repos.
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Le général Keim (33) est à la disposition des employeurs pour toute offre pouvant intéresser les polytechniciens. Les camarades à la
recherche d'une situation, même si cela n'a pas un caractère d'urgence, ont toujours intérêt à se faire connaitre, en écrivant ou en
téléphonant au Bureau des Carrières. S'ils le souhaitent, ils peuvent recevoir directement, et sans tenir compte des délais de publica-
tion, la liste des offres récentes disponibles au Bureau des Carrières.

OFFRES DE SITUATION Voir activités de GMV. Conseil dans rapport


Carrières.
Il sera en particulier chargé de la mise en
place de nouveaux moyens d'essais. S'adres-
Voir J. GIROlRE, Président-directeur Général, ser Bur. des Carrières.
Le Bureau d'information sur les Car- GMV Conseil, 15, avenue d'Eylau, 75116 Paris. 6554 - Groupe multinational fabriquant des
Tél. 553.84.73. équipements automobiles de première monte,
rières est parfois sollicité par des or-
ganismes désintéressés recherchant 6480 - SERTI - Conseil en informatique et Or- rech. Directeur Commercial International
ganisation auprès des Grandes Entreprises et de haut niveau, 32 ans, mini., anglais courant,
la collaboration bénévole de cama- capable de négocier à l'échelon le plus élevé
Administrations, recherche des X (promotions
rades, en principe retraités. Se taire 70 à 75). Qualités requises: goût des contacts, chez les grands constructeurs européens.
connaitre à lui. dynamisme, réalisme, Formation assurée au S'adresser Bur. des Carrières.
métier de conseil, responsabilités à court 6556 - Important Groupe français fabr'1quant
terme. Voir activités de SERTI dans rapport des produits pour le bâtiment recherche
Carrières. Jeune contr61eur de gestion, 26 ans mini.,
1°) PARIS Ëcrire à M. ROCHET (X 58) ou P. LE TUAN (X ayant 3 à 5 ans de vie professionnelle, destiné
70) 49, avenue de l'péra 75002 PARIS. à une évolution intéressante dans le Groupe.
ET SES ENVIRONS S'adresser Bur. des Carrières.
6545 - Société d'équipement matériels méca-
nique et électromécanique recherche Direc- 6558 - Société de constructions industriali-
5279 - Cie Général d'informatique recrute teur d'Uslno, 38 ans mini., expérience du sées (350 M. Frs de C.A.) en cours d'une prise
lng. confirmé ou déb. Formation ass. (2 commandement en usine, de la fabrication du de participation d'une autre entreprise (200 M.
mois) Prendre contact avec: CHAPOT (62) ou Frs de C.A.) dans la même activité, recherche
matériel en petite série, de commande numéri-
env. C.V. et photo à Mme JAMET. C.G.I. 84, au niveau d'un holding de moyens, un Adjoint
que et législation sociale. S'adresser Bur. des
rUê de Grenelle, 75007 Paris. au Président du Groupe, poste prévu évo-
Carrières.
luer vers la fonction de directeur général de la
5760 - Société Services informatiques rech : 6547 - Très importante société d'ingénierie Holding de moyens, 35 ans mini. S'adresser
1) Un Ingénieur programmateur ayant une recherche pour son activité Franco son Dl· Bur. des Carrières.
brève exp. pour participer à des études de ges- recteur Commercial, 40 ans mini. expé-
tion automatisée ou de système informatique. 6559 - Division d'un des plus importants en-
rience d'une dizaine d'années dans bureaux sembles de construction mécanique rech. Dl·
2) Un Ingénieur programmateur ayant une d'études ou d'ingénierie avec des responsabili-
brève exp. pour participer à des études de ges- recteur adjoint d'établlssament, 35 ans
tés à dominante commerciale. S'adresser sur. mini., bonne expér. de la conduite d'une usine
tion automatisée ou~ de système informatique. des Carrières ·
3) Un Ingénieur pour participer à des à haut niveau technique et connaissance indis-
études et Intervention do haut niveau en 6549 - HERVE & FILS, imprimeurs, recherche pensable de technologie de fabrication méca-
clientèle notamment en province et à l'étran- Cadre commercial destin.é à la vente dans le nique, anglais souhaité. S'adresser Bur. des
ger. 1 à 3 ans d'exp. en org. et en informatique secteur public et ayant une connaissance ap- Carrières.
de gestion. Anglais souhaité. S'adresser Bur. profondie des exigences des marchés publics, 6560 - Entreprise d'ingénierie du bâtiment
des Carrières. poste convenant à un retraité de la fonction TCE, en plein croissance, rech. pour seconder
604 7 - soc. de Conseil en organ. rech. publique, ayant le çioût du commercial. le Président Directeur Général, Directeur Gé·
jeunes cam. 22-26 ans. Oéb. ou 1 à 2 ans S'adresser Bur. des Carrières. néral Adjoint, 35 ans mini., ayant travaillé en
d'exp. pour plusieurs postes ing. Conseil - Tra- 6550 - NORBERT BEYRARD FRANCE, spé- bureau d'études pendant environ 5 ans, puis
vail en Ëquipe - Possibilité d'acquérir rapide- calisé dans les questions de mise en valeur de exercé les fonctions de directeur de projets
ment de larges responsabilités - Formation per- Régions, utilisant l'outil informatique tant dans «clés en mains• ou directeur de travaux.
manente (cours et séminaires en France et aux le domaine du calcul scientifique que dans S'adresser Bur. des Carrières.
U.S.A.) Anglais. S'adresser Bur. des Car. celui du calcul de gestion rech. Ingénieur, 6561 - Pour son équipe d'informatique indus-
6216 Promotion 72 à 75 - GMV Conseil re- âge indiff., pouvant envisager des séjours à trielle, développant sur minis ou micros des
cherche des X (promotions 72 à 75) pour ac- !'Etranger pour collaborer à des équipes de outils d'aide à la décision de son entreprise,
croitre son équipe de conseils en organisation, Recherche Opérationnelle. S'adfresser Bur. TRAPIL rech. Ingénieur Informaticien, dé-
marketing et relations humaines. des Carrières. butant (informatique orientée système ou math.
Formation au métier de conseil assurée. Sens 6551 - FERODO rech. pour son centre de re- appliquées.) S'adresser Bur. des Carrières.
pratique et qualités de contact exigés sur des cherches thermiques, dans les Yvelines, Ingé- 6562 - Compagnie d' Assurances française
missions réalisées en étroite collaboration avec nieur d'essai, 30 ans mini., ayant de préfé- réalisant plusieurs centaines de millions de
nos clients, ainsi que disponibilité pour dépla- rence une première expérience, surtout de francs d'investissement essentiellement dans
88 cements. commandement, anglais ou allemand apprécié. l'immobflier, rech. pour sa direction financière,
Adjoint au Directeur Immobilier, 30 ans 6552 .. Yvelines, puis Nogent-le-Rotrou ..
mini., généraliste de la finance, maitrisant les FERODO recherche Ingénieur Recherches
DEMANDES DE SITUA·
éléments de base des disciplines financières Appliquées, 30 ans min., ayant 2 à 5 ans TIONS
(comptabilité, fiscalité, droit des sociétés, opé- d'expérienre de recherches en chaudronnerie.
rations et négociations financières), s'adresser thermique ou aéraulique. Il aura la charge de insertions gratuites
Bur. des carrières. la conception et des essais de produits nou-
veaux concernant les ensembles de chauffage 2662 .. Camarade 48 ans, orgine Armement,
6563 - Importante entreprise d'ingénierie, ap-
partenant à un des premiers groupes français, et de climatisation industrielle; il aura égale- Directeur Général Entreprise secteur mécani-
rech. Directeur do la diversification lndus- ment la charge du transfert du Bureau d'Etu- que depuis 5 ans. Précédemment Directeur
trlello, chef de division Développement tech- des des Yvelines à Nogent-le-Rotrou (28). d'usine const. électrique (600 pers.) recherche
nique et Diversification, 37 ans mini., anglais S'adresser Bur. des Carrières. Direction Générale Entreprise ou Direction Dé-
courant, ayant un sens commercial, des capa- 6553 .. Nord do la France - Importante so- partement C.A. 40 à 300 millions. Anglais
cités d'imagination et le sens du risque, et une ciété internationale fabriquant et commerciali- connu. S'adresser Sur. des Carrières.
expériences industrielle souhaitée dans des sant des produits de grande consommation de 2836 .. X 70, doctorat 3• cycle économie Ap-
activités de recherche et de développement en marque réputée, recherche Président, Dlroc• pliquée, anglais courant, expér. enseignement
techniques avancées. S'adresser Bur. des Car- tour Général, 40 ans min., anglais courant, et recherche études économiques et bancaire
rières. gestionnaire confirmé, orientation marketing- recher. poste opérationnel de préférence dans
ventes, dont l'expérience professionnelle réus- la banque. S'adresser Bur. des Carrières.
L'Assoclatlon Échanges et Consultations sie et les qualités peuvent lui permettre de pré-
Techniques Internationales (E.C. T .1.), re• 2838 .. X 50, G.M., anglais courant, expé-
tendre diriger une entreprise au C.A. supérieur
cherche, dans le cadre do la Coopération rience direction industrielle industrie électro-
à 1 md de Frs. S'adresser Bur. des Carrières.
Technique Internationale, dos Ingénieurs mêcanique, électronique, péri-informatique et
6555 .. Rhôno·Alpos - Société française fa- contrôle de gestion, administration générale,
experts bénévoles, on principe retraités,
briquant des produits de grande consomma- recherche poste de responsabilité. s·adresser
pouvant exécuter des missions, non ré-
tion de marque connue, rech. Directeur Gé· Bur. des Carrières.
munérées, mals défrayées des frais do
néral, 40 ans mini., expérience commerciale
voyage et do séjour sur place. Los cama- 2839 .. X 62, civil Télecom., anglais courant,
approfondie en particulier de la direction d'une
rades Intéressés pouvont obtenir tous expérience direct. société import vente aprês
importante force de vente, comportant de nom-
renseignements en s'adressant à BOREL vente matériel manutention et ingénieur
bureaux points de vente. S'adresser Bur. des
(26) ECTI, 23, rue do la Sourdlèro, 75001 conseil organisation et informatique cherche
Carrières.
Paris, Tél.: 261.18.80 et 03.79 (n° AX poste opérationnel. S'adresser Bur. des Carriè-
5983). 6557 .. Marseille - Centre Interministériel res.
d'Etudes et d'expérimentation des systèmes
L'Assoclatlon Valentin Haüy Pour Io bien 2841 .. X 53, GM, Dipl. Nucl. Eng. Berkeley 59
d'information, rech. Directeur de program·
des Aveugles 3, rue Duroc, 75007 Paris, et Management Columbia 78, 13 ans d'expé-
mes, 30 ans mini., ayant travaillé pour l'admi-
recherche camarade bénévole (retraité rience USA dirigeant PME ou division multina-
nistration ou dans l'Administration à des
par exemple) assez qualifié en radiotech- tionale ou Conseil Direction, offre collaboration
postes de responsabilité. S'adresser bur. des
nique pour pouvoir enregistrer sur cas- niveau Dir. Générale, pour études, missions ou
Carrières.
settes dos cours devant servir à Initier responsabilités spécifiques, temps plein ou
dans cette dlsclplino dos radio-amateurs 6564 .. Bordeaux - 1.8.M. recherche quel- partiel. base New York-Stanford. S'adresser
aveugles. •S'adresser à l'Assoclatlon ques Ingénieurs débutants ou courte expér. Bur. des Carrières.
Valentin Hauy à Logaut (21). professionnelle pour les services suivants:
Production, Assurance de la qualité, Étude de
6569 .. Société d'études et de réalisation circuits, Étude, Réalisation et Maintenance
d'électronique professionnelle (développement d·équipements. S'adresser Bur. des Carrières. Le Bureau ne transmet pas
de systèmes de télécom. et d'automatismes en • Sauf cas spécial ..
micro-processeurs) recherche Jeunas lngé .. 6566 .. Grandes villes do province - Impor-
Les demandes dos camarades
nleurs ayant 1 ou 2 ans d'expérience ou de tant Groupe européen de biens d'équipement
Intéressés par los offres cl-dessus.
formation dans un laboratoire en électronique. lourds, recherche Directeur succursale (ou fi-
liale) régionale, 35 ans mini., ayant l'expér. de
Il met en contact directement
S'adresser Bur. des Carrières. demandeur et • Offreur,. d'emploi
la gestion du développement et de l'animation
6570 • Cabinet de conseil orienté vers les d'une entreprise de distribution et de services
problèmes de relations humaines, d'organisa- de moyenne importance (50 M. de F. de C.A.,
tion et de conseil recherche camarade jeune 50 à 130 personnes). S'adresser Bur. des Car-
retraité pour prospection et Introduction rières. 2612 - Cam. ing civil Ponts, ayant fait carrière
auprès des Administrations et des Entreprises. 30 ans cts entreprise T.P. et Bâtiment et bureau
S'adresser Bur. des Carrières. 6567 - Est-Alsace - Important Groupe in-
dustriel français de dimension internationale d'ingénieurs recherche situation Dir. de Soc.
6571 - Paris " Bordeaux .. Liiio • Marsollle rech. Io Directeur d'un établissement de similaires ou Dir. des Travaux chez promo-
.. Nancy .. Orléans - TELESYSTËMES recher- 1 600 personnes, connaissant l'électronique ou teurs. S'adresser Sur. des Car.
che Chefs da Groupe Système et lngé· l'é!ectro-mécanique, quelque peu l'anglais et 2629 - X 42 offre collaboration niveau Dir.
nleurs Système, 26 ans mini. ayant une l'allemand et appréciant l'Alsace. 35 ans mini. Gén. - toutes missions objet et durée détermi-
expér. (ressources du matériel, conception de ·s'adresser Bur. des Carrières. nés - statut de mandataire non salarié - ga-
logiciel et de l'analyse-programmatioon) des rantie de bonne fin - s·adresser Sur. des Car-
gros systèmes CONTAOL DATA, CH HB IRIS 6573 .. Alsne·Pas do Calais - Important
groupe papetier (6 000 personnes) rech. pour rières.
80, Cii HB 66. S'adresser Bur. des Carrières.
postes à évolution rapide en usine Ingénieurs 2630 - Camarade 38 ans, civils Ponts, archi-
6572 .. SIS, filiale de la Compagnie Bancaire, débutants dans les activités suivantes : mé- tecte DPLG. grande exp. Dir. technique et
recherche Ingénieur Informaticien débutant thodes-entretien, organisation-informatique du commerciale. BTP france et étranger, recher-
pour être conseil en informatique de gestion à process, fabrication-énergie, recherches appli- che situation dans société dynamique. S'adres-
une clientèle composée d'entreprises des sec-
quées, service entretien. S'adresser Bur. des ser Sur. des Car.
teurs Industriels et financiers. S'adresser Sur.
Carrières. 2642 - X 56, 40 ans, dix ans directeur adjoint
des Carrières.
de principale agence d'un important bureau
d'études de T.P. spécialisé structures béton,
sérieuses conn. et expéri. dans domaines
2°) PROVINCE 3°) ETRANGER variés rech, poste de respons. correspondant à
ses capa9ités. S'adresser Sur. des Carrières.
6546 .. Lyon - Une des premières sociétés 6544 .. Afrique de l'Ouest - Importante so- 2652 - Camarade 52 ans ancien ing. de l'ar-
régionales (Auvergne-Rhône-Alpes) de service ciété minière recherche Chef du Service mement 10 ans exp. de direction dans une ent.
informatique (23 M.F. de C.A., 140 personnes), Engins, 30 ans mini., connaissant le matériel industrielle privée rech. poste équivalent direc-
filiale d'un important groupe français, rech. In- de terrassement et désireux de développer ses tion générale dans PME ou direction d'un dé-
génieur d'Affalres, 30 ans mini., bonne qualités d'organisateur et de gestionnaire. partement d'entreprise important. S'adresser
Bur. des Carrières.
connaissance des systèmes d'informatique, ex- S'adresser Bur. des Carrières.
périence de plusieurs années dans la négocia- 2678 - X 71, G.M. civil 2 ans d'expérience
tion de projets importants, avec des interlocu~ 6568 .. ltallo - Importante entreprise d'équi- Prod. dans entreprise métall. rech. poste de
teurs de haut niveau et déjà introduit dans le pements de froid alimentaire (1 000 personnes responsabilité P.M.E. S'adresser Bur. des Car-
milieu régional. S'adresser Bur. des Carrières. et plusieurs filiales européennes) recherche rières.
6548 .. VIIIe Universitaire do la Vallée do Directeur Technique si possible ingénieur 2682 - Camarade 45 ans, ayant l'expérience
la Loire - Ecole supérieure privée d'ingé- frigoriste ou physicien-mécanicien de forma- de la recherche-développement et du calcul,
nieurs électroniciens (E.S.E.0.) recherche son tion, 35 ans mini., anglais courant, capable des connaissances en gestion, la pratique de
Directeur, 40 ans mini. S'adresser Sur. des d'assimiler l'italien et familiarisé avec l'informa- l'anglais et l'allemand, cherche un poste de
Carrières. tique. S'adresser Bur. des Carrières. chef de projets industriels' accepte déplace- 89
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ments à l'êtranger. S'adresser Bur. des Carriè- bien autonome. Lieu de travail indiff. S'adres- 2769 - Camarade X 45, grande expérience
res. ser Bur. des Carrières. gestion dans importante société matériel élec-
2753 - X 46 - Expérience Direction Générale trique, cherche poste responsabilité contrôle
2694 - Camarade promo. 45 expêrience in- gestion ou administration dans société simi-
dustrielle et commerciale de produits de PME. directions d'Usine - secteur biens
d'équipements et second oeuvre bâtiment ainsi laire ou P.M.E. S'adresser Bur. des Carrières.
consommation, dans une P.M.E. puis au ni-
veau d'un groupe important de P.M.E. recher- que matières plastiques - rech. poste respon- 2775 - X 70, 5 ans expérience en conseil or-
che poste responsabilité industrielle ou sabilité. S'adresser Bur. des Carrières. ganisation et informatique. Cherche toutes pro-
commerciale dans secteur analogue. S'adres- 2754 - X 35 ans. lng. Civil P.C., expérience positions en France ou à l'Ëtranger. S'adresser
ser Bur. des Carrières. études urbaines et direction grands projets Bur. des Carrières.
d'aménagement, recherche poste de responsa-
2700 - X 71, ingénieur P.C. débutant rech. 2778 - X 69, 5 ans d'expérience organisation
bilité dans sociétés d'aménagements, organis-
poste études et recherche de préférence dans une société de conseils recherche poste
mes de conseil ou domaine similaire. S'adres-
S'adresser Bur. des Carrières. similaire ou poste de responsabilité opération-
ser Bur. des Carrières.
nelle. Anglais, Arabe, Espagnol. S'adresser
2711 - Camarade 52 ans, grande expérience 2756 - X 48, spécialisé dans les transports - Sur. des Carrières.
industrielle et gestion à l'échelon direction - bonne connaissance des langues (Japonais,
métallurgie - électrochimie - mécanique de italien·, Anglais), cherche poste de responsabi- 2781 - X 71 - M.B.A. expérience de 2 ans de
série - cherche poste responsabilité échelon lité. S'adresser Bur. des Carrières. gestion générale PME, anglais courant, espa-
DG s'adresser Sur. dès Carrières. gnol, recherche poste dans une banque ou en-
2759 - Camarade (53). lng. Armement (G.M.-
2716 - Cam. 39 ans - 15ans expérience Aéro) expérience contrôle, production, ges- treprise financière. S'adresser Sur. des Carriè-
conception et réalisation grands projets ingé- tion et prévision, recherche poste de responsa~ res.
nierie - nucléaire - électronique - informati- bilité dans ce cadre. S'adresser Bur. des Car- 2788 - X 57 - P.C. expérience de 10 ans
que temps réel - transports - télécommunica- rières. dans entreprise T.P. et ingénierie expérience
tions - Direction et gestion entreprises - infrastructure routière, anglais courant, recher-
gestion financières - technico-commercial - che poste responsabilités dans ces domaines.
formation - recherche poste hiérarchique ou S'adresser Bur. des Carrières.
fonctionnel bon niveau - Paris ou R.P. ou pro-
che province. S'adresser Sur des Carrières.
2792 - X 73 - ingénieur civil P.C. anglais
courant, en cours de thèse .. économie .. re-
2720 - Camarade (67) cherche poste d'ensei- cherche travail complémentaire mi-temps ou à
gnement en Maths, Physique, Chimie ou infor- LE BUREAU la vacation. S'adresser Bur. des Carrières.
matique. S'adresser Sur. des Carrières.
DES CARRIÈRES DE L'A.X. 2794 - X 51 ans, expérience direction exploi-
2724 - Camarade 43 ans, ing. Armement tation dans transports pétroliers, direction de
12, rue de Poitiers travaux neufs, pratique études économiques et
Expér. industrielle et recherche appliquée mé-
canique, physique, informatique, métrologie, 75007 PARIS gestion, recherche poste responsabilité ou
diplôme 1.A.E. anglais courant, alleman. rech. 548.41.94 conseil. Préférence région parisienne. Anglais
poste Direction technique ou industrielle. courant. S'adresser Bur. des Carrières.
S'adresser Bur. des Carrières. 2795 - X 75, ENSAE et Sciences-Po en cours,
2725 - X 50 - expérience direction générale cherche travail d'été ou stage si possible à
et direction technique transformation plastique Le Général Kelm (X 33) l'étranger. S'adresser Bur. des Carrières.
- électromécanique -recherche poste à l'éche- a été doté de moyens nouveaux 2799 - X29 ans, Sup Aéra, licence en droit,
lon .D.G. ou direction Division, anglais cou- Mals il lui faut toujours plus d 1 anglais courant, 4 ans d'expérience industrie
rant. S'adresser Bur. des Carrières. spatiale dans recherche appliquée et études,
2726 - Cam. GM. 37 ans. l.C.G. expérience cherche poste de responsabilités technique et
coordination en service technique central et OFFRES D'EMPLOI humaine, secteur indifférent. S'adresser BUA.
expérience industrielle en établissement d'ar- des Carrières.
mement, domaine aérospatial, électronique, in- 2800 - X 56, expérience professionnelle dans
formatique, cherche poste responsabilité glo- Pour des polytechniciens
industrie de transformation et industrie de
bale dans domaines concernés ou autres. de tous âges pointe, en poste opérationnel (production,
S'adresser Bur. des Carrières. contrôle) et fonctionnel (conduite de projets,
2730 - X74, anglais courant, bonnes connais- études économiques, plans) rech. dans grande
sances en allemand, rech, poste de débutant entreprise Paris poste de responsabilité.
dans une entreprise dans un service non tech- Les CAMARADES QUI PAR LEUR SI• S'adresser Bur. des Carrières.
nique à Paris. S'adresser Bur. des Carrières. TUATION PEUVENT DISPOSER DE 2801 - X50 - G.M. - Expérience commer-
2731 - Cam. promo 40, expérience technique TELS POSTES doivent les faire parve .. ciale, technique et industrielle, ingénierie, mé-
et gestion en industrie chimique et second nir au BUREAU DES CARRIÈRES. La canique, off-shore à l'échelon direction géné-
oeuvre bâtiment rech. direction administrative solidarité polytechnicienne doit jouer rale, rech. poste de responsabilité dans les
ou secrétariat général moyenne entreprise sec- pour nos chômeurs. mêmes domaines. S'adresser Bur. des Carriè-
teur indtf. préférence région parisienne. Ac- res.
cepterait mission temps limité. Allemand cou- 2802 - X 75, formation ATCT, ayant acquis
rant. S'adresser Bur. des Carrières. une certaine expérience dans le domaine au~
2733 - Cam. 44 ans - Direction de départe- diovisuel (réalisations et techniques cinémato-
ment d'une importante Société d'électronique graphiques) recherche emploi dans ce do-
professionnelle recherche fonction semblable 2761 - X 63, Anglais courant, 5 ans responsa- maine d'activités. S'adresser Bur. des
ou Direction Générale de moyenne entreprise ble centre de profit important (200 m. frs), ex- Carrières.
spécialisée ou non dans l'électronique - Pré- périence préalable organ. commerciale, ban- 2803 - X 46, P.C. civil - C.P.A. - anglais
férence Paris ou banlieue Nord ou Est. que, informatique, rech. poste D.G. ou D.G.A. courant, espagnol, italien, expér. confirmée
S'adresser Bur. des Carrières. province. S'adresser Sur. des Carrières. dans branche T.P. (entreprises ingénierie)
2740 - Camarade, ingénieur Armement, 35 2762 - Camarade X 53, ayant remonté P.M.E. technique, gestion, commercial et négociations
ans expérience industrielle, économique et internationales recherche poste responsabilité
en grande difficulté, propose ses services pour
gestion dans l'industrie chimique, recherche dans ces domaines. S'adresser Bur. des Car-
opération identique région GRENOBLE (ou si-
poste de responsabilité. De préférence Sud de rières.
milaire, en plus aisée). S'adresser Bur. des
la France. S'adresser Bur. des carrières. 2805 - X 40 ans - l.C.G. - Doctorat d'Ëtat
Carrières.
2743 - Camarade 29 ans, 4 ans d'expér. dans 2764 - X 53, expérience direction générale et chimie, anglais courant, expér. recherche ap-
la direction de chantier bâtiments tous corps secrétariat général entreprise moyenne, prati- pliquée avec direction d'équipes, économie et
d'États, rech. poste dans bureau d'enginee- que des fonctions juridiques et financières - stratégie d'entreprise recherche poste de res-
ring, région Sud~Est et possible. S'adresser organisation - informatique Anglais et Espa- ponsabilité. S'adresser Bur. des Carrières.
Bur. des Carrières. gnol, cherche poste de responsabilité au ni- 2806 - Cam. Civil Ponts, 31 ans, 7 ans d'ex-
2745 Camarade 52 ans, expérience sociétés veau D.G. ou direction. Division. Entreprise im- périence engineering et Travaux Génie Civil,
de service et expér. industrielle comme D.G. portante. S'adresser Bur. des Carrières. tuyauteries, off-shore, recherche poste d'avenir
PME et Direction et Création d'Usine, rech. 2767 - X 65, formation et expérience indus- de préférence à l'étranger. S'adresser Bur. des
emploi analogue S'adresser Bur. des Carrières. trielles de recherches à applications pharma- Carrières.
2750 - Cam. 35 ans expér. industr. puis enge- ceutiques et chimiques. docteur ès Sciences 2810 - X 42, longue expérience mat. T.P. et
neering grands projets (Moyen-Orient) forma- Physiques (Spectroscopie et biochimie), licen- véh. ind. très bonne connaissance export, an-
tion COfllP· et expér. des problèmes gestion et cié en Sciences Économiques, recherche un glais courant, recherche missions ou travaux à
finance des entreprises, anglais courant, rech poste de recherche appliquée dans l'industrie. temps plein ou partiel France ou Ëtranger.
poste direction générale PME ou filiale groupe S'adresser Bur. des Carrières. S'adresser Bur. des Carrières. 91
2812- X 74, M.S. in Mechanical engeneering 2819 - Camarade 37 ans, l.C.G. anglais et al- 2824 - Camarade 29 ans, 6 ans dans la re-
Stanford, anglais courant, spécialisé dans lemand courants. Depuis 5 ans Directeur Gé- cherche en informatique, recher. poste ingé-
l'énergie solaire, cherche poste correspondant néral groupe important. Expérience des ques- nieur informatique en entreprise. S'adresser
à ses compétences. S'adresser Bur. des Car- tions administratives, financières et sociales. Bur. des Carrières.
rières. Habitué des problèmes de redressement et de 2825 - X 62, ingénieur armement (G.M.) an-
restructuration. Cherche poste responsabilités
glais courant, Doctorat physique nucléaire,
2813 - Camarade 48 ans, ingénieur Arme- globales élevées. Direction Générale ou Direc-
expér. physique nucléaire et informatique
ment, recherche poste dans l'enseignement ou tion établissement ou département important.
temps réel, gestion d'un budget à l'échelon di-
travail à la vacation. S'adresser Bur. des Car- S'adresser Bur. des Carrières.
rection, recher. poste responsabilité informati-
rières. que ou direction technique. S'adresser Bur.
2820 - X 73, civil Ponts, Master of Science,
anglais courant, expér. Bureau d'Ëtudes, cher- des Carrières.
2815 - X 67, DEA Physique du solide, expé-
rience enseignement Math. et Physique, che poste débutant. Préférence non exclusive 2826 - X - INSEE, 40 ans, expérience appro-
connaissance du monde de l'industrie, recher- T.P. disp. étranger. S'adresser Sur. des Carriè- fondie études économiques et financières et
che poste enseignement, chargé d'études, re- res. recherche opérationnelle, anglais et espagnol
cherche scientifique ou appliquée -stage coo- courants, recherche poste de responsabilité
2821 - Camarade 52 ans, ancien ingénieur dans secteru industriel ou bancaire. Préfé-
pération. Allemand courant, anglais. S'adresser
armement, cinq langues étrangères dont Alle- rence PARIS. S'adresser Bur. des Carrières.
Bur. des Carrières.
mand et Anglais courants, 20 ans expérience
2828 - Camarade 56 ans, expérience confir-
moyenne et grande industrie à l'échelon direc-
2816 - X 44 - Sciences Po - expérience di- mée de Dlrectiond'ensembles industriels im-
tion générale, développement et marketing in-
rection commerciale - administrative - finan- portants fabriquant de biens d'équipements
ternational, cherche poste haute responsabilité
cière - direçtion générale - ingénierie - lourds, anglais cournt, connaissance approfon-
France ou Ëtranger. S'adresser Bur. des Car-
transports - export - anglais et allemand cou- die milieux industriels et administratifs du
rières.
rants recherche poste responsabilité. S'adres- Nord, recherche D.G. ou D.T... préférence
ser Bur. des Carrières. 2823 - X 57, P.C. anglais courant, expérience Nord. S'adresser Bur. des Carrières.
gestion, aménagement, financement et déve- 2832 - X 69, anglais courant, expérience ges-
2817 - X 33 ans, M.B.A., 3 ans d'expérience loppement d'entreprises, négociations interna- tion commerciale et industrielle, en France, en
opérationnelle en industrie, recherche poste tionales T.P. bâtiment et services, recherche Angleterre et en Afrique, recherche poste res-
responsabilité (direction d'établissement et/ou poste D.G. ou direction commerciale impor- ponsabilité opérationnelle. S'adresser Bur. des
industrielle) S'adresser Bur. des Carrières. tante. S'adresser Bur. des Carrières. Carrières.

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