Hyperactivite Et Inattention Tdah
Hyperactivite Et Inattention Tdah
Hyperactivite Et Inattention Tdah
inattention (TDAH)
Mise à jour : Mai 2023
Éditeur au développement du thème :
Russell Schachar, M.D., University of Toronto, Canada
TDAH et neuroscience 8
HICRAN DOĞRU, M.D., 2F. XAVIER CASTELLANOS, M.D., 3SAMUELE CORTESE, M.D., PH.D., 4YUTA Y AOKI, M.D., PH.D.,
1
DÉCEMBRE 2021
Le traitement du TDAH 44
1MEGHAN MILLER, M.A., 2STEPHEN P. HINSHAW, PH.D., SEPTEMBRE 2019
Est-ce important?
Chez les enfants, les symptômes du TDAH et ses troubles concomitants nuisent à leur
fonctionnement et à leur comportement à l’école, ce qui se traduit par des taux plus faibles
d’achèvement des études secondaires. Les symptômes peuvent également perturber les relations
avec les membres de la famille et les pairs. Avec l’âge, ces personnes sont plus susceptibles
d’éprouver des difficultés en matière d’emploi, de relations et de santé physique et mentale. Les
adultes ayant eu des antécédents de TDAH pendant l’enfance présentent des risques plus élevés
d’hospitalisation psychiatrique et d’incarcération, de divorce, de comportements sexuels et de
conduite à risque, de visites accrues aux urgences, de blessures graves et de décès. En somme, le
TDAH constitue un problème de santé publique important et peut engendrer des coûts personnels
et sociaux élevés.
Que savons-nous?
On estime que le TDAH est causé par une interaction de facteurs génétiques et
environnementaux. Les symptômes de ce trouble sont fortement héréditaires (76 %) et les
nouvelles découvertes impliquent des variants génétiques qui jouent un rôle clé dans le
Des études indiquent par ailleurs que le TDAH partage des facteurs de risque génétiques avec
d’autres affections comme l’autisme, la dépression et le diabète. De plus, les connaissances en
neurosciences ont démontré sans équivoque que le cerveau des enfants atteints de TDAH diffère
de celui des enfants en bonne santé. Parmi les facteurs de risque environnementaux, les
chercheurs ont noté l’influence négative de la consommation de tabac et d’alcool de la mère
pendant la grossesse, de la dépression maternelle, du faible poids à la naissance, des mauvaises
pratiques parentales et du fait de vivre dans un quartier défavorisé.
Les enfants atteints d’un TDAH éprouvent plus de problèmes scolaires que leurs camarades de
classe en raison de leurs difficultés neurocognitives et de leur comportement. Le TDAH est
souvent lié à des déficits des fonctions exécutives (p. ex., la planification, l’organisation, le fait de
porter attention aux détails importants et de refréner ses impulsions). Par conséquent, les enfants
chez qui ce trouble est diagnostiqué ont davantage tendance à présenter des difficultés
d’apprentissage ou langagiers. Des résultats obtenus à partir d’études examinant le
fonctionnement du cerveau suggèrent que le TDAH est lié à une activité atypique dans le cortex
frontal, la zone du cerveau responsable des processus cognitifs. Cela dit, il est important de noter
que seulement un sous-groupe d’enfants d’âge scolaire aux prises avec un TDAH (30 %) présente
des faiblesses sur le plan des fonctions exécutives, ce qui suggère que ces déficiences ne sont ni
obligatoires ni suffisantes pour expliquer le trouble.
Diagnostic
C’est habituellement chez les enfants d’âge scolaire que l’on diagnostique le TDAH et qu’on traite
le trouble. Cependant, la présence de symptômes d’hyperactivité-impulsivité ou d’inattention au
cours des années précédant l’entrée à l’école est considérée comme essentielle dans
l’établissement du diagnostic. Une observation directe de l’enfant peut donner une idée du
diagnostic qui sera établi, mais même l’enfant qui présente le plus de symptômes peut être calme
et attentif dans un environnement auquel il n’est pas habitué, comme chez le médecin. Les
évaluations devraient donc se concentrer avant tout sur une description qui tient compte du
comportement de l’enfant à la maison, à l’école et lorsqu’il joue depuis son enfance jusqu’au jour
de l’évaluation. Normalement, un entretien avec un spécialiste clinique donne l’occasion de
Plusieurs cliniciens considèrent que les échelles d’évaluation complétées par les parents et les
enseignants sont utiles dans le processus de diagnostique, car elles permettent d’obtenir une
description du comportement de l’enfant qui peut facilement être comparée aux normes d’âge.
Certains enfants affichant des niveaux élevés d’agitation, d’inattention et d’impulsivité accusent
un retard de développement ou éprouvent des problèmes médicaux qui doivent être relevés au
cours de l’évaluation. Les enfants ayant des problèmes d’apprentissage peuvent présenter des
symptômes à l’école et lorsqu’ils font leurs devoirs parce qu’ils ont de la difficulté avec la matière.
D’autres peuvent manifester des symptômes seulement à la maison, ce qui tend à révéler la
présence d’un problème social, environnemental ou lié à des pratiques parentales. Il peut être
très difficile de déterminer quel enfant éprouve des difficultés d’apprentissage particulières
lorsqu’on se trouve chez le médecin. Par conséquent, une consultation avec un psychologue
scolaire peut s’avérer efficace pour obtenir une vue d’ensemble des forces et des difficultés de
l’enfant.
Interventions
Les traitements actuels du TDAH qui sont fondés sur les données probantes comprennent des
traitements pharmacologiques et des interventions comportementales. Les stimulants (tels que le
méthylphénidate, p. ex., RitalinMC), dont les formes de préparations à action brève ou prolongée
diffèrent, jouent un rôle important dans le traitement du TDAH. Plus récemment, on a aussi vu
apparaître sur le marché des médicaments non stimulants, comme l’atomoxétine. Ces
médicaments peuvent aider un grand nombre de personnes touchées en leur permettant
d’améliorer leur attention, la maîtrise de leurs impulsions et de réduire leur niveau d’activité. Les
interventions comportementales intensives au cours desquelles on enseigne à la fois la maîtrise
Cela étant dit, les effets de ces traitements actuellement ne sont pas maintenus à long terme et
ont tendance à ne pas être généralisés à tous les milieux. Plus de recherches examinant les
facteurs (individuels et contextuels) affectant l’évolution des traitements devraient être menées
pour améliorer leurs bénéfices à long terme et dans différents contextes.
Introduction
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble
neuropsychiatrique de l’enfance très courant qui toucherait, selon les estimations, 5 à 10 % des
enfants d’âge scolaire dans le monde.1 En raison des symptômes de base du TDAH et des troubles
psychiatriques généralement concomitants, les personnes vivant avec un TDAH risquent de
présenter plus de problèmes sur les plans cognitif, scolaire, comportemental, émotionnel et social.
1
C’est pourquoi le TDAH représente un lourd fardeau psychologique et psychiatrique pour
l’individu, sa famille et la communauté.2
Problèmes
Les personnes vivant avec un TDAH sont hétérogènes d’un point de vue phénoménologique,
ce qui est source de confusion dans les milieux cliniques et de recherche.
Contexte de la recherche
Parmi les questions susceptibles d’être étudiées par les méthodes des neurosciences, les
suivantes sont essentielles :
1. Le cerveau des personnes avec un TDAH est-il morphologiquement différent de celui des
personnes sans TDAH?
Une étude ENIGMA-ADHD ultérieure menée dans 36 centres a révélé que la surface corticale était
inférieure, notamment dans les régions frontale, cingulaire et temporale; la surface totale
présentant l’effet le plus important (Cohen’s d=-0,21). L’épaisseur corticale du gyrus fusiforme et
du pôle temporal était également inférieure à celle des témoins.8
Les méta-analyses traditionnelles de morphométrie à base de voxel ont révélé une réduction du
volume de matière grise dans le cortex orbitofrontal ventromédian et les ganglions de la base
droits, y compris le globus pallidus, le putamen et le noyau caudé.9,10
Une méta-analyse des études d’IRM de diffusion a révélé une anisotropie fractionnelle à la fois
plus élevée et plus faible dans plusieurs voies de la substance blanche (faisceau fronto-occipital
inférieur droit, faisceau longitudinal inférieur gauche); la connexion interhémisphérique atypique
dans le corps calleux étant la constatation la plus courante.11
Les recherches en imagerie fonctionnelle sur le TDAH sont trop étendues pour être explorées en
détail ici. Nous présenterons les résultats des principales synthèses et méta-analyses
systématiques disponibles.
Une méta-analyse de 55 études d’IRMf basées sur des tâches de contrôle inhibiteur et de
mémoire de travail et d’attention a révélé une sous-activation des réseaux d’attention
frontostriataux, frontopariétaux et ventraux, et une hyperactivation des systèmes somatomoteurs
et visuels.12 Il est intéressant de noter que ces résultats reflètent, en général, l’anatomie impliquée
par les études d’imagerie structurelle.
Les méta-analyses de données EEG ont également révélé des différences chez les personnes avec
un TDAH, telles qu’une élévation du rapport thêta/bêta16 et des différences liées à l’âge dans
l’activité des ondes lentes, qui étaient significativement plus élevées dans la petite enfance et
plus faibles à la fin de l’enfance/à l’adolescence chez les personnes vivant avec un TDAH par
rapport aux témoins, avec un point de basculement à 10 ans.17
Dans l’ensemble, les résultats structurels et fonctionnels suggèrent des anomalies étendues
englobant de multiples structures cérébrales et une connectivité fonctionnelle atypique affectant
de multiples réseaux cérébraux à grande échelle.
Les résultats empiriques des études neurobiologiques suggèrent que, plutôt que des changements
dans un système de neurotransmetteurs au niveau moléculaire, le trouble a été lié à des
dysfonctionnements dans divers systèmes, y compris les voies dopaminergiques, adrénergiques,
sérotoninergiques et cholinergiques.18
En outre, des études de spectroscopie par résonance magnétique ont montré une altération de la
signalisation glutamatergique (glutamate, glutamine et GABA) dans les voies fronto-striatales.19
Le TDAH est hautement héréditaire (héritabilité ~ 0,74)20 et il est probable que de nombreux
facteurs de risque génétiques et environnementaux y contribuent. Les premiers loci
pangénomiques significatifs ont permis d’identifier plusieurs variantes génétiques, chacune ayant
un faible effet sur le risque de TDAH.21 Une méta-analyse récente a mis en cause plusieurs gènes à
risque (ADGRL3, ANKK1, BAIAP2, DAT1, DRD4, LRP5, LRP6 et SNAP25), mais leur fonctionnement
Une méta-analyse a classé les corrélats environnementaux du TDAH comme suit : 1) exposition à
des substances toxiques (plomb, tabagisme maternel, utilisation maternelle d’acétaminophène ou
de valproate, etc.), 2) carences en nutriments (fer, oméga-3, vitamine D, etc.), 3) événements
survenus pendant la grossesse et la naissance (prématurité ou faible poids à la naissance) et 4)
privation, infection, pauvreté, stress et traumatisme,22 bien que ces facteurs soient contributifs et
non diagnostiques.
Une méta-analyse a montré que les anomalies structurelles les plus importantes et reproductibles
dans le TDAH sont situées dans les ganglions de la base.23 Les changements structurels sont
particulièrement marqués chez les populations non traitées.24 Il a été suggéré qu’il existait une
relation entre l’effet de l’âge, l’utilisation de médicaments stimulants et la normalisation des
anomalies structurelles.23 Cependant, une étude de suivi a révélé des anomalies dans les voies de
la substance blanche qui relient diverses régions impliquées dans les fonctions sensorimotrices et
les fonctions cognitives supérieures, indépendamment du statut de rémission à l’âge adulte.25
De plus, l’absence d’antécédents de TDAH dans l’enfance dans 90 % des cas de TDAH adulte26 a
soulevé des questionnements sur la nature syndromique du TDAH adulte et sur sa continuité par
rapport au trouble neurodéveloppemental.27
Lacunes de la recherche
Comment comprendre au mieux les interactions entre les gènes et les variables
environnementales (biopsychosociales)?
Existe-t-il un seuil précis pour le diagnostic par approche transdiagnostique des relations
entre le TDAH et le cerveau? Les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent-ils saisir
des dimensions spécifiques de la psychopathologie liée au TDAH dans des ensembles de
données de neuroimagerie?
Conclusions
Des découvertes en neurosciences ont clairement démontré que le cerveau des enfants atteints
de TDAH diffère de celui des enfants sans TDAH. Les recherches sur les bases neurobiologiques du
TDAH visent à mieux comprendre les modifications du circuit cérébral associées à l’étiologie, à la
pathophysiologie et à la réponse au traitement, et à développer des cibles thérapeutiques
neurales spécifiques à la maladie. Les approches multimodales et les méga-analyses qui intègrent
des données génétiques, d’imagerie et phénotypiques sont particulièrement importantes. Celles-ci
reflètent l’adoption croissante de la science ouverte et des meilleures pratiques en matière de
production de rapports.
Bien que des obstacles techniques et méthodologiques subsistent, les bases génétiques des
dysfonctionnements du TDAH et l’interaction des facteurs environnementaux sont de plus en plus
mis en évidence. Des études longitudinales complexes et coûteuses ont commencé à révéler le
fonctionnement des voies de développement des anomalies cérébrales et leurs relations avec les
symptômes du TDAH. Au fur et à mesure que ces éléments se préciseront, le domaine disposera
de meilleurs moyens pour élaborer des interventions auprès des personnes vivant avec un TDAH
fondées sur l’étiopathophysiologie pouvant être efficaces à long terme.
Bien que les neurosciences aient contribué à faire progresser nos connaissances sur
l’étiopathophysiologie du TDAH, nous n’avons pas encore trouvé de marqueurs neurobiologiques
sensibles et spécifiques. Cependant, la recherche dans ce domaine a surtout commencé à adopter
une « approche au niveau du groupe » et la modélisation normative pourrait faire avancer la
psychiatrie de précision.28
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Introduction
Le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est caractérisé par une
triade de symptômes : l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité.1 Ce dysfonctionnement est
fortement héritable et touche de 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire.2,3 Au cours des dernières
décennies, les problèmes cognitifs associés au TDAH ont fait l’objet de nombreuses études. La
cognition peut être définie comme l’acquisition de connaissances et la compréhension, ce qui
englobe notamment la pensée, le rappel, la mémorisation, le jugement et la résolution de
problèmes.
Sujet
Plusieurs modèles étiologiques ont été proposés dans lesquels on tentait de combiner les résultats
des anomalies biologiques et cognitives souvent associées au TDAH. Tous les modèles cognitifs
indiquent que les déficits des fonctions exécutives (FE) sont l’une des principales caractéristiques
du TDAH. Les FE ont été définies comme étant les « capacités qui permettent à une personne
d’adopter avec succès un comportement autonome et intéressé dans un but donné. ».4 De
nombreuses études réalisées auprès de sujets présentant un TDAH ont révélé des déficiences sur
le plan des FE, les problèmes relatifs à l’inhibition et à la mémoire de travail étant parmi les plus
communs.5 Les déficits des FE sont fortement liés à des anomalies dans l’aire préfrontale et les
circuits fronto-sous-corticaux chez les sujets atteints d’un TDAH.6,7
Problèmes
Même si la plupart des modèles causaux du TDAH incluent les déficits des FE parmi les facteurs
importants, on ignore en fait si et, le cas échéant, dans quelle mesure, les FE causent le TDAH.
Autrement dit, le TDAH étant un dysfonctionnement fortement héritable, les FE déficitaires sont-ils
des traits héritables qui augmentent les risques de développer un TDAH et dans quelle proportion
Pour déterminer si les déficits des FE ont un lien de causalité avec le TDAH, il est essentiel de se
pencher sur les deux questions suivantes :
Comme le TDAH est fortement héritable, les problèmes relatifs aux FE sont-ils aussi
transmissibles et liés aux mêmes gènes que le TDAH?
Quelle proportion d’enfants présentant un TDAH souffre également de problèmes liés aux
FE?
Les problèmes liés aux FE sont-ils héritables et sont-ils associés aux mêmes gènes que le TDAH?
Une première étape nécessaire pour déterminer si les déficits des FE sont héritables consiste à
examiner ces fonctions chez des jumeaux. Les études sur les jumeaux permettent de distinguer
l’influence de l’héritabilité de celle du milieu sur les FE. Plusieurs recherches sur les jumeaux ont
porté sur la performance à des tâches exécutives.12-16 À 5 et à 12 ans, environ 50 % de la
performance à diverses épreuves exécutives semblait attribuable à des facteurs génétiques.16
D’autres travaux ont obtenu des résultats semblables (autour de 40 à 50 %),12,13,15 suggérant que
les aptitudes liées aux FE sont moyennement héritables. De plus, les facteurs génétiques
semblent être un important médiateur de la stabilité des fonctions exécutives au cours de
l’enfance.14
Dans un deuxième temps, pour déterminer si les déficits des FE sont héritables et liés aux mêmes
gènes que le TDAH, il faut examiner la performance des proches des personnes présentant un
TDAH à des épreuves exécutives, ce qui permet de mettre en lumière le caractère familial des
déficits des FE en lien avec le TDAH. Les frères et sœurs, par exemple, ont en commun environ
50% de leurs gènes. Il est donc très probable que les frères et les sœurs d’un enfant qui présente
un TDAH mais qui, eux, n’en sont pas atteints portent en eux les gènes de risque associés au
TDAH sans toutefois qu’ils ne s’expriment sous la forme de phénotypes du TDAH. Si les déficits
des FE sont en fait reliés au TDAH par les gènes familiaux, les membres de la fratrie qui ne
présentent pas de TDAH devraient avoir les mêmes déficits des FE, sans doute dans une moindre
mesure, que ceux qui en sont atteints.
Une dernière étape pour déterminer si les déficits des FE sont liés aux mêmes gènes que le TDAH
consiste à examiner la performance exécutive en lien avec les gènes candidats du TDAH et/ou à
utiliser la performance exécutive dans une analyse de liaison fondée sur l’arbre généalogique du
TDAH. Ces deux stratégies ont rarement été utilisées parce qu’il faut recourir à de grands
échantillons si l’on veut avoir suffisamment de données pour procéder à des analyses. Les
résultats préliminaires semblent indiquer que les polymorphismes d’un gène (le gène récepteur
dopaminergique D4) souvent répliqués en lien avec le TDAH sont en fait aussi liés aux FE.15,27-30
Une analyse de liaison a permis d’identifier un signal de liaison important trouvé sur le
chromosome 13q12.11 dans l’ensemble du génome en utilisant une mesure exécutive (mémoire
de travail verbale) dans l’arbre généalogique de familles touchées par le TDAH, ce qui laisse
entendre que les gènes à cet emplacement peuvent avoir une incidence à la fois sur le TDAH et
sur les aptitudes liées aux FE.31 De plus, une autre analyse de liaison a mis en évidence une région
du chromosome 3q13 qui est aussi liée à une mesure composite des FE et aux symptômes
d’inattention du TDAH, ce qui porte à croire que ces déficits des FE peuvent être reliés aux mêmes
gènes que ceux du TDAH.32
Quel pourcentage d’enfants présentant un TDAH éprouve des difficultés avec les FE?
Le pourcentage d’enfants ayant des problèmes de FE varie fortement selon la façon dont on
définit le déficit des FE.8 Actuellement, il n’y a pas de consensus à ce sujet, mais la plupart des
définitions précisent que la performance doit être en deçà du 10e centile d’un groupe témoin pour
au moins une, deux ou trois tâches exécutives. Dans l’ensemble, les enfants présentant un TDAH
ont presque toujours de moins bons résultats que ceux du groupe témoin lorsque leurs fonctions
exécutives sont évaluées. Par contre, sur le plan individuel, une certaine proportion d’enfants
atteints d’un TDAH a de meilleurs résultats qu’une proportion d’enfants du groupe témoin.9
Lacunes de la recherche
Afin de déterminer si les déficits des FE décelés chez une proportion de sujets atteints de TDAH
sont la cause de ce trouble chez ces personnes, les chercheurs doivent adopter un cadre plus
exhaustif que celui qui a été utilisé jusqu’à maintenant. En effet, seulement quelques-unes des
études ont examiné les FE dans un contexte familial et la plupart des recherches ne disposaient
pas de données suffisantes pour permettre des analyses génétiques fiables. De plus, le fait que
les données peuvent difficilement être comparées entre elles parce que des tâches et des
méthodes différentes ont été utilisées pour analyser les mêmes FE constitue un problème plus
sérieux encore, qui devient particulièrement épineux lorsqu’on essaie de combiner les résultats de
différents lieux de recherche en vue d’accroître l’efficacité statistique des analyses génétiques.
C'est pourquoi il est nécessaire, pour déterminer si les déficits des FE relevés chez une proportion
de patients présentant un TDAH sont à la source de ce trouble, d’administrer des épreuves
exécutives valides et fidèles pour lesquels des données normatives et d’héritabilité sont
disponibles. L’utilisation systématique de ces épreuves standard (« golden standards »)
permettrait de combiner des échantillons de divers lieux de recherche, ce qui faciliterait
grandement la comparaison des données et conférerait une plus grande valeur aux analyses
génétiques, conduisant ainsi à des résultats plus fiables qui pourraient, espérons-le, être mis à
profit dans la pratique clinique.
Conclusions
La performance à des tâches exécutives est moyennement héritable et les facteurs génétiques
semblent être un important médiateur de stabilité des FE pendant l’enfance. Il existe un lien entre
les déficits des FE et le TDAH au sein d’une famille et ces déficits sont possiblement reliés, tout
comme le TDAH, au récepteur dopaminergique D4. Autrement dit, les déficits des FE attribuables
(en partie) aux gènes pourraient causer le TDAH. Toutefois, seulement un sous-groupe des sujets
présentant un TDAH (environ 30%) a des problèmes de FE moyennement graves, ce qui permet
Les tests cognitifs ne sont toujours pas suffisamment sensibles et spécifiques pour être utilisés de
façon courante dans le diagnostic du TDAH. Il faut donc continuer à appuyer le diagnostic sur ce
que disent les parents et les enseignants (ou le sujet lui‑même, lorsqu’il s’agit d’un adolescent ou
d’un adulte chez qui on soupçonne un TDAH). Toutefois, des données tirées d’études
longitudinales récentes révèlent que les FE dans l’enfance permettent de prédire le rendement
scolaire ainsi que le fonctionnement social et global ultérieurs des personnes présentant un TDAH.
33
Ces données portent à croire qu’il serait bénéfique d’évaluer et de traiter en clinique les déficits
des FE, surtout chez les personnes qui courent des risques élevés d'avoir une trajectoire de vie
problématique et d’avoir des résultats négatifs, de façon à prévenir les difficultés à long terme
dans une multitude de domaines fonctionnels importants.33 On n’en est qu’à la première étape de
l’élaboration des stratégies d’intervention concernant les déficits des FE, mais déjà on obtient des
résultats encourageants.34,35 Un sous-groupe d’enfants présentant un TDAH et atteint de déficits
modérément graves des FE (environ 30 %) pourrait bénéficier de ces interventions.
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Avril 2023
Introduction
Sujet
Des études génétiques ont récemment commencé à identifier des variants de séquence
étroitement associés à la hausse des risques de TDAH. Une autre avancée majeure a été la
conduite d’études examinant l’impact à l’échelle des populations des variants génétiques associés
au TDAH, y compris des échantillons de patients et de population générale.
Problèmes
L’un des grands obstacles des études génétiques, qui ne concerne pas uniquement le TDAH,
relève de la taille immense et de la complexité du génome humain. Il est donc nécessaire
d’obtenir les données génétiques d’un grand nombre d’individus (10 000 ou même 100 000) pour
Contexte de la recherche
Le TDAH a un impact négatif considérable sur la santé mentale (par exemple, anxiété, dépression
ou toxicomanie), les résultats scolaires, les relations, les activités professionnelles et la santé
physique. Une meilleure compréhension des contributions génétiques et de leurs rôles dans
l’hétérogénéité est nécessaire pour éclairer la pratique clinique et offrir un meilleur dénouement
aux personnes atteintes de ce trouble.
Quels sont les facteurs de risques génétiques spécifiques qui augmentent les possibilités de
TDAH? Comment peut-on expliquer les hauts taux de comorbidité entre le TDAH et d’autres
troubles neurodéveloppementaux et psychiatriques? Quel est l’impact des risques génétiques de
TDAH à l’échelle d’une population? Les facteurs génétiques peuvent-ils nous aider à mieux
comprendre l’hétérogénéité qui caractérise le TDAH?
Des progrès considérables ont également été réalisés dans l’identification des variants génétiques
rares associés au TDAH. Ces variants se caractérisent notamment par des variantes du nombre de
copiesc (en anglais, Copy Number Variations, CNV) qui correspondent à de grandes sections de
chromosomes présentant un nombre de copies supérieur ou inférieur à la normale (une délétion
ou une duplication) ou par des mutations mononucléotidiques exoniques rares qui perturbent ou
altèrent la formation des protéines. Des CNV de grande taille ont été associées au TDAH depuis
plus d’une décennie,5 et des études récentes ont établi un lien entre des régions à CNV
spécifiques et le TDAH (les exemples comprennent des délétions aux positions 15q11.2 et
22q11.21, et des duplications aux positions 16p11.2 et 16p13.11).6 Des études ont également
montré le rôle de mutations exoniquesd rares,7 ainsi que celui de CMV de novo (non héréditaires).8
Toutefois, la taille des échantillons était trop faible pour pouvoir identifier les variants à risques
spécifiques dans ces classes de variation.
Des GWAS de grande envergure ont contribué à notre compréhension du TDAH pour creuser plus
loin que la simple description des facteurs de risques spécifiques. Des études indiquent l’existence
de degrés élevés de risques génétiques partagés entre différentes définitions du TDAH (par
exemple, le diagnostic et les caractères de la population évaluée en continu,3 le TDAH chez les
hommes et les femmes,9 et les diagnostics chez les enfants et les adultes10). Il apparait
dorénavant très clairement que les risques génétiques de TDAH sont communs à d’autres troubles
neurodéveloppementaux, notamment l’autisme7,11 et des troubles psychiatriques comme la
dépression.12 Le TDAH partage également une proportion considérable de risques génétiques avec
d’autres affections et caractères, y compris le diabète de type 2, le tabagisme, l’insomnie et le
faible niveau d’études.3 L’étiologie largement partagée est expliquée probablement, au moins
partiellement, la concomitance du TDAH avec ces affections et caractères.
Une application utile des PRS comprend l’étude de l’impact des risques génétiques sur
l’hétérogénéité dans des échantillons cliniques de TDAH. Il apparaît clairement que des facteurs
génétiques interviennent dans la possibilité qu’un individu développe à l’avenir ou non un TDAH.
Une question essentielle consiste à déterminer si les risques génétiques ont des impacts
supplémentaires sur la sévérité, les affections concomitantes et les résultats obtenus à long terme
chez les individus porteurs d’un diagnostic de TDAH. En effet, des PRS de TDAH supérieurs sont
associés à différents troubles concomitants : le trouble des conduites,14 la consommation de
drogues (par exemple, l’alcool et le cannabis),15 la dysrégulation émotionnelle16,17 et les difficultés
au niveau de la fonction exécutive.18,19 Ces études suggèrent que la présence de difficultés
concomitantes spécifiques pourrait constituer des marqueurs cliniques d’une prédisposition
génétique au TDAH plus élevée chez les individus porteurs d’un diagnostic de ce trouble.
Lacunes de la recherche
Des échantillons de plus grande taille sont nécessaires pour poursuivre la caractérisation des
contributions génétiques au TDAH. En outre, l’analyse d’échantillons présentant une variabilité
génétique représente un besoin urgent. Les études existantes se composent principalement
d’individus d’ascendance européenne et les résultats génétiques peuvent différer d’une
population à l’autre.20 Une limite des méthodes par PRS existantes réside dans la prédictibilité
fortement réduite dans les échantillons qui ne coïncident pas avec la généalogie des données
d’études utilisées pour calculer les scores.21 L’inclusion d’échantillons aux diverses généalogies
Conclusions
Les larges preuves des hauts niveaux de risques génétiques partagés entre le TDAH et d’autres
affections ont des implications importantes. Premièrement, lorsque de jeunes individus traversent
des difficultés sur le plan mental, elles peuvent bénéficier de l’aide de leurs parents et
enseignants pour déterminer si ces difficultés pourraient indiquer des problèmes
neurodéveloppementaux sous-jacents, comme le TDAH. De manière similaire, les médecins
œuvrant dans des services de santé mentale pédiatrique (enfants et adolescents) doivent être
avisés de ces forts liens biologiques entre les différentes affections. Le TDAH étant un trouble
persistant à vie, de plus amples ressources sont nécessaires pour diminuer les listes d’attente
pour les évaluations de diagnostic de TDAH et son traitement, pour l’obtention de soutien
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Notes:
a
Locus (pluriel: loci) : Le site physique ou l'emplacement d'un gène spécifique sur un
chromosome.
Épidémiologie du TDAH
Le plus souvent, c’est à l’école primaire que sont diagnostiqués et traités les enfants présentant
un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), qui se caractérise par un
niveau excessif d'inattention, d'agitation et d'impulsivité pour le niveau de développement de la
personne. Des études dans le monde entier révèlent un taux de prévalence des TDAH de l’ordre
de 5,29 % (intervalle de confiance à 95 % : de 5,01 à 5,56) chez les enfants et les adolescents.1 Le
taux est plus élevé chez les garçons que chez les filles, tout comme il est plus élevé chez les
enfants de moins de 12 ans que chez les adolescents.1,2 Les taux de prévalence estimés varient en
fonction de la méthode diagnostique employée, des critères sur laquelle celle ci se fonde et de
l’inclusion ou de l’omission de critères mesurant les déficits fonctionnels.1 Dans l’ensemble, les
données estimées sont remarquablement semblables d’un pays à l’autre, à l’exception des pays
africains et moyen-orientaux, où les taux sont moins élevés qu’en Amérique du Nord et en Europe.
1
Le TDAH est une question de santé publique d’importance, non seulement à cause des déficiences
à long terme qui touchent les personnes atteintes et leur famille, mais également en raison de
l’énorme fardeau qu’il constitue pour les systèmes de justice pénale, d’éducation et de santé.16,17
Les études qui portent sur des populations révèlent que l’inattention et l’hyperactivité pendant
l’enfance sont plus fréquentes dans les familles monoparentales, lorsque les parents sont peu
scolarisés ou au chômage et dans les familles dont le revenu familial est peu élevé.18,19 Des
données d’études sur des familles montrent que les symptômes du TDAH sont très héréditaires,20
mais que les facteurs du milieu dans lequel évoluent les enfants lorsqu’ils sont petits jouent
également un rôle notable. Des antécédents de tabagisme et de consommation d’alcool chez la
mère pendant la grossesse, un faible poids à la naissance et des problèmes de développement
sont associés à de hauts niveaux d’inattention et d’hyperactivité.21 Le tabagisme pendant la
grossesse et la dépression maternelle, les mauvaises pratiques parentales et vivre dans un
quartier défavorisé pendant la première année de l’enfant sont tous des facteurs associés à des
problèmes de comportement qui se développent plus tard dans l’enfance, y compris de
l’inattention et de l’hyperactivité constatées quatre ans plus tard.22-24
Entre la moitié et les deux tiers des enfants d’âge scolaire présentant un TDAH ont aussi des
troubles psychiatriques ou du développement concomitants, y compris des comportements
agressifs ou d’opposition, de l’anxiété, une faible estime de soi, des tics, des troubles moteurs,
d’apprentissage ou du langage.31-34 Des problèmes de sommeil, y compris l’énurésie (mouiller le
lit), sont fréquents, comme les perturbations de la respiration pendant le sommeil, un problème
éventuellement corrigible qui peut expliquer une inattention accrue.35,36 Le degré de
dysfonctionnement global des enfants présentant un TDAH croît avec le nombre de troubles
concomitants.37 Les états comorbides augmentent également les risques que d’autres difficultés
se développent à l’adolescence et au début de l’âge adulte.38-41
Les difficultés neurocognitives sont une importante source de déficience chez les enfants
présentant un TDAH. Les problèmes liés aux fonctions exécutives et à la mémoire de travail ainsi
que les troubles spécifiques de langage et d’apprentissage qui sont fréquents chez les groupes
cliniques.42-50 Environ le tiers des enfants qui sont vus par un psychiatre, souvent pour des
problèmes de comportement, sont susceptibles d’avoir des difficultés de langage qui n’auront pas
été détectées auparavant.51 Il faudrait, dans la mesure du possible, procéder à une évaluation
pour déceler les problèmes cognitifs, langagiers et développementaux et pouvoir mettre en
œuvre des interventions appropriées pour y remédier.
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité commence généralement avant que
l’enfant entre à l’école. Toutefois, chez les enfants d’âge préscolaire, il est non seulement
caractérisé par des difficultés d’attention, une impulsivité excessive et une grande agitation, mais
est aussi souvent accompagné de graves excès de rage, d’un comportement récalcitrant,
accaparant et agressif, ce qui peut empêcher la fréquentation de la garderie ou de la
prématernelle, la participation aux activités en famille et être un véritable fardeau et un stress
pour la famille.52-54 Ces comportements perturbateurs sont souvent des sources de préoccupations
pour les parents, et bon nombre des enfants qui les affichent sont diagnostiqués comme ayant un
trouble oppositionnel avec provocation. Les premières interventions devraient cibler les difficultés
parentales au moyen d’interventions comportementales plutôt que d’utiliser des traitements
médicamenteux chez les enfants d’âge préscolaire.55
Ce sont souvent les enseignants du primaire qui, en faisant part aux parents de leurs
préoccupations, leur font prendre conscience des difficultés de leur enfant sur le plan du style
d’apprentissage et du comportement. Les éducateurs s’attendent généralement à ce que, rendus
en maternelle et en première année, les enfants arrivent à suivre des consignes simples et le
déroulement habituel des activités présentées en classe, à bien jouer et à coopérer avec leurs
pairs ainsi qu'à demeurer concentrés sur leur tâche académique pendant 15 à 20 minutes. Les
craintes exprimées par les enseignants, surtout ceux qui ont de l’expérience, fournissent des
renseignements importants sur le fonctionnement scolaire et social de l’enfant.
Au Canada, deux séries de critères officiels sont utilisées pour poser des diagnostics, le DSM-V-TR
(manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition, texte révisé) et la CIM-11
(Classification internationale des maladies, 11e édition, acceptée en 2019, en vigueur en 2022).
Les deux séries de critères officiels utilisées pour poser des diagnostics répertorient le TDAH
comme un trouble neurodéveloppemental et, dans la CIM-11, le terme TDAH remplace « trouble
hyperkinétique ».56,57
Il existe trois types de TDAH : celui qui porte principalement sur les problèmes d’inattention, où
l’enfant manifeste au moins six des neufs symptômes d’inattention établis; le type principalement
hyperactif-impulsif, où l’enfant présente au moins six des neuf symptômes d’hyperactivité-
impulsivité; et le type mixte, où l’enfant montre un grand nombre des deux catégories de
symptômes (consultez le Tableau 1 pour connaître les symptômes servant à l’établissement du
diagnostic).
(1) six des symptômes suivants d’inattention (ou plus) ont persisté pendant au moins six mois, à
un degré qui rend le sujet inadapté et ne correspond pas à son niveau de développement et qui a
un impact négatif direct sur les activités sociales et scolaires :
Inattention
d. souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs
scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles (sans que cela soit dû
à un comportement d’opposition ou à une incapacité à comprendre les consignes)
f. souvent, évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les tâches qui nécessitent un effort
mental soutenu
g. perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités (p. ex., jouets, cahiers de
devoirs, crayons, livres ou outils)
(2) six des symptômes suivants d’hyperactivité-impulsivité (ou plus) ont persisté pendant au
moins six mois, à un degré qui ne coïncide pas avec le niveau de développement et qui a des
conséquences négatives directes sur les activités sociales et scolaires.
Hyperactivité et impulsivité
a. remue ou tapote souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège
b. se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est censé rester assis
c. court ou grimpe souvent partout, dans des situations où cela est inapproprié
e. est souvent « sur la brèche » ou agit comme s’il était « monté sur ressorts » (incapacité à
rester calme pendant une période prolongée)
D. Il a été clairement démontré que les symptômes interfèrent avec les aptitudes sociales,
scolaires ou professionnelles, ou en diminuent la qualité.
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Introduction
Sujet
Il est extrêmement important d’identifier les stratégies d’intervention les plus efficaces pour le
TDAH. Il est critique de déterminer quelles composantes des traitements fondés scientifiquement
sont les plus efficaces (ainsi que les meilleures stratégies d’évaluation pour déterminer ces
composantes), afin d’établir comment les stratégies d’intervention peuvent être combinées de
façon optimale, de déterminer les moyens d’individualiser les traitements afin d’obtenir des
résultats optimaux, d’identifier les meilleurs moyens de favoriser la généralisation et le maintien
des bénéfices thérapeutiques et de spécifier les facteurs qui contribuent à l’évolution idéale du
Problèmes
Contexte de la recherche
La recherche volumineuse sur les facteurs de risque, les corrélats, l’évolution à long terme et les
processus sous-jacents du TDAH n’a toujours pas été entièrement appliquée à la création
d’interventions spécifiques aux mécanismes d’action du trouble. Tout de même, un bon nombre
de rapports de cas uniques bien contrôlés et d’études cliniques aléatoires contrôlées attestent de
la viabilité de la thérapie comportementale et de la médication pour intervenir auprès des
individus atteints du TDAH.
Les traitements actuels du TDAH qui sont fondés scientifiquement sont les interventions
pharmacologiques et comportementales. Les traitements pharmacologiques sont typiquement des
psychostimulants, bien que d’autres types de médication soient souvent prescrits simultanément
pour traiter des troubles comorbides. Les psychostimulants utilisés pour atténuer les symptômes
du TDAH incluent le méthylphénidate, la dextroamphétamine et les sels d’amphétamine mixtes,
Étant donné cette limite, et pour promouvoir un renforcement actif des habiletés individuelles, les
traitements non pharmacologiques sont souvent recommandés en parallèle. La thérapie
comportementale est la seule intervention pour le TDAH chez les enfants, autre que la médication,
dont l’efficacité a été démontrée scientifiquement dans plusieurs études. Les traitements
comportementaux impliquent typiquement des interventions auprès des parents, des enseignants
et de l’enfant.2,11 Les composantes spécifiques de ces interventions comportementales incluent la
gestion directe des contingences et la thérapie comportementale clinique. La gestion directe des
contingences implique que les enseignants et les intervenants récompensent directement les
habiletés souhaitées lorsqu’elles sont appliquées et imposent des conséquences efficaces lorsque
les problèmes surviennent. Les procédures de thérapie comportementale clinique les plus
fréquemment utilisées impliquent (1) la formation des parents, notamment sur la gestion du
comportement (par ex., l’attention parentale positive, les récompenses pour les comportements
appropriés, les conséquences négatives lors de mauvais comportements) et (2) la formation des
enseignants sur des sujets comme l’utilisation d’incitatifs et de récompenses dans la classe. Dans
toutes les études les plus pertinentes, la réduction des symptômes était la plus probable lorsque
la médication et les traitements comportementaux étaient combinés, particulièrement en ce qui
concerne le fonctionnement de l’individu atteint.12,13,14
Bien que des interventions fondées scientifiquement pour le TDAH aient été identifiées, peu
d’études aléatoires contrôlées ont été axées sur l’identification des facteurs individuels
spécifiques qui influencent les résultats du traitement. Les facteurs clés émergeant de l’Étude sur
le traitement multimodal des enfants atteints du TDAH (Multimodal Treatment of children with
ADHD Study) incluaient la présence d’un trouble d’anxiété comorbide, l’aide publique offerte à la
famille, l’ethnie/la race, la sévérité du TDAH, une symptomatologie dépressive chez les parents, le
QI de l’enfant, l’assiduité aux traitements, l’utilisation de médication dans la communauté et la
discipline parentale négative/inefficace.6
Lacunes de la recherche
Un problème majeur des traitements du TDAH qui sont actuellement fondés scientifiquement
concerne leur généralisation.16 Plus spécifiquement, les individus atteints de TDAH tendent à ne
pas appliquer les bénéfices obtenus dans un milieu aux autres milieux clés de leur vie. Ainsi, les
futurs efforts de développement de traitements devraient axer sur l’identification des
composantes des interventions qui favorisent le maintien à long terme des bénéfices
thérapeutiques dans tous les milieux. Une autre lacune est le développement de traitements
ciblant les difficultés fonctionnelles qui accompagnent souvent le TDAH (par ex., les difficultés
sociales et académiques, les déficits dans les capacités organisationnelles). Des interventions
efficaces dans ces domaines pourraient avoir des effets importants à long terme et ont le
potentiel de contribuer au maintien des bénéfices thérapeutiques, objectif qu’on n’a pas réussi à
atteindre jusqu'à présent. Finalement, une lacune critique dans la littérature concerne les
interventions préventives, effectuées très tôt au cours de la vie des enfants. De telles
interventions, si réussies, pourraient altérer la trajectoire du TDAH dès le départ et prévenir des
problèmes ultérieurs. Bien que cette approche soit utilisée pour d’autres troubles
neurodéveloppementaux (par ex., les troubles du spectre autistique), une telle méthodologie a
rarement été utilisée dans l’étude du TDAH,17 notamment à cause du problème clé soulevé par les
faux-positifs : combien d’enfants d’âge préscolaire à risque de souffrir du TDAH vont
effectivement développer le trouble?
Conclusion
Les organisations professionnelles (par ex., l’American Association of Child and Adolescent
Psychiatry et l’America Academy of Pediatrics)18,19 ont publié des lignes directrices pour
l’évaluation et le traitement du TDAH, mais de tels guides professionnels sont rarement, voire
jamais appliqués. De plus, il n’est pas certain que les assurances couvrent toujours ou même
généralement les soins correspondant à de tels standards. Les familles doivent être conscientes
que les professionnels de la santé consultés doivent avoir démontré leur expertise en matière de
TDAH et qu’ils doivent connaître les comorbidités et déficits qui l’accompagnent généralement;
les décideurs politiques doivent s’assurer qu’il existe des standards adéquats pour l’évaluation et
le traitement de ce trouble. De grandes variations régionales du taux de diagnostic et de
traitement du TDAH sont observées au sein des États-Unis20 et à l’international.21 Les facteurs
suivants, liés aux politiques publiques, pourraient jouer un rôle dans ces variations : la qualité de
l’évaluation de la performance, la formation des professionnels, la couverture d’assurance
disponible et la publicité pour le traitement (particulièrement la médication). Globalement, la
connaissance du TDAH, la réduction des stigmas dans son identification et son traitement,
l’établissement de politiques éclairées qui prévoient des traitements fondés scientifiquement et
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