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L’IMPACT DE LA MONDIALISATION
AU NIVEAU LOCAL
Dr Marèma Touré
Sociologue
Dakar - Sénégal
L’IMPACT DE LA MONDIALISATION AU NIVEAU LOCAL
Dr Marèma Touré
Sociologue
Dakar - Sénégal
INTRODUCTION
La célèbre métaphore qui fait du monde « un village planétaire» consacre une réalité désormais
avérée. La nouvelle unité territoriale est, cependant, peuplée de paradoxes et de contradictions ! Si le
processus de la mondialisation est partout marqué par les «Dislocations «tectoniques» de la structure
territoriale de l’économie, du pouvoir politique et de la société à l’intérieur et à l’extérieur des
frontières des Etats» (Werner, 1993:2), ses effets sur les acteurs et les agents au niveau local, varient
sensiblement en fonction de leur positionnement dans les pôles dominants et de leurs attributs
différenciés.
Les faits sont patents et le constat unanime. La mondialisation a augmenté les inégalités internes et
amplifié la polarisation externe des différentes régions de la planète. Il s’y ajoute que la pluralité des
acteurs, des codes et des référentiels, l'ampleur des restructurations, la rapidité des changements et la
complexité des enjeux qui la caractérisent réduisent les possibilités de prévenir ses effets au niveau
local et augmentent les tensions sociales qui lui sont inhérentes.
Signe des temps, sujet à la mode, thème récurrent de la littérature contemporaine, nouvelle utopie
planétaire etc.., la mondialisation est un objet d’analyse prolifique et controversé. Vocable à la fois
usité dans le sens commun et dans le langage savant des spécialistes de tous les bords, elle renvoie à
des approches différentes. Cela constitue un élément fondateur de sa complexité.
Mais quelle que soit la sensibilité ou l’école de référence, il est désormais établi que, la mondialisation
en tant que cristallisation des rapports d’inégalité et de subordination à l’échelle planétaire (appelé avec
euphémisme interdépendance) est le résultat d'un processus historique.
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Sa présentation comme un fait nouveau et inévitable vise, ainsi, à légitimer l’hégémonisme et
l’agressivité conquérante de la nouvelle race de «global leaders» qui en dehors de l’économique,
veulent aussi imposer, dans le monde entier, un modèle culturel unique (non unifié).
Si la mondialisation apparaît comme le nouvel emblème du capitalisme néo-libéral avec son projet
de soumission de l’humanité aux exigences du marché «autorégulé» et toujours au service des plus
forts, plusieurs auteurs s’accordent sur le caractère ancien de sa problématique. Nombreux sont ceux
qui pensent que la mondialisation dans son idéologie et dans ses caractéristiques intrinsèques est au
moins aussi ancienne que le capitalisme.
Le processus de soumission économique des différentes périphéries (pays dominés et classes dominées)
par un centre, lui même en prise à ses propres contradictions (les Etats du G8, leurs institutions
satellites et les multinationales) a été entamé depuis des temps lointains. La seule nouveauté réside, en
effet, dans la sophistication de l’appareil de domination, entre autres, constitué des institutions de
Bretton Woods (le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale) et l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC).
Selon S. Amin (1997:205) la «mondialisation est aussi vieille que le monde» mais la «mondialisation
moderne» qui s’est développée avec le capitalisme (à travers toutes ses étapes) présente des
caractéristiques qualitativement différentes des formes antérieures. Comme les modes de production
qui l’on sous -tendue, la mondialisation des temps pré-capitalistes s’est surtout développée sur le terrain
politique et avec le politique, l’idéologique et le culturel tandis que son ersatz dans la société capitaliste
se fonde sur la prééminence de l’économique sur les autres instances de la vie sociale.
Cette forme de mondialisation permettait toujours le rattrapage des sociétés les moins avancées.
Effectivement attardée jusqu’en l’an 1000, l’Europe a ainsi pu (en 4 ou 5 siècles entre 1000 et 1500)
rattraper non seulement l’Orient musulman mais aussi la Chine et l’Inde qui pendant très longtemps
avaient été plus avancées.
Comparant l’impérialisme triomphant de s années 1900 (entre 1894 et 1913) au capitalisme mondialisé
d’aujourd’hui (2000), Jean Bantou (2000:11 et 17) a noté, au titre des analogies qui unissent ces deux
apogées historiques, «les progrès techniques comparables dans les domaines du transport et de la
communication (…). Il y a cent ans la généralisation du rail, de la navigation à vapeur, et du télégraphe,
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aujourd’hui l’essor massif du fret aérien et le développement des autoroutes de l’information et de la
communication.
J. M Keynes (1920:20-21) nous fait remarquer que déjà en 1920, «Un habitant de Londres pouvait (…)
commander par téléphone les produits variés de toute la terre (..) (..) risquer son bien dans les
ressources naturelles et les nouvelles entreprises de n’importe quelle partie du monde et prendre part,
sans effort ni souci, à leur succès et à leurs avantages espérés ; (..)». (cité par Bantou, 2000).
Sur le plan financier Marc Flandreau et Chantal Rivière ont montré, qu’à « la veille de la Première
Guerre mondiale, en dépit de l’exis tence d’une taxe Tobin avant la lettre, l’intégration internationale
des flux de capitaux avait atteint un niveau très élevé, qui n’a probablement pas été dépassé depuis».
« Mise en place à l’époque mercantiliste, pendant 3 siècles (1500 à 1800), à travers des politiques
systématiques de destruction des formes anciennes d’interdépendance, pour être au service de ce qui va
devenir «l’accumulation capitaliste», la mondialisation capitaliste moderne a inauguré un phénomène
nouveau dans l’humanité. Elle a produit un écart grandissant, une polarisation grandissante entre
les régions du système mondial ». (Samir Amin, 1997:205).
De nombreux auteurs qui se situent dans la perspective du Tiers mondisme (S. Amin, J. Bantou, Paul
Bairoch, Michel Rogalski ..) ont illustré l’accentuation des inégalités et la polarisation gigantesque et
évolutive qui caractérisent la mondialisation moderne par des faits et des chiffres incontestés.
Entre 1890 et 1913, Paul Bairoch a estimé que le PNB des pays développés avait progressé de 1,7% par
an contre 0,6% pour les pays en voie de développement ; pour la période 1970 à 1990, les mêmes taux
se montent respectivement à 2,2% et 0,9%. Le Nord a, donc, connu une croissance économique
supérieure à celle du Sud de 2,8% et 2,4% pendant ces deux périodes.
La comparaison du rapport entre le PNB réel à parité de pouvoir d’achat par habitant du pays le plus
riche, (les Etats Unis) et la moyenne des cinq pays les plus pauvres révèle une différence de 1 à 8,2 en
1900, contre 1 à 49 en 1995.
Pour 80% de la population du monde, l’écart entre les régions les moins développées et les plus
développées, en terme de productivité moyenne par famille par an était de 1 à 2 ou 3 avant la révolution
industrielle, selon Samir Amin, de 1 à 30 en 1945 et de 1 à 60 à l’heure actuelle.
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Ajouté aux conséquences désastreuses des politiques néo-libérales, notamment les Programmes
d’Ajustement Structurel (PAS) entreprises dans les pays du Tiers monde, J. Bantou (2000 :17-19) n’a
pas tort de parler «d’une tendance à la recolonisation de régions entières du monde à laquelle la
puissance politique et militaire des puissances impérialistes, notamment des Etats Unis, confère des
moyens supplémentaires décisifs.».
Les accords de Marrakech de 1995 et la création de l’OMC n’ont donc fait qu’accélérer l’intégration
commerciale et financière de la planète. Mais comme le souligne S. Amin, la polarisation ne s’est pas
développée de manière totalement linéaire. Elle a connu des moments de remise en cause ne serait-
ce que partielle. Et cela est important.
L’histoire de la mise en place des mécanismes et des instruments qui ont érigé la mondialisation
économique et culturelle au titre de paradigme majeur du nouveau millénaire a été marquée par la
résistance des peuples contre la soumission et la volonté d’émancipation manifestée par les dominés.
Or, l’étape ultime que nous vivons ne se caractérise pas seulement par l’accélération de la
déréglementation économique au détriment des faibles. Elle est aussi marquée par le passage, au plan
culturel, d’une acculturation libre ou imposée à une acculturation planifiée (selon la typologie de
Roger Bastide) donc largement acceptée.
La capacité de séduction des idéologues et des institutions du néolibéralisme (qui allient la force de
conviction et le terrorisme économique) a permis de gagner une partie des peuples et de l’intelligentsia
des pays dominés, à l’idée selon laquelle, le nivellement des cultures et des modes d’échange sur la
base du modèle hégémonique de l’Occident et des intérê ts des dominants est inéluctable et
inévitable.
Officiellement organisée à travers des instruments dits de coopération, la nouvelle mondialisation
couvre une réalité complexe. Les entités en interaction dans l’économie mondiale entretiennent des
rapports iniques et déséquilibrées. L’OMC, le FMI, la Banque Mondiale et les autres institutions
satellites du G8 ont la vocation première de sauvegarder les intérêts multiformes des dominants.
Dernier né du trio infernal, l’OMC a consacré la déréglementation comme principale modalité pour
régir le marché. Celui-ci dit-on aurait la faculté de s’autoréguler et de corriger les inégalités par une
compétition franche et « à chances égales ». Principe fondamental dans la philosophie libérale, la
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déréglementation n’en pose pas moins un problème réel. « Entre le fort et la faible c’est la liberté qui
opprime et la loi qui affranchit » disait un certain Lacordaire à la fin du 18e siècle.
Entre un Marché international libéralisé, des Multinationales au dessus des lois, des États obligés de se
mettre à la diète et des économies sous perfusion, les populations démunies et les pays pauvres ont
beaucoup de mal à bénéficier des vertus proclamées de la mondialisation.
Les assauts idéologiques répétés contre l’État ont abouti à son désengagement. La déconsidération des
questions sociales au profit de la sphère économique, le triomphe du capitalisme, principal modèle du
monde unipolaire,.. et surtout les politiques néo-libérales imposées par la Banque Mondiale ont
sensiblement accéléré les décalages déjà existants. La faillite des Programmes d’Ajustement Structurel
(PAS) a largement contribué au chaos actuel.
Michel Rogalski (2000:8) a raison de souligner que l’expression « mondialisation libérale » doit
s’entendre dans un double sens. Il s’agit non seulement de «qualifier la mondialisation actuelle et la
façon dont elle est marquée par le libéralisme mais aussi et surtout d’insister sur l’idée que ce sont les
politiques néo-libérales mises en œuvre depuis une vingtaine d’année qui ont provoqué cette
accélération rapide d’un phénomène qui courait à bas bruit depuis plusieurs siècles.
Le libéralisme est tout à la fois la marque et la cause. S’opposer à ces politiques c’est aussi d’une
certaine façon entreprendre une démarche de déconstruction de la mondialisation».
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v Intégration des économies ; souveraineté du marché international libéralisé et déréglementé ;
extrême mobilité des capitaux, des biens et des marchandises ; délocalisation de la production
suivant le principe de «l’avantage comparatif» ; augmentation de la productivité et des gains ;
renforcement du pouvoir des pays créanciers, des multinationales, des institutions financières et
de certaines élites ; transfert de la souveraineté des Etats/nations à des instances
supranationales.. caractérisent un versant de la globalisation.
v Eclatement des familles ; recul de la cohésion sociale ; restrictions drastiques des mouvements
transfrontaliers des citoyens des pays pauvres vers les pays industrialisés ; paupérisation
galopante des travailleurs ; fragilisation des groupes vulnérables ; citoyenneté à double vitesse ;
perte de pouvoir des pays et des populations pauvres asphyxiés par la dette ; reconnaissance de
l’impérieuse nécessité de constituer des grands ensembles.. dominent l’autre versant du
phénomène évoqué.
La liste n’est pas exhaustive mais, ces exemples sont relativement pertinents pour donner, au lecteur,
une idée préalable sur « l’impact de la globalisation au niveau local ». Les répercussions de la
mondialisation libérale dans le vécu des acteurs et des agents locaux sont multiples et multiformes. Il
est impossible de les décrire dans le cadre d’un article mais on peut en évoquer quelques aspects au
double plan quantitatif et qualitatif.
Les principes de base du libéralisme peuvent être résumés en peu de mots : le marché est bon, l’Etat est
mauvais. Alors que la protection sociale était considérée comme un critère de progrès de la société, on
la dénonce comme un encouragement à la paresse ; alors que l’impôt apparaissait comme un moyen
essentiel pour concilier le développement économique et la justice sociale, la fiscalité est accusée de
décourager les plus dynamiques et les plus audacieux. Il faut donc déréglementer, faire reculer l’Etat,
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réduire son champ de compétence et surtout le mettre au service des investisseurs privés. (O. SOW,
2002:2).
«Moins d’Etat», «Peu d’Etat», «Pas d’Etat», «Chacun pour soi, le Marché pour tous», cet l’hymne de
base du néolibéralisme ne connaît plus de bémol depuis l’émergence de l’ère planétaire. Force est,
pourtant, de reconnaître que si les détracteurs de l’Etat ne sont pas dépourvus de raisons valables, la
dictature du Marché est aussi dangereuse.
Dans beaucoup de pays d’Afrique, pendant la décennie post indépendance on constatait, en effet, que
l’interventionnisme de l’Etat dans les institutions sociales et économiques allié à l’expansionnisme des
bureaucraties grossissantes avaient étouffé l’initiative privée. Les mentalités des populations et les
réflexes étatiques étaient tributaires d'un "habitus" forgé pendant ces décennies de transactions fondées
sur une philosophie de l’Etat Providence et l'attentisme d'une société civile dont les initiatives étaient
lourdement hypothéquées par un encadrement dirigiste.
La crise des finances publiques des années 70 à 80, la récession et les conséquences de la mauvaise
gestion ont fait le lit pour développer des assauts idéologiques répétés contre l’Etat. Excommunié des
territoires d’Afrique, «l’Etat Providence» a cédé la place à «l’Etat–Gendarme» (pour reprendre le terme
de Pareto) dans un contexte où les bases mêmes de sa souveraineté sont fortement sapées. Avec la
réduction drastique de ses missions traditionnelles, les rapports déjà tendus qui unissait l’Etat et les
populations sont devenus plus opaques. Les oppositions classiques qui unissent les classes dominantes
et les classes dominés sont plus marquées au sein des nations.
Avec la signature des accords de Marrakech, en 1995, l’OMC a été dotée des moyens de mieux
s’assurer de la déréglementation. Les pays du G8, érigés en modèles, et leurs institutions satellites font
et défont les règles du Marché suivant leurs intérêts et ceux des multinationales.
Le libre échange et les « bienfaits » du Marché sont fortement prônés pour résoudre les problèmes des
populations pauvres et désemparées. Les potentialités réels ou mirifiques du Commerce international
sont présentées comme le sésame des opportunités. Les idéologues de la mondialisation conçoivent, en
effet, le Marché comme la nouvelle panacée qui devrait régler les problèmes de tous ceux qui
arriveraient à s’y positionner. A la clé du succès des mécanismes comme l’AGOA, les Accords de
Cotonou.. et toutes les sucettes piégées conçus par les dirigeants du Nord pour la consommation des
pays dominés.
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On sait pourtant qu’en dépit du discours officiel, il existe bel et bien un interventionnisme de l’Etat et
un protectionnisme des plus élémentaires au sein du club fermé des pays du G8. A titre d’exemple, la
France fournit le RMI (revenu minimum d’insertion) à tous ses chômeurs ; la sécurité sociale y est
étendue aux non travailleurs. Les pays de l’OCDE fournissent un appoint estimé à un milliard de dollar
US par jour à leurs agriculteurs qui sont les concur rents de ceux de l’Afrique dans le marché mondial.
Or, la subvention des agricultures des pays sous ajustement est simplement impensable. Il s’y ajoute
que « les bailleurs de fonds bilatéraux et les institutions multilatérales n’accordent que peu d’attention
au secteur agricole et aux régions rurales, dans lesquelles vivent 70% des pauvres d’Afrique. Par
exemple, dans le portefeuille de la Banque mondiale, les crédits destinés à l’agriculture s’élevaient à
39% en 1978 mais étaient tombés à un niveau de 12% en 1996 et 7% en l’an 2000.» (NEPAD, texte
officiel 2001:34).
La «mondialisation libérale» n’oppose pas simplement des pays et des pôles. Elle révèle une grande
dichotomie entre les Etats/nations et les Sociétés transnationales (STN) dont les libertés ont été
élargies et l’hégémonisme consolidé. Les lois qui régissent le marché ne s’inquiètent nullement de leurs
responsabilités mais toutes les garanties leur sont offertes pour permettre au Capital de se promener
d’un pays à l’autre et de s’établir là où les conditions sont les plus avantageuses.
La compétition entre les pays pour attirer les fonds des multinationales est, en effet, très âpre. A la
vérité leur apport n’est pas négligeable, notamment dans le domaine des transferts de technologie. Les
STN ouvrent quelques perspectives d’occupation là où elles s’installent, même si les emplois créés sont
éphémères et de plus en plus limités. Elles contribuent aussi, de façon appréciable, à l’augmentation de
l’assiette fiscale des pays d’accueil.
En 1994, les 37.000 STN et leurs 200.000 filiales répertoriés contrôlaient à elles seules 75 % du
commerce mondial des produits de base des biens manufacturés et des services. Un tiers de ce
commerce ayant lieu à l’intérieur des entreprises, les gouvernements et les organisations internationales
ont peu (ou pas) de moyens d’exercer un contrôle quelconque. La libéralisation se traduit ainsi par
« une concurrence dirigée » plutôt que des marchés libres.
La tendance à recourir à des petites unités de production, plus flexibles et plus autonomes, pour
exécuter en sous -traitance une grande partie de leur travail permet aux multinationales de se décharger
des risques économiques et des obligations sociales envers la main d’œuvre. La « spécialisation en
souplesse » favorise pa rfois des meilleurs conditions de travail pour les travailleurs de haute technicité
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situé dans le Nord mais elle entraîne aussi une précarisation de l’environnement de travail dans les pays
du Sud.
L’essor des multinationales s’accompagne aussi de changements notables des systèmes de production
et du marché du travail au profit des techniques et des compétences de haut niveau avec des méthodes
de travail qui ont induit un nouveau phénomène de croissance sans création d’emplois. Cette
transformation se fait au détriment des pays en développement dont les avantages comparatifs
résidaient jusqu’ici dans les matières premières et la main d’œuvre non qualifiée. On a ainsi noté une
expansion du secteur informel qui occupe actuellement environ 60% de la population urbaine en
Afrique. (UNRISS, 1995:8-9).
Il est communément admis que les multinationales jouent un rôle important dans le développement de
leurs pays d’accueil, mais beaucoup de chercheurs ont déjà montré que leurs avantages sont souvent
hypothétiques. En dehors de la main d’œuvre bon marché l’apport des économies locales à leurs
activités est généralement nul ou très limité. Les ressources mises en œuvre (matière ou pièces,
machines et matériel, techniques, gestion..) proviennent, dans biens des cas, de l’extérieur.
La séparation géographique entre la production et la consommation est aussi très nette. On produit là
où le coût est le plus bas et on écoule la production là où le pouvoir d’achat est élevé. De façon
générale, la main d’œuvre locale ne pe ut, avec ce qu’elle gagne, se procurer ce qu’elle fabrique.
(Werner S., 1993:356).
Même à supposer que les STN ouvrent réellement quelques possibilités de doper une forme de
développement déterminée de l’extérieur, les coûts humains liés à leur installation sont considérables.
Une série d’enquêtes menée depuis vingt chez des milliers d’hommes et de femmes travaillant dans des
centaines d’entreprises a permis de « prendre le pouls de l’entreprise » (transnationale) moderne.
Analysant les causes du surmenage, problème fondamental dans la vie des travailleurs, l’étude a mis en
évidence six défauts principaux qui démoralisent et démotivent les salariés. La surcharge de travail, le
manque d’autonomie, les gratifications mesquines, les relations humaines moins denses,
l’injustice, les conflits de valeurs sont quelques unes des tares évoqués. Les termes utilisés par les
travailleurs pour décrire les effets de la complexité de l’environnement sur leurs conditions de vie sont
instructifs.
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Ils évoquent l’augmentation des taux de divorce, la détérioration de la qualité de la vie ou le manque de
répit. « Pour peu qu’on travaille pour une multinationale, on doit être disponible vingt quatre heures sur
vingt quatre, appeler l’Europe à quatre heures du matin et l’Asie jusqu’à minuit ». L’explication d’un
PDG est aussi intéressante. « Le surmenage est vraiment un problème pour les individus. Mais il n’a
pas d’impact sensible sur la productivité de l’entreprise. C’est un problème marginal, pas une question
stratégique de finance ou de gestion. (..).». (Golman D. 1999:339-341).
Ces termes résument la diversité des objectifs et les conflits d’intérêt qui traversent les STN. PDG et
employés gagneraient, pourtant, à accorder leurs vues pour le future de l’entreprise. Les compressions
d’effectifs, les libertés limitées, les responsabilités sans possibilité d’influencer les règles essentielles,
l’insécurité de l’emploi, l’isolement dans le travail, l’appauvrissement émotionnel, la faiblesse du tissu
relationnel, l’absence d’une communication honnête, les disparités entre les valeurs personnelles et les
exigences de l’entreprise etc.. évoqués par les salariés auront forcément un impact direct ou indirect sur
leurs performances.
En Afrique (surtout avec le NEPAD), l’air du temps est à l’appel au capital privé international et aux
investissements des multinationales. On sait, pourtant que les capitalistes ne sont pas des enfants de
cœur. Ceux qui plaident pour cette option devront donc s’assurer de toutes les garanties pour que ce
recours ne produise pas le contre effet de creuser les inégalités. Ils ont un devoir de vigilance pour que
ce choix ne se traduise pas par la livraison pure et simple du territoire et des travailleurs à un
capitalisme impitoyable.
2.2 – Pauvreté, Marginalisation et Polarisation : la faillite des politiques néo-libérales
L’ensemble du Continent représente, à peine, 1% du PIB mondial pendant que l’Aide publique y est
passée de 17 milliards de dollars en 1990 à 12 milliards à la fin de 1999. L’Afrique ne contrôle que
1,6% du commerce international avec 11% de la population mondiale (27,5% avec 75% de la
populations pour les pays en développement) tandis que les pays industrialisés contrôlent les 68,4%
avec 15% de la population.
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Avec ses multiples foyers de tensions, ses 25 millions de Sidéens et ses 140 millions de jeunes illettrés
l’Afrique regroupe 34 (sur 53 Etats) des 49 Pays les Moins Avancés (PMA). De 1996 à 2001, la moitié
des morts de la planète provenaient de l’Afrique note A. ESSY, Secrétaire Général de l’Union
Africaine.
En 1990, "la pauvreté absolue", mesurée à l'échelon mondial par la Banque Mondiale sur la base d’un
revenu de 370 dollars par personne et par an permettait d’estimer à 1,5 milliard les personnes atteintes
dont 1,1 milliard vivant dans les pays en développement particulièrement en Afrique, soit 73 % des
pauvres. Avec la raréfaction croissante des ressources, toutes les estimations montrent que l’Afrique
cristallise une part importante de ce triste record qui ne cesse de s’aggraver.
Environ 340 millions de personnes vivaient avec moins d’un dollar par jour, en l’an 2000. Les
institutions de Bretton Woods avouent que l’Afrique subsaharienne sera la seule région du Monde où le
nombre de pauvres continuera d’augmenter pendant les 15 prochaines années. Le rapport de la Banque
Mondiale de l’an 2000 estime, en effet, que les économies d’Afrique subsaharienne devront croître
d’environ 7% par an d’ici l’an 2015 pour vaincre la pauvreté tandis que la croissance annuelle moyenne
du Continent, depuis 1990 ne dépasse guère 2,6%.
La réalité est encore plus grave du côté des groupes vulnérables, notamment les femmes. Partout
en Afrique, les femmes sont les plus nombreuses parmi les populations powerless en plus d’être les
plus démunies. Les disparités de genre sont très significatives dans le domaine de la pauvreté.
L'importance de l’écart homme/femme dans la pauvreté avait conduit le PNUD, en 1995, d’y consacrer
son Rapport Mondial sur le Développement Humain. Une des conclusions du rapport sur "la dimension
féminine dans le développement humain" stipule que «La pauvreté a un visage de femme». Sur 1,5
milliard de personnes vivant dans la pauvreté absolue, 70% sont des femmes. Les grossesses
précoces, la vulnérabilité devant le VIH Sida, la mortalité maternelle, certaines pratiques sociales
néfastes et toutes les conséquences de la subordination dont elles sont l’objet relèvent, en effet, de leur
exclusivité.
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Dans toutes les grandes villes du Continent, on constate à l’œil nu l’augmentation des inégalités. De
plus en plus d’africains sont spécialisés dans le marché des produits de seconde main. On connaissait la
prépondérance de la friperie dans l’habillement des pauvres et des moins pauvres en Afrique.
Aujourd’hui le «Feug Jaay» (friperie) pour les Sénégalais, «Yougou Yougou» pour les Ivoiriens n’est
plus limité aux vêtements (qui ont une valeurs prépondérante dans les référentiels de la culture).
La reprise des articles déjà usagés est devenue un fait social généralisé dans tout le Continent. Le
marché de seconde main est désormais étendu à la quasi totalité des produits modernes (voitures,
frigos, ordinateurs, médicaments) et touchera de plus en plus de domaines. Partout en Afrique, on parle
des «venants» pour dire que son «bien vient d’Europe ou d’Amérique où il a été déjà usagé».
Les nouveaux maîtres du monde continuent, pourtant, de prôner sans même sourciller, la poursuite des
politiques néo-libérales, qui ont conduit à la situation actuelle. Les PAS ont directement ou
indirectement réduit l'accès des groupes démunis aux services sociaux de base, jeté des pères de
familles dans les rangs des chômeurs, alourdi le fardeau des femmes et ôté à la jeunesse l'espoir
d'accéder à des emplois dignes.
Mais leurs inspirateurs, aujourd’hui devenus les auteurs des propos les plus alarmistes et des rapports
les plus documentés sur la pauvreté, sont plus que jamais déterminés à poursuivre leur logique. Le
Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté» (DSRP), nouveau label inventé par la Banque
Mondiale est déjà célèbre. Conditionnalité d’accès à la réduction de la dette dans le cadre de l’initiative
PPTE (Pays Pauvres très endettés), le DSRP est une nouvelle tentative de diversion des peuples.
Partout en Afrique son bien-fondé alimente déjà les débats et les controverses.
Le plus cocasse, c’est qu’en lieu et place de s’interroger sur les motivations réelles des Institutions de
Bretton Woods qui, après avoir largement contribué à la "fabrication" des pauvres, font de la lutte
contre la pauvreté leur cheval de bataille, les dirigeants du Continent se bousculent à leurs portes pour
réclamer l’application de la nouvelle recette ordonnée par la Banque Mondiale pour sauver les
économies agonisantes des pays lourdement endettés.
Les «missionnaires auto-proclamés du bonheur public» se sont désormais investi du devoir de défendre
les peuples africains contre leurs Etats. Et cela n’émeut nullement les leaders du Continent. Bien au
contraire, à lire leur propre proposition pour sortir l’Afrique du sous-développement, on se rend compte
que les thèses libérales ont des relais sûres dans le Tiers Monde.
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Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) est un ajustement interne nous
confirme M.Camdessus (ancien directeur du FMI, Sherpa du Président de la France pour le NEPAD).
Ses concepteurs se félicitent du «compliment» et affichent leur fierté pour l’intérêt accordé par le G8 à
leur initiative. La terrible ressemblance qui unit les stratégies préconisées par le DSRP et le NEPAD
pour la réduction de la pauvreté devrait, pourtant, soulever des inquiétudes légitimes.
Les désillusions subséquentes aux mirages du marché et de la mondialisation n’ont pas laissé
indifférents les pays et les peuples d’Afrique. Partout dans le Continent une double dynamique de
consolidation de l’intégration régionale et de décentralisation des pouvoirs publics peut être
constatée. Au niveau des populations, on note une auto-organisation progressive de la société civile,
parmi lesquels les Organisations Non Gouvernementales occupent une place centrale.
A côté des cadres de résistance classiques comme les Syndicats, on remarque ainsi une prolifération
d'ONG locales, de Groupements d’Intérêt Economique (GIE), d’Associations villageoises, de
Regroupements professionnels et une renaissance des Coopératives. Avec des problématiques diverses
et des moyens de résistances différents, ces nouveaux acteurs s’investissent tous dans la bataille du
millénaire et réclament ensemble, une place et un rôle digne dans l’économie mondialisée.
Le mouvement anti-mondialisation qui a pris son envol avec le sommet Seattle trouve un écho
favorable dans ces segments vitaux des peuples d’Afrique, eux-mêmes en prise avec leurs propres
défis. Les groupes traditionnellement marginalisés, particulièrement les femmes et les jeunes sont des
acteurs stratégiques dans ces réseaux de sociabilité et d'expression des nouvelles solidarités.
La mise en œuvre des politiques et des principes de la globalisation dans un contexte dominé par les
PAS et le désengagement de l’Etat n’a, cependant, pas épargné la cohésion sociale qui est le
soubassement du désir de s’organiser pour mieux résister. Leurs effets sociaux ont été ravageurs.
L’insécurité économique et la crise de confiance qui sous -tendent la mondialisation ont, en effet,
contraint la majorité des gens à opérer des ajustements intimes pour survivre à la nouvelle réalité.
Partout en Afrique, la structure de la société a connu des avatars qui loin d’être la cause des
changements économiques en sont essentiellement des conséquences. La déstructuration du tissu
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social, la crise des valeurs, des mentalités et des identités, et d’autre phénomènes inhérents à
l’anomie qui courrait déjà à bas bruit, ont connu une rapide accélération.
L’exode des actifs, l’émigration vers les zones où on espère trouver un travail et un mieux être (en
dépit des barrières et des barricades), les évolutions sociologiques dans les formes et la nature même
des migrations, ont fini par achever la dislocation des familles et des communautés de base.
Paradoxalement, ces instances sociales nettement affaiblies sont, de plus en plus, soumises à des
sollicitations multiformes et une pression soutenue pour assurer de nouvelles charges qui incombaient
auparavant à l’Etat et/ou aux collectivités locales. Dans beaucoup de pays sous ajustement, le s frais
relatifs à la scolarisation des enfants, à la santé et au bien-être sont totalement ou partiellement
supportés avec leurs faibles moyens.
Un autre fait lourd de conséquence est la crise qui frappe les valeurs sociétales, les mentalités et les
identités. Les réactions qu’elle suscite sont multiples et s’inscrivent dans divers registres. Livrée à elle-
même, sans éducation ou avec un faible niveau culturel, sans emploi et vivant dans une extrême
précarité, une bonne partie de la jeunesse a trouvé refuge dans la prostitution, la drogue, la criminalité,
la mendicité et les travaux nuisibles à la santé. La marginalité gagne du terrain.
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exhaustif mais les faits sont suffisamment poignants pour constituer des motifs majeurs de s’inquiéter
sur les conséquences sociales de la mondialisation.
Les portes de l’espoir ne sont, cependant pas totalement fermées. Au Nord comme au Sud on semble
s'accorder, du moins en théorie, sur le caractère explosif des déséquilibres actuels et sur la nécessité de
se pencher sur de nouvelles valeurs d’une mondialité juste, équitable et humanisée.
Au regard de cette situation, il apparaît urgent de lever les contraintes qui sous -tendent la
marginalisation de l’Afrique et des peuples dominés dans le processus global de la mondialisation.
Dans la recherche lancinante d’une alternative, il est important d’explorer le potentiel et les valeurs
portées par les « citoyens du monde » traditionnellement privés des attributs de la citoyenneté et de la
détention des richesses. Pour bâtir un projet de mondialisation basé sur la justice et l’équité, il faut
réduire les inégalités et ouvrir des "nouveaux possibles" aux pauvres et aux powerless dans une Afrique
DEBOUT dans le village planétaire.
Il est pourtant indubitable qu’aucune recette ne saurait se passer de l’impérieuse nécessité de
réformer les institutions internationales pour les rendre plus aptes à gouverner la mondialisation.
«Pour l’instant les chances sont profondément affectées par les décisions prises dans les instances
internationales qui ne sont ni représentatives ni responsables devant les peuples et qui laissent des
marchés mondiaux réduire à néant les moyens d’existence d’une grande partie de la population
mondiale» souligne, avec pertinence le Rapport de l’UNRISD (1995:xxi).
Au delà d’un simple slogan, la citoyenneté internationale doit avoir un contenu plus palpable et
s’assortir de droits réels. Communément la citoyenneté se décline, en terme de participation à la vie
politique, d’égalité de chance et de l’obligation d’une ins tance suprême (l’Etat ou son ersatz) d’assurer
le bien-être des citoyens. Ces caractéristiques classiques pourraient être repensées en fonction de la
nouvelles situation, en vue de les rendre plus opératoires à l’échelle mondiale. Bien évidemment
l’accent devrait être mis sur les droits socio-économiques.
Il est de notoriété que dans l’état actuel des choses, le citoyen de monde, investi des attributs qui lui
permettent de circuler et d’avoir des droits dans tous les pôles existe plus dans le Nord que dans le Sud.
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Si M. Bill GATE peut facilement installer ses entreprises dans tous les coins de la planète, il n’en est
pas de même pour les jeunes africains qui vendent leur force de travail.
Il faut enfin agir et agir avec intelligence sur les déterminants sociaux et économiques de la
marginalisation actuelle de l’Afrique et réduire les inégalités criantes qui marquent le Continent.
L’écart qui sépare les nantis (en richesse et en pouvoir) des pauvres et les powerless est, en effet, la
conséquence des déficiences liées à l’accès aux ressources (terres, compétences, capitaux, ou relations),
aux matérialités (services sociaux) et aux opportunités que connaissent ces derniers. Il s’avère
nécessaire d’agir à un double niveau.
La qualité des ressources humaines est devenue déterminante pour le positionnement des nations et
de leurs différentes composantes sur l'échiquier mondial. L'accès et la maîtrise des savoirs modernes,
des savoir-faire et des savoir-être sont indispensables à la domestication des nouvelles technologies,
plus particulièrement l'outil informatique, la télécommunication et les info-routes de l’information et de
la communication. Cette situation pose un défi à l'Afrique. L’impératif d’investir massivement dans
l'éducation, la formation et le développement des compétences de l’ensemble des populations du
Continent doit se conjuguer avec la correction des inégalités internes.
La prépondérance progressive de la valeur ajoutée sur les produits bruts a bouleversé les paramètres
du marché mondial. La mondialisation libérale a conduit à une dématérialisation de l'économie. Or,
l'essentiel des matières premières, autour desquelles l'Afrique a jusqu'ici bâti ses relations d'échange
avec l'étranger sont des produits bruts (phosphates, café, arachide, coton etc..). Avec la détérioration
des termes de l'échange ces formes de richesses sont devenues dérisoires.
La maîtrise des techniques et technologies modernes est au centre des enjeux du nouveau millénaire.
La position des africains et des africaines face à ces facteurs devenus indispensables à la rentabilité et à
la productivité revêt du même coup un caractère crucial. Le renversement des tendances qui limitent
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l'accès aux technologies nécessaires à l'efficience et à l'agrandissement de leurs petites activités est
devenu un impératif.
Le peuple de Seattle a posé les jalons d’une possibilité de remettre en cause le discours idéologique
des néolibéraux sur l’inévitabilité de la soumission des peuples du monde au diktat de la triade et des
multinationales. Les Africains et les alliés de l’Afrique ont le devoir de manifester une «claire
conscience » de la nécessité d’agir ensemble pour peser sur le cours de leur destin commun. Ils
doivent veiller à la consolidation de cette nouvelle solidarité ; raffermir les fondements de la
«camaraderie» internationale ; et élargir la base sociale des combattants de l’équité.
Or, cet impératif suppose, selon moi, que l’on re-pense l'Afrique non pas seulement comme un terrain
d’expérimentation d’une perspective dictée par l’Occident mais comme une partie prenante dans la re-
définition des règles qui régissent le «village planétaire» et les nouvelles rationalités qui s’y structurent.
L’universel c’est aussi en Afrique !
Le leadership et les peuples africains devraient, enfin, comprendre que, la lutte contre la
pauvreté est une étape importante, pour apporter des palliatifs aux problèmes actuels, mais elle
ne saurait être un horizon pour l’Afrique et son peuple. L’ambition de l’Afrique doit dépasser la
réduction de la pauvreté. Au delà de son éradication souhaitée, les dirigeants du Continent doivent
porter un discours favorable à l’instauration d’ un développement équitable, humain et durable.
Concluons, enfin, avec le Professeur Iba Der THIAM que la volonté de domination ne recule que
contrainte et forcée. Les droits sont considérés comme intrinsèques et ne doivent pas dépendre de
l’accomplissement des devoirs correspondants. Il faut se convaincre que l’interdépendance actuelle est
une fausse interdépendance, une interdépendance unilatérale, une interdépendance inégale. Elle doit
être rééquilibrée. Nous en avons les moyens, si nous en avons la volonté.
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Ce n’est qu’avec la clameur populaire , vigoureuse ment impulsée par les forces sociales et le
mouvement général des consciences, que l’on obtiendra la mobilisation en vue du changement de cap
que commandent l’éthique, la justice, la solidarité et la paix du monde.
Il est indispensable de développer une vision neuve, capable d’embrasser, en même temps, le
local, le régional et l’universel, l’immédiat et le lointain, le court terme et la longue durée, comme
disent les Historiens . (Iba Der TIAM, 2002:3).
ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
2- Cristian PARKER G, L’identité latino-américaine à la lumière des 500 ans, Alternatives Sud,
Vol 7, 2000/3, pages 109 à 118, l’Harmattan, Paris.
3- Daniel GOLMAN, L’intelligence émotionnelle, Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son
travail, Paris, Robert Laffont, 1999, 375 pages.
4- Iba Der THIAM, Les Parlements face aux défis de la mondialisation, Rencontre des
Parlementaires franc ophones, Bernes, 2002, 5 pages.
11- Samir AMIN, Base théorique du Forum, Alternatives Sud, vol IV, 1997/3, pages 203 à 216,
l’Harmattan, Paris.
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12- Tapinos Georges PHOTIOS, Mondialisation, intégration régionale, migrations internationales.
Revue internationale des Sciences sociales, N° 165, Septembre 2000, Pages 343-352.
INTRODUCTION
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