Cognition">
Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Méthodo

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 99

Hélène WEBER

Méthodo
Le guide ultra-pratique pour vous accompagner dans
l’élaboration de vos écrits universitaires

DONNEZDUSENS.FR

!1
Méthodo

Copyright © 2016 Hélène WEBER


Tous droits réservés.
ISBN: 1530063965
ISBN-13: 978-1530063963

!2
Hélène WEBER

Sommaire

INTRODUCTION 4

LE PROJET 7

LE SUJET 14

LA PROBLÉMATIQUE 24

LES HYPOTHÈSES 32

LES LECTURES THÉORIQUES 38

LE DISPOSITIF D’INVESTIGATION 48

L’ANALYSE 63

LE PLAN 75

L’INTRODUCTION ET LA CONCLUSION 84

LA SOUTENANCE 90

CONCLUSION 98

!3
Méthodo

Introduction

Avant, pendant et même après son élaboration, un écrit


universitaire confronte à de nombreuses questions : comment
procéder concrètement ? Vers qui se tourner lorsque l’on
rencontre une difficulté ? Quelles questions se poser et où
trouver les réponses ?

C’est pour vous guider dans l’aventure que constitue la


réalisation d’un mémoire, d’une thèse ou d’un rapport de stage
que j’ai rédigé ce guide.

Vous y trouverez la marche à suivre pour :


▪ Rédiger votre projet de recherche
▪ Trouver votre sujet
▪ Elaborer votre problématique
▪ Définir vos hypothèses
▪ Lire des articles et ouvrages théoriques
▪ Mettre en place un dispositif d'investigation
▪ Analyser votre contenu
▪ Formaliser votre plan
▪ Rédiger votre introduction et votre conclusion
▪ Et préparer votre soutenance orale

Chaque chapitre est organisé selon cinq rubriques, afin que les
dix thématiques traitées n'aient plus aucun secret pour vous :
▪ C'est quoi ? Une définition accessible.
▪ A quoi ça sert ? Un objectif clair.
▪ Comment faire ? Une méthode concrète.

!4
Hélène WEBER

▪ Conseils pratiques : des indications simples et essentielles.


▪ Vous rencontrez des difficultés ? Une attention portée à
votre moral.

Par où commencer ?
Au moment où vous lirez ces lignes, vous n’en serez pas
nécessairement au tout début de votre recherche. Chaque
chapitre peut être lu indépendamment des autres : vous
pouvez donc aller piocher ce qui vous est utile, au moment où
cela vous est utile.

Appliquez la méthode, inspirez-vous des recettes


Dans ce guide, vous trouverez aussi bien des recettes que des
méthodes.

Dans le cadre d’une recette, je vous indiquerai point par point


ce que vous avez à faire en fonction de l’étape à laquelle vous
êtes et de la question spécifique que vous vous posez. Comme
dans toute recette, le choix, l’ordre et la nature de ces
différentes prescriptions seront discutables.

Mais ce n’est pas parce qu’il y a différentes recettes que vous


devez vous mettre en tête que l’une d’entre elles est forcément
la meilleure. Il existe toujours différentes manières d’atteindre
un même objectif, et l’important consiste surtout à trouver le
chemin qui vous conviendra le mieux, à vous.

Se concentrer sur l’objectif, c’est le projet de la méthode. Les


différentes étapes ne vous sont plus servies sur un plateau.
Vous allez devoir comprendre précisément ce qui est attendu
et approfondir les réponses que vous allez personnellement
devoir trouver. Pour ce faire, la méthode est un guide, mais
elle ne se substitue pas à votre cerveau pour réfléchir.

Selon mon expérience, il faut un peu des deux. Des méthodes


à intégrer, des recettes à suivre et/ou à critiquer et beaucoup

!5
Méthodo

d’exemples concrets. Mon projet dans ce guide est de vous


apporter de tout, afin que vous puissiez trouver votre propre
voie.

Que faire si la méthode ne fonctionne pas ?


Le problème d’un guide, c’est qu’il ne s’applique pas
exactement à votre situation particulière. Parfois, et même
souvent, nous avons besoin qu’une personne réelle prenne le
temps de nous écouter et de comprendre nos difficultés pour
nous répondre personnellement.

Dans la rubrique « vous rencontrez des difficultés ? » qui se


situe à chaque fin de chapitre, mon projet est d’éclairer ces
difficultés que vous pourriez éventuellement rencontrer à
chaque étape d’élaboration de votre écrit. N’oubliez jamais
que si j’y ai consacré une rubrique spécifique, c’est que vous
êtes beaucoup plus nombreux que ce que vous pensez à être
confrontés aux mêmes problèmes.

Tous les articles que j’ai consacrés à la méthodologie des écrits


universitaires restent en accès libre sur mon blog http://
www.donnezdusens.fr/

N’hésitez pas à retourner les lire, vous y trouverez notamment


beaucoup d’exemples concrets détaillés.

Et maintenant, c’est à vous de jouer !

!6
Hélène WEBER

Chapitre 1

Le projet

Un « projet de recherche » est un document de 2 à 5 pages,


demandé aux étudiants qui souhaitent s’inscrire en master ou
en thèse. Pour autant, même si vous préparez un rapport de
stage ou un écrit universitaire à une autre étape de votre
cursus, prenez le temps de lire ce premier chapitre. Vous
découvrirez que l’élaboration d’un projet de recherche
constitue bien plus qu’une simple formalité administrative.

Un « projet de recherche », c’est quoi ?


Rédiger un projet de recherche peut constituer une étape
incontournable dans le cadre de votre parcours d’inscription à
l’université. Il s’agit effectivement d’un moyen pour vos
enseignants d’évaluer si vous avez votre place dans le diplôme
pour lequel vous postulez : avez-vous le niveau académique
requis ? Vous posez-vous les bonnes questions ? Vous êtes-
vous renseigné sur les enjeux d’une recherche et le sujet qui
vous intéresserait ?

Mais comment savoir ce que l’on va faire avant même


d’avoir commencé ?

Echafauder un projet est un exercice qui va vous obliger à


vous poser les questions difficiles d’entrée de jeu : quel
problème scientifique avez-vous envie de résoudre ? Dans
quel cadre théorique souhaitez-vous vous inscrire ?

!7
Méthodo

Un projet de recherche, à quoi ça sert ?


Un projet de recherche sert à trois choses :

Montrer à vos enseignants que vous ne vous inscrivez


pas en master ou en thèse à la légère : vous savez dans
quelle aventure vous vous lancez et vous vous êtes préparé
attentivement.

Faire le point sur votre motivation. Trouver son sujet,


envisager une problématique et définir un cadre théorique de
référence ne sont pas des tâches faciles. Elles constituent
pourtant les premières étapes à franchir pour s’engager
sérieusement dans une recherche universitaire.

Démarrer votre recherche du bon pied. Le plus tôt vous


commencerez à vous poser les bonnes questions, le plus de
temps vous aurez pour travailler à y répondre. Une recherche
confronte au doute et aux remises en question. Il faut que
vous vous donniez le temps d’être surpris, de ne plus savoir
où vous en êtes et de déconstruire vos représentations. C’est à
ce prix que vous mènerez un projet qui aura du sens : il vous
permettra de valider votre diplôme, mais vous aura également
donné l’occasion d’approfondir la connaissance d’un sujet qui
vous importe vraiment.

Comment rédiger un projet de recherche ?


Voici les principales questions auxquelles vous devez répondre
dans le cadre d’un projet de recherche :
- Quel sujet souhaitez-vous traiter ?
- Pourquoi ce sujet vous paraît-il intéressant ? Comment
en êtes-vous venu à vous y intéresser ?
- Que savez-vous déjà concernant ce sujet ? Que vous
ont apporté vos premières lectures théoriques ?
- Dans quel cadre théorique de référence souhaitez-
vous vous inscrire ? Quels sont les auteurs et/ou les

!8
Hélène WEBER

paradigmes scientifiques qui vont guider vos


réflexions ?

Ces questions mettent en évidence une chose : vous devez


déjà avoir trouvé un sujet (voir le chapitre 2), avoir lu quelques
ouvrages et/ou articles (voir le chapitre 5) et avoir réfléchi aux
enjeux scientifiques propres à votre discipline avant de rédiger
votre projet. Ce sont ces éléments qui permettront à vos
enseignants de déterminer s’il est valable et si vous avez pris la
mesure des exigences propres à une recherche universitaire :
lectures, implication personnelle, réflexion, capacité à se
remettre en question et à justifier ses choix.

Conseils pratiques
Inspirez-vous de ce plan

Si vous ne savez pas par où commencer pour rédiger votre


projet de recherche, vous pouvez vous inspirer du plan
suivant :

Faites un constat : partez d’une situation qui vous a interrogé,


questionné, surpris ou laissé perplexe. Il peut s’agir d’une
expérience vécue, d’un fait d’actualité, d’un extrait d’ouvrage,
etc. Cette situation doit vous amener à introduire le sujet que
vous avez choisi et à formuler la question qui va guider votre
recherche.

Formulez une question : cette question correspond à votre


« objet de recherche ». Il s’agit d’une pré-problématique, car
vous serez amené à la préciser et à la reformuler au cours de
vos investigations. Plus vos idées se précisent, plus le
problème que vous cherchez à résoudre grâce à votre
recherche devient pertinent.

Présentez quelques hypothèses en faisant référence à vos


lectures et/ou à votre expérience : pour présenter un projet
intéressant, il faut que vous ayez déjà travaillé sur votre sujet.

!9
Méthodo

Commencez dès que possible votre investigation théorique.


C’est ce qui vous permettra de clarifier vos idées et d’en
trouver.

Echafaudez un projet d’investigation empirique : lorsque vous


serez parvenu à préciser votre « question de recherche »,
commencez à envisager de quelle façon vous pourriez obtenir
les informations dont vous avez besoin pour y répondre. Quel
dispositif d’investigation pouvez-vous et serait-il pertinent de
mettre en place ? Qui allez-vous interroger ? Combien de
personnes allez-vous interroger ? Où allez-vous les trouver ?
Quels documents vous seraient utiles ? Quel terrain
d’investigation vous serait accessible ? Etc.

Faites une bibliographie : lister les ouvrages et articles que


vous avez déjà consultés permet à vos enseignants de cerner
dans quel cadre théorique vous souhaitez vous inscrire. La
théorie de quels auteurs allez-vous mobiliser pour construire
vos propres hypothèses ?

Partez d’un constat ou d’une situation qui vous a posé


question

Parfois, le terrain de recherche s’impose à vous avant même


que vous vous soyez demandé quel sujet vous allez traiter.
Votre écrit doit-il être en lien avec un stage que vous effectuez
dans le cadre de votre formation ? Réalisez-vous une thèse
dans le cadre de votre activité professionnelle ? Avez-vous un
accès privilégié à un terrain tout trouvé pour mener votre
recherche (expérience professionnelle, associative, personnelle,
autre) ?

Dans ces cas, une pratique qui a fait ses preuves est le journal
de bord.

Chaque jour, rapportez votre expérience dans un cahier


dédié :
- sur la page de gauche : les faits, vos observations
brutes, le déroulé de votre journée.
!10
Hélène WEBER

- sur la page de droite : vos réflexions, vos ressentis, vos


questionnements.

Progressivement, une question qui vous taraude va devenir un


objet de recherche pertinent. Utilisez les constatations qui
vous interrogent comme accroches pour introduire votre
réflexion.

Ayez en tête que votre projet n’est pas gravé dans le


marbre

Si vous envisagez le projet que vous êtes en train de rédiger


comme un contrat qui vous oblige à respecter au mot près
tout ce que vous annoncez, c’est que vous n’avez pas encore
complètement saisi le principe d’une recherche.

Une recherche confronte au doute, aux erreurs et aux remises


en question. Et c’est normal. Il est donc tout à fait possible
(voire souhaitable) que vous reveniez sur vos hypothèses, que
vous changiez de problématique et que vous renonciez à
mener l’investigation que vous aviez prévue, au profit d’une
autre. Ce n’est pas un problème et vos enseignants ne vous en
tiendront pas rigueur.

Choisissez judicieusement votre directeur de recherche

Si vous envisagez de faire une carrière universitaire, il est


important que vous décidiez d’emblée quel type de directeur
de recherche sera à même de vous apporter ce dont vous avez
besoin :
- un accompagnement méthodologique sérieux,
- de la disponibilité pour vous guider à toutes les étapes
de votre travail,
- des opportunités de carrière (relations dans le milieu
universitaire, pouvoir de décision dans les instances de
recrutement des enseignants-chercheurs),
- une expertise reconnue concernant le sujet que vous
souhaitez traiter.

!11
Méthodo

Lisez les publications (livres et articles) de l’enseignant que


vous avez choisi (ou que vous envisagez de solliciter).
Demandez aux étudiants de vous renseigner concernant ce
que vous pouvez attendre de chaque enseignant en termes
d’accompagnement méthodologique.

Vous rencontrez des difficultés ?


Avez-vous peur de vous lancer ?

Un an est-il suffisant pour mener à bien le projet que vous


envisagez ? Etes-vous suffisamment intelligent, travailleur ou
doué ? Ce sujet vous intéresse-t-il ? Voulez-vous vraiment
obtenir ce diplôme ? Etes-vous sûr de votre projet
professionnel ?

Le nombre de questions qui peuvent vous traverser l’esprit et


vous décourager de vous engager dans un travail de recherche
est infini. Allez-vous les laissez vous submerger ?

Si d’autres sont déjà aller au bout, pourquoi pas vous ? Faites


confiance à vos enseignants (après tout, ce sont eux qui vont
évaluer si votre projet est valable). Et osez. L’aventure de la
recherche vaut vraiment le coup.

Les idées viennent en cherchant

Il vous arrivera peut-être à un moment donné, au début, au


milieu ou à la fin de votre travail, de n’avoir aucune idée.

Sortez, lisez, discutez avec d’autres étudiants, demandez leur


avis à vos enseignants. Et si tout cela ne marche pas, prenez le
temps de passer complètement à autre chose. Notre cerveau
continue de faire des liens entre les informations sans
intention consciente de notre part. Il arrive donc que c’est
quand on s’y attend le moins que les meilleures idées
surgissent. Bref. Travaillez dur, mais prenez également le

!12
Hélène WEBER

temps de vous détendre et de vous « vider la tête » de temps


en temps.

!13
Méthodo

Chapitre 2

Le sujet

Disciplines Sujets
Psychologie La psychose
Désir d’enfant et procréation
médicalement assistée
Droit Le téléchargement illégal
Les violations de la constitution en Haïti
Commerce Les effets d’une campagne par email
L’implantation des banques à
l’international
L’utilisation de l’humour dans la publicité
La réputation des vignobles français
Langues L’approche par compétence dans
l’enseignement du FLE
Les fantômes et les monstres dans le
folklore japonais
Gestion La gestion des stocks
Littérature L’autobiographie
La description dans l’œuvre de Balzac
Science d e La formation à distance des
l’éducation professionnels de santé
La formation au métier d’animateur de
spectacle à l’Ecole Nationale de Musique
Géographie La gestion des eaux usées à Abidjan
Urbanisme L’urbanisation des espaces ruraux
Histoire Les années 70 à Djibouti

!14
Hélène WEBER

Le sujet d’une recherche, c’est quoi ?


Le sujet correspond au thème sur lequel vous allez cibler
vos recherches.

Il doit donc être en lien avec l’intitulé du diplôme que vous


préparez et avec votre expérience de stage (s’il s’agit d’un
rapport de stage ou d’un mémoire professionnel).

Ni trop précis, ni trop vaste. Intéressant pour vous, mais


également pour l’enseignant qui vous dirige. Pertinent pour
votre projet professionnel, mais également pour
l’institution où vous effectuez votre stage.

Comment concilier ces multiples contraintes ? Comment


répondre aux attentes souvent contradictoires de toutes les
personnes intéressées de près ou de loin par votre écrit ?
Lorsque vous avez le projet de mener à bien une recherche,
c’est par la délimitation de votre sujet qu’il faut
commencer.

Définir son sujet, à quoi ça sert ?


Déterminer son sujet doit tout d’abord vous servir à
préciser vos objectifs et à déterminer ce qui est le plus
important pour vous :
- Approfondir un sujet qui vous intéresse tout
particulièrement ?
- Trouver un sujet dont l’intérêt scientifique vous
permettra de faire avancer la recherche dans un
domaine qui vous tient à cœur ?
- Avoir l’occasion de réfléchir par vous-même et de
construire vos propres arguments sur un sujet ?
- Trouver un sujet qui vous permettra de travailler
avec un enseignant-chercheur dont vous admirez le
travail ?

!15
Méthodo

- Trouver un sujet qui vous permettra de poursuivre


vos études en thèse ?
- Trouver un sujet qui vous permettra de préciser
votre projet professionnel ?
- Trouver un sujet qui intéressera vos responsables
sur votre lieu de stage ?
- Etc.

Définir un sujet de recherche peut être au service de


différents projets. La question est de savoir lequel vous
souhaitez privilégier.

Comment trouver le sujet de son écrit ?


Commencez par répondre à cette question : à quoi va vous
servir votre mémoire/thèse/rapport de stage ? A quoi
voulez-vous qu’il vous serve ?

Valider votre année et obtenir votre diplôme

Si c’est votre unique objectif, vous risquez d’opter pour un


sujet banal qui ne vous intéressera pas véritablement.
Mener une recherche prend du temps et va vous obliger à
vous remettre en question. N’auriez-vous pas envie
d’investir cette énergie dans un projet qui a du sens ?

Parfois, on pense qu’aborder les choses de manière neutre


est le meilleur moyen d’être efficace et de ne « pas se
prendre la tête ». Selon mon expérience, lorsque l’on doit
passer un temps conséquent sur un projet (et vous allez
nécessairement y passer du temps), essayer de s’impliquer
au minimum est finalement une perte de temps. Car
s’obliger à traiter un sujet qui ne nous intéresse pas est très
coûteux en énergie.

Vous mettre en situation de tester votre projet


professionnel (ou d’acquérir une expérience qui vous
mettra en bonne position pour le réaliser)

!16
Hélène WEBER

Si vous devez rédiger un mémoire professionnel, qui peut


ou doit s’appuyer sur une expérience de stage, cela peut
être l’occasion de traiter une question en lien avec la
profession que vous souhaitez exercer.

Par exemple, vous effectuez un stage dans le service


commercial d’une grande entreprise dans le cadre de votre
master en droit commercial et marketing. Votre mission
consiste à traiter les informations d’un point de vue
administratif. Faire le compte-rendu de votre stage
reviendrait à décrire des activités qui n’ont que peu de liens
avec votre projet de devenir chef de produit. Vous pouvez
cependant choisir de réaliser « en théorie » les missions
auxquelles vous aspirez : en utilisant les informations que
vous devez traiter, vous devriez avoir la possibilité de
proposer une stratégie marketing argumentée. Rien ne vous
empêche de le faire dans le cadre de votre mémoire.

Approfondir votre connaissance d’un sujet qui vous


tient à cœur

Lorsque l’on s’engage dans un cursus d’études, cela peut


être pour différentes raisons : un projet professionnel
précis, le goût pour les matières enseignées, l’intérêt pour
un sujet en particulier, ses bons résultats dans une ou
plusieurs disciplines au lycée, des conseils donnés par
l’entourage…

Ensuite, au cours d’un cursus, les goûts s’affinent,


différentes opportunités conduisent à faire certains choix
d’options, de cours, de stages, etc.

Demandez-vous quelles sont vos motivations profondes à


suivre les études que vous suivez. Quel enseignant,
enseignement, livre, article, question ou expérience
particulière a éveillé votre intérêt ? Il ou elle pourrait bien
être un sujet tout trouvé.

!17
Méthodo

Préparer un projet de thèse dès le master

Parfois, vous savez dès le master que vous souhaitez


poursuivre en thèse, soit pour faire une carrière
universitaire, soit par goût pour la recherche.

Vous avez le droit de changer de sujet entre le master et la


thèse. Par contre, envisager dès maintenant comment vos
réflexions pourront être approfondies et élargies dans les
années à venir pourrait très bien vous faire gagner du
temps et vous donner l’occasion de choisir dès le master un
sujet d’envergure.

Résoudre un problème sur votre lieu de stage

Ce projet peut vous être imposé, mais vous pouvez


également l’envisager comme un choix possible. Certaines
tâches vous sont assignées. Parfois, il s’agit d’un problème à
résoudre ou d’un projet à mener (votre sujet est alors tout
trouvé). On peut également vous demander de réaliser des
tâches qui vous donnent l’impression d’être répétitives,
voire même, disons-le directement, « inintéressantes ».
Ayez à l’esprit que votre mémoire ne peut pas être une
simple description de vos tâches et missions. Vous pouvez
décider de traiter un sujet qui pourra apporter des idées, un
regard, un recul ou des propositions concrètes pour
améliorer les choses au sein de votre lieu de stage.

Conseils pratiques
Les pistes à envisager

Voici plusieurs pistes à envisager pour trouver votre sujet :

Commencez par viser large en partant en quête d’un


thème : vous pensez peut-être avoir intérêt à formuler
d’emblée une problématique. Pourtant, chercher à formuler

!18
Hélène WEBER

une question ou à identifier un problème n’est possible (et


pertinent) qu’à partir du moment où l’on a une
connaissance précise du domaine que l’on souhaite étudier.
Donnez-vous le temps de vous perdre un peu avant de
décider du chemin que vous allez emprunter.

Pensez aux livres, aux cours et aux enseignants qui ont su


capter votre intérêt : faites le bilan de vos années d’études
passées et revenez sur ce qui vous a marqué.

Flâner en bibliothèque : feuilletez les ouvrages dont les


titres attisent votre curiosité. Quels thèmes vous inspirent ?
Vers quels sujets vous sentez-vous attiré ?

Convoquez les expériences marquantes de votre vie : un


emploi, un stage, un engagement associatif, une expérience
personnelle, une passion, un hobby.

Rédigez un journal de bord pendant votre stage : que votre


stage doive faire l’objet de votre écrit ou pas, prendre le
temps de revenir sur son déroulement régulièrement vous
sera profitable. Cela vous permettra également de faire
émerger les sujets et questionnements susceptibles de
devenir « le » sujet de votre écrit une fois rendu à cette
étape de votre formation.

Allez jeter un coup d’œil aux écrits rédigés par les étudiants
qui vous ont précédé : cela vous donnera des idées de
sujets, de problématiques et d’hypothèses. Cela vous
permettra également de développer votre esprit critique :
identifiez les écrits qui vous paraissent pertinents et
examinez pourquoi. En revanche, faites attention de ne pas
vous sentir diminué par ce que d’autres ont accompli.
N’oubliez pas qu’avec du travail et de la persévérance, vous
saurez en faire autant.

Soyez attentif à l’actualité : les journaux sont des sources


inépuisables de sujets possibles. Allez consulter les

!19
Méthodo

périodiques dans votre discipline, cela vous mettra au


parfum des sujets en vogue.

Faites le tour des « terrains de recherche » qui vous seraient


facilement accessibles : sollicitez votre entourage, vos amis,
votre famille ou vos collègues. Ils ont peut-être accès à des
informations, ou vivent une expérience qui pourraient très
bien se révéler un sujet idéal.

Faites la différence entre le sujet et l’objet de votre


recherche

Ce n’est pas parce que vous avez trouvé votre sujet que
vous pouvez d’emblée commencer à mener des entretiens,
à faire passer des questionnaires et à envisager le plan de
votre écrit. N’allez pas trop vite.

Lorsque vous avez circonscrit votre sujet, vous devez


passer à l’étape du questionnement : qu’allez-vous chercher
à comprendre ? Quel problème allez-vous vous donner
comme projet de résoudre ?

Une fois le sujet trouvé, attelez-vous à préciser quel sera


« l’objet » de votre recherche.

Précisez au maximum votre projet

Plus votre sujet est large, plus vous aurez besoin


d’informations et de temps d’investigation pour le couvrir.
Lorsque vous vous engagez dans une recherche sur un an
de master (et même sur trois ans de thèse), il est donc
recommandé de préciser votre sujet pour le rendre
« abordable » dans l’espace des quelques mois qui vous
sont impartis.

!20
Hélène WEBER

Essayez de préciser les choses selon le principe de


l’entonnoir. Voici un exemple dans le cadre d’une
recherche en Histoire1 :
Le Moyen-Âge
Les chevaliers au Moyen-Âge
Les chevaliers-paysans au Moyen-Âge
Les chevaliers-paysans de l’an 1000
Les chevaliers-paysans de l’an 1000 au lac de Paladru

Voici donc les différentes questions qui vous permettront


de circonscrire au maximum votre objet de recherche :
Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Pourquoi ?

Confirmez votre choix auprès de l’enseignant chargé


de vous encadrer

Aussi géniales que puissent vous paraître vos idées,


confirmez-les auprès de l’enseignant chargé de vous
encadrer. C’est lui qui pourra vous indiquer si vous êtes sur
la bonne voie, et surtout, si le projet que vous envisagez
correspond bien aux attentes de l’université.

Parfois, on est si motivé et satisfait de ce que l’on a trouvé,


que l’on n’imagine même pas que cela puisse sortir du
cadre de ce qui est attendu. N’oubliez pas que votre travail
va au bout du compte devoir être validé par un jury
d’enseignants. Le plus tôt vous saurez ce qui convient ou
pas dans votre démarche, le plus tôt vous pourrez ajuster
ou recadrer les choses.

1 Vous aurez peut-être reconnu le sujet traité par le personnage d’Agnès Jaoui
dans le film On connaît la chanson d’Alain Resnais.

!21
Méthodo

Vous rencontrez des difficultés ?


Choisir, c’est renoncer

Parfois, on n’a strictement aucune idée. Parfois, on en a


trop. Et si tout vous intéresse, comment faire un choix
approprié ?

Vous pouvez appréhender les choses de la manière


suivante : mettez le processus de recherche au premier
plan, avant le sujet que vous avez choisi de traiter. Si votre
sujet vous tient particulièrement à cœur, vous risquez
d’avoir du mal à entendre les critiques. Or, le processus de
recherche suppose de se remettre continuellement en
question. Il s’agit de déconstruire ses croyances et
représentations, de prendre systématiquement du recul vis-
à-vis de ses convictions, et de passer ses intuitions au crible
de l’analyse.

Commencez par un sujet abordable. Qui veut voyager loin


ménage sa monture. Et si la recherche (ou votre sujet)
devient pour vous une véritable passion, il y aura toujours
moyen de poursuivre vos études ou d’envisager une
carrière de chercheur.

Une bonne stratégie peut être d’envisager le sujet qui vous


semble le plus facile, ou celui que vous envisagez avoir le
plus de plaisir à traiter.

On ne peut pas plaire à tout le monde

Lorsque l’on doit définir son sujet, il est parfois difficile de


concilier toutes les contraintes. Contenter tout le monde
devient ainsi le premier problème qu’il faut résoudre : pour
qui faites-vous cette recherche finalement ? Pour vous-
même ? Pour vos enseignants chargés de vous évaluer ?
Pour votre mère qui n’est jamais allée au bout de son

!22
Hélène WEBER

propre mémoire ? Pour votre maître de stage qui aimerait


bien retirer un intérêt pour l’entreprise de votre travail ?

Faites le point sur vos priorités et surtout, demandez à vos


enseignants de préciser ce qui est attendu de vous.

Parfois, il vaut mieux faire table rase pour repartir du


bon pied

Si vous consultez les livres, articles et travaux d’étudiants


qui portent sur le sujet que vous avez choisi, il se peut que
vous vous sentiez submergé. Comment allez-vous réaliser
un travail à la hauteur de tout ce qui a déjà été fait ?

Comment faire mieux qu’une thèse si vous êtes en master ?


Comment apporter quelque chose de nouveau lorsque le
sujet que l’on veut traiter a déjà été abordé par de
nombreux autres chercheurs chevronnés avant nous ?

Pas de panique. Parfois, il vaut mieux mettre pour un


temps de côté tout ce qui a déjà été fait. Si votre sujet a
déjà été traité, choisissez un terrain qui n’a pas encore été
exploré. Recentrez-vous sur vos propres observations et
analyses. Et n’oubliez pas que le master comme la thèse
sont des temps de formation. L’objectif, avant d’apporter
votre contribution à la science, reste de vous former au
métier de chercheur.

!23
Méthodo

Chapitre 3

La problématique

Sujet Problématique

Le téléchargement illégal Le téléchargement illégal facilite-t-il la


promotion des groupes musicaux ?
Les séries télévisées Les émissions de fiction telles que les
séries TV jouent-elles un rôle
concernant la façon dont les minorités
sont appréhendées au sein de la
société américaine ?
L’échec scolaire Favoriser l’estime de soi peut-il aider
les élèves en difficulté scolaire à
progresser ?
Le marketing innovant Tenir compte des infor mations
émanant du « terrain » permet-il de
concevoir des stratégies marketing
innovantes ?
L e s c o n t r a t s d e Quels sont les freins à l’application du
génération au sein des contrat de génération ? L’exemple
entreprises d’une entreprise de moins de 300
salariés
Les récits folkloriques Quel est l’impact de l’Histoire sur les
japonais récits folkloriques japonais au cours de
la période Meiji ?

!24
Hélène WEBER

Une problématique, c’est quoi ?


La problématique correspond au problème que vous avez
cherché à résoudre dans le cadre de votre écrit.

Lorsque vous avez délimité votre sujet, vous savez « où » vous


allez chercher, mais vous ne savez pas encore « quoi », ni
« pourquoi », ni peut-être « comment ».

A partir de votre sujet, il vous faut trouver un problème à


résoudre. Ce problème, présentez-le sous la forme d’une
question : il s’agit de votre problématique.

Elaborer une problématique, à quoi ça sert ?


Identifier un problème à résoudre va vous éviter de tomber
dans le piège de « l’armoire à remplir ».

En général, lorsqu’un étudiant se lance dans une recherche en


ayant uniquement délimité son sujet, il commence à
rassembler des informations sans but précis. Quand arrive le
moment d’élaborer le plan de son écrit, il se trouve devant une
masse de données qu’il ne sait pas comment organiser. Et il
choisit la plupart du temps un plan de type descriptif, dans
lequel il tente de « faire tenir » tout ce qu’il a lu, entendu ou
observé.

Pourquoi ?

Parce qu’il ne sait pas ce qu’il veut (dé)montrer, car il ne savait


pas au départ ce qu’il cherchait.

Elaborer une problématique va vous servir à identifier « ce


que vous cherchez ». Ainsi, lorsque vous lirez un livre, que
vous mènerez un entretien ou que vous concevrez un

!25
Méthodo

questionnaire, vous aurez toujours à l’esprit que c’est dans un


but précis.

Elaborer une bonne problématique va vous aider à rester


concentré sur votre sujet et focalisé sur un problème à
résoudre. Cela vous permettra de construire des hypothèses
cohérentes, d’échafauder une stratégie d’investigation
pertinente et cela facilitera la construction de votre plan quand
vous passerez à l’étape de la rédaction.

Comment formuler une problématique ?


Vous avez un sujet : l’échec scolaire, la formation à distance,
l’histoire du débarquement, les séries télévisées américaines ou
les récits folkloriques japonais.

Il va maintenant falloir vous questionner, pour identifier un


problème à résoudre (=votre problématique).

Quelles questions se poser ?

Vous avez un sujet mais strictement aucune idée de


problématique.

Reprenez le conseil que je vous ai donné concernant le choix


de votre sujet : allez jeter un coup d’œil à ce que d’autres ont
fait avant vous. Lisez des livres et des articles qui évoquent
votre sujet. Consultez les mémoires des années précédentes
pour vous en inspirer. Parcourez la presse dans votre domaine.

Ces recherches préliminaires vous donneront une idée des


enjeux scientifiques propres à votre discipline. Vous pourrez
identifier les différentes questions qui préoccupent les
chercheurs, sont le sujet des recherches en cours et des
polémiques d’actualité. Cela vous permettra sûrement de faire
des liens avec vos propres expériences et préoccupations, et
de dégager progressivement une question inédite qui vous
inspirera.

!26
Hélène WEBER

Dans le cadre d’une recherche, vous pouvez vous poser une


question que personne ne s’est encore posée, mais vous
pouvez également vous poser la même question qu’un autre
chercheur, parce que vous pensez que vous obtiendrez des
réponses différentes et/ou complémentaires. Vous pouvez
également choisir d’éprouver la validité d’une théorie sur un
terrain différent de celui à partir duquel son auteur l’a élaborée
en première instance.

Vous avez une expérience de terrain (expérience


professionnelle, expérience de stage, expérience associative,
expérience personnelle, etc.).

Partez de cette expérience pour constr uire votre


problématique. Tenez un journal de bord dans lequel vous
rapporterez régulièrement vos observations. Indiquez alors ce
qui vous questionne, ce qui vous surprend, ce qui vous agace
ou vous dérange. Notez également ce qui vous enthousiasme,
vous ennuie ou vous consterne.

Souvent, la problématique part d’une constatation. Vous


observez ou vivez une situation qui suscite en vous une
émotion, et cela vous donne envie d’en savoir plus, de la
comprendre, de changer la donne ou de lui trouver des
solutions.

Vous avez également votre expérience d’étudiant.

En tant qu’étudiant, on ne reste pas de marbre face aux


enseignements de nos professeurs. Certains nous ennuient,
d’autres nous stimulent et d’autres encore nous donnent envie
de nous révolter. Lorsque ces sentiments sont en lien avec la
matière enseignée, vous pouvez vous en servir pour trouver le
problème que vous aurez envie de résoudre.

!27
Méthodo

Conseils pratiques
Faites la différence entre un objet de recherche et une
problématique

L’objet de recherche est la première question que vous


choisissez de vous poser lorsque vous amorcez votre travail de
recherche. Au cours de vos investigations, cette question va se
transformer : vous allez la préciser, la modifier et peut-être la
changer du tout au tout. La question à laquelle vous aboutirez
sera votre problématique.

Pour prendre une image, c’est un peu comme si votre « objet


de recherche » était la chrysalide, et qu’elle se transformait
progressivement en papillon-problématique.

Votre objet de recherche n’a pas besoin d’être parfait. Il est


d’ailleurs normal qu’il ne le soit pas. Il est un préalable à la
formulation d’une vraie problématique digne de ce nom.

Prenez le temps d’analyser votre problématique avec


précision

Lorsque vous faites un choix de problématique, il faut vous


assurer que vous avez bien perçu tous les enjeux qu’elle
recouvre :
- Etes-vous en mesure de définir tous les termes ?
- Avez-vous repéré tous les présupposés qu’elle
contient ?
- Connaissez-vous les enjeux actuels de la recherche
afférents au sujet que vous envisagez ?

Repérez et discutez vos présupposés

Un présupposé correspond à une affirmation qui doit être


vérifiée pour que votre question ait un sens.

Prenons un exemple.

!28
Hélène WEBER

Problématique : pourquoi les employés adhèrent-ils à


l’organisation chez McDonald’s ?
Présupposé : il existe des employés qui adhèrent à
l’organisation chez McDonald’s.

N’oubliez pas que même si vous partez d’une constatation, il


faut que vous apportiez la preuve qu’elle est valide. Pour ce
faire, vous pouvez soit en apporter par vous-même la preuve,
soit vous appuyer sur les résultats d’une recherche menée par
un autre chercheur (citez alors un livre ou un article
scientifique).

Sachez de quoi vous parlez

Les termes que vous choisissez d’employer, en particulier dans


votre problématique, doivent être définis avec précision.
Sachez que certaines notions ont donné lieu à diverses
définitions et discussions critiques au sein de certaines
disciplines ou dans le cadre de certaines théories. Renseignez-
vous.

Donnez-vous pour objectif de mettre le doigt sur


l’essentiel

Il n’est pas toujours évident de formuler une problématique


qui englobe élégamment tous les enjeux de son sujet. Votre
objectif doit être de rechercher la simplicité et la précision.

Faites la différence entre la question « comment faire » et


la question « pourquoi »

Dans le cadre d’un mémoire de recherche, on se pose


préférentiellement la question « pourquoi ». Car il s’agit avant
tout de comprendre les causes d’un phénomène et le
processus selon lequel il opère.

!29
Méthodo

La question « comment faire » est d’usage dans le cadre d’un


mémoire professionnel, d’un rapport de stage ou d’un
mémoire de fin d’études. Habituellement (car ce n’est pas
toujours le cas), il est attendu des étudiants qu’ils démontrent
comment ils ont su développer des compétences qui seront
directement utilisables dans le cadre professionnel une fois
qu’ils seront diplômés.

« Pourquoi » « Comment faire »

Pourquoi certaines stratégies Comment manager une équipe


managériales sont-elles plus de professionnels pour qu’ils
efficaces que d’autres ? aient envie de s’impliquer ?

Comment favoriser
Quels sont les freins à
l’engagement syndical au sein
l’engagement syndical au sein
des universités où l’engagement
de certaines universités ?
syndical est faible ?

Comment favoriser
Le e-learning est-il une pratique l’implication des apprenants
pédagogique efficace ? dans le cadre d’une formation à
distance ?

Vous rencontrez des difficultés ?


Faites-vous confiance

Il est normal de douter. Il est même bon et salutaire de douter.


Pour autant, cela ne doit pas constituer un obstacle à la
réalisation de votre recherche.

!30
Hélène WEBER

Parfois, vous aurez le sentiment de n’être bon à rien. A


d’autres moments, vous vous demanderez ce que vous faites
dans cette galère. Prenez le temps de vous laisser envahir par
le doute et de déconstruire tout ce que vous pensiez savoir. Et
puis, allez en parler avec des personnes de confiance : vos
collègues, vos parents, vos amis, un enseignant…

Parlez.

Parlez de vos avancées, parlez de vos doutes, célébrez vos


trouvailles. Il n’y a pas de raison pour que votre entourage ne
profite pas également des bons moments). On se sent souvent
seul dans le cadre d’une recherche. Pourtant, il ne tient qu’à
vous de sortir de votre isolement. Vous verrez que les
étudiants qui doutent et s’interrogent sont bien plus
nombreux que ce que vous imaginez.

La confiance se construit progressivement. Et nous avons


besoin des autres pour nous sentir confiant.

!31
Méthodo

Chapitre 4

Les hypothèses

Problématique Hypothèse

P o u r q u o i l e s e m p l o y é s Les stratégies de management à


adhèrent-ils à l’organisation l’œuvre au sein de l’entreprise
chez McDonald’s ? suscitent implication et goût de
la performance.
Comment comprendre l’échec L a m a s s i f i c a t i o n d e
scolaire de plus de 60% des l’enseignement supérieur fait
étudiants inscrits en Licence ? que les étudiants qui ont le
droit de s’inscrire à l’université
aujourd’hui n’ont plus le niveau
requis pour réussir leurs études.
L’autisme est-il une maladie La thérapie génique met en
génétique ? évidence une corrélation entre
le matériel génétique et les
symptômes cliniques de
l’autisme.

Une hypothèse, c’est quoi ?


Lorsque vous présentez votre problématique sous la forme
d’une question, vos hypothèses correspondent aux « réponses
provisoires » que vous pouvez proposer. Il s’agit de vos
convictions, de vos intuitions, de vos idées reçues, croyances
et représentations sur le sujet.

!32
Hélène WEBER

Une hypothèse est provisoire car elle doit être validée (ou
invalidée) grâce à votre investigation théorique (vos lectures)
et/ou clinique (l’analyse de votre expérience, de vos
observations, de vos entretiens, des réponses obtenues à un
questionnaire, etc.).

Une hypothèse, à quoi ça sert ?


Lorsque l’on s’engage dans une recherche, on a toujours une
idée de ce que l’on pense, de ce que l’on souhaite ou de ce que
l’on imagine trouver. Au début de votre recherche, ces idées a
priori sur le sujet doivent être considérées comme des
croyances et des représentations. Impérativement.

Donner le statut d’hypothèse à vos convictions est ce qui va


faire de vous un vrai chercheur. En adoptant cet état d’esprit,
vous allez vous mettre en quête des « preuves » qui vous
permettront de démontrer scientifiquement ce que vous
avancez.

Vous accepterez également que vos représentations puissent


se révéler erronées. Vous pourrez alors vous donner comme
projet de comprendre pourquoi.

Une hypothèse sert à guider votre investigation. Une fois


circonscrites, elles permettent d’élaborer un dispositif
d’investigation pertinent.

Comment élaborer des hypothèses ?


Lorsque vous êtes parvenu à formuler votre problématique,
inscrivez sur un papier toutes les réponses spontanées que
vous pouvez proposer. Peu importe à ce stade si vos idées
sont justes ou fausses. Le propre des premières hypothèses est
justement de vous amener à mettre en évidence vos croyances
et représentations. Elles sont de toute façon provisoires.

!33
Méthodo

Lorsque vous aurez identifié toutes vos intimes


convictions et intuitions, vous pourrez travailler à les
déconstruire.

L’objectif d’une recherche universitaire n’est pas d’avoir raison


avant d’avoir cherché. L’objectif d’une recherche universitaire
est de valider scientifiquement une thèse. Les croyances, idées
reçues et représentations doivent faire l’objet d’analyses
systématiques pour être transformées en arguments
solidement justifiés, avec preuves à l’appui.

Vos hypothèses vont s’affiner au cours de vos investigations


théoriques et cliniques. Prenez régulièrement le temps de faire
le point sur les analyses que vous souhaitez passer au crible de
votre investigation.

Conseils pratiques
Faites la différence entre une hypothèse et une
conviction

A priori, on pourrait penser qu’il s’agit de la même chose. Si


vous êtes persuadé d’avoir raison, vous êtes intimement
convaincu que votre recherche vous permettra de confirmer
ce que vous savez déjà être vrai.

Pourtant, lorsque vous acceptez qu’une conviction n’est en


réalité qu’une hypothèse, vous êtes véritablement entré dans le
jeu de la recherche, dans le cadre de laquelle une affirmation
est considérée comme « vraie » dès l’instant seulement où l’on
peut en apporter la preuve.

Retravaillez vos hypothèses régulièrement

A mesure que vos investigations progressent, vos convictions


se transforment. Vos lectures théoriques et les échanges que
vous aurez avec votre entourage et vos collègues vont

!34
Hélène WEBER

également vous amener à revoir régulièrement vos idées et


représentations.

Prenez le temps, à échéances régulières, de retravailler vos


hypothèses. Cela vous permettra de mesurer combien les
lectures, les échanges et les diverses investigations que vous
menez influencent vos représentations et vous font progresser
dans votre démarche de recherche. Cela vous permettra
également de retravailler vos stratégies d’investigation de
terrain pour éventuellement vous atteler à valider des
hypothèses que vous n’aviez pas envisagées d’emblée.

Elaborez des hypothèses secondaires

Lorsque l’on élabore des hypothèses à partir de son objet de


recherche ou de sa problématique de départ, il arrive que l’on
ne parvienne à envisager qu’une ou deux hypothèses générales
qui rendent ensuite la démarche d’investigation difficile à
mener.

Développez votre hypothèse principale en plusieurs


hypothèses secondaires. Celles-ci seront plus faciles à
appréhender dans le cadre de votre analyse de contenu.

!35
Méthodo

Hypothèse principale Hypothèses secondaires

Les stratégies de management à Le dispositif d’évaluation des


l’œuvre au sein de l’entreprise employés leur donne envie
suscitent implication et goût de d’être plus performants.
la performance

Le système de formation des


employés, qui préconisent les
retours formatifs et correctifs
plutôt que les retours négatifs,
favorise des relations de
confiance propices à
l’implication dans le travail.

La démultiplication des
échelons intermédiaires dans le
cadre de la chaîne hiérarchique
per met une gestion des
carrières qui donne l’occasion
aux employés d’être valorisés
rapidement et leur donne ainsi
le goût de la performance.

La recherche procède par cycles successifs

Vous trouvez un sujet et vous élaborez une problématique.


Vos premières lectures théoriques et/ou votre expérience vous
permettent de construire vos premières hypothèses. Ces
hypothèses, vous allez les tester dans le cadre de la mise en
place d’un premier dispositif d’investigation. Les informations
obtenues par ce biais vont vous conduire à envisager de

!36
Hélène WEBER

nouvelles hypothèses et vous pousseront à consulter de


nouveaux articles et ouvrages théoriques. Vous préciserez
alors vos nouvelles hypothèses et envisagerez un nouveau
dispositif d’investigation pour les tester. Etc.

Lorsque l’on ne dispose que d’une année pour mener à bien sa


recherche, il n’est possible que de mener une « boucle de
recherche » : sujet, problématique, hypothèse, investigation,
conclusion. Ayez en tête que le principe même d’une
recherche suppose ces aller-retour entre théorie (lectures) et
empirie (expérience, entretiens, questionnaire, etc.).

Vous rencontrez des difficultés ?


Ne vous posez pas trop de questions

Je sais bien que cette affirmation a tout d’une injonction


paradoxale.

Les « bonnes » questions sont celles qui vous conduisent à


réfléchir, à voir les choses sous un angle différent et à
rechercher constamment la rigueur scientifique et l’honnêteté
intellectuelle. Les « mauvaises » questions sont celles qui vous
conduisent à douter de vos compétences et à remettre en
question votre capacité à aller au bout de votre travail de
recherche.

Posez-vous beaucoup des premières et mettez en sourdine les


secondes.

!37
Méthodo

Chapitre 5

Les lectures théoriques

Des lectures théoriques, c’est quoi ?


Lorsque vous vous engagez dans une recherche, d’autres avant
vous ont déjà cherché au même endroit (ou pas très loin).

Il est impératif que vous sachiez ce qu’ils ont trouvé pour ne


pas réinventer l’eau tiède. Une lecture théorique, c’est donc la
lecture d’un ouvrage ou d’un article, écrit par un chercheur qui
a déjà validé un certain nombre d’hypothèses grâce à une
investigation scientifiquement éprouvée.

Dans votre écrit, ces autres chercheurs, vous devrez dire que
vous les connaissez, savoir ce qu’ils ont trouvé avant vous,
évaluer si cela correspond à ce que vous cherchiez vous-
même, avoir un avis critique sur leurs trouvailles et si possible
avoir trouvé des choses nouvelles et/ou différentes
susceptibles de venir renforcer, discuter ou remettre en
question leurs thèses.

Lire des articles et ouvrages théoriques, à quoi


ça sert ?
Au tout début d’une recherche, lorsque vous avez délimité
votre sujet et que vous cherchez à construire votre
problématique, les lectures théoriques vous permettent
d’identifier les problèmes propres à votre discipline.

!38
Hélène WEBER

Concernant ce sujet que vous avez choisi, quelles sont les


questions que se sont posées d’autres chercheurs ? Comment
y ont-ils répondu (ou pas) ? Pourquoi cela leur a-t-il paru
intéressant de les envisager ?

Plus vous comprendrez quels sont les enjeux historiques,


sociologiques, juridiques, psychologiques, etc., de votre sujet,
plus vous serez à même de repérer un problème intéressant à
résoudre.

Au début d’une recherche, les lectures théoriques vous servent


à élaborer une problématique pertinente. Ensuite, elles vous
permettent de construire des hypothèses, de valider certains
de vos présupposés, de mettre en place votre dispositif
d’investigation, d’analyser votre contenu et de défendre votre
thèse.

Bref. Les lectures théoriques servent à accompagner votre


réflexion tout au long du processus de recherche.

Comment mener une investigation théorique ?


Il faut que vous ayez une vue d’ensemble des recherches déjà
menées sur votre sujet, des problématiques déjà traitées et des
thèses défendues par les auteurs reconnus dans votre
domaine. Comment procéder concrètement ?

Sollicitez l’enseignant en charge de vous accompagner

C’est le premier à aller consulter. En général, il vous suit parce


qu’il connaît votre sujet. Il pourra donc vous indiquer les
auteurs incontournables et ceux qui le sont moins. N’hésitez
pas à lui demander des conseils concernant les livres et articles
à lire en priorité.

!39
Méthodo

Sollicitez un ou plusieurs experts

L’enseignant qui vous suit peut ne pas être un expert reconnu


dans le domaine qui vous intéresse. Il peut alors s’avérer très
utile de les identifier pour aller directement leur demander
conseil. N’hésitez pas à rechercher leur adresse email dans les
annuaires des universités sur Internet, et à leur demander un
RDV ou des conseils bibliographiques.

Les experts sur un sujet ne sont pas forcément des


universitaires. Là aussi, osez aller au devant des personnes qui
pourront vous indiquer des pistes intéressantes à suivre.

Faites des recherches en bibliothèque universitaire

Vous avez besoin de travaux scientifiquement validés pour


préciser votre problématique et vos hypothèses. Quel meilleur
endroit pour les trouver que la bibliothèque de votre
université ?

Les documentalistes vous indiqueront les bases de données


appropriées, qui vous permettront de mettre la main sur les
articles scientifiques pertinents à partir des mots-clés de votre
recherche.

Pensez également à aller dans des bibliothèques universitaires


spécialisées dans votre domaine, ou dans des grands centres
de documentation comme la BNF.

La plupart des bibliothèques universitaires sont abonnées à


des bases de données très complètes, qui vous permettront de
sélectionner des documents aux thématiques ciblées.

Prêtez une attention toute particulière aux bibliographies


des livres et articles que vous lisez

Chaque fois que vous lisez un ouvrage ou un article qui capte


votre intérêt, jetez un coup d’œil à sa bibliographie : cela vous

!40
Hélène WEBER

permettra de repérer les ouvrages de référence (ceux qui sont


cités par de nombreux auteurs) et d’obtenir des idées
supplémentaires de documents à consulter.

Lisez les travaux rédigés par d’autres étudiants

Comment s’y sont pris les étudiants à votre place avant vous ?
Comment ont-ils élaboré leur problématique, leurs hypothèses
et leur plan ? Et surtout, quelles ont été leurs lectures ?

S’intéresser aux travaux rédigés par d’autres est toujours une


source d’inspiration. Parfois, sur le moment, cela donne le
sentiment que l’on ne parviendra jamais à faire aussi bien.
Mais au bout du compte, cela nourrit la réflexion sur le long
terme.

Conseils pratiques
Ne lisez pas n’importe quoi

Lorsqu’il s’agit de s’intéresser à ce que d’autres ont écrit sur le


sujet qui vous intéresse, il n’existe aucune restriction : vous
pouvez TOUT lire. La seule chose que vous devez avoir à
l’esprit, c’est que l’on vous demandera de justifier tout ce que
vous affirmerez.

Autrement dit, vous pouvez tout lire, mais en prenant avec


vos lectures les mêmes précautions que celles que vous avez
prises pour élaborer vos hypothèses : si vous reprenez à votre
compte (en les citant bien sûr) les analyses d’un autre, vous
devez vous être assuré qu’il avait bien les preuves de ce qu’il
affirme.

Il est donc conseillé de se référer à des travaux


scientifiquement validés : le meilleur endroit pour les trouver
sont les revues scientifiques. Le CNU (Conseil National des
Universités) classe les revues scientifiques en fonction de
différents critères, dont celui de l’exigence scientifique avec

!41
Méthodo

laquelle elles sélectionnent les articles pour publication.


Lorsqu’un auteur envoie son article à une revue « avec comité
de lecture », celui-ci est évalué scientifiquement par un ou
deux lecteurs (le plus souvent enseignants-chercheurs dans le
domaine) de manière anonyme. Les articles publiés dans ces
revues ont donc obtenu la caution scientifique de chercheurs
reconnus selon les critères universitaires.

Cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils sont excellents, ni


qu’ils sont les meilleurs, ni encore qu’ils ne sont pas
critiquables, mais vous pouvez les citer dans votre écrit, et
utiliser leurs apports théoriques comme arguments
scientifiques dans votre propre recherche.

Vous pouvez également citer d’autres sources, mais en ayant


un regard critique sur les circonstances dans le cadre
desquelles leurs auteurs en sont venus à affirmer ce qu’ils
affirment.

Ne lisez pas n’importe comment

Soyez pragmatique lorsque vous lisez un ouvrage.

Votre objectif est d’abord d’en avoir une vue d’ensemble, afin
de décider si une lecture exhaustive vous sera utile :

Lisez tout d’abord le titre et la quatrième de couverture : de


quoi parle l’ouvrage ? Quelles sont les questions que s’est posé
l’auteur ?

Consultez le sommaire : les titres sont-ils explicites ?


L’ensemble du livre a-t-il un intérêt pour vous ou seulement
quelques chapitres (vous avez tout à fait le droit de ne lire que
quelques chapitres d’un livre) ?

Lisez l’introduction : quels sont la problématique, la thèse et le


dispositif d’investigation choisis par l’auteur ? Normalement,
ces différents éléments doivent être lisibles dès l’introduction.

!42
Hélène WEBER

Jetez un œil à la bibliographie : avez-vous déjà lu certains


ouvrages ? A quels autres chercheurs l’auteur se réfère-t-il ?
Certains titres vous semblent-ils intéressants pour votre
propre recherche ? Faites une liste des livres qu’il pourrait
vous être utile de consulter.

Décidez à cette étape si la lecture intégrale du livre est à


envisager : ce livre vous intéresse-t-i ? Traite-t-il d’un sujet
proche du vôtre ?

Lisez avec un objectif

Si vous lisez pour vous « donner des idées », feuilletez à loisir


tous les livres que vous voulez. En revanche, si vous lisez un
livre en vue de vous approprier la théorie de l’auteur,
envisagez d’être beaucoup plus attentif à la façon dont vous
allez procéder.

Une manière de rester concentré sur votre lecture est de vous


demander à chaque étape ce que ce livre va vous apporter
dans le cadre de votre recherche : les arguments de l’auteur
vous aident-ils à mieux comprendre ce que vous cherchez à
comprendre ? Vous permet-il de justifier certains de vos
présupposés ? Vous donnent-ils de nouvelles idées
d’hypothèses à explorer ou de dispositifs d’investigation à
envisager ?

Lisez dans le but de comprendre la pensée de l’auteur

Si vous avez pour objectif de vous approprier la théorie d’un


auteur afin de pouvoir la réutiliser dans le cadre de vos
analyses, une simple lecture ne suffira pas. Il va vous falloir
vous questionner, faire des liens entre votre expérience, la
théorie d’autres chercheurs et les arguments avancés.

!43
Méthodo

Voici la première démarche que je vous propose :


- Faites une Mind map2 générale de l’ouvrage à partir du
sommaire.
- Faites une Mind map par chapitre.
- Réalisez une Mind map pour chaque point de théorie
qui vous parait difficile.

Cette démarche a l’avantage de vous obliger à rechercher les


mots-clés du texte, à mettre en évidence leurs liens logiques et
à vous intéresser à la structure globale du propos de l’auteur.
Toutes ces opérations mentales sont nécessaires pour
comprendre sa pensée. Elles vous permettront également de
mémoriser plus facilement son contenu et vous amèneront à
faire des liens spontanés avec vos autres lectures.

Voici la deuxième démarche que je vous propose :


- Soulignez dans votre livre tous les passages qui
méritent que vous reveniez dessus : il peut s’agir d’une
citation que vous pourriez utiliser ultérieurement ou
d’un passage qui résume parfaitement une idée que
vous trouvez intéressante.
- Réalisez une fiche de lecture : c’est en retravaillant un
texte et en reformulant certaines idées avec vos
propres mots que vous pourrez véritablement vous
approprier la pensée de l’auteur. Si vous ne faites que
lire ou survoler un écrit, vous risquez d’avoir tout
oublié seulement quelques jours après votre lecture.

Voici la troisième démarche que je vous propose :


- Munissez-vous d’un cahier et gardez-le à portée de
main chaque fois que vous lisez un ouvrage.
- Indiquez tous les éléments bibliographiques
nécessaires : auteur(s), titre, date de publication et
d’édition, éditeur.

2
Si vous ne savez pas ce qu’est une Mind map, ou que vous auriez
besoin d’une explication de la démarche à suivre pour en réaliser
une, consultez les articles que j’ai consacrés à cette technique sur
mon site http://donnezdusens.fr/

!44
Hélène WEBER

- Au fil de votre lecture, recopiez sur votre cahier les


citations qui pourront vous être utiles plus tard quand
vous rédigerez votre écrit (en indiquant le numéro de
la page).
- Inscrivez également vos réflexions personnelles : idées
nouvelles, hypothèses, questions, etc.

A vous de choisir la démarche de lecture qui vous paraît la


plus pertinente. Mais n’oubliez pas que l’on oublie très vite ce
que l’on ne fait que lire.

Préparez votre bibliographie dès le début de votre


recherche

Dès le début de votre recherche, munissez-vous d’un cahier


dans lequel vous compilerez toutes les références des livres,
articles et documents que vous consulterez. Il n’y a rien de
plus agaçant que de devoir retrouver toutes ces informations
lorsque l’on est dans la dernière ligne droite avant la remise de
son écrit.

Pour respecter les codes de la bibliographie, prenez un livre au


hasard et appliquez les normes qui y figurent. Le tout est que
votre bibliographie soit homogène.

Autorisez-vous à élaborer vos propres définitions et


théories

Il vous arrivera peut-être de rechercher la définition d’un


terme ou d’une notion, et de ne pas réussir à en trouver une
qui vous convient.

Prenez le temps de consulter des dictionnaires généralistes et


spécialisés, et de rechercher l’étymologie grecque ou latine.
Sachez également que certains auteurs proposent leur propre
définition de certains termes (vous pouvez les citer).

!45
Méthodo

Enfin, ayez en tête que vous pouvez proposer votre propre


définition. Il faudra cependant que vous expliquiez pourquoi
les autres ne vous ont pas convenu, et de préciser ce que la
vôtre apporte.

Vous rencontrez des difficultés ?


De la licence au master : de la restitution à l’analyse
critique

Dans le cadre des trois premières années d’université, les


enseignements sont généralement construits de telle sorte que
les étudiants ont le sentiment qu’on ne leur demande que de
restituer ce qu’ils ont appris par cœur.

Il n’est pas nécessaire de critiquer la pensée d’un auteur, ni de


donner son avis personnel. Dans la mesure où les étudiants
n’ont le plus souvent pas le recul nécessaire pour argumenter
leurs idées de manière rigoureuse, ces incursions hors des
sentiers battus sont souvent malvenues et peu appréciées. Les
étudiants sont alors surpris qu’on leur demande de faire
preuve d’inventivité et de recul critique dans le cadre du
mémoire de master. Parfois, cette demande prend la forme
d’une injonction à « s’impliquer davantage dans son écrit ».

Pendant trois ans (plus toutes les années de primaire, collège


et lycée), il est demandé aux élèves de « restituer » ce qu’ils ont
compris (voir simplement mémorisé par cœur). Et
soudainement, en master, il faudrait développer un avis
personnel, à la hauteur de toutes les théories ingurgitées
depuis des années.

Comment s’y prendre ?

Ayez à l’esprit que ce qui est demandé aux étudiants, ce n’est


pas de révolutionner leur discipline, mais d’adopter une
démarche de recherche « scientifique » :
- se questionner,

!46
Hélène WEBER

- construire des hypothèses,


- mettre en place un dispositif d’investigation,
- convoquer des références théoriques.

Si vous vous astreignez à passer par ces différentes étapes,


vous aurez répondu aux exigences de l’exercice. Et qui sait,
peut-être allez-vous attraper en passant le virus de la
recherche. C’est en tout cas ce que je vous souhaite.

!47
Méthodo

Chapitre 6

Le dispositif d’investigation

Un dispositif d’investigation, c’est quoi ?


Après avoir décidé du problème que vous souhaitez résoudre
(= problématique) et des hypothèses à explorer, votre objectif
doit être de définir une « thèse », soit une réponse
scientifiquement validée à la question posée en problématique.

Pour valider scientifiquement votre thèse, vous devez


rassembler des « preuves ». Ces « preuves » peuvent être de
différentes natures : compte-rendu d’entretiens semi-directifs,
réponses à un questionnaire, observations cliniques,
documentation, etc. Et pour les rassembler (avant de les
analyser), il faut que vous mettiez en place un dispositif
d’investigation.

Cette étape d’une recherche est essentielle, car il va vous falloir


faire des choix :
- Que voulez-vous « montrer » ?
- De quelles preuves avez-vous besoin pour évaluer la
validité de vos hypothèses ?
- Quel dispositif apparaît le plus pertinent pour obtenir
ces informations ?

Il existe différents dispositifs d’investigation envisageables


pour une même recherche :
- Mener des entretiens semi-directifs
- Faire passer un questionnaire
- Mettre en place une expérience

!48
Hélène WEBER

- Mener une expérience d’observation participante


- Observer, filmer, photographier…
- Rassembler des documents de diverses natures : tracts,
publicités, photos, journaux, films, documentation
interne à une organisation…

Toute démarche qui vous conduit à rassembler des


informations en vue de valider ou invalider vos hypothèses
relève d’un dispositif d’investigation.

Un dispositif d’investigation, à quoi ça sert ?


Le dispositif d’investigation sert à rassembler les informations
dont vous avez besoin pour valider (ou pas) les hypothèses
que vous avez échafaudées.

Parfois, rassembler des informations permet également


d’envisager de nouvelles hypothèses, d’en abandonner ou d’en
préciser certaines ou de revoir sa problématique. C’est normal
et même souhaitable.

Comment mettre en place un dispositif


d’investigation pour sa recherche ?
La première question à vous poser est la suivante : de quelles
informations ou « preuves » ai-je besoin pour valider mes
hypothèses ?

Il faut que votre dispositif d’investigation vous permette de


les obtenir (ou d’obtenir des informations qui vous
permettront de les réfuter).

Les données statistiques

Lorsque vous souhaitez démontrer un résultat, une corrélation


ou une conséquence, il peut s’avérer judicieux de mettre en
place un dispositif de recueil d’informations que vous pourrez
analyser d’un point de vue statistique :

!49
Méthodo

- Analyses de données chiffrées


- Réponses fermées à un questionnaire
- Données résultant d’une expérience

Les données cliniques

Si vous souhaitez mettre en évidence un processus qui n’est


pas « chiffrable », il apparaît plus pertinent de mettre en place
un dispositif qui vous permettra d’obtenir des données dites
« cliniques », autrement dit, obtenues en étant directement au
contact des personnes ou phénomènes appréhendés :
- des entretiens semi-directifs,
- des réponses à des questions ouvertes,
- une expérience,
- des récits de vie,
- une recherche-action,
- des observations,
- une expérience d’observation participante3 ou de
« participation observante4 » (comme dans le cadre
d’un stage),
- etc.

Les documents

Il peut également s’avérer nécessaire ou pertinent de


rassembler toute une documentation afférente à votre objet de
recherche :
- des films,
- des écrits internes à l’organisation que vous étudiez,

3 Dans le cadre d’une expérience d’observation participante, vous


êtes à la fois sujet et objet de l’observation. Par exemple, vous
décidez de vous faire recruter comme employé au sein d’une
entreprise afin de comprendre les enjeux de la souffrance au travail
qui y est à l’œuvre.

4
Dans le cadre d’une expérience de « participation observante »,
vous faites déjà partie de votre « terrain d’observation » avant de
décider d’en faire votre objet de recherche.

!50
Hélène WEBER

- des textes de loi,


- des photos,
- des journaux,
- des écrits privés,
- des dessins,
- des objets,
- des témoignages (romans, essais, compte-rendu
d’expérience),
- etc.

Conseils pratiques
Le statut de la « preuve »

Comment peut-on affirmer avec certitude que les preuves


rassemblées pour valider une hypothèse sont effectivement
légitimes et probantes ? Voici une question qui a occupé et
occupe encore tous les chercheurs, dans le champ des sciences
dures comme des sciences humaines et sociales.

Dans le cadre des sciences physiques ou biologiques, des


dispositifs d’observation et d’analyse toujours plus
perfectionnés permettent, siècle après siècle, de démontrer la
validité de phénomènes qui n’ont constitué pendant
longtemps que des spéculations. Mais qu’en est-il dans le
cadre des sciences humaines et sociales ?

Comment par exemple démontrer scientifiquement que


certaines pratiques de management sont à même de générer
de la souffrance au travail, ou que l’inconscient (en
psychanalyse) peut avoir partie liée avec des problèmes de
stérilité ?

Si le statut de la preuve diffère selon les disciplines, il n’en


demeure pas moins nécessaire de se poser continuellement la
question de savoir comment justifier ce que l’on souhaite
démontrer : au moyen de quels arguments, de quelles

!51
Méthodo

observations, de quelles analyses ou de quelles éléments


statistiques.

Comment élaborer un questionnaire ?

Un questionnaire correspond à une liste de questions ouvertes


et/ou fermées posées par écrit. L’intérêt de ce mode
d’investigation est que vous n’avez pas besoin de poser vous-
même les questions à votre interlocuteur, celui-ci pouvant y
répondre sur papier ou via un ordinateur. En conséquence,
vous pouvez envisager de cibler un grand nombre de
personnes à interroger, en particulier si vous posez des
questions fermées (questions avec un choix de réponses
proposé) qui pourront donner lieu à un traitement statistique.

Le problème de ce mode d’investigation est qu’il comporte de


nombreux biais, qui rendent difficile l’élaboration de questions
pertinentes, tout comme l’exploitation des réponses après
coup.

L’intérêt du questionnaire est cependant qu’il vous permet de


valider vos hypothèses à grande échelle, et donc d’avoir
davantage d’arguments pour les justifier.

Avant d’élaborer un questionnaire, il convient toujours de


commencer par une investigation clinique, au plus près des
personnes interrogées.

Voici la démarche que je vous propose :


- Menez plusieurs entretiens semi-directifs afin
d’élaborer et préciser vos hypothèses.
- Concevez un questionnaire composé de questions
ouvertes (où vous ne suggérez pas les réponses).
- Faites-le passer à quelques personnes que vous
connaissez bien, afin qu’elles vous indiquent comment
elles comprennent les questions et vous aident à les
refor muler en limitant les biais liés à
l’incompréhension ou aux interprétations possibles.

!52
Hélène WEBER

- Faites passer ce questionnaire « amélioré » à une


vingtaine de personnes, afin de définir des choix
possibles de réponse.
- Elaborez un questionnaire composé de questions
fermées et/ou à choix multiples à partir de l’analyse
des réponses obtenues à votre questionnaire à
questions ouvertes. N’hésitez pas à revoir ou préciser
vos hypothèses en fonction des réponses obtenues.
- Faites passer votre questionnaire finalisé à une
centaine de personnes minimum (afin de pouvoir
réaliser des pourcentages).

Elaborez un questionnaire est selon moi un exercice très


difficile. Dans le cadre d’un mémoire de master, à moins de
vouloir obtenir des réponses très ciblées sur un sujet très
précis, je vous conseillerais plutôt d’opter pour l’observation
ou les entretiens semi-directifs. Le questionnaire vise
essentiellement à généraliser au maximum les résultats
obtenus via d’autres méthodes d’investigation.

Comment mener un entretien semi-directif ?

Pour mener des entretiens semi-directifs, il vous faut trois


choses : des personnes à interroger, un guide d’entretien et de
la confiance.

Trouver les personnes à interroger : Qui ? Combien ? Quand ?


Où ? Voici les questions auxquelles il vous faudra trouver des
réponses.

Qui ? Prévoyez d’interroger des personnes qui pourront vous


renseigner efficacement concernant le phénomène ou le
processus que vous souhaitez comprendre et les informations
que vous devez obtenir pour éprouver la validité de vos
hypothèses. Qui aurait l’expertise requise ? Qui a l’expérience
nécessaire ? Qui est représentatif de ce que vous avez pour
projet d’appréhender ?

!53
Méthodo

Combien ? Tant que les personnes que vous interrogez


continuent de vous donner des informations inédites, c’est
que vous n’avez pas encore fait le tour de votre question.
Continuez de mener des entretiens jusqu’à ce que vous
commenciez à entendre et voir toujours un peu la même
chose. C’est à ce moment que votre thèse commencera
vraiment à se dessiner : la tendance se révélera
progressivement.

Où ? Quand ? Au-delà des considérations purement


pratiques, prévoyez d’interroger vos interviewés dans un cadre
et à un moment qui les mettront à l’aise. Comment par
exemple se sentir à l’aise pour parler de son expérience
professionnelle, et peut-être aborder les choses de manière
critique, si l’on répond à des questions pendant sa pause,
rapidement, en craignant que des collègues entendent ses
propos ? Privilégiez les endroits neutres et les jours et horaires
propices aux échanges de confiance.

Elaborer le guide d’entretien : dans le cadre d’un entretien


semi-directif, votre objectif est d’obtenir un certain nombre
d’informations (en fonction de vos hypothèses), mais
également de vous laisser surprendre et entraîner par les
propos de votre interlocuteur (afin de préciser vos hypothèses,
voire de les modifier ou d’en envisager de nouvelles).

Notez sur un document tous les thèmes/sujets que vous


souhaitez aborder. Listez également toutes les hypothèses que
vous avez envisagées. Privilégiez les questions qui
influenceront le minimum vos interlocuteurs et utilisez
différentes formules de « relance » pour les amener à préciser
et développer leurs propos.

Exemples de questions :
Que pensez-vous de … ?
Quel est votre avis sur … ?
Que feriez-vous dans telle situation ?
Qu’auriez-vous à dire sur … ?

!54
Hélène WEBER

Pourriez-vous me raconter comment s’est passé … ?


Etc.

Exemples de relances :
Oui ?
Auriez-vous quelque chose à ajouter sur ce sujet ?
Silence (parfois, il faut simplement laisser à la personne le
temps de penser à ce qu’elle va ajouter)
Pourriez-vous me donner un exemple concret ?
Quelle définition donneriez-vous à ce terme … ?
Etc.

Etablir une relation de confiance propice aux échanges : dans


le cadre d’un entretien semi-directif, votre objectif est que
votre interlocuteur soit le plus sincère possible concernant
l’expérience qu’il partage avec vous. Vous devez donc faciliter
son partage en intervenant le moins possible, et non chercher
à orienter son discours.

Comment mettre en place une expérience ?

Dans certains contextes de recherche, mettre en place une


expérience de toutes pièces pourra se révéler le dispositif
d’investigation le plus approprié. Encore une fois, tout dépend
de votre objet de recherche et des hypothèses que vous
souhaitez tester.

En psychologie sociale expérimentale, de nombreux


dispositifs ont été et sont toujours mis en place pour tester les
paramètres qui pourraient avoir une influence sur le
comportement et l’attitude. Le principe consiste toujours à
mettre en place une expérience en opposant les résultats
obtenus selon deux groupes :
- le groupe contrôle,
- le groupe test, au sein duquel un paramètre a été
modifié.

!55
Méthodo

L’objectif est d’isoler ce paramètre dans le cadre de


l’expérience, afin de mesurer son impact.

Par exemple, hors des Etats-Unis, le Coca-cola est plus


consommé que le Pepsi. Un groupe de chercheurs s’est alors
demandé si la raison avait partie liée au goût du produit. Ils
ont demandé à un panel de personnes interrogées si elles
achetaient préférentiellement du Pepsi ou du Coca-cola, et la
majorité a répondu du Coca. Ensuite, elles ont fait goûter à
l’aveugle les deux produits aux même personnes. Une majorité
a répondu préférer le Pepsi.

Comment choisir un terrain d’observation ?

Quel est le lieu et les personnes qui vous semblent le plus à


même de vous fournir les informations dont vous avez besoin
pour valider vos hypothèses ? Eh oui, encore cette même
question. Car il semble bien que ce soit la seule vraiment
importante à vous poser.

Parfois, il suffit d’aller sonner à une porte pour qu’on vous


l’ouvre. Osez demander la permission de venir observer ou
interroger certaines personnes. Sachez cependant que certains
lieux sont difficiles d’accès ou demandent des autorisations
préalables. Plus vous vous y prendrez à l’avance, plus vos
recherches ont de chances, au bout du compte, d’être
fructueuses.

Chaque fois que vous rencontrez quelqu’un dans le cadre de


votre recherche, pensez à lui demander de vous indiquer
d’autres personnes que vous pourriez solliciter. Lorsque l’on
se présente en étant envoyé ou recommandé, les portes
s’ouvrent en général plus facilement.

Sachez repérer les biais de votre méthode d’investigation

Lorsque vous optez pour une stratégie d’investigation, ayez


toujours en tête qu’elle comporte des biais. En tant

!56
Hélène WEBER

qu’observateur, vous allez modifier le comportement des


personnes qui se sentent observées. En tant qu’intervieweur,
vous allez influencer les réponses de vos interviewés. En tant
qu’enquêteur, vous allez poser des questions qui vont être mal
interprétées, mal comprises ou donner lieu à des réponses
inauthentiques.

Avant tout autre, l’obstacle le plus important que vous aurez à


surmonter est celui de ne voir et entendre que ce que VOUS
souhaitez voir et entendre. Nous avons tendance à rechercher
ce qui va venir confirmer nos représentations, et à laisser de
côté (ou à ne même pas voir) ce qui vient les contrarier. Le
seul moyen que je connaisse pour contrer cette tendance est
de l’avoir toujours à l’esprit, et d’être attentif à ce qui nous
dérange et nous agace, justement parce que cela vient remettre
en question nos présupposés.

Voici pêle-mêle les différents biais qui pourraient se mettre sur


votre route, classés en fonction du mode de recueil des
données.

Le questionnaire

Ne pas disposer d’un panel représentatif de personnes


interrogées : pour que vos analyses statistiques soient
considérées comme valides, il faut que la population
interrogée soit représentative de la population de référence, en
fonction des critères qui vous paraissent avoir une incidence
sur ce que vous souhaitez observer.

Par exemple, si vous souhaitez mesurer si les étudiants qui


réussissent à l’université sont ceux qui sont issus des classes
sociales les plus favorisées, vous devrez recueillir des données
qui prend en compte l’origine culturelle des personnes
interrogées, au prorata de votre population de référence :
quelle est la proportion de personnes issues de chaque classe
sociale dans la population globale ? Quelle est la proportion

!57
Méthodo

d’étudiants issus de chaque classe sociale à l’université, en


fonction de leur réussite aux examens ?

Poser la question que l’on se pose soi-même en tant que


chercheur : vous souhaitez comprendre si les gens sont
influencés par les affiches publicitaires et vous leur demander
directement s’ils le sont. Cela peut être une stratégie
d’investigation, mais cela ne sera jamais suffisant.

Posez des questions qui portent sur vos hypothèses


secondaires, ne posez pas directement votre question de
recherche à vos interviewés.

Ne pas prévoir de case « autre » : lorsque vous déterminez


des choix de réponse à sélectionner, prévoyez toujours une
case « autre », car il se peut que vous n’ayez pas envisagé un
cas possible.

Po s e r d e s q u e s t i o n s q u e l e s i n t e r v i e w é s n e
comprendront pas : plus vous allez faire de recherches sur
un sujet, plus vous allez être compétent. Ce ne sera pas le cas
de vos interviewés. Rédigez des questions aussi simples que
possible, afin de limiter les risques d’interprétation erronée.

Utiliser des mots compliqués : les termes qui ne sont pas


compris par vos interlocuteurs vont donner lieu à des
réponses approximatives ou données au hasard.

Suggérer une réponse : lorsque vous posez une question


directe, vous attirez l’attention de la personne sur un élément
qu’elle n’aurait peut-être pas pris en considération d’emblée.

Par exemple, dans le cadre d’une recherche sur la motivation


au travail, si vous demandez à un employé si l’attribution
d’une prime constitue un facteur de motivation, il y a toutes
les chances pour qu’il vous réponde par l’affirmative. En
revanche, si vous lui demandez de manière plus générale

!58
Hélène WEBER

quelles sont ses sources de motivation, il y a toutes les chances


pour qu’il évoque bien d’autres choses.

Utiliser des classifications inadaptées : les questions dans


le cadre desquelles vous demandez à vos interviewés de se
situer dans une fourchette (d’âge, de prix, de fréquence, etc.)
doivent être bien calibrées, sinon, vous risquez de vous
retrouver avec tous vos interviewés rassemblés dans une
même « case », ce qui rendra les réponses inexploitables.

Par exemple, vous demandez à vos interviewés combien de


fois ils se lavent les mains par jour :
0 à 10 fois
10 à 20 fois
Plus de 20 fois

Si vous proposez ces choix à la majorité des personnes, elles


cocheront la première case. Quel intérêt ? Par contre, si vous
élaborez cette question pour la poser à des personnes
souffrant de troubles obsessionnels, cela peut mettre en
évidence la nature de leur symptôme.

Réaliser un questionnaire trop long : un questionnaire doit


être court pour que les personnes le renseignent entièrement.
Les questions ouvertes sont également celles où le taux de
réponse est le plus faible.

Poser des questions inexploitables : demandez-vous


toujours quel usage vous ferez des réponses que vous
obtiendrez. Vous verrez que réaliser, faire passer et exploiter
les réponses à un questionnaire demande du temps. Assurez-
vous que les questions que vous posez sont pertinentes en
vous demandant systématiquement ce que vous pourriez
déduire de tel ou tel type de réponse.

!59
Méthodo

L’entretien semi-directif

Influencer l’attitude de l’interlocuteur malgré soi : les


personnes interrogées ont en général le souci de donner une
bonne image d’elle-même. Elles vont donc avoir tendance à
donner les réponses qu’elles pensent « bonnes » (même s’il n’y
a pas a priori de « bonne » réponse) aux yeux du chercheur.

Polémiquer : dans le cadre d’un entretien semi-directif,


l’objectif est de rassembler les informations les plus
authentiques et spontanées possibles. Il s’agit donc de
favoriser la confiance de l’interlocuteur pour qu’il puisse
donner son avis en toute sincérité, et non de discuter ses
réponses dans le cadre d’un débat d’idées.

Remettre en question ce qui est dit : certaines réponses


vont clairement remettre en question vos hypothèses. Pour
autant, il ne s’agit pas d’accuser votre interlocuteur de
mauvaise foi, ou d’essayer de lui démontrer que ses idées sont
fausses. Chaque réponse doit vous inviter à reconsidérer vos
idées à VOUS.

Partir du principe que vous comprenez ce dont il est


question : plus vous connaissez le sujet abordé et/ou la
personne que vous interrogez, plus vous aurez tendance à
considérer que vous comprenez bien ce que la personne a en
tête, sans même qu’elle ait besoin de préciser ses dires. Utilisez
systématiquement des formules de relance pour obtenir des
informations précises et argumentées.

L’observation

Influencer l’attitude des personnes observées du simple


fait qu’elles se sentent observées : lorsque des personnes se
sentent observées, elles modifient spontanément leur
comportement ou leur attitude pour se conformer à ce
qu’elles imaginent que l’observateur attend. Elles peuvent
également profiter de cette opportunité pour affirmer un

!60
Hélène WEBER

point de vue. Ces mécanismes sont donc à prendre en compte


au moment de l’analyse des données.

Ce biais inhérent à l’obser vation est parfois très


problématique, en ce sens qu’il fausse complètement les
résultats obtenus. C’est la raison pour laquelle beaucoup de
chercheurs adoptent plutôt l’observation participante, dans le
cadre de laquelle ils ne révèlent pas leur statut de chercheur.

L’observation participante

Ne pas déconstruire son expérience : lorsque l’on est


personnellement impliqué dans une situation, il devient
particulièrement difficile d’adopter le recul critique nécessaire
à une analyse objective. Prenez le temps de discuter de votre
ressenti avec vos enseignants et d’autres étudiants, afin qu’ils
attirent votre attention sur vos analyses qui leur paraissent
trop subjectives et insuffisamment justifiées.

L’expérience

Tous les paramètres ayant une incidence sur le résultat


n’ont pas été pris en compte : lorsque vous mettez en place
une expérience, l’idée est d’isoler les paramètres au maximum
afin de les mesurer de manière indépendante (et ainsi montrer
lequel est déterminant et lesquels sont anecdotiques).

Vous rencontrez des difficultés ?


Osez aller à la rencontre des personnes à interroger

Aller à la rencontre des personnes que vous penseriez


judicieux d’interviewer sera peut-être pour vous l’obstacle le
plus difficile à surmonter. Il vous faudra prendre votre
téléphone, demander des rendez-vous, importuner des gens
qui n’auront pas forcément le temps ou l’envie de répondre à
vos questions.

!61
Méthodo

Envisagez différentes stratégies pour accéder aux personnes


que vous souhaitez interroger :
- un appel téléphonique, un courrier ou un email,
- vous pouvez vous déplacer directement (tout dépend
du contexte),
- vous pouvez demander à une personne que vous
connaissez de vous obtenir un RDV,
- vous pouvez vous faire recruter comme employé,
- etc.

Le plus dur sera d’oser. La plupart des gens « adorent »


répondre aux questions qu’on leur pose. Et une fois que vous
aurez décroché deux ou trois entretiens, vous pourrez
demander à vos premiers interviewés de vous recommander à
d’autres personnes.

Enfin, si vous présenter spontanément vous met trop en


difficulté, vous pouvez toujours envisager d’autres modalités
d’investigation : l’observation participante par exemple.

!62
Hélène WEBER

Chapitre 8

L’analyse

Pourquoi les enfants d’ouvriers ont-ils


Problématique moins de chance de réussir à l’université
que les enfants de cadres supérieurs ?
Les cadres supérieurs ont fait des études
Hypothèse plus longues que les ouvriers, ils
connaissent donc mieux les règles du jeu
scolaire et peuvent conseiller leurs
enfants concernant les stratégies à
adopter pour réussir.
Mise en place d’un questionnaire dans le
D i s p o s i t i f cadre duquel les sondés devront
d’investigation renseigner les informations suivantes :
catégorie socioprofessionnelle des
parents
niveau d’études
résultats aux examens
stratégies de travail
choix d’orientation
identification des domaines dans le cadre
desquels l’aide parentale a été significative
(aide aux devoirs, aide à l’orientation, etc.)

!63
Méthodo

Etude statistique : recherche de


Analyse de contenu cor rélations entre les différents
paramètres sélectionnés. Si les enfants de
cadres supérieurs qui réussissent sont
aidés par leurs parents de manière
significative, alors que les enfants
d’ouvriers qui échouent ne le sont pas, on
pourra soutenir la thèse d’une corrélation
entre ces deux paramètres.

Pourquoi un nombre significatif


Problématique d’employés souhaite faire carrière chez
McDonald’s ?
Les pratiques managériales tendent à
Hypothèse créer un esprit de corps entre les
employés, qui finissent par valoriser les
marques de reconnaissance offertes par
l’entreprise.
Entretiens semi-directifs avec des
D i s p o s i t i f employés qui ont le projet de faire
d’investigation carrière ou qui ont déjà commencé à
gravir les échelons. Les personnes
interrogées seront invitées à parler de
l’entreprise et de leur opinion la
concernant.
Analyse du discours : quels sont les
Analyse de contenu thèmes abordés par les employés ? Quelle
est la valence (positive ou négative)
accordée à chaque aspect de son
organisation ?
Un processus d’identification à
l’entreprise (= composante de l’esprit de
corps) a-t-il tendance à être à l’œuvre
chez un grand nombre de personnes
interrogées ?

!64
Hélène WEBER

L’analyse de contenu, c’est quoi ?


Vous avez en votre possession cent-douze réponses à un
questionnaire, les quarante-six retranscriptions des entretiens
que vous avez menés, un carnet rempli de notes prises au
cours d’une expérience d’observation participante, des photos,
des témoignages, des films, des journaux ? Etc.

C’est maintenant que va commencer pour vous le travail


d’analyse de contenu. Si vous avez déjà en tête la thèse que
vous souhaitez défendre, votre méthode d’analyse doit vous
permettre d’extraire de toutes les informations que vous avez
rassemblées les « preuves » qui vous permettront de la valider
scientifiquement.

L’analyse de contenu, à quoi ça sert ?


L’analyse de contenu doit vous donner la possibilité de valider
une thèse.

Parmi toutes les informations en votre possession, vous allez


devoir trier, sélectionner, comparer et mettre en exergue celles
qui vont devenir des arguments au service de ce que vous avez
pour projet de démontrer.

Il se peut cependant que vous vous soyez lancé dans


différentes démarches d’investigation sans avoir finalisé ni
votre problématique, ni vos hypothèses. Vous comptez alors
sur l’analyse de contenu pour faire émerger ces différents
éléments.

Comment analyser les données rassemblées


grâce à votre dispositif d’investigation ?
La démarche que je vous recommande est de commencer par
envisager une problématique et des hypothèses AVANT de
vous lancer dans l’analyse de contenu. Votre question de
recherche deviendra alors votre guide et vous consulterez vos
!65
Méthodo

données en ayant le projet de les catégoriser selon vos


différentes hypothèses.

Si vous ne savez pas comment analyser vos données,


c’est que vous ne savez pas encore précisément ce que
vous cherchez.

Je vous conseille alors de revenir à l’étape d’élaboration de vos


hypothèses. Mais sachez que la consultation des données
rassemblées peut également vous aider à les préciser ou à les
formaliser. C’est en observant, en écoutant et en consultant
les analyses d’autres chercheurs (lectures théoriques) que les
idées émergent. Mais c’est beaucoup plus simple si votre
question de recherche est claire dans votre esprit.

Si vos hypothèses sont précises, et que vous les avez bien en


tête pendant que vous consultez vos données, vous allez
chercher ce qui vient les valider. Parfois, vous trouverez
effectivement ce que vous cherchez. Parfois non. Cela fait
partie du processus de recherche : soit vos hypothèses ne sont
tout simplement pas valides, soit il faudrait que vous
rassembliez d’autres informations pour les valider.

Il peut également arriver que les données rassemblées vous


conduisent à envisager de nouvelles hypothèses ou à
confirmer une thèse auxquelles vous n’aviez pas pensé au
départ. En définitive, soit vos données vous permettent de
valider ou invalider des hypothèses préalablement établies, soit
elles vous permettent d’en envisager de nouvelles.

Conseils pratiques
Quel est votre objectif lorsque vous procédez à l’analyse
de votre contenu ?

Dans le cadre des sciences humaines et sociales, votre objectif


doit être de repérer des tendances, des régularités, des
répétitions, des similitudes ou des corrélations. Au-delà de la

!66
Hélène WEBER

personnalité des personnes observées ou interrogées, un


certain vécu est identique, certaines expressions sont les
mêmes, certaines causes sont pointées régulièrement et vous
identifiez qu’elles donnent lieu aux mêmes effets.

Vous avez mené des entretiens semi-directifs avec un certain


nombre de personnes, et vous remarquez des similitudes
concernant le vécu, le point de vue, l’attitude ou le
comportement. Votre projet doit être de repérer ce qu’il y a de
commun au-delà des différences. Vous devez rechercher
l’universel ou le collectif dans le singulier. C’est là que vous
découvrirez l’influence du groupe, du cadre, de l’organisation,
du social, de la culture et des normes sur tout un chacun. C’est
ce que votre recherche doit mettre en évidence.

Comment déterminer les bons indicateurs ?

Lorsque vous souhaitez valider une hypothèse, vous


recherchez des indicateurs à même de venir la valider.
Autrement dit, vous allez établir que si ces indicateurs (=
données, informations) sont présents, exprimés ou rassemblés,
c’est que votre hypothèse est vérifiée.

!67
Méthodo

Hypothèse Indicateur

Au sein d’une entreprise, les Le taux d’absentéisme peut être


employés sont victimes de retenu comme indicateur de la
souffrance au travail. souffrance au travail lorsqu’il
est supérieur à un certain
chiffre.

A l’Education Nationale, les Un indicateur pertinent serait


enseignants aiment leur métier qu’à la question ouver te
parce qu’ils bénéficient d’un « pourquoi avez-vous choisi le
nombre important de jours de métier d’enseignant ? », la
congé (il ne s’agit que d’une majorité des personnes
hypothèse, que je pense interrogées répondent « les
d’ailleurs fausse). vacances » en première instance.

Qui ? Quand ? Quoi ? Où ? Pourquoi ? Comment ?

Lorsque vous commencez l’analyse des informations


rassemblées au cours de la phase d’investigation (cette
dernière pouvant se poursuivre en parallèle), adoptez une
démarche systématique concernant les éléments du contexte,
car ils ont souvent une influence sur la nature des
informations elles-mêmes :
- Qui vous a fourni les informations ?
- Quand vous les a-t-on fournies ?
- Où les avez-vous obtenues ?
- Pourquoi vous les a-t-on confiées et par quels biais ?

Un employé qui vient d’être licencié vous donnera sûrement


des informations différentes sur son entreprise que celui qui
vient d’avoir une promotion. Ce n’est pas nécessairement un
problème, cela peut même avoir un intérêt, dès l’instant où
vous prêtez la plus grande attention au contexte au moment
de l’analyse des informations obtenues.

!68
Hélène WEBER

Comment analyser une expérience de stage ?

Le propre d’une expérience de stage (lorsque vous devez


rendre un rapport) est qu’elle vous implique tout
particulièrement. Comment demeurer objectif et garder en
tête les enjeux d’un tel exercice ?

Dans le cadre d’un rapport de stage, votre projet doit être de


montrer plusieurs choses :
- en quoi cette expérience vous a permis de développer
des compétences en lien avec le cursus que vous
suivez et le métier auquel il vous forme ;
- en quoi cette expérience vous a permis d’utiliser des
connaissances et/ou des compétences acquises dans le
cadre de votre formation théorique ;
- identifier, investiguer et traiter une problématique de
recherche qui s’appuie sur votre expérience (cette
troisième dimension n’est pas toujours demandée aux
étudiants).

Vous ne devez jamais vous contenter de décrire les activités et


missions qui vous ont été confiées durant votre stage. Vous
devez toujours montrer comment vous en êtes venu à vous
poser des questions, à rechercher les informations pour y
répondre, à identifier des problèmes et à avoir recherché des
solutions pour les résoudre. Ainsi, même lorsque votre écrit
est un rapport de stage, vous devez vous positionner dans une
démarche de recherche et donc suivre tous les conseils donnés
dans ce guide.

Evidemment, un rapport de stage devra nécessairement faire


apparaître les éléments d’information suivants :
- lieu du stage : type d’organisation, missions de
l’organisation, caractéristiques…
- cadre du stage : service, missions du stagiaire,
affectations…

!69
Méthodo

Ensuite, il faudra faire émerger une problématique de l’ordre


du « comment faire » :

Type de stage Problématique

Stage de secrétariat dans le Po u rq u o i l e p r i n c i p e d e


cadre d’un BTS discrétion est-il requis lorsque
l’on assume la fonction de
secrétaire de direction ?
Comment le mettre en œuvre ?

Stage d’ingénieur dans le cadre Quels sont les enjeux inhérents


du ser vice recherche et à la fabrication de skis éco-
développement d’une usine de r e s p o n s a b l e s, e t q u e l l e s
fabrication de skis recherches faut-il envisager
pour y parvenir ?

Stage au sein du ser vice C o m m e n t f a v o r i s e r


ressources humaines d’une l’implication des participants
entreprise de formation dans le cadre d’une formation
en e-learning ?

Comment analyser des observations ?

Lorsque votre méthode d’investigation est l’observation, il


faut que vous vous astreigniez à renseigner régulièrement un
carnet d’observation, rapportant vos données brutes (récit
d’une journée, d’un moment de la journée, d’une anecdote…)
ainsi que vos commentaires, vos questions, vos analyses sur le
vif et vos hypothèses.

Au fil des jours, et à mesure que vous poursuivrez votre


investigation théorique, des hypothèses secondaires toujours
plus précises et pertinentes se feront jour dans votre esprit.
Chacune pourra être mise en lien avec des données de terrain

!70
Hélène WEBER

à même de les illustrer. Au moment où vous rédigerez votre


écrit, votre objectif sera donc d’organiser ces différentes
hypothèses secondaires, et de les justifier à l’aide d’exemples
issus de vos observations de terrain.

Comment analyser un document ?

Voici les différentes questions qui peuvent guider votre


analyse d’un document :
- De quoi s’agit-il ?
- Quel est l’usage et/ou l’utilité de ce document ?
- Qui l’a élaboré ?
- Quel était son objectif ?
- Quels étaient les enjeux et le contexte dans lesquels ce
document a été réalisé ?

Votre objectif est avant tout de comprendre les choix qui ont
été opérés par l’auteur du document : pourquoi avoir fait les
choses de cette façon et pas autrement ? Quelles étaient ses
contraintes, son projet, ses options ?

Comment analyser des entretiens ?

Lorsque vous analysez des comptes rendus d’entretiens, vous


analysez du discours, des mots, des expressions, du vécu, des
ressentis. Le récit d’un individu est toujours subjectif et
personnel. Pourtant, votre projet doit être de déceler, en
comparant les entretiens entre eux, ce que ceux-ci ont de
commun : lorsque les mêmes thématiques sont abordées de
manière similaire par des personnes qui n’ont a priori pas les
mêmes personnalités, c’est en général que d’autres paramètres
les ont influencées. Vous devez déterminer lesquels.

Impliquez-vous en argumentant vos choix et en justifiant


vos analyses

!71
Méthodo

Dans la très grande majorité des cas, si l’on vous reproche de


ne pas suffisamment vous impliquer dans votre écrit, c’est que
celui-ci est trop descriptif.

Ce qui est attendu des étudiants, c’est qu’ils se posent des


questions et qu’ils cherchent les moyens d’y répondre de
manière scientifique. Pour cela, vous devez affiner autant que
possible votre problématique, formuler des hypothèses,
convoquer des apports théoriques et justifier toutes vos
affirmations.

Comment articuler ses analyses à des apports


théoriques ?

Vos lectures théoriques doivent vous aider à préciser votre


problématique et à formuler vos hypothèses. D’autres
chercheurs se sont intéressés à votre sujet. Peut-être même se
sont-ils posés les mêmes questions que vous. Ils ont mené des
investigations et ont formulé une thèse (= une manière de
répondre à leurs questions qui découle de ce qu’ils ont
observé, entendu, vécu et analysé).

Vous allez mener des investigations nécessairement


différentes : votre terrain sera différent, les personnes que
vous allez observer ou interroger également. La thèse qu’ils
ont élaborée se confirme-t-elle dans le cadre de vos
investigations ? Si oui, vous avez le droit (et même le devoir)
de faire référence à leurs théories dans le cadre de votre écrit.
Vous réutilisez une notion qu’ils ont définie, un processus
qu’ils ont mis à jour, des indicateurs qu’ils ont conçus ou des
hypothèses qu’ils ont échafaudées.

!72
Hélène WEBER

Vous rencontrez des difficultés ?


Vous ne savez plus où vous en êtes, ni comment avancer

D’expérience, le principal obstacle qui se met en travers de la


route d’un étudiant au moment de l’analyse de contenu est
l’absence de projet : vous ne savez pas ce que vous cherchez.

Je sais que certaines méthodologies de recherche préconisent


de classer, trier et corréler les données dans le but de faire
émerger des catégories d’analyse, des hypothèses et donc une
thèse. Pour autant, il me semble très difficile de classer des
informations sans avoir élaboré un système de classement au
préalable. Or, tout système de classement poursuit des
objectifs.

Imaginons qu’un extraterrestre débarque sur Terre dans les


gradins d’un terrain où a lieu un match de football. Effrayés,
tous les supporters se fraient un chemin vers la sortie et
laissent épars sur le sol toutes sortes d’objets : des chapeaux,
des parapluies, des sacs, de la nourriture, etc.

Face à cette masse d’objets hétéroclites, pour quel système de


classement opteriez-vous ?

En réalité, tout dépend de votre projet.

L’extraterrestre classerait peut-être les objets par couleur, par


texture ou par odeur. Vous les ordonneriez peut-être en
fonction de leur utilité. Une autre personne commencerait
peut-être par jeter tous les objets cassés ou inutilisables alors
qu’une autre se préoccuperait de savoir si les matières sont
recyclables.

Quel est votre projet ? Vous avez rassemblé des observations,


des documents, des comptes rendus d’entretiens ou des
réponses à un questionnaire. Pourquoi avez-vous compilé
toutes ces informations ? Qu’en attendez-vous ? Quelles

!73
Méthodo

questions vous êtes-vous posé et comment ces éléments vont-


ils pouvoir vous aider à y apporter des réponses ?

Parfois, nous avons besoin d’aide pour savoir quoi faire des
informations que nous avons rassemblées. Prenez le temps de
raconter à un collègue quelle est votre problématique et ce que
vous avez observé, entendu, consulté ou lu. C’est souvent en
racontant que les idées émergent.

!74
Hélène WEBER

Chapitre 8

Le plan

Problématique :
Le e-learning constitue-t-il une approche pédagogique efficace ?

1. Les caractéristiques d’une approche pédagogique


efficace
- La notion d’efficacité pédagogique a évolué au cours du
temps (= approche historique)
- Chaque média pédagogique poursuit des objectifs
d’apprentissage différents (= panorama des approches
pédagogiques)

2. Le e-learning, un média pédagogique récent et


spécifique
- La mode de la formation à distance (= pourquoi cette
approche pédagogique s’est-elle développée ?)
- Une multiplicité de pratiques
- Des domaines et des secteurs privilégiés, des pays de
prédilection

3. Le e-learning, une méthode pédagogique attrayante


pour les financeurs, mais inefficace d’un point de
vue pédagogique
- Un taux d’abandon record
- Un bilan contrasté en termes de connaissances et de
compétences acquises
- Des enjeux politiques importants

!75
Méthodo

Le plan, c’est quoi ?


Vous avez une problématique, des données scientifiques
analysées et une thèse à défendre. Quel va être l’argumentaire
le plus efficace ? Comment présenter les différentes étapes de
votre démarche pour convaincre vos évaluateurs ?

Le plan, c’est avant tout une réponse argumentée à la question


que vous soulevez dans le cadre de votre problématique.

Un plan, à quoi ça sert ?


Elaborer un plan détaillé en amont du travail d’écriture va
vous permettre de clarifier les arguments venant appuyer votre
thèse. Plus ceux-ci seront précis et illustrés par des analyses
émanant de votre investigation, plus vous rédigerez avec
facilité.

Comment élaborer le plan de son écrit ?


Si votre problématique est une question, votre plan est la
réponse argumentée que votre investigation vous a permis
d’échafauder.

Reprenez les résultats de votre analyse de contenu et identifiez


les différentes hypothèses qu’elle vous a permis de valider.
Organisez ensuite votre démonstration selon une succession
d’étapes logiques.

Elaborer un plan détaillé, dans lequel vous savez exactement


quels arguments vous allez défendre vous permettra d’aborder
la phase d’écriture avec sérénité.

!76
Hélène WEBER

Conseils pratiques
Détaillez votre plan

Pour chacune de vos parties et sous-parties, formulez un titre


qui compléterait la phrase suivante : « dans cette partie, je vais
montrer que… ». Si vous ne savez pas ce que vous voulez
montrer, revenez à l’étape de l’analyse de contenu (chapitre 7)
afin de préciser la thèse que vous souhaitez défendre.

Dans le plan cité en exemple, l’objectif de la première partie


sera de montrer « quelles sont les caractéristiques d’une
approche pédagogique efficace ». Il s’agit de l’un des
présupposés de la problématique : pour établir si oui ou non,
le e-learning est efficace, encore faut-il être en mesure de
déterminer comment l’on envisage cette notion d’efficacité.

J’ai proposé trois parties, développées chacune selon trois


sous-parties. Mais il n’y a aucune règle en la matière. Ce guide
se décompose en dix chapitres. Vous pouvez choisir de
découper votre argumentaire selon le nombre d’étapes et de
sous-étapes qui vous apparaît nécessaire. Le tout est d’être à
même de justifier ses choix. Encore une fois, si vous avez des
doutes, demandez à l’enseignant qui vous suit de vous
conseiller.

Ne remplissez pas une armoire

L’erreur la plus commune lorsqu’il s’agit d’élaborer le plan


d’un écrit est de chercher à « caser » toutes les informations,
analyses et citations recueillies au cours de la phase
d’investigation : vous avez mené une recherche pendant des
mois, et vous cherchez à tout faire « tenir » dans votre plan.
Vous construisez alors un plan thématique, où chaque partie
est comme l’étagère d’une armoire : vous y fourrez tout ce que
vous pouvez y faire entrer, sans vous demander quelle est la
logique de l’ensemble.

!77
Méthodo

Cette approche mène très souvent à des écrits très descriptifs,


où vous ne faites que raconter ce que vous avez fait, lu et
observé. Cela conduit également à des écrits où vos réflexions
apparaissent très peu, comme si le fait d’évoquer vos doutes,
votre cheminement et vos questions pouvait retirer de la
rigueur à votre travail.

C’est pourtant le propre d’une recherche que de discuter les


résultats que l’on a obtenus et les analyses que l’on a
produites. Ce qui fera de votre écrit un travail satisfaisant, c’est
votre capacité à rendre compte de toutes les questions que
vous vous êtes posées au cours de son élaboration. Pour ce
faire, partir de votre problématique pour élaborer votre plan
est une démarche efficace.

Qu’en est-il de la fameuse « partie théorique » ?

Je le sais bien, dans de nombreuses universités, il est demandé


aux étudiants de réaliser « une partie théorique » et « une
partie empirique ». L’objectif poursuivi semble être le suivant :
- Dans la première partie, l’étudiant doit rendre compte
de toutes les recherches théoriques qu’il a menées, et
notamment de tous les livres et articles qu’il a lus.
- Dans la deuxième partie, l’étudiant doit rendre compte
du résultat de son investigation de terrain : analyse des
entretiens, questionnaires, documents, observations ou
expériences rassemblés.

Tout se passe comme si la théorie (et notamment vos lectures)


devait être absente de votre deuxième partie, et les
informations glanées sur le terrain absentes de la première. J’ai
tendance à penser que si vous justifiez vos choix, ils pourront
être acceptés par vos évaluateurs. Encore faut-il que vous les
leur soumettiez avant le rendu de votre écrit pour qu’ils
puissent les valider ou en discuter avec vous.

Il est vrai qu’à un moment ou à un autre, vous serez tenu dans


votre écrit d’évoquer vos lectures, de justifier vos présupposés,

!78
Hélène WEBER

de définir les termes, d’exposer votre stratégie d’investigation


et de présenter les résultats de vos investigations de terrain.
Mais pourquoi imposer un plan aussi rigide ?

Concernant le plan que j’ai donné en exemple, peut-être qu’un


entretien mené avec un expert en pédagogie aura apporté
autant d’éléments de réponse utiles à la première partie que la
lecture d’un livre théorique. De la même façon, des références
théoriques seront certainement mobilisées lorsqu’il s’agira
d’analyser les réponses obtenues à un questionnaire.

Elaborer un plan en réponse à la problématique me paraît être


la démarche la plus cohérente. Opposer une partie théorique
et une partie empirique me semble artificiel (mais peut-être
plus facile a priori, surtout lorsque l’on ne sait pas pour quel
plan opter). A vous de choisir la démarche qui vous apparaît la
plus pertinente.

Ce qui est certain, c’est que vous ne pourrez pas faire


l’économie de ces différents préalables :
- définition des termes,
- justification des présupposés,
- présentation des enjeux et du contexte de la recherche
menée (pourquoi les questions que vous vous posez
sont-elles intéressantes et pertinentes ?),
- cadre théorique de référence,
- stratégie d’investigation retenue,
- technique d’analyse de contenu.

Peut-être que la présentation de ces différents éléments


correspond tout simplement à ce que certains enseignants
nomment la « partie théorique ».

Pour chacune des parties et des sous-parties de votre


écrit, formulez une « problématique secondaire » avant
de passer à la rédaction

!79
Méthodo

Pendant la phase d’écriture, il pourra vous arriver de bloquer.


Vous avez défini votre problématique et votre thèse. Vous
avez identifié les différentes étapes de la démonstration que
vous allez dérouler. Cette démonstration vous a permis
d’élaborer un plan détaillé. Et pourtant, au moment de vous
atteler à la rédaction de votre première partie, vous bloquez.

Par où commencer ? Quoi écrire en premier ?

Commencez par vous redemander ce que vous souhaitez


montrer dans cette partie, dans cette sous-partie ou même
dans ce paragraphe, et écrivez le début de votre partie selon le
même mode que votre introduction (voir le chapitre 9) : quelle
est la problématique de cette partie (ou sous-partie ou
paragraphe) ? A quelles questions allez-vous répondre ? Et
selon quelles étapes ?

Problématique
Problématiques secondaires
principale

Quel est le propre d’une approche


Le e-learning pédagogique efficace ?
constitue-t-il une Comment mesurer l’efficacité d’une
approche approche pédagogique ?
pédagogique Efficace pour qui ?
efficace ? La notion d’efficacité renvoie-t-elle aux
mêmes paramètres lorsque l’on se place du
point de vue de l’employeur, du participant
à la formation, de l’organisme de
formation ou du financeur ?
Etc.

!80
Hélène WEBER

Développez votre argumentation en illustrant vos


affirmations par des exemples

Vous pouvez vous inspirer des questions suivantes si vous


avez des difficultés à développer votre argumentation :
- Quelle est la question à laquelle vous allez apporter
une réponse ?
- Qu’en disent les chercheurs qui se sont déjà posé cette
question ? Quelles sont leurs thèses ? (= introduisez
une citation et/ou une synthèse de ce que vous avez lu
et qui vous a permis d’approfondir vos analyses et la
thèse que vous souhaitez défendre).
- Quelles sont les informations rassemblées sur le
terrain qui viennent valider votre affirmation ? (=
référence à votre analyse de contenu).
- Pourriez-vous donner un ou deux exemples ? (=
extrait d’entretien, statistiques que vous avez réalisées,
compte-rendu d’une expérience, etc.).

Convoquez judicieusement vos apports théoriques

Articuler votre réflexion à des apports théoriques est une


nécessité dans le cadre d’un écrit universitaire. Cela fait partie
des exigences. Chaque fois que vous vous appuyez sur une
notion dont vous fournissez une définition, que vous
empruntez une analyse à un auteur dont vous avez lu le livre
ou que vous vous appuyez sur une méthode d’investigation
et/ou d’analyse de contenu élaborée par un autre que vous, il
faut citer vos sources.

Vous pouvez citer vos sources de deux manières :


- En mettant le nom de l’auteur et la date de sa
publication entre parenthèses au moment où vous
vous y référez (Auteur, 2014). Si vous introduisez une
citation, il faut également que vous indiquiez la page
de l’ouvrage (Auteur, 2014, page 38). Evidemment, ces
informations doivent renvoyer aux ouvrages qui
figurent dans votre bibliographie.

!81
Méthodo

- En indiquant l’intégralité de votre référence dans le


cadre d’une note de bas de page5.

Voici les formules dont vous pouvez vous inspirer dans le


cadre de votre rédaction :
- Dans son ouvrage intitulé Le suicide (1897), Emile
Durkheim définit la notion d’anomie comme étant …
- Afin de procéder à l’analyse des entretiens qu’il a
menés, Max Weber propose une démarche en trois
étapes : là, vous synthétisez avec vos propres termes ce que vous
avez compris de sa démarche.

Ces deux propositions ne sont que des exemples. Lorsque


vous lisez des ouvrages et des articles, soyez attentif aussi bien
au fond qu’à la forme : comment chaque auteur introduit-il
ses références théoriques ? Comment se réfère-t-il aux travaux
d’autres chercheurs ?

C’est souvent en portant un regard critique sur la façon dont


les autres opèrent que nous apprenons, progressivement, à
construire notre propre voie. Commencez par vous inspirer
des formules utilisées par d’autres quand vous les trouvez
élégantes ou pertinentes. Vous trouverez ensuite les
formulations qui constitueront votre propre style.

Vous rencontrez des difficultés ?


Vous avez le droit d’avoir des doutes, de vous être trompé
d’hypothèse ou de ne pas avoir mené votre investigation
jusqu’au bout

Après des mois de travail, il va arriver un moment où vous


devrez mettre le point final à votre écrit. Si vous êtes très
perfectionniste, il se peut que cette étape soit pour vous
difficile à franchir.

5
Références du document cité.

!82
Hélène WEBER

Avez-vous mené suffisamment d’entretiens ? Vos hypothèses


sont-elles pertinentes ? Votre analyse de contenu est-elle
rigoureuse ? Vos définitions sont-elles judicieusement
choisies ? Avez-vous lu tous les ouvrages nécessaires ?

Il n’existe pas de réponse définitive à ces différentes questions.


Une thèse, aussi élégante soit-elle, est faite pour être
continuellement détaillée, discutée et remise en question. Karl
Popper, philosophe et épistémologue, disait qu’une
affirmation devait être considérée comme vraie jusqu’à preuve
du contraire.

Lorsque vous devez passer à l’étape de rédaction (un mois au


moins avant le rendu de votre écrit), il faut que vous acceptiez
d’arrêter votre analyse de contenu et vos investigations, et de
rendre compte de « là où vous en êtes de vos réflexions ».

Cela ne veut pas dire que votre recherche est arrivée à son
terme. Cela veut dire qu’il faut accepter, à un moment donné,
de faire le point. Il vous faudra alors expliquer vos
questionnements, votre démarche, vos analyses et votre thèse,
tout en laissant de la place à la critique et au doute s’ils sont
encore d’actualité.

!83
Méthodo

Chapitre 9

L’introduction et la conclusion

L’introduction et la conclusion d’un écrit


universitaire, c’est quoi ?
Si l’introduction de votre écrit correspond à sa vitrine, la
question est de savoir comment vous allez donner envie au
lecteur d’entrer dans la boutique.

Certaines informations doivent nécessairement figurer dans


cette partie de votre écrit :
- Quel est le problème que vous avez cherché à
résoudre ?
- Quel est son intérêt dans le cadre de votre discipline ?
- Qu’allez-vous (dé)montrer dans le cadre du
développement et selon quelles étapes ?

La conclusion constitue avant tout une réponse aux questions


soulevées en introduction. Quelles réponses, suite à votre
investigation théorique et clinique, pouvez-vous apporter au
problème que vous avez choisi de résoudre ?

Evidemment, il est très probable que vous n’ayez pas toutes


les réponses, que d’autres investigations soient nécessaires ou
que d’autres aspects de votre sujet soient à explorer : c’est le
moment, en conclusion, d’en rendre compte.

!84
Hélène WEBER

L’introduction et la conclusion d’un écrit


universitaire, à quoi ça sert ?
L’introduction sert à présenter les enjeux de votre travail de
recherche. Le lecteur doit d’emblée mesurer l’intérêt de ce que
vous avez cherché à comprendre, de la thèse que vous allez
défendre et des arguments que vous allez présenter.

La conclusion sert à faire un état des lieux de votre recherche


après l’avoir menée : qu’êtes-vous parvenu à prouver ? Quels
nouveaux questionnements avez-vous ouverts ?

Comment rédiger l’introduction de son écrit ?


Dans le cadre de votre introduction, vous devez apporter des
réponses à ces différentes questions : quel est le sujet de votre
recherche et quel problème avez-vous cherché à résoudre ?
Pourquoi ce problème a-t-il un intérêt ? Quelles solutions lui
avez-vous trouvées ? Selon quelles étapes allez-vous
démontrer que ces « solutions » sont pertinentes ?

Partez à la recherche de l’accroche idéale

Une accroche correspond à une entrée en matière qui mène


directement à la formulation de votre problématique.

Vous pouvez par exemple utiliser des données brutes issues de


votre investigation :
- un extrait d’entretien,
- une donnée statistique,
- une citation issue d’un ouvrage, d’un article ou d’un
journal,
- la description d’une photo ou d’un film,
- le récit d’une observation,
- une situation vécue ou rapportée,
- etc.

!85
Méthodo

Ces informations doivent vous conduire à poser le problème


que vous avez eu pour projet de résoudre dans le cadre de
votre recherche. Une constatation vous conduit à formuler les
questions qui sont au cœur de votre écrit.

Présentez les enjeux de votre recherche

La problématique correspond à cette question qui rassemble


en une phrase tout l’intérêt de la démarche de recherche que
vous avez entreprise. Mais une unique question est souvent
insuffisante pour présenter dans le détail tous les enjeux de
votre recherche.

A vous de déterminer les questions qui découlent de votre


problématique : les présupposés qu’elles contient et que vous
devez justifier, les termes que vous allez définir, les différentes
hypothèses que vous avez explorées.

Annoncez les étapes de votre démonstration

La dernière composante d’une introduction est l’annonce du


plan, qui peut prendre différentes formes :
- quelques questions qui formulent ce que vous allez
successivement montrer dans chacune des parties de
votre écrit ;
- une formule plus directe, de la forme « dans une
première partie, je vais montrer que… ; puis, dans une
seconde partie, etc. » ;
- un ou plusieurs paragraphes (tout dépend de la
longueur de votre écrit) dans lesquels vous synthétisez
la conclusion à laquelle vous allez aboutir à la fin de
chaque partie.

Comment rédiger la conclusion de son écrit ?


Répondez à la question annoncée comme problématique
dans le cadre de votre introduction

!86
Hélène WEBER

Avant de vous attaquer à la conclusion, commencez par relire


(ou écrire) votre introduction. Il faut que votre conclusion lui
fasse écho.

Après avoir mené des recherches théoriques et une


investigation de terrain, que pouvez-vous conclure en réponse
à la question formulée en problématique ?

Soulignez l’intérêt et les limites de votre travail


d’investigation

A moins de mener une thèse de doctorat (et encore), les


investigations menées dans le cadre d’une recherche
universitaire ne permettent pas d’affirmer une bonne fois
pour toute que vous avez trouvé « la » réponse ultime et
définitive aux questions que vous avez soulevées.

Quels représentations, croyances et présupposés avez-vous


déconstruits ? Quelle approche critique avez-vous concernant
votre dispositif d’investigation et les données que vous avez
rassemblées ? Sont-ils fiables, représentatifs, discutables ?

Annoncez les prolongements possibles de votre


recherche

Vous avez obtenu certaines réponses aux questions que vous


vous posiez. Votre recherche en a fait certainement émerger
de nouvelles. Lesquelles ?

Ces nouvelles questions mériteraient peut-être de nouvelles


investigations. Votre problématique et vos hypothèses
pourraient être reprécisées ou complétées.

Ce n’est pas une obligation, mais vous avez la possibilité en


conclusion d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche à
mener, en vous appuyant sur les premiers résultats que vous
avez obtenus.

!87
Méthodo

Conseils pratiques
Accordez-vous le temps dont vous avez besoin pour
rédiger votre écrit

Rédiger prend du temps. Il va vous falloir en effet réaliser


plusieurs opérations mentales en même temps :
- retrouver vos arguments,
- choisir la formulation qui convient,
- introduire des citations judicieusement sélectionnées,
- faire le récit d’une observation,
- réaliser un schéma ou un tableau statistique,
- etc.

Parfois, vos idées ne seront plus très claires et vous aurez


besoin de relire vos comptes rendus d’entretiens ou vos notes
d’observation, un extrait d’ouvrage ou un article entier pour
vous les remettre en tête. Et même si tout est très bien
organisé dans votre esprit, rédiger demande du temps. Il faut
donc que vous envisagiez un planning serré pour vous donner
l’opportunité de faire des pauses et de garder du temps pour
les dernières tâches à accomplir :
- Trouver votre titre.
- Réaliser votre bibliographie et votre mise en page
(pagination, notes de bas de page, interlignage,
sommaire, choix des polices, etc.).
- Relire votre écrit pour améliorer le fond et corriger la
forme (grammaire, orthographe, mise en page).
- Faire relire votre écrit par votre enseignant et/ou un
membre de votre entourage (un regard extérieur
permet toujours d’envisager des améliorations).
- Prendre le temps d’apporter les corrections
nécessaires lorsque les avis de vos relecteurs vous
apparaissent pertinents.
- Imprimer votre écrit en plusieurs exemplaires, le
relier et aller le porter aux différentes personnes
chargées de l’évaluer.

!88
Hélène WEBER

Vous rencontrerez toujours des contretemps : photocopieuses


en panne, oubli d’une partie de votre document chez vous,
problème d’impression, grosse faute d’orthographe en
couverture qui était jusque-là passée inaperçue, etc. Prévoyez
du temps pour les imprévus.

Et les autres, comment font-ils ?

Une fois n’est pas coutume, allez regardez comment les autres
s’y prennent (dans leurs mémoires, dans leurs dissertations,
dans leurs livres, dans leurs articles, etc.) :
- Comment accrochent-ils le lecteur ?
- Comment introduisent-ils leur problématique ?
- Comment annoncent-ils leur plan ?
- Comment affirment-ils leurs idées en conclusion ?
- Comment ouvrent-ils de nouvelles problématiques ?

Vous rencontrez des difficultés ?


La dernière ligne droite

La procrastination gagne souvent les étudiants lorsqu’ils


arrivent au bout de leur travail. Le doute les assaille. Ils
remettent tout en question. Ils ne trouvent plus leurs mots.

N’oubliez pas que si votre question est de trouver la meilleure


manière de mettre un point final à votre écrit, c’est que le
travail, vous l’avez déjà terminé.

Courage, vous êtes presque au bout.

Vous pouvez également tout laisser en plan, aller au cinéma,


vous promener ou retrouver des amis. Passez complètement à
autre chose pendant une journée complète. Puis, revenez à
tête reposée sur votre conclusion. Vos idées auront beaucoup
de chance d’être plus claires. Encore faut-il vous avoir octroyé
le luxe de ne pas tout terminer au dernier moment, la nuit qui
précède la date limite. A bon entendeur !

!89
Méthodo

Chapitre 10

La soutenance

La soutenance, c’est quoi ?


Une fois votre écrit rédigé, imprimé en plusieurs exemplaires
et remis à vos correcteurs, l’aventure n’est pas encore
terminée. Il va vous falloir défendre votre travail à l’oral.

La soutenance est un exercice à part, qui ne mobilise pas les


mêmes compétences que la présentation de sa recherche à
l’écrit. Elle constitue un temps de formation à part entière.
D’ailleurs, dans certaines universités, travail écrit et soutenance
orale donnent lieu à des notes distinctes.

Exposer précisément sa problématique, expliquer les choix qui


ont présidé à la définition de sa méthode d’investigation,
présenter la synthèse des résultats obtenus, dans un langage
accessible mais précis, suscitant l’intérêt de vos interlocuteurs,
tels sont les enjeux de la soutenance orale.

La soutenance, à quoi ça sert ?


La soutenance sert à évaluer vos compétences en matière de
communication orale (= présentation, aisance, capacités en
matière d’argumentation).

Elle permet également d’évaluer votre maîtrise du sujet : vous


êtes-vous approprié vos recherches au point de pouvoir en

!90
Hélène WEBER

discuter aisément, sans notes et sur des questions que vous


n’avez pas explicitement traitées ?

Elle doit enfin vous permettre de préciser, compléter ou


discuter les thèses que vous avez choisies de défendre à l’écrit.
Parfois, vos idées ont encore évolué entre le moment où vous
avez rendu votre écrit et le moment où vous devez le
soutenir : c’est alors le moment de faire part de vos nouvelles
analyses.

Comment préparer la soutenance orale ?


Dans le cadre d’une soutenance orale, tous vos correcteurs
n’ont pas forcément lu votre écrit. Parfois, ils l’ont lu la veille,
d’autres fois, depuis plusieurs jours ou semaines. Et ce qui est
certain, c’est qu’ils n’ont pas mené eux-mêmes votre
recherche, et qu’ils n’ont pas tous ses enjeux en tête comme
vous pouvez (et devez) les avoir.

Voici donc les éléments que vous devez nécessairement


aborder dans le cadre de votre soutenance :

Les enjeux

Partez de la constatation qui vous a conduit à formuler votre


problématique (comme vous le feriez dans le cadre d’un projet
de recherche ou d’une introduction).

Prenez le temps d’exposer précisément les différentes


questions que vous vous êtes posées, en expliquant comment
vous en êtes venu à vous les poser.

Les différentes étapes

Faites ensuite la présentation de votre démarche de


recherche :
- Quel dispositif d’investigation avez-vous choisi et
pourquoi ?

!91
Méthodo

- Quelles données avez-vous rassemblées ?


- Comment les avez-vous analysées ?
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
- Comment les avez-vous surmontées ?

Vos conclusions et les questions encore en suspens

Comment avez-vous répondu à la question formulée en


problématique ? Quels sont vos arguments et les preuves
issues de votre investigation ?

Ce que vous auriez fait ou analysé différemment

Parfois, il arrive qu’après une année de recherche, on


s’aperçoive que toutes nos idées de départ étaient erronées.
Parfois, on s’aperçoit même que l’on s’est trompé APRES
avoir rendu son écrit.

C’est également à cela que sert une soutenance : à rectifier ses


erreurs et à modifier son discours. N’oubliez jamais qu’un
mémoire, une thèse ou un rapport de stage est un élément
constitutif de votre formation. Et si vous êtes en train
d’apprendre, vous avez le droit de faire des erreurs. Le tout est
de vous en apercevoir et de les corriger. Vous pouvez donc
préciser vos arguments, critiquer votre plan ou encore
envisager de nouvelles investigations.

Conseils pratiques
La forme et le fond

La démarche que je viens de vous proposer concernant la


préparation de votre soutenance orale portait exclusivement
sur le fond et répondait à la question « de QUOI devez-vous
parler ? ».

Or, l’exercice de la soutenance est également évalué sur la


forme : comment vous présenter ? Comment parler avec

!92
Hélène WEBER

aisance ? Comment construire un diaporama efficace ?


Comment respecter le temps imparti ?

Si la note de soutenance est différente de la note d’écrit, c’est


quasi-exclusivement sur des critères de forme que vous
risquez d’être évalué à l’oral :
- présentation soignée,
- respect du temps imparti,
- outils de communication efficaces et bien exploités,
- réponses pertinentes aux questions posées (bonne
connaissance du sujet traité, questionnement
pertinent).

Entraînez-vous

La meilleure manière de progresser en matière de


communication orale est de s’entraîner : seul devant votre
miroir et devant vos proches.

Préparez une liste de questions éventuelles qui pourraient


vous être posées et entraînez-vous à y répondre sans vos
notes.

Soignez votre présentation

Considérez votre soutenance comme un moment important et


soignez votre présentation. Soyez pour ce faire attentif aux
codes en vigueur dans votre discipline et dans votre université.
Si vous soutenez une thèse de droit à Paris II, le costume est
de rigueur pour les hommes et une tenue élégante pour les
femmes. Par contre, si vous soutenez un mémoire de master 1
en psychologie à Paris VII, vous pouvez venir en jeans, cela ne
vous portera nullement préjudice. Le tout est de savoir
s’adapter.

Ayez cependant à l’esprit qu’un effort concernant votre


présentation est souvent apprécié. Cela montre que vous

!93
Méthodo

accordez de l’importance à votre soutenance et que vous


l’abordez avec sérieux.

Soignez votre diaporama (si vous en utilisez un)

Dans certaines disciplines, l’usage du diaporama comme appui


à sa présentation est requis. Dans d’autres, il est à proscrire.
Demandez à l’enseignant qui vous suit de vous renseigner.

Dans le cadre d’une présentation Powerpoint ou Keynote (ou


autre), de nombreux pièges sont à éviter :
- trop de texte sur les diapos,
- trop d’animations,
- trop d’informations,
- des schémas trop compliqués,
- des statistiques illisibles,
- un copier-coller entre ce qui est écrit et ce qui est dit à
l’oral,
- des fautes d’orthographe,
- des photos floues ou inadaptées,
- etc.

Soyez précis, concret, original et efficace.

Une photo judicieusement choisie accompagnée de quelques


mots-clés soutiendront l’attention de votre auditioire sans le
détourner de vos propos. C’est là tout l’intérêt du diaporama :
capter l’attention, faire ressortir l’essentiel de votre message,
guider votre public et maintenir l’intérêt des plus visuels.

Voici un lien vers une présentation humoristique qui attire


l’attention sur toutes les erreurs à ne pas commettre :
https://www.youtube.com/watch?v=MjcO2ExtHso

Voici une présentation qui vous donnera des conseils


précieux :
http://www.simpleslide.com/2012/08/22/best-of-de-lete-
pourquoi-les-presentations-sont-lamentables/

!94
Hélène WEBER

Surprenez votre jury

Dans le cadre d’une soutenance de stage en formation


d’ingénieurs, un étudiant est venu avec les boulons qu’il avait
dû visser pendant un mois. Deux étudiantes en école
d’éducateurs ont montré un petit film qui retraçait la
préparation d’un spectacle qu’elles avaient monté avec un
groupe d’adultes polyhandicapés. Un étudiant en école
d’architecture est arrivé avec une maquette de sa dernière
réalisation. Un étudiant en école de design web a fait une
démonstration du site qu’il avait créé.

Lorsqu’un diaporama est demandé, pensez à exploiter ses


différentes potentialités. Mais restez simple. Le but de
l’exercice reste de faire une présentation soignée et rigoureuse
de votre démarche de recherche.

Vous rencontrez des difficultés ?


Avant de préparer votre soutenance orale, faites une
pause

Lorsque l’on vient de rendre son écrit, on est en général


complètement vidé et lessivé. Octroyez-vous une pause bien
méritée avant de passer à la préparation de votre soutenance.
Faire un bon usage des pauses est très profitable, aussi bien
pour notre moral qu’en ce qui concerne nos performances
intellectuelles.

Vous êtes terrifié à l’idée de devoir vous exprimer en


public ?

Dans le cadre d’une soutenance orale, le principe est de


présenter votre recherche sans notes. Le mieux est donc de
bien vous préparer et d’avoir en tête les différents sujets que
vous souhaitez aborder, dans le respect du temps qui vous est
imparti.

!95
Méthodo

Mais vous pouvez faire partie des étudiants qui ont vraiment
beaucoup de difficultés à s’exprimer à l’oral. Vous avez donc
tout à fait le droit de venir à votre soutenance avec un papier
sur lequel vous aurez noté à l’avance le plan de votre
présentation et les mots-clés qui vous permettront de
retrouver ce que vous avez à dire. En cas de doute, jetez un
œil à vos notes.

Afin que ces notes vous soient vraiment utiles, suivez les
conseils suivants :
- ne rédigez pas de phrases entières, sinon, vous aurez
tendance à vouloir lire votre papier intégralement ;
- user intelligemment des couleurs, afin que les
informations principales ressortent bien et que vous
puissiez retrouver l’information pertinente, même au
milieu de votre présentation ;
- entraînez-vous avec et sans votre papier, afin que les
mots-clés vous reviennent le plus spontanément
possible en situation.

!96
Hélène WEBER

La marche à suivre en 10 étapes

1) Rédiger un projet de recherche

2) Trouver un sujet de recherche

3) Elaborer une problématique

4) Définir des hypothèses

5) Lire des articles et ouvrages théoriques

6) Mettre en place un dispositif


d’investigation

7) Analyser son contenu

8) Formaliser un plan

9) Rédiger une introduction et une conclusion

10)Préparer la soutenance de son écrit

!97
Méthodo

Conclusion

Vous l’aurez compris, avant d’être une liste de recettes à


appliquer, une démarche de recherche relève d’une suite de
questions à se poser.

En tant qu’étudiante, j’aurais souvent aimé que l’on me dise


exactement « comment faire ». J’imaginais que cela m’aurait
fait gagner du temps et que cela aurait été plus simple.
Effectivement, il y a des moments où l’on n’a pas envie de « se
prendre la tête » et il existe des questions que l’on n’a tout
simplement pas envie de se poser.

Pour autant, lorsque vous vous engagez dans une année de


master ou dans un doctorat, le mémoire de recherche devient
le travail central de votre cursus. Lorsque vous devez réaliser
un rapport de stage, on vous demande de vous questionner
sur les enjeux de votre futur métier. Vous avez donc tout
intérêt à considérer cet écrit comme une occasion de donner
du sens à vos études, ainsi qu’à votre vie professionnelle, et
donc à vous y investir pleinement. Ce que vous en retirerez
sera alors bien plus précieux et profitable qu’une bonne note
ou un diplôme.

!98
Hélène WEBER

h.weber100@gmail.com

Mon site Internet


www.donnezdusens.fr

!99

Vous aimerez peut-être aussi