Discipleship FR
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Discipleship FR
disciple
J. Heinrich Arnold
Avant-propos d’Henri J. M. Nouwen
La voie du
DISCIPLE
Heinrich Arnold
Avant-propos d’Henri J. M. Nouwen
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tions suivantes :
Le disciple
La vie intérieure / 2
Le repentir / 11
La conversion / 17
La foi / 21
Le dogmatisme / 29
L’engagement / 34
La nature déchue / 37
La pureté / 61
La confiance / 65
La vénération / 71
L’abandon / 73
La sincérité / 80
L’Eglise
L’Eglise / 85
La communauté / 92
La direction spirituelle / 102
Les dons / 109
Le pardon / 116
L’unité / 123
La discipline de l’Eglise / 129
Le baptême / 136
La Cène / 142
L’amour et le mariage / 146
La vie de famille / 163
La maladie et la mort / 180
Le mal et les ténèbres / 189
Le combat / 196
La souffrance du monde / 207
La mission / 215
Le Royaume de Dieu
Jésus / 224
La croix / 239
Le salut / 246
Le Royaume de Dieu / 253
Annexes
Le Bruderhof / 264
Plough Publishing House / 267
Avant-propos
La voie du disciple est un livre dur. Dès le début de sa lec-
ture, je fus frappé par les paroles d’Heinrich Arnold comme
par une épée à double tranchant, m’appelant à choisir entre la
vérité et le mensonge, le salut et le péché, la lumière et les ténè-
bres, entre Dieu et le démon. Tout d’abord, je n’étais pas sûr de
vouloir être interpellé de manière aussi directe, et je découvris
une certaine résistance en moi-même. Je voulais que la bonne
nouvelle de l’évangile soit douce, consolante et réconfortante,
offrant la paix intérieure et l’harmonie.
Mais Arnold me rappelle que la paix de l’évangile n’est pas
la même chose que la paix du monde, que la consolation de
l’évangile est tout autre chose que la consolation du monde,
que la douceur de l’évangile n’a rien à voir avec la mental-
ité de laissez-faire du monde. L’évangile exige un choix, un
choix radical, un choix qui n’est pas toujours loué, soutenu
ni glorifié.
Et cependant, l’ouvrage d’Arnold n’est aucunement sévère,
inflexible, fanatique ou suffisant. Bien au contraire, ce livre est
plein d’amour, un amour exigeant mais vrai, le même amour
qui s’écoule du cœur brisé de Jésus. Les paroles d’Arnold sont
des paroles qui guérissent parce qu’elles ne se fondent pas sur
vi
une idée, une idéologie ou une théorie, mais sur une connais-
sance intime de Jésus-Christ. C’est Jésus, le Christ, qui est au
centre de toutes les suggestions, de tous les conseils qu’il nous
donne et de toute la sollicitude exprimée dans ces réflexions.
C’est vraiment un livre centré sur le Christ.
Heinrich ne parle pas en son nom propre. Il parle au nom de
Jésus. Il a entendu clairement les paroles de Paul à Timothée:
Je te demande solennellement devant Dieu et devant Jésus-
Christ, qui jugera les vivants et les morts, je te le demande
au nom de la venue du Christ et de son royaume : « Prêche la
parole de Dieu et annonce-la avec insistance, que l’occasion
soit favorable ou non. Persuade, adresse des reproches et
encourage, en enseignant avec une patience parfaite » (2
Timothée 4. 1-2).
vii
Je suis extrêmement reconnaissant pour ce livre. C’est
un livre prophétique, à une époque où peu de gens osent
exprimer de telles paroles — des paroles qui plaisent peu mais
qui guérissent véritablement.
Je prie les lecteurs de ce livre de ne pas avoir peur d’être
interpellés, et je suis convaincu que la parole de Dieu qui les
atteindra à travers ces lignes leur apportera le vrai réconfort,
la vraie consolation, l’espoir et le courage véritables.
Henri J.M. Nouwen
viii
Préface
Pour décrire certains livres, il est parfois plus facile de dire ce
qu’ils ne sont pas. Celui-ci n’est pas un recueil de dévotions
ni de méditations. Il n’est pas non plus un livre de conseils à
l’eau de rose sur comment « cheminer avec Dieu », ni un guide
d’épanouissement personnel ou de développement intérieur.
C’est, tout simplement, un livre qui nous montre comment
être disciple de Jésus-Christ : comment le suivre humblement,
avec un cœur ouvert et obéissant. Ce livre est écrit par un
homme dont le message ne peut être compris d’aucune autre
manière.
Johann Heinrich Arnold (1913–1982) grandit au milieu
de personnes pour qui cet état de disciple s’exprimait d’une
manière assez dramatique. Quand il avait six ans, ses par-
ents, Eberhard et Emmy, quittèrent leur appartement bour-
geois de Berlin pour aller vivre à Sannerz, un village au cen-
tre de l’Allemagne. Là, avec un petit cercle d’amis, ils com-
mencèrent une vie communautaire, en communauté totale de
biens, basée sur les Actes des Apôtres (chapitres 2 et 4) et sur
le Sermon sur la montagne.
C’était une période de grands bouleversements. Cette même
agitation d’après-guerre qui avait conduit son père, éditeur,
ix
théologien et conférencier, à faire ce saut de la foi, incita des
milliers d’autres à se soulever contre les conventions reli-
gieuses et sociales rigides de l’époque et à chercher de nou-
velles voies. Ce furent les années de formation de Heinrich.
Le flot continu de jeunes anarchistes, vagabonds, professeurs,
artisans et libre-penseurs qui passaient par la communauté,
l’influença profondément.
Tous ceux-là avaient abandonné l’hypocrisie d’un christian-
isme qui avait perdu son sens et beaucoup se sentaient attirés
par la vie de service et de joie qu’ils trouvaient à Sannerz.
Heinrich lui-même ressentit l’appel à suivre Jésus-Christ à
l’âge de onze ans. Plus tard, jeune homme, il s’engagea pour la
vie comme membre des communautés du bruderhof, ce qui
veut dire : « foyer des frères ». En 1938, il fut choisi comme ser-
viteur de la Parole — ou pasteur — et de 1962 jusqu’à sa mort,
il servit le mouvement grandissant en tant qu’ancien de toutes
les communautés.
Le petit groupe confié aux soins d’Arnold ne formait pas ce
que l’on appelle généralement une église, et lui n’était certaine-
ment pas un pasteur dans le sens conventionnel du terme. Il
n’avait pas non plus une personnalité charismatique et n’avait
jamais reçu d’instruction théologique formelle. Il était un
véritable Seelsorger (guide spirituel), sincère, et qui se souciait
profondément du bien-être intérieur et extérieur des commu-
nautés qui lui étaient confiées. Il servait avant tout ses frères
et sœurs sur un pied d’égalité, partageant leur vie quotidienne
dans le travail et le loisir, dans les repas pris en commun, les
réunions d’ordre pratique et les réunions de prière.
Les extraits et les citations de ce livre furent compilés et édités
pendant plusieurs années par des membres du Bruderhof qui
x
ont connu Arnold personnellement. Ce ne fut pas une tâche
facile que de tamiser, pour ainsi dire, tout ce matériau, tant il
y en avait. Ses écrits comprenaient, entre autres, les articles
publiés, sa correspondance personnelle, les transcriptions
des réunions de prière, les lettres circulaires écrites au nom
du mouvement tout entier. Le but de cette sélection est tout
simplement de présenter au lecteur le message d’Arnold dans
toute sa force.
Le style d’Arnold est direct et spontané. Il se servait rarement
de notes, et quand il écrivait, il allait droit au cœur du sujet,
quelquefois même d’une manière presqu’agressive. Certains
le trouvaient trop brusque. C’est néanmoins cette simplicité
qui justement rendait son témoignage accessible à tous. Sa foi
n’était pas une affaire de termes raisonnés ou théologiques — il
fallait qu’elle s’exprime en actes : « Nous en avons assez, des
paroles. Elles sont faciles, on les entend partout — qui d’entre
nous, en effet, dirait qu’il est contre la fraternité et l’amour ? »
Arnold fut appelé à s’exprimer sur tous les aspects de la vie
spirituelle — personnelle et communautaire. Mais un fil con-
ducteur parcourt toute son œuvre : le Christ et sa croix comme
centre de l’univers. Arnold nous répète avec insistance que
si nous ne rencontrons pas Jésus-Christ personnellement, si
nous ne sommes pas interpellés par son message de repent-
ance et d’amour, il n’est pas possible de vivre la foi chrétienne.
Ainsi, peu lui importait que la question à résoudre soit d’ordre
pratique ou concerne la vie intérieure, ou que les exigences
du jour surgissent sans prévenir ou de manière dérangeante.
Chaque problème était affronté sur la base solide des
commandements de Jésus-Christ. Ceci n’était pas seulement
xi
le cas pour tous les problèmes internes de la vie en commu-
nauté, mais aussi pour tout ce qui se passait à l’extérieur et qui
méritait que l’on y réfléchisse tels qu’événements politiques,
questions et courants sociaux.
L’attitude d’Arnold, centrée sur le Christ, lui donnait un
courage hors du commun pour affronter le péché. Il ne tolérait
pas l’indifférence aux préceptes de l’évangile. Mais de même
qu’il combattait le mal présent dans son prochain, il le com-
battait aussi en lui-même. Jamais cette lutte ne fut contre la
personne elle-même, mais uniquement contre le péché. Cela
lui valait parfois la critique d’être trop émotif. Mais lorsqu’on
aime le Christ, comment peut-on être froidement indifférent,
si l’honneur de l’église est en jeu ?
Je m’élève contre l’idée selon laquelle il est mal de réagir avec
émotion ou véhémence lorsque Dieu est attaqué, des frères et
sœurs maltraités ou l’église outragée. Je protesterai toute ma
vie contre la sombre froideur face à la cruauté ou tout ce qui
détruit l’œuvre de Dieu.
xii
à pardonner pour être soi-même pardonné, et de pardon-
ner « jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». A ceux qui l’avaient
blessé ou qui avaient trahi sa confiance, il redonnait toujours
sa confiance, intacte. Pourquoi ? Parce qu’il croyait fermement
à la puissance du pardon total, parce qu’il avait confiance en
Dieu de tout son être, et que grâce à cette confiance, il pouvait
surmonter toutes ses peurs humaines.
Paradoxalement, de même qu’on se moquait de lui et qu’il
était rejeté pour son insistance sur la nécessité d’un repentir
profond, il était aussi méprisé à cause de son humilité. Car
bien qu’il refusât de fermer les yeux sur le péché dans l’église-
communauté, il refusait aussi de s’élever au-dessus de celui
qui avait commis le péché ou de réagir avec dureté ou rigid-
ité à son égard. Ayant souffert lui-même dans sa propre vie, il
s’identifiait facilement avec la souffrance d’autrui.
En tant que pasteur principal, Arnold passait des heures
entières à lire, relire et réfléchir dans la prière au contenu d’un
flot quotidien de lettres. Son propre courrier illustre l’humilité
avec laquelle il répondait. Quand on lui posait une question,
il conseillait, réconfortait, exhortait, mais jamais il ne criti-
quait la personne qui s’était adressée à lui en toute confiance.
Des centaines de personnes avaient recours à lui, année après
année, et Arnold les poussait toujours de l’avant, sur la voie
de Jésus-Christ, au-delà de leur préoccupation de leur péché
ou de leur sainteté personnelle.
Arnold savait bien qu’il ne possédait pas toutes les réponses.
Il lui arrivait souvent de dire qu’il avait besoin de réfléchir sur
une question ou d’y penser dans la prière, ou même qu’il ne
savait pas quoi faire à tel sujet. Si on lui demandait d’expliquer
un verset difficile, une contradiction apparente ou le sens d’un
xiii
passage mystérieux dans la Bible, il lui arrivait de dire : « J’ai
beaucoup pensé à ces paroles, mais je ne les comprends pas
moi-même pleinement. Confions ceci à Dieu. Un jour, cela
nous sera révélé », et il n’essayait même pas de donner une
interprétation. Malgré un grand savoir livresque et une très
bonne connaissance de l’Ancien et du Nouveau Testament,
c’était un homme dont l’instruction était celle du cœur, la
connaissance, celle de l’âme humaine, et dont la compréhen-
sion des voies de Dieu provenait de son amour pour Lui, pour
Jésus, et pour l’église. Mais avant tout, Arnold savait écouter.
Il écoutait ses frères et sœurs, ses amis, les étrangers, les cri-
tiques et surtout, il écoutait Dieu.
Du plus profond de mon cœur, je veux écouter la voix de
Dieu, qui parle à travers la fraternité. Je veux témoigner de
Jésus pour notre temps. Je veux être pauvre avec vous, spirit-
uellement pauvre. Je veux obéir, aller là où l’église m’enverra,
et agir selon la volonté de Dieu. J’aspire à une vie de fraternité
unie, une fraternité qui rassemblerait ceux qui sont dispersés.
xiv
Ceci est peut-être l’élément essentiel du témoignage
d’Arnold, car il nous oblige, encore et encore, à surmonter
la petitesse de notre vie quotidienne et à ouvrir nos yeux sur
de plus grandes réalités que nous ignorons si souvent. Pour
reprendre ses propres paroles :
« Quel don précieux ce serait si nous pouvions saisir un tout
petit peu de la grande vision de Jésus — si nous pouvions voir
au-delà de nos petites vies ! Il est certain que notre horizon est
très limité. Mais nous pouvons au moins demander à Jésus de
nous élever au-dessus de notre monde limité et de notre égo-
centrisme. Et nous pouvons au moins demander à percevoir
son appel à la grande moisson qui doit être récoltée — le ras-
semblement de toutes les nations et de toutes les personnes, y
compris des générations futures. »
Hela Ehrlich
Christopher Zimmerman
xv
LE DISCIPLE
La vie intérieure
Quand on pense aux millions de personnes qui se disent chré-
tiens, on a l’impression que, de nos jours, la religion chréti-
enne ne consiste presqu’exclusivement qu’à aller à l’église le
dimanche matin. Je sais qu’il y a des exceptions, mais soyons
réalistes: l’église a très peu à dire aux jeunes — les offices et
les sermons les ennuient, alors ils se tournent vers d’autres
choses. Et cependant, les gens sont vaguement conscients
qu’il manque quelque chose à leur vie intérieure, et même s’ils
ne vont pas trouver leur pasteur ou leur prêtre pour demander
conseil, ils cherchent de l’aide, souvent en allant voir un psy-
chiatre. Il est vrai qu’une fois que l’être intérieur change, tout
le reste change aussi. Mais ceci ne peut se réaliser que par Dieu,
et non par l’homme.
2
paroles, le changement qui s’opéra en eux se manifesta dans les
domaines pratique et économique de leur vie. Ils déposèrent
tout ce qu’ils possédaient aux pieds des apôtres. Chacun
renonça volontairement à toute propriété privée, et pourtant,
par ce choix du partage total, nul ne fut dans le besoin.
Pour notre époque aussi, nous croyons en une nouvelle
société sur le même modèle, née de ce changement intérieur.
Si Dieu pénètre notre vie intérieure, le changement qu’il opère
en nous affectera toute notre vie extérieure. Si notre christian-
isme n’est qu’une religion du dimanche matin, il restera vide
et superficiel.
3
envoyé son fils unique pour nous sauver. Dans la première let-
tre aux Corinthiens, Paul nous dit que l’église jugera les anges
(1 Corinthiens 6.3). Cela devrait nous donner une idée du sens
profond de notre vocation et de ce que signifie être créés à
l’image de Dieu.
4
de sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu »
(Ephésiens 3.14-19).
5
de Mammon, de l’impureté et de la Schadenfreude ou malice, du
mensonge, de la méfiance, et de la haine ; de l’esprit du monde,
et de tous les autres esprits qui Lui sont étrangers.
6
savez bien que, dans votre for intérieur, vous ne voulez pas
cette haine.
Je peux très bien comprendre votre souffrance. Essayez
quand même de devenir absolument calme intérieurement et
croyez que Dieu vous aime et qu’Il désire vous aider, même si
cette conviction est continuellement assaillie par le doute. De
cette manière, votre crainte sera surmontée petit à petit.
Si vous essayez de combattre vos émotions avec d’autres
émotions, vous n’en deviendrez que plus confus. Vous ne
pouvez rectifier vos émotions, mais vous pouvez avoir con-
fiance en Dieu. Il connaît le tréfonds de votre cœur, et Il vous
redressera. Ayez foi en Lui seul.
Extrait d’une lettre : Les longues prières ne sont pas toujours effi-
caces. Même Jésus nous met en garde contre elles. En général,
elles sont plus païennes que chrétiennes.
7
Extrait d’une lettre : Nous ne pouvons pas vivre sans une vie de
prière personnelle. Nous avons besoin de la prière autant que
d’eau à boire. Nous avons tous besoin de temps de silence
devant Dieu. Jésus nous dit spécifiquement de ne pas nous
donner en spectacle quand nous prions. Nous devons prier en
secret et ne pas en parler. La prière dans la solitude est absol-
ument nécessaire, et tout aussi importante que les prières en
commun de l’Eglise rassemblée.
8
de nous conduire sur le mauvais chemin, il nous faut nous
tourner vers Dieu chaque jour et lui demander de renouveler
notre cœur. Mais nous ne devrions pas prier uniquement pour
nous-mêmes. Nous devrions prier pour le monde entier —
pour toute l’humanité et pour toutes les nations.
Extrait d’une lettre : Il existe une prière qui n’est pas bonne — la
prière opiniâtre. Mais si l’objet de notre prière est en accord
avec la volonté de Jésus, cette prière est juste. Du moment
qu’il n’y a pas ni obstination ni suffisance dans notre prière,
elle n’est pas mauvaise.
Il est tout à fait étranger aux voies de Jésus de faire des prières
égoïstes en son nom, comme par exemple désirer une carrière
couronnée de succès ou mille dollars. Lorsque Jésus nous dit :
« Je ferai tout ce que vous demanderez en mon nom » (Jean
14.13-14), il veut dire : tout ce qui glorifie le Père et le Fils.
9
N’aie pas peur, Daniel ! Dès le premier jour où tu as mani-
festé ton humble soumission envers ton Dieu, en ayant à
cœur de comprendre ce qui se passait, ta prière a été enten-
due et c’est en réponse à tes paroles que je viens. Mais l’ange
du Royaume de Perse s’est opposé à moi pendant vingt et
un jours, jusqu’au moment où Michel, l’un des principaux
anges, est venu à mon aide (Dan 10.12-13).
Extrait d’une lettre : Donnez tout à Jésus. Plus vous lui donnerez
tout, plus son esprit vous remplira. Même les chrétiens les
plus sincères traversent des périodes de sécheresse intérieure,
par lesquelles Dieu les met à l’épreuve. Mais ensuite, Dieu les
inonde de Son grand amour. Ainsi, ne désespérez pas lorsque
vous ressentez une sécheresse intérieure.
10
Le repentir
L’évangile commence par un appel au repentir. Se repentir
signifie que tout doit être renouvelé et changé. Ce qui était en
haut doit descendre, et ce qui était en bas doit monter. Tout
doit être vu comme Dieu le voit, tout notre être doit être
renouvelé. Penser par nous-mêmes doit être abandonné com-
plètement. C’est Dieu qui doit devenir le centre de notre pen-
sée et de nos émotions.
11
dit clairement combien ils étaient loin de Dieu (Matthieu 3.7-
8). Jean-Baptiste ne fut pas le seul à parler du repentir. Jésus le
fit lui-même, depuis son premier enseignement dans la Bible
jusqu’au dernier.
Extrait d’une lettre : Nous devons tous passer par des périodes
difficiles et douloureuses de repentance. Je vous supplie de
les accepter non pas comme une pénitence, mais comme une
grâce ; et je vous implore de ne pas vous tourmenter, mais de
comprendre que Jésus-Christ désire vous libérer.
12
homme très différent de ce qu’il était la veille au soir. Je vous
souhaite un tel repentir.
13
Lorsque quelqu’un se repent vraiment, c’est une des plus
merveilleuses choses qui puissent se produire. Dieu est tell-
ement proche d’une âme repentante ! Le cœur de pierre se
transforme alors en un cœur de chair, et toutes les émotions,
les pensées et les sentiments changent. Le regard qu’une per-
sonne porte sur le monde change totalement quand le don du
repentir lui est accordé.
Il nous faut recevoir une nouvelle vie, il nous faut changer.
Mais c’est Dieu qui doit nous changer. Et il peut nous changer
d’une toute autre manière que celle que nous aurions pu
désirer ou imaginer. Nos propres idéaux — nos propres pro-
jets de développement intérieur ou de changement person-
nel — tout cela doit cesser d’exister. Toute attitude hautaine
doit être abandonnée, tout effort humain pour obtenir quoi
que ce soit doit être sacrifié. Pour être prêts pour le nouvel ave-
nir de Dieu, nous devons être transformés par lui.
Extrait d’une lettre : Je suis convaincu que Jésus peut vous accorder
un cœur complètement pur et une paix parfaite. Au début, plus
vous vous rapprocherez de lui, plus vous vous sentirez jugé par
votre péché. Mais à la fin, vous connaîtrez une joie et une paix
profondes. Votre recherche de Dieu ne doit pas faire de votre
vie un tourment. Il voit que vous le cherchez avec un cœur sin-
cère. Je vous souhaite courage et espérance.
Extrait d’une lettre : Le remords ouvre le cœur à Dieu. L’expérience
elle-même est très douloureuse, mais plus tard, vous vous en
souviendrez avec reconnaissance comme d’une lumière dans
votre passé. Le repentir ne signifie pas que vous devez vous
attarder dans votre péché, mais que votre cœur doit s’adoucir
envers Dieu et ceux qui vous entourent.
14
Extrait d’une lettre : Je voudrais tellement que vous trouviez le
vrai repentir, car pour vous, il est le seul espoir dans votre
lutte contre l’amertume. Il n’existe pas de cœur si dur que
Dieu ne puisse toucher ni adoucir. Je sais ceci parce qu’il n’y a
personne parmi nous qui n’ait pas, à un moment ou un autre,
endurci son cœur envers Dieu. Si seulement vous pouviez
éprouver son désir et son amour ardent pour vous et pour
chacun d’entre nous ! Vous accepteriez alors que tout ce qui
vous sépare de ce grand amour vous soit arraché, aussi dou-
loureux que cela puisse être.
L’amour de Dieu est semblable à l’eau : il recherche l’endroit
le plus bas. Et pourtant, nous ne pouvons pas devenir vraiment
petits et humbles par nos propres forces. Nous ne pouvons
nous voir tel que nous sommes — « ordure du monde et rebut
de l’humanité » (1 Corinthiens 4.13) — que dans la lumière de
la toute puissance, de l’amour, de la pureté et de la vérité de
Dieu.
15
à vous-même, à votre passé et à votre dépression. Vous n’en
serez qu’encore plus déprimé. Ce n’est pas cela, le repentir.
Imaginez votre être intérieur comme un étang limpide, reflé-
tant le soleil, les étoiles et la lune. Si vous remuez la boue au
fond de l’étang, tout deviendra troublé et brouillé, et plus vous
le remuez, plus il sera troublé. Devenez calme et tenez ferme
face au diable. Alors l’eau deviendra limpide à nouveau, et
vous y verrez reflété l’amour du Christ pour vous et pour le
monde entier.
16
La conversion
Dans le troisième chapitre de l’évangile de Jean, nous lisons
que nous devons naître à nouveau de l’eau et de l’Esprit-
Saint. Ceci ne peut être compris dans le sens humain, comme
Nicodème a essayé de le faire. La nouvelle naissance est un
secret, un mystère, un miracle. Mais si nous croyons que Jésus
a été envoyé par Dieu le Père et si nous croyons au pouvoir de
l’Esprit-Saint, Il peut nous faire renaître. Ceci dépend entière-
ment de la foi (Jean 3).
17
tous qui peinez sous le poids d’un lourd fardeau (Matthieu
11.28). Si vous voulez venir à lui — le laisser entrer dans votre
cœur — alors vous devez aussi accepter de le laisser vous
diriger et abandonner votre volonté propre.
18
Ce qui fait l’essentiel de la foi doit devenir plus clair pour
nous. Si nous acceptons les enseignements de la Bible sans
toutefois rencontrer Jésus lui-même, cela ne nous servira à
rien. De même, si nous avons des convictions sans avoir fait
l’expérience et ressenti profondément la personnalité, l’être et
la nature de Jésus, cela ne nous aidera pas. Chacun doit être
confronté personnellement avec Jésus lui-même.
19
vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en
moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment
qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte encore plus de
fruit. » (Jean 15.1-2).
Nous voyons ici qu’il est impossible d’être simplement con-
verti, baptisé et « sauvé », puis vivre ensuite sa vie sans tenta-
tions. Si nous voulons porter de bons fruits, il nous faut sans
cesse nous repentir et être purifiés.
Un sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne
demeure attaché au cep (Jean 15.4). De même, nul d’entre nous
ne peut porter de fruit sans avoir une relation personnelle
avec Jésus. Sans une telle relation, nous mourrons intérieure-
ment et nous ne porterons pas de fruit. Et si nous ne portons
pas de fruit, nous serons coupés de la vigne, jetés dans le feu et
brûlés. C’est là le grand défi : rester unis à la vigne, rester unis
à Jésus.
20
La foi
Q ui est Dieu, et comment pouvons-nous le trouver ? Une
réponse à cette question est, qu’au plus profond du cœur de
chacun, quelque chose de la lumière de Dieu est déjà présent.
Parfois, nous ressentons ceci uniquement comme un désir
ardent pour le bien, la justice, la pureté ou la fidélité. Mais si
un tel désir se transforme en foi, nous trouverons Dieu.
Les premiers chrétiens disaient que si l’on cherche Dieu on
le trouve, car il est présent partout. Il n’y a pas de limite qui ne
puisse être franchie ni d’obstacle qui ne puisse être surmonté
pour trouver Dieu. Pensez à Nicodème qui d’abord, ne pou-
vait croire qu’il pouvait changer à son âge. Même lui trouva
la foi. Nous ne pouvons pas nous justifier de ne pas trouver la
foi. Si nous frappons à la porte, elle s’ouvrira.
22
naufrage. Et si nous perdons la foi, nous perdons la possi-
bilité d’avoir une conscience vivante et pure. C’est pourquoi
l’apôtre nous dit que la conscience de ceux qui ne croient pas
est souillée (Tite 1.15). Cela ne pourrait être autrement, car
sans la foi, la conscience ne peut se raccrocher à rien.
J’ai rencontré un jour des gens qui critiquaient le fait que nous
accordons trop d’honneur à Jésus. Nous étions en train de
parler d’une parole de Jésus quand l’un d’eux me demanda :
« Croyez-vous ceci parce que Jésus l’a dit, ou parce que c’est
la vérité ? » J’ai répondu que je croyais pour les deux raisons :
parce que Jésus l’avait dit et parce que c’était la vérité. J’ai tou-
jours eu l’impression que j’aurais dû alors en dire plus. J’aurais
dû être prêt à passer pour un idiot et dire : « Même si je ne le
comprenais pas, je le croirais quand même parce que Jésus l’a
dit. » Ces personnes étaient horrifiées que l’on puisse avoir en
Jésus une foi d’enfant.
La Bible nous dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son
Fils unique... Dieu n’a pas envoyé son Fils pour condamner le
monde, mais pour le sauver » (Jean 3.16-17). Mais la Bible nous
dit aussi que le monde sera jugé à cause de son manque de foi.
Nous devons être bouleversés par le sens des paroles : « Dieu
a tant aimé le monde … » — nous verrons alors combien il
est terrible de ne pas croire en lui. Nous devons demander
à Dieu de nous éveiller à une foi et à une croyance plus pro-
fondes — une foi qui fait face à tous les problèmes personnels,
23
tous les problèmes de la vie communautaire et, finalement, les
problèmes du monde entier.
Extrait d’une lettre: Pierre dit à Jésus qu’il était prêt à mourir
pour lui et pourtant, il le renia trois fois. Personne d’entre
nous ne peut dire qu’il aura la force de tenir. Cela n’est possi-
ble qu’avec la force de Dieu. Lui seul peut nous donner cette
force.
24
enfants dans notre foi dans le fils de Dieu et le fils de l’homme,
et bâtissons notre vie d’amour fraternel sur le roc de cette foi.
25
civilisation actuelle, les hommes ont besoin d’entendre que
Dieu les aime encore, et qu’Il aime sa création. Le message de
la foi est un message d’amour.
LE DOUTE
Extrait d’une lettre : Vous ne pourrez jamais prouver, même à
vous-même, que Jésus existe. La foi doit être une expérience
intérieure. Tant que vous essaierez de prouver votre foi intel-
lectuellement, vos efforts vous empêcheront de vivre cette
expérience. Je ne peux prouver l’existence de Jésus — je n’ai
rien d’autre que ma foi vivante. Thomas doutait de la résurrec-
tion de Jésus, et il dit : « Si je ne mets ma main dans son côté, je
ne croirai pas. » Puis il vit Jésus, et il crut. Mais Jésus dit alors :
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jean 20.25-29)
26
réconcilier toutes choses en Dieu. Cette réconciliation dépasse
notre entendement humain, mais nous savons qu’elle est pos-
sible pour chacun d’entre nous, et que nous sommes appelés
à nous repentir et à trouver la réconciliation.
27
incapables. Mais c’est parce que nous ne nous donnons pas
totalement au Christ. Il ne peut nous aider que si nous nous
vidons tout à fait, si nous lui abandonnons tout. Tant que
nous agirons avec notre propre vanité, nous échouerons.
Dieu nous montre sans cesse combien nous lui faisons terri-
blement obstacle, en tant qu’individus ou comme église. Etre
disciple ne dépend pas de nos propres efforts. Il s’agit de faire
en nous la place pour que Dieu puisse vivre en nous.
28
Le dogmatisme
Extrait d’une lettre : Puisse Dieu nous donner de grands cœurs.
Puissions-nous avoir foi dans ce qu’il fait en chacun, sans qu’il
y ait de place pour aucune confusion intérieure. Puisse-t-il
nous donner une foi pure comme du cristal qui inclut l’amour
de tous, sans que s’y mêle aucune obscurité, une foi qui par-
donne et comprend tout, sans pour autant trahir ne serait-ce
qu’une infime parcelle de vérité.
Il nous faut saisir le Christ tout entier — la clarté de ses
commandements et son acte d’amour sur la croix. L’amour
du Christ pour tous les hommes, c’est l’amour de l’Agneau
qui porte le péché du monde. Jésus cependant nous dit que
la damnation éternelle est nécessaire pour le règne futur de
Dieu, règne d’amour, d’unité et de justice (Jean 5.29). Changer
ou affaiblir ceci serait dénaturer son message.
Extrait d’une lettre: Vous affirmez que croire ceci ou cela est
du dogmatisme. Mais cette façon de penser est pure théolo-
gie. Ce sont les églises qui sont coupables — elles ont donné
à des millions de personnes l’impression que certaines croy-
ances n’étaient autre chose que des dogmes, alors que ce sont
29
ces églises elles-mêmes qui ont transformé ces croyances en
dogmes.
Nous sommes libres de tout doute à l’égard des miracles
de Dieu. Nous nous sentons entièrement libres de croire
au miracle de la naissance de Jésus et à la venue de Dieu en
Jésus. Et cependant, jamais nous ne voudrions imposer ceci
à la conscience d’autrui, et nous refusons toute discussion
théologique à ce sujet. Nous ne doutons pas que Jésus de
Nazareth soit venu directement de Dieu, qu’il ne faisait et ne
fait qu’un avec Dieu, mais nous ne voulons pas débattre de
cela sur un plan dogmatique. Nous rejetons tout dogmatisme,
parce que le dogmatisme tue. Nous espérons et nous croyons
en l’Esprit-Saint.
La naissance du Christ a lieu continuellement. Là où deux
ou trois personnes sont rassemblées en son nom, là où il est
accepté avec la même foi que celle de Marie, là aussi naît le
Christ vivant. Si nous croyons en l’Esprit-Saint, le Verbe
deviendra chair dans nos cœurs et il se manifestera comme
Fils de Dieu.
Cette incarnation dans la chair est une réalité. Mais c’est parce
que vous ne pouvez pas croire qu’il vous est possible de faire par-
tie d’une église où des conditions injustes restent inchangées.
Vous êtes contre l’injustice sociale, cependant vous continuez à
participer à une église où l’amour de Dieu ne devient pas chair
et où le monde matériel est séparé de l’expérience spirituelle. Il
y a là une profonde séparation entre la foi et l’expérience. Vous
qualifiez nos croyances de dogmes. En réalité, toute vie spiritu-
elle qui ne change pas notre existence à la fois dans notre chair
et dans le domaine économique est dogmatique et dangereuse
pour l’être intérieur.
30
Nous devons devenir « étroits », dans le bon sens du terme,
« étroits » dans le sens où nous ne vivons que pour le Christ. Je
ne veux pas du tout dire par là que nos vies doivent manifester
plus de religiosité. Personne n’a le cœur aussi ouvert que le
Christ crucifié, dont les bras grands ouverts sont tendus vers
tous les hommes. Il s’agit d’une décision du cœur, du choix de
vivre uniquement pour le Christ. Si nous avons cette attitude
décisive, nous aurons des cœurs généreux, mais pas dans le
sens du monde comme une tolérance qui accepterait tout et
n’importe quoi.
Extrait d’une lettre : L’essentiel, c’est que nous sommes unis dans
tout ce que nous jugeons précieux — l’amour, l’ouverture et
le partage — dans notre lutte contre la coercition, dans notre
combat contre l’égoïsme, dans la compréhension de nos
enfants, dans notre recherche pour nous libérer de la pro-
priété privée et ainsi de suite. C’est pour tout cela que nous
vivons ensemble. Nous voulons suivre Jésus, et personne
d’autre. Nous voulons que le Royaume de Dieu vienne sur la
terre.
Vous désirez une vie libérée des péchés de la société. Jésus lui-
même, pourtant, n’était pas libre de la « culpabilité » de l’usage
injuste de l’argent (Matthieu 17.27). Il y a une différence entre
la culpabilité personnelle et la culpabilité collective de la cré-
ation déchue. Nous ne pouvons nous séparer de la culpabilité
collective. Il nous faudrait pour cela vivre seul, sur un bout de
terre isolé, et nous perdrions tout contact avec notre prochain.
Il vaut mieux avoir une relation d’affaires avec quelqu’un que de
n’avoir pas de contact du tout.
Dans quel sens entendez-vous : « Pourquoi ne pouvons-
nous travailler à reconquérir la terre et à aider à la remettre
31
sous le pouvoir de Dieu, au lieu de participer à l’action
destructrice du monde ? » Comment pourrions-nous faire ce
que vous suggérez si ce n’est en nous coupant complètement
du monde ? Essayez. Faites ce que vous voulez faire. Vous vous
retrouverez avec beaucoup de principes, mais dans la plus
totale solitude et sans amour.
Extrait d’une lettre: Où est Dieu dans votre peur d’employer des
manifestations extérieures de religiosité ? En Lui, tout fut créé;
et sans Lui, rien ne fut. C’est Lui qui donne forme à tout ce que
nous voyons de beau sur la terre. Votre désir de vous passer
de toutes les formes est antichrétien. Jésus lui-même ne s’est-il
pas laissé baptiser, et n’a-t-il pas instauré le Repas du Seigneur
ou Repas du Souvenir ?
Le christianisme formel est horrifiant. Mais vous allez trop
loin avec vos peurs. Le mariage aussi est une forme, comme le
sont également la table commune et la caisse commune. Vous
ne pouvez pas fuir toutes les formes, car sinon vous ne serez
plus capables de vivre une vie chrétienne.
Extrait d’une lettre: A quoi cela nous sert-il de partager nos biens,
de vivre en communauté et d’avoir la même foi, si des âmes
32
souffrent en raison du peu de temps que nous prenons pour
aimer nos frères et sœurs et manifester sans cesse cet amour ?
Veillons à ne jamais devenir obsédés par un principe, aussi
conforme ou aussi juste soit-il. Considéré pour lui-même,
le principe « juste » est meurtrier. Il tue l’âme. Des principes
« justes » ont donné Gethsémani. Ils prennent trop facilement
la place que seul doit occuper Dieu, sa bonté et sa grâce. Nos
principes doivent être surpassés par notre amour les uns pour
les autres et par la compassion et la grâce de Dieu.
33
L’engagement
Beaucoup de gens s’habituent à une sorte de dualisme qui
divise leur vie en parties et qui crée des tensions. C’est aussi
le cas chez les personnes qui se disent très attachées à la pra-
tique religieuse, et peut-être même surtout chez ces person-
nes-là. Mais Jésus, lui, était très ferme. Il nous demande de
vendre tous nos autres trésors en vue d’acheter la perle unique
de grand prix (Matthieu 13.45-46). Il ne faut pas convoiter
quelque chose d’un œil et essayer de suivre Jésus de l’autre.
Si nous méditons profondément ces paroles, chacun de nous
se rendra compte qu’il lui faut faire face au dualisme dans son
propre cœur. Il nous faut rejeter toute division intérieure.
Nous désirons l’unité du cœur et de l’âme, en nous-mêmes et
avec notre prochain. C’est une question de vie ou de mort. Si
nous ne trouvons pas l’unité de cœur et d’esprit, nos divisions
intérieures nous déchireront.
Extrait d’une lettre: Il nous faut être prêts à tenir ferme dans nos con-
victions, et même à mourir pour Jésus. Dans The Chronicle1, on
relate l’histoire d’un jeune garçon de seize ans, fils d’un meunier,
1
The Chronicle of the Hutterian Brethren (La chronique des frères huttériens), The
Plough Publishing House, 1986.
34
qui se convertit à l’anabaptisme. Quant il fut pris et condamné
à être décapité, un homme noble et riche lui proposa de le pren-
dre chez lui et de l’élever comme son propre fils, s’il désavouait
sa foi. Mais le jeune garçon garda sa foi en Dieu et fut exécuté.
Si nous voulons vraiment suivre le chemin du disciple,
nous devons être prêts à un tel sacrifice — si difficile qu’il pui-
sse être, et malgré nous-mêmes et notre faiblesse.
35
l’histoire, de nombreuses personnes ont été tuées pour leurs
convictions. Nous devrions être reconnaissants d’avoir été
protégés jusqu’à présent, mais nous devons également être
prêts à souffrir pour notre foi.
36
La nature déchue
LA TENTATION
Je me demande parfois si nous ne sommes pas devenus trop
mondains à propos de certaines choses. Le sport, les affaires
et l’argent ne prennent-ils pas trop de place dans notre cœur ?
Ceux-ci sont des distractions et des tentations du monde évi-
dentes. Mais il y a aussi un autre danger : même les dons de
Dieu, comme la beauté de la nature ou les joies de l’amour
humain, peuvent devenir un substitut à la véritable expéri-
ence de Jésus-Christ.
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C’est ce que l’évangile nous affirme. Malgré cela, il est clair que
Jésus n’a jamais commis de péché (Hébreux 4.15).
Où finit la tentation et où commence le péché ? Si nous
sommes tourmentés ou tentés par de mauvaises pensées, ceci
en soi-même n’est pas un péché. Si, par exemple, une pensée
impure nous vient et que nous la rejetons, nous ne commet-
tons pas de péché. Mais si nous achetons une revue malsaine
pour satisfaire des fantasmes sexuels, cela est un péché.
La question serait plutôt : que faisons-nous face à la tenta-
tion — quelle est notre attitude ? Lorsque Jésus fut tenté par
Satan, il lui fit une réponse pour chaque tentation. C’est pour
cela qu’il nous faut prier : pour que Dieu nous donne une
réponse à chaque tentation.
Nous ne serons jamais complètement libérés de la tenta-
tion — nous ne devons pas même l’espérer. Même Jésus ne
parvint jamais à cet état. Mais nous devrions demander à Dieu
de nous protéger dans la tentation, afin qu’Il nous donne, à
chaque fois, la bonne réponse au tentateur.
38
(2 Corinthiens 10.5). Paul considère comme allant de soi que
les hommes aient des arguments et des obstacles intérieurs, et
que ces pensées doivent être faites captives pour obéir au Christ.
Nous avons tous à mener cette bataille. Ne soyons donc pas sur-
pris quand nous sommes tentés, cela fait partie de la vie.
Ce qui est merveilleux dans les paroles de Paul, c’est sa cer-
titude que ces pensées peuvent être faites prisonnières pour
les amener à obéir au Christ. La victoire n’est évidemment pas
toujours aussi simple. Il nous faut savoir que le combat entre
le bien et le mal est toujours présent, dans toute l’humanité.
Cela existe depuis la chute de l’homme, mais surtout depuis
la mort du Christ et la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte.
Si quelqu’un est tourmenté par de mauvaises pensées, qu’il se
rappelle que le combat spirituel est beaucoup plus vaste que
celui qui se livre dans son propre cœur, plus vaste même que
celui de l’église tout entière.
L’ennemi est très réel. Si nous reconnaissons cela, nous
ne pouvons pas rester tièdes. Mais le Christ aussi est très
réel. Pour trouver la vraie liberté du cœur, nous devons faire
l’expérience du Christ.
39
passé. Aussi devrions-nous tous vouloir venir à Dieu dans la
prière « avec de grands cris et des larmes », et nous tourner
vers lui, sûrs, dans notre foi, qu’Il peut nous sauver, ainsi que
tous ceux pour qui nous prions.
Même Jésus fut tenté par le diable. Mais il surmonta tout mal
par sa confiance parfaite en son Père. Vous serez tentés, vous
aussi, et quand cela se produira, tout ce qui importera sera
votre confiance totale en Jésus et dans le pouvoir de la croix.
Si vous ne mettez pas votre confiance et votre foi entière en
Jésus, vous serez vaincus.
40
cela, Jésus s’écria : « Père, je remets mon esprit entre tes mains »
(Luc 23.46). C’est cela, la foi suprême : Jésus fait l’expérience
de l’abandon sans perdre sa confiance et sa foi en son Père, en
notre Père ; Il remet son esprit entre ses mains.
Si nous désirons être guéris des blessures que Satan nous
inflige avec ses pièges et ses flèches — par de mauvais senti-
ments ou de mauvaises pensées — il nous faut avoir la même
confiance totale de Jésus en Dieu, de manière à ce que, même
si nous ne ressentons encore rien, nous nous abandonnions
quand même entièrement et sans réserve à Dieu, avec tout ce
que nous sommes et tout ce que nous avons. Tout ce que nous
avons, en fin de compte, ce n’est que notre péché. Mais nous
devons lui remettre notre péché, dans la confiance. Alors, il
nous pardonnera, il nous purifiera et il nous donnera la paix
du cœur. Et ceci mène à un amour qui est indescriptible.
LE PÉCHÉ
Beaucoup de personnes ne savent plus ce qu’est une bonne
conscience. Elles portent le poids des péchés de notre temps.
Nous devons veiller à ce que notre conscience reste pure, dès
notre enfance. Si nous nous habituons à vivre avec une mau-
vaise conscience, nous perdrons tout : notre relation avec
Dieu et notre amour pour notre prochain.
41
Qui de nous prend sa lutte contre le péché tellement au
sérieux qu’il le combat avec de grands cris et avec des larmes ?
C’est ce que fit Jésus (Hébreux 5.7). Personne n’a jamais com-
battu comme Jésus — personne. Le diable voulait conquérir
le cœur de Jésus, plus que tout autre. Et c’est parce que Jésus
a mené des combats bien plus durs qu’aucun d’entre nous
n’aura jamais à mener qu’il comprend nos luttes. De cela,
nous pouvons être sûrs.
Mais il nous faut nous battre. Jésus nous dit que ceux qui
veulent le suivre doivent porter leur croix, comme lui a porté
la sienne. Je veux appeler chacun à combattre comme Jésus l’a
fait — jusqu’à la mort (Matthieu 16.24).
42
péché satanique. Le péché satanique, c’est vouloir recevoir
les louanges et la gloire qui n’appartiennent qu’à Dieu, c’est le
désir de pouvoir sur les corps et les âmes en vue d’être adoré.
C’est, en fin de compte, le désir d’être Dieu — c’est la voie de
l’Antéchrist.
Si nous nous livrons au péché satanique, tous les péchés de
notre nature inférieure se manifesteront aussi : l’impureté, le
culte de l’argent, l’hypocrisie, l’envie, la haine, la brutalité et
finalement, le meurtre.
Extrait d’une lettre : Je vous remercie pour le long récit de votre vie,
et pour votre tentative de confesser tous vos péchés. J’éprouve
pour vous une vive compassion quand vous parlez de votre
enfance, si difficile. Quand je pense combien mon enfance fut
bénie, je me sens tout honteux. Dieu demandera sûrement plus
de moi que de vous.
Votre passé me rappelle les paroles de Jésus : « Je ne suis pas
venu appeler les justes et les bien-portants au repentir, mais les
malades et les pécheurs … ». N’oubliez pas ceci ; raccrochez-
vous à ces paroles aux heures de détresse et de tentation.
Cher frère, nous devons voir et faire l’expérience de
l’évangile tout entier : l’amour incommensurable de Jésus pour
le pécheur, pour lequel il est mort ; mais aussi, ses paraboles
sans ambigüité et ses paroles très troublantes à l’encontre
de ceux qui ne se repentent pas : « Il y aura des pleurs et des
grincements de dents » (Matthieu 8.12).
Le chapitre 22 (versets 12-15) de l’Apocalypse contient
l’essence même de l’évangile : il parle des récompenses accor-
dées à tous ceux qui ont fait le bien et des bénédictions pour
tous ceux qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau. Mais
43
vient ensuite un passage dont nous ne pouvons adoucir le
caractère tranchant : « Dehors les chiens, les enchanteurs, les
impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et
pratique le mensonge ! » (Apocalypse 22 :15)
44
l’entretenir ou bien y résister. Luther dit que les mauvaises
pensées sont comme des oiseaux qui viennent voler au-dessus
de nos têtes. Cela, nous ne pouvons le changer. Mais si nous
leur permettons de faire leur nid sur notre tête, alors nous en
sommes responsables.
45
Hébreux 10.26-27 : « Si nous péchons volontairement après
avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacri-
fice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et
l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. »
Puis il est écrit : « Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce
de Dieu » (Hébreux 12-15). Vous êtes libre de continuer à ne
pas prendre Dieu au sérieux, mais alors, nous ne pouvons rien
avoir à faire avec vous, et vous aurez à rendre compte à Dieu
seul. Il vous reste encore une chance pour changer !
46
n’était pas venu, comme s’il n’était pas mort sur la croix,
comme si son sacrifice avait été en vain. Cela est extrêmement
douloureux. Paul dit que « l’homme livré à lui-même, dans
toutes ses tendances, n’est que haine de Dieu. Il ne se soumet
pas à la loi de Dieu car il ne le peut même pas. Les hommes
livrés à eux-mêmes ne sauraient plaire à Dieu » (Romains
8.7-8).
On ne peut le dire plus fortement : ceux qui ne peuvent
maîtriser leurs désirs ne veulent peut-être pas faire de mal, mais
en réalité leur vie est hostile à Dieu. Ils ne se sont pas soumis
à sa loi. C’est le cas de tous ceux qui vivent dans l’impureté, la
haine, la jalousie, l’hypocrisie ou d’autres formes de péché. Il
leur est impossible de plaire à Dieu.
47
chair, car nous nous enorgueillirions en nous mettant au cen-
tre à la place du Christ.
48
devons mettre à mort toute forme de péché. Alors, il sera
impossible à la jalousie, la haine, l’impureté, au mensonge ou
à tout autre forme de péché de triompher de nous.
« Aimez-vous les uns les autres » (Jean 13.34) est l’un des plus
importants commandements de Jésus — nous ne le pren-
drons jamais trop au sérieux. Il y a d’autres commandements
auxquels nous devons obéir également : nous ne devons
pas aimer l’argent, ne devons pas commettre d’adultère, ne
devons pas souiller la chair, et il y a beaucoup d’autres péchés
qu’il nous faut éviter. Mais le plus grand commandement
du Christ, c’est l’amour. Je pense par conséquent que le plus
grand péché, c’est le manque d’amour.
49
Dieu jugera toutes les formes de manque d’amour, mais il
jugera surtout le mépris, quand on fait croire à quelqu’un qu’il
est un imbécile. Jésus-Christ nous dit : « Tout homme qui se
met en colère contre son frère sera amené devant le juge … et
celui qui dit à son frère : « Fou ! », mérite d’aller dans le feu de
l’enfer » (Matthieu 5.22).
Qui de nous ne s’est jamais mis en colère contre son frère,
ou ne l’a jamais traité avec mépris ? Qui de nous n’a jamais
prononcé de paroles dénigrantes ? Le Christ nous invite à
vivre dans l’amour parfait.
L’idée que nous sommes « dans le monde » mais non pas « du
monde », ne peut être comprise par notre seule intelligence. Il
est certain que nous resterons dans le monde aussi longtemps
que nous vivrons, mais nous ne devons pas faire partie « du
monde ».
Certains disent que la danse est « du monde », ou « de
la chair ». D’autres disent que porter des jupes courtes est
« du monde ». D’autres encore disent que l’alcool, certaines
musiques ou certains véhicules sont « du monde ». Il y a beau-
coup de choses que l’on dit « du monde ».
Si nous vivons selon le Saint-Esprit, nous sentirons dans
nos cœurs ce à quoi nous devons renoncer dans le monde.
Puissions-nous ne pas désirer ce qui est de la chair, mais
50
puissions-nous aussi être libérés de faire des règles et des
règlements pour nous protéger de l’esprit du monde ! Prions
Dieu afin qu’Il nous montre ce qui est de l’Esprit-Saint et ce
qui est de l’esprit du monde (Jean 17.15-16).
51
dans nos cœurs. Ainsi, nous avons sans cesse besoin d’être
purifiés par le Christ.
LA CONFESSION
Extrait d’une lettre : J’ai beaucoup de compréhension pour toute
personne tourmentée et accablée par ses péchés du passé et
qui désire ardemment se confesser. Cependant la confes-
sion en elle-même ne sert à rien. Les gens payent beaucoup
d’argent aux psychiatres pour leur raconter toutes leurs souf-
frances et leurs péchés, et ces psychiatres les aident à trouver
des moyens pour apaiser leur conscience. Mais la psychiatrie
seule n’apporte pas de véritable libération.
Vous dites que vous avez confessé vos péchés mais que
vous n’avez pas trouvé de libération. Vous ne la trouverez que
si vous confessez vos péchés dans la foi, la foi en Dieu et en la
croix de Jésus-Christ, qui est mort pour les péchés du monde.
Toute autre confession n’est qu’une décharge momentanée de
notre fardeau sur une autre personne, et plus tard, ce fardeau
revient. Seuls ceux qui lient la confession de leurs péchés à une
foi vivante trouvent la paix du cœur. Je vous souhaite cette foi.
52
Extrait d’une lettre : Vous demandez quelles mauvaises pensées
doivent être confessées. Tout être humain a des pensées qui
lui viennent et auxquelles il doit dire : « Arrière, Satan ! » Si
vous affrontez les mauvaises pensées dans cet esprit, il n’est
pas nécessaire de les confesser, mais il vous faut les oublier le
plus vite possible. Même si vous avez à lutter quelques instants
contre une mauvaise pensée avant de la rejeter, vous ne devez
pas nécessairement la confesser. Mais, si vous consentez à
cette mauvaise pensée et si vous la laissez devenir une partie
de vous-même, alors vous devez la confesser. Je voudrais vous
conseiller de ne pas trop vous occuper de vos pensées.
L’ORGUEIL SPIRITUEL
La Bible nous dit que nous devons combattre la chair et en
général, les gens comprennent par là notre sexualité, ou peut-
être l’excès de boisson ou de nourriture. Mais là n’est pas le
seul sens du mot « chair ». Certes, l’impureté sexuelle et un
style de vie luxueux font partie de la « chair », mais il en est de
même de notre ego, de notre orgueil spirituel et de toute autre
chose en nous-mêmes qui n’est pas le Christ.
53
Nous devons demander à Dieu que la chair en nous-mêmes
— surtout notre orgueil — meure. Si nous sommes orgueil-
leux, Dieu ne peut pas venir à nous. L’orgueil est la pire forme
de la chair, parce qu’il ne laisse pas de place à Dieu dans notre
cœur.
Jésus nous met fermement en garde contre la fausse piété,
contre le désir de paraître aux yeux des autres comme « spir-
ituel » ou « bon ». Tous ceux qui recherchent ce genre de recon-
naissance n’auront pas de récompense au ciel. Honorés ici-
bas, ils ont déjà reçu leur récompense. Il en est de même pour
ceux qui font le bien et qui le font valoir. Jésus-Christ nous dit
que la main gauche ne doit rien savoir de ce que fait la main
droite (Mathieu 6 :3).
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Même l’expérience spirituelle la plus profonde et la plus riche
sera perdue si elle devient une chose en soi.
Extrait d’une lettre : Cher frère, vous avez été fier de votre travail ;
vous n’avez que peu pensé à vos frères et sœurs et vous avez
vécu dans la fausse humilité, qui est la forme d’orgueil spirit-
uel la plus mortelle. Certes, vous avez du talent, vous êtes fort,
vous êtes intelligent et pouvez accomplir beaucoup, mais là
n’est pas la question. Nous ne vivons pas ensemble à cause de
ces talents. Ils sont tous périssables et disparaîtront un jour. Ce
qui demeure à jamais, c’est l’humilité et l’amour — l’amour, ce
« trésor incorruptible du ciel » dont Jésus parle dans le Sermon
sur la montagne.
Quand Jean-Baptiste jeûnait, les gens le méprisaient, et
quand Jésus mangeait et buvait, ils le méprisaient également.
Regarder ses frères et sœurs comme à travers un microscope,
à la recherche de quelque chose à critiquer, peut amener une
communauté à l’effondrement total. N’attendons pas des
autres ce que nous n’attendons pas de nous-mêmes.
Extrait d’une lettre : Chère sœur, détournez-vous de votre opin-
iâtreté et de votre besoin d’avoir raison. Comme les choses
seraient différentes si vous aviez l’oreille humble et atten-
tive. Soyons ouverts au cœur de l’autre, quand nous parlons.
Partageons les uns avec les autres et écoutons-nous les uns
les autres. Il nous faut comprendre, en définitive, que nous
sommes tous des pierres d’achoppement. Dieu seul est bon.
Extrait d’une lettre : Votre façon de juger les gens remarquables
ou insignifiants, faibles ou forts, n’est absolument pas chré-
tienne. Pensez-vous que les apôtres étaient forts ? Ils étaient
55
pauvres d’esprit. Pierre fut sans aucun doute un lâche quand
il renia Jésus trois fois, et son histoire a été transmise à trav-
ers les siècles. Pierre n’eut aucune honte de ce que sa trahison
fut rapportée dans chaque évangile, bien qu’il s’en soit repenti
toute sa vie. Vous voulez être important, vous voulez être
fort, mais ce faisant, vous commettez une injustice envers vos
frères et sœurs.
Quand Jésus s’approche d’une personne, il regarde ce
qu’il a dans le cœur. Il a de la compassion pour le pécheur. Il
n’appelle jamais le mal un bien ; il le juge. Vous devez puri-
fier votre cœur de toute pensée critique, de toute jalousie et de
toute haine, et vous devez cesser d’étiqueter les gens. Je pense
à vous avec beaucoup d’affection.
Extrait d’une lettre : Ne craignez pas de ne jamais pouvoir être
libéré de l’orgueil et de l’envie. Vous le pouvez. Mais il vous
faut d’abord reconnaître combien Jésus est beaucoup plus
grand que tous vos péchés — alors il pourra les enlever.
Demandez-vous : qu’y a-t-il encore en moi qui empêche Jésus
de me combler totalement ? Pour que Jésus puisse remplir
votre cœur, il faut d’abord qu’il soit vide. Lisez les Béatitudes,
elles commencent avec les paroles : « Heureux les pauvres
d’esprit » (Matthieu 5.12). Ceci signifie se faire complètement
vide et sans défense devant Jésus.
Extrait d’une lettre : Plus vous reconnaitrez profondément que
votre orgueil vous sépare de Dieu, plus votre paix sera pro-
fonde. L’orgueil que vous tirez de toutes vos connaissances est
votre pire ennemi. Cher frère, si seulement vous reconnaissiez
combien vous êtes en réalité pauvre et misérable, et combien
votre péché vous rend malheureux ! Je vous souhaite le vrai
repentir.
56
Extrait d’une lettre : Je ne peux le dire assez fortement : votre
orgueil spirituel — écouter la parole de Dieu afin d’être vous-
même exalté, au lieu d’être jugé et de recevoir une vie nouvelle
— est absolument opposé à la voie de Jésus. Renoncez à votre
vanité spirituelle. Elle conduit à la mort.
Extrait d’une lettre : Je crois que votre servitude au péché a ses rac-
ines dans un orgueil et une suffisance terribles. Lorsque vous
voyez de petites fautes chez les autres, vous vous sentez spir-
ituellement supérieur. Ce devrait être le contraire. En tant que
chrétiens, nous devrions être humbles et nous rappeler que
celui à qui beaucoup a été pardonné rayonne un grand amour
(Luc 7.47). L’orgueil est une racine empoisonnée qui tire l’amour
vers soi et détourne de Jésus et de nos frères et sœurs. Si nous
restons humbles, cette racine empoisonnée mourra, car elle ne
trouvera ni nourriture ni eau dans nos cœurs.
A l’époque de Paul, certains croyants proclamaient le Christ
par jalousie et par esprit belliqueux, et non par bonne volonté.
Ceci, né de la convoitise des honneurs humains, était terrible.
Devenons humbles et reconnaissons que tout honneur humain
est autant d’honneur que l’on soustrait à Dieu, à qui seul appar-
tient l’honneur. N’honorons personne d’autre que Dieu, et
n’acceptons jamais d’être nous-mêmes honorés.
Ce qui est important, c’est que Dieu agisse en nous, qu’il
inspire notre volonté et nos actes. Pour que Dieu puisse faire
cela, nous devons nous abandonner à lui et renoncer à toute
vanité et tout honneur.
57
L’EGO
Les personnes dont les pensées tournent uniquement aut-
our d’elles-mêmes oublient que le christianisme a un contenu
objectif. Le christianisme est une cause pour laquelle une per-
sonne doit s’oublier totalement, oublier son petit ego.
Si nous nous mettons au centre, nous plaçons Dieu en
dehors de nous et nous le rendons très petit. Il est impor-
tant de reconnaître qu’Il existe même sans nous. Sa cause est
tellement plus grande que notre existence. C’est merveilleux
si nous pouvons servir la cause de Dieu, mais elle existerait
quand même, même si nous n’existions pas.
58
Extrait d’une lettre : Si vous vous examinez honnêtement, vous
verrez l’orgueil, l’impureté, l’égoïsme et toutes sortes de maux.
Détournez votre regard de vous-même. Regardez le Christ. En
lui, vous trouverez un caractère parfait.
59
Si vous croyez vraiment cela, vous pouvez trouver la guérison.
60
La pureté
Extrait d’une lettre : Jésus dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur »
(Matthieu 5.8). C’est là la seule réponse à votre question con-
cernant les relations entre jeunes hommes et jeunes femmes.
Le combat contre le tentateur se livre partout. Jésus déclare que
nous devrions plutôt nous arracher un œil que de regarder une
femme avec convoitise (Matthieu 5.27-29). Seule cette attitude
peut nous donner un cœur pur. Nous ne pouvons le purifier par
nos propres efforts, mais nous pouvons adopter cette attitude,
alors Dieu nous aidera jusqu’à la victoire.
61
nous nous mettons sous l’emprise des démons, et notre sexu-
alité — destinée pourtant à être une merveilleuse expérience
de Dieu — devient alors une expérience terrible et destruc-
trice. Ceci est vrai non seulement dans la prostitution mais
aussi quand quelqu’un recherche la satisfaction par des actes
impurs sur son propre corps. Un homme ne doit pas penser
qu’il peut se livrer à la masturbation sans en subir des con-
séquences ; par cet acte, une personne offense Dieu et se
nuit à elle-même. Elle s’ouvre ainsi aux mauvais esprits —
des démons dont elle ne peut imaginer la cruauté — et d’elle
émanera quelque chose de malsain.
62
cette finalité, c’est la désacraliser. De la même manière qu’une
royauté serait avilie par l’esclavage, l’homme avilit sa noble
destinée d’image de Dieu s’il abuse sexuellement de son pro-
pre corps.
Extrait d’une lettre : Cher frère, il n’est pas nécessaire que votre
vie toute entière soit une lutte crispée pour la pureté per-
sonnelle. Mais il vous faut rejeter toute attirance secrète pour
l’impureté. Voilà d’où vient votre tension intérieure. Jésus peut
vous libérer totalement de cela. Si vous vous savez entière-
ment dépendant de lui, il y a de l’espoir pour vous.
Extrait d’une lettre : Cher frère, vous me dites ne pas avoir résisté
au mal, particulièrement dans le domaine du sexe. Il est
extrêmement important que vous teniez ferme pour l’amour
de Jésus. Je sais que c’est souvent difficile, surtout à l’université.
Mais les temps deviennent de plus en plus corrompus, et il
sera d’autant plus nécessaire d’avoir la force de dire « non » à
63
tout ce qui est accepté généralement par la plupart des gens. Je
vous souhaite le courage de faire cela.
64
La confiance
Pourquoi est-il si difficile de croire au Christ et d’avoir une
confiance totale en lui ? Le Christ désire nous donner sa vie
et son Esprit, et si nous nous tournons vers lui, ne serait-ce
qu’un instant, notre cœur nous dit : voici quelqu’un en qui
nous pouvons avoir confiance. Pourtant, chacun de nous con-
naît la peur et l’anxiété. Quelque chose en nous recherche le
Christ, mais en même temps, quelque chose d’autre en nous
désire servir notre ego et refuse de s’abandonner totalement
au Christ. C’est cependant ce que nous devons faire, parce que
l’évangile nous dit : « Ne soyez pas inquiets. Croyez en Dieu
et croyez aussi en moi » (Jean 14.1). Il ne suffit pas de don-
ner au Christ tout ce qui est bon en nous-mêmes, ou de lui
donner nos péchés ou de lui apporter nos fardeaux. Il désire
notre être tout entier. Si nous ne nous donnons pas totale-
ment à lui — si nous restons sur la réserve — nous ne trouve-
rons jamais la totale liberté intérieure et la paix promises dans
l’évangile. Nous devons donner au Christ jusqu’à notre être le
plus profond.
Le pouvoir des ténèbres remplit souvent notre cœur de
crainte et bloque notre total dévouement à Dieu. Quand Jésus
dit dans la synagogue : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils
65
de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas
la vie en vous », même ses compagnons trouvèrent ses paroles
difficiles à accepter et bon nombre le quittèrent. Mais lorsque
Jésus demanda à ses douze disciples : « Voulez-vous partir,
vous aussi ? » Pierre répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu a les paroles qui donnent la vie éternelle. Maintenant nous
croyons et nous savons que tu es le Christ, le Saint de Dieu »
(Jean 6.67-69).
Nous aussi, nous devons avoir une telle foi — dans notre
cœur, dans notre âme, dans notre être tout entier. La foi doit
devenir une réalité en nous-mêmes, encore et toujours : non
pas un système religieux ni une théorie, mais la conviction que
nous pouvons avoir une confiance totale en Jésus et que nous
pouvons tout lui donner — toute notre vie — pour l’éternité.
Il n’est pas nécessaire de tout comprendre intellectuellement.
Il est beaucoup plus important de faire l’expérience de la con-
fiance et de la foi dans notre cœur et dans notre être.
En dehors de Jésus, nous ne trouverons pas de paix. Là où
se trouve Jésus se trouve Dieu. Il est présent même à ceux qui
l’ont quitté, comme beaucoup l’ont fait à son époque, parce
que ses paroles semblaient trop difficiles à accepter. C’est pour
cela que nous prions pour eux et pour nous : « Seigneur, aide-
nous. Viens dans ce monde. Nous avons besoin de toi, de ta
chair, de ton Esprit, de ta mort et de ta vie, et de ton message
pour toute la création. »
66
tournons vers Jésus avec amour et avec une confiance totale,
je suis absolument certain qu’il nous gardera sous sa protec-
tion et dans son amour.
67
Si nous sommes tentés de perdre confiance les uns envers les
autres à cause de nos luttes pénibles du passé ou pour toute
autre raison, nous devons trouver le calme intérieur. Nous
devons avoir une attitude d’abandon confiant en Jésus, lui dis-
ant : « Non pas ma volonté mais la tienne » (Matthieu 26.39)
— une telle confiance nous donne la vraie tranquillité inté-
rieure. Sans cette confiance fortifiante, je ne pourrais pas vivre
un seul jour. Notre mouvement, le Bruderhof, passera ; nous
tous, nous passerons. Jésus, finalement, sera le seul vainqueur.
68
la Bible, surtout dans l’Apocalypse de Jean. Pourtant, même
là il est écrit que Dieu lui-même essuiera les larmes de tous
ceux qui ont souffert (Apocalypse 21.4). Il nous faut croire
réellement que Jésus est venu non pas pour juger, mais pour
apporter le salut :
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que tout homme qui croit en lui ne meure pas mais qu’il
ait la vie éternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde
pour condamner le monde, mais pour que le monde soit
sauvé par lui (Jean 3.16-17).
69
réponse est votre confiance en Jésus. Vous vivrez des moments
très difficiles, mais n’oubliez jamais qu’à Dieu appartient la
victoire finale. Ayez toujours cette foi. Le ciel et la terre dis-
paraîtront, mais un nouveau ciel et une nouvelle terre appa-
raîtront (Apocalypse 21.1).
70
La vénération
Nous devrions craindre Dieu, et nous devrions craindre de
blesser ou d’offenser toute créature, mais jamais nous ne
devrions avoir peur de Dieu. La Bible parle de la crainte de
Dieu, mais il y a aussi une autre sorte de crainte qui éloigne de
Dieu et qui refroidit l’amour. Malheur à nous si nous confon-
dons la vraie crainte avec la fausse. Notre crainte devrait naître
de l’amour et de la vénération.
Lorsque Pierre reconnut en Jésus le Fils de Dieu, il lui
dit : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme
pécheur ! » (Luc 5.80). Il avait peur d’être mis en présence de la
pureté de Jésus. Une telle crainte est juste. Mais la crainte qui
détruit la confiance et l’assurance, ou notre cœur d’enfant, est
injuste. Nous devons craindre Dieu de façon juste.
71
(Matthieu 10.28). Il existe donc une crainte de Dieu qui est
juste et bonne. En somme, si nous sommes en Dieu, nous ne
craindrons rien sauf Dieu. C’est l’état idéal pour un chrétien.
72
L’abandon
Malgré les circonstances de notre époque, il nous faut
être ouverts et libres de vivre selon ce que Dieu veut pour
l’avenir — la communauté fraternelle et le Royaume de
Dieu. Nous devons être prêts et désireux d’abandonner
notre résistance à Dieu. Alors, Il agira en nous à travers son
Esprit-Saint.
Dieu est toujours prêt, toujours présent. C’est nous qui ne
sommes pas prêts pour sa cause. Si seulement nous nous sou-
mettions à l’autorité de Dieu, à la voie de Jésus et au pouvoir
de l’Esprit, alors la flamme qui donne la lumière au monde
entier pourrait être allumée.
Nous connaissons les commandements de Jésus : « Va
vendre tout ce que tu possèdes … puis viens et suis-moi ! »
(Matthieu 19 :21) ; « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs
morts » (Matthieu 8.22) ; « Venez avec moi et je ferai de vous
des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4.19).
Les disciples aussi connaissaient les commandements de
Jésus. Ils savaient également que chacun, à sa façon, est assez
« riche » pour pouvoir résister, en s’accrochant même au peu
qu’il a : « … je ne peux y aller » (Luc 14.20). C’est pourquoi ils
demandèrent, très étonnés : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
73
Jésus répondit : « Aux hommes, cela est impossible, mais à
Dieu, tout est possible » (Matthieu 19.25-26). Si nous nous
ouvrons à l’action de Dieu en nous et que nous renonçons à
notre propre volonté, Dieu est toujours prêt à nous donner la
foi et l’amour.
74
C’est tout ce qui est demandé de chacun. Jésus n’attend pas
la perfection, mais il désire que nous nous donnions entière-
ment et de tout cœur.
75
nous sentons complètement impuissants devant lui. Mais
alors, Il nous aide de sa grâce, et Il nous fortifie de son amour
infini. Nous dépendons entièrement de Dieu, du Christ, et du
Saint-Esprit. Il n’y a pas d’autre secours.
LA SOUMISSION
Le Christ nous dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais
moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, pour que vous alliez
et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jean 15.16).
Ces paroles sont tellement importantes : « Je vous ai établis... »
(dans la traduction allemande d’Albrecht : « je vous ai assigné
votre place »). Comme il est fréquent de voir une personne
causer beaucoup de mal parce qu’elle n’est pas satisfaite de sa
place dans la vie. Un tel sentiment d’insatisfaction conduit à la
haine. Nous devrions nous aimer les uns les autres et accepter
la place que Dieu a donnée à chacun de nous.
76
Lorsque Jésus envoya deux de ses disciples chercher une ânesse
et son ânon, le dimanche des rameaux, ces disciples ne conce-
vaient pas d’autre tâche plus importante que de les trouver. Si
quelqu’un leur avait dit : « Vous êtes appelés à accomplir des
choses plus importantes, n’importe qui peut aller chercher
un âne », et s’ils ne l’avaient pas fait, ils auraient été désobéis-
sants. Mais il n’y avait pour eux, à ce moment-là, rien de plus
important que d’aller chercher l’âne pour le Christ. Je souhaite,
pour moi-même et pour chacun, que nous puissions accomplir
toute tâche, grande ou petite, dans cette obéissance. Il n’y a rien
de plus important que d’obéir au Christ.
L’HUMILITÉ
Jésus appelle chacun de nous à être humbles. Si une personne
recherche la grandeur humaine, la communauté chrétienne
n’est pas sa place. Chacun d’entre nous peut être tenté par
l’ambition, mais il nous faut rejeter cette tentation.
Extrait d’une lettre : Il est bon d’être faible. Notre faiblesse humaine
n’est pas un obstacle au Royaume de Dieu tant que nous ne
nous en servons pas comme excuse pour nos péchés. Lisez 2
Corinthiens 12.7-9, où Paul écrit que c’est dans notre faiblesse
que Dieu se révèle dans toute sa gloire. Ce passage de la Bible
n’est certainement pas le plus important pour l’église dans
son ensemble, mais il est peut-être le passage de l’évangile le
plus important pour ce qui concerne l’état de disciple dans la
vie personnelle.
Extrait d’une lettre : En lisant l’évangile de Marc, je suis frappé
par l’importance que Jésus donne à la nécessité d’être humble.
77
Lui-même n’est pas venu pour se faire servir, mais « Il est venu
pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude »
(Marc 10.45). C’est ce que nous devons faire également, bien
que nous soyons conscients d’être très loin de l’accomplir.
Les Béatitudes ne demandent pas de grands saints qui brillent
dans le monde, mais des personnes humbles.
Extrait d’une lettre : Si vous savez que vous êtes parfois porté à
la critique et que vous manquez d’humilité, alors recherchez
l’humilité. L’humilité est une vertu que l’on peut décider de
vouloir acquérir. L’humilité adoucit le cœur et le rend disponi-
ble pour Dieu. Critiquer n’est pas nécessairement mal, ce peut
être positif. Mais ce peut être aussi extrêmement destructif.
Nous ne devrions pas trop penser à la petitesse de notre
cœur et à la faiblesse de notre caractère. Nul n’est pur et bon
excepté Jésus-Christ. Il est le seul caractère vraiment sain et,
dans sa miséricorde infinie, Il peut purifier nos cœurs en vue
d’accomplir son dessein. Donnons-nous à lui afin qu’Il puisse
nous guider et se servir de nous selon sa volonté. Détournons-
nous de la tentation de Caïn, qui envia l’intimité de son frère
avec Dieu (Genèse 4.5). Soyons joyeux de simplement appart-
enir à Jésus, et laissons-le nous placer là où nous pouvons
porter le plus de fruit pour la gloire de Dieu.
Extrait d’une lettre : Si nous acceptons la faiblesse et la petitesse
de nos vies d’une façon qui nous conduit à l’humilité devant
Dieu, nous verrons que notre unique secours est dans notre
soumission totale à lui et dans notre dépendance de lui. C’est
peut-être là une prise de conscience douloureuse, mais la
victoire sera la vie !
78
Saint-Paul nous dit : « Ne faites rien par esprit de rivalité ou
par vaine gloire » (Philippiens 2.3). Il ne parle pas seulement
de la vanité de vouloir paraître beau — ce qui est également
antichrétien — mais de la vanité religieuse de ceux qui veu-
lent briller parmi les hommes et recevoir leurs honneurs. Un
tel orgueil n’a pas sa place parmi nous. Paul continue : « Que
chacun considère les autres comme supérieurs à lui-même »
(Philippiens 2.3). Voilà bien le contraire de vouloir surpasser
ses frères et sœurs. Si nous désirons suivre Jésus, comment
pourrions-nous vouloir être supérieur ou important ? Jésus
« s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort,
et à la mort sur la croix » (Philippiens 2.8).
79
La sincérité
Qu’il est important que notre vie soit sincère et reste sin-
cère, et que nous ne fassions rien de plus — mais aussi rien de
moins — que ce que Dieu demande de nous à chaque instant !
Le danger existe d’arriver à une compréhension intellectuelle
de la vérité et d’y conformer sa vie, alors que la vérité n’a pas
encore été introduite par Dieu dans nos cœurs et dans nos
âmes.
80
Extrait d’une lettre : D’après une ancienne tradition juive, le
grand-prêtre ne prononçait le nom de Jéhovah qu’une seule
fois par un — le jour du grand pardon — et ceci seulement
dans le Saint des Saints du Temple. Pour nous, un tel respect
dans l’emploi du langage religieux est un aspect important de
la chasteté intérieure. Nous employons le nom de Dieu avec
beaucoup de prudence.
Extrait d’une lettre : Il est important d’être franc et honnête pour
ce qui est de vos vrais sentiments. Soyez plutôt trop rude que
trop doucereux, trop brusque que trop gentil. Mieux vaut
exprimer une parole désobligeante mais vraie qu’une parole
« gentille » qui ne l’est pas. On peut toujours demander par-
don pour une parole dure, tandis que l’hypocrisie peut causer
des dommages permanents, à moins qu’une grâce spéciale ne
soit donnée.
Le « Mouvement de la Jeunesse1 », dans lequel nos communau-
tés ont leurs racines, fut marqué par une soif d’authenticité,
et quelque chose de Jésus l’animait. La première question
que l’on se posait n’était pas de savoir si une chose était juste,
bonne ou vraie, mais si elle était authentique. On préférait
écouter une personne dire quelque chose d’incorrect ou de
maladroit en toute innocence plutôt que d’avoir à écouter des
discours religieux hypocrites. On rejetait une religion de per-
roquet, on luttait pour trouver la vérité.
1
Le Mouvement de la Jeunesse Allemande, ou Jugendbewegung, fut un phénomène
d’une grande ampleur. Actif entre 1913 et 1933, il était constitué de groupes de
jeunes, organisés sans structure stricte, qui rejetaient les conventions de la société
établie en faveur de la simplicité, la liberté, l’authenticité et l’amour de la nature.
Eberhard Arnold, qui fonda le Bruderhof en 1920 et était connu au niveau national
pour ses écrits et ses conférences, fut l’un des leaders de ce mouvement.
81
Des profondeurs des cœurs naissait une nouvelle approche
de la vie, un nouvel amour de la vie, qui s’exprimait de mul-
tiples façons. Cette soif intérieure conduisit les jeunes à
s’associer dans un esprit de camaraderie pour faire des ran-
données, chanter, danser des danses folkloriques — certains
mêmes s’organisèrent en communautés. Se rassembler aut-
our d’un feu flamboyant devenait une expérience intérieure
profonde, et le mouvement rythmique d’une danse en cer-
cle exprimait quelque chose venant du fond des cœurs. L’on
s’efforçait de n’exprimer que ce qui était vraiment authen-
tique, ce qui impliquait le rejet de tous faux-semblants, y com-
pris la mode. L’essentiel était l’expérience intérieure, et elle
s’exprimait avec force dans tous les domaines de la vie.
Extrait d’une lettre : Ce n’est pas celui qui pèche de manière évi-
dente qui fait obstacle à Dieu. Les plus grands ennemis de Dieu
sont ceux qui, ayant reçu et accepté l’appel à suivre le Christ,
continuent à servir Satan malgré leur langage religieux.
La plupart des paraboles de Jésus parlent de ce genre de per-
sonnes, et non pas des gens du monde. Les dix vierges dans le
chapitre 25 de Matthieu sortent pour aller à la rencontre de
l’époux, mais cinq d’entre elles s’endorment. Dans le chapitre
24, la responsabilité des biens du maître est confiée au servi-
teur, qui devient infidèle, et ainsi de suite (Matthieu 24.48-49).
Voilà le plus grand obstacle au royaume de Dieu : ceux qui ont
entendu et répondu à l’appel de Dieu, mais qui continuent à
employer des paroles chrétiennes tandis qu’ils servent Satan.
Si nous restons proches de Jésus, nous trouverons
l’authenticité dans sa forme la plus pure. Comme Jésus parle
sévèrement contre cette forme de piété qui cherche à se
82
purifier de l’extérieur ! Comme il nous dit clairement que c’est
l’intérieur qui doit d’abord être purifié!
83
L’EGLISE
L’Eglise
Nous savons combien l’humanité est tourmentée et divisée.
Un aspect de ce tourment est la solitude, qui ne peut être sur-
montée qu’en faisant l’expérience de l’église vivante. Cette
église-communauté n’est pas un groupe ou une organisation
spécifique, et pourtant, elle existe bel et bien. Elle est vivante
et tend la main aux personnes humbles en recherche. Le fait
que l’église existe est la réalité la plus importante sur terre.
Lorsque Dieu parle au plus intime de notre cœur, notre senti-
ment d’être séparé et notre solitude, causés par le péché, sont
surmontés ; nous faisons l’expérience de la vie en commu-
nauté avec nos frères et sœurs.
Nous ne pouvons pas dire que l’église soit ici ou là. L’église
descend des cieux vers tous ceux qui se savent pauvres d’esprit.
L’église vient à ceux qui renoncent à tout pour l’amour du
Christ, y-compris à leurs opinions personnelles et à leurs droits.
Lorsque cela se produit — et cela peut survenir n’importe où —
des personnes sont rassemblées dans l’unité.
D’après les premiers chrétiens, l’église existait avant même
la création. L’église existe en l’Esprit-Saint. Le Christ envoie
son église partout où deux ou trois se rassemblent en son
85
nom — et lorsqu’ils renoncent à tous leurs droits, au pouvoir,
à la propriété privée, et à eux-mêmes, par amour de Dieu.
Lorsqu’on nous demande si nous sommes l’église, nous
devons répondre : « Non, nous ne sommes pas l’église ». Mais
si l’on nous demande si l’église vient à nous, nous devons
l’affirmer, surtout quand nous sommes découragés et pauvres
devant Dieu. Plus un groupe est pauvre spirituellement, plus
l’église peut s’en rapprocher. Il nous faut renoncer totalement
à nos propres idées, surtout celle concernant notre influence
ou notre pouvoir sur les autres. Il nous faut devenir pauvres
comme des mendiants devant Dieu.
86
Sans lumière, une lanterne ne sert à rien. Il en est de même
pour l’église-communauté. Elle peut vivre en communauté
totale de biens, sans propriété privée ; il peut y avoir l’amour,
le dévouement parfait et une véritable communauté. Mais
tout ceci ne garantit pas qu’elle soit vivante. L’église est un don
de Dieu. Elle vient à ceux qui se savent pauvres d’esprit, et c’est
le Saint-Esprit qui lui donne la vie et l’unité.
87
étaient poussés et guidés par l’esprit. Grâce à cela, « nul ne
disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais, tout
ce qu’ils avaient était propriété commune » (Actes 4 :32). Ce
n’était pas une question de loi rigide et insensible, ce n’était
pas un communisme organisé, mais une question de cœurs
mus par l’amour.
88
unis à Jésus. Mais si notre amour s’éloigne de Jésus, rédemp-
teur et sauveur du monde, alors notre foi en l’église devient
une idolâtrie.
89
Si nous avions pris la décision d’être une communauté chré-
tienne de culture germanique, uniquement au service des per-
sonnes venues du Mouvement de la jeunesse allemande, nous
aurions été en danger de disparaître avant même d’avoir existé.
Nous voulons remettre nos vies à Dieu totalement, lui permet-
tre de se servir de nous comme Il le désire, là où Il touche le
cœur des gens, et rester ouverts à ce qu’Il nous donne. Sinon,
nous serions en danger de mettre des limites à la vérité.
Nous ne sommes qu’un faible cercle d’êtres humains — sou-
vent bien trop humain. Mais notre tâche ne peut jamais être
limitée. Dieu n’a pas de limites.
90
Je crois que nous vivons la fin des temps. C’est un moment
crucial. Tout dépend de si nos lampes ont de l’huile, si nous
sommes prêts à rencontrer l’époux (Matthieu 25.1-13). Les
paroles d’adieu de Jésus dans l’évangile de Jean sont claires :
l’église doit être tellement unie que le monde doit pouvoir
reconnaître Dieu comme le Père qui a envoyé Jésus (Jean
17.21). Est-ce vraiment ce que nous montrons au monde ? La
question me fait trembler jusqu’au plus profond de mon cœur.
91
La communauté
Nous devons renoncer à toute propriété privée, et à tout désir
d’amasser des biens pour nous-mêmes. La jouissance des
richesses pour soi-même, pour sa famille, ou même pour sa
communauté, conduit à la mort intérieure. L’abondance con-
duit à la mort parce qu’elle sépare notre cœur de Dieu et de
notre prochain. Nous cherchons une réponse à cela en part-
ageant nos biens de telle façon qu’il soit impossible de tomber
dans le péché de la richesse collective. Notre porte est ouverte
à tous ceux qui cherchent Dieu et la vérité. Sous l’intendance
de l’église, chacun reçoit ce dont il a besoin.
92
Jésus, mais il nous faut d’abord être totalement vides de nos
propres idées, de nos idéaux, de notre être. Il nous faut être
totalement présents pour Jésus et son esprit.
93
éloignée du christianisme d’aujourd’hui, quand, par exem-
ple, des gens témoignent avec reconnaissance que depuis
qu’ils versent un dixième de leurs revenus à leur église, Dieu a
merveilleusement fait prospérer leurs affaires.
Ce serait présenter les choses sous un faux jour de dire que
le partage de l’argent et des biens est le fondement de notre foi
— il en est le résultat, pas le fondement.1 Il est le fruit de notre
abandon total au Christ et à son amour. Nous redonnons à
Dieu tout ce qu’Il nous a donné — nos biens, nos talents et
notre vie — afin d’être guidés uniquement par Lui et par son
Esprit.
Vous nous demandez si cela aidera à gagner des âmes au
Christ. Nous dirons : non. Le simple partage des biens ne con-
duit pas nécessairement à Jésus-Christ. Mais si c’est le résul-
tat d’un amour débordant, cela peut conduire à Lui. Beaucoup
d’entre nous, dans nos communautés, viennent de milieux
non-chrétiens. C’est la fraternité et l’amour vécus qui nous
ont attirés. Nous étions las des paroles, car elles sont faciles
et on les entend presque partout — qui, en effet, dirait qu’il
est contre la fraternité et l’amour ? Nous ne cherchions pas
des paroles, mais des actes ; non pas des pierres, mais du pain.
Voilà ce que le Christ a proposé : une vie nouvelle où l’amour
gouverne tout, en actes et en vérité.
Vous demandez si un membre a souvent l’occasion de répan-
dre le message de l’évangile véritable, et non pas « l’évangile
de notre mouvement » ? Qu’entendez-vous par évangile ? Que
signifie la bonne nouvelle, si ce n’est la bonne nouvelle qu’il
existe un chemin autre que celui de la mort et du désespoir
qui règnent sur notre monde d’aujourd’hui ? Qu’est-ce que la
1
Voir Vivre en communauté — une nécessité ineluctable, Plough Publishing House, 2010.
94
bonne nouvelle si ce n’est la nouvelle que les hommes peu-
vent vivre ensemble en frères, dans la paix, la pleine confi-
ance et l’amour mutuel, comme les enfants d’un seul Père ?
L’évangile n’est pas fait seulement de paroles, il est porteur
d’actes et de vérité, et d’une façon de vivre que le Christ nous a
montrée. L’évangile est l’expression d’une expérience vivante.
Nous n’interpellons pas les autres pour qu’ils se joignent à nos
communautés, mais pour qu’ils vivent la fraternité. Nous ne
voulons rien ajouter à l’évangile, mais nous sentons aussi très
fortement qu’il ne faut rien y ôter et que nous devons faire face
à tout ce que l’évangile exige de nous.
Vous demandez s’il est nécessaire de nous isoler, en tant
que communauté, de façon à être « dans » le monde, mais non
pas « du » monde. Nous ne nous séparons du monde que dans
le sens où nous voulons nous couper des mauvaises racines
de l’égoïsme, de la cupidité et de l’injustice — de tout ce qui
est manque d’amour dans le monde d’aujourd’hui. La société
actuelle n’est pas fondamentalement différente de ce qu’elle
était au temps de Jésus-Christ. L’homme est toujours égocent-
rique, orgueilleux, avide de gains, de pouvoir et d’une position
élevée. Les fruits de ces maux envahissent toute la société sous
différentes formes : impureté, haine, alcoolisme, pauvreté,
délinquance juvénile, maladies mentales, violences, et enfin,
guerres. Voilà les fruits de Mammon, les fruits d’une société
non-chrétienne, les fruits de l’ordre mondial actuel. C’est le
monde que Jésus nous a invités à quitter — et qu’Il nous invite
toujours à quitter. Il nous appelle et nous rassemble pour édi-
fier la Cité de Dieu, où seul l’Esprit régnera — la Cité sur la
montagne, qui ne peut être cachée, mais qui rayonne sur le
monde entier.
95
L’évangile nous dit que nous reconnaîtrons l’arbre — une
personne ou un groupe — à ses fruits, car un bon arbre ne
peut produire de mauvais fruits, et un mauvais arbre ne peut
produire de bons fruits (Matthieu 7.16-18). Les fruits d’une vie
fondée sur le Christ ne sont pas simplement prêcher et parler.
Ce sont nos actes qui comptent. Le Christ a dit que tous les
hommes sauraient que nous sommes ses disciples par notre
amour les uns pour les autres, et non par nos paroles sur notre
amour les uns pour les autres.
Sa dernière prière fut pour l’unité de ses disciples : « Que
tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi,
afin qu’eux aussi soient un en nous pour que le monde croie
que tu m’as envoyé » (Jean 17.21). C’est ainsi que l’église devrait
être visible dans le monde. La lumière de l’union des croyants
doit briller dans les ténèbres du monde, à la gloire de Dieu.
Vous demandez : « Si nous renonçons suffisamment à nous-
mêmes pour suivre Jésus, ne pourrions-nous pas alors vivre
une vie raisonnable parmi les hommes, en dehors d’une com-
munauté de frères et sœurs ? »
Vous devez répondre vous-même à cette question. Nous
sommes ici parce que nous avons trouvé qu’une vie « raison-
nable » n’était pas suffisante — que Jésus-Christ nous demand-
ait bien plus. Il veut la personne tout entière. Nous ne sommes
pas une « association de frères et de sœurs », mais simplement
un groupe de personnes qui cherchent à vivre plus près de
Dieu. Nous voulons prendre à la lettre les paroles du Christ
dans le Sermon sur la montagne, et nous désirons être mesu-
rés et jugés par ces paroles. Nous ne pouvons répondre pleine-
ment à ses paroles qu’en abandonnant nos vies à sa volonté,
sûrs, dans la foi, qu’Il nous conduira à la vérité.
96
Extrait d’une lettre : Notre vie en communauté est une lutte con-
stante : il nous faut continuellement résister à tout ce qui nous
sépare de Dieu et de nos frères et sœurs. Cet acte d’abnégation
cette mort à soi-même — peut être une expérience très dou-
loureuse. Nous croyons que ce qui nous est demandé, c’est
notre être tout entier. Tout orgueil et toute volonté propre
doivent disparaître, ainsi que toute la structure de notre vie
et de nos pensées dans laquelle nous recherchions la sécurité.
Ceci ne se produit pas dans un soudain éclair de lumière, mais
petit à petit. En vivant ensemble, nous prenons conscience
de ce que certaines choses mènent à la séparation : l’orgueil,
l’apitoiement sur soi-même et la fausse piété. Nous devons
nous détourner de ces maux lorsqu’ils nous sont révélés.
Nous resterons toujours faibles, mais nous puisons notre joie
dans la découverte d’une source de force qui peut triompher
dans chaque combat.
97
sur nos cœurs et nos âmes. Jésus a dit : « Personne ne peut
servir deux maîtres ... Vous ne pouvez servir à la fois Dieu
et l’argent » (Matthieu 6.24). Ce ne sont pas les choses maté-
rielles en elles-mêmes qui sont l’ennemi, elles font partie de
l’existence. Mais elles doivent être utilisées pour les tâches de
l’église. C’est, en fait, une question d’état d’esprit. La dégéné-
rescence de l’âme fait que tout ce qui est matériel peut détru-
ire une vie. Mais si quelqu’un a avec Jésus et l’église une rela-
tion vivante, il pourra se servir de choses matérielles sans être
dominé par elles.
98
dit de lui-même : « Les renards ont des tanières, les oiseaux
ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit où
reposer sa tête » (Luc 9.58).
99
uns aux autres ? La réponse ne peut être trouvée que dans la
foi en l’Esprit, l’esprit du Christ. Il n’y a pas d’autre réponse.
100
avec la meilleure volonté, nous serons comme des parasites
de la vie spirituelle de l’église. Même si nous travaillons plus
longtemps que les autres, même si nous faisons rentrer plus
d’argent dans la communauté que les autres, nos efforts seront
comme un poids pour toute la communauté. Notre porte est
ouverte à tous, mais nous attendons de chacun désirant vivre
avec nous qu’il accepte pleinement le défi d’être un disciple à
part entière. Sans cela, notre communauté s’effondrera.
101
La direction spirituelle
Une église chrétienne véritable ne peut être un organisme
vivant sans une direction claire. Pour être dirigé, le navire
qu’est la communauté a besoin d’un homme de barre, et lui-
même doit se laisser diriger d’en haut avec une grande humil-
ité, tout en honorant et en respectant les frères et sœurs qu’il
conduit. Etre dirigé d’en haut signifie écouter la voix du Saint-
Esprit parlant à l’église tout entière.
Un leader ne doit pas s’isoler. Par une proche coopération
entre tous les membres, il est possible de trouver une direc-
tion claire à tous les niveaux. Ceci est vrai à l’égard des ques-
tions concernant la foi, des questions d’ordre pratique ainsi
que des questions concernant l’attitude spirituelle de l’église
dans son ensemble.
102
La vraie direction spirituelle signifie servir. Il est donc terrible
d’en profiter pour avoir un pouvoir sur les autres. Un tel abus
de pouvoir dans une église-communauté est particulièrement
diabolique, parce que les frères et sœurs se donnent librement,
en toute confiance et avec un cœur ouvert, à l’église.
Dans un état dictatorial, on peut parfois céder à une force
plus puissante, même si sa conscience la rejette comme un
mal. Mais dans une communauté de croyants, où les mem-
bres ont confiance en leurs dirigeants, l’abus de pouvoir a une
influence meurtrière sur les âmes.
103
Un serviteur de la Parole1 est toujours en danger d’enseigner
quelque chose d’erroné, ou d’omettre une partie de la vérité.
J’ai de cela une grande crainte, et je vous demande d’intercéder
pour nous tous par la prière. L’apôtre Paul a pu dire qu’il n’avait
rien négligé et qu’il avait accompli tout son devoir d’apôtre au
sein de l’église (2 Timothée 4.7-17). Ceci me touche profondé-
ment. Priez pour que tous les serviteurs de la parole apportent
sans cesse à l’église tout l’évangile sans le déformer et sans y
changer quoi que ce soit.
104
personne à une autre. Ceci est terrible, et je ne veux rien avoir à
faire avec cela. Nous devons être unis ensemble en Jésus-Christ.
105
cette raison qu’il est autorité et révélation. En tant que disci-
ple de Jésus, il est crucial de réaliser que la vérité n’est révélée
qu’aux enfants et aux cœurs simples.
106
Les dirigeants d’une église-communauté n’ont aucun droit sur
les âmes qui leur ont été confiées. Regardez la façon dont Jésus
a confié son troupeau à Pierre. Il ne lui a donné aucun droit
sur ses agneaux. Il a seulement demandé : « M’aimes-tu ? »,
puis il a dit : « Prends soin de mes brebis » (Jean 21.15-17). C’est
un péché terrible — qui s’apparente au meurtre — lorsque
quelqu’un qui se voit confier un service pastoral pense alors
qu’il a le droit de gouverner les âmes. Ceci s’applique aussi à
ceux qui s’occupent des enfants.
107
La révélation du Christ ne supporte aucune lumière humaine à
ses côtés. S’il y a une lumière humaine — orgueil ou présomp-
tion — en l’un ou l’autre serviteur de la parole, elle doit être
éteinte. Seule la lumière de Jésus doit régner dans l’église. Dieu
n’a pas besoin de lumière humaine. Il a besoin d’hommes et
de femmes qui attendent sa lumière dans l’obscurité, qui ont
faim de vérité, et soif d’eau vive. Si quelqu’un prêche l’Evangile
à son propre profit et ne reconnaît pas qu’il ne peut rien faire
sans Dieu, c’est un voleur. Il s’accapare les paroles de Jésus et
s’en sert pour sa gloire personnelle.
108
Les dons
Extrait d’une lettre : N’oublions jamais qu’un acte d’amour envers
son prochain est le seul geste important de la journée. Toute
autre chose n’a aucune valeur devant Dieu, et peut même
nous détacher de lui ou nous séparer de nos frères. Comme
Jésus grave ceci profondément en nos cœurs dans ses pro-
phéties du Jugement Dernier (Matthieu 25.31-46) ! La ques-
tion n’est jamais de savoir si nous sommes bien organisés ni si
nous agissons correctement mais si nous donnons à manger
à ceux qui ont faim, hébergeons les étrangers, donnons des
vêtements à ceux qui sont nus, rendons visite à ceux qui sont
malades ou en prison — en d’autres termes : agissons-nous
par compassion et par amour ? Ne passons jamais à côté de la
misère d’un autre, et n’oublions jamais les paroles et les actes
qui renforcent l’amour.
109
communauté, mais s’il lui manque l’humilité, si son cœur n’est
pas touché et dirigé par l’esprit de Jésus, sa vie restera stérile.
110
Une personne est brillante, une autre adroite de ses mains,
une autre encore très musicienne. Ce sont des dons naturels
qui ne doivent pas être enterrés même si, pour le bien de
l’église, il faut souvent les sacrifier. Si quelqu’un qui a des dons
intellectuels pense ne pouvoir faire que du travail intellectuel
sous peine « d’enterrer ses talents », il se trompe, de même
qu’une personne très musicienne qui penserait qu’elle gâche
son talent en faisant des travaux domestiques. Nous devons
être prêts à sacrifier nos talents naturels au profit du Corps
tout entier.
Extrait d’une lettre : Vous écrivez que vous n’êtes pas très doué.
Cela n’a aucune importance. Nul n’est si peu doué que Dieu ne
puisse se servir de lui. Ce qui importe, c’est que vous utilisiez
les dons que vous possédez vraiment, et que Dieu les anime.
Ce n’est jamais le manque de dons qui est le problème, mais le
manque de disponibilité à être au service de Dieu.
111
D’autre part, il nous faut veiller à ne pas combattre les
esprits impurs ou néfastes avec un zèle humain, corrigeant
ou critiquant notre prochain de peur que quelque chose de
faux s’introduise dans l’église. Nous devons reconnaître
l’importance du discernement des esprits, mais nous devons
aussi reconnaître qu’il ne sert à rien de les rejeter en se plaçant
sur un plan humain.
La parabole du blé et des mauvaises herbes poussant côte à
côte dans un même champ (Matthieu 13.24-30) montre com-
bien nous risquons de causer du tort en voulant arracher les
mauvaises herbes nous-mêmes pour « nettoyer » le champ. Les
disciples étaient pleins de zèle, mais Jésus les mit en garde : « ...
en enlevant la mauvaise herbe vous risquez d’arracher aussi le
blé » (Matthieu 13.29). Il y a toujours le danger de vouloir trop
corriger, de réprimander trop souvent. La seule réponse est de
devenir plus dépendant de Dieu.
112
remplis du Saint-Esprit (Luc 1.41, 67). Et depuis, il y a eu des
milliers d’exemples où des personnes furent conduites au
salut sans avoir le don des langues.
Dans l’église primitive, le don de parler en langues était
étroitement lié à la repentance. Jésus commença sa mission
avec un appel au repentir, et l’apôtre Pierre fit de même avec
ces paroles : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse
baptiser au nom de Jésus-Christ, afin que vos péchés vous
soient pardonnés. » Si nous ne nous sommes pas repentis
honnêtement, et que nous n’avons pas cru sincèrement en
Jésus-Christ, nous n’avons pas reçu le don du Saint-Esprit.
Le repentir manque malheureusement dans beaucoup
de mouvements actuels, qui considèrent le fait de parler en
langues comme un signe que l’on est « rempli du Saint-Esprit ».
C’est un manque de sagesse que d’identifier le don du Saint-
Esprit avec l’épanchement de certaines émotions. Comme si
c’était la seule façon d’agir de l’Esprit ! Que l’Esprit habite en
nous ne dépend pas de nos émotions, mais de notre union
avec le Christ qui nous est accordée grâce à notre foi en lui.
Les conditions bibliques pour le don de l’Esprit sont la repent-
ance, la foi en Jésus-Christ, et la rémission ou pardon de nos
péchés.
Extrait d’une lettre : Nous devons respecter le don des langues tel
qu’il est décrit dans la lettre aux Corinthiens (1 Corinthiens
12) et dans le premier chapitre des Actes des Apôtres (Actes
2). Mais, il est faux et malsain d’en faire un enseignement ou
une religion. Dans le chapitre 13 de la première lettre aux
Corinthiens, Paul nous dit de prier pour les dons supérieurs de
la foi, l’espérance et l’amour, l’amour étant le plus important.
113
Le don de l’amour nous conduit à Jésus-Christ, à la com-
munauté et à la mission, et non pas à parler de nos propres
dons spirituels. Si nous sommes remplis d’amour, il est pos-
sible que nous parlions en langues, mais il n’est pas nécessaire
d’en parler. Jésus nous dit : « Mais toi, lorsque tu veux prier,
entre dans ta chambre, ferme la porte, et prie ton Père qui est
là, dans cet endroit secret. Et ton Père, qui voit ce que tu fais en
secret, te récompensera » (Matthieu 6.6).
Le mouvement charismatique, qui met tant l’accent sur
le don de parler en langues, est fondé sur un enseignement
erroné, qui sème la division. Il donne honneur et gloire aux
hommes plutôt qu’à Dieu. Si quelqu’un venait me dire qu’il
a le don de parler en langues, je lui conseillerais de ne pas en
parler, mais plutôt de manifester les fruits de l’Esprit tels que
décrits dans le Sermon sur la montagne. Jésus ne nous a pas
demandé de parler en langues, mais de nous abstenir de faire
parade de notre religion, et de suivre la voie de l’humilité, de
l’amour et de l’unité.
114
Dieu vivant dans la vie des hommes. Lorsque Dieu nous a tou-
chés, nous pouvons espérer un changement de cœur et d’âme,
et l’avènement de l’Esprit et du royaume de Dieu. L’Esprit nous
apporte la joie de Dieu : joie d’aimer, joie de partager avec
nos frères et sœurs ; joie des relations pures entre hommes
et femmes et joie en la justice et la paix parmi les races et les
nations. Seuls, nous restons pauvres, vulnérables et tourmen-
tés. Mais nous devons croire que la joie de Dieu et de Son
royaume peuvent changer le ciel et la terre !
115
Le pardon
Il devrait être hors de question, pour qui que ce soit, de pren-
dre part à la prière sans avoir pardonné à son frère, à son
voisin ou même à son ennemi. Jésus dit clairement : « Mais
si vous ne pardonnez pas aux autres le mal qu’ils ont com-
mis, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos propres
péchés » (Matthieu 6.15). Nous ne pouvons rien changer, pas
même pas un iota, à cette vérité. La seule manière pour trou-
ver la paix intérieure dans le Christ, c’est à travers la paix avec
ses frères et sœurs. Si nous ne pardonnons pas, nos pensées
conduisent à la séparation et à l’isolement, et la séparation est
nuisible pour notre vie intérieure et conduit à la mort. Une
paix totale exige une honnêteté totale. Nous ne pouvons vivre
en paix avec nos frères que si nous portons la vérité dans notre
cœur et si nous sommes sincères dans notre amour.
116
psychologues et les psychiatres qui « pardonnent » les péchés.
Ils disent : « Vous n’avez pas commis de péché, votre compor-
tement est tout à fait normal ; il n’y a rien de mal à cela. Nul
besoin d’avoir mauvaise conscience, vous n’y pouvez rien. »
Voilà comment le monde pardonne les péchés (Ephésiens 1.7;
Colossiens 1-14).
117
Comme au temps des apôtres, l’église de Jésus-Christ a reçu
l’autorité de représenter son royaume ici et maintenant. Elle
a l’autorité de lier et de délier, de pardonner et de laisser non
pardonné (Matthieu 18.18). Sans le pardon des péchés, aucune
conscience ne peut vivre, et sans le pardon, personne ne peut
entrer dans le royaume de Dieu. Mais, à moins de pardon-
ner d’abord nous-mêmes à notre prochain, nous ne pouvons
recevoir le pardon (Matthieu 6.14-15).
118
n’avons absolument aucune autorité. Rien d’humain ne peut
s’y substituer. La grâce de la croix doit être présente.
Parce que Jésus est mort pour nous, son sang versé parle
plus fort que le sang d’Abel, qui symbolise l’homme innocent
assassiné. En Jésus, même un assassin peut trouver le pardon.
Le sang de Jésus parle plus fort que le sang accusateur versé
par la main d’un homme.
119
Le Christ nous a fait cette merveilleuse promesse : si nous par-
donnons, nous serons pardonnés. Nous avons également son
avertissement tranchant : si nous ne pardonnons pas, nous
ne serons pas pardonnés. Regardons-nous les uns les autres
avec un regard nouveau et voyons en notre prochain un don
de Dieu, même si nous connaissons nos faiblesses mutuelles.
LE RESSENTIMENT
Extrait d’une lettre : Tout chrétien qui prend sa foi au sérieux
doit traverser des périodes d’abandon de Dieu ; même Jésus a
connu cela. A de tels moments, la seule réponse est : « Père, je
remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23.46). Si nous nous
donnons inconditionnellement au Père, Il nous montrera le
chemin. Mais rien ne sera montré à celui qui ne pardonne pas
120
à son frère. Dieu n’aura pas de pitié pour lui, et il sera aban-
donné de Dieu aussi longtemps qu’il reste dans sa haine et sa
rancune.
Extrait d’une lettre : Soyez ferme dans votre rejet de toute sus-
ceptibilité et de tout ce qui détruit l’amour. Frère et sœur bien-
aimés, vous n’êtes pas les seuls à avoir de bonnes raisons d’être
susceptibles. Moi-même, je suis haï et accusé par beaucoup.
Et pourtant, si je cède au ressentiment, la porte de la prière à
Dieu me sera fermée. Dieu n’entend que ceux qui pardonnent.
Extrait d’une lettre : Je suis peiné qu’il vous faille subir de telles
luttes à votre jeune âge. Ne rendez pas votre père responsable
de vos difficultés. Depuis Adam, nous sommes tous sous la
malédiction du péché et de la mort, et nous ne pouvons trou-
ver une vie nouvelle et un cœur pur que par le sang de Jésus-
Christ. Il en est ainsi pour vous, pour moi et pour tout être
humain. Accrochez-vous à Jésus.
121
communauté, ne peut être accordé que si vous vous détournez
complètement de votre péché.
Nous ne sommes pas fâchés contre vous, mais nous ne
pouvons pas prononcer le pardon de la part de la fraternité
pour votre péché si vous ne manifestez pas un repentir plus
profond. Peut-être avez-vous déjà commencé. Si c’est le cas,
continuez dans cette direction. Dieu est bon, et il ne vous
repoussera pas. De même, la fraternité vous aime, et elle non
plus ne vous repoussera pas. Mais nous ne pouvons pas nous
unir avec vous aussi longtemps que vous éprouvez de l’envie
et de la haine.
Extrait d’une lettre : Vous avez écrit qu’il vous était impossible
de travailler, parce que vous étiez trop blessé par le mal que
l’on vous a fait. Votre ressentiment doit être clarifié et sur-
monté. Car finalement, le mal qui vous a été fait ne peut vous
séparer de Dieu. C’est uniquement le mal que vous faites à
votre prochain qui vous sépare de Dieu. Ceci est de la plus
haute importance : toute amertume, toute offense doit être
surmontée.
122
L’unité
Jésus dit, dans Matthieu 23:37 : « Combien de fois ai-je désiré
rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses
poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu ! »
Cet appel, ainsi que la dernière supplication de Jésus : « Père,
qu’ils soient unis à nous comme toi tu es en moi et moi en toi »
(Jean 17.21), sont pour nous un appel décisif et constant, nous
invitant à vivre en total amour fraternel et en totale unité avec
Jésus. Il nous appelle à le suivre, unis, afin que le monde puisse
reconnaître que nous sommes ses disciples.
123
Extrait d’une lettre : Le premier commandement de Jésus est
d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout
son esprit, et ensuite d’aimer son prochain comme soi-même
(Matthieu 22.37-39). A notre époque individualiste à l’extrême,
une église de personnes engagées les unes envers les autres
dans un tel amour et une telle fidélité est une nécessité absolue.
Jésus souligne sans cesse l’importance de l’amour et de l’unité
absolue — une unité telle qu’elle existe entre lui et son Père (Jean
14.17). Je pense que nous n’avons pas encore atteint cet état
d’ultime unité, même dans nos moments les plus bénis ; Dieu
seul sait. Nous voulons malgré tout témoigner de cet amour
et de cette unité. Nous ne pouvons pas séparer le dévouement
envers Jésus de notre dévouement envers nos frères et sœurs.
Extrait d’une lettre : Il est vrai que Jésus peut être servi n’importe
où. Pourtant, quelle bénédiction lorsque plusieurs personnes,
deux ou trois, ou plus, deviennent unis de cœur et d’esprit !
Ceci ne peut être fabriqué, c’est un don.
124
L’unité des croyants est le seul critère de la vérité. Quand
l’unité véritable vient à manquer, le charisme — le pouvoir
d’une personne ou d’une personnalité sur d’autres — prend
sa place. Les gens en écoutent alors d’autres de façon humaine
parce ceux-ci ont une forte personnalité ou parce qu’ils sont
des leaders. Le charisme est non seulement un faux fondement
pour une communauté, il est aussi extrêmement dangereux.
Un groupe religieux ne peut trouver une vie intérieure
saine que si ses membres recherchent constamment l’unité
avec l’Esprit et avec Dieu. Ce n’est qu’alors que la conscience
de chacun peut vivre et s’épanouir et que la véritable unanim-
ité peut être réalisée.
125
Les efforts pour réconcilier les diverses églises et confes-
sions sont sans aucun doute une bonne chose. Mais l’unité
véritable — celle qui brise toutes les barrières — com-
mence par le repentir. Lorsque le Saint-Esprit descendit à la
Pentecôte, les gens se demandaient : « Frères, que devons-
nous faire ? » (Actes 2 :37). Ils furent profondément boule-
versés, se repentirent de leurs péchés et devinrent parfaite-
ment unis de cœur et d’esprit. Malheureusement, dans le
mouvement œcuménique actuel, les barrières et les obsta-
cles demeurent, et au-dessus de ceux-ci, on se serre la main.
Nous devons cependant témoigner qu’une unité véritable
est possible entre les hommes. Cette unité vient uniquement
par le repentir et par la rencontre personnelle avec Jésus —
homme, esprit vivant et Seigneur.
126
ressentiment les uns envers les autres, et nous serons unis de
cœur et d’esprit, comme dans l’église primitive.
Jésus a dit plus d’une fois que l’on reconnaît un arbre à ses
fruits (Matthieu 12.33). N’oublions jamais cela. Nous pouvons
tous voir quels sont les fruits de notre société actuelle : le
meurtre, l’injustice, l’impureté, l’infidélité et la destruction.
Quels sont les fruits que Jésus désirait voir ? Le premier fruit
est l’unité. Sans elle, comment le monde pourra-t-il reconnaî-
tre ses disciples ? Jésus dit : « ... que tous soient un comme toi
tu es en moi et moi en toi » (Jean 17.21).
Comment pouvons-nous manifester les fruits de l’unité,
tout en faisant partie de la société actuelle ? C’est impossible : la
société est dominée par Mammon, l’esprit de ce monde, qui est
« menteur et assassin dès le début » (Jean 8:44). Le monde n’est
pas régi par l’esprit d’unité, mais par les esprits de la désintégra-
tion, de la destruction et de la séparation. L’unité véritable ne
peut être trouvée que dans une vie de fraternité.
N’est-il pas vrai que le Christ demande l’abandon de
l’homme tout entier à ce nouvel ordre ? C’est urgent. Faisons
vraiment face à nos responsabilités ! Rassemblons-nous aut-
our de Jésus-Christ, et soyons unis à lui comme les rameaux à
l’arbre de vie!
127
comblée, et nous nous aimerons tels que nous sommes, avec
nos différences — et même avec nos différentes nationalités.
C’est le même Jésus qui s’exprime dans chaque frère et sœur.
128
La discipline de l’Eglise
Lors du baptême dans nos communautés, chaque membre
fait une alliance avec Dieu et promet de ne plus pécher volon-
tairement contre Dieu. Si après son baptême, un membre
commet malgré tout volontairement un péché contre Dieu,
il doit se soumettre à la discipline de l’église, afin de recom-
mencer totalement à neuf.
Les péchés de moindre importance, que nous commettons
tous journellement, peuvent être pardonnés par notre prière
quotidienne. S’il s’agit de péchés plus graves, ils peuvent être
pardonnés grâce à la confession. Jacques nous dit : « Confessez
donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les
autres, afin d’être guéris » (Jacques 5.16). A l’égard des péchés
plus graves encore, la discipline de l’église est nécessaire.
La discipline n’est appliquée qu’à la demande de la personne
concernée. Dans certains cas, une personne peut être exclue
de la prière commune et des réunions de la fraternité jusqu’à
ce qu’elle se soit repentie et ait été pardonnée. Dans d’autres
cas, la personne est mise en « petite exclusion ». Ceci implique
qu’elle ne participe pas à la prière commune et qu’elle ne
reçoit pas la salutation de la paix, mais elle peut participer à la
vie quotidienne de la communauté. S’il s’agit d’un péché plus
129
grave encore, l’église peut appliquer la « grande exclusion ».
Dans ce cas, la personne concernée est déclarée séparée du
Royaume de Dieu et ne peut prendre aucune part à la vie en
communauté de l’église jusqu’à ce qu’elle se soit repentie de
tout son cœur.
Lorsqu’une personne doit se repentir d’un péché particu-
lièrement grave et commis volontairement, nous utilisons les
paroles de Paul : « Vous devez livrer cet homme à Satan afin
que son corps soit détruit et qu’ainsi son esprit puisse être
sauvé au jour du Seigneur » (1 Corinthiens 5.5).
Paul parlait d’un homme vivant avec la femme de son père.
Il était pourtant convaincu que, même à la suite d’un tel péché,
l’exclusion pouvait conduire cet homme au salut de son âme.
Nous croyons également — et nous en avons fait l’expérience
— que, grâce à la discipline de l’église, des personnes peu-
vent se repentir totalement et être complètement pardonnées,
redevenant ainsi des frères et sœurs à part entière.
130
dans le but de juger quelqu’un, mais uniquement dans le but
de séparer le mal dans cette personne de l’église. Il nous faut
sans cesse appliquer ceci dans notre propre cœur.
Lorsque des frères et des sœurs acceptent la discipline de
l’église, cela doit nous rappeler la grâce de la repentance. Si
leur repentir est authentique, ils réaliseront quelque chose qui
bénéficiera à l’église tout entière et même au monde entier, car
le mal aura été vaincu par Jésus.
C’est dans cet esprit que nous devons avoir un profond
respect pour ceux qui subissent une sanction, car nous savons
que nous avons besoin nous-mêmes de la pitié et de la com-
passion de Dieu.
Nous devons être extrêmement vigilants à ne pas charger
sur les épaules d’une personne ne serait-ce qu’un milligramme
de plus que sa culpabilité réelle. Il nous faut être reconnais-
sants de ce que le repentir et la réconciliation avec Dieu sont
possibles pour ceux qui ont été exclus, pour nous-mêmes et
pour l’humanité tout entière. La discipline de l’église est une
victoire de la lumière sur les ténèbres, elle marque le début de
la guérison d’une personne. Si elle est acceptée dans ce sens —
son seul sens véritable — alors elle est une grâce.
131
s’agit pas ici du point de vue de nos communautés par rapport
à celui du christianisme en général. Notre compréhension de
la discipline de l’église est totalement fondée sur les paroles de
Jésus et de ses apôtres. Elles sont notre seule ligne de conduite
(Matthieu 18.15-20).
132
5.27), et que nous devons paraître « saints, purs et sans faute
devant Jésus » (Colossiens 1.22), comme Jésus lui-même est
saint. Nous ne pouvons pas excuser le mal en disant que par-
tout où il y a du blé, il y a aussi de la paille.
Paul dit que la parole de Dieu est plus coupante qu’une épée
à double tranchant (Hébreux 4.12). Il nous faut appliquer
cette sévérité tout d’abord à nous-mêmes. Mais le Nouveau
Testament parle aussi de la grande compassion, du grand
amour et du réconfort de l’Esprit. Nous devons toujours man-
ifester cet amour envers notre prochain, et particulièrement
envers les pécheurs.
133
sans amour. Mon père écrivit un jour : « Celui qui réprimande
son frère sans l’aimer est un assassin. » A mon avis, lorsque
nous avons manqué d’amour, il nous faut le reconnaître et
demander à être pardonné.
134
de l’Eglise doit exister, mais n’oublions pas les paroles de
Jésus : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » et : « On vous
mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis » (Luc
6.37-38). L’amour est le plus grand des dons.
135
Le baptême
En ce qui concerne le baptême, trois points sont extrêmement
importants : la foi en Jésus-Christ, la certitude du pardon
des péchés par la repentance, et l’intégration au Corps qu’est
l’église.
136
purificateur du sang du Christ (Romains 6.3-4). C’est l’esprit du
Christ, l’esprit de vérité qui parle à la conscience du croyant, et
la guide vers son unité avec la volonté de Dieu. La paix vérita-
ble n’existe qu’en cette unité — l’unité d’une bonne conscience
avec Dieu. C’est là que la conscience est affranchie de la loi et
des puissances de l’esprit de notre temps (Galates 3.25-27).
137
Il vaut mieux ne pas être baptisé que de franchir ce pas
sans grande conviction, pour faire plaisir à ses parents ou à
quelqu’un qu’on aime, ou bien pour trouver la sécurité dans
l’appartenance à l’église. Le baptême doit être une décision
personnelle. Personne ne peut la prendre à votre place.
Des millions de gens sont baptisés, mais pour beaucoup,
ce n’est qu’une formalité sans vie. A chacun qui désire se
faire baptiser je conseillerais de se demander : « Suis-je prêt,
pour l’amour de Jésus, à l’aimer plus que tout — plus que ma
femme, mes parents ou mes enfants — afin qu’Il puisse vivre
en moi ? Suis-je prêt à tout donner à Jésus et à mes frères ? »
Si vous ne l’êtes pas, ne vous laissez pas baptiser. Vous devez
être prêt à mourir pour lui, afin qu’Il puisse vivre dans votre
cœur. Jésus doit être votre unique trésor.
138
Le baptême exige la décision personnelle de confesser ses
péchés et de donner toute sa vie à Jésus. Cela veut dire préfé-
rer mourir plutôt que de pécher consciemment à nouveau. Il
vous faut éprouver personnellement que Jésus est la paix de
votre cœur et qu’Il est mort pour vous. Mais ceci ne suffit pas.
Il vous faut une vision beaucoup plus grande du Christ. Ceci ne
veut pas dire que vous devez oublier votre expérience person-
nelle, mais vous devez la dépasser et reconnaître l’immensité
de la souffrance et du péché dans le monde entier. Vous devez
reconnaître aussi la grandeur de Dieu, la grandeur de l’univers
et la grandeur de Jésus, qui est le roi du royaume de Dieu et qui
détient les clefs de l’empire des ténèbres. Il détient le pouvoir
sur toutes les puissances.
139
d’Abraham. Jésus a dit : « Les personnes en bonne santé n’ont
pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin.
Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Marc
2.17).
Paul nous dit qu’une fois que nous avons été convertis et bap-
tisés — une fois que nous avons pris la décision de suivre
Jésus — nous ne devons plus mettre les diverses parties de
notre corps au service du péché (Romains 6.12-13). Ceci est
très important : le cerveau doit être rempli de la grâce de Dieu
et de pensées de Dieu ; les mains ne doivent jamais plus verser
le sang ou commettre des actes obscènes ou impurs ; les yeux
ne doivent plus jamais être utilisés pour la convoitise mais
doivent rayonner d’amour pour les frères et sœurs. Lorsque
nous nous consacrons au Christ dans le baptême, nous appo-
sons le sceau du Christ sur notre corps tout entier, afin qu’il
soit à son service.
Cependant, nous savons tous qu’après le baptême, le mal
cherche toujours à pénétrer en nous. Ce peut être l’impureté
chez l’un, l’orgueil chez un autre, ou encore la haine et
l’amertume. Il est impossible de nous extraire de cette boue par
nos propres forces. Nous pouvons lutter et nous battre, mais
nous ne pourrons jamais nous changer nous-mêmes. C’est
par la mort de Jésus, par son pardon et son pouvoir de vaincre
le mal en nos cœurs que nous ne serons plus les esclaves du
péché. Les tentations viendront quand même, mais nous y
répondrons par l’expérience profonde et intérieure de la foi.
Si nous n’avons que la Loi — « Tu ne convoiteras pas » — et
que le désir cupide vient dans notre cœur, nous ne saurons
qu’en faire. Mais si nous avons fait l’expérience de Jésus par
140
la repentance, nous serons capables de surmonter ce désir.
Nous continuerons à être humains, mais nous ne serons plus
les esclaves du péché (Romains 6).
141
La Cène
La Cène est un symbole extérieur, le signe du don de nous-
mêmes, brisés, à Jésus, dont le corps fut lui-même brisé et
crucifié. Le Christ désire être présent dans le cœur de chacun
qui rompt le pain et boit le vin. Il veut que nous devenions fai-
bles avec lui, afin de redevenir forts par sa force, et de commu-
nier avec lui. Le pain et le vin ne sont que des symboles, mais
l’unité purificatrice avec Jésus qu’ils symbolisent est une mag-
nifique réalité. Pendant la Cène, nous faisons l’expérience de
la communion avec le Christ.
142
monde entier, pour tous les peuples et toutes les races. La Cène
est aussi le moment pour nous de renouveler notre engagement
de fidélité envers Dieu et de décharger notre cœur afin qu’il soit
à nouveau disponible pour être entièrement à son service.
En nous rappelant comment Jésus a institué la Cène lors
de sa dernière soirée sur terre, nous devrions aussi nous
rappeler que chaque chrétien devrait être prêt à sacrifier sa
vie — devrait, en fait, la sacrifier — comme Jésus l’a fait. Nous
vivons dans un monde qui est aussi hostile envers le royaume
de Dieu qu’au temps de Jésus, et Jésus ne nous a pas promis
un meilleur destin. Il a même dit que ses disciples seraient per-
sécutés, et que ce qui avait été fait à leur Maître, leur serait fait
également (Jean 15.18-20).
143
Dans l’église primitive, les croyants se réunissaient souvent
pour célébrer la Cène, avec le but de chasser les mauvais
esprits parmi eux. Lorsqu’il y a une lutte spirituelle dans notre
fraternité, nous nous sentons également poussés à célébrer
la Cène. Jörg Blaurock, un leader anabaptiste de la première
heure, disait que si l’on célébrait souvent la Cène, cela révéle-
rait les faux frères parmi nous.
144
et dans le cœur de chaque croyant. Et nous devons nous rap-
peler sa promesse de son retour parmi nous, pour nous juger
et pour établir son merveilleux royaume.
145
L’amour et le mariage
L’AMOUR
Jésus nous a montré que l’amour signifie donner sa vie pour
son prochain plutôt que la prendre, devenir le plus petit et le
plus humble plutôt que le plus puissant. L’amour nous libère.
Une personne désirant dominer les autres et avoir sur eux un
pouvoir a l’âme tourmentée, tandis qu’une personne brûlant
d’amour a l’âme comblée de joie. Pour nos couples, nous sou-
haitons que l’amour domine leurs vies, et que le service de
l’autre vienne avant le service de soi-même. Plus encore, nous
souhaitons qu’ils se consacrent à la grande cause de Dieu, et
que leur amour pour lui passe avant toute autre chose — même
avant leur propre mariage.
146
du Saint-Esprit, cet Esprit qui est en vous et que Dieu vous a
donné ? » (1 Corinthiens 6.19).
Le corps exprime les impulsions du cœur. Un doux sour-
ire, des yeux qui s’éclairent après un mot d’affection, le tendre
toucher d’une main, peuvent conduire à l’étreinte passionnée
et aux caresses dans l’union ultime.
Extrait d’une lettre : L’attraction vers le sexe opposé est une chose
naturelle, mais elle est loin de former une base suffisam-
ment solide pour se marier ou fonder une famille. Il est tout-
à-fait normal que, lorsqu’un homme aime une femme, il se
demande si celle-ci est vraiment « la bonne ». Il n’y a qu’une
réponse à cette question : tous deux doivent sentir qu’une rela-
tion conjugale les conduira plus près de Jésus.
Je peux donc très bien m’imaginer — en fait, j’en suis cer-
tain — que le bon choix d’une épouse ne se portera pas sur
celle qui est la plus attrayante érotiquement, mais celle dont
la présence conduira les deux partenaires plus près de Jésus.
Si le mariage n’est basé que sur une attraction physique, il
s’effondrera facilement.
147
Extrait d’une lettre : Si vous envisagez de lier une autre âme à
votre vie par le mariage, apprenez à aimer, apprenez à avoir le
cœur ouvert et à considérer l’autre en premier.
LE MARIAGE
Jésus prend le lien du mariage tellement au sérieux, qu’il
déclare : « Tout homme qui regarde la femme d’un autre pour
148
la désirer a déjà commis l’adultère avec elle en son cœur »
(Matthieu 5.28). Jésus parle sévèrement parce qu’Il désire
protéger le merveilleux don divin qu’est l’unité entre deux
personnes.
Dans un véritable mariage, l’homme et la femme sont unis,
avant tout, spirituellement. Cela veut dire qu’ils ne sont qu’un
dans leur foi et dans leur expérience de Dieu et qu’ils sont unis
dans la pureté de l’église. Deuxièmement, le mariage signifie
l’union de leurs âmes. On peut être parfaitement uni en esprit
avec n’importe quel croyant, mais il y a une différence entre le
lien du mariage et le lien qui nous unit à d’autres personnes. Il
y a chez les conjoints un amour particulier et une joie particu-
lière lorsqu’ils sont en présence l’un de l’autre. C’est parce que
les époux s’aiment d’une manière toute particulière qu’ils rest-
ent fidèles et qu’ils veillent à la pureté de leur relation.
Troisièmement, le mariage signifie qu’un couple est uni
physiquement, par l’union corporelle. Si l’infidélité brise
cette union, c’est un péché terrible, car alors tout dans le mar-
iage est détruit aux yeux de Dieu. Ce qui était une bénédic-
tion devient alors une malédiction, et il ne reste plus rien si
ce n’est l’espoir que, par la repentance et la grâce de Dieu, il
soit accordé la possibilité d’un nouveau départ. Il n’y a aucune
excuse pour l’adultère, surtout lorsqu’il s’agit de personnes
croyant en Jésus.
La bénédiction de Dieu repose sur chaque couple, jeune ou
âgé, qui vit cette unité dans l’ordre juste : en premier lieu l’unité
spirituelle, ensuite l’unité du cœur et de l’âme, puis l’unité cor-
porelle. Trop souvent, un couple s’unit physiquement alors
qu’il a peu d’unité de cœur et encore moins d’unité spirituelle.
149
Nous prenons très au sérieux les paroles de Jésus dans le
Sermon sur la montagne à propos de la convoitise, du divorce
et du mariage, et nous maintenons une position très ferme
par rapport à l’immoralité sexuelle. Un membre de nos com-
munautés ne peut jamais divorcer pour se remarier ensuite,
et aucune personne remariée ne peut devenir membre à part
entière, s’il continue de vivre cette relation conjugale alors que
le conjoint précédent est toujours en vie.
Nous croyons à la fidélité pour la vie — et nous y tenons
aussi à cause des enfants, lorsqu’il y en a. L’engagement du
mariage entre deux personnes doit être un engagement pour
toute la vie, auquel on ne peut toucher : « Ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas » (Matthieu 19.6).
150
Un mariage ne durera que si les deux époux ont un cœur
humble et ouvert. La jalousie et la suffisance essaieront tou-
jours de s’insinuer dans leur relation pour les séparer, mais
l’amour triomphera, parce que « l’amour est patient, il est
plein de bonté; l’amour n’est pas envieux; l’amour ne se vante
pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il
ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne
pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de
la vérité » (1 Corinthiens 13.4-6, Segond 21).
Ceci veut aussi dire que l’amour pardonne. Lorsqu’on est
marié, on se rend compte, jour après jour, que son conjoint
n’est pas parfait. Mais si l’on se pardonne réciproquement,
chaque jour sera un nouveau départ, et chaque jour apportera
une joie nouvelle ; l’amour « pardonne tout, il croit tout, il
espère tout, il supporte tout » (1 Corinthiens 13.7). Rien n’est
trop dur à supporter, s’il y a l’amour. Même si, en tant que cou-
ple, vous avez à affronter une situation difficile, vous serez,
grâce à l’amour, fermes dans l’espérance et la foi, car l’amour
permet de tout supporter.
151
En raison de l’intimité si unique et du mystère de la sexual-
ité dans le mariage, une union sans pareille s’établit lorsque
chaque conjoint renonce complètement à soi-même en faveur
de l’autre. Cette union est l’expression physique de l’amour
conjugal, dont le but même est le don mutuel de soi. Chaque
partenaire connaît le secret de l’autre et c’est la volonté de
Dieu que cet homme et cette femme gardent leur secret et ne
le révèlent à personne d’autre.
152
partenaire, l’amour s’attiédira peu à peu. Il nous faut être con-
scient de ce danger. Mais si nous sommes prêts à tout oser, à
tout espérer et à tout pardonner, alors chaque jour sera une
nouvelle expérience d’amour, même si notre mariage passe
par des heures difficiles.
Je crois que si vous lisez ceci, vous sentirez que vous êtes tous
deux coupables, et que vous avez tous deux offensé l’amour
dans votre mariage.
153
Extrait d’une lettre : Je crois que vous avez raison : votre mari
est blessé dans son cœur. Vous ne pouvez pas guérir sa peine,
mais vous pouvez vous faire très humble. L’humilité a un effet
guérisseur sur une personne que l’on a blessée. La Bible nous
dit : « Femmes, soyez soumises à vos maris », et « …le mari est
le chef de sa femme » (Ephésiens 5.22-24).
Je sais que vous avez votre propre fardeau à porter et vous
avez raison, vous devez le déposer aux pieds de la croix, de
façon à recevoir le pardon et la guérison. Déposer tout ce que
nous portons au pied de la croix implique le regret profond de
tout ce que nous avons fait. Je pense à vous deux avec amour,
et je prierai pour vous.
LA SEXUALITÉ
Dans la relation conjugale, le domaine sexuel n’est cer-
tainement pas le domaine le plus important. De nos jours,
l’importance de la sexualité est exagérée de façon vraiment
malsaine. L’amour entre un homme et une femme n’est con-
sidéré bien trop souvent que dans un sens purement ani-
mal, comme une impulsion sexuelle, et l’on passe à côté de sa
véritable signification.
154
que de penser que la différence entre l’homme et la femme est
seulement biologique. Une femme désire ardemment absorber
en elle celui qu’elle aime. La nature l’a faite pour recevoir et
endurer ; pour concevoir et donner naissance ; pour prendre
soin et protéger. La révolte des femmes contre le fardeau et la
souffrance de la grossesse et de la naissance est l’un des maux
de notre temps. L’homme, par contre, désire entrer en sa bien-
aimée et ne faire avec elle qu’une seule chair ; il est fait pour
entreprendre et pénétrer plutôt que pour donner.
Un homme véritable représente le Christ, en tant que chef,
même s’il est lui-même très faible. Ceci ne signifie pas qu’il doit
jouer au suzerain. La tâche de l’homme est celle de l’apôtre :
« Allez donc auprès des hommes de toutes les nations, et
faites d’eux mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit » (Matthieu 28.19-20). Les femmes ne sont
aucunement exemptées de cette tâche, mais c’est le devoir de
l’homme d’une manière toute particulière.
155
Les psychologues ont raison de nous enseigner qu’il y a de
nombreuses impulsions en nous — non seulement le désir sex-
uel, mais aussi le désir de possessions matérielles et le désir de
puissance. Mais ils concluent qu’il n’est pas bon de refouler ces
désirs — et cela est faux. Ils ignorent totalement la réalité de
Dieu, et le fait que l’homme a été créé à son image.
156
expériences du corps. Sa sensualité comprend certains élé-
ments essentiels qui pénètrent jusqu’aux racines mêmes de
l’être humain, dans sa nature corporelle et jusqu’à son âme. La
sexualité est d’une profondeur et d’une gravité qui dépassent
de loin les limites du corps, rejoignant les expériences men-
tales et spirituelles.
C’est pour cela que, lorsqu’un homme cède au désir sexuel,
il s’avilit tout autrement que si, par exemple, il s’adonnait à la
gloutonnerie. Céder à la luxure blesse l’homme au plus pro-
fond de son cœur et de son être, et agresse et abîme son âme
dans son essence même.
L’aspect sexuel du domaine sensuel occupe une place cen-
trale chez l’être humain car c’est là que le corps, l’âme et
l’esprit se rencontrent comme dans aucun autre domaine
de l’expérience humaine. Ainsi l’intimité de la vie sexuelle a
une intimité propre, que l’individu dissimule instinctivement
aux yeux des autres. Le sexe est son secret, quelque chose
qui, il le sent, le touche au plus profond de son être. Chaque
fois que quelque chose de ce domaine est divulgué, quelque
chose d’intime et de personnel est révélé, permettant ainsi à
une autre personne de connaître son secret. Voilà pourquoi le
domaine du sexe est aussi le domaine de la honte : nous avons
honte de dévoiler notre secret devant les autres.
157
La révolution sexuelle de nos jours est en train de détruire
l’âme humaine. Nous voulons témoigner, par notre vie, de
quelque chose de radicalement différent : le fait que la pureté
et la fidélité absolues au sein du mariage sont possibles.
158
beau chant, vous ne niez pas votre sens de l’ouïe. Et lorsque
vous voyez la beauté de la création, vous ne niez pas votre sens
de la vue. Lorsque vous sentez l’odeur des fleurs et du print-
emps, vous ne niez pas votre odorat. Il en est de même avec la
sexualité. Séparée de Dieu, elle n’est que terrible ténèbres, c’est
vrai. Mais si vous essayez de la nier complètement, vous vous
forcez à accepter une situation qui n’est pas naturelle.
LE CÉLIBAT
Nous devons reconnaître que renoncer au mariage est un
grand sacrifice. Mais, d’autre part, appartenir totalement et
entièrement au Christ est aussi un grand don. Dans un sens,
une relation avec le Christ peut acquérir un sens plus pro-
fond pour une personne célibataire que pour une personne
159
mariée, parce que son cœur peut être entièrement tourné vers
le Christ. Ainsi, une relation personnelle entière et absolue
avec lui est possible.
Le Christ compare plus d’une fois le royaume de Dieu à un
banquet de noces. Il invite l’âme à s’unir à lui, et Il désire se don-
ner entièrement à chacun. Rien ne surpasse l’intimité, la ten-
dresse et la fécondité de l’union avec Jésus. Ce lien, le plus élevé
et le plus intime de l’âme, peut combler n’importe quel vide.
Pensez, par exemple, aux nombreux croyants qui, à travers
l’histoire, ont souffert en prison pendant des années — voire
des dizaines d’années — à cause de leur foi. Par la grâce, cha-
cun de nous peut trouver ce lien d’amour et d’unité.
Jésus parle de ceux qui ont refusé son invitation au banquet
de noces, à cause de leur amour pour d’autres choses (Luc
14.16-20). Il s’agit, en fait, de devenir tout entier à lui. Afin
d’être totalement remplis de Dieu et parfaitement libres de
le suivre, il nous faut être intérieurement vide de toute autre
chose. Le danger d’un cœur divisé est particulièrement grand
lorsqu’il s’agit d’objets ou de personnes dignes d’amour.
Lorsque notre regard intérieur ne se porte plus uniquement
sur le Christ, alors la maternité, la paternité, la famille, les
enfants, et même la communauté de vie et d’amour dans le
mariage peuvent devenir des idoles qui absorbent facilement
tout notre amour.
Nous ne devons offrir notre cœur qu’à Dieu. Notre amour
pour Dieu et le Christ doit devenir si fort que nous sommes
prêts, dans la joie, à tout sacrifice. Nous prions pour que nous
puissions mourir à nous-mêmes, afin que le Christ puisse
irradier de nous, que nous ne vivions plus pour nous-mêmes,
mais que Jésus-Christ vive en nous.
160
Extrait d’une lettre : Vous demandez si Jésus vous appelle à renon-
cer au mariage, pour l’amour de Dieu et de son royaume. Je
crois qu’une telle vocation est possible, et pas seulement pour
des personnes provenant d’un milieu catholique. J’hésiterais
cependant à faire ce vœu hâtivement. Il faudrait d’abord con-
sidérer ceci très prudemment.
161
le Christ reviendra sur cette terre, vous soyez prête, comme
une vierge attendant l’époux avec sa lampe allumée (Matthieu
25.1-10).
162
La vie de famille
LES ENFANTS
Jésus dit que seuls les enfants — ou ceux qui sont comme
eux — entreront au royaume des cieux (Marc 10.14-15). A la
différence des adultes, les enfants ne sont pas des êtres divisés
ou de nature dualiste. Ils sont entiers, vulnérables, totalement
dépendants de leur père et de leur mère. Le Christ nous invite
à devenir comme des enfants — cela signifie que nous devons
tout laisser tomber pour devenir totalement dépendants de
Dieu et les uns des autres.
163
un enfant, le plaça devant eux et dit : “En vérité, je vous le dis,
si vous ne changez pas pour devenir comme des enfants, vous
n’entrerez pas dans le royaume des cieux.” » (Matthieu 18.1-3).
Ces paroles de Jésus nous disent combien est grande,
aux yeux de Dieu, la valeur de l’âme d’un petit enfant. Nous
pouvons être sûrs que chaque cheveu de chaque enfant est
compté par Dieu (Luc 12.7), et que chaque enfant a un ange
gardien ayant toujours un accès au trône de Dieu (Matthieu
18.10).
L’innocence d’un enfant est une grande bénédiction. En
chaque enfant il existe cependant une disposition au péché.
C’est pour cela que nous devons bien guider nos enfants, afin
qu’ils ne perdent pas leur esprit d’enfance, c’est à dire la pureté
de cœur. C’est un crime terrible de conduire un enfant vers le
péché.
Il est extrêmement important que parents et éducateurs
sèment en chaque enfant un amour profond pour Dieu, Jésus
et tous les hommes. Parents et éducateurs devraient parler de
Jésus aux enfants : comment Il est né dans une étable, com-
ment Il a vécu et travaillé, comment Il a guéri des malades,
combien Il aimait les enfants et les bénissait, comment Il est
mort sur la croix puis est ressuscité, et l’importance du monde
des anges dans sa vie. Il est très important d’avoir un esprit
d’enfance vis-à-vis du monde des anges et de la vie de Jésus.
Les enfants ont des expériences spirituelles bien plus réelles et
profondes que nous ne l’imaginons.
164
qui ne viennent pas du cœur. Les enfants peuvent apprendre
à aimer Dieu par des chants, et des histoires de la Bible et de la
vie de Jésus. La première tâche des éducateurs et des parents
est d’éveiller l’amour de Jésus-Christ chez les enfants. Alors, le
désir de prier s’éveillera en eux.
165
des enfants à l’école ou ailleurs ne peuvent que compléter
l’atmosphère spirituelle du foyer.
Le sentiment de sécurité intérieure de l’enfant commence
dans sa relation avec ses parents. Les Dix Commandements
ne sont pas là pour rien : « Honore ton père et ta mère » (Exode
20.12). Nous avons remarqué que lorsqu’un enfant n’apprend
pas à honorer son père et sa mère, il a souvent du mal, plus
tard, à trouver sa place dans la société.
166
problème. Il faut trouver une façon de gérer toutes les difficul-
tés avec patience, avec joie, et avec un amour éclairé.
Extrait d’une lettre : Vous dites que vous vous sentez totalement
impuissants devant le comportement difficile de votre enfant.
S’il vous plaît, ne vous cachez pas derrière cette excuse. Nous
sommes tous impuissants et dépendants de Dieu et vous n’êtes
aucunement différent. Mais c’est un péché de lever les bras au
ciel en s’exclamant : « Nous sommes impuissants ». En tant que
parents, Dieu vous appelle à aider votre enfant, à l’aimer, mais
aussi à vous battre pour lui et à être ferme et sévère si nécessaire.
Ce qui importe, c’est de gagner le cœur de votre enfant.
167
Extrait d’une lettre : Je vous supplie de vous battre pour vos
enfants. Ne désespérez pas si vous échouez encore et toujo-
urs. Il faut simplement continuer à lutter. On ne peut pas tolé-
rer qu’un enfant tourne mal et gâche sa vie. Soyez compatis-
sant, soyez sévère, puis tendre à nouveau. Ce ne sera pas tou-
jours facile, mais vous êtes responsable de vos enfants devant
Dieu.
Extrait d’une lettre : Merci pour votre lettre à propos de votre fils.
Sa conduite est tout à fait normale pour un enfant de deux
ans. Dans ma propre éducation, lorsque mes parents disaient
quelque chose, c’était indiscutable, et il fallait s’y tenir. Ceci ne
veut pas dire qu’à l’âge de deux ans, nous étions toujours obé-
issants. Mais plus tard, il aurait été inconcevable de désobéir à
nos parents. Ils n’étaient pas durs envers nous, mais ils étaient
fermes, et leur parole était à prendre absolument au sérieux.
168
servez-vous de cette occasion pour approfondir votre foi en
Dieu, en Jésus-Christ et en l’église. Alors vous trouverez la foi
qui vous permettra d’aider votre fille.
Augustin, le mystique, vivait dans le péché dans sa jeunesse.
Mais sa mère, Monique, profondément croyante, n’a jamais
cessé de croire et de prier pour lui, jusqu’à ce qu’il s’effondre et
se repente. Plus tard, il devint un serviteur du Christ, et à trav-
ers les siècles, il a influencé beaucoup de personnes dans leur
recherche de Dieu. Je vous souhaite la foi de Monique — elle
commence avec la souffrance que vous ressentez aujourd’hui.
Dieu est toujours plus grand que toutes nos souffrances. Je
vous envoie mes sentiments affectueux.
169
Malgré tout ce qu’il y a de merveilleux chez les enfants, nous
devons reconnaître que, par leur nature humaine, ils ont aussi
hérité d’une inclination au péché. Qu’il prenne la forme du
mensonge, du vol, du manque de respect pour les parents ou
les éducateurs, ou de l’impureté sexuelle, le mal doit être com-
battu en chaque enfant.
Nous devons faire attention à ne pas gâter nos enfants, même
quand ils sont très petits. Il n’est pas bon pour le caractère d’un
enfant d’être élevé avec trop d’indulgence. La mollesse est un
signe d’égoïsme, et l’égoïsme conduit toujours au péché. La fai-
blesse peut aussi venir d’une relation affective malsaine entre
un enfant et son parent ou son éducateur.
Comment combattre le péché chez l’enfant est une question
très difficile. S’il y a des indécences par exemple, ce qui com-
mence généralement quand des enfants s’exposent les uns
aux autres et se touchent parfois, l’enfant sentira instinctive-
ment que c’est mal. Ces indécences impliquent presque toujo-
urs un mensonge. Nous devons éviter de faire trop d’histoires
lorsque ceci est découvert chez des enfants, car cela pourrait
attirer leur attention davantage encore sur tout ce qui touche
au sexe. La meilleure réponse est peut-être de leur donner une
petite punition et de clore l’affaire, puis de les aider à penser à
autre chose.
Nous, les adultes, nous oublions trop facilement que beau-
coup de choses n’ont pas le même sens pour nous et pour
l’enfant, et nous ne devons jamais projeter sur lui nos propres
idées, sentiments ou expériences. N’oublions pas non plus que,
en un sens, il est naturel pour les enfants de passer par des péri-
odes de curiosité sexuelle. Cela ne doit pas être confondu avec
le péché. Mais nous devons guider nos enfants de telle manière
170
que leurs âmes restent pures et innocentes. Trop question-
ner peut faire du tort à l’enfant, car alors, par peur, il pourrait
s’empêtrer dans le mensonge.
Il est très injuste d’étiqueter les enfants ou les adolescents,
particulièrement ceux qui ont failli dans le domaine sex-
uel. Dans notre évaluation du péché chez l’enfant, gardons-
nous de juger trop vite et trop durement le caractère d’un
enfant, ainsi que son développement futur. Aidons-le plutôt à
s’intéresser à d’autres choses et à prendre, dans la joie, un nou-
veau départ.
Nous savons que nous pouvons toucher le cœur d’un
enfant en faisant appel à sa conscience. Tout enfant a dans son
cœur le désir instinctif d’une conscience pure, et nous devons
encourager ce désir, car il souffrira s’il a quelque chose sur la
conscience.
171
L’enfant doit étudier, mais malheur à nous si cet effort est
accompli au prix du cœur de l’enfant ou de l’enfant lui-
même. Par arrogance et stupidité, certains éducateurs choi-
sissent parmi les enfants à leur charge ceux qu’ils trouvent
doués intellectuellement — comme ils s’imaginent l’être eux-
mêmes. Cela est un véritable péché. Nous devons être con-
duits par le Christ, chef du Corps qu’est l’église. En lui sont les
véritables esprits d’enfance, compassion, et pardon.
LA JEUNESSE
C’est un privilège de conduire des jeunes à Jésus, de leur
montrer combien le monde de Dieu est merveilleux mal-
gré l’impureté terrible, la corruption et les ténèbres de notre
époque. Pour les jeunes, il est extrêmement important que
leur vénération envers Dieu et leur respect pour leurs par-
ents ne s’éteignent jamais, même s’ils commettent le péché
consciemment.
Les parents doivent rechercher une relation de confiance
avec leurs enfants dès leur plus jeune âge et ne pas attendre
qu’il y ait des problèmes, disons vers l’âge de cinq ou six ans.
S’ils attendent trop longtemps, ils obtiendront peut-être une
obéissance extérieure, mais non pas la réponse intérieure ni
le respect nécessaires pour résoudre des problèmes tels que
le mensonge, l’indécence et la désobéissance. Tandis que s’il y
172
a une relation de confiance et de respect, il sera impossible à
l’enfant de résister à ses parents.
Certains jeunes passent par des périodes difficiles dans leur
développement, et nous devons prendre garde de ne pas être
trop durs avec eux ni de les juger trop sévèrement. L’essentiel est
de les conduire à la repentance, à la conversion et à la foi. Et je
ne crois pas que cela puisse se faire à coup de punitions sévères.
Aussi longtemps qu’il y a en eux une petite flamme de respect
pour Dieu et leurs parents, leur cœur restera ouvert. Mais si la
dernière étincelle de vénération s’est éteinte chez un jeune, il
ne reste plus que la prière pour la conversion. Rappelons-nous
que la conversion ne se gagne jamais par la persuasion.
173
le sexe est uniquement pour le mariage — il n’a de place nulle
part ailleurs. Votre fils doit se garder pur pour cette jeune fille
que Dieu lui donnera peut-être un jour. Ce n’est pas toujours
facile de parler de ceci — tout cela doit être dit dans la lumière
de Dieu et avec le respect que nous lui devons. Mais je suis cer-
tain que Dieu vous montrera le bon chemin.
174
Extrait d’une lettre à un enfant handicapé : Ton corps est faible, mais
ton âme est vivante. Remercie Dieu de cela. Il y a beaucoup de
gens dans ce monde dont le corps est fort mais l’esprit terne.
En fait, tous, même si nous sommes forts et en bonne santé,
nous dépendons de Dieu et de Jésus. Seulement parfois, nous
n’en sommes pas conscients. Ce qui est merveilleux, c’est
que toi, tu en es conscient. Accroche-toi bien à cela, et Jésus
t’accompagnera toujours.
Extrait d’une lettre : On n’est jamais trop jeune pour donner sa vie
à Jésus, et on n’est jamais trop jeune pour sentir sa proximité. Je
suis heureux que vous désiriez tout donner à Dieu et que vous
vouliez être humble. Gardez ce désir à travers toutes les luttes
que la vie vous apportera sûrement, car on ne peut être disciple
sans souffrance et sans combat. Je vous souhaite la protection
de Dieu dans tout ce que vous traverserez. Puissent les mains
transpercées de Jésus vous tenir fermement, comme vous, vous
vous tenez fermement à lui.
175
Extrait d’une lettre : C’est une bonne chose de réaliser que suivre
Jésus peut coûter beaucoup de souffrance et peut-être même
la mort, pour l’amour de Dieu. A ce propos, il vous faut
prendre position contre le mal que vous rencontrez dans le
monde et au collège. Je peux très bien comprendre que vous
ayez de nombreuses tentations, surtout dans le domaine de
l’impureté. Mais si vous défendez la cause de Jésus, sa lumière
pure vous donnera le dégoût de tout péché. Puisse Jésus vous
guider chaque jour, et puissiez-vous ne jamais vous écarter de
sa volonté.
Extrait d’une lettre à un enfant de treize ans : Il te faut déjà, à ton âge,
te décider pour ou contre Jésus. Si tu ne te décides pas pour
lui, alors tu te décides contre lui. C’est un fait. On ne peut se
tenir quelque part entre les deux.
Extrait d’une lettre à un étudiant : Jésus nous dit qu’Il est le bon
pasteur, que ses brebis le connaissent, et qu’elles écoutent sa
voix (Jean 10.14). Tu fais partie de son troupeau, et j’espère
que tu trouves des moments de calme pour entendre sa voix
et retrouver des forces intérieures. Je sais qu’il y a beaucoup
de choses dans la ville qui distraient et fatiguent, en plus de
tes longues heures de travail. Mais il n’en reste pas moins
que ta vie intérieure est plus importante que l’obtention d’un
diplôme, même si tu touches au but. Je t’encourage à tenir
ferme. Cela forme le caractère de persévérer jusqu’au bout.
176
Dans le mariage, la mariée est souvent comparée à l’église, et
le marié au Christ. Le Christ ne manifeste pas son amour pour
son église qu’avec de douces paroles : Il la discipline aussi avec
sévérité (Apocalypse 2.16-23). Il nous faut prendre garde de ne
pas laisser un émotionalisme amollissant pénétrer notre vie
de famille, que ce soit entre mari et femme ou entre parents et
enfants. L’émotionalisme ruine cette clarté dans nos relations
qui nous vient du Christ (Ephésiens 5.22-33).
177
Si nous voulons être disciples de Jésus, il nous faut pren-
dre ces paroles au sérieux. Jésus dit aussi : « Celui qui voudra
garder sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie pour moi
la retrouvera » (Matthieu 10.39). Ainsi, si nous nous oublions
entièrement pour l’amour de Jésus, nous gagnerons la vie
éternelle. Mais si nous nous cramponnons à nos propres idées
et à nos propres idéaux, à nos biens, notre famille ou à nos
enfants, nous perdrons tout.
Extrait d’une lettre : Je pense que vous avez créé entre vos enfants
adultes et vous-même un attachement excessif, ce qui a égale-
ment amené la division entre vous et votre mari. Vos filles
n’étaient pas libres devant Dieu. Les parents doivent déjà
donner la liberté à leurs enfants quand ils sont petits, et plus
encore quand ils sont adultes. Il ne s’agit pas de leur donner
la liberté de faire le mal, mais de les rendre libres de tout lien
affectif trop fort qui les lierait à leurs parents d’une manière
qui n’est pas juste.
178
d’amour pour Dieu et le Christ. Aimons-nous les uns les autres
uniquement dans l’amour du Christ et du Saint-Esprit. Alors,
les liens entre père, mère et enfants, ces liens qui sont un don de
Dieu, recevront sa bénédiction.
179
La maladie et la mort
Extrait d’une lettre : Toute maladie est une forme de mal, et
pourtant, nous devons l’accepter comme venant de la main
de Dieu. C’est un paradoxe — un paradoxe que nous pouvons
voir aussi dans la croix. Pour Dieu, la croix fut le moyen de
notre rédemption, mais la croix fut aussi l’œuvre du diable.
180
devrions tous vivre de telle manière que nous puissions faire
face à l’éternité à n’importe quel moment. Peu avant sa mort, ma
tante a semblé entrevoir l’éternité, et elle a dit : « C’est tellement
merveilleux — si merveilleux! C’est tellement plus réel que la
vie ici-bas sur terre. » Cette attitude était l’accomplissement
d’une vie vouée à Dieu. Je vous souhaite la même chose pour
vous, et je vous envoie mes sentiments d’affection.
181
(Jacques 5.14-16). A ce sujet, il écrit aussi : « Confessez donc
vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres
afin d’être guéris. La prière fervente de l’homme juste a une
grande efficacité. »
C’est dans ce sens que nous intercédons pour quelqu’un de
très malade en lui imposant les mains et par l’onction, afin de
lui donner notre soutien intérieur et le pardon total, s’il y a lieu
de pardonner quelque chose. Quelle que soit la gravité de sa
maladie, sa vie est entre les mains de Dieu et de l’église.
182
discrétion. Si la grâce de guérir nous est accordée, ce n’est pas
nous qui devons être honorés mais Dieu.
Blumhardt mettait souvent en garde : « Lorsqu’une grâce
vous est donnée, que cela reste un secret entre vous-même
et Dieu et n’en faites pas étalage. Restez naturel et honorez
Dieu. »Il insistait aussi sur le fait que la guérison n’est pas ce
qu’il y a de plus important ; la maladie n’est pas un péché. Il est
plus important de donner sa vie à Dieu, même si l’on est mal-
ade, que d’être guéri puis d’oublier Dieu. « Si Dieu vous guérit,
soyez joyeux, mais soyez tout aussi joyeux dans la maladie. »
Extrait d’une lettre : Ces derniers jours, Dieu nous a parlé à tous
à travers la mort soudaine qui a frappé votre famille. Nous
voulons porter votre douleur avec vous. Je sais qu’elle ne dis-
paraîtra pas avant longtemps. Mais c’est peut-être la volonté
de Dieu qu’il en soit ainsi. La souffrance approfondit quelque
chose dans notre cœur et dans notre vie.
183
l’enfant guérira. Après que les médecins nous aient dit qu’ils
ne pouvaient plus rien faire, je sens en moi, comme une
promesse, que si nous croyons, Jésus-Christ peut tout. Dans
un sens ou dans un autre, la volonté de Dieu et la miséricorde
de Dieu seront manifestées à travers ce petit enfant. Ce n’est
que lorsque l’homme n’est plus capable de faire quoi que ce
soit que l’œuvre du Christ peut commencer. Il ne peut agir
que si nous lui donnons notre confiance et notre foi totale-
ment et sans réserve. Nous ne devrions dépendre de rien de
matériel ni d’extérieur, ni de l’argent ni des médecins, mais
uniquement de Jésus-Christ.
184
Extrait d’une lettre : Cela me peine beaucoup que vous ayez eu à
subir une telle perte. Une expérience aussi douloureuse que la
vôtre, la perte de votre enfant, nous rappelle que cette terre n’est
pas encore vraiment notre demeure, qu’elle ne le sera que lor-
sque Jésus-Christ en sera le seul souverain, et que le péché, la
mort, le chagrin, la peur et la souffrance auront été complète-
ment vaincus et surmontés. Mais en attendant ce jour — qui
sera le plus grand de tous les jours — nous pouvons être cer-
tains que votre enfant et tous les enfants sont entre les mains
de Jésus.
185
l’éternité : son amour éternel. C’est là quelque chose qui
touche l’être dans ce qu’il a de plus profond, ouvre les voies du
pardon — par-delà même la mort physique — et nous con-
duit jusqu’au royaume de Dieu.
Nous prions tous les jours pour que nous fassions l’expérience
de la vie de Jésus en nous. Mais nous savons aussi qu’Il est assis
à la droite du Père, régnant sur les mondes célestes, ses puis-
sances et ses principautés, de même que sur son église. Nous
ne pouvons avoir qu’une très petite idée de la grandeur supra-
cosmique de ces réalités mystérieuses.
En quittant ses disciples, Jésus leur dit qu’Il leur prépare-
rait une place dans les cieux. Ce qu’est cette place, ce qu’il s’y
passe, cette éternité du monde des étoiles et des anges, parmi
les âmes de ceux qui sont morts dans le Christ, demeure un
mystère qui inspire une crainte révérencielle. Lorsqu’Etienne
était en train d’être lapidé, il vit les cieux s’ouvrir et Jésus debout
à la droite de Dieu (Actes 7.55). Plus tard, Jean vit aussi Jésus,
et ses yeux étaient comme une flamme ardente (Apocalypse
1.14). Je crois sincèrement que lorsque Jésus reviendra, nous
le verrons, nous aussi, en personne.
186
Nous savons, grâce aux évangiles, que l’amour pour Dieu
ne peut être séparé de l’amour pour notre prochain. Le chemin
de l’homme vers Dieu, c’est le prochain, le frère. Si un homme
vit complètement pour les autres, alors Dieu sera très proche
de lui quand viendra la dernière heure — j’en ai moi-même
été le témoin.
Extrait d’une lettre : Que votre fils ait déjà, enfant, connu tant de
souffrance et d’épreuves aura sûrement un fort impact sur le
reste de sa vie — et sur la vôtre également. Il est étrange que
les enfants aient à souffrir — comme s’ils portaient la culpa-
bilité d’autres qu’eux-mêmes, comme s’ils souffraient à cause
de la chute originelle. Dans un sens, ils semblent payer le prix
du péché, bien qu’il s’agisse d’un péché auquel ils n’ont pas
encore pris de part active. J’ai souvent pensé à cela, et je crois
que la souffrance des enfants est peut-être en lien étroit avec
la plus grande des souffrances jamais endurées : la souffrance
de Dieu, la souffrance du Christ pour la création perdue. Car
ce sont les enfants dont le cœur est le plus proche de Jésus,
et Il nous les montre en exemple. Voilà pourquoi je crois que
la souffrance d’un enfant innocent est lourde de sens pour
l’église.
Pendant les périodes de souffrance, la chose la plus impor-
tante est de conserver et de protéger votre joie intérieure,
c’est-à-dire Jésus, le Ressuscité. Alors son pouvoir, qui est le
pouvoir de la lumière, sera aussi le pouvoir de guérir.
187
Jésus-Christ. Nous ne devrions pas désespérer quand nos
forces humaines nous abandonnent, car c’est justement à ce
moment là que le Christ peut commencer. C’est ce que nous
pouvons lire dans l’évangile de Jean : « La lumière est encore
parmi vous, mais pour peu de temps. Marchez pendant que
vous avez de la lumière, pour que l’obscurité ne vous sur-
prenne pas ». (Jean 12.35).
188
Le mal et les ténèbres
Nous vivons une époque où beaucoup de gens soit mini-
misent le mal, soit nient carrément son existence. A cause
de cela, ils ne comprennent ni la grandeur du Golgotha ni
l’importance du dernier jugement de Dieu. Ce jugement, qui
est décrit dans l’Apocalypse de Jean, ne peut être compris sans
une compréhension de la puissance du mal. Si le mal n’est pas
perçu comme quelque chose de particulièrement grave, alors
il n’y a pas de raison de le combattre sérieusement.
La croix n’aurait pas été nécessaire si la force du mal n’était
pas si terrible. J’ai entendu des gens poser la question : « Dieu
n’aurait-il pu pardonner les péchés sans le sacrifice de Jésus ? »
La question est tentante, mais une fois que nous reconnaissons
la puissance immense du mal que Dieu devait combattre, nous
comprenons qu’il n’y a pas de pardon sans la croix.
189
rester comme un enfant devant le mal, sans expérience de ses
secrets.
190
Une personne menant une vie innocente en Jésus n’a aucune
raison de craindre d’être possédée par un mauvais esprit. En
revanche, quelqu’un ayant pratiqué la magie ou la sorcellerie
a des raisons d’avoir peur. Nous rejetons même les formes les
plus « inoffensives » de spiritisme, de même que les pratiques
superstitieuses comme le port de bagues de santé, les tables
tournantes ou le dialogue avec les morts. Ces pratiques peu-
vent commencer de manière tout à fait innocente, mais peu-
vent lier une personne à Satan sans qu’elle n’en s’aperçoive.
Tout ceci n’a rien à voir avec une foi d’enfant en Jésus.
191
les malfaiteurs, les percepteurs, les prostituées, les méprisés.
Il n’a pas critiqué ceux qui étaient possédés, Il les a délivrés.
Mais dans cette libération, il y avait le jugement, car les ténè-
bres furent révélées puis chassées. Le mal ne fut en aucune
manière ignoré, mais les hommes en furent délivrés.
192
de tout à fait différent. Pour certains, cela peut être la poli-
tique — travailler et lutter pour l’élection de citoyens respon-
sables qui n’utiliseront jamais ces armes. Nous avons beau-
coup de respect pour cela. Mais notre opposition doit aller
plus loin encore. L’esprit qui pousse les hommes à construire
des armes est l’esprit du mal, et nous ne pouvons le combattre
qu’en vivant pour l’esprit du bien.
193
grandir que des enfants de lumière. Ceci est une chose terri-
ble, mais à laquelle nous devons faire face. Cela arrive surtout
quand le pouvoir humain prend la place du pouvoir du Christ,
qui devrait être seul à gouverner.
Jésus dit que tous les hommes verront « le Fils de l’Homme
siégeant à la droite du Tout-Puissant » (Marc 14.62). Jésus parle
de son Père comme du Tout-Puissant. C’est là la plus grande
des réalités, bien plus grande que notre vie mortelle. Si nous
craignons le Malin (et cette crainte peut être très réelle), nous
pouvons toujours avoir confiance en Jésus. Lui aussi est réel. Il
est au cœur du trône de Dieu. Il est le cœur même de l’église, le
chef de l’église, et Il comprend notre cœur, que nous ne com-
prenons pas nous-mêmes.
C’est une grande erreur que de croire que nous pouvons
comprendre notre propre cœur. Nous pouvons nous com-
prendre de manière superficielle, mais seul Dieu connaît vrai-
ment nos cœurs. Ainsi, même si nous sommes tourmentés
par de grandes tentations, par les épreuves et par les attaques
du Malin, nous pouvons toujours nous tourner vers Dieu avec
confiance et une grande espérance en la victoire.
194
Extrait d’une lettre : J’ai entendu votre appel désespéré au secours,
et je vous comprends très bien. Vos pensées vous effrayent
tellement qu’elles prennent du pouvoir sur vous. Vous devez
vous détourner de cette peur. Car c’est la peur qui met ces pen-
sées dans votre cœur, et alors des peurs et des angoisses plus
terribles encore vous saisissent.
Ne laissez pas les peurs vous ébranler. Si vous réussissez à
les mettre de côté et à avoir confiance en Dieu, beaucoup de
choses changeront. Ne doutez jamais de l’aide de Dieu et de
son intervention. Je vous assure qu’Il vous aime et qu’Il est
bien plus proche de vous que vous ne le savez.
Jésus nous promet qu’Il sera avec nous tous les jours jusqu’à la
fin du monde (Matthieu 28.20). Mais ne sous-estimons pas les
forces obscures de l’impureté, du mammonisme, du meurtre,
de la haine et de la rancune autour de nous — elles attaquent
les frères et sœurs dans l’église. Jésus a dû prévoir que l’église
serait attaquée par les forces de l’enfer, car Il a dit à Pierre
qu’elles ne pourraient rien contre elle (Matthieu 16.18). Nous
devons veiller et prier constamment.
195
Le combat
Les puissances invisibles qui nous entourent, nous êtres
humains sur cette terre, peuvent apporter beaucoup de souf-
frances ou beaucoup de joies. Il y a des pouvoirs de Dieu qui
apportent la paix, la joie, le pardon des péchés et la vie en com-
munauté. Ces pouvoirs sont incarnés en Jésus-Christ. Mais il
y a également des puissances obscures — celles du meurtre,
de l’envie, de l’ambition et de l’injustice. Ces puissances sont
elles aussi invisibles, mais dès qu’elles s’emparent de l’âme de
quelqu’un, elles le poussent à commettre de mauvaises actions
qui, elles, sont visibles.
Il nous faut bien comprendre que ces puissances dont nous
parlons ne sont pas simplement des abstractions parce qu’elles
sont invisibles. Nous avons à faire à quelque chose de tout à
fait réel — non pas à une philosophie ou à un enseignement
quelconque, mais à des puissances des ténèbres et de la lumi-
ère, au bien et au mal, à la destruction et à l’unité, à des forces
qui veulent tuer et d’autres qui veulent nous amener à la vie.
196
(Luc 11.15). Mais Jésus répondit : « Si donc Satan est en lutte
contre lui-même, comment son royaume pourrait-il contin-
uer d’exister ? » (Luc 11.17-18). L’armée de Satan est très disci-
plinée : elle sait comment attaquer une âme, un groupe de per-
sonnes unies ou même une nation.
L’évangile nous apprend que le monde tout entier est le
champ de bataille de Dieu contre Satan — le cœur humain
l’est aussi. Mais nous devons également tenir compte du fait
que si deux ou trois personnes sont totalement unies en Jésus,
le diable en sera furieux.
La lutte entre Dieu et Satan ne fut jamais aussi féroce le
combat que Jésus mena au Golgotha. Il semblait même à Jésus
que Dieu l’avait abandonné. Malgré tout cela, Jésus remit avec
confiance son âme et son esprit dans les mains du Père. Dès
lors, la victoire fut gagnée, non seulement sur cette terre, mais
aussi sur toutes les puissances, toutes les principautés et tous
les anges.
197
d’amour, de pureté et de tout ce que Jésus représente. Ce n’est
qu’alors que notre amour peut rayonner vers tous les hommes.
Il nous faut prier et lutter sans cesse pour cela.
198
Extrait d’une lettre : Frères et sœurs, soyons bien vigilants car lor-
sque Dieu désire faire quelque chose de bien parmi les hommes,
le diable fait tout ce qu’il peut pour le détruire. Pensez à la ten-
tation de Jésus après son baptême : Il fut tenté par Satan parce
que son cœur était si pur et parce qu’Il appartenait entière-
ment à Dieu.
Rien n’est plus exaspérant pour le prince de ce monde
qu’une Eglise dans son premier amour. Dans l’Apocalypse
nous pouvons lire que, déjà à l’époque de Jean, le diable réussit
à faire du tort à l’Eglise. Le mal fut même si grand que Jésus dut
dire à un groupe de fidèles : « Je sais que tu passes pour vivant,
mais tu es mort » (Apocalypse 3.1). Il donna néanmoins la
chance à cette communauté de se réveiller, de changer et de
revenir à un amour vrai et authentique.
Je crois — si j’ose parler ainsi du fond de mon cœur — que
Jésus désire venir à nous de façon aussi intime que si son sang
était le nôtre, afin de nous purifier complètement.
Extrait d’une lettre : Je proteste contre l’idée qu’il ne faut pas réa-
gir vivement lorsque Dieu est attaqué, que des frères ou des
sœurs sont maltraités ou lorsqu’on fait du tort à l’Eglise. Je
ne pense pas que Jésus était calme et posé quand il chassa les
marchands du temple, où l’honneur de Dieu était en jeu. Je
protesterai toute ma vie contre une froide distance face à la
cruauté ou toute autre chose qui détruit l’œuvre de Dieu.
199
décisions viendront d’elles-mêmes. Nous devons supplier
Dieu de nous accorder un amour tel pour Jésus-Christ que
toutes ténèbres et tout mal dans notre communauté nous
soient révélés.
200
Même s’il nous faut reconnaître que nous avons failli, nous
ne devons pas voir tout en noir ni penser que nous avons perdu
ce qui faisait le fondement de notre vie. Le jugement de Dieu,
c’est sa bonté — Il ne peut être séparé de sa miséricorde et
de sa compassion. Si nous nous repentons profondément et
devenons humbles devant Dieu, nous ne serons plus rien, et
c’est alors que le Christ peut vivre en nous.
Utiliser l’action de Dieu en nous-mêmes pour servir notre
orgueil est certainement un péché. Mais c’est également un
péché que de dénier la grâce de Dieu quand nous avons failli.
Nos manquements devraient nous conduire à l’humilité et à
Dieu.
201
Un passage de l’évangile est devenu très clair pour nous : nous
devons être le sel de la terre (Matthieu 5.13). Nous avons réal-
isé — avec une certaine crainte — combien il est dangereux
pour une église si elle perd la saveur et la force de son sel. Le sel
donne du goût à ce qui est insipide, et il empêche la décompo-
sition. Notre époque a besoin de sel.
Nous sommes coupables d’avoir toléré les mauvais esprits
trop longtemps. Jésus nous met en garde sévèrement contre
les faux prophètes, contre ceux qui parlent de paix là où il n’y
a pas de paix et d’amour là où il n’y a pas d’amour.
Si Dieu seul règne dans chaque cœur, nous aurons une com-
munauté saine, pleine de joie, de dévouement et d’amour.
Chacun sentira cela dans l’ambiance qui règnera dans notre
communauté. Chaque membre ira demander pardon à celui
qu’il aura blessé ou atteint dans son amour. Et ceci ne se
fera pas parce qu’on lui aura dit de le faire, mais par un élan
intérieur.
202
Dans chaque église il faut des voix osant parler au nom du
Christ, même si cela est douloureux pour la personne qui parle
ou pour d’autres membres. Cependant, prendre la parole doit
toujours être fait par amour du Christ, sinon c’est un péché.
203
complètement de Dieu, nous aurons le courage de tenir tête
à quiconque offense notre conscience ou celle d’un autre,
ou maltraite une autre personne. C’est un péché que de se
taire parce qu’on a peur. Dans ma vie, j’ai souvent commis
ce péché, mais j’en ai aussi goûté les fruits amers pour moi-
même et pour l’église dans son ensemble.
Extrait d’une lettre : Nous devons nous décider à être pour Jésus,
sinon nous serons contre lui (Matthieu 12.30). La situation
mondiale nous pousse à prendre position pour le Christ
— une position contre la violence, l’injustice, la haine et
l’impureté. Il nous faut témoigner non seulement en paroles
mais aussi en actes. Nos vies doivent prouver qu’il y a un autre
chemin, un chemin meilleur.
204
EXTRAIT DE L’ALLIANCE DE LA CÈNE1
Nous nous déclarons unis, sous le jugement et la miséricorde
de Dieu.
Nous faisons le serment de vouloir vivre dans la vénération
de Dieu, de Jésus-Christ et de son Esprit Saint.
La croix, où nous trouvons le pardon des péchés, est le cen-
tre de notre vie.
Nous déclarons la guerre à tout outrage envers Dieu, le
Christ ou son Eglise.
Nous déclarons la guerre contre les abus du nom de Dieu,
du Christ et du Saint-Esprit.
Nous déclarons la guerre à tout outrage envers l’esprit
d’enfance de Jésus tel qu’il est présent chez les enfants, et nous
voulons lutter pour les enfants plus âgés chez qui cet esprit
d’enfance a été en partie perdu.
Nous déclarons la guerre à toute forme de cruauté émo-
tionnelle ou physique envers les enfants.
Nous déclarons la guerre à toute recherche de pouvoir sur
les autres, y-compris sur l’âme des enfants. Nous recherchons
l’esprit de l’église et des anges de Dieu.
Nous faisons le serment de prier pour que la lumière de
Jésus libère tous ceux qui sont asservis au mal ou qui sont
tourmentés par de mauvaises pensées, et qu’elle nous révèle
ceux qui servent les ténèbres afin que ceux-ci puissent être
conduits à la repentance.
1
L’Alliance de la Cène fut rédigée par Heinrich Arnold et signée par tous les
membres du Bruderhof le 30 décembre 1975 après une année de luttes intenses.
Elle avait pour but de clarifier les vues de la communauté sur plusieurs sujets
importants.
205
Nous déclarons la guerre à l’esprit de Mammon et à tout
faux amour lié à Mammon.
Nous déclarons la guerre à toute grandeur humaine et à
toutes les formes de vanité.
Nous déclarons la guerre à tout orgueil, y compris l’orgueil
collectif.
Nous déclarons la guerre à l’esprit de rancune, d’envie et de
haine.
Nous faisons le serment de déposer au pied de la croix notre
propre pouvoir et notre propre « grandeur ».
Nous déclarons la guerre à tout avilissement des autres,
y-compris de ceux qui sont tombés dans le péché.
Nous déclarons la guerre à toute forme de cruauté envers
les autres, même s’ils ont péché.
Nous déclarons la guerre à toute forme de magie et à toute
curiosité vis-à-vis des ténèbres sataniques.
Nous prions d’avoir le courage de nous réjouir si nous souf-
frons ou sommes persécutés pour la justice.
Nous prions pour le pardon de nos péchés car sans Jésus,
nos cœurs et nos actions ne peuvent être purs.
Nous prions de pouvoir vivre pour le monde, comme Jésus
l’a exprimé dans le chapitre 17 de Jean : que nous soyons un,
comme le Christ est uni au Père, afin que le monde croie que
le Christ a été envoyé par le Père (Jean 17.21). Nous demand-
ons avec le Christ de ne pas être retirés du monde, mais d’être
protégés des forces du mal.
Nous prions Jésus-Christ de consacrer notre communauté
dans sa vérité. La Parole du Christ est la vérité. Nous prions
qu’Il nous envoie dans le monde, afin d’être une lumière pour le
monde.
206
La souffrance du monde
Si nous cherchons les racines de la souffrance, nous les trou-
verons dans le désir de possession et l’esprit de Mammon. Cet
esprit est l’esprit de Satan, attaché à faire mourir l’homme dès
le commencement, comme le dit Jésus (Jean 8.44). Il amène les
ténèbres et la mort. Beaucoup de ceux qui servent Mammon
essaient de le dissimuler derrière de merveilleux idéaux. Mais
malgré ces idéaux, les fruits de cet esprit sont l’injustice et la
mort — c’est là la cause de la souffrance de notre époque et
de tous les temps. Si nous considérons honnêtement la souf-
france du monde, nous verrons combien elle est étroite-
ment liée à notre propre culpabilité et la culpabilité de toute
l’humanité aujourd’hui. Nous reconnaîtrons également que,
comme toute cette souffrance est une, nous en faisons partie
et devons souffrir avec tous ceux qui souffrent.
207
Pour l’amour de Dieu, nous devons reconnaître et proclamer
le fait que la souffrance est le fruit du péché et de la culpabilité
du monde, le fruit de la révolte de l’homme contre Dieu.
208
de Jésus, et c’est cela qui nous manque. Notre époque nous
appelle à retrouver ce premier amour.
Cher frère, ceci n’est pas l’esprit d’amour de Jésus. Il est vrai
que beaucoup de personnes sont intérieurement éteintes,
mais cette apathie est l’expression de leur misère. Elle est un
signe, probablement le plus grave, qui nous montre à quel
point Satan, ennemi de Jésus et meurtrier dès le commence-
ment, domine le monde. Ne réalisez-vous pas à quel point
209
cela doit blesser Jésus que nous parlions de la misère de notre
prochain avec tant de froideur et de condescendance?
Croyez-vous que Jésus avait cette attitude ? Croyez-vous
qu’Il serait mort pour nous s’Il avait pensé de la sorte ? Nous
ne pouvons parler ainsi des pauvres et des opprimés — au
contraire, nous sommes appelés à aimer notre prochain, et
particulièrement celui qui est dans un tel dénuement qu’il ne
voit plus d’issue.
210
aussi des ivrognes, des voleurs et des gens recherchés par la
police. Un meurtrier, qui avait fait plus de vingt ans de prison,
a vécu parmi nous. Mes parents n’étaient pas inquiets quant
aux répercussions possibles de telles situations sur les enfants.
Mais jamais nous n’avons été exposés à l’impureté sexuelle. Si
les gens qui étaient accueillis se comportaient de manière indé-
cente, mon père ne le tolérait pas.
Aucune de ces personnes ne s’est jointe à notre commu-
nauté, et je ne pense pas qu’aucune d’entre elles ne se soit inté-
ressée à nous en tant qu’église. Elles étaient simplement sans
abri. Mais mon père ne leur a jamais refusé un toit. La Bible
nous dit qu’en hébergeant des étrangers, beaucoup ont ainsi
accueilli des anges sans le savoir (Hébreux 13.3).
Je suis inquiet à propos d’un incident qui s’est déroulé non loin
de chez nous, et ne sais comment nous devrions réagir2. Un
homme de notre voisinage a été battu — il a reçu deux coups
à la tête — parce qu’il avait retiré des affiches antisémites qui
avaient été collées dans des lieux publics. De quelle manière
1
Note datée du 13 juin 1964.
2
Note datée du 12 avril 1964
211
devrions-nous protester contre une telle violence et témoigner
de l’amour et de la justice ? D’une part, il y a le danger de
trop nous impliquer dans la politique, ce qui n’est pas notre
tâche. D’autre part, nous ne pouvons rester silencieux face
à l’injustice dans notre propre voisinage ; nous ne pouvons
être complaisants et dire que ce ne sont pas nos affaires. Ayant
vécu en Allemagne dans les années trente, je sais ce que cela
implique de rester silencieux sur ce genre de sujets. Hitler a pu
prendre le pouvoir en l’Allemagne simplement parce que tant
de gens n’ont pas osé protester ou s’impliquer.
1
Note datée du 22 août 1965
2
Jeune militant des droits civiques, assassiné dans le Mississipi en 1964
212
Notre cœur est petit — je le sais de moi-même — mais
si nous nous laissons guider par Dieu, nous trouverons la
réponse à la question de notre responsabilité. Tout autre moyen
échouera. Si l’amour de Dieu anime nos cœurs, notre vie attein-
dra de nouvelles cimes et de nouvelles profondeurs, et il nous
mènera vers l’action juste. Mais nous devons lui demander de
toucher notre cœur — aujourd’hui, demain et chaque jour.
213
jugement dernier. Les famines et les épidémies des siècles passés,
la persécution de nos ancêtres anabaptistes et d’innombrables
autres petites communautés, la guerre de trente ans, le massa-
cre des amérindiens, sont autant d’exemples des souffrances
immenses qui sont déjà l’accomplissement d’un grand nombre
de prophéties du jugement dernier. Il en est de même face à la
Grande Guerre et à la Seconde guerre mondiale, qui ont proba-
blement été ce que l’humanité a vu de plus horrible. Les derni-
ers jours ont déjà commencé.
214
La mission
En tant que fraternité, nous aspirons profondément à aller à la
rencontre d’autres personnes en recherche. Mais ceci ne veut
pas dire que nous devrions tous nous mettre en route pour
aller parler aux gens de notre foi. L’apostolat doit être un don,
un don brûlant et authentique qui vient de Dieu et qui nous
conduit vers ceux qui veulent entendre. Il ne s’agit pas sim-
plement de prêcher. Nous recherchons une relation person-
nelle et intime avec les gens — quelque chose qui ne peut être
réalisé par les hommes. Dieu seul peut nous donner la parole
juste, au bon moment, pour la bonne personne.
215
je ne mentionnerai pas notre mouvement. » C’est la cause de
Dieu qui devrait être notre souci principal.
216
le monde ? N’avons-nous pas une responsabilité énorme ?
« Allez dans le monde entier et annoncez la bonne nouvelle
à tous les hommes. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé,
mais celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16.15-16)
217
Si c’était possible, nous aimerions convaincre des milliers, des
millions de personnes de vivre comme des frères et sœurs en
Jésus-Christ. Nous désirons qu’un maximum de personnes
vienne à nous, pour que nous puissions partager avec elles. Et
nous voulons que notre désir d’apostolat se fasse encore plus
ardent. Mais par ailleurs, nous préférons avoir deux ou trois
membres totalement engagés, plutôt que des centaines qui ne
le sont pas. Nous ne voulons pas que le sel de notre témoign-
age se perde. Nous préférerions être un petit groupe, qui a un
véritable amour pour le Christ et une foi réelle en lui, plutôt
qu’un groupe rassemblant des masses mais où règnent la jal-
ousie et la haine.
218
renouvelée, le pardon, la confiance et l’amour envers les per-
sonnes qui nous ont blessés. Si l’unité est forte entre nous, elle
rayonnera vers l’extérieur, dans le monde. Nous ne savons pas
comment, mais cela se fera.
219
Dans sa dernière lettre, mon père écrit : « Nous n’avons pas
encore atteint au véritable apostolat, mais il devient de plus en
plus urgent de le solliciter par la prière. » Je sais qu’il espérait
que cet apostolat — ramener les morts à la vie et chasser les
mauvais esprits — serait à nouveau accordé à notre époque.
Peu lui importait qu’il lui fût accordé à lui, personnellement,
ou à nos communautés, mais il souhaient qu’il fût accordé
quelque part.
220
Jésus envoya ses disciples sous le signe de l’Agneau. Celui
qui a vécu des pressions, et spécialement des pressions reli-
gieuses, saura pourquoi Il fit cela. Cela devient encore plus
clair si l’on pense à la colombe, symbole de l’esprit de Dieu.
L’Esprit descendit sur Jésus comme une colombe : ni dans
la force, ni dans la contrainte ou la malveillance, incapable
d’attaquer et sans forcer son libre-arbitre. Voilà le caractère de
la mission apostolique : aucune coercition, aucune pression,
aucune persuasion. Jamais la personnalité la plus forte ne doit
dominer la plus faible, elle doit être aussi inoffensive qu’une
colombe. Cependant, lorsqu’Il dit : « Soyez innocents comme
des colombes », Jésus dit aussi : « Soyez prudents comme des
serpents. » (Matthieu 10.16).
221
26.18). Voilà le but de la mission. Il est clair qu’elle ne peut
jamais être une entreprise humaine. Nous en sommes incapa-
bles — absolument incapables — sans une relation profonde
et intime avec Dieu, avec Jésus et avec l’église.
222
LE ROYAUME
DE DIEU
Jésus
Jésus fut le serviteur souffrant. Sa vie débuta dans une hum-
ble étable et se termina par la mort — au seul nom de l’amour
parfait — sur une croix, entre deux criminels. Il fut vraiment
homme, tout en étant Dieu ; Il fut le Verbe devenu chair ; Il fut
Fils de Dieu mais Il se dit aussi le Fils de l’Homme.
Jésus-Christ est le rédempteur qui vient à nous, hommes
faibles et pécheurs. Il nous libère du péché et des puissances
démoniaques. Il fait de nous des hommes véritables. Il est le
guérisseur qui guérit sans rien demander en échange. Il est la
vraie vigne, l’arbre vivant. Il reste le même, hier, aujourd’hui
et pour toute l’éternité. Jésus est le cœur même de la compas-
sion, l’ami de l’homme, celui qui appelle à une vie nouvelle.
Il est le vrai et le bon berger, le roi du Royaume de Dieu. On
l’appelle le merveilleux conseiller, le Dieu puissant, le Père
éternel et le prince de la paix.
Le Christ est la puissance qui rassemble : « Combien de fois
ai-je désiré rassembler tes enfants, comme une poule rassem-
ble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu »
(Luc 13.34). Sa dernière prière fut pour l’unité et l’amour entre
ses disciples. Sa nouvelle vie triomphe des séparations, conduit
224
à la communauté et rend les hommes un de cœur et d’esprit. Il
est la révélation de l’amour de Dieu et de son royaume.
Nous devons faire l’expérience de Jésus dans notre cœur et
dans notre âme. Mais il nous est demandé bien plus encore :
nous devons faire l’expérience de Jésus comme Seigneur de
toutes choses, roi de toutes les principautés et de tous les
mondes divins. Nous devons concentrer notre cœur, notre
esprit et notre âme sur la vision de son royaume et sur lui,
Celui qui vient.
225
tout l’évangile par cœur, nous ne pourrions pas prétendre
avoir le Christ en entier. Seul l’Esprit Saint est capable de nous
le révéler.
Jésus perçoit le mal dans une personne d’une manière si
tranchante et si claire que l’on pourrait croire que cette per-
sonne n’a pas d’amour en elle ; et pourtant, l’espoir de Jésus
pour la personne est si grand que l’on pourrait croire qu’il
n’y a aucun mal en elle. Dans le Nouveau Testament, nous
trouvons simultanément les paroles de condamnation éter-
nelle les plus sévères et l’amour le plus tendre.
Il nous faut tout aimer en Jésus : sa sévérité et sa compas-
sion. En aimant sa sévérité, nos cœurs seront purifiés et émon-
dés ; mais nous ne pourrions pas vivre si son amour, sa com-
passion et sa pitié n’étaient plus grands encore.
C’est une erreur de penser que Jésus n’était que fort et cou-
rageux. Il fut crucifié dans la faiblesse, et ceci est un profond
mystère. Il s’est fait faible par amour pour nous tous, pour les
péchés du monde, et pour amener la réconciliation et la vic-
toire de Dieu sur la terre et au ciel. C’est pour cela que nous
l’aimons.
Jésus fut crucifié dans la faiblesse, mais aujourd’hui, Il vit
dans la puissance de Dieu. Nous aussi, nous sommes faibles
comme Il le fut, et pourtant, par la puissance de Dieu, nous
pouvons devenir unis à lui et pleins de vie.
Si nous sommes orgueilleux, nous ne pouvons pas vivre
par la puissance de Dieu, car quand nous nous sentons forts
de corps et d’esprit, nous lui faisons obstacle. Mais lorsque
nous sommes faibles, il n’y a pas d’entrave.
226
Dans le chapitre 15 de Jean, Jésus parle du fond du cœur de
l’unité de ses disciples. Il se compare à une vigne, et Il compare
son Père au vigneron qui ôte de la vigne toute branche qui ne
porte pas de fruits et taille celles qui en portent, afin qu’elles
produisent encore plus.
Le Sauveur ne nous laisse pas dessécher en nous coupant
tout à fait de la vigne. Mais plutôt, Il nous purifie, et nous rat-
tache à sa vigne. Nous devons vivre cette expérience de puni-
tion et de jugement, car Jésus dit que quiconque porte du
fruit, Il le purifie. Quand un vigneron taille les branches, il se
sert d’un couteau. Il nous faut prier pour que le couteau pénè-
tre profondément dans notre cœur, même si c’est très dou-
loureux, afin que, purifiés par lui, nous puissions être greffés
sur la vraie Vigne.
Notre Sauveur dit : « Demeurez en moi et je demeurerai en
vous. » J’aspire ardemment à ce que nous demeurions tous
en lui et lui en nous. Il n’y a rien de plus grand, rien de plus
merveilleux, rien de plus joyeux que l’unité avec Jésus-Christ.
227
poser la question : sommes-nous prêts à suivre son chemin,
de l’étable jusqu’à la croix ? Jésus n’a pas promis à ses disciples
le confort et du bon temps — Il dit que nous devons renon-
cer à nous-mêmes, et souffrir avec et pour lui. C’est la seule
façon de le suivre, mais derrière cela se cache la vie dans toute
sa gloire — l’amour ardent de Dieu, infiniment plus grand que
nos cœurs et nos vies.
Extrait d’une lettre : Jésus fut un homme fort, d’une manière nou-
velle. Il était à la fois très faible et très fort. Il n’eut pas honte
de verser des larmes sur Jérusalem, qu’Il voulait rassembler
comme une poule rassemble ses poussins ; Il n’eut pas peur
de pleurer en public à la résurrection de Lazare ; et Il n’eut pas
peur de montrer son agonie à Gethsémani. Tout ceci ne faisait
pas de lui un homme « fort » dans le sens où le monde l’entend.
Et pourtant, l’amour de Jésus était si grand qu’Il fut capable
de supporter la douleur la plus atroce et l’abandon de Dieu, et
dans sa force, Il accomplit la tâche que le Père lui avait confiée.
Dans la véritable faiblesse nous devenons impuissants, et
dans la véritable impuissance nous trouvons la force. C’est
cela le secret.
228
L’essentiel est la fidélité à la relation ; les sentiments ne seront
pas toujours les mêmes. Lorsque nous sommes rappelés au
premier amour, cela peut nous donner une joie immense, c’est
un don de Dieu. Ce sentiment ne durera pas toute la vie. Mais
si nous restons fidèles, notre relation avec le Christ ne chang-
era pas, même si nous avons à traverser des périodes de souf-
france et de larmes, de chagrin et de vide.
229
Il y a une certaine relation subjective de l’homme avec Jésus
que nous rejetons car cette subjectivité oublie la grandeur de
Dieu et de l’église, comme si seules mon âme et ma rédemp-
tion étaient importantes. Mais rejeter notre relation intime
avec Jésus parce qu’elle est subjective serait aussi une erreur
— nous devons faire l’expérience de son amour, de sa mort
sur la croix et de son pardon d’une manière personnelle.
Tout ce dont nous avons besoin pour trouver Dieu nous est
donné à travers le Christ. Mais cela ne sert à rien de vouloir
comprendre cela par notre intellect, ni d’apprendre la Bible ou
des prières par cœur. Jésus doit venir au plus profond de notre
cœur afin que nous soyons touchés par sa personne. Il com-
pare cette expérience à manger son corps et boire son sang.
C’est le contraire d’une expérience uniquement intellectuelle.
C’est une expérience qui vient du fond du cœur.
230
Jésus désire que nous aimions tout en lui — ses actes, ses
paraboles, son rejet de Mammon et des biens de ce monde,
sa pureté de cœur et sa fidélité dans les relations, la tristesse et
la souffrance que lui cause l’injustice, sa mort avec des crimi-
nels — mais plus que tout le reste, Il désire que nous l’aimions
lui, personnellement, son cœur et son sang.
Les juifs avaient de la difficulté à accepter l’idée de boire le
sang de Jésus et de manger sa chair, car la loi de Moïse défen-
dait de boire du sang. Jésus cependant voulait montrer à ses
disciples une unité et une communauté qu’Il ne pouvait que
comparer avec le corps et le sang. En fait, Il parle de la com-
munion éternelle avec lui dans le royaume de Dieu.
Jésus est venu comme un médecin pour les malades et
comme un berger pour ceux qui sont perdus ; Il n’est pas venu
que pour les justes. Il est l’amour de Dieu à l’œuvre sur la terre.
Si nous comprenons cela réellement, nous saurons que suivre
Jésus signifie souffrir. Ce ne peut être un chemin facile.
231
Cette parabole s’adresse à notre époque, car il y a presque
2 000 ans que Jésus vécut sur la terre, et nous nous sommes
habitués à attendre. Le monde continue comme avant. Mais le
temps viendra où nous souhaiterons avoir de l’huile.
Extrait d’une lettre : N’oubliez jamais que votre cœur doit être vide
et pauvre en esprit pour que Jésus y règne — vous ne pouvez
garder pour vous-même aucun recoin caché. Regardez tout
du point de vue de Jésus et non du vôtre. Ce que vous pensez
ou éprouvez n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est la
volonté de Jésus. Si vous vous abandonnez à lui, tous vos sen-
timents changeront.
232
vous le soyez, car Jésus dit : « Heureux les pauvres en esprit ».
Par moments vous êtes très riche — riche en opinions et rem-
plie d’amour-propre et d’estime de vous-même. Devenez
véritablement pauvre.
Extrait d’une lettre : Je sais que Dieu vous a donné un cœur qui
aime, mais votre vieille nature doit mourir afin que vous puis-
siez accueillir son amour. Alors Il pourra se servir de vous
tel qu’Il vous a créé. Mourir avec le Christ ne veut pas dire
s’éteindre. Cela veut dire lui offrir notre être le plus profond,
déposer nos péchés au pied de la croix, et devenir un avec celui
qui est mort pour nous.
233
celle de recevoir Jésus en tant que personne réelle, en tant que
Fils de l’Homme qui désire nous aimer et se révéler à nous. Si
nous demeurons en lui, Il demeurera en nous, et nous pour-
rons dire comme l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vis,
mais c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2.20).
234
signifie la présence du Père en nous, et cela se fait à travers le
Saint-Esprit.
LA PAROLE VIVANTE
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de
Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement près de
Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui, rien n’a
été fait » (Jean 1 : 1-3).
Le Verbe est l’expression personnelle de Dieu. Il est devenu
chair et Il a demeuré parmi nous en tant qu’homme — celui
qui était et qui est le Christ. C’est avec sa Parole que Dieu parle
aux cœurs des hommes et qu’Il les juge. Et lorsqu’ils recev-
ront la parole et qu’ils se repentiront — lorsqu’ils ressenti-
ront beaucoup de douleur et de remords pour l’injustice et les
fautes qu’ils ont commises, pour leurs mensonges, meurtres,
impureté et ténèbres — alors le royaume viendra.
235
anabaptistes au temps de la Réforme, ils venaient la Bible à la
main pour les noyer, les décapiter ou les pendre.
236
Extrait d’une lettre : Je me réjouis que la Bible soit devenue vivante
pour vous. C’est tellement important : non pas la lettre morte
mais le Jésus vivant. Puisse-t-il brûler dans nos cœurs et dans
nos vies. Alors nous ne serons plus préoccupés de nos activ-
ités extérieures au point que notre vie intérieure en souffre.
Lorsque Jésus devient le centre de notre vie, notre vie inté-
rieure devient comme une flamme qui brûle pour lui.
LE SAINT-ESPRIT
Le Saint-Esprit est comme l’eau, qui cherche l’endroit le plus
bas. Il ne vient que dans le cœur brisé et humble.
237
L’expérience du Saint-Esprit ne peut jamais rester une expé-
rience individuelle : elle mène vers la communauté. Lorsque
le Saint-Esprit descendit sur les disciples à Jérusalem, ils
devinrent un de cœur et d’esprit. Ils furent tellement remp-
lis d’amour qu’ils ne pouvaient plus vivre pour eux-mêmes
seulement. C’est là le plus grand des dons : l’expérience de
l’union avec Jésus en communion avec d’autres.
238
La croix
Le fait que le sang de Jésus fut versé pour le pardon des péchés
est un mystère. Beaucoup disent : « Dieu est si grand, si puissant,
qu’Il aurait pu sauver l’humanité sans la croix. » Mais ceci n’est
pas vrai. Nous devons nous rappeler que Dieu n’est pas seule-
ment pur amour — ce qui aurait pu lui permettre de pardonner
nos péchés sans la croix — mais qu’Il est également pure jus-
tice. L’amour de Dieu et la justice de Dieu devaient être révélés
au monde des anges, car il y a des anges maléfiques comme il y
a des anges saints.
Tuer le Fils de Dieu a été le plus grand mal jamais commis.
Mais c’est précisément à travers cet acte que Dieu a manifesté
son amour le plus grand, et qu’Il a offert à tous la possibilité de
trouver la paix en lui ainsi que le pardon des péchés.
239
la confiance totale en Dieu. C’est en lui que nous trouvons le
jugement le plus sévère de la colère vis-à-vis de tout le mal,
mais aussi la révélation de sa grâce aimante.
La pensée que Dieu est tout amour peut aussi nous priver de
l’expérience de sa puissance. Les gens savent que Dieu par-
donne les péchés, mais ils oublient qu’Il juge également. Il y
a, dans la pensée moderne, quelque chose d’une révolte con-
tre l’Expiation. Peut-être que notre idée d’un Dieu tout amour
nous empêche d’être prêts à faire face au jugement. Nous croy-
ons que seuls l’amour et le pardon sont nécessaires, mais ceci
n’est pas tout l’évangile — et cette croyance rend Dieu bien
trop humain.
240
La croix est le seul endroit où nous puissions trouver la puri-
fication — pas seulement de l’impureté sexuelle, mais de tout
ce qui souille l’âme : la tromperie, l’hypocrisie, le meurtre, le
manque d’amour et l’envie. Nous ne trouverons la purifica-
tion que si nous trouvons le Crucifié.
241
Jésus est venu pour détruire les œuvres du diable, et la mal-
adie et la mort sont les œuvres du diable. Dieu les permet,
mais dans le Christ, Il les prend sur lui. Les sept dernières
paroles du Christ commencent par : « Mon père, s’il est possi-
ble, éloigne de moi cette coupe de douleur » (Matthieu 26.39).
Nous ne pouvons nous imaginer tout ce que cette coupe con-
tenait. Mais Il était prêt à l’accepter, et bien qu’Il ne sentît pas
la proximité de Dieu, Il remit quand même son esprit entre
ses mains. C’est là la seule façon de triompher des œuvres du
diable.
Quand je pense à Jésus, je vois sa croix enracinée dans la terre,
s’élevant vers les hauteurs, avec les bras étendus pour étreindre
tous ceux qui viennent à lui. La croix est le seul endroit où la
victoire sur la tentation, le péché et le diable est complète. Il n’y
a pas d’autre endroit.
Nous devons prier pour que tous les obstacles dans notre cœur
soient surmontés, afin que nous puissions faire l’expérience
de la mort de Jésus dans sa totalité. Nous ne sommes pas
encore assez touchés par sa souffrance et sa mort innocente
sur la croix. Jésus a donné son sang pour que chaque cœur
repentant puisse recevoir le pardon des péchés. Ses bras sont
242
grand ouverts, comme ils l’étaient sur la croix, pour tous les
croyants repentants.
Nous savons que beaucoup de choses dépendent de notre
volonté, mais nous savons aussi que nous sommes incapables,
par nos propres forces, de renaître de l’Esprit Saint, comme les
gens en ont fait l’expérience à la Pentecôte. Nous devons don-
ner notre âme, notre esprit et notre cœur à Dieu en lui disant :
« Change-les ! ». Nous avons besoin d’être changés dans tout ce
qui concerne le passé, le présent et le futur, d’être saisis par la
mort douloureuse du Christ et par sa résurrection.
C’est parce que nous sommes préoccupés de nous-
mêmes — parce que nos cœurs sont pleins d’amour-propre,
d’envie et d’autres choses — que nous ne pouvons répondre
comme les personnes l’ont fait à la Pentecôte. A ce moment,
l’Esprit descendit et transperça leurs cœurs comme une
épée transperce l’os et la moelle. Et ceci doit être notre prière
aujourd’hui : donne-nous ton Saint-Esprit et transperce-nous.
Aie pitié de nous, et transforme-nous jusque dans les profon-
deurs de notre être !
243
jusqu’au bout. C’est beaucoup plus facile pour nous que pour
Jésus, parce qu’Il nous a précédés dans la voie de la souffrance
assumée jusqu’au bout. Nous devons brûler d’un tel amour
pour lui que nous pouvons boire avec joie et jusqu’à la dern-
ière goutte, la coupe qui nous est destinée.
244
que le domaine personnel ; elle embrasse la terre entière — et
bien plus.
245
Le salut
Extrait d’une lettre : Dans sa parabole des dix vierges, Jésus met
l’accent sur la réalité du châtiment du péché et la perte du salut
éternel. La pensée d’un châtiment éternel certes fait peur, mais
Jean écrit que l’amour total chasse la peur, car la peur pense
encore au châtiment et celui qui pense au châtiment n’aime pas
totalement. La tension entre ces deux pôles — la peur du châti-
ment et l’amour qui chasse toute peur — ne peut être surmon-
tée que par l’expérience de l’amour.
Si vous aimez quelqu’un profondément, vous n’aurez pas
peur de lui. De même, si vous aimez vraiment Jésus, vous ne le
craindrez pas. Vous ne pouvez servir Jésus par crainte.
246
la colombe, l’Esprit Saint. Il dépend donc de nous-mêmes,
de chaque individu, de s’ouvrir à la grâce de la renaissance. Il
nous faut cependant tout d’abord devenir humble et avoir le
cœur brisé, car cette nouvelle naissance n’est pas possible sans
jugement sévère. Le jugement de Dieu est amour.
247
Dieu. Le point central est son sacrifice pour la rédemption du
monde. Nous ne devrions jamais perdre cela de vue.
248
furieux parce qu’Il disait clairement qui Il était, quelle était sa
mission et qu’Il était venu pour sauver l’humanité. Ce chapi-
tre soulève une question décisive, pour nous et pour chaque
individu : sommes-nous prêts à croire les paroles de Jésus, ou
en doutons-nous ? Jésus dit que si nous ne croyons pas, nous
sommes des esclaves — nous ne sommes pas libres, même si
nous croyons l’être. Il dit qu’il n’y a pas d’autre voie que la foi
en lui pour trouver la liberté, la rédemption et la libération.
Jésus dit aussi : « …car si vous ne croyez pas ce que je suis,
vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8.24), et : « Si quelqu’un
garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (Jean 8.51). Ces
paroles devaient être prononcées, car elles sont la vérité et le
resteront pour l’éternité. Si nous trouvons la foi, nous trou-
verons la libération du péché, de la peur, de la mort et du
manque d’amour de notre époque. Mais si nous ne trouvons
pas la foi, nous resterons esclaves de toutes ces choses. Le défi,
pour chacun de nous, c’est d’aimer Jésus et d’accepter la lib-
erté qu’Il nous offre.
249
leur cœur est pur, ils aiment la paix et ils sont persécutés pour
leur amour de la vérité. En fait, tout le Sermon sur la mon-
tagne nous dit comment nous devons vivre : nous ne devri-
ons jamais venir à la prière sans avoir pardonné à notre frère,
nous devons aimer nos ennemis et bénir ceux qui nous maud-
issent ; nous ne devons pas amasser d’argent ni de biens sur
terre ; nous devons mettre toute notre confiance dans le Père;
et nous ne devons pas utiliser la force.
Interdire l’entrée du royaume du ciel aux vierges insen-
sées est un jugement sévère, et ceci doit nous interpeller de
deux manières. Tout d’abord, nous devons veiller et attendre
la venue du Saint-Esprit pour qu’Il transforme notre âme et
notre être et que nous puissions renaître — pour que nous
soyons chaque jour touchés par Jésus. Ensuite, il nous faut
vivre pour ceux qui, avec nous, vont à la rencontre de l’époux,
et nous devons leur rappeler de mettre de l’huile dans leur
lampe. La forme extérieure ne suffit pas ; il ne suffit pas de
vivre en communauté ou d’adopter les signes extérieurs du
christianisme, même jusque dans les détails. Vivre en disciple
doit jaillir d’un cœur vivant.
Il est possible que Dieu ait choisi certains à l’avance pour être
ses disciples. Il est clair que Jean-Baptiste fut choisi avant sa
naissance, et je peux imaginer que Paul aussi était déjà bien
avant sa naissance ce qu’il serait appelé à être. Mais si cer-
taines personnes sont choisies à l’avance par Dieu, qu’en est-il
de toutes les autres ? Dans l’Ancien Testament, nous pouvons
lire : « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant ? »
(Ez.18.23). Et dans le Nouveau Testament, nous lisons : « Il
ne veut pas qu’un seul périsse, mais au contraire, que tous
250
viennent au repentir » (2 Pierre 3.9). La Bible nous dit ainsi
clairement que Dieu désire le salut de tous.
Dans sa lettre aux Romains, Paul écrit que Jésus n’est pas venu
uniquement pour les juifs, mais pour tous les hommes. Et il
poursuit : « Car ce n’est pas ce qui se voit qui fait le juif, ni la
marque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais c’est ce
251
qui est caché qui fait le juif » (Romains 2.28-29). De même, le vrai
chrétien ne se reconnaît pas de l’extérieur, même s’il est bap-
tisé. Verser de l’eau sur une personne ou l’immerger dans l’eau
n’est pas un moyen de salut en soi. « La vraie circoncision est
celle du cœur, selon l’esprit, non selon la lettre. Un tel juif reçoit
sa louange non des hommes, mais de Dieu » (Romains 2.29).
Ceci est un point important : la foi n’est pas faite de préceptes
écrits. Paul faisait référence à la Loi de Moïse, mais aujourd’hui
aussi, nous pouvons être esclave de lois écrites — c’est un de
nos dilemmes dans nos communautés. Jamais nous ne devons
abandonner la liberté de l’Esprit, sans laquelle nous ne pouvons
trouver la paix en Dieu.
Même si nous ne comprenons pas pleinement les pensées
de Paul au sujet du salut, le cœur et le sens de ses paroles est
très facile à comprendre : les pharisiens gardaient la loi mais
restaient néanmoins hypocrites et orgueilleux, alors que
« nous estimons que l’homme est justifié par la foi, sans les
œuvres de la loi. » (Romains 3.28).
252
Le Royaume de Dieu
Il est tout à fait clair que le royaume de Dieu ne peut exis-
ter là où des bombes sont lâchées sur des hommes, qu’ils
soient coupables ou innocents, là où existe la haine raciale
entre les hommes, là où la répartition de la nourriture est
telle que certains meurent de faim pendant que d’autres ont
trop, là où des personnes ne trouvent pas de travail à cause de
l’automatisation.
Si nous percevons réellement l’injustice dans le monde,
alors nous aspirerons ardemment au royaume de Dieu. Sa
justice ne peut paraître que lorsque le cœur des hommes se
tourne vers l’amour et la paix. Ceux qui restent indifférents
ne peuvent entrer dans le royaume. C’est pour cela que Jean-
Baptiste disait : « Repentez-vous car le royaume des cieux est
proche ! » (Matthieu 3.2). Et Jésus dit : « Cherchez d’abord le
royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné
par surcroît » (Matthieu 6.33).
253
nous aimons notre prochain comme nous-mêmes. Si seule-
ment nous faisions cela, non pas en paroles mais en actes!
254
Jésus leur dit : « Vous me cherchez parce que vous avez mangé
du pain » (Jean 6.26), et Il les repoussa. Alors, ceux qui avaient
voulu le faire roi le quittèrent. Certains furent même agressifs.
Après cela, Jésus dit à ses disciples : « Ils sont tous partis, voulez-
vous me quitter, vous aussi ? »
Il est significatif que les gens aient désiré faire Jésus roi seule-
ment après qu’Il leur eût donné du pain. Ceci ne s’était pas même
produit lorsqu’Il avait ressuscité quelqu’un d’entre les morts.
En soi, il n’y a rien de mal à attendre que Dieu nous donne du
pain, ou à attendre que Jésus réponde à nos besoins. Jésus nous
a enseigné de demander à Dieu notre pain quotidien. Mais ce
qu’Il rejette si fermement, c’est l’édification d’un royaume basé
sur Mammon. Il préférerait perdre ses disciples que de bâtir son
royaume sur de fausses fondations.
Jésus veut se donner à chacun de nous au point que nous
soyons unis à lui par la chair et le sang. Ceci n’est pas une phi-
losophie, mais une nourriture réelle ; c’est la vie. Et lorsque
quelqu’un en fait l’expérience, tout est changé pour lui — pas
seulement pour un moment, mais pour l’éternité.
Le Christ nous promet la vie éternelle dans un royaume
fondé non sur le travail et le pain mais sur la foi. En général, un
roi exige le sang de ses sujets. Mais le Christ, lui, a donné son
sang pour ses sujets. Il a offert sa vie et son corps pour la vie
des autres. Lorsque le Christ offrit son corps à ses disciples, Il
avait à ce moment là — pour autant qu’on le sache — le plus
grand nombre de disciples à sa suite. Mais après cela, beau-
coup d’entre eux le quittèrent. C’est pourquoi Jésus demanda
aux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » La réponse de
Pierre est merveilleuse : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les
paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68-69).
255
Il est important que nous décidions si nous désirons sim-
plement une belle église avec Jésus comme roi, ou si nous
voulons le chemin de la croix. Ceci doit être très clair pour
nous : la voie de Jésus, c’est la voie de la croix, du changement
personnel total, d’une société bâtie sur des fondations radi-
calement différentes de celles du travail, du pain et des priv-
ilèges. Il nous faut être prêts à être entourés d’ennemis et à être
méprisés pour avoir choisi ce chemin.
256
La proximité du royaume de Dieu ne peut être mesurée en
termes de temps. Jésus dit : « Le royaume de Dieu est proche »
(Matthieu 4.17). Paradoxalement, il fut plus proche à cette
époque-là que maintenant — il ne le fut pas en termes de
temps, mais en termes d’espace.
257
demeure dans quelque endroit, que ce soit à Bethléem, en
Chine, en Russie, au Vietnam — dans un cœur humain où
qu’il soit — c’est comme si une porte s’ouvrait. Quand la
porte d’une pièce est ouverte, ne serait-ce qu’un tout petit peu,
la lumière peut entrer. Et si la lumière de Dieu peut entrer dans
le cœur de deux ou trois personnes sur la terre et le changer,
cela influencera tous les autres — cela influencera même des
présidents, des ministres, des généraux et des soldats. Je ne
peux croire que les hommes soient tellement isolés les uns des
autres qu’il n’y aurait aucune influence.
De même qu’à travers Adam, l’humanité toute entière a
connu la chute, elle peut aussi trouver la liberté, la guérison
et la rédemption à travers Jésus, le « nouvel Adam », le vrai
homme, Dieu lui-même.
1
Théologien suisse (1886 – 1968)
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pas à nous-mêmes, nous vivrons en opposition avec lui et ne
serons pas dignes de lui.
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Nous ne savons pas si nous sommes loin ou proches du
royaume de Dieu en termes de temps, mais nous savons que
nous pouvons en être très proches ou très loin en esprit —
c’est là la question décisive. Jésus nous dit que nous pouvons
nous attendre à voir des signes de l’avènement du royaume, et
certains de ces signes sont évidents aujourd’hui (Luc 21.9-11).
Cependant, Il dit aussi que le dernier jour viendra comme un
voleur dans la nuit, c’est-à-dire à un moment où l’on s’y attend
le moins (Luc 12.39-40).
Il y a beaucoup de mystères que nous ne pouvons éclairer,
car Dieu désire qu’ils restent cachés. Mais nous pouvons nous
réjouir de ceci : il est certain que le royaume de Dieu viendra,
et c’est un royaume de paix, de victoire, et de justice.
Nous ne savons pas pourquoi Dieu a permis à la mort et au
mal d’entrer dans la création, mais nous savons que l’homme
s’est laissé séduire par le mal. De même, nous ne savons pas
quel a été le combat de Dieu contre le mal avant la création de
l’homme, et nous ne savons pas non plus quelle est la propor-
tion ni la nature de la tâche de l’homme dans ce combat. Nous
savons cependant que ce fut un combat décisif, qui mena le
Fils de Dieu lui-même à la croix.
Dans l’Apocalypse de Jean, nous lisons qu’un combat aura
lieu dans le ciel à la fin des temps. En tant que Corps du Christ,
l’église doit mener ce même combat ici, sur la terre. De même
que Dieu n’a pas épargné la souffrance de son propre Fils mais
l’a livré à la plus grande détresse, c’est par la souffrance et le sac-
rifice de l’église que le royaume pourra être instauré.
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d’un nouveau royaume, où l’âme et le corps, le spirituel et le
matériel ne seront plus séparés. Dans ce nouveau royaume, le
Créateur sera un avec sa création.
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nous pouvons aussi lui demander de nous faire sentir le défi
de la grande moisson qui doit être récoltée — la moisson de
toutes les nations, de tous les peuples et de toutes les généra-
tions futures.
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ANNEXES
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Le Bruderhof
Malgré tout le mal qui existe dans notre société, nous ten-
ons à témoigner du fait que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre
dans le monde aujourd’hui. Dieu nous appelle encore à quit-
ter les systèmes qui génèrent l’injustice, la violence, la peur et
l’isolement, et à suivre la nouvelle voie de la paix, de l’amour
et de la fraternité. Dieu nous appelle à vivre en communauté.
Dans ce sens, nous — les frères et sœurs du mouvement dit
Bruderhof — désirons vous communiquer quelque chose de
notre réponse à cet appel.
Notre vie en communauté est basée sur les enseigne-ments
du Christ dans le Sermon sur la Montagne et dans tout le
Nouveau Testament, notamment les enseignements concer-
nant l’amour fraternel, l’amour envers les ennemis, le ser-
vice mutuel, la non-violence et le refus de porter les armes, la
pureté sexuelle et la fidélité dans le mariage.
Nous n’avons pas de propriété privée?; nous parta-geons
tous nos biens comme les premiers chrétiens, comme le décrit
le livre des Actes des Apôtres, chapitres 2 et 4. Chaque mem-
bre consacre ses talents et tous ses efforts aux besoins de la
communauté. L’argent et les possessions sont mis volontaire-
ment en commun, et en échange, chaque membre reçoit ce
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dont il a besoin. Nous nous rassemblons tous les jours pour
les repas, les réunions, le chant, la prière et pour prendre des
décisions.
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pour témoigner de la puissance du message de l’Evangile dont
le but est une vie de paix, d’amour et d’unité.
Notre porte est ouverte à toute personne qui veut chercher
la voie de Jésus avec nous. Bien qu’on puisse penser que nous
vivons une utopie, ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas des
saints et nous avons les mêmes problèmes que tout le monde.
Ce que nous avons que le monde n’a pas, c’est un engagement
pour la vie et la promesse de lutter pour l’âme de chaque frère
et sœur et de nous sacrifier jusqu’à la mort si nécessaire.
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