FicheTox 42
FicheTox 42
FicheTox 42
Tétrahydrofurane
Fiche toxicologique n°42
Généralités
Edition 2011
Formule :
Substance(s)
C 4H 8O
Nom Tétrahydrofurane
Numéro CE 203-726-8
Etiquette
TÉTRAHYDROFURANE
Danger
H225 - Liquide et vapeurs très inflammables
Les conseils de prudence P sont sélectionnés selon les critères de l'annexe 1 du réglement CE n° 1272/2008.
203-726-8
Caractéristiques
Utilisations
[1, 4]
Propriétés physiques
Le tétrahydrofurane est un liquide incolore, très volatil, d'odeur éthérée. Son seuil de détection olfactif se situe entre 20 et 50 ppm.
Il est miscible à l'eau, très soluble dans l'éther éthylique, l'acétone, l'éthanol, le benzène, ainsi que dans la plupart des solvants organiques.
Tétrahydrofurane
Formule C 4H 8O
N° CAS 109-99-9
Point d'ébullition 66 °C
Densité 0,89
Propriétés chimiques
[1, 4]
Le tétrahydrofurane est un composé relativement stable. Cependant, au contact de l'oxygène de l'air, il donne naissance à des peroxydes, composés instables qui
peuvent exploser sous l'effet d'une élévation de température, voire même spontanément, lors d'une distillation par exemple. La lumière ainsi que la chaleur
favorisent et accélèrent la formation de peroxydes.
Pour diminuer et retarder la formation de peroxydes, le tétrahydrofurane commercialisé peut être stabilisé par addition d'hydroquinone ou de 2,6-di-tert-butyl-p-
crésol. Le tétrahydrofurane peut réagir violemment avec les oxyd ants puissants.
Récipients de stockage
[1, 4]
Le stockage du tétrahydrofurane s'effectue généralement dans des récipients en acier. En l'absence de stabilisant, le stockage doit s'effectuer sous atmosphère
inerte. Les matières plastiques sont à éviter.
VLEP et mesurages
Substance Pays VME (ppm) VME (mg/m³) VLCT (ppm) VLCT (mg/m³)
Incendie - Explosion
[1, 2, 4]
Le tétrahydrofurane est un liquide très inflammable (point d'éclair en coupelle fermée : -14,5 °C) dont les vapeurs peuvent former des mélanges explosifs avec l'air dans
les limites de 2 à 11,8 % en volume. Les vapeurs, plus lourdes que l'air, peuvent se propager et s'enflammer à distance.
En cas d'incendie, les agents d'extinction préconisés sont le dioxyde de carbone, l'eau pulvérisée, les poudres chimiques et les mousses spéciales résistant aux alcools. On
pourra utiliser l'eau pulvérisée ou sous forme de brouillard pour refroidir les récipients exposés ou ayant été exposés au feu.
Les intervenants qualifiés et entraînés seront équipés d'appareils de protection respiratoire isolants autonomes et de combinaisons de protection
Pathologie - Toxicologie
Toxicocinétique - Métabolisme
[5, 6]
Le tétrahydrofurane pénètre par voies respiratoire, orale et cutanée. Il se distribue largement, est transformé essentiell ement en CO 2 et éliminé dans l’air expiré
(inchangé et CO 2) et dans l’urine (inchangé).
Chez l'animal
Absorption
Le tétrahydrofurane est absorbé par voies respiratoire (60 à 70 % de la quantité inhalée), cutanée et digestive. Quelle que soit la voie d'entrée, le passage sanguin est
rapide (dès 15 minutes après l'exposition) et important. Chez le rat, le pic plasmatique est atteint après 4 à 8 heures selon la dose, mais sa valeur n'est pas
proportionnelle à la dose administrée. L'absorption est plus rapide chez la souris ; le pic plasmatique est atteint 15 minutes après une exposition orale à 50 mg/kg. Il y
a peu d'information sur le passage cutané du tétrahydrofurane. Il a été constaté in vitro avec de la peau humaine dermatomée [7]. In vivo, seule la toxicité observée en
est la preuve : les rats exposés sur une surface de peau supérieure à 10 % de la surface totale absorbent des concentrations létales (concentration sanguine égale à 3
000 - 4 000 mg/L).
Distribution
Après exposition orale, les plus fortes concentrations sont dans le foie, le tissu adipeux et les surrénales chez le rat, les surrénales, le foie et les reins chez la souris avec
une accumulation dans le tissu adipeux. Immédiatement après exposition par voie respiratoire, les concentrations de tétrahydrofurane dans les organes du rat sont,
par ordre de concentration décroissante, sang > cerveau, reins, cœur > foie, rate, thymus, poumons ; les différences entre tissus disparaissent 3 heures après
l'exposition. Immédiatement après une exposition prolongée (12 semaines), la distribution est : thymus > rate > cerveau, cœur > poumons > sang > foie, reins. Une
accumulation dans la rate est notée après 6 semaines d'exposition et dans le thymus après 12 semaines ; les concentrations reviennent à la normale après arrêt de
l'exposition. La demi-vie sanguine du tétrahydrofurane est d'environ 5 heures chez le rat et le lapin ; chez le rat et la souris exposés à du tétrahydrofur ane
radiomarqué, la demi-vie sanguine des molécules radiomarquées est de 50 heures environ.
Métabolisme
La détoxication serait due à une série d'oxydations et de réductions (voir fig. 1). Les intermédiaires étant instables, on ne peut que préfigurer le métabolisme.
L'oxydation d'un carbone adjacent à l'oxygène produirait la γ-butyrolactone, puis par ouverture du cycle, l'acide γ-hydroxybutyrique, dont les effets neurologiques
centraux cliniques et électriques sont semblables à ceux du tétrah ydrofurane [8].
Elimination
Le CO 2 est le métabolite final majeur : 58,2 à 74,6 % chez la souris mâle-femelle et 47 à 48 % chez le rat, ce pourcentage diminue avec l'augmentation de la dose
suggérant une saturation du métabolisme à forte dose ; les substances organiques volatiles expirées (probablement du tétrah ydrofurane non métabolisé)
représentent 17,8 à 24,5 % de la dose administrée.
Chez le rat et la souris, le tétrahydrofurane, éliminé inchangé, représente 3 à 5 % de la dose administrée dans les urines et 1 % dans les fèces.
Chez l'homme
Le tétrahydrofurane est bien absorbé par voie respiratoire (60 % en conditions normales et 70 % en cas de travaux lourds) et légèrement absorbé par la peau ; les
vapeurs absorbées par la peau, après exposition de volontaires avec et sans masque respiratoire à 150 ppm pendant 4 heures, correspondent à 1 à 2 % de la charge
corporelle. Il n'y a pas de donnée sur l'absorption gastro-intestinale.
La distribution et le métabolisme n'ont pas été étudiés chez l'homme, mais un passage sanguin ainsi qu'une élimination urinaire du tétrahydrofurane ont été
La distribution et le métabolisme n'ont pas été étudiés chez l'homme, mais un passage sanguin ainsi qu'une élimination urinaire du tétrahydrofurane ont été
montrés. Lors d'expositions de 8 heures à des concentration jusqu'à 200 ppm, le taux de tétrahydrofurane dans l'air expiré, le sang ou l'urine décline rapidement
après l'exposition et atteint la ligne de base en environ 12 heures.
Schéma métabolique
Toxicité expérimentale
Toxicité aigüe
[3, 6]
Quelle que soit la voie d’exposition, le tétrahydrofurane a un effet irritant local et un effet dépresseur sur le système nerveux central.
78 mg/L 2h
63 mg/L 3h
54 - 66 mg/L 4h
53 mg/L 8h
Souris 72 mg/L 2h
Souris 72 mg/L 2h
Chien 74 mg/L 8h
Symptômes
Les effets systémiques de l'intoxication aiguë par le tétrah ydrofurane sont une irritation locale, une dépression du système nerveux central objectivée par une
somnolence passagère, des myoclonies et des convulsions [11].
Chez le rat, l'administration par inhalation à des concentrations supérieures à 15 mg/L pendant 3 heures prov oque une irritation locale avec œdème ou opacité
cornéenne, sécrétion de mucus ou hémorragie de la muqueuse nasale. Par la suite surviennent catalepsie, coma et spasmes musculaires cloniques. La récupération
de l'effet sédatif est relativement rapide après la fin de l'exposition (24 heures après une exposition à 2500 ppm, soit 7,5 mg/L pendant 2 heures). Les premiers signes
de narcose apparaissent, en exposition cutanée chez le rat et le lapin, à partir de 600 mg/L et, en exposition orale chez le lapin, à partir de 1000 mg/kg.
Chez le lapin, l'administration orale d'une solution à 20 % est responsable d'une gastrite hémorragique et d'ulcérations de l'estomac.
Irritation - sensibilisation
Chez le lapin, on observe une irritation qui est dépendante de la concentration. À 10 %, le tétrahydrofurane n'entraîne aucun effet sur la peau, mais il induit dans
l'œil une conjonctivite réversible en 20 minutes. À 20 %, l'action sur la peau est modérée alors qu'au niveau de l'œil on note conjonctivite aiguë, kératite et œdème
cornéen. À 50 %, l'action sur l'œil devient encore plus sévère (hémorragies de la conjonctive) et elle reste simplement irritante sur la peau de cet animal [3].
En phase vapeur, des signes d'irritation de la peau, des muqueuses oculaires et respiratoires sont notés dès 200 ppm chez le rat. À 5000 ppm, l'irritation des voies
aériennes et des muqueuses oculaires du lapin est sévère [11].
Le tétrahydrofurane n'est pas sensibilisant pour la peau du cobaye [10].
En exposition répétée ou prolongée, le tétrahydrofurane est également irritant local et dépresseur pour le système nerveux central. Ce dernier effet diminue avec la
prolongat ion de l’exposition.
L'exposition orale (dans l'eau de boisson) répétée au tétrah ydrofurane entraîne à la forte dose, chez le rat (0 - 1 - 10 - 100 - 1000 mg/L pendant 4 semaines), une
irritation gastrique avec anisocaryose (inégalité de taille des noyaux) des hépatocytes et inclusions cytoplasmiques dans les tubes rénaux et chez la souris (0 - 40 - 100
mg/L pendant 45 jours), baisse de poids, paralysie des membres antérieurs, leucocytose et baisse du taux d'hémoglobine. La NOAEL est de 100 mg/L pour le rat et de
40 mg/L pour la souris.
Par inhalation, les rats et les souris exposés pendant 90 jours (0 - 66 - 200 - 600 - 1800 - 5000 ppm, 6 h/j, 5 j/sem) présentent, en plus de l'irritation des voies
respiratoires, une dépression du système nerveux central (narcose) pendant l'exposition aux fortes concentrations (narcose, ataxie) dont l'intensité diminue lorsque
l'exposition est prolongée et dont la durée est liée à la concentration. Chez le rat, à 5 000 ppm, il y a également baisse de poids relatif et absolu du thymus et de la rate,
modification des paramètres sanguins hématologiques et biochimiques et augmentation de poids du foie chez les femelles. Les souris montrent une augmentation de
poids du foie et une baisse de poids du thymus chez les mâles à partir de 600 ppm. À l'autopsie, on observe, chez les souris exposées à la forte concentration, une
cytomégalie centrolobulaire du foie, minimale à modérée dans les deux sexes, une dégénérescence du cortex interne des surrénales et une atrophie de l'utérus chez
les femelles. La NOAEL est de 1800 ppm pour le rat et de 600 ppm pour la souris.
Effets génotoxiques
[12]
Le tétrahydrofurane est considéré comme non mutagène dans les tests pratiqués in vitro et in vivo .
Le potentiel génotoxique du tétrahydrofurane a été évalué dans de nombreux tests in vitro et in vivo, avec ou sans activateurs métaboliques (cf. tableau II). Presque
tous les résultats sont négatifs, quelques essais ont des résultats équivoques.
In vitro
In vivo
Effets cancérogènes
[12]
Le tétrahydrofurane est cancérogène pour le rat mâle (adénomes/carcinomes rénaux) par un mécanisme vraisemblablement spécifique et pour la souris femelle
(néoplasmes hépatiques) ; il n’est pas cancérogène pour le rat femelle ou la souris mâle.
Une exposition pendant 2 ans au tétrahydrofurane (0 - 200 - 600 - 1 800 ppm 6 h/j, 5 j/sem) ne diminue ni la survie ni le poids corporel du rat. Le taux d'adénomes ou
de carcinomes (ou combinés) de l'épithélium du tube rénal chez le mâle augmente, aux deux plus fortes concentrations, au-delà de la valeur des témoins historiques.
Cet effet, qui n'est pas statistiquement significatif, pourrait être dû à une néphropathie chronique progressive sévère liée, chez le rat, à un processus régénératif avec
présence d'α 2u-globuline ; ce mécanisme n'existe pas chez l'homme [13].
Une exposition de 2 ans, dans les mêmes conditions, affecte la survie de la souris mâle à la forte concentration sans modifier le poids corporel. Les souris mâles
exposées à 1800 ppm sont dans un état narcotique pendant l'exposition et jusqu'à 1 heure après arrêt de l'exposition. Le taux et le nombre de néoplasmes
hépatocellulaires par animal sont significativement augmentés chez les femelles exposées à 1800 ppm. Chez le mâle, à la même concentration, on note une
augmentation des néphrop athies et des lésions non néoplasiques du tractus urogénital.
Le tétrahydrofurane n’est pas toxique pour la fertilité et la reproduction du rat et de la souris à des concentrations non toxiques pour les mères. Il n’est pas
tératogène.
Dans une étude sur deux générations, des rats, exposés pendant au moins 70 jours au tétrahydrofurane dans l'eau de boisson (0 - 1 000 - 3 000 - 9 000 ppm soit env.
Dans une étude sur deux générations, des rats, exposés pendant au moins 70 jours au tétrahydrofurane dans l'eau de boisson (0 - 1 000 - 3 000 - 9 000 ppm soit env.
100 - 300 - 700 mg/kg/j mâles et femelles avant accouplement, 100 - 300 - 800 mg/kg/j femelles pendant la gestation, 200 - 500 - 1 300 mg/kg/j femelles pendant la
lactation), ont une perte de poids ainsi qu'une diminution de la consommation de nourriture à la forte dose. À cette dose, la prise de poids des petits pendant la
lactation est réduite dans les deux générations et l'ouverture des paupières est retardée à la 1 re génération ; il n'y a pas de malformation. La NOAEL est de 9000 ppm
pour la fertilité et de 3 000 ppm pour la toxicité parentale et le développement [15].
Des rates gestantes, exposées au tétrahydrofurane (0 - 600 - 1 800 - 5000 ppm, 6 h/j, 7 j/sem, du 6 e au 19 e jour de gestation) présentent des signes de toxicité
maternelle (perte de poids, baisse de la prise de poids et du poids de l'utérus) à la forte concentration. Il n'y a aucun effet sur l'embryon ou le fœtus jusqu'à 1 800
ppm ; à la forte concentration, le poids fœtal est réduit. Il n'y a pas de malformation.
Des souris gestantes, exposées aux mêmes concentrations du 6 e au 17 e jour de gestation, montrent des effets toxiques dès 1800 ppm (narcose, létalité à 5000 ppm,
baisse de poids, corporel et utérin, et de la prise de poids). À cette concentration et au-dessus, le nombre de petits vivants par portée est réduit avec une
augmentation corr espondante du taux de résorption (95 % à 5000 ppm) ; les fœtus survivants ont un retard d'ossification des sternèbres. Il n'y a ni baisse de poids
fœtal ni malformation.
Toxicité aigüe
[16 à 20]
Les intoxications aiguës ou subaiguës humaines par le tétrahydrofurane n'ont fait l'objet que d'un petit nombre de publications. Les symptômes le plus souvent
rapportés, après une exposition prolongée à des concentrations atmosphériques élevées, sont des céphalées, une irritation des muqueuses oculaires et respiratoires,
un synd rome ébrieux et une élévation transitoire des transaminases. Des éruptions cutanées érythémateuses des parties découvertes semblent assez fréquentes
chez les travailleurs exposés : elles sont dues au tétrahydrofurane lui-même et/ou aux peroxydes qui se forment lorsque le solvant s'oxyde au contact de l'oxygène
de l'air. Dans un cas, des convulsions sont survenues au réveil d'une anesthésie à l'enflurane, chez un homme exposé préalablement au tétrahydrofurane.
En cas d'ingestion, on peut observer des douleurs digestives, des nausées et des vomissements, puis des troubles de conscience avec un coma parfois mortel. Une
atteinte hépatique et rénale est alors retrouvée [23].
Toxicité chronique
Une élévation de l'activité de la γ-glutamyltransférase et de celle de l'alanine-aminotransférase a été observée chez un cordonnier exposé au tétrahydrofurane, mais
aussi au trichlorométhane et au trichloroéthylène. La ponction biopsie hépatique a montré une stéatose modérée et une sidérose. L'exposition simultanée à plusieurs
solvants et le caractère succinct de l'observation empêchent d'évaluer la responsabilité du tétrahydrofurane [21].
Une neuropathie périphérique distale, sensitivomotrice est apparue chez un homme de 55 ans, exposé depuis 2 ans au tétrahydrofurane et à la 2-butanone, avec
des protections insuffisantes. Le malade n'était pas alcoolique et ne prenait pas de médicament. La 2-butanone n'a pas de neurotoxicité périphérique. La
neuropathie a guéri en 3 mois à l'arrêt de l'exposition [22]. Tous ces éléments rendent probable la responsabilité du tétrahydrofurane.
On ne dispose d'aucune étude épidémiologique publiée de populations humaines exposées au tétrahydrofurane. Une étude de cohorte non publiée, rapportée par
l’ACGIH, ne montre pas d'augmentation significative de l'incidence des cancers œsophagiens, cette étude est cependant trop limitée pour permettre de conclure [9].
Le tétrahydrofurane peut être responsable, comme de nombreux solvants organiques, d'atteintes cutanées à type de dermoépidermite irritative récidivante, avec
sécheresse de la peau, et d'atteintes neurologiques (psycho syndrome organique) se manifestant notamment par une ébriété, des sensations de vertige, des
troubles de la mémoire et de l'humeur.
Réglementation
Rappel : La réglementation citée est celle en vigueur à la date d'édition de cette fiche : 4 e trimestre 2011
Les textes cités se rapportent essentiellement à le prévention du risque en milieu professionnel et sont issus du Code du travail et du Code de la sécurité sociale. Les
rubriques "Protection de la population" , "Protection de l'environnement" et "Transport" ne sont que très partiellement renseignées.
Maladies professionnelles
Article L. 461-4 du Code de la sécurité sociale : déclaration obligatoire d’emploi à la Caisse primaire d’assurance maladie et à l’inspection du travail ; tableau n° 84.
Entreprises extérieures
Article R. 4512-7 du Code du travail et arrêté du 19 mars 1993 ( JO du 27 mars 1993) fixant la liste des travaux dangereux pour lesquels il est établi par écrit un plan de
prévention.
Classification et étiquetage
a) substance tétrahydrofurane :
Le règlement CLP (règlement (CE) n° 1272/2008 modifié du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 (JOUE L 353 du 31 décembre 2008)) introduit dans
l'Union européenne le système général harmonisé de classification et d'étiquetage ou SGH. La classification et l'étiquetage du tétrahydrofurane, harmonisés selon les deux
systèmes (règlement et directive 67/548/CEE), figurent dans l'annexe VI du règlement CLP. La classification est :
selon le règlement (CE) n° 1272/2008 modifié (règlement (CE) n° 618/2012 du 10 juillet 2012)
Cancérogénicité, catégorie 2 ; H 351
Liquides inflammables, catégorie 2 ; H 225
Lésions oculaires graves/irritation oculaire, catégorie 2 ; H 319
Toxicité spécifique pour certains organes cibles - Exposition unique, catégorie 3 : Irritation des voies respiratoires ; H 335
EUH 019
selon la directive 67/548/CEE
Facilement inflammable ; R 11-19
Cancérogène, catégorie 3 ; R 40
Irritant ; R 36/37
b) des mélanges (préparations) contenant du tétrahydrofurane :
Règlement (CE) n° 1272/2008 modifié.
Des limites spécifiques de concentration ont été fixées pour le tétrahydrofurane quant à l'irritation oculaire et la toxicité spécifique pour certains organes cibles.
Les lots de mélanges classés, étiquetés et emballés selon la directive 1999/45/CE peuvent continuer à circuler sur le marché jusqu'au 1er juin 2017 sans réétiquetage ni
réemballage conforme au CLP.
Protection de la population
Article L. 1342-2, articles R. 5132-43 à R. 5132-73, articles R. 1342-1 à R. 1342-12 du Code de la santé publique :
étiquetage (cf. Classification et étiquetage).
Protection de l'environnement
Installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) : les installations ayant des activités, ou utilisant des substances, présentant un risque
pour l'environnement peuvent être soumises au régime ICPE. Pour savoir si une installation est concernée, se référer à la nomenclature ICPE en vigueur ; le
ministère chargé de l’environnement édite une brochure téléchargeable et mise à jour à chaque modification ( www.installationsclassees.developpement-
durable.gouv.fr/La-nomenclature-des-installations.html). Pour plus d’information, consulter le ministère ou ses services (DREAL (Directions Régionales de
l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) ou les CCI (Chambres de Commerce et d’Industrie)).
Transport
Se reporter entre autre à l’Accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route (dit " Accord ADR ") en vigueur au 1er
janvier 2017 ( www.unece.org/fr/trans/danger/publi/adr/adr2017/17contentsf.html). Pour plus d’information, consulter les services du ministère chargé du
transport.
Recommandations
Le tétrahydrofurane est un solvant irritant, très volatil. En raison de son inflammabilité et de sa tendance à former des peroxydes explosifs, des mesures strictes de
prévention et de protection s'imposent lors de son stockage et de son utilisation.
Stockage
Stocker le tétrahydrofurane dans des locaux frais et bien ventilés, à l'abri de la chaleur et de toute source d'ignition (rayons solaires, flammes, étincelles...) et à
l'écart des produits oxydants.Le sol des locaux sera imperméable et formera cuvette de rétention, afin qu'en cas de déversement accidentel le liquide ne puisse se
répandre au-dehors.
Prendre garde aux surpressions pouvant résulter de la décomposition du produit.
Mettre le matériel électrique et l'éclairage en conformité avec la réglementation en vigueur.
Prévenir toute accumulation d'électricité statique.
Interdire de fumer.
Maintenir les récipients soigneusement fermés et étiq uetés correctement. Reproduire l'étiquetage en cas de fractionnement des emballages.
Manipulation
Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le tétrahydrofurane. En outre :
Instruire le personnel des risques présentés par le prod uit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d'accident. Les procédures spéciales en
cas d'urgence feront l'objet d'exercices d'entraînement.
Entreposer dans les ateliers des quantités de produit relativement faibles et de toute manière ne dépassant pas celles nécessaires au travail à réaliser.
Vérifier préalablement à toute manipulation et, particulièrement avant les distillations, la présence éventuelle de peroxydes. S'il y a lieu, éliminer ces peroxydes
par traitement avec un agent réducteur (sulfate ferreux par exemple). Ne jamais distiller à sec.
Prévenir toute inhalation de vapeurs. Effectuer en appar eil clos toute opération industrielle qui s'y prête. Prévoir une aspiration des vapeurs à leur source
d'émission ainsi qu'une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certains trav aux de courte durée. Leur
choix dépend des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre de type A. Pour les interventions d'urgence, le port d'un
appareil respiratoire isolant autonome est nécessaire.
Contrôler régulièrement la teneur de l'atmosphère en tétrahydrofurane.
Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail
(combinaison, bottes), gants imperméables (de type Barrier ® , Silver Shield/4H ® , Trellchem ® (HPS et VPS), Tychem ® (CPF 3, BR/LV, Responder ® et TK) ; les
caoutchoucs naturel, néoprène ou nitrile ainsi que le polyéthylène, le polychlorure de vinyle ne sont pas recommandés [27]) et lunettes de sécurité à protection
latérale. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
Prévoir l'installation de fontaines oculaires.
Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du tétrahydrofurane sans prendre les précautions d'usage
[28].
Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le tétrahydrofurane.
En cas de déversement accidentel, récupérer immédiatement le produit après l'avoir recouvert d'un matériau absorbant inerte. Laver ensuite à grande eau la
surface ayant été souillée.
Si le déversement est important, aérer la zone, évacuer le personnel et ne laisser intervenir que des opérateurs entraînés munis d'un équipement de protection
approp rié.
Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions autor isées par la réglementation.
Bibliographie
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Base de données FICHES TOXICOLOGIQUES
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Auteurs
N. Bonnard, M. Falcy, D. Jargot, S. Miraval, O. Schneider