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Aujourd'hui L'hérésie

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Véronique Lévy

Abbé Laurent Spriet


Roland Thévenet

Aujourd’hui
L’hérésie
Avant-propos de l’éditeur
« Église de Lyon ! souviens-toi aussi de l’évêque Irénée qui, pour toute l’Église,
a défendu la véritable foi au Verbe Incarné, vrai Dieu et vrai homme, au
regard des gnoses qui déjà tentaient de dissoudre cette foi ! »
(Jean Paul II – Discours de béatification du père Chevrier, 4 février 1986)

En France, les animaux possèdent un statut, pas les embryons


humains, pourtant définis depuis 1984 comme des « personnes
humaines potentielles » Les lois de la République peuvent donc
en toute légitimité constitutionnelle légiférer sur leur devenir au
fur et à mesure des « avancées de la recherche », à condition que
l’attention du « peuple » dont elles engagent la souveraineté soit
occupée ailleurs.
Ce livre collectif est ainsi né d’un double impératif :
– Face à la frénésie législative de l’Etat à propos de lois visant
à encadrer ce qui relève de la loi naturelle et à s’immis-
cer jusqu’à la règlementation de la conception de la vie et
de la mort elles-mêmes. La triste affaire Vincent Lambert
constitua sur ce sujet un pic qui ne fit pas honneur, tant
s’en faut, à la République française et à son gouvernement.
– Face à la volonté de contrôler l’opinion sur ces sujets dits
« de société ». Peut-on aller jusqu’à parler d’une censure
d’Etat ? Le récent « rappel à ses obligations » prononcé par
le ministre de l’Intérieur actuel à l’encontre du préfet des
pays de la Loire, qui évoquait à propos de l’ouverture de
la PMA aux femmes homosexuelles une « rupture anthro-
pologique majeure » ; ne plaide guère pour la tolérance de
nos dirigeants à l’égard d’une liberté d’expression, qu’ils
prétendent par ailleurs incarner eux-mêmes.

La rhétorique glaçante des textes légiférant la bioéthique du


monde postmoderne est à l’image de leur conception de cette
liberté : par exemple, le code de la santé publique n’envisage
jamais « la destruction des embryons », mais « la fin de leur
conservation ». Ce vocabulaire du déni qui masque l’horreur
des actes réels effectués dans le secret aseptisé des laboratoires et
au nom de l’autorité de la recherche ne met-il pas en lumière la
conscience que, malgré leurs agissements, ceux qui les commet-
tent gardent au fond d’eux-mêmes de leur caractère transgres-
sif et monstrueux ? C’est donc autant sur la nature criminelle
de ces agissements que sur la communication trompeuse qui
les enrobe que nous souhaitons alerter nos lecteurs. Car l’une
comme l’autre nous semble engager la responsabilité éthique de
l’humanité tout entière.

Le législateur
À lire à ou écouter le législateur post-moderne, on découvre
qu’il vit dans un monde bizarre qui n’est ni la nature (avec un
mépris condescendant, il affirme que celle-ci n’existe pas, depuis
la démonstration de Sartre et de Simone de Beauvoir), ni la
Surnature (dont il nie la réalité depuis Darwin, Hegel, Freud
et Renan) Le législateur est fier d’évoluer dans le monde de la
culture et de l’esprit, dans ce monde qu’il appelle civilisé, et qui
n’est que l’empire incessamment régénéré de César. Or puisque
Christ nous a appris qu’il faut rendre à César ce qui est à César
et à Dieu ce qui est à Dieu, nous disons simplement que la vie
embryonnaire appartient au Père qui crée toute chose selon le
principe fixé depuis le commencement, et nullement à César !
C’est donc en tant que Chrétiens autant qu’en tant que citoyens,
et selon cet adage de bon sens, que nous parlons.
Et nous affirmons que la puissance du législateur ne peut
s’emparer d’un tel sujet au « nom du peuple » ainsi qu’il le pré-
tend, sans rendre des comptes sévères à ce dernier. Faire le tri
entre embryons de « bonne qualité » ou de « mauvaise qualité »,
par exemple, entre embryons « viables et non viables, ceux
qu’on peut affecter à la recherche et ceux dont on peut se débar-
rasser », revient à traiter « les embryons du peuple » comme des
objets de transaction, des études de cas scientifiques, de pures
marchandises… Qu’en pensent leurs géniteurs, « les enfants du
peuple » qui, dans cette perspective, ne sont plus considérés que
comme des fournisseurs de zygotes ?
À discuter ainsi du vivant, l’esprit grisé par des utopies trans-
humanistes, ces députés, ces sénateurs, se rendent-ils encore
compte qu’ils furent un jour de simples fœtus, ressentant en
chacune de leurs cellules l’action du Tout-Puissant qui était en
train de les créer ? Non. Ils semblent n’être plus qu’un amas
de cellules sans mémoire, des corps insensibles et comme flot-
tant dans le vide, désincarnés. Se rendent-ils compte que leurs
palabres engagent le destin de l’humanité ? Qu’ils violent autant
la culture que la tradition des peuples qu’ils prétendent représen-
ter ? Qu’ils trahissent la mission même de la France, terre d’ac-
cueil, prétendent-ils ? Qu’ils offensent le Saint des saints, qu’ils
giflent la Paternité Divine comme l’Immaculée ­Conception ?
Non bien sûr… Pour eux, Dieu n’est qu’un fait de société qu’on
traitera durant la prochaine séance, en suivant les directives
des instances supérieures auxquelles ils obéissent, doigt sur la
couture et neurones cryogénisés dans la pensée laïque de leurs
maîtres. En consultant les rapports de l’Assemblée, comment
ne pas frémir devant ce sentiment luciférien de toute puissance
qui s’est emparé de leur intelligence et de leurs affects, et les a
rendus si déterminés, si arrogants, à défendre de tels projets…

L’embryon
D’après le rapport d’activité de l’Agence de la bioméde-
cine, le nombre d’embryons congelés était de 223 836 au
31 décembre 2016 : Une ville comme Lille ou Montpellier !
Parmi eux, 19 000 bénéficient d’une autorisation de leur « père
et mère » pour être utilisés pour la recherche : une ville comme
Sceaux ou Neuilly-Plaisance…
Il peut s’agir des embryons issus de fécondation in vitro
(FIV) qui présentent des anomalies précoces de leur développe-
ment, d’autres qui ont été congelés à l’occasion d’une FIV mais
qui ne font plus l’objet « d’un projet parental. » Contrairement
aux précédents, en principe ces embryons ne sont pas porteurs
d’anomalies.
Ces faits étant posés, lecteur, es-tu bien certain que l’ani-
mation immédiate n’est qu’une lubie de religieux fanatiques ?
Es-tu catégoriquement certains que ces fœtus ne sont, comme
la science te l’affirme, que des amas de cellules dont l’existence
est vouée aux spéculations de la recherche et aux caprices de
l’opinion ? Es-tu sûr qu’ils n’ont pas chacun déjà une âme éta-
blie, tout éprise de Dieu dont ils laissent la puissance créatrice
les envahir, dont ils goûtent sans tabou ni préjugé la miséricorde
infinie ? Une âme à l’épreuve, déjà, de ce péché originel que
perpétue cette main gantée qui, dans l’air aseptisé d’un hôpi-
tal, s’apprête à instrumentaliser, asservir, déchiqueter, tuer… Tel
Cain, en plein sacrilège…
Avortement, euthanasie, procréation assistée, clonage… Dans
une étude publiée dans le Journal of Medical Ethics, des éthiciens
et médecins britanniques suggèrent « que le sperme prélevé sur des
hommes quelques jours après leur mort peut être utilisé pour établir
des grossesses viables et des enfants en bonne santé » Ils estiment
donc que les hommes devraient pouvoir donner leur sperme après
leur mort afin de soulager « la pression sur les donneurs vivants ».
La culture de mort paraît tout à coup dévoiler son vrai visage : En
un temps peu reculé, on appelait cela nécrophilie… Que penserait
saint-Irénée de tout cela ?

Notre livre
Roland Thévenet imagine que, las de combattre les héré-
sies de son temps, l’évêque disciple de saint Jean par saint Poly-
carpe s’assoupit et voyage en songe du iie siècle à notre époque.
Là, que découvre-t-il ? Ce que le prophète Daniel nomma le
Shiqoutsim Meshomem, c’est-à-dire « l’abomination de la déso-
lation » Un temps de désolation spirituelle et métaphysique qui
imprègne tous les esprits, de confusion qui se saisit de tous les
humains dans leur relation avec le Bien comme avec le Mal, qui
égare leurs repères, trompe leurs signes et s’infiltre dans tous
leurs raisonnements… Aujourd’hui, cette abomination porte
un nom, c’est la « culture de la mort »
Irénée voit la Nouvelle Ève qu’il glorifie chaque jour odieu-
sement méprisée au nom de « sciences humaines » aléatoires ; il
voit l’Immaculée Conception partout profanée ; De toutes les
hérésies qu’il a combattues, de toutes les gnoses qu’il a connues,
celle-ci n’est-elle pas la plus insidieuse, la plus affreuse, la plus
satanique ? Instituant le relativisme en vérité absolue, elle rend
relative toute tentative de contestation à son égard, jusqu’à régner
sur les hommes et les nations telle une Bête inassouvie : Où la
moindre trace de vérité n’est plus admise, ne peut se tolérer non
plus la moindre particule d’erreur. C’est au final la notion même
d’hérésie qui se retrouve déclarée hérétique : « Si en effet, note
Roland Thévenet, la vérité révélée se trouve réduite à n’être plus
qu’une vérité parmi d’autres, alors l’erreur qui s’oppose à elle
devient également une forme d’hérésie sans importance devant le
dogme suprême qui prétend que tout se vaut ».
Seule « la nouvelle Eve », seul « le nouvel Adam », vivants
et reconnus par tous, constitueront des remparts suffisamment
puissants pour abriter d’un tel cataclysme ceux qui prieront Dieu
de les en prémunir. À son réveil, plus déterminé que jamais par
ce qu’il vient d’entrevoir à neutraliser dans l’œuf toute source
d’hérésie, il regagne son logis et reprend le livre iii de sa somme,
Contre les Hérésies…

L’Hérésie aujourd’hui, c’est donc la culture de mort qui règne


partout en maître et, à travers l’avortement comme l’euthana-
sie, cherche à prendre le contrôle des esprits. En 2019, la triste
affaire Vincent Lambert fut un épisode particulièrement intense
et douloureux de ce combat entre la liberté de vivre et ce fameux
« droit à mourir » revendiqué par les tenants du système. Devant
le CHU de Reims, les routes de la catholique Véronique Lévy
et de la musulmane Farida Belghoul se croisèrent, ce qui donna
lieu à une tentative de convergence pour défendre la vie même
au-delà des clivages théologiques qui opposent les deux religions,
au nom de la simple et universelle « loi naturelle ». Tous les Chré-
tiens entendirent-ils Véronique ? Tous les Musulmans entendi-
rent-ils Farida ? Vincent Lambert, en tout cas, fut mis à mort
dans des conditions particulièrement atroces. Selon l’avocat de
ses parents, il a passé « neuf jours à suffoquer, à râler, à gémir, tout
en ouvrant les yeux. Il est mort seul, comme on n’accepterait pas que
meure un chien. » Cette agonie était prévisible, car c’est ainsi que
l’on meurt de soif.
Du 11 mai au 9 août 1987, Véronique Lévy a tenu un
« journal » du combat qu’elle mena avec beaucoup d’autres
sur Facebook, que nous publions en préambule de deux autres
textes qui nous permettent de découvrir à la fois sa réflexion sur
la bioéthique, le destin de la France, la mission de l’Église du
Christ ainsi que son engagement de catholique dans la société
actuelle. : « Je pleure le génocide invisible aux larmes inter-
dites », clame-t-elle, évoquant les millions d’embryons conge-
lés ou avortés dans une indifférence quasi-totale. Le Sourire de
Vincent m’appelle et Le Dragon se dévoile forment ainsi un tout
splendide et cohérent qui dénonce fougueusement le terrorisme
financier international à l’œuvre derrière cette culture de mort
aux deux extrémités de la vie. Cette dénonciation doit résonner
à nos oreilles comme un avertissement dépassant de très loin
le simple domaine du poétique : « La révolution, écrit Véro-
nique Lévy, ne peut être que mystique, c’est un rapatriement à
la Source d’où tout vient ».

« Je suis prêtre catholique », confesse l’abbé Laurent Spriet


dans son témoignage émouvant qui nous rappelle, avec saint
Irénée et saint Jean Paul II, que l’avortement vient directement
du diable. Saint Irénée d’abord, saint Jean Paul II ensuite, ont
insisté dans leurs écrits sur la manière dont l’Adversaire, pour
les perdre, anesthésie la conscience des hommes. On n’a plus la
même famille avance des chiffres qui glacent le sang. Méticu-
leusement, Laurent Spriet démontre que la logique qui conduit
la plupart des femmes à l’avortement est aujourd’hui celle de la
contraception. Il dresse alors la liste des coupables, membres du
cercle étroit de la famille ou de celui, plus large, de l’État et de
ses dirigeants successifs. Il met à jour le consentement tacite du
corps social dans sa quasi-totalité, et montre à quel point la déso-
lation spirituelle imprègne tous les esprits, l’intérêt servile tous
les raisonnements. Avec pudeur et discrétion, il nous plonge tout
d’abord dans l’esprit de « Jeanne » qui ne parvient à se remettre
seule de l’avortement qu’elle a vécu. Mais surtout, il nous laisse
entrer dans l’intimité de son sacerdoce, la conscience et le cœur
d’un prêtre du Christ en ce xxie siècle turbulent :
« J’ai poussé la porte de l’église, raconte son personnage, la
plus proche de mon appartement. Cela faisait longtemps que
je n’étais pas rentrée dans une église. Depuis l’enterrement de
ma grand-mère, je crois me souvenir… L’atmosphère était pai-
sible. Une bonne odeur d’encens me saisit. Je remontais la nef
en direction du prêtre que j’avais aperçu en entrant. Il portait
une soutane. Il devait être à peine plus âgé que moi. Il me reçut
avec un sourire »
L’abbé Spriet nous fait alors ressentir avec finesse comment
seule la conscience du péché et la pratique d’un repentir sincère
qui aident Jeanne à se relever peuvent aussi nous porter secours,
nous tous qu’égare « l’abomination de la désolation », à qui le
Christ et sa Mère ont tant à donner.

Volontairement différents dans leur style, nos trois auteurs


se retrouvent dans la cohérence d’un unique propos. Ils dési-
gnent clairement le même adversaire, et nous invitent à livrer
le même combat qu’en son temps Saint-Irénée, nous souvenant
avec l’humble fierté du soldat des paroles du Christ : « Nul ne
peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ;
ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez ser-
vir Dieu et Mammon ».
Litanies de Saint Irénée
Roland Thévenet
Saint Irénée, comme l’affirme l’introït de sa messe « a
détourné un grand nombre de l’iniquité ». Le père, après
Pothin, de l’église apostolique de Lugdunum consacra une ving-
taine d’années de sa vie à dénoncer l’imposture des gnoses et des
hérésies de son temps ; à nous, catholiques du xxie siècle, revient
le devoir de dénoncer les idolâtries mortifères et les idéologies
anti-christiques du nôtre : avortement, euthanasie, théorie du
genre, transhumanisme, eugénisme, réalité augmentée, liberté
inconditionnelle d’expression, vénération obsessionnelle de la
technologie…
Ces idéologies répandues, ces lois votées, ne le sont à en croire
leurs promoteurs que dans le but d’améliorer le sort des peuples,
de favoriser le droit des individus, de travailler au bonheur et à
la paix dans le monde. Il ne s’agit, en réalité, que de parvenir
à légaliser à chaque fois une violation à un Commandement de
Dieu de plus, afin d’arracher le plus d’âmes possible à l’Église
du Christ. Encourager l’avortement revient, en effet, à légaliser
le meurtre, l’euthanasie, le suicide, la liberté d’expression sans
restriction le blasphème, le divorce par consentement mutuel,
l’adultère, etc.

En prélude de notre lecture, invoquons le Docteur de


l’Église, le Théologien et le Martyr que fut saint Irénée en réci-
tant les litanies qu’il me fut donné de composer à la gloire de
son incomparable sainteté :
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Dieu le Père, du haut des cieux, ayez pitié de nous.
Dieu le Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.
Dieu le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.
Trinité-Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, conçue sans la tache originelle, priez pour nous.
Saint Irénée, fils de Smyrne en Orient, priez pour nous, (à
chaque litanie)
Saint Irénée, évêque de Lyon en Occident,
Saint Irénée, disciple de Jean par Polycarpe,
Saint Irénée, soldat du Christ contre toutes les erreurs,
Saint Irénée, père et martyr de l’Église universelle,
Saint Irénée, de qui la Gaule obscure entendit la promesse
faite à Abraham
Saint Irénée, par qui elle reçut le signe de l’Emmanuel et
celui de Jonas,
Saint Irénée, en qui la foi des prophètes et des apôtres gagna
sa terre,
Saint Irénée qui porta jusqu’à elle le mystère de la double
nature de Jésus-Christ,
Saint Irénée qui lui enseigna la filiation adoptive par Jésus-
Christ et Marie,

Saint Irénée, dont l’âme éblouie reconnut le triomphe du


nouvel Adam,
Saint Irénée, dont le cœur ravi célébra l’obéissance de l’Eve
nouvelle
Saint Irénée, dont la plume déjoua les idoles vaines et les
éons orgueilleux,
Saint Irénée, dont la puissante voix garantit l’Unité des
quatre Évangiles,
Saint Irénée, dont la foi affermie permit de nombreuses
conversions,
Saint Irénée, qui considéra en l’homme le passage du limon
à la chair,
Saint Irénée, qui célébra en Christ le voyage du sang à l’Esprit,
Saint Irénée, qui d’esclave du péché se fit esclave de justice,
Saint Irénée, dont la parole approcha le mystère de la
Résurrection,
Saint Irénée, dont la vie se conforma au Fils, Verbe de Dieu,
Saint Irénée, qui usa de la raison tel un rempart et de la vérité
telle un bouclier, intercédez pour nous,
Saint Irénée de Lyon, adorateur de l’Incarnation véritable et
pourfendeur des signes faux, priez pour nous,
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-
nous, Seigneur,
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-
nous, Seigneur,
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, prenez
pitié de nous, Seigneur,

Prions :
Seigneur Jésus, Vous qui avez donné à Saint Irénée la grâce
de débusquer et de vaincre l’antique Serpent au sein des
hérésies de son temps, accordez-nous, par sa vive et puissante
intercession, de reconnaître l’action du Démon au sein des
idéologies qui prévalent durant le nôtre, toutes jaillies malgré
leur moderne dissimulation de la même et antique souche
corrompue, et d’offrir à votre Père la constante reconnaissance
de Votre sacrifice en réparation de nos péchés afin que, tous,
nous devenions membres de la Jérusalem d’en haut en la
béatitude de l’Apocalypse.

Amen
Le songe d’Irénée
Roland Thévenet
I
Quiconque perçoit en son for intérieur la qualité du frémis-
sement que Jean-Baptiste a ressenti dans le sein de sa mère, lors
de la Visitation de Marie, doit diriger tous ses efforts vers l’ac-
quisition d’une indispensable vertu, s’il souhaite progresser sur
le chemin de la Vie : la Patience. Car c’est l’Éternel qui, de Sa
propre Volonté, a suscité ce premier frémissement. Or la réalisa-
tion de Ses plans ignore et la précipitation humaine et les limites
mortelles du temps ; elle n’a cure des hommes pressés.

À Smyrne, déjà, Irénée méditait avec constance ces paroles de


Sagesse. Tout jeune homme, alors, il ne se lassait jamais d’écou-
ter les surprenantes mises en garde de son maître qui avait été
naguère disciple des apôtres du Christ, et était dorénavant établi
évêque par eux. L’alliance de fougue et de douceur que Poly-
carpe mettait à enseigner la doctrine qu’il tenait de Jean sub-
juguait le jeune homme au moins autant que la doctrine elle-
même. « Vous reconnaitrez l’arbre à ses fruits, avait indiqué le
Seigneur » : En chacune de ses paroles, chacun de ces propos,
Irénée constatait avec joie que ce vieux Polycarpe, haranguant le
petit peuple et reprenant ses détracteurs aussi bien aux thermes
que sur les places publiques, était incontestablement un fruit
de l’arbre de Vie, un don véritable du Ciel « Il n’y a pas de
plus grande perversité qu’une vérité falsifiée : voilà pourquoi,
affirmait-il, les hérésies sont à fuir telles des maladies mortelles,
car elles feront de vous, sans que vous en mesuriez les consé-
quences, l’auteur de votre propre condamnation ! »
Au contraire des hérétiques, qui chérissent la nouveauté et
le changement autant qu’ils haïssent l’Écriture et la Tradition,
Irénée avait compris tout jeune combien L’Éternel apprécie les
hommes réfléchis, doux et fidèles, qui ne se cabrent jamais face
à l’effort, ne geignent pas devant l’obstacle, et conservent dans
la coupe de leur cœur – quelque pérégrination vienne à affecter
leur existence – l’amour des Dix Commandements révélés par
le Père et la Loi de Charité incarnée pour leur salut par le Fils.
Quelque trente ans plus tard, alors qu’il parcourait les popu-
leuses ruelles bordées d’échoppes basses qui ceignent le forum
de Lugdunum, c’est toujours en direction de la sainte Patience
qu’Irénée dirigeait l’essentiel de ses efforts : Là, dans des odeurs
d’urine, d’épices et de crottin, se bouscule une foule bruyante et
bigarrée, d’autant meilleure à enseigner qu’elle ignore la nature
de son péché : cinquante mille âmes encore offertes au Démon,
et si avides en réalité de Toi Seul, Seigneur !
Sous ces galeries couvertes et colorées, en effet, se monnayent
aussi bien des vases, des bijoux, des couteaux, des paniers, des pois-
sons en sauce, des olives et des pois chiches que des vérités fausses,
des incitations à accepter les cultes aberrants et les sacrifices imposés
par l’Empire : Mercure, Diane, Silvain, Isis, Mithra, Cybèle… Sans
compter ceux que tout citoyen se doit de rendre publiquement au
Sol Invictus, maître de Rome et de l’univers connu…
Mais le pire de tout, n’est-ce pas encore et toujours ces faiseurs
de gnoses dont les théories farfelues circulent sous le manteau ?
Ceux-là prétendent tout savoir, tout expliquer, tout diriger. Leurs
discours sont emplis d’une malignité qui laisse perplexe : Ils n’igno-
rent certes pas le message du Christ. Mais s’ils s’inspirent de son
Nouveau Testament, c’est toujours dans le but de répudier l’Ancien,
comme s’ils cherchaient à dresser en quelque sorte le Fils contre le
Père ! Ce que réalisa Jésus-Christ sur la Croix leur échappe tellement
qu’ils ne comprennent pas que seul le Fils du Dieu des Armées, seul
le Verbe consubstantiel au Deus Sabaoth pouvait l’accomplir.
Ils se saisissent alors des questionnements et des doutes des
hommes qu’effraient leur lent cheminement vers la mort, leur
inclination au péché, le tribut qu’ils payent à toute forme de
souffrance, pour falsifier le message de Dieu, en outrer aux yeux
du monde les apparentes contradictions, en atténuer la portée,
en pervertir le sens, en affadir enfin l’autorité et se jouer de
l’ignorance de leurs malheureux adeptes.
Ces entreprises, au mieux inspirées par leur seule vanité, au
pire par l’Adversaire tapi dans le recoin de toute quête et prêt
à se saisir de toute âme, engendrent parmi les esprits les plus
brillants et les cœurs les plus sincères, s’ils n’y prennent garde,
d’incessants sujets de disputes et de confusion : Ainsi vont
Marc ou Simon le Magicien, Saturnin et Basilide, Ménandre
et Carpocrate, et tant d’autres de leurs fils inspirés par le même
Satan qui hait le travail de la Rédemption autant qu’il cherche à
souiller et à détruire celui de la Conception.
Quand la clarté du divin Aigle de Patmos, dans le dernier
paragraphe du tout dernier livre de la Bible, demeure pour les
siècles des siècles sans ambages :
« Si quelqu’un fait des additions à ce livre prophétique, il recevra
de Dieu les fléaux qu’il décrit ; si quelqu’un retranche aux paroles de
ce livre prophétique, Dieu lui retranchera sa part de l’arbre de vie et
de la cité sainte dont la description est dans ce livre »

Au détour d’une rue dallée, le forum découvrit à la vue d’Iré-


née l’enfilade des statues de César Auguste Imperator, parmi
lesquelles une foule clairsemée jouissait paresseusement de cette
matinée d’Aprilis. Un gaillard édenté et presque nu tenait par
la main un singe tout habillé qui lui donnait la réplique en
couinant et grimaçant de toutes ses dents. Il espérait soutirer
quelques as de la pitié des jeunes gens déjà munis de la toge qui
faisaient mine de s’intéresser à son jeu. En vérité, ils lorgnaient
en direction d’un groupe de filles de lupanars venues, bien que
le forum leur fût interdit, y racoler le client. Dans ces jeux vains
qui se répètent, Irénée voyait combien chacun s’illusionne à
rechercher une variation de la nouveauté et une expérience de
la jeunesse, quand son cœur endurci demeure de plus en plus
aveugle à la véritable Nouveauté, qui est Christ-Eternel…
« Triste, étrange et fascinant, songea Irénée, comme de
l’Orient à l’Occident, chacun pense, parle et se comporte, en
raison des attentes et des préjugés de ses concitoyens, en ne
s’éloignant jamais du champ clos d’un seul mouvement, celui
de la concupiscence la plus animale. Tout se passe, Seigneur,
comme si à cause de la dispersion de leurs cœurs fermés à ta
Loi, ils gravitaient à leur insu autour de celle du péché et ne
pouvaient jamais s’en extraire. Et moi, gémit-il, qu’attends-tu
de ma faible intelligence et de ma volonté débile ?… Sans Toi,
que puis-je ? Tant que le livre est scellé, qui peut le comprendre ?
Toi seul sais le moment et l’heure : Car toute prophétie, sans la
lumière de l’Esprit Saint, n’est qu’énigmes et ambiguïtés pour
les hommes. Et son exacte interprétation ne se révèle à leurs
yeux que trop tard, lorsque s’est accomplie la prédiction »
Irénée s’accouda contre le rebord d’un temple et scruta la
plaine étendue au pied de la colline. Les impies s’adonnent à
toutes ces actions de la chair ou de l’esprit en croyant enrichir
leur existence et favoriser le développement de leur personne.
Mais selon ce que nous apprend le Seigneur, ce soin que nous
prenons de nous-mêmes, c’est à Notre-Père qui est aux Cieux
que nous devrions le confier. Ainsi égarons-nous notre propre
vie dans le souci que nous prenons de la préserver ; en une agita-
tion temporelle dont la fin est inéluctable… Nous qui sommes
morts avec le péché originel, nous recherchons l’immortalité
dans le prolongement linéaire de notre temps, alors que l’im-
mortalité véritable ne réside que dans la Résurrection en Toi,
auprès de Toi, Père…
Du regard du presbytre s’échappa un long et joyeux faisceau
de bienveillance, lequel, porté par la perçante limpidité d’un
rayon de soleil, alla disperser ses éclats parmi les toits des bâti-
ments romains du domaine sacré de Condate, que soutenaient
les escarpements rocheux qui surplombent à cet endroit le cours
sinueux de l’Arar. Tout, en ce secteur écarté de la ville, manifes-
tait la gloire pompeuse de Rome, de ses dieux allégoriques, de
ses principes à double visage, de son art corrompu et surtout de
son empereur divinisé : L’autel majestueux, le temple intrépide
et le solennel amphithéâtre, chacun à sa façon, claironnait une
gloire fallacieuse à la face de l’univers, celle des cultes arrogants,
des lois iniques et des jeux flamboyants.
La gloire de Rome !
L’évêque de Lugdunum laissa son corps de chair épuisé se
poser sur un banc de pierre, et le papyrus qu’il tenait dans ses
bras glisser imperceptiblement le long de ses genoux jusqu’au
sol terreux. Son esprit s’évada un instant hors de lui.

Pour quelle raison la Providence qui le fit naître à Smyrne et


exercer son épiscopat à Lugdunum l’avait-elle, en cet an 177,
diligenté dans la capitale de l’Empire auprès du pape Éleuthère
tandis que, d’abord hués, traînés à terre, dépouillés, emprison-
nés, torturés, bon nombre de Chrétiens qu’il aimait, ses frères, ses
sœurs en Christ, avaient été martyrisés ici-même, et qu’à Smy-
rne, Polycarpe lui-même avait dû endurer le supplice du bûcher ?
Dieu voulut-il, en le préservant du martyre de la petite com-
munauté, l’éprouver individuellement plus durablement ? Deo
gratias ! Avait-on cru décourager sa foi ? Deo gratias, pareille-
ment ! La triste et merveilleuse nouvelle de la mort spectaculaire
d’une partie de ses amis ici-même, de celle, là-bas de son maître
bien-aimé, l’avaient à la fois stupéfié et fortifié. Il contemplait
la silhouette ocre de l’amphithéâtre à l’autre extrémité de la
plaine marécageuse. Elle parut un instant le défier. Un sourire
fin éclaira ses traits.
En son esprit s’érigea alors le vivant souvenir du visage éclairé
de son vieil ami. Nullement troublé par le proconsul de Smyrne
qui exigeait de lui qu’il maudît le Christ, Polycarpe s’était trouvé
au milieu du feu qui le consumait non pas comme une chair qui
brûle, mais comme un pain qui cuit, vive hostie habitée par le
Christ et lançant au visage de ses bourreaux cette prière digne
d’habiter à jamais le souvenir des hommes :
« Seigneur, Dieu Tout-Puissant, Père de ton enfant bien-aimé
et béni Jésus-Christ par qui nous avons reçu la connaissance de
ton nom, je te bénis pour m’avoir jugé digne de prendre part au
nombre de tes martyrs en ce jour, au calice de ton Christ, pour
la résurrection de la vie éternelle de l’âme et du corps, dans l’in-
corruptibilité de l’Esprit-Saint ! »
Et non seulement Polycarpe, sourit Irénée, non seulement
Polycarpe, mais également Pothin, son propre prédécesseur en
ces terres-ci, dorénavant, pour l’Éternité, glorifiés de la palme
du martyre ! Avec quelle Souffle de l’Esprit ce dernier avait dû
affronter une populace païenne et fanatisée, des juges iniques,
des coups épouvantables ! À plus de quatre-vingts ans ! Aucune
brutalité, aucune blessure, aucun outrage n’avait entamé sa foi.
Jeté abandonné pour mort dans un cachot obscur, il avait suc-
combé après une agonie de deux jours durant laquelle le Sei-
gneur l’avait chéri, choyé, avant de finalement l’emporter en
Son Paradis.
La jeune et chaste Blandine : Que purent les lions les plus
sauvages face à celle dont les jours s’écoulaient depuis si long-
temps en la compagnie de Celui qui était, qui est, qui vient…
Rien ! Absolument rien… La foi en la Vie éternelle du Christ
réduit à néant celle du simple moment ; et les lions, comme
délivrés soudainement de leur nature corrompue, revenus à leur
instinct premier, s’étendirent à ses pieds au centre du grand
amphithéâtre, pleinement soumis à la sainteté, apaisés et calmes
face aux gradins où s’impatientait la furieuse foule vociférant et
brandissant des poings.
Et non seulement Pothin et Blandine, mais encore, l’humble
Pontique, le fidèle Sanctus, le doux Attale, Alexandre, Alcibiade
et tant d’autres…

La culture de la mort peut-elle avoir une prise sur le temps ?


Ceux qui donnent la mort, demeurent inexorablement inca-
pables d’atteindre la Vie en l’Esprit-Saint. Pour eux, la seconde
mort, que vit l’apôtre Jean dans sa béatitude de Patmos, à moins
d’un sérieux repentir… Irénée frémit. Alors qu’on peut mourir
d’amour en Dieu, oui, on le peut ! Et recevoir du Ciel l’Église
de Jérusalem ! Et pardonner, même à ses bourreaux… La voilà,
la Vérité de sainte Blandine, la Seule divine, la Seule digne de
reconnaissance, d’estime et de vénération… L’Éternelle Vérité,
celle-là même que la Gnose au nom menteur prétend connaître,
quand elle demeure viscéralement atteinte de la cécité fatale !
Est-ce pourtant si compliqué à admettre ?
L’incarnation du Christ, telle que tous les prophètes l’annon-
cèrent, est à elle seule la Connaissance de Dieu. Aussi, la mesure
de toute hérésie n’est rien d’autre que tout écart par rapport à
cette Éternelle Vérité qui se réalisa pleinement dans la Croix et
qu’entrevirent aussi bien les martyrs de Lugdunum que ceux de
Rome ou de Smyrne. Tandis que les presbytres qui sont dans
l’Église reçoivent le charisme de la Vérité selon le bon plaisir du
Père qui leur permet d’agir selon l’Esprit, les hérétiques n’en font
qu’à leur tête, agissant selon leur ignorance, égarant dans le cours
de leurs passions ceux qui les écoutent et les suivent sans discer-
nement. Car le véritable esprit prophétique est un don de l’Esprit
Saint, pas une construction de la raison pervertie par l’orgueil ni
une élucubration de l’imagination souillée par la passion.
Celui qui fut, qui est et qui Vient, voilà ce qu’il faut inlassable-
ment leur répéter ! Le Verbe, pas les Démiurges, pas les Éons, pas
les Semences, ni les Plérômes, ni les Fruits…
En silence, Irénée détourna la puissance de son regard de
cet amphithéâtre qui, élevé à la gloire de Rome, s’apprêtait à
devenir pour les siècles à venir le témoin silencieux de la gloire
terrestre du Christ.
Amour du Christ, oh ! inaltérable rempart, incorruptible,
indestructible contre l’extrême douleur comme l’extrême plai-
sir, l’absolue misère comme l’absolue richesse, la maladie la plus
dévastatrice comme la santé la plus trompeuse, le malheur le
plus insondable comme le bonheur le plus sublime : rempart
céleste contre tout ce qui, nous venant de la Terre, est appelé à
s’altérer, se consumer, disparaître…
Ses yeux se posèrent à nouveau sur le va-et-vient toujours
aussi somnambulique des gens errant sur le forum : Ils ne sont
pour l’instant, Seigneur qu’à ta ressemblance, attendant le bap-
tême pour être complétés par Toi, ô Divin ! Ô prodige d’amour !
Ô Verbe incarné ! Que ceux qui ne T’ont jamais connu puissent
aimer autre chose que Toi, rien de répréhensible ! Mais ceux qui
T’ont connu ?
Alors que les Anciens, pour n’être tombés que dans quelques
péchés, ont encouru si souvent et si durement la colère du Père,
qu’en sera-t-il de nous tous, songeait Irénée accablé parmi la foule,
qui, méprisant la venue du Seigneur et blessant Son amour, demeu-
rons esclaves inflexibles de nos vanités et méprisons le rachat et le
salut qu’Il nous offre, le corps ensanglanté et ressuscité ? Le Christ
ne peut toutefois mourir une seconde fois, puisque la mort n’a plus
d’emprise sur Lui. Irénée fut saisi d’une inspiration sacerdotale et,
d’un geste lent, bénit cette foule d’inconscients : « S’il n’a pas épar-
gné les branches naturelles, avertissait l’apôtre Paul, il pourrait fort
bien ne pas t‘épargner non plus, toi qui, n’étant qu’un olivier sau-
vage, as été enté sur l’olivier franc et rendu participant de sa sève ! »
La foule grouillante autour de lui ne s’amourachait que de
propos frivoles ; du commerce et du divertissement, rien de
plus… Comme les rondeurs vaporeuses qu’amassaient les nuages
dans le ciel, Irénée percevait les objections qui s’accumuleraient
sous leurs fronts aussitôt qu’il les aborderait, et toutes les excuses
qu’ils se donneraient pour claquer la porte à toute objurgation
visant à les détourner du péché. La pire de toutes étant de croire
qu’ils peuvent continuer à plaire à Dieu en ne prêtant jamais
l’oreille à Sa Volonté, en dédaignant ses Commandements, en
se complaisant dans les idolâtries.
Cependant si l’indifférence des païens le glace, oh ! de quels
serrements de cœurs n’est-il pas saisi devant tous ces frères qui
n’espèrent ni ne croient plus — ou de manière si partielle, si
imparfaite —, convaincus par de faux-prophètes et de mauvais
dirigeants comme des brebis par des loups, trompés qu’ils sont
par les peaux de moutons dont ces derniers se couvrent les os…
Le front tanné d’Irénée s’incline, son long dos osseux se
courbe. Par lui-même, oh ! il se sent bien incapable d’arracher
une âme, une seule, à l’Adversaire ; qu’importe la finesse de sa
pensée, la justesse de ses raisonnements, l’ampleur de son éru-
dition… Et pourtant le Seigneur lui commande de laisser une
trace de Lui, le Seigneur lui commande : Écris ! Le Seigneur
jugera chacun sur ses œuvres ; le Seigneur attend…

Ah ! Seigneur ! Au lieu de seulement Te contempler et T’aimer,


pourquoi faut-il que je perde mon temps à chercher à étudier le
mécanisme de gnoses dont je sais trop d’avance que le corps mal
bâti n’est qu’un renard et que le nom est menteur ? Irénée ploie
comme s’il était vieux de plusieurs siècles, son front comme tiré
vers le sol par un aimant. « Combattre l’erreur par Charité, c’est
M’aimer lui souffle le Seigneur, Moi qui suis Vérité… Tu peux
comprendre les sciences erronées des hommes sans pour autant
les admettre ni te résoudre à vivre selon leur loi. Telle est la loi de
charité : Porter le poids de la compréhension erronée des choses
telle une croix, sans s’ouvrir à elle ni accepter qu’elle te gouverne :
si l’hérésie est pour tous les autres hommes une façon de vivre, un
mode d’existence coutumier que l’empire rend légal, ton mode
d’existence, ta façon de vivre à toi doit être de comprendre tous
les ressorts de l’hérésie afin de la dénoncer sans jamais lui céder :
tel est le travail auquel il te faut appliquer toutes les forces vives de
ton esprit inquiet. Contredire sans accuser, car Satan seul accuse…

II
À présent, Irénée gît au sol, comme accablé, comme endormi.
Il veille, pourtant. Il est immobile, pourtant il voyage. Il semble
vide de tout esprit, pourtant il sait. Ses yeux sont clos, pourtant
il voit. Il entend.
Nul, jamais, voit-il, ne cheminera vers le Christ contraint,
forcé, ni même simplement convaincu.
Il songe. Il voit.

Il voit que par leur manquement à répondre à Dieu, les géné-


rations futures développeront leur soif de fausseté, multiplie-
ront les axes de recherches et les questionnements inutiles et
s’éloigneront de plus en plus du Christ jusqu’à s’égarer dans une
forêt de signes spéculaires, dont elles feront leurs demeures et
leurs cachots.
Il voit que pour n’avoir su garder le temps en la forme incom-
parable dans laquelle Dieu la leur offrit, elles n’en conserveront
plus qu’une conscience fragmentée, disséminée, linéaire et fausse,
jusqu’à en perdre le goût même et le sens de la Providence. Il
voit que la complexité du péché fabriquera la complexité d’une
société de plus en plus éloignée de Dieu, traversée par des héré-
sies qui pervertiront jusqu’au beau nom de science. Se croyant
maîtres du temps et des horloges, les philosophes et les penseurs
qui édifieront « ces sciences humaines » mépriseront l’action du
surnaturel et nieront jusqu’à l’existence du péché originel.
Ne tenant compte dans leurs analyses ni de la naissance,
ni de la vie, ni de la mort, ni de la résurrection du Christ, ils
pécheront gravement contre le Verbe en expliquant la nature de
l’homme comme s’il n’était que le produit de l’évolution ou du
hasard, comme si son libre arbitre n’était qu’une chimère.
Il voit que chaque science humaine, dans son incomplétude,
s’appuiera sur une autre pour former une sorte de bête à plu-
sieurs têtes, une gnose globale et hérétique parce qu’elle donne
la mort partout où elle se propage, ignorant délibérément le
véritable besoin de filiation surnaturelle des Fils de Dieu.
L’inconscient, la lutte des classes, l’arbitraire du signe, ne
sont que les traces laissées dans l’âme, l’histoire et le langage, de
cette gnose totalitaire et blasphématoire.
Car toutes ces sciences mettent à nu la nature en effet bles-
sée de l’homme, mais jamais ne le consolent absolument. Dans
l’ignorance où elles se trouvent de sa réelle filiation, dans le
mépris qu’elles professent à l’égard du Christ et de sa Passion,
elles l’abandonnent à la corruption de sa chair et à la morsure
toujours plus aigüe du péché sans consolation. En faisant de
l’homme séparé de Dieu leur unique objet d’étude, elles le
détournent de ce qui doit être sa vie durant sa seule investiga-
tion. Elles sont ainsi crimes contre sa chair et crimes contre sa
pensée. Bêtes de la mer.
Sous l’influence de ces sciences qui font de l’individu un
centre d’intérêt quasi obsessionnel, les sociétés se perdent dans
l’histoire de leurs confrontations dont elles vont jusqu’à faire un
système de gouvernement. Elles s’engluent dans le relativisme
des idées et ne sont bonnes qu’à prendre en toutes choses les
mauvaises décisions et à effectuer les mauvais choix.
Frappé de stupeur, Irénée voit des gens se débattre, hagards
et perdus, dans l’entonnoir d’un monde tissé de signes faux qui
les dévorent. Il les surprend se posant toutes sortes de ques-
tions saugrenues : À partir de quand est-on un être véritable-
ment vivant ? À partir de quand est-on un être véritablement
mort ?… Nul ne parvient plus à le concevoir sans se référer au
modèle hypnotiseur de la science, nul ne peut plus le décider
sans l’arbitrage autoritaire de la loi. Ils concevront l’enclos d’un
monde entièrement gouverné par des robots qu’ils auront eux-
mêmes créés dans le but de les servir jour et nuit ; à la stupidité
universelle qui les plongera dans un oubli cuisant de Dieu, ils
donneront le nom d’intelligence artificielle… Est-il davantage
possible d’oublier la sage vérité de Paul, l’apôtre des Gentils, que
la science enfle, alors que seule la charité édifie ?.. Ces gens imbus
de leurs technologies réclameront le droit de naître, de vivre et
de penser à leur guise, de ne jamais souffrir, de ne jamais mourir
en compensant leurs organes défaillants par d’autres prélevés sur
des clones créés à cette intention. Ils voudront des enfants qui
ne soient plus à l’image de Dieu, mais à la seule image de leur
propre désir, de leur propre volonté, de leur propre témérité…
Bref, à l’image de ce qu’ils sont… De simples habitants de la
Terre, comme le discernait l’apôtre Jean…
Ils revendiqueront tous les droits jusqu’à celui de ne plus être
eux-mêmes, confiant benoitement leur espérance en de simples
valeurs allégoriques comme la « liberté », l’« égalité », la « frater-
nité », valeurs abstraites et désincarnées qui abuseront de leur
crédulité, et leur destin en l’action de marionnettes politiques
changeantes et versatiles, dont ils attendront des raisonnements
capables de leur fabriquer à peu de frais la délivrance et le salut.
Voilà bien, se dit-il, des hommes à qui Dieu inflige une
séparation d’avec Lui-même qui, toute cruelle qu’elle semble,
demeure celle qu’ils auront véritablement et volontairement
eux-mêmes choisie !
Car il voit également que la Sainte Mère de Dieu, la Sainte
Vierge Marie, la Reine du Ciel, n’aura nullement ménagé sa
peine pour les retirer de l’abîme en les appelant à la repentance
et à la conversion, à l’occasion de maintes apparitions et de
maintes communications, tant dans des chapelles qu’au ­sommet
des montagnes, dans des grottes que dans des soupentes. Des
larmes chaudes, rondes et généreuses s’écoulent le long de ses
joues tandis qu’il voit Marie en ce siècle de fer telle une Mère
guerrière et désolée de ne pouvoir retenir le Bras de son Fils ; une
Mère abandonnée dont non seulement on ignore orgueilleuse-
ment les avertissements, mais dont on profane le sanctuaire le
plus naturel en violant, par la recherche scientifique, les portes
mêmes de la Conception.
Irénée constate alors que la tenace corruption de nombreux
hommes d’Église, la perversion assumée de nombreux diri-
geants, l’endurcissement au péché et l’apostasie de beaucoup ne
cessent de faire obstacle à cette repentance de la multitude. ! S’en
désoler n’y changera rien et, dans son mi-sommeil, des larmes
venues du Ciel sillonnent ses joues creusées. Car il sait bien, lui,
que la séparation d’avec Dieu, c’est la mort ! Que la séparation
d’avec la lumière, c’est les ténèbres ! Que la séparation d’avec
Dieu, c’est La seconde mort. ! Et dans chacune de ses larmes
brille la Jérusalem Céleste
Affaibli par sa vision, il comprend qu’en l’absence de tout
discernement, tous les signes auront en ces temps fini par se
valoir dans l’intelligence de ces hommes. Leurs certitudes pen-
dront, lamentablement accrochées côte à côte en leurs cerveaux,
aux porte-manteaux que leur auront tendus les fausses sciences :
signes faux comme signes vrais, signes monétaires comme signes
linguistiques, signes digitaux comme signes analogiques, cha-
cun étant déclarés arbitraires. Quel abus dans le langage, quelle
dévastation dans la raison ! quelle abomination dans la science !
Et dès lors que tous les signes se valent, que tous les dons
sont pris pour acquis, à quoi bon le jugement de Dieu ? À quoi
bon la venue du Christ ? Certains raffinés parmi eux imaginent
même « un autre Père, qui n’aurait ni souci ni soin de nos affaires,
ou même approuverait tous les péchés » [Contre les Hérésies, Livre v
526, 26,2]
Le démon, de fait, se déchaîne : libération (aliénation) sexuelle,
génocide muet de milliards d’enfants empêchés de naître par avor-
tement ou stérilet, gouvernements libéraux participant de plus
en plus à une exploitation de l’homme par l’homme de plus en
plus occulte, recherche militaire financée dans l’ombre et réalisée
dans le secret, massacres d’animaux et recherches sur l’embryon
humain, dévastation de milieux naturels, rupture ontologique de
la mémoire des peuples, apologie des paganismes antiques, des
philosophies orientales approximatives en vue de réduire à néant
le chiffre des baptisés, martyres des Chrétiens en Orient, propaga-
tion d’idéologies encourageant la dévastation spirituelle… Satan,
le diviseur et le corrupteur se lâche véritablement, tandis que sur
la terre le sacrifice de l’Agneau n’est plus honoré à sa juste mesure
par ceux qui sont chargés de le faire chaque dimanche, c’est-à-dire
tous les baptisés.
Quel désordre dans l’Église ! Que d’actes inconsidérés dans
le gouvernement des Etats ! Que de frustrations, d’engourdisse-
ment, de mécontentements au sein des peuples ! Sous le regard
effaré et le front blême du presbytre visionnaire, croissent les
fondements d’une religion terrestre par le biais du jeu démocra-
tique qui est la négation même du christianisme révélé. Et son
droit est déclaré inviolable par les puissants de la Terre, en lieu
et place des Dix Commandements.
Mais en conditionnant ce droit à ses propres exigences,
cette nouvelle religion en réalité abuse tous les hommes qui s’y
soumettent : Plus ils croient disposer d’eux-mêmes et de leur
propre développement en une multitude d’activités variées, tant
sur le plan matériel qu’intellectuel, affectif que spirituel, plus
Irénée voit des tyrans assoiffés de leur sang, de leur chair, de
leurs organes, de leur esprit, de leurs gènes, disposer de leur
énergie en un sens unique et mortifère. Car ces tyrans vendus à
la cause satanique auront fini par conditionner leur nourriture
comme leurs divertissements, leurs affects comme leurs émo-
tions, leurs aspirations comme leur foi, leur naissance comme
leur mort. L’Antéchrist dont ils préparent la venue, en effet, doit
concentrer en lui « l’erreur multiforme de toutes les idoles afin
que ceux qui adoraient le diable par le truchement d’une multi-
tude d’abominations le servent par l’entremise de cette unique
idole » [Contre les Hérésies, Livre v.25.1]
Le Créateur, celui qui, « par le Verbe et la Sagesse, a fait et orga-
nisé toutes choses, qui a assigné ce monde au genre humain »,
celui dont « personne n’a scruté l’élévation ni parmi les anciens
ni parmi les contemporains » [Contre les Hérésies IV, 20, 4], les
raisonnements mathématiques de ces temps infects Le considé-
reront comme une simple probabilité, à peine digne d’intérêt.
Cette religion de l’Antéchrist donnera aux gens l’impression de
ne pas être une religion, alors qu’elle aura sans cesse besoin de
relier et de connecter des millions, des milliards d’individus par-
tageant les mêmes « valeurs », épousant les mêmes conceptions
de la culture de mort, le même fanatisme par rapport à l’idole
du Progrès, et adoptant le même mépris par rapport à la Sainte
messe. Aucun de ces individus ne paraitra se souvenir ni même
se douter que depuis toujours, « le diable veut se faire adorer
comme Dieu, alors qu’il n’est qu’un apostat et un brigand, et se
faire proclamer roi, alors qu’il n’est qu’un esclave. » [Contre les
Hérésies 5,25,1]

Irénée plisse le front. Si, d’un geste de la main, comme on


chasse une mouche, il parvenait à écarter de sa conscience tout
ce que ce songe vient de déposer de toxicité en lui ! Mais il voit le
mécanisme insidieux s’aggraver de génération en génération, les
serviteurs zélés de cette religion, devenus peu à peu législateurs
des nations, normaliser chaque entorse, chaque manquement
à chacun des Dix Commandements de Dieu, afin d’encoura-
ger les individus à perdre subrepticement l’état de grâce. Dans
cette société qui se profile au loin, le péché est rendu en quelque
sorte moral et légal : il devient possible de voler, de divorcer, de
mentir, de blasphémer, de forniquer, de tuer et même de se tuer
en toute conformité à la règle commune : Et tandis que vices
et sévices occupent le pouvoir, et la loi naturelle et la loi surna-
turelle de Charité se trouvent ridiculisées, bafouées, abandon-
nées. On avorte des enfants sur le point de naître, on conçoit
des chimères mi-hommes mi-singes, on développe le commerce
d’organes, d’embryons et de fœtus, on trafique l’ADN dans des
laboratoires sécurisés : La majestueuse Paternité de Dieu n’étant
plus honorée, la sainte Maternité de Marie se trouvant niée en
tous lieux, la paternité profane des hommes comme la maternité
profane des femmes se trouvent légitimement souillées, livrées
aux mains de Satan par la colère de Dieu : un enfant peut-il
encore honorer son père et sa mère quand ils ne sont plus ni l’un
ni l’autre que des objets de procréation médicalement assistés,
ou quand il ne les connaît plus qu’à titre de matricules ou de
simples géniteurs ?
Tout le poil d’Irénée frémit, tout son sang se glace, toute sa
chair se cabre dans l’enclos même de son rêve : Plutôt que d’ai-
mer un Dieu qui est, les hérétiques de son temps tentaient de
créer un Dieu qui n’est pas ; c’était déjà tout un effort que de
réfuter leur mauvaise foi et leurs arguments pervertis.
Il voit cependant que les hérésies de ce temps à venir plonge-
ront bien pire dans la malignité : feignant d’oublier Dieu et de
ne se soucier que de la félicité terrestre de ses créatures, jouissant
de l’autorité des clercs de l’université et de l’oreille des princes,
toutes ces fausses sciences parviendront à modifier les structures,
les croyances, les comportements de ceux qu’elles prétendront
« libérer de la servitude et de l’aliénation »
Plutôt que d’aimer un homme qui est, elles chercheront à
créer un homme qui n’est pas.
Partout, quel ensauvagement généralisé du monde ! Quelle ruse,
triomphante, de Satan ! En tout pays, il faudra alors que chacun
meure, ou qu’il consente à devenir cet « Homme qui n’est pas »,
puisque le législateur, de loi en loi, de procédure en procédure et
de mise sous tutelle en mise sous tutelle, aura si bien pris soin de
le façonner, en s’appuyant sur l’arrière-boutique dogmatique de
ces hérésies érigées en sciences humaines et en dogmes républi-
cains pervertis, qu’il ne trouvera nulle autre échappatoire.
Entre le respect inné de l’autorité de la vie, celui qu’on doit à
la Volonté de Dieu, et ce qui a force de loi dans la Cité, Irénée,
stupéfait, voit se former des failles zigzagantes et béantes. Ces
trois notions dérivent hors de portée l’une de l’autre, entraî-
nées par un courant satanique, et ceux qui se laissent emporter
par la fureur de ce courant ne peuvent revenir en arrière, et
sont conduits vers la seconde mort par le flot mugissant qui les
charrie tous : Le but véritable de la théologie, n’était-il pas « de
dégager l’exacte signification des paraboles et de faire ressortir
leur accord avec la doctrine de vérité quant à la manière dont
s’est réalisé le dessein salvifique de Dieu en faveur de l’huma-
nité » ? [Contre les Hérésies I, 10, 3] Mais voilà qu’au contraire,
partout dans les rues, dans l’enceinte des temples, des écoles, des
palais, maints magiciens se déguisent en savants, maints rustres
en princes et maints sophistes en prêtres. Tous se glorifient de
leurs expertises particulières : ils en font commerce à l’échelle
mondiale et se donnent en spectacle sur des écrans, élargissant
leur audience et enflant littéralement comme des outres, sans
pudeur, aux yeux de tous.
Et partout, les foules si peu enclines à admettre la vérité théo-
logique contenue dans la Bible, adhèrent à leurs propos insen-
sés, à leurs formulations inversées.
La mémoire du passé se trouvant de plus en plus effacée par
le discrédit qu’ils jettent tous sur lui, les nœuds que ces pseudo-
sciences et leurs outils technologiques fabriquent en leurs
adeptes sous l’impulsion de Satan deviennent inextricables,
dans un monde devenu sans merci.
Toute « l’élite républicaine » se révèle contaminée. Et, à tous
les étages de la société qu’elle gouverne d’une main de fer, chaque
citoyen au cou raide se trouve imprégné par la vulgarisation de
ces faux-enseignements [écoles, magazines, films, documen-
taires, séries, textes de lois, publicités…]. En n’importe quel lieu
où il se rend, somnambulique dans des rues, des corridors et des
escalators, son aliénation le prolonge, telle en son dos l’ombre
appelée à se substituer à lui.
L’oubli du Christ et de sa Mère : Voilà ce que les gens reven-
diqueront comme leur culture, en marge de la spécialisation
à laquelle leurs études les auront confrontés, de leur survie
économique et morale de plus en plus problématiques, et de
leur dépendance grandissante envers la technologie. Là où le
piège, sur eux tous, se referme, dans l’effacement même de
leur mémoire produit par les médias de conditionnement et de
désinformation…
Le résultat de ce libéralisme de pensées et de mœurs érigé
en dogme et en religion d’État, c’est qu’en raison même de son
caractère désincarné, purement abstrait et donc faussement
rationnel, il deviendra impossible d’assigner le moindre contour
à la vérité, chacun étant déclaré en droit d’imaginer quelle est
la sienne, vis-à-vis d’une vérité contradictoire qui se découvrira
aussi son égale : il suffira ainsi, pour ne pas avoir tort, de ne
jamais froisser le mensonge…
La démarche logique adoptée par Irénée dans son Contre les
Hérésies, consistant d’abord à définir ce qu’est la Vérité afin de
lui opposer ensuite ce qu’est l’erreur, n’aura plus de prise sur
aucune intelligence de ces temps-là. Où la moindre trace de
vérité, en effet, n’est plus admise, ne peut se tolérer non plus la
moindre particule d’erreur.
C’est au final la notion même d’hérésie qui aura été décla-
rée hérétique
Si en effet la vérité révélée se trouve réduite à n’être plus qu’une
vérité parmi d’autres, alors l’erreur qui s’oppose à elle devient éga-
lement une forme d’hérésie devant le dogme suprême qui prétend
que tout se vaut, que tout doit être respecté dans l’ordre du dicible
et du pensable, dès lors qu’il est formulé en respectant les règles du
pacte républicain
Le seul recours face à une aussi diabolique confusion sera d’aban-
donner derrière soi, tels des oripeaux, tout attachement, même
minime, à ces gnoses modernes que sont les sciences humaines, à ces
systèmes de croyances profanes et mortifères qui auront façonné ce
« monde sans Dieu », pour ne plus croire qu’en l’action salutaire
et vraiment vivifiante, régénératrice, libre et imprévue du Verbe
Éternel, Jésus-Christ, Deuxième Personne, Fils de Dieu, source de
Vie, dans l’oraison, la prière, et l’Eucharistie, au sein de l’Église telle
que les saints par milliers l’ont connue et aimée, amour dont ils ont
laissé l’empreinte indélébile dans leurs œuvres et leurs écrits…
Puisque chaque génération paraît se complaire dans l’effacement
de la mémoire et puiser son énergie dans la pratique de sa propre
originalité, c’est alors que leurs œuvres seront utiles, leurs écrits redé-
couverts et salués, car dans un monde tissé uniquement par le men-
songe, tout combattant en Christ passeur de vérité se retrouve un
beau jour également passeur de mémoire.
Le visage d’Irénée était rayonnant
III
Revenu des confins obscurcis de ce songe proprement effroy-
able, dont il vient de parcourir et les abîmes et la cime, et dans
lequel notre temps fanatique se débat, immergé, Irénée comprend
la colère de Moïse découvrant le Veau d’Or et les danses de son
peuple. Il comprend Moïse brusquement enflammé de violence.
Il comprend la fureur de Moïse projetant les Tables de la Loi, et
les brisant au pied de la montagne. [Ex, 32, 19] Il comprend.
Mais il se souvient aussi de la prière du Christ en proie à
l’angoisse à Gethsémani, de la sueur de Jésus devenant comme
des larmes de sang tombant à terre [Lc, 22,44]. Il se souvient du
Christ, son Seigneur, celui qui lança aux descendants d’Abra-
ham ; « Avant qu’Abraham fût, je suis ! » [Jean, 8, 58] avant de
prononcer son Fiat sublime, par lequel il sauva le genre humain.
Le visage d’Irénée est rayonnant : Si Dieu ne date pas d’hier,
il ne date pas non plus de demain.
Ce n’est donc pas une idéologie qui sauvera les hommes de
sa vision. Ce n’est pas un régime politique, si universel fut-il
déclaré, qui les sauvera : ni eux ni leur planète. Car le Christ ne
s’est pas fait idéologie, pas davantage qu’il ne s’est fait régime
politique ou planète. À Pierre lui-même, qui tentait de le dis-
suader se souffrir sa Passion, le Christ déclara : Arrière de moi
Satan ! (Mat. 16,23)
Le Christ ne s’est donc pas même fait religion, il s’est fait
Passion, il s’est fait Eucharistie, après s’être fait homme.
Au moment du Credo, nous nous agenouillons pour le dire
à chaque messe :
« Il s’est fait homme.
Et Il a habité parmi nous. »
Et se faisant homme, il a pris en lui tout de l’homme, hor-
mis le péché. Le péché, il l’a pris sur lui, ce qui est différent. Et
ce péché originel, devenu péché universel, c’était le péché des
hommes, ce n’était pas le sien.
Écoutons Irénée :
« Au reste, s’il n’avait rien reçu de Marie, il n’eût pas pris les
aliments tirés de la terre, par lesquels se nourrit le corps tiré de
la terre, il n’eût pas, après avoir jeûné quarante jours comme
Moïse et Elie, ressenti la faim, du fait que son corps réclamait sa
nourriture, Jean, son disciple, n’aurait pas écrit de lui : « Jésus,
fatigué du voyage, était assis », David non plus n’aurait pas pro-
clamé d’avance à son sujet : « Ils ont encore ajouté à la douleur
de mes blessures. », il n’aurait pas pleuré sur Lazare, il n’aurait
pas sué des gouttes de sang, il n’aurait pas dit « Mon âme est
accablée de tristesse », de son côté transpercé ne seraient pas
sortis du sang et de l’eau. Ce sont là en effet autant de signes
caractéristiques de la chair tirée de la terre, chair que le Seigneur
a récapitulée en lui-même, sauvant ainsi son propre ouvrage par
lui modelé »
[  «  Le nouvel Adam, vraie naissance humaine », Contre les
Hérésies III, 22, 2 ]

Parallèlement au Seigneur, on trouve aussi la Vierge Marie


obéissante, lorsqu’elle dit « Voici ta servante, Seigneur, qu’il me
soit fait selon ta parole ». Ève, au contraire, avait été désobéis-
sante elle avait désobéi, alors qu’elle était encore vierge. Car, de
même qu’Ève, ayant pour époux Adam, et cependant encore
vierge — car « ils étaient nus tous les deux » dans le paradis « et
n’en avaient point honte », parce que, créés peu auparavant, ils
n’avaient pas de notion de la procréation il leur fallait d’abord
grandir, et seulement ensuite se multiplier — de même donc
qu’Ève, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même
et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux
celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant Vierge,
devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et pour tout
le genre humain. »
[ « Le nouvel Adam et la nouvelle Ève », Contre les Hérésies III,
22,3 ]

Avec le travail de Rédemption du Christ on assiste, découvre


Irénée, à un véritablement retournement, qui s’opère de Jésus à
Adam et de Marie à Eve.
Ce qui a été lié, écrit-il, ne peut être délié que si l’on refait
en sens inverse les boucles du nœud, en sorte que les premières
boucles soient défaites grâce à des secondes et qu’inversement
les secondes libèrent les premières : il se trouve de la sorte qu’un
premier lien est dénoué par un second et que le second tient
lieu de dénouement à l’égard du premier. « C’est pourquoi le
Seigneur disait que les premiers seraient les derniers, et les der-
niers les premiers. Car le Seigneur, en devenant le Premier-né
des morts et en recevant dans son sein les anciens pères, les a
fait renaître à la vie de Dieu, devenant lui-même le principe des
vivants parce qu’Adam était devenu le principe des morts. C’est
pourquoi aussi Luc a commencé sa généalogie par le Seigneur,
pour la faire remonter de celui-ci jusqu’à Adam, indiquant par-
là que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au Seigneur,
mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l’Évangile de vie.
Ainsi également le nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué
par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait lié par
son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi. »
[« Le nouvel Adam et la nouvelle Ève », Contre les Hérésies III, 22,4]

Lorsqu’un être ouvre son cœur et son esprit à l’exercice fré-


quent de la réelle oraison, il comprend sans ambages la signifi-
cation originale de tout cela, qui touche à la filiation adoptive
et à la première résurrection. Son adoption… Sa résurrection…
Mais d’ores et déjà, il nous faut reconsidérer tout ce qui, dans
le conditionnement général de ce siècle, déplait au Père, offense
le Fils, blesse Marie ; tout ce qui, dans notre propre personne
aux prises avec les vicissitudes de la vie quotidienne et celles
de l’actualité, la modèle et la conforme tout autrement que l’a
voulu le Christ. Il serait aussi parfaitement vain qu’hypocrite,
en effet, de déplorer sans cesse le déclin des valeurs de la civili-
sation chrétienne alors qu’on refuse obstinément par ailleurs de
se livrer à sa mémoire première, de s’agenouiller devant son rite
fondateur : le sacrement de l’Eucharistie, qui lui conféra corps,
âme et raison.
Sans un tel retour à l’autel du Père en l’Église, l’ensauvagement
du monde qui est en cours ne pourra que poursuivre sa route, un
ensauvagement si bien voulu, si bien conçu et si bien orchestré
par nos dirigeants qui n’ont rien à envier aux Rois de l’Apocalypse,
qu’on ne pourra évidemment pas compter sur eux qui ont juré
notre perte pour le contrer. Partout, déjà, sévissent les idoles. Les
hérésies. Par ses affects et ses raisonnements, par ses mentalités et
ses valeurs, par ses goûts et ses sentiments, l’individu contempo-
rain se découvre si tortueusement coupé de l’état de grâce qu’il
n’a besoin d’autres crimes que celui d’exister configuré à une telle
société, pour se retrouver assurément aliéné à Satan
Aussi avons-nous besoin de comprendre de quel point les
hérésies modernes parlent et qui les envoie réellement ; toutes
leurs conclusions ne reviennent-elles pas à séparer intellectuelle-
ment l’homme (son corps, son esprit, son histoire, sa parole) du
Christ, de sa Justice et de sa Charité ? Intellectuellement, mais
pas réellement, puisqu’elles n’en ont nullement le pouvoir.
Ceux qui les véhiculent ne sont, au sens où Jean le Théolo-
gien l’affirme dans sa première Epitre, que des précurseurs de
l’antéchrist : « Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit ; mais
voyez par l’épreuve si les esprits sont de Dieu, car plusieurs faux
prophètes sont venus dans le monde. Vous reconnaitrez à ceci
l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en
chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n’est
pas de Dieu : c’est celui de l’antéchrist ; dont on vous a annoncé
la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. »
Il n’y a vraiment que dans l’espace de la prière quotidienne,
de l’accueil des sacrements, de la foi vive en La Trinité ainsi que
dans la pratique de la charité, à l’abri de la Croix, dans l’at-
tente des fins dernières et la conscience de l’illusion des temps
présents, qu’une véritable échappatoire à ce conditionnement
si oppressant demeure possible dans le recueillement de l’âme.
Partout ailleurs, l’homme ensauvagé se retrouve condamné dès
son existence terrestre à la seconde mort (mort de l’âme) dans
laquelle un système au sens propre satanique le conduit avec
zèle et avec l’assentiment faussement réconfortant de tous.
Jamais les temps n’auront paru si obscurs, jamais pourtant
l’issue si proche et si visible pour les hommes de bonne volonté.
Un terme dont il nous faut méditer le sens… Au bout de la nuit,
Christ et Marie sont les seuls chemins, les seules voies, le seul
salut. Ne nous indiquent-ils pas, chacun à leur façon, le com-
bat que doivent mener les élus de l’Apocalypse qui ­constituent
leur peuple : Garder les Commandements de Dieu et la foi en
Jésus [Ap.14,12], contre les assauts de la culture de mort qui
sévit partout. Et croire jusqu’à la concrétude parfaite à tous les
articles proclamés par le Credo.
Car cette culture de mort n’est nullement une cause de tous
les désordres sociétaux qui nous entourent, comme certains
voudraient le faire croire ; comme le péché originel n’est qu’une
conséquence de la désobéissance et de la chute d’Adam, elle
n’est qu’une conséquence de la désaffection des sacrements et
de l’abandon de la prière quotidienne par la plus grande partie
de la population.
Qui priez-vous ? À quelle existence surnaturelle consentez-
vous ? Votre sommeil est-il si profond, que vous n’ayez plus de
vie que sociale ?
Les manifestations de rue organisées de façon récurrentes
contre les projets de loi tous plus sataniques les uns que les
autres qui visent à détruire ce qui reste de famille chrétienne en
France ne servent au fond qu’à alimenter des conflits d’opinion,
et n’ont eu jusqu’à présent, en ce pays du moins, qu’un succès
politique mitigé, voire contre-productif. Plus qu’une manifesta-
tion qui couvrirait la chaussée et les trottoirs des Champs-Ély-
sées, je ferai pour ma part davantage confiance à une prière de
saint Polycarpe ou à une messe de Padre Pio. Mais où se cachent
aujourd’hui les Polycarpe, les Irénée et les Padre Pio ?
Au Ciel, le texte de l’Apocalypse présente les quatre évan-
gélistes qui ne cessent de proclamer : « Saint, saint, saint est le
Seigneur Dieu, le Tout Puissant, qui était, qui est, qui vient »,
reconnaissant en Lui leur Créateur, le Créateur de toute chose
qui « vit pour les siècles des siècles ».
Comment peut-on croire qu’en enfreignant sa vie durant
tous les Commandements, en ne se repentant jamais, en refu-
sant la Vérité révélée du Père, la Miséricorde du Fils, on péné-
trera le jour de sa mort cette sphère merveilleuse au centre de
laquelle Dieu distribue les dons de l’Esprit-Saint à ceux qui le
vénèrent ?
Lave, lave chaque jour ta robe de baptême, maintiens là dans
sa pureté initiale et si la tache d’un péché par ignorance ou fai-
blesse ou mégarde de ta part la souille, ne t’obstine pas dans l’or-
gueil, confesse-le et jette-le dans la Miséricorde qui est le fleuve
de l’eau de Vie que célèbre Jean. Alors seulement tu auras véri-
tablement droit, ma sœur, mon frère, à l’arbre de Vie « dont les
feuilles servent pour la guérison des nations », alors tu entreras
dans la Cité céleste par ses portes de feu. Rien de profane ne s’y
peut glisser, ni personne qui commette abomination ou men-
songe ; mais ceux-là seuls qui sont inscrits sur le Livre de Vie et
promis à la Résurrection éternelle, celle dont le Christ enseigna
qu’on s’y trouve « comme des anges dans le Ciel. »
Or savez-vous bien qui est le Christ ? Celui, confesse saint
Irénée en l’église johannique de Lyon, « par lequel le Père s’est
montré. » Puis il rajoute : « La Réalité invisible qu’on voyait
dans le Fils était le Père. Et la Réalité visible en laquelle on
voyait le Père était le Fils. »
C’est cet Être-là que les hérésies de la culture de mort enten-
dent extirper de la mémoire, de la pensée, de la parole et de
l’action des hommes de ce temps.
C’est oublier qu’Il a le temps.
Tout le temps, puisqu’il est l’Alpha et l’Omega à Lui tout seul.
Qu’Il a pour Lui l’Éternité.
Nous pas…
Pas encore…

Patience…
Le sourire de Vincent m’appelle
Véronique Lévy
« En ce triste jour, je prie pour le repos éternel de l’âme de Vincent Lambert,
mort en martyr, victime de la folie effrayante des hommes de notre temps. Je
prie pour sa famille et en particulier pour ses parents, si courageux, si dignes.
N’ayons pas peur. Dieu veille. »
11 juillet 2019 ; Cardinal Sarah
Ô France, envahie par les vautours… France qui a brûlé ta
robe baptismale, la tunique de la pitié hospitalière, le bouclier de
la justice évangélique pour les oripeaux d’une fraternité hypo-
crite où par allégeance aux droits de l’homme sans Dieu, on
laisse mourir de soif les handicapés et les vieillards ; on élimine
les embryons aux chromosomes défaillants, sacrifiés à l’inter-
nationale de la mort propre et de la thérapie génique. Et quelle
mort… la pire mort… celle de la soif. Vous invoquez la dignité
pour effacer une vie pesée à l’aune de vos valeurs marchandes,
vie inutilisable… Pour vous.
C’est ainsi qu’agissaient les médecins nazis à Auschwitz. Civi-
lisation ? Vous vous drapez de mots arrachés à leur miséricorde,
glacés comme les courbes statistiques des marchés financiers.
Laissez-moi rire ! Dieu se jouera de vos vanités. Il détruira
Babel. Vous pourrez bien réunir toutes les plus grandes fortunes
mondiales pour rebâtir les ruines du temple de la ­consommation,
il n’en restera plus pierre sur pierre car votre cœur n’est plus celui
des chevaliers mais des bourgeois. Votre cœur s’est emmuré de
graisse et il bat pour Mammon.
Vincent vivra ou la France mourra !
Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les
anges avec Lui, alors il siégera sur Son trône de gloire.
Toute-les nations seront rassemblées devant Lui ; Il séparera
les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis
des boucs :
Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis
de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous
depuis la fondation du monde.
Car J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; J’avais soif,
et vous m’avez donné à boire ; J’étais un étranger, et vous m’avez
accueilli ; J’étais nu, et vous m’avez habillé ; J’étais malade, et vous
m’avez visité ; J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à Moi !
Amen, Je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de
ces plus petits de mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait. »

Alors Il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin


de Moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable
et ses anges. Car J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;
J’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; J’étais un étranger,
et vous ne M’avez pas accueilli ; J’étais nu, et vous ne M’avez pas
habillé ; J’étais malade et en prison, et vous ne M’avez pas visité. »

Alors ils répondront, eux aussi : « Seigneur, quand t’avons-nous


vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison,
sans nous mettre à Ton service ? »

Il leur répondra : « Amen, Je vous le dis : chaque fois que vous


ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à Moi que vous ne
l’avez pas fait. »
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la
vie éternelle.

Comme la Cananéenne, Jésus, je me jette à vos divins pieds


et Vous supplie : Sauvez Vincent des griffes des marchands de
la mort. Nous mangerons les miettes des petits pains de Votre
Miséricorde,

Ô mon Amour…
11 mai
Vincent Lambert n’est pas sous acharnement thérapeu-
tique ; il est maintenu dans un couloir, le couloir de la mort,
dans un service qui n’est pas adapté à sa pathologie, dans un
service de soins palliatifs. Or Vincent n’est ni mourant, ni
dans le coma, ni sous assistance respiratoire… Vincent réagit,
Vincent est conscient… simplement il ne peut ni parler, ni se
nourrir. Mais aujourd’hui, en France, un assassin n’a pas été
jugé et un handicapé est condamné. À la mort de la faim, de
la soif… au nom des droits de l’homme et de la dignité de l’in-
dividu. Il ne s’agit pas non plus d’une euthanasie car l’eutha-
nasie, toute mortifère qu’elle soit et opposée à la Sainte Loi de
Dieu, doit être volontaire… Or Vincent aime la vie, Vincent
a survécu à un mois de privation de nourriture… Pensez-vous
que ce fait si singulier puisse relever d’un homme souhaitant
ardemment la mort ? ou même y ayant consenti ? Vincent est
condamné à disparaître contre la volonté des parents et dans
l’ignorance de la sienne. Contre celle du Droit international
des personnes handicapées.
Une civilisation qui élimine les embryons surnuméraires et se
débarrasse de ses handicapés est une civilisation barbare. Elle se
croit moderne et juge la religion comme une régression. Mais la
religion crée des liens, la culture de mort les dissout. La Foi uni-
fie, le nihilisme déracine ce qui fut la splendeur de l’Homme :
le Visage de Dieu, tel une rose s’ouvrant au cœur du génome
dévasté par les démiurges de la mort propre et de la sélection
économique. La vie est un don de Dieu ; pour les apprentis sor-
ciers, elle s’achète… son prix est à l’aune de son efficacité ou pas.
Un crime se prépare, au nom du droit à mourir dignement,
inaugurant ainsi la légalisation du meurtre de la faiblesse, du
handicap, de la vieillesse ; contre la volonté des patients, parfois
même, comble de la perversion, souhaitée et financée par eux.
La mort, risque de devenir demain, — elle l’est dès aujourd’hui
déjà —, l’effacement licite des inadaptés… ou mieux, le shoot
empoisonné labellisé par les laboratoires pharmaceutiques et les
tueurs à gage de la Santé publique.
République née dans le sang du roi, des princes, des paysans,
des chevaliers, des prêtres… des ouvriers. Tu es une imposture.
Il n’y a qu’un Royaume : Celui de l’Amour, Celui du Christ,
Celui de Dieu.
21 mai
Je demande au Seigneur de pouvoir bientôt serrer Vincent
dans mes bras… de lui dire que je l’aime. Oui, Vincent, tu es
un cœur battant… notre cœur battant malgré la violence de ce
monde, malgré la loi infirme des robots, malgré cette loi de ceux
qui se croient hommes et qui ont refusé l’amour… et toi Vin-
cent tu es cet amour sauvé, cet amour qui nous arrache le cœur
de pierre pour qu’y palpite comme un oiseau fragile, comme un
poussin blessé, ton cœur de chair… Vincent, nous nous bat-
trons pour toi… pour que tu vives. Toi, l’innocent pris en otage
par les lobbies de la mort, cerné d’une brigade-anti-terroristes…
toi… qu’ils ont voulu « retrancher de la terre des vivants »…
Tu nous apprends cette nuit que la Pitié n’est pas morte… elle
émerge, île sauvée, d’une République hantée par les vautours.
Oui, elle émerge, dans l’aube d’une Espérance. Pour ta vie Vin-
cent, refleurissant… Pour que l’on apprenne que c’est par la fra-
gilité que passe la lumière, par la fêlure, le Pardon… et dans tes
larmes, Vincent, la Grâce d’un Dieu Qui Se fit chair et sang…
Qui Se fit pain immaculé, Hostie offerte, désarmée… inno-
cence du Don. Sans retour de l’Amour des armées de l’enfance
crucifiée. Pour la Résurrection.
1er juin
Alors que le ministère de la Justice et l’État Français pour-
voient en cassation la décision de la Cour d’Appel de Paris qui
avait ordonné la reprise de l’alimentation et de l’hydratation de
Vincent Lambert, s’opposant ainsi à la Cour européenne des
droits de l’Homme, mais obéissant au Droit international de la
personne handicapée… Alors que l’État a programmé la mort
de Vincent et a fait de cet homme un symbole, de sa vie une
affaire, de son sort un exemple pour pouvoir introniser et légali-
ser une loi sur l’euthanasie ou la mort « bienheureuse » comme
l’appelaient les nazis dans leur fameux programme Aktion T4…
Alors qu’on nous ment et que les médias inféodés aux lobbies
de la mort « propre » servant Satan et ses armées de ténèbres…
Alors qu’on manipule l’opinion en lui laissant croire que Vin-
cent est en état végétatif irrémissible, en vie artificielle bran-
chée sous assistance respiratoire, cardiaque ou autre… qu’il
n’est qu’un légume, dans le coma ou enfermé dans un corps
empierré, bref… alors que les fantasmes, les projections et les
peurs condamnent Vincent dans une prison qui n’est pas la
sienne… Alors qu’on voudrait réduire l’état de conscience à
un réseau de connexions neuronales, à l’égo ou à l’autonomie
idéale… Alors qu’on calomnie les parents de cet enfant crucifié
sur ce lit d’hôpital qui est un mouroir… sous haute surveillance
d’une brigade anti-terroriste au couloir d’un CHU de Reims…
alors qu’aucune formulation écrite d’un désir de Vincent d’en
finir, dans l’hypothèse d’une invalidité, n’est apparue à ce jour,
remontant la trame des mots et les marées du temps… Alors
qu’on traite sa pauvre mère qui est tout simplement une mère,
de manipulatrice des médias… Ceux-ci orchestrent la désinfor-
mation et le mensonge d’État en obéissant aux ordres mortifères
du projet eugéniste s’attaquant à l’homme aux extrémités de
sa vie et bientôt dans les situations de handicap irréversible…
ce qui pourrait justifier à terme l’élimination des trisomiques
ex-utéro, des malades atteints de sclérose en plaques, de can-
cer, de paralysie, que sais-je… la disparition des psychotiques,
des malades en perte d’autonomie… des vieillards, des aveugles,
des sourds, des muets, des pauvres… De tous ceux qui ne sont
plus performants, n’alimentent plus le système consumériste de
leur sang, leur sueur, leurs larmes mais le cimentent autour du
silence… Celui de leur abandon. De l’organisation du contrôle
de la mort par l’oligarchie. En catimini, sous le masque bien-
veillant de la mort douce. En vérité dictature du tri sélectif : De
ceux qu’on recycle ou pas.
On voudrait nous faire croire que le combat pour la vie
concerne les catholiques « intégristes » seuls… mais d’autres voix
s’élèveront bientôt pour affirmer qu’il est le bastion convoité et
cerné des marchands de la mort dans cette guerre universelle et
eschatologique ouvrant le grand Combat de l’Apocalypse !
La Lumière traversera les ténèbres car nous ne nous tai-
rons pas. D’autres religions nous rejoindront. Ce soir, comme
vous tous frères et sœurs, je prends autorité en tant que bapti-
sée appartenant au Corps du Christ, ayant reçu l’Onction de
prêtre, de prophète et de reine par mon baptême, oui je prends
autorité pour dénoncer les mensonges, les calomnies, les mani-
pulations dont sont victimes Vincent et sa famille… Je dénonce
l’esprit d’inversion criminel accusant ses parents de faire subir
à leur fils un acharnement thérapeutique alors que Vincent, est
l’otage prisonnier d’un CHU de soins palliatifs et de son projet
de mort… sous haute surveillance d’une armée d’État… Où
il n’est pas soigné, simplement hydraté et alimenté par sonde
nasale. On lui refuse les soins de rééducation et le projet de
vie adapté à sa pathologie de conscience altérée certes mais sus-
ceptible d’évolution positive comme en ont témoigné les onze
médecins experts des états pauci-relationnels dont le professeur
Ducroc…
Cette vidéo de la mère montrant Vincent pleurer à l’an-
nonce de sa sédation, tourner la tête et le regard à l’écoute des
voix aimées, manger à la petite cuillère, lever la jambe… Cette
vidéo est un témoignage permettant d’éveiller la conscience et
les cœurs du public à qui l’on ment et d’orienter l’opinion vers
la vérité, la prévenir du palier sur le point d’être franchi irré-
médiablement si Vincent est mis à mort… Ce saut sans retour
d’une société qui sous le masque de la dignité sert l’eugénisme
et le rendement économique, signe son projet d’abandon et
­d’extermination des faibles, des petits, des sans voix, des fragiles,
des sentinelles brisées de l’Amour veillant dans leur martyr, le
cœur ardent de cette civilisation chrétienne afin qu’elle reste
celle de l’Homme icône de Dieu et non celle du robot jeté à la
déchetterie du vice.
Cette vidéo est l’indice d’une barbarie organisée cernant
un homme sans défense à la merci de la violence d’État ; elle
témoigne que Vincent est autonome sur le plan organique,
handicapé mais pas sous vie artificielle contrairement à ce que
déclarent monsieur Léonetti et le docteur Sanchez avec cynisme
et mauvaise foi. Que sont état soit irrémissible ou pas, peu
importe d’ailleurs… L’irrémissibilité ne justifie pas le crime…
éliminera-t-on demain un diabétique pour la simple raison que
sa maladie est irréversible et chronique ?
Monsieur Macron ne désirait pas se mêler de cette tragédie…
Pourtant il s’en mêle : Le Ministère de la Santé sous l’ombre de
la République et au nom de sa loi, pourvoit en cassation le juge-
ment de la Cour d’Appel de Paris, dernier recours de l’instance
de la justice temporelle. Ainsi monsieur Macron s’oppose au
Droit international qui avait exigé la reprise de l’alimentation
et de l’hydratation… En revanche Il obéit sans aucun doute
aux ordres économiques de l’internationale libérale… Au diable
les considérations éthiques, la fin justifie les moyens dans le
Meilleur des mondes. Et la loi des marchés fait la Loi.
Une abomination se rejoue presque deux -mille ans plus
tard… mais ce n’est plus sous Pilate qui s’en lava les mains après
avoir tenté de sauver l’innocent… C’est sous la République de
monsieur Macron choisissant d’intervenir en Irak pour sauver
de la peine capitale quatre djihadistes responsables d’attentats
sur le sol Français, mais s’acharnant dans un entêtement de
démon, à programmer la mise à mort d’un innocent dans un
état pauci-relationnel… Car pour ces administrateurs, rouages
et clefs du projet eugéniste des élites de la Finance mondiale, le
handicap ne peut être qu’un handicap économique : Une tare
à abattre pour brouiller le jeu de massacre où les escrocs du
monde se partagent la dépouille des peuples.
Le temps n’est pas aux consensus, aux politesses serviles…
au quiétisme d’une charité de façade qui serait démission…
Le temps est à la guerre… La Guerre Sainte pour conquérir
à défaut de la civilisation de l’Amour, la floraison des âmes et
l’éclosion des cœurs pour l’Éternité.
4 juin
Cela fait des mois que je veille à travers les nuits lointaines,
le grand enfant malade, le petit, aux yeux grands ouverts dont la
voix étranglée demande pourquoi… au silence blanc de son mur
d’hôpital, au CHU de Reims… ville du sacre de nos rois… Saint
Louis te regarde, nourrissant les lépreux à la table du Christ…
barbe endeuillée de lys à ton chevet, Vincent… tel un Ange aux
cheveux enneigés d’attente… Sept longues années au couloir de
la mort d’un lugubre service d’accompagnement aux agonisants
pour un enfant qui n’en finit pas de vivre, même après un jeûne
forcé de trente-et-un interminables jours… pleure, s’émerveille
et ne meurt pas.
Tu es bien vif Vincent… Vif comme la braise de sang et de
larmes résistant sous la cendre.
Non je ne me tairai pas Vincent et ma voix n’appartient à
aucun autre combat qu’à celui de la Vie, qu’à celui de la Vie hasar-
deuse et folle qui surgit en dépit des programmes, des calculs, des
prouesses statistiques… Envers et contre tout. ­Par-delà le contrôle
des bases de données génétiques, médicales, éthiques… Petite
fleur dont la tige ténue, s’élève silencieuse entre les plaques
de béton armé… d’une colonie de médecins, de juges, de
ministres et d’experts.
Oui telle la fleur de l’humanité fêlée mais toute vive, tu
ouvres tes grands yeux comme pour boire l’azur infini du ciel.
Qui peut oser penser, croire, désirer ou parler à ta place, Vin-
cent, dans l’absence de preuves écrites… Qui… Sinon la Vie ? Et
la Vie est pour la vie… Et la Vie est l’autre nom de l’Amour qui
va vers Sa Lumière, Sa Lumière qui est l’unique conscience…
au-delà des connexions neuronales, au-delà de cette autonomie
amputée de l’être qui n’est qu’un autre nom du recyclable, de
l’énergie humaine renouvelable par le travail, la consommation,
la mort. Le vif est en sursis… le vif… maintenu à disposition
d’organes sous mort conditionnée, annoncée, provoquée.
Cette nuit je voudrais crier dans les rues de la ville, des cités
accolées à ses périphéries, dans les campagnes noires et vides…
je voudrais leur dire à tous les endormis, aux sourds, aux engour-
dis du cœur, Vincent, que tu respires seul ; que ton cœur bat
et bat et bat encore… triomphant des robots et qu’aucun ne
s’acharne sur toi sinon pour t’assassiner… dans un service de
soins palliatifs dont le chef est un gérontologue.
Vincent, je voudrais t’enlever et te présenter à la lune, aux
étoiles, au soleil, au vent, à la pluie, à la neige… aux autoroutes
filant dans l’aube rose d’un jour de grâce où l’amour serait roi.
Je voudrais t’extraire, enfant sauvé des concepteurs de mort,
cœurs figés au quartz numérique, des pièges tissés en réseaux de
mort… je voudrais te déposer dans l’un des sept centres de soins
spécialisés prêts à t’accueillir pour te soigner enfin.
28 juin
Résistons… Pour la vie de Vincent Lambert et au-delà pour
les 1 700 personnes en état pauci-relationnel, pour nous tous
peut-être un jour, dont le sort dépend de celui de Vincent…
Résistons à la politique eugéniste du moindre coût où la vie n’est
qu’une monnaie d’échange. Résistons au verdict de la Cour de
cassation, en cette fête du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur s’al-
liant cette année à celle de Saint Irénée de Lyon. Ce saint évêque
et martyr, Primat des Gaules, combattit la gnose luciférienne et
son Credo fut : « La Gloire de Dieu, c’est l’Homme vivant ! »
Si nous laissons faire, si nous nous taisons, nous sommes
complices d’une abomination : le basculement d’une civilisation
chrétienne- dont la Déclaration des droits de l’Homme était
malgré tout une des vertus devenues folles- à une civilisation de la
barbarie institutionnalisée héritière de la République de Sparte.
Ce basculement sera définitif, rien ne pourra plus empêcher
la descente aux enfers de la France, entraînée dans sa chute par
une oligarchie avide, obéissant aux intérêts financiers interna-
tionaux, non plus au Maître de la Vie la sacrant inviolable en
Son Amour !
Incarnons notre prière pour qu’elle ne devienne pas narcis-
sisme spirituel. Que le seigneur ne s’adresse pas à nous comme il
le fit avec les Pharisiens : « Faites ce qu’ils disent, pas ce qu’ils font ! »
Car « la Foi sans les œuvres est lettre morte. »
2 juillet
Mais s’avance inexorablement le crépuscule de vos dieux…
je vous l’annonce !
Le comprendrez-vous dans l’effroi, quand le goût du sang
des innocents remontera à vos lèvres qui alors s’étaient tues ?
Il n’y a qu’une seule issue : L’Amour !
Seigneur Jésus-Christ, Vous êtes la Voie, la Vérité, la Vie,
L’Unique Paradis
Cela
Oui
Je Le crois !
10 juillet
Vous avez prémédité la mort de l’innocent. Vous, président,
juges, ministres, docteurs et procureur et « vous saviez ce que
vous faites. »
Prier pour ceux qui te persécutent, Vincent ? Oui, mais je
n’oublierai pas… je ne me résignerai pas. Je traquerai leurs âmes
pour leur lancer le Ciel… En plein cœur. C’est cela mon Espé-
rance, ma liberté. Ce soir je suis ivre, ivre de Vérité.
Je ne me mettrai pas à genoux… Je déterrerai Vincent !
Je l’offrirai à la Vie.
Vous, messieurs, mesdames les oligarques, je ne me rési-
gnerai pas à votre archaïsme nommé modernité, à cette bar-
barie des négociateurs de la mort, à vos rites sacrificatoires,
à votre propagande désinformant le peuple, mémoire de la
patrie. Vous en avez fait une masse informe et uniforme…
Uniformité cosmopolite qui est une dictature aseptisée, ram-
pante et invisible enserrant l’Homme au fatum des séries, des
chiffres, des labels.
Je prie pour ceux que vous avez bernés, que vous bernez
encore… j’articule consciencieusement, lentement, violem-
ment, dans un cri glacial, dans un cri muet : je ne vous oublierai
pas et vous aurez ma haine ! Je vous le dis en face : écoutez bien :
l’implacable amour est haine se déliant de vos liens, de toute
tolérance avec Satan, ses suppôts et ses pompes.
Ma prière sera haine de vos abjections, de vos abominations
que je sabrerai, tel l’œil et le bras arrachés dont nous parle Jésus
car mieux vaut vivre manchot et borgne dans le Royaume que
dans l’illusion de votre labyrinthe constitutionnel où la vie
n’est ni vertu, ni valeur mais monnaie d’échange sur le marché
du gène où la spéculation fait loi. François Molins, procureur
de la Cour de cassation ne déclara-t-il pas : « Faire de la vie
une valeur suprême remettrait en cause la loi Léonetti et le
droit à l’IVG ? »
Pardonner n’est pas dénier, ni consentir… Pardonner c’est
aimer et l’Amour fait la guerre. Je vous déclare ma haine, pour
vous briser le cœur… Je vous déclare la Guerre pour l’amour
de Vincent, pour l’amour des petits, pour l’amour de ce Dieu
crucifié à votre silence… Votre silence de morts… « Je sais que
tu passes pour être vivant, et tu es mort. » Ap 3-1.
Et pour l’amour de vous, ce qui de Lui y survit. Vous n’aurez
pas la peau de l’Homme. Son Cœur c’est l’Éternel désarmé sur
la croix de vos vices.
« Les païens m’ont tous entouré, au Nom de Dieu je les sabre ;
ils m’ont entouré, enserré, au Nom de Dieu je les sabre ; ils m’ont
entouré comme des guêpes, ils ont flambé comme feu de ronces, au
Nom de Dieu je les sabre. On m’a poussé, poussé pour m’abattre,
mais Dieu me vient en aide ; ma force et mon chant, c’est l’Éternel,
il fut pour moi le Salut. » (Ps 118)
14 juillet 
Je veux suivre Jésus. Je veux suivre le Dieu de la Vie, le
Vivant ; Celui qui est venu pour les petits et les sans voix. Je suis
sa servante ; pas celle des élites religieuses ou républicaines. Je
suis la servante de Jésus donc des petits. Et plus ils sont petits,
plus leur vie est précieuse. C’est cela le christianisme ; c’est pour
cela que j’ai demandé le baptême… pas pour cirer les pompes
des puissants de ce monde, dont, c’est Jésus Qui le dit, Satan
est le prince. Moi je sers le Roi, et Son Royaume appartient aux
cœurs purs, aux miséricordieux, aux derniers.
17 juillet
Requiem.
Vincent, je ne t’ai pas connu, je ne t’ai pas embrassé, je ne t’ai
pas caressé les cheveux, je ne t’ai pas parlé, je ne t’ai pas bercé, je
ne t’ai pas tenu la main mais je t’ai aimé et je t’aime encore. Je
t’aimerai toujours… Mes larmes sont comme une boule étouf-
fant ma voix, mes larmes sont comme l’eau étanchant ta soif,
mes larmes s’étranglent dans ton cri muet, dans ton cri perçant
le silence… le silence de ceux qui ont signé le pacte de ta mort…
les technocrates d’État, les fonctionnaires de la Foi… Un sanglot
meurt dans mon ventre, tes yeux d’enfance assassinée et c’est l’ab-
sence au creux d’un drap où manque ton corps, ton pauvre corps,
ton visage aux contours enfantins… je ne t’ai pas serré dans mes
bras mais ton regard traverse la glace de leur loi hors la Loi. Où
l’innocence toujours est crucifiée à leur mensonge, pesant tel le
cadavre de leur humanité. Tes yeux traversent le temps… au-delà
c’est l’Éternel Qui nous demande : M’aimes-tu ?
18 juillet
Hypocrites, invoquant la dignité humaine pour justifier
l’élimination de l’innocent, que les larmes d’une mère soient
le torrent qui vous confonde ! Et ne parlez plus de dignité si en
son nom vous exterminez par la faim et la soif ceux qui atten-
dent, abandonnés à l’horizon du temps. Au nom du droit à la
mort digne vous avez légalisé le meurtre et médicalisé la tor-
ture. Quand vous serez passé au-delà de l’ultime frontière, vous
apercevrez Vincent… vous lui demanderez un peu d’eau pour
délier votre langue collée à votre palais et il vous répondra ce
que le pauvre Lazare répondit au mauvais riche de la parabole :
« Entre toi et nous, il y a ce grand abîme que plus personne ne
peut franchir. » Cet abîme c’est tous les rendez-vous d’amour
manqué.
22 juillet
Un goût amer, un goût de fiel, et le ciel vide ce soir… où
l’enfant meurt. VL aime VL pour toujours
En Vous,
Jésus.
9 août

À Reims, le sourire de Vincent m’appelle… il veille comme

un Dormant, éternel, cette France martyrisée… Sur son

visage, flotte, comme un voile baptismal, le sourire de l’Ange,

de l’Ange de Reims, scellant au Ciel et sur la terre, les noces de

l’Agneau avec toi, France, France au parfum de la promesse,

la Promesse de l’Ange annonçant à Marie, l’incarnation du

Verbe en Sa chair, à toi France par les lèvres bénies de Sainte

Jehanne, la confirmation de ta vocation : Sacerdotale, fille

aînée de l’Église et éducatrice des peuples, invisiblement… Sève

comme un parfum d’enfance, jusqu’aux confins des temps…

Car tu renaîtras des cendres et des ruines, tu renaîtras d’un

sourire d’enfant ressuscité !


Le Dragon se dévoile
Satan : « J’ai de toute façon tout mon temps, car un jour je maîtriserais la
conception humaine, dès lors l’humanité m’appartiendra »
Sainte Hildegarde Von Bingen, Écrits
C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont
a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, –  que celui qui lit fasse
attention ! –
Matthieu 24-15.
L’Abomination de la Désolation se traduit à partir de l’araméen
monosyllabique par : « À la fin des temps la science de l’homme parviendra
à fabriquer des êtres humains avec des cellules très froides. »

I. Res publica
La nuit tombe sur la France… une nuit rousse de colère,
une aube blanche d’un corps déserté de Toi, Jésus… une aurore
écarlate du sang d’une république ivre jusqu’au dégoût du sang
de ses enfants versé pour une chimère. La dépouille du roi est
un leurre… jetée en pâture à la douleur d’un peuple pour le
décapiter du Roi de son cœur… le Seul qui puisse lui donner la
Paix et elle n’est pas du monde, elle ne passera jamais et nul ne
pourra la lui ravir… « Ô Mon peuple que t-ai-je fait, en quoi
t-ai-je contristé ? T-ai-Je fait sortir du pays d’Égypte pour qu’à
ton Sauveur tu fasses une croix ? Pourquoi M’as-tu découronné,
arraché de Mes calvaires, de Mes autels où Je battais au cœur
des tabernacles, d’où Je te protégeais et étendais Mon Ombre
pour te nourrir gratuitement… Ô Mon peuple assoiffé, Moi,
ton Dieu humble et Pauvre parmi tes pauvres, J’ai soif de toi…
Viens sur mon Cœur et tu trouveras le repos. »
La révolution c’est l’Évangile, tout le reste est vanité. Il n’y a
qu’une audace ! Révéler au monde l’empreinte de Sa Présence,
réensemencer ce monde de Son éternité.
Pourquoi refuser à un peuple son histoire, ses héros, sa
chair… Un corps sans chair, ni peau, peut-il survivre ? Mais
pourquoi n’ai-je pas le droit d’aimer ma patrie, le corps qui
m’a portée, bercée ? Vouloir que ma mère ait une peau serait-il
suspect ? Voulez-vous donc l’écorcher, ma tendre France… ma
fière, mon amoureuse France ployant sous la couronne du Roi
que vous pillez de sa lumière.

Monsieur Marx, il y a une religion bien plus ancienne que le


Christianisme : la République. Parfois elle prend le masque aimable
de la démocratie… En vérité elle sert la liberté du plus offrant…
Sa propagande porte l’homme des réseaux financiers labellisé aux
codes-barres univoques. C’est elle l’opium des peuples.
Elle enfantera des César et des Caligula disant nous libérer
des nombres… mais ils nous frapperont à l’effigie du vide.
Votre système, monsieur Marx, est le rouleau compresseur
d’un travail à la chaîne, l’ennui égalitaire d’une terre purgée des
différences, du rare, du singulier, un paradis d’ombres uniformes.
Ni don, ni pardon dans cette enceinte de technocrates,
d’analystes, mais l’obsession de limbes froides. Coulisses grises
du Capitalisme à rebours où trône Big-Brother sur sa monnaie
au cours inflexible.
Et c’est un veau qui vous obsède encore, d’acier au lieu de
l’or, mais ruminant toujours sa guerre totale.
Christ est l’éveil de nos printemps, Communion d’une joie
rebelle, Résurrection. Elle seule effacera l’effigie du néant en
apposant l’empreinte de Son visage.
Irréductible.
Oui, notre petit cœur, Jésus, sera toujours Français car c’est
au cœur de la France que Tu bats le rappel de la Fraternité des
peuples.
Il n’y a ni droite, ni gauche, il n’y a que ceux qui T’aiment
JESUS, qui T’aiment à en crever de vérité, ou pas… Parfois sans
Te connaître, souvent sans le savoir… ils seront à Ta droite car
ils T’ont nourri, donné à boire, soigné, visité… dans les hos-
pices, les hôpitaux, les prisons… Et ils ne craignaient pas la loi
des hommes mais l’éternelle Justice de Dieu.
En Toi Seul, universelle !

•••
Messieurs les hautains, les oligarques et les pédants, savez-
vous pourquoi j’aime passionnément le peuple ? Oui, je sais,
ce mot vous terrifie… mais je le préfère voyez-vous à masse, ce
terme abject qu’utilisent vos statistiques, vos sondages et vos
analyses financières, ce mot que je ne peux prononcer sans mou-
rir dans l’anonymat d’une chambre froide à ciel ouvert : Masse,
dites-vous… Masse… informe et uniforme, hors sol et sous
contrôle ! Hors frontière et corvéable à merci !
Oui, messieurs les trismégistes tristes, j’aime le peuple, je l’aime à
la folie, viscéralement de corps de cœur et d’âme, de toute ma peau
de femme, je l’aime voyez-vous car quand je le regarde ­j’entends
cette phrase du Christ : « Voyant la foule, Je fus ému de compas-
sion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme
des brebis qui n’ont point de berger. » J’aime le peuple comme
l’étendue vierge d’un aujourd’hui, je l’aime comme la chair qui
m’a portée dans sa mémoire meurtrie et son sang qu’elle a versé
pour cette patrie que vous défaites aux virtualités d’un jeu organisé
et planétaire ; d’un plan de paix qui n’est qu’une folle compro-
mission ; d’une tolérance qui est abdication. Car l’amour, le vrai
déclare toujours la guerre ! C’est là Sa sainteté. Oui, ce peuple que
vous atomisez dans la globalisation d’une masse défigurée, moi,
j’y vois le bouquet aux myriades de visages tournés vers le soleil…
moi, j’y cueille l’Espérance… C’est lui qui m’a appris la Charité
dans sa foi pure du charbonnier, ses processions et parfois ses refus !
car ses violences sont un chant qui ne renonce pas, ne se couchera
pas, comme l’oiseau sur la plus haute branche qui jamais ne se
tait… comme le coq de toutes les aubes levées dans l’exigence de
la sainte Pitié. Ressuscitant à l’horizon de vos mensonges comme
le soleil de Vérité : Car Christ est son Royaume !
Le peuple est enfance, il se languit du Royaume où l’humble
est roi. Le peuple est un silence et puis un cri, il perce l’horizon.
Et il s’étire inhabité, il ressuscite aux aires de sa colère jusqu’au
Ciel. Le peuple est tendre comme la comptine des oubliés, les
yeux trop sages d’un exilé il n’a même plus de larmes… On les
lui a volées. Et qui lui rendra sa mémoire en mille morceaux
déchirés aux réseaux uniformes ?
Sa soif est vive de sa chair, crèche nue où le Verbe Éternel fait
Son nid… son cœur appelle Marie berçant Jésus, Seul Roi des
tout-petits… ils n’ont plus rien à perdre Que Lui.
Bientôt
le Jour
Terre Nouvelle

Où ils seront chez Lui !

Dieu Seul vous rendrait libre ! Quand le comprendrez-vous ?


Ce Dieu d’Amour Se donna en nourriture pour les obscurs, les
humiliés, les affamés de vérité et d’équité, pour vous dont on
ignore la soif.
D’éternité… d’éternité.
Vérité, la Fraternité ne peut flotter qu’à ta bannière. Un blé
fauché en plein feu, un bouton d’or, un soleil ! Sur les pavés,
rouge, le sang versé. Douleur, il meurt, joie en plein cœur.
Debout. Et sous son gilet jaune, une croix, d’amour fort comme
la mort. Liberté j’écrirai ton nom sur leurs yeux de robots.
C’est vous, maîtres autoproclamés du fratricide invisible qui
êtes les démiurges de ce maillage tissé sur les réseaux de vos ter-
ritoires virtuels. N’inversez pas la règle, même si c’est votre jeu.
Nous en étions les pions, nous deviendrons les fous de Dieu,
de notre Roi… Fous à lier mais à Sa Croix de Vérité. Et ce sera
bientôt la vôtre !
Il vous attend.
Je vous parle d’un Roi… Mais Son Royaume n’est pas d’ici,
Son Amour renouvelle la face de la terre, des flots, du ciel… de
l’amour même. Son amour est le scandale d’un départ absolu,
une aurore radicale. Sa Loi est Grâce.
La Rédemption est une Révolution indépassable, elle rapa-
trie le monde déchu à son éternité, alpha, Oméga. Sa Source,
sa Fin.
Je vous parle d’un Roi Qui est le Roi de France… des
pauvres, des sans voix, des découronnés… chevaliers, princes
de haute lignée perdue aux guerres de charité… ouvrant le jour
aux orphelins.
Dans l’Espérance
Je vous parle d’un Roi et c’est un Enfant nu, mendiant
d’amour… Insaisissable infiniment Offert en Son Corps et Son
Sang livrés… Éternel retour de l’Hostie diaphane écartelant la
terre au Ciel, notre humanité à Sa Divinité.
Europe, n’oublie pas… Il est le Roc de ta justice, de ta pitié
et de tes droits. Sans Lui, les patries vont à la ruine, exposées au
marché de la mort, des spéculations, du vice… de la chair déser-
tée de sa joie. Sans Lui, les nations retournent à l’archaïsme,
hégémonisme des puissances du néant.
Modernité, pensez-vous ? La République, l’empire sont vieux
comme le diable… bien plus vieux que les rois. Sumer coloni-
sait les peuples, la république de Sparte exterminait l’innocence
devant le conseil des vingt-huit sages triant l’enfant à vivre ou à
mourir.
Mais la famille et la patrie sont des corps, nés de l’Amour ;
l’individu orphelin est voué aux séries servant la performance
des robots.
Ô peuple, tu es la chair de la France, tu portes sa mémoire,
tu es son sang, tu es sa foi. Tu espères le Roi. Suis-Le pour enve-
lopper Son Corps et consoler Son Cœur. Il est la Voie, la Vérité,
ta Vie… Lui Seul te rendra libre. L’irréductible joie c’est l’Évan-
gile, la seule révolution qui rapatrie l’Homme vers le Royaume
où les derniers seront premiers.

•••
Où es-tu ma France Silencieuse sur les étangs du soir berçant
les petites demoiselles flottant comme des enfants abandonnées
à ta pitié ? Où es-tu patrie des rois sacrés par le Divin Messie ?
Sacrés dans la Grâce et au-delà de la nature du sang ? Au-delà de
la chair, il y avait une Autre Chair… Celle du Roi de ton cœur
battant au cœur du cœur de Sainte Jeanne parfumant encore
et pour toujours les eaux de toutes tes rivières… les eaux limo-
neuses de la Seine, le clapotis vert de gris de la Marne, les vagues
espiègles au flux secret de la Saône, la voie royale de Dame Loire
couronnant, majestueuse, les châteaux oubliés dans la pous-
sière… France au grand corps de neige et de chaume, d’or de tes
blés éperdus au vent d’Est quand la nuit t’enserre comme une
louve… je me colle contre ta peau,
France enguirlandée de cloches et s’élançant au cou d’un ciel
de cendres où bat où brûle le cœur de Sainte Jeanne uni à Celui
de Son Epoux, le Bien-Aimé des collines éternelles.
France, où est ton Roi, le lys qui te blessa de Sa Pitié au cœur
de ta chair, au vif de ton peuple, toi, sa fille de Vérité. Tu es
née libre dans les eaux baptismales, tu ne le seras qu’immergée
dans la Passion du Christ et avec Lui tu ressusciteras, souve-
raine. Jésus est ton unique Couronne, son reniement, ta chute
irréversible !
France, où sont-ils les hommes… francs comme ceux qui
t’élevèrent des ruines des grandes invasions… Jésus, ceux qui
Vous ressemblent, sur le visage desquels brille Votre Cœur ?
Ceux qui savent encore pleurer sur la douleur du monde et,
debout au cratère des tempêtes, se relèvent dans la guerre pour
que la Foi soutienne le monde et qu’il ne sombre pas tout à
fait dans le néant… ceux qui protègent l’Espérance pour que la
charité monte jusqu’au Ciel, jusqu’à Vous Seigneur… jusqu’à
Votre Pardon.
Ceux dont la colère ressemble à Votre indignation dans le
temple, quand Vous flagellâtes les marchands…
Aujourd’hui encore, Vos soldats chassent les commerçants de
la mort blasphémant l’Image adorable de votre Face au ­tabernacle
de notre corps et de l’autel où bat l’Esprit comme une colombe, à
tire d’aile… pour Vous rejoindre là-bas où brûle Votre sourire…
là-bas, éternité.
Mais vous vous êtes moqués du Seigneur, vous L’avez renié ; vous
avez dit en vous esclaffant nous sommes comme Dieu, nous sommes
des dieux. Vous avez bu et vous avez dansé au son des musiques de
l’enfer ; vous avez opprimé et vous avez violé ; vous avez profané
l’innocence et crucifié l’Amour ; vous avez massacré au nom des
idoles et colonisé jusqu’à stériliser la terre ; vous avez éclaboussé le
Ciel du sang de nos enfants et à présent, vous vous pavanez à l’ho-
rizon scellé où ne brille plus le soleil, ni la lune, ni les étoiles… vous
avez défiguré les visages en y effaçant l’image de Dieu et vous nous
demandez de vous les présenter à découvert ? Pour y greffer une
puce… Que tombe le voile sur les visages et les cœurs, que tombe la
nuit sur les calvaires nus arrachés à leur Roi, les crèches consumées,
les églises profanées ; tombe la justice sur l’occident repu… Trahi-
son, non de Pierre mais de Judas ! Cette caste et leurs suppôts, leurs
vassaux, leurs idiots, Vous a vendu Seigneur, non plus pour vingt
deniers mais aux marchés du gène, du sexe et de la guerre.
J’entends s’avancer, marée d’ébène murmurant sur nos
crimes, Votre colère, mon Dieu. Son voile recouvrira de Son
ombre, notre honte : « Ainsi vous vous êtes soumis aux insensés
et rebellé contre Mon Amour… Vous entrerez par la porte de
Ma Justice. »
Au bout de la nuit, nous ferez-Vous miséricorde ?

Jésus

Ma douleur est
sacrée
dans la Tienne

Amour
Tu peins mes yeux
bleu horizon

Pourpre mes lèvres


muettes
baptisées en Ton Sang

Flotte Ton manteau de Roi


au Ciel
là-bas

Dire que Sainte Jeanne est le cœur battant de la France, c’est


dire que ce cœur de vierge n’a jamais battu que dans Celui du
Christ, n’a écouté que Lui… c’est revenir aux racines Johan-
niques de la France reposant tel le disciple bien-aimé sur le
Cœur transpercé de Jésus, son Époux. Le cœur de la France est
une rose tournée vers son soleil, sainte Justice du Roi du Ciel se
levant à l’horizon de Sa Miséricorde.
La France naquit de la Vie. Elle s’inventa. La République
recycla la mort. Ce qu’elle nomme modernité est l’archaïsme
utile : L’humanisme fut l’adoration de l’Homme contre Dieu, le
post-humanisme est la haine de l’Homme sans Dieu.

Marie est Reine de France… et de mon pauvre cœur !


Dites-le lui donc si je m’endors…

Je suis le Roi
j’attends
aux coulisses du temps

Je suis le Roi
j’espère aux limbes
d’Espérance

Je suis le Roi
dormant
au bois de France
au bois enseveli aux terres de la mémoire
Je me tiens prêt
guettant l’éveil

de vos printemps

Je suis le Roi
Cœur suspendu
à mon sceptre de Foi

Ma couronne
est cachée
aux eaux de vos silences

J’attends

mes soldats
mes fous
mes cavaliers

J’attends au secret de la diagonale.

L’onction me creuse une plaie au front


une déchirure
au Cœur

oui
J’attends la tendre France
Angevine

et rebelle
au palais
oublié où vos fils et vos filles
se dessinent

et les champs déjà


d’or et de feu
à l’aube des ailes des Chérubins

les sillons
bercent la semence
sous mon regard

éclose

Je suis le Roi
enfanté
de vos remords

Sacrifié
Je vous ressusciterai
des ruines

où vous m’avez cherché.


II. Le Sanctuaire de la conception
Je m’appelle Véronique… mon voile est un nid… je ne por-
terai jamais le bonnet phrygien, je préfère mon voile.
C’est un pansement, une coquille, le suaire réfléchissant la
peine du monde pour soulager Jésus. Et les enfants qui meurent
seuls dans la nuit.
Et moi, je pleure le génocide invisible aux larmes interdites.
Et moi, je réclame le droit d’être femme, et aux mères d’être
mères, visitées au cœur de leurs entrailles par cette fleur de chair,
de sang, de larmes… et de Grâce.

Sous prétexte de « projet parental », un nouvel esclavage est


en marche : l’élevage d’embryons congelés à –196 degrés, ven-
dus 20 000 dollars aux Etats-Unis ! Après l’extermination ano-
nyme des avortements de masse, l’industrialisation intensive du
petit de l’homme répond à l’offre et à la demande des phan-
tasmes eugénistes du bébé augmenté.
Civilisation à visage post-humain, ta modernité est une
régression vers l’archaïsme le plus barbare car tu as accepté le viol
du sanctuaire abritant telle une perle fine, l’union sponsale… tu
l’as livré à Baal !
Et vous, Grands Prêtres du consensus d’un silence pru-
dent, ne vous lamentez pas quand les autels de marbre scel-
lant les berceaux et les tombeaux de nos enfants, seront ren-
versés, car vous avez vendu le tabernacle de la Présence où
Dieu apparaissait sans voile dans Sa lumière pour la tresser
au cœur de ces petits.
Saint Jean-Paul II demanda de citer ces martyrs innocents à
la sainte Messe, au memento des morts, pourquoi ne l’avez-vous
pas écouté ?

Ce n’est pas sous le bonnet phrygien qu’il faut manifester mais


à l’ombre de la Croix. « C’est pourquoi, quiconque Me confessera
devant les hommes, Je le confesserai aussi devant Mon Père qui est
dans les Cieux ; mais quiconque Me reniera devant les hommes, Je
le renierai aussi devant Mon Père qui est dans les Cieux. » [Mat. 10]
Jésus, pardonnez-moi mais je suis lasse de tout sauf de Vous ! Votre
Parole Seule donnera la victoire ! Je ne défilerai pas au slogan D’allons
enfants mais au son des battements du Cœur du Dieu des Armées
De la Vie !
Pardonnez-moi Jésus, mais je suis en colère. Me laisserez-vous
manier le fouet pour chasser avec Vous, Amour, les vautours du
temple de la conception ? J’espère la liberté, Voie Vierge.

L’Homme n’est plus le petit prince. L’hymen de son cœur,


où veille, encodé au fil de la trame des arborescences géné-
tiques, l’irréductible Amour, est profané. Désormais le rouage
interchangeable d’une machinerie quadrillant sa conscience le
dépouille de sa filiation et le jette hors de l’éden du Don.
Non plus Adam et Ève errant nus, mais XX, XY labellisés
« utile », acheminés au recyclage ou à la casse.
En batteries.
Nuit sans silence et sans ombre, nuit implacablement
blanche… stridence explosée aux vitrines du néant où l’inno-
cence crucifiée est sacrifiée sur l’étal du Planning des naissances
et des morts.
Pour anéantir le virus du code source, il n’y a qu’une clef,
Jésus !
Prononcez-Le ce Nom Béni, ce Nom irréductible :
JESUS
mon Roc, mon Rempart, ma Forteresse,
contre les robots.

Qui sont les plus pauvres des pauvres dans l’enfer libéral ?
Ceux qu’on ne laisse pas franchir la frontière de la vie, ceux
qu’on expédie au-delà, ceux qu’on fabrique en série et dont les
cellules-souches, la chair le sang alimentent la loi des marchés
au casino du gène… ceux qu’on sélectionne avant même l’éclo-
sion de leur être. Qui orchestre ce jeu de massacre sinon Satan ?
Il nous arrache à la Paternité de Dieu. Le chrétien aime-il vrai-
ment si ses mains restent immaculées… c’est son cœur qui doit
tenter de l’être, à l’image de sa Mère, la Vierge enfant.

•••
La république est malade du sang des embryons qu’elle sacri-
fia à Baal Mammon et elle en fit un droit, la folle. La Bergère
reviendra… Massacrer les sans voix est-ce un droit ? Jeanne
boutez-les hors de France de par Dieu !
Moi, je brandis la robe rouge trempée du sang des innocents,
morts congelés, attendant aux chambres froides ! Moi, je déchire
la robe rouge trempée du sang des innocents, de ceux qui arra-
chés aux entrailles maternelles subissent la vivisection de méde-
cins vendus aux multinationales du gène. Et moi, dans le Nom
de Jésus, dans le Saint Nom de Dieu, je déclare la guerre à ceux
qui votèrent la mort lente de ces petits !

J’enfile la robe rouge du Sang de Jésus Crucifié, je déchire le


voile de l’innocence sacrifiée et je vous crie :
« Nous-ne-serons pas la proie des vampires internationaux
déclarant la guerre virale, colonisant le génome, désencodant le
Nom de Dieu au secret du tissage cellulaire… Un homme né de
l’homme sous l’empire des apprentis démiurges !
Messieurs les prestidigitateurs du gène, nous-ne voulons
pas être une génération spontanée à la conscience violée… des
hommes et des femmes d’éprouvette, contrôlés aux chambres
fortes de vos laboratoires, des spécimens en série… Masse ser-
vant le nombre, masse de gamètes, d’embryons, d’organes, de
viscères et de sang à disposition dans vos banques et nourrissant
de sa peur votre système mondial.
Nul n’effacera l’Icône d’éternité, Réalité triomphante confon-
dant votre relativisme servant Mammon. Aujourd’hui nous
nous levons, en Sujets… en Sujets d’un Royaume où la Vie sera
reine d’un Amour qui se donne… se donne et se donnera tou-
jours, effaçant l’horizon de la mort. Au souffle de la Grâce.
Pour s’élever Vers le ciel, ouvrir ses branches au seuil des hori-
zons, un arbre a besoin de plonger ses racines dans la bonne
terre… Le Christ aussi s’est Incarné dans une histoire, une
généalogie, une Tradition. De cet héritage, il fit toute chose
nouvelle, sans le nier, mais en l’acheminant à la source de son
éternité.
Nous sommes dans l’unité, pas dans la confusion. Des
hommes et des femmes de communion. La communion ne
peut être sans l’altérité ni la transcendance d’une Foi, d’une
Espérance, d’une Charité, au cœur d’un Corps commun ! La
peste sédative colonise la France, l’eugénisme stigmatise pour
occulter que nous servons la loi de la Vie, pas la loi du Marché.
Debout face aux marchands de la mort, à genoux devant Dieu !
Admirons le visage raviné d’un très vieil homme comme les
condamnés de Soleil vert contemplent en musique ces paysages
s’effaçant dans la nuit d’un temps révolu, d’un temps où il y avait
encore des arbres et des sources jaillissant du roc au sommet des
montagnes… Quand il y avait des roses et des épines et des par-
fums… des peaux qui se cherchent et des voix qui ­murmurent je
t’aime… quand régnait le silence au commencement du monde
jailli de Son Principe. Bientôt… quand le meilleur des mondes aura
diagnostiqué toute étrangeté et que la beauté ne sera plus la faille
mais l’ineptie d’un vide lissé comme une absence, que le visage ne
sera plus celui de l’homme mais du robot, du clone sérialisé tapi aux
fourmilières flashées d’un astre virtuel… quand la chair sera lettre
morte car arrachée à son Verbe et que les lèvres seront crispées à tout
jamais sur l’arrogance… quand la vie servira la mort en croyant
préserver la vie… quand elle s’arc-boutera à son mensonge de peur
de s’éveiller… de peur de se perdre pour entrer dans la Joie… alors,
Il déchirera le Ciel de l’épée tranchante de Sa Parole… de la pierre
de nos cœurs jaillira Sa Lumière… alors… comme l’éclair, d’un
horizon à l’autre, de pôle en pôle, IL ouvrira le temps en aspirant
en Son éternité, l’éternité… l’amour, parfum du monde… icône
de Son Visage traversant les cordes des univers pour les dissoudre
en Lui… en Lui toujours ira l’essence rapatriée. La Charité. »
Messieurs les dictateurs de la pensée, je ne suis pas la peste
brune… je suis la peste blanche de votre mort… je suis la Vie,
Immaculée Conception,
Vie inviolée

en Son Seuil
veillent les Séraphins,
Chérubins, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances, Vertus,
Archanges
Et les neuf chœurs des Anges.

Ma blessure est profonde... Seule la remplit la Mère, la mer


de la Miséricorde infinie de Dieu.
Songe : Cette nuit j’étais agenouillée en silence dans la
Cathédrale de Chartres... telle une enfant sevrée dans le sein de
sa mère... en prière sous le voile immense de la Vierge Marie ...
ni vitrail, ni fleurs, ni ogives, ni statues, ni musique, mais une
lumière infinie dans laquelle je baignais... Le voile immaculé
était le toit immense de la cathédrale, il frémissait comme la
voile d’un navire qui traverse le ciel... Il n’y avait pas de toit de
pierre, ce voile étendu, seul, recouvrait la cathédrale, seul... le
voile inviolé tel l’hymen innocent de notre humanité. Retrou-
vée. Sous la Tente... au Royaume originel de la Présence. Alpha
et Oméga.

Avant de Vous connaître j’étais connue…


N’est-ce pas de Vous que je suis née ?
Avant de vocaliser, de balbutier, d’articuler, je reposais au
Silence inviolé de Votre Verbe… Il était le lait, Il était le miel…
et je baignais en Son éternité, voilée de Sa Lumière, voilée… et
au-delà du voile, Vous me regardiez…
Dans la nuit des grandes villes, au-delà des rêves taris, des
illusions crevées, des ciels de verre où vivent et meurent les
assoiffés, des ciels scellés… il y a des chants d’enfants murmu-
rant Chérubin, Chérubin, Chérubin… murmurant, murmurant,
murmurant… Au-delà du silence, ombre portée des stridences,
s’avance la coulée bleue des innocents ressuscités.
Le mystère d’iniquité viole le sanctuaire de la conception,
lieu où resplendit et veille la Sainte Paternité de Dieu scellée
au secret du génome… au cœur des 46 chromosomes tissant le
Voile recueillant l’empreinte de Son Visage, nous couronnant
princes et princesses en Son Amour. Désormais l’homme né de
l’Homme sera marqué du chiffre de la Bête. C’est le dernier
combat... Nous y sommes pleinement entrés depuis la ­validation
en 1999 du projet de loi bioéthique de 1994 ouvrant la voie au
clonage thérapeutique...
La loi Veil, autorisant le meurtre de l’embryon, du fœtus, du
sans voix, du minuscule le plus nu n’ayant d’autre mérite que
d’être et de se recevoir de l’Être… cette loi blasphémant la Loi,
cette transgression de Caïn intronisée au Panthéon des ogres,
ces offrandes à Baal, à Saturne dévorant ses enfants, ouvrit la
boîte de Pandore d’une guerre virale internationale : la guerre
de l’homme contre l’Homme, d’un système de zombies contre
la liberté du Don ; d’une modernité recyclant les archaïsmes les
plus abominables, traquant la radicale nouveauté des Évangiles
pour les soumettre aux barbaries et aux accouplements obscènes
des filles de Cham…
La transgression est vieille comme le diable aux pieds four-
chus, aux sabots de bouc ! Bacchanales en laboratoires soumet-
tant des embryons aux pires abominations : cellules-souches
enfermées dans des ovocytes de porc ou de singe… l’animal sera
une banque à disposition d’organes pour la transplantation…
L’enfer se pare de bonnes intentions !
La pire des guerres est virale : elle a colonisé le génome
humain vendu aux multinationales du ciseau génétique ; le
visage de l’Homme est modelé désormais au gré des caprices et
des désirs des plus puissants, des plus offrants. Il est jeté sur le
marché de l’élevage intensif et marqué au label made in éprou-
vettes…
Mais ce monde passera car son prince est Satan… il tom-
bera comme l’éclair sous le Regard de foudre et d’or du Fils de
l’Homme, venant sur les nuées et révélant enfin Son Jour… Sa
Parole ne passera pas… Elle chassera les marchands du temple
de nos corps, les colonisateurs du gène, les profanateurs du
tabernacle de la conception où Dieu Se donne pour nous res-
susciter d’un baiser de Sa bouche. La France renaîtra quand la
République mourra. Nos racines sont au Ciel !
Prométhée n’était qu’un apprenti et Icare un naïf… les
enfants de Cham sont les suppôts d’une chimère fabriquée par
Lucifer non plus à l’effigie de César, de l’idole ou du robot, mais
déchue au néant irrémédiablement !
Inversion pire que le péché originel, elle est cette triade anti-
trinitaire, le péché contre l’Esprit-Saint ! Grimace d’une contre-
Trinité, la violence est triple : La dévastation primordiale de
l’origine de notre conception dévaste le monde terminal de
notre accomplissement dans l’unité, en violant la communion
sponsale du parfum de l’Amour.
Nous sommes au seuil du basculement d’une civilisation
chrétienne ayant servi le plus petit, le sans voix, la veuve, l’or-
phelin… dans la barbarie aseptisée inféodée au nombre ; organi-
sée en compost de tri sélectionné à l’aune du performant.
Ce n’est pas une guerre démographique ou sociologique, c’est
la Guerre Sacrée qui ouvrira le chemin du Levant… la brèche
lumineuse au cœur de l’opacité d’un monde vendu au chiffre du
néant… Guerre surnaturelle !
La gnose luciférienne s’incarne désormais, anti-Verbe de
mort déployant ses métastases aux arcanes politiques d’une
République perdue. Les diviseurs des peuples attisent les
combats mimétiques, les concurrences victimaires s’enflam-
ment… à l’ombre des luttes tribales, à l’ombre de la grande
peur des peuples, les démiurges du gène brisent l’unité
sponsale de l’homme et de la femme, au lieu saint du Don, à
la fontaine de Vie.
Les manipulations artificielles permettent une intrusion
irréversible aux racines de l’être, au berceau de l’Alliance de
l’Homme et de Son Créateur… au sanctuaire de la Concep-
tion et de la mort, à l’orée d’une naissance. Nous séparant de la
Source inviolée.
Les enchanteurs du gène scandent les slogans : « Procréation
pour tous ! », « Droit au bébé ! »… Pourtant, ils crucifient l’inno-
cence à la loi d’abomination, à la loi Veil, éclaboussant la France
du sang de ses enfants… Par millions.
Le soleil s’est voilé d’un crêpe à l’Occident. Cri silencieux des
martyrs minuscules déchiquetés sous le fard du progrès. Le plan
familial est en marche vers la mort ! Extinction de l’Homme
sous l’irréfutabilité des robots.
Comment oser invoquer l’ombre de la dénatalité -pour jus-
tifier la PMA, la GPA- quand la loi l’encourage puisque la mise
à mort du « sans voix » est licite, remboursée et prise en charge
par toute la société ?
Embryons sur catalogue, surnuméraires à vendre et à jeter…
embryons congelés, triturés, éliminés ou réimplantés… sous
haute surveillance aux chambres fortes de la Santé Publique…
Loi de Dieu bafouée à la loi des séries, à l’idole du profit ; un
homme estampillé du label ++ de la race augmentée. Le Lieu de
la Présence est profané par les pilleurs et les colons du gène.
Les grandes migrations ne sont que le cheval de Troie d’une
invasion bien pire encore, ontologique, spirituelle. Surnaturelle.
Au cœur de l’être se recevant de l’Être… au silence désarmé de
l’Amour.
Jusqu’à quand mon Dieu l’amnésie de Ton Nom outragera-
t-elle Ton Sacré-Cœur Uni à ceux des tout-petits réfugiés sous
le pan du manteau de saint Vincent de Paul et de Pierre, abbé
des rues et des « sans voix »… J’entends Ton pas, Seigneur, j’en-
tends Ton Cœur battre de plus en plus fort… je vois Ton bras
levé contre les tièdes, Tu veux qu’ils se dépouillent de leurs murs
hérissés et de leurs lois impies, qu’ils prennent le risque de la
Foi ! Tu hais leur tiédeur et si tu la vomis c’est qu’en Toi, Amour,
ne peut subsister que l’amour sans retour, nu jusqu’à sa nuit où
point déjà l’aurore. Le monde est dans la nuit et il faut bien que
les femmes pleurent pour la traverser et rencontrer un nouveau
soleil… Marie offre Jésus, le cœur de ses entrailles, fruit né de la
fleur avant la Croix. L’enfance scintille en Lui, le Roi d’Amour à
l’horizon de tout amour où se lève la Vie, où se couche la mort.
À vous les technocrates de la mort propre, je déclare la guerre.
Sainte ! Qu’elle traverse votre hors zone du néant pour que vive
la Vie ! La troisième guerre mondiale se profile à l’horizon étroit
de l’homme sans Dieu ! Défendre l’embryon ce n’est pas être
réactionnaire, au contraire… C’est d’une modernité absolue.
Le Déicide est le négationnisme originel et tous prennent là
leur source. Dans le déni de l’Image de Dieu en l’homme, on
défigure le visage humain ! Être disciple du Christ c’est prendre
la défense du plus petit d’entre les petits, de celui à qui l’on ne
reconnaît aucun droit car il n’a ni la parole, ni l’articulation,
mais l’être le plus nu. Vous crucifiez l’innocence, vos lois de
mort condamnent la vie au nombre… La colère de Dieu c’est
Son Amour éconduit par vous.
À ceux qui croient que renoncer à l’enfance, c’est être lucide,
je réponds : « Non, c’est mentir. Le Royaume de l’enfant c’est
l’Amour ; petits enfants, vous êtes, au-delà des ricanements des
clients de la mort… oui, vous êtes ce miracle du sourire de
Dieu. »
Il n’y eut jamais qu’un Holocauste… je le dis devant Dieu :
Celui du Christ, Sacrifice des sacrifices… Il S’offrit et colo-
nisa la haine de Son Amour. Pour désensorceler le monde de sa
culture du néant, son idolâtrie de Moloch sanguinaire. Pour nous
apprendre que Dieu est le Dieu des vivants, non des morts et que
« nos ­holocaustes, nos sacrifices, Il n’en veut pas… que ce qu’IL
veut c’est le don de notre esprit brisé » pour qu’IL puisse y faire Sa
demeure… et S’élever, Pain diaphane, dans la Gloire de Sa Résur-
rection transfigurant nos vies, nos chairs dans la Sienne, rompue
pour les multitudes… Pour que cessent les génocides… tous…
particulièrement celui des neuf millions d’embryons en France
depuis la loi Veil… Bientôt les bébés après la naissance. Innocence
crucifiée à l’image du Dieu des armées Désarmé de l’Amour.
Ils ressusciteront ces os que vous broyèrent, Le Fils de
l’Homme rendra Sa vue aux aveugles, Sa Chair aux cœurs de
pierre !
Civilisation barbare, tu oses accuser les religions d’intégrisme
et d’obscurantisme mais toi tu extermines au nom du confort,
au nom du moindre coût, au nom du nombre, comme le pro-
phétisait Bernanos, éliminant l’innocence in et bientôt ex-utéro,
légalisant ainsi l’infanticide. Abomination du retour des sacri-
fices humains en l’honneur de Satan ! Régression masquée sous
la bannière du progrès.

Civilisation sénile comme Saturne dévorant ses enfants, les


dévorant au nom de la modernité, civilisation narcissique, Tu
déplores le terrorisme ? Il est pourtant ton bâtard, l’enfant du
Jacobinisme et du Frankisme… Tu en es le terreau, réifiant
la vie humaine, désacralisant l’image de Dieu en l’Homme…
arrachant des cœurs, des sociétés, des lois, toute transcendance !
Effaçant de nos mémoires la joie du Christ… Don jaillissant
telle une source, de l’éternité déchirant le temps.
L’enfer c’est ta médiocrité.

Nous ne voulons pas de ton bonheur au rabais, ton bonheur


gris maculé de sang, ton bonheur de bourgeois acheté à la bra-
derie du gène, à la boucherie appelée interruption de grossesse,
à l’élimination des vies les plus fragiles aux frontières de leur
balbutiement… nous désobéiront à tes lois servant toujours le
plus puissant, le plus offrant, le mécréant ! Sous l’empire de Pro-
méthée voleur du feu, Lucifer pourvoyeur de mort.

La nuit tombe sur l’Occident… Que nos cœurs soient l’ho-


rizon où le soleil se lève… là-bas… Oui, Il vient fracasser le
temple de l’abomination… là-bas à Jérusalem et dans Babylone
la rouge.
Il se lève à l’Orient immaculé de la conception, au sanctuaire
de nos cœurs, au lieu vierge du Don, au lieu nu de l’Espérance…
Où nous attend le Crucifié. Son Sang est la Charité. Elle Seule
lavera nos âmes du crime de Caïn, du refus d’Adam… à la racine
de l’être. Pour que Sa Lumière soit !

La « Révélation » s’accomplit… Le dragon se dévoile… Dans


le livre de l’Apocalypse, « l’Arche de l’Alliance est la Femme »,
Marie, l’Église du Ciel, et en-de-ça… ici déjà… c’est le taber-
nacle inviolé de la Présence, au nid où « Son Amour est posé
comme un sceau sur ton cœur »…et en-de-ça encore, c’est le
Temple de la Conception.
Pour réparer la rupture originelle, Dieu est venu sauver
l’Homme aux profondeurs de cette Conception blessée… Il l’a
visitée, en Marie. IL l’a recréée, Immaculée… capable de liberté
car rapatriée à sa Source d’amour.
Et voilà que ce fil d’innocence retissé par Son Incarnation,
Sa Passion, Sa Rédemption colonisant la mort de Sa Vie, est de
nouveau rompu. Car l’intrusion au cœur du génome efface la
mémoire de ce Lien d’Amour, pour nous défigurer, nous fabri-
quer en série au chiffre de la Bête.
Profanation.
Abomination de la désolation annoncée par le prophète
Daniel !
L’immaculée est une porte dans la nuit.
Le dragon va-t-il dévorer l’enfant ? Va-t-il défigurer ce visage
humain, Icône de l’Éternel ? Va-t-il effacer sa filiation… à
jamais ?
Marie veille…

Au désert.

Ses yeux sont l’azur où S’aime La Trinité, non plus miroir,


mais Sa Demeure de chair, de cœur et d’âme,

Arche des petits

Marie

Berce ton Roi, le lys Qui te blessa de Sa Pitié au cœur de ta


chair, au vif de ton peuple, toi… Sa fille de Vérité.

Mon Roi effeuille la rose,


infiniment,
jusqu’en son cœur,
pour y imprimer Son Parfum.

L’horizon du temps se renverse sous les baisers de l’Amour


qui vient sans faire de bruit.
Oui Bel Archange Gabriel, j’attends cet enfant offert tel la
Grâce qui fleurit et ne se fane… Tel l’Edelweiss, non plus au
sommet des neiges éternelles, mais au cœur de la chair et du
sang et des larmes… je L’espère tel le germe d’une innocence
incorruptible semé dans l’ombre de nos vies. Oui mon désir se
fond à Sa Lumière, je suis une particule de poussière dansante
au cœur de Sa prunelle… Amour Amour Amour. Et l’Ange la
quitta.
Dieu est le Paradis, Marie est le Jardin retrouvé
Où fleurit Sa Grâce.
J’enfourche le cheval du Cavalier blanc de l’Apocalypse, celui
de Jésus, Roi d’Amour et je vais derrière LUI sur tous les champs
de la mort dire mon chant, et là où je suis conviée… je chante…
ma petite chanson
J
É
S
U
S
Roi
des tout-petits !

•••
Les spécialistes de l’extermination rentable ou de l’élevage
intensif des petits de l’Homme, s’inspirent des techniques utili-
sées pour le bétail. Non plus naissance mais fabrication en bat-
terie. Non pas interruption de grossesse mais abattage !
Tout s’achète, se négocie dans le monde que les marchands
du temple corrompent pour en faire une réserve humaine dont
ils s’autoproclament les maîtres… Le nouvel esclavage est indé-
tectable : le virus modifiant en amont le code source où Dieu
tissa Son Cœur à notre cœur est une arme à destruction mas-
sive. S’ils ne sont pas chassés du sanctuaire de notre corps, le
visage humain sera défiguré jusqu’à la fin des temps… au souffle
de la bête. L’intrus c’est Satan !

La matière condamnée par la rupture originelle fut recréée


par l’Incarnation de l’Amour éternel fait chair en notre chair, au
nid de sang où furent tissés dans le secret les 46 chromosomes…
à l’ombre du voile de Marie s’ouvrant sur l’Autel de la Présence
inviolée !
Hélas, le choix de la mort au pied de l’arbre de la connais-
sance du mal, se perpétue aujourd’hui dans ce désir satanique
d’effacer le Visage de Dieu dans le génome humain où IL se
dévoile dès l’œuf fécondé, pour nous sacrer de Son éternité et
de Son Amour.
Les apôtres des derniers temps seront les témoins de
l’AMOUR. Il ne sera jamais compromission ou tolérance mais
Lumière absolue de vérité respectant la Vie dans son principe.
Il vous fera la guerre. Car en cet Amour, rien ne peut subsister
que l’amour !
Les apôtres des derniers temps sont l’empreinte, les pas sur
le sable du temps d’une Présence bienveillante Qui est la Source
où nous serons rapatriés… au Royaume de Son Cœur.

Dans la nuit bleue des veines, dans l’aurore des artères et


le tapis de chair où des ruisseaux de sang bercent l’enfant au
flux et au reflux des vagues aux écluses de Son Cœur, vogue
l’arche de la conception… Palpitant, aux profondeurs des
entrailles virginales, grotte inviolée hérissée de cils diaphanes,
repose le minuscule… Fruit nu où l’unité sponsale imprime Sa
Lumière… Soudain cette lumière s’entrouvre sur le tissage d’un
voile… Au-delà, l’Amour… Il traverse la trame des 46 chromo-
somes… l’Amour sourit à découvert d’éternité dans l’innocence
avant l’instant, avant le seuil… Dieu sourit… l’âme anime l’être
qui vient.

Mais,
« Elle est blessée d’une grande blessure, la vierge, la fille de
mon peuple, meurtrie d’une plaie profonde… »
L’enfant avorté
L’embryon saccagé
C’est Jésus Crucifié

Êtes-vous aveugles encore ?

Jésus vous dira : « Que n’êtes-vous pas entrés par la porte de


Ma Miséricorde… Vous entrerez par celle de Ma Justice ! Amen,
Je vous le dis à vous, les idolâtres, Mon Retour est proche. Je ne
laisserai pas violer le temple de l’innocence où s’inscrivit Mon
Visage… comme un sceau sur votre cœur… MEMORIA DEI. »

Les manipulations génétiques privent l’être à venir de sa


mémoire car l’homme profane le lieu de la Maternité originelle,
de la Paternité Divine. L’enfant n’est pas un droit mais un don
qu’il s’agit d’accueillir de Dieu uniquement. Marie, neige éter-
nelle à l’horizon du cœur… Son voile est l’hymen inviolé…
Au-delà du givre, l’âme éclose se déploie à l’aurore élevée de la
Promesse. Entendez-vous Celui Qui vient ?

Qui subsistera devant Ta Face et dans l’éternité ? L’Amour.


En Son Cœur il y a la Vie et en Sa cible Toi, toujours… Jésus.
Ton Verbe sabre nos mensonges
jusqu’à la nudité
de Ta Vérité
Toute la sagesse du monde est folie au regard de Ton éternité.
Je crierai dans le désert des villes, je crierai : « L’Amour n’est pas
aimé. » Le Christ n’agrée que l’Amour. Servons-Le.
L’Amour c’est l’éternel printemps de Ta Parole, JESUS…
afin qu’advienne enfin Ta Grâce pour l’éclosion des âmes à Ton
éternité. C’est l’ultime naissance… Et, papillon, je m’élancerai
à la Source d’où je vins, au silence inviolé. Virginité. Dieu fera
naître de ces pierres de tombeaux, des enfants à Abraham…
•••
Je suis absolument, radicalement, viscéralement catholique ! De
sang, de cœur et d’âme ! Catholique ! Parce-que fidèle à la Promesse,
dans le Oui de l’Alliance Nouvelle et éternelle accomplie dans le
Oui de Marie ! Boutons les vautours et les marchands hors du Saint
des Saints du temple de la conception ! Bleues mes paupières bleues
mes lèvres sur le cri silencieux des embryons martyrisés au nom du
droit à l’enfant, au nom du droit des femmes, au nom du droit de
ne pas en avoir, au nom des libertés individuelles… et ce petit non
né à qui on dénie la vie et l’être quel est son droit ?
Le regard d’un enfant a déchiré mon cœur… Il pleure au creux
du tabernacle et bat dans la divine Hostie, si translucide, Hymen
de la Vierge et chair fragile des tout-petits. Et je le berce de nuit en
nuit, couchée au pied de Son Berceau… Mais Il s’échappe toujours
plus loin et disparaît dans un rayon de Sa lumière… Il m’appelle
pour que je devienne de plus en plus petite et que je joue avec Lui.
Que je disparaisse et que personne ne puisse plus me retrouver.

Que tous les hommes et les femmes de cœur et de courage,


et qui veulent que l’Homme reste l’Homme créé à l’Image et à
la Ressemblance du Créateur, fassent barrage à la loi d’abomi-
nation qui arrache l’Homme à la Loi d’Amour pour le jeter sur
la loi des marchés ! Nous devons porter avec Jésus la couronne
des martyrs : Chaque épine est une vie, une vie arrachée à un
enfant non né. Et que serions-nous d’autre que des chrétiens
de vitrine si nous rougissions du Christ ou si nous désertions la
croix des embryons parqués aux camps glacés de la mort propre,
des minuscules congelés, triés, éliminés dans le silence blindé
des SECOS… génocide invisible au nom du « droit à l’enfant »,
au nom du « projet parental » ou pas, au nom du droit à ne pas
en avoir !
Ce soir, Marie, tu es remontée à rebrousse-temps d’un océan
d’algorithmes au maillage s’ouvrant sur ton visage… ton visage
au silence de la pierre erre aux flux et au reflux des rendez-vous
manqués… Reine dépouillée, Reine nue de nuit en nuit, liberté
aux yeux de bruyère te levant au large du ciel en ce château si
loin où tu ouvres de porte en porte, à l’infini, et d’aube en aube,
l’azur.
Marie, tu te penches sur l’enfant non-né et tu le berces éternellement.

III. Ecclesia
Marie m’a souri un jour de rien, un jour de sang et de larmes
et elle a illuminé les ténèbres du sourire d’un enfant de Beth-
léem, couché les bras ouverts dans la Maison du pain… Hos-
tie diaphane abandonnée à nos regards, à nos bouches, à nos
mains pour nous chavirer le cœur. Ce Pain descendu du ciel
de cendres de nos regrets, de nos remords et de nos à quoi bon
c’est Lui, le Pain de la Vie éternelle, c’est Lui, JESUS, l’Amour
fait chair, pour que brûle l’Espérance au cœur de nos nuits les
plus noires, pour que triomphe la Miséricorde au creux des
haines les plus irréductibles… que scintille Son Visage sur ceux
qui n’ont plus figure humaine. Pour que les cœurs de pierre se
brisent à la source d’Eau Vive ouvrant les Cieux transfigurés
d’une terre nouvelle où nous serons chez nous… Enfin. En
Dieu toujours

Le Christ ne demande pas à l’Église d’être sage comme une


image mais d’être Vraie Image de Sa Charité. Elle est le Visage
du Fils de l’Homme où scintillent les myriades de vos faces,
perles de Son Sang, de Ses larmes, de la Foi. Où est l’Église ? Qui
est l’Église ? Les pauvres, les petits, les bras cassés… C’est eux la
fierté de l’Église, c’est eux sa Gloire !

Lettre à mes Frères Prêtres


Soyez fiers de donner Jésus à chaque Eucharistie et dans vos
mots où bat Son Verbe. L’Église de la terre est faillible mais Celle
du Ciel est éternelle. Et toutes deux sont Saintes ! Relevons la
tête car notre délivrance est proche ! L’Église va être purifiée de
ses sarments jetés au Feu pour qu’ils portent des fruits d’humi-
lité… d’autres émondés, refleuriront… ceux qui la détestent ne
sont que la faucille utilisée à leur insu par la Main du Vigneron !
Oui, ma Mère est colonisée par des vipères et encerclée par des
scorpions. Mais le Seigneur l’a promis : « Les puissances de l’enfer
ne l’emporteront pas sur elles ». L’Église est Une et ce qui la divise,
ce qui la corrompt, doit mourir… Elle traversera le ravin de la
mort abandonnée sur le Cœur de Son Berger. Elle refleurira
au désert. Loin des idoles. Là, le Roi parlera à Son Cœur. Il
l’épousera dans la Vérité ! Ne crains pas petit soldat… on ne met
pas du vin nouveau dans les vieilles outres… le Seigneur fait
toute chose nouvelle, oui… l’Église se lèvera du cœur des cata-
combes et des ruines, Elle refleurira. Rose empourprée non plus
de honte mais purifiée dans la Passion de Son Époux. La Croix
embrasera la terre de Sa Justice Qui est Miséricorde de Dieu !
Croix
de mon Amour,

Qui te traverse

Te trouve.
Ta Lumière m’a brûlée,
il ne reste plus rien
que Toi.

Sous le voile du silence où Tu bats, Jésus… Cache-moi à


l’ombre de Ton Sacré-Cœur, morte pour tous, vive pour Toi.

Jésus, je T’aime plus loin que le soleil.

•••
L’unique Révolution, l’originelle, la radicale, est l’extase :
l’exode de soi vers le Royaume de Dieu ! La « révolution » ne
peut être que mystique, c’est un rapatriement à la Source d’où
tout vient. La Parole du Christ est apocalyptique car elle dévoile
à l’Homme son origine princière qu’est l’Amour inconditionnel
du Père. Vous refusez la Croix, hélas, vous n’aurez que la tiédeur
du cœur, sans parfum de la rose effeuillée par Son Amour.
Si le sel s’affadit, il sera foulé aux pieds :
La vérité
Ou
la mort !

Je suis l’Éternel des Armées


Désarmé
de l’Amour !
Ma Parole est un glaive, mon Regard, l’éclair !

Nous sommes nés pour être un signe de l’Absolu, une épée


aiguisée au fil de Ta Grâce. Être croyant, quoi de plus subver-
sif ? C’est être un dissident, un guerrier sur le front de la guerre
déclarée contre l’Humanité car contre Dieu ! Ô Jésus, que les
hommes et les peuples meurent avec Ton Nom planté dans leur
chair ! Pour naître à la Patrie de Ton Cœur.
Dites à Jésus, « Je T’aime », à chaque battement de votre
cœur, à chaque inspiration unie en la Sienne. Aimer jusqu’à l’ex-
trême c’est cela le Mystère de la Croix ! Mon Roi, Ta Couronne
est tressée aux épines de mon cœur.

•••
Nous sommes tout en bas, là où sont ceux qui tombent pour
amortir leur chute. Nous sommes l’eau des souterrains aux fron-
tières de la vie, pour donner voix à ceux qui n’ont pas l’être encore.
Nous sommes les anges des invisibles, des anonymes et des pros-
crits. Nous sommes Chrétiens ! Oui Seigneur, nous sommes les
germes inconnus, le sel invisible soulevant le monde blessé vers
Votre Amour, tissant au secret de la nuit obscure, Votre Visage…
pour redonner l’humanité à ceux qui l’ont perdue… nous empê-
chons que le monde ne croule sous l’absurde, nous, ouvriers ano-
nymes tressant et retressant Votre Pardon au cœur de la douleur
sans pourquoi et sans fin sinon Celle de Votre Paradis

Les témoins s’en vont au désert et leur cri sera un cri muet.
Archevêque sans cathédrale à l’image du Roi sans royaume
Couronné des épines de nos larmes et de nos péchés.
Notre-Dame de Paris, vos pierres vives sont le Corps dressé
de la Pitié contre les marchands se disputant les braises de votre
Chœur de cendres. Il déchire le ciel du chant meurtri d’une
France bientôt ressuscitée, la Croix s’élève, couronnant la Piéta
berçant Jésus entre ses bras ouverts… la Croix… Seul horizon
de la Miséricorde de Dieu.
Ils ont incendié, ils ont pillé, ils ont violé le Saint des Saints…
mais parmi les cendres et les ruines, Notre-Dame est debout,
dressée… Croix plantée dans le cœur… cœur de la rose tis-
sée dans la chair du monde… chœur transpercé par la flèche,
chœur béant sur la nuit. La cathédrale de pierres est profanée…
c’est le corps diaphane de l’Innocent qu’ils veulent souiller…
Hostie offerte, Présence du Verbe où Dieu murmure, où Dieu
se dit, caresse, tisse, retisse… Hymen… Son Cœur affleurant
de la Sainte Face… Virginité de l’Amour veillant à la porte du
sanctuaire de la conception où resplendit l’acte créateur du
Père animant l’âme au secret du génome… Par Sa Lumière que
les ténèbres accueillent, traversés, passés au fil du Glaive de Sa
Parole. Et Il ordonne :
- Viens à Ma Vie… dont Je te blesse pour que tu ne M’ou-
blies jamais. Mais ils ont incendié le sanctuaire de Ma Présence
reposant au nid de pierres vives… Foi et Espérance dressées
remontant les siècles et les siècles…
Désormais la voie est libre… le serpent a profané la cathédrale
de chair de vos corps… introduit au Jardin de sa genèse… au lieu
du Don et du Pardon. Au lieu où Je t’anime d’un baiser de Ma
bouche. La vie s’expose, sérialisée, labellisée, prostituée, au casino
du gène… interrompue aux chambres froides de l’assistance
publique, scellée à double tour… cœurs arrachés à Ma Présence…
… Je viens… J’ouvrirai le temps… livre scellé… j’abolirai
l’espace… le voile du temple se déchira dans la nuit du Cal-
vaire, la nuit de Jérusalem s’abattit comme l’encre sur le ricane-
ment de vos lèvres, Mon Sang versé enveloppa vos hurlements
de démons… retomba Tel un remords vous dispersant aux
horizons du monde. Je viens… et c’est vos cœurs que Je trans-
percerai pour les brûler de Ma Miséricorde… les réprouvés me
réprouvant seront foudroyés au sel de Ma Justice… les transpa-
rents s’embraseront de Mon Amour et rejoindront Mon Jour…
… Alors la Cité Sainte descendra du Ciel comme une jeune
épousée… Elle resplendira de vous. De vos larmes… De mort,
il n’y en aura plus… mais Moi, éternellement… et vous dans
l’Un… Là où Je Suis par le Père et le Père est par Moi… Et ce
par est l’Amour. Notre embrassement.

•••
Jésus je T’aime mais j’ai si peur de Te suivre parfois… Où
m’emmènes-Tu Amour… Où ? Je resterai toujours cette enfant
peureuse cachée sous le manteau de Marie. Elle s’évanouit pour
que je Te suive… Là-bas, où Tu resplendis comme le soleil sans
fond et sans déclin… Là-bas où Tu n’as pas une pierre pour repo-
ser la tête… Car c’est au creux de Ton Cœur que repose le monde
Il y a une grande Église au cœur du monde, c’est le refuge des
égarés, des pauvres et des petits et c’est les cœurs ardents de ceux
que Tu éclaires de Ton sourire.
Quand le monde se disloquera dans Ta Lumière il restera
l’Amour, Seul passera l’amour. Mon Amour, Vous avez traversé
les particules de la matière comme poussière au vent. Et moi je
Vous attends telle la neige monotone espère le rayon du soleil
levant. Venez, Seigneur Jésus, nous déchirer de Votre éternité !
Caresser Votre Visage sur le voile de nos cœurs. Nos vies sont
une chrysalide, la Votre… l’éternité. Elle s’ouvre à moi là où je
meurs…

Votre Amour Seigneur transperce l’illusion du temps. Si


Vous ne portiez le monde, il s’écroulerait dans son mensonge et
dans sa gravité.

Quand je vais à la Messe je suis à la Fête du Bien-Aimé Qui


vient… Pour me sauver. Je m’avance vers Lui tout doucement
au Son des battements de Son Cœur. Il me nourrit de Lui et me
modèle au sein de l’Église comme l’embryon aux entrailles de sa
mère. Pour la naissance sur la terre et au Ciel.

Sous le voile de la cendre couve Ton Cœur ressuscitant le


mien… Après moi je serai éternelle… « je » serai en l’Amour. Tu
attends sur le seuil de la Maison, le retour de l’enfant prodigue.

Les saints illuminent la nuit comme des étoiles au firmament


du Cœur de Dieu… Ils chantent avec les Anges : Saint Saint
Saint le Seigneur Roi des univers… ils chantent éternellement
Saint Saint Saint Amour Aimant l’Aimé…

« Voici que Je Me tiens debout à la porte et Je frappe. » La


porte est la faille, c’est là qu’Il Se tient… pour la remplir de Sa
Lumière…
Laisse Dieu entrer !
J’entends Tes pas à l’horizon du temps… Tu viens tout réca-
pituler en Ton Amour.
L’univers se retournera comme un gant, il basculera en Toi.
Nous serons jugés sur la Charité. Comme une plante dont on
extrait l’essence, seul l’amour survivra en l’Amour. La Lumière
ne sera plus le voile mais la Source où amour et vérité s’embras-
sent dans l’unité de Ta Justice et nous aurons l’éternité pour la
goûter… Ou pas.
Je n’ai peur de rien sinon d’être séparée de Vous, Amour de
Jésus. Je n’ai peur que de ternir mon cœur par le péché, je ne
veux que Vos yeux pour soleil, fondant la mort de Ses rayons.
Les flammes enveloppent Jeanne d’un voile… hymen du
martyre où unie à son Roi, elle Lui rend son cœur.
•••

Épilogue
J’appartiens à l’Église du Christ, Une, Sainte, Catholique et
apostolique ! Je la défends maladroitement sans doute, comme
un enfant pare le Visage de sa Mère, de son tout petit corps…
Blottie contre Sa Chair, je tente de réparer les morceaux
épars.
Et puis, est-ce un péché, j’aime ma patrie… ma France au
lys immaculé flottant au bleu azur d’une Espérance inaliénable.
Mais ce soir j’ai mal au cœur de sa chair dévastée.
Ici, éliminer l’embryon est un droit, l’empêcher, un délit.
Tenter d’infléchir cette terrible sentence, nous livre à la loi
d’abomination entérinant le meurtre de l’innocent… Violant la
sainte Loi de Dieu !
Désormais la vie est soumise à l’industrie du gène et encodée
au signe du néant. Le Pape ne compare-t-il pas l’avortement au
recours à un tueur à gages et l’eugénisme à une barbarie en gants
blancs « pire que la barbarie nazie ? »
Jésus nous l’a dit : nous ne pouvons pas servir deux maîtres,
il faut choisir Dieu ou l’argent,
L’Amour ou l’idole.
La mise en abîme de la mémoire crée une crispation iden-
titaire exigeant un sacrifice… Tel un organisme expulsant le
virus qui le mine. Si les nations, les corps, les âmes, perdent
leur souveraineté, que les vertus les plus héroïques se délitent,
soudain, tout peut basculer à la périphérie du Bien commun.
Vous nous parlez d’ouvrir les frontières ? Et le petit de l’Homme
que vous ne laissez pas franchir celle de la vie… Et le vieillard,
l’handicapé, le malade à qui l’on refuse d’humidifier les lèvres à
la frontière de la mort… Quelle est cette douane qui contrôle
ces deux frontières : celles de la naissance et celle de l’agonie ?
Ne parlez pas de charité si vous n’accueillez pas le plus étrange
de tous les étrangers, le plus démuni et le plus innocent, lui qui
n’a pas encore foulé la terre et inspiré l’air… lui qui ne sait pas
même crier… lui qui n’est qu’en germe cet amour donné abso-
lument au votre.
Vous nous avez exilés au cœur de notre territoire… votre Sys-
tème tisse sa toile programmant l’amnésie des patries déchues.
Dressées en clans rivaux, elles se déchirent pour la liberté de
consommer en toute égalité, en toute fraternité. Dans l’empire
du mensonge. Nous sommes hors zone, aux terres inhabitables
de la colère. La guerre civile est fille d’une lente douleur dansant
sur le fil du terrorisme financier tentaculaire. Le piège est mon-
dial. Nul asile, nulle zone franche, sinon en Lui.

Marie est le nom de ma chair, France celui de ma terre, Christ


Celui de mon Ciel !
On n’a plus la même famille
Abbé Laurent Spriet

I
Bonjour, je m’appelle Jeanne. J’ai 35 ans. Et je ne réclame
qu’une faveur : celle de m’exprimer en toute liberté à propos de
l’avortement que j’ai vécu il y a un bientôt un an, puisque « c’est
mon corps [dont il s’agit], c’est mon droit [de m’exprimer], c’est
mon choix [d’en parler] ».

J’habite à Lyon. En traversant la place Bellecour aujourd’hui,


j’ai croisé une Manif pour la Vie. Malgré le temps pluvieux, le
cortège était nombreux et joyeux : Beaucoup d’étudiants, de
nombreux jeunes couples avec des poussettes.
De jolies filles lançaient des slogans depuis la sono installée
à l’arrière de camions de travaux, loués pour l’occasion : « Des
lois pour la vie, pour les tout-petits ». Les jeunes dansaient au
rythme de musiques modernes. Un peu plus haut, en remon-
tant la colonne qui s’étalait tout au long de la rue du président
Edouard Herriot, au coin de la place des Terreaux, une toute
petite poignée de personnes habillées en noir et brandissant des
cintres scandaient des slogans haineux :
« Assassins ! », « Fascistes ! »…
Lorsque je voyais ce genre de manifestation autrefois, je ne
pouvais m’empêcher de penser intérieurement :
« De quel droit ces gens-là veulent-ils interdire l’avortement ?
Pourquoi s’érigent-ils contre, alors que c’est un droit des femmes ?
Elles ont bien le droit de disposer de leur corps comme bon leur
semble ! C’est leur choix ! Quelle intolérance ! »
Toutes ces pensées et ces incertitudes étaient les miennes…
avant…
Avant cette date fatidique, ce 26 novembre 2018, jour anni-
versaire de la loi Veil, qui a fait basculer toute ma vie : celle de
femme, d’épouse et de mère.

Ce jour-là, j’ai moi-même eu recours à l’IVG. Une inter-


ruption volontaire de grossesse, pas si volontaire dans mon cas
puisque je considère que je n’ai guère eu le choix. Personne ne
m’a aidée ni proposé une alternative. J’étais seule. Affreusement
seule. Cette solitude dure toujours. Je ne me suis pas rétablie de
mon IVG. D’ailleurs, peut-on s’en remettre complètement ? Je
ne le pense pas.
J’avais déjà gouté la joie d’être enceinte, peu de temps après
mon mariage avec Pierre. Nous connaissions des amis mariés,
qui ne pouvaient donner la vie ; aussi, lorsque j’ai vu les deux
petites barres bleues apparaître sur le test de grossesse, j’ai
explosé de joie ! Nous avions toujours rêvé de transmettre la vie :
Et voilà que, mariés depuis quelques mois, notre famille allait
déjà s’agrandir ! Pierre aussi jubilait. Quel bonheur !
Notre joie fut malheureusement de courte durée : j’ai fait une
fausse couche avant le troisième mois de grossesse. Ce fut trau-
matisant, mais je ne pouvais pas m’en vouloir. Comme me le dit
ma meilleure amie, je n’y étais vraiment pour rien. « Madame,
je suis désolé. Votre bébé a cessé de se développer dans votre
ventre ! » m’avait annoncé mon gynécologue avec compassion.
Je n’avais pas interrompu sa vie.… Je n’étais en rien responsable
de sa mort. Cela relevait du mystère de la vie naissante…
Pierre m’entoura de toute son affection. Il m’offrit des bou-
quets de fleurs. Il m’invita au restaurant. Je lui en fus très recon-
naissante. Je me sentais aimée et soutenue.
Mon deuxième bébé vint au monde un an après.
Celui-ci a grandi sans encombre ; mon mari et moi avons
pu l’accueillir dans l’allégresse. C’est une fille. Jade est son pré-
nom. Des grands-parents aux oncles et tantes en passant par les
cousines, tout le monde était ravi. Tous voulaient la porter dans
leurs bras. Nous goutions à la magie de l’accueil d’un enfant. Le
soir, après notre dîner, Pierre aimait imaginer l’avenir de notre
petite. Tout ce qu’elle ferait « plus tard ». Nous étions heureux.
Sûrs de notre amour.
Après mon accouchement un médecin de l’hôpital m’a pres-
crit une pilule contraceptive. J’avais arrêté d’en prendre après
mon mariage afin de pouvoir tomber enceinte, justement.
Lorsque j’étais adolescente, je pouvais grâce à elle dissocier
sexualité et procréation : avoir des rapports sexuels sans courir le
risque de tomber enceinte. « La meilleure contraception, c’est
celle que l’on choisit » pouvait-on lire entre autres slogans sur
les murs de mon lycée.
Mais la contraception, l’avais-je vraiment choisie ? Minis-
tère de la Santé, infirmière scolaire, professeur de biologie…
Elle m’avait toujours été présentée comme une obligation, une
injonction morale. Je devais prendre la pilule ! Comme tout le
monde ! C’était pratique. Je devenais une jeune femme moderne,
libérée de la contrainte de la maternité ! En même temps, per-
sonne ne m’a jamais appris à respecter le rythme de mon corps,
à lire celui de mon cycle. J’ignorais même que c’était possible.
Avec la pilule, on ne peut pas tomber enceinte, m’avait-on
dit ! C’est simple et efficace… Du moins le croyais-je… Car je
me suis bel et bien retrouvée enceinte, quelques mois après mon
accouchement ! Alors que j’étais sous pilule !…
Lorsque j’appris à Pierre que nous attendions à nouveau un
enfant, il devint furieux. Il me parla tout de suite d’IVG. Même
si, à l’époque, nous travaillions tous les deux et que je venais de
décrocher mon CDI : Pour lui, il n’était pas question de garder
ce bébé. Il n’arrivait pas au bon moment. Nous en aurions un
autre plus tard : « C’est lui ou moi ! » me dit-il, emporté par la
colère.
Avorter ?
J’étais sans voix. Mes pensées s’entrechoquaient : Que
répondre ? D’un côté, malgré la surprise, j’étais heureuse de me
trouver à nouveau enceinte… Mais de l’autre, je comprenais
bien les arguments que Pierre opposait : L’enfant n’était pas
prévu, c’est vrai. Nous pouvions attendre encore un peu, c’est
vrai…
Cet enfant, cependant, ne l’avions-nous pas conçu ensemble ?
J’étais perdue.

•••
J’avais pourtant tout fait pour que l’annonce se déroule bien :
J’avais pris soin de préparer un bon dîner… un petit câlin assis tous
les deux sur le canapé du salon. Peine perdue ! Une force contraire
à l’amour avait interféré. La venue de cet enfant n’était pas une
bonne nouvelle pour Pierre : Il me repoussa donc de ses deux mains
et partit se coucher, me laissant seule. Seule, en sanglots.
Le sommeil ne vint pas. La nuit fut horrible. Le lendemain
matin, j’ai pris un rendez-vous chez mon médecin généraliste.
Il m’a écouté avec attention et bienveillance. Il m’a proposé
d’effectuer une échographie de datation… Bien plus tard, seu-
lement, j’ai pris connaissance du mot qu’il avait adressé à son
confrère :
« Merci de pratiquer une échographie utérine en vue d’une
IVG ; merci de couper le son et l’image »
Pourquoi me cacher la vue de mon bébé ? L’écoute des batte-
ments de son cœur ? Avait-il peur que je n’aille pas au bout de
la démarche d’avortement ? J’en suis toute révoltée aujourd’hui
encore…
Après quatre semaines d’aménorrhée, j’étais bien enceinte…
Une IVG médicamenteuse était encore possible… Je me trou-
vais dans les délais légaux… Pas de problème, me dit-il, elle
serait remboursée par la Sécu ! Ces mots qui tombaient dans un
cabinet médical bien chauffé, joliment meublé, ont maintenant
un arrière-goût amer et insupportable.
Pour ne pas perdre mon mari j’ai donc accepté l’IVG.
Deux jours après l’échographie, je me suis retrouvée dans une
salle d’attente exigüe et froide de l’hôpital de la Croix-Rousse à
Lyon. Il y avait quatre femmes enceintes autour de moi. Leur
ventre était plus ou moins arrondi. Les autres étaient heureuses,
on lisait leur bonheur sur leur visage et à leur manière de se
tenir. Moi, j’étais triste et résignée : Ce bébé n’arrivait pas au
bon moment et je voulais garder mon mari, je n’avais d’autre
solution que d’avorter.
L’instant atroce hante mes jours et mes nuits, depuis ce
26 novembre de l’an dernier. Je suis dans une pièce aseptisée
aux murs blancs, une sage-femme en face de moi derrière son
bureau en métal verdâtre : Elle me tend un verre d’eau et un
cachet. C’est mon tour de l’avaler, de faire le geste qui tue. Je
parle à mon bébé, je lui demande pardon, dans mon cœur je lui
dis que je l’aime, je le supplie de comprendre :
« Mon petit ange, maman ne souhaite pas ce qui va se passer
mais papa ne veut pas te garder… je suis désolée de ne pas avoir
assez de force pour me battre pour toi… Mon petit ange, je
t’aime et pourtant… ». Comme je tarde à avaler ce comprimé
de mifépristone, la sage-femme me lance à la figure : « Bon alors
vous l’avalez ce cachet. On ne va pas y passer la journée, on a
autre chose à faire ici… »
J’avale. La mort dans l’âme. Et bientôt dans le corps…
Le lendemain je suis à l’hôpital. Des infirmières m’emmènent
dans une chambre. Cette fois-ci, j’ai droit à deux comprimés de
Cytotec. Je suis à nouveau seule, dans une chemise de nuit som-
maire qui couvre ma nudité, à attendre les contractions. Les
minutes sont interminables. J’ai peur. Je sanglote. Des douleurs
horribles surviennent.
Je vais aux toilettes. Je perds beaucoup de sang. Sur les car-
reaux blancs, je sens… je vois… quelque chose tombe entre mes
jambes. Je crie. Surgit une infirmière. Elle me raccompagne sur
mon lit. Elle me laisse en pleurs tandis qu’elle nettoie et ramasse
dans la salle de bains mon bébé. Car ce que j’ai vu… C’était lui,
mon bébé. Un fœtus de cinq semaines a des mains, des jambes,
une tête, des yeux…
Il a fallu faire ensuite une nouvelle échographie, de contrôle, pour
voir si tout était bien parti… Mon mari n’était pas avec moi ce jour-
là non plus. Il travaillait. Je lui ai envoyé un sms : « Tout est fini… »
Dès le premier soir, dès la première nuit, j’ai pleuré toutes
les larmes de mon corps. Je n’arrivais pas à m’endormir. Je m’en
voulais d’avoir tué mon bébé. Avais-je vraiment le choix ? C’est
bien pourtant moi qui avais pris ces médicaments. Je suis res-
ponsable.
À qui en parler, sinon à Pierre ? Mais il ne comprenait rien
de mon désarroi. Il essayait de me rassurer en me disant que
nous serions à nouveau parents plus tard. Rien n’y faisait. J’étais
inconsolable. À chaque fois que je croisais une femme enceinte,
un coup de poignard se plantait dans mon cœur. Je faisais un
détour pour ne pas passer devant un magasin pour bébés. Je
devenais comme folle.
Comment envisager la naissance d’un nouveau bébé avec
Pierre, puisqu’il n’avait pas été capable de protéger notre troi-
sième enfant ? Serai-je capable d’être une bonne maman puisque
j’avais été capable de tuer un de mes enfants ? Je devenais très
irascible. Rien n’allait plus.

•••
Je suis tombée en dépression. Un psychiatre m’a donné des
médicaments. Cela ne résolvait pas le problème de fond alors
je suis aussi allée consulter une psychologue : comme une som-
nambule, je lui ai raconté toute mon histoire mais elle ne m’a
pas vraiment aidée non plus. Le mal continuait à me ronger de
l’intérieur. Les souvenirs me hantaient. Ce que j’avais vu dans
les toilettes de cette chambre d’hôpital était indélébile.
J’ai voulu trouver une solution par moi-même. Je suis allée
sur internet. Sur une vidéo, un médecin expliquait qu’il n’y a pas
de traumatisme post-ivg ! Pas de traumatismes ! Je n’en croyais
ni mes yeux ni mes oreilles. Comment peut-on affirmer cela ?
Comment mentir à ce point ? Quel déni de réalité !
J’ai aussi cherché sur Facebook. Je cherchais de l’aide auprès
d’autres femmes, pour être soutenue, comprise, éclairée. Comme
on jetait jadis une bouteille à la mer quand on était perdu sur
une île déserte, j’ai posté un message de détresse. Une femme
m’a répondu. Elle m’a conseillé de demander le secours d’un
« bon psy ». Je lui ai répondu que je l’avais déjà fait.
Alors, elle m’a alors demandé si j’étais croyante. Cela m’a sur-
prise car je ne voyais pas le rapport. Puisque j’étais effectivement
baptisée, elle m’a proposé d’aller voir un « bon prêtre catholique
près de chez moi ».
J’y suis allée. Je craignais d’être jugée, condamnée. Il m’a
fallu prendre mon courage à deux mains.
J’ai poussé la porte de l’église la plus proche de mon appar-
tement. Cela faisait longtemps que je n’étais pas rentrée dans
une église. Depuis l’enterrement de ma grand-mère, je crois me
souvenir…
L’atmosphère était paisible. Une bonne odeur d’encens me
saisit. Je remontais la nef en direction du prêtre que j’avais
aperçu en entrant. Il portait une soutane. Il devait être à peine
plus âgé que moi. Il me reçut avec un sourire :
« Que puis-je faire pour vous ?
– Je voudrais vous parler de mon avortement. »
Nous nous sommes assis près d’un confessionnal, dans un
coin de l’église. Personne ne pouvait nous entendre : je lui
racontais toute mon histoire.
Il m’écouta puis il me dit :
« Restez ici, je reviens tout de suite… »
Il revint avec une Bible, dont il me lut quelques passages.
Il était question de la Miséricorde de Dieu, d’un enfant pro-
digue, d’un père miséricordieux. Il m’entretint de la manière
dont Jésus traitait les pécheurs, quand bien même son attitude
scandalisait les pharisiens de l’époque. De Marie-Madeleine et
de Zachée… De la femme adultère… Du bon larron.
Le péché… ?
Avais-je péché ?
J’avais certes choisi le mal, mais l’avais-je choisi volontai-
rement ? En pleine conscience et de façon délibérée ? Non pas
complètement !
Le prêtre évoqua alors des circonstances atténuantes. Tels sont
ses mots. En vérité, il répandit du baume sur mes plaies béantes.
Il me proposa de recevoir le pardon de Dieu à travers le sacre-
ment de la confession, pour ce péché, « pour la part qui m’en
était due » et pour les autres nombreux péchés de ma vie.
Je ne m’étais pas confessée depuis ma première communion !
Je lui avouai que je n’étais pas prête et que je ne savais plus com-
ment faire. « Ce n’est pas grave, je vous apprendrai. Je vais prier
pour vous » m’a-t-il dit.
Nous sommes ensuite allés prier devant une statue de la
Sainte Vierge. Il m’a demandé si j’avais donné un prénom à
mon bébé. « Raphaël ! », lui répondis-je. « Un prénom qui peut
être donné aussi bien pour une fille que pour un garçon ». J’ai
déposé un cierge au pied de la Vierge. Dans mon cœur, cette
lumière, c’était un peu de mon enfant. Je l’ai confié à Marie.
J’ai demandé au prêtre si je pouvais revenir lui parler à nou-
veau. Nous avons convenu d’un rendez-vous dans son église
trois jours plus tard.
Il m’a appris à me confesser. À effectuer un examen de
conscience. Il m’a reparlé de la Miséricorde de Dieu pour nous
tous, « pauvres pécheurs ». Il m’a dit : « Jeanne ! Revenez me
voir quand vous vous sentirez prête… Je prie pour vous ! ».
J’ai préparé ma confession. Des années à vivre, comme si
Dieu n’existait pas ! Comme si je ne lui devais rien !
J’ai vu tous mes péchés. Contre Dieu ! Contre mes proches !
Contre mes moins proches ! Contre moi-même ! C’était nou-
veau… J’eus moins de mal à voir mes péchés contre moi-même,
mes proches et moins proches, que ceux contre Dieu.
Quelques semaines plus tard, j’étais prête. J’ai envoyé un
sms à ce prêtre. Nous avons convenu d’un nouveau rendez-vous
dans l’église. Il m’a accueillie avec un bon sourire. Nous avons
prié un « Je vous salue Marie » devant la statue de la sainte Vierge
et nous nous sommes dirigés vers un confessionnal.
J’étais à genoux devant un crucifix.
Dans la pénombre. J’ai demandé pardon à Dieu pour tous
mes péchés. Je les ai avoués à Dieu un à un, et je me suis sentie
plus légère. Le prêtre m’a aidée par ses encouragements. Ensuite
il m’a donné le pardon de Dieu. Je ne suis pas capable de décrire
la paix et la joie qui m’ont envahie. De cet instant aussi je me
souviendrai toujours. Je suis restée dans l’église après ma confes-
sion. J’avais besoin de prier, de parler à Dieu.
Aujourd’hui je suis divorcée. En réalité, l’IVG qui a tué mon
troisième enfant a aussi dévasté mon couple.
Lorsque mon mari m’envoie aujourd’hui un sms me disant :
« Pour toi la famille était la chose la plus importante. Comment
expliquer que tu aies tant changé ? C’est ça, ce que je ne com-
prends pas »… Je ne peux que lui répondre : « Tu as une famille
avec deux enfants, toi. La mienne en compte trois… On n’a
plus la même famille ».
Non l’avortement n’est pas un acte médical anodin. Toutes
les femmes qui ont eu recours à l’IVG le savent bien. Les autres
doivent le savoir. Merci d’avoir lu mon témoignage. Merci de
ne pas me juger.
II
Je suis prêtre catholique. Ce témoignage n’est qu’une œuvre
de fiction, que j’ai inventée en reprenant le style et le contenu
de centaines de récits que vous pouvez trouver, par exemple, sur
une page Facebook comme « IVG : j’en souffre encore, je veux
témoigner ».
Jeanne aurait pu avoir 17, 20, 25, 40 ans. Jeanne aurait pu
ne pas être mariée.
Elle aurait pu avorter par « aspiration ». De façon chirurgi-
cale.
Elle se serait sans doute réveillée la main posée sur son ventre,
en pleurs. Comme tant d’autres qui le racontent dans leurs
témoignages postés sur internet. Peu importe la manière de pra-
tiquer l’IVG (par médicament ou par aspiration), le résultat est
toujours deux victimes : le bébé et sa maman. Quelle que soit la
méthode employée, le besoin de rédemption après avoir subi un
avortement reste le même.
En aucun cas il ne s’agit ni pour moi ni pour l’Église de juger
les femmes qui ont avorté. En revanche, Jeanne sait maintenant
pourquoi elle est devenue « contre l’avortement » et pourquoi
elle essaie d’aider les femmes qui, comme elle, souffrent encore
des conséquences d’une IVG. Sans oublier celles qui n’ont pas
encore avorté afin qu’elles ne tombent pas dans le même piège
qu’elle.
L’avortement est toujours un mal. Il faut le dire et le redire.
Même si certains veulent faire taire toute opposition. L’enjeu est
trop grand pour se taire.
Le Concile Vatican II enseigne que l’avortement (comme
l’infanticide) est un « crime abominable » (Gaudium et Spes
51). C’est objectivement vrai. Le jugement des personnes ne
revient qu’à Dieu « qui sonde les reins et les cœurs » (Jr 17, 10).
Lui seul connaît les circonstances atténuantes et la responsabi-
lité individuelle de chacun. Nous pouvons et devons porter un
jugement sur les actions des hommes mais pas sur les personnes
elles-mêmes. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, nous l’a appris.
L’Église catholique cherche à aider toutes ces femmes meur-
tries dans leur âme parce qu’elles ont avorté une ou plusieurs fois
dans leur vie. Elle croit en la miséricorde de Dieu qui ne rejette
jamais « un cœur contrit », c’est-à-dire un cœur qui regrette son
péché et qui veut s’efforcer avec l’aide de Dieu de ne pas recom-
mencer à commettre le mal »(cf. Psaume 50).
Mais une question se pose : D’où vient l’avortement ?
Il vient du diable qui est « homicide depuis le commencement
(Jn 8, 44).
Saint Irénée de Lyon nous parle en ces termes de Satan dans
son Adversus haereses (Livre v, 24, 3 ) :
« Quant au diable, qui n’est qu’un ange apostat, il peut tout
juste faire ce qu’il a fait au commencement, c’est-à-dire séduire
et détourner l’esprit de l’homme, pour qu’il transgresse le com-
mandement de Dieu, et aveugler peu à peu les cœurs de ceux
qui l’écoutent, pour qu’ils oublient le vrai Dieu et l’adorent lui-
même comme Dieu ».
Cette analyse du iie siècle après la naissance de Jésus demeure
toujours aussi vraie : Satan détourne les hommes et les femmes
de l’observance de cette loi non écrite qu’ils découvrent dans
leur conscience et que Dieu a voulu aussi donner à Moïse :
« Tu ne tueras pas l’innocent ! » (Ex 23, 7).
Satan hait la vie parce qu’il hait le Créateur de la vie. Il
aveugle peu à peu les cœurs de ceux qui prêtent l’oreille de leur
intelligence à ses raisonnements spécieux et à ses mensonges. Il
tente d’anesthésier totalement leur conscience.
Et Satan peut être content de lui en ce moment : Le minis-
tère des solidarités et de la santé a publié les derniers chiffres de
l’avortement en France :
En 2018, 224 300 interruptions volontaires de grossesse
(IVG) ont été réalisées en France, dont 209 500 auprès de
femmes résidant en métropole. Le taux de recours s’élève à 15,0
IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en métropole et
à 27,8 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM),
son niveau le plus élevé depuis 1990. Les femmes de 20 à 29
ans restent les plus concernées, avec un taux de 27 IVG pour
1 000 femmes sur l’ensemble du territoire. L’indice conjoncturel
d’avortement atteint 0,56 IVG par femme en 2018. En 2018 il
y a eu 758 000 naissances en France, soit environ un avortement
pour trois naissances…
Oui, l’avortement est un fléau. Ce n’est pas un progrès.
Ce n’est pas un droit parce que personne n’a le droit de tuer
un innocent. Souvent ce n’est pas non plus un choix car per-
sonne n’a proposé une alternative aux femmes enceintes qui
s’interrogent sur l’éventualité de pratiquer une IVG.
•••
Dans sa très belle encyclique en 1995 dont le titre est Evan-
gelium vitae c’est-à-dire l’Évangile de la vie, la bonne nouvelle de
la vie, Saint Jean-Paul II écrit notamment :
« Dieu est le goël, c’est-à-dire le défenseur de l’innocent
(cf. Gn 4, 9-15 ; Is 41, 14 ; Jr 50, 34 ; Ps 19 18, 15). De cette
manière, Dieu montre aussi qu’Il ne prend pas plaisir à la perte
des vivants (Sg 1, 13). Seul Satan peut s’en réjouir : Par son
envie, la mort est entrée dans le monde (cf. Sg 2, 24). Lui, qui
est homicide dès le commencement, est aussi menteur et père
du mensonge (Jn 8, 44) : Trompant l’homme, il le conduit
jusqu’au péché et à la mort, présentés comme des fins et des
fruits de vie « (Evangelium vitae 53).
Saint Jean-Paul II désigne clairement l’origine démoniaque
de l’avortement et des atteintes à la vie des innocents.
« Du point de vue moral, la contraception et l’avortement
sont des maux spécifiquement différents : l’une contredit la
vérité intégrale de l’acte sexuel comme expression propre de
l’amour conjugal, l’autre détruit la vie d’un être humain ; la pre-
mière s’oppose à la vertu de chasteté conjugale, le second s’op-
pose à la vertu de justice et viole directement le précepte divin
« Tu ne tueras pas ».
Mais, même avec cette nature et ce poids moral différents,
la contraception et l’avortement sont très souvent étroitement
liés, comme des fruits d’une même plante. Il est vrai qu’il existe
même des cas dans lesquels on arrive à la contraception et à
l’avortement lui-même sous la pression de multiples difficul-
tés existentielles, qui cependant ne peuvent jamais dispenser de
l’effort d’observer pleinement la loi de Dieu. Mais, dans de très
nombreux autres cas, ces pratiques s’enracinent dans une men-
talité hédoniste et de déresponsabilisation en ce qui concerne la
sexualité et elles supposent une conception égoïste de la liberté,
qui voit dans la procréation un obstacle à l’épanouissement de la
personnalité de chacun. La vie qui pourrait naître de la relation
sexuelle devient ainsi l’ennemi à éviter absolument, et l’avor-
tement devient l’unique réponse possible et la solution en cas
d’échec de la contraception.
Malheureusement, l’étroite connexion que l’on rencontre
dans les mentalités entre la pratique de la contraception et celle
de l’avortement se manifeste toujours plus ; et cela est aussi
confirmé de manière alarmante par la mise au point de prépa-
rations chimiques, de dispositifs intra-utérins et de vaccins qui,
distribués avec la même facilité que les moyens contraceptifs,
agissent en réalité comme des moyens abortifs aux tout premiers
stades du développement de la vie du nouvel individu »
(Evangelium Vitae 13).

Le cas de Jeanne et celui de tant d’autres femmes, qui témoi-


gnent elles-mêmes de leur histoire, montrent à quel point saint
Jean-Paul II avait raison : Très souvent contraception et avor-
tement sont liés. Ils procèdent d’une même logique. Les cam-
pagnes de publicité en faveur de la contraception ne font pas
diminuer le nombre des avortements. Les chiffres le montrent.
Il faudrait se demander pourquoi.

« Il est vrai que de nombreuses fois le choix de l’avorte-


ment revêt pour la mère un caractère dramatique et doulou-
reux, lorsque la décision de se défaire du fruit de la conception
n’est pas prise pour des raisons purement égoïstes et de facilité,
mais parce que l’on voudrait sauvegarder des biens importants,
comme la santé ou un niveau de vie décent pour les autres
membres de la famille. Parfois, on craint pour l’enfant à naître
des conditions de vie qui font penser qu’il serait mieux pour lui
de ne pas naître. Cependant, ces raisons et d’autres semblables,
pour graves et dramatiques qu’elles soient, ne peuvent jamais
justifier la suppression délibérée d’un être humain innocent.
Pour décider de la mort de l’enfant non encore né, aux
côtés de la mère, se trouvent souvent d’autres personnes. Avant
tout, le père de l’enfant peut être coupable, non seulement
lorsqu’il pousse expressément la femme à l’avortement, mais
aussi lorsqu’il favorise indirectement sa décision, parce qu’il la
laisse seule face aux problèmes posés par la grossesse : de cette
manière, la famille est mortellement blessée et profanée dans
sa nature de communauté d’amour et dans sa vocation à être
« sanctuaire de la vie ». On ne peut pas non plus passer sous
silence les sollicitations qui proviennent parfois du cercle fami-
lial plus large et des amis. Fréquemment, la femme est soumise à
des pressions tellement fortes qu’elle se sent psychologiquement
contrainte à consentir à l’avortement : sans aucun doute, dans
ce cas, la responsabilité morale pèse particulièrement sur ceux
qui l’ont forcée à avorter, directement ou indirectement. De
même les médecins et le personnel de santé sont responsables,
quand ils mettent au service de la mort les compétences acquises
pour promouvoir la vie.
(…)

Mais la responsabilité incombe aussi aux législateurs, qui ont


promu et approuvé des lois en faveur de l’avortement et, dans la
mesure où cela dépend d’eux, aux administrateurs des structures
de soins utilisées pour effectuer les avortements. Une responsa-
bilité globale tout aussi grave pèse sur ceux qui ont favorisé la
diffusion d’une mentalité de permissivité sexuelle et de mépris
de la maternité, comme sur ceux qui auraient dû engager — et
qui ne l’ont pas fait — des politiques familiales et sociales effi-
caces pour soutenir les familles, spécialement les familles nom-
breuses ou celles qui ont des difficultés économiques et éduca-
tives particulières. On ne peut enfin sous-estimer le réseau de
complicités qui se développe, jusqu’à associer des institutions
internationales, des fondations et des associations qui luttent
systématiquement pour la légalisation et pour la diffusion de
l’avortement dans le monde. Dans ce sens, l’avortement dépasse
la responsabilité des individus et le dommage qui leur est causé,
et il prend une dimension fortement sociale : c’est une blessure
très grave portée à la société et à sa culture de la part de ceux qui
devraient en être les constructeurs et les défenseurs. Comme je
l’ai écrit dans ma Lettre aux familles, nous nous trouvons en face
d’une énorme menace contre la vie, non seulement d’individus,
mais de la civilisation tout entière. Nous nous trouvons en face
de ce qui peut être défini comme une structure de péché contre la
vie humaine non encore née ».

Saint Jean-Paul II met en lumière les pressions que subissent


de très nombreuses femmes qui ont recours à l’avortement : le
manque d’informations, le manque d’alternatives, le manque
de soutien. Il montre que, bien souvent, les « circonstances atté-
nuantes » sont pléthoriques. Il dénonce les pressions familiales
et sociales. Il se fait l’avocat de ces femmes :
« Certains tentent de justifier l’avortement en soutenant que le
fruit de la conception, au moins jusqu’à un certain nombre de
jours, ne peut pas être encore considéré comme une vie humaine
personnelle. En réalité, dès que l’ovule est fécondé, se trouve
inaugurée une vie qui n’est celle ni du père ni de la mère, mais
d’un nouvel être humain qui se développe pour lui-même. Il ne
sera jamais rendu humain s’il ne l’est pas dès lors. À cette évidence
de toujours […] la science génétique moderne apporte de pré-
cieuses confirmations. Elle a montré que dès le premier instant se
trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant : une personne,
cette personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà
bien déterminées. Dès la fécondation, est commencée l’aventure
d’une vie humaine dont chacune des grandes capacités demande
du temps pour se mettre en place et se trouver prête à agir »
(Congrégation pour la doctrine de la foi, déclaration sur l’avor-
tement provoqué, 18 novembre 1974 n 12-113).
« Même si la présence d’une âme spirituelle ne peut être
constatée par aucun moyen expérimental, les conclusions de la
science sur l’embryon humain fournissent « une indication pré-
cieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle
dès cette première apparition d’une vie humaine : comment un
individu humain ne serait-il pas une personne humaine ? » (Ins-
truction Donum vitae du 22 février 1987).
D’ailleurs, l’enjeu est si important que, du point de vue de
l’obligation morale, la seule probabilité de se trouver en face d’une
personne suffirait à justifier la plus nette interdiction de toute
intervention conduisant à supprimer l’embryon humain. Préci-
sément pour ce motif, au-delà des débats scientifiques et même
des affirmations philosophiques à propos desquelles le Magistère
ne s’est pas expressément engagé, l’Église a toujours enseigné, et
enseigne encore, qu’au fruit de la génération humaine, depuis
le premier moment de son existence, doit être garanti le respect
inconditionnel qui est moralement dû à l’être humain dans sa
totalité et dans son unité corporelle et spirituelle : « L’être humain
doit être respecté et traité comme une personne dès sa concep-
tion, et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de
la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de
tout être humain innocent à la vie » (Evangelium vitae 58-60).

De facto, il est curieux de voir les journaux parler de cher-


cheurs qui réussissent à modifier l’ADN humain d’embryons
(en Chine en particulier) et de l’autre ces mêmes journaux qui
disent qu’un embryon n’est pas encore un être humain et donc
que l’avortement n’est pas un crime.

« Je voudrais adresser une pensée spéciale à vous, femmes, qui


avez eu recours à l’avortement. L’Église sait combien de condi-
tionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute
pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse,
et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre
âme n’est pas encore refermée. En réalité, ce qui s’est produit a
été et demeure profondément injuste. Mais ne vous laissez pas
aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. Sachez
plutôt comprendre ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité.
Si vous ne l’avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et
avec confiance au repentir : le Père de toute miséricorde vous
attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement
de la réconciliation. C’est à ce même Père et à sa miséricorde
qu’avec espérance vous pouvez confier votre enfant. Avec l’aide
des conseils et de la présence de personnes amies compétentes,
vous pourrez faire partie des défenseurs les plus convaincants du

droit de tous à la vie par votre témoignage douloureux. Dans

votre engagement pour la vie, éventuellement couronné par la

naissance de nouvelles créatures et exercé par l’accueil et l’at-

tention envers ceux qui ont le plus besoin d’une présence cha-

leureuse, vous travaillerez à instaurer une nouvelle manière de

considérer la vie de l’homme. »(Evangelium vitae).

Ces paroles ne sont pas celles d’une Église sans miséricorde

mais bien au contraire celles d’un saint, d’un pape qui avait un

cœur de pasteur à l’image de Celui du Bon Pasteur (cf. Jn 10).

Alors, chères femmes victimes de l’IVG, entrez dans l’Espé-

rance. Chers lecteurs, aidons ensemble toutes les « Jeanne » qui

sont en France et dans le monde. Celles qui souffrent encore de

leur IVG et celles qui pourraient y recourir en croyant que c’est

une bonne solution.

Un prêtre catholique qui prie pour vous.

Abbé Laurent Spriet +


Ouvrages de Véronique Lévy
Violette, ma neige et ma nuit, Paris, La Différence, coll. « Beaux Arts », 1999.
Montre-moi ton visage (préf. Mgr Éric de Moulins-Beaufort), Paris, Le Cerf, 2015.
Adoration (préf. Mgr Dominique Rey), Paris, Le Cerf, 2016.
Jésus-Christ ou les robots, Paris, Le Cerf, 2019.
Ouvrage de l’Abbé Laurent Spriet
Se relever après un avortement; éditions Peuple Libre, 2020.
Ouvrages de Roland Thevenet
L’École vendue, L’Harmattan, 2000.
Beraud de Lyon, arhab, 2010.
La Queue, roman, Bug Editeur, 2015.

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