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Syllabus Complet Philosophie

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Adrien Aventin

TRAN – B100
Histoire de la philosophie

Plan de l’année

1) Antiquité - S. Delcomminette
2) Moyen-Âge - O. Gilon
3) Temps Modernes - A. Pelletier
4) Époque Contemporaine - D. Debaise

Guidance : les jeudis de 12h à 14h ou de 18 à 20h

Contact permanence : Antonios.Daratos@ulb.ac.be

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Adrien Aventin

Question d’introduction : Qu’est-ce que la philosophie ?

Dans ce cours, il n’est pas question d’étudier la philosophie en elle-même mais de s’y
initier en étudiant son évolution au cours du temps. Chaque philosophe est libre de
définir par lui-même sa conception de la philosophie.

PARTIE I: L’ANTIQUITÉ
I. LA SAGESSE DES PREMIERS PHILOSOPHE : HÉRACLITE
L’ORIGINE DE LA PHILOSOPHIE

 Thalès de Milet (VIIe – VIe s.)


Thalès est polyvalent : astronome, mathématicien, personnalité politique de sa cité de
Milet (côte ionienne, actuelle Turquie). Il est peu et à la fois trop connu. Il est pourtant
considéré le 1er philosophe par Aristote par son intérêt pour la  (la nature) dont il
appelle physiologues ceux qui réfléchissent à la nature.
 Les « présocratiques »
Il s’agit des penseurs et prédécesseurs de Socrate dont les œuvres ont disparu mais
sont connues par témoignages indirects ou fragments (parties d’œuvres retrouvées à
une période plus éloignée). Ils nomment entre eux comme  (sages) et non
philosophe.
 Philosophes ou sophos ?

LA SOPHIA AVANT LES « PHILOSOPHES »

 Savoir, art, technique


Pour Homère, le Sophos est celui qui sage et son exemple parfait du sage est le
charpentier. En effet, selon Homère, le charpentier est habile dans son art et ses
techniques. Il possède de l’expérience.
 Accumulation de connaissances
D’autre qualifient la  (la sagesse) par un savoir qui résulterait d’une
accumulation de savoirs acquis lors de voyages ou rencontres par exemple.
 Sagesse pratique : les « sept sages »
Cette troisième alternative de la sagesse se tire de la  (la pratique). Il s’agit de
toute sorte d’actes positifs ou négatifs que nous exécutons pour le bonheur de la cité,
pour son intérêt personnel, acte de bravoure, de courage, adjuvant.

HÉRACLITE D’HÉPHÈSE (VIe – VIe)

Héraclite est surnommé « l’obscur ». Il se distingue des autres philosophes par son
 (le discours) et aimerait que les gens écoutent son  car il possède une
« validité ».
Tout est un : Héraclite voit la vie dans le sens « Tout est un » c’est-à-dire que
l’ensemble du vivant passe à travers un flux permanent du devenir. Mais on ne peut
pas se baigner deux fois dans le même fleuve car l’eau continue de couler et n’est donc
pas la même eau. C’est la conception du devenir et du flux du changement, tout est
un ! Parménide applique également cette même notion mais l’interprète à l’opposé
comme un ensemble d’être qui représente une diversité figée qui ne change pas, tel
l’air.
L’unité des contraires comme une loi unique régissant le devenir : Héraclite est
d’avis que la guerre est la loi du cohérent « L’adverse est bénéfique : à partir de
différences, le plus bel assemblage » « La guerre est le père des choses ». Les choses

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passent d’un état à un autre en entrant en conflit (d’un pôle à un autre qui s’opposent)
pas de devenir, ce qui est la vie.
La sagesse : la sagesse consiste en un équilibre universel (harmonie) qui respecte les
lois des opposés par exemple une perte (mort) correspond à son opposé l’apparition
(naissance).
Les effets de l’ignorance : la sagesse des endormis est à part, ces personnes se
renferment sur leur monde et n’ont donc pas de considération globale pour les gens. Ils
sont en dysharmonie avec leurs semblables et l’univers. S’ils venaient à sortir de leur
monde, les conséquences seraient destructrices.
La polymathie comme fausse sagesse : elle est une mauvaise conception de la
sagesse, elle s’y oppose même. Elle innove un style nouveau c’est pourquoi elle est
vue comme une philosophie. Cependant pour Héraclite, il faut comprendre les choses
plutôt que de les accumuler comme pensent Homère, Hésiode et Pythagore.
Le sage et ses contemporains : Héraclite ne tient pas à rivaliser avec les scientifiques.
Il préfère distinguer la sagesse et la sagesse antérieure. D’autre part, la sagesse
universelle consiste en repérer dans tous les domaines de l’univers l’utilisation d’une
même loi : la loi de devenir. La physique, l politique ?

II. PYTHAGORE, LE PREMIER PHILOSOPHE


 Les termes philosophos et philosophia
Pythagore est moqué par Héraclite
Philein : non pas désirer ce qui est absent, mais ce qui est présent
Philosophia : culture générale puis philosophie
 Pythagore de Samos (VIe)
Pythagore est un philosophe particulier car il n’aurait rien écrit de ses propres
mains aurait dicté à des disciples. Nous n’avons donc aucune preuve pour lui
attribuer. Il est décrit par Laërce comme le premier usager du mot « philosophie »
alors que la philosophie contrairement à philein est une quête de ce que l’on n’a
PAS : la sophia. Or, la philosophie est une discipline réservée aux dieux. Quant à
Laërce, la sophia est le summum de la connaissance de savoirs, alors que la
philosophia est l’affection du savoir. Le philosophe est donc un aspirant à la
sophia. Pythagore croit en la continuité des connexions humaines et divines. Il
menait un style de vie pythagoricien, c’est-à-dire une vie communautaire dont les
valeurs de la simplicité et l’amitié sont mises en avant.

Pythagore introduit la notion du « daimon » qui se traduit par démon mais qui
n’était pas encore vu de façon péjorative. Le démon était en fait une espèce
supérieure aux hommes mais pas pour autant égalant les dieux. Ce « daimon »
divin est en fait associé à la « psukhé » (l’âme) car il est enfermé dans le corps de
chaque homme. D’où le dicton grec opposant sôma (le corps) avec sèma (la
sépulture) car l’homme doit libérer son âme du tombeau qu’est le corps. Pour cela,
il respecte plusieurs restrictions : interdits alimentaires (fèves, animaux) et un
mode de vie austère. Il faut se rattacher au divin et l’âme pour passer par des
réincarnations. Platon qui est plus subtil que Pythagore est d’avis que les dieux
sont d’office plus sages que les humains malgré l’apparition de sages d’un genre
nouveau qui s’appellent entre eux « sophistes ».

III. LES SOPHISTES

SOPHOS ET SOPHISTÈS

Le mot « sophistès » est à la base un dérivé de « sophos » qui a la même signification


que celui-là. Il désigne d’abord un groupe de sages d’un genre nouveau avant que ce

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terme devienne petit à petit péjoratif. Ces groupes de sages se sont beaucoup attaqués
à Socrate et Platon.

 Le Protagoras de Platon
Platon écrivait des dialogues de théâtre mettant en scène des sophistes discutant
avec Socrate. Il se moque généralement sur scène des sophistes. Dans Protagoras,
Platon raconte l’histoire d’un sophiste qui revendique être le premier de la
sophistique. Voilà son histoire :

« Avant l’aube, un certain Hypocrate vient toquer à la porte de Socrate et lui de le


recommander à Protagoras d’Abdère qui est de passage à Athènes pour donner ses
cours. Socrate se demande alors pourquoi se presser aussi tôt alors son ami lui
répond que Protagoras est un grand sophiste qui enseigne son art : la paideia
(culture générale du corps et de l’esprit). Socrate en conclut donc que Protagoras
souhaite devenir sophiste mais celui-là réplique qu’il ne veut pas, c’est beaucoup
trop honteux. »

 Dans ce passage on met en évidence qu’il est très profitable d’écouter un


sophiste mais qu’il est mal vu d’en être, on comprend la nuance déjà présente à
l’époque du terme sophiste.

« Socrate pose alors sa question typique : Qu’est-ce qu’un sophiste ? Question à


laquelle Hypocrate répond « une personne savante qui apprend l’art de parler ».
Cette réponse choque Socrate qui trouve inconcevable que son ami puisse payer
pour étudier alors qu’il ne sait même pas ce qu’il veut être. En effet, pour Socrate,
les sophistes ne sont pas recommandables, ce sont des commerçants, des
marchands vendant de la nourriture pour l’âme. Il cite alors l’exemple de la
nourriture qui, une fois achetée peut être jetée lorsque l’on en constate la
putréfaction alors que la mauvaise connaissance ne peut pas être vue à l’œil et elle
pourrit dans l’âme lorsqu’elle est instruite. C’est pourquoi une information doit
être vérifiée au préalable et le terme de sophiste doit être défini.

Par la suite, les deux amis se rendent chez Protagoras. Socrate demande
directement à son rival ce qu’il enseigne et qu’est-ce qu’un sophiste. Le sage
répond que le terme sophiste est ambigu mais qu’il est le premier homme de sa
lignée à l’être devenu, il détourne la question de Socrate en lui disant que son
enseignement est meilleur que celui de mathématiques et de l’arithmétique (qui
sont des sciences inutiles). Au contraire, il apprend l’art d’être un bon citoyen, de
convaincre les autres, de se défendre, de se faire entendre, c’est l’art politique.
Socrate répond : « Je comprends, j’appelle ça la vertu », il est d’accord qu’il fasse
payer ce cours mais il n’est pas d’avis qu’une telle matière puisse s’enseigner !
Mais Protagoras prétend pouvoir… A la fin du dialogue, les deux tendances
s’inversent : Socrate prétend que la vertu est une connaissance (ce qui entend
qu’elle peut s’enseigner) quand à Protagoras, clame l’opposé. Socrate est laissé sur
une indécision. »

 Platon est donc d’avis que la vertu peut s’enseigner mais pas comme de la
marchandise. Protagoras enseigne donc la vertu qui est en fait un art politique
apparenté à bien parler. Ce texte fait donc ressortir l’ambigüité présente à l’époque
antique entre le côté sage et escroc des sophistes.

 Gorgias
Gorgias, lui, enseigne la rhétorique, art qu’il désigne indépendant de la vertu.
Pour lui, la parole est le plus puissant de tous les arts. Par exemple, un médecin
requiert une bonne façon de parler pour pouvoir faire avaler un médicament à un

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patient. Mais Socrate n’est pas du même avis, pour lui enseigner comment bien
parler à n’importe qui est risquer des personnes dangereuses de l’utiliser à mauvais
escient. Pour Gorgias, ce n’est pas son problème ce que les gens font de son
enseignement.
 Pour résumer :
Gorgias donne un art formel de la parole alors que Protagoras préfère enseigner la
vertu (art politique). Socrate, lui pense qu’il faut associer les deux disciplines de
rhétorique et vertu. Platon dit que faire le bien, c’est être heureux et que la vertu
est la passion du bien. La sophia est une sagesse que revendique les sophistès,
cette revendication est appelée philosophie.

IV. SOCRATE (469-399)

LE PROCÈS DE SOCRATE

A l’instar de Pythagore, Socrate n’a jamais rien écrit. Il est pourtant le plus des connus
des philosophes notamment par son procès. Ce procès lui a été intenté par Anytos et
Mélétos. L’Apologie de Socrate est donc un texte parlant de la façon dont Socrate va
se prendre pour prendre sa propre défense. Les 3 accusations qui lui sont portées sont
les suivantes :
- Socrate introduisait de nouvelles divinités, par exemple il croyait au « daimon »
qui interdisait le peuple de faire certaines choses.
- Il corrompait la jeunesse : il enseignait des savoirs qui sont à l’encontre de ceux de
la cité, provocateurs de chaos.
- Il ne croyait pas aux dieux de la cité et pensait que le soleil était une pierre.
Socrate se défend en disant que contrairement aux sophos, il n’est pas un sage. Il
raconte donc l’épisode de Kélaphone.
« Celui-ci se rend chez la Pythie, une femme possédée donnant des réponses
énigmatiques. Kélaphone lui demande si quelqu’un est plus sophos que
Socrate, celle-ci lui répond l’intermédiaire d’Apollon que non. Celui-ci revient
annoncer sa nouvelle, Socrate choqué ne se considère absolument pas comme
sophos, en effet il n’enseigne rien. Il est très embêté de se dire que la prédiction
doit être vraie car elle est sortie de la bouche d’un dieu mais en même temps,
Socrate a bien conscience qu’il n’est pas un sage car il n’enseigne rien. Il
décide d’interroger tous les sages pour prouver à lui-même et aux autres qu’il
n’est pas le plus sage, mais surtout pour essayer de prouver que le dieu Apollon
a tort. Il pose donc différentes questions à ses compères, telles que : qu’est-ce
que la vertu, le courage, le bien ?
Calliclès lui répond en premier que le bien est avoir le plaisir. Mais Socrate
prend un malin plaisir à le réfuter. En affirmant que si le bien est le plaisir, le
mal est la douleur, et donc qu’il n’est pas possible de connaître le plaisir et la
douleur en même temps. Pourtant lorsque l’on boit parce que l’on a soif, le
bien et le mal sont ressentis.
Pour la deuxième question, Socrate demande à Calliclès s’il est possible d’être
bon et lâche ? Question à laquelle Calliclès répond négativement. Socrate
réfute encore en posant si quelqu’un de lâche peut avoir du plaisir. Il donne
donc l’exemple d’un général lâche, de deux soldats, un lâche, l’autre
courageux. En voyant, l’ennemi arriver, le général qui a peur demande à sa
troupe de reculer. Le lâche est donc plus content que le courageux, qui lui sera
très fâché d’abandonner. Ainsi donc, la bonté et la lâcheté sont conciliables. »

Socrate prouve donc qu’aucune des options enseignées par Calliclès ne sont réalisables
et prouve leur incohérence avec. Il réfute donc tous ses adversaires sans jamais révéler

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ses positions. Il comprend qu’il est peut-être ignorant mais qu’il sait réfuter ce que
les autres supposés sages lui disent.
Il crée donc l’ignorance socratique : « je ne sais rien, si ce n’est que les autres ont
tort. »
Et la double ignorance : « les autres sages ignorent les choses qu’ils enseignent, mais
en plus, ignorent le fait même que cet enseignement est faux. »

Socrate crée donc l’ignorance socratique : « je ne sais rien, si ce


n’est que les autres ont tort. »
Et la double ignorance : « les autres sages ignorent les choses qu’ils
enseignent, mais en plus, ignorent le fait même que cet
enseignement est faux. »

 Socrate comprend que le plus sage est lui seul, parce qu’il est le
seul à savoir qu’il n’a aucune connaissance en la sagesse mais
également que les autres sages n’en n’ont pas. C’est en voulant
réfuter l’oracle que Socrate a réalisé qu’il avait raison (comme
toutes les divinités).

Socrate est le seul sage étant au courant que la sagesse humaine, contrairement à la
sophia des dieux, est un savoir que l’on ne sait pas. C’est la sagesse socratique. Elle
est pourtant une sagesse bien réelle ! D’ailleurs, pour Platon la sagesse humaine est la
sagesse suprême. Socrate développe enfin ses propres idées philosophiques.

« L’homme est bon s’il est heureux, mais personne ne sait ce qu’est le bien.
La vertu, c’est savoir ce qu’est le bien. »
Rappelons également que la sagesse humaine, c’est ne rien savoir. Donc si on suit la
logique de Socrate, personne n’est heureux.
Cependant, Socrate se considère comme le plus vertueux grâce à la conscience de sa
propre ignorance. Il est malgré tout condamné à mort, qu’il voit comme quelque chose
de bien car n’ayant plus de vie, il n’aura plus de souffrances, il atteindra sûrement un
lieu incomparable par rapport à celui dans lequel il se trouve et finalement, il pourra
retrouver beaucoup de sages défunts et d’autres personnages mythiques, comme
Ulysse, qu’il pourra interroger et réfuter (dialegostai) qui s’apparente à la
dialectique. La mort est donc une grande joie pour Socrate car il finira ses jours à faire
ce qu’il aime : réfuter les autres. Ce qui est le plus grand des biens pour lui.

Conclusion : la philosophie de Socrate.

Socrate meurt heureux, il sait que le bien est en fait la dialegostai,


l’art de réfuter, qui est selon lui, la connaissance du bien.
L’ignorance socratique est bel et bien une sagesse car elle est
basée sur le principe de l’examen dialectique.
Le philosophe est donc l’amoureux de la réfutation, celui qui
l’utilise pour être vertueux. Il n’y a aucune autre fn que de
pratiquer perpétuellement cette science. La sagesse humaine
n’était donc qu’une illusion, un idéal.

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«Le seul qui sait qu’il ne sait pas, va examiner. L’examen est l’unique savoir.»

V. PLATON (428 – 348 ACN)

Platon a été le compagnon apprenti de voyage de Socrate lorsqu’il avait 20 ans. Il


semblait beaucoup prendre exemple sur lui car il écrivait des dialogues dans lesquels il
mettait en scène Socrate.

A. LE BANQUET

En Antiquité platonicienne, de nombreux concours de tragédie sont organisés, ils sont


terminés par un banquet. A l’occasion de concours, le vainqueur est Agathon. Tous les
participants se retrouvent donc au banquet dont le but est de boire le plus de vin en une
soirée. Socrate qui se trouve au banquet, avait déjà festoyé la veille et propose de
plutôt s’amuser et faire des discours. Il lance alors comme défi de chacun à son tour
prononcer un discours sur Éros, qui est un dieu beaucoup trop négligé en éloges.
Socrate écoute donc ses compères prononcer mais quand vient son tour, il se résigne.
Prétendant ne pas être capable d’utiliser la bonne manière mais convaincu par
l’assemblée, il s’essaie au jeu. Socrate interroge Agathon, le gagnant, en lui
demandant ce qu’est pour lui le désir. Celui-ci répond que le désir est le manque de ce
que l’on désire et que si l’amour ne possède pas de beauté alors l’amour est laid.
Le prochain interrogé est Diotime qui est une connaissance de Socrate lorsqu’il était
plus jeune.
« Lors de la fête de naissance d’Aphrodite, fille d’Expédient (ou Poros) et
d’Invention (Mètis), Pauvreté (ou Pénia) vient mendier quelques sous alors
qu’Expédient, ivre par le Nectar va s’allonger dans le jardin de Zeus. Pauvreté
pensant qu’elle n’a rien d’expédiant, va s’allonger auprès de cet Expédient
pour lui faire un enfant. Cette union engendra Amour, qui devint le suivant et
servant d’Aphrodite, car il est né lors de sa naissance et qu’il est né en même
temps que l’objet qu’il représente, la beauté, et Aphrodite est belle. Comme il
est le fils de Poros et Pénia, il est très pauvre et vit à la rue, tel un malpropre
va-nu-pieds, il vit donc dans les conditions de sa mère. Cependant il hérita de
multiples caractéristiques paternelles comme la beauté, la sagesse, la
philosophie, très intelligent et rusé voire sorcier. Il est réssuscité par son père
lorsqu’il meurt. Il n’est jamais pauvre ni riche mais jongle entre les deux. Etant
à moitié dieu, il n’a pas besoin de philosopher car les dieux sont déjà sages
mais ceux qui ne philosophent pas sont des ignorants, il est donc entre
l’ignorance et la sagesse. De même que la sagesse possède la beauté et
qu’Amour est la beauté. Alors si l’Amour est beau, il doit forcément être
philosophe. »

D’après cette histoire, Diotime des parallélismes sur les paradoxes de l’ambivalence
d’Amour qui est le fruit d’un Dieu et d’une humaine.
- L’Amour n’est pas vraiment beau mais aspire à la beauté.
- L’Amour n’est pas vraiment sage (car Pénia est démunie de connaissances) mais il
dépasse l’ignorance (car il y a contact avec le père et ses connaissances).
- L’Amour n’est ni mortel ni immortel (car le héros n’est pas humain mais il n’est
pas immortel non plus, c’est son père qui le réssuscite)
 L’Amour est à la fois sage et pas sage, à la fois mortel et immortel. La réponse ou
la pensée de Diotime est simplement que l’amour est une chose qui n’est ni humaine,
ni divine. On retrouve le terme de daimon, qui se situe entre ces deux espèces.

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Un mortel peut toucher à l’immortel mais jamais l’être, tout comme la connaissance
qui peut être possédée en la pratiquant, en analysant sans cesse. La connaissance n’est
jamais acquise une fois pour toute.

La philosophie selon Diotime est : le désir que possède son objet qui le désire.
Elle n’est pas une étape de transition vers la sophia car celle-ci est inatteignable.

B. LE PHÉDON

Dans le Phédon, Platon nous présente les derniers jours de Socrate qui est,
rappelons-le, condamné à mort. Dans sa cellule, Socrate philosophe sur la mort et son
utilité, il pense que la philosophie exerce tout homme vers la préparation à la mort.
Il n’a même pas peur de la mort, car selon lui, la mort est une séparation du corps et
de l’âme qui devient un être à part entière et le philosophe est celui qui aspire vers
cette séparation corps-âme. En effet, le corps obstruerait à la connaissance.
C’est le début des Idées platoniciennes.

Idée : objet du désir du philosophe qui l’aspire à la connaissance.

A l’opposé de l’opinion changeante des Sophistes, les philosophes ne peuvent


connaître aucun changement dans leur façon de penser, qui est objective et immuable.
La philosophie est basée sur un objet qui contient ses caractéristiques. Il existe
également l’objet des sens, qui lui peut varier (par exemple comparer une belle
marmite à une belle fille puis à une déesse), cet objet n’est atteint que par la pensée
pure. Les Idées s’assimilent à l’objet du désir mais se distinguent de l’objet des sens
qui lui est mobile.
Le but du philosophe est de percevoir de telles idées par le biais de la séparation
corps-âme.
Comment caractériser la beauté ?
Certaines comparaisons sont imperceptibles par l’œil comme la beauté qui est une
chose invisible, que l’on ne peut juger que par l’objet des sens et non du désir, il faut
donc une deuxième chose à comparer.
Socrate est d’avis qu’il ne faut pas craindre la mort car elle amènera tout le monde à la
philosophie. Pour les amis de Socrate, les autres philosophes sont tels des morts-
vivants car ils s’isolent du monde (de Socrate). Celui-ci démontre une possibilité de
séparation du corps. C’est la démonstration philosophique : le désir de la pensée est
en fait le désir de sagesse.

C. LA RÉPUBLIQUE

Dans République, Platon parle d’un aspect choquant de Socrate, son attaque envers la
question de justice, à l’encontre de la doxa (opinion commune).
Glaucon s’attaque à Socrate sur sa conception de la philosophie. Ce dernier se défend
en disant que le philosophe doit être épris tout la sophia dans son ensemble et pas par
partie ; il accuse Glaucon de polymathie, qui est l’accumulation de savoir. Certains
objets sont intelligibles : ils ne sont accessibles que par la pensée.

Philodoxe : celui qui aime l’opinion.


Socrate compare la doxa avec la sophia : la doxa est qui à la fois est et n’est pas.

La croyance s’oppose à l’opinion. Le monde (cosmos) en grec


Platon est dans l’idée que la philosophie est l’amour de la sagesse de la sens de la
tension vers la sagesse, avec une tension qui est en fait la philosophie.
 Désir de désir, car le manque est comblé par le désir.

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Seuls les vrais philosophes peuvent gérer la cité. Cependant, les prétendus philosophes
usurpent le titre de philosophie, c’est pourquoi elle a une mauvaise image. Or, ces gens
ne sont pas des philosophes mais philodoxes. Ils désirent la doxa, l’opinion.

Une opinion est, elle, volatile ; la connaissance est toujours vraie et sans aucune zone
d’ombre. Ces deux disciplines mettent en lien des objets différents : l’être est l’objet
de la connaissance donc l’être n’est pas l’objet de l’opinion. Or, l’opinion ne peut pas
être rien. On suppose que l’objet de l’opinion est entre l’être et le pas être.
Socrate pense que tout ce qui est beau, peut ne pas être beau mais parait beau !

Etre : prédicateur de la prédication et non de l’existence. Ainsi on peut dire, cette


chose est et n’est pas X.

La seule chose qui est belle, n’est que la beauté. Les Idées sont pleinement,
parfaitement déterminées. En effet, la beauté est purement et simplement belle, c’est
une Idée. Ceci est l’objet de la connaissance.
Le philodoxe aspire à la beauté sensible, ce qui apparait où le philosophe aspire à la
beauté en soi, le concept.
La doxa ne peut pas parler de connaissance car elle n’est pas déterminée.

Explication de la ligne de Socrate.

« Socrate dit à son interlocuteur de représenter une droite. Puis de considérer la


première partie comme le monde du visible. Et la deuxième par comme le
monde de l’intelligible. Deux domaines d’objets sont présents. Ensuite, il faut
diviser chaque segment de manière inégale. Le rapport de la première division
est égal au rapport des deuxièmes divisions des parties obtenues.
Il commence par montrer qu’il y a deux manières d’approcher le visible
L’arbre et la rélfexion de l’arbre : il y a deux types d’objets qui sont
intimement liés. En plus d’y avoir deux types d’objets, existent également deux
types de perceptions. Ce sont les eikôn, eikasia est la conjecture des ceux
objets, la faculté d’appréhender les images sensibles. Ainsi, on peut conjecturer
pour essayer de deviner la paire de l’image. Par exemple on peut supposer que
la conjecture d’un ombre humanoïde peut être un homme mais également un
épouvantail, etc. Cependant, un homme reste un homme, il n’y a pas de
confusion possible.
 Dans un cas on la saisit directement et n’a pas de conjecturer, dans l’autre, il
est nécessaire de la faire pour tenter de trouver l’élément complémentaire.
Il y a deux divisions aussi bien chez les facultés que les objets.
La dianoia (pensée discursive) est opposée à la noûs souvent assimilée comme
pensée intuitive, ordre du contact immédiat sans passer par le langage.
Pour Socrate, le noèsis est une pensée intermédiaire. »

La dianoia est une pensée qui vise l’intelligible par le sensible et viser à démontrer
l’appartenance par quelque chose.
La dialectique est dans la section noûs, noèsis et non dianoia.

Qu’est-ce que le bien pour Platon ? Ce qui nous rend heureux. L’image comparée au
bien est le soleil. Le soleil pour Socrate a un statut particulier, il permet le visible à
condition que le visible soit éclairé par une source de lumière, c’est le soleil. Relation
entre le visible est l’objet. Le soleil et la lumière intermédiaire. Le soleil est la source

Epistèmè : sophia (Socrate)


Pisits : conviction (Platon)
Noûs = noèsis : intelligence (Platon)

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L’IDÉE DU BIEN : ANALOGIE AVEC LE SOLEIL

Pour Platon, l’idée du bien est intelligible mais elle a un statut particulier et essentiel.
A l’instar du soleil qui rend la vue possible par la lumière, la philosophie permettrait
de rendre la connaissance possible par le biais de la vérité. En tant qu’objet de la
connaissance, l’objet est le principe de la connaissance.
Les Néoplatoniciens diront par la suite que l’Idée du bien est bien supérieures aux
Idées et à l’Intelligible, ce qui ne correspond pas au texte de Platon puisque le soleil
est tout ce qu’il y a de plus visible. En fait, toutes les Idées ont certaines
caractéristiques qui font d’elles qu’elles sont « bonnes » pour celui qui les connait,
c’est-à-dire qui les pratique. Or, cette bonté étant le bonheur, la pratique de la
philosophie permettant la bonté contribue également au bonheur.

 La philosophie est un pas vers le bonheur.

L’ÉDUCATION : LA PAIDEIA

Ces idées inspirées de l’Apologie de Socrate révolutionnent la conception de


l’éduction. Le rôle de l’éducation n’est en aucun cas à transmettre une connaissance à
une âme et de la remplir, car ce n’est pas une marchandise (>< Sophistes). Il faut au
contraire, réveiller et orienter son éducation. Socrate parle du mythe de la caverne
pour expliciter le processus en plusieurs étapes de cet « éveil » :

« Imaginez des hommes enchainés de telle sorte qu’ils ne peuvent que regarder
au fond de la caverne. Derrière eux se trouve un muret, derrière ce muret, des
montreurs de marionnettes, derrière elle, du feu. Les hommes voient donc du
feu et des ombres, et ne peuvent soupçonner ce qu’elles représentent vraiment
(conjecture)
Ensuite, imaginons qu’un parmi les enchaînés se retourne et voit la lumière et
le feu pour la première fois (= un ignorant découvrant la connaissance). Il
serait ébloui, blessé par la clarté trop forte et voudrait retourner dans ses
ombres auxquelles il est habitué. Mais si progressivement, on l’accoutume à se
retourner pour distinguer les objets, il finirait par les remarquer et pouvoir se
faire une idée des objets et ombres. Il se situerait au niveau de la dianoia (=
saisit de l’intelligible que ses ombres et ses relfets) et comprendra que son
éblouissement est la résultat d’un manque de préparation. »

Par ce mythe, Socrate met en situation plusieurs éléments de façon analogique, le feu
(Soleil qui permet la visibilité), la caverne (le visible), les marionnettes et les statues
(créations naturelles et humaines), et les ombres. Les prisonniers de la caverne sont
dans une position d’eikasia, qui selon Socrate doit être prise à un sens plus large que
de « faculté d’appréhender des images sensibles ».
Socrate montre par ce récite que le but principal de l’éducation est d’accoutumer
progressivement l’âme des élèves aux à la vérité (intelligible). En l’orientant vers des
objets de plus en plus concrets, vrais (lumineux).

En effet, avant 20 ans on fait un peu de poésie, de la gymnastique, développement


physique. Puis après 10 ans de mathématiques avant de commencer la dialectique
pendant 5 ans. 10 ans sont passées dans la cité. Ce n’est qu’à 50 ans que l’on aborde la
question de l’Idée du bien. Une fois, pour ceux qui y arrivent, que ceux-ci seront jugés
aptes à diriger la cité et capables d’organiser la cité afin que les citoyens soient
heureux. Mais pour cela, il faut atteindre la connaissance, étant rares, ceux qui
l’atteignent, doivent en faire profiter la cité.

10
Adrien Aventin

Conclusion : la philosophie de Platon.

Pour Platon, la philosophe est celui qui est en quête de la


sophia, qu’il classe diféremment de la sagesse de sophistes.
Cette philosophie s’intéresse à la pensée et la dialectique, qui
dévoile la vérité, elle-même permettant de comprendre les
Idées.
Pensée, dialectique, vérité et Idées sont les intérêts de
philosophe.

La sophia n’est donc plus une sagesse divine mais la vertu du


philosophe gardien de la cité. L’opinion de Socrate bascule par
rapport à sa conception de sophia et philosophia. La philosophie
devient une valeur suprême, alors que la sophia est l’efet
produit sur la personne le pratiquant.

La philosophie est le désir de la sagesse. D’abord comme ce qu’on pas car ceci est la
dialectique, car elle est la dialectique. Seulement exercée par des objets.

VI. ARISTOTE (384 – 322 ACN)


LA PLACE DE LA SOPHIA DANS LA CONCEPTION
ARISTOTÉLICIENNE DU SAVOIR

 La sophia comme science théorique suprême portant sur les premiers


principes
Le désir de la sophia ne s’épuise jamais. Aristote étudia avec Platon, c’est
pourquoi on observe une similitude chez les deux. Mais il passe sa vie à la
critiquer.

Pour Aristote, la philosophie en tant que recherche du savoir, est une étape
préparatoire à la sagesse. Son œuvre est en vue d’instituer une connaissance plus
au sens de la recherche mais de la philosophie.
Il définit la sophia au sens strict, comme une science suprême théorique portant
sur les premiers principes et les premières causes.

La sophia doit être vue au sens théorique.  Les théores sont des envoyés dans
des cités religieuses. Théorème = contemplation
La theôria est opposée à la praxis (= action, éthique et félicité de la gente).
La théorie a pour objet le nécessaire alors que la praxis porte sur le contingent.
Nécessaire : ce qui ne peut pas être autrement qu’il n’est.
Contingent : ce qui pourrait être autrement qu’il est.

 Pour Aristote est une science de ce qui est nécessaire. On ne peut connaître un
objet que ce qu’il est nécessaire. La science ne peut pas présenter la praxis
puisqu’elle change. Ces deux domaines ne sont pas séparés chez Platon.
La sophia relève donc de la theôria.
On dégage deux idées principales de la séparation theôria/praxis d’Aristote :
o Il n’est pas nécessaire d’être philosophe pour être bon
(puisque l’éthique n’est pas une Idée philosophique)

11
Adrien Aventin

o Et donc que l’éthique n’intervient nullement dans la


philosophie éthique

 La philosophia comme travail préparatoire à l’acquisition de la sophia

Pour Aristote, une science est un ensemble de démonstrations organisées d’une


telle manière. Il faut les démontrer par un syllogisme un peu particulier.
Exemple de syllogisme simple :

« Si tous les A sont B, et que tous les B sont C alors tous les A sont C »

Les démonstrations ont 3 conditions particulières s’appliquant à leurs prémisses :


 Elles doivent être vraies,
 Elles doivent être universelles (ne pas s’appliquer à un seul cas)
 Elles doivent être nécessaires (éviter les vérités trop évidentes)

Ces prémisses donc très scientifiques sont prouvées par des prémisses antérieures
universellement connues qu’Aristote appelle principes. Ces principes de références
ne découlant d’aucunes prémisses puisqu’elles en sont les premières. Cet autre
type de connaissance ne relevant pas des démonstrations est dénommée
intelligence toujours par Aristote. Cependant, il conteste que tous les principes ne
sont pas innés chez l’homme. Justement, elle doit être travaillée.

Pour Aristote, la sophia est l’ensemble de la science (epistèmè), qui


est représentée par les principes avec son complément,
l’intelligence (noûs), représentées dans les démonstrations.

LE STATUT DE LA SOPHIA DANS LA MÉTAPHYSIQUE

La métaphysique est la science qu’Aristote explicite dans son ouvrage (Après


la physique). Elle est un autre nom de la sophia. Ce livre de métaphysique est
divisé en 14 livres.
Introduction
Aristote commence son ouvrage par « Tous les hommes désirent, par nature, le
savoir ».
Par cette ouverture, Aristote fait un clin d’œil à Platon qui associe le savoir au
désir. Alors qu’Aristote pense que tout homme est désireux de savoir par sa
nature, Platon est d’avis que seuls les philosophes possèdent ce désir. Aristote
instaure sa philosophie autour de la doxa (l’opinion) alors que Platon la sépare.
Premier chapitre

 Le désir de connaissance
Dans ce premier chapitre, Aristote veut montrer la sensation qui donne accès à
certains contenus, d’informations et de nuances : elle est le sentiment le plus
élémentaire. Mais les sens ne sont pas là chez l’homme pour en tirer la moindre
sensation mais plutôt pour satisfaire un désir de découverte. La vue serait le
sens permettant de satisfaire au mieux ce désir.
 Les sens et sensations

En résumé, l’important dans une sensation n’est pas ce qu’elle procure mais ce
qu’elle permet d’atteindre : le but étant de saisir le plus de nuances et de
variétés de sensations.

12
Adrien Aventin

Aristote, lui, pense que le toucher est la sensation la plus importante pour le
développement et le maintien de la vie car elle est innée chez tout être et est la
première à vraiment se développer. Il établit donc une analogie entre les
animaux et les hommes :
 La mémoire

Nous savons que les hommes possèdent cinq sens et la capacité de mémoire.
Seul certains animaux possèdent des sens mais jamais les cinq, et parmi ceux-
ci seule une pauvre partie possède la faculté de réactivation ultérieure (aussi
appelée rétention ou mémoire), comme l’abeille par exemple, ce qui signifie
qu’elle possède sens et mémoire, et est de ce fait l’un des animaux les plus
intelligents. En effet, l’intelligence (phronèsis) résulte de l’apprentissage et
l’apprentissage est lié à deux choses : l’ouïe (il faut écouter quelqu’un nous
enseigner) et la mémoire (car si on oublie, on ne retient jamais !) mais la
parole étant propre à l’humain, cela fait de lui l’animal le plus intelligent.

 La phantasia et l’expérience

Phantasia (selon Aristote) : souvenir d’une personne ou d’un sentiment


par la représentation de son substitut (ou une prolongation de son sentiment) ou
par une image gardée. Elle résulte de la mémoire qui conserve l’image des
choses perçues. Elle est accessible à tous ceux qui possèdent la mémoire.
Expérience (selon Aristote) : l’empeiria est une faculté presque
réservée aux humains qui leur permet de mettre en rapport des souvenirs ou
sensations d’une chose semblable.

Par exemple : reconnaître une personne et la rapporter à une sensation ou


une image vécue avec cette personne, la personne et l’image sont donc
semblables ou identiques (expérience). Il y a cependant une différence entre se
souvenir d’une personne quand elle n’est pas là (phantasia) et la reconnaître
(empeiria).

 L’eidos

L’expérience est de loin surpassée par la science (épistèmè) et l’art (tekhnè),


qui est exclusivement propre à l’humain. L’universel s’oppose au singulier (qui
ne peut être prédiqué). En réalité, l’universel est constitué de l’ensemble de cas
singuliers selon une règle (universel de l’homme = ensemble de ce qui fait les
hommes). C’est ce qu’Arisote appelle l’eidos.
Eidos : rassemblement au sein d’un ensemble unique.

 L’expérience (empeiria), qui est en fait le singulier-même s’oppose donc à


l’eidos (l’universel) qui est le fondement de l’universalité.

Platon, mentor d’Aristote, également utilisait le terme eidos pour désigner les
Idées, mais pour le disciple, ce terme représente l’essence d’une chose donnée.
Contrairement à Platon, il reconnait que cet eidos est une part entière de
chacune des choses en plus de leur matière. Il est donc le fondement de
l’universalité et pas l’universel en lui-même.

 L’universel empirique et scientifique

Il existe en réalité deux sortes d’universels : l’empirique (celle de l’expérience


et la pratique) et la scientifique (celle de la théorie et l’art).

13
Adrien Aventin

La connaissance empirique s’intéresse donc au cas par cas, c’est-à-dire au


singulier. Dans certains cas, cette connaissance peut être considérée comme
suffisante pour être utilisée dans la pratique.

Exemple :
« Lorsque le médecin de Callias dût soigner celui-ci. Il le soigna de la
même manière qu’il s’y était pris pour soigner Socrate car il se rappela
des symptômes dont celui-ci souffrait et administra à Callias le même
traitement sur base de ce souvenir et ce rapprochement, ce qui
fonctionna. On peut donc en conclure que le médecin qui a la
connaissance empirique (c’est-à-dire de l’expérience) aura de meilleurs
résultats qu’un théoricien appliquant des règles sans analyser de cas
concrets »

Nous pouvons donc tirer de cette histoire que la connaissance du singulier est
donc l’application la plus appropriée à la pratique. L’universel est donc précis
car il est constitué d’éléments particuliers et accidentel, c’est pourquoi
l’application de simples théories de l’eidos ne suffit pas, il faut que le médecin
acquisse de l’expérience pour pouvoir l’appliquer à des cas accidentels.

Malgré la supériorité de l’expérience sur l’art, l’homme d’art est tout de même
plus souvent considérés comme sage que celui de l’expérience.
Le concept scientifique d’homme correspond à une seule chose : l’eidos de
l’homme.
Eidos : forme ou spécificité qui unifie l’homme d’une espèce.

La distinction de la science et l’expérience est l’eidos.

La science désintéressée est une science qui est inutile. Elle n’a pas d’autre
utilité qu’elle-même.
Puisque pour Aristote, tous les hommes désirent le savoir pour eux-mêmes. La
science la plus apte à répondre à ce désir est la science la plus désintéressée
qu’il soit, il appelle cette science la sophia.
Ce sont dans les civilisations les plus avancées, où les arts sont les plus
développés que vont mieux s’exploiter les sciences désintéressées. L’Egypte
est pour les Grecs, le peuple le plus développé. En effet, ils possèdent les
mathématiques qui sont une science sans utilité pour les Grecs mais bien utile
dans l’architecture égyptienne.

La science suprême est la science du pourquoi, d’une certaine cause.

Aristote montre ici sa grande séparation avec Platon par sa façon de penser, ce
dernier qui prétendait que l’opinion était invalide dans tout principe par son
usage. Alors qu’Aristote est d’avis que la philosophie ne doit pas rompre avec
les opinions les mieux établies mais au contraire, les approfondir. Il appelle
cette opinion admise la endoxon.

 Pour Aristote la science est l’approfondissement de l’opinion commune


Plus une science est difficile, plus une science est sage.

A l’instar du maçon qui requiert un architecte pour lui dire ce qu’il doit faire,
c’est une science directrice à l’opposée d’une science subordonnée.

14
Adrien Aventin

Science architectonique : science dont la fin dirige la fin des autres


sciences.
6 caractéristiques de la science qui qualifient ses degrés :

a) La science la plus difficile


C’est la science dont l’objet est la plus éloignée de la sensation. L’homme
et, par extension, sa civilisation doivent s’écarter au plus de la sensation
pour que leur science tendent vers l’abstraction. Plus la science est
éloignée, plus elle est dure à comprendre. L’universel est le plus dur à
comprendre. La sophia doit être la science qui porte sur l’objet le plus
universel.

b) La science la plus universelle


Plus les objets sont universels plus la science l’est. Il est pourtant
impossible de connaître chacun des objets qui constituent l’universel mais
il est possible de connaître tous les singuliers en connaissant juste
l’universel.

Exemple : on ne peut pas connaitre tous les hommes individuellement mais


on peut les connaître en connaissant ce qui fait chacun d’entre eux.

c) La science la plus exacte


Moins elle présuppose de principes, plus la science est exacte. Plus le
principe est universel plus la science est exacte.

Exemple : l’arithmétique est plus exacte que la géométrie car elle


présuppose que les nombres tandis que la géométrie présuppose deux
principe (l’espace + les nombres), ce qui fait d’elle une science impure ou
moins exacte.

d) La science la plus susceptible d’être enseignée


Plus elle porte sur les causes par excellence plus elle est susceptible d’être
enseignée. L’enseignement consiste à expliquer les causes, c’est-à-dire
transmettre l’universel et donc l’expérience ne suffit pas.

e) La science la plus désintéressée


La science étant basée uniquement sur la connaissance, elle doit porter sur
les objets les plus connaissables. Corrélation en degré de scientificité et de
connaissabilité d’un objet. L’objet le plus connaissable est le plus difficile à
connaître. Aristote distingue deux sens de « plus connaissables » : celui
pour nous (dans l’ordre de l’apprentissage chronologique et psychologique
du développement) et celui en soi (dans la fondation rationnelle d’une
science) la science et l’objet de la science.
f) La science la plus directrice
C’est la science qui distingue le plus de causes :
 Efficiente : celle qui cause la chose
 Matérielle : matière d’une chose
 Formelle : eidos de la chose
 Finale : la fin, le « en vue de quoi » est la réponse du « pourquoi ».
Exemple : l’architecte fait un plan car il a envie de construire une
maison.

 Toutes ces caractéristiques attribuées par l’opinion commune à la sagesse


convergent vers une science unique : l’examen théoriques (>< sciences
productives) des premiers principes et causes.

15
Adrien Aventin

Aristote critique Platon qui prétend que l’eidos est hors des choses.
L’eidos n’existe nulle part ailleurs que dans les singuliers. Platon
aurait donc commis une erreur de considérer l’eidos comme une
chose sensible alors qu’elle est dans le sensible.
La science désintéressée trouverait également son origine dans
l’étonnement.
La Métaphysique est une œuvre traitant de la philosophie et pas de la
sagesse. L’hubris est la démesure de l’homme par rapport au dieu
Pour fnir, la philosophie est une science qui porte sur les premiers
principes et les premières causes donc où les dieux sont inclus, c’est
pourquoi on la considère comme divine et donc jamais atteignable par
les hommes.

LE RÔLE DE LA SOPHIA DANS LA RECHERCHE DU BONHEUR

La sophia sert à rendre heureux. Aristote répond dans son premier livre que le
bonheur est la réalisation de l’excellence humaine (la vertu) qui doit être
acquise dans l’éducation. Mais il y a une pluralité de vertu (courage, justice,
générosité, …) composé de deux espèces : éthiques et intellectuelles.

Vertus éthiques (éthos, le caractère moral) : peuvent être


courage, la justice, la modération, etc.

Vertus intellectuelles : peuvent être l’art (tekhnè), la phronèsis, la


sophia (synthèse noûs et épistèmè), le noûs (intelligence), la science
(epistèmè). A savoir que ces vertus accomplissent mieux les spécificités
humaines que les vertus étiques.

Phronèsis : vertu de bien délibérer pour être juste (ce qui suppose d’avoir la
justice au préalable).

La science est ce qui permet d’appliquer la vertu à des cas particuliers et le


bonheur par excellence, selon Aristote est donc le bonheur des vertus : la
sophia, qui la plus haute des activités. Une série d’activités étant appelé le
loisir ou skhola.

16
Adrien Aventin

PARTIE II: LE MOYEN-ÂGE

INTRODUCTION

Y a-t-il une philosophie médiévale alors que :


- Philosophie est une entreprise rationnelle et critique.
- Et le Moyen-Âge est une période où domine la théologie ?

Le Moyen-Age est marqué par la théologie qui dirige l’Etat politique, intellectuel et
institutionnel. C’est pourquoi, on parle peu de philosophie mais plutôt de théologie
étant donné que cette période est dominée par la foi et non la raison. En effet, il faut
attendre la fin du 19ème avant de se demander si certains auteurs étaient des
« penseurs ». Les manuscrits sont très difficilement accessibles, c’est donc un privilège
de certains érudits de pouvoirs les consulter ET les comprendre. Il faut aussi souligner
que la pensée contemporaine de l’époque influençait les auteurs vers des pensées plus
ecclésiastiques, conduisant encore une fois à des théologies et non philosophies.

La philosophie médiévale, c’est quoi ?

I. UNE PHILOSOPHIE PROPRE A LA PERIODE MÉDIÉVALE


Ce notion est difficilement définissable pour certaines raisons :

- On ne peut pas coller les catégories historiques et philosophiques :


La philosophie médiévale se déploie de 476 (chute de l’Empire romain d’Occident)
à 1453 (chute de Constantinople turque). Par exemple : Saint-Augustin,
d’Antiquité possède une pensée médiévale, alors que Boèce du Moyen-Âge une
antique. Dante auteur du Moyen-Age annonçant la Renaissance dans ses écrits ne
collent pas avec son époque.

17
Adrien Aventin

- Les catégories historiques sont celles de l’Occident latin : ces catégories ont
tendances à centrer la philosophie sur le christianisme, alors que l’époque
médiévale représente également le judaïsme et l’islam
- Pour la philosophie, il y a plusieurs Moyens-Ages car on retrouve plusieurs
fragments de courants pour cette période.

Comment l’idée antique de sagesse est-elle reçue et transformée


au Moyen-Age ?

La philosophie médiévale vient à la base d’un réseau de pensées mélangeant la


philosophie antique à la doctrine religieuse médiévale, ce sont les autorictates.
C’est d’abord au niveau de l’Occident médiéval, que le déchirement épistémique
entre foi et raison s’opère.
Il y a également plusieurs types de question médiévales :
- Instaurées et
- Instituées.
En effet, certaines questions sont instaurées au Moyen-Âge (rapport foi et
raison) alors que d’autres datent de l’Antiquité (question des universaux).

II. L’IDÉE DE RÉVÉLATION

C’est l’idée que les trois religions monothéistes se donnent. Le principe premier
est livré (dans la Torah, Coran, Bible) aux hommes, c’est-à-dire une parole qui
est intelligible de la part d’un être supérieur : leur Dieu.
Au début le terme « monothéiste » se dit : l’unidéisme.
Cette idée de révélation s’étend à l’idée de prophétie, qui stipule que Dieu
envoie sa parole à des élus, qui sont des personnes inspirées de par leurs efforts
fournis et leur savoir, qui reçoivent une illumination.
Signification de l’idée de révélation :
- La création elle-même s’opère grâce à la parole divine.
- La divin ne se rend pas accessible par une expérience psychologique mais par
l’intelligence humaine.

Pour les chrétiens, le logos est la parole de Dieu, qui s’est incarnée dans le corps
du Christ.

III. INSCRIPTION DE LA PHILOSOPHIE DANS L’HORIZON


INTELLECTUEL

Dans le judaïsme : l’idée de prophétie : idée selon laquelle le prophète est un


homme savant qui peut recevoir un message. Il y a une double idée de
révélation : Dieu se livre et la création se livre par la parole.

Dans le christianisme : l’idée de révélation et cumulée avec celle d’incarnation.


Dieu s’est incarné dans le Christ dont il transmet le logos (discours). Mais le
christianisme ne se fonde pas par la parole de Jésus mais par son
développement. Après la mort du Christ, des communautés juives se forment, ils

18
Adrien Aventin

commencent par ajouter des habitudes de Jésus (cène, baptême) car elles
reconnaissent sa parole mais ne sont pas chrétienne encore. Paul demande à ce
que le peuple se convertissent : le message de Paul est assez étrange pour les
juifs et païens. Il pousse donc à la circoncision des païens. L’universalisme tiré
par Paul est tiré par les gens qui reconnaissaient le Christ.
L’universalisme Stoïcien
Expression de l’universalisme chrétien :
o Le christianisme est la seule religion de l’empire
IV. UN SYSTÈME D’AUTORITÉ (AUTORICATES)

La philosophie autoritaires forme un réseau d’auteurs, beaucoup de


philosophes s’inspirent les uns, les autres.
Les différentes autorités :
1. Les textes bibliques : la Bible médiévale est une traduction du texte Grec
appelé la Septante (référence aux 72 traducteurs). Cette traduction va
dominer jusqu’à l’époque Carolingienne. L’autre traduction de la Bible
est la Vulgate, qui est le texte Hébreu. A partir de l’époque Carolingienne,
le Vulgate devient majoritaire dans l’époque médiévale.
2. La littérature patristique : les Pères d’Eglise jouent un rôle référence
sans pour autant être aussi importants que les textes bibliques (car il ne
sont pas révélés). Origène est très connu mais est écarté de certaines listes
car il imprègne le christianisme de philosophie platonicienne.
3. Aristote (et d’autres philosophes antiques) : un livre ne transmet que
quelques œuvres d’Aristote. Des œuvres arabes ne vont. Le
néoplatonisme de la cosmologie est très présente. Au travers les critiques
d’Aristote sur Platon prouvent que celui-ci était un grand auteur malgré de
nombreuses critiques. Il existe un platonisme médiéval, qui est souvent
reconnu comme une erreur car trop peu d’informations et fragments.

V. FOI ET RAISON

Complémentarité entre foi et raison. La manière dont on distingue la foi et la


raison se rapporte à l’autorité.
Foi (selon Augustin) : adhésion à des autorités. Cette pensée qui n’est pas
rationnelle car elle n’utilise pas le raisonnement.
Idées reçues :
o La Foi serait un élan irrationnel. Elle est pourtant plus rationnelle que
la Métaphysique. Elle élargit les horizons de la raison
o La Foi serait un résidu ou supplément. Il y a pourtant une
complémentarité fondamentale en Foi et Raison. Car elle complète
certaines questions que la raison ne comprend pas. Elle est un soutien.
L’objet de la Foi :
o Dieu. Il est en dehors du cosmos et crée à partir de rien (ex nihilo) le
monde. Dans la philosophie des Grecs, le cosmos créait le monde. Ici,
Dieu crée la matière, qui est la chose pour créer les choses.
Depuis Aristote qui institue la physis, il y a une science du cosmos. La
cosmologie est rejetée au Moyen-Âge car elle passe commence et

19
Adrien Aventin

s’arrête. Le christianisme remet au goût du jour le cosmos (pas


éternel). Les philosophes s’intéressent à ce qui passe et pas demeure.
Puisque Dieu a créé la matière, les minéraux et les animaux.
o Un Dieu personnel qui dirige le monde selon un dessein et les guide
grâce à un Messie (incarné en Christ pour les chrétiens).
o Dieu constitue une autorité qui oriente la pensée et ne peut être atteint
que par l’intelligence. La sagesse n’est atteinte que par la Foi et plus la
Raison.

VI. SAGESSE MÉDIÉVALE : ENTRE FOI ET RAISON

La philosophie chrétienne, selon É. Gilson :


Il y a bien une philosophie au Moyen-Age selon Gilson. Il pense qu’il existe
une philosophie chrétienne. Par ce concept Gilson entend la restauration des
lettres de noblesse de la pensée médiévale comme une philosophie à part
entière et non la considérer comme une simple prolongation de l’antiquité.
En effet, la pensée moderne tire ses sources du Moyen-Âge. La philosophie
est intimement chrétienne car elle a la nécessite pour ne pas se perdre.
 Pour Gilson le christianisme est le guide de la raison.
Pour lui, la pensée médiévale est différente de la philosophie antique, cette
différence est à l’origine de questionnements théologiques, les penseurs
médiévaux sont en fait les théologiens.

Van Steenbergen pense que l’on ne peut pas parler de philosophie


chrétienne, il avance 3 arguments :
1) Cela sous-entendrait que l’on utilise sa pensée chrétienne. Or, c’est la
Raison qui doit être utilisée et pas la Foi (donc pas d’implication de
culte dans la philosophie).
2) La philosophie ne se construit pas forcément autour de l’idée de
Révélation.
D’autres critiqueront les idées de Gilson :
- Le Moyen-Âge n’est pas que chrétien mais aussi juif, musulman.
- Le Moyen-Âge ne relève pas que de la théologie mais également de la
logique, et la mystique et de la métaphysique.

Des études ont permis de souligner les concepts médiévaux à l’origine


de notions modernes comme :
- La notion de sujet et d’objet
- La notion de libre volonté
- La déspiritualisation de la philosophie et la séparation progressive de la
Foi et la Raison.

3) Il y a un M-A pluriel (2).


4) La (3) difficulté de Pierre est que la philosophie est trop théorique.
Au MA, la disparition de la spiritualité jusqu’à

20
Adrien Aventin

Divorce Raison et Foi au 13ème alors qu’au début, on insistait sur leur
complémentarité. La déspiritualisation de la philosophie va conduire à un
divorce Raison – Foi. La vérité de Raison et Foi vont donc s’opposer.
La perte de la sagesse, selon P. Hadot :
Pour P. Hadot, il y a une troisième difficulté dans la thèse d’une philosophie
chrétienne : elle est trop théorique.
Il développe un thèse double :
- Les débats philosophiques se sont trompés dans le sens où ils ne
voyaient un sens uniquement théorique.
- La philosophie devrait être envisagée sous forme antique
(inséparabilité théorie et pratique). Le Moyen-Âge cache la
philosophie de sa propre spiritualité pour la confier à la théologie.

Rappelons que la philosophie antique est une quête de connaissance, de


sagesse. Cette sagesse était un mode de vie chez les Grecs. Or les
médiévaux et théologiens tels que Saint-Augustin enferment la
philosophie ancienne dans une sphère de la raison, soi-disant
indépendante de la foi. La philosophie antique perdra sa spiritualité.

Cette transformation de la philosophie la subordonne à la théologie. La


philosophie a 2 fonctions vues selon les différents auteurs :
- Servant à la théologie : la Raison (philosophie, sagesse) s’incline
devant la Foi (théologie, croyance).
- Consolation de l’homme : elle le console dans sa recherche de sagesse.
Elle permet à l’homme de trouver son bonheur autre part que dans les
Écritures. Boèce défend cette idée d’autonomie philosophie.

La pensée la plus générale circulant au Moyen-Âge est entre ces deux


théories : la philosophie est une préparation à la théologie.

On observe 3 lourdes conséquences à cette modification de pensée :


- Théorisation, académisation et spéculation de la philosophie
antique, avec perte de spiritualisation.
- Exclusivité de la spiritualité dédiée à la Foi. Cette foi est rapport
au dogme de l’Église imposé.
- Mode de vie spirituel avec objectif de la connaissance de Dieu.
Perte de l’individu et réclusion (monastères).

21
Adrien Aventin

Conclusion : la philosophie médiévale.

La pensée médiévale évolue selon plusieurs étapes distinctes :


1) Privilège de la religion chrétienne. Philosophie inscrite dans
I. l’horizon
SAINTchrétien.
AUGUSTIN (354-430)
2) D’abord complémentarité entre Foi et Raison
VIE
3) ET ŒUVRES progressive vers une opposition philosophie-
Transformation
Il est théologie
un penseurentraînant
qui a baigné
unedans le christianisme,
subordination de lason père ne l’est
philosophie pas. Il
et sa
est nédéspiritualisation.
en Afrique du Nord. Il enseigne la rhétorique dans l’empire romain. Il
a un
4) fils Adéoda. Il de
Amplifcation passe à Carthage. par
la séparation Il s’interroge sur le
les autorités mal. Il répond par
(Écritures,
la théorie du manichéisme. Et une
philosophie, ordres patristiques. autre, une doctrine qui a une forme
agnostique dualiste
5) Séparation desselon laquelle
pensées le cosmos
de certains est organisé
auteurs par une
par la remise forme
à jour de
divinetextes
(du bien) et des ténèbres (du mal). Il y a un combat cosmique à
aristotéliciens.
l’origine du temps et du monde actuel qui est un mélange des deux forces. Le
créateur du mal. Le corps est une prison qui enferme une parcelle de lumière
qui est à l’intérieur du corps. Le 2ème est l’homme enfermé dans la matière.
Le 3 le retour à l’état initial donc le dualiste (lumière et ténèbres). Dans la
seconde partie de sa vie il rencontre des néo-platonicien, il va comprendre
que le mal n’est pas de présence propre, il n’est qu’une privation de la réalité.
Saint-Augustin, se précipite vers chez lui et tombe sur une phrase. En 325, il
fixe un dogme de l’union substantielle en divin et humain, où on considérait
que Jésus était le fils de Dieu, parfois un homme mais pas Dieu, toutes ces
interprétations sont balayées pour dire que Jésus est Dieu. Le système de
théophanie est supprimé.

RAISON ET FOI
a) La Raison
Il s’agit d’un mouvement de l’esprit par lequel l’esprit distingue ce qu’il
entreprend de connaître. Ce n’est pas uniquement un mouvement de l’esprit.

22
Adrien Aventin

En effet, l’homme se diffère des animaux car il possède une faculté


typiquement humaine d’émettre des jugements, d’avoir la raison.
Cependant, cette raison s’affirme comme la présence de la Foi.
b) La Foi
La Foi est une pensée avec assentiment. La Foi n’est pas une faculté de l’âme, mais elle
repose sur la rationalité. C’est une pensée (cogitare), elle ne s’oppose pas à la raison, elle
s’y accorde. Elle est plus rationnelle que la raison, elle la constitue même.
Cependant, elle n’est pas la raison, elle donne sa confiance dans quelque chose, c’est la
croyance. Cette croyance empêche tout mouvement rationnel de l’âme procuré par la
raison puisqu’il est un cogitare (pensée)
L’objet de la Foi est Dieu, ce qui signifie qu’elle sert à atteindre Dieu.
En effet, la Foi est une adhésion qui accepte l’assentiment alors que la Raison se base sur
la démonstration.
Cette confiance est une croyance en les caractères bibliques et en l’incarnation (juste
Christianisme).
c) La complémentarité Foi – Raison
L’horizon épistémique est partagé entre confiance et vérités rationnelles. Cependant, il est
lié par la complémentarité Foi et Raison, ainsi dit-on qu’il faut « croire pour comprendre »
et « comprendre pour croire » (crede ut intelligas ; intellige ut credas)

1. Intellige ut credas
Comprendre pour croire est une forme d’intelligence et non un simple fidéisme aveugle, c’est
l’intelligentia fidei, c’est-à-dire une volonté de comprendre l’interpréation des textes
bibliques. Pour Augustin, la Raison est une condition de la Foi.
Nous voulons comprendre ce en quoi nous croyons. La Foi enquête grâce à la philosophie, et
les arts libéraux (trivium et quadrivium), qui sont des disciplines de la Raison, d’où la
dépendance de la Foi. Mais seuls les êtres rationnels ont une Foi, l’homme étant à l’image de
Dieu (âme rationnelle) et c’est elle qui lui permet de faire sa conversio vers Dieu.
Le christianisme prétend que si notre Raison est faussée, alors la Foi l’est également et donc
l’hérésie est contraire à la Raison.
Pour Augustin, la Raison utilise deux actes différents :
- La Ratio inferior : qui est une capacité d’analyse et de raisonnement.
- La Ratio superior : nommée Intelligentia, est un acte intérieur, une
illumination de l’âme par Dieu dans un but de vision.
 On se rapproche ici de la dianoia et de la noesis platoniciennes.
Difficulté de cette théorie : si la Raison conduit à Dieu, à ses réalités temporelles et divine
alors la Foi et la Révélation ne sont plus nécessaires ? Augustin insitera aussi sur la « crede ut
intelligas ». Rappel : Adam par son orgueil a précipité les hommes dans une raison aveugle si
elle ne recourt pas à Dieu.

2. Crede ut intelligas
Les êtres comme les animaux, ne peuvent pas avoir la Foi. C’est par le biais de l’homme
que la raison est le lieu d’accomplissement de Dieu. Elle une fonction (raison inferior et
superior). S’il faut croire pour comprendre, il faut orienter la raison. Il faut un principe
explicatif selon lequel l’homme a péché, exprimé sous forme de la maladie, le mal, la
souffrance et la raison selon laquelle l’homme ne peut plus voir sans le divin. Il y a une
sorte de constante selon laquelle, nous avons besoin d’une croyance. L’enfant croyant ses
parents fonde dessus toute sa conduite, sur base de croyance de ses parents, c’est la
confiance. Si on prend les témoignages du passé, dit Augustin, exemple le procès de
Catilina est connu par un écrit, qui est un acte de confiance. Le maître d’école propose
une science, que lui-même a appris (c’est une économie permettent de ne pas tout
redémontrer pour avoir la connaissance).
Conclusion : rapport Foi et Raison.

23
Adrien Aventin

La Foi et la Raison sont donc complémentaires :


- La Foi complète puis guide la Raison dans ce qu’elle doit croire.
- La Raison nourrit la Foi dans sa croyance par ses recherches de vérités.

LA « VRAIE » PHILOSOPHIE ET LA « VRAIE » RELIGION


Dans son livre De Civitate Dei, Augustin répertorie trois discours sur les dieux à son
époque selon la division stoïcienne : logique (le discours), physique (la nature), éthique (la
cité) :
1) Théologie politique ou civique
C’est une théologique écrite par le peuple, fondée sur le culte. Elle n’existe pas un
engagement personnel, inscrite dans la cité elle est par excellence la religion
romaine.
2) Théologie mythique
C’est la théologie polythéiste du poète, elle permet de parler du mal dans le théâtre,
c’est une représentation des origines.
3) Théologie naturelle
C’est la théologie écrite par les philosophes qui est considérée par Augustin, elle a
pour cadre monde et parle du langage.

 Donc la vraie religion est celle du philosophe, la théologie naturelle car elle est du côté du
logos et de la vérité et non de la loi ou mythologie.
Si l’ensemble des philosophes avaient reconnus la théologie, ils auraient rejoint le
christianisme. Pour croire, il faut posséder la rationalité. La vraie philosophie, est le
christianisme.
a) Sagesse du monde et sagesse divine
Ceux qui croient en la réincarnation. Mais cette folie, est la sagesse car elle permet de
chercher un élément de stabilité dans la sagesse qui ne se trouve pas dans ce monde. La
croyance qui est folie constitue la voie vers la sagesse, opposition de la sagesse chrétienne
et la nouvelle.
Saint-Paul pense que toute philosophie doit être condamnée ainsi que toutes les
philosophies qui associent la philosophie à des choses matérielles. Sauf, le néoplatonisme
qui a compris que le divin puise dans l’immatériel.
La jouissance de Dieu consiste à se séparer la jouissance du savoir.
b) Théorie de l’attention chez Augustin
LA NOTION D’ÂME CHEZ AUGUSTIN
Pour Augustin, la vie est évolutive. L’âme peut décider de se détacher de la sensation. C’est
elle qui oriente le corps et l’esprit. Elle est un intermédiaire entre le corps et Dieu,
incorporelle et immortelle
1. Trinité sensible
Chose vue, vision de la chose, attention/intention de l’âme qui arrête les yeux sur
l’objet en tant qu’il est vu.
Il y a une activité de l’âme peut agir sur le corps.
2. Trinité intérieure
L’imagination va plus loin que la mémoire
3. Trinité de l’âme

Dans le déploiement des trois trinités, la sagesse au fil des trinités apparait comme dépend qui
s’appelle 1) attention 2) trinité 3) amour. C’est une manière de définir la sagesse comme
perpétuelle redirection de l’âme.
c) Liberté et Grâce divine

24
Adrien Aventin

La notion de liberté est liée à une problématique du mal : une morale. La liberté était dans un
cadre politique, le citoyen est libre, l’esclave pas. Sous l’influence du stoïcisme, la
responsabilité. Une personne accusée est libre d’avoir commis ses actes car il n’y aucune
action responsable.
Chez Augustin, trois volets : la question du mal, la volonté, l’inscription de la liberté humaine
dans l’ordre voulu par Dieu.

La question du mal : il prend une dimension cosmo-théologique, qui pose un problème


majeur. Le mal ne peut trouver son origine en Dieu, car il est le bien lui-même. Il y a donc du
mal dans le monde alors que le Dieu chrétien ne peut créer que des choses bonnes. L’idée de
base est qu’un Dieu qui est le bien ne peut faire que le bien. Cette restriction de la volonté de
ne vouloir le bien, est la liberté qui ne veut que le bien. Première rupture avec le
manichéisme. Le cosmos est divisé en deux : principe des ténèbres et bien. Ce mélange bien-
mal intéresse St-Augustin. Il faut refuser l’idée de principe opposé au bien, car cette idée
s’opposerait au bien.
Si le mal n’est pas l’effet de la création, d’où vient le mal ?

Selon le schéma platonicien, Saint-Augustin suppose que le Mal est un éloignement de Dieu.
Il définit le mal comme une absence de bien, une privation de bien et pas son opposé. Comme
le Bien est tout, le Mal qui n’a pas de bien, n’est rien. Donc celui qui court après le Mal, qui
commet du Mal, est celui qui commet une erreur et s’illusionne, se perd pour aller chercher
d’autres plaisirs. Le Mal ne vaut pas rien mais il est une tromperie, l’ombre de la réalité (=
éloigné du Bien). La Mal pour A est une faute cosmique, c’est le péché originel. C’est-à-dire
une faute d’Adam en se tournant vers lui-même plutôt que vers Dieu. Cette faute est une
première caractéristique : elle n’est pas humaine, mais une faute morale ou métaphysique car
elle transgresse la volonté divine.
2° elle touche tout l’humanité, toute la descendance d’Adam est liée au péché. La faute est
constitutive de l’humanité. Il y a un état d’innocence de l’homme dans lequel était Adam
avant son péché.

 Toute une histoire se dessine : avant le péché état adamique, état de la nature déchue
correspondant à une chute (engendré par la part d’ombre : préférence de son par rapport à
Dieu), la punition divine (mortalité, souffrance, plaisir).

L’état de restauration se fait lorsque le jugement divin se fait juste entre la salvation et la
damnation. Le péché d’Adam a donc induit un dérèglement de l’ordre divin.
La volonté introduit la notion de libre arbitre : vouloir, c’est pouvoir choisir à condition
d’avoir ce pouvoir. Cette institution n’était pas présente chez les Grecs. La notion de
délibération aristotélicienne. Chez Aristote, l’éthique est liée à la contingence, l’être humain a
la capacité de choisir (pas dit tel quel !) et s’il peut délibérer c’est parce qu’il possède la
raison. C’est une liberté, non pas politique mais expérimentale. L’être humain possède la
raison qui permet de délibérer, elle-même de pouvoir. Tout être humain possède une
inscription dans la  (phusis = nature), auto-épanouissement. La nature est ce qui
détermine toute chose vivante, être sans connaissance ni spontanéité. Niveau 2, sensibilité
mais pas de connaissance, les animaux. Le fait que certains animaux possèdent la sensibilité
leur donne la possibilité d’un espace d’indétermination : le choix. Tout au-dessus, les êtres
possédant la sensibilité et la raison, les humains peuvent ET choisir ET raisonner sur leur
choix. La liberté ouverte par l’indétermination, il n’y a pas de retour sur soi qui guiderait une
instance métaphysique. La liberté découle donc de la délibération, onc l’absence de
contraintes. Bénéficier de la délibération n’a pas de contrainte extérieure ou intérieure
(ignorance), qui empêcheraient que l’acte soit libre. Un être amoral, ne fait que poursuivre son
bien, car il poursuit une fin qui est son bien. Le bien poursuivi au travers de l’action n’a
aucune connotation morale. Il faut une finalité suprême à la nature humaine, c’est qui le
constitue dans sa nature propre, le sommet est la contemplation intellectuelle dépassant les
autres.

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Adrien Aventin

La notion de liberté est inscrite dans la spontanéité humaine,


Elle n’a pas de connotation morale, le stoïcisme moralise la notion de liberté : le libre-arbitre.
Une capacité de choisir par encore métaphysique. La liberté échappe au déterminisme absolu
de la nature. Au sein de cette nécessité, on trouve l’émergence. Chez les stoïciens, elle est
comprise comme une prise de conscience qui élève l’homme dans l’ordre de la nature.
L’ordre de la nature correspond chez les stoïciens au logos, l’homme un être rationnel est
différent des animaux par sa raison. La sagesse est la conformité à l’ordre, c’est-à-dire
accepter qu’elle soit gérée par un logos. Il y a deux couches à la conformité stoïcienne : nous
ne sommes pas que des êtres rationnels, nous avons aussi un homme. La préservation de la
nature ne signifie pas que nous ne devons négliger le corps :
o Il faut satisfaire ses besoins naturels.
o La conformité à la nature : développer une patrie d’exercices spirituels qui consistent à
travailler sans relâche, l’éthique par des exercices d’appropriation de ces règles. Sénèque :
tous les jours travailler sur soi en méditant la mort.
La liberté apparait comme un élément étrange au sein d’un enchaînement de causes. Le fait de
penser permet de ne pas se soumettre. Le libre arbitre est la capacité.
Augustin utilise la notion de volonté comme.

Le mal dans le monde : l’explication de la présence du mal dans le monde se trouve au niveau
de la volonté. Chaque fois qu’il consent à préférer sa personne à Dieu. L’attention peut se
tourner vers l’extérieur ou vers elle-même (connais-toi toi-même). L’orientation de la volonté
est le mythe du péché. La volonté à la puissance de vouloir est une impuissance. On peut
vouloir mais faire autre chose de ce que l’on veut. On peut vouloir ce qu’on ne veut pas, c’est
une sorte de maladie. La volonté divine ne subit pas cette maladie, car elle est vicieuse. Le
mal devient une violence de l’habitude. La volonté se préfère dans la volonté des bien
matérielle qu’elle sombre dans le fait de ne plus se contrôler elle-même, alors que la volonté
est « se contrôler » à la base. La volonté divisée ne s’en sort pas sans une aide extérieure,
c’est la Grâce Divine.

La Grâce Divine est la réponse à la chute du Bien et de la volonté humaine.

Pélage, moine breton définit le péché comme consentement au libre-arbitre au mal, l’homme
n’est pas handicapé, il a une racine de bien : la grâce immanente, qui lui permet de se relever
d’une chute. Egalement, si le péché ne pas la racine de tout mal. Les gens qui n’ont pas reçu
la révélation ne sont pas dans le mal. Un nourrisson ne nait pas dans le péché, le mythe
d’Adam est faux. Il est condamné car il pense que la Grâce divine est un ajout à la grâce
immanente, ce qui suppose que les mérites accumulés pendant la vie sont une récompense
(retour aux sacrifices romains). Ce que A pense faux, car la Grâce divine ne peut être achetée,
en effet, même un homme qui ne fait que du Bien peut être puni par Dieu. Ces paroles
choquantes induisent que l’homme, quoi qu’il fasse, n’a pas besoin de suivre le bien.
Deuxième condamnation de Pélage, par A, est de risquer de dévaloriser le Christ en ne le
prenant que comme un modèle à suivre. En insistant sur l’incarnation, on… si on n’a pas la
foi, on ne peut pas être sauvé pour A, si on ne la reconnaît pas (= être hors du christianisme,
on ne peut pas être sauvé. Il y a une forme d’effet rétroactif de la révélation.
Le plus bas niveau

II. BOÈCE (6ème siècle)

Il fait partie d’une famille qui a des fonctions politiques importantes sous l’empire romain.
Boèce joue un rôle de passeur de la culture antique, comme le néoplatonisme, le stoïcisme,
qu’il transmet volontairement par peur de ces cultures. Il est le sauveur de la culture antique.
L’œuvre qu’il a essayé de faire : concilier Platon et Aristote est restée inachevée car il a été
condamné à mort et Aristote transmis par Boèce est fort débattu à l’époque. Il n’y qu’une

26
Adrien Aventin

partie de l’œuvre d’Aristote qui est transmis au Moyen-Âge. La logica vetus sera transmise
plus tard. Les ouvrages de Boèce seront des modèles.

La Consolatio philosophiæ

C’est une œuvre de Boèce, jamais achevée car Boèce est accusé de magie est à la fois le
testament d’un homme et le témoignage. Un héritage de la culture antique est passée grâce à
ce livre au Moyen-Âge. L’iconographie s’empare de cette scène de la mort de Boèce pour
représenter un symbole.

Contexte : lorsque Boèce commence l’ouvrage, il se plaint et dit que son seul recours est la
poésie écrite au Muses. En effet, son confort, sa réputation lui sont ôtées. Boèce voit
apparaître sous la philosophie une femme mature, cette femme représente le lien entre… elle
est la philosophie, sont symbolisés en bas de sa robe par pi (praxis) et thêta (théorie). En
prenant un morceau de sa robe, les écoles s’imposent comme autorité alors que le vrai
philosophe est Platon. La deuxième image de Philosophie est un médecin qui arrive comme
remède à Boèce. La raison est mise de côté pour privilégier les sentiments. P le ramène à
l’ordre, d’abord délicat (qui sont le raisonnement). La véritable liberté se trouve dans le
détachement de la théorie pour la pratique. La première affirmation de Philosophie est que le
Mal n’est rien. Il est en effet, un éloignement du bien, une privation de la puissance divine
(providence divine). Jamais Boèce n’introduit de référence ni au Dieu, ni au Christ, ce qui
suscite des questions car Boèce écrivait des ouvrages de pensées. En effet, il fait référence au
polythéisme (Athéna, etc.) Personnification de la Philosophie. Le mal est donc l’envers de la
providence divine. Les justes qui suivent le bien vont dans une conformité alors que les
mauvais vont à l’envers de ce décor. Tout le monde cherche le bien car il contient le bonheur.
Certains s’illusionnent en prenant des biens de la fortune, comme la gloire, mais ces biens
sont contingents, donnés puis retirés. Le bien est le but de la vie. Le mouvement négatif est
celui qui préfère se tourner vers le bas, se tourner vers les corps est ne pas se tourner vers la
nature, qui constitue le Dieu. Vouloir le bien et le pouvoir, c’est faire le bien. Faire le mal,
c’est vouloir le bien en se trompant, préférer la fortune. Le mal n’est rien puisqu’il fuit le bien
et l’ordre de la nature, c’est une corruption. Pratiquer la Philosophie permet de s’arracher des
biens matériels et s’approcher de la providence divine. Ce perspectivisme prend la forme de la
mosaïque. Boèce pense qu’il faut un raisonnement philosophique, un ordre cohérent dans les
choses.

L’idée de Fortune (Fortuna) et la Providence (Providentia)

Les deux concepts sont similaires, la Providence préside à la fortune. La Providence est un
ordre caché qui est le bien qui se trouve dans l’ordre qui se trouve dans tout chose. La fortune
s’attache à un ordre social, …
La vie est un cercle qui est le plus proche du centre. Le fait de prendre de la distance, le but
est d’être dans la zone proche de la raison divine, même si la raison n’atteint jamais le centre
A l’inverse, aller faire la roue est faire aller vers la circonférence ce qui s’éloigne du centre.

 Il y a deux approches à la vie, Providence et Fortune. La Providence divine se rapporte de


manière égale à la circonférence d’un cercle on est donc tous au même niveau.

VII. La place de la liberté humaine (Livre V)


La liberté existe :

a) Boèce pense qu’un libre-arbitre existe car certaines personnes possèdent la


raison. On se rapproche du stoïcisme, Boèce est proche d’Aristote. Il pense
que l’on peut choisir de prendre quelque chose. Augustin s’y oppose.
b) Il y a des degrés de libertés qui dépendent des degrés des êtres différents.
Ils font partie d’une hiérarchie des êtres car ils ne sont pas soumis au désir

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Adrien Aventin

du corps, les angéliques. L’homme est tout en-dessous, il possède la raison


et un peu la liberté Il y a le niveau ultime qui sort de la hiérarchie, c’est la
Providence divine qui possède la raison et la liberté.
c) La véritable liberté est celle de la pensée
Boèce doit montrer qu’il y a une Providence divine exprimée sous forme d’une puissance
divine. La Préscience divine signifie que Dieu connait non seulement les évènements du
passé, présent, futur mais aussi déterminer les événements futurs. Boèce, doit donc expliquer
cette notion.
Cette préscience ne doit être une contrainte pour que l’homme fasse le bien sinon il n’y a plus
d liberté divine.
Toute puissance divine >< Liberté.
On doit soit privilégier la Providence divine en écrasant la liberté ou l’inverse.

Perspectivisme :

- Définir des degrés de connaissance : la science s’intéresse au nécessaire et pas au


contingent. Ce qui est le cas et non pas autrement que ce qu’il est.
o Les sens ne voient pas l’idée d’homme ni les sens d’homme mais
l’homme. Les yeux voient Socrate et pas l’idée d’homme.
o L’imagination, c’est la capacité de former des images par les sensations.
L’image n’est plus matérielle si on pense à Socrate lorsqu’il n’est pas là.
L’image n’est pas coupée de la
o La raison (ratio), évalue la forme abstraite de la matière sous l’angle de
l’universalité. Chaque fois que l’on pense on a une image ou a-t-on une
image sans
o L’intelligence (intelligentia), pas sous la forme d’un sens, d’une image ou
d’un concept universel. Mais c’est un héritage purement platonicien. Ces
formes pures sont formées par des idées pures de la pensée. Cette
intelligence est un niveau pur de la pensée.
Plus on se détache de la matière plus on connait de choses. Il y a modulation de la
connaissance par le perspectivisme. Du point de vue de l’imagination on comprend les sens,
car on voit les formes. Mais on ne fait pas recours aux sens pour voir l’image. La raison est
permise par l’imagination et les sens mais on peut concevoir une raison sans recourir aux
autres sens. L’intelligence divine ne recourt à rien. Du point de vue supérieur on peut tout
comprendre mais du bas, on ne peut pas voir les degrés supérieurs. On constate une
mesurabilité dans les ordres.
Exemple : quand je mets ma main dans le feu, je le retire car j’ai chaud, j’ai mal.  Je ressens
la chaleur.
Par l’imagination et la sagesse, cette sensation est déjà contingente.
Je tiens mon café chaud, mais je suis qu’il va refroidir, est-il chaud ou froid ? Je me détache
des sens.
 Plus on monte plus les sens du dessous paraissent contingents.

La Préscience est éternelle. Mais l’éternité n’est pas la même que celle d’Aristote. Elle est une
succession d’éternel.
L’homme appartient à la nature vivant, mortel. Il y a toujours nécessité selon l’ordre la nature.
Il y a un deuxième type de nécessité, il est conditionné, par adjonction. La préscience divine
est qu’un homme marche donc marche-t-elle ? Ce n’est pas parce que l’on sait que quelqu’un
peut marcher qu’il marche forcément. Si la préscience divine est la cause de ce qu’il se passe
alors elle oppresse la liberté. C’est une erreur qui consiste à faire porter la nécessité sur le
conséquent.
La liberté humaine peut s’inscrire dans la Providence divine grâce à la contingence.

Conclusion : il y a de la place pour la liberté humaine.

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Adrien Aventin

Sagesse de Boèce : élévation philosophique de la raison pour comprendre l’ordre qui s’inscrit.
Cette acceptation de l’ordre est l compréhension de l’ordre. Vouloir être libre est vouloir ce
que veut la volonté divine. Remonter par le biais de la Providence divine. La véritable liberté
est la conformité à la volonté divine.

Boèce pense que la raison seule conduit à la consolation, la pesée libère car elle permet de
s’élever.

III. SAGESSE ET THÉOLOGIE AU XIIÈME SIÈCLE

Contexte :
Carolingienne : C’est une étape importante car on a tendance à l’hermétisme qui seront
remplacé par le monachisme (monastère) puis la renaissance humaniste au 12 ème siècle.
Contexte de troubles, d’urbanisme. La papauté va se disputer l’équilibre selon lequel la
puissance temporelle est celle de l’Église.

«Apprends tout et tu verras que rien n’est inutile»

Les arts du Trivium sont les trois arts du langage : grammaire, rhétorique et logique. Trois arts
faits pour réfléchir. Cet intérêt prend une forme particulière car la théologie qui commence à
partir du 12ème siècle est une théologie rationnelle. La lectio est une lecture biblique du
professeur devant de élèves, cette manière va être supplantée par une théologie rationnelle. La
norme extrême de cette théorie. On détache la théologie sous forme de questions détachées
des textes bibliques. On prend des textes bibliques traitées de manière autonomes des textes.
La lectio du 12ème siècle est une nouvelle forme de théologie. Pierre Abélard est théologien du
12ème siècle, il est le premier à proposer une méthode applicable, base de la méthode
scolastique.

VIE ET ŒUVRES D’ABÉLARD


Il est jugé d’insupportable. Il est demandé à être professeur, mais il a un enfant avec son
élève. Il est émasculé. Dans son ouvrage « Sic et non » qui utilise les règles du Trivium. Les
questions sont des problèmes intellectuels à résoudre. Questions des textes bibliques face aux
textes patristiques qui contiennent des contradictions.
a) Niveau d’analyse grammatico-logique de l’analyse : même si un même terme se
retourne chez tel ou tel auteur il n’est pas pareil en fonction de ce que l’auteur à en
tête. Le but est de remonter à la pensée de l’auteur pour analyser ces cas.
b) Niveau « topique » : utilisation de l’instrument logique, l’objet suit-il la logique ?
c) Niveau dialectique : quand on traite une question logique ou dialectique il faut
pouvoir dire oui ou non, c’est-à-dire question avec arguments pour et contre.  Cela
fonde la base de la méthode scolastique
 Il élabore donc une théologie rationnelle dans un manuel qui répond à ces questions

IV. SAINT ANSELME (1033-1109)

Saint-Anselme est beaucoup plus proche d’Augustin que Abélard. Sa thèse est la « Fides
quaerens intellectum ». L’intelligence (Raison) s’inscrit dans l’horizon de la Foi, car Dieu est
défini par la ratio veritatis, chaque fois que l’on fait référence à la raison on appelle à Dieu.
Toute vérité s’inscrit dans la Foi. Si le jugement vrai est adéquat à la chose c’est parce qu’elle
est adéquate au jugement divin. La vérité n’appartient aux choses elles-mêmes. A Paris on
prône les arts du Trivium. Saint-Anselme prône la Sola Ratione, on peut comprendre des
questions théologiques sans faire intervenir la Foi. La Raison est autonome de la Foi, il y a
moyens de tenir des raisonnements sans la Foi. La démarche de la Sola Ratione avance

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Adrien Aventin

l’intelligence des écritures au moyen de la dialectique et de la raison seule. La Foi a priorité


sur la Raison, car celle-ci est dans l’horizon de le Foi. Deuxièmement, Dieu a organisé la
Raison. Donc grâce à notre raison on peut découvrir.
Pour sa méthode, il utilise la Sola Ratione (juste la raison), il ne donne pas de Révélation. Il
impose des limites à la raison :

La Sola Ratione inscrite dans la Foi :


a) Si la raison contredit la révélation alors la Révélation doit primer.
b) Si la Raison confirme la révélation (Foi) alors la conclusion de la raison est tenue
pour vraie.
c) Si elle ne confirme, ni n’infirme la raison alors elle est vraie.

Tant que l’on reste au niveau de la comparaison entre les choses bonnes. La bonté elle-même
est le reflet de l’idée catholique. Il faut remonter dans la chaine des causes, jusqu’à l’être
premier.
LES PREUVES DE L’EXISTENCE DE DIEU
Les preuves du Monologion : c’est une démarche ascendante qui consiste à remonter du
monde où l’on se trouve pour remonter à Dieu. Elle est basée sur un principe néoplatonicien.

Rappel : l’UN et l’INTELLIGIBLE.


Les néoplatoniciens se basent sur l’idée d’invoquer un principe supérieur pour
Le Monologion
comprendreestceréparti
qui estensupérieur.
3 preuves :
1)Cela
Preuve par la bonté  Toutesbon
doit venir d’un être grand, les choses sensibles
et c’est-à-dire ne sont pas bonnes, elles viennent
Dieu.
de quelque chose qui est bon, Dieu.
2) Preuve par l’être ou l’existence  Les choses sensibles existent mais il y a des
moments où elles n’ont pas existé, ou n’existeront plus, d’autres auraient pu ne pas
exister ; tout cela dépend de la volonté de Dieu.
3) Preuve par la grandeur  Dans le sens de perfection, d’éminence, qualitative. Il y a
différents degrés de perfection, ces degrés découlent d’un être maximalement et
infiniment parfait, c’est Dieu.
Exemple : le cheval a plus d’être et est plus parfait que la pierre car il vit. L’homme est plus
parfait que le cheval car il possède la Raison. Selon St-Anselme il y a des choses plus ou
moins parfaites. En remontant des effets à la cause première et par ces trois étapes on remonte
à la cause première.

 Saint-Anselme pas satisfait va aller voir « a priori » du Proslogion.

A priori signifie qu’en utilisant la sola ratione, on va pousser la recherche et en tirer


l’existence de Dieu.
1° la structure du Proslogion :
- Dieu est une perfection de grandeur existant hors de l’esprit. Si on arrive à
démontrer l’existence.
- Cette preuve n’est pas une preuve qui fonctionne par l’évidence intérieure.
- Essence de Dieu et attributs divins.
La Raison. La présence de Dieu au sein de l’âme n’est pas une évidence suffisante.
2° l’originalité de l’œuvre

30
Adrien Aventin

- L’œuvre n’est pas a posteriori mais a priori : on se base sur des effets pour
démontrer une cause. C’est la première fois dans la tradition que l’on a une preuve
a priori.
- La démonstration de Dieu n’est pas une conversion vers l’intériorité.
3° Le statut de la prière dans le Proslogion :
- Le fait est grave, on a appel à une donnée de Foi. Il s’agit d’une prémisse de Foi
qui vient confirmer le Raison. On peut se disputer sur le statut de la prière. C’est
toujours dans l’horizon de la Foi.

4° Position du problème
- Quelque chose dont rien de plus grand ne peut être pensé.
- L’insensé a dit dans son cœur « Dieu n’existe pas »
5° Nœud de la preuve
Dès lors que l’on comprend la signification de « ce dont rien de plus grand ne peut être
pensé », on sait qu’il existe.

Schéma de la preuve :
« Ce dont rien de plus grand ne peut être pensé » = A
Preuve : la signification de A montre son existence.
Déploiement de la preuve : la position contraire (celle de l’insensé) est contradictoire.

En effet, affirmer simultanément que :


- A existe dans la pensée et a une signification
- Et A n’existe pas hors de la pensée.
C’est une pensée contraire car l’existence est une perfection.

Déploiement de l’argument :
La preuve se fonde sur une dialectique. L’existence est une perfection qui permet la
conception.
Dès lors que l’on se met à penser à la signification de la pensée. Il faut comparer de existe
dans l’intellect,
Exemple de l’art : l’artiste meurt avec son idée, l’œuvre d’art ne. Percer hors de l’intellect,
constitue une perfection alors on est obligé de reconnaître la grandeur. Si l’existence est une
perfection, mais si l’insensé admet qu’il peut se représenter une œuvre.

Critiques et reformulations de la preuve :


Gaunilon : il suffira d’imaginer la chose la plus parfaite, en la pensant, elle existerait. Hors il
n’est pas difficile de montrer que les fantasmes se réalisent. Il le contre.

 On ne peut pas déduire l’existence d’une chose de son simple concept.

Thomas d’Aquin : on ne peut pas passer du concept à la réalité, car il faudrait pour cela
qu’existe dans la réalité un être tel qu’on ne puisse en concevoir de plus grand. Or c’est ce que
refuse l’insensé.

Descartes : Dieu est un être souverainement parfait. L’existence est une perfection donc Dieu
existe. Il prolonge la théorie et d’Anselme, il ne le réfute pas.

 Et ce Dieu doit nécessairement exister, de la même manière qu’il est nécessaire pour un
triangle d’avoir trois angles égaux à deux droits.

Réfutation d’Anselme et Descartes par Kant :

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Adrien Aventin

1° il dit que la nécessité porte sur le jugement, lorsque l’on dit que Dieu existe il existe deux
type de jugements : analytique (où le prédicat est dans le sujet, on tire ce qu’on sait déjà dans
le sujet, tautologies  ne pas sortir de l’existence de la chose, existence de ce qui existe déjà)
dont hors de Dieu, et le synthétique (la notion du prédicat ajout quelque chose de nouveau au
sujet, le prédicat est tiré d’ailleurs du sujet) donc le jugement de l’existence de Dieu est
fallacieuse si on ajoute par le prédicat. On n’ajoute pas la propriété d’une chose.

2° En outre, l’existence ne peut pas être « ajoutée » au concept du sujet, car l’existence n’est
pas un prédicat réel.

Lotto : on joue et on gagne les 1000 euros dans notre poche. Quand on a cet argent dans la
poche on est plus riche. Maintenant si j’imagine ces 1000 euros dans mon esprit, ils ne sont
pas autre chose que les 1000 euros réels.
En effet, si on avait « ajouté » l’existence aux 1000 euros dans mon esprit alors les 1000 euros
seraient autre chose que 1000 euros, c’est-à-dire 1000 plus l’existence.

 L’existence n’est pas un prédicat que l’on pourrait ajouter au sujet, mais la position
d’une chose.

V. LA SAGESSE ORIENTALE
L’ISLAM

I. Mahomet
Mahomet fonda la religion islamique. Après une révélation, Mahomet annonce sa mission :
l’islām (la soumission) mais cela ne plaira guère aux autorités mecquoises, il fuira donc la
Mecque pour Médine en 622, c’est l’Hégire. Il est expatrié et Ali va jouer un rôle majeur. Il
n’ose pas promulguer la prédication. L’islam est une religion où transmise de Dieu à Adam
puis à Mahomet, le dernier prophète qui clora la prophétie. Tandis que le christianisme
considérera Jésus avec une nature divine, il sera un simple intermédiaire en islam.

II. Le Coran
Les paroles ont été petit à petit concises en livre : Le Coran. Un corpus de textes. Il fut dicté
par Mahomet et comprend des références à l’ancien et au nouveaux Testaments et serait à
l’origine des « Lumières » venant dissiper les ténèbres du paganisme.
L’Islam est partagé car on ne sait pas où se trouvent les paroles contrairement au
Christianisme. Elle ne se constitue pas uniquement à la pensée mais aussi aux lois, c’est une
religion d’obéissance à la Loi et à une dimension cultuelle. Il n’y a pas d’églises mais des
courants se disputent pour la sunna (tradition). En effet, Ali, le cousin et gendre de Mahomet
ne reconnut pas Abu comme lieutenant calife de Damas, quelques années plus tard, Ali
devenant calife déclenche une guerre civile à cause de son impossibilité de justifier son
innocence au meurtre de son prédécesseur. Durant cette guerre civile : les shiites (le groupe
des adeptes d’Ali, à la mort de Mahomet) sont opposés aux sunnites (véritables héritiers de la
tradition du calife de Damas) et définissent deux manières différentes de se rapporter à la
parole du prophète.

Les shiites pensent que le Coran a un sens caché (le bātin), ils sont ceux qui le détiennent. Ce
bātin serait transmis par les imāms (les amis de Dieu), qui poursuivent dans le monde spirituel
la tâche des prophètes.
o Le shiisme septimain reconnait 7 imams qui privilégie le sens bātin au zāhir et,
o Le duodécimain qui reconnaît 12 imams et tentent de sauver un équilibre en un sens
caché (vérité) et extérieur (loi).

32
Adrien Aventin

Le shiisme s’inspire d’éléments du gnosticisme, du mazdéisme et du bouddhisme.


Les sunnites privilégient la lettre, le littéralisme : le Coran est un texte révélé. Ils respectent
le texte, c’est le zāhir.
Les spirituels islamiques privilégient ce sens caché, la bātin.

 Il n’y a pas de rapport à l’Antiquité dans l’Islam.

III. En l’absence du phénomène de l’Eglise, quel rapport à la Loi, tradition ?


La hikma est le terme arabe qui traduit la sophia grecque mais elle ne possède cette opposition
de sagesse philosophique (Raison) avec sagesse révélée (Foi). Elle n’est NI une notion de
philosophie cherchant à démontrer une vérité, NI une révélation voulant faire obéir à un
dogme.

1° explication. Cela peut être expliqué par le fait qu’il n’y ait pas d’Église. En effet, l’Église
propose l’entrée de Dieu comme le cœur de l’Histoire (par le dogme de l’incarnation) alors
que les shiites propose l’entrée de leur dieu au cœur de la métahistoire (par le temps intérieur
de l’âme).

2° explication. Mais également parce que les shiites représentaient les sages grecs par
l’œcuménisme, cette intégration de sagesse grecque nous explique pourquoi on peut parler
d’une philosophie poétique dans le shiisme.

3° explication. Enfin, la présence de mystique dans la sagesse en islam : le soufisme qui est
l’effort d’intériorisation de la Révélation coranique, la rupture avec la religion purement
légalitaire, le propos de revivre l’expérience intime Prophète.

IV. La notion en sagesse en islam


La falsafa, translittération du mot philosophie, est le principal héritage de la civilisation
grecque. La cosmologie, héritée d’Aristote, est adaptée aux systèmes religieux et l’astronomie
mélange Aristote et Ptolémée. Cette falsafa est un courant de la hikma majoritaire en Iran,
Irak et péninsule ibérique.

AVICENNE (980-1037)
A. BIOGRAPHIE
Il a un esprit encyclopédique, a vécu de nombreux exils, d’une famille de médecin. Il donne
une notion très particulière de la sagesse. Sa notion de sagesse est liée à la falsafa. Il s’agit
d’une réfutation, donc critiquer tout ce que les philosophes. Le rationalisme est opposé à la
religion. On trouve l’idée selon laquelle la sagesse grecque est identique à la philosophie.
Rôle de la philosophie :
Hikma : philosophie et sagesse.
La philosophie est une science qui vise le perfectionnement au moyen de deux types de
connaissance : la pratique et la connaissance spéculative. Dimension pratique
(comportement) et théorique.

Dans ces eux dimensions de la philosophie, Avicenne reprend Aristote mot pour mot en
séparant la philosophie en trois branches.
- En bas de l’échelle, se trouve la physique, les choses en mouvement et ce mouvement-
même.
- Les objets dans la matière, qui sont considérés comme « pas dans la matière ». Les objets
mathématiques ne sont pas dans la matière. Exemple : le cercle. La mathématique reprend des
objets abstraits de la sensation et donc de la vie.
- Troisième niveau, l’étude des choses qui ne sont pas soumises à la sensation. Elles sont
théologiques. C’est le niveau de la science première : la métaphysique.

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Adrien Aventin

La science première est la science dont l’objet est premier, la métaphysique. On peut
comprendre en un autre sens : premier en généralité, c’est l’objet qui peut être dit de toute
chose. L’être qui n’est pas l’être en mouvement. Il y a un troisième sens, ce que l’on vient de
voir, la métaphysique est la sens qui étudie des objets différents, des objets divins.
Intelligence séparée, celle de Dieu, le plus séparé de la matière.
Elle permet de structurer cette science grâce aux autres objets.

Avicenne considère que la théologie de chez Aristote devient une sorte de métaphysique
seconde. L’être plus être un principe est caractérisé comme un être second. Le problème de la
métaphysique comme science générale ne peut expliquer les causes.
La métaphysique se subordonne à la théologie.
La sagesse ne se limite pas à

La philosophie Illuminati typiquement orientale.

Angéo-cosmologie. L’illumination selon Avicenne est noétique, la psychologie. Il y a


LA NOTION DE SAGESSE CHEZ AVICIENNE

L’ÊTRE NÉCESSAIRE

Deuxième élément, si on considère que du point de vue nécessaire de l’existence, il faut


remonter des effets de causes, il faut s’arrêter à un être qui lui, donne l’existence. Cet être
détient l’existence. Dieu est être nécessaire car il ne peut pas, ne pas exister.
LA CRÉATION

LA PREMIÈRE INTELLIGENCE
A chaque partie de l’intelligence on a un côté de lumière et d’obscur, de la connaissance,

Le rôle de la dixième intelligence


Elle co-crée et le fait d’une certaine manière : elle est un réservoir céleste, de toute forme
d’espèces.
SAGESSE ET ILLUMINATION
Pourquoi l’intelligence agente est-elle séparée ?

Dans la compréhension, on ne peut pas tirer tout cru de la mémoire l’information. Quand on
pense, cet acte de penser le renouvelle. Les formes intelligibles ne peuvent être stockées dans
la mémoire.
V.
VI. MÉTAPHYSIQUE ET THÉOLOGIE AU XIIIÈME SIÈCLE
LE CONTEXTE HISTORIQUE
On retrouve dans la philosophie iranienne, un hiatus entre la raison philosophie et la raison.
Elle s’exprime comme une angoisse, cette absence de Dieu dans l’âme a pour conséquence
une tristesse qui peut être remédiée par la Foi. Foi et Raison sont deux éléments séparés et
ennemis. La Foi absorbe toute la spiritualité.

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Adrien Aventin

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Adrien Aventin

GUIDANCE du 15/12/16
La preuve d’Anselme : il met recourt à la Raison. La Foi a priorité sur la Raison, car celle-ci
est dans l’horizon de le Foi. Deuxièmement, Dieu a organisé la Raison. Donc grâce à notre
raison on peut découvrir.
Pour sa méthode, il utilise la Sola Ratione (juste la raison), il ne donne pas de Révélation. Il
impose des limites à la raison :

1) Si la raison contredit la révélation à la Révélation doit primer


2) Si la Raison confirme la révélation alors la conclusion de la raison est tenue pour
vraie.
3) Si elle ne confirme ni n’infirme la raison alors elle est vraie.

Le Monologion

C’est une démarche ascendante qui consiste à remonter du monde où l’on se trouve pour
remonter à Dieu. Elle est basée sur un principe néoplatonicien.

Rappel : l’UN et l’INTELLIGIBLE.

Les néoplatoniciens se basent sur l’idée d’invoquer un principe supérieur pour comprendre ce
qui est supérieur.
Cela doit venir d’un être grand, bon et c’est-à-dire Dieu.

La bonté :
Toutes les choses sensibles ne sont pas bonnes, elles viennent de quelque chose qui est bon,
Dieu.

L’existence :
Les choses sensibles existent mais il y a des moments où elles n’ont pas existé, ou
n’existeront plus, d’autres auraient pu ne pas exister ; tout cela dépend de la volonté de Dieu.

La grandeur :
Dans le sens de perfection, d’éminence, qualitative. Il y a différents degrés de perfection, ces
degrés découlent d’un être parfait, c’est Dieu.

Mais pas satisfait, il écrit le Proslogion.


Le Proslogion

Il n’y a plus 3 arguments mais un seul. Mais c’est aussi une preuve a priori, donc elle vient
avant l’expérience. Avant on remontait à une entité par l’expérience. Cette fois, on part d’un
concept de manière indépendante. Il ne garde que la qualité de grandeur et supprime l’appel à
la Foi, encore une fois, c’est la Sola Ratione qui compte. Il place tout de même une prière au
début du livre qui peut être comprise par le fait que la raison se fait tout de même dans le cas
de la religion.

1) Les prémisses de la preuve : une définition de Dieu qui est ce dont rien de plus grand
(parfait) ne peut être pensé. L’existence est une perfection est la deuxième prémisse,
quelque chose d’existant est plus parfait que ce qui n’est pas existent. Exemple : œuvre du
peintre plus parfaite que l’image qu’il s’y fait.

36
Adrien Aventin

2) L’argument (preuve de l’existence) : le but est de montrer que CDR n’existe pas que
dans l’intellect mais aussi dans la réalité. Il proue que le non-croyant se contredit en
reniant Dieu :

 Il démontre donc que CDR n’existe pas dans la réalité est une
contradiction.
 Si on écoute le non-croyant, il croit que CDR n’existe que dans la tête.
 Mais cette pensée nous trompe car l’existence réelle est plus parfaite que
l’existence de la pensée.
 Donc le non-croyant, dans sa pensée croit à un CDR au rabais.
Ceci est une preuve par la dialectique de la grandeur car elle consiste à comparer deux
grandeurs. Le non-croyant comprend la notion mais ne l’affirme pas donc

3) La preuve de l’existence nécessaire : on essaie de prouver que Dieu existe


nécessairement, donc qu’il est impossible que Dieu n’existe pas.
 Si on compare CDR qui est possible (dont on peut nier l’existence) avec
CDR qui existe nécessairement (impossible de ne pas exister), on devra
démontrer que CDR authentique n’est pas qui existent mais aussi
authentique.
LES CRITIQUES

Gaunilon :

Il ne croit pas que l’imagination d’une chose puisse être réelle.


 Il part de l’idée que si on imagine une île perdue, alors juste se l’imaginer
alors elle existerait.
 Anselme répond à l’exemple de l’île parfait n’est pas pareil que ce dont
rien ne peut être pensé. Si on imagine une île parfaite on ne se contredit pas
alors que si l’on pense à CDR, on se contredit en disant ça.
Descartes :

Il ne critique mais étend, reprend Anselme, il dit :


 « J’ai en moi l’idée d’un être souverainement parfait » donc j’y pense.
 OR, l’existence est une perfection.
 DONC l’être souverainement parfait existe sinon il ne serait pas l’être
souverainement parfait.
L’être souverainement parfait inclus par définitions l’existence. C’est une preuve ontologique,
celle qui ti

Kant :

Il critique Descartes en s’insurgeant contre toutes ses preuves.

1) Argument contre la preuve de l’existence


Il reprend l’analogie
 Il est vrai qu’un triangle à trois angles égaux.
 Cependant, si on ne pose pas de triangle, il n’y a rien à admettre. Si on
n’accepte pas l’existence d’un être souverainement parfait, on n’est pas
obligé d’admettre l’existence de Dieu.
2) Dieu existe, c’est-à-dire qu’on émet un jugement.
 Le jugement analytique : le prédicat est inclus dans la notion du sujet. Il
déplie la notion du sujet et ne donne aucune information nouvelle sur
l’existence de la chose puisqu’elle ne fait que déplier.

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Adrien Aventin

Exemple : SVC  la Voiture Est Blanche. La mère a un enfant, la mère a, par


définition, un enfant.

Donc on peut dire que l’homme est un animal rationnel.


 Le jugement synthétique : dans ce jugement, on apprend quelque chose
de nouveau. Le prédicat ajoute du nouveau. Il est le seul a nous renseigner
sur l’existence d’une chose.

Exemple : Florence sort avec Marc, ce n’est pas dans sa nature d’être avec
lui.

Descartes ne fait que déplier la définition qu’il s’est donné au début donc il émet un jugement
analytique, ce qui est erroné.
Selon Kant, seul un jugement synthétique, peut prouver l’existence de Dieu.
Son deuxième argument qui touchera le plus Anselme sera qu’il considère l’existence comme
un prédicat au lieu d’une position. Ce n’est pas une qualité que l’on met dans une définition
qui changerait sa nature.

Exemple :

J’imagine 100$ (prédicat de l définition : couleur, valeur, billet), mais si ils existe il y a
toujours ces prédicat plus l’existence. L’existence n’est pas un prédicat
Le guépard dans 1000 ans, sera toujours défini de la même façon mais sans l’existence (il
n’existera plus).
Si Dieu existe car on le dit.
Anselme s’est trompé, il a traité l’existence comme prédicat alors qu’il est une position
(temporelle dans le cas du guépard)

LA SAGESSE ORIENTALE

C’est une sagesse qui ne sépare pas la Foi et la Raison. Elle intègre l’héritage ancien et les

La falsafa e renvoie pas à une activité purement rationnelle mais comme des penseurs qui
promeuvent une sagesse qui intègre la raison et la foi.

AVICENNE
Il pense que la sagesse orientale s’attend par la philosophie et par une expérience mystique
religieuse. Les deux notions sont mélangées, là où l’occident les séparent, Avicenne intègre
une mystique religieuse la combinaison de mystique religieuse et philosophie donne la
conception de philosophie illuminative.

LA PHILOSOPHIE
Il reprend une distinction d’Aristote :

Une branche plutôt pratique :

Une branche spéculative :


o La physique ou philosophie naturelle : elle parle des objets tels qu’ils sont dans
le mouvement, le sensible.
o Les mathématiques : sont un peu moins dans la matière (nombres) on n’a jamais
deux tout seul mais deux bouteilles.

38
Adrien Aventin

o La métaphysique : la plus séparée du sensible, elle permet d’atteindre la sagesse.


Selon Aristote, la métaphysique traite des causes premières et des choses divines
et de l’être en tant qu’être (en général, qu’est-ce que l’être ?). Pour Avicenne, la
métaphysique détermine l’ontologie.

Comme Dieu existe, il est dans l’être. Puisque Dieu a créé l’être, il est l’être donc la
métaphysique ne devrait pas exister. C’est ambigu de savoir si la métaphysique étudie l’être.
Donc faire de la métaphysique grecque pure ne suffit pas car elle doit intégrer une dimension
mystique il faut allier les deux.

L’ANGELO-COSMOLOGIE ET L’ILLUMANATION

Qu’est-ce que l’illumination ?

La théorie de l’Illumination a trois dimensions :

1) Psychologique : état de l’âme au moment où elle est guidée vers la connaissance.


2) Noétique : la noûs est la pensée qui nous permet de comprendre des pensées intelligibles.
C’est une théorie de la connaissance, de l’intelligible. Elle permet de comprendre
comment on connait.
3) Cosmologique : le cosmos est le monde. Cette dimension permet de comprendre d’où
vient l’illumination. En nous donnant tout une théorie de comment on fait, que Avicenne
va nous expliquer d’où vient l’illumination et comment elle est possible. Cela démarre de
Dieu qui fait découler ce qui est nécessaire, l’ensemble d’un monde.
o Dieu OU l’être nécessaire, au sommet de la pyramide.
o L’intelligence découle de cet être qui donne l’âme et le corps céleste.
o Elle se prolonge en deuxième intelligence qui donne aussi l’âme et le corps
céleste.
o Ainsi de suite…
o … Jusqu’à la dixième qui produit les âmes et les matières.
Il y a plusieurs niveaux dans l’intelligible, Avicenne fait correspondre à chaque intelligible un
niveau du Coran. C’est une conception du monde (cosmologie) qui fait intervenir des anges.
Il y a une hiérarchie cosmolique, noétique puis angélolique.

Dieu

Création

Intelligibilité

10ème intelligence

L’illumination et l’âme humaine :

39
Adrien Aventin

PARTIE III: LES TEMPS MODERNES

INTRODUCTION

PRÉALABLE : QU’ATTENDRE DE LA PHILOSOPHIE ?


On ne peut rien attendre la philosophie. La philosophie est un recueil d’opinion arbitraire
inconciliables. Première objection, on apprend plus sur l’imagination créatrice de Platon et
Saint-Augustin que sur la vraie vérité. Freud n’apprend pas la psychanalyse mais son
imagination, son opinion. Deuxième, on ne comprend pas les philosophes, l’obscurité : une
impression très générale de complexification de langage.

Kant répondait à ses élèves que l’on peut pas apprendre la philosophie car la philosophie
n’existe pas encore. Pourquoi ? Car il faut distinguer la philosophie et l’acte de philosopher.
Dans un cours de philosophie on apprend juste à philosopher. La philosophie n’est ni une
science historique ni une science mathématique.

40
Adrien Aventin

Qu’est-ce qu’une science historique ? Une science qui repose sur des données, des faits que
l’on peut apprendre.
Qu’est-ce qu’une science mathématique ? Une science qui démontre rationnellement ses
propos. La démonstration consiste à montrer que l’on peut tirer une conclusion une
conclusion à partir de certaines prémisses. Montrer que la conclusion est déjà conclue dans les
prémisses.

En effet, la philosophie n’est pas une discipline purement analytique ni historique, autrement,
elle ne s’apprend pas car pas encore dans les livres. Il pense que l’on doit apprendre à étendre
notre savoir culturel. De manière générale, il s’agit de revenir sur le langage ordinaire avec
une ambition qui est d’éviter les ambiguïtés. Il faut mettre une thérapie du langage ordinaire.
Lorsque l’on parle d’autrui, on présuppose toujours qu’il nous comprend comment on
veut qu’il nous entende, ceci est fondamental : le présupposé implicite. On projette un sens
à autrui et on lui prête un sens.

On n’est jamais sûr que l’on nous comprenne. Les paroles empiriques sont toujours
compréhensibles. La philosophie doit toujours vérifier ses termes. Lorsque Platon emploie le
terme d’Idée, il n’a rien avoir avec les Idées de Kant. L’impression d’obscurité est délibérée,
on ne peut pas projeter une interprétation sur un terme sans idée globale des textes.
CARACTÉRISATIONS DE LA PHILOSOPHIE MODERNE
Les modernes s’étendent du 17 au 18ème, ils possèdent tous une Idée commune.

L’invention d’un sujet de connaissance autonome : les individus sont des sujets qui fondent
et justifient par eux-mêmes leur propre connaissance. L’esprit humain n’est plus lié à l’esprit
divin. En effet, cette conception chez Augustin, les Idées ne sont pas conçues par un esprit
individuel mais retrouvée par l’individu. L’Ailleurs (divin) les crée et l’Homme les retrouve
(réapprend).

L’émancipation d’un sujet d’action (politique) : l’idée que ces siècles sont les ceux où
l’homme comment à se penser en tant que citoyen et s’émancipe de l’unité divine.
Caractérisation de la postmodernité : on ne croit plus à l’autonomie de la notion du sujet.

La contestation post-moderne : ce qui a été bouleversé est la connaissance, elle est au cœur de
la philosophie moderne. Quand on change la compréhension d’un terme on bouleverse la
compréhension philosophique.

La synthèse d’Alexandre Koyré :

On n’a pas acquis des connaissances. Ce qui se joue est qu’on a changé le cadre. Le sujet est
l’objet de la cause et donc le sens même de ce qu’est connaître.
1. L’invention des sciences modernes
Le sens même de la nature. Les lois sont pensées de manière universelle, elle
s’applique à tous le corps sans exception. Connaître une chose c’est connaître son
principe interne. La phusis est le principe interne de changement, les principes internes
changement car chaque chose est qualitativement différent. Comprendre une chose
n’est plus son principe interne de changement. Les phénomènes, c’est qui nous
apparait dans l’espace externe. Comprendre les quantités quantitativement distinctes
dans la nature. La couleur ou le goût : les cinq sens. Le citron par exemple a une
certaine forme, taille et mouvement (si on le lance), on a pas besoin de les percevoir,
le goût et la couleur du citron ne sont pas en lui mais dans le rapport du sujet à l’objet,
donc chacun à une perception différente. Niveau des mathématiques que l’on peut
connaître.
2. Bouleversement : les nouveaux mondes

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Adrien Aventin

Montaigne met en scène la rencontre entre le roi et les indiens de colonies. La mise en
scène de l’étranger qui vient apporter le témoignage que le système occidental n’est
pas universel. La non-universalité ou relativisme de notre morale, ce bouleversement
par ces nouveaux témoignages va remettre en question la perception de nos
perspectivismes.

L’Indien a-t-il une âme ? Y a-t-il des corps sans âmes ? L’Indien ne voit pas des corps
arriver sur ses terres mais des esprits. On a tous une perception du monde différente
dont on n’a pas conscience. C’est la conception métaphysique. Quelqu’un qui ne
connaît Dieu peut-il être moral ?

LE PROBLÈME : CONNAISSANCE ET SCEPTICISME


Le problème de Gettier est de construire un

Tous les philosophes modernes pensent qu’il faut établir des justificatifs ultimes de la
connaissance. Soit on a une connaissance infaillible.
3 approches à la connaissance :
- Normative
- Faillibiliste
- Sceptique
Nous ne savons rien mais nous croyons tout.

Résumé du cours précédent :


Introduction au problème de la philosophie moderne par trois choses différentes :
- Le plan historique : l’expérience et la découverte de nouveaux mondes (Chine et
Amérique) amenant de nouveaux savoirs tels que les mœurs et la pratique.
- Les transformations intellectuelles : invention de nouvelles sciences
mathématiques associées. Le point important est l’invention de l’universalisation
des lois de la nature qui s’oppose à la hiérarchie cosmique grecque. C’est un
mouvement dont on n’est pas encore sortis. La multiplication des points de vue sur
la perception humaine.
- Philosophique : le problème de la connaissance se pose du point de vue théorique
est « est-il possible d’avoir des connaissances théoriques définitives », c’est le
scepticisme épistémologique. Du point de vue pratique « est-il possible de savoir si
certains choix, systèmes de valeurs sont meilleurs que d’autres », c’est le
scepticisme pratique.
1. LE SCEPTICISME ÉPISTÉMOLOGIQUE

3 critères : il y a une croyance, qui est justifiée. Toute notre vie, est une connaissance selon la
théorie que l’on va adopter. L’approche normative est une proposition qui est entièrement
justifiée, il y a alors connaissance. Si on tient une approche normative intégrale ou radicale
alors aucune de nos croyances ne seront des connaissances. Quels savoirs peut-on
entièrement justifier ?
Autre approche : nous avons des raisons de croire mais elles ne sont pas infaillibles.
Scepticisme épistémique fort : peu de choses sont justifiables ?
Supposer une prémisse et l’accepter comme vrai sans la prouver comme vraie.
Le fait qu’il y ait sans doute la plus grande partie de nos pensées qui ne soit justifiable est le
ressort de toutes les indécisions, y compris les plus tragiques. Nous aurons toujours quelqu’un
qui nous contredira, qu’il y a des faits alternatifs, car nous n’aurons jamais d’arguments
définitifs.

42
Adrien Aventin

DESCARTES ET LA CERTITUDE

En pratique, on ne peut pas se passer des certitudes mal justifiées mais ce n’est pas la
certitude pratique dont il est question. Il faut établir quelque chose de ferme et de constant
dans les sciences. Nos choix et décisions sont instables et inconstantes selon Descartes car on
s’est tous plantés dans notre vie. Le problème posé dans les Méditations de Descartes est de
savoir comment s’assurer qu’on puisse parvenir à des vérités fermes et constantes ? En effet,
la manière dont on dispose pour y arriver est l’esprit, et comment par l’esprit qui est toujours
inconstant, on pourrait avoir des révélations constantes ? C’est le problème de l’auto-
fondation : si je propose un critère de vérité, qu’est-ce qui m’assure que ce critère est le bon ?
Dans ce cas, il faut un autre critère qui est bon pour le justifier. Et ainsi de suite…

La méditation est un sujet qui réfléchit sur son propre esprit. Ce sujet n’est pas Descartes, car
il est déjà un des plus grands mathématiciens, le « Je » est un lecteur, qui a suivi une scolarité
avec quelques notions de mathématiques mais surtout qui a des croyances que tout le monde
partage. Un sujet normal est un sujet rempli d’opinions non justifiées., ils ont la croyance au
réalisme direct qui est le fait de croire que les choses autour de nous sont et sont comme
nous les percevons. Personne avant Descartes ne s’était posé cette question (présence d’une
chaise devant soi). Les croyances auxquelles nous croyons le plus, ou qui nus paraissant les
plus évidentes, ne sont pas celles que l’on peut le mieux justifier. C’est sur cela que Descartes
s’arrête dans les Méditations.
Ce sont aussi des méditations métaphysiques, la métaphysique n’est pas une seule discipline,
mais plusieurs. Pour Descartes, ce sont des méditations de philosophie première. C’est donc la
science qui est chargée de fonder les principes de toute autre connaissance, en les clarifiant. Il
change donc le sens du mot Métaphysique d’Aristote. Il est « fondationaliste ». Elle vient
donc avant dans l’ordre des raisons. Elle explique même ce qui n’est pas réfléchi.

Kant dit :
Un traité de physique est bien mais Newton n’a jamais rien défini en matière. On peut avoir
beaucoup de manuels donnant les propriétés de la matière sans jamais la définir.

L’arbre est la philosophie, les branches sont la médecine, la mécanique et la morale, le tronc
la physique et les racines la métaphysique.

LES 4 NIVEAUX DE DESCARTES

- Le niveau de l’essence ou l’existence : ontologique


- Le niveau des énoncés, du sens : sémantique
- Le niveau des choses vraies : aléthique
- Le niveau de la certitude : l’adhésion subjective à un niveau, donc croire qu’il est
vrai ou faux.

Comment être sûr que l’on est certain des propositions vraies ?
Descartes a l’argument du doute hyperbolique qui lui permet de faire le tri dans ses pensées
incertaines.
L’argument du doute est de dire je vais tenir pour faux toutes les propositions dans lesquelles
je peux imaginer la possibilité d’une erreur.

Ce doute chez Descartes est différent du doute au sens courant. Je ne sais pas avec qui je vais
me marier tandis que celui de Descartes est l’imaginaire (puis-je imaginer me tromper ?)

Le plus évident est de regarder les connaissances sensibles, peut-on se tromper dans ce qui
est le plus évident pour soi ? On peut imaginer se tromper puisque l’on se trompe parfois, il y
a parfois des illusions des sens ou optiques.

43
Adrien Aventin

L’exemple du rêve. Y a-t-il un critère pour savoir si ce qui est était dans un rêve n’est pas
réel ? Dans mon rêve, puis-je savoir que je suis dans mon rêve ? La réponse est non même si
on a des pensées qui ne correspondent à rien avec la réalité.

La question du doute est illustrée par la fiction d’un mauvais génie qui nous trompe en
permanence. Il nous fait penser à une chose, nous tromper dans nos calculs, etc.
Cette hypothèse est une généralisation de l’erreur, qui vient rassembler en elle-même l’infinité
de raisons de se tromper plutôt que faire du cas par cas (erreur du rêve, des mathématiques).
Le mauvais génie a d’autre illustrations, chez Spinoza c’est un poète fou à l’origine du
dérèglement.

Les mises en cause des critères usuels de la vérité :


- Il faut une correspondance entre les propositions et la vérité des faits (l’herbe est
verte si c’est vrai)
- La vérité cohérence, est vrai ce qui est cohérent avec toutes les propositions vraies
(donc qui ne contredit pas)

Est-il possible d’avoir une vérité véritable alors que tout chose est perpétuellement instable ?
Est-ce que je peux imaginer être trompé lorsque j’aperçois mon corps ? Oui

2. LE COGITO

Je suis, voilà une proposition vraie à une condition. Le mauvais génie peut dérégler toute
pensée mais pas l’acte de penser en soi.

La première vérité n’est pas d’exister mais d’exister en tant que l’on pense ou d’être une
chose pensante. On n’existe pas parce que l’on est un être vivant qui respire mais parce que
l’on pense.

Si tout ce que je pense peut être faux, à quoi bon établir une vérité ? La proposition je ne
pense pas viendrait donc contredire le fait de penser, contradiction l’énoncé et l’acte
d’énoncer. Il n’y a aucun interstice pour une propriété possible. Cette propriété est qualifiée
de claire et distincte, le contenu de la pensée est intégralement explicité. Alors il n’y a aucune
source ; à chaque fois que je parle clairement et distinctement, donc intégralement explicité
alors j’aurais une justification complète et je serais vrai.

Le vrai est clair et distinct ; le clair et distinct est vrai. Au moins dans un cas alors c’est
vrai. Autrement dit, le faux ne peut jamais être clair et distinct.

L’exemple de la douleur : avec une douleur vive, on identifie absolument clairement que l’on
a mal. Il y a des cas où l’on ne peut pas savoir distinctement d’où vient la douleur. Je pense
donc je suis et cette pensée-là est extrêmement distincte.
Au cœur du dérèglement constant, on ne peut pas fonder d’autre vérité qu’à partir du cogito.
De la pensée « je pense » on ne tire jamais les mathématiques.

On n’est jamais trompé si on sait ce qui est clair et distinct. Si moi, j’ai un corps et qu’il y a
des choses en dehors de moi, est-ce que j’ai la certitude de l’établir dans les mathématiques ?
La réponse est non. On ne peut jamais avoir la même certitude du monde que dans les
sciences.

Il y a deux types de certitudes :


- Celles qui relèvent de justifications démonstratives : « fondationalistes ».

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Adrien Aventin

- Celles qui ne seront jamais susceptibles de démonstrations : morales.


Au début, Descartes se demande s’il a un argument pour se dire s’il n’est pas en train de
rêver.
Ce qui se passe dans le rêve n’a aucune continuité avec ce qu’il se passe lorsque l’on se
réveille.

Lorsque je vois quelque chose, ces pensées s’imposent à moi. Le fait d’avoir un certain
nombre de sensations attesterait du fait qu’il y a des choses en dehors de moi plutôt que des
choses en dehors de mon esprit.
3.

PARTIE IV : L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE

INTRODUCTION

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Adrien Aventin

INDEX
PARTIE I: L’ANTIQUITÉ
VII. LA SAGESSE DES PREMIERS PHILOSOPHE : HÉRACLITE
L’ORIGINE DE LA PHILOSOPHIE

 Thalès de Milet (VIIe – VIe s.)


 Les « présocratiques »
 Philosophes ou sophos ?

LA SOPHIA AVANT LES « PHILOSOPHES »

 Savoir, art, technique


 Accumulation de connaissances
 Sagesse pratique : les « sept sages »

HÉRACLITE D’HÉPHÈSE (VIe – VIe)


VIII. PYTHAGORE, LE PREMIER PHILOSOPHE

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