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Livre Blanc Entreprises Et Energie

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LES FOCUS

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

ENTREPRISES ET
ÉNERGIE
AUDITER PLUS POUR
ÉCONOMISER PLUS ?
août / 2016
SO
M
M
AI
SOMMAIRE
INTRODUCTION
DÉCRYPTAGE
RE 2
3
4
• L'AUDIT ÉNERGÉTIQUE DEVIENT OBLIGATOIRE POUR LES GRANDS ENTREPRISES 4
• AUDIT ÉNERGÉTIQUE : OÙ EN SONT LES ENTREPRISES ? 7
• AUDIT ÉNERGÉTIQUE : QUELS INVESTISSEMENTS SELON LES SECTEURS ? 9
• CLIMAT OU BUSINESS, UN CHOIX QUI REND LES ENTREPRISES SCHIZOPHRÈNES 11
EN VIDÉO : AUDITS ÉNERGÉTIQUES IN SITU 14
• EN VIDÉO : MÉTHODES POUR L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE DES PROCÉDÉS 14
INDUSTRIELS
POUR ALLER PLUS LOIN 16
• USINE DU FUTUR : LE DÉFI DE LA SOBRIÉTÉ 16
• QUEL RÔLE DONNER AU COÛT DE L’ÉNERGIE POUR LE MAINTIEN DE LA 18
COMPÉTITIVITÉ ?
• LES ENTREPRISES SE DÉMÈNENT POUR ÉCONOMISER DE L'EAU 20
INTRODUCTION
L'audit énergétique pour les entreprises de plus de 250 salariés est obligatoire d'ici au
05 décembre 2015. Décryptage des contraintes et des opportunités découlant de cette nouvelle
obligation.
LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

DÉCRYPTAGE

L'AUDIT ÉNERGÉTIQUE DEVIENT


OBLIGATOIRE POUR LES GRANDS
ENTREPRISES

D'ici le 5 décembre 2015, toute entreprise de plus ment les bâtiments, les procédés industriels et les activi-
de 250 salariés ou dont le chiffre d’affaires annuel tés de transport et couvre au moins 80 % du montant des
excède 50 millions d'euros et le total de bilan factures énergétiques acquittées par l’entreprise. Pour les
dépasse 43 millions d'euros, doit réaliser un premier audits réalisés avant le 5 décembre 2015, ce taux de cou-
audit énergétique de ses activités. Cette obligation verture peut toutefois être ramené à 65 %.
concernerait environ 5 000 entreprises en France. La loi prévoit néanmoins quelques dérogations. Par
Que dit la loi, sur quels postes porte cet audit et exemple, si les activités de l'entreprise sont couvertes
quelles sont les obligations des entreprises ? par un système de management de l’énergie certifié ISO
Cet audit énergétique réglementaire permettra aux entre- 14001, l’entreprise est exemptée de l’obligation de réali-
prises de mettre en évidence des gisements d’économies sation de l’audit énergétique. De même si elle est certifiée
d’énergie et de déterminer les actions et les investisse- ISO 50001, car cette norme impose déjà une amélioration
ments à réaliser pour diminuer leurs coûts énergétiques. Il continue de la performance énergétique.
les incitera ainsi à mettre en place une stratégie d’efficacité D'où vient cette loi ?
énergétique de leurs activités en France et sera renouvelé
par l'entreprise tous les 4 ans. Cet audit concerne notam- Le principe de l’audit énergétique obligatoire est prévu par
la directive européenne 2012/27/UE relative à l’efficacité

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

énergétique. Cette directive a été élaborée afin de déployer A l'opposé, si les investissements préconisés par l’audit
les efforts nécessaires à l’atteinte de l'objectif de réduction sont réalisés, le ministère de l'écologie estime que, selon
de 20 % de la consommation énergétique de l'Union Euro- la nature de l’activité, les économies peuvent atteindre
péenne à l'horizon 2020. Transposée en droit français par jusqu’à 30 %, et dépasser 50 % pour la part de la consom-
la loi n° 2013-619 du 16 juillet 2013, l’article 40 de la loi mation liée au bâtiment. Se conformer à la réglementation
insère dans le titre III du livre II du code de l’énergie un nou- serait donc la meilleure solution pour éviter les sanctions et
veau chapitre consacré à la performance énergétique des faire des économies, tout en améliorant la performance de
entreprises. Les 4 articles L233-1 à L233-4 constituent la son entreprise.
base législative de l’audit énergétique obligatoire et fixent
Qui peut réaliser ces audits ?
le régime de sanctions.
Les audits énergétiques devront être établis selon la
A cette base, il faut ajouter le décret n°2013-1121 du 4
méthode décrite par les normes européennes EN 16247
décembre 2013 relatif aux seuils au-delà desquels une
Parties 1 à 4. La norme NF EN 16247-1, publiée en 2012,
personne morale réalise un audit énergétique, le décret
instaure la méthodologie générale et les actions à mener
n°2014-1393 du 24 novembre 2014 relatif aux modalités
tout au long des étapes d'un audit énergétique. Les normes
d’application de l’audit énergétique et son Arrêté d'applica-
EN 16247-2 bâtiments, EN 16247-3 procédés industriels,
tion du 24 novembre 2014. Ces trois textes définissent les
EN 16247-4 transports, publiées en juillet 2014, exposent
conditions et modalités de réalisation de cet audit et son
quant à elles les modalités spécifiques au secteur d'activité
périmètre. Ils prévoient notamment les modalités d’exemp-
correspondant. Ces trois normes complètent la norme EN
tion en cas de système de management de l’énergie, le
16247-1, mais ne la remplacent pas. Pour une entreprise
périmètre et la méthodologie de l’audit, les modalités de
qui réalise ses activités de façon similaire dans différents
transmission des documents, les conditions de reconnais-
bâtiments, l'arrêté prévoit la possibilité de réaliser l'audit
sance de l’indépendance et de la compétence des audi-
sur un échantillon de ces bâtiments selon une procédure
teurs.
précisée dans son annexe I.
Réaliser un audit ou se faire sanctionner
Cet audit peut être mené par un prestataire externe ou par
Les actions d’économies d’énergie préconisées dans le du personnel interne à l'entreprise. Dans le premier cas, le
rapport d’audit sont classées de façon à prioriser les actions prestataire doit être titulaire d'un signe de qualité dans cha-
à mettre en place. Il hiérarchise ainsi les actions dont le cun des domaines dans lequel il réalise l'audit énergétique
temps de retour sur investissement est de moins d’un an, (bâtiments, procédés industriels ou transport) conforme à
entre un et quatre ans ou au-delà. L'Article L233-4 de la un référentiel d'exigences défini par la norme NF X 50-091
loi n° 2013-619 du 16 juillet 2013 prévoit des sanctions en et délivré par un organisme accrédité. Ces exigences sont
cas de non réalisation de l'audit ; l'autorité administrative complétées par des critères additionnels définis dans la
peut alors mettre l'intéressé en demeure de se conformer à partie 1 de l'annexe II de l'arrêté. Dans le second cas, le
ces obligations. « Lorsque l'intéressé ne se conforme pas, personnel interne ne doit pas participer directement à l'acti-
dans le délai fixé, à cette mise en demeure, l'autorité admi- vité soumise à l'audit sur le site concerné et doit respecter
nistrative peut lui infliger une amende dont le montant est les critères définis dans la partie 2 de l'annexe II de l'arrêté.
proportionné à la gravité du manquement, à sa situation, à
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
l'ampleur du dommage et aux avantages qui en sont tirés,
sans pouvoir excéder 2 % du chiffre d'affaires hors taxes du Et aussi dans lesressources documentaires :
dernier exercice clos, porté à 4 % en cas de nouvelle viola- • Management et ingénierie de l'innovation
tion de la même obligation », précise l'article en question. • Ingénierie et responsabilités

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TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

• Eco-conception
• Déployer l'innovation

27/05/2015

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

AUDIT ÉNERGÉTIQUE : OÙ EN SONT


LES ENTREPRISES ?
Une enquête réalisée pour Energy Time 2015 généralement pas à plein temps sur un seul dossier. Cette
confirme l'état d'esprit actuel des entreprises. durée dépend donc bien évidemment de la disponibilité de
L'enquête n'a porté que sur 90 répondants, l'auditeur, mais aussi de nombreux autres critères, tels que
participant à l'évènement Energy time - et donc déjà la complexité des process et la taille de l'entreprise. Le coût
sensbilisés à l'énergie-, mais elle permet de se faire de l'audit est également variable : entre 8 000 € et 35 000 €
une idée sur l'état d'avancement des audits. selon la complexité de l'entreprise et sa taille.

Sur les 90 entreprises interrogées, 65 % étaient concer- Mais l'audit peut coûter moins cher, car certains bureaux
nées par la nouvelle réglementation sur l'audit énergétique. de conseil proposent des audits gratuits, en cherchant à se
Parmi elles, 24 % l'avaient terminé, 60 % étaient en projet rémunérer sur des services associés : vente de matériel,
de réalisation et 16 % étaient en cours de réalisation. Parmi ingénierie de projet ou identification de certificats d'écono-
les entreprises concernées par l'audit énergétique, la majo- mie d'énergie. Mais attention, car « l'entreprise va forcé-
rité ne l'ont donc pas encore commencé à quelques mois ment avoir à faire à un auditeur qui va fortement orienter
de l'échéance du 5 décembre. Cela montre la récalcitrance ses préconisations en fonction du service associé qu'il va y
de certaines entreprises à lancer cet audit. avoir derrière, et donc pas forcément de manière indépen-
dante », prévient Julien Adam.
Lancer son audit au plus vite !
« Les auditeurs vont certainement être débordés par les
 « La majorité des entreprises savent qu'elles vont être
demandes des entreprises qui se réveilleront en septembre
contraintes de le réaliser avant la fin de l'année mais n'ont
et il sera très compliqué pour elles de finir l'audit pour le 5
pas commencé concrètement le travail », regrette Julien
décembre », prévoit l'expert. Les audits rendus avant le 5
Adam, chargé de Mission Maitrise de l'Energie à l'Asso-
décembre doivent couvrir 65% de la facture énergétique
ciation Technique Energie Environnement (ATEE). Et il
des entreprises, et 85% ensuite. « Le fait d'être en retard va
y a pourtant urgence à se mettre au travail, puisque ces
forcément entraîner un audit plus cher puisque le périmètre
audits requièrent plusieurs visites. Outre les bâtiments, ils
est plus large. C'est une sorte d'incitation aussi à ce que
intègrent le process industriel et jusqu’aux flottes de véhi-
les entreprises ne soient pas en retard », affirme-t-il. Notre
cules pour les salariés ou le transport des marchandises.
conseil est donc simple : lancez votre audit énergétique au
« Il faut compter au moins une semaine pour l'instrumen-
plus vite !
tation pour avoir une courbe de charge représentative »,
assure Julien Adam. Il faut ajouter à cela le temps de mise Il reste un dernier espoir pour les entreprises qui n'auront
en contact, la définition du périmètre, la rédaction du rap- pas fini leur audit au 5 décembre  La parution des décrets
port... et arrêtés a été assez tardive, ce qui a entraîné des retards
dans la qualification des auditeurs. L'administration pour-
Au final, si le cabinet ne facture qu'entre 10 et 30 jours de
rait tenir compte de ces retards et ne pas appliquer les
travail effectif d'ingénieur, il s'écoule généralement entre 2
sanctions immédiatement. Les entreprises prendront-elles
et 8 mois entre la prise de contact et la remise du rapport
tout de même le risque de payer une amende s'élevant à
final, selon le retour d'expérience de la société de conseil
2 % de leur chiffre d'affaire ? C'est à leurs risques et périls.
Optinergie. Car il faut rappeler qu'un auditeur ne travaille

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TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


Et aussi dans lesressources documentaires :
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27/05/2015

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

AUDIT ÉNERGÉTIQUE : QUELS


INVESTISSEMENTS SELON LES
SECTEURS ?
Dans les entreprises concernées par l'audit Les entreprises avec des procédés énergivores sensibles
énergétique réglementaire, on trouve un peu de tout. devraient d'ailleurs décider de faire leur audit en interne.
Certaines ont une culture de l'efficacité énergétique En revanche, dans d'autres secteurs cela peut être très
ancrée dans leur politique, d'autres moins. Pour différent. C'est notamment le cas de l'industrie agroali-
certaines, leur image en dépend, pour d'autres, il mentaire où il reste beaucoup d'améliorations à faire. Les
s'agit d'une simple contrainte supplémentaire qu'il usines de production utilisent différents procédés et néces-
faut balayer au plus bas prix. sitent un auditeurs aux compétences multiples. « Il y a de la
« Les entreprises qui ont un minimum de maturité du point production de vapeur, du froid, l'air comprimé, du séchage,
de vue maîtrise de l'énergie soit ont déjà fait leur audit éner- du gaz, de l'électricité... cela nécessite d'avoir toutes les
gétique soit savent exactement avec qui et quand elles vont compétences», analyse Julien Adam. « L'agroalimentaire
le faire », prévient Julien Adam, chargé de Mission Maitrise est moins mâture d'un point de vue efficacité énergétique
de l'Energie à l'Association Technique Energie Environne- qu'un producteur d'énergie ou un secteur de la chimie ou
ment (ATEE). « Les autres entreprises qui ne voient pas de la métallurgie», note-t-il. Elles auront donc davantage
l'intérêt vont essayer de s'y prendre au dernier moment recours à des auditeurs externes.
avec la prestation la moins chère possible », note-t-il. Dans le secteur de l'automobile et des transports, on trouve
Il est effectivement possible de distinguer les entreprises un peu de tout et les entreprises communiquent plus ou
qui considèrent l'audit énergétique comme un vrai levier moins. Par exemple, Renault communique volontiers sur
de performance, qui améliore la rentabilité des usines, des sa démarche et a centralisé la prise en compte de la direc-
entreprises récalcitrantes qui attendent le dernier moment. tive européenne en confiant le pilotage de la démarche au
Cela dépend essentiellement du secteur d'activité et de la responsable de la performance énergétique de ses usines
stratégie du groupe auquel l'entreprise appartient. Pour les véhicule. Le périmètre couvert par des audits internes ou
plus motivées, l'énergie peut être ressentie comme un vec- avec des partenaires extérieures est l’Europe entière, aussi
teur de communication, un levier de compétitivité et une bien pour les usines, les stocks, les bureaux, les centres
amélioration de son image. d’essai, que les succursales (réseau commercial). De son
côté, PSA communique moins, car cela correspond moins
Quels secteurs sont les plus volontaristes ?
à la stratégie de communication du groupe.
Globalement, les industries énergivores, telles que la
Pour la grande distribution, l'amélioration de l'efficacité
chimie, la métallurgie ou la papeterie, pour qui l'énergie est
énergétique peut également améliorer la rentabilité des
le poste de dépense majoritaire, s'intéressent depuis long-
entreprises. Carrefour a anticipé la loi en amont et est le
temps à l'efficacité énergétique. « Pour elles, cette obliga-
premier distributeur français certifié ISO 50001 depuis jan-
tion ne change pas grand chose, elle demande juste de
vier 2014. « L'audit énergétique est souvent la première
formaliser ce qu'ils ont déjà fait », remarque Julien Adam.
étape avant d'aller vers un système de management de

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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

l'énergie, relève Julien Adam. Pour les entreprises qui,


aujourd'hui, n'ont jamais fait d'audit, c'est un non sens d'al-
ler directement vers l'ISO50001 ». « Ce sont les entreprises
qui ont une certaine maturité sur la performance énergé-
tique, qui ont déjà fait des audits, qui connaissent déjà bien
leur consommation d'énergie et leur potentiel d'améliora-
tion qui vont en profiter pour mettre en place un système
de management de l'énergie et le faire certifier », prévient
l'expert. « Pour certaines entreprises qui ont un très grand
nombre de sites, cela peut être moins cher d'être ISO
50001 que de faire des audits énergétiques pour chaque
site », remarque-t-il également. Les grands distributeurs
qui n'ont pas encore mis leur démarche en avant devront
s'y mettre, ne serait-ce que pour se positionner face à leurs
concurrents.
Enfin, s'il y a des petites entreprises de tous secteurs qui
misent sur l'efficacité énergétique pour améliorer leur com-
pétitivité, pour certaines, l'énergie n'a jusqu'ici pas joué un
rôle important. « Certaines en profiteront pour faire un audit
sérieux, d'autres feront un audit à la va vite pour pas cher
», prévient Julien Adam. « Mais il est difficile de distinguer
des secteurs particuliers, cette situation est diffuse dans
tous les secteurs », garantit-il.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Et aussi dans les ressources documentaires :
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• Ingénierie et responsabilités
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• Déployer l'innovation

27/05/2015

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

CLIMAT OU BUSINESS, UN CHOIX


QUI REND LES ENTREPRISES
SCHIZOPHRÈNES
Les structures de lobbying groupées, comme le pour ces industries très gourmandes en énergie ; la chimie
Medef européen, tentent de faire ralentir l'UE sur penche milite donc pour l'exploitation du gaz de schiste.
les questions climatiques. Une situation qui devrait Les groupes de chimie se disent par ailleurs de fervents
faire réfléchir leurs membres, estime un rapport acteurs de la lutte contre le changement climatique.
universitaire. Dans une réponse à la Commission sur ses propositions
Elles disent être engagées pour la lutte contre le change- de paquet climat, CEFIC proposait ainsi une approche «
ment climatique, et le répètent à longueur de publicité et réaliste » à la question du changement climatique, dont
de rapports annuels. Mais dans le même temps, de nom- l’ambition soit conditionnée au partage de l’effort avec les
breuses entreprises européennes unissent leurs forces autres économies occidentales.
au sein de structures de lobbying dont les visées sur le Solvay et BASF sont par ailleurs membres du World Busi-
changement climatique s’avèrent opposées. ness Council for Sustainable Development, une organisa-
Le Policy Studies Institute, de l’université de Westmins- tion destinée à encourage les initiatives pour l’environne-
ter, s’est penché sur ce paradoxe, au travers d’un rapport ment.
publié le 30 mars. Contactés par EurActiv, ni Business Europe ni Cefic n'ont
Il ressort que 77 % des 500 plus grosses sociétés dans répondu sur ce sujet.
le monde sont membres de lobbys intéressés par le chan- Des modes d’influence bien huilés
gement climatique. Au sein de ces groupes d’intérêt, les
industries gourmandes en énergie, les lobbys des énergies L’institut s’est aussi penché sur les modes d’influence des
fossiles ainsi que Business Europe, le Medef européen, lobbyistes. Selon le rapport, un « lobbying efficace peut
tentent d’affaiblir le marché européen du carbone, mais représenter l’impact le plus important qu’une société aura
aussi les mesures d’efficacité énergétique ou le soutien sur le climat », en positif ou en négatif. Ainsi en 2013, l’in-
aux énergies renouvelables. dustrie chimique avait réuni ses PDG pour rencontrer le
commissaire européen au climat, et lui expliquer que l’ob-
Ainsi, Business Europe a tenté de s’opposer aux projets de jectif de réduction des émissions de CO2 de – 30 % d’ici
ranimation du marché du carbone ou backloading, comme 2030 accélérerait la désindustrialisation du continent. Des
le montre ce communiqué, plaidant pour une refonte plus termes qui ont été repris par Gunther Oettinger, qui était à
profonde et donc plus longue du système. l’époque commissaire à l’énergie, quelques jours plus tard.
Parmi les entreprises prises entre deux chaises, on Les groupes d’intérêt ont aussi recours à leurs membres
retrouve aussi BASF ou Solvay : les deux entreprises de qu’ils mandatent pour rencontrer les eurodéputés en local,
chimie membres du groupement défendant les intérêts ce qui influence leur position. Même si tous les eurodépu-
de la chimie, le CEFIC sont tiraillés entre plusieurs impé- tés n’ont pas le même poids sur les questions climatiques.
ratifs. Avoir accès à une énergie moins chère est crucial Selon un lobbyiste cité dans le rapport, seulement un

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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

dixième des eurodéputés connaît vraiment les enjeux, et


sur ce lot seuls un tiers ont une réelle influence.
Des conflits d’intérêts plus ou moins gérés
Plusieurs sociétés, sensibles aux paradoxes de leurs sou-
tiens, se sont récemment retirées d’organisations peu moti-
vées par l’environnement. A l’automne, Microsoft, Google,
Yahoo puis Facebook se sont retirés de l’American Legis-
lative Exchange Council (ALEC), qui est ouvertement
opposé aux énergies renouvelables. De même, Unilever
a quitté BASF en aout 2014, en raison de son positionne-
ment sur les questions environnementales.
Responsabilité des politiques
Ce conflit d’intérêt perpétuel ne s’arrête pas aux portes
des entreprises. La nouvelle Commission européenne
est elle-même en proie aux mêmes paradoxes dans son
projet d’Union de l’Energie.
Un programme censé concilier trois objectifs : réduction
des émissions de CO2, compétitivité des entreprises et
sécurité d’approvisionnement. Trois projets a priori contra-
dictoires. Le premier plaide pour le recours aux énergies
renouvelables, le second pour le charbon, et le troisième
pour des investissements massifs dans des gazoducs. Le
malaise des entreprises par rapport au climat reflète aussi
le manque de hiérarchie dans les priorités politiques de
l’UE entre ces trois contraintes.
Source : Euractiv
Et aussi dans l'actualité :
• Sécurité et gestion des risques
• Métier : responsable environement

16/04/2015

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

13
LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

EN VIDÉO : AUDITS ÉNERGÉTIQUES IN


SITU

EN VIDÉO : MÉTHODES POUR


L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE DES
PROCÉDÉS INDUSTRIELS
Revivez en vidéo la conférence du jeudi 19 • Eco-conception
novembre 2015 consacrée aux "méthodes pour • Déployer l'innovation
l’efficacité énergétique des procédés industriels",
présentée par Assaad Zoughaib (docteur en
énergétique, HDR– Responsable scientifique au CES 18/05/2015
Mines Paristech) et Karim Besbes, doctorant CIFRE
Mines ParisTech/EDF RetD.
Cette conférence comporte deux parties principales :
La première, présentée par Assaad Zoughaib, proposera
une méthodologie de conception et d’amélioration de
procédés industriels pour atteindre la haute efficacité
énergétique. Après avoir introduit quelques éléments de
contexte spécifiques à l’utilisation de l’énergie dans l’indus-
trie, le regard sera porté sur les différentes étapes de l’ana-
lyse énergétique allant de l’audit énergétique, des métho-
dologies d’analyse énergétique, jusqu’à la proposition de
solutions usuelles et/ou innovantes.
La seconde partie, présentée par Jérémie Fricker et Karim
Besbes, sera une mise en pratique de la démarche sur
un cas industriel réel. En effet, l’étude portera sur un pro-
cédé énergivore de l’industrie agroalimentaire. Nous ver-
rons comment l’analyse énergétique proposée a permis la
conception d’un procédé innovant. La réalisation et l’utili-
sation d’un prototype industriel a démontré des économies
d’énergie et d’eau considérables tout en respectant les exi-
gences de qualité du produit.
Voir la vidéo : https://www.youtube.com/
watch?v=uVAmFCWVPMo
Et aussi dans lesressources documentaires :
• Management et ingénierie de l'innovation
• Ingénierie et responsabilités

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

POUR ALLER PLUS LOIN

USINE DU FUTUR : LE DÉFI DE LA


SOBRIÉTÉ
L’usine du futur aura une meilleure efficacité ner des plans d’actions. Concrètement, ces aides à la déci-
énergétique. Pour aider cette mutation, l’ADEME agit sion prennent la forme d’un soutien financier entre 50 et
à plusieurs niveaux en accompagnant les industriels 70 % du montant de la prestation (qui s’élève en moyenne
à modifier leurs process. Plusieurs actions concrètes entre 10 000 et 20 000 euros). Si ces audits énergétiques
ont déjà été menées et d’autres sont en cours ! interviennent pour le moment sur la base du volontariat, à
partir de Décembre 2015, ils deviendront obligatoires pour
L’industrie consomme environ 20 % de l’énergie française
toutes les grandes entreprises, dans le cadre de la Direc-
et un tiers de l’électricité. Cela y représente donc un poste
tive Efficacité Energétique.
de dépenses important. Voici une bonne raison de s’y
intéresser pour booster leur compétitivité ! Pour ce faire, Enfin, l’ADEME agit dans le processus de gouvernance
l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie du système de Certificats d’économies d’énergie (CEE).
(ADEME) accompagne les entreprises à plusieurs niveaux. « Lorsque les industriels font des actions d’économies
Elle les aide notamment à réduire leurs consommations, d’énergie, pour certaines, elles peuvent les valoriser
à analyser la performance énergétique de leurs équipe- auprès des fournisseurs d’énergie qui ont des obligations
ments, à développer la récupération d’énergie fatale et à en matière d’économies d’énergie à faire chez eux ou chez
mettre en place des systèmes de production d’énergies d’autres consommateurs comme les industriels », précise
renouvelables. Sylvie Padilla. Par exemple, si un industriel met en place
un moteur performant ou un récupérateur de chaleur, une
Miser sur l’innovation et l’accompagnement
part de son investissement pourra être remboursée par le
L’ADEME soutient l’innovation des industriels notam- fournisseur d’énergie grâce à ces certificats. « Cela permet
ment grâce aux investissements d’avenir. Entre 2008 et de rendre plus facilement rentables les investissements en
2013, elle a également mené le programme ADEME-Total. matière d’efficacité énergétique », se félicite Sylvie Padilla.
L’ADEME et Total y ont soutenu la recherche en techno-
Concrètement, à quels postes s’intéresse-t-on ?
logies innovantes pour améliorer l’efficacité énergétique
pour un montant total de 43 millions d’euros. Début 2014, Les postes de consommation varient bien évidemment
environ 50 % des projets sont terminés et 5 technologies selon les industries. En 2010, l’industrie manufacturière
sont déjà disponibles sur le marché. Un nouvel appel à pro- française a consommé 120 TWh d’électricité et 311 TWh de
jet Recherche sur ces thématiques, porté uniquement par combustibles. Les postes de consommations électriques
l’ADEME, est envisagé d’ici l’automne 2014. majoritaires étaient les moteurs (69%), l’électrolyse (8%)
et l’éclairage (4%) Pour les combustibles, là encore, les
L’agence intervient aussi sur l’aide à la décision. « On aide
fours représentaient le poste le plus important (43 %) ; le
les entreprises à faire des diagnostics sur la performance
séchage, le traitement des matières premières et le chauf-
énergétique de leurs process industriels ou de leurs utili-
fage des locaux représentant respectivement 27 %, 11 % et
tés pour voir, par exemple, sur l’air comprimé et la vapeur
8 % des consommations.
quelles sont les marges de manœuvre », affirme Sylvie
Padilla, Responsable du service Entreprises et Eco-techno- Tous ces postes peuvent être optimisés. Par exemple,
logies de l’ADEME. Ces diagnostics permettent de détermi- selon l’ADEME, le potentiel d’économies d’énergie lié à l’air

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

comprimé, au froid, au réseau de vapeur et au pompage entre 20 et 30 %. Un plan d’actions est en cours de déploie-
peuvent être respectivement de 25 %, 20 %, 35 % et 40 % ment !
dans le cas théorique où il est possible d’investir dans la
Pour aller plus loin :
totalité des actions d’efficacité énergétique ! • Site de l’ADEME consacré aux économies d’énergie
De façon globale, selon le scénario prospectif de l’ADEME • Exemples de réalisations sur les procédés
sur la consommation d’énergie à l’horizon 2030 et 2050, • Exemples de réalisations sur les utilités
le potentiel de réduction des consommations énergétiques
industrielles sont d’environ 20 % d’ici 2030 par rapport à
2010. « Deux tiers de ces actions d’économies d’énergie
pourraient être faites par des technologies existantes d’effi- Et aussi dans les ressources documentaires :
cacité énergétique et un tiers par des approches innova- • Industrialisation des procédés  : défis et nouvelles
trices, comme l’a fait Bonduelle », confie Sylvie Padilla. approches
• Innovations en génie des procédés
Un exemple concret : Bonduelle, vers des usines « • Modélisation en génie des procédés
sobres » en énergie
Les usines du groupe Bonduelle produisent 24h/24 et 7
jours sur 7 des légumes sous diverses formes. L’énergie 26/05/2014
utilisée notamment pour stériliser et surgeler les produits
y est un poste de dépenses important. En 2010, Bonduelle
a ainsi consommé 317 GWh d’électricité et 436 GWh de
gaz pour préparer ses légumes. Elle a alors dépensé 38
millions d’euros pour le poste énergie, soit 10 % de son
prix de revient.
Pour une meilleure efficacité énergétique, Bonduelle a
engagé en 2009 le projet Usine Sobre, avec le support de
l’ADEME. Ce projet a permis de passer en revue les trois
technologies de transformation du légume du groupe : le
surgelé, la conserve et le frais élaboré (salades en sachets
ou barquettes plastiques). Dans ce contexte, Bonduelle a
mis en œuvre la méthode de l’Energie Minimale Requise
(E.M.R).
Cette méthode innovante évalue les besoins énergétiques
minimaux nécessaires à la transformation des légumes
pour les comparer à ce qui est concrètement mis en œuvre
dans les usines. Elle a permis d’identifier des optimisations
de procédé, des améliorations matures à installer et des
solutions innovantes à développer. Les résultats ont mon-
tré qu’il est théoriquement possible de réduire la consom-
mation de 60 % dans ses conserveries. L’entreprise estime
donc envisageable de réaliser des économies réalistes

17
LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

QUEL RÔLE DONNER AU COÛT DE


L’ÉNERGIE POUR LE MAINTIEN DE LA
COMPÉTITIVITÉ ?
Le prix de l'énergie peut-il réellement être avancé par pour rester compétitifs au plan international. « Ils sont très
les industriels pour justifier des délocalisations ? Quel exposés aux prix de l’énergie, ils sont dans une compéti-
est son rôle effectif dans la compétitivité des secteurs tion internationale et chaque unité est un cas particulier »,
industriels ? Comment certains Etats protègent- rappelle Pierre-Marie Abadie, Directeur de l’Energie au
ils leurs industriels ? Voici quelques questions ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de
auxquelles le débat BIP/ENERPRESSE du 15 janvier l'Énergie.
2013 a tenté de répondre avec des intervenants des
secteurs énergétique et industriel.
Exeltium est un consortium créé en 2006. Il regroupe 26
« Si on met en rapport le prix de l’électricité et la part de clients industriels pour lesquels l’électricité représente une
l’industrie dans l’économie, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de part importante de leur coûts de revient. Pour leur donner
corrélations directes. Ce n’est pas là où le prix de l’électri- une visibilité sur un prix de l’électricité à long-terme, le
cité est le plus bas que la part de l’industrie dans l’écono- principe est de pouvoir leur donner accès à une certaine
mie est la plus élevée », analyse d’entrée de jeu Robert capacité de production nucléaire. Ces « blocs de produc-
Durdilly, Président de l’Union Française de l'Électricité. Il tion nucléaire » leur permettent d’avoir un prix fixe, financé
y a donc d’autres facteurs que l’électricité qui justifient la par un investissement de départ, et un coût proportionnel,
taille du tissu industriel d’un pays. mais moins dépendant de la volatilité des prix des éner-
Sur le plan général, cette analyse est vraie. Toutefois, elle gies. Depuis 2010, le consortium achète 7,5 TWh d’électri-
n’est plus vérifiée pour cinq secteurs industriels français, cité par an sous cette forme à EDF, sur une consommation
dont la part de l’électricité représente plus de 10 % de la totale d’environ 30 TWh, pour un investissement initial de 2
valeur ajoutée. Il s’agit du papier, des métaux non ferreux, milliards d’euros.
de la chimie minérale, de la sidérurgie et de la cimente- « Dans tous les pays, les électro-intensifs font l’objet d’un
rie. On dénombre en France entre 50 et 70 sites qualifiés traitement spécifique pour permettre aux industriels de voir
d’électro-intensifs et 300 en Europe. Pour ces industries, il comment ils peuvent être compétitifs contre leurs concur-
existe une relation directe entre la compétitivité du prix de rents placés sur d’autres marchés », rappelle Jean-Pierre
l’électricité et la compétitivité du produit manufacturé. Par Roncato, Président d’Exeltium. À court-terme, des pays
exemple, l’énergie pèse pour 30 % des coûts de revient de peuvent, par exemple, favoriser l’accès de ces industriels
l’aluminium et peut monter jusqu’à 70 % pour le chlore. aux  transports, dans des conditions particulièrement avan-
Ces secteurs qui engendrent beaucoup d'emplois directs tageuses. Pour donner la visibilité de long-terme, les pays
et indirects sont soumis à une compétition internationale, peuvent aussi donner des accès privilégiés à un poten-
qui présente des modes de fonctionnement de marchés tiel de production local, favorable en matière de coûts de
très différents. Ils financent des investissements lourds, qui production de l’électricité. Cela pourra être l’hydraulique
nécessitent une visibilité à long-terme pour les décider et au Brésil, le nucléaire en France, le charbon ou le gaz en

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

Chine ou au Qatar. être positionné au mieux au moment où l’on aura à être au


rendez-vous du défi climatique, de la rareté des énergies
Dans le cadre du débat sur la transition énergétique, il faut
fossiles et la nécessité de les focaliser là où elles sont non
donc en permanence veiller à ce que ce différentiel de com-
substituables », prévoit-il. Un enjeu primordial est d’arriver
pétitivité soit au moins préservé, voire accentué si possible.
à industrialiser les technologies d’énergies renouvelables
L’approche dans tous les groupes de travail doit mettre au
les plus prometteuses à l’horizon 2050.
centre les questions de coûts et d’impacts sur l’économie.
«  Cette transition énergétique ne sera réussie que si elle La compétitivité macro-économique est liée au prix de
maintient la compétitivité de la France en matière de prix de l’énergie. Elle a des impacts majeurs sur le pouvoir d’achat,
l’électricité et prix de l’énergie en général », prévoit Robert sur le revenu des entreprises et sur la compétitivité relative.
Durdilly. Elle doit permettre de faire les choix les plus efficients pour
le respect des objectifs de long-terme.
La compétitivité micro-économique vise quant à elle à faire
de l’énergie un projet industriel français et européen. L’ap-
En France, la facture d'un industriel est aujourd'hui très proche doit se faire filière par filière en évaluant les techno-
régulée au titre de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire logies selon les critères suivants  : potentiel en termes de
Historique (Arenh), du Tarif d'Utilisation des Réseaux puissance, de coûts et de maturité, impacts environnemen-
Publics (TURP) et des taxes. L’Arenh va évoluer en 2015. taux des conflits d'usage et prise en compte de la chaîne
«  Entre aujourd’hui et 2015, la part de la régulation de de valeur de chacune des filières. Par exemple, avec l’éo-
l’Arenh pour les entreprises va évoluer à la hausse  ; il y lienne offshore, 50 % de la chaîne de valeur reste forcé-
aura statistiquement toujours plus de volumes d’électricité ment en France. Avec les appels d’offres actuels, on peut
régulés par l’Arenh et toujours moins de volumes achetés se rapprocher des 100 %. Pour le photovoltaïque terrestre,
sur les marchés », révèle Pierre-Marie Abadie. cela reste cependant plus compliqué.
Si l’on ne sait pas encore comment ce prix va évoluer dans Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
les prochaines années, « à supposer qu’il évolue à l’infla-
tion et compte-tenu de ces volumes en augmentation pour
les industriels […], le prix va peu évoluer au titre de l’éner- 05/02/2013
gie », précise-t-il. Cela donne donc une certaine visibilité
aux industriels.

La compétitivité est au cœur du débat sur la transition éner-


gétique. Pierre-Marie Abadie souhaite toutefois différencier
3 types de compétitivité. On retrouve donc la compétitivité
à long-terme, celle sur une dimension macroéconomique
et celle sur une dimension microéconomique. La compéti-
tivité de long-terme vise à décarboner l’énergie au-delà de
l'électricité (qui ne représente que 22 % de l’énergie finale
utilisée en France), obtenir une sécurité d’approvisionne-
ment en  énergies fossiles et répondre au défi climatique.
«  Commencer au plus tôt  la transition énergétique, c'est

19
LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

LES ENTREPRISES SE DÉMÈNENT


POUR ÉCONOMISER DE L'EAU
De la production d'aliments pour animaux au d'eau potable et bien sûr, en Europe occidentale, cette
traitement des eaux usées, les entreprises n'ont pas consommation est coûteuse", a expliqué à EurActiv Tho-
manqué d'imagination lors de la Semaine verte à mas Gaartz, ingénieur senior d'une filiale de Mars à Ver-
Bruxelles pour trouver des idées visant à utiliser l'eau den, en Allemagne.
de manière plus efficace. La stérilisation thermique des conteneurs d'aliments pour
Le monde est confronté à la raréfaction de l'eau douce et animaux doit être effectuée à une température supérieure
traverse une période de stagnation en matière de producti- à 120 °C. Traditionnellement, l'eau douce était utilisée pour
vité, que ce soit pour réparer des fuites domestiques ou pour chaque lot puis rejetée dans les égouts. La technique de
diminuer le gaspillage dans le milieu industriel. Ce sont les conservation ou de récupération de l'eau ("recowater") de
conclusions des experts de la société d'études McKinsey, Mars utilise des rayons ultraviolets pour purifier les eaux
qui prévoient une diminution des réserves d’eau douce de usées et les réinjecter dans les chambres de stérilisation,
40 % en 20 ans si aucune mesure radicale n’est prise pour a expliqué M. Gaartz. Ce recyclage a diminué de 95 % les
améliorer l'efficacité agricole, industrielle et domestique. rejets d'eaux usées et permis de réduire la consommation
et le traitement de l'eau, pour des économies d'environ 300
Sous la pression de la hausse des prix et par crainte d'une
000 euros par an dans l'usine de Verden. Ces recherches
pénurie, certaines entreprises vont de l'avant pour aboutir
ont été financées par le programme-cadre de l'UE pour l'in-
à une meilleure efficacité. Selon une étude financée par la
novation et la compétitivité, un fonds de 200 millions d'eu-
Commission européenne, l'UE pourrait rendre son utilisa-
ros visant à promouvoir la technologie et l'efficacité dans le
tion de l'eau environ 40 % plus efficace, uniquement par le
processus de production sur la période 2008-2013.
biais d’améliorations techniques. Les décideurs politiques
ont également invité les entreprises à prendre des initia- Plans de conservation
tives. Face à la raréfaction grandissante de l'eau, ils envi- À l'instar de Mars, Dow Chemical exploite sa propre tech-
sagent la possibilité de réguler la consommation d'eau de nologie de traitement et de purification de l'eau afin d'inves-
l'industrie et de l'agriculture. tir dans la fabrication de produits chimiques et plastiques
Aliments pour animaux plus efficaces en termes d'utilisation des ressources. " La
durabilité et la rentabilité ne sont pas des objectifs antago-
L'une des initiatives financées par l'Union européenne
nistes" selon Ilham Kadri, la directrice générale des maté-
consiste à réduire radicalement le gaspillage d'eau entraîné
riaux avancés chez Dow à Dubaï. Elle a accordé un entre-
par le processus de stérilisation des aliments pour animaux.
tien à EurActiv en amont de son discours à l'occasion de la
Un projet pilote du département animalier de l'entreprise
semaine verte à Bruxelles.
alimentaire Mars a démontré que de nouvelles techniques
de stérilisation des aliments permettaient de réduire la "La gestion de l'eau n'est pas qu'une question économique,
consommation d'eau. L'entreprise projette d'étendre ces il s'agit également de la sécurité de l'approvisionnement."
méthodes testées en Allemagne à d'autres pays où elle Dow assure avoir réduit sa consommation d'eau publique
est implantée, à savoir la Grande-Bretagne, la France et dans l'un de ses plus grands complexes industriels à Ter-
la Lituanie. "Cela implique une consommation importante neuzen aux Pays-Bas, en récupérant les eaux usées des

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ENTREPRISES ET ÉNERGIE

communautés voisines pour les traiter et les utiliser à des (European Water Partnership) afin de promouvoir la conser-
fins industrielles. Mme Kadri a souligné que d'autres entre- vation et l’efficacité. L'étude de McKinsey souligne qu'avec
prises pétrochimiques étaient intéressées par ce proces- les niveaux de consommation actuels, la demande agri-
sus et que Dow comptait partager cette technique avec des cole pourrait à elle seule dépasser les surfaces durables
usines en Espagne, en Chine et dans d'autres régions. Ce disponibles pour l'approvisionnement d'ici 2030. De plus,
projet, résultant de la coopération entre le gouvernement pendant cette même période, la demande alimentaire et
local et l'entreprise, est un modèle de coopération public- intérieure devrait augmenter. Aujourd'hui, les marchés
privé qui pourrait fonctionner ailleurs en Europe, soutient la émergents et les pays en développement sont plus que
directrice. "Nous véhiculerons un message bleu pendant la jamais confrontés à un écart grandissant entre les besoins
semaine verte", a-t-elle déclaré aux organisateurs de cet de l'Homme et les ressources en eau disponibles.
événement européen qui porte cette année sur le thème de
Cette étude intitulée "Charting on water future" a été publiée
la conservation de l'eau.
l'année dernière lors de la semaine verte à Bruxelles. Cette
Elle a ajouté que les décideurs politiques à Bruxelles année, la raréfaction de l'eau est également au programme
devraient promouvoir les partenariats public-privé dans de la semaine verte qui prendra fin vendredi.
le domaine de la conservation, surtout en période de res-
Source : EurActiv.fr
trictions financières et d'austérité gouvernementale. Le
recyclage de l'eau présente un avantage supplémentaire :
la diminution des exigences de traitement des eaux à 04/07/2012
Terneuzen permet de réduire de 65 % la consommation
d'énergie pour la purification de l'eau, affirme l'entreprise.
De même, M. Gaartz a ajouté que la technique de stérilisa-
tion de Mars permettait de réduire la consommation d'éner-
gie en limitant la demande de traitement des eaux usées.
Moins d'eau dans les boissons
D'autres entreprises s'inquiètent de la sécurité des res-
sources et de la compétitivité des coûts pour la conserva-
tion de l'eau, que ce soit pour réparer des fuites dans les
toilettes ou pour réutiliser l'eau de l'industrie pour le lavage
ou l'arrosage. Coca-Cola Europe vise à réduire de 20 %
sa consommation d'eau par le biais de nouvelles tech-
nologies et de mesures de conservation. Une canette de
Coca-Cola contient 96 % d'eau et l'entreprise utilise 294
millions de mètres cubes d'eau douce par an, soit trois fois
le volume d'eau consommé par la ville de Londres, selon le
programme de responsabilité environnementale de la mul-
tinationale.
Le géant de la boisson gazeuse est l'une des multinatio-
nales qui a rejoint le programme European Water Steward-
ship lancé en 2010 par le partenariat européen pour l'eau

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