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Risques Chimiques Lié Aux Activités de Nettoyage

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FICHES PRATIQUES

Risque chimique lié


aux activités de nettoyage

Les activités de nettoyage, nécessaires au bon fonctionnement de toutes les entreprises, nécessitent l’utilisation de produits chimiques
spécifiques. Utilisés sans précaution, certains de ces produits peuvent impacter la santé et la sécurité des utilisateurs.

Ce document, élaboré dans le cadre du Plan Régional de Santé au Travail 2016-2020 des Pays de la Loire (PRST3), vise à aider les
entreprises concernées à la mise en place d’actions de prévention adaptées. Il se présente sous la forme de huit fiches pratiques :

1. Les familles de produits


2. Savoir identifier les produits de nettoyage dangereux
3. Les effets sur la santé

Maquette : Natasha COLEY (GIST44), Gaëtan BIGNON (ST72) - Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021
4. Retours d’expérience de situations accidentelles
5. Les bonnes pratiques
6. Stockage et reconditionnement des produits
7. Équipements de protection individuelle
8. Mesures d’hygiène

Un film d’animation pédagogique, adapté à la formation des salariés concernés par ce risque chimique, complète ce document.
L’ensemble est téléchargeable sur les sites du PRST3 (https://www.prst-pdl.fr/) et des partenaires.

Ont contribué à la réalisation de ces travaux :

Catherine BARAT (Hygiéniste industrielle, PRESANSE Pays de la Loire)


Bruno BAUMANN (Ingénieur en risque chimique, GIST)
Jonathan GIRARD (Conseiller en prévention, SSTRN)
Rodolphe LEBRETON (Ingénieur Conseil, CARSAT Pays de la Loire)
Grégory MENEC (Ingénieur Prévention, DIRECCTE Pays de la Loire)
Éric PORTANGUEN (Ingénieur Hygiène et sécurité, ST72)
Patrick SCHLINDWEIN (Médecin du travail, SSTRN)
Amélie VERARDO (Médecin du travail, SSTRN)
1 LES FAMILLES DE PRODUITS
les usages
Les métiers de la propreté utilisent de nombreux produits chimiques dont la fonction est de nettoyer ou de désinfecter des surfaces.
Certains produits présentent la double propriété détergente et désinfectante avec un pouvoir nettoyant moindre qu’un détergent simple.

Les détergents utilisés lors des opérations de nettoyage visent à éliminer les souillures et les salissures. Le choix d’un détergent
dépend de la nature des salissures. Les matières organiques sont nettoyées avec des produits alcalins et les matières minérales avec des
produits acides. L’efficacité dégraissante et décapante du détergent augmente donc avec son caractère alcalin alors que son efficacité
désincrustante et détartrante augmente avec son caractère acide. Dans de nombreuses situations, des produits multi-usages, de nature
moins agressive, suffisent à l’action de nettoyage.

Décapant et déboucheur : décapant four


ALCALINS

14

Types de salissures
13
12

Dégraissant : produit lave-vaisselle, Salissures organiques : graisse, aliments, urine,


11

lessive, cristaux de soude selles, salive, goudron, peintures, résine, colle…


10

Salissures minérales : calcaire et tartre, ciment,


ZONE DE MOINDRE

rouille, sel…
DANGER

Multi-usages : produits vitres, liquide


vaisselle, multi-surfaces
7
6
5

Désincrustant : vinaigre, citron, acide


Corrosif : le produit peut ronger la peau
4

citrique, acide acétique (5-8%)


et les matériaux
3
ACIDES

Détartrant : gels pour sanitaires Nocif ou irritant : le produit peut altérer


1

la santé ou la couche d’ozone.

Les opérations de nettoyage peuvent être suivies par des opérations de désinfection afin d’éliminer des micro-organismes indésirables.
Pour cela, on utilise des désinfectants contenant au moins un principe actif aux propriétés biocides. La désinfection peut concerner les
surfaces alimentaires, les dispositifs médicaux et les sols.

leurs compositions
Les détergents sont constitués d’une base lavante appelée tensioactif et de divers adjuvants visant à augmenter leur efficacité : anticalcaires,
agents de blanchiment, solvants, acides ou bases, conservateurs et parfums. Les tensioactifs sont d’origine naturelle (savons végétaux) ou
synthétique (dérivés du pétrole).

Les désinfectants sont composés d’un principe actif appelé biocide et de divers adjuvants. Parmi les substances biocides on peut citer l’eau
de javel, les isothiazolinones, les ammoniums quaternaires et le chlorhydrate de polyhexaméthylène biguanide (ou PHMB).

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021- Crédits photo : © Adobestock.com
2 SAVOIR IDENTIFIER LES PRODUITS DE
NETTOYAGE DANGEREUX
La majorité des produits d’entretien utilisés dans le domaine du nettoyage présente des dangers dus à leurs propriétés physico-chimiques
et à la toxicité de leurs composants. Ces dangers sont repérables grâce aux pictogrammes et aux mentions de dangers lisibles
sur l’étiquetage de l’emballage.

les étiquettes
L‘étiquette est la première source d’information sur les dangers DÉTERGENT base JAVEL NOM-FOURNISSEUR
concentré
des produits chimiques.
ADRESSE FOURNISSEUR

Composition :
hypochlorite de sodium - CAS: 7681-52-9

Elle doit comporter des éléments d’informations obligatoires : hydroxyde de sodium - CAS: 1310-73-2

» l’identification du produit et du fournisseur, Danger

» les pictogrammes symbolisant les dangers présents, H290 - Peut être corrosif pour les métaux.
H314 - Provoque de graves brûlures de la

» des mentions de dangers précisant la nature des dangers, peau et de graves lésions des yeux.
H318 - Provoque de graves lésions des
yeux.

» une mention d’avertissement, H410 - Très toxique pour les organismes


aquatiques, entraîne des effets à long
terme.

» des conseils de prudence pour l’utilisation du produit. En cas de consultation d’un médecin,
garder à disposition le récipient ou
l’étiquette. Tenir hors de portée des
enfants. Lire l’étiquette avant utilisation.
Ne pas respirer les poussières/fumées/
gaz/brouillards/vapeurs/aérosols. Éviter
le rejet dans l’environnement. Porter des
gants de protection/un équipement de
protection des yeux/du visage.

les principaux dangers des produits de nettoyage


Dans le cadre du PRST3 Pays de la Loire (2016-2020), l’analyse des fiches de données de sécurité (FDS) de plus de 1200 produits montre
qu’ils sont principalement corrosifs, irritants et sensibilisants.

% produits par type de danger


27%

23%

18%
15%

8%
5%
4%

corrosif corrosif irritant irritant sensibilisant sensibilisant irritant


oculaire cutané oculaire cutané cutané respiratoire respiratoire

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021 - Crédits photo : © Adobestock.com
2 SAVOIR IDENTIFIER LES PRODUITS DE
NETTOYAGE DANGEREUX
Les produits corrosifs
Les produits corrosifs sont des produits agressifs. Ils rongent ou corrodent les matériaux et peuvent également provoquer des brûlures de
la peau et des yeux en cas de contact ou de projection. Sauf exception, ces produits présentent des pH inférieurs à 2 ou supérieurs à 11,5.

H314 : provoque des brulures de la peau et des H315 : provoque une irritation cutanée
lésions oculaires graves H319 : provoque une sévère irritation des yeux
H318 : provoque des lésions oculaires graves H335 : peut irriter les voies respiratoires

Par simple dilution, des produits corrosifs peuvent devenir des produits irritants.
Le risque ne disparait pas, mais est atténué.

Les produits sensibilisants


Les produits sensibilisants peuvent être à l’origine d’allergies cutanées ou respiratoires (rhinite et/ou asthme).

H334 : Peut provoquer des symptômes


allergiques ou des difficultés respiratoires par H317 : Peut provoquer une allergie cutanée
inhalation

La mention de danger EUH208 informe les personnes présentant un terrain allergique de la présence de substances sensibilisantes dans le
produit à des concentrations très faibles. Exemple : EUH 208 Contient Limonène. Peut produire une réaction allergique.

Les produits de nettoyages peuvent également présenter les dangers suivants :

H312 : Nocif par contact cutané H222 à H226 : aérosols, liquides et vapeurs
H332 : Nocif par inhalation inflammables, très inflammables ou
H336 : Peut provoquer somnolence ou vertige extrêmement inflammables.

H400 – H410 – H411 : toxique ou très toxique


H280 : contient un gaz sous pression ; peut
pour les organismes aquatiques pouvant
exploser sous l’effet de la chaleur.
entrainer des effets néfastes à long terme.

Ils peuvent être à l’origine de réactions dangereuses :


» Le mélange d’hypochlorites alcalins (eau de javel) et de produits acides (détartrant WC) provoque un dégagement de chlore qui peut
être à l’origine de troubles respiratoires plus ou moins graves. Ce danger est identifiable par la mention EUH 031 - Au contact d’un acide
dégage un gaz toxique.
» Le mélange de produits acides (les détartrants) et de produits basiques (les décapants) génère une réaction chimique dégageant de la
chaleur pouvant dans certaines circonstances provoquer des projections dangereuses.
» Dans le secteur industriel agroalimentaire, les métaux peuvent être attaqués, corrodés par des solutions acides et dégager de l’hydrogène
(explosif et inflammable).
Ne pas mélanger des produits en espérant avoir une efficacité accrue.

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2 SAVOIR IDENTIFIER LES PRODUITS DE
NETTOYAGE DANGEREUX
la fiche de données de sécurité (FDS)
La Fiche de Données de Sécurité (FDS) est un document obligatoire permettant aux fournisseurs de produits chimiques dangereux de
communiquer aux entreprises utilisatrices :
» Les éléments relatifs aux dangers (rubriques 2 et 3) et aux propriétés physico-chimiques des produits (rubrique 9).
» Les indications relatives aux moyens de protection et de prévention à mettre en œuvre et aux mesures à prendre en cas d’urgence
(rubriques 7 et 8).

La FDS permet à l’employeur d’identifier les dangers des produits chimiques dangereux présents sur le lieu de travail et d’évaluer les
risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. Elle est utilisée pour informer et former le personnel sur les risques liés à l’utilisation
des produits et pour élaborer les notices de poste. Elles doivent être accessibles aux utilisateurs.

Pensez à vérifier que vos fournisseurs vous ont bien adressé


la dernière version des FDS des produits chimiques utilisés.

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3 LES EFFETS SUR LA SANTÉ
comment peut-on être exposé aux produits chimiques ?
L’exposition aux produits chimiques se fait par :
» Voie respiratoire (inhalation d’aérosols, de détergents solvantés, de produits utilisés avec de l’eau
chaude).
» Voie cutanée par contact direct (avec des lingettes, éponges, serpillères imprégnées) ou
par projections (lors des opérations de dilution, de transvasement des produits, de pulvérisation…).
» Voie digestive (ingestion accidentelle).

les effets sur la peau


Brûlures chimiques : elles sont la conséquence d’un contact de la peau ou des muqueuses avec un produit corrosif pouvant laisser de
graves séquelles, notamment au niveau des yeux. Les produits alcalins, plus pénétrants, engendrent des lésions plus sévères que les
acides. La prise en charge doit être immédiate (voir fiche «Conduite à tenir»).

Échelle de pH Cas de brûlure chimique

ZONE DE MOINDRE
ACIDES ALCALINS
DANGER

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

Brûlure par contact avec un


Détartrant Désincrustant Multi-usages Dégraissant Décapant produit alcalin contenant de
l’hydroxyde de sodium et un
ammonium quaternaire.

Irritations cutanées : les dermites irritantes de contact peuvent se manifester dès le premier contact avec le produit chimique. On
estime que 10 à 20% des agents d’entretien sont concernés par ce risque. Les produits irritants peuvent contenir des alcools éthoxylés
ou des ammoniums quaternaires (chlorure de benzalkonium, chlorure de didécyldiméthylammonium). Ces produits irritants, en réduisant
l’action protectrice de la peau, favorisent l’apparition d’allergies en cas de contact avec des substances sensibilisantes (allergisantes).

Allergies cutanées : les dermites allergiques de contact peuvent se manifester quelques jours ou quelques mois après un seul
contact ou des contacts répétés avec des substances sensibilisantes. Ces substances sont principalement des biocides et des parfums
contenus dans les savons et les détergents.

Parmi les biocides impliqués, on retrouve le plus souvent les isothiazolinones (méthylisothiazolinone (MIT), chlorométhylisothiazolinone
(CMIT), mélange MIT/CMIT et benzisothiazolinone (BIT). Les biguanides (PHMB) souvent retrouvés dans les produits de nettoyage présentent
un caractère allergisant moindre.
Concernant les parfums, on peut notamment citer le d-limonène, le linalol et le cinnamal, allergisants les plus rencontrés.

Les gants en caoutchouc sont possiblement à l’origine d’allergies cutanées du fait de la présence de latex (caoutchouc naturel) et de
nombreux additifs (accélérateurs de vulcanisation : thiurams mercaptobenzothiazole). Notons que les gants en caoutchouc de synthèse
(ex : nitrile, néoprène), bien que ne contenant pas de latex, peuvent contenir des agents de vulcanisation possiblement allergisants.

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3 LES EFFETS SUR LA SANTÉ
Cas d’allergie aux biocides Cas d’allergie aux parfums Cas d’allergie aux gants

Allergie aux Isothiazolinones chez un agent Test cutané positif aux parfums chez un Agent Hospitalier portant des gants en néoprène certifiés sans
hospitalier se lavant très souvent les mains agent de restauration Thiurames, mais contenant des Dithiocarbamates allergisants et
au savon et utilisant des détergents. (Fragance Mix 2). très proches chimiquement des thirames.

© Photos issues de cas cliniques de la consultation de pathologie professionnelle de Nantes (Dr Tripodi).

les effets sur les voies respiratoires


Les rhinites et asthmes : souvent une rhinite allergique est associée à un asthme avec présence de toux et de difficultés respiratoires
rythmées ou aggravées par le travail. Le secteur du nettoyage est le troisième secteur d’activité le plus concerné après l’industrie
agroalimentaire et le secteur de la santé. Les rhinites peuvent aussi être irritatives.

On retrouve les sensibilisants respiratoires dans de nombreux produits de la famille des détartrants sanitaires, des désinfectants, des
dégraissants, des détergents et des cires. Parmi les substances concernées, on peut citer :
» Les amines aliphatiques (EDTA notamment) ;
» Les ammoniums quaternaires ;
» Les isothiazolinones ;
» Les aldéhydes (glutaraldéhyde) ;
» Les enzymes (alpha-amylase, subtilisine) dans les lessives en poudre.

L’utilisation de produits volatils ou Facteurs aggravants :


par pulvérisation (spray - aérosol) » Empoussièrement
et en milieu confiné augmente le » Tabagisme
risque de manière importante. » Pollution

PLUS RAREMENT
» Bronchites chroniques (bronchopneumopathie chronique obstructive : BPCO) en cas d’exposition répétée et prolongée à des sprays
désinfectants, des amines, des parfums... (aggravé par le tabagisme).
» Asphyxies (6 accidents du travail déclarés en 2016 dans le secteur) dans le cas de travaux en milieu confiné avec manque de ventilation.
» Syndrome de Brooks (Syndrome de dysfonction réactive des voies aériennes) ou « asthmes induits par les irritants » à
la suite d’une exposition massive à un irritant (acide ou base sous forme de gaz ou vapeur), entrainant une destruction de
l’épithélium bronchique et des réactions inflammatoires intenses pouvant aller jusqu’à une insuffisance respiratoire aigüe.
Irritants en cause :
- Chlore si mélange eau de javel + acide détartrant
- Chloramine si mélange eau de javel + ammoniaque
- Hydroxyde de sodium pulvérisé dans un four
- Acide phosphorique

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3 LES EFFETS SUR LA SANTÉ
MAIS AUSSI
» Syndrome d’intolérance aux odeurs chimiques ou SIOC : Très rare, mais très invalidant, il s’agit d’une pathologie d’évolution
chronique regroupant des symptômes subjectifs multiples, sans anomalie clinique objective, liée à des expositions chimiques et/ou
environnementales habituellement non nocives (ex : parfum d’ambiance, détergents, eau de javel…).
» Substances CMR (Cancérogènes, Mutagènes, Toxiques pour la Reproduction) : substances peu ou pas présentes dans le secteur
du nettoyage, certaines comme les éthers de glycol de la série E et le formaldéhyde ayant été substituées. Notons la présence possible
du polyhexaméthylène biguanide (PHMB) classé cancérogène de catégorie 2 (H351) dans certains biocides.
» Perturbation du système endocrinien : depuis quelques années, la problématique des substances chimiques perturbatrices
endocriniennes est présente dans le débat public. A l’heure actuelle, aucun étiquetage réglementaire ne permet de les identifier. La
consultation de bases de données permet cependant de repérer certaines substances préoccupantes (liste SIN « substitute it now » et
liste des substances prioritaires de la commission européenne).

Dans le cadre du PRST 3 des Pays de la Loire, l’analyse de la composition de près de 1200 produits de nettoyage a permis de repérer
8 substances possiblement perturbatrices du système endocrinien dans 11 références commerciales.
Les substances concernées, souvent en proportion inférieure à 1% (poids) sont listées ci-dessous :
- HHCB (parfum), (CAS 1222-05-5)
- Triclosan (biocide), (CAS 3380-34-5)
- Nonylphenol (détergent), (CAS 68412-54-4)
- Butylated hydroxytoluene (BHT) (alkykphenol /détergent), (cas 128-37-0)
- Tonalide (parfum), (CAS 1506-02-1)
- O-phénylphenol (biocide), (CAS 90-43-7)
- Diethylphtalate (plastifiant), (CAS 84-66-2)
- N-hexane (solvant), (CAS 110-54-3)

que faire en cas de contact d’un produit corrosif


avec la peau ou les yeux ?

Enlever les vêtements et les chaussures imprégnées.

Refroidir immédiatement la zone atteinte avec de l’eau tempérée (robinet ou douche) durant 20 minutes au minimum ou
jusqu’à l’arrivée des secours pour des brûlures étendues.

Appeler le 112 pour avis et transfert vers les urgences pour consultation médicale.

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4 RETOURS D’EXPÉRIENCES DE SITUATIONS
ACCIDENTELLES
Ces exemples d’accidents, tirés de situations de travail réelles, permettent d’identifier les multiples facteurs de risque et de proposer des
pistes de prévention.

premier cas :
intoxication collective dans une entreprise de transformation de viande
Contexte
Suite à l’intervention de nuit de l’entreprise sous-traitante de nettoyage, la présence anormale de mousse dans l’atelier de découpe de
poulets a été détectée par l’équipe du matin.

Conséquences
Les salariés ont senti de fortes odeurs chlorées, suivies d’une irritation des yeux et des voies
respiratoires. L’atelier de 120 salariés a dû être évacué. 4 personnes ont été hospitalisées pour
des examens. L’ensemble de la production au moment des faits a été retiré du marché.

Causes
Une des hypothèses est la formation de chloramines par action du chlore sur des déchets
organiques non évacués possiblement favorisée par des dysfonctionnements liés à l’organisation
du travail : mode dégradé, temps d’intervention réduit, surdosage de produits…

deuxième cas :
brûlures chimiques dans une grande enseigne de supermarché
Contexte
Au rayon boulangerie d’une enseigne de la grande distribution, un salarié récemment employé est affecté à la mise en rayon, la vente et au
nettoyage du rayon. Suite à la panne d’une centrale de dilution, il a réalisé manuellement le dosage d’un dégraissant corrosif (pH > 12) à
base d’hydroxyde de soude puis après application de la serpillère, il a pratiqué trois essorages sans gants.

Conséquences
Le salarié a été victime de brûlures du premier et second degré, aux mains et aux poignets.

Causes
Cet accident trouve son origine dans l’insuffisance d’information et de formation du salarié
à la sécurité face à une situation de travail dégradée : panne de la centrale de dilution ayant
conduit à l’utilisation d’un produit concentré et sans équipements de protection individuelle.

Actions de prévention
Le produit corrosif a été substitué par un produit irritant moins dangereux. La centrale de dilution a été réparée. Une formation à l’utilisation
des produits a été réalisée. Les EPI adaptés ont été mis à disposition.

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4 RETOURS D’EXPÉRIENCES DE SITUATIONS
ACCIDENTELLES
troisième cas :
brûlure chimique à la piscine
Contexte
Un agent chargé du nettoyage des locaux d’une piscine remplit les pulvérisateurs de produits de nettoyage en inversant le nettoyant vitre
avec le détergent sanitaire acide concentré.
Le lendemain, son collègue non informé nettoie les vitres situées au-dessus du banc de surveillance des maitres-nageurs et constate
rapidement l’inversion des produits. Il rince immédiatement la vitre, mais ne pense pas à rincer les éventuelles coulures sur le banc. Peu
de temps après, un maitre-nageur s’assoit sur ce banc.

Conséquences
Le maitre-nageur ressent rapidement une vive douleur au niveau des fessiers. Des brulures au
second degré sont constatées.

Causes
Cet accident trouve son origine dans le mauvais étiquetage des produits reconditionnés.

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5 LES BONNES PRATIQUES
La maîtrise du risque chimique lié aux activités de nettoyage passe par la mise en place de bonnes pratiques axées sur le choix des
produits, des procédés et de l’organisation du travail.

choisir les produits les moins dangereux


La substitution consiste à remplacer un produit dangereux par un produit ou un procédé moins dangereux. Il s’agit d’un axe prioritaire de la
prévention des risques chimiques. Pour être pérenne, la substitution ne se limite pas à un simple remplacement d’un produit par un autre,
mais nécessite une analyse globale du problème et des conséquences de l’action sur les aspects santé, sécurité, environnement, mais
également qualité.
Par exemple, il s’agira de privilégier les produits irritants sur les produits corrosifs et d’exclure les produits allergisants (cf. fiche 2).

Les fournisseurs proposent des produits de qualité écologique mentionnant un label officiel tel que le label européen ou le label français. Ces
produits sont efficaces pour leur usage tout en ayant recours de manière limitée à des substances nocives pour la santé et l’environnement.

Dans certaines situations, des solutions alternatives à base de produits communs peuvent être utilisées. Par exemple, il est possible de
réaliser un nettoyant vitres en diluant un demi-verre de vinaigre blanc dans un litre d’eau.

Savon Vinaigre Bicarbonate Sel Savon de Huiles


noir blanc de soude fin Marseille essentielles**
Dégraissant x x x
Désinfectant* x x x
Désodorisant x x x x
Détachant x
Décapant x x x
Détartrant x
PRIX approximatif ~4€/L <1€/L ~3.5€/kg ~1€/kg ~9€/kg 3€-6€/10mL

* : Action désinfectante à étudier selon les agents biologiques à éliminer et le type de surfaces.
** : Tea Tree (antibactérien, anti moisissures et champignons, antivirale), Lavande (antiseptique, bactéricide, antivirale, antimite) ou Citron
(antiseptique, antibactérien, antivirale). Attention d’autres huiles essentielles peuvent s’avérer toxiques ou irritantes.

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5 LES BONNES PRATIQUES
choisir des procédés réduisant
l’utilisation des produits chimiques
Type Usage Avantages Inconvénients
» Essuyage / nettoyage de surface » Ils permettent de limiter » Le contact avec les produits reste possible.
Textiles dans le secteur tertiaire ou de l’utilisation d’eau et de produits
microfibres l'hôtellerie, de la restauration et de nettoyage.
des cafés. » Ils sont réutilisables.
» Nettoyage des sols, vitres, miroirs » Absence de produits chimiques. » Le risque de brûlure doit être pris en compte.
Nettoyage (surfaces dures)… » Permet le nettoyage et la
vapeur » Existe aussi en mode aspirateur. désinfection (vapeur à ~150°C).
» Décapage des grilles et moules » Absence de produits corrosifs » Le procédé est très bruyant.
Nettoyage alimentaires, décapage industriel ou nocifs. » Il y a libération d’une grande quantité de CO2, d’où la nécessité
industriel à la (métallurgie, plasturgie, » Décroche la saleté. d’une bonne aération.
carboglace papeterie…), décapage chewing- » Le risque de brûlure par le froid doit être pris en compte.
gums et graffitis… » Le procédé ne peut pas être utilisé en milieu humide (l’eau gèle).
Nettoyage » Nettoyage des vitres, miroirs… » Absence de traces liées au » La régénération des résines peut entrainer la manipulation
à l’eau » Peut-être combiné avec l’usage de raclage. d’acide et de soude.
déionisée textiles microfibres » Pas de produits chimiques.

réduire les expositions par la mise en place


de procédés et de mesures organisationnelles
La maîtrise du risque lié à la dilution des produits corrosifs passe par l’utilisation de produits prêts à l’emploi et la mise en place de
centrales de dilution. Ces deux moyens permettent de limiter les manipulations de produits purs en assurant la bonne dilution selon les
prescriptions du fabricant.
Dans le cas de l’utilisation d’une centrale, il faudra veiller :
» au bon entretien de l’installation (exposition accidentelle en cas de fuite) ;
» au risque de projection lors du retrait de la canne d’aspiration ;
» au transvasement du produit résiduel en fond de bidon ;
» aux erreurs lors des changements de bidons (détrompeurs, code couleur…).
Dans les cas où une dilution manuelle est nécessaire, mettre en place une procédure simple basée sur l’utilisation de doseurs adaptés
permettant d’éviter les calculs de dose. Dans ce cas, les opérateurs seront équipés des EPI adaptés (cf. fiche 7) et le contenant sera ré-
étiqueté.

gestion des achats et approvisionnement des produits


La prévention des risques chimiques commence dès l’achat des produits. Il est nécessaire que les acheteurs soient sensibilisés aux risques
chimiques : choix des références les moins dangereuses, des contenants prêts à l’emploi, gestion des FDS…
L’évaluation des risques chimiques doit également prendre en compte les conditions de transport et de stockage des produits et la gestion
des déchets.

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021 - Crédits photo : © Adobestock.com
6 STOCKAGE ET RECONDITIONNEMENT
DES PRODUITS
le local de stockage
Les différents produits chimiques utilisés par l’entreprise doivent être stockés dans une enceinte ou un local dédié, qui répond à un certain
nombre de critères :
» il doit être bien ventilé, afin d’éviter l’accumulation d’émanations de produits chimiques ;
» il doit rester à une température permettant d’éviter la formation de vapeurs ;
» il doit être conforme au niveau électrique notamment en cas de présence de produits inflammables ;
» son accès doit être limité aux personnes désignées et formées.

les règles de stockage des produits chimiques


» Les produits doivent être parfaitement identifiés et étiquetés.
» Les produits non utilisés ou périmés sont éliminés en suivant une filière adaptée.
» Les produits sont placés sur des rétentions (cuves, bassines…) ayant des capacités au moins égales au plus grand des contenants
présents.
» Leur stockage doit respecter les règles d’incompatibilité :

A/B
A/B Acides (pH < 4) et bases (pH > 10) doivent être séparés

Peuvent être stockés ensemble sous certaines conditions

Peuvent être stockés ensemble

Ne peuvent pas être stockés ensemble

Si les produits comportent plusieurs pictogrammes de danger « santé » : , il est conseillé de suivre l’ordre du
tableau (de gauche à droite ou de haut en bas).

La fiche de données de sécurité des produits chimiques contient de nombreuses informations utiles au stockage, notamment dans les
rubriques 7 et 10. Demandez-la à votre fournisseur et consultez-la attentivement !

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021 - Crédits photo : © Adobestock.com
6 LE STOCKAGE ET LE RECONDITIONNEMENT
DES PRODUITS
le reconditionnement
Dans le secteur du nettoyage, le reconditionnement est fréquent.
Les contenants reconditionnés doivent :
» être achetés spécifiquement et adaptés au produit et à son usage. Il est par exemple interdit d’utiliser des flacons alimentaires ;
» être étiquetés correctement.
Lors de ces opérations, il convient de respecter les règles de prévention usuelles, en mettant notamment à disposition des EPI adaptés aux
dangers des produits reconditionnés (cf. fiche 7)

kit de première intervention


À proximité de la zone de stockage et de reconditionnement, on devra trouver un kit de première intervention dont le contenu est à maintenir
à jour :
» trousse de premiers secours ;
» absorbant chimique ;
» gants de protection chimiques et mécaniques ;
» lunettes de sécurité ;
» protection respiratoire à gamme large de protection, type ABEK par exemple ;
» pelles, contenants, sacs poubelles adaptés pour la récupération des absorbants souillés.

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021 - Crédits photo : © Adobestock.com
7 ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION
INDIVIDUELLE
Les EPI ne doivent pas être utilisés en première intention, mais uniquement lorsque les mesures de prévention collectives sont insuffisantes
pour assurer la sécurité des salariés. Ils sont choisis en fonction de l’évaluation des risques professionnels du poste de travail.
Pour être considéré comme un EPI, un équipement doit répondre à des règles techniques applicables attestées par le marquage CE.
Le chef d’établissement doit :
» mettre à disposition des salariés gratuitement les EPI appropriés à l’activité et à la personne (taille, morphologie …) ;
» les maintenir en bon état de fonctionnement et d’hygiène ;
» s’assurer de leur port effectif ;
» respecter les règles de stockage, de nettoyage et d’entretien prévues par le fabricant.

les gants
Les gants de protection répondent à diverses normes selon le risque contre lequel ils doivent protéger le salarié (ex : chimique, mécanique,
chaleur …) et selon leur utilisation (ex : contact alimentaire).

Pour la protection chimique, il s’agit de la norme EN374 :

Type C Type B Type A


protège d’au moins 1 produit protège d’au moins 3 produits protège d’au moins 6 produits
pendant 10 minutes pendant au moins 30 minutes pendant au moins 30 minutes

Les gants à usage unique sont peu résistants chimiquement et mécaniquement. Ils sont réservés à des usages exposant à des éclaboussures
accidentelles (pas de contact continu avec le produit).

Dans le cas de contact continu avec des produits de nettoyages, des gants réutilisables EN ISO 374-1 de type A ou B avec au moins les
lettres K et L (bases et acides inorganiques) sont recommandés. Il existe des modèles à manchettes longues utilisables en cas d’immersion.
En pratique, les gants en nitrile, qu’ils soient réutilisables ou à usage unique sont compatibles avec l’usage de produits chimiques
(détergent, détergent-désinfectant, détergent-détartrant…). Bien qu’ils présentent une réelle protection vis-à-vis de ces produits chimiques,
il est préférable de proscrire les gants en latex qui exposent à des allergies. Le point 8 des Fiches de Données de Sécurité peut vous aider
dans votre choix.

Pour les gants réutilisables, contrôler leur état après usage et lavages : en cas d’apparition de points noirs, de changement de couleur ou
de microfissures, les gants doivent être changés. Ces équipements doivent être personnels.

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021 - Crédits photo : © Adobestock.com
7 ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION
INDIVIDUELLE
protections du visage et des yeux
En cas de risque de projection de produits chimiques, le port d’un équipement de protection des yeux ou du visage peut s’avérer nécessaire
(lunettes ou écran facial). Le choix de l’équipement se fait à partir d’une analyse précise des contraintes du poste de travail et de
l’environnement. Il faut par exemple tenir compte de la présence de buée ou de la nécessité du port d’un équipement de protection
respiratoire.

chaussures de sécurité ou bottes


Lors de travail en milieu humide, le port de chaussures ou de bottes étanches antidérapantes est recommandé. Les pantalons devront
recouvrir les bottes.

vêtement de travail
Les vêtements devront être adaptés à la situation de travail. Par exemple, en cas d’exposition continue à des projections de liquides ou
d’aérosols, des combinaisons jetables de type 3 ou 4 sont parfois nécessaires.

protection respiratoire
Dans la grande majorité des cas, le port d’un équipement de protection respiratoire n’est pas nécessaire.

Dans les cas particuliers d’utilisation de produits volatils en milieu confiné, il convient de se référer à l’évaluation des risques afin d’adap-
ter le type d’équipement de protection respiratoire et de média filtrant. Le point 8 des Fiches de Données de Sécurité peut vous aider dans
votre choix. Votre service de santé au travail peut également vous conseiller.

Fiches pratiques – Risque chimique lié aux activités de nettoyage – PRST3 Pays de la Loire – Avril 2021
8 MESURES D’HYGIÈNE
De façon générale, il convient de respecter les mesures suivantes :
» ne pas boire, manger ou fumer sur les lieux de travail ;
» porter des vêtements dédiés au travail, fournis, nettoyés et remplacés par l’entreprise ;
» ranger les vêtements de travail séparément des vêtements de ville dans des casiers double compartiment dans les entreprises
utilisatrices. Négocier un vestiaire séparé ou un partage des vestiaires pour l’entreprise de nettoyage.

En cas de risque de salissures dans certaines industries, une douche doit être accessible aux salariés de l’entreprise de nettoyage.

lavage des mains


Les mains peuvent être contaminées par des produits chimiques ou des agents biologiques. Le lavage des mains durant 30 secondes au
savon doux et à l’eau tiède est recommandé régulièrement, avant chaque pause et chaque fois que les gants de protection sont retirés.

contexte d’épidémie COVID-19


Les règles générales de contrôle de l’épidémie sont basées sur le respect des gestes barrières suivants :
» respect des distances d’au moins 1 mètre avec les autres ;
» porter un masque dans certaines situations notamment dans tous les lieux collectifs clos et lorsque la distanciation physique ne peut
pas être respectée : espaces partagés ou collectifs, couloirs... ;
» se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou réaliser une friction avec un produit hydroalcoolique si pas d’accès à l’eau,
notamment après s’être mouché, avoir toussé ou éternué, être allé aux toilettes, ou encore après chaque sortie à l’extérieur, après avoir
pris les transports en commun, avoir touché aux parties communes lors de l’accès au chantier de nettoyage… ;
» tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir ;
» se moucher dans un mouchoir à usage unique à éliminer immédiatement dans une poubelle ;
» éviter de se toucher le visage, en particulier le nez, la bouche et les yeux ;
» saluer sans se serrer la main et arrêter les embrassades ;
» aérer les lieux de travail régulièrement.

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