Ens 20 0031
Ens 20 0031
Ens 20 0031
Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
****** ******
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I UNIVERSITY OF YAOUNDE I
****** ******
ÉCOLE NORMALE HIGHER TEACHERS TRAINING
SUPÉRIEURE COLLEGE
****** ******
DÉPARTEMENT DE DEPARTMENT OF
FRANÇAIS FRENCH
****** ******
par
sous la direction de
M. Alexi-Bienvenu BELIBI
Maître de conférences
par
Chantal MENOUNGAATEBA
Licenciée ès Lettres modernes françaises
sous la direction de
M. Alexi-Bienvenu BELIBI
Maître de conférences
i
REMERCIEMENTS
Qu’il nous soit permis de signifier toute notre reconnaissance aux enseignants de
l’Ecole normale supérieure de Yaoundé et plus précisément ceux du département de Français
pour leurs enseignements qui ont contribué à notre formation.
Nous pensons aux enseignants et élèves qui ont bien voulu accepter remplir les
questionnaires, sans oublier les responsables administratifs qui nous ont accueillis
chaleureusement.
Que M. Francis BINDJIA trouve ici un signe de gratitude singulier pour les sacrifices
qu’il a consentis afin que nous menions à bien ce travail de recherche.
ii
LISTE DES ABREVIATIONS
iii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 18 : Point de vue des enseignants concernant l’insertion des éléments de la langue
maternelle dans l’enseignement / apprentissage du français. .................................................. 91
iv
RÉSUMÉ
La réflexion qui est menée dans ce travail porte sur le sujet : APC et enracinement
culturel : Le cas de la lecture suivie de Trois Prétendants …Un Mari de Guillaume Oyono
Mbia. Guidée par la question de savoir comment la lecture suivie peut-elle participer à
l’enracinement culturel du jeune apprenant Camerounais au collège, ce travail s’intéresse plus
précisément à l’APC et à la lecture suivie. Les parties théoriques dudit travail prennent le soin
de présenter d’une part l’APC et d’autre part la pédagogie de la lecture suivie afin de
démontrer que les prolongements de cette dernière grâce à l’APC participent à l’enracinement
culturel des apprenants au collège. La partie pratique quant à elle donne à voir à la lumière de
Trois Prétendants …Un Mari, une illustration de la lecture suivie par le biais de la méthode
curriculaire qui est l’APC sur des extraits de texte choisis dans cette œuvre. Afin de vérifier
tout ceci, le dernier chapitre grâce à une enquête, met en exergue la pratique de
l’enseignement / apprentissage du français dans quelques établissements scolaires de la ville
de Yaoundé au Cameroun. D’où l’analyse méthodique des résultats qui révèlent que la lecture
suivie des œuvres nationales pratiquée avec l’APC participe à l’enracinement culturel des
apprenants mais que ces apprenants eux, n’ont pas une bonne maîtrise de leur culture. C’est la
raison pour laquelle la dernière articulation de ce travail s’est attelée à formuler des
suggestions dont l’application pourrait non seulement permettre une intégration culturelle plus
efficace et définitive des jeunes, mais aussi l’amélioration de l’enseignement de l’œuvre
intégrale au collège en vue de la formation des apprenants plus enracinés d’abord dans leur
culture avant d’être ouvert au monde car, comme l’affirme Birago Diop « un arbre pour
s’élancer dans le ciel doit d’abord bien enfouir ses racines dans le sol. »
Mots clés : APC, culture, enracinement culturel, langue maternelle, lecture suivie, apprenant.
v
ABSTRACT
The study carried out through out this work is based on the topic ‘’APC et
Enracinement culturel : Le cas de la lecture suivie de Trois Prétendants… Un mari de
Guillaume Oyono Mbia’. Focused on how guided reading can contribute to cultural deep-
rootedness of the young Cameroonian learner in secondary school, this study pays interest
specifically in CBA and guided reading. The theoretical parts of the work painstakingly
present the CBA on the one hand, and the pedagogy for guided reading on the other hand so
as to show that its repercussions by means of the CBA contribute to the secondary school
learners’ deep-rootedness. The practical part, on its own, showcases in the light of Trois
Prétendants…Un mari, an illustration of guided reading through curricular method, that is the
CBA on excerpts selected from the text. In order to verify all this, the last chapter, through a
survey, underpins the teaching and learning practice of French in a few schools across the city
of Yaoundé, Cameroon. Hence the methodical analysis of results revealing that guided
reading of local works, practised basing on the CBA, contribute to young learners’ cultural
deep-rootedness, but that these learners do not have a sound mastery of their culture either.
This is the reason why the last section of the work focuses on making suggestions whose
implementation could not only favour a more efficient and final cultural integration of youths,
but also the betterment of literature teaching in secondary school in view of training learners,
more rooted in their culture, before they are open to the world, for, as Birago Diop says, ‘’a
tree to soar up wards to the sky must first burrow its roots into the soil.’’
Key words: CBA, culture, cultural deep-rootedness, mother tongue, guided reading, learner.
vi
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
Les sociétés humaines ont toujours accordé une place importante à l’éducation dans
l’optique de leur développement parce qu’éduquer un enfant revient à préparer un homme à
défendre ses intérêts ainsi que ceux de sa société avec efficacité. En mille huit cent quatre-
vingt-quatre (1884) au Cameroun, l’éducation traditionnelle disparait avec l’arrivée des
colonisateurs. C’est à partir de cette période jusqu’en mille neuf cent soixante(1960), ère des
indépendances que l’éducation camerounaise va consister à former des citoyens déracinés de
leur culture, l’objectif des colons étant d’imprégner les africains dans la culture occidentale.
D’où comme conséquences le résultat d’une éducation non adaptée aux réalités nationales.
Cependant, après l’accès des africains en général et les camerounais en particulier à
l’indépendance, cette forme d’éducation a pris fin. Le Cameroun est désormais dirigé par les
camerounais qui prennent conscience des conséquences négatives de l’école occidentale et
initient les réflexions en vue d’une nouvelle politique éducative adaptée à l’environnement
camerounais et débouchant sur le profil du type d’homme à former. De ce profil se dégage la
volonté du gouvernement à former des citoyens d’abord moulés de leur culture avant celles
étrangères. Alors si l’Etat prône une éducation aux valeurs culturelles, il faut noter que cette
éducation se fait par le biais des disciplines comme la géographie, la science et notamment le
français qui regroupe plusieurs exercices à savoir la grammaire, l’orthographe, la conjugaison,
l’expression écrite et orale, la lecture méthodique ainsi que la lecture suivie. C’est alors grâce
à ces disciplines et exercices que les buts visés par l’Etat, précisément celui de l’enracinement
culturel, doivent être atteints. Etant donné que nous nous formons pour l’enseignement du
français, nous nous sommes intéressées au sujet suivant : « APC et Enracinement culturel : Le
cas de la lecture suivie de Trois prétendants… Un mari de Guillaume Oyono Mbia ». Avant
d’entrer dans notre sujet, il est nécessaire de jeter un regard sur les travaux qui ont précédé le
nôtre.
Selon Aktouf (1987), la revue de la littérature est « l’état des connaissances sur un sujet,
c’est en fait un inventaire des principaux travaux effectués sur un thème, c’est une étape qui
permet à partir des travaux étudiés, d’envisager de nouvelles orientations. » D’après Ndie
(2006), la revue de la littérature, c’est « l’ensemble des productions scientifiques sur un
sujet. » Elle met en exergue l’utilité et la qualité des analyses menées sur un sujet. Ainsi,
produire une revue de la littérature revient à présenter les différents travaux qui ont précédés
le nôtre afin de tendre vers de nouvelles orientations de ce travail.
Dans le cadre de notre étude, il est question de produire une revue de la littérature dans
trois domaines à savoir : L’APC, la culture et la lecture suivie.
2
Revue de la littérature dans le domaine de la culture et la lecture suivie.
3
dans un pays comme le Cameroun avec des langues de scolarisation qui ne sont pas des
langues locales mais des langues étrangères.
Pour ce qui est de l’APC, cette approche a fait l’objet de plusieurs travaux et
recherches dans la littérature scientifique.
- Roegiers (2003) a fait de nombreux travaux sur l’APC et ces travaux montraient que cette
approche permet de donner du sens aux apprentissages en insistant sur ses défis. Dans ses
travaux portant sur « l’APC dans l’enseignement supérieur et cadre européen de
qualification » en 2006, Roegiers insiste sur le fait que l’APC favorise et facilite la formation
des personnes compétentes qui maitrisent déjà leur domaine et qui sont capables d’analyser
les enjeux et les actuels.
- Letor (2004) dans une étude sur les programmes scolaires en communauté française de
Belgique, souligne que l’APC est une nouvelle réforme qui entend améliorer la qualité de la
formation des élèves. Cela signifie qu’elle augmente le niveau de qualification des jeunes au
sortir du cycle secondaire. Ainsi, l’APC répond mieux aux attentes de ces jeunes, de même
qu’aux attentes de l’enseignement supérieur. Il renchérit que la nouvelle approche
pédagogique joue un rôle important dans les modes de résolution des situations auxquelles
elle fait face.
- Zanga (2006) s’inspirant des travaux de Perrenoud Philippe relève que l’APC donne plus
de sens au métier d’élève. De même, elle permet aux élèves en difficulté scolaire d’améliorer
leurs apprentissages. Cet auteur note aussi que l’APC participe à remédier aux lacunes
constatées par les pédagogues et les enseignants dans les programmes mis en place. De ce fait,
l’APC tient compte non seulement des savoirs mais aussi de la capacité de les transférer et de
les mobiliser.
- Dans ses travaux, Gérard (2012) se base sur les manuels scolaires et montre que
l’avènement de l’APC a efficacement permis l’amélioration des manuels scolaires. Les
apprentissages sont désormais facilités grâce à une évolution qui se justifie par un recours aux
couleurs, aux illustrations et à une présentation améliorée.
- Jonnaert (2006) montre dans un article que c’est au bout d’une action que la compétence
est jugée et ce face à une situation bien déterminée. Il évoque certaines relations en
s’appuyant sur ce principe afin d’insister sur le contexte qui peut être considéré comme
l’environnement.
4
- Par ailleurs, Ndouwé dans son Mémoire fait une étude sur les éléments relevant les valeurs
pédagogiques dans les chansons modernes produites par les musiciens toupouri. Ladite étude
permet d’amener les jeunes toupouri à valoriser les chansons ou poèmes oraux toupouri et par
extension la langue toupouri.
- Tiky, par le biais de la lecture méthodique montre comment employer les notions relatives
à la linguistique du discours non seulement dans le texte théâtral mais aussi dans les situations
réelles de la communication.
- Bituné dans ses travaux met en exergue l’enseignement/apprentissage de la culture par les
contes en classe de sixième. Elle présente la portée culturelle du conte pour la transmission
efficace et la valorisation des cultures auprès des apprenants.
Après la présentation des différents travaux qui ont précédés le nôtre, il serait important
de justifier le choix de notre sujet.
Les motifs du choix de notre sujet partent du constat selon lequel de nos jours, nous
remarquons que la jeunesse camerounaise est en proie à une crise identitaire. En fait, le jeune
apprenant Camerounais est plus ouvert au monde occidental que ancré dans sa culture et son
mode de vie se rapproche de plus en plus des cultures occidentales qu’africaines. Pourtant,
l’Etat par le biais des Etats généraux de la culture et de l’éducation recommande que
l’imprégnation culturelle précède l’ouverture au monde. C’est cette situation qui justifie le
choix du sujet : « APC et Enracinement culturel : le cas de la lecture suivie de Trois
Prétendants…Un mari de Guillaume Oyono Mbia ». Par ailleurs, le choix de l’APC, de la
lecture suivie et de l’œuvre Trois Prétendants … Un mari n’est pas gratuit. L’APC est une
nouvelle approche qui consiste en un apprentissage plus concret, plus actif et plus durable.
Celle-ci permet de définir les compétences dont chaque élève a besoin pour passer à l’étape
suivante de son parcours scolaire qui est la réalisation des situations concrètes de la vie. La
lecture suivie quant à elle est un exercice particulier de la classe de français au collège et cette
particularité est due au fait qu’elle permet à l’élève de s’imprégner d’une œuvre intégrale
qu’elle soit nationale ou étrangère. Le choix de Trois Prétendants…Un mari s’est fait parce
qu’elle est constituée des marques d’une langue nationale et regorge des valeurs africaines en
général et Camerounaises en particulier ; Marques et valeurs que la lecture suivie doit mettre
en exergue. Cette œuvre se révèle comme un support adéquat pour une éducation
d’enracinement culturel. La justification du choix du sujet étant faite, il est judicieux de
présenter la problématique qui sera notre guide tout au long de ce travail.
5
Pena-Ruiz (1986 :55) définit la problématique comme étant un « ensemble cohérent de
questions à partir desquelles on formule un problème pour en conduire l’analyse d’une
certaine façon ». Dès lors, se pose la question de savoir comment la lecture suivie peut-elle
participer à l’enracinement culturel du jeune apprenant Camerounais au collège ? Cette
question principale suscite d’autres : En tant qu’exercice de détente au collège, comment
pratiquer la lecture suivie pour enraciner les jeunes apprenants Camerounais ? Quels sont les
éléments qui concourent à la transmission des valeurs culturelles aux apprenants dans une
œuvre ? A l’heure actuelle où bon nombre de jeunes ont pour langue maternelle l’anglais ou
le français, les enseignants de français permettent-ils aux élèves à travers leurs leçons de
s’intéresser à leur identité culturelle ? Avec le phénomène de modernisme qui bat de l’aile,
comment conserver nos langues maternelles et par ricochet notre culture afin de la transmettre
aux jeunes ? C’est cette problématique qui orientera notre investigation. Cependant nous
avons formulé à priori des réponses provisoires à ces interrogations.
L’hypothèse est définie dans le Dictionnaire culturel en langue française (2005 :1773)
comme « une proposition relative à l’explication des phénomènes naturels, admise
provisoirement avant d’être soumise au contrôle de l’expérience (incluant l’observation) ». En
d’autres termes, c’est une idée que l’on émet à la suite d’une question et que l’on vérifie en la
soumettant au contrôle de l’expérience. C’est donc une réponse anticipée qui doit être vérifiée
par la suite. Ainsi, à la question de savoir comment la lecture suivie peut-elle participer à
l’enracinement culturel du jeune apprenant camerounais au collège, nous avons formulé
l’hypothèse générale à savoir : Bon nombre d’apprenants seraient victimes du phénomène
d’acculturation à cause du modernisme. Face à cette situation, la lecture suivie par le biais
de l’APC contribue à la baisse du taux d’acculturation chez les apprenants. Cette hypothèse
générale se fragmente en quatre hypothèses secondaires.
Hypothèse secondaire1 : La lecture suivie d’une œuvre ne devrait pas seulement être
une activité de détente ou une simple lecture classique ; on devrait aussi tenir compte de ses
prolongements qui se pratiquent avec l’aide de l’APC dans l’optique d’approfondissement.
6
Hypothèse secondaire4 : Les œuvres africaines en général et camerounaises en
particulier constitueraient un facteur de développement culturel chez l’apprenant.
Les différents résultats de l’enquête que nous mènerons nous permettront de valider ou
d’invalider ces hypothèses. Mais, dans le but de favoriser la compréhension de notre sujet, il
est nécessaire de définir certains termes et expressions qui seront utilisés fréquemment.
D’autant plus que le sens d’un mot est tributaire de son contexte d’utilisation, nous
définirons les concepts selon le sens qu’ils revêtent dans notre travail.
- L’APC (l’Approche par les Compétences) : C’est une approche centrée sur le
développement des compétences. Dans le domaine scolaire, il s’agit de mettre en place les
circonstances et les conditions qui puissent faciliter chez l’apprenant non seulement
l’installation ou l’acquisition des ressources mais et surtout la mobilisation de celles-ci en
situations. (L’utilisation des ressources tels que : les savoirs, les savoir-faire, les savoir-être et
autres pour résoudre les situations problèmes de la vie).
- La lecture suivie : La lecture peut être définie comme une activité de construction de
sens d’un texte donné. Elle met en relief la signification d’un texte. La lecture suivie quant à
elle est un exercice pratiqué en classe de français au collège. Elle se fait en une séance d’une
heure par semaine et est un exercice de décodage dans la mesure où, elle donne lieu à la
construction du sens d’une œuvre. Au second cycle, la lecture suivie continue sous le nom de
lecture de l’œuvre intégrale.
Après la clarification de certains termes et expressions clés qui seront évoqués dans
notre travail, il est important de préciser les objectifs et intérêts de notre sujet de recherche.
7
L’objectif de la recherche renvoie à ce que le chercheur veut prôner, démontrer ou
vérifier. De ce fait, né du déracinement de la jeunesse africaine en général et Camerounaise en
particulier, ce travail a pour objectifs :
Notre sujet de recherche revêt une portée culturelle dans la mesure où il favorise
l’acquisition des valeurs culturelles. En s’intéressant à l’A.P.C comme méthode et à la lecture
suivie comme exercice, ce sujet incarne une fonction didactique. De plus, il serait incongru de
ne pas relever la valeur sociale de ce sujet parce qu’il prévoie une société en quête de son
identité.
Afin de saisir le contenu et l’originalité de notre sujet de recherche, nous avons jeté
notre dévolue sur l’approche ethnostylistique.
8
« les intentés d’écriture » et de cerner les conditions de production de cette œuvre.
L’ethnostylistique à travers l’étude du contexte d’énonciation a une vocation socio culturelle
et artistique qui met en lumière les méandres de l’Afrique traditionnelle. Il est important de
souligner ici que notre étude ne consiste pas à une stricte analyse stylistique, mais beaucoup
plus à une exploitation des faits de langue présents dans notre corpus. Et ce dans le but de
suggérer humblement à l’enseignant de français une autre approche et un exercice précis
susceptibles de susciter de plus en plus l’intérêt de l’apprenant à des réalités liées à ses
origines et par ricochet de relever cette acculturation dont il est victime.
Enfin, il est important de dresser un plan de notre travail. Celui-ci se subdivise en cinq
chapitres dont le premier s’articule autour de l’étude de Trois Prétendants … Un mari. Dans
ce chapitre, il sera question de présenter le corpus en donnant les informations sur l’auteur,
sur l’œuvre et de faire une étude du contexte d’énonciation de ce corpus. Le chapitre deux
porte sur l’A.P.C et ses concepts. Ici, il sera question de donner la genèse de l’A.P.C, relever
ses fondements, ses principes et contenus sans oublier les notions qui lui sont relatives et sa
considération générale au Cameroun. Le chapitre trois parlera de la lecture suivie. A ce
niveau, il s’agira de présenter la lecture suivie comme un exercice pratique au collège, de
donner ses principes et objectifs, ses compétences attendues, sa démarche, son déroulement en
salle de classe et ses prolongements. Le chapitre quatre quant à lui mettra en exergue
l’application pratique de quelques extraits de Trois Prétendants…Un mari. Dans cette partie,
il s’agira de choisir quelques extraits de texte qui nous permettront de faire quelques séances
de lecture suivie avec l’APC. Le cinquième chapitre sera basé sur le protocole
d’expérimentation, outils d’analyse et sur les suggestions pour une intégration culturelle plus
efficace dans l’enseignement/apprentissage. Il sera question ici de faire une descente sur le
terrain afin de passer une enquête et analyser les résultats obtenus. Par la suite nous ferons
quelques propositions à la communauté éducative pour que l’enseignement / apprentissage de
l’œuvre intégrale puisse de plus en plus permettre l’enracinement des jeunes dans leur culture.
9
CHAPITRE 1 :
ETUDE DE TROIS PRETENDANTS…UN MARI
Il n’existe pas de société sans culture de même qu’il n’existe pas de culture sans société
qui la forge dans l’exercice et la pratique humaine et sociale, dans ses rapports avec son
environnement. Ainsi, l’enracinement culturel camerounais par le biais des enseignements
dispensés dans les écoles passe par la promotion des éléments culturels dans les manuels
scolaires. Pour ce qui est des manuels scolaires de français à l’instar des œuvres littéraires, il
ressort qu’elles ont un double rôle. Elles concourent à l’enseignement de la langue française
d’une part et à celui de la culture présente dans le manuel d’autre part. Alors, ce chapitre qui
porte sur l’analyse d’une pièce théâtrale camerounaise laisse entrevoir l’importance des
enseignements qui s’y trouvent.
1.1-PRÉSENTATION DU CORPUS.
Présenter l’œuvre revient à donner d’une part les informations concernant l’auteur de
cette œuvre et d’autre part à donner un aperçu global de ladite œuvre c’est-à-dire préciser sa
date d’édition, son contexte de production, son idée générale ou son résumé. Ainsi, il importe
de mettre un accent sur notre corpus et son auteur.
1.1.1- L’auteur.
10
Advanced Level, ce qui lui permet de s’inscrire à l’Université de Keele en octobre 1965, d’où
il obtient le Bachelor of Arts degree en 1969. De retour au Cameroun, il est recruté comme
Assistant au Département d’anglais de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de
l’Université de Yaoundé. En 1972, il est nommé Chef de Service aux Affaires culturelles au
Ministère de l’Information et de la Culture (1972 Ŕ 1975).
Guillaume OyonoMbia est sans doute l’un des plus grands dramaturges camerounais
depuis l’indépendance. Parmi son œuvre impressionnante, on compte Trois prétendants…. Un
mari (1964), Jusqu’à nouvel avis (1970), Notre fille ne se mariera pas (1971), Chroniques de
Mvoutessi 1 (1971), Chroniques de Mvoutessi 2 (1971), Chroniques de Mvoutessi 3 (1972), et
Le train spécial de son Excellence (1979). En janvier 1970, il remporte le prix El Hadj
Ahmadou Ahidjo pour sa pièce Trois prétendants…Un mari. Après la présentation de
l’auteur, qu’en est-il de l’œuvre?
1.1.2- L’œuvre.
L’œuvre Trois Prétendants…Un mari a été écrite pendant l’époque coloniale. Il s’agit
d’une pièce théâtrale qui se situe dans le cadre de la société traditionnelle du village de
Mvoutessi au Sud Cameroun. Cette pièce présente la décision de la famille d’Atangana
concernant le mariage et la dot de leur fille Juliette.
Toute la famille de Juliette attendait son retour pour lui annoncer qu’elle allait la
marier. Le premier prétendant est Ndi, un jeune paysan qui a déjà déposé cent mille francs de
dot. Le deuxième prétendant est un fonctionnaire au nom de Mbia ayant déposé une somme
de deux cent mille francs et promettant beaucoup d’autres choses.
Dès son arrivée, Juliette proteste contre l’idée de la décision de sa famille et affirme
qu’elle ne peut se marier à quelqu’un qu’elle ne connaît même pas. Elle annonce alors à sa
famille qu’elle a déjà un fiancé, un jeune homme de son âge au nom d’Oko.
Avec la participation et l’aide de son cousin Kouma, Juliette décide de voler l’argent
des premiers prétendants afin qu’OKO son amoureux puisse racheter la dot.
11
devra être demandé. L’héroïne fait finalement son choix pour exprimer sa liberté et choisit
Oko comme mari qui donne alors l’argent volé.
En linguistique, le mot contexte peut être défini comme un ensemble que forment, par
leur liaison naturelle, les différentes parties d’un texte ou d’un discours. L’énonciation quant à
elle se définit comme « la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel
d’utilisation» Benveniste (1974 :80). Etudier le contexte d’énonciation de l’œuvre revient
donc à faire une analyse sur les différents éléments spécifiques utilisés dans cette œuvre.
Ainsi la tâche qui nous incombe est d’étudier les aspects spécifiques de notre corpus.
1.2.1.1-Indices historiques.
Du point de vue historique, Trois Prétendants…Un mari se situe à l’époque coloniale
après la deuxième guerre mondiale, dans les années 1960.
Le jour de l’indépendance.
Trois Prétendants…Un mari est une pièce de théâtre écrite pendant la période de
l’indépendance du Cameroun. Ceci se justifie à travers de nombreux indices :
- Mbia: (se lève majestueusement et parle avec autant de solennité qu’un sous-préfet « le
jour de l’indépendance ») (Acte2 :31).Le complément de nom « de l’indépendance » précise
clairement de quel jour est ce qu’il est question. Il ne s’agit pas ici d’un « jour » comme les
autres mais d’un jour particulier et très spécial pour le peuple de Mvoutessi, un jour qui
marque leur existence et reste gravé dans leur mémoire à jamais. En effet, l’attitude de Mbia
12
est comparable à celle d’un sous-préfet le jour de l’indépendance dans la mesure où les
responsables de Mvoutessi affichaient un comportement différent de celui habituel lorsqu’ils
étaient face aux blancs.
---Ondua : (mécontent, grommelle quelque chose de pas très flatteur concernant ces gens-là
qui passent le temps à emprunter les béliers des autres, surtout que lui se proposait de
manger son vieux bélier « le jour de l’indépendance »). (Acte4-94). Grace à cette didascalie,
l’auteur voudrait montrer à son public lecteur qu’au moment où il écrit son œuvre, le
Cameroun n’est pas encore libéré de ses envahisseurs, qu’il n’est pas encore indépendant mais
qu’il est plutôt sur le point de prendre son indépendance. Raison pour laquelle Ondua attend
ce jour pour manger son « vieux bélier ». Bref, le personnage Ondua voudrait fêter le départ
du blanc.
Le missionnaire.
Les missionnaires avaient été considérés au départ comme les envoyés de Dieu, ceux
qui évangélisaient le peuple africain. Mais au fur et à mesure que leurs comportements étaient
dévoilés, ils perdaient de la confiance et de l’estime des peuples noirs.
L’adjectif démonstratif « ces » dans cette phrase a une valeur d’accusation. Présentés
au départ comme des apôtres divulguant ou propageant la bonne nouvelle, se sont par la suite
érigés en déstabilisateurs des consciences anciennes. Ils sont venus comme l’affirme Abessolo
« gâter le pays ». Il ressort qu’entre « missionnaires » et le verbe « gâter » il existe un
contraste. Ainsi, le missionnaire peut référer à « l’ange », au « bien ». Bref « missionnaire » a
une connotation méliorative. Cependant le verbe gâter peut référer au « mal » et a une
connotation péjorative. Ce qui crée un effet de contraste dans cette réplique.
13
Yaoundé ; Sangmélima ; Mvoutessi ; Mbalmayo ; Ebolowa ; Ngaoundéré.
1.2.2-Références culturelles
« Chaque texte africain est l’expression totale ou particulière d’une culture »Mendo Ze
(2004 :19). Ainsi, l’usage de plusieurs paramètres entrent en jeu, participent à la culture et à
l’identité d’un peuple et ne sauraient de ce fait laisser indifférent l’ethnostylistique, qui a pour
préoccupation première l’analyse de l’environnement dans lequel le texte prend naissance. A
cet effet, il est important de présenter les indices ethnonymiques et les indices
anthroponymiques qui sont les constituants de la culture.
Ainsi, les noms sont très significatifs et mieux cerner la portée de notre intrigue
nécessite une étude onomastique qui fonctionne comme marqueurs socio-culturels. Les
anthroponymes recensés dans Trois Prétendants …Un mari représentent pour la plus part des
noms de famille Béti/ Bulu qui s’inscrivent par leur connaissance phonétique dans l’espace
géoculturel Camerounais en général et béti en particulier. Nous nous servons donc des
tableaux pour présenter les anthroponymes recensés dans l’œuvre, leur désignation et leur
statut, tout en tenant compte des différentes générations.
14
Tableau 1 : Génération des Grands Parents.
Anthroponymes Désignation Statut
(Noms)
Abessôlô Bulu Grand-père de Juliette âgé de soixante-dix ans. Il
avait connu la colonisation allemande, la tutelle
française, les deux grands conflits mondiaux et bien
d’autres choses qui ont dû le marquer.
Bella Ewondo/Fang Sensiblement du même âge que son mari Abessôlô
dont elle partage entièrement les convictions du bon
vieux temps, Bella manifeste sa fierté vis-à-vis du
succès de Juliette.
15
Mbia Ewondo/Eton Juliette.
Commerçant et de passage à Mvoutessi
Tchetgen Bamiléké pour vendre de la friperie.
C’est le sorcier et il a été introduit pour
montrer comment les escrocs sans scrupule
Sanga-Titi Bulu profitent souvent du désarroi de leurs
semblables pour ajouter à leurs malheurs.
Femme de Sanga-Titi. Elle était autre fois
Mo-Boula Bulu une devineresse réputée. Celle-ci
accompagne toujours son mari dans ses
multiples pratiques d’escroquerie.
16
voulu réaliser un rêve : épouser Juliette, la jeune
collégienne de la tribu voisine.
Engulu Bulu Chauffeur du fonctionnaire Mbia.
Oko Bulu Lycéen qui avait pour souci majeur de rendre visite
aux parents de Juliette.
kouma Bulu Cousin de Juliette, camarade et ami d’Oko. Kouma
est le complice sans lequel aucune entreprise
amoureuse entre Juliette et Oko ne pouvait être
menée à bien.
En somme après l’analyse des anthroponymes, il ressort que chaque nom représente
un personnage précis ayant un rôle bien déterminé. Ainsi comme le fait observer Ngal
(1994 :42) :
Tous les noms ne sont pas choisis au hasard. Chez nous, le nom n’est rendu que par
sa signification qui le rend agréable, peut-être répugnant aux ancêtres donc au cosmos et
qui par conséquent lui permet de remplir totalement sa fonction de nommer c’est-à-dire
de mettre au monde […] chaque nom est un sens parce qu’il rythme un sujet dont le
destin est comme tracé par ses sonorités et sa musicalité.
Abessôlô : (se levant, à Mbia) « Tu as bien parlé, mon fils. Mais… (Coup d’œil
interrogateur aux autres villageois) euh… avant de te donner réponse, je te prie de nous dire
ta généalogie ». (Acte 2 : 32).
17
C’est à partir de cette généalogie que l’on détermine le plus souvent l’identité tribale
d’un individu, sachant que celui-ci est issu de deux familles, celle de son père et celle de sa
mère. A cet effet dans notre corpus nous aurons :
Esse : Mbia :(après avoir tiré une bouffée de sa pipe) « je suis moi-même de la tribu
Esse » (Acte 2 :32). cette tribu dont parle Mbia est une tribu qu’on trouve au sud Cameroun à
quelques 30 Kilomètres de la ville de Sangmélima. Elle est constituée des Bulu et Fong.
Ainsi comme socio-culture de la tradition dans notre corpus, nous avons le chant, les
joutes oratoires et les habitudes alimentaires.
18
- Le chant
19
accompagnent généralement une circonstance heureuse. Ce sont des cris de joies lors des
grandes cérémonies festives chez les Béti. Les femmes expriment leur accord par des cris
stridents.
Par ailleurs, le fait de crier en mettant la main contre la bouche « rend une gestuelle
propre à la culture Boulu dans l’expression de la joie pour accueillir un étranger » Eba’a
(2004 :108). C’est alors que dans Trois Prétendants… Un mari, les femmes expriment leur
joie et leur approbation à travers ce symbole culturel.
Bella : (pousse un cri de joie traditionnel des femmes, « l’oyenga »). « Ou-ou-ou-ou-
ou… ! » (Acte 1 :18). Cette attitude comme nous l’avons déjà dit est beaucoup plus de
coutume lors des événements heureux comme celui du mariage dont il est question dans notre
corpus.
Porté par des chants et des cris de femme, la tradition dans notre roman peut aussi se
lire à travers certaines réalités significatives liées aux habitudes alimentaires.
La vipère
Il est important de noter que la vipère dans la tradition Béti est un animal réservé
seulement aux patriarches, aux hommes âgés et ne peut être consommé par les jeunes que si et
seulement si ceux-ci ont l’autorisation des grandes personnes.
Cette hypothèse se justifie à travers la réaction d’Abessolo qui s’insurge contre ces
jeunes qui consomment de la vipère.
Ah Atangana ! Est-ce que tu oublies que la vipère est un animal tabou, et que seuls les
grands du village ont le droit d’en manger ? » (Acte 3:70).
L’interdiction de ce met aux jeunes constitue une marque très indéniable de la culture
Béti.
20
Le sanglier
Dans la culture Béti, la consommation de certains plats et mets par les non-initiés est
considérée comme un signe de désobéissance. Cela s’explique à travers les plaintes de Bella
qui constate la consommation de certains mets tabous par les femmes.
Bella : « Qu’est-ce qu’il y’a encore dans ce monde d’aujourd’hui, mon pauvre mari ?
Je vois des femmes manger même des vipères, des sangliers, des… » (Acte:15).
Il ressort que certains mets ne devraient pas être consommés par n’importe quelle
personne. Cependant, il en existe qui sont consommables par tous.
(Entre Makrita, revenant des champs. Elle porte au dos une corbeille de nourriture :
Manioc, plantain, banane, canne à sucre etc.)
Cette énumération dans l’œuvre dévoile les plats récurrents que les habitants de
Mvoutessi consomment au quotidien.
En marge de ces mets, il existe des boissons bien appropriées à ce milieu à l’instar de
l’Arki.
L’Arki
L’Arki est une boisson de maïs fermenté de fabrication locale, ce vin est le préféré des
habitants de Mvoutessi. Sa consommation dans ce récit permet de relever un autre aspect ou
indice culturel. Nous tenons tout de même à rappeler que sa consommation est interdite, d’où
l’appel à la discrétion d’Ondua.
21
1.2.4-L’alternance Codique
L’alternance codique peut être perçue ici comme le passage dynamique d’une langue à
une autre. Cette technique est l’une des manifestations les plus significatives du parlé des
africains. Dans notre texte, la langue Boulu interfère de part et d’autre et ces interférences
servent ainsi de culturèmes et permettent de localiser les différentes origines des locuteurs.
Afin de mieux interpréter ce phénomène, nous procèderons par l’usage d’un tableau qui d’un
côté nous présentera les significations et de l’autre leurs occurrences.222222222222222
22222222222222222222
En définitive, les interférences présentes dans Trois Prétendants …Un Mari prouvent
une sorte de rivalité entre le français et la langue locale.
Dans la littérature africaine, le calque est très utilisé par les locuteurs et les
personnages. En effet, il s’agit d’une sorte d’emprunt consistant en la traduction littérale de
diverses expressions.
22
idiomatiques. Dans le but de mieux présenter et interpréter les calques et les expressions
idiomatiques identifiés dans notre corpus, il sera judicieux de passer par un tableau
23
Le premier chapitre étant basé sur la présentation du corpus et son analyse, il en ressort
que l’auteur de Trois Prétendants…Un mari appartient à une communauté précise. D’où son
œuvre comporte les traces de sa culture. Alors, l’étude de cette œuvre dans les établissements
scolaires pourrait contribuer au véhicule d’une culture. De même, T. P. M constitue une base
efficace pour conduire les apprenants camerounais vers l’enracinement culturel grâce aux
éléments spécifiques qui la caractérisent.
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24
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CHAPITRE 2 :
LA NOTION D’APC ET SES CONCEPTS.
Les Etats émergents se sont trouvés confronté aux nombreux challenges du 21esiècle
qui ont poussés bon nombre d’entre eux à revoir le système éducatif auquel ils étaient soumis,
afin d’améliorer leur performance et être plus compétents ou du moins être parmi les plus
compétents sur l’échelle internationale. De même, certaines études basées sur l’enseignement
ont relevé la nécessité de réviser le système éducatif pour promouvoir un bon développement
dans tous les secteurs d’activité. C’est ainsi que la communauté éducative camerounaise tout
comme plusieurs autres Etats, se sont penchés vers une nouvelle approche appelée Approche
Par Compétences pour compléter les insuffisances de l’ancienne appelée Pédagogie Par
Objectifs. C’est dans cette perspective que pour Roegiers (2003 : 25) « la pédagogie de
l’intégration ne fait pas table rase des pratiques habituelles de classe, mais vient les
compléter ». En effet, l’A.P.C a été introduite au Cameroun en 2003 dans le cadre d’un projet
pilote (projet d’éducation 2) visant à réduire les redoublements en développant des activités
de remédiation. Alors quand on parle de l’A.P.C, qu’en est-il exactement ?
Plus le diplôme est élevé, plus l’employé a des chances de s’adapter et de donner
satisfaction à terme ;
25
Les élèves qui sortent de l’école sont incapables d’accomplir des tâches complexes
même si toutes les connaissances et techniques requises ont été enseignées ;
Dans certains domaines, la sphère de recrutement est large car, le nombre de
diplômés est supérieur aux besoins ;
Ces constats ont donc poussé les employeurs à créer leur propre service de formation
pour que le personnel soit plus proche de ce que Roegiers (2003 : 33) a appelé « zéro défaut »
c’est-à-dire soit plus performant, capable d’accomplir une tache presque parfaite. Revenant
plus cher à l’entreprise, les employeurs vont centrer ces services de formation sur l’école pour
l’amener à changer et à transformer ses programmes en termes de compétences. Et c’est la
raison pour laquelle l’A.P.C sera d’abord appliquée dans les enseignements techniques et
professionnels et par la suite dans l’enseignement général.
Sur le plan théorique, l’APC découle du taylorisme qui porte sur le système
d’organisation du travail mis en œuvre par l’ingénieur américain Frederick Taylor au début du
XXe siècle. Avec ces systèmes, il est question de repartir et de chronométrer les tâches des
ouvriers dans les usines. Chaque ouvrier travaille et la main d’œuvre est de plus en plus
qualifiée, contribuant à la réalisation des gains de productivité importants. Ainsi la relation
entre l’homme et le monde du travail devient plus étroite. La genèse de l’A.P.C étant
présentée, il nous convient de montrer ses différents fondements théoriques.
2.2.1- Le cognitivisme
26
Le cognitivisme fait référence à plusieurs théories différenciées de la cognition, dont
celles de Bruner, de Tardif, de Piaget et de Vygotski. Il est utilisé ici uniquement en référence
aux théories qui prennent pour cadre de référence la théorie générale du traitement de
l’information.
Le cerveau humain est organisé de façon à pouvoir conserver les informations qu’il tire
de l’environnement. Tardif (1992) énumère quelques principes de base de la conception
cognitiviste de l’apprentissage ainsi qu’il suit :
Toute action se conçoit dans son ancrage dans une situation, en dehors de laquelle elle
n’aurait pas la même signification. Le terme situé signifie que l’activité humaine prend son
sens à l’intérieur d’une situation et du contexte dans lequel elle se déroule. Ainsi, la
connaissance n’existe pas à l’état pur dans la tête des personnages, elle est plutôt interne à la
situation. Alors, pour être en situation d’effectuer quoique ce soit, il faut tout d’abord le
vouloir ; ce qui demande la concentration et la présence d’esprit qui découlent de la
participation d’où l’intelligence. Cependant, l’on ne peut pas être intelligent dans toutes
circonstances ce qui signifie qu’on ne peut être compétent que sur les sujets qu’on maîtrise. Il
est aussi important de noter que la capacité de faire quelque chose s’octroie à un individu par
son rôle social, sa condition financière, ses ressources matérielles et humaines disponibles, le
contexte, les circonstances et le lieu physique. Tous ces éléments entrent en œuvre dans le
développement et l’exercice d’une compétence. C’est la raison pour laquelle Jonnaert
s’appuie sur les différentes relations à apprendre en compte dans la négociation du sens et
retiendra entre autres :
27
- La relation personne / situation
- La relation situation / contexte
- La relation action / contexte.
2.2.3- Le constructivisme
2.1.2.4- Le néo-constructivisme
28
cognitif augmente ou se développe s’il est accompagné d’un conflit social. Les différents
travaux menés sur cette théorie ont abouti aux conclusions suivantes :
- L’interaction permet aux apprenants d’un niveau donné de résoudre certaines tâches que
ces derniers ne pourraient effectuer seuls.
- Une fois de plus confrontés à ces tâches, ils parviennent à les exécuter mais tous seuls.
- Les nouveaux schémas que génèrent ces tâches sont stables et mobilisables pour d’autres
tâches.
- Les conflits sociocognitifs constituent le moteur de l’apprentissage.
2.1.2.5- Le socioconstructivisme
Le socioconstructivisme est une théorie qui met l’accent sur la dimension relationnelle
de l’apprentissage. Issu en partie du constructivisme, le socioconstructivisme ajoute la
dimension du contact avec les autres afin de construire ses connaissances. En proposant une
approche psycho-sociale des activités cognitives, inspirée des travaux de Bandura (1986), le
socioconstructivisme remet également en cause certains principes du cognitivisme, centrés sur
des mécanismes individuels, et actualise des approches théoriques qui insistent davantage sur
les dimensions sociales dans la formation des compétences. La construction d’un savoir, bien
que personnelle, s’effectue dans un cadre social. Les informations sont en lien avec le milieu
social, le contexte culturel et proviennent à la fois de ce que l’on pense et de ce que les autres
apportent comme interactions.
Vygotsky prétend que les interactions sociales sont primordiales dans un apprentissage
et le langage sert d’outil d’appropriation, tant du point de vue de l’attribution de sens par
l’apprenant, que du point de vue du développement des fonctions cognitives en vue de
l’acquisition visée par l’enseignant.
29
2.3- PRINCIPES, OBJECTIFS ET CONTENUS DE L’APC
2.3.1- Principes
Un principe est compris comme une donnée proposée ou émise comme base d’une
source, d’un raisonnement ou d’un art et sur laquelle se construit un système. Ainsi, comme
toutes les autres sciences, l’A.P.C a des principes que nous pouvons citer entre autre :
-Le principe de l’erreur : Il est très important de se servir de l’erreur pour pouvoir
avancer car celle-ci est naturelle chez tout être humain et précisément chez l’apprenant. Nous
devons donc en tenir compte parce que même les apprenants les plus compétents en font d’où
la pédagogie de l’erreur ;
-Le principe de qualité : Avec l’A.P.C, la qualité des savoirs est plus importante
que la quantité. Seuls les acquis de qualité s’installent de façon durable grâce au
réinvestissement aisé. Les enseignements doivent donc être sélectifs et allégés ;
-Le principe du changement : Il s’agit ici en quelque sorte de varier les pratiques
de classe. De même, il doit y exister une adéquation entre les pratiques de classe et les
pratiques d’évaluation car l’on ne peut changer l’une sans changer l’autre ;
-Le principe de globalité : les tâches doivent être conçues à partir d’une situation
globale dite « situation d’intégration ou situation complexe » (Roegiers, 2006 :31). Il est
question de présenter la tâche intégratrice aux élèves et ils doivent formuler les
compréhensions de la tâche à accomplir et du résultat à obtenir ;
30
-Le principe de signifiance : Les situations doivent avoir un sens afin d’être
motivantes pour les apprenants. Il faut exploiter les éléments de l’actualité comme activateur
de la tâche intégratrice, de poser les questions à l’élève pour l’aider à réaliser l’utilité de la
tâche proposée et à prévoir les apprentissages qu’il fera pendant la réalisation de cette tâche ;
31
2.3.2- Objectifs
- diminuer les échecs scolaires en garantissant une meilleure fixation des acquis ;
32
- accroitre l’efficacité interne et externe du système car cette efficacité interne du
système éducatif francophone camerounais est présenté comme étant nulle par l’UNESCO
dans ses travaux (2000, 2005, 2010) à cause des échecs scolaires ;
Avec l’APC les apprentissages sont plus significatifs dans la mesure où, elle est
appuyée par une réforme curriculaire qui permet le développement complet de chaque
apprenant.
2.3.3- Contenus
Les enseignements dispensés par l’APC entretiennent un rapport avec le quotidien des
apprenants, ce qui veut dire que cette approche est rattachée à une entrée par les situations
concrètes de vie. En se basant sur l’idée selon laquelle « une compétence ne se développe et
ne s’évalue qu’en situation et en contexte » (Jonnaert, 2006 :33), l’APC se perçoit comme un
ensemble de circonstances dans lesquelles un individu est face à une situation et doit se
comporter de façon compétente. Dans le nouveau programme d’enseignement du français
selon l’APC, s’inscrivent les différentes leçons dans des modules comportant chacun une
compétence attendue qui place l’apprenant dans une situation de vie vécue ou semblable à
celle vécue. Ainsi, les éléments qui constituent chaque module sont :
Les principes, les objectifs et les contenus étant ressortis, il est judicieux de présenter
quelques notions connexes à l’APC.
C’est une notion fondamentale de l’Approche Par Compétences. Elle a été définie par
plusieurs auteurs et nous n’en tiendrons compte que de quelques-uns.
Letor (2004 :34) note que la compétence se caractérise par la mobilisation des
ressources comme : « le savoir, le savoir-faire et le savoir être » pour résoudre une situation
complexe de vie. Ainsi, l’apprenant doit être à même de rassembler des ressources qui lui sont
propres et des ressources externes. Romainville quant à lui perçoit la compétence comme une
« aptitude à mettre en œuvre un ensemble organisé de savoirs, de savoir-faire et d’attitudes
permettant d’accomplir un certain nombre de tâches ». Pour Xavier Roegiers (2006 :31) la
compétence est « l’aptitude à pouvoir résoudre les problèmes, grâce à la mobilisation
conjointe de plusieurs savoirs, savoir-faire et savoir-être ». Dans ce sens, une personne est
compétente quand elle est dotée de certains acquis et est capable de les mobiliser afin de
résoudre des situations problèmes concrètes.
34
2.4.3- La notion de situation
- elles sont des situations problèmes qui imposent à l’apprenant une articulation de
plusieurs savoirs et savoir-faire pour être résolue ;
- ce sont des situations ou les apprenants sont actifs. Ils sont eux- mêmes maîtres dans la
résolution du problème et l’enseignant ne se présente que comme guide ;
- ce sont des situations proches du centre d’intérêt des apprenants, elles doivent être
captivantes afin d’intéresser les apprenants. D’où la nécessité d’illustrer ;
- ce sont des situations qui peuvent d’abord être traitées en groupes et par la suite être
résolues individuellement.
La famille de situation est un ensemble de situations complexes qui sont chacune une
opportunité de pratiquer une compétence. Ce qui signifie qu’à chaque compétence est liée une
famille de situations. Ces situations sont équivalentes, raison pour laquelle elles sont inter
changeables en termes de niveau de difficulté et de complexité. La famille de situation est un
regroupement de situations de vie partageant une ou plusieurs propriétés communes pour un
module. Elle est obligatoire et est énoncée sous forme de groupe nominale. Il existe deux
types de famille de situations à savoir :
- la famille de situations spécifiques qui est une famille appartenant à un seul domaine
de vie ;
- La famille de situations transversales qui est une famille dont les situations relèvent
d’au moins deux domaines de vie.
35
2.4.5-La notion d’objectif terminal d’intégration. (O.T.I)
L’objectif terminal d’intégration est une macro compétence qui recouvre l’ensemble
des compétences et dont l’ensemble des savoirs, savoir-faire et savoir être d’un cycle. Il s’agit
ici de savoir si les compétences ont été acquises par les apprenants et c’est dans ce sens qu’il
traduit le profil qu’on attend de l’apprenant à la fin d’un cycle ou d’un champ disciplinaire
donné. L’O.T.I a un caractère très précis et renvoie aussi souvent à une méthode qui permet
de mobiliser un ensemble de ressources afin de résoudre une situation complexe de la vie
courante.
- l’employabilité ;
36
- la lutte contre l’échec scolaire.
Le chapitre ainsi terminé, il ressort que l’approche par les compétences ne découle pas
de nulle part mais du monde de l’entreprise, dans les pays anglo-saxons. L’APC venue pour
combler les limites de l’approche par objectifs, celle-ci est accompagnée de plusieurs courants
théoriques tels que : le cognitivisme, la cognition située, le constructivisme, le socio
constructivisme et le néo constructivisme sur lesquels s’appuient les différents enseignements
reçus par les apprenants au quotidien. En plus des courants théoriques, cette approche obéit à
un certain nombre de paramètres à savoir : les principes, les objectifs et les contenus qui font
sa spécificité, sans oublier les notions connexes. Tout ceci étant clarifié, l’APC ne se veut
donc pas une nouvelle approche mais une approche novatrice venant en complément à
l’ancienne en vue d’un enrichissement des apprentissages.
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37
CHAPITRE 3 :
LECTURE SUIVIE :
UN GUIDE PÉDAGOGIQUE EFFICACE POUR
L’ENRACINEMENT DE L’APPRENANT.
La lecture suivie est une composante à part entière du cours de français. Elle revêt, au
même titre que l’orthographe, la grammaire, le vocabulaire, la rédaction et la lecture
méthodique, un caractère obligatoire. Elle se déroule en cinquante-cinq minutes soit une
séance par semaine en classe de 6e, 5e, qu’en 4e, 3e. Différente de la lecture méthodique qui se
limite à l’étude des extraits de texte, la lecture suivie fait appel à une démarche
méthodologique et analytique qui permet aux apprenants de mieux appréhender l’œuvre.
Ainsi, dispenser une leçon de lecture suivie exige de l’enseignant une parfaite maîtrise des
principes et objectifs, du choix des textes, de la démarche à suivre et des différentes méthodes
d’enseignement / apprentissage en lecture suivie.
A cet effet, le dit chapitre a pour but de vérifier l’hypothèse selon laquelle la lecture
suivie n’est pas simplement une lecture classique d’une œuvre littéraire mais doit
obligatoirement tenir compte des prolongements que sont : Le débat et la dramatisation dans
l’optique de l’enracinement du jeune apprenant à travers les éléments culturels contenus dans
les œuvres. De ce fait, ce chapitre s’articule autour de deux aspects à savoir : Lecture suivie :
un exercice pratique au collège et les méthodes d’enseignement en lecture suivie.
Pour cela, elle ne devrait pas se limiter à une simple lecture magistrale des apprenants
que l’enseignant interrompt de temps en temps pour apporter des corrections ou pour donner
quelques explications. De même, la lecture suivie ne devait pas se limiter à une simple séance
de pratique de classe où les apprenants se contentent de répondre aux questions dictées à
l’avance. Il ressort que la lecture suivie est un exercice assez ouvert aux initiatives de
38
l’enseignement / apprentissage qui ne prête pas à une démarche très rigoureuse mais obéit
quand même à un certain nombre de paramètres.
La lecture suivie est une activité de la classe de français au premier cycle d’après
l’arrêté de la constitution de la loi N098/004 d’orientation de l’éducation scolaire au
Cameroun. Une séance de lecture suivie peut porter sur une centaine de lignes ou de vers, elle
doit être un exercice de détente et de plaisir, c’est la raison pour laquelle l’enseignant choisira
une heure isolée placée dans les dernières périodes de la matinée ou de l’après-midi et de
préférence en fin de semaine.
3.1.1.1- Principes
La lecture suivie est une activité qui se fait en cinquante-cinq minutes par séance une
fois par semaine et obéit à un certain nombre de principes à savoir :
l’étude globale d’une œuvre grâce à une série de questions concernant un chapitre.
Différente de la lecture méthodique qui est l’étude approfondie d’un texte ou un extrait de
texte, la lecture suivie est la découverte d’un long passage dans sa structure générale et la
logique interne. C’est-à-dire qu’elle se pratique suivant la chronologie des événements d’un
œuvre ;
la variation des genres étudiés. Elle se fait le plus souvent du passage d’un trimestre à
un autre. En effet cette proposition est faite aux apprenants en vue de leur ouverture à la
notion de diversité de l’expression littéraire c’est-à-dire leur ouverture aux différents genres
littéraires.
3.1.1.2-Objectifs
La lecture suivie consiste à amener les apprenants du collège à pratiquer une lecture
autonome. Celle-ci comporte des spécificités et se démarque par ses objectifs tels que :
39
mettre à la disposition de l’apprenant des techniques et des méthodes nécessaires dans
les activités pratiques de la vie quotidienne. A titre illustratif nous avons : rédiger une lettre,
faire un compte rendu etc. ;
maitriser la lecture, la pratiquer à haute voix, bien l’articuler, en respectant les règles
élémentaires de l’élocution comme les pauses, l’intonation etc. ;
donner à l’apprenant le goût de la lecture solitaire, l’amener en toute autonomie à lire
dans l’intégralité au moins une œuvre par trimestre ;
assurer le développement culturel de l’apprenant, lui fournir les informations sur les
éléments de la culture littéraire. Ici l’apprenant doit connaître les différents genres littéraires
afin de commencer à intégrer leur fonctionnement.
Il est important de noter qu’en lecture suivie, il ne faut pas se fixer les objectifs trop
ambitieux. Pour les apprenants du premier cycle, il faut chercher à améliorer leur performance
en lecture par un entrainement technique régulier (apprendre à lire plus vite et mieux à travers
des exercices variés) et proposer des types de texte différents (textes littéraires, récits
documentaires etc.) en les associant aux différents supports (livre, journal, encyclopédie,
affiches et panneaux publicitaires etc.) Enseigner le français au collège et au lycée
(1996 :45). Les principes et les objectifs de la lecture suivie ainsi présentés, il importe de
parler des compétences que l’on attend des apprenants qui la pratiquent.
La compétence peut être définie selon Roegiers (2006 :31) comme « l’aptitude à
pouvoir résoudre un problème, grâce à la mobilisation conjointe de plusieurs savoir, savoir-
faire et savoir être ». A cet effet, la lecture suivie vise plusieurs compétences classées suivant
plusieurs ordres.
Elle permet de connaître les mots et surtout les mettre en rapport avec les objets du
monde. Dans son expérience, l’apprenant se constitue un réservoir de sens, de connaissances
préalables qui se stabilise dans sa conscience et sa mémoire et auquel il fait appel pour
comprendre une œuvre.
40
3.1.2.2-La compétence linguistique
Il s’agit ici de l’accès aux univers culturels suggérés dans le texte. Le texte est un
produit culturel parce que pour mieux le comprendre, il faut être informé sur la socio culture à
laquelle son auteur et lui appartiennent. Ainsi en abordant un texte, on doit savoir à quel
référent socio culturel il appartient afin de ne pas se tromper sur la logique du sens car celle-ci
est toujours liée à la socio culture du texte.
Elle fait référence à la distinction des genres et aux types de textes. Ici, l’enseignant ne
s’étendra pas sur les théories littéraires mais sur le genre littéraire de l’œuvre étudié et sur le
type de texte ou de l’extrait étudié.
Elle intervient :
dans le choix du sens des mots du texte dans le réservoir de sens constitué par
l’expérience des lectures antérieurs ;
dans la mise en relation des détails du texte avec les attentes de lecture en vue de la
formulation des hypothèses de sens et dans l’évolution de ces détails vers la validation de ces
hypothèses dans le processus de construction de sens qui est la principale activité de
l’apprenant-lecteur.
41
3.1.3 - Le choix des textes.
Par souci de décloisonnement de l’enseignement, les textes seront autant que possible
en rapport avec les autres exercices. L’enseignant doit choisir les textes variés et attrayants.
L’objectif principal étant d’amener l’apprenant autonome à lire une œuvre complète. Le texte
entier ne pouvant pas être lu en classe, l’enseignant choisira de larges extraits parmi les plus
intéressants et les plus significatifs dans la chronologie des événements racontés et qui visent
à consolider l’agir compétent en fonction du module en cours. Les autres passages seront lus
par les apprenants en dehors de la classe et feront l’objet d’un devoir à faire à la maison, du
résumé ou d’un compte rendu. Le texte à étudier sera proposé aux élèves une semaine à
l’avance avec les consignes à l’appui. L’on évitera une notation chiffrée de ce travail.
Il convient de noter que le choix des textes tient compte à la fois de l’âge et des genres.
En 6ème par exemple on privilégie les contes, les légendes, fables et romans proches de l’esprit
et des motivations des enfants de cet âge. En 5ème cependant on peut déjà amorcer une œuvre
romanesque de taille moyenne mais de contenu simple et attrayant. Quant aux classes de 4ème
et 3ème, les textes proposés aux apprenants seront plus étoffés d’œuvres romanesques,
théâtrales et des sujets plus en rapport avec leur vie quotidienne.
3.1.4- Démarche
D’après le curriculum (6ème -5ème), (Août 2012 :45), la lecture suivie se fait sur la base
de la démarche suivante :
La lecture suivie d’une œuvre intégrale au premier cycle commence toujours par les
activités augurales menées dans une démarche souple ayant une fonction apéritive c’est-à-dire
susciter l’envie de lire l’œuvre chez l’apprenant.
Il faut éviter d’utiliser le paratexte critique dans la mesure où celui-ci se constitue d’un
ou de plusieurs textes rédigés par un lecteur érigé en critique dans le but de porter un
jugement de valeur sur le contenu de l’œuvre ; Ceci est donc susceptible de désintéresser les
apprenants pour la lecture.
42
Aussi, il ne s’agit pas de faire de larges développements mais il s’agit de permettre
simplement aux apprenants de formuler les attentes de lecture dans une démarche qui se fera
en trois étapes à savoir : L’observation, la description et la formulation des attentes
(hypothèses) de lecture. Après les activités augurales on passe à la conduite de la leçon qui
obéit à un cheminement en cinq étapes.
Comme nous l’avons dit plus haut, une séance de lecture suivie respecte un
cheminement de cinq étapes à savoir :
La situation du texte ou l’extrait à lire : ici, le professeur aidera les apprenants à situer le
texte dans le souci d’établir un rapport entre les textes déjà lus afin que ces apprenants
perçoivent l’évolution chronologique des actions qui leur permettra de comprendre l’extrait
qui sera étudié ;
La lecture du texte : Elle s’effectue en deux temps. Nous avons alors la lecture du
professeur et celle des élèves.
La lecture du professeur
Le professeur met les élèves en situation d’écoute au début de la leçon. Il fait lui-même
la lecture d’un passage pour donner le ton. Cette lecture doit être expressive c’est-à-dire doit
être à haute voix pour aider les apprenants à suivre et à développer leur capacité d’écoute.
L’enseignant désigne quelques élèves pour continuer la lecture jusqu’à la fin. Ils
essaient de lire comme l’enseignant pour avoir le ton. L’enseignant doit plus interroger les
apprenants en difficulté pour leur permettre de s’améliorer au cours de leurs différentes
lectures. Les erreurs de lecture ou les mots mal prononcés seront systématiquement corrigés
mais le professeur devra attendre que l’apprenant finisse le segment de texte qui lui a été
donné à lire avant d’intervenir.
L’élaboration de la fiche de lecture : Après cette lecture faite par les apprenants,
l’enseignant pose des questions permettant de vérifier la compréhension globale du texte par
les apprenants. Il posera des questions tels que : Qui parle ? A qui ? De quoi ? Quels sont les
personnages ? Où sont-ils ? Quel est le type de texte ? etc. Ces différentes questions aideront
les apprenants à remplir en groupe ou individuellement la grille d’analyse à partir d’une
43
entrée choisie parmi tant d’autres comme : Les personnages, les actions, l’évolution de
l’intrigue, le décor, etc.
La confrontation : Lorsque le travail est fait en groupe, chaque groupe présente sa grille
en la justifiant. Elle doit être suivie d’un résumé et d’une leçon de morale. Les autres groupes
donnent leurs points de vue, apportent les modifications sur les différentes présentations.
Quelques mots difficiles se trouvant dans le texte seront expliqués selon le contexte si les
apprenants ont les difficultés de compréhension face à ces mots. Il ne s’agit pas pour
l’enseignant de faire une explication systématique des mots difficiles puisqu’il est question
d’une compréhension globale du texte.
Le bilan : La synthèse est élaborée par les apprenants à partir de la confrontation
justifiant la compréhension qu’ils ont du texte. Cette synthèse peut prendre la forme d’une
grille améliorée, d’un résumé et de la formulation d’une leçon de morale que les apprenants
noteront.
En définitive, il était question dans cette partie de montrer les principes et les objectifs
de la lecture suivie, sans oublier les compétences attendues, les choix des textes et la
démarche. Il ressort donc que toutes ces étapes font de la lecture suivie un exercice pratique
permettant la compréhension globale d’un texte par l’apprenant. Ainsi dit, l’on ne peut parler
de lecture suivie sans toutefois évoquer ses méthodes d’enseignement. Alors de quoi s’agit-il
concrètement ?
44
3.2.1 - La fiche de lecture
La fiche de lecture se présente comme une forme de compte rendu qui consiste à
condenser les résultats des lectures faites dans une œuvre. C’est un résumé de concepts traités
dans le livre des thèses développées par l’auteur et une brève analyse. Elle se construit en
deux grandes parties à savoir :
D’une manière générale, le compte rendu est un texte qui rapporte de manière exacte
(écrit ou oral) les informations essentielles d’un livre qu’on a lu, d’un événement qu’on a
vécu ou encore d’une émission qu’on a regardé ou écouté. Ainsi l’ouvrage enseigner le
français au collège et au lycée (1996-82) présente le compte rendu comme suit :
3.2.2.1 - Objectifs
Les objectifs du compte rendu sont à la fois généraux et opérationnels. Ils visent de
façon générale à amener l’apprenant à maîtriser l’usage du code oral, grâce à un apprentissage
méthodique de la syntaxe et du lexique approprié. Le compte rendu vise à amener l’apprenant
à maîtriser les règles de la communication sociale entre élèves et avec les adultes. Il a aussi
pour but d’amener l’apprenant à présenter en quelques minutes un livre qu’il a lu.
L’enseignant citera quelques ouvrages sur le thème étudié et les présentera à la classe
en lisant quelques passages. Il donnera ensuite deux semaines aux apprenants pour lire et
élaborer une fiche d’identification de l’ouvrage. Après ces deux semaines, il interrogera
quelques apprenants afin de présenter l’œuvre lue entre 5 à 10 minutes. Ils vont ensuite lire un
ou deux petits passages significatifs et indiqueront quelques centres d’intérêt dont ils
expliqueront les raisons de leur choix.
3.2.2.3 - Horaires
Le compte rendu d’une œuvre faite oralement se pratique en principe une fois par mois
ou tous les deux mois. Ainsi, il doit obéir à un certain nombre de règles tels que : Etre clair,
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complet, précis et concis, facile à lire. On ne doit pas retrouver dans un compte rendu les
critiques ou opinions.
3.2.3 - L’exposé
Un exposé est une explication ou un compte rendu sur un sujet donné. Il se caractérise
par les objectifs, la progression et la conduite de classe.
3.2.3.1 - Objectifs
Dans enseigner le français au collège et au lycée (1996 :90-91), les objectifs d’un
exposé sont présentés sous deux ordres à savoir : Les objectifs généraux et les objectifs
opérationnels.
En ce qui concerne les objectifs généraux, l’exposé vise à renforcer les capacités
d’expression orale des apprenants devant un groupe donné, vise à leur enseigner la maîtrise du
code orale courant (correction de la syntaxe, adéquation du lexique, relation destinateur /
destinataire). L’exposé a aussi pour but d’améliorer la diction et l’élocution des apprenants et
de développer leur esprit de synthèse face à un problème ou à un thème donné. De même il
facilite l’insertion sociale et professionnelle des apprenants.
3.2.3.2 - Progression
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3.2.3.3 - Conduite de classe.
Il est important de noter ici que les sujets choisis pour des exposés doivent répondre
aux attentes des apprenants. Un exposé ne doit pas se faire à plus de 15 minutes ; l’exposant
doit se servir de ses notes mais pas pour les lire ligne par ligne ; les autres apprenants seront
désignés après la présentation du travail pour donner leur appréciation sur l’exposé ; un débat
d’une dizaine de minutes doit être fait afin de permettre à la classe de discuter sur l’exposé
c’est-à-dire sur des idées développées par l’exposant ; l’enseignant intervient à la fin pour
relever les points positifs et les limites de l’exposé afin de faire une mise au point et une
brève synthèse écrite sera collectivement réalisée.
3.2.4 - Le débat
Le débat est une discussion entre plusieurs personnes dont chacune expose ses
arguments. Dans le cadre scolaire, le débat s’articule autour de quatre domaines à savoir : la
science, la littérature, la philosophie et la vie de la classe.
Le débat en classe de français consiste à éclaircir les zones d’ombre d’un texte et
confronte les diverses interprétations afin d’aboutir à un résultat qui satisfait toute la classe.
Une leçon de lecture suivie peut aboutir au débat à la fin de la séance, c’est-à-dire après
l’énonciation de la leçon de morale par les apprenants, l’enseignant peut formuler un sujet ou
un thème qui fera l’objet d’un débat. A titre illustratif, après une séance de lecture suivie
portant sur l’obésité, l’enseignant peut formuler un thème renvoyant au débat autour des biens
faits du sport. Avec cette activité, la possibilité est donnée aux apprenants de présenter leur
point de vue.
47
Le débat philosophique quant à lui renvoie aux discussions et aux questions
existentielles ou à forte teneur anthropologique
3.2.5 - La dramatisation
La dramatisation est « tout interprétation d’un dialogue, jouée par les élèves, que cette
interprétation soit fidèle au texte ou qu’elle comporte des variantes et des éléments
d’improvisation, allant jusqu’à une transposition très souple, assez éloignée du texte initiale »
Caré et Debyser (1991 : 64). En d’autres termes, la dramatisation est la présentation d’une
œuvre pour la rendre plus vivante, plus impressionnante à travers une mise en scène et les
personnages, jouant chacun un rôle précis. Ainsi, en classe de français, la dramatisation
comporte des objectifs bien précis et se présente sous plusieurs types comme le note
enseigner le français au collège et au lycée (1996 : 76-79).
3.2.5.1 - Objectifs
La dramatisation a pour objectif de montrer aux apprenants qu’à partir d’un extrait de
texte, on peut « monter » une scène ; de les amener à trouver les différents moyens matériels
nécessaires (décor, accessoires, etc.) et à déterminer les principales étapes de la présentation :
le choix des rôles, des acteurs, des dialogues.
la dramatisation répétitive qui consiste à jouer un rôle imposé, celui du personnage étudié
dans le texte. Les élèves peuvent modifier les rôles qui leur sont attribués mais en respectant
la situation de départ ;
la dramatisation avec une situation nouvelle : Après la présentation de l’étude du
dialogue, les apprenants tentent de réemployer l’acquis présenté dans le dialogue dans
d’autres situations différentes de la situation de départ. Il est important de souvent partir du
décor de la salle de classe afin d’éviter un appauvrissement des apports lexicaux et l’ennui des
situations artificielles ;
la dramatisation avec implication personnelle : c’est jouer une scène dont la situation
de départ est donné par le dialogue de présentation. L’apprenant étant délivré du texte,
interprète la situation de départ et transforme le cours du récit. Dans ce cas, le passage du
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« je » du personnage du texte au « je » de l’apprenant entraîne un éloignement et engendre
souvent des discussions ;
la dramatisation des faits divers : L’enseignant avec ses apprenants montent une scène
à partir des faits divers réels lus dans les œuvres, les textes, les journaux etc. cette forme est la
plus utilisée en classe de français.
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CHAPITRE 4 :
APPLICATION PRATIQUE DE QUELQUES
EXTRAITS
DE TROIS PRETENDANTS… UN MARI.
Trois Prétendants… Un mari du Camerounais Guillaume Oyono Mbia est une œuvre
théâtrale centrée sur la dot. Dans cette œuvre, l’auteur utilise une écriture particulière laissant
ressortir des traits culturels assez pertinents. En effet, nous ne nous attarderons pas vraiment
sur le thème central de cette œuvre mais plutôt sur l’aspect langagier que l’auteur met en
exergue pour présenter le système de la dot. Trois Prétendants… Un mari est inscrit au
programme pendant pratiquement plus de quinze ans et dans la classe de français, sa lecture
se tient en une heure de lecture suivie au premier cycle précisément dans les classes de
quatrième. Pendant toutes ces années, cette œuvre contribue non seulement à l’instruction des
apprenants sur plusieurs thématiques mais aussi à leur éducation culturelle, ceci à travers
l’étude pratique de quelques extraits de texte, comme il sera question dans le présent chapitre,
par le biais de l’A.P.C qui est déjà effective dans les classes de sixième et cinquième de
l’enseignement secondaire général et qui le sera aussi dans les classes de quatrième au cours
de l’année scolaire prochaine. Il se propose ainsi dans ce chapitre de vérifier l’hypothèse selon
laquelle le professeur de français qui maîtriserait toutes les méthodes d’enseignement-
apprentissage de la lecture suivie pourrait faire de cet exercice un exercice de détente,
distraction mais également une séance d’éducation culturelle des jeunes apprenants.
Trois Prétendants… Un mari est une œuvre théâtrale structurée en cinq actes qui
s’articulent autour de plusieurs thèmes dont le principal est le mariage traditionnel (dot). Pour
cette étude, le choix du texte s’est effectué grâce aux multiples marques culturelles qui s’y
trouvent, pour qu’à la fin de la dite étude puisse naître un thème de débat qui tournera autour
de l’enracinement du jeune apprenant.
50
D’une part, cet extrait peut servir de texte ouvroir. Et en tant que texte ouvroir, il est
d’une importance capitale parce qu’il donne un aperçu de quoi est ce qu’il sera question dans
toute l’œuvre. Comme le souligne les commentaires du programme de langue française et
de littérature (premier volet ; 1995 : 18-19), pour compléter les activités augurales, on
procède en classe, si l’occasion l’exige et pour faire naître d’autres attentes de lecture, à
l’explication d’un extrait particulièrement significatif de l’œuvre à lire. Cet extrait pourra être
le premier ou le dernier paragraphe de l’œuvre, la première scène d’une pièce de théâtre ou
dans le cas d’un recueil de poèmes, un poème particulièrement révélateur de la thématique de
l’œuvre ou des options formelles de l’auteur. Ceci signifie que le texte ouvroir doit être un
texte accrocheur qui est attrayant sur le plan du fond et de la forme.
D’autre part, le choix de l’étude de cet extrait s’est opéré grâce aux multiples
culturèmes qui y sont présents, étant donné que le but de cette étude est de montrer les
possibilités d’enracinement des apprenants à travers la lecture suivie. Cet extrait permet à cet
effet de relever le premier aspect culturel qui est la langue maternelle. Il ressort ici que, le
texte est parsemé des éléments renvoyant à la langue maternelle.
Texte N0 1
ACTE 1
Mvoutessi, par un après-midi bien tranquille.au levé du rideau, les acteurs en scène
sont installés en face de la maison principale d’Atangana. Atangana lui-même est en train de
fabriquer un panier. De temps à autre, il jette un coup d’œil impatient à un énorme réveil
placé devant lui. Abessôlô est fort occupé à la sculpture d’une figurine d’ébène. Il fume une
longue pipe et chasse les mouches avec un chasse mouche. Ondoua et Oyônô qui jouent une
partie de «songho », se servent très fréquemment du vin de palme que contient une calebasse
ventrue placée à côté d’eux. Au cours de la scène, oyônô ira une ou deux fois verser du vin à
son père et à son grand-père. Il va sans dire que les femmes ne boivent pas. Bien au
contraire, nous voyons Matalina décortiquer les arachides. Bella ira la rejoindre et l’aider
quand elle entrera en scène. Encore une fois toutes ces activités se poursuivrons avec naturel
au cours de l’acte car, à bien dire les choses, Mvoutessi est un petit village perdu dans la
brousse ; ce n’est pas tous les jours qu’il s’y passe des choses comme celles qui vont suivre.
51
ATANGANA, scandalisé, indiquant le réveil : tu vois Ondoua ?le réveil lui-même
nous dit que nous sommes déjà au beau milieu de l’après-midi ! (coup d’œil vers la route.) Et
ma femme qui est toujours au champ ! Makrita va-t-elle jamais comprendre que je la veux
toujours au village bien avant midi ?
ONDUA, avec un geste de découragement :Aaaka, Atangana ! N’en parle pas ! C’est
ce que je dis toujours : les femmes n’en font jamais qu’à leur tête ! Un homme ne devrait
jamais perdre son temps à essayer de les raisonner. Hier, par exemple, je demandais à ma
femme Monika de me donner une bouteille de cette liqueur… (Baisse la voix : la distillation
et la consommation de ladite liqueur sont interdites.)Euh … « arki », euh…qu’elle fait
distiller… (Haut :) je lui ai demandé de m’en donner une seule bouteille, Atangana. Et tu sais
ce qu’elle a fait ?
MATALINA, qui aime bien taquiner son père : Elle a refusé n-est-ce pas ?
ONDUA, pincé : il déteste qu’on plaisante sur les questions sérieuses : ta mère a fait
pire que refuser Matalina ! Elle ne m’a donné qu’une seule bouteille, oui, une seule !
(vindicatif tandis que les hommes présents hochent la tête en signe de commisération.) Et dire
que j’avais une fois…
BELLA, qui vient de s’installer près de Matalina : qu’est-ce qu’il y a encore dans ce
monde aujourd’hui, mon pauvre mari ? Je vois les femmes manger même les vipères, des
sangliers, des… (Claquant des mains scandalisée :) Eé é kié Oyônô Eto Mekongya Ngozip é
éé !
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ABESSOLO : toujours un « mais » ! Tu ne peux donc pas comprendre que je te donne
toujours de bons conseils ? Si j’avais été là l’autre jour, tu aurais refusé de prendre les cent
mille francs que nous avait versés Ndi, le jeune homme qui veut épouser ma petite fille
Juliette. D’après toi, il fallait attendre pour consulter Juliette elle-même avant d’accepter le
dote. (Scandalisé, au public :) Consulter une femme à propos de son mariage !
MATALINA : surtout que ce jeune homme avait versé les cents mille francs en une
fois, comme vrai prétendant !
MATALINA : Oui, aujourd’hui. Elle m’a écrit qu’elle arriverait cet après-midi même.
ABESSOLO, très vite : Oui ne rate pas une telle occasion ! Tu sais qu’on te fait subir
de longues attentes chaque fois que tu te présentes devant les bureaux administratifs !
Maintenant que tu auras un si grand homme comme gendre, je parie que tous les
fonctionnaires de Sangmélima s’empresseront de te servir !
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ONDUA : Sans aucun doute ! Sans aucun doute ! (Bas, après un coup d’œil prudent
jeté à la ronde.) Vous savez vous aussi que Medôla, le commissaire de police de Zoétele
m’arrête toujours pour ivresse publique, et ma femme Monika pour distillation clandestine
d’arki. Si nous donnons Juliette à ce grand homme, nous n’aurons plus rien à craindre de la
police : quand tout le monde aura su que…
ATANGANA : Vous avez raison tous les deux, mais vous semblez oublier l’essentiel :
qu’est-ce que le fonctionnaire nous apporte comme argent ? Si c’est moins que les cent mille
francs de Ndi, comment ferai-je pour rembourser la première dot ? Et qu’est-ce qu’il me
restera en poche ?
BELLA : Ah ka, mon fils ! Il apportera beaucoup d’argent, c’est moi qui te le dis ! De
mon temps…
ONDUA, qui n’oublie jamais le principal : Il faut surtout qu’il apporte à boire ! Des
choses fortes !
MATALINA, se levant : C’est peut-être Juliette qui arrive. (Se dirige en courant vers
la route, puis disparait en disant :) C’est elle !
ONDUA : Ah Oyôn ! Ne dis rien à ta sœur à propos du fonctionnaire !ton père lui-
même s’en char…
54
avant qu’elle ne parvienne à se dégager de l’étreinte. Bella parlera une fois les
effusions terminées.)
JULIETTE : Nous avons pris le car au lieu d’attendre le train de l’après- midi.
OYONO, allant arder la valise dans la maison principale : C’est bien ce que j’avais
pensé.
JULIETTE, sans trop de modestie : Oui, très bien ! J’ai réussi à mon examen !
BELLA, se lève avec autant de vivacité que l’âge lui en permet : Elle a réussi ! Ma
petite-fille a encore réussi à son examen ! Ah Nana Ngôk ! (Pousse le cri de joie traditionnel
des femmes’ « ôyenga » :)Ou-ou-ou-ou-ou… !
JULIETTE, éclate de rire : A Li… Libamba, voyons, Tita ! Combien de fois devrais-
je donc t’expliquer que Dibamba est un fleuve, et que Libamba…
ATANGANA, en riant lui aussi : Ton grand- père devient de plus en plus vieux,
Juliette ! Mais dis-moi un peu : comment vont tes maîtres blancs, les français, les américains,
et les missionnaires ?
JULIETTE : Ils vont très bien, mon père. Nous comptons même avoir de nouveaux
professeurs l’an prochain.
MATALINA, sans réfléchir, tandis que les hommes essaient de la faire taire à grand
renfort de signes : L’an prochain ton mari va donc te laisser repartir au collège, Juliette ? Est-
ce que…
(Ondoua lui a tapoté sur l’épaule ; elle se tait, mais trop tard… déjà
Juliette regarde tout le monde avec de grands yeux étonnés.)
55
ATANGANA, réprobateur: Hé kié, voyons, vous autres ! Vous savez bien que j’ai
promis de lui annoncer la bonne nouvelle moi-même ! (Se gratte la tête pour savoir par où
commencer.)Bon …euh… je vais t’expliquer la situation, mon enfant. Il y a cinq semaines
nous avons reçu la visite d’un jeune homme qui est venu demander ta main. Evidemment, à
cause de ton instruction et de ta valeur, nous avons décidé de prendre les cent mille francs
qu’il a versés… (Juliette a un mouvement vif, et Atangana ajoute précipitamment :) Mais nous
avons mis cet argent de côté !... En effet, nous attendons la visite d’un grand fonctionnaire …
(Se penche pour faire comprendre à sa fille qu’elle a bien de la chance.) Il veut lui aussi
t’épouser !
JULIETTE, indignée : Quoi ? Je suis donc à vendre ? Pourquoi faut-il que vous
essayiez de me vendre au plus offrant ? Est-ce qu’on ne peut pas me consulter pour un
mariage qui me concerne ?
JULIETTE : Mais je n’ai même pas encore vu l’homme que vous voulez me faire
épouser ! Comment voulez-vous que je l’aime ?
3333333333333333333333333333333333333333333333333333333
56
4.1.2– Fiche de préparation de la leçon et grille de lecture N01.
57
No Etape de la leçon Durée Contenus Support Activités d’apprentissage
Cet extrait de texte est tiré de Trois - Quel est le titre de l’œuvre ?
Prétendants … Un mari de Guillaume Qui en est l’auteur ?
Oyono Mbia des pages 13 à 20 et met
Découverte de la situation 05 Min - L’extrait de texte à lire est situé par
en exergue l’annonce d’une prétendue
1 problème l’enseignant.
bonne nouvelle à Juliette qui doit
- Lecture de l’enseignant
rentrer de son pensionnat pour passer
Corpus - Lecture des apprenants.
les vacances avec les siens.
58
- Les apprenants répondent aux
questions et les disposent dans la fiche
de lecture.
4 Confrontation 10 Min Corpus
- Les différentes propositions des
apprenants sont confrontées avec
l’aide de l’enseignant.
Thème du
Débat. débat et
connaissance
Débat. Chacun des apprenants donne son
6 10 Min s
Thème : Dans le contexte africain, les point de vue sur le thème du débat.
personnelles
enfants devraient-ils toujours obéir à
de
leurs parents ?
l’apprenant.
59
Grille de lecture No 1
Texte No 1 : « Mvoutessi … Je l’aime ? » Extrait de l’acte 1 page 13-20, Trois Prétendants …Un Mari G.O. Mbia, 1964
Les personnages Les lieux Les actions Le résumé Les leçons de morale
- L’acte s’ouvre par une
Les personnages de cet extrait - Juliette est une discussion sur l’éducation Dans cet extrait, il s’agit de - Les parents doivent
sont : collégienne qui vit à de la fille. la famille de Juliette qui a parfois écouter leurs
Libamba. - Juliette, l’héroïne, rentre reçu une somme de enfants et prendre en
- Atangana : c’est un paysan et
de son pensionnat pour 100 000 frs pour sa dot à considération leur opinion
c’est le père de Juliette.
- Ondua : Frère d’Atangana et - Les autrespasser les vacances avec son absence et à son insu. mais tout en les guidant
membres de la sa famille.
oncle de Juliette. Dès son arrivée à afin qu’ils n’empruntent
famille vivent à - Les membres de la Mvoutessi, on lui annonce pas le mauvais chemin.
- Matalina : C’est la fille
Mvoutessi au village. famille de Juliette cette nouvelle et ceci crée
d’Ondua et la cousine de Juliette.
l’attendent pour lui une
- Abessolo : C’est le père ambiance
annoncer la nouvelle. Mais mouvementée. - Il est bon de travailler
d’Atangana et le grand-père de Elle
avant son arrivée, chacun proteste contre cette idée et pour gagner de l’argent.
Juliette.
donne son point de vue. Car il a plus de valeur
- Bella : La femme d’Abessolo les siens se mettent en
lorsqu’on le gagne en
et la grand-mère de Juliette. colère.
travaillant et non par le
- Oyono : Paysan, fils
biais de certaines pratiques.
d’Atangana et frère de Juliette.
- Juliette : c’est la fille
- Il est bon de gagner de
d’Atangana.
60
l’argent au bout de l’
effort.
61
4.1.3- Prolongement de la lecture suivie : Le débat.
Thème : Dans le contexte africain, les enfants devraient-ils toujours obéir à leurs parents ?
Ce thème nécessite :
Thèse 1 : Les enfants devraient obéir aux parents parce qu’ils sont parfois mieux
placés pour prendre certaines décisions.
- Dans la tradition africaine, l’enfant doit toujours obéissance au parent car c’est un adulte
et sait ce qui est bien pour son enfant.
- Le parent a plus d’expériences dans la vie que sa progéniture. Ainsi il est habileté à
distinguer plus facilement ce qui est bien de ce qui est mauvais.
Thèse 2 : Les parents doivent parfois écouter et épouser les points de vue de leurs enfants.
- Dans certains faits de la vie, l’enfant ne devrait pas toujours obéir à ses parents. Lorsqu’il
s’agit par exemple du mariage, le parent n’est pas en mesure de choisir le partenaire de son
enfant dans la mesure où, le choix des conjoints est quelque chose qui se fait d’abord entre
deux personnes, c’est à dire les concernés.
- Les parents ne peuvent pas toujours prendre les décisions à la place de leurs enfants parce
qu’au fil du temps, les choses changent, les mentalités changent et les générations sont
différentes. Certaines choses qui étaient normales dans la génération des parents ne le sont
pas toujours dans la jeune génération.
Thèse 3 : Le parent devrait prendre certaines décisions pour le bien- être de son enfant
mais ne devrait pas toujours réfuter le point de vue de ce dernier.
62
4.2.1-Choix du texte No 2
L’extrait de l’acte cinq « Les villageois…. Seul sur la liste »a été choisi pour trois
raisons.
Texte N0 2
(Les villageois grognent de dépit. C’est alors que Kouma et Okô entrent. Okô est habillé en
grand homme, c’est-à-dire qu’il porte un somptueux costume traditionnel, genre Bamoun. La
pipe qu’il fume est plus imposante que celle d’Abessôlô. Les deux jeunes gens sont précédés
de six musiciens jouant des balafons. Les villageois, étonnés et inquiets, s’écartent devant les
nouveaux venus. Bien entendu, Juliette est plus étonnée que tout le monde réuni. Après avoir
fait signe aux musiciens de s’arrêter, Kouma dit d’un ton solennel :)
KOUMA : Beaucoup plus grand! Il a étudié dans les plus grandes écoles du pays des blancs,
et il en est sorti Docteur en Mathématiques!
KOUMA : Docteur en Mathématiques! Cela veut dire qu’il est capable de compter toutes les
feuilles d’un palmier!
63
KOUMA : Il est aussi Docteur en « langues blanches », parle parfaitement le français,
l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’allemand, l’anglais, le français!
Vous vous demandez peut-être pourquoi il est venu nous voir en si grande escorte.
C’est qu’il est également le plus grand commissaire que vous ayez vu : un Haut-Commissaire!
MBARGA : Un quoi ?
Un Haut… Haut-Commissaire!
ABESSOLO :(emballé)
Les « Bas-Commissaires » que Ndi et Mbia ont menacé d’envoyer ici pour nous arrêter!
KOUMA :(amusé)
Personne n’est mieux placé que lui pour faire jeter les gens en prison! Ne vous ai-je
pas dit qu’il a étudié au pays des blancs ? Il fera emprisonner tous ces Bas-Commissaires en
vertu des lois existantes et à exister, ou même inexistantes!
(Avec emphase) Ce grand homme, cet homme si grand, ce grand homme enfin…
64
MBARGA :(incrédule)
KOUMA : Célibataire!
(Confidentiel) Et pourtant, s’il le voulait bien, il pourrait épouser cinq femmes le même
jour avec l’argent qu’il gagne!
Saurait voir personne de ce village chez lui à Awaé sans lui offrir du vin de palme à boire, et
qui …
(Kouma pose une feuille sur le sol et élève solennellement une autre.)
KOUMA : Ensuite, nous avons le grand fonctionnaire Mbia, qui a versé deux cent mille
francs de dot. Il possède une grosse voiture, des sacs de Kolas du Nord et, évidemment,
quelques douzaines de commissaires de police! …
Ah ka, mon fils! Continue! Ces gens-là risquent de nous trouver ici!
Une femme! … Ko o o !
MBARGA :(surpris)
65
Mais ? Et le grand homme que tu viens de nous présenter ?
KOUMA : Tiens, je l’oubliais! Mais je tenais aussi à m’assurer qu’il restait seul sur la liste.
Écoute, mon fils ! Tu sais bien que ta cousine Juliette est tout à fait désignée à
épouser un grand homme. Mais… (Indiquant discrètement Oko)… penses-tu qu’il puisse nous
trouver trois cent mille francs de dot ?
(Haut, en imitant le geste d’Abessolo indiqué plus haut) Monsieur le Bas-Commissaire, nous
avons décidé de te donner notre fille Juliette !
(Silence. Les villageois, un peu mal à l’aise, attendent la réaction d’Oko qui, assis
très loin de Juliette, fume tranquillement sa pipe. Puis, comme Mbarga s’éclaircit la gorge,
Oko dit enfin d’un ton neutre :)
OKO : Hmm !... Merci beaucoup, Monsieur ! Mais qu’est-ce qu’elle en pense elle-même ?
MBARGA : Qui ?
(Après avoir remercié Kouma d’un hochement de tête) Tu ne sais donc pas que la plupart des
grands hommes de maintenant préfèrent entretenir cinq ou six maitresses, tellement il y a des
filles qui courent après leur argent ?
OKO : Ce n’est pas ce que je veux dire. J’apprécie beaucoup l’honneur que vous me faites.
Seulement, je voudrais que Juliette elle-même me dise « oui ».
Je vois ce qui t’embête, mon fils ! C’est moi que voici Atangana ; qui suis le vrai
père de Juliette ! N’écoute que moi !
Vous voyez ce que je disais ? Atangana essaie encore de nous écarter de sa famille !
ATANGANA : (à Oko)
Juliette est la fille la plus obéissante du monde ! Il suffit que je lui dise :
Oko : La question n’est pas là ! Je n’épouserai votre fille que si elle y consent elle-même !
Mais puisqu’on te dit que Juliette ne suit que notre volonté à nous !
OKO : (tranquillement)
67
KOUMA : (conciliant)
C’est pourtant facile à comprendre ! Le grand homme veut bien épouser Juliette.
Tout ce qu’il demande, c’est que Juliette elle-même lui dise « oui ».
(À Mbarga) Ne serait-il pas plus vite fait de demander à Juliette de dire « oui » au grand
homme ?
MBARGA : (scandalisé)
Lui demander de dire « oui » ? Parce que, à ton avis, elle oserait dire « non » ?
MBARGA : (excédé)
KOUMA : (patiemment)
Elle a tout à voir là-dedans, justement, puisque c’est elle qui doit se marier ! Ne
vaudrait-il pas mieux pour elle qu’elle choisisse son futur époux ?
ABESSOLO : (froissé)
KOUMA : Non, mais plutôt parce que c’est elle que la question regarde le plus directement.
ABESSOLO : (indigné)
Que nous la regardions faire ! Tu veux qu’elle parle encore d’épouser son petit écolier
Leclerc d’Ambam ! Jamais de la vie !
KOUMA : Voyons si, après avoir vu ce grand homme, elle osera même penser à son petit
écolier Leclerc !
68
Juliette : (coquette)
Il y a tout d’abord Ndi, le grand planteur, qui avait versé cent mille francs de dot.
C’est un brave garçon qui ne Saurait voir personne de ce village chez lui à Awaé sans lui
offrir du vin de palme à boire, et qui …
(Kouma pose une feuille sur le sol et élève solennellement une autre.)
KOUMA : Ensuite, nous avons le grand fonctionnaire Mbia, qui a versé deux cent mille
francs de dot. Il possède une grosse voiture, des sacs de Kolas du Nord et, évidemment,
quelques douzaines de commissaires de police! …
Ah ka, mon fils! Continue! Ces gens-là risquent de nous trouver ici!
Une femme! … Ko o o !
MBARGA : (surpris)
KOUMA : Tiens, je l’oubliais! Mais je tenais aussi à m’assurer qu’il restait seul sur la liste.
69
4.2.2- Fiche de préparation de la leçon et grille de lecture. No2
FICHE DE PRÉPARATION NO 2
70
No Etape de la leçon Durée Contenus Support Activités d’apprentissage
- Lecture magistrale de
2 Traitement de la situation problème 10 Min Corpus l’enseignant
- Lecture des apprenants
71
extrait ?
- Où se déroule l’action ?
- De quoi parle le texte ?
- Y a-t-il les éléments
renvoyant à la langue
maternelle dans cet extrait ? Si
oui, lesquels ?
- Que traduit chacun de ces
éléments ?
72
suivants ; Personnages, lieu, actions, différentes rubriques de la grille
résumé, leçon de morale de lecture du texte.
Débat.
Thème du débat
Chacun des apprenants donne
Débat. et connaissances
6 10 Min Thème : Est-il important pour un personnelles des son point de vue sur le thème du
débat.
jeune de savoir s’exprimer en sa apprenants.
langue maternelle ?
73
Grille de lecture No 2
Texte No 2 : « (…) Les villageois… seul sur la liste » Extrait de l’acte V pages 107-114, Trois Prétendants …Un Mari G.O. Mbia, 1964
Les personnages Les lieux Les actions Le résumé Les leçons de morale
Toutes les Dans cet extrait, on Dès l’arrivée de Juliette à Mvoutessi, elle - Toutes les familles doivent
- Kouma cousin de
actions de cet note l’arrivée de est proposée aux prétendants qu’elle s’organiser de telle sorte que
Juliette et ami de son
extrait se Kouma et Oko.
fiancé. refuse. Elle manigance alors un plan et l’avis de tous les membres de
déroulent à décide de voler de l’argent versé pour sa la famille soit pris en
Mvoutessi. Tout au long de dot avec l’aide de son cousin et son fiancé, considération lorsqu’il s’agit
- Mbarga : Le chef du
l’extrait, Kouma fait lequel argent sera remis à ce dernier (trois de prendre une décision sur un
village
l’apologie d’Oko.
- Abesseolo : Grand- cent mille francs). sujet délicat, afin d’éviter les
père de Juliette. Au constat de la disparition de l’argent, mauvaises surprises.
- Oko : Le fiancé de toute la famille est prise de panique et fait
Juliette et ami de Kouma même appel à un sorcier (Sanga Titi) qui à - Le jeune doit comprendre et
déguisé en « grand- son tour viendra escroquer. Face à tout savoir s’exprimer en sa langue
homme » ceci, Kouma arrive avec son ami Oko et le maternelle afin qu’il soit ancré
- Atangana : Le père de présente comme un « grand homme » dans sa culture et puisse
Juliette ayant plusieurs titres : Docteur en participer pleinement aux
- Mezoé : Oncle de mathématiques, docteur en « langues activités culturelles de sa
Juliette. blanches », haut-commissaire etc. Cette famille.
- Tchetgen : présentation faite par Kouma à l’égard
Commerçant Bamiléké d’Oko laisse les villageois dans
74
vendant de la friperie et l’étonnement et emploient des expressions
proposé à Juliette comme tels que « é ééékié ! » qui traduit leur
troisième prétendant. étonnement. « yaaaa ! » qui traduit leur
soulagement.
« Zua Meka ! » qui traduit l’attitude
scandalisée d’Atangana.
« Ah ka ! » qui traduit l’impatience des
villageois et « Kooo ! » qui traduit
l’étonnement de Tchetgen.
75
4.2.3-Prolongement de la lecture suivie : La dramatisation.
Ainsi après la séance de lecture suivie, l’enseignant se servira du thème du débat, pour
formuler un thème de théâtre qui sera tourné par les apprenants qui se porteront garants.
L’enseignant ne les abandonnera pas dans le tournage mais les assistera afin de coordonner le
travail et remédier aux erreurs.
Thème de la pièce : La langue maternelle est un outil capital pour l’enracinement du jeune.
- Juliette
- Makrita
- Oyono
- Matalina
- Oko
Acte V
En fin d’année scolaire, Juliette comme d’habitude décide d’aller passer les vacances
avec les siens à Mvoutessi. Mais cette fois décide d’y aller avec Oko, son fiancé afin qu’il
fasse la connaissance de sa famille pour officialiser leur relation.
Scène I
Oko : Au village ?
76
Oko : Tu sais toi-même très bien que je ne peux pas y aller !
Juliette : Serait-ce trop te demander de vouloir savoir les raisons d’une telle décision ?
Juliette : Tu te débrouilleras !
Oko : Mes parents sont mieux placés pour le faire à ma place ! Alors au moment
opportun, ils en iront !
Juliette : (en colère) penses-tu vraiment que ce sont tes parents qui viendront se
présenter à ta place ? Ne me dis pas que tu es sérieux !
Oko : (garde silence un moment, finit par accepter ce compromis qu’il considère
comme un fait accompli). D’accord ! Assez discuté ! Nous nous en irons.
Scène II
Matalina : (Se levant) C’est peut-être Juliette qui arrive (se dirige en courant vers la
route, puis disparait en disant :) c’est elle ! Elle est accompagnée d’un jeune homme.
Tous se dirigent vers la case familiale non loin de la route. Matalina lance un regard
curieux et discret sur Oko.
77
Matalina : Et que fait-il donc ?
Juliette, Oko, Matalina se dirigent vers la cuisine et Oyono vers la case principale
Scène III
Makrita : (se levant pour embrasser sa fille Juliette) Bonne arrivée ooo ! Ma fille !
Juliette : (serrant sa mère très fort dans ses bras) Merci ma’a !
Juliette : (en souriant) C’est mon fiancé et il est venu faire votre connaissance.
Makrita : Eéékié ! Quand ton père entendra ça ééé ! Ne va-t-il pas dire que c’est moi qui te
gâte ?
Makrita : (désemparée) Quand ton père saura que tu as un fiancé qui ne parle que la langue
des blancs. Eééé ! Je suis finie !
78
Juliette : Aaaka ! Ma’a ne te mets pas dans cet état.
Makrita : Comment veux-tu que je ne me sente pas mal ? Ta famille ne voudra jamais de
ce mariage. Juliette, avoir un mari qui ne sait pas s’exprimer en langue maternelle ? Cela
signifie qu’il n’est pas des nôtres et jamais on ne l’acceptera dans cette famille.
Avec l’aide de l’enseignant, les différents rôles sont attribués aux apprenants qui
feront des représentations scéniques après l’étape de la leçon de morale en lecture suivie.
Ainsi, au terme de la dramatisation, l’enseignant est convaincu que les apprenants ont compris
la leçon et leur demande de ressortir quelques leçons de morale. A cet effet, comme leçon de
morale de la pièce tournée nous pouvons retenir que :
777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777
777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777
79
CHAPITRE 5 :
DU PROTOCOLE D’EXPERIMENTATION ET
777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777
OUTILS D’ANALYSE AUX SUGGESTIONS POUR
777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777
UNE INTÉGRATION CULTURELLE PLUS
777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777
EFFICACE DANS L’ENSEIGNEMENT /
APPRENTISSAGE AU CAMEROUN.
Le protocole peut se définir comme un outil de travail qui met en exergue les différentes
méthodes et stratégies d’enquêtes ayant pour but de démontrer une vérité. La suggestion
quant à elle vient du verbe suggérer qui signifie proposer une opinion ou un point de vue.
Partant ainsi de ces définitions, il s’agira pour nous dans ce chapitre d’une part de présenter
les conduites à suivre pour effectuer les enquêtes sur le terrain et d’autre part d’apporter des
propositions personnelles pouvant favoriser l’enracinement culturel des apprenants
Camerounais.
La recherche est une étude scientifique portant sur un sujet d’étude déterminé et réalisé
afin d’élucider un problème. Dans le cadre universitaire, tout travail de recherche impose un
certain nombre de rigueur, d’objectivité et surtout de véracité des faits étudiés et des
informations fournies. A cet effet, nous avons jugé utile de faire une descente sur le terrain
auprès des enseignants et des élèves pour mener une étude claire en ce qui concerne la
relation entre la lecture suivie en classe de français et les éléments de culture qui sont présents
dans l’œuvre. Ainsi dans cette partie, nous nous appesantirons à présenter et à décrire les
instruments méthodologiques et les procédés techniques tels que : La population d’étude, la
constitution de l’échantillon, l’enquête, l’élaboration des questionnaires et de l’analyse des
réponses afin d’obtenir des résultats fiables.
La descente sur les lieux s’est faite dans un lycée d’enseignement général de la ville de
Yaoundé et s’est centrée exclusivement sur les enseignants de français et les élèves des
classes de quatrième. L’enquête s’est précisément basé d’une part sur une étude des
documents et d’autre part à la soumission des questionnaires aux enseignants et aux
80
apprenants. Dix questionnaires ont été soumis aux enseignants et cent aux apprenants du lycée
de Ngoa Ekélé.
L’échantillon peut se définir comme un fragment ou une partie d’un ensemble sur
lequel on réalise une étude précise. Constitué un échantillon revient donc à choisir un nombre
restreint mais représentatif pour une étude. Pour cela, nous avons opté de réaliser notre étude
avec un ensemble d’apprenants et un ensemble d’enseignants qui ont bien acceptés de nous
consacrer de leur temps en répondant à nos différentes questions. Les tableaux ci-dessous
mettent en exergue de manière globale la nature et les proportions de l’échantillon.
Etablissement Effectif
Total 100
81
Tableau7 : Echantillon des enseignants
Établissement Effectif
Total 10
Dix (10) enseignants sans distinction de sexe ont été sollicités. Un accent particulier
s’est posé sur les classes dans lesquelles ces enseignants dispensent des cours. Il ressort que
près de la totalité des questionnaires a été soumis aux professeurs qui dispensent au premier
cycle parce qu’ils sont plus en contact avec les élèves des classes de quatrième qui constituent
notre premier échantillon.
5.1.2- Enquêtes
Une enquête peut être définie comme une stratégie de recherche méthodologique qui
consiste pour le chercheur à observer l’objet d’étude sous plusieurs angles et à recueillir des
informations servant de témoignage et de preuve. En ce qui concerne notre étude, il s’agit
d’examiner non seulement les effets que la lecture des œuvres Camerounaises produit sur les
apprenants, leur degré d’imprégnation et d’attachement à leur langue maternelle et par
ricochet à leur culture mais aussi les différentes méthodes adoptées par les professeurs dans
l’enseignement/apprentissage de la lecture de l’œuvre intégrale et voir l’importance qu’ils
accordent aux éléments culturels se trouvant dans les œuvres Camerounaises.
En ce qui concerne les techniques que nous avons utilisées, nous avons procédé à la
lecture des programmes de français extrait du premier cycle et les cahiers de texte afin de voir
la place qu’occupe l’enracinement culturel dans le processus d’enseignement / apprentissage
de la lecture de l’œuvre intégrale. Pour ce qui est du questionnaire, il tourne autour de trois
aspects à savoir : L’amour et la bonne maîtrise de sa langue maternelle ; la lecture des œuvres
littéraires ; l’action de cette lecture dans le projet d’enracinement culturel des apprenants.
Il est question dans cette partie de vérifier, dans le guide pédagogique du programme
d’étude les critères de sélection des œuvres au programme et les méthodes pouvant favoriser
82
l’étude des éléments culturels. Dans cette étude, nous nous servons aussi des cahiers de texte
et quelques cahiers de français des élèves de l’établissement cible.
- la notion d’APC
- la notion de l’enracinement culturel.
- la place de l’insertion de éléments de la langue maternelle dans l’enseignement /
apprentissage du français.
- les méthodes utilisées lors de l’explication de ces éléments en situation classe.
- les œuvres littéraires Camerounaises dans la formation des individus.
Le questionnaire adressé aux élèves quant à lui est constitué de deux parties. La
première partie est réservée aux informations personnelles et la deuxième porte sur le
comportement des élèves face à l’enseignement/apprentissage des œuvres littéraires au
programme et comporte huit questions ouvertes. Celles-ci sont axées sur trois aspects à
savoir :
En ce qui concerne les élèves, nous leurs avons passé les questionnaires dans les salles
de classe, tout en leurs donnant les recommandations nécessaires sans oublier de leurs
rappeler que les réponses doivent être individuelles et sérieuses.
83
Pour les enseignants, les questionnaires leurs ont été soumis en mettant un accent
particulier sur les enseignants du premier cycle et plus précisément ceux des classes de
quatrième qui ont bien voulus participer. A chaque fois que nous soumettions un
questionnaire à un enseignant, nous nous rassurions que toutes les questions avaient eu une
réponse et dans le cas contraire, nous nous ramenions poliment vers lui et lui demandions de
répondre à celle(s) omise(s).
Après la lecture des quatre-vingt-dix questionnaires que nous avons pu récupérer sur le
terrain, nous avons effectué un groupement des questionnaires dont le sens était semblable et
nous avons noté leur fréquence d’apparition. Pour cette étude, nous avons respecté l’ordre
d’apparition des questions et nous avons procédé à l’élaboration des tableaux statistiques
correspondants à chacune des questions proposées tout en illustrant les réponses. Nous avons
donc opté pour la méthode des pourcentages qui est celle du dépouillement.
Pour l’analyse des données collectées, nous avons opté pour la méthode de recherche
qualitative qui a une visée comparative. De même, nous avons opté pour une analyse
statistique qui voudrait que les résultats soient présentés sous forme de tableau pour plus de
précision et de clarté.
Les documents que nous avons eu à analyser étaient le guide pédagogique des
programmes d’études de 6ème et 5ème et les cahiers de texte.
84
Le français est la langue dans laquelle l’élève apprend à exprimer sa
personnalité. Ainsi, aider l’apprenant à acquérir progressivement la maîtrise
du français, c’est-à-dire à accroître ses compétences de lecture équivaut à lui
donner un outil lui permettant d’accéder aux œuvre significative de sa culture
et celle des autres et, ce faisant, de se donner des repères culturels et
historiques.
Le cahier de texte consiste à représenter les étapes de la leçon par l’enseignant. Il s’agit
dans le cadre de notre analyse de relever les titres, les sous titres et les entrées utilisées
pendant la lecture de l’œuvre. Ainsi, dans l’établissement cible, les cahiers de texte que nous
avons parcourus nous ont présenté comme entrées utilisées par les enseignants l’étude des
personnages, la thématique et l’étude des paratextes.
Quatrième I 44 55%
Total 80 100%
Ce tableau présente le nombre total d’élèves de quatrième qui s’élève à 80 sur 100 soit
un pourcentage de 80%.
222222222222
85
Tableau 9 : Intérêt pour la lecture des œuvres.
Non 06 07.5%
Non 03 03.75%
Total 80 100%
A partir des données présentées dans ce tableau, sur les 80 élèves enquêtés, 71 sont
intéressés par la lecture des œuvres et 09 ne le sont pas. Ce qui donne un pourcentage de
88,75% pour ceux qui aiment la lecture contre 11,25% pour ceux qui ne l’aiment pas.
Total 80 100%
A cette question, les réponses montrent 49 élèves préférant les œuvres Camerounaises
soit un pourcentage de 61,25% et 31élèves préférant les œuvres étrangères soit un
pourcentage de 38,75%. En effet, les raisons que donnent les élèves préférant les œuvres
86
Camerounaises sont que ces œuvres sont plus faciles à comprendre et parlent de ce qui se vit
au Cameroun. Cependant, les élèves qui préfèrent les œuvres étrangères pensent qu’elles leur
permettent d’avoir des connaissances sur ce qui se passe à l’étranger.
Selon les données présentées dans ce tableau, il ressort que 19 élèves aiment leur
langue d’origine soit un total de 23,75%. 24 aiment un peu soit un total de 30% et 37 n’aiment
pas, ce qui fait un total de 46,25 %
Les réponses à cette question montrent 19 élèves sachant s’exprimer en leur langue
d’origine soit un pourcentage de 23,75%. Mais 25 s’expriment un peu ce qui donne un
pourcentage de 31,25 % et 36 ne s’expriment pas et cela fait un total de 45%.
87
Tableau 13 : Présentation du niveau de maîtrise de la langue maternelle.
Question 05 : Avez-vous une bonne maîtrise de votre langue maternelle?
Classes Réponses Nombre Pourcentage
Quatrième I Non 35 43.75%
Oui 09 11.25%
Quatrième Bilingue Non 26 32.5%
Oui 10 12.5%
Total 80 100%
Pour cette question, 19 élèves maîtrisent parfaitement leur langue maternelle, ce qui
donne 23,75%. Cependant, 61 élèves n’ont pas une parfaite maîtrise de leur langue maternelle
et cela revient à un total de 76,24%.
88
Tableau 15 : Enracinement culturel
Question 07 : Après la lecture de Trois Prétendants ….Un mari, pensez-vous que cette
œuvre puisse permettre de s’enraciner dans sa culture?
Classes Réponses Nombre Pourcentage
Quatrième I Oui 44 55%
Non 00 00%
Quatrième Bilingue Oui 30 37.5%
Non 06 7.5%
Total 80 100%
Les élèves de la classe de 4ème I pensent tous que cette œuvre puisse permettre
l’enracinement dans sa culture ce qui fait 55% contre 6 sur 36 de la classe de quatrième
bilingue qui pensent que cette œuvre ne permet pas l’enracinement dans sa culture soit un
pourcentage de 7,5%
Les réponses à cette question présentent 34 élèves préférant leur langue soit un résultat
de 42,5% contre 46 qui préfèrent la langue étrangère soit un résultat de 57,5%. En fait, les
élèves qui préfèrent leur langue pensent que cette dernière leur permet de s’enrichir et d’être
plus ancrés dans leur culture. Par contre ceux qui préfèrent la langue étrangère soulignent
qu’elle leur permet de s’ouvrir au monde et est plus facile.
89
5.1.3.2.2- Résultats du questionnaire adressé aux enseignants.
L’enseignant reste l’un des principaux acteurs de l’action pédagogique. Nous estimons
donc qu’il est la personne adéquate pour fournir des renseignements sur les difficultés
rencontrées pendant les pratiques de classe. C’est la raison pour laquelle un questionnaire a
été mis à leur disposition. Ainsi dit, dix exemplaires de questionnaire ont été adressés aux
enseignants de français et en majorité à ceux du premier cycle et les dix nous ont été restitués.
90
Tableau 18 : Point de vue des enseignants concernant l’insertion des éléments de la
langue maternelle dans l’enseignement / apprentissage du français.
Oui 06 60%
Non 04 40%
Total 10 100%
- Les objectifs visés par les leçons ne nécessitent pas vraiment l’intervention de
l’insertion des marques de la langue maternelle, autant plus que les élèves ne
maîtrisent pas la leur.
- On n’a toujours pas besoin des éléments de la culture pour comprendre une œuvre.
91
Tableau 19 : Explication de certains éléments de la langue
Effectifs Pourcentage
Réponses
08 80%
Oui
02 20%
Non
10 100%
Total
Huit sur dix enseignants enquêtés attestent avoir relevé les marques de la langue
maternelle lors de l’étude de l’œuvre soit un pourcentage de 80% et deux ne l’ont pas fait soit
un pourcentage de 20%.
Les enseignants qui se sont attardés sur les marques de la langue ont pu relever entre
autres « Eééékié » qui traduit l’étonnement, « Te eeeke ! » qui signifie non, jamais, « A aaa
ka » qui traduit le découragement.
« Tu es vraiment née avec une étoile sur le front » qui signifie que tu es née avec
beaucoup de chance.
92
Cinquante pour cent (50%) d’enseignants enquêtés se servent de la lecture suivie tout
en mettant un accent particulier sur lesdits éléments pendant le prolongement. Vingt pour cent
(20%) procèdent par l’approche thématique et trente pour cent (30%) n’ont pas de méthode
spécifique.
Quatre-vingt pour cent (80%) des enquêtés pensent que Trois Prétendants … Un mari
peut pousser l’élève à aimer sa langue et par ricochet sa culture. Selon eux, cette œuvre peut
rendre l’élève fier de ses origines et susciter en lui l’envie de mieux connaître celles-ci.
Cependant, vingt pour cent (20%) pensent le contraire.
Le tableau ci-dessus montre qu’il n’y a pas unanimité entre les enseignants en ce qui
concerne l’apport des œuvres Camerounaises dans la construction de l’identité culturelle des
jeunes Camerounais. Ainsi, sept sur dix sont pour, soit un pourcentage de soixante-dix pour
cent (70%) et trois sur dix sont contre ce qui donne un pourcentage de trente pour cent (30%).
93
5.1.4- Interprétation des résultats des différents questionnaires et vérification des
hypothèses
A ce niveau, une analyse faite sur les questionnaires adressés aux différents enquêtés
s’avère importante. En effet, cette analyse consistera à interpréter les résultats obtenus lors du
dépouillement afin de dégager les différentes perceptions sur les éléments culturels présents
dans les œuvres littéraires Camerounaises.
Le questionnaire adressé aux élèves avait pour but principale d’évaluer leur attachement
à leur culture via leur langue d’origine qui constitue la base même de cette culture. De même,
il était question de savoir l’image que les jeunes auraient des œuvres littéraires
Camerounaises en général et Trois Prétendants … Un mari en particulier, qui sont censées
œuvrer à leur enracinement. Selon leurs différentes réponses à cette question, il apparait que
la quasi-totalité des apprenants pensent que les œuvres Camerounaises puissent participer à
leur enracinement. Quant au degré d’attachement à leur culture via leur langue d’origine, les
chiffres sont vraiment alarmants. A la question de savoir si les élèves aiment leur langue
d’origine, les statistiques s’élèvent à vingt-trois virgule soixante-quinze pour cent (23,75%)
pour ceux qui l’aiment contre quarante-six virgule vingt-cinq pour cent (46,25%) pour ceux
qui ne l’aiment pas totalement. Allant dans le même sens, à la question de savoir si les
apprenants avaient une bonne maîtrise de leur langue d’origine, soixante-seize virgule vingt-
cinq pour cent (76,25%) de la totalité des apprenants enquêtés admettent ne pas avoir une
bonne maîtrise contre seulement vingt-trois virgule soixante-quinze pour cent (23,75%) qui
la maîtrisent parfaitement. De même, à la question de savoir quelle langue préfèrent les
apprenants, les chiffres s’élèvent à cinquante-sept virgule cinq pour cent (57,5%) pour ceux
qui préfèrent la langue étrangère contre quarante-deux virgule cinq pour cent (42,5%) qui
préfèrent leur langue d’origine.
Tous ces chiffres prouvent que les jeunes élèves ne sont vraiment pas enracinés dans
leur culture.
94
5.1.4.1.2- Questionnaire des enseignants
Il ressort d’après l’analyse des différentes réponses obtenues que la majorité des
enseignants confirment l’importance de l’insertion des éléments de la langue maternelle dans
l’enseignement / apprentissage du français et soixante pour cent (60%) de ces enseignants
pensent qu’on devrait jumeler l’étude des œuvres littéraires à l’enseignement de la culture.
Pour ce qui est de l’apport des œuvres littéraires Camerounaises dans la formation des
individus, plus de la moitié des enseignants soit soixante-dix pour cent (70%) atteste que les
œuvres littéraires Camerounaises contribuent à la formation de l’identité culturelle des élèves
et à leur développement. En effet, les œuvres littéraires Camerounaises en général et Trois
Prétendants … Un mari en particulier, favorisent l’enracinement culturel des élèves.
Concernant notre première hypothèse secondaire qui stipule que : « La lecture suivie
d’une œuvre ne devrait pas seulement être une activité de détente ou une simple lecture
classique, on devrait aussi tenir compte de ses prolongements », elle se valide mais avec
95
réserve dans la mesure où à la question de savoir quelle(s) méthode(s) utilisaient les
enseignants pour expliquer les culturèmes se trouvant dans Trois Prétendants … Un mari,
cinquante pour cent (50%) d’enseignants ont répondu qu’ils se servaient de la lecture suivie
plus précisément le prolongement. Mais les autres cinquante pour cent (50%) se servaient soit
de l’approche thématique soit n’avaient pas de méthode particulière.
Notre deuxième hypothèse secondaire qui est : « Trois Prétendants … Un mari à travers
ses marques culturelles serait une œuvre qui participerait à la transmission de la culture aux
apprenants » se confirme et concerne la question 5 adressée aux enseignants et la question 7
adressée aux apprenants. En effet quatre-vingt pour cent (80%) d’enseignants pensent que
Trois Prétendants … Un mari participe à la transmission de la culture et quatre-vingt-douze
pour cent (92%) d’apprenants affirment que cette œuvre permet l’enracinement dans sa
culture.
96
L’analyse et l’interprétation des résultats des enquêtes que nous avons effectuées nous
ont permis de vérifier nos hypothèses qui pour la majorité restent valides. De même ces
enquêtes nous ont permis de relever les difficultés que rencontrent les apprenants et même les
enseignants face à l’enseignement/apprentissage et à la compréhension des œuvres nationales.
Ainsi, quelles peuvent être les résolutions à proposer pour une implantation culturelle
définitive dans le processus d’enseignement/apprentissage de la lecture de l’œuvre au
Cameroun ?
97
5.2.1.2- Aux inspecteurs pédagogiques.
- Multiplier les séminaires dans les établissements scolaires portant sur l’importance des
enseignements dans la lutte pour une meilleure implantation, pour que les enseignants
prennent au sérieux la portée de leur enseignement ;
- Soumettre aux enseignants des supports didactiques leur permettant d’avoir les
renseignements sur l’ancrage culturel de l’œuvre et qui leur fourniront des explications sur les
éléments culturels qui apparaissent dans les œuvres à enseigner afin qu’ils puissent mieux les
aborder dans la salle de classe ;
- Instaurer des méthodes capables de faciliter l’identification des éléments culturels présents
dans l’œuvre par les apprenants. Ça pourrait par exemple être un cours d’initiation à la lecture
avant d’aborder la lecture personnelle de l’œuvre afin qu’ils puissent lire de façon autonome
les textes et puissent les comprendre.
98
porter soit sur un débat qui tourne autour d’un sujet culturel présent dans l’œuvre, soit sur une
représentation scénique tournée par les élèves dont le thème portera sur les éléments de la
culture présente dans l’œuvre. En dehors de la lecture suivie, les enseignants pourraient aussi
se servir des exposés donnés aux apprenants qui permettraient de mettre en exergue l’ancrage
culturel des œuvres étudiées en classe.
Les parents jouent un rôle très important dans la formation de leurs enfants. Ainsi,
l’enracinement culturel des élèves devraient commencer à domicile avec l’aide des parents.
Quarante-cinq pour cent (45%) des élèves ont affirmé lors des enquêtes qu’ils ne s’expriment
pas en langue maternelle avec leurs proches. Les parents doivent cultiver en leurs enfants
l’amour de communiquer en leur langue maternelle. Ils doivent leur inculquer des valeurs
culturelles réelles en leur donnant par exemple des informations sur leurs origines ethniques.
Ceux qui restent dans les villes doivent au moins une fois par an amener leurs enfants en
campagne.
De ce qui précède, il ressort qu’il y a encore matière à faire si l’on veut que l’étude de
l’œuvre littéraire soit associée à celle des éléments culturels pour promouvoir l’enracinement
du jeune apprenant camerounais. Toutefois, ces propositions à prendre en compte se
complètent et pourraient très bien participer à la baisse du taux d’acculturation chez les
apprenants.
99
CONCLUSION GÉNÉRALE
COCO
100
77777777En définitive, notre investigation sur le sujet « APC et enracinement culturel : Le
cas de la lecture suivie de Trois Prétendants …Un mari » posait le problème de savoir
comment la lecture suivie pouvait-elle participer à l’enracinement culturel du jeune apprenant
camerounais au premier cycle. Afin d’appréhender ce sujet, quatre questions clés ont été
posées à savoir :
- Comment pratiquer la lecture suivie en classe, exercice de détente, pour enraciner les
jeunes apprenants ?
- Dans une œuvre, quels sont les éléments qui concourent à la transmission de la culture des
apprenants ?
- A l’heure actuelle où bon nombre d’apprenants ont pour langue maternelle l’anglais ou le
français, comment transmettre les valeurs culturelles présentes dans les œuvres africaines
en général et camerounaises en particulier ?
- Avec le phénomène de mondialisation qui bat de l’aile, comment conserver nos langues
maternelles et par ricochet notre culture afin de la transmettre aux jeunes apprenants ?
Les réponses à ces questions ont entrainé comme hypothèse générale : Bon nombre
d’apprenants seraient victimes du phénomène d’acculturation à cause du modernisme et la
mondialisation. Face à cette situation, la lecture suivie d’une œuvre comme Trois Prétendants
… Un Mari de Guillaume Oyono Mbia par le biais de l’APC pourrait contribuer à la baisse
du taux d’acculturation chez ces apprenants.
Pour parvenir à cette étude, nous nous sommes basées sur l’ethnostylistique qui a pour
finalité « l’étude des modes particulières d’expression des valeurs culturelles » Mendo Ze
(2004 :21) et se présente comme une méthode efficace d’enseignement / apprentissage des
œuvres négro-africaines dans les établissements scolaires. Nous avons aussi procédé par une
recherche documentaire suivie des protocoles réservés aux questionnaires adressés aux
apprenants d’une part et aux enseignants d’autre part.
De prime à bord, nous avons effectué une analyse contextuelle de Trois Prétendants
….Un mari afin d’en déceler les éléments constitutifs. Nous avons pris en compte une
approche (APC) qui nous a permis d’exercer nos activités pratiques. Il a été souligné que,
l’Approche par les compétences est une nouvelle approche pédagogique adoptée au
Cameroun dans l’objectif d’améliorer le système éducatif camerounais. Malgré la non
application effective de cette méthode dans les classes de quatrième qui étaient notre cible, il
était tout de même nécessaire qu’elle soit utilisée ici parce qu’elle place l’apprenant au centre
101
de la construction de son savoir. Ainsi, parlant de l’enracinement culturel, l’APC permet à
l’apprenant de cultiver par lui-même une estime de ses origines.
Etant donné que le problème de l’enracinement culturel du jeune apprenant n’est pas
nouveau, la partie théorique de ce travail de recherche intitulée : Lecture suivie : Un guide
pédagogique efficace pour l’enracinement de l’apprenant a mis en exergue la pédagogie de
la lecture suivie. Ainsi, il ressort que cette sous discipline au premier cycle, en plus de ses
principes et objectifs, est aussi constituée des compétences attendues des apprenants, du choix
des textes et de sa démarche en situation classe. De même, cet exercice peut être dispensé via
plusieurs méthodes, se perçoit mieux dans une grille de lecture et a pour prolongements le
débat et la dramatisation qui, bien menés pendant l’enseignement participent à l’enracinement
culturel des jeunes apprenants.
Ce chapitre a présenté d’une part à travers Trois Prétendants …Un mari, l’autorité que
les parents ont sur leurs enfants grâce aux traditions. Un enfant, aussi grand qu’il soit et
surtout la jeune fille n’a pas le droit de refuser l’opinion ou le point de vue de ses parents, ne
doit répondre lorsque son parent parle car celui-ci est considéré comme un demi- dieux et ses
paroles doivent être prises comme paroles d’Evangile. Nous notons ici que l’extrait choisi
pour présenter cette autorité des parents sur leurs progénitures s’est illustré à partir de la
lecture suivie et a eu comme prolongement le débat.
D’autre part, une autre illustration d’un extrait de Trois Prétendants …Un mari a été
mise en exergue et présentait les différents éléments porteurs d’informations culturelles. Cette
illustration a eu comme prolongement la dramatisation. Ces deux prolongements ont permis
de montrer que la pratique de la lecture suivie peut être non seulement un moment de détente
mais aussi et surtout un moment d’échanges d’idées entre apprenants et entre apprenants et
enseignants. Dans le même sens, lors des lectures suivies, les dramatisations permettent aux
apprenants de vivre eux- mêmes les réalités contenues dans l’œuvre, ce qui leur permettra de
prendre le soin de se préserver ou d’éviter certaines situations désagréables.
Après la partie centrée sur la lecture suivie, s’est effectuée une enquête qui a exigée
une descendre sur le terrain pour la collecte des informations concernant l’étude des œuvres
littéraires et le problème d’enracinement culturel des apprenants. Lesdites informations étant
102
analysées et interprétées, quelques suggestions se sont dégagées afin d’aider les apprenants à
s’enraciner davantage dans leur culture. A partir des protocoles d’expérimentations établis,
nous sommes arrivées à la conclusion que, la lecture suivie grâce à l’APC participe à
l’enracinement des apprenants mais que, la majorité de ces apprenants ne maîtrise pas sa
langue maternelle et par ricochet sa culture. Or, la mise en valeur des cultures nationales et la
préservation du patrimoine culturel deviennent de plus en plus importantes pour le
développement culturel de notre société.
En ce qui concerne donc une implantation définitive des apprenants dans leur culture,
beaucoup d’efforts restent encore à fournir. C’est la raison pour laquelle nous avons suggéré
quelques propositions en ciblant particulièrement les instances en charge de l’éducation de
base, de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur, sans oublier les
inspecteurs pédagogiques, les enseignants, les apprenants et les parents. Etant vrai que d’une
manière ou d’une autre, la lecture suivie par le biais de l’APC, est une activité qui contribue
valablement à l’enracinement de l’apprenant, chacune de ces instances doit encore à son
niveau apporter un plus pour améliorer l’enseignement / apprentissage de l’œuvre intégrale au
collège afin que les enseignants puissent davantage former des élèves enracinés et pour que
notre patrimoine culturel soit préservé à jamais.
Pour terminer, l’approche par les compétences ne répond pas seulement à la volonté des
politiques mais également à la demande sociale dans la mesure où, notre système éducatif ne
doit plus former pour former mais former pour des réalisations concrètes. De ce fait,
l’application de la lecture suivie d’une œuvre et plus précisément d’une œuvre nationale en
classe de français par le biais de cette approche ne développe pas seulement chez l’apprenant
les compétences de lecture, d’expression et d’écriture mais aussi, elle lui permet de se
connaître tout autant que son enracinement culturel, connaissance qui faciliterait sa vie
sociale. C’est dans cette optique que Martinez (1996) qui au sujet de l’école pense « qu’il ne
s’agit plus seulement de l’appropriation d’éléments linguistiques et du développement des
compétences mais aussi de la construction de l’individu par exemple comme adulte ou
comme citoyen ».
103
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CORPUS
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USUELS
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104
Benveniste, Emile, (1966), Problème de linguistique générale, Paris, Gallimard.
Martinez, Pierre, (1996), La Didactique des langues étrangères, Paris, Que sais-je, P.U.F.
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Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève.
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ARTICLES SPECIALISES
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Letor, C, (16-17 mars 2004), « L’évaluation des compétences depuis la diversité des
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MEMOIRES
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pédagogique du Mvet.
WEBOGRAPHIE
http: // www. Wikipedia.com. Revue : culture & musée Consulté le 07 mai 2016.
107
ANNEXES
108
QUESTIONNAIRE ADRESSÉ AUX ELEVES.
Dans l’optique de la rédaction de notre mémoire de DiPES II, nous vous convions chers
élèves à remplir le questionnaire ci-dessous afin de participer activement à la scientificité
dudit mémoire. Nous vous remercions pour votre contribution.
PARTIE I : Informations personnelles.
1) Age : ………………………
2) Sexe : masculin féminin
3) Région d’origine : ……………………………..
4) Langue(s) maternelle(s) : ……………………..
PARTIE II
1) La lecture des œuvres littéraires vous intéresse-t-elle ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………….
2) Entre les œuvres Camerounaises et les œuvres étrangères, lesquelles vous intéressent le
plus ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………….
Pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
3) Aimez-vous votre langue maternelle ?
…………………………………………………………………………………………
5) Trois prétendants…un mari selon vous peut-elle inciter les apprenants à aimer leur
langue en particulier et leur culture en général ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
……………………………………
6) Pensez-vous que les œuvres littéraires Camerounaises aient un apport dans la
construction de l’identité culturelle des Camerounais ? pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii
RÉSUMÉ.................................................................................................................................... v
ABSTRACT .............................................................................................................................. vi
INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 1
CHAPITRE 1 : ......................................................................................................................... 10
Tableau 18 : Point de vue des enseignants concernant l’insertion des éléments de la langue
maternelle dans l’enseignement / apprentissage du français. .................................................. 91