These Aly Mohamed Aly Dalia
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These Aly Mohamed Aly Dalia
En cotutelle avec
THÉSE DE DOCTORAT
DISCIPLINE : LINGUISTIQUE
AUTEUR:
TITRE:
Jury :
Mme TOELLE HEIDI, Professeur à l’Université Paris III- Sorbonne Nouvelle
Mme FAWZY ZIKRY LAURINE, Professeur à l’Université d’Ain-Shams,
Faculté d’al-Alsun.
Mme HUSSEIN ABDELMONEIM SALWA, Professeur adjoint à l’Université d’Helwan
M. BOUSTANI SOBHI, Professeur à l’INALCO
Dédicace
A la mémoire de mes parents
D’auprès de Dieu, soyez témoins de l’accomplissement de ce travail.
i
Remerciements
A l’heure de mettre le point final à la thèse, qui est loin d’être un effort
solitaire, permettez-moi de remercier l’ensemble des personnes qui ont apporté
l’aide et contribué à l’aboutissement de ce travail.
Lorsque je pense à ce travail de longue haleine, je pense particulièrement à
mes encadrants de thèse.
Mme le Professeur Heidi TOELLE, j’avoue que le travail avec vous est une
expérience enrichissante. Grâce à vos remarques et réflexions utiles, plusieurs
sujets, auxquels je n’aurais pas osé m’attaquer, ont été abordés dans cette thèse.
Je vous remercie sincèrement pour vos lectures et relectures, votre patience,
votre efficacité et précision.
Mme le Professeur Sahar Moharram, vous étiez aussi mon directeur de thèse
de magistère. Je n’oublierai jamais que vous aviez mis votre bibliothèque à ma
disposition. C’est grâce à vous que j’ai pu choisir mon domaine de spécialité. Je
vous ai trouvée auprès de moi dans les moments les plus difficiles.
Je remercie également Mme Salwa HUSSEIN, pour son encouragement, son
optimisme et ses lectures et ses corrections. Je la remercie aussi pour avoir
assumé avec persévérance la lourde responsabilité concernant les procédures
administratives.
Naturellement, un grand merci à Mme le Professeur Laurine FAWZY
ZIKRY et à Mr. le Professeur Sobhi BOUSTANI qui m’ont honorifiée d’avoir
accepté être parmi le jury.
Je voudrais aussi remercier Madame le Professeur Mona SAAFAN pour sa
gentillesse, sa flexibilité et sa disponibilité. Mes remerciements s’adressent
également à Lobna Fouad pour son humeur, sa disponibilité et son aide, Hanaa
Abdel Rahman pour son application et son dévouement.
J’aimerais remercier aussi toutes les personnes qui m’ont aidée dans
ma documentation : de l’Égypte,Viviane Gamil, Noha abdel-Méguid, Nabila
al-Bayyadi, Nagwan Marmouch, de la Syrie Mr. Jamal Abdullah Je reconnais
ii
aussi avoir bénéficié d’une aide multinationale: du Liban, Mr. Jamal al-Zein, du
Soudan Mr. Amir al-Mahdi, et de l’Algérie Mr. Sigiri, et évidemment mon frère
et son épouse, tous sollicités pour un certain nombre de problèmes informatiques
Un remerciement tout particulier à la source intarissable d’amour et de
dynamisme, à ma sœur Rania. A elle, j’adresse un immense merci pour sa
disponibilité perpétuelle, pour ses efforts, son aide affective, morale et
académique.
Grande est ma dette à mes parents, qui, par leur absence aussi bien que leur
présence, me donnent la force pour persévérer.
Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance à mon mari, à mes enfants, à
ma belle-mère et mes belles sœurs pour m’avoir encadrée de leur amour et de
leur patience.
A ceux qui n’ont pas été cités ici, soyez sûres de ma sincère reconnaissance.
Résumé :
La traduction est une activité linguistique qui joue un rôle primordiale dans la
vie des différentes communautés humaines. Considérée comme moyen de
communication et de connaissance de l’autre, plusieurs disciplines lui ont été
consacrées. Au XVIIIème siècle, la faculté des langues (al-Alsun) a été instaurée
en Égypte par Rifāʽa al-Tahtāwī, l’auteur de ṣ - ṣ Bā . Cette
œuvre a été traduite au XXème siècle par Anouar Louca sous le titre de ’O de
Paris. L’Étude présente porte sur une œuvre qui présente une description
minutieuse du séjour de Rifāʻa al-Ṭahṭāwī en France, à savoir le ṣ -
ṣ Bā . Cette œuvre appartient à l’époque de la de la littérature
arabe.
L’étude porte sur quatre chapitres :
Le premier chapitre entame analyse esthétique comparée du ṣ et de
’O de P s. Le chapitre explique les manifestations des deux versants de la
dans le ṣ et les stratégies adoptées par Louca dans son Or de Paris.
iii
Le deuxième chapitre présente une analyse sociolinguistique du ṣ et
de ’O de P s. Cette analyse met en lumière le lien intrinsèque entre la
langue et la société. Une comparaison de l’œuvre dans sa langue source et sa
traduction mettra l’accent sur la stratégie de Louca et sur les différences entre
l’original et la traduction.
Le troisième chapitre porte sur la problématique de la fidélité selon la
théorie interprétative. La marge de liberté et les procédés utilisés par Louca
seront discutés.
Le quatrième chapitre est une analyse sémantique sélective d certains
passages dans le ṣ et leurs représentations dans l’Or de Paris. L’analyse
va porter sur le titre, le premier paragraphe et la traduction faite par
Rifāʻa al-Tahtāwī de la charte constitutionnelle de 1814. Les quatre chapitres
procèdent par une mise en parallèle de l’œuvre original et de sa traduction.
Nous reconnaissons la difficulté de la tâche assumée par Louca vu la
richesse de l’œuvre de Rifāʻa al-Tahtāwī qui représente un tournant dans
l’histoire de la littérature arabe. La spécificité culturelle, esthétique, historique et
linguistique constitue un vrai défi à la traduction.
--
Abstract
Translation is a linguistic activity which plays an essential role in the life of
various human communities. Considered as a tool of communication and
knowledge of the others, several disciplines were dedicated to it. In the XVIIIth
century, the faculty of languages (al-Alsun) was established in Egypt by Rifāʽa
al-Tahtāwī, the author of ṣ - ṣ Bā . This work was translated
in the XXth century by Anouar Louca under the title of “L’O de P s” which
means “The Gold of Paris”. The study hereby presented deals with a work that
presents a meticulous description of the journey of Rifāʻa al-Ṭahṭāwī in France.
The latter work is ṣ - ṣ Bā and belongs to the period of
of the Arabic literature.
iv
The study consists of four chapters:
The first chapter presents a comparison between the aesthetic analysis from
ṣ and its translation, namely Or de Paris, into the french langage. The
chapter explains the demonstrations of both objectives of the in the
ṣ and the strategies adopted by Louca in his Or de Paris.
The second chapter presents a sociolinguistic analysis of ṣ and Or de
Paris. This analysis highlights the intrinsic link between the language and the
society. A comparison of the ṣ in its original language and its translation
emphasizes the strategy of Louca and the differences between the original work
and its translation.
The Third chapter discusses the problem of the loyalty according to the
interpretative theory. The room for manoeuvre and the processes used by Louca
will be discussed.
The fourth chapter is a selective semantic analysis of certain passages in
ṣ and their translations in Or de Paris. The analysis concerns the title, the
first paragraph and the translation of the constitutional chart of 1814 made by
Rifāʻa al-Ṭahṭāwī. The Four chapters proceed in a parallel pattern between the
original work ṣ and its translation.
We recognize the difficulty of the task carried out by Louca given the wealth
of the work of Rifāʻa al-Ṭahṭāwī which represents a bend in the history of the
Arabic literature. The cultural, aesthetic, historical and linguistic specificity
constitute a real challenge in the translation.
Mots-clés :
-emprunt substrat-superstrat- translittération- diglossie- -fidélité
v
Transcription1
ʼ ء ḍ ض
b ب ṭ ط
t ت ظ
ṯ ث ʽ ع
ğ ج ġ غ
ح f ف
ḫ خ q ق
d د k ك
ḏ ذ l ل
r ر m م
z ز n ن
s س h ه
š ش w و
ص y ى
1
- CHAIRET (M.), Linguistique contrastive et traduction, Paris, Ophrys,1996, p.15.
vi
Table des matières
vii
Dédicace i
Remerciements ii
Résumé iv
Abstract v
Transcription vi
Table des matières vii
Introduction générale 1
Premier Analyse esthétique comparée 10
du s al- I et de l'Or de Paris
chapitre:
0 Introduction 11
1. L’O de P s ou la Nah a par l’ « āʼ» 11
1.1. Caractéristiques de la maqāma en tant que genre de 12
l’adab
1.2. Le s ǧʻdans le Ta ṣ 14
2. L’O de P s ou la Nah a par l’ « iqtibās » 24
2.1. L’intertextualité dans l’Or de Paris 25
Conclusion 62
Deuxième Analyse sociolinguistíque 68
chapitre: du Ta ṣ al- I et de ’O de P s.
0 Introduction 69
1. Le superstrat 71
1.1.0 Les interférences linguistiques 73
1.1.1. Interférences linguistiques au niveau militaire 73
1.1.2. Interférences linguistiques au niveau 82
administratif
1.1.3.Interférences linguistiques au niveau de la vie 104
urbaine/ civile
1.1.4.Interférences linguistiques concernant 116
l’habillement
viii
1.1.5.Interférences linguistiques dans la désignation des 119
emplois
1.2.0. Influences stylistiques dues à la soumission aux Turcs 121
1.2.1.L’abondance des titres qualifiant la même 121
personne
1.2.2.L’utilisation du style pompeux et de l’exagération 126
1.3.0. Influence morphosyntaxique 127
1.4.0 Influence phonétique 127
2. L’adstrat 131
2.1.0 L’emprunt à la langue française 132
2.1.1.Traduction littérale du nouveau concept 132
2.1.2.Arabisation du nouveau concept 134
2.1.3.Association de l’arabisation et de la 135
translittération
2.2.0 Influence italienne 138
Conclusion 143
Troisième La problématique de la fidélité selon la théorie 151
chapitre interprétative
0. Introduction 152
1. La fidélité selon les critères de l’équivalence 152
1.1. La fidélité au vouloir dire de l’auteur et la 159
problématique de l’implicite
1.2. La fidélité au destinataire de la traduction 167
1.3. La fidélité à la langue d’arrivée (LA) 171
1.3.1. L’ordre des éléments 173
1.3.1.1. La phrase nominale et la phrase verbale 173
1.3.1.2. L’adjectif 176
1.3.2. Le sens du mot 178
ix
1.4. Les procédés indispensables pour conférer au traducteur 181
une marge de liberté pendant sa traduction
1.4.1 Gain ou explicitation 182
1.4.2. L’adaptation 186
1.4.3 L’économie 188
1.4.4 La transposition 189
1.4.4.1. Transposition type Nom / syntagme verbal 189
1.4.4.2. Transposition type locution adverbiale / 191
adverbe
1.4.4.3. La transposition peut être type locution 191
prépositive/ adverbe
1.4.4.4. Transposition type complément absolu 192
(mafʽūl muṭlaq)/ adverbe
1.4.4.5. Transposition type substantif/ verbe 193
1.4.4.6. Transposition type participe/ verbe 194
1.4.4.7.Transposition type participe/ nom 194
1.4.4.8. Transposition type locution prépositive/ verbe 195
1.4.4. . Transposition type ma dar/ verbe à l’infinitif 195
1.4.4.10. Transposition type verbe/ locution prépositive 196
14.4.11. Transposition types verbes/ locutions 196
construites autour d’un nom
1.4.4.12. Double transposition type substantif/ locution 198
1.4.4.13. Transposition type substantif/ adjectif 198
1.4.4.14. Transposition type adjectif/ verbe 199
1.4.4.15. Transposition type préposition/ verbe 199
2. La transcription de l’oral dans Ta ṣ ou diglossie 200
2.1. Au niveau du lexique 205
2.2. Au niveau des structures 212
Conclusion 213
x
Quatrième Analyse sémantique sélective de certains passages dans 215
chapitre le Ta ṣ et leurs représentations dans L’O de P s
Introduction 216
1. Analyse du titre 216
2 Analyse sémantique du paragraphe introductif de Ta ṣ 220
3 Analyse sémantique de la traduction de la charte 239
constitutionnelle comparée à celle en langue source
Conclusion 301
Conclusion 304
générale
Annexe historique 308
I.L’alphabet osmanli, l’alphabet moderne et la 309
prononciation phonétique
II. Le contact des Arabes avec l’Empire persan 313
III.La charte constitutionnelle française de 1814 320
Proclamation du général Belliard 332
Proclamation du général Menou 333
Glossaire 334
Bibliographie 338
xi
Introduction générale
1
Rifā῾a al-Ṭahṭāwī ou le médiateur culturel :
Rifā῾a al-Ṭahṭāwī est un penseur et écrivain pionnier de la Nahḍa de la
littérature arabe. Il est né dans la ville de Ṭahṭā, en Haute-Égypte, en 1801,
l’année de l’évacuation des troupes françaises du pays. Tel qu’il nous l’apprend
dans son Taḫlīṣ1, Rifā῾a descend d’une famille de notables, autrefois riche. Elle
fut ruinée à la suite de l’abolition du système de l’iltizām, en , par
ohammad ῾Alī, le vice-roi de la Sublime Porte. Rifā῾a a pu, grâce à ses efforts,
refonder cette fortune au long de sa carrière, r ce au récompenses reçues de la
part de ohammad ῾Alī et de ses successeurs. Orphelin, Rif ῾a fut élevé par ses
oncles maternels, qui étaient des ῾Ulamā’. Il a reçu une formation azharite et a
suivi les cours du cheikh al-῾Aṭṭār. Ce dernier a joué un rôle décisif dans sa
nomination en tant que cheikh ou conseiller religieux des boursiers envoyés en
France pour cinq ans. Le séjour de Rifā῾a en France a commencé en 1826 et a
pris fin en . Pendant cette période, Rifā῾a a composé une œuvre qui a eu
beaucoup de succès, à savoir Taḫlīṣ al-Ibrīz fi talḫīṣ Bārīz (publiée en 1834, puis
traduite en turc dès 1840). La description minutieuse de la vie sociale, culturelle
et politique faite par l’auteur reflète sa fascination pour tout ce qu’il découvre
pendant ce voyage. Cette fascination atteint son point culminant avec sa
description de la Révolution de 1830, connue sous le nom des « Trois
glorieuses », dont il fut le témoin. L’œuvre inau ure une mutation, en premier
lieu au niveau stylistique, et qui va jusqu’à atteindre la société é yptienne elle-
même. A ce propos, nous signalons que les penseurs de la Nahḍa la
considéraient comme œuvre sociétale. Taḫlīṣ représente une nouvelle approche
de l’écriture littéraire. Les normes e i eaient jusqu’alors de rester dans les
moules des Anciens et accordaient une importance primordiale à la rime, parfois
au dépens du sens. L’œuvre est une invitation à la modernisation, qui
n’épar ne rien, même pas l’outil lin uistique. Le contact de Rifā῾a avec une
vie " autre ″ lui a fait découvrir l’incapacité de la lan ue et du style de
poursuivre le rythme rapide avec lequel survenaient des nouveautés. La
1
-- Nous utiliserons dans notre étude « Taḫlīṣ » en uise d’abréviation
2
modernisation de l’outil lin uistique fut donc une nécessité. Rifā῾a s’est servi de
plusieurs straté ies afin d’aboutir à la modernisation de la langue: emprunt,
arabisation, translittération, explicitation.
De retour dans son foyer, Rifā῾a accorde une importance primordiale à la
traduction et inau ure en 5 l’École des Lan ues dont il devient le directeur.
Il introduit une réforme dans la mise en page et dans le contenu du journal
officiel al-Waqā’i῾ al-Miṣriya, dont il sera le rédacteur en chef entre 1842 et
4 . Les réfle ions de Rifā῾a et ses productions se sont poursuivies, même
pendant son e il à arṭoum sous ῾Abbas 1er dont l’assassinat libère Rifā῾a de
son exil. Il est rapatrié sous le régime de Sa῾īd Pacha. Rifā῾a est resté leader de
la littérature de la a ḍa jusqu’à sa mort en 7 . Une œuvre posthume2 est
apparue grâce à son fils en 1874. Si les uns considèrent Rifā῾a al-Ṭahṭāwī
comme le père spirituel de la Renaissance arabe, Louca salue en lui le
médiateur culturel entre l’É ypte et la France.
L’étude d’une lan ue est inséparable de son histoire. L’É ypte, qui possède
l’une des plus anciennes histoires de l’humanité, a connu le cosmopolitisme
dans les toutes premières phases de son histoire. Ce cosmopolitisme a sans doute
laissé ses traces sur la langue du pays qui, de ce fait, a perpétuellement évolué
sur l’échelle diachronique. L’emprunt lexical et le calque sont parmi ces traces.
Le aḫlīṣ al-Ibrīz fi talḫīṣ Bārīz de Rifā῾a al-Ṭahṭāwī est une œuvre riche, non
seulement au plan linguistique, mais aussi historique et social.
Le aḫlīṣ de Rifā῾a al-Ṭahṭāwī est au premier abord une relation
de voya e. Un voya e en France qui a duré cinq ans. L’auteur fut au début
nommé en tant qu’imām accompa nant les boursiers. Le jeune imām a attiré, par
son esprit ouvert et son intelli ence, l’attention des Orientalistes français,
responsables des boursiers. Il devient sur leurs recommandations lui aussi
boursier. L’œuvre est une description minutieuse et détaillée de la
société é yptienne et française, du séjour de l’auteur et de tout ce qu’il a
rencontré pendant cette période, depuis son départ jusqu'à son retour. L’ouvra e
2
- Il s’agit de Nihāyat al-īğāz fī sīrat sākin al- Hiğāz.
3
comprend des remarques importantes sur les Français, leur vie quotidienne, leur
habitat, leur mode vestimentaire, l’administration du pays, etc. Le aḫlīṣ
comprend aussi un ensemble bouillonnant de réfle ions de l’auteur qui espère
un avenir meilleur pour son pays. La description dans aḫlīṣ prend plusieurs
formes: topographie, chronographie, prosopographie. Elle est perpétuellement
accompa née d’une mise en parallèle entre l’É ypte et la France. Le aḫlīṣ est
une œuvre très riche au niveau lin uistique, stylistique et au niveau des idées. Il
est l’incarnation de la Nahḍa avec ses deu versants l’i ā et l’iqtibās. Le
premier est un facteur «endogène», le second «exogène»3. L’auteur chante dans
ème ème
son œuvre la loire des Arabes qui s’est étendue du VIII au XV siècle.
Sans nier le pro rès réalisé en É ypte sous ohammad ῾ALĪ, Ṭahṭāwī souhaite
que son pays s’élance de nouveau et à pas rapides sur le chemin de la modernité.
Il cherche dans son œuvre une conciliation entre le spirituel et le matériel, le
spirituel et la modernisation, une modernisation toujours conçue sous l’optique
de l’imām azharite et qui ne s’oppose pas à l’identité arabe et é yptienne. Bref,
une modernisation compatible avec l’identité de la société é yptienne.
La dimension historique du aḫlīṣ se manifeste dans le lexique choisi, dans
les sujets soulevés par l’auteur aussi bien que dans son style. Ṭahṭāwī a tenu à
traduire intégralement la Charte constitutionnelle de 1814. La charte insiste sur
certaines idées qui ont attiré l’auteur, vu l’absence de leurs applications en
Égypte à cette époque, telles le droit des citoyens à accéder à tous les postes, les
droits et les devoirs. En situant l’œuvre dans son contexte socio-historique, le
lecteur peut déchiffrer à travers les articles concernant la structure étatique, la
répartition des pouvoirs, les raisons qui ont poussé Ṭahṭāwī à traduire la charte.
Louca a réduit les articles de la Charte en un paragraphe. Une mention de
certains articles soulevés de la version originale de la charte figure dans les
notes de l’Or de Paris. Cette omission représente une nette perte pour le lecteur
français. D’autres omissions ont aussi été analysées dans cette étude.
3
-Histoire de la littéraqture arabe moderne, t.1, sous la direction de HALLAQ (B.) et TOELLE (H.), Paris,
Sindbad Actes Sud, 2007, p.13.
4
L’œuvre est riche par ses représentations des sociétés é yptienne et
parisienne au XIXème siècle, par ses idées révolutionnaires, par son esprit
réformateur et par les messa es implicites et e plicites qu’elle contient. L’auteur
a essayé d’y mettre en harmonie l’utile et l’a réable.
Le contexte socio-culturel de l’œuvre se reflète indubitablement dans la
langue et le style dans lesquels le aḫlīṣ est écrit. Le contexte historique a sans
doute son impact sur toute production littéraire. Cet impact concerne l’aspect
linguistique, stylistique et la richesse idéique.
Louca a assumé une lourde responsabilité en traduisant le aḫlīṣ de Ṭahṭāwī.
Outre la richesse de l’œuvre que nous venons de si naler, celle-ci est écrite dans
une langue arabe difficile aussi bien au niveau linguistique que stylistique.
Ṭahṭāwī a réussi dans son aḫlīṣ à donner à ses compatriotes une certaine image
de la France à cette époque. Cependant, cette même image est en quelque sorte
et grâce aux comparaisons perpétuelles établies par l’auteur une représentation
d’une autre ima e, à savoir celle de la société é yptienne à cette même époque.
Partant du fait que « la traduction est un des moyens essentiels de la
communication interculturelle et l’un des modes majeurs du croisement des
cultures »4, l’Or de Paris, en tant que traduction, est supposé participer à la
formation d’une certaine ima e de l’Autre, en l’occurrence, de la société
é yptienne à l’époque concernée, chez ses lecteurs francophones.
L’intérêt porté à ce sujet remonte au dynamisme interne de l’œuvre et à ses
particularités. Le aḫlīṣ représente un vrai défi à la traduction. L’œuvre se
présente comme étant un récit de voyage ou ri la. Ce enre littéraire est l’une
des formes d’e pression favorites du mouvement de la Nahḍa. Le Taḫlīṣ de
Rifā῾a est en fait une œuvre protéiforme. Le lecteur y trouve non seulement le
récit de voyage, mais aussi le récit autobiographique, les correspondances, les
Mémoires et la critique du pouvoir égocentrique en Égypte. Il y trouve aussi le
passé reluisant, le présent optimiste et un futur prometteur. La critique et la
résistance, l’amour de la patrie et la nostal ie y jouent aussi un rôle. L’œuvre est
4
- Paul BENSIMON, Présentation de Palimpseste n. 11:Traduire la culture. Paris, presses de la Sorbonne
Nouvelle, 1998, p.10.
5
inaugurée et bouclée par des phrases rimées et rythmées (saǧ῾), l’auteur utilise
différentes variétés de la langue. Il les varie conformément aux exigences de la
situation. Le lecteur trouve dans le aḫlīṣ l’arabe classique et dialectal. À
chacun de ces éléments une justification.
La présente étude a pour objectif d’e aminer les stratégies adoptées par
Louca dans son Or de Paris afin de traduire et de rendre les différents aspects de
aḫlīṣ. A-t-il pu préserver à l’œuvre son identité et ses caractéristiques? Nous
nous intéressons également aux voies suivies par le traducteur afin de rendre le
sens et l’esprit de l’œuvre. Les résultats obtenus nous aideront à déterminer la
visée de la traduction de Louca.
Nous tenterons dans cette étude de présenter une analyse comparative du
aḫlīṣ de Ṭahṭāwī et de l’Or de Paris de Louca, selon la théorie interprétative
éditée par SELESKOVITCH et LEDERER. « La t éorie interprétative (…) a
établi que le processus consistait à comprendre le texte original, à déverbaliser
sa forme linguistique et à exprimer dans une autre langue les idées comprises et
les sentiments ressentis »5. Cela dit, la traduction, selon l’école interprétative,
passe par trois phases: la compréhension, la déverbalisation, puis la réexpression
ou la reverbalisation du sens. En effet, plusieurs éléments participent à la
formation de ce “sens”. Le traducteur est censé transférer vers la lan ue cible le
sens du message contenu dans le texte dans la langue source. Or, un transfert
réussi e i e une bonne compréhension du messa e, puisque le sens n’est pas
toujours explicite. Cette compréhension est garantie seulement par le
foisonnement des connaissances linguistiques et extralinguistiques qui entourent
le message. La reverbalisation du message est tributaire du talent du traducteur
et de sa maîtrise des deux langues en question, dans le cas présent l’arabe et le
français. La clarté de la reverbalisation exige, à certains endroits, une
intervention de la part du traducteur. Cette intervention est supposée être dans
5
- M. LEDERER, La traduction aujourd’ ui. Le modèle interprétatif, Paris, Hachette, collection F, p.11.
6
l’intérêt du transfert du sens et de sa réception par le destinataire de la
traduction.
Le sens que le traducteur est supposé dégager du texte et transmettre dans la
traduction est non seulement explicite et implicite, mais aussi linguistique,
cognitif et affectif. Il est pour Lederer un état de conscience.
Pour SELESKOVITCH, « le sens est un vouloir dire extérieur à la langue,
antérieur à l’expression c ez le sujet parlant, postérieur à la réception du
discours c ez le sujet percevant […] l’émission de ce sens nécessite
l’association d’une idée non verbale à l’indication sémiotique (parole ou geste,
peu importe en soi le support qui se manifeste de façon perceptible!) […], la
réception du sens exige une action délibérée du sujet percevant. Dans cette
perspective, on est amené à ne plus voir dans l’agencement des mots que des
indices, puisés par le locuteur dans […] la langue, reconnus […] par l’auditeur,
(mais) ne servant au premier que de jalons pour sa pensée, et au second que de
tremplin pour la construction du sens » 6
Les fondatrices de la théorie interprétative souli nent qu’« il n’ a pas de
texte (…) sans éléments cognitifs non explicitement exprimés mais devant être
pris en compte»7. Pour sa part, Hurtado Albir conçoit le sens comme une
« synthèse non-verbale opérée par le processus de compréhension qui se situe
lui-même au carrefour de références linguistiques et non-linguistiques »8
Il incombe donc au traducteur de dé a er le vouloir dire qui animait l’auteur
pour pouvoir restituer le sens. Une bonne compréhension peut assurer le
dégagement réussi de ce vouloir dire. Or, « la compré ension d’un mot ou d’une
p rase fait appel immanquablement à toute une série d’éléments. Signalons
d’abord : la connaissance du contexte situationnel, du contexte verbal, du
contexte cognitif et du contexte général socio-historique »9
6
- SELESKOVITCH (D.), « Traduire, de l‘expérience aux concepts », dans Études de linguistique appliquée24,
Paris, Didier, 1976, in LEDERER, La traduction aujourd’ ui, op.cit, p.24.
7
-SELESKOVITCH et LEDERER, Interpréter pour traduire, Paris, Didier Érudition, 1986, p.10.
8
- HURTADO ALBIR, La notion de fidélité en traduction, Collection « traductologie» n. 5, Paris, Didier
Erudition, 1990, p.114.
9
- Ibid, p. 49-50.
7
Pour mener à bien notre analyse, nous avons divisé l’analyse en quatre
chapitres. Le premier chapitre traite d’une analyse esthétique comparative du
aḫlīṣ de Ṭahṭāwī et de l’Or de Paris de Louca. Nous y présenterons une étude
des deux versants de la Nahḍa. L’œuvre, de par son appartenance à la Nahḍa se
caractérise par son savoir encyclopédique. L’auteur, lors de son itinéraire, essaie
d’enrichir les connaissances de son lecteur en lui fournissant un rand nombre
d’informations concernant les pays qu’il traverse pendant son voyage et ce par la
description typologique. Cet itinéraire et ces informations géographiques font
ressusciter un genre de la littérature classique, à savoir le récit de voyages. Les
textes insérés font ressusciter le genre de la maqāma. Nous y étudierons
quelques aspects esthétiques qui caractérisent l’œuvre dans sa lan ue source et
leurs équivalents dans la traduction. Le traducteur a-t-il adopté les mêmes
procédés que ceux de Ṭahṭāwī ? La différence des deux langues a-t-elle eu son
impact sur la traduction ? Nous essayerons de répondre à ces questions à travers
notre analyse dans ce chapitre.
Le deuxième chapitre présente une analyse sociolinguistique du corpus
dans ses deux versions. Ce chapitre se conçoit comme une tentative
d’appréhender la culture à travers la lan ue, de décoder le messa e à travers les
données socioculturelles. Nous essayerons de remonter diachroniquement dans
le temps pour découvrir l’ori ine de certains termes recensés et de trouver une
justification de leur intégration dans la langue arabe. Les stratégies du traducteur
face à ces données qui prouvent l’interaction entre le lan a e et la vie sociale
seront aussi envisa ées. Le lecteur de l’œuvre dans sa lan ue-source se sent
transporté dans le temps vers une période où tout est témoin de l’influence
turque. Est-ce que le lecteur de la traduction a pu éprouver ce même sentiment ?
Quels sont les procédés adoptés pour mener à bien le transfert culturel ?
Nous avons consacré le troisième chapitre à une approche purement
lin uistique. Nous y présenterons une analyse contrastive d’après la théorie
interprétative. Ce chapitre va discuter avec plus d’approfondissement la question
de fidélité et en discutera les paramètres et les critères. Les procédés
8
indispensables pour conférer au traducteur une marge de liberté pendant sa
traduction y seront aussi discutés.
Le quatrième chapitre se penche sur une analyse sémantique du titre du
aḫlīṣ, du paragraphe inauguratif ainsi que de la traduction intégrale de la
Charte constitutionnelle faite par Ṭahṭāwī. Nous rappelons que l’auteur a doté le
titre et le premier paragraphe de phrases rimées et rythmées « saǧ῾». Comment
a-t-il traduit la charte ? Pour pouvoir répondre à cette question, nous nous
sommes référée à la version originale de cette dernière. Louca, pour sa part, en a
mentionné quelques articles seulement. Il s’est référé, lui aussi, à sa version
originale, sans traduire celle de Ṭahṭāwī. Ce choi est il justifiable ? Est ce qu’il
est lié à la qualité de la traduction présentée par Ṭahṭāwī ou bien tire t-il-ses
raisons d’une décision individuelle de la part de Louca ? L’analyse contrastive
des deu versions nous aidera à répondre à cette question. L’analyse sémantique
de ces trois choix sera menée dans une visée contrastive. La stratégie de Louca à
leur égard sera étudiée de près.
Nos deux premiers chapitres constituent la toile de fond des deux autres
chapitres. Ils fournissent une amme d’informations nécessaires sur le conte te
sous toutes ses formes : situationnel, socioculturel, historique, etc.
Les deux derniers chapitres présentent une étude contrastive des différents
procédés de traduction que Louca a utilisés.
Dans les quatre chapitres la problématique de la fidélité de la traduction
est toujours sujet de discussion.
9
Premier chapitre
Analyse esthétique comparée
du
Taḫ et de ’Or de Paris.
10
Rifāʽa al-Ṭahṭāwī inau ure par son (Taḫlīṣ) une nouvelle phase dans
l’histoire de la littérature arabe, la littérature de la Nahḍa- ou la Renaissance de
la littérature arabe. Par son esprit éclairé et sans se détacher de ses origines,
al-Ṭahṭāwī s’en a e dans le mouvement en vo ue du XIXème siècle, celui de la
compréhension de l’Autre, de l’ouverture sur l’Autre. Cette Renaissance du
XIXème siècle avait « deux versants, l’i ā’ et l’iqtibās. Le premier (...)
consiste à se tourner vers le patrimoine littéraire arabe pour le réinventer (...) ;
le second (...) consiste à puiser son inspiration dans les œuvres littéraires
européennes »10. Ces deux mouvements allaient en parallèle dans cette Nahḍa.
Le lecteur pouvait parfois les trouver réunis dans une seule et même œuvre.
Lors d’une première lecture, l’Or de Paris se révèle être un récit de voyage
dont al-Ṭahṭāwī est le narrateur intradié étique. Il se sert dans sa narration d’une
focalisation interne. Cette focalisation est en fait le reflet de l’émerveillement
éprouvé par l’auteur dans une société qui est pour lui étrangère, inconnue,
surprenante et en même temps intéressante.
Il profite de la description de son itinéraire pour fournir à son lecteur des
informations géographiques et historiques sur les endroits visités. Il fait
aussi une peinture minutieuse des différents modes de vie en France: vie
quotidienne, coutumes, habillement, vie sociale et politique ainsi
qu’or anisation administrative et institutionnelle. Cette description fait
du Taḫlīṣ un récit vivant et une occasion de critiquer directement et
indirectement l’état de fait en É ypte. L’Or de Paris est dans ce sens une
ème
résurrection du genre de la ri la au IX siècle dans la littérature arabe11. La
10
- Heidi TOELLE et Katia ZAKHARIA, A la découverte de la littérature arabe moderne, Paris, Flammarion 2005,
p.200.
11
- Heidi TOELLE et Katia ZAKHARIA, op.cit., p. 150.
11
description, qui est une caractéristique du genre de la ri la, dote le Taḫlīṣ ainsi
que tout récit de voya e d’une valeur documentaire. La ri la ou récit de
vo age est justement l’une des formes d’expression majeures de la a ḍa »12.
Les premiers récits de voyages étaient rédigés dans un style groupant la prose
simple et la prose rimée ou sağʽ. Cette alliance de prose simple et de prose rimée
est parfois appelée style post-classique. Certains titres en font preuve, tels que :
Kitāb al-Muġrib fī al-Maġrib de Ibn Saʽīd al- aġribī, āǧ al-mafriq fī ta li at
ʽulamā’ a l al-Mašriq de Balawī et i la Ibn Baṭṭūta.
12
- ad i i ad assan, « a Nah a ar l ihyāʼ » in Histoire de la littérature arabe moderne, Hallaq (B.) et
TOELLE (H.), op.cit., p.118.
13
- LOUCA, Tahtâwî, Or e Paris, Paris, Édition Sindbad, note 59, p.319
12
de Bassora, al- Ḥarîrî (446/ 1054- 516/1122), est ainsi défini par R. Blachère:
Récits en prose rimée et rythmée mettant en scène un récitant et un personnage
pittoresque faisant souvent usage de la harangue pieuse pour berner de bons
bourgeois ou des auditeurs naïfs». Louca ajoute dans ce même élan l’avis de
Jamel-Eddine Bencheikh. Selon cet avis « La maqâmâ offre tout cela : vérité
d’un personnage saisi sur le vif, discours édifiant propre à faire réfléc ir,
drôlerie d’une situation comique, et surtout démonstration d’un virtuose de la
langue assuré par cela seul de soulever l’admiration ».
La maqāma (pl. maqāmāt) est un genre millénaire qui permet et
cache dans ses plis la critique et la révolte. L’auteur en fait le miroir de
la société y dévoile les défauts (humains, sociaux) et en présente parfois l’issue.
La maqāma est donc un genre littéraire qui critique et dénonce. On y trouve
la critique de la société, la critique des corruptions stylistiques et linguistiques.
La maqāma de Hamaḏānī se caractérise par ses exigences esthétiques et ses
préoccupations sociales. « La maqâmâ hamadhanienne se présente (...) comme
la transcription écrite d’un récit oral »14. Zakharia ajoute que la maqāma est une
« narration, en saj‘ émaillée de vers »15. Cette priorité accordée au sağʽ et aux
sonorités a perduré jusqu’à l’époque d’al-Ṭahṭāwī. La transcription16 de l’oral ne
manque pas non plus dans le Taḫlīṣ. Ces e i ences du beau style de l’époque
allaient quelques fois au détriment du sens. « Le saj‘ est un mode d’expression
oral et écrit qui asservit les spécificités (…) de la s ntaxe de la langue arabe et
des ressources de la r étorique à la production de textes (…) centrés (…) sur
une rec erc e st listique et est étique remarquable. Le saj‘ s’impose à partir du
Xième siècle comme un mode d’expression majeur, voir dominant, de la
littérature classique. Il caractérise également un certain nombre d’ouvrages de
la enaissance (…) »17.
14
- Heidi TOELLE et Katia ZAKHARIA, op.cit., p.154.
15
- Ibid., p.155
16
- Cette transcription fera l’objet d’une étude détaillée dans le troisiè e c apitre, p.219.
17
- Heidi TOELLE et Katia ZAKHARIA, op.cit., p.365.
13
1.2. Le sağʽ dans le Taḫ
Taḫlīṣ al- Ibrīz- cet ouvrage inauguré et achevé en prose assonancée- très
recommandée à cette époque- est parsemé de poésie. Or, « dans un texte en saj‘,
la rime change généralement tous les deux segments, même si les segments
consécutifs qui riment peuvent être plus nombreux »18.
Nous pouvons relever dans ce qui suit quelques exemples en guise
d’illustration :
(" -1سبحان من سير أقدام االنام الى ما مضى فى سابق علمه ،ويسرلالنسان االقدام على محتم قضائه
و حكمه)( ،فال محيص لقوى وضعيف ،ووضيع و شريف ،عما جرى فى ام الكتاب ،و ال مفر لغنى و
فقير ،و خطيرو حقير ،عن االقتراب الى مطوى ذلك الحجاب)( .احمده سبحانه و تعالى حمد من ابتاله
فصبر) ( ،و اغناه فشكر ،و اشكره شكرمن توجه بجنانه للسير الى مرضاته ،فتنزه فى رياض القبول و
) ص)131. جناته).
(" -2اما بعد فيقول العبد الفقير الى امداد سيده و مواله ،و السائر حيث وجهه وواله) (ص)141.
(" -3و من المركوز فى االسماع فى القديم و الحديث ،و عليه االجماع بعد الكتاب و الحديث) (،ان خير
االمور العلم و انه اهم كل مهم) (،وان ثمرته فى الدنيا و االخرة على صاحبه تعود ،و ان
فضله فى كل زمان ومكان مشهود)(.ص)141.
(" -4بل منهم من وصل الى رتبة اساطين االفرنج فهم ما بين مدبر لالمور الملكية ،حائز كمال الرتبة
فى السياسات المدنية)(" .ص)311.
)" -5ولوال خوف االطالة لذكرت جميع من ظفر بقصده من االفندية ،على حسب حوزه للمراتب
العلية( ).و لعمرى ال استطيع التعرض لعدة اشخاص قد بلغ فضلهم الغاية فى االمتياز ،غير انى اسلك
فى ذكرهم االيجاز(( ".ص)411.
" -6و اصلى و اسلم على من (سارت ركائب شوقه الى مدبره ،و اشارت مواكب حسن خلقه الى طيب
(ص)131 عنصره)"
18
-. Ibid., p.121.
14
Dans sa relation de voyage, al-Ṭahṭāwī a e cellé à créer un entrelacement
entre les phrases tout en tenant à les faire rimer ensemble. Le lecteur de
cet ouvrage peut distinguer, sans difficulté, dans la structure syntaxique
de la prose rimée- ou sağʽ une certaine périodicité qui caractérise la
coulée des phrases. Ce sağʽ est l’une des caractéristiques du enre
maqāma, dont « le style est régi dans son ensemble par la loi "du retour
phonique" »19. Ce retour phonique est la première remarque que le destinataire
peut déceler au niveau auditif. Vient ensuite la superposition des constructions
grammaticales qui se ressemblent. Messadi établit une parenté entre le sağʽ et la
ḫuṭba, qui, elle aussi, favorise la reprise de schèmes semblables.
2-
و اشارت مواكب حسن خلقه الى طيب،"و اصلى و اسلم على من (سارت ركائب شوقه الى مدبره
)131عنصره)" (ص
Cette phrase a été traduite dans la langue cible comme suit :
« J’élève ma prière et mon salut à celui dont les coursiers, élan de son
ardent amour, ont fait route vers son Pourvo eur, être doué d’une beauté visible
dont l’apparence, par mille reflets renvo ait à la bonté de son essence (...) »
(p.41)
19
- MESSADI, Essai sur le rythme dans la prose rimée en arabe, Tunis, Edition Abdelkrim Ben ʽAbdallah,
1981, p. 46.
15
Dans ces deux exemples en langue source, nous remarquons une reprise des
éléments constitutifs des segments phraséologiques que nous avons délimitée
entre parenthèses.
20
- MESSADI, op.cit., p.123.
21
- MESSADI, Ibid., p.124.
22
- Loc.cit.
16
prosodique entre ( )فى سابق علمهet ( )على محتم قضائهet la rime complexe de la prose
rimée (علمه/ )حكمه. Cette rime est dite complexe à cause des deux éléments
consonantiques correspondants ()مه. Notons aussi la paronomase ou, جناسentre
les deux lexies ( االقدام/ ) أقدام. Selon Fontanier, « la paronomase, qu’on appelle
aussi paronomasie, réunit dans la même phrase des mots dont le son est à- peu-
près le même, mais le sens tout à fait différent »23. Quant à la rime des deux
couples du deuxième exemple, elle est une rime complexe aussi.
Les segments phraséologiques suivants représentent un autre type de
rapport :
و، و ال مفر لغنى و فقير، عما جرى فى أم الكتاب، ووضيع و شريف،" فال محيص لقوى و ضعيف
)131. عن االقتراب الى مطوى ذلك الحجاب" (ص،خطير و حقير
23
- FONTANIER, (P.), Les figures du discours, Paris, éd. Flammarion, 1977, p.347.
24
- Une expression que nous empruntons à Messadi, op.cit., p.126.
17
Prenons un autre exemple:
)131." و احمده سبحانه حمد من (ابتاله فصبر و اغناه فشكر)" (ص
Dans cette série, le segment ) (ابتاله فصبرrime avec ) (اغناه فشكرet est lié à ce
dernier segment par la conjonction de coordination )(و. Les membres de ces
deu se ments ont une même construction et dépendent de l’e posant
introductif ()احمده سبحانه حمد من.
Cette série ainsi construite - ) (ابتاله فصبر و اغناه فشكر- produit chez le lecteur
un effet de cascades. Les deux clausules ( )فصبرet ( )فشكرont une
rime simple (un seul élément consonantique correspondant) qui dote la phrase
de cette empreinte musicale que l’oreille peut distin uer sans difficulté. Cette
rime – dite aussi “ fāṣila“25- est, lors de la lecture, un moment de pause ou de
« waqf »26.
25
- TOELLE (H.), ZAKHARIA (K.), A la découverte de la littérature arabe moderne, op.cit., pp.121, 122.
26
- Ibid., p. 121.
18
En comparant les exemples répertoriés en langue source à leurs traductions
en lan ue cible, le lecteur s’aperçoit que Louca n’a pas suivi les mêmes
procédures qu’al-Ṭahṭāwī pour doter ses phrases de cette sonorité ou de cette
prose rimée (sağʽ) surnommée par Renard Dupriez « musication »27. Cependant
la phrase de Louca ne manque pas de musicalité.
Louca s’est servi d’autres procédés tels que l’assonance et
l’allitération pour doter ses phrases d’une certaine musicalité sans êner
la logique de la langue française.
Nous allons nous pencher sur les trois premiers paragraphes
dans la traduction en langue cible pour étudier ces deux procédés dont
Louca s’est servi :
« Au nom de Dieu, le Bienfaiteur Miséricordieux.
Gloire à Celui qui dirigea les pas de l’ umanité vers ce qui est établi dans sa
préscience, Celui qui aida les mortels à affronter Son arrêt et Son décret
immuables. Qu’on soit fort ou faible, vil ou oble, on ne saurait éc apper à ce
qui fut déterminé dans l’Arc ét pe de l’Écriture; qu’on soit ric e ou pauvre,
important ou méprisable, on ne saurait éviter d’approc er les plis de ce voile.
Je lui présente– en exaltant Sa transcendance- l’ ommage de celui qui, frappé
par Lui, a fait preuve de constance ; enrichi par Lui, a rendu grâce. Je Lui voue
la reconnaissance de celui qui, a ant engagé son cœur sur le c emin de Son
agrément, a été admis à parcourir les jardins des élus.
J’élève ma prière et mon salut à celui dont les coursiers, élan de son ardent
amour, ont fait route vers son Pourvo eur, être doué d’une beauté visible dont
l’apparence, par mille reflets, renvo ait à la bonté de son essence, notre maître
Mu ammad qui vo agea jusqu’en S rie et émigra à Médine, qui se rendit de la
Mosquée Sacrée à la Mosquée Éloignée, gardé par l’ange Gabriel. Ma prière
et mon salut vont aussi à son clan, à ses compagnons, à sa proche famille et à
ses aimés.
27
- DUPRIEZ, Bernard, Gradus, Les Procédés Littéraires (Dictionnaire), Paris, Union énérale d’Editions,
1984, p.304.
19
J’implore l’intercession mu ammadienne auprès de l’Altesse Suprême, pour
déployer les étendards de la puissance et de la justice, répandre le prestige et
le mérite sur l’ensemble des territoires d’Ég pte, sur tous leurs abitants,
autochtones et sujets ; cela grâce à l’apparition éclatante du dirigeant
prodigieux, du constructeur extraordinaire, le plus grand, le seigneur honoré et
magnifique, le rare parmi les princes des temps, le phénix des émirs
d’aujourd’ ui, celui qui a revivifié les sciences par ses efforts et relevé les
ruines de l’Islam par ses expéditions et sa guerre sainte, celui à qui appartient
le drapeau dominant, ce conquérant du saint sanctuaire, son Excellence notre
Effendi, le Maître des Faveurs, aux éminentes qualités, le Hâjj Muhammad Ali
Pac a, que dieu le rès Haut le fasse parvenir à ce qu’il sou aite et à ce qu’il a
souhaité ! Amen. [...] »28
Louca présente L’Or de Paris dans une langue qui diffère de celle dans
laquelle l’œuvre source est écrite. Cependant, cela ne si nifie pas que les
caractéristiques de la langue française empêchent le traducteur de doter
sa traduction de certains traits esthétiques au niveau de la musicalité.
L’assonance et l’allitération sont les instruments qui permettent cette musicalité.
Nous appréhendons la question de la musicalité chez Louca dans les trois
premiers para raphes où les majuscules e priment le respect et la lorification
du Tout-puissant, du Prophète « u ammad » et de « u ammad ʽAlī »
respectivement.
Ainsi, nous pouvons relever dans le premier paragraphe une
combinaison d’allitération en [s] et en [r]. Ces allitérations sont associées à des
effets d’assonances de sorte que plusieurs phonèmes se répètent dans ce
paragraphe:
1- « Celui qui dirigea les pas de l’ umanité vers ce qui est établi dans sa
[s i] [i] [iri] [i] [s] [i] [i] [s]
préscience »
[si s]
28
-Nous copions l’ouverture de la traduction pour la commodité de la lecture
20
2- « Je lui présente – en exaltant Sa transcendance- l’ ommage de celui
[i] [r ãt] [ã tã] [s] [trãsãdãs] [d][s i]
29
- FONTANIER (P), Les figures du discours, Paris, Champs Flammarion, nouvelle édition préfacée par Genette
(G), 1977, p.346.
21
son essence, notre maître Muhammad qui voyagea jusqu’en Syrie et
[s] [s][ã][s] [r] [r] [s] [ã] [s] [r]
Éloignée, gardé par l’ange Gabriel. Ma prière et mon salut vont aussi à
[r] [r] [ã] [r] [r] [r] [s] [s]
« Celui qui aida les mortels à affronter Son arrêt et son décret
[s] [r] [r] [s] [r] [s] [r]
immuables. »
Nous pouvons aussi relever dans ces deux paragraphes une assonance en [i].
Ainsi, nous pouvons relever du premier paragraphe :
22
- Dieu /Miséricordieux
- Transcendance/ constance/ reconnaissance
Et dans le deuxième entre :
- Apparence/essence.
30
- Michèle AQUIEN et Georges MOLINÉ, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, La Pochothèque,
1999, p.447.
31
- Loc.cit
32
- L’allitération, l’assonance et la paronomase sont selon Fontanier « des fi ures d’élocution par consonance»
FONTANIER, op.cit, p.344.
33
- Cf. La présentation faite par LOUCA, pour sa traduction de Taḫlīṣ al-Ibrīz de Rifā‘a, op. cit, p.35.
23
L’interte tualité, qui parsème le Taḫlīṣ al-Ibrīz, est à la fois un attachement
au passé et un pont vers un avenir meilleur que l’auteur souhaite à son pays,
l’É ypte.
Poussé par son amour pour sa patrie, al-Ṭahṭāwī souhaite y instaurer la
justice, l’équité et la civilisation.
L’auteur parle dans son œuvre de (Taḫlīṣ) et de (talḫīṣ) pour parvenir au but
recherché par l’envoi des boursiers en France, à savoir (istiḫlāṣ) ou
apprentissage des diverses sciences. D’ailleurs, il le dit dans l’introduction :
" و قد حاولت فى تأليف هذا الكتاب سلوك طريق االيجاز و ارتكاب السهولة فى التعبير حتى يمكن
فهو مشحون، و قل جرمه، و لو صغر حجمه، و الوفوض على رياضه،لكل الناس الورود فى حياضه
." و بما يستقصى من جزائل الخرائد،بما ال يحصى من فوائد الفرائد
Son but est de réveiller le monde arabe de son sommeil pour qu’il retrouve
sa gloire passée :
) يوقظ [بهذا الكتاب ] من نوم الغفلة سائر امم االسالم...( " و اسأل هللا العظيم سبحانه و تعالى ان
"من عرب و عجم
De cet " istiḫlāṣ" se dégagent des idées que les compatriotes de Ṭahṭāwī
rencontrent pour la première fois. Ṭahṭāwī parle des droits et des devoirs,
s’efforce de trouver un équivalent pour « peuple » (šaʽb) et citoyen (muwāṭin)
qui s’opposent au seul statut connu en É ypte, celui de « sujets » ou (raʽiyya).
L’auteur soulève aussi l’idée de l’instruction publique, de l’hy iène, de la
participation de la femme aux activités sociales- sujet jusqu’alors tabou. Il met
en relief l’importance accordée au sciences, comme la fondation des
universités, des pensions, des bibliothèques, des hôpitau , etc. L’emprunt de
nouvelles idées, les articles de la Charte et la description des infrastructures qu’il
24
a découvertes en France sont le reflet du courant de l’iqtibās. L’Or de Paris de
Louca contient ces mêmes idées.
L’iqtibās dans Taḫlīṣ ne se situe pas seulement au niveau des idées ou plutôt
au niveau de la mise en vigueur de ces idées. Ṭahṭāwī a lu beaucoup de livres
écrits par des auteurs français et enevois. Son œuvre porte l’influence de ces
lectures. Parmi ces auteurs et ces livres, citons à titre d’e emple : l’Esprit des
lois de Montesquieu34, le Contrat social de Rousseau, le Dictionnaire
philosophique de Voltaire35, l’Aperçu istorique sur les mœurs et coutumes des
nations de Depping36 et autres. Ces œuvres sont la source d’inspiration de
Ṭahṭāwī. Inspiration qu’il a essayée d’adapter au principes et au valeurs de sa
religion. Grande est la dette de Ṭahṭāwī à l’é ard de Deppin , d’après Louca37,
selon lequel Ṭahṭāwī s’est inspiré de Deppin pour bon nombre d’idées abordées
ainsi que pour la répartition des chapitres. Nous allons parler de ces idées dans
ce chapitre en étudiant l’interte tualité chez Ṭahṭāwī.
Dans la présentation des idées puisées dans les livres et dans la réalité qu’il a
vécue en France, Ṭahṭāwī recourt à plusieurs reprises à l’insertion des te tes
qu’il ju e importants. ais il se réfère d’autres fois au patrimoine littéraire
arabe. « Chez les penseurs réformistes musulmans du XIXème siècle, la
référence aux Anciens est constante. Elle excède le domaine de la langue et des
savoirs pour inclure la religion et la vision du monde»38. Cela répond aux
e i ences du courant de l’i ā’.
Al-Ṭahṭāwī a puisé son inspiration non seulement dans les œuvres littéraires
du XIXème siècle, mais aussi dans celles du siècle des Lumières ainsi que dans
26
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74 Des adages des Sages 210 Traduction 121
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83 Un adage sur le même 213 Traduction 123
sujet
34
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94 2 vers du cheikh العطار216 Traduction 127
sur les sciences de la
langue arabe.
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102 des adages 229 Traduction 135
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113 3 vers 253- Traduction 152
254
114 2 vers 254 Traduction 152-
153
37
125 2 vers 262 Omission 161
38
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137 Paroles d’un Sa e 296 Traduction 184
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149 1 vers 315 Omission 204
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159 Lettre de Jules Saladin 330- Traduction 222-
331 223
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167 Ḥadīṯ 346 Traduction 239
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179 1 vers 354 Omission 249
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48
d’al-Ṭahṭāwī. La reconstruction du pays est sans doute une responsabilité lourde.
Pour l’accomplir, il faut avant tout aimer ce pays et être lié à lui- même à
distance- par le sentiment de la nostalgie. Ainsi, al-Ṭahṭāwī essaie d’éveiller ce
sentiment chez ses compatriotes pour les motiver à prendre l’initiative et à
assumer cette responsabilité fort importante dans l’histoire du pays.
La civilisation :
C’est l’une des idées les plus chères à al-Ṭahṭāwī. La civilisation est
« un maître-mot de Rif ‘a (...). Il a pu le trouver dans les écrits des penseurs
ème
français du XVIII siècle. (...) Al-Ṭahṭāwī l’a, à coup sûr, trouvé dans les
journau français de son temps, car c’était évidemment un terme très important
dans la phraséologie politique du XIXème siècle»39.
Il faut souligner que Ṭahṭāwī utilise deu le ies arabes pour rendre le mot
civilisation, à savoir التحضرet التمدن. A propos du terme tamaddun, nous
aimerons souli ner que l’équivalent arabe du mot civilisation n’e istait pas
encore au temps de Ṭahṭāwī. Tamaddun a été créé par l’auteur de Taḫlīṣ.
Pour lui, la civilisation a pour but de mener le pays à un meilleur niveau de vie:
()درجة الترقى فى امور المعاش. Ṭahṭāwī n’utilise donc pas le mot civilisation dans la
même optique que les colonisateurs. Les colonialistes considéraient qu’il n’y
avait que la civilisation occidentale et niaient toute autre civilisation. Ils n’y
avaient donc qu’eu de civilisés, tous les autres étaient des sauva es à civiliser.
Ṭahṭāwī, tout en reconnaissant le devancement des Arabes autrefois dans tous
les domaines, regrette le retard dans lequel succombent tous les pays arabes à
son époque. A noter, en l’occurrence, que l’ e d’or de la civilisation arabo-
ème ème
musulmane s’étend du VIII au XV siècle. Ṭahṭāwī veut rafraîchir la
mémoire collective du destinataire arabe et égyptien, en lui rappelant les savants
qui avaient autrefois inventé les chiffres arabes ainsi que maintes autres choses
39
- DELANOUE (G.), Moralistes et Politiques Musulmans dans l’Ég pte du XIX siècle (1798-1882), t.2, livres
IV et V, le Caire, IFAO, 1982, pp.417- 418.
49
dans tous les domaines y compris l’astronomie et la chirur ie. Nous citons à ce
propos, à titre d’e emple, parmi les savants musulmans al-Ḥasan b. al-Hayṯam
(XIème siècle), Ḥasan al-Rammāh (XIII ème
siècle), etc. Ṭahṭāwī a voulu lancer
ème ème
son pays sur le chemin du progrès du XVIII et XIX siècle. C’est dans ce
même sens que nous utiliserons, nous aussi, le mot (civilisation). Nous n’avons
pas d’autres choi puisque la lan ue française ne dispose que de ce mot alors
que la langue arabe en a deux.
Parmi les textes insérés qui vont dans ce sens, des proverbes, tels que
(p.148):
141. ص."" الناس على دين ملوكهم
Ce que Louca traduit par
« Les peuples embrassent la religion de leurs rois » p.52.
La lexie () دين, dans ce proverbe, ne vise pas le sens direct du mot (religion).
Ce que le proverbe si nifie c’est que les rois sont, pour leurs peuples, le modèle
à suivre. La lexie ( ) دينest donc prise ici avec le sens de « manière d’agir »40.
Ainsi, nous proposons à ce proverbe la traduction suivante :
« Les peuples agissent à la manière de leurs rois »
40
- KAZIMIRSKI, Dictionnaire arabe-français, Paris, Albouraq, 1860/2004, t.1, p.758.
50
)141." العمارة كالحياة و الخراب كالموت و بناء كل ملك على قدر همته" (ص
Nous en proposons la traduction suivante :
« La prospérité, c’est la vie ; la ruine, c’est la mort ; l’œuvre édificatrice de
tout roi dépend de sa détermination »
Ces proverbes souli nent l’importance du rôle que doit assumer un roi
éclairé pour développer son pays, en entretenant sa culture et sa prospérité, par
l’investissement et l’invitation à la quête des sciences. Si le roi accorde de
l’importance à l’éducation et au sciences, les peuples vont adopter ces mêmes
penchants. Par conséquent, un roi éclairé doit réaliser que plus il accorde de
l’importance à la modernisation de son pays, à son infrastructure et à son
urbanisme ( العمارة- )بناء, plus il met du dynamisme dans son royaume et plus il
devient lui-même fort. C’est ce que si nifient les deu proverbes.
51
ce thème un poème de 32 vers (pp.203- 205), dont 17 en l’honneur de
u ammad ʽAlī. Il s’y dit fier de l’É ypte, de son climat, de ses savants
( العطار-)العروسى41.
41
- Le cheikh al-ʽArūsī ( )الشيخ أحمد بن موسى بن داود أبو الصالح العروسىet le cheikh al-ʽAṭṭār
( )الشيخ حسن بن محمد العطارsont deux noms de notoriété parmi les ʽulamā’ d’al-Azhar. Le cheikh al-ʽArūsī
fut le onzième directeur d’al-Azhar de 77 jusqu’à 79 , le cheikh al-ʽAṭṭār en était le seizième
dans la période qui s’étendait de 0 à 4. Il faut si naler aussi qu’un autre cheikh de la famille
al-ʽArūsī ( )الشيخ مصطفى العروسيsuccéda à son grand- père et fut le vin tième directeur d’al-Azhar de 1864 à
1870.
42
-a- ، دار المعارف،1114 ،6 ط، تطور األدب الحديث فى مصر من أوائل القرن التاسع عشر إلى قيام الحرب الكبرى الثانية، أحمد هيكل/ د-
.41 ص،القاهرة
-b- . 54. ص، القاهرة،1115 ، دار المعارف،4 ط، ديوان رفاعة الطهطاوى، طه وادى/-د
52
« Je l’ai célébrée pendant mon séjour à Paris dans un poème qui inclut
l’éloge du Maître des Faveurs »
Fier d’être arabe, l’auteur de Taḫlīṣ rend hommage aux Arabes et défend la
langue arabe. Louca reprend dans sa préface rédi ée en lan ue arabe de l’édition
de Taḫlīṣ de 1993 un texte de Cattaoui :
و كان يتخذ أعوانه من االجانب يشتريهم صغارا كما كانت،" كان محمد على ال يثق بالمصريين
و يسلمهم فى القلعة الى شخص موصلى يدعى "حسن افندى الدرويش" و من بعده الى،تشترى المماليك
شخص اخر تركى يدعى " روح الدين أفندى" ليتعلموا الخط و الحساب و اللغة التركية الى جانب
و هناك ما ال يدع مجاال. و قد اعترف محمد على بذلك صراحة للقنصل الروسى.التمرينات العسكرية
و يحكم بواسطتها، تدين له وحده بالوالء،للشك فى اتجاهه الى تكزين طبقة ارستقراطية مشتراة بالمال
43
- Ibid, p.323, note 97.
53
لم يدخل مدرسة القلعة اذن اال عدد محدود من الصبية االتراك و الشراكسة و الجيورجيين و.البالد
44
")...( و من هذا الخليط العثمانى انتخب محمد على معظم اعضاء بعثته،االكراد و االرمن
Nous proposons la traduction suivante de ce paragraphe :
« u ammad ʽAlī n’avait pas confiance dans les É yptiens. Ses assistants
étaient d’ori ine étran ère. Il les achetait enfants à l’e emple des amelouks et
les confiait dans la citadelle à une personne nommée Ḥassan Effendi
ad-Darwīch, ori inaire de la ville de ossoul, qui, à son tour, les confiait à un
Turc appelé « Raw ad-Dīn Effendi » pour leur apprendre l’écriture,
l’arithmétique et la lan ue turque. Ces enfants recevaient aussi un entraînement
militaire. u ammad ʽAlī reconnut tout cela avec franchise devant le consul
russe. Il est donc certain que sa politique visait à former une classe aristocratique
qu’il achetait, qui devait fidélité à lui seulement et avec l’aide de laquelle il
gouvernait le pays. Un nombre limité de jeunes arçons d’ori ine turque,
circassienne, éor ienne, kurde et arménienne avaient, donc, accès à cette
école. C’est à partir de ce mélan e cosmopolite ottoman que u ammad ʽAlī a
choisi la plupart des boursiers (…) »
44
- René Cattaoui, Le règne de Mo amed Al d’après les arc ives russes en Eg pte. Le Caire, 1931, I, pp.
425- 426 (référence indiquée par Louca dans sa préface arabe déjà citée.)
.21-22. ص،2112 ، القاهرة، دار الشروق، رفاعة الطهطاوى رائد التنوير فى العصر الحديث، محمد عمارة-45
54
occupait la colonne de gauche. En 1842, al-Ṭahṭāwī devient responsable de la
direction et de la rédaction du journal. Il y introduit plusieurs réformes et rend à
la langue arabe son statut:
و حيث أن حضرة الشيخ رفاعة." (جاء فى قرار الشورى الذى أسند اليه هذه المهمة
، فتحال أعمال إفراغ الترجمة فى قالب حسن،سيضع أصول الجريدة بحسب اللغة العربية
ناظر، و تنظيم المواد حسب النظام التركى على حضرة حسين أفندى،بدون اإلخالل باألصل العربى
46
) "المطبعة العامرة
.43. ص،1146 سنة، طبعة القاهرة،) ( تاريخ الوقائع المصرية، إبراهيم عبده. نقال عن د،22. ص، المرجع لسابق- 46
55
poursuivent au-delà de Taḫlīṣ. Ṭahṭāwī poursuit sa lutte dans l’ensemble de son
œuvre.
Les te tes insérés, nous l’avons vu, ont donc pour but de ressusciter
chez le destinataire contemporain de Ṭahṭāwī la loire d’autrefois. Pour le
destinataire de la traduction, ils auraient pu être des documents sur cette tranche
de l’histoire de l’É ypte, sur la réalité e tralin uistique entourant l’œuvre,
l’auteur et la société. Louca aurait donc pu en profiter pour enrichir le ba a e
cognitif de son destinataire. Ces omissions constituent donc une perte pour la
traduction puisqu’elles portent atteinte au vouloir- dire de l’auteur. Des
pressions de la part de l’éditeur ont certainement joué un rôle important dans ce
tau d’omissions47.
La justice et l’équité48 :
47
- Cf. attestation de Louca dans sa présentation de l’Or de Paris, op.cit., p.32.Cf. aussi p.75 dans ce chapitre.
48
- Tous les textes insérés- dans notre répertoire- allant dans le Taḫlīṣ de la page 102 à la page 109 et soulevant
cette idée ont été omis dans la traduction.
56
En traduisant à ses lecteurs la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, il
présente une e plicitation détaillée des idées qui s’y trouvent.
Louca n’a traduit que les sept titres énérau et les a fait précéder de la
note 137, où il indique en 4 lignes les « objets de cette loi ». Il ajoute dans
la note qui suit- la note 138 :
« [ ifâʽa ajoute ici, sous le titre de L’essentiel des droits des Français
maintenant, après l’an 1830 et l’amendement de la C arte », sa traduction
arabe des modifications introduites à la Charte constitutionnelle de 1814. Il clôt
le chapitre par la conclusion suivante.] »49.
49
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit., p.139.
57
raconter l’Histoire de la France. Il se sert plutôt des articles de cette
Charte pour critiquer le système établi en Égypte et pour appeler ses
compatriotes à revendiquer leurs droits et à aspirer à l’application de ces
articles en É ypte. L’omission de cet interte te bien que lon , constitue pour le
lecteur français une perte informative sur la réalité extralinguistique entourant
l’œuvre, la société é yptienne de cette époque.
Cette réclamation de la justice réapparaît dans divers vers, tous omis dans la
langue cible. Parmi ces vers, en voici un exemple:
)231." ال يفلح المغتال و الظلوم و البغى مرعى نبته وخيم" (ص
Cette idée est aussi reprise vers la fin de l’œuvre (p. 46) sous forme de
adīṯ :
"" من سل سيف الجور سل عليه سيف الغلبة و الزمه الهم
Ce qui a été traduit par :
58
« Contre celui qui tire l’épée d’injustice, l’épée infligeant la défaite est tirée,
et l’angoisse l’accompagne ». (p. 239)
Elle est aussi e primée par deu autres te tes dans l’œuvre source (p. 47):
une fois par trois vers, tous omis dans la traduction ; une seconde fois par quatre
vers dont un seul est traduit.
Selon al-Ṭahṭāwī, une justice établie entraîne le pro rès du pays. Il insère
dans ce sens le texte suivant:
)221 . و ال عمارة إال بعدل" (ص، و ال مال إال بعمارة، و ال رجال إال بمال،" ال سلطان إال برجال
59
Mon rêve partage mon lit
Ma langue est mon sabre
Ma force ma poésie
Mon encrier ma vie
Et ma voie mon printemps »
La mention de ces salons et de leurs effets n’est pas ratuite dans l’œuvre
dans sa langue source, vu la stagnation de la production poétique en Égypte à ce
moment. Quel en est la raison ? C’est ce que nous dévoile la citation
suivante (p.375):
قد بار وا اسفاه بعد نفاق " الشعر ال يخفى عليكم حاله
"ماتوا و هم احيا من االمالق وا رحمتا لبنى القريض فانهم
Ces deu vers n’ont pas été traduits par Louca. Nous proposons la traduction
suivante :
« Il ne vous aura pas échappé
que la poésie est hélas ! ruinée
à force de tartufferie.
Adieu les poètes, à force de flatterie,
ils sont morts, alors qu’ils vivent encore ».
Ces deu vers, appartenant à l’hérita e poétique arabe, décrivent l’état
de la poésie et les raisons de sa décadence. Ces vers ainsi que
trois autres distiques sont tous omis par le traducteur pour éviter les
« interminables longueurs » que craignait son éditeur selon les déclarations
de Louca dans sa présentation.
Etant donné que « la prospérité matérielle » est l’une des
composantes de la civilisation, la politique économique très en vogue
au XIXème a attiré, elle aussi, l’attention d’al-Ṭahṭāwī. Il a beaucoup
admiré l’importance que les Français accordent au travail et lui a
consacré un chapitre, dans lequel il présente des métiers inconnus par les
60
Égyptiens à cette époque. Ce chapitre est une invitation au travail,
chacun doit aller à la recherche de son gagne-pain. C’est là-dessus que se
focalise le te te qu’il insère à ce propos (p. 288):
"من ال يعول فى الدنيا على رجل " فانما رجل الدنيا و واحدها
Nous en proposons la traduction suivante
« L’homme véritable dans cette vie
Est celui qui ne demande pas assistance à un autre ».
Ce vers ainsi que les trois autres qui le précèdent sont omis dans
la traduction. Si ces vers n’ajoutent rien de nouveau à l’idée déjà e primée
en prose, ils ont une valeur informative sur les caractéristiques stylistiques
d’al-Ṭahṭāwī et le oût de son époque.
Nous aimerions si naler à ce propos qu’il n’est pas toujours possible de
trouver une traduction appropriée des vers arabes pouvant rendre l’ me des vers,
leurs rimes et leurs rythmes.
Une société civilisée est aussi et surtout une société qui s’occupe é alement
de la santé et de l’hygiène. Al-Ṭahṭāwī connaît à fond son pays et ses
nécessités. Pour ce, il a traduit quelques pages comprenant des
conseils ou ordonnances donné(e)s par un médecin. Ces conseils,
qu’al-Ṭahṭāwī ju e utiles et précieu ()منفعتها عظيمة و ثمرتها جسيمة,
se développent sur 17 pages, réduites à quelques dizaines de lignes par Louca.
Ces 17 pages, à valeur référentielle sur la société égyptienne à cette époque, ont
ouvert au jeune azharite de nouveaux horizons dans ce domaine. Sa traduction
de ces quelques pa es reflète l’amour qu’al-Ṭahṭāwī a pour sa patrie, les soucis
qu’il se fait pour son pays ainsi que ses aspirations ou ses rêves qu’il veut
réaliser en E ypte visant à sa modernisation. L’œuvre dans son ensemble nous
révèle l’esprit ouvert d’al-Ṭahṭāwī et prouve que la reli ion et la modernisation
ne se contredisent pas.
61
Conclusion :
De ce qui précède, nous pouvons déduire la stratégie adoptée par Louca
dans sa traduction :
Louca a opté pour l’omission des passa es trop lon s déjà traduit du français
par al-Ṭahṭāwī. Prenons, à titre d’e emples, la Charte constitutionnelle du 4 juin
1814 (12 pages), les droits des Français après la reformulation de la Charte en
1831(3 pages) et les prescriptions médicales (14 pages). Il aurait était
souhaitable d’ajouter ces quelques pa es à la traduction, surtout que certains
Français, eux-mêmes, ne connaissent pas cette Charte- exception faite des
juristes, des politiciens et des historiens. Il aurait été aussi intéressant de faire
connaitre au lecteur français les idées qui avaient attiré l’attention d’al-Ṭahṭāwī,
au point de l’amener à leur consacrer toute cette place.
Les trois pages sur les droits des Français avaient pour titre dans la langue
source :
حقوق الفرنساوية الواجبة لهم و. و تصليح الشرطة1131 " خالصة حقوق الفرنساوية االن بعد سنة
" مضمون الشرطة بعد التغيير:الواجبة عليهم
Ce que Louca traduit par :
« L’essentiel des droits des Français maintenant, après l’an 1830 et
l’amendement de la C arte » p.139.
62
de la vie quotidienne en France et touche ses aspirations à voir établi en Egypte
un ordre assurant la répartition des droits et des devoirs à pied d’é alité.
Le lecteur de la traduction de Louca n’aura pas accès à ces informations, à cause
de l’omission de ces passa es dans la version en lan ue d’arrivée, ce qui
constitue pour l’œuvre traduite et pour son lecteur une perte d’information.
Peut– on supposer que Louca i norait l’importance de la Charte
pour al-Ṭahṭāwī?
En fait, c’est une hypothèse faible, puisque Louca dans l’Autre Égypte
explique :
« Déjà en 1842, dès sa nomination au poste de rédacteur
en chef du journal officiel, al-Waqa’i‘ al-misriyya (fondée en 1828),
il publie un article intitulé Tamhid (Introduction), où il explique
le fonctionnement de la séparation des pouvoirs dans les régimes
politiques en Occident, puis cherche à montrer que les souverains musulmans,
contrairement à ce que croient certains Européens, n’ont pas un pouvoir absolu,
mais un pouvoir restreint par l’obéissance qu’ils doivent à la loi divine ; il
énumère ensuite les qualités requises chez un gouverneur musulman.
C’est évidemment la raison de sa traduction, dans l’Or de Paris,
de la Charte constitutionnelle française par le mot Charta – féminin
qu’il crée de l’arabe Chart ou condition restrictive. Méhémet Ali,
qui disposait tyranniquement du sort de l’É ypte, se sent-il visé ?
Tahtawi reçoit des avertissements, qui le décident à s’adresser
directement au peuple, pour le conscientiser par l’instruction,
scientifique et civique »50.
50
- Louca, L’autre Ég pte (de Bonaparte à Taha Hussein), Institut Français d’archéolo ie orientale, cahier des
Annales islamologiques 26-2006, le Caire, 2006, p.
63
Charte constitutionnelle aussi bien qu’à son remaniement, pourquoi les a –t-il
donc omis dans sa traduction ?
Louca rapporte, dans sa présentation51, l’avis du publiciste Charles Didier. Il
a été sans doute influencé par cet avis en traduisant l’œuvre d’al-Ṭahṭāwī. Pour
Didier, « une version complète de cet ouvrage (...) serait impossible et
fastidieuse, vu ses interminables longueurs ; mais il serait piquant d’en traduire
au moins quelques fragments, ne fût-ce qu’à titre d’éc antillon, et pour se
rendre compte des impressions d’un vo ageur Arabe égyptien transplanté tout
d’un coup sur le boulevard des Italiens ».
Avant de clôturer sa présentation, Louca explique sa stratégie :
« Des ‘‘ interminables longueurs ’’ que craignait C arles Didier nous
n’avons donc supprimé, outre les pages déjà traduites du français par l’auteur,
que des segments de répétition superflue et des citations postiches, souvent en
vers médiocres, fondées sur des jeux de mots »52. Et pour conclure, il
ajoute : « Au lieu de présenter une « belle infidèle » nous avons ainsi procédé à
restituer, selon l’esprit de l’orpailleur, la s nt èse du métal précieux, d’où
émane un pur et durable éclat ».
Louca avoue dans ce passa e que sa traduction n’est pas une traduction
intégrale du Taḫlīṣ, reconnait avoir adapté l’essentiel au oût de son destinataire.
Celui-ci y trouve toutes les idées soulevées par Ṭahṭāwī, mais avec un dosa e
différent. Cela devient plus clair en nous référant au répertoire des textes insérés
dans l’œuvre-source. Autrement dit, il présente, lui aussi, la France vue par le
jeune azharite "transplanté (au dire de Didier) tout d’un coup sur le boulevard
des Italiens". Cependant, être transplanté ne signifie pas être déraciné. Il est
transplanté avec toute sa formation, sa culture et ses aspirations à un avenir
meilleur pour sa patrie. Taḫlīṣ n’est pas seulement une description du séjour de
l’auteur en France. C’est aussi une série de comparaisons entre la France et
l’É ypte. Une comparaison qui rend l’écart entre les deu pays plus palpable,
51
- Cf. La présentation de Louca dans l’Or de Paris, p. 32-33.
52
- Ibid., p.35.
64
plus concret. C’est une description et une comparaison qui a une finalité :
critiquer la situation en Egypte, refuser le système de pouvoir et appeler à une
réforme totale (administrative, sociale, etc.). Cette comparaison, la
représentation de l’ambiance entourant la composition de l’œuvre ori inale,
manque à la traduction. Al-Ṭahṭāwī utilise le vocabulaire et le re istre en usa e
à son époque. Le destinataire é yptien, même de l’époque contemporaine, peut,
à certains endroits, trouver des liens entre lui et ce qui est noté dans Taḫlīṣ.
.11. ص،1113 ، الهيئة المصرية العامة للكتاب، القاهرة، جمع و دراسة دكتور طه وادى، ديوان رفاعة الطهطاوى- 53
65
Les omissions sont donc dans certains cas justifiables, vu la différence entre
les deu lan ues en question. Il arrive qu’al-Ṭahṭāwī développe son idée en
citant dix textes. Ce style répétitif de la langue arabe est mal vu dans la langue
française et gêne le lecteur français. Cependant, le traducteur aurait pu avoir
recours à un petit astérisque et noter en bas de pa e qu’al-Ṭahṭāwī a développé
telle ou telle idée dans un nombre (X) de vers ou de citations. Cela aurait pu
aider le lecteur à se former une certaine idée du style d’al-Ṭahṭāwī et des idées
que ce dernier avait trouvées importantes et utiles pour son lecteur et pour
l’É ypte.
54
- ECO (U), Dire presque la même chose, traduit de l’italien par BOUZAHER (M), Grasset, Paris, 2003, p.111.
66
idées leur poids et passe sous silence l’importance de la problématique
intellectuelle à laquelle l’auteur essaie à plusieurs reprises d’intéresser ses
lecteurs. Cette omission diminue la focalisation sur des faits précis, jugés
importants par Ṭahṭāwī. Cependant, l’omission est parfois justifiable quand elle
nuit à la logique de la langue cible, à la culture de la société réceptrice. Cette
perte et cette atténuation touchent aussi à la valeur de la traduction en tant que
médium de connaissance pour le lecteur non arabophone.
Taḫlīṣ est elle-même, et par son lexique et par ses idées, un médium
de connaissances sur la société égyptienne à cette époque, sur la langue
arabe, son évolution diachronique et sur l’influence réciproque entre le pouvoir
et la langue.
Dans le chapitre qui suit, nous essayerons d’élucider ces relations afin
de mieu connaitre l’interdépendance entre l’histoire et la lan ue.
67
Deuxième chapitre
Analyse sociolinguistique du Taḫ a -Ibr z et de ’Or de Paris
68
Une première lecture du corpus attire l’attention du destinataire
par un flu de termes ne semblant pas être d’ori ine arabe, alors que
l’auteur est arabe ainsi que la lan ue dans laquelle il a écrit son œuvre.
De ce fait, nous tenterons, dans ce chapitre, d’élaborer un inventaire
de ces termes afin d’évaluer la dimension qu’ils occupent dans Taḫlīṣ.
Nous essayerons aussi de chercher l’ori ine de ces le ies55.
Pourquoi la langue arabe a-t-elle senti le besoin d’enrichir son lossaire ?
Quels sont les aspects de ces mutations linguistiques ?
Des réfle ions sur l’histoire de ce pays, en l’occurrence l’É ypte, sur son
identité communautaire, sur les raisons de cette présence volumineuse des
termes d’ori ine non-arabe ainsi que sur leur relation avec la société égyptienne
du XIXème siècle nous guidera dans ce chapitre vers une étude
sociolinguistique du corpus.
La sociolinguistique englobe tout ce qui est étude du langage dans
son contexte socioculturel56.
Il s’a it donc de découvrir quelques traits de la société é yptienne
et de trouver son image à travers la langue, puis de redécouvrir
cette même société et de retrouver cette image dans la traduction.
55
- Nous avons effectué des recherches cybernétiques pour avoir accès à des versions électroniques de certains
dictionnaires. Le site utilisé dans ce chapitre est : http://www.alwaraq.net/Core/index.jsp?option
Les dictionnaires consultés sont :
لسان العرب البن منظور-
. تكملة المعاجم العربية للمستشرق رينهارت دوزى-
56
- BAYLON, Sociolinguistique, Paris, éd. Nathan, 1996, p.35.
57
- Ibrāhīm al-YĀZIĞĪ, dans sa revue al Ba ān, cité par Georgine AYOUB, « Parier sur la langue » in Histoire
de la littérature arabe moderne, Tome I, op.cit., p. 296.
69
Rappelons que l’É ypte d’al-Ṭahṭāwī était soumise depuis quatre siècles à
l’Empire Ottoman58. Cette longue soumission a, sans doute, influencé le pays à
plusieurs niveaux: administratif, lexical, morphosyntaxique, vie quotidienne
(vie urbaine/ vocabulaire de la civilisation), habitudes vestimentaires, etc.
La présence des Italiens, l’E pédition d’É ypte ( 79 -1801) et les missions des
boursiers en France ont aussi joué un rôle dans les mutations linguistiques que la
langue arabe a subies à cette époque.
.12. ص،2116 ، مكتبة االداب،القاهرة، المسطلح عند رفاعة الطهطاوى بين الترجمة و التعريب، إيمان السعيد جالل-58
59
- Christian BAYLON, Genèse et définition de la sociolinguistique, op.cit., p.45.
70
1. Le superstrat :
60
- DUBOIS (J) et all., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 2001, p. 457.
61
- Nous empruntons cette expression à LEDERER, dans "Traduire le culturel: la problématique de
l’e plicitation", in Palimpsestes n.11, Traduire la culture, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1998, p.162.
62
- LEDERER, ˝Implicite et e plicite˝in Interpréter pour traduire, Paris, Didier Érudition, 1986, p.61.
71
chez les É yptiens bien que d’ori ine turque. Ainsi, le énéral est un سر عسكر,
l’artillerie est الطبجية, le grand marché est un خان.
72
1.1.0. Les interférences linguistiques :
1.1.1. Interférences linguistiques au niveau militaire:
La Le Son Sa Le
lexie chez Numéro de origine représentation Numéro
al-Ṭahṭāwī la page chez LOUCA de
la page
73
La Le Sa Le
lexie chez Numéro de Son représentation Numéro
al-Ṭahṭāwī la page origine chez LOUCA de
la page
11 الورديان 351 Persane Gardiens 245
السلطانى sultanesques
63
"" و انظر إلى ترتيب أمر العساكر الجهادية من آاليات و مدارس حربية
La traduction de LOUCA est la suivante:
« (…) regarde l’organisation de l’armée, régiments et écoles
militaires »64
Dans sa préface à «» التحفة المكتبية- une des œuvres d’al-Ṭahṭāwī - le Professeur
al-Badrāwī Zahrān65 e plique que c’est une le ie turque. Il ajoute que cette lexie
est un substantif pluriel dont le singulier est « » آالى. Nous apprenons aussi que
ce mot était utilisé jusqu’à un temps récent dans le lan a e parlé é yptien,
notamment dans l’armée. Il donne comme e emple آالى مدفعية. Ğalāl confirme
l’ori ine turque de cette le ie. Elle ajoute qu’elle si nifie roupe ou équipe :
66
""آالى لفظ تركى يعنى جماعة أو فرقة
2- بيرقest apparemment une unité d’ori ine turque qui si nifie (drapeau) que ce
soit le drapeau d’un pays ou d’un roupe. Ce mot n’e iste pas dans le Lisān
al-‛Arab. Cependant, Dozy l’utilise en tant que synonyme de سنجقqui est
d’ori ine turque et qui signifie le drapeau.
141. ص،1124 ، الهيئة المصرية العامة للكتاب، تخليص اإلبريزالقاهرة، رفاعة الطهطاوى- 63
64
- Louca, op.cit., p.53.
.21. ص،1983، دار المعارف، رفاعة الطهطاوى ووقفة مع الدراسات اللغوية الحديثة مع تحقيق نص كتابه التحفة المكتبية، البدراوى زهران- 65
.14 ص، 2116 ، مكتبة اآلداب، المصطلح عند رفاعة الطهطاوى بين الترجمة و التعريب، إيمان السعيد جالل-66
74
"67 بيرق، راية، علم،" سنجق لواء
" ملك أهل البلد ثالثة أرباع المدينة ووقع أيضا فى أيديهم قصر طويلريا و لوور فملكوها و نشروا
68
") حتى أن العساكر دخلت تحت بيرق الرعية..( عليها بيرق الحرية
La traduction faite par Louca est la suivante :
« Les Parisiens étaient maîtres des trois quarts de la ville. Le palais des
Tuileries et le Louvre tombèrent dans leurs mains. Ils en prirent
possession, déployèrent sur eux ’étendard de la liberté (…) à tel point que les
soldats se rangèrent sous le drapeau du peuple. » 69
Malgré son absence dans le Lisān al-‛Arab, l’unité le icale جبخانةest présente
en mot-vedette chez Dozy70 :
والموضع الذي يحفظ فيه العتاد الحربي وجبخانة- ذخيرة، عتاد:)"جبخانة (بالتركية طوبخانة
." الموضع الذي يحفظ فيه البارود في المركب، من مصطلح البحرية:مركب
71
"" و نهبوا جبخانات البرود السلطانية
La traduction de ce segment de phrase est :
« (…) ils ont (…) pillé les arsenaux sultanesques »
ْ
.3411 .كالرأس وغيره" ص الضرْ ب على الشيء ا َألجْ َوف: ساكن،ُط ْبج
َّ " ال
Cette unité figure aussi en mot-vedette chez Dozy:
…..( )الطبجيةest une le ie d’ori ine turque. Le suffixe turc جىindique le nom
d’un métier, d’une profession. Nous n’avons pas pu trouver plus de
détails concernant le transfert de ce mot d’une lan ue vers l’autre.
En relatant à ses compatriotes la révolte des Français en 1830 contre le roi
Charles X, al-Ṭahṭāwī écrit :
73
" و الطبجية معينة الثنى عشر ألفا من الورديان السلطانى،" فكانت جميع المحافظين متحركين
Cela a été traduit comme suit :
« Tous les réservistes étaient mobilisés ; ’arti erie appuyait douze mille
gardiens sultanesques »
5- حربجى:
C’est une unité formée de la composante arabe حربet du suffixe turc جى
qui indique le nom de métier. Il est à noter que cette unité, qui est déjà formée
d’une composante arabe, a un équivalent arabe «« محارب. Cette option de la part
d’al-Ṭahṭāwī met en lumière la tendance des E yptiens à utiliser le terme turc et
prouve aussi que les mots turcs ou encore l’ajout des suffi es turcs sont
sciemment introduits dans l’usa e quotidien des E yptiens et que l’emploi du
terme turc leur est plus accessible et plus facile que la recherche de l’équivalent
") مشتملة على آالت الحروب و على الحربجية...( "و قد أمتطينا سفينة حرب فرنسية
C’est ce que Louca a traduit par :
« Nous sommes montés dans un navire de guerre français (…) équipé de
machines de guerre et de guerriers ».
6- قشلة:
C’est une le ie d’ori ine turque employée dans la lan ue vernaculaire avec
le sens d’hôpital :
و القشلة هى المعسكر الشتوى و، و قشلة من كلمة قيش بمعنى الشتاء، قشالق:" الكلمة تركية االصل
فأطلق االسم، غير ان العامية المصرية تستخدم القشلة أو األشال بمعنى المستشفى.الجمع قشالت
74
" و كان المستشفى قاصرا على الجرحى من الجنود،المختص بالثكنة
Dozy explique :
.1212.ص." بناء معد إلقامة العساكر، ثكنة:" وقشلة (بالتركية قشال) والجمع قشل
فيه قشلة عظيمة تسمى مارستان السقط و فيه يوضع مجاريح،" و منها مارستان المجانين
75
"الحروب
79
""و اغلب العملة و الصنايعية خصوصا الطباعين هجموا على القرقوالت و خانات العساكر
La traduction de Louca est:
« La plupart des ouvriers et des artisans, et en particulier les imprimeurs,
ont attaqué les casernes et les postes des soldats... »80
76
- IDRISS (S.), al-Manhal, Dictionnaire français- arabe, Beyrouth, Dar al-adab, 1995.
77
- KAZIMIRSKI (A.), Dictionnaire arabe-français, Beyrouth, Albouraq, 1860/2004.
78
- La lan ue arabe étant une lan ue di lossique, l’arabe classique est dési né par variété (H) et l’arabe dialectal
par variété (L). Pour plus de détails, nous renvoyons le lecteur à la page 219.
.351. ص، المرجع ذاته، رفاعة الطهطاوى-79
80
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit, p. 244.
81
- IDRISS (S.), op.cit., p.205.
79
Selon Ğalāl82, le sens du mot ( )القرقوالتest passé du général au
particulier. Ce mot, à son origine, est ) (قره قولet signifie le bras noir
pour désigner les soldats, notamment, les visiteurs de nuit. Il est utilisé de
nos jours comme synonyme de poste de police. Al-Ṭahṭāwī l’a utilisé
au pluriel en lui appliquant la forme du جمع مؤنث سالم. Cette le ie n’e iste
pas dans la lan ue turque. Nous n’avons trouvé cette le ie ni dans le
Lisān, ni chez Dozy.
خانات العساكر:
La lexie خانة- dont le pluriel est خانات- est d’ori ine persane. Elle a
comme premier sens « maison». Les خانات العساكرsont donc les résidences
des soldats83.
9- عساكر ورديان:
Ḥi āzī, le commentateur de Taḫlīṣ al-’Ibrīz d’al-Ṭahṭāwī, e plique
dans ses notes que le suffixe ) (–انest la marque du pluriel dans la
lan ue persane. Il s’appuie sur un e emple dans cette œuvre où l’auteur dit :
" و قرأت فى فن العسكرية من كتاب يسمى علميات ضابطان عظام مع مسيو شواليه مائة صحيفة و
89
"ترجمته
Ce que Louca traduit par :
« Sur l’art militaire, j’ai lu avec ce même professeur et traduit cent pages
d’un livre intitulé Opérations d’officiers supérieurs » (p.227).
88
- KAZIMIRSKI, op.cit, p. 55.
.335. ص، تخليص اإلبريز، رفاعة الطهطاوى-´89
81
90
""و قد جمعت الكلمة بنهاية الجمع الفارسية
Il donne à un autre endroit d’autres e emples tels que قانون نامة عساكر بيادكان, قانون
نامة طوبجيان91.
90
- Ibid., p. 488.
91
- Ibid., p. 482.
82
La Le Son Sa Le
lexie chez numéro origine représentation numéro de
al-Ṭahṭāwī de chez LOUCA la page
la page
9 أيلجى 368 Turc L’ambassadeur 264
1- افندينا:
استعملها العثمانيون لقبا لبعض كبار،(و هى) يونانية و تعنى السيد العظيم. مفردها أفندي:" األفندية
94
"لألمراء و لقبا،الموظفين
Nous n’avons trouvé cette le ie ni dans le Lisān ni chez Dozy.
" آمين، الحاج محمد على باشا بلغه هللا ما يشاء وما شاء، عظيم الشيم،" حضرة افندينا ولى النعم
.131.ص
La traduction présentée par Louca est la suivante :
« Son excellence notre Effendi, le Maître des Faveurs, aux éminentes
qualités, le Hâjj Muhammad Ali Pacha, que Dieu le Très- Haut le fasse parvenir
à ce qu’il sou aite et à ce qu’il a sou aité ! Amen. […] » (p.42).
2- باشا:
93
- Le Petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, version numérique, nouvelle
édition de Paul Robert, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey,
version 2011, le Robert, bureau Van-DIGK electronic puvlisching.
.31 ص،1111 ، القاهرة، دار الكتب المصرية، مظهر التقديس بزوال دولة الفرنسيس، الجبرتى-94
95
- Ce terme est toujours utilisé à notre époque dans le même sens, cf. le livre de Younan Labīb RIZK:
.2111 ، دار الشروق، القاهرة، حتى اليوم1166 دراسة تاريخية من، العيب فى ذات أفندينا،يونان لبيب رزق
84
terrains agricoles96. L’ori ine ottomane de cette le ie est confirmée
aussi par ʽAbd al-Ġanī97:
كما اطلق على بعض العلماء ممن بلغوا،" هو اللقب الرسمى للوزراء و لبعض كبارالقادة العسكريين
. "مستوى رفيع من العلم و المعرفة
3-الخديوى:
الهمة الخديوية: Al-Ṭahṭāwī utilise cette e pression pour louer les efforts de
ohammad ʽAlī. « الخديوية » est un adjectif dérivé du substantif
خديوى qui réfère au Pacha et si nifie dans la lan ue perse l’émir ou le
seigneur101.
Le terme khédive102 réfère toujours à ohammad ʽAlī, dont al-Ṭahṭāwī loue les
efforts ayant pour visée l’amélioration du pays. Il dit à ce propos:
") و اآلن صارت االسكندرية بالهمة الخدوية بنحو ذلك...("
La traduction présentée par Louca est la suivante:
« Mais Alexandrie est arrivée presque au même point, grâce au zèle
khédivial».
101
- Imān ĞALĀL, op.cit., p.87.
102
- Remarquons que ohammad ʽAlī n’avait pas officiellement le titre de Khédive. Ce titre a été obtenu par
Isma‛īl .
86
4- دويدار- «dawîdâr»
L’ori ine turque de cette le ie est confirmée par Louca: « Dawîdâr : titre
turc (garde de l’écritoire) »103. Louca ajoute que déjà la personne dont il est
question chez Al-Ṭahṭāwī est elle-même turque. Al-Ṭahṭāwī cite le deu ième
chef des boursiers en disant :
104
""حضرة مصطفى مختار أفندى الدويدار
Ce que Louca traduit par :
« (…) Son Honorabilité Muk târ effendi ad-Dawîdâr » (p.68).
و الكلمة الفارسية." و دواتدار من الكلمة العربية (دواة) و هى الوعاء الذى يحفظ فيه الحبر للكتابة
(دار) و هى المادة االصلية او جذر الفعل من المصدر داشتن بمعنى االمتالك و الحيازة و معناها مالك
"105 فهو لقب يطلق على صاحب الدواة و هو الحاجب او رئيس الك ّتاب،الشىء و القائم عليه
5- الخازندارية- la trésorerie
103
- LOUCA, op.cit., note 36, p. 318.
. 163 ص، المرجع ذاته، رفاعة الطهطاوى-104
1-12. ص، المرجع ذاته، ايمان السعيد جالل/ د-104
106
- ohammed SAWĀʽĪE, La crise de la terminologie arabe au XIX ème siècle, Damas, Institut français de
Damas, 1999, p. 128.
87
"خزينة دار :لقب أطلق على الموظف الذى كان يتبع الوزراء و كبار رجال الدولة و يختص بحفظ
107
خزائنهم"
110
- Le Petit Robert (version numérique), op.cit.
11. ص،1121 ، دار المعارف، القاهرة، الوزارة و الوزراء فى العصر الفاطمى، محمد حمدى المناوى. د- 111
89
éléments de la phrase. Elle a pour équivalent français « ensuite » et «puis ».
Dans la phrase, en l’occurrence, elle indique visiblement une certaine
hiérarchie entre les postes citées. Louca aurait pu rendre compte de
cette hiérarchie en traduisant la conjonction ( )ثمles deux fois par « ensuite».
7- كتخدا:
و كان للباشوات و كبار رجال الدولة العثمانية من،" كلمة فارسية االصل تعنى وكيل او نائب معتمد
112
")ينوب عنهم فى اعمالهم و يطلق عليه (الكتخدا
1312 : مدبّر أشغاله" ص. معت َمد الوزير:)" كتخدا وكتخداي َك ْت ُخدا و َك ْت ُخداي (فارسية
Cet avis est confirmé par Ğalāl, qui, elle, va plus loin dans l’e plication:
)" هو لقب تركى يعود الى اصل فارسى هو (كدخدا) و هو مكون من (كد) بمعنى بيت و (خدا
فهو رب البيت و هو كذلك السيد الموقر او الملك او الموظف المسئول،بمعنى رب ا و صاحب او رئيس
113
"او الوكيل المعتمد
Pour sa part, Sawāʽīe ajoute à propos de cette le ie:
و أصبحت شائعة االستعمال فى،" تركية عثمانية من أصول فارسية دخلت اللغة التركية العثمانية
114
" اإلدارة العثمانية فى المجتمع المصرى
Ce terme fi ure plusieurs fois sous la plume d’al-Ṭahṭāwī. Prenons à titre
d’illustration :
8- المهردار:
116
""لقب حامل اختام كبار رجال الدولة و المكلف بختم االوراق الرسمية الالزمة
Dozy confirme l’ori ine persane de cette le ie117. Ğalāl soutient cet avis et
explique :
118
" و (دار) بمعنى حافظ ختم الوزير،" هى كلمة فارسية مركبة من (مهر) بمعنى خاتم
Elle ajoute que ce terme persan a été arabisé et introduit dans la langue arabe
pour être fréquemment utilisé ()فارسى معرب شائع.
" ثم ان حضرة االفندية الثالثة كانوا يتعلمون ايضا كالباقى فحضرة االفندى المهردار سابقا اشتغل
119
"بعلم تدبير االمور الملكية
La traduction présentée par Louca est la suivante :
« Leurs Honorabilités les trois effendis suivaient aussi des études
comme les autres. S.H. l’effendi al-Mu urdâr s’était occupé de la
science de l’administration civile».
9- أيلجى:
Louca présente une traduction du sens global. Cette stratégie se manifeste par
l’absence de la lexie ( )حضرةdans la traduction, ainsi que par les deux
constructions syntaxiques différentes ( ) لما سمع بذلك و اخبره االيلجى/ (mis au
courant de la situation, que l’ambassadeur vint lui confirmer). Pour ce qui est de
la lexie ()حضرة, Louca l’avait traduite à un autre endroit de l’œuvre122. Il aurait
dû l’introduire é alement ici et écrire :
(On dit que Sa Majesté notre Seigneur le grand Sultan, mis au courant de la
situation, que l’ambassadeur vint lui confirmer, répondit qu’il ne ferait rien en
attendant de voir les réactions des rois des Francs)
A propos de la lexie ( )حضرةle Kazimirski explique que ce mot « s’emploie
comme terme de respect équivalent tantôt à Magesté, tantôt à Altesse, ou
Excellence, ou Honneur.- حضرة الملكSa Majesté le roi. – حضرة الباشاSon Altesse
le pacha. - حضرة الوزيرSon Excellence le ministre. – حضرتكمVotre Majesté, etc.,
votre Honneur. Quoique l’emploi de ce terme ne soit pas soumis à une règle
invariable, il est toujours plus élevé que » جناب.123
Nous signalons que la présence de (Sa Majesté) suivie de (notre Seigneur le
grand Sultan) alourdit la phrase. Cela est acceptable dans la langue
arabe, mais pas conforme aux normes de la langue française.
122
- Cf. p.139-141 infra.
123
- KAZIMIRSKI, op.cit, p.448.
93
Quant à () لما سمع بذلك و اخبره االيلجى, la préposition ( )بdans « »سمع بa, selon
les auteurs de la Grammaire de l’arabe classique, « un sens de contigüité avec
notion d‘accompagnement»124. La particule verbale ( « )لماmarque que
l’accompli énonce une action ac evée juste au moment où une autre est
commencé (en franç. Passé) »125. Cette particule peut être traduite par (quand)
et par (lorsque).
Le lecteur de la phrase en lan ue source peut comprendre qu’il
s’a it de deu moments corrélatifs : ( )سمعet ()اخبره. Au début, le roi est
mis au courant, puis vient la confirmation de la part de l’ambassadeur. La
ligature ( ) وest une particule de coordination qui permet de relier entre-elles des
idées séparées.
La phrase de Louca dispose d’un sujet (l’ambassadeur), d’un verbe
(vint confirmer) et d’un complément d’objet direct (que) qui est un pronom
relatif à valeur anaphorique. Le lecteur comprend donc (l’ambassadeur vint
confirmer la situation à notre Seigneur le Grand Sultan). Quant à la phrase
arabe: ()لما سمع بذلك و اخبره االيلجى, le ( )هde ( )اخبرهest un complément d’objet
direct, alors que dans la traduction en LA, nous avons un complément d’objet
direct et un complément d’objet indirect [le lui]. Le ( )هen arabe correspond à
(lui), donc complément d’objet indirect en français, mais complément d’objet
direct en arabe. Nous pouvons donc dire que Louca a présenté une traduction qui
dépasse l’ori inal. Une traduction encore plus proche de l’ori inal est toutefois
possible :
« On dit que Sa ajesté notre Sei neur le rand Sultan, lorsqu’il fut mis au
ne ferait rien en attendant de voir les réactions des rois des Francs »
.151. يعنى علم السفارة و منه االيلجية" ص،" فن معرفة المشى فى مصالح الدول
124
- R. BLACHÈRE & M.GAUDEFROY- DEMOMBYNES, Grammaire de l’arabe classique, Paris,
Maisonneuve & Larose, 1975, p.331
125
- Ibid., p.249.
94
Ce que Louca traduit par :
« L’art de s’accorder avec les intérêts des États, la science de
l’ambassade, dont la délégation » p.57
Le traducteur omet ()يعنى, qui aurait pu être rendu par (à savoir) ou (c’est-à-
dire). Ainsi, la traduction aurait pu être :
L’art de s’accorder avec les intérêts des États, à savoir, la science de
l’ambassade, dont la délé ation.
) الوكيل من طرف مسيو جومار و االفندية لنظار باالرشاد الى...( " يقول الواضع اسمه فيه شواليه
342." ص. تعليم مسيو الشيخ رفاعة
La traduction en LA127 est:
« Je soussigné, Chevalier, (...) chargé de la part de Monsieur Jomard et
des Chefs-Effendis de diriger l’enseignement de Monsieur le c e k ifâ‘a
(...) ».p.232
11- خواجة:
C’est un substantif d’ori ine persane « )» ُخجْ داش (بالفارسية خواجة تاش128
qui signifie « son Altesse »129. La lexie ne figure pas dans le Lisān al-‛Arab.
12- دستور:
134
"" بإشراق طالع التدبير العجيب و التشييد الغريب الوزير األعظم و الدستور المكرم المفخم
La traduction faite par Louca (p.42) est :
[…] cela grâce à l’apparition éclatante du dirigeant prodigieux, du
constructeur extraordinaire, le plus grand, le seigneur honoré et magnifique,
(...) »
À l’occasion de cet e emple, Louca e plique dans ses notes anne ées
à la traduction :
136
- KAZIMIRSKI (A.), op.cit., t.1, p.424.
137
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit, p.243.
138
- KAZIMIRSKI (A.), op.cit., t.2, p.420.
98
14- روزنامة:
و اهلها اثنا عشر)…( يشتغلون بعلم الهيئة و تأليف الرزنامات،"و منها مكتبة تسمى مكتبة األطوال
139
" (…)السنوية
«Le bureau dit Bureau des longitudes est formé de douze membres (…) qui
s’occupent d’astronomie. Ils rédigent des almanachs annuels ... »140.
141
""كما يفهم ذلك من حاله و مما قاله فى طالعة رزنامته
15- الفرمانات:
Cette le ie est à l’ori ine persane, mais elle a été introduite dans la lan ue
turque. Un firman est tout ordre donné par une personne haut placée
ou une décision accréditée par le roi146. La version numérique du Petit Robert
confirme cette origine. Le mot firman dérive du mot « firman [fiʀm ] nom
masculin étym. 1663 ◊ turc fermân, d'origine persane, par l'anglais firman. ■
Hist. Édit, ordre ou permis émanant d'un souverain musulman. Des firmans».
" الميرى(-األموال الميرية) :الميرى اسم أطلق على كل ما كان يعد ملكا للحكومة من أشياء منقولة
أو غير منقولة أما األموال الميرية فهى الضرائب المفروضة على األراضى و التى تعود إلى الخزانة
147
العامة للحكومة".
"ميري :هي تحريف الكلمة الفارسية والتركية أميري المنسوبة إلى أمير ومن هنا جاءت كلمة مالية،
مالي،ضرائبي .الميري :المالية ،مال الميري :أموال الدولة .والمال األميري ما يؤخذ على األمالك
148
الخراجية".
Ğalāl151 explique que قانونest d’ori ine recque (kanôn) et que نامة
est d’ori ine persane et si nifie (livre). Elle ajoute que نامة قانون
sont les rè lements et que plusieurs livres ayant ce même titre ont été
traduits sous le rè ne de ohammad ʽAlī et portent sur des lois dans
différents domaines de la vie.
18- نيشان:
فيأخذ نيشانا عالمة،" و ال يمكن أن يشرع اإلنسان فى التجارة إال إذا دفع لبيت المال شيئا و لو هينا
152
" على اإلذن له فى التجارة
Ce que Louca traduit par :
« Personne ne peut exercer le commerce avant de payer au Trésor une
somme, même modeste. Il reçoit alors une médaille comme signe de
l’autorisation qu’il a obtenue. »153
154
" العالمة أو األثر أو الشعار أو الهدف للسهم:" و النيشان فى الفارسية
19– ماهية:
" و مما ينبغى التنبيه عليه ان غيرة مسيو الشيخ رفاعة تناهت به الى ان ادته الى ان شغله مدة طويلة
و لكن لم،فى الليل تسبب عنه ضعف فى عينه اليسار حتى احتاج الى الحكيم الذى نهاه عن مطالعة الليل
يمتثل لخوف تعويق تقدمه و لما رأى ان االحسن فى اسراع تعليمه ان يشترى الكتب الالزمة له غير ما
سمح به الميرى وان يأخذ معلما غير معلم الميرى انفق جزءا عظيما من ماهيته المعدة له فى شراء كتب
156
"و فى معلم مكث معه اكثر من سنة
La traduction présentée par Louca est :
« Il faut signaler que le zèle de Monsieur le c e k ifâ‘a l’a amené
à travailler longtemps la nuit ; ceci a causé l’affaiblissement de son œil gauc e,
au point d’avoir eu besoin de consulter un médecin qui lui a défendu la lecture
pendant la nuit ; mais il n’a pas obéi, de peur de retarder ses progrès. Vo ant
qu’il valait mieux, pour âter ses études, ac eter les livres qui lui
étaient nécessaires, outre ceux accordés par le gouvernement, et prendre
aussi un autre professeur, il a dépensé une grande partie de ses traitements
pour ces livres et ce professeur, qui est resté avec lui plus d’un an».(p. 233).
155
- Pp. 112-113 plus haut.
.342. ص، المرجع ذاته، تخليص االبريز، رفاعة الطهطاوى-156.
103
Il a dépensé une grande partie de ses traitements pour payer ces
livres et ce professeur, qui est resté avec lui plus d’un an.
Louca a utilisé les démonstratifs alors qu’ils n’e istent pas dans la phrase en
(LD). La valeur157 de ces démonstratifs est de localiser les substantifs (livres) et
(professeur) dans le conte te et de rappeler qu’ils ont été « employés
antérieurement et déterminés par un article » : (acheter les livres) et
(prendre aussi un autre professeur). La lan ue arabe n’est pas en manque de
démonstratifs. Toutefois, l’auteur de l’œuvre source ne les a pas utilisés
Dans cette phrase d’al-Ṭahṭāwī ماهيةa le sens de portion ou quota. Selon
Ğalāl158, cette le ie d’ori ine persane dérive de « » ماهيانةqui est le salaire. Elle
ajoute que « » ماdans la langue perse est le mois.
1.1.3. nterférences linguistiques au niveau de la vie urbaine/civile159 :
La Le Son Sa Le
lexie chez numéro origine représentation numéro
al-Ṭahṭāwī de chez LOUCA de
la page la page
157
- WAGNER et PINCHON; Grammaire du français classique et moderne, Paris, Hachette, 1991, p.89.
. 14. ص، المرجع ذاته،إيمان السعيد جالل/ د-158
159
- Les termes portant un * représentent la transcription de Louca.
104
La Le Son Sa Le
lexie chez numéro origine représentation numéro
al-Ṭahṭāwī de chez LOUCA de
la page la page
5 Grand(s)
خان 298 Persane 124
marché(s)
6 Postes des
خانات العساكر 351 Persane 244
Soldats
7
الدهاليز 242 Persane Des cours 143
11 165
مارستان 266 Persane Hôpitaux
13 Les langues
لسان 215 Langue 126
sémitiques
160
- ohammed SAWĀ‘IE, op.cit, p.126.
105
1- االود- أوضة:
C’est un mot turc introduit dans la lan ue arabe. Cette le ie n’e iste pas
dans le Lisān al-ʽArab. Dozy161 affirme :
" غرفة، حجرة:" اوضه (تركية) جمعها أوض وأوضات
Al-Ṭahṭāwī utilise ce mot à plusieurs reprises avec une ortho raphe qui
n’était pas fi ée. Prenons à titre d’e emple:
" "و هى مرتبة على وجه بحيث ال ينتشر فى األودة دخان الحطب-
La traduction de Louca est la suivante :
« Elles (les cheminées) sont disposées de telle façon que la fumée
des branc es sèc es ne se répande pas à l’intérieur de la pièce » --> p.111
.14.13.2111 بتاريخ، موقع الوراق.66 . ص، تكملة المعاجم العربية، رينهارت دوزي-161
106
Ğalāl162 note que l’équivalent arabe de cette unité est حجرةet غرفة,
tandis que أوضةou اودةappartient à l’usa e quotidien dans les pays appartenant à
l’Empire Ottoman.
2- بستنجية/ بستان:
Selon Ğalāl163, بستانest d’ori ine persane et a été introduite dans la langue
arabe. Il se compose de ( )بوqui signifie (odeur) et du suffixe persan ) ستان-( qui
signifie « endroit » ou « lieu ». Ce mot, à savoir : بستانn’a pas seulement été
introduit dans la langue arabe, mais aussi en turc et en kurde. Quant à بستنجية, ce
mot se termine par le suffixe ( )جىqui marque la profession.
Al-Ṭahṭāwī écrit :
"و منها مدرسة بستان السلطان التى هى بستان النباتات و بها يقرأ ثالثة عشر درسا فى جملة فروع
كعلم الحشائش و الطبيعيات و الكيميا و المعادن و التشريح و المقابلة بين اجزاء بدن اآلدمى و
و فيها مكتب يسمى مكتب البستنجية و فيه يتعلم علم زراعة الشجر و حفظه من البرد و تطبيع،البهيمة
.)311 ."(ص.النباتات الغريبة المنقولة على اقليم المحل الذى نقلت اليه
La traduction proposée par Louca est :
« A l’école du Jardin ro al- qui est le Jardin des plantes- on donne treize
cours spécialisés, dont la botanique, la p sique, la minéralogie, l’anatomie,
la comparaison entre les parties du corps umain et celles de l’animal.
Une autre école cependant, dite école du jardinage dispense la science de
planter les arbres, de les protéger contre le froid et d’acclimater les
plantes étrangères à l’endroit où elles sont transportées». (p. 199).
De ce qui précède, nous constatons que مكتبétait utilisé pour désigner tout
endroit lié à l’apprentissa e, à lire et à écrire. N’oublions pas que مكتب
est un dérivé de la racine /kataba / () كتب. Ajoutons aussi que ()مكتب, dans
un autre contexte, peut se traduire par (bureau). Si Louca avait utilisé (bureau)
au lieu de (école), ce choix aurait pu induire le lecteur en erreur. Louca a donc
choisi le terme approprié capable de rendre le vouloir-dire de l’auteur. La
traduction de Louca est donc justifiée.
3- بندر:
108
qui appartient au langage parlé164. Dans le Kazimirski: « بندر: (mot pers.), pl.
بنادر. 1. Rade, port. 2. Port de mer, ville maritime à port. 3. Douane. - شاه بندر
(Égypte) syndic des marchands»165.
Al-Ṭahṭāwī écrit :
و، و سنار قاعدة حاكم بالد النوبة، القاهرة قاعدة مصر:"و البنادر األصلية ببالد االفريقية أربعة
152.الجزائر و تونس ببالد المغاربة" ص
La traduction donnée par Louca est :
« Les villes principales en Afrique sont également au nombre de quatre :
Caire, capitale de l’Ég pte ; Sennar, capitale de la Nubie ; Alger et
Tunis dans le pays des Maghrebins» (p.63).
4-تخت:
Ce mot d’ori ine persane a été utilisé par al-Ṭahṭāwī dans le sens de
(capitale). Chez al-Ṭahṭāwī تخت, قاعدةet كرسىont un seul référent qui est
« capitale ».
C’est une le ie d’ori ine persane. Cette ori ine est confirmée par Ğalāl:
169
" " الخان كلمة فارسية تعنى الحانوت أو الدكان
Elle fi ure dans l’œuvre source :
170
"" و فى باريس عدة خانات عظمى توجد فيها سائر المبيعات
C’est ce que Louca traduit par :
« A Paris, il y a plusieurs grands marchés, où se trouvent tous les
produits » (p.174).
167
- REIG (D.), LAROUSSE AS-Sabīl, Paris, Larousse, 1983, mot vedette n. 689.
168
- Lisān al-ʽArab , p.597, site d’al-waraq :
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/bookpage?book=89&session=ABBBVFAGFGFHAAWER&fkey=2&
page=1&option=1, le 04.03.2011.
11 ص،المرجع ذاته،إيمان السعيد جالل/ د- 169
.289 . ص، المرجع ذاته، رفاعة الطهطاوى- 170
110
6- الدهاليز:
Dans le Lisān :
والجمع، فارسي معرب، ما بين الباب والدار: بالكسر، وال ِّد ْهلِيز. فارسي معرب، ال ِّد ِّليج:" ال ِّد ْهلِيز
: قال، ال َج ْي َئ ُة: وال ِّد ْهلِيز. وال ِّد ْهلِيز معرب بالفارسية داليز وداالز: قال. ِد ْهليز إِعراب داليج: الليث.ال َّدهالِيز
.1112. وهنزمز معرّب" ص
Selon Ğalāl, ce mot est d’ori ine persane et a été utilisé pour
signifier « les corridors étroits ». Il est actuellement utilisé en Égypte
avec toujours ce même sens. Al-Ṭahṭāwī l’a e pliqué:
171
" و ال يمكن أن تدخل العربة من بابها،" البيوت التى داخلها دهاليز و لها بواب
La traduction proposée par Louca est la suivante :
« Celles (les maisons) qui ont des cours, un portier, mais dont la porte
n’est pas assez grande pour laisser entrer la voiture » (p.142).
L’ajout de (mais dont la porte n’est pas assez grande) a un but explicatif
pour rendre l’idée plus claire pour le destinataire de la traduction.
7-ديوان:
8- فنجان:
C’est un mot persan introduit dans la lan ue arabe177. Ce mot existe chez
al-Ṭahṭāwī dans le contexte suivant :
178
"" فنجان القهوة عندهم كبير نحو أربعة فناجين من فناجين مصر و بالجملة فهو قدح ال فنجان
La traduction de Louca est la suivante :
174
- Le Petit Robert (version numérique), op.cit.
. 12 ص،المرجع ذاته،إيمان السعيد جالل/ د-175
.424 . الملحق بتخليص االبريز ص، محمود فهمى حجازى. أنظر تعليق د- 176
.221. ص، المرجع ذاته، الجواليقى- 177
.111 . ص، المرجع ذاته، رفاعة الطهطاوى- 178
112
« La tasse de café chez eux est grande comme quatre tasses en Égypte ;
c’est en somme, un gobelet et non pas une tasse ». (p. 95).
9- فرسخ:
10- مارستان:
Ce mot est d’ori ine persane. Il s’a it, au début, du terme 183
بيمارستان,
puis il a été abrégé en مارستان. Il se compose de « »بيمارcombiné avec « » ستان.
Dans la langue persane, « »بيمارsignifie (le patient), « » ستانest un
suffi e qui réfère à l’endroit. Du suffi e « ستان-», nous comprenons que c’est
l’endroit où ces personnes sont traitées.
Al-Ṭahṭāwī écrit:
.184" " و يباشر هذا المارستان عدة راهبات
179
- AS-SAWĀʽĪ, op.cit, p.126.
. 4321 . ص، النسخة االلكترونية، لسان العرب، أبن منظور- 180
111 . ص، المرجع ذاته، رفاعة الطهطاوى-181
182
- KAZIMIRSKI, op.cit, p.569.
. 361 . ص، المرجع عينه، الجواليقى-183
. 216. ص، المرجع ذاته، رفاعة الطهطاوى-184
113
« Il (l’ ospice) est (...) dirigé par un certain nombre de religieuses, »
(p.171).
185
" و التى يوجد فيها األطباء المارستانات العامة،" و من المواضع المعدة للمرضى
C’est ce que Louca traduit par :
« Des locaux établis à l’intention des malades et où se tiennent des
médecins, constituent les hôpitaux publics » (p. 165).
11- ميدان:
انه، وورد عند ابن دريد انه فارسى بمعنى الفضاء،" ذكر الجواليقي ان الميدان اعجمي معرب
"موجود بهذه الصيغة فى التركية
Al-Ṭahṭāwī le cite en parlant de l’urbanisme à Paris :
187
"" فى هذه المدينة عدة فسحات عظيمة تسمى المواضع يعنى الميادين كفسحة الرميلة بالقاهرة
La traduction donnée par Louca est :
« A travers la ville s’ouvrent de grands espaces appelés des places188,
comparables à la place d’ar-Rumayla au Caire ». (p. 116).
12- لسان:
أما كلمة لسان." يستخدم رفاعة مصطلح "اللسان" بالمعنى القديم و هو ما نعبر عنه االن بكلمة لغة
"189) و االرامية لشانا،فهى كلمة تشترك فيها اللغات السامية (العبرية الشون
215 ." و حيث ان باريس من بالد الفرنسيس فمعلوم ان لسان اهلها هو اللسان الفرنساوى" ص
C’est ce que Louca traduit par:
« Puisque Paris fait partie de la France, tout le monde sait que ses habitants
parlent la langue française ». (p.126).
.431-432 . ص25 تعليق رقم،محمود فهمى حجازى الملحقة بتخليص االبريز. أنظر تعليقات د- 189
115
Il y a dans cette phrase une transposition du syntagme nominal ( ) لسان
dans ( ) لسان اهلهاen un syntagme verbal ( parlent) dans (ses habitants parlent).
Cette transposition a pour fonction d’éviter la répétition de la le ie () لسان.
La Le Son Sa Le
lexie chez numéro de origine représentation numéro
al-Ṭahṭāwī la page chez Louca de la
page
1 تاسومة 253 Persane bottines 151
191
"و هى رداء صوفى قصير... ) و هو فارسى االصل ( چوخا،" الجوخ قماش معروف
3- الشيت:
Ğalāl e plique que cette unité d’ori ine persane est une dérivation
d’une autre le ie d’ori ine indienne « » چيت, prononcée dans la langue
sanscrite « chites ». Cette désignation الشيتen langue persane se dit de
la soie. indienne et turque imprimée ainsi que d’autres types
191
- Ibid., p. 96.
117
d’habillement192. Le ( ) شيتest donc, lui aussi, de la soie. Ajoutons que cette
unité lexicale ne figure ni dans le Sabīl, ni dans le dictionnaire al-Manhal, ni
dans le Kazimirski. Si l’auteur l’avait transcrite (chite) ou (chiite) cela aurait pu
provoquer une ambigüité avec le courant reli ieu du chi’isme. C’est
probablement la raison pour laquelle Louca a opté pour l’union de ce mot avec
celle de (soierie).
4- السراويل:
، أو جم ُع ِسرْ وا ٍل و ِسرْ وا َلةٍ أو ِسرْ وِي ٍل، َسراويالت: ج،ُ وقد ُت َذ َّكر، فار ِ ِسيَّة ُم َع َّربَة:"السَّراوي ُل
.193ٌ" بالشي ِن لغة،ُ وال ِشروال، بالنو ِن ُلغَة،ين
ُ ِ والسَّراو، وليس في الكال ِم فِعْوِيل غيرُها،بكسرهن َّ
Le Lisān confirme l’ori ine persane de cette lexie: «» وهي َأعجمية194.
Nous n’avons trouvé aucune indication concernant le déplacement
chronologique de cette lexie vers la langue arabe. Toutefois, elle est
utilisée jusqu’à présent en É ypte avec le sens de pantalon de dessous.
Nous lisons chez al-Ṭahṭāwī :
.312 ." كان يشترى لنا من طرف الميرى القمصان و السراويل"ص
La traduction de Louca :
« On nous achetait, aux frais du gouvernement aussi, les chemises, les
caleçons (...) » p.207.
192
- Loc.cit.
La Le Son Sa Le
lexie chez Numéro origine représentation Numéro
Al- Ṭahṭāwī de la page chez Louca de la page
1- حربجى:
Nous renvoyons le lecteur à notre analyse de cette lexie ci-dessus, aux pages
121 et 122.
3- القهوجية:
Cette lexie existe chez les Turcs. Al-Ṭahṭāwī l’utilise en parlant de la femme
qui travaille dans un café.
" "و القهوجية أمرأة جالسة على صفة عظيمة و قدامها دواة
119
« La patronne est une femme assise sur une estrade, ayant devant elle un
encrier ».
« La patronne est une femme assise sur une grande estrade, ayant devant
elle un encrier ».
4- محاسبجى:
Cette le ie est formée de deu parties. La première est d’ori ine arabe
( )محاسبà laquelle est annexée la deuxième, à savoir le ( )جىturc et qui réfère à la
profession. En fait, la partie de base dans ce composite, à savoir ( )محاسبse suffit
à elle-même pour désigner le métier. Le fait de lui joindre la particule ()جى
prouve que les É yptiens se sont familiarisés avec l’emploi des termes turcs.
Cette particule a donc une valeur informative. Elle est une des manifestations de
l’intersection du politique et de la vie sociale quotidienne que la lan ue peut
refléter.
120
1.2.0. Influences stylistiques dues à la soumission aux Turcs :
121
و العارف برسوم العرب، حائز فضيلتى السيف و القلم، و المعرفة و االحكام،صاحب الرأى التام:"
195
"و العجم حضرة عبدى افندى المهردار
Ce que Louca traduit par :
« Celui qui possède le discernement parfait, le savoir, les jugements, les
deux vertus de l’épée et du calame, le connaisseur des décrets des Arabes et des
non-Arabes, Son Honorabilité ‘Abdî Effendi al-Muhurdâr»196.
حضرة مصطفى: من خلع فى حب المعالى العذار، صاحب الرأى السديد و الطالع السعيد:" و الثانى
"افندى المهردار
Ce que Louca a traduit par:
« Le deuxième est celui qui détient la justesse de pensée et qui est né
sous une bonne étoile, celui qui dans son amour de la gloire, a abandonné toute
pudeur, Son Honorabilité Mukhtâr effendi ad-Dawîdâr ». p.68
" حضرة الحاج حسن افندى االسكندرانى: و اليراع و االسل، الحاوى بين العلم و العمل:" و الثالث
163.ص
La traduction de Louca est la suivante :
4 3 2 1
و العارف برسوم،/ حائز فضيلتى السيف و القلم،/ و االحكام/ و المعرفة،/صاحب الرأى التام:"
9 8 7 6 5
" المهردار/ عبدى افندى/ حضرة/ و العجم/العرب
La personne dont il est question dans cet exemple est ()عبدى افندى. Son nom
est accompagné de neuf titres.
4 3 2 1
/ حضرة:/ من خلع فى حب المعالى العذار/، و الطالع السعيد/ صاحب الرأى السديد:" و الثانى
6 5
" المهردار/مصطفى افندى
5 4 3 2 1
" حسن افندى االسكندرانى/ الحاج/ حضرة/: و اليراع و االسل، الحاوى بين العلم و العمل:" و الثالث
163.ص
123
Quant à ohammad ʽAlī, il a tout son prestige :
، وكمال الجاه والفضل، في نشر الوية العز والعدل، بالحضرة المحمدية،"و أتوسل الي الحضرة العلية
1
،/ باشراق طالع التدبير العجيب، و جميع من فيها من األهالي و الرعية، علي سائر األقطار المصرية
6 5 4 3 2
و شاردة امراء/، نادرة وزراء الزمان/، و الدستور المكرم المفخم/، الوزير األعظم، /والتشييد الغريب
1 1 2
و/، صاحب العلم المنيف/، ونصب رسوم األسالم بغزوه و جهاده/، من احيا العلوم باجتهاده/، األوان
16 15 14 13 12 11 11
131 .ص. " / محمد على باشا/ الحاج/، عظيم الشيم، / ولي النعم/ افندينا/ حضرة/، فاتح الحرم الشريف
124
Le traducteur a maintenu le même nombre de titres pour qualifier
ohammad ʽAlī. Seul ( )صاحب العلم المنيفa été rendu par un syntagme
verbal (celui à qui appartient le drapeau dominant).
Abū Ġāzī fait remarquer aussi que « certains titres font
référence à des lieux de pouvoir, ce qui était devenu courant depuis le règne des
Abbassides ».
Parmi les caractéristiques de l’écriture à cette époque, il y a
é alement l’emploi des titres à connotation martiale pour qualifier le sultan.
L’emploi de titres qui se réfèrent à l’islam est aussi chose commune.
« » الدستور المكرم المفخمréfère à ohammad ʽAlī.
" ث م ان حضرة االفندية الثالثة كان معهم فى تدبير الدروس جناب مسيو جومار الذى واله صاحب
.164.السعادة ناظرا على الدروس" ص
La traduction de Louca est:
« D’autre part, les trois effendis avaient avec eux, pour organiser
les cours, Monsieur Jomard, que son Excellence a nommé directeur
des études » (p.69).
En comparant ces deux versions, nous remarquons que ( )جنابn’a pas été
traduit. Dans le Kazimirski, « جنابs’emploie comme terme de politesse ou de
respect, et peut se rendre, selon le rang des personnes auxquelles il est adressé,
tantôt par majesté, tantôt par excellence, seigneurie, honorée personne, etc. ».
Dans la phrase en langue-source, deux personnes sont citées : le pacha d’É ypte
et Monsieur Jomard. Louca a déjà utilisé (son Excellence) avec Mohammed
ʽAlī. (Son Excellence) dans ce conte te et à l’époque concernée ne correspond
pas à Monsieur Jomard, nous proposons de préférence (l’honoré). Louca, en
125
omettant ce titre, a probablement voulu alléger la phrase de cette exagération
alourdissante.
" و شاردة امراء األوان، نادرة وزراء الزمان، و الدستور المكرم المفخم، " الوزير األعظم
L’accumulation des titres, leur redondance aussi bien que l’usa e de
la forme de l’élatif ( )افعل التفضيلpour l’attribution de ces titres sont toutes
des manifestations de l’outrance.
199
، جامعة اعداد المعلّمين،» «عوامل التأثير وطرق التعريب، العالقات اللغويّة بين العربيّة والفارسيّة، الدكتور محمد صالح شريف عسكري-
.1.....0.11 بتاريخ،http://www.hawzah.net/per/magazine/ah/012/AH01210.ASP : من موقع، طهران،
126
1.3. Influence morphosyntaxique :
Cette influence est représentée par l’adjonction توالى االضافة. Elle a été
expliquée plus haut à la page 94 à travers l’e emple suivant:
" و قرأت فى فن العسكرية من كتاب يسمى عمليات ضابطان عظام مع مسيو شواليه مائة صحيفة و
200
".. ترجمتها
Ce que Louca traduit par :
« Sur l’art militaire, j’ai lu avec ce même professeur et traduit cent pages
d’un livre intitulé Opérations d’officiers supérieurs»201.
و المالحظ هنا ان الطهطاوى ا فاد من الواو العربية للتعبير عن الضمة." بالد بولويه = بوليفيا
V الطويلة (مد الواو) كما هو الحال فى اللغة العربية كما افاد من الواو للتعبير عن صوت
V فى اللغات االوربية على نحو ما يفعل الترك اذ يكتبون واوا عربية و ينطقونها مثل ال
205
" " كتبها الترك "ويناVienna االوربية فمدينة فيينا
" V " و يالحظ هنا ان الطهطاوى استخدم حرف الواو للتعبير عن صوت،Batavia = "بتاويا
فقد كتبها جاوة و استقرت هذهJava على نحو ما يفعل الترك و هذا مالحظ فى كتابة اسم جزيرة
206
"الصيغة االخيرة فى شكلها المكتوب و اصبحت تقرأ االن كما لو كانت بالواو العربية
Il donne aussi la translittération des mots ayant une consonne (v) selon la
prononciation turque de cette consonne en profitant des signes diacritiques
arabes. Tels que :)261( البلوار-)261. الكرنوال (ص.
Nous pouvons donc dire que Rifā῾a al-Ṭahṭāwī, à force d’écouter les
Ottomans remplacer le ( )وarabe par le phonème voisé /v/ a dû faire le chemin
inverse. Autrement dit : si nous supposons que le /v/ = ()و, donc ( = )و/v/.
Nous présenterons dans ce qui suit chacun de ces termes pris dans son
contexte. Nous commencerons par la langue source puis la traduction
faite par Louca.
"" و من المواسم العامة عندهم ايام تسمى ايام الكرنوال و تسمى عند قبطة مصر ايام الرفاع
La traduction proposée par Louca est :
« Le Carnaval correspond aux « jours gras » c ez les Coptes d’Eg pte. »
(p.159)
129
Il en est de même pour les noms propres :
و بالد بولوية، وبالد ابريزيلة و بالد بيرو، " و االمريقة الجنوبية تسع اراض و هى بالد كلنبيا
.156.)" ص...(
Ce que Louca traduit par :
« L’Amérique du Sud comprend uit territoires: la Colombie*, le Brésil*, le
Pérou*, la Bolivie (...) ». (pp.62-63).
" و مدينة مانيلة،" و فى بالد البحر المحيط بندران شهيران و هما مدينة بتاويا بندر جزيرة جاوة
.152 .ص
La traduction présentée par Louca est :
« Au pays de la mer environnante, il y a deux villes célèbres Batavia*,
capitale de l’île de Java, et Manilla* ». (p. 63).
Al-Ṭahṭāwī aurait donc pu écrire ) (بتافياau lieu de ()بتاويا, ( )جافاau lieu de ()جاوة
et ( )بوليفياà la place de ( )بولويةet ainsi de suite.
Louca, quant à lui, a présenté les lexies et les noms propres concernés
sous la forme normée, tout en les marquant (la majorité d’entre eu ) par
un astérisque. L’astérisque si nifie, d’après le système de translittération
et de si les du traducteur qu’il s’a it d’un « mot transcrit en arabe par
l’auteur ». Le traducteur n’a rien indiqué sur la description ou la justification
de cette transcription de la part de Ṭahṭāwī. Il aurait pu le si naler soit dans ses
notes, soit dans sa présentation de l’Or de Paris.
130
Un aperçu historique pourrait probablement expliquer cette invasion de
termes persans. Le contact des Arabes avec les Perses remonte aux périodes
antéislamiques. Ce contact était non seulement commercial, mais aussi culturel
et politique. Pour aborder cette question, il convient de faire un survol historique
sur l’histoire de l’Empire Persan, sa lan ue, ses dynasties, son extension et ses
frontières207. Parmi les différents aspects probables de ce contact, le contact
linguistique est celui qui nous intéresse le plus.
Reste à mentionner que les termes persans existent non seulement
sous la plume des penseurs et poètes arabes, mais aussi dans le Coran et
le adīṯ. Le Prophète vivait dans la Péninsule arabe et c’est sur ce territoire qu’il
a reçu l’émissaire du ciel. Le contact entre ce territoire et la Perse avait pris,
depuis la période préislamique, plusieurs formes notamment commerciales, et
les poètes se déplaçaient, eux aussi.
A la lueur de ce qui précède, la diffusion des termes persans remonte donc à
des périodes très lointaines dans l’histoire de ces deu nations.
Cette ancienneté constitue en elle-même la justification de la présence des
termes répertoriés ainsi que d’autres qui nous ont peut-être échappé.
La société égyptienne a sans doute été imprégnée par sa soumission, pour des
siècles, à l’Empire Ottoman. Un nombre illimité de lexies turques a pénétré la
lan ue arabe et a été assimilé par les E yptiens. Le cas de l’É ypte ottomane est
celui d’une culture qui s’est infiltrée dans une autre. Cela a, sans doute, eu des
retombées sur la langue pratiquée dans cette société complexe.
2. L’adstrat:
« En linguistique, l’adstrat est une langue qui en influence une autre sans
que l’une des deux ne disparaisse. (...). Le contact entre deux langues (...) se
produit préférentiellement de la langue la plus prestigieuse vers la plus
faible»208. L’importance de l’adstrat en tant qu’interférence lin uistique réside
207
- Cf. annexe pp. 323-330.
208
- Cf.: http://fr.wikipedia.org/wiki/Adstrat , le 20.08.2010.
131
dans le fait qu’il explique des phénomènes historiques » marquant la société
dans différents domaines de la vie. « La notion d’adstrat n’implique pas
nécessairement la contiguïté politique, culturelle et économique de pays parfois
éloignés »209.
209
- DUBOIS (J.) et all., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 2001, p.19.
210
- « Quand on veut représenter dans un s stème d’écriture une suite de mots d’une autre langue
utilisant généralement un autre s stème d’écriture, il est possible soit de représenter les sons
effectivement prononcés( on a alors une transcription plus ou moins phonétique), soit de se contenter
de rechercher, pour chaque lettre ou suite de lettres, une lettre ou une suite de lettres correspondante
sans s’inquiéter des sons effectivement prononcés (...) ». Jean DUBOIS, Dictionnaire de linguistique,
Paris, éd. Larousse, 2001, p.494.
132
(royale) par () السلطانى. Ṭahṭāwī a en fait utilisé la le ie ( ) السلطانىa plusieurs
reprises :
فمنها مدرسة كبيرة تسمى اكدمة الحكمة،" و مدارس الحكمة بمدينة باريس منافعها شهيرة
و هى مجعولة لحاجة المملكة الفرنسيسية و مباشرة األمراض، وهى ديوان الحكماء السلطانية،السلطانية
.262 .العامة الضرر " ص
Ce que Louca a traduit par:
« Les écoles de médecine dans la ville de Paris rendent des services réputés.
L’une d’elles est une grande école appelée l’Académie* de médecine ro ale ;
c’est le divan des médecins ro aux. Elle est instituée pour répondre aux besoins
du royaume français et suivre les maladies qui présentent un danger pour le
public (…) ». p.167.
" فمن خزائن الكتب الخزانة السلطانية و فيها سائر ما امكن الفرنساوية تحصيله من الكتب فى اى
.311 .علم كان بأى لغة كانت مطبوعة او منسوخة" ص
« Parmi les bibliothèques, la Bibliothèque royale (sultanesque) groupe tous
les ouvrages, imprimés ou manuscrits, que les Français ont pu acquérir,
quelqu’en soient les matières et les langues ». p.189.
211
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit, p. 200.
. 311 . ص، تخليص االبريز، رفاعة الطهطاوى- -212
" و يوجد فى باريز ايضا مكاتب تسمى البنسيونات جمع بنسيون بفتح الباء و سكون النون و كسر
217
")...( السين و ضم المثناة التحتية و سكون الواو
156.) بالد شيلى بكسر الشين وتشديد الالم المكسورة" ص...( "
" فيالدلفيا بكسر الفاء و سكون الياء و فتح الالم و كسر الدال المهملة و سكون الالم و كسر الفاء
111 .مدينة بأمريكة" ص
و كان بها باريس،" و فى نهر السين بداخل باريس ثالثة جزائر احداها تسمى جزيرة السيته
212 .القديمة و السيته بكسر السين و سكون الياء و فتح الفوقية معناها المدينة" ص
Ou des éléments de la vie de tous les jours comme :
" و أعظم السبكتاكالت فى مدينة باريس المسماة االوبرة بضم الهمزة و تشديد الباء المكسورة و
252.فتح الراء" ص
218
- AYOUB (G.), op.cit., p. 306.
219
- Préface de Louca dans L’Or de Paris, p. 37.
136
"" تياتر فرنكفونى بكسر الفاء و فتح الراء و سكون النون و ضم الكاف و كسر النون الثانية
251 .ص
245." و فى غالب اوضهم آلة الموسيقى المسماة البيانو بكسر الباء و ضم النون " ص
L.D L.A
)345 .خروج الفرنساوية عن طاعة ملكهم (ص la désobéissance Français à leur roi
(p.237).
" ان يكون الحكم بالكلية للرعية و ال حاجة- (…) Que le gouvernement soit
)345 .للملك بالكلية " (ص entièrement au peuple »
n’e istait pas encore en É ypte. Le peuple, considéré jusqu’alors en tant que
137
sujets ou رعية, ne connaissait même pas le mot (révolte) ou ()ثورة. Al-Ṭahṭāwī a
L’auteur y initie ses lecteurs à d’autres idées aussi, telles que l’idée
de l’é alité et des droits du peuple, l’idée d’une loi électorale (Taḫlīṣ p.242),
l’idée de la séparation des lois en loi exécutive, administrative et législative;
l’abolition de l’idée du pouvoir absolu, l’idée de la nation et du patriotisme; la
soumission du roi à la loi et l’idée des droits civils (p.24 ).
La langue française est donc un adstrat par rapport à la langue arabe dans
l’œuvre d’al-Ṭahṭāwī. La société é yptienne a pris connaissance de plusieurs
domaines scientifiques lors de sa lutte contre les Français qui sont venus pour
l’occuper. Si l’on considère à cette époque que la lan ue française est la
« langue la plus prestigieuse», c’est en fait par admiration et par estimation des
sciences220. Des termes français, italiens persans et turcs en rapport avec tous les
domaines (politique, vie quotidienne, administration, etc.) ont été introduits dans
la langue arabe, dans le but de combler un certain manque d’e pression.
Le superstrat, l’adstrat et la translittération sont donc de nouvelles straté ies
qu’al-Ṭahṭāwī a utilisées pour initier ses compatriotes au aspects de la vie
moderne. Ces procédés ont du même coup préparé l’entrée de la lan ue arabe et
de l’É ypte dans la modernité.
Al-Ṭahṭāwī, en enre istrant son itinéraire, décrit la ville d’Ale andrie comme
suit :
فمكثنا فيها ثالثة و،" و كان دخولنا االسكندرية يوم االربعاء ثالث عشر يوما من شهر شعبان
فلم يسهل لى ذكر، و كان خروجنا الى البلد فى هذه المدينة قليال،عشرين يوما فى سراية ولى النعمة
و انما،شىء فى شأنها غير انه ظهر لى انها قريبة الميل فى وضعها و حالها الى بالد االفرنج أصال
220
- N’oublions pas que les Arabes (tels Al-Khawārizmī, Ibn Sīnā ou Avicenne, Abū Ḥanīfah) ont e cellé dans
tous les domaines scientifiques avant les occupations successives de leurs territoires.
138
و لكون أغلب السوقة يتكلم ببعض،فهمت ذلك مما رأيته فيها دون غيرها من مصر و لكثرة االفرنج بها
169." ص...الشىء من اللغة االيطالية و نحو ذلك
La traduction proposée de la part de Louca est la suivante:
« Arrivés à Alexandrie le mercredi, treizième jour du mois de c a‘bân, nous
sommes restés vingt-trois jours dans le sérail de celui qui nous avait accordé sa
faveur. Mais Alexandrie, par sa situation géographique et par son genre de vie,
m’a paru proc e de ’Europe, dont cependant je n’avais encore rien vu. J’ai
compris cela en constatant ce qu’elle offre de particulier par rapport aux autres
vi es d’Ég pte. Il y a là un grand nombre de Francs et les gens du peuple
parlent, pour la plupart, un peu d’italien, un peu de telle ou telle autre langue
étrangère»221.
Notons dans la traduction que ( )بالد االفرنجa été rendu par (l’Europe)
au lieu d’être rendu par (les pays des Francs). Louca a rendu le sens selon
sa signification au temps actuel. Cela peut être une forme d’adaptation au
destinataire de la traduction. Cependant, l’emploi de (les pays des Francs)
localise la traduction dans le même contexte spatio-temporel que celui du texte
en lan ue source. Ajoutons aussi que la dési nation de l’Europe par (les pays
des Francs) reflète la formation culturelle et azharite du destinateur.
Remarquons aussi que dans () دون غيرها من مصر, il y a une distinction méliorative
sélective en faveur de la ville d’Ale andrie qui diffère des autres villes de
l’É ypte. (Il y a là) est une explicitation de ( )بهاdans ()و لكثرة االفرنج بها
pour préciser qu’il s’a it de la ville d’Ale andrie. Notons aussi la traduction de
( ) و نحو ذلكpar (un peu de telle ou telle autre langue étrangère.). نحوdans ce
contexte exprime l’idée de ressemblance. Parmi les définitions proposées dans le
Kazimirski, il y a (comme). La ville d’Ale andrie, étant une ville littorale, est en
contact avec les autres cultures. Les activités commerciales favorisent ce
contact, qui évidemment se sert de la lan ue comme moyen de s’e primer.
221
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit., p.73.
139
Parmi les lan ues qui s’y trouvaient, citons le rec, l’italien et le français. La
traduction de Louca ne nuit ni au sens ni à la compréhension.
Après l’e pédition française, les Italiens constituaient au XIX ième siècle,
le plus rand nombre d’Européens se trouvant en É ypte. Ils se concentraient
notamment à Ale andrie. Bon nombre d’Ale andrins parlaient cette lan ue.
Les Italiens travaillaient à Alexandrie dans le commerce; les Grecs et les
Arméniens aussi. ohammad ‛Alī a voulu profiter de la compétence des Italiens
dans différents domaines: maritime, militaire, médical, etc. Le vice-roi de la
Sublime - Porte ottomane s’est servi, dans un premier temps, des Italiens dans
l’administration des écoles qu’il a inau urées en É ypte, notamment, l’école
militaire. Il y a même imposé la langue italienne au programme. La présence
des Italiens était particulièrement importante à Alexandrie. Ils avaient même
leurs journaux, puisque « Lo Spettatore Egiziano fut le premier journal italien
publié en Égypte, à Alexandrie, en 1845 »222. Les plans d’édification et
d’infrastructure dans le pays ont encoura é l’émi ration européenne vers
l’É ypte vers la deu ième moitié du XIXème siècle. Des missions d’étudiants
égyptiens ont été aussi e pédiées en Italie. L’attention du Pacha s’est tournée
ensuite vers la France. Les experts français ont remplacé les Italiens, et les
boursiers ont été envoyés en France.
Seuls, les Grecs dépassaient en nombre les Italiens en Égypte.
Les Grecs ont inau uré, en 645, au Caire l’école Saint Geor es
pour leurs enfants, les Italiens ont en inauguré une pour leurs enfants en 1732.
Le premier livre publié à l’imprimerie de Boulāq en 22 fut le dictionnaire
bilingue italien/arabe du père Raphael Zakhora Rahba.
Al-Ṭahṭāwī, en rapportant à ses compatriotes ses remarques sur les
curiosités, dont il a fait la découverte à Paris, a parfois opté pour la
transcription des termes italiens.
222
- http://rime.to.cnr.it/RIVISTA/N5/2010/articoli/Marchi.pdf, 26.08. 2011
140
Il écrit ( اكدمية--> pp.302-303, اكدمة-( اقدمةp. 04), ce qui prouve l’instabilité
de l’ortho raphe de ce mot vu son inté ration récente dans la lan ue arabe. Le
pluriel proposé est ( االكدماتp.303).
Le Littré électronique nous donne plus d’informations sur ce terme :
Académie, Nature : s.f. Prononciation : a-ka-dé-mie.
Etymologie : Academia, du grec. Ce mot vient d'Académus, personnage de
l'âge héroïque. Dans la guerre que les Lacédémoniens firent à Athènes pour
reprendre Hélène enlevée par Thésée, Académus leur révéla où elle était
cachée. En récompense de ce service, ils ménagèrent dans leurs ravages sa
maison de campagne, qui était à 1 000 pas d'Athènes. L'orthographe n'est pas
constante; on écrit aussi Hecadémus. Dans Horace, Ep. II, II, 45, Atque inter
silvas Academi quaerere verum, on trouve la variante Ecademi»223
Nous remarquons donc que l’ortho raphe de ce terme était aussi
instable dès sa première apparition en grec. Cette instabilité dans
l’ortho raphe, chez al-Ṭahṭāwī, prouve que ce mot- académie- était jusque-là
inconnu dans la lan ue arabe. L’instabilité de l’ortho raphe est normale pour
tout terme qui fait sa première apparition quelle que soit la langue. Le terme
(académie) est donc d’ori ine recque, puis il est passé à la lan ue française via
la langue italienne.
Notons à ce sujet la présence de plusieurs termes d’ori ines différentes,
communs au deu lan ues, l’italienne et la française, tel que panorama
(Taḫlīṣ, p.333).
Etymolo iquement parlant, c’est un terme d’ori ine recque, qui est passé à
la langue française via l’an lais :
«(XVIII e siècle) patente déposée, en 1792, par le peintre irlandais Robert
Barker qui a créé ce mot sur le grec ancien pour décrire sa peinture
circulaire dépeignant Edimbourg et dans laquelle on se plaçait au centre
pour la voir»224.
223
- http://www.dicocitations.com/definition_littre/32790/Academie.php. le 16.03.2011.
224
- http://fr.wiktionary.org/wiki/panorama. 17.03.2011.
141
Al-Ṭahṭāwī a mis ainsi l’accent sur la présence de la culture italienne dans la
société française. Prenons à titre d’e emple le piano et l’opéra. L’auteur
é yptien a fait remarquer que le thé tre italien en France et l’opéra présentent
leurs pièces en langue italienne.
Piano (Taḫlīṣ, p.245)
) وردت الى التركية من الكلمة االيطالية...( "" اللوكنجة" كلمة تركية و هى " لوقاندة" او " لوقانطة
227
.") بمعنى "مطعم" او "صاحب المطعم...(
225
- http://fr.wiktionary.org/wiki/piano le 17.03.2011
226
- http://www.dicocitations.com/definition_littre.php?id_mot=22994&id_variante=78225, 17.03.2011.
227
- ohammad SAWĀʽĪE, op.cit, p.127.
142
Prenons aussi l’e emple de la quarantaine ou – الكرتنة- dont al-Ṭahṭāwī parle
au début de son itinéraire. Partant du fait que la langue arabe est une langue
de dérivation et non une langue de composition228, Sawāʽīe fait remarquer
qu’al-Ṭahṭāwī a dérivé de cette unité un verbe- يكرتن/كرتن. Faire subir à un terme,
appartenant à une autre langue, le système syntaxique de la langue arabe, pour le
le icaliser, est une des procédures de l’opération d’arabisation ou التعريب:
.) اإليطالية األصل «الكرنتينا » بإضافة الم التعريفquarantaine( »" اصبحت كلمة « كرنتينا
يفعلل » كما اشتق/ يكرتن» على وزن « فعلل/و اشتق من هذا المصطلح الفعل الرباعى « كرتن
.229"المصدر (الكرتنة) على وزن "فعللة
228
- Claude HAGEGE, Discours d’ouverture à l’occasion du bicentenaire de l’INALCO ( 795-1995), in
Langues et Pouvoir de l’Afrique du ord à l’Extrême-Orient, Edisud, 1998, p.10.
229
- SAWĀ‘IE ( ), op.cit., p.129.
230
- Claude ḤAGEGE, op.cit., pp.9-14
143
3- « la langue contient dans ses propres structures, lexicales et même parfois
grammaticales, des traces précises et concrètes de cette désignation
explicite du pouvoir”.
1. Le pouvoir politique légifère sur les langues en les façonnant.
231
- C’est l’ensemble des données e tralin uistiques présentes dans la réalité e térieure, qui joue un rôle décisif
lorsqu’un locuteur choisit les traits lin uistiques de son messa e, leur forme et leur fonction. Ces données
peuvent aussi exister dans la pensée et les sentiments du locuteur.
232
- Claude ḤAGEGE, op.cit., p.10.
144
Il paraît qu’à force d’utiliser et d’être en contact avec la lan ue turque,
le fait de forger des désignations ou des termes sur le modèle turc, en guise de
création ou de néologisme, est devenu plus accessible aux Egyptiens à
cette époque. Notons bien que la lan ue dialectale en É ypte arde jusqu’à
présent pas mal de désignations de professions avec la particule turque جى.
Prenons à titre d’e emples : مكوجى، قهوجى،اجزجى. Des lexies touchant à tous les
domaines y persistent toujours: دربزين، طاسة،دفتر, etc.
Taḫlīṣ al-’Ibrīz est une œuvre écrite essentiellement en arabe mais riche
d’emprunts, notamment turcs. Ceu -là sont parfois utilisés en guise
d’e plication des curiosités françaises inconnues des É yptiens au
XIXème siècle. La langue arabe, dans laquelle Taḫlīṣ al-’Ibrīz est écrite,
comporte « en elle-même des désignations explicites de la présence
(bien établie) du pouvoir »233 turc. Al-Ṭahṭāwī essaie de décrire la relation entre
le roi et son peuple en France, le culte de droits et de devoirs réciproques.
Or, cette idée est inexistante en Égypte. Cela crée pour lui une certaine difficulté
dans la recherche du mot équivalent. Ainsi, il désigne toujours (le peuple) par
()الرعية. Or, ( )الرعيةrappelle toujours l’idée de soumission. Soumission à laquelle
les compatriotes de l’auteur ont toujours été sujets. Le Taḫlīṣ d’al-Ṭahṭāwī, tel
qu’il nous l’a présenté, est adapté à la réalité de la situation immédiate qui a
donné cette œuvre.
233
- HAGÈGE, Ibid., p.13.
145
Nous essayerons dans ce qui suit d’analyser comment le traducteur s’y est
pris par rapport à ces terminologies pour faire comprendre au lecteur français
que l’œuvre ori inale contient une pareille terminolo ie, qui, d’ailleurs, dit
beaucoup et sur l’histoire et sur la société é yptienne à cette époque.
146
la traduction et pour son récepteur. Comment rendre cette ambiance dans la
traduction ? Y–a-t-il un moyen de sensibiliser le lecteur français de manière à
l’aider à découvrir le lien e istant entre l’œuvre et son appartenance à la société
é yptienne et à une période bien déterminée de l’histoire de cette société ?
En effet, la terminologie en question peut être considérée comme « complément
cognitif »234 aidant à localiser l’œuvre dans son cadre temporel.
Il aurait été souhaitable que le traducteur cherche un moyen pour faire
comprendre au lecteur qu’il est confronté à une œuvre caractérisée par un
mélange de langues très significatif.
D’une manière énérale, il aurait été possible, par exemple, que Louca, en
tant que traducteur en pleine connaissance des deux cultures en question, écrive
le terme équivalent en italique ou en caractères différents. Le traducteur aurait
pu aussi présenter en annexe un tableau groupant ces termes et la traduction
équivalente, avec peut-être une petite information sur l’ori ine de chacun
séparément. La traduction est supposée transmettre au lecteur au-delà du
linguistique. Elle est supposée lui transmettre un nouveau savoir, une image de
l’ « Autre », « bref, tout le non-linguistique qui se cache derrière les mots »235.
C’est dans cette découverte que réside pour le récepteur le plaisir de la lecture.
Le traducteur aurait pu, par exemple, distinguer les mots concernés de la
manière suivante :
« A l’école du Jardin royal- qui est le jardin des plantes- (...). Une autre
école cependant, dites école du jardinage dispense la science de planter
les arbres» (p. 199)
Remarquons dans cet exemple que dans la langue source le mot بستان
a été cité deux fois, puis sous la forme de البستنجيةpour une troisième
fois. Remarquons aussi que l’auteur de l’œuvre ori inale traduit à ses
compatriotes (Jardin royal) par (بستان السلطان.) L’É ypte d’al-Ṭahṭāwī, en tant
qu’une partie de l’Empire Ottoman, connaissait le sultan en tant que
234
- HURTADO ALBIR, op.cit, p.48.
235
- Ibid., p.149.
147
pouvoir suprême, alors que ce système est totalement absent en France.
La France des années 1830 connaissait le pouvoir royal. Chacun des deux
auteurs (al-Ṭahṭāwī et Louca) s’adresse à son lecteur/récepteur de telle sorte
qu’il soit compris. Cependant, la différence de culture ne peut pas être ressentie
chez Louca. Nous reviendrons sur ce point dans un chapitre ultérieur de notre
étude.
236
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit, p.318
237
- Loc.cit.
148
هو رئيس البعثة عين عضوا بالمجلس األعلى للمدارس ثم مديرا لها سنة، عبدى افندى المهردار- "
.1154 و توفى1151
عين بعد البعثة فى وظائف مختلفة و صحب ابراهيم باشا فى،مصطفى مختار افندى الدويدار -
.238"1131 الشام و توفى سنة
238
- Ḥiğāzī, op.cit, p.428.
239
- DUBOIS (J.), et all, Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 2001, p.142.
149
intéressant pour le lecteur français. Cela l’aide à se former une première idée
des différences entre les deux pays, de l’état de la société é yptienne au temps
de la rédaction de l’œuvre, que ce soit au niveau de l’infrastructure, de
l’administration ou autre. Au traducteur de rendre à son lecteur une ima e fidèle
de cette société telle qu’elle e iste dans l’œuvre dans sa langue source.
Si nous constatons que l’œuvre dans sa lan ue source contient 47 unités
le icales turques et persanes, et que le lecteur français n’en reçoit que 9, l’un des
aspects culturels très caractéristiques de la société se trouve partiellement
ommé. Ce omma e fait passer sous silence toute une amme d’informations
historiques. Les stratégies adoptées par Louca peuvent être un indice sur
son optique concernant la langue. Pour certains, la langue est un
moyen d’e pression, pour les autres elle est une vision du monde e térieur.
150
Troisième chapitre
151
Une étude contrastive sur les aspects esthétique et sociolinguistique
du Taḫlīṣ d’al-Ṭahṭāwī et de l’Or de Paris de Louca révèle quelques
divergences entre la version originale et sa traduction.
Ces diver ences soulèvent des points d’interro ation sur le type de traduction
que représente l’Or de Paris aussi bien que sur les paramètres de sa fidélité par
rapport au Taḫlīṣ selon la théorie interprétative. Les théoriciens de l’école
interprétative ont indiqué certains critères qui peuvent aider à décider de la
fidélité d’une traduction. Alors que Lederer cite les critères d’équivalence de
Koller, Hurtado Albir240 propose un triple rapport de fidélité entre la version
originale et sa traduction.
240
- Hurtado-Albir (A.), op.cit., p.118.
241
- LEDERER, La traduction aujourd’ ui, op.cit, p.64, d’après Koller,W.( 979) : Einführung in die
Übersetzungswissenschaft, UTB 819, Quelle und Meyer, Heidelberg, 4 éd. 1992.
242
- Ibid., p.64.
152
Nous essayerons d’étudier chaque critère séparément :
1- Une traduction doit transmettre l’information donnée par l’ori inal sur la
réalité extra-linguistique- ou équivalence dénotative :
L’œuvre dans sa lan ue-source, comme nous l’avons démontré243, contient
plus d’une cinquantaine de le ies d’ori ine non-arabe (turques et persanes dans
leur majorité). Les textes insérés occupent aussi une partie importante dans
l’œuvre-source. Il a été démontré que ces deux éléments ont une valeur
informative sur l’environnement qui a entouré l’œuvre, sur sa production, son
auteur, ainsi que sur son époque et sa société. L’omission de ces deu éléments,
dans la traduction, a soulevé des réfle ions sur le lien e istant entre l’intention
de l’auteur et la dose de l’implicite et de l’e plicite dans l’œuvre.
La densité des termes turco-persans reflète une réalité extra-linguistique: la
soumission de l’É ypte à l’Empire persan à une époque très lointaine dans
l’histoire, la lon ue soumission de l’É ypte à l’Empire Ottoman et les tendances
à la turquisation qui menaçaient la langue arabe. Il existe des retombées de cette
soumission au niveau du lexique, au niveau du système administratif, dans la vie
quotidienne (mode vestimentaire, alimentaire, etc). L’e pression de la réalité
extralinguistique couvre aussi la transmission du culturel. Elle peut être
détectée à travers les messages implicites et explicites. Qui dit implicite dit
aussi vouloir-dire et intention de l’auteur. Les déductions ou inductions faites
par le lecteur et les sous-entendus peuvent former l’e tension sémantique de
l’implicite du te te. L’implicite et l’e plicite lin uistiques sont indissociables et
forment le sens du texte dans son ensemble.
Le texte-source traduit en détail les articles de la Charte. Cette traduction
intégrale de la charte vers la langue arabe par Ṭahṭāwī est un si ne inductif pour
le lecteur et le mène à la déduction suivante: de pareilles mesures et lois
n’étaient pas en vi ueur en E ypte à cette époque. Ces inductions associent les
signifiés au savoir pertinent du récepteur du message, à sa connaissance du
monde. Le sous-entendu visé par cette traduction de la part de Ṭahṭāwī est:
243
- Cf. les répertoires au long du deuxième chapitre et p. 165.
153
" Il faut en faire autant. Peuple et confrères il faut bouger, il faut se soulever et
réclamer ces droits". Inductions et sous-entendus sont le noyau nécessaire à la
saisie du sens. Aussi importants qu’ils soient, les déductions et les sous-entendus
sont à saisir, mais pas à traduire. Le traducteur doit évaluer la dose de l’e plicite
et de l’implicite dans sa traduction, et ce, en fonction du ba a e co nitif de son
lecteur. Lederer épouse cet avis et déclare: « Le bon traducteur modifie avec
doigté le rapport implicite/explicite de l’original pour atteindre un nouvel
équilibre implicite/ explicite dans sa langue »244.
Malgré ses omissions, Louca a enrichi sa traduction par des notes fort
généreuses en informations. Le traducteur y fait preuve d’un savoir riche sur
l’époque, la littérature et la lan ue en question. Ces notes peuvent être
considérées comme une compensation de ce que le récepteur peut manquer à
cause des omissions déjà mentionnées. Toutefois, il faut signaler, du même
coup, que les informations supplémentaires que le traducteur a livrées à son
destinataire viennent soit pour éclaircir ou expliquer une notion, soit pour
présenter un auteur, arabe ou français, ou bien une œuvre. Par ailleurs, Louca a
adopté une stratégie différente de celle de Ṭahṭāwī concernant la charte245.
Le traducteur a présenté en quelques lignes un résumé de la charte et en a ajouté
dans ses notes quelques articles. Les notes ne touchent pas à l’implicite de
l’œuvre de Ṭahṭāwī.
Nous pouvons dire que l’Or de Paris n’a pas rempli ce critère. Toutefois, le
traducteur a réussi à enrichir les connaissances de son lecteur.
244
- LEDERER, Op.cit., p. 126
245
- Cf. Chap.4, pp.251- 314.
154
Quant au sociolecte, le lecteur de l’œuvre dans sa lan ue-cible peut détecter
la formation azharite de l’auteur, mais le sociolecte ayant trait à l’apparition du
dialectal sous la plume de l’auteur est passé sous-silence. Nous reviendrons sur
ce sujet en détail. Le respect du sociolecte apparait dans les indices de la
formation musulmane de l’auteur, à plusieurs endroits, parmi lesquels les
quelques exemples qui suivent :
« Nous allons le citer, bien que la plupart des points ne se trouvent pas
dans le Livre de Dieu le Très-Haut, ni dans la Tradition de son
Prophète- sur lui soient la bénédiction et le salut ». (p.135)
155
une rande dose d’informations éo raphiques. L’emprunt à la littérature
occidentale contemporaine se manifeste dans les idées et la philosophie du siècle
des Lumières. Le destinataire de la traduction de Louca y trouve le récit de
voyages et les informations géographiques. Quant aux grandes lignes de la
maqāma, il peut trouver les métaphores et l’humour. Nous pouvons dire que ce
critère a été respecté, exception faite du saǧʽ.
4- Elle doit être adaptée aux connaissances du lecteur pour être comprise.-->
équivalence pragmatique.
Une des formes de cette adaptation est l’omission des te tes insérés qui
représentent, pour le destinataire de la traduction, une reprise ênante d’une idée
suffisamment développée. Prenons à titre d’e emple 246 celle de l’amour de la
patrie, celle de l’apprentissa e des sciences, de la justice. La reprise de ces idées
par Ṭahṭāwī montre l’importance qu’il accorde à ces idées et au thèmes
qu’elles soulèvent et reflète en même temps une image fidèle du contexte
général socio-historique de l’œuvre dans sa lan ue-source. Cela n’est pas en
contradiction avec le fait que le traducteur a enrichi le savoir pertinent du
lecteur, puisqu’il a tenu à élar ir les connaissances de celui-ci par les
nombreuses notes à la fin du livre.
L’emploi247 des termes français équivalents au termes d’ori ines non arabes
est une autre forme d’adaptation au récepteur de l’œuvre dans sa lan ue-cible.
La référence aux conséquences du cosmopolitisme dans la société égyptienne
dans le aḫlīṣ est faible dans l’Or de Paris. Cela représente pour le récepteur de
la traduction une perte au niveau stylistique et socio-historique.
La traduction a été adaptée au connaissances du lecteur au point d’affecter
l’identification du te te à son appartenance spatio-temporelle. D’après ce qui
précède, nous pouvons dire que l’adaptation, bien que présente dans le cas de
l’Or de Paris, n’était pas dans l’intérêt de la traduction, vu la perte stylistique et
socio-historique dont nous venons de parler. Nous pouvons aussi ajouter que
246
- Cf. le répertoire du premier chapitre, et pp. 55-57.
247
- Cf. deuxième chapitre, pp.162-164.
156
nous avons quelques points de réserve concernant ce critère, qui- à notre sens-
n’est pas à énéraliser. L’adaptation est donc un critère qui e i e du traducteur
un certain équilibre entre l’œuvre- source et sa traduction pour compenser les
pertes probables.
248
- D’après elle, « la notion d’effet est importante dans la t éorie de la traduction et dans l’anal se de la
fidélité,
car le traducteur doit toujours tenir compte de l’effet produit par le texte original c ez le récepteur dans la
langue de départ, pour produire avec sa traduction le même effet chez son destinataire »HURTADO ALBIR,
op.cit, p.77.
249
- Ibid., p.77.
157
et les devoirs)- à laquelle il convient d’ajouter celle des connaissances
pertinentes chez le récepteur de la traduction- l’effet esthétique de la traduction
n’est pas le même que celui dans l’œuvre-source. Pourtant, Louca a réussi à
maintenir l’effet « mélodique » dans la traduction.
Outre le jeu d’assonances et d’allitérations, Louca a pu arder la rime dans
l’e emple suivant :
" و قد حاولت فى تأليف هذا الكتاب سلوك طريق االيجاز و ارتكاب السهولة فى التعبير حتى يمكن
142 . و الوفود على رياضه" ص،لكل الناس الورود على حياضه
La traduction de Louca est la suivante :
« J’ai essa é, en rédigeant ce livre, d’emprunter la voie de la concision et
j’ai usé de simplicité dans l’expression, afin que tout le monde pût venir puiser
à ses bassins et aborder ses jardins ». p.45
158
Ces paramètres soulèvent des réflexions sur les facteurs qui peuvent favoriser
cette fidélité ou l’entraver.
Or, la fidélité au destinataire est conditionnée par les deux premiers
paramètres, autrement dit, la fidélité au vouloir-dire de l’auteur et la
fidélité à la lan ue d’arrivée. Nous joi nons dans ce sens Hurtado Albir, qui
considère ces trois paramètres comme « indissociables ».
Elle considère250 la fidélité à un seul paramètre une trahison au sens.
Autrement dit, il faut être fidèle à tous les paramètres ensemble pour aboutir à la
fidélité au sens et rendre, par la suite, le texte claire pour son destinataire.
250
- Hurtado Albir, op.cit., p.118.
251
- VINAY ET DARBELENET, St listique comparée du français et de l’anglais, Paris, Didier, 1969, p.159.
159
a sous les yeux le vouloir-dire qui animait l’auteur, autrement dit, de dégager,
au travers des significations linguistiques, le sens qui est le message à
transmettre »252. Il s’a it donc de deu notions fondamentales: messa e
implicite et message explicite. Le message explicite est direct, alors que le
message implicite dépend de plusieurs éléments, parmi lesquels l’intelli ence du
lecteur et de son bagage cognitif. Le traducteur peut dans ce cas donner le sens
global en se référant à la réalité extralinguistique qui entoure le texte.
L’implicite occupe une rande partie dans le Taḫlīṣ d’al-Ṭahṭāwī. Partant du fait
qu’ « il n’est pas de message qui ne vise à transmettre un sens », il faut donc
s’interro er sur la conception de la notion « sens » selon l’école interprétative.
252
- SELESKOVITCH (D.) et LEDERER (M.), Interpréter pour traduire, op.cit., p.22.
253
- « Le sens et l’information sont deux c oses différentes». (HURTADO ALBIR, op.cit., p.75).
254
- Le sens structural « se dégage des éléments de la structure fournis par le lexique et assemblés selon les lois
de l’a encement ». (Vinay et Darbelnet, op.cit, p.161).
255
- Pour Lederer, le savoir pertinent est ce savoir ou cette connaissance « dont dispose le lecteur pour
comprendre les unités de sens ». ( Interpréter pour traduire, op.cit, p. 43)
160
ou (LA). Le traducteur doit donc déployer « un effort conscient de
compréhension » pour l’appréhension du sens.
" الثالث :بركة الماء الراكد اذا اشتد قربها من البيوت فانه يتصاعد منها ابخرة ال تناسب الصحة بل
تؤذيها ،او ربما قتلت ،و بسبب ذلك ترى بعض البلدان منتنا باألوباء ،فاجتنب هذه االشياء الجالبة
لألمراض و األوجاع" (ص)261.
"السادس :احذر اذا اشتد حرك ان تمكث فى موضع بارد أو تشرب ماء شديد البرودة ،واال فالعرق
ينحبس حاال و يتداخل فى الباطن و يتسبب عن ذلك داء الخناق وورم الصدر و القولنج المحرق و غير
ذلك ،فاذا نفذ القضاء و ابتلى باحدهما ،فالواجب تداركه لعله يخف .فأول ما تحس بمبادىء العالمات
فضع القدمين فى ماء هين الحرارة و طر بالماء الفاتر ظاهر المتألم من الحلق أو الصدر أو البطن ،و
احتقن بالماء الفاتر المخلوط بيسير اللبن و تعاط الشوربة التى صورتها ،ان تأخذ قبضة من زهر الخمان
و تضعها فى اناء خزف مع اوقية و نصف من جيد الخل و رش على الجميع قدح "
Prenons aussi un des exemples cités sous l’article « des traitements de
plusieurs maladies:
"الرابع :ضربة الشمس
هو مرض يصيب االنسان متى اعترض فى حر الشمس زمنا طويال عريان الرأس ،فيعرف هذا المرض
بوجع الرأس الشديد و احترار البشرة و احمرار العيون و جمود الدموع و ضعف البصر عن االمتداد الى
الضو ،و قد يحصل للمريض به سهلر و ربما احس بالنوم و قلق شديدا ،و فى الغالب تكون بشرة الوجه
محترقة ،فالمريض ال يزال شديدا حتى يأتى الطبيب سريعا ،فينبغى فى مدة انتظاره ان تضع رجلى
المريض فى ماء فاتر و تدخله نصف حمام او حماما كامال ،و احقنه باعشاب مطرية واسقه كثيرا من
شربة الليمون ،و الماء أو اسقه ماء مخلوطا بيسير الخل ،و انفع من ذلك مصل اللبن الصافى المخلوط
بيسير الخل و الطخ على جبهته و صدغه و رأسه خرقة مطراه بماء بارد و خل معا" (ص)225 .
161
D’après ces quelques e emples, nous constatons qu´al-Ṭahṭāwī
présente des situations semblables au vécu égyptien. Rappelons à ce propos, que
Venture de Paradis, le traducteur préféré de Bonaparte, est mort de la peste en
Egypte ainsi que plusieurs autres.
فانه ظهر بها، يعنى الوباء-" و لم تكد مصر تنجو من الجوع حتى داهمها ما هو اصعب مراسا منه
) قال بعضهم ان الذين ماتوا...( . و أخذ ينتشر فى جميع انحائها بسرعة،ه1135 بأوائل ربيع أول سنة
256
" نفس311.111 بسبب هذا الوباء
Il convient d’ajouter que bon nombre des te tes omis par Louca dans son
Or de Paris, sont, dans le Taḫlīṣ d’al-Ṭahṭāwī, porteurs d’un messa e implicite.
Ces te tes omis visent, dans l’œuvre-source, les Turcs qui détiennent le pouvoir
en É ypte à cette époque aussi bien que les É yptiens. L’auteur voulait
transmettre un message et introduire des idées révolutionnaires. Ces idées sont
présentées par réitération. A chaque répétition, un nouveau détail est développé;
par conséquent, le lecteur arabophone a ne une nouvelle information. C’est ce
que la théorie interprétative appelle "contexte cognitif". Le contexte cognitif
« correspond aux idées qui ont basculé dans la mémoire cognitive depuis le
début du discours »257. Au début de la lecture, le contexte cognitif chez le
lecteur est égal à zéro, mais il avance en crescendo à mesure que le récepteur
avance dans sa lecture. Lederer ajoute au contexte cognitif le savoir pertinent ou
le bagage cognitif déjà présent chez le lecteur. Le chevauchement du bagage
cognitif et du contexte verbal aident à mieux comprendre et à saisir le sens voulu
par l’auteur258. Une fois le vouloir-dire saisi, « la traduction devient possible, sa
qualité ne dépendant plus que du talent du traducteur »259.
Le traducteur fait preuve de ses talents en variant les procédés pouvant, selon
lui, rendre dans la langue-cible ce qui a déjà été dit dans l’œuvre en
langue-source : transposition, explicitation, adaptation, etc. Un agencement du
lin uistique et de l’e tralin uistique est indispensable pour faire réussir la
traduction. Dans ce même ordre d’idées, la fondatrice de l’école interprétative
souligne que « la formule qui restituera le sens dans l’autre langue devra
s’inspirer tout autant de l’implicite de l’original que de son explicite »260 .
257
- D. SELESKOVITCH et M. LEDERER, Interpréter pour traduire, op.cit., p.43.
258
- « La compré ension de l’énoncé s’appuie sur ce savoir pertinent, sur ce contexte cognitif et s’effectue par
l’exclusion spontanée de toutes les significations non pertinentes de la p rase».(LEDE E , Ibid., p.49).
259
- Loc.cit.
260
- Loc.cit.
163
Le traducteur aura besoin de se servir du « contexte »- au sens large du terme-
pour aboutir à la compréhension, puis à la déverbalisation et faire en sorte que le
vouloir-dire de l’auteur, aussi bien que les effets visés sur le récepteur de la
traduction, soient assumés. La transmission du sens notionnel, de l’information
portée par les mots, n’est pas tout ce dont le te te ou le discours est char é. Il
faut prendre en considération les éléments extra-linguistiques qui peuvent
char er le te te d’un sens implicite et d’un sens émotionnel. C’est pourquoi
Albir déclare :
« L’information intervient dans la construction du sens mais elle ne doit pas
être confondue avec lui »261.
A partir des répertoires relevés dans les deux chapitres précédents,
notamment des textes insérés, nous avons pu indiquer quelques thèmes
clés chers à l’auteur. Ces thèmes tournent autour du patriotisme,
de la société civilisée, de l’appel au sauveta e de la lan ue arabe, un appel
à la Révolution pour établir la justice et l’équité. Tous ces thèmes sont
présentés par al-Ṭahṭāwī d’une manière implicite, exception faite de
l’appel à une société civilisée. Le lecteur de l’œuvre source parta e avec l’auteur
un vécu commun, le lecteur postérieur a encore avec eux une culture commune,
un patrimoine. Nous pouvons ajouter à cela le savoir pertinent. Ce contenu
idéїque, une fois saisie, a sur le lecteur un certain effet. Le vouloir-dire saisi par
le lecteur est précédé d’une intention de l’auteur de produire chez le destinataire
du texte un certain « effet voulu ». Ce vouloir-dire, une fois confié au lecteur, est
supposé l’émouvoir, le toucher et déclencher en lui plusieurs sentiments pour le
motiver, le convaincre et le pousser à réa ir. Il s’a it donc d’une intention, d’un
sens notionnel et d’un sens émotionnel.
Si al-Ṭahṭāwī a amplement e pliqué le soulèvement des Français
contre leur roi, son message en langue de départ (LD) véhicule, en fait, un non-
dit à double sens, l’un au peuple pour l’appeler à se libérer de la servitude,
l’autre au Ottomans pour les menacer, s’ils n’arrêtent pas leurs injustices.
261
- HURTADO ALBIR, op.cit., p.76.
164
Ce message est en lien direct avec les éléments des connaissances
métalin uistiques et les facteurs psycholo iques de l’auteur é yptien et de son
destinataire. L’auteur rapporte à ses compatriotes les détails concernant le
soulèvement des Français, le renversement du roi et les articles de la Charte
constitutionnelle ainsi que la reformulation de cette Charte. Pour le lecteur
contemporain de Ṭahṭāwī, l’œuvre constitue la seule source où il peut prendre
connaissance de toutes ces informations. L’auteur, en tant que témoin, se char e
de transmettre à ses compatriotes ces événements intéressants pour en faire le
modèle à suivre. Louca, par contre, opte, à plusieurs endroits, pour la
présentation d’un résumé pour les longs passages, et il le reconnait dans sa
présentation. Notons, toutefois, qu’il a cité dans ses notes allant du numéro 4
jusqu’au numéro 4 à la fin du livre l’énoncé du quatrième jusqu’au di ième,
puis du quinzième article de la Charte sans aucun autre détail sur les
commentaires faits par al-Ṭahṭāwī. Ces deu attitudes contradictoires nous
rappellent les déclarations de Lederer à ce propos :
« Plus le savoir partagé est grand, moins il est nécessaire d’être explicite.
Plus les deux savoirs se confondent, plus l’énoncé se fait elliptique;
au contraire, moins l’auditeur en sait, plus le locuteur doit en dire pour
faire passer une idée. Mais en tout état de cause la parole reste elliptique ;
toujours elle évoque un non-dit en plus de son dire. Les constantes variations
de l’importance et du nombre des connaissances communes au locuteur et au
récepteur expliquent le mouvement de condensation et d’expansion de
l’énoncé»262. Or, « pour que le sens du dire soit celui que veut l’auteur, il faut
que celui-ci ait correctement jugé du savoir de ceux auxquels il s’adresse et
qu’il ait proportionné en conséquence l’explicite de sa formulation par rapport
à ce qu’il laisse non dit. Il faut aussi que le lecteur sac e que l’explicitation ne
couvre qu’une partie du message »263.
262
- LEDERER, « Implicite et explicite » in Interpréter pour traduire, op.cit., p.52.
263
- Loc.cit.
165
Les e plications détaillées d’al-Ṭahṯāwī représentent donc le mouvement
d’e pansion de l’énoncé, tandis que la traduction de Louca constitue celui de la
condensation. Louca a-t-il surévalué le savoir pertinent de son lecteur ? En effet,
la majorité des lecteurs de l’œuvre en lan ue de départ (LA) i nore la Charte
constitutionnelle du 4 juin 4. Il est aussi à noter que la majorité d’entre eu
est peu informée sur l’Histoire de l’Égypte et de sa soumission aux Ottomans.
Ceci dit, le traducteur ne peut pas trop compter sur un savoir aussi limité. Citons
tout de même l’avis de Louca sur ces passa es :
« Soucieux de décrire à ses compatriotes les rouages exacts du
gouvernement français, il leur livre une traduction intégrale de la Charte
constitutionnelle, avec ses amendements après la Restauration »264.
L’implicite pour ressusciter l’âge d’or de la civilisation arabe :
264
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit., p.16
166
« ifâ‘a éprouvait, en plus, la responsabilité de rattraper trois siècles
perdus pour la civilisation arabe dans la stagnation intellectuelle (...)»265.
265
- Ibid., p.15.
266
- Fortunato ISRAEL, Traduction littéraire, op.cit, p.39.
267
- NIDA et TABER, op.cit., p.82.
268
- LEDERER, « Implicite et explicite » in Interpréter pour traduire, op.cit., p.60.
167
entre l’implicite et l’explicite doit prendre en compte l’aptitude du
lecteur à élargir, à approfondir, à ajuster progressivement sa perception
et sa compré ension de la culture de l’Autre grâce au contexte, à mesure
qu’il avance dans sa lecture »269.
Bensimon rejoint dans ce sens Fortunato Israël qui est pour le maintien
de « l’ancra e initial du te te » :
269
- BENSIMON (P.), « Traduire la culture » in Palimpseste n.11, op.cit., p. 12.
270
- ISRAEL (F), « Traduction littéraire: l’appropriation du te te » in La liberté en traduction (collection
Traductologie, n.7), sous la direction de Danica Seleskovitch, Paris, Didier Erudition, 1991, p.29.
168
traduire ces termes. Cependant, il aurait été souhaitable de présenter la lexie
turque ou persane en contigüit avec le terme correspondant français
afin d’aboutir par la traduction à une interculturalité.
Pour Lederer « le simple fait de faire figurer le vocable inconnu à
côté de ce qui en est l’explication simplifie la tâc e du lecteur sans pour
autant modifier le texte »271. Il faut reconnaitre à ce propos que Louca a
quelques fois mis en application cette suggestion. Cette "explication" est pour
Lederer une forme d’"e plicitation", procédé qui sera étudié plus loin dans ce
chapitre. Lederer considère le procédé de l’e plicitation comme indispensable
pour en assurer la compréhension. Les procédés dont le traducteur peut se servir
feront l’objet d’une étude détaillée quelques li nes plus loin.
Rappelons que le texte-source est à l’ori ine une transposition,
une adaptation de la culture française au compatriotes é yptiens de l’auteur.
Soucieu d’être compris de son destinataire é yptien et arabophone, Al-Ṭahṭāwī
recourt soit à l’e plication, à la comparaison et à l’emploi de la dénotation la
plus proche possible connue en É ypte afin de rendre l’idée saisissable par son
destinataire. Autrement dit, il essaie d’adapter la culture française à son lecteur
contemporain. Le Taḫlīs est une représentation de deux cultures : la culture de
l’E ypte ottomane et la culture française. L’œuvre source est une représentation
de la France vue par un Égyptien du XIXème siècle. Le destinataire de Ṭahṭāwī
est d’une culture totalement différente de celle du destinataire de l’Or de Paris.
Louca, en tant que traducteur soucieu d’être compris, effectue une deu ième
adaptation et rend le lexique- déjà arabisé272 ou adapté par Ṭahṭāwī- à ses
origines. Ainsi, « » مارستانredevient « hôpitaux » ; « » الخزانة السلطانية
« Bibliothèque Nationale », etc. Cela prouve le rôle que peuvent jouer les
facteurs extralinguistiques, le traducteur en tant que sujet historique,
l’intervention de la dimension temporelle ainsi que l’intervention du destinataire
du message, dans la traduction.
271
- LEDERER, « La Problématique de l’e plicitation », Palimpsestes, n.11, op.cit., p.168.
272
- Nous pouvons nous référer aux répertoires du deuxième chapitre.
169
Ceci soulève des points d’interro ation sur la traduction de la culture. En fait,
la traduction du culturel met le traducteur devant plusieurs obstacles, qui
peuvent décider de son choix pour redresser le sens dans une autre langue.
Une analyse de la stratégie de Louca face à ces caractéristiques
a démontré que le traducteur a opté essentiellement sur chemin le plus court, à
savoir l’emploi du terme correspondant français pour les substantifs empruntés,
ainsi que pour l’omission des passa es lon s en ce qui concerne les te tes
insérés.
Pour ce qui est de l’emprunt à la lan ue turque et à la lan ue persane, il est
fait d’une manière spontanée et n’a pas été recherché par al-Ṭahṯāwī. Cette
présence est révélatrice d’une situation bien établie dans la société é yptienne à
cette époque: l’assimilation du vocabulaire turco-persan par la société
égyptienne et sa lexicalisation dans la langue arabe.
D’autre part, le lecteur du XX ème siècle de l’œuvre d’al-Ṭahṭāwī est
ému par les informations reçues, parce que ce que l’auteur du XIXème siècle a
noté, se trouve jusqu’à nos jours non seulement en France, mais dans toute
l’Europe : même importance accordée à l’apprentissage, aux livres et aux
bibliothèques, aux boulevards et aux jardins, aux conditions exigées pour une
formation artisanale, au respect accordé à tous les métiers, à l’aspect matériel de
la vie, à la passion pour la musique et pour le théâtre, aux attitudes envers les
personnes ées, etc. Ce qui veut dire que c’était déjà un mode de vie établi
même avant le départ d’al-Ṭahṭāwī pour la France. Rappelons qu’al-Ṭahṭāwī a
été lui-même surpris par tout ce qu’il a découvert pendant son séjour en France.
Le lecteur francophone se trouve attiré, lui aussi, par la présentation de l’auteur
des différentes manifestations de la vie parisienne, par son regard attentif et son
talent à simplifier toutes les nouveautés afin de les rendre accessibles. Il y a, en
ce sens, une certaine équivalence entre l’œuvre source et la traduction. al ré
les omissions déjà relevées, le lecteur n’est pas privé du dosa e affectif. Ce
dosage, quoique réduit, répond aux recommandations de la théorie
interprétative. Pour Fortunato Israël, la réaction affective est prioritaire.
170
Selon lui, « la perception d’une œuvre littéraire n’est pas une opération
purement intellectuelle mais aussi une opération affective »273. J.-C. Chevalier et
M.-F. Delport soutiennent ce même principe et affirment que « la tâche du
traducteur est (...) idéalement de placer les lecteurs du texte-cible dans la
situation où lui-même s’est trouvé quand il a découvert le texte-source »274.
273
- FORTUNATO ISRAEL, La liberté en traduction, op.cit., p.34.
274
- CHEVALIER (Jean-Claude) et DELPORT (Marie-France), L’ orlogerie de St.Jérôme : Problèmes
linguistiques de la traduction, Paris, Édition l’Harmattan, 995, p.45.
275
- LEDERER, « La problématique de l’e plicitation », op.cit, p.165.
276
- La lan ue d’arrivée ou la lan ue-cible désignent la langue vers laquelle un texte est traduit.
171
Dans notre cas, la langue-source et la langue-cible sont deux langues non-
apparentées. La fidélité à la lan ue d’arrivée e i e que le traducteur respecte la
logique de celle-ci.
Le respect des normes de la langue-cible est indispensable à la
compréhension de la traduction. « Pour que le lecteur suive un texte
sans peine, il faut que celui-ci soit conforme aux habitudes de la
langue dans laquelle il est écrit »277.
La fidélité à la (LA) est aussi le troisième critère de fidélité proposé
par Hurtado Albir. Cette fidélité soulève des questions sur le genre de la
traduction. S’a it-il d’une traduction littérale ou bien d’une traduction libre ?
Est ce que la traduction est collée au sens structurel ou bien opte-t-elle pour le
sens global ?
La traduction littérale reste asservie au texte-source. Hurtado Albir critique
la traduction littérale parce qu’elle « ne tient compte que de la langue
du texte, sans passer par le sens ni par la déverbalisation»278. Lederer
déclare être pour le changement des formes. Selon elle, le traducteur, par fidélité
au texte original, doit faire preuve de flexibilité et varier ses moyens
linguistiques « pour dire et faire comprendre la même chose »279.
277
- LEDERER, « Transcoder ou réexprimer » in Interpréter pour traduire, op.cit., p.31.
278
- ALBIR (H.), op.cit., p.121.
279
- SELESKOVITCH (D.) et LEDERER (M.), Interpréter pour traduire, op.cit., p.70.
280
- TABER et NIDA, La traduction: Théorie et méthode, Alliance biblique universelle, London, N.Y,
Stuttgart,
1971, p.2.
172
d’e ploiter les caractéristiques lin uistiques de (LA), pour faire réussir sa
traduction, de sorte à créer entre le message (LD) et le message (LA) une
certaine équivalence. Obli er une lan ue à se plier au e i ences d’une autre
langue est donc un signe de maladresse et mène à une traduction erronée. Le
traducteur aura donc besoin de faire preuve de fle ibilité et de bénéficier d’une
marge de liberté. Les phrases qui transmettront le sens dans la langue-cible
auront une structure différente de celle en langue-source. « L’importance des
changements de forme, exigés par la nécessité de conserver le sens, dépend de
la "distance" linguistique et culturelle qui sépare la langue-source de la langue
réceptrice»281. Nous entendons par « changements de forme », les modifications
de la structure des phrases tels que l’ordre des éléments, le système verbal,
l’accord du nombre, la coordination et la subordination, les indications des
relations tout en respectant le schéma de fonctionnement de chaque langue.
Nous essayerons dans ce qui suit d’e aminer quelques e emples qui
illustrent ces changements :
281
- Ibid., p.5.
282
- Ibid., p.98.
173
ḫabar « énonciatif »), sans que ces deux éléments soient liés l’un à l’autre par
un verbe»283.
283
- BLACHÈRE& GAUDEFROY-DEMOMBYNES, Grammaire de l’arabe classique, Paris, Maisonneuve&
Larose, 1975, p. 387.
174
de phrase sans doute parce que, de tous les termes, il est le plus riche
de contenu »284.
Cet exemple prouve que la phrase dans la langue française évolue dans
un ordre différent de celui de la phrase dans la langue arabe. À la
prédilection de l’arabe pour l’ordre (verbe + sujet), le français opte
pour l’ordre (sujet + verbe).
Nous rappelons que la combinaison (verbe + sujet), dans la langue
arabe, n’est pas ri ide. Autrement dit, elle peut faire preuve de
fle ibilité, selon les besoins stylistiques, ou l’intention d’e pressivité. Si l’auteur
voudrait mettre l’accent sur le mubtada’ ()سائر الناس, il dirait ) (و سائر الناس تدخله.
284
- Ibid., p.392.
285
- J-P. Vinay & Darbelenet, Stylistique comparée du français et de l’anglais, op.cit., p.202.
175
Il ne s’a it pas ici de traduction littérale, mais cette structure est la plus adéquate
et, en même temps, la plus proche du texte-source. Le ()يعنى, en l’occurrence,
est, à notre sens, utilisé par Ṭahṭāwī pour insérer une e plication d’une notion ou
d’une idée qui, selon lui, est encore inconnue ou nouvelle à ses compatriotes.
Le pronom ( )هوest un (ḍamīr ġā’ib). Il a été transposé par un verbe, en
l’occurrence (sié er) (siège dans un palais à Paris), parce que la langue
française ne connait pas la phrase nominale. C’est donc une question de
structure
1.3.1.2. L’adjectif :
En arabe, l’adjectif est postposé288, c’est-à-dire, l’adjectif suit le substantif
qualifié selon le schéma : substantif-épithète. En français289, (...) la tendance
286
- BLACHÈRE (R.) et M. GAUDEFROY- DEMOMBYNES, op.cit., p.137.
287
- Ibid., p.353.
288
- ABDEL SALAM (Manal), ABDEL SALAM (Manal), Essai de stylistique comparée du français et de
l’arabe, [s.l], [s.n], dactylogr., thèse 3ème cycle, Littérature générale et comparée, Paris, 1998, t1, p.497.
176
naturelle de la lan ue est la séquence pro ressive, c’est-à-dire substantif-
épithète. Toutefois, cet ordre peut être inversé pour des raisons stylistiques. Cet
ordre peut être brisé en fonction des besoins stylistiques et des effets voulus.
Examinons dans les quelques exemples qui suivent le statut des adjectifs chez
al-Ṭahṭāwī et leur traduction en lan ue-cible:
289
- Ibid.
177
Remarquons le passa e de l’attribut de la caté orie adjectivale
vers la catégorie verbale. Notons aussi que l’adjectif et le verbe bouclent
l’un et l’autre la phrase. Cette transposition est dans l’intérêt de
l’intelli ibilité du sens. Cependant, Louca aurait pu traduire :
« La position des malades vis-à-vis des médecins est variable».
Dans toute lan ue, une phrase se compose d’un réseau de mots qui,
r ce à leur interaction, confèrent une forme à l’idée. C’est pourquoi elles
sont dites aussi unité de pensée ou unités de traduction. Un mot pris
isolément peut avoir plusieurs significations, seul, le contexte peut limiter
cette disparité de signification et arrêter le sens adéquat. Autrement dit,
le contexte verbal, situationnel, général et socio-historique. Tous les
éléments linguistiques de la phrase fonctionnent en cohérence avec les éléments
e tralin uistiques pour faire passer l’idée. Nous admettons les propos de
Lederer dans ce sens :
« Le traducteur identifie la réalité désignée, l’époque de l’écriture,
l’auteur, le public de l’original et pose ainsi des repères dans le cadre
desquels ses connaissances pertinentes viennent compléter l’explicite
du texte »290.
290
- LEDERER (M), La traduction aujourd’ ui, Ibid., p.41.
178
Ainsi,
Unités simples عيون الدواليب السودان كرسى
Traductions Yeux/ Armoires/ Le Soudan/ Chaise/
possibles Sources Roues Les Noirs Trône
Notons que l’e tension sémantique de « chaise » peut grouper aussi fauteuil,
tabouret, etc.
Nous présenterons dans ce qui suit trois exemples illustratifs :
1-
" " و بهذة المدينة اربع قنايات من صنف المسماة عيونا و ثالث دواليب لجرى المياه بالنواعير
212.ص
Ce que Louca a traduit par:
« Cette ville est en outre munie de quatre canaux, du genre "sources" chez
nous, trois roues pour transporter l’eau comme de grandes norias ». p.116
2-
و نحوه لما ركز فى اذهانهم ان،" على انه ال يحسن عند الفرنساوية استخدام جارية سوداء فى الطبخ
214 .السودان عارون عن النظافة الالزمة" ص
Ce que Louca traduit par :
« Les Français ne trouvent pas bon non plus d’emplo er une servante noire
pour faire la cuisine ou pour tout autre travail de ce genre, étant persuadés que
les Noirs sont dénués de la propreté nécessaire ».p.125
179
Dans cette phrase, Louca traduit ( ) لما ركز فى اذهانهمpar (étant persuadé), alors
qu’il aurait pu traduire par (dans leur esprit) ou (il s’était ancré dans leur esprit
que), en restant plus proche du texte. La phrase dévoile la vision que se font les
Français de l’époque d’une femme noire291.
3-
222 . و هى محل اقامة ملك فرانسا" ص،"قد سلف لنا ان باريس هى كرسى بالد الفرنسيس
La traduction présentée par Louca est :
« Nous disons donc que Paris- capitale du pays, comme on le sait déjà- est
la résidence du roi de France». p.132
Ou encore,
« Nous avons déjà dit que Paris- capitale du pays, est la résidence du roi ».
Sources عيون
Roues دواليب
Capitale كرسى
291
- Cette vision raciste a été captée par Ṭahṭāwī à la pa e 2 4 et sera discutée par nous à la pa e 205 dans ce
chapitre.
180
Le traducteur n’aurait pas pu rendre le sens sans se servir du conte te pour
arrêter l’équivalent idoine à chaque unité. Seul le conte te peut indiquer qu’il
n’est en aucun cas question ni d’yeu ni d’armoires ni du Soudan non plus. Il
s’a issait plutôt de sources d’eau, de roues pour "transporter" l’eau. A ce propos,
il est aussi à noter que le substantif جرىest rendu dans la traduction par le but,
c’est-à-dire le fait de transporter l’eau d’un endroit à un autre. Gr ce à son
savoir pertinent, le traducteur a pu distinguer le signifié de السودان. Le bagage
co nitif du traducteur s’est référé au conte te énéral socio-historique de
l’œuvre pour parvenir à un fait établi, à savoir, l’usa e de la désinence (ان-) par
les Persans pour le pluriel. Il a eu recours à l’histoire pour décoder cet hérita e
lin uistique très lointain. La traduction, en l’occurrence, a eu lieu r ce au
contexte et au sens global du paragraphe ou du texte.
Au traducteur donc de choisir entre la traduction structurale ou la traduction
globale. La traduction structurale suit l’ordre de la phrase en lan ue-source et se
satisfait d’elle. Cependant, coller toujours à l’ori inal est parfois reprochable et
peut nuire à la traduction.
1.4. Les procédés indispensables pour conférer au traducteur une marge de
liberté pendant sa traduction.
Lederer considère que « la fidélité au texte original exige que soient utilisés
d’autres mo ens linguistiques pour dire et faire comprendre la même c ose »292.
Il s’a it donc d’une restitution du « seul invariant », le sens, pendant la
traduction.
Le traducteur doit avoir une certaine marge de liberté, qui lui permet de
redresser le sens du message LD dans le message LA, tout en
respectant l’a encement de la LA. Parmi les procédés dont le traducteur
peut profiter, citons, à titre d’e emple, l’e plicitation, l’économie et la
modulation. Ces procédés conduisent le traducteur à avoir recours à la
transposition.
292
- SELESKOVITCH et LEDERER, Ibid., p.70.
181
Michel Tournier semble avoir une stratégie :
« Chaque langue ayant son atmosphère et son attraction propre, le
préalable à la bonne traduction est d’éc apper à cette atmosp ère, de se libérer
de cette attraction afin d’évoluer en toute liberté dans la langue adoptée. »293
293
- LEDERER (M.), La traduction aujourd’ ui, op.cit., p.63.
294
- VINAY et DARBELENET, St listique comparée du français et de l’anglais, Paris, Didier, 1969, p.164.
295
- HURTADO ALBIR, Ibid., p.34-35.
182
حتى اذا اغلقت فان النور ال يحجب اصال و فوقها دائما،" و ظرفات الشبابيك دائما من القزاز
241.الستائر " ص
« Les battants des fenêtres sont toujours en verre afin qu’une
fois fermées, la lumière ne soit pas voilée. Devant les fenêtres il y a des
rideaux (...) » p.146.
296
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp., 12.04.2012.
297
- Blachère et Gaudefroy- Demombynes, op.cit, 355-358, 209, 277.
183
espèce d’évolution que des recherches de dialectolo ie pourraient mieu
expliquer.
و علة ذلك توفير الزمان و االقتصاد فيه ألن سائرالناس مشغولون،)" فيباع الخبز فى دكانه (الخباز
.251. فصناعة العيش فى البيوت تشغلهم" ص،فى أشغال خاصة
.222."ووظيفة اهل ديوان البير تجديد قانون مفقود أو ابقاء قانون موجود على حاله" ص
La traduction proposée est:
« Le divan des pairs a pour fonction d’instaurer une nouvelle loi ou de
maintenir une loi en vigueur ». p.133.
184
dimensions : verbal, situationnel, générale et socio-historique selon la
conception d’Hurtado Albir.
Toutefois, Louca aurait pu traduire :
« Les membres de la chambre des pairs ont pour fonction d’instaurer une
nouvelle loi et de maintenir telle quelle une loi en vigueur ».
حتى الصنائع الدنيئة فيحتاج الصنائعى،" و سائر العلوم و الفنون و الصنائع مدونة فى الكتب
.211 .بالضرورة الى معرفة القراءة و الكتابة التقان صنعته" ص
Ce que Louca traduit par :
« Sciences et métiers sont inscrits dans les livres, sans exclure les vils
métiers, ce qui rend la lecture et l’écriture indispensable à c aque
artisan soucieux de posséder sa profession ». p.118.
298
- KAZIMIRSKI, op.cit, p.1439.
185
« Sciences et métiers sont consignés dans les livres, sans exclure les vils
métiers. Aussi, l’artisan doit-il obligatoirement savoir lire et écrire pour
maîtriser son métier ».
Le ain ou l’e plicitation représentent un procédé permettant au traducteur
d’ajouter des le ies (des synta mes) dans la (LA) pour rendre le messa e plus
clair sans jamais nuire aux normes de la langue réceptrice. Ces mêmes priorités
peuvent mener le traducteur à chercher des procédés qui fonctionnent dans le
sens inverse, c’est-à- dire vers l’économie ou la concision.
1.4.2. L’adaptation :
Il a été démontré dans les deux premiers chapitres que Louca avait omis bon
nombre de te te insérés et qu’il a remplacé bon nombre de mots d’ori ine turco-
persane par leurs équivalents dans la langue française, conformément au goût du
destinataire de la traduction et pour assurer à ce dernier une meilleure
compréhension du message. Ces stratégies de la part du traducteur représentent
une adaptation au récepteur de la traduction.
Dans sa description des usa es de table chez les Français, l’auteur écrit :
251 ." و الغالب فى الشراب عندهم النبيذ على االكل بدل الماء" ص
Ce que Louca traduit par :
« Comme boisson, on prend généralement du vin » p. 149.
186
française. S’il y a lieu de parler d’économie dans cet e emple, elle est une
économie au sens négatif, une déperdition qui affecte la charge informative de la
phrase en LA.
ثم وزير االمور، ثم وزير الحرب،" و اما الوزراء فانهم متعددون فمنهم وزير االمور الداخلية
الخارجية ثم وزير البحر و الخارجين من بالد الفرنسيس ثم النازلين ببالد يعمرونها فى غير بالد
.221.الفرنسيس" ص
187
1.4.3. L’économie :
Louca a traduit plus de 2 pages299 portant sur les diverses sortes de spectacles
à Paris. La réitération de ( )سبكتاكلou ( )سبكتاكالتdans le texte-source n’est pas
admissible dans le système de la LA. Le traducteur a reformulé sa phrase de
sorte à se conformer aux exigences de LA.
و فى باريس. و هذه كلها من السبكتكالت الكبيرة،)...( " و بها تياترات تسمى التياتر الطليانية
251. اال انها صغيرة" ص، و هى مثل تلك،سبكتاكالت اخرى
Ce que Louca a traduit par :
Il a des t éâtres qualifiés d’italiens (…). els sont les grands
spectacles*. À Paris, il en a d’autres, du même genre, mais plus petits. »
p.156.
و قل وجود السمرفى اهلها المتأصلين بها و انما،" ثم ان لون اهل باريس البياض المشرب بالحمرة
محافظة على عدم االختالط فى اللون حتى، أو بالعكس،ندر ذلك ألنهم ال يزوجون عادة الزنجية لألبيض
.214 ." ص.ال يكون عندهم أبن أمة
La traduction vers LA est :
« Les Parisiens ont le teint clair, légèrement rosé. Il est rare que les
Parisiens d’origine aient le teint brun. C’est qu’ils n’admettent pas, d’ abitude,
le mariage entre une égresse et un blanc ni l’inverse, afin de conserver leur
couleur sans mélange ». p. 124.
Dans ce contexte, Ṭahṭāwī, en prolon eant sa description par
()حتى ال يكون عندهم أبن أمة, semble vouloir souligner ou insister sur la vision que
les Français ont des femmes noires qu’ils ne prennent que pour esclaves et
servantes. C’est le racisme qu’il veut focaliser par sa description. L’omission de
Louca atténue cette mise en lumière ; cette focalisation est une adaptation de sa
part au destinataire français.
Prenons dans ce même sens un autre exemple :
299
- Ces pages vont de la pa e 54 à la pa e 5 chez Louca et de la pa e 256 à la pa e 260 chez Ṭahṭāwī.
188
"و فى الغالب خصوصا ألكابر الناس أن يشرب من النبيذ قدرا ال يحصل به سكر أصال فان السكر
251.عندهم من العيوب و الرذائل" ص
La traduction vers LA :
« Le plus souvent, on n’en boit pas jusqu’à l’ivresse, surtout les grands
personnages, car l’ivrognerie pour eux est un vice. » p.149.
Il y a entre les deux lexies ( )العيوبet ( )الرذائلune para-synonymie. Elles sont
à connotation négative. Elles sont ramassées dans la traduction en une seule
lexie (vice), qui est aussi à connotation né ative. L’e tension sémantique de la
lexie (vice) couvre les deux lexies ( )العيوبet ()الرذائل. Il existe toutefois dans la
langue française des mots qui peuvent traduire ()الرذائل, comme ignominie ou
vilenie. Cependant, la redondance dans ( )العيوب و الرذائلreflète une des
caractéristiques stylistiques de la langue arabe et de Ṭahṭāwī.
1.4.4. La transposition :
Il y a transposition lorsque le traducteur se trouve dans l’obli ation
de « remplacer une catégorie grammaticale (traditionnellement appelée
partie du discours) par une autre, sans changer le sens du message »300
Nous présenterons dans ce qui suit quelques exemples relevés dans notre
corpus et qui sont une manifestation de ce procédé :
و، و ال مفر لغنى و فقير، عما جرى فى ام الكتاب، ووضيع وشريف،" فال محيص لقوى و ضعيف
". عن االقتراب الى مطوى ذلك الحجاب،خطير و حقير
Ce que Louca a traduit par :
« Qu’on soit fort ou faible, vil ou noble, on ne saurait éc apper à ce
qui fut déterminé dans l’Arc ét pe de l’écriture ; qu’on soit ric e ou
300
- ABDEL SALAM (Manal), op.cit., t1, p.243.
189
pauvre, important ou méprisable, on ne saurait éviter d’approc er les plis
de ce voile. »
LA LD
Introduction d’un syntagme verbal Nom
on ne saurait échapper فال محيص
on ne saurait éviter ال مفر
Prenons un autre exemple :
251." ص." و أوانى الشرب دائما من البلور و الزجاج
La traduction en LA est :
« Les vases servant à boire sont en cristal et en verre. » p.149.
Le substantif ( ) الشربest annexé à () أوانى. Il a été rendu par toute
une locution : (servant à boire). L’unité le icale ( )الشربa donc été
transposée pour devenir (servant à boire).
222 ." فحينئذ ملك فرانسا صاحب قوة تامة فى مملكته بشرط رضاء تلك الدواوين المذكورة " ص
« Ainsi le roi de France détient les pleins pouvoirs dans son royaume, à
condition d’obtenir e consentement des divans précités ».p. 133.
فانه قد يتغير فى اليوم الواحد او مع ما بعده،" و تغير مزاج الهواء و الزمن فى باريز امر عجيب
حال الزمن مثال يكون فى الصباح صحو جميل ال يظن االنسان تغيره فال يمضى نصف ساعة اال و
211.يذهب بالكلية و يخلفه المطر الشديد" ص
Louca présente la traduction suivante :
« Le c angement de tempérament de l’air et du temps à Paris est une
c ose étrange. L’état du temps peut varier au cours de la même journée, ou du
jour au lendemain. Par exemple, un matin, il fait si merveilleusement clair, que
personne ne soupçonne de c angement, et voilà qu’en moins d’une demi-
journée, cette clarté s’en va entièrement cédant la place à une forte pluie».
p.110.
191
1.4.4.4. ransposition type complément absolu mafʽ l muṭlaq) /
adverbe :
) و فيها فيل مشهور باأللعاب الغريبة معلم تعليما...( " و منها التياترات المسماة تياتر فرنكونى
.251." ص.عجيبا
Ce que Louca a traduit par :
« Le t éâtre Franconi est réputé pour les tours extraordinaires qu’exécute
un éléphant merveilleusement dressé » p.156
Notons ici le passa e du complément absolu (maf‘ūl muṭlaq) à un adverbe.
Il y a là un autre procédé, à savoir l’économie ou la concentration. Les trois
unités constitutives de ( )معلم تعليما عجيباont été ramassées en deux, en
l’occurrence, (merveilleusement dressé).
192
1.4.4.5. Transposition type substantif/ verbe:
و مسكن ملك فرانسا سراية، و مملكة الفرنساوية متوارثة." فال يكون ملك فرنسا اال من هذه العائلة
تسمى التولرى بضم التاء و كسر الواو و كسر الراء و الغالب ان الفرنساوية يعبرون عن ديوان فرانسا
222.ص." اى ديوان الملك، يعنى ديوان هذه السراية،بقولهم كلبينة التولرى
Ce que Louca a traduit par :
« Le roi ne peut être que de cette famille. La royauté française est
héréditaire. Ce roi habite un sérail appelé les Tuileries*. Les Français
désignent couramment le divan de France par le « cabinet des Tuileries*,
c’est- à´dire le conseil de ce sérail, celui du roi ». p.132
193
Les substantifs ( )الغناءet ( )الرقصont été respectivement traduits par
(on chante) et (on danse). Louca a pu doter sa traduction, grâce à cette
transposition, de souplesse et d’élé ance. A noter que la transposition du
substantif en verbe est la plus répandue parmi les différents types de
transposition. Dans ()و فيه الغناء و الرقص, il n’y a aucune détermination du sujet
actant. L’emploi de (on) est le choi idoine de la part du traducteur.
Le (on) « évoque sous un aspect indéterminé une personne ou plusieurs dont on
ne peut ou dont on ne veut préciser l’identité du premier coup »301
"* " و قد تقرر ان الملة الفرنساوية ممتازة بين االمم االفرنجية بكثرة تعلقها بالفنون و المعارف
244.ص
Il est établi que, parmi les peuples d’Europe, la nation française se
distingue par son attachement majeure aux arts et aux sciences ».p.140
Le participe ( )ممتازةa été remplacé par le verbe se distinguer.
" و عليها جميع الكتب المستجدة،" و ربما رأيت ايضا فى اوضهم فى يوم تلقى الناس طاولة
245.ص
« Le jour de réception, tu trouves quelquefois, sur une table, les nouveautés
en fait de livres, journaux et publications variées ». p.142
301
- WAGNER & PINCHON, Grammaire du français classique et moderne, Paris, Hachette Supérieur, 1991,
p.211.
194
244 .* " ربما يقال ان مادتها جيدة اال انها ناقصة لعدم كثرة حجر الرخام فيها " ص
« On devrait plutôt reconnaître la qualité des matériaux, tout en signalant
certaines insuffisances, dues à la rareté du marbre(…) » p. 140
"" و بعد ذلك يوجد ديوان يسمى ى ديوان سر الملك و ديوان يسمى ديوان الدولة للمشورة
222.ص
« Leur succèdent un divan qu’on appelle le divan du secret du roi et un
autre le divan de l’État, pour consultation ». p.132
251. و دفع اضرار البهائم اذا انفلتت" ص،* " دفع الوخم
195
«Éviter la pourriture et prévenir les dégâts que causeraient les bêtes si elles
lan ue arabe correspond à l’infinitif français. Seule différence, tous les infinitifs
français ne sont pas substantivables. Ces exemples servent à souligner une des
LA LD
Locution construite autour d’un Verbe
nom
j’élève ma prière أصلى
(j’élève) mon salut اسلم
ont fait route سارت
196
Les verbes dans la phrase en langue-source sont rendus par des
constructions basées sur les substantifs suivants: prière, salut, route.
Prenons un autre exemple :
". و أغناه فشكر،" أحمده سبحانه و تعالى حمد من ابتاله فصبر
« Je lui présente – en exaltant Sa transcendance – l’ ommage de celui
qui, frappé par Lui, a fait preuve de constance ; enrichi par Lui, a rendu
grâce. »
LA LD
Locution construite autour d’un Verbe
nom
a fait preuve de constance فصبر
a rendu grâce فشكر
197
1.4.4.12. Double transposition type substantif/ locution :
فتدخلها المرضى،" و من المواضع المعدة للمرضى و التى يوجد فيها االطباء المارستانات العامة
266." ص.للعالج و لالقامة مدة المرض بال عوض
Des locaux établis à l’intention des malades et où se tiennent des
médecins, constituent les hôpitaux publics où les patients entrent et
séjournent aussi longtemps que durent leurs soins, sans rien payer en
contrepartie». p.165
222."ثم ان اصل القوة فى تدبير المملكة لملك فرانسا ثم للجماعة اهل شمبر دوبير" ص
Ce que Louca traduit par :
«Le pouvoir fondamental dans le gouvernement appartient au roi de
France, en second lieu aux membres de la « Chambre des pairs ». p.132.
198
1.4.4.14. Transposition type adjectif/ verbe :
و على السفرة عدة اوانى صغيرة من الزجاج احدها،" و أوانى الشرب دائما من البلور و الزجاج
251." ص.فيه ملح و االخر فيه فلفل و فى الثالث خردل الى اخره
La traduction en LA est :
« Les vases servant à boire sont en cristal et en verre. Sur la table
se trouvent plusieurs petits récipients en verre dont un contient
du sel, un autre du poivre, un troisième de la moutarde, etc. » p.149
Nous préférons diviser cette phrase en quatre segments :
LA LD
Les vases servant à boire sont en أوانى الشرب دائما من البلور و الزجاج
cristal et en verre
Sur la table se trouvent plusieurs و على السفرة عدة اوانى صغيرة من الزجاج
petits récipients en verre dont un احدهما فيه ملح
contient du sel
un autre du poivre و االخر فيه فلفل
un troisième de la moutarde و فى الثالث خردل
199
(sont en cristal et en verre). La préposition ()من302 est dans ce cas utilisée
pour préciser une notion de rapport et assigner aux (vases servant à boire) ou
( )أوانى الشربla matière dont elles sont fabriquées. Il en va de même pour la
préposition ( )علىdans le deuxième segment. Elle a été transposée par le verbe
(se trouver), ajouté à la préposition (sur). Les deux segments suivants sont
juxtaposés à la proposition relative (dont un contient du sel). Louca utilise dans
ces deux derniers segments, un autre procédé: l’économie. Le traducteur varie
ses moyens afin de rendre le sens sans commettre une transgression du système
de la langue réceptrice.
Remarquons aussi que Louca a respecté l’inversion effectuée par
Ṭahṭāwī dans ( )و على السفرة عدة اوانى صغيرة من الزجاج احدهما فيه ملحet a traduit
(Sur la table se trouvent plusieurs petits récipients en verre dont un
contient du sel). Cependant, nous pouvons noter une omission dans
( )أوانى الشرب دائما من البلور و الزجاجqui a été traduit par (Les vases servant à boire
sont en cristal et en verre) alors qu’il aurait dû dire (Les vases servant à boire
sont toujours en cristal et en verre). L’adverbe de temps ( )دائماn’y a pas été
traduit.
2. La transcription de l’oral dans Taḫ ou diglossie
302
- BLACHÈRE & GAUDEFROY-DEMOMBYNES, Ibid., pp. 337, 342.
200
autement codifiée, souvent plus complexe au niveau grammatical (…).
Cette variété est généralement acquise dans le système éducatif et utilisée le
plus souvent à l’écrit et dans les situations formelles du discours. Elle n’est
cependant utilisée par aucun groupe de la communauté dans la conversation
courante »303.
Fishman (Sociolinguistique, 1971, p.88), explique que la variété native (L)
(Low « commune ») est utilisée dans la vie quotidienne, pour la maison, la
famille. Quant à la variété (H) (High « élevé »), elle est normée et est
utilisée pour la reli ion, l’ensei nement, les structures formelles et d’autres
aspects de la culture.
Strauss affirme que pour la plupart des arabophones, la fûṣ ā reste la
« vraie langue » et les dialectes n’en sont qu’un déplorable ab tardissement.
Al-Ṭahṭāwī, lui-même, tout en étant le leader de la Renaissance en Égypte au
XIX ème siècle, n’hésite pas à introduire des e pressions ou des termes
appartenant à la variété (L). Cette diffusion de l’usa e oral dans l’écrit de la part
d’al-Ṭahṭāwī suscite notre curiosité et soulève plusieurs questions sur la
première apparition de ce mélan e de re istres dans l’écriture en É ypte. Est-ce
que la di lossie sous la plume d’al-Ṭahṭāwī est préméditée ? Si tel est le cas,
quel en est le motif ? Si non, comment cela peut-il être justifié ?
Catherine iller, dans son article sur les lan ues de l’É ypte antique,
affirme qu’ « une des permanences remarquables de l’ istoire de l’Ég pte est le
quasi-maintien d’une situation de diglossie, quelles que soient les périodes et
les langues utilisés, entre les usages écrits et oraux »304.
Peut-on dire que la di lossie sous la plume d’al-Ṭahṭāwī est un signe
de faiblesse linguistique ? Avant de répondre à cette question, nous devons
d’abord jeter la lumière sur l’état intellectuel et culturel en É ypte à cette
époque. Pour les uns, ce fut un état lamentable : « ant que l’Ég pte était
sous la domination ottomane, elle vivait dans un temps de torpeur
303
- GARMADI (J.), La sociolinguistique, Paris, PUF, 1981, p.73.
304
- MILLER (C.), « Les lan ues de l’É ypte antique », in Égypte/ Monde arabe, première série, n.27-28, les
langues en Égypte, la période pharaonique- la période gréco-romaine, 1996 sur le site électronique :
http://ema.revues.org/index1029.html. (07.05.2009)
201
qui l’isolait de la civilisation de l’époque. L’obscurantisme et l’analp abétisme
régnaient sur la plus grande partie du pa s, surtout à la campagne. Il n’ avait
pas ou presque pas de lettrés parmi le peuple. (…) rès peu de personnes
savaient lire et très rares étaient celles qui se souciaient des c oses de l’esprit.
(…) L’instruction publique était à peu près inexistante. »305. Pour les autres -
comme Nelly Hanna et Madiha Doss - cette période a accordé de l’importance à
l’écriture dialectale et au écrits populaires. Hanna trouve que la connaissance
de base a formé des ens lettrés capables de s’e primer dans une lan ue
parente de la langue parlée- le moyen arabe.
Doss est contre la sous-estimation du moyen-arabe, qui représente
pour elle « un état de langue écrit qui favorise des tournures
stylistiques particulières à des époques et à des lieux donnés, et dont
certaines représentent des écarts par rapport à la norme littéraire,
d’autres des dialectismes, d’autres encore des développements dus à l’écrit »306
. La présence de longs textes en prose écrits en dialectal avant
le XVIIe siècle n’est pas encore prouvée. Cependant, Strauss lit
autrement ce mélange des deux variétés (L) et (H) :
305
- WASSEF (A), L’information et la presse officielle en Ég pte (jusqu’à la fin de l’occupation française),
Institut français d’archéolo ie orientale du Caire, 975, pp.4, 5.
306
- DOSS, éflexion sur les débuts de l’écriture dialectale en Ég pte, Op.cit, p.3. Selon la version électronique,
sur le site : http://ema.revues.org/index1928.html. (26.06.2011).
307
- STRAUSS (J.), Diglossie dans le domaine ottoman, in Revue du Monde musulman et de la Méditerranée,
n.75- 76, Paris, 1995, p. 230. Cet article est aussi consultable sur le site :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1995_num_75_1_2625# (03. 05.
2011)
202
L’apparition d’un phénomène linguistique comme la diglossie est donc
justifiable :
" و قد حاولت فى تأليف هذا الكتاب سلوك طريق اإليجاز و ارتكاب السهولة فى التعبير حتى يمكن
".للناس الورود على حياضه و الوفود على رياضه
Ce que LOUCA a traduit par (p.45):
308
- DOSS et MILLER, « Les langues en Égypte : introduction » in Égypte/ Monde arabe, op.cit., sur le site
électronique: http://ema.revues.org/index1023.html. (07.05.2009).
309
- DOSS, Réflexion sur les débuts de l’écriture dialectale en Égypte, op.cit, p.121.
.1123 ، القاهرة، دار المعارف، مستويات العربية المعاصرة فى مصر، السعيد بدوى-310
311
- Martinet (A), « La linguistique et les langues artificielles», dans Word, 1946, N.2, pp. 37-47.
203
« (…) en rédigeant ce livre, j’ai usé de simplicité dans l’expression,
afin que tout le monde pût venir puiser à ses bassins et aborder ses jardins
(…) ».
312
- Cette transcription est à Gilbert DELANOUE. Ce titre en arabe est : أنوار توفيق الجليل فى أخبار مصر و توثيق بنى
إسماعيل
313
- Al-Ṭahṭāwī dans (.1161 ،31 . ج، محمد عمارة. ط، )أنوار توفيق الجليل فى أخبار مصر و توثيق بنى إسماعيلin DELANOUE ,
« Deu pa es de Rif ‘a al-Tahtâwî sur la langue arabe (1868) », in la France et l’Ég pte à l’époque des vice-
rois (1805-1882), le Caire, IFAO, 2002, p.90.
314
- Ibid., p.74.
204
remonter cela au désir de l’auteur « de voir les connaissances utiles à la
formation de la « civilisation » (tamaddun) partagées par le plus
grand nombre »315.
Le vernaculaire ou la variété (L) n’est donc pas ratuit (e) sous la
plume d’al-Ṭahṭāwī. Le Professeur Zahran reconnaît la présence du vernaculaire
mélangé à la variété (H) sous la plume des écrivains du XIX ème siècle. Il ajoute
que la variété (L) était plus répandue et plus pratiquée à ce moment-là.
Cependant, à son avis, la variété (L) dans le Taḫlīṣ, est un phénomène digne
d’être étudié. Selon lui, l’œuvre d’al-Ṭahṭāwī, est une source riche pour étudier
l’arabe au XIX ème siècle.
Al-Ṭahṭāwī cite le registre dialectal dans le Taḫlīṣ :
" ثم ان الكاتب اما ان يفصح عن مراده بنظم او نثر و على كل فاما أن يكون كالمه أو تأليفه باللغة
)325 .المستعملة فى المحاورات المسماة الدارجة أو باللغة الموافقة" (ص
)126( ." و بيوتهم مجملة من خارجها ايضا و شبابيكهم القزاز تغسل دائما" ص-
D’après Dozy
وفي.. وزجاجة أي صناعة الزجاج وتجارتها، زجاجة نافذة، وصناعة الزجاج، زجاج:" قزاز
.316 " والقزاز للزجاج من تحريف العوام:محيط المحيط
L’équivalent de ( ) قزازdans l’arabe classique est donc () زجاج. Dozy a donc
confirmé que la lexie ( ) قزازest une déformation effectuée par la masse du
peuple de la lexie () زجاج.
315
- Ibid., p.85.
316
. DOZY, op.cit,
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/searchscript?book=1119&option=1&searchtext=%D9%82%D8%B2
%D8%A7%D8%B2&totalpages=4&offset=4&exactpage=1198&SearchEncoding=2&WordForm=1&AllOffset=
1, p.1198, (30.01.2012).
205
" اعلم ان عادة المسافرين من مرسيليا الى باريس بالعربات ان يستأجروا العربة أو موضعا-
.111. فاما ان يأكلوا على كيسهم أو يدفعوا قدرا معلوما للعربية و القوت مدة الطريق " ص،فيها
317
- http://history.egypt.com/index.php?option=com_characters&view=Vocabulary&limitstart=120, 07.04.2012.
318
- D’après deu sites :
http://fodaw.yoo7.com/t2380-topic,. et, http://www.abou-alhool.com/arabic1/details.php?id=22970, 07.04.2012
319
-
http://www.alwaraq.net/searchserver/searchAbstract?book=82&option=1&offset=1&searchtext=%D8%AD%D9
%86%D9%81%D9%8A%D8%A9&searchtext2011=CDE4DDEDC9&fkey=1&RangeOp=1&WordForm=1&tot
alpages=4&AllOffset=1&browserkind=1, 07.04.2012.
320
- Kazimirski, op.cit.
206
le Kazimirski ne si nifie donc pas nécessairement son appartenance à l’arabe
classique. Cependant, il y a une quatrième hypothèse qui soutient l’avis que
cette le ie est inté rée dans l’arabe classique puisqu’elle dérive du mot حنف.
On raconte que le robinet a été introduit en Égypte par uhammad ʽALĪ,
ce qui a menacé les porteurs d’eau ou ( )السقّايينdans leur gagne-pain. Ils ont fait
répandre une fatwa d’après laquelle l’ablution par l’eau du robinet est invalide.
Les cheiḫs du rite hanéfite (ma ab al- anafi īn) ou la doctrine d’Abū Ḥanīfa
ont émis une fatwā qui contredit la première et depuis lors le robinet est dit
( anafi a). Ainsi, ( ًويقال إن اسم كلمة حنفية جاءت من مذهب اإلمام أبي حنيفة النعمان؛ نظرا
)الستعمال الحنفية في الوضوء321. Nous ne sommes pas sûre laquelle de ces hypothèses
est exacte scientifiquement.
321
- http://islamtoday.net/bohooth/artshow-86-129440.htm (18.04.2012)
Nous avons parlé plus haut328 de l’ori ine non-arabe de ( اوض/)اوضة. Nous
aimerons ajouter que ce terme fait partie maintenant de la variété (L) de la
lan ue arabe. Son synonyme dans l’arabe classique ou la variété (H) est ()غرفة.
Dans d’autres pays, comme le aroc, on utilise le mot ( )بيتpour chambre.
) فيدخل سائر الناس...( "ومن العوايد التى ال بأس بها ان قصر ملك فرنسا و قصوراقاربه تنفتح-
242.للفرجة على بيت الملك" ص
D’après le dictionnaire al-Muʽğam al-wağīz :
323
- DOZY, op.cit, p. 464,
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/searchscript?book=1119&option=1&searchtext=%D8%AF%D9%84
%D8%B9&totalpages=2&offset=2&exactpage=464&SearchEncoding=2&WordForm=1&AllOffset=2,
09.01.2012.
324
- Dozy, http://fr.wikipedia.org/wiki/Reinhart_Dozy, 09.01.2012.
325
- REIG (D.), Larousse as-Sabīl, collection Saturne, Paris, Librairie Larousse, 1986, mot vedette n. 1818 II.
326
- KAZIMIRSKI, op.cit,t2, p.640
.521 . ص،1115 ، القاهرة، المعجم الوجيز- 327
328
- C.f. deuxième chapitre, pp. 119-120.
208
329
" العادة :كل ما اعتيد حتى صار يفعل من غير جهد (( )...ج) عادات"
alorsعادات )) a pour pluriel dans la variété (Hعادة( Le substantif arabe
) relève du registre dialectal, autrement dit, de la variété (L).العوايد( que
) qui est d’ori ineبرا( ) est une dérivation de l’unitéبرانية( L’unité le icale
syriaque, puis elle a été arabisée et utilisée dans le dialecte égyptien330.
" -استرلتز بلدة وقعت هذه النصيرة بقربها"
" -و هذه النصيرة تستحق عند الفرنساوية الذكر الجميل على مر الدهور فلذلك ابدوها ببناء هذه
القنطرة فتسميتها بهذا االسم للتذكار و بقاء االثار"
" أما فى باريس فانه (الرقص) نط مخصوص ال يشم منه رائحة العهر ابدا ،و كل انسان يعزم امرأة
يرقص معها فاذا فرغ الرقص عزمها اخر للرقصة الثانية و هكذا" ص261.
) dans le sens d’ (inviter) appartient à l’usa e dialectal 332, alorsعزم( Le verbe
) dans la variété (H) ou l’arabe classique a le sens d’être décidé ouعزم( que
)نط( résolu d’entreprendre quelque chose. Notons aussi l’emploi du substantif
qui est l’acte de sauter et de sursauter, de bondir, etc.
Prenons un autre exemple :
" و مع ان طول طريقها نحو الف قامة فانها موضوعة بحيث انك اذا مددت نظرك رأيت طرفها
الثانى قدام عينيك ".ص261.
و هو من أنظم و أعظم،" و فيه يوضع مجاريح الحروب و مقاطيع االيدى أو األرجل او نحو ذلك
216 .المارستانات و فيه ستة عشر طبيبا و جرايحيا" ص
Dans le Kazimirski,
« جرّاحet ى
ّ جراحChirurgien/ ى
ّ جرايح, pl. جرايحيةChirurgien» . Ce
334
333
-DOSS, éflexion sur les débuts de l’écriture dialectale en Ég pte, op.cit, p.3.
334
- Kazimirski, Op.cit., T1, p.275.
335
- Lisān al-ʽArab, version électronique, op.cit, 10.01.2012.
210
La Sa La Sa Sa
représentation transcription référence forme transcription
dans Taḫlīṣ paginale codifiée
" فمن مبدء توليه حفظه هللا سبحانه و تعالى و هو يعالج فى مداواة دائها" (ص)142.
) semble ne pas être correcte. Ṭahṭāwīو هو يعالج فى مداواة دائها( La structure de
semble avoir hésité entre les versions suivantes:
" فمن مبدء توليه حفظه هللا سبحانه و تعالى و هو يعالج داءها"
" فمن مبدء توليه حفظه هللا سبحانه و تعالى و هو منشغل بمداواة دائها " -أو " -و هو يعمل
على مداواة دائها".
) semble être un mélange de ces versions.و هو يعالج فى مداواة دائها(
" و قد ذهب داء البرص من منذ انتشار االقمصة البيض التى تغسل و يغير بها كل اسبوع مرة أو عدة
مرات" (ص)126.
) qui relève deمن ساعة( ) nous rappelle celle deمن منذ( La structure
من منذ انتشار ( l’usa e dialectal de la lan ue arabe en É ypte. Selon la variété L
). Or selon la variété (H) ou l’usa eمن ساعة انتشار االقمصة البيض( ) estاالقمصة البيض
classique de la langue arabe, la phrase sera:
" و قد ذهب داء البرص منذ انتشار االقمصة البيض التى تغسل و يغير بها كل اسبوع مرة أو عدة
مرات"
" فأول ما تحس بمبادىء العالمات فضع القدمين فى ماء هين الحرارة و طر بالماء الفاتر ظاهر المتألم
من الحلق أو الصدر أو البطن" ص261.
Cette phrase dite telle quelle relève de la variété (L) de la langue arabe.
L’auteur s’est e primé selon l’arabe dialectal utilisé dans la société é yptienne.
Pour s’e primer en arabe classique :
" فما ان تحس بمبادىء العالمات فضع القدمين فى ماء هين الحرارة و طر بالماء الفاتر ظاهر
المتألم من الحلق أو الصدر أو البطن"
212
Les exemples précédents sont un mélange du registre dialectal et classique.
Les phrases relevées sont essentiellement à caractère classique où nos trouvons
des éléments de vocabulaire et de construction rappelant la langue parlée.
Ce double aspect de la lan ue arabe n’a pas été rendu dans la traduction et ne
peut pas l’être vu la différence entre les deu lan ues. Le traducteur aurait pu
surmonter l’intraduisibilité de la lan ue par des e plications en note en bas de
page ou dans son annexe à la fin du livre ou même dans sa présentation de la
traduction.
Conclusion:
La fidélité est le souci permanent de tous les traducteurs. Nombreuses sont
les critères et les théories de fidélités émis de la part de ces derniers. L’école
interprétative n’envisa e pas le messa e comme étant purement lin uistique,
mais aussi affectif, social, historique et informationnel. Un sens est le produit de
toute une amme d’éléments qui aboutissent ensemble e plicitement et
implicitement au sens visé par l’auteur. Le traducteur doit donc être actif et
a encer le lin uistique à l’e tra-linguistique pour s’assurer une bonne
compréhension du message délivré par le texte en langue-source. Non seulement
le traducteur devient un élément actif dans la traduction, mais aussi le
destinataire.
D’après les différents critères e posés dans ce chapitre, nous pouvons dire
que le critère de l’équivalence pra matique ou l’adaptation de la traduction au
connaissances du lecteur s’est avérée être une arme à double tranchant. A cause
de cette adaptation, la traduction de Louca n’a pas pu présenter la réalité
extralin uistique de l’œuvre en lan ue-source. Autrement dit, l’Or de Paris est
plus ou moins une traduction sémantiquement correcte, mais qui ne suggère pas
l’atmosphère créée par le te te en lan ue-source. Par conséquent, la
transmission du culturel et du message implicite, donc le vouloir-dire de
l’auteur, ont aussi été atténués. Nous ne pouvons pas imposer au traducteur le
critère d’optimalité, puisque nous reconnaissons la présence de plusieurs
213
difficultés ou obstacles tel l’aspect di lossique de la lan ue arabe. Cependant,
une petite nuance expliquant cet aspect linguistique sous la plume de Ṭahṭāwī
aurait pu combler ce manque dans la traduction, et par la suite, réaliser la fidélité
au destinataire de la traduction et produire en lui les mêmes effets ressentis par
le destinataire de l’œuvre en lan ue-source.
Malgré ce que nous venons de dire, nous devons aussi ajouter que Louca a
fait preuve d’une rande fle ibilité dans sa traduction vers la lan ue-cible, bien
qu’il aurait pu présenter autrement certaines tournures pour être plus proche de
celles de la langue-source. Cette flexibilité a exigé du traducteur le recours aux
événements e tralin uistiques et l’emploi de plusieurs procédés pour rendre le
vouloir-dire de l’auteur de l’œuvre ori inal. Nous ne sommes pas pour la
traduction littérale, mais dans le cas de Ṭahṭāwī il s’a it d’effets stylistiques et
esthétiques. La traduction de Louca a pu rendre le vouloir-dire explicite de
l’œuvre dans sa lan ue-source. Cependant, le message implicite reste
inaccessible au destinataire de l’Or de Paris. L’auteur et le traducteur, chacun de
son côté et à sa manière, a adapté son texte au destinataire visé.
214
Quatrième chapitre
215
Le Taḫlīṣ de Ṭahṭāwī se caractérise par son style très riche
qui varie entre le dialectal et l’arabe très classique se manifestant
dans les phrases très élaborées, dans les tournures recherchées afin de donner
naissance à des figures de style comme la métaphore, la périphrase, la
synecdoque aussi bien qu’à l’effet mélodique. Nous tenterons dans ce chapitre
de présenter une étude sémantique de quelques passa es de l’œuvre dans sa
langue source et de les comparer avec leurs traductions dans la langue cible.
Nous nous arrêterons sur le titre de l’œuvre et sur un para raphe représentant la
variante du style élaboré de Ṭahṭāwī. Nous essayerons é alement de comparer la
traduction faite par Ṭahṭāwī de la Charte constitutionnelle au texte original de
celle-ci. Nous rappelons que la Charte constitutionnelle est le texte le plus long
inséré dans Taḫlīṣ, vu la multiplicité des idées importantes qu’elle contient. Elle
constitue é alement l’omission la plus lon ue dans la version en langue cible du
Taḫlīṣ.
1- Analyse du titre :
L’œuvre a deu titres, l’un officiel, de rande renommée, alors que l’autre est
très peu connu. Ṭahṭāwī annonce ces deu titres dans sa présentation de l’œuvre:
او "الديوان النفيس،" "تخليص االبريز فى تلخيص باريز:" و قد سميت هذه الرحلة
142.فى ايوان باريس" "ص
Ce que Louca traduit par:
« J’ai appelé cette relation de vo age Extraction de l’or pur ou résumé de
Paris et encore Le précieux divan pour faire connaître le trône de Paris », p.45
.
Dès la première lecture du titre arabe, nous pouvons distinguer
l’effet mélodique que Ṭahṭāwī a su réaliser. Nous en avons parlé dans le premier
chapitre. Nous aimerions souligner la double présence du sağ‛ dans ce titre.
Il y a sağ‛ entre تخليصet تلخيص, puis entre االبريزet باريز. Notons aussi la
paronomase entre تخليصet تلخيص. Cependant, le fait de rendre ce titre dans la
lan ue d’arrivée par l’Or de Paris exprime peut-être le contenu idéique du titre
216
en lan ue source, mais ni l’effet mélodique, ni le rythme du titre en arabe. En
plus, le choi de l’Or de Paris est une traduction concise qui omet la traduction
de ( )تخليصainsi que celle de ()تلخيص, dont les significations respectives sont
« l’affina e » et « le fait d’e traire la quintessence (d’une œuvre)» ou encore «
synthèse », « résumé », « condensé ». Symbole de richesse, l’or acquiert depuis
la fin du XI ème siècle un sens figuré pour qualifier ou désigner une « chose
précieuse, rare, excellente »338. D’après Dozy, « ، ذهب إبريز (معيار:ابريز يقال
نسبة إلى إبريز وردت في المعجم الالتينى في مادة: وإبريزي.) إدريسيorbidium.)» (كذا339. Dans
le Lisān:
. َب َ َرز من إ ِ ْف ِعيل هو: خالص؛ عربي؛ قال ابن جني:" و َذهَب إِبْرِيز
. والهمزة والياء زائدتان، وهو ا ِإلبْرِزِيُّ َأيض ًا، ومنه ما ي َ ْخ ُر ُج كالذهب ا ِإلبْرِيز ِ َأي الخالص:وفي الحديث
)...( ُّ وقد َأ ْب َرزَ الرج ُل إذا اتخذ ا ِإلبْرِيزَ وهو ا ِإلبْرِزِي.ي الصافي من الذهب ُ ْريز ال َح ْل
ُ ا ِإلب:ابن ا َألعرابي
إ ِ َّن هللا َليُ َجرِّبُ َأحدَكم بالبال ِء كما يُ َجرِّبُ َأح ُدكم: َأنه قال، صلى هللا عليه وسلم،وروى َأبو ُأمامة عن النبي
ومنهم من يخرج من الذهب، فذلك الذي نجاه هللا من السيِّئات،ِ فمنه ما يخرج كالذهب ا ِإلبْرِيز،ذهبَه بالنار
: ومنهم من يخرج كالذهب ا َألسود وذلك الذي ُأ ْفتِن؛ قال شمر،دون ذلك وهو الذي يشك بعض الناس
ُ يز من الذهب الخالص وهو ا ِإلبْرِزيُّ وال ِع ْق
."يان وال َع ْس َج ُد ُ ِ ا ِإلبْر
L’or ou al-ibrīz, utilisé par Ṭahṭāwī, a pour connotation tout ce qui est
nouveau et utile à Paris. Par « or », l’auteur aussi bien que le traducteur
désignent la quintessence, la chose la plus pure, la plus précieuse. La science et
les moyens qui assurent le développement du pays sont le comparé, l’or est le
comparant. Or, le comparé est absent dans le titre. Il y a dans ce choix une
métaphore in abstensia. La métaphore est classifiée par Fontanier dans la
catégorie des tropes par ressemblance. En tant que figure de ressemblance, la
métaphore consiste donc « à présenter une idée sous le signe d’une autre idée
plus frappante ou plus connue, qui d’ailleurs, ne tient à la première par aucun
autre lien que celui d’une certaine conformité ou analogie »340. Fontanier
338
- Le Petit Robert, http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 24.12.2011.
، تكملة المعاجم العربية، رينهارت دوزى- 339
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/searchscript?book=1119&option=1&searchtext=%D8%A7%D8%A8
%D8%B1%D9%8A%D8%B2&totalpages=1&offset=1&exactpage=28&SearchEncoding=2&WordForm=1&All
.24.12.2111 ،Offset=1
340
- FONTANIER, op.cit., p.99.
217
explique que toutes les espèces de mots (nom, adjectif, participe, verbe) peuvent
être utilisées pour produire la métaphore. Pour sa part, Calas la considère
comme « la reine des figures de st le, celle qui permettrait d’évaluer le mieux la
part de créativité de l’écrivain»341. La métaphore est donc une comparaison à
laquelle manque l’outil de la comparaison. Nous pouvons y trouver le
comparant, le comparé et le motif (c.-à.- d. le point de ressemblance entre
comparant et comparé). Si le comparé existe, la métaphore est dite in praesentia.
S’il est absent, elle est dite in absentia.
Le mécanisme de base de cette métaphore est la comparaison. Ce trope
effectue une assimilation entre les sciences et les stratégies visant le
développement de la société et par la suite du peuple à l’or le plus pur et le plus
précieux. La sélection de ces éléments parmi les autres ressemble à la
purification de l’or.
Le sens de l’or est dévoilé par l’auteur dans sa description de son livre :
" و قد حاولت فى تأليف هذا الكتاب سلوك طريق االيجاز و ارتكاب السهولة فى التعبير حتى يمكن
فهو مشحون بما، و قل جرمه، و لو صغر حجمه، و الوفود على رياضه،لكل الناس الورود على حياضه
142 . ص." و بما ال يستقصى من جزائل الخرائد،ال يحصى من فوائد الفرائد
Les fra ments souli nés résument l’idée visée : l’utile en condensé. Il parait
que le recours à l’or ou à l’e traction de l’or comme symbole des sciences était
répandue parmi les anciens auteurs arabes342. Le dictionnaire du Kazimirski
donne une autre suggestion pour la traduction du titre principal: « Affinage de
l’or, ou relation substantielle concernant Paris »343.
341
-CALAS (F.), Introduction à la stylistique, Paris, éditions Hachette Supérieur, 2007, p.162
"عيون االنباء في: حيث اسهب فى امتداح كتاب احد المؤلفين،" استخدم ادوارد فنديك هذا التعبير فى كتابه " اكتفاء القنوع بما هو مطبوع- 342
م طبع في كونغزبرغ في1261 ه661 البن ابي الصيبعة المولود في القاهرة اواخر القرن الثاني عشر للميالد المتوفى سنة،" عيون االطباء
ه و هو كمعدن يعول عليه الستخراج ابريز المعلومات عن تقدم1311 و ايضا بالقاهرة عام.م باعتناء العالمة اغسطس مولر1114 روسيا عام
وفقا لموقع مكتبة االسكندرية."العلوم و العمران اآلداب العربية الى عصره
بمطبعة اليمن1111 فان هذا الكتاب قد طبع عام،http://dar.bibalex.org/webpages/mainpage.jsf?BibID=208843 , 23.12.2011
. و كتب مقدمته محمود المرعشى،و نشرته مكتبة اية هللا العظمى المرعشى النجفى
343
- KAZIMIRSKI (A.), Le Kazimirski, dictionnaire arabe- français, Tome 1, Beyrouth, Albouraq, 1860/ 2004,
t.1, p.4.
218
Pour sa part, Delanoue donne une autre traduction : « Le raffinement de l’or-
Abrégé de Paris»344.
Nous remarquons que la rime et le rythme manquent toujours à ces
traductions. Quant au titre secondaire:""الديوان النفيس بايوان باريس, Louca l’a traduit
par, « Le précieux divan pour faire connaître le trône de Paris ». Le traducteur a
pleinement rendu le contenu idéique de ce titre. En la rime et le rythme y
manquent également.
Nous avons, jusqu’à présent, trois tentatives de sources différentes qui ont
réussi à rendre le contenu idéique et le vouloir dire de l’auteur en ce qui
concerne le titre principal. Cependant, toutes ces traductions se sont faites au
détriment de la rime et du rythme.
344
- DELANOUE (G.), Moralistes et politiques musulmans dans l’Ég pte du XIX ième siècle, op.cit., p.387.
345
- KAZIMIRSKI (A.), op.cit., t.2, p.1311.
219
Nous proposons la traduction suivante: « Divan de grand prix sur le palais de
Paris ».
Cette traduction rend le sağ, mais ce n’est pas une bonne traduction. Nous
trouvons la traduction de Louca meilleure.
En effet, Ṭahṭāwī a e cellé à choisir pour son œuvre un titre très bien
travaillé. Cependant, ce titre pose au traducteur de grands problèmes.
Ceux-ci représentent des difficultés infranchissables puisque le traducteur se
trouve obligé de sacrifier soit la rime et le rythme, soit le niveau sémantique de
sa traduction.
2- Analyse sémantique du paragraphe introductif de Taḫ :
220
Ce para raphe e pose plusieurs fois la même idée qu’al-Ṭahṭāwī
essaie amplement de développer. Il s’a it donc d’e polition, à savoir de
redondance et de répétition. L’e polition est pour Fontanier une fi ure de
pensée. Elle est pour Aquien et Moulinié « une redondance dans le discours ».
Pour eux, il y a expolition quand « une unique information est véhiculée tout au
long d’un développement, au cours d’une p rase ou dans un enc ainement de
p rases, par des groupes de mots qui en varient l’expression»346.
Il aurait pu dire :
« Gloire à Celui qui dirigea les pas des mortels/ hommes vers ce qui est
établi dans sa préscience, Celui qui aida l’homme/ l’humanité à affronter Son
arrêt et son décret immuables ».
Cependant que ce soit (les pas de l’ umanité) ou (les pas des mortels), il faut
féliciter Louca d’avoir su conserver la fi ure de style se trouvant dans
()سبحان من سير أقدام االنام. Il s’a it d’une synecdoque ()مجاز مرسل. Quand l’auteur
346
- AQUIEN (M.) et MOLINIÉ (G.), Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, Librairie générale
française, 1999, p. 171.
221
dit ()أقدام االنام, il désigne la personne au complet. Aquien et Moliné considèrent la
synecdoque comme « une variété de métonymie ». Ils expliquent347:
« Le rapport entre les deux valeurs en jeux (celle qui est normalement
attachée au terme marqué dans le discours et celle qui correspond au sens
tropique à comprendre dans l’occurrence) est un rapport de contiguïté زou
d’englobement sémantique ».
La synecdoque dans notre exemple est basée sur le rapport de la partie pour
le tout.
347
- Ibid., p.369
348
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 24.12.2011.
349
- Lisān al-ʽArab, op.cit.
222
350
" ضمن الشىء او داخله: )" (الطّ ّى
Nous aimerions ajouter que ce sens de « garder secret » pour (plier) n’est pas
donné par le Petit Robert. Al- anhal s’approche de ce sens par l’e emple
suivant : « les plis et les replis du cœur : » اسرار القلب و خفاياه.
La lexie (voile), dans ce contexte ()مطوى ذلك الحجاب, peut désigner ( علم
)الغيبou ( )اسرار الغيبautrement dit, la préscience, le destin, l’avenir qui nous est
inconnu et qui est déterminé par Dieu, etc.
Louca utilise probablement (les plis) dans le sens de contenu secret ou non
dévoilé. Il a choisi une traduction très proche de la version en langue source. Il a
réussi r ce à ce choi à arder la fi ure de style choisie par l’auteur.
Du point de vue de celle-ci, il y a dans ( )مطوى ذلك الحجابune métaphore in
absentia. Le mécanisme sémantique de ce trope est basée sur la comparaison de
la préscience à une étoffe que l’on peut plier, ou à un dépliant qui, en se pliant
sur lui-même, se ferme sur les informations qu’il contient.
Prenons un autre exemple:
Le Lisān précise que « تنزيه هللا تعالى: وقيل، معناه تنزيه ًا لّل من الصاحبة والولد:سبحان هللا
،» عن كل ما ال ينبغي له َأن يوصف. Il ajoute que « عن، عز وجل،وسبحان في اللغة تنزيه هللا
» السوء.
Notons que, selon le dictionnaire al-Manhal351: "Hommage: []المولى لسيده
والء، احترام, Rendre hommage à Dieu: " سبح لّل.
Selon cette même source, " exalter: اشاد ب، ف ّخم، عظّم، مجّد، اثار،ح ّمس, exalter
Dieu:( " سبح لّلp. 499). Le Petit Robert e plique qu’e alter quelqu’un c’est
l’« élever à un haut degré de perfection »352
Pour aller plus loin dans l’analyse de la partie choisie. Commençons par:
" فتنزه فى رياض القبول و جناته،" و اشكره شكرمن توجه بجنانه للسير الى مرضاته
La traduction de Louca est la suivante :
357
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 24.12.2011.
226
358
" نسل الرجل و رهطه و عشيرته:)" ( العترة
Le Larousse as-Sabil explique: :" عترةfamille, maison, parent359". Cette
définition est donnée aussi par le Kazimirski, où nous lisons : « ( )عترة1.Famille
et parents, maison (syn. آل،» أهل البيت. Dans le dictionnair al-Manhal: (clan :
جماعة، قبيلة،)عشيرة.
Les définitions précédentes semblent établir une synonymie entre ( ) آلهet
()عترته. Nous signalons, à ce propos, que la langue arabe est une langue riche en
synonymie, ce qui n’est pas le cas de la lan ue française. Louca a traduit ( )آلهpar
(clan) qui est la famille élargie, et ( )عترتهpar (sa proche famille). En effet, si
nous regardons au niveau de la vie réelle et concrète des Arabes, nous
remarquerons que les familles royales des pays du Golfe son désignées par
(Āl-Saʽūd / ) آل سعودet (Āl-Nahayān /) آل نهيان. Telles sont aussi les familles
moins connues comme ( آل سويدان،) آل مشتهى. La particule ( ) آلréfère donc à
toutes les personnes appartenant à cette ″ famille ″ au sens lar e du mot. La le ie
(clan) est donc la traduction appropriée de (( ;)آلهsa proche famille) celle de
( )عترته.
Ṭahṭāwī e celle à manier sa prouesse stylistique en faisant l’élo e de
u ammad ʽAlī tel que l’e i ent les normes de l’époque. Remarquons dans ce
qui suit l’ample présentation avant d’insérer le nom du Pacha de l’É ypte :
و كمال الجاه، فى نشر الوية العز و العدل، بالحضرة المحمدية،" و اتوسل الى الحضرة العلية
باشراق، و جميع ما فيها من االهالى و الرعية، على سائر االقطار المصرية، و الفضل
و، نادرة وزراء الزمان، و الدستور المفخم، الوزير االعظم،طالع التدبير العجيب و التشييد الغريب
صاحب العلم، و نصب رسوم االسالم بغزوه و جهاده، من احيا العلوم باجتهاده،شاردة امراء االوان
الحاج محمد على باشا بلغه هللا، عظيم الشيم، حضرة افندينا ولى النعم، و فاتح الحرم الشريف،المنيف
". آمين، تعالى ما يشاء و ما شاء
Ce que Louca traduit360 par :
« J’implore l’intercession mu ammadienne auprès de l’Altesse Suprême,
pour déployer les étendards de la puissance et de la justice, répandre
358
.415 . ص، المعجم الوجيز-
359
- REIG (D.), Larousse as-Sabil, Canada, Librairie Larousse, 1986, mot vedette n. 3445.
360
- Cette traduction a déjà été cité plus haut à la page 22. Nous la reprenons pour faciliter la compréhension de
la suite par le lecteur.
227
le prestige et le mérite sur l’ensemble des territoires d’Ég pte, sur tous
leurs habitants, autochtones et sujets ; cela grâce à ’apparition éc atante du
dirigeant prodigieux, du constructeur extraordinaire, le plus grand, le
seigneur honoré et magnifique, le rare parmi les princes des temps, le phénix
des émirs d’aujourd’ ui, ce ui qui a revivifié es sciences par ses efforts et
re evé es ruines de ’Is am par ses expéditions et sa guerre sainte, ce ui à qui
appartient le drapeau dominant, ce conquérant du saint sanctuaire, son
Excellence notre Effendi, le Maître des Faveurs, aux éminentes qualités, le
Hâjj Muhammad Ali Pacha, que dieu le rès Haut le fasse parvenir à ce qu’il
sou aite et à ce qu’il a sou aité ! Amen. [...] ».
Voici le recensement des désignations choisies par Ṭahṭāwī pour dési ner
u ammad ʽAlī et leur traduction par Louca :
Ṭahṭāwī dési ne u ammad ʽAlī par ()طالع التدبير العجيب و التشييد الغريب.
C’est une métaphore in absentia qui se base sur les efforts de u ammad ʽAlī
pour la "renaissance" de l’É ypte. L’auteur se sert d’une tournure recherchée
pour dési ner le Pacha d’É ypte au lieu de le nommer tout simplement par son
nom ou par son titre.
Selon le dictionnaire al- Mu‛ğam al-wağīz,
361
" ما تنبأ به المنجم من الحوادث بطلوع كوكب معين:) (عند المنجمين-)" (الطالع
Dans le Kazimirski :
« طالعpl. طوالع1. Qui se lève, qui gravit une auteur, qui s’élève (…). 2- qui se
lève, qui apparaît (soleil, astre) »362.
Le Pacha d’É ypte est donc représenté dans l’œuvre en lan ue source en tant
que soleil ou astre situé très haut dans le ciel. C’est une métaphore in absentia
basée sur la comparaison. Ce trope qualifie l’apparition du Pacha d’É ypte de
rayonnante ou éclatante ()باشراق, le comparant ainsi au soleil. Le comparé est le
Pacha d’É ypte, le comparant est le soleil représenté par le Pacha, le point de
ressemblance ou le motif est ( )اشراقou le rayonnement.
L’apparition éclatante du dirigeant prodigieux, du constructeur
extraordinaire» est donc une traduction du sens global de
() باشراق طالع التدبير العجيب و التشييد الغريب, puisque ( )طالعn’y fi ure pas. Ajoutons
aussi que, mal ré la synonymie entre (éclatante) et (rayonnante), l’épithète
(rayonnante) nous paraît plus appropriée à rendre la métaphore qu’ (éclatante).
La traduction proposée par Louca a rendu le contenu sémantique de la phrase
361
.393. ص، المعجم الوجيز-
362
- KAZIMIRSKI (A.), op.cit, p.98.
229
dans la langue de départ, mais au détriment de la métaphore. La succession de
métaphores est appelée « métaphore filée ». ( )طالعest pris dans le sens de (qui se
lève, c’est- à- dire qui apparait dans le ciel). Quand nous disons que le soleil se
lève, cela veut dire qu’il devient visible et apparaît dans le ciel.
Nous proposons la traduction suivante dans une tentative de garder la
métaphore :
« Cela r ce à l’apparition de notre Soleil rayonnant, diri eant prodi ieu et
constructeur extraordinaire ».
Nous proposons aussi de garder la version de Louca, mais de
remplacer l’épithète (éclatante) par (rayonnante) :
« L’apparition rayonnante du diri eant prodi ieu , du constructeur
extraordinaire ».
Les louan es en faveur de u ammad ʽAlī poursuivent leur ordre
ascendant. Il est :
. و شاردة امراء االوان، نادرة وزراء الزمان، و الدستور المفخم،الوزير االعظم
Ce que Louca traduit par :
« Le plus grand, le seigneur honoré et magnifique, le rare parmi les princes
des temps, le phénix des émirs d’aujourd’ ui »
230
L’hyperbole est une « figure caractérisant l’ensemble des procédés
d’exagération qui touc ent la s ntaxe et le lexique, notamment sous la forme
d’intensifs, de termes relevant du aut degré ou sous la forme
d’accumulations »363. Pour sa part, Dupriez e plique que l’hyperbole consiste à
« augmenter ou diminuer excessivement la vérité des c oses pour qu’elle
produise plus d’impression»364. Fontanier ajoute que l’e a ération dans
l’hyperbole est dans la vue, non de tromper, mais d’amener à la vérité même,
et de fixer, par ce qu’elle dit d’incro able, ce qu’il faut réellement croire»365.
Pour Fontanier, le lecteur doit coopérer et faire le tri pour distinguer la réalité de
l’e a ération. Cette fi ure de style est accessible au destinataire de la traduction
de Louca. Cependant, sur le plan sémantique, nous avons une certaine
déperdition lexicale, puisque ( )الوزير االعظمa été traduite par (le plus grand) qui
ne rend que l’élatif superlatif ()االعظم. Le mot ( )الوزيرest passé sous silence.
Dans le Kazimirski ( )الوزيرest expliqué par (Vizir, ministre qui aide le prince à
supporter le poids des affaires)366. Il explique aussi que ()وزر, c’est (être vizir,
porter la char e des affaires d’un prince)367. Quant à ()الدستور المفخم, parmi les
définitions proposées par le Kazimirski pour ( )الدستورfigurent Vizir et
modèle368.
u ammad ʽAlī a été nommé par la Sublime Porte pour gouverner
l’É ypte, puis il s’est emparé du pays et a veillé à sa renaissance. Ṭahṭāwī a
probablement utilisé le mot ( )وزيرsur cette toile de fond. Il se peut aussi qu’il
utilise ce titre dans le sens de gouverneur. Louca aurait pu traduire ()الوزير االعظم
par (le plus grand gouverneur), et ce, pour être proche du style de l’auteur.
Cependant, le traducteur a bien fait de traduire ( )وزيرd’après le vouloir dire de
l’auteur pour éviter le contre- sens que provoquerait sa traduction par vizir.
Louca traduit ( )شاردة امراء االوانpar ( le p énix des émirs d’aujourd’ ui ).
Loin de sa dénotation mythologique, la lexie ( phénix ) requiert à partir du
363
-CALAS (F.), op.cit., p.202
364
- DUPRIEZ (B.), Les procédés littéraires (Dictionnaire), Paris, Gradus, 1984, p. 237.
365
- FONTANIER, op.cit., p.123.
366
- KAZIMIRSKI, op.cit., t.2, p.1528.
367
- Ibid., t.2, p.1527.
368
- Ibid., t.1, p.695.
231
XVIème siècle une autre dénotation concernant le genre humain. Dans ce cas
(phéni ) est utilisée pour dire que c’est une « personne unique en son genre,
supérieure par ses dons, ses brillantes qualités»369. Le Lisān explique:
و َشرُود في المذكر. والجمع َش َرد، فهو شارِد، َن َف َر:" َش َر َد البعي ُر والدابة ي َ ْش ُر ُد شَرْ د ًا و ِشراد ًا و ُشرود ًا
" والجمع ُشرُود؛، والمؤَنث, puis précise plus loin:
الشريد: َأحدهما الهارب من قولهم َش َر َد البعير وغيرُه إذا هرب؛ وقال ا َألصمعي:" والشريد فيه قوالن
370
" ال ُم ْفر ُد
Le sens de ()شاردة, dans ce contexte laudatif de notre exemple en langue
source, est ()ال ُم ْفر ُد, c’est-à-dire l’unique en son enre, ou comme le présente le
dictionnaire al-Manhal " فذ فى نوعه، " انسان متفوق.
Louca traduit ( )نصب رسوم االسالم بغزوه و جهادهpar « qui a (…) relevé les ruines
de l’Islam par ses expéditions et sa guerre sainte ». Nous remarquons de prime
abord que la traduction de Louca est très développée par rapport à celle en LD.
Ṭahṭāwī fait par ( )رسوم االسالمallusion à l’ e d’or de la civilisation
islamique371. Cette allusion est aussi rendue dans la traduction vers la langue
cible. Louca ajoute dans ses notes que « Muhammad Ali fut chargé par le sultan
Mahmûd II, de mater les Wahhabites qui, préconisant un Islam réformé, épuré
de tout ce qui n’était pas l’adoration d’Alla même, s’étaient emparés de
l’Arabie. Après une longue guerre, de 1811 à 1819, il finit par écraser ce
mouvement politico-religieux, et s’imposer comme sauveur de l’Islam
orthodoxe »372. Ces détails extralinguistiques sont importantes pour la
compréhension du vouloir dire de l’auteur. Etant donné que Ṭahṭāwī s’adressait
à ses compatriotes, qui sont au courant de ces détails, il était donc inutile de les
369
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 25.12.2011.
370
-
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/bookpage?book=89&session=ABBBVFAGFGFHAAWER&fkey=2&
page=1&option=1, 25.12.2011.
371
- Les effets de cette périodes ont fait le sujet d’une e position dénommée « 1001 inventions : l'Âge d'or de la
civilisation musulmane » tenue au Centre des sciences de Californie à Los Angeles (27 mai- 31 déc.2011). Elle
révèle l'épanouissement des sciences et de la technologie dans le monde islamique du VIIe au XVIIe siècles.
Cf.l’article Comment l'Âge d'orde l'islam a façonné le monde moderne écrit par Lauren MONSEN, le 25 juillet
2011, sur le site suivant :
http://iipdigital.usembassy.gov/st/french/article/2011/07/20110725120025x0.3876415.html#axzz1hdgbwzH4, ,
26.12.2011.
372
- LOUCA, L’Or de Paris, op.cit., p.316.
232
citer. Quant aux récepteurs français, ainsi que tout récepteur appartenant à une
époque ultérieure, il faut le mettre au courant. D’après le Petit Robert, relever
signifie « remettre dans la bonne position, en bon état ». D’après le Lisān, "
إِقام ُة الشي ِء و َر ْفعُه: ُ" وال َّنصْ ب. D’après cette même référence, بَقِي َّة: وقيل،ُ ا َأل َثر:" ال َّر ْس ُم
"ا َأل َثر. D’après al-Muʽğam al-wağīz, cette lexie signifie األثر الباقى من الدار بعد ان
" عفت″373. Pour le Petit Robert, les ruines sont des « débris d'un édifice dégradé
par l'âge ou détruit. ➙ décombres, éboulement, vestige »374. رسم الدارest courant
dans la poésie préislamique et islamique et renvoie aux traces laissées par le
campement (où se dressaient les tentes). Il y a dans ( )نصب رسوم االسالمune
métaphore in absentia. Ce trope représente l’Islam comme une tente qui s’est
écroulé. L’Islam est donc le comparé, la tente est le comparant. Cette ima e ou
cette comparaison est fréquente dans la représentation de l’Islam.
Pour ne pas laisser notre analyse de ce paragraphe introductif amputée, nous
aimerions attirer l’attention sur un de ses traits caractéristiques, à savoir le saǧʽ,
conventionnellement traduit par "prose rimée". Il y a deux facteurs qui jouent un
rôle décisif dans la réalisation du saǧʽ: le rythme et la rime. Selon Zakharia, la
prose rimée « est caractérisée par l’emploi d’unités r t miques, en général
assez courtes, allant de quatre à dix syllabes, parfois davantage, terminées par
une clausule. Ces unités rythmiques sont groupées par séries sur une même
rime. Dans ces groupes, chaque unité rythmique ne comporte pas
obligatoirement le même nombre de s llabes et, en dernière anal se, l’élément
essentiel est constitué par la clausule rimée »375.
Le lecteur des quelques lignes qui suivent remarquera la rime et le rythme 376
qui les distinguent. En effet, la prose rimée et rythmée (sağ‘) est la
caractéristique principale de l’incipit dans le Taḫlīṣ. Nous nous proposons dans
ce qui suit d’étudier le rythme arithmétique du sağ‘ dans ces quelques lignes, en
uise de spécimen du style arabe classique. Il s’a it d’une méthode numérique
373
- Al-Muʽğam al-wağīz, op.cit., p.264.
374
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 25.12.2011.
375
- ZAKHARIA, op.cit, p.120.
376
- Nous nous servirons dans cette étude de l‘œuvre de ESSADI, Essai sur le rythme dans la prose rimée en
arabe, Tunis, Editions Abdelkarim b.Abdallah, 1981.
233
qui consiste à compter les « syllabes considérées comme unités rythmiques, des
clausules du sadj ()فقرات, en faisant constamment application de la règle
phonétique de la pause (wakf377 ) فقرات, c’est-à-dire en considérant toujours la
dernière consonne à « l’arrêt» comme quiescente- et en excluant les vers de
notre examen »378. Nous remarquerons ci-dessous que deux clausules riment
toujours ensemble. C’est ce que les prosodistes appellent « izdiwāğ » ou
accouplement.
نادرة وزراء، و الدستور المفخم، الوزير االعظم،" باشراق طالع التدبير العجيب و التشييد الغريب
، و نصب رسوم االسالم بغزوه و جهاده، من احيا العلوم باجتهاده، و شاردة امراء االوان،الزمان
" و فاتح الحرم الشريف،صاحب العلم المنيف
Après avoir lu les lignes ci-dessus, nous pouvons relever les membres
accouplés, rimés et rythmés. Nous utiliserons des barres obliques pour marquer
les syllabes par les coupes nettes.
( )باشراق طالعest donc un facteur commun et, de ce fait même, mis en avant
une fois le couple de nouveau reconstruit.
Cela dit, il serait peut-être utile de présenter la phrase de la manière suivante :
377
- Telle est la transcription de Messadi.
378
- MESSADI, op.cit., pp. 13-14.
379
-Ibid, p.25.
234
)اشراق طالع ( التدبير العجيب * و التشييد الغريب
Cette phrase est formée de couples type : 5 (6+6), qui peut aussi être lu
11+6. ( ) اشراق طالعest appelé élément prosaïque ou exposant. Il représente un
facteur commun des deux clausules ( ) التدبير العجيبet ((و التشييد الغريب. C’est le
timbre identique /īb/ qui fait rimer les deux clausules ensemble. Notons tout de
même l’identité des schémas phonétiques des deu clausules. Pour ce qui est de
la concordance de wazn, il serait utile de dire que dans le cas de « mise en
facteur commun » des couples, « les schémas d’un groupe de mots du premier
membre du couple ou de la membrure se trouvent en concordance avec ceux
constituant la totalité du membre suivant»380. Cela dit, il s’a it de
concordances rigoureuses partielles. Ajoutons aussi que les deux membres de ce
couple se caractérisent par une correspondance totale de la construction
syntaxique type (substantif + adjectif).
Passons à la phrase suivante,
خم/فخ/ ُم/ر ال/تو/دس/ال *** / ظم/اع/ر ال/زي/و/ال
7 6 5 4 3 2 1 6 5 4 3 2 1
Il s’a it d’un couple rythmé type (6+7). C’est un couple parfait, puisque les
deux membres sont égaux381, puisque chacun d’entre eu est formé de 2 mots
types (substantif+ adjectif). Ḥiğāzī précise que ( )دستورétait utilisé à titre de
respect à cette époque :
" اما كلمة الدستور و هى الكلمة المقابلة فى االستخدام العربى المعاصر لكلمة "الشرطة" عند
الطهطاوى فقد كانت معروفة آنذاك بمعنى الئحة قانونية ( مثال دستور األعمال األقرباذينية لحكماء الديار
382
" ) كما كانت كلمة دستور تستخدم كلقب من ألقاب التكريم1136 القاهرة،المصرية
Le couple qui suit fait toujours partie des louanges en faveur du pacha de
l’É ypte. Nous y avons toujours affaire à un couple parfait type (9+9) formé
chacun de membre de 3 mots et que nous pouvons classer dans le groupe des
é au . Chaque volet de ce couple est formé du même nombre d’éléments,
380
-Ibid, p.49.
381
-Ibid., p.25.
382
- Ḥiğāzī, op.cit, p.442.
235
autrement dit, trois éléments constitutifs pour chacun : ( الزمان/ وزراء/ )نادرةet
( األوان/ امراء/)شاردة. C’est aussi un couple parfait, à volets é aux :
وان/ا/ء ال/را/م/ ُا/دة/ر/شا *** م ان/ز/ ال/راء/ز/ ُو/رة/د/نا
1 1 7 654 3 2 1 1 1 7 6 5 4 321
La phrase suivante est le seul cas représentatif de la combinaison (membre
court+membre long) dans cet extrait:
/وه/ غز/ ب/ الم/ إس/م ال/سو/ ُر/ ب/ص/ ده *** ن/ها/ت/باج/ م/لو/ ُع/يا ال/اح
11 11 1 1 7 6 5 4 3 2 1 1 17 6 5 4 3 2 1
ده/ ها/ ج/ و/
15 14 13 12
La correspondance au niveau de la construction syntaxique du couple
ci-dessus est épineuse. En fait, les éléments constitutifs de chaque volet de ce
couple sont presque les mêmes. Cependant, nous remarquons une grande
disproportion entre les deu . Cela est dû à l’adjonction dans le deu ième volet.
Nous préférons considérer que la concordance syntaxique de ce couple est
partielle.
Ensuite, il s’a it de nouveau d’un couple parfait383, c’est-à- dire à deux
volets égaux. Ce couple est de rythme arithmétique type (8+8).
383
- MESSADI, op.cit, p.25.
236
l’accouplement n’est pas seulement phonétique, il est aussi sémantique. Les
membres rimant ensemble ont presque toujours entre eux un rapport de sens
étroit »384. Cette constatation est applicable aux couples types (6+7), (9+9) et
(8+8). Les volets de chacun de ces couples sont étroitement liés par le sens.
Notons aussi tout particulièrement l’effet de balancement parallèle. La
combinaison (membre court + membres long) est présente aussi sous la plume
d’al-Hamaḏānī et d’al-Ḥarīrī385. Cela nous ramène à l’i ā’ et à l’iqtibās
discutés dans le premier chapitre.
Passons à la rime. La rime est une composante du rythme. Tous les deux
jouent un rôle important dans le sağʽ.
Dans le premier couple type (6+6), nous avons une rime à deux timbres une
voyelle longue et une consonne.
Le couple suivant type (6+7) présente une rime à deux timbres identiques
formés par la voyelle brève /a/ et la consonne /m/. Le couple type (9+9) est, lui
aussi, formé d’une rime à deu timbres identiques qui sont la voyelle lon ue /ā/
et la consonne /n/. Le pénultième couple (membre court+membre long) type
(9+ 5) se distin ue aussi par sa rime riche type /hādih/ à trois consonnes /h/, /d/
et /h/ et une voyelle lon ue /ā/. Le dernier couple type ( + ) possède une rime
/ādih/à deu timbres identiques une voyelle brève /i/ et une consonne /f/.
La rime constitue dans ces accouplements le lien phonétique, sémantique et
rythmique le plus apparent et le plus frappant. Quant au mouvement rythmique
dans ces accouplements, le lecteur peut remarquer un effet de balancement. Les
couples parfaits à volets égaux se caractérisent par des concordances rigoureuses
et totales de wazn. Ces concordances sont confirmées par l’identité des schémas
phonétiques aussi bien que par une correspondance totale de la construction
syntaxique.
Nous rappelons386 une constatation de Zakharia, une constatation d’après
laquelle « dans un texte en saj‘, la rime c ange généralement tous les deux
384
- Ibid, p.31.
385
- Ibid, p.27.
386
- Déjà citée plus haut, dans le premier chapitre, p.14.
237
segments, même si les segments consécutifs qui riment peuvent être plus
nombreux »387.
L’e trait analysé ci-dessus est construit en prose rimée de variété rythmique
loin de la monotoie. La première impression auditive à retirer de la lecture de
ces quelques li nes est qu’elles sont ré ies par la loi du « retour phonétique »
Le fait de trouver une traduction qui assure le transfert des rimes et des
rythmes, aussi bien que le transfert des mêmes figures de styles vers la langue
d’arrivée est donc une affaire suffisamment compliquée et hasardeuse. Ṭahṭāwī
avait fait cette remarque dans Taḫlīṣ (p.226).
لكن فى،" و هذه القصيدة كغيرها من االشعار المترجمة من اللغة الفرنساوية عالية النفس فى اصلها
و مثل ذلك لطائف القصائد العربية فانه ال يمكن،الترجمة تظهر بالغتها فال تظهر علو نفس صاحبها
226.)" ص...( ترجمتها غالب اللغات االفرنجية من غير ان يذهب حسنها بل ربما صارت باردة
387
-TOELLE et ZAKHARIA, op.cit., p. 121.
388
- LOUCA, L’Or de Paris, note 131, op.cit, p.325.
238
3- Analyse sémantique de la traduction de la charte constitutionnelle
comparée à celle en langue source.
Comme nous l’avons déjà mentionné, Ṭahṭāwī avait introduit, dans son
Taḫlīṣ, sa propre traduction intégrale de la charte constitutionnelle de 1814.
Louca, quant à lui, n’a pas suivi la même straté ie. Nous essayerons de mettre
en parallèle la traduction de Ṭahṭāwī et la version originale de la charte, puis
d’en présenter une analyse sémantique. Au cours de cette analyse, nous
insisterons sur les différences entre la traduction de chaque article et le texte en
LD. La charte a pour but de déterminer les droits et les devoirs du roi et des
citoyens. Elle commence par une répartition des domaines auxquels elle
s’intéresse. Les articles de la charte sont ensuite répartis sous des titres ou
maqāṣid ()مقاصد, comme les appelle Ṭahṭāwī, en fonction des domaines déjà
indiqués. La charte dans sa langue source est répartie en huit titres tous traduits
vers l’arabe, sauf le dernier, celui des articles transitoires.
Le premier maqṣad énonce le « droit public des Français ».
La traduction en langue cible est ()الحق العام للفرنساوية. C’est une traduction
littérale de la version en langue source. Ṭahṭāwī en fait une autre dans le
paragraphe qui suit : ) ) الكالم على حق الفرنساوية. Cette version constitue une
traduction libre.
Le deuxième maqṣad détermine les (Formes du gouvernement du roi) dont
la traduction est () كيفية تدبير المملكة. D’après le Petit Robert, le gouvernement est
une « action ou manière de diriger, de régir ». Il aurait été préférable de
traduire le deu ième ″ maqṣad ″ par ( )نظم ادارة الملك للبالدpour préciser, comme
dans la version en lan ue source, que ces articles s’occupent essentiellement des
droits du roi et des limites de son intervention. La charte se penche ensuite sur la
chambre des pairs qui représente le troisième ″maqṣad″ ayant pour titre (De la
chambre des pairs) et traduit par ()فى منصب ديوان البير. Nous aimerions signaler
que le choix de ( )ديوانcomme équivalent de (chambre) dans ce ″ maqṣad ″ et
dans celui qui suit reflète la performance linguistique de Ṭahṭāwī lui permettant
de distinguer le sens approprié de la lexie (chambre) dans ce contexte.
239
Le Petit Robert donne la définition de cette lexie au XVIII siècle comme suit :
« 2. (1789) Assemblée législative (➙ parlement). (1814) La Chambre des
députés; absolt la Chambre. ➙ assemblée (nationale »389.
Ṭahṭāwī se donne une grande marge de liberté en traduisant le
quatrième ″ maqṣad ″ (De la chambre des députés des départements) par
() فى منصب ديوان رسل العماالت الذين هم امناء الرعايا و نوابهم. Il y a dans cette traduction
un ajout ( ) الذين هم امناء الرعايا و نوابهمqui peut être considéré comme une
explicitation de la part de Ṭahṭāwī afin d’aider le destinataire à comprendre ou à
réaliser ce qu’est la chambre des députés et pourquoi elle est importante. Notons
aussi la désignation de (chambre) par ()ديوان. La chambre des députés se traduit
actuellement par ()مجلس النواب. Le Petit Robert présente la définition suivante à
l’entrée (député) :
« (1789) En France, Personne élue pour faire partie de la chambre législative
de la nation. ➙ élu, 1. parlementaire. L'élection des députés.La Chambre des
députés ou Assemblée nationale »390.
Il s’a it donc d’un système parlementaire basé sur des élections. C’est un
système qui n’est pas encore connu de Ṭahṭāwī, ni de ses compatriotes. Cela
justifie le recours aux explicitations et aux rallonges.
389
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 21.12.2011.
390
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp. 21. 12. 2011.
240
professionnelles, morales »391. Cette lexie a acquis cette définition depuis la fin
du XIIe.
Le dernier ″ maqṣad ″ de la charte énonce : (Droits particuliers garantis par
l’État). La traduction proposée est ()فى حقول الرعية. Or, les notes du chapitre
citent ()حقوق الرعية. Le fait de rendre (droits particuliers garantis par l’État) par
( )فى حقوق الرعيةest une traduction incomplète et amputée. Le
commentateur du livre propose392 ()حقوق محددة تضمنها الدولة. Cette traduction nous
parait plus adéquate. Ajoutons aussi qu’une autre édition de Taḫlīṣ cite 393
( فى
)حقوق الرعية. ( )حقولest donc une faute de frappe. Ṭahṭāwī a présenté lui-même
une autre version qui a précédé les articles développant le ″
maqṣad ″ :"" حقوق الناس التى يضمنها الديوان
( )حقوق الرعيةnous parait plus globalisant que la phrase en LD.
Il ne s’a it pas de la ″population" dans son ensemble, mais plutôt d’une
catégorie de la population. Pour cela, nous proposons la traduction
suivante:( استثنائية تضمنها الدولة/)حقوق خاصة.
Ṭahṭāwī présente ensuite une étude détaillée des articles de chaque titre. Il
commence par le paragraphe indiquant le (Droit public des Français).
« Article premier.
Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient d’ailleurs leurs titres et
leurs rangs ».
La traduction présentée par Ṭahṭāwī est la suivante :
" سائر الفرنساوية مستوون قدام الشريعة:"المادة االولى
La traduction de Ṭahṭāwī se caractérise par la concision. Elle laisse tomber
(quels que soient d’ailleurs leurs titres et leurs rangs). Ḥeğāzī, le commentateur
de Taḫlīṣ, ajoute à ce propos :
391
- Ibid., 21.12.2011.
.444 ص، المرجع ذاته، محمود فهمى حجازى/ د-392
.121. ص،1113 ، القاهرة، تخليص االبريز فى تلخيص باريز، رفاعة رافع الطهطاوى- 393
241
و قد استخدم هنا كلمة سائر بمعنى جميع و هو. سائر الفرنساوية:) الىLes Français( " ترجم
) و لم يستخدم الطهطاوى كلمة...( .المعنى الذى بدأت هذه الكلمة تتخذه ابتداء من القرن الرابع الهجرى
444.سائر بمعناها األقدم و معنى الباقى" ص
Il fait remarquer aussi que l’unité le icale ( )سائرconstitue un ajout. Cet ajout
a pour but d’indiquer que cet article concerne tous les Français sans e ception,
puisque la désinence de la lexie ( )الفرنساويةmarque l’appartenance à la France.
Nous trouvons aussi intéressant de noter la traduction par Ṭahṭāwī de (la loi) par
() الشريعة. Le choix de cette lexie émane de la formation azharite de Ṭahṭāwī.
Nous aimerions aussi ajouter à ce propos que le mot ( )شريعة, en tant
qu’équivalent de la loi ou de la justice, a été utilisé par les traducteurs du énéral
en chef Menou, dans une de ses proclamations "aux habitants du Kaire et de
toute l’Eg pte" datant du "15 frimaire an 9 de la République Française"394.
Dans cette proclamation, le traducteur a rendu (le c ef de l’administration de la
justice) par ()ريس الشريعة395. Louca définit dans ses notes la lexie ( )شريعةpar :
« droit canon, fondé sur les textes du Coran et de la Sunna »396.
Ajoutons à cela quelques définitions du mot vedette « loi » données par le
Petit Robert :
« 6. Spécialt (fin Xe) Règle censée exprimer la volonté de Dieu, de la divinité.
➙ commandement, décret, dogme». La définition de cette lexie se dévloppe vers
le XIIIème siècle pour devenir « (début XIIIe) La loi : l'ensemble des règles
juridiques établies par le législateur. ➙ 3. droit, législation. Conforme à la loi.
➙ légal, licite»397. Le Kazimirski, pour sa part, traduit شريعةpar « loi
d’institution divine, spécialem., code ma ométan, le Coran »398.
Nous proposons pour le segment omis la traduction suivante:
""مهما كانت صفته و مستواه االجتماعى
394
- Notons l’usa e de la lettre k au lieu de la lettre c pour dési ner la capitale de l’É ypte dans cette
proclamation.
395
- Voir annexe, p.
396
- Louca, l’Or de Paris, op.cit, note 133, p. 325.
397
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 21.12.2011.
398
- KAZIMIRSKI, op.cit, t.1, p.1217.
242
« Article 2.
Ils contribuent indistinctement, dans la proportion de leur fortune, aux charges
de l’État »
." يعطون من اموالهم بغير امتياز شيئا معينا لبيت المال كل انسان على حسب ثروته:" المادة الثانية
« Article 3.
Ils sont tous également admissibles aux emplois civils et militaires».
" كل واحد منهم متأهل ألخذ اى منصب كان و اى رتبة كانت:" المادة الثالثة
399
- Ibid., t.2, p.1246.
243
d'un salarié. ➙ gagne-pain, place, situation, 1. Travail »400. Ṭahṭāwī en tant
que traducteur a fait preuve d’une fle ibilité afin de rendre l’idée pour son
destinataire. Notons à ce propos que ( )رتبةest souvent utilisée dans le domaine
militaire. Peut-on considérer que l’emploi de cette le ie constitue une
protestation sous-jacente contre l’interdiction faite au É yptiens de participer à
l’armée ?
Nous proposons les versions suivantes :
" للجميع الحق فى التعيين فى الوظائف المدنية و العسكري: " المادة الثالثة
" لكل الحق فى شغل الوظائف المدنية و العسكرية: " المادة الثالثة
" لكل الحق فى االلتحاق بالوظائف المدنية و العسكرية:" المادة الثالثة
« Article 4.
Leur liberté individuelle est également garantie, personne ne pouvant être
poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus par la loi, et dans la forme qu’elle
prescrit ».
و يضمن له حريتها فال يتعرض له انسان اال ببعض، ذات كل واحد منهم يستقل بها:"المادة الرابعة
"حقوق مذكورة فى الشريعة و بالصورة المعينة التى يطلبه بها الحاكم
( )ذاتchez les philosophes c’est l’essence. Dans le Lisān « ذات الشيء َحقِيق ُته
ُ
» وخاصَّته401. Le choix de ( )ذاتne rend pas celui de (liberté individuelle) à savoir
()الحرية الشخصية. La traduction de Ṭahṭāwī pour cet article est à quelques endroits
loin de l’ori inal. Ḥiğāzī, le commentateur de Taḫlīṣ confirme cet avis :
400
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 12.21.2011.
401
-
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/bookpage?book=89&session=ABBBVFAGFGFHAAWER&fkey=2&
page=1&option=1, 14.01.2012.
244
." و قد ترجم الطهطاوى هذه المادة ترجمة حرة الى حد ما:""المادة الرابعة
Il parait que la notion de liberté individuelle ou ()حرية شخصية
n’e istait pas en tant qu’e pression lin uistique, ni en tant qu’idée au niveau des
relations sociales. Quant à l’idée, elle e iste toujours et dans la reli ion et dans
les valeurs et les principes communs aux membres de la société. Ḥiğāzī
confirme, dans ses notes, l’hypothèse de l’absence du concept de la (liberté
individuelle) au plan linguistique:
."liberté individuelle " و يالحظ انه لم يعرف مصطلح "الحرية الشخصية."
Nous aimerions aussi ajouter que le pronom « elle » dans (et dans la forme
qu’elle prescrit) renvoie à la loi, alors que Ṭahṭāwī le traduit par ( )الحاكمce qui
peut être considéré comme un faux sens.
Nous proposons la traduction suivante pour cet article:
" و بموجب هذه الوثيقة ايضا فان الحرية الشخصية مكفولة للجميع فال يجوز مقاضاة اى شخص أو
"القاء القبض عليه اال فى الحاالت التى حددها القانون و وفقا للقواعد التى نص عليها
« Article 5.
Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son culte la
même protection ».
بل، ال يشاركه احد فى ذلك، كل انسان موجود فى بالد الفرنسيس يتبع دينه كما يحب:"المادة الخامسة
."يعان على ذلك و يمنع من يتعرض له فى عبادته
En comparant la traduction de Ṭahṭāwī avec la version en langue source,
nous constatons que ( )موجود فى بالد الفرنسيسconstitue un ajout. Ṭahṭāwī a fait une
traduction libre qui explique le sens global sans se lier à la phrase en L.D.
Ḥiğāzī, quant à lui, énonce que:
" اعجب الطهطاوى بهذه المادة اعجابا شديدا فترجمها ترجمة مفصلة ادت المعنى و اضافت اليه
ترجمها الطهطاوى " كل انسان موجود فى بالد الفرنسيس "وChacun فأول كلمة فى النص الفرنسى
و قد اضاف الطهطاوى عبارة ليس لها مقابل فى،كأنه يشير ضمنا الى عدم وجود ذلك فى بالد أخرى
و اذا كان النص الفرنسى قد ضمن حماية اداء الشعائر الدينية فانه لم،" "بل يعان على ذلك:النص تقول
"ينص على كون الفرد يتلقى عونا فى هذا
245
Nous proposons la traduction suivante :
تكفل الوثيقة للجميع المساواة فى حرية تدينه وتوفرلهم الحماية لممارسة الشعائر:"المادة الخامسة
" الدينية
« Article 6.
Cependant la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de
l’État ».
." يشترط ان تكون الدولة على الملة القاثوليقية الحوارية الرومانية:" المادة السادسة
L’unité le icale ( )يشترطn’est pas citée dans la phrase en L.D. Ḥiğāzī jette la
lumière sur la formation azharite de Ṭahṭāwī. Il énonce:
" و بكلمة " الحواريةreligion " و يالحظ فى هذه الترجمة ان الطهطاوى عبر بكلمة "ملة" عن
و فى هذا استفادة مباشرة من المصطلحات الواردة فى القرآن الكريم و تترجمapostolique عن
الكتابات المسيحية الكلمتين على نحو مخالف فهى تذكر " الديانة"كمقابل لما ذكره الطهطاوى بكلمة
." " و تذكر كلمة "رسولى" و "رسولية" فى مقابل ما ذكره الطهطاوى كمصطلح " حوارية.""ملة
Nous proposons la traduction suivante :
." الملة القاثوليقي الحوارية الرومانية هى ملة الدولة:" المادة السادسة
« Article 7.
Les ministres de la religion catholique, apostolique et romaine, et ceux des
autres cultes chrétiens, reçoivent seuls des traitements du trésor royal »
، تعمير كنائس القاثوليقية و غيرهم من النصرانية يدفع له شىء من بيت مال النصرانية:"المادة السابعة
"و ال يخرج منه شىء لتعمير معابد غير هذا الدين
246
la traduction, à savoir la traduction de (royal) dans (trésor royal) par () النصرانية
dans () بيت مال النصرانية. Est-ce que Ṭahṭāwī a fait ce choix à cause de la croix se
trouvant sur la couronne du roi, puisqu’il s’a it d’un pays chrétien ? Ou bien a-
t-il essayé de rapprocher l’idée de ses compatriotes et cela en suivant le même
schéma que ()بيت مال المسلمين.
Nous proposons la traduction suivante :
يمنح قساوسة الملة القاثوليقية الحوارية الرومانية و كهنة الشعائر المسيحية االخرى:" المادة السابعة
"رواتب من الخازندارية الملكية
Ḥiğāzī présente le commentaire suivant :
." و عبارة الطهطاوى ليست ترجمة مباشرة لهذه المادة بل هى تعبير عن مضمونها بعبارة مقاربة
وذكر الكنائس الكاثوليكية بأسمها،" و تعنى "الرؤساء الدينيينLes ministres فلم يترجم مثال كلمة
المختصرو لم يذكرها باسمها الرسمى المفصل كما جاء فى النص الفرنسى فالنص الفرنسى يعنى رؤساء
كما تصرف الطهطاوى، أما ترجمة الطهطاوى فتخالف هذا،...الطائفة الكاثوليكية الرسولية الرومانية
" و معناه الخزانة الملكية فعبر عنه بالعربيةtrésor royal ايضا فى ترجمته لمصطلح
« Article 8.
Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se
conformant aux lois qui doivent réprimer les abus de cette liberté ».
ال يمنع انسان فى فرانسا ان يظهر رأيه و ان يكتبه و يطبعه بشرط أال يضر ما فى:" المادة الثامنة
." فاذا ضر ازيل، القانون
247
dangereuse pour la société) de se manifester, de se développer »402. Il traduit
(publier ses opinions) par ( )يظهر رأيهet il a raison. Le verbe ( )يظهرtraduit
(publier) qui signifie (rendre public oralement, déclarer ses idées publiquement,
ne pas s’en cacher, les dire oralement ou par écrit) et يطبعهtraduit (imprimer).
Nous remarquons qu’il a traduit (la loi) par القانونalors qu’il l’avait traduite plus
haut par الشريعة.
Nous proposons la traduction suivante :
يحق للفرنسيين إظهار رأيهم و كتابته و طبعه وفقا للقوانين التى تحجم سوء استخدام:" المادة الثامنة
"هذه الحرية
« Article 9.
Toutes les propriétés sont inviolables, sans aucune exception de celles qu’on
appelle nationales, la loi ne mettant aucune différence entre elles ».
" سائر االمالك و االراضى حرم فال يتعدى احد على ملك آخر:" المادة التاسعة
402
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 12.21.2011.
248
و تعنى الوطنيين أو ابناء البالد الن الحاكم آنذاك لم يكن من اصلnationales يترجم الطهطاوى كلمة
و نص الطهطاوى يدل على. فالمادة تنص على عدم التمييز بين ابناء البالد فى هذا الخصوص،مصرى
."تحريم تعدى الشخص على ملك اآلخر و لكن النص الفرنسى اعم اذ انه يجعل للملكية الفردية حرمة
La lexie (national) signifie, selon le Petit Robert « qui intéresse la nation
entière, qui appartient à l'État, est entretenu, géré, organisé par l'État. Biens
nationaux : biens des émigrés, de l'Église, qui furent confisqués sous la
Révolution et vendus au profit de l'État »403.
Nous rappelons à ce propos ce qu’al-Ṭahṭāwī a raconté de la confiscation de
la fortune de sa famille après l’abolition du système de l’iltizām, en . Cet
article concernait donc plusieurs Égyptiens dont Ṭahṭāwī lui-même.
Nous proposons une autre traduction de cet article :
" سائر االمالك حرم بما فى ذلك األمالك القومية حيث ان القانون ال يفرق بينهما:" المادة التاسعة
Une autre traduction avec une certaine marge de liberté est aussi possible:
" كالهما سواء أمام القانون، جميع الممتلكات حرم الخاص منها و العام:" المادة التاسعة
La formation azharite de Ṭahṭāwī est de nouveau confirmée par la lexie
()حرم. Le commentateur de Taḫlīṣ soutient cet avis. La lexie ( )حرمest, selon lui,
""كلمة ذات معنى دينى اسالمى
« Article 10.
L’État peut exiger le sacrifice d’une propriété, pour cause d’intérêt public
légalement constaté, mais avec une indemnité préalable».
بشرط ان تدفع، للدولة دون غيرها ان تكره انسانا على شراء عقاره لسبب عام النفع:" المادة العاشرة
."ثمن المثل قبل االستيالء
Ṭahṭāwī a présenté une traduction libre. Nous y notons l’ajout de
()دون غيرها, la traduction de (propriété)404 par ( )عقارalors que cette propriété peut
être un bâtiment ou un terrain. Le commentateur de Taḫlīṣ analyse la traduction
de Ṭahṭāwī comme suit :
و هذا التحديد االخير غير،"" نقل الطهطاوى هذه المادة مؤكدا ان هذا الحق للدولة " دون غيرها
فقد ترجمت هنا بكلمة " عقاره" كماpropriété اما كلمة.وارد بمثل هذه الصراحة فى النص الفرنسى
403
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 21. 12. 2011.
404
- Nous renvoyons le lecteur à notre analyse de cette le ie dans l’article 9, p. 258 plus haut.
249
ترجم عبارة d’intérêt publicبعبارة " بسبب عام النفع" و تترجم اآلن "للصالح العام" كما انه لم
يترجم légalement constatéو معناها " المقرر قانونا"".ص441 .
Nous proposons la traduction suivante:
" المادة العاشرة :يجوز للدولة ان تكره انساناعلى سحب ملك خاص به و ذلك من اجل مصلحة عامة
يقرها القانون شريطة تعويضه عنه مسبقا "
«Article 11.
outes rec erc es des opinions et votes émis jusqu’à la restauration sont
interdites. Le même oubli est commandé aux tribunaux et aux citoyens ».
"المادة الحادية عشر :جميع ما مضى قبل هذا القانون من اآلراء و الفتن يجب نسيانه ،و كذلك ما وقع
من المحكمة و اهل البلد".
250
«Article 12.
La conscription est abolie. Le mode de recrutement de l’armée de terre et de
mer est déterminé par une loi. »
اخذ العساكر يرتب و ينقص عما كان عليه و قد يعين بقانون معلوم وضع عساكر فى:"المادة الثانية عشر
".البر و البحر
D’après le Petit Robert, la conscription est l’« Inscription, sur les rôles de
l'armée, des jeunes gens atteignant l'âge légal pour le service militaire.
➙ enrôlement, recensement, recrutement. Armée de conscription et armée de
métier. En France, la conscription a été suspendue en 1997 et remplacée par la
journée d'appel de préparation à la défense »405
Nous en proposons la traduction suivante:
تم الغاء التجنيد االجبارى و يحدد القانون شروط االلتحاق بالجيوش البرية و:"المادة الثانية عشر
."البحرية
La traduction présentée par Ṭahṭāwī est tronquée, puisqu’elle ne dit rien à
propos de la première phrase, à savoir (La conscription est abolie). La phrase en
langue-cible est un peu ambigue par rapport à celle en langue-source. L’idée
d’abolition est omise dans la traduction vers la lan ue arabe. Le ( ) قدsème l’idée
d’une probabilité qui, en fait, n’e iste pas dans l’énoncé de l’article en lan ue
source. Ajoutons à cela aussi que le choix de ()وضع, au niveau de la sémantique
interprétative, prête à confusion s’il ne mène pas à un fau sens ou un contre-
sens. Le récepteur peut comprendre qu’il s’a it de faire monter la arde et non
de se joindre à l’armée comme l’indique la phrase en lan ue source
Passons à l’analyse des articles indiquant les « formes du gouvernement du
roi ».
« Article 13.
La personne du roi est inviolable et sacrée. Ses ministres sont responsables. Au
roi seul appartient la puissance exécutive ».
405
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 21.12.2011.
251
ووزراؤه هم الكفالء فى كل ما يقع يعنى هم الذين يطالبون و، ذات الملك محترمة:"المادة الثالثة عشرة
" و ال يمكن ان يمضى حكم اال اذا انفذه امر الملك،يحكم عليهم
Il s’a it dans cet article de la personne du roi. Ṭahṭāwī n’a pas
traduit (inviolable) par ( )حرمet il a omis (sacré), qui signifie ()مقدس. Il n’a pas
voulu choquer son récepteur pour qui Dieu seul est sacré. Cette traduction est
donc en quelque sorte une adaptation au destinataire. En sus de l’adaptation,
Ṭahṭāwī se sert de l’ajout et de l’e plicitation. Il ajoute ( يعنى هم الذين يطالبون و
) يحكم عليهمpour expliciter les paramètres de la responsabilité qu’assument les
ministres.
Ḥiğāzī, le commentateur, e plique que l’idée de la séparation des pouvoirs
était encore absente en Égypte. La désignation de ce concept était donc encore
floue pour Ṭahṭāwī. Ses tentatives pour transmettre le sens au destinataire de sa
traduction relèvent donc de l’ "iğti ād ". Ḥiğāzī e plique son avis dans ce qui
suit:
و يعنى هذا- على نحو مباشر- la puissance exécutive " لم يترجم الطهطاوى مصطلح
المصطلح " السلطة التنفيذية" و ذلك ألن نظرية فصل السلطات كانت غريبة على مجتمع مصر و نظام
غير انه اوضح هذه الفكرة فى كتابه المؤلف، و لذا كان من الصعب عليه ان يترجمها،الحكم فيها آنذاك
فى عصر اسماعيل و هو كتاب مناهج األلباب " فقد كانت خبرة مصر فى التمثيل النيابى و زيادة
على هذه السلطة " قوة-فيما بعد- و قد أطلق الطهطاوى.اتصالها بأوربا تتيح له ان يوضح مثل هذا
451.التنفيذ لألحكام" " ص
Nous proposons une autre traduction de cet article :
للملك وحده حق. يتحمل وزراؤه عواقب االمور. ذات الملك حرم و مقدسة:"المادة الثالثة عشرة
".السلطة التنفيذية
« Article 14
Le roi est le chef suprême de l’État, commande les forces de terre et de mer,
déclare la guerre, fait les traités de paix, d’alliance et de commerce, nomme à
tous les emplois d’administration publique, et fait les règlements et ordonnances
nécessaires pour l’exécution des lois et la sûreté de l’État ».
252
و هو، الملك هو اعظم أهل الدولة فهو الذى يأمر و ينهى فى عساكر البر و البحر:"المادة الرابعة عشرة
، و هو الذى يولى المناصب األصلية،الذى يعقد الحرب و الصلح و المعاهدة و التجارة بين ملته و غيرها
."و يجدد بعض قوانين و سياسات و يأمر بما يلزم و يمضيه اذا كان فيه منفعة للدولة
Nous remarquons dans cette traduction que Ṭahṭāwī rend (le chef suprême de
l’État) par ()الملك هو اعظم أهل الدولة. La lexie ( ) اعظمest supposée rendre l’idée de
suprématie du roi. L’emploi de ( ) أهلpour dire habitants ou peuple était fréquent
à cette époque. Ṭahṭāwī traduit le verbe (commander) par deu verbes (يأمر و ينهى
) qui ont pour but d‘e pliciter le verbe (commander). Notons aussi que le choi
de la lexie ( )عساكرest énéré par la soumission de l’É ypte à l’Empire Ottoman
et par l’emploi quotidien d’un nombre illimité de le ies turcopersanes comme
nous l’avons démontré dans le deu ième chapitre. L’ajout de ( ) بين ملته و غيرها
n’est pas justifié. D’autre part, ( )المناصب األصليةn’est pas la traduction appropriée
pour (les emplois d’administration publique). Ajoutons aussi que si le roi ( fait
les règlements et ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois et la sûreté
de l’État) cela ne si nifie pas nécessairement qu’il introduit des chan ements
) (تجديدdans les lois. Le mot ( )منفعةest trop large, nous ne pouvons pas le cerner
dans (la sûreté de l’État). La traduction de Ṭahṭāwī est plutôt approximative que
précise.
Nous proposons la traduction suivante:
فهو الذى يقود جيوش البر و البحر و هو الذى، الملك هو القائد األعلى للدولة:" المادة الرابعة عشرة
و هو الذى يصدر أوامر التعيين فى وظائف.يعلن الحرب و يبرم اتفاقيات السالم و التحالف و التجارة
." و يضع اللوائح و النظم الالزمة لتطبيق القانون مما يضمن أمن البالد،االدارة العامة
« Article 15.
La puissance législative s’exerce collectivement par le roi, la c ambre des
pairs, et la chambre des députés des départements».
" تدبير امور المعامالت بفعل الملك و ديوان البير و ديوان رسل العماالت:" المادة الخامسة عشرة
. La traduction de « puissance législative » a constitué une difficulté pour
Ṭahṭāwī lors de sa traduction de cet article. La répartition du pouvoir en
puissance lé islative, administrative et e écutive n’était pas encore connue en
253
Égypte, puisque le Pacha d’É ypte possédait le monopole du pouvoir. La
traduction via une phrase verbale aurait été plus facile et plus claire. Cependant,
(la puissance législative) garde sa valeur dans la traduction, comme dans
l’ori inal, par sa position en tête de phrase.
« Article 17.
La proposition de la loi est portée, au gré du roi, à la chambre des pairs ou à
celle des députés, excepté la loi de l’impôt, qui doit être adressé d’abord à la
chambre des députés. »
406
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 21.12.2011.
254
اال، ثم الى ديوان رسل العماالت، يبعث القانون بأمر الملك الى ديوان البير أوال:" المادة السابعة عشرة
"قانون الجنايات و الفردة فانه يبعث أوال الى ديوان رسل العماالت
La traduction de cet article est une traduction libre. Il s’a it d’une proposition
de loi et non pas d’une loi. Il aurait été préférable de traduire (proposition de loi)
par ( )مشروع قانونou ()مقترح القانون. Cependant, il ne faut pas oublier qu’à l’époque
de Ṭahṭāwī toutes ces démarches et désignations étaient inconnues en Égypte.
Ajoutons aussi que la conjonction (ou) si nifie (ou l’un ou l‘autre) et ne si nifie
pas la succession. Le (ou) se traduit par ( )اوalors que ( )ثمtraduit (puis). Ajoutons
dans ce même sens que les impôts se traduisent par ()الضرائب. L’emploi de
( ) الفردةest lié à l’époque concernée. D’après le Petit Robert, l’impôt est un
« prélèvement obligatoire opéré par l'État et les collectivités locales afin de
subvenir aux charges publiques; ensemble des sommes ainsi prélevées.
➙ charge, contribution, imposition; accise, 3. droit, taxe, tribut »407. Ḥiğāzī
parle de ( ) قانون الجبايات و الفردةalors que dans l’énoncé traduit dans Taḫlīṣ nous
avons ()الجنايات. Il est donc probable que ( )الجناياتsoit une coquille de
l’imprimeur. puisque l’article, dans sa lan ue source porte sur une loi
concernant les impôts. Nous aimerions, à ce propos, citer l’avis de Ḥiğāzī
concernant la traduction de Ṭahṭāwī:
) كما جائت فىLa proposition de la loi( " لم يتضح فى هذه المادة أيضا فكرة اقتراح القانون
و كان الطهطاوى اراد ان يخفف من وقع النص الفرنسى الذى يجعل الملك ال صاحب،النص الفرنسى
فليس فى األصل الفرنسى مقابل لكلمة " بأمر الملك " التى جائت فى،االمر بل صاحب االقتراح
" اىla loi de l’impôt " أما" قانون الجبايات و الفردة"عند الطهطاوى فيقابل.الترجمة العربية
." و قد ترجم الطهطاوى النصف الثانى من هذه المادة ترجمة دقيقة.قانون الضرائب
407
- Ibid., 21.12.2011.
255
« Article 18.
Toute la loi doit être discutée et votée librement par la majorité de chacune des
deux chambres ».
232 . تنفيذ الدولة القانون اذا رضى به جمهور كل من الديوانين" ص:"المادة الثامنة عشرة
408
- Ibid., 21.12.2011.
256
« Article 19.
Les chambres ont la faculté de supplier le roi de proposer une loi sur quelque
objet que ce soit, et d’indiquer ce qu’il leur paraît convenable que la loi
contienne »
ألحد الديوانين ان يلتمس من الملك اظهار قانون فى أمر كذا و ان يبين له فائدة:"المادة التاسعة عشرة
"وضع ذلك القانون
Ṭahṭāwī traduit (les chambres) par () ألحد الديوانين, ce qui peut être compté
comme un manque de précision de la part du traducteur. Remarquons aussi
que (indiquer ce qu’il leur paraît convenable que la loi contienne) ne signifie
pas ()ان يبين له فائدة وضع ذلك القانون. L’article accorde de l’importance au contenu de
cette loi et non pas à la loi elle-même. Il se peut qu’une loi sur tel ou tel sujet
soit rédigée avec une certaine malice, de sorte à ne pas chercher l’intérêt du
citoyen. C’est une question de l’être et du paraître. Une loi peut être importante,
mais importante (pour qui) et (comment) ? Elle doit être rédigé sans ambiguité..
L’intervention de Ṭahṭāwī dans la traduction de cet article se manifeste dans
l’omission de toute mention de (proposition de loi). Rappelons que u ammad
ʽAlī jouissait d’un pouvoir absolu.
Nous proposons la traduction suivante:
للديوانين الحق فى ان يلتمسا من الملك اقتراح قانون بشأن أمر ما و أن يبينا له:"المادة التاسعة عشرة
"ما يرونه صالحا فى هذا القانون
« Article 20.
Cette demande pourra être faite par chacune des deux chambres, mais après
avoir été discutée en comité secret : elle ne sera envo ée à l’autre c ambre par
celle qui l’aura proposée, qu’après un délai de dix jours ».
و ما صنعه أحد الديوانين و استقر، يصنع هذا القانون بأحد الديوانين فى مجلس سرى:" المادة العشرون
."رأيه عليه يبعثه للديوان اآلخر بعد التفكر عشرة أيام
257
Nous aimerions nous arrêter dans cette traduction devant l’usa e de la le ie
( ) القانونen uise d’équivalent de la le ie (demande). Il y a, là, un choi non
réussi. Ajoutons à cela la traduction de (comité) par ()مجلس. En consultant le
dictionnaire Lisān al-ʽArab sous le mot vedette ) (جلس:
ال ِج ْل َس ُة: وفي الصحاح، على ما يطرد عليه هذا النحو، بالكسر، الهيئة التي تَجْ لِسُ عليها:"وال ِج ْل َس ُة
موضع: وال َمجلِس، المصدر، بفتح الالم، ُ وال َمجْ َلس. وهو َح َس ُن ال ِج ْل َسة،الحال التي يكون عليها الجالس
. ال تقول هو َمجْ لِسُ زيد: قال سيبويه، وهو من الظروف غير ال ُم َت َعدِّي إِليها الفع ُل بغير في،ال ُج ُلوس
َ ِ يعني به َمجْ ل: يا َأيها الذين آمنوا إذا قيل لكم َت َفسَّحوا في ال َمجْ لِس؛ قيل:وقوله تعالى
صلى َّهللا،س النبي
.409 " في المجالس:عليه وسلم وقرئ
Le mot existe évidemment bien avant Ṭahṭāwī. Le Lisān, en expliquant cette
lexie, cite un verset du Coran :
َّ يا َأيها الذين آمنوا إذا قيل لكم تَ َف:» وقوله تعالى
َ ِ يعني به َمجْ ل:سحوا في ال َم ْجلِس؛ قيل
،س النبي
مقاعد: كما قال تعالى، يعني بالمجالس مجالس الحرب: وقيل، في المجالس: وقرئ،صلى َّهللا عليه وسلم
ارْ ُز ْن في: هو ال َمجْ لِسُ وال َمجْ ل ِ َس ُة؛ يقال: وقال اللحياني. ورجل ُج َل َسة مثال هُ َمزَ ة َأي كثير الجُلوس.للقتال
. « جماعة ال ُج ُلوس: ُ وال َمجْ لِس.ستِكَ ِ َمجْ ل ِ ِسك و َمجْ ل
409
-
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/bookpage?book=89&session=ABBBVFAGFGFHAAWER&fkey=2&
page=1&option=1, 15.01.2012.
258
joint ()استقر رأيه. Dans ce même sens, le (délai), dont il est question dans l’article,
a pour visée () التفكر.
Nous proposons la traduction suivante:
يجوز ألحد الديوانين صياغة هذا الطلب و لكن بعد مناقشته فى لجنة سرية على:" المادة العشرون
"أال يرسله الديوان صاحب هذا الطلب الى الديوان اآلخر اال بعد مرورمهلة قدرها عشرة أيام
« Article 21.
Si la proposition est adoptée par l’autre c ambre, elle sera mise sous les eux
du roi; si elle est rejetée, elle ne pourra être représentée dans la même
session. »
فاذا طرحه الديوان اآلخر ال يمكن،" اذا رضى الديوان اآلخر بالقانون فانه يسوغ عرضه على الملك
"عرضه له أى لذلك الديوان مدة اجتماعه فى هذه السنة
La traduction de Ṭahṭāwī pour cet article est une traduction libre. Ainsi, ce
qui est une " proposition" est traduit par ()قانون. Ṭahṭāwī recourt à
l’e plicitation: il traduit (dans la même session) par () مدة اجتماعه فى هذه السنة, il
ajoute ( ) لهà l’équivalent du verbe (être représenté) qui devient ()عرضه له. Pour
plus de clarté, il e plique ce qu’il dési ne par () له, à savoir ( أى لذلك
) الديوان, qui n’a pas d’équivalent dans la version en langue source.
Nous proposons la traduction suivante:
اما فى حالة رفضه فال يجوز، يتم عرضه على الملك،" اذا أقر الديوان اآلخر طلب مشروع القرار
."اعادة عرضه خالل نفس الدورة المنعقدة
« Article 22.
Le roi seul sanctionne et promulgue les lois. »
" الملك وحده هو الذى يأذن بالقانون و يظهره للرعية:"المادة الثانية و العشرون
259
En outre, (promulguer une loi)410 se traduit par ( )اصدر قانوناet (sanctionner) par
قانون. وافق على،ّ أقر، ّدق. Le verbe promul uer si nifie d’après le Petit Robert
« action de promulguer; décret par lequel le chef de l'exécutif atteste
officiellement l'existence d'une nouvelle loi votée par le corps législatif et en
ordonne la mise en application»411. Selon la même source, sanctionner signifie
« confirmer, approuver légalement ou officiellement ». La traduction de Ṭahṭāwī
respecte en général la version en langue source.
Nous proposons la traduction suivante :
" يقر الملك وحده القوانين و يصدرها:" الثانية و العشرون
« Article 23.
La liste civile est fixée pour toute la durée du règne, par la première législature
assemblée depuis l’avènement du roi».
ماهية الملك محدودة له مدة توليته على كيفية واحدة ال تزيد و ال تنقص عن:" الثالثة و العشرون
" بمعنى ديوان المشورة األولى،القدر المعين له عند توليه من مجلس ديوان البير
Le Petit Robert présente la définition suivante de l’entrée
« législature » : « Le corps législatif d'un pays. ➙ assemblée, parlement »412.
L’emploi de ce substantif dans ce sens est d’après cette même
référence un emploi rare. Le dictionnaire al-Manhal traduit (législature)
par ( والية مجلس، مدة سلطة تشريعية، )هيئة تشريعيةet la (liste civile) par
( )مخصصات الملك أو رئيس الدولةou ()الذمة المالية. La liste civile413 a été créée pour la
première fois en Angleterre après la Révolution de 1688414, puis elle fut
appliquée en France sous Louis XVI en 1790 dans le but de limiter les dépenses
du roi et de sa famille. Le corps législatif est chargé de déterminer le plafond de
410
- IDRISS, al-Manhal, op.cit.
411
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 21.12.2011.
412
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 22.12.2011.
413
- Pour plus d’informations sur l’historique de la liste civile c.f :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_civile_de_Louis_XVI.
414
- Article en PDF de David Frapet, La liste civile en France entre 17 89 et 1848, Fiche pédagogique virtuelle,
matière : histoire de droit, Faculté de droit virtuel, université Lyon 3, fiche à jour au 21.10.2009, via le site :
http://www.google.fr/search?hl=de&source=hp&q=liste+civile&gbv=2&oq=liste+civile&aq=f&aqi=g1&aql=&
gs_sm=e&gs_upl=5344l8172l0l8766l12l12l0l3l3l0l375l2188l0.2.4.3l9l0. 22.12.2011.
260
la liste. Le choix de ()ماهية415 fait par Ṭahṭāwī reflète une bonne compréhension
du signifié du concept en question. Ṭahṭāwī essaie de rendre le sens de
(législature) par une explicitation. Il choisit pour équivalent ( مجلس ديوان
)البير, puis l’e plique en ajoutant ()بمعنى ديوان المشورة األولى. Cependant, la phrase
de Ṭahṭāwī est dotée d’une certaine ambi uïté. Le destinataire de ( عند توليه من
)مجلس ديوان البيرpeut comprendre que le roi est nommé par la chambre des pairs
et que c’est elle seule qui représente le parlement, alors qu’il est formé des deu
chambres ensemble. L’article 5 stipule que les deu chambres se parta ent
avec le roi la puissance législative.
Nous proposons la traduction suivante :
"مخصصات الملك مدة توليه العرش يتم تحديدها بمعرفة السلطة التشريعية خالل اول اجتماع لها
"عقب جلوس الملك على العرش
Nous présenterons dans ce qui suit la traduction de Ṭahṭāwī des articles
concernant la chambre des pairs.
« Article 24.
La chambre des pairs est une portion essentielle de la puissance législative. »
" ديوان البير هو جزء ذاتى لتشريع القوانين التدبيرية:"الرابعة و العشرون
. La traduction de (essentielle) par ( )ذاتىprouve que Ṭahṭāwī a eu de la
difficulté à trouver le terme correspondant dans la lan ue d’arrivée, puisque
(essentielle) se traduit par ( )أساسىet non pas par ()ذاتى. Notons aussi la traduction
de la puissance législative par ()تشريع القوانين التدبيرية. Cependant, les définitions
données par le Petit Robert montrent que, dans une approche philosophique et
littéraire le mot vedette « essentielle » signifie « qui est ce qu'il est par son
essence, et non par accident (opposé à accidentel, relatif). ➙ absolu.»
◆ Qui appartient à l'essence. Les caractères, les attributs essentiels de qqch.
➙ caractéristique, constitutif, intrinsèque. La raison est essentielle à l'homme
»416. Cette entrée dans son emploi courant signifie « qui est absolument
415
- C.f. Notre analyse de la lexie ماهيةdans le deuxième chapitre, pp. 117-118, interférence linguistique au
niveau administratif, pp.94-96.
416
- Le Petit Robert, version électronique, op.cit.
261
nécessaire (opposé à inutile). ➙ indispensable, nécessaire»417. Ṭahṭāwī s’est
donc basé sur l’emploi philosophique et littéraire de ce mot-vedette.
Nous proposons la traduction qui suit:
." ديوان البير هو جزء اساسى من السلطة التشريعية:"الرابعة و العشرون
« Article 25.
Elle est convoquée par le roi en même temps que la chambre des députés des
départements. La session de l’une commence et finit en même temps que celle de
l’autre ».
يجتمع هذا الديوان و يفتح مدة اشهر بأمر الملك فى زمن واحد مع انفتاح ديوان:"الخامسة و العشرون
"رسل العماالت فيفتحان معا فى يوم واحد و يغلقان كذلك
La traduction de la lexie (session) représente une difficulté pour Ṭahṭāwī.
Cette le ie a été citée dans l’article 2 , où elle a été traduite par
() مدة اجتماعه فى هذه السنة. Dans l’article 25, Ṭahṭāwī recourt pour la deuxième fois
à l’e plicitation de cette le ie. Selon le Petit Robert, une session est une
« période pendant laquelle une assemblée délibérante, un tribunal tient séance.
Sessions ordinaires (fixées par la loi). Session extraordinaire du parlement.
Ouverture, clôture d'une session »418. Selon cette même référence, convoquer
c’est « Appeler à se réunir, de manière impérative. ➙ assembler; convocation.
Convoquer une assemblée pour telle date. (…)
2. Faire venir de manière impérative (une seule personne) auprès de soi ».
L’idée de « réunion » se trouve dans le verbe (convoquer), alors que (session) se
traduit par ( )دورة برلمانيةou ()دور انعقاد. Une session au parlement dure un certain
nombre de mois. Ṭahṭāwī a présenté une traduction du sens global basée sur
l’e plicitation.
Nous proposons la traduction suivante:
. يستدعى الملك فى نفس الوقت ديوان البير و ديوان رسل العماالت لالجتماع:"الخامسة و العشرون
. "يبدأ دور انعقاد كل منهما و ينتهى فى نفس الوقت
417
- Ibid.
418
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp.
262
« Article 26.
Toute assemblée de la chambre des pairs qui serait tenue hors du temps de la
session de la chambre des députés, ou qui ne serait pas ordonnée par le roi, est
illicite et nulle de plein droit ».
او قبل اذن ملك فرانسا كان، لو اجتمع ديوان البير قبل انفتاح ديوان رسل العماالت:"السادس و العشرون
."سائر الترتيب الصادر من هذا المجلس مدة االجتماع ممنوع االمضاء و ملغيا
« Article 27
La nomination des paires de France appartient au roi. Leur nombre est illimité;
il peut en varier les dignités, les nommer à vie ou les rendre héréditaires, selon
sa volonté ».
و، و عدد اهل ديوان البير غير محدود، تسمية الشخص بير فرانسا هو حق الملك: " السابعة و العشرون
." و له ان يجعل ذلك اللقب له مدة حياته و ان يجعله متوارثا لذريته،للملك ان يلقب البير بأى لقب كان
La traduction de Ṭahṭāwī pour cet article est réussie. Elle est proche
de l’ori inal et claire. La (nomination) est, d’après le Petit Robert, l’« action de
nommer (qqn) à un emploi, à une fonction, à une dignité. ➙ désignation »419. La
lexie (dignité), selon cette même référence, est une « Fonction, titre ou charge
qui donne à qqn un rang éminent ». Notons l’usa e de ( ) اهلen tant
419
- Ibid.
263
qu’équivalent de (membres) ou اعضاء/ عضوà cette époque où la lexie عضوétait
utilisée pour désigner un « membre , partie du corps »420.
Nous proposons la traduction suivante :
كما انه. تعيين األشخاص بير فرانسا من مهام الملك و عدد البير غير محدود:" السابعة و العشرون
يحق للملك منح الرتب بشكل متفاوت و كذلك منح الشخص لقب بير مدى الحياة او جعله متوارثا ويرجع
"ذلك لتقديرات الملك
« Article 28
Les pairs ont entrée dans la chambre à vingt-cinq ans, et voix délibérative à
trente ans seulement ».
و ال يبدى رأيه فى، يمكن ان يدخل البير فى الديوان و هو ابن خمس و عشرين سنة:"الثامنة و العشرون
."المشورة اال بعد بلوغه فى السن ثالثين سنة
Notons que, dans la phrase en langue source, le sujet (les pairs) est
un substantif pluriel alors qu’il est au sin ulier dans la phrase en lan ue cible.
Ḥiğāzī fait remarquer la traduction de (voix délibérative) par ()يبدى رأيه فى المشورة
par Ṭahṭāwī alors que cela se traduit actuellement par ()حق التصويت. D’après le
Petit Robert, l’adjectif (délibératif) est utilisé pour dési ner la personne « qui a
qualité pour voter, décider dans une délibération (opposé à consultatif).
➙ décisif. Avoir voix délibérative dans une assemblée »421.
Nous proposons la traduction suivante:
يجوز األلتحاق بعضوية البيرعند سن الخامسة و العشرين و يحق للعضو:" الثامنة و العشرون
."التصويت عند سن الثالثين فقط
« Article 29.
La chambre des pairs est présidée par le chancelier de France, et, en son
absence, par un pair nommé par le roi ».
، اى وزير خاتم ملكها، رئيس ديوان البير هو قاضى قضاة فرانسا مهردار ملكها:"التاسعة و العشرون
."فان اعتذر خلفه من اهل الديوان من يعينه الملك لذلك
420
- KAZIMIRSKI, op.cit., t.2, p. 283.
421
- Le Petit Robert, version électronique, op.cit, 22.12.2011.
264
L’empreinte de la période historique se voit dans la traduction de Ṭahṭāwī de
(chancelier de France) par (فرانسا قضاة )قاضى. Selon le Manhal,
« chancelier: ]» رئيس القضاة [قديما. Pour sa part, le Petit Robert présente la
définition suivante : « N. m. Hist. Fonctionnaire royal ayant la garde et la
disposition du sceau de France»422. Ce poste correspond à celui de (muhurdār)
ou مهردارdans l’É ypte ottomane423. La version en langue-cible marque l’option
de Ṭahṭāwī pour la traduction libre. Pour s’assurer de la bonne réception de
l’idée de la part du récepteur, il ajoute ) اى وزير خاتم ملكها،(مهردار ملكها. La
traduction de (en son absence) par ( )فان اعتذرn’est pas précise. L’absence n’est
pas toujours prévue et, par conséquent elle n’est pas toujours précédée d’e cuse.
L’ajout de ( ) لذلكobéit aussi à un souci de précision et ne gêne pas la traduction.
La phrase dans son ensemble et claire. Le traducteur a essayé à plusieurs
endroits d’éviter toute ambi üité. Remarquons la fréquence de l’emploi de ()اهل
en tant que synonyme de (membres) ou اعضاءcomme dans l’article 27. Cela est
considéré comme un indice pouvant aider à localiser le te te à l’époque à
laquelle il appartient.
Nous proposons la traduction suivante :
يرأس ديوان البير قاضى قضاة فرانساو فى حالة تغيبهيعين الملك احد اعضاء:"التاسعة و العشرون
"البير محله
« Article 30
Les membres de la famille royale et les princes du sang sont pairs par le droit
de leur naissance. Ils siègent immédiatement après le président; mais ils n’ont
voix délibérative qu’à vingt-cinq ans».
و يجلس كل منهم، اقارب الملك و ذراريه يكون لهم الدخول فى مرتبة البيرية بمجرد والدتهم:" الثالثون
و ال يكون لهم كلمة و رأى فى المجلس اال بعد بلوغهم فى السن خمسا و عشرين،بعد رئيس ذلك الديوان
"سنة
422
- Ibid.
423
- Cf. L’analyse de cette le ie dans le deu ième chapitre, p.114-105.
265
Le mot ( ) ذراريهdans la traduction de Ṭahṭāwī attire l’attention du lecteur
arabophone du vingt-et-unième siècle, et ce par l’effet de la distance temporelle
entre Ṭahṭāwī et ce lecteur. Albir avait discuté ce problème. Le terme
() ذراريه, bien qu’e istant dans la lan ue arabe, a vieilli et peut causer des
difficultés de compréhension424. En consultant le dictionnaire du Kazimirski, il
s’avère que ذراريهest le pluriel du substantif singulier ذرية. Ṭahṭāwī s’octroie
une grande marge de liberté dans sa version. Cette liberté ne nuit pas au sens ni
à la compréhension du messa e. Toutefois, il faut noter l’omission des termes
(droit et immédiatement) qui n’est pas justifiée. A noter aussi la traduction de
(voix délibérative) par ()كلمة و رأى. Ḥiğāzī, le commentateur de Taḫlīṣ, fait
remarquer l’hésitation de Ṭahṭāwī dans la traduction de ce groupe de mots et
renvoie le lecteur à la traduction qui en a été donnée à l’article vin t-huit. Nous
nous servons dans ce qui suit de la traduction de Ṭahṭāwī en essayant de
l’ajuster:
اقارب الملك و االمراء من ذريته يكون لهم حق الدخول فى مرتبة البيرية بموجب:" الثالثون
و ال يكون لهم حق التصويت فى، و يجلس كل منهم بعد رئيس ذلك الديوان مباشرة،انتمائهم العائلى
."المجلس اال بعد بلوغهم الخمسة و العشرين من عمرهم
« Article 31
Les princes ne peuvent prendre séance à la c ambre que de l’ordre du roi,
exprimé pour chaque session par un message, à peine de nullité de tout ce qui
aurait été fait en leur présence ».
ال يمكن الحد من اهل مجلس البير ان يدخل فى ذلك الديوان عند انفتاحه اال باذن من:"الحادية و الثالثون
." فان فعلوا ذلك كان ما فعل بحضرتهم الغيا،الملك بأن يبعث رسوال
424
- ALBIR, op.cit, p.157.
266
sa langue source fait une distinction entre (session) et (séance). Cette distinction
disparait dans la traduction de Ṭahṭāwī. L’absence du système parlementaire
peut être à l’ori ine de cette omission de la part du traducteur. Cette distinction
était inconnue des Égyptiens aussi bien que du traducteur.
Ḥiğāzī, le commentateur de Taḫlīṣ, a une autre justification de cette omission :
princes "الصعوبة التى واجهت الطهطاوى فى ترجمة هذه المادة تتعلق بأول كلمة فيها
les princes du sang اى »االمراء « و كان قد تجنب فى ترجمة المادة السابقة ترجمة مصطلح
( اى االمراء من االسرة الحاكمة) و يبدو ان تجنب الطهطاوى لكلمة امير ترجع الى ان هذه الكلمة كانت
بل ان الطهطاوى لم. امير الجند، امير البحر:تدل آنذاك على الرئيس بغض النظر عن محتده و ذلك مثل
فى هذه المادة فذكر فى مقابله فى الترجمة العربية مصطلحاprinces يكن دقيقا فى ترجمة مصطلح
فهذه المادة تجعل دخول االمراء الى.« » اهل مجلس البير:آخر ال يعبر عن المقصود على االطالق
.425"المجلس باذن الملك و لكنها ال تحدد دخول اعضاء المجلس اليه
En consultant le dictionnaire le Kazimirski, le premier sens donné de la lexie
اميرest «Émir, chef, prince »426. On y parle aussi de « أمير المؤمنين: prince des
croyants»
Dans le Petit Robert, une délibération est une « action de délibérer avec
d'autres personnes. ➙ conseil, débat, discussion, examen. Mettre une question
en délibération. Décision prise après délibération (➙ résolution).
▫ Au plur. Les délibérations d'une assemblée, d'un jury. D'interminables
délibérations».
.111 تعليق رقم،456 . ص، اصول الفكر العربى الحديث عند الطهطاوى، محمود فهمى حجازى/ د- 425
426
- KAZIMIRSKI, op.cit, p.54, t.1.
267
( )آراءn’est pas le meilleur choi pour traduire (délibération). Il aurait été
préférable de choisir ( مشاورات،)مداوالت. Idriss traduit (délibération) par ( و،مداولة
)تداول• نتيجة التداول. Cependant, il ne faut pas né li er le temps écoulé entre l’arabe
contemporain et l’arabe au XIXème siècle. Dans le Kazimirski, la lexie (مداولة
/)مداوالت, dans le sens de délibération, n’e iste pas. Cela justifie
le choix de Ṭahṭāwī. Cependant, il aurait pu traduire (secrète) par ( )سريةsans
avoir recours à la rallonge () يجب كتمها عن غيرهم, qui est une transposition type
adjectif/ phrase verbale.
« Article 33.
La chambre des pairs connait des crimes de haute trahison et des attentats à la
sûreté de l’État qui seront définis par la loi ».
ديوان الملك هو الذى يستقل بالقضاء على الخيانة فى الدولة ونحوها من كل ما يضر:" الثالثة و الثالثون
."الدولة مما هو مقرر فى القوانين
Ṭahṭāwī avait traduit (la chambre des pairs) précédemment cité par
()ديوان البير. Cependant il la traduit dans cet article par ()ديوان الملك.
Nous nous attendions à ce que (haute trahison) soit traduite par خيانة عظمى, ce qui
n’a pas eu lieu puisque la traduction su érée est () الخيانة فى الدولة. Cependant,
Ḥiğāzī e plique que la notion de ( )امن الدولةn’était pas encore connue427. La
traduction du substantif singulier (loi) par le substantif pluriel ( ) القوانينn’est pas
justifiée surtout que rien n’empêche d’utiliser le sin ulier ()القانون. Le verbe
(connaître) dans cet article a le sens de (avoir compétence de juger).
Nous proposons la traduction suivante :
ديوان البير هو الذى يستقل بالحكم في القضايا الخاصة بجرائم الخيانة العظمى:" الثالثة و الثالثون
."و زعزعة أمن الدولة و هو ما سوف يوضحه القانون
427
- Ḥiğāzī, op.cit, p.456, note 110.
268
« Article 34.
Aucun pair ne peut être arrêté que de l’autorité de la c ambre, et jugé par elle
en matière criminelle ».
ال يمكن ان يقبض احد على واحد من اهل ديوان البير اال بامر ذلك الديوان و ال:"الرابعة و الثالثون
."يمكن ان يحكم عليه غيرهم فى مواد الجنايات
« Article 35.
La chambre des députés sera composée des députés par les collèges électoraux
dont l’organisation sera déterminée par des lois »
الذين- بكسر الخاء- ديوان رسل العماالت مؤلف من جملة رسل ينتخبهم المنتخبون:"الخامسة و الثالثون
." و ترتيبها مصنوع بقوانين مخصوصة،يقال لهم اللكتور بكسر الالم المشددة و سكون الكاف
Ṭahṭāwī met l’accent sur deu nouveau concepts, à savoir () المنتخبون
et () اللكتور, d’où l’importance de l’indication de la vocalisation, pour
le premier, et de la translittération, pour le second. Dans le dictionnaire
al-Manhal, (collège électoral) se traduit par ()هيئة ناخبين. Ṭahṭāwī, soucieux de
269
faire apprendre à ses compatriotes le nouveau lexique de la vie parlementaire,
e plicite (collè es électorau ). Notons tout de même l’aspect inaccompli de
(sera composé) et de (sera déterminé) alors que ( ) مؤلفet ( )مصنوعdonnent
l’impression qu’il s’a it d’une chose déjà faite.
« Article 36.
C aque département aura le même nombre de députés qu’il a eu jusqu’à
présent ».
" كل العماالت تبقى على ما هو عليه قبل هذه الشرطة من عدد ما لها من الرسل:"السادسة و الثالثون
Il existe dans cette traduction une erreur qui conduit le reste de la traduction
vers un faux sens. Ṭahṭāwī se trompe et traduit (cinq ans) par ()سبع سنوات.
270
Cependant, il serait utile d’ajouter le commentaire de Ḥiğāzī. Selon lui, cet
article a été remanié le 7 juin 1824 pour sept ans au lieu de cinq :
فأصبحت المدة سبع سنوات يتم خاللها التجديد الكامل1124 يونية2 " و قد عدلت هذه المادة فى
و لكنه لم يترجم النص على الطريقة، و قد الحظ الطهطاوى هذا التعديل و ادخله فى الترجمة.لألعضاء
.428"التى يتم بها تجديد المجلس
La version de Ṭahṭāwī n’est pas une traduction de l’article, mais plutôt une
information pour mettre le destinataire au courant des changements introduits
dans cet article. Elle est donc liée au événements e tralin uistiques et n’est pas
à analyser comme une traduction de l’article en question.
Nous proposons la traduction suivante :
سيتم انتخاب النواب لخمس سنوات بحيث يتم تجديد خمس المجلس:"المادة السابعة و الثالثون
"سنويا
« Article 38.
Aucun député ne peut être admis dans la c ambre, s’il n’est âgé de quarante
ans, et s’il ne pa e une contribution directe de mille francs ».
ال يصلح االنسان للدخول فى ديوان الرسل اال اذا بلغ اربعين سنة و كان له امالك:" الثامنة و الثالثون
"يدفع عليها الف فرنك فردة
L’unité le icale () فردة, comme plusieurs autres dans Taḫlīṣ , peut servir
d’indice au lecteur afin de situer la phrase et, par conséquent, le te te dans leur
contexte historique.
Ṭahṭāwī ajoute dans sa version ( )و كان له امالكpour justifier ou expliquer la
raison du paiement des contributions. Ḥiğāzī justifie cet ajout par le fait que
Ṭahṭāwī a trouvé une difficulté à traduire (contribution directe). La
traduction en langue cible, bien que partiellement libre, a réussi a transmettre le
sens au complet.
Nous avons essayé de trouver une autre version en langue cible, mais une
traduction libre est incontournable :
428
.451 . ص، المرجع ذاته، محمود فهمى حجازى/ د-
271
" يشترط لقبول عضوية اى فرد فى رسل العماالت ان يبلغ من العمر اربعين عاما و ان تقدر
الضرائب التى يدفعها بألف فرنك"
« Article 39.
Si néanmoins il ne se trouvait pas dans le département cinquante personnes de
l’âge indiqué, payant au moins mille francs de contributions directes, leur
nombre sera complété par les plus imposés au-dessous de milles francs, et ceux-
ci pourront être élus concurremment avec les premiers ».
" البد ان يجمع فى كل عمالة خمسون الف نفس موجود فيهم شرطا السن و الملك المذكوران ،ليختار
الرسل منها فان لم يكمل ممن يدفعون الف فرنك خمسون وجب تكميلها مما لهم امالك يدفعون عليها دون
الف فرنك ،ثم اختيار الرسل من جملة الخمسين".
Nous trouvons dans la version en langue cible une erreur concernant le
) alors que ceخمسون الف نفس( nombre des membres à recruter. Ṭahṭāwī cite
chiffre n’e iste pas dans la version en lan ue source. Nous trouvons aussi que
) est meilleur. Ḥiğāzī e plique queممن( ) n’est pas approprié,مما( l’emploi de
). Il justifie cela comme suit:يوجد( ) est utilisé dans le sens deيجمع(
" يالحظ فى ترجمة هذه المادة استخدام الطهطاوى لكلمة "يجمع" و المقصود "يوجد" se trouvait
و بهذا المعنى تستخدم كلمة " جمع" فى الجيش فهى ال تعنى فقط مجرد جمع االفراد بل تعنى اساسا
وجود الفرد او وجود الجماعة فى مكان ولذا فهى تستخدم للمفرد ايضا .و بهذا االيحاء استخدم الطهطاوى
429
كلمة " جمع" فى مقابل se trouvaitو قد ترجم الطهطاوى كلمة ) personne (sبكلمة "نفس" "
Cet article n’est pas facile à traduire. Il a formé certainement une impasse
pour le traducteur.
Nous avons essayé de le traduire comme ce qui suit:
" اما اذا لم يتوفر للديوان عدد الخمسين عضوا من الفئة العمرية المحددة و ممن يدفعون ضريبة بحد
ادنى الف فرنك فيتم استكمالهم ممن يدفعون ضرائب دون االلف ،يتم اختيار هؤالء باالنتخاب مع
االعضاء االخرين".
429
-د /محمود فهمى حجازى ،المرجع ذاته ،ص ،451 .رقم .112
272
« Article 40.
Les électeurs qui concourent à la nomination des députés, ne peuvent avoir droit
de suffrage s’ils ne pa ent une contribution directe de trois cent francs, et s’ils
ont moins de trente ans ».
و ان يكون قد، شرط اللكتور اى المنتخب للرسل ان يكون له ملك يدفع فردته ثلثمائة فرنك:" االربعون
."بلغ من العمر ثالثة سنة
« Article 41.
Les présidents des collèges électoraux seront nommés par le roi et de droit
membres du collège »
" رؤساء مجلس المنتخبين ينصبهم الملك فيدخلون فى اهل المجلس:" الحادية و االربعون
Ṭahṭāwī donne une traduction presque fidèle à l’ori inal. Toutefois, une
omission est à noter, à savoir, (et de droit). Remarquons aussi le passage du
pluriel (des collèges électoraux) au singulier ()مجلس المنتخبين. La version en
.126. ص،1113 ، الهيئة المصرية العامة للكتاب، القاهرة، تخليص االبريز فى تلخيص باريز، رفاعة رافع الطهطاوى- 430
273
langue cible ne donne pas un faux-sens mais transmet le message avec un
certain manque d’informations.
Nous proposons la traduction suivante :
رؤساء هيئات الناخبين ينصبهم الملك و يصبحون وفقا للقانون اعضاء فى:" الحادية و االربعون
"الهيئة
« Article 42.
La moitié au moins des députés sera choisie parmi les éligibles qui ont leur
domicile politique dans le département ».
" يجب ان يكون نصف رسل العماالت فصاعدا مستوطنا عادة فى تلك العمالة:"الثانية و االربعون
« Article 43.
Le président de la chambre des députés est nommé par le roi, sur une liste de
cinq membres présentée par la chambre ».
رئيس ديوان رسل العماالت ينصبه الملك و يختاره من خمسة رسل يعرضهم ذلك:"الثالثة و االربعون
"الديوان
274
La traduction présentée par Ṭahṭāwī est très proche de la phrase source.
Les " présentatifs" ( ) تلكet ( ) ذلكdans cet article et dans l’article précédent sont
des démonstratifs d’éloi nement utilisés pour éviter la redondance de (chambre
de députés).
Nous avons essayé de trouver une autre version pour traduire cet article:
رئيس ديوان رسل العماالت ينصبه الملك و يختاره بناء على قائمة من خمسة:"الثالثة و االربعون
"اعضاء يقدمها الديوان
Notre version est plus explicative, celle de Ṭahṭāwī est plus concise, plus
ramassée.
« Article 44.
Les séances de la chambre sont publiques; mais la demande de cinq membres
suffit pour qu’elle se forme en comité secret».
مجالس هذا الديوان تكون جهرية اال اذا اراد خمسة من رسل العماالت كتم شىء:" الرابعة و االربعون
"فانه يجوز اخراج الناس االجانب من الديوان
D’après le Petit Robert, une séance est une « réunion des membres d'un
corps constitué siégeant en vue d'accomplir certains travaux; durée de cette
réunion. Les séances du Parlement. ➙ débat, session, vacation»432. De ce qui
précède, nous constatons donc que séance et session ne sont pas synonymes. La
431
- Nous renvoyons le lecteur à l’e plication de la le ie « session » donnée plus haut, pp.272-273 par le Petit
obert, lors de notre anal se de l’article25.
432
- Ibid.
275
session est la période dans son ensemble et qui s’étend sur un certain nombre de
mois, pendant lesquelles plusieurs séances ont lieu.
Nous aimerions attirer l’attention sur l’emploi de ()أَه َل433. Quant au
َ ِج ْل1. Manière de s’assoir. 2. Séance».
Kazimirski: «سة
Le choix de ( )جهريةcomme équivalent de (publiques) reflète la formation
azharite de Ṭahṭāwī. Il s’est référé au concept de " ṣalāt ğa ri a" par
opposition à " ṣalāt ḫāfita", ce qui veut dire la prière à haute voix et la prière à
voix basse. Il aurait pu utiliser ( استعلن، االعالن، عالنية، )معالنةqui figurent tous sous
le mot vedette علنdans le Lisān. Dans le Kazimirski, « عالنيةen public.(syn.
جهارة, opp. à ») سرا.
La traduction de cet article par Ṭahṭāwī est une traduction libre.
Nous proposons la traduction suivante :
جلسات الديوان تكون علنية و لكن يكفى تقدم خمسة اعضاء بطلب لعقدها:" الرابعة و االربعون
"فى صورة لجنة مغلقة
« Article 45.
La chambre se partage en bureaux pour discuter les projets qui lui ont été
présentés de la part du roi ».
فأهل هذه البورو- يعنى مكاتب- الديوان ينقسم الى دواوين صغيرة تسمى البورو:"الخامسة و االربعون
"تمتحن االشياء التى يستحسنها الملك و يبعثها لها
Nous remarquons, dans la traduction de Ṭahṭāwī, une certaine fle ibilité dans
son usage du mot ديوان. Cette lexie rend le sens de bureau et de chambre de
députés se trouvant dans la phrase en LD. La phrase de Ṭahṭāwī suit le schéma
sujet + verbe. Elle suit le développement de la phrase en langue-source :
La chambre se partage en bureaux
الديوان ينقسم الى دواوين
Ṭahṭāwī a suivi dans le développement de sa phrase un procédé e plicatif.
Le diwan en tant qu’institution a été connu en É ypte. Cependant, le mode de
fonctionnement qu’il essaie d’e pliquer est différent.
433
- Ce terme a déjà été e pliqué lors de l’analyse des articles , 27 et 29.
276
A ce propos, il sera utile de présenter le commentaire de Ḥiğāzī
اى المشروعاتLes projets بكلمة "يمتحن" فان مصطلحdiscuter " و اذا كان قد ترجم كلمة
.434"كان غريبا عليه و لذا لم يترجمه ترجمة واضحة بل قال" االشياء
Remarquons aussi la transcription du mot (bureau) qui est une des
procédures de l’arabisation dont nous avons parlée au deu ième chapitre.
Remarquons aussi que ( ) البوروest suivi par son équivalent arabe ()مكاتب. Notons
en plus que le verbe (présenter) se traduit par ( )يقدمet non pas par )(يستحسن.
Quant à () التى يستحسنها الملك, il est sous-entendu que, si le roi présente ces projets,
c’est qu’il les admet. La traduction de Ṭahṭāwī est donc une traduction libre.
Nous proposons la traduction suivante :
." ينقسم الديوان الى مكاتب لدراسة المشروعات التى قدمت اليه من قبل الملك:" الخامسة و االربعون
« Article 46.
Aucun amendement ne peut être fait à une loi, s’il n’a été proposé ou consenti
par le roi, et s’il n’a été renvo é et discuté dans les bureaux ».
ال يقع تصليح شىء فى آداب سياسات فرنسا و ال يمضى اال اذا رضى به الملك و:" السادسة و االربعون
"بحث فيه فى تلك الدواوين الصغيرة
« Article 47.
La c ambre des députés reçoit toutes les propositions d’impôts ; ce n’est
qu’après que ces propositions ont été admises, qu’elles peuvent être portées à la
chambre des pairs ».
و ال تصل الى ديوان، ديوان رسل العماالت يتلقى تقارير طلب الفرد و المكوس:"السابعة و االربعين
"البير اال اذا رضى بها ذلك الديوان
435
- Cf. notre commentaire, plus haut, concernant l’article 45.
278
« Article 48.
Aucun impôt ne peut être établi ni perçu, s’il n’a été consenti par les deux
chambres et sanctionné par le roi ».
." ال يمكن ان ينفذ امر الملك فى الفرد اال اذا رضى به الديوان و اقره الملك:"الثامنة و االربعون
« Article 49.
L’impôt foncier n’est consenti que pour un an. Les impositions indirectes
peuvent l’être pour plusieurs années ».
" و يمكن قطع غيرها الجل معلوم، فردة العقار ال تقطع اال سنة فسنة:" التاسعة و االربعون
Ḥiğāzī e plique dans son commentaire sur la traduction de cet article par
Ṭahṭāwī :
و اذا كان قد وفق فى. فرض ضريبة: ما نعنيه نحن اليوم بعبارة،" يعنى تعبير الطهطاوى بقطع الفردة
بفردة العقار اى الضريبة العقارية فانه واجه صعوبة فى ترجمةL’impôt foncier ترجمة مصطلح
اى فرض ضرائب غير مباشرة و لذا لم يترجم الطهطاوىLes impositions indirectes مصطلح
و عبر عن ذلك بعبارة غامضة " و يمكن قطع غيرها " ويبدو ان فكرة التمييز بين.هذا المصطلح
pour اما عبارة االصل.الضريبة المباشرة و الضريبة الغير مباشرة لم تكن واضحة فى مصر آنذاك
." " فقد ترجمها الطهطاوى "الجل غير معلومplusieurs années
Ṭahṭāwī s’est octroyé une rande mar e de liberté en traduisant cet article.
279
Nous proposons la traduction suivante:
يتم اقرار فردة العقار بشكل سنوى و يتم اقرار الضرائب الغير مباشرة على:"التاسعة و االربعون
" مدى عدة سنوات
« Article 50.
Le roi convoque chaque année les deux chambres; il les proroge, et peut
dissoudre celle des députés des départements; mais dans ce cas, il doit en
convoquer une nouvelle dans le délai de trois mois ».
و لكن متى اراد و له ان يبطل ديوان رسل، على الملك ان يأمر بفتح الديوانين كل سنة:"الخمسون
." و أال يزيد فى تجديد اآلخر عن ثالثة اشهر،العماالت بشرط ان يصنع ديوان رسل جديدا
436
- KAZIMIRSKI, op.cit., t.1, p.705.
280
Dans al-Manhal437, proroger la chambre se traduit par مد دورة انعقاد مجلس
النواب. D’après le Petit Robert438, proroger signifie « Faire durer au-delà de la
date d'expiration fixée. ➙ prolonger. Le délai a été prorogé».
Selon l’article en LD, le roi a droit, selon sa volonté, de proro er les
deu chambres ou pas. C’est probablement pourquoi Ṭahṭāwī a écrit (
)لكن متى ارادsi non ce serait un ajout. Cependant, il s’a it dans ( )و لكن متى ارادdu
moment ou de l’instant de la convocation. La version de Ṭahṭāwī s’appuie sur
ce qu’il a compris et non pas sur ce que la phrase en LD dit.
Nous proposons la traduction suivante:
و له ان يمد دورة انعقادهما و له ان يحل ديوان رسل، يستدعى الملك كل عام الديوانين:" الخمسون
"العماالت و لكن فى هذه الحالة يجب عليه تشكيل ديوان جديد فى ثالثة اشهر
Article 51.
Aucune contrainte par corps ne peut être exercée contre un membre de la
c ambre, durant la session, et dans les six semaines qui l’auront précédée ou
suivie ».
ال يمكن ان يقبض احد على انسان من اهل مجلس رسل العماالت مدة فتح الديوان:"الحادية و الخمسون
."و شهرا و نصفا قبل فتحه و شهرا و نصفا بعده
En comparant les deux versions de cet article, nous constatons que ([exercer
une] contrainte par corps) a été traduite par ()يقبض. Or, la traduction appropriée
est (] )سجن مدين [لدفع دينه439. Remarquons que quelqu’un qui est arrêté n’est pas
nécessairement emprisonné. Le choix de ( )يقبضn’est donc pas précis. Selon la
version numérique du Petit Robert, l’e pression « contrainte » est définie
comme suit : « ▫ Procéd. civ. Contrainte par corps : emprisonnement destiné à
obliger à payer au trésor public les condamnations à l'amende et aux frais de
justice prononcées par les juridictions répressives»440. La version en LA ne
437
- IDRISS, op.cit., p.984.
438
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp.
439
- IDRISS, op.cit., 298.
440
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp.
281
mentionne pas la raison pour laquelle un député pourrait être sujet à une
contrainte par corps. Cela constitue un manque dans la transmission de
l’information.
Quant au terme (session), nous renvoyons le lecteur à notre commentaire
concernant cette lexie, ci-dessus article 25 dans les pages 272 et 273.
Nous proposons la traduction suivante:
ال يجوز توقيع عقوبة السجن لعدم سداد الدين على احد اعضاء ديوان العماالت مدة:"الحادية و الخمسون
."انعقاد المجلس و لمدة ستة اسابيع قبل و مثلها بعد دور االنعقاد
« Article 52.
Aucun membre de la chambre ne peut, pendant la durée de la session, être
poursuivi ni arrêté en matière criminelle, sauf le cas de flagrant délit, qu’après
que la chambre a permis sa poursuite ».
ال يمكن ان يقبض على احد من اعضاء الديوان بسبب مادة من مواد العقوبات ما دام:"الثانية و الخمسون
." او اذن الديوان باخذه،اجتماع الديوان اال اذا بغت و هو متلبس بالخطيئة
Ṭahṭāwī traduit les deux verbes (poursuivre) et (arrêter) par ()يقبض. Selon le
Petit Robert, poursuivre c’est « 5. (1255) Engager contre (qqn) une action
pénale (et accessoirement civile). ➙ accuser (cf. Engager des poursuites*
contre). Poursuivre qqn en justice, devant les tribunaux. Poursuivre qqn au
civil*, civilement; au pénal (…)». La définition donnée pour arrêter est
« 4. (XIIe) Appréhender, retenir prisonnier (…)». La traduction appropriée de
(poursuivre), selon al-Manhal est « )) قاضى (اقام دعوى امام القضاء...( ،» الحق441.
Poursuivre et arrêter ne sont donc pas synonymes. Le substantif (poursuite) est
dérivé du verbe (poursuivre). Ṭahṭāwī traduit (poursuite) par ()باخذه. La
traduction de ce substantif doit être dérivée des verbes qui viennent d’être cités,
autrement dit مقاضاة. (En flagrant délit) se traduit par ()فى حالة تلبس بالجريمة442. Le
choix de ( )خطيئةcomme équivalent de (délit) pourrait porter l’influence de la
441
- IDRISS, op.cit, p.955.
442
-. Ibid
282
formation azharite de Ṭahṭāwī. D’après le dictionnaire as-Sabīl, « faute, crime,
péché : »خطيئة ج خطايا443. Pour Idriss, (délit) se traduit par ( جريرة، جريمة،)جنحة444.
Si ces dictionnaires n’e istaient pas au temps de Ṭahṭāwī, des synonymes
existaient. Le traducteur aurait pu choisir un autre terme, mais il a opté, de par
sa formation azharite, pour le choix du terme ()خطيئة.
Nous proposons la traduction suivante:
ال يجوز توقيف او مالحقة احد اعضاء ديوان العماالت اثناء دورة انعقاده:" الثانية و الخمسون
. "بسبب جريمة او جناية اال باذن الديوان شريطة ان يكون متلبسا بالجريمة
« Article 53.
oute pétition à l’une ou à l’autre des c ambres ne peut être faite et présentée
que par écrit. La loi interdit d’en apporter en personne et à la barre ».
عرض الحال الذى يعرض على احد الديوانين ال يقبل اال اذا كان مكتوبا و آداب:"الثالثة و الخمسون
."السياسة الفرنساوية ال تجوز ان يقدم االنسان تقريرا بنفسه فى المجلس
443
- REIG, op.cit.
444
- IDRISS, op.cit, p.368.
283
Nous aimerions présenter le commentaire de Ḥiğāzī concernant cette
traduction. Selon lui :
" ترجم الطهطاوى هذه المادة ترجمة تؤدى المضمون بدقة ،و يالحظ فيها ترجمة مصطلح pétition
بمصطلح " عرض الحال" و قد استقر استخدام هذا المصطلح العربى وقتا طويال و ما تزال الكلمة
مستخدمة فى مصر بمعنى "طلب" ،بل و تكتب الكلمة احيانا " عرضحال" و تجمع " عرضحاالت" كما
عبر الطهطاوى عن كلمة loiهنا بعبارة " آداب السياسة الفرنسية "و لم يترجم الطهطاوى العبارة
الواردة فى آخر هذه المادة ." à la barre
Nous proposons la traduction suivante:
"الثالثة و الخمسون :يجب ان يكون اى عرض حال مقدما ألى من الديوانين مكتوبا .و يمنع القانون
تقديم عرض حال بصفة شخصية او داخل حرم الديوان".
Les articles 54, 55, 56 ont pour titre « Des ministres ».
« Article 54.
Les ministres peuvent être membres de la chambre des pairs ou de la chambre
des députés. Ils ont en outre leur entrée dans l’une ou l’autre c ambre, et
doivent être entendus quand ils le demandent ».
"المادة الرابعة و الخمسون :يجوز ان يكون الوزير من اهل كل من الديوانين و له زيادة على ذلك حق
الحضور فى احدهما .و متى طلب ان يتكلم فى الديوان وجب ان يصغى الى كالمه".
Le pluriel dans (les ministres) est rendu dans la version en LA par un
) pour énéraliser la situation. Les ministres ont le droit d’êtreالوزير( singulier
membres de l’une des deu chambres et non pas des deu chambres à la fois.
) est donc une traduction erronée. Elleيجوز ان يكون الوزير من اهل كل من الديوانين(
).يجوز ان يكون الوزير من اهل احد الديوانين( pourrait être remplacée par
Ṭahṭāwī n’a donc pas su rendre dans sa traduction le sens lobal de l’article.
Nous ne sommes pas de l’avis de Ḥiğāzī. D’après lui :
" ترجم الطهطاوى هذه المادة ترجمة تؤدى المعنى بدقة و يالحظ فى هذه الترجمة ان مفهوم
) membre(sاى عضو لم يكن قد استقر بعد".445
- 445محمود فهمى حجازى ،المرجع ذاته ،ص ،463 .فقرة رقم .133
284
Nous proposons la traduction suivante:
يحق للوزراء ان يكونوا اعضاء لديوان البير او لديوان رسل العماالت و:"المادة الرابعة و الخمسون
."لهم كذلك حق حضور جلسات اى منهما و يجب االستماع اليهم متى طلبوا ذلك
« Article 55.
La c ambre des députés a le droit d’accuser les ministres, et de les traduire
devant la chambre des pairs, qui seule a celui de les juger ».
يسوغ لديوان رسل العماالت ان يتهم الوزراء فتسمع دعواه فى ديوان البير ليحكم:" الخامسة و الخمسون
."بينهم ذلك الديوان فيفصل خصومتهم
446
- KAZIMIRSKI, op.cit, p.1165.
447
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 23.12.2011.
448
- KAZIMIRSKI, op.cit, t.1, p.517.
285
« Article 56.
Ils ne peuvent être accusés que pour fait de trahison ou de concussion. Des lois
particulières spécifieront cette nature de délits, et en détermineront la
poursuite».
ال يتهم الوزير اال بخيانة فى التدبير بالرشوة او باختالس االموال فيحكم عليه على:"السادسة و الخمسون
." حسب ما هو مسطر فى القوانين المخصوصة
Le mot « trahison » dans l’article dans sa LD n’a pas précisé le type de cette
trahison, puisqu’il y en a plusieurs. La version en LA limite cette trahison au
niveau d’une corruption financière.
Le Petit Robert présente la définition suivante du mot vedette concussion :
« Dr. et didact. Perception illicite par un agent public de sommes qu'il sait ne
pas être dues. ➙ exaction, malversation, péculat»449. Nous remarquons que
Ṭahṭāwī a traduit dans cet article le substantif pluriel (lois) par ( )قوانينet non pas
par ( )آداب السياسات الفرنساويةcomme dans l’article 5 . Ṭahṭāwī a présenté une
traduction libre de la dernière phrase. C’est une traduction du sens lobal.
Nous proposons la traduction suivante:
و ُتعنى قوانين خاصة بتحديد نوع الجرم."ال يجوز توجيه التهم اليهم اال فى حالة الخيانة او االختالس
."و كيفية محاكمتهم
Les onze articles qui suivent ont pour titre « De l’ordre judiciaire ». Ce titre
a été traduit par ()طائفة القضاة. La version électronique du Petit Robert présente la
définition suivante du mot vedette " ordre ":
« B. Personnes. (fin XIIe) Association*, groupe de personnes soumises à
certaines règles professionnelles, morales. ➙ corporation, corps. L'ordre des
médecins, des architectes, des avocats»450.
La version « »النظام القضائىnous semble donc appropriée.
449
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 23.12.2011.
450
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 17.01.2012.
286
« Article 57
oute justice émane du roi. Elle s’administre en son nom par des juges qu’il
nomme et qu’il institue ».
الحكم حق الملك يعتبر كأنه صادر منه فيحكم القضاة المنصبون من الملك:" المادة السابعة و الخمسون
."الذين لهم ماهية من بيت المال و يبتون الحكم باسم الملك
« Article 58
Les juges nommés par le roi sont inamovibles ».
" اذا ولى الملك قاضيا وجب ابقؤه و ال يجوز عزله:"الثامنة و الخمسون
La traduction de cet article est une traduction libre qui se caractérise par
l’e plicitation. Le traducteur rend l’adjectif (inamovibles) par deux phrases
verbales: ( )وجب ابقاؤهet ()و ال يجوز عزله. Celle de ( )ال يجوز عزلهest plus appropriée.
Selon Ḥiğāzī :
و الجديد هنا." اعجب الطهطاوى بهذه المادة التى تحرم عزل القضاة فترجمها ترجمة مفصلة
.451"مصطلح وجب ابقاؤه و ال يجوز عزله
451
.464 . ص، المرجع ذاته، محمود فهمى حجازى/ د-
287
Nous proposons la traduction suivante:
" القضاة المعينون من قبل الملك غير قابلين للعزل:" الثامنة و الخمسون
« Article 59
Les cours et tribunaux ordinaires actuellement existants sont maintenus. Il n’
sera rien c angé qu’en vertu d’une loi ».
." القضاة المنصبون وقت هذه الشرطة ال يمكن عزلهم و لو تجدد قانون آخر:" التاسعة و الخمسون
452
- Ibid., p.464.
288
« Article 61.
La justice de paix est également conservée. Les juges de paix, quoique nommés
par le roi, ne sont point inamovibles »
اقامة قضاة المصالحة تبقى ايضا و لكن قاضى المصالحة يجوز عزله و ان كان:"الحادية و الستون
"منصبه يأتى له من الملك
Ṭahṭāwī traduit (nul) par ()ال شىء. Dans le contexte de la phrase française,
« Nul » ne veut pas ici renvoyer à une chose, mais à une personne.
D’après le Petit Robert, « II. Pronom indéfini singulier (employé comme sujet)
(fin Xe) Littér. ou admin. Pas une personne. ➙ aucun, 2. Personne »454
Ṭahṭāwī remplace l’adjectif possessif pluriel (ses) par le démonstratif pluriel
( )هؤالءqui en fait n’a pas d’antécédent.
Nous proposons la traduction suivante:
453
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp. Le 16/12/ 2011.
454
- Ibid., 11.02.2012.
289
."" لن يتم استبعاد اى أحد عن قضاته الطبيعيين
« Article 63.
Il ne pourra en conséquence être crée de commissions et tribunaux
extraordinaires. Ne sont pas comprises sous cette dénomination les juridictions
prévôtales, si leur rétablissement est jugé nécessaire ».
ال يسوغ بسبب ما تقدم تجديد محاكم او مجالس زائدة اال بجمع قضاة النقباء الذين:"الثالثة و الستون
."لهم بريوتال اذا احتاج االمرالى ذلك
Le verbe créer (être crée) a été transposé en un substantif ( ) تجديدqui dérive
du verbe ()ج ّدد. D’après le Kazimirski, ) (تجديدse traduit par (renouvellement,
rénovation). D’après le Petit Robert: « 1. Didact. Didact. Établir de nouveau
(ce qui a été oublié, changé, altéré). ➙ reconstituer, restituer. (…). 3. Cour.
Faire exister de nouveau. Rétablir les communications. Rétablir un contact, un
circuit. Cela rétablira l'équilibre. Rétablir l'ordre. ➙ ramener»455.
Les tribunau e traordinaires e istaient bien avant. Prenons à titre d’e emple
« le tribunal du 17 août 1792 »456. A la lueur de ce qui précède, le mot ()تجديد
utilisé par Ṭahṭāwī est donc à mettre en relation avec « rétablissement », qui,
dans le texte français, donne implicitement le sens de ()تجديد. Notons aussi la
traduction de (commissions et tribunaux) par ()محاكم او مجالس. Il est préférable de
dire ()مجالس او محاكم. Ṭahṭāwī a eu, semble t-il, une difficulté à traduire
" extraordinaire". Nous aimerions aussi attirer l’attention du lecteur sur la
transcription par Ṭahṭāwī de l’adjectif (prévôtales) par ( ) بريوتالoù le (v) est
représenté par un ()و457. Quant à juridictions prévôtales, voyons d’abord les
définitions données par le Petit Robert des deux lexies (juridiction) et (prévôtal).
Juridiction: « 1. Pouvoir de juger, de rendre la justice; étendue et limite de ce
pouvoir. ➙ circonscription, compétence, judicature, 2. ressort, siège.
455
- Ibid., 11.02.2012.
456
- pour plus d’informations cf :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tribunal_r%C3%A9volutionnaire, voir aussi,
http://books.google.de/books?id=hGUVAAAAQAAJ&pg=PA57&lpg=PA57&dq=les+tribunaux+extraordinaire
s+en+France&source=bl&ots=35h1spWjhZ&sig=zDIbvMSe8owKphoM_V46eI21grk&hl=de&sa=X&ei=zkc2T
439C82LswazjY2sDA&sqi=2&ved=0CE0Q6AEwBQ#v=onepage&q=les%20tribunaux%20extraordinaires%20
en%20France&f=false, 11.02.2012.
457
- Cf. Deuxième chapitre pp. 142-145.
290
2. (1538) Tribunal, ensemble de tribunaux de même catégorie, de même degré.
➙ chambre, conseil, cour, judicature, tribunal».
Prévôtal: « Didact. (Hist.) Relatif au prévôt, de sa compétence. Sentence
prévôtale. Cas prévôtaux. Cours prévôtales, de 1813 à 1830 ».
Prévôt : « 1. Hist. Nom donné à divers officiers et magistrats, d'ordre civil ou
judiciaire, royaux ou seigneuriaux ». Remarquons la date indiquée dans la
définition de l’adjectif « prévôtal ». Cette date se situe dans l’intervalle de
à 0, c’est-à-dire que ces juridictions ont cessé d’e ister un an avant la charte
que nous étudions.
« Article 65.
L’institution des jurés est conservée. Les c angements qu’une plus longue
expérience ferait juger nécessaires, ne peuvent être effectués que par une loi ».
اقامة الجماعة المحكمين المسماة جورية الجنايات ال تبطل ابدا اذا لزم تغيير بعض:" الخامسة و الستون
."الشىء فى مواد القضاة ال يمكن اال اذا كان بقانون الديوانين
Ṭahṭāwī établit un lien entre cet article et celui qui le précède. Cela se
voit dans l’ajout de ( ) الجناياتqui n’e iste pas dans l’ori inal. Il faut noter à ce
propos aussi l’arabisation du terme (jurés) par ( )جوريةdans ( ) جورية الجناياتainsi
que l’ajout de () الديوانين, et l’omission d’ (une plus lon ue e périence). La
version en LA est dans son ensemble une traduction libre.
Nous proposons dans ce qui suit notre traduction de cet article :
وال يجوز اجراء تغييرات قد يظن انها ضرورية. يتم االبقاء على هيئة المحلفين:" الخامسة و الستون
."بعد مدة خبرة اكبر اال بموجب قانون
« Article 66.
La peine de la confiscation des biens est abolie, et ne pourra pas être rétablie ».
و ال يمكن، قانون معاقبة االنسان باالستيالء على ما تملكه يده قد ابطل بالكلية:" السادسة و الستون
."تجديده ابدا
292
dire ()عقوبة. Le substantif (peine) dans la version en LD de cet article a le sens de
punition ou sanction. Le Petit Robert en présente la définition suivante :
« I. Punition. 2. Dr.pén.. Sanction éditée par le législateur et appliquée par les
juridictions répressives, criminelles, correctionnelles et de police, à la fois dans
un but d’exemplarité et de réadaptation du délinquant à la vie sociale ».
Quant au substantif (les biens), il a été transposé en une subordonnée relative
( ) ما تملكه يدهau lieu d’utiliser un autre substantif comme ()الممتلكات. En utilisant ( ما
)تملكه يده, Ṭahṭāwī semble être influencé par l’e pression ()و ما ملكت يمينه. Le
verbe (est abolie) est rendu par ( ( قد ابطل بالكلية.
Nous proposons la version suivante :
." تم الغاء عقوبة مصادرة الممتلكات و ال يجوز اعادة اقرارها:" السادسة و الستون
« Article 67.
Le roi a le droit de faire grâce, et celui de commuer les peines ».
." للملك ان يعفو عن االنسان و ان يخفف مواد العقوبات:" السابعة و الستون
Dans la version en LD nous avons (Le roi a le droit de faire grâce) sans
présenter le complément d’objet indirect (à qui) e plicité dans la version en LA
par ()عن االنسان. Le substantif (peine), tel que défini dans l’article précédent, vise
la sanction ou la punition infligée et non pas la loi elle-même. Or, مواد العقوبات
renvoie à la loi.
Nous proposons la traduction suivante :
." للملك حق العفو و حق تخفيف العقوبات:" السابعة و الستون
« Article 68.
Le code civil et les lois actuellement existantes qui ne sont pas contraires
à la présente c arte, restent en vigueur jusqu’à ce qu’il soit légalement
dérogé ».
كتب قوانين السياسات التى عليها العمل غير المناقضة لما فى هذه الشرطة الينسخ:" الثامنة و الستون
."حكم ما فيها اال اذا تغير بقانون آخر
293
(Le code civil) est supposé déterminer les lois qui règlent les
rapports entre les individus dans une société. Cela veut dire que chacun, dans
cette société, a des droits et des devoirs. Or, le Pacha d’É ypte avait un pouvoir
absolu. ( ) كتب قوانين السياساتest donc, pour Ṭahṭāwī, une échappatoire pour rendre
( le code civil et les lois). ( ) التى عليها العملtraduit (actuellement existants).
(Jusqu’à ce qu’il y soit légalement dérogé) semble constituer un problème lors
de la traduction. Ṭahṭāwī aurait dû traduire par ((حتى يتم نقضه بشكل قانونى. Le
verbe ( ) الينسخest utilisé comme équivalent de (restent en vigueur). Selon le
Lisān, « إِبطال الشيء وإِقامة آخر مقامه؛:» ال َّنسْخ. Nous proposons la traduction
suivante:
يستمر العمل بالقانون المدنى وبالقوانين الموجودة حاليا التى ال تتعارض و هذه:" الثامنة و الستون
" الشرطة حتى يتم نقضه بشكل قانونى
Ḥiğāzī ajoute dans son annexe le commentaire suivant :
Le code civil " يالحظ فى ترجمة هذه المادة ان الطهطاوى لم يذكر مقابال بالعربية لما يطلق عليه
: و ذلك بعنوان،و لكنه ترجم هذه المدونة فى عصر اسماعيل ترجمة كاملة بمشاركة رئيس قلم الترجمة
بعبارة " كتبles lois و ترجم الطهطاوى كلمة،)ه1215 تعريب القانون الفرنساوى المدنى ط القاهرة
458
")46 قوانين السياسات" (و هو ما فعله من قبل فى ترجمة المادة
Viennent ensuite huit articles qui ont pour titre «Droits particuliers garantis
par l’État ». Ce titre a été traduit par ()حقوق الناس التى يضمنها الديوان. La traduction
du mot (État) par ( )الديوانn’est pas une traduction appropriée. Dans le
Kazimirski, « » ديوانsignifie « pouvoir, empire, monarchie universelle »459.
دولةrenvoie à l’Empire ottoman, autrement dit, au ouvernement turc.
Ḥiğāzī soutient cet avis et explique :
"" و كأنه يعنى بالديوان مركز السلطة و الحكم أو الحكومة و هذا يختلف مع استخدامه لكلمة "ديوان
460
"فى وصفه للمجلسين " ديوان البير" و " ديوان رسل العماالت
458
.466 . ص، المرجع ذاته، محمود فهمى حجازى/ د-
459
- KAZIMIRSKI, op.cit, p.752.
.466 . ص، المرجع ذاته، محمود فهمى حجازى/ د-460
294
« Article 69.
Les militaires en activité de service, les officiers et les soldats en retraite, les
veuves, les officiers et soldats pensionnés conserveront leurs grades, honneurs
et pensions ».
و، كل اهل العسكرية سوى اصحاب خدمة دائمة او متروكين لوقت الحاجة:" المادة التاسعة و الستون
كل النساء المتوفى عنهن ازواجهن و هم فى العسكرية يبقى لهم مدة حياتهم وظيفتهم و درجتهم و
"خرجهم
Le Petit Robert présente la définition suivante du mot vedette « officier »:
« 2. (XVIe) Cour. Militaire ou marin titulaire d'un grade égal ou supérieur à
celui de sous-lieutenant ou d'enseigne de seconde classe, et susceptible
d'exercer un commandement ».
Quant au mot vedette soldat : « 2. Spécialt Simple soldat, ou soldat :
homme de troupe*, militaire non gradé des armées de terre (fantassin) et de
l'air (aviateur). ➙ sans-grade ».
La lexie honneur est définie comme étant une « hiérarchie des magistratures
et fonctions publiques. Les honneurs militaires et civils»461.
Pour Ṭahṭāwī, semble t-il, les officiers sont ( ) اصحاب خدمة دائمةet les soldats
sont ()متروكين لوقت الحاجة.
Dans le Lisān, « وا َألرْ َملة التي مات زوجُها، الذي ماتت زوجته:» وا َألرْ َمل462. Cette unité,
à savoir ارامل/ ارملةexiste aussi dans le Kazimirski. Cependant, le fait de dire
d’une veuve en arabe ( )مات عنها زوجهاest pratiqué surtout par les hommes de
religion, parmi lesquels Ṭahṭāwī lui-même.
La traduction de Ṭahṭāwī est en fait lacunaire et manque de précision. Elle
contient aussi beaucoup d’ajouts. Il paraît que cet article a causé beaucoup de
problèmes à Ṭahṭāwī pour trouver les termes appropriés, de l’absence du
le ique, des concepts et des idées contenues dans l’article dans son pays
d’ori ine. Ḥiğāzī présente le commentaire suivant :
461
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 18.01.2012.
462
-
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/bookpage?book=89&session=ABBBVFAGFGFHAAWER&fkey=2&
page=1&option=1, le 17/11/2011.
295
تعبيرles militaires " ترجم الطهطاوى مضمون هذه المادة و استخدم مقابل كلمة
اما الجيش العامل فيطلق عليه،« كل اهل العسكرية » اما كلمة «سوى» فتعنى سواء فى ذلك
و لم يترجم الطهطاوى.» و األحتياط يطلق عليه « متروكين لوقت الحاجة،» « اصحاب خدمة دائمة
بكلمة « وظيفة » فقد كانrades كما انه ترجم كلمةles officiers et soldats pensionnés عبارة
."التمييز بين الرتبة و الوظيفة امرا صعبا فى ظل نظام ال يعرف اال الموظفين العسكريين
A propos du terme » «سوىqui signifie selon Ḥiğāzī « »سواء فى ذلك, nous
aimerions ajouter qu’il y a eu allè ement de la hamza. Cet allègement est une
caractéristique du langage dialectal.
Nous proposons la traduction suivante:
، النساء األرامل، الضباط و الجنود المتقاعدون،"سيحتفظ العسكريون الذين ما زالوا فى الخدمة
."الضباط و الجنود اصحاب المعاشات برتبهم و اوسمتهم و معاشهم
« Article 70.
La dette publique est garantie. oute espèce d’engagement pris par l’État avec
ses créanciers est inviolable ».
ديون الرعية التى فى ذمة الديوان هى مضمونة على حسب اصطالح الدولة مع ارباب:" السبعون
"الديوان
296
463
Ṭahṭāwī, nous avons consulté une autre édition de aḫlīṣ . L’énoncé de cet
article y est formulé comme suit :
ديون الرعية التى فى ذمة الديوان هى مضمونة على حسب اصطالح الدولة مع ارباب:" السبعون
." الديون
Nous avons aussi consulté le Kazimirski en tant que dictionnaire de la
lan ue arabe du XIXème siècle. L’e pression de ( )الدين العامn’y e iste
pas. Le système bancaire n’e istait pas en É ypte au temps de Ṭahṭāwī
et, par conséquent, tout le lexique relatif à ce domaine aussi.
Cela justifie le recours de Ṭahṭāwī à l’e plicitation de (la dette publique) par
« » ديون الرعية التى فى ذمة الديوانet de créanciers par ارباب الديون.
Cette traduction est une autre démonstration du lien étroit entre la langue et
sa société.
Nous proposons la traduction suivante:
464
كافة تعهدات الدولة امام ارباب.التى فى ذمة الديوان هى مضمونة ديون الرعية:" السبعون
."الديون ال يجوز االخالل بها
« Article 71.
La noblesse ancienne reprend ses titres. La nouvelle conserve les siens. Le roi
fait des nobles à volonté ; mais il ne leur accorde que des rangs et des honneurs,
sans aucune exemption des charges et des devoirs de la société ».
و كذلك ألرباب، لم يفضل ألهل الشرف القديم من درجات الشرف اال االسم فقط:" الحادية و السبعون
و لكن ليس له ان،الشرف الجديد ثم لملك فرانسا ان يعطى درجة الشرف الفرنساوى ألى انسان شاء
."يخص من يعطيه ذلك برفع الفرد و نحوها عنه فليس للشرف مزية غير التسمية
.111. ص،1113 ، الهيئة المصرية العامة للكتاب، القاهرة، تخليص االبريز فى تلخيص باريز، رفاعة رافع الطهطاوى-463
464
- Nous avons choisi d’utiliser ( )الرعيةet non pas ( )الشعبpour arder l’ambiance socio-historique de l’œuvre.
297
Classe des nobles. ➙ aristocratie. Origines féodales de la noblesse. Privilèges
de la noblesse sous l'Ancien Régime.
▫ Une partie de cette classe. Ancienne noblesse, antérieure à la Révolution;
nouvelle noblesse, créée depuis la Révolution. Noblesse d'Empire, celle qui tient
ses titres de Napoléon Ier. Appartenir à la haute noblesse, à la plus ancienne, à
la plus illustre. La petite noblesse»465.
La version de Ṭahṭāwī est une traduction libre. Il y présente le sens global de
l’article et fait des omissions. ( )فليس للشرف مزية غير التسميةest une rallonge qui
résume le but visé par cet article. La conjonction ثمpermet d’enchainer sur la
phrase suivante et pour introduire un nouvel argument déterminant les limites
imposées au roi, lorsqu’il accorde le titre de noblesse au autres. Nous aimerions
aussi ajouter que les avanta es obtenus par les annoblis n’étaient pas restreints
au fait d’être dispensés d’impôts466. Il y avait octroi d’une arme personnelle à
titre de récompense « Arme d’Honneur », remise de la Lé ion d’Honneur avec
remise de titre de pension se montant parfois à 7000 francs or e empts d’impôts,
sommes variables selon chaque cohorte de francs d’or pour le traitement annuel,
etc.
Nous présentons dans ce qui suit une traduction qui serait plus proche de la
version en LD :
. ولحديثى العهد بها االحتفاظ بألقابهم، يحق لطبقة النبالء القدامى استرداد ألقابها:"الحادية و السبعون
و للملك ان يمنح لقب نبيل لمن يشاء اال انه ال يعطيهم سوى رتب و ألقاب شرفية دون اى استثناء من
."األعباء و الواجبات تجاه المجتمع
« Article 72.
La légion d’ onneur est maintenue. Le roi déterminera les règlements intérieurs
et la décoration ».
من له عالمة التمييز المسماه درجة الشوالية يعنى الفارس فى فنه فان له ان يحفظها:" الثانية و السبعون
."على الصورة التى يعينها ملك فرانسا لهذه الدرجة
465
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp, 18.11.2011.
466
- Pour plus d’informations cf. site suivant :
http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/Legion_honneur_Empire.asp. 20.12.2011.
298
La lé ion d’honneur se traduit actuellement par جوقة الشرف. Elle est rangée
sous l’ordre national du Mérite et comprend une certaine hiérarchie467. D’après
la définition du Petit Robert, elle comprend à titre d’e emple : Chevalier,
officier, commandeur, grand officier et grand-croix de la Légion d'honneur.
Parmi toutes ces dénominations, Ṭahṭāwī utilise uniquement celle de chevalier
ou الفارسen uise d’équivalent de « lé ion d’honneur ». Cela peut être considéré
comme un manque de précision dans le transfert de l’information. Cependant,
l’absence du concept lui-même dans la taxinomie de la langue arabe et dans la
culture égyptienne de cette époque peut justifier cette attitude de la part de
Ṭahṭāwī. N’aurait-il pas été possible de traduire « lé ion d’honneur » par ?وسام
En consultant le Lisān et le Kazimirski, nous avons trouvé que la lexie وسام
e iste, mais elle couvrait un autre domaine de l’usa e de la lan ue dans la vie
quotidienne.Voici ce qu’en dit le Lisān:
)...( والجمع ُوسوم، َأث ُر ال َك ّي:الو ْس ُم
َ "
: الليث. هو ال ِع ْظل ِ ُم: وقيل،ضبُ به
َ كالهم شجر له ورق ي ُْخ َت، أهل الحجاز يُ َث ِّقلونها وغيرهم يُخَ ِّف ُفها،ال َوسْم ُة
قاله الفراء، بكسر السين، كالم العرب ال َو ِسم ُة:ال َو ْس ُم وال َوسْم ُة شجرة ورقها ِخضاب؛ قال َأبو منصور
وال تقل: قال، وتسكينها لغة،ضب به َ ال ِع ْظل ِ ُم ي ُْخ َت، بكسر السين، ال َو ِسم ُة: الجوهري.وغيره من النحويين
َأنهما كنا: عليهما السالم، وفي حديث الحسن والحسين. ت َوسَّم: وإذا َأمرْ ت منه قلت، بضم الواو،ُوسْمة
َأثر: وال ِمي َس ُم وال َوسام ُة.ضبُ ب َورقه الشع ُر َأسو ُد
َ َ شجر باليمن ي ُْخت: وقيل، هي نبت:ضبان بال َوسْمة؛ قيل
ِ ي َ ْخ
468
."ال ُح ْس ِن
L’emploi actuel de la le ie وسامn’e istait pas à lʼépoque de Ṭahṭāwī.
La traduction de (lé ion d’honneur) par عالمة التمييزest donc la manifestation
d’un savoir faire. L’ajout de ( ) المسماه درجة الشوالية يعنى الفارس فى فنهpar Ṭahṭāwī est
une e plicitation de l’inconnu et émane de son souci de clarté.
Nous proposons la traduction suivante:
يحق للحاصلين على جوقة الشرف ان يحتفظوا بها و على الملك ان يحدد الضوابط:" الثانية و السبعون
."الداخلية و نوع الشارة أو الوسام الذى سيمنح
467
- Pour plus d’informations, nous invitons le lecteur à consulter les sites suivant s:
http://www.legiondhonneur.fr/shared/fr/ordresdecorations/fordredecoration.html. 19.12.2011.
http://www.france-phaleristique.com/medmil.htm. 20.12.2011.
468
-
http://www.alwaraq.net/Core/AlwaraqSrv/bookpage?book=89&session=ABBBVFAGFGFHAAWER&fkey=2&
page=1&option=1. 19.12.2011.
299
« Article 73.
Les colonies seront régies par des lois et des règlements particuliers».
القبائل و النزالت الخارجية من فرانسا لتعمير بالد اخرى و لالستيطان بها تكون:"الثالثة و السبعون
."مدبرة بقوانين و سياسات اخرى
Ṭahṭāwī a traduit (colonies) par ( القبائل و النزالت الخارجية من فرانسا لتعمير بالد
) اخرى و لالستيطان به. La lexie ()مستعمراتet celle de la description des Français en
tant que colonisateurs ( )مستعمرn’e istaient apparemment pas encore dans la
langue arabe. Ces deu le ies n’ont aucune e istence ni dans le Lisān ni dans le
Kazimirski. Nous aimerions à ce propos rappeler une phrase chez Ṭahṭāwī et sa
traduction par Louca469 :
) وزير البحر و الخارجين من بالد الفرنسيس ثم النازلين ببالد يعمرونها فى...( " و اما الوزراء فمنهم
.221.غير بالد الفرنسيس" ص
« Quant aux vizirs, (...) il y a (...) le vizir de la mer et des Français
hors de France,- ce sont ceux qui se sont implantés ailleurs, dans des pays
qu’ils mettent en valeur ».p.134.
Le Petit Robert définit l’entrée colonie comme suit :
« Établissement fondé par une nation appartenant à un groupe/ dominant dans
un pays étranger à ce groupe, moins développé, et / qui est placé sous la
dépendance et la souveraineté du pays occupant/ dans l'intérêt de ce dernier
(➙ aussi mandat, protectorat, tutelle) »470.
Nous présenterons la traduction suivante:
."" يتم ادارة المستعمرات وفقا لقوانين و نظم خاصة
« Article 74.
Le roi et ses successeurs jureront, dans la solennité de leur sacre, d’observer
fidèlement la présente charte constitutionnelle ».
على كل ملك من ملوك فرانسا ان يحلف عند تولية المملكة الفرنساوية اال يحيد عن:" الرابعة و السبعون
."هذه الشرطة
469
- Cette phrase avait été étudiée dans le troisième chapitre plus haut, p.204.
470
- http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp. 19.12.2011.
300
Selon le Petit Robert, le sacre c’est l’« action de sacrer. 1. Cérémonie par
laquelle l'Église sanctionne la souveraineté royale. ➙ couronnement. Sacre des
rois de France».
Ṭahṭāwī a présenté dans sa version le sens lobal de l’article
dans sa langue source. La (solennité de leur sacre) aurait pu se traduire par مراسم
تتويجهم, charte constitutionnelle par الميثاق الدستورى.
Nous proposons la version suivante :
على كل ملك من ملوك فرانسا ان يقسم اثناء مراسم تتويجه اال يحيد عن هذا:" الرابعة و السبعون
"الميثاق الدستورى
Conclusion
D’après cette analyse, nous concluons que Ṭahṭāwī a utilisé différents
procédés pour traduire les articles de la Charte. Parmi ces procédés, nous
pouvons citer :
- L’e plicitation des concepts inconnus
- Parfois translittération de ces concepts
- Omissions dues à divers facteurs, dont l’adaptation au destinataire.
- Recours aux données extralinguistiques.
D’une manière énérale, nous pouvons dire que l’e plicitation est un facteur
commun dans la traduction de Ṭahṭāwī. Il faut prendre en considération qu’il a
traduit des notions inconnues de la société égyptienne de cette époque.
L’e plicitation est, donc, dans ce cas, nécessaire pour la compréhension du
message. Elle a évidemment exigé des ajouts et des rallonges et ce, par soucis de
clarté. Cela dit, la traduction de Ṭahṭāwī est dans sa majorité une traduction libre
Tel était aussi l’avis des jurys lorsqu’il a passé ses e amens finau . Ṭahṭāwī a
cité lui-même cet avis dans son Taḫlīṣ :
" و قد اعترض عليه فى االمتحان بأنه بعض األحيان قد ال يكون فى ترجمته مطابقة تامة بين
المترجم و المترجم عنه و انه ربما كرر و ربما ترجم الجملة بجمل والكلمة بجملة و لكن من غير ان يقع
(p.340)."فى الخلط بل هو دائما محافظ على روح المعنى االصلى
301
Louca a présenté la traductionsuivante :
471
- Louca, L’Or de Paris, op.cit, p.231.
472
- Ibid., note 209, p. 330.
473
- Ibid, note 137, p. 325.
302
terme non approprié n’ont pas eu pour but de minimiser le travail de l’auteur de
aḫlīṣ.
303
Conclusion générale
304
En guise de conclusion, nous constatons que le Taḫlīṣ de Rifāʽa al-Ṭahṭāwī
est une œuvre pluridimensionnelle. Elle est l’éclosion de la littérature arabe
moderne. Cette modernité consiste en l’accouplement d’anciens et de nouveau
principes. L’œuvre est un témoin de son époque. Le lecteur y trouve non
seulement l’état de la lan ue, mais aussi l’état de toute une société, son oût, son
passé et son quotidien. Les quatre chapitres sont menés dans une optique
contrastive.
Ṭahṭāwī, en écrivant son Taḫlīs, avait une certaine visée : apporter à ses
compatriotes le ma imum d’informations ‘‘nouvelles’’ sur la vie en France, sur
les raisons de son développement, sur ses sciences, pour en faire autant en
Egypte. Pour ce faire, il utilise, spontanément, des vocables égyptiens locaux
pour décrire toutes sortes de faits culturels français rencontrés. Ses relations
nous révèlent sa stratégie de voir et de faire voir toutes les nouveautés qui lui
sont étran ères. L’auteur fait preuve non seulement d’une aptitude à assimiler
mais aussi de fle ibilité et d’une capacité à à simplifier pour son destinataire
toutes ces nouveautés.
305
Les te tes insérés, tel qu’il a été démontré, ne sont pas ratuits. L’omission
des passages trop longs, notamment les textes insérés traduits du français vers
l’arabe par Ṭahṭāwī est une amputation d’une partie importante de la pensée de
l’auteur, de son vouloir-dire et du messa e implicite dans l’œuvre. Cette
omission, comme nous l’avons démontré, représente pour le destinataire de la
traduction une perte non seulement sur le plan esthétique mais aussi affectif.
Quant à la traduction du culturel, manifesté en premier lieu dans le lexique, elle
a été présentée en couleurs fades. La chute du nombre des termes d’ori ine non-
arabe à cause de l’emploi des termes français équivalents, sans aucun si ne de
cette présence dense, laisse dans l’ombre la valeur socioculturelle de l’œuvre
aussi bien que le rapport corrélatif entre le pouvoir et la langue. Ce procédé de la
part du traducteur constitue à notre sens une perte cognitive pour le destinataire
de l’Or de Paris. Nous avons noté dans la traduction de Louca un gommage
d’un des aspects culturels de l’œuvre ori inale.
306
Nous tenons à signaler que nos réflexions sur l’Or de Paris en tant qu’une
traduction du Taḫlīṣ est loin d’être une dévaluation ou une sous-estimation de
l’effort déployé par Louca. Nous sommes aussi loin de prétendre avoir abordé
toutes les analyses possibles de notre corpus. Il e iste, indubitablement, d’autres
aspects du corpus qui pourront faire, ultérieurement, l’objet d’analyses plus
approfondies.
307
Annexe historique
308
I- L’alphabet osmanli474, l’alphabet moderne et la prononciation
phonétique475
', a, e, i,
ﺀ — hemze ˀ
u, ü
474
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Turc_osmanli, 27.06.2011.
475
-
http://ar.wikipedia.org/wiki/%D9%84%D8%BA%D8%A9_%D8%AA%D8%B1%D9%83%D9%8A%D8%A9,
27.06.2011
309
Position Position Position Position Turc
Nom Translitération
isolée finale centrale initiale moderne
ر ر — re r r
ز ز — ze z z
ﮊ ﮋ — je j j
sat,
ص ص ص ص ṣ s
sad
dat,
ض ض ض ض ż, ḍ d, z
dad
310
Position Position Position Position Turc
Nom Translitération
isolée finale centrale initiale moderne
nef,
ﯓ ﯔ ﯖ ﯕ sağır ñ n
kef
v, o, ô, ö, u, û, v, o, ö,
و و — vav
ü u, ü
311
D’après le tableau suivant, la voyelle arabe ( )وest différemment présentée
(v, o, ô, ö, u, û, ü). Elle peut être prononcée en tant qu’une fricative labiodentale
comme le montre le tableau qui suit :
ɡ k ɟ c d t b p Plosives
n m Nasal
h ɣ ʒ ʃ z s v f Fricative
dʒ tʃ Affricate
ɾ Tap
j Approximant
l ɫ Lateral
312
II- Le contact des Arabes avec l’Empire persan :
476
- Nous nous sommes servis de sites cybernétiques en français et en arabe.
313
à la famille des langues indo-européennes477. Les langues indo-iraniennes478
appartiennent à cette famille de langues. La langue persane se ramifie en persan
farsi, persan dari, pehlevi, etc.
477
-Cf. site: http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/monde/famindeur.htm, 12.03.20011.
* la carte et le tableau sont de ce même site
478
- Cf. site: http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/monde/langues_indo-iran.htm, 12.03.20011
479
- Un texte écrit en arabe oyen est celui qui porte des traits de la langue arabe classique et de l’arabe
dialectal. Nous revenons plus loin sur cette notion .
480
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Pehlevi, 12.03.20011.
314
cette branche [la branche iranienne] : vieux-persan (avestique et persan
ac éménide) → moyen-persan (pa lavi, part e et persan sassanide) → persan
moderne (dari, etc.)»481.
481
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Persan, 12.03.20011.
482
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Aram%C3%A9en, 12.03.20011.
483
- http://oloumi.jurispolis.com/zia/iran/dates-cles.htm.12.03.2011.
315
Carte de l'empire Achéménide (550-330 avant J.-C.).
، ولجدَها إبراهيم عليه السالم، تعظيم ًاله، وتطوف به،" وقد كانت أسالف الفرس تقصد البيت الحرام
484
" وحفظ ًا ألنسابها،وتمسك ًا بهديه
Les échanges commerciaux ont aussi fourni une très bonne occasion
pour le contact entre les Arabes et les Perses. Des poètes arabes
renommés avaient fréquenté la cour, tels al-A‛šā qui fréquentait la cour
des Sassanides.
484
.103. ص، موقع الوراق، مروج الذهب، المسعودى-
316
Les Sassanides (224- 650 après J.-C) :
317
Conquête Arabo-islamique (642-748 apr. J.-C)
318
L’Empire abasside
Au niveau culturel, bon nombre de poètes et penseurs persans
de grande renommée apparaissait. Les uns écrivaient en arabe et en persan,
tel que Al-Khawārizmī, Ibn Sīnā ou Avicenne, Abū Ḥanīfah ; les autres
tel que Omar Khayyām, écrivaient seulement en lan ue persane.
Il y a aussi485 : l’écrivain arabe Al-Ǧa iẓ, né à Basra (aujourd'hui Bassorah)
vers 776, mort en décembre 868 ou janvier 869. « Al-Jahiz continue ses
études pendant vingt-cinq ans durant lesquels il acquiert une connaissance
profonde de la poésie et philologie arabes, de l'Histoire préislamique
des Arabes et des Perses, et du Coran et des hadith. Il étudia également des
textes traduits du grec de science et de p ilosop ie, notamment les œuvres
d’Aristote. Son éducation avait été facilitée par le fait que le califat abbasside
était en pleine révolution culturelle et intellectuelle, augmentant la diffusion
des livres ».
485
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Jahiz, 12.03.2011.
319
III- Charte constitutionnelle de 1814486
La divine providence, en nous rappelant dans nos États après une longue
absence, nous a imposé de grandes obligations. La paix était le premier besoin
de nos sujets : nous nous en sommes occupés sans relâche ; et cette paix si
nécessaire à la France comme au reste de l'Europe, est signée. Une charte
constitutionnelle était sollicitée par l'état actuel du royaume ; nous l'avons
promise, et nous la publions. Nous avons considéré que, bien que l'autorité tout
entière résidât en France dans la personne du roi, nos prédécesseurs n'avaient
point hésité à en modifier l'exercice, suivant la différence des temps ; que c'est
ainsi que les communes ont dû leur affranchissement à Louis le Gros, la
confirmation et l'extension de leurs droits à saint Louis et à Philippe le Bel ; que
l'ordre judiciaire a été établi et développé par les lois de Louis XI, de Henri Il et
de Charles IX ; enfin, que Louis XIV a réglé presque toutes les parties de
l'administration publique par différentes ordonnances dont rien encore n'avait
surpassé la sagesse.
486
- D’après le site : http://mjp.univ-perp.fr/france/co1814.htm, 15.06.2012
320
Nous avons dû, à l'exemple des rois nos prédécesseurs, apprécier les effets des
progrès toujours croissants des lumières, les rapports nouveaux que ces progrès
ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un demi-
siècle, et les graves altérations qui en sont résultées : nous avons reconnu que le
voeu de nos sujets pour une charte constitutionnelle était l'expression d'un
besoin réel ; mais en cédant à ce vu, nous avons pris toutes les précautions pour
que cette charte fût digne de nous et du peuple auquel nous sommes fiers de
commander. Des hommes sages, pris dans les premiers corps de l'État, se sont
réunis à des commissions de notre conseil, pour travailler à cet important
ouvrage.
En même temps que nous reconnaissions qu'une constitution libre et
monarchique devait remplir l'attente de l'Europe éclairée, nous avons dû nous
souvenir aussi que notre premier devoir envers nos peuples était de conserver,
pour leur propre intérêt, les droits et les prérogatives de notre couronne. Nous
avons espéré qu'instruits par l'expérience, ils seraient convaincus que l'autorité
suprême peut seule donner aux institutions qu'elle établit, la force, la
permanence et la majesté dont elle est elle-même revêtue ; qu'ainsi lorsque la
sagesse des rois s'accorde librement avec le vu des peuples, une charte
constitutionnelle peut être de longue durée ; mais que, quand la violence arrache
des concessions à la faiblesse du gouvernement, la liberté publique n'est pas
moins en danger que le trône même. Nous avons enfin cherché les principes de
la charte constitutionnelle dans le caractère français, et dans les monuments
vénérables des siècles passés. Ainsi, nous avons vu dans le renouvellement de la
pairie une institution vraiment nationale, et qui doit lier tous les souvenirs à
toutes les espérances, en réunissant les temps anciens et les temps modernes.
Nous avons remplacé, par la chambre des députés, ces anciennes assemblées
des champs de mars et de mai, et ces chambres du tiers état, qui ont si souvent
donné tout à la fois des preuves de zèle pour les intérêts du peuple, de fidélité et
de respect pour l'autorité des rois. En cherchant ainsi à renouer la chaîne des
temps, que de funestes écarts avaient interrompue, nous avons effacé de notre
321
souvenir, comme nous voudrions qu'on pût les effacer de l'histoire, tous les
maux qui ont affligé la patrie durant notre absence. Heureux de nous retrouver
au sein de la grande famille, nous n'avons su répondre à l'amour dont nous
recevons tant de témoignages, qu'en prononçant des paroles de paix et de
consolation. Le voeu le plus cher à notre coeur, c'est que tous les Français vivent
en frères, et que jamais aucun souvenir amer ne trouble la sécurité qui doit
suivre l'acte solennel que nous leur accordons aujourd'hui
.
Sûrs de nos intentions, forts de notre conscience, nous nous engageons, devant
l'assemblée qui nous écoute, à être fidèle à cette charte constitutionnelle, nous
réservant d'en juger le maintien, avec une nouvelle solennité, devant les autels
de celui qui pèse dans la même balance les rois et les nations
. À ces causes
, Nous avons volontairement, et par le libre exercice de notre autorité royale,
accordé et accordons, fait concession et octroi à nos sujets, tant pour nous que
pour nos successeurs, et à toujours, de la charte constitutionnelle qui suit :
Droit public des Français
Article premier.
Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient d'ailleurs leurs titres et
leurs rangs.
Article 2.
Ils contribuent indistinctement, dans la proportion de leur fortune, aux charges
de l'État.
Article 3.
Ils sont tous également admissibles aux emplois civils et militaires.
Article 4.
Leur liberté individuelle est également garantie, personne ne pouvant être
poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus par la loi, et dans la forme qu'elle
prescrit.
322
Article 5.
Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son culte la
même protection.
Article 6.
Cependant la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'État.
Article 7.
Les ministres de la religion catholique, apostolique et romaine, et ceux des
autres cultes chrétiens, reçoivent seuls des traitements du trésor royal.
Article 8.
Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se
conformant aux lois qui doivent réprimer les abus de cette liberté.
Article 9.
Toutes les propriétés sont inviolables, sans aucune exception de celles qu'on
appelle nationales, la loi ne mettant aucune différence entre elles.
Article 10.
L'État peut exiger le sacrifice d'une propriété, pour cause d'intérêt public
légalement constaté, mais avec une indemnité préalable.
Article 11.
Toutes recherches des opinions et votes émis jusqu'à la restauration sont
interdites. Le même oubli est commandé aux tribunaux et aux citoyens.
Article 12.
La conscription est abolie. Le mode de recrutement de l'armée de terre et de mer
est déterminé par une loi.
323
Article 14.
Le roi est le chef suprême de l'État, commande les forces de terre et de mer,
déclare la guerre, fait les traités de paix, d'alliance et de commerce, nomme à
tous les emplois d'administration publique, et fait les règlements et ordonnances
nécessaires pour l'exécution des lois et la sûreté de l'État.
Article 15.
La puissance législative s'exerce collectivement par le roi, la chambre des pairs,
et la chambre des députés des départements.
Article 16.
Le roi propose la loi.
Article 17.
La proposition de la loi est portée, au gré du roi, à la chambre des pairs ou à
celle des députés, excepté la loi de l'impôt, qui doit être adressée d'abord à la
chambre des députés.
Article 18.
Toute la loi doit être discutée et votée librement par la majorité de chacune des
deux chambres.
Article 19.
Les chambres ont la faculté de supplier le roi de proposer une loi sur quelque
objet que ce soit, et d'indiquer ce qu'il leur paraît convenable que la loi
contienne.
Article 20.
Cette demande pourra être faite par chacune des deux chambres, mais après
avoir été discutée en comité secret : elle ne sera envoyée à l'autre chambre par
celle qui l'aura proposée, qu'après un délai de dix jours.
Article 21.
Si la proposition est adoptée par l'autre chambre, elle sera mise sous les yeux du
roi ; si elle est rejetée, elle ne pourra être représentée dans la même session.
Article 22.
Le roi seul sanctionne et promulgue les lois.
324
Article 23.
La liste civile est fixée pour toute la durée du règne, par la première législature
assemblée depuis l'avènement du roi.
De la chambre des pairs
Article 24.
La chambre des pairs est une portion essentielle de la puissance législative.
Article 25.
Elle est convoquée par le roi en même temps que la chambre des députés des
départements. La session de l'une commence et finit en même temps que celle de
l'autre.
Article 26.
Toute assemblée de la chambre des pairs qui serait tenue hors du temps de la
session de la chambre des députés, ou qui ne serait pas ordonnée par le roi, est
illicite et nulle de plein droit.
Article 27.
La nomination des pairs de France appartient au roi. Leur nombre est illimité ; il
peut en varier les dignités, les nommer à vie ou les rendre héréditaires, selon sa
volonté.
Article 28.
Les pairs ont entrée dans la chambre à vingt-cinq ans, et voix délibérative à
trente ans seulement.
Article 29.
La chambre des pairs est présidée par le chancelier de France, et, en son
absence, par un pair nommé par le roi.
Article 30.
Les membres de la famille royale et les princes du sang sont pairs par le droit de
leur naissance. Ils siègent immédiatement après le président ; mais ils n'ont voix
délibérative qu'à vingt-cinq ans.
325
Article 31.
Les princes ne peuvent prendre séance à la chambre que de l'ordre du roi,
exprimé pour chaque session par un message, à peine de nullité de tout ce qui
aurait été fait en leur présence.
Article 32.
Toutes les délibérations de la chambre des pairs sont secrètes.
Article 33.
La chambre des pairs connaît des crimes de haute trahison et des attentats à la
sûreté de l'État qui seront définis par la loi.
Article 34.
Aucun pair ne peut être arrêté que de l'autorité de la chambre, et jugé que par
elle en matière criminelle.
De la chambre des députés des départements
Article 35.
La chambre des députés sera composée des députés par les collèges électoraux
dont l'organisation sera déterminée par des lois.
Article 36.
Chaque département aura le même nombre de députés qu'il a eu jusqu'à présent.
Article 37.
Les députés seront élus pour cinq ans, et de manière que la chambre soit
renouvelée chaque année par cinquième.
Article 38.
Aucun député ne peut être admis dans la chambre, s'il n'est âgé de quarante ans,
et s'il ne paye une contribution directe de mille francs. ^
Article 39.
Si néanmoins il ne se trouvait pas dans le département cinquante personnes de
l'âge indiqué, payant au moins mille francs de contributions directes, leur
nombre sera complété par les plus imposés au-dessous de mille francs, et ceux-
ci pourront être élus concurremment avec les premiers.
326
Article 40.
Les électeurs qui concourent à la nomination des députés, ne peuvent avoir droit
de suffrage s'ils ne payent une contribution directe de trois cent francs, et s'ils
ont moins de trente ans.
Article 41.
Les présidents des collèges électoraux seront nommés par le roi et de droit
membres du collège.
Article 42.
La moitié au moins des députés sera choisie parmi les éligibles qui ont leur
domicile politique dans le département.
Article 43.
Le président de la chambre des députés est nommé par le roi, sur une liste de
cinq membres présentée par la chambre.
Article 44.
Les séances de la chambre sont publiques ; mais la demande de cinq membres
suffit pour qu'elle se forme en comité secret.
Article 45.
La chambre se partage en bureaux pour discuter les projets qui lui ont été
présentés de la part du roi.
Article 46.
Aucun amendement ne peut être fait à une loi, s'il n'a été proposé ou consenti
par le roi, et s'il n'a été renvoyé et discuté dans les bureaux.
Article 47.
La chambre des députés reçoit toutes les propositions d'impôts ; ce n'est qu'après
que ces propositions ont été admises, qu'elles peuvent être portées à la chambre
des pairs.
Article 48.
Aucun impôt ne peut être établi ni perçu, s'il n'a été consenti par les deux
chambres et sanctionné par le roi.
327
Article 49.
L'impôt foncier n'est consenti que pour un an. Les impositions indirectes
peuvent l'être pour plusieurs années.
Article 50.
Le roi convoque chaque année les deux chambres ; il les proroge, et peut
dissoudre celle des députés des départements ; mais, dans ce cas, il doit en
convoquer une nouvelle dans le délai de trois mois.
Article 51.
Aucune contrainte par corps ne peut être exercée contre un membre de la
chambre, durant la session, et dans les six semaines qui l'auront précédée ou
suivie.
Article 52.
Aucun membre de la chambre ne peut, pendant la durée de la session, être
poursuivi ni arrêté en matière criminelle, sauf le cas de flagrant délit, qu'après
que la chambre a permis sa poursuite.
Article 53.
Toute pétition à l'une ou à l'autre des chambres ne peut être faite et présentée
que par écrit. La loi interdit d'en apporter en personne et à la barre.
Des ministres
Article 54.
Les ministres peuvent être membres de la chambre des pairs ou de la chambre
des députés. Ils ont en outre leur entrée dans l'une ou l'autre chambre, et doivent
être entendus quand ils le demandent.
Article 55.
La chambre des députés a le droit d'accuser les ministres, et de les traduire
devant la chambre des pairs, qui seule a celui de les juger.
Article 56.
Ils ne peuvent être accusés que pour fait de trahison ou de concussion. Des lois
particulières spécifieront cette nature de délits, et en détermineront la poursuite.
328
De l'ordre judiciaire
Article 57.
Toute justice émane du roi. Elle s'administre en son nom par des juges qu'il
nomme et qu'il institue.
Article 58.
Les juges nommés par le roi sont inamovibles.
Article 59.
Les cours et tribunaux ordinaires actuellement existants sont maintenus. Il n'y
sera rien changé qu'en vertu d'une loi.
Article 60.
L'institution actuelle des juges de commerce est conservée.
Article 61.
La justice de paix est également conservée. Les juges de paix, quoique nommés
par le roi, ne sont point inamovibles.
Article 62.
Nul ne pourra être distrait de ses juges naturels.
Article 63.
Il ne pourra en conséquence être créé de commissions et tribunaux
extraordinaires. Ne sont pas comprises sous cette dénomination les juridictions
prévôtales, si leur rétablissement est jugé nécessaire.
Article 64.
Les débats seront publics en matière criminelle, à moins que cette publicité ne
soit dangereuse pour l'ordre et les moeurs ; et, dans ce cas, le tribunal le déclare
par un jugement.
Article 65.
L'institution des jurés est conservée. Les changements qu'une plus longue
expérience ferait juger nécessaires, ne peuvent être effectués que par une loi.
Article 66.
La peine de la confiscation des biens est abolie, et ne pourra pas être rétablie.
329
Article 67.
Le roi a le droit de faire grâce, et celui de commuer les peines.
Article 68.
Le code civil et les lois actuellement existantes qui ne sont pas contraires à la
présente charte, restent en vigueur jusqu'à ce qu'il y soit légalement dérogé.
Droits particuliers garantis par l'État
Article 69.
Les militaires en activité de service, les officiers et soldats en retraite, les
veuves, les officiers et soldats pensionnés conserveront leurs grades, honneurs et
pensions.
Article 70.
La dette publique est garantie. Toute espèce d'engagement pris par l'État avec
ses créanciers est inviolable.
Article 71.
La noblesse ancienne reprend ses titres. La nouvelle conserve les siens. Le roi
fait des nobles à volonté ; mais il ne leur accorde que des rangs et des honneurs,
sans aucune exemption des charges et des devoirs de la société.
Article 72.
La Légion d'honneur est maintenue. Le roi déterminera les règlements intérieurs
et la décoration.
Article 73.
Les colonies seront régies par des lois et des règlements particuliers.
Article 74.
Le roi et ses successeurs jureront, dans la solennité de leur sacre, d'observer
fidèlement la présente charte constitutionnelle.
Articles transitoires
Article 75.
Les députés des départements de France qui siégeaient au corps législatif lors du
dernier ajournement, continueront de siéger à la chambre des députés jusqu'à
remplacement.
330
Article 76.
Le premier renouvellement d'un cinquième de la chambre des députés aura lieu
au plus tard en l'année 1816, suivant l'ordre établi entre les séries.
Nous ordonnons que la présente charte constitutionnelle, mise sous les yeux
du Sénat et du corps législatif, conformément à notre proclamation du 2 mai,
sera envoyée incontinent à la chambre des pairs et à celle des députés.
Donné à Paris, le 4 juin, l'an de grâce 1814 et de notre règne le dix-neuvième.
Signé Louis.
331
Proclamation du général Menou aux Egyptiens :
332
Proclamation du général Belliard :
333
Glossaire
334
Contexte verbal Il correspond à la capacité de la mémoire immédiate et
donc à l’aspect formel de l’unité de sens. (…) Le
conte te verbal (…) limite les virtualités sémantiques de
la langue.(Sleskovitch et Lederer, 1986, pp.43, 47)
Moyen arabe C’est tout texte dont la vocation est d’être écrit en
classique mais où apparaissent des traits de la langue
parlée ou, du moins, des aspects du classique sous-
normé.( DOSS, éflexion sur les débuts de l’écriture
dialectale en Égypte, op.cit, p.121).
Prosopographie « Une variété canonique de description qui s’attac e à
l’aspect p sique, notamment de personnages (…), mais
que l’on peut très bien repérer aussi dans les
descriptions d’inanimées». (Aquien et Molinié, op.cit.,
p.325).
335
Sajʽ/ Sağʽ « Le sajʽ est un mode d’expression oral et écrit qui
asservit les spécificités (…) de la s ntaxe de la langue
arabe et des ressources de la rhétorique à la production
de texte (…) centrés (…) sur une rec erc e st listique et
est étique remarquable. Le saj‘ s’impose à partir du
Xième siècle comme un mode d’expression majeur, voir
dominant, de la littérature classique. Il caractérise
également un certain nombre d’ouvrages de la
enaissance (…) »487.
487
- Heidi TOELLE et Katia ZAKHARIA, op.cit., p.365.
336
Traduction C’est une traduction qui est centrée sur la langue du
littérale texte, et non sur le sens, et qui traduit donc, mot par
mot ou phrase par phrase la signification, la motivation,
la morphologie et/ ou la syntaxe du texte original.
337
Bibliographie
338
Bibliographie en langue française :
1- ABDEL SALAM (Manal), Essai de stylistique comparée du français et
de l’arabe, [s.l], [s.n], dactylogr., thèse 3ème cycle, Littérature générale et
comparée, Paris, 1998, 2 volumes.
2- AQUIEN (M.) et MOLINIÉ (G.), Dictionnaire de rhétorique et de
poétique, Paris, Librairie générale française, 1999.
3- Mohammad Ahmed El-Bayyadi (N.), Étude critique de la traduction de
« El Zayni Barakat » de Gamal El Ghitany : approche linguistique, thèse 3ème
cycle, Linguistique, le Caire, 2001
4- BENSIMON (P.), « Traduire la culture » in Palimpseste n.11, Presse de
la Sorbonne Nouvelle, Paris, 2007.
5- De Biberstein Kazimirski (A.), Le Kazimirski, dictionnaire arabe-
français, Tome 1, Beyrouth, Albouraq, 1860/ 2004, 2 volumes.
6- BLACHÈRE & GAUDEFROY-DEMOMBYNES, Grammaire de
l’arabe classique, Paris, aisonneuve& Larose, 975
7- CALAS (F.), Introduction à la stylistique, éditions Hachette Supérieur,
Paris, 2007.
8- CHEVALIER (Jean-Claude) et DELPORT (Marie-France),
L’horlo erie de St.Jérôme : Problèmes linguistiques de la traduction, Paris,
Édition l’Harmattan, 995.
9- Delanoue (G.), Moralistes et Politiques Musulmans dans l’Ég pte du
XIX siècle (1798-1882), t.2, livres IV et V, Institut Français d’archéolo ie
orientaliste du Caire, 1982
- « Deu pa es de Rif ‘a al-Tahtâwî sur la langue arabe (1868) », in la
France et l’Ég pte à l’époque des vices-rois (1805-1882), le Caire, IFAO, 2002.
10- DOSS, éflexion sur les débuts de l’écriture dialectale en Ég pte,
http://ema.revues.org/index1928.html
11- DOSS et MILLER, Les langues en Égypte, sur le site :
http://ema.revues.org/index1023.html.
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12- DUPRIEZ, (B.), Gradus, Les Procédés Littéraires (Dictionnaire), Paris,
Union énérale d’Editions, 9 4.
13- ECO (U.), Dire presque la même chose, traduit de l’italien par
BOUZAHER (M), Paris, Grasset, 2003.
14- FONTANIER (P.), Les figures du discours, Paris, éd. Flammarion,
1977.
15- FORTUNATO ISRAEL, Traduction littéraire : « l’appropriation du
texte » in La liberté en traduction (collection Traductologie, n.7), sous la
direction de Danica Seleskovitch, Paris, Didier Erudition, 1991.
16- GARMADI (J), La sociolinguistique, Paris, PUF, 1981.
17- HAGEGE (C.), Discours d’ouverture à l’occasion du bicentenaire de
l’INALCO ( 795-1995), in Langues et Pouvoir de l’Afrique du ord à
l’Extrême-Orient, Edisud, 1998.
18- HALLAQ (B.) et TOELLE (H.), (sous la direction de) Histoire de la
littérature arabe moderne 1800-1945, t.1, Paris, Sindbad, 2007.
19- HURTADO ALBIR (A.), La notion de fidélité en traduction,
collection “traductolo ie” n.5, Paris, Didier Erudition, 1990.
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25- Michèle (A.) et MOLINÉ (G.), Dictionnaire de rhétorique et de
poétique, Paris, La Pochothèque, 1999.
26- MILLER (C), « Les lan ues de l’É ypte antique », in Égypte/ Monde
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période gréco-romaine, 1996 sur le site électronique :
http://ema.revues.org/index1029.html. (07.05.2009)
27- REIG (D.), Larousse as-Sabil, Paris, Librairie Larousse, 1986.
28- SELESKOVITCH (D.) et LEDERER (M.), Interpréter pour traduire,
collection „Traductolo ie“, n.1, Paris Erudition, 1986,
29- TABER et NIDA, La traduction: Théorie et méthode, Alliance biblique
universelle, London, N.Y, Stuttgart, 1971.
30- TOELLE (H.) et ZAKHARIA (K.), A la découverte de la littérature
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31- VINAY ET DARBELENET, Stylistique comparée du français et de
l’anglais, Paris, Didier, 1969.
32- WASSEF (A), L’information et la presse officielle en Ég pte (jusqu’à la
fin de l’occupation française), Institut français d’archéolo ie orientale du Caire,
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344
TAKHLIS AL-IBRIZ DE RIFA’A AL-TAHTAWYET SA TRADUCTION L’OR DE PARIS DE ANOUAR
LOUCA. ÉTUDE CRITIQUE ET APPROCHE LINGUISTIQUE. Thèse de doctorat présentée par Dalia ALY
MOHAMED
Résumé :
La traduction est une activité linguistique qui joue un rôle primordiale dans la vie des différentes
communautés humaines. Considérée comme moyen de communication et de connaissance de l’autre, plusieurs
disciplines lui ont été consacrées. Au XVIIIème siècle, la faculté des langues (al-Alsun) a été instaurée en Égypte
par Rifāʽa al-Tahtāwī, l’auteur de ṣ - ṣ Bā . Cette œuvre a été traduite au XXème siècle par
Anouar Louca sous le titre de ’O de P s. L’Étude présente porte sur une œuvre qui présente une description
minutieuse du séjour de Rifāʻa al-Ṭahṭāwī en France, à savoir le ṣ - ṣ Bā . Cette œuvre
appartient à l’époque de la de la littérature arabe.
L’étude porte sur quatre chapitres :
Le premier chapitre entame analyse esthétique comparée du ṣ et de ’O de P s. Le chapitre
explique les manifestations des deux versants de la dans le ṣ et les stratégies adoptées par Louca
dans son Or de Paris.
Le deuxième chapitre présente une analyse sociolinguistique du ṣ et de ’O de Paris. Cette analyse
met en lumière le lien intrinsèque entre la langue et la société. Une comparaison de l’œuvre dans sa langue
source et sa traduction mettra l’accent sur la stratégie de Louca et sur les différences entre l’original et la
traduction.
Le troisième chapitre porte sur la problématique de la fidélité selon la théorie interprétative. La marge de
liberté et les procédés utilisés par Louca seront discutés.
Le quatrième chapitre est une analyse sémantique sélective d certains passages dans le ṣ et leurs
représentations dans l’Or de Paris. L’analyse va porter sur le titre, le premier paragraphe et la traduction faite par
Rifāʻa al-Tahtāwī de la charte constitutionnelle de 1814. Les quatre chapitres procèdent par une mise en parallèle
de l’œuvre original et de sa traduction.
Nous reconnaissons la difficulté de la tâche assumée par Louca vu la richesse de l’œuvre de Rifāʻa al-
Tahtāwī qui représente un tournant dans l’histoire de la littérature arabe. La spécificité culturelle, esthétique,
historique et linguistique constitue un vrai défi à la traduction.
Abstract
Translation is a linguistic activity which plays an essential role in the life of various human communities.
Considered as a tool of communication and knowledge of the others, several disciplines were dedicated to it. In
the XVIIIth century, the faculty of languages (al-Alsun) was established in Egypt by Rifāʽa al-Tahtāwī, the
author of ṣ - ṣ Bā . This work was translated in the XXth century by Anouar Louca under the
title of “L’O de P s” which means “The Gold of Paris”. The study hereby presented deals with a work that
presents a meticulous description of the journey of Rifāʻa al-Ṭahṭāwī in France. The latter work is ṣ -
ṣ Bā and belongs to the period of of the Arabic literature.
The study consists of four chapters:
The first chapter presents a comparison between the aesthetic analysis from ṣ and its translation,
namely Or de Paris, into the french langage. The chapter explains the demonstrations of both objectives of the
in the ṣ and the strategies adopted by Louca in his Or de Paris.
The second chapter presents a sociolinguistic analysis of ṣ and Or de Paris. This analysis highlights
the intrinsic link between the language and the society. A comparison of the ṣ in its original language and
its translation emphasizes the strategy of Louca and the differences between the original work and its translation.
The Third chapter discusses the problem of the loyalty according to the interpretative theory. The room
for manoeuvre and the processes used by Louca will be discussed.
The fourth chapter is a selective semantic analysis of certain passages in ṣ and their translations in
Or de Paris. The analysis concerns the title, the first paragraph and the translation of the constitutional chart of
1814 made by Rifāʻa al-Ṭahṭāwī. The Four chapters proceed in a parallel pattern between the original work
ṣ and its translation.
We recognize the difficulty of the task carried out by Louca given the wealth of the work of Rifāʻa
al-Ṭahṭāwī which represents a bend in the history of the Arabic literature. The cultural, aesthetic, historical and
linguistic specificity constitute a real challenge in the translation.
keywords :
- substratum- superstrate- transliteration- diglossia- -fidelity