Relation Du Sieur Mouette
Relation Du Sieur Mouette
Relation Du Sieur Mouette
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RELATION
DE. •
LA CAPTIVITE'
DU SR MOUETTE
DANS LES ROYAUMES
DE FEZ ET DE MAROC,
Ou il 4 demeurêpcndant on\e ans.
Où l'on void les Perfccutions qui y font ai>
rivées aux Chrétiens Captifs , fous les
Règnes de Mouley Archy > & de Mouley
Seméin fon Succeflèur régnant aujour-
d*huy , & les travaux ordinaires aulquels
on les occupe.
s
AvecmTraltè du Commerce , de manière & U
que les Negotians s'y doivent comporter z
Enfemble les termes principaux de la Lan*
;
gue qui efi la plus en ufage dans U Pais. %
A PARIS,
Chez Jean C o c h a r t s au cinquième'
Pilier de la grand' Salle du Palais,
# au faint Efprit.
*
'
M. DC LX~X XlTT *
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PREFACE.
Dom Julien ,dont J'Hiftoire efl
fi célèbre. Ces mêmes Arabes
après avoir ete 7. a 800. ans j
les Maîtres de prefque toute
l'Efpagne en furent enfin dc-
:
pofTedez , &
depuis entièrement
chaflez fous Philippe III. Et
comme Royaumes de Fez
les
&: de Maroc , font les plus pro-
ches d'Efpagne Les Maures
:
en retirant y portèrent la
s'y
Langue Efpagnolle , qui y eft
encore auffi commune aujour-
d'huy que l'Arabe.
M
J
étant donc rendu ces deux
Langues familières , & étant
naturellement curieux j'ay pu :
a nj
PREFACE.
frique >
fe relTentent au/fi bieri
que l'Europe de l'inclination
,
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PREFACE,
ne fçauroient être mieux em-
ployées , qu'au rachapt des Ca-
ptifs. Leurs miferes &: les cruau-
tez que ces Barbares continuel-
lement exercent fur eux font
telles , qu'il n'y a rien qu'ils ne
tentent , &: point de périls où
ils ne s'expofent, pour fe reti-
& • • »
a mj
PREFACE. '
vifible de Divine ,
l'afliftance
que celuy de ce pauvre Captif,
qui fut condamné par Mouley
Seméin à fervir de pâture à
,
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PREFACE.
hommes ,
j'en rapporteray en-*
core plusieurs autres qui ne ;
Au refte ,
je me fuis moins
PREFACE/
attache à l'elegance &au ftile,
dans ma narration qu'à la véri-
té des chofes : &à la {impli-
citeque j'employe , dont j'ef-
pere que le Le&eur me fçaura
quelque gré
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EXTRAIT DV PRIVILEGE
~
. du Roy.
LEdonnées
Ray par fcs Lettres patente* 3
à Ver/âilles le cinquième
Mars 1 633. Signées , Dugono,&
fccllécs , a permis à Jean Cochart
Marchand Libraire à Paris, d'impri-
mer , vendre &débiter un Livre inti-
tule Relation de la Captivité du fleur
Mouette , dans les Royaumes de Fez. &
de Maroc y &
ce pendant le temps ÔC
cfpacc de fîx ans. Faifant défences à
toutes perfonnes de quelque qualité
& condition qu'elles foient de con-
trefaire ny faire contrefaire ledit
Li-
vre, à peine de quinze cent livres d'a-
mende, confifeation des Exemplaires
& de tous dépens dommages Se in-
terefts : comme il eft plus au long
contenu efdites Lettres.
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ân Parlement ân %. Avril 165^
refl..
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RELATION
DE LA CAPTIVITE'
DU SR MOUETTE
DANS
•
LES ROYAUMES •
DE fEZ ET DE MAROC.
-WS 1 —
CHAPITRE PREMIER- »
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i RELATION^
ôc pour fatisfaire entièrement! la ciw
riofité du Ledtcur en reprenant les
,
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DU Sr MO UETTE. 5.
—— .
l_
f —
fe qu'il avoit malheureusement tué
fon frercaîné ,
que le pere aimoit uni-
quement.
Sur le foir an vent d'Eft convia nô-
tre Pilote de mettre à la voile : mais
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BUSk MOÛETT E.
j
nous vogâmcs danS leur Compagnie
l'efpace de deux jours , peinant les-
quels nous eûmes l'agréable divertit
fement des fanfares de leurs Trorppoto
tes,, &
des Canonnades qu'ils riroient
réciproquement. Nous nous en fepa^
rames à la vcuëde l'Ile de VViti , &
nous cinglâmes vers notre route jirf»'
qu'au huitième jour , avec un vent far
vorable : mais
neufviéme le vent fc
le
mirau Sud-Oueft,& devint tout à fait
contraire y il rendir la Mer tellement
furieufe , que nous fûmes contraint»
jufqu'aa douzième d'abandonner notre
Vailfeau à la mercy du vét &
de l'orage*
Une nuit comme nous étions tous
fous le Tillac >
excepté le Capitaine <&
te Piiotte , qui étotent dans la Dunette*
Un coup de Mer impétueux pafla fur le
bord duVaiflèau, luy fitfaire un dcuiy
plongeon r &c il nous auroit infaillible*
ment coulé a fond > fi la bonté Divine
n'eut incoatiuent envoyé une vague
qui releva la Proiie du Navire > £ans
quoy nous étions infailliblement per-
dus. Enfin le treizième O&obre au
matin la tempête cpfla , &
un Arc-en
Ciel qui parut , nous ramena le beau*
temps. Le quinzième fur le foir $ noua
A ujl
* . RELATION
rencontrâmes trois gros Vaifleaux Hok
landois y qui revenaient des côtes de
Barbarie , où ils avoient, brûlé quel-
qucs,Corfaires de Salé , à ce qu'ils nous
dirent : Ils aous demandèrent fi nous
n avions point rencontré un Elibot qui
en était , &
qui leur étoit échappé , du-
quel ils nous avertirent de nous donner
de garde , parce qu'il n'étoit pas éloi?
gné. En fuite dequoy nous étant entre-
fàluez, chacun continua (à route,
Le lendemain matin , qui étoit le
feiziéme , comme nous taifions nos
Prières , un garçon qui étoit au haut
du grand Maft; > cria qu'il voyoit
deux Navires à la proue de nôtre Vai£
feau , qui n'étoient. qu'à, deux lieues
de nous. Comme nous allions Les uns
fur les autres , en peu de temps nous
bous rencontrâmes à la portée du car
non. llsportoient des Pavillons Turcs*
& nous mîmes Le nôtre. Lis. nous de-
Oianderem qui nous étions, où nout &
allions.. Leurs ayans répondu que nous
venions de Dieppe , & que nous al-
lions à l'Amérique : Ils nous dirent
qu'ils étoient d'Alger , qu'ils avoient
paix avec nous, &
que nous ne devions.
*ien craindre : Que nôtre Cap itaiae air
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DIT Su MOUETTE. 7
lât feulemept à- leur bord leur montrer
fes Pafièports , & qu'ils n'en defiroient
pas davantage. Ceft ainfi que ceux de
Salé prenoient nos Vaifleaux , & c cft
delà même manière que ceux d'Alger
enufent aujourd'huy , que nous avons
la paix avec le Roy de Maroc : Ce qui
Iclv donne une grande facilité de s'en
rendre les niaîtres; &
à quoy on pour-
rait facilement remédier fi Ton fedon-
noit la peine d'y penfer.
Le Capitaine trop crédule , ou trop
lâche y na voulut point fuivre l'avis du
Pilotte, ny des Matelots , qui luy re-
montrèrent que l'un de ces Vaiflèaux
étoit le Fiibot , dont les Hollandois les
av-eient le foir précèdent avertis de Ce
donner de gflrdc;&r qu'il valoir mieux fc
défendre que de les croire. Il fit mettre
la Chaloupe en mer,& prenant avec foy
fix des meilleurs Matelots : Il nous
(jpitta , en difant que û les VailTeaux
etoient ennemis, il jetteroit fon cha-
peau dans la Mer , pour fignaldcnous
défendre : mais au contraire ce malheu-
reux nous vendit j car ( avant pris de
grandes aflurances pour fon Vaifleau,
en forte qu'il fe faifoit riche par (a per-
te) au lieu d'accomplir fa promette,, il
A....
S RE t A TI ON
écrivit un billet au Pilotte , par lequeË
il luy mandoit de ne rien craindre que ,\
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DQ Sr MOUETTE. 9
rent un jeune Huguenot âgé de treize h
quatorze ans > d'un coup de fufil qu'ils
luy tirèrent dans le ventre; &
le Cheva-
lier de Malthe , fils de la Dame de la
la chaflfc L coups
de canon pour târ-
cher de nous faire rendre. Nos Corfaif
res malgré. fes coups gagnèrent la Bar-
re , où ils s'efforcèrent d'entrer : Mais
comme la Mer a voit beaucoup haifle,&
qu'il n'y avoit pas afTez d'eau , . ils fc rc-r
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DU Sr MOUETTE. iî
tous pcrir. Le Vaiflèau de Courtebey fe
ûu va à la faveur de la nuit,dans le petit
Port de Fidella, à douze lieues de Salé.
Lors qu'on nous débarqua à terre y une
jeune &tres-belle fille de Normandie,
que la Dame de Montagne menoic
la
avec elle , tomba dans la Mer avec &
fervante. Les Matelots Chrétiens fu*
rent promptement à leur fecours ; mai*
ils ne purent fauver que la fer vante , à
caufe que l'autre avoitpaffé par deflbus
la du VaifTeau & s'étoit noyée*-
quille ,
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DU S* MOUETTE \&
tours font fort anciens , & l'on tient
par tradition dans lePaïs, qu'ils furent^
bâtis par une partie des premiers Chré-
tiens, que les Lieutenantsde Jacob Al—
manzor .( Roy de l'Arabie Hcureufe ):
qui conquirent i'Efpagnè , firent paf-
fer en Afhiquc : L'autf e partie ayant été
4
... * . ».
•»
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DUTSr MOUETTE. Tf
fe la Campagne leur étant ennemie,,
commencèrent à. avoir dizette de tou-
tes Pluûeurs Marchands Chré-
chofes i
du Bled, qu'ils
tiens leurs apportèrent
débarquoient daas une plage ,. qui eft
entre la Mamora.Sc Salé. Ces Mar-
chands -
y firent leurs fortunes y car ils
en remportèrent prefque tout L'or &
les perles qucles Maures avoient rap-
portez d* El pagne avec eux. Le Prin*
ce Abdala £e voyant las de demeu-
per toujours dans une perpétuelle pri-
fon , parlementa un jour avec le Capi*
laine d'un Vaifleau Anglois , quiétoit
venu en Rade , &
luy promit de le ren-
dre Maître du Château, fi le Roy d'An-
gleterre donnoic à Ton percmille quiiv
taux de poudre , &c pareu nombre de fur
fils. L'Anglois s'y accorda volontiers,
d'Angjeterre. .
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DU Sr MOUETTE 17
p!e. Ils ordonnèrent de faire un foflfé
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DU Sr MOUETTE. 13
par le moyen deplufieurs Canaux. Il
y
a aulliun puis , mais l'eau en eft moit ié
fidée, & ne fert qu'à abreuver les ani-
maux.
Le Châreau-Neuf , qui eft du coté du
Sud-Oîieft , fut bàty par Moulcy Ar-
chy : il eft de forme carrée , flanqi é
de bonnes Tours , garnies de créneau %
de même que les. murailles v iiy a com-
munication de l'un à Tautrcpar unmur
aflez haut élcvé,flanqué de deux Tours,
& bâty fur des Arcades, fous l'une def-
quelleson pafle pour s'aller promener
à la Marine &
il y avoit dedans, du
zo R E LAT I O N
meilleurs Soldats, & qu'il ne refte pottf
la défendre que des vieillards , des en-
fans 8c des femmes qui fontincapablek
de faire refiftance.. L'on pourrait fai-
re décente à Fidella , qui eftàdouze^
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DU Sr MOUETTE. xt
ver les grains qu'ils commencent à cou-
per vers le mois de May , qu'ils en-&
ferrent dans la terre , & labourent def-
fus } car Ci on y alloit après qu'ils fonc
coupez,l'Armée y periroit de faim,aufïî
bienies hommes comme les chevaux;
car il ne font aucunes provifion s, d'her»
bes feches , que le Soleil décru it en Eté
par fon exceiSve chaleur. Et afin de
s'en conferver la conquête, i liera à pro-
pos de ne laifler derrière foy aucuns en-
nemis qui puiflent nous y troubler car ;
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DU Sr MOUETTE. 25
te, & qu'ils appellent
Fondaques.
Trois de mes Patrons, à qui j appar-
tenons feulement pour moitié , m'y vin-
rent voir incontinent. Le plus vieil
avoitnora Mahamet le Maraxchy , &
Fermier des Poids du Rôy. Le
ctoit le
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DU Sa MOUETTE
avec luy , que mes autres Pa-
il feroit
trons me
donncroient la liberté pour
un prix fort modéré. Je continuay
de
luy répondre , que quand il n'auroit fa-
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DU Sr MOUETTE: if
font , que je leur faifois<lela fari cfi
.grofle , pouvoit pétrir : Ce
qu'on ne la
qui obligea ma Patronne de me donner
un jeune enfant qu'elle avoit , afin dfc
lepromener parla Ville. Je Paccdutu-
may fi bien avec moy , qu'il ne voulofc
point aller à d'autres , ny même cou-
cher qu'à mes cotez.AÎa Patronne qui
étoit une jeune &
tres-bellc perfonne f
& qui parloit tres-bien Efpagnol,
voyant l'affection que fon fils me por-
toit , m'obtint la liberté de me prome-
ner avec luy par tour où je voudroisal-
lcr.Elle me réjploit avec du pain blanc,
du beure mêle avec du miel , te des
fruits félonies failons de l'année. Me
fit ôter une chaîne de vingt-cin
q livres;
que fon mary m'avoit donnée $ me
conjuroit de fuyporter avec patience ma
captivité > me défendoit des coups 8c
<Jes inventives de fon mary , &me foli-»
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-
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<
£S RELATION
ment, je luy ré.pondoîs , que il xfétoît
elle de «auij'eurfedû cfpercr cet avanta-
ge , je le ferois volontiers mais que:
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du Sk maquette.
mii^Sv 11 ôta même à fon Patron, les
cinq cens écus qu'il a voit déjà receus,,
&luy encore donner deux cens ba-
fit
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3* RELATION 1
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DU Sr MOUETTE. jf
depafferlcs nuits avec les autres Efcla^
ves , tout le temps que nous y reliâ-
mes.
Dans le temps que j'étois à Sale , il "
arriva un Vaillèau Hollandois d'Am- rc n' m
fterdam ,
qui apporta aux Juifs de cet- 1
J*<«M*fc
te Ville , de certaines Prédirions que '
,
B mj,
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4 « »
*
«
»,
1
>
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)t RELATION
faifoit pour les railler > luy dit en Efpa-
gpol. Htbien fennor Laubia J quierc*
vueftra Merced apofiar con migo qnatro
cientos pofis , Commo antes d'un anno> El
Rey Mejfiaê que aguardamos : hà de na-
cer en Olanda. Qui veut dire en Fran-
çois. Hebien y Monfieur TAubia,.vô-
tre Seigneurie veut elle gager quatre
censécus avec moy , qu'avant qu'il fe
pafle une année , le Roy Mcflïe que
nous attendons , naîtra en Hollande.
1/Aubia qui ne dcmandoit pas mieux»
prcfentalamain devant tous les autres
Juifs à Mefquita , qui la luy prit en té-
moignage qu'il acceptoit la gageure y
& qu'il s'obligeoit devant eux de payer
les quatre cens écus , au cas que leur
Roy Mcflïe ne naquit pas en Hollande
dans le terme qu'il difoit- Mefquita
jura devant tous qu'il ne s'en dediroit
pas , &
convia en fuite l'Aubia de pararr
chevcr la fête avec eux. L'Aubia laifla.
pafler une année , & après le terme ex-
piré qui finifToit en Juillet, il fut chez.
Mefquita luy demander Ci le Meflk
croit né , & le convier en ce cas à.venir
jeeevoir les quatre cens écus qu'ils
avoient gage2. Mefquita qui croyoit
.que cette gageure n avoir été qu'une
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DU Sa MOUETTE }j
raillerie , fut bien étonné de cette vifite,
& commença à nier le pary mais l'Au-
:
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qu'à caufe des guerres des Princes de
l'Europe , les VaUfeaux Marchands ne
fe hafardoient point de venir fur les
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RELATION
dernier fous fcs mains , à qui il en. &
vouloir déjà, j'eus la rêrc roure
fcacaG
fee , &
le corps rneurtry de
coups Ôc -,
> P^f
a Fez
i ou «aprés quejefus arrivé
la vieille, vulgairemenr appellée
contre
MouleySemein , pour les raifons
que
jay dites dans fon
Hiftoire. £t corn-
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DUSk MOUETTE. &
me clie avoit appelle à fon fecours>
Mouley Hamet Meherez fon neveu r
epi étoit demeuré dans Thefa , petite-
ville qui n'en eft éloignée que de dix-
CHAPITRE III.
l)es chofes plus confiderables qui fi fint
fajfées dans Fez la neuve , vulgaire-
ment appellèe Fez Gedide , jufques a ce
que jefies transféré à Micjuenez aver
lés autres Captifs.
ville de
Fez Belié s'étanrremife
LÀ foyjs Tobeiflance de Mouley Se-
racin % tous les E(clav«s-des Alcaydes *
& des autres pat t icslicïs qui ccoitat 4a
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0 RELATION
party de Moulcy Hamet fon neveu , dtt
nombre defquels j'étois , furent menez*
à,FczGedidc , pour être mis avec ceux
du Roy. Ce kroit icy le lieu de faire,
une description des Villes de Fez; mais
comme j'en ay fait une affèz, ample dans
l'Hiftoire de Mouley Archy , de &
Mouley Semcin , je ne la repereray
point icy > je me content eray feulement
de dire ce que j'y ay< obmis touchant la.
ftru&ure des bâtimens , j8c quelques au-
tres particularités.
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D*U S* MOUETTE. 35^
dts coquilles de marbre qui jettent de «
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j
V
40 R>E LÀ T 10 M*
pis faits à la mode de ceux de Turquie;
#
On mec fur ces tapis des matelats de
laine qui n'ont que deux doigts d'é-
paifleur , & qui font doublez d'un côté
«lune étoffe de foye , coupée par bandes
de diverfes couleurs , &
de l'autre d'une
,
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DU Sr MOUETTE. 4%
rc, au deflbus de quelque endroit qu'ofc.
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* f
. «
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%% R EL A Tl O H
temps en temps , jafques à ce que Tofc
voyc qu'elle vienne toute corne de petits
poids j &c'eftce qui s'appelle le Couf-
coufou. A mefurc qu'il fc forme > on le
tire de la jatte pour le mettre dans le
crible, afin d'en feparer la farine , qui
pourroit être reftéefans êtrearondic;Sc
il y a des femmes qui font fi adroites à le
faire, qu'il ne vient pas plus gros que
du menu plomb , &
en cft beaucoup*
meilleur. Pendant cela on fait cuire
quantité de bonne viande > comme
poulies , bœuf 8c mouton , dans un por
qui n'eft large que d'une palme par l'en-
trée. On a un autre vaiffeau de cuivre
fait exprés > fort large par le haut , &
aflez étroit par le bas , pour entrer deux:
doigts dans la bouche du premier , &
comme une poêle
dont le fond eft percé
à châtaignes. C'eftdans ce dernier vaif-
feau que Ton met ie Coufcoufou , fur
le pot où bouit la viande quand elle cft
prefque cuite , on l'y laiflc l'efpace de
trois quarts d'heure , couvert d'une fer-
. vierte:& apré.s avoir mis à lentour de la
bouche du pot où eft la viande , un lin*
ge mouille avec un peu de farine dé-
trempée , afin qu'il empêche la vapeur
<*u fuméede fortir par cet.cndroit &
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DU Sr MOUETTE. 4*
qu'elle penerre le Coufcoufbu pour le
faire cuire. On le tire enfuite pour va*
fer dans quelque plat , où on le remus
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44 ^
RE t ATI (TNT
font fi difficiles à élever , que je m'éroi*-
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DU Sk MOUETTE. 45
rcmps occupe à broyer des couleurs •
-CHAPITRE IV.
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Rfel À Ti ON
les côtes du Royaume de Fez , & qui
étoient trairez fort rudement , s'en al-
Joient par troupes fc rendre à Mouley
Archy. Etans arriver à Fez , ils y com-
mirent en peu de temps beaucoup de
"defordres , qui changèrent tout d'un
coup refprlt du Roy, & luy firent tour-
ner en fureur , la doucéur qu'il avoir
eue auparavant pour tous les Chrétien s
*£fçlavcs : De forte qu'il donna ordre au
fils d'un Renégat Elp^gnol , appelle
Ardoiian , de les charger tous de fers, &
«de leur donner des gardiens , qui ne les
laiflàflènt plus aller nulle part , mais
qui les fiflent toujours travailler. Ainfi
ils receurent en gênerai le châtiment
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»CJ Sr MOQEtVe. 47
véritablement Chrétienne. le ra^ On
mcnaàdemy mort devant la porte da
Palais., où le Roy commanda aux Bou-
chers de le maffacrer , 8c de luy en ap-
porter k pour la yoir ,
tefte font &
corps fut mis en quatorze pièces f
& enfuite jette par fon ordre aux
chiens.
Vnc autre fois ayant été prié par les
HabitansdclaVille de Toutoiian, de
retirer des Galères de Gcnncs , l'un de
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t
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4« RELATION
Tourouan , de recommencer avec phrs
d'ardeur que jamais leurs courfes fuc
les Chrétiens. Il fit faire deuxVaifleaux
pour le même fujet,& donna ordre aux
Gouverneurs de ces deux Villes , deluy
envoyer à Fez tous les Capitaines &
Officiers des Vaifleaux , avec les princi-
paux Paflàgers, & les Marchands qu'ils
prendraient, pour les faire mourir dans
îesgalleros de Fez; par lefquellcs il en-
tendoitlos ouvrages à quoy ilics.
cm-
ployoir.
Il eut même peu de temps
deflein
-somme après de faire brûler fes Enclaves ce qui * ;
ûijet. Un Maure fc
JJy vou- arriva pour .un tel
U
i> rûi
airc
fti cap.
P re ^cnraun ) our ^ cvant
demander l'aumône, difant
>
qu'il
W
pourluy
étoit
*tfiu un pauvre Efclave , qui s'étoit fauve
de la main des Chrétiens ; &
qq'en Ef-
pagneoù il avoir été long temps , on
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DU S* MOUETTE- 49
que nous avons horreur du porc, &
que nôtre loy défend d'en manger. Ils
nous y contraignent par violence
nous en font boire du lait &
coucher
avec ces animaux. Le Roy crut faci-
lement tout ce récit , &
dans la fureur
où il le mit , il appeila les Noirs de
fa Garde > & leur commanda d'af-
fembler tous les efclavcs dans une
grande place derrière fon Palais ap-
peilée Mechonal : Et auparavant de
les y conduire, de les faire tous char-
ger de bois. Toutes ces innocentes
vi&imes fe voyant là affemblées liées-
deux à deux, &
le feu preft d'être mis
au bois qu'ils avoient apporté , n'at-
tendoient plus que le moment qui les
alloit faire pafler de cette vie languif-
fanteà une autre plus heureufe, glori-
fiant Dieu qui les appclloit dans ce jour
a la Couronne du martyre. Quelques-
uns d'eux plus attachez à la vie , quoy
qu'ils en menafleat une trcs-milcrablc*
soient regret de mourir fi jeunes.
Mais neantmoins adorant l'ordre de
la divine Providence : ils fe rcfol-
v oi-nt defouffrir la mort à l'occafion
de leur Religion. L'on voyoit quel-
ques vénérables vieillards qui encou-
C
fè" R Et ATI OH
rageoient ces jeunes gens , & qui Ieu£
xeprefentoient ce que Jesus-Christ
avoit enduré pour nous ; leur rappor-
tèrent encore l'exemple d'une infinité
de Saints martyrs , afin de les forti-
fier. Et comme ils furent Ion g- temps
dans l'attente du cruel Arrcft de leur
fupplicc, Dieu les ai -délivra par un
tel moyen.
Un Chef if, ou Prince Maurcalla fur
ce bruit trouver 4e Roy au . Palais
pour luy remontrer que c'étoit injuf-
ttment qu'il ordonnoit cette exécu-
tion : qu'il avoit été plus de vingt
années captif en Efpagne y (ans avoir
reçu aucun cruel traitement ; Qu'au
contraire, plufieurs des Mahometans
qu'il y avoit vus cftimoient leur ef-
jclavagc fort fupportablc j mais que
s'il en avoir des preuves plus
defîroit
claires , qu'il donnât ordre que l'on
l'informât de tous ceux qui y avoient
pareillement demeuré , afin qu'il fût
éclairci de l'impofture que le Maure
luy avoit dite , pour tirer de luy une
plus grolTe aumône. Le Roy qui fut
un peu appaifé par cedifeours, donna
ordre en méme-temps de chercher cet
impofteur pour eftre confronté avec
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DU S* MOUETTE- «
lcGierif mais il fut impoffiblc de le
:
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51 R ELATI ON
de fe retirer aux plus hautes Monta-
gnes pour fe mettre en feureté:Mais
enfin luy ayant dreflç une embufeade,
avec le fecours de ceux du RifFe , Pro-
vince voifine, ils le firent captif avec
fon frerc, quieftoit fon Lieutenant,
après que tous deux eurent long-
temps foûtenu genereufernent leur ef-
fort. 11 cftoit en fon pouvoir de s'é*.
chaper s'il avoir voulu le faire , com-
me firent pluficurs de fes gens qui
eftoient montez à l'avantage mais il :
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DU SR MOUETTE-
fon fils, s'il vouloit changer de Reli-
gion. Mais voyant qu'après l'avoir
tenu plufieurs jours il ne pouvoit nen
gagner fur fonefprit, il l'envoya à la
prilbn des captifs pour eftre employé
aux travail* ordinaires, danslapenféc
qu'il s'en lafleroit , &
changeront de
langage i &i les peines de l'efclavage ne
1er virent qu'à l'affermir dans fa toy ,
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f4 RELATION
rien de tout ce qu'ils pofTedoicnt pout
les affiftcr : mais fon frère qui luy fut
©té par h violence d'une maladie , le
toucha plus fenfiblement que toutes
les peines de l'efclavage.
Dans ce même- temps lefr Barbares
craignant qu'il ne recouvrît fa liberté ,
& qu'il ne leur fift quelque jour plus
de mal que jamais y envoyèrent prier
leRoy de le leur livrer pour une groflè
fomme d'argent. Le Roy s'eftonna de
leur crainte, & dé ce que ce feul hom-
me ît.ur plus de peur que toute
faifoit
TEfpagne- Neantmoins pour les con-
tenter , il leur promit de les ôter d'in-
quiétude, & qu'ils verroient bien-toft;
Lopcs mort , ou converty à leur loy.
Depuis Ce temps-là , il ne fit qu'ar>-
lendre quelque occafion propre pour
exécuter fon deffein avec plus d'appa-
ience de jufticc»
Comme rencontra un jour un des
il
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DtJ S* MOUETTE. 5J
ordres , &
après avoir meurtry de
coups ceux qui Te trouvèrent fous fa-
main : il les,donna à fes Gardes pour
les amener au Palais avecluy.
citant Y
arrivé , Mouley- Archy luy dit qu'il
alloit faire mourir Lopes , s'il fc pre-
fentoit commeChrétien devant luy j
le Prince qui l'aimoit forrit à la
porte
du Palais pour en- donner avis à ce
Gentilhomme : lequel bannuTant tou-
te crainte , leva les yeux vers le Ciel,
fc recommanda à Dieu àNôtre-
Dame protectrice des Captifs d'Affri-
que , & fe contentant de remercier le
Prince par une profonde révérence y
pafla outre
fans l'écouter davantage il
à4a rête de fes compagnons. Dés que
le -Roy eût aperçû ces pauvres eftro-
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i>u Sr moctette. r\j
ou Carême. Ayant vu à fon entrée plu-
fieursjeunes Chrétiens par les rues j il
cômanda à Hamet Ben-yencourr, pour
lors Gouverneur de la Ville, & mont
Patron, de les luy faire amener. Com-
me ils eftoientau nombre de dix-neuf ,
le Roy ayant vus affez bien-faits,
les
les envoya quelques jours après à Fez ,
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5* RrE EATIO^
pourroient defircr. Enfin qu'ils fc--
roient traitez comme fes enfans, qu'il
auroit engendrez au falut. Ces jeunes
gens qui eftoient prefque tous valets
& garçons de Navires , &
par confè-
rent peu inftruits dans la Religion
Catholique la. plupart même d'en-
tr'eufcheretiqpcs , écoutèrent les pro-
mçflfesde ce Prince Barbare,. fe fi- &
. rçnt tous Mahometans excepté deux*
«« fai f Le Roy les fit auflî-tôt vetir d'habits ;
£™ #
x
fomptueux. 1 1 leur donna à chacun un
r
marchoit les Drapeaux déployez.
Tout peuple qui eftoit par les
le
chemins &ç par les rues pour voit ces
apuveaux Mahometans, leur donnoit
jnillc benedi&ions.
..
Le Roy ayant
.
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dus* mouette; j$
leur circoncifion maria riche-
il les
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DU Sft MOUETTE. 6i
fe faire Mahometancs il les comble-
toit de biens , &
lestiendroit au nom-
bre de Ces plus cheriés. Cependant il
ne s'en eft gueres trouvé , grâces à
Dieu , dont il foit venu à bout jpar ce
moyen , & qui nVit mieux aime fbuf-
frir en confervant la pureté de leur
CHAPITRE V.
MI 0,11e ne
ayant été donné par
s
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DU Sr MOUETTE
rompait ,.oncn rccevoit incontinent ;
le falaire. Ce Noir ne- nous donnoit
pas même lctcmps de* manger iln*a- :
t
coups. Sa feule prefence nous faifoit
trembler. Sa voix nous rendoit fi di-
ligens; que dés que nous l'entendions
le matin crier à la porte un éo'ùa-y-aïïa
erHjoU y qui veut dire fortez vite. Cha-
cun feprefïbit à fortir le premier, car
les derniers fe reflentoîent toujours de
fes coups. Nous nous vîmes réduits
dans un tel excez de miferes , que nous
refolumes à nous en deffaire au péril
de nos vies. Comme il avoit coutume
de venir la nuit dans nôtre logement
poux s'y enyvrçr d'eau de vie à ûos dc-;
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DU Sr HOUETT E. 6%
pens ; l'on refolut de s'en deffaire la
première nuir qu'il y reviendront ieul t
mais lors qu'il en fallut venir à l'exé-
cution , il ne fe trouva perfonne qui
voulut frapper le premier. Néant-
moins nous nous préparâmes à l'exé-
cution , &c les Efpagnols les premiers
dirent aux autres Nations de prendre
des couteaux pour le mettre en pfteces.
.
délivrépar le moyen de là pefte , dont
il affligea tout le pays ,
laquelle cora-
rnençacn l'année 1678. Sc fit mourir la
moitié de ces Barbares*
Quelques-uns d'entre nous ne fu-
rent pas non plus, exempts de ce mal,
& de deux eens que nous étions , une
cinquantaincen fut attaquée , dont
il en. échappa le tiers j car quoy <jue-
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D'OSrMOUETTE. €7
nous fuflîons tous enfermez cnfemble,
le refte n'eut aucun mal : au lieu que
lors qu'il entrait dans la maifon de
quelque Maure il n'y laifloit perfonne.
Ce qui cit une preuve évidente de la
Bonté Divine envers fes fidèles. Nous
redoublâmes en ce temps- là nos priè-
res ordinaires ; &
au lieu delà troific-
me partie du Rofairc que nous avions
accoutumé de dire au retour de nos tra- -
vaux , nous le recitâmes tout entier
pendant huit jours : outre l'Antienne
de Stella cœli extbfavit ynem lattavit
Dominum. Et celles de Saint Roch &
de Saint Sebaftien y que nous conti-
nuâmes pendant tout le temps dç la
Contagion, qui dura trois ans* Pen-
dant la première année de ce mal , je
fus élu Trefqr ièr de la Confrairie qui
avoir cté. établie fous le titre de Notre-
Dame de la Mifericordc*.
Le deflèin de cette Confrairie eftoit iftabHf.
de fecourir les malades , le fonds
g£J* ,
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tfS REE ATI ON
k bitte ou chambre après la prière;.
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©USa MOUETTE *r
commanda de faire venir quatre gran-
des cruches de vin , lefquelles ayant
«éic diflribuées aux Captifs , le Roy
'
£
fion de
d•
»•! a ,
qui ht qu il ordonna par une Lettre de faire de
u dc
cachet , que les Juifs fourniraient
i
J?*
to ites les femaines dix quintaux de
raifins fecs , &L autant de figues aux
Chrétiens pour faire de l'eau de vie.
Leur faifant neantmoins deffences d'en
vendre ny débiter aux Maures, fur de
grandes peines. Ce fut dans ce temps
qu'il ht Dom Pedro Chef des Captits,
& qu'il* prit prétexte de le mafïacrer,.
«
Digitized
yo RELATION
continua à faire de l'eau de vie , dépit^
tant pour cela un nombre de ptr ïbnnes.
*£t les gardiens & Ardoiian
malgré k ,
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DUSr MOUETTE. «7
trouvé qucc'eftoit un jeu d'orgues, dont
(pjsLfonne ne fçavoit jouer/. Il demanda
à un Gentilhomme Efpagnol captif,
appelle Dom Raphaël de Seras , s'il y
entendoit bien quelque chofe à caufe
qu'il joiioit bien de la Harpe du &
Luth; CL luy dit quction,& que dans Ton
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DU Sr MOUETTE.
£n effet, il en prit ju (qu'au nombre de
deux cens qu'il employa au (èrvice de
fes Tentes , de fon Efcuric & de Tes Ca-
nons, &c il les deftina auflî à fervir bien
fouvent de pionniers pour mettre à
bas les Châteaux des Barbares , qu'il
s'attendoir de prendre. Un jour qu'il
étoit proche de la Montagne dltata,
(qui cft Tune des plus hautes de Latlas)
envoya chercher quarante Ghrcfticns,
il
mètre icy.
. La ville de Maroc , qui donne fon
tionX nom atout le Royaume de même que
V«oc cc \[ c p cz ^ cjt fuuée dans une grande
plaine couverte de quantité de Pal-
miers, qui rapportent de tres-bonnes
Partes. Moxiley Jacob AlmanzorMi-
«
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DU Sr MOUETTE. ?|
ïamoniinna Roy de l'Arabie Heureufe,
Se celuy qui conquit l'Efpagne par Tes
Lieutenans ,en fut le fondateur félon
lacroyance des Maures. Son enceinte
tft des deux tiers plus grande que
celle
deFez,oùi'on compre ïeizeportes.Mais
pas peuplée à proportion de ùt
elle n'eft
grandeur, à eau le delà guerre de la &
pelte qui ont emporté la plus grande
partie de fes habitans. Il y a un beau
Château dans lequel eft le Serail des
femmes du Roy , le plus magnifique
de toute l'AfFtique. Mouley Hamet
Deibit y employa rout l'or qa'il pofle-
doit , qu'il fit battre en feuilles pour
couvrir toutes les murailles des Salles
& leurs Lambris. Les Clouds,les Gonds
les Pantures , les Verroux , & les Ser -
rures font toutes d'argent doré. Il
y a
trois Pommes d'or fort groiTcs , fur le
haut de la grande Tour , qui font per-
cées de coups de fiifils en plufîeurs eiW
droits, lcfquellesont tient eftre enchan-
tées. y a dans ce Serail des fales £
Il
longues &
fi fpatieufes quelles contien-
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76 RE L A T I O N
Dans une de ces Salles tous les figncs
du Ciel font reprefcntez avec ranc
que Ton croit voir le firma-
d'artifice,
ment lors qu on le regarde. Les Mau-
res tiennent que Dieu condemna ce
Mouley Hamet Autheur de cet ouvra-
ge, à fouffiir les peines d'Enfer, juf-
qu'à la fin du monde , pour l'avoir
voulu imiter dans la ftru&urc du
Ciel. Ce (uperbe Palais eft enrichi
de quantité de Colomncs de Co- &
Suilles de marbre blanc , avec plu-
eurs beaux ouvrages de (culture en
plâtre * &de petits carreaux peints
taîllfcz au marteau. Ils Font accom-
pagné des plus beaux Jardins du mon-
de , remplis d'allées d'orangers de &
cyprès. Le Château , le Palais Se les
Jardins font ceints de bons Murs,
flanquez de bonnes Tours de Bâf- &
rions , mais fans artillerie. Ces fa-
meux Aqueducs qui amènent l'eau à
la Ville d'une grande journée ,-paflènt
auprès de ce Château, pour ïuy four-
nir de Peau &à toute la Ville.
* Ce Royaume n'eft compofé que de
cinq Provinces, qui font Maroc, Ta-
dela, Duqueila, Haha , &
partie des
Montagnes d'Atlas. Ce païs^ft beau*
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t)U Sa MOUETTE. i%
coup fcrtii cri grains & en beftiaux & ,
•
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78 RE L A T I ON
Masoc depuis le Nord jufqu'à fEft.
Elle n'a que deux Provinces, qui (ont
Sus&Sehel, dont les Villes fontTa-
rudant , Agadcr, Aguer , ou Sainte-
Croix , &
lllec , qui étoit la Capitale
du Païs , lorfque Cid-haly en étoit
Prince &aujourd'buy c*cft Tarudant*
:
en quantité , &
quelques-unes d'or*
il n'y a que la laine qui leur manque.
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I
DO Sr MOUÊTTE. 79
<
,'
de bouche de laquelle ils met-
fur la
tent une trape attachée fur un pivot , u 0I^l
qui demeure toujours en balance l'on ;
uij
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Sa RELATION
divertiflèment de le faire mourir ; on
bien lors qu'ils les veulent tuer fur le
champ , Us lesmaflacrent à coups de
lances dans la première matcmore où
ils font tonihcz.
CHAPITRE VL
*P$rfccntion iïAlcaflkn
LOrs que
Miquenes
le Roy
voyant que
fut de retour à
, la Conta-
gion conriniïoit toujours, & craignant
de perdre fes Captifs &
avec eux les
rançons qu'il en efperoit. Il nous fit
tous appeiler un jour , &
nous dit qu'il
vouloit donner la liberté a ceux qui
pourraient trouver de l'argent. Comb-
ine j'avois appris du Pere Jean de Jefus
Maria, Religieux Efpagnol qui de-
meuroit avec nous , que le fleur
Mefl'onnier Marchand François de-
meurant à Cadis ( & qui rrafiquoit à
Alcaflar ) luy avoir écrit qu'il avoit
reçu ordre de Dom Pedro Catalan ,
Conful François àv Cadis > de fournir
la fomme de deux cens écus , que le
fieur Catalan donnoit libéralement
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DU Sr MOUETTE. $t
pour ma rançon. Cela fit que je me
prefentay au Roy avec trente-cinq au-
tres , du nombre defquels étoit mon.
coufîn y les uns luy promirent deux-
cens écus , les autres trois- cens , ott
trois- cens-cinquante. nous en-
Et il
Jambes &
les épaules à chaque inftant..
Deux Angïois en peu de jours laifle-
rentlavîe, & tout le refte fut réduit
au plus pitoyable état du monde. Bien
Souvent TAlcayde Amar nous venoit
voit-mi travail j & lorfque nous lujr
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DU Sr MOUETTE. 8j
demandions du pain, il nous difoit en
fa langue. Aben yneleb cottl lehajar
man rnatatecum-chy tecobufit , harta in~
atinc elf de rcal loùhahet , qui
veut dire en François. Fils de chicns>
mangez des pierres 9 quant à moy , je
ne vous donneray point de pain autant
qu'il vous en faut , que vous ne me
'
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DU Sr M O QETT E. %
a Miquénes pour avoir foin des Cap-
tifs qui tomboient malades lorfque le
Roynous envoya à Alcafiàr Ledefir :
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DU Sr MOUETTE 87
dans des campagnes de Tablons ardans^
du nous ne mangeâmes pendant huit
jours que ce qui te rencontrait par ha-
zard ynous ne couchâmes que fur la
terre au milieu de la campagne, mê-
me quoy que nous euflions les fers aux
pieds 3 &
que nous fuflîons attacher
deux à deux , on nous mettoit encore
la nuit une grande chaîne qui nous at-
rachoit tous enfemble par k col. Nos
Gardiens impitoyables follicitoient
tous les jours quelques jeunes garçon*
qui étoient avec nous, de fc faire René-
gats , mais en vain , &
quoy que nous
vidions bifcn que nous ne pouvions pas>
encore vivre plus de trois jours > car
nous n'avions quafi plus de fang dans»
les veines , & la peau coléc fur les
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DU Sa MOUETTE. S* ,
foin de les^fecourir.
crî*"
Avant que de finir ce Chapitre,- je di- P*[
ion
11 »ii t
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fa RELATION
guc r ou fainte Croix 90. lieues. Il y
a quantité de belles prairies aux en*
virons d'Alcaffar, de mefme que plu-
sieurs Jardins qui font furies bords,
de cofté & d'autre delà RWieie , qui
les inonde aufli bien que la ville dans ie
temps des grandes pluyes; Elle avoit
de vieux murs fans défenfê. Ces habî-
tans font tous gens ramaflez , qui n'ont
aucune civilité pour les étrangers , il
peut y avoir 6000. Maifons , aflèz mal
bâties , avec quantité de Cabanes de
Rofeaux, où demeurent les plus pau*
vres. Il y a quantité de Juifcs qui de-
meurent autour du Palais du Prince
Cayland t qui fert aujourd'huy de Ma*
gaz in & de demeure au ficur Mcffion-
nier Marchand de Cadis , qui y trafi-
que ordinairement. Les grains , le
beurre, la laine , le miel , les cuirs %
&
la cire , les fruirsy font en abondant
*
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DU Sr MOUETTE
Roy de Fez & de Maroc /dans laquelle
ces deux Princes perdirent la vie, & où
plus belle nobleflTe de Portugal
périt la
qui accompagnoit le Roy DomSebas-
tien.
La ville d'Alcaflar n'eft confiderable
qu'àcaufe qu'elle a fervi de fejour au
Prince Gayland qui l'avoic ufurpée
avec toute la Province, fur Ben-Bucar
Roy des Zaoûias fon Seigntur. Il a*-
voit cfté fon gênerai d'Armée, contre
les Barbares des Montagnes de Tou-
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"
9i RELATION
une bataille , après la perte de I aqueflé
w
>
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DU Sr MOUETTE. 5>$
«ne grande Mouftache blonde ,eftoic
bonwldat & grand Capitaine, ifludc
Tilluttre famille des Zégris û renom-
mée dans les guerres civilles de ce
Royaume pour lçs differens qu'elle
;
CHAPITRE VIL
Contenant Vhifloire de Bernard Bauffett
qup fut expofe entre quatorze Lions
jffameti J le ij. Février 1681.
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DCJ Sr MOUETTE. 9f
( aïnfï appelle-t'on la prifon des Efcla-
ves pendant qu'on déroboit fi farine.
)
De fait ce jour là on en avoit dérobé utt
fac , dans l'un des Magazins qui eft
proche la porte du Seraih Seigneur
luydit Bernard, j'y ay toujours demeu-
rédepuis que tu m'y as envoyé , je &
n'ofois pas en fortir fans ton ordre.
Là-dcfTus le Roy luy porta un coup de
lance qui le blelfa légèrement au de£
fous de l'œil droit. Il commanda à fes
Gardes de le jetteidans le Parc aux
Lions.
Ce Parc eft entre quatre hautes
murailles , comme une efpece de cour
attenant les muraillesdu Château 8c :
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DUSa MOUETTE 97
foim preflbic le plus s*approcha fcpc
fois pour le dévorer : feptfois palîa
outre fans le faire. Si bien que noftre
Captif comme un nouveau Daniel,
lolioic Dieu au milieu de ces beftes
cruelles 5 qui n'avoicnt pas le pouvoir
de luy faire aucun mal.
Le Roy qui s'étoit retiré aufli-toft
qu'il fut tombé dedans, envoya deux
fois voir s'il étoit dévoré > & luy of-
frir de le recirer s'il fc vouloir faire
Mahomettan , mais il répondit à ceux
qu'il envoya , comme il avoir fait à
luy-même. Nous nous étions mis en
prière pour implorer l'afliftance Divi-
ne en fa faveur , &
comme nous avions
fait quelques trous à la muraille
(
qui
étoit mitoyenne entre nous & les
Lions ) pour le voir , nous l'exhor-
tions à demeurer fçrmc y Se à mourir
plûtoft que de renoncer à fa foy , ce
qu'il nous promettoit- avec ardeur.
Cependant une Captive Efpagnolc
£it folliciter le Roy pour la délivrance
de Baulfet. Cette Captive qui s'ap-
pdloir Maria de la Conception, éroic
native de San-Lucar de Baramcda ea
Andaloufie. Elle étoit venue a
mora pour retirer ion mary qui écoir
98
RELATION
en exil, ils furent pijs l'un & Vau-
&
tre en s'en retournant en Efpagne.
Gomme elle avoir infiniment de l'es-
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DUS* MOUETTE. ^
fon mary , & un nommé Prieur Chi-
rurgien de Poitiers , dont j'ay parlé
ailleurs x de retiret Bauiïct du Parc aux
Lions ; ce qui fut exécuté à l'heu re-
mercie * aptes qu'il y eut demeuré cinq
heures, car il n'étoit guère que quatre
heures quand il s'y jettat , il en étok&
plus de neuf quand il en fut retiré.
Quelques jours après les Lions n'eu*
renias le mêm.c refpcd pour trots
Fequcrs, ou Sages de la loy de Maho-
met , qui s'étoient ingérez de faire
quelques remontrances au Roy fiirfcs
cruautez, il les fit jetter dans le même
Parc, où ils furent aufli-toft mis ea
pièces.
Cette H iftoirc m^t paru aflez confî-
dcrablc dans toutes les circonftances,
pour en faire faire une Atteftation ,gu-
tcntique>dont l'original a été rapporté
en France , & que j'ay remis entre les
mains des R
R. P P. de la Mercy de
Paris , pour à la cutiofitéde
fatisfairc
ceux qui en pourroient douter. Elle a
été faite en la ville de Toutoiian en
AfFrique,le 1 8. Avril 1681. & eft Signée
de BernardBanffet d'Anbaigne enProv en-
ce. Frère Bernard Monel 3 Religieux de
la Mercy. Frère Ignace Berne de Reli-
E ij
ioo RELATION -
,
paflà. t
.
Bauflet fut huit jours après retire de
captivité avec nous par les R.R. P.P.
de la Mercy , &
depuis mon retour j'ay
apris du Monel ; qu'il avoir de-
P.
mandé l'habit dans un Convent de leur
Ordre, qu'on a promis de -luy don-
ner auffi-toft qu\l fera de retour d'a-
vec Monfieur de S. Amand , Ambafia-
deur du Roy vers celuy de Maroc, qui
l'a mène avec luy pour luy
fervir de
Tiuchement.
i
» *
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DU Sk MOUETTE, ièi
CHAPITRE VIII.
i
w
p
la chaux , balier les rués , & fervir aux
écuries.
en meuit on ne s'en met pas,
S'il
fort en peine , ceux qui ont les Cap-
tifs en charge en font quittes > pour
dire au bout de l'année , il en eft
mort un tel nombre } & le Roy aufll-
feien que lés £ujets croyant au deftin,
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DU Sa. MOUETTE.* io*
ils tiennent qu'ils ne
pouvoient pas
vivre davantage , quelque foin qu'on
en eût pû prendre , &
qu'ainfi c'eft une
•*
1 -
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D'Û 'S R M O U É T T E. if*¥
que les Maures 'eufleut dégoût d'en ap<-
procher , puis la nuit ils fe mettoient
en chemin , recommandant h
eh' fe
Dieu , Se afatrés^fainre Mère, en pre-
nant pour leur guide l'Etoile du Nort/
Les Vendredis étoient les jours les plus*
propres £>our cela, à caufe que les Mau-
res qm^ravaiiioient avec nous alloiënc
E v,
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io* RELATION
la force leur manqua , ils tombèrent à .
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DU MOUETTE, to?
Sr
donner ordre aux Arabes & ayx Gh
pitaines des Garnifons qu'ils tiennent
prochcdcs Places des Chrétiens > à Tu*
nedefquclies il faut de neccffité aller,
d'arrêter &
examiner tous ceux qu'il*
rcncontrcroïent aller vers ces Places.
Ainfi on mettoit tant de Sentinelles
par tout , & on gardoit Ci bien pendant
quinze jours tous les lieux par où oa
pouvoir paflfer, que c'étoit uncefpece
de miracle quand quelqu'un échapôit,
& c'étoit le plus fouvent quand on ar-r
f ivoit à la veuë de ces Places Chré-
tiennes qu'on croit repris^ d'autant que
c'étoit là qu'on faifoit la taeillcurfc
garde. Lorfque l'on étoit arrêté > oa
ctoit remené auffi-toft d'où on étoit
parti ; &
quoy que le Roy ne voulue
pas qu'on maltraitât ceux qui tât-
choient de fe mettre en liberté, qu'il &
pardonnât d'ordinaire à tous ceux qui
luy étoient prefétez;lors qu'il n'y étoit
pas , le Gouverneur qui nous avoit en
charge , &
qui lors qu'il en échapdit
quel qu un étoit obligé de le payer au
Roy y afin d'intimider les antres venott
en prefencede rous y donner luy-mo
me à ces infortunez deux- cens coups
de bâtons, enfuitc dequoy il leur feir
E vj
# * .
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*o8 R EL ATI ON.
foit mettre deux grofles chaînes aux
deux pieds, &
entre les deux jambes
une barre de fer paffée aux anneaux dé
ces deux chaînes, ce qui rempefchoiû
A*
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DUS* MOUETTE. ro*
en Efpagne , il fut inftruit dans les ve-
ntés du Chriltianifme & receut le
Baptême. Il appartenoit à un bour-
geois de Gibraltar qui l'avoie mis dans
une Ferme qui n'eftoit gueres éloignée
de la Mer. Or comme les Maures de
Toutouanjbnt fouvent de nuit des dc£
centesfur ces cofres;. Ils allèrent à cette
Ferme, où il n'y avoir que quatre Ek ,
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no RELATION
ne cefla de iuy faire foufFrir mille maux
}ufqu*à ce qu'il l'obligeât à fc faire
Mahometan. Apres l'avoir fait renier
il le donna à Checq Amar beau-frere
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DU Sa MOUETTE, us
arrivèrent à laveuë d'Azamor > où il
falloir de
neceflké pafler dans les
Bacqs,. le fleuve de Marbea , à caufe
que Ùl rapidité qui eft égallc à celle
duRhofne,empefche de le pafTer à la
nage. S'eftant confultez il fur refolu
qu'Abdala quifçavoït parler Arabe *
Azamor pour acheter les pn>
pafferoit à
vifions dont ils avoient befoin , ôc
voirde l'autre cofté du fleuve s'il n'y
âuroit point moyen de le pafTer fans-
entrerdans le Bacq. Abdala le pafla
fansqu'on luy dit rien , après s'être&
promené dans la ville, Se avoir acheté
du juin * un lièvre tout rofty quel- &
ques dattes y commeL il revenoit vers
le fleuve il rencontra un Maure du*-
quel il s'accofta, & luy déclara comme
de l'autre coté il avoir un compagnon
quiétoit Turc de nation qui vouloir
aller faire quelques plaintes au Roy de
Fez, qui eftoit pour lors à Maroc > mais,
qu'il n'ofoit le prefenter pour paffer
le Bacq à caufe ne fçavoit pas
qu'il
l'Arabe, &
qu'il craignait qu'on lujr
fift quelque infulte* que s'il voulait les
aporté^ &
enfuite ils turent au Bacq.
afin .de paiïèr le fleuve. Mais à pei*
ne y futent ils entrez que le Maure
dit aux Mariniers qu'ils tenaient ea
leur pouvoir deux Renégats qui
les
avoient fuy du Château de Salé , ce
qu'il ditfut le-foupçon qu'il en eut^
car quand un Efclave Chreftienou un
Renégat fuit dans la Barbarie , on, en*
voye des Gouriers qui le font bien*
toft fçavoir tout le long des cofteSi
Au mêmeinltant ils furent &ifis 64
liez , & crt fuite conduits dans le Char
teau d'Azamor ^dont le Gouverneur les
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DU Sr MOUETTE, iij
brûler le vifage pendant qu'on les
:
•• •
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DU Sa MOUETTE, ni
de cette placé qui apartient aux Es-
pagnols , il fut arrefté par des Maures
d'Alcaflàr qui font en garnifon aux eiv
virons d'iceile , & ramené devant Gay-
land. Il confefla cou rageufe ment de-
vant ce Prince, qu il fc fauvoit à 1* Ara-
che pour fuivre lesveritezdu CKriftia-
nifme , &
fuir les abfurditez les fa- &
bles dont le faux Prophète Mahomet
avoit farcy fon Alcoran. Gayland
qui avoir apris que fes ancêtres avoient
été Mahometans , & que luy-même
ctoit circoncis , tâcha par les parolesr
du monde les plus douces & les plus
obligeantes à le faire rentrer dans fon
devoir v mais voyant qu'il y étoit in-
fcnfiblc il commença à le menacer
d'un rigoureux fuppiiee, qu'il fitexe-
cuter fur fon corps > après l'avoir vit
inflexible. Il fut brûlé vif , & à petit
un Pontqui cft devant la place
feu , fur
du Marché d'AlcafTar , au mois d'Avril
de l'année 1673. fon camarade Rama-
dan s'enfuit de-là à Toutoiian , d'oi*
il trouva moyen de pafïer
à Alger.
Pour revenir aux Efclavcs Chrétiens,
ceux des Particuliers des Villes Mariti-
mes qui font Matelots, font ordinai-
rement employez fur la Mer dans les
il* RELATION !
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DÇJ Sr MOUETTE.. n 7
dceft venu ,*& quece lieu commence à
s'échauffer prefque impoflible
, il eû:
d'y durer. Quelques-uns des plus heu-
reux ont une peau de mouron , ou de
chèvre qui leur fett de Matelats. L'on
(e couche tous en rond, la tçtç conrre
les cotez de la Matemore , & les pîeds
qui fe joignent au milieu , ne laiflent
bien fouvent d'efpace , que pour pla-
cer quelque vaifleau de terre pour
re fes neceflîtez , que Ton couvre d'une
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DCJ 3r MOUETTE. 119
gu ils tombent malades ils font plus
loigneu feraient traitez , à caufe que darej
leursMaîtres qui ne les ont acheptez
que pour y gagner , craignent de les
perdre } Néant moins il faut avoiier
qu'ils fe fervent de plaifans remèdes
pour les guérir , car s'ils, fe plaignent
de quelquç, douleur qu'ils fentent dans
le corps , ils oar de certaines verges de
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>io RELATION*
tete derrière Ton éppafe : on la ment
enfuitcà fon logis , où routes Icsfem-
mes , parentes &
amies des deux par-
ries fe font allées rendre. Ces femmes
fe renferment dans une chambre , d'où
elles nereliortent que quelques heures
après., pendant lesquelles le maiy re-
çoit chez-luy fon époufe , &
la mène
dans la chambre qu'elle doit occuper.
Le mary retourne auflï-tôt vers la porte
de dehors pour remercier Ces parens &
-,
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dusr/mouette; îïï
quel a le pouvoir de 1 étrangler
, s'il
veut ufer de rigueur envers
elle. Lors
que les Mariages fe font entre
pnrens ,
ces cérémonies ne fe pratiquent gueres,
de peur de deshonorer la familtft
Mais pour garder les formalitez
, le
mary égorge un pigeon fur un caleçon
qu il jette dehors , &
au même inftant
dévoile le vifage de fa femme , afia
d'avoir le plaifu de contempler toutes
fes perfections. Quant aux Efclaves
qui ont potté la mariée, fi-toft qu'ils
l'ont mife au logis, on leur donne
pour leur peine chacun un
pain blanc
& une eculée de viande.
CHAPITRE IX.
De la Nourriture des Efclaves & de
leurs Lits.
F
ni RELATION "
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DQ Sr MOUETTE. ûf
• chaud , car ctoit
quelquefois dix
il
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REL AT
x
114 I NT0
rcncontroic affcz fouvcnt que pcrfonné
ne le vouloir être.
Des Lîts Nos lits étoient des échaffauts de
•
clayes de groffes cannes , fur lefquelles
- nous étendions quelques nattes te
e
quelques peaux de mouton pour nous
fervir de matelats. Comme les cham-
bres où nous couchions étoient fott
élevées , &
couvertes en terrafle , nous
mettions jufqu'à quatre échaffauts les
uns fur les autres ; quant à moy, j'étois
le mieux placé de tous , dautant que
lors que nous entrâmes dans le bitte
neuf deMiquéncs, nous n'étions que
«ente-cinq François, &on nous don-
na une chambre où il y avoir place pour
plus de foixante perfonnes. Un nom-
mé Jean Colombe t & moy nous nous ,
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DITSk MOUETTE.
fouvcïit des journées de travail. Et ie
m'y tenois caché avec ceux demesca-,
maradcs que j'y voulois laiflTer entrer , K
Digitized
s
ÏÏ6>
r
R
Et A TfQîf ^ '
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DUSr MOUETTE iiy
toutes les chofes qui s'y paflèrcnt, donc
il m'apprit depuis les plus importan-
tes. Quand nous fûmes transférez à
Miquénes , y vint avec nou> ,
il &
nous y fervit beaucoup
, tant par l'e-
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DUS.*. MOUETTE- ix?
ayant été de la Million de l'année 1 67 4
fenoit pour la féconde fois travailler.
*
à la liberté de Ces frères.
.
Auparavant que je parle de leur arri-
vée en Barbarie je prie le Le&eur d'ad7
,.
naufrages &
à la mer, pour verijr re*
tirer des chaînes, &
de la plus effraya*
blc de toutes les raifetes de pauvre*.
Captifs qui. leur font inconnus , dans
les interefts dcfquels la feule charité de
Jesus-Crrit les fait entrer,, pour leur,
procurer le plus grand de tous ïcsi
biens, qinejft la liberté , après laqucU*
le ils foâpircnt depuis le moment qu'ils,
l'ont perdue , & qu'ils font fous la
puiflance des Turcs & des Maures, qui,
font les, hommes du monde les plu&
çrueis & les plus inhumains..
J'honore infiniment tous les Ordres-
Religieux. , maisaprçs les adtions hc-
çoïqueç de charité que j'ay. vu. prati-
quer en Barbarie pendant ma captivité;
à ceux^ de la Mercy , je crois qu'il ïifi
1
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DQ Su MOUETTE. , tjt
faire périr en les accufant de lesavok
entendu mal parler de Mahomet , ou
de Ton Alcoran ; fur cette aecufation
on leur donne les bâronnades , on &
les condamne ou à fe foire Mahomer
tans en reniant Ja foy dç Jesus-Ch rît*
©u à être brûlez , comme il cft arrivé à
une infinité de. Religieux , dont ht
charité & la confiance ont été courons
nées par un glorieux martyre $ de (ont
qu'on peut les regarder comme les pr&-
miers Chrétiens , que Tertulien ap .>e* A
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«
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*H RELATION
CHAPITRE X.
4
:
De t arrivée des Révérends Pères de la
&
Mercy, lenr Rédemption x le retour
'
de VAuteur.
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VU Sa MOU ET TE. i&
^ui parloit tres-bicn Arabe , y vint
auflî avec moy j mais avant de noua
prefènter devant luy t nous en donnâ-
mes avis à TAlcayde Berry , Gou-»
verneur de Miquénes , qui en porta ai*
Roy les premières nouvelles. Il faifoit
battre un Taureau avec les Lions lors
que nous luy parlâmes ayant pris nô*
;
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, DU Sr MOUETTE. i}7
leur Cour , où elle paflbit pour le plus
riche, & le plus puuîant Monarque
de l'Europe : que cependant il ne ppu-
voît pas croire qu'un fi grand Roy eue
donné fi peu de chofe, veu le grand
nombre de Captifs qu'il avoir autre-
fois fait retirer d'Alger. Le Pere Mo-
rtel toujours prefent à foy même , ré-
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DUSr MO ÛéTTE \&
gent , procuroient ma liberté : ce
s'ils
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, 4o RELATION ;
res, s'ils les vouloictit tous racheter*
ils luy répondirent qu'ils n avoienç
que ioooo. écus d'argent contantj
Mais que s'il les voulait donner tous
pour 10000. écus, ils luy enr paye-
raient la moitié > &, prendroient la
moitié des Efclaves, &que trois Re-
ligieux retourneraient en France >
chercher dequoy payer dans quelques
mois, les autres 10000. écus qui leur
manquoient & qu'un Religieux àcr
meureroit cependant en Oftage. Le
Roy leur demanda 30000. écus com-
me la rédemption cFEfpagne luy avoit
donné pour deux cens Efpagnols >
qu'elles avoit rachetez. Mais les Pè-
res après luy avoir dit plufieurs bonnes;
raifons, voyans qu'ils n'efi pouyoiçqt
/ pas avoir une meilleure compofitiop >
ne promirent rien davantage , ce qui
obligea Mouley Seméin, de leur dire
qu'il leur donneroit trente Efclaves à
fon choix , pour leurs ïoqoo écus.
Les Percs luy remontrèrent que c'etoit
trop peu , que leurs Supérieurs &
les
Evequcs qui les avaient envoyez les
réprimanderaient , & qu'ils le fup-
pliaient de leur en donner au moins
iunquanteà quoy le Roy s'accorda*
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DU Sr MOUETTE. 14*
En même-temps il envoya Tes gar-
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i4 i RELATION-
Cheval, je Luy donnay à entendre com»
me il y avoit onze ans que j'étois Cap-
tif^ le plus ancien déroute la Troupe»
.Que j'étois pauvre, dénuô> de tout fe-
cours humain ; &
que je n'attcndois ma
liberté que de la benedi&ion de Dieu,&
4e la lîennc.Que l'heure étoit venue où
Jfa divine Majelté avoit envoyé fes bons
.Pères pour me délivrer, tte comme jl
f
n'avoit dclfein que de délivrer les plus
pauvres , il nçn avoit point de plus
pauvre que moy ; Il écouta bien mes
raifons, mais il ne les goûta pourtant
pas. Il commanda à fes Gardes de me
retirer de devant luy ce qu'ils firent aufli
toft. Je ne perdis point courage , &
comme j'étois entièrement refigné aux
volontez de Dieu pour tout ce qui
m'arriveroit ; Je voulus tenter pour la
féconde fois quelle feroit ma bonne ou
mauvaife fortune. Je m'approchay du
Roy , comme la première fois.Mouley
Seméin me voyant de rechsf à fes pieds,
appella le Gardien &
luy demanda quel
travail je faifois &
à quoy on m'occu>
poit. Le gardien luy dit que j'eftois
employé , tan toft à broyer des Cou-
leurs, & quelquefois à fervir les Scul-
pteurs en plaftre. Quoy dit le Roy
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DU Sr MOUETTE. r4|
depuis onze ans , il n'a point apris un
autre métier î c'efl: une bête , un nou-
veau qui viendra dans quatre jours en
fçaura faire autant , marche me dit-il
va t'en, en liberté , je baifoy la terre pour
le remercier, & je me retiray avec les au-
tres qu'il a voit fait deja pafleuun momét
après il revint vers moy,& commanda à
ûs Gardes de m'ofter de la tefte un mo u-
choir, que je m'étois mis à caufe du
froid, &c que favois peu de cheveux.
Enfuite m'ayant confideré depuis les
pieds jufqu'à la tefte, il leur comman-
da de me remener avec ceux qui re£
toient. Je fus plus diligent à embraC-
ferles pieds de fon cheval , qu'ils
ne fu-
rent à me prendre , &
luy réitérant
mes prières il s'informa de nouveau
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f.mm
DU Sa MOUETTE. 145
& qui rroyoicnt ne l'eftre jamais, faifî.
rentlePere Monel, & le prêtèrent de
fi présque fi le Capitaine des Gardes
j
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DU S* M ODETTE. t&
4e largeur chacun'j.palmes,& de plu*
îa hauteur d'un homme , qui fervent
à mettre les Noirs.de laGarnifonqui
demeurent dan* les Tours , à couvcit
du côté de dedans, & de celuy de de-
hors, pouvant faire IctourduChâreau;
fins eftre apperçûs. Er la rroifiéme
ûrtdc muraille au Serrail , &eft beau-,
coup plus élevée que les premières»
ayant pour le moins iz. brafles d'hau-t
tcur , elle a auflî fes crenaux & fes en*
brafures, & les Eunuques y font (ènti-
nelle la nuit. Les autres cotez ne fonc
entourez que d'une muraille qui eft de
dix palmes de large, flanquée tout au-
tour de bonnes &hautes Tours carrées,
& de deux Battions du côté de A'£#v
& du Sud-Eft. Il y a trois Portes , la *
t >
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.
DITSrMOUETTE. i ^ •
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d u Sr mouette, «s
qui font dans magafxns , ce qui con~
les
vient mieux à un épicier qu'à un grand
Prince comme luy. Du refte , il en-
ten d fort bien la guerre , il eft forr vail-
lant de faperfonne, marche roû jours
à la tête de Tes Troupes , qu'il range
luy-même en bataille*, attaque tou-
jours le premier fes ennemis y ne fuit &
jamais. Il eft fort confiant dans les
adverfîtez > & quoy qu'il fe foit vu plu^-
(ieurs fois à deux doigts de perdre fes
Etats , il ne difoit autre chofe lors
qu'on lùy parloit de fes difgraccs fi- :
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ïyi RELATION
a onKnairement de Gardes, qui vîvetfl?
fous de$ Tertre^ au tour de Miquénes.
Mais continuons outre route , lé
Pere Mtgc nous ayant enfin ré joint à
Toutpiian, où le Pere Ignace Bernede
«toit refte avec l'argent de la Rédem-
ption. Il y fut délivre entre les mains
de Mahamcr Lehache Tomin , Lieurc*
nant de PAlcayde Haly Ben-abdala,
El-hamémin Gonvcrneur de cette Vil-
que nous avons vu cette année dans
le ,
Paris pour Ambafladeur du Roy de
Maroc. Après un fejour de plufieurs
Semaines , &
avoir racheté tous les
François du Gouverneur. Ce mé-
chant homme nous arrêta tous prifon-
niers,& ne voulut élargir ny Pères ny
Captifs , qu'on ne luy eut payé les
droits des Portes à vingt-fix ecus pac
tête Ayant reçu cet argent il nous
exila à la marine, dans un lieu appelle
Martin.qui cftà plus d'une lieue delà
Ville. Il fit défences tant aux Reli-
gieux qu'aux Captifs de n*y plus re-»
tourner, fur peine d'eftre faits Encla-
ves; ce qui que nous demeurâmes
fit
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•
*
DU Sr MOUETTE
abôndance, que des Cabanes d'herbes
qui écoient traverfées dans un mo-)
ment, &nous n*cûmcs d'autre nourri-
ture pendant tout ce temps que fore,
peu de pain. Cet avare Gouvernent
qui eft frère de l'Alcaydc Amar Hadou,
v vint un jour pour demander aux Pères
trois-cens ccus pour trois mois qu ils
avoient demeure dans le païs* Voyant
qu'ils n'y vouloient point confentiiv
ilnous fit embarquer avec violence fur
un méchant Vaifleau pour fortir à
l'heure même : &comme la mer s'é-
toit retirée, & qu'un vent d'Eft s'éle-
va foudain > qui nousauroit fait périr
fur la barre fi nous en fuffions fortis.
Les Pères furent contraints de luy ac-,
corder les trois-cens écus qu'il de-
mandoit > afin d'éviter notre entière
perdition.
Lorfque le Gouverneur qui éroit
prefent nous faifoitainfi embarquer. Je
fus des premiers abord de la Barque du
fieur Boyer , qui nous devoir mener en
Efpagne. Ce ma-rchand qui eft le plus
honnefte homme du monde , refidoit
ordinairement à Toutoiian , lequel
pour un différent quil eut avec les
Gouverneurs d'Alcailar &
de Tou-
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I
Ï5-4 RELATION
rouan à caufe de la Rédemption fur
chaffé du pays, il me pria de luy écrire
quelques Mémoires fur l'état prefenc
de fes affaires , pour les envoyer à fes>
correfpondans à Marfeiile , ce que je fis;
volontiers. Un Juif que PAlcaydè a—
voit envoyé abord me vit comme j'écri-
vois , il promprement à terre dire:-
alla
aïi Gouverneur qu'il a voit veu l'un des.
Captifs nouvellement rachetez fervir
de Secrétaire à Boyer, &
luy dreflerun.
compte, qu'il falioit que ce fût quel-
&
que perfonne riche qti'on feroit bien;
de le retenir , en rendant aux Pères cô
qu'on avoir dônité pouf luy , afin de-
luy faire donner- dans la fuitte une:
rançon plus eônfider ablë. Le Gouver-
neur qui lo'àà fônzele , m'envoya cher-
cher j>ar-fës-Gardes v & lors que je fufc
arrive devant luy croyant que je fus»
quelque nouveau Captif fit de-
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vusk fouette; i
Sj
«n croie lors Gouverneur : Pun des
Gardes de PAlcayde qui me reconnut
auffirôt, à caufe qu'il avoit demeuré à
Salé du téps que j'y que je
eftois J'aflura
difois la vérité. Ainfi cet Alcayde voyâc
qu'il n 'y avoir rien à efpercr à me rete-
nir , fe leva brufquement , monta à
cheval fans me rien dire y &c me laiflà-*
'
ce que ceft que cette: ville; Elle eft bâ-
rie lut le Roc fur la pente d^untî Mbn^- 1
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i5£ RELATION* ?
la ville, dans laquelle ily. a quantité
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DU Sr MOUETTE- rj 7
avertis par des feux qu'on fait dans
des Tours afin de prendre les Armes
& de fe rendre fur le rivage.
Le lendemain de noftrc départ de
Tourouan, nous arrivâmes à Malaga
en Efpagne , où nous fifmes la procef
fion.Les R R.P P. de la Mcrcy , &tous
les Efpagnols nous receurenr comme
en triomphe^ après nous avoir bien
régalez , nous fifmes voile le quinziè-
me pour venir en France > où nous arri-
vâmes à Marfeille le vingt Cix du mê-
me mois. On ne nous obligea qu'à
quinze jours de quarentaine après la-.
T>
1K erard tfauliet porta publiquement
un tableau , pour manifefter le fecours
que Dieu iuy avoit envoyé. Le jour
de la fcfte de Dieu , nous fumes à la
Cioutac , où rout le Peuple en pro-
ceffion nous accompagna à la fiiitc du
rrcs-fâintSacremcnt,avec plus de 2000
cierges allumées, les (ànglots &
les
larmes de piufieurs perfonnes dont les
parens croient en Barbarie , nous fi-
rent fendre le cœur , au milieu de tant
d'Allegreflei Le Samedy enfuivant
nous rames à Toulon , mais en pal-
line par IcCaftciet , Baullec porta ion
ïjS REt ATION
Tableau dans la Chapelle de fainté
Anne , où il eft «demeuré en dépofL
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DU Sa M ET T E. 15^
-Sbnt venus à Paris,n'y auroient pas éfté
veus : Dans le temps qu'il n'étoitque:
Séculier , il fur pris des Turcs qui le
menèrent à Tripoly , où pendant huit
années qu'ity demeura,il y fuporta une
captivité tres-rigpureufe, l'hiftoire de
laquelle il donnera bien- toft au public-
Lorfqu'ii fut de retour en France , il
foula genereufement aux pieds tous les
plaifirs au Monde , pour ne peftfer riea
qu'à l'Eternité , dans laquelle il penc*
bien avant,partantde profondes mé-
tare
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\6o R.ÈLAT I ON
nous donnèrent toutes fortes de rafraiÇ
chuTemens pendant deux jours. En
fuïte nous vinfmes à Auxerre, à Joigny
& à Sens Et nous arrivâmes àPariç
:
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DU Sr MOUETTE Ui
ne nous donna pas moins de confola^
tion, que le recouvrement de nôtre li-
berté.
De-là , Bônnelle , lieu de ma
je fus à
naiflànce , où je rencontray tous me9
parens pleins de vie , &
le plus jeune de
mes frères qui ep éroit devenu Paftcur.
CHAPITRE XL
«
doue ,
lequel fut fait Meunier du
Checq j cet office n'étoit pas des plus
rudes , neantmoins comme TefcUvagc
le plus doux eft toujours fort ennuyeux
te fort defagreable , 8c qu'on a tou-
jours une violente inclination de re-
tourner en fon pais ; l'Efpagnôl refolut
de chercher les moyens de £e fauver , ce
qu'il Jugea d'amant plus facile > qu'é-
tant depuis dix ans dans ces delcrts*
il en connoifloit parfaitement les che-
mins/
Un jour qu'il alloît au Château de
fbn Maître, qui étoit un peu éloigné
de fon Moulin, ayant l'efprit préoo
eupé de ce qu'il vouloir faire : il ren-
contra tout proche de ce Château lus
Mofabîte, ou Hermire , quidifoiten
François quelques injures à des chiens
qui revoient voulu mordre , TEfpa-
&qo1 q^ui l'catendoitaufEpaflablenieac
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DU Sr MOUETTE. xé$
bien , à caufc qu'il étoit fils d'un Ga£
con r tout étonné d'entendre parler ce
langage dans ces lieux, &
par un honv-
me qui n'a voit pas l'apparence de l'a-
voir appris dans le païs où il étoit :
Pour lortir d'inquiétude , il luy de-
manda en la même langue pourquoy ïî
vouloit frapper les chiens de Ton mai-
sre, & ce qui i'oblîgeoit d'aller ainfi
travefty.
Le Morabite qui crut que c'étoit
quelque Renégat , demeura un peut
furpris , mais s*étant promptemerit re-
mis de la crainte où. il étoit tombé *
de voir qu'on l'eût olii parler une autre
langue que l*Arabefque , répondit ea
celle- cy en ces propres termes : hn-r A
mmUb hache f^neta-lia , *nan Morabi*
te, qui veut dire j Fils de chien, pour-
quoy m'injurie tu , moy qui fuis un
H ermite ? Non , non , luy repartit TEC-
pagnol toujours en François , il ne faut
point fe cacher fous ce déguifement >
je connois bien qui tu peux cftre , fi
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DU Sa MO UETTE; îgj
temps que vous demeurez icy ? lorfijuc
tous m'aurez recité vos avanturcs , que
}e prevoy eftre fort particulières , &c
fait fçavoir le fujet de voftre dé gui Ce-
rnent ,luy dit l'Efpagnol, je vousra-
conteray les miennes , qui font peu de
chofeau prix de ce que apprendray de
j
.4
Digitized by Googl<
DU Sr MOUETTE. 167
des fil les de Dom Manuel j ellcfefcr-
voit d'une Maure qui étoit fon Efclavc
pour irf envoyer les billets , pour re- &
cevoir de mes réponfes. La palEon vc-
pantà la dominer imperieufement , ôç
n'ypouvant plus reufter , elle s'aviG*
d'un ftratageoic pour me venir voir
toutes les nuits , qui me fait trembler
toutes les fois que j'y penfe j Ci vous &
n'étiez pas Caftillan , pour.fçavoir ju£
ques où la force d'une violente paffioti
peut porter une femme Efpagnole, je
ne le reïtererois pas , car cela paffcjroic
pour une fable.
pat tout ailleurs .
,
main , fut courageufement vers elle,
Ôc luy en donna deux coups au travers
4u corps; lors qu'elle fe fentit bieflëe,
elle jectaun fi grand cry , que l'yvrp-
g ne en tomba évanoui de frayeur.
Comme ils étoient couchez par ter-
'
lever
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DUSr MOUETTE, ify
Sfcvcrquelques voifins qui furent cher*
-cher un Chirurgien , en crianc par les
rues que le phantôme étoit pris. Et
lors que j'entendis cette nouvelle
9
comme j'avois part à fon crime , &
^ue je craignois qu'elle ou bien la Mau-
f eue ne me décelaflent dés
le point
,
du jour je pris tout mon
argent fur
moy , &avec l'aide de quelques Mau-
res que je payay très- bien
, jç mis mes-
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ï
7o RELATION
ploies de guerre que fes Chevaliers font;
du vent favorable.
Comme j étoisà me réjouir avec let j
Digitized by Google
Dtt Sfc FOUETTE. i7 v
«oftre Chambre ,elle me charma telle*
ment; les efprits que je. perdra mé-
moire de ce que «lk
fiendic la conyerfadon fi chômante
& fiagréable , qu'il etoir prefque nuit
#
mm*
^ tttC que j'avqisconceuc pour
après
.bien âifede voit
: Le fieur
parole auPatro ,me
enavoir porré la
parrîmesdeMalr^avecunVemMet
que nous puflions
. tral auifi favorable
defirer mais qui dura peu t car.la pu*
,
-
Suivante un Vent
Grec fe leva qui r en-
tellement agiter, que
le*
•
dit la Met
les unes
vagues qui s'cwr'Heurtoicnt
.
faire abîmer n»
~âux autres , penferenr
•
w Vaifleau yqui rechapa
qu'à caufe quUl ctoit
neuf.
à leurra-
Nous
leur
coupâmes nos Mats &
nos Antennes
a peu.fc <*Uo*
: jpontane, la Me* peu
Digitized by Googl
& nous gagnâmes avec um fcul.MatSi
& une feule voille llflede la Lampa-^ *'
vardeMagaûhs- qui
auxjvaiffisaux
vigentTui h Mer Méditerranée^ Aprésr?
que nous fûmes entrez dans fon port,
nous mîriles pied à terre , Se nous mas- ï
diâmes bien une demye mille pour al->
1er rendrd grâce I Dîeh^ dans une petî-;
teChapellc qui eft dédiée en Fhonneùr/
de noftre Dame. Je fua furpris de voir >
chandile où uftancillcs. \ i .
•
Je fus encore étonné de voir que
fun /des bouts de la Chapelle fervoit;
de Mofquéc aux Turcs aux Af&i- &
quains , comme l'autre nous fervoit
d'Eglifejle Patcon m'afluras'y eûreretv
contré une fois avec un Brigantin de
Rhoddcs, &que les Turcs & eux fi-
Hiiji
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iy?
lent en
:
.
même
k e rirai o
temps leurs
n
prières,
w
dni
en être inqnteteTiy Ô£ il me die encore
qu'il açoit expérimenté ce qu'on difoit
de larerru de cette lfle, qui eft qu'au-
cjmVaiucaù ne p eûtfortii du;Port ,s'il
prend plus qu' il hé luy eft necenaire des
ehofes qu'iLy renconte, •6cû;îùù ri'err
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DU Sr MOUETTE. i?5
les Voiles & les Cordages dont nous
avions befoin , & nous mîmes en ar-
gent le prix de ce qu'ils pouvoienc va-
loir j Eriorfque nôtre Vaifleau eut été
mis en état de fortir , la Tremontanc
qui nous croit tôûjours favorable ,
nous fit mettre à la voile, nous me- &
ni {ans danger jufqu'à Alexandrie.
"
Monûeur nôtre Conful me retût
avec les plus grandes civilitez du mon-
de , & me chez luy malgtc
fit refter
craindre.
. Comme il fait toujours chaud dans
ces Bains , à caufe du feu qui y eft con-
tinuellement allumé > la chaleur nous
fit incontinent fuër à grofles gouttes fm
les deux Turcs avec desferviettes blan-
ches s'approchèrent de nous > nous fi-
rent coucher fur les tabks de marbre
nous tirèrent desmains & des
les nerfs
pieds , en forte qu'il me
à di verfes fois
• iêmbloit ny avoir rien de plus doux :
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^
DUSr MOUETTE, ir^
après nous avoir bien efluyez , nous>
enrrâmes dans une cuve d'eau riede
où nous achevâmas de nous baigner.-
Apres que nous eûmes repris nos ha-
birsnous les remerciâmes, avec cha-
cun un quart de Piaftre que jelcur don- *
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17 S R El
A T I ON
mois de Mars. Gomme je n'a vois point
de connoiflance au Caire , je fus chez
Monfieur le Conful , quoh appeiloit
Monfieur de Berume , qui étoit natif
de la ville de Digne en Provence , CC;
galand homme ne voulut pas permet-
tre , non plus que le Conful d'Alexan-
drie , que je lôgeafle ailleurs que chez
luy.
i Deux jours après mon arrivée , OC
manBaflà qui venoit deConftantino-
ple , pour prendre la place du Baflà.
u ^it j qui alloit eftrc Gouverneur
d'Alept , fit fon entrée publique dans
la Ville du Caire : Toute la Milice &
les Janiflaires avec leurs Drapeaux dé*
ployez , &
Inftrumens militaires le fu-
rent recevbir environ une lieuë hors la
Ville, Tous les Turcs fermèrent leurs
boutiques > fe rangèrent en haye par
tes rues paro&ildevoit.pafTer , afin de
luy témoigner la joye qu'ils avoient de
venue , àcaufe qu'il avoit la réputa-
tion d eftre hpnête homme , au lieu
qu'A murât étoit fort^avare cres- &
cruel, lçquel pour cela ils avoient en
exécration. { . .
•
Je vis cette cérémonie qui me parut
fort belle- j &* qui étoit cr^cs* magnifia
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DUSr MOUETTE. i
79
que, chaque Turc s'étant vécu leffc-
ment; Ofmàn en arrivant à la porte du
Palais fît faire quelque largefle, les &
. Turcs continuèrent de le combler de
bcnedi&ions, &
à luy fouhaitter ua
heureux Gouvernement.
Les jours fuivans je me promena/
dans ces grands jardins qui font fur les
bords du Nil, dans lefquels Ton ren-
contre des Forcfts de Palmiers , d'O-
"rangers , de Citronniers , de Figuiers*
d'Oliviers , d'Amandiers , Se de Gre-
nadiers : j'y fus auffi à la châtie aux
Sangliers avec de Mon-
le Secrétaire
lieur leConful, qui s'appeiloit Meu-
nier Capatas. Et un joui* que nous
en pourfuivlons quelques-uns , nous
nous éloignâmes à plus de trois lieues
<ie la Ville, mais comme nous avions
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do RELATION
iant , & d'aflez bonne mine, nous m*
çût fore civilement. Il luy die qu*ït
avoit une effime toute patticulierepour
Moniteur de Nointcl , venu depuis peu
pour AmbafTadeur de France à la porte
du grand S cigpcur,. avec lequel il avoit
eu plufieurs converfations , dans &
lesquelles il avoit remarque beaucoup
de génie , de grandeur d'ame , de- &
magnificence.
Il donna auffi beaucoup de louant
ges à> notre Invincible Monarqpe,pour
lenomduquelon avoit dans Confiant
tinople beaucoup de vénération ; ÔC
enfin nous dit que les Fiançoif , fous
un fi grand Roy , meritoient le premier
rang d'entre les Chrétiens. Apres que
Monfieurcie Berume l'eut remercié de
fes louanges par des complimens pa-
reils 5 nous nous rctirâmes chez luy,où
compagnie.
îl traita la
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M Sr U6VÈTTË. ife
en trois Villes , qui neantmoins n'onr
qu'une légère enceinte , &
qui à pro-
prement parler ne font que des-Bourgs*.
mais fi grands » qu'il y en a tel qui
contient jufqu'à quatre-vingts-mille
feux : Que celle du milieu îiruéc fur
«ne éminence s'appeMc le Caire
, 01»
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DUSr MOUETTE. iS*
Cependant les Vaiflèaux qui avoient
mis toutes leurs voiles au vent s'ap- v^f-
prochoient beaucoup, leur Admirai
'Çjjjdjj
qui portoit cinquante à foixantepie- & fa
ces de Canon , nous en tira un pour
P* ivlt*^
Digitized
«f* R EL ATT OR
baraflà beaucoup. Les Turcs noa*
voyant occupez à refaire les manoeu-
vres , ils nous accrochèrent chacun de-
leut coté , & nous forcèrent de nous»
retirer en poupe &en> proue t pen-
dant qu'Us occupèrent le milieu du*
Vai fléau.
; Ce futalors que combattans de prés r
nous commençâmes un chamailla des*
plus fanglans & des plus effroyables
<ju i fe foient jamais vus fur la mer.
La
fumée des Canons- &
des Moufquets.
êtoit la connoiffance de l'ennemy au*
uns &aux autres \ on ne ceflbit point
de frapper avec le Cimeterre , & les
crisdes bleflez & des mourans r joints
aux hu r lem en s épou véritables que les
Turcs- font en combattant, rendoit ce
Ipeâacle le plus affreur du monde;
JNons demeurâmes aflez long-temps
atrachez cnièmble , Cms qu'us nous
peuflent obliger de nous rendre; mais
comme nous n étions que cent perfon-
nés, dont il y en avoir déj[a plus de
quarante de tuez , entfaurres le Pa-
tron y Se que les cinq autres Vaitfèaur
venoienr au- fecotirs de leur* compas
gnonss nous cédâmes à la force, tes
Turcs perdirent, plus de cinq: ccns
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DUS* MOUETTE. tttf
hommes qui furent tuez , fans conrefc
les blefTez , &
nous en eûmes cinquan-
te-cinq qui y iaillèrent la vie > avec
vingt de blellez , dont je fus du nom-
bre.
de Chrétien &
qu'il me falloit de nc-
ccflltc parier Arabe pour me faire en-
tendre J j'apris û bien cette Langue
qu'il n'y a perfonne qui ne me prenne
pour unnaturel du Païs.
Je gagnay pçu à peu l'amitié de raoa
Maifhe.* à qui je racohtois nos max>
Digitized
if* RELATION
mes de vivre & de gouverner , en quoy
Hprenoirun plaifirfingulicr,ce qui fit
qu'il ne m'ocupa dans les commence-
mens qu'à lefuivre & porter fa Lance:
ainti je demeuray cinq ans de
fuite à
boire & mâger fans avoir d'autre exer-
|
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DITS* MTDTJETTE. iS^
mVU » clic m'a pclloit pour
quelque faire
chof c i comme je ne fuis'pas ennemy de
cefcxc j'y ail ois volontiers > pour taire
de bonne grâce tout ce qu'elle me com-
manderait , Se m'étant doncaufli la UTé
furprendre à fes charmes , je lu y de-
clarayan jour , ce que je fpufFrois pour U &r-
cileAyant (çea mes inclinations, elle lamw *
-.
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*
iSS , R E LA Ti m* rr
croitvenuë chercher &
accepté; deil# j
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DTJ Sr MOUETTE. *t*
sols mal de cette afEi ire au retour du
JBey , :je ibnsc à la, fuite poar me met-
tre en feuretc. i :
,
* dq betttay-4o&;je
afTaifciïfté dènfefcifc
faifôii qion fouper^ &
lq jour je ne
mangeais que des datte*,-' avec une
pôigrtée d'orge rôtie; ^ #
ir.'d tl , M
- Le fek «du- quatrième jour^j'arrivaf
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T)V Sa M ODETTE. i ft
JPerc me dit leur Alcayde ( car on trai-
,
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«y& RELATION
-.grand monde , & que la iolitude &h
Simplicité font mes plus doux plaiiïrsj
jïaymc mieux aller comme vous voyez
errant 5a & là , que d'accepter des
^honneurs qui ne m'appartiennent pas.
Au fortir d'Egypte je fus dans la Pa-
îeftine , jay vu le Cofi , qui eft Jerufa-
4cm : m'en vint en fuite à la marine,
je
& le long de la côte peu à peu j'arrivajr
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DXJ S* MOUETTE. *9 £
'fc jettcrent à mes pieds pour me les
•baifer , mais comme je leur défendis
tie le , ils nc .paflercnt pas plus
faire
.avant après que nous eûmes bien fou-
:
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DU Sa MOaïTTE. i<tf
afin d'alleren fuite dans Tune des Pla-
ces Chrétiennes qui font Cm la côte.
Il y a bien deux mois que je fuis hors
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Morabite continua à le prier , & ic
Barbare ne le voulant pas faire pour là*
vénération qu'il luy portoir , s'y vid
obligé, voyant qu'il fe mettôit en ccï-
Icre , & iuy difoit ces paroles outrà-
geufes. LUchea Ben-cjudeb mangleickp
tacoul mannan dlnan ? hihoude 3 cotilU
qui étoit autant dire j
alla harqHt batte
Pourquoy fils de chien , ne t'affied-m
pas pour manger avec nous ? Sommes
nous des Juift ? & fi tu le crois ainfi^
que Dieu brûle ton perc.
Pendant le repas, le Morabite s'en^
, q&it du Barbare d'où il venoit , Sa
quelles nouvelles il appoctolt; celuy cy
luy répondit que c'étoit de Maroc , où
Moulcy iHamet Meherés qui -en étoir
Roy y prertoir fes divert iflenîens, pen-^ %
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i 9S RELATION ;,
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, DU Sr MOUETTE.
Voilà nôtre Chrétien. Comme Sebas-
tien faifoit icmblant de ne les pas con-
noître, le Morabite voyant qu'ils le
rctenoient toujours , &
ne le vouloienc
paslaifler pafler, leur fitquelques me-
naces : mais comme ordinairement
chez toutes les Nations les Soldats font
les moins religieux jeeux cy ne firenr
aucun fcrupule defefaifir duMoiabitq?
& de l'Efpagnol, &
de les mener de-
vant le Cady. ils dirent à ce Chef de
la Juftice de la Loy qu'ils connoif-
foient ce Chrétien ( en parlant de l'Ef-
pagnol ) qui appartenoit au Checq de
Zaimby mais à caufe que
: le Moiabire
le défendoit , il vculoit pour
paffer
Maure. Que ce Morabite éroit (ans
doute quelque haneche y ou larron de
Chrétiens, qui Iesalloit chercher poi}ç
Jes mettre en liberté : &
afin de patfèr
partout fans contredit, il s'étoit revê-
tu de cet habit, pour lequel tous les
Mahomctansavoient une extrême vé-
nération. Le Morabite prenant la pa-
role fe défendit courageusement &
à caufe qu'ils parloient tres-bientous
deux l'Arabe, &
qu'ils Ce difoient du
Levant ; le Cady demeura long-temps
iiicertain fin; ce, qu'il prononcerons
l iiijL
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i*o RELATION
d'autant plus que lie Morabice luf
avoit dit tant de ta'ifons , qu'il étoic
yenu au bout de fon rôllc.
voyant l'incertitude dw
Cady , luy dît, afiti que perfonne ne
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il les mit au fervicë de Ton EcùnV,
id
en foiteà la portera SerraSlv I lsfirenc, 8
:
cet office :penddnt-<|ùe dura le Siège de»
Maroc , après/ que Roy de Fejtf
lé
s?en fat rendu le Maître H les fit Ca^
nonniers v &
les mit avec les autres*
Chrétiens de fôn Artillerie. Le Mora«»
bite qu'on âppelloît Pedro lé Gàféon^
fut tenté de prendre la fuitcymaii
comme Dom Raphaël deVcrasla prif
lepremier ,-il rut prefque toûjours*ert*
chaîné avec les autres. _ £ftant< arrivé à
Miquénes il tomba malade du même
mal qu'il avoit- eu à-T-afilet? , qui-tuy-
J
àT*nget Jadie
^ a èic mis aux travaux
4es mu*
Jv*
la.
fn rquçte H &
arriva heufeufement à
;
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DIT Sk MOUETTE, is*
pour jouir peu de temps cTun bien qu'il
avoiteu tat de peine à recouvrer, Cctt*
hiftoirc auffi bien comme toutes celiez
qui fuivcnt,n'ontefté inférées d a n$tet~
te Relation que pour delafler itefpiit
du Le&cuiydes horreurs &
des cruautés
qu'il a leus dan* les Chapitfes preect}
dents..-
CHAPITRE XII.
.
*
Dig
RELATION* "
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£>tt SblMOUËTTÈ;
â ntenoitDom Louis à la chaflc dans
vifiter les Chccqs o»
1
les Montagnes?,
Seigneurs du païs , chezr lcfquels ils
étoient bien fouvent ttois &
quatre"
jours fans retourner au Palais. Con>
*nc il n'éroit âgé que de vingt cinq,
ans , &
d'ailleurs qu'il avoit bonne
mine, la Fille du Checq des montai
gncsd'Vrica à< (a-premier veue , conw
mença d'avoir de la bienveillance pouc
luy. Pendant qu'il fut chcz fon Pere^
elle luy fit connolftre par fes regards
affc&ez, qu'il 'ne luy étoit pas indiffe-
lent ; & lors qufrl- fut preft à partir
pour s'en retourner y elle luy parla cà
iecret & luy don naun êtres belle échap-
pe de foyc verte du prixxle douze écus^
en le priant delà conferveren mémoire'
f, du bien qu'eileduy (buhaittoit.
,
Dom Louis ^remercia fort civile*
ment& fort galamment*, &
la pria de
croire qu'il avoir un cœur qui iVétoit
[f*
pas auez ingrat , pour oublier de fi-
îingulicres faveurs* Au bout de quel-
ques mois y Dom Louis qui penfoit
.toujours à la belle de l'écharpe ,& qui
en avoit encore reccu tout récemment
quelques prefens de fruits , perfuada
ïrancifço d retourner cnfemble, mais >
Dig
RELATION
avant de partir il voulut luy porter utt
jprcfenjt en échange des fiens. Pour cet
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DU S* MOUETTE. '407
î>rafler la leur , que qui étoit
la fille
un des meilleurs parcy du pais , de-
viendrait fonépoute. Dom Louis leu*
lépondit avec rous les témoignages de
Kconnoiflancës "poflibles , en s'excu-
farit fur le changement de fâ Reli-
gion , il leur dit que rien n'égaloîc
Ion afife&ion pour la fille , qu il &
feroit toûjoufs pteft dé la Juj faire ton-
hoiûre iôrs qu'elle en vbudroit âvoifc
quelques preuves quifuflftntploscorï-
vaïncantes. Ce difeoucs ne les contèn^
tant pas trop > on pafïa à d'autres mi-
nières on /entretint tout le refte dût
jour de la façon de vivre des Femme*
fa l'Europe dont la fille du Chccq.
aprouva fort les libériez , mailla nuit
& le retour de ceux qui étoîcnt allez h
la chafle ,
rompit la converfation.
Le jour fuivant Francifco dit ttfc,
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il alla à leur fuitte , & quand il ert<
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DQ S% MOUETTE- ïc^
cRcFtrois Balles dans la tefte qui la fi-
rent tomber.Voyant qu'elle avoit perd&
rout fon Sang,& qu'il y avoit fort lon-
temps qtfelleneremuoit plus , il crue
qu'elle étoit morte , &
décendant de
l'Arbre afin de s'en aller , comme elle*
avoit encore de la vie : Elle allongea
une qui le prit par un pied , 8c
griffe
le fit tomber par terre. Elle luy dé-
chira toute la Jambe jufqu'à l'os > dont
il luy refta de profondes cicatrices que
fày vcuës,& ne s' étoir relevé promv
s'il
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ItU Sr MODETTE. s»
Palais des Roys. Son terroir eft infer-
tile pour les Semences , il n'y vient
qu'un peu d'orge , qu'on y feme dans
le temps des pluyes. Il y a grande quan-
tité de Palmiers, qui donnent de bon-
nes Dattes , & les bords du fleuve font
couverts deForefts de ces A rbres.Lorf-
que les Mâles font fleuris, les Mau-
res prennent de cette fleur &
la por-
tent au fommet des Femelles où ils ràn-
tent &
s'ils ne le faifoient pas , ces Pal-
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ttt REt ÀtlÛVt
hauts à- la main , de haute taille , (ce*
& bazartez. Ce Païseft le lieu origi*
naircdcMouley Archy y & de Mouley
Seméin fon frerc Roy de Fez & de Ma-
roc qm teigne aujoued-huy : lequel en
eft auffi fouverairi , & où il a cftabljr
pout Vice-Roy , Moulcy Mehercz
l'aîné de Tes fils.
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DCSr MOUETTE. ii|
ïpcu Taffedion de ce petit Prince , Se
elle s'augmenta tellement à mefure
qu'il crut en âge , jqu'iilc vouloit toû«*
/ours avoir à fa fuite Eftant devenu
plus grand , il obtint de fon Pere *
que les Juifs de Tafilet donneroient
à Dom Louis tout ce qu'il auroit be-
soin , & même fit faite deffence par
toute la ville , qu'aucun habitant
n'eût à lujr rien dire , ny luy faire le
moindre dcplaifir. Aptes la mort de
Mouley Chcrif* Mouley Mahamet *
qui luy fucceda, l'ôta au Prince foa
frère. ijxHir le faire fervir dans fon^Eai-
rie, ou pendant le temps qu'il y de-
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\
DU Sr MOUETTE, il;
nouvelles de ta fanté , & s'il étoit enco-
reChrétien. Dom Louis qui ne man-
2uoic pas cTefprit ,
luy répondit que Ci
nté eftoir très bonne , mais s'il luy
plaifoit il la pouvoit rendre meilleure
en luy donnant la liberté , afin qu'il
pût aller dans fon païs > profcffèr plus
faintement la Religion qu'il avoir con-
fervée tant de temps dans le fieri. Le
Roy s'étantmis à foûrire luy fit don-
'
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1
DU Sr MOUETTE, %tf
tîons d'un côté,& négligent d'en pren-
dre de l'autre,& fc donnent beaucoup
de peines, pour fe garder des pièges les
moins péril leui pour fe prendre à ceux
qu il leur eft le plus facile d éviter cet-
:
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u% RELATION
me fort doux , &
qui luy accordoît
cout ce qu'elle luy demandent , mats !
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DU Sr MOUETTE ir*
ïadie ; elle luy découvrit fa paflîon en
ces termes : Pierre , luy dit-elle ( car en
Barbarie on appelle tous les Efclaves
par leur nom de baptême ; ) je vous ay
de grandes obligations , que je ne
Ci
(
nés de vôtre beauté &<k vôtre mérite :
mais c*eft vous , qui par les faveurs
que vous me faites, & par les fcnti-
mens que vous avez pour moy , me jet-
»,
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<
.
OU Sk MOUETTE, in
tez dans la dernière confufion ,
%
& me
mettez dans l'impuifTance de trouver
feulement des paroles pour vous mar-
quer ma reconnoifîance. Tour ce que
je puis vous dire , c'eft que fous l'habit
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I
m
les jours
RELATION
ne luy euflent infpiré de &
,
Jaloufie, &
ne l'avoient averty quctott-
tes les fois que Pierre étoït chez luy,,
une Noire efclavc de fa femme ne man- j
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DUSrMOUETTE. 123
ne point donner lieu de mécontente-
ment à un mary qu'elle avoit fujet d'ai-
mer uniquement y l'Efclavc qu'un clin
d'œil avoit d'abord averty delà feinte,
répondit comme Tcxigeoit ledifcours
quon venoit de luy faire > & fortit
aufli-tôt dp lachambre : Dés que Ton-
fy le vid party de fa maifon il ouvrit
la porte du cabinet où il s'étoit effecti-
vement caché, & fc jettant au col de
£ arma ; ah ma chère femme , luy dit-il,
pardonne moy fi j'ay douté de ton hoa-
nêreré quelques perfonnes promptes
:
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ii 4 RELATION
des Juifs qui l'avoient fait foubçonner
à Tonfy , refoluc de s'en venger de ht
manière què je vais dire. Il pria Can-
tillo fon Patron de trouver bon qu'il
prit quelques riches meubles chez luy,
& qu'il luy permît de les porter vendre
à ces Juifs , qu'enfuite il l'aceuferoit
de ce vol, & qu'il indiqueroit ceux en-
tre lesmains defquels il l'auroit mis.
QueCantillo s'en plaignant aufli-toft
au Gouverneur , les Receleurs feroient
condamnez à des bâtonnades , Se à
payer une grofîe amende. IL avoua à
fon Partron que ces Juifs luy avoient
fait une pièce dont il defiroit fe venger
par ce moyen i Cantillo s'étant accor-
dé à tout ce qu'il luy demanda, & les
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DU Su MOUETTE. izj
CHAPITRE XIV.
ypyoicnt faire,
La Marquife de ......... Pu ne des
plus belles Dames de la Cour fut tel-
lement éprife defon mérite ^ qu'elle ea>
devint paflîonemcnt arrçoureufe : Elle
combattit long-temps cette inclina-
tion , parce quec'étoit un fujet tro£
inférieur à fa naiflance, mais malgrq
toutes fes rcfiftances,&: toutes les oppo-
ficions qu'elle
y pût apporterai luy nU
-fat enfin ccdêr a fa |^ — ^
-Ci.
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DU Sr MOUETTE. 227
ify avoit autre remède à fon mal > que
de fc rendre aimable à celuy qu'elle
aimoit v elle refolut de le faire, &
de
luy déclarer fes intentions , dans ta
crainte qu'il ne vint à s'engager ail-
leurs, & d'en prendre le temps un jour
qu'il viendroit luy apporter quelque
billet delà Princefle, comme il faifoit
fort fou vent. L'occafion luy fut fa- u-^
vorable dés le lendemain au matin ;>
Dom Raphaël étant venu la convier
de la part de fa Maîtreflc d'aller ce jour-
là dîner avec elle &
lors qu'il fut preft
:
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%t% RELATIF
& mes intentions font fi pures & fi ètoï â
1-
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DUSrMOUETTE. ii 9
les pourroit vaincre* Ainfi voulant
agir avec prudence , & ne rien faiic
éclater pour leur en ôter la connoiflan-
ce, elle voulut fe marier fecrettement,.
afinqu'étans mariez on ne put mettre
d'empefehement à fa volonté. Pour
parvenir à cedeflein , &
avant que d'en*
rien dire à perfonne, elle voulur éprou-
ver la fidélité d'une vieille fille quf
luy avoir toujours tenu lieu de Gou-
vernante x fans l'aide de laquelle elle*
ne pouvoir rien exécuter mais afin de :
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^
DU S* MOUETTE, zpi
mée de fes perfe&ions * toutes les Da-
mes de la Cour le font auffi , & ne s'en-
tretiennent d'autre chofe : & la crainte
que j'ay qu'on ne rae le ravifTe, faic
que je voudrois déjà qu'il fut mon ma*
ry uniquement. Son malheur veut ^
quoy qu'il foit Noble, qu'il n'eft pa*
d'une naifTanec qui égale, ou qui ap-
proche de la mienne , car Ci clic Téroir,,
je Tépouferois publiquement demain ;
Or comme je veux que les chofcs foienc
fecrettes jufqu'à ce qu'elles foient ac-
complies : je te prie , ma chère Eluira %
& je te conjure par l'amitié que tu m'as
toujours témoignée y de travailler à
mon bonheur , qui dépend d'époufer
l'unique bien que j'ayme. Elle acconiv
pagna ce difeours d'une fi grande abon»>
dan ce de larmes , qu' Eluira en fut rou^
chée de compafllon , & connut bien*
que Dam Raphaël étoit ecluy qui l'a-
voir charmée.
Cette fille luy promit une fidélité*
inviolable, qu'elle navolt pas deflêihu
de garder : mais afin de faire ouvrir fon*
cœur plus amplement , elle accompa-
gna fes prome/Tes d'une telle fuir e de;
fcrmens que la Marquife ne s'en pou»*
,
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DDSrMOUETTE. 2*;
fur les juftes precaurions qu'ils dé-
voient prendre en une affaire qui leur
croit Ci importante.
Ils Ce refolurent non de faire périr
Dom Raphaël , mais bien de le fur-
prendre & de l'envoyer à l'Arache >
dont le Gouverneur de leurs amis.
étoit
Qufils iroient enluite trou ver la Prin-
cefle, pour luy
faire entendre comme
ilsavoienr furpris quelques billets
doux qui luy étoient envoyez par une
Dame de leur famille, que pour &
obvier aux accidens qui en pourrofenc
naiftre , ils avoient été obligez cTen
ufer de la forte envers RaphaeLDom
La chofe ainfi refolue s accomplit de
même.
Un foir que Dom Raphaël fortoit du
Palais du Roy. On le jetta dans un
Carofle qui le mena hors Madrid ,
ErîI *
dans Château de Hanovcr qui eft à Ra^haiU
le
fîx lieuesde la ville , où ils tenoient des
Archcrsdifpofez pour le mener à Ca-
dis. Ils le firent pafTer par Tollede
,
Panojerbo, Rofatan, Malagon, Ciu-
dad- Real, Almodévar, Ventas-Nue-
bas, Sierra-Moréna , Andiijar , Cor-
doiia, Pcnna-Flcres, Exija , Ofuna ,
Moron a Bornos Arcos & Puerto-
Digitized by
254 RELATION .
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DCJSr MOUETTE. x n
te de croire que je fois capable de vous
êublier. Quoy que les Mers & les Pro-
vinces nous[égarent 3 nous ofient la fat if*
faftion de noks voir , & de nous cont-
muniquer nos pensées mon ame vont ,
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33
6 RELATION "
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DUSr MOUETT£, ;
t$7
dedans auiïi déclara fur le champ
toc , il
callade.
Toutes chofes étant difpofées en
bon ordre, on envoya dix Soldats de
renfort dans une Barque Genoife qui
éroit arrivée Je mefme jour , avec quel-
ques proviûons de bouche, vingt &
cinq Soldats exilez. Le Patron de la
Barque afin de ne point tirer fon artil-
lerie en vain ; fit remorquer fa Barque
qui étoit demeurée à Pentréc de la Bar-
re > vis à vis des foïïêz par où on la de-
voir ii) veftir. E t après avoir mis en boa
ordre huir pièces de Canon , avec trente
Pierriers , il fut à la Place vers le Gou-
verneur, pour recevoir les ordres qu il
a5 8 RELATION
dcvoit obfervcr.
Gayland fit défiler Ces Troupes an
Main comma n cernent de la nuit, iclquclles
donné à fe trou verentaflêrnblées devant laPia-
a"
*hc" ce à la pointe du jour , &en mefmc
temps fit combler les foflez de fafeines
& de facs de laine, fit drcllèr des échel-
les contre les Murs, & commença de t
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pu Sk MOUETTE, 235
qif il fut renverfé , & le bleflèrent légè-
rement au vifage , & dangereufement-
au bras gauche. Il ne laiflà pas néant-
moins tout blefle qu'il étoit rie refter
au combat,& d'aider encore aux autres*
Gayland qui étoit fur le bord de la
Rivière, pour voir combattre plufieurs
Chaloupes, qui étoient venues d'Al-
, pour invertir le Génois , en vit
^caflar
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DU Sr MOUÊTTE. 241
*ccriri à fa Dame par ce moyen , à la-,
aujfi-tot
je reçus la votre ,
Palais croyant
Lettre 1,
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*4* "RELATION
le peucteftimequonfaifoit de leurcourd*
£e j & quon nélargiffoit que ceux qui
avoient des amis , Us deffendroient fins
mal la Place , & chercheraient leur liber*
te par des voyes indire&es. Tuis infen*
fiblement ils firent changer de face à U
<onverfation : Je fortis du Valais toute
défilée , & je ne me fçaurois confoler,
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DU MOUETTE, 245
Sr
du moindre de vos dcplaifîrs & mes ,
en diligence, &
comme il avoir la li-
berté de faire tout ce qu'il vouloit : il
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Z44 RELATION".
Mouley Archy qui étoit Roy de Ta-
filet &
de Fez, vint faire la guerre à
Gayland, le vainquit en bataille, &
le contraignit d'abandonner fes Etats
pour fe retirer a Alger.
Dom Raphaël avec les autres Efcla-
£ ves de Gayland fat emmené à Fez, ou il
n'y avoit point pour lors d'efperance
de rachape. On le mit pendant quel-
que-temps aux travaux ordinaires des
autres Captifs : mais Mouley Archy,
(
par le moyen de quelques Renégats
qui i'avoient connu à l'A rachc ) ayant
appris qu'il fçavoîf jouer de la Harpe Se
du ClavelÏÏUjtlen fit venir d'Efpagne,&
ne luy donna d'autre employ que d'en
toucher quand il prendroit (es repas.
• Il ne manqua pas d'écrire à la Mar-
quife, pour luy donner avis de ce qui
s'étoit pafle ; il la prioit auflî de ne l'a-
voir plus dans fa mémoire , dautant
qu'il étoit tombé dans un lieu d'où il
n'auroit jamais liberté. : Qu'ainfi il la
fupplioit de fe en ou-
rendre heureuie ,
v *
*
' •
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DUSrMOOETTE. i4|
vie , il ne laiflbit pas de luy faire des
proteftations d'une inviolable fidé-
lité.
M
conçut un
A dame
par
la Marquife de ......
la réception de Votre dernier*;>
fi voyant la eau-
tel déplaifir ,
\ >
lettre j
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RELATION
malheureufe , difoit-elle 9 falloit-il fat*
mer peur le rendrefi mlferable ? Pardonne
moy cher Raphaël , Vexcez. de mon amour
a caufe mon forfait : mais puifque je fuit
frivée pour jamais du bien de te revoir,
& quil riy
j
». »
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DU Sr MOUETTE. 247
tlles trouvèrent auprès de fon lit votre
Lettre , qui efloit prefque toute effacée de
t abondance des larmes qu elle avoit ver*
Jees dtffus. Elles en firent la lefturc en v
prefince du Duc de votre Rivale
qui ne bougeoit tous les jours de chez,
elle.
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~*4« RELATION'
// ri a rien épargne dans cette l^ompt fpih
*nebre pour faire connohre a tome la
y
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DU Sa MOUETTE. ^
i 49
les voukit pafler il fut arrêté tout
mené devant le Roy , qui
court. Il fut
luy demanda ce qui l'obligeoit à fc
fauver de fon païs , & qui luy avoir :
Digitized
*5o RELATION
Chrétiens Captifs , les donna à Cor?
choix Et comme Dom Raphaël avoit
:
trois-cens bâtorinades
> &
pendant
trois jours il luy en ordonna encore
cent tous les matins j ce qui fit qu'on
luy ôta de pjufîeurs endroits du corps-
gros comme, les points de chair mor-
te : On luy baflinoit Ces playesavecdu
fçl Se du vinaigre > afin d'empêcher la
gangrenne , &
quelquefois avec de
î'çau de vie , à caufe qu'il n'y avoit
point de Chirurgien , ny d'autres me-
dicamens pour le penfer 5 lors qu'il
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DU Sr MOUETTE. 251
commença à cheminer, Checq Amar
pour fe mocquer de luy , luy demanda
un jour qu'il le rencontra, s'il fuïroïc
encore.
Dom Raphaël , à qui la mort étoit:
plus douce que la vie, luy repartit d'un
ton ferme, &
fans crainte : que puis-
qu'il en avoit ufé envers luy avec tant
de cruauté pour une faute fi légère,
que Dieu étant jufte, luy feroit cette
grâce de l'en voir bien recompenfé.
Ce fut une efpece de Prophétie qu'il
luy annonça : car Checq Amar fut tué,
& mis en pièces par les Noirs du Rojf
à la dernière Campagne de Maroc , ou
Dom Raphaël étoit pour lors, commq
on verra dans la fuite.
Checq Amar mal reconnoifïàntdesf
faveurs que le Roy luy avoit fartes s
ctoit des Révoltez de Fez, & l'un de
leurs principaux Chefs. Il fut député
par Ville pour commander les
Troupes Thefa au
qu'elle envoyoit à
fecours de Mouley Hamet Meheres ,
qu'elle avoit reconnu pour Roy. Mais
quatorze mois après Mouley Seméin
ayant fait offrir la paix à la Ville , clic
laccepta volontiers. Dom Raphaël ,
aufli bkn que moy , fûmes avec cous
- L v
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RELATION
les autres Chrétiens menez dans Fez
neuve, &
deux ans après MouleyHa-
mcc ayant rentré dans Maroc ; Mou-
ley Scméin Ton oncle qui fe divertilToir
à Salé , envoya ordre à fes Généraux
d'Armée qui écoient à Fez de venir
avec fes Troupes le joindre inccflam-
ment , & à Ardouan d'envoyer dou-
ze Chrétiens pour conduire l'ArriU
lerie.
Dom Raphaël qui penfoit toujours
à fa liberté , croyant qu'allant en cam-
pagne il trouverait plûtoft l'occafion
de la chercher , donna dix ducats d'oc ]
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DU Sr MOUETTE. i5 j
lus de mille coup*, &c mourut entre
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jj 4 R
E L A T I ON
gcncc , voulut une nuit dérober de*
chevaux dans le Camp , mais ayant
été furpos , il fut mis en pièces par les
Noirs du Roy, qui neluy donnèrent
aucun quartier. Dom Raphaël ayant
fçû fa difgrace ne perdit point courage
pour cela > au contraire , la nuit fuivan-
te, comme ils avoient fait leurs pro-
visions, il fortit du Camp avec le Por-
tugais, & fe furent cacher au pied d'u-
ne Montagne qui en ctoit éloignée de
sx lieues.
Il y avoit en ce lieu plufïeurs Caver-
nes , dont les entrées répondoient fut
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DU Sr m ouette: %sf
bord du ruifleau. eftant rentré au mi*
lieu ils le repoferent jufqu'au couchée
du Soleil , qu'ils fe mirent à chemi-
ner.
Ils marchèrent toute la nuit fan*
qu'il leur arrivât rien de con/ïdcrable
mais la fui van te s'etans mis en chemin^ *
ils reconnurent au clair de la Lune un
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DU Sr MOUETTE. îfr
amoureux, puisenfuite elle fc plaignit
à une de fes Compagnes ; de ce que fès
parens ne luy vouloient pas donner un
de fes coufîns qu'elle aymoit paflionne-
*nent.Elles parlèrent enfuke des nouvel*
les de la guerre , &
que Mouley Seméin
feroit vi&orieux &
chafleroit Ion neveu
hors de Maroc , après un long fiege : &
enfin elle dit que depuis quelques jours
deux Chrétiens avoient fuy du Camp,
dont on cherchoit des nouvelles. Com-
me elle finiflbitfon difeours un trou-
peau dcChevres &dc Boucs, s'appro-
cha de fes filles qui difparurcnt au mo-
ment : & comme ils broutoient le buif-
fon un des
, Boucs tomba dans la
Matemore. Il ne fut pas plutôt en bas
qu'il retourna en haut comme s'il a voit
eu des aifles , ce qui leur fit que
croire
c'étoit quelque fort que i'Alcayde Ben-
Jauja , avoit fait jetter fur leurs hardes,
après qu'ils furent partis du Camp.
Il faut icy remarquer que quand
quelque Chrétien s'enfuit >fon Maî-
tre envoyé chercher un Talbe , qui cft
un de leurs Prêtres. Ce Talbe fc fait
conduire au lieu où il couchoit avant de
s'enfuir , ou bien fc fait donner quel-
ques hardes > qu'il portoitaflez fouvent.
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i 5t RELATION
Il marmotte cnfuitc far la place ou fur
les hardes , & puis il prend une bralTe
j
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DU Sr MOUETTE, zft
Comme il y avoit deux jours qu'ils a-
yoient manque d'eau , ils beurent leurs*
urines: mais venant à pafier tout pro-
che d'un Château , ils y demandèrent à
boire.
Les Arabes les envoyèrent à une fon-
taine qu'ils dévoient trouver fur leur
chemin à laquelle ils s'arrefterent
:
peines. * !
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Dtl-$ft MOUETTE. i6t
qu'ils s'étoient fauvez à deflein de re-
tourner en leur païs. Eftant rentrez
avec leurs Compagnons pour fervir à
l'Artillerie, ils reprirent bi en- toft leurs
forces, & firent des provifions pour
fuïr encore une fois.
Apres qu'ils furent partis l'Alcayde
Ben-jauja qui eftoitleur commandant
& les avoit fous fa garde, envoya quan-
tité de Soldats après eux : deux dcfqucls
allèrent long-temps dans leur compa-
gnie, fans les reconnoiftre ; mais les
Maures s'étant aperceus qu'ils faifoient
leur poffiblepour s'éloigner d'eux , fc
âbuterent de quelque chofe ils les :
feres , &
ils en auroient encore fouffert
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DU Sr MO UT TE.
net. Quand ce Prince donna bataille
aux Barbares des Zaoiïias qui s'étoient
revoltez,leCapitainePortugais avec un
Efpagnol furent tuez par les éclats d'un
Canon qui creva, &
loifquc Doni
Raphaël fut de retour à Miqucnes , il
fut heureufement du nombre de ceux
que la Rédemption d'Efpagne, rache-
pea en l'année 16S0.
*
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^
DUS* MOUETTE,
paraître l'inclination naturelle qu'iL
avoit à la débauche pour les femmes*
Qn jour qu'il Ce divertiflfoit avec un
éentiihomme qu'il renconna de fes
amis-, & parce qu'il fçavoit parler bon
anglois, à caufe qu'il avoit autrefois
demeure en Angleterre. Il entendit
delà chambre où ils étoient quelques
voix de femmes qui chantoient admi-
rablement bien*, qui fe plaignoient dfe
terre, &
déplus que celuy-cy parloir
fort bien leur langue; la plus jeune
fe levant toute confufe luy prefenra
,
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DU 5r MOUETTE. %6 7
Sanaba-dognes de f'anchernan â en met-
tât lamain à l'épée :nôtre François qui
enfin autant, le pointa de prés , luy &
tira du fang j les filles les voyant les
épées nues & leur frere blefle , mirent
la tête aux feneftres , & crièrent au
meurtre en appcllant du monde au
fècours. L'hôte du logis avec quelque*
uns de nos matelots qui eftoient à y
boire , s'armèrent de bâtons ferrez ,
furent avec le Gentilhomme , qui étok
décendu au Jardin pour les feparer. Ils
fe rencontretent à propos dans ce lieu
pour empefchei les Angloîs , qui ac-
coururent eh troupes au brtiit.de ces
filles, de faire main baffe fur le .Nor-
mand, & pour le faire évader*
Nous aprîmes que ces Damoifellèf
qui éroient venues avec leur frçre,pour
voir la Mer & les Vaiffeaux , étoienf
filles du Re&eur de fVnivc&fité d'Oxr
fort. Et après que cela fe fot pafïê, lc
Capitaine ne voulut plus le biffer aller
à terre , il parut tout le refte du voyage %
toujours tort honnefte & fort retenu*
Lorfque Mouley Archy en l'année ;
à la Cour , &
pour achever de Iùy ap-
prendre à luy faire toucher un Luth,
«dont elle fçavoit joiier palTablement
bien. * 1
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DU Sr MOUETTE. 169
taire de fon mary , & laquelle demen-,
roit dans un logis voifinde cciuy de
PAlcayde.
* Cette femme qui étoit jeune belle &
par excellence, &
qui avoir infiniment
de Pcfprir 5 fe laifïa charmer par la voix
de noftre Efclave , fa paflion qui la fe*
licicoic de luy déclarer ce qu'il avoit
fait naître en fon cœur 0 le bien &
qu'elle luy vouloir faire ; l'obligea de
conjurer un iourle Sr de là Place de>-
vant fa confine, de venir quelques fois
chez elle pour luy. apprendre a jouer
d'une G uitarre qu'elle avoit au logis.
Le Srde la Place qui n'avoir rien à
aire qu'à fe divertir , &
qui ne deman-
oit pas mieux que de bonne chc-
faire
fe , quand il en trouvoit Poccahon
luy dit qu'il eftimoit fa captivité heu^
reufe, puifqu'elle luy donnoit lieu de
rendre ferviceà des Dames qui etoient,
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DU Sr MOUETTE.Iji
les foubçonner de quelque intrigue
qui luy califat un mal de têce. Le
Maure qui croyoit que fa femme
luy parloit (incerement , la loua fort
de ce qu'elle defiroit apprendre à jouer
du Luth , &
pour luy donner toute la
fatisfa&ion qu'elle dedroit , il fut le
mefme jour convier, le Sr de la Place
de venir chez luy des le lendemain.
•
Les chofes étant ainfi difpofécs, ils
eurent tous les moyens de lier com-
merce enfemblc {ans crainte d'eftre
troublez , neantmoins un jour que
Zaydaluy accordoit les plus écroites
, la Nègre qui avoir accoutumé
faveurs
de faire fentinelle fur la porte , étant
entrée dans une maifon voifinc^our
parler à une autre Nègre qui l'avoit
appeilée , ils furent furpris par le mary
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x7 % REL ATI O N
clave le Cimeterre à la main , maîé
l'ayant apperçû entrer dans le logis de
ion Maître, &
ne 1 ayant pû atteindre
il s'en retourna au fien > où il rencon-
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D Q Sr MOUETTE. i 7j
crédule que {a femme,
envoya cher-
il
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DU Sk MOUETTE
trompé , &c crut s'être trompe luy-
même.
Puifque nous for tons de devant le De fc
Cady qui eft le Chef de la Juftice , &c juftice
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i76 RELATION
n'ont pas voulu comparoîtrë, leur ac^
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DGf Sr M
ODETTE, iff
on leur ôte la main gauche , & s'ils ré-
cidivent à un troihemé > qui ne fe peut
faire qu'avec les dents , on leur tranche
la tête: Et pour
premiers toutauffi-
les
toc qu'ils font arrêtez &
prefentez aux
Juges on leur tranche la tête, ou on
les fait traîner à la queuë de quelques
Mules»
Les Adultères font lapidez , & les
Homicides font punis de mort. Les
femmes publiques & lesyvrognes font
châtiez avec les bâronnadcs , de la pri-
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178 RELATION
liées derrière le dos , avec un Bourreau
qui marche après luy pour le faire pro-
mener par toutes les tues de la Ville.
Ce Bourreau luy fait publier fon cri-
me à tous les CarrcfourSjdans les prin-
cipales rues marchandes , où il luy
donne fur les épaules quantité de
coups y avec des houflines de bois de
Grenadier &
de Coignafïicr, ou bien
avec des courroyesde cuir en plufieurs
doubles : En fuite il le remene devant
le Haquem , qui envoyé confifquet
pour le Roy tout ce qui eft dans fa
Boutique , &
on le met en prifon , où
il demeure trois ou quatre mois , à la
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DUS* MOUETTE. % 7j
quem l'a taxée. Chaque raye faifant
un denier ou felous du païs , & s'il ya
neuf rayes fur le billet /elle vaudra
neuf deniers la livre , plus ou moins , à
proportion de fa bonté. Il arrive bien
fouvent que la chair du jour précèdent
aura été meilleure > &
par confequent
aura été taxée à plus haut prix. Ils fup-
pofent les billets de ce jour-là, qui font
bien fouvent reconnus par les gens
que le Haquem envoyé exprés pour les
exami ner j Et il eft permis a tout ache-
pteur de faire pefer fa marchandifê au
poids d'un autre Marchand , &
s'il en
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iSo RELATION
voy oient plus qu'en prefencede Ra-*
la
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DU Sa MOUETTE. i9t
Jeurper^dc le leur permettre. Le Sieur
de la Place leur donna des commence-
mens, &
pendant le temps de quatorze
mois que dura la guerre entre les Ville»
de Fez , il ne fit autre chofe que de leur
montrer , à quoy elles rciiflixent très-
bien.
Comme ces Dames alloicnt tous les
Vendrcdys dans les Bains publics de la
Ville, pour fe divertir à rire avec les
autres femmes ; & afin de le faire avec
plus de plaîfir , elles y menoient avec
elles le Sieur de la Place déguifé en
fille, lequel pendant quelles en troienr
feules dans un Bainfeparé, reftoit au
milieu des autres femmes, qui toutes
nues fe baignoient devant iuy pendant
qu'il joiioit de la Guitarre, en atten-
dant que fes Maîtreflês le viniTent re-
trouver. Et s'il fe paffa quelque chofe
de plus particulier dans fes galanteries,
je n en ay point eu connoiflance.
Il faut icy faire une remarque, que
les Chrétiens captifs , peuvent entrer
par tout dans les maifons de leurs
Maîtres quand ils en ont eu permif-
fion dautant que ce n'eft pas une cho-
;
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DU Sr MOUETTE. 28,
luy donner une chambre dans l'Ap-
fie
1S4 RELATION
Vice-Roy à > ce jeune Princé
Tafilet
mena S îeur de la Place avec luy, avec
le
CHAPITRE XVIL
Hiftoîre de deux Renégats , dont f unfit
brûlé vifa Toutoitan J &
l autre
- • à Sevilk.
DEux Efpagnols
vingt-ans
, l'un âgé de
natif de Murcie , ÔC
l'autred'une Metrairie qui eft proche
de de Tarifa, à Temboucheure
la ville
du détroit de Gibraltar , âgé de vingt-
quatre-ans , avoient été pour leurs
crimes exilez dans la Fortcrefle de Pi-
gnon de Vêlez , qui eft en Affrique
dans la Province du RifFe voifine de
Toutouan. Quelque - temps après.
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DU'Sr MOUETTE. i8y
qu'ils y furent arrivez > ils refolurent
enfcmblc de fe rendre aux Maures pour
fe faireRenégats. Une nuit qu'ils
croient de fentineile , ils exécutèrent
ce qu'ils avoieiit prémédité , & pafïe-
rent aux ennemis -, ils furent rencon-
trez des Barbares dés le point du jour,
lefquelslcs menèrent à Toutoiian afiu
de les vendre.
*
s
Le Gouverneur de cette Ville les fit
,>
gayeté de cœur , ic même en ma pre-
yy fence , ton Créateur , fans lequel tu
naurois jamais eu l'être. quieften- &
$y core aflez bon de te fouffrir vivant
3,
après les paroles que. tu viens de pro-
„ noncer contre Ton adorable Majefté, &
3,
la Saintété de fon Prophète. Crois-tu,
„ luy dit-il ,
que les Maures ne connoif
fent point Dieu ? &c que Mahomet ne
„ foit pas fon Prophète ? Puifque tu re-
3, nie le premier ,
qui eft l'Auteur de tou-
teschofes, pour fuivre fécond, quile
5,
teur 5 s'il eft ainfi , comme tu l'as té-
f,
moiané par tes paroles , & que les
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DU Sr MOUETTE. 287
pas ? tu es bien miferable car il n'y a „ !
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m REL ATI
fupplice^pout fervir à
O N
punk fonim*
pieté*
Apres cette exécution , qui ne tarda
Î;uere, l'Alcaydefit vêtir fupcrbemenc
'autre Renégat, qui étoit encore tout
é pou venté du fupplice que Ton com-
pagnon venoit de fournir. Il le fit
monter à cheval, & l'envoya promener
par toute la Ville , &à l'entour des
murailles. Il fut accompagné des
Tambours, des Hauts- bois , & des au-
tres Inftrumens dcMudque qui mar<*
choient devant luy, &
de toute la Ca-
valerie qui fuivoir. Après qu'il foc
guery de fa Circoncifxon , l'Alcayde
le tint auprès de fa perfonne , luy &
donna desemploysaflez confidcrables,
Se le fit inftruire de tous les principaux
points de fa Religion.
* - Lors qu'on payoit les Garammes
qui font les Tailles du Roy y étoit
, il
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D Q Sr MOUETTE. ^
qu'il avoit receuë le faifoit raaître de
les actions. Il s'aiTociaavec quelques
Bourgeois de Toutoiiau afin de con-r
ftruire une Frégate pour aller en cour-
fe. Lors qu'elle eut .été mife en état f
N
1)6 RELATION
comme iSous leurs jardins ne font fepa-
rcz que par des hayes fort claires i lors
qu'elle y fut entrée , il la confidera à
fon aife au travers de la haye , en le
}>romenant tout le long. Cette veue
uy caufa des joyes nompareilles , mais
quand il s'en fallut feparer , il, en reçût
ùnc fi grande triftefiè , qu'elle ne fe
peut bien exprimer.
Il pria en fuite l'un de fes amis qui
ctoit fon Piiotte, de luy faire faire les
complimens par fa femme > pendant
qu'il la demanderoit à fon perc , qui la
luy promit au cas qu'elle y voulut con-
fentit. Afin de l'obliger à luy vouloir
du bien, il luy envoya plufieurs pre-
<ens , qu'il fit toujours accompagner
:
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DU Sr MOUETTE. i 9t
Quelques jours après qu'il eut reçu
cetteréponce , il fut en courfe vers les
Côtes d'Almerie au Royaume de Gre-
nade , où il mit pied à terre : il enleva
plufieurs Pafteurs qu'il trouva de nuit
retirez fous des Cabanes auprès de
leurs Troupeaux , où par malheur il fe
rencontra deux femmes qui étoient ve-
nues le même foir avec chacune une de
leurs filles pourvoir leurs maris , les
ayans trouvez tous endormis , il les fit
garrot er &
mener à bord de fa Fregatte,
où il Ce r'embarquaavec fa prifecom-
poféc de dix per fon nés.
Lors qu'il fut de retour à Toutouarç,
fl envoya à fa Maîtrcflè la plus belle
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i9 i RELATION
drices, afin dcftuTurer qu'il éroit tou-
jours difpofé à la fatisfaire, &qu'elle
re , &
que l'obfcuriré d'un brouillard
pouvoir rendre fa roure inconnue' à ,
» -
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DU
Sr MOUETTE.
i$f
donner la chaflc. Il fit voile vers la
Côte d'Efpagne, ôù il arriva au com-
mencement de la nuit & mouilla l'an- ,
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DU Sr MOUETTE. 195
à Pinfçû de vos Serviteurs , afin d'en
ôter la connoiflfance au monde : car fi
les Officiers du Roy > ou l'Inquifition,
venoient à ie fçavoir , fous prétexte
que j'ay eft£ Renégat ils pourroienf
s'en rendre les maîtres. Et* pour les
mieux tromper il leur tira quantité de
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DQ Sr MOUETTE. i 97
Ce garentir eux-mêmes des defcentes
des Maures de Toutoiian , qui font fré-
quentes dans ces quartiers.
Ces Pafteurs ayans allarmez par
efté
l'écho de la voix plaintive, s'armèrent
tout auffi-toftdc leurs Fufils delcurs &
épées , &
tuèrent du côté où ils avoienc
entendu cette voix peu de temps après
:
N v
i98 RELATION
mais après être revenu à foy ; mes li-
bérateurs, dit-il aux Paftcurs, ) entre
lefquels croit un quiétoità luy>) vous
voyez de la manière qu'un miferablc
fils que j'ay Renégat me vient de trai-
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DU Sa MOUETTE. i 99
le lieu où il avoit livré fon pere , il fat
bien forpris de fe voir faifi au colet,
& mis au même état qu'il l'avoit fait
mettre auparavant. Lorfque ceux qui
avoient conduit les Maures aux Caba-
nes, furent de retour avec leurs com-
pagnons 3 ils allèrent tous enfemble >
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joo RELATION 1
delaFregatte, &
après avoir reconnu
qu'elle étoit aux Maures, elle la voulut
aborder : les Maures défendirent
courageufement plus de deux heures
entières : & après avoir perdu plus de
trente hommes qui furent tuez, voyant
qu'ils ai loïent uiccomber , ils eoupe-
xent leurs cables , &
échouer ent fur le
iâble. Les Efpagnols qui les regar-
doient décendre en terre , en tuèrent
encore piufieurs, &
même de ceux de
la Ville , qui étoienc venus plûtoft
.
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DQ Sr MOUETTE. jox
donner du fecoursj&cn fuicc ils s'en?
retournèrent (ans avoir pu rien faire
de plus conûderabie.
Les Pafteurs qui étoient retournez
à leurs Cabanes pour achever d'y
pafler la nuit , ne manquèrent pas dés
le grand matin de mener avec eur
a Tarifa les Maures & le Renégat,
pour les livrer aux Inquiûteurs. Com-
me ceux cy n'étoient que* (tes familiers
de rinquiûtion majeure qui croit z
Sevillc , ils écrivirent a llnquifiteur
majeur , qui leur envoya des Archers
pour les transférer devant fon tribunal;
pour y être examinez. Les Maures qui
furent reconnus pour Maures , non &
pour Renégats, comme on avoit penfé
qu'ils étoient , furent envoyez aux Ga-
lères : mais le Renégat for gardé pour
travailler à (aconvertion , ou pour être
punyde fes crimes. Ce mifcrablc de-
meura obftinc, &ferme dans fit
fut fi
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3
oi RELATION
vouloit mourir , pour l'amour qu'il
portoir à Tune des plus belles Dames
d'Affriquc : il profera en fuite piu-
iîeurs injures à ion perc, à fa mere, ic
aux lnquihtcurs * ce qui les obligea de
changer les premiers fentimens qu'ils
avoient eus de luy pardonner, s'il s'é-
toit converty, en ceux de le faire brûler
vif à petir feu ,
pour fervir d'exemple.
Ainfi finir ce malheureux Apoftat ,
qui n'eut pas une plus douce que
fin .
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DU Sk MOUETTE. $®j
depuis amenez à Fez par Mouley Ar-
chy, lors qu'il vainquit Gayland, &
le contraignit de fe rctirci en Alger-
CHAPITRE XVII.
Traire d* Commerce.
COmme
amené
le Commerce
l'abondance
eft ce qui
& les richefles
dans un Etat ; depuis que la France s'y
eftappliquée, elle a furpafleen gran-
deur &
en magnificence tous les autres
Royaumes de l'Univers. Ses Mar-
chands que la Navigation a conduits
dans toutes les parties du monde i l'ont
rendue fi abondante de toutes les cho-
fes qui luy étoient auparavant incon-
nues ; que nous pouvons dire avec
jufte raifon , que nous pofledons géné-
ralement tout ce que les autres Nations
n ont qu'en particulier.
Nous devons tous ces grands biens
au zele infatigable , & au fublime&
vafte génie deMonfcigncur Colbert y
dont la vigilance , Pexa&itude , la pru-
dence, &
les merveilleux talens l'ont
fait fleurir dans tout le Royaume s &
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5o 4 RELATION'
{ans les foins qu'il y a donnez uou9
ferions encore aujourd'huy auffi dé-
pourvus que jamais de piulieurs cho-
ies neccflTaircs , dont nos Pères ont été
privez } Car ce (âge & tres-éclairé Mi-
niftrcy non content de nous fatçc ap-
porter les chofes les plus éloignées, a
encore bien voulu pénétrer dans les
fecretsde nosvoifins, pour nous ren-
dre familières , &
à juite prix , par le
grand nombre de Manufactures qu'il a
établies ,. ce que nous ne pouvions ti-
rer deche2 eux qu'avec des fommes im-
menfes. Ainfi c'eft à fa fage conduite
que la France ett redevable de & pom-
pe , &
de la multiplicité des Arts , qui
la rendent aujourd'huy la partie du
monde la plus heureufe & la plus
abondante.
Or comme la Barbarie eft un païs
des plus fertiles de la Terre , & que les
Royaumes & de Maroc quien
de Fez ,
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DU Sr MOUETTE, joj
en ont faite ,nous donnant un libre
accez d'aller chez eux , pour en tirer^
ce qui nous fera le plus utile, &pouu
leur porter ce que nous avons de fuper-
flus : je ne feroispasune chofèdefa-
greable au Le&cur , d'expliquer dans
ce Chapitre les chofes qui concernent
le trafic ; &
qu'au contraire , il me
fçaura gré de n'avoir pas omis une cho^
fc Ci utile &
Ci importante,
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y>6 RELATION
à leur entrée &
à leur fortie toutes leurs
Marchandifes , les plus grands Vaif-
feaux demeurans à la Radde , d'où bien
fouvent ie vent d'Eft les contraint de fc
retirer à Gibraltar ou à Tanger, pour
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DU Sr MOUETTE. 307
te Place fut prife par Moulcy Seméin *
fur Efpagnols en l'année 1681. qui ma,
les
.ne voulurent pas la défendre. C'eft le
lieu le plus commode pour le Commer-
ce de tout le Royaume de Fez , le Fleu-
ve eft tres-profond , peut recevoir, &
des Navires chargez du port de 300.
Tonneaux : & afin de l'y établir , le
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R E L A T IOlSf
dXDûeft , & de Nord-oiieft, foufflens
avecimpetuoftté.
LesConfuls & les Marchands dont
je viensde parler ^s'ermehiflent la plû-
paît du butin que les Corfaires font fur
les Chrétiens y dcfquels ils l'acheptent
à vil prix pour le renvoyer en Europe >
où ils gagnent le quadruple deffus
j'entends de celuy qui n'eft pas utile
dans le pais, comme font la plûpart
des marchandifes qu'on envoyé à l'A-
mérique , des Vins , Eaues de vies
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DU Su MOUETTE. 30?
de cette forte , que de renvoyer l'argent
à ceux qui le leur ont livré ; parce que
par là ils évitent de payer l'intereft
pour le temps qu ils Pont gardé , fe &
font encore payer du rant pour cent
qu'on leur avoir promis pour leurs af-
furanecs ils allèguent en fuite aux pa-
:
l ^
s
Digitized by
jio RELATION
tarbatic ccvoir de leurs païens, de leurs amis,
ou de leur bien , le (ecours qu'ils ont
Leurs parens ne man-
lieu d'en efpcrer.
quent pas de donner ordre à
aufli-toft
des Marchands, qui ont des correfpon-
dances , ou des afïbciez fur les lieux
où ils font , &
de leur fournir les fom-
mes qui font demandées pour leurs |
rançons.
Ces Marchands après avoir reçu Par*
genc , l'employent en Marchandifes ,
ôc les envoyent en Barbarie à leurs Fa- \
ê à Alger ,
toîian ou dans les autres
Villes Maritimes où font les Captifs :
ces Fadeurs qui font la plupart des
miferabies , ou des banqueroutiers, ;
grandes formes.
Les Marchands François qui de-
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DD SrMQUTTE. 311
meurent actuellement à Marfeille , à la
Rochelle , à Bordeaux , & à Bayonne
qui font <lc concert avec leurs Fa&eurs,
& avec lefquels partagent le gain j
ils
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DU Sr MOUETTE. 315
écrivant, par la voyc de Tanger & de
Ceoiïra ; c'eft pourquoy il fera à propos
d'en faire de même en d'autres rencon-
tres,& d'écrire aux Captifs parles niâ-
mes voyes , ou d'autres femblables *
pour ôter les moyens qu'ils ne trom-
pent plus à lavenir. 9
lleftdonc neceflaire pour empefeher M 0ycai
le cours de ce Commerce infâme, que pourcm*
tous ceux qui donneront de 1 argent ç CS de*
aux Marchands pour faire rachepter ûk4i*
des Captifs j foiens avertis , que s'ils
veulent leur faire donner une prompte
liberté, il faudra limiter avec eux un
terme préfix de fix mois, plus ou moins,
fuivant la diftance des lieux pendant
:
Digi
$14 RELATION
vcs y Se il cft bien jufte qu'on prenne de
telles précautions avec eux , puisqu'ils
prennent beaucoup d'argent pour leurs
affiirances. Ce que je viens de dire neft
pas pour faire tort à la réputation des
gens de bien qui trafiquent en ce païs-
là , mais pour découvrir les tromperies
des méchans , &
enfeigner à s'en don-
ner de garde.
Azamor qui eft éloignée de trente
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D U Sr MOFETTE. vs
Voilà Ports où nos Marchands
les
s'établirent -, &
où ils tiennent leurs
magasins pour fendre leurs marchan-
difes en gros , aux Maures aux Juifs, &
qui envoient à leurs affociez , qui
les
font dans les Villes déFez , Miquencs,
Maroc, Tarudant dlllec , qui en&
font les Capitales. Ceux-cy eh font
tranfporter une bonne partie dans le»
Provinces du Royaume de Tafilet ,
comme Sara Dras , & Toiiet ; d'ôù ils
tirent des dattes , des plumes d'Auftru-
£hes , de l'indigo , & de l'or en poudre,
qu'ils appellent tibir.Les Arabes de
ces Provinces qui trafiquent dans les
«Royaumes de Sudan , de Guinée, &c
de Tombouétou: fe fervent de Droma-
daires, qui font des animaux d'une vi«
te(Te & légèreté incroyable fur lefquels
ilschargent dufel blanc, avec quoy ils
négocient avec les Nègres, pour avoir
cette poudre d'or : mais comme leur
manière de négocier eft a(Tez plaifante,
& que Tufage de la parole y eft inter*
dite, j'en feray le récit en ce lieu, tel
que jeTay appris de plufieurs Maures
de Dras & de Tafilet , qui y avoient
été plufieurs fois.
Lorfque les Arabes ont paflï le|
O ij
RELATION 1
païs des
ro ûj our sen côtoyant, jufqu'à ce qu'ils
rencontrent un des lieux ou ils s aliem-
tient pour faire leur négoce. Ce lieu
cft ordinairement éloigné d'une portée
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DU. Sr M O IJETT E. jïj
{ervir à mettre le fel. Ceux qui en
ont à vendre font fur ces nattes plu-
fleursmonceaux de différentes mefu-
res } en fuite dequoy ils fe retirent un
peu loin pour voir arriver leurs Mar-
chands. Les Nègres qui en ont befoin
s'approchent de ces nattes, confide- &
rent tous les monceaux qui font delfus j
& quant à ecluy qui leur agrée , &
qu'ils croyent avoir aflez dequoy le
payer , ils font auprès d iceluy la mon-
tre de leur poudre d'or , &
fe retirent
auflî à leur tour. S'ils n'en trouvent
point qui leur foient jjropre, ils laiîk
lent auffi leur or auprès d'un monceau
de fel, &
l'Arabe à qui il appartient le
.Tient voir, pour, l'augmenter , où di-
minuer à fa volonté.Lors qu'ils fefroiiv
yent d'accord , c'eft lors, que l'Arabe-
prend une poignée de fel , &
la met au*
p*çs de l'or ; en fuite ils font fignal aux
Gardes de venir mefurcr le fcL, lcfr
«juel^ en prennent la douzième partie
pour \ -Alc-aïr, &
une once pouc cha-
que lifac d'or. Ce Commerce fe fait
fans parifer, ny fans qu'il y arrive au-
cun deforàre de côté ny d'autre & s'il >,
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DUS* MOUETTE. 319 *
d'Azamor, de Sa-
d'Arzillc, de Salé,
d'Alcaflàr ,
^ n
envoyé
£
phye , & de Sainte-Croix , pour ief- pc en°"
quelles nos Marchands leur portent Batbaii§
Digitized by
$10 RELATION
tne des couteaux cifeaux , épingles y
,
qu?ïcs
€
des Villes & des Marchandifcs ,
je di-
ftdoivét
au ^ 4uc W yc chofe fur larcfidcncc
compos. des Marchands , afin que ceux qui von-
pu
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DU Sr MOUETTE. 32*
ctronty aller négocier, qui ne fça- &
vent pas les coutumes du païs , ap-
prennent ce qu'ils font tenus d'ob fer-
ver , pour n'être point furpris ny in-
quiétez des Gouverneurs des peu- &
ples, ny même d'avoir aucun démêlé
avec eux pour le payement de leurs
Marchandifcs, & dans toutes les au-
tres occafîons. v
La première chofe qu'ils doivent fai-
re le jour même, ou le lendemain de
kur arrivée , c'eft d'aller vifiter le Gou-
verneur de la Ville, &
de le régaler de
quelque prefent honnête , fuivant la
coutume, & luy rendre dans la fuite
fou vent des vifîtes çour fe concilier?
fon^amirié ; car les Maures font forts
vains &
amateurs de gloire , principa-
lement quand ils font dans des Polies
élevez 5 comme
celuy de Gouverneur.-
luy faire des plaintes pour les
Il faut
moindres différents qu'ils auront avec
ks Maures ou les Juifs, damant que
cela tourne à fon profit , pour en
tirer
quelque amende : &
.afin de ne point
donner lieu à cette canaille de les me-
prifer, ny de leur faire aucun tort :
car lors que le peuple void que les'
Marchands font dans quelque cfthnfi
O v
jii
f
RELATION
auprès du Gouverneur , 8c qu il prend
leurs întcrefts , chacun va plus choit en |
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DU SaMOUETTE. 315
dre au Gouverneur , que de fe faire
foy-même étant fort jaloux de
jufticc ;
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314 RELATION
autres héritages que leurs maifons, te
quelques jardins qui vallent peu de
chofe.
Ils ne prendront non plus aucunes
Marchandifes à crédit des Juifs , ny ne
feront aucuns Livres journaux avec
eux, dautant qu'ils. écrivent toûjours
plus du quart ou du tiers qu'ils n'ont
livré fuivant en cela une certaine ma*
: •
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DU Sa MOUETTE. 325
pour faire connoîtrc de quelle manier*:
on fe doit fiera leur prudhommie.
Lorfque les Juifs fe veulent faire*
payer de ce qu'ils ont écrit fur leurs*
Regiftres , ils briguent la faveur du
Juge, qui eft ordinairement le Gou-
verneur de la Ville , en luy faifant
quelque prefent ou bien par la pro-
,.
•
môigner de la charité , & du fecours
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i
DU Sr MOUETTE, ftf
Marfeille , qui croit Confui à Salé,,
qui non content de les avoir bien réga-
lez ce jour-là, leur donnoit encore da
l'argent & comme fait encôreaujour-
:
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4
rçtf K E L A T I 0Ff 1
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DU Sr MOUETTE 71 £
fois que Dieu luy donnera les moyens
de le faire.
Les Révérends Pères de îa Mercy
qui fc préparent bien-toft à faire une
troiftéme Miflîon dans les Royaumes
de Fez & de Maroc , ont député le
R. PeredeChilly célèbre Religieux de
leur Ordre du Couvent de Paris , pour
en être le Chef, & qui doit partir aufli*
toft quevosamônes leur auront fourny
le fonds neceflaire pour faire les gran-
des dépences à quoy on eft obligé dans
ce pénible voyage , tant pour le ra-
chapt de chaque Captif , qui excède
toujours le prix de deux- cens écus, que
y ouï les prclens qui fc font au Roy de
Maroc, & aux Gouverneurs des Villes
pour les obtenir, que pour les avanies
qu'on leur fait payer pour la moindre
chofe qui arrive.
I
330 DICTIONAIRE
'
CHAPITRE DERNIER.
«
François. [ Arabesque.
A
*
AUNomde.Dieu, Mefîm-alla.
Aaron, * Aran.
Abraham , Braham.
A bondance , Coulchy-befef.
A bricots , Mechemecbe.
Abbrever un Cheval , OttrdoH-l hafat
-Aciw » Le he'md.
Adieu , Cot-alUejuer.
A Dieu ne plaife , Staferlaaoùdfr
Adam, Adem.
A eux, Dic/tum.
A elle, Diella,
Agneau, * Lebaonly,
Ait , Roa,
A igu Me x •
Mbra.
Ais, "
Lot.
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ARABE
Ail , .
Tom.
Aigre, HAmda. -
Aigle, Nèfîr.
Alexandrie, Scandrla-
Alger, .
Gnez,ers. *
Alcoran, Le Forcan.
A luy Dktto.
Allons, Sdùay-alla»
A moy, Dielll
Ambre jimbar*
,
Amer, Mera. f
Amandes, No*r. r
Amy Sahâty. s
Ambaflàdeur* jlmbachtdvrl
Amen v JEmin.
Amans, LehabihoHs.
';
Ame, Roho.
Anges, Melecas. \\ v
Année, Am* ou fenim
Ancre, Semac.
A nous, Dienn*.
Animaux, Beimet. .
Anglois, Jnglichc.
Aouft, Jlgofto.
Apres demain, Bagucdâ. \chy\
A qui eft cela. Demen-hétdao*
Armée, M&hala.
Armes ^ v
3*i DICT ION AI R>É
Armurier* Lehaded* .
Archers, Lecodem.
Arabe, Larby .
Argent, Mecor*,
Argent vif,
Arbres, Chèger.
Atlas, Dren-dven.
A tqy^ Diellec.
A tcJ^jtcrvice, -Auchallec,
Automne, Le Querifi
Avril, utbriK
Avare Chediddf*
Aveugle,
A vous:
Au Marché r Fel fie.
Auftruche., Namœ. <
Afne,
Afnefle, •
Lehamara-.-
Aimer Dieu»
Appellez-le,
Aider , jiok- noir,
Ayeuly Judeç.
Ayeulle* Judéhd. . :
BAifer ; Bout.
Bas, Tèxer^
Banc,
Digitized
*
ARABES
Bain, Lchamen*
Barbe, : Lafefar.
Barbjcr, Lehdfef.
Balles . Le-cora.
Barils, Lebermil.
Baigncts, Sefinche.
Baflïn Teifor*
Bafle-fofle,
Barbare^ JBréber.
Bagues y Lecatem.
Balance „
Bacon , Zelat.
Battre Drobo.
Benedi&ion^ Lebarqna.
Beau frère , Infibin.
Beurre frais , Zebed*.
Beurre falé Semen.
Beau, Lajib.
Beautemps, . Sequanati.
Beaucoup de biens, Le mel bejefi
Bien-toft, Daba-daba.
Bifayeul, Jud-Jadec.
Bidet, Jedegb.
Bible, Toret.
Bien belles, Zienan. .
Bleuf, Le Zjtrqptc.
Blanc Le biot.
^ Bled Le gnerneg.
Bonjour, Sebda-AlUgner
354 DICTIO N'AIkE
Bonfoir Sahda-alUqtâ
Bouche, Le forn*
Boulanger, Coubaify,
Boucher, Guezjery,
Bourreau Talh-macho:
Boire, Cherob*
Boiteux, Leherech.
Borgne, * Lae'ûar*
Bottes ,
Terneg. - -
1
Bonnet, Chéchia. .
Bonnets, ChoHcchte. -
Botirce, ChecjMrA%
Bouteille, Bredd.
Bois, Leejuecheb,
Boutique, Hannt.
Bon, Afelèf
Bœuf, Tiren.
Bouc Latrouu
Bougre,
Brune , Debebe*
Brocard, Brocato*
Bronze, Ciny.
Brique, Lajaura.
Brûler, Harcou ,
ou me haroc.
Brûler perc &mere, Harq ne-bouc,
ou m$HC.
Bras droit, Dras de lymin*
Bras gauche* -
Dras de lazjiry
Digitized by Googl
ARABES QU E.
c C
CAdix, C*la$ ,
Captif, Hefir,
Cable, Celba,
Cabinet, Mejferia.
Carreaux , Zonleiges.
Calçons, CeroueL
Capot jfelevia.
Canelle. Lecorfa*
Canars, Jege-delma*
Cardes, Corchuf.
Carottes # Qnenou.
Campagne, Lecala.
Cavalle, Laoïtda.
Canons, Lamfat.
Capitaine de Troupes, ~dlcayde.
Capitaine Corfaire, Rays-courfant.
Cerveau, Lemouc.
Cerifcs, Lemnlnt.
Cerf, Lin.
\ Cheval Lehafans.
) Selle, Serge.
^Bridde, Legem.
^Eftriers, -faerc/Heb.
J Efperons3 LehêmenSn
^ Licol, Sequéma.
C Fers Sefëha. ,
Chien Lequeleb*
Chat, Lemouche*
Chemin, Trie.
Châtaignes, Caftanas.
Choux, Lecrom*
Chaux L gire.
Chevrons, Guaifas.
Chevilles, Lcntet.
Charpentier, Nèjar*
Chaîne de fer. LeqnebeL
Chaîne Ubelot.
Charbon, Vfem.
Chapeau, Terezju
Chcmifc, CamUa.
Cheminée J Le canut.
Chambre, Le gorfa.
Château. Confeba.
Chanter, Guérie.
Chier Légueras*
Chaudronnier. Sefary.
Chaudière. suu
Chirurgien, Teblbe.
Cheveux, Chaar.
Chaloupe, Ttlouc*.
Chapelle, Rond*.
Chrétien,
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ARABES QUE.
Chrétien Menferany*
Chrétiens, Menfit
Chaleur f Seyuana.
»
Ciel, Ly
Le mijonb*
Cie, Aie char.
Cizeau Ma'*bot.
Cire, Chemeg*
Cierge, Chéma.
Citroiiilles, Légueras-
Citroiïs Limas.
Clous de girofle, Ould-notu
Clous,
Clos, Larû.
Clef,
Compagnons, Sahab-nai%
Conful,-
Conftantinoplc» St'ambqiiL
Cœur, Le calb.
Couronne, L *ie$£ %
Cordes, VhÀbel.
Couteau ,
L ecoudemj.
Courrier. ErcaJJe.
Cou lin, Ben-amin.
Coi, £rqueba.
Côtes. L'edeÛa.
Coquemar. JSrema*
Courir, Gery , gery.
Cornes Lecron.
DICTION AIRE
Coran. \
Cornard
Comment t'apelle-tu, Afmec.
Comment te poite-tu, Qui-finta.
Chalhadac-chy
Combien cela,
habroc.
Coiffe,
Seindoc
Coffre,
Coral Ye Mar{en.
Qhacor.
Coignée ,
Corteba.
Cordoiïe
Cordonnier
\*ecahier.
Concombres,
- tffergil.
Coins,
Lehancha.
Coulœuvre,
Berugo.
Çocq. s
Selib*
Croix ,
SelboH.
Crucifie,
Delel.
Crieur ,
Cracher, TefeL
Craindre, Tcaf.
\egnerbeU
Crible
Coder**
Cru s
Cuit,
Tayb*
Cuivre, Nébes.
Cuillier. Legerof.
Gouchina.
Cuifine
ToncadoH.
Cuiffes
Tremerou.
,
Cul,
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ARABESQUE. '33,
7)
»
DIEU,
Dieu
*s4lla y arby.
mifericor- ^rbi-querim.
dieux
Dieu Tout-puiflànt -dllarlcqutrim.
Dieu vous aide Alla aoïtncum.
Dieu vous benifle, Alla-ifia.
Dieu foitavec vous ^AlU-arïdctm.
David Daokt&VL daoct
Dattes,
Danfèr, S tara.
Démon wBelfelbut, Iblis.
Denier FelousovLùAraiï
Décembre, Decernber.
Devant toy-> Quedcmec.
Derrière toy.
De quel païs Schon bledec.
De tel païs Mèn-bled fin*
lany.
Demeure en paix. Cot-alaquer ,
y
lafia.
Dcz,
^equemar.
Dents, *
Senen.
Defcendre Zel
Déjeuner.
Demain
Vfetor.
, Lcgtteda.
Demie-once. Onceùqîiia.
'
P ij
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H o DICT IONAIRE
Devant Lebera
hier, ,
Diamans, Liacot.
Dimanche. Le hait
Doigts Seboïtay*
Dormir, Ergottt y
Ten-contay\chy
D'où viens-tu^
uirra- h a doc-
Donne cela.
Donner caution Atte dama*
jirra.
Donne
Dogues L* canjar*
Doux HeuloH
,
jitte-aldû.
Donnez-luy,
Dromadaire Mehcry ,
Ducatond'or de deux Mettcal-dc
écus,
dehek
TAU, Elma 9
XLEau-de-vie, Meheya,
Catme-cat.
Egal,
Eléphant, lefil.
"Empereur
£ mir.
Genèma.
Enfer,
zArra-foullillê*
Envoyé de Dieu;
Encens, Jaony ,
SiftOH.
Envoyer ,
Dcfunou.
Enterrer,
Etoiles,
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ARABES QUE 34*
Eté, Sif.
Efprit foler, Genon.
Eftomac, Sedéry,
Epaules,
Echelle Celom.
EfcalHer. Druge.
. Efclave, Mecoiifoub.
Efternuer. sAteich. [ nan.
Eft-tu marié, sJtdejouge-inti-
9
Efpagnol, S pagnoL
tJbfedebtk.
Etouffer, Gifa.
Efcharpe, I-ehazem. .
Efcuelle. Zelefa.
Epingle. finita*
Etoffe, oh Draps»
Ecailattc. Scbarlatm
Erainçr, l'cafdir. :
Echaffuix. Serere.
Ei'pagneux, Ca!iba~
Efcorpion
Ecrivain "Lecjuetib.
Ecurie,
Ecu^d'argenr, Realcubirt
Ecoute Semât nè.
Evangile, Vingil.
Eunuque, tJ^fnfty.
Eux, Okman.
Ere, Eoïta.
34* ;
DICTIONAI RE
Eternité, Dima.
Extrême, ott très i-grâd. CHbira-befef.
F Ace de Dieu,
Faire cela, .
Aug-alU\chy
Amel-hadac-
Faim ,
Farine
Faire Soubo, ou amcL
Faucille
Février ,
Hcbrero.
Feu Levâr.
'
Fèves ï'oui.
Femme ^Aimera.
Femelles, Infan.
Fefles > 1 retma >
Fenêtre. Chimech'ut*
Fer, Lehtdït.
Feuille, Loarca.
Fidèles,
Fils, ,
OhU , ou beru
Fille, Benti.
Figues Lebacora.
Figues feches, LecarmoHs.
Fièvre, .
Fiel, .
*Jbferara.
Fils de putain *Ben-caba.
Fils de chien *Ben-qntUb.
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ARABESQUE. '
34*
Fil, Lecahiet.
Fleurs,
Fleuve, Loiet-elcnbaK '<
Fort,
Fol, Hamaco*
Foye, Uquebrdœ,
Foible, Afanchi-fahi£.
Fortercflfe,
Fontaine,
Fontaine de marbre, Lecaffa*
Foreft, Legaba. \
' s
Four, i
Fonran.
François,
Flamans, FUmmc.
'
Fruits, Ufequia.
Fourmis, Lémen.
Fufils, tJt'feucaU.
Fumée, Dacan.
G
»
GAbrïcî Ginbxil.
Galère, Lcgorob*
Garçon, Licker.
Galle, Gedery^
P....
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544 DICT1 ON AIRE
Genncs Genoa,
General d'Armée, Bâcha,
Genoiïil, 'Requeba*
Gingembre, Quingiberx
Gland, Vbelot.
Gouverneur, Alcayde.
Goudron ,
Gourmand, *Belaan.
Grand-mercy, Sahd.
ff
Grenier, , Leheri.
Gris cendré, .
•
Remadin,
Grenade ville,. Grenat*»-
Grenadesfiuir, Roma.i\at*
Grains, 4 Zeras,
Grenouilles, Geranat.
Grand-Caire, Vernaffar.
Guerre, Le Tard.
Guitarie. Gtimbrea*
Guinblet, Berima* V
H •
H
H Avre , <w Port de
mer,
Hermitte,
l-"**rf*-
sJMorabitte.
SÀa-faÀ..
Heures ,
Herminectcw Lecadum*
Herbe, Rebéa.
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ARABESQUE. 3^
Heriflbn* l~egong- je-fout.
Hiver , Chetoùa.
Hibou, *
LcmoHca.
Holie, tJMefaha.
Homme, KageL
Huile. Zit.
JEsus-Chrît N. S. CMn+àjfk:
Jacob Tacot.
Janvier Ener. .
Jcudy, "Lecommice.
Jeune, -Az^ery.
Je te le diray demain iqueda-N*got£
*.
lec.
Jeûner Som , 1
P V
H <T DICT I ON AI RE
Ignorant, tsMatarf-chy.
Impatient, lAandou-febar.
Indigo, NU.
Infidèles, yienfarA.
Indes,
jofeph, Tufeph,
jolies, Chouery,
Jour, hiom.
Joyeux, Sepkarhan*
Ifaac, Jzac.
lfmaël, Seméin.
lile, Guérira.
Juftice.dc Dieu,
Jufticc, Chtra-
Juge de la Loy, L'cady.
juge de Police, L* Haqucm.
Juge civil, -Alcaydc.
Jureur, Halef.
Juif, hihoudy,
Juin, Innio.
Juillet, lulio.
JiiftacorpsJ Cafitan.
Vierge Ldzéba-Marie*
LÀLa Loy T>in. ,
La Lune
La %r.
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ARABESQUE. 347
La langue. Sen.
La verge. Zoub.
Las , oh lafle. Hajit. .
Laboureur, Lehart.
Lanterne, Tanaly
Lampe de verre. Cebahya ,
Lampe de terre, Le candi*
Laittues. Le caftj le cajfc
Laid doux ,
Halip.
Laid: de beurre Lcben.
Lai<5fc caillé, Rip.
_ m
Lapin ; Lecolen.
Les lèvres. Chokerb.
Leventoy, ,
Noud,
Lever, Erfct.
Léger,
Le vifage couvert, M\abd-aoH\oti
Le lit^ Lefarcha.
Lévrier, CeloHgny.
Levain, Lequemera,
Lieutenant Bachonda.
Lieutenant Corkire Soute-Ray s*
Lion Seba-hay*
Lifbone, \ Lichbaa*
Livre à lire,
Libre, Hor.
Libéral J
Sacjuu
Livre de pôids, jirtaL
•Lièvre > Varneb*. ,
)
P vj
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f4 8
DICTIONAIRE
Lieux communs, Afetara.
Loup, 'Deba.
Lundy, Letènin,
Lu/, Oûa.
M
MArtyrs, Jeedf,
Marbre. Recam.
Mars Marfi.
May ,
Afayo.
Mardy r Leteleta.
Maquereau > caaet.
Matrice, Lehachon*
Mamelles JBohzlohU.
'
Main, Laiday.
Manger Gont.
3
Madame, Vèla.
Madamoifelle, Lalla.
Maître &
Seigneur, Afouley.
Maîtrcfle MoHleytna*
Maifon, * .
Ledar.
Malade, •
Mantc-m, Lecoufara*
Marmite Lequedra.
J
Marceau j
Digitized
ARABE S QUE. h?
Maillet Rczjtma*
Maître Major. *
LEmin.
Maître MafTon, jMale-del-benin
Maître d'ouvrages l Malemfèndœ.
Matinée,, Sebdd.
Maroc, Mardchr.
Marfcille, Marjî/la.
Marchand, Teger.
Mâtins, TTaror.
,
Mariniers, Haharis.
Métier. oenaa*
Melons, Beteg.
Melons d'eau.
Mcfure, LeqnijL
Menteur Elcjnedib.
Meunier Rahaouy*
• Médecine, J0>6UÀ r
M ère, -Ayman. .
Meubles, Uhaoichc.
Menton, Lehajt.
Mefcredy ?
Michel
Miroir,
Miel,
Miferablc,. Zorby, ,
\
Miniftre d'Etat,
Midy, 'Ledehor-lcmlty y
Minuit, . Oncc-Ulla*
MonDiçu^ -
?5 o
DICTIO NAIRE
Moïfc, •
lAouchy.
Monde, Dinia.
Mort,
Mois, Chdar,
Monfeigneur, Cid-na.
Monfieur , Cid, ou Cédé.
Monnoye, Draham.
Monnoye de 3. fols.
Mouchoir Cevènia.
Mon bien-aimé. El-ha-biba*
Moulin, JRaha.
Mortier, Balè.
Mortier à piller. Meheréz.
Mouton, Lequibiche.
Mouche, Debenan.
Montagne, Jebel.
Monter , ,
Tela.
Muet.
N N
voiles, SafinAxlqwl*.
Mantilles. Ladeffe.
Navets, Uptf.
Natte, Haccra.
N 'arête pas ,
1
Mata tarchy:
Neige, Teilg.
Nez ISfacjuerL
Nerfs, Laraç$*
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ARABES QUE. j>i
Nègre , •
Leîbit.
Negrefle., Leçadem*
Néant, Batal. ,
Noé, No.
Nom jifmec.
Non La.
Novembre November.
Nopces Ltrojf*.
Nombril ,
Soradel-bottn.
Noir, Que cl.
Noix, Grèga.
Noix de mufcade >
Gous- tayb.
'
Nuit Lilla.
Nuées Sahab.
Nud,
O Grand Dieu,
Odobre,
<AlU-hoeqHehdf
OBuber.
Oeil, Laynê.
Oeufs, Oklets del jej'a,
Oeillets, Cromfel.
Oignons, LebonfaL
Olives Zitonnas.
^ .
>
Ongles M
JDcfar.
Oncle , -Amln.
Once, O qui*.
Opiom t [
Xi DICT IONAIRE
Oranges Zaimboa.
Orge, ChttVy
Oraifon, * SelL
Oreiller, Leniahdftr**
Orphéyrc. Secjiieq.
Or, Dceb.
Os, Lddem*
Oui
Ou vas-ru, Lahddy. s
'
Parole ^ UqueUm*
Paupières, jÎHjçbçni
Digitized
ARABES QJJE. 355
Papier , Carrât.
Pafteur, Réy.
Pauvre, Mcfymno.
Palais, Mechoûar*
Pantoufles» CheruiL
Panier, . Celila
Pain Ucobus*
y
Paille. Tèben*
Pardieu Oklla.
Peau, Gild*
Peu à peff, Cbonc-ckoH*.
Pettcir. •
Pefte Lduba.
,
Piftolet, LequebQHS*
Pipe à tabac* Doya.
PifTer y
LebonL
Piller,
ElrnarÇuez.*
Pillon^
3S4 DICT IONAIRE
Pic, Quetata,
Pigeonneau.
-
Frac-dclhame,
Pigeons , Elhamen.
Pique,
Pleurer. Becfuè.
Pluye, Stha.
Plâtre, Ugnibez»
Plume, Calomrt.
Plumes* Rlchats.
Plomb, ArÇaffc
Plat, Mocfia*
Pont Alcanttr*.
Poiflbns^ Uhent.
PoulmonsJ Lefoud.
Potence, Tftrrz.
Poltron, : ChonmctOh
Pourquoi Liachc.
Porte Ubebe*
,
Poudre Lebarot*
,
Poîle S aiten<
,
Poivre, Filfin.
Poix-raifine; Regina.
Poix noire, hiot-delmdrqn*
Poulfe, Gerara,
Porte cela Erfet-hadaç-
,
chy.
Pourpier Hergelac.
Poulies, Jejas.
Poullcrs, Ceftllès.
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ARABES QU E. 555
Poires Lingaffe*
3
Pommes , Tefahd-
eportegais.
Portugais ,
Porc (anglicr. Vhalonf
Porc épie. Durban.
Poux, I
Leguemeff
Pot à l'eau. Vgaraf.
Pot de chambre, lScondiac*
Poignard , Gomia.
Prêtre Talbe.
Prophètes. JSTebias*
Princes, Cherifi.
Province Bledh.
,
Prifon Lchebut*
Promener Sara.
,
Printemps, Rcbeh.
Prunes, u4lbrecoc[He*i
Punaifès , Lebac.
Puces, hebnrgot.
N
Puis hebire.
,
Putain, Vcaaba.
Pkutier de Scbonr-Daïïtm
s
.IL
LagéclalogHe*
QQereleux
jlchabtt*
Que veux-tu \
u4ch-qHcbar*
Quelles nouvelles ,
Qtuntal Quantal.
,
35<5 DICTIO N AIRE
Quarteron , Roba.
Quieftà la porte.
Quiefïfà, Schon-hadac.
Qi^en as-tu affaire. ÏAcnfch calcc*
X) Aphacl,
*^Raves, ILefiglL
Raifins,
Raifins de Damas > Zibibe.
Rat , *
Lefar.
Rabot, MeleJJk*
Rafoir,
Ratte, Tèham
Rames, Mequcdelf.
Religieux , N*acacis*
Reine, Sultan**
Renégat ^ Lélouchc ;
Renégate , Uayja.
Revendeur %
Rcpofer Retach.
,
Réchaux , Nafa.
Renard ,
Rebelles ^ Gachaichitu
Riche , offrit.
Ris JRos.
Rivière >
'
Roy, Sultan.
Digitized by
ARABESQUE. 357
Rome ^ Romtondon s
Romarin , Larar.
Rofée Nedo'kd,
Roiïe, Nora.
RÔty, Qlooiùd.
Rofes Loûard.
Royaume, Leber.
Ruifïeaux, Louidin.
Rue, Zanca.
-
SAints, Cljds.
Sage,
Salomon J Celimcrt !
Samuël, Mïtel,
Sabre,
Sang, Dem y
Sable, •
Salé, .
Sela,
Sac, Canchét.
S'affcoîr ; Guelcz.
Samcdy, S abat >
Sevillc, SeyilU.
^
Serfeiïil
D1CTI ON A IRE
,
Coufèbar*
Serviteur hemarjand.
,
Servante „ hemarja.
Serviette MendtL
,
Seringue Serac-delm*.
,
Secrétaire* Uquetib.
Semaine Temenia-hyems
.,
Setenber.
Septembre ,
Serrure LequefiL
,
m
"Lecoub
Seau, \ Lemelay
Sel,
Inchalla.
S'il plaît à Dieu,
\>enieçaffc.
Sïzeaux
Chimchc.
Soleil,
\~achia.
Soir,
Atachc
Soif,
Soldat
Romm.
ferez.
Spidat à cheval,
Cttay,
Scieur,
Tarcha.
Souffleter ,
Sam.
Sourd,
Balga.
Souliers,
J acha.
Soupper ,
Leharer.
Soye
\-ecjHibrit.
Souffre ,
Nettcal,
Son
Souris,
"
Yiren.
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ARABESQUE,
Sortir ,
Cru/ou.
Sueur , UAracq.
Superbe ,
Sucre, AÇucar.
Suif, Qhem.
TA fêtas,
Tapis
Tafetan
Qoutifa*
Table, Mida 9
Tamis ,
Statob.
Tabac , Tabaco.
Tabac en poudre, Nif.
Tailleur , Slcahiet.
/
Tante ,
Amtt
Tambour ,
Tabal y
Tentes , ou Pavillons
de guérie,
Temple ,
Gema*
Temps , 1? migel.
Tete, Rafle.
Tefticules Tida.
Teigneux fartas,
Tenc , .
hart s ou trap.
TenaiHes.,y Lecat.
f
Terrine , Safd.
Thuiles , Lecarmond.
Tigre , Nèmur.
fSo DICT] ONAIRE
Tiens cela, Cvt hadac-chy*
Tiflenmd, Dereff.
Toy Int'man.
,
Toile, Ucjuetan.
Tout, Coulchy .
Trou r .
Truelle, Morfa.
Tribu Cafila.
,
Triftc
Magayor*
1 relouer
* Mouley-lemcl*
}Aejerau.
Trefncx ,
Tnpes Lemefarn*
Tripoly Trabolh.
QoutloH.
lue , ..
*
Tcrcbenrine,
T rementiné.
*
Turc
V V j
VAiliant, Gandor,
Vallée, ha/itat.
Vache ; Yebtycara»
Veau, Uajel.
Verr, Qnader*
Velours, Wlelbar*
Verre.,
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ARABES 05 e. s ga
Verre, fs Dcjeje.
Vendre Lebè-au.
Veine / l*araig.
Ventre, hé crèche.
Vérité-, 1 ehacq.
Vérité de Dieu J '
Hacq-allal
Vcndrcdy ,
Vent ,
Vive le Roy ~A ClnfirorSuU
tan.
"
Vie,.' [ m
~dyçha.
Vice- Roy, Callfa.
Violon, Rcbebe.
Viens icy, . *djay-el henm
Viens feulement ^4jay- oucan.
MM
Viens promptement* Ajày-dria 9
a
Vifage, L aoù]a.
Ville, ,
Médina,
Vieil Cherf.
'
Vieille, Belle,
Village , Tïechor»
Vivier, Qhereys.
V
.
Violet, Zebibi.
Violette, Melfifechel
Vin, Mouftar.
Vigne, •
JDellid.
Vinaigre , VqueheL
Viande , "Lehcm 9
3 6t DICT. A RA B-
Voile , ou manreau de Lchaiqtte.
femme
Voix J
Vous, Jnan.
Voleur, Scrracar
Vôtre fervitcur. %/fnan-ebdtf.
X
» • •
x Erces t/irchy.
Vrongnc l
Y
•
Secrtzh
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•
NOMS. D£S <PROriNÇZ$
& des au
Villes, appartenantes tant '
; i . f. ^
ROYAUME DE FEZ*
RifFe. AlcafTaf.
Algarbes, Mamora,
Afceiz. Arzile.
Scrhoi>. Toutoiïan*
Jebclzebie & Ben- Thefa.
zeroè'l. Qui via ne.
Montagnes de Et celles de TA-
Meluya. rachc , de Ccoiita,
Zaoiiias. ilu Pignonde Ve*
Tcmefenà. !
lez d'Albouze-
,
EtTadela,
~
&
mes de MeliU&»
* «
font aux Efpa-
V 1 1 t h, gnols, & Tanger
aux Anglois*
Fez Belle;
Fez Gedide.
Micjuencz. t m
Q ij
ROYAUME DE MAROC.
Provinces.
* * » * • • g
Villes.
« . \ . . . » , A <•
Marachx. Maroc. •
Duqueila. • * j&feàmbr.
Haha. Vuakdie.
Guilaof, ;
* " iSaphyc.
Itata. " Et Mazagan > qui
Zaimby. } y appartient aux
Portugais.
ROYAUME DE TAFILET-
Prov. inc es.. Villes.
Tafilet. • %.
Taiilet.
r
Touec. •
•
Dras. .
;
"
Sara. >
j . .
* *
PRINCIPAUTE' DE SUS.
N
Provinces. Villes.
Sus, : Tarudant.
£eheL : Sainte-Croix. -
Illec.
Enfmvent les noms des Fleuves & des
Rivières.
Fleuve*. Rivières.
Meluya. Marti.ii.
Sebou. Taguedartc.
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Fleuves* Rivières.
Derna.
Oiïraana.
Dras. Sero.
}
Tafilet. Mefenes* >
MeL -*
Rivières» Lequcra.
» »
M^phis. . .
Loucous; Raflè-layne-
Magaziru ^
Loiiyduu
Rafle- El ma* Mafla.
Enques,, Aguiloiu
Layana, Zaimby.
Oiiarga. Magaram.
Bouamaîrc;. Scdrar.
Beth. Mougouna,
Guerau. Tougeda.
Tafaik. Et Ferquéla*
Fiftella.
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TABLE DES C HA PITRES
dr des principales Matières con-
tenues en ce Livre,
• - •
idby
T A BL
dans le Château de Salé , p. j). & fûi-î
vantes. Et fqn arrivée à Fez Belle '1
Digitized by Google
TABLE v
j
.
Cha.p. VII. Hiftoire mémora-
ble de Bernard Baufletqui fuc expo* , J
la Mcrcy, &
fon utilité à l'Eglife l
Religieux, p. 119. i
Digitized by Google
TABLE:
Rédemption auprès du Roy de Ma*
roc, p. 139. La liberté de l'Auteur ,
& les difficultez qu'il eut avant de
l'obtenir , p. 141. Defcription de Mi-
quenez , p. 145. & de la Pcrfonne 8c
Cour du Roy de Maroc, p. 150. Soa
arrivée à Toutoîian , & les avanies
qu'on y payer aux Religieux delà
fit
Digitized by Google
T ABtÉ,
gais, p. 15$.^ &c fuiv. Sa (Jaatricmfc
fuite & reprîfe, & fa liberté , p. i6z.
Se fui vans.
./ C h a p. X V. Avanttires du Cicut
de la Place, p. 2.63. Sa Galanterie avec
jine Dame de Maroc, p. x6y. Delà
Juftice des Maures, p. 175.
Chap. XVI. Hiûoire de deux
Renégats Efpagnols , dont l'un fut
brûlé vif à Toutoiian , l'autre à &
Sevillc, p. 284. fuivans. &
Chap. XVII. Traité du Com-
merce p. 303. Defçription des Ports
de Toutoiian , p. 305. d'Arzille , de
T^guedartc , &
d'AlcafTar , p. 306.
de.Mamora, ibidem, de Salé à p. 307*
. d'Àzamor, p. 314. De Valadic ibid. ,
- 1
Digitized by Google
*
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