Groupe 1 - Coop Inter Integr Reg - VF
Groupe 1 - Coop Inter Integr Reg - VF
Groupe 1 - Coop Inter Integr Reg - VF
II
Sommaire
Sigles et abréviations..............................................................................................................................II
Sommaire..............................................................................................................................................III
Introduction...........................................................................................................................................1
I. Les atouts de l’intégration en Afrique de l’ouest :..........................................................................4
II. Les contraintes de l’intégration en Afrique de l’Ouest :.................................................................7
III. Les perspectives de l’intégration en Afrique de l’Ouest :.........................................................11
Conclusion :..........................................................................................................................................15
Recommandations :..............................................................................................................................18
Bibliographie........................................................................................................................................19
Table des matières...............................................................................................................................20
III
Introduction
Dans les années 1980, suite à l’assassinat du président Libérien William TOLBERT, la
CEDEAO opéra un virage politique mais se trouva incapable d’enrayer les différentes crises
sans encadrement normatif. Alors, l'intégration régionale connaît un renouveau en Afrique de
l’Ouest au début des années 1990 notamment grâce à la révision du traité de la CEDEAO, le
24 juillet 1993 à Cotonou qui intégra les aspects politiques et sécuritaires tels que la
prévention et la gestion des conflits ainsi que la constitution d’une force d’attente dénommée
(ECOMOG) pouvant être déployée sur le théâtre des opérations. Le regain d'intérêt que
1
Article 3 du traité révisé de la CEDEAO
1
suscite l'intégration régionale est un phénomène mondial inspiré par le succès des expériences
d'autres régions du monde. Il est encouragé également par une appréciation croissante de
l'unité et de la coopération régionales. Les aspirations renouvelées en faveur de l'intégration
régionale s'intègrent également dans la recherche de solutions à la crise économique et sociale
profonde et prolongée des États de l'Afrique Occidentale.
Notons que deux ensembles régionaux structurent actuellement le processus d'intégration dans
la région ouest africaine. Il s'agit, par ordre chronologique, de la CEDEAO et de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africa (UEMOA) créée en 1994 à DAKAR. Les deux
ensembles régionaux se recoupent dans la mesure où tous les pays de l'UEMOA appartiennent
à la CEDEAO. Certains pays sont enclavés comme les pays sahéliens (Mali, Burkina Faso et
Niger), d'autres ont accès à la mer (Bénin, République de Côte d'ivoire, Sénégal, Nigéria,
Ghana, Togo, République de Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Sierra-Léone et Togo), alors que
le Cap- Vert est insulaire. Sur le plan économique, la région regroupe des pays à revenu
intermédiaire de la branche intermédiaire, des pays à faible revenu et des pays en situation de
fragilité. D'après les statistiques des Nations Unies, la population globale des pays membres
de la région est estimée à environ 402 millions d'habitants (près de 30% de la population du
continent) en 2020, pour une superficie d'environ 6.143 000 kilomètres carrés2.
Pour mieux cerner le sujet, il convient de clarifier les concepts d’intégration régionale,
d’atouts, de contraintes et de perspectives.
L’intégration régionale est un processus qui consiste à surmonter, d’un commun accord, les
obstacles politiques, physiques, économiques et sociaux-étatiques, et à collaborer dans la
gestion de ressources partagées et de biens communs régionaux. Quant aux atouts, ce sont des
avantages propres à un espace ou à un type d’espace pour les activités humaines. En cela, ils
s’opposent aux contraintes. Entendons par contraintes l'ensemble des difficultés qui entravent
les hommes dans l'exercice de leurs activités. Ce sont des entraves au processus d’intégration.
Enfin, les perspectives, du latin perspectivus, désignent ce qui est vu de loin. C’est
l’évolution, l’avenir.
Ce thème est si large et si brûlant qu’on peut taxer de prétentions journalistiques le souhait de
l’exposer en quelques pages. De ce fait, la présente analyse ne se veut aucunement exhaustive
en ce que pour éviter toute confusion, l’accent sera mis sur la CEDEAO.
2
Statistiques des Nations Unies de 2020
2
L’intérêt d’une telle analyse peut se démontrer sous un double angle. D’une part, il met en
évidence des données réelles, qualitatives et quantitatives pouvant servir à d’autres recherches
ultérieures. D’autre part, ce travail s’inscrit dans la dynamique de l’évolution du droit de
l’intégration, un droit en nette métamorphose du fait de la restructuration actuelle du système
international fondée sur les regroupements régionaux.
Quels sont les atouts de l’intégration ouest – africaine ? Quelles sont les contraintes de cette
intégration ? Quelles en sont les perspectives ?
Ce sont précisément les réponses à ces questions que nous essaierons d’aborder en
commençant par faire le point des atouts dans la première partie. Dans la deuxième partie,
nous exposerons les contraintes. Enfin, la troisième partie sera consacrée aux perspectives.
3
I. Les atouts de l’intégration en Afrique de l’ouest :
Les atouts sont un gage de réussite car une intégration ne saurait réussir que si elle repose sur
des fondements solides et si elle est confortée par une réelle volonté politique à régler des
problèmes communs3.
L’émergence d’un espace commun présente des atouts évidents tant économiques (A) que
politiques (B).
3
Philippe TIGER, Que sais-je, Le droit des affaires en Afrique, Éditions PUF, juillet 2001, p. 12
4
Abass BUNDU Intégration et coopération régionales en Afrique de l’ouest, centre de Recherche pour le
développement international page 44
4
programmes d’intégration régionale a été associée aux initiatives. Il s’agit du Fonds de la
CEDEAO.
Les banques centrales de la région ont également créé, pour l’ensemble ouest africain, la
Chambre de compensation de l’Afrique de l’ouest (CCAO) dans le but de faciliter les
opérations de paiements au niveau interrégional et de réduire l’utilisation des monnaies
étrangères convertibles. Le rayon d’action de cette organisation est appelé à s’élargir, et la
CCAO est en train de se transformer en Agence monétaire ouest africaine. Cette institution
spécialisée de la CEDEAO sera responsable d’un programme dont l’objectif est la création
d’une monnaie unique qui remplacerait le franc CFA et les sept autres monnaies de la région.
Pour ce qui est du développement des ressources humaines, on note dans le secteur de la santé
l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOS), une institution spécialisée de la CEDEAO.
Dans le domaine de l’enseignement, il y a le conseil des examens de l’Afrique occidentale
(WAEC5) et le Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (CAMES) qui est
l’équivalent du WAEC.
Enfin la CEDEAO a encouragé la formation d’un certain nombre d’associations dans le but de
mobiliser les populations de l’Afrique de l’ouest autour du processus d’intégration, parmi
lesquelles l’Union des jeunesses ouest-africaines, l’Association des femmes ouest-africaines
et 1'Union des travailleurs de l'Afrique de l'Ouest. Il existe également des associations
d'entreprises telles que la Fédération des Chambres de commerce de l'Afrique de l'Ouest, la
Fédération des Associations des Industriels de l'Afrique de l'Ouest, 1'Association des banques
de l'Afrique de l'Ouest, et l'Union des transporteurs routiers de l'Afrique de l'Ouest. Tout cela
constitue un déploiement impressionnant d'organisations régionales. Les politiques et
programmes régionaux lancés par la CEDEAO forment une toile de fond sur laquelle il est
possible de faire avancer l'intégration régionale.
En se mettant d'accord sur des projets relatifs à l'institution d'une zone de libre-échange, à la
libre circulation des personnes, à l'union monétaire, à la coopération régionale en matière de
défense et à l'exploitation commune des réseaux de transports et de télécommunications au
niveau régional, les quinze Etats membres de la CEDEAO ont témoigné de solidarité et
d'esprit communautaires. Les liens se sont ainsi peu à peu soudés entre les pays de l'Afrique
de l'Ouest, divisés depuis l'indépendance par leurs différentes expériences coloniales, les
clivages linguistiques et culturelles, et des systèmes juridiques et administratifs différenciés.
5
West African. Examinations Council
5
B. Les atouts politiques :
Quelques résultats ont été enregistrés dans les autres domaines d'intervention de la CEDEAO.
Parmi les plus importants, on peut citer notamment les progrès remarquables intervenus dans
le secteur des transports et celui des communications grâce au financement extérieur de
l'autoroute côtière (qui est maintenant achevée à 82 %), de la grande route trans-sahélienne
(achevée à 76 %) et de la portion ouest-africaine du réseau panafricain des
télécommunications (PANAFTEL) qui relie désormais l'ensemble des pays de la région.
Des progrès ont été accomplis également dans l'application des deux premières phases du
protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes. La possibilité de voyager sans
visa est acquise depuis 1986, et le droit de résidence se pratique maintenant dans plusieurs
pays. La troisième et dernière phase du protocole de la CEDEAO, le droit d'établissement,
n'est pas encore appliqué à grande échelle dans la région. Une nouvelle mesure de bon augure
pour l'avenir de l'intégration régionale est l'instauration d'un dialogue régulier entre les
décideurs ouest-africains depuis 1987 en matière économique et financière. Les ministres du
Plan et des Finances de la CEDEAO se sont engagés dans des discussions en vue
d'harmoniser leur appréhension des problèmes macro-économiques nationaux tels que le
poids de la dette extérieure ou les effets du Marché commun européen sur les pays de
l'Afrique de l’Ouest. Ils ont aussi examiné la question des effets régionaux des programmes
nationaux d'ajustement structurel (PAS), et ont cherché à développer un programme de
redressement économique régional.
Par ailleurs, les gouverneurs des banques centrales se rencontrent régulièrement pour évaluer
et réorienter le programme d'intégration monétaire de la CEDEAO qui vise la création d'une
zone monétaire ouest-africaine unique d'ici l'an 2025. Un forum consultatif des gouverneurs
de banques centrales et des ministres du Plan et des Finances a finalement été institutionnalisé
en 1992 afin d'assurer l'harmonisation des politiques économiques et financières des Etats
membres de la CEDEAO. Ce forum s'est réuni, pour la première fois, lors de la session du
Conseil de juillet 1993, et a été lancé, à cette occasion, un processus d'harmonisation des
politiques économiques afin d'assurer une plus grande conformité des PAS et des programmes
de réformes économiques aux exigences des Etats membres en matière de développement et
d'intégration.
La CEDEAO a enregistré des avancées notables dans le processus de consolidation du marché
commun avec notamment la libre circulation des personnes, le schéma de libéralisation des
6
échanges et surtout la création de l’Union douanière matérialisée par l’entrée en vigueur du
tarif extérieur commun (TEC) en 20156.
Un acquis aussi remarquable a été l’introduction du passeport de la CEDEAO qui est
largement accepté dans la sous-région7. Les dirigeants de la Communauté économique des
États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont formellement adopté le nom d'"Eco" pour leur
projet de monnaie unique dont ils souhaitent la création dès 2020 mais qui a été encore
reporté pour 2027. L’Eco a été adopté comme le nom de la monnaie unique de la Cédéao",
dans la déclaration finale de cette rencontre entre représentants des 15 pays membres de
l'organisation.8
Nous entamons le chapitre en passant en revue les contraintes qui entravent l’intégration
régionale. La présentation se fera en deux grandes sections : la sous partie (A) portera sur les
contraintes politiques et la sous partie (B) traitera des contraintes économiques.
La montée du nationalisme avait incité les populations vivant dans les colonies à rechercher
l’indépendance politique. Par la suite, d’énormes efforts ont été consentis pour forger une
identité nationale et consolider la souveraineté de l’Etat. De nos jours, cet héritage de
souveraineté nationale et la jalousie avec laquelle elle est sauvegardée sont devenus une
entrave pour le processus d’intégration régionale dont le succès exige un certain transfert de
souveraineté au profit de la communauté. L’époque coloniale a divisé la région d’une
deuxième façon en laissant, entre les pays de traditions coloniales anglophone, francophone,
ou lusophone, des différences d’orientation politique, des systèmes juridiques et des structures
administratives distinctes, et des économies nationales axées sur la prédominance de liens
Nord-Sud.
6
Vision 2050 page 23
7
Vision 2020 de la CEDEAO page 12
8
Communiqué final du sommet de la Cédéao, du samedi 29 juin 2019, à Abuja, au Nigeria
7
L’environnement politique est fragile, la région a été infestée de conflits militaires et de tout
autre malaise social. La démocratie a été institutionnalisée dans quelques pays mais pas tous.
L’instabilité politique rend la réalisation de l’intégration régionale beaucoup plus difficile 9.
La CEDEAO fait face au retour des changements anticonstitutionnel de gouvernements dans
la région qu’elle a du mal à régler. Ces coups de force s’expliquent par plusieurs facteurs dont
entre autres l’insécurité due au terrorisme, les changements de constitution etc. Quatre Etats
membres de la CEDEAO sont dans cet état dont la gestion par elle, est en train de creuser un
fossé entre l’institution et les populations de la communauté et mettre à mal l’union entre les
membres. Les sanctions contre les régimes issus de coup de force et la menace d’intervention
au Niger afin de rétablir le Président déchu, risquent d’être une cause de dislocation de la
CEDEAO. Les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali avertissent que toute
intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le
Burkina Faso et le Mali. En outre, ils préviennent que toute intervention militaire contre le
Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la CEDEAO ainsi que l’adoption
de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger10
Composée d’Etats fragiles n’ayant pas encore stabilisé leur système politique, la CEDEAO a
été contrainte de faire face à une multiplication des crises, la forçant à jouer un rôle de
« pompier » dans les pays membres. Si elle a connu quelques succès, comme par exemple en
Guinée Bissau, l’organisation a aussi montré dans le domaine de la sécurité des faiblesses
évidentes qui nécessitent une profonde réforme institutionnelle et un changement. Autrefois
confrontée à des crises politiques et militaires internes, comme celle qui s’est déroulée au
Libéria à partir de décembre 1989, la CEDEAO est désormais face à des crises plus
complexes qui ont tendance à dépasser les frontières des Etats et même des régions. C’est le
cas de la crise sahélienne et de celle du bassin du Lac Tchad, deux foyers de conflits qui
excèdent son cadre géographique et sur lesquels l’organisation a du mal à être efficace. Dans
le sahel, la CEDEAO n’est pas équipée pour lutter contre les activités criminelles
transnationales, élément majeur d’une crise multidimensionnelle. Il lui sera difficile de
9
Wallace E. Tyner, Contraintes et opportunités pour l’intégration régionale de l’Agrobusiness et des industries
connexes en Afrique de l’Ouest Page 4
10
Communiqué conjoint N°001 du Burkina Faso et de République du Mali paragraphe 4 et 5
8
pacifier cet espace sans se doter, au plus vite, d’un véritable pôle de lutte contre le crime
organisé, compris au sens large du terme, et incluant le terrorisme, les trafics de drogues, de
personnes ou d’armes.11La présence d’Al- Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) et d’autres
groupes terroristes, ainsi que la secte islamique Boko Haram, déstabilise non seulement le
nord du Nigeria, mais aussi toute l’Afrique de l’Ouest. Cette situation, caractérisée par des
flux migratoires nationaux et transnationaux dynamiques, a de graves répercussions non
seulement sur les populations vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, mais aussi
sur les activités économiques, au point de mettre en péril la sécurité alimentaire dans la sous-
région. La région est confrontée à des trafics illégaux de toutes sortes (traite des êtres
humains, de devises). Le sahel est également considéré comme le cœur de l’insécurité de la
région de l’Afrique de l’Ouest. Ces derniers mois et années ont vu une accélération des
conflits dans la région, y compris des conflits communautaires au Mali, au Niger ainsi qu’au
Burkina Faso, auxquels s’ajoutent des problèmes de sécurité, d’aide humanitaire et de
développement. L’ampleur de cette insécurité a eu des conséquences dévastatrices sur le
développent global12.
La mauvaise santé économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest est demeurée un obstacle de
taille aux efforts d’intégration menés depuis le début des années 1980. La crise économique a
obligé les Etats membres à abandonner tous leurs plans de développement économique à long
terme, y compris le développement par le biais de l’intégration régionale, pour rechercher la
stabilisation. Cette crise économique a vidé les caisses des Etats. Les maigres ressources qui
étaient disponibles dans le secteur public ont ainsi de l’être rationnées suivant des priorités à
court terme qui excluent l’intégration régionale ou ne lui accordent qu’une reconnaissance
purement symbolique.
11
International Crisis Group, A 41 ans, la CEDEAO doit s’adapter aux temps présents
12
Document de stratégie d’intégration régionale pour l’Afrique de l’Ouest 2020-2025
13
Enoch MUPENDA KAWANGA, Le cadre Juridique de la CEDEAO face aux coups d’Etats militaires en Afrique de
l’Ouest. Problématique et l’opportunité de la norme juridique internationale, Université de Likasi 2021
9
C’est le chapitre 14 du traité de Cotonou de 1993 qui prévoit les dispositions financières de la
CEDEAO14. Le mode de calcul de la contribution de chaque Etat est déterminé par un
protocole.
La CEDEAO bénéficie aussi de l’appui des partenaires au développement en termes d’apports
financiers. Cela se traduit par un flux considérable accordé à la commission pour l’exécution
de ces programmes notamment en matière de paix et d’intégration économique. C’est ainsi
qu’a été créé le fonds des donateurs demandé par les trois principaux bailleurs de la CEDEAO
que sont la France, le Canada et le Royaume-Uni. Une unité de gestion des financements
émanant des bailleurs a été mise sur pied. Sa mission consiste à gérer les financements de
manière judicieuse en respectant les procédures fixées par les donateurs, superviser les
politiques financières, comptables et administratives, veiller au respect des procédures et des
règles des donateurs en matière de passation des marchés.
Pour contourner les difficultés de paiement de ses Etats membres, la CEDEAO s’inspirant du
modèle du tarif extérieur commun (TEC) de l’Union économique et monétaire ouest africaine
(UEMOA) a adopté en 2013 le système du prélèvement communautaire 15. Comme dans
d’autres régions du monde, l’intégration ouest africaine se heurte avant tout à la grande
diversité des pays, qui diffèrent par leur taille, leurs ressources naturelles, leur degré de
développement et leurs relations avec les marchés mondiaux. L’Afrique de l’Ouest, une
région qui présente d’énormes disparités en termes de poids économique et de niveau de
développement notamment entre Etats côtiers et Etats de l’intérieur ainsi qu’entre le Nigeria
et tous ses voisins. La peur des petits pays d’être dominés par le Nigeria est une préoccupation
constante. Le Nigeria surpasse de loin tous les autres pays de la région en vertu de son poids
démographique, de son produit intérieur brut et de sa dotation en ressources naturelles. Ce
fossé aggrave l’inégalité devant les coûts et les bénéfices, inhérente à tout accord préférentiel.
En effet, les pays les plus développés profitent plus et plus vite de l’intégration économique
que les Etats pauvres dont les structures industrielles nationales se trouvent menacées alors
que leur fiscalité est remise en cause, vu leur dépendance vis-à-vis des droits de douane. C’est
la raison pour laquelle ils exigent des compensations. Cependant, les accords de
14
Au terme de l’article 70 de ce texte, il est dit : « Les budgets ordinaires de la Communauté et de ses
institutions sont alimentés par un prélèvement communautaire et de toutes autres sources qui peuvent être
déterminées par le conseil des ministres. En attendant l’entrée en vigueur du prélèvement communautaire, les
budgets de la Communauté et de ses institutions sont alimentés par les contributions annuelles des Etats
membres ».
15
Enoch MUPENDA KAWANGA, Le cadre Juridique de la CEDEAO face aux coups d’Etats militaires en Afrique de
l’Ouest. Problématique et l’opportunité de la norme juridique internationale, Université de Likasi 2021
10
compensation, outre qu’ils sont difficiles à conclure, amenuisent les bénéfices pouvant être
retirés par les membres les plus développés et par le groupe dans son ensemble. Aussi sapent-
ils les efforts de nationalisation économique qui sont la principale justification de
l’intégration. Les coûts et les avantages des accords commerciaux ne sont pas les mêmes pour
tous les Etats.
L’expiration en décembre 2020, du terme de la vision, a motivé la région à se doter pour les
années à venir d’une nouvelle Vision stratégique qui tienne compte des nouvelles dynamiques
régionales et globales ainsi que des enjeux de développement du moment.
16
Impact de la pandémie du covid-19 sur l’Afrique de l’Ouest
17
Abass BUNDU Intégration et coopération régionales en Afrique de l’ouest, centre de Recherche pour le
développement international page 60
11
découlant des aspirations exprimées par les populations. Par-dessus toute cette vision s’inspire
d’un scénario de référence qui a conduit à la déclinaison des piliers sur lesquels sont ancrés
les objectifs stratégiques18.
Les attentes fournissent des indications utiles sur l’avenir souhaité par la région. En effet, les
aspirations exprimées confirment la détermination des citoyens de la CEDEAO à vivre dans
un environnement de paix et de sécurité à l’abri de tout conflit. Elles confirment surtout
l’engagement des citoyens de la CEDEAO aux valeurs universelles d’égalité, de respect des
droits fondamentaux et des libertés dans un environnement au sein duquel :
Faire de la CEDEAO une région sécurisée, stable et paisible apparaît comme un impératif de
développement dans une zone particulièrement exposée à des menaces sécuritaires
multidimensionnelles. Il s’agit de renforcer la sécurité humaine dans la région à travers
notamment des initiatives endogènes et durables et la mise en œuvre d’instruments et de
politiques appropriées ainsi que la mise en place de mécanismes adaptés19.
Afin de bâtir à l’horizon 2050 une région où règnent la démocratie et l’état de droit, il
convient de veiller à la mise en place et au bon fonctionnement d’institutions fortes et
18
Vision 2050 de la CEDEAO page 42
19
Vision 2050 de la CEDEAO Pilier 1 Paix, Sécurité et Stabilité
12
crédibles garantissant le respect des droits et des libertés fondamentales. La région œuvrera à
renforcer la gouvernance démocratique et à consolider l’état de droit et la justice tout en
s’attelant à promouvoir le respect des droits fondamentaux et des libertés fondamentales ainsi
que la lutte contre toutes les formes de discrimination20.
L’approfondissement du processus d’intégration économique est au cœur de ce pilier. Cet
approfondissement est envisagé sous le prisme non seulement de la libre circulation des
personnes et des biens mais aussi de l’intégration commerciale et des marchés ainsi que de la
réalisation de l’union économique et monétaire. Ce qui contribuera à la consolidation du
processus d’intégration de la CEDEAO et de la Zone de Libre Echange Continentale
Africaine (ZLECAF). Dans cette perspective, le développement d’une agriculture performante
et la promotion des chaînes de valeurs seront nécessaires. Par-dessus tout, le développement
des infrastructures reste une dimension déterminante dans l’amélioration de l’inter
connectivité et de la compétitivité régionale21.
Il s’agit de faire de la CEDEAO une puissance économique régionale en Afrique et dans le
monde qui emploie de façon optimale ses potentialités humaines et ses ressources naturelles
pour améliorer le bien-être de ses citoyens comme stipulé dans la stratégie de développement
du capital humain de la CEDEAO. Ce pilier s’appuie donc sur l’amélioration des conditions
de vie des populations à travers l’optimisation des avantages du dividende démographique, la
qualité du système éducatif et de l’acquisition des connaissances, la création d’emplois
décents pour les jeunes et les femmes ainsi que le renforcement de la résilience en matière de
santé publique. Il s’appuie également sur la transformation structurelle des économies grâce à
la numérisation de l’économie, à l’entreprenariat, à la science et la technologie ainsi qu’à des
investissements structurants dans les secteurs porteurs. Il vise à promouvoir la gestion efficace
des ressources naturelles, et à renforcer la résilience de la région face aux changements
climatiques et aux chocs exogènes22.
Notons, en outre, que ce pilier place les citoyens ouest-africains, en particulier les femmes, les
enfants, les jeunes et toutes personnes vulnérables (y compris les personnes handicapées et les
personnes âgées) au cœur du développement et du processus d’intégration. Il s’agit pour la
CEDEAO, à l’horizon 2050, de relever les défis liés à la cohésion sociale au sein des peuples,
de créer les conditions d’appartenance, caractéristique d’une citoyenneté communautaire, de
nature à favoriser l’émergence d’une identité culturelle autour de valeurs partagées 23.
20
Vision 2050 de la CEDEAO PILIER 2 Gouvernance et Etat de Droit
21
Vision 2050 de la CEDEAO PILIER 3 Intégration Economique et Inter connectivite
22
Vision 2050 de la CEDEAO PILIER 4 Transformation et Développement Inclusif et Durable
23
Vision 2050 de la CEDEAO PILIER 5 Inclusion Sociale
13
Pour traduire la Vision 2050 de la CEDEAO en réalité, il importe de définir clairement les
objectifs et les orientations stratégiques devant guider l’élaboration du cadre stratégique à
moyen terme et des plans d’action. Au-delà des orientations stratégiques, les thématiques
transversales revêtant une importance pour la définition et la mise en œuvre des politiques et
stratégies de développement ont été identifiées. Par ailleurs, les principes directeurs et les
facteurs déterminants pour la réalisation effective et harmonieuse de la Vision 2050 ont été
également précis.
La mise en œuvre réussie de la vision 2050 de la CEDEAO repose sur la prise en compte
véritable de certaines thématiques transversales nécessaires pour la définition, l’élaboration et
la mise en œuvre de politiques, programmes et stratégies de développement. Lesdites
thématiques décrites ci-après sont donc essentielles pour la concrétisation de la vision 2050.
Leur caractère multidimensionnel, leur confère un profil transversal de sorte qu’elles servent
de catalyseur pour la réalisation des objectifs globaux de la Vision. Il s’agit des thématiques
femme-genre, jeunesse-Emploi, digitalisation, changements climatiques-résilience et
renforcement des capacités. Les principes directeurs pour la mise en œuvre réussie de la
vision 2050 de la CEDEAO sont : le leadership et la volonté politique, l’appropriation et
responsabilité partagée, la complémentarité et la subsidiarité, la transparence et la redevabilité
et la durabilité.
La vision 2050 place donc le bien-être du citoyen ouest-africain et son épanouissement au
cœur des préoccupations. C’est une vision essentiellement orientée vers une société inclusive
au sein de laquelle une attention particulière est accordée aux couches les plus vulnérables de
la population notamment les femmes, les jeunes. Dans cette perspective, la CEDEAO
ambitionne atteindre les objectifs de développement durable, à travers l’approfondissement du
processus d’intégration dans les trente (30) prochaines années.
Cette ambition prend en compte les défis émergents et s’aligne sur les cadres pertinents de
développement mis en place au niveau national, régional, continental et multilatéral. Elle
s’appuie surtout sur la nécessité de veiller aux synergies d’action et à la complémentarité des
approches et des réponses pour faire face aux défis de développement au plan national et
régional24.
24
Vision 2050 de la CEDEAO page 54
14
Conclusion :
En considération de ce qui précède, au total, l'intégration ouest africaine offre, pour l'instant,
un bilan mitigé de ses activités. L'effort est fort appréciable pour certains problèmes, mais les
points d'ombre demeurent nombreux.
Depuis la décennie des années 1970, des organisations ont vu le jour, avec d'ailleurs comme
lignes de mire l'intégration des États membres. Les États étaient habités par l'ambition de bâtir
un espace économique intégré à la dimension de leur immense potentialité spatiale. Alors
pour mieux s'y vouer ils n'hésitèrent pas à ratifier des traités ou accords. Cependant, ce
soudain regain d'intérêt faillit se borner à un vœu pieux et ce pour d'innombrables raisons.
De l'analyse des atouts et contraintes, il ressort clairement que la question de l'intégration se
repose avec plus d'acuité que jamais sur l'Afrique de l'Ouest. Une résurgence qu'on peut
imputer, en partie, à la tendance récente à la formation de gros blocs commerciaux dans le
monde, mais qui constitue surtout une réaction à la stagnation économique et aux crises
multiformes de la région. De nouveau, l'intégration se présente comme le moyen d’atteindre
une croissance économique plus rapide, plus diversifiée et plus durable, et réduire la
dépendance vis-à-vis de sources extérieures.
Responsables, hommes politiques africains et universitaires, chacun a eu son mot à dire, ou à
écrire sur la coopération économique en général et l'intégration économique. Tous évoquent
en effet la sacro-sainte 《 intégration 》 du marché grâce à la libéralisation des champs
intérieurs, des tarifs communs à l'extérieur, et attachent beaucoup d'importance aux
organismes de promotion des échanges préférentiels créés en vue de l'intégration du marché.
Toutes ces voix regrettent avec amertume la lenteur des progrès accomplis.
Peu de pays de la région seront en mesure d'exploiter leur plein potentiel et de relever les
défis si l'espace n'est pas renforcé pour favoriser l'adoption de politiques communes, la mise
en œuvre d'investissements complémentaires, la sécurité alimentaire, la prévention, la gestion
des conflits, la coopération entre États et la promotion du secteur privé et du commerce, ce
qui est essentiel pour accélérer la croissance économique, la création d'emplois et la
génération de revenus. Par conséquent, pour tirer l'Afrique de l’Ouest vers le haut et renforcer
la sécurité de toute la population, les institutions financières propres à l'espace devraient
renforcer le soutien à la dynamique en cours. Les pays ont commencé à s'alarmer et se lasser
de leur marginalisation croissante sur la scène politique et économique mondiale, c'est à juste
raison qu'ils se sont engagés à privilégier la coordination des politiques macroéconomiques
pour accroître la capacité d'adaptation de leurs économies aux évolutions des marchés
15
extérieurs, le développement des infrastructures (transport et communication), favoriser
l'harmonisation des structures administratives. Il sera en effet plus aisé d’intégrer des
économies déjà performantes sur le marché mondial que des économies qui végètent dans la
distorsion génératrice d'inefficacité et d'obstacles à l'intégration. Pour la viabilité de la
communauté et le développement des échanges intracommunautaires, les Etats ont estimé bon
de voir à la hausse le volume des produits échangés. Pour y arriver, ils veillent au
renforcement des capacités de chaque État.
Sur le plan politique, le processus de démocratisation constitue un atout majeur. Partout,
depuis quelques années on assiste de plus en plus à des changements politiques qui ont
modifié fondamentalement le paysage politique et institutionnel. De nouvelles institutions se
mettent en place, de nouvelles équipes gouvernementales légitimées à la suite d'élections
dirigent les États. Le multipartisme s'installe, les médias se diversifient et s'extirpent du
carcan étatique.
Un important facteur de résilience en Afrique occidentale a été la force de ses organisations et
en partagent CEDEAO dans le traitement des conflits. Elle apporte une contribution de taille à
la paix et à la sécurité ; c’est l'une des raisons pour lesquelles des progrès ont été réalisés en
matière de stabilité et cela explique certainement en partie les différences avec les autres
régions du continent. Le renforcement des mécanismes régionaux de résolution des conflits
constitue certainement une contribution centrale que les organisations de développement
peuvent apporter à la stabilité de l'Afrique de l'Ouest. Il est donc impératif de consolider
autant que faire se peut la force et la capacité des organisations, tant sur le plan technique,
logistique que financier, afin de consolider la paix et la stabilité dans la région.
Un bilan partiel de l'intégration ouest africaine fait apparaître des difficultés et des actions
positives. Les défis sont considérables. Ils sont politiques, économiques et culturels. La région
saura-t-elle y faire face ? La réponse est négative, si elle refuse le changement et s'immobilise
dans les conceptions de gestion économique des philosophies politiques et des méthodes de
commandement désuètes.
Positive, si elle arrive à se remettre en cause et à se départir des idéologies et des fausses
certitudes qui ne sont pas en rapport avec les données actuelles et les perspectives. Positive, si
elle accepte le changement de politique et de comportement de grande ampleur et cesse d'être
la caisse de résonance des impérialistes.
Elle a les ressources mais aura-t-elle la volonté ? Pour notre part, nous disons oui, car la
mondialisation condamne les économies de nos États à réussir l'intégration.
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A cause de l'urgence du présent, en ayant à l'esprit que, précisément, par ce que nous sommes
au fond du gouffre et que rien de plus terrible ne peut nous arriver, il ne peut plus y avoir
d’autre voie que celle du salut par l'audace.
En temps encore plus sombre pour l’Italie, Machiavel n'écrivait-il pas, au chapitre XXVI du
prince (1982 :119) :
S'il a fallu que le peuple d'Israël fut esclave pour apprécier les rares talents de Moïse, que les Perces
gémissent sous l'oppression des Mèdes pour connaître toute la magnanimité de Cyrus ; enfin, si les
Athéniens n'ont vraiment pas senti la grandeur de Thésée qu'après avoir éprouvé les maux attachés à la
vie errante et vagabonde, il fallait aussi pour apprécier l'envergure d'un génie italien, que notre
malheureux pays fût cruellement maltraité, que la Perse, plus désunie qu'Athènes, sans chef, sans loi,
déchirée, pillée et asservie par les Barbares (Exhortation à délivrer l'Italie des Barbares)25.
C'est une phrase que chaque Africain, au cœur de l'abysse et aux sources de son histoire, doit
méditer pour échapper au découragement afin de réaliser un rêve éveillé. Celui qui, même du
fleuve, à la même mer, à travers un héros collectif (les peuples africains) fera demain de
l'Afrique une réalité.
Recommandations :
Pour renforcer l'intégration en Afrique de l'Ouest, il faut consolider la gouvernance et les
institutions nationales et prendre en compte les synergies dans les actions en faveur du climat,
25
Machiavel, 1982, Le prince, Paris, Nathan
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l'autonomisation des jeunes et des femmes, la bonne gouvernance, des institutions fortes et
l'intégration économique. À cet effet un certain nombre de mesures semblent nécessaires ; il
s'agit notamment de :
- la nécessité d'un renouveau du leadership ;
- une gestion rationnelle et efficiente des ressources naturelles ;
- la nécessité de meilleures infrastructures régionales de communication, de transport et
de production d'énergie ;
- l'intégration monétaire ;
- la mise à la disposition de chaque État, de textes juridiques simples et techniquement
performants et ce, quelles que soient ses ressources humaines ;
- la facilitation des échanges transfrontaliers et la création de la libre concurrence ;
- la communication et le transfert des techniques modernes de gestion des entreprises ;
- la promotion des procédés de règlement pacifique des différents ;
- le renforcement des capacités institutionnelles pour faire face aux menaces en matière
de sécurité et de criminalité ;
- la promotion des initiatives privées afin de tirer parti du vaste potentiel de la région et
d'élargir les perspectives économiques des populations ;
- l'amélioration des conditions de vie des populations et d'adaptation aux défis
environnementaux et
- le renforcement de la gouvernance, y compris la gouvernance locale, afin qu'elle soit
au cœur des efforts collectifs pour consolider la paix et jeter les bases d'une stabilité
durable dans la région.
Bibliographie
Traité révisé de la CEDEAO
Statistiques des Nations Unies de 2020
18
Philippe TIGER, Que sais-je, Le droit des affaires en Afrique, Éditions PUF, juillet
2001,
Abass BUNDU Intégration et coopération régionales en Afrique de l’ouest, centre de
Recherche pour le développement international
19
Table des matières
Sigles et abréviations..............................................................................................................................II
Sommaire..............................................................................................................................................III
Introduction...........................................................................................................................................1
I. Les atouts de l’intégration en Afrique de l’ouest :..........................................................................4
A. Les atouts économiques :...........................................................................................................4
B. Les atouts politiques :.................................................................................................................6
II. Les contraintes de l’intégration en Afrique de l’Ouest :.................................................................7
A. Les contraintes d’ordre politique :..............................................................................................7
B. Les contraintes économiques :...................................................................................................9
III. Les perspectives de l’intégration en Afrique de l’Ouest :.........................................................11
Conclusion :..........................................................................................................................................15
Recommandations :..............................................................................................................................18
Bibliographie........................................................................................................................................19
Table des matières...............................................................................................................................20
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