Definition Securite Alimentaire
Definition Securite Alimentaire
Definition Securite Alimentaire
Septembre 2012 F
COMITÉ DE LA SÉCURITÉ
ALIMENTAIRE MONDIALE
Trente-neuvième session
Point V.a
Le tirage du présent document est limité pour réduire au maximum l’impact des méthodes de travail de la FAO sur
l’environnement et contribuer à la neutralité climatique. Les délégués et observateurs sont priés d’apporter leur
exemplaire personnel en séance et de ne pas demander de copies supplémentaires. La plupart des documents de
réunion de la FAO sont disponibles sur internet, à l’adresse www.fao.org.
MD776_Rev.2/f
2 CFS 2012/39/4
ii) convient que le terme « sécurité alimentaire et nutritionnelle » est celui qui traduit le mieux
les liens conceptuels qui existent entre la sécurité alimentaire et la sécurité nutritionnelle, tout
en intégrant ces deux concepts dans un même objectif de développement, afin de contribuer à
orienter efficacement l’action des pouvoirs publics et l’action programmatique;
iii) reconnaît qu’il n’existe pas de consensus entre les États Membres quant à l’utilisation du
terme combiné « sécurité alimentaire et nutritionnelle »; nombreux sont ceux qui prônent
résolument l’utilisation du terme combiné, alors que d’autres le remettent en question pour
les raisons suivantes: a) les implications politiques nationales n’ont pas été débattues comme
il convient, b) les éventuelles implications pour le mandat du CSA n’ont pas encore été
suffisamment examinées, et c) pour raisons linguistiques;
I. INTRODUCTION
1. En 2011, à sa trente-septième session, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) a
demandé au Bureau « de prendre les mesures nécessaires, en concertation avec le Groupe consultatif et
le Secrétariat commun, ainsi qu’avec les organisations internationales concernées, notamment
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF),
pour proposer des formules afin d’expliquer clairement le sens et les éventuels différents usages des
expressions "sécurité alimentaire", "sécurité alimentaire et nutrition", "sécurité alimentaire et
nutritionnelle" et "sécurité nutritionnelle" au CSA en vue de normaliser la terminologie officielle que
le Comité devrait utiliser [...] » (CFS/37, 2011). Le présent document répond à cette demande. Il
donne un bref aperçu de la façon dont la compréhension des concepts fondamentaux a évolué au fil du
temps, puis fait le point sur l’emploi actuel des différents termes étudiés. Enfin, il analyse et propose
différentes options que le Comité pourra considérer en vue de normaliser sa terminologie officielle.
2. Au fil des ans, nombre de formulations et de cadres conceptuels ont été avancés pour définir la
sécurité alimentaire et la nutrition ainsi que les relations entre ces deux notions. Certains des termes
clés employés dans le présent document sont définis à l’annexe I, et une liste annotée des travaux les
plus précurseurs sur le sujet étudié est fournie à l’annexe II. On s’est efforcé de dégager de ce corpus
de documents le sens cardinal de certains termes clés et de proposer une façon de les considérer qui
permette au discours public d’évoluer de manière cohérente et constructive.
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Messages clés:
i) Nous travaillons tous à éradiquer l’insécurité alimentaire, la faim et la malnutrition, en accord
avec le droit à une nourriture suffisante et le droit d’être à l’abri de la faim. Cette entreprise
pluridisciplinaire ne peut aboutir que si les spécialistes et les décideurs dans les différents
domaines et secteurs concernés parlent le même langage.
ii) Les termes examinés ici ont évolué sur plusieurs décennies, en fonction des perspectives
adoptées par les principales communautés de pratique professionnelles, et en particulier les
spécialistes de la nutrition et de la santé publique et les groupes professionnels travaillant sur
les questions socioéconomiques et sur l’alimentation et l’agriculture.
iii) Les quatre dimensions de la sécurité alimentaire – disponibilité, accès, utilisation et stabilité –
et les trois principaux déterminants de la sécurité nutritionnelle – accès à la nourriture,
pratiques de soins et d’alimentation, et santé et assainissement – font l’objet d’une large
adhésion.
iv) Les termes peuvent avoir des acceptions différentes selon qu’ils s’appliquent au niveau
mondial ou national, ou à celui du ménage ou de l’individu.
v) Dans les cas où la traduction de ces termes pose problème, il convient d’user de prudence et de
s’assurer du respect de la formulation convenue; on note également que certains pays pourront
choisir de ne pas utiliser le terme combiné dans leur langue, compte tenu de leur contexte
national.
vi) Même si les définitions pluridisciplinaires des termes « sécurité alimentaire » et « sécurité
nutritionnelle » se recoupent sur de nombreux points, certaines communautés de pratique se
sentent plus à l’aise avec l’une ou l’autre de ces expressions. Un accord sur un terme unique,
accepté par toutes les parties, et approuvé et recommandé par le CSA, facilitera
considérablement la communication, la prise de décisions et les actions visant à éradiquer
l’insécurité alimentaire, la faim et la malnutrition dans l’avenir.
la confusion qui entoure l’utilisation de la terminologie. Alors que le CSA œuvre pour apparaître
comme « la plateforme intergouvernementale et internationale la plus universelle sur les questions
liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition », il est donc d’une importance capitale qu’il ait une
compréhension et une appréciation communes et parfaites des termes clés et de leurs implications pour
ses travaux et ceux de ses États membres et mandants.
11. La création du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) des Nations Unies/de la
FAO et du Sous-Comité de la nutrition du Comité administratif de coordination (SCN/CAC) fait suite
aux recommandations de la Conférence mondiale de l’alimentation de 1974. À cette époque, le CSA
s’attachait à augmenter la production mondiale de céréales et à stabiliser les marchés céréaliers
mondiaux, partant de l’hypothèse que ces actions suffiraient à garantir une nourriture suffisante pour
tous. Par ailleurs, le SCN/CAC était chargé de veiller à ce que les activités et les programmes
nutritionnels du système des Nations Unies s’emploient prioritairement à assurer à tous, en tout lieu,
un accès à un régime alimentaire équilibré, apportant les nutriments essentiels à une vie saine et active.
12. La prépondérance de la consommation, liée à la demande et aux questions d’accès des
personnes vulnérables aux denrées alimentaires, était bien mise en évidence dans l’étude novatrice
d’Amartya Sen (1981), qui élargissait le concept de sécurité alimentaire en s’attachant aux droits des
individus et des ménages. Cette étude a abouti à la reconnaissance du fait qu’un approvisionnement
alimentaire suffisant ne permettait pas à lui seul de garantir la sécurité alimentaire, et qu’il fallait aussi
que les populations pauvres et vulnérables disposent d’un accès physique et économique à ces denrées.
En 1983, au plus fort de la deuxième crise alimentaire mondiale, consécutive à la série de mauvaises
récoltes céréalières du début des années 80, le concept de sécurité alimentaire a été révisé et élargi par
la FAO, avec l’approbation du CSA. Trois objectifs principaux lui ont été associés: disponibilité
alimentaire suffisante, stabilité des approvisionnements alimentaires et des marchés, et sécurité de
l’accès aux denrées.
13. En 1986, la Banque mondiale a publié un rapport intitulé Poverty and Hunger (La pauvreté et
la faim), qui s’intéressait à la dynamique temporelle de l’insécurité alimentaire. Le rapport attribuait
aussi bien la faim chronique que l’insécurité alimentaire transitoire à la pauvreté et à l’insuffisance des
revenus. Le meilleur moyen d’aider les ménages vulnérables était donc de s’attaquer à l’ensemble des
facteurs sous-jacents qui maintenaient ces ménages dans le piège de la pauvreté.
14. La planification multisectorielle de la nutrition a fait son apparition au début des années 70.
Présentée comme une nouvelle approche audacieuse de la lutte contre la malnutrition, elle insistait sur
le fait que la privation nutritionnelle constituait un problème d’action publique, à relier à la
planification économique au niveau national, et que la planification d’une amélioration de la nutrition
était une composante centrale de la planification générale du développement. Il s’agissait là d’une
réaction à la stratégie de planification de l’approvisionnement alimentaire, qui était fondée sur
l’hypothèse que si l’on parvenait à imprimer à la production vivrière un rythme de croissance
supérieur à celui de la population, le problème de la nutrition serait résolu. En 1975, le rapport de la
FAO intitulé Food and Nutrition Planning (Planification de l’alimentation et de la nutrition) a décrit
en détail les approches d’une planification du développement fondée sur la nutrition. Ce rapport
soutenait que la malnutrition n’était pas un simple problème de disponibilité des aliments, mais
dépendait de la pauvreté et du dénuement. En conséquence, même s’il pouvait être nécessaire
d’augmenter les approvisionnements alimentaires, l’axe principal de la planification de l’alimentation
et de la nutrition devait être la réduction des causes des privations aboutissant à la malnutrition. La
planification de la nutrition devenait une composante centrale de la planification générale du
développement, parce que l’un des objectifs principaux de la planification devait nécessairement être
de réduire durablement la malnutrition.
15. La faim et la malnutrition, notamment la sous-alimentation et la carence en oligo-éléments,
sont apparues sous un nouveau jour dans les années 80 lorsqu’on s’est intéressé à la fois à l’adéquation
de la disponibilité alimentaire et à l’accès à la nourriture. En 1990, l’UNICEF a présenté un cadre
conceptuel des causes de malnutrition, qui établissait une distinction claire entre les facteurs liés à
l’alimentation et les autres facteurs (pratiques de soins et santé) considérés comme essentiels pour la
nutrition de l’enfant. Cette approche a été encore approfondie lors de la Conférence internationale sur
la nutrition (CIN) de 1992. Les participants à cette toute première réunion intergouvernementale sur la
nutrition ont élaboré et adopté la Déclaration mondiale sur la nutrition et le Plan d’action pour la
nutrition.
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16. La communauté œuvrant pour la nutrition et la santé a longtemps plaidé en faveur d’une
meilleure compréhension des facteurs clés d’une bonne nutrition et de leur intégration dans la feuille
de route des objectifs de développement. Cet engagement a conduit à de nouvelles initiatives visant à
intégrer plus efficacement les questions de nutrition, comme le Mouvement du renforcement de la
nutrition (SUN), créé en 2010 par un ensemble de parties prenantes préoccupées par l’absence de
progrès accomplis dans la lutte contre la faim et la sous-alimentation et dans l’instauration de la
sécurité alimentaire pour tous.
Sécurité nutritionnelle
20. Tandis que le terme « sécurité alimentaire » poursuivait son évolution, le terme « sécurité
nutritionnelle » a commencé à être utilisé au milieu des années 90. La sécurité nutritionnelle se
rapporte à la consommation alimentaire du ménage ou de l’individu et à la manière dont les aliments
sont utilisés par le corps. S’appuyant sur le cadre conceptuel de l’UNICEF, l’IFPRI a proposé la
définition suivante en 1995: « La sécurité nutritionnelle peut être définie comme un état nutritionnel
adéquat, en termes de protéines, d’énergie, de vitamines et de minéraux, de l’ensemble des membres
du ménage, et ce à tout moment ».
21. Au vu de la persistance de la faim, de la pauvreté et de la malnutrition, les efforts entrepris
pour faire mieux comprendre la notion de « sécurité nutritionnelle » se sont poursuivis. La sécurité
nutritionnelle est un état obtenu au niveau de l’individu. Elle conjugue un accès à une alimentation
adéquate, qui satisfait pleinement les besoins nutritionnels de la personne, et des facteurs non
alimentaires, qui permettent la métabolisation des aliments consommés et l’assimilation des
nutriments pour assurer la croissance et l’entretien du corps ainsi que les fonctions vitales essentielles.
CFS 2012/39/4 7
En 2006, la Banque mondiale a publié un ouvrage intitulé Redonner à la nutrition une place centrale
dans le développement. Une définition plus précise de la sécurité nutritionnelle y est donnée: « La
sécurité nutritionnelle existe lorsque la sécurité alimentaire est associée à un environnement sanitaire
satisfaisant, à des services de santé adéquats et à des pratiques de soins et d’alimentation appropriées
permettant à toutes les personnes faisant partie d’un ménage de mener une vie saine ». Cette même
définition de la sécurité nutritionnelle est également utilisée par l’OMS dans son examen mondial des
politiques nutritionnelles (à paraître).
22. Le document intitulé Une feuille de route pour le renforcement de la nutrition (SUN), édition
de 2010, développe la définition comme suit: « [La sécurité nutritionnelle] est établie lorsque l’accès
stable à une alimentation nutritive appropriée est couplé à un environnement sanitaire, des services
de santé et de soins adéquats propres à assurer une vie saine et active à tous les membres des
ménages ».
23. Afin d’attirer l’attention sur le fait que la sécurité nutritionnelle ne peut être assurée que
lorsque les individus consomment réellement les aliments dont ils ont besoin, et non simplement
lorsqu’ils ont accès à ces aliments (comme cela est énoncé dans la définition actuellement acceptée de
la sécurité alimentaire), la FAO a élaboré le projet de formulation suivant: « La sécurité nutritionnelle
existe lorsque tous les êtres humains, à tout moment, peuvent consommer en quantité suffisante une
nourriture de qualité appropriée en termes de variété, de diversité, de teneur en nutriments et de
sécurité sanitaire pour satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires et ainsi
mener une vie saine et active, tout en bénéficiant d’un environnement sanitaire et de services de santé,
d’éducation et de soins adéquats. » (FAO/Division de la nutrition et de la protection des
consommateurs, mars 2012).
V. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
30. Nous avons examiné dans les sections précédentes l’évolution du sens et de l’emploi des
termes « sécurité alimentaire » et « sécurité nutritionnelle », ainsi que les combinaisons de ces deux
concepts dans des expressions telles que « sécurité alimentaire et nutrition » et « sécurité alimentaire et
nutritionnelle ». L’expression « sécurité alimentaire et nutrition » a été davantage utilisée lorsqu’il
s’agissait d’établir une distinction entre les actions à mener aux niveaux mondial, national et local et
celles à mener au niveau des ménages et des individus. L’expression « sécurité alimentaire et
nutritionnelle », quant à elle, a été employée en particulier à l’échelon des ménages et des individus et
lorsque le but était d’attirer l’attention sur les actions nécessaires pour intégrer les considérations
nutritionnelles à tous les stades de la chaîne alimentaire.
31. Le terme adopté actuellement par le CSA (« sécurité alimentaire et nutrition ») fait ressortir
l’importance de deux concepts complémentaires, mais qui se recoupent, à savoir la sécurité
alimentaire et la nutrition. Le terme « sécurité alimentaire » trouve son origine dans l’idée d’être « à
l’abri de la faim »; il s’est transformé au fil du temps pour désigner un concept large qui englobe la
disponibilité alimentaire, l’accès, la stabilité et l’utilisation des aliments. De la même façon, le concept
de nutrition a évolué pour mettre en avant l’accès à une nourriture adéquate, les pratiques de soin et
d’alimentation et les questions de santé et d’assainissement. Le terme « sécurité alimentaire et
nutrition » a été généralement employé pour définir les actions qu’il convenait de mener, comme
assurer des approvisionnements en aliments adéquats et sains et protéger la stabilité des prix des
produits alimentaires. Ce concept comprend également le fait de veiller à ce que les individus
consomment, au niveau des ménages, des quantités adéquates d’aliments variés et de bonne qualité, et
à ce que leur état de santé leur permette d’assimiler les nutriments contenus dans ces aliments.
Nombre d’actions pluridisciplinaires et de plans d’investissement ont été élaborés en vertu de ce
terme, et les décideurs, à tous les niveaux, sont généralement conscients de l’importance qu’il y a à
investir dans la réduction de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Si le sens et l’emploi du
terme combiné présentent une faiblesse, c’est celle d’associer des contenus qui se chevauchent, ce qui,
sur le plan conceptuel et opérationnel, crée une confusion.
32. D’un autre côté, le terme « sécurité alimentaire et nutritionnelle » permet d’associer plus
étroitement les deux concepts. Il fait ressortir que l’objectif général est d’instaurer à la fois la
« sécurité alimentaire » et la « sécurité nutritionnelle », mais sous la forme d’un but unique et unitaire
proposé pour les actions des pouvoirs publics et les actions programmatiques. D’aucuns soutiennent
également que cette formulation incite les différentes communautés de pratique à mieux coordonner
les travaux qu’elles entreprennent pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et de sécurité
nutritionnelle. C’est dans ce contexte que l’emploi de ce terme s’est généralisé. Dans l’expression
« sécurité alimentaire et nutritionnelle », les notions de production vivrière et de systèmes alimentaires
et les aspects socioéconomiques qui sont à l’origine du concept de sécurité alimentaire sont appuyés
par l’approche biologique, qui fait de l’être humain le point de départ, comme le souligne le concept
de sécurité nutritionnelle.
33. Sachant que nous travaillons tous à éradiquer l’insécurité alimentaire, la faim et la
malnutrition, et après un examen approfondi du sens et des différents emplois des termes étudiés dans
le présent document, recommandation est faite au Comité:
i) de prendre acte du long historique et de l’évolution du sens et de l’emploi des termes
« sécurité alimentaire » et « sécurité nutritionnelle »;
ii) de convenir que le terme « sécurité alimentaire et nutritionnelle » est celui qui traduit le
mieux les liens conceptuels qui existent entre la sécurité alimentaire et la sécurité
nutritionnelle, tout en intégrant ces deux concepts dans un même objectif de
développement, afin de contribuer à orienter efficacement l’action des pouvoirs publics et
l’action programmatique;
iii) de se déclarer conscient que certains pays pourront choisir de ne pas utiliser le terme
combiné dans leur langue compte tenu de leur contexte national;
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Aliment
Pour tout un chacun, ce terme désigne ce que l’on mange. Pour les décideurs, il englobe toute
substance destinée à la consommation humaine1.
Nutriments
Les nutriments sont les substances et les éléments et composés chimiques que contiennent les
aliments. Ils permettent la croissance, le bon entretien de l’organisme, lui donnent de l’énergie et lui
permettent de rester en bonne santé. Ceux dont nous avons besoin en grandes quantités constituent la
catégorie des macronutriments (glucides, lipides et protéines) et ceux nécessaires uniquement en très
petites quantités, mais néanmoins essentiels, celle des oligo-éléments (vitamines, sels minéraux et
éléments traces). Tous les aliments contiennent au moins l’un des macronutriments et la plupart,
quoique pas tous, au moins quelques oligo-éléments. Les oligo-éléments essentiels doivent provenir
des aliments consommés, car le corps n’est pas capable de les produire. Il existe pour tous les
nutriments des apports journaliers recommandés et des niveaux de sécurité spécifiques.
Énergie alimentaire
L’énergie alimentaire est apportée par tous les macronutriments (glucides, lipides et protéines) et se
mesure en calories, kilocalories ou joules. Elle est essentielle à la vie, car le corps a besoin d’énergie
tant pour assurer les fonctions involontaires fondamentales que pour exécuter les activités volontaires,
qu’il s’agisse de travaux nécessaires à la survie ou d’activités de loisirs. Lorsque la quantité d’énergie
alimentaire consommée est insuffisante, il y a une perte de poids et, quand elle est excessive, une prise
de poids.
Régime alimentaire équilibré
Un régime équilibré est un régime qui fournit l’énergie et tous les nutriments essentiels indispensables
à la croissance et à une vie saine et active. Étant donné que peu d’aliments apportent l’ensemble des
nutriments nécessaires à la croissance, à l’entretien et au fonctionnement normaux du corps humain,
l’alimentation doit être diversifiée pour couvrir les besoins d’une personne en macronutriments et en
oligo-éléments. Toute combinaison d’aliments offrant la bonne quantité d’énergie alimentaire ainsi
que tous les nutriments essentiels en quantités et en proportions optimales est un régime alimentaire
équilibré.
Faim
Les nutritionnistes ont estimé la quantité d’énergie alimentaire dont une personne a besoin, selon son
âge, son sexe, son niveau d’activité et sa culture d’appartenance, pour mener une vie saine et active.
Lorsqu’une personne n’a pas accès à la quantité d’énergie alimentaire nécessaire à son niveau normal
d’activité, elle souffre de la faim. Si cette situation persiste sur une longue durée, elle mène à la sous-
alimentation. Un déficit énergétique chronique peut entraîner une réduction de l’activité physique, une
perte de poids, ou les deux. Dans les formes graves, il peut provoquer une émaciation et aboutir à la
mort. La faim n’est pas synonyme de malnutrition ni de sous-alimentation, mais il existe des
chevauchements entre ces deux notions.
1
Selon le Codex Alimentarius, on entend par denrée alimentaire: « toute substance traitée, partiellement traitée ou brute,
destinée à l’alimentation humaine; ce terme englobe les boissons, le "chewing-gum" et toutes les substances utilisées dans
la fabrication, la préparation et le traitement des aliments, à l’exclusion des cosmétiques ou du tabac ou des substances
employées uniquement comme médicaments » (Commission du Codex Alimentarius, Manuel de procédure, onzième
édition).
12 CFS 2012/39/4
Famine
La famine est définie comme une pénurie extrême d’aliments, qui provoque une faim aiguë dans un
groupe de population précis et dans une zone géographique déterminée. Elle entraîne généralement
l’inanition et la mort d’une partie de la population touchée.
Nutrition
La nutrition est le résultat de la consommation d’aliments et de l’assimilation des nutriments par
l’organisme. Une bonne nutrition produit une condition physique et un état physiologique sains. Elle
est assurée lorsque la consommation, l’absorption et l’assimilation des aliments fournissent tous les
nutriments essentiels en quantité nécessaire. Une mauvaise nutrition produit un état physiologique
pathologique. Elle résulte d’un accès physique, économique, social ou physiologique insuffisant aux
quantités adéquates d’énergie alimentaire et de nutriments. Ses conséquences peuvent être une
perturbation du développement physique et mental, une baisse de l’immunité, une prédisposition
accrue aux maladies, une diminution de la capacité de travail et une réduction de la productivité. Étant
donné que les parasites, le manque d’hygiène et les maladies peuvent compromettre l’aptitude d’une
personne à absorber et à assimiler biologiquement les nutriments consommés, une bonne nutrition
nécessite un approvisionnement en aliments sains, une eau de boisson potable, un environnement
sanitaire adéquat, ainsi qu’une santé, une éducation et des soins convenables, au même titre qu’un
régime alimentaire équilibré. Une nutrition optimale favorise le développement et permet à chacun de
réaliser pleinement son potentiel génétique.
Malnutrition
La malnutrition est définie comme un trouble nutritionnel, quelle qu’en soit la forme, et comprend
donc la sous-alimentation et la suralimentation. Elle est liée à des déséquilibres dans les apports
énergétiques, dans les apports en certains macronutriments et oligo-éléments, et dans le mode
d’alimentation. Traditionnellement, on s’est surtout intéressé à l’insuffisance de l’alimentation, mais la
malnutrition s’applique aussi à des consommations excessives ou déséquilibrées. La malnutrition
intervient lorsque l’apport en macronutriments et oligo-éléments essentiels est inférieur ou supérieur
aux besoins métaboliques de l’organisme. Ces besoins métaboliques varient selon l’âge, le sexe et
d’autres conditions physiologiques, mais aussi en fonction de facteurs environnementaux, notamment
une mauvaise hygiène et un assainissement déficient, qui provoquent des diarrhées d’origine
alimentaire et hydrique (OMS, examen mondial des politiques nutritionnelles). Lorsqu’une personne
de poids normal, en surpoids ou obèse souffre de malnutrition en raison d’une carence en oligo-
éléments, on parle parfois de faim cachée. La faim cachée ne présente souvent aucun signe précurseur
visible, ce qui fait que les personnes touchées n’ont pas conscience de leur déficit alimentaire et des
incidences négatives que celui-ci peut avoir sur leur santé. Les femmes enceintes et les mères
allaitantes ont des besoins spécifiques. Il est essentiel que ces besoins alimentaires supplémentaires
pendant la grossesse et l’allaitement soient satisfaits, afin de garantir un apport en nutriments adéquat,
en termes de quantité et de qualité, pour la croissance du fœtus et pour la production de lait maternel.
À ce stade, une sous-alimentation de la mère peut conduire à un retard de croissance intra-utérine et à
de faibles concentrations de certains nutriments dans le lait. La malnutrition est particulièrement grave
durant les 1 000 premiers jours de vie (de la conception à l’âge de deux ans) et chez les jeunes enfants;
elle a des retentissements à long terme en grande partie irréversibles sur la capacité de croissance et
d’apprentissage des enfants, compromettant leur aptitude à devenir ensuite des adultes productifs. Ce
phénomène peut freiner le potentiel de développement de sociétés et de pays entiers, et créer un
fardeau sanitaire et humanitaire coûteux et permanent pour le pays.
CFS 2012/39/4 13
État nutritionnel
L’état nutritionnel d’une personne peut être mesuré à l’aide de différentes méthodes: anthropométrie,
analyses biochimiques, bilan clinique et étude des apports alimentaires. L’anthropométrie est une
technique couramment employée. Elle peut être définie comme la mensuration des caractères
physiques et de la masse globale du corps humain. L’état nutritionnel seul n’est pas suffisant pour
déterminer les causes qui sont à son origine.
14 CFS 2012/39/4
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