Corrige HGGSP 1
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Session 2023
Coefficient : 16
PROPOSITION DE CORRIGÉ
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Dissertations (au choix)
Sujet 1 : La production et la circulation des connaissances connaissent-elles
des frontières ?
Enjeux du sujet :
Le sujet interroge le processus de mondialisation (diffusion géographique) mais aussi de
diffusion dans la société du savoir et de sa production. « frontières » peut être compris au sens
propre de limite d’État mais aussi de limites au sens métaphorique de difficultés, bornes.
Introduction :
[Accroche] La lutte contre la pandémie de covid a relancé le débat sur la possibilité de
diffuser des connaissances médicales dans le monde entier en réduisant les brevets de
l’industrie pharmaceutique au nom de l’intérêt général : la connaissance de la formule
permettant de produire un vaccin peut aisément être diffusée dans le monde entier.
[Définition du sujet et contexte] Dès l’Antiquité, des pôles de savoir émergent comme
l’Académie de Platon ou le Lycée d’Aristote et une communauté de savants naît à l’époque
hellénistique autour de la bibliothèque d’Alexandrie. À la Renaissance, lettres et humanistes,
comme Érasme de Rotterdam circulent. Mais dans le contexte actuel de mondialisation, le
processus de production (élaboration, création) et de circulation (diffusion, mise en relation)
des connaissances (savoirs empiriques et théoriques, savoir-faire) s’accélère, plus encore avec
Internet, et gagne l’ensemble du globe en apparence. Mais l’espionnage et le contexte de
guerres ou de crises peut freiner l’innovation, les collaborations, la validation et la diffusion
des savoirs disciplinaires et scientifiques au sens large. Les frontières, limites d’État au sens
de Michel Foucher, peuvent constituer des barrières, tout comme d’autres facteurs
économiques ou sociaux, qui sont autant de frontières au sens large.
[Problématique] Dans quelle mesure dans un monde mondialisé la création et la
diffusion des savoirs et savoir-faire peut-être être assujettie à des limites politiques,
économiques et sociales ?
[Annonce de plan] Nous verrons dans un premier temps l’accroissement exponentiel
depuis l’Antiquité de la création et la diffusion des connaissances (I). Nous soulignerons
ensuite que cette production et cette circulation sont parfois entravées par des tensions qui ne
relèvent pas directement du monde scientifique (II). Il est cependant possible de dépasser les
clivages dans un monde en réseau malgré des tensions persistantes.
I. Des connaissances produites et diffusées dans un monde sans (ou au-delà des)
frontière(s) et plus encore avec la mondialisation
2) Des acteurs de plus en plus diversifiés encouragés par les États mais qui les
supplantent et dépassent leurs frontières dans une « économie de la
connaissance »
• Développement par les États de l’alphabétisation et de l’éducation, comprises comme
facteurs de puissance et de compétitivité (cf économie ou « société de la
connaissance » de Peter Drucker dès 1969) : les connaissances peuvent être produites
et comprises par une élite dans l’Antiquité, puis la bourgeoisie des Lumières (salon),
puis une grande partie des individus avec la scolarisation (lois Ferry de 1881-1882 en
France), même si la frontière perdure encore pour les femmes dans les Pays les Moins
Avancés, notamment en Afrique subsaharienne.
• Émergence d’acteurs privés (entreprises, laboratoires privés) qui dépassent les
frontières, en recrutant à l’international (un tiers des ingénieurs de la Silicon Valley
sont nés en Inde) et en rachetant des entreprises d’autres pays ou y créant des filiales
• Rôle croissant des individus, acteurs de leur formation pour comprendre et produire
des connaissances : programme Erasmus de 1987 dans l’UE, diasporas indiennes et
chinoises qui rapportent des connaissances à leur retour dans leur pays d’origine après
avoir étudié dans les grandes universités du classement (mondialisé) de Shanghaï
II. Une production et une circulation parfois entravées par des tensions qui ne
relèvent pas directement du monde scientifique : des connaissances
subordonnées à des enjeux autres
III. Dépasser les clivages : produire et faire circuler les connaissances dans un
monde en réseau malgré des tensions persistantes
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1) Gommer les frontières pour une société de la connaissance qui bénéficie à
tous : le rôle traditionnel des acteurs internationaux publics et privés
• Rôle de l’ONU (Unicef, Unesco) et des ONG pour faire la paix.
• Mais aussi pour scolariser, diffuser des médicaments (OMS, Médecins Sans
Frontières), etc.
Conclusion :
[Bilan et réponse à la problématique] Au cours du temps, savants et États ont repoussé
géographiquement et socialement les limites de la création et la diffusion de savoirs et de
savoir-faire. Le progrès est exponentiel, à l’heure de l’alphabétisation presque généralisée, de
l’ère d’Internet (63 % du monde est concerné) et de l’économie de la connaissance. Mais les
tensions géopolitiques, les freins économiques et les barrières sociales et culturelles, qui
pénalisent notamment les femmes, sont autant de nouvelles frontières de la connaissance qui
restent à repousser avec une coopération internationale des acteurs publics et privés. La
coopération se fait compétition et les exclusions, subies ou volontaires, de la connaissance
mondiale sont sans effet positif.
[Ouverture] La gouvernance mondiale, autour de l’ONU, mériterait donc d’être
renforcée pour une science sans frontière.
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Sujet 2 : Ruptures et continuités dans les formes de guerre depuis la fin du
XXe siècle
Enjeux du sujet :
Les guerres semblent avoir muté depuis le modèle de Clausewitz d’affrontements entre
soldats de deux États ou alliances vers des guerres asymétriques. Mais la guerre entre Ukraine
et Russie vient relativiser cette évolution.
Introduction :
[Accroche] La guerre russo-ukrainienne de 2022 a vu le président ukrainien
Volodymyr Zelinski, homme de théâtre, être mis en scène au côté des soldats dans les
tranchées. Cette image illustre tout autant les mutations des formes de guerre (rôle des réseaux
sociaux pour relayer la photographie dans une guerre de propagande et d’information) que
leur continuité (les tranchées, qui rappellent la guerre de position de la Première Guerre
Mondiale).
[Définition du sujet et contexte] Les formes de la guerre, c’est-à-dire les types de
conflits, leur nature et la manière dont ils se déroulent, évoluent dans le temps, en fonction
notamment de facteurs technologiques et stratégiques. Certains points restent communs
(continuités) tandis que certains paradigmes changent (ruptures). Les guerres, conflits armés
opposant deux acteurs (États, alliances, ou autres) supposent une idée de violence et
d’affrontement physique traditionnellement mais l’avènement d’Internet fait naître des
cyberguerres, qu’il ne faut pas oublier. La fin du XXe siècle est marquée par la chute de
l’URSS en 1991, analysée par Francis Fukuyama comme étant la « fin de l’histoire » au sens
de fin des guerres puisque l’essentiel des conflits opposaient les deux camps de la Guerre
Froide. Son analyse était erronée ; les conflits ont perduré sous la décennie états-unienne
(1991-2001) et au XXIe siècle. Les grandes théories de la guerre, comme le modèle de
Clausewitz (1780-1831) sont peut-être à moderniser : au basculement de la révolution
française et des guerres napoléoniennes a peut-être succédé un autre modèle.
[Problématique] Dans quelle mesure le modèle de la guerre classique, théorisé par
Clausewitz au XIXe siècle, est-il encore pertinent pour comprendre les guerres du monde
post-Guerre Froide ?
[Annonce de plan] Les conflits semblent avoir connu une réduction d’ampleur et être
devenus plus dissymétriques voire plus asymétriques (I). Mais certaines caractéristiques
classiques demeurent ou resurgissent (II). En réalité, la technologie donne une impression
d’évolution mais ce changement a toujours existé et est donc une continuité dans les formes
de la guerre (III).
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« rebelles » ou des terroristes » ; « petite guerre » en espagnol, guerre du faible contre
le fort renvoyant à la guerre d’Espagne de 1807-1808 contre Napoléon : guerre contre
Al Qaeda en Afghanistan, guerre en Irak ; des bourbiers dont les États-Unis sortent
vaincus, malgré leur armée, de loin la première mondiale→ un vrai bouleversement
géopolitique.
3) La fin des guerres totales : une rupture forte dans la manière de faire la
guerre
• Après les guerres industrielles et de masse que sont la Première Guerre Mondiale, la
Seconde Guerre mondiale, voire la Guerre Froide (certes moins meurtrière), une
mobilisation des sociétés moindre.
• Cela va de pair avec une professionnalisation des soldats (les civils sont moins
concernés par les combats avec la fin du service militaire dans beaucoup de pays
occidentaux).
2) Des « batailles rangées » : des guerres toujours aussi violentes derrière des
lignes de font bien matérialisées
• Tranchées entre Ukraine et Russie, mais aussi de 1988 à 2020 entre Arménie et Haut-
Karabakh. L’enjeu du contrôle et de l’occupation du terrain reste une constante. Cf
Yves Lacoste : « la géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre » (1976).
• Crimes de masse toujours présents : Bakhmout en Ukraine, accusations de nettoyage
ethnique au Haut-Karabagh, guerres de Yougoslavie de 1991 à 1999 avec le massacre
de Srebrenica de 1995 perpétré par les Serbes.
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• Une violence forte, des milliers de morts dans la Guerre russo-ukrainienne déjà.
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Conclusion :
[Bilan et réponse à la problématique] Comme l’affirmait Clausewitz, « la guerre est la
continuation de la politique par d’autres moyens ». L’affrontement armé permet d’obtenir un
territoire, une ressource, des droits. Cela ne change pas. Si les guerres semblent moins
nombreuses, moins violentes et moins inter-étatiques, la technologie continue de changer la
guerre comme toujours. En dépit de la codification du droit international et du pacifisme
croissant des opinions publiques, les guerres classiques existent toujours.
[Ouverture] Aux évolutions des formes de la guerre répondent des évolutions des
formes de la paix ; dans les années 1990, alors qu’il est le numéro 2 de l’ONU puis secrétaire
général au début des années 2000, Kofi Annan établit un droit d’ingérence humanitaire, étend
les missions des casques bleus et élargit la conception de la paix d’une simple absence de
guerre vers un développement harmonieux.
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Étude critique de documents
Enjeux du sujet : Le patrimoine, facteur de puissance de la France
Introduction :
[Accroche] Avec 49 sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, la France se
classe au 4e rang ex aequo, dépassée de peu par la Chine, l’Italie et l’Espagne.
[Définition du sujet et contexte] Le patrimoine, ce à quoi une société accord e la valeur
et qui est issu de son passé et transmis, permet à la France d’influencer le reste du monde. La
« capacité à faire, faire faire et refuser de faire » (selon Raymond Aron) de cet État d’Europe
de l’ouest fort d’une riche histoire depuis la préhistoire repose en effet en partie sur son
patrimoine, matériel (culturel et naturel) comme immatériel.
[Présentation du/des document(s)] Le document 1 est une photographie datant de
1961 ; de Gaulle y reçoit avec sa femme son homologue états-unien, Kennedy et la first lady à
Versailles ; le repas renvoie à la gastrono-diplomatie dans un cadre somptueux (vaisselles et
cristal dans la galerie des glaces, chandeliers, vases et fleurs, personnel soigné et ganté). La
nourriture est un outil de soft power (Joseph Nye, Bound to lead, 1990) visible dans le
document 2, où Guy Savoy, célèbre chef étoilé parisien (qui vient de perdre sa 3e étoile
Michelin), présente au Sénat en 2008 sa mission visant à l’inscription du repas gastronomique
à la française à l’Unesco (obtenue de fait en 2010).
[Problématique] En quoi la richesse du patrimoine français tant matériel qu’immatériel
est-elle mise efficacement au service du soft power français ?
[Annonce de plan] Nous verrons tout d’abord pourquoi le patrimoine français est mis
en valeur (I) puis que c’est un moyen de s’imposer comme leader (II) et enfin les limites de
cette stratégie.
3) Une puissance française qui repose sur une collaboration entre États : vers un
patrimoine plus mondial que national ?
• Doc 2 : « 460 fournisseurs pour l’approvisionnement de son restaurant », « 14
nationalités y travaillent »
• Un patrimoine global, co-construit et non uniquement national → est-ce bien encore
un patrimoine français ?
Conclusion :
[Bilan et réponse à la problématique] La France s’appuie sur son patrimoine
architectural et immatériel pour renforcer sa puissance diplomatique, politique, économique,
commercial et touristique. Bien placée dans la course aux labels depuis longtemps, elle
souffre cependant d’un patrimoine à deux vitesses, parfois méconnu des Français eux-mêmes.
[Ouverture] Surtout, la France se heurte à la montée des grands émergents ; dépassée
par la Chine en nombre de sites Unesco, elle compte désormais moins de chefs étoilés que le
Japon, en dépit de l’obtention en 2010 du classement du repas à la française à l’Unesco.
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