L'aide Au Développement - Solidarité Internationale Ou Instrument Politique
L'aide Au Développement - Solidarité Internationale Ou Instrument Politique
L'aide Au Développement - Solidarité Internationale Ou Instrument Politique
politique ?
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L’aide au développement : solidarité internationale ou instrument
politique ?
De par leurs actions, tous ces acteurs ont façonné le concept de l’aide au
développement qui vise le transfert bénéfique de ressources des pays développés
vers les pays sous-développés. Sur la scène internationale, les organismes internationaux
(ONU, PNUD) représentant la communauté internationale en matière d’aide ont ainsi
déterminé ce que devraient être les priorités de l’aide au développement, ses objets
fondamentaux avec la publication en 2000 des « Objectifs de développement pour le
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millénaire ». Dans ces objectifs du Millénaire, il s’agit donc de préciser les objets sur lesquels
l’aide au développement devrait porter, quels sont les supports concrets afin de garantir une
aide efficace. Il est aussi question du niveau de société des pays en développement mesuré
par l’espérance de vie, le niveau d’alphabétisation et du fonctionnement institutionnel. Selon
les niveaux de leur société, les pays en développement ne sont plus rangés dans la même
catégorie comme ‘’tiers monde’’, ‘’périphérie’’ ou ‘’sud’’ J[7]. Notons également le glissement
subtil, mais important du concept de ‘’pays sous-développés’’ vers celui de ‘’pays en
développement’’. Ce glissement de vocabulaire témoigne de la volonté d’éviter toute
connotation négative. Sur la scène belge, il convient notamment de regarder la loi du 19
mars 2013. Celle-ci définit la coopération belge au développement comme « la
politique et les actions fédérales belges en matière de coopération au
développement menées par des canaux gouvernementaux, multilatéraux et non
gouvernementaux. »
Soulignons qu’il n’est plus question ‘’d’aide’’ mais de ‘’coopération’’, terme moins
‘’paternaliste’’ essayant de reléguer au second plan la peur d’une perte
d’indépendance dans le chef de l’État bénéficiaire de ladite coopération et
d’endiguer peut-être le risque d’une orientation politique du mode de
développement. Cette loi définit également l’objectif général de la Coopération au
développement comme étant le développement humain durable par le biais
d’actions qui contribuent à une économie durable et inclusive pour une
amélioration des conditions de vie de la population dans les pays en
développement et pour leur développement socio-économique et socio-culturel,
afin d’éradiquer la pauvreté, l’exclusion et les inégalités. Les quatre secteurs
prioritaires de la Coopération au développement sont les soins de santé,
l’enseignement et la formation, l’agriculture et la sécurité alimentaire ainsi que
[8]
l’infrastructure de base .
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Sans aller aussi loin dans sa critique, le rapport 2019 sur l’aide belge au développement
souligne les carences de la politique belge en la matière. Elle dénonce notamment le manque
d’investissement de la part de l’Etat belge qui entre en contradiction avec l’objectif fixé par
la loi d’atteindre 0,7% du revenu national brut (RNB-plus ou moins équivalent au PIB) pour
l’aide au développement. Cela fait 50 ans que la Belgique s’y est engagée mais n’atteint pas
ce résultat. Cette réalité est même justifiée par la volonté, selon Alexandre de Croo, de
mettre l’accent sur l’efficacité de l’aide au développement de la Belgique plutôt que sur sa
quantité, à savoir l’augmentation des budgets [10]. Cette explication témoigne d’une volonté
de privilégier avant tout une recherche d’efficience qui risque parfois de se faire au détriment
des pays bénéficiaires et de faire de l’aide au développement un instrument de politique
internationale dans le sens le moins noble du terme. Utiliser l’aide au développement comme
un instrument politique n’est pas condamnable en soi, pour autant que l’objectif soit louable,
comme l’instauration d’une réelle solidarité internationale. En effet, il convient d’éviter de
donner raison à Emmanuel Bove, écrivain français de l’avant-guerre, lorsqu’il énonce que «
rien de plus trompeur que la bonne intention, car elle donne l’illusion d’être le bien lui-même
» [11].
« Les solidarités définissent une société : ainsi l’étude des flux gratuits entre les nations peut-
elle nous renseigner sur la construction d’une société globale qui complèterait heureusement
l’économie mondiale [12] »
Guillaume Daudin et Bruno Ventelou
Laetitia Belsack.
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Documents joints
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Notes
Notes
2 Ibid.
4 Ibid.
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10 CNCD, op.cit.
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