Le Parfum - Cahier Pã©dagogique 5 (Juin 2020)
Le Parfum - Cahier Pã©dagogique 5 (Juin 2020)
Le Parfum - Cahier Pã©dagogique 5 (Juin 2020)
Introduction à l’oeuvre
Chapitre 1
À la manière d’un conte philosophique, le roman offre un questionnement sur l’essence des êtres et des
choses.
3
À propos du roman et de son auteur
1949 -
Le Parfum est son premier roman. Publié en allemand, en 1985, à Zurich, taire, replié sur lui-même au point de craindre la folie, un personnage qui
sous le titre Das Parfum, Die Geschichte eines Mörders, il est ensuite traduit en ressemble à son auteur.
français par Bernard Lortholary en 1986 avant d'être réédité par Fayard.
Patrick Süskind se demande s’il peut poursuivre dans cette veine autobio-
Cet auteur est un drôle de lascar. Fin cuisinier, bricoleur, [scénariste, écri- graphique. Il se demande aussi comment sortir de cette langue qu’il juge
vain], mélomane et un ami fidèle : c’est tout ce que l’on sait de Patrick trop classique. Et c’est sans doute pour cela qu’il parle d’un troisième
Süskind le Munichois. Il est né dans une famille lettrée où l’on vouait un roman qui, s’il voit le jour, ne ressemblera ni au Parfum, ni au Pigeon, ni
culte au bien-parler. Des vertus familiales dont ce scénariste professionnel même peut-être à Patrick Süskind dont on ne sait rien… si ce n’est qu’il cui-
devenu rentier à vie semble faire bon usage. D’abord, il ne parle jamais sine et qu’il vit quelque part à Munich!
aux médias. Ensuite, il n’écrit que s’il a raison de le faire. Enfin, il pour-
Source: Catherine Argand, Lire, mars 1996
suit, inlassable mécontent, sa quête d’un bien-parler qui soit le sien. Dans
chacun de ses livres, on retrouve le même personnage : un homme soli-
4
Les orientations de lecture
pour vous guider (axes de lecture)
Ce roman, pour être pleinement compris et apprécié,
doit être lu comme un conte philosophique (à la Pour savoir comment lire et vers quoi orienter l’analyse,
Voltaire). On retrouve, dans ce genre de conte, la styli-
vous devez tenir compte, lors de la création de votre
sation des héros ramenés à un trait caricatural ou sym-
Dossier de lecture, des axes (orientations) d’analyse sui-
bolique. Dans le cas du Parfum, il faut mettre l’accent
vants:
sur la symbolique.
๏ L’univers évanescent des odeurs
À la manière d’un conte philosophique, le roman offre
un questionnement sur l’essence des êtres et des cho- ๏ Le Paris de 1738 et le siècle des Lumières
ses choses, alors que nous demeurons plongés dans
notre monde aseptisé, confortable et misant tout sur ๏ Un roman aux univers narratifs multiples
l’image.
๏ Jean-Baptiste Grenouille, son entourage et ses rencontres
Jean-Baptiste Grenouille incarne la démesure de ๏ La grande quête de Grenouille: privé d’odeur et donc d’amour,
l’homme dans ce qu’il a de plus beau et de plus laid; Grenouille fait figure de personnage tragique, lancé dans une
démesure aussi dans les moyens qu’il peut envisager quête éperdue (à travers le parfum idéal) de ce dont il a été privé à
pour satisfaire ses besoins insatiables d’aimer, de se la naissance, l’amour. Sa différence le condamne en même temps
définir et de diriger. qu’elle le distingue.
5
La contextualisation de l’oeuvre
Repères culturels et historiques
http://www.nicolaslefloch.fr/Lieux/PlacedeGreve
6
L’époque: le siècle des Lumières (XVIIIe s.)
Les Lumières est un mouvement intellectuel fondé sur les
valeurs du savoir rationnel , du progrès et de la liberté.
Mais quelle odeur avait Paris au XVIIIe siècle?
Voltaire, Diderot, D’Alembert, Montesquieu et Rousseau sont d’il-
lustres représentants des Lumières.
Lisez ou
relisez l’incipit et le début du roman afin de Ce mouvement sera à l’origine de la Révolution française de 1789.
vivre cette effervescence et humer toutes les odeurs
de Paris au XVIIIe siècle.
Pour une visite virtuelle de Paris au XVIIIe siècle, cliquez sur le lien.
https://www.dailymotion.com/video/x2so6ub
7
Points de repères sur le siècle des Lumières Une
VIDÉO à écouter lors de la lecture
Le XVIIIe siècle est caractérisé par le mouvement in- de la DEUXIÈME PARTIE du Parfum.
tellectuel européen des Lumières.
Quel lien pouvez-vous faire entre pratique des salons et
On réclame davantage de liberté individuelle: le roman? En quoi cette connaissance enri-
chit-elle votre lecture?
๏ Contre la censure (Voltaire, Beaumarchais)
๏ Contre la torture (Voltaire, Montesquieu)
๏ Contre l’autorité absolue du roi
Ces salons, par leur influence sur l’opinion publique, ont pré-
paré le terreau de la Révolution française. » (Wikipédia)
8
La dimension historique n’est pas pour rien dans l’attrait exercé par Le L’idéal intellectuel est de faire confiance à la raison pour éliminer les su-
Parfum sur le lecteur, et dans le succès du livre. Au-delà du pittoresque perstitions et les oppressions. La morale est fondée sur la foi en la nature:
des descriptions, on s’aperçoit toutefois que l’écriture du roman s’est ap- de la nature, l’homme tire la conscience du bien et du mal. Les
puyée sur une solide et subtile connaissance du siècle des Lumières et de philosophes croient au progrès tant social que politique, soutenant que lui
ses textes fondateurs. L’étude du roman et du film est ainsi l’occasion de seul peut assurer le bonheur de tous. Bref, si au XVIIe siècle l’essen-
découvrir de manière vivante un mouvement artistique et culturel… tiel était de gagner un bonheur éternel après la mort, au XVIIIe
siècle, on se préoccupe avant tout du bonheur sur terre.
Une histoire au temps des Lumières
Des personnages et des auteurs illustres
Le roman Le Parfum s’inscrit dans la première moitié du
XVIII ° siècle appelé “siècle des Lumières” ou encore ( Au XVIIIe siècle, la bourgeoisie (incarnée dans le roman par Pélis-
“des Philosophes”. À cette époque, en effet, les nouvelles sier et la veuve Arnulfi) devient la classe dominante aux dépens de l’aristo-
découvertes et inventions, la revendication de la liberté cratie. Montesquieu, Voltaire, Diderot et Rousseau remettent en question
de pensée élargissent l’horizon de la connaissance, jusque- la monarchie, la religion et la culture; ils militent pour l’individualité et la
là circonscrite par l’Église et la vérité unique qu’elle dis- liberté. Le roman devient moderne avec le concept de « vérité » (authenti-
pensait. À première vue, le roman de Patrick Süskind cité des sentiments, du vécu, de la psychologie des personnages).
nous plonge plutôt dans un XVIIIe siècle âpre et obscur :
le parcours de Grenouille lui fait plutôt davantage cô- Montesquieu (1689-1755)
toyer les bas-fonds que la société éclairée des philosophes. On peut néan- En 1721, il publie les Lettres persanes, dans lesquelles il critique la tyrannie
moins considérer que le roman est profondément influencé par les Lumiè- de la monarchie absolue. En 1748, il écrit De l’esprit des lois, où il s’oppose,
res, influence lisible à plusieurs niveaux. entre autres, à la torture, à l’esclavage et au massacre des peuples d’Améri-
que par les colonisateurs.
Si la période classique se caractérise, au XVIIe siècle, par un idéal d’équili-
bre, de mesure et de stabilité (monarchie absolue de Louis XIV), il en est Voltaire, François-Marie Arouet dit
tout autrement au XVIIIe siècle: c’est une période de mouvements, (1694-1778)
de contestations, de polémiques.
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Voltaire et la censure mour pour démontrer que l'opinion opposée à la sienne était ridicule, et
dans cette technique, Voltaire était passé maître.
Il n'était pas facile d'être un écrivain favorable à la réforme de la société au Les droits d'auteur n'existaient pas à cette époque et il était nor-
XVIIIe siècle en France. Tous les écrits étaient examinés par les censeurs mal pour les éditeurs d'imprimer tout ce qui tombait entre leurs
officiels avant de pouvoir être publiés. En 1741, il y avait soixante-seize cen- mains et de ne pas partager leurs bénéfices avec l'écrivain. C'est
seurs officiels. Avant que le livre n'obtienne "la permission et le privilège pourquoi Voltaire retira très peu de profit de ses nombreux écrits. Il com-
du roi", le censeur devait attester que le livre ne contenait rien de con- prit très tôt qu'il était nécessaire d'avoir des moyens de subsistance indé-
traire à la religion, à l'ordre public ou aux bonnes mœurs. Un livre publié pendants s'il voulait encourager la réforme de la société par ses livres.
sans la permission du gouvernement pouvait être brûlé par l'exécuteur pu- Pierre Augustin Caron de Beaumarchais sera celui qui créera la Société des
blic, l'imprimeur et l'auteur arrêtés et mis en prison. Beaucoup d'œuvres auteurs dramatiques en 1777. Dès lors, auteurs et compositeurs dra-
de Voltaire furent brûlées par l'exécuteur public. matiques seront payés pour leurs écrits.
10
Jean-Jacques Rousseau
(1712 - 1778)
Le rayonnement de la France
Après 1715 (à la mort de Louis XIV), on délaisse la cour. On assiste L’ile de la Cité au XVIIIe siècle
à la montée de la bourgeoisie. Paris redevient le centre de la vie mon-
daine, riches bourgeois et grands seigneurs y font construire de
magnifiques hôtels, où ils accueillent généreusement les écri-
vains et les artistes; les femmes d’esprit y tiennent salons; les ca-
fés se multiplient : on en compte plus de trois cents en 1720. Des so-
ciétés de lecture, des académies, des clubs et des cercles privés se consti-
tuent dans la plupart des grandes villes. Jamais encore, nulle part, on
n’avait tant discuté, tant lu, tant écrit. Politique, religion, écono-
mie, histoire, sciences, littérature, rien n’échappe à la conversa-
tion des salons (voir le marquis de Taillade-Espinasse dans le
roman). Les journaux contribuent à éveiller l’esprit public.
11
Section 2
Jean-Baptiste Grenouille, Dieu et le siècle des Lumières
En quoi l’analyse de l’idée de Dieu est-elle pertinente pour la compréhension et l’interprétation du roman?
Texte défilant
(1763)
12
Section 3
Le Parfum au cinéma
Critique du film Le Parfum
13
Servi par un magnifique Ben Whishaw, campant un Grenouille plus Par la force des choses, le spectateur averti se sentira tiraillé par
vrai que nature, Le Parfum n’est pourtant qu’une demi-réussite aux deux sentiments diamétralement opposés: une sensation de frustra-
yeux des spectateurs ayant lu le roman. tion très intense et la joie d’avoir assisté à un long-métrage de
bonne facture. Quant au quidam qui pénétrera dans l’obscurité de
En effet, malgré les décors splendides et les reconstitutions d’épo-
la salle sans s’attendre à quelque chose de particulier, il en ressortira
que, l’univers et la sensualité des pages de Patrick Süskind peinent
la tête dans les étoiles.
à exprimer leur pleine mesure. En dépit de cela, les 147 minutes du
film ne paraissent [pas]. Certes, on déplorera la performance en de- COMPARONS LE ROMAN ET LE FILM
mi-teinte de Dustin Hoffmann, étrangement fade et discret, toute-
fois on louera la qualité de l’image, la beauté des plans. Quel élément essentiel du roman n’apparait pas dans la
version cinématographique? Justifiez votre réponse.
Source: AlloCiné
(texte défilant)
14
La mère de Grenouille meurt décapitée dans le livre,
Chapitre 2
UN LECTEUR EFFICACE
Sauriez-vous distinguer les questions explicites de celles qui appar- 4. Pour quelle raison Jeanne Bussie ne veut-elle plus garder l’en-
tiennent au niveau de lecture implicite (qui relèvent du non-dit)? fant?
16
14. Après la création de la version améliorée du parfum de Pélis-
sier Amor et Psyché, décrivez la réaction de Baldini.
10. Comment Grenouille réussit-il à s’introduire chez Baldini ?
17
22. Grenouille doit remplir deux conditions indispensables afin DEUXIÈME PARTIE
de concrétiser un jour son rêve et réaliser les odeurs qu’il
porte en lui. Quelles sont-elles?
18
6. Une découverte le pousse vers les hommes. Quelle découverte 12. Quelles sont les pensées et les réac-
fait-il dans la grotte (cette découverte qui change le cours de sa tions de Grenouille quand il se trouve
vie)? Expliquez. dans la cathédrale Saint-Pierre?
8. « Ce qui sidérait le plus Grenouille, c’était d’avoir l’air si incroya- 13. Mettez en relation les deux extraits : « Lui, le Dieu tout-puis-
blement normal. » Pour quelle raison croit-il avoir l’air si incroya- sant du parfum » (p. 170-173) et « Qui maîtrisait les odeurs maîtri-
blement normal? sait le cœur des hommes. »
19
15. « Le marquis de la Taillade-Espinasse déclara que, même pour 20. Relevez, à la page 173, les termes choisis par le narrateur afin de
lui, à qui l’on devait la découverte du fluide létal, il était stupéfiant décrire le faux attendrissement de Grenouille lorsqu’il tient une
de constater quelle influence décisive pouvait exercer une chose enfant dans ses bras? (« Vive la mariée! »)
aussi évanescente et accessoire qu’un parfum. » Que signifie
cette phrase? Interprétez le sens de cet extrait en ayant recours à
un critère d’appréciation.
21. De quoi prend-il conscience à cet instant précis?
Pour
les curieux ou les
passionné.es...
Cliquez!
17. Décrivez la réaction des gens lorsque Grenouille monte sur l’es-
trade. Décrivez ensuite la réaction de Grenouille.
un alambic
18. Racontez les circonstances du départ de Grenouille et la fin de
Taillade-Espinasse.
20
TROISIÈME PARTIE
6. Grenouille apprend de nouvelles techniques, soit la macération et
1. « Il n’évitait plus les routes fréquentées ni les villes, il ne faisait pas
l’enfleurage à froid. Quelles réactions suscitent les parfums que
de détours. Il avait une odeur, il avait de l’argent, il avait de l’assu-
crée Grenouille à ce moment?
rance, il était pressé. » D’après vous, pourquoi se sent-il si « puis-
sant»? Utilisez un critère d’appréciation.
2. Quel est le but de Grenouille à son 7. « Ce qu’il désirait, c’était l’odeur de certains êtres humains : à sa-
arrivée à Grasse? voir de ces êtres rarissimes qui inspirent l’amour. » Liez cette
phrase à sa grande quête.
4. « Or, dans un an ou deux, cette odeur aurait mûri et pris une vi- 9. Grenouille s’inquiète lorsqu’il réfléchit à l’évanescence du parfum
gueur telle que nul être humain, homme ou femme ne pourrait s’y de la jeune fille derrière le mur. Quelle solution trouve-t-il à son
soustraire. Et les gens seraient réduits à merci, désarmés, sans problème?
d é f e n s e , d e v a n t l e c h a r m e d e c e t t e j e u n e fil l e . »
Qu’annonce au lecteur ce passage?
21
10. Le premier meurtre a lieu en mai. Après cinq meurtres, quelles 17. « […] il ne jeta plus un regard sur le lit, pour la voir de ses yeux au
sont les réactions des gens de Grasse? Quelles mesures sont moins une fois dans sa vie. Sa forme ne l’intéressait pas. Elle
alors prises? n’existait plus pour lui en tant que corps, mais uniquement
comme un parfum immatériel. » (p. 243) Que nous révèle cette
citation à propos de Grenouille?
11. Qui est Antoine Richis?
12. Pourquoi peut-on dire que Richis est un véritable esprit des Lu-
mières? Justifiez votre réponse à l’aide d’exemples précis tirés du
roman et de repères culturels. 19. Pour quelles raisons, à la suite des meurtres, y a-t-il coopération
entre les autorités ?
15. À l’autre bout de la ville, on retrouve Grenouille et ses 24 flacons. BREF RETOUR À LA CONTEXTUALISATION
Puis, il décide de se rendre vers le sud. Quelle est la suite des
événements?
Réflexion sur
la pratique
16. Quelles sont les réflexions de Grenouille durant l’attente à la suite
de la torture
du meurtre de Laure (page suivante)
22
Contre la torture de Voltaire
23
22. Faites un lien avec les exécutions en France au XVIIIe
siècle et la sentence prononcée contre Grenouille. Justifiez
votre réponse à l’aide d’exemples précis tirés du roman et de
repères historiques et culturels.
• Les notables :
• L’évêque :
• Le peuple :
RETOUR AUX QUESTIONS SUR LE ROMAN 26. Pourquoi a-t-on recours à l’expression « L’affaire G »?
24
Section 1
Texte défilant
À propos du narrateur:
1. Identifiez le statut du narrateur. Est-il
participant, témoin ou omniscient?
25
Contrôle de lecture
1re partie, pages 5 à 127 (Livre de Poche)
Question 1 sur 17
« Ah lui, non, dit __________ d’un ton aigre, mais à moi si!
J’ai maigri de dix livres, et pourtant je mangeais pour trois.
Et tout ça pour trois francs par semaine! »
Une
fois ce petit
contrôle complété...
E. Mme Grimal
Répondre
26
1re PARTIE du roman (*pages 5 à 127)
LE BUT:
17 juillet 17____.
Imaginez le trajet parcouru par Grenouille dans le temps et
Naissance à Paris, sur la rue aux Fers l’espace
Grenouille rencontre deux personnages qui l’aident dans sa
quête sans le savoir. Qui sont-ils?
25 juin 17____
27
Un exercice de compréhension et d’interprétation
Les membres de chaque ilot choisissent deux (2) extraits du roman qui leur semblent particulièrement importants.
PROPOSITION D’ACTIVITÉ
Composez, dans un document Pages ou Word, des questions de niveaux implicite et d’analyse pour chaque extrait
retenu.
Écrivez la réponse que vous suggérez pour ces deux questions.
Copiez ensuite vos questions dans le Padlet de votre section.
Les réponses des élèves seront ensuite échangées et corrigées en collaboration (ilots).
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Section 2
DESTINATEURS DESTINATAIRES
Grenouille
ADJUVANTS OPPOSANTS
Astuce
29
Le Parfum, un conte philosophique à la manière de Voltaire
QUESTION 2
QUESTION 1 (texte défilant) À l’aide d’exemples précis et/ou de citations du roman Le Par-
fum, illustrez les différents éléments qui constituent
Pourquoi peut-on dire que Le Parfum est con-
l’univers et le cadre du conte philosophique.
çu comme un conte philosophique à la
Voltaire?
L'univers et le cadre du conte philosophique en 5 points
Pour répondre à cette question synthèse, voyez
d’abord ce qu’est un conte philosophique en faisant dé- 1. Qui ?
filer le texte ci-dessous. Les personnages sont des êtres fictifs, de papier : des héros
Le conte philosophique est caractérisé par: d’apprentissage qui se forment au fil des épreuves rencontrées.
Exemple ou citation:
3. Quand ?
Le récit s’ancre dans un univers sans contact avec le réel de
Voltaire en apparence, mais les liens et les rapprochements sont
✦ une morale; implicites.
Exemple ou citation:
Votre citation et votre exemple
(votre preuve) doivent être liés à votre explication
(démonstration).
LA MÊME LOGIQUE S’APPLIQUE TANT POUR UNE ÉPREUVE DE
LECTURE QUE POUR L’ÉCRITURE D’UNE LETTRE
OUVERTE.
EN BREF Question:
Un exemple: Thème
Le conte philosophique s’apparente au récit et à la philosophie La quête de liberté
des Lumières : on retrouve tous les thèmes critiques chers aux 1. Identifiez, dans la question, les éléments
auxquels vous devez répondre (1, 2 ou 3).
Un exemple:
Question / 10
philosophes du XVIIIe siècle.
- 1er élément (5 pts)
Source:
Adapté de maxicours.com
31
QUESTION 5
QUESTION 4
Identifiez quatre personnages Quel effet produisent leurs morts en ce qui concerne la significa-
importants que croisent tion de l’ensemble de l’oeuvre?
Racontez et expliquez les
Grenouille dans sa quête et qui Utilisez au moins deux critères d’appréciation.
circonstances de leurs morts.
meurent par la suite, victimes
de Grenouille.
1.
2.
3.
QUESTION 6
4.
À l’aide de l’extrait suivant, expliquez pourquoi l’on peut dire
qu’il s’agit d’un conte philosophique. Ayez aussi recours à une ci-
tation que vous tirez du roman afin d’étayer et de justifier votre
réponse. Utilisez au moins deux critères d’appréciation.
32
Grenouille était debout et souriait […] Mais en réalité, ce
n’était pas un sourire, c’était un affreux rictus sinistre qui
flottait sur ses lèvres, reflétant toute l’étendue de son triom-
phe et de son mépris. Lui, Jean-Baptiste Grenouille, né
sans odeur à l’endroit le plus puant du monde, issu de l’or-
dure, de la crotte et de la pourriture, lui qui avait poussé
sans amour et vécu sans la chaleur d’une âme humaine, uni-
quement à force de révolte et de dégoût, petit, bossu, boi-
teux, laid, tenu à l’écart, abominable à l’intérieur comme à
l’extérieur, il était parvenu à se rendre aimable au yeux du
monde. Se rendre aimable était trop peu dire! Il était ai-
mé! Vénéré! Adoré! […] Il était de fait son propre dieu, et
un dieu plus glorieux que ce dieu puant l’encens qui habitait
les églises. À ses pieds était prosterné un évêque en chair
et en os, qui vagissait de plaisir. Les riches et les puissants
[…] Il n’avait qu’un signe à faire, et tous abjuraient leur
dieu et l’adoreraient lui, le Grand Grenouille. […] Et il sen-
tait que ce triomphe devenait effrayant. Il devenait ef-
frayant, parce qu’il ne pouvait pas en jouir une seule se-
conde. […] Et soudain il sut que ce ne serait jamais dans
l’amour qu’il trouverait sa satisfaction, mais dans la haine,
celle qu’il portait aux autres et celle qu’ils lui porteraient. Crédit photo: ledevoir.com
33
Chapitre 3
DOCUMENTS
La méthode PCAF
Pour un enseignement stratégique
35
DOSSIER DE LECTURE DE L’ÉLÈVE
Prise de notes personnelles
36
Divers outils pour une
lecture stratégique
Impression d’un
signet pour la
lecture
Document à télécharger
37
Feuille pour la prise de notes des textes courants
Cahier pédagogique d’accompagnement
38
L’atelier collaboratif
collaboratif et
Avoir en main votre Dossier de lecture (notes personnelles) dans lequel se
autoévaluation de sa lecture
trouvent:
du roman
1. Les réponses aux questions relatives au fil des pages
3. La grande feuille (11 x17) de prise de notes sur les textes courants du Cahier
pédagogique d'accompagnement
!
Responsable des liens à établir entre le
roman et les textes courants
Document à télécharger
39
SYNTHÈSE: le topogramme
Travail individuel
40
Chapitre 4
Pour les occurrences du sens actif, on trouve dans le texte les ver- Paradoxalement, les premières pages du roman nous plongent
bes suivants : “aspirer” ; “renifler“ ; “plonger son nez” ;“dilater les dans un univers pestilentiel.
narines“ ; “regarder avec ses narines“ ; “boire l’odeur“, “s’impré-
gner“, “inspirer“, “s’enivrer“, “saisir“, “flairer“, “collecter“, “saisir
au vol “. Exercice
Parmi les synonymes du sens passif, on trouve les termes “exha- Surlignez, dans les passages suivants, les mots et expressions
ler”, “dégager”, “émaner de”, “fleurer”. On constate que ces mots associés aux odeurs et aux sensations.
appartiennent à un registre soutenu : c’est sans doute un moyen
EXTRAIT 1 - Une puanteur à peine imaginable, pages 5 à 7
d’exprimer la subtilité des parfums et la perception qu’en a Gre-
nouille. A contrario, on relève la récurrence du seul et même « À l’époque dont nous parlons, il régnait dans les villes une puanteur à
terme “puer”, péjoratif et familier, pour exprimer le caractère nau- peine imaginable pour les modernes que nous sommes. Les rues puaient le
séabond de l’époque. fumier, les arrière-cours puaient l’urine, les cages d’escaliers puaient le bois
moisi et la crotte de rat, les cuisines le chou pourri et la graisse de mouton ;
les pièces d’habitation mal aérées puaient la poussière renfermée, les cham-
Quels sont les noms synonymes d’ “odeur”? bres à coucher puaient les draps graisseux, les courtepointes moites et le re-
mugle âcre des pots de chambre. Les cheminées crachaient une puanteur de
Les substantifs synonymes d’odeurs peuvent se classer selon une soufre, les tanneries la puanteur de leurs bains corrosifs, et les abattoirs la
échelle qui va du plus répugnant au plus enchanteur, de la “puan- puanteur du sang caillé. Les gens puaient la sueur et les vêtements non
42
lavés; leurs bouches puaient les dents gâtées, leurs estomacs puaient le jus C’était l’une des journées les plus chaudes de l’année. La chaleur pesait
d’oignons, et leurs corps, dès qu’ils n’étaient plus tout jeunes, puaient le comme du plomb sur le cimetière, projetant dans les ruelles avoisinantes
vieux fromage et le lait aigre et les tumeurs éruptives. Les rivières son haleine pestilentielle, où se mêlait l’odeur des melons pourris et de la
puaient, les places puaient, les églises puaient, cela puait sous les ponts et corne brûlée. La mère de Grenouille, quand les douleurs lui vinrent, était
dans les palais. Le paysan puait comme le prêtre, le compagnon tout debout derrière un étal de poissons dans la rue aux Fers et écaillait des gar-
comme l’épouse de son maître artisan, la noblesse puait du haut jusqu’en dons qu’elle venait de vider. Les poissons, prétendument pêchés le matin
bas, et le roi lui-même puait, il puait comme un fauve, et la reine comme même dans la Seine, puaient déjà tellement que leur odeur couvrait
une vieille chèvre, été comme hiver. Car en ce XVIIIe siècle, l’activité délé- l’odeur de cadavres. Mais la mère de Grenouille ne sentait pas plus les pois-
tère des bactéries ne rencontrait encore aucune limite, aussi n’y avait-il au- sons que les cadavres, car son nez était extrêmement endurci contre les
cune activité humaine, qu’elle fût constructive ou destructive, aucune ma- odeurs, et du reste elle avait mal dans tout le milieu du corps, et la douleur
nifestation de la vie en germe ou bien à son déclin, qui ne fût accompagnée tuait toute sensibilité aux sensations extérieures. Elle n’avait qu’une envie,
de puanteur. Et c’est naturellement à Paris que la puanteur était la plus c’était que cette douleur cessât, elle voulait s’acquitter le plus vite possible
grande, car Paris était la plus grande ville de France. Et au sein de la capi- de ce répugnant enfantement. C’était son cinquième. Tous les autres
tale, il était un endroit où la puanteur régnait de façon particulièrement avaient eu lieu derrière cet étal et, à tous les coups, ç’avait été un enfant
infernale, entre la rue aux Fers et la rue de la Ferronnerie, c’était le cime- mort-né ou à peu près, car cette chair sanguinolente qui sortait là ne se dis-
tière des Innocents. Pendant huit cents ans, on avait transporté là les tinguait guère des déchets de poissons qui gisaient sur le sol, et ne vivait
morts de l’Hôtel-Dieu et des paroisses circonvoisines, pendant huit cents d’ailleurs guère davantage, et le soir venu, tout cela était balayé pêle-mêle
ans on y avait jour après jour charroyé les cadavres par douzaine et on les et partait dans des carrioles vers le cimetière ou vers le fleuve. »
y avait déversés dans de longues fosses, pendant huit cents ans on avait em-
pli par couches successives charniers et ossuaires. Ce n’est que plus tard à la
veille de la Révolution, quand certaines de ces fosses communes se furent
dangereusement effondrées et que la puanteur de ce cimetière déclencha
chez les riverains non plus de simples protestations, mais de véritables
émeutes, qu’on finit par le fermer et par l’éventrer, et qu’on pelleta des mil-
lions d’ossements et de crânes en direction des catacombes de Montmartre,
et qu’on édifia sur les lieux une place de marché. Or c’est là, à l’endroit le
plus puant de tout le royaume, que vit le jour, le 17 juillet 1738, Jean-Bap-
tiste Grenouille.
43
Des mirabelles
« Comme un ruban, le parfum s’étirait le long de la Seine, net et impossi- mélange des deux, de ce qui passe et de ce qui pèse, pas un mélange, une uni-
ble à confondre, mais toujours aussi délicat et aussi subtil. Grenouille sen- té, et avec ça modeste et faible, et pourtant robuste et serré, comme un mor-
tit son coeur cogner dans sa poitrine et il sut que ce n’était pas l’effort ceau de soie fine chatoyante… et pourtant pas comme de la soie, plutôt
d’avoir couru, mais l’excitation et le désarroi que lui causait la présence de comme du lait et du miel où fond un biscuit – ce qui pour le coup n’allait
ce parfum. Il tenta de se rappeler quelque chose de comparable et ne put pas du tout ensemble : du lait et de la soie. Incompréhensible, ce parfum,
que récuser toute comparaison. Ce parfum avait de la fraîcheur, mais pas indescriptible, impossible à classer d’aucune manière. Et cependant, il était
la fraîcheur des limettes ou des oranges, pas la fraîcheur de la myrrhe ou de là, avec un naturel parfait et splendide. »
la feuille de cannelle ou de la menthe crépue ou des bouleaux ou du cam-
phre ou des aiguilles de pin, ni celle d’une pluie de mai, d’un vent de gel ou
d’une eau de source… et il avait en même temps de la chaleur; mais pas
comme la bergamote, le cyprès ou le musc, pas comme le jasmin ou le nar-
cisse, pas comme le bois de rose et pas comme l’iris… Ce parfum était un
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EXTRAIT 3 - Nuit napolitaine
(p. 98)
Baldini ferma les yeux et vit monter en lui les souvenirs les plus su-
blimes. Il se vit, jeune homme, traverser le soir les jardins de Na-
ples ; il se vit dans les bras d’une femme aux boucles noires et vit la
silhouette d’un bouquet de roses sur le rebord de la fenêtre, par où
soufflait une brise nocturne; il entendit des chants d’oiseaux qui se
faisaient écho et la musique lointaine d’une taverne du port ; il enten-
dit un chuchotement à son oreille, il entendit un “je t’aime “ et sentit
la volupté lui hérisser le poil, là, maintenant, à cet instant même! Il
ouvrit brusquement les yeux et poussa un grand soupir de plaisir. Ce par-
fum n’était pas un parfum comme on en connaissait jusque-là. Nuit napolitaine
Ce n’était pas un parfum qui vous donne une meilleure odeur, pas un sent-
bon, pas un produit de toilette. C’était une chose entièrement nouvelle,
capable de créer par elle-même tout un univers, un univers luxuriant
et enchanté, et l’on oubliait d’un coup tout ce que le monde alentour avait
de dégoûtant, et l’on se sentait si riche, si bien, si libre, si bon… »
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EXTRAIT 4 - Le parfum de Laure Richis, p. 188
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EXTRAIT SENSORIEL
La madeleine
« […] Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du
petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que
ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui
dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir
trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine
ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté; peut-être parce que,
en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtis-
siers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres
plus récents; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés depuis si
longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé; les
formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel
sous son plissage sévère et dévot - s’étaient abolies, ou, ensommeillées,
avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la
conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort
des autres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus viva-
ces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur
restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espé-
rer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette
presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »
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