2 Planification Entrainement
2 Planification Entrainement
2 Planification Entrainement
La Planification de
l’entraînement
INTRODUCTION
Le perfectionnement est la phase suivant la période initiatique. Elle démarre lorsque les
fondamentaux, décrits précédemment comme automatismes nécessaires, sont acquis ou du moins
en cours d’acquisition.
Cette période donne lieu à une programmation plus pointue de l’entraînement au regard des
objectifs sportifs établis à partir du calendrier sportif, et tenant compte du système
contraintes/ressources du sportif : situation socio professionnelle ou scolaire, situation familiale,
distance entre la salle d’entraînement et le domicile, qualités physiques, niveau d’implication.
La construction de cette étape de perfectionnement s’appuiera dans un premier temps sur
l’élaboration d’une planification annuelle comme présentée ci-dessous.
LA PLANIFICATION ANNUELLE
Son objet est d’établir les objectifs principaux et secondaires afin de construire l’arborescence de la
saison :
- Nature des périodes d’entraînement
- Durée des différentes périodes d’entraînement
- Périodes de repos et/ou de récupération
En partant de l’objectif de fin de saison pour revenir vers le moment présent on balise chaque
semaine de la saison.
Pour mieux comprendre voici présenté un exemple de planification annuelle.
1. Remplir les cases correspondant aux caractéristiques de l’athlète : nom, prénom, catégorie
d’âge de poids et de sexe, records la saison précédente
2. Pointer un objectif final et deux à trois objectifs intermédiaires en les coloriant d’une couleur
distincte et y inscrire les objectifs en terme de résultat : arraché et épaulé-jeté
3. Pointer les autres compétitions auxquelles il prendra part en les coloriant d’une 3ème couleur
et y inscrire les objectifs en terme de résultat
4. Noter les objectifs par semestre dans les cadres intitulés en bleu
5. Noter le n° du plan à suivre pour chacune des semaines de la saison
6. L’athlète inscrit lui-même ses résultats semaine après semaine
7. Les jours de compétition il remplace les cases consacrées aux squats par son poids de corps
et son résultat IWF
Paramètres généraux
- Age de l’athlète
- Morphologie
- Qualités physiques apparentes : force, vitesse, souplesse, robustesse, adresse, rythme et
coordination…
- Points FORTS et points faibles apparents (qualités, postures…)
- Pratique sportive antérieure : quel type, combien d’années, quel niveau, en compétition, pratique
régulière ?
- Motivation, caractère, personnalité
- Environnement social : travaille, étudie, parents …
Paramètres spécifiques
- Régularité
- Progressivité
- Variété, adaptation des exercices et des méthodes …
- Définir les 2 ou 3 objectifs PRIORITAIRES de la saison
- Planifier les « tests de passage », sur 4 à 6 compétitions secondaires
- Evaluer / contrôler toutes les 3 semaines les progrès
LE CYCLE D’ENTRAINEMENT
LES PERIODES
Préparation compétition ou période compétition. On parle de PC. Cette dernière se concluant par un
micro –cycle d’affûtage.
Période de transition qui intervient entre une compétition et le retour à de la préparation physique
générale
Intensité par
rapport à Nombre de
l'objectif séries
final
Renforcement Renforcement Technique + Renforcement Renforcement
Technique 1/2 technique
spécifique généralisé 1/2 technique spécifique généralisé
Foncier
Pré-compétition
Compétition
LE PLAN D’ENTRAINEMENT
Voici présenté un exemple de succession de plans d’entraînement prenant leur source dans une
logique de périodisation. Il s’agit d’une suite de meso –cycles à répéter deux fois dans la saison. Soit
deux fois 15 semaines. Chaque séquence de 15 semaines se concluant par un objectif compétition.
Avant de débuter il est nécessaire de passer par une période dite de PPG de 8 semaines.
Entre deux séquences de 15 semaines il est préconisé de réaliser 3 semaines de PPG avant de
reprendre.
Le cycle de PPG
4 séries
Séance 1
Exercice Volume Intensité
Arraché Combiné : (1 THA+ 1 ARR SUSP HTE + 1 ARR SUSP BSE + 1 ARR) X 2 4 séries 65% RA
Jeté Force 6sx4r 60% RJ
Squat Nuque 5sx5r 80% RSN
Spinaux Assis – pronation/supination enchaîné 4sx12r 50% RE
Séance 2
Exercice Volume Intensité
EJ Puissance 3sx3r 70% REJ
3sx2r 80% REJ
TLE Stato –Dynamique 6sx4r 90% RE
Squats Lourd/Léger ( 3 Sq Clav + 3 Sq Nq) 5s 85% RE
Rowing 4sx10r 30% RE
Séance 3
Exercice Volume Intensité
Arraché Puissance 3sx3r 70% RA
3sx2r 80% RA
THA 5sx4r 70% RA
Squats Clav 5sx4r 85% RE
TBA 6sx6r 30% RA
Séance 4
Exercice Volume Intensité
EJ Combiné : ( 1TLE + 1 EP SUSP HTE + 1 EP + 1 SQ + 2 JT) 4s 75% REJ
Arr Force Susp Hte 5sx5r 35% RA
TLA sans temps d’arrêt 4sx4r 85%/90% RA
Sq Clav 4sx3r 90% RE
2sx5r 80% RE
Séance 1
Exercice Volume Intensité
Arraché debout 5sx3r 70% RA
Jeté fente 5sx2r 75% RJ
Squat Clav 5sx5r 85%/90% RE
TBA 5sx5r 35% RA
Séance 2
Exercice Volume Intensité
Epaulé Puissance Dbt 2sx3r 75% RE
3sx2r 80% RE
Arraché des plots ou suspension haute 4sx3r 75% RA
TLA des plots 4sx4r 120% RA
Squat Nuque Maxi en x3
3sx3r 85% RM
Séance 3
Exercice Volume Intensité
Arraché Gamme en x3 75%/80%/85% RA
Gamme en x3 80%/85%/90% RA
TLA 5sx3r 100% RA
Squats Lourd/Léger ( 3 Sq Clav + 3 Sq Nq) 1 série 85% RE
2 séries 92% RE
1 série 85% RE
Dev Nuque 5sx4r 75% RD
Semaine B
Séance 1
Exercice Volume Intensité
Epaulé debout/Jeté fente 4sx3r 75/80% REJ
TLE stato –dynamique 5sx4r 100% RE
Squat nuque 1sx6r , 1sx4r 70% RSN, 80% RSN
3sx2r 85% RSN
1sx4r, 1sx6r 80% RSN, 70% RSN
Séance 2
Exercice Volume Intensité
Arraché puissance debout 2sx3r 70% RA
3sx3r 75% RA
Epaulé des plots ou en suspension haute 4sx3r 80/85% RE
TLE des plots 4sx4r 120% RE
Séance 3
Exercice Volume Intensité
EJ Gamme en x3 75%/80%/85% EJ
Gamme en x2 80%/85%/90% REJ
Squat clav Maxi en x3
3sx3r 85% RM
Passages d’arraché 5sx4r 40% RA
Séance 1
Exercice Volume Intensité
Arraché Gamme en x2r 85% RA
Gamme en x2r 90% RA
Gamme en x1r 95% RA
Epaulé debout 4sx3r 80% RE
Squat nuque 2sx3r 85% RSN
4sx2r 90% RSN
Séance 2
Exercice Volume Intensité
Arraché puissance 3sx3r 75% RA
2sx2r 85% RA
Jeté 3sx2r 80% RJ
4sx1r 90% RJ
TLA 4sx3r 100/110% RA
Squats clav 3sx2r 95% RE
3sx2r 100/105% RE
Séance 3
Exercice Volume Intensité
Epaulé-jeté Gamme en x2r 85% REJ
Gamme en x2r 90% REJ
Gamme en x1r 95% REJ
Arraché debout 3sx3r 75% RA
TLE 4sx3r 100/110% RE
Séance 4
Exercice Volume Intensité
Epaulé-jeté puissance 4sx2r 80% REJ
Arraché suspension haute 4sx3r 70/75% RA
Squats clav 5sx3r 90% RE
Un exercice de renforcement musculaire ou de correction
technique au choix
Séance 1
Exercice Volume Intensité
Arraché Maxi
3sx2r 85% Maxi
Epaulé debout + Jeté fente 3sx2r 80/85% REJ
Squat nuque 4sx3r 80/85% RSN
Séance 2
Exercice Volume Intensité
Ep-Jeté 2sx1r 90% REJ
2sx1r 95% REJ
Arraché puissance 4sx2r 80/85% RA
TLE 4sx3r 100/110% RE
Squats clav 4sx3r 90% RE
Séance 3
Exercice Volume Intensité
Arraché 3sx1r 90% REJ
2sx1r 95% REJ
Jeté fente 4sx2r 85/90% RJ
TLA 4sx3r 100/110% RA
Séance 4
Exercice Volume Intensité
Epaulé-jeté Maxi
2sx2r 80/85% Maxi
Arraché suspension haute 4sx2r 70/75% RA
Squats clav ou nuque Maxi
3sx2r 85% Maxi
TLE stato –dynamique 4sx3r 90/100% RE
Séance 1
Exercice Volume Intensité
Arraché 5sx1r 90% RA
Epaulé debout 3sx2r 85% REJ
Squat clavicule 4sx2r 100% RE
Séance 2
Exercice Volume Intensité
Ep-Jeté 4sx1r 90% REJ
Arraché debout 3sx2r 80/85% RA
TLE 4sx3r 100% RE
ou squats nuque 4sx2r 85/90% RSN
Séance 3
Exercice Volume Intensité
Arraché 4sx1r 80% RA
Epaulé -Jeté 4sx1r 80% REJ
TL 3sx2r 110% R.technique
ou squats nuque 85% RSN
ou squats clavicule 95% REJ
Séance 4
Exercice Volume Intensité
Arraché stato –dynamique 3sx2r 60% RA
Epaulé -Jeté stato –dynamique 3sx2r 60% REJ
Cette présentation est un exemple parmi tant d’autres qu’il conviendra d’adapter selon les
spécificités de chacun et les évolutions calendaires. Les volumes et intensités peuvent être modifiés
selon les besoins et les envies dès lors qu’ils permettent à l’athlète de progresser.
LE CARNET D’ENTRAINEMENT
Il est l’outil quotidien de l’athlète et ponctuel de l’entraîneur. Son objet est de répertorier l’ensemble
des séances d’entraînement de la saison. L’athlète y note le jour d’entraînement, la séance réalisée
en détail y compris les tentatives ratées. Cela permet à l’entraîneur de voir ce que fait l’athlète en cas
d’absence de sa part, de réajuster le plan, et de constituer une base de données nécessaire à la mise
en place des cycles voir des saisons suivantes.
Il pourra également contenir des éléments techniques tels que :
La table de pourcentage
La table des équivalences
Le répertoire gestuel
La fiche technique des principaux mouvements
Le lexique des exercices et des formes de travail
La grille des minima
Le calendrier
Les plans d’entraînement
La planification annuelle
La base de données athlète/entraîneur : coordonnées, horaires d’entraînement, fiche
sanitaire de l’athlète, suivi médico –sportif, palmarès et progression de l’athlète
Cela étant cette vision générale du pourcentage ramené à un type de travail ne doit pas occulter que
la FV peut se travailler à plus ou moins ce qui est indiqué (la force prenant plus ou moins une part
importante dans l’exécution du geste). De plus l'intervalle 70-75% correspondant au travail de FE
peut correspondre à du rappel de force (à l’approche de la compétition) dès lors que les séries et les
répétitions en sont réduites.
La table de BERGER
3RM 94,9 % 95 %
5RM 89,3 % 90 %
7RM 85,5 % 85 %
9RM 81,1 % 80 %
10RM 79,3 % 80 %
La table de BERGER permet d’évaluer des personnes dont on ne connaît pas la valeur réelle elle
permet aussi de déduire certaines intensités. Ce système doit éviter d’être une méthode de dosage
rigide. Lorsque vous connaissez vos athlètes le principe de la gamme montante permet grâce à votre
appréciation visuelle d’estimer le maxi du jour.
La grille d’équivalence
TOTAL ARRACHE EP-JETE ARR DBT EP DBT SQ CLAV SQ NQ DEV NQ JETE SUPP
100% 45% 55% 37% 45% 60% 72% 30% 60%
180 80 100 67 81 108 130 54 108
185 83 102 68 83 111 133 55 111
190 85 105 70 85 114 137 57 114
195 88 107 72 88 117 140 58 117
200 90 110 74 90 120 144 60 120
205 92 113 76 92 123 148 61 123
210 95 115 78 95 126 151 63 126
215 97 118 79 97 129 155 64 129
220 99 121 81 99 132 158 66 132
225 101 124 83 101 135 162 67 135
230 103 127 85 103 138 166 69 138
235 106 129 87 106 141 169 70 141
240 108 132 89 108 144 173 72 144
245 110 135 91 110 147 176 73 147
250 112 138 93 112 150 180 75 150
255 115 140 95 115 153 184 76 153
260 117 143 96 117 156 187 78 156
265 119 146 98 119 159 191 79 159
270 121 149 100 121 162 195 81 162
275 124 151 101 124 165 198 82 165
280 126 154 102 126 168 202 84 168
285 128 157 105 128 171 205 85 171
290 130 160 107 130 174 209 87 174
295 133 162 109 133 177 212 88 177
300 135 165 111 135 180 216 90 180
305 137 168 113 137 183 220 91 183
310 140 170 115 140 186 223 93 186
315 142 173 117 142 189 227 94 189
320 144 176 118 144 192 230 96 192
325 146 179 120 146 195 234 97 195
330 148 182 122 148 198 238 99 198
335 151 184 124 151 201 241 100 201
340 153 187 126 153 204 245 102 204
345 155 190 128 155 207 248 103 207
350 157 193 130 158 210 252 105 210
Afin de calibrer au mieux la quantité d’entraînement, les intensités de travail, la planification et les
périodes de repos il est intéressant d’utiliser le modèle ci-joint de questionnaire afin de déterminer si
le ou les athlètes dont on a la charge ne sont pas en situation de surentraînement.
De prime abord il existe quelques éléments permettant de se faire une idée avant de passer au
questionnaire :
La réussite à l’entraînement
Le goût de l’effort
La capacité à reprendre une barre manquée
L’endurance de force
La coordination
Premier exercice
La liste ci-dessous évoque quelques problèmes rencontrés par beaucoup de sportifs. Lisez
attentivement cette liste et cochez la réponse “OUI” ou “NON” selon votre état actuel. Veuillez
répondre à toutes les questions même si elles ne vous semblent pas très adaptées à votre cas. Si
vous hésitez, entourez ce qui correspond le mieux à votre état aujourd’hui.
1) Ce dernier mois mon niveau de performance sportive I mon état de forme : OUI - NON
18) J’ai des crampes, courbatures, douleurs musculaires fréquentes : OUI - NON
27) Mon cœur bat plus vite qu’avant: au repos (OUI - NON); à l’effort OUI - NON
35) J’ai plus de mal à me concentrer dans mon activité sportive : OUI - NON
36) Mes gestes sportifs sont moins précis, moins habiles : OUI - NON
38) J’ai l’impression de n’avoir personne de proche à qui parler OUI - NON
44) J’ai une baisse de rendement dans mon activité scolaire ou professionnelle : OUI - NON
45) Mon entourage trouve que je deviens moins agréable à vivre : OUI - NON
49) J’égare plus facilement les objets (clefs, etc...) OUI - NON
52) Je me sens moins motivé, j’ai moins de volonté, moins de ténacité : OUI - NON
Deuxième exercice
Je me fatigue
plus LENTEMENT___________________________________ plus VITE
Je me sens:
TRES DETENDU ____________________________________ TRES ANXIEUX
Elle se constate à tous les niveaux de savoir-faire (plateaux d'apprentissage). Il est possible d'isoler
quelques causes et remèdes à cette situation :
le manque d'informations valides : ici les consignes et corrections ne sont pas "comprises". Il
faut contrôler le niveau de compréhension et de vigilance.
le manque de condition physique : il faut plus longtemps pour améliorer les qualités de
bases (Endurance, Vitesse, Force...) que pour apprendre une quelconque technique. La
discordance entre le niveau technique et les capacités de performance provoque des
stagnations et même des régressions.
Améliorer les qualités de base et les gestes techniques simultanément est indispensable.
Les contrôles
Pour apprécier l'évolution technique, il est absolument nécessaire de juger l'efficacité des phases
clés :
l'automatisation
l'habilité
la vitesse d'exécution liée à une parfaite coordination
Ces appréciations ne peuvent se faire objectivement qu'à travers la prise en compte de tests
spécifiques ou visionnement de film à plusieurs vitesses de déroulement par exemple.
L’approche de la
compétition –
Le Coaching
Le leadership de l’entraîneur
« Maintenant
« Faites ce « Les
Résumé en « Suivez- « Qu’en pensez- , faites « Essayez
que je vous personnes
une phrase moi » vous ? » comme ceci. »
dis » d’abord ! »
moi. »
Empathie,
Compéten
Désir de capacités à Développeme
ce Confiance en Conscience,
réalisation, construire Collaboration, nt des autres,
soi, empathie, désir de
émotionnel initiative, des direction d’équipe, empathie,
catalyseur de réalisation,
le sous- maîtrise de relations, communication conscience de
changement initiative
soi communica soi
jacente tion
En temps
de crise, Lorsque le Pour Pour aider un
Pour obtenir
pour changement ressouder Pour favoriser employé à
des résultats
redresser requiert une une équipe l’adhésion et le améliorer ses
rapides
Contexte une nouvelle ou motiver consensus, ainsi performances
d’une équipe
favorable entreprise, vision, ou les troupes que la contribution ou à
hautement
ou faire lorsqu’une dans les d’employés de développer
motivée et
face à des direction claire moments qualité ses atouts à
compétente
employés à est nécessaire difficiles long terme
problèmes
Impact
global sur Extrêmement
Négatif Positif Positif Négatif Positif
le climat positif
de travail
La Sphère Performative
PSYCHO-TACTIQUE
EXERCICES
INTENSITE
• Spécialiser l’entraînement le
• Réduire les séries sur les seuils de
dernier mois
travail (3 à 5)
• Arraché et EJ technique et debout
• Réduire les répétitions (1à 3)
• Squats et en priorité devant
• Faire des gammes montantes et
• Ne pas négliger les tirages lourds descendantes afin d’anticiper les
temps d’attente en compétition
• Conserver des outils semi-
techniques permettant de • Gérer la perte de poids
maintenir le capital confiance
La Scénarisation
Rien ne sert de s’entraîner si l’on est pas préparé aux soubresauts de la compétition. Il arrive très
souvent que des athlètes bien qu’entraînés ratent une compétition faute d’avoir prévu les divers
scénarios de cette dernière. Il existe donc une réelle différence entre être entraîné et être préparé.
Car si être entraîné c’est arriver en forme optimale le jour J, être préparé c’est avoir les capacités
physiques et mentales nécessaires à la réalisation d’une performance quel que soit le déroulement
de la compétition. Pour cela trois aspects sont à affiner lors de la période compétition (les 3 à 5
semaines précédant le match) :
Aspects tactiques
Il est indispensable d’étudier les scénarios les plus probables du déroulement de la feuille de match.
Pour cela plusieurs éléments sont à décortiquer :
En étant attentif à ces aspects on peut déterminer le nombre d’essais dont l’athlète pourra disposer
entre chacun de ses essais. Ainsi l’entraînement s’adaptera en termes de progressivité, de temps de
récupération et de réalisation de gamme supplémentaire dans la probabilité de temps d’attente
importants entre les essais.
De plus en étudiant le profil des adversaires il sera beaucoup plus aisé de déterminer les conditions
de la victoire et d’utiliser au mieux les changements de barre. Enfin, et de manière générale, il
convient de commencer l’échauffement spécifique 15 à 20 essais avant son appel.
Aspects physiques
Comme évoqué dans la partie précédente, certains cas de figure contraignent un athlète à de
longues attentes entre les essais. Il est donc indispensable que le contenu de la période compétition
tienne compte de cet aspect. Ainsi dans le cas de longs temps d’attente la préparation insistera sur la
capacité à réaliser deux gammes à 100%, tandis que dans le cas de trois essais à la suite il sera
nécessaire de pouvoir réaliser trois barres lourdes dans un laps de temps réduit. Autre cas de figure
d’un athlète qui sera susceptible de réaliser des « bonds» entre ses essais : ne pas attendre le jour de
la compétition pour se familiariser avec cela.
Aspects mentaux
Afin de mobiliser au mieux la ressource mentale il est fondamental de l’entraîner. La réussite d’une
compétition nécessitant une décharge nerveuse et hormonale conséquente, la période compétition
exigera d’un athlète un niveau d’implication supérieur aux autres périodes. En d’autres termes
l’entraîneur devra créer des situations d’entraînement au cours desquelles l’athlète devra et pourra
s’appuyer sur sa concentration et sa détermination à se projeter sur un objectif à court et moyen
terme. En éliminant les parasites (téléphone, discussions intempestives, respect du champ de vision
de l’athlète, musique inappropriée …) l’entraîneur créé les conditions d’automatisation gestuelle et
de réussite sur les « barres lourdes ».
Conclusion
La capacité à résister aux parasites est une qualité indispensable pour accéder au haut niveau.
La capacité à solutionner les scénarios impossibles nécessite une confiance mutuelle entre
entraîneur et entraîné.
De l’acquisition de ces deux capacités née ce que l’on appelle l’expérience. Terme souvent galvaudé
mais qui prend tout son sens lorsque l’enjeu déstabilise le schéma –ressources de l’athlète :
cognition – motricité – affectivité.
Des Outils
L’IMAGERIE MENTALE
Définition
Nous avons tous des "images dans la tête". Certains s'en servent de manière intuitive, les sportifs le
font de manière plus systématique. L'imagerie et la répétition mentales se caractérisent par la
répétition symbolique, c'est à dire dans sa tête, d'une action ou d'un mouvement sans bouger la
moindre partie de son corps (interne, externe, différentes vitesses). En effet, notre cerveau ne fait
pas la différence entre un geste réalisé physiquement et le même geste réalisé mentalement.
Le principe de base est de s'associer à la réussite et de se dissocier des échecs.
Objectif
Elle aide le sportif à mieux assimiler des techniques, de récupérer, de gérer le stress pré -compétitif.
Méthode
Dans une perspective interne (visualisation à la 1ère personne) : l'individu est impliqué dans
l'action, il s'imagine dans son corps en train d'exécuter le geste, il ressent toutes les
sensations que cela peut lui procurer (aspects visuels et kinesthésiques). Ce type de
visualisation permet de stocker et de mémoriser des informations.
Dans une perspective externe (visualisation à la 3ème personne) : l'individu est fois
spectateur de son action, il la visualise mais ne la ressent plus. Ce type de visualisation, qui
permet de traiter beaucoup d'informations visuelles est plus une phase d'analyse et
d'apprentissage.
L'efficacité de la visualisation mentale est fonction de la capacité du sujet à imaginer. Celle-ci dépend
du niveau du sportif : il est plus facile pour un sportif confirmé de visualiser une action qu'un
débutant. Des études montrent qu'elle est beaucoup plus efficace lorsqu'elle est associée à des
exercices physiques. L'imagerie mentale est souvent associée à la relaxation ce qui la rend plus
efficace.
Techniques
Les images mentales doivent présenter plusieurs caractéristiques pour que l'imagerie soit efficace.
Les images doivent d'abord être vivaces c'est-à-dire « nettes » et « détaillées ». « De nombreuses
preuves montrent que plus une image est nette et riche en détails, et davantage on peut tirer profit
d'un programme de répétition mentale » (Thill, 1998).
Ensuite, les images doivent être contrôlées sur une certaine durée afin de pouvoir les utiliser. « Le
degré de contrôle réfère précisément à la capacité que possède l'individu de construire des images
persistantes aussi longtemps qu'il en a besoin »(Thill, 1998).
D'autre part, les images mentales (surtout dans le cadre de l'imagerie technique) doivent être
exactes c'est-à-dire refléter la réalité avec la plus grande précision possible. Il sera donc important de
fournir des consignes précises sur la taille et le poids des objets, leur disposition, leur localisation, la
distance qui les sépare, l'espace environnant... « Si l'on simule mentalement un lancer franc en
Basket Ball, il est important que l'image mentale rende compte avec exactitude de la direction des
mouvements des bras et de leur amplitude. Ceci constitue un point très important. Il a été montré,
en effet, que le fait de tourner des images inexactes, ou de donner aux sportifs des consignes
imprécises, se traduit par des erreurs de même nature que celles qui résulteraient d'une pratique
effective et techniquement erronée » (Thill, 1998).
Des exercices
Cet exercice dure 10 à 15mn, et on sait que cet espace de relaxation optimise les processus de
récupération physique et mentale, on sait aussi que les microtraumatismes musculaires tendineux et
articulaires se réparent plus rapidement.
S’installer de préférence comme dans le précédent exercice dans une situation de détente absolue.
Mais avec le temps et l’expérience, cet exercice pourra se faire sans être forcément dans ces
conditions.
Les préalables
Prendre la barre
Réaliser le mouvement en se concentrant sur les sensations musculaires et articulaires
Réaliser le mouvement en se concentrant sur les appuis
Réaliser le mouvement en se concentrant sur la trajectoire
Réaliser le mouvement en se concentrant sur le rythme
Incorporer des sensations de confiance, de détermination, d’aisance physique
Cet exercice dure 10 mn, et favorise l’amélioration de la précision technique, la confiance en soi et
participe à la synchronisation et au recrutement des unités motrices.
S’installer de préférence comme dans le précédent exercice dans une situation de détente absolue.
Mais avec le temps et l’expérience, cet exercice pourra se faire sans être forcément dans ces
conditions.
Mentalement visualiser :
La phase de préparation : habillement, chaussures, élastoplaste…
La prise de la barre et le début de l’échauffement : réveil musculaire, sensations
kinestésiques, priorité donnée à la technique
La présentation au public
L’environnement de la compétition : podium, matériel, public, speaker, chrono, coach…
La détermination et la confiance avant le match : priorité donnée à la réussite de la barre
Les adversaires
Le choix de la stratégie
L’énergie mentale et physique qui augmente progressivement pendant l’échauffement
L’arrivée au plateau
La prise de la magnésie
La phase préparatoire : concentration et détermination
Se placer, contrôler, accélérer, maîtriser, attendre le signal
Evacuer son émotion, relâcher l’influx, retrouver lucidité et sérénité
Choisir ou laisser choisir l’essai suivant
Etre convaincu de réussir ses trois essais sur des tentatives abordables et non irréalisables
au regard de la préparation effectuée
Cet exercice peux se faire 2 ou 3 fois par jour les 2 jours avant le match et le jour du match. C’est un
excellent moyen d’optimiser la réussite en compétition. En cas d’échec intempestif lors de l’exercice
mental deux correctifs peuvent se substituer :
Reprendre l’exercice en étant non plus acteur mais spectateur c’est-à-dire en perspective
externe
Revenir à de l’imagerie technico- corrective
Introduction
Les effets bénéfiques de l’imagerie mentale dans l’apprentissage moteur, ont été mis en évidence
par de nombreux auteurs et dans des tâches très variées (basket-ball, ski, karaté, etc.) (Feltz et
Landers, 1983). Le but de cette étude est de montrer que la pratique mentale induit une diminution
de l’erreur de trajectoire chez des jeunes haltérophiles novices dans une tâche à forte composante
motrice (l’arraché) pratiquée en contexte naturel.
Matériels et méthodes
Quatre haltérophiles novices (5 mois de pratique) âgés de 11ans et suivant le même entraînement au
sein d’un club ont participé à cette étude de 16 semaines réparties en 4 phases : (A1) niveau de base
; (B) présentation d’un modèle vidéo expert sans imagerie ; (A2) identique à A1 ; (C) présentation du
modèle vidéo associé à des séances d’imagerie. L’habileté d’imagerie est évaluée en début de chaque
phase et en fin d’expérience à l’aide des questionnaires d’imagerie sportive (Martens, 1987) et de
clarté de l’image (Chevalier, 1995). Chaque séance d’imagerie dure 20 minutes, où les sujets doivent
se représenter le modèle vidéo. L’imagerie doit aussi être pratiquée à domicile, 10 minutes avant le
couché. Le modèle représente un expert (25 ans) vu de face et de profil, à vitesse réelle et au ralenti.
Une fois par semaine, chaque sujet exécute 3 arrachés à 90% de son record, et chaque geste est
filmé de profil. Les coordonnées du centre de la barre sont récupérées sur chaque image numérisée
pour calculer la moyenne des écarts (RMS [Root Mean Square] en cm) entre le centre de la barre et
la verticale (tracée à partir de la position initiale de la barre).
Résultats
Les résultats élevés aux questionnaires d’imagerie indiquent une bonne habileté d’imagerie. On
remarque une modification de la valeur des composantes de l’image passant d’une image pluri
sensorielle à une image visuelle et kinesthésique. La perspective interne est prédominante. En ce qui
concerne l’erreur de trajectoire, si les 3 premières phases semblent décrire une courbe
d’apprentissage classique, l’imagerie induit au contraire une dégradation de la performance.
Il semble que la pratique mentale n’ait pas permis d’améliorer la trajectoire de la barre.
Discussion
Sources
La Stratégie de
préparation à la
compétition
Qualités physiques
Le gainage du tronc pour retransmettre à la barre l’énergie impulsée par les jambes. Il s’agit de la
capacité à fixer le dos et ne pas le relâcher durant l’effort.
Kinesthésie ou proprioception : capacité de l’athlète à ressentir son corps dans l’espace par les
différents capteurs sensoriels. Cette notion est indispensable à l’apprentissage de la technique. Elle
se développe avec toutes les charges tout au long de la carrière. Avoir un bon schéma corporel
permet de fixer une zone musculaire sans dégrader l’action d’une autre zone. Fixer les épaules en
relâchant les bras pour qu’ils soient efficaces quand ils s’activent par exemple.
Enfin la proprioception pour l’équilibre des phases de réception qui conduit à un relâchement
articulaire adapté.
Qualités mentales
Concentration : capacité à se fixer sur une tâche complexe en un temps très court.
Prise de risque : capacité à dépasser ses limites pour soulever plus lourd ce qui revient à haut niveau
au risque de passer sous une charge lourde.
Gestion du stress dû à la prise de risque et plus encore en compétition maintenir ses émotions pour
se focaliser sur la tache (et ne pas détériorer sa concentration).
Motivation : capacité à s’engager totalement dans l’action. Particularité de notre sport dès 80% de
RM1 il faut souvent s’engager à 100% physiquement. On ne peut pas gérer l’effort au risque de ne
plus maîtriser la charge aussi sous-maximale soir-elle. La motivation doit être continue tout au long
d’une séance et d’une compétition. La difficulté est de ne pas attendre la charge lourde ou le record
pour être motivé, mais de l’être dès le début du cheminement des charges lourdes.
Qualités techniques
Capacité à effectuer un geste efficace selon ses points forts et ses points faible tout en respectant les
courbures humaines. Il s’agit d’accepter qu’il n’existe pas de geste parfait. Il y a des fondamentaux
(trajectoire de barre, respect du corps, accélérations, appuis…) mais l’adaptation des placements doit
se faire selon que l’athlète est fort en dos ou en jambes. Et ainsi atteindre la plus grande fluidité
possible.
Pour le haut niveau, l’équilibre alimentaire est, avec l’hydratation, la première source d’énergie et de
récupération. Il semble incontournable de le prendre en compte. De sorte qu’aujourd’hui on ne perd
pratiquement plus de poids par le sauna mais par le respect de la diététique et ainsi perdre la masse
grasse et peu de masse musculaire. En ce qui concerne l’alcool et le tabac les athlètes de haut niveau
ne boivent que de manière occasionnelle et les fumeurs en équipe de France sont de moins en moins
nombreux. Même si l’haltérophilie n’est pas un sport d’endurance le tabac diminue les capacités de
performer de l’athlète. Enfin, la récupération par le sommeil est aussi importante, l’athlète qui sait se
coucher tôt récupère mieux et cela se ressent toujours dans les séances du lendemain.
Un exemple de scénario
INTRODUCTION
L’haltérophilie est un «vieux sport» qui évolue. Si la gestuelle technique est dorénavant et à peu près
maîtrisée par tous les pays suivant la morphologie de chaque athlète, ce sont les formats de
compétition et donc bien sûr les stratégies de préparation qui subissent des transformations
majeures. Ces changements sont liés à des événements géopolitiques et à des évolutions
règlementaires : en 1989 la chute du mur de Berlin met fin à l’emprise de l’URSS sur les pays de
l’Europe de l’Est. De nombreux entraîneurs bulgares partent dispenser leurs savoirs dans des pays
étrangers. Cela élève globalement le niveau des performances mondiales. En 1992 l’éclatement de
l’URSS en pays indépendants fait augmenter le nombre d’athlètes de très haut niveau sur les
compétitions internationales. Des évolutions réglementaires interviennent alors pour réguler ces
nouveaux flux : en 1995 le mode de qualification pour les JO change ; on passe d’un système de
qualification individuel à un mode de qualification par équipe donnant un quota de qualifiés pour un
collectif féminin ou masculin.
Cette qualification se déroule sur les deux championnats du monde senior précédant l’épreuve
olympique. Cela fait augmenter le nombre de participants lors de ces compétitions avec une
moyenne de 50 concurrents par catégorie. En 2005 la progression minimale entre les essais passe de
2.5 kg à 1 kg. Ce changement accorde une place alors prépondérante à la tactique. La performance
internationale ne se juge plus uniquement sur la réussite d’une barre record mais sur une capacité à
réussir un maximum d’essais sur des barres record.
FORMAT DE COMPÉTITION
La compétition se déroule sur une voir deux journées par catégorie (les différentes catégories sont
programmées sur plusieurs jours). La pesée a lieu le jour même de la compétition et chaque athlète
doit annoncer ses barres de départ. La répartition par plateau de niveau (groupes A, B, C voir D et E)
est déterminée à partir de la Start List établie lors de l’arrivée des délégations sur le site de la
compétition.
…
RALLONGEMENT DE LA DURÉE DE COMPÉTITION
Avant le début des années 1990, lorsqu’un haltérophile réalisait un 1er essai, il attendait environ 5 à
10 mn pour réaliser son 2ème essai parce que le nombre d’athlètes n’était pas trop important
lorsqu’on compare avec la présence observée aujourd’hui. Dorénavant, la densité d’athlètes de bon
niveau impose une attente qui peut aller de 15 à 20mn entre les essais. Le mode de compétition
haltérophile qui autrefois consistait à répéter trois essais en gérant un temps d’attente assez court et
en ne réalisant pas ou peu de barres d’attentes à l’échauffement est maintenant révolu ; il est
nécessaire pour réussir au plus haut niveau de développer des capacités adaptatives au nouveau
format de compétition (plus d’athlètes et augmentation des barres de 1 kg en 1 kg). Il impose un
temps d’attente bien supérieur entre les barres, donc un travail d’échauffement et de préparation
spécifique. Le temps de compétition est ainsi prolongé et pour envisager de réussir il faut intégrer
cette composante. Des considérations tactiques s’ajoutent à la contrainte de la durée de la
compétition et créent une dynamique temporelle susceptible de modifier la quantité et la qualité des
mouvements comme nous allons le démontrer. Il s’agit donc de concevoir des formes spécifiques
d’entraînement qui puissent permettre aux athlètes de s’adapter à cette nouvelle situation.
Depuis la nouvelle règle de progression de 1 kg, les aspects tactiques prennent une place de premier
ordre pour réussir en concours : ce point de règlement augmente la dimension stratégique en
compétition, puisqu’elle autorise le marquage direct entre adversaires : il suffit pour battre un
athlète de soulever 1 kg de plus que lui, alors que lorsque la progression se faisait de 2,5 en
2,5 kg c’est plus le potentiel de l’athlète qui réglait les choix de barres (figure 2). savent bien combien ces
instants qui précèdent
Avant le changement de format de compétition, l’entraînement était structuré autour d’une suite de
phases ordonnées finalisées par la recherche de l’effort maximum : cela consistait dans un premier
temps à préparer physiquement l’athlète, puis ensuite à augmenter sa force maximale pour enfin
développer une endurance spécifique qui lui permette d’enchaîner trois tentatives à effort maximal
lors des compétitions. Ce schéma a évolué pour intégrer le nouveau format des compétitions
internationales haltérophiles. Dorénavant il faut ajouter à ces trois tentatives (d’affilée), une capacité
à gérer une durée d’effort qui peut aller jusqu’à 45mn par mouvement (temps consacré à l’arraché et
à l’épaulé-jeté) à cause du nombre important d’adversaires de même niveau. De plus, il faut de
surcroit développer une endurance psychologique de résistance à la fatigue et une compétence à
produire des efforts en conditions d’incertitude et d’émotion au paroxysme car le taux de réussite en
compétition prend une importance capitale.
PLANIFICATION DE L’ENTRAÎNEMENT
En règle générale, l’équipe de France se fixe deux objectifs prioritaires qui sont les championnats
d’Europe (avril/mai) et les championnats du Monde (octobre/novembre) pour les années non
olympiques. Pour l’année olympique, les championnats du Monde sont remplacés par les Jeux
Olympiques (août/septembre).
Pour s’adapter à une saison à deux objectifs majeurs sans trop fatiguer les organismes, l’équipe de
France organise ses efforts sur deux cycles de préparation dans l’année, entrecoupés d’une période
de transition. Chaque cycle se décline en 4 périodes de préparation finalisées sur l’objectif principal
et structurées de façon spécifique afin d’amener progressivement l’athlète à un pic de forme :
Ces objectifs de développement se réalisent dans cet ordre, mais peuvent se chevaucher au fil de la
planification annuelle qui se découpe en plusieurs périodes. Il est important d’avoir optimisé le
premier objectif avant de passer à l’étape du deuxième objectif, puis d’atteindre le deuxième avant
de passer à l’étape du troisième etc.…
Chez les haltérophiles de haut niveau on ne parle pas de préparation physique générale mais plutôt
de préparation physique spécifique. En effet ils réalisent leur préparation physique en salle avec des
exercices spécifiques et utilisent très peu d’activités extérieures supposées avoir une incidence
directe sur leur activité. La préparation physique spécifique marque le début de la planification
annuelle d’entraînement. Il s’agit de «chercher à construire l’athlète avant de construire
l’haltérophile».
Elle se décompose en une sous période de reprise et une sous période de développement.
PRÉ-COMPÉTITION
Cette période d’entraînement est certainement la plus difficile de la planification. Le volume reste
important avec la continuité du travail de développement dans les mouvements de renforcement
musculaire spécifique, mais surtout à cause du volume et de l’intensité dans les mouvements
techniques et semi techniques qui augmentent très nettement. Le renforcement musculaire
généralisé diminue et les activités annexes disparaissent.
• Objectifs
recherchés sur
chaque période de
préparation, et
répartitions
qualitatives des
exercices supports
COMPÉTITION
C’est la plus courte de la planification ; la période de compétition est la plus difficile sur le plan
nerveux puisqu’on cherche à optimiser le travail réalisé depuis le début de la planification sur les
mouvements de compétition.
Dès le début de cette période, l’athlète doit être capable de réaliser une performance très proche de
l’objectif final visé qui s’explique pour plusieurs raisons :
Les séances d’entraînement peuvent avoir plusieurs thèmes pour un même mouvement : on peut
demander à l’athlète de réaliser plusieurs gammes dans un premier temps, puis lui demander dans
un second temps de prendre un temps de récupération très court entre les répétitions (1 à 2 mn).
Ces thèmes de séance veillent à être proche des conditions de compétition en exécutant des
gammes montantes afin de rester échauffé entre les essais. Il est possible aussi de travailler sur une
récupération incomplète, ce qui arrive lorsque l’athlète «se succède» à lui-même en compétition.
Afin de palier aux imprévus (une contestation auprès du jury, par exemple) qui allongent la période
d’échauffement, on procède de temps en temps à un «blocage d’échauffement». Le principe consiste
à laisser l’athlète s’échauffer, puis de l’obliger pendant une dizaine de minutes, à rester sur la même
charge et à réaliser trois séries. L’inverse est aussi valable. L’échauffement peut être écourté suite à
des changements soudains de barres des adversaires. L’idée est ici de s’assurer que l’athlète est
correctement échauffé, puis de lui proposer une gamme montante inédite très rapide afin de
l’habituer à gérer une situation de cette nature.
TRANSITION
C’est une période de repos relatif qui suit un des deux objectifs majeurs de la saison. Cette période
se compose de mouvements de renforcement musculaire généralisé et d’activités annexes qui ont
pour but de permettre à l’athlète de récupérer physiquement et psychologiquement. Elle permet en
outre de ne pas repartir de zéro lors de la reprise de l’entraînement.
La pesée est effectuée 2h avant le début de la compétition. Lors de la pesée on annonce ses barres
de départ (à l’arraché et à l’épaulé-jeté), en sachant que le règlement stipule que le total indiqué ne
devra pas varier à – de 20 kg du total d’engagement sur la Start List sous peine disqualification de
l’athlète de la compétition. Les informations données lors de la pesée sont strictement
confidentielles, la pesée se faisant individuellement en présence des arbitres. Les barres de départ et
le poids de corps de chaque concurrent ne sont donc connus de tous qu’à l’issue de l’heure de pesée.
Le secrétariat de compétition se chargeant d’enregistrer ces informations afin qu’elles soient visibles
du public et des coachs
Du fait de l’existence de plusieurs groupes par catégorie, les concurrents du groupe A connaissent
avant de débuter quel est le concurrent en tête à l’issue des groupes B, C, D voir E.
La dynamique temporelle de la compétition est très différente selon les profils des haltérophiles et le
format de compétition : de 1 à 5 groupes, de 6/7 à 15 concurrents par groupe. Ces éléments ont des
conséquences sur la durée et le rythme, qui varient selon la densité des concurrents, les barres de
départ, les écarts-types, les barres réussies ou échouées, les changements d’annonce…
• Objectifs
recherchés sur
chaque période de
préparation, et
répartitions
qualitatives des
exercices supports
Les haltérophiles ne peuvent pas tirer directement sur des barres élevées (c’est-à-dire proches de
leur maximum), ils doivent au préalable s’échauffer, mais pas comme on peut habituellement le voir
dans les autres activités sportives. Il s’agit de mener progressivement le sportif à «tirer sur de grosses
barres» tout en affinant son mouvement et ses sensations afin de rendre possible la performance.
Ce ne sont pas simplement des conditions physiologiques (montée en température du corps,
échauffement articulaire …) favorisant l’effort qui sont recherchées ; l’athlète doit être prêt à
s’engager sous des barres lourdes, en toute sécurité. Il faut savoir que le mouvement n’est pas
produit de la même façon selon les charges soulevées ; les dynamiques changent, la temporalité
n’est pas identique. Penser que c’est le même mouvement qui est utilisé avec plus ou moins
d’intensité pour une charge légère ou pour une charge très lourde est donc une erreur. Le timing, les
enchaînements, les appuis, les contrôles n’ont alors plus rien à voir, c’est en fait tout le pattern de
mouvement qui se transforme. C’est la raison pour laquelle il paraît fondamental d’amener
progressivement le sportif vers des barres lourdes. L’approche préconisée en équipe de France est la
gamme montante : elle consiste à soulever des charges de plus en plus importantes en entrecoupant
les efforts de repos partiels.
La gamme montante est indispensable pour réaliser une barre en compétition, sa durée totale est
d’environ 20’, mais varie selon les athlètes. Les repos entre les séries s’échelonnent de 1’ à 3’. Ainsi
en fin de gamme, le sportif va être prêt pendant un laps de temps relativement court. C’est toute la
difficulté de la compétition tactique qui s’exprime avec cet impératif de gamme montante, parce que
la durée exacte de la compétition n’est jamais fixée d’avance. Il s’agit toujours de s’adapter à des
évènements inattendus, c’est d’ailleurs un véritable jeu tactique qui se déroule lors d’une
compétition.
On part toujours sur une stratégie fictive qui n’intervient jamais, parce qu’il existe toujours des
impondérables auxquels il faut s’adapter; le match n’est jamais prévu d’avance parce que chaque
événement s’inscrit dans le temps et modifie la dynamique de la compétition.
EFFORTS CONSENTIS
Illustration du déroulement d’une compétition avec l’ensemble des gammes montantes et les efforts
réellement produits par l’athlète. Il s’agit des championnats du monde 2006 et de l’haltérophile de
l’équipe de France DABAYA.
143 kg
Au début de la compétition, le Français sait disposer d’un temps d’attente correspondant aux 8 essais
de ses concurrents avant de s’engager lui-même sur le plateau de compétition et débuter son
concours. Son échauffement démarre 10’ avant le début de la compétition avec une gamme
montante décidée à l’avance pour une barre de départ choisie à 143 kg. Pendant son échauffement,
les essais adverses prévus au nombre de 8 passent à 12 compte tenu des échecs et des modifications
de barres de départ. Cela oblige à prolonger l’échauffement en rajoutant 2 barres (1 répétition d’un
simple à 110 kg et une répétition d’un simple à 120 kg) pour «combler» les 6’ de temps rajouté suite
aux changements et rester prêt lors du passage à 143 kg. Le Français débute son concours en
réussissant 143 kg, et demande 146 kg pour l’essai suivant. Le clan français sait qu’il reste 4 essais
adverses pour cette deuxième tentative. Le but à ce moment consiste à rester échauffé en effectuant
une barre de préparation qui soit aux alentours de 90% de son record : il ne s’agit pas de
redescendre trop bas à l’échauffement afin d’éviter de perdre les sensations techniques, ni de tirer
trop lourd et générer de la fatigue nocive. L’attente s’allonge et passe de 4 essais attendus (6’
environ) à 7 essais (10’30) car 3 adversaires échouent et repassent des barres inférieures à la
tentative du Français. Le staff français décide d’effectuer à nouveau la barre à 90% pour attendre…
Pour son deuxième essai, le Français échoue sa tentative sur le plateau à 146 kg et attend 2 essais
(3’) avant de tenter et réussir son 3ème essai de compétition à 146 kg. Il sera classé 3° et sera sur le
podium à l’arraché qui n’est pas son mouvement de prédilection.
A ce niveau du concours, le Français a 4 kg de retard sur le Chinois qui est plus léger au poids de
corps. Il doit donc réaliser 5 kg de plus que lui à l’épaulé-jeté pour gagner le concours général. Il
accuse également 1 kg de retard sur le Turque qui lui aussi est plus léger au poids de corps et doit le
battre de 2 kg pour lui ravir sa deuxième place suite à l’arraché. A l’épaulé-jeté, DABAYA annonce
une barre de départ à 182 kg afin d’impressionner ses adversaires psychologiquement.
A l’échauffement la gamme montante prévue était de :
Une fois les 5 premiers essais du concours passés, l’échauffement débute. L’avantage de débuter le
concours dans les derniers permet d’observer chaque stratégie adverse mise en place par les coachs.
Sur la gamme de préparation, les échecs obligent à faire un passage à 150 kg qui n’était donc pas
prévu au départ. Les principaux adversaires (le Turque et le Chinois) se dévoilent rapidement : le
Turque est éliminé car il échoue à trois reprises à 170 kg, tandis que le Chinois démarre à 172 kg. Il
faut aussi surveiller le Bulgare qui était 4ème à l’arraché avec 143 kg (mais plus lourd que le Français).
Le match final (total Arraché + Epaulé Jeté) va se jouer entre les trois hommes…le chinois a 4 kg
d’avance sur le Français (qui est + lourd en poids de corps) qui dispose lui même de 3 kg d’avance sur
le Bulgare (plus lourd que lui). Le Bulgare démarre à 172 kg et est suivi par le chinois (plus léger que
lui au poids de corps)… tous les deux réussissent ; le français ne démarre toujours pas sa compétition
à l’épaulé-jeté… le Bulgare veut passer le chinois et réussit 175 kg …le chinois tente directement 177
kg afin de battre le Bulgare et préserver son avance sur le français. ). Il les réussit. A ce stade de la
compétition :
Le Français anticipe et change sa barre de départ pour prendre la tête du concours à l’épaulé jeté et
se placer 2ème au général. Il réussit 178 kg et lâche le bulgare au total. Puis tente et réussit 182 kg
pour prendre la première place du total au chinois. A ce niveau de la compétition il reste 1 essai pour
chaque concurrent.
Le Français est premier à l’épaulé-jeté (182) et au total avec 146 + 182 soit 328 kg
contre 150 + 177 = 327 kg pour le chinois
et 143 + 175 = 318 kg pour le Bulgare
Le Chinois tente alors 182 pour à la fois reprendre la tête du concours au total et remettre la pression
sur le Français en cas de réussite, mais il échoue. Le Français sait alors qu’il est devant son adversaire
chinois qui ne dispose plus d’essai possible. Reste le bulgare en course qui tente 186 kg pour repasser
devant le chinois pour la deuxième place et éventuellement devant le français à qui il reste encore un
essai. Il échoue, le français est alors assuré de la première place, à l’épaulé-jeté et au total, il tente
186 kg pour le panache et réussit cette ultime tentative. Il est finalement champion du monde avec 5
kg de marge sur le second.
Place Nom Pays Poids
Depuis 2005, date du changement de règlement qui réduit les montées de barres de 1 kg en 1 kg,
l’accent est mis sur le coaching et son organisation. En équipe de France, ce ne sont pas moins de 3
coachs qui œuvrent lors des compétitions majeures pour mettre en place une stratégie qui soit la
plus efficace possible. • 1 coach tactique, observateur des
Les tâches se répartissent ainsi :
Le C3 : 1 coach rapproché qui ne se centre que sur le compétiteur en restant auprès de lui en
salle d’échauffement et prend en compte les données fournies par les coachs tactiques.
C1
C2
Athlète
C3
Le choix de la barre de départ est bien entendu déterminant pour la compétition. Il s’agit de
composer avec l’état de forme du moment de l’athlète, avec le niveau de la concurrence, avec le
potentiel de l’athlète par rapport à ses dernières performances, avec ses performances à
l’entraînement, ainsi qu’avec les notions stratégiques inhérentes à la compétition.
Les coachs sont donc amenés à procéder à une estimation afin de bien démarrer la compétition en
cherchant à prendre d’emblée un ascendant sur les concurrents d’ambition équivalente. Il ne s’agit ni
de placer l’athlète devant un challenge qui lui paraisse insurmontable, ni de choisir des barres trop
faibles qui puisse minimiser son niveau et toucher sa confiance. L’athlète doit être placé dans une
zone optimale d’engagement qui se traduise par le fait qu’il puisse s’engager fortement lors de son
action avec une détermination maximale, parce qu’il sait qu’il est en mesure de réussir sa tentative
lors de son essai. Cette approche est généralement discutée avant les compétitions avec les athlètes
et elle dépend de ce qu’ils attendent de leurs coachs. Certains préfèrent être exonérés des choix de
barres pour ne se centrer que sur leur préparation et leur effort, tandis que d’autres sont plus
efficaces en étant impliqués directement dans le choix de leurs barres.
Bien entendu ce sont des éléments qui conditionnent fortement la réussite en haltérophilie; tout doit
être synchronisé pour que le niveau de préparation et la volonté marquée de l’athlète coïncide avec
son entrée sur le plateau de compétition. Lors de compétitions de haut niveau, cet état de
préparation est éphémère, la fenêtre temporelle d’action est très réduite et ne dure pas. Une attente
trop longue dans ces conditions peut s’avérer désastreuse pour la performance. C’est la raison pour
laquelle le staff est composé de coachs d’expérience ; ils ont à la fois une bonne connaissance du
fonctionnement de l’athlète en situations extrêmes sur le plan émotionnel et à la fois une bonne
lecture des dynamiques temporelles des compétitions.