SH07 Voutes Nubien Cocco Dauphin Ganour
SH07 Voutes Nubien Cocco Dauphin Ganour
SH07 Voutes Nubien Cocco Dauphin Ganour
Projet de semestre
Voûtes nubiennes
Au Burkina Faso
1 Introduction
« La voûte nubienne » est une association qui a pour but de développer un mode de
construction, au Burkina Faso et dans les zones alentours, adapté aux besoins des populations
et aux moyens dont ils disposent, puis de le faire connaître aux maçons et aux populations.
Le nom de cette association vient des voûtes nubiennes qui furent construites en 1300
av. J.-C., uniquement avec de la terre. Cette technique a ensuite été reprise par l’architecte
Egyptien, Hassan Fathy, qui a ainsi réutilisé (et revalorisé) les matériaux du Nil, c’est-à-dire
de la terre crue comme matériau de construction.
Dans la même idée, qui est d’utiliser les matériaux locaux, l’association « la voûte
nubienne » a développé des voûtes de forme « légèrement » différente que celles d’Egypte,
s’approchant de la chaînette, qui permettent de faire toute la construction uniquement en terre
crue ou en moellons de latérite. Ainsi, la population s’évite l’utilisation du bois, qui devient
de plus en plus rare dans la zone sub-saharienne, car il n’est utilisé dans aucune des phases de
construction d’un habitat coiffé de ces voûtes. Cela est donc un avantage pour
l’environnement.
Un autre avantage de cette technique est qu’elle évite la tendance qui est de remplacer
les anciens toits de bois mélangés à de la terre par des tôles ondulées (moins sûres et moins
confortables) qui sont des produits importés. Il en résulte que l’argent ne sort plus de
l’économie locale.
De plus, la technique est élaborée pour que la population, surtout les
habitants/cultivateurs des zones rurales, puisse apprendre le mode de construction, permettant
ainsi la formation de maçons. La main-d’œuvre est aussi valorisée par la part du coût d’une
construction qui lui est attribuée.
En fait, mis à part l’étanchéité en plastique qu’il faut acheter, le matériau, les outils et
les maçons sont sur place. Le programme est donc intégré à l’économie et à la société locale
et il participe à l’autonomie des populations.
Ce travail est réalisé en collaboration avec Urs Wyss, ingénieur diplômé de l'EPFL. Il
est actuellement sur place au Burkina Faso et il est à la base de ce projet de semestre puisqu'il
en a fait lui-même la proposition.
2 Objectifs du travail
L'absence de connaissances dans la conception et le dimensionnement des voûtes est
actuellement un frein à leur essor. Ce projet a donc pour but de combler quelques lacunes
techniques. Notamment, un des objectifs majeurs de ce travail est de fournir des règles de
dimensionnement pour de nouvelles constructions et des règles de vérification pour des
constructions existantes.
Plus particulièrement, les buts fixés par Urs Wyss sont l'établissement d'un manuel de
calcul écrit et de règles de calcul, l'établissement d'abaques simples d'utilisation ainsi que la
réalisation d'un logiciel de calcul simple et fiable.
Surcharge
latérale
Voûte
Pied de voûte
(point de naissance)
Murs porteurs
Les voûtes nubiennes reposent sur des fondations qui sont réalisées en pierres
sauvages soigneusement empilées et liées par un mortier traditionnel. Elles dépassent de 20cm
le pied du mur externe, afin de garantir que la résultante des forces à laquelle sont soumis les
pieds droits reste dans le tiers central de l’ouvrage. La profondeur est adaptée à la nature du
sol avec un minimum de 50cm. En outre, s’il existe un danger d’écoulement d’eau de
ruissellement le long de la fondation, elle est élevée au dessus du terrain naturel.
Les murs porteurs ont une largeur de 60cm. Il n’est pas fait de différence entre mur
porteur externe et interne. Ces derniers pourraient être d’épaisseur réduite étant donné qu’ils
supportent deux voûtes accolées dont les poussées au vide se compensent. Mais cela n’est pas
fait dans le but de réduire le nombre de règles au minimum et en même temps de les appliquer
de façon générale.
Les murs sont composés, dans leur largeur, par une brique en panneresse et d’une en
boutisse (Figure 2) liées au mortier de terre. Le croisement des briques est alterné sur toute la
hauteur du mur. Les murs porteurs sont érigés jusqu'à la hauteur du point de naissance de la
voûte et atteignent pour 8 à 11 rangs de briques une hauteur de 1,5m à 2,3m. Une limite de 11
rangs de briques est conseillée afin de garantir la stabilité de la structure.
Boutisse
Panneresse
Les murs pignons, d’une largeur de 40cm, sont légèrement inclinés vers l’intérieur à
raison de 1 à 2%. Ils sont montés avec des briques posées en boutisse. Les murs pignons
servent aussi d’appuis lors de la réalisation de la voûte.
Les ouvertures et alcôves nécessitent la réalisation de linteaux en forme d’arcs. Afin
de simplifier au maximum la technique, les arcs ont une forme circulaire et sont effectués
avec des briques de voûtes sur un coffrage en briques maçonnées à sec ou sur une barrique en
acier.
La voûte est construite sans coffrage, mais à l’aide d’un guide mobile. Elle suit, dans
la partie inférieure, le tracé d’un demi-cercle, puis se termine légèrement en ogive au sommet.
Le tracé est obtenu à l’aide d’un câble conducteur situé sur l’axe du plein cintre à la hauteur
du point de naissance de la voûte (Figure 3). Le câble est tendu sur toute la longueur de
l’ouvrage d’un mur pignon à son opposé. Sur ce câble glisse un anneau d’acier sur lequel une
cordelette est attachée, dont la longueur correspond à une demi-portée de voûte. Le
mouvement de la corde tendue autour du câble décrit alors un cercle générateur de la forme de
la voûte à sa base.
Figure 3 : Guide mobile : câble, anneaux et ficelles, Petit Balé ; Wyss 2005
La voûte est construite par pose des briques sur un mortier de terre, similaire à celui
employé pour les briques. Les rangs de briques sont inclinés d’environ 50° par rapport à
l’horizontale, reposent sur les murs porteurs et s’appuient sur les murs pignons.
< 70°
Figure 5 : construction d'une voûte avec inclinaison des rangs de briques [5]
Cette inclinaison, qui est plus faible que celle utilisée par d’autres constructeurs
(normalement 70°), permet de diminuer le risque de glissement des couches. La pose des
briques est alternée entre la partie supérieure, dont le dévers impose un temps d’attente dû au
séchage du mortier entre les briques, et le flanc de la construction. La voûte se ferme
successivement par des rangs inclinés et avance d’un mur pignon à l’autre.
Une fois la construction de la voûte achevée, elle est mise en charge en remontant les
murs porteurs de 8 à 10 rangs de grosses briques et par remplissage du rein de la voûte par des
adobes maçonnés ou de la terre très compactée. Cette charge sera appelée dans la suite de ce
rapport la surcharge latérale.
P [m] 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0
E [cm] HPN [m]
40 2.00 1,65 1,40 1,20 1,10 1,00 0,85 0,60 Non
60 3,50 3,25 3,00 2,75 2,40 2,20 2,00 1,70 Non
80 5,00 4,80 4,50 4,00 3,65 3,45 3,10 2,80 2,40
Tableau 2 : interaction entre l'épaisseur E, la portée P, et la hauteur HPN (Principes de structure et règles
de base, PCSB, Niger 2002 (Source DW))
A la vue de ces tableaux, on voit qu’il serait possible de construire des voûtes
beaucoup plus grandes et ainsi de réduire les limitations qui sont faites au Burkina Faso.
4.1.2 Composition :
Matériau minéral granulaire : composé de matière solide, liquide et gazeuse.
• Fraction solide : cailloux, graviers, sables, silts, argiles et oxydes métalliques
• Fraction liquide : eau et corps organiques et minéraux dissous dans cette eau
• Fraction gazeuse : azote, oxygène, gaz carbonique…
Matériau composite : dont l’ossature est composée des grains (fraction solide) et la matrice
constituée de la pâte formée par les argiles et l’eau.
4.1.4 Avantages :
• Prix avantageux
• Matériau récupérable qui n’engendre pas de déchets
• Sites d’extraction disponibles presque partout
• Permet l’autonomie à tous
4.2 Adobe
4.2.1 Définition
Brique de terre crue, séchée au soleil, et utilisée comme matériau de construction.
Mélange d’une terre argileuse et sableuse, d’eau et éventuellement d’un liant en petite
quantité.
4.2.2 Fabrication
Les briques sont coulées dans un cadre ouvert (en bois au Burkina Faso) : un rectangle
dont les dimensions standards au Burkina Faso sont 10 × 20 × 40 cm pour les murs et 4 × 12
× 24 cm pour les voûtes, mais toutes les tailles sont possibles. Après que le mélange ait été
versé dans le moule, on peut le compacter légèrement à la main, puis on le retire. Après
quelques heures, les briques sont tournées sur leur tranche pour finir le séchage. La durée
totale dure 2 à 3 semaines (ou selon les conditions climatiques) pour éviter le retrait pendant
la construction. Il est conseillé de placer les briques à l’ombre lors du séchage et dans une
atmosphère assez sèche pour éviter les fissures. (Éventuellement introduction de morceaux de
bois pour renforcer les briques ou améliorer l’isolation du bâtiment.)
4.2.5 Stabilisation :
Plusieurs méthodes sont proposées pour stabiliser les briques. Comme il n’est pas
question d’utiliser des adjuvants dans le cadre des constructions à travers l’association des
voûtes nubiennes, nous ne les présenterons pas ici. Les deux catégories principales sont la
stabilisation avec ou sans apport.
4.2.6 Avantages
• Possibilité de réaliser des voûtes
• Rapidité d’exécution des murs et des crépissages
• Habitabilité dès la fin de la construction
• Réalisation d’ouvertures
4.2.7 Inconvénients :
• Il faut une bonne réalisation de l’enduit de finition, car les briques craignent
l’érosion
• Nécessité d’une grande surface pour faire sécher les briques
• Nécessité d’un climat sec pour la préparation des briques
• Briques un peu fragiles à manipuler avec des risques de cassures
4.3 Mortier
Il est généralement fait avec la même composition que les adobes, mais il ne doit
contenir ni gravier, ni paille. On essaie d’utiliser une faible quantité de mortier afin de limiter
au maximum le retrait.
4.4 Latérite
4.4.1 Définition
La latérite est une roche que l’on trouve sous les climats tropicaux chauds et humides
enrichie en fer et en aluminium, suite à une longue phase de désagrégation chimique de la
roche mère 1 .
4.4.2 Composition
Il n'existe pas de composition unique. Une latérite peut se former à partir de n’importe
quelle roche, mais seulement si le climat est aride sur une période prolongée.
4.4.3 Propriétés :
Dans les pays africains désertiques, le sol est très desséché par le soleil et il se forme
une croûte relativement dure qui peut directement être découpée dans le sol.
1
Wikipédia
5.2.1 Analytiquement :
Vu que l’on analyse un arc de cercle, on sait, par symétrie, que le centre de gravité se
trouve sur la bissectrice de l’angle de l’arc (α). On prend donc comme position angulaire du
centre de gravité :
α
β=
2
Pour trouver la position radiale du centre de gravité, on cherche à égaliser A1 et A2. Avec
α ⋅ π ⋅ (r − r1 )2 α α ⋅ π ⋅ (r2 − r )2 α
= ⋅ (r − r1 ) et A2 = = ⋅ (r2 − r ) ,
2 2
A1 =
2π 2 2π 2
on trouve alors :
r1 + r2
r=
2
Avec :
l : la largeur d’une brique
r : le rayon de l’arc à égale distance de l’intrados et de l’extrados
r1 = r − l 2
r2 = r + l 2
Pour trouver l’angle limite, il suffit maintenant de trouver l’angle pour lequel la cordonnée x
de la position du centre de gravité soit égal r1, c’est-à-dire que le support de la résultante soit
sur la limite de l’intrados. C’est le cas pour :
⎛r ⎞
β = arccos⎜ 1 ⎟
⎝r⎠
Si l’on considère un cas de voûte de 3 m de portée et de taille de briques de 4 × 12 × 24 cm,
on obtient les valeurs suivantes :
r = 1,5 m
l = 12 cm
Pour la même taille de brique, mais avec une portée de 3,2 m, qui est la portée
maximale utilisée au Burkina Faso, on a donc r = 1,6m et on trouve que β = 15,7 ° et α = 31,5
°.
3
cercle en coordonnées
polaires
2.5
position du centre de gravité
2
intrados
1.5
extrados
1
support de la résultante pour
un angle de construction de
70°
0.5 support de la résultante pour
un angle de construction de
28,6°
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
Comme l’on a utilisé les mêmes formules, on trouve logiquement la même fourchette
de résultats que dans la démarche analytique. En fait, la modélisation Excel est surtout utile
pour avoir une représentation graphique du problème.
On peut aussi remarquer, en augmentant la portée de la voûte par étape, que la
fourchette d’angles varie lentement. Ce n’est qu’à partir de 3,9 m que la résultante sort de
l’épaisseur de la voûte pour un angle β de 14,3°, soit α de 28,6°.
5.2.3 Conclusions
On voit que la voûte devrait s’écrouler pour un angle de construction supérieur à
31,5°, qui est inférieur à ce qui est pratiqué au Burkina Faso. Cette modélisation est
insuffisante, car elle ne considère pas l’inclinaison longitudinale des rangs de briques, qui est
un facteur augmentant fortement la stabilité.
Ici, nous n’avons pas non plus considéré les forces de cohésion de l’argile agissant
dans la terre crue, ni les propriétés mécaniques de la terre; nous n’avons considéré que la
stabilité d’ensemble. Il faut aussi remarquer que nous avons utilisé une théorie, au sujet de la
position de la résultante par rapport à l’intrados pour que l’équilibre soit garanti en phase de
construction, qui est référée à un empilement de briques différent que celui étudié ici.
On remarque aussi que, sous ces hypothèses, l’angle garantissant l’équilibre varie avec
la portée, c'est-à-dire que plus la portée est grande, plus l’angle à partir duquel l’équilibre
n’est plus assuré est faible. On peut donc penser que, même si cette variation n’est pas rapide
et que les hypothèses ne sont pas idéales, la phase de construction est certainement un élément
limitant la portée, étant donné que l'on utilise ni cintres ni étayages.
N2
y
f x
N1
G z
Figure 9 : forces agissant sur un élément, dans un système local de coordonnées
β α
∑F y = −G ′′ + N 2 + f = 0
N2
N1 y
f
x
G
Avec G’, la composante du poids reportée sur l’axe de l’arc, donc G ′ = G cos α , et G’’,
la composante du poids reportée sur la pente de l’inclinaison des briques, on a donc :
Et comme nous ne connaissons que la valeur du vecteur du poids propre, il ne nous est
pas possible de continuer le calcul. Il serait possible d’estimer la valeur du frottement f selon
la cohésion et les propriétés de la terre, mais il y aurait à nouveau un grand nombre
d’hypothèses qui nous éloignent de la réalité. De plus, cette méthode de calcul ne nous permet
pas de prendre en compte les instabilités globales, ni les divers modes de rupture possibles.
L’avantage de cette technique serait de trouver la stabilité selon les deux angles α et β
Ensuite, nous avons essayé une modélisation par éléments finis. Pour ce faire, nous
avons d’abord pensé utiliser le logiciel ESA PT. Ainsi, on a commencé par dessiner une étape
de construction de la voûte sur AutoCAD pour pouvoir ensuite l’insérer dans le programme
ESA PT.
Il s’agit ici de l’étape de construction où une partie de la voûte est fermée et
l’extrémité est inclinée longitudinalement de 50° par rapport à l’horizontale. Cependant, nous
nous sommes rendu compte que ce logiciel n’est pas le plus adapté pour ce type de problèmes,
car la version disponible ne permet pas la modélisation de structures en coque.
Lors de la phase de construction que nous avons dessinée sur AutoCAD (Figure 12),
un des modes de rupture à étudier serait un glissement, comme ceux que l’on rencontre dans
les terrains, mais il faudrait connaître la surface de rupture la plus probable, ou qui représente
au mieux le phénomène. Même en connaissant la forme de la surface de rupture, il faudrait
encore trouver l’endroit où elle se formerait.
Il faudrait donc étudier tous ces divers cas d’instabilités et de ruptures pendant les
différentes phases de construction, car on ne sait pas a priori à quelle phase de construction et
selon quel mode intervient l’instabilité. Instinctivement, on peut penser que la phase de
construction la moins stable est celle où l’arc n’est pas encore fermé, mais la meilleure façon
pour pouvoir déterminer la phase la plus critique, ainsi que le mode de rupture, serait de
s’enquérir des expériences malheureuses faites lors des constructions au Burkina Faso (ou
tout autre pays constructeurs de voûtes) ou alors de faire des essais.
Si on assimile ces modes de ruptures à ceux se produisant dans un sol, il pourrait alors
être intéressant d’utiliser un logiciel tel que Z-Soil. Pour pouvoir prendre en compte le fait
qu’il s’agisse d’une structure et non d’un sol, ainsi que le matériau est homogène et continu,
le logiciel Ansys serait certainement un bon programme, car il permet le calcul par éléments
finis de coques.
Une chaînette est une courbe qui, sous son seul poids propre, assure en tout point la
seule et unique présence de l’effort normal. Ni effort tranchant, ni effort de flexion ne sont
engendrés. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on appelle cette courbe « chaînette ». Sous
son poids propre, une chaînette ne peut transmettre ses efforts que par ses maillons qui n’ont
la capacité de transmettre ni effort tranchant, ni flexion. C’est-à-dire qu’ils transmettent
l’effort par traction uniquement. Le but de la voûte est semblable puisqu’on cherche à
transmettre les efforts uniquement par compression. Ainsi la forme de la courbe est la même,
au signe près. On appellera cette forme idéale une chaînette inversée.
La parabole est une courbe dont les propriétés sont similaires à la chaînette, à la
différence près que le cas de charges est un cas de charge uniformément réparti. Mais comme
la chaînette, elle assure en tout point la seule et unique présence de l’effort normal.
Si le tracé diffère de la forme idéale, des efforts de flexion et de l’effort tranchant vont
apparaître. Le matériau va alors être mobilisé en plus par du cisaillement et de la flexion.
Celle-ci va engendrer de la traction dans le matériau, ce qui n’est pas souhaitable, puisque
nous avons vu que la résistance à la traction des matériaux utilisés est négligeable. Pour se
prémunir de cela, il faut que la résultante des forces passe par le tiers central (Figure 15). Si
tel n'est pas le cas, la part en traction ne pourra plus contribuer à la reprise des efforts, ce qui
va augmenter le taux de compression dans la partie comprimée. La section va se fissurer
jusqu'à ce que finalement la résultante passe par le tiers central. La section comprimée peut
être réduite considérablement. Il faut alors vérifier que la compression soit inférieure au taux
de contrainte admissible du matériau. En résumé, il faut, dans la mesure du possible, essayer
de maintenir la résultante au plus proche du centre de gravité de la voûte.
Lors du diagnostic de l’état existant, nous avons vu que les possibilités de formes de
voûtes étaient assez limitées. Des conditions très restrictives ont été établies, notamment sur la
portée. Le but de ce chapitre est d’amener des éléments de réponse permettant aux
constructeurs un choix élargi quant aux dimensions des voûtes. Pour ce faire, l’analyse se
déroule en plusieurs étapes.
1) Dans un premier temps, nous avons analysé l’équation de la chaînette afin
de déterminer les paramètres dont elle dépend, dans le but de maîtriser
rapidement l’élaboration de formes de voûtes de dimensions et de
caractéristiques quelconques à l’aide d’outils informatiques.
2) Dans un deuxième temps, nous avons comparé nos formes idéales de voûtes
avec la forme de voûtes construites au Burkina Faso afin d’établir s’il existe
une corrélation entre la théorie et la pratique et voir si les règles déjà
maîtrisées peuvent être appliquées pour des voûtes de dimensions
supérieures
0
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
On remarque que la pente est d’autant plus forte quand on monte sur l’axe des
ordonnées. Ceci est physiquement explicable puisqu’un maillon a toujours davantage de poids
à supporter que son maillon inférieur, et toujours moins que son maillon supérieur, d’où une
pente plus raide. Etant donnée que « a » est l’unique paramètre, c’est de lui que va dépendre
la forme de la courbe. Il doit donc contenir certainement les caractéristiques physiques de la
voûte. Mais à priori, le lien entre le paramètre mathématique qu’est « a » et les paramètres
physiques que sont, par exemple, les matériaux utilisés ou leur résistance n’est pas évident.
C’est pourquoi, comme dans tout problème structurel, il faut repartir avec les équilibres de
base que l’on connaît.
γ
N+dN
La résolution complète de l’équation ne va pas être développée ici car seul compte le résultat
dans le cadre de ce projet. On ne donc :
H t ⋅γ
y ( x) = ⋅ cosh ⋅x
t ⋅γ H
Cette équation est en fait celle de la chaînette, similaire à celle fournie par les mathématiques.
H
La constante « a » devient alors . Il vient donc que cette équation est valable pour une
t ⋅γ
voûte d’épaisseur constante ! Cette restriction limite le champ d’application de cette équation.
Sur une coupe en clé de voûte, on impose un effort horizontal unique. La symétrie
interdit la présence d’effort tranchant (à cause de la condition d’action-réaction). L’unique cas
de charge étant le poids propre de la voûte, le vecteur force va être dévié par le vecteur gravité
du premier élément, au droit du centre de gravité de celui-ci. Le nouveau vecteur force va lui-
même être dévié davantage au droit du deuxième élément, et ainsi de suite, jusqu’au pied de
la voûte. La trajectoire de la force suit le tracé ayant comme propriété d’être soumis
uniquement au poids propre et travaillant uniquement en compression. Si on tend les éléments
vers des éléments infinitésimaux, on retrouve la courbe de la chaînette. Cette méthode
graphique porte le nom d’arc funiculaire à poussée compensée. Elle comporte l’avantage
d’être utilisable pour tout cas de charge, en modifiant simplement la valeur de l’intensité des
vecteurs forces verticaux. Certes, le tracé ne portera plus le nom de chaînette, mais conservera
la propriété de ne travailler qu’en compression.
est cependant important de prendre conscience du fait qu’il n’existe pas une seule forme
utilisée en pratique. Celle-ci diffère selon les régions, selon les cultures, selon les héritages
ancestraux ou encore selon l’expérience de chacun des maçons. Dans tous les cas, la forme
doit rester simple et le procédé de construction doit être facilement compréhensible pour tout
maçon. Rappelons qu’ils ne possèdent pas d’instruments suffisamment précis pour disposer
d’une courbe parfaite. Le but et de s’en approcher le plus possible à l’aide de procédés
simples.
Dans ce rapport, nous allons nous baser sur une forme que l’on a trouvée dans
plusieurs publications. C’est également la forme utilisée par Urs Wyss au cours de ses projets.
Le procédé est le suivant :
• Tracer un demi-cercle de diamètre 3.2 m
• Ajouter à la clé entre 5 et 10 cm.
• Relier ce nouvel point de clé au demi-cercle par une parabole. Le point
d'intersection se trouve entre 60° et 75° à partir de l'horizontale de base.
• En x = 0 : y (0) = r + d
où d et le « supplément de hauteur à la clé »
• En x = 0 : y ' (0) = 0
Le calcul exact fournit les courbes représentées à la Figure 20. Afin de comparer ce
tracé avec un tracé existant, nous avons mesuré à la règle, sur un plan qui nous était fournit
(mosquée en voûte nubienne), ses coordonnées.
1.8
1.6
1.4
1.2
hauteur [m]
intersection à 60°
1 intersection à 75°
tracé réel
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 0.5 1 1.5 2
demi-portée [m]
Figure 20 : tracés construits selon marche à suivre et tracé réel (supplément en clé de 0.12m)
Afin de comparer deux tracés avec les mêmes caractéristiques, on a adopté pour le
calcul une demi-portée de 1.62m, une hauteur de 1.74m, ce qui correspond à un supplément
de clé de 0.12m, et qui diffère quelque peu des valeurs entre 0.05m et 0.1m généralement
appliquée. Cette différence provient certainement de la précision des mesures sur le plan. Elle
est cependant suffisamment faible pour que l’on puisse admettre ce tracé comme étant
représentatif de ce qui se fait dans la réalité.
On remarque que le changement de pente se situe entre les deux limites que l’on a
fixées via les valeurs de 60° et 75°. Il est davantage marqué pour un point d’intersection plus
haut. Cette transition parait également plus « douce » dans le cas réel. Ce lissage doit sans
doute se faire au moment de la réalisation de la voûte.
Malgré la différence au niveau de la transition des courbes, le calcul du tracé tel que
celui utilisé pour construire ces courbes parait suffisamment proche de la réalité pour pouvoir
l’adopter en tant que « tracé appliqué en pratique » dans la suite des calculs.
On peut encore se pencher sur l’influence du supplément de hauteur en clé de voûte
sur le point de transition du tracé. Nous avons construit les mêmes courbes avec une hauteur
supplémentaire minimale de 0.05m. Le résultat est le suivant (Figure 21) :
1.5
hauteur [m]
intersection à 60°
1
intersection à 75°
0.5
0
0 0.5 1 1.5 2
demi-portée [m]
On constate que la transition est nettement moins brusque, d’autant plus si elle se situe
à une pente plus forte par rapport à l’horizontale. Une rapide analyse permet de calculer
l’écart de pente au point d’intersection en fonction de l’angle auquel ce point se situe (angle
pris par rapport à l’horizontale) et en fonction du supplément de clé. Les résultats sont
représentés à la Figure 22 :
écart de pente
0.5
0.45
Différence de pente au point d'intersection [rad]
0.4
0.35
0.3
Intersection à 60°
0.25
Intersection à 75°
0.2
0.15
0.1
0.05
0
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
supplément de clé [m]
On peut constater que la différence de pente entre les deux courbes augmente avec le
supplément de clé, quelque soit l’angle auquel ce raccord est effectué. Cette différence sera
d’autant plus marquée si l’angle augmente. A ce stade de l’étude, on peut donc dire qu’il est
avantageux de prévoir le changement de courbe le plus bas possible, avec un supplément de
clé minimal. Cependant, il n’est pas dit que ce type de tracé soit celui qui corresponde au
mieux au tracé optimal, c’est-à-dire le tracé qui correspond au cheminement des forces. En
effet, les règles citées ci-dessus aboutissent à une courbe davantage proche du cercle. Or
l’expérience a montré qu’il faut s’en écarter pour épouser au mieux la chaînette inversée. On
aboutit donc à ce paradoxe : les règles de construction d’un tracé qui se rapproche au mieux
de la chaînette inversée conduit à une différence de pente importante au niveau du point
d’intersection.
On peut encore comparer ces tracés avec celui de la chaînette inversée :
1.5
hauteur [m]
intersection à 60°
1 intersection à 75°
chainette inversée
0.5
0
0 0.5 1 1.5 2
demi-portée [m]
La différence de tracé résulte du fait que la chaînette inversée est la courbe idéale sous
le cas de charge de son poids propre uniquement, au contraire des courbes réelles qui tiennent
compte d’une surcharge latérale, résultant souvent de la conception d’une toiture-terrasse. On
peut néanmoins noter la similitude des deux tracés au sommet de la voûte, là où les surcharges
latérales n’ont encore que peu d’influence.
parfaite. Nous avons ensuite effectué la même démarche pour une courbe traditionnelle de ce
qui se construit généralement au Burkina Faso.
6.4.1 Hypothèses
Rotule ou encastrement ?
La question se pose de savoir s’il faut admettre une rotule ou un encastrement en pied
de voûte. Comme souvent en pratique, une réponse simple n’existe pas. Cela dépend de la
façon dont le pied de voûte est construit. Certaines illustrations (Figure 24 et Figure 25)
laissent supposer qu’une rotation est possible mais d’autres photos laissent plutôt penser qu’il
s’agit d’un encastrement. Les Figure 24 et Figure 25 permettent de constater cette difficulté.
La Figure 24 laisserait supposer qu’on se rapproche d’un encastrement de par l’aspect massif
du pied de voûte, tandis que la Figure 25 laisserait plutôt penser qu’il s’agit d’une rotule de
par la finesse de la voûte et de la présence des colonnes.
Quoiqu’il en soit, la vraie réponse se situera toujours entre les deux. Il s’agit donc de
déterminer ce qu’on pourrait appeler le taux d’encastrement. Dans un premier temps, nous
n’allons pas en discuter. Cependant, nous allons analyser les voûtes selon les deux hypothèses
afin d’analyser l’influence d’un encastrement ou d’une rotule.
Pour déterminer le taux d'encastrement nous pourrions mesurer sur le terrain les
déformations de la voûte après applications de différents cas de charge (notamment le
remblayage). Il faudrait ensuite comparer les résultats avec ceux fournit par la modélisation
numérique faite selon les deux types d'appuis.
Matériau :
L’incertitude liée à la terre crue rend difficile le choix des propriétés mécaniques. En
se basant cependant sur les recherches effectuées au point 4.1.3, nous avons adopté les valeurs
suivantes :
• Module d’élasticité : E = 2000 MPa
• Masse volumique : γ = 2000 kg/m3
La masse volumique est valable tant pour la voûte en elle-même que pour la surcharge
latérale. Le matériau est pour l'instant considéré comme isotrope et élastique.
Géométrie :
Pour tous les cas, nous avons commencé par rentrer les dimensions d’une voûte
classique, à savoir :
• Portée : l=3.2 m
• Hauteur : h=1.6 m
• Epaisseur : e = 15 cm
Puis pour le tracé utilisé dans la pratique, pour commencer nous avons adopté les
caractéristiques suivantes :
Chaînette inversée :
Dans un premier temps, nous avons analysé le tracé de la chaînette inversée, à savoir
le tracé idéal sous le cas de charge du poids propre. Les résultats graphiques se trouvent en
annexe. Le tableau ci-dessous récapitule les résultats principaux :
Commentaires :
Suivant la définition de la chaînette, seul l’effort normal devrait être présent, ce qui
n’est pas le cas apparemment puisque l’on note une part d’effort tranchant et de flexion.
Cependant, ces valeurs sont faibles vis-à-vis de l’effort normal. Ces efforts superflus sont dus
à la modélisation de la voûte avec des poutres d’une certaine longueur, induisant ainsi une
imprécision conduisant à l’apparition de ces efforts. Plus la modélisation admettra des
éléments poutres petits, meilleure sera la précision.
Cet exemple montre que la forme de la chaînette inversée pour supporter le poids
propre est bel et bien la meilleure, que l’appui soit encastré ou articulé.
Tracé en pratique :
Cas articulé Cas encastré
Effort normal en pied [kN/m’] -8.02 -8.12
Effort tranchant max [kN/m’] 1.39 1.90
Moment de flexion max [kNm/m’] -0.7 0.68
Excentricité en clé [m] 0.17 0.07
Excentricité en pied [m] - 0.08
Déplacement en clé de voûte [mm] -0.43 -0.23
Réaction d’appui en X [kN/m’] 2.48 3.00
Réaction d’appui en Y [kN/m’] 7.71 7.71
Réaction d’appui en θ [kNm/m’] - 0.68
Tableau 4 : résultats principaux d'une voûte soumise à son poids propre (portée 3.2m ; épaisseur 0.15m ;
angle de transition 60° ; hauteur supplémentaire à la clé 0.05m)
Commentaires :
La forme n’étant plus optimale pour le cas de charge considéré, il est normal de
trouver des efforts autres que celui de l’effort normal. L’effort tranchant a une importance
relativement grande, notamment en pied de voûte. Cela parait logique puisque la voûte y est
perpendiculaire, contrairement à la chaînette qui prend naissance avec une inclinaison. Il faut
donc attacher une importance particulière en pied de voûte, que l’appui soit articulé ou
encastré. On remarque également la présence d’efforts de flexion. Si cet effort est grand, il
engendrera de la traction (sur la fibre intérieure dans la zone de la clé et sur la fibre extérieure
sur les côtés de la voûte). Ceci est à éviter absolument, puisque nous avons vu que la terre
crue travaille uniquement en compression. On constate d’autre part que le fait d’encastrer le
pied de voûte diminue l’excentricité maximum. En effet, les diagrammes montrent que
l’encastrement permet de répartir cette excentricité alors que l’articulation a tendance à la
localiser.
Dans notre calcul, rappelons que l'épaisseur de la voûte est de 15 cm. Pour que la force
passe par le tiers central, il faut que l'excentricité soit inférieure à un sixième de l'épaisseur
(distance entre le centre de gravité et la limite du tiers central), c'est-à-dire 2.5 cm. Cela n'est
ni le cas dans l'exemple articulé ni dans l'exemple encastré. Dans le cas articulé, la résultante
sort même largement de la matière, ce qui conduirait à une instabilité de la voûte. Dans le cas
encastré, la résultante est à la limite de sortir. Comme nous l'avons mentionné plus haut, le
comportement réel de l'appui se situe entre les deux cas. Il en résulte que la résultante passe
en dehors de la matière. Selon nos hypothèses, cette voûte est instable. Or, ce tracé est
fréquemment utilisé dans la construction et il a apparemment fait ses preuves de manière
convaincante. Il y a donc un décalage entre la réalité et notre analyse. Nous avons imaginé
plusieurs raisons à cela :
• Ce tracé n'est pas utilisé dans une voûte soumise uniquement à son poids propre,
comme le montrent différentes illustrations ainsi que les plans de la mosquée.
• L'hypothèse d'une résistance nulle à la traction est trop pessimiste. Le matériau
permet de reprendre quand même une part de traction.
• Le tracé modélisé ne correspond pas exactement au tracé construit en réalité.
• Les hypothèses sur les caractéristiques du matériau sont peut-être fausses
(notamment celle du poids volumique).
H = a ⋅t ⋅γ
Une fois la feuille programmée, nous avons vérifié cette méthode de discrétisation
avec une courbe dont on connaît la forme exacte : la chaînette.
1.8
1.6
1.4
1.2
1 chainette théorique
Hauteur
Discrét 16 élém
0.8
Discrét. 32 élém
0.6 Discrét. 64 élém
0.4
0.2
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6
-0.2
Portée
Figure 27 : comparaison entre courbe théorique et courbes selon discrétisation, pour une portée et une
hauteur données
Nous avons commencé par discrétisé la voûte en 16 éléments. Les résultats fournissent
une courbe proche mais pas superposée. En essayant avec 32 éléments, puis 64 éléments, on
remarque rapidement que la précision s’améliore. Sans augmenter la discrétisation, on peut
conclure que les deux courbes sont exactement superposées si on tend le nombre d’éléments à
l’infini. Dans un premier temps et pour la suite des calculs, on adoptera une discrétisation en
16 éléments. Notons qu’il serait envisageable d’établir un critère de précision au-deçà duquel
on admet que les deux courbes sont identiques.
Figure 29 : cas de charge d'une surcharge latérale. (Le facteur d'amplification de l'échelle des charges
trompe le fait que la toiture est plate en réalité.)
Chaînette inversée :
Les constatations faites précédemment sont semblablement les mêmes, à savoir que
l'encastrement est favorable. Cependant on constate que pour un cas de charge différent de
celui du poids propre, la chaînette n'est pas appropriée. Les efforts de flexion et tranchants
engendrés sont importants, ce qui conduit à une part importante de traction dans la voûte. De
plus, l'excentricité est telle que la résultante sort de la matière, ce qui conduit à une instabilité.
On remarque également que le calcul donne un déplacement de la clé de voûte vers le
haut, ce qui paraît contraire à l'intuition.
Tracé en pratique :
La première des constatations se situe au niveau de l'excentricité de l'effort normal par
rapport au centre de gravité. Elle est relativement faible (7cm au maximum) ! Hormis le cas
de charge du poids propre sur la chaînette inversée, jamais un résultat n'a été aussi bon. La
forme adoptée dans le cas d'un remblayage latérale de la voûte est donc bien adaptée. On le
constate sur la Figure 30 que nous avons inclus ici à titre d'exemple. Il est très intéressant
d’observer le cheminement des efforts au travers de la voûte. Des règles de construction aussi
simple pour un résultat aussi bon n'incitent pas à changer le mode de construction pour ce
type de voûte.
Figure 30 : excentricité d'une voûte encastrée soumise à son poids propre et à une surcharge latérale
(portée 3.2m ; épaisseur 0.15m ; angle de transition 60° ; hauteur supplémentaire à la clé 0.05m)
Maintenant que nous avons vu que le tracé réalisé en pratique répond de manière
satisfaisante aux exigences statiques de la voûte, nous pouvons continuer l'étude sur cette
base. Nous pouvons commencer par regarder l'influence de l'angle à partir duquel on change
de courbe ainsi que l'influence du supplément de hauteur que l'on ajoute à la clé de voûte.
En conclusion, dans ce cas de charge, les premiers résultats nous amènent à penser
qu'il faut dans la mesure du possible garder l'angle de transition proche de 60°, et un
supplément de hauteur à la clé proche de 5 cm.
C’est pourquoi nous avons programmé une feuille de calcul Excel se basant sur le
principe de l’arc funiculaire à poussée compensée. Le principe est le suivant : on discrétise
une voûte en plusieurs éléments, dont les coordonnées du centre de gravité sont connues. En
partant ensuite du sommet de la voûte, on calcule les coordonnées de chacun des points où le
vecteur force horizontal rencontre le vecteur force vertical, jusqu’à arriver au pied de la voûte.
12 3
1
2
1.2
Excentricité Max/épaisseur
1
10 cm
0.8
15 cm
0.6 20 cm
limite matière
0.4
tiers central
0.2
0
0 1 2 3 4 5 6
Portée m
On constate que pour une même épaisseur, l'augmentation de la portée est défavorable.
Par contre, pour une même portée, l'augmentation de l'épaisseur est favorable. Elle permet de
ramener la résultante des forces près du tiers central. Ces résultats correspondent aux
conclusions faites au Niger (chapitre3.4, Tableau 2 ). On remarquera également par exemple
que la résultante n'est jamais dans la matière pour une portée de 5m. On constate que la
résultante ne passe jamais par le tiers central pour tous les cas. Une analyse supplémentaire
sera donc nécessaire ultérieurement.
Etape 1 : A l'aide d'un logiciel de calcul (CUBUS p.ex.), on détermine les efforts dans la
voûte. On calcule l'excentricité par M/N. Trois cas se présentent alors :
N M
σ= ± ⋅y
A I
Une fois que la force rentre dans le tiers central, on calcule la contrainte
correspondante, puis on vérifie :
σ < f ck
Ces calculs peuvent se faire aisément en programmant une feuille Excel.
V
τ=
A
Etape 4 : On vérifie également la section en pied qui est soumise à un effort normal
maximal.
Remarque : Pour l’instant, étant donné que nous n’avons pas de réponse claire par rapport
aux conditions d’appuis, un calcul tant en considérant des appuis articulés
qu’encastrés devrait être réalisé.
Figure 35 : excentricité d'une voûte encastrée soumise à son poids propre et à une surcharge latérale
(portée 4m ; épaisseur 0.2m ; angle de transition 60° ; hauteur supplémentaire à la clé 0.05m)
On introduit ensuite simplement les efforts dans une autre feuille Excel (voir annexe).
Pour ce qui est de l’effort normal, les dimensions du mur sont telles que ce critère ne
doit pas être déterminant. Cependant, on peut estimer la valeur de la réaction verticale en
calculant le poids de la voûte et de sa surcharge. On peut approximer ce poids par la
différence entre un rectangle et un demi-cercle. Le résultat va donner la réaction verticale,
mais l’angle entre cette réaction et l’effort normal est suffisamment faible pour admettre que
ces valeurs sont très proches.
R2 π
A = 2 ⋅ R2 − π ⋅ = R 2 ⋅ (2 − )
2 2
A ⋅1⋅ γ
⇒ N ≅V =
2
La contrainte découle alors directement de cette valeur, contrainte qu’il suffit de
comparer à la contrainte admissible dans le matériau utilisé.
En ce qui concerne la réaction horizontale que doit reprendre le mur, une formule aussi
simple pour déterminer son intensité n’est pas possible. On peut cependant essayer de trouver
une relation empirique entre l’effort vertical et l’effort horizontal en fonction des conditions
d’appuis et de la portée.
1/ 6 ⋅ B
≤ tan α
H
H
où tan α est le rapport
entre l’effort horizontal
H et vertical V.
1/6B
B
Figure 38 : résultante des forces dans le tiers central
7 Possibilités d’essais
7.1 Réalisation d’un modèle à l’échelle 1:1
L’idée, qui aurait été la solution la plus intéressante pour comprendre correctement le
fonctionnement de la voûte nubienne, était de construire une voûte en terre crue à l’échelle
1 :1 avec la même méthode de construction qu’au Burkina Faso, sur un ou deux mètres. Pour
ce faire, il aurait tout d’abord fallu connaître la composition de la terre crue utilisée sur place.
On a donc commencé par faire des recherches sur les types de sols de la région (9.1)
puisqu’ils utilisent la terre disponible à même le sol sans transformation. Cependant, ceci n’a
pas été suffisant pour connaître la composition exacte des terres utilisées, l’idéal aurait été
d’obtenir un échantillon du Burkina Faso pour ensuite l’analyser et ainsi la déterminer.
Pour la construction proprement dite de la voûte, de relativement grandes surfaces
auraient été nécessaires. En effet, nous avons calculé que pour bâtir une voûte de 2 mètres de
long et 3 mètres de portée avec des briques de 20×10×4 cm et en faisant comme première
approximation que la voûte a une forme d’un demi cylindre, il nous aurait fallu fabriquer 236
briques. Et comme il est nécessaire de faire sécher les briques de terre crue avant de les
utiliser, la surface minimale pour les faire sécher aurait été de 20 cm × 10 cm × 236 briques =
4,7 m2. Mais comme les briques doivent être espacées un minimum pour sécher, il aurait
même fallu plus de 14 m2, en considérant que l’on laisse 10 cm d’espace de chaque côté entre
les briques. A cela s’ajoute la place pour le montage de la voûte, soit au minimum 2 m × 3 m
Projet de semestre 40 EPFL - IMAC
Hiver 2007
Christelle Cocco Raphaël Dauphin Karim Ganour
= 6 m2. Le problème du séchage de la voûte peut être résolu en séchant les briques dans une
étuve, ce qui nous a été proposé par le laboratoire de mécanique des sols, mais un trop grand
nombre d’étuves auraient été nécessaires.
La quantité de terre nécessaire pour la fabrication de la voûte aurait été de 1,9 m3. Et il
aurait encore fallu de la terre pour le mortier. Sans compter la terre et la surface
supplémentaire qu’aurait demandée la construction des murs porteurs et des murs pignons. La
nécessitée des murs porteurs n’est pas réel, car leur analyse est plus simple. Mais il serait bien
de les construire pour recréer les conditions d’appuis de la façon le plus réaliste possible.
Quant à la pose des briques, elle aurait nécessité un maçon expérimenté, voire même
une personne spécialisée, car comme il est mentionné dans le rapport d’Urs Wyss, les maçons
« standard » suivent une formation pour construire les voûtes nubiennes. Mais ceci ne devrait
tout de même pas poser une barrière infranchissable. Cependant, le temps nécessaire pour la
réalisation de l’expérience est difficile à estimer. N’ayant pas d’échantillon, nous avons
procédé à des recherches pour déterminer, le type de sol qui serait le plus représentatif. Il est
nécessaire d’avoir une bonne représentation de la réalité si l’on veut que les résultats soient
utilisables à des fins de dimensionnement. Une expérience d’une construction de voûte a été
menée par l’association « Acroterre ». Alors que deux maçons expérimentés construisent 0.2
m linéaire par heure, il a fallu beaucoup plus de temps à l’association qui ne possédait pas
d’expérience de construction de voûtes nubiennes. Grâce à cet essai, on peut se rendre compte
du temps considérable qu’il faudrait pour la construction en laboratoire d’une voûte de 2 m,
sans compter la recherche des matériaux et la confection des briques.
Faute de temps, de moyens et de pratique, nous nous sommes orientés vers la
conception d’une maquette.
L'un des objectifs initial de ce projet était d'établir des abaques de dimensionnement
pour l'élaboration de voûtes différentes de celles traditionnellement construites. Ce rapport ne
le remplit pas pleinement, puisqu'un constructeur local ne pourra pas s'appuyer sur les
résultats de ce projet. Néanmoins, il ressort que l'augmentation des portées traditionnelles
n'est pas hors de question, bien au contraire. Certaines pistes mènent à penser qu'avec les
méthodes traditionnelles de construction actuelles, une voûte de dimensions supérieures est
tout à fait envisageable, moyennant une étude plus poussée. Donc si ce rapport ne fournit pas
tous les résultats escomptés, il ouvre en revanche quelques portes à explorer.
9 Annexes
9.1 Définition de la géologie du Burkina Faso
Le sous-sol burkinabé est en majorité granitique, lequel par des cycles de
métamorphose et d’altération amène à des argiles. La couverture latéritique est une couche en
partie argileuse pouvant atteindre 30 à 40 m de profondeur. On distingue huit grands groupes
de sol :
Selon le livre «Géologie du Burkina Faso», il est établi une division en famille selon
les matériaux constitutifs (Figure 40) :
1. Sols minéraux bruts ou lithosols sur roches diverses et cuirasses.
2. Sols peu évolués d’érosion sur matériau gravillonnaire et d’apports alluviaux, qui
occupent environ le quart du pays : sol ferrigineux tropicaux.
3. Vertisols sur alluvions ou matériau argileux : Sols noir ou bruns avec au moins
30% d’argile (montmorillonite, illite…)
4. Sols bruns eutrophes tropicaux sur matériau argileux.
5. Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et lessivés sur matériaux sableux, sablo-
argileux et argilo-sableux, qu’on trouve dans plus du tiers du pays.
6. Sols ferralitiques moyennement désaturés sur matériaux sablo-argileux.
7. Sols hydromorphes minéraux à pseudogley sur matériaux à texture variée.
8. Sols sodiques à structure dégradée : les sols sodiques sont aussi appelés sol salés
ou sol halomorphe caractérisés par une teneur élevée en sels solubles.
Il y est précisé la composition de 9 sols différents. Il ne faut pas oublier que Craterre a
défini une constitution optimale pour la fabrication des briques (4.2.3). Il a été donné, par la
même source, une courbe granulométrique idéale pour la composition du sol, qui permet un
compactage optimal (Figure 41) :
En outre, il faut relever que le type exact des constituants n’est pas forcément
nécessaire. Il s’agit bien ici de pouvoir fabriquer des briques ayant les même propriétés
mécanique que in situ, afin d’obtenir des résultats représentatif de la réalité.
Il a été donné une méthode empirique pour la vérification de la qualité de la terre
utilisée dans la fabrication des briques. Elle consiste à rouler un boudin de terre qui ne doit
pas coller à la main. On l’aplatit avec précaution entre les doigts afin d’obtenir un long ruban,
dont la longueur à laquelle il se casse indiquera à propos de la qualité de la terre :
• s’il se rompt entre 5 et 15cm la terre est correcte pour l’adobe,
• s’il se rompt avant 5cm, il faut ajouter de l’argile
• s’il se rompt après 15cm, il faut ajouter du sable.
10 Références
Publications :
Sites internet:
[9] http://www.earth-auroville.com/
[10] www.wikipédia.com
[11] http://fr.wikipedia.org/wiki/Adobe_%28brique%29
[12] http://www.init-environnement.com/?page=enduit
[13] http://www.futura-sciences.com/comprendre/g/definition-
laterite_1530.php
[14] http://fr.wikipedia.org/wiki/Lat%C3%A9rite
[15] http://insolit.free.fr/detlaterite.html
[16] http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/1998/fiche62.htm
[17] http://fr.wikipedia.org/wiki/Vertisol
[18] http://horizon.documentation.ird.fr/exl-
doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_02-03/01402.pdf
[19] http://www.fao.org/ag/agl/aglw/aquastat/countries/burkina_faso/indexfr
a.stm
[20] http://www.abn.ne/webfr/ident/bfident.html
[21] http://www.afdb.org/pls/portal/docs/PAGE/ADB_ADMIN_PG/DOCU
MENTS/OPERATIONSINFORMATION/DORI%20T%C3%89RA%20EIE%
20R%C3%89SUM%C3%89%20EXECUTIF%20%20.PDF