Reproduction Des Lapins
Reproduction Des Lapins
Reproduction Des Lapins
Chez la lapine, l'ovulation n'a lieu qu'à la suite de l'accouplement. La lapine est en effet une
espèce à ovulation provoquée. En outre, l'ovulation est multiple, ce qui peut donner des portées
ayant jusqu'à 10 à 12 lapereaux à la naissance, voire plus.
1. La saillie
1.1 La pratique de la saillie
La saillie ou accouplement a toujours lieu dans la cage du mâle. Avant de transférer la femelle, il
est nécessaire de contrôler son état de santé et d'observer la vulve afin de savoir si elle est en
phase de chaleur, c'est-à-dire à un stade hormonal où elle est en mesure d'accepter le mâle. La
lapine en chaleur a une vulve rose foncé à rouge. Par contre, toute vulve rose pâle, violette ou
blanche indique qu'elle sera peu ou pas réceptive. Lorsque la femelle est réceptive, elle est
introduite dans la cage du mâle. Elle s'immobilise rapidement, s'étire et relève légèrement
l'arrière-train, ce qui permet au mâle de la chevaucher et de réaliser la saillie. Si l'accouplement
réussit, le mâle tombe sur le côté en poussant parfois un cri.
Il est préférable de faire saillir deux fois la femelle avant de la retirer de la cage et de contrôler
visuellement les deux saillies pour s'assurer que le mâle n'a pas éjaculé "à côté" dans le poil de
l'arrière train de la femelle. Il faut éviter de laisser mâle et femelle ensemble sur de longues
périodes, surtout si la femelle montre des signes d'agressivité vis à vis du mâle. Si une femelle
doit accepter un mâle, cela se fait dans les 3 à 4 minutes suivant l'introduction de la femelle dans
la cage du mâle. Passé ce délai, il est inutile d'insister. Les saillies doivent se faire tôt le matin ou
tard le soir, à la "fraîche", au moins par un temps frais.
A la fin de chaque accouplement, l'éleveur doit noter sur les fiches individuelles, la date de
l'accouplement et le numéro des individus accouplés. Des fiches générales pour l'élevage seront
aussi à tenir. L'ensemble de ces fiches sert au suivi de l'élevage, donc permet d'apprécier la
prolificité des femelles et l'efficacité des mâles.
Les jeunes femelles doivent avoir 5 mois avant d'être saillies pour la première fois. Elles doivent
avoir un poids minimum de 2,4 kg si le poids des femelles adultes est de 3 à 3,5 kg (au moins
75% du poids adulte de la souche).
Les mâles sont mis en reproduction à un âge un peu plus avancé, soit 5,5 à 6 mois, avec un
poids d'au moins 2,6 kg pour le même type de lapin.
Limiter le nombre de saillies à:
- 1 double saillie la première semaine de mise en reproduction,
- 2 la 2ème semaine,
- 3 la 3ème semaine et les semaines suivantes
Pour la 1ère saillie, proposer au mâle une femelle ayant déjà eu plusieurs accouplements et
surtout une femelle qui est bien en chaleur.
La seule méthode efficace pour vérifier si la lapine est gestante ou non, est la palpation
abdominale.
Il est hautement souhaitable d'apprendre à palper les femelles, car cela permet de remettre
immédiatement à saillir une lapine détectée vide et donc d'augmenter la productivité de l'élevage.
Toutefois, une palpation trop brutale peut faire avorter les lapines. Dans ce cas il vaut mieux
s'abstenir et attendre la mise-bas pour connaître le résultat de la saillie, ou 33-34 jours après une
saillie inféconde, pour présenter à nouveau une lapine au mâle.
Pour faire la palpation, le procédé est le suivant : une main saisit la peau au-dessus des reins et
soulève l'arrière-train. L'autre main passe doucement sous l'abdomen au niveau du bas-ventre
(figure 44) et avec un mouvement de va-et-vient, repère des embryons sous forme de petites
boules souples et glissantes au toucher en cas de gestation. Ces embryons ne sont pas à
confondre avec les crottes qui par contre sont dures au toucher. La palpation chez la lapine peut
se faire aisément entre le 12e et le 14e jour après la saillie (à partir du 10e jour pour les éleveurs
très expérimentés). Réaliser une palpation plus tard ou trop brutalement, peut provoquer des
avortements. Plus tôt, elle n'est pas possible, les embryons ne sont pas encore assez développés
pour être détectés.
Trois jours avant la date présumée de la mise bas, une boîte à nid propre, désinfectée et garnie
de copeaux de bois, de paille ou d'un foin de graminées bien sec, sera installée suivant le modèle
de cage utilisée, à l'intérieur ou à l'extérieur de la cage-mère, appuyée contre la paroi. Dans ce
dernier cas, veiller à ce que l'orifice d'accès soit au niveau du plancher de la cage. L'éleveur ne
doit pas oublier d'ouvrir la boîte à nid en fin d'installation, pour que la femelle puisse y aménager
le nid.
La lapine en fin de gestation va alors arracher des poils de son abdomen et de ses flancs pour
les mélanger à la litière et constituer un nid confortable et chaud. Lors de la première mise-bas,
certaines femelles ne constituent pas correctement leur nid. Si cela se renouvelle, la femelle sera
réformée en priorité et sa descendance ne sera pas utilisée pour la reproduction.
4. La mise-bas.
La lapine met bas généralement la nuit. La durée de la gestation est de 31 jours en moyenne plus
ou moins 1 journée. La mise-bas dure généralement de 15 à 20 minutes pour l'ensemble de la
portée. Les premiers nés commencent à téter leur mère pendant que celle-ci termine de mettre
bas.
A la naissance, les lapereaux ont le corps nu (= glabre) et les yeux fermés. Ces derniers s'ouvrent
vers l'âge de 10 à 11 jours. Les poils commencent à être visibles vers 6-7 jours. Aussitôt après la
mise-bas, la femelle mange le placenta (enveloppes embryonnaires), ce qui est un réflexe normal.
Ensuite, les restes de placenta s'il y en a, ainsi que les morts nés éventuels devront être retirés
de la boîte à nid le plus rapidement possible. Une lapine produit en moyenne 6 à 7 lapereaux par
portée dans les conditions tropicales. L'enregistrement des mises-bas est indispensable au suivi
de l'élevage (utilisation de fiches individuelle et collective voir plus loin).
L'adoption consiste à faire élever par une femelle un ou plusieurs lapereaux d'une autre portée,
née à 2 jours d'intervalle au maximum. Elle est possible en cas d'abandon par la mère de ses
lapereaux ou à la suite de la mort de la femelle, en cas de refus d'allaitement ou d'allaitement
insuffisant. Mais l'adoption permet surtout d'égaliser les tailles des portées ou de répartir
rationnellement les lapereaux afin de favoriser un allaitement régulier. Les lapereaux à adopter
seront pris dans les portées de taille égales ou supérieures à 7 lapereaux. On les choisira parmi
les plus vigoureux de la portée d'origine afin de favoriser leur adaptation dans leur nouvelle portée
qui aura moins de 7 lapereaux et donc des lapereaux également vigoureux. On conseille de ne
pas faire adopter plus de 2 lapereaux supplémentaires à une lapine.
La réussite de l'adoption sera facilitée s'il est possible de fermer le nid pendant 24 heures, donc
d'empêcher l'accès de la femelle pendant ce temps. Ceci est rendu possible par le fait que la
lapine n'allaite normalement ses petits qu'une fois par jour.
7. Le sevrage
La séparation des lapereaux de la mère doit avoir lieu environ 33-35 jours après la mise bas
lorsque l'éleveur nourrit ses animaux avec un aliment composé. Dans un élevage familial dont
l'essentiel de la nourriture est basé sur les fourrages, le sevrage peut être plus tardif et intervenir
40-45 jours après la mise bas. La séparation à 28 jours d'âge est possible mais comporte des
risques de mortalité un peu accrue à l'engraissement. Un sevrage à plus de 45 jours est un non-
sens.
Au moment du sevrage, les lapereaux sont pesés et éventuellement marqués (tatouage à
l'oreille). Les mâles sont séparés des femelles après sexage.
8. L'engraissement
Les jeunes lapins et lapines vont désormais séjourner dans les cages d'engraissement et le cas
échéant dans un bâtiment " Engraissement ". Ils y resteront 2 à 3 mois en fonction de la race
(type génétique) et du poids final recherché. En fin d'engraissement, certains lapins seront
sélectionnés pour la reproduction. En général, les mâles sont retenus pour leur vitesse de
croissance et leur conformation. Les femelles (en bon état) sont retenues d'après la taille des
portées produites par leur mère, les qualités maternelles de cette dernière (nid, allaitement), d'où
l'intérêt de fiches d'enregistrement bien tenues. Les lapins restants sont livrés, abattus pour la
boucherie ou vendus vivants.
Alors qu'à la maternité, les lapines sont élevées en cages individuelles, à l'engraissement les
lapereaux sont élevés en cages collectives. La densité des lapereaux, par cage à
l'engraissement, est de 12 à 14 lapins par mètre carré. A la fin de l'engraissement (soit 3,5 à 4
mois après la naissance), les lapins ont un poids moyen de 2 à 2,5 kg. Au terme du 3e mois, il
peut y avoir des bagarres entre les mâles et les femelles, d'où la nécessité de les séparer.
Pour remplacer sans tarder, il faut anticiper en préparant des jeunes reproducteurs à l'avance.
Cela concerne les mâles et les femelles en tenant compte des délais de quarantaine lorsque
l'introduction de reproducteurs de l'extérieur est envisagée.
Pour bien gérer le troupeau, il est nécessaire de définir un taux de renouvellement minimum. En
règle générale, il est compris entre 70 et 100% à répartir sur l'année entière.
Pour illustrer notre propos, prenons l'exemple d'un éleveur disposant de 50 cages-mères. Il
devra prévoir la mise en reproduction de :
- 1 jeune femelle prête à saillir chaque semaine avec 100% de renouvellement,
- 1 jeune femelle prête à saillir tous les 10 jours avec un taux de 70% (ou 3 femelles par mois).
Il en est de même pour les mâles. S'il a 6 mâles, il lui faudra 1 mâle prêt à saillir chaque 2 mois
avec 100% de renouvellement. Pour parvenir à un renouvellement efficace, il sera aussi
nécessaire de trier, en permanence, les meilleurs futurs reproducteurs lors de la vente des lapins
de chair. Il faut tenir compte d'une mortalité et d'une élimination de 20 à 25% pour la période
allant du tri à la mise en reproduction. Dans notre exemple, c'est donc 50 + 25% soit 63 jeunes
femelles qui devront être triées chaque année au taux classique de 100% de renouvellement.
Au démarrage de l'élevage, l'auto-renouvellement (ou renouvellement à partir des lapins nés dans
l'élevage) n'étant pas envisageable, il est bon de prévoir :
- d'entrer 20 à 25% de femelles et de mâles en plus de l'effectif théorique de l'élevage,
- d'envisager de s'approvisionner provisoirement chez le fournisseur initial en cas de mortalité et
d'élimination.
C'est la seule technique efficace en attendant de parvenir à l'auto-renouvellement pour obtenir
une production régulière dès le démarrage et d'éviter un trou financier vers le 6e mois de
production.
Deux solutions s'offrent à l'éleveur :
- acheter des reproducteurs auprès d'un fournisseur spécialisé ou d'un autre éleveur. Nous
conseillons, si l'éleveur est satisfait de son fournisseur de lui rester fidèle pour conserver
une certaine continuité dans l'équilibre microbien. Ne pas négliger néanmoins le respect
de la quarantaine (voir prophylaxie) ;
- renouveler lui-même en choisissant la descendance des reproducteurs les plus
performants. Cette technique est dénommée auto-renouvellement.
* pour les femelles. Elles sont sélectionnées en partie d'après les performances de leur mère,
les critères concernent donc aussi cette dernière
- d'abord une bonne santé individuelle et une conformation correcte ;
- être née d'une mère donnant des portées de bonne taille à la naissance et ayant de bonnes
qualités maternelles (bon nid, allaitement régulier) ;
- la mère doit avoir un bon taux de sevrage (peu ou pas de pertes entre naissance et sevrage).
Il est conseillé d'attendre la 3e mise bas de la mère pour bien estimer ses capacités.
* pour les mâles : Ils sont sélectionnés en partie d'après les performances de leur père, les
critères concernent donc aussi ce dernier
- d'abord la bonne santé individuelle, et une conformation correcte ;
- avoir eu en engraissement une vitesse de croissance élevée par rapport à ses contemporains ;
- être nés d'un père ayant une bonne ardeur sexuelle et un bon taux de mise bas.
Pour choisir en toute connaissance, l'emploi régulier des fiches individuelles femelles et mâles
est indispensable. Cela permet en outre d'éviter la consanguinité.
Pour éviter la consanguinité des lapins au sein de l'élevage (accouplement de reproducteurs
apparentés donnant des lapereaux moins productifs et moins résistants en général), il est
conseillé d'acheter à l'extérieur un mâle de renouvellement sur deux. Les femelles par contre
peuvent être systématiquement remplacées par auto-renouvellement.
Cette technique est largement utilisée en Europe. Son avantage est de limiter les risques
sanitaires liés à l'introduction de futurs reproducteurs âgés depuis l'extérieur. Les critères de choix
des reproducteurs sont ceux décrits ci-dessus. Bien entendu, cela implique pour le fournisseur
de maîtriser le sexage.
La technique consiste à transporter des lapereaux ayant tété au moins 1 fois le colostrum de leur
mère, vers un autre élevage, dans une boîte isolante avec litière, toutes deux bien désinfectées.
Ces lapereaux seront adoptés par une femelle ayant mis bas un ou 2 jours avant la reproductrice
sélectionnée, ce qui demande un minimum de synchronisation. Le délai classique est de 22 à 25
heures entre la dernière tétée dans l'élevage d'origine et la première tétée dans l'élevage de
destination (voir les précautions dans la partie sur les adoptions), mais dans les cas extrême il
peut atteindre 36 heures. Il faudra mettre en place une identification des lapereaux introduits avec
une petite bague ou une petite incision à la marge de l'oreille.
- Eviter de laisser " traîner " un animal atteint d'une maladie au milieu d'autres apparemment
sains. Il peut être plus faible et donc plus sensible que ses congénères. Isolez-le rapidement, seul
ou avec d'autres lapins malades. Cela évitera de contaminer les lapins sains et vous permettra
d'appliquer un traitement spécifique.
- Eliminer sans faiblir les lapins atteints et à la traîne qui ont peu de chance de guérir. Les
risques de contamination seront réduits. Cela concerne aussi bien les reproducteurs mâles et
femelles, que les lapereaux au nid, au sevrage ou en engraissement.