Morphologie Urbaine
Morphologie Urbaine
Morphologie Urbaine
La forme urbaine dépasse les volontés des hommes, même celle des créateurs de villes. C'est
d'abord une construction progressive, un tissu vivant.
La perception du paysage dépend aussi des conditions extérieures qui tiennent aux rythmes
diurnes, aux saisons, aux variations de la lumière (exemple de la place Saint-Marc).
K.Lynch a démontré que la perception d'un automobiliste n'est pas la même que celle d'un
piéton. Sa méthode d'analyse (les 5clés : routes, secteurs, limites, repères et noeuds) permet de
comparer l'image sociale de la ville et les perceptions individuelles.
La perception du paysage est également très influencée par les expériences vécues durant
une période de la vie, le niveau d'instruction, l'éducation ... On peut parler de filtres perceptifs.
Les interactions entre l'observateur et le paysage sont fondamentales dans le processus
cognitif et affectif qui aboutit à la construction d'une signification. Le paysage est donc
fatalement quelque chose de reconstruit.
Les éléments correspondent à trois structures : le site influence considérablement ces trois
structures. L'image de Sienne montre à quel point il peut être un matériau, une des composantes de
la forme urbaine elle même.
– Le plan : le mot recouvre trois réalités à trois échelles différentes (la macroforme, le plan
général ou maillage et le maillage de détail)
– Le bâti ou le tissu constructif : composé d'immeubles, de "vides urbains" et des espaces
publics. C'est la combinaison variée et complexe des pleins et des vides qui engendre une
structure que l'on peut appeler le tissu urbain.
– L'utilisation du sol : l'usage définit des ensembles fonctionnels dans la ville. Il détermine un
parcellaire et des formes adaptées particulières ainsi que leurs évolutions.
La structure est le mode d'organisation des éléments entre eux. On parle alors de tissu
urbain, pouvant être continu ou discontinu, plus ou moins dense, étiré suivant certains axes ou
coupés par des ruptures physiques ou administratives.
Les logiques et les moyens, renvoyant aux idéologies, aux décisions ou aux processus à
l'oeuvre qui contribuent à donner naissance à une structure c'est à dire à un type de combinaison
plutôt qu'à un autre.
L'espace urbain est un langage spatial par lequel s'exprime un système social qui se lit
d'abord par la distribution urbaine c'est à dire les rapports de position des éléments de la ville :
continuité/discontinuité, centre/périphérie ou encore éloignement/proximité ... Une distribution
urbaine exprime donc un modèle idéologique de ville et donc des rapports sociaux et des
représentations caractèristiques d'une collectivité : la hiérarchie sociale se traduit dans une
hiérarchie spatiale.
La forme urbaine se lit aussi comme système de mises en relation des éléments. La
conformation urbaine est une déclinaison de la distribution : géométrie des tracés, des trames, des
axialités ... Ses figures et ses propriétés sont utilisées pour mettre en place et renforcer une
distribution urbaine.
Enfin, le tissu urbain serait le niveau à travers lequel une conformation urbaine se
manifeste. Il est l'ensemble des éléments physiques qui font système (parcellaire, bâti, vides
urbaines, site).
La difficulté réside dans le fait qu'un tissu urbain n'est que rarement l'expression d'un seul système.
Des structures actives :
Les conceptions du monde et les représentations influencent profondément l'urbanisme.
Al'inverse, les formes urbaines agissent directement sur les pratiques, ou par le biais de l'image et
des représentations.
Mais si les formes urbaines sont actives, c'est d'abord en tant qu'objets perçus, donc en tant
qu'images. La répétition des impressions visuelles reçues lors d'un parcours urbain induit une série
d'images qui ont un rôle dans la formation du goût, des modes, des stéréotypes.
CHAPITRE 3 : LA MACROFORME
Que peut signifier l'expression "plan d'une ville" ? Distinction nécessaire entre les 3niveaux
d'echelle : celle de la macroforme (de l'agglomération ou de l'aire urbaine), le plan général (de la
ville au sens étroit), le maillage de détail.
Définir les limites de la macroforme ne peut se faire qu'après analyse de son fonctionnement
(navettes domicile-travail, polarisation, sentiment d'appartenance ...).
Ses caractéristiques (étalement, densité ...) sont très influencés par les systèmes de transport. La
gestion de leur évolution est l'un des grands défis de l'aménagement urbain.
La ville du piéton (walking city) : Elle correspond aux actuelles parties centrales des
agglomérations. L'aire ainsi définie correspond à peu près aux centres historiques de grandes villes
actuelles comme Milan, Francfort ... ou à l'extension des secteurs sauvegardés de Bordeaux. Paris
ou Londres avaient des surfaces exceptionnellement étendues (de 3à4km). Jusqu'au milieu du 19em,
les extensions se sont effectuées à partir de ces centres sous forme de faubourg.
La ville du tramway : Elle symbolise les extensions en continuité sous forme de banlieues plus ou
moins linéaires, surtout dans les "pays neuf". Aux USA, jusque dans les années 30-40, les villes
sont compactes ; espaces résidentiels et espaces de travail se confondent. Leur dilatation débute
avec l'époque des villes industrielles dans les années 40-80, d'abord avec les tramways
hippomobiles (vitesse de 6à8km/h). Le tramway électrique a un rôle décisif dans l'étalement et la
dissociation entre activités économiques et résidences, car plus silencieux, plus rapide, doté d'une
plus grande capactié et moins cher. En Europe, pourtant pionnière dans cette technique, le dvp est
plus tardif (années 1890) : le tramway est d'abord mis au service des espaces centraux restructurés ;
ce n'est que plus tard que les lignes desservent les faubourgs et les communes périphériques. Quant
au réseau de métro, il reste cantonné à la ville dense sauf dans quelques grandes villes comme New-
York.
La ville digitée : (tracked city) C'est d'abord celle du chemin de fer ayant pour fonction principal le
transport interurbain. Des hausses des valeurs foncières et changement de l'usage des sols se
produisent autour des gares mais aussi le long des axes ferroviaires dans la zone bâtie. Les champs
urbains et donc les macroformes, s'étirent et se fragmentent.
Le railway boom se produit aux USA dans les années 30-40 provoquant l'allongement des banlieues
jusqu'a des distances de 20-25km (Los Angeles ou Chicago). Le dvp sub-urbain est plus tardif en
Europe. Les années 1900-1939 sont les grandes périodes de dvp pavillonaire sub-urbain autour de
Londres, Paris et Berlin.
Les structures linéaires denses de la tracked city ponctuées de centres secondaires sont encore
bien identifiables dans les tissus proches. Elles sont parfois renforcées par les politiques de
densification (Pays Bas, Los Angeles, banlieue parisienne). Mais il est rare qu'on puisse faire de
ces lignes de transports des instruments de création d'une nouvelle structure : les éléments d'inertie
sont en général trop importants et la désserte de zones plus denses risquerait en effet de
compromettre leur rentabilité pendant plusieurs années : même les villes nouvelles ont largement
tenu compte des réseaux existants, ne serait ce que pour les prolonger.
Défense et contrôle : Considéré comme une gêne inutile avec les progrès de l'armement ou avec le
rétablissement de la sécurité, le rempart a fait l'objet d'arasements presque systématiques, surtout à
partir du 18em dans les villes en croissance. Mais il a certainement contribué à expliquer la faible
dimension des tâches urbaines des villes anciennes.
Il a toujours aussi été un instrument pour empêcher l'extension de la ville pour diverses raisons :
limitation de l'évasion fiscale et de la contrebande, préservation de l'intégrité de l'espace agricole,
aire d'approvisionnement de la ville, crainte de la dégradation du bâti central à cause d'un
étalement incontrôlé de la construction ... Plus généralement l'idée de contenir la ville dans ses
limites physiques traduit la préoccupation plus ou moins explicite d'en éviter l'étalement
désordonné.
L'histoire de bien des villes illustre ces tentatives constantes pour contrôler l'étalement du champ
urbain en interdisant de construire "hors des murs" (Rome au IIIem, Barcelone au XVIII).
La limite peut prendre des formes administratives. Les limites communales souvent invisibles ont
des effets importants : gestion du sol (donc gestion des formes et contrôle des extensions).
Importance de l'intercommunalité et de la loi Chevènement de 1999.
Annexions : A defaut de contenir la croissance, les villes centres ont cherché à la capter. En France,
le mouvement de fusion-annexions de communes a été beaucoup plus limité qu'aux USA ce qui
explique les inextricables problèmes d'intercommunalité et de gestion de l'étalement urbain. Sans
être majeur, ce facteur éclaire aussi l'inégale extension des taches urbaines.
Le maillage général :
Le maillage général est la première expression de la ville, il a bien plus qu'une fonction
circulatoire : il porte la marque du site, reflète l'histoire d'une ville et exprime sa personnalité. Bien
qu'en évolution permanente, c'est l'élément le plus stable de la forme urbaine.
Il permet d'évaluer la densité de la ville, le rapport des pleins et des vides, de l'espace bâti et des
espaces publics, leurs positions relatives ainsi que la situation des principaux monuments qui ont
souvent un impact essentiel sur la structuration du tissu.
Plans quadrillés orthogonaux : ce sont les plus nombreux, depuis l'antiquité (Mésopotamie,
Chine, Inde...). Le modèle le plus connu est le plan dit hippodamien du nom d'Hippodamos de
Milet (510av.J-C), son théoricien. Ce modèle a été repris pour toutes les villes grecques au XIXem
siècle. Le plan des villes romaines structuré par deux axes Nord-Sud (cardo) et Est-Ouest
(decumanus), influence le maillage des centres de beaucoup de villes anciennes européennes
comme Toulouse ou Turin. On les retrouve dans les plans réguliers médiévaux comme ceux des
bastides et dans certaines villes classiques comme Nancy ou Rennes.
Le plan des villes latino americaines résulte de l'application de la loi des Indes, première
grande loi d'urbanisme (1573) : la traza des rues perpendiculaires persiste dans presque toutes les
villes, rappelant leur origine coloniale. Les effets se font sentir dans les dvp périphériques en damier
par propagation du modèle dans les lotissements : Mexico, Buenos Aires ... L'influence classique
française marque quant à elle certaines villes nord américaines fondées au 18em : Detroit, La
Nouvelle Orléans ... Cependant l'essentiel des plans des villes américaines ne sont pas des plans
volontaires mais le résultat du redécoupage de la trame agraire.
Les plans en damier (trame de base des extensions réalisées ou inspirées par I.Cerda à Barcelone,
Madrid, Bilbao) obéissent à des logiques variées mais leur succès s'explique avant tout par la
simplicité de conception et de réalisation, par l'adaptation aux logiques foncières et immobilières, la
facilité de l'estimation des distances ... Ses inconvénients sont la monotonie, l'absence de point de
convergence favorisant la centralité et l'allongement des trajets du fait de l'absence de diagonale.
Les plans circulaires volontaires : plus rares, la fascination pour le cecle, symbole de la
perfection. La croix à l'intérieur du cercle symbolise le divin autour duquel s'organise le monde en
opposition au carré qui symbolise le monde terrestre. Ainsi les villes médiévales aux remparts plus
ou moins circulaires sont parfois organisés volontairement autour d'édifices symboliques. Pour
Lavedan, ces tracés répondraient à trois types d'objectifs : l'enveloppement (qui conduit à
construire autour de l'élément le plus précieux à savoir le trésor de la cathédrale dans un souci de
défense), l'attraction (qui s'apparent à la convergence) et la perspective esthétique qui s'épanouit à
la Renaissance.
Ce plan a connu des succès sous les pouvoirs forts dont il permet la mise en scène de
l'urbanisme monumental (Paris sous Napoléon III), ou dans les pays colonisés. Celui de Moscou,
caractéristique des villes slaves, a été renforcé par le régime communiste qui considérait cette
structure convergeant sur la place Rouge comme un symbole utile pour sa vision totalitaire du
pouvoir mais aussi pour des raisons fonctionnelle.
Le plan baroque en est une variante : quelques points forts ou monuments sont mis en
relation par des avenues ou des grandes rues rectilignes. Sa logique est à la fois esthétique et
fonctionnelle. Voulu par des pouvoirs absolus, il permet de mettre en scène la puissance (Versailles,
Saint Pétersbourg).
Il présente l'avantage d'encourager la centralité principale ainsi que la croissance des centres
secondaires sur les carrefours des radiales et des voies concentriques. Il favorise l'efficacité des
réseaux de transport centripètes avec hiérarchisation mais la convergence des flux de circulation sur
le centre accentue la congestion des axes et les difficultés de la circulation de transit.
Les plans linéaires : réalité ancienne, souvent spontanée résultant des effets de site ou de facilité
de transport. Elle a été théorisée et appliquée à plusieurs reprises comme à Madrid en 1882,
organisée sur une ligne de tramway. Plus récemment c'est le plan choisit pour l'extension de
Göteborg en 1955.
Son principal avantage est l'accès à la campagne mais sa contrepartie négative est
l'absence de centre et d'urbanité. Aux nuisances de l'axe de circulation, s'ajoute la congestion au fur
et à mesure de son allongement. On peut en juger sur les formes linéaires d'urbanisation spontanées
sur la côte d'Azur ou le littoral méditerranéen espagnol.
Le plan réticulaire distendu : même logique que pour le plan quadrillé et le plan linéaire. Les
voies sont très espacées et les interstices sont occupés par des parcs ou de vastes espaces naturels ou
agricoles. Ses avantages en termes de flexibilité, de fluidité de la circulation, de proximité de la
nature ont comme contrepartie sont caractère sociofuge (déficit de densité et de centralité), d'ou
des consommations importantes de terrain, des dépenses élevées en matière de VRD et suppose
l'usage généralisé de l'automobile. Il n'est pas surprenant de le trouver dans les sociétés à haut
niveau de vie, notamment dans les banlieues amériacaines.
Le plan introverti : caractéristique des villes islamiques traditionnelles, il est marqué par la
fermeture, une organisation arorescente, un aspect labyrinthique. Cette irrégularité, ce désordre
serait le résultat d'une évolution anarchique due à l'abscence d'urbanisme et de pouvoir municipal.
Il est souvent issu de la déformation d'un maillage quadrillé hellénistique (centre de Damas). C'est
la traduction spatiale d'une organisation sociale : hiérarchisation et disposition concentrique
autour de la grande moquée, souvent située à l'emplacement de l'agora ou du forum des villes
préexistantes.
Evidemment plus l'agglomération est importante, plus la probabilité d'un plan mosaïque
augmente. Le plan de New York est l'addition de plusieurs plans orthogonaux (Manhattan,
Brooklyn, Bronx et Jersey City).
Il peut également exister un fort déséquilibre entre le tissu ancien serré et les extensions récentes
aux maillages beaucoup plus lâches. Les anciens noyaux continuent de structurer le maillage de très
grandes villes comme Paris, Marseille, Berlin, Londres ...
Les coupures :
La disposition régulière du maillage et du bâti est souvent perturbée par des obstacles contraignants.
Les barrières de croissance sont des limites physiques naturelles (relief, fleuve ...) ou anthropiques
(remparts, lignes de chemin de fer ...). L'effet de barrière est relatif mais peut jouer le rôle de ligne
de fixation, limite externe d'une auréole de croissance générant une ceinture de frange urbaine.
Le mur et le maillage :
Outre son influence sur la tache urbaine, le mur a des effets intercatifs sur le maillage (figure 21
p78). Il favorise une densification du maillage intra muros, un maillage plus lâche extra muros.
La destruction des remparts donne naissance à des jardins, grandes places et surtout des
boulevards (Paris, Tokyo, Moscou, Francfort ...). Si une nouvelle enceinte est construite elle tend
ainssi à adopter un tracé circulaire (Paris, Bologne, Vienne ...).
Les portes peu nombreuses déterminent le tracé des principales radiales donc un effet de
convergence/divergence sur les rues extérieures et intérieures. Un monument symbolique peut
l'accentuer. Point de contact, de contrôle, d'échange, la porte peut être un monument et un lieu de
centralité induisant des activités et des formes spécifiques.
L'étirement et la prospérité des faubourgs sont des effets indirects du mur sur le plan. Pour
échapper aux contraintes, notamment fiscales de l'intra muros, les habitants et les activités
s'établissaient en dehors des limites, dans le faubourg.
La rupture morphologique n'est pas toujours nette comme à Paris. La rupture est en
revanche extrêmement sensible à grande échelle, celle qui est preçue et vécue par le piéton ou le
cycliste. Un mur est parfois édifié pour matérialiser la limite séparant deux communauté ou
souveraineté. Il passe au milieu de villes symboles comme Jerusalem ou Berlin. Les coupures
internes issues de politiques de ségrégation ou d'apartheid comme en Afrique du Sud. Dans tous
les cas, les effets se font sentir de manière durable, même après la disparition de la coupure.
Le maillage de détail :
Compositions urbaines et plan de secteur : Le maillage de détail s'observe à l'échelle du morceau
de ville voire de l'opération d'urbanisme, mais il ne peut se comprendre sans référence au plan
général. Il peut relever de la composition urbaine lorsqu'il a comme objectif une mise en ordre
volontaire de l'espace urbain, mais il résulte le plus souvent d'une construction progressive et
imbriquée.
La composition urbaine est la représentation en trois dimensions d'un projet urbain ou
plutôt une forme urbaine dont l'élaboration et l'évolution sont prévues et codifiés par des règles de
composition. Elle est au niveau urbanistique ce que la composition architecturale est à la
construction, mais avec une dimension temporelle plus longue. D'ou la dérive fréquente qui consiste
à considérer l'urbanisme comme une simple extension de l'architecture, avec l'idée héritée de la
Renaissance, qu'une ville peut se penser comme une oeuvre d'art finie.
C'est ainsi qu'ont été conçus de nombreux plans d'extension ou de restructuration :
l'haussmanisation à Paris équivaut à plaquer sur le maillage ancien un nouveau inspiré des mêmes
principes. La composition urbaine triomphe avec l'urbanisme de plan-masse à l'époque des villes
nouvelles et des grands ensembles. Elle est encore largement utilisée dans l'élaboration des plans de
secteurs de ZAC et de nouveaux quartiers comme Antigone à Montpellier. En revanche le maillage
quadrillé du lotissement banal sans réflexion ne relève pas de cette démarche mais du résultat
morphologique d'une simple division foncière.
Maillage et monuments :
Il arrive que le maillage soit premier et indifférent à son remplissage ultérieur : les édifices les plus
importants s'y insèrent d'une manière plus ou moins harmonieuse. Mais dans beaucoup de villes, le
plan ou le maillage sont très fortement déterminés par l'emplacement des monuments.
Parfois les monuments ont été édifiés a posteriori pour renforcer la signification du plan. Parfois
ce sont les tracés qui ont été modifiés en fonction des monuments ou créés simultanément (opéra,
théâtres, mairie, gare ...). La mise en valeur des monuments prestigieux par de grandes
perspectives a été l'un des objectifs d'Haussman à Paris.
Juxtapositions : les lotissements parisiens, les estates londoniens sont des structures
monogéniques, insérées ou juxtaposées. Le plan de Londres est pour l'essentiel le résultat d'une
série de petites opérations planifiées comme des morceaux de ville organisés autour d'un square, qui
donne naissance à une ville par petites additions.
Maillages complexes et types de tracés : des secteurs entiers de ville peuvent avoir connu une
histoire très complexe marquée par des opérations successives et imbriquées. En juxtaposant les
plans à différentes dates, la formation du maillage d'une grande ville européenne peut être
reconstituée et une typologie des tracés peut être établie en fonction de leur ancienneté :
– Les tracés organiques correspondant aux routes anciennes souvent très antérieures à
l'époque gallo - romaine, avec des tracés convergents caractéristiques.
– Les tracés juxtaposés souvent liés à des extensions contemporaines d'une autre conception
de la ville (des lotissements, des ZAC ou des secteurs de villes nouvelles).
– Les tracés insérés créés par des opérations individuelles de lotissement de faible envergure
ou des lotissements urbains ...
– Les tracés de liaison formant des rues nouvelles permettant la connexion entre deux autres
axes.
– Les tracés de substitution sont des rues ou des boulevards créés sur les tracés d'anciens
remparts, voies ou cours d'eau.
– Les tracés surimposés résultent le plus souvent d'opérations d'urbanisme volontaires liées à
une décision d'un pouvoir.
Maillage et VRD :
La notion d'irrigation du tissu urbain par les flux canalisés est rappelée par l'abréviation courante
de VRD (voirie et réseaux divers). Ces réseaux divers enfouis sous la rue (eau, assainissement, gaz,
électricité, téléphone ...) influencent peu la formation même du tissu car ils se sont mis en place
tardivement et dans des tissus constitués ou leur rentabilité était largement conditionnée par la
densité de bâti. En France par exemple, ils sont pour l'essentiel un effet de la grande loi de 1902 sur
l'hygiène publique. On retrouve ce phénomène dans la plupart des villes du tiers monde ou l'égout,
quant il arrive, vient à la fin du processus de durificartion de quartiers d'habitat spontanés.
Types de voies :
A la diversité liée à l'histoire et à la genèse des voies, s'ajoute une diversité fonctionnelle et
morphologique. Mais les caractéristiques hiérarchiques de voies varient à la fois selon la taille des
villes et la culture locale. Les ruelles et rues ordinaires forme l'essentiel de la plupart des
maillages, les rues larges et rues principales mettent en communication et structurent les quartiers.
Les boulevards et avenues assurent les liaisons à plus longue distance et structurent le maillage
général.
On distingue quelques grands types : le maillage quadrillé, le maillage arborescent
(hiérarchisation des voies et logique de drainage avec le problème de concentration de la
circulation sur une seule sortie), le maillage circulaire ou en boucle, le maillage complexe
hiérarchisé (toutes les figures p90).
La dimension de la maille influence la connectivité qui est une composante essentielle de
l'urbanité. Le maillage peut donc contribuer à l'identité des quartiers et à leur plus ou moins
grande urbanité. Néanmoins le maillage n'est pas tout : des quartiers très différents peuvent
émerger dans des maillages identiques. Les caractères des aires ou des secteurs de villes dépendent
évidemment de la manière dont s'est effectué le remplissage de la trame.
La hiérarchisation est le plus souvent spontanée : elle s'opère au cours de l'histoire en
fonction des logiques de circulation. Le degré de hiérarchisation est parfois faible : c'est une
caractéristique des villes américaines (la densité du maillage est faible et la connectivité réduite
d'autant, l'usage de la voiture est alors indispensable). Les maillages traditionnels sont denses et à
forte connectivité.
La hiérarchisation du maillage peut résulter de principes d'organisation sociale. C'est le
cas des maillages hiérarchisés des médinas : impression de labyrinthe qui cache en fait un ordre
fondé sur une sorte d'organisation en grappes, les axes les plus important attirent les fonctions
centrales. Mais cette organisation arborescente a comme conséquence une faible connectivité.
La hiérarchie peut être le résultat d'une action de planification. Son expression théorique
la plus aboutie est sans doute le système des 7V (sept voies hiérarchisées en fonction de la
circulation) théorisée par Le Corbusier en 1948.
On retrouve ces principes appauvris dans les systèmes mis en place par le zoning
fonctionnaliste et surtout dans les plans-masses des grands ensembles. Le rapport Buchanan de
1965 proposant la fluidité de la circulation automobile comme principe universel de réorganisation
urbaine a eu une influence essentielle sur l'urbanisme contemporain qui a eu tendance à faire passer
la fonction de circulation avant les trois autres.
Mais le principe de séparation totale et de contournement d'une zone piétonne sur dalle a
aussi été repris dans les grands ensembles, même ceux conçus en réaction contre le fonctionnalisme
classique : Le Mirail à Toulouse. Les mailles du réseau primaire sont trop vastes (allongement des
distances, mauvaise irrigation, usage de la voiture ...) et les maillages secondaires et tertiaires
arborescents réduisent encore l'irrigation, favorisent l'enclavement.
Dans les périphéries urbaines, la tendance est au dvp de maillages en "cosses", mono
fonctionnelles (résidentielles, tertiaires ...), au plan arborescent ou en boucle. Elles sont connectées
à une artère principale, sorte de grand collecteur de trafic, mais isolées les unes des autres. La
connectivité est évidemment très faible.
Les maillages anciens sont vu désormais plus comme une richesse et une potentialité que
comme une contrainte dont il faudrait faire table rase. L'idée de la ville durable qui implique une
certaine compacité, un freinage de l'étalement va aussi dans le sens de la réutilisation des maillages
existants plus que leur déploiement.
L'îlot :
Un paquet de parcelles cerné par des rues :
L'îlot est une forme urbaine globale, une des caractéristique forte des villes européennes, un
élément essentiel de la qualité des tissus urbains. Mais l'îlot est aussi et d'abord un ensemble de
parcelles limité par des voies.
Lotissement et îlot:
Les deux mots désignent des formes complexes et globales : groupement d'habitations répondant à
une certaine conception de la ville, de sa densité ... mais leur logique est différente.
Le lotissement est un partage du sol mais la législation a progressivement considéré le lotissement
comme une opération d'urbanisme à part entière (loi de 1976). Conçu comme une unité
indépendante, le lotissement crée un parcellaire à partir d'une voie existante ou nouvelle. Les
parcelles sont disposées de part et d'autre d'une voie de desserte. Interconnectées, ces voies donne
naissance à des îlots (la rue n'est d'abord que le support d'une division parcellaire en lots réguliers
et équivalents, l'îlot est donc implicite).
Pour l'essentiel les tissus urbains sont constitués d'anciens lotissements, les plus anciens datant du
13em étant repérables à Paris. Mais les grandes périodes sont les 19em et 20em siècles.
Le mot îlot fait référence à une forme urbaine. Mais contrairement au lotissement, il ne constitue
pas une entité préexistante qu'il faudrait remplir. L'îlot est donc l'addition de parcelles qui
s'ouvrent à l'extérieur sur des rues différentes et s'assemblent au centre sur une limite commune.
Le parcellaire :
Concepts et définitions :
Le parcellaire est le résultat du découpage du sol en lots ou parcelles, en vue de son appropriation
et éventuellement de sa construction, de son urbanisation. Il s'agit d'un élément fondamental de la
forme urbaine en tant que structure. Comme les autres éléments, il porte la marque d'une histoire
souvent complexe dont l'origine est le partage agricole mais suivi de remaniements. Il exprime
ainsi la structure socio économique d'une époque et il est aussi l'expression d'un rapport
culturel à l'espace.
Le cadastre, quant il existe, est le document de base qui permet d'en étudier les caractères et
l'évolution. Il fournit des informations sur l'identification, la forme et la surface de la parcelle, son
propriétaire ...
Les concept de maille et d'îlot relève encore d'une logique de tracés tandis que celui de parcelle
relève d'une logique d'appropriation et de bâti.
Le rapport à la rue :
Le parcellaire est aussi déterminé par le maillage des voies. Son usage dépend de l'accessibilité et
sa valeur est liée à la situation dans le maillage de rue. A défaut de pouvoir l'effacer, les nouvelles
activités plus exigeantes en surface migrent vers des zones à parcelles plus grandes et moins
étroites.
Cette inadaptation concerne aussi la fonction résidentielle. Les nouveaux besoins en surface
habitable et garages exigent un parcellaire mons morcelé.
L'incohérence entre maillage et parcellaire se produit aussi lorsque des voies nouvelles sont
surimposées. Les nombreuses parcelles tronquées par la percée ne se sont pas remplies. La plupart
des percées haussmanniennes ont provoqué les mêmes effets.
La silhouette urbaine :
L'enveloppe générale de la ville et son plafond ou velum sont déterminés par la densité du bâti et le
gabarit des immeubles. Ce velum diminue progressivement du centre vers la périphérie en fonction
du gradient foncier mais il est également défini par des plafonds réglementaires, des règles de
hauteur.
La silhouette de la ville ou skyline, est la représentation en coupe de ce volume urbain. A plus
grande échelle on parle de profil urbain. Le profil est un élément de promotion : c'est pour cela
que Los Angeles s'est doté d'un downtown verticalisé dans les années 1970. Au contraire dans les
villes à fort héritage comme Paris, la silhouette ancienne fait l'objet de sévères mesures de
protection. Certaines ville l'ont même reconstitué : Londres en 1834.
Les silhouette des villes sont révélatrices des types de sociétés, de leurs traditions et leurs
réglements, de leur plus ou moins grand dynamisme. C'est dans les contextes d'économie libérale
que la coïncidence entre skyline et champ de valeurs foncières est la plus nette. Ailleurs et
notamment dans les NPI, les profils urbains ont été mis à mal par la brutale irruption d'immeubles
au gabarit disproportionné comme à Singapour (figure 35).
En Europe, le skyline est inversé sauf exception de Londres et Francfort. Maintenu relativement
bas au centre pour des raisons patrimoniales, il prend de la hauteur en périphérie, notamment dans
les quartiers des grands ensembles. Dans les villes socialistes, les régimes ont marqués la silhouette
des villes par des monuments symboles centraux et visibles de loin. Les profils très bas des villes
islamique s'explique par des raisons religieuses et culturelles, bien que l'immeuble haut s'impose
désormais dans les quartiers modernes des grandes villes. Beaucoup de villes africaines se sont
sentis obligées d'afficher ces symboles urbanistiques forts dans leur quartier des affaires comme à
Abidjan ou Lagos. Même évolution pour les villes chinoises et japonaises restées très basses
jusque dans les années 1960. Au Japon, la mise au point des constructions antisismiques y a
contribué.
Ces profils types prennent évidemment des aspects variables selon l'histoire propre à chaque ville
et le site dans lequel elle s'inscrit. Les édifices les plus élevés et symboliques sont souvent situés sur
les hauteurs. Au contraire un bâti dense et élevé dans les parties basses atténue les effets du relief
comme à Lisbonne.
La façade :
Son rôle : la façade sur rue est le lieu privilégié d'expression du langage architectural. Les
façades urbaines donnent à voir l'histoire de la ville, le rôle des commanditaires et des architectes
locaux ainsi que les relations et la manière dont ceux ci ont pu ou non intégrer les influences
diverses venues de l'extérieur. La façade est très influencée par le parcellaire mais aussi par les
réglements d'urbanisme et les règles implicites ou explicites des compositions architecturales.
Un système spatial : Si la rue connaît une telle permanence, c'est qu'elle présente des avantages
cumulés qui font système. Ses différentes fonctions se superposent et interragissent. De la même
manière, les éléments qui la compose se conditionnent les uns les autres. Le changement d'une
fonction ou de l'un des éléments a des répercussions sur tous les autres.
Caractéristiques de la rue :
– La position et le tracé : la position dans le maillage et son statut influencent sa largeur, son
adaptation aux flux, ses modes d'occupation, sa plus ou moins grande vitalité.
– La largeur : peut être façonnée par l'usage (la croissance de la circulation la hisse au rang
de rue principale). Mais les normes de largeurs fixées réglementairement sont
déterminantes.
– L'alignement : cette contrainte réglementaire (POS/PLU ou acte du maire) s'explique par les
nécessités de circulation, d'hygiène et d'esthétique. L'alignement peut être modifié en vue
d'élargir, de régulariser la rue ou de permettre un bâti plus élevé.
– Le bâti encadrant : la double façade urbaine est le cas le plus courant, mais certaines rue
n'en comportent qu'une seule, notamment face à un parc ou un front de mer.
– Le profil de travers : dépend de la largeur et de son rapport avec la hauteur du bâti
encadrant. Le gabarit de la rue est aussi déterminé par l'alignement, le prospect et les règles
architecturales.
– Le prospect : rapport entre la hauteur des façades et la largeur de la rue. Le prospect est un
facteur de cohérence de la rue. Le prospect peut varié énormement selon la position dans la
ville et la réglementation en vigueur.
– Rapport chaussée-trottoir : jusqu'au 19em, la plupart des villes sont dépourvues de troittoirs.
Leur essort est d'abord lié aux façades commerciales puis à l'apparition du caniveaux. Le
rapport chaussée-trottoir est remis en cause par le tramway et surtout l'automobile qui
contribue à réduire les trottoirs. Actuellement une évolution inverse s'opère pour
contraindre d'une part les véhicules à ralentir, et pour reconstituer d'autre part l'espace
public.
– Le profil en long et l'élévation : le profil en long d'une rue représenté par son élévation,
dépend de la longueur, de l'alignement, des hauteurs successives ... Le rythme des façades
est conditionné par le découpage parcellaire. Les parcelles étroites favorisent la diversité
architecturale et l'animation de la façade urbaine, mais les promoteurs cherchent de plus en
plus à constituer de larges parcelles.
– Les transitions public-privé : elles enrichissent la typologie des façades urbaines (exemple
des cours intérieurs très présentent en Italie). L'uniformisation des techniques et des
matériaux, l'appauvrissement des décors d'immeubles contemporains font que la
déambulation dans la rue moderne a perdu de ses attraits.
– Rapport entre ses deux rives : les deux façades urbaines face à face peuvent être quasi
symétriques ou au contraire très différentes. Les règles précédentes poussent théoriquement
à l'homogénéité et à l'équilibre mais celles ci peuvent mettre des années à se réaliser. La
succession de règles différentes peut même aboutir à l'effet inverse et à une grande
incohérence avec une alternance d'immeubles de gabarits disproportionné (la hauteur
réglementaire de la rive sud est parfois beaucoup plus faible que celle de la rive nord pour
éviter les ombres trop importantes).
– Le carrefour : ce lieu d'interaction maximal, très convoité par les investisseurs et les
commerçants, est souvent l'objet d'un traitement plus monumental des immeubles d'angle.
Son traitement au sol s'est malheureusement traduit par la multiplication de ronds-points
très anti urbains du point de vue fonctionnel et esthétique.
– Le végétal : participe aussi au profil et à la forme de la rue. Des alignements d'arbres
peuvent redonner de l'homogénéité à des façades urbaines anarchiques, donner de l'allure à
une rue banale ...
– Le mobilier urbain : éléments éphémère et instable, mais essentiel du paysage des rues,
c'est l'ensemble des objets publics ou privés fonctionnels et/ou décoratifs, disposés dan
l'espace public. Systématique et codifié sous Haussman (kiosques, vespasiennes,
réverbères, bancs ...), le mobilier urbain se dvp encore plus au cours du 20em avec les
nouvelles techniques (entrées de métro, cabines téléphoniques, abri-bus, panneaux
publicitaires ...).
Le mobilirer privé peut être assimilé du point de vue des effets paysagers (parasols,
terrasses de café, étals de marchands ...).
La rue et le commerce :
– Les vitrines et le tissu : la fonction commerciale de la rue est liée à la position et au statut
de la rue dans le maillage. Les années 1880/1945 sont celles de l'âge d'or du petit commerce
(des vitrines s'insèrent dans les rez de chaussée d'immeubles ordinaires).
– Le déclin des vitrines : l'augmentation des baux et des valeurs de fonds a provoqué le recul
du petit commerce qui a également été soumis à la concurrence des centres commerciaux
périphériques. L'atmosphère, l'animation mais aussi l'aspect des rues ont été transformés.
Plus qu'aucun autre pays en Europe, la France a connu des évolutions analogues en raison
de la prolifération des grandes surfaces à partir des années 1970. Presque partout et à des
degrés variables, des efforts sont faits pour maintenir l'activité commerciale dans les centres
surout par la création de places et de parkings.
– L'évolutivité de la rue : les rue peuvent changer de statut par l'intensification des flux,
l'inverse étant plus rare. Cette mutation peut n'avoir que de faibles conséquences
morphologiques, mais elle se traduit souvent par un élargissement et l'évolution du bâti. La
transformation peut être planifiée mais est le plus souvent spontannée.
L'hystérésis caractérise aussi la rue : les cycles esthétiques et économiques s'inscrivent
durablement dans l'architecture. Des programmes de réhabilitation peuvent redonner à la
rue ancienne une vitalité qui en transfigure le paysage et l'ambiance.
– L'aspect global de la rue : la perception de la rue est synthétique mais aussi dynamique. La
rue ne peut être appréhendée que par le mouvement, la rue est un parcours.
Les rues principales : Largeur de 12m à 25m, permettant le stationnement de chaque côté, il peut
s'agir d'anciennes grandes rues, de pénétrantes ou de grands faubourgs, des rues de liaisons inter
quartier, des rues structurantes, des rues de composition.
Les parkings :
Rues et places sont aussi des espaces de stationnement. On peut même dire que les véhicules en
stationnement sont un mobilier urbain dans la mesure ou ils peuvent modifier la perception des
alignements, le gabarit de la rue ...
Outre le gaspillage d'espace, ils empêchent toute perception des places publiques dans la mesure
ou, sur un espace élargi, celle ci se fait d'abord par le sol. D'ou le choix coûteux de plus en plus
indispensable des parkings en sous sol.
La transformation de la rue dépend du sens de la circulation. Le sens unique selon qu'il est bien
choisi ou mal choisi peut conduire au déclin ou à la revitalisation d'une rue.
L'aération : Un tissu urbain ne comportant pratiquement pas de jardins publics peut donner une
impression de compacité minérale mais être tout de même très aéré et assaini grâce aux jardins
privés en arrière des immeubles. C'était le cas de Rome avant que la spéculation ne fasse
disparaître les jardins de ses palais et villas après 1870.
En périphérie, la part du végétal s'accroît : jardins ouvriers en Europe centrale, stades et terrains
de sport ...
- La diffusion du gratte ciel : concerne d'abord l'Amérique du Nord symbolisée par une course à
la verticalisation entre les deux rivales New York et Chicago entre 1880 et 1914. Leurs CBD sont
ainsi constitués dés 1930, le mouvement se répandant ensuite vers d'autres villes comme Boston.
Dans les années 1950, le nouveau boom du tertiaire directionnel généralise ce type architectural
dans toutes les grandes villes des USA même si New York en concentre l'essentiel.
La prolifération mondiale du gratte ciel est plus récente (années 1960 – 1980). Sa diffusion suit le
double phénomène de mondialisation/métropolisation qui a renforcé la polarisation du tertiaire
supérieur dans les très grandes villes. Les grandes villes du tiers monde et des pays communistes
sont touchées également mais davantage pour des raisons de mimétisme. La carte des grattes ciel
reflète celles des métropoles, à l'exception de l'Europe de l'Ouest pour des raisons de protection
du patrimoine urbain. Les villes ou l'on construit le plus de grattes ciel actuellement se situent en
majeure partie en Asie orientale, mais le phénomène se poursuit en Amérique du Nord et dans
quelques grandes villes européennes comme Londres ou Paris avec la Défense.
- Nouvelles activités et logiques fonctionnelles : affirmation de nouvelles activités depuis les années
1980, occupant de plus en plus d'emploi et contribuant à la verticalisation des centres d'affaires.
Il existe une logique dans cette concentration d'emplois tertiaires fondée sur la verticalité et la
proximité induisant des temps de transport moindres.
- Régulation urbanistique : la verticalisation ne peut pas être envisagée comme une optimisation du
sol urbain central, le gain de hauteur compensant le manque de place. Car les fortes densités de
planchers, donc d'usagers, induisent des besoins au sol en termes d'accès et un minimum
d'espacement des immeubles pour maintenir un niveau correct d'éclairement.
La verticalisation non régulée n'entraîne donc de gain de densité de plancher qu'aux dépens de la
qualité d'usage.
- Grandes agences et architectes : on parle de style international comme au Moyen Age on parlait
du style gothique diffusé dans l'Europe entière. Les mêmes noms d'architectes ou de grandes
agences, surtout américaines, reviennent sur les chantiers du monde entier, avec leur griffe
personnelle. Durant la période moderne, une conception de l'architecture et de la ville impose une
terrible uniformisation. Il en résulte une perte de sens et une uniformisation architecturale dans
les réalisations des années 1950-1960 qui contraste avec le parti décoratif de celles des années
1920.
La vague de l'architecture postmoderne, puis technologique, imposera des formes plus
signifiantes à partir des années 1970 mais elle n'arrivera pas à résoudre cette question d'une
banalisation relative. Les formes des grattes ciel sont très conditionnées par les exigences de
rentabilité et la réglementation mais les performances des matériaux permettent des formes de
plus en plus innovantes et audacieuses.
- Le dédoublement proche : il est fréquent dans les villes dont le velum urbain a été protégé pour des
raisons patrimoniales ou symboliques. La verticalisation s'opère en général en zone péricentrale
autour de la gare principale ou sur des boulevard périphériques comme à Milan.
Il peut résulter d'opportunités foncières dans un secteur proche du CBD en voie de dégradation.
- Les verticalités périphériques : une partie de l'exurbanisation tertiaire s'oriente dans des centres
de moindre importance ou sous forme plus diffuse.
Le phénomène est relativement ancien aux USA. Dés les années 1950 – 1960 on assiste à un exode
de sièges sociaux et de fonctions de directions dans la périphérie notamment autour de New York.
Mais les immeubles bas l'emportent même si quelques grattes ciel isolés servent de repères aux
firmes voisines.
- Le groupement de grattes ciel : forme la plus fréquente des CBD américains, canadiens et
australiens. Le groupement est à la fois spontané et encouragé par les plans d'urbanismes.
Le nouveau quartier d'affaire à Shanghaï en fournit le meilleur exemple récent. Lancé au moment
de l'ouverture de la zone économique spéciale de Pudong en 1990, il est actuellement composé
d'environ 50immeubles dominés par la tour Jin Mao.
- Monuments : le gratte ciel est aussi un instrument de création d'identité urbaine dans les
métropoles sans passé comme Houston. Etant souvent associé à des complexes combinant centre
commerciaux, équipements culturels et sportifs, aménagement d'espaces publics, le gratte ciel peut
être le point fort de projet de regénération de secteurs de ville.
Mais souvent la logique du profit s'impose à la logique d'urbanité à moins que des résistances
s'organisent ou des négociations sur des échanges de droits à construire ou des cessions d'espace
public au sol.
- Les facteurs actuels de la verticalisation : ils sont plus que jamais à l'oeuvre pour diverses
raisons :
– Renforcement du processus de métropolisation/polarisation.
– Le coût toujours plus élevé du sol dans les centres des métropoles est à la fois indice et
conséquence de l'attractivité toujours très forte des CBD centraux.
– Par effet de rétroaction, l'étalement urbain rend les temps d'accès au centre prohibitifs et
peut encorager le retour de certaines activités au centre.
– Les progrès des techniques de construction des dernières années rendent possibles des
grattes ciel de plus en plus haut donc de plus en plus rentables.
– La médiatisation : la construction ou la réhabilitation d'un gratte ciel sont toujours des
événements très médiatisés et restent une publicité irremplaçable.
– Il est difficile de croire que la menace terroriste fera renoncer la construction des grands
edifices.
Le plan de masse :
Les critères techniques : le lotisseur a deux préoccupations principales, l'accessibilité et la
commercialisation. La taille des parcelles est influencée par la pression foncière du secteur
concerné. Il doit aussi tenir compte des contraintes techniques et réglementaires. La concurrence et
le niveau d'exigence des acquéreurs imposent une réflexion sur des critères plus qualitatifs. Ces
exigences peuvent être un instrument de tri social dans la mesure ou elles augmentent le prix au m2.
Ainsi un lotissement est souvent socialement homogène.
Le critère urbanistique : les plans de masse sont volontaires et résultent ainsi de certains
principes et objectifs. Mais ils peuvent plus moins être influencés par les tracés et parcellaires
anciens.
Les types socio morphologiques : toute typologie de groupes d'habitation doit prendre en
compte à la fois la forme et son contenu et sa signification. L'entreprise est difficile car la diversité
morphologique assez stable combine avec des statuts sociaux et des représentations en évolution
permanente. Un lotissement est quelques chose de vivant qui passe par des phases successives de
jeunesse, de maturité et de vieillesse.
Vers une utilisation plus dense et complexe du parcellaire : la protection des espaces
pavillonnaires anciens concerne quelques opérations de qualité en banlieues aisées. Les documents
d'urbanisme empêchent le bouleversement des formes et protègent l'architecture.
Depuis quelques années, prise de conscience des effets pervers des réglements de lotissement et
de POS qui encouragent la discontinuité et la monotonie des formes. On cherche à rompre avec les
plans répétitifs pour favoriser la densification ce qui suppose un assouplissement des règles.
L'historique de la forme : apparition dans l'entre deux guerres en Allemagne et URSS alors
présentés comme des formes d'habitat révolutionnaire, en rupture avec les formes urbaines
traditionnelles. Les grands ensembles se généralisent après la deuxième guerre mondiale dans les
périphéries des grandes villes de tous les pays industrialisés. Le modèle est également propagé
dans les années 1960-1970 dans d'anciennes colonies comme en Algérie.
Ils sont l'objet d'une désaffection presque totale dans les anciens pays industriels ou ces formes
urbaines sont les lieux de cristallisation des problèmes et des politiques de la ville. Les
démolitions démarrent dés le début des années 1970.
Les facteurs explicatifs : les grands ensembles sont la traduction urbanistique du fordisme : on
passe d'une filière de construction artisanale à une construction industrialisé ce qui entraîne une
production du logement à grande échelle.
Le retour à des formes plus complexes des ZAC récentes : depuis les années 1980 en France
L'émergence de ces formes urbaines doit encore une fois au contexte sociotechnique à savoir
l'invention de l'automobile, mais aussi à une conjoncture économique porteuse, parfois à des
initiations institutionnelles.
Ces mégastructures autonomes, isolées au milieu de gigantesques parkings, sont repliés sur elle
mêmes : la vie et l'animation urbaine sont reconstituées artificiellement dans un espace interne.
Le mall peut être le noyau d'une véritable ville satellite doté ou non d'un centre d'affaire. Il
correspond aussi à une demande de la part des firmes et des population périurbaines.
La fragilité : une des csq est la fragilité et l'obsolescence de ces noyaux d'activités périphériques.
C'est le phénomène des dead malls qui sans un sérieux projet de réhabilitation pourrait devenir
une friche périurbaine.
Les défis de l'étalement urbain : un aménagement plus soucieux de l'avenir doit miser sur quelques
principes : la densification autour des noyaux d'urbanisation et la création de quartiers de
transition
Le dvp de banlieues denses et mixtes sur des lignes de transports en commun permet de réduire
les usages de la voiture. La recherche de la mixité à comme objectifs d'éviter la ségrégation
résidentielle mais plus encore de faire reculer la mono fonctionnalité anti urbaine.
Les cycles économiques : L'activité immobilière a d'abord tendance à se porter sur les marges de la
ville la ou la mobilisation du foncier est moins problématique. Mais lorsque l'étalement est
important et que les tissus centraux ou péricentraux ont atteint un stade de vieillissement ou de
sous utilisation, ceux ci font l'objet d'un réinvestissement.
Les destructions de villes et les reconstructions : Les destructions à grande échelle consécutives
aux incendies, tremblements de terre, conflits ont été l'occasion de renouvellement radicaux
comme Brest ou Lorient par exemple.
Les mutations socio techniques : Mutations des transports, des procès de production expliquant
l'obsolescence de certaines localisations et/ou de certains bâtiments. Innovation technique et
l'accroissement des besoins.
Les dynamiques socio spatiales : Lorsque un anneau de croissance vieillit, il est investi par une
population aux revenus plus faibles et les anneaux périphériques se valorisent : Burgess. Mais le
processus est souvent inverse, la valorisation s'opérant à partir du centre.
Les politiques urbaines : Les politiques accompagnent ou favorisent ces mutations. L'esprit du
temps et conceptions urbanistiques. Prise d'une conscience d'un héritage urbanistique d'ou
opérations de réhabilitation qui permettent d'économiser les dépenses d'infrastructure et de VRD
nécessité par des opérations périphériques. Préoccupation de durabilité freinant l'étalement
urbain.
Fringe belts : En ville, les zones les plus recherchées sont situées dans les premières ceintures de
frange urbaine. Ce sont les espaces de prédilection des phénomènes de renouvellement. Les enjeux
fonciers et immobiliers sont tels que les acteurs ne sont plus les particuliers mais les collectivités
locales ou des promoteurs.
L'exemple des hôpitaux : Les grands hôpitaux avaient remplacé ou utilisé des propriétés
eclésiastiques dans ces auréoles devenues de plus en plus centrales. Leur départ massif vers la
périphérie, accéléré par le déplacement de fait de la demande de soin, libère les grandes emprises.
Les effets des cycles résidentiels : Les personnes arrivant dans les phases finales d'un cycle de vie
(dépendance ou décès), sont remplacés assez rapidement par une nouvelle population plus jeunes
contribuant ainsi à une transformation sociale et morphologique de la zone.
Vieillissement et abandon des tissus : Le vieillissement peu concerner une ville entière mais
généralement il se focalise sur certains secteurs de ville. L'abandon d'un tissu se lit sur l' aspect des
façades.
Le renouvellement sans bouleversement morphologique : La transformation des usages peut
s"opérer de manière très progressive et les tissus existants ont souvant une étonnante capacité
d'adaptation.
- Les centres historiques : sauf exception le renouvellement s'y produit en douceur car la
préservation et la mise en valeur des tissus anciens sont mises au service des stratégies d'image des
villes.
- Les quariters centraux ordinaires : ces tissus ordianaires anciens sont de plus en plus respectés
comme en témoigne l'attractivité actuelle que porte les immeubles haussmanniens.
- Les quartiers péricentraux externes : leurs densités de bâti plus faibles les exposent à des
transformations brutales mas depuis les années 1980, ils bénéficient d'une valorisation rapide
induite par l'étalement du champs urbain. Les réglements peuvent accélérer le phénomène.
- Les faubourgs anciens : maisons et immeubles auparavant remplacer par des immeubles plus
grands ne respectant pas les gabarits et les alignements d'ou des politiques plus encadrées afin de
redonner plus de cohérence morphologique à ces quartiers.
La restructuration partielle :
- Le façadisme : intervention sur un immeuble historique qui consiste à en préserver la façade et à
démolir le reste pour rebâtir selon des critères et des impératifs techniques et fonctionnels
contemporains. Les raisons sont diverses mais un des facteurs explicatifs majeurs est la rentabilité
foncière et immobilière. Les abus du façadisme sont régulièrement dénoncés mais il est encouragé
par les protections architecturales et il faut reconnaître de belles réussites.
- Les densifications d'îlots : lorsque les opérations de façadisme concernent un aménagement global
de rue ou d'îlot, on parle de façadisme urbain.
- La rénovation urbaine ponctuelle : processus le plus classique de transformation de la ville, ayant
comme cadre la parcelle. Dans les centres, le maillage et le parcellaire restent les mêmes mais le
chgt de gabarit du bâti lié à la verticalisation, transforme les paysages. La réglementation joue ici
un rôle décisif.