Government">
Article 1
Article 1
Article 1
Introduction
A l’ère de la mondialisation, la question de l’exercice de la citoyenneté politique des
femmes peut sembler dénuée d’intérêt, au regard du règne quasi planétaire du libéralisme
politique et économique, caractérisé d’une part par la promotion de la démocratie, les droits
de l’Homme, les libertés individuelles, la bonne gouvernance, le libre échange, etc.
En outre, avec la tenue de la première Conférence mondiale sur le statut des femmes en
1970 à Mexico, les problèmes spécifiques au genre féminin commencent à figurer au rang des
préoccupations de la communauté internationale.
Suite à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, organisée à Beijing en 1985
qui marqua un tournant dans la lutte pour l’égalité entre les sexes, la majorité des Etats
s’engagea à inclure effectivement la dimension séxospécifique dans toutes leurs politiques de
planification et de prise de décisions.
Les législations de la plupart des pays du monde reconnaissent aujourd’hui à l’ensemble des
citoyens, sans distinction de sexe, de race et de religion le droit de vote et le droit d’être
élu(e).
Mais, en dépit de toutes ces avancées, les femmes demeurent politiquement peu
représentées, même au sein des sociétés occidentales, considérées comme relativement
avancées dans le domaine de l’égalité des genres. Cette tendance concerne également le
Cameroun.
Notre réflexion porte sur les enjeux et les défis de l’exercice de la citoyenneté politique
des femmes au Cameroun, principalement pour ce qui est de leur accès aux mandats électifs.
L’observation de la scène socio-politique camerounaise révèle qu’à la faveur de la
démocratisation, la femme jouit d’un certain nombre de droits et libertés au même titre que
son compatriote de sexe masculin. Au plan international, le Cameroun a ratifié la Convention
sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF). Au
plan interne, des dispositions juridiques restrictives à l’égard des libertés des femmes ont été
levées.
Mais, au bout d’environ deux décennies d’expérience démocratique et en dépit d’un nouvel
environnement national et international à priori favorable, les femmes camerounaises
demeurent sous-représentées à toutes les sphères publiques de décision et ne s’impliquent pas
assez dans la vie politique nationale. En politique, elles restent le plus souvent confinées aux
postes de suppléantes, ou se contentent de jouer le rôle d’animatrices des meetings politiques.
Depuis l’indépendance, le ratio des hommes et des femmes élus aux postes de maire ou de
député n’a pas beaucoup évolué.
1
Il apparaît donc que l’exercice de la citoyenneté politique féminine au Cameroun tarde à
atteindre un niveau satisfaisant.
Les responsabilités sont toutefois partagées, car s’il est vrai qu’il existe des logiques
machistes de conception du pouvoir et des barrières structurelles et socio-culturelles qui
étouffent tout effort d’émancipation profonde, les femmes semblent encore hésiter à se lancer
résolument sur la scène politique.
Or, le dépassement de ces obstacles permettrait de libérer des intelligences et des
énergies utiles au développement du pays.
Il nous paraît nécessaire, pour une meilleure appréhension du sujet, de faire au préalable
une analyse théorique du concept de citoyenneté politique sous la perspective du genre.
Ensuite, nous ferons un état des lieux de l’exercice de la citoyenneté politique des femmes
au Cameroun de la période de l’indépendance à nos jours, examinerons les freins qui en
ralentissent le progrès, pour enfin proposer quelques pistes de solutions.
2
C’est ce qui conduit Carole PATEMAN à affirmer qu’il sera difficile de parvenir à
l’égalité véritable des opportunités et à une situation de citoyenneté active, participative et
démocratique pour tous, sans changements radicaux au niveau de la vie personnelle et
domestique (Carole PATEMAN, 2000 : 117).
Mais cette conception des choses peut s’avèrer réductrice, sans prise en compte de la
nécessité de déconstruction des logiques machistes qui ont façonné l’histoire et la formation
de la science politique, cadre d’étude par excellence du concept de citoyenneté.
Les grands penseurs et autres théoriciens de cette discipline sont des hommes, dont les
idées ont été influencées par une vision masculiniste, dans laquelle la cité est conçue,
organisée et dirigée par les hommes. Il n’est donc guère surprenant que le Prince de
MACHIAVEL ait les traits d’un homme, d’un mâle fort, vigoureux, habile et rusé (Luc
SINDJOUN, 2000 : 13).
Pour John LOCKE, l’un des fondateurs du libéralisme, le châtiment infligé à Eve par Dieu
dans la Bible annonçait déjà comment Dieu ordonnerait le destin de la femme, de telle sorte
qu’elle fût assujettie à son mari1.
Jean-jacques ROUSSEAU, qui a été l’un des pères spirituels de la Révolution Française
écrivait dans son ouvrage Emile ou de l’Education (1762) que la femme est faite pour obéir, et
doit apprendre à souffrir, même l’injustice, et à supporter les torts d’un mari sans se plaindre.
De nos jours encore, la configuration politique des Etats reste profondément androcentrique,
peu attractive pour la plupart des femmes.
Il est toutefois louable de constater que l’émergence des travaux sur le genre permet
désormais de s’interroger sur la dimension sexuée du champ politique, en vue d’un accès et
d’un exercice plus équitable du pouvoir.
Dans un premier temps, nous allons étudier l’exercice de la citoyenneté politique des
femmes de 1946 -date d’obtention du droit de vote par les femmes camerounaises- à 1990,
année symbolisant le début des processus démocratiques en Afrique et dans les autres pays du
Tiers-monde.
La deuxième partie de cette section couvre la période allant de 1990 à nos jours.
Le Cameroun est l’un des premiers pays africains à avoir octroyé le droit de vote aux
femmes en 1946, avant le Ghana (1954), l’Ethiopie (1955), l’Egypte (1956), la Tanzanie
(1959) et la Guinée Equatoriale (1963) (PNUD, 2002 :241-242).
Mais ce n’est qu’après l’indépendance du pays2 que les femmes commencent à jouir
pleinement de leurs droits de vote et d’éligibilité, quoique leur présence au sein des postes
électifs se soit révélée plutôt discrète.
1
Evelyne PISIER et Eleni VARIKAS, « De l’invisibilité du genre dans la théorie politique. Le débat
Locke/Astell ». Communication présentée dans le cadre du colloque de l’Association Française de Science
Politique (AFSP) sur le thème Genre et politique, 30 et 31 mai 2002
3
Par contre, le militantisme politique féminin a été nettement plus dynamique, et ce, bien
avant l’indépendance.
Il faudra attendre 1987 pour voir une femme être élue maire pour la première fois, alors 30
femmes étaient nommées adjointes aux maires dans les 170 communes rurales et 5 seulement
sont nommées adjointes dans les communes urbaines. Jusqu’à cette date, les femmes n’ont
occupé que les postes d’adjointes aux maires et de conseillères municipales, la plupart d’entre
elles dans les communes rurales. Toujours lors des élections municipales de 1987, 30
occupent le poste d’adjointes au maire dans les 170 communes rurales que compte alors le
Cameroun, contre 5 seulement dans les communes urbaines.
2
Il y aurait lieu de préciser ici la spécificité du Cameroun, placé en 1919 sous mandats français et britannique,
puis dès 1945 sous la tutelle de ces deux Puissances. Le Cameroun oriental (français) est devenu indépendant le
1er janvier 1960, tandis que le Cameroun occidental (britannique) accède à la souveraineté internationale le 1er
octobre 1961. Les deux Cameroun seront alors gouvernés dans le cadre de l’Etat fédéral, jusqu’à leur
réunification le 20 mai 1972.
3
Les femmes camerounaises au Parlement. Bilan et perspectives Livre d’or des Femmes Parlementaires, avril
1997, PP 21-23
4
Idem
4
champ politique en créant l’Union Démocratique des Femmes Camerounaises (UDEFEC) au
sein de l’Union des Populations du Cameroun (UPC)5 en 1952.
Très vite, cette organisation qui se définissait originellement dans le cadre des
revendications sociales : alphabétisation des femmes, création des structures d’encadrement
des enfants, etc. s’engage dans le combat nationaliste. L’UDEFEC sera dissout en même
temps que l’UPC en 1955, et continuera malgré tout ses activités dans la clandestinité
jusqu’en 1960, année de son rétablissement (Ambassade Royale des Pays-Bas à Yaoundé,
1996 :70). Deux ans plus tard, elle disparaîtra définitivement.
Grâce à leur engagement politique, quelques femmes ont tout de même réussi à accéder au
Gouvernement. C’est le cas de Mme Delphine TSANGA, qui devient la femme pionnière au
5
En 1948, l’Union des Populations du Cameroun (UPC) est créée, avec pour principaux chevaux de bataille la
revendication de l’indépendance et la réunification du Cameroun. Dès 1955, Ce parti est interdit par les Autorités
tutélaires Françaises et entre aussitôt dans le maquis. Il s’en suivra une violente et sanglante répression française
de l’UPC, qui se poursuivra jusqu’aux années 70, bien après l’indépendance du Cameroun, avec l’aval du
nouveau régime.
6
Guide du militant UNC, 1976
7
Deuxième Congrès de l’Union Nationale Camerounaise, Douala, février 1975 (document officiel)
8
Textes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, édition 1999. Lire les articles 46, 47
et 48, Troisième partie
5
Gouvernement, suite à son élection en 1970 au poste de Vice-ministre de la santé et de
l’Assistance Publique. Mme TSANGA avait été présidente nationale de l’OFUNC et député.
En 1980, il y a 2 femmes sur 32 ministres au total. Malheureusement, elles restent
essentiellement confinées aux Départements ministériels à vocation sociale.
L’effectif féminin des conseillers municipaux représente 10.7% en 1996, et 2 mairies sur
336 sont dirigées par des femmes. En 2002, elles sont 1302 à être élues conseillères
municipales sur 9963 conseillers au total ; le nombre de femmes maires s’élève à 10, contre
327 hommes. En 2006, le Cameroun compte 11 maires de sexe féminin. Au terme des
législatives du 22 juillet 2007, elles sont 20 chefs d’exécutifs communaux, sur un total de 360
mairies.
6
Du côté de l’institution parlementaire, la présence féminine semble décliner,
comparativement aux avancées enregistrées à l’ère du monopartisme. En outre, aucune femme
députée n’a jusqu’ici accédé à la présidence de l’Assemblée Nationale ou d’un Groupe
parlementaire.
De manière globale, les statistiques révèlent qu’au Cameroun, les femmes demeurent
sous-représentées au sein des instances locales et nationales d’exercice de la démocratie et y
occupent majoritairement des postes de supplétifs (suppléants ou adjoints aux maires). Plus de
quatre décennies après l’indépendance, le pourcentage des femmes parlementaires et
conseillères municipales n’a jamais franchi la barre des 15%. Ces statistiques ont pourtant été
largement dépassées par certains pays africains, à l’instar du Rwanda, du Mozambique et du
Burundi qui comptent respectivement 48.8%, 34.8% et 30.5% de députées9.
Les freins à l’émancipation politique des femmes sont essentiellement d’ordre structurel et
socioculturel.
9
Etat de la situation au 30 juin 2007.Voir site de l’Union Interparlementaire, www.uip.org
7
disposition légale ne les y oblige. Et le plus souvent, celles qui ont réussi à obtenir la faveur
des partis politiques ne sont que très rarement placées en tête de liste. Pourtant, la loi
électorale camerounaise, fondée sur un mode de « scrutin de liste, sans vote préférentiel, ni
panachage ». prévoit une attribution des sièges dans l’ordre de présentation sur chaque liste.
Lors du double scrutin législatif et municipal du 22 juillet 2007, 45 partis politiques ont
présenté 118 candidates sur 1302 candidats au total pour les législatives, tandis que les 33
formations politiques en lice pour les municipales ont investi 26.608 candidats, parmi lesquels
3669 femmes.
En réalité, le monopole de l’investiture dont bénéficient les partis politiques ne semble pas
en phase avec les réalités socio-politiques camerounaises, qui révèlent la préférence féminine
pour l’engagement au sein des associations de la société civile, plutôt que dans les partis
politiques.
D’autre part, il y’aurait lieu de regretter le fait que l’arsenal juridique électoral ne prenne
pas spécifiquement en compte la dimension genre, notamment pour ce qui est des aspects liés
à la parité ou au quota.
Par ailleurs, les partis politiques et les Pouvoirs Publics n’apportent pratiquement pas
d’appui technique et financier aux candidates. Dans ce contexte, les plus défavorisées sont
d’office exclues de la course électorale, au profit de femmes issues d’une classe sociale et
intellectuelle aisées.
10
Les femmes camerounaises au parlement. Bilan et perspectives, op. cit. P 33
11
Idem, P 37
8
La situation a certes connu quelque amélioration de nos jours, mais le milieu politique
demeure toujours peu accessible aux femmes.
Celles-ci sont également limitées par l’intériorisation de construits mentaux, qui
expliquent dans une certaine mesure leur désintérêt pour les affaires publiques, la politique ou
le sport, qui sont considérés comme des activités viriles. Dans l’imagerie populaire, la femme,
symbole de douceur et de fragilité, ne saurait s’épanouir dans la jungle de la vie politique, où
règnent le cynisme, la corruption et les intrigues de toutes sortes.
L’intrusion de la femme en politique paraît dès lors subversive, étant donné qu’elle remet
en question un certain nombre de convenances socioculturelles, traditionnellement attachées
au genre féminin : sens de la réserve, discrétion, soumission, etc. Dans cette logique, la
femme politique est à la fois admirée et crainte pour son courage et sa ténacité ; mais on craint
toutefois qu’elle ne « pervertisse » les autres femmes, parce qu’elle est trop extravertie, trop
impertinente et indépendance d’esprit.
L’enracinement des préjugés trouve le terreau fertile de l’analphabétisme, fléau qui touche
une importante population féminine, soit 40.2% en 200112.
A l’évidence, un changement positif du phénomène de la sous-représentation des femmes
dans l’arène politique exige une véritable révolution à différents niveaux de la société
camerounaise.
Le rôle des Pouvoirs publics est déterminant dans la création d’un cadre juridique et
institutionnel pouvant faciliter l’intégration des femmes dans les instances publiques de
décision.
Une réforme du code électoral visant à mettre fin au monopole de l’investiture dont
jouissent actuellement les Partis politiques nous semble essentielle.
Dans ce cadre, il y’aurait lieu d’ouvrir l’investiture des candidates aux organisations de la
société civile, sélectionnées sur la base de critères rigoureux, tels que la notoriété et
l’envergure nationale de l’organisation concernée ; son expérience ; la qualité du bilan
présenté, etc.
Par ailleurs, l’une des particularités de la loi électorale camerounaise est la prise en
compte des composantes sociologiques lors de la constitution des listes aux élections
législatives et municipales. Cette prescription vise en réalité à « faire en sorte que tous, à
commencer par les Autochtones d’un terroir, puissent effectivement concourir à la gestion des
affaires d’une localité »13. Il n’est donc pas exclu que le législateur adopte d’autres
dispositions de même nature, en faveur du respect du genre.
12
Annuaire Statistique National, 2001, P. 123
13
Alain Didier Olinga, « Politique et droit électoral au Cameroun : analyse juridique de la politique électorale »,
in www. Polis.sciencespobordeaux.fr/vol6n2/article3.html
9
Des pays tels que le Rwanda, la Norvège, la Suède et l’Afrique du Sud, cités aujourd’hui
en modèles dans le monde pour leur politique de promotion de la femme, ont choisi de
recourir à la discrimination positive.
Au Rwanda, la nouvelle constitution de mai 2003 reconnaît « l’égalité entre les femmes et
les hommes, reflétée par l’attribution d’au moins trente pour cent des postes aux femmes dans
les instances de prise de décision ». Cette politique volontariste lui a permis de se hisser
actuellement au premier rang mondial des Etats qui enregistrent une forte représentation
féminine dans les Parlements14, devant la Suède, la Finlande, la Norvège et le Danemark,
pourtant précurseurs dans le domaine.
L’Afrique du Sud a préféré l’instauration de quotas volontaires au sein des partis
politiques. Ainsi, depuis 1994, l’African National Congress (ANC) réserve au moins un tiers
de places aux candidates.15 D’où une progression nette de ce pays dans le classement mondial
de l’Union Interparlementaire, qui le situe au 8ème rang pour la représentation féminine en
2002, contre la 141ème place qu’il occupait en 1994.
De par son caractère hautement contraignant, l’inscription de la discrimination positive
dans la loi suprême produit des résultats rapides et mesurables. Toutefois, il présente le risque
de créer des situations artificielles, rigides, dans lesquelles l’application du principe de
l’égalité des genres ne résulte pas réellement d’une profonde transformation des mœurs
politiques et sociales. Inévitablement, dans un tel contexte, l’accession des femmes aux
sphères de décision est constamment frappée du sceau de la condescendance, voire la
méfiance au sujet de l’authenticité de leurs compétences.
A cet égard, l’approche sud africaine paraît plus souple et plus valorisante, car elle permet
aux femmes de démontrer leurs talents politiques, en se positionnant dans la compétition
électorale, dans des conditions d’égalité avec les hommes.
Des efforts dans ce sens sont en cours par certains Partis politiques au Cameroun, parmi
lesquels le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir
et le Social Democratic Front (SDF), actuellement considéré comme le premier parti
d’opposition au Cameroun.
Lors de son cinquième Congrès National en 1999, le SDF a décidé l’adoption d’un quota
d’au moins 25% pour les femmes, afin de leur permettre d’être représentées à tous les
échelons du Parti, y compris les organes de décision.
Au RDPC, des prescriptions ont été faites, pour toute liste de candidats représentant une
circonscription ayant plus de deux sièges, d’accorder au moins une place de titulaire aux
militantes de l’OFRDPC.
Malheureusement, ces mesures ne sont pas véritablement respectées dans les faits.
Au plan national, la nomination d’un plus grand nombre de femmes aux postes politiques
(ministres, secrétaires d’Etat, secrétaires généraux, gouverneurs, préfets, etc.) pourrait avoir
une incidence positive sur le changement des mentalités. Ce serait une marque de confiance et
de reconnaissance du Chef de l’Etat à l’égard des femmes, donc hautement valorisante pour
elles.
Les mesures juridiques et institutionnelles devraient être complétées par des programmes
d’éducation et de sensibilisation.
14
« Rwanda : à la place des ethnies, des femmes », article paru dans L’Émilie, magazine féministe suisse,
février 2005. Voir www.penelopes.org
15
Rapport mondial sur le Développement humain, op. cit. P70
10
B) La nécessité de la sensibilisation et de l’éducation de la gent
féminine
Le rôle de la société civile s’avère déterminant pour l’éveil des consciences, en faveur de
l’évolution de la situation politique des femmes au Cameroun. La société civile est en réalité
capable d’atteindre plus facilement à la fois les femmes, les populations et les décideurs, au
travers des actions de proximité.
Il s’agira notamment d’informer et de sensibiliser les femmes sur l’importance de leur
participation à la vie politique ; tout en formant par exemple les futures candidates aux
élections à l’élaboration des programmes politiques et des campagnes électorales.
Cependant, force est de reconnaître qu’il incombe d’abord aux femmes de refuser de jouer
le rôle servile d’animatrices de meetings électoraux, pour s’investir pleinement et
efficacement dans le jeu politique, en défendant des idées fortes et novatrices. Elles doivent
être davantage solidaires, en apprenant à transcender l’hostilité irrationnelle, souvent
manifestée à l’encontre de leurs congénères.
Quelques associations, à l’instar du réseau d’associations et d’ONG féminines dénommé
« More Women in politics », s’activent depuis peu dans ce domaine. Mais des efforts restent à
faire, et ce, d’autant plus qu’au Cameroun, la majorité des organisations féminines s’intéresse
plus à l’autonomisation sociale, économique et culturelle des femmes qu’à leur émancipation
politique.
La sensibilisation des hommes s’avère également nécessaire, au regard de l’influence
positive ou négative que ces derniers peuvent exercer sur les femmes, en tant que leurs
partenaires sociaux (épouses, compagnes, parentes, amies, etc.).
En outre, la société civile est appelée à s’investir auprès des décideurs, pour la prise en
compte de la composante genre et le respect de l’égalité hommes femmes.
Elle devra à cet effet établir des partenariats avec les médias d’une part, dans le cadre du
relais de l’information et d’autre part, avec les bailleurs de fonds internationaux, pour un
soutien matériel, financier et surtout politique.
Au Cameroun, les principaux bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux qui oeuvrent
dans le domaine de la promotion des femmes sont le Fonds de Développement des Nations
Unies pour la Femme (UNIFEM) ; le FNUAP, le PNUD, le Canada et les Etats-Unis.
11
Conclusion
Enfin, loin de constituer une ode au féminisme, la participation politique des femmes
présente à plusieurs égards, un impact positif pour la démocratie. Il est de plus en plus admis
que le développement harmonieux d’une société ne peut s’opérer que dans le cadre d’une
participation saine et équitable de tous ses membres, sans discrimination. Car « dans une
société démocratique moderne, ce qu’il s’agit de construire n’est rien moins qu’un nouveau
contrat social dans lequel l’homme et la femme oeuvrent en égalité et en complémentarité, en
s’enrichissant mutuellement de leurs différences ».16
16
Conférence Interparlementaire spécialisée. « Vers un partenariat entre hommes et femmes en politique »,
organisée par l’Union Interparlementaire, New Delhi (Inde), 14-18 février 1997. Déclaration du Président
résumant les résultats de la Conférence. Voir site de l’Union Interparlementaire, http://www.uip.org
12
Eléments de bibliographie
13