Les Origines Du Modèl1
Les Origines Du Modèl1
Les Origines Du Modèl1
C’est au Dr Moyra ALLEN que l’on doit ce modèle avant-gardiste. Suite aux
travaux réalisés par l’Organisation Mondiale de la Santé sur la définition des
soins de santé primaire, Moyra ALLEN a introduit la notion de client/famille et
envisagé un système à trois dimensions impliquant de manière indissociable, le
client, sa famille et l’infirmière. Par ailleurs, ce modèle est à resituer dans
l’évolution du contexte sociopolitique du système de santé québécois :
l’accessibilité aux soins pour tous en 1960. Il a permis à l’infirmière de jouer,
dès lors, un rôle d’intervenant pivot auprès de la personne soignée et de sa
famille. Avec eux, et pour répondre aux besoins qu’ils expriment, l’infirmière
choisit les interventions et les activités qui tiennent comptent de leurs buts, de
leurs capacités, de leurs potentiels et de leurs forces. Des ateliers dénommés «à
votre santé» ont été mis en place en 1970 avec de nouvelles perspectives : un
système de santé basé sur les besoins de santé et les ressources communautaires
(Rapport Lalonde en 1974). L’idée soutenue par ce rapport était qu’en agissant
sur le mode de vie ou l’environnement physique ou social, la santé s’en
trouverait davantage améliorée dans la mesure où l’on investissait plus d’argent
dans les systèmes de soins existants. Cette réforme de santé a cependant créé
une augmentation de la demande de soins par le public. Une série d’expériences
sur le terrain autour des ateliers «à votre santé» a permis au Dr ALLEN de
développer le modèle McGill et de s’appuyer sur le potentiel de développement
de la santé et sur les forces dont disposent le client et son entourage familial.
C’est un modèle particulièrement dynamique qui évolue encore aujourd’hui
avec les efforts continus des membres et des étudiants du corps enseignant à
l’université de McGill Dans ce nouveau contexte, l’infirmière a pris une place
essentielle dans l’accompagnement de l’apprentissage de la santé auprès des
familles et dès les années 1980, l’intégration du modèle devient un guide pour la
pratique comme en témoignent les nombreuses publications.
1_LE MODÈLE DE MCGILL
Dans le concept de santé sur lequel s’appuie le modèle Mac Gill, des éléments
centraux sont retrouvés et notamment le fait que la santé coexiste avec la
maladie. En effet, de même que la santé peut avoir un pôle positif et un pôle
négatif, la maladie peut aussi avoir un pôle positif et un pôle négatif. La santé
est une composante centrale de la pratique infirmière, elle est
multidimensionnelle et dynamique. Elle se développe prioritairement au sein de
la famille. En ce sens, le concept de santé possède en lui-même une dimension
positive qui met l’accent sur les ressources individuelles et collectives. La santé
implique donc de faire évoluer le potentiel physique, psychique et social de
chaque personne. Les attributs centraux du concept de santé sont le coping
(entendu ici comme l’habileté à composer) et le développement. Le
développement vise à la réalisation des buts que l’on s’est fixé dans la vie,
implique une prise de conscience et une mobilisation de ses ressources internes.
Par exemple : Une femme atteinte d’un cancer du sein sous chimiothérapie, peut
présenter un pôle santé positif bien qu’elle soit malade (pôle maladie négatif), si
ses stratégies adaptatives (coping) sont efficaces. Le «coping», attribut du
concept santé, représente les efforts déployés par la personne afin de composer
avec sa situation problématique, ici le cancer du sein. Les ressources dont
dispose cette femme, peuvent affecter positivement ou non sa capacité de
s’adapter à la maladie et lui permettre de réduire les effets négatifs de la
maladie. Pour cette raison, il est nécessaire d’accroître au maximum son
développement physique, cognitif et psychosocial et d’envisager avec elle, les
moyens de lever les tensions provoquées par la maladie.
La santé s’apprend par une participation active au sein de la famille. Elle est
considérée comme la ressource la plus précieuse d’une nation. En ce sens, le
maintien en santé des individus n’est pas qu’une préoccupation de la nation mais
l’affaire de tout un chacun. L’infirmière intervient auprès des familles pour les
aider à franchir l’événement de la maladie tout en tenant compte des
déterminants de la santé qui leur sont propres. Au chapitre de la santé, le modèle
de Mac Gill insiste sur le fait que la dynamique familiale exerce une influence
positive sur l’individu comme la santé influence cette dynamique et les rapports
familiaux. Cette prise de conscience dans la pratique infirmière permet de guider
les interventions auprès des familles qui visent à améliorer et favoriser leur
fonctionnement.
2-La personne
La personne et son entourage sont compris comme des individus, des familles et
des communautés qui aspirent à un meilleur niveau de santé. Parce que les
solutions aux problèmes de santé résident dans l’unité familiale, l’infirmière va
s’intéresser à l’individu dans son contexte familial ou à la famille par rapport à
l’individu. La personne est un partenaire actif qui collabore et trouve des
solutions à ses problèmes; ces solutions proviennent donc de la personne ou du
groupe familial, et non de l’infirmière. La participation active de chacun des
membres du système est un postulat de la mise en œuvre du modèle McGill. En
effet, si la personne existe en tant que sujet, ce qui est dominant c’est qu’elle est
perçue à travers le filtre familial : parent, ami, voisin. La famille est donc définie
au sens large et c’est l’entité familiale qui sera concertée lors de situations de
soins.
3-L’environnement
1-Exploration
Cette phase correspond à un véritable recueil de données par lequel l’infirmière
va explorer avec la personne comment elle définit sa situation, quelles sont les
ressources qu’elle utilise et quelles sont les autres ressources dont elle dispose. Il
est important, au cours de cette étape, de vérifier vers quoi tend le client (ou sa
famille) pour retrouver ou améliorer son état de santé, à quoi est-il prêt et
comment il compte s’y prendre pour cela. Il s’agit en fait, de savoir si
l’infirmière peut identifier des stratégies qui ont été préalablement utilisées avec
succès, et qui pourraient être utiles maintenant. Les données recueillies sont
regroupées ce qui signifie que l’information est organisée pour permettre
d’identifier les forces et les zones de problème. Par exemple, le recueil de
données à l ’entrée d’un patient atteint de démence dégénérative, a révélé que
son épouse atteinte d’un infarctus du myocarde, trois ans auparavant, est
retournée à son domicile après une hospitalisation de 10 jours. Les enfants de ce
couple, devenus adultes, ont utilisé des stratégies d’adaptation efficaces (coping)
qui leur ont permis de faire face et de s’adapter à la situation. Lorsque le retour à
domicile de ce patient est envisagé et accepté par la famille, l’infirmière
recueillera des données sur ces stratégies qui ont fonctionné pour prévoir et
organiser cette sortie dans les meilleures conditions. Sans la participation active
de toutes les personnes concernées par cette étape de l’hospitalisation, sans une
exploration méthodique des stratégies d’adaptation efficaces pour cet individu et
pour cette famille, l’infirmière ne pourrait mener cette action (la sortie du
patient) à son terme.
2-La pratique
3-L’évaluation
C’est une étape permanente voire continue. Elle développe la réflexion du client
et de l’infirmière quant aux plans de soins et aux résultats attendus et obtenus.
Les forces, les motivations et les ressources sont réévaluées pour que le plan
d’action soit réajusté si nécessaire. Cette phase d’évaluation est la partie de
«feedback» ou de contrôle du processus de nursing. Elle requiert un recueil de
données objectives et subjectives quasi permanent qui a commencé dès la prise
en charge de la dyade client/famille. Ainsi, l’évaluation correspond à une forme
de recueil de données que l’infirmière utilise pour mesurer les progrès du client
et de sa famille.
Au terme de notre exposer, le modèle McGill est très utilisé dans les structures
hospitalières canadiennes notamment au CUSM de Montréal qui en est le
creuset et particulièrement présent dans les Centres Locaux de Soins
Communautaires (CLSC) travaillant étroitement avec les familles. Depuis
toujours, les infirmières à domicile soignent les patients, les clients dans leur
milieu de vie, au sein de leur famille et mettent leurs connaissances et leurs
compétences à leur service. Pour jouer un rôle actif et mieux aider les familles,
le modèle McGill donne un véritable cadre de référence à la démarche de soins.