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NUMERO 29
STRUCTURE CRUSTALE,
SUBSIDENCE MESOZOIQUE ET FLUX DE CHALEUR
DANS LES BASSINS NORD-SAHARIENS (ALGERIE):
APPORT DE LA GRAVIMETRIE ET DES DONNEES DE PUITS.
par
Djilali TAKHERIST
- mars 1991 -
ISSN - 0755 267 X
ISBN - 2-907826-08-5
Ce mémoire a fait l'objet d'une Thèse de Doctorat (Spécialité Géophysique) soutenue le 16
mars 1990 à l'Université des Sciences et Techniques du Languedoc, devant un Jury composé
de Mrs M. DAIGNIERES, C. JAUPART, A. PERRODON, J. FABRE, A. LESQUER et G.
VASSEUR.
LABORATOIRE DE GEOPHYSIQUE
Service Documentation
Université Montpellier II - Sciences
34095 - MONTPELLIER CEDEX 5
France
STRUCTURE CRUSTALE. SUBSIDENCE MESOZOIQUE ET FLUX DE CHALEUR
DANS LES BASSINS NORD-SAHARIENS (ALGERIE):
APPORT DE LA GRAVIMETRIE ET DES DONNEES DE PUITS.
RESUME
L'étude des bassins nord-sahariens (Algérie) est abordée selon trois aspects qui ont pour objectifs:
- l'analyse de la structure crustale sous la couverture sédimentaire à partir de l'étude des anomalies du
champ de gravité,
- l'analyse des mécanismes à l'origine du bassin mésozoique et de son schéma d'évolution à partir de
l'étude de la subsidence tectonique dans 80 forages répartis à travers toute la partie nord-orientale de la
plateforme saharienne,
- l'analyse de l'état thermique actuel de cette plateforme et des implications géodynamiques éventuelles
sur la structure lithosphérique, à partir de la détermination du flux de chaleur dans 220 forages pétroliers.
Après la collecte et le traitement des différentes données (gravimétriques, diagraphiques, etc...), les résul-
tats sont cartographiés de façon systématique. Leur analyse permet de mettre en évidence d'importantes caracté-
ristiques majeures, jusque-là inconnues, marquant à une grande échelle la structure de la plateforme saharienne.
L'étude des anomalies gravimétriques de grande longueur d'onde (100 à 300 km) montre, après compen-
sation de l'effet des sédiments, que la structure du socle anté-paléozoique sous les bassins est dominée par une
structuration panafricaine (600 Ma), nettement perceptible jusqu'à la limite de l'Atlas Saharien au nord. La mise
en évidence d'une zone d'anomalies positives, localement associées à des massifs de roches basiques et ultraba-
siques (faciès HP-BT), qui pourrait être interprétée comme une zone de suture intrapanafricaine, soutient l'hy-
pothèse de la formation de la chaîne panafricaine par accolements successifs de blocs crustaux. Ce linéament
majeur qui peut être suivi de l'Atlas Saharien au nord jusqu'au Mali au sud a joué un rôle important dans
l'évolution structurale du bassin sédimentaire. D'autre part, cette étude met en évidence l'empreinte d'une
remobilisation partielle de la croûte dans la partie septentrionale du bassin nord-saharien au cours de l'orogé-
nèse varisque et de sa partie orientale au cours de la distension au Crétacé Inférieur. De même, un certain nom-
bre de discontinuités transverses ENE-WSW a été reconnu. Ces linéaments qui affectent aussi bien le Craton
ouest-africain que la zone panafricaine pourraient être associées à d'anciennes discontinuités (Archéen?), à
caractère continental, dont la remobilisation lors des différentes phases tectoniques conditionne dans une cer-
taine mesure la mise en place et l'évolution structurale du bassin.
La tectonique et l'érosion, associées au contexte géodynamique de la fin du Paléozoique, ont créé, dans
le Nord-est Saharien, les conditions nécessaires à la mise en place d'un bassin sédimentaire dès le début du
Mésozoique. L'étude la subsidence tectonique permet de mettre en évidence les mécanismes possibles qui sont à
l'origine de son initiation et d'expliciter son schéma d'évolution. Cette évolution est conditionnée par trois pha-
ses majeures:
- une
phase d'initiation au Trias à la faveur d'un mécanisme principal (bombement thermique-érosion-
contraction), responsable des 3/4 de la subsidence observée, auquel viennent s'ajouter des mécanismes
secondaires (intrusion magmatique, métamorphisme de base de croûte, distension);
- une
phase jurassique, avec la mise en place des importantes gouttières atlasiques au nord à la faveur de
la distension associée au début de l'ouverture atlantique. Cette mise en place entraine le bassin nord-
saharienà la subsidencepar le biaisde la rigiditéflexurale(D=2. 10 N.rn-'
21 et a= 250km);
- une phasede distensionau Crétacéinférieurqui est responsabledu fonctionnementde fossés
tectoniquessubméridiensdans la continuitédes fossésdu sud du Hoggaret parallèlesà ceux de Tunisie
Orientale.
On noteau Crétacésupérieurun basculementdu bassinvers le sud-estet une remarquableinversionde la
subsidencequi affecteles zonesjusque-làpeu subsidentes(môled'El Biod).
La déterminationdu fluxde chaleurdans220 foragesà partirdes donnéespétrolièresmontreque l'en-
semblede la plateformesaharienneest caractérisépar un fluxrelativementélevé(82 + 19MW.M-2) . valeurs
Les
maximales(90 à 130mW.m'2)sontobservéesau sud dans les régionsd'Illizi, de In Salahet de Tindoufoù elles
définissentun axe d'anomalieglobalementE-Wqui semblemarquerl'ensembledu Nord-ouestde l'Afrique.
L'étude gravimétriquemontreque toutela régionest caractériséepar un écartà l'isostasie,maximaldans
la partiesud du domaine(50 à 60 mgals).Cet écartà l'isostasiepeut témoigner,en l'absencede soulèvement
topographiqueactuel,de l'existenced'une anomalienégativede grandelongueurd'onde d'origineprofonde.
Par ailleurs,l'étude des ondesde surface(Hadioucheet Jobert, 1989)indiquel'existenced'une anomaliede
vitessesdans le manteausupérieurcaractérisantl'ensemblede la plateformesaharienne.Localement,l'analyse
des xénolitesde péridotitesdu volcanismerécentd'Illizi montrela présenced'un manteausupérieurfortement
métasomatiséet allégé,associéeà l'anomaliethermique.On est tentéau vu de la corrélationentreles résultats
de ces trois étudesde conclureque toutela zoned'anomaliethermiqueest caractériséepar la présenced'un
manteausupérieuranormal.
ABSTRACT
This study of the North-saharian basins of Algeria has three main objectives :
- the of the origin and evolution of the crustal structure underlying the sedimentary
understanding
cover from the analysis of gravity anomalies,
- the
understanding of the origin and evolution of the Me sozoic basin from a study of the tectonic
subsidence in 80 drill holes distributed over the northeastern section of the Saharian platform,
- the
study of the present thermal state of this area and its potential implications for the geo-
dynamic state of the lithosphere based on heat flow estimates in 220 holes.
Various data (gravity, Well logs,...) were collected and systematically maped. Their analysis
shows the first evidence of large scale major features,
related to the whole Saharian platform.
The study of large wavelenght gravity anomalies (100 to 300 km) shows that the structure
of the Pre-Paleozoic basement underlying the basins is regulated by a Pan-African structurization
extending northwards as far as the Saharian Atlas. The existence of an area of positive anomalies,
locally associated to basic and ultra-basic rocks (HP-LT facies) which could be interpreted as
an intra-Pan-African suture zone, supports the hypothesis that the Pan-African belt was formed
by successive collisional additions of crustal blocks. This important feature observed from the
Atlas (to the North) to Mali (to the South) plays a major role in the structural evolution of the
sedimentary basin. The study also indicates that the crust was partially remobilized during the
variscan orogen in the east. Several ENE-WSW trending discontinuities have been observed.
These lineaments, which affect the West African craton as well as the Pan-African zone, could
be the relicts of old (Archean?) continental discontinuities ; their remobilization during later
tectonic phases partially regulates the evolution of the basin.
Tectonics and erosion related to the late Paleozoic geodynamics led to the formation of a
sedimentary basin in the northeastern Sahara in the early Mesozoic. The study of its tectonic
subsidence suggests mechanisms possibly responsible for its creation and evolution. This
evolution is characterized by 3 major phases :
- an
early Triassic initiation by a major mechanism (thermal buldge, erosion, contraction) res-
ponsible for 3/4 of the subsidence to which minor effects are added (magmatic intrusion,
metamorphism of the lower crust, extension).
- a Jurassic
phase with the initiation and development of several northern Atlas trenches related
to the extension associated with the Atlantic opening. This phase leads to further subsidence
because of the change in flexural rigidity (D=2.1023 N/m ; =250km).
- an extension phase during the Lower Cretaceous responsible for the opening of submeridian
grabens (extending northwards those observed in the eastern Hoggar and parallel to those of
eastern Tunisia).
During the Upper Cretaceous, the basin shifts towards the southeast and subsidence begins
to affected zones relatively unaffected until than (El Biod Mole).
Heat flow estimates from 220 oil wells show that the whole Saharian platform is characterized
by a relatively high heat flow (82±19 MW/m2).The highest values (90 to 130 MW/m2 ) are
observed in the southern part, near Illizi, In Salah and Tindouf, where they define a globaly E-W
axis, apparently characteristic of the whole northwestern Africa.
Gravity shows that the same area is characterized by an isostatic anomaly, which is maximum
in the south (50 to 60 mgals). This anomaly could be the signature of a large wavelenght negative
anomaly at great depth. Surface wave analysis (Hadiouche �Jobert, 1989) also define a zone
of anomalously low velocities in the upper mantle under the whole Saharian platform. Locally,
the chemical analysis of xenoliths in the peridotites of the recent Illizi volcanism indicates a
highly metasomatized anomalously light upper mantle in good agreement with the thermal
anomaly. The good correlation between these various analysis tends to suggest that the entire
zone characterized by a thermal anomaly could correspond to an anomalous upper mantle.
AVANT-PROPOS
Au terme de ce travail, je tiens à exprimer mes remerciements à tous ceux qui de près ou
de loin m'ont aidé à le réaliser:
- les
responsables de la SONATRACH (Division Exploration) qui ont permis mon déta-
chement et m'ont apporté tout leur soutien tant matériel que moral,
- Je n'oublierai
pas de remercier ma femme et mon fils qui se sont privés de beaucoup pour
m'accompagner, me soutenir et accepter tout pour moi.
- Néocomien-Barrémien ........................................................................ 27
- Albo-Aptien ......................................................................................... 28
- Cénomanien-Turonien ......................................................................... 29
- Sénonien .............................................................................................. 30
4. Cénozoïque .................................................................................................. 30
IV. Le Domaine Alpin .......................................................................................... 30
1. Les principaux domaines structuraux .......................................................... 30
2. Principales étapes structurales ..................................................................... 31
CHAPITRE III : ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES GRAVIME-
TRIQUES ..................................................................................................................... 35
I. Introduction ..................................................................................................... 35
II. Bref rappel historique ....................................................................................... 36
III. Description et origine des données .................................................................. 37
1. Fichiers de valeurs aux stations ................................................................... 37
2. Cartes d'anomalie de Bouguer .................................................................... 37
3. Comparaison et homogénéisation des fichiers ............................................ 39
3.1. Passage dans le système international IGSN-71................................. 39
3.2. Transformation des valeurs du champ de pesanteur théorique ........... 40
3.3. Comparaisons des différents fichiers ................................................. 40
3.4. Les problèmes liés aux densités de correction de plateau ................... 41
IV. Carte gravimétrique d'Algérie ......................................................................... 42
1. Etablissement de la carte ............................................................................. 42
2. Les grands domaines gravimétriques .......................................................... 43
CHAPITRE IV: ETUDE DES ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES
AU SOCLE PRECAMBRIEN ..................................................................................... 46
I. Anomalie de Bouguer .......................................................................................... 46
3
1. Etablissement d'une carte d'anomalie pour les densités 2.5 et 2.67 g.cm -3
...............................................................:..................................................... 46
2. Les principaux domaines gravimétriques des bassins sahariens ................... 48
2.1. Domaine de Reggane-Azzel Matti ....................................................... 48
2.2. Domaine de Timimoun-Ahnet ............................................................. 48
2.3. Domaine de Rharbi-Berriane ............................................................... 48
2.4. Domaine médian du Mouydir-Oued Mya ............................................ 50
2.5. Domaine du Nord-Est Saharien ............................................................ 50
2.6. Domaine oriental d'Illizi ...................................................................... 50
II. Anomalie de Bouguer corrigée de l'effet du remplissage sédimentaire ............ 51
1. Morphologie du bassin sédimentaire ............................................................ 51
2. Distribution des densités ............................................................................... 52
3. Calcul de l'effet sédimentaire ....................................................................... 55
4. Anomalies associées à la structure du socle précambrien ............................ 57
4.1. Domaine de Reggane-Azzel Matti ....................................................... 60
4.2. Domaine de Timimoun-Ahnet ............................................................. 62
4.3. Domaine médian du Mouydir-Oued Mya ............................................ 64
4.4. Domaine de Rharbi-Berriane ............................................................... 68
4.5. Domaine du Nord-Est Saharien ............................................................ 71
4.6. Domaine oriental d'Illizi ...................................................................... 73
ni. Considérations sur les relations entre l'anomalie isostatique et la structure
profonde .................................................................................................................. 78
IV. Conclusion de l'étude gravimétrique ............................................................... 82
CHAPITRE V: METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE .............................. 87
I. Introduction ........................................................................................................ 87
II. Méthode d'étude de la subsidence ..................................................................... 88
1. Définition de la subsidence ............................................................................ 88
2.2. Evaluation des facteurs intervenant dans le calcul .................................... 91
2.2.1. Echelle chrono-stratigraphique ..........................................................- 911
2.2.2. Compaction des sédiments ................................................................ 92
a. Mécanismes de compaction ............................................................... 92
b. Les lois de la porosité ........................................................................ 93
c. Calcul de décompaction des sédiments .............................................. 96
2.2.3. Paléoprofondeur de dépôt .................................................................. 97
2.2.4. Variations eustatiques ....................................................................... 98
2.2.5. Lacune et érosion .............................................................................. 100
2.2.6.Erreurs et incertitudes ......................................................................... 100
III. Données utilisées .............................................................................................. 102
CHAPITRE VI : EVOLUTION SPATIO-TEMPORELLE DE LA SUBSIDENCE
....................................................................................................................................... 104
I. Courbes de subsidence ....................................................................................... 104
II. Répartition des taux de subsidence tectonique .................................................. 105
1. Au cours du Trias (245-208 Ma) .................................................................. 106
" 2. Au cours du Jurassique (208-144 Ma).......................................................... 107
. 3. Au cours du Crétacé (144-66 Ma)................................................................ 110
III. Subsidence tectonique cumulée .................................................................... 114
CHAPITRE VII : CONTEXTE GEODYNAMIQUE DU NORD-OUEST AFRI-
CAIN ET MECANISMES DE LA SUBSII7ENCE..................................................... 118
I. Contexte géodynamique du Nord-ouest de l'Afrique........................................ 118
1. Evolution au cours du Permo-trias ................................................................ 118
2. Evolution au cours du Jurassique .................................................................. 120
3. Evolution au cours du Crétacé-Eocène ......................................................... 121
II. Généralités sur les mécanismes de la subsidence .............................................. 122
1. Modèles thermiques ..................................................................................... 123
1.1. Erosion de la croûte supérieure ............................................................ 123
1.2. Métamorphisme .................................................................................... 123
= 1.3. Intrusion crustale .................................................................................. 124
2. Modèles tectono-thermiques ......................................................................... 124
2.1. Distension homogène ........................................................................... 124
2.2. Distension non homogène .................................................................... 125
III. Mécanismes possibles dans le cas du bassin du Nord-est Saharien ........... 125
1. Phase triasique : initiation du bassin ............................................................. 126
1.1. Bombement thermique ......................................................................... 126
1.2. Erosion superficielle ............................................................................. 128
1.3. Autres mécanismes de subsidence ....................................................... 131
1.4. Apport de la gravimétrie et conclusion partielle .................................. 132
2. Influence de la structuration des gouttières atlasiques .................................. 132
2.1. Initiation de la subsidence .................................................................... 133
2.2. Influence sur l'évolution du bassin saharien ........................................ 134
3. Les phases du Crétacé ................................................................................... 138
IV. Conclusion de l'étude de la subsidence ............................................................ 140
CHAPITRE VIII: DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE .. 145
I. Introduction ......................................................................................................... 145
II. Généralités sur le flux de chaleur ....................................................................... 146
1. Définition ................................................................................................. 146
2. Flux de chaleur en domaine continental ....................................................... 146
2.1. Relation avec l'âge de la lithosphère et l'épaisseur crustale ...... 146
2.2. Production de chaleur de surface ......................................................... 146
2.3. Décomposition du flux de chaleur en domaine continental ........ 147
3. Phénomènes perturbateurs ............................................................................ 148
3.1. Circulation d'eau superficielle ............................................................. 148
3.2. Erosion et sédimentation ...................................................................... 148
3.3. Topographie accidentée ........................................................................ 148
3.4. Variations paléoclimatiques et climatiques .......................................... 148
III. Données du flux de chaleur .............................................................................. 149
1. Données de température ................................................................................ 149
2. Estimation des conductivités thermiques ...................................................... 154
IV. Article "Mise en évidence d'importantes variations du flux de chaleur en
Algérie ................................................................................................................... 157
CHAPITRE IX : FLUX DE CHALEUR ET IMPLICATIONS GEODYNAMI-
QUES .......................................................................................................................... 169
I. Introduction ....................................................................................................... 169
II. Article: Geophysical and petrological evidence for the presence of an "ano-
malous" upper mantle beneath the Sahara basins (Algerïa)................................... 170
IH. Conclusion sur l'étude du flux de chaleur ........................................................ 183
CHAPITRE X: CONCLUSION GENERALE .......................................................... 189
CHAPITRE I:
INTRODUCTION GENERALE
La structure superficielle des bassins sédimentaires nord-sahariens est bien connue grâce
aux nombreux travaux de recherche pétrolière, effectués notamment par la compagnie nationale
SONATRACH (Société Nationale de Transport et de Commercialisation des Hydrocarbures).
Parmi les nombreuses études dans les différentes disciplines de la géologie consacrées à ces
bassins, nous pouvons citer les deux ouvrages de synthèse de Busson (1972) et Fabre (1976).
Cependant la structure profonde, en particulier celle du socle précambrien, qui a déterminé et
conditionné dans une large mesure la mise en place et l'évolution de ces bassins reste à notre
_ connaissance encore mal élucidée. Par ailleurs, si certains auteurs ont bien décrit l'évolution
stratigraphique et sédimentologique, notamment Busson (1972) pour le Mésozoïque,
beaucoup
reste à faire pour comprendre dans quelle mesure les conditions géodynamiques de la plaque
africaine ont déterminé le fonctionnement général de ces bassins. Enfin, dès le début du Tertiaire,
.
d'importants événements tectono-thermiques ont affecté le nord-ouest de la plaque africaine
(chaîne atlasique au nord et bombement du Hoggar au sud). Aucun élément significatif à l'échelle
régionale ne permet de préjuger d'une quelconque influence de ces phénomènes à l'intérieur de
la Plateforme saharienne, réputée stable et rigide (Fabre, 1976). Néanmoins, des observations
à l'échelle locale, comme par exemple, le volcanisme d'Illizi, comparable à celui du rift est-
africain, témoignent de l'existence de phénomènes tectoniques profonds et récents dont la
signification et l'extension ne sont pas connues.
CHAPITRE II:
I. Introduction
L'Algérie s'étend sur deux grands domaines opposés tant par leur histoire que par leur
structure (Fig.II.1 ):
- au nord, le domaine
alpin, tronçon de la Chaîne Alpine d' Afrique du Nord dont la structure
majeure s'est édifiée au Tertiaire,
- au sud, le domaine saharien où les déformations
majeures ont pris fin soit à l'Archéen
(bouclier Reguibat), soit au Protérozoïque (chaîne panafricaine) ou exceptionnellement
au Mésozoïque (chaîne de l'Ougarta).
Figl/.l : Les grandes unités structurales du Nord-Ouest de l'Afrique (d'après Fabre, 1976). 1 = Tertiaire et Quaternaire
tabulaires,* 2 = molasse de la chaîne alpine du Maghreb ; 3 = nappes de charriage tertiaires ; 4 = Secondaire plissé
5 = Secondaire tabulaire 6 = Primaire plissé ; 7 = Primaire tabulaire 8 = Précambrien et Cambrien Inférieur
présumé du Sahara ; 9 = magmatisme Cénozoïque 1 D suture = panafricaine.
' �
12 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
La topographieactuelle est illustrée sur la figure 11.2. Elle est caractérisée par:
- deux zones déprimées (les régions de Touggourt au nord-est et de In Salah au sud-ouest) où
l'altitude est inférieure à 200-300 m,
- les hauts reliefs de l'Atlas Saharien-Aurès au nord et du Hoggar au sud.
Figll.2 : Carte topographique schématique de l'Algérie. Les principales villes sont indiquées par des initiales:
Ad= Adrar, Am= Amguid. As= Ain Sefra. Be= Béchar, Bi= Biskra, Eg= El Goléa. Gd= Ghadamès. Gh=
Ghardaia, IL= Illizi, IS= In Salah, Lg= Laghouat, Or= Oran. Ou= Ouargla, Rg= Reggane, Ta= Taman-
Figl/.3 : Carte géologique simplifiée du bouclier Targui (d'après Caby 1987, modifié). 1: Craton ouest-africain; 2a et 2b:
sédiments d'âge Protérozoique supérieur du Cralon ouest-africain; 3: nappes du Gourma et du Tüemsi; 4: môles
granulitiques d'âge Eburnéen (In Ouzzal et Iforas) impliqués dans la chaîne Panafricaine; 5: chaîne Pharusienne; 6:
métamorphisme HP-BT de la chaîne Panafricaine; 7: gneiss anciens indifférenciés réactivés au Panafricain (Hoggar
Cepural); 8: Hoggar Oriental; 9: suture Panafricaine; I D:chevauchements majeurs; Il: accidents majeurs.
14 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
La chaîne Panafricaine qui affleure actuellement dans le bouclier Targui représentait une
ceinture orogénique large de 1000 km qui s'étendait du Sahara au nord au Golfe du Bénin au
sud (Fig.IL3). Elle est interprétée comme le résultat d'une collision intracontinentale, vers 600
Ma, entre une marge passive constituée par le C.O.A à l'ouest et une marge active à l'est (Caby
et al., 1981, Fabre, 1982 ; Fabre et al.. 1982). La zone de suture résultant de cette collision est
représentée par un contact net entre les métasédiments du C.O.A d'âge Protérozoïque Supérieur
et les gneiss panafricains, formés à partir de roches plutono-volcaniques et du socle ancien
remanié. La présence de matériel d'origine profonde (basaltes, gabbros, harzburgites, etc...)
témoigne de l'existence d'un domaine océanique anté-collision (Caby et al., 1989). La zone
de suture est également définie par un chapelet d'anomalies gravimétriques positives, associées
aux massifs basiques qui la jalonnent (Bayer et Lesquer, 1978).
a - la zone du Tilemsi : située à l'ouest de l'Adrar des Iforas; cette zone comporte des
séries volcaniques (basaltes, dacites, andésites), une épaisse série volcano-détritique et
de larges volumes de roches plutoniques (gabbros, microdiorites, diabases et grano-
diorites). Elles est interprétée comme une zone d'accrétion océanique qui se serait mise
en place avant 730 Ma (Caby et al., 1989);
volcano-détritique et épaisse de 6000 m environ qui est conservée dans le vaste syn-
clinorium d'In-Zize, et la Série Pourprée qui représente la molasse de la chaîne (Caby
état.. 1981 ). Ce segment a été affecté par deux phases majeures qui ont produit d'abord
, une structuration WSW-ENE et ensuite des plissements N-S.
15 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
- la dorsale d'Idjerane qui se continue au nord par celle du M'Zab (voûte d'Allal) et qui
est délimitée par des fractures subméridiennes dont certaines constituent le prolongement
de failles majeures affectant le rameau pharusien oriental de la chaîne Panafricaine;
Figl/.5 : Schéma structuralede la Platefrome saharienne. 1: domaine alpin; 2: socle précambrien; 3: flexure ou faille; 4:
môle, horst ou haut structural.
19 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
2. Paléozoïque
2.1. Stratigraphie et Paléogéographie
Il est difficile de décrire en quelques pages tous les éléments qui permettent de com-
prendre la paléogéographie et la stratigraphie d'un aussi vaste domaine, tant ces éléments
sont nombreux et variés. Les grands traits, parfois extrêmement simplifiés, sont tirés de
l'ouvrage de Fabre (1976).
2.1.1. Cambrien
2.1.2. Ordovicien
Sa surface de base est constituée par une pédiplaine presque parfaite. Il représente le
début de la véritable transgression généralisée du Protérozoïque. On le subdivise en trois
ensembles assez distincts :
- OrdovicienInférieur (Trémadoc-Arénig Inférieur) : il est composé d'une suc-
cession d'alternances de grès souvent bien classés, d'argiles et de silts, représentant un
important épisode d'épandage détritique fluviatile dans le Sahara central. On observe que
les influences marines sont plus précoces dans le Sahara septentrional.
- Ordovicien il est transgressif sur les
Moyen (Arénig Supérieur-Caradocien) :
termes antérieurs, sa limite inférieure scellant les derniers gauchissements de la dalle
panafricaine. Il est représenté par des quartzites, des grès à passées argileuse ou micro-
conglomératiques et des argiles. Cette formation est caractérisée par une extraordinaire
uniformité à travers la plateforme saharienne et correspond à une transgression marine avec
un apport terrigène important.
- Ordovicien (Caradocien cette unité est
supérieur supérieur-Llandovérien) :
représentée par une importante formation glaciaire. La calotte glaciaire s'étendait dans le
20 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
Sahara méridional (Beufetal.. 1971). Au nord, les dépôts sont périglaciaires à marins. La
limite inférieure scelle une tectonique taconique qui se traduit par des plissements, des
discordances et des rejeux de fractures du socle panafricain.
2.1.3. Silurien .
Le Silurien saharien est constitué essentiellement par une sédimentation terrigène fine,
argileuse surtout, déposée en milieu marin (argiles à graptolites). Le terme supérieur est en
général gréseux. L'ensemble se réduit progressivement vers l'est et est complétement absent
dans le Taoudeni, à l'extrême sud-ouest. Pendant le Silurien, les zones de subsidence se
sont déplacées du Sud vers le nord.
2.1.4. Dévonien
- Dévonien Inférieur : la lithologie est essentiellement argileuse et argilo-gréseuse à
faciès fins, devenant de plus en plus grossiers vers le sud. Dans la partie sommitale, on
observe la présence de calcaires. Les lacunes décrites dans le Taoudeni et les importantes
variations d'épaisseur notées notamment à l'est suggèrent l'existence de mouvements
verticaux synsédimentaires. La zone la plus subsidente (2500 m environ) se situe à l'ouest
dans le sillon de la Saoura. Le milieu de sédimentation, continental au début, devient marin
2.1.5. Permocarbonifère
Ces formations sont recouvertes au sud de Béchar (Abadla) par des coulées basaltiques
doléritiques, intercalées entre celles-ci et les hamadas tertiaires. Ces dolérites sont proches
des ophites remontées par les diapirs triasiques en Algérie du Nord et sont probablement
d'âge permo-triasique ou même liasique.
l'orogénèse hercynienne.
A la fin du Paléozoïque, la chaîne hercynienne a commencé à d'édifier en bordure
occidentale du Craton Ouest-africain et au Maghreb. Au Maroc central, il semble que la
première phase majeure date du Viséen et est suivie par deux autres phases après le Namurien
et au Permien Moyen. Ces phases se traduisent par une schistosité et la mise en place de
nappes. Une situation en gros comparable est observée dans le nord de Béchar.
Plus au sud, à la limite entre le Craton Ouest-africain et la zone panafricaine, le sillon
subsident de l'Ougarta subit d'importants bombements et flexurations accompagnés de plis
qui sont à associer soit aux grands décrochements, soit à l'interférence entre les directions
22 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
Au niveau de la plateforme orientale, la déformation est plus souple, elle est associée
surtout au rejeu vertical et parfois horizontal des grandes fractures du socle. Les structures
en dômes et bassins dans l'Ahnet, le Touat et le Mouydir sont dues à l'interférence des deux
directions de déformations N-S et ENE-WSW (Donzeau et al., 1981). La déformation est
exagérée par la plasticité des épaisses séries argileuses. Vers l'est, on observe à la limite des
fractures majeures qui ont été remobilisées en décrochement la formation de plis dissymé-
triques (flanc oriental du môle d'Amguid-El Biod). L'âge de ces déformations serait Permien
Supérieur. D'autre part, deux bombements épirogéniques importants se sont esquissés après
le Namurien, probablement en deux temps (anté-Moscovien et post-Moscovien) : le bourrelet
E-W de Djerba-Berriane-Rharbi au nord et le môle N-S d'Amguid-El Biod (Fig.H.5). La
couverture paléozoïque y a été fortement érodée (2000 à 3000 m), parfois même totalement
jusqu'au Précambrien.
3. Le mésozoique nord-saharien
FigJI.7: Carte en isobathes des formations anté-mésozoiques de la Plateforme saharienne. Equidistance 500 m.
- Trias
Supérieur :
Il est constitué d'argiles salifères, de sel massif, d'anhydrite et de dolomie. Les pro-
portions de sel diminuent vers les bordures du bassin au profit des argiles et anhydrites. Sa
partie sommitale évolue vers le NE en argiles, carbonates et anhydrites et vers le sud en
argiles et grès (Fig.n.8). Les faciès indiquent un milieu de dépôt évaporitique et confiné
dominant tout le nord-ouest de l'Afrique.
FigJ/,8 : Répartition des principaux faciès du Trias (d'après Busson 1971 )et extension vers le sud des zones palyno-
logiques. D'après Achab (1970), Pi.2 : limite sud des zones PI et P2 (Trias inJ:�moyen + Keuper pro parte); P3:
limite sud dela zone P3 (Keupersup.); P,.2.3:limite sud destrois zones pal ynologiques(repèresbiostratigraphiques)
qui sont obliquez sur les zones de faciès.
3.2.2. Jurassique
"
26 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
- Lias
Fig.ll.9 : Répartition des faciès au Lias-Dogger inférieur dans le Nord-est saharien d'après Busson (1971)
[tiré de Fabre 1976].
- Dogger
Fig.ll.l0 : Répartition des faciès au Bathonien (Dogger supérieur à moyen) dans le Nord-est saharien d'après Busson
(1971 (tiré de Fabre 1976J.
27 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
Il est représenté par des carbonates au NW et au NE, des anhydrites dans la partie
centrale et des argiles et sables dans la partie méridionale. On observe une diminution des
anhydrites et une nette réapparition des éléments clastiques vers le sud. Le Dogger a connu
une plus grande extension que les séries précédentes vers le sud et le sud-ouest (Fig.n. 10).
Les faciès nérétiques à confiné dans la plateforme deviennent franchement marins dans le
domaine atlasique (Busson, 1972).
- Malm
La transgression marine qui a marqué cette période devient plus perceptible au sud du
bassin. Néanmoins, les faciès restent variés, passant des carbonates au nord à des argiles
vers le SE et des argiles sableuses au SW. La zone la plus subsidente se retrouve dans la
province septentrionale du domaine. Vers le sommet, cette série devient quelque peu
gréseuse et anhydritique, ce qui traduit une certaine instabilité de la paléogéographie au
cours de cette période (Fig.n. 11).
3.2.3. Crétacé
- Néocomien-Barrémien
Jurassique Terminal se caractérise par une épaisseur homogène sur l'ensemble de la pla-
teforme (- 300m), augmentant brusquement vers le nord au niveau des zones atlasiques (�
700 m). Là, la sédimentation est marno-calcaire, associée à des argiles et à des anhydrites;
elle évolue vers l'ouest en argiles gréseuses, vers l'est en argiles, carbonates et anhydrites
et vers le sud-est en argiles gypseuses, grès et sables. Les éléments détritiques deviennent
de plus en plus grossiers vers le Tademaït et le Tinhert (Fig.II.12). Au cours de cette période,
le régime est marin au nord devenant de plus en plus confiné dans la province centrale et
franchement continental au SSW.
� ,; ' - 28 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
Figll.l2 : Répartition desfaciès au Jurassique terminal-Néocomien dans le Nord-est saharien d'après Busson (1971 ),
(tiré de Fabre 1976J.
- Albo-Aptien
Pour les pétroliers, l'Aptien est réduit à la dalle argilo-dolomitique qui surmonte les
grès attribués au Barrémien. Ainsi, d'après certains auteurs, les sédiments d'âge Aptien
Inférieur sont soit compris dans les grès barrémiens, soit absents et la dalle aptienne ne
représenterait que le terme supérieur. Cette barre dolomitique ou argilo-dolomitique est
caractériséepar une épaisseur remarquablement uniforme sur l'ensemble de la plateforme
(20 à 30 m). Elle devient gréseuse vers la périphérie du bassin. Au NE, dans la fosse
constantino-tunisienne, l'Aptien devient beaucoup plus important. Quant au régime de
sédimentation, il est marin dans le domaine nord-oriental et lagunaire sur la plateforme. La
lacune observée au niveau de la zone d'El Biod-El Gassi témoigne d'une tectonique
intra-aptienne (Guiraud et al., 1987).
L' Albien constitue un autre épisode d'épandage détritique, après la courte rémission
FigJl.13 Rfpartition
: à l'Alb�n.
des faciès ), de Fabre/976J.
dansleNord-estsahariend'aprèsBasson(1971 [tiré
- Cénomanien-Turonien
FigJI.14 : Répartition des faciès au Cénomanien dans le Nord du Sahara d'après Busson (1971 ),[tiré de Fabre 1976].
30 CADRE GEOLOGIQUE GENERAL
- Sénonien ,
Il comprend un premier terme argilo-gréseux au sud-ouest et lagunaire avec quelques
intercalations marno-carbonatées au nord et à l'est. Cette série se biseaute vers le NW au
niveau de l'Atlas Saharien et au sud-est (Dahar Tunisien).
Moyen, représenté essentiellement par des carbonates, et une série régressive argilo-gréseuse
attribuée au Mio-Pliocène sans aucun argument paléontologique véritable (Busson, 1972).
Il semble que l'existence d'un ensemble paléocène ait été prouvée dans les Aurès et le
Tinhert Oriental (Fabre, 1976).
F�J/.73 ; Chaînes alpines du pourtow méditerranéen occidental (tiré de Durand-Delga et Fonboté 1980). Les flèches
indiquent la vergence dominante dans les zones externes (phases tertiaires) des diverses chaînes. Les lignes pointillées,
en mer, limitent les zones abyssales, à fond océanique supposé, par rapport aux plateaux continentaux.
- Domaine en Algérie,
il comprend les Hauts-Plateaux, le Hodna et le
préatlasique :
Sud-Constantinois, constitués essentiellement de séries carbonatées très rigides, affectées par
la tectonique cassante et des plissements. Ces dalles rigides chevauchent l'avant pays de la
chaîne, notamment à l'est (Vila, 1980).
- Domaine il comporte l'Atlas Saharien et les Aurès-Némentcha, formés
atlasique :
principalement par des plis découpés par des décrochements contemporains du plissement.
Leur couverture est percée par des diapirs d'origine triasique dont la mise en place, au niveau
des accidents, est associé à la tectonique compressive (Guiraud et al.. 1987).
- Santonien : autre phase de compression qui se traduit également par une schistosité, un
métamorphisme daté 85 ± 2 Ma et un début d'écaillage (Laville et al., 1977).
- Phase c'est à cette période que l'Atlas et les Aurès acquièrent
pyrénéo-atlasique :
l'essentielde leur structure et que se produisent un important coulissage dextre au niveau des
accidents E-W et les chevauchements dans la chaîne tellienne. Cette phase daterait de la fin
de l'Eocène Moyen (Guiraud et a .1,, 1987).
D'autres phases moins générales vont se succéder au Miocène Inférieur (charriage et
schistosité dans le Tell), vers 25 Ma (volcanisme calco-alcalin en bordure de plaque) et au
Tortonien (mise en place de nappes).
ETUDE DU SOCLE PRECAMBRIEN SOUS
LES BASSINS SAHARIENS
A PARTIR DE LA GRAVIMETRIE
35 ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES
. CHAPITRE III :
GRAVIMETRIQUES
I. Introduction
Les différentes études gravimétriques effectuées sur le bouclier Targui ont mis en évi-
dence d'importantes anomalies gravimétriques associées à la structure et la nature du socle
panafricain (Bourmatte, 1977; Ly, 1978). Comme cela a été précédemment décrit (chapitre
II), la structure de ce socle est caractérisée essentiellement par l'existence de grands accidents
subméridiens qui délimitent des compartiments crustaux de nature et de structure différentes.
Ces accidents sont pour la plupart relayés au nord, au niveau de la plateforme saharienne,
par d'importantes failles qui affectent la couverture sédimentaire. Certains d'entre elles ont
joué un rôle important dans l'histoire des bassins (ex : faille d'Amguid). Ces failles délimitent
des dorsales ou des môles qui séparent des dépressions d'âge essentiellement paléozoïque
supérieur à moyen (Fig.IL3 et IL4).
Sous la couverture sédimentaire, souvent épaisse (4 à 5 km), la nature du socle pré-
cambrien n'est pas connue ; quelques dizaines de forages l'ont cependant atteint, particu-
lièrement dans les régions d'Illizi et de l'Ahnet. Le socle rencontré au fond de ces sondages
semble comparable à celui du Hoggar. La morphologie de sa surface est appréhendée grâce
à la sismique et aux forages effectués dans ces bassins depuis une trentaine d'années environ.
Sur le bouclier Targui, il existe, comme nous l'avons déjà dit, une bonne corrélation entre
les anomalies gravimétriques et la structure crustale. En se basant sur ces corrélations, il est
possible, à partir des anomalies gravimétriques, d'explorer la structure du socle précambrien
au nord. Les anomalies associées à ce socle peuvent être masquées par l'effet de la couverture
sédimentaire.
En schématisant, on peut donc identifier trois sources principales d'anomalie gravimétrique:
- les variations et de densité des sédiments; la morphologie du bassin et la
d'épaisseur
distribution des densités étant connues, cet effet peut être évalué;
36 ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES
- les
hétérogénéités de densité dans la croûte supérieure;
- les variations de densité dans la croûte
profonde et le manteau supérieur.
Le présent travail qui a essentiellement pour objectif l'étude de la structure crustale
comporte les étapes suivantes :
- réalisation d'une carte gravimétrique à partir des différentes données dis-
homogène
ponibles,
- correction de l'effet de la couverture sédimentaire,
- élaboration d'un schéma structural sur la base de l'analyse du champ de
qualitative
pesanteur ainsi obtenu et interprétation quantitative de quelques structures remarquables,
- analyse des anomalies de grande longueur d'onde et de leurs relations avec l'évolution
géodynamique de l'Afrique du nord-ouest.
A cet effet nous disposons :
- des données sous forme de valeurs aux stations et/ou de cartes d'ano-
gravimétriques
malies de Bouguer,
- des données structurales et litho-stratigraphiques relatives aux bassins sédimentaires,
obtenues à partir de la sismique et des données de puits.
En 1960, pour la première fois, la CPA en tant que principale maître d'oeuvre des dif-
férents levés effectués jusque là, a établi une carte gravimétrique de l'ensemble de l'Algérie,
Depuis, d'autres levés ont été menés, notamment dans le Hoggar (ORSTOM, IMPGA,
CGGM et CRAAG) et dans l'Erg Oriental, l'Oued Mya et l'Ahnet (SONATRACH). Il subsiste
cependant certaines régions "vierges", particulièrement celles de l'Erg Chech-Bou Bernous,
des Eglab et du nord Hoggar.
37 ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES
Ces fichiers que le BGI a bien voulu nous communiquer regroupent plus de 6000 points
provenant de levés effectués par la CGG (détail et demi-détail) dans les régions d'Illizi-nord,
d'In Salah-sud, de Reggane-Erg Chech, de l'Azzel-Matti et d'Algérie du nord. Les levés
ont été opérés principalement entre 1956 et 1959. A ceux-ci, vient s'ajouter un autre fichier
comprenant quelques 760 stations relatives à de grands profils de reconnaissance établis
par Lagrula (1959). L'ensemble de ces données est rapporté dans le système international
IGSN.71. ,.
* Fichiers SONATRACH
* Fichiers IMPGA-CGGM-ORSTOM
Ces fichiers regroupent les données des études effectuées dans le Tanezrouft (1972-76)
et quelques profils de reconnaissance levés dans le nord du Hoggar, soit quelques 5700
stations.
Fig JIU: Carte de répartition des données gravimétriques utilisées dans celte étude. Les points représentent les stations;
la zone en hachuré correspond au domaine où ont été utilisées les données nwnérisées à partir des cartes gravi-
métriques de la CPA (1960) et de la SONATRACH(1977-1980).
39 ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES
Cette carte, établie à une échelle de 1/2.000.000 et avec une équidistance de 1 mgal
sur la majeure partie du domaine, représente les isovaleurs de l'anomalie de Bouguer,
calculée pour une densité de correction de plateau égale à 2.20 g.cm,3 au nord du parallèle
27°N et à l'est du méridien 1.W et à 2.67 g.cm'3 au sud et à l'ouest de cette zone. Elle a été
établie sur la base des données d'environ 30 études différentes, effectuées essentiellement
par la CGG entre 1949 et 1960. Toutes les corrections ayant été effectuées et l'altitude
déterminée avec soin, la précision de l'anomalie de Bouguer est estimée en moyenne à 0.2
mgal. La CPA, en tant que maître d'oeuvre principal de ces études, disposait de tous les
documents et données nécessaires pour établir une carte d'ensemble assez précise et surtout
homogène. Les levés sont rapportés au réseau de base CGG pour l'Algérie qui comporte
un certain nombre de points de rattachements au réseau de base établi par Lagrula.
A notre niveau, l'erreur principale est à rapporter au facteur d'échelle et à l'interpo-
lation. La carte a été numérisée en prenant 1 point tous les 10 km et tous les 5 mgals. Le
fichier ainsi constitué regroupe environ 7000 points.
Dans le Grand Erg Oriental, nous avons utilisé une autre carte, établie à partir de
plusieurs levés effectués par la SONATRACH entre 1977 et 1980. Cette étude de recon-
naissance (mailles 20 km X 35 km, inter-station 2,5 km) couvre une superficie d'environ
75.000 kmz. La précision des mesures est de l'ordre de 1 mgal. Les corrections de relief
n'ont pas été effectuées. La carte a été établie avec une équidistance de 2,5 mgal et une
densité de 2,20 g.CM-3à une échelle de 1/500.000.
Lors de la numérisation, nous avons saisi 1 point tous les 10 km et tous les 5 mgals.
Le fichier ainsi obtenu regroupe quelque 1320 points.
; Nous avons appliqué une correction moyenneg de -17 mgal à toutes les données
rattachées au réseau Lagrula (CPA et SONATRACH).
- e Les données
communiquées par le BGI sont déjà exprimées en IGSN-71.
=
go 978.049,00*( 1 + 0,0052881. sin2 � - 0,0000059. sin2 2�)
Les données communiquées par le BGI sont exprimées sur la base d'un champ de
pesanteur go calculé avec les constantes du système géodésique de référence de 1967
adoptées par l'IGSN (1971) :
= + 0,0053024.
go 978.031,85 *( sin 2 0,0000058. sin2 2�)
- Après avoir ramené l'ensemble des mesures dans le même système de référence,
nous avons vérifié la cohérence des différents levés provenant des différentes sources
citées en examinant la qualité des raccords au niveau de leurs zones de chevauchement.
.. Un certain nombre de points communs existent entre les différents fichiers du BGI.
Des écarts, parfois importants, sont observés à leur niveau : 0.6 à 10.7 mgals. Le fichier
qui présente les écarts les plus importants par rapport aux autres correspond à de grands
profils de reconnaissance effectués par Lagrula; nous n'avons pas utilisé les portions de
ces profils où les écarts sont significatifs. Quant aux autres levés, ils sont globalement
cohérents et ne présentent entre eux que peu d'écarts (0.2 à 0.6 mgals).
411 ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES
Les écartsentre les levés communiqués par le BGI et ceux effectués par la
SONATRACH ou l'IMPGA-CGG-CRAAG au sud ne sont pas systématiques et ne
dépassent pas en moyenne 3 mgals.
Les différences constatées peuvent être attribuées :
- soit au fait lors de l'acquisition des données, certains levés ont
que, localement,
été rattachés de façon approximative aux réseaux Lagrula et Martin ; la correction
que nous avons effectuée pour ramener l'ensemble des données dans le système
IGSN-71 ne peut prendre en compte ce type d'erreur que nous ne pouvons pas
évaluer;
- soit à
l'usage de deux techniques de nivellement altimétrique très différentes : la
première (le nivellement topographique) précise et la seconde (le nivellement
barométrique) ayant une précision de l'ordre de 5 m.
Les écarts constatés entre ces différents levés n'ont pas été corrigés, car ils ne sont
pas systématiques. A cette échelle, ils sont relativement peu importants et n'influencent
pas de façon significative le tracé des isanomales.
point de mesure gravimétrique. Ce n'est pas le cas pour les points obtenus par numéri-
; sation des isovaleurs. Il est cependant possible au niveau de ces points-là de déterminer
une altitude approchée à partir des documents topographiques.
FiglII2 Carte topographique des bassins sahariens, tracée à partir d'un fichier d'altitude moyenne (maille de 5'x
5') communiqué par le BGI. Equidistance des isovaleurs: 1 OOM.
varie très progressivement, cet écart est inférieur à 10 m ; ce qui se traduit par une incertitude
inférieure à 2 mgals sur l'anomalie de Bouguer. La carte d'altitude des bassins sahariens
obtenue à partir de cette grille d'altitude moyenne est représentée sur la figure 111.2 sur
laquelle on observe les grands traits du relief décrits précédemment:
- les hauts relief de l'Atlas Saharien au nord-ouest et du Hoggar au sud-est,
- la zone centrale
marquée par les dépressions de Touggourt au nord-est et de
Reggane-In Salah au sud-ouest, séparées par le plateau du Tademaït au centre de la
carte.
L'analyse de la répartition
et de la géométrie des anomalies (Fig.III.3) nous amène à
distinguer deux provinces gravimétriques différentes au sud et au nord du parallèle 30°N.
Au nord du parallèle 30°N, les anomalies sont globalement allongées dans la direction
E-W à NE-SW ou NW-SE. Leur longueur d'onde est en moyenne de 100 à 200 km. On
peut distinguer trois grands domaines associés aux grandes unités géologiques:
- Au nord, de la Tunisie à la frontière marocaine, la chaîne tellienne est caractérisée
par une forte augmentation de Bouguer en direction de la mer Médi-
de l'anomalie
terranée. La valeur atteinte au niveau de la côte est supérieure à +80 mgals.
- Plus au sud, l'Atlas Saharien à l'ouest et les Aurès à l'est sont caractérisés
par deux
importantes et vastes anomalies négatives où la valeur est inférieure à -110 mgals. Ces
deux chaînes sont séparées par le bassin molassique tertiaire du Hodna (fiv.11.5),
marqué par un axe positif de direction NW-SE. Cet axe qui semble rejoindre un autre
axe positif E-W au nord de l'Atlas Saharien marquant les Hauts-Plateaux pourrait être
la signature d'une géosuture, séparant les deux chaines tertiaires .
- Au sud de ce domaine, entre les
longitudes 3°W à 10°E et les latitudes 30° à 33°N,
on note l'existence d'un important haut gravimétrique, globalement NE-SW, culmi-
nant en plusieurs endroits à -40 mgals. Ce domaine s'ouvre vers l'est sur le sud Tunisien
(Dahar). Cet axe haut est associé au bourrelet structural permo-carbonifère de
Rharbi-Berriane-Djerba.
44 ORIGINE ET TRAITEMENT DES DONNEES
Au sud du parallèle 30°N, les anomalies sont subméridiennes, mis à part à l'ouest à
proximité de l'Ougarta où leur direction bifurque vers le NW. Les longueurs d'onde, plus
courtes qu'au nord, sont de l'ordre de 50 à 100 km. Ce vaste domaine est séparé en deux
par un couloir d'anomalies allongées NS, entre les méridiens 3°E et 4°30'E. De part et
d'autre, on observe une répartition sensiblement différente des anomalies.
A l'ouest de ce domaine médian, on peut distinguer :
- une vaste et anomalie (-70 à -110 mgals), associée au bassin
importante négative
paléozoïque de Timimoun qui se prolonge au sud (3°E et 26 à 25°N) par la dépression
de l'Ahnet;
-
plus à l'ouest, la
chaîne de l'Ougarta d'âge hercynien, marquée par un axe positif de
direction NW-SE. Cet axe est flanqué à l'ouest par une vaste anomalie négative (-60
à -90 mgals) correspondant au bassin paléozoïque de Reggane (0° et 27°N) ;
L'objectif principal de cette étude est la mise en évidence et l'analyse des anomalies
gravimétriques associées au substratum protérozoïque des bassins nord-sahariens d'Al-
gérie, ce qui correspond à la zone comprise entre les longitudes 3°W à 10°E et les latitudes
24° à 33°N (Fig.III.3).
46 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
. CHAPITRE IV:
ETUDE DES ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES
AU SOCLE PRECAMBRIEN
La zone d'étude (Fig.111.1) s'étend sur une superficie d'environ 1.200.000 km2 : des
contreforts du Hoggar au sud à l'Atlas Saharien-Aurès au nord et des bassins de Béchar et de
Reggane à l'ouest aux frontières tunisiennes et libyennes à l'est. La topographie (Fig.HI.2) est
marquée par les hauts reliefs accidentés du Hoggar au sud et ceux de l'Atlas Saharien et des
Aurès au nord, bordant une zone centrale caractérisée par deux vastes dépressions topogra-
Au contact entre les deux zones où l'altitude est moyenne de 300 à 500 m, l'écart lié
à l'utilisation de deux densités différentes varie de 6 à 10 mgals; il n'est cependant pas
sensible sur la carte.
Cette carte où les données ont subi peu de transformations respecte au mieux les
données d'origine. Cependant, la densité de 2.20 g.cni3 nous semble non réaliste, en effet
les différentes analyses de la densité à partir des diagraphies montrent une valeur moyenne
3
supérieure à 2.20 g.CM-3dès les premières centaines de mètres. Cette valeur de 2.20 g.CM-3
est peut-être appropriée pour la correction des reliefs dunaires, mais une densité de 2.50
g.CM,3est plus représentative des terrains sédimentaires superficiels, comme nous le verrons
plus loin.
Utilisant le même procédé qu'au chapitre III qui nous a permis de transformer les
valeurs calculées avec 2.20 en 2.67 g.crri 3, nous avons établi une carte d'anomalie de
Bouguer calculée pour une densité de correction plateau plus réaliste de 2.50 g.CM-3 pour
: les bassins sédimentaires qui s'étendent au sud en moyenne jusqu'au parallèle 26°N et une
densité de 2.67 g.cm,3 pour le socle cristallin au sud. Au niveau de la limite entre les deux
zones, un biais systématique doit persister. Il n'est cependant pas visible sur la carte de la
figure IV.2 qui présente les mêmes caractéristiques que celle établie pour les densités 2.20
et 2.67 g.cm,3 (Fig. IV. 1).
47 ANOMALIES GRAVIMéTRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
48 ANOMALIES ASSOCIEES
GRAVIMETRIQUES AUSOCLE
figure ILS. ,
2.1. Domaine de Reggane-Azzel Matti
A la limite du Craton Ouest-africain, une importante anomalie négative (-60 à -80
mgals) correspond au bassin paléozoïque de Reggane (plus de 6000 m de sédiments)
(Fig.n.4etII.5).
Cette anomalie est allongée NW-SE. Au sud, elle s'interrompt à la limite du bassin
sédimentaire où elle est relayée par l'ensemble des anomalies positive associées à la
suture panafricaine (Bourmatte, 1977). A l'est de Reggane, un haut gravimétrique sou-
ligne l'axe de la chaîne hercynienne de l'Ougarta, interprétée comme un aulacogène
(Fabre, 1976). Les directions gravimétriques principales sont N-S au sud et NW-SE vers
le nord, conformément aux directions structurales. Un certain nombre d'inflexions
", montre également l'existence de directions transverses NE-SW. Ces directions sont
également observées en géologie de surface; leur coexistence a joué un rôle important
dans l'évolution structurale de la région.
L'anomalie située à 3°30'E et 32°N est associée à la voûte structurale de Berriane (partie
centre-orientale du précédent axe). Ce système de voûtes structurales constitue la partie
septentrionale du Hoggar du nord, vaste bombement épirogénique permo-carbonifère
(Fabre, 1976). L'ensemble du domaine est limité au nord par un important gradient NS
marquant le passage au domaine d'anomalie négative associée au sillon de Benoud et à
l'Atlas Saharien (Fig.n.5) dont la structure principale est d'âge Eocène Moyen. Le
domaine de Rharbi-Berriane (Fig.IV.2) s'interrompt à l'est au niveau du méridien 5° sur
une direction NNE-SSW.
Ce domaine qui apparaît comme une structure majeure au centre de la carte (Fig.IV.2)
est constitué par un ensemble d'anomalies positives et négatives étroites et linéaires qui,
par endroits, semblent être affectées par des directions transverses NE-SW. Entre les
latitudes 26° et 29°N, on note l'apparition d'un sillon négatif bordé par deux chapelets
d'anomalies positives. Ces anomalies sont dans le prolongement de celles qui caracté-
risent au sud la partie centrale de la chaîne pharusienne. La limite occidentale de ce
domaine correspond à la faille d'Idjerane qui pourrait ainsi se continuer jusqu'à El Goléa.
Quant à la limite orientale, elle coïncide par endroit seulement avec des failles de moindre
importance. Le chapelet d'anomalies positives occidentales peut être associé à la dorsale
Le chapelet oriental se situe quant à lui dans l'axe central des dépressions
d'Idjerane. du
Mouydir au sud et de l'Oued Mya au nord (Fig.IV.2). ,
Le nord-est du domaine saharien est caractérisé par une importante et vaste positif
relatif (-50 à -30 mgals). Sa limite méridionale au niveau du parallèle 30°N est gros-
sièrement E-W. Elle correspond à la limite sud du bassin paléo-mésozoïque de Ghadamès
(Fig.Il.4, 11.5 et IV.2). A l'ouest, ce domaine s'interrompt au niveau du prolongement
du domaine médian. L'anomalie positive qui le caractérise est associée au bassin triasique.
L'axe négatif NNE-SSW au sud de Ouargla correspond approximativement au haut
structural de Messaoud. D'après la carte générale (Fig. 111.3), ce domaine se constitue
au nord jusqu'à 34°N où il est limité par un important gradient N-S au niveau du sillon
de Melrhir à la limite des Aurès (Fig.II.5).
Une importante anomalie négative marque son flanc occidental. Elle est large de 50
à 100 kms au sud et devient de plus en plus étroite vers le nord. Au sud du parallèle 27°N,
elle est divisée en deux par un couloir positif très étroit correspondant à l'accident majeur
du 4*50'E. On peut observer qu'au sud du parallèle 27°N, seulement une partie de
l'anomalie est située à l'ouest du 4°50', alors qu'au nord, elle l'est en totalité.
La dorsale d'Amguid (Fig.n.5), limitée à l'ouest et à l'est par des accidents majeurs,
est marquée dans sa partie au nord de 27° 30' par un important compartiment positif, large
d'une centaine de kilomètres (Fig.IV.2). Au sud du parallèle 27°N, le flanc occidental
de cette dorsale est donc caractérisé par la partie orientale de l'anomalie négative pré-
cédente.
Bouguer et la structure des bassins sédimentaires (géométrie et épaisseur des sédiments). Pour
préciser les anomalies associées à la structure du socle précambrien sous ces bassins, nous
sance de la morphologie générale des bassins et de la distribution plus ou moins locale des
stratigraphiques ont été établies. Les corrélations d'un bout à l'autre du bassin ne sont
cependant pas toujours évidentes, du fait des importantes variations lithologiques et stra-
tigraphiques.
La base du bassin sédimentaire est constitué par la surface du socle précambrien qui
comprend le substratum cristallin ou cristallophylien précambrien et les séries volcano-
détritiques peu plissées et exemptes de métamorphisme du Précambrien Supérieur ou de
l'Eocambrien. Cette surface est en général définie à partir de la sismique et calée sur les
forages qui l'on atteinte. Sinon, elle est extrapolée à partir du toit de l'Ordovicien qui
représente un important marqueur sismique carté sur l'ensemble de la plate-forme saha-
rienne. Cette extrapolation n'est pas toujours évidente, étant donné les variations d'épaisseur
du Cambrien principalement.
général les forages sont effectués au niveau des structures hautes, les zones où le bassin est
plus profond sont relativement moins explorées par le forage.
Nous avons dépouillé les diagraphies de densité FDC au niveau de 32 forages, répartis
à travers toute la zone d'étude, où cette information est disponible pour toute la colonne
forée et au niveau de quelques dizaines d'autres où cette diagraphie n'est que partiellement
effectuée (réservoirs triasiques, viséens, dévoniens et cambro-ordoviciens). Les valeurs
obtenues sont moyennées sur des intervalles représentatifs (10 à 20 m) où la lithologie et
la porosité sont globalement homogènes.
S3 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
FigJV3: Distribution des densités au niveau des grandes unités stratigraphiques à l'échelle de la Plateforme
saiuiricnne. Valeurs déduites des diagraphies FDC.
54 ANOMALiES GRAVIMETR1QUESASSOCIEES AU SOCLE
Nous présentons sur la figure IV.3 la distribution de la densité pour chacune des grandes
unités stratigraphiques à l'échelle de toute la zone d'étude. On note une augmentation
globale de la densité en fonction de la profondeur (cette évolution est illustrée sur la figure
IV.3 par une loi moyenne calculée au sens des moindres carrés). Ces figures suggèrent
quelques remarques:
- la distribution des densités des terrains crétacés n'est pas représentée, du fait de
l'absence de diagraphie de densités. En général, ces terrains sont caractérisés par des
porosités élevées et par conséquent, toutes choses égales par ailleurs, des densités proba-
blement plus faibles;
- au niveau de
chaque unité considérée, la dispersion des valeurs traduit l'importance
des variations latérales de la densité à une profondeur donnée;
- à même
profondeur, les différents terrains relatifs à des unités différentes ont des
densités très variées (2.20 à 2.65 g/cm3); ceci est parfois également vrai pour des terrains
de la même unité (ex. Dévonien et Carbonifère);
- les dispersions les plus fortes sont observées au niveau des unités stratigraphiques
composées principalement de séries argileuses (Dévonien supérieur);
- des terrains qui ont été enfouis à de grandes profondeurs et ont par conséquent été
fortement compactés (ex. quartzites ordoviciennes) peuvent se retrouver actuellement
à plus faibles profondeurs avec une densité élevée.
Bien que la dispersion des valeurs soit importante, on note sur les diagrammes de la
figure IV.3 que les densités varient autour d'une valeur moyenne de 2.50 g.cm,3. Pour les
terrains les plus anciens (Gothlandien et Cambro-ordovicien), la valeur moyenne est
légèrement plus forte.
La figure IV.4 qui représente l'évolution globale de la densité avec la profondeur de
l'ensemble des terrains montre, comme la figure IV.3, que la densité de 2.50 g.crri est
3
proche de la valeur moyenne pour les profondeurs inférieures à 3000 m et de 2.55 g.CM,3
au-dessous de cette profondeur. Cette figure montre également l'importance de la dispersion
des valeurs de la densité. Il faut remarquer aussi que la représentativité de ces diagrammes
est fortement conditionnée par l'échantillonnage, certains formations, notamment les
réservoirs gréseux, sont mieux représentées.
55 ANOMALIES GRAVIMéTRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
Fig JV.4 :Distribution globale de la densité des terrains sédimentairesà l' échellede laPlateforme saharienne.
3. Calcul de l'effet sédimentaire
Nous avons choisi d'utiliser un contraste de densité constant pour toute la région. Nous
aurions pu améliorer le calcul de l'effet sédimentaire avec des densités tenant compte des
principales variations, en utilisant des lois déterminées localement pour des zones limitées
présentant une certaine homogénéité stratigraphique et structurale. Cette démarche bien
plus longue n'aurait cependant pas amélioré de façon significative la définition de cet effet,
compte-tenu des incertitudes sur la répartition détaillée de la densité, de la difficulté du
découpage du bassin en zones homogènes et de la technique de modélisation utilisée. Notre
objectif principal étant la mise en évidence des structures régionales, notre démarche peut
se justifier pleinement. ,
; 56 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
Des tests ont été effectués avec des densités de 2.45, 2.50 et 2.55 g.cm'3, soit des
contrastes de -0.15, -0.20 et -0.25 g.cm par rapport à la densité de 2.7 du socle. Les valeurs
de l'effet sédimentaire associé aux trois contrastes sont homothétiques. Les écarts entre
eux sont de 5 à 10 mgals au niveau des bassins les plus profonds (Reggane, Timimoun,
Oued Mya et Ghadamès). Un test basé sur l'observation du degré de corrélation linéaire
existant entre les anomalies de gravité et la topographie a été effectué dans la région de
l'Ahnet où la topographie du bassin est très accidentée (0 à 4000 m). Ce test a montré que
le contraste de -0.20 est celui pour lequel ces corrélations sont minimum (Annexe I). Si,
avec cette valeur, l'effet des terrains peu profonds est sous-estimé, celui des terrains pro-
fonds est par contre surrestimé (Fig.IV.4). On peut penser qu'il y a tendance à la com-
pensation des deux effets. Remarquons aussi que, en volume, la tranche de terrain de
profondeur inférieure à 2500 m pour laquelle le contraste de -0.2 g.CM,3 semble correct
représente approximativement le double de celle des terrains compris entre 2500 et 6000
m (Fg.II.4).
FigJV.5 : Effet gravimétrique de la couverture sédimentaire. Calculé pour un contraste de densité de -020
g.cm-J.Equidistance: 10 mgal.
57 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
Le calcul de l'effet du bassin sédimentaire a été effectué à l'aide d'un logiciel basé sur
les formulations proposées par Bhattacharrya et Navolio (1975). Pour ce faire, le bassin
sédimentaire (Fig.IL4) est décomposé en prismes verticaux de densité homogène -0.20
g.cm"3. L'effet de ces prismes est calculé aux noeuds de la grille utilisée pour l'établissement
de la carte d'anomalie de Bouguer (Fig. IV.1). L'effet du bassin sédimentaire ainsi calculé
est illustré sur la figure IV.5. Il est au maximum de -54 mgal au niveau du bassin de
Ghadamès. La figure IV.6 a été obtenue par soustraction de cet effet à la figure IV.2.
Les principales structures gravimétriques que l'on peut dégager à partir de cette carte
sont figurées sur le schéma de la figure IV.7. Ce schéma fait ressortir la subdivision en
FigJV.8: Carte d'anomalie de Bouguer (2S � 2.67) corrigée des sédiments (-02 g.cm') du domaine de
Reggane-Azzel Matti.
611 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
FigN.9 : Couple (A-A) SW NE dans la partie méridionale de la zone d'étude. En haut: anomalie de
Bouguer; au milieu: en trait plein= anomalie corrigée de l'effet sédimentaire et en pointillé= effet
isostatique; en bas: coupe du bassin (1= Mésozoique, 2= Paléozoique, 3= socle).
Le fait que l'axe positif de Reggane se situe dans le prolongement de la bande
d'anomalie positive relative qui au sud est associée à la zone de suture panafricaine
(Bourmatte, 1977 ; Bayer et Lesquer, 1978) suggère que cette suture se prolonge au nord
sous le bassin de Reggane jusqu'à la latitude 28°N. A partir de cette latitude, l'anomalie
positive s'interrompt. On note cependant au nord le début de deux axes positifs, l'un ou
l'autre pourrait représenter le prolongement de cette suture, décalé soit vers le SW (dé-
crochement sénestre), soit vers le NE (décrochement dextre) par une direction transverse
NNE-SSW qui affecte toute la partie nord-ouest de la carte. Il est plus probable que ce
prolongement de la zone de suture soit représenté par l'anomalie positive de l'Erg Er
Raoui (Ougarta), car le décrochement dextre ainsi admis est sensible au niveau de toute
la carte. Cette axe gravimétrique est souligné par une importante anomalie magnétique
(Mission Aérosevices 1971). Il est difficile de préciser si cette anomalie représente la
62 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
FigJV.ll : Carte d'anomalie de Bouguer (2S �2.67) corrigée des sédiments (-0.2 g.cm-J)du domaine
de Timimoun-Ahnet.
64 ANOMALIES GRAVIMéTRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
On peut évoquer ici l'utilisation d'un contraste de densité insuffisant; mais, d'après
les déterminations des densités, le bassin de Timimoun ne présente pas une densité
moyenne inférieure à celles du reste de la plateforme. Il est donc difficile de relier cette
vaste anomalie négative à un effet sédimentaire résiduel. Par contre, les anomalies de
plus courte longueur d'onde et de plus faible amplitude pourraient être reliées à des
variations locales de la densité des sédiments. Toutefois, leur orientation conforme aux
directions structurales panafricaines suggèrent par contre une origine dans la croûte
superficielle.
Ce domaine est dans le prolongement de la branche occidentale de la chaîne pha-
rusienne du Hoggar (Caby et al., 1981 ). L'étude des anomalies associées à cette branche
amène Bourmatte (1977) à distinguer :
- une bande d'anomalies
positives associées au môle d' In Ouzzal dont nous ne voyons
pas l'extension au nord au niveau de notre zone d'étude,
- un domaine d'anomalies
négatives associées à ce qu'il appelle le compartiment de
la Série Verte, constitué essentiellement de grauwackes volcaniques et de molasses
parfois très épaisses de la Série Pourprée. Les anomalies négatives que nous
observons pourraient représenter l'extension de ce compartiment qui s'élargirait
ainsi vers le nord.
FigN.l2 : a: carte d'anomalie de Bouguer (2S � 2.67) corrigée de l'effet sédimentaire (-02 g.ci?z�3) du
domaine Mouydir-Oued Mya.
b: coupes sériées (1 à 6) de l'anomalie de Bouguer corrigées de l'effet sédimentaire. Leur position
est indiquée sur la figure 12a.
Au niveau du Hoggar, les deux anomalies situées sur le socle, au sud du parallèle
26°N, semblent correspondre à des pointements de roches basiques à ultrabasiques.
66 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
homogène.
Au niveau de ces deux coupes, l'effet sédimentaire a été calculé avec plus de soin,
en prenant en compte les variations locales de la densité notamment pour la coupe 2.
Nous avons soustrait à l'anomalie ainsi corrigée un effet régional de type isostatique qui
prend en compte l'effet de la compensation du relief. Les modèles calculés (Fig.IV.13)
montrent que l'on peut admettre, pour un contraste de densité de 0.3 g.cm-3, des épaisseurs
de roches denses de l'ordre de 3 km. Plus au nord, nous ne disposions pas de contrainte
FigJV.14 : Situation de la zone de suture proposée par rapport à la structure de la chaîne panafricaine.
1: Boucliers Reguibat et Léo; 2: granulites éburnéennes du môle In Ouzzal; 3: gneïss réactivés du
Les directions subméridiennes qui limitent les anomalies positives, associées aux
différentes voûtes structurales de l'axe haut Rharbi-Berriane, semblent être dans le
prolongement de certains grands accidents subméridiens panafricains(accident d'Idje-
rane et celui délimitant à l'est le compartiment d'Egatalis dans le Hoggar). Il est donc
probable que la structure panafricaine se prolonge au moins au nord jusqu'à la limite de
l'Atlas Saharien.
Les directions N40° sont quant à elles parallèles à celles de la structure hercynienne
au nord et sécantes à celles de la structure panafricaine. Ceci suggère que ce domaine a
dû être fortement restructuré lors de l'orogénèse varisque, toutefois sans une remobili-
sation complète de la croûte, dans la mesure où coexistent encore directions panafricaines
et directions varisques. Par ailleurs, nous avons déjà remarqué que ce domaine positif
est associé à la branche septentrionale du bombement permo-carbonifère du "Hoggar du
nord", fortement érodé durant le Permien (Fabre, 1976) et qu'il a été également affecté
par la distension triasico-liasique, notamment sa bordure nord.
FtgJV.73 : Carte d' anomalie de Bouguercorrigée de l' effetdes sédiments du domaine de Rharbi-Berriane.
L'anomalie positive de grande longueur d'onde qui le caractérise est certainement
associée à des modifications dans la croûte en relation avec les évènements thermotec-
toniques de la fin de l'orogénèse varisque et du début du Mésozoique. Le modèle à deux
dimensions selon la coupe C-C de la figure IV. 17 montre qu'un corps dense (+0.4 g/cm3)
d'épaisseur 3 km, situé en base de croûte, peut expliquer l'anomalie régionale observée.
L'existence du domaine positif de Rharbi-Berriane pourrait donc être associée à la
présence de matériel dense mis en place en base de croûte lors des évènements tectoniques
de la fin du Paléozoique.
70 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
.
Fig.IV.l6 : Coupe (C-C) NNW-SSEà travers l'axe haut de Rharbi-Berriane et le nord-est du bassin de
Timimoun.En haut: anomalie de Bouguer; au milieu: en trait plein= anomalie corrigée de l'effet
sédimentaire et en pointillé= effet isostatique. En bas: coupe du bassin (1: Mésozoique, 2: Paléo-
�''
zoique, 3: socle).
711 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
longueur d'onde, orientée E-W au nord et N-S au sud. Une discontinuité orientée N40°,
longue de plus de 500 km, sépare ce domaine de celui d'Illizi au sud (Fig.IV.6). Elle
correspond globalement à la limite méridionale du bassin paléozoique de Ghadamès
(Fig.II.4). Au niveau de la topographie, il est également intéressant de noter que cette
discontinuité gravimétrique est soulignée par la limite remarquablement rectiligne de
l'important ensemble dunaire du Grand Erg Oriental (Fig.D.2) et qu'elle se continue en
Libye où elle constitue la limite sud de la Djeffara tripolitaine. Elle pourrait ainsi être
associée à un linéament géologique majeur qui a joué un rôle important dans la confi-
guration structurale de la région.
72 ANOMALIES GRAVIMETTUQUESASSOCIEES AU SOCLE
FigfV.19 : Coupe (D-D) NNW-SSE .En haut: anomalie de Bouguer; au milieu: en trait plein=
anomalie corrigée de l'effet sédimentaire et en pointillé= effet isostatique; En bas: coupe du bassin
(1: Crétacé supérieur; 2: Crétacé inférieur; 3: Jurassique; 4: Trias; 5: Paléozoique; 6: socle).
73 ANOMALES GRA VIMETRIQUESASSOCIEES AU SOCLE
FigJV.20 : Carte d'anomalie de Bouguer corrigée de l'effet sédimentaire du domaine oriental d'Illizi.
74 ANOMALIES GRAVIMéTRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
Paléozoique; 4: socle).
faveur d'une importante phase d'extension qui affecte toute l'Afrique Centrale et qui est
reliée à l'histoire de l'ouverture atlantique (Guiraud et al. 1987, Fairhead et Green, 1989).
Au niveau du Ténéré, cette distension s'est traduite par un amincissement crustal et la
mise en place probable de matériel dense en base de croûte, comme le montre l'anomalie
positive de grande longueur d'onde associée (Lesquer état. 1988 ; Fairhead et Green,
1989). A l'est du Hoggar, l'anomalie de l'Erg Admer (9°E et 24°30'), située dans le
prolongement du Ténéré, est interprétée selon ce modèle (Dautria et Lesquer, 1989).
Comme on peut le constater sur la coupe de la figure IV.21, les anomalies de la zone
d'Illizi sont associées à un fossé très subsident au Crétacé Inférieur, principalement au
Néocomien -Barrémien (Cf. Chap.VI). Cette corrélation entre ces anomalies linéaires et
le fossé Crétacé inférieur et le fait qu'elles se situent dans le prolongement de celles du
Ténéré nous amènent à émettre l'hypothèse de l'extension au nord des structures dis-
tensives du Ténéré. Dans ce cas, un amincissement ou une modification en base de croûte
de l'ordre de 3 km peuvent être proposés (Fig.IV.22a).
Les anomalies négatives peuvent quant à elles être reliées à des contrastes de densité
dans la croûte superficielle, correspondant à des granites. En effet, de nombreux sondages
à l'est d'Illizi les ont rencontrés à la base de la série Paléozoique. Par contre, en bordure
orientale du môle d'Amguid, les forages ont rencontré des formations molassiques
précambriennes sous le Cambro-ordovicien.
gravimétriques sont reliées à des structures situées dans la croûte supérieure (Fig.IV.22b).
Compte-tenu des volumes de roches denses que l'on est amené à envisager, il est peu
probable que celles-ci soient associées à la distension crétacée. En effet, aucune mani-
festation volcanique s'y rapportant n'a été rencontrée par les nombreux forages de la
région.
76 ANOMALIES GRA VIME1RIQUESASSOCIEES AU SOCLE
FigJV23 : Schéma illustrant l'extension de la zone affecte par la distension au Crétacé inférieur et la
position des principaux fossés.
1: fossé d'âge Crétacé inférieur; 2: massif précambrien; 3: zone d'extension des structures dis-
tensives du nord et sud du Hoggar.
On peut par contre supposer que ces anomalies, notamment l'anomalie positive au
nord d'Illizi,sont associées à la structure panafricaine (Fig.IV.22b). Dans ce cas, cette
anomalie constituerait l'une des plus importantes de la chaîne panafricaine. A l'appui de
cette hypothèse, on peut observer que des roches denses (gabbro, diorite) ont été ren-
contrées, à l'aplomb de certaines anomalies positives, par les forages qui ont atteint le
socle précambrien (TFN. 1, MHZ. 1 ).Dans ce cas, l'anomaliepositive principale pourrait
marquer le prolongement du contact entre le Hoggar Central et le Hoggar Oriental qui
deviendraient alors NNW-SSE au nord sous les bassins.
Ces deux modèles sont à notre avis extrêmes et aucun d'eux n'explique à lui seul
l'anomalie observé. Comme nous le verrons dans le chapitre VII, les taux d'extension
de la phase crétacée sont globalement plus faibles que ceux induits par le modèle de la
figure IV.22a. D'autre part, dans le cas de la seconde hypothèse, les volumes de roche
78 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
dense impliqués doivent être énormes pour expliquer les anomalies observées. Il est plus
logique de considérer que la distension du Crétacé inférieur a remobilisé une zone de
faiblesse panafricaine.
On peut s'attendre à ce qu'il existe une relation entre ces variations topographiques et
les tendances régionales du champ de gravité. Cette relation, sensible sur les cartes d'anomalie
de Bouguer, se traduit notamment par une décroissance régionale des valeurs associées aux
reliefs élevés (-130 mgal sur l'Atakor). Cette relation est généralement interprétée comme
l'évidence d'une compensation isostatique en profondeur des excès de masse superficiels liés
au relief. Ilexiste deux façons d'extraire la partie du champ associée à ce phénomène :
- une première méthode basée sur le calcul, dans l'espace de Fourier, d'une fonction de
transfert Q telle que :
G=Q*H+N
d'après Dorman et Lewis (1970) où N représente la partie du champ non corrélée avec
l'altitude H, G l'anomalie et ( * ) l'opérateur de convolution. Cette méthode n'implique
pas de modèle à-priori sur la manière dont se réalise la compensation du relief; c'est cette
méthode que nous avons employé dans la note incluse dans le chapitre IX de ce mémoire;
- une seconde méthode basée sur l'utilisation d'un modèle de compensation à-priori.
C'est cette méthode que nous avons utilisée ici en supposant que la compensation est
réalisée localement à l'interface croûte-manteau selon un modèle d'Airy simple.
Selon ce modèle, les reliefs correspondant à des excès de masse sont compensés en
profondeur par un déficit de masse ; les bassins sédimentaires correspondant quant à eux à
un déficit de masse sont compensés en profondeur par une remontée du Moho. Selon ce
principe d'équilibre des masses, une topographie du Moho a été déduite de celle de la surface
en admettant un contraste de -0.45 g/cm3 entre la base de la croûte et le manteau supérieur,
une épaisseur de croûte de 30 km et une densité de 2.67 g/cm3 pour le relief. L'effet de ces
variations de profondeur du Moho est représenté sur la figure IV.24. On peut constater que,
pour la partie sud, les valeurs obtenues sont comparables à celles déduites du calcul par
fonction de transfert (Cf. Chap.IX). Le même calcul a été fait pour un choix de paramètres
différents (L = 35 km,Op =-0.4g.cm -3 ) sans apporter de changement qualitatif majeur.
79 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
FigN24 : Effet isostatique associé au relief.(Airy 30 km, contraste croûie-manteau = -0.45 g.cm'3, densité =
25et2.67g.cm3).
Les seuls changements notables sur la carte de la figure IV.25, obtenue par soustraction
de l'effet isostatique à la carte de la figure IV.6, sont sensibles là où les gradients de relief
sont importants, c'est-à-dire à l'approche de l'Atlas Saharien et du Hoggar.
80 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
ô1 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
rompue par le prolongement nord du domaine médian dont le tracé est amélioré. L'axe négatif
Adrar-Timimoun-El Goléa qui borde au sud le domaine Rharbi-Berriane est plus précis.
Au nord du Hoggar, les directions N-S et NW-SE sont mieux définies. Par ailleurs,
comme le montrait déjà l'analyse par fonction de transfert du champ de gravité sur l'Atakor
(Lesquer et al. 1989), des anomalies positives apparaissent à l'est du bouclier. La présence
de ces anomalies qui sont à vrai dire mal définies pourrait confirmer la continuité à travers le
Hoggar des structures d'âge Crétacé Inférieur du Ténéré.
Les anomalies de grande longueur d'onde de cette carte doivent représenter essentiel-
lement l'effet des masses assurant la compensation isostatique des bassins. L'analyse de ce
document montre des écarts significatifs à ce modèle simple.
Alors que, dans la partie nord (domaine Rharbi-Berriane), les anomalies positives
observées sont, compte- tenu du remplissage sédimentaire, de l'ordre de grandeur de celles
attendues (25 à 30 mgal). Au sud de cette zone, particulièrement dans la partie méridionale
du domaine de Timimoun-Ahnet, on note la persistance de tendances négatives importantes,
modulées par l'effet des structures crustales. Les valeurs négatives observées sont comprises
entre -10 et -20 mgal; elles indiquent un écart à l'isostasie supérieur à 50-60 mgal. Cet écart
est illustré sur la figure IV.26 sur laquelle est figuré (IV.26a) l'effet théorique associé à la
compensation du bassin calculé par modèle direct au niveau de la coupe A-A (Fig.IV.9); il
est de l'ordre de +30 mgal au niveau du bassin de Timimoun. Cet effet a été rajouté à celui
associé à la compensation du relief (Fig.IV.9). Il s'ensuit un écart global à l'isostasie de l'ordre
de -50 à -60 mgal (Fig.IV.26b) au niveau de cette région. La différence observée entre cette
zone et le Nord-est Saharien d'altitude et de profondeur de bassin comparables est remar-
quable. Dans le Nord-est Saharien, l'écart à l'isostasie théorique n'est que de -10 à -20 mgal.
Il est également visible dans la zone d'Illizi, bien qu'il soit masqué par l'existence des fortes
anomalies positives NNW-SSE (Fig.IV.21 et IV.26).
En conclusion, l'ensemble de la plateforme saharienne présente un écart à l'isostasie (au
sens d'Airy) d'environ 40 à 60 mgal. Il faut soit évoquer des mécanismes plus régionaux dont
nous ne voyons dans l'état actuel de nos connaissances aucune évidence, soit admettre que
ce déséquilibreest lié à l'existence d'une anomalie négative de grande longueur d'onde,
associée à des phénomènes plus profonds.
Cette dernière hypothèse est en accord avec nos études sur le flux géothermique et les
résultats de l'étude des ondes de surface. Cette hypothèse est développée dans le chapitre IX
de ce mémoire.
82 ANOMALIES GRAVIMETRIQUES ASSOCIEES AU SOCLE
Le trait structural majeur est l'existence d'un chapelet de corps denses jalonnant la limite
entre deux domaines structuraux différents dont l'évolution post-panafricaine est relativement
contrastée. Cet axe (Mouydir-Oued Mya) constitue un linéament majeur qui semble se pro-
Le domaine d'Illizi, à l'est, est caractérisé par des anomalies compartimentées d'ouest
en est et allongées NNW-SSE. Elles peuvent être interprétées soit en relation avec la structure
panafricaine dans la croûte supérieure, soit en relation avec la distension qui a donné naissance
à des fossés crétacés au nord et au sud du Hoggar notamment. Nous penchons pour la seconde
D'importantes discontinuités tranverses NE-SW ont été mises en évidence. Elles affectent
toutes la structuration panafricaine et sont également sensibles au niveau de l'évolution
ultérieure. Elles se retrouvent parfois même dans la morphologie du relief actuel. Au nord,
ces directions NE-SW constituent des limites de corps denses et représentent donc des
structures géologiques importantes. Au sud, elles se traduisent seulement par un décalage des
directions N-S et constituent aussi des limites à partir des quelles les failles qui affectent
notamment la couverture sédimentaire sont soit décalées, soit interrompues. Ces directions
NE-SW sont au moins d'âge varisque (conformes à la structure hercynienne au nord-ouest).
Le fait qu'elles soient sensibles dans la morphologie du relief actuel induit qu'elles ont été
remobilisées à chaque fois qu'un important épisode tectonique affecte la région.
e Enfin, l'analyse de l'écart à l'isostasie locale qui caractérise toute la plateforme saha-
rienne nous conduit à proposer l'existence d'une anomalie négative régionale d'origine
profonde. Ces observations et les résultats des études du flux de chaleur (chap.VIlIet IX) et
des ondes de surface (Hadiouche et Jobert,1988 ; LesquergIAL, 1990) nous amènent à associer
cette anomalie négative à l'existence d'un manteau supérieur anormal.
ETUDE DE LA SUBSIDENCE DU BASSIN
MESOZOIQUE DU NORD-EST SAHARIEN
87 METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE
CHAPITRE V:
I. Introduction
Au nord-est de la plate-forme saharienne, un bassin intracratonique s'est mis en place
dès le début du Mésozoïque, de façon transgressive sur un substratum paléozoïque dont la
surface a été complètement remodelée par la tectonique et l'érosion anté-triasique. Ce bassin
a été le siège d'une subsidence et d'une sédimentation quasi continue, souvent sous une très
faible tranche d'eau, depuis le début du Trias. Il se présente actuellement comme une gouttière
NNE-SSW dont l'axe central correspond à deux dépressions topographiques au NNE et au
SSW (Fig.I.2). L'épaisseur des sédiments est de 3000 à 5000 m au centre du bassin, comme
on peut le constater sur la carte en isobathes de la base du Mésozoique (Fig.V.l), établie à
partir de la sismique et des forages.
Ce bassin s'ouvre vers le nord sur le domaine atlasique dont il est séparé par une zone
de flexure complexe (la flexure sud-atlasique); il est limité au sud par les contreforts paléo-
zoïques du massif du Hoggar, à l'ouest par la chaîne plissée de l'Ougarta et se continue à
l'est, en Tunisie. Il couvre une superficie de quelques 700.000 km2 .
L'histoire de ce bassin est marquée par des événements tectoniques importants, liés au
cycle alpin au nord et à l'ouverture de l'Atlantique à l'ouest de la plaque africaine. Cette
histoire est enregistrée de façon plus ou moins complexe dans l'évolution sédimentaire du
bassin. C'est un aspect particulier de cet enregistrement qui est étudié ici: l'analyse de la
subsidence, effectuée sur quelques 80 forages pétroliers, répartis à travers tout le domaine
considéré et traversant toute la colonne sédimentaire mésozoïque.
Le cadre géologique ayant été décrit précédemment, nous expliciterons dans ce chapitre
les différentes étapes méthodologiques suivies pour le dépouillement des données et le calcul
de la subsidence. Les deux chapitres suivants seront consacrés à la présentation des résultats
du calcul de la subsidence tectonique pour différentes périodes et à leur analyse par rapport
au contexte géodynamique qui a marqué la plaque africaine, notamment dans sa partie
nord-occidentale. Enfin après un bref rappel des principaux modèles proposés pour expliquer
la subsidence des bassins sédimentaires, nous essayerons de dégager des mécanismes simples
qui puissent expliquer l'évolution de ce vaste bassin jusqu'à l'Eocène, période à partir de
laquelle son évolution a été complètement ralentie.
88 METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE
Plusieurs modèles ont été élaborés pour expliquer cette subsidence à l'aide de méca-
nismes physiques plus ou moins simples. A l'origine, ces modèles s'appliquent à la for-
mation de bassins de marge continentale passive, essentiellement de type atlantique; ils ont
été étendus ensuite aux bassins intracratoniques.
- régional, la lithosphère étant assimilée à une plaque mince élastique flottant sur un
substratum liquide ou visqueux (Walcott, 1970 ; Watts et Cochran, 1974; Steckler et Watts,
1981; etc...).
compensé l'affaissement du bassin (Sleep, 1971). La subsidence est amplifiée par la ten-
dance de la lithosphère à s'enfoncer par réajustement isostatique sous l'effet de cette sur-
charge.
La méthode
du back stripping sédimentaire, décrite à l'origine par Watts et Ryan
(1976), permet d'évaluer la subsidence tectonique, c'est-à-dire la subsidence que l'on aurait,
toutes chose égales par ailleurs, en l'absence de sédimentation. Cette méthode consiste à
retirer progressivement le poids des couches sédimentaires superficielles, en remontant le
temps et en décompactant les sédiments sous-jacents au fur et à mesure (Fig. V.3). Afin de
pouvoir comparer les différentes époques entre elles, il convient d'effectuer des corrections
qui tiennent compte des paléoprofondeurs de dépôts et des variations eustatiques du niveau
moyen des mers (Steckler et Watts, 1978 ; Brunet, 1981). L'hypothèse de compensation
isostatique locale de type Airy est généralement faite pendant la phase de distension; d'après
Le Pichon état. (1973), cette hypothèse est justifiée.
..'
Les paramètres utilisés dans cette expression ont la signification suivante:
Fig.V.3 : Schéma illustrant la méthode du back stripping sédimentaire (d'après Bessis, 1985).
a. Mécanismes de compaction
Dans un premier stade, la compaction des grès est dûe à un réarrangement des
grains sous l'effet de la charge, ceci autant plus rapidement que leur taille est petite et
que leur classement granulométrique bien ordonné (Graton et Frazer, 1935 ; Taylor,
1950). Dans un second stade, des phénomènes diagénétiques apparaissent avec
l'augmentation de la température (Maxwell, 1964) et du temps (Serra, 1985).
La porosité peut ne pas représenter fidèlement la compaction, étant donné la
résistance des grains à l'écrasement, l'apparition de phénomènes diagénétiques et le
Pour approcher les lois de porosité, nous avons utilisé à la fois les informations
diagraphiques et les rapports d'analyse des carottes en laboratoire. Les résultats pour
les trois lithologies dominantes (grès, argiles et carbonates) sont illustrés sur les figures
V.4 (a, b et c). La distribution des porosités pour chaque lithologie a été approchée par
une loi de type exponentiel, calculée au sens des moindres carrés, principalement pour
une raison de commodité d'utilisation du logiciel de décompaction.
- Les
grès et sables (Fig.V.4a).
La porosité des grès a été déduite des diagraphies (temps de trajet, Neutron et
densité) et parfois des rapports d'analyse de carottes au laboratoire. Nous avons choisi
4 METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE
des intervalles de formation "propre" (plus de 75% de grès) pour avoir des valeurs
relatives à des lithologies comparables; les pourcentages d'argile qu'ils contiennent
(
ont été évalués à partir du Gamma Ray (Desbrandes, 1968 ; Serra, 1985).
� Malgré une certaine dispersion des valeurs, la porosité des grès du Mésozoïque
du bassin NE Saharien est approchée au sens des moindres carrés par la loi suivante .
. - où la profondeur Z est exprimée en km (Fig.V.4.a).
��=0,42exp(-0.388Z)
mélange d'illite, de chlorite et de kaolinite. La valeur du temps de trajet dans l'eau À/y
est en générale prise égale à 180 gs/ft, quoiqu'elle varie quelque peu avec la température
et la salinité (Serra, 1985). Ces deux valeurs de A m et p,. ont été calées au niveau
des intervalles où les deux diagraphies sont disponibles. Dans ces conditions, il est
également possible de reporter les temps de trajet et Air en fonction de la porosité §D
à partir du log de densité et d'extrapoler la relation obtenue à tout le puits, en supposant
une compaction normale (Serra, 1985).
Ainsi, la relation porosité-profondeur obtenue pour les argiles (Fig.V.4.b) est
donnée par l'expression :
La porosité des carbonates a été évaluée de la même manière que pour les grès.
Nous avons groupé volontairement les calcaires et les dolomies dont les comportements
sont certes quelque peu différents, mais ils sont souvent associés dans des mélanges
ou des alternances (calcaire dolomitique ou inversement). La loi moyenne déduite est
donnée par l'expression suivante:
(D3= 0.21 Exp(-0.531Z).
- Les lithologies composées5
, � E�.Exp(-C.Z)
Comme nous devons supposer des relations de type exponentiel pour la com-
, modité du calcul, une approche réaliste du problème consiste à considérer que la
porosité de l'alternance est donnée par :
Nous admettons que, les coefficients C, étant peu différents, 4�Ôet C* sont
approchés par :
n
On peut vérifier que, dans le cas qui nous intéresse, cette formule est tout à fait
satisfaisante.
Fig.V.6 : Cycles à l'échelle globale, de rI' et 2""' ordres, des changements relatifs du niveau marin au
desdifférentes
Fig.V.7:Comparaison courbesdesvariationsduniveaumarinà l'échelleglobale(d'après
Ronov, 1968; Wise, 1974; Vail et al., 1977; Pittman,1978; Watts et Steckler, 1979; Bond, 1978)
Fig.V.8 : Courbe des variations du niveau marin utilisée au niveau de celle étude. Tirée de Vail et Mitchum
(1979) et Haq et al. (1987), calibrée à 250 m pour le maximumdu Crétacé supérieur.
lOO METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE
Au niveau de cette étude, nous avons utilisé les courbes proposées par Vail et
Mitchum (1979) et Haq et al. (1987), calibrée sur une valeur de 250 m pour la période
du maximum de transgression au Cénomano-Turonien (fig.V.8).
D'autre part, le Paléocène n'est décrit nulle part à travers ce bassin, sauf dans le
sud-est constantinois. Cette absence de référence ne traduit pas obligatoirement l'exis-
tence d'une lacune, mais plutôt la difficulté stratigraphique de différencier le Paléocène
de l'Eocène (Busson, 1972 ; Fabre, 1976). Ainsi, nous l'avons incorporé à l'Eocène. Par
contre, l'Oligocène, en général bien distinct du reste de la série, repose souvent en
discordance sur des termes quelconques du Crétacé Supérieur. Il en est de même pour
le Néogène, discordant sur le tout. Ces termes ont été précédés de périodes d'érosion
parfois importante.
2.2.6.Erreurs et incertitudes
Il est certain qu'un nombre d'erreurs possibles peut entacher les résultats du calcul
de la subsidence et induire en faux le raisonnement. Ces erreurs sont liées aux différents
'
paramètres utilisés et surtout au processus de leur évaluation.
- et stratigraphie
Chronologie
L'échelle chronologique globale utilisée doit être conforme pour pouvoir intégrer
les attributions stratigraphiques à l'intérieur du bassin à celles des principaux événements
à l'échelle globale (variation eustatique, phénomènes géodynamiques). Nous pensons
que le document publié par Palmer (1983) répond à ce souci.
Le problème le plus délicat à résoudre est celui des attributions stratigraphiques.
L'idéal serait d'avoir des datations absolues au niveau de tout le bassin ; ce qui est pour
le moment loin d'être réalisé. Les datations disponibles doivent être utilisées de façon
optimum, en s'aidant des corrélations pour les étendre le plus loin possible.
diagraphiques
En général, ces opérations sont plus ou moins bien effectuées dans le cas qui nous
intéresse. Seulement, les variations fréquentes de faciès et les diachronismes de certaines
101 METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE
formations risquent de fausser les corrélations. Pour cela, il faut parfois considérer des
regroupements d'unités chronologiques plus importantes, en acceptant de perdre quelque
peu d'information intermédiaire.
Il est toutefois indispensable de chercher le maximum de subdivision stratigraphique
que les données permettent d'obtenir, car la suite du traitement est telle que, à l'intérieur
de chaque unité considérée, le taux de sédimentation est supposé constant ; ceci constitue
une importante approximation et une perte réelle d'information à l'intérieur de l'unité
considérée.
- Compaction des sédiments
La reconstitution de l'état d'une couche sédimentaire à une époque donnée est
réalisée par le biais de la loi de la porosité selon la profondeur qui ne peut être qu'une
loi moyenne, d'où une certaine erreur dans le calcul de la subsidence, les lois de
D'autre part, il est difficile d'établir des lois de compaction propres pour chacune
des lithologies rencontrées. Nous avons retenu 18 lithologies moyennes avec lesquelles
nous décrivons la colonne sédimentaire dans tout le bassin.
Il est vrai que l'erreur commise au niveau de la décompaction est difficile à évaluer,
tant on ne tient pas compte de tous les facteurs. Mais elle ne saurait excéder celle commise
en ne décompactant pas et qui peut atteindre 25% sur la subsidence tectonique (Brunet
et Le Pichon, 1982).
- Erosion et lacune .
Il est possible que des périodes de lacune ou d'érosion n'aient pas été décrites et
que seules des études stratigraphiques plus fines permettent de les mettre en évidence.
Elles introduisent ainsi une certaine erreur dans l'évaluation de la subsidence tectonique
que l'on ne saurait chiffrer. Ce genre d'erreur est à incorporer dans le problème des
attributions stratigraphiques.
- Niveau marin et de dépôt
an léoprofondeur
102 METHODE D'ETUDE DE LA SUBSIDENCE
C'est la source d'erreur la plus importante qui peut entacher les résultats du calcul
.� de la subsidence. L'incertitude sur la paléoprofondeur de dépôt est variable . Le modèle
est adapté à la paléogéographie du bassin saharien; celle du domaine nord-atlasique est
certainement mal appréhendée, notamment
durant le Jurassique. Une erreur sur celle-ci
entraînerait une erreur dans le même sens sur la subsidence.
CHAPITRE VI:
l'un situé au centre du bassin du Nord-est Saharien (VI. la) et l'autre dans la périphérie au
sud-ouest (VLIb). Les courbes de subsidence de tous les forages sont présentées en annexe
II..
Deux domaines particulièrement bien distincts peuvent être définis selon la forme
générale de la courbe de subsidence (respectivement Fig.VL l a et VI.lb):
- un domaine centre-oriental,
compris entre les méridiens 30 et 34°N et les parallèles 6
et 8°E, où la courbe présente une phase initiale triasique rapide, suivie globalement par
une longue phase de décroissance des taux de subsidence;
- un domaine
périphérique où cette phase triasique est relativement faible; elle est suivie
par une phase nettement plus rapide à partir du Lias et une longue phase de décroissance
progressive enfin.
Nous reviendrons plus loin sur cette différentiation. Néanmoins, nous observons que le
domaine centre-oriental est celui où la subsidence a été initiée dès le début du Trias et que le
domaine périphérique commence à fléchir progressivement vers le sud et le sud-ouest, comme
s'il était "entraîné" par la subsidence du domaine central, et très rapidement à partir du Lias
vers le nord, comme si d'autres mécanismes intervenaient.
Par ailleurs, un certain nombre de ruptures de pente marque les courbes de subsidence
dans leur ensemble (Fig. VL l ). Elles ne sont pas synchrones partout et caractérisent des
domaines différents. Ceci est clairement illustré par les courbes de subsidence, présentées en
annexe II. Les phases correspondant à des accélérations des taux de subsidence les plus
importants se rapportent aux périodes suivantes:
- la limite Trias-Lias, dans la zone nord-occidentale (Atlas Saharien),
- le Malm dans tout le domaine
septentrional,
- le Crétacé Inférieur (Barrémien) dans l'ensemble du bassin,
- la limite Crétacé-Tertiaire.
Ces cartes permettent de suivre l'évolution générale du bassin et d'analyser son schéma
de fonctionnement au cours de chaque intervalle de temps considéré. Nous prions le lecteur
de se reporter aux figures (IL2 et ILS) pour la localisation des différents éléments géologiques
utilisés ici.
Au cours du Trias Inférieur-Moyen, une subsidence rapide (20 à 30 m/Ma) est initiée
au nord-est de la Plateforme Saharienne (Grand Erg Oriental), définissant deux fosses
coalescentes orthogonales (Fig.VI.2):
- la fosse du Bas Sahara, allongée globalement E-W se prolongeant au nord-ouest dans
le Hodna et à l'est dans le Dahar Tunisien,
Fig.Vl.2 : Carte en isovaleurs des taux de subsidence tectonique durant le Trias Inférieur et Moyen. Equi-
distance: S m,Ma']. Les points indiquent la position des forages.
Ce bassin du début du Trias est limité au sud-est (Tinhert) et au sud-ouest (El Biod)
par des gradients relativement importants. Il convient de noter la relative faible subsidence
de la région d'El Biod-Messaoud dont la structure est contrôlée par des failles majeures.
107 EVOLUTION DE LA SUBDIDENCE
Pendant cette période, le milieu de dépôt est de type continental à deltaïque, permettant
parfois l'accumulation d'épaisses séries détritiques. Cette période est marquée par d'im-
portants épanchements volcaniques tholéiitiques qui se sont produit tant au niveau de ce
bassin qu'en Algérie du Nord (Bossières, 1971 ; Morre-Biot, 1974).
important gradient à la limite de l'Atlas Saharien. Le reste du domaine montre une subsi-
dence très progressive du sud vers le nord. Il faut noter le début du fléchissement du Grand
Erg Occidental vers le NW, comme entraîné par la forte subsidence de l'Atlas.
. Le Malm est quant à lui caractérisé par un basculement général du bassin vers le nord
à la faveur d'une remarquable accélération des taux de subsidence dans les Aurès au NE.
Le bassin subsident se situe au nord d'une ligne SW-NE, Béchar-Ghardaia-El Oued
(Fig.VI.6). En dehors de la fosse de l'Oued Mya, le reste du domaine se comporte comme
une véritable plateforme rigide, montrant par endroits une tendance à la surrection.
109 EVOLUTION DE LA SUBDIDENCE
Fig.VI.10 :Cénomano-turonien.
LégendevoirFig.Vl.2.
1 Un véritable changement s'opère dès le début du Crétacé Supérieur: un basculement
général du bassin vers l'est et le sud-est.
113 EVOLUTION DE LA SUBDIDENCE
- un régime marin peu profond, entrecoupé par un épisode lagunaire sénonien, au cours
du Crétacé Supérieur.
F�V/.7.?Subsidence
; cumulée
tectonique pendantle Trias.Equidistance:
100m.
séparés par des hauts-fonds. Cette structure marque aussi bien le nord que le sud de la
région; on note cependant que les deux domaines sont séparés par une zone haute le long
du parallèle 33°N, à la limite de la zone de flexure sud-atlasique. On peut dire que cette
période est marquée par l'apparition d'une subsidence de longueur d'onde E-W qui se
surimpose à celle N-S qui a prévalu au Jurassique;
- au cours du Crétacé
Supérieur (Fig. VI.16), on observe un basculement général du bassin
vers le sud-est et l'apparition d'une inversion de subsidence au niveau de la zone jusque-là
haute d'Amguid-El Biod au sud.
11C) EVOLUTION DE LA SUBDIDENCE
CHAPITRE VII :
Par la suite, dès le début du Trias, une phase de distension, préparant la séparation
ultérieure de la plaque Ibérie à la fois de l'Eurasie et de l'Afrique, caractérise la Pangée,
unique continent regroupant ces trois plaques. Cette situation est schématisée sur la figure
VII.2 qui montre les principaux fossés distensifs dans le nord-ouest de l'Afrique et le
1 sud-ouest de l'Europe. Cette distension induit un volcanisme et une faible
tholéïtique
transgression dans le nord-ouest de l'Afrique (Wildi, 1983 ; Dercourt et al., 1986).
Au Trias Supérieur, l'extension favorise l'étirement de la croûte continentale entre
l'Europe et l'Afrique, initiant la marge nord-africaine et favorisant la continuation du
magmatisme tholeïtique (Vila, 1980 ; Obert, 1981 ; Wildi, 1983).
119 MECANISMES DE SUBSIDENCE
Fig.Vll.3 : Schéma illustrant la position des différentes plaques au début du Lias moyen (d' après Tapponnier
1977).
Le jeu simultané des décrochements sénestres, globalement E-W, et des failles nor-
males NE-SW provoque l'apparition de bassins losangiques dans la gouttière atlasique où
la subsidence est très active (Mattauer k1JÙ., 1977; Kazi-Tani, 1984).
Fig.Vll.4 : Schéma tectonique globale illustrant la position des plaques Afrique, Ewasie et Néo-Téthys. Chacune desfiguresest appliquée
à la période précédent celle mentionnée; A: Callovien; B= limite Jurassique-Crétacé; C: Aptien; D: Santonien-Campanien; E:
limite Crétacé -Tertiaire. Ligne continue= transformante; triangles blancs= subduction océanique; triangles noirs= collision
continentale; points doubles= accrétion; hachures= croûte océanique; petits points= croûte continentale amincie; (tiré de
Dercowt et al.,1986).
(Fig.VII.4.C)(Biju-DuvaieLaL, 1982).
Une réorganisation des vitesses et des directions des mouvements relatifs à l'échelle
globale s'opère à partir de l'Aptien Supérieur (Fig.VII.C) : accélération des taux d'ex-
pansion atlantique et rupture entre les boucliers africain et brésilien (Olivet et al., 1984).
Ceci entraîne l'apparition d'importants fossés tectoniques à l'intérieur de l'Afrique
(Guiraud gL,11., 1987).
Le début de la rotation anti-horaire de l'Ibérie par rapport à l'Eurasie coïncide avec
l'apparition d'une phase compresssive au nord de l'Afrique au cours de l'Albien, (Biju-
Duval et al., 1977 ; Obert, 1981). Pendant ce temps (Fig.VII.c), un bassin océanique
s'installe à l'Est de la Tunisie, la Mésogée (Dercourt et al., 1986).
Un certain nombre de modèles, basés sur des mécanismes physiques plus ou moins
simples, permettent d'expliquer la répartition et l'évolution de la subsidence qui donne
naissance aux bassins sédimentaires, notamment les bassins intracratoniques. D'après Bally
et Snelson (1980), un bassin intracratonique est un bassin qui se développe au niveau d'une
lithosphère continentale et qui n'est pas associé au développement d'une méga-structure. Les
bassins de ce type se forment et évoluent à la faveur de ces mécanismes, agissant séparément
ou simultanément de manière plus ou moins complexe.
123 MECANISMES DE SUBSIDENCE
1. Modèles thermiques
Plusieurs auteurs (Sleep et Snell 1976, Haxby et al., 1976, Sleep et al., 1980; Ahern
et Mrkvicka, 1984) ont cherché à expliquer la subsidence des bassins intracratoniques et
de marges continentales par la contraction thermique : le réchauffement de la lithosphère
induit un bombement thermique. Le refroidissement se fait principalement par transfert
conductif entre les deux surfaces isothermes de la lithosphère. Si les dimensions sont
suffisamment larges devant l'épaisseur lithosphérique, ce refroidissement peut être
modélisé par une simple conduction verticale (Carslaw et Jaeger, 1947). La plaque se
refroidit de façon exponentielle, avec une constante de temps, = a zlKn2 (a = épaisseur de
la plaque, K = diffusivité thermique). Pour une épaisseur de couche limite de 125 km, la
constante de temps est de 50 Ma (Sleep et Snell, 1976) à 60 Ma (McKenzie, 1978). Ce
temps est réduit dans le cas de possibilité de perte latérale de chaleur.
S'il n'y a pas d'autres modifications,la lithosphère revenue à son équilibre thermique,
la surface revient à son état initial, sans subsidence. Pour qu'il y ait accumulation sédi-
mentaire, il faut admettre qu'il y a eu un amincissement ou alourdissement de la lithosphère.
Ces modifications introduisant donc un excès relatif de masse dans le manteau ou dans
la croûte peuvent être induites par l'érosion de la partie supérieure de la croûte, l'extension
ou le métamorphisme à sa base. L'alourdissement du manteau est lié au changement de
phase d'un faciès à un autre plus stable et plus dense en général.
1.1. Erosion de la croûte supérieure
(Sleep, 1971).
1.2. Métamorphisme
la base de la croûte continentale d'un faciès à un autre par métamorphisme, par exemple
le passage du faciès schistes verts au faciès amphibolite, plus stable et plus dense; ceci
entraîne une augmentation de la densité de 0.15 à 0.2 g/cm3 (Falvey, 1974 ; Haxby étal..
isothermes pour pouvoir la remonter dans la croûte. Fowler et Nisbet (1985) ont invoqué
ce processus pour expliquer la subsidence dans le bassin de Williston. Des informations
sur les propriétés crustales sont nécessaires pour contraindre un tel modèle.
Il est évident que des intrusions de matériel mantellique dense dans la croûte peuvent
alourdir celle-ci et entraîner la subsidence (Beloussov, 1960 ; Sheridan, 1969). D'autres
auteurs (Royden et Keen, 1980 ; Sclater et al., 1980) ont envisagé des intrusions de
matériel dense après morcellement de la lithosphère continentale.
2. Modèles tectono-thermiques
Ces modèles sont caractérisés par une déformation de la lithosphère en distension qui
modifie la répartition des masses ainsi que le champ de températures.
.�- une phase initiale (Si), associée à l'amincissement de la croûte avec un taux (3. Si
. la croûte est assez épaisse par rapport à la lithosphère (� 14%), il y a subsidence;
sinon il y a bombement.
- une phase thermique (Sw), liée au refroidissement de la lithosphère. Son taux de
décroissance suit une loi � Dans ce modèle, la distension est supposée instantanée
. ou courte devant la constante de temps thermique de 62,8 Ma (Parsons et Sclater,
1977).
Le modèle a été amélioré par Jarvis et McKenzie (1980) en considérant que le
refroidissement commence avant la fin de la distension.
125 MECANISMES DE SUBSIDENCE
(�-D)=(7,82-D)[l�j
- 2ème
phase : influence de la formation de la gouttière atlasique au Jurassique,
- 3ème
phase : fonctionnement des fossés au Crétacé Inférieur.
1ZC) MECANISMES DE SUBSIDENCE
Nous essayerons de dégager les mécanismes possibles qui sont à l'origine de la subsidence
de ce bassin et qui ont déterminé son évolution. Ces mécanismes sont certainement à associer
aux conditions géodynamiques générales qui ont affecté la plaque africaine, notamment sa
bordure nord-ouest pendant le Mésozoique.
Fig.V11.5 : Schéma illustrant un bombement h(t) résultant d' une perturbation thermique AT répartie dans
la lithosphère.
h(t) _ � 0 LaLAT(z,t)dz
l'épaisseur de la lithosphère.
Une importante phase d'érosion anté-triasique a fortement arrasé les deux surrec-
tions de la fin du Paléozoique. Dans cette zone centrale, le Trias repose en discordance
sur une plateforme cambro-ordovicienne Chap.II). On estime l'épaisseur des
(Fig.I.6,
sédiments paléozoïques érodés au cours de cette période à 2,5 - 3 km en moyenne. Elle
est probablement supérieure au niveau des boutonnières précambriennes de la zone haute
de Berriane où toute la série paléozoïque a été décapée.
,
129 MECANISMES DE SUBSIDENCE
Pour produire une telle érosion, il n'est pas nécessaire de considérer un bombement
de même amplitude ; en effet, au fur et à mesure de l'érosion, la surface topographique
se soulève par compensation isostatique. Le modèle schématique illustré sur la figure
VII.7 montre que le rapport entre l'épaisseur érodée e et le bombement maximum I1max
peut atteindre une valeur égale à 6. Ainsi, une érosion e = 3 km peut être expliquée par
un bombement maximum h""x = 500 m.
Pm - Pe
si
St = e « O.234.e
0.234.e
Pm - Pw
Fig.VH.8 : Schéma illustrant la subsidence induite par l'érosion après refroidissement de la lithosphère.
0
130 MECANISMES DE SUBSIDENCE
pour trois forages types du centre du bassin du NE Saharien. to représente le début du Trias (245
L'extension crustale a peut être joué localement un rôle au niveau du fossé du Gassi
Touil, bordé par des failles subméridiennes, expliquant la différence de subsidence au
Trias Inférieur entre ce fossé et le môle de Messaoud qui le borde à l'Ouest (SONA-
TRACH, Rapports internes) ; le mécanisme d'extension stricto sensu paraît cependant
très localisé.
Par contre, les intrusions tholéiitiques qui ont accompagné la phase d'extension qui
a regné au Trias moyen à supérieur peuvent être au contraire beaucoup plus importantes
Une autre possibilité est fournie par le métamorphisme à la base de la croûte qui est
dû à l'accroissement de la température. En effet, celui-ci peut se traduire par le passage
du matériel crustal d'un faciès moins dense à un faciès plus dense et généralement plus
stable. On suggère en général une transition du faciès schistes verts au faciès amphibolite
(Falvey, 1974 ; Middleton et Falvey, 1980). Ce passage, contrôlé essentiellement par la
température, entraîne un accroissement de la densité (plus 0.15 à 0.2 g/cm3) et un léger
amincissement crustal par conséquent. La subsidence associée au métamorphisme est
contemporaine du bombement thermique et tend à jouer donc en sens inverse par rapport
à celui-ci. Middleton (1980) propose, pour une perturbation thermique de 100 à 200°C
et une durée de 20 à 40 Ma, l'épaisseur de la couche transformée en base de croûte serait
de 2 à 4 km. Ceci entraîne un enfoncement de la surface, dû à la conservation de la masse,
de 200 à 400m.
132 MECANISMES DE SUBSIDENCE
porté les courbes de subsidence en fonction de ...J 10 -1 pour quatre forages (RGT. 1 et
HTg.l pour le domaine atlasique et MZR.l et GEM.l pour la bordure nord du domaine
saharien), montrant notamment l'évolution du sud au nord.
Dès la fin du Trias, une subsidence très active caractérise le domaine atlasique, au nord
de la Plateforme saharienne dont il est séparé par la zone de flexure. Cette subsidence aboutit
à la structuration des différentes gouttières de l'Atlas Saharien où d'importantes accumu-
lations sédimentaires s'y déposent( 8 à 10 km).
"
On observe sur la figure VII. 10, au niveau des deux forages typiques du domaine
atlasiques (RGT. 1 à l'ouest et Htg. 1 à l'est), une évolution pratiquement linéaire, perturbée
par quelques légères phases d'accélérations ou de ralentissement.
- phase d'accélération au cours du Malm et du Barrémien,
- phase de ralentissement au cours du Dogger (nord-est) et du Portlandien.
133 MECANISMES DE SUBSIDENCE
Fig.V11.10Comparaison
: de la subsidence atlasique�foragesRGT.]
entrelesdeuxdomaines:
tectonique et
l£Jg.J)et nord-saharien �
CAfZR.7GEM.l ). en to - t
Représentation
2.1. Initiation de la subsidence
L'initiation de cette importante subsidence au nord du domaine saharien, à la limite
Trias-Lias, correspond au début d'une grande période de distension qui se traduit par
l'étirement de la croûte continentale située entre l'Europe et l'Afrique (Vila, 1980; Obert,
1981; Wildi, 1983). Ce processus est accéléré par l'amorce de l'ouverture de l'Atlantique
Central dès le Lias Moyen ( 190 Ma) (olivets" 1984). A la faveur de cette distension
par décrochement sénestre, associé au mouvement de la plaque, se sont mis en place les
principaux domaines structuraux de l'Atlas et du Tell externe, selon une géométrie de
blocs basculés à grande échelle (Kazi Tani, 1984).
triasique en fonction de la distance pour différentes époques. On observe sur ces coupes
(Fig.VII. 11 .a et 12.a) une décroissance de l'amplitude de la subsidence au fur et à mesure
que l'on s'éloigne vers le sud par rapport à l'axe atlasique. Si on interprétait la subsidence
au sud de cet axe en terme d'étirement lithosphérique, les taux d'étirement déduits des
valeurs observées seraient de 1.12 en moyenne à environ 150 km de l'axe de l'Atlas
Saharien (forages KEB.l, MZR.l et HM.1) et de 1.06 à 300 km (forages AG.l, LHA.l 1
et BAA.1).
135 MECANISMES DE SUBSIDENCE
Fig .vil. 1 1 :Coupe NNW-SSEà partir du forage RGT.l (ouest Atlas Saharien) représentant l'évolution
nord-sud de la subsidence totale du substratum pour différentes périodes. a: enfouissement total; b:
dû uniquement à la phase thermique triasique; c: sans l'effet de la phase thermique (b).
136 MECANISMES DE SUBSIDENCE
paraît particulièrement net sur les deux coupes nord-sud de la subsidence totale présentée
sur les figures VII. 1 la (domaine occidental) et VII.12a (domaine oriental). Dans la partie
la plus septentrionale, correspondant aux axes des gouttières, on observe, depuis le début
du Jurassique, un enfoncement brutal du substratum. Cet enfoncement se propage vers
le sud jusqu'à un palier situé entre 250 et 300 km relativement à l'axe central des
gouttières. Ce palier peut être assimilé aux bombements périphériques engendrés par une
surcharge ponctuelle dans l'axe de la gouttière. Certes, le problème de cette surcharge
n'est pas encore bien élucidé. Le découplage induit par l'accident sud-atlasique qui joue
un rôle de shear zone a probablement entrainé une différence de comportement mécanique
de la lithosphère entre le nord et le sud. La distension liasique n'a affecté que la partie
nord, entrainant un important alors que la partie sud est restée plus ou
amincissement,
moins épaisse et froide. D'après Turcotte et Schubert (1987), la distance xb de ce bom-
bement par rapport à l'axe central est reliée aux paramètres flexuraux par :
Il en résulte, pour les valeurs moyennes déjà utilisées, que la rigidité est de l'ordre
de 2.10z3 N.m. On peut définir aussi une épaisseur de la lithosphère continentale élastique
telle que :
12( 1- v2)
Fig.VII.13 : Illustration du modèle de phase thermique triasique supposée linéaire en avec une
constante de temps de 100 Ma.
d'extraire la part de subsidence associée à la phase thermique (Fig.VI. 1 lb). Nous avons
admis que la contraction thermique dure 100 Ma et est linéaire en to - t , à partir du
Trias (Fig.VII.13). Cette partie a été soustraite à la subsidence totale (Fig.VI.l .c et
VL 12.b). Il en ressort une meilleure illustration de l'effet d'entraînement à la subsidence
par le biais de l'élasticité de la lithosphère, notamment dès le Lias et surtout à partie du
Malm à l'est.
.. Li.
Une autre possibilité serait de considérer une répartition du nord vers le sud des taux
d'étirement ou une différence d'étirement dans la croûte inférieure. Mais aucune
contrainte ne permet de préciser ce point de vue. Il est par contre difficile d'admettre une
extension progressive de la marge nord-africaine vers le sud, comme cela a été suggéré
(Wildi 1981). Les séries sédimentaires s'amincissent et se biseautent vers le sud et
témoignent d'une subsidence continue, mais de plus en plus faible.
ridiens (100 à 150 km de large). Cette accélération notamment au Barrémien est proba-
blement associée à la phase de distension qui a marqué le nord-est du Maghreb et qui a été
décrite en Tunisie et Libye occidentale (Ziegler, 1978 ; Ellouz, 1984). Cet épisode distensif
serait probablement lié au début du rifting de la Mésogée, après que l'Apulie, entrée en
collision avec l'Eurasie, se soit découplée par rapport à l'Afrique (Dercourt et al., 1986).
Cette distension serait orientée E-W.
Ainsi, il est plus logique de considérer deux dynamiques différentes qui semblent se
conjuguer au niveau des bassins nord-sahariens:
- une
dynamique mésogéenne au nord (Sud Constantinois), associée au rifting de La
Mésogée et à rapprocher de celle qui affecte la Tunisie orientale et le Nord de la Libye
(Biju Duval 1982, Ellouz 1984);
- une centrale et
dynamique atlantique au sud, à rapprocher de celle qui affecte l'Afrique
occidentale.
Il est probable, si le volcanisme d'âge Crétacé inférieur du Hoggar est vérifié, que des
zones de discontinuité NE-SW, située juste au nord et au sud du Hoggar aient été remo-
bilisées, induisant par conséquent un certain découplage entre la plateforme saharienne au
nord et la région au sud de ce bouclier.
Il faut rappeler aussi que le milieu de dépôt est de type continental à fluviatile avec
une sédimentation essentiellement détritique, souvent grossière.
140 MECANISMES DE SUBSIDENCE
Il semble ainsi que ces fossés ont fonctionné en demi-grabens. La subsidence associée
à cette phase distensive est en moyenne de 300 à 400 m. En terme d'étirement, cela cor-
respond à des taux relativement faibles (j3 = 1.06).
Par ailleurs, le fossé oriental du nord d'Illizi est asssocié à une importante anomalie
gravimétrique positive ( 20 mgal par rapport au niveau environnant) qui semble se prolonger
vers le sud dans les fossés crétacés de l'Est du Hoggar. Nous avons vu au chapitre IV que
cette anomalie de grande longueur d'onde peut être interprétée par la présence d'un corps
dense à la base de la croûte. Ce corps est probablement associé aux modifications résultant
de la distension. En se basant sur cette corrélation entre le nord et le sud du Hoggar, on
peut penser que ces fossés crétacés doivent être rapprochés de ceux du Ténéré et d'Afrique
Centrale (Dautria et Lesquer, 1989; Fairhead et Green, 1989). Cependant, on doit noter que
les fossés nord-Hoggar ont eu une durée de fonctionnement plus limitée, la subsidence s'est
nettement ralentie à partir de l'Aptien Supérieur.
Une autre reprise de la subsidence est observée dans le domaine saharien au Crétacé
Supérieur. Elle semble débuter dès le Cénomano-Turonien, mais elle est perturbée par un
événement tectonique santonien qui correspond au début de la convergence Afrique-Europe
(GuiraudeiaL 1987) et une période d'ouverture rapide de l'Atlantique (Olivet�, 1984).
Pendant ce temps, on observe un arrêt de la subsidence dans les domaines atlasiques et
telliens, sauf au niveau des Hodna-Aurès où le Sénonien Supérieur commence souvent par
une puissante série détritique grossière.
- L'initiation
triasique serait associée à un bombement d'origine thermique, en liaison
probablement avec l'orogénèse tardi-hercynienne. Le mécanisme principal qui a permis
la subsidence, après contraction thermique, semble être l'érosion. Ce processus pourrait
expliquer une bonne partie de la subsidence observée; mais d'autres modifications telles
que l'extension crustale par intrusion de magma tholéïtique et le métamorphisme de base
de croûte sont envisagées pour interpréter l'intensité de la subsidence. L'apport de la
gravimétrie,malgré l'exitence d'une anomalie positive associée au bassin triasique, ne
premet pas de lever l'indétermination sur la nature du corps dense sous ce bassin.
- Au cours du bassins (8 à 10 km de sédiments) se sont mis en
Jurassique, d'importants
place dans le domaine atlasique au nord, à la faveur d'un mécanisme de distension (5 =
1.5 à 1.6). La flexion de la plaque refroidie (D = 2.1 O23 N.m ) induit une certaine influence
sur le nord du domaine saharien, perturbant son évolution propre particulièrement au
cours du Dogger-Malm. Cet effet semble important dans la partie nord-occidentale du
bassin. Néanmoins, si les paramètres choisis sont réalistes, les ordres de grandeur de la
rigidité et de la lithosphère élastique sont relativement faibles par rapport à ce qui est
généralement observé ailleurs. Il est probable qu'un certain découplage mécanique de
part et d'autre de l'accident nord-saharien ait été induit par le jeu essentiellement
décrochant de celui-ci.
- Au cours du Crétacé Inférieur, la distension dans la plaque a permis le fonctionnement
de fossés tectoniques subméridiens, notamment dans la région d'Illizi, au sud-est. Ces
fossés semblent avoir été initiés de façon plus ou moins contemporaine de ceux au sud
du Hoggar qui ont été plus actifs au cours de l'Albo-aptien (Guiraud et al., 1987).
Néanmoins, deux dynamiques distinctes semblent se conjuguer dans cette région.
- Au Crétacé
Supérieur, la subsidence semble être associée au régime de distension dans
le domaine continental, alors que la marge nord-africaine était le siège de compressions
induites par le début de la convergence Afrique -Europe.
Si ce schéma de d'évolution semble cohérent malgré la complexité et l'interférence de
divers phénomènes au niveau du bassin saharien, il faut noter cependant que le calcul de
la subsidence tectonique en isostasie locale est probablement affecté, au nord du domaine
saharien, par l'existence éventuelle d'une isostasie régionale.
Ainsi, nous avons essayé à travers cette étude de poser les différents éléments qui
permettent d'appréhender les mécanismesayant régi la formation et l'évolution du bassin
mésozoïque du Nord-est Saharien. Cependant, pour mieux contraindre ces mécanismes,
d'autres données géophysiques (profondeur du Moho, nature de la croûte inférieure ...)
sont nécessaires.
FLUX DE CHALEUR :
DETERMINATIONS ET IMPLICATIONS
SUR LA STRUCTURE LITHOSPHERIQUE
145 DéTERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
CHAPITRE VIII:
I. Introduction
Le lien étroit existant entre les phénomènes géodynamiques et l'état thermique rend
indispensable l'étude du flux de chaleur. Le Nord-Ouest de la plaque africaine a été le siège
de différents évènements tectono-thermiques plus ou moins récents qui n'ont pas tous été
élucidés totalement.
L'objectifprincipal de cette étude est avant tout l'établissement d' une carte des variations
régionales du flux géothermique en Algérie, particulièrement au niveau de la Plateforme
saharienne. Des considérations à partir d'autres données géophysiques et géologiques nous
permettent de préciser le régime thermique de la lithosphère continentale en relation avec des
phénomènes géodynamiques récents.
Cette partie comporte deux chapitres, basés essentiellement sur deux publications : la
première présente les résultats de la détermination du flux de chaleur en Algérie et la deuxième
comporte quelques considérations régionales et locales sur le régime thermique de la
lithosphère dans le Nord-Ouest de l'Afrique à partir des données de flux de chaleur, des
anomalies du champ de pesanteur, des ondes de surface et de pétrologie des laves associées
au volcanisme local d'Illizi (Sud-Est du Sahara).
146 DéTERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
Dans l'hypothèse de la seule conduction, le flux de chaleur est défini par le produit :
q = -K .(gradient )T
où K représente la conductivité thermique du milieu et T la température.
" continental, plusieurs phénomènes viennent se superposer et varient d'une région à une
.�¡;';
autre, rendant difficile toute interprétation (Sclater et al., 1980; Jaupart et al.. 1981 ).
Le flux de chaleur dépend aussi de l'épaisseur de la croûte. Il est plus élevé au niveau
des zones à croûte amincie (Cermak, 1977).
Les radio-éléments (U, Th, et K) présents dans les couches externes de la Terre
constituent une source de chaleur qu'ils produisent à la suite de leur désintégration. Ces
radio-éléments sont surtout concentrés dans la croûte supérieure. Certains auteurs ont
mis en évidence une importante relation empirique entre le flux de chaleur et la production
de chaleur dans les roches superficielles (Birch et al., 1968 ; Lachenbruch, 1970 ; Roy
et al., 1968). Cette relation, observée dans des domaines affectés aussi bien par des
147 DéTERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
3. Phénomènes perturbateurs
Un certain nombre de phénomènes superficiels peut affecter parfois notablement
l'estimation du flux de chaleur. Le choix du contexte où la mesure doit être effectuée et la
correctionde ces effetspeuventatténuerces influences.
'i.l. Circulation d'eau superficielle ,
L'érosion tend à augmenter le flux, en ramenant à la surface des couches plus chaudes
et la sédimentation à le diminuer, une partie de la chaleur servant à réchauffer les nouveaux
sédiments plus froids.
L'effet des variations importantes du relief tend à augmenter le flux dans les vallées
et le diminuer sur les collines. Il peut être important pour les forages peu profonds.
Plusieurs méthodes ont été proposées pour corriger approximativement l'effet (Bullard,
1940 ; Kappelmeyer et Haenel, 1974 ; Vasseur et Lucazeau, 1981).
La méthode proposée par Bullard (1940) est similaire à celle du prolongement en
gravimétrie :
où G est le gradient de température dans le sous-sol et G' dans l'air. Cette correction
n'est pas nécessaire dans les régions à relief monotone.
1. Données de température
Toutes les données de température utilisées sont de type pétrolier, vu l'absence totale
de mesure par diagraphie thermique à l'équilibre. Parmi les nombreux forages existants,
nous avons retenu ceux où le nombre de températures disponibles à différentes profondeurs
est supérieur à 3 mesures et où nous disposons d'un minimum d'information sur la lithologie
et la porosité (description lithologique, étude de carottes et diagraphies). Ainsi, 230 forages
ont été sélectionnés; les mesures de température sont de deux types :
-
température BHT (Bottom Hole Temperature), mesurées en fond de trou lors des
opérations de diagraphies en cours de forage en général. Ces mesures sont affectées
par l'opération de forage (circulation de la boue de forage principalement) et leur
précision est parfois critiquable (Drury, 1984) ;
- DST (Drill Stem Test), mesurées lors des tests de formation. Ces tem-
température
pératures, correspondant à celles des fluides recueillis lors des tests, sont proches des
températures de formation. Néanmoins, certaines perturbations associées à l'opération
de test peuvent les affecter quoique faiblement (Perrier et Raiga-Clémenceau, 1983).
Ces mesures sont effectuées au niveau de certains réservoirs et sont par conséquent
peu nombreuses et mal réparties dans le forage. Nous n'en avons retenu que celles qui
sont associées à des tests positifs, de longue durée et en dehors des zones à gaz.
La perturbation des mesures de température BHT peut être appréciée par comparaison
aux températures DST. Ceci est illustré au niveau de deux zones (Messaoud au NE et In
Salah au SW) où la densité des forages est importante (Fig. VIII. 1). On peut observer
d'abord que le gradient moyen au niveau de chacune des zones est de 4 à 5°C/km supérieur
à partir des températures DST par rapport à celui défini par les BHT. Ce gradient est
nettement plus élevé dans la zone de In Salah que dans celle de Messaoud.
Le traitement et la correction des températures BHT est explicité dans la note insérée
ci-après.
Nous présentons sur les figures VIII.2 (a,b) et VIII.3 (a,b) les cartes d'isovaleurs de
températures à différentes profondeurs qui permettent d'illustrer les importantes variations
du champ de température. Ces variations présentent localement des corrélations avec la
structure géologique.
150 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
Fig.Vlll.] : Répartition des températures BHT et DST au niveau des zones de Messaoud (a) et de In Salah
(b) illustrant la perturbation affectant les températures BHT etla différence des gradients moyensentre
les deux zones.
1S11 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
Fig.VIII.2: Champ de températures obtenu après correction statistique des BHT,(a) à 1000 m de profondeur,
(b) à 2000 m.
1 S� DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
Fig.Vlll.3 : Champ detempératures obtenu après correction statistique des BHT,(a) à 3000 m de profondeur,
(b) à 400�0m.
¿
154 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
Le gradient géothermique moyen obtenu est illustré sur la figure VIII.5. On note une
grand variation à l'échelle de la plate-forme saharienne : un gradient élevé (�30°C/km) au
niveau de In Salah, Illizi et Tindouf et un gradient relativement faible (� 30°Gkm) dans
l'Oued Mya notamment.
proposent une approche indirecte, en se basant sur les propriétés physiques mesurées par
les différentes diagraphies (temps de trajet, densité, indice d'hydrogène, etc..), notamment
Houbolt et Wells (1980), Vacquier et al., 1988 et Brigaud et Vasseur (1989).
Fig.VHI5 : Exemple illustrant les différents paramètres utilisés au niveau de chaque forage.
Il est difficile de savoir dans quelle mesure les conductivités thermiques sont repré-
sentatives des conditions thermiques réelles. Nous estimons que les compositions miné-
ralogiques et les porosités sont, dans la plupart des forages considérés, bien contraintes
grâce aux diagraphies et aux analyses minéralogiques effectuées en laboratoire. Au niveau
des forages où ces données n'étaient pas toutes disponibles, les valeurs moyennes adoptées
1 S6 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
(porosité et/ou minéralogie) sont affectées d' une incertitude moyenne de 5 % pour la porosité
et 5 à 10% pour la minéralogie. Nous présentons sur la figure VIII.5 un exemple de forage
où sont illustrées les différents paramètres dont la conductivité thermique estimée qui
montre d'importantes variations.
D'autre part, l'erreur la plus importante dans l'estimation des conductivités thermiques
est associée à l'anisotropie, particulièrement dans les argiles. D'après Blackwell et Steele
(1989), la conductivité thermique des argiles, à partir d'une certaine profondeur, ne
dépendrait pas de la compaction. Sous l'effet de la compaction, la réorientation des minéraux
argileux induit une mauvaise conduction verticale, alors que la conduction horizontale est
améliorée. Par ailleurs, la conductivité des argiles dépend de leur nature minéralogique.
Ainsi, les phénomènes de transformation en kaolinite influent directement sur la conduc-
tivité thermique. Celle-ci varie de 1.8 W.m-'.°C-' pour une illite à 4.5 pour une chlorite
(Horai, 1971).
Nous donnons en annexe III la liste des puits utilisés, le nombre de températues dis-
ponibles, ainsi que les valeurs du gradient moyen, de la conductivité thermique intégrée à
toute la série sédimentaire traversée, du flux de chaleur calculé et de son écart-type.
157 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
615
L'évaluation du flux géothermique dans 230 forages pétroliers, à partir des mesures de température (température de la boue
de forage en fond de trou et température des fluides recueillis lors des tests de formation) et des différentes données de litho-
porosité, nous permet de mettre en évidence un flux moyen élevé (82 ± 19 mu - m-2), associé aux bassins du Sahara
algérien.
La carte en isovaleurs obtenue montre d'importantes variations régionales auxquelles se superposent des anomalies de
courte longueur d'onde qui peuvent être associées, en général, à la structure géologique locale.
D'un point de vue régional, nous notons essentiellement une zonation nord-sud qui est, sauf dans le domaine alpin au
nord, sans relation directe avec les grandes unités tectoniques. La partie sud de la région, en bordure du socle précambrien
� du Hoggar, est caractérisée par de fortes valeurs de flux (90-130 mu - m-2). Les anomalies ainsi mises en évidence
� définissent un axe majeur, globalement est-ouest, qui semble affecter le nord de la plaque africaine des Canaries jusqu'en
Libye. Certaines relations ponctuelles avec le volcanisme miocène-pliocène-quaternaire de type distensif nous amènent à
proposer une liaison avec des phénomènes thermiques récents, d'origine mantellique.
Evaluation of heat flow in 230 oil wells, using température measurements (bottom-hole temperature and température of
fluids in drill stem test) and various rock-porosity data, reveals a high heat-flow average (82 ± 19 mu - m-2) associated
with the Algerian Sahara basins.
The isopleth map exhibits significant régional variations overprinted by short-wavelength anomalies that, in général, are
related to the local geological structure.
On a régional scale, we observe an essentially north-south zonation that is not directly related to the major structural units,
except for the northern alpine domain. The southern area, at the border of the Hoggar Precambrian basement, is characterized
by very high heat-flow values (90-130 mu - m-z). The anomalies define a major axis, generally east-west, which seems
to affect the northern part of the African plate, from the Canaries to Libya. Locally, some relationships with extensional
Miocene-Pliocene-Quaternary volcanism suggest an association with récent mantle thermal events.
[Journal translation]
616
FIG. 1. Les grandes unités structurales du nord-ouest de l'Afrique (d'après Fabre 1976). 1, Tertiaire et Quaternaire tabulaire; 2, molasse
de la chaîne alpine du Maghreb; 3, nappes de charriage tertiaires; 4, Secondaire plissé; 5, Secondaire tabulaire; 6, Primaire plissé; 7, Primaire
tabulaire; 8, Précambrien et Cambrien inférieur présumé du Sahara; 9, magmatisme cénozoïque; 10, suture panafricaine.
et de l'Anti-Atlas marocain est reliée à l'orogénèse varisque durant le Paléozoïque, ceux-ci venaient essentiellement du sud
qui s'est traduite également par des déformations à grand du Hoggar (Fabre 1976).
rayon de courbure et par des plissements localisés au niveau Le Pliocène-Quaternaire est marqué par des dépôts peu
des grands accidents du socle panafricain. épais; on note cependant, dans la fosse située au sud des
Après la pénéplanation hercynienne qui a scellé la structure Aurès, plus de 1000 m de Pliocène-Villafranchien (Cornet
en bassins et hauts-fonds du Sahara, la sédimentation méso- et al. 1959).
zoïque et cénozoïque est devenue caractéristique d'une plate- L'Algérie du nord représente un tronçon de la chaîne alpine
forme stable et rigide. Le bassin mésozoïque-cénozoïque, encore instable (Maghrébides), séparée de la plate-forme
caractérisé par des dépôts peu épais et des faciès plus variés, saharienne stable par la flexure sud-atlasique. On y distingue
se présente comme une vaste gouttière nord-est-sud-ouest, trois principaux domaines présentant des styles tectoniques
alimentée par des apports venant du nord et du sud, alors que, très différents, dont le plus important est le domaine tellien au
159 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
617
Fie 2. Schéma structural de la plate-forme saharienne. 1, domaine alpin; 2, socle précambrien; 3, flexure ou faille; 4, môle, horst ou
tiaut-fond.
tord, caractérisé par des nappes de glissement montrant des Aucune trace de volcanisme récent n'est observée au niveau
léplacements dépassant parfois la centaine de kilomètres. des bassins sahariens, mis à part les petites structures volca-
Le bouclier Tarqui, au sud, et le domaine alpin, au nord, niques de la région d'Illizi (Megartsi 1972; Bossières et
)ortent les témoins d'une activité volcanique cénozoïque Megartsi 1982).
fig. 1).
Au Hoggar, ce volcanisme est associé à un bombement Détermination du flux de chaleur
général du socle précambrien lié à la mise en place d'un man-
Tous les forages effectués en Algérie pour l'exploration
eau anormal au Crétacé tardif - Éocène (Lesquer et al. 1988;
pétrolière ont été dépouillés. Nous n'avons retenu pour notre
Dautria, et Lesquer 1989). L'activité volcanique s'est pour-
étude que ceux où nous disposions de plus de trois détermina-
suivie jusqu'au Quaternaire avec la mise en place d'importants
tions de température à différentes profondeurs. La figure 3
iolumes de basaltes alcalins (Girod 1968).
montre la situation des 230 forages sélectionnées, dont la pro-
Le volcanisme calco-alcalin cénozoïque de la chaîne alpine fondeur varie entre 500 et 5500 m et où le nombre de mesures
:st principalement d'âge miocène tardif; il est associé à une de température varie de 3 à 15.
:one de subduction qui a cessé de fonctionner au Pliocène
précoce. Au cours du Pliocène tardif et du Quaternaire, l'acti- Atialyse des données de température
lité volcanique s'est localisée dans le Moyen Atlas marocain Sur la figure 4, nous avons reporté, pour l'Algérie du nord,
:t, en Algérie, dans la région d'Oran. le Sahara occidental et le Sahara central, la distribution de
Au nord du bassin de Tindouf, les deux centres d'activité l'ensemble des températures selon le type de mesure (TB�,
volcanique miocène et pliocène-quaternaire de l'Anti-Atlas TDST) en fonction de la profondeur (z).
narocain peuvent être rapprochés du volcanisme des îles Le Sahara central, où est concentré l'essentiel des mesures,
canaris (Dautria et Girod 1987). montre une faible dispersion autour d'un gradient moyen de
16O DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
618
FIG. 3. Carte en isovaleurs du flux de chaleur. Équidistance des isovaleurs : 10 mu - m-2. 2. �,forages utilisés pour notre étude: *, mesures
obtenues au Maroc, en Tunisie et au sud du Hoggar. Les initiales portées sur la carte et sur les documents suivants représentent les principales
localités : AD, Adrar; AL, Alger; AM, Amguid; AR, Arak; AS, Ain Sefra; BE, Béchar; BI. Biskra; EG, El Goléa; GD, Ghadamès; IL, Illizi;
IS, In-Salah; LG, Laghouat; OR, Oran; OU, Ouargla; RG, Reggane; TA, Tamanrasset; TE, Tebessa; TG, Touggourt; TI, Tindouf.
21 °C � � km"1,qu'il s'agisse des BHT ou des 7"DST.Par contre, Il est rare de disposer de l'ensemble de ces paramètres; c'est
les deux autres zones montrent une plus grande dispersion pourquoi nous avons choisi de corriger statistiquement ces
autour de gradients moyens plus élevés : 32°C, km - pour le TBHTen les comparant aux mesures de TpST.Au niveau de
Sahara occidental et 26° C � km"1pour l'Algérie du nord. chaque puits où nous disposions des deux types de données (80
Seules les mesures de type TDST correspondant à des tests forages), nous avons, dans un premier temps, défini par inter-
positifs et de longue durée ont été retenues. En l'absence de polation polynomiale TBHT= f (z). Les températures qui
mesures à l'équilibre, nous considérons que ces détermina- s'écartaient de plus de 10°C de cette loi ont été éliminées. La
tions, qui sont proches des températures réelles, sont représen- différence entre les TDSTet TBHTinterpolées pour une même
tatives des conditions thermiques en profondeur, bien qu'elles profondeur a permis d'établir la relation moyenne (TDST -
puissent être affectées par de faibles perturbations (Perrier et TBHT)= F(z). Cet écart (fig. 5) est compris entre 0 et 25°C
Raiga-Clémenceau 1983). Toutefois, ces mesures n'étant en général. Il est croissant entre 0 et 2000 m et semble se
effectuées qu'au niveau des réservoirs, elles sont moins stabiliser au-delà. Certaines valeurs négatives ont été attri-
nombreuses et moins bien réparties dans les forages. buées à des mesures de TDSTincorrectes qui n'ont pas été
Les TBHT(60% des données), qui sont mesurées en fond de retenues. Nous considérons donc que la perturbation ther-
trou lors des diagraphies, sont perturbées par le processus de mique associée au processus de forage est en moyenne de
forage. Plusieurs méthodes ont été proposées (Dowdle et Cobb 6°C km - entre 0 et 2000 m et de 12°C pour une profon-
1975; Leblanc et al. 1981; Middleton 1979) pour en déduire deur supérieure à 2000 m. Cette correction a été appliquée à
les températures à l'équilibre. Elles nécessitent au moins deux toutes les mesures de TBHT de la région. L'incertitude admise
mesures effectuées à une même profondeur à des temps diffé- sur les températures corrigées est de 10°C et l'erreur moyenne
rents, ainsi que la connaissance d'un certain nombre de introduite dans l'estimation du gradient moyen peut atteindre
paramètres (temps de circulation de la boue, durée entre 10 à 15%.
l'arrêt de celle-ci et la mesure, diamètre du forage, etc.). Par ailleurs, nous avons imposé une température de surface
1611 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
619
1 \ 1
FIG. 4. Distribution des TBHT et TDST en fonction de la profondeur pour (a) le Sahara central, (b) le Sahara occidental et (c) l'Algérie
, nord.
162 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
621
n
T = To + Qo E KR.
622
FIG. 8. Tendances régionales du flux de chaleur. (a) Écart quadratique moyen (en mu - m-2) en fonction de K, entre les surfaces polyno-
miales de degré K, et les valeurs du flux de chaleur. (b) Carte en isovaleurs des tendances régionales. Équidistance des isovaleurs :
10 mu - m-2, Les résultats obtenus au Maroc, en Tunisie et au sud du Hoggar ont été utilisés pour l'élaboration de cette carte. 0, valeurs
supérieures à 90 mu - m-2.
sont inférieures à 60 mu - m-2, alors que 23% sont supé- dans les séries paléozoïques. Les aquifères profonds sont
rieures à 100 mW �m-z. La carte en isovaleurs de la figure caractérisés au nord-est par un régime à hautes pressions dû
3, tracée en tenant compte des résultats obtenus au Maroc, en à une importante couverture salifère (Trias-Lias) et, au sud,
Tunisie, ainsi qu'au sud du Hoggar (Rimi et Lucazeau 1987; par un régime gravitaire alimenté au niveau des contreforts du
Lucazeau et Ben Dhia 1989; Lesquer et al. 1989b), montre Hoggar. Les circulations très lentes, dans un cas, et l'alimen-
que ces fortes valeurs sont situées au sud du 30e parallèle tation peu importante, dans l'autre, ne peuvent affecter
nord et au nord de celui du 35e. La partie centrale correspond notablement les tendances régionales du gradient géother-
à un flux moyen inférieur à 80 mu - m-z. mique (Chiarelli 1973).
Les techniques de traitement adoptées éliminant les faibles Le flux de surface peut être considéré comme la résultante
variations du gradient géothermique, seul l'hydrodynamisme d'une composante de grande longueur d'onde, associée à des
régional peut affecter le régime thermique. Les circulations phénomènes régionaux, et d'une autre, de plus faible dimen-
peu importantes dans les nappes superficielles du Continental sion, liée à des phénomènes plus locaux. Après avoir interpolé
intercalaire ne peuvent perturber de façon significative les les valeurs du flux aux noeuds d'une grille de dimension
mesures de température qui sont effectuées essentiellement élémentaire de 50 km selon X et Y, nous avons considéré que
165 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
623
;10. 9. Anomalies résiduelles obtenues par soustraction des tendances régionales à la carte du flux de chaleur (fig. 3). Équidistance des
valeurs : 5 mu - m-2.
variations du flux géothermique peuvent être approchées qu'elles définissent et les traits structuraux majeurs des bassins
une fonction polynomiale de degré Ka. sahariens (fig. 2). La nature du socle précambrien et sa topo-
a figure 8a montre que l'écart quadratique moyen entre le graphie peuvent en partie expliquer ces corrélations.
K et les surfaces polynomiales obtenues pour différentes Dans l'ensemble, les hauts du socle sont marqués par des
eurs de Ka (K, = degré du polynôme en X + degré du anomalies positives (2, 3, 4, 5 et 6), alors que les dépressions
ynôme en Y) varie rapidement pour les faibles degrés de la sont caractérisées par des résidus négatifs (A, B, D, F et H).
face lissante, puis décroît lentement pour Ka � 12. Ceci Mais cette relation n'est pas systématique; c'est le cas des
ifirme qu'il existe des tendances régionales prépondérantes; anomalies 1, 9, 13, C et G où la relation est inverse.
is avons choisi de les représenter par le polynôme de degré La réfraction des isothermes au niveau des variations bru-
n X et Yde la figure 8b. La soustraction de ce flux moyen tales de la profondeur du socle peut introduire des anomalies
laisse subsister que des anomalies très localisées (rési- du flux de chaleur de courte longueur d'onde. Pour un horst
des), de largeur variant entre 100 et 150 km et d'amplitude de 4000 m de dénivellement, de 10 à 15 km de large et un con-
mt de -20 à +20 mu - m-2 (fig. 9). traste de 0,5 Wu m-1 - °C-' entre la conductivité thermique
lette approche, comparable à celle utilisée pour les de la série sédimentaire (2,5 Wu m - 1 - °C-') et celle des
thodes de potentiel, n'est pas courante en géothermie. roches du socle (3 Wu m - 1 - °C-'), l'effet de la réfraction
pendant, l'analyse des relations entre les anomalies ainsi est de 10 mu - m'2 environ. Donc, au niveau des impor-
;es en évidence et les structures géologiques justifie ce tantes zones de horst (Ougarta, Amguid, Idjerane), nous
)ix. pouvons penser qu'une partie du flux résiduel est liée au
phénomène de réfraction.
telations entre les anomalies résiduelles et la structure La production de chaleur des sédiments, évaluée à partir des
géologique diagraphies de rayonnement gamma en utilisant la formule
.'amplitude des anomalies résiduelles (fig. 9) est de l'ordre empirique proposée par Rybach (1986), est en moyenne de
grandeur de l'erreur admise pour le flux; cependant nous 1,5 jiW m-3. Elle est maximale pour les argiles schisteuses
1aTquons une bonne corrélation générale entre les axes du Gothlandien (3,5 /tW - m-3) dont l'épaisseur est au maxi-
166 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
mum de 500 m. La variation de la puissance de la couverture orogènes ayant affecté la croûte. D'autre part, les anomalies
sédimentaire entre 500 et 8000 m peut se traduire par un régionales est-ouest du flux sont sécantes aux directions
accroissement de 6 à 12 mu - m-2 du flux au niveau des structurales nord-sud du socle précambrien. Il est par consé-
accumulations les plus importantes. Nous constatons, en quent difficile d'expliquer ces variations régionales par d'éven-
général, une relation inverse qui semble exclure une explica- tuelles variations de la production de chaleur.
tion par des variations de production de chaleur dans les
sédiments. Relations avec le magmatisme récent
Une explication plus plausible des variations locales du flux L'absence de relation entre les tendances régionales du flux
peut être recherchée dans la structure du socle panafricain. et la structure superficielle de la croûte amène à supposer que
Celui-ci, très hétérogène, est caractérisé par l'existence de les anomalies thermiques mises en évidence témoignent de
compartiments de nature et de structure différentes, dont la l'existence de phénomènes profonds et nécessairement récents,
production de chaleur d'origine crustale pourrait présenter des compte tenu de leur importance.
variations importantes. Des mesures sont en cours, elles per- Les évènements tectoniques ayant affecté la plaque africaine
mettront de préciser l'ampleur de ces variations. depuis le Cénozoïque sont liés à son déplacement vers l'est-
nord-est. Les déformations majeures associées à la con-
Analyse des tendances régionales du flux (fig. 8)
Nous notons, au sud, un axe positif est-ouest, vergence Afrique-Eurasie sont limitées à sa marge nord
comportant
deux maximums : l'un au niveau de la région d'In-Salah et (Maghrébides); alors que l'on note en plusieurs points durant
le Cénozoïque la persistence d'un magmatisme alcalin
l'autre au niveau de celle d'Illizi. L'extension vers le sud de
ces anomalies est mal définie; cependant, les valeurs obtenues typiquement distensif, associé aux zones mobiles. Les preuves
d'activité magmatique dans les régions d'Illizi, du sud oranais
au Hoggar (Lesquer et al. 1989) montrent que le flux diminue
et du nord de Tindouf nous permettent d'envisager un lien
fortement vers le sud. À l'est, l'anomalie d'Illizi semble se
entre les anomalies du flux et le volcanisme récent.
prolonger en Libye, alors qu'à l'ouest, celle d'In-Salah se
Le volcanisme de la région d'Illizi, bien que peu important,
ferme au niveau de la chaîne de l'Ougarta. De fortes valeurs
du flux sont associées au bassin de Tindouf, mais nos données témoigne d'une tectonique profonde récente impliquant le
ne sont pas assez nombreuses
manteau (Megartsi 1972; Bossières et Megartsi 1982). L'étude
pour que nous puissions des enclaves met en évidence un manteau anormal, très méta-
affirmer qu'il existe une continuité entre l'axe Illizi - In-Salah
et cette anomalie. somatisé, proche de celui associé au Rift est-africain en
Le nord-est de la plate-forme saharienne est caractérisé par Ouganda (Dautria et Girod 1987). Une importante remontée
des valeurs plus faibles (minimum au niveau de Laghouat). Ce
des isothermes associée à ce magmatisme d'origine profonde
domaine est limité à l'est, en Tunisie, par une importante pourrait rendre compte de l'anomalie thermique d'Illizi, mais
remontée des valeurs vers le golfe de Gabès (Lucazeau et Ben l'âge du volcanisme reste incertain et actuellement aucun autre
Dhia 1989). À l'ouest, il est séparé d'une anomalie compara-
élément ne permet de préciser cette hypothèse.
L'axe chaud nord-sud, à la frontière de l'Algérie et du
ble, associée au Haut Atlas marocain (Rimi et Lucazeau
1987), par un axe positif nord-sud.
Maroc, est associé à un volcanisme alcalin pliocène-
Aucun phénomène transitoire significatif lié à l'histoire des quaternaire dont les centres d'activité s'ordonnent le long
bassins ne peut être envisagé, l'essentiel de la subsidence
d'une direction subméridienne (Dautria et Girod 1987). Nous
ne possédons pas de mesures de flux à proximité du vol-
ayant été acquis durant le Paléozoïque.
Ces tendances régionales ne peuvent être reliées qu'à des
canisme miocène et pliocène-quaternaire de l'Anti-Atlas
variations à grande échelle soit de la composante crustale (en marocain, mais nous pouvons remarquer que les fortes valeurs
relation avec l'âge et la nature de la croûte), soit du flux
du flux de la région de Tindouf sont situées sur la bordure nord
du bassin et que cet axe chaud semble se continuer vers l'ouest
mantellique (liées à des phénomènes transitoires thermotec-
en direction des îles Canaries où l'activité volcanique de type
toniques récents).
alcalin se poursuit depuis le Miocène.
Relation entre reflux de chaleur, I ï�geet la nature de la croûte Aucune trace de volcanisme récent comparable n'est obser-
De nombreuses études ont mis en évidence une décroissance vée dans la zone d'In-Salah. Nous pouvons toutefois remar-
significative du flux avec l'âge croissant de la lithosphère quer que cette anomalie est associée à une morphologie
continentale (Chapman et Pollack 1975). Au Hoggar (Lesquer originale du relief. En effet, cette zone correspond à une vaste
et al. 1989), la chaîne Panafricaine est caractérisée par un flux dépression de 300 km de diamètre, dont le centre est occupé
moyen (55 mW - m-2), proche de la moyenne mondiale pour par des sebkhas ayant une altitude moyenne de 150 m, alors
les chaînes précambriennes (50 mu - � m~2). que celle des reliefs environnants est en moyenne de 700 m.
Par contre au nord, les bassins sédimentaires qui se sont mis Depuis le Pléistocène moyen, tout le réseau hydrographique
en place sur cette chaîne sont caractérisés par un flux supérieur converge vers cette dépression. L'altitude des sebkhas s'est
à cette moyenne, surtout au sud du 30e parallèle nord. De légèrement abaissée au cours du Villafranchien tardif (Conrad
même, la moyenne (45 mu - m-2) des valeurs obtenues sur 1969), ce qui pourrait témoigner d'une subsidence plus géné-
le Craton ouest-africain (Brigaud et al. 1985), proche de la rale au cours du Quaternaire. Le rapport entre cette déforma-
moyenne mondiale pour les zones cratoniques, est très infé- tion de la topographie et l'anomalie thermique n'est pas
rieure aux valeurs dont nous disposons sur la marge nord de évident, d'autant que, dans la région de Touggourt où la subsi-
ce craton (70 mu - m-2). dence locale s'est accompagnée d'importants dépôts au Villa-
Plus au nord, sur la chaîne alpine, le flux augmente rapide- franchien (Cornet et al. 1959), nous n'observons pas d'aussi
ment en direction de la Méditerranée; il est comparable à celui fortes valeurs du flux de chaleur.
généralement mesuré sur les chaînes tertiaires. Certains auteurs ont relevé, dans la région d'In-Salah, la
Ainsi, mis à part le Tell au nord de l'Algérie, les valeurs du présence de structures circulaires originales de petites dimen-
flux géothermique sont sans rapport avec l'âge des derniers sions (2-5 km), difficiles à interpréter, ce qui a conduit
167 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
TAKHERIST
ET LESQUER 625
:rtains d'entre eux à retenir, comme pour la structure de Tin Bossières, G., et MEGARTSI, M. 1982. Pétrologie des nodules de
:,der (5°E.-27°30'N.), l'hypothèse d'une origine volca- pyroxénolites associés à la rushayite d'In Teria (N. E. d'Illizi-ex.
Fort Polignac), Algérie. Bulletin de minéralogie, 105 : 89-98.
lque (Busson 1972).
Bien que les anomalies thermiques d'In-Salah, d'Illizi et de BRIGAUD, F., LUCAZEAU, F., Ly, S., et SAUVAGE,J. F. 1985. Heat flow
..ndouf apparaissent comparables, rien n'indique qu'elles from the West African Shield. Geophysical Research Letters, 12 :
548-552.
nient en continuité, qu'elles aient le même âge ou la même
BRIGAUD, F., CHAPMAN, D. S., et LE DOUARAN, S. 1989. Thermal
igine. Toutefois, elles impliquent nécessairement de très conductivity in sedimentary basins from lithologic data and geo-
Írtes remontées des isothermes qui ne peuvent être reliées physical well logs. AAPG Bulletin.
o'à une importante perturbation thermique impliquant le BussoN, G. 1972. Principes, méthodes et résultats d'une étude
anteau supérieur ou l'asthénosphère. stratigraphique du Mésozoïque Saharien. Éditions du Muséum,
Paris.
Conclusion CABY,R., BERTRAND, J. M. L., et BLACK,R. 1981. Pan African
ocean closure and continental collision in the Hoggar-Iforas seg-
Ces premières déterminations du flux de chaleur en Algérie
ment, central Sahara. Dans Precambrian Plate tectonics. Elsevier
partir des données d'origine pétrolière montrent que les Publishing Co., Amsterdam, pp. 407-434.
Issins sahariens sont caractérisés par une valeur élevée du CHAPMAN, D. S., et PoLLACK, H. M. 1975. Global heat flow: a new
ex géothermique moyen (82 ±19 mu - m-2). look. Earth and Planetary Science Letters, 28 : 23-32.
L'analyse de la carte obtenue nous a amenés à distinguer des CHIARELLI, A. 1973. Études des nappes aquifères profondes : con-
ndances régionales auxquelles se superposent des anomalies tribution de l'hydrogéologie à la connaissance d'un bassin sédi-
ermiques de plus courte longueur d'onde (100-150 km). mentaire et à l'exploration pétrolière. Thèse d'État, Université de
es dernières peuvent être associées à la structure des bassins Bordeaux, Bordeaux.
à à la nature de la croûte superficielle. Les tendances régio- CONRAD,G. 1969. L'évolution continentale Post-Hercynienne du
des permettent de définir un domaine central à flux modéré Sahara Algérien (Saoura, Erg Chech-Tanezrouft, Ahnet-Mouydir).
0-80 mu - m-2), bordé au nord et au sud par deux Mémoire du Centre de recherche sur les zones arides n° 10.
Centre national de la recherche scientifique, Paris.
)maines à flux plus élevé (supérieur à 90 mu - m-2). Cette
CORNET,A., GousKov, N., et PINARD,C. 1959. Sur la fosse sud-
partition est sans relation évidente avec la structure et l'âge aurasienne (Algérie). Compte rendu sommaire des séances de la
�sbassins ou de la croûte. Société géologique de France, Paris, pp. 83-84.
Les bassins d'In-Salah et d'Illizi ne semblent pas avoir DAUTRIA,J. M., et GIROD,M. 1987. African-Arabean Plate:
onnu la même histoire thermique, puisque, pour les mêmes Cenozoic volcanism associated with swells and rifts. Dans Mantle
servoirs et la même roche mère, on observe à l'est essen- xenoliths. Éditeur : P. H. Nixon. John Wiley � Sons Ltd., New
:llement des gisements à huile, alors qu'à In-Salah, les gise- York, pp. 195-214.
ents sont exclusivement à gaz secs (Robert 1985). Il semble DAUTRIA, J. M., et LESQUER, A. 1989. The recent geodynamic of the
Lr conséquent que les anomalies thermiques mises en évi- Hoggar swell and its nearby regions (central Sahara, southern
:nce n'ont pas affecté cette répartition, ce qui suggère Algeria and eastern Niger). Tectonophysics. (Sous presse.)
belles seraient d'origine récente. DESBRANDES, R. 1982. Diagraphies dans les sondages. Édition Tech-
Par ailleurs, des études récentes sur les ondes de surface nip, Institut français du pétrole, Paris.
DOWDLE, N. L., et COBB,W. M. 1975. Static formation temperature
[adiouche et Jobert 1988) montrent que le nord de la plaque from well logs: an empirical method. Journal of Petroleum `
ricaine est caractérisé par des vitesses sismiques plus faibles
Technology, 27 : 1326-1330.
te dans la partie sud. Cette zone anormale semble rejoindre DUBIEF,J. 1963. Le climat du Sahara. Vol. 1 et 2. Mémoire du
l'est celle de la mer Rouge. Centre national de la recherche scientifique, Université d'Alger,
Nous pensons que ces différentes données indiquent l'exis- Alger.
nce d'importants phénomènes thermiques récents impliquant FABRE,J. 1976. Introduction à la géologie du Sahara algérien et des
,cessairement la lithosphère profonde et dont pourrait régions voisines. Société nationale d'édition et de diffusion, Alger.
moigner localement le volcanisme alcalin cénozoïque et GIROD,M. 1968. Le massif volcanique de l'Atakor. Études pétrogra-
latemaire. phique, structurale et volcanique. Thèse de doctorat ès sciences,
Université de Paris, Paris.
GuiRAUD,R. 1985. Tectonique Post-Hercynienne en Afrique du
Remerciements Nord et de l'Ouest. Centre international pour la formation et les
Cette étude a été réalisée grace à la Société nationale de échanges géologiques, Paris, publication occasionnelle n° 4, pp.
tnsport et commercialisation des hydrocarbures (Division 185-222.
(ploration) qui nous a autorisés à utiliser les données pétro- HADIOUCHE, O., et JOBERT,N. 1988. Geographical distribution of
:res et qui a soutenu financièrement leur exploitation. Nous surface wave velocities and three dimensional upper mantle struc-
ture in Africa. Geophysical Journal, 95 : 87-109.
mercions particulièrement G. Vasseur et F. Lucazeau
HORAI,K. 1. 1971. Thermal conductivity of rock-forming minerais.
Université des sciences et techniques de Lille) pour leur aide Journal of Geophysical Research, 76 : 1278-1308.
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168 DETERMINATION DU FLUX DE CHALEUR EN ALGERIE
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RYBACH,L. 1986. Amount and significance of radioactive heat
sources in sédiments. Dans Thermal modeling in sedimentary
169 FLUXDECHALEURIMPLICATIONS
: GEODY1VA_VIIQLES
CHAPITRE IX :
FLUX DE CHALEUR ET
IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
I. Introduction
Les résultats de l'étude précédente mettent en évidence l'existence d'un flux de chaleur
relativement élevé (80 à 110 MW.M-2 ) au niveau des bassins sédimentaires au nord du Hoggar.
Ces valeurs élevées définissent une anomalie thermique allongée globalement E-W, le long
de l'axe Illizi-In Salah-Tindouf.
Cette anomalie ne peut être corrélée avec la structure géologique qui est dominée par
une structuration subméridienne, acquise principalement à la faveur de l'événement Pana-
fricain (600 Ma). Les différents que ont suivi n'ont pas affecté nota-
épisodes tectoniques
blement la croûte dans ces régions. Ainsi, la croûte sous les bassins au nord du Hoggar serait
au minimum d'âge Panafricain, si ce n'est plus ancien. La plateforme saharienne est réputée
stable actuellement. A la limite Eocène-Oligocène, au nord, la chaîne atlasique acquiert sa
structuration principale, alors qu'au sud se forme le large bombement du Hoggar qui a été
accompagné de volcanisme.
Des évidences géophysiques (étude des anomalies gravimétriques et celle des ondes de
surface) et pétrologiques (volcanisme d'Illizi) permettent de corréler, au moins localement,
cette anomalie thermique avec des phénomènes profonds impliquant le manteau.
170 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
Il. Article
[XLeP]
Centre Géologique et Géophysique, Université des Sciences et Techniques du Languedoc, Place E. Bataillon, 34060, Montpellier Cedex
(France)
2 des Hydrocarbures,
Société Nationale de Transport et de Commercialisation 2, Rue du Capitaine Azzoug, B.P. 28, Hussein Dey, Alger
(Algérie)
3 Institut de Physique du Globe, 4, Place Jussieu (Tour l4-14), 75252, Paris Cedex 03. (France)
4 B.P.
lnstitut des Sciences de la Terre, U.S.T.H.B., 31, El-Alia and C.R.A.A.G., B.P. 63, Bouzereah, Alger (Algérie)
°
North of 20 N, the northwest part of the stable African shield is characterized by an anomalous high heat flow zone
(80-110 mW M-2). This east-west elongated zone is oblique to major Proterozoic structural units and cannot be
related to différences in crustal heat production. Maximum heat flow occurs in the southem part of the Sahara basins
(100-120 mW m-2). Only a mantle heat flow contribution of 60-70 mW m-2 can account for this very high surface
heat flow. Il estimated geotherms suggest that the température of upper mantle is anomalously high and partial
melting may be présent at shallow depths. This hypothesis is supported by the existence of a long-wavelength negative
component of the gravity field that corresponds with the high heat flow axis and with the very low lithospheric S-wave
velocities (4.2-4.4 km/s) down to 160 km obtained from surface wave studies. In addition, the chemistry of the scarce
Cenozoic melilitite lavas (Illizi volcanic district), geographically associated with the thermal anomaly, as well as the
mineralogy of their inclusions (phlogopitized garnet/spinel peridotite and alkali clinopyroxenite) show that the upper
mantle beneath this région is locally highly metasomatised and partially melted. From these preliminary results, it
appears that the northwest African upper mantle has been modified by récent thermal rejuvenation processes
(including gas transfer) that are likely to be more extensive in the southem part of the Sahara basins.
mantle obtained from xenoliths of a volcanic dis- Precambrian craton stable since 2000 Ma and the
trict located near the peak of the thermal anomaly. surrounding mobile belts largely of Upper Pro-
terozoic age. The basement of the WAC exposed
2. Geological context in the Reguibat and Leo uplifts is dominated by
the occurrence of Archean nuclei surrounded by
West Africa is essentially composed of two low-grade volcanoclastic Birrimian formations.
major tectonic units (Fig. 2): the West African These formations were affected by the Eburnean
heat flow variations, contoured at 20 mW m-Z interval (modified from Lucazeau et al. [1]). Stars: classical
Fig. 1. Map of régional
measurements; dots: BHT or DST data; triangles; published offshore data. The shaded area corresponds to heat flow � 80 mW
m- 2 ; ah refers to the heat flow profile in Fig. 6; IS - In Salah; IL - Illizi; T = Tamanrasset.
.1
173 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
2. Thermal structure
Fig. 2. Major geotectonic units of West Africa. l -33 - West
African craton ( I = basement, �2000 Ma; 2 = sedimentary
1. l. Heat f low data
cover; 3 - craton limit from Lesquer et al. [41); 4, 5 = Pan-
African domain ( 4 = basement, 600 Ma; S = post Pan-African Two kinds of temperature data are available in
sedimentary cover); 6 = Maghrebides alpine fold belt; 7 = northwest Africa: (1) classical measurements per-
Megafaults. formed in shallow boreholes (mining sites) at ther-
mal equilibrium [11-13]; and (2) bottom hole
temperatures (BHT) and drill stem test tempera-
tures (DST) in deep oil exploration wells [12-14].
orogeny (approximately 2000 Ma) and intruded BHTs have been corrected for mud circulation
by numerous lower Proterozoic granitoids. The cooling using a correction law of BHT versus
Taoudeni basin occupies the central part of the depth obtained by comparing BHTs to DSTs
WAC, and is filled with sediments from Upper [12,13]. The mean temperature gradient in oil ex-
1
Precambrian to Paleozoic in age. Changes in the ploration wells varies from 20 to 38 ° C km-'
gravity pattern support the subdivision of the [12] whereas it is only 10 ° C km-' [11] for the
WAC into discrete rigid crustal blocks of Archean Touareg shield.
age surrounded by accreted highly deformed Pro- For the mining sites, rock thermal conductivity
terozoic belts [2-4]. is generally measured on core samples, whereas
The WAC is surrounded by Pan-African mo- for oil wells conductivity of sedimentary rocks is
bile belts (Anti-Atlas, Touareg shield, Benin- estimated using empirical relationships between
Nigeria shield, Rockellides, Mauritanides) over- thermal conductivity, mineralogy and porosity ob-
lain by Paleo-Mesozoic sedimentary basins tained from lithostratigraphic and geophysical logs
(Sahara, Niger, Tindouf). These belts resulted from [15]. The conductivity ranges from 1.8 (shales) to
collisional tectonic processes around 600 Ma [4-7]. 5.4 W m - °C-' (Cambrian quartzites) [14]. The
The Touareg shield is dominated by north-south conductivity integrated over the whole strati-
1
elongated structural units between which correla- graphic column varies from 2.5 to 3.8 W m-'
tions are not always possible [8]. Gravity data
correlate with these structures and outline their For
shallow boreholes, the heat flow values
extension northward and southward within the were calculated from the product of the local
basement beneath the Sahara and the Niger basins. mean temperature gradient and the measured
The Pan-African belt has been locally re- thermal conductivity. For oil exploration drill holes
activated by the Caledonian (Mauritanides) and a procedure of data inversion was used [16]. Reli-
the Hercynian (Mauritanides, Atlas, Ougarta) ability of the two sets of data is unequal. Despite
orogenies. Only the northern margin of the Afri- the extrapolation, the temperature gradient in the
1 1 1
174 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
oil wells may be more representative of deep ther- 2.2. Crustal heat contribution
mal state than the temperatures measured in shal- Oil exploration wells and gravity data show
low boreholes. Shallow holes can be affected by that Pan-African belt of the Touareg shield ex-
water circulation, topography and paleoclimatol- tends northward beneath the sedimentary cover.
ogy. On the other hand the estimated conductivity On the Touareg shield, heat production measure-
in oil exploration boreholes leads to greater un- ments, together with some geological and geo-
certainties. Heat flow determinations from oil wells physical constraints on crustal deep structure, al-
and shallow boreholes in Tunisia and Morocco are low us to propose a crustal heat generation model.
consistent with each other [12,13]. As a hypothesis, this model will be considered as
In the Sahara basins, short-wavelength heat valid for the Sahara basins crust.
flow variations can be correlated with basement
topography, variations in basement heat produc- Heat generation data (Touareg shield). From west
tion or groundwater disturbances [14]. In order to to east, three major structural domains are dis-
show the regional trends these short-wavelength tinguished in the Touareg shield (Fig. 3): .
heat flow variations have been removed in Fig. 1. - The Pharusian belt, mainly composed of
The 200-400 km wide east-west belt (In Salah-Il- greenschist facies of Upper Proterozoic metavol-
lizi belt) of high HF values ( � 100 mW m-2 ) canic and volcanoclastic rocks. This belt includes
separates two distinct geothermal provinces: the pretectonic calc-alkaline batholiths and Pan-Afri-
crystalline Touareg shield to the south, which dis- can granitoids. It is divided into two branches by
plays low average heat flow ( � 50 mW m-2); and the older (2000 Ma) In-Ouzzal granulite block;
to the north, the Sahara basins and the Alpine - The Polycyclic Central Hoggar, composed
range where heat flow is significantly higher ( � 80 mainly of Archean and Eburnean high-grade rocks
mW m-Z). Although the gradient between the reworked during the Pan-African orogeny and in-
anomalous high heat flow belt and the normal truded by abundant Pan-African granitoids;
heat flow Hoggar zone is poorly defined (more - The Eastern Hoggar domain, stabilized at
than 300 km separate the two sets of data), the an early stage of the Pan-African episode around
magnitude of the change in mean heat flow is so 725 Ma ago. It includes a Late Pan-African en-
high (see also profile of Fig. 6) that only a major sialic linear belt along its western margin. The
change in deep thermal regime can account for it. heat production due to decay of radioactive ele-
The high heat flow belt affects the WAC as well as ments has been estimated by analysing 276 sam-
the Pan-African domain. It cross-cuts the pies for U, Th and K by the neutron activation
north-south Pan-African structures which extend method using rock powders collected for previous
northward under the Paleozoic sedimentary cover geochronological, petrographic or structural stud-
without major modifications as far northward as ies [18-21]. In addition, 16 core samples from oil
latitude 30 ° N. The apparent inconsistency of the drill holes provided a sample of the Sahara basin
anomalous heat flow belt with the crustal struc- basement. U, Th and K concentration data [22]
ture pattern suggests that little heat, if any, may from 50 volcanic samples of the Pharusian belt
be associated with differences in crustal heat pro- were included.
duction between Touareg shield and Sahara basin The rock powders were selected to be repre-
basement. If the Touareg shield heat flow is as- sentative of the major lithologic formations of the
sumed to be normal, the heat flow anomaly is Pharusian belt and the Polycyclic Central Hoggar
40-60 mW M-2 for the In Salah-Illizi belt and (Table 1), but of course, do not allow an exhaus-
20-30 mW m-2 for the whole Northern Sahara. tive survey of the upper crust heat contribution.
Westward, the In Salah-Illizi heat flow belt Sampled localities are indicated in Fig. 3 together
correlates with a large scale topographic depres- with heat flow sites.
sion (altitude � 200 m). The center of this de- For granulite facies terranes representing an-
pressed area is occupied by the Sebkha Mekkerane cient lower crustal horizons the heat production
which has subsided slightly during the Quaternary range (0.3-0.9 ILWm - 3 )is very close to published
[17]. Eastward, it correlates with the small-sized values for granulites throughout the world [23].
Illizi volcanic district. For the polycyclic orthogneisses of Central Hog-
175 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GéODYNAMIQUES
TABLE 1
Average heat production for the major lithologie formation of the Touareg shield (for location see Fig. 3)
N = number of samples.
is slightly higher than for the Polycyclic Central Salah-Illizi zone. The assumed parameters are:
Hoggar. Only one heat flow measurement (53 mW mean radiogenic heat ranging between 0.8 and 1.2
m-2) has been made in the Pharusian belt; itt /iW m-3; 30-35 km thick crust; and no mantle
indicates that mantle heat flow should range be- heat production contribution. In the crust, thermal
tween 13 and 21 mW M-2. conductivity decreases with increasing tempera-
In summary: (1) in the Hoggar shield, the ture according to Wells' formula [29]. In the man-
estimated mantle heat flow ranges between 13 and
26 mW M-2 and does not vary significantly from
one structural unit to another; (2) the crustal heat
contribution remains less than 40 mW m- 2; (3) as
we assume a similar value for Sahara basins crustal
heat contribution, the mantle heat contribution
for the 100 mW m-2 In Salah-Illizi belt should be
about 60 mW M-2.
AN"ANOMALOUS"
UPPERMANTLE
BENEATH
THESAHARA
BASINS 413
tle, conductivity temperature dependence is from anomalous zone. The In Salah-Illizi geotherm in-
Schatz and Simmons [301. Fig. 4 shows that exten- tersects the solidus of peridotite (0.1% H20) at
sive lateral temperature variations occur at depth. about 60-80 km depth. Partial melting can there-
For example, the temperature at 80 km depth fore occur in this area at shallow depth, whereas
varies from 950 to 1050 ° C for the Nothern Sahara under the Hoggar shield the geotherm does not
to 350-450 ° C for the Hoggar shield and is maxi- reach the solidus at any depth. For the Northern
mum (1300-1400 ° C) for the In Salah-Illizi Sahara, the solidus is intersected at about 80-90
Fig. S. Cross-spectral analysis of clevation and gravity. (a) Bouguer gravity map corrected for basin effect (contoured at 20 mgal
interval). (b) Topographie map (elevation in meters). (c) Gravity field (corrected for basin effect) uncorrelated with clevation
(contoured at 10 mgal interval). IL - Illizi; IS = In Salah; SM - Sebkha Mekkerane.
°
178 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
km depth. The geothermal data clearly indicate a cm-3 between sediments and basement has been
major change in lithospheric structure between the chosen. For this density contrast the correlation
Hoggar and the Sahara basins. between basement depth and gravity field is
minimal.
3. Relationships with gravity field To extract the part of gravity field related to
Hoggar swell deep compensating masses, we have
A regional gravity low ( � -100 mgal) is asso- used cross-spectral analysis of gravity and eleva-
ciated with the Hoggar swell [9,31], whereas the tion (between latitudes 20 ° N-29 ° N and
Sahara basin gravity field correlates positively with longitudes 1 ° W-9 ° E, for wavelengths greater
altitude (Fig. 5a and b). For example, the than 190 km). Removing this component from the
long-wavelength depressed area of Sebkha Mek- Bouguer field corrected for sedimentary effect, we
kerane is characterized by rather low Bouguer obtain residual anomalies (Fig. 5c) uncorrelated
anomaly values ( � - 70 mgal) (Fig. 5a). The with topography and sedimentary filling which
Bouguer gravity anomaly has been corrected for may be related to crustal and/or mantle hetero-
the effect of low-density sediments. The depth of geneities without relief expression.
the Precambrian basement is well known from North of the Hoggar shield, an east-west
seismic survey and oil exploration boreholes. Well elongated negative anomaly ( � -10 mgal) is ap-
logs indicate variation of sediment density with parent in the residual gravity field (Fig. 5c). Be-
depth. A homogeneous density contrast of -0.2 g cause it is oblique to the Precambrian structural
Fig. 6. Relationships between heat flow and S-wave velocities along meridian 7 ° E. (a) Heat flow profile AB (see location in Fig. 1).
Dots represent projection of profile on heat flow data located in a 500 km wide band. (b) Cross-section of S-wave velocity variations
(référence value is 4.47 km s - 1).
179 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
trends, relationships with changes in crustal thick- North of latitude 24° N, the low-velocity zone
ness or density appear unlikely. On the other hand correlates with the high heat flow background
it is noteworthy that this negative residual trend (- 80 mW m-2). Southward the faster lithosphère
correlates well with the high heat flow belt and correlates with heat flow values which are normal
with the topographically depressed area of the for a Precambrian shield (� 50 mW m-2). A
Sebkha Mekkerane. This close relationship sug- thermal origin may be proposed, therefore, for this
gests that the density drop within the upper man- velocity drop. However, there is a no shorter-scale
tle may be associated with the thermal anomaly. low-velocity body that can be correlated with the
North of the 28 N parallel, high-amplitude posi- In Salah-Illizi anomalous heat flow belt. This may
tive anomalies, probably related to dense bodies in be because of the limited lateral resolution.
the crust, are superposed on this low-amplitude According to the velocity/temperature rela-
negative anomaly. This may explain why it has a tionship of Sato et al. [33], the inferred tempera-
smaller wavelength than the heat flow anomaly tures between 34 and 150 km depth beneath the
(especially near Illizi). Sahara basins are slightly above the dry solidus,
and partial melting (less than 3%) begins at shal-
4. Comparison with upper mande velocities low depths. These results contradict the lower
temperatures estimated from heat flow geotherms
The inversion of surface wave velocities along (Fig. 4) which show that partial melting only
different African paths without "a-priori" geologi- occurs at depths greater than 80 km (referring to
cal constraints [32] provided a three-dimensional the dry solidus). This suggests that either the Sato
image of the lithospheric structure beneath Africa. et al. model assuming a dry mantle is inap-
The cratonic areas are characterized down to about propriate, or that the conductive hypothesis as-
250 km by higher lithospheric velocities than the sumed for the heat flow geotherm calculation is
mobile belts. The most striking feature is the large not realistic. This latter conclusion may be sup-
low-velocity zone, 150 km thick, which runs ported by the high-velocity gradient observed be-
east-west across nothem Africa. Eastward, these ween 140 and 190 km which would indicate a
low velocities correlate locally with the Red Sea negative temperature gradient.
rift and westward they partly correlate with the
Sahara basins. The north-south cross-section 5. Composition of the mantle
along the 7 ° E meridian of Fig. 6 shows that the
distribution of surface wave velocities corrobo- Near Illizi about twenty explosion craters have
rates the major change in lithospheric structure been recognized [34]; the absolute age of volcanic
inferred from heat flow between the Hoggar shield activity is not yet known, but is is probably
and Sahara basins. North of latitude 24° N the Quaternary as suggested by some well preserved
mantle is characterized down to 160 km by low tuff rings. The lava fragments collected in ejecta
S-wave velocities (4.2 � V, � 4.4 km s"1) with a have the chemistry and the mineralogy of melili-
maximum drop between 100 and 150 km depth. tite. This peculiar type of lava is usually associated
This low-velocity zone, which dips northward un- with carbonatitic magmatism, rifting and presence
der the Mediterranean Sea, is underlain by a fast of a mantle of anomalously low density, as in the
zone. South of latitude 24°N, the Pan-African East African rift system [35] and the Rhine graben
belt mantle velocity is faster, with a bulk average [36]. No carbonatitic occurrence has been reported
of 4.5 km s-'. If we use the vertical distribution of up to now in the Illizi district, but this is probably
S-wave velocities south of latitude 24 ° N as a because of lack of accurate investigation. Ultra-
reference, the mean lateral velocity difference be- mafix xenoliths are sometimes very abundant
tween north and south ranges from -0.15 to around and inside the Illizi craters. They consist
-0.3 km s-' down to 150 km. Comparison with essentially of peridotite (30%) and clinopyroxenite
the heat flow profile (Fig. 6) shows that, in spite (70%). The dominant peridotite type is a spinel-
of the limited surface wave resolution and the gap phlogopite harzburgite which displays clear evi-
in heat flow data, there is a close relationship dence of deformation, hydration, metasomatism
between high heat flow and low S-wave velocities. and partial melting. Garnet peridotite has been
180 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
found in one crater. It is a coarse-grained lherzo- rheology of the upper mantle associated with the
lite which also contains phlogopite. Its equilibrium maximum heat flow anomaly. Petrological evi-
conditions have been estimated using several geo- dence indicates that hydration, metasomatism and
thermo-barometers [37-39]. The temperature and partial melting have strongly modified this part of
pressure are respectively 1100-1200 ° C and the mantle. Deep mantle degassing may be
2.0-2.7 GPa. Thèse values are consistent with the responsible for such an evolution [44,45]. Mantle
presence of an anomalously high thermal gradient gases (H20, CO2, F, CI) are capable of taking into
beneath Illizi and the possible occurrence of par- solution several incompatible elements (Al, Na, K,
tial melting at relatively shallow depth (near 70 rare earth elements) and transporting them up to
km, Fig. 4). It is noteworthy that this suite of the lithosphere where they cause alteration and
peridotite xenoliths is petrographically similar to promote partial melting. The carbonatitic affinity
that from the carbonatitic Lashaine volcano of the Illizi volcanism is evidence for CO2 transfer.
(Tanzania, eastem branch of the East African Rift The geothermal gradient steepening recorded by
system) [40,41]. the peridotite xenoliths may be another conse-
The pyroxenites from Illizi have been investi- quence of this gas transfer.
gated by Bossières and Megartsi [42]. According Despite the limited extent of this volcanism,
to these authors, they may represent high-P but given the good correlation between the various
cumulates derived from a highly CO2 and H20- geophysical data, we propose to extend the
undersaturated magma. Their textures and anomalous mantle structure at Illizi across the
mineralogy are exactly the same as those of inclu- entire Sahara basin area.
sions from the highly potassic lavas of the north- The S-wave velocity model indicates that the
ern part of the western branch (Uganda) of the hot, slow and altered mantle zone occurs between
East African Rift. According to Lloyd et al. [35], the Moho and depth of 160 km. This is probably
these clinopyroxenites are the result of the com- the result of large-scale and recent degassing of
plete transformation of mantle lherzolite by both the mantle.
metasomatic and magmatic processes related to an The heat flow data raise the possibility that this
influx of fluids. Beneath Uganda, the lithospheric structure can extend across the northwest African
mantle has been probably entirely transformed zone between the Alpine belt and the Hoggar and
into clinopyroxenite as suggested by the lack of Reguibat shields. In addition, the velocity data
peridotite among xenoliths [35]. Similar pyroxen- suggest a connection eastward with the Red Sea
ites has been also found in the Rhine Graben rift zone. Northward this structure seems to dip
volcanoes [36-43]. under the Mediterranean Sea.
All the above evidence is consistent with the The geodynamical significance of this structure
hypothesis that the lithospheric mantle beneath is not known. It is noteworthy, however, that
the Illizi district has been strongly altered and, geophysical and petrological data suggest exten-
locally at least, transformed into alkali clinopy- sive processes involving the upper mantle. The
roxenite. The processes responsible for modifica- studies in progress (geochemistry of xenoliths and
tion are similar to those associated with rifting, geochronology of host-lava, gravity and thermal
but here the degree of alteration is less intense modelisation) together with planned magnetotel-
that has occurred beneath the western branch of luric and seismological surveys will allow more
the East African Rift. precise déterminations of the geometry, the origin
and the age of this structure.
6. Conclusion , --
Acknowledgements
The high heat flow anomaly of the Sahara
basins correlates well with a low S-wave velocity The authors are indebted to SONATRACH
zone and locally with a low-amplitude negative (Division Exploration) and EREM for active co-
gravity anomaly. The lavas and peridotitic xeno- operation and assistance. The authors are inde-
liths from the Illizi volcanic district provide an bted to Dr. G. Vasseur for his helpful suggestions
opportunity to probe the local composition and and to R. Caby, J.M. Bertrand and L. Latouche
181 1 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GEODYNAMIQUES
for providing rock powders. This study was sup- 15 F. Brigaud, D.S. Chapman and S. Le Douaran, Thermal
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ported by DBT program
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39 K.G. Nickel and D.H. Green, Empirical geothermobarome-
183 FLUXDECHALEURIMPLICATIONS
: GEODYNAMIQUES
Au niveau de la 1ère partie de ce mémoire, nous avons noté l'existence d'une sous-
compensation locale qui caractérise le sud des bassins sahariens et plus particu-
isostatique
lièrement le sud du bassin paléozoïque de Timimoun. Cet écart à l'isostasie suggère soit
l'existence d'un mécanisme de compensation régionale, soit l'existence d'une anomalie
gravimétrique négative de grande longueur d'onde et donc d'origine profonde. Nous avons
porté sur la figure IX. 1 a l'anomalie de Bouguer corrigée de l'effet des sédiments et de l'effet
isostatique associé au relief pour la zone qui présente l'écart maximum à l'isostasie, sur
laquelle nous avons superposé les tendances régionales du flux chaleur, supérieures à 90
mW.m 2 danscette zone.
La corrélation entre les deux paramètres est évidente dans la partie occidentale, mais
moins bien définie dans la région d'Illizi où le flux de chaleur est moins contraint (peu de
données dans la partie sud-est) et où la grande longueur d'onde gravimétrique est perturbée
par l'existence d'anomalies positives dans la croûte. Le diagramme de la figure IX.lb
représente la valeur moyenne du flux (calculé en moyennant les valeurs du flux observées
dans un rayon de 100 km autour de chaque forage) en fonction de l'anomalie isostatique
moyenne obtenue de la même manière. Ce diagramme montre une décroissance générale de
la valeur de l'anomalie de gravité avec l'augmentation du flux. Cette relation suggère
l'existence, au niveau de cette zone, d'une anomalie négative de grande longueur d'onde (à
l'échelle du bassin) associée à la perturbation thermique. Globalement, cet écart à l'isostasie
est une caractéristique de l'ensemble des bassins sahariens étudiés ici qui sont également
caractérisés par un flux de chaleur relativement élevé.
Par ailleurs, Hadiouche et Jobert (1989) ont montré que la lithosphère au nord du Hoggar
est caractérisée par des vitesses faibles dans le manteau supérieur (30 à 40 km). De même,
les résultats des analyses pétrologiques sur les péridotites d'Illizi indiquent la présence, au
niveau de cette région, d'un manteau supérieur anormal, caractérisé par de la fusion partielle
à faible profondeur (70-80 km).
184 FLUX DE CHALEUR : IMPLICATIONS GéODYNAMIQUES
Fig.lX.l : Corrélation entre l'anomalie isostatique corrigée des sédiments et les tendances régionales du flux
de chaleur. La zone en hachuré est celle caractérisée par un flux régional supérieur à 90 mw.m,2
1H5 FLUX DE CHALEUR : IYIPLICAT10NS GEODYNAMIQUES
léger.
D'après les résultats de l'étude des ondes de surface, la perturbation thermique se situe
dans le manteau supérieur. Si l'on admet un transfert exclusivement conductif, l'analyse
effectuée dans le paragraphe précédent, à partir d'un modèle de croûte moyenne, montre une
augmentation de température de l'ordre de 800 à 1000 °C dans le manteau supérieur au niveau
des régions d'Illizi et de In Salah. D'après l'équation de dissipation de la chaleur, la mise en
place d'une perturbation thermique instantanée de cet ordre-là à 30-40 km de profondeur met
15-20 Ma pour que la valeur maximum du flux associé atteingne la surface, d'après le modèle
établi avec des contraintes comparables pour le bombement du Hoggar par Lesquer et
al.(1988).
La relation entre le volcanisme d'Illizi et le flux de chaleur n'est pas une relation de cause
à effet, mais il est probable que les deux phénomènes soient associés à une même cause. L'âge
de ce volcanisme n'est pas encore connu (datation en cours); d'après les observations de
terrain, il est probablement très récent (quelques millions d'années seulement).
Les observations effectuées à Illizi permettent de confirmer l'existence de ce manteau
anormal, fortement métasomatisé et allégé (annexe V); mais aucune évidence géologique ne
permet d'étendre ce résultat à toute la région.
Néanmoins, les données géophysiques concourent dans ce sens et on peut penser aussi
que le volcanisme s'est exprimé seulement à Illizi, du fait de l'intersection dans cette région
de deux discontinuités majeures, globalement N-S et ENE-WSW (Dautria et Lesquer, 1989).
Une étude par sondages magnéto-telluriques profonds est prévue prochainement sur le
site d'In Salah. Elle permettra de lever une certaine ambiguïté sur l'origine de cette anomalie
thermique.
CONCLUSION GENERALE
189 CONCLUSION GENERALE
CHAPITRE X:
CONCLUSION GENERALE
L'objectif principal des trois études qui constituent ce mémoire est l' analyse à grande échelle
de la structure de la croûte superficielle et profonde sous les bassins sédimentaires nord-sahariens
et de ses implications sur leur dynamique au cours du Paléo-mésozoique. Cette analyse qui a
nécessité la collecte et la réduction d'un important volume de données est effectuée à partir de
l'étude et de la cartographie de trois paramètres différents:
- les anomalies du
champ de gravité,
- la subsidence
tectonique,
- le flux de
chaleur. , 1
Les trois études mettent en évidence des traits structuraux majeurs, inconnus jusque-là, qui
sont associés aux différentes phases tectoniques principales ayant affecté le Nord-ouest de
l'Afrique. Certaines relations de cette structure avec la mise en place et l'évolution des bassins
sédimentaires sus-jacents ont été analysées.
ultra-basiques (faciès HP-BT). Nous l'avons interprété comme une zone de suture probable.
Ceci va dans le sens de l'hypothèse de la formation de la chaîne panafricaine par accolements
successifs de blocs crustaux différents.
croûte au cours des phases tectoniques de la fin du Paléozoique. Cette remobilisation qui s'est
traduite en surface par un important bombement épirogénique, suivie d'une phase d'érosion,
a abouti à l'initiation dans la partie nord-orientale d'un bassin sédimentaire dès le début du
Trias.
Paléozoique.
Cette évolution est explicitée par l'étude de la subsidence tectonique, calculée par la
méthode du "back stripping" sédimentaire en isostasie locale au niveau de 80 forages répartis
à travers toute l'aire du bassin. Celle-ci montre un fonctionnement déterminé à la fois par la
structure de la croûte et par les événements géodynamiques qui ont affecté le nord de la plaque
africaine.
La zone structurale d'Amguid-El Biod est caractérisée pendant cette période par une
instabilité significative qui s'est traduite par une tendance à la surrection et de l'érosion. Il
est également probable que la réactivation des accidents panafricains à la suite de la collision
du poinçon apulien au nord-est avec le sud de l'Eurasie (Tapponnier 1977) ait donné lieu à
intracratonique ou péricratonique ne peut être acquise du seul fait des mouvements épiro-
géniques ou de la seule influence de l' initiation de la marge nord-africaine et que la plateforme
saharienne ne s'est pas comportée au cours du Mésozoique comme une vaste dalle rigide et
stable. Elle a bel et bien subi la formation d'un véritable bassin à la faveur de mécanismes
locaux et régionaux. Ainsi, le terme de bassin n'est pas inapproprié dans le cas du Mésozoique
nord-est saharien.
et des analyses sur échantillons. Cette estimation est globalement conforme à quelques
mesures effectuées par la méthode de l'aiguille chauffante. Le flux de chaleur a été calculé
par inversion stochastique au niveau de 220 forages.
La carte du flux de chaleur obtenue présente d'importantes variations régionales qui
reflètent celles du gradient géothermique moyen. Le flux moyen sur l'ensemble de la plate-
forme saharienne est de quelques 80 mW.m-2. Il est élevé comparativement à l'âge de la
lithosphère. Par contre, celui mesuré au nord dans le domaine alpin est comparable à celui
estimé pour des chaines de ce type.
Les valeurs maximales sont observées dans la partie méridionale des bassins sahariens.
Elles définissent une importante anomalie thermique régionale (90-110 MW.M-2 )dans les
régions d'Illizi, de In Salah et de Tindouf. Par ailleurs, des mesures par diagraphies thermiques
réalisées à l'équilibre dans des forages miniers dans le Hoggar ont montré que le flux est en
moyenne de 55 MW.M-2.Cependant, l'absence de forages dans la zone intermédiaire entre
les deux régions, d'une part, ne permet pas de définir précisément la transition entre les deux
niveaux du flux. D'autre part, la différence de méthodologie entre les deux types de mesure
peut entrainer un problème de représentativité. Mais, la corrélation remarquable avec les
résultats de l'étude des ondes de surface (Hadiouche et Jobert 1989) suggère que la différence
du niveau moyen du flux de chaleur entre le nord et le sud du Hoggar est effective.
L'étude des ondes de surface indique que l'ensemble de la région au nord du Hoggar est
caractérisée par des vitesses faibles (-6%) dans le manteau supérieur (40 à 160 km). L'analyse
de l'écart à l'équilibre isostatique en admettant un modèle de compensation simple montre
également que l'ensemble de la plateforme saharienne est marqué par un écart à l'équilibre
qui est maximum dans la partie sud des bassins sahariens, notamment le bassin de Timimoun
(-40 à -60 mgal). Ainsi, il ressort que toute la plateforme saharienne, particulièrement l'axe
Illizi-In Salah-Tindouf se distingue par l'existence d'un manteau supérieur chaud et léger.
L'âge de la perturbation thermique pourrait remonter à quelques 15 à 20 Ma.
Localement, l'analyse pétrologique des xénolithes de péridotites relatives au volcanisme
d'Illizi confirme que le manteau supérieur est très métasomatisé. Cette profonde modification
résulte soit d'une fusion partielle à faible profondeur (70-80 km), soit plus probablement de
l'interaction d'un fluide magmatique avec le matériel mantellique. Il est important de noter
le fort taux d'enrichissement en carbonates des laves d'Illizi. Rien ne permet jusqu'à présent
d'étendre cette explication à toute la zone d'anomalie thermique. Des sondages magnéto-
telluriques profonds sont prévus au niveau de la région d' In Salah. Ils permettront de confirmer
ou non cette hypothèse.
195 CONCLUSION GENERALE
Ce type d'anomalie thermique est observé notamment dans le système de rift est-africain
dont la branche ouest est caractérisée par le même type de volcanisme que celui d'Illizi. De
même, le bassin pannonien (Hongrie), résultant d'un contexte de subduction-collision et d'une
subsidence plus récente (fin Tertiaire), est marqué par une pareille anomalie, alors qu'il est
réputé stable et inactif actuellement. Cette anomalie est interprétée en terme de diapir man-
tellique caractérisé par de la fusion partielle à faible profondeur (Horvath et al. 1979).
Enfin, nous pouvons dire que cette étude régionale à trois volets a permis, malgré les
incertitudes admises, de mettre en évidence quelques traits majeurs de la structure profonde
sous les bassins sahariens dont l'existence n'était pas connus jusque-là. Néanmoins, certains
aspects restent encore à développer, notamment par d'autres approches géophysiques.
L'absence de données de sismique profonde constitue actuellement un handicap
important pour contraindre toute étude approfondie et l'établissement de modèles réalistes.
Nous espérons qu'un effort soit fait le plus tôt possible dans cette direction.
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, 199 REFERENCES
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Wheildon, M.F. Francis, M.F., � Thomas-Betts, A. (1977). Investigation of the
SW England thermal anomaly zone. Seminat on geothermal energy, Brussel,
CEE Ed., p. 175-188.
ANNEXEI
Le contraste de -0.2 g/em3 est celui qui minimise les corrélations pour les basses fré-
quences. La valeur de -0.25 est celle pour laquelle la corrélation s'inverse, comme le montre
��
la fonction de transfert. _
fig A1
213
ANNEXE II
LEGENDE:
En trai plein : Enfouissement total du substratum,
En tireté : Subsidence tectonique sous l'eau,
Les traits verticaux marquent les différentes coupures chronologiques utilisées.
Les courbes de paléoprofondeur de dépôt et des variations eustatiques sont figurées dans
le texte (chap. V).
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ANNEXE m
(*) Kmy représente la conductivité moyenne intégrée à toute la colonne stratigraphique seloi
un modèle en série.
(**) ET représente l'écart-type correspondant à la valeur du flux calculée par inversion
stochastique. t
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ANNEXE IV
ANNEXE V
A quelques 150 km à l'Est d'Illizi (NE Sahara), une vingtaine de cratères d'explosion ont
été reconnus par Megartsi (1972). Les fragments de lave éjectée par les volcans ont le chimisme
et la minéralogie des mélilitites qui sont associées en général au magmatisme carbonatitique,
au rifting et à la présence d'un manteau supérieur modifié, comme c'est le cas du système de
rift Est-africain (Lloyd el-âl, 1987) et du fossé rhénan (Lloyd et al., 1975).
Si la pétrologie des pyroxénites a fait l'objet d'une étude complète (Bossières et Megartsi,
1976), l'aspect géochimique et les implications sur la nature du manteau supérieur n'ont pas été
complètement abordés. Afin d'appréhender ces aspects, de préciser l'âge du volcanisme et les
corrélations avec l'anomalie du flux de chaleur, j'ai été amené à organiser une mission
d'échantillonnage sur le site d'In Teria en collaboration avec J. M. Dautria (C.G.G, Montpellier)
qui s'est chargé entièrement de l'analyse des échantillons.
1. Nature du manteau supérieur
Les xénolithes ultramafiques sont parfois très abondants au niveau de certains cratères
d'explosion. Ils consistent essentiellement en des péridotites (30%) et des clinopyroxénites
(70%). Les péridotites appartiennent au type lherzolite, hazbgurgite ou dunite. Le type dominant
est une hazburgite à spinelle-phlogopite. Elles sont toutes hydratées, contenant des micas
(phlogopite) ou de l'amphibole (pargasite) et montrent des traces évidentes de déformation et
recristallisation (texture porphyroclastique à granuloblastique) et de métasomatose (enrichis-
sement en éléments incompatibles, particulièrement en Terres rares légères). Cette succession
pétrographique (lherzolite -hazburgite -dunite) est de toute évidence le résultat d'une interaction
entre un manteau lherzolitique et un liquide magmatique qui consiste en une destabilisation des
phases pyroxéniques (diopsyde et eustatite) et du spinel et en leur remplacement par des agrégats
polycristallins constitués d'olivine et de clinopyroxènes alcalins.
En comparaison avec les résultats de l'étude du fossé rhénan (Lloyd et al., 1975), les
modifications du manteau supérieur et le volcanisme mélilititique sont des phénomènes associés
dans le temps et dans l'espace.
236
Ce volcanisme est ponctuel, par conséquent ces résultats ne peuvent être à priori repré-
sentatifs de toute la région. Il est situé effectivement dans la zone du maximum de l'anomalie
thermique. De tels phénomènes sont connus dans d'autres régions dans le monde, notamment
la branche occidentale du rift Est-africain. Cette anomalie pourrait suggérer que ce phénomène
est caractéristique de toute la zone d'anomalie.