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DE NEUROLOGIE ET DE PSYCHIATRIE
Comité de Rédaction :
DIX-NEUVIÈME ANNÉE
1924
H. DELARUE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
5, Rue des Grands-Augustins, 5
PARIS (VIe)
TENUE A LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS
LE 19 DÉCEMBRE 1923
Sommaire
Communication du professeur Henri Claude et de Mlle Suzanne Bernard. —
Myxœdème et Psychose.
Conférence du professeur G. Marinesco. — Le rôle des ferments oxydants dans la
vie du neurone.
Discussion : M. Lhermitte.
Communication de MM. Toulouse, Marchand, Targowla et Mlle L. Pezé. — Consi-
dérations cliniques, biologiques et anatomo-pathologiques à propos d'un cas de para-
lysie générale au début.
Discussion : MM. Guillain et Lhermitte.
Communication de MM. Ch. Foix et I. Nicolesco. — Sur les altérations du système
nerveux dans quelques maladies dites musculaires.
Communication de Mlle Gabrielle Lévy et L. Van Bogaert. — Quelques remarques
sur le rythme respiratoire dans certaines maladies chroniques du système nerveux, en
particulier chez les pseudo-bulbaires.
Communication du professeur Guillain et de M. Alajouanine. — Le réflexe médio-
pubien.
16 juillet
:
Réaction extrêmement vive. Le pouls passe de 70 à i3o; la
pression maxima de i3 à 26. Angoisse, tremblements, nausées, vomissements
une demi-heure à une heure après la piqûre. Douleur très vive pendant plu-
sieurs jours au niveau de l'injection.
Injection sous-cutanée d'extrait de lobe postérieur d'hypophyse (Jo cg.). —
18 mai Réaction presque nulle, légèrement inversée (pouls 60 avant,
66 après).
Après traitement thyroïdien :
10 septembre Pas :
d'albuminurie.
Réaction de Hay Négative. Coefficient de Derrien-Clogne 4,3.:
mère au cortex. Les reins sont petits, sclérosés ; le foie présente l'aspect du
foie cardiaque.
L'examen histologique des centres nerveux décèle les lésions suivantes :
Infiltration cellulaire de la pie-mère au fond des sillons cérébraux ; infil-
tration méningée accusée par place au niveau de la convexité de circonvo-
lutions. Périvascularite nette par endroits. Dans le cortex les petits vais-
seaux sont entourés de cellules rondes. Les artériels ne présentent aucune
dégénérescence, aucune lésion d'endartérite. Lésions cellulaires accusées,
sans altération notable des neurofibrilles. Raréfaction irrégulière et ponctuée
de la partie profonde du réseau des fibres tangentielles. Présence de corps
hyaloïdes. La névroglie est peu altérée. Dans la substance blanche sous-
corticale, quelques vaisseaux sont atteints de périvascularite. '
Infiltration cellulaire accusée de la pie-mère cérébelleuse.
Dans le bulbe, les lésions inflammatoires méningées, la périvascularite
sont aussi accusées que celles que l'on rencontre dans la paralysie générale
avancée. Par places, les cellules embryonnaires sont tellement nombreuses
que la lésion méningée prend l'aspect d'un tissu gommeux sans trace d'endar-
térite toutefois.
Dans la moelle, les lésions sont plus accusées au niveau de la moelle
lombaire. Le canal central est oblitéré ; la pie-mère est atteinte de ménin-
gite subaiguë. Les cellules des cornes antérieures sont atrophiées et
pigmentées.
Dégénérescence partielle des fibres des racines antérieures.
Les lésions des reins sont très importantes. A côté de régions relative-
ment saines, on note des zones dans lesquelles glomérules, tubes, tissu
conjonctif et vaisseaux sont très altérés ; le tissu conjonctif est infiltré de
cellules mononucléées pressées les unes contre les autres, étouffant glomé-
rules et tubes ; les artères sont atteintes d'endartérite fibreuse oblitérante.
Le foie est peu altéré ; légère infiltration du tissu conjonctif des espaces
portes.
On peut admettre que l'intoxication alcoolique a contribué, avec l'état
infectieux urinaire, à déterminer le syndrome confusionnel présenté parla
malade à son entrée dans le service. C'est peut-être cet état toxi-infectieux
qui a camouflé, pourrait-on dire, les symptômes qui auraient pu mettre sur
la voie du diagnostic de méningo-encéphalite. L'évolution même de l'état
confusionnel vers la guérison plaide en faveur de cette interprétation.
D'autre part, les symptômes organiques (inégalité pupillaire, réflexes
pupillaires paresseux à la lumière, tremblement des extrémités, troubles
paraplégiques) étaient trop peu caractéristiques et trop peu prononcés pour
que l'on puisse affirmer le diagnostic de paralysie générale.
Les réactions humorales, quoique partielles, permettaient cependant de
soupçonner la syphilis et d'orienter davantage le diagnostic.
Quel que soit le rôle de l'alcoolisme dans la provocation des troubles
mentaux, on ne peut le retenir comme cause des lésions nerveuses diffuses de
nature inflammatoire. Il ne reste donc que deux diagnostics à discuter :
syphilis nerveuse ou paralysie générale. En se basant sur la diffusion des
lésions, l'absence d'endartérite, la physionomie spéciale des lésions
méningées, les altérations des fibres tangentielles, la périartérite, la présence
de corpuscules hyaloïdes dans le cortex, les auteurs s'arrêtent au diagnostic
de paralysie générale au début.
Discussion :
M. Guillain pense qu'il s'est agi d'un syndrome organique. Il n'a jamais
vu de réaction au benjoin négative dans la paralysie générale, même au
début.
M. Lhermitte rappelle les cas où l'on soupçonnait une paralysie générale,
où le syndrome humoral est resté négatif, comme chez certains malades
dont l'histoire a été rapportée récemment par Urecchia il s'agissait de
:
glosse, noyau ambigu, facial, noyau masticateur, etc. Mais dans nos deux
cas de myopathie typique nous avons retrouvé dans ces noyaux les mêmes
altérations qu'au niveau de la moelle épinière.
Enfin, point important, le locus niger ne présenta que des lésions dis-
crètes.
3° Un troisième type de lésions concerne certaines formations infundi-
bula-hypothalamiques, la substance innominée de Reichert, les cellules sans
pigment noir de la formation réticulée, les cellules vésiculeuses, enfin le
noyau dentelé du cervelet.
Ces lésions sont analogues dans le cas de maladie de Thomsen et dans
les deux cas de myopathies; cependant,dans l'ensemble,elles sont plus mar-
quées dans la maladie de Thomsen.
Les cellules de la substance innominée de Reichert, des noyaux du tuber
et surtout du noyau périventriculaire présentent des lésions d'ordre atro-
phique avec grande abondance de lipoçhrome et fréquemment aspect multi-
vacuolaire du protoplasma. Par places, il existe de véritables incrustations
de la périphérie des neurones.
Les cellules nerveuses sans pigment noir de la formation réticulée du
bulbe et des groupes réticulés paramédians de la protubérance présentent
de la chromatolyse centrale avec surcharge lipochromique et pour le plus
grand nombre de l'atrophie.
Les cellules vésiculeuses présentent une atrophie notable ainsi qu'un cer-
tain nombre de cellules du noyau dentelé du cervelet.
Le cortex cérébral, le cortex cérébelleux, les noyaux gris protubérantiels
sont sensiblement indemnes. On retrouve dans la partie haute de la moelle
cervicale au niveau de la formation réticulée des altérations portant princi-
palement sur les cellules à pigment noir et qui sont à rapprocher des alté-
rations ci-dessus décrites. Les cellules de la corne latérale ne sont pas non
plus indemnes.
Dans toutes les régions altérées, il existe un certain degré de réaction
névroglique d'ordre progressif.
Les formations myéliniques nous ont paru sensiblement indemnes.
En résumé, nous avons constaté dans ces trois cas d'affections dites
musculaires (maladie de Thomsen, myopathie), outre les lésions des cellules
motrices spéciales aux cas de myopathie, des altérations qui nous paraissent
intéressantes par plusieurs points :
NOUVELLE CONTRIBUTION
A LA CONCEPTION DES SYSTÈMES STATIQUE
ET KINÉTIQUE DE LA MOTILITÉ
PAR
J. RAMSAY HUNT
(de New-York)
(Travail original traduit de Vanglais par H. Baruk)
CONSIDÉRATIONS ANATOMIQUES
A. Système statique
La part essentielle dans la direction et la régulation du système sta-
tique, c'est-à-dire des fonctions posturales, doit être, suivant l'auteur,
attribuée au cervelet. A cet organe aboutissent, d'une part, les incitations
centripètes d'origine périphérique et d'autre part les incitations centri-
fuges corticales. Ces différentes incitations sont ensuite distribuées par
l'intermédiaire des voies cérébello-spinales aux mécanismes qui règlent
dans les muscles les fonctions myostatiques.
On peut distinguer à ce sujet deux systèmes statiques cérébelleux :
icle systèmepaléostatique qui règle les fonctions posturales élémentaires,
et automatiques; il prend son origine dans les noyaux les plus anciens
du vermis (nucleus fastigius, globosus et emboliformis).
2° Le système néostatique qui règle les fonctions posturales plus com-
plexes et plus élevées. Il réside au niveau des hémisphères cérébelleux,
et prend son origine au niveau des cellules du noyau dentelé. Enfin ce
système néostatique est soumis lui-même au contrôle cérébral par
l'intermédiaire des fibres qui unissent le cortex aux noyaux du pont et
qui, de ces noyaux, se rendent à l'hémispère cérébelleux du côté opposé.
Il est probable, en se plaçant sur le terrain phylogénique, que la voie
pariéto-temporo-occipitale qui se termine dans les noyaux dorsaux du
pont est plus ancienne que la voie fronto-pontine qui descend du lobe
frontal vers les noyaux ventraux du pont. C'est cette dernière voie que
l'auteur considère comme l'homologue, pour le système statique, de la
voie cortico-spinale pour le système kinétique. Ce faisceau fronto-ponto-
cerébelleux, qui concerne donc le système néostatique, passe dans le bras
antérieur de la capsule interne et dans la portion moyenne du pédoncule
cérébral où il entre en rapport étroit avec le faisceau pyramidal. Il est en
outre intéressant de noter que les deux faisceaux qui constituent l'un
l'appareil néostatique, l'autre l'appareil néokinétique reçoivent leur
enveloppe de myéline en même temps, aussitôt après la naissance.
Ces deux systèmes posturaux, néostatique et paléostatique, abou-
tissent finalement au cervelet qui en constitue le siège et qui les coor-
donne. Ces faits concordent du reste avec la nature du mécanisme
postural qui joue dans la motilité un rôle secondaire et inconscient.
Tandis que les manifestations les plus élevées du mouvement repré-
sentent dès le début un processus conscient et volontaire, les mécanismes
posturaux sont au contraire secondaires, et suivent automatiquement la
voie tracée par le développement du mouvement.
B. Système kinétique
Le système kinétique a trait à la transmission des incitations de
mouvement proprement dit. Les mouvements élémentaires réflexes sont
représentés par l'appareil archéokillétiqne du système nerveux segmen-
taire. Quant aux centres moteurs plus élevés, chargés du contrôle des
fonctions kinétiques, ils sont représentés par le corps strié et les cir-
convolutions rolandiques.
Ces deux grands systèmes, paléo et néo-kinétiques, se complètent l'un
l'autre, et leur indépendance n'est mise en évidence que par le travail de
certaines dissociations pathologiques.
Un point essentiel à faire ressortir,c'est que la portion pallidale du
corps strié est kinétique et concerne en quelque sorte les représentations
de mouvement. Le noyau dentelé du cervelet a, au contraire, une fonction
statique et comprend les représentationsposturales. En d'autres termes,
le mécanisme supra-spinal comporte là deux centres moteurs qui ont
trait l'un et l'autre aux fonctions kinétiques et statiques, autrement dit
aux représentations de mouvement et à celles de posture.
PAR
L. MARCHAND
1911, p. 73.)-
tions douloureuses et paraplégie en flexion intense. (Montpellier med., 3o juillet
3. G. ETIENNE et [E. GELMA. Paraplégie spastique spinale en
flexion. (Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1911, p. 335.)
4. A. GONNET et J. PIASCO. Un cas de paraplégie avec contracture en
flexion (sclérose en plaques probable). (Soc. des Sc. méd. de St-Etienne,
7 juillet 1920; La Vie méd., août 1920, p. 353.)
5. A. COYON et A. BARRÉ. Paraplégie t type Babinski » chez un sujet atteint
de maladie de Recklinghausen. Absence de régénération secondaire des
faisceaux pyramidaux. (Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1913, p. tlI.)
6. Soc. allal. clin, de Bordeaux, 16 juillet 1923.
Dans les observations précédentes, la paraplégie en flexion est con-
ditionnée par des lésions soit médullaires, soit bulbaires ou protubéran-
tielles. Babinski avait cependant admis que ce type de paraplégie pouvait
être dû à des lésions cérébrales. Brissaud, Souques et Charcot avaient
d'ailleurs signalé de tels cas, mais l'observation de Pierre Marie et
Foix1 est la première dans laquelle la paraplégie en flexion d'origine
cérébrale s'accompagne de la dissociation signalée par Babinski entre
les réflexes d'automatisme dits de défense qui sont exagérés et les réflexes
tendineux qui sont diminués. Les lésions consistaient en une nécrose
sous-épendymaire progressive symétrique intéressant la substance
blanche des lobules paracentraux; il existait une dégénérescence secon-
daire des fibres des faisceaux pyramidaux destinés aux membres infé-
rieurs. Ainsi, cette observation montrait que la suppression des centres
sous-corticaux pouvait produire, comme les lésions médullaires ou méso-
céphaliques, l'automatisme médullaire et la paraplégie en flexion.
La communication de Pierre Marie et Foix laissait ainsi prévoir qu'il
devait y avoir des cas intermédiaires entre le type de paraplégie en
flexion d'origine cérébrale et celui de paraplégie en flexion d'origine
spinale. L'observation de Bouttier, Alajouanine et Girot2 en est un
exemple. Chez leur malade, on notait également une dissociation entre
les réflexes tendineux et les réflexes d'automatisme médullaire, mais
les symptômes associés (syndrome parkinsonien, paralysie verticale du
regard, consécutifs à l'encéphalite léthargique) permettaient de localiser
les lésions en un point élevé du nevraxe, dans les régions mésocépha-
3
lique et encéphalique. Enfin, dans sa thèse, Alajouanine a décrit un
type de paraplégie en flexion traduisant des lésions anatomiques uni-
quement cérébrales. Dans ce type, à la contracture en flexion avec exal-
tation des phénomènes d'automatisme médullaire, s'associent des
symptômes de sclérose cérébrale sénile (démence, rire et pleurer spas-
modiques, troubles pseudo-bulbaires) ; les lésions cérébrales sont
bilatérales, symétriques et prédominent sur la voie motrice paracen-
trale, l'écorce et les noyaux gris; elles consistent en lacunes de désinté-
gration et entraînent la dégénérescence de la voie pyramidale.
La paraplégie en flexion peut aussi apparaître à titre de complication
au cours d'autres affections du système nerveux. C'est ainsi qu'on
l'observe fréquemment au cours de la paralysie générale infantile ou
juvénile. Elle est alors liée à une sclérose combinée, la dégénération
........
Courbe antéro-postérieure (circonférence cranienne)... 31
Circonférence horizontale maximum 47
Diamètre bizygomatique
.............
Courbe biauriculaire transverse
Fi-.U'P,
RUE
A.
DEL
L'ENCÉPHALE
TRAVAIL DU LABORATOIRE DE PSYCHIATRIE DE
L'UNIVERSITÉ ET DU SERVICE
DE PSYCHIATRIE ET DE NEUROLOGIE DU « KOMMUNEHOSPITAL »
A COPENHAGUE (PROF. Dr A. WIMMER)
PAR
Knud H. KRABBE
(de Copenhague)
BIBLIOGRAPHIE
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des centralen Nervensystems. (Deutsche Zeitschr. /. Nervenheilkunde, 9,
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im Zentralnervensystem. (Zeitschr. f. d. ges. Neurologie u. Psychiatrie, Orig.,
16, 1913, p. 499.)
TRAVAIL DU SERVICE DE PROPHYLAXIE MENTALE DU DOCTEUR TOULOUSE
IMPULSIONS AU TATOUAGE
ET PERVERSIONS SEXUELLES
PAR
Roger DUPOUY et E. MINKOWSKI
I. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
— II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE. IV. SOCIÉTÉ DE
—
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
^ SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1923
Présidence de M. André-Thomas
Myopathie atrophique localisée aux trapèzes et consécutive à un trauma-
tisme, par MM. /. Lhermitte, Cénac et N. Péron. — On s'accorde pour admettre
la fréquence des atrophies musculaires à localisation périscapulaire consé-
cutives aux traumatismes, mais la nature de ces amyotrophies est encore
très discutée. H. Claude, Vigouroux et Lhermitte ont soutenu la nature
myopathique de l'altération musculaire. Le cas présenté par les auteurs
témoigne en faveur de cette pathogénie.
Il s'agit d'un malade âgé de quarante-trois ans atteint de paralysie géné-
rale à évolution rapide. Ce sujet présente une atrophie presque absolue des
deux trapèzes, laquelle se traduit par les déformations vertébrales et scapu-
laires que l'on connaît. Les particularités de ce fait tiennent, d'une part, à
l'étiologie, et, d'autre part, à la nature de cette amyotrophie localisée. Celle-ci
est survenue à la suite d'un violent traumatisme subi à l'âge de six ans.
Depuis cette époque, l'affection n'a subi aucune modification. Quant à la
nature de cette atrophie, les auteurs se basent sur une série d'arguments pour
appuyer son origine myopathique. Les plus frappants consistent dans la
localisation de l'atrophie, l'ébauche d'une taille de guêpe, l'absence de réac-
tion de dégénérescence et de troubles moteurs ou sensitifs en rapport avec
une lésion spinale, la présence d'une réaction myotonique légère, ainsi que
d'une hypertrophie localisée au segment acromial du trapèze gauche, enfin
sur les résultats d'une biopsie.
Conservation de la sensibilité profonde de la face après section rétro-gassé-
rienne de la racine postérieure du trijumeau. — MM. A. Souques et Hartmann
présentent un malade chez qui, pour remédier à une névralgie faciale, on
coupa la racine postérieure du trijumeau. Ce malade, suivi depuis trois ans
et demi, a perdu la sensibilité superficielle du côté opéré ; mais, de ce même
côté, la sensibilité profonde est conservée : ainsi la pression, le diapason et
les mouvements des muscles de la face sont perçus normalement ou à peu
près normalement. Les auteurs ont constaté la même dissociation de la sen-
sibilité chez de nombreux malades ayant subi la même section de la racine
postérieure du trijumeau. Ils pensent que les fibres de la sensibilité profonde
de la face ne doivent pas venir du trijumeau, en tout cas qu'elles ne passent
pas par la racine postérieure de ce nerf, et qu'elles viennent probablement
du facial.
Dysphasie et syndrome strié. — MM. E. de Massary et /. Rachet présentent
un malade atteint de bégayement spasmodique apparu à l'âge de trois ans,
accompagné de spasmes de la face et de mouvements choréo-athétosiques
des doigts. Imputable à une lésion des noyaux striés, ce syndrome s'exagère
dans les efforts et aboutit, après une phase de contracture, à une élocution
normale. Ce trouble peut être rapproché des phénomènes de kinésie para-
doxale décrits par Souques chez les parkinsoniens.
Hémichoréo-tremblement et syndrome de Parinaud lésion pédonculaire. —
:
Présidence de M. Dupain
Érotomanie secondaire.— MM. V. Truelle et/. Reboul-Lachaux présentent
une malade atteinte d'érotomanie apparue à la faveur d'un système de
défense, d'un besoin de protection commandé par un délire de persécution.
Des tendances amoureuses anciennes et un fond d'orgueil constitutionnel
ont prêté au protecteur trouvé des sentiments affectueux, bientôt partagés par
la malade et un tableau typique d'érotomanie s'est constitué. Le postulat
ne s'est pas imposé, mais a été le fait d'un long
travail imaginatif et inter-
prétatif. Le choix de l'objet a été orienté vers un grand romancier contem-
porain par la culture littéraire de la malade, par ailleurs débile, mais non
affaiblie intellectuellement.
Les psychoses hallucinatoires chroniques. — Le docteur de Clérambault
montre un malade de quarante ans, dégénéré supérieur, présentant d'une
part le tableau classique de la psychose hallucinatoire systématique progres-
sive de Magnan, d'autre part des dérogations à ce tableau début par éro-
tisme, puis jalousie ; persécution seulement ultérieure ; début aussi par auto-
matisme mental - période mégalomaniaque remplie principalement par du
mysticisme et par un délire dogmatique.
L'auteur insiste d'abord sur la rubrique « délire dogmatique » qu'il pro-
pose pour une forme soit secondaire, soit autonome de délire,
dont il trace
hallucinatoires
un schéma. Il aborde ensuite la doctrine des psychoses
chroniques.
A propos d'un état démentiel avec idées de négation. Paralysie générale?
Réactions humorales négatives. — M. /. Cuel présente une malade de qua-
rante-trois ans, ayant des antécédents syphilitiques nets et hospitalisée en
juin 1922 avec le diagnostic de paralysie générale unanimement admis
alors. (Affaiblissement intellectuel à marcherapide, idées de grandeur et de
richesse, rigidité pupillaire). Depuis quelques mois se sont développées des
idées de négation, d'abord corporelle, puis générale.
L'affaiblissement intellectuel, bien que profond, n'est pas absolument
global, il y a conservation d'un certain pouvoir de critique. Il n'existe pas
de troubles caractéristiques de la parole. Le syndrome humoral paralytique
du liquide céphalo-rachidien a constamment manqué (sept examens) et cela
en dehors de toute rémission des signes cliniques. Dans le sang, réaction de
Hecht partiellement positive, réaction de Wassermann au sérum chauffé
négative.
Il semble bien que le diagnostic de paralysie générale ne puisse être
maintenu. D'autre part, les antécédents de la malade, les signes pupillaires,
la positivité partielle du sérum sanguin, les caractères du syndrome mental
ramènent vers une affection spécifique des centres nerveux. Il s'agit vraisem-
blablement d'une de ces formes relativement rares de syphilis cérébrale
diffuse, décrite par Nissl, Alzheimer, Jakob sous le nom d'endartérite syphi-
litique des petits vaisseaux du cortex, forme dans laquelle les réactions humo-
rales du liquide céphalo-rachidien demeurent le plus souvent négatives et
qui se manifeste par une symptomatologie assez voisine,quoique distincte,
de celle de la paralysie générale.
Il est possible que bien des cas décrits comme paralysies générales sans
réactions humorales relèvent en réalité de cette affection.
Alcoolisme et hallucinations lilliputiennes, par MM. H. Colin et Cénac. —
Les auteurs présentent un malade éthylique, ancien paludéen, ayant eu, au
cours d'accidents éthyliques subaigus, des hallucinations visuelles terri
fiantes alternant avec des hallucinations lilliputiennes typiques (syndrome
de Leroy). L'intérêt de cette présentation réside dans l'alternance de ces
phénomènes oniriques à caractères affectifs opposés.
Hémiaparésie alterne et syndrome pseudo-bulbaire. — MM. H. Colin- et
Cénac présentent un malade spécifique atteint, à la suite d'ictus, d'hémiplégie
alterne avec troubles de la phonation et de la déglutition, troubles cérébel-
leux, troubles de la mimique, rire spasmodique. Les auteurs attribuent ces
troubles à des lésions en foyers par artérite spécifique, dont l'une protubé-
rantielle, et écartent, malgré les réactions biologiques positives dans le
liquide céphalo-rachidien et en raison de l'intégrité relative de l'intelligence
de ce malade, le diagnostic de paralysie générale envisagé dans le certificat
de placement.
Syndrome parkinsonien et syphilis nerveuse. — MM. Demay et Petithony
rapportent l'observation d'une malade qui présente à la fois un syndrome
parkinsonien (facies figé, akinésie spontanée et automatique, akatisie) et des
signes de syphilis nerveuse (légère spasmodicité, céphalalgie et vertiges,
Bordet-Wassermann positif dans le liquide céphalo-rachidien).
On peut se demander en pareil cas si la syphilis n'a pas joué un rôle dans
l'étiologie du syndrome parkinsonien.
Les injections intraveineuses de salicylate de soude dans l'encéphalite chro-
nique à forme parkinsonienne. — M. Bouchard (asile de Clermont, Oise) rap-
porte deux cas d'encéphalite chronique à forme parkinsonienne qu'il a traités
par des injections intraveineuses de salicylate de soude à la dose de 6 grammes
par jour en solution à 2 pour 10. Sous l'action de ce traitement, il a nettement
vu rétrocéder une grande partie des symptômes physiques, l'hyperglyco-
rachie et même les troubles du caractère. Le traitement ne put malheureu-
sement être continué plus de deux mois à cause de l'oblitération veineuse
produite par la salicylate de soude.
L'amélioration se maintint pour un des malades du mois de juillet au
mois de novembre. A cette époque, tous les symptômes s'aggravèrent,
prenant les caractères d'une poussée évolutive. L'état de l'autre malade s'est
à peu près maintenu.
Il serait intéressant de poursuivre ces essais en employant comme l'a con-
seillé Carnot, le salicylate de soude en solution plus étendue (4 p. 100 par
exemple), ce qui d'ailleurs est d'une application difficile.
H. COLIN.
IV. — Société de psychiatrie
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1923
ANALYSES
AVIS
Réunion biologique neuro-psychiatrique
La prochaine réunion biologique neuro-psychiatrique se tiendra
à l'amphithéâtre de la clinique des maladies mentales à l'asile Sainte-
Anne, le jeudi 3i janvier, à dix heures.
Toutes les personnes qui s'intéressent aux questions concernant les
applications biologiques à la neurologie et à la psychiatrie sont invitées
à y prendre part.
Pour les communications, écrire à M. le docteur Santenoise, chef de
clinique à l'asile Sainte-Anne, 1, rue Cabanis.
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ENTRE LA FOLIE MANIAQUE DÉPRESSIVE
ET LA CATATONIE
PAR
R. de SAUSSURE
Asile de Bel-Air (Genève)
- -
I. Diagnostik der Geisteskrankheiten. (Urban und Schwarrenberg,Vienne,
1901.) PFERSDORFF.Ueber Stereotyptien in I.
M. D. (CentralbI.f.Nervenheilk.
1906, p. 745). SCHNEIDER. Ueber Wesenund Bedeutung Katatonischer Symp-
tome (Zeitschr. f. d. Ges. Neurol. und Psychiatr. t. XXII, p. 486). — MEYETC,
Paranoische Formen der M. D. I. (Areh. f. Psychiatrie 1921, t. LXIV, p. 299).
— URSTEIN. Dementia Praecox und ihre Stellung zum M. D.I.., Vienne, igog.
(M. D. I. als Erscheinungsform der Katatonie, 1912, Vienne, p. 65o). — WILL-
BUERGER., Paranoische Zustaende in der Manie. (Thhse, Tubinge 1914).
2. Assoc. de la folie intermittente et du délire de persécution ; LAURENCE,
Assoc. confus, mentale avec manie et mélancolie, (Thèse, Bordeaux, 1912)
COURBON, op. cit.
j
3. Die klinische Stellung des.M. D. I. (Zeitsehr. f. die ges. Psych, u.
Neurol, t. LVI, 1920, p. 10.)
Il est vrai que peu d'auteurs se rattachent à cette opinion qu a été
fortement combattue par Ewald '.
Il n'en reste pas moins que la catatonie évolue souvent avec 'des
phases analogues à celles des psychoses périodiques, ce qui vient encore
augmenter les difficultés du diagnostic.
On voit d'après ce qui précède combien le diagnostic est difficile
i. Das M. D. I. und die Frage der Krankheitseinheit (Ibid. t. LXIII,
p. 64.)
1921,
dans bien des cas, et surtout combien les psychiatres sont loin de s'en-
tendre sur la solution à donner au problème. De l'avis général, la seule
raison pour laquelle il importe d'établir exactement ce diagnostic, est le
fait qu'on peut en déduire un pronostic. Cette idée, en tout cas, est
ordinairement admise dans la psychiatrie française classique. Baillarger,
le premier, insistait sur ce que l'accès de la folie périodique laissait
derrière lui un cerveau parfaitement sain. Magnan, et bien d'autres
après lui, ont partagé cette opinion.
Cependant l'accord est loin d'être fait sur ce point. Schuele1, écrit :
« L'accès (de psychose périodique) laisse ordinairement quelques traces
telles qu'une méfiance exagérée, la conviction que garde le malade
d'avoir supporté un préjudice, une irritabilité, une émotivité anormale.
Puis ces traces elles-mêmes disparaissent, et la santé semble parfaite.
Mais à un examen attentif, on remarque qu'il existe une certaine torpeur
psychique, peu marquée il est vrai, et qui se manifeste à propos de tout
travail intellectuel. »
Kraepelin (68 éd.) remarque que « pendant les périodes de rémission,
on observe certains phénomènes constants. D'une part une certaine
dépression de l'énergie psychique par suite de laquelle le malade devient
incapable de fixer son attention de façon durable, d'accomplir des
travaux intellectuels prolongés et importants et d'enrichir son esprit de
nouvelles acquisitions. D'autre part une résistance moindre dans la
sphère des sentiments, qui se traduit par une irritabilité anormale et des
accès de colère injustifiés ».
Garczinski2, dans son travail fait sous la direction du professeur
Weber, arrive aux conclusions suivantes : a La psychose maniaque
dépressive aboutit, elle aussi, à un affaiblissement des facultés intel-
lectuelles, à une démence. Toute psychose qui devient chronique, ou
qui récidive nombre de fois, conduit fatalement à la démence. Cette
conclusion ne prouve cependant pas que ce soit une démence précoce.
La démence est aussi issue dela manie-mélancolie ». Beaucoup d'autres
aliénistes partagent cet avis. Ainsi Walker3.
Donc lorsqu'on veut baser le diagnostic sur l'évolution de la maladie,
une première difficulté se dresse : dans l'intervalle des accès, les psy-
choses maniaques dépressives ne reviennent pas toutes à une intégrité
complète. La seconde difficulté provient de ce que certains accès de
»
85,o
57,7
87,4
»
»
80,5
,
Euphorie. (Le malade se sent parfaitement satisfait.)
Hypertrophie-,.. de
-
délire
la personnalité, avec ....
(
... »
»
»
»
( sans délire
<
» »
Voir dans tout le bon côté des choses » »
Excitation à la moindre contrariété » »
Logorrhée avec fuite des idées. (Sans dissociation persis-
tante.) » »
Pensées fragmentaires, incomplètes » »
Orientation restée bonne. (A ou 2 jours près.)
1 » »
Grande inattention
Emprunt au monde ambiant des éléments du délire ....
Fait de toucher tous les objets qui tombent sous la main..
»
»
»
»
»
»
Création de nombreux plans, qui veulent tout réformer
Erotiques
.. »
»
»
»
Malgré les colères passagères, bons rapports affectifs.... » >1
Symptômes catatoniques
Hallucinations » »
Incohérence d'idées » »
Indifférence émotionnelle » »
Négativisme » »
Stéréotypie » »
Maniérisme. (Attitudes catatoniques.) » »
Catalepsie
Echomimie, écholalie
Stupeur
Automatismes
................... »
»
»
»
»
»
Actions impulsives
.................... »
»
»
»
Le malade badigeonne » »
Paramimie
Hyper-ou hypotonie des membres
Affaiblissement intellectuel
.............
................
»
»
»
»
»
»
ÉVALUATION DE LA PRESSION
DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN
DANS LES MÉNINGITES SÉREUSES
ET DANS LES TUMEURS DE L'ENCÉPHALE
PAR
Ottorine BALDUZZI
OBSERVATIONS.
par par
tervention tervention
Décubitus Décubitus
Autopsie. Autopsie.
Autopsie. Autopsie.
Autopsie. ratoire. Autopsie. Confirmé ratoire.Autopsie.
» » Confirmé
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4.II1.22 20.IX.22 .'23 5.111.'23 5.IX.'23
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IV.23
27.XII. 5.XII.
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1
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DIAGNOSTIC.
Tbc Tbc
Meningitis— Meningitis
Meningitis Meningitis
Meningitis Meningitis
Meningitis
Meningitis Meningitis Meningitis
— — - — — - — —
1922
2.IV.'23V.'2
23 2S.IlI.23 26.IV.'24 28.VI.'23
5.XII.'22
20.11.23 q.V.'23 i.VI.'23 I.VI.22 15.VI.23 22.II.'23 ..¡..III.'23
de L. 4.V.'23
Cis.
1 » M 2 3 45 » » » » » » » 6 78 » » 9 10
Dans l'examen des cas de méningite sérieuse, je n'ai tenu compte
que de ceux dont le diagnostic, en plus des signes commun d'hyper-
tension endocranienne et d'altération du fond oculaire, était confirmé
par la guérison du malade.
Par l'observation des valeurs réunies dans les deux tableaux,
on remarquera que le quotient rachidien le plus élevé, dans le cas
de tumeur cérébrale est 5,5 (dans un sarcome de la fosse crânique pos-
térieure), tandis que le quotient le plus bas est 1,4 (dans le cas n° 13 —
gomme de la face inférieure du lobe temporal gauche). Dans le cas de
méningite séreuse, on obtient un minimum de 6, comme aux numéros l,
2, et un maximum de 11,6 comme aux numéros 7, 8, 10.
Il y a donc entre les deux maladies un écart bien marqué, puisque la
valeur maxima des tumeurs cérébrales arrive à 5,5 tandis que la valeur
minima des méningites séreuses ne descend pas au-dessous de 6.
Comme il a été dit plus haut, tandis que M. Ayala fixe, aux fins
pratiques, la limite des valeurs entre 2,5 et 4,5 dans les tumeurs céré-
brales, je prendrai, d'après mes expériences, les limites d'un minimum
de 1,5 et d'un maximum de 5,5. Quant aux méningites séreuses, j'abais-
serai à 6,5 le minimum de 7, donné par M. Ayala, et je laisserai indé-
terminée la limite maxima. Les valeurs qu'on obtiendrait entre 5,5 et
6,5 devraient être considérées comme équivoques et sans aucune valeur
différentielle.
On aurait donc un quotient inférieur à 5 pour une tumeur, et un
quotient supérieur à 7 pour une méningite séreuse.
Enfin, malgré ces menus détails, les résultats de mes observations
concordent avec ceux de M. Ayala : ils sont même plus démonstratifs,
puisque je n'ai pu constater une seule exception à la marche spéciale de
la pression que je viens de mettre en évidence.
Pour les méningites tuberculeuses, du moins dans les deux cas que
j'ai observés, on note une marche pareille à celle des méningites séreuses,
ce qui est dû au fait, que, dans les méningites tuberculeuses, le liquide
se déverse aussi dans les ventricules et que ces derniers se dilatent.
Toutefois, comme dans ces formes l'analyse chimique du liquide
céphalo-rachidien fournit des signes suffisants au diagnostic, on peut
considérer comme inutile de se livrer à d'autres recherches.
On se rendra aisément compte de la raison de la marche diverse des
deux formes morbides si l'on fait attention à la façon différente dont se
produit l'hypertension. Tandis que dans la méningite séreuse (choroïdo-
épendymite séreuse) l'augmentation de la pression est due à une aug-
mentation correspondante du liquide dans les cavités ventriculaires et
dans les espaces subarachno'idiens; pour les tumeurs, au contraire,
l'augmentation de la pression est due à ce que la masse solide de la
tumeur tend à réduire l'orifice des ventricules et l'ampleur des canaux
des citernes subarachnoïdiennes et encéphaliques. Le liquide contenu
dans ces cavités est ainsi repoussé dans les espaces subarachnoïdiens
spinaux où il ne peut être suffisamment absorbé par les espaces lym-
phatiques. Il s'ensuit donc que, dans le premier cas, on devra soustraire
une assez forte quantité de liquide céphalo-rachidien pour que la
pression en arrive à être normale; tandis que, lorsqu'il y a des
tumeurs, le liquor arachnoïdien — étant relativement plus rare — la
quantité qu'il sera nécessaire d'extraire pour abaisser la pression sera
aussi moindre, d'autant plus que, à cause de la pression centrifuge
exercée par la néoplasie, il peut arriver que les communications entre
ventricules et espaces arachnoïdiens soient entravées.
Quand la tumeur est compliquée d'une hydrocéphalie ou d'une
méningite toxique réactive, la marche de la pression et du qr dont il est
question plus haut sera altérée. C'est ce qui explique les contradictions
apparentes dans quelques-uns des résultats que j'ai donnés pré-
cédemment.
Ainsi, en rapprochant les cas de M. Ayala sur la tumeur cérébrale et
les méningites séreuses et ceux de mes tableaux, on en déduit un
nombre considérable d'observations qui me permettent d'insister sur la
presque constance des résultats obtenus : constance qui doit être consi-
dérée comme relative, vu qu'il s'agit de phénomènes biologiques.
Toutefois j'estime que, dans la pratique neurologique, ce signe
peut et doit acquérir une grande valeur, lorsqu'il est accompagnée
d'autres signes différentiels concourant à confirmer un diagnostic
plutôt qu'à l'établir. Je tiens surtout à insister sur ce point, pour qu'on
donne à ce signe sa juste valeur seulement dans les cas de véritable
hypertension.
En résumé, je puis affirmer que l'observation de la marche de la
pression du liquide céphalo-rachidien obtenu par la ponction lom-
baire, dans les cas ci-dessus exposés, m'autorise à formuler les déduc-
tions suivantes :
i0 Que, lorsqu'il existe des symptômesd'hypertension endocranienne,
on doit recourir à la ponction lombaire sans négliger l'usage du mano-
mètre, qui permet de relever avec exactitude le degré et les variations
de la pression du liquide céphalo-rachidien ;
2° Qu'il est prudent, dans ces circonstances morbides, de ne sous-
traire du liquide qu'autant qu'il est nécessaire pour que la pression soit
réduite à l'état normal; ou même davantage quand l'hypertension est
trop élevée;
3° Que l'évaluation de la pression initiale en fonction de la quantité
et de la pression résiduelle, c'est-à-dire le quotient rachidien, est une
donnée précieuse, qui peut éclaircir un diagnostic douteux, surtout
quand on balance entre une tumeur cérébrale et une méningite séreuse.
LA DÉCÉRÉBRATION CHEZ L'HOMME
* PAR
Walter FREEMAN
(de Philadelphie)
Assistant étranger à la Salpêtrière.
i. Encéphale, 1913, I, 5o3. V. ci-dessous, ch. ix, un texte cité. Ballet écrit
(1
écho de la pensée:, mais il est clair qu'il veut dire vol de la pensée.
avec ses diverses formes cliniques, dont nous avons en juillet 1923 pro-
posé une énumération provisoire, et que nous classons actuellement
comme suit : polyphrénie simple, raisonnante, confusionnelle, cyclo-
thymique, maniàque ou hypomaniaque.
4. Soit dans la psychose hallucinatoire chronique de Ballet, soit dans
la polyphrénie, il ne faut pas parler vaguement de «désintégration») en
général, mais de dislocation : les fragments désunis sont remarquable-
ment peu désintégrés.
5. La «personnalité», ou conscience de soi, subsiste et s'affirme,
quoiqu'elle soit diminuée. Ce qui est disloqué, c'est l' individualité, dont
la personnalité n'est (Ribot) qu'une portion minime.
6. Enfin il n'est pas certain que dans la « psychose interprétatrice
chronique », la personnalité ni l'individualité soient indemnes.
Classification des formes du vol de la pensée. — Faute de connaître
les diverses formes du vol de la pensée, on risque de laisser ce symptôme
cardinal. Trop souvent on ne songe qu'à l'écho de la pensée, forme à la
fois retardante et auditive, qui est loin d'être fréquente.
On peut distinguer les modalités suivantes, dont la présentation peut
être auditive ou dépourvue d'auditivité.
10 Vol de la pensée sans apparence d'anticipation ni de retard ;
intrusion dans la vie passée; énoncé des actes, de l'écriture; double
lecture.
21 Vol de la pensée à caractère anticipant : anticipation de la pensée,
annonce de l'écriture, des actes; anticipation de la lecture.
3° Vol de la pensée à caractère retardant : écho de la pensée.
La découverte d'une de ces espèces ne dispense pas de rechercher
les autres : rien de plus ordinaire, dans la polyphrénie, que le cumul.
Intrusion dans la vie passée. — L'intrusion dans la vie passée est, de
toutes les formes du vol de la pensée, la plus ordinaire.
A vrai dire, le malade ne se plaint pas qu'on lui vole ses pensées,
mais qu'on lui vole ses secrets. Cette distinction a un sens subtil. Elle
signifie que l'actualisation des souvenirs intimes n'est pas voulue, elle
est mise au compte des indiscrets. Mille détails surgissent, des minuties
oubliées, des circonstances sans intérêt, indignes d'avoir été conservées.
« On » les ravive, on les ressuscite, on leur donne une valeur qu'ils
n'ont jamais eue, on connaît la vie du sujet mieux que lui-même, jamais
il n'aurait pu, quant à lui, repenser tout cela ; c'était enfoui, aboli,
anéanti. Ces fantômes d'un passé mort, il est bien obligé de les identifier
au passage. Tout cela a bien existé. Mais à quoi bon cette sarabande?
Et pourquoi ne peut-il pas la réfréner? C'est une hypermnésie, mais
d'une espèce particulière, une hypermnésie attribuée à l'intervention
d'évocateurs étrangers. Elle déroule des images de choses, de lieux, de
CONCLUSIONS
L'UNIVERSITÉ DE PARIS
TENUE A LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DE
LE 31 JANVIER I924
Sommaire
Communication de M.
d'un test de mémoire.
Edouard Toulouse, et de Mlle Weinberg. - Établissement
Communication de MM. Henry Cardot et Henri Laugier. — Sur la diffusion et la
généralisation de l'excitation dans les centres au cours de l'effort prolongé.
Communication de MM. J. Tinel et D. Santenoise. — Contribution à l étude du
diagnostic biologique de l'épilepsie.
-
mémoire de reconnaissance qui, en clinique, sont souvent confondues — les
deux premières surtout alors qu'elles paraissent ressortir à des conditions
nerveuses différentes.
La mémoire de fixation est explorée couramment en clinique. On fait par
exemple répéter au malade des séries de mots, des phrases ou des chiffres et
l'on apprécie de la sorte le pouvoir de fixation du sujet.
Les troubles de la mémoire d'évocation sont plus difficiles à étudier
expérimentalement. Car le phénomène d'évocation est intimement lié en
pratique au phénomène de fixation.
L'évocation d'un souvenir est fonction de son degré de fixation d'abord
(on évoque un souvenir d'autant plus facilement qu'on l'a mieux fixé) et aussi
d'un grand nombre de circonstances caractéristiques du moment d'évocation.
On ne peut pas étudier expérimentalement le pouvoir d'évocation du sujet
en lui faisant évoquer des souvenirs anciens quelconques : car l'étendue, la
ténacité de la fixation de ces souvenirs nous étant inconnues, nous ne pouvons
distinguer ce qui dans une évocation médiocre serait dû à une absence de
fixation convenable ou à un trouble du pouvoir d'évocation proprement dit.
D'autre part les mêmes souvenirs ne s'évoquent pas toujours avec la
même facilité; les dispositions psychiques et physiques du sujet au moment
de l'évocation, son attitude mentale, les associations externes et internes, tous
ces facteurs déterminent chez un même sujet les variations de la reproduc-
tion des souvenirs, reproduction qui peut être tantôt parfaite et tantôt faire
défaut totalement. Le sujet normal peut néanmoins, quelles que soient les
variations que nous venons d'énumérer, dans une certaine mesure diriger
la reproduction de ses souvenirs : c'est l'évocation volontaire.
C'est cette fonction mnésique que nous avons en vue dans nos expériences,
nous proposant de mettre au point ultérieurement un test d'évocation spon-
tanée
.
Respectons la première difficulté d'ordre technique général qui se présente
ici. Lorsque nous examinons un sujet normal, nous supposons qu'il
donne le maximum d'effort dont il est capable. Or quand nous avons affaire
à des malades nous ne sommes plus autorisés à faire cette supposition et
nous ne sommes jamais sûrs que le malade fait son effort maximum. D'ailleurs
si même, par une appréciation plutôt intuitive, nous jugeons le degré d'effort
que le malade apporte, nous nous trouvons devant une autre difficulté : com-
ment comparer le résultat fourni par un sujet qui fait de son mieux et qui
donne son maximum au résultat d'un autre sujet qui ne se donne aucune
peine pour réussir? Dans tous les tests de mémoire qu'on a généralement
employés, le degré d'attention et le désir de bien retenir jouent un grand rôle
dans les résultats. Les sujets vont même jusqu'à forger des systèmes, ils
cherchent des associations logiques entre des éléments apparemment dispa-
rates, en un mot ils s'aident par des procédés mnémotechniques. On peut
éviter la mémorisation volontaire en donnant au sujet une tâche secon-
daire qui aurait pour but de le distraire. On peut par exemple,pendant qu'on
fait défiler des tests quelconques, lui faire faire du calcul mental ou exécuter
une autre activité de ce genre. Cette technique a été employée dans les expé-
riences de psychologie générale pour dissocier dans un acte mnémonique la
mémoire et l'attention. Toutefois ce procédé nous a paru peu adapté au but
de nos expériences. En effet lorsque le sujet accomplit deux tâches simulta-
nément et que ces tâches sont telles qu'elles ne puissent être exécutées auto-
matiquement, il se tire d'affaire par des oscillations plus ou moins rapides de
son attention qui va et vient entre les deux tâches. C'est une aptitude tout à
fait spéciale que les différents individus ne possèdent pas au même degré.
Ces techniques auraient donc compliqué l'expérience en nous entrainant
dans une tout autre direction. Nous avons donc préféré opérer d'une manière
différente et nous allons exposer tout à l'heure comment.
Nous avons utilisé quinze images colorées tirées d'un loto enfantin et qui
représentent des objets familiers, mais hétérogènes :
Les images sont collées sur un carton de 34,7 cm. X 25 cm.
Nous présentons le carton au sujet et nous lui demandons de nommer les
images aussi vite qu'il peut. Ce faisant, nous donnons au sujet une tâche
secondaire qui empêche la mémorisation volontaire ; mais au lieu de le dis-
traire et de provoquer une division de son attention, nous la dirigeons au con-
traire sur les objets qu'il doit retenir. On pourrait croire a priori que la
nécessité de nommer aussi vite que possible les images présentées ne gêne
par la mémorisation. En réalité tous les sujets se sont plaints de n'avoir pas
pu bien retenir parce qu'il fallait nommer très vite. D'une manière générale
nous avons trouvé au cours de nos expériences, tant sur les normaux que sur
les malades, que la mémorisation volontaire était impossible. Nous avons
bien affaire à l'aptitude mnémonique brute et non pas à l'art d'apprendre,
car c'est là un art véritable.
La durée d'exposition est déterminée par la rapidité avec laquelle le sujet
arrive à nommer toutes les images ; elle est donc variable pour les diffé-
rents sujets. C'est là une critique qu'on pourrait nous faire. En effet le
nombre d'éléments fixés variant notablement sous l'influence de la durée du
temps pendant lequel ces éléments sont présentés au sujet, on comprend que
les différences des temps d'exposition mettent les différents sujets en une
certaine mesure dans des conditions non identiques.
Mais d'autre part la rapidité de reconnaissance et la rapidité de la tra-
duction d'une image visuelle en symboles verbaux est, elle aussi, variable
suivant les sujets. Et il est indispensable de s'assurer que le sujet a réelle-
ment remarqué et a pu réellement nommer toutes les images présentées, car
en supposant qu'un malade soit particulièrement frappé par une image quel-
conque, il pourra pendant toute la durée d'exposition ne regarder que cette
seule image et l'expérience serait évidemment ratée.
Il serait donc encore préférable de donner une présentation successive,
soit en projetant les images sur l'écran, soit en les exposant dans un appareil
de présentation comme il en existe dans les laboratoires. Nous avons adopté
la technique d'exposition simultanée qui est plus commode pour le clinicien.
Remarquons d'ailleurs que la parfaite égalité des conditicns objectives ne
réalise pas toujours cette égalité au point de vue subjectif.
En présentant les images et en les faisant nommer nous faisons appel à la
fois à la mémoire visuelle et à la mémoire verbale (auditive et motrice).
Aussitôt l'exposition terminée, nous laissons un intervalle d'une minute
pendant laquelle nous demandons au sujet de compter, soit simplement, soit
à rebours, soit par deux ou trois, etc... Ceci simplement afin de l'empêcher
de penser aux images présentées tout à l'heure. Nous introduisons cet inter-
valle,comme on le fait dans toutes les expériences de mémoire, afin de per-
mettre aux souvenirs de se fixer effectivement, tandis que si nous demandions
une reproduction immédiate comme le font quelquefois certains auteurs,
nous ferions appel plutôt à une persistance sensorielle qui n'est pas de la
mémoire proprement dite.
Après l'intervalle nous demandons au sujet de nous indiquer toutes les
images retenues et nous répétons cette reproduction trois fois de suite, en
séparant chaque fois les reproductions successives par un intervalle d'une
minute remplie par le comptage.
Nous reprenons le sujet,lorsque les circonstances le permettent, après un
ntervalle de dix minutes et nous lui demandons de nouveau trois repro-
ductions successives séparées comme la première fois par des repos d'une
minute.
Nous obtenons donc une série de trois ou de six évocations suivant que
nous avons fait exécuter une seule épreuve ou deux épreuves.
Nous avons appliqué ce test tel que nous venons de le décrire sur 42 sujets
normaux dont 27 machinistes de tramways, qui constituent un groupe très
homogène par l'âge, la culture et la nature du travail. Nous avons constaté
que les images retenues ne sont pas reproduites à chaque évocation. Sur les
42 cas cités, 2 sujets seulement ont toujours reproduit les mêmes images.
Généralement les choses se passent de la manière suivante. Le sujet à la pre-
mière évocation reproduit par exemple une huitaine d'images, à la deuxième
évocation il peut en reproduire huit ou neuf, ou sept, mais parmi ces images,
il y en aura qui n'auront pas été évoquées la première fois, et d'autre part
il y aura des images évoquées la première fois et qui ne seront pas repro-
duites à la deuxième évocation. Le nombre d'images constantes, c'est-à-dire se
répétant dans toutes les six évocations, varie de 3 à 9 chez les 27 machinistes
des tramways avec une moyenne de 5, 77. Nous calculons le nombre total
d'images reproduites par le sujet dans les différentes évocations et nous avons
ainsi la mesure de son pouvoir de fixation. Nous comptons ensuite la moyenne
d'images reproduites à chaque évocation individuelle et le pourcentage de
cette moyenne par rapport au total des images reproduites ; nous pouvons
dire par exemple qu'un individu peut évoquer à n'importe quel moment 80
ou 90, ou 70 p. 100 de son capital acquis. "Nous pourrions appeler ce chiffre
indice du pouvoir d'évocation.
Ici il y a quelques réserves à faire. Les auteurs qui ont étudié les évoca-
tions successives après une seule présentation ont trouvé que le nombre de
souvenirs croît légèrement pour les évocations ultérieures. Un psychologue
anglais, M. Ballard, ayant fait apprendre aux enfants des écoles une pièce de
vers d'une manière incomplète a trouvé que le nombre de souvenirs repro-
duits croît avec l'intervalle de temps et que l'optimum se manifestait deux
jours après le moment de fixation.
Il a constaté en outre que, à côté du gain, de la réapparition des souvenirs
nouveaux, il y avait à partir des plus petits intervalles des oublis, disparition
d'autres éléments. Un auteur allemand, Nicolaï, ayant présenté des objets
différents aux groupes d'enfants a constaté un léger oubli après un intervalle
de 3o min. et une réapparition des souvenirs dans les évocations successives.
Les expériences de Ballard ont été reprises par Mlle Huguenin : Reviviscence
paradoxale (Arch. de Ps. 1914, XIV, p. 379) qui a pu vérifier les résultats
du psychologue anglais. Pour expliquer le fait de la reviviscence paradoxale,
pour employer le terme de Mlle Huguenin, Ballard a développé l'hypothèse
de M. Piéron sur la maturation des souvenirs. D'après ces théories, la fixation
des souvenirs, loin d'être instantanée comme on a l'air de le supposer quel-
quefois, nécessiterait un temps relativement long allant parfois jusqu'à
48 heures.
Mais ces théories n'expliquent pas pourquoi, à côté du gain, de l'enrichis-
sement progressif de nos souvenirs, il y a, parallèlement à cela, perte de
certains éléments, de sorte que, quand on compare deux évocations, on
trouve un certain nombre d'éléments présents dans les deux reproductions
et, outre cela, des éléments qui ne se retrouvent que dans l'une des deux
évocations. Mlle Huguenin a supposé que « les impressions qui pénètrent dans
la conscience sont de trois catégories : les unes s'y fixent rapidement mais
n'y séjournent pas, les autres au contraire se fixent lentement et ne peuvent
être reproduites qu'au bout d'un certain laps de temps ; la majeure partie
enfin s'y fixe rapidement et, s'étant fixée, y séjourne. Ces différences pro-
viennent peut-être des différences dans l'attention au moment de la mémo-
risation ou de processus connexes contrecarrant une fixation immédiate J.
Ballard et Mlle Huguenin n'ont faire faire à leurs sujets que deux évoca-
tions après chaque fixation. Or si l'on fait faire un nombre plus grand d'évo-
cations, on constate qu'il y a non seulement perte de certains éléments et
apparition d'autres, mais qu'il y a encore des éléments qui apparaissent à
certaines évocations, disparaissent dans les autres pour réapparaître de
nouveau. Il ne saurait évidemment dans le cas de ces images que nous avons
appelées « intermittentes être question de maturation ou d'oubli. Il est
®
évident que ce sont là des variations de l'évocation proprement dite des sou-
venirs dont nous pouvons affirmer la conservation même lorsqu'ils ne sont
pas reproduites à une évocation individuelle. Et l'on pourrait se demander
si, quand on trouve un oubli ou une reviviscence, on n'a pas plutôt affaire à
des variations de l'évocation proprement dite.
Nous avons remarqué que l'évocation faisait appel dans une assez large
mesure à un effort volontaire de la part du sujet. Nous avons ajouté encore
un test de reconnaissance. La série d'évocations terminée nous présentons au
sujet des tableaux sur lesquels les quinze images présentées préalablement se
retrouvent de nouveau, cette fois-ci mélangées avec quarante-deux autres. Le
sujet doit indiquer les images qu'il reconnaît comme ayant figuré sur le pre-
mier test. Ici tout effort est exclu ; le sujet répond par un oui ou
non. En
comptant le nombre total d'images reconnues, nous avons la mesure de sa
mémoire de reconnaissance.
Nous appliquons en ce moment, systématiquement, ce test à divers états
psychologiques et nous ferons sur les résultats obtenus une autre communi-
cation. Ce que nous pouvons dire dès maintenant, c'est que le test est appli-
cable à un grand nombre de malades et notamment aux paralytiques généraux
au début et aux déments séniles simples et qu'il permet de faire l'analyse des
troubles mnésiques dans ces états.
Ainsi les¡ paralytiques généraux peuvent présenter divers troubles d'abord
:
une diminution de pouvoir de fixation; certains n'arrivaient pas à fixer plus
de quatre images au total. Et chez ceux qui, étant au début de troubles
cliniques, ont conservé un pouvoir de fabulation proche du normal, le nombre
de fausses reproductions est très grand, et dépasse même parfois de beaucoup
le nombre d'images reproduites corréctement, atteignant par exemple le
chiffre 22. Le nombre de fausses reconnaissances est aussi très élevé; par
exemple il y a 10 fausses reconnaissances contre 8 images reconnues cor-
rectement. Chez des déments séniles, le nombre d'images fixées était très
au-dessous de la normale, ou encore il existait une fuite d'images d'une évo-
cation à l'autre. Chez un confus, la fixation était sensiblement normale, alors
que l'évocation était très mauvaise.
En résumé, nous pensons que ce test peut être utilisé en clinique et
nous serions heureux que les médecins veuillent bien l'employer. Il leur
donnera un élément plus précis et plus objectif pour analyser un syndrome
psychique et en suivre l'évolution. La nature de ces expériences de psycho-
logie empêche une démonstration en public. Mais nous sommes à la disposi-
tion de ceux qui s'y intéresseront pour leur donner tous les renseignements
utiles ou encore pour faire ces déterminations sur les malades qu'il nous
enverront.
celui de Ch. Henry, qui est constitué par une poire en caoutchouc pleine de
mercure, reliée à un tube vertical dans lequel, en comprimant la poire, on
peut faire monter le mercure à des niveaux divers. On demande au sujet de
fournir un effort peu intense, mais de le soutenir jusqu'à la limite de ses
forces ; ainsi, pour le modèle courant du dynamographe, on lui demande de
faire monter le mercure à une hauteur de 20 centimètres et de l'y maintenir
aussi longtemps que possible.
Dans ces conditions, soit par l'auto-observation si l'on est soi-même sujet,
soit par l'enregistrement si l'on opère sur d'autres individus, on constate ce qui
suit au début, le sujet soutient les 20 centimètres de mercure sans diffi-
:
culté ; seuls sont en état de contraction les muscles de l'avant-bras qui con-
courent au travail exécuté, à savoir les fléchisseurs des doigts, et les muscles
de la main. Tous les autres muscles du corps sont en repos, ou tout au moins
dans cet état complexe de tonus léger qui maintient la station debout ou la
station assise, suivant les conditions dans lesquelles on opère. Pouls et res-
piration sont sensiblement normaux.
A mesure que l'effort se prolonge, la fatigue apparaît pour maintenir le
:
puis ceux de l'autre bras, puis ceux de l'abdomen, puis ceux des membres
inférieurs et même de la face. Si bien que si l'individu qui est sujet pour-
suit honnêtement son effort jusqu'à la limite de ses forces, au moment où il-
l'atteint, on peut dire qu'il est en état de contraction généralisée tête, tronc
et membres, thorax immobilisé et pouls accéléré.
L'explication que nous proposons est la suivante à mesure que le centre
:
Un jeune homme de vingt et un ans est réformé et renvoyé dans ses foyers
avec la mention : « Déséquilibre mental, hallucinations hypnagogiques,
délire épisodique des dégénérés. »
En réalité ce jeune homme a présenté au régiment trois crises nocturnes
délirantes. Chaque fois, à quelques semaines d'intervalle, il a été pris brusque-
ment, au milieu de la nuit, d'une agitation furieuse, avec cris et gesticu-
lations ; il se roule à terre, déchire ce qu'il attrape, lance des coups à des
personnages imaginaires qu'il interpelle violemment, il ne reconnaît per-
sonne... Cela dure une heure ou une heure et demie, puis il se calme et
s'endort; l'amnésie de ces scènes paraît complète.
Rentré dans sa famille, il a au bout de quelques jours une crise semblable
et l'on nous amène le malade deux jours après.
Frappés du début brusque des crises, du caractère onirique des idées
délirantes, de l'amnésie complète, nous soupçonnons bien leur caractère épi-
leptique, mais sans oser l'affirmer. Le réflexe oculo-cardiaque est, ce jour là,
assez modéré (20-14) ; mais sachant qu'après les crises, il diminue très souvent
d'intensité ou peut même disparaître presque complètement, nous demandons
à revoir le malade quelques jours après.
En effet six jours plus tard, nous constatons un réflexe oculo-cardiaque
extrêmement fort, (20-9 environ), un véritable réflexe d'épileptique.
Quelques jours après éclate en effet une nouvelle crise; le père accourt
immédiatement au bruit; il trouve le malade, qui, roulé dans ses draps, com-
mence son agitation et ses vociférations. Mais,prévenu par nous, il remarque
que l'oreiller est déjà « plein de bave »
!
Il semble bien encore dans ce cas qu'il s'agisse de crises comitiales pas-
sant inaperçues, suivies d'agitation onirique, et dont la nature comitiale
paraît nettement confirmée par les caractères du réflexe oculo-cardiaque.
Présidence de M. O. Crouzon
Atrophie musculaire du type myopathique avec troubles psychiques et crises
convulsives. (Discussion sur l'étiologie traumatique et sur la nature :de cette
atrophie.) — MM. Crouzon, Chavany et René Martin présentent un homme âgé
de vingt-cinq ans qui, à la suite d'une blessure de l'avant-bras, vit se déve-
lopper une atrophie musculaire du type myopathique et des troubles psy-
chiques. Blessé et commotionné légèrement en juillet 1918 par un éclat
d'obus, le syndrome myopsychique apparut deux mois après. L'atrophie
musculaire très marquée à la racine des membres et à droite frappe surtout
la ceinture scapulaire droite, le bras droit, les deux psoas, la cuisse droite,
la loge antéro-externe de la jambe gauche. Les réflexes rotuliens sont abolis,
les achilléens faibles ou nuls, les olécraniens ainsi que les radiaux sont
abolis, mais les deux cubito-pronateurs persistent. Des contractures fibril-
laires sont nettement visibles au niveau du deltoïde droit. A signaler un
phénomène crampoïde à allure myotonique au niveau du triceps sural
gauche. L'examen électrique a montré dans certains groupes musculaires de
la lenteur et une augmentation des chronaxies. Wassermann négatif dans le
sang et liquide céphalo-rachidien. Ponction lombaire négative. Benjoin
négatif.
Les troubles psychiques sont caractérisés par des phases d'excitation et
de dépression. Le malade est atteint en outre de troubles de nature comi-
tiale (impulsions, fugues, crises épileptiques).
Bien que, morphologiquement, ce malade se présente comme un myopa-
thique, les auteurs croient qu'étant donné l'abolition des réflexes, les contrac-
tures fibrillaires et surtout l'examen électrique, l'on doive rapporter cette
dystrophie musculaire à une lésion médullaire.
Le rôle du traumatisme dans la genèse de cette affection semble difficile'
à préciser. Il semble peu probable que le traumatisme léger ait pu déterminer
cette grosse atrophie. L'on peut, par contre, fort bien admettre que la com-
motion ait réveillé, imprimé une allure aiguë à un processus qui avait ten-
dance à évoluer d'une façon chronique.
Un cas d'athétose bilatérale acquise avec crises jacksoniennes à aura visuelle,
par M. G. Roussy et Mlle G. Lévy. — La malade présentée, âgée de vingt ans,
frappe par des mouvements athétosiques bilatéraux, prédominant au membre
supérieur droit et très peu marqués à la face.
La marche est rendue impossible par une incoordination considérable,
s'accompagnant d'une forte rétropulsion.
L'intelligence est très bien conservée. La malade présente en outre des
crises jacksoniennes gauches, avec aura visuelle (vision de rouge et de vert
dans le champ externe du regard à gauche),
Ces troubles ont débuté à l'âge de onze ans, par des*céphalées, avec crises
jacksoniennes droites, suivies d'un épisode méningé fébrile de plusieurs
mois, accompagné de quadriplégie.
Il n'existe aucun antécédent familial. Les auteurs insistent sur la nécessité
de distinguer des cas d'athétose double congénitale classique de certains cas
d'athétose double tardivement acquise, qui en diffèrent cliniquement par
bien des points. Ils suggèrent aussi que les lésions du corps strié décrits
par M. et Mme Vogt comme le substratum anatomique de l'athétose double,
n'excluent pas la possibilité de lésions diffuses, ainsi qu'en témoignent les
crises jacksoniennes à aura visuelle de la malade en question.
Même si l'on admet que des lésions du corps strié puissent provoquer de
l'épilepsie, l'aura visuelle semble bien indiquer une participation corticale
de la zone visuelle.
Cette diffusion des lésions doit engager à la prudence dans l'interpréta-
tion pathogénique des phénomènes observés.
Discussion :
ment la malade cessait de voir de l'œil droit, tandis qu'elle continuait à voir
normalement de l'œil gauche; la cécité était totale et complète. Au bout de
quelques secondes, tout au plus d'une minute, la vision revenait rapidement
dans l'œil droit. Ces accès se répétaient dix à quinze fois par mois, à inter-
valles irréguliers, toujours dans les mêmes conditions et avec les mêmes
caractères, jusqu'au jour où cette femme a été mise au traitement.
Les auteurs pensent que ces accès ressortissent à l'épilepsie, dont ils con-
stituent un équivalent véritablement singulier. Ils le pensent parce que cette
femme a depuis quatre ans des crises comitiales convulsives fréquentes et
parce que les accès d'amaurose monoculaire, comme les crises comitiales
convulsives, ont disparu depuis onze mois sous l'influence d'un traitement
par le gardénal.
Étant donné la brusquerie et la rapidité de la cécité monoculaire
paroxystique, ils attribuent les accès d'amaurose à un spasme de l'artère
centrale de la rétine. Un angiospasme à l'origine d'un accident épileptique
n'a rien de contraire à nos connaissances sur la physiologie pathologique
des crises épileptiques.
Quand une amaurose transitoire, attribuable à un angiospasme, ne relève
pas d'une hypertension artérielle ou d'une autre cause connue, on peut
penser à la possibilité d'un équivalent épileptique et essayer le gardénal.
Syndrome inférieur du noyau rouge avec troubles psychosensoriels d'origine
mésencéphalique. — M. L. Van Bogaert rapporte l'observationclinique d'une
malade ayant présenté au cours d'un syndrome inférieur du noyau rouge des
troubles psychiques particuliers. Il s'agit d'une femme âgée de cinquante-
neuf ans, indemne de syphilis, mais atteinte d'une endomyocardite rhuma-
tismale. Elle fait en juin 1922 un incident vertigineux avec chute, mais sans
perte de conscience et parvient à rentrer chez elle en titubant. Les patrons
remarquent une ptose bilatérale des paupières, un strabisme divergent et sa
démarche ébrieuse. Elle est amenée à la clinique le lendemain. Toute la
nuit qui a suivi l'accident, elle est agitée et signale des hallucinations chro-
matiques et zoopsiques.
L'examen neurologique montre un hémisyndrom« cérébelleux (troubles
caractéristiques de la marche, dysmétrie, hypotonie, adiadococinésie) nuancé
d'une discrète teinte pyramidale (cutané plantaire en extension, rotulien vif
et brusque, clonus du pied). Légère parésie de l'hémiface opposée. Dysar-
thrie. Paralysie nucléaire complète de la IIIE paire du côté opposé avec ptose
palpébrale. Pas de mouvements choréoathétosiques, ni de troubles sensitifs.
Ces symptômes sont typiques du syndrome de Claude, et l'observation se
range dans la classe des syndromes inférieurs du noyau rouge.
La malade n'est pas une éthylique, ni une toxicomane, elle n'a pas d'anté-
cédents psychiatriques. Dès le jour de son entrée, elle a insisté sur ses hal-
lucinations. Celles-ci sont isolées, ne sont pas connexes d'un thème délirant
ou interprétatif. Elles constituent le seul trouble mental, et l'orientation
est complète, quoique non accompagnée de troubles du sommeil comme
dans une très intéressante observation de Lhermitte. L'auteur pense cepen-
dant que le caractère isolé de ces hallucinations le rapproche des phénomènes
décrits par Séglas, Cotard, Juquelier, Dupré, et Gelma comme « syndrome
d'hallucinose ».
D'autre part, cette malade a présenté des « crises d'agitation vespérale »
tout à fait analogues à celles décrites par Mlle G. Lévy dans ses observations
de formes hypomaniaques de l'encéphalite. Ces poussées d'agitation à
horaire fixe, terminées le plus souvent au début de la nuit, brusquement
accompagnées d'excitation psychomotrice ont été observées par Camus,
Urechia, Sicard, Laignel-Lavastine,Briand, Claude et Quercydans une série
de lésions mésocéphaliques.
L'observation rapportée est à joindre aux études sur le problème des
centres psychorégulateurs extra-corticaux a insisté à plusieurs reprises
M. Camus et dont des faits cliniques récents confirment l'intérêt.
L'association d'un syndrome de Claude typique et de troubles psychosen-
soriels (hallucinations pures et poussée d'excitation vespérale périodique) la
rapproche d'une très intéressante observation déjà rapportée à la société par
Lhermitte de syndrome pédonculaire avec hallucinations et troubles du
sommeil.
Une nouvelle épreuve de l'index. — M. Barany fait une conférence sur une
nouvelle épreuve de l'index, sur le rôle du noyau rouge, du faisceau de von
Monakow et l'influence du cervelet dans l'épreuve de l'index.
Les fibres de la sensibilité profonde de la face passent-elles par le nerf facial ?
— MM. Souques et Hartmann montrent une malade, chez laquelle on a fait,
en deux opérations successives, une section du nerf facial dans la parotide,
et de la racine postérieure du trijumeau du même côté. Cette malade a une
abolition de la sensibilité superficielle et profonde dans la moitié correspon-
dante de la face, contrairement aux malades qui n'ont subi que la neurotomie
rétro-gassérienne et chez lesquels la sensibilité profonde est conservée.
Par conséquent l'abolition de la sensibilité profonde, n'étant pasdue à la
section de la racine postérieure du trijumeau,doit relever de l'interruption
du nerf facial. Les fibres de la sensibilité profonde de la face ne passeraient
donc pas par la racine postérieure du trijumeau mais bien par le nerf facial.
L. GIROT.
II. — Société médico-psychologique
SÉANCE DU 27 JANVIER 1924
Présidence de M. Truelle
Sur les variétés du langage automatique à propos d'un cas de psychose d'in-
fluence (hallucinations psychomotricesverbales, automatisme verbal auditivo-
moteur, langage mécanique), par M. André Ceillier. — L'auteur rapporte une
observation caractérisée par des hallucinations psychomotrices,un bavardage
marqué, et surtout des hallucinations mixtes auditivo-motrices, dont l'auteur
souligne l'intérêt. Il existe dans l'ensemble un véritable langage mécanique.
On constate en outre des troubles cénesthésiques, des visions imaginaires,
et des représentations olfactives. Tous ces troubles psycho-sensoriels ont
abouti à la constitution d'une psychose d'influence. Il existe enfin une cer-
taine dissociation entre l'état affectif global qui est pénible, et chacun des
phénomènes hallucinatoires qui sont d'essence agréable.
M. de Clérambault insiste à propos de cette observation sur le caractère
fragmentaire des représentations.
M. Laignel-Lavastineestime qu'il existe un certain rapport entre cet auto-
matisme auditivo-moteur et le faible degré de culture intellectuelle.
M. A. Marie précise l'idée de possession qui est à la base de cette psy-
chose d'influence.
Syndrome non démentiel de catatonie, par MM. Paul Courbon et Bauer.
— Il s'agit d'une malade présentant des
phénomènes de catatonie, de la
stéréotypie, du gâtisme. Après une amélioration progressive, promettant sa
sortie de l'asile, elle a été reprise des mêmes symptômes, et se trouve actuel
lement dans un état d'agitation à type maniaque. Cependant, il n'existe pas
chez cette malade d'état démentiel. Les auteurs précisent, à l'occasion de
cette observation, le sens du terme catatonie. Ce terme désigne à la fois un
syndrome moteur (caractère spastique de la moticité) et mental (négativisme,
indifférence, uniformité.) La catatonie désigne donc un syndrome complexe,
et est considérée à tort par certains auteurs uniquement du point de vue psy-
chique, par d'autres du point de vue neurologique.
H. BARUK.
III. —
Société clinique de médecine mentale
SÉANCE DU 21 JANVIER 1924
Présidence de M. Toulouse
Un cas d'apraxie. — M. Henri Colin présente un malade mutilé de guerre
(résection de la jambe droite), employé des postes, qui dut se faire mettre
en congé pour des troubles nerveux d'apparence purement fonctionnelle,
(lassitude générale, maux de tête, vertiges, tristesse, faiblesse musculaire).
Réflectivité normale, pas de signes de paralysie, pas d'adiadococinésie, bien
que le malade accuse des douleurs et une faiblesse de la main droite. En
l'examinant, on découvre une très légère inégalité pupillaire mais les pupilles
réagissent normalement. De plus on voit une apraxie limitée à la main droite.
Maladresse de la main, impossibilité d'exécuter des mouvements délicats
et même de boutonner le col ou d'ajuster une cravate. Troubles très marqués
de l'écriture. Astéréognosie.
Tous ces troubles ont échappé à l'attention des médecins qui ont examiné
le malade, et l'auteur insiste sur la nécessité d'étudier avec soin les malades
qui, au premier abord, paraissent être de simples neurasthéniques ou des
déprimés à la suite de fatigue ou d'accidents du travail (sinistrose de Bris-
saud, etc.)
De quelques idées de défense chez les persécutés. — MM. Leroy et Schut-
zenberger présentent trois malades réagissant de différentes manières aux
attaques dont elles se croient victimes. La première porte depuis des années
des lunettes d'auto et se protège la tête avec des mouchoirs pour lutter contre
les gaz s asphyxiants qu'elle reçoit. La seconde, dont les persécutions ont
pour centre la région génitale, a imaginé d'uriner au lit pour se défendre et
persiste depuis deux ans dans son gâtisme volontaire. La troisième, qui
présente une symptomatologie très riche et très pittoresque, est depuis quatre
ans la victime d'une bande ; successivement, elle a mis en jeu une série de
moyens de complication croissante; la parole, la lecture, la prière ont donné
des résultats éphémères ; actuellement, elle a recours à une mimique et à des
attitudes particulièrement curieuses. Cette réaction procure à la malade de
la fatigue, mais un répit d'une demi-heure environ et jette le désordre dans
le clan des ennemis qui interrompent, en maugréant, leurs attaques ; aussi
emploie-t-elle de préférence ce moyen avant de sortir pour ses courses ou ses
achats et se félicite-t-elle de pouvoir ainsi s'assurer depuis deux ans une pro-
tection momentanée.
Les psychoses hallucinatoires chroniques. Analyse et psychogénie, par le
docteur de Clérambault. — Présentation de trois malades, quarante-huit,
trente-deux et vingt-sept ans, dont les psychoses seraient appelées par tout
psychiatre, à l'heure actuelle, des délires de persécution. L'auteur fait valoir
trois traits communs de ces psychoses.
t° Les malades ne présentent nullement d'hostilité. Elles sont amènes,
affables, expansives et confiantes. Elles-mêmes ne croient que faiblement à
une provenance exogène et hostile des phénomènes dont elles sont le siège,
ou du moins, elles n'y croient que par intermittences. On peut sans insister
leur faire admettre alternativement l'origine objective ou subjective des
troubles ; leur conscience de la maladie se combine d'une façon variable à
l'idée d'une persécution. Leur résistance à l'explication malveillante provient
de ce qu'elles ne sont elles-mêmes pas Paranoïaques ; lors même qu'elles
croient à des manœuvres extérieures, elles les réduisent à la proportion
d'expériences et espèrent les voir cesser. Toutes trois demandent leur
guérison. Elles s'acheminent ou se sont acheminées vers l'idée de persécu-
tion, mais par force, dominées qu'elles sont par la précision des phénomènes,
leur prolongation, leur caractère vexatoire et les propos mêmes qu'elles
entendent ; elles ont retardé à l'extrême le stade de personnification ; elles ne
savent qui incriminer. Elles restent de fausses persécutées parce qu'avant
l'apparition de l'automatisme mental, elles n'étaient ni paranoïaques ni en
cours de délire interprétatif. De tels cas sont extrêmement fréquents, bien
que les traités classiques soient muets à leur sujet. Ils justifient les asser-
tions émises par l'auteur en 1920 (S. C. M. M.) les psychoses à base d'auto-
matisme mental ne comportent par elles-mêmes aucune hostilité, les psy-
choses hallucinatoires avec persécution vraie sont des psychoses mixtes.
Autre remarque. Ces malades sont suffisamment intelligentes pour
agencer une systématisation idéique; si elles ne le font pas, c'est en raison
du manque d'ardeur et du manque de continuité de leurs convictions. La
systématisation idéique est fonction du caractère peut-être plus que de l'in-
telligence, car la ténacité ressort du caractère.
20 La malade de trente-deux ans présente un triple automatisme (mental,
sensitif et moteur). Son automatisme présente, en outre de sa constance et
du sentiment de l'irréel, deux caractères intéressants. L'un est le développe-
ment des données totalement anidéiques, comme jeux de syllabes, mots explo-
sifs, kyrielles de mots et non-sens. L'autre est la prédominance des idées sans
images verbales, des tendances psychiques muettes comme velléités, irrita-
tion et impulsions. L'automatisme mental a commencé par l'émanciPation
des abstraits; aussi la malade parle-t-elle surtout d'influences; le délire
d'influence est ainsi le plus souvent une forme de petit automatisme mental,
il en est la forme initiale. Cet automatisme est lui-même la forme prépara-
toire de l'hallucination proprement dite; la période sensorielle ou pseudo-
sensorielle des psychoses n'est que tardive, dans le cas du moins de psy-
choses lentes et progressives. Le caractère thématique de ces psychoses est
secondaire. Le fait essentiel et primitif est un trouble de la pensée élémen-
taire, ou mieux encore la pensée à l'état naissant ; celle-ci est atteinte à la fois
dans son élaboration et dans son annexion à la conscience.
3° Les trois malades présentent des troubles endocriniens. La malade de
trente-deux ans est en hyperthyroïdie ligne surrénale, dermographisme
:
PAUL ABÉLY.
— Les terminaisons de la mélancolie. (Un volume. Paris,
1923, Ollier-Henry, édit., 127 pages.) 6
Dans cette thèse, dont les éléments ont été recueillis dans les services
de MM. Sérieux et Capgras, l'auteur laisse de côté l'étude des accès mélan-
coliques secondaires à des affections diverses : il étudie la valeur nosogra-
phique et pronostique de la mélancolie c franche D, affection où la douleur
morale est le symptôme prédominant et invariable.
Abély se défend de vouloir discuter à nouveau la conception de la mélan-
colie simple, « idiopathique ». Néanmoins il a effectué personnellement des
recherches dans les archives du service de l'Admission à l'asile clinique,
et il conclut de ces recherches que 5o p. 100 environ des malades internés
pour mélancolie ne font qu'un accès unique : « La mélancolie simple non
récidivante existe en fait. '» Abély en distingue deux sortes : une forme
juvénile, fréquente surtout chez l'homme, avec évolution lente et guérison
progressive, une forme présénile ou d'involution, cette dernière étant par
excellence la mélancolie à accès unique.
La mélancolie à récidive unique de l'accès est rare (10 p. 100 des cas);
la mélancolie à récidives multiples est par contre fréquente, elle constitue
la forme habituelle de la psychose maniaque-dépressive. L'accès aigu peut se
présente sous des formes très diverses : anxieuse, délirante, stuporeuse, asthé-
nique simple.
Le pronostic de l'accès mélancolique périodique dépend, dit Abély, de
l'état mental dans les périodes intercalaires. L'auteur rappelle que, dans un
mémoire composé en collaboration avec son frère, le Docteur Xaxier Abély,
médecin chef à l'asile de Toulouse, il a été amené à restreindre l'importance
des facteurs héréditaires, des c symptômes constitutionnels » de l'affection,
et à donner plus de valeur par contre aux symptômes acquis, aux séquelles
psycho pathologiques des accès, séquelles qu'on peut grouper sous le
vocable de déséquilibre affectif. Les recherches statistiques de l'auteur
l'amènent à conclure que la mélancolie entraîne dans un grand nombre de
cas un affaiblissement intellectuel léger, que l'intégrité intellectuelle absolue
est peu fréquente et la terminaison démentielle plus rare encore, ne se ren-
contrant guère que dans la mélancolie d'involution.
L'auteur a essayé, pour établir de façon précoce le pronostic des accès
mélancoliques, de déterminer la « formule biologique » de ces accès : il
renvoie à ce sujet à une publication antérieure faite en collaboration avec
D. Saatenoise. Leurs recherches ont conduit les deux auteurs à distinguer :
1° Une mélancolie vagotonique, qui est proprement celle de la folie
périodique.
20 Une mélancolie sympathicotonique, laquelle n'est que l'exacerbation
d'un état habituel d'émotivité anxieuse, un paroxysme d'une névrose d'an-
goisse : cette forme spéciale de mélancolie récidivante n'est donc pas une
mélancolie périodique, elle n'appartient pas au groupe des cyclothymies.
3° Une mélancolie « indifférente au point de vue vago-sympathique D, qui
est une mélancolie cœnesthopathique,comprenant le délire de négation et les
mélancolies chroniques.
Le syndrome mélancolique peut passer en effet à la chronicité : mélan-
colie chronique simple ou mélancolie chronique délirante, cette dernière
forme étant de beaucoup la plus fréquente. Le syndrome de Cotard fait partie
de cette catégorie et serait dû à la combinaison de la mélancolie périodique
avec des troubles involutifs qui transforment la cyclothymie en démence
cœnesthopathique.
ANALYSES
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
apparaître des mots «'tout à fait semblables, disait-il, à des réclames lumi-
:
neuses )).
LES HALLUCINATIONS PSYCHO-MOTRICES VERBALES-ORALES. — Elles ont été
décrites par M. Séglas qui distingue : « les hallucinations verbales kinétiques
simples » dans lesquelles le malade n'a que la sensation de prononcer des
mots, sans mouvements d'articulation visibles. Les « hallucinations verbales
motrices » proprement dites, qui s'accompagnent de mouvements d'articu-
lation. L' « impulsion verbale », dans laquelle les mots sont réellement
prononcés. Les hallucinations motrices verbales sont je crois, plus rares
qu'on ne le dit. J'estime, en effet, que toutes les impulsions verbales ne
sont point toujours assimilables à des phénomènes hallucinatoires. Il me
paraît nécessaire d'établir plusieurs variétés dans ces phénomènes et de faire
un groupe à part de ces faits, assez fréquents, où le malade parle d'abondance,
sans se croire l'auteur de ses propres paroles, affirmant même ne connaître
le sens de son discours et de ses paroles qu'au fur et à mesure de leur débit,
mais sans éprouver toutefois l'impression d'une contrainte physique exercée
sur les organes de la phonation. Le phénomène moteur est accessoire et
secondaire, le phénomène psychologique primitif. L'automatisme porte beau-
coup plus sur le langage en tant que pensée que sur le langage en tant que
phénomène de phonation. Il va sans dire qu'il serait absurde de séparer com-
plètement ces deux sortes de phénomènes (intellectuel et phonatoire), qui sont,
par leur nature, intimement liés. Mais peut-être a-t-on, dans ces dernières
années, — suivant un courant général très en vogue en psychologie — attaché
trop d'importance, dans les hallucinations verbales, à l'élément sensoriel ou
moteur et pas assez à l'élément intellectuel. Les hallucinations verbales sont de
nature et peut-être de pathogénie très différentes des hallucinations communes
(non verbales) et doivent être envisagées, à mon sens, beaucoup moins comme
des phénomènes sensoriels ou moteurs, que comme des phénomènes de
pensée. Dans certains cas la pensée s'extériorise, se manifeste objectivement
par la parole ou l'écriture, le malade affirmant n'être point l'élaborateur de
divi-
son discours, mais seulement un agent inconscient, mécanique dont les
nités, les « esprits JI ou les hommes se servent pour émettre des paroles ou
écrire des mots. Ces phénomènes méritent les noms de langage mécanique
et d'écriture mécanique. Dans d'autres cas la pensée ne s'extériorise pas en
mots prononcés ou écrits, elle se formule « mentalement » et il est souvent
difficile au malade de reconnaître au moyen de quelle sorte d'images. Qu'il
s'agisse d'un malade ou d'un sujet sain, qu'il s'agisse d'hallucinations
psychiques, c'est-à-dire d'un langage intérieur automatique, non rattaché au
« moi », ou du langage
intérieur normal, il faut,pour reconnaître le type de
ce langage intérieur, que le phénomène soit très pur (ce qui n'est pas tou-
jours le cas), et que le sujet soit doué d'une certaine capacité d'introspection.
Ceci explique qu'il soit toujours malaisé et parfois impossible d'établir la
variété motrice ou auditive de l'hallucination psychique. L'existence d'un
type « mixte » « auditivo-moteur » montre que le mécanisme de l'halluci-
nation psychique n'est pas simple. Dans ces cas d'hallucinations psychiques
allditivo-motrices, il s'agit d'un automatisme du langage intérieur qui n'est ni
celui du langage auditif, ni celui du langage moteur, ni même, strictement, la
juxtaposition, la concordance, ou l'addition du langage intérieur auditif et du
langage intérieur moteur, mais une combinaison qui participe des deux, sans
être cependant l'un et l'autre : l'automatisme du langage auditivo-moteur.
Cette opinion est absolument conforme aux doctrines psychologiques
actuelles. « Il est certain, disaient Chaslin et Barrat, dans le récent traité de
psychologie de M. Dumas, que les images auditives de phonation sont inti-
mement associées aux mouvements qui habituellement les produisent. i, La
forme auditivo-motrice de l'automatisme verbal devrait donc être la plus fré-
quente et il y a lieu de s'étonner qu'elle ne soit presque jamais décrite.
Quelques exemples illustreront ce qui vient d'être dit. La malade suivante
présente des hallucinations verbales motrices du type décrit par M. Séglas :
« Un jour, dit-elle, j'ai senti qu'on me
parlait. D'abord j'ai senti une force
dans la mâchoire qui m'obligeait à parler, en épelant : « o-u-i ». Mes mâchoires
sous une impulsion autre que ma volonté proféraient des syllabes. Alors j'ai
dit : « Qui est-ce qui parle? » Alors on m'a répondu : « Un esprit », mais en
faisant épeler : e-s-p-r-... Je sentais la mâchoire qui était tirée, ainsi que les
lèvres, la langue. Ainsi ma bouche était tirée en large pour me faire dire « i »,
la langue animée pour dire c 1 ». Quelquefois je ne comprenais pas, alors on
me faisait répéter quatre, cinq,six fois, jusqu'à ce que je comprenne... ce qui
prouve bien que c'est une autre force qui me fait parler. Ça j'en suis parfai-
tement sûre. C'est un empire sur moi qui me fait parler. Ce n'est pas ordinaire
du tout. Je comprends, soit quand ils ont fini de parler, soit au milieu de la
phrase, avant qu'ils aient fini ce qu'ils avaient à me dire... Ils sont l'esprit du
mal... ils l'ont dit eux-mêmes. Ils ont dit que j'étais le : « c-e-n-t-i-é » de l'en-
fer (la malade s'étonne elle-même de cette orthographe). Ils ont dit que
j'étais une « hétaïre » de l'enfer, mais je ne sais pas ce que c'est qu'une
hétaïre... Souvent ils sont plus forts que moi et je ne peux pas fermer la bouche.
Il y a une force « herculéenne ) qui me fait agir les mâchoires... 11 y en a un,
le plus fort de tous, et je suis obligée de lui dire : « Ne faites pas cela si fort,
vous allez me démantibuler la mâchoire. i>
des choses contraires à ma pensée. Mes lèvres ont remué. Ca devait être ma
langue ou ma gorge, je ne peux pas dire. On m'a fait marmotter, j'entendais ce
qu'on disait et mes lèvres remuaient. » Et elle ajoute : « C'était comme d'habi-
tude (c'est-à-dire comme ses hallucinations psychiques habituelles), mais mes
lèvres marchaient. »
Enfin cette même malade présente très nettement du langage mécanique.
Elle monologue toute la journée et elle affirme que ce n'est pas elle qui parle.
— « Pourquoi parlez-vous tout le temps? » — « C'est quelqu'un qui me suggère.
Toute la journée je cause. Ce n'est pas ma pensée. Je ne comprends pas ce que
cela veut dire que je cause tout le temps. Tout à l'heure ce n'était pas moi
qui parlais, ce n'était pas ma voix. » — « Pourtant vous vous rendez compte
que c'est vous qui parlez? » — « Oh! non, Monsieur au contraire, — je me
!
rends compte que ce n'est pas moi qui parle. Je ne sais pas si c'est dans ma
tête, si c'est dans mon corps, mais ce n'est pas moi qui parle. On croirait
qu'il y a quelqu'un en moi, ça me fait cet effet-là. » (Quand la malade
déclare : « ce n'est pas moi qui parle », elle ne veut pas dire que les mots ne
sortent pas de sa bouche, mais elle veut dire que ce n'est pas elle qui élabore
les mots et les phrases qu'elle prononce.) — « Comprenez-vous ce que vous
dites? > — « Je le comprends après, quand je l'ai dit, mais avant je ne sais pas.
Quand je parle comme tout à l'heure, ce n'est pas moi qui pense, ce n'est pas
moi qui cause. Je parle, c'est automatique. » — « Qu'est-ce que ça veut dire :
automatique? » — « Quelque chose qui fonctionne tout seul. » La malade
nous dit spontanément, sans avoir été influencée par nous, que son langage
est automatique, c'est-à-dire quelque chose qui fonctionne tout seul. Nous
croyons qu'un tel phénomène doit être appelé : langage mécanique, par ana-
logie avec le langage mécanique des médiums parlant et l'écriture mécanique
des médiums écrivains.
Il nous faut enfin étudier certains malades qui s'expriment dans des langues
inconnues ou qui possèdent un plus ou moins grand nombre de personnes
qui parlent par leur bouche. Ces malades ont alors un langage qui a parfois
1' « apparence » d'être en partie volontaire, qui est presque toujours « déclen-
chable » au commandement et qui paraît très souvent un amusement pour eux.
Ce sont en général des excités, soit qu'il s'agisse d'excitation maniaque avec
idées d'influence secondaires, soit de périodes d'excitation psychique chez
des influencés chroniques. En les écoutant, on a nettement l'impression d'un
jeu. Voici par exemple Mme Big... dont l'estomac renferme quatorze personnes
qui parlent par sa bouche. La voix varie de timbre et de tonalité avec chacune
des personnalités amies ou ennemies qui se succèdent. L'une d'elles est un
adjudant qui s'exprime avec une grosse voix et qui hurle des commandements
militaires; une autre est une fillette dont la voix est très aiguë. Mme Big...
fait l'effet de jouer une comédie et même une charge, tant sont caricaturales
les expressions de chacun des personnages qui parlent par sa bouche, qui lui
répondent dès qu'elle les interroge et qui s'interpellent entre eux. Mme Big...
est pourtant une malade qui délire depuis plus de quinze ans. Voici Mme C...,
une autre influencée chronique, qui parle avec volubilité ( Hindoustani » (?),
mais seulement dans ses périodes d'excitation et aussi Mme L... qui est sous
l'influence d'individus qui s'expriment, par sa bouche, en trente langues
différentes (le tataouit, le papaoua, etc ) et qui écrivent, par sa main, autant
d'écritures.
Il serait abusif de considérer ces malades comme des hallucinés moteurs.
L'activité exagérée et déréglée (en grande partie automatique) de leur langage-
oral, l'hyperphasie motrice, pourrait-on dire, est le phénomène primitif.
Secondairement interviennent des conceptions d'ordre interprétatif et imagi-
natif, auxquelles le malade accorde plus ou moins sa croyance. Parfois la
croyance est nulle ou consiste en une vague supposition : c'est le cas de cer-
tains maniaques qui ébauchent des idées d'influence, mais sans aller jusqu'au
délire. A l'opposé la croyance peut être absolue : c'est le cas des délires d'in-
fluence (qu'ils soient primitifs ou secondaires). Mme Big... ne laisse pas que
d'étonner, car en reproduisant la voix de l'adjudant et celle des treize autres
personnages qui se disputent son estomac, elle donne bien l'impression de
« jouer la comédie » et pourtant sa conviction délirante, en ce qui concerne
la réalité des personnes qui sont en elle, m'a paru irréfragable.
Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre des variétés que nous avons passées en
revue, le résultat est de donner au malade l'impression et la conviction qu'il
n'est plus le maître de sa pensée et de son langage et qu'il est victime d'une
influence ou d'une possession.
HALLUCINATIONS PSYCHO-MOTUCES GRAPHIQUES.
—
Comme pour les psycho-
motrices verbales, M. Séglas distingue trois cas suivants :
1° Que le malade se représente simplement les mouvements adaptés à l'écri-
ture.
2° Que le malade a la sensation que sa main exécute des mouvements
d'écriture :
3° Que le malade écrive réellement.
Je donnerai ici une observation personnelle qui est extrêmement curieuse..
On y trouvera les trois variétés d'hallucinations psycho-graphiques de M. Sé-
glas, ainsi que deux des trois types d'écriture automatique décrits par les spi-
rites.
Mme Juliette P..., quarante-quatre ans. Intelligente. Esprit vif. Ne s'est
jamais occupée de spiritisme avant le début des phénomènes. Aucun trouble
névropathique antérieur. Début soudain, le 10 mars 1920. « Ça m'a pris, dit-
elle, comme un coup de pied dans le derrière. » Brusquement après le
déjeuner, sans raison, elle se sent poussée à écrire. Elle écrit : « Oui, on en
veut à ton mari, mais ne te fais pas de mauvais sang. » Elle se sentait poussée
à écrire comme mue par une force étrangère. Elle croit qu'elle aurait pu
résister, mais elle avait la curiosité de savoir. Elle écrivait par saccades, d'une
écriture changée, haute, anguleuse et renversée. Elle a écrit quatre jours de
suite. Elle ne savait ce qu'elle écrivait qu'après, en se relisant. Elle a demandé
à l'esprit de signer et il a mis la signature de sa sœur (morte quelques années
avant). Dès ce moment elle écrit avec les habitudes de style de sa sœur, avec
ses expressions affectueuses et avec une écriture, sinon identique à celle de sa
sœur, du moins très semblable et en tout cas nettement différente de la sienne
propre. Elle a aussi reproduit l'écriture de son père. Elle écrivait jusqu'à en
avoir le bras fatigué.
Jusqu'ici, dans cette première phase, la malade réalise le phénomène de
l'impulsion graphique. Elle ignore ce qu'elle écrit. Elle n'a aucune voix inté-
rieure. Dans une deuxième phase elle entend intérieurement une voix au fur
et à mesure qu'elle écrit, syllabe par syllabe. Les deux phénomènes sont rigou-
reusement synchrones.
Dans une troisième phase elle entend intérieurement et sa main fait les
mouvements de l'écriture, sans toutefois écrire. Voici comment elle s'en est
aperçue : « J'étais assise dans le métro, j'ai entendu une voix dans ma tête etje
faisais des mouvements comme si j 'écrivais, ma main étant posée sur mes
genoux. Alors j'ai compris qu'il était inutile d'écrire et qu'il suffisaii d'en-
tendre. Alors (quatrième phase) j'ai entendu sans écrire..', c'est moins fati-
gant. » Ce phénomène est rigoureusement comparable à celui de l'hallucina-
tion psychique auditivo-motrice (orale) et mérite le nom d'hallucination psy-
chique auditivo-graphique.
Les spirites ont merveilleusement étudié ces écritures mécaniques et leurs
descriptions me paraissent tout à fait conformes aux données de la clinique.
Ils admettent trois groupes de médiums écrivains :
Les médiums mécaniques, chez lesquels la pensée suit l'acte de l'écriture
(première phase de notre malade);
Les médiums semi-mécaniqueschez lesquels la pensée accompagne l'acte de
l'écriture (deuxième et troisième phase de notre malade);
Les médiums intuitifs chez lesquels la pensée précède l'acte de l'écriture
(le médium écrivant sous la dictée de ses « voix ». Ce phénomène n'a pas été
réalisé par notre malade).
Mme Juliette P... a présenté par ailleurs presque tous les symptômes des
délires d'influence pseudo-hallucinations verbales auditives, conversation
:
d'objectivité spatiale; le sujet voit en lui-même, les yeux fermés ou les yeux
ouverts, mais le regard perdu dans le vague.
J'ai remarqué dans ces « visions imaginaires j deux caractères qui me
semblent importants : elles sont symboliques et animées : « C'est une image
vivante », dit sainte Thérèse, qui les a éprouvées.
Voici par exemple ce que nous dit une malade : « Je voyais toutes sortes
de choses en fermant les yeux. J'ai vu le diable avec ses cornes. Il était tout
habillé de rouge. Je le voyais très bien.., il taisait des mouvements de dents
et des grimaces. — J'ai vu Notre-Seigneur qui me présentait un pain avec ses
apôtres. Il avait une grande robe avec de grandes manches... il faisait un
mouvement pour me tendre le pain. »
Très fréquentes chez les influencés spirites et mystiques, ces « visions
imaginaires » s'observent aussi dans la variété érotomaniaque. Une de nos
érotomanes s'exprimait ainsi : « Dans la journée, dans ma chambre, étant
éveillée et regardant au loin, on aurait dit qu'il y avait un homme assis au loin
et avec qui je conversais. Ça durait bien dix minutes, un quart d'heure, mais
c'était tellement bizarre que je me demandais si ce n'était pas mon cerveau
qui faisait cela. Il me parlait et il me répondait tout à fait comme si nous
avions causé l'un à l'autre. » Et elle ajoute « Je le voyais e11 pensée, très dis-
:
tinctement, je voyais bien sa figure, ses yeux bleus très clairs. Il avait le genre
américain... tout rasé... le teint clair... les yeux bleus... très profonds comme
regard... assez grand... habillé d'un costume marron. »
Un malade de Sainte-Anne, grand psychasthénique ayant évolué vers le
délire d'influence, voyait apparaître spontanément l'image de sa maîtresse, en
même temps qu'il l'entendait fredonner des chansons.
Ainsi donc les « visions imaginaires ï sont un symptôme très fréquent dans
les délires d'influence. Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que les hal-
lucinations qui apparaissent à la suite d'obsessions : « les obsessions halluci-
natoires » ont ce même caractère symbolique. C'est un des nombreux symp-
tômes communs aux états d'obsession et aux états d'influence.
Ces phénomènes hallucinatoires et pseudo-hallucinatoires ont été merveil-
leusement décrits par les théologiens et l'on trouve déjà dans saint Augustin
une classification qui est aussi bonne —sinon plus complète—que la classifica-
tion actuelle des psychiatres. Les théologiens distinguent les « visions » des
mystiques en trois groupes.
1° Les visions oculaires ou corporelles, qui sont identiques à l'hallucination
vraie.
2° Les visions imaginaires qui ne sont autres que les pseudo-hallucinations.
3° Les visions intellectuelles qui ne paraissent pas avoir d'équivalents dans
la classification psychiatrique et dont pourtant j'ai observé des cas chez
certaines influencées.
La vision intellectuelle est une connaissance surnaturelle, qui se produit
par une simple vue de l'intelligence, sans impression ou image sensible. La
« vision intellectuelle » est donc dépourvue de tout caractère sensoriel. Voici
comment s'exprime sainte Thérèse : « On ne voit rien, ni intérieurement,
ni extérieurement, parce que la vision n'est point « imaginaire », mais l'âme,
sans rien voir, conçoit l'objet, sent de quel côté il est, plus clairement que si
elle le voyait. C'est... ajoute sainte Thérèse... comme si, dans l'obscurité, on
sentait quelqu'un auprès de soi : quoiqu'on ne pût pas le voir, on ne laisse-
rait pas pour cela d'être sûr de sa présence. »
L'une de mes malades disait : « Je sens quelque chose qui est derrière
moi.-C'est l'esprit qui se tient près de moi. » — Une autre : « L'esprit est
dans mon ambiance. » — Une- psychasthénique avec syndrome d'influence
et qui avait été abandonnée par son mari, disait : « Parfois, dans la journée,
j'ai la sensation que mon mari est là. Il me semble qu'il est près de moi,
mais je ne le vois pas en réalité. » Une érotomaniaque influencée me
disait : Je sens qu'il est là. Je devine sa-présence autour de moi. Je la sens >
II:
tion ». C'est une odeur que j'avais dans la tête. Ce n'est pas comme une odeur
que l'on respire dans l'air. » (A suivre).
PSYCHOPATHOLOGIE ET PATHOLOGIE GÉNÉRALE1
PAR
A. MAEDER
(Zurich)
Pour déterminer les valeurs qui figurent dans cette formule, à savoir
pH, NH3 et N total, nous avons procédé comme suit :
Au lieu de la détermination électrométrique des ions d'hydrogène,
on emploie la détermination colorimétrique indiquée par Michaëlis
(Praktikum der physikalischen Chemie, Berlin 1921). On se sert d'indi-
cateurs unicolores (paranitrophénol et métanitrophénol). La couleur
propre de l'urine est éliminée au moyen d'un mélange optique selon
Walpole (Biochem journal : 5,207, !Q!o). Les comparateurs sont du
modèle du laboratoire de Carlsberg, seulement nous avons trouvé avan-
tage à en doubler la longueur. Nous supposons connu le principe de la
réaction colorimétrique Pour préparer les tubes étalons dontonse sert
dans les comparaisons avec les échantillons d'urine, on procède comme
suit : des tubes à essai à parois épaisses (ou des verres à préparations
sans rebord, de i5 mm. de diamètre à l'extérieur), sont remplis d'eau au
1. J
Voir ohanne CHRITIANSEN, Détermination de l'acide chlorhydrique libre et
combiné dans le contenu gastrique. Copenhague, 1912.
— Rich. EGE, Manuel
pour les exercices chimico-physiologiques dans le laboratoire physiologique de
l'Université. Copenhague, 1922, p. 73 et suiv.
moyen de la pipette, 10 cc. d'eau dans chacun des 10 tubes. On rejette
les tubes dont les parois ne sont pas lisses, et l'on choisit parmi les
tubes remplis ceux où la surface du liquide est de niveau ou ne varie que
de quelques millimètres.
Comme il faut un assez grand nombre de tubes pour les détermi-
nations, on en choisit de cette manière une quarantaine. Puis on assor-
tit à ces tubes des bouchons de liège qu'on fait bouillir dans de la paraf-
fine. Le bouchon mis à un tube rempli, on l'enduit encore de paraffine
fondue, de sorte que la rainure entre le bouchon et le rebord du tube
soit remplie. On emploie comme indicateurs du paranitrophénol dissous
dans de l'eau au taux de o, i p. i oo et du métanitrophénol à o,3 p. 100.
Il est utile de préparer au moins 5oo centimètres cubes'de chaque solu-
tion; le liquide se conserve à l'abri de la lumière et dans des flacons
verts à bouchon de caoutchouc. A chaque nouvelle préparation de solu-
tion, il faut naturellement en contrôler la nuance en la comparant avec
des échantillons de l'ancienne solution.
On prépare une série de mélanges de la « solution-tampon » de
S. P. L. Soerensen et de liquide colorant suivant le tableau ci-joint :
( 1,75 cc. HC!. I 1,0 cc. ) . ( Second.
U -4,7. !
PH- pHTT = 5,9. J J Phosphate. j R
8,25 cc. citrate. 9,0 cc. Prim.
0,4 cc. HCl. X,5
, |( 8^
„ -,1. cc. Second.
.. U 1 I 9,6 cc. CITRATE.
"-4-9'H-
(
PH-6 cc.
)
J ,
PHOSPHATE-
J
J Prim.
'H„ = 5,3.
R 3
( I,g5 cc. NAOH.
!
8,o5 cc. citrate.
„ C , j3,2 CC. ) N,
6,8 cc. j Phosphate.
,
( Second.
\
prim.
( 2,75 cc. NAOH. ( 4,3 cc. ) ( Second.
J'H = 5,5. i 7,25
cH R R
cc. citrate.
-
PH-6 ,7. \ 1,7
cc.
f Phosphate. j Prim.
,
PH-5
U . -'7' 3,4
J
6,6
cc. NAOH.
citrate.
cc.
PH-6 ,g. J(5,5 CC. |) PHOSPHATE,
- 45 ^
,
( Second.
J
Prim.
1
Phosphate. f Prim.Second.
8,95 Phosphate.
pH 7,/-- Pnm..
cc.
Enfin on prépare des tubes avec 2 centimètres cubes de paranitro-
phénol dans la solution ci-dessus mentionnée pour pH = 4,7 — 4,9 —
5,1 — 5,3. Les tubes sont étiquetés. La détermination se fait selon le
procédé de Michaëlis, avec de légères modifications : Verser dans un
tube gradué 10 centimètres cubes d'urine, étendue avec 40 centimètres
cubes d'eau froide distillée et bouillie, mélanger avec soin. Si l'urine
est très trouble, filtrer d'abord. Transvaser au moyen de la pipette
10 centimètres cubes de l'urine étendue dans un des tubes à essai vides
mentionnés plus haut (i5 millimètres de diamètre à l'extérieur). Ajouter
1
centimètre cube desolution de paranitrophénol à 0,1 p. 100, mélanger
soigneusement, placer le tube dans le comparateur. Il peut servir après
trois minutes. Verser également 10 centimètres cubes de l'urine étendue
dans chacun des deux tubes; ajouter à chacun encore 1 centimètre cube
d'eau bouillie et distillée, mélanger. Verser enfin 10 centimètres cubes
d'eau bouillie et distillée dans un troisième tube. Ranger les tubes conte-
nant l'urine étendue derrière les tubes étalons et l'eau distillée derrière
l'urine colorée. Poser le comparateur sur un linge ou un papier blanc et
chercher le tube étalon dont la couleur correspond à celle de l'urine. Si
l'urine étendue et colorée correspond à un des quatre tubes étalons le
plus légèrement colorés, on y ajoute encore 1 centimètre cube de solu-
tion de paranitrophénol, et les quatre tubes étalons le plus légèrement
colorés sont échangés avec les tubes correspondants à plus forte colo-
ration, ceux où l'on a ajouté 2 centimètres cubes de paranitrophénol en
solution, et l'on cherche la couleur exacte. Dans le cas où l'urine
diluée et colorée serait de couleur plus foncée que le tube étalon le plus
coloré, on prépare dans un verre un mélange de l'urine diluée (10 cen-
timètres cubes) augmenté de 1 centimètre cube de métanitrophénol (o,3
p. 100), après quoi la colorimétrie se fait de la même manière qu'avec
le paranitrophénol.
La technique ici indiquée demande, on l'aura vu, l'emploi des
mélanges tampons de Soereusen. On peut s'en passer si l'on prépare
les tubes à essais selon les indications de Michaëlis, procédé que nous
n'avons pas essayé et que nous laisserons de côté ici.
Voici la composition des mélanges-tampons de Soerensen :
9,078g KHo P04 pour 1 litre de solution (phosphate primaire de potas-
sium Soerensen).
11,876g Na2 HP04 pour 1 litre de solution (phosphate secondaire de
sodium Soerensen).
i/iom NaOH.
21,008g acide citrique pour 1 litre de solution (Soerensen).
200 cc i/in NaOH — — —
Il faut cependant se rappeler que l'exactitude de la détermination
colorimétrique de la valeurpH peut varier avec la valeur 0,10. Si cette
« erreur » s'introduit pendant qu'on a affaire avec la partie « acide » de
l'échelle, il en pourra résulter une déviation assez sensible du NH3 réduit.
La formule sus-nommée contient en effet le facteur pH v 4,2 et pH est
relativement petit dans les valeur « acides ». Par contre, une erreur de
0,10 sera sans grande importance dans les réactions alcaliques, où
se traduit par des chiffres plus élevés.
En voici un exemple : Si l'on détermine pH = 5,o, le facteur pH -f
4,2 sera 5,o 4, 2 = 0,8. Si pH était en réalité = 5,1, le même facteur
aurait la valeur 0,9. Ce qui revient à dire que si le NH3 réduit calculé
avec 0,8 avait donné par exemple 3,2,il aurait dû être3,2X0,9
0,8
o= 3,6.
Autre exemple, illustrant l'effet de l'erreur sur des valeurs plus
élevées de pH : au lieu de pH : = 7,1 ou aura trouvé 7,0. Ici l'écart
entre le NH3 réduit observé et sa valeur réelle se comportera comme
voici : Supposons comme tout à l'heure que NH3 était déterminé à
3 2 2 'v
3,2, le vrai chiffre serait —:— Q
= 3,3. Même dans le cas le moins
2,80
favorable, l'erreur illustrée par le premier de ces exemples n'empêchera
cependant pas l'emploi en clinique de ce mode d'analyse.
Disons en passant qu'il existe encore une autre source d'erreurs,
surtout dans les réactions plus alcaliques, c'est-à-dire des déviations de
pH causées par la perte en acide carbonique de l'urine qu'on a laissée
en repos. Mais cette erreur n'est pas non plus d'importance pour
le tableau que nous avons dressé. Je n'en tiendrai donc pas compte, comme
l'ont fait, paraît-il, les médecins de Sankt Haus Hospital.
La détermination dela valeur NH3 se fait selon Folin sur 2 5 centimètres
cubes d'urine i. L'indicateur utilisé est une solution alcoolique de rouge
de méthylène. Pour éviter la formation d'écume dans l'urine pendant
l'aération on ajoute 5 gouttes d'alcool octylé à chaque flacon d'aération,
et 20 gouttes au récipient contenant l'acide sulfurique, parce qu'il
importe que ces vapeurs d'alcool octylé soient renouvelées abondamment.
Pour déterminer l'azote total on remplace l'analyse de Kjeldahl par
l'appareil de Marie Krogh, où l'urine est décomposée au moyen d'une
lessive de brome (voir Hospitalstidende, n° 19, 1914). On sait que ce
procédé ne permet pas de déterminer tout l'azote contenu dans l'urine,
une partie des matières azotées ne sont décomposées que partiellement
ou pas du tout. Marie Krogh a démontré que la partie non déterminée
dans ce procédé (lessive de brome : 1 centimètre cube de brome pour
100 centimètres cubes Zn Na OH) monte en moyenne à 0,57 gramme par
jour (voir le tableau joint à l'appareil2).
Cependant nous sommes déjà à même de juger que même des varia-
I. Zeitschr. f. physiol. Chemie vol. XXVII, 1902.
2. Du reste, il s est montre que des résultats dune exactitude suffisante
peuvent être obtenus par l'emploi des tubes à eudiomètre, procédé plus
simple et entraînant moins de frais.
tions assez considérables de la quantité de matières non décomposées
par la lessive de brome ne causent pas de déviation sensible du chiffre
d'ammoniaque réduit, quand il s'agit de l'urine des individus sains. Par
contre, il est impossible de dire d'avance si ces variations sont sans
importance dans les conditions que nous avons 'convenu d'appeler
dérégulation. On pourrait en effet supposer que les proportions réci-
proques de la quantité décomposée de NH3 et de l'azote total restent
constantes de jour en jour pour un pH donné, selon la détermination à
la lessive de brome, tandis que ces proportions varient dans des déter-
minations par la méthode de Kjeldahl. Une telle supposition n'est sans
doute pas trop vraisemblable, mais cette réflexion ne tranche pas la
question. Il faut constater si le NH3 réduit, déterminé au moyen de cette
méthode à la lessive de brome, varie dans l'épilepsie vraie (par opposition
à ce qui a lieu chez les sujets sains), et voilà justement ce que les courbes
ci-jointes servent à confirmer pleinement. Je dois faire observer que
nos calculs ne tiennent pas compte de la constante 0,57 indiquée par
M. Krogh. Néanmoins les résultats peuvent servir.
Les trois méthodes ici exposées facilitent la technique à ce point
qu'une détermination de NH3 réduit ne demande que 35 minutes, sans
compter le laps de temps où l'on peut laisser l'appareil fonctionner sans
contrôle.
CESSATION RAPIDE DES PHÉNOMÈNES
DÉLIRANTS AIGUS GRAVES
SOUS L INFLUENCE D'UNE DOSE MASSIVE D'ÉLECTRARGOL
PAR
Henri DAMAYE
J.
-
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE. — II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE. IV. SOCIÉTÉ DE
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU JEUDI 7 FÉVRIER 1924
Présidence de M. Crouzon
Paralysie radiculaire supérieure du plexus brachial d'origine traumatiqué.
fracture des apophyses transverses des VIe et VIle vertèbres cervicales. Apo-
physe costiforme de la VIle. Troubles sympathiques. — M. André-Thomas pré-
sente un malade, qui, à la suite d'un accident, présente une paralysie radicu-
laire supérieure du plexus brachial; des contractions fasciculaires dans le
triceps, l'extenseur commun des doigts, le court abducteur du pouce. Sensi-
bilité atteinte dans le domaine de C5 C6 C7, mais l'anesthésie n'est totale
à aucun mode. Le réflexe pilomoteur fait défaut dans la zone d'anesthésie.
Hyperthermie de la main.
L'absence de réflexe pilomoteur dans la zone anesthésique permet d'af-
firmer l'existence d'une lésion située au delà de la coalescence du rameau
communicant du sympathique et de la racine. L'absence de troubles sensitifs
et la conservation du réflexe pilomoteur dans le territoire de la branche pos-
térieure des v\ VIe, VIIe nerfs rachidiens permet également de supposer l'in-
tégrité des racines au-dessus de la coalescence.
La présence de contractions fasciculaires qui apparaissent spontanément,
ou sont provoquées par des excitations périphériques, des changements de
position, peut être interprétée comme un phénomène d'irritation radiculaire,
qui, en raison de la proximité des centres, n'exclut pas la possibilité d'un
retentissement sur les cellules des cornes antérieures de la moelle.
L'hyperthermie de la main doit être également interprétée comme un
trouble sympathique.
Hémiplégie cérébelleuse syphilitique à forme cérébello-pyramido-thalamique.
— MM. Faure-Beaulieu et P. N.
Deschamps présentent un malade âgé de
cinquante ans, ancien syphilitique, qui, à la suite d'un ictus vertigineux sur-
venu il y a un an et demi, est atteint d'un syndrome strictement localisé au
côté gauche et fait de symptômes cérébelleux (latéropulsion, dysmétrie,
asynergie, adiadococinésie,passivité), pyramidaux (hémiparésie, exagération
des réflexes tendineux, signe de Babinski) et thalamiques (douleurs, troubles
de la sensibilité objective superficielle et profonde). La nature de la lésion
(altération vasculaire d'origine syphilitique) ne faisant guère de doute, les
auteurs discutent son siège, qu'ils placent dans la région sous-optique. Leur
cas ressortit ainsi au « syndrome supérieur du noyau rouge » isolé par Foix
et Masson, en opposition au syndrome inférieur de Claude, et se rapproche
d'observations analogues (Pierre Marie et Foix, CI. Vincent) où des troubles
pyramidaux et thalamiques homolatéraux viennent s'adjoindre à l'hémisyn-
drome cérébelleux.
Discussion
A propos de cette communication, une discussion s'engage à propos de
l'origine des vertiges. M. Barré ne croit pas que le vertige ait été cérébelleux,
mais labyrinthique, même si les épreuves labyrinthiques ont été négatives.
C'est également l'avis de M. A.-Thoiiias,qui estime que le vertige fait partie
des phénomènes d'irritation labyrinthique. Cependant M. Foix a toujours
noté le vertigeau moment des ictus cérébelleux, et il estime que chez le malade
présenté par M. Faure-Beaulieu il ne peut être question d'atteinte labyrin-
thique. M. A.-Thomas maintient que le vertige n'est pas d'origine cérébel-
leuse, et que dans le cas de ce malade, s'il y a lésion cérébelleuse vasculaire
certaine, des modifications circulatoires ont dû se produire, qui ont agi sur
le labyrinthe.
Alcoolisation endocranienne du trijumeau, contrôle lipiodolé. — M. Sicard
a repris sur les indications du docteur Taptos l'alcoolisationendocranienne
du trijumeau. Il avait déjà essayé cette intervention en 1908 par le trou ovale.
Il estime cette intervention plus efficace que l'alcoolisation des troncs péri-
phériques, et moins grave que la neurotomie rétro-gassérienne. Pour la
pratiquer, il suffit d'une simple aiguille, qui, sous anesthésie locale, pénètre
à travers les plans cutanéo-musculairesjusqu'au trou ovale.. Il est certain que
l'alcool n'est pas directement poussé dans le ganglion, mais sans doute
autour de lui et de ses branches. Le contrôle radiographique au lipiodol
injecté par l'aiguille laissée en place montre la répartition de l'huile iodée
au niveau de la base du crâne et des trous endocraniens, grand rond et ovale.
La guérison des névralgies par ce procédé est, selon Taptos, parfois défini-
tive, ou du moins très longue (huit ou dix ans).
Mal de Pott et radiographie vertébrale. — MM. Sicard, Laplane et Prieur
insistent sur les difficultés du diagnostic étiologique des compressions médul-
laires et particulièrement du mal de Pott. Ils considèrent que le mal de Pott
chez l'enfant et l'adolescent s'accompagne toujours de lésions radiologiques
vertébrales. Aussi en présence de cas simulant le mal de Pott, mais dont les
signes radiologiques font défaut, ils conseillent de recourir, non à l'appareil
platré, mais à la laminectomie exploratrice. Ils présentent à l'appui de leur
argumentation un adolescent chez lequel le diagnostic porté avait été celui
du mal de Pott, malgré les radiographies négatives; alors que le contrôle
opératoire montre en réalité une néoplasie rachidienne extirpable et curable.
Par contre, chez l'adulte, l'absence de signes radiologiques vertébraux ne
permet pas de conclure à l'absence d'une lésion tuberculeuse rachidienne,
comme MM. Sicard et Laplane ont pu s'en assurer dans un autre cas. A
l'opération on trouva en effet, à la place du neuro-gliome présumé, un début
d'ostéite tuberculeuse du corps vertébral. Chez ces deux sujets le lipio-dia-
gnostic rachidien avait permis de préciser avec une exactitude rigoureuse le
siège de la compression.
Discussion :
Présidence de M. Truelle
De l'établissement d'un carnet médical individuel pour les aliénés, par
M. Dabout. — L'auteur expose les avantages du carnet médical individuel
tel qu'il est constitué actuellement pour les employés du Métropolitain.
Pareille organisation mériterait d'être utilisée en ce qui concerne les aliénés ;
elle permettrait de connaître le passé de certains aliénés dangereux et d'éviter
ainsi leurs méfaits sociaux. Tout livret individuel comporterait un résumé
de l'observation, ainsi que les résultats des examens biologiques, tout cela
devant être rédigé dans chaque asile par le médecin chef de service.
Discussion :
Présidence de M. Sémelaigne
Hypomaniaque raisonnante. — MM. Laignel-Lavastine et Vinchon pré-
sentent une malade "qui est arrivée dans le service de la Pitié après s'être
évadée de la colonie belge de Gheel. Son état mental comprend deux élé-
ments 1° De l'excitation psychique dans les domaines verbal, graphique et
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peuvent ainsi continuer à suivre leurs malades.
HYDROTHÉRAPIE ÉLECTROTHÉRAPIE
MÉDECINS DIRECTEURS :
Dr FILLASSIER Dr PRUVOST
AVIS
La cinquième réunion d'Etudes biologiques de neuro-psychiatrie aura lieu
le jeudi 27 mars prochain à neuf heures et demie à l'asile Sainte-Anne, à l'am-
phithéâtre de la clinique de la Faculté (service du professeur H. Claude).
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
LA CONSTITUTION SCHIZOÏDE
(ÉTUDE CLINIQUE ET DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL)
PAR
Le professeur Henri CLAUDE
A. BOREL et Gilbert ROBIN
1
C'est Kretschmer qui employa le premier le terme de tempérament schi-
zoïde. Le mot a fait fortune. Le cycloïde, qui s'opposait selon Kretschmer au
schizoïde, est devenu syntone dans la terminologie de Bleuler : « La syntonie
est la faculté de se mettre au diapason de l'ambiance, de pouvoir vibrer à
l'unisson avec celle-ci : elle réalise en même temps l'unité de la personnalité.
La schizoïdie, par contre, est la faculté de s'isoler de l'ambiance, de perdre le
contact avec elle; elle a pour conséquence un fléchissement plus ou moins
grand de la synthèse de la personnalité humaine 2. » La schizoïdie qui, seule,
nous retiendra ici, devenait pour Bleuler le terrain de la schizophrénie, c'est-
à-dire de toute la démence précoce, de la paranoïa, du délire de préjudice
sénile, de l'hystérie, des obsessions, etc.
Par une telle extension il est aisé de comprendre que la schizoïdie de Bleu-
ler répond non à un type clinique défini, mais à une conception générale.
L'individu n'est pas envisagé dans l'ensemble de ses caractères, mais unique-
ment dans son contact avec l'ambiance. C'est ce reproche « du point de vue a
que nous faisons à Bleuler, parce que cette conception est avant tout psy-
chologique et a conduit le psychiatre de Zurich à faire de la schizophrénie la
Maladie mentale par excellence.
Selon nous la schizoïdie a une physionomie clinique beaucoup plus limi-
tée. Nous ne nions pas que la perte de contact avec l'ambiance puisse être
révélée par un complexe affectif, mais le choc moral n'a été le plus souvent
qu'un prétexte à mettre en valeur des tendances profondes latentes. Nous
pensons bien qu'il n'y a pas de limites nettes en psychiatrie et qu'un schizoïde
I. Ernst KRETSCHMER — Korperbau und Charakter — Berlin 192 1. Pour
cet auteur,la constitution,c'est l'ensemble des dispositions individuelles. Le
caractère c'est la possibilité des réactions affectives. Le tempérament, c'est le
caractère,vu à travers la constitution. Nous ne pouvons suivre Kretschmer
dans les développements qu'il donne à la constitution schizoïde, qu'il oppose
constamment à la constitution cycloïde. Notre conception emprunte certains
éléments à celle de Kretschmer, mais s'en distingue par les caractères que
nous exposons dans cette étude et au premier plan desquels nous plaçons
les rêveries et la constitution des mondes imaginaires.
2. MINKOWSKI. Impressions psychiatriques d'un séjour à Zurich. (Annales
Médico-Psyclz.,février 1923.)
sera susceptible de manifester des tendances paranoïaques à titre épisodique et,
vice-versa, qu'un paranoïaque pourra par intervalles présenter des traits de
schizoïdie. Mais nous pensons surtout que,loin d'englober les constitutions
qui ne relèveraient pas dela syntonie, la schizoïdie a une existence clinique à
titre de constitution précise, beaucoup moins étendue que dans la conception
de Bleuler. Il nous semble qu'elle ne saurait être confondue avec aucune des
constitutions classiques en psychiatrie et qu'elle doit avoir sa place à côté
d'elles.
pour le délire d'imagination type Dupré, le schizoïde versera dans les états
schizomaniaques et la schizophrénie.
2° Constitution paranoïaque. — Nous avons eu l'occasion de publier dans
1
un mémoire l'observation d'une jeune fille de trente ans dont les idées de
persécution ne pouvaient être rapportées à un délire chronique : la [malade
avait conscience d'être orgueilleuse, se rendait compte qu'elle avait toujours
regardé plus haut qu'elle, elle ne s'était pas isolée de l'ambiance parce que
méfiante, mais était devenue méfiante à force d'avoir perdu contact avec le
monde extérieur. Outre qu'elle avait des craintes plutôt que des idées de per-
sécution et qu'elle ne désignait aucun persécuteur malgré la longue évolution
des troubles, nous faisions remarquer qu'elle avait essayé de réagir par le
refus d'aliments et les tentatives de suicide, ce qui n'est pas le moyen habi-
tuel aux délirants chroniques. Et nous disions : « Le paranoïaque lutte, s'im-
pose à l'ambiance, Germaine se dérobe. Le paranoïaque accepte tel qu'il est
le monde extérieur, Germaine construit à côté un monde imaginaire. Le
paranoïaque adopte une attitude envers les hommes. Germaine les ignore,
essaye de passer à côté d'eux sans les voir et, si elle n'y parvient pas, s'en va.
Le paranoïaque s'étale en maître sur son monde délirant. Germaine se recro-
queville dans son monde imaginaire. Ce sont deux orgueilleux, l'un qui veut
.vaincre la vie hostile, l'autre qui marche à côté. Le premier est un homme
d'action, la deuxième une rêveuse. Le premier étale ses conceptions dans ses
tendances dominatrices, son insolence, sa morgue, ses moyens matériels de
défense, il objective son délire. La deuxième est tout intérieure et ses réac-
tions sont pour la plupart des manifestations anxieuses, brusques, moyen de
défense d'une nature concentrée. »
Nous ne prétendons pas qu'un schizoïde ne puisse manifester épisodique-
ment des tendances paranoïaques, mais, en règle générale, s'il paraît suscep-
tible, orgueilleux et méfiant, ce n'est, à notre avis, que parce qu'il est dédai-
gneux des contingences humaines et enclin à la solitude. Il n'existe pas cet
« antagonisme du moi avec les obstacles extérieurs11 dont parlent Delmas et
Bo11!. Le schizoïde n'essaye pas de briser les obstacles. Il n'a pas «la ten-
dance à transformer et à grossir les faits) caractère, pour Arnaud, essentiel
—
chez le paranoïaque. Les facultés intellectuelles du schizoïde sont intactes
et ne laissent pas découvrir cette « paralogique circonscrite qui contraste avec
la conservation de la logique formelle » chez les interprétants de Sérieux et
Capgras. Pour ces sortes de sujets, «souvent l'ambiance est transformée;
ils vivent dans un monde imaginaire peuplé de fausses reconnaissances ». Le
schizoïde est toujours bien orienté, il n'a pas de troubles des perceptions.
On pourrait nous objecter qu'il existe une variété résignée de paranoïaques.
Mais quelle hostilité dans la résignation « Le paranoïaque ne guérit pas, il
»,
désarme
!
PAR
V.-M. BUSCAINO
Assistant et docent
Les sentiments suggérés. — Presque tous les influencés ont plus ou moins
l'impression qu'on agit sur leurs sentiments, leurs tendances, leurs inclinations,
leur humeur. Mme Laf... excitée maniaque, secondairement influencée, est
sujette à des colères très violentes, mais elle estime que c'est quelqu'un qui la
fait mettre en colère malgré elle. Quelquefois elle a de grandes joies, elle voit
la vie tout en rose; elle ne sait pas pourquoi et elle pense que c'est une
« transmission de sentiment ». Mme Rou... s'étonne d'être trop gaie, car elle a
plutôt des sujets de tristesse. On fait prendre à une malade la haine de son
mari et on lui fait souhaiter sa mort. Une érotomane influencée n'a que du
dégoût pour son adorateur, mais celui-ci lui a suggéré de n'avoir pas de dégoût
pour lui : t Je n'admets pas que je l'ai aimé. Il inspirait le dégoût et il a dû aller
jusqu'à me défendre d'avoir le dégoût. Il faut être abruti ou alcoolique pour
influencer une femme comme cela. Il devait avoir assez d'influence sur moi
pour empêcher les pensées hostiles, l'antipathie.» Cette malade est amoureuse
malgré soi, exactement comme si elle avait bu un philtre d'amour. Ce cas
n'est pas unique et j'ai vu plusieurs malades contraintes à subir un amour
qu'elles réprouvaient. A Mme Ass... on fait prendre en grippe sa sœur qu'elle
aime beaucoup. On la pousse à diffamer et pourtant elle n'est pas une mau-
vaise langue... Parfois on suggère à la malade des sentiments de jalousie en
même temps qu'on l'empêche de les tenir cachés Ainsi Mme W... avoue
n'avoir aucune raison d'être jalouse de son mari, mais elle est jalouse malgré
elle. Elle fait des reproches à son mari, qu'elle ne trouve pas mérités et qu'elle
voudrait ne pas lui faire. Elle l'accuse de choses infâmes et va jusqu'à lui dire
qu'il amène des femmes chez lui. Elle sait que ce n'est pas vrai, mais «cette
idée la persécute ».
Je pourrais multiplier à l'infini ces exemples, car il n'est pas un sentiment,
pas une seule inclination, pas un état d'excitation ou de dépression, pas un
trouble de l'humeur qui ne puissent paraître au sujet étrangers à sa personna-
lité, donc suggérés par autrui.
MM. Minkowski et Targowla ont publié tout récemment2 l'observation
d'un malade dont les idées d'influence étaient dues à des interprétations
de cet ordre et je m'associe entièrement à leurs conclusions : « Au fond,
influencée, déclare : « J'ai senti comme une grâce, comme si j'avais pu emme-
ner tout le monde au ciel. Je n'étais plus sur terre, quelque chose me trans-
portait en haut. » Mme Ass... « Ils me font sauter, ils me secouent comme un
:
prunier. Il me semblait que je n'avais rien dans le corps et que j'allais m'en-
voler. »
Mais très souvent il y a un commencement d'exécution. Le plus soùvent
même les actes sont réellement accomplis, le malade se sentant poussé à cou-
rir, à marcher, à faire certains gestes (quelquefois obscènes), à toucher cer-
tains objets, à casser, déchirer, donner des gifles ou des coups, etc. « Ces
actes automatiques et irréductibles, dit très justement M. Lévy-Darras, se
rapprochent de l'impulsion par leur automatisme, mais ils ont le caractère
d'irréductibilité qui les en différencie.:!) Ainsi que le fait remarquer M. Lévy-
Darras, je crois qu'il est préférable d'éviter, en général, le terme d'hallucina-
tions motrices. En effet, comme l'a montré le professeur G. Dumas, il n'y a pas
d'images motrices véritables. Il vaut mieux les considérer comme des actes
automatiques, mais il est nécessaire d'établir deux classes d'actes automa-
tiques :
bouts on m'a prise. On me fait rester en place, on me fait remuer. On m'a fait
faire des gestes de doigts, de mains... on m'a fait prendre des c poses
comme si on me photographiait.., etc. » — «Est-ce que vous faisiez cela parce
»
qu'on vous le disait? — «On me faisait faire cela sans me le dire. J'étais
assise et puis tout à coup je me sentais prendre une pose ou faire quelque
chose comme de me coucher par terre, mais c'était malgré moi. »
Ces actes automatiques et ces phénomènes d'inhibition contribuent à donner
au plus haut point aux malades le sentiment d'être influencés. « Etre hypno-
tisée, dit Mme Mon..., c'est surtout parce qu'on vous fait faire le guignol. On
n'est plus maître de sa volonté. » Chez tous ces malades et chez bien d'autres
qu'il est inutile de citer, l'acte accompli apparaît d'emblée comme imposé par
une volonte étrangère et toute-puissante.
Chez d'autres malades il s'agit d'actes plus ou moins automatiques qui sont
interprétés, après coup, dans le sens d'une influence. Mme R... s'est pince le
doigt dans une porte, c'est sûrement quelqu'un qui le lui a fait faire exprès.
Elle a raté un plat de pâtisserie, c'est qu'on le lui a fait rater M. D... a fait
une chute : on l'a fait tomber. Ses outils lui ont glissé des mains on les lui
:
il veut être appelé « ami ». Parfois même cela devient tout à fait plaisant.
L'esprit et moi nous faisons une « revue ». Je ne sais même pas ce que je dis,
il me le souffle. Nous faisons le compère et la commère. On s'amuse beaucoup
ensemble. s Mais elle ajoute : « Pourtant, à la longue, c'est lassant. » Et en
effet c'est ce qui se produit chez presque tous les influencés qui se plaignent
d'être c harcelés » par les voix, de ne plus c s'appartenir )),de ne plus « être
soi », de n'être « jamais seul », etc.
Tout récemment je présentais une malade à la Société médico-psycholo-
gique et je concluais ainsi : f. Nous nous trouvons en présence d'un fait,
d'apparence paradoxale, mais banal dans la psychose d'influence. Tous les
éléments du syndrome sont agréables et pourtant leur réunion et surtout leur
persistance déterminent un état affectif pénible. Les voix intérieures ne disent
jamais d'injures e.t ne font jamais de menaces, mais au contraire font à la
malade des compliments sur son physique, sur sa beauté, sur ses qualités
morales et intellectuelles et même lui disent des paroles d'amour. Ces voix
sont en général gaies et la font rire. De même les « visions » ne sont jamais
terrifiantes ou pénibles, mais représentent des personnes aimées, ou évoquent
des scènes libidineuses auxquelles Mlle G... se complaît. L'odeur c en imagi-
nation » de l'œillet n'est pas non plus pour déplaire. Les actes commandés
consistent surtout en chants et en attitudes théâtrales, en poses plastiques qui
paraissent plutôt un divertissement. Il n'y a qu'à observer la malade quand
elle monologue pour voir que sa physionomie exprime plutôt la gaîté que la
tristesse et la satisfaction que le désespoir « Le plus souvent, dit-elle, la per-
:
sonne qui pense avec moi est gaie... On me dit des choses qui plaisent à
entendre. » Peut-être au début a-t-elle été réellement heureuse. Je le croirais
volontiers et je partage entièrement l'opinion du Dr Borel qui, l'ayant vue
peu de temps après son entrée, observait avec une grande finesse psycholo-
gique « qu'elle pouvait peut-être être considérée comme un état schizoïde, avec
fuite dans la maladie plus agréable que la réalité ». Mais actuellement l'état
affectif de la malade est nettement pénible. Elle se plaint de ne plus être maî-
tresse d'elle-même, de ne plus être libre, d'être continuellement « harcelée ».
« Je suis agacée, dit-elle, d'entendre tout le temps parler ou de tout le temps
causer. Oh! ça me fatigue parce que c'est tout le temps et puis ce n'est pas
intéressant. » Et encore ce cri du coeur : « Ah! c'est affreux! Je ne suis jamais
seule. Il y a toujours quelqu'un qui me parle, ou qui me fait causer, ou qui me
touche... Je voudrais redevenir moi » !
(A suivre.)
COMPTE RENDU OFFICIEL
DE LA
Ve RÉUNION D'ÉTUDES BIOLOGIQUES DE NEURO-PSYCHIATRIE
LE 27 MARS I924
Les constatations que nous avons faites témoignent donc, sans qu'il soit
besoin d'insister, de l'exactitude du diagnostic clinique qui avait été porté.
Il s'agit bien, dans ce fait, d'un exemple de la maladie d'Alzheimer; et la pro-
fondeur des altérations corticales explique suffisammentles troubles psychiques
et neurologiques observés pendant la vie. De plus, l'hypothèse que nous avions
posée de l'existence des altérations du système strié pour rendre compte de
l'hypertonie, de l'exagération des réflexes de posture, de la palilalie et de la
brachybasie a trouvé une confirmation dans nos résultats anatomiques.
Ainsi la maladie d'Alzheimer, dont le droit de cité en psychiatrie ne peut
guère être discuté en raison et de sa physionomie clinique vraiment parti-
culière et de ses traits anatomiques, répond au développement d'un processus
morbide qui, loin de se limiter à l'écorce cérébrale, s'étend à la masse centrale
du cerveau et particulièrement aux corps striés.
L'étude des coupes totales de l'hémisphère gauche m jrdancé par le bichro-
mate nous permettra, sans doute, dans un avenir prochain, de préciser plus
exactement l'étendue de cette localisation pathologique.
III. Cir
- -
83
233
—
—
—
C. Syphilis cérébrale.
83 milligrammes.
III
Il. Parl
D. Epilepsie.
. . ................... 233
-
—
i32 milligrammes.
II. Metz
III. Corm - ioo
0
-_
E. Démence précoce.
I. Ramb
II. Mag
F. Psychose polynévritique.
,
..... ............... 166
138
milligrammes.
-
Desv milligrammes.
II. Berth
— ..................... 165
366
33
—
III. Bauv 133
_
G. Syndrome pseudo-bulbaire.
Brug., avec E
1.
II. Ster ................ 233 milligrammes.
148
III. Frit., avec S
................. 216 -
H. Hémiplégie cérébrale.
I.
II.I.
1V
Excitation maniaque.
,
........ ............. 200 milligrammes.
99 —
I. Laff., avec S.
66 milligrammes.
II. Laluq.,
.
avec tabes
....c-
83
III. Douz. avec S héréditaire
J. Syndromes divers.
.......... 115
-
I. Gris.
— Lésion traumatique du plexus
brachial
103 milligrammes.
il. n.
Gipp. — Aortite
, chronique 66
III. Laf. Psychose périodique 50
IV. Four.
— Confusion mentale 0
V. Gauth.
— Syndrome médiastinal 233
(probablement syphilitique).
VI. Claudel. Syndrome pluriglandulaire.. i83
(Eunuchoïdisme).
VII. Deligne. Abcès du
— cerveau ........
------............. 66
148
—
jours après.)
(6
CONCLUSIONS.
- Ainsi qu'il ressort de la lecture du tableau ci-dessus,
l'acide
oxalique semble bien être un composant normal du liquide céphalo-rachidien.
A la vérité, dans deux cas nous avons constaté l'absence de cet élément, mais
comme ces déterminations ont été pratiquées au début de nos recherches,
nous sommes enclins à reporter cette anoxalorachie à une erreur de tech.
nique, car dans aucun des dosages ultérieurs nous ne l'avons retrouvée.
D'autre part, nous croyons être en droit de soutenir que le taux de l'oxalo-
rachie n'a aucun rapport avec la teneur du liquide céphalo-rachidien en albu-
mine, en leucocytes ou en sensibilisatrice spécifique.
L'élévation ou l'abaissement du taux de l'acide oxalique céphalo-rachidien
ne parait pas non plus correspondre à une modalité quelconque d'affection
mentale ou nerveuse, puisque, chez des malades présentant le même syndrome
anatomo-clinique, nous avons relevé des chiffres sensiblement différents.
Ce qui apparaît avec netteté, c'est, d'une part, la fixité du taux de l'acide
oxalique chez un même malade dont l'affection est stationnaire et, d'autre
part, l'élévation considérable de l'oxalorachie, soit au cours de l'évolution du
processus, soit à la phase préagonique. Chez deux malades par exemple,
atteintes l'une de paralysie générale typique, l'autre de syphilis cérébrale, les
déterminations de l'oxalorachie ont donné, pour la première, 6g et 83 milli-
grammes et, pour la seconde, 83 milligrammes et III milligrammes.
Au contraire, chez une patiente atteinte de psychose polynévritique en
évolution, nous avons obtenu les chiffres suivants : d'abord 1.65 milligrammes,
puis, à une recherche ultérieure, 366 milligrammes.
Enfin, chez deux malades atteintes, l'une de démence sénile avec hémiplé-
glie, l'autre d'abcès du cerveau, nous avons relevé une élévation très nette
de l'oxalorachie à la phase préagonique. Dans le premier cas, le taux de
l'acide oxalique s'est élevé de ioo à 3oo milligrammes; dans le second, de
66 à 148 milligrammes.
Tels sont, en résumé, les résultat»de nos premières recherches sur l'oxalo-
rachie. Nous nous proposons maintenant d'établir le rapport entre le taux de
l'acide oxalique du sérum sanguin et celui du liquide cérébro-spinal, rapport
qu'il n'est pas interdit de supposer assez constant en cas de perméabilité nor-
male des méninges, puisqu'il est établi que la constitution chimique du
liquide céphalo-rachidien n'est que le reflet de celle du sérum sanguin.
DES
VIDACOVITCH)
SEVRAGE
LEet
CODET
DANS
(SANTENOISE,
SINCÉRITÉ
DE
TEST
UN
D'autre part, au cours de la cure de désintoxication on observe, comme
nous l'avons fait, la libération progressive du tonus vagal, objectivée par la
réapparition et l'accentuation du réflexe oculo-cardiaque lors de la diminu-
tion des doses. Ces modifications se font assez rapidement et sont manifestes
dès le lendemain d'une réduction appréciable.
Il nous a été donné, dans trois cas, d'observer des réflexes en apparence
paradoxaux, mais qui se sont trouvés concordants après une enquête révé-
latrice de supercheries telles qu'il s'en produit si souvent.
P..., cocaïnomane, présente, dès le début de l'hospitalisation, un réflexe
oculo-cardiaque faible, à manifestation tardive; le réflexe solaire est très net
(6 février 1924). Au bout de quatre jours de sevrage, le réflexe oculo-car-
diaque se montre intense; il persiste tel jusqu'à une fugue, au retour de
laquelle, malgré la suppression prescrite, le réflexe est minime ou nul (28 et
29 février 1924). Nous apprenons alors que, bien entendu pendant son
absence, le malade s'était rassasié de toxique, mais que, de plus, il avait rap-
porté une provision clandestine, à laquelle il avait adjoint de l'héroïne.
D..., héroïnomane, lors de son entrée a un réflexe oculo-cardiaque
presque nul (29 février 1924); le réflexe solaire existe. Malgré la diminution
notable des doses prescrites, le tonus vagal reste inhibé, comme on peut le
voir,par exemple, sur les graphiques du 8 février 1924. Parla suite, nous avons
eu la preuve qu'il avait une provision secrète avec laquelle il compensait la
réduction du toxique et restait ainsi, à peu près, à son taux habituel. Le
réflexe oculo-cardiaque n'est pas apparu.
C..., morphinomane habitué à une dose quotidienne de 1 gr. 5o, nous four-
nit des faits encore plus démonstratifs. A l'entrée (28 janvier 1924), tandis que
le réflexe solaire est manifeste, le réflexe oculo-cardiaque est nul. La dimi-
nution quotidienne est prescrite et, malgré une réduction importante, le tonus
du vague reparaît très faiblement dans les jours qui suivent (8 et 10 février
1924). Nous connaissons alors l'existence d'une supercherie qui lui permettait
de compenser le sevrage, mais partiellement. Ainsi s'explique le fait que,
réduisant quand même un peu sa dose quotidienne totale, mais moins que
nous le pensions, il ait eu une légère réapparition de son réflexe oculo-car-
diaque... Connaissant ces faits, nous effectuons une réduction authentique le
II février 1924 et dès le lendemain, on constate l'augmentation très nette du
tonus vagal, comme le prouve le tracé du 12 février 1924.
Ainsi les constatations biologiques, après enquête, sont bien restées en
concordance, dans ces trois cas, avec l'absorption réelle des toxiques. De
plus nous avons pu noter le parallélisme des symptômes cliniques de besoin
avec les modifications du réflexe oculo-cardiaque. Ceci semble donc bien
favorable à l'hypothèse d'après laquelle l'appétence du toxicomane pour le
poison révèle un véritable besoin organique d'inhibition. Les signes divers de
la faim toxicomaniaque traduiraient la libération brutale du tonus vagal,
tonus que l'intoxiqué sent bien susceptible d'être réfréné par une nouvelle
prise du poison modérateur du pneumogastrique.
Pour prévenir ou découvrir les supercheries qu'entraîne ce besoin au cours
du sevrage, il nous semble donc intéressant d'étudier les variations du réflexe
oculo-cardiaque comme véritable c:test de sincérité)J.
Action du crataegus sur le tonus vago-sympathique
par MM. SANTENOISE et VIDACOVITCH
(Avec 1 double planche hors texte)
Les malades qui ont eu une chronaxie normale comprennent tout d'abord
les deux cas de cyclothymie qui avaient été pris comme témoins. Ces deux
malades avaient été choisis parce que leur crise dépressive était peu accusée,
que leur symptomatologie au moment de l'examen montrait une excitation
sans agitation, une douleur morale peu démonstrative et que leur état se rap-
prochait extérieurement le plus des cas précédents : plaintes sur leur inca-
pacité de travail, préoccupations hypocondriaques, espoir de guérir.
Enfin nous avons encore eu quatre cas à chronaxie normale chez des sujets
présentant un syndrome psychasthénique plus pur et, si l'on ose dire, plus
psychologique que les premiers. Leur incapacité de l'effort est celle de l'effort
intellectuel. Ils caractérisent nettement cette incapacité par des troubles à
caractère psychologique : troubles de l'attention, de la concentration intellec-
tuelle, de la mémoire, du caractère, de la volonté avec « idées noires » et
taedium vitae. Les troubles somatiques qu'ils énoncent sont presque nuls, ils
accusent tout au plus une sensation de vide cérébral, qu'ils ne définissent pas
dans les termes imagés, plus proprement organiques, des malades précédents.
Il s'agissait dans ces cas de jeunes gens issus de condition ouvrière ou
paysanne, et qui avaient voulu s'élever à une situation comportant peut-être
un effort intellectuel un peu gros pour eux. L'un était un comptable, l'autre
un instituteur, un troisième musicien. Il faut signaler que l'étude du seuil de
leur chronaxie a été entreprise chez deux de ces malades à un moment où leur
affection était déjà en voie de réparation.
Nous devons donc faire la réserve que l'examen chronaxique a peut-être été
pratiqué, dans ces deux derniers cas, trop tardivement pour pouvoir déceler
un trouble musculaire qui aurait existé au fort de l'affection. Il faut insister
également sur le fait que le nombre total des cas examinés est assez réduit.
Nous continuons ces recherches sur un plus grand nombre de malades. En
nous basant sur ces premiers cas, nous arriverions à la conclusion provisoire
qu'il paraît possible de distinguer expérimentalement dans le vaste ensemble
de la psychasthénie :
1° Un groupe de malades à symptômes plus proprement musculaires et où
l'état anormal du muscle joue sans doute un rôle pathogénique important;
20 Un groupe de malades à symptomatologie à la fois psychique et végéta-
tive, groupe où l'on constate également une chronaxie anormale;
30 Un autre groupe, enfin, où la symptomatologie est à prédominance
psychologique et comporte des symptômes musculaires très réduits ou même
absents. Chez les malades de ce troisième groupe, on a trouvé une chronaxie
normale.
Discussion :
M. Toulouse. — Ce travail fait partie d'une série de recherches collectives
entreprises dans le service de Prophylaxie mentale et dont certains résultats
ont été précédemment publiés ici. Pour entreprendre une lutte efficace contre
les états psychopathiques, il importe avant tout d'approfondir nos moyens
objectifs de connaissance sur le fondement biologique de ces affections.
BULLETIN DES SOCIÉTÉS SAVANTES
(NEUROLOGIE-PSYCHIATRIE)
I. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
— II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE. IV. SOCIÉTÉ DE
—
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU JEUDI 6 MARS 1924
Présidence de M. O. Crouzon
Syndrome myoclonique d'origine syphilitique.
— M. André-Thomas et
Mme Long-Landry présentent une femme de quarante-six ans dont la maladie
a débuté insidieusement en 1922 par un syndrome parkinsonien localisé au
bras droit, mais avec un signe d'Argyll-Robertson et une réaction de Wasser-
mann positive. Quelques mois après, le tableau clinique s'est modifié le :
tremblement étendu à la face, à la langue, les troubles de la parole, l'inertie
psychique, font penser à une paralysie générale. Actuellement, elle présente
surtout des clonies prédominants à la face du côté gauche, de deux rythmes
différents, plus rapides sur la moitié supérieure de la face, plus lentes sur
la moitié inférieure, avec hypertonie. Les clonies s'exagèrent avec les mou-
vements actifs et les excitations périphériques. L'origine syphilitique est
confirmée par l'étude du liquide céphalo-rachidien et le résultat satisfaisant
du traitement.
Quelques documents relatifs au diagnostic des compressions spinales.
MM. /. Babinski et /. ]arkowski relatent plusieurs observations dont chacune —
soulève quelques questions se rapportant au diagnostic des compressions de
la moelle.
Dans l'un de ces cas, il s'agit d'une femme atteinte d'une parésie des
membres inférieurs, avec tous les signes objectifs caractérisant une lésion
de la voie pyramidale, ayant évolué progressivement depuis deux ans. Cette
parésie s'accompagne de douleurs et d'une hypoesthésie qui prédomine à
droite, tandis que l'affaiblissement de la motilité est plus .marqué à gauche.
L'étude topographique de l'anesthésie et des réflexes de défense fournit des
données confirmées par l'épreuve de Sicard-Forestier permettant de localiser
la lésion au niveau du VIlle segment dorsal. On peut se demander si l'image
de la bille de lipiodol, qui, à sa partie inférieure, est en forme de dôme, ne
plaide pas en faveur d'une tumeur juxta-médullaire.
Dans la seconde observation, on a affaire à une paraplégie en flexion
typique, à évolution lente, avec anesthésie. Les troubles de la sensibilité
remontent jusqu'à D vi/D VII; la limite des réflexes de défense est au niveau
de DVIII/DIX. Deux injections intra-arachnoïdiennes de lipiodol, pratiquées
l une en haut, l'autre en bas, confirment la localisation obtenue
par la
clinique. Or, l'examen des fibres révèle dans l'intervalle compris entre la
limite supérieure et la limite inférieure de la lésion spinale la présence d'une
masse accolée à la colonne vertébrale. On pense d'abord à un abcès par con-
gestion, pottique. Mais la ponction ne donne pas de pus. On envisage l'hy-
pothèse d'une tumeur en bissac. On croit qu'il est légitime de tenter une
intervention chirurgicale.
Le troisième fait se rapporte à un malade atteint de paraplégie en exten-
sion, d'évolution lente, avec exagération considérable des réflexes. Les ren-
seignements fournis par le lipiodol concordaient avec ceux fournis par la
clinique. On pouvait localiser la lésion au niveau de D VI/D vil. A l'opération,
on n'a trouvé ni tumeur ni pachyméningite ; mais la moelle paraissait amincie.
Le malade ayant succombé ultérieurement, un examen anatomique a décelé
quelques adhérences méningées, et un foyer de myélite. Aurait-il été pos-
sible d'exclure l'hypothèse d'une compression par tumeur? Les auteurs
attirent l'attention, sans attacher une valeur décisive à ce caractère, sur la
forme de la paraplégie qui, dans ce cas, différait de celle que l'on observe
d'habitude dans les compressions spinales les mouvements spasmodiques
:
spontanés déterminant la triple flexion paraissaient faire défaut et la surré-
flectivité tendineuse l'emportait de beaucoup sur la réflectivité cutanée.
Maladie de Recklinghausen avec dermatolysie. — MM. Laignel-Lavastine
et Froelicher présentent une jeune fille de treize ans dont le pied gauche a
une malformation congénitale caractérisée par une augmentation de volume
de la partie antéro-externe du pied avec aspect flaccide de la peau et hyper-
trophie osseuse visible à la radiographie. Cette malformation, qui rentre
dans le groupe des naevi et qui répond à la dermatolysie des dermatolo-
gistes, s'observe ici comme souvent chez une neuro-fibromateuse. Ici la
maladie de Recklinghausen (molluscums multiples, tumeur royale, taches
pigmentaires, débilité mentale) est héréditaire, le frère ayant la même affec-
tion. De plus, la malade n'a jamais été réglée et a des petits signes d'hypo-
thyroïdie.
A propos du signe de Babinski dans la paralysie infantile spinale.
—
MM. Souques et Ducroquet montrent une malade qui présente une paralysie
infantile spinale limitée aux muscles de la face postérieure de la jambe et à
ceux de la face plantaire du pied gauche, chez lequel l'excitation de la plante
provoque l'extension de l'orteil. Chez ce malade, les muscles de la région
antéro-externe de la jambe sont donc intacts. La paralysie et l'atrophie, qui
sont très marquées, frappent notamment les interosseux des orteils, l'abduc-
teur, l'adducteur et le court fléchisseur du gros orteil. Il en résulte un pied
bot, dit griffe pied creux. La première phalange du gros orteil ne peut être
fléchie volontairement, ni (si on la fléchit passivement) être maintenue dans
la flexion. L'examen électrique montre une D. R. totale sur les interosseux
des orteils et les fléchisseurs (abducteur, adducteur et court fléchisseur) de la
première phalange du gros orteil.
Dans douze cas de paralysie spinale infantile analogues au cas précédent,
qu'ils ont observés, les auteurs ont constaté quatre fois l'extension de l'orteil.
Pour expliquer l'extension de l'orteil dans la paralysie infantile spinale,
on admet que le foyer poliomyélitique a envahi le faisceau latéral de la
moelle. Il doit en être ainsi dans les cas graves à foyer étendu, et il s'agit là
du signe de Babinski par perturbation de la voie pyramidale. Mais, pour les
cas légers à petit foyer, analogues à ceux qu'ils ont observés, Souques et
Ducroquet font d'expresses réserves. Ils pensent que l'atrophie des fléchis-
seurs de la première phalange du gros orteil peut suffire pour expliquer
l'extension de l'orteil; les fléchisseurs atrophiés ne peuvent répondre (à
l'excitation de la plante) par la flexion de la première phalange, et leur anta-
goniste, c'est-à-dire l'extenseur propre du gros orteil, qui étend normalement
la première phalange, entraîne forcément en se contractant l'extension de
l'orteil.
Spasme professionnel à forme de torticolis spasmodique d'un côté et contrac-
ture unilatérale et permanente des pectoraux de l'autre côté. — M. G. Heuyer
et Mlle Zimmer présentent un malade de cinquante-deux ans qui est atteint
depuis douze ans d'un spasme du sterno-cléido-mastoïdiengauche et d'une
contracture permanente des pectoraux droits, ayant débuté à l'occasion d'un
geste professionnel. Il s'agit d'un spasme professionnel dont les auteurs
admettent la nature organique, par lésion mésocéphalique de nature indé-
terminée. Ils proposent un traitement chirurgical résection du spinal gauche
:
Présidence de M. Truelle
Perversions sexuelles chez une malade atteinte d'encéphalite épidémique.
— Mlle Serin et M. Reboul-Lachaux présentent une malade de dix-neuf ans
qui, à la suite d'une encéphalite épidémique contractée il y a quatre ans, a
manifesté des troubles multiples du caractère réactions coléreuses, violences
:
Présidence de M. Laignel-Lavastine
Mal comitial caractérisé par des accès nocturnes d'épilepsie convulsive et
par des accès diurnes d'automatisme ambulatoire, par MM. Briand et Mar-
chand. — Il s'agit d'un sujet âgé de dix-neuf ans qui est atteint de mal comitial
depuis l'âge de sept ans. Ses crises nocturnes revêtent la forme classique des
accès convulsifs. Les accidents diurnes sont précédés d'une sensation
d'étouffement, puis le malade marche pendant quelques minutes sans avoir
conscience de ce qu'il fait. Il ne parle pas, il ne comprend pas ce qu'on lui
dit. Sa bouche est crispée, ses membres sont raides et, quand il revient à lui,
il se retrouve dans un endroit inconnu et constate qu'il s'est mordu la langue.
Ce malade a eu plusieurs fois des crises d'automatisme ambulatoire dans*
des lieux très fréquentés ; il a pu dans cet état traverser des rues encombrées;
il a toujours évité les obstacles, jamais on ne l'a arrêté. Ces actes automa-
tiques sont donc complexes, coordonnés et semblent nécessiter un certain
degré de lucidité sans enregistrement des souvenirs.
Préoccupations érotiques chez une persécutée interprétante hallucinée, par
M. Cénac (Service de l'Admission). — L'auteur présente une malade qui
rappelle par certains points les caractéristiques des « érotomanes » décrites
par M. de Clérambault, mais qui en diffère par une évolution atypique, cette
malade ayant pu vivre des années sans que l'élément passionnel et les inter-
prétations délirantes qu'il détermine aient amené chez elle des réactions
vis-à-vis de l'objet. Des hallucinations auditives pénibles,ayant trait à son
triste roman, apparues récemment ont provoqué les faits ayant abouti à l'in-
ternement.
Idées de négation dans un cas d'encéphalite épidémique chronique, par
MM. Roger Dupouy et Paul Schiff et Mme Jeanne Réquin. — Chez un parkin-
sonien postencéphalitique, les auteurs ont noté des caractéristiques psy-
chiques particulières. Ce malade accuse des troubles cénestopathiques
divers, une perversion des sensations somatiques normales de la faim, de la
digestion, et il traduit ces troubles dans le langage employé par les mélan-
coliques qui présentent un délire de négation. Il s'agit d'un délire de néga-
tion très incomplet, sans idées d'énormité, d'immortalité ou de possession.
C'est un ensemble d'idées de négation qui commencent lentement à se systé-
matiser, chez un individu qu'on ne saurait qualifier de mélancolique au sens
strictement psychiatrique du terme. Ce cas permet de saisir la transforma-
tion du trouble cénestopathique en idées de négation; quant à l'origine de
ce trouble cénestopathique,il est sans doute en rapport avec le déséquilibre
sympathique que les diverses épreuves biologiques mettent en évidence
chez ce malade.
Syndrome paralytique très accusé avec syndrome humoral au minimum, par
-
MM. Roger Dupouy et Paul Schiff et Mme /eanne Réquin. Ce malade appar-
tient au groupe de ceux présentés à la dernière séance de la Société clinique
de médecine mentale par M. Desport et par Mlle Serin il s'agit d'un syn-
drome paralytique très accusé, caractérisé par l'affaiblissement des facultés
intellectuelles, l'amnésie, la perte de l'auto-critique, une indifférence pro-
fonde avec des périodes de turbulence, une forte dysarthrie, de l'inégalité
et de l'irrégularité pupillaires avec myosis et Argyll. Cependant, toutes les
réactions humorales et cytologiques sont restées négatives, malgré tous les
contrôles et une réactivation thérapeutique. Seule la réaction du benjoin
colloïdal est légèrement positive (12100 dans la zone paralytique). Le dia-
gnostic différentiel se complique du fait que le malade est, de sa profession,
peintre en bâtiments, qu'il est un alcoolique chronique et qu'il a été trépané
il y a huit ans pour blessure de guerre. Mais il n'a jamais fait d'accidents
saturnins, est retourné au front quelques semaines après son opération ni :
sont mal évoqués et il existe des lacunes ; c'est ainsi que la malade a oublié
la table de multiplication. En outre, grande suggestibilité qui renforce encore
le caractère infantile de ses réactions. Tous ces troubles augmentent lorsque
survient une poussée fébrile qui élève la température à 38°. La malade a été
traitée par l'uroformine, le cacodylate de soude à hautes doses et l'adrénaline,
indiquée par des défaillances du sympathique.
M. Marcel Briand a vu de curieuses' régressions intellectuelles de ce genre
sous l'influence de l'encéphalite. C'est ainsi que, dernièrement, il a observé
une fille de vingt ans qui présentait la mentalité et l'allure d'une enfant de
douze ans. Il n'est pas douteux que l'étude de l'encéphalite épidémique ne
jette une lumière nouvelle sur quantité de troubles psychiques.
Perversions instinctives consécutives à l'encéphalite épidémique. —
MM. Laignel-Lavastine et Vinchon rapportent l'observation d'une fillette de
quatorze ans qui, depuis une encéphalite épidémique,présente de multiples
perversions du caractère. Elle est mythomane, voleuse, vend les objets de sa
mère. Il existe en plus chez elle un strabisme persistant et un état d'insta-
bilité, d'agitation bruyante qui la fit renvoyer de plusieurs écoles. On ne
constate pas d'affaiblissement intellectuel marqué.
A propos de cette observation, la question se pose de savoir si l'on se
trouve en présence de perversions créées de toutes pièces par l'encéphalite
ou si, au contraire, il s'agit de perversions constitutionnelles qui auraient
été mises en valeur par l'encéphalite et notamment par l'agitation hypoma-
niaque.
Quoi qu'il en soit, la place de cette fillette difficile et insociable serait
dans une colonie d'enfants anormaux.
M. A. Delmas, convaincu par son expérience que dans l'agitation hypo-
maniaque on trouve toujours une hérédité similaire, estime que l'on décou-
vrirait très vraisemblablement chez les parents de cette malade la constitu-
tion cyclothymique.
M. Laignel-Lavastine estime que l'encéphalite, agissant comme infection
cérébrale, est capable de déterminer des troubles du rythme psychique et
de provoquer ainsi la périodicité de l'humeur.
M. A. Delmas reconnaît qu'en effet des causes occasionnelles, comme
l'encéphalite, peuvent influencer le rythme psychique, mais la périodicité ne
s'installe que chez les cyclothymiques prédisposés. Il faut toutefois se garder
de confondre certaines variations affectives consécutives à l'encéphalite avec
les manifestations de la constitution périodique.
M. Marcel Briand rappelle qu'il a déjà présenté plusieurs enfants devenus
pervers à la suite de l'encéphalite. Chez les uns, il y avait une hérédité
lourde; mais chez d'autres, on ne décelait aucune tare et ils s'étaient tou-
jours comportés normalement avant la maladie. Il semble donc que l'encé-
phalite puisse être la cause productrice d'instincts pervers.
M. Maurice de Fleury pense que si l'on fouille dans le passé des malades
atteints de troubles périodiques, on découvre presque toujours des accès
antérieurs.
Problème médico légal d'un toxicomane. — M. Maurice de Fleury soumet
à la Société le problème médico-légal d'un sujet qu'il est chargé d'expertiser.
Cet homme, de famille honorable, de bonne éducation, est actuellement
inculpé d'escroquerie et d'abus de confiance dans les conditions suivantes
ayant déjà présenté dans son passé plusieurs phases d'excitation et de dépres-
sion, il entreprend au Maroc des affaires de terrain, alors qu'il se trouve dans
une phase d'hypomanie. Tout marche bien au début. Mais la dépression sur-
vient et alors cet homme, devenu apathique, aboulique, ne fait plus rien de
bon. Alors pour retrouver son activité, il prend de la cocaïne, et, en effet,
sous l'influence de la drogue, il récupère sa capacité de travail et d'effort.
Mais déjà, à ce moment, il est inculpé pour une première affaire qui aboutit
à un non-lieu. Ayant abandonné la cocaïne, il retombe dans sa dépression,
et, pour la combattre, il reprend de l'alcaloïde. C'est pour des faits commis
alors qu'il se trouvait sous l'influence de la drogue qu'il est de-nouveau
inculpé.
Or, quel est le degré de responsabilité de ce sujet? Il ne s'agit pas d'un
toxicomane vulgaire qui absorbe du poison pour se distraire. Celui-ci a
utilisé la cocaïne comme un médicament, pour combattre une dépression
constitutionnelle dont il n'est évidemment pas responsable. Faut-il lui faire
grief d'être devenu toxicomane et le condamner pour les délits commis pen-
dant qu'il était sous l'influence du poison?
M. Logre, en raison du caractère thérapeutique de cette toxicomanie,
pense qu'on doit accorder à l'inculpé de grosses circonstances atténuantes.
M. Marcel Briand croit aussi qu'on ne peut rendre cet homme responsable
ni de sa dépression, ni de sa toxicomanie, ni de son activité amorale sous
l'influence du toxique. D'ailleurs, l'intelligence des sujets excités est souvent
illusoire. Quand ils réussissent, on leur accorde du talent, même du génie.
Mais quand ils échouent dans leurs projets, ce qui arrive fréquemment, on
s'aperçoit, en les étudiant, que, sous de brillantes apparences, ce sont souvent
des débiles mentaux.
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DES ENFANTS NERVEUX ET ARRIÉRÉS
des deux Sexes
(Fondée en 1892 par le Dr BOURNEVILLE)
VITR Y, près Paris, rue Saint-Aubin, 22
GATEAU DE SURESfB
*8 Téléphone :
SURESNES 2.88 'î -
Maison
de Santé
de Repos
de Régimes
-il
1O.\DÉE PAR
M. le Dr MAGNAN
Membre de
l'Académie de Médecine
M 9 9
I
Le Chltcaii
MÉDECINS DIRECTEURS :
Voici enfin un livre. Pourquoi? Parce que nous n'avons plus accoutumé
de voir un savant trouver, à l'époque que nous vivons, le temps de se con-
sacrer à une œuvre réellement personnelle, originale et d'une telle envergure.
Ce livre représente, comme l'écrit Laignel-Lavastine, vingt ans de travail.
Aussi ceux qui comme nous ont tenté de résumer très modestement l'état de
nos connaissances en sympathologie, et même d'y apporter quelques contri-
butions expérimentales, ne peuvent-ils que s'incliner devant la maîtrise de
l'auteur de ce traité, qui sera certainement placé sur le même plan que les
célèbres travaux de Vulpian, François Franck, Gaskell, pour ne pas parler
des tout modernes.
On ne nous en voudra pas de renoncer à analyser un tel ouvrage, qui se
fait remarquer surtout par l'analyse critique sévère des faits, et par le noble
souci de montrer, à ceux « qui, depuis la guerre, ont découvert le sympa-
thique dans les travaux anglais et viennois », l'utilité de remettre en évidence
la tradition française. Nous croyons préférable de rapporter les conclusions
de Laignel-Lavastine qu'il présente sous la forme de trois thèses.
I. Thèse anatomique. — Les lésions du sympathique sont conformes aux
lois de la pathologie générale.
II. Thèse physiologique. — Il existe un rapport simple entre le siège ana-
tomique d'une lésion sympathique, irritative ou destructive et le syndrome
sympathique expérimental correspondant.
III. Thèse clinique. — Certaines entités cliniques déjà individualisées
dépendent de troubles du sympathique établis par l'anatomie pathologique
(criterium anatomique) ou par l'expérimentation (criterium physiologique).
Le facteur sympathique, dégagé par l'analyse clinique peut, quelquefois, être
exactement localisé dans l'ortho- ou le parasympathique, mais souvent la
complexité syndromique doit faire conclure modestement à un déséquilibre
holo-sympathique hyper, hypo ou dyssympathique.
Ces conclusions, modestes en effet, qu'on trouvera à la 824. page de ce
traité, constituent la profession de foi qu'on devait attendre d'un esprit sage
et pondéré.
Le livre se termine par un index bibliographique qui comporte 238 pages :
qu'on juge par là de la documentation vraiment colossale de l'ouvrage. Cet
index rendra les plus grands services aux chercheurs qui ne craindront pas
de tenter de compléter les études sur le sympathique dont ce remarquable
traité montre le rôle primordial en pathologie. On peut dire même, à en juger
par les divers chapitres de cet ouvrage dont nous avons déjà eu la primeur
dans toutes les publications médicales de ces derniers mois, qu'il n'y a pas
d'affection dans laquelle on ne puisse « dégager un facteur sympathique ». Il
serait, superflu d'insister dans ces conditions, sur l'intérêt considérable que
la pathologie du sympathique offre aussi bien aux praticiens qu'aux travail-
leurs du laboratoire.
H. CLAUDE.
LANGLEY. Le système nerveux autonome. Sympathique et parasympa-
thique. Traduit de l'anglais par M. Tiffeneau, professeur agrégé à la Fa-
culté de médecine de Paris. i volume, (Vigot frères, éditeurs, 23, rue de
l'École-de-Médecine, Paris).
Le sympathique et le parasympathique, tels qu'ils ont été définis par Lan-
gley, constituent les deux grands appareils nerveux qui se partagent l'innerva-
tion organique au sens de Bichat. L'ensemble de ces deux appareils forme ce
qu'on a longtemps appelé le système nerveux végétatif et, qu'à présent, on
désigne le plus souvent, avec Langley, sous le nom de système nerveux auto-
nome.
C'est à l'étude de cette question de grande actualité que le savant profes-
seur de Cambridge, après trente ans de recherches personnelles, vient de con-
sacrer le présent livre.
Aprés un historique des plus précis concernant l'évolution des idées et de'
la nomenclature, cet ouvrage débute par un exposé général sur l'origine et la
distribution du système autonome et sur la nature de ses fibres nerveuses.
Le chapitre suivant, qui est le plus important, est consacré à l'étude de
l'action spécifique des poisons; il comprend tout d'abord les effets normaux
et les effets anormaux (effets inversés) de l'adrénaline sur le sympathique, et
ceux de la pilocarpine sur le parasympathique; puis la discussion des théories
sur les relations entre les poisons et le système nerveux ; enfin la classification
des nerfs sympathiques et parasympathiques d'après leur action pharmacolo-
gique.
Dans le dernier chapitre se trouvent spécialement étudiés quelques-uns des
principaux tissus innervés par le sympathique : cellules pigmentaires, muscles
striés, capillaires.
Chacun de ces chapitres est accompagné d'une bibliographie importante,
complétée par des notes et des références.
L'exposé magistral du professeur Langley vient à son heure et apporte,
dans cette vaste question du système nerveux autonome, toute la clarté et la
précision nécessaires.
L. PARROT.
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
Pour nous faire une idée plus exacte des variations du volume des
cellules de diverses couches, nous résumons dans le tableau suivant les
dimensions des cellules des types 1, 2, 3, 4, 5, 10, 44 et 46, chez notre
myxœdémateuse, et, à côté, les dimensions chez le sujet normal. Comme
on le voit, dans toutes les couches, les cellules sont diminuées de
volume. Dans les premiers trois types, les cellules sont réduites presque
de moitié; celles de la couche granulaire ont souffert le moins.
Sujet normal. Volume des cellules. Myxœdème.
Couches II
—
—
—
III
IV
V
3o
34
20
48
TYPE
:1. X 14
X
X 12
X 28
23o
1
:1. 18
12
32
p. X
X
X
X
12 ?
14
12
12
— VI 36 X 14 12 X 12
TYPE 2
Couches II 32 fil X 12 P. 18 P.X 10 <x
— III 36 X 3o 3o X io
— IV 18 X 14 16 X 8
V 48 X 32 32 X io
—
— VI
....... 32 X 12 20 X 12
TYPE 3
Couches II 26 P. X 12 [J 14 P. X 10 tx
—-
III 5o X r8 3o X 22
— IV 18 X 12 16 X 12
V 3o X 20 34 X 12
—
— VI
....... 32 X 12 22 X 8
TYPE 4
Couches II 18 X 12 16
P. P. p. X 10 P.
Ili 40 X 18 22 X 16
— IV 18 X 12 12 X 8
— v 94 X 36 60 X 26
— VI 3o X 12 22 X 6
TYPE 5
Couches if. 22 nX 16 P. 14 P. X 10 [j.
— III 36 X 18 28 X 20
— IV 12 X 10 12 X 10
— v 52 X 22 32 X 16
— VI 24 X 18 12 x 6
TYPE 10
Couches II 22 (x X 12 P. 18 ^ X 16 u
— III 36 X 20 34 X 12
— IV 18 X 14 14 X 10
— v 34 X 20 3o X 14
— VI 38 X 14 3o X 10
TYPE 44
Couches II 22 p. X 12 P. 16 P. X 10 p.
— III a) 3o X 16 a) 22 x 16
v .....
— IV b) 38 X24 b) 34 X 16
— 48 X 22 28 X 16
- VI 38 X 18 28 X 14
TYPE 46
Couches II 20 P. X 14 P. 20 P. X 9 p.
— III 36 X 26 35 X 16
— IV 24 X 14 21 X 10
- V 36 X 22 3o X 16
— VI
....... 28 X 14 25 X 9
Nous avons représenté en outre, dans les figures 6, 7, 8, 9, 10, i,les 1
dimensions des cellules de la couche granulaire externe (u') et de la
m0 couche, pour montrer, d'une part, la différence de volume et de
structure entre l'état normal et l'état pathologique.
La plupart des anatomistes se sont contentés de donner un chiffre
moyen de l'épaisseur de l'écorce sans porter leur attention sur les varia-
tions régionales qui sont, cependant, considérables. Mais certains
auteurs (Hammaberg, Kæs, Brodmann et Marinesco) ont montré que
l'écorce cérébrale n'a pas la même épaisseur, mais qu'elle varie d'une
région à l'autre, qu'il y a des zones très larges comme il y en a d'autres
très étroites. Pour plus de détails je renvoie le lecteur à mon travail
antérieur1, où la question a été étudiée d'une façon complète. Or la
1. MARINESCO. Quelques recherches de paliométrie. Revue neurologique,
H,DELARUE ÉDITEUR, PARIS
mensuration de l'épaisseur des couches I-III, IV-VI, chez le sujet normal
et chez notre myxœdémateuse, permet de constater que l'épaisseur de
l'écorce est sensiblement diminuée chez la malade. Il n'y a que dans le
type quarante-sept où nous ayons trouvé que les couches IV-VI sont plus
larges que chez le sujet normal. Ceci, à coup sûr, est une particularité
qui n'infirme pas notre proposition en général, que l'épaisseur de
l'écorce cérébrale n'atteint pas les mêmes proportions que chez le sujet
normal. Puis, dans certains types, la diminution de l'épaisseur chez
notre myxœdémateuse porte surtout sur les couches I-III.
Épaisseur des couches
Sujet normal. Myxœdème.
I-III IV-VI I-III
Types 8.... 250 ¡J. (agranulaire) 66 [A
IV-VI
140 a
— 10.... 72 146 [J. 44 70
— 17.... 60 160 36 go
— 18.... 56 105 44 100
— 19.... 60 13o 40 80
— 20.... 88 120 60 88
— 22.... 62 140 60 120
— 44....
45...
66 142 34 140
— 70 145 50 100
—
—
....
46
47....
70
70
82
go
70
64
80
120
Dans les noyaux de la base nous ne trouvons pas de modifications
sensibles des fibres et des cellules nerveuses, sauf une diminution de
volume. Mais les coupes du corps strié, traitées par la méthode du bleu
de Turnbull, montrent dans le globus pallidus que l'infiltration des
vaisseaux par le fer est considérable et ne se limite pas au réseau capil-
laire (fig. 12 et 13). Elle intéresse les vaisseaux qui possèdent une
tunique musculaire, et on constate que ce sont les fibres musculaires
longitudinales ou transversales qui contiennent des granulations de fer.
Cette localisation donne aux vaisseaux un aspect tout à fait caracté.
ristique, car la gaine interne et l'externe restent incolores par les
méthodes qui mettent en évidence le fer. Il y a en outre du fer dans les
cellules névrogliques interstitielles et satellites. Le fer, qui se dépose
d'habitude dans la tunique moyenne, existe parfois dans la tunique
externe. Dans la paroi de quelques vaisseaux, on voit des globes énormes
d'aspect concentrique qui prennent la réaction du fer. Les corpuscules
et les boules concentriques ne sont pas constituées exclusivement par
du fer, car la thionine comme l'hématoxyline montrent une quantité
énorme de telles formations dans la paroi des petits vaisseaux et même
à l'intérieur des capillaires, qui sont parfois oblitérés par ces corpus-
Il
Après avoir exposé les lésions que nous avons trouvées dans les
organes et surtout dans le système nerveux de notre malade, nous allons
les analyser de plus près pour fixer leur valeur. Comme on l'a vu, le
changement morphologique essentiel que nous avons rencontré consiste
dans une diminution du volume des cellules nerveuses et de leurs pro-
longements qui est beaucoup plus accusée dans l'écorce cérébrale que
dans les centres de la base ; le bulbe, les cellules radiculaires de la moelle
montrent une réduction moins importante.
Consécutivement à la réduction de volume des cellules susgranulaires
et de leurs ramifications dendritiques, nous constatons une diminution
du nombre des fibres qui forment les diverses espèces de fibres tangen-
tielles. Cette lésion a été constatée, par R. Rondoni et par nous-même,
dans d'autres formes d'idiotie, soit inflammatoires, soit constitutionnelles,
telles que l'idiotie amaurotique et l'idiotie mongolienne.
Les autres particularités qui indiquent un arrêt de développement de
l'écorce cérébrale sont, d'une part, la persistance de la couche granulaire
dans certains types de l'écorce et, d'autre part, la persistance des cellules
de Cajal non seulement au niveau de la circonvolution de l'hippocampe,
mais aussi dans d'autre régions de l'écorce cérébrale. Comme on le sait,
les auteurs classiques : Meynert, Krause, Betz, Bevan Lewis et Clarke
avaient admis que la Ire couche ou zonale est dépourvue de cellules
nerveuses. C'est Cajal et Golgi qui ont établi, pour la première fois,
l'existence de pareilles cellules et le premier de ces auteurs a décrit dans
la i" couche de l'écorce, chez la plupart des mammifères, trois types
cellulaires : cellules polygonales, cellules fusiformes horizontales et
cellules triangulaires. Retzius a soutenu que cette classification de
Cajal ne peut pas s'appliquer aux cellules de la couche zonale du
fœtus humain. Chez ce dernier, les cellules fusiformes sont assez rares
et la structure des éléments de la Ire couche est à peine comparable à
celle de certains mammifères.
Ranke i
Les cellules de Cajal ont fait l'objet d'une étude approfondie de
qui a fait porter ses recherches sur le développement de l'écorce
cérébrale du fœtus humain à partir du commencement du troisième
mois. A mesure que la couche zonale se développe, les cellules de Cajal
augmentent de nombre et de volume et descendent dans la profondeur.
A la fin du quatrième mois, on les retrouve au bord interne de la couche
granulaire externe. Ce qui caractérise, suivant Ranke, l'évolution des
cellules fœtales de Cajal, c'est qu'elles commencent à subir une évolu-
tion régressive, alors que les autres éléments de l'écorce sont à peine
différenciés.
Chez le nouveau-né les cellules de Cajal sont réduites, quelques-unes
seulement offrent un noyau distinct, les autres sont plus ou moins
effacées.
destruction des éléments de l'écorce; II, des idioties dues à des lésions
diffuses de l'écorce; et III, les idioties dépendant d'un trouble de déve-
loppement primitif de l'écorce : aplasie, agénésie.
Sans doute que cette classification rationnelle constitue déjà un progrès
sensible, mais à coup sûr les variétés histopathologiques d'idiotie sont
beaucoup plus nombreuses.
En tout cas l'idiotie myxcedémateuse se rattache à la classe des
maladies dues à un retard dans le développement des cellules nerveuses
de l'écorce et surtout de leurs prolongements. Et nous allons passer à
présent à la cause qui produit, à notre avis, le ralentissement du déve-
loppement des neurones corticaux.
Par contre, l'athyroïdie, comme chez notre malade, a pour consé-
quence de réaliser un ralentissement considérable de la croissance de
tous les tissus et organes et qui a entraîné une diminution de leur capa-
cité fonctionnelle. En effet, il y a une diminution pondérale considé-
rable de tous les organes et une diminution volumétrique de tous les
éléments des viscères et du système nerveux central. Il est vrai que cette
diminution offre une certaine systématisation en rapport avec la succes-
sion du développement des différents centres nerveux, frappant surtout
ceux qui atteignent tardivement leur organisation définitive. Ceci nous
explique le fait que les cellules radiculaires de la moelle et du bulbe ont
été moins éprouvées dans leur évolution, de même que les cellules de
I. Pietro RONDONI. Beiträge zum Studium der Entwickelungs-Krankheiten
des Gehirns (Arch. f. Psych, vol. 45, p. 1004. 1901)).
Betz, tandis que les éléments d'association et surtout les couches des
pyramides susgranulaires du néopallium se sont ressenties plus de
l'absence de sécrétion thyroïdienne. La croissance normale des neurones
et des prolongements est compatible avec un optimum de température,
au voisinage de 37, entretenu par l'activité du corps thyroïde. Or,
l'absence de la glande thyroïde diminue l'intensité des oxydations et,
secondairement, la thermogénèse. Alors, le trouble de la croissance des
organes qui en résulte, l'hypothermie et le ralentissement de la crois-
sance de certains neurones sont secondaires à l'athyroïdie. C'est toujours
le ralentissement, voire même l'arrêt du développement normal qui peut
rendre compte de certains détails histologiques que nous avons décrits,
à savoir : la diminution ou l'absence de certaines fibres d'association
représentées par les fibres tangentielles situées au-dessous de la couche
zonale : la strie de Kaes-Bechterew qui est la plus atteinte, la strie externe
de Baillarger et les ramifications interradiaires. Les fibres radiées ont eu
moins à souffrir, mais elles n'avancent aussi haut qu'à l'état normal, les
faisceaux sont moins compacts et leurs fibres moins nombreuses. Par
contre, les fibres tangentielles qui se trouvent dans l'archipallium sont
mieux conservées.
Les phénomènes biologiques, comme les réactions chimiques, sont
modifiés par la chaleur. Les battements du cœur, les mouvements res-
piratoires, les mouvements des cils vibratiles comme la phagocytose,
ont un coefficient de température.
L'élévation de la température accroît la vitesse des réactions chimi-
ques ; cette augmentation obéit à la loi de Van't Hoff et Arrhenius :
III
Pour comprendre le mécanisme physiologique des lésions du
névraxe et des organes que nous avons décrites dans le myxœdème qui
relèvent de l'athyroïdie, il faudrait connaître, d'une façon précise, les
fonctions du corps thyroïde. On a attribué, comme on le sait, à cette
glande des fonctions très différentes1 en apparence, telles que la fonction
morphogénique,la fonction trophique et la fonction catabolique. Mais, en
réalité, sa fonction principale est d'accélérer et de maintenir à un niveau
constant les oxydations et, par conséquent, la température du sujet. Le
contrôle du métabolisme du calcium et d'autres ions pour l'activité des
cellules, les hydrates de carbone, l'influence sur le tonus artériel, etc.,
1. Le lecteur désireux d'être renseigné sur la physiologie et la pathologie
de la thyroïde est prié de consulter :
Professeur Ottorino Rossi. Disfunrione tiroïdea.
C. I. PARHON et M. GOLDSTEIN. Traité d'endocrinologie. Tome Ier. La glande
thyroïde. Jassy, 1923.
PENDE ; Endocrinologia. Milano, 1920.
BIEDL : Innere Sekretion. 2 vol, Berlin-Vienne, 1916.
dérivent de cette fonction primordiale qui est le maintien, à un niveau
constant, des oxydations. On peut dire que les malades, comme les
mammifères privés du corps thyroïde, se comportent, en quelque sorte,
comme les animaux hétérothermes.
L'administration d'une petite quantité de thyroïde aux jeunes ani-
maux favorise leur développement. Schoffer a vu que l'ingestion d'une
faible proportion de tissu thyroïdien détermine tout d'abord une augmen-
tation de l'appétit, spécialement pour les tout petits animaux. On note
une accélération de leur croissance, une rétention en excès de l'azote
dans l'organisme. En même temps le métabolisme azoté est fortement
accru, les excrétions contiennent plus d'azote que celles du sujet normal.
L'azote urinaire surtout est nettement plus élevé. Il en est de même de
l'excrétion du phosphore, de la chaux et de la magnésie. En somme, le
métabolisme est activé. Depuis longtemps on savait qu'au cours de
l'administration de la thyroïde une exagération du procès d'oxydation a
lieu. Les recherches de Magnus Levy avaient montré que, sous l'influence
de l'administration de thyroïde, l'oxygène absorbé est en plus grande
quantité et l'acide carbonique éliminé est consécutivement en plus
grande quantité.
La chaleur, comme le remarque très bien Lefebvre, est l'excitant
essentiel de l'activité protoplasmique. Elle représente en physiologie
une énergie essentielle dont l'influence stimulante permet à la cellule de
dégager toutes les énergies potentielles nécessaires au développement de
sa vie. Mais dans une même cellule coexistent diverses matières fer-
mentescibles (protéiques, graisses, hydrocarbonées), à chacune desquelles
correspond un ferment soluble, dont l'activité elle-même est fonction de
la température. Or chez tous les myxœdémateux congénitaux il y a une
baisse de température atteignant 2° à 2°, 5, suivant la saison. Cet abais-
sement de température retentit sur l'activité des ferments qui se trouvent
dans divers éléments cellulaires. Il diminue non seulement leur activité,
mais aussi leur quantité. Nous avons vu, en effet, que dans notre cas de
myxœdème, comme chez l'animal éthyroïdé, la quantité de ferments
oxydants avait diminué dans les viscères.
Les recherches que nous avons pratiquées il y a déjà quelque temps
sur l'influence de l'ablation du corps thyroïde ont montré que cette
opération retentit, mais d'une façon inégale, sur la cicatrisation des
extrémités des nerfs sectionnés, sur la dégénérescence des fibres ner-
veuses et la formation des colonies de cellules apotrophiques ou sur le
syncytium de Schwann, enfin sur la croissance et la progression des
fibres du bout central. Mais, si la cicatrisation qui se forme à l'extrémité
du nerf sectionné est peu entravée, la dégénérescence des fibres du bout
périphérique est manifestement retardée à la suite de l'ablation du corps
thyroïde. Même les phénomènes de métamorphose des fibres sectionnées
se développent quelquefois plus tard chez les animaux éthyroïdés et
n'atteignent pas l'épanouissement qu'ils ont chez les témoins. La frag-
mentation et la résorption des axones périphériques interrompus met
encore incomparablement plus de temps à s'achever chez l'animal
éthyroïdé. Les recherches de M. Walter,qui a repris ces expériences sur'
une échelle plus étendue concordent avec les nôtres et il faut noter que
cet auteur n'avait pas pris connaissance de nos études antérieures aux
siennes. Les expériences de M. Walter ont été pratiquées sur des lapins
et ses conclusions concernent seulement les fibres à myéline. Basé
sur le rôle trophique des parathyroïdes chez le rat jeune, le travail de
Walter a fait quelques restrictions sur le rôle qu'auraient pu avoir les
parathyroïdes, dans nos expériences pratiquées sur les chiens et les
chats. Néanmoins les propres expériences de Walter lui ont démontré
le rôle qu'exerce la glande thyroïde sur la régénérescence. Même plus,
dans un autre travail récent le même auteur rapporte des observations
de thyroïdectomie chez des tritons (Fr. cristatus et alpestris) chez
lesquels il s'est produit un arrêt de régénérescence des membres amputés
et par cela même il apporte une nouvelle preuve en faveur de notre opi-
nion antérieure.
Des expériences entreprises avec M. J. Minéa1 sur les phénomènes
réactionnels des centres nerveux consécutifs à la section des nerfs, sur
la dégénérescence et la régénérescence, également soumis à l'influence
des variations de température, sont très suggestives et nous permettent,
dans une certaine mesure, d'interpréter le retard dans la croissance des
éléments organiques chez notre myxœdémateuse. C'est ainsi, après avoir
sectionné leur sciatique, que nous avons exposé une série de grenouilles
à 0°, une seconde série à 16° et la troisième à 270.
Le premier groupe ne présente, au bout de vingt-quatre jours, que des
phénomènes tout à fait légers de réaction dans les cellules radiculaires
du nerf sectionné et les phénomènes dégénératifs des fibres du bout
périphérique sont tout à fait insignifiants. La moelle des animaux con-
servés à la température de 16° offre, au bout du même laps de temps,
des lésions consistant essentiellement dans le gonflement du corps
cellulaire, du noyau et du nucléole. L'augmentation du volume porte
surtout sur le diamètre transversal de la cellule et il y a une légère
dislocation du noyau. Il n'y a pas de réunion apparente des bouts
sectionnés, les fibres du segment périphérique sont en voie de régéné-
rescence active et même on en aperçoit quelques-unes de nouvelle for-
mation, venant du bout central.
Tous ces phénomènes sont arrivés au maximum chez la grenouille
gardée à l'étuve à 270, pendant vingt-quatre jours. Même plus, quelques
cellules offrent des phénomènes manifestes de restitution ad integrum
ÉD-TEUH.
DELARUE
H.
E~"
'
L'ENCÉPHA
PAfiiS
MAROTTE.
LÉúN
HfLiO
et, d'autre part, il y a un névrome de régénérescence au niveau du nerf
sectionné, contenant beaucoup de fibres de nouvelle formation et le
bout périphérique est en partie neurotisé par de nombreuses fibres
fines.
La conclusion qui s'impose, à la suite de ces expériences, c'est que la
température accélère, dans une certaine limite, l'action des ferments, soit
i
protéolytiques, soit oxydants.
Legendre et Minot ont étudié l'influence de la température sur la
conservation des cellules nerveuses des ganglions spinaux hors de
l'organisme. A la température du corps, ces auteurs ont constaté qu'elles
se modifient rapidement, sauf quelques-unes qui présentent un début
de réaction consistant en la formation de nouveaux prolongements ; ces
phénomènes sont analogues à ceux observés dans les greffes. A I5-20°,
les cellules réagissent peu et conservent jusqu'au quatrième jour leur
aspect normal. A 00 elles se conservent également, mais, semble-t-il,
moins longtemps et d'une manière moins parfaite.
L'action stimulante de la glande thyroïde sur le développement du
système nerveux a été mise en évidence plus récemment par Champy3.
Cet auteur a constaté que les tétards thyroïdisés de deux à cinq jours
présentent une multiplication mitotique beaucoup plus active des élé-
ments périépendymaires de l'encéphale que chez les témoins. Cette
multiplication ne dure pas jusqu'à la fin et ne s'observe que dans des
zones nettement localisées. C'est surtout dans l'encéphale qu'elle est
évidente. Il eût été d'une grande importance de déterminer dans quelle
région exacte, dans quels noyaux sensitifs ou moteurs elle se localise.
Mais l'auteur n'a pas eu le temps de le faire.
La moelle et les ganglions spinaux ne prolifèrent guère. Enfin nous
devons citer les expériences toutes récentes de Hammett3 qui a pratiqué
la thyroparathyroïdectomie pour voir leur influence sur la croissance
du cerveau et de la moelle épinière des rats albinos âgés de cent à cent cin-
quante jours. Il résume ses constatations de la manière suivante : l'ablation
de la glande thyroïde est suivie d'un retard considérable de la croissance
du cerveau et de la moelle. Ce phénomène est plus accusé chez la femelle
et intéresse plus le cerveau que la moelle. L'ablation de la glande para-
thyroïde n'a qu'une influence minime sur la croissance des centres
nerveux. La cause du retard de la croissance du cerveau par rapport à la
croissance de la moelle épinière dépend, d'après Hammett, de la moindre
PLANCHE IV
FIG. 12. — Présence de globes ferrugineux dans la paroi des vaisseaux
(myxœdème) (g f, g f, g f"). — Ocul. 2. Immersion.
FIG. i3. — Veine dilatée du globus pallidus montrant dans sa paroi des
corpuscules ou des globes colorés en bleu par la méthode de Turnbull. —
Obj. 8. Ocul. 4.
FIG. 14. — Coupe du globus pallidus montrant le dépôt de pseudo-calcium
soit dans la paroi des capillaires (c, c', c"), soit dans le parenchyme nerveux
(p. n.).
FIG. 15. —Cellules radiculaires de la corne antérieure du IER segment
sacré, montrant, en dehors d'une légère diminution de volume, une structure
à peu près normale.
PLANCHE V
EDITEUR,
DELARUE,
PAflig
MAROTTE.
LÉON
HÉLIO
PARIS
EDITEUR,
DELARUE.
Pl,(,,S
MAROTTE.
LÉON
HÊLIO
HÉLIO LÉON MAROTTE, PARU H. DELARUE ÉDITEUR. PARIS
ments sont infiltrés de glycogène; b, cellule remplie de glycogène et en voie
de destruction.— Ocul. 2. Obj. 6.
PLANCHE VI
FIG. 19. — Coupe de l'écorce cérébrale au niveau du type 17. La strie de
Vicq d'Azyr est moins bien développée que chez le sujet normal (fig. 20), les
fibres radiées n'arrivent pas jusqu'au niveau normal. Les fibres sous-radiées
sont absentes. Conservation relative des fibres tangentielles de la couche
iÕiiale. A comparer avec la figure suivante.
FIG. 20. — Coupe pratiquée au même niveau que la figure précédente.
Elle montre la strie de Vicq d'Azyr bien nette. Les fibres radiées arrivent
-
jusqu'à un niveau supérieur à celui du myxœdème. Présence d'une strie Kaes
Betcherew. Ocul. 2. Objectif 2.
PLANCHE VII
FIG. 21. — Coupe de la pariétale ascendante au niveau du type 2. Myxœ
dème. Diminution defibres inter-radiaires. Absence de fibres supra-radiaires.
(Méthode de Weigert-Pal.)
FIG. 22. — Même région que le cas précédent, sujet normal. Les fibres
inter- et supra-radiées mieux développées que dans la figure précédente.
(Méthode de Weigert-Pal.) — Ocul. 2. Obj. 2.
PLANCHE VIII
FIG. 23. — Coupe de l'écorce cérébrale au niveau du type 22. Les fibres
radiées, assez denses, sont bien développées. Disparition des fibres inter-
radiées. Les stries de Kaes-Betcherew et la strie externe de Baillarger ne sont
pas développées. Ces modifications sont très visibles lorsqu'on compare cette
image avec la figure suivante ; elle permet de constater en outre la différence
d'épaisseur de l'écorce.— Ocul. 2. Obj. 2.
FIG. 24. — En raison de l'épaisseur considérable de l'écorce, on n'a figuré
que les faisceaux de fibres radiés et non pas la substance blanche, comme
dans la figure précédente. Développement normal des fibres inter- et supra-
radiées, qui manquent dans la figure précédente. — Méthode de Weigert-
Pal. Ocul. 2. Obj. 2.
PLANCHE IX
FIG. 18. — Corpuscule tactile du cas de myxœdème, méthode des oxy-
dases, simplification des révolus du cylindraxe, qui, dans la partie préter-
minale contient des ferments-oxydases.— Ocul. 2. Obj. imm.
FIG. 25. — Coupe transversale du biceps (myxœdème) montrant une lésion
spéciale consistant dans l'apparition d'une substance d'apparence homogène
ou grenue, colorée, par l'hématoxyline à la périphérie de la fibre et pouvant
envahir la fibre elle-même. Parfois, cette substance contient des noyaux du
sarcolème. Les fibres a, b, c montrent nettement cette lésion spéciale. —
Ocul. 2. Obj. imm.
FIG. 26. — Coupe de l'ovaire (myxœdème). Quelques follicules sont en
état athrepsique ou par arrêt de développement ont conservé leur structure
primordiale. — Ocul. 2. Obj. 7.
FIG. 27. — Coupe au niveau de l'hippocampe, montrant dans lalre couche
plusieurs cellules de Cajal (c, C). — Ocul. 3. Obj. 4.
LES INFLUENCÉS
SYNDROMES ET PSYCHOSES D'INFLUENCE 1
PAR
André CEILLIER
qui est en moi et moi je ne suis rien et lui est tout. » Mlle G... pense qu'on a
voulu faire d'elle une artiste ou bien qu'on a voulu la soigner. De même
Mme Enf... et Mme Mu... croient qu'on les soigne à distance. Dans ces
délires de protection, le malade s'abandonne complètement, il se laisse diriger
et conduire; le sentiment d'emprise sur la volonté n'est pas combattu et le
sentiment d'influence est très développé.
DÉLIRE DE PERSÉCUTION. — Cette forme est la moins typique, elle est très
rarement pure. Elle est souvent précédée, comme chez le persécuté vulgaire,
d'une longue phase d'inquiétude, avec interprétations multiples. Les hallu-
cinations sensorielles n'y sont pas exceptionnelles. Les réactions sont souvent
celles des persécutés. Pour ma part, la plupart des persécutés influencés que
j'ai vus m'ont paru être des persécutés type psychose hallucinatoire chronique,
chez qui existaient quelques phénomènes et quelques idées d'influence. La seule
constatation d'hallucinations psychiques ne suffit pas pour étayer un diagnostic
de délire d'influence. L'écho de la pensée, les hallucinations psychiques ne
sont pas exceptionnelles au cours de la psychose hallucinatoire chronique.
Il existe cependant quelques observations où un délire de persécution parait
bien relever du délire d'influence mais, dans ces cas, il s'agit beaucoup moins
du délire d'influence par désagrégation vraie de la personnalité que par inter-
prétation de phénomènes plus ou moins automatiques. En effet, on ne trouve
guère les symptômes les plus importants de la dissociation psychique: les
actes automatiques irréductibles d'emblée, les hallucinations psycho-motrices
verbales, les transformations profondes de la sensibilité. Tout se borne à
l'hallucination psychique et à l'interprétation de certains actes et sentiments.
Il doit n'y en avoir qu'un, qui s'est presque comme incarné en moi. Je le sens
l,
sédés et qui a fait l'objet d'une bonne thèse de mon ami Lévy-Darras. Je
citerai aussi les travaux de Arnaud Voisin2, Falret3. Je n'en étudierai pas
ici la symptomatologie,car je ne ferais que me répéter, cette psychose pré-
sentant les symptômes et les formes cliniques étudiés tout au long de cet
article. Je dirai seulement quelques mots de leur évolution générale et je
discuterai ensuite leur existence en tant qu'entité nosographique, pour la
réfuter.
La psychose d'influence (j'emploie ce terme consacré par l'usage, sans y
attribuer la valeur d'une entité morbide) doit être très exceptionnelle chez
l'enfant, car je n'en ai observé aucun cas. Chez le vieillard,je n'ai obs.ervé que
des idées d'influence éphémères, mais jamais un syndrome véritable. Le plus
souvent elle apparait chez l'adulte jeune, de vingt à trente ans. Ceci est à
noter, car la psychose hallucinatoire chronique paraît avoir plus souvent un
début plus tardif. Cette remarque n'est pas absolue car j'ai vu apparaitre le
syndrome influence chez la femme au moment de la ménopause, mais jamais
après. La psychose d'influence est de beaucoup plus fréquente chez la femme.
Ces deux constatations ne nous étonneront pas, car dans un grand nombre
de cas (ainsi que nous le verrons à la fin de cet article) le syndrome d'influence
paraît avoir pour cause psychologique soit un choc émotif sexuel, soit un
refoulement de tendances sexuelles inassouvies (or ces causes sont plus fré-
quentes chez la femme), et pour cause physiologique, ainsi que l'a indiqué
M. de Clérambault dans une toute récente communication, des troubles endo-
criniens. Je vois aussi une raison de cette prépondérance dans le sexe féminin
dans ce fait que la femme a souvent une personnalité moins « cohésive »,
qu'elle est plus suggestible, plus « influençable » et aussi plus portée aux
inquiétudes religieuses.
L'évolution est infiniment variable, mais le pronostic ne pourra jamais se
fonder sur le seul examen des phénomènes d'influence. Un syndrome peut
PAR
Mlle G. LÉVY et M. L. VAN BOGAERT
La fréquence et la constance de
cette courbe respiratoire particulière
nous a frappés, et paraît mériter l'attention.
D'autres auteurs, d'ailleurs avant
nous, ont déjà constaté ce fait au
cours de recherches analogues.
C'est ainsi que MM. Klippel et Bœteau* obtiennent des tracés de
respiration ondulante, mais irrégulière, dans des cas de paralysie géné-
rale et de mélancolie. Et M. Jacques Parisot', à la suite de ces auteurs,
cherche à isoler le « tremblement respiratoire » du tremblement général
chez certains malades (paralysie générale) sclérose en plaques, paralysie
agitante, tremblement sénile.
Il n'est pas, bien entendu, besoin d'éliminer ici des causes pulmo-
naires ou cardio-rénales. Nous n'avons pris nos courbes que sur des
malades indemnes de lésions de cet ordre. Un tracé pris chez un
pseudo-bulbaire emphysémateux nous a d'ailleurs montré une courbe
uniformément symétrique aux deux phases respiratoires, mais non
ondulante.
Peut-il s'agir d'un tremblement transmis?
Nous avons pu constater dans un cas de parkinsonisme avec trem-
blement, et dans un cas de tremblement sénile, l'absence de cette courbe
ondulante.
Le Professeur A. AUSTREGESILO
(Rio-de-Janeiro)
I. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
— Il. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE.
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU JEUDI 3 AVRIL 1924
Présidence de M. Crouzon
A propos de la communication de MM. Souques et Ducroquet, par M. L. Ba-
bonneix. — A la dernière séance, M. J. Sicard a mis en doute l'existence,
dans la paralysie infantile, d'un signe de Babinski vrai, lié à des lésions
centrales. On connaît, cependant, un certain nombre de cas où les neurolo-
gistes les plus qualifiés l'ont observé, soit au début, d'une manière tempo-
raire, soit pendant toute la durée de la maladie.
D'ailleurs, si, dans la paralysie infantile, il est toujours lié à une paralysie
du court fléchisseur du gros orteil, comment expliquer qu'il puisse s'associer
à d'autres signes de la série spasmodique trépidation spinale, exagération
d'un ou de plusieurs réflexes tendineux? Comment interpréter les cas où, la
paralysie s'étant localisée aux membres supérieurs, on l'a constaté, de la
manière la plus nette?
Dystrophies osseuses et dermatolysie au cours d'une maladie de Reckling-
hausen, par MM. Michel Regnard et Robert Didier. —Jeune femme de vingt-
six ans atteinte d%ne maladie de Recklinghausen classique avec grosse tache
mélanodermique à la face postérieure de la cuisse gauche; le pied gauche
présente de la dematolysie et la radiographie montre des altérations du
squelette consistant en élargissement du tibia, tassement et aplatissement
du calcanéum et vacuoles osseuses développées dans l'épaisseur de l'astra-
gale et du calcanéum.
Sur une méthode colorimétrique de dosage du sucre dans le liquide céphalo-
rachidien. — M. Mestrezat propose un procédé précis pour le dosage du
sucre dans le liquide céphalo-rachidien. Jusqu'alors, il fallait avoir recours à
un chimiste. L'auteur expose une méthode simple, facilement applicable
en clinique, basée sur la méthode colorimétrique et une échelle colorimé-
trique stable permettant un dosage précis.
Nystagmus du voile associé à un nystagmus oculaire, synchrone à des secousses
myocloniques de la face et des masticateurs, synchrones également. Syndrome
de Foville avec hémiaparesthésie, hémitremblement et hémiasynergie modérée.
Lésions probables de la calotte protubérantielle, par MM. Ch. Foix et P. Hille-
mand. — Observation d'un malade présentant un syndrome complexe dont
les éléments sont les suivants 1° syndrome de Foville avec paralysie des
mouvements vers la droite, hémiparésie gauche, hémitremblement parkin-
soniforme, hémiasynergie légère, le tout à gauche ; 20 secousses rythmiques
myocloniques au niveau des yeux, du voile du palais, du larynx, de la face et
peut-être des muscles masticateurs. Syndrome apparu à la suite d'un ictus,
sans perte de connaissance ; probablement petit ramollissement. Les secousses
de l'œil sont nettement nystagmiques, nystagmus à la fois latéral et rotatoire,
dirigé vers la gauche. Secousses faciales plus légères et prédominant à droite.
Masticateurs probablement touchés. Les réactions vestibulaires ne pro-
voquent guère de changement dans le nystagmus, mais le labyrinthe n'est
pas inexcitable. La réaction vertigineuse est conservée.
Il est difficile en présence du syndrome de Foville de ne pas faire le dia-
gnostic du syndrome de la calotte protubérantielle supérieure. Il est moins
aisé d'interpréter le tremblement parkinsoniformeet les phénomènes de type
cérébelleux associés. Les auteurs pensent que ces derniers peuvent être assez
vraisemblablement rattachés au faisceau central de la calotte. Quant au
nystagmus du voile, les lésions trouvées dans les cas publiés antérieure-
ment vont du tubercule quadrijumeau antérieur (Wilson) jusqu'au bulbe
(Oppenheim). Il s'agit presque toujours d'une tumeur et les tumeurs du cer-
velet sont le plus fréquemment observées. La participation du syndrome de
la face et des deux yeux ne permet guère d'invoquer chez le malade présenté
une altération nucléaire. La bilatéralité du nystagmus oculaire et du nys-
tagmus du voile fait penser à une lésion paramédiane et l'association du
syndrome de Foville rappelle l'attention sur le faisceau longitudinal posté-
rieur. Cette hypothèse cadrerait assez avec les lésions publiées dont la hau-
teur est très différente, mais qui peuvent atteindre ce faisceau, soit directe-
ment, soit par compression.
Sarcome périthélial de la queue de cheval avec xanthochromie du liquide
céphalo-rachidien au-dessus de la tumeur. Localisation par le lipiodol. Ablation
chirurgicale. — MM. Georges Guillain, Th. Alajouanine, P. Mathieu et
I. Bertrand rapportent l'observation d'un malade de dix-neuf ans chez lequel,
en l'espace de trois mois, se développa un syndrome de la queue de cheval
caractérisé par des douleurs violentes, des troubles moteurs dans le territoire
des sciatiques avec modification des réactions électriques, l'abolition des
réflexes achilléens, médio-plantaires et péronéo-fémoraux postérieurs, des
troubles de la sensibilité dans le domaine des racines sacrées, des troubles
sphinctériens et génitaux. L'injection de lipiodol fut très précieuse dans ce
cas pour fixer la hauteur de la compression, l'opération permit de faire l'abla-
tion d'une tumeur siégeant entre L3 et Li au niveau exact de l'arrêt du lipiodol.
A la suite de l'intervention, le malade s'améliora progressivement.
Les auteurs attirent l'attention sur ce fait que la ponction lombaire pra-
tiquée au-dessus de la tumeur montra un liquide céphalo-rachidien xantho-
chromique et hyperalbumineux. Cette constatation faite aussi récemment
par Cushing et Ayer est contraire aux notions classiques qui spécifient que
la xanthochromie et le syndrome de Froin indiquent une compression sus-
jacente. Il est vraisemblable que la xanthoc.hromie constatée au-dessus de
la tumeur n'est pas due, comme dans les cas habituels du syndrome de
Froin, à l'existence d'une cavité close, mais à une transsudation hématique
à la surface supérieure de la tumeur. Cette notion de la xanthochromie pos-
sible du liquide céphalo-rachidien au-dessus d'une tumeur de la queue de
cheval est importante à connaître pour éviter des erreurs de localisation de
la tumeur.
La nature histologique de la tumeur observée chez ce malade est très
spéciale. Il s'agit d'une tumeur conjonctivo-vasculaire, d'un sarcome péri-
thélial, tumeur diffuse très vasculaire et dissociée par de multiples hémor-
ragies interstitielles. Ce périthéliome, par son origine vasculaire, par sa dif-
fusion, par son pouvoir d'infiltration et d'envahissement, est une tumeur
maligne, ne présentant aucune analogie avec le fibro-gliome pédiculé radi-
culaire, cause fréquente de compression médullaire.
Discussion :
sans cause appréciable ; les auteurs les ont vues se produire sous l'influence
d'une faradisation musculaire prolongée ; peut-être l'émotion, la peur d'avoir
la crise ou même peut-être simplement l'idée de l'avoir peuvent-elles la pro-
voquer. Cette dernière notion, rapprochée des attitudes bizarres, singulières ,
presque étonnantes que prend le malade, pourrait donner à penser que ces
crises sont pithiatiques. Sans doute il est toujours difficile d'affirmer qu'une
part pithiatique ne vient pas corser un élément organique ; cependant,
MM. V. et C. croient que ces crises sont pour la plus grande part réellement
d'ordre organique il est d'autres parkinsoniens chez lesquels la contracture
s'établit brusquement dans certaines conditions; certains gestes, on le sait,
sont figés en voie d'excitation. Cet homme présente des attitudes singulières,
persistantes longtemps, quoique incommodes, reproduisant certaines défor-
mations que l'on s'accorde à reconnaître comme organiques, celle de la
tétanie par exemple. Il présente de plus certaines perturbations musculaires
d'ordre physique que la volonté est impuissante à reproduire; c'est ainsi
que le muscle trapèze garde la contraction qu'on a déterminée en le sou-
mettant à un courant tétanisant de moyenne intensité. Un phénomène de
même ordre, mais plus rare, existe chez le malade au niveau des muscles
de la face ceux-ci gardent les déformations ou les plis que détermine
l'électrisation des différentes branches du nerf facial or la volonté est
impuissante à reproduire la plupart de ces déformations.
On peut voir que ces crises, par les attitudes qui les caractérisent, par les
modifications des réactions électriques qui les accompagnent, se rapprochent
de celles de la tétanie.
Torticolis spasmodique. Guérison. — M. Babinski présente deux malades
guéris d'un torticolis spasmodique par résection du spinal.
Discussion
M. Meige estime qu'il y a deux sortes de torticolis certains s'améliorent
:
Présidence de M. Truelle
Sur un cas de paralysie générale incipiens. — MM. H. Claude, Targowla et
Santenoise montrent un malade qui, après une phase d'excitation psychique
cohérente, sans délire ni démence, présenta un redoublement d'excitation
avec vagues idées délirantes, céphalée et vomissements qui purent être rat-
tachés à une hémorragie méningée. La réaction de Bordet-Wassermann était
positive dans le liquide céphalo-rachidien. Traité et considérablement amé-
lioré, le malade allait sortir, mais une nouvelle ponction lombaire révéla
un syndrome humoral paralytique. Ces caractères du liquide céphalo-rachi-
dien, joints à l'action dissociée de la thérapeutique,firent retenir le malade.
On constata ensuite la disparition progressive de haut en bas et asymétrique
des réflexes tendineux, l'éclosion de la dysarthrie, et de troubles oculaires
discrets. Au point de vue mental, euphorie, docilité, légère irritabilité, sans
démence. Ce syndrome qui s'est développé malgré le traitement, la persis-
tance d'un syndrome humoral à peu près immuable, l'excitation psychique
polypragmatique antérieure, la notion de la syphilis dans les antécédents
conduisent les auteurs à poser le diagnostic de paralysie générale et à pré-
ciser les éléments de la période présymptomatique de la maladie de Bayle.
M. Truelle préfère au terme de période présymptomatique, le terme de
période préparalytique des auteurs anciens. On ne peut en effet parler d'une
phase de la maladie dépourvue de tout symptôme clinique. Il relève égale-
ment les contradictions de ce malade comme le signe d'une très légère
déficience intellectuelle.
M. H. Colin insiste sur ce fait qu'il ne faut pas attacher une importance
excessive et exclusive aux signes humoraux. Les signes cliniques conservent
une valeur capitale dans le diagnostic de la paralysie générale.
État de mal épileptique consécutif à la suspension du traitement par le gar-
dénal. — M. Trenel rapporte le cas d'un malade épileptique ancien, et en
traitement dans son service par le gardénal. Ce malade étant parti en per-
mission cessa, malgré les recommandations qu'on lui avait faites, de prendre
son gardénal et mourut à la suite d'un état de mal. M. Trenel insiste à ce
sujet sur la nécessité, lorsqu'on envoie un malade de ce genre en permission,
de lui donner un ordre écrit de continuer son traitement. Il signale en outre
un cas d'état de mal survenu au cours du traitement par le gardénal, état de
mal ayant évolué vers le decubitus acutus et la mort.
M. Marchand insiste également sur l'importance de veiller à la continuité
du traitement par le gardénal, surtout chez les malades de consultation
externe. Il a constaté aussi des cas d'état de mal au cours du traitement par
le gardénal, mais il a l'impression que ces phénomènes sont moins fréquents
avec le gardénal qu'avec le traitement bromuré.
Actes délictueux et pervers à l'occasion d'états intermittents frustes. —
MM. Truelle et Reboul-Lachaux rapportent deux observations de perversions
instinctives au cours d'états intermittents. Ces deux malades présentent des
antécédents héréditaires chargés. Tous deux ont été sujets à des alternatives
d'accès d'excitation et de dépression, assez frustes toutefois. En somme, il
s'agit d'accès maniaques un peu atypiques avec antécédents héréditaires, en
d'autre terme de psychose intermittente sur un fond dégénératif. Les actes
qui sont résultés de cet état ont présenté un certain intérêt médico-légal,
notamment en ce qui concerne la deuxième malade qui a fait un vol dans un
grand magasin. Les auteurs rapprochent des faits de ce genre de certaines
tendances impulsives et de perversions morales consécutives à l'encéphalite
léthargique dont M. Reboul-Lachaux a rapporté un cas à la dernière séance
de la Société médico-psychologique.
M. Targoïola rappelle l'observation d'un malade analogue qu'il a présenté
avec MM. H. Claude et Santenoise.
M. Pactet signale la fréquence de ces manifestations chez les intermit-
tents.
M. H. Claude pose la question de savoir quels sont les rapports qui
existent entre les troubles moraux des dégénérés constitutionnelset les troubles
de même nature consécutifs à l'encéphalite. Il semble bien qu'il y ait lieu de
faire une distinction entre ces deux ordres de perversions, les unes en rap-
port avec la constitution du sujet, les autres paraissant acquises dans un
grand nombre de cas. La conservation fréquente de l'autocritique clans l'en-
céphalite et le regret de l'acte soulignent encore cette différence.
Sur un cas d'obsessions d'origine intellectuelle. — M. et Mme Minkowski
présentent un malade atteint de tics multiples, d'obsessions et surtout de
doute de ses sensations. Le malade est hanté continuellement par le doute
de la solidité des murs de la maison qui l'abrite; il est atteint aussi de la
manie de la symétrie et marche dans la rue à égale distance des deux ran-
gées de maison. Les auteurs font l'analyse psychologique de cet état obses-
sionnel qu'ils rattachent chez ce malade à un souci incessant d'analyse et à
la prédominance excessive dans sa vie psychique des facteurs intellectuels.
H. BARUK.
Présidence de M. Toulouse
Délire interprétatif et traumatisme, par MM. Henri Claude, A. Borel et
Paul Abély. — Il s'agit d'une malade qui présente dès son enfance une double
constitution paranoïaque et imaginative. A la suite d'un traumatisme, occa-
sionné par un accident d'automobile, ces deux constitutions se libérèrent et
s'amplifièrent à la faveur, d'ailleurs, d'une hyperémotivité consécutive à la
commotion et favorisèrent l'éclosion d'un délire à thème interprétatif familial
avec appoint imaginatif. Le polymorphisme actuel de ce délire doit faire
réserver le pronostic.
Paralysies générales stationnaires et prolongées. Rapports du syndrome
clinique et de la formule humorale. — M. P. Carette (Service du docteur
Capgras) présente deux malades entrées dans la paralysie générale il y a cinq
ans. Chez la première, les signes cliniques sont ceux de la forme démentielle
simple, le syndrome humoral, sauf une légère hyperalbuminose, est négatif
et en rapport avec l'arrêt prolongé de l'évolution. Chez la deuxième, la
maladie, quoique modifiée dans son allure, ne s'est pas aggravée et cependant
les altérations du liquide céphalo-rachidien constatées à cinq reprises sont
celles de la syphilis nerveuse en évolution. Comme dans certains de ces cas
atypiques, il y a lieu d'attribuer ce désaccord apparent entre le syndrome
clinique et la formule humorale, à l'existence de foyers inflammatoires déter-
minant les symptômes de localisation constatés dans le cas présent halluci-
nations auditives et cénesthésiques, troubles paréto-ataxiques prédominants
à la face, troubles spasmodiques au niveau des membres inférieurs.
Étude des variations de l'état du système neuro-végétatif chez un obsédé.
(Présentation de malade.) — MM. Claude, Santenoise et Vidacovitch pré-
sentent un obsédé qu'ils ont suivi quotidiennement pendant plusieurs mois
au point de vue clinique, psychologique et biologique.
Ce malade présente des crises d'obsessions-impulsions, c'est un dégénéré
avec stigmates physiques et psychiques.
Schématiquement, les manifestations morbides se sont présentées sous
trois formes
1° Crises anxieuses avec idées obsédantes: dans ce cas, le R. O. C. et le
réflexe solaire sont fortement positifs;
2° État anxieux avec excitation psychique, mais sans crises ; dans ce cas,
on note un état d'hypervagotonie ;
3° État d'hyperémotivité simple dans ce cas, on trouve seulement une
;
hypersympathicotonie.
A côté des variations spontanées des manifestations morbides, on a pu
provoquer d'autres manifestations à la suite d'administration d'agents phar-
maco-dynamiques modificateurs du système nerveux végétatif.
De ces constatations, on peut tirer une double conclusion
1° Certains états obsédants sont étroitement liés à l'hypertonie du vague
et du sympathique ;
2° En diminuant cet éréthisme neuro-végétatif par une médication, par
le gardénal, la belladone et le crataegus, on peut obtenir des améliorations
notables.
Coexistence d'hallucinations sensorielles et psychiques, par MM. D. Sante-
noise, H. Codet et Paul Abély. — Il s'agit d'un malade qui, au cours d'un
état d'excitation avec vagotonie, présente à la fois des hallucinations psy-
chiques et sensorielles.
Le malade les différencie lui-même très nettement, tant par leur origine
« Les unes, dit-il, venant de mon cerveau, les autres de bouches étrangères »,
que par la teinte affective les premières étant encourageantes et favorables,
les deuxièmes agressives.
Les premières apparurent et s'éteignirent lentement et progressivement
en même temps que l'automatisme mental. Les secondes eurent une appari-
tion et une extinction brusques. Enfin le malade, actuellement guéri, réduit
et discute très bien les hallucinations psychiques, il garde au contraire une
foi absolue en l'existence des hallucinations sensorielles.
Ainsi se manifeste ici clairement la différence clinique de ces deux sortes
d'hallucinations
Un cas d'hérédo-syphilis. Maladie de Recklinghausen. (Présentation de
malade.) — Le docteur Marie présente un cas de maladie de Recklinghausen
chez une jeune fille hérédo-syphilitique de vingt-quatre ans (W -f-). Le
membre inférieur gauche est hypertrophié et épaissi avec pigmentation
bronzée. La malade, depuis la puberté, présente un curieux cas d'obsession
zoophilique érotique vis-à-vis d'un cheval auquel elle envoie des lettres
sentimentales curieuses depuis des mois.
H. COLIN.
ANALYSES
Neurologie
SALMON. Le mécanisme des causes des réflexes de défense. (Cervello
II février 1923. Naples.)
Ces réflexes se distinguent des autres réflexes spinaux cutanés et tendi-
neux, ils n'obéissent pas aux mêmes lois et se rencontrent dans la syringo-
mycélie, la maladie de Friedreich, les sections incomplètes de la moelle
dans lesquelles les autres réflexes médullaires sont diminués ou abolis. Les
réflexes de défense sont souvent associés à des exagérations de réactions
vaso-motrices et pilo-motrices, notamment dans la cyanose asphyxique du
nouveau-né. Ces particularités semblent s'expliquer par une lésion du sys-
tème sympathique. Les troubles sympathiques et les réflexes de défense dis-
paraissent ou apparaissent dans les mêmes conditions, ils s'accentuent par
l'ischémie, notamment sur les membres, lorsqu'on y place une bande d'Es-
marck. Lorsque la moelle a été complètement sectionnée, ils existent lorsque
le membre est douloureux et ont un caractère myotonique dans les cas où
l'hyperexcitabilité idio-musculaire et sarcoplasmatiqued'origine sympathique
coexistent. Il est donc probable que le sympathique joue un rôle dans la
genèse de ce réflexe, lorsqu'il est hyperexcité. Ce serait cette origine sympa-
thique qui expliquerait la grande diffusion de ce symptôme, mais est-ce dans
la corne latérale qu'il faut localiser le centre de ce réflexe ou dans les filets
sympathiques qui courent le long des racines postérieures des nerfs ?
L. WAHL
G. FERRUCCIO. Sur une action singulière dela pilocarpine dans les lésions
cérébrales et particulièrementles phénomènes unilatéraux de l'épilepsie.
(Rivista sperimentale di (reniatria, janvier 1923.)
La pilocarpine détermine une exaltation des phénomènes hémilatéraux des
hémiplégiques et dans la paralysie infantile : tremblement parkinsonien, réflexe
tendineux exagérés. Le côté malade présente une sudation moins nette et
des troubles de la sensibilité moins marqués. De même chez les épileptiques
unilatéraux jeunes pendant les accès. Il semblerait donc que, dans les cas
pathologiques, la pilocarpine (Albertoni) aurait une action convulsivante
directe ou indirecte, ce dernier point est difficile à préciser : est-ce une
séquelle avec légère altération du cortex de l'un des hémisphères qui amè-
nerait une légère action convulsivante de la pilocarpine sur le pallium, action
qui n'existe pas normalement? L. WAHL.
AGAGLIA et LEANZA. Quelques constatations sur la pression sanguine
chez les hémiplégiques. (Rivistaltalianadineurologia,psichiatria e d'elet-
troterapia, janvier 1923.)
On sait que l'injection d'adrénaline peut amener une différence de pression
entre les deux côtés chez les hémiplégiques ; ce fait est difficile à interpréter.
Quoi qu'il en soit, l'injection d'adrénaline serait peut-être une épreuve qui
permettrait par ses variations d'apprécier les chances de rétablissement des
fonctions d'un membre paralysé. L. WAHL.
Le .Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
FAR
ANDRÉ-THOMAS
inclusion dans un seul bloc. La disposition des filets nerveux qui entrent en
relation avec chaque ganglion est tellement complexe qu'on ne saurait prendre
trop de précaution à cet égard. D'autre part, sur les coupes qui passent par
l'extrémité du ganglion, par exemple, sur la chaîne entre deux ganglions, il
peut être très difficile de reconnaître la chaîne elle-même au milieu des nom-
breux filets nerveux que comprend souvent la coupe. Ce n'est que par l'étude
des coupes sériées qu'il devient possible de reconstituer la chaîne intergan-
glionnaire et encore serait-il peut-être préférable de prendre dans un seul
bloc un fragment de chaîne avec les deux ganglions adjacents'.
Des cinq ganglions débités en coupes sériées, quatre se comportent norma-
lement; seul celui qui a été étiqueté x8 ganglion dorsal présente une lésion
qui atteint d'ailleurs davantage les filets nerveux qui s'en détachent que le
tissu ganglionnaire, sauf en un point très limité.
inférieure de LI, L", L"'. Tout le tronçon sous-jacent est aplati latéralement
et la consistance en est très diminuée. Elle est un peu meilleure à partir de la
moitié inférieure de S". Sur toute la hauteur de la lésion, la dure-mère est très
adhérente au côté droit de la moelle.
Les segments DXII, Dx', Dx, D«, DVI« ont une consistance normale.
A partir du segment Dvn, la moelle est augmentée de volume et le même
aspect se poursuit jusqu'au niveau du ive segment cervical. Sur la coupe, la
moelle est occupée par une cavité centrale, bordée elle-même par une paroi
de couleur jaune chamois qui mesure au moins deux ou trois millimètres
d'épaisseur.
Les racines antérieures de la région cervicale et dorsale sont néanmoins
blanches.
Examen histologique. — La moelle peut être considérée comme détruite
au niveau des segments L111 et Liv. Au niveau de Lv et des deux premiers seg-
ments sacrés, la pie-mère est extrêmement épaissie et elle ne contient que des
fragments de tissu médullaire fissuré, crevassé, dans lesquels on retrouve
encore par place quelques très rares fibres à myéline irrégulières, gonflées,
moniliformes. Aucune cellule nerveuse n'est apparente. La trame conjonctivo-
vasculaire de la moelle est épaissie; de nombreux névromes occupent l'étui
piemérien et la méninge elle-même; ils proviennent des racines postérieures.
Les racines antérieures sont très dégénérées.
Sur les coupes passant par les derniers segments sacrés et le filum, la pie-
mère paraît encore épaissie, ainsi que les vaisseaux. La moelle est fragmentée
en blocs,dans lesquels on aperçoit encore quelques rares fibres, mais aucune
cellule nerveuse n'est visible. Les racines antérieures sont dégénérées. Le
sillon antérieur est comblé par du tissu conjonctif, des vaisseaux et de nom-
breux névromes.
Au niveau de L'i, malgré la persistance de quelques rares fibres.à myéline,
dans un ou deux fragments de tissu médullaire, la moelle peut être encore
considérée comme détruite. Épaississement de la pie-mère et des vaisseaux;
racines antérieures et postérieures très dégénérées.
En LI, la moelle reprend sa forme; la substance grise est encore boule-
versée d'un côté (corne antérieure et corne latérale). Les cellules paraissent
moins nombreuses sur une certaine hauteur. Les colonnes de Clarke sont
apparentes, mais dépourvues de fibres à myéline et de cellules.
Les cordons postérieurs sont complètement dégénérés. Dans les cordons
antéro-latéraux, des fibres à myéline très condensées occupent la bordure de
la corne antérieure et de la corne latérale (faisceau fondamental) ainsi que le
cordon antérieur. Elles manquent complètement dans la zone du faisceau
pyramidal croisé et dans la zone marginale latérale. Le canal de l'épendyme
est apparent et envoie en divers sens des boyaux de cellules épendymaires.
Vaisseaux et pie-mère épaissis.
Dégénération très marquée des racines postérieures ; les racines antérieures
sont beaucoup mieux conservées.
Dans les cinq derniers segments dorsaux, de Dxn à DVI» compris, la moelle
se reconstitue. La substance grise présente sa configuration normale, les cel-
lules sont nombreuses dans la corne antérieure, la corne postérieure, la corne
latérale, la colonne de Clarke. Par contre, si dans la colonne de Clarke les
cellules paraissent aussi nombreuses qu'à l'état normal, le réseau myélinique
n'occupe tout d'abord que le bord antérieur de la colonne (DX1I), puis, dans les
étages sus-jacents, il s'étend progressivement en arrière, et au niveau du seg-
ment Dnn; on ne voit plus qu'un petit îlot moins coloré par la méthode de Pal
sur le bord interne de la colonne.
Le canal de l'épendyme envoie toujours quelques prolongements dans la
substance grise centrale.
La substance blanche est très bien colorée (Pal) au niveau du faisceau
fondamental du cordon antérieur; les fibres sont plus clairseméesdans la zone
du faisceau pyramidal croisé, et surtout dans la zone marginale (faisceau de
Gowers, faisceau cérébelleux direct).
Les fibres réapparaissent dans les cordons postérieurs, au niveau des zones
radiculaires moyennes — des zones cornu-commissurales; elles atteignent la
périphérie du faisceau de Burdach au niveau de DIX et surtout au niveau
de DVIII.
Racines antérieures et postérieures normales.
C'est dans la pièce intermédiaire aux segments Dvu et DVIII qu'apparaît une
nouvelle lésion qui remonte jusqu'au segment cervical. (Pl. IV.)
La moelle est creusée dans sa partie centrale d'une cavité entourée d'une
paroi névroglique épaisse, qui lui donne l'aspect d'une moelle syringomyé-
lique. Dans la pièce intermédiaire Dv-Dv", ainsi que dans la partie inférieure
du segment DVII, la cavité est remplie par un épanchement sanguin. Dans les
coupes les plus inférieures, cet épanchement est cloisonné par des tractus
conjonctifs, plus haut, il est complètement libre. A la limite du foyer hémor-
ragique sont disséminés un grand nombre d'amas pigmentaires soit rassem-
blés au pourtour de vaisseaux, soit libres. La paroi névroglique est formée
principalement de tissu fibrillaire; les noyaux sont relativement peu nom-
breux; elle contient dans toute son épaisseur et sur toute sa hauteur un grand
nombre d'amas de pigment sanguin; on en trouve jusqu'à la bordure externe
de la paroi, dont la limite est assez tranchée et même dans le tissu nerveux du
voisinage.
La prolifération névroglique se présente donc, depuis Dv" et Dv™, sous la
forme d'un cylindre qui occupe la partie centrale de la moelle.
Il déborde en arrière sur les cordons postérieurs, il atteint en avant la
commissure antérieure, refoulant en avant la corne antérieure, en dehors la
corne latérale, en arrière et en dehors la corne postérieure. Le canal de
l'épendyme a disparu, mais on trouve à sa place, dans le segment antérieur de
la paroi névroglique, quelques boyaux cellulaires qui ne manifestent pas une
tendance proliférative exagérée.
La cavité centrale, qui est assez régulièrement circulaire dans la moelle
dorsale inférieure et moyenne, s'allonge d'avant en arrière dans la moelle dor-
sale supérieure à partir de Du.
Dans le segment DVII, la corne latérale n'est pas apparente et, sur le bord
latéral du manchon névroglique, on ne rencontre qu'exceptionnellement des
cellules qui puissent être considérées comme appartenant au tractus interme-
dio-lateralis.
Les cellules paraissent moins nombreuses dans la corne antérieure. La
corne postérieure ainsi que la colonne de Clarke manquent ou tout au moins
n'ont pas conservé leur aspect habituel. Le cordon latéral est beaucoup moins
large du côté gauche que du côté droit. Les fibres à myéline y sont plus
clairsemées surtout en arrière, et à ce niveau la substance blanche est tra-
versée par un assez grand nombre de vaisseaux à paroi épaissie. Les racines
antérieures n'ont pas été retrouvées dans les coupes, mais il est vraisemblable
qu elles n étaient pas complètement dégénérées puisque à l'examen macros-
copique toutes les racines antérieures de la région dorsale avaient conservé
un aspect à peu près normal.
En Dvi l'aspect ne se modifie pas beaucoup; cependant la corne antérieure
contient un plus grand nombre de cellules et si la corne latérale est absente,
on découvre des deux côtés quelques cellules situées dans la même région et
qui appartiennent certainement au processus intermediolateralis. La colonne
de Clarke et la corne postérieure ne peuvent être délimitées au pourtour du
manchon névroglique. Les cordons antérolatéraux sont bien colorés (méthode
de Pal). La zone marginale est beaucoup plus pâle dans la zone du faisceau
de Gowers et du faisceau cérébelleux direct. Les racines antérieures sont à
peine dégénérées, les postérieures sont saines. Des fibres assez nombreuses
occupent une région qui correspond vraisemblablement à la partie externe
des cordons postérieurs.
En Dv, le segment antérieur des cornes antérieures est nettement dessiné,
de même que la corne latérale. Le segment postérieur de la corne postérieure
réapparaît. La colonne de Clarke ne se reconnaît pas encore.
Même aspect des cordons antérolatéraux. Les fibres à myéline réappa-
raissent nettement dans les cordons postérieurs (partie postéro-externe).
Racines antérieures et postérieures normales.
En DIV et en DIU l'aspect reste sensiblement le même; les cornes anté-
rieures et latérales sont plus dégagées, les cornes postérieures mieux dessi-
nées, surtout en DIV; les colonnes de Clarke semblent manquer mais quelques
cellules disséminées au milieu de fibres à myéline qui occupent le bord
latéral du manchon névroglique doivent appartenir à cette formation. La pro-
lifération névroglique est limitée en avant par la commissure antérieure. En
On la corne antérieure reprend son aspect normal, mais la corne postérieure
est réduite à sa moitié postérieure, la moitié antérieure est laminée par le
manchon névroglique.
En Di, la cavité se présente sous la forme d'une fente allongée d'avant en
arrière. Le manchon névroglique occupe tout le centre de la moelle; mais les
cornes de la substance grise ont leur aspect normal et elles sont riches en
celiules. Les collatérales réflexes se détachent nettement en bordure du man-
chon névroglique. Le faisceau de Burdach paraît beaucoup plus riche en fibres.
Dans le renflement cervical, la moelle conserve le même aspect. Dans la
partie antérieure de la prolifération névroglique, on voit, comme dans les seg-
ments dorsaux sous-jacents, des boyaux de cellules épendymaires.
En Civ, la paroi névroglique et la cavité se réduisent considérablement.
Les cordons postérieurs ont repris une configuration normale, mais le faisceau
de Goll est complètement dégénéré et le faisceau de Burdach l'est partiel-
lement de chaque côté dans son segment antérieur et médian.
Le manchon névroglique disparaît en C". Jusqu'à sa limite supérieure, il
contient de nombreux amas de pigments sanguins.
PLANCHE I
PLANCHE III
FIG. 5. — Cellules plus nombreuses dans le même ganglion à une certaine
distance du foyer inflammatoire.
FIG. 6. — Cellules de la colonne sympathique au niveau du xie segment
dorsal. Cellules vésiculeuses à noyau excentrique.
PLANCHE IV
Coupes de la moelle dorsale et de la moelle cervicale dans un cas de bles-
sure de la moelle lombaire. Hématomyélie et syringomyélie. (Obs. Ler...)
DE L'ORGANISATION INCONSCIENTE DES SOUVENIRS
PAR
Le professeur Henri CLAUDE
et R. de SAUSSURE
Depuis plus de dix ans, Maeder, de Zurich, a attiré l'attention des psy-
chologues sur la fonction téléologique du rêve. Notre éminent confrère
pense que le travail onirique a pour but de préparer des solutions aux
conflits qui nous occupent, en d'autres termes de mâcher la besogne à
notre activité consciente.
Pour notre part, nous ne saurions partager ce point de vue finaliste.
Cependant, nous sommes prêts à reconnaître que la théorie du psy-
chiatre zurichois repose sur une observation juste et intéressante, à savoir :
que l'organisation inconsciente de nos souvenirs précède souvent la
solution consciente de nos conflits. Nous avons eu l'occasion d'étudier
dans une série de rêves d'une même malade ce travail de l'activité oni-
rique.
Mlle Val... entre dans le service libre de Sainte-Anne (service du pro-
fesseur Henri Claude) en mars 1924, âgée de trente-six ans. Institutrice
de profession, elle vient consulter pour des crises de nature vraisembla-
blement hystérique qui se manifestent de façon irrégulière depuis dix-
sept ans. Ces crises débutèrent en 1907 par un tremblement du bras
droit qui s'est progressivement étendu à tout le corps et qui à l'époque
avait été pris pour de la chorée. Nous avons tout lieu de croire qu'il
s'agissait déjà en 1907 d'une manifestation hystérique, car, au cours
d'un entretien, le 14 avril 1924, le bras de Val... se mit à trembler et par
une énergique contresuggestion nous avons été en mesure d'arrêter ce
phénomène immédiatement.
Val... est née dans le Dauphiné, d'un père alcoolique et d'une mère
saine. Il n'y a pas d'hérédité pathologique à signaler du côté de la mère,
tandis que du côté paternel il y a plusieurs cas d'éthylisme.
Notre malade s'est montrée, dans son enfance, une fillette docile et
affectueuse, assez bien douée et d'un tempérament gai. Jusqu'en 1907,
elle a joui d'unesanté excellente, cependant, soitphysiquement, soit intel-
lectuellement elle se fatiguait très rapidement. A l'âge de quatre ou cinq
ans, elle se mit à se masturber et à se faire masturber par des garçons et
des fillettes de son âge à qui, du reste, elle rendait le même service. Ce
fut surtout avec sa petite soeur que plus tard elle se livra à ces pratiques
onanistes. Au moment de sa première communion, elle comprit que ce
qu'elle faisait était mal, elle en eut de très vifs remords, particulièrement
à l'égard de sa jeune sœur. Cela est important à noter, car c'est ce repen-
tir qui a déterminé sa vocation d'institutrice. Depuis cette époque, tout
son désir a été de pouvoir « éclairer et faire épanouir de jeunes âmes ».
La sollicitude avec laquelle elle entoura sa jeune sœur, âgée de sept ans
de moins qu'elle, développa de façon précoce son instinct maternel. Elle
ne rêvait que d'enfants. Elle prétendait en avoir douze et dans le village
on la plaisantait sur sa nombreuse postérité imaginaire.
Malgré ce désir ardent d'être mère, une série d'événements devaient
la tenir écartée du mariage. Sa mère, malheureuse en ménage, s'était
réfugiée dans les consolations de l'église. Elle avait rêvé de faire de son
fils André un prêtre. Elle l'envoya au séminaire. André était très lié avec
Val... ; tous deux, à cet âge avaient la même nature ardente et mystique.
Notre malade entrevoyait déjà toute une vie de dévouement aux côtés de
son frère. Elle l'aiderait, prendrait à sa charge les soins du ménage et se
dépenserait dans les diverses œuvres de la paroisse. Le rêve était beau,
mais vers 1906, André renonça à sa vocation de prêtre. Cependant, pour
faire plaisir à sa mère, il continua d'aller au séminaire pendant un an,
dans l'espoir de sentir renaître en lui la vocation ecclésiastique.
Sur ces entrefaites, vint s'établir dans le petit village du Dauphiné
qu'habitaient Val... et sa famille, un nouvel abbé, M. X. Celui-ci devint
rapidement un habitué de la maison. La mère de notre malade, un peu
superstitieuse, pensait que c'était un second fils que lui envoyait le bon
Dieu, puisque son propre fils voulait quitter la prêtrise. Elle le reçut à
bras ouverts, si bien qu'après quelques semaines, il embrassait aussi
bien la mère que les sœurs de Val... Celles-ci étaient du reste loin de s'en
plaindre. Deux personnes cependant regardaient l'abbé d'un mauvais
œil, c'étaient André et notre malade. Celle-ci était si profondément atta-
chée à son frère qu'il lui répugnait de voir toute sa famille accueillir un
étranger à sa place. Un sentiment de révolte lui faisait détester cet intrus.
A l'encontre de ses sœurs, elle avait toujours refusé de l'embrasser ou
de se laisser embrasser par lui et cette attitude n'avait fait qu'accroître
son intimité avec son frère.
Les choses en étaient là, lorsqu'un jour elle fit un long pèlerinage à
pied. En rentrant, l'abbé lui dit combien il était peiné de l'attitude hos-
tile qu'elle prenait à son égard et il lui demanda d'accepter un entretien
où il pût s'expliquer franchement avec elle (avril 1907). Revenant d'un
pèlerinage, elle ne voulut pas commettre un acte d'inimitié et accepta.
Dans cette entrevue, l'abbé lui rappela qu'il l'avait vue deux fois avant
qu'il entrât au séminaire. Il lui confia qu'elle lui avait fait une impres-
sion profonde, qu'il l'avait toujours aimée. Il lui demanda de faire son
possible pour abandonner son attitude d'hostilité dont il souffrait tant.
Elle promit, mais ne se sentit nullement attirée vers lui,
Elle quitta son village natal pour passer ses examens et s'occuper de
ses premières élèves, en sorte qu'elle ne le vit que rarement. Elle rentra
chez ses parents, à la fin de décembre 1907, pour ses vacances de Noël.
Le 3o décembre de la même année, au moment où elle écrivait à son
frère, elle fut prise d'un tremblement du bras droit. Elle en rit d'abord,
puis, voyant que cela ne cessait pas, son entourage et elle-même com-
mencèrent de s'inquiéter.
Le tremblement l'obligea à laisser inachevée la lettre qu'elle écrivait;
elle monta alors dans la pièce au-dessus où se trouvaient sa famille et
l'abbé devenu prêtre : là, pour la première fois, elle l'embrassa.
Au cours de décembre 1907, Val... semble avoir transféré inconsciem-
ment sur le prêtre l'affection que jusqu'ici elle portait à son frère. Cette
évolution a dû être douloureuse, puisqu'elle était en désaccord complet
avec l'attitude qu'elle avait adoptée jusqu'ici. Mais, sans nul doute, c'est
dans ce transfert que résida le conflit qui a engendré sa maladie.
Ce tremblement s'étendit à tout le corps, il était accompagné de
secousses brusques. Il disparut pendant les règles de Val... puis revint.
Ces phénomènes s'amendèrent pendant le cours de février pour revenir
en mars et atteindre leur paroxysme en avril 1908. A ce moment, notre
malade était alitée, elle fit plusieurs tentatives de suicide. Quand elle
prenait du chloral, elle devenait méchante, brisait des objets et se mettait
en colère pour des riens. En mai, il y eut une légère amélioration. En
1909, le tremblement disparut progressivement. Pendant sa maladie,
Val... avait souvent vu M. X... En iQt o, elle fit même un petit voyage
avec lui. Des baisers, ils en vinrent aux caresses, des caresses à l'acte
coupable. Il la surprit, elle se révolta, elle fut vaincue. Elle en eut un
grand dégoût, mais X... lui fit tant de promesses qu'ils continuèrent de
se voir, essayant de réaliser un amour purement mystique. Si boulever-
sante que fût pour Val. cette agression brutale, elle ne fut suivie d'aucun
phénomène pathologique.
En décembre 1914, réapparaît le tremblement. Il semble qu'à ce
moment notre malade ait été très affectée par une proposition de
mariage. Elle sentit renaître son instinct maternel et le besoin d'assouvir
ses désirs sexuels éveillés par la scène de 1910. Tout cela la poussait à
quitter X... et, d'autre part, elle se sentait moralement liée à lui qui
attendait qu'elle eût atteint l'àge canonique pour la prendre chez lui.
Elle refusa l'offre, mais le conflit fut assez violent pour faire réappa-
raître ses mouvements involontaires; ceux-ci durèrent de façon inter-
mittente jusqu'en l'été 1915.
En août 1916, l'évêché ayant surpris une lettre du prêtre adressée à
son amie, il interdit à celui-ci de revoir Val... La séparation fut complète
pendant un an et demi. Cependant dans le village, on faisait courir le
bruit qu'elle était enceinte. La séparation, les émotions, tout cela
déclencha à nouveau le tremblement. En novembre 1917, elle revoit X...
1
et elle guérit peu de temps après. Tout va bien jusqu'en 1920. A ce
moment, elle vient habiter le même village que sa sœur aînée, qui est
connue pour son caractère détestable. Celle-ci, jalouse, lui fait des
scènes épouvantables. Les phénomènes pathologiques reviennent une
fois de plus et se poursuivent jusqu'en février 1921, où elle rompt défi-
nitivement avec X... Celui-ci s'était montré incapable de tenir sa pro-
messe d'un amour platonique. Il avait fait diverses propositions à Val...
qui la dégoûtèrent; cependant, elle ne fut pas assez forte pour prendre
seule la décision de rompre. C'est à ce moment qu'elle avait fait la con-
naissance de son amie Isabelle. Celle-ci lui faisait des piqûres que le
médecin lui avait ordonnées. Après avoir échangé quelques confidences,
Isabelle obligea son amie à rompre ses relations avec X...
Elle acquit par là un ascendant remarquable sur notre malade et la
guérit. Il n'y eut plus aucun phénomène pathologique jusqu'en 1923, si
ce n'est une certaine asthénie qui dure surtout depuis 1919. Val... est cer-
tainement épuisée par les longues périodes de tremblement qu'elle a
traversées.
Examinons maintenant quelles furent les préoccupations qui firent
éclater les crises de décembre dernier :
i° En été 1923, notre malade apprend que sa sœur cadette s'est éta-
blie depuis plusieurs mois chez le prêtre. Cette idée provoque chez elle
une certaine jalousie, des désirs et, plus encore, des remords. Elle se
souvient qu'enfant, c'est elle qui a initié sa sœur à la sensualité, cela
réveille ses scrupules. Elle voudrait pouvoir arracher sa sœur à l'in-
fluence de X... et, d'autre part, elle ne veut pas rentrer en relation avec
lui;
20 En été 1923, elle apprend qu'un homme de son village, pour qui
elle avait beaucoup d'estime, a perdu sa femme. Elle sent que si elle
était dans un meilleur état de santé, il y aurait eu là pour elle une possi-
bilité de mariage. Elle en veut au prêtre qui a détruit sa santé et gâché
sa vie;
3° Peu de temps avant ses crises, Isabelle, son seul soutien, lui fait
une scène. Elle lui reproche d'être trop passionnée dans son amitié, trop
sensuelle, trop « embrassante ». Val... se justifie en disant que c'est le
seul moyen pour elle de se satisfaire physiquement, que ce n'est pas elle
qui a créé sa nature ardente et que, d'ailleurs, tant qu'elles n'en arrivent
pas à des actes plus graves, elle ne voit pas le mal qu'il peut y avoir à
cela. Cependant cette ombre dans sa meilleure amitié la tourmente
beaucoup;
41 La mère de Val... voudrait voir sa fille revenir habiter leur maison
natale dans le Dauphiné. Val..., qui habite depuis dix ans avec son amie
Cécile, à qui elle doit beaucoup, ne veut pas l'abandonner. Elle lui fait
son ménage.
Cet ensemble de préoccupations semble avoir engendré les manifes-
tations pathologiques de décembre dernier. Elles s'arrêtèrent instanta-
nément lorsque Isabelle passa sa bague au doigt de notre malade. Val...
vient nous consulter pour que nous prévenions le retour de nouvelles
rechutes et que nous agissions contre son asthénie. Nous avons eu l'oc-
casion de la voir environ vingt-cinq fois. Nous avons pratiqué avec elle
la méthode psychanalytique. Il ne peut être question de rapporter ici le
détail de nos conversations. Ses premiers rêves nous ont placés en face
de son désir de se marier.
A ce propos, elle se souvient que l'incident qui fit éclater ses crises
en décembre dernier était te suivant :
Elle était à l'église, elle vit un prêtre officier, elle crut reconnaître X...
et elle fut prise d'un violent désir de le revoir.
En mars, au contraire, un mois après sa guérison, elle nourrit un
sentiment de haine très vif à l'égard du prêtre. Elle sent qu'il est un
obstacle à son mariage. Le seul homme qu'elle pourrait épouser con-
naît X... Val... ne veut pas lui avouer tout ce qui s'est passé et c'est ce qui
l'éloigné de lui. Aussi, chaque fois qu'elle parle du prêtre, c'est avec
haine et dégoût. Elle est obsédée par l'idée qu'il lui a gâché sa vie.
Nous prions le lecteur d'excuser ce long préambule, mais cette
anamnèse détaillée était nécessaire pour saisir la suite de ce travail.
Nous allons voir que du 22 mars au 10 avril s'opère chez Val... une
transformation tendant à changer le dégoût qu'elle éprouve pour X... en
de l'indifférence. Tant que notre malade nourrissait une haine violente,
elle était sans cesse préoccupée du prêtre, il lui remontait à l'esprit une
foule de souvenirs pénibles. Au contraire, depuis que sa répulsion est
tombée, elle ne pense plus à lui, elle arrive à objectiver ses sentiments.
Ce que nous voudrions faire ressortir ici, ce sont les processus incon-
scients par lesquels elle se détache de tout ce qui concerne le prêtre.
Nous voudrions montrer par une série d'images oniriques de quelle
façon les souvenirs se déforment et s'organisent en vue d'atténuer la
charge affective désagréable qu'ils comportent.
Premier rêve. — « Je me trouve dans un endroit que je ne puis pas
bien préciser. Je crois que c'est à Paris. Ma mère est avec moi. Je reçois
une lettre de ma sœur cadette à laquelle je ne prête pas d'attention. Avec
elle se trouve une lettre du prêtre. Je ne veux pas d'abord la lire, puis,
par hasard, je vois qu'il ne s'agit que de la description de son presby-
tère. La lettre commence par « Ma chère petite fille K. Je ne puis me
souvenir de la fin de la lettre, je garde l'impression que même en rêve
je n'ai pas pu la lire; elle était comme effacée. Sur la lettre se trouvait
encore un dessin. Je reste indifférente à cette lettre, elle ne provoque en
moi ni répulsion, ni désir. Ma mère, au contraire, est tout heureuse
d'avoir des nouvelles du prêtre. »
Les associations que Val... nous donne au sujet de ce rêve sont très
nombreuses. Nous nous contenterons de relever celles qui peuvent nous
intéresser au point de vue de l'organisation inconsciente des souvenirs.
« Dans le rêve, la lettre me parvient sous une
enveloppe écrite par
ma sœur, car je ne n'ouvre plus les missives du prêtre, je ne les lis plus
depuis que j'ai rompu avec lui » (ici la malade nous raconte en détail
toutes les circonstances qui l'ont amenée à ne pas ouvrir la dernière
lettre que le prêtre lui a adressée en réponse à la lettre de rupture qu'elle
avait écrite).
« La missive du prêtre commence par « Ma
chère petite fille », c'est
ainsi qu'il m'écrivait en 1907, avant qu'il y ait eu quoi que ce soit entre
nous. La description du presbytère n'est pas celle du presbytère qu'il
habite, il s'agit d'une maison de mission au Japon. Le dessin qui est
sur la lettre représente également un site japonais. Un missionnaire m'a
montré ces mêmes paysages en igo6. En igo8, je lui ai écrit pour lui
raconter mes sentiments pourX... Il me répondit de rompre immédiate-
ment. Je ne l'ai pas fait. » (Suit la description des circonstances dans
lesquelles elle fit la connaissance de ce missionnaire.)
« En 1919, les premiers temps que je repris la correspondance avec
le prêtre, après l'interdiction de l'évêché, je lisais à mon amie Cécile
toutes les lettres qu'il m'écrivait. Bientôt les derniers paragraphes de nos
missives devinrent trop intimes et je les cachais à mon amie. » (Suit la
description des circonstances dans lesquelles elle renoua la correspon-
dance avec le prêtre.)
De ces quelques associations ressort le désir très net d'éloigner dans
le temps et dans l'espace les souvenirs concernant le prêtre. Il y a une
tentative d'effacer toutes les choses pénibles qu'elle a vécues avec cet
homme. L'en-tête de la lettre (ma chère petite fille) nous reporte à
l'époque où elle était indifférente à X... Le presbytère est transporté au
Japon. Le prêtre lui-même est en partie identifié avec un saint homme.
Enfin, de leur correspondance, le rêve n'évoque que la partie la plus
banale, celle que Val... pouvait lire sans arrière-pensée à son amie; la
partie la plus intime est effacée. De toutes ces années écoulées où Val... a
connu des sentiments d'amour et de haine si violents, le rêve n'évoque
que des incidents insignifiants. Il est comme un filtre qui ne laisse passer
que les événements dépourvus d'affectivité, ceux qui ne sont pas nocifs.
La conclusion même du rêve est intéressante, elle nous montre dans
quel sens l'inconscient de Val... tend à s'organiser. « Je reste indifférente
à cette lettre, elle ne provoque en moi ni répulsion, ni désir. Ma mère,
au contraire, est heureuse d'avoir des nouvelles du prêtre. » Cette der-
nière phrase demanderait un long commentaire, mais elle n'intéresse
pas le but que nous poursuivons.
Deuxième rêve. — « Je me promène sur un chemin, je vois une jeune
femme enlisée jusqu'à la poitrine dans un étang de boue. Je poursuis
mon chemin et je vois un pré rempli de fleurs blanches et de margue-
rites. Je veux les cueillir, lorsque arrive une dame, qui ressemble à la mère
d'Isabelle. Je lui demande la permission de cueillir ces fleurs, elle ne me
répond pas, mais elle ne m'empêche pas de les prendre. »
Associations résumées. — « La jeune femme, ce doit être moi. Je me,
souviens qu'un jour Isabelle m'a dit : Il me semble parfois t'avoir reti-
rée d'un puits dans lequel tu étais enlisée. Les fleurs blanches sont l'em-
blème de la pureté ; je me souviens que, lorsque j'étais enfant, nous allions
en cueillir le dimanche des Rameaux. Les marguerites étaient mes fleurs
préférées. Ah j'étais pure dans ce temps-là! Je me souviens que dans le
!
rêve, il y avait à côté du pré fleuri une petite ferme entourée de bar-
rières. J'aimais la campagne autrefois. Puis, lorsque j'ai rompu avec le
prêtre, je n'aimais plus que la ville, aujourd'hui, je m'attache de nou-
veau à la campagne...
« La mère d'Isabelle est bizarre et sauvage, elle ne veut voir personne.
Ce n'est pas une vie pour mon amie, qui a quarante ans, de vivre aussi
isolée. Je suis la seule personne que cette vieille dame agrée parfois.
C'est pourquoi je pense que, dans mon rêve, elle me laisse cueillir des
fleurs. »
Dans ce rêve, nous voyons les souvenirs pénibles s'enliser et dispa-
raître pour faire place au symbole de la pureté. Le pré de fleurs rappelle
l'enfance heureuse. Faire appel à une époque bénie de sa vie, c'est une
façon d'effacer une période triste. Nous ne nous débarrassons d'un sou-
venir qu'en le remplaçant par un autre qui nous intéresse davantage.
Nous verrons que dans plusieurs rêves, Val... se retrouve au temps de son
adolescence, qui pour elle symbolise la pureté et la joie de vivre. Mais le
pré de fleurs, c'est aussi la campagne rêvée où elle voudrait aller habiter
avec Isabelle et Cécile. Le rêve réalise son désir. Il substitue à l'image
pénible de ses souvenirs (enlisement) une image de pureté et de bonheur.
Par là, il tend à rendre le fond mental de Val... moins morose, moins
déprimé. Il est certain que si de façon continue son inconscient tend à
transformer ses souvenirs pénibles en impressions agréables, l'humeur
générale de la malade doit s'en ressentir. C'est à ce point de vue qu'il
nous paraît particulièrement intéressant d'étudier l'organisation incons-
ciente des souvenirs.
Troisième rêve. — « Je me trouve avec ma mère et Isabelle dans le
Dauphiné. Une de mes élèves apporte à ma mère un tableau à encadrer.
Le centre du tableau représente une ferme; au-dessus se trouve l'image
d'une sainte vierge qui tient par la main une fillette, dont la figure est
laide. Sur le bord du tableau encadrant cette image centrale se trouvent
diverses scènes qui ne sont pas très nettes. J'ai l'impression que même
dans mon rêve, je n'ai pas pris connaissance de ce qu'elles représentaient,
mais je savais qu'elles concernaient le prêtre. Ma mère dit à Isabelle :
Vous vous y connaissez mieux que moi, que pensez-vous de ce tableau P
Isabelle sans répondre prend le tableau, efface les scènes du bord, puis
veut effacer la vierge en disant : « Je ne peux pas la voir sous ces traits-
là. » Je proteste en disant : « Il ne faut pas faire trop de peine à l'élève. »
Isabelle se range à mon avis et le rêve finit ainsi. »
Associations résumées. — Val... interprète d'elle-même le rêvl'tCf. Le
tableau c'est ma vie que ma mère aurait dû encadrer. Elle ne l'a pas fait.
Elle m'a livrée au prêtre par son imprudence, par son aveuglement. Elle
donne le tableau à Isabelle pour qu'elle l'estime; c'est mon désir qu'elle
rende hommage à la valeur morale de mon amie. Isabelle efface de ma
vie tout ce qui y rappelle le prêtre. C'est ce qu'elle a fait en réalité. La
vierge, c'est moi, mon désir d'être vierge, de ne pas avoir été violée, mon
idéal de pureté. Isabelle veut l'effacer, ceci fait allusion au côté sensuel
de mon amitié (voir plus haut). Dans le rêve, elle comprend, elle cède à
mon désir. La petite fille, c'est ma petite sœur que j'aurais voulu pou-
voir protéger par ma pureté depuis ce que je lui ai fait dans mon enfance.
Hélas aujourd'hui elle est chez le prêtre. La maison entourée de bar-
rières, c'est la demeure protégée contre les impuretés, c'est la vie saine
à la campagne. »
Ici le rêve use d'une nouvelle image pour effacer tous les souvenirs
pénibles et rétablir Val... dans la pureté de son adolescence (image de la
vierge). Le souvenir désagréable est refoulé et le rêve se termine par
l'image de l'idéal à atteindre.
Ce rêve est particulièrement intéressant par son caractère synthé-
tique. Il fait allusion à toutes les préoccupations de Val... et, en même
temps, donne une solution à tous ses conflits : sa mère, qui a toujours
témoigné d'une grande incompréhension à l'égard d'Isabelle, rend hom-
mage, dans le rêve, à ses qualités de jugement; les souvenirs concernant
le prêtre sont effacés. Val. a retrouvé sa virginité et conduit sa sœur dans
le chemin de la pureté ; Isabelle se montre indulgente à son'égard ; enfin
toutes ces scènes se passent autour d'une maison de campagne rêvée.
Quatrième rêve. — « Je me trouve avec ma mère lorsque arrive le
prêtre. Il nous dit qu'il va partir pour un couvent de trappistes. Il nous
fait ses adieux. Je sens qu'il y a chez lui un vrai repentir. Je lui donne la
main et le laisse aller. »
Associations résumées. — « Mon oncle m'a invitée en séjour pour
que je puisse être à la campagne; il est prêtre lui-même et habite non
loin de M. X... Je ne veux pas y aller, cela me rappellerait trop de sou-
venirs et puis ce serait me jeter dans la gueule du loup. Si X... n'habi-
tait plus le pays, ce serait autre chose. Il m'est bien devenu indifférent,
mais je ne sais ce qui pourrait se passer si je le revoyais. Je me suis
défaite de tous les objets qu'il m'avait donnés ; je les ai vendus et avec le
produit de la vente j'ai fait dire des messes pour lui. Je voudrais être
sûre que lui aussi s'est repenti. »
Ici l'image du prêtre apparaît dans le rêve, mais c'est un prêtre trans-
formé qui ne provoque plus de répulsion. Elle n'éprouve pas non plus
d'attrait pour lui puisqu'elle le laisse partir. Elle est indifférente et ses
associations nous permettent même de voir son désir qu'il quitte la
contrée. Désormais un couvent séparera pour toujours leurs deux vies.
Telle est la solution qu'elle imagine à son conflit.
Cinquième rêve. — « Je me trouve sur la pelouse devant le presbytère
du prêtre. Une table est posée entre nous. Ma mère, mes deux sœurs et
peut-être d'autres personnes encore sont présentes. Ma sœur cadette va
et vient dans la maison, elle semble parfaitement à son aise. J'en conclus
qu'il -n'y a pas de relations coupables entre elle et le prêtre. Je dis à ma
mère : « Si tu veux continuer à le voir, je ne veux pas être un obstacle
pour toi. Va demeurer chez lui, je n'irai pas t'y voir, mais tu seras
toujours la bienvenue quand tu viendras chez moi. » Là-dessus le prêtre
s'en va. Il embrasse tous les assistants, se penche vers moi pour faire de
même. Je me raidis. Il comprend et part. Puis ma sœur cadette part
à son tour. Elle embrasse tout le monde sauf moi. J'en suis très affectée
et je sens mon bras qui commence à trembler. Je suis alors transportée
dans notre maison natale. J'écris mon journal, tandis que dans la
chambre au-dessus ma famille cause avec le prêtre. »
Il ne peut être question ici d'exposer tout le contenu latent du rêve,
nous ferons seulement remarquer la progression que cette image oni-
rique marque dans l'objectivation des sentiments de Val. à l'égard du
prêtre. Tout en refusant tout compromis avec lui (refus du baiser), elle
cherche à réduire sa rancune et la culpabilité du prêtre au minimum.
La fin du rêve représente une scène souvent vécue. Elle reporte notre
malade au temps où elle était indépendante de sa famille, où elle était
détachée du prêtre et où elle cultivait de belles pensées en rédigeant son
journal intime.
Pour des raisons de clarté d'exposition, nous n'avons considéré que
le développement des sentiments de Val. concernant le prêtre. Mais
nous trouverions une organisation analogue si nous poursuivions les
autres préoccupations de notre malade.
Partout se manifeste cette tendance à l'objectivation et à la désaffec-
tivation des sentiments. Les premiers rêves déforment beaucoup la
réalité au profit du désir, tandis qu'à mesure que Val. devient plus con-
sciente de ses préoccupations, les rêves tendent à adapter le désir au
réel, comme cela a lieu dans l'activité consciente des normaux. Enfin
ces processus de refoulement dont témoignent les images oniriques nous
semblent intéressants au premier chef. Chaque fois que le rêve évoque
un souvenir pénible concernant le prêtre, nous voyons l'image s'obs-
curcir et s'altérer (presbytère du Japon, femme enlisée, scènes du tableau
effacées par Isabelle, fin des lettres illisible, prêtre devenu repentant et
trappiste). Nous aurions pu citer encore ce fragment de rêve où Val.
essaye de dessiner le presbytère, mais celui-ci est situé au sommet d'une
rue. Chaque fois qu'elle veut en entreprendre le dessin, elle s'aperçoit
qu'elle a encore une maison à dessiner qui se trouve placée entre celle
qu'elle vient d'exécuter et le presbytère. Le rêve s'achève avant qu'elle
ait pu atteindre son but.
Un second point important à noter est que le rêve ne se termine
jamais sur l'image refoulée; celle-ci fait toujours place à une image
heureuse rappelant les désirs et les aspirations de Val... Nous faisons
allusion ici au pré fleuri, à l'image de la vierge, à la maison natale, etc.
Les rêves préparent en quelque sorte une atmosphère agréable, heu-
reuse qui aide au malade à sortir de son humeur triste et de ses souve-
nirs pénibles. Ils créent un fond mental qui tend à l'euphorie. Ces pro-
cessus ne se rencontrent probablement pas dans les rêves seulement,
mais aussi dans toute l'activité qui échappe à notre contrôle conscient.
Les images oniriques naturellement ne revêtent cette forme que lorsque
•
le malade est en voie de guérison.
En résumé, le phénomène sur lequel nous voulions attirer l'attention
est celui-ci : dans l'amélioration progressive d'une névrose, l'effort
volitionnel conscient ne représente qu'une partie du travail de restau-
ration ; au-dessous de cet effort, l'activité inconsciente concourt au
même but avec des processus qui lui sont propres et que nous avons
tenté de mettre au jour dans un cas particulier.
LES INFLUENCÉS
SYNDROMES ET PSYCHOSES D'INFLUENCE'
PAR
André CEILLIER
(Suite et fin)
1. Paul BORELet CEILLIER. Paralysie générale ayant débuté par des hallu-
cinations psycho-motrices verbales obsédantes avec tendance au suicide.
(.Encéph., 1914, p. 268.)
mate, en machine, il se sent dominé par une force inconnue qui le fait agir
malgré lui, qui l'a obligé une fois, dit-il, à voler un journal contre son gré. Ce
sentiment d'automatisme augmente et bientôt la parole intérieure semble
échapper à son contrôle, etc. » Obéissant à des hallucinations impératives, ce
malade s'est jeté dans la Seine et une fois, devant nous, s'est précipité la tête
la première à travers les carreaux de la fenêtre.
Je ne crois pas nécessaire d'allonger davantage la liste des psychopathies
qui peuvent se compliquer d'un syndrome d'influence, car elle est illimitée. Je
voudrais cependant montrer en terminant que certains délires d'influence, en
apparence primitifs, ont pour cause un CHOC ÉMOTIF et surtout le REFOULEMENT
DE TENDANCES SEXUELLES INASSOUVIES.
MM. Séglas et Barat, après avoir donné l'observation d'une amoureuse de
prêtre qui fit un délire d'influence, concluent ainsi : « La malade ne fait qu'in-
terpréter, à l'aide de cette formule délirante, des actes et des pensées qui ne
lui semblent point émaner directement d'elle-même. Les raisons pour les-
quelles ces faits de conscience apparaissent à notre malade comme étrangers
à sa personnalité sont, ici, assez claires. Chez notre malade, honnête, pieuse
et scrupuleuse, la passion s'est développée en quelque sorte en parasite, sans
avoir été accueillie et assimilée par la personnalité consciente... Si les actes,
si les pensées inspirés par la passion ne sont pas reconnus comme émanant
de la personnalité du sujet, il faut qu'ils émanent d'une autre personne. C'est
la base du délire d'influence.
L'histoire de notre malade est simplement celle d'une passion amoureuse
développée chez une femme pieuse, honnête et scrupuleuse. La passion a
introduit des éléments étrangers à la vie normale de la malade. En raison de
l'éducation, des habitudes et des principes de la malade, ces éléments n'ont
pu être assimilés par la conscience qu'au prix de troubles profonds. C'est là,
en réalité, un fait courant dans l'histoire des passions. Mais ce qui est spécial
à notre malade, en dehors de l'énergie avec laquelle sont refoulées et en
quelque sorte reniées, les tendances regardées comme immorales et mau-
vaises, c'est, d'une part, le sentiment et le besoin de direction qui préparent
le terrain du délire d'influence, et, surtout, la prédisposition au doute, durant
toute la maladie, et particulièrement durant sa deuxième phase. Par tous ces
points, Mme G... se rapproche beaucoup des malades étudiés par M. Janet
sous le nom de psychasthéniques et son cas n'est d'ailleurs pas sans analogie
avec ceux de ces malades, qui, des syndromes psychasthéniques ordinaires,
des obsessions en particulier passent à des états délirants plus ou moins pro-
longés et durables. »
Dans ce cas de MM. Séglas et Barat la malade, surprise d'une passion que
sa conscience réprouve, croit à une influence. Dans d'autres cas qui sont loin
d'être rares et qui diffèrent du précédent, il s'agit de malades qui ont refoulé
des tendances sexuelles. Mais ces tendances, pour refoulées qu'elles soient,
ne tendent pas moins à se manifester et elles se manifestent, d'une façon
exubérante, en dehors du contrôle de la volonté, d'une manière spontanée,
automatique. Les malades, surprises par ces phénomènes indépendants, que,
non seulement elles n'ont pas voulus, mais qu'elles réprouvent, invoquent une
influence pour les légitimer. Le cas de Mlle Pa... est très démonstratif. Elle
n'a pu se marier malgré l'immense désir qu'elle en avait. A plusieurs reprises,
elle a dû cacher des sentiments d'amour très vifs. Ces refoulements ont créé
chez elle un état de malaise et d 'inquiétude, puis brusquement, à la suite
d'une nouvelle déception amoureuse, toutes les tendances précédemment
refoulées se sont libérées par le rêve, la rêverie, le mentisme, les pseudo-
hallucinations, les hallucinations génitales. En dehors de rêves érotiques, elle
a, à l état de veille, des représentations mentales vives, des t visions imagi-
naires ) de scènes obscènes (coït, fellatio). Elle a des conversations
men-
tales obscènes, dans lesquelles on lui décrit toutes sortes de caresses. Même
elle sent qu'on la « touche Î et elle trouve drôle qu'on puisse faire cela à dis-
tance. Comme tous ces phénomènes sont en opposition avec sa conscience
elle les attribue à une influence étrangère.
En présence de tout délire d'influence, il faut systématiquement rechercher
ce que M. Logre appelle la Psychose inductrice, ce qui est capital pour pou-
voir établir un pronostic. Le pronostic dépendra, en effet, le plus souvent, de
l'affection causale et l'on verra disparaître les idées d'influence, en même
temps, par exemple, que l accès maniaque. Si l'on ne trouve pas à l'origine du
syndrome une psychopathie bien définie, il est de toute nécessité de faire, par
tous les moyens dont on dispose, l'analyse psychologique complète du malade.
Dans bien des cas, on pourra reconnaître l'origine du délire dans un état pas-
sionnel ou émotif qui est en opposition avec le caractère et les principes du
malade, ou dans des tendances sexuelles refoulées par la conscience, par la
c censure » et qui, se libérant par l'automatisme, donnent naissance au senti-
ment d'influence.
L'examen du malade devra se compléter par l'examen physique et l'on
trouvera parfois à la base d 'un délire d'influence ou de possession avec
troubles cénesthésiques une affection organique définie. Dans d'autres cas,
on sera en droit d'incriminer des troubles endocriniens.
Enfin, il peut se faire que nous ne trouvions aucune cause au délire d'in-
fluence, en dehors d'un état constitutionnel particulier. Mais, de ce
que nous
ne voyons pas la cause de ces délires, il ne s'ensuit pas qu'ils ne soient déter-
minés par rien. Je crois qu'avec les progrès des méthodes psychologiques,
médicales et biologiques, les psychoses essentielles deviendront de plus en
II: D
plus rares, jusqu'au jour olt elles n'auront plus qu'un intérêt historique.
QUELQUES CONSIDÉRATIONS
SUR LA MALADIE D'ALZHEIMER
PAR
Le Prof. C.-I. URECHIA et C. DANETZ
BIBLIOGRAPHIE
1. — Société de neurologie
SÉANCE DU JEUDI Ier MAI 1924
Présidence de M. O. Crouson
Un cas de paralysie amyotrophique de la langue. — M. Henri Français
présente un cas de paralysie amyotrophique de la langue paraissant dû à un
très petit foyer de ramollissement bulbaire au niveau des noyaux d'origine
de la XIIe paire. Ce qui fait la caractéristique de ce cas, c'est que la paralysie
de la langue existe à l'exclusion de tout autre symptôme bulbaire et de toute
autre atteinte des nerfs craniens ou des membres.
Difficultés d'interprétation étiologique au cours d'une paraplégie spasmo-
dique avec arrêt du lipiodol intrarachidien. — MM. Souques et E. Terris pré-
sentent un malade atteint de paraplégie spasmodique en extension dont le
début remonte à quatorze ans. A aucun moment de cette évolution lente et
progressive le malade n'a accusé de douleur. Aux signes classiques de para-
plégie spasmodique, il faut ajouter des troubles de la sensibilité douloureuse
et thermique et de la sensibilité profonde remontant jusqu'en Dg. Les réflexes
de défense des membres inférieurs sont provoqués jusqu'à un niveau pas-
sant à 5 centimètres au-dessus de la ligne ombilicale. Une injection intra-
rachidienne de lipiodol faite au niveau de l'intervalle occipito-atloïdien
montre un arrêt total et définitif au niveau de la vins dorsale. Il y a donc
concordance entre l'arrêt du lipiodol et les réflexes de défense. Si le siège
de l'obstacle est donc facile à fixer, il n'en est pas de même de la nature.
La syphilis ne semble pas en cause si on s'en tient aux épreuves sérolo-
giques et thérapeutiques. Rien, ni cliniquement ni radiologiquement, ne
permet de penser à un mal de Pott. Une syringomyélie ou des adhérences
méningées de nature indéterminée auxquelles fait penser un incident de
l'histoire pathologique du malade sont possibles. L'hypothèse d'une tumeur
peut être discutée, mais il n'y a jamais eu de douleurs ni de contractures
des muscles spinaux et l'affection dure depuis plus de quatorze ans. Les
auteurs, dans ces conditions, hésitent à conseiller une opération chirurgicale
à cause des dangers des interventions de ce genre.
Discussion :
Présidence de M. Truelle
Illusion des sosies et complexe d'Œdipe, par MM. Capgras et Carrette. —
L'illusion des sosies se rencontre dans de nombreux états psychiques. Ce
phénomène tient en partie à la subordination de la réalité au rêve et peut
être rapproché de certaines pseudo-amnésies. Les auteurs présentent une
jeune fille de trente-trois ans, internée à diverses reprises à la Salpêtrière,
puis à Ville-Évrard et à Vaucluse. Cette malade manifeste des troubles du
caractère, s'isole, ne parle à personne, présente certaines préoccupations
hypocondriaques obsédantes, parfois même Quelques attitudes stéréotypées
et une mimique discordante. Toutefois, pas de délire à proprement parler.
Si on l'interroge, tous ses troubles, dit-elle, ont été consécutifs à une réflexion
faite par sa mère, lui recommandant de ne pas plisser son front. De là
sont nés des sentiments hostiles à l'égard de sa mère, et en même temps, on
découvre chez elle des idées d'inceste à l'égard de son père (complexe
d'Œdipe). Toutefois, elle ne croit pas que son père soit son véritable père.
Mais elle pense que c'est un sosie. On note, en outre, un début de délire
d'influence. Pas de signes de démence, mais on décèle chez cette malade un
fond de débilité mentale. Enfin, elle présente au point de vue somatique, des
symptômes basedowiens frustes et en même temps d'insuffisance ovarienne.
Les auteurs estiment qu'il s'agit là d'un cas de « complexe d'Œdipe » se réa-
lisant sous la forme psychasthénique, avec idée obsédante, et dont l'extério-
risation a été facile grâce à l'état de débilité mentale. Quant à l'illusion des
sosies, elle permet de masquer l'idée d'inceste plus ou moins refoulée.
Discussion :
M. Delmas émet des réserves sur la nature de ce syndrome en tant que
complexe d'Œdipe, et sur la valeur que ce complexe pourrait apporter aux
idées de Freud. Ce complexe s'est en effet révélé spontanément, ce qui est
contraire à la psychanalyse. D'autre part, il semble- d'apparition tardive, et
c'est ce qui explique son extériorisation facile.
M. Capgras estime que ce complexe pouvait exister depuis beaucoup
plus longtemps à l'état inconscient ; il se traduisait par la haine de la malade
pour sa mère.
M. Piéron estime qu'il faut distinguer idée inconsciente et idée inavouée.
Il est des idées et des sentiments dont on peut avoir une vague conscience,
longtemps avant qu'ils n'éclatent à la lumière. Il est douteux, d'autre part,
que la censure ait entraîné l'illusion des sosies.
M. Hesnard croit qu'il est difficile, en présence d'un cas semblable, de con-
trôler la méthode de Freud. Celle-ci est en effet à peu près inapplicable
aux débiles. D'autre part, si l'on recherche systématiquement chez les névro-
pathes et les aliénés de semblables complexes, on voit qu'ils sont excessi-
vement fréquents. Ces complexes ne sont pas inconscients, mais refoulés.
M. Charpentier souligne l'opposition entre les données classiques de la
psychanalyse d'après lesquelles la mise au jour du complexe refoulé produit
la guérison, et les résultats de cette observation dans laquelle l'extériorisa-
tion spontanée des complexes n'est pas suivie d'amélioration.
M. Hesnard fait remarquer que la guérison à la suite de la psychanalyse
n'est pas due seulement à la découverte du conflit psychologique refoulé,
mais à la solution de ce conflit.
M. de Clérambault constate à propos de ce cas que la méconnaissance
systématique observée chez ce malade constitue un phénomèned'ordre général
observé chez les mélancoliques, les érotomanes, les persécuteurs fami-
liaux, etc. Ce phénomène présente du reste un pronostic plutôt mauvais.
Catatonie et psychosepériodique. — M. Lautier rapporte l'observation d'une
malade qui a présenté à plusieurs reprises des accès maniaques alternant
avec des périodes de dépression mélancolique: internée à trois reprises, une
première fois à dix-sept ans pour délire mystique, une seconde fois à trente-
sept ans pour accès maniaque précédé de dépression, une troisième fois à
l'asile d'Évreux où l'on porte le diagnostic de psychose périodique, cette
malade présente actuellement, au moment de la ménopause, des phénomènes
catatoniques (paroles incohérentes, discordance, etc.) L'auteur estime qu'il
s'agit d'un accès catatonique remplaçant un accès maniaque. Il insiste sur
ce fait que l'on peut constater chez les périodiques des symptômes catato-
niques indépendamment de tout état démentiel.
Perversions instinctives suites d'encéphalite léthargique. — MM. Capgras
et Carrette présentent deux enfants qui, à la suite de l'encéphalite léthar-
gique, sont atteints de perversions instinctives multiples : le premier a mani-
festé plusieurs crises pithiatiques au cours d'accès coléreux, s'est livré à des
violences à l'égard du personnel hospitalier, et enfin, il a fait une tentative
d'empoisonnement. Ptosis bilatéral. Il est à noter en outre qu'antérieure-
ment à l'encéphalite, cet enfant était un arriéré et présente une hérédité
chargée. Le deuxième malade a contracté l'encéphalite en juin 1922. Depuis
lors, il est instable, sujet à des impulsions au vol et à des accès de dépres-
sion. Il est conscient de son état, est découragé et craint de ne pas guérir.
Les auteurs insistent d'une part sur l'état de découragement de ces deux
malades qui se rendent compte relativement de leur état, d'autre part sur
l'existence antérieurement à l'encéphalite des tares personnelles et hérédi-
taires.
H. BARUK.
Présidence de M. Sbnelaigne
Un cas d'apraxie. — MM. Laignel-Lavastine et Pierre-Kahn présentent
une malade atteinte d'hémiplégie droite et d'état démentiel dus vraisembla-
blement à un ictus antérieur. Mais à l'examen on constate en outre de
l'hémianopsie et de l'apraxie du côté gauche. Il est probable que ces derniers
symptômes sont dus à une lésion du lobe pariétal ayant atteint les radiations
de Gratiolet.
M. Pierre-Kahn insiste sur le rôle de l'amnésie qui augmente encore la
gravité apparente des troubles, la malade oubliant presque instantanément
ce qu'on lui demande de faire.
L'émotion « énervement » : ses signes et son importance en clinique. —
M. R. Benon (de Xantes) rappelle les signes de l'énervement, qui succède à
l'idée d'un mal fait par autrui ou par quelque chose (J. Tastevin). Il signale
l'intérêt du signe de la contraction des sourcils ou simplement du signe des
sourcils. Il dit que le tremblement émotionnel est toujours un tremblement
à base d'énervement, que le désespoir est du chagrin compliqué d'énerve-
ment, que l'oméga mélancolique n'est pas un signe de chagrin, mais un
signe d'énervement et qu'il se confond avec le signe des sourcils, et enfin
que la crise d'hystérie est produite par cette même émotion énervement.
M. P. H artenberg, qui a étudié l'énervement dans son livre sur l'hystérie,
considère aussi cet état comme préparant habituellement la crise de nerfs.
Par contre, il ne saurait admettre l'extension exagérée que lui accorde
M. Benon le tremblement, l'angoisse, la contraction des sourcils, etc., sont
des phénomènes appartenant à d'autres réactions émotives.
Au point de vue psychologique, il semble que l'énervement soit le plus
souvent la conséquence d'une contrariété produite par une circonstance
contre laquelle le sujet est désarmé.
La tension nerveuse, ne pouvant se libérer par un acte de défense ou de
révolte, se transforme en impatiences musculaires et en réactions viscérales.
M. Delmas accentue encore les réserves précédentes et ne saurait admettre
que l'on considère l'énervement comme une émotion l'énervement est un
état durable, tandis que l'émotion est un choc passager. L'énervement a pour
base la colère.
M. Pierre-Kahn pense également qu'il faut séparer les impatiences mus-
culaires de l'énervement et des phénomènes de l'angoisse.
Excitation maniaque ou psychose hébéphrénique. — MM. Laignel-Lavastine
et Pierre-Kahn présentent une jeune femme de vingt et un ans, débile intel-
lectuelle, insuffisante thyroïdienne, ancienne bacillaire, portant en outre une
division du voile du palais, et qui entra dans le service en crise d'excitation
avec logorrhée, fièvre, langue saburrale. Cette excitation tomba et fit place
à une autre phase caractérisée surtout par de la dysharmonie, de la mimique,
de la tendance aux attitudes, des alternatives de rires et de larmes. On doit
se demander s'il ne s'agit pas en réalité, non d'accès périodiques chez une
débile, mais d'un début de psychose hébéphrénique développée sur un ter-
rain bacillaire.
M. Delmas pense qu'il faut attendre l'évolution ultérieure de l'affection
pour poser un diagnostic précis.
Métabolisme du nanisme myxœdémateux. — MM. Laignel-Lavastine et
Doptain présentent un garçon de vingt et un ans, ayant la taille d'un enfant
de sept à huit ans, qui entra dans le service avec tout le tableau clinique du
myxœdème facies lunaire, cheveux hirsutes, teint blafard, obnubilation
:
J. MARÉCHAL.
—
Études sur la psychologie des mystiques, i vol. Bayaert
(Bruges) et Alcan. 1924. 266 p.
Le terme de « mystique » appliqué aux idées, au délire, à l'attitude, au
comportement des aliénés est banalisé par l'image au point qu'il semble que
la définition, la signification de ce mot soient vues sous le même angle par les
psychologues, les psychiatres et les théologiens. Or, rien n'est moins exact et,
en psychiatrie surtout, la qualification de mystique est appliquée à des états
les plus différents et, d'autre part, à des modalités de la vie psychologique
morbide qui ne tiennent, au vrai, ni de près ni de loin à la véritable vie mys-
tique. Aussi n'est-il pas indifférent de chercher à préciser ce qu'on doit
entendre sous le terme de mystique et de déterminer les caractères psycholo-
giques du mysticisme réellement vécu.
L'ouvrage, dont M. Maréchal ne nous donne aujourd'hui que la première
partie, constitue pour cette recherche le guide le plus précieux, puisque l'au-
teur, par sa double qualité de psychologue et de théologien, peut compter
parmi ceux qui, des états mystiques, sont le mieux avertis.
Ainsi que le rappelle M. Maréchal, les observateurs superficiels, pamphlé-
taire à courte vue, médecin grossièrement psychologue, dévot mal éclairé, ont
trop souvent considéré le mysticisme du dehors et aperçu seulement, de cet
état, l'apparence extérieure, les phénomènes somatiques, les bizarreries
pieuses, le gros merveilleux; ils ont manqué de discerner la marque essen-
tielle, fondamentale, de l'état mystique. Les vrais psychologues, eux, ne s'y
sont point trompés. Que l'on en juge. Selon le Père Poulain, auquel nous
devons un ouvrage des plus pénétrants sur « les grâces d'oraison », l'état mys-
tique se différencie de l'état d'oraison ordinaire par ce fait que, dans l'état
mystique, Dieu ne se borne plus à nous aider à penser à lui, mais « nous
donne de cette présence une connaissance intellectuelle expérimentale ». Pour
Boutrpux, l'extase mystique est « un état dans lequel toute communication
étant rompue avec le monde extérieur, l'âme a le sentiment qu'elle commu-
nique avec un objet interne qui est l'être infini, Dieu ».
Tel est aussi le point de vue de W. James : « La conscience d'une illumi-
nation est pour cet auteur la marque essentielle des états mystiques. » D'où
l'on peut conclure, avec M. Maréchal, que le phénomène mystique fondamental
consiste dans « le sentiment direct de la présence de Dieu ou même l'intuition
de Dieu présent ».
Mais entre ce point culminant, spécifiquement mystique, et la connaissance
ordinaire s'intercale une gamme d'états intermédiaires. Ce sont d'abord les
visions sensibles, corporelles qui s'intègrent dans les cadres de la sensation
ou de l'hallucination; puis les visions imaginaires dans lesquelles le mystique
contemple l'image nettement spatialisée d'un objet, d'une personne, d'une
scène naturelle ou symbolique, mais sans croire à la réalité des objets repré-
sentés. Ces pseudo-hallucinations apparaissent donc moins comme des faits
illustrés par la présence réelle » que comme des états où prédominent l'exté-
cc
riorisation spatiale et la localisation d'une représentation interne. La qualifi-
cation de présence irréelleleur conviendrait assez exactement. Du point de vue
psychologique pur, les états auxquels nous faisons allusion sont intéressants
en ce qu'ils mettent en lumière ce fait qu'une localisation spatiale très précise
peut accompagner les représentations les plus maigres et les plus imprécises.
Il semble donc que l'idée ou le concept le plus dépouillés de matière peuvent
être, à tous leurs degrés d'abstraction, associés à une localisation spatiale. Et
cette association est capable, par la suppression de tous les antagonistes, de
se hausser jusqu'à la tyrannie de l'hallucination gauche.
Ceci donne ainsi raison, semble-t-il, à W. James pour lequel existe, dans
notre mécanisme mental, un sens de la réalité présente plus diffus et plus
général que celui qui résulte de nos sensibilités spéciales. La littérature mys-
tique nous offre à la fois des exemples de visions imaginaires analogues aux
pseudo-hallucinationset des cas de « présence sans images J.
Tous ces phénomènes « mystiques inférieurs » rentrent dans le cadre de la
psychologie classique et sont accessibles à sa prise, mais en est-il de même du
fait mystique lui-même? Tel est le problème que discute longuement M. Maré-
chal, Et, en effet, si l'état mystique pur comprend les données hétérogènes à
la science psychologique empirique, dans quelle mesure peut-on lui appliquer
les lois ordinaires?
Selon l'interprétation que les mystiques donnent de leur état, ceux-ci sont
unanimes à considérer l'union mystique proprement dite non pas comme une
grâce dont Dieu les aurait fait bénéficiaires à la faveur d'un concours de cir-
constances par ailleurs naturelles, mais comme le résultat d'une intervention
directe de la divinité laquelle produit au cœur et dans l'esprit du mystique
« un état absolument inaccessible aux seules forces humaines ».
D'où il semble résulter qu'il est impossible de connaître le véritable état
mystique si soi-même on ne l'a pas vécu, d'une part, et que cet état par ses
prétentions métaphysiques et religieuses dépasse la psychologie ordinaire,
dépendant qu'il est de la philosophie et de la théologie.
Il ne nous est pas possible, ici, de suivre l'auteur sur le terrain de la mys-
tique chrétienne, malgré l'intérêt que présente cette étude pour le psycho-
logue; mais qu'il nous soit permis de rapporter les étapes de la vie mystique,
si soigneusement décrites par M. Maréchal. Leur connaissance exacte ne
saurait être tenue pour indifférente au psychiatre qui aura, dans certains cas
exceptionnels, à retrouver les diverses phases évolutives d'un délire à caractère
vraiment « mystique J, amplification caricaturale de l'intuition et de l'illumi-
nation divines.
A l'étage inférieur des manifestations religieuses de la vie personnelle,
nous trouvons le rite et la prière vocale. L'un et l'autre forment l'armature et
le soutien du mouvement interne tendant à un effort vers l'unification psycho-
logique et son absorption dans le divin, terme ultime de la vie mystique. Après
bien des maîtres de la pensée chrétienne, M. Maréchal montre comment s'en-
tre-pénètrent le psychologique et le physiologique dans le développement des
pratiques rituelles et de quelle manière l'esprit coordonne et unifie l'attitude
et les gestes corporels pour s'en faire un soutien.
Mais ces pratiques extérieures, si elles créent une disposition physique
favorable à l'accession du divin n'atteignent pas, dans son intime, la conti-
nuité de la vie psychologique. Il en est autrement de la prière intérieure qui,
se mêlant au jaillissement de notre activité mentale, peut devenir un véritable
principe de vie spirituelle.
Par la concentration de son activité psychique sur l'oraison mentale,
l'orant ou le retraitant réalise cet Einstellung, cette Aufgabe sur lesquels ont
tant insisté les psychologues d'outre-Rhin, laquelle n'est autre, au fond, que
l'adaptation active générale qui réagissant sur toute prière devient, selon le
mot de l'auteur, une « polarisation vers Dieu ».
L'ascèse, l'organisation méthodique, persévérante des tendances inférieures
et des inclinations de la sensibilité, le renoncement au moi, le détachement
complet et définitif des affections terrestres nous conduisent directement à
l'étape supérieure de la vie mystique dont la contemplation sensible, la con-
templation d'imagination, enfin la contemplation intellectuelle forment les
éléments essentiels; cette dernière, par son mouvement intermittent, par sa
nature même, vers l'unification de l'esprit, et donc vers la simplification du
contenu de celui-ci.
Mais cette unification spirituelle se révèle, à l'analyse, de deu; ordres : la
simplification qui appauvrit, la simplification qui enrichit. La première est
l'apanage de la pathologie mentale, la seconde caractérise l'ascension mys-
tique véritable, la communion intime avec le divin.
Simplification appauvrissante, c'est elle qui fait le fond du processus de
l'extase hystérique, des stéréotypies d'attitude et de gestes de la démence
catatonique dont l'auteur rapporte un exemple significatif. Non seulement,
chez le mystilue vrai, nulle discordance entre le monde intérieur et l'expres-
sion mimique et gesticulatoire, mais tout au contraire, accord parfait, unifica-
tion profonde et intime de tous les processus physiologiques et psychologiques
dont l'activité se centre et se reconcentre sur un unique objet : Dieu à l'intime
du moi.
On le voit, la vie mystique véritable ne se rattache en aucune manière aux
états que la psychiatrie décrit sous les étiquettes de « délire mystique i, d'« état
mystique D,d'cc hallucinations mystiques J. Sans doute, ainsi que tout état psy-
chologique, l'illumination, l'éblouissement de la contemplation mystique peut
trouver un pendant en pathologie mentale, mais avant de lui appliquer l'éti-
quette de mystique, encore conviendrait-il, en bonne règle, de retrouver quel-
ques traits similaires entre l'état mystique, simplification enrichissante de
l'esprit, et cette image appauvrie et déformée que nous offre la pathologie.
J. LHERMITTE.
MAURICE DE FLEURY. Les états dépressifs et la neurasthénie. Paris, 1924,
XXV-171 pages. F. Alcan, édit.
L'auteur, dans sa préface, apporte un plaidoyer en faveur de la classifica-
tion clinique proposée par Delmas et Boll dans leur livre sur la Personna-
lité humaine et d'après laquelle il faut opposer les psychoses à base
organique et les psychoses « sans anatomie pathologique », « psychoses con-
stitutionnelles, nettement systématisées, essentiellement psychologiques ».
En se basant sur cette classification, M. de Fleury, au cours d'un premier
chapitre, distingue essentiellement parmi les états neurasthéniques, ceux
qui sont à base organique : c'est la neurasthénie vraie, maladie accidentelle
et non héréditaire, constitutionnelle, de nature toxi-infectieuse, primitive-
ment somatique et secondairement psychique.
A cette maladie relativement rare, et qui seule a droit au nom de neuras-
thénie, s'opposent les divers types de pseudo-neurasthéniques petits inter-
mittents, déprimés constitutionnels, hypocondriaques paranoïaques ou
anxieux. Après avoir énuméré les symptômes de la neurasthénie vraie,
M. de Fleury étudie plus à fond au chapitre du diagnostic et confronte en
un tableau synthétique les différences qui lui permettent de trancher le
diagnostic entre cette neurasthénie vraie et la petite cyclothymie.
Comme cause principale de la neurasthénie, il reconnait le surmenage
intellectuel et physique et surtout les infections, au premier rang desquelles
il range la grippe et l'appendicite chronique, enfin, la diathèse arthritique.
La cause primitive est toxique; elle agit sur le système nerveux central et le
système sympathique : « Tout se passe comme si l'axe cérébro-spinal et le
sympathique envoyaient aux muscles de la vie de relation et de la vie végé-
tative un influx nerveux appauvri. » La conséquence en est l'hypotonie
généralisée, musculaire et glandulaire, qui constitue « l'anatomie patholo-
gique de la neurasthénie vraie ».
Le traitement devra donc être d'abord purement physique, puis physique
et psychothérapique, quand un syndrome mental se sera greffé sur le syn-
drome physique.
P. SCHIFF.
Y. BERTRAND. Les processus de désintégration nerveuse. i vol. Masson,
209 pages. 1923.
Par la complexité de sa structure et par la délicatesse et la fragilité des
éléments qui le constituent, le système nerveux central est plus qu'aucun
autre organe de l'économie prédisposé aux altérations dégénératives, consé-
quence fatale de nombre de facteurs étiologiques, les traumatismes, les
infections, les intoxications, les nécrobioses et aussi, plus simplement,
l'usure naturelle, la sénilité. Aussi, est-il indispensable de préciser, dans une
étude histologique d'un processus quelconque en action sur le système ner-
veux, non seulement les modifications tissulaires en rapport direct avec
l'agent pathogène, mais encore les produits de désintégration qui traduisent
par leur importance et leur extension l'étendue et la profondeur de l'atteinte
des fibres et des cellules nerveuses comme aussi de la trame de soutènement :
la névroglie.
L'exposé parfaitement clair des processus si divers de la désintégration
nerveuse que nous donne M. Y. Bertrand constitue une excellente mise au
point de ce problème, lequel n'est pas tant histologique que biologique. On
y trouvera également les résultats des recherches personnelles de l'auteur.
Après avoir passé en revue les différentes granulations intra-cytoplas-
miques produits de la viciation du métabolisme protéique granulations
:
azurophiles, 'fibrinoïdes, fuchsinophiles, basophiles-métachromatiques,
orthochromatiques et donné les techniques qui permettent de les différencier
Bertrand étudie les infarcissements du tissu nerveux par le calcium, le fer
le glycogène, la cholestérine, les graisses, enfin les pigments ferriques et non
ferriques dont la mélanine est le plus bel exemple.
Tous ces produits de désintégration, qui peuvent être assez aisément
identifiés par l'histo-chimie, sont voués à une élimination progressive par
l'intermédiaire de phogocytes, de cellules vectrices. Celles-ci dérivent d'élé-
ments dont l'origine est diverse. Il est aujourd'hui démontré que la névroglie
est capable de fournir nombre d'éléments doués d'un pouvoir phagocytaire
intense, qu'il s'agisse des éléments fibreux ou des éléments dits protoplas-
miques. Conformément à l'opinion soutenue par Del Rio Hortega, Bertrand
range parmi les éléments mésodermiques les cellules satellites des neurones
et leur attribue un pouvoir phagocytaire élevé.
Quant aux cellules dont la nature conjonctive n'est contestée par aucun
auteur puisque, manifestement,elles dérivent de l'enveloppe vasculaire, elles
se mobilisent, elles aussi, avec une grande rapidité et contribuent pour une
large part à l'élimination des déchets et des produits de désintégration. La
prolifération des gaines vasculaires, phénomène pour ainsi dire constant
au cours des processus de désintégration du système nerveux, est désignée
par l auteur du terme de métaplasie lymphoïde terme assez criticable, car
par métaplasie l'on entend la transformation d'un tissu différencié dans un
autre également différencié, ce qui n'est pas le cas où l'on a affaire à une
simple dédifférenciation typique d'éléments de même lignée, la lignée
lympho-conjonctive.
Quoi qu'il en soit, les cellules vectrices subissent un processus de dégé-
nérescence aussi nombre d'entre elles ont-elles une existence éphémère.
Les produits de désintégration mis en liberté dans les gaines périvasculaires
y sont drainés vers la pie-mère, laquelle réagit enfin contre l'invasion de ces
déchets.
Dans la seconde partie de son ôuvrage, Bertrand étudie au point de
vue
de la désintégration quelques exemples de maladies du système nerveux et
particulièrement les affections traumatiques/les infections spécifiques et non
spécifiques, puis les tumeurs. Ce chapitre apparaît comme le plus personnel,
aussi doit-il retenir notre attention.
En raison de la grande variété des cellules néoplasiques qui forment la
masse des gliomes, Bertrand ne se résout pas à adopter une classification de
ces tumeurs basée sur la morphologie et l'agencement des cellules néo-
plasiques. Ce qui doit guider avant tout, selon l'auteur, c'est la notion
permanente de métaplasie. Sans aller jusqu'à admettre avec quelques histo-
logistes comme Letulle et Nattan-Larier, le gliome parmi les tumeurs con-
jonctives, Bertrand soutient que le gliome est, en réalité, un complexe
conjonctivo-névroglique au sein duquel s'intriguent les éléments conjonctifs
et névrogliques à tel degré que l'identification de leur origine se heurte à
d'inextricables difficultés. Mais Bertrand et son collaborateur Medakovitch
vont plus loin et reconnaissent que non seulement, le stroma tumoral est semé
d'éléments conjonctifs fibroblastes, clasmatocytes et d'éléments hémato-
:
calcaire.
L'ouvrage se termine sur la description des lésions néoplasiques et dégé-
nératives dont sont le siège, au cours de maladies diverses, la moelle épi-
nière, les ganglions rachidiens et les nerfs périphériques.
La description des différents processus morbides du système nerveux,
toujours un peuaride, est heureusement illustrée de nombreuses et excellentes
figures qui faciliteront, surtout pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec
l'anatomie pathologique, la compréhension du texte, lequel sera lu avec
intérêt par grand nombre de neurologistes.
P. S.
ANALYSES
Neurologie
T. BORDA. Coupes transversales sériées du tronc encéphalique. (Méthode
de vVeigert-Pal). i vol. Buenos-Aires, Établissement typographique argen-
tin, I923.
La première partie contient la description très minutieuse des éléments
anatomiques que l'on rencontre dans chacune des coupes. La seconde est
formée de planches trèsbien faites, reproduisant les coupes de l'auteur depuis
la partie moyenne de l'entre-croisement des pyramides, jusqu'au niveau où le
faisceau de Türck ou temporo-frontal du pédoncule cérébral se sépare pour
se continuer avec la partie postérieure de la capsule interne.
L. WAHL.
PATTI. Sur une tumeur rare de la glande pinéale (épiphysome?).
(Rivista italiana di neuropatologia psichiatri ed elettroterapia, juillet-août
1923.)
A l'autopsie d'une femme de trente ans morte de pleuro-pneumonie fibri-
neuse droite, l'auteur trouva une tumeur de l'épiphyse qui ne s'était mani-
festée par aucun symptôme. Cette tumeur présentait la structure normale de
l organe qui lui a donné naissance;
on peut lui donner le nom d'épiphysome.
L. WAHL.
NOVOA SANTOS (de Santiago de Gallice). Note sur la pression et les réac-
tions du liquide céphalo-rachidien dans les cas de syndrome amyosta-
tique postencéphalitique de type parkinsonien. (Revista de neurobiologia,
IV-I. Madrid, 1924.)
L auteur a étudié le liquide céphalo-rachidien il n'a
pas constaté de
trouble de pression constant. Les réactions de Nonne-Appelt, de Boveri
Noguchi et quelquefois de B.-W. n'ont pas montré de pléocytose, ni d'hyper-
albuminose, ni d'augmentation de glucose. Dans un seul cas, le nombre des
lymphocytes était augmenté et dans trois seulement la réaction de Noguchi
a été positive.
L. WAHL.
ZUCCAR1. Méthodes cliniques d'examen et précipitation méthodique des
colloïdes du liquide céphalo-rachidien dans les cérébropathies infan-
tiles, l'épilepsie, la paralysie générale et dans la période tardive de
l encéphalite léthargique. (Rivista sperimentale di freniatria, 31 dé-
cembre 1923.)
Moyens d'étude dosage de l'albuminose par la méthode de Brandberg,
réaction de Nonne-Appelt première phase, de Noguchi, de Pandy, de Boveri,
de \\ eichbrodt, du benjoin colloïdal, du mastic, de B.-W. (sang
et liquide
céphalo-rachidien). 65 observations : 10 cas d'idiotie albumine o,33
:
toutes les autres réactions négatives,o,3 lymphocytes par millimètre cube.
Idiotie mongoloïde (2 cas), même résultat ; 19 imbéciles
ou dégénérés, même
résultat ; ii épileptiques de même; ii paralysies générales albumine 3 à
i p. 100, Nonne-Appelt, Noguchi, Pandy fortement positives, Weitchbrodt et
benjoin positives, mastic III-IV-B.-W. fortement positive, sauf fois dans
une
le sang, lymphocytose 76 à 9 par millimètre cube dans la syphilis cérébrale
albumine o,5o, Nonne-Appelt, Noguchi faiblement positives, Boveri
Pandy positive,Weichtbrodt faiblement positive, benjoin colloïdalmoyenne,
douteux,
mastic I, B.-W. sang très faiblement positive, dans le liquide céphalo-rachi-
dien négatif. Dans les syndromes parkinsoniens post-encéphalitiques (5 cas)
et dans les cas de perversions du caractère postencéphalitiques (4 cas), les
résultats furent négatifs.
L. WAHL.
E. BATES BLOCK et R. H. OPPENHEIMER (Atlanta, U. S. A.). Etude
comparative des pressions intra-rachidienne, sanguine et de la tension
oculaire. (Archives of Neurology and Psychiatry, vol. XI, n° 4, avril 1924,
p. 444.)
Chez 100 sujets les auteurs ont noté concurremment, avec des instruments
de mesure toujours identiques (manomètres de Baumann pour la pression
artérielle, de Fleischer pour le liquide céphalo-rachidien, tonomètre de
Schiôtz pour la tension oculaire), les valeurs des tensions artérielle, cérébro-
spinale et intra-oculaire.
Ces recherches n'ont pas révélé l'existence d'un parallélisme absolu entre
les variations de ces trois ordres de tension, parallélisme qu'aucun fait
clinique d'ailleurs n'aurait permis de prévoir. Ce que les auteurs ont pu en
conclure, c'est qu'à l'élévation ou à l'abaissement particuliers d'une de ces
trois tensions correspond dans une certaine mesure une élévation ou un
abaissement des deux autres. Si, par exemple, on considère tous les cas dans
lesquels la tension oculaire a été égale à 20 ou supérieure à 20 et tous les cas
dans lesquels elle fut égale ou supérieure à 10, on voit que les tensions
céphalo-rachidiennes ou artérielles ont été dans l'ensemble plus élevées dans
les cas du premier groupe que dans ceux du second. Cette apparence de
parallélisme disparaît d'ailleurs dès que l'hyper- ou l'hypotension d'un des
milieux reconnaît une cause purement locale.
S. SCHIFF-WERTHEIMER.
Psychiatrie
HENRI CLAUDE. La psychanalyse dans la thérapeutique des obsessions
et des impulsions (Paris-Médical, 20 octobre 1923).
Si la psychanalyse de Freud est à la mode aujourd'hui, même parmi les
médecins, on peut dire qu'il s'agit beaucoup plus de controverses théoriques
à propos de la doctrine de Freud que de véritables expériences psychana.
lytiques. Alors que tant de médecins condamnent la méthode sans l'avoir
mise en œuvre, le professeur Claude a voulu se faire sur la question une
opinion personnelle. Il a, dans son service de l'Asile clinique, avec la colla-
boration du docteur Laforgue, appliqué lui-même la méthode en dehors de
toute idée préconçue et entrepris ainsi, semble-t-il, les premières psych-
analyses qui aient été conduites en France d'une façon rigoureusement con-
forme aux données de Freud. Cet article contient, outre un exposé de la thé-
rapeutique psychanalytique, les conclusions fournies par ses résultats per-
sonnels. Laissant pour le moment de côté toute discussion sur les notions
freudiennes des complexes affectifs, du refoulement, de la sublimation,
M. Claude s'attache à caractériser le mécanisme de la thérapeutique et il
insiste particulièrement sur la « névrose de transfert » qui est pour lui la con-
dition essentielle et indispensable du succès. Il montre les divers aspects —
amour ou amitié ou crainte avec sentiment de subordination — que peut
présenter le transfert affectif sur la personne du médecin. Mais M. Claude se
sépare de Freud en ce que la simple mise à jour des complexes lui paraît
insuffisante pour réaliser la guérison ; le travail psychanalytique a surtout
pour effet de rendre le malade plus accessible à la psychothérapie, sugges-
tive ou persuasive, du médecin. La psychanalyse prépare à la psychothérapie.
Au sujet des résultats obtenus par les premiers adeptes de la méthode, le
professeur Claude indique les difficultés de la tâche. « La technique est
délicate, difficile, exige un apprentissage particulier, c'est une méthode qui
absorbe grandement le temps du médecin, qui est donc relativement coûteuse.
Le découragement est fréquent chez les malades et se rencontre parfois
chez le médecin. Enfin les conditions du transfert créent souvent des situa-
tions délicates et exigent de la part du médecin, plus encore que de tout
autre psychothérapeute, des qualités de tact, de réserve et de conscience
professionnelle. Aussi ne peut-on concevoir qu'une pratique thérapeutique
aussi délicate puisse être confiée à des personnalités extra-médicales, non
familiarisées avec le sentiment des responsabilités qu'entraîne cette emprise
sur le psychisme des malades. » M. Claude insiste aussi sur le fait, souvent
oublié ou ignoré, que « certains cas ne se prêtent pas à l'analyse du fait de
leur âge après quarante ans, Freud, en principe, renonce à l'analyse, parce
que les complexes refoulés sont trop insérés dans la personnalité des malades
et que, même après l'analyse, la persuasion n'a guère d'efficacité chez des
sujets d'un certain âge ».
Arrivant à ses propres résultats, M. Claude donne l'observation résumée
de 16 cas, dont 8 avec guérison, 5 avec amélioration et 3 non améliorés. Il
conclut que « la psychanalyse ne constitue pas une thérapeutique absolue et
constamment efficace ni toujours inoffensive ». Il se demande « si, dans bien
des cas, il ne suffirait pas d'emprunter à la psychanalyse certains de ses pro-
cédés d'investigation et de les utiliser pour pénétrer davantage qu'avec
l'analyse psychologique ordinaire dans l'inconscient des individus, de
dégager les conflits provoqués par le refoulement sans attirer trop l'attention
du malade sur une série de précisions relatives à la sexualité, précisions qui
peuvent être plus traumatisantes que le souvenir traumatique à contenu
sexuel et d'origine surtout infantile que Freud place à l'origine des psycho-
névroses ».
Pour M. Claude, en effet, la sexualité est loin d'être à l'origine de tous les
cas de psychonévrose. Les obsédés et les anxieux sont des insuffisants à tous
égards, des dystrophiques, et les épisodes les plus caractéristiques de la
névrose sont en rapport avec des troubles glandulaires ou sympathiques.
M. Claude préconise dans l'étude et la thérapeutique des psychonévroses
une méthode Psycho-biologique qui s'efforce d'analyser parallèlement les
troubles organiques relevant du système neuro-végétatif et les données
psychiques subconscientes. La psychanalyse, en tant que science auxiliaire,
peut donc être fort utile, et M. Claude conclut en rappelant le mot de Pierre
Janet II La psychanalyse a rendu de grands services à l'analyse psycho-
logique. » P. SCHIFF.
AVIS
La VIe réunion d'études biologiques de neuro-psychiatrie aura lieu le
26 juin 1924, à neuf heures et demie du matin, à l asile Sainte-Anne, l, rue
Cabanis (amphithéâtre de la clinique).
Le Gérant : G. DELARUE.
COMPTE RENDU OFFICIEL
DE LA
Vie RÉUNION D'ÉTUDES BIOLOGIQUES DE NEURO-PSYCHIATRIE
LE 26 JUIN 1924
SOMMAIRE
Communication de MM. Cestan, Gay et Pérès. — Quelques considérations sur la
valeur décroissante de la cytose du liquide céphalo-rachidien retiré par la ponction
lombaire.
Discussion : MM. Toulouse, Targowla,"'finel, Marchand, Claude.
Communication de MM. Toulouse et Marchand et Mlle Pezé. — Troubles mentaux
symptomatiques de métastases cancéreuses encéphaliques.
Discussion : MM. Claude, Toulouse, Laignel-Lavastine, Marchand.
Communication de MM. Henri Claude, A. Borel et Gilbert Robin. — Un nouveau
procédé d'investigation psychologique : l'éthérisation.
Discussion : MM. Dupouy, Claude.
Communication de MM. A. Marie, P. Poincloux et H. Codet. — Traitement d'un cas
de parkinsonisme post-encéphalitique par injection intra-rachidienne de virus-vaccin
encéphalitique(méthode Levaditi-Poincloux).
Discussion : MM. Guillain, Toulouse, Codet, Claude.
Communication de MM. Henri Claude et René Targowla et Mlle Badonnel. — Note
sur la glycémie morphinique.
Discussion : MM. Toulouse, Targowla.
Communication de MM. J. Tinel et D. Santenoise. — Les variations de l'équilibre
vago-sympathique dans les crises confusionnelles.
Discussion : MM. Toulouse, Tinel.
02
Monos, Lymph.
cm3..6
IER et
0,1
3 0,7
53
0,1 0,1
x 4
1 »
4
»
—
— 32
3
8
3
3,5
32
3 3
48
i,5 2,5
3 1,8
35
3 2
— 2 4 » »
Ainsi, que la numération porte sur les monos ou sur les lymphos, on voit
que le chiffre des éléments décroît rapidement du ier cm3 au 5e cm3 écoulé,
car, d'une manière générale, la différence entre le 5e cm3 et le 10E cm3 est
bien plus faible que celle qui sépare le ier du se cm3.
Le rapport entre ces derniers varie, puisque nos chiffres extrêmes sont
pour les monos 9 et 7,5 et pour les lymphos 3 et 5.
Les voici d'ailleurs en série. A) : monos, 6-5-0-4-9-3-0, 5-3-3-3-4-3-8-2-3.
B) : lymphos, 3-3-4-5-3-3-2, 5-2-2-2-8-5-3, 5-4-1, 8.
On voit également que, pour le même malade, on ne trouve pas le même
rapport quand on étudie comparativement les monos et les lymphos.
Tout parait donc se passer dans le liquide céphalo-rachidien comme si un
phénomène de sédimentation qu'on nous permettra de comparer à celui d'une
sablière accumulait dans les parties déclives le plus grand nombre d'éléments.
Nos examens n'ont pas porté sur des portions du liquide céphalo-rachidien
situées au-dessous de la 111e vertèbre lombaire, mais il est permis de supposer
que des recherches sur la région du filum terminale révèleraient un véritable
cloaque ; de même on peut se demander si, en imposant au sujet ponctionné
des situations autres que la situation verticale, on ne réaliserait pas une
répartition cytologique différente.
Dans le liquide céphalo-rachidien normal le nombre d'éléments est trop
petit pour que la loi se présente avec toute sa netteté, aussi l'avons-nous
recherchée dans des cas de méningites aseptiques provoquées.
Nous avons déterminé ces réactions méningées par l'injection au niveau
du ve espace intervétébral de quelques centimètres cubes d'hémostyl ou de
sérum physiologique.
OBS. I. — D... Marie.
Avant l'injection : albumine: 0,20; lymphos : 2; mononucléaires: o,5.
Benjoin colloïdal et réaction de Wassermann négatifs.
Injection intrarachidienne de 6 cm3 de sérum physiologique ; la malade
reste couchée. Le soir on a : albumine: 3 grammes; 4300 polynucléaires au
xer cm3 et 2 6oo au 5° cm3.
15e cm3.
De ces recherches il semble donc résulter que chez les sujets normaux et
dans les méningites expérimentales provoquées par une pneumorachie, la
ponction lombaire classique permet de retirer un liquide céphalo-rachidien
dont les premiers centimètres cubes sont plus riches en éléments cellulaires
que le Se cm3, ce qui prouve que le liquide de la région lombaire est plus
riche en éléments que celui de la région dorsale.
Cette notion a un intérêt pratique immédiat, surtout en présence de réac-
tions méningées discrètes que l'on rencontre par exemple dans les vieux tabes.
On a pu discuter l'intensité de la lymphocytose, mais les auteurs s'étaient-ils
placés dans des conditions scientifiques rigoureuses? Nous ne le croyons pas.
Il sera nécessaire en effet que ces auteurs nous indiquent avec soin si leur
numération, effectuée bien entendu avec la cellule de Nageotte, a porté sur
les deux premiers centimètres cubes ou sur l'ensemble brassé des dixpremiers
centimètres cubes retirés par la ponction lombaire au lieu classique. D'autre
part, quelques expériences, que nous rapporterons dans un travail ultérieur,
nous ont montré, surtout dans les méningites pathologiques, que le seul acte
de la ponction lombaire, sans extraction importante de liquide céphalo-
rachidien, peut amener parfois une vive réaction des espaces sous-arachnoï-
diens; il est donc indispensable d'indiquer avec précision s'il s'agit d'une pre-
mière ponction lombaire ou, dans la négative, à quelle époque et quelle
quantité de liquide céphalo-rachidien a soustraite la ponction lombaire pré-
cédente.
Nos recherches présentent en outre un autre intérêt; elles paraissent
confirmer les idées que l'un de nous a déjà exposées à plusieurs reprises avec
M. Riser sur la circulation du liquide céphalo-rachidien.
Dans l'hypothèse classique, il existe une véritable circulation du liquide
céphalo-rachidien, qui, sécrété par les plexus choroïdes, se dirige vers une
sortie extra-méningée, soit voie veineuse par les gaines périvasculaires, soit
voie lymphatique par les gaines neurales, sans que l'on ait pu préciser la
quantité du liquide céphalo-rachidien formé. Mestrezat par exemple admet-
tait que chez l'homme normal le liquide se renouvelle six à sept fois par
vingt-quatre heures. Faut-il donc admettre que, puisque les éléments figurés
vont s'accumuler dans le liquide céphalo-rachidien, ils ont été entraînés par le
sens du courant et que celui-ci se fait donc de haut en bas, des plexus cho-
roïdes. siège certain de la sécrétion du liquide, vers le cul-de-sac médullaire
durai ?
C'est une hypothèse peu vraisemblable; les expériences d'injections de
substances colorantes faites par l'un de nous avec MM. Riser et Laborde ont
montré qu'à l'état normal, il n'y avait pas de vrai courant constatable dans un
sens précis; le liquide céphalo-rachidien se trouve enfermé comme dans un
vase clos avec des oscillations dues aux mouvements circulatoires et respi-
ratoires. On comprend dès lors que dans un pareil liquide, chez les individus
gardant la position verticale et ayant des espaces sous-arachnoïdiens libres,
non cloisonnés par des réactions méningées segmentaires, les éléments cellu-
laires tombent lentement sous l'action de la pesanteur à la partie déclive,
c'est-à-dire dans la région sacro-lombaire.
Ainsi nos petites expériences, si simples en elles-mêmes, d'une part
-
montrent la nécessité d'une technique précise quand on parle de la numération
des éléments cellulaires du liquide céphalo-rachidien retiré par la ponction
lombaire et d'autre part apportent un certain appoint à l'étude de la physio-
logie encore discutée du liquide céphalo-rachidien.
Discussion :
M. Toulouse, en présence des intéressantes recherches du professeur Ces-
tan, demande que, pour avoir dans les diverses cliniques des résultats com-
parables entre eux, on se mette d'accord sur un chiffre minimum de liquide-
céphalo-rachidien à retirer avant d'effectuer une numération leucocytaire. On
pourrait par exemple s'entendre pour ne tenir compte que des numérations
effectuées sur l'ensemble des huit ou dix premiers centimètres cubes retirés.
M. Targowla rappelle que, depuis fort longtemps, les recherches de divers
auteurs avaient montré une prédominance des leucocytes dans les premiers
centimètres cubes de la ponction, mais il semble admis que ces variations leu-
cocytaires sont faibles dans les cas normaux.
M. Tinel : La sédimentation n'explique pas tout; c'est ainsi que le sable-
choroïdien se trouve non pas autour du cône terminal de la moelle, mais sou-
vent dans les gaines radiculaires cervicales ou dorsales. Il y a donc eu arrêt
à un étage supérieur.
M. Marchand a trouvé du sable choroïdien dans les gaines radiculaires,
en deçà mais aussi au delà du ganglion ; l'argument de M. Tinel ne suffit donc
pas à infirmer la réalité d'une sédimentation leucocytaire dans la partie
déclive du canal rachidien.
M. Claude n'est pas certain qu'on puisse affirmer l'étage cérébro-spinal d'où.
provient une fraction donnée du liquide céphalo-rachidien.
Ainsi, une femme, trois ans après avoir été opérée d'un cancer du sein,
est atteinte,à l'âge de cinquante-deux ans, d'amnésie globale, de désorien-
tation et d'anxiété. On ne note chez elle aucun symptôme de localisation, ni
même les signes communs aux tumeurs cérébrales. L'examen du fond d'oeil
qui aurait pu apporter des données intéressantes n'a pu être pratiqué. La
malade est morte neuf jours après son entrée dans le service et son état
s'était aggravé dès son arrivée. A l'autopsie on constate la présence de cinq
noyaux cancéreux métastatiques dans l'hémisphère gauche et un noyau volu-
mineux dans l'hémisphère droit. L'examen histologique décèle également un
petit noyau de la grosseur d'une tête d'épingle au milieu du tiers inférieur du
bulbe situé au-dessous du noyau de l'hypoglosse gauche.
Comment interpréter la pathogénie des troubles mentaux? Il est évident
que plusieurs des métastases cérébrales dont l'une avait le volume d'une
grosse noisette et l'autre celle d'un œuf de pigeon devaient exister depuis
longtemps quand les troubles mentaux ont éclaté. Le développement des
autres petites tumeurs corticales a-t-il joué un rôle? Nous serions tentés d'éli-
miner cette supposition. Dans un cas semblable survenu, il est vrai, chez une
démente précoce peu affaiblie psychiquement, les nombreuses métastases
cérébrales1 se sont développées sans modifier l'état mental et les lésions
cérébrales furent une trouvaille d'autopsie. Nous ferons remarquer que les
petits noyaux cancéreux n'ont déterminé chez notre malade aucune réaction
inflammatoire importante dans leur voisinage même. A la périphérie seule-
ment des deux plus grosses tumeurs, nous avons noté une certaine réaction
inflammatoire.
Doit-on attribuer un rôle important à l'hypertension cérébrale et aux
lésions pie-mériennes diffuses inflammatoires non cancéreuses que nous avons
décrites plus haut? La tension du liquide céphalo-rachidien n'a pas été
mesurée au manomètre de Claude, mais au moment de la ponction lombaire
le liquide s'écoulait goutte à goutte. De plus la malade ne présentait pas cli-
niquement le syndrome si caractéristique de l'hypertension intra-cérébrale.
Nous serions donc enclins à attacher la plus grande importance dans la
pathogénie des troubles mentaux à l'état méningé inflammatoire et diffus et
aux foyers inflammatoires péri-tumoraux. Ces réactions méningées diffuses,
soit dans le voisinage, soit loin des foyers tumoraux, ont été observées bien
souvent; nous sommes encore bien mal renseignés sur leur cause.
Cette observation présente encore un autre intérêt concernant le mode de
développement des noyaux cancéreux dans l'encéphale. Ici les amas de cel-
lules néoplasiques, au lieu de se développer dans le tissu connectif comme
dans le cancer du sein, se creusent des logettes dans le tissu nerveux. Les
cellules nerveuses disparaissent les premières dans les mailles ainsi formées;
les fibres à myéline résistent plus longtemps, mais finissent aussi par dispa-
raître. Le tissu névroglique devient d'abord plus dense et est constitué par
des fibrilles et de nombreux astrocytes; puis les cellules névrogliques hyper-
trophiées s'atrophient et les mailles ne sont plus formées que de fibrilles.
Dans ces zones où les alvéoles cancéreux entrent en voie de dégénérescence,
le tissu névroglique, lui aussi, prend un aspect amorphe, mais même dans ces
zones on note encore la présence de fibrilles névrogliques isolées ou réunies
en petits faisceaux.
Discussion :
M. Claude a vu des métastases cancéreuses disséminées dans les gaines des
nerfs craniens. Il signale que dans le cas de MM. Toulouse et Marchand et
de Mlle Pezé le volume total des métastases est minime, alors qu'on voit des
néoplasmes très volumineux demeurer latents. Ne convient-il pas de faire
jouer dans ce cas un rôle à une lésion rénale, étant donné le taux assez élevé
de l'urée sanguine ?
M. Toulouse. La symptomatologie clinique n'a pas été celle d'une atteinte
urémique. Le rôle principal doit être attribué moins aux métastases néoplas-
tiques proprement dites qu'à la réaction méningée secondaire.
M. Laignel-Lavastine a vu sur les coupes que montre M. Marchand de la
chromatolyse cellulaire indiquant un processus diffus d'intoxication corticale ;
i. Soc. anat. 19 février 1921.
c'est là un phénomène qu'il avait souvent observé avec Vigouroux dans les
tumeurs cérébrales.
M. Marchand signale en outre des infiltrations leucocytaires périvascu-
laires, réactions à distance qu'il constate souvent dans les cas de tumeur
cérébrale, à des endroits fort éloignés du siège de la tumeur.
Discussion :
M. Toulouse : A-t-on noté des variations de la glycémie en rapport avec
les émotions ?
M. Targow/a : Les variations sont contradictoires, tantôt en plus, tantôt
en moins.
I. Voici un premier cas, ayant trait à une jeune fille de dix-sept ans, qui est
entrée dans le service le 8 février 1924 dans un état de stupeur confusionnelle
datant de deux mois; inertie complète, mutisme, immobilité absolue, on est
obligé de la lever, de l'habiller, de la faire manger avec grand'peine du reste ;
cet état s'est installé après une courte phase d'agitation délirante confusion-
nelle, attribuée à une émotion?
En réalité, c'est la deuxième crise, car elle a présenté l'année précédente un
état exactement semblable, survenu dans les mêmes circonstances, et qui a
duré environ quatre mois.
On voit que le premier examen, pratiqué en plein état de stupeur, nous
montre une abolition à peu près complète du réflexe oculo-cardiaque comme
aussi du réflexe solaire.
Mais six semaines après, au moment où s'est produit, assez rapidement du
reste, en quelques jours, une amélioration considérable de son état, au moment
où elle recommence à parler, à s'habiller et à manger seule, nous voyons
réapparaître une ébauche de réflexe solaire et de réflexe oculo-cardiaque.
Puis, à mesure que la guérison s'affirme, les réflexes deviennent de plus en
plus nets, et plusieurs semaines après la guérison nous constatons, avec un
réflexe solaire assez marqué, un réflexe oculo-cardiaque particulièrement
intense. Elle a manifestement recouvré peu à peu son équilibre habituel, et cet
équilibre est celui d'une grande vagotonique.
II. Un second cas se montre à peu près superposable. Il s'agit d'une jeune
fille de dix-huit ans, qui, quinze jours après une violente émotion, a présenté
brusquement pendant quelques jours un état d'agitation délirante avec confu-
sion mentale, puis est tombée dans un état de véritable stupeur confusion-
nelle, à peu près identique au précédent.
A ce moment, abolition complète du réflexe oculo-cardiaque. Mais un mois
après, quand elle sort de sa stupeur, le réflexe oculo-cardiaque réapparait légè-
rement; et lorsqu'elle est complètement guérie, on note un réflexe extrêmement
accusé. Cette seconde malade se révèle aussi comme une grande vagotonique.
III. Une troisième malade va compléter cette série, en nous montrant éga-
lement au cours d'un état confusionnel survenu assez brusquement, en deux
ou trois jours, sans cause connue, un réflexe oculo-cardiaque presque nul,
avec persistance d'un léger réflexe solaire.
Cet état s'améliore rapidement et trois semaines après la malade, à peu près
guérie, nous montre un réflexe solaire assez fort, et un réflexe oculo-cardiaque
très intense.
Mais quelques jours après, reprise brusquement d'une nouvelle crise con-
fusionnelle, elle est ramenée dans le service et montre de nouveau un réflexe
oculo-cardiaque relativement faible, avec persistance d'un réflexe solaire assez
fort, probablement en rapport avec son état d'agitation.
Voici donc trois cas exactement identiques l'un à l'autre, et superposables
du reste à un grand nombre d'autres cas recueillis antérieurement par Sante-
noise.
Ils nous montrent tout d'abord qu'au cours de ces crises confusionnelles le
réflexe oculo-cardiaque disparaît ou s'atténue considérablement. Le réflexe
solaire semble moins souvent supprimé. S'il disparaît lui aussi dans les cas
d'atteinte particulièrement profonde se traduisant parla stupeur, il semble au
contrairepersister assez souvent dans la confusion simple,surtout s'il existe un
certain degré d'agitation, ou s'il persiste dans l'état confusionnel une émoti-
vité plus ou moins grande.
A mesure que l'état confusionnel se dissipe, le réflexe oculo-cardiaque
réapparaît et le malade retrouve son état d'équilibre antérieur.
Tout ce cycle pourrait, dans une certaine mesure, être comparé à celui qui
se retrouve dans un certain nombre de maladies infectieuses ou toxi-infec-
tieuses, avec cette différence qu'il traduit évidemment dans les crises confu-
sionnelles une sidération beaucoup plus profonde et plus élective du système
nerveux végétatif, et particulièrement de l'excitabilité parasympathique bul-
baire que décèle le réflexe oculo-cardiaque.
Mais une autre remarque s'impose également. Lorsque nos trois malades
sont sorties de leur état confusionnel et ont retrouvé leur équilibre végétatif
antérieur, nous avons constaté chez elles un réflexe oculo-cardiaque remar-
quablement intense. Toutes les trois présentent en somme une excitabilité bul.
baire anormale; ce sont de grandes vagotoniques.
Or, il semble bien, d'après les recherches expérimentales de Santenoise et
Garrelon, que cet état vago-tonique provoque ou accompagne une sensibilité
spéciale à toutes les actions toxiques, aussi bien aux intoxications de mode
anaphylastique qu'aux actions toxiques banales. La vagotonie traduit donc
en général une susceptibilité spéciale aux intoxications et particulièrement aux
fixations des toxiques sur les centres nerveux.
L'examen des réflexes végétatifs nous montre en somme chez ces malades
guéris, l'existence d'une véritable prédisposition aux intoxications portant sur
les centres nerveux; elles offrent aux fixations toxiques une réceptivité spéciale
que révèle l'intensité anormale du réflexe oculo-cardiaque.
Une telle constatation n'est pas sans intérêt au point de vue clinique,
puisqu'elle permet de prévoir et de redouter chez ces malades le retour pro-
bable de crises confusionnelles semblables ou d'autres manifestations équiva-
lentes.
On peut en effet remarquer que, sur ces trois malades, l'une a présenté deux
crises à un an d'intervalle, l'autre une rechute au bout de quelques semaines.
Il est à craindre que ces crises ne se renouvellent chez elles, à la moindre
intoxication accidentelle ou à la moindre surchargeauto-toxique.
C'est ainsi que se trouvent vraisemblablement réalisés de véritables états
confusionnels à répétition. Ces cas ne représententpeut-être qu'uneforme con-
fusionnelle de la psychose intermittente ou périodique.
Il est impossible, en effet, de ne pas être frappé par l'analogie des réactions
végétatives observées ici avec celles que présentent les malades atteints d'exci-
tation maniaque ou de dépression mélancolique périodiques. Dans ces cas en
effet, on constate bien, au cours des crises, des variations importantes de
l'équilibre végétatif — tantôt une atténuation ou une suppression du réflexe
oculo-cardiaque comme dans la plupart des états de dépression, — tantôt au
contraire une accentuation du réflexe oculo-cardiaque comme dans quelques
cas d'excitation pure, sans état confusionnel ; ces variations ne dépendent
peut-être que des différents centres nerveux atteints par l'intoxication pério-
dique. Mais, ce qui est plus caractéristique, c'est de constater en général, pen-
dant les périodes intercalaires, surtout dans les formes à crises rapprochées,
la même hypervagotoniesignificative d'une hypersensibilité aux toxiques.
Un autre rapprochement nous parait encore légitime entre ces crises con-
fusionnelles à répétition et certains syndromes se présentant avec les allures
de la démence précoce.
Voici les graphiques d'une jeune malade hospitalisée depuis deux ans dans
le service de la clinique avec le diagnostic de démence précoce probable.
Après être restée pendant dix-huit mois dans un état d'agitation et de stu-
peur alternées, avec idées délirantes, négativisme, refus d'alimentation ou
mutisme, cette malade présente depuis quelques semaines une rémission très
accusée : elle est calme, elle parle, elle s'habille, elle répond convenablement
aux interrogatoires, ne délire plus, commence à faire quelques travaux de cou-
ture et de broderie. Or, en explorant l'autre jour ses réflexes, nous avons eu la
surprise de constater chez elle un état d'hypervagotonie qui contraste avec la
vagotonie modérée enregistrée il y a dix-huit mois par Schiff, en plein état de
stupeur et de catatonie.
On peut vraiment se demander s'il ne s'agit pas d'un fait du même ordre
que les précédents, quoiqu'à évolution beaucoup plus prolongée.
Nous savons très bien que par la répétition des crises confusionnelles on
peut voir s'établir un état permanent d'affaiblissement intellectuel, de puéri-
lisme et de rêvasserie délirante, qui traduisent sans doute la déchéance des
cellules nerveuses profondément et itérativement intoxiquées; c'est le tableau
classique de la démence post-confusionnelle de Régis, qui n'est pas sans ana-
logie avec certaines formes de la démence précoce.
On peut de même supposer que certains cas évoluant sous le masque de la
démence précoce ne sont en réalité que des crises confusionnelles à répétition
ou même subintrantes, analogues à celles que nous avons évoquées tout à
l'heure, constituées par les mêmes processus de fixation auto-toxique et de
réceptivité spéciale hypervagotonique, laissant à chaque reprise un certain
déficit cellulaire, et aboutissant ainsi à un véritable état démentiel.
Tels sont les différents problèmes que nous a paru poser l'étude biologique
de ces crises confusionnelles, et particulièrement l'évolution si caractéristique
des réflexes vago-sympathiques.
Discussion :
M. Toulouse. Je demanderai également à M. Tinel s'il
a pu observer chez ses
malades un rapport entre la faculté d'émotion, la réceptivité émotive d'une
part, et le tonus nerveux végétatif d'autre part. -
M. Tinel. Tout se passe comme si la /agotonie augmentait la susceptibi-
lité aux toxiques et comme si les émotions également favorisaient l'intoxi-
cation.
REVUE GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIQUE ET CRITIQUE
BIBLIOGRAPHIE
PAR
B. CONOS
(de Constantinople)
Famille P... Père toujours bien portant et sobre, est mort d'accident
il y a quelques mois. Mère bien portante également, mais d'intelligence
au-dessous de la moyenne.
Chez les arrière-parents paternels on ne trouve rien de particulier.
Par contre, du côté maternel, grand'mère faible d'esprit, une tante sourde-
muette, un oncle a l'oreille dure et par moment il devient complètement
sourd.
Le frère aîné de nos deux malades ne présente rien d'anormal. Pol
est le second enfant de la famille. Le troisième enfant, une fillette, est
morte en bas âge, sans qu'on ait remarqué chez elle rien de particulier.
Mary est la quatrième enfant. Un cinquième enfant est mort âgé de
quelques mois. Depuis deux mois il y a un sixième enfant.
OBS. IV. — Pol P... âgé de huit ans. Il a parlé tard et a marché à cinq
ans, mais très mal; il tombait souvent en marchant et ses genoux et jambes
étaient constamment couverts de plaies à la suite de chutes fréquentes.
L'intelligence de l'enfant laisse aussi à désirer, remarque la mère, on est
obligé de lui répéter plusieurs fois une chose pour la lui faire comprendre.
A l'examen objectif, on constate ce qui suit : enfant de taille normale,
d'une physionomie expressive et intelligente (planche m, fig. 6), pourtant son
état intellectuel est loin d'être normalement développé. Ainsi, par exemple,
Pol ne sait même pas compter jusqu'à io. Après 4, il dit toujours 6, et
après 10, il ne sait que répondre; en réfléchissant un peu, il dit que c'est i4.
Il ne sait pas les jours de la semaine, et encore moins les mois. Il reconnaît
cependant les couleurs, le blanc, le rouge, le noir et le bleu. Il distingue le
jour de la nuit, mais il ne peut pas expliquer pourquoi il fait jour. La
mémoire est bonne, il a bien reconnu le médecin quelques jours après la
première visite. Son séjour à l'hôpital, pendant un mois environ, ne lui a point
été pénible, il n'a jamais réclamé sa mère. Par contre, il n'est pas indifférent
à l'argent, il en réclame et manifeste son contentement si on lui en donne.
Couché, il est tranquille et ses membres ainsi que sa tête restent en repos.
Assis, il ne peut pas rester un instant immobile, les traits du visage, la tête, le
tronc, les bras sont le siège de mouvements désordonnés. S'il essaie de parler
ou bien s'il veut prendre un objet, tout le système moteur se met en branle,
des mouvements désordonnés de plus en plus larges se déchaînent, en complet
désaccord avec le but proposé.
Dans la station debout on remarque une incertitude manifeste, l'enfant
ne peut pas rester longtemps debout sans appui, il tombe. Le corps entiçr est
agité par des mouvements désordonnés et penche légèrement à gauche.
L'épaule gauche est plus basse que l'épaule droite. La colonne vertébrale
fait une courbure exagérée à convexité droite. Mais ceci constitue pour le-
moment une déformation qui se corrige parfaitement avec la correction de
l'attitude de l'enfant. Quelquefois, le malade présente une légère lordose avec
ventre proéminent. Les pieds ne reposant pas tranquillement sur le sol, les
orteils sont toujours agités par de petits mouvementsd'extension et de flexion.
La démarche est incertaine, le corps du petit malade est porté tantôt à
droite, tantôt à gauche, les jambes de même ne peuvent pas suivre une ligne
droite, elles festonnent, le petit malade a une démarche « tabéto-cérébelleuse J.
Pupilles égales, réagissent bien à la lumière et à l'accommodation. Mou-
vements des globes oculaires normaux. Par la rotation du malade autour de
son axe, on perçoit quelques mouvements nystagmiformes aux excursions
latérales extrêmes des globes oculaires. Fond des yeux normal.
Rien de particulier du côté des muscles du visage, sinon qu'ils sont souvent
agités par de petits mouvements ataxiques. Rien à noter à la langue, aux dents,
à la voûte palatine. Perlèche des angles labiaux.
Parole lente, quelques syllabes sont supprimées, ou, plus souvent, mal
prononcées.
Les bras ne peuvent pas garder l'immobilité dans l'attitude du serment,
tandis que les doigts esquissent quelques mouvements athétosiques. L'épreuve
de l'index au nez n'est pas possible. L'ataxie est surtout marquée à la main
gauche. Il y a une adiadococinésie classique pour les mouvements successifs
des marionnettes, de l'émiettement et des mouvements de flexion et d'exten-
sion du poignet. La préhension des objets est tout à fait maladroite; la main
hésite un moment au-dessus de l'objet en question, elle plane quelques
instants, l'index et le pouce sont démesurément écartés, l'index fait quelques
mouvements de flexion de la phalangine et de la phalangette, finalement la
main parvient à emporter l'objet, mais l'autre main doit vite venir en aide,
autrement l'objet peut s'échapper, surtout si l'enfant doit ramasser par terre
successivement deux menus objets, deux pièces de deux sous, par exemple. Il
est alors obligé de débarrasser sa main de la première pour saisir la seconde.
La force musculaire est diminuée aux membres inférieurs, on remarque
surtout à droite une ébauche de pied bot, une tendance à la plante creuse et
à l'extension permanente du gros orteil. Pas trace d'atrophie. Les jambes
étendues en l'air ne peuvent rester immobiles, pas même un instant elles
présentent des oscillations dans toutes les directions. L'épreuve du talon au
genou révèle une ataxie manifeste. 11 n'y a pas de décomposition des mouve-
ments en mouvements plus simples. Réflexes tendineux du genou et du
tendon d'Achille diminués. Réflexe plantaire normal des deux côtés. Rien aux
sphincters.
La sensibilité subjective n'attire pas l'attention du petit malade. Quant à
la sensibilité objective, elle ne parait pas altérée; d'ailleurs, son exploration
est difficile à cause de l'âge et de l'état mental du sujet.
Le Wassermann du sang, fait à deux reprises et par deux opérateurs
différents, a été trouvé franchement négatif.
Rien dans les urines.
OBS. V. — Mlle M. P..., âgée de quatre ans, sœur du malade précédent,
née à terme, a marché à trois ans.
Les symptômes décrits chez son frère existent chez elle aussi, mais à des
degrés différents, quelques-uns plus marqués, d'autres plus légers. Rien aux
yeux. Parole très défectueuse, mais rien de caractéristique. L'ataxie des
membres supérieurs est plus intense que chez son frère. L'adiadococinésie est
très marquée. La préhension des objets très difficile, plus défectueuse que
chez Pol. Station debout très incertaine, elle ne pourrait, d'ailleurs, pas se
prolonger pendant deux minutes sans appui. Démarche tabéto-cérébelleuse,
mais moins ataxique que chez son frère.
Réflexes tendineux faibles. Pas de Babinski. Aucune déformation de sque-
lette. Liquide céphalo-rachidien normal. Le Wassermann dans le sang et le
liquide céphalo-rachidien sont négatifs (planche iir, fige 7).
COMPTE RENDU
DE LA
V RÉUNION NEUROLOGIQUE INTERNATIONALE ANNUELLE
diplopies, ophtalmoplégies.
Il semble qu'il n'y ait guère de maladies du système nerveux, que la
sclérose en plaques ne puisse simuler l'épilepsie essentielle, la maladie
de Parkinson, l'hémiplégie banale, les états lacunaires, l'aplasie axiale
extracorticale ou la maladie de Pelizaïs-Meisbacher, la pseudosclérose pro-
gressive de Wilson, les tumeurs cérébrales ou cérébelleuses, les atrophies
cérébelleuses, l'hérédoataxie et la maladie de Friedreich.
Enfin il existe des formes spinales de la sclérose en plaques qu'on
pourrait confondre avec la syringomyélie, une tumeur du cône terminal ou
de la queue de cheval, certaines myélites syphilitiques (d'autant plus qu'un
sujet peut avoir eu antérieurement la syphilis et être atteint de sclérose en
plaques).
L'auteur rappelle que, jadis, on a rangé certainement dans la paralysie-
spinale spastique des cas qui étaient soit de la syphilis médullaire, soit
:
Discussion :
un cas, accouchement deux cas, traumatisme un cas, émotion forte cinq cas.
Accidents éloignés anémie (?) un cas, intoxication par le gaz un cas,
alcoolique un cas, traumatisme deux cas, diverses maladies infectieuses
chroniques six cas.
Dans quarante des soixante-douze cas, il n'a été noté aucun antécédent
pathologique. Des exemples en quelque sorte expérimentaux établissent le
rôle du froid et des émotions sur certaines pousséesévolutives de la sclérose
en plaques et comportent des déductions pratiques.
Schrœder (de Copenhague) rappelle ses recherches, a mis en évidence
des spirochètes, mais ne peut donner une preuve absolue de leur spécificité.
Wimmer discute les rapports de la sclérose en plaques avec l'encéphalite
léthargique.
André-Thomas n'a jamais vu de cas nettement en rapport avec une
maladie infectieuse.
Quant à la syphilis, il discute ses rapports avec la sclérose en plaques et
conclut que la majorité des arguments actuels sont contre l'origine syphili.
tique de la sclérose en plaques, mais que ce n'est pas scientifiquement
établi.
H. Claude rappelle la notion de l'infection. Il a vu des cas en relation
avec une angine, une infection purpérale, mais il ne peut dire s'il s'agit de
la cause ou simplement d'une infection favorisante. Il hésite à propos de
l'origine syphilitique de la sclérose en plaques.
Poussep cite le cas d'une malade atteinte de crises gastriques qui avait
une sclérose en plaques.
10° La contagion. — A. Léri cite l'histoire d'une famille ayant présenté
trois cas de sclérose en plaques. Pour l'auteur, il ne s'agissait pas de forme
familiale de la maladie, mais plutôt de contagion, car la mère fut atteinte
la dernière, longtemps après ses filles.
11° Le traitement. — Reste indéterminé.
Ch. Foix a essayé le sérum de malades stabilisés, contre les poussées
évolutives, les résultats n'ont rien de spécifique.
Pour J.-A. Barré, les traitements mis en œuvre jusqu'à maintenant ont
une action médiocre et difficile à interpréter. En l'absence de traitement
spécifique, il administre de l'uroformine au début et pendant longtemps ;
l'emploi du cacodylate de soude a peut-être été utile, mais n'a guère modifié
l'état des réflexes tendineux ; les vasodilatateurs (nitrite de soude, pilocar-
pine, etc.) ont paru avoir une certaine action ainsi que les phosphates. Des
essais de protéinothérapie et l'emploi de vaccin polymicrobien ont semblé
plutôt nuisibles.
Les troubles de la vue, qui prennent parfois une allure alarmante, méritent
d'être traités par le curettage des sinus sphénoïdaux ; cette opération
sans danger agit souvent utilement sur ces troubles de la vue qui ne recon-
naissent peut-être pas pour cause une sinusite.
12° L'expérimentation. — G. Guillain et Marquézy rapportent le résultat
des observations qu'ils ont recueillies à la Salpêtrière et à l'institut Pasteur.
Dans aucun cas ils n'ont pu réaliser de passage d'animal à animal, ni mettre
en évidence de spirochètes.
i3° L'anatomie pathologique. — G. Guillain et I. Bertrand présentent une
série de projections, et mettent en évidence l'importance des lésions fines
sous-lésionnelles, décelables par des techniques spéciales, la méthode VI
d'Alzheimer à la fuschine vert-Lumière.
Sézary et Jumentié rapportent l'observation clinique d'une sclérose en
plaques terminée par myélite aiguë de type paralysie ascendante, qui simula
d'abord la syphilis, et ils en présentent les pièces anatomiques.
Long (de Genève) insiste sur la réduction de volume de la moelle dans
certains cas de sclérose en plaques.
Lhermitte fait remarquer que la sclérose en plaques est une encéphalo-
myélite à foyers disséminés. Il insiste sur l'importance des altérations péri-
vasculaires, sur l'altération des nerfs rachidiens et des nerfs craniens,
olfactif, optique, acoustique et vestibulaire, c'est-à-dire des nerfs qui sont
de même structure, et qui sont d'origine cérébrale. Il souligne également
la fréquence des lésions viscérales (cœur, rein, foie).
André-Thomas croit que la dégénération est plutôt cylindraxile que
périaxile. Il a vu des lésions cylindraxiles sans que les vaisseaux soient
touchés encore, d'autres fois il a vu les vaisseaux très atteints. Il croit que
les fibrilles de régénération sont une vue de l'esprit. Quant aux réactions
névrogliques, elles sont très variables d'un cas à l'autre.
L. GIROT.
BULLETIN DES SOCIÉTÉS SAVANTES
(NEUROLOGIE-PSYCHIATRIE)
I. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
— II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE.— IV. SOCIÉTÉ-DE
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU 5 JUIN 1924
Présidence de M. O. Crouzon
Syndrome des noyaux de la base et des voies extra-pyramidales. Troubles psy-
chomoteurs atypiques, par MM. H. Claude et H. Codet. — Une malade présen-
tant un aspect parkinsonien, prédominant à droite, avec visage figé, hyper-
tonie, a, en outre, de l'écholalie, de l'échopraxie, de la persévération dans les
paroles et dans les actes, ainsi que du rire et du pleurer spasmodiques. On
ne constate pas de signes d'atteinte pyramidale. Pas de syphilis ; il est impos-
sible d'affirmer l'existence d'une encéphalite léthargique. Son aspect, la len-
teur de l'élocution et du mouvement, joints à des réactions affectives un peu
vives, peuvent en imposer pour un état démentiel ; ce dernier, s'il existe, est,
en tout cas, beaucoup moins accentué qu'il ne le paraît. Il est intéressant
de constater combien la symptomatologie des noyaux de la base peut simuler
un déficit des fonctions intellectuelles, alors que leur atteinte est minime et
que, en fait, le mode d'expression de ces fonctions est troublé dans son
mécanisme.
Discussion :
M. Clovis Vincent. — Actuellement, un certain nombre de neurologistes
tendent à admettre que le syndrome parkinsonien est dû à une altération du
corps strié. S'il en est ainsi, il conviendrait de préciser la nature de l'alté-
ration qui détermine ce syndrome, car évidemment, toutes les lésions du
noyau caudé et du noyau lenticulaire ne donnent pas de syndrome parkin-
sonien. M. Vincent a eu l'occasion d'observer récemment un cas de ramol-
lissement, atteignant la plus grande partie de la tête du noyau caudé et le
putamen, qui ne présentait aucun des symptômes qu'on tend habituellement
à rapporter au corps strié aucun mouvement involontaire choréique ou
athétosique, aucune raideur. Les détails de l'observation seront donnés
ultérieurement.
Les réflexes cutanés palmaires. — M. Juster étudie le réflexe cutané hypo-
thénarien, le réflexe palmo-mentonnieret le réflexe cutané palmaire. Le réflexe
cutané hypothénarien consiste dans la flexion et l'adduction du pouce (réflexe
du pouce), l'adduction de l'index et l'extension des deuxième et troisième
phalanges des IIe, Ille, IVe et ve doigts, avec parfois flexion de la main sur
l'avant-bras, de l'avant-bras sur le bras et de retrait du bras, lorsqu'on excite
par un objet mousse ou par le pincement la région hypothénarienne de la
main tenue étendue sur l'avant-bras. Ces phénomènes ne s'observent chez
l'adulte qu'en cas de lésion du faisceau pyramidal. L'auteur analyse les deux
-phases de ce réflexe réponse locale des doigts et réponse à distance (phé-
:
nomène du triple retrait qu'il est possible de produire par la pression du carpe
.au niveau des articulations métacarpo-phalangiennes). Il montre les ana-
logies qui existent entre le réflexe cutané hypothénarien et les phénomènes
produits au membre inférieur par l'excitation cutanée plantaire ou le pince-
ment du dos du pied chez les malades atteints de lésion du faisceau pyra-
midal (réflexe de défense ou d'automatisme médullaire).
Le réflexe palmo-.mentonnier, étudié par Marinesco et Radovici, présente
-un grand intérêt sémiologique et physio-pathologiqueque les recherches de
M. Juster confirment. Il insiste sur l'avantage de l'emploi d'un objet mousse
à la place de l'épingle pour la recherche de ce réflexe et des réflexes cutanés.
Le réflexe cutané classique, qui consisterait dans la flexion des doigts
-après excitation palmaire, ne semble pas, d'après l'auteur, devoir être consi-
déré comme un réflexe.
M. Juster insiste enfin sur la valeur sémiologique du réflexe du pouce,
-du réflexe cutané hypothénarien et du réflexe palmo-mentonnier.
Présidence de M. Truelle
Un paralytique général aiguilleur dans une compagnie de chemin de fer.
M. Pactet présente un malade atteint d'une paralysie générale manifeste
et
qui n'en a pas moins rempli jusqu'à ces temps derniers les délicates fonc-
tions d'aiguilleur dans une compagnie de chemin de fer. C'est presque par
hasard, au cours d 'un voyage à Paris, que ce malade a été trouvé errant
sur
la voie publique et conduit à l'Infirmerie spéciale, puis à Sainte-Anne.
M. Pactet rappelle à ce sujet qu'il a attiré à plusieurs reprises l'attention sur
la question de l'aliénation mentale chez les employés de chemin de fer :
en 1911, dans une note au ministre des Travaux publics, et en 1914, devant la
Société clinique de médecine mentale. Il a pu rassembler de 1902 à 1910 plus
de quarante cas d'aliénation mentale chez des employés de chemin de fer.
Il estime que les compagnies devraient faire procéder à des visites pério-
diques des machinistes au point de vue psychiatrique.
M. Briand rapporte des cas analogues d'aliénation mentale chez des
machinistes et des conducteurs d'automobiles. Il estime qu'il y aurait lieu à
ce sujet de s'entourer de plus de garanties dans la délivrance des permis de
conduire.
M. H. Colin raconte l'histoire d'un malade qui, bien que réformé pour
épilepsie, n'en fut pas moins employé dans une compagnie de chemin de
fer.
M. de Clérambault propose à la Société d'émettre à ce sujet un vœu qui
serait transmis d'une part à la presse médicale, d'autre part aux différents
quotidiens.
M. Trénel estime qu'il y a lieu de réunir les nombreuses observations
recueillies sur ce sujet, afin de prendre une décision. Il signale que ces
mesures de sécurité devraient s'appliquer aussi aux transports maritimes.
M. Dupouy insiste sur les difficultés qui s'offrent au médecin, lorsqu'il est
consulté par un employé de chemin de fer atteint de troubles mentaux. S'il
prévient en effet le médecin de la compagnie, il peut être attaqué pour vio-
lation du secret professionnel. Il y aurait lieu qu'un psychiatre soit choisi
dans le personnel médical des compagnies.
M. Legrain souligne l'importance de l'alcoolisme dans la genèse d'ac-
cidents dans les transports.
M. H. Claude insiste sur la nécessité de rassembler tous les cas de ce
genre, et sur l'utilité de soumettre à un examen médical les conducteurs
ayant déjà provoqué plusieurs accidents.
Sur la proposition de M. Truelle, président, il est décidé de constituer
une commission sous la direction de M. Pactet, chargée de prendre une
décision sur ce sujet.
Documents iconographiques d'un inventeur délirant, par MM. Claude, Roger
Dupouy, D. Santenoise et G. Robin. (Présentation du malade). — Il s'agit
d'un malade, qui, malgré une instabilité marquée et un déséquilibre constitu-
tionnel, a pu remplir des fonctions sociales actives jusqu'à lafin de la guerre.
Après une longue captivité en Allemagne, marquée par douze tentatives
d'évasion, le malade commence, lors de son retour en France, à manifester
des idées d'orgueil, de l'irritabilité, et une instabilité des plus accentuées.
Après de multiples péripéties, il finit par être interné. Ce malade présente
des idées délirantes polymorphes il a un plan de réformes économiques
et politiques qu'il appelle le plan « bleu horizon » ; suppression de l'argent,
organisation du travail permettant le repos complet à partir de vingt-huit
ans, projet de polygamie, restaurant automatique, etc. Cependant, ces
diverses idées sont incohérentes et souvent absurdes. De plus, il existe une
discordance entre lamultiplicité des projets énoncés parle malade et l'absence
complète de la moindre tentative de réalisation pratique. Il semble donc, en
raison de l'existence du caractère relativement démentiel de ce délire, qu'il
y ait lieu de ranger ce cas dans le groupe des démences paranoïdes.
Les auteurs présentent de nombreux documents iconographiques.
Alimentation artificielle par voie nasale sans sonde, par MM. Trénel et
Cuel. — Dans certains cas où l'alimentation par la sonde est très difficile
(hyperesthésie nasale), ou chez certains malades cachectiques ou apoplec-
tiques, on peut utiliser la voie nasale directement. Il suffit de verser goutte
à goutte du lait dans la narine. Ce procédé est lent, mais peut, dans une cer-
taine mesure, permettre de remplacer la sonde.
M. Trénel rappelle à ce sujet qu'il a rapporté à la dernière séance de la
Société de médecine légale un cas de mort subite à la suite de l'introduc-
tion de la sonde.
M. Arnault demande si cette méthode permet d'introduire des quantités
suffisantes de liquide;
M. Mignard souligne l'intérêt de ce procédé.
Psychose tabétique par interprétation de symptômes somatiques dus à un
tabès. — MM. Roubinovitch, E. Minkowski et Ch. Monestier rapportent
l'observation d'un malade de cinquante ans, ayant présenté un tabès carac-
térisé d'abord par de la cécité, puis par des troubles ataxiques de la marche.
Quatorze ans après le début de la maladie apparaissent des troubles men-
taux, caractérisés au début par de l'excitation maniaque avec euphorie,
loquacité, logorrhée, idées de satisfaction, sans aucun signe de déficience
intellectuelle, puis aboutissant plus tard à un délire systématisé dont les
éléments proviennent de l'interprétation des différents troubles somatiques
dus au tabès l'ataxie et l'incoordination sont interprétées comme dues à une
:
Présidence de M. Toulouse
Désagrégation de la personnalité au cours d'un délire d'influence chez une
dégénérée. — MM. Montassut et Cénac présentent une malade à hérédité
chargée, atteinte depuis plusieurs années d'un délire d'influence. Les hallu-
cinations auditives et visuelles sont discutables, il s'agirait surtout d'auto-
représentations aperceptives. Les troubles sensoriels et psycho-moteurs sont
prédominants, ils commandent le thème délirant qui traduit la désagréga-
tion de la personnalité et les troubles de l'automatisme. Il s'agit ici d'un
délire de possession amoureuse et de protection. Le léger déficit du fond
mental et les réactions affectives paradoxales militent en faveur d'une évo-
lution grave.
Tabès avec idées délirantes de négation. — MM. Cénac et Péron présentent
une malade de quarante-sept ans qui montre, au cours d'un tabès nettement
caractérisé, des idées de négation : elles se sont développées en quelques
semaines au milieu d'un tableau d'agitation anxieuse dramatique. S'agit-il
d'un début de paralysie générale chez une tabétique? On sait la fréquence
de ce syndrome mental à la phase initiale de la paralysie générale. Ne
s'agit-il pas plutôt d'un délire hypocondriaque conditionné par le fond orga-
nique de syphilis nerveuse ? L'absence d'affaiblissementintellectuel, malgré
l'absurdité des idées délirantes, paraît un argument en faveur de cette
deuxième hypothèse.
Syphilis générale. Paràlysie générale ou folie intermittente.
— M. P. Car-
rette montre un malade âgé de quarante-trois ans qui a contracté la syphilis
à dix-huit ans et présenté depuis 1918 cinq accès d'excitation maniaque
évoluant en quelques mois, accompagnées d'euphorie, de délire de richesse
et de grandeur. Au cours des deux premiers accès, des signes somatiques de
paralysie générale pouvaient être mis en évidence; les réactions humorales
étaient positives ; les derniers accès affectaient la forme d'un état confu-
sionnel avec onirisme hallucinatoire. La formule humorale est devenue
négative après les accès, soit spontanément, soit après une médication anti-
syphilitique. Pendant les rémissions, le malade peut reprendre ses occupa-
tions antérieures et actuellement, il ne présente pas d'affaiblissementnotable
des facultés intellectuelles.
Il s'agit, très vraisemblablement, d'une psychose intermittente chez un
syphilitique. En tout cas, on peut supposer que les accidents aigus sont
susceptibles d'être améliorés par un traitement spécifique énergique.
Un cas de tumeur cérébrale avec hémiparésie droite et troubles de l'équi-
libre. (Présentation de pièces, de préparations histologiques et de micropho-
tographies en couleurs), par M. G. Naudascher. — Le diagnostic de tumeur
cérébrale avait été porté au moment de l'entrée du malade dans le service et
la constatation d'une hémiparésie droite avait fait présumer une localisation
dans l'hémisphère gauche.
A l'autopsie, on reconnaît que cette volumineuse tumeur, atteignant la
grosseur d'une petite orange, s'est développée dans le ventricule latéral
droit, elle est nettement limitée par une capsule fibreuse et elle a déprimé
peu à peu la substance cérébrale sans l'envahir. L'hémisphère droit est
déformé et augmenté de volume, le bulbe dévié vers la gauche présente une
atrophie de la moitié gauche.
A l'examen histologique, cette tumeur est un méningoblastomeangioma-
teux caractérisé par une élaboration abondante du tissu collagène et une
vascularisation très importante susceptible d'expliquer certaines particula-
rités de l'évolution de cette tumeur.
L'atrophie complète du noyau prépyramidal gauche que l'on observe à
divers étages du bulbe et jusqu'au niveau de la protubérance est sans doute
en rapport avec les troubles de l'équilibre constatés chez le malade.
H. COLIN.
Présidence de M. Sémelaigne
L'émotion « anxiété » et l'émotion « chagrin ». — M. R. Benon (de Nantes)
rappelle les signes de l'anxiété dont l'élément fondamental est le serrement
épigastrique, dont les degrés sont l'inquiétude, l'anxiété et l'angoisse, et qui
a pour variétés la peur et la frayeur. L'hyperthymie mélancolique simple et
l'hyperthymie mélancolique anxieuse doivent être distinguées de l'hyperthy-
mie anxieuse pure, motivée et primitive, simple ou délirante. Dans ce der-
nier cas, il n'existe jamais de regrets, jamais d'idées de culpabilité, qui sont
la base de la mélancolie vraie.
Le chagrin est déterminé par l'idée d'un mal passé avec, pour élément
affectif essentiel, le serrement épigastrique compliqué d'énervement, c'est
le désespoir ; compliqué d'asthénie, c'est la tristesse. Une jeune malade, non
démente précoce, a présenté successivement un syndrome mélancolique, un
syndrome asthénique, un syndrome délirant de persécution il est probable
:
que.dans ces trois phases psycho-cliniques ont dû être très différentes les
réactions vago-sympathiques et les sécrétions internes.
M. Pierre-Kahn insiste sur l'intérêt de distinguer la mélancolie de
l'anxiété. Dans la cyclothymie vraie, il semble que l'inquiétude fasse défaut
et que la dépression domine tout le tableau clinique. Dans l'anxiété, l'in-
quiétude est le signe d'une origine infectieuse, quels que soient les symp-
tômes qui l'accompagnent. Au début de la fièvre typhoïde et de la fièvre
puerpérale, M. Kahn a toujours observé de l'inquiétude.
M. de Fleury estime que l'inquiétude est l'expression de la constitution
émotive, acquise ou héréditaire. Les anxiétés périodiques sont dues à l'asso-
ciation de la cyclothymie et de l'anxiété constitutionnelle. Il y a rarement
de la dépression pure sans inquiétude.
M. G. Dumas admet que ceux qui réagissent par l'émotion anxieuse sont
évidemment des prédisposés. Dans la mélancolie pure, l'inquiétude peut être
réduite au minimum. Dans les délires, l'inquiétude a souvent pour cause la
désorientation dans l'espace.
M. Arnaud ne pense pas qu'on puisse être un mélancolique vrai sans être
inquiet.
M. Cornélius a observé que certaines intoxications avec troubles des
fonctions hépatiques produisent plus facilement de l'anxiété.
M. Laignel-Lavastine croit également qu'il faille invoquer dans certains
cas 1# spécificité de l'infection comme facteur d'anxiété. Il convient de dis-
tinguer l'hyperémotif qui est surtout un excité du grand sympathique et
l'anxieux vrai, excité de vague. Mais souvent, chez un grand nombre de
mélancoliques, on observe l'hyperexcitabilité des deux systèmes.
M. Pierre Janet fait observer qu'il jy a des phobiques avec palpitations
et excitation du sympathique qui sont cependant des anxieux. Ceci prouve
que le même état psychologique peut être déterminé par des mécanismes
différents. En réalité, les anxiétés sont des réactions, soit au monde exté-
rieur, soit aux états physiologiques. Quand il n'y a pas de réaction, l'indi-
vidu a le sentiment du vide.
M. M. de Fleury estime aussi qu'il est bien difficile de rapprocher les
troubles du sympathique et des systèmes associés des diverses manifestations
émotives.
M. Laignel-Lavastine ne méconnaît pas cette difficulté, mais pense qu'il
faut chercher cependant à la résoudre avec beaucoup de prudence en pous-
sant le plus loin possible l'analyse simultanée des phénomènes biologiques
et des phénomènes psychologiques.
P. HARTENBERG.
ANALYSES
G. LAFORA. Les myoclonies et les corps amylacés dans les cellules ner-
veuses. Priorité de leur découverte. (Archivos de neurobiologia, IV-I.
Madrid, 1924.)
L'auteur (et ses travaux ont été confirmés depuis) avait décrit naguère à
l'intérieur des cellules nerveuses des sphérules dont les réactions histo-chi-
miques varient de celles des substances amylacées à celles des substances
hyalines et dont l'origine est probablement due à un métabolisme particulier
du protoplasma de ces cellules. On les trouve tantôt dans une région cir-
conscrite du névraxe, tantôt dans l'ensemble du système encéphalo^-rachi-
dien. Il semble que le syndrome myoclonique puisse être fonction de la
présence de ces corpuscules dans les voies strio-rubo-cérébelleuses ou
thalamo-rubo-cérébelleuses,ces corpuscules ne sauraient être un produit
causé par la fatigue due aux contractions myocloniques.
L. WAHL.
W.-G. SPILLER. La stase papillaire dans l'encéphalite épidémique. (Joui-
nal of Amer. Med. Assac., n° 3o juin 1923; p. 1843.)
Il est des cas où le diagnostic d'encéphalite épidémique présente une
singulière difficulté, ce sont ceux où les symptômes rappellent ceux des syn-
dromes d'hypertension intracranienne. Dans deux observations rapportées par
l'auteur, où les malades, âgés respectivement de seize et de dix-sept ans, pré-
sentaient une stase papillaire typique, l'évolution et l'examen clinique attentif
permirent cependant d'éliminer l'origine néoplasique de ce symptôme pour
le rattacher à l'encéphalite épidémique. L. CORNIL.
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
CONSIDÉRATIONS
SUR LE
SYMPTOME DES « RÉPONSES A COTE »
Mme Marie-Louise F..., âgée de trente-trois ans, est entrée à l'asile Sainte-
Anne le 10 avril 1924.
D'après des amies qui ont fourni des renseignements à son sujet, Marie-
Louise F... aurait été normale jusqu'à l'apparition des manifestations qui l'ont
fait interner. On ne sait pas exactement pour quelles raisons elle divorça, il y
a quelques années, au bout de vingt-quatre mois de mariage. Toujours est-il
qu'elle a la charge d'un fils actuellement âgé de six ans. Il semble que ce
divorce l'ait beaucoup affectée, qu'elle ne s'en soit jamais remise et la ren-
contre fortuite de son mari,en décembre I923, l'avait fortement émue. Elle
pensait souvent à lui et, d'après une amie, elle n'aurait pas cessé de l'aimer.
Elle vivait seule à l'hôtel, à Paris. Elle occupait une assez importante
situation dans une grande maison d'exportation. Dans ses rapports avec ses
amies, elle était sombre, peu communicative, vive d'humeur, peu sensible,
peu affectueuse, manifestant dans ses propos des tendances érotiques.
Elle avait un amant, M. L..., employé de banque, âgé de vingt-trois ans.
Elle refusa en raison de la différence d'âge (elle a dix ans déplus que lui), les
propositions de mariage qu'il lui fit. Il avait alors acheté un revolver dont il
l'avait menacée un jour qu'elle se trouvait au café avec une de ses amies. Elle
eut, paraît-il, une vive frayeur, le sang lui monta à la tête (au moment de cet
événement, elle avait ses règles). Depuis cette époque, elle était devenue
bizarre, se plaignait souvent de souffrir de la tête.
De plus le patron de l'hôtel où elle logeait la demanda aussi en mariage.
Elle refusa également. Toutes ces sollicitations la laissaient perplexe et
inquiète.
Le 29 mars, au matin, de bonne heure, elle se rendit chez une amie dans
une mise négligée. Elle parlait peu, elle paraissait très fatiguée. Elle disait
qu'il fallait aller chercher chez une autre de ses amies un fils imaginaire. Elle
se rendit dans la loge d'une concierge qu'elle ne connaissait pas, refusant de
la quitter sous prétexte qu'elle avait versé un denier à Dieu de 200 francs. Elle
voulait téléphoner d'une part à M. Poincaré, car il allait se passer de graves
événements politiques, et d'autre part à un de ses cousins habitant Grenoble.
Elle parlait aussi de reprendre la vie commune avec son mari. Elle gémissait
sur le sort de son enfant. La nuit qui suivit fut très agitée. Marie-Louise F...
crachait à la tête de son amie, l'insultait. Elle se déroba à sa surveillance,
marcha dans la rue d'un air égaré, se précipita dans un autobus, essaya à
grands cris d'en descendre alors qu'il était en marche, c'est dans ces condi-
tions qu'elle fut arrêtée et conduite à l'infirmerie du Dépôt.
On constata un état dépressif et peut-être confusionnel, de fausses recon-
naissances, des réactions de méfiance et de peur, le refus d'aliments, le refus
de signer son nom, de la résistance à l'examen physique. Elle était anxieuse
par intervalles.
Pendant les cinq premiers jours de son internement à Sainte-Anne elle a
observé un mutisme complet. Elle paraissait se rendre compte de ce qui se
passait autour d'elle et s'y intéresser. Elle faisait attention à ce qu'on écrivait
devant elle, inspectait le bureau; elle se reculait quand on voulait s'approcher
d'elle, résistait quand on voulait l'examiner, présentait un menu tremblement
des doigts d'apparence émotif et sa physionomie animée de contractions tra-
duisait une certaine anxiété. Son aspect éveillé à d'autres moments ne donnait
pas l'impression de se rapporter à un état de confusion.
Du reste, à ce moment, nous avons essayé un procédé qui nous donne
d'excellents résultats et qui dans ce cas a confirmé nos prévisions l'éthérisa-
:
tion. Elle refusait de se laisser endormir en déclarant : « Ne cherchez pas à
comprendre, vous ne saurez rien. » Dans la phase de relâchement psychique
qui suivit une très brève anesthésie, elle nous donna son adresse, le nom de
son mari, la date de son mariage, mais retomba bientôt après dans le mutisme.
Vers le 6-7 avril, elle commença à s'exciter, criant, chantant, faisant des
plaisanteries, ne répondant pas directement aux questions, désorientée dans
le temps et l'espace et constatant : « J'ai la tête un peu perdue B, semblant
incapable d'effort mental, d'attention, l'air euphorique et cependant anxieuse
par moments, difficile à alimenter, donnant l'impression de la réticence, bref
réalisant un état qui se rapprochait de l'hypomanie avec certains caractères
atypiques.
Ce qui s'affirma de plus en plus dans les jours qui suivirent, c'est la ten-
dance à répondre ironiquement, comme si elle voulait éluder la question,
l'air hostile, fermé, souvent de mauvaise humeur, indifférente à d'autres
moments, les réponses ironiques étant tantôt adaptées, tantôt franchement à
côté.
Voici des exemples de réponses franchement maniaques, faites sur un ton
de plaisanterie, de moquerie.
Q. — Quelle date sommes-nous?
R. — Le 9 ou le 11.
Q. — Lequel des deux?
R- — Entre les deux mon cœur ne balance pas.
Q- — Vous ne voulez pas me dire où vous êtes ?
R. — A l'asile d'aliénés. En service libre ?
Q. — Non.
R. — Ah! en service commandé, ô commandeur.
Q- — Depuis combien de temps êtes-vous à l'asile?
R. — Je ne compte pas en dormant. Depuis deux mois.
Q. — Êtes-vous malade ?
R. — Jugez à propos.
Q. — Êtes-vous contente ?
R. Mes joies sont comme mes peines concentrées. C'est
: pas du lait
condensé.
Q. — Pourquoi êtes-vous si contente ?
R. Dame! puisque je suis à Sainte-Anne, c'est de voir les miens.
Q. — Mais vous n'avez pas de famille à Sainte-Anne?
R. — Si, si, c'est la grande communauté.
Q- — Vous vous alimentez insuffisamment.
R. — Je ne mange pas? Vous croyez? Tiens! Tiens
Q. — Avez-vous des ennuis?
R- — Oui, la réverbération du soleil. Ce n'est pas un bec de
gaz. Les becs
Auer, je sais m'en servir.
Q. — Vous êtes allée à l'école jusqu'à quel âge?
R. — Je faisais l'école buissonnière.
Q. — Vous avez le certificat d'études t
R. — Je n'ai besoin de rien.
Q. — Depuis quand êtes-vous divorcée?
R — La date, c'est insignifiant. Et puis quoi? Vous voulez m'épouser?
Q. — En faveur de qui fut le divorce?
R. — Le divorce n'est jamais en faveur d'une femme.
Q. — Alors vous aviez les torts?
R. •—
Pardi! Je battais mon mari. Erreur ne fait pas compte.
Q. — Pourquoi ne me répondez-vous pas exactement ?
'R. — Vous me donnez le trac.
Q. — Il est difficile de converser avec vous.
R. — Ah! nous sommes au Conservatoire. J'aime mieux l'Observatoire.
Q. — Où habitez-vous ?
R. — (Réponse fausse et manifestement ironique). Dans les baraques Vil-
grain !
à trente-trois ans, début brusque après un choc affectif, sans phase prépara-
toire plus ou moins fruste d'invasion, réticence bien concertée montrant une
ténacité, une volonté appliquées sans défaillance, orientation parfaite, absence
de déficit intellectuel, évocation précise et cohérente par intervalles des faits
qui se sont déroulés, discordance plus apparente que réelle et en rapport avec
la réticence, rires motivés par l'ironie, anxiété douloureuse à base de préoccu-
pations fondées. De plus l'incohérence que nous avons constatée quelquefois
est souvent sous la dépendance des troubles de l'attention, la malade semblant
rêveuse, distraite à certains moments, comme si elle était tournée vers son
autisme.
Sans doute le comportement de Marie-Louise F..., fait penser à la D. P.,
.
surtout le symptôme de Ganser, qui est ici le signe le plus apparent, le plus
caractéristique.
Cette conception marche-t-elle forcément de pair, comme on s'y pourrait
attendre, avec un pronostic favorable ? N ous pensons que cet état se terminera
par la guérison, mais nous sommes loin de l'affirmer et c'est ce qui fait
l'intérêt de cette observation, sinon nous aurions pu attendre avant d'émettre,
lors du diagnostic, une opinion qui est encore hypothétique puisque l'évolu-
tion ne nous a pas suffisamment éclairés. Craignons, en effet, que cette
« capacité de fixer » les représentations pénibles dans un chc.mp isolé de la
conscience qu'a notre malade ne l'entraine pas à se détourner de plus en plus
du monde extérieur pour vivre d'une vie intérieure, habitée par les complexes
plus ou moins transformés, intégrés peu à peu dans un monde imaginaire
possible. Déjà nous l'avons vue rêveuse, distraite, son attention est difficile à
capter. Le syndrome de Ganser est ici un essai de lutte contre l'ambiance, il
fait écran à l'égard des représentations mentales qui apparaîtraient en trop
vive lumière : la malade ne veut rien livrer de son noyau profond, le conflit
de ce noyau et des sollicitations extérieures aboutit à ces réponses complexes
que nous avons traduites. Il se pourrait que la malade, de plus en plus tournée
vers son autisme, verse dans cet état que nous avons appelé l'état schizoma-
niaque, la personnalité étant dissociée entre l'activité pratique absolument
négligée et l'activité intellectuelle vivant pour son propre compte. C'est l'évo-
lution que nous envisageons si la guérison, sur laquelle nous comptons, ne
doit pas arriver.
Cette analyse aura montré la complexité non seulement du syndrome de
Ganser, mais même du symptôme de Ganser à lui seul. Dans le cas que nous
avons observé il s'est produit à la faveur d'un léger état de confusion, ou pour
le moins d'égarement, lequel psychogène à l'origine, a entretenu, par des phé-
nomènes toxi-infectieux secondaires, l'inhibition psychique. Cet état de
confusion n'était au reste que la manifestation clinique de la dissociation
psychique produite sous l'influence de chocs émotifs répétés. Cette vie affective
intense habite un champ de la conscience rétréci, dans lequel nous essayons en
vain de pénétrer : d'où cette apparence d'opposition, de négativisme qui, après
s'être manifestée par du mutisme, laisse filtrer, pourrait-on dire malgré la
malade, des réponses qui ont un lien avec les questions posées et qui ont ce
lien précisément parce que le psychisme est trop chargé d'affectivité pour ne
pas laisser passer de réponses en rapport avec le trouble affectif. Les moda-
lités du symptôme de Ganser montrent les moyens de lutte qu'emploie une
malade ébranlée par des secousses émotives, qui n'a pas par conséquent ses
moyens habituels et qui réagit avec les armes que lui fournit son inconscient
ou son subconscient: excitation maniaque, avec ironie, plaisanteries; désin-
volture, irritabilité, colères, mutisme, etc. ; d'autre part, réponses normales
PAR
K. WINTHER
vellement de la question : « Mais oui, c'est ma fille, elle vit au mois de jeudi. »
En quelle année sommes-nous? « Quelle année, mais oui, c'est mercredi ou
jeudi ; cette fille-là, elle est là?» » Puis, quand on lui présente un pinceau en
lui demandant ce que c'est, il dit : « Oui, je suppose que c'est jeudi. » On lui
présente alors une montre qu'il ne peut nommer; par contre, il reconnaît un
couteau et un porte-monnaie, et alors il nomme aussi exactement le pinceau.
:
heures et demie » (l'heure que marquait la montre).
?
Quand on lui redemande En quelle année vivons-nous « Oui, il est dix
choses qu 'on lui montrait, il répondit de travers. Par exemple, en voyant une
montre : « C'est à la main gauche avec la montre. »
En voyantune chaîne de montre : « C'est à la main droite avec la montre. »
Un couteau : « C'est à la main droite avec la montre. » Un porte-monnaie
:
c C est à la main droite la
avec montre gauche. » Quand alors on exprime de
l 'étonnement, il dit de lui-même : C'est
« un porte-monnaie. »
A l examen de la motilité on ne trouvait en tout
cas, au commencement,
aucune parésie appréciable des membres.
Il remuait comme on le lui commandait le bras droit et la jambe droite
naturellement, bien qu'un peu lentement, sans ataxie ; il n'y avait non plus
d 'apraxie. Si par contre on lui demandait de mouvoir le bras et la jambe
gauches, il se servait constamment des membres de droite au lieu de
ceux de
gauche et continuait malgré les ordres répétés à se servir de ceux de droite.,
C était seulement quand on lui tenait le bras droit qu'on pouvait lui faire
mou-
voir le bras gauche, et alors, c'était un mouvement mal hésitant et très assuré,
et souvent le bras restait dressé en l'air, en attitude cataleptique. Spontané-
ment le bras gauche ne remuait que très peu.
Dans la recherche de l'apraxie (5 et 6 novembre) il montra la même ten-
dance à se servir de la main droite au lieu de la gauche. Quand on le prie de
fermer le poing gauche, il ferme le droit; quand on retient celui-ci et lui
ordonne énergiquement de serrer le gauche, il le ferme lentement et d'un mou-
vement mal assuré en disant : « C'est ce côté-ci » Quand on lui dit de faire
!
claquer les doigts de la main gauche, il le fait avec la main droite ; quand on
retient celle-ci et réitère plusieurs fois le commandement, il exécute avec les
doigts de la main gauche un mouvement hésitant et mal assuré, ressemblant
de très loin à ce qu'on lui demande ; puis il le fait de nouveau avec la main
droite, et quand on proteste, il dit : « C'est à la langue en islandais. » Il ne
peut non plus menacer de la main gauche, il étend la main droite. Quand on
lui ordonne de faire le salut militaire de la main gauche, il dirige la main
droite vers le côté gauche du front ; quand on retient la main droite et répète
instamment le commandement, il dirige lentement et en hésitant la main
gauche vers la tempe gauche ; dans les minutes qui suivent il continue à faire
ce mouvement plusieurs fois. Il ne peut exécuter que très mal le mouvement
de frapper à une porte et d'enflammer une allumette. Devant imiter un mou-
vement menaçant de la main gauche il le fait à la fin, mais en disant : t C'est
la droite. »
Il ne réussit non plus à faire des actes un peu plus compliqués, par
exemple de placer comme on le lui ordonne deux différents objets.
Si on lui demande de remuer la jambe gauche, il remue d'abord la droite,
et puis, après des ordres répétées, la gauche, tandis qu'il dit : « Ça doit être la
main droite. Ï
Les mouvements avec la jambe droite sont faits exactement selon les
ordres.
La sensibilité douloureuse est diminuée au niveau du bras gauche, et les
piqûres qui y sont faites, il dit qu'il les sent à la main et au bras droits, tandis
que par contre il dit sentir à gauche un frôlement du bras droit.
A l'examen répété des réflexes au niveau des membres, on constatait les
réflexes tendineux au bras droit exagérés et le signe de Babinski au pied droit,
mais, par contre, aucune parésie appréciable. De plus, une parésie centrale du
côté gauche du visage se manifestait. Il n'y avait pas de parésie des muscles
oculaires, non plus de parésie de l'hypoglosse.
Le malade devenait de plus en plus hébété et malpropre. La parole se
montrait de plus en plus mal articulée ; il n'y avait pas de logoclonie. Le i3
novembre 1922 : Collapsus soudain, puis coma et mort dans la nuit.
Autopsie six heures et demie post mortem. (Prosecteur : M. le docteur
L. Melchior) :
La plupart des organes étaient très congestionnés. Dans les reins : stase,
mais pas d'autres altérations. Dans le joie : de même, stase et dans le vésicule
biliaire deux calculs gros comme des noisettes. Dans les deux poumons : d'an-
ciennes lésions tuberculeuses, et en plusieurs points, des signes de tuberculose
..aiguë miliaire. La coloration élective montre des bacilles de Koch.
La moelle osseuse (de la partie supérieure du fémur) se montre rouge et
hypérémique. A l'examen microscopique des coupes, colorées d'après la
méthode de van Gieson-Hansen, la moelle se montre très riche en vaisseaux
et remplie d'un tissu de petites cellules contenant un grand nombre de cellules
géantes ; le tout faisant presque l'effet d'une tumeur. A la coloration d'après
la méthode d'Ellermann 1, on voit pourtant qu'il s'agit d'une forte hyperplasie
de la moelle osseuse, contenant de très nombreux normoblastes,
mégalo-
blastes, mégacaryocytes et plusieurs mitoses ; il n'y
a par contre pas de tissu
de tumeur et par de transformation myéloïde. La rate
est augmentée de
volume, d'une consistance normale; les coupes montrent plusieurs petits
nodules d'un gris jaunâtre, ayant jusqu'à i centimètre de diamètre,
blant à des tubercules ou à des lymphomes ; le microscope ressem-
révèle aucun
signe de tuberculose; par contre, il y a une congestion très ne prononcée, sur-
tout dans le stroma ; en outre, il y a une augmentation de volume des corpus-
cules de Malpighi, qui contiennent les cellules habituelles,
et pas de lyCn-
phomes ; pas de bacilles de Koch.
.Le cerveau : les méninges et les vaisseaux de la base
sont normaux. La
coupe montre une très grande hypérémie avec plusieurs points congestifs,
mais il n'y a pas d'hémorragie. Disséminées dans tout le
dans le cervelet, se trouvent de nombreuses lésions cerveau, mais moins
en foyer, de la grosseur
d une tête d épingle à celle d'une noix, les plus petites grisâtres,
les plus
grosses plus claires au centre (voir fig. i). La plus grosse de toutes, qui a la
grosseur d une noix, se trouve dans le lobe pariétal inférieur gauche et
siste en un ramollissement typique; il s'étend jusqu'à l'écorce cérébrale con-
pénétrer, descend dans la profondeur de la couronne sans y
rayonnante vers le corps
strié, et atteint par une ramification le corps calleux. Les
situés aussi dans la substance médullaire, la plupart justement autres foyers sont
l'écorce,
quelques-uns pourtant plus profondément dans le claustrum sous
le putamen gauche. et un seul dans
Microscopie (coloration faite d'après les méthodes Suivantes hématoxyline-
éosine ; pyronine-vert de méthyle ; méthode de Weigert (pour: la coloration
des fibres élastiques) et de van Gieson-Hansen coloration de Scharlach-Rot
;
méthode de Spielmeyer (pour les gaînes myéliniques). Une grande dilatation -
avec encombrement des vaisseaux, surtout des petits vaisseaux et des capil-
laires. Quelques capillaires sont tordus et forment trois
lations, d'autres sont dilatés en forme de ou quatre ondu-
sac. D'une manière générale, leur
grosseur varie d'une façon frappante, souvent par transitions brusques. Dans
petits foyers (voir fig. 2) il y a dégénération des céllules ganglionnaires
- les dégénération
et commençante des gaines myéliniques, apparition de corps
granuleux et, au bord des foyers, il y a un début de réaction gliale. Dans
es foyers un peu plus grands, la nécrose prédomine davantage,
on trouve
a plusieurs grandes cellules névrogliques avec un protoplasme abondant
homogène et un noyau
- parfois deux ou trois
- grand, clair, irrégulier,
périphérique, avec un nucléole (voir fig. 3) quelques-unes des
;
et
cellules
contiennent des produits de déchets. Quelques vaisseaux sont remplis de
cylindres compacts de globules rouges, qui peuvent même avoir
tout à fait homogène; dans d'autres vaisseaux il y a de petites thromboses,un aspect
plusieurs endroits on voit des hémorragies tissu' et à
par diacédèse dans le ces
altérations vasculaires se trouvent surtout au milieu des foyers, mais
parfois le
tissu environnant est intact. Dans les foyers et surtout dans leur périphérie,
il y a plusieurs vaisseaux qui sont entourés de cellules de diverses
sortes ; il
professeur ELLERMANN a bien-voulu reviser
mes préparations et
m , a aidé a les interpréter.
y a surtout en grand nombre des cellules à grains graisseux, qui entourent
les vaisseaux d'une couche épaisse et remplissent les gaines périvasculaires,
mais en outre il y a une prolifération des petites cellules gliales périvascu-
laires et des cellules adventitielles mésodermiques, dont quelques-unes
se transforment ensuite en cellules migratrices ; enfin dans l'espace adven-
titiel de quelques petits vaisseaux on trouve plusieurs cellules, probablement
des éléments sanguins et spécialement des lymphocytes; en quelques points
l'infiltration par ces cellules est si considérable, et, d'autre part, le nombre
des cellules à détritus si diminué, qu'il en résulte des aspects analogues aux
infiltrations inflammatoires (voir fig. 4) ; cependant le tissu autour de ces
vaisseaux n'est pas le siège d'une réaction inflammatoire, et les cellules ne
dépassent pas en apparence les limites des espaces adventitiels ou en tout cas
ne le dépassent que très peu. Parmi les autres cellules présentes il faut
nommer une certaine quantité de « Stabzellen» (gliogènes et mésodermiques),
mais on ne trouve nulle part des « Plasmazellen i. Il n'y a pas d'altérations
hyaliniques des vaisseaux, et en somme, aucun signe d'artériosclérose. Les
coupes colorées d'après Ziehl-Nielsen ne montrent pas de bacilles de Koch ni
dans les foyers ni ailleurs. Dans les préparations des gaines myéliniques, les
éléments dégénérés se dessinent distinctement partout dans la substance
myélinique; en quelques endroits la dégénération a progressé jusqu'à l'éta-
blissement de « Lückenfelde » et de ramollissements. En dehors des foyers, il
y a aussi des cellules ganglionnaires dégénérées en plusieurs endroits (alté-
rations du noyau, chromatolyse centrale, dissolution de la cellule), et dans
les couches plus profondes de l'écorce, il y a une prolifération des cellules
gliales.
Conclusions. — Un homme, âgé de quarante-neufans, dont le visage
a pendant dix ou peut-être vingt ans, eu une coloration cyanotique, se
présente, atteint de polycythémie mégalosplénique. Dans l'espace d'un
an et demi, il devient peu à peu dément; quelques mois avant sa mort, il
présente des troubles d'ordre aphasique et apractique d'une nature sin-
gulière, des signes d'hémiplégie légère du côté droit et une hébétude pro-
gressive. Décès par suite de tuberculose pulmonaire. L'autopsie montre :
Un état congestif de tous les organes, la rate augmentée de volume,
avec augmentation des follicules et stroma bourré de vaisseaux, la
moelle osseuse rouge, hyperplasique avec des signes de forte érytro-
poièse; dans le cerveau, il y a de nombreux petits foyers de nécrose et
de ramollissement, dont quelques-uns sont même assez grands, sur-
tout dans le 11e lobe pariétal gauche ; dans les foyers et autour d'eux, il y
a une prolifération de cellules gliales et des amas périvasculaires de cel-
lules qui ressemblent en partie à des foyers d'infiltration inflammatoire.
Le tableau clinique de la maladie, la polycythémie mégalosplénique,
était très prononcé. Ce qui est singulièrementfrappant, c'est l'évolution
prolongée de la maladie (Osier a, il est vrai, vu un cas d'une durée de
vingt ans), sans aucun symptôme subjectif, jusqu'à un an et demi avant
la mort, époque à laquelle on remarqua alors une fatigue et une faiblesse
de la mémoire et plus tard les troubles plus sérieux cités auparavant.
Nous devons peut-être pourtant ajouter aussi que le patient a souffert
pendant quelques mois de douleurs abdominales, quatre ans avant d'être
examiné pour sa maladie.
Un trait remarquable du tableau clinique est constitué parles phéno-
mènes d'ordres apractique et aphasique dont le malade souffrait. L'apra-
xie, localisée surtout au bras gauche, se montrait avant tout en ce que le
bras ne pouvait presque pas se mouvoir spontanément, bien qu'il n'y
eût pas de parésie ou d'ataxie (akinésie); en outre, en ce que, appelé à
mouvoir le bras gauche, il s'obstinait à se servir du bras droit. Il sem-
blait qu'il eût perdu toute conscience de son bras gauche. L'état cata-
leptique qu'on pouvait faire apparaître dans ce bras, et qui se produisait
aussi à l'occasion des rares mouvements actifs du bras, pouvait peut-être
être considéré comme un résultat secondaire du trouble cérébral, qui
rappelle beaucoup l'inconscience d'un membre parétique que l'on trouve
chez les vieilles gens qui souffrent d'hémiplégie, et surtout dans les cas
où cette inconscience n'est pas accompagnée d'une parésie appréciable.
Il semble que nous ayons à faire ici à une paralysie psychique vraie.
(Seelenlàhmung). Cette dernière anomalie -de la motricité, qui peut
s'accompagner de catalepsie, doit certainement être considérée comme
une forme d'apraxie.
On ne pouvait constater avec certitude si le patient était en proie à
une cécité psychique, mais cela ne semble pas probable. Les différentes
épreuves tentées au sujet de l'apraxie ont démontré que les mouvements
un peu compliqués comme les mouvements les plus simples étaient
indécis et plus ou moins imparfaits; les essais les plus compliqués étaient
aussi les plus mal exécutés.
Il est donc difficile de ranger l'apraxie présente parmi les formes
connues ; ce n'est pas l'apraxie motrice pure, ni l'apraxie idéatoire pure;
c'est plutôt une sorte de combinaison de ces deux formes ; la paralysie
psychique existante a cependant sans doute joué un rôle dans la forma-
tion de l'apraxie spéciale de ce cas, car il va sans dire que la diminution
de l'innervation pour l'exécution de certains actes, causée par la para-
lysie psychique, doit amener une aggravation de l'apraxie proprement
dite déjà existante ; c'est certainement là qu'il nous faut chercher la cause
du tableau extraordinaire que présente l'apraxie de notre malade.
On sait que la paralysie psychique ne se trouve pas toujours dans
l'apraxie, c'est au contraire un phénomène rare, parfois même l'initia-
tive du mouvement d'un membre apractique se trouve augmentée,
comme dans le cas connu de Liepmann où le bras apractique était jus-
tement le plus employé.
L'apraxie de notre malade était en outre accompagnée d'une persé-
vération spontanée des mouvements et d'une disposition à confondre les
mouvements qu'il était appelé à exécuter. La preuve que ces troubles
n'étaient pas causés par la mauvaise compréhension des actes comman-
dés est fournie par ce fait qu'en général il accomplissait les tests de
l'apraxie tout à fait correctement avec le bras droit. — La jambe gauche
démontrait une paralysie psychique de même espèce qu'au niveau du bras.
D'après la connaissance des troubles apractiques et leur localisation,
une dyspraxie du bras et de la main gauches doit être rapportée à une
lésion de l'hémisphère cérébral gauche ou au corps calleux avec ses
fibres commissurales ; dans ce cas, il y a le plus souvent en même temps
une hémiplégie droite (apraxie sympathique). Chez notre malade l'idée
d'une lésion en foyer (ou de la prédominance locale d'un processus cé-
rébral étendu) dans l'hémisphère gauche se présentait d'elle-même, et
cette supposition était justifiée aussi par les légers signes d'hémiplégie
droite (réflexes tendineux exagérés, signe de Babinski).
L'autopsie montra qu'en réalité il existait une grande lésion en foyer
de l'hémisphère gauche, dans le lobe pariétal, située de telle sorte qu'on
devait supposer une interruption de connexion avec l'hémisphère droit ;
ceci était probablement la cause de son apraxie, sans qu'on pût pourtant
faire abstraction du rôle joué par l'affection cérébrale diffuse.
L'aphasie présentée par notre malade était surtout caractérisée par
un haut degré de paraphasie, et par une intoxication par le mot ; il sem-
blait comprendre assez bien ce qu'on lui disait. La forme d'aphasie dans
laquelle ce trouble doit être rangé est plutôt l'aphasie transcorticale
(sensorielle) ; son établissement est expliqué suffisamment par le large
processus cérébral diffus, et surtout par le grand ramollissement de
l'hémisphère gauche.
Tout le tableau clinique de notre malade indiquait qu'il existait d'une
manière prononcée une affection diffuse du cerveau avec un foyer maxi-
mum dans l'hémisphère gauche. Quant à la nature de ce processus
pathologique, on avait supposé qu'il s'agissait d'une (c encephalopathia
dyshaemica », d'une espèce très intense, sans qu'on osât pourtant d'avance
se déclarer pour des altérations anatomo-pathologiques précises (procès
de dégénération diffuse, nécroses, hémorragies ou autres).
Nous avons déjà mentionné comment l'autopsie justifia cette suppo-
sition, en ce qu'il y avait réellement un processus diffusé à tout le cer-
veau, avec un foyer plus grand dans l'hémisphère gauche, et nous avons
dit comment l'apraxie et l'aphasie, en tout cas partiellement, y trouvent
leur explication. Les nombreuses nécroses disséminées partout dans la
substance cérébrale expliquent pleinement la démence, etc.
Il reste à faire mention de la nature du processus pathologique. Il
s'agit ici de nombreuses nécroses et de ramollissements, distribués égale-
ment dans la substance cérébrale, spécialement dans la substance blan-
che, et peut-être d'une manière plus prononcée dans la partie postérieure
du cerveau. Histologiquement les nécroses se manifestaient de la façon
ordinaire par une dégénération des gaines myéliniques et des cellules gan-
glionnaires, avec réaction gliale et existence de nombreuses cellules à
détritus.
Il y a lieu de s'arrêter ici à quelques détails.
En ce qui concerne l'apparition des foyers de nécrose, il semble qu'il
faille les expliquer comme une suite des altérations des capillaires et
des petits vaisseaux : la forte dilatation des petits vaisseaux cérébrauxetdes
capillaires comblés de sang a amené peu à peu dans certains endroits du
cerveau une stagnation du sang, stase capillaire, de sorte que les globu-
les sanguins sont pressés en une masse compacte en absorbant le plasme;
la paroi des vaisseaux souffre et il en résulte des hémorragies par diapé-
dèse et thrombose capillaire, qui s'étendent plus loin; la conséquence
immédiate est que la nutrition du tissu cérébral devient insuffisante et
que se produisent : 1°) la nécrose, la dégénération des cellules ganglion-
naires et des gaines myéliniques, 2°) une prolifération cicatricielle de la
névroglie avec l'apparition de grandes cellules gliales protoplasmiques
dans le foyer et autour de celui-ci, 3°) des infiltrations « inflammatoires »
autour de la périphérie des vaisseaux, de la même espèce que celles que
l'on connaît dans d'autres processus destructifs du cerveau.
Une circonstance qui a probablement contribué à l'établissement de
la stase capillaire, c'est l'altération à laquelle sont sujets quelques capil-
laires et les petits vaisseaux, et qui consiste en une transition très brus-
que entre les points à lumière normale et les points à lumière très consi-
dérablement dilatée de sorte qu'il se forme une dilatation complètement
en forme de sac; on doit supposer qu'une telle variation de lumière, cor-
respondant aux expériences cliniques mentionnéesplus haut (entre autres
celles de Hess-Thaysen), peut donner lieu à une stase capillaire, surtout
combinée avec la congestion des vaisseaux et avec la viscosité du sang
toujours augmentée dans cette maladie, à moins que cette variation vas-
culaire ne soit tout à fait passagère.
Les infiltrations lymphocytaires, observées dans notre cas autour de
quelques vaisseaux, et tout à fait analogues à des infiltrations inflamma-
toires, exigent aussi une description plus détaillée. Qu'il s'agisse d'une
inflammation proprement dite, d'une encéphalite, rien, à part cela, ne
porte à le croire ni histologiquement ni cliniquement ; les infiltrations
se localisent dans les espaces adventitiels des vaisseaux, le tissu envi-
ronnant n'est pas toujours lésé, il n'y a pas de cellules plasmatiques, et
en somme aucun signe d'inflammation aiguë ; cliniquement non plus il
n'y avait aucun signe d'encéphalite, spécialement pas d'encéphalite épi-
démique, qui, comme on le sait, provoque souvent des syndromes très
singuliers : pas de symptômes oculaires, pas de léthargie, et le cours de
la maladie a progressé très lentement pendant un an et demi sans phases
aiguës. Aussi, il semble juste de considérer ces infiltrations comme
une conséquence des processus de destruction, et d'un effet irritatif
(« toxique ») provenant de ceux-ci, conformément à ce qu'on connaît des
autres processus destructifs au niveau du cerveau, et que Spielmeyer a
nommés « inflammation symptomatique ».
Il est encore une circonstance qu'il me fautmentionner. Etant donné
les altérations vasculaires peu étendues trouvées dans le cas présent, les
thromboses étaient peu nombreuses et n'étaient décelables que micros-
copiquement. Il y a peut-être lieu d'examiner,'"Vil n'existe pas d'autres
causes pouvant provoquer la destruction du tissu; on pourrait penser
qu'une altération de la composition du sang avec accumulation de sub-
stances nuisibles par stagnation ou de substances nuisibles d'une autre
origine peut jouer un certain rôle et, comme la cause proprement dite
de la polycythémie mégalosplénique n'est pas encore tout à fait élucidée,
il y a peut-être place pour l'hypothèse d'une intoxication par des sub-
stances toxiques d'une origine quelconque, probablement des substances
entéro-toxiques. Dans le cas cité ici, pourtant, il faut sans doute attribuer
la cause principale des lésions encéphaliques à la stase et aux throm-
boses capillaires.
Il s'agit, dans le cas présent, de la polycythémie mégalosplénique
(maladie de Vaquez), compliquée de ramollissements cérébraux. Nous
avons cité plus haut des observations de cette maladie, avec les mêmes
complications, décrites par Hutchison et Miller, Goldstein et H. C.
Christian. Notre cas se rattache à ceux-ci; par l'examen histologique
plus approfondi, il donne un tableau plus clair de ces processus de ramol-
lissement et apporte une contribution à l'étude de leur origine. Les
examens aboutissent à la confirmation de l'opinion des auteurs cités,
qui attribuent la cause des ramollissements cérébraux de cette maladie
à une nécrose thrombosique par congestion.
Le but de ce compte rendu n'a pas été seulement de présenter des
faits histologiques et un curieux tableau clinique, mais aussi d'attirer
l'attention sur la grande fréquence de symptômes nerveux dans la
maladie de Vaquez.
M. le professeur docteur A. Wimmer voudra bien agréer ici mes
meilleurs remerciements pour l'emploi de l'observation et pour les
encouragements qu'il m'a donnés au cours de ce travail.
LITTÉRATURE
PSEUDO-CORRECTION AUTOMATIQUE
DU PTOSIS ET DU STRABISME EXTERNE
DANS LES LÉSIONS NUCLÉAIRES DU MOTEUR
OCULAIRE COMMUN
(Avec une planche hors texte)
PAR
D. PAULIAN
Médecin en chef du service neurologique de l'hôpital central de Bucarest,
docent de clinique et de pathologie nerveuses.
LA
VALEUR SCIENTIFIQUE DE LA PSYCHANALYSE
PAR
R. de SAUSSURE1
1. Nous employons ici le terme inconscient dans un sens tout à fait prag-
matique. Nous entendons par ce mot désigner l'ensemble des représentations
que l'individu est incapable d'évoquer à volonté. A ce sujet nous adoptons
tout à fait la manière de voir de Bernard Hart. Voir son ouvrage : The Psy-
chology of Insanity. Cambridge University Press, 1912.
désir de compenser intellectuellement la force physique qu'il jalousait
chez son cadet. Il me répondit que c'était probablement le cas mais
qu'il n'y avait jamais pensé. En même temps, il me raconta une foule de
circonstances dans lesquelles il essaya de supplanter son frère par l'in-
telligence. Mais, du même coup, je pus découvrir quel était le lien qui
unissait les différentes préoccupations dont il m'avait fait part. S'il avait
rompu ses fiançailles, c'était uniquement dans l'espoir chimérique
d'épouser une jeune fille plus riche qui puisse le rendre plus indépen-
dant de son cadet. S'il ne voulait pas dépenser, c'est qu'il entendait par
ses économies apporter à la famille autant d'argent que son frère en pro-
curait par le travail de ses bras. Dans toute sa vie, le besoin inconscient
de compenser la force virile de son cadet a été le mobile de ses actes. La
recherche de cette genèse des préoccupations peut avoir une grande
valeur au point de vue thérapeutique, car elle montre au malade où il
doit faire porter son effort pour se débarrasser de ses inquiétudes.
3° Les modes d'expression de la pensée inconsciente.
a) Les souvenirs écrans. — Il arrive souvent qu'à la suite d'une ques-
tion restée sans réponse ou après l'exposé de préoccupations tout à fait
récentes, surgisse dans l'esprit du malade un souvenir d'enfance. Ces
réminiscences expriment généralement sous une forme concrète, sym-
bolique, des inquiétudes qui ont tourmenté l'analysé depuis de nom-
breuses années. Les souvenirs de Prosper que j'ai rapportés plus haut
sont typiques à cet égard. Le sujet ne se rend généralement pas compte
lui-même que ces scènes d'enfance représentent la cristallisation d'un
conflit1.
b) La causalité.
— Lorsqu'un individu vous fait le récit de sa vie,
l'exposé de ses inquiétudes, il liejes épisodes qu'il vous narre par des
idées de causalité. Il fait dépendre tel fait de tel autre et ainsi de suite.
Au contraire, lorsque l'analysé est débarrassé du souci d'exposer logi-
quement ce qu'il pense et qu'il cherche à causer au gré de sa fantaisie
inconsciente, il ne lie plus par des rapports de dépendances les faits
qu'il cite.
Dans ces circonstances, la causalité s'exprime ordinairement par la
juxtaposition. Ainsi chez Prosper, j'ai fait naître la curiosité de savoir
pourquoi il avait des soucis d'argent. Le souvenir, qui a succédé à ma
question, nous donne la clef de cette énigme, mais notre malade n'en a
pas pris conscience par lui-même.
Il importe que le médecin prête une grande attention aux faits et aux
préoccupations que le malade juxtapose. Quoique l'analysé ne s'en aper-
çoive pas, ils sont souvent liés par des rapports de cause à effet.
c) Le rêve. — Le rêve est par excellence le langage de l'inconscient.
Il faudrait de longs développements pour exposer les divers modes d'ex-
i
pensée primitive, use souvent du raisonnement par assonnance verbale.
C'est ainsi que, dans la croyance populaire, saint Mamès donne du lait
aux nourrices ; saint Mein de Gaël guérit la gale des mains. Le folklore
chinois est extrêmement riche en superstitions de ce genre.
Ainsi donc, dans les différentes formes de la pensée primitive, la liai-
son de deux mots semblables acquiert souvent la valeur d'un principe
de causalité. Cette constatation — si elle ne suffit pas à emporter notre
conviction que, dans le cas particulier de Val, le rêve du ver solitaire
à
était vraiment une allusion ses préoccupations — nous oblige du moins
à poser la question d'un rapport possible.
Les médecins qui ont une certaine pratique de la psychanalyse sont
plus enclins à accepter ces interprétations, car leur opinion n'est pas
fondée sur un exemple, mais sur un grand nombre de cas où le rêve
extériorisait les sentiments du malade sous la forme d'un jeu de mots.
Pour montrer tout l'intérêt que les études psychanalytiquesont donné
à la question du rêve, il faudrait faire pour le symbolisme, la conden-
sation et les autres modes d'expression onirique une démonstration
analogue à celle que nous venons de tenter pour les raisonnements
par assonnance verbale, mais cela nous entraînerait trop loin. Il nous
suffit d'avoir indiqué qu'il y a là un problème que la science ne saurait
négliger.
d) Le symptôme morbide.
— Comme le rêve, le symptôme morbide
est souvent l'expression symbolique d'un désir. Il est une tentative d'adap-
tation manquée, où la réalité a été déformée au profit des désirs du
malade. Flournoy a publié le cas d'une femme atteinte d'un parkinso-
nisme hystérique 3. Cette malade guérit le jour où elle se rendit compte
des faits suivants : Près de chez elle habitait une femme atteinte de
paralysie agitante ; depuis qu'elle était tombée malade, son mari était
devenu beaucoup plus prévenant et affectueux à son égard. La malade de
Flournoy trouvait que son ami n'était pas assez empressé auprès d'elle et
tint inconsciemment ce raisonnement. « Si, à mon tour, je tombe dans
l'état de ma voisine, mon ami se rapprochera de moi. » Certes le remède
CONCLUSIONS
La psychanalyse est une méthode scientifique irréprochable tant
qu'elle aborde les préoccupations conscientes du malade, car jusque-là,
elle ne fait qu'enregistrer des faits. Mais si elle se borne à explorer la
partie consciente du sujet, la technique freudienne reste inefficace au point
de vue thérapeutique, parce qu'alors elle n'atteint pas le fond des con-
flits. Ce sont des raisons pratiques qui l'ont conduite à pousser plus loin
ses investigations* Grâce à cela elle a mis en lumière des phénomènes
tels que le refoulement, la condensation, la symbolisation, la déforma-
tion inconsciente des faits au profit du désir, les souvenirs écrans, etc.
Ces constatations restent désormais acquises à la science.
Au point de vue scientifique, on pourra reprocher à la psychanalyse
d'être une méthode qui travaille toujours sur l'individuel, sur le cas
particulier. Il n'y a pas d'universalisme dans la signification des sym-
boles et, partant, pas de critère objectif et certain pour définir le sens
exact de chaque symbole dans chaque cas particulier. Cette difficulté, si
grande soit-elle, tient plus à l'objet de notre science qu'à la technique
elle-même.
Freud a découvert un champ d'étude intéressant et fécond. Si son
exploration est hérissée de difficultés, on ne saurait en rendre respon-
sable le psychiatre viennois. Sa méthode peut avoir des imperfections,
elle n'en reste pas moins la meilleure que nous possédions jusqu'ici pour
entreprendre l'étude des phénomènes inconscients.
Au reste, les mêmes objections se présentent dans d'autres disciplines.
En histoire, par exemple, si vous cherchez à dégager quels ont été les
principaux facteurs qui ont engendré le régime féodal au moyen âge,
vous constaterez que, d'une part, la royauté s'affaiblissait et que, d'autre
part, l'unité ethnique et linguistique n'existait pas encore en France. Les
différentes peuplades de la nation ne s'étaient pas encore fondues dans
un tout. Si vous n'étudiez que la genèse du régime féodal en France,
vous pouvez douter de la valeur des causes explicatives que vous mettez
en avant, mais si vous cherchez l'origine du régime féodal dans un autre
pays et que vous constatiez que les mêmes causes ont présidé à la genèse
de ce régime, votre certitude s'accroit. C'est ainsi qu'en Chine, où les
CONGRÈS
DES
ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES
DE FRANCE
ET DES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE
(XXVIII* session, Bruxelles, août 1924)
Discussion :
qui trouve sa raison d'être dans les données et les lois de la phonétique.
Aphasies. — Les troubles de la parole qui caractérisent l'aphasie
type Broca et l'aphasie motrice pure (anarthrie de P. Marie) ne sont au
contraire que paradoxes au point de vue phonétique. Le même phonème
aisément et correctement prononcé dans un mot, ne peut plus être
prononcé s'il s'agit d'un autre mot, ni même à l'état isolé. Mais par
un pointage méthodique après inventaire de tous les mots qui
échappent encore au malade, on peut montrer qu'aucun phonème ne
manque réellement à l'appel, qu'aucun procédé articulaire n'est vraiment
perdu. Il ne peut être ici question, ni de trouble de la coordination
articulaire, dite anarthrie, ni de perte du souvenir des mouvements arti-
culaires ; la formule phonétique de l'aphasie motrice type Broca,
comme celle de l'aphasie motrice pure, n'autorise aucune de ces deux
hypothèses.
La conception qui paraît le mieux rendre compte de toutes les parti-
cularités, de tous les paradoxes de l'aphasie est la suivante. Qu'il s'agisse
d'aphasie d'expression dite motrice ou d'aphasie de compréhension dite
sensorielle, c'est toujours le souvenir auditif et visuel du mot qui est
en cause. Mais tandis que dans l'aphasie dite sensorielle il y a amnésie
avec troubles de la reconnaissance, dans l'aphasie d'expression dite
motrice le trouble ne se porte à peu près que sur l'évocation. L'impos-
sibilité d'évoquer l'image visuelle verbale engendre l'agraphie et l'impos-
sibilité d'évoquer l'image auditive verbale, l'incapacité de parler dite
aphasie motrice. Entre l'aphasie motrice type Broca, d'une part, et
d'autre part, l'aphasie amnésique et l'amnésie de l'homme normal, il
n'y a que des différences de degré c'est toujours parce que le mot ne
:
COMMUNICATIONS
14° Sur les troubles des réactions électriques des muscles et des nerfs
pendant la convalescence du tétanos
M. Gauducheau (de Nantes) a étudié les réactions électriques des muscles
et des nerfs sur deux nouveaux sujets convalescents de tétanos. Il a retrouvé
à des degrés variables, mais toujours (surtout dans les cas anciens) avec pré-
dominance sur les groupes musculaires voisins de la plaie centrale, la plupart
des troubles électriques précédemment notés par lui. Ils consistent principale-
ment en une hyperexcitabilité particulière caractérisée par un abaissement des
seuils de fermeture, dans la tétanisation du muscle par un courant galvanique
faible et lentement croissant, tétanisation apparaissant d'emblée ou à la suite
d'une période de clonus. En portant l'excitation sur les nerfs, apparition de
la réaction neurotonique ou de secousses polycinétiques du muscle à la suite
d'une seule excitation du tronc nerveux dont il dépend.
2g0 Guérison tardive d'un état pseudo-démentiel après plus de quinze ans
MM. Arnaud, Sollier et Vignaud rapportent une observation relative à une
psychose mélancolique ayant duré pendant quinze années sans rémission chez
une femme de quarante-cinq ans à la ménopause, et dans des conditions qui
faisaient redouter une terminaison démentielle. Les symptômes, comme la
durée exceptionnelle de la maladie, ont été trompeurs relativement au pro-
nostic. La guérison s'est maintenue pendant quinze ans. Une récidive avec
symptômes aussi graves que lors du premier accès s'est produite alors, rapide,
et suivie de la mort à l'âge de soixante-seize ans par bronchopneumonie. Ce
cas est une nouvelle preuve de la prudence qu'il faut apporter dans le dia-
gnostic d'incurabilité. 1
33° Traitement du
goitre exophtalmique par les rayons à basse fréquence
MM. Bonnet-Lemaire, Roger et Livet ont traité avec succès des cas très
accusés de maladie de Basedow par l'actinothérapie modifiée par l'intervention
du phénomène de Wokes, réduisant les vibrations trop pénétrantes à des lon-
gueurs d'ondes plus grandes et mieux utilisables en physiologie conjointe-
ment aux rayons ultra-violets. '
M. Hartenberg insiste sur l'efficacité et l'importance des médications diri-
gées contre l'hyperthyroïdie qui trouvent leurs indications pon seulement
dans la maladie de Basedow, mais encore dans bien des états névropathiques
et psychopathiques.
ANALYSES
A. Neurologie
D'ANTONA. Sur le ramollissement de la moelle épinière par thrombose.
(Rivista di patologia nervosa e mentale, 29 février 1924.)
Chez un jeune soldat de dix-huit ans le début brusque de cette affection
est plus fréquent qu'on ne le croit généralement; elleest souvent confondue
avec la myélite aiguë. Dans ce cas il s'agit le plus souvent de ramollissement
ischémique dont la cause est difficile à établir, cependant on peut les distin-
guer : dans la thrombose,début très brusque sans modification de l'étatgénéral
lié à un processus infectieux; absence de phénomènes irritatifs radicu-
laires ou méningitiques, tout particulièrement de dissociation syringomyé-
lique de la sensibilité. L. WAHL.
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
i
nous, les premiers auteurs qui ont attiré l'attention sur ce phénomène
qui fut décrit plus tard par Baelz sous le terme de paralysie de
l'émotion, puis enfin par Jung2.
Dans les deux cas, les malades souffrent de réminiscences3. C'est ce
fait que nous voudrions étudier à la lumière d'un livre récent et fort
instructif dû à la plume d'un psychologue belge, M. Varendonck4.
Cet auteur distingue deux mémoires différentes : la mémoire duplica-
tive et la mémoire synthétique. La première fonctionne le plus souvent
automatiquement, sans que notre volonté intervienne et elle est caracté-
risée par le fait qu'elle reproduit intégralement des portions de notre
vie. Elle n'est pas seulement une réminiscence, mais une réviviscence
complète aussi bien affective qu'intellectuelle. Cette mémoire plus pri-
mitive est comme une chaîne de réflexes, c'est elle qui semble guider les
animaux dans un grand nombre d'actions5.
La mémoire synthétique, au contraire, opère des simplifications dans
PAR
V.-P. KOUSNETZOV
BIBLIOGRAPHIE
PAR
le Professeur OBREGIA et D. PAULIAN
(de Bucarest)
Le 2 février 1923 entre dans notre service la malade El, Gh..., âgée
de vingt-deux ans, dans un état de somnolence et accusant une céphalée
intense. Pourtant, elle ne se plaint pas, aucun gémissement, aucune
lamentation.
Pas d'enfants, pas de fausses couches, rien de notable dans ses anté-
cédents personnels. Elle aurait souffert dans l'enfance d'une rougeole et
d'une pneumonie.-La maladie a débuté au mois de décembre 1923 par
une courbature générale avec asthénie, céphalalgie, vertiges et vomisse-
ments.
Sa famille la fit interner. Dans le service elle garda le lit, dans une
attitude presque immobile, couchée sur le côté gauche, le faciès sans
expression, avec une tendance au sommeil et des yeux presque fermés.
Si l'on n'avait eu des renseignements sur la céphalalgie et les vomis-
sements antérieurs, on aurait pu croire à une encéphalite léthargique en
évolution.
Les globes oculaires présentent de légers mouvements nystagmi-
formes latéraux, les pupilles sont égales, leur réaction à la lumière est
normale, celle à l'accommodation très ralentie. Leur excursion est plus
limitée à droite.
Aucune asymétrie faciale. Trismus léger et ébauche de raideur dela
nuque. Presque aphone, elle pouvait, à voix basse, nous raconter les
diverses étapes de sa maladie et, malgré la céphalée, elle n'émettait
aucun gémissement.
Dans la station verticale, elle ne peut rester que soutenue (fig. i), la
tête penchée vers l'épaule gauche, les paupières tombantes, le regard
tourné à gauche, les bras accolés au tronc, les avant-bras fléchis, les
mains dans l'attitude du Parkinson, présentant de fins tremblements au
niveau des doigts. Aux membres inférieurs, dans la même attitude, on
observe une extension forcée et permanente du gros orteil gauche moins
évidente à droite et qui rappelle les attitudes de catatonie et de suggesti-
bilité motrice décrites dans la démence précoce. (V. Régis, Précis de
psychiatrie, Se édition, p. 393 et 394, fig. 32 et 33.) La malade pré-
sente aussi une catatonie des membres supérieurs (fig. 2). Aucun trouble
du côté des réflexes tendineux et cutanés, sauf une contraction tonique de
flexion des orteils, à la suite de l'excitation plantaire. Les extrémités sont
cyanosées. Pendant la marche, la malade titube, elle a tendance à tomber
plutôt à gauche.
Pouls 108 par minute, respiration 18, lente et très superficielle.
Tremblements fins de la langue. Des mouvements myocloniques appa-
raissent parfois dans les membres supérieurs.
Aucun délire, pas d'hallucinations, pas de fièvre. Troubles légers de
la déglutition; il y a eu au début des vomissements.
La tension au manomètre de Claude est à 100, il s'agit donc d'une
hypertension cranienne. L'examen du liquide céphalo-rachidien, pra-
tiqué par M. le professeur Mezincesco: Réaction de Bordet-Wassermann
négative, réaction de Pandy légèrement positive et de Nonne-Appelt
négative. Deux lymphocytespar millimètre cube à la cellule de Nageotte.
Il existe une glycorachie évidente de 0,76 p. too (par le procédé du
ferro-cyanure et titrage au permanganate de potassium. Dans l'après-
midi du 3 février, notre malade tombé dans le coma et succombe une
heure après.
A la nécropsie : Méninges hyperémiées sans adhérences. A la base du
cerveau, sous l'hémisphère droit, on aperçoit une masse irrégulière,
noirâtre et couverte de sang. Cette masse, à surface mamelonnée, occupe
la région optopédonculaire et hypophysaire, pénétrant jusque dans l'es-
pace sylvien et, en avant, dans le lobe orbitaire droit.
En arrière, elle couvre le pédoncule cérébral et la face externe de la
protubérance. A la section (coupe de Pîtres) (fig. 3), on aperçoit la dila-
tation du ventricule latéral droit qui est rempli de sang et, en bas, le
noyau thalamique, la capsule interne, ainsi que la région sous-jacente
occupée par une tumeur grise, consistante, qui continue la zone de
nécrose d.e la base du cerveau. La néoformation s'étend aussi dans la
région sous-thalamique du côté opposé. L'hypophyse est intacte.
L'examen histologique nous a montré qu'il s'agit d'un sarcome globo-
cellulaire, dont l'origine pourrait être dans les méninges ou plutôt les
plexus choroïdes. Cela cadre assez bien avec l'hypertension cranienne.
L'aspect de la malade ressemblait beaucoup à celui de l'encéphalite
léthargique par les symptômes suivants : somnolence, abolition du
réflexe à l'accommodation, nystagmus, catatonie, tremblements, myoclo-
nies, attitude de Parkinson, adiadococinésie, rigidité et surtout glyco-
rachie. Seule l'hypertension, les vomissements antérieurs, la titubation
et la tendance à tomber à gauche, nous ont fait douter et supposer l'exis-
tence d'une tumeur cérébrale. Nous insistons surtout sur la céphalée
intense que la malade accusait, mais sans crier ou gémir.
Au point de vue de la physiologie pathologique, nous attirons l'atten-
tion sur la localisation de la tumeur et la production de phénomènes
parkinsoïdes de glycorachie, de somnolence et surtout de catatonie. Ce
dernier phénomène se trouvant aussi dans la démence précoce, l'état
taciturne et surtout l'apathie que notre malade présentait, ne recon-
naîtraient-ils pas une localisation identique? En effet, l'encéphalite épi-
démique nous en a fait connaître les centres probables : noyau de la
base, zones sous-thalamique et pédonculaire.
LA DÉMENCE SÉNILE
ET SES FORMES ANATOMO-CLINIQUES
PAR
J. LHERMITTE et NICOLAS
i. ALZHKIMER. Neuere Arbeiten über die Dementia senilis und die athero-
matöse-Gefässerkankung-basierenden Gehirnkrankheiten. (Monats. f. Psych.
und Neurolog. 1898, p. 101.)
2. KRAEPELIN. Lehrbuch der Psychiatrie, Se edit.
3. SPIELMEYER. Handbuch der Psychiatrie (Aschaffenburg), 1912, Spezielle
Theil. Abteil. 5 p. 141.)
4. JELGERSMA, cité par R. Ley.
5. R. LEY. Rapport sur le cerveau sénile. (Journal de Neurologie, not 6,
7, R,
1912.)
0. E. RÉGIS. Précis de Psychiatrie, 5e édit., p. 55o.
lard dont nous voudrions tenter de donner ici les caractères les plus
saillants, convaincus que cette recherche ne peut être sans intérêt aussi
bien pour la pratique psychiatrique particulière que pour les investiga-
tions de l'avenir.
CHAPITRE Ier
La Démence sénile pure. — Étude clinique
1° LA SÉNESCENCE PSYCHIQUE, PHASE PRÉMONITOIRE DE LA DÉMENCE.
—
Tout de même que la plupart des maladies particulières au vieillard, l'état de
démence ne s'installe pas d'emblée, mais apparaît précédée par un stade d'une
durée plus ou moins longue, pendant lequel les symptomes se montrent ébau-
chés, frustes, mais déjà reconnaissables pour un observateur averti. Entre la
sénescence physiologique et la sénilité pathologique à laquelle on l'oppose
très justement, se laissent reconnaître de nombreux points de passage, la pre-
mière n'étant bien souvent que le prélude de celle-ci.
Sans vouloir reprendre la description de la sénescence psychique trop
souvent faite tant par les physiologistes que par les psychologues ou les litté-
rateurs, il nous paraît nécessaire d'en rappeler au moins les traits essentiels,
pour montrer comment déjà, sous cette sénescence de l'esprit, perce la désa-
grégation des grandes fonctions intellectuelles, fondement de la démence.
La sénescence physiologique se marque d'abord par le fléchissement de la
mémoire, laquelle, si elle conserve assez exactement tout le matériel des vieux
souvenirs, est incapable de fixer profondément les événements récents. Ceux-
ci sont retenus,mais pendant un temps très court; les souvenirs ont perdu
leur adhérence. De plus, la faculté d'évoquer rapidement les anciens souvenirs
1,
s'émousse; ils ont perdu, suivant l'expression de Ziehen leur liquidité. L'es-
tompage et l'obscurcissement rapide des souvenirs récents contraste avec
l'éclat et la vivacité des réminiscences d'autrefois. Aussi le vieillard se remé-
more-t-il les souvenirs de sa vie passée avec une particulière complaisance
tandis qu'il se désintéresse de l'actualité. Il devient ainsi très vite le laudator
temporis acti et ses réminiscence tournent au rabâchage. Parallèlement au
fléchissement de la fonction mnésique, se poursuit l'épuisement de l'imagina-
tion créatrice si finement relevé sur lui-même par J.-J. Rousseau. « Mon ima-
gination, dit le promeneur solitaire, déjà moins vive, ne s'enflamme plus comme
autrefois... il y a plus de réminiscence que de création dans ce qu'elle produit
désormais. »
A cette prééminence de l'automatisme sur l'activité réfléchie et vraiment
créatrice s'associent et la restriction de l'association des idées et l'affaiblisse-
ment de l'attention volontaire et aussi la diminution de l'éclat et de la netteté
des perceptions. « Mon âme, morte à tous les grands mouvements, ne peut
plus s'affecter que par des objets sensibles, je n'ai plus que des sensations, dit
J.-J. Rousseau vieillissant, et ce n'est plus que par elles que la peine ou le
plaisir peuvent m'atteindre ici-bas. » Le jugement cependant demeure correct
et la lucidité intacte, de même que se montre très précise la conscience de
l'état morbide. Et c'estune tristesse, ajoutée à bien d'autres, que celle qu'éprouve
le vieillard de se voir privé de l'activité intellectuelle dont il avait joui jusque-
là, et de constater la réduction progressive et implacable d'un contenu spirituel
I. ZIEHEN. Traité international de Psychiatrie, vol. II, p. 281.
si laborieusement acquis. Il convient d'ajouter comme correctif que, assez
souvent, la compréhension fine, l'intelligence des mots d'esprit s'amoindrissent
de même que la faculté de calcul et la puissance du raisonnement. Si l'on
ajoute à ces traits des perturbations du caractère, de l'affectivité, on aura, dans
ses lignes générales, le tableau du sénescent psychique. La sensibilité morale
de l'homme âgé apparaît, en effet, aussi fréquemment et souvent aussi préco-
cement lésée que la mémoire et l'imagination. Malgré la conservation et même
l'exaltation de l'émotivité pour tout ce qui se rapporte au passé et contrastant
avec la sensiblerie puérile et même un peu niaise que l'on connait, le vieillard
sénescent demeure assez indifférent aux préoccupations et aux angoisses qui
ne le touchent pas directement. Et les proches s'inquiètent de voir le caractère
de leur aïeul si étrangement changé. Égoïste, avare, méfiant, concentré sur la
sensation présente, même par ses instincts, tel se montre trop souvent l'homme
avancé en âge au stade prémonitoire de la démence sénile simple. A de pareils
caractères, un observateur perspicace ne saurait se tromper et, dans la majo-
rité des cas, il est légitime de prédire à bref délai l'approche de l'effondrement
des facultés. Celui-ci n'est au vrai que l'accentuation des phénomènes que
nous venons de rapporter.
savons insolubles au niveau des régions atteintes. C'est que,en effet, la plaque
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1924
Présidence de M. O. Crouzon
Un cas d'hémisyndrome cérébelleux avec tremblement du type de la sclérose
en plaques et mouvements athétosiques. Lésion probable de la région supérieure
du noyau rouge (rubro-thalamique), par M. Gustave Roussy, Mlle Gabrielle
Lévy et M. François Bertillon. — Il s'agit d'un hémisyndrome cérébelleux
droit, survenu à la suite d'un ictus, chez une femme de soixante et onze ans.
Ces troubles cérébelleux consistent en dysmétrie, adiadococinésie, hypo-
tonie, tremblement du type de la sclérose en plaques.
Ils s'accompagnent de mouvements athétosiques des doigts et des orteils
du même côté, avec attitude anormale de la main.
Il n'existe que des troubles sensitifs et pyramidaux à peine esquissés,
homolatéraux ; il n'existe pas de signes de lésions dans le territoire de la
IIIe paire.
Les auteurs concluent de l'étude des observations antérieures de lésion
de la région sous-optique, et de l'étude analytique de ce cas, que celui-ci
doit être rangé vraisemblablement parmi les cas de 'syndrome supéro-externe
du noyau rouge, par atteinte de la voie rubro-thalamique, décrit récemment
par MM. Chiray, Foix et Nicolesco. Ils signalent quelques déductions à en
tirer au point de vue de la pathogénie des mouvements athétosiques.
M. Foix croit exact le diagnostic de localisation lésion de la région
supérieure du noyau rouge. Il rappelle que des mouvements choréo-athéto-
siques ont été décrits dans les lésions du pédoncule cérébelleux supérieur.
Vertèbre d'ivoire et paraplégie par compression dans un cas de cancer du
sein. — MM. Souques, Latourcade et Terris présentent une malade atteinte
de cancer du sein et,depuis un an, de paraplégie par compression. L'examen
radiographique du rachis décèle chez cette malade, au niveau de la VIe ver-
tèbre dorsale, là où précisément les symptômes cliniques et l'arrêt du lipiodol
placent le siège de la compression spinale, une image singulière de cette ver-
tèbre qui est normale de volume et de forme, mais qui, par une couleur
toute blanche sur le négatif, et par suite noire sur le positif, paraissant uni-
formément étendue à tout le corps vertébral, comme s'il s'agissait d'une ver-
tèbre d'ivoire, contraste étrangement avec la couleur normale des autres ver-
tèbres.
Les clichés et les épreuves radiographiques ont été soumises à l'examen
de plusieurs radiologistes qui ont déclaré n'avoir jamais rien vu de semblable.
Les auteurs admettent que cette altération vertébrale a déterminé une
pachyméningite et des adhérences méningées qui ont fermé le sac arachnoï-
dien et comprimé la moelle. Quant à la nature et à la cause de cette altéra-
tion, ils discutent diverses hypothèses, à savoir la possibilité d'un cancer
secondaire de la vertèbre, d'une lésion syphilitique, d'une lésion tubercu-
leuse, etc.
Sans l'affirmer catégoriquement, ils inclinent vers l'idée d'une métastase
cancéreuse.
Ils déclarent en terminant qu'il ne s'agit pas là de l'affection osseuse
décrite à l'étranger sous le nom d'os de marbre, et dont il a été publié quelques
exemples.
M. Sicard a vu un cas, avec examen radiologique exactement semblable
à celui de M. Souques. Il s'agissait bien d'une métastase vertébrale d'un
cancer, avec arrêt du lipiodol à ce niveau.
Alexie pure, reliquat d'agnosie visuelle. — MM. Faure-Beaulieu et E. Jac-
quet présentent une femme de soixante ans, hémianopsique droite et alexique
>
6 mk.
Cet intéressant petit manuel est destiné aux étudiants et aux praticiens à
qui il fait connaître ce qu'il est indispensable à un médecin de savoir en neu-
rologie. Il est divisé en trois parties : la recherche des troubles nerveux, le
diagnostic général des maladies, notamment le diagnostic topographique,
enfin le diagnostic spécial des diverses maladies organiques ou fonctionnelles,
les plus communément observées. On ne trouve ici ni bibliographie, ni dis-
cussion théorique, ni pathogénie ou anatomie pathologique, d'une lecture un
peu aride pour les médecins non spécialisés. C'est un guide que le professeur
Strumpell, fort de sa grande expérience, offre à ses lecteurs pour leur permettre
de s'y reconnaître dans cette clinique neurologique trouvée parfois si compli-
quée et qui est pourtant la clinique la plus rationnelle et la plus précise.
Henri CLAUDE.
ANALYSES
A. Neurologie
DOMINGO SAN CHEZ y SAN CHEZ. L'Histolyse dans les centres nerveux
des insectes ( Travaux du Laboratoire de recherches biologiques de V Univer-
sité de Madrid; tome XXI, n° 3-4, décembre 1923, p, 384.)
Bien que, en apparence, assez éloigné des préoccupations qui obsèdent les
histo-pathologistes du système nerveux de l'homme et qui sont relatives au
processus si complexe de la désintégration des éléments cérébraux-spinaux,
M. Sanchez y Sanchez se rattache cependant à la lignée des Nissl, des
Nageotte, des Alzheimer parla méthode d'observation analytique méticuleuse
des faits histologiques.
Sans doute le présent mémoire, d'une réelle portée générale, apparaît un
peu en marge du cadre de la neurologie classique, mais, par les idées biolo-
giques qui s'en dégagent, il est riche d'enseignements.
Encore que, pendant longtemps, l'opinion ait prévalu que, à travers les
différentes transformations des insectes, l'histolyse ne se réalisait pas, non
plus d'ailleurs que l'histogénèse, puisqu'on supposait que les organes adultes
devaient être comme condensés en miniature dans les organes larvaires, on
voit aujourd'hui que l'histolyse est un phénomène constant ainsi que son
corollaire : l'histogénèse du tissu nerveux. Grâce à l'histolyse, les éléments
nerveux inutiles aux besoins du nouvel organisme disparaissent, et, par le
processus histogénétique, se construisent de nouveaux centres percepteurs et
associatifs qui permettront à de nouvelles fonctions de s'accomplir.
Par quelles modifications tissulaires s'effectuent les modifications métamor-
phiques? Tel est le problème, auquel principalement s'attache rauteur. Chez
les chenilles de Pieris recueillies pendant la phase de suspension, on constate
que certains territoires des ganglions céphaliques sont pauvres en cellules et
même sont parsemés de plages décolorées ou complètement vides de tout
élément figuré. L'observation attentive montre que, dans certains de ces
interstices, apparaissent les granulations cosméphiles ou des corps granuleux
plus complexes. Et, comme l'on peut s'assurer de tous les degrés de transi-
tion entre les plages où le tissu nerveux se montre décoloré et les interstices
que nous venons de rappeler, il semble bien que l'on soit en droit d'admettre
qu'il s'agit ici d'un processus histolytique continu.
Ce processus, d'ailleurs, correspond exactement à celui que l'on a déjà
observé dans d'autres tissus et en particulier dans les épithéliums, les muscles,
l'appareil digestif et le système glandulaire.
Comment se réalise cette histolyse, quels en sont les agents provocateurs?
En l'état actuel, il n'est pas possible de répondre à toutes les questions que
pose ce problème. Et M. Sanchez y Sanchez se limite à préciser les variétés
d'éléments cellulaires qui, en vertu de leur propriété phagocytaire, s'attaquent
aux cellules histolysées et destinées, par conséquent, à être résorbées.
La première variété cellulaire consiste en des corps granuleux, leucocytes
doués d'une grande activité phagocytaire et que l'on pourrait désigner par le
terme de macroneuro-phagocytes. Après s'être littéralement gorgés des débris
des cellules nerveuses lysées, ces phagocytes subissent, eux aussi, un proces-
sus de désintégration par lequel leur protoplasme éclate et s'effrite, mettant
en liberté dans les interstices tissulaires les granulations de leur cytoplasma.
A côté de ces phagocytes, il en existe d'autres qui ne répondent pas à la
même origine, cellules polyédriques, de contenu pâle très différent, on le voit,
des éléments précédents. Celles-ci semblent dériver des cellules fixes du tissu
nerveux et n'être autres, en réalité, que des éléments névrogliques mobilisés
en vue d'une fonction phagocytaire.
Enfin, outre les corps granuleux et les phagocytes névrogliques,d'autres
éléments interviennent encore dans le processus histolytique : les leucocytes
granuleux polynucléaires. Tous ces éléments de morphologie différente pré-
sentent un caractère commun : la possibilité d'entrer en action pour englober
les débris abandonnés par les cellules nerveuses vouées à la dissolution par
les nécessités de la métamorphose.
On ne peut qu'être frappé par la ressemblance si étrangement frappante
entre le processus histolytique des centres nerveux des insectes en métamor-
phose et le processus que nous voyons si souvent se dérouler dans les centres
nerveux privés de leur apport nutritif.
Aussi bien dans le premier que dans le second cas, à la dissolution des
cellules nerveuses fait suite l'inmigration, au sein des territoires dégénérés,
des leucocytes polynucléaires, des corps granuleux ainsi que la réaction sou-
vent très vive des cellules névrogliques engluées dans le syncytium de Held.
Le processus histolytique apparaît donc régi par une grande loi biologique,
laquelle s'applique aux invertébrés comme aux mammifères les plus évolués'
J. LHERMITTE.
B. Psychiatrie
MENDICINI et SCALA. Étude bio-chimique sur la mélancolie. (Rivista
sperimentale di freniatria, 3l décembre 1923.)
Les auteurs ont constaté dans tous les tissus une concentration de l'ion-
hydrogène supérieure à la normale. Cette concentration amène une rétention
anormale de NaCl. A toute rétention anormale de NaCl ou de tout autre
sel analogue répond une libération d'HCL qui se dissocie. L'élimination
de l'acide phosphorique et des phosphates par les urines rend libres des
ions-H. Cette élimination peut servir de mesure au trouble du métabolisme
minéral et de l'élimination des réserves alcalines de l'organisme, par consé-
quent de l'acidité anormale du milieu intérieur. Il s'agit donc ici d'une
théorie chimique de la mélancolie et de la psychose maniaco-dépressive
qui rappelle celle de Régis et Chevalier-Lavaure,mais qui bénéficie de tous
les travaux modernes sur la physique moléculaire et la chimie biologique.
L. WAHL.
Séniles 8 53
Schizophrènes... J5 82
Débiles mentaux 6 52
Paralysie générale 10 68
Psychologie maniaque dépressive ... 6 74
Les tests de noms associés, de substitution et de répétition de phrases se
sont montrés les plus significatifs. Dans la répétition immédiate des phrases,
les schizophrènes ont fourni des résultats qui sont de 20 p. ioo au-dessus de
la moyenne des normaux. Outre le nombre total des points, les résultats de
chaque sujet sont représentés graphiquement au moyen d'un profil.
On pourrait présenter quelques critiques relatives au choix des tests et à la
notation des résultats. On ne saurait néanmoins méconnaitre la valeur des
efforts poursuivis par F. L. Wells, directeur du laboratoire de psychologie à
l'Asile d'aliénés de Boston où l'on applique systématiquement les méthodes
de psychologie objective à la clinique psychiatrique.
D. WEINBERG.
Le Gérant : G. DELARUE.
MÉMOIRES ORIGINAUX
PAR
trajet des cylindraxes des vacuoles. On rencontre aussi des cylindraxes avec
des terminaisons en boule, en massue, en anse, ou bien des boules avec des
incrustations argentophiles rappelant les formes décrites déjà par Jakob.
Dans quelques cellules grillagées nous avons pu trouver des portions de
cylindraxes phagocytés, et même des terminaisons en bouton.
Les vaisseaux sont prolifères. Dans l'intérieur des plaques on voit des
portions dans lesquelles les capillaires sont très nombreux, pâles et avec le
calibre rétréci. Le tissu conjonctif des vaisseaux est en général augmenté,
ce qui s'observe très bien par les méthodes de Van Gieson, Mann,
Biel-
schovvsky, etc. Assez souvent on observe autour des vaisseaux des dilatations
énormes des espaces lymphatiques. Dans l'adventice des vaisseaux on trouve
assez souvent des infiltrations avec des cellules plasmatiques qui ont les
caractères habituels et qui peuvent présenter aussi des formes dégénérées
avec des vacuoles; des granulations ; on rencontre des cellules avec deux
noyaux, des formes allongées, rappelant les fibroblastes. Dans l'adventice on
trouve une quantité énorme de produits de déchet, enclavés assez souvent
dans les cellules aréolaires. Ces produits sont constitués par des graisses
neutres (coloration rose avec le bleu de Nil) et acides, de même que d'autres
substances colorables au Scharlach, etc. La quantité de ces produits est par-
fois si grande, que le vaisseau ressemble à un canal qui traverse une masse
lipoïde. L'endothélium est tuméfié et hypertrophié. Les méthodes spéciales
pour le tissu mésenchymal nous montrent une augmentation remarquable
du tissu conjonctif, tant dans les vaisseaux que dans le réseau qui est en
dehors des vaisseaux. En ce qui concerne les produits de déchet, nous
avons employé les méthodes au Scharlach, bleu de Nil, Fischler, Dietrich,
Best, amyloïde, Perl pour le fer, l'hématoxyline pour le calcium, etc. Les
réactions de l'amyloïde, du glycogène, du fer, du calcium, des basophiles-
métachromatiquesontété négatives. Les granulations fuchsinophiles sont un
peu plus nombreuses que d'habitude. La recherche des oxydases ne nous a
pas bien réussi. Nous avons -pourtant l'impression que les oxydases sont
augmentées dans les plaques. Dans quelques régions situées sous l'épendyme
on trouve des hémorragies miliaires.
Le tissu élastique n'est pas proliféré.
Les méninges nous présentent de-ci de-là des infiltrations relativement
modérées, avec des lymphocytes et surtout de cellules plasmatiques et
macrophages. Nous avons rencontré surtout ces infiltrations dans les sillons
des circonvolutions. En ce qui concerne la substance nerveuse on constate
des régions dans lesquelles la dégénérescence grasse est très remarquable.
Les produits de déchet sont abondants dans l'adventice des vaisseaux et
l'adventice nous présente de légères infiltrations. Dans ces régions surtout
la névroglie sous piale nous présente une dégénérescence grasse intense.
Les cellules névrogliques sont hypertrophiées et ont une affinité tinctoriale
augmentée. Par les colorations au Scharlach et au bleu de Nil le proto-
plasme de ces cellules prend une coloration rose pâle, comme si elle était
composée de graisse, et dans son intérieur on constate des granulations
rouges. Dans toutes les cellules névrogliques de la couche sous-piale on
constate des granulations mélaniques qui pou-rraient être en rapport avec la
coloration bronzée de la peau du malade et l'asthénie qu'il avait présentée.
La névroglie nous présente un processus diffus de gliose. Mais ce processus
de gliose ne présente pas une intensité partout égale, car on rencontre des
régions où la gliose est intense et des autres où elle est modérée.
En résumé, il s'agit d'un malade de trente-sept ans dont la maladie a
commencé par des troubles psychiques qui ont déterminé son internement.
Les troubles psychiques avaient un caractère dépressif et présentaient
l'aspect clinique d'une paranoia hypocondriaque. Les phénomènes neurolo-
giques étaient peu manifestes et consistaient dans des troubles pupillaires
et du champ visuel, dans l'albuminose rachidienne, dans une ataxie légère
avec tendance à la latéropulsion, des troubles des réflexes, un léger parkinso-
nisme, et une coloration bronzée de la peau. Au point de vue anatomo-
pathologique notre cas correspondait microsco.piquement au type inflamma-
toire de l'encéphalite périaxiale de Schilder. Il se rapprochait plutôt, au
point devue histologique, de la scléroseen-plaquesque de la glioblastose ou
du glidme. En ce qui concerne la pathogénie et la nature de cette affection,
on ne peut rien dire de précis. Il s'agit probablement d'un agent infectieux
qui se transmet par la voie vasculaire et qui présente une affinité assez
marquée pour la substance blanche.
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E... trente ans, valet de chambre, entre dans notre service:en ju-in 1921. Il
est atteint de « délire confus avec des idées polymorphes, agitation, fausses
reconnaissances, sentiment d'inspiration mystique, pseudo-hallucinations.
Réactions violentes ».
Le début de l'affection remonte à un mois, il aurait coïncidé avec de la gly-
cosurie et de l'albuminurie transitoires, et s'est manifesté par de l'exaltation
intellectuelle avec troubles de l'humeur et fausses reconnaissances.
A son arrivée, E... présente un état de manie confuse qui s'atténue rapide-
ment avec l'amélioration de l'état général et la disparition des signes d'insuf-
fisance hépato-rénale. La restitutio ad integrum n'est cependant pas réalisée
et de nombreuses conceptions délirantes, séquelles de l'état confusionnel,
s'organisent autour de quelques n.oyaux, dissimulés au cours de la phase
d'excitation. Les conceptions délirantes polymorphes et insuffisamment
coordonnées sont cependant fixes et difficiles à réduire ; les tentatives psycho-
thérapiques se heurteront, pendant de longs mois, à une conviction sincère
mais aveugle, qui ne se laissera que très lentement entamer.
Les idées délirantes composent un délire de filiation de caractère mégalo-
maniaque, provoqué d'ailleurs par des facteurs sociaux qu'il convient de
signaler dès à présent. E... en effet, ancien pupille de l'Assistance publique, a
épousé une jeune fille placée sous la même tutelle et originaire du même
département que lui; tous deux vivent dans l'ignorance absolue de leurs
parents respectifs. Or notre malade prétend que Mlle de B..., sa patronne,
n'est autre que sa mère, le général D... serait son père et il affirme le carac-
tère incestueux de son ménage en disant que sa femme est sa propre sœur. Ces
opinions sont d'ailleurs confirmées par l'attitude de E... qui nourrit à l'égard
de sa maîtresse des sentiments de déférence familiale et qui manifeste à sa
femme, auteur inconscient de l'inceste, une répulsion assez vive entraînant la
phobie de tout rapprochement sexuel.
Le délire, pour se constituer, a négligé les nombreuses fausses reconnais-
sances de la période confusionnelle qui ont disparu avec elle. Les paramné-
sies plus nombreuses et les souvenirs d'intuitions anciennes ou récentes,
déjà orientées dans le sens du système, fournissent ses matériaux essentiels.
Le malade a le sentiment d'avoir retrouvé, chez ses maîtres, le décor et les
amis de la plus tendre enfance. Il lui semble que Mlle de B... l'a emmené
autrefois dans cet appartement, qu'elle venait fréquemment le visiter en classe
et que déjà elle lui portait un intérêt très manifeste. Les interprétations
fausses sont rares, elles ne sont pas accusées spontanément ; E... n'utilise les
raisonnements déductifs que pour défendre faiblement ses convictions
délirantes.
Le délire est construit ici sur quelques suppositions, mais il utilise sur-
tout les intuitions. E... sans le secours du raisonnement, a une connaissance
immédiate, claire et directe de ce qu'il considère comme la vérité; chaque
fait s'impose à lui avtc une clarté et une certitude qui lui font dédaigner les
tâtonnements anxieux de l'interprétant. Ici le raisonnement de découverte est
inexistant; la croyance est immédiate ; euphorique, elle refuse de se laisser
troubler; aussi n'accepte-t-elle que les idées qui la confirment et rejette celles
qui la tiennent en échec. E... ne cherche pas à convaincre son interlocuteur
et il dédaigne les subtils raisonnements de justification du paranoïaque. Les
intuitions sont nombreuses, nous ne relèverons dans le délire que les plus
caractéristiques. La plupart sont rétrospectives, et mêlent aux paramnésies,
de manière inextricale, des souvenirs de poussées discrètes, antérieures à
l'état confusionnel, du délire maintenant réalisé. Voici un souvenir qui date
de la guerre : « En descendant des tranchées, j'ai vu passer deux femmes le
« long de la route, l'une d'elles s'est mise à
pleurer en nous voyant. J'ai dit à
t mon ami : « Je voudrais avoir une mère comme cela. » Elle m'a regardé alors
« et j'ai eu l'intuition brusque que cette dame
était ma mère. Cela a été
t fulgurant, plus fort que moi ; j'étais broyé et brisé par ce que je sentais,
« mais j'étais sûr de ne pas me tromper. »
C'est à la faveur d'un processus
analogue que,plus tard, notre malade retrouve sa mère en la personne de
Mlle de B... qui l'emploie en qualité de valet de chambre. « Depuis longtemps
je sentais que ceux qui étaient bons avec moi avaient dû connaître ma famille
ou en faisaient partie. J'avais eu le pressentiment que ma patronne était ma
mère, un jour qu'elle m'avait commandé, d'une voix très douce, d'essuyer un
portrait. Or cette photographie ressemblait tout à fait à ma femme et je lui
trouvais aussi de mon expression. Mais j'ai eu la certitude soudaine de l'iden-
tité de ma mère, le jour olt j'ai vu Mlle de B... pleurer devant moi et où elle
m'a appelé « Mon petit î avec une inflexion particulière de la voix. »
La conviction actuelle d'E..., que sa femme est sa propre sœur, relève égale-
ment d'un sentiment aussi brusque, et aussi intuitif, favorisé par des préoc-
cupations anciennes exacerbées par les plaisanteries des camarades du front.
Mais il faut bien remarquer d'autre part qu'en ce qui concerne la plupart de
ces intuitions, si le malade en fut effleuré avant la période actuelle, il sut
assez bien les réduire pour n'en parler à personne et n'en pas modifier sa
conduite. C'est au cours de l'accès confusionnel qu'il les a la première fois
affirmées ; c'est à la suite de l'accès qu'il les a développées et maintenues.
Au bout d'une année environ, E... abandonne son délire et le nie avec
âpreté. Le sentiment euphorique disparaît avec lui et pendant de longs mois
encore, E... reste sombre, irritable et accuse de nombreuses préoccupations
hypochondriaques. Il éprouve un impérieux besoin de réconfort, et ne le
trouvant pas encore auprès de sa femme, malgré la disparition de la répulsion
primitive, il le réclame des médecins. Ce n'est que tout récemment qu'il a pu
être remis en liberté après un internement de près de deux ans. Il sort
apparemment guéri et désireux de reprendre la vie conjugale.
Le diagnostic clinique nous paraît difficile. La mauvaise systématisation
de la psychose, son caractère particulier, son évolution, la rareté des interpré-
tations, les résultats de l'anamnèse font éliminer la paranoïa et penser
plutôt à une bouffée délirante provoquée chez un prédisposé par des facteurs
de diverses natures. Il nous a paru intéressant de rechercher le terrain
psychopathologique spécial qui favorisa l'éclosion du délire et en prépara la
nature et la marche.
Psychasthénique, E... manifeste habituellement en dehors de la phase
délirante un état d'inquiétude avec sentiment d'incomplétude très développé
se traduisant par de nombreuses craintes et appréhensions et par des préoc-
cupations hypochondriaques. Le malaise mental est exacerbé par l'ignorance
d'E..., quant à sa famille qui l'abandonna en bas âge. Depuis l'enfance il est
obsédé par le désir de la retrouver et cette recherche est soutenue par le
besoin impérieux de réconfort qu'il attend d'elle. « J'ai toujours eu besoin
d'affection et d'épanchement. J'aurais donné volontiers mon cœur aux
hommes pour qu'ils deviennent meilleurs. »
« ...
Étant tout petit, je souffrais déjà d'être seul sur terre et j'enviais mes
amis. Je me souviens d'avoir été tout attendri en voyant le père de Charles
qui était si bon et j'en ai conservé le souvenir. Je me suis mis en tête l'idée de
retrouver ma .mère et ma sœur; tout le temps j'ai été obsédé par cette pensée
et je craignais de mourir sans les avoir connues. On ne se figure pas le mal
que le doute m'a fait endurer. » Ainsi le besoin de réconfort familial, que de
mauvaises conditions sociales ont frustré de sa normale satisfaction, par sa
fixité, sa prédominance et son intensité, a réalisé chez notre malade une
véritable psychose passionnelle.
L'état psychopathique constitutionnel est ici complexe et nous trouvons
dans cette forme de déséquilibration mentale l'association de la psychasthénie
à une constitution schizoïde (dans le sens restreint qu'en ont donné le profes-
seur Claude, Borel et Robin (i). Dès l'enfance, E... manifeste un goût très
vif pour la solitude et les longues rêveries. Il se tient habituellement loin de
l'action pour laquelle il se juge socialement et physiologiquement désadapté
et supportera difficilement, au cours de la guerre, les nécessités qui l'obli-
geront à délaisser une vie intérieure riche en demi-teintes. E... est en effet un
être délicat ; de goût raffiné, il se choque des grossières plaisanteries et il est
très exact qu'il n'est pas « terre à terre, ni d'aspirations vulgaires ».
La vie intérieure de notre malade « va se peuple)' de créations Imagina-
tives; bâtie sur un plan d'embellissement logique et rationnel », elle l'isole
déplus en plus du monde extérieur. E... d'ailleurs ne cherche pas à y réaliser
ses conceptions imaginatives et ne manifeste aucune revendication. Riche de
sa vie intérieure, il s'évade de l'ambiance qu'il redoute, à la faveur des
éléments du passé, des paramnésies, et des intuitions actuelles.
Mais ici l'évasion imaginative n'aboutit pas à des états de rêverie poly-
morphes et sans cesse renouvelés, car l'état passionnel appelle une compen-
sation élective. Véritable idiosyncrasie d'intérêt, il polarise le travail imaginatif
surtout des rêves, des suppositions, des intuitions que va faire éclore ici l'in-
clination passionnée. Notre sujet est trop délicat pour devenir facilement un
héros de faits divers. Sa passion familiale le poussera plutôt à la constitution
d'un beau roman imaginatif, qui finira par rcvêtir un caractère délirant.
Une fois constitué, ce roman imaginatif, cristallisé et renforcé dans un
délire, apparaîtra comme un système de compensation à un état de besoin
moral créé par une carence dans la situation sociale. Nous entendonspar délire
de compensation un système délirant réactionnel créé par le psychisme pour sup-
pléer à quelque insuffisance (physique, psychique, sociale ou religieuse) trop
vivement ressentie. Les délires de compensation ainsi conçus devraient être
placés à côté des délires par évasion imaginative, tels que Leroy et l'un de
nous 1 en ont donné une observation. Mais, tandis que l'évasion imaginative
tend surtout à dégager le sujet d'une situation qui lui déplait et réalise presque
forcément, de ce fait, une certaine variabilité, un certain polymorphisme, le
délire de compensation, créé pour suppléer à des insuffisances ressenties,
prend une direction plus systématique et plus constante. Un dernier fait à
retenir, c'est la collaboration avec ces facteurs primitifs, constitutionnels,
psychologiques et sociaux, d'autres facteurs accidentels, émotionnels et biolo-
giques, notamment, pour faire abolltir l'éclosion du délire. C'est ici, d'une part,
la guerre qui agit par les fatigues, les émotions et une plus grande désadapta-
tion mentale. Aussi bien semble-t-il, même au travers des paramnésies, que
l'on voie s'esquisser aux armées deux ou trois manifestations déjà franche-
ment morbides du complexe jusque-là normalement réduit ou contenu. Telle
est la fausse reconnaissance intuitive de la mère. L'émotion intense qui accom-
pagne ce phénomène signale sa valeur profonde. Mais le délire ne se serait
peut-être jamais constitué, n'aurait peut-être jamais cristallisé d'une'manière
aussi stable, si un grand désordre mental, de type confusionnel, n'avait sus-
pendu le contrôle, la normale réduction, le normal refoulement, la normale
modération qu'après chacune de ses poussées offensives, E... faisait subir au
complexe. C'est, en effet, nous l'avons vu, dans la période de convalescence
de cette bouffée confusionnelle que notre malade a accepté et maintenu les
affirmations délirantes qui venaient donner au système passionnel développé
dès l'enfance une satisfaction idéale que jamais encore il n'avait obtenue. Or,
le début de cet état confusionnel a nettement coïncidé, les renseignements
antérieurs à l'internement en font foi, avec de l'albuminurie et de la glyco-
surie. Nous savons qu'auparavant dcjà, par suite d'une infection ancienne,
E... avait été touché dans l'intégrité de son système hépato-rénal. Il semble
bien qu'il faille attribuer la confusion agitée à l'influence exercée sur le
psychisme par une période d'auto-intoxication. Ainsi, un facteur d'origine orga-
nique a contribué puissamment à provoquer l'état mental qui réalisa les condi-
tions immédiates de la cristallisation du délire. Et nous sommes conduits à
donner une place à ce facteur d'influence organique, acquis au cours de l'exis-
tence, à côté des divers autres facteurs, les uns congénitaux et les autres pro-
1. LEROY et MONTASSUT. IJn délire d'imagination. (Société clinique de méde-
cine mentale, avril 1923.)
voqués par les conditions de la vie, tempérament physique et mental, disposi-
tion à la rêverie, situation sociale primitive, sentiment d'inadaptation, consé-
cutif, émotions paroxystiques provoquées par les circonstances au cours de
l'état passionnel, pour réaliser le faisceau étiologique qui a permis le dévelop-
pement complet du délire de compensation.
Notre interprétation admet simultanément et conjointement, comme agis-
sant en harmonie, tout en ménageant leur autonomie respective, bien des fac-
teurs étiologiques ou pathogéniques différents. De telles causes sont, dans bien
des travaux, opposées ou confondues, comme si l'une seule d'entre elles devait
interdire l'existence des autres ou suffire à les remplacer. Mais il existe, dans
le vaste monde, plus de choses que n'en rêvent certaines philosophies, comme
à peu près se fit dire Horatio.
PAR
W. BOVEN
Privat-Jocent à l'Université de Lausanne
C'est cette hypothèse ingénieuse et que tant de faits ont confirmée, que
l'on a nommée l'hypothèse de la pureté des gamètes, de Mendel.
On appelle « homozygotes » les gamètes et, par extension, les individus
dont les caractères sont homogènes, purs, sans mélange, par l'identité des
deux parts qui les composent ; « hétérozygotes », ceux qui possèdent des
caractères antagonistes.
Dès le début de ses recherches, Mendel s'est rendu compte que les choses
ne se passaient pas toujours aussi simplement que cela. Deux plantes peuvent
différer par 2, 3, 10, n. caractères divers, ou, comme on a pris l'habitude de
le dire, le monohybridismen'est pas la règle, les cas de di- tri- polyhybridisme
sont de beaucoup les plus fréquents. Il faut admettre alors, et les faits
confirment cette hypothèse, que les plantes en question ne forment non plus
deux sortes, mais 4, 8, 16 sortes de gamètes divers et qu'elles peuvent ainsi
donner lieu à 16, 64, 256 combinaisons dans la deuxième génération filiale.
Mais, quoi qu'il en soit, quelque enchevêtrés que paraissent les caractères
dans les croisements polyhybrides, la loi de Mendel stipule et la réalité
confirme la persistance inviolable des caractères à travers toutes les trans-
missions. Ils se prêtent à des juxtapositions, ils se dissimulent dans la
latence, ils ne se laissent jamais détruire ni annexer.
Hérédité dominante, hérédité récessive ces deux modes s'opposent natu-
rellement l'un à l'autre dans la double caractéristique suivante.
Si le caractère pathologique est dominant: i°Tout individu pathologique
est entièrement pathologique ou non (5o p. 100); 20 Tout individu sain est
entièrement sain (Einmal Irei, immer frei\)\ 3° L'anomalie persiste et
reparaît, malgré le mariage avec conjoint sain; 40 Les mariages consanguins
entre gens sains ne nuisent pas; 5° Les gens sains se marieront avec les gens
sains de leur famille, ou bien en dehors de la famille ; 6° L'hérédité des
caractères pathologiques est toujours directe.
Si le caractère pathologique est récessif 1° Tout individu pathologique
est entièrementpathologique ; 20 Tout individu sain est sain ou non (5o p. 100) ;
3° L'anomalie disparaît avec les mariages sains; 48 Les mariages entre consan-
guins sains (ou réputés tels) sont risqués; 5° Les gens sains ne se marieront
qu'en dehors de la famille; 6° L'hérédité des caractères pathologiques peut
être discontinue.
Telle est, brièvement, schématiquement résumée, la doctrine mendélienne
des débuts, qu'il n'est plus guère décent d'ignorer.
La génétique a progressé promptement depuis ses débuts et ses
conceptions se sont très notablement modifiées.
La nature offre à la biologie une quantité de faits si complexes que les
lois mendéliennes ne sont pas en état de les régir. D'une part, les caractères
mendéliens deviennent excessivement nombreux dès qu'on s'élève quelque
peu dans la série animale, puisque la fameuse mouche Drosophila Ampelo-
phila n'en a pas révélé moins de deux cents à la sagacité de Morgan et de son
école; d'autre part, il n'y a pas de correspondance nécessaire entre les parti-
cularités objectives et les facteurs mendéliens. On ne sait jamais, avant d'en
avoir fait l'expérience, si tel caractère extérieur qui est un élément de descrip-
tion, qui tombe sous le coup des sens, jouit en quelque sorte du privilège
de mendéliser. Les particularités auxquelles répondent des facteurs mendé-
liens, les caractères qui s'opposent en couples allélomorphes, constituent
les « caractères unités », les autres n'ont qu'une valeur descriptive ou diffé-
rentielle à nos yeux. Il est des caractères qui nécessitent la présence de plu-
sieurs unités héréditaires (polymérie, homodynamie Guyénot*) inverse-
ment, plusieurs caractères peuvent résulter de l'action d'une seule unité
(Pléiotropie). Aussi a-t-on pris le parti de créer un néologisme pour
désigner ces caractères unités proprement mendéliens. On les nomme
« gènes y), un gène, en pays allemand (Johannsen) et « facteurs » en pays
français et anglo-saxons. On appelle « génotype » l'ensemble des gènes groupés
en patrimoine héréditaire : on nomme phénotype, d'un mot dont l'étymo-
logie est assez claire, l'ensemble des caractères objectifs, des éléments de
l'apparence individuelle. Ainsi l'on s'est habitué, j'allais dire résigné, à voir
des individus phénotypiquement identiques, différer par leur génotype.
L'habit ne fait pas le moine. Cette multiplicité des facteurs, ce défaut de
parallélisme entre le gène et le phène, si l'on peut s'exprimerainsi, tout cela
n'est rien encore. Force est bien de se rendre à l'évidence les gènes, les
facteurs s'associent les uns aux autres en groupes souvent très denses et très
stables. Cette association factorielle que Morgan a découverte et baptisée
« linkage » est particulièrement significative dans le genre Drosophile.
Lorsque l'analyse a découvert l'existence de deux gènes ou facteurs différents
dans le patrimoine héréditaire d'un animal, par exemple, il arrive très
souvent que les produits de ce croisement allélomorphe ne répondent pas
du tout aux exigences de la répartition théorique, dans l'hypothèse d'une
ségrégation indépendante des caractères. Au lieu de former quatre sortes de
gamètes, ils n'en forment que deux, à raison de 5o p. xoo. Il s'est produit
une agrégation (non pas une fusion!) de deux caractères mendéliens qui,
sans rien perdre de leur pureté biologique, se transmettent désormais en
bloc dans les mêmes gamètes au lieu de suivre isolément leur destinée. Cette
association factorielle s'observe notamment dans l'hérédité du sexe qui lie
souvent partie avec maint caractère mendélien. On ne connaissait, on ne
connaît peut-être à l'heure qu'il est, que quatre groupes de gènes, chez la
Drosophile qui nous a pourtant dévoilé le mystère de près de 200 facteurs.
Ces groupes englobent respectivement 47, 27, 22 et 3 facteurs. Donc, les
gènes, tout en restant purs, inattaquables en substance, se fédèrent et ne
mendélisent alors que solidairement, c'est-à-dire en bloc.
On s'est rendu compte que s'il n'y avait pas de parallélisme entre le
nombre de gènes et celui des caractères extérieurs, il y avait en revanche
coïncidence dans le nombre des groupes factoriels et dans celui des paires
chromosomiques. On est en droit de supposer que les chromosomes repré-
sentent de vrais vecteurs matériels de l'hérédité, que les gènes isolés ou
groupés, qui les constituent, n'en sont que des particules, à substrat orga-
nique réel, à constitution morphologique et non pas chimique seulement
J'ai tiré bon profit de la lecture du substantiel livre de E. Guyénot
1. :
l'Hérédité. Doin, 1924. Paris.
-et que la matière germinale, particulièrement la substance même dont sont
faits les chromosomes, est douée d'une constitution élémentaire, agrégat de
parcelles autonomes, de particules limitées, tels, mais dans l'ordre chimique,
les atomes et les molécules des corps. La matière ne serait point assimilable
à quelque magma homogène, à quelque bain colloïdal essentiellement
plastique, modifiable, évoluant. Cela est si vrai que la découverte des phé-
nomènes appelés « crossing over » ou « recombinaison » s'accommode par-
faitement de l'hypothèse d'une localisation linéaire des gènes au sein des
chromosomes. Déjà l'on entreprend l'étude topographique de ces gènes et
de curieuses expériences qu'il serait trop long de relater ici légitiment
ces descriptions hypothétiques, mais fécondes. Si donc la théorie de la
pureté des gamètes reste valable, la loi de ségrégation indépendante s'applique
aux unités parfois complexes des associations factorielles.
Les notions de dominance et de récessivité ont beaucoup perdu de leur
prestige. La dominance absolue, qui, dans les recherches primitives, parais-
sait presque la règle chez les rejetons de la génération F13 devient une excep-
tion. Plus on s'élève dans le règne animal et plus ces mots dominant et
récessif se dépouillent de sens. Non seulement tous lescompromis s'observent
entre le caractère manifeste et le caractère latent, mais même il s'avère
que la dominance et la récessivité sont l'expression d'une relativité à laquelle
concourent et participent une foule de facteurs à la fois, conditions internes,
circonstances, et le temps lui-même. Un même facteur peut se présenter sous
des états allélomorphes multiples (Cuénot). Non seulement un gène peut
jouir d'une certaine dominance sur un autre gène et subir la récessivité
devant un troisième facteur, mais aussi tel gène dominant perd sa domi-
nance, lors d'une association avec des gènes récessifs ; non pas qu'il soit à
son tour dominé par un antagoniste, mais parce qu'il est comme affaibli par
un associé. La dominance de l'œil rouge chez la Drosophile est affaiblie par
linkage avec des caractères récessifs d'une autre catégorie.
Les belles proportions mendéliennes, types Pisum, Mirabilis, etc., joie
des débutants, espoir de tout le monde, apparaissent un peu comme un rêve
puéril dans le plan de la biologie humaine. L'entrelacement étroit et subtil
des facteurs, leur nombre, la mutuelle dépendance de leurs effets, leur som-
mation par polymérie, leur neutralisation peut-être, expliquent le caractère
souvent indéterminé, méconnaissable, des proportions numériques, dans les
supputations du mendélisme humain et semblent faire encore la part large
au hasard. La circonspection est de rigueur!
Que faut-il penser de tout cela? Sommes-nous donc tout près de connaître
la vérité sur les lois de l'hérédité en psychiatrie, puisque déjà, le chiffre aux
lèvres, nous l'articulons quantitativement?Je pense qu'il ne faut pas se faire
d'illusions. Les études mendéliennes nous ont appris bien des choses ; toute-
fois, ce qui me paraît le plus clair et le plus profitable de leur enseignement,
ce n'est ni l'appareil des symboles ni la vertu des nombres, mais précisément
le fait de plus en plus vraisemblable de la divisibilité du substratum hérédi-
taire en particules indépendantes, autonomes, qui subsistent côte à côte, à
la fois tout et partie, dans un groupement fédératif. La ségrégation indépen-
dante des caractères chromosomiques en est une preuve irréfutable. La
matière héréditaire n'englobe pas dans une complexité homogène et
continue tous les caractères ou tous les déterminants à l'état virtuel,
amorphe, mais dans sa forme cellulaire d'œuf, elle est organisée1.
Observons, d'ailleurs, que si cette conception prête un merveilleux appui
aux conjectures mendéliennes, elle leur impose aussi des limites strictes.
L'hérédité mendélienne n'est pas l'hérédité tout entière elle n'est que ce
que nous savons de la transmission des qualités du noyau. Le corps cellu-
laire lui-même, le cytoplasme, ne nous a pas encore dévoilé ses mystères. Or,
il est nécessaire d'admettre que le cytoplasme compte pour quelque chose
dans les phénomènes de l'hérédité. Ne serait-ce pas sur lui, peut-être, que
porteraient les altérations éventuelles de la blastophtorie? Ne serait-ce pas en
détériorant sa substance que les poisons et les virus des maladies acquises
agiraient tout de même sur l'hérédité ? A vrai dire, l'expérience nous enseigne
la prudence en matière de blastophtorie. Il n'est pas prouvé que l'alcool soit
l'agent de variations néfastes dans l'idioplasme (idiocinèse ou idiovariation).
Rüdin croit cela vraisemblable. Baur et Lenz sont tout à fait affirmatifs
l'alcool et la syphilis, d'autres toxiques encore, exerceraient sans nul doute
leurs effets pernicieux sur la cellule germinale et dépraveraient l'hérédité.
Ainsi pense Stockard, qui a étudié la postérité des cobayes nourris d'alcool,
Peiper et Pfaundler, qui se sont préoccupés des séquelles héréditaires de la
syphilis. Je ne puis douter moi-même du rôle perturbant des poisons et
toxines sur l'organisme en tant que générateur et je demeure persuadé qu'on
mettra de mieux en mieux en valeur le phénomène de l'instauration des tares
par la viciation acquise et progressive du germe. Si l'examen des chromo-
somes ne nous a rien révélé sur ce point, l'étude du cytoplasme en est encore
à ses débuts. Peut-être y trouverons-nous les éléments d'une claire doctrine
de l'hérédité des facteurs acquis.
A parler franc, je trouve bien vides les discussions sur le caractère
récessif ou dominant des psychoses.Ces mots sont à la mode on dirait que
toute affection prête à les prononcer. Non seulement on se tâte pour décou-
vrir la vertu dominante ou récessive de ses maux, mais encore il n'est plus
une maladie dont on ne se demande, comme en jouant à pile ou face, de quel
côté l'hérédité choit. Mais oui, la constipation chronique reçoit les honneurs
du mendélisme! Il est extrêmement vraisemblable que ces mots, en parlant
de l'homme, et particulièrement de son âme, n'ont plus grand sens ou, du
moins, plus grand intérêt. Nous n'ignorons pas, en effet, que mainte affection
corporelle, dont la nature génotypique est apparemment plus simple que
celle des maladies mentales, se présente tantôt sous l'aspect récessif, tantôt
sous l'aspect dominant, ou sous l'aspect de l'hérédité liée au sexe, ou sous
un aspect différent. Pour ne parler que des yeux, la myopie, le glaucome, la
rétinite pigmentaire, et vingt autres affections diverses affectent le mode
dominant ou récessif, sans règle connue, d'une famille à l'autre. Il est tout à
fait inutile, il est même parfois ridicule, de chercher à fixer son diagnostic
génétique entre ces deux jugements. Comme si le démon de l'hérédité
n'avait que deux tours dans son sac! Les transpositions familiales du mode
PAR
Sigismond MESSING
BIBLIOGRAPHIE
I. — R. BARANY. Die nervösen Störungen des Cochlear- und Vestibul-
apparates. (Handbuch der Neurologie von Lewandowski, 1910, t. IV, p. 945.)
2. — FÉRÉ. Les épilepsies et les épileptiques. Paris, 1890.
3. — René LERICHE. Quelques faits de physiologie pathologique touchant
l'épilepsie jacksonienne consécutive aux blessures de guerre. (Presse méd.,
1920, n. 8.66, p. 645.)
4. — K. ORZECHOWSKl et MEISELS. Les recherches sur le tonus du système
nerveux végétatif chez les épileptiques. (Epilepsia, 181-193, t. IV, p. 293-306,
1913 et Tygodnik Lwowski 1912) (en polonais).
REVUE CRITIQUE
LA DÉMENCE SÉNILE
ET SES FORMES ANATOMO-CLINIQUES
(Suite et fin)
PAR
J. LHERMITTE et NICOLAS
CHAPITRE II
Les démences séniles complexes
ÉTUDE
CLINIQUE. — Sous ce titre générique viennent se ranger, non
pas les démences séniles compliquées de lésions vasculaires ou autres,
mais les démences à même base anatomique générale que la précédente,
dont le tableau clinique apparaît très particulier, modifié qu'il est, soit
par la prééminence de l'affabulation, soit par la survenance de symp-
tômes sensoriels sensitifs, moteurs, practiques et phasiques, soit enfin
par l'importance des phénomènes paraplégiques.
I° LA DÉMENCE PRESBYOPHRÉNIQUE. — Par opposition à l'hébéphrénie
ou folie de la jeunesse, Kahlbaum créait le mot de presbyophrénie ou
folie de la vieillesse et Wernicke ( 1900-1906), en lui assignant des carac-
tères particuliers, tentait de hausser la presbyophrénie au rang d'une
psychopathie autonome. Depuis les travaux de ces auteurs, la fortune et
la conception de cette soi-disant maladie eurent à subir de multiples
vicissitudes. Considérée par Kræpelin, Nouet et Halberstadt comme
une forme spéciale de démence sénile, la presbyophrénie fut rédui-te par
Régis, Truelle et Bessière à n'être qu'un aspect de la confusion mentale.
En s'appuyant sur des analogies certaines, mais limitées qui apparentent
le syndrome de Kahlbaum-Wernicke à la psycho-polynévrite, E. Dupré
avec Charpentier et Camus, puis Chaslin, Séglas s'efforcèrent de montrer
que la presbyophrénie n'est autre que l'expression d'une polynévrite
plus ou moins ébauchée et latente, compliquée de troubles mentaux;
c'était restreindre, on le voit, l'importance et l'intérêt du syndrome,
lequel devenait ainsi un type assez banal de syndrome de Korsakoff.
Mais d'autres auteurs, Devaux et Logre, en particulier, allèrent encore
plus avant et admirent que le symptôme fondamental, pathognomonique
de la presbyophrénie, la fabulation, devait être considéré comme un
délire d'imagination symptomatique. Selon cette conception, la.pres-
byophréniet qui ne mérite même plus d'être appelée syndrome, se réduit
au titre le plus modeste de symptôme.
Mais par une de ces oscillations alternantes si fréquentes, qui pério-
diquement modifient l'édifice des conceptions psychiatriques, la pres-
byophrénie regagna en importance ce qu'elle avait perdu. Reprenant la
conception primitive de Wernicke, Wallenberg au point de vue clinique,
Fischer puis Rheinhold ' au point de vue anatomique défendirent cette
thèse que le syndrome de Wernicke méritait bien la dénomination de
maladie, puisqu'on y trouvait et un appareil symptomatique original et
des modifications anatomiques de l'encéphale très particulières.
A l'heure actuelle, il ne semble pas que la thèse soutenue par Fischer,
Wernicke,Rheinhold, Wallenberg puisse être intégralement maintenue;
et cela pour la raison que si les altérations cérébrales de la presbyo-
phrénie dépassent de beaucoup le seuil des modifications régressives
banales de la sénilité, du moins elles ne possèdent pas le trait suffi-
samment personnel qui autorise à établir un type morbide. En tout état
de cause, l'hypothèse de Dupré et de son école apparaît aujourd'hui
parfaitement insoutenable au triple point de vue clinique, anatomo-
pathologique et étiologique. La presbyophrénie de Wernicke n'est nul-
lement une psycho-polynévrite,un syndrome de Korsakoff dont l'élément
névritique a été méconnu. Que le syndrome de Wernicke puisse être
simulé de plus ou moins près par une psycho-polynévrite le fait n'est
pas douteux; nous avons eu nous-mêmes l'occasion d'en observer un
bel exemple, mais il n'y a là rien que de très banal en pathologie; et
aussi bien la sémiologie que l'anatomie pathologique doivent tendre
bien plus à mettre en évidence des ditlérences entre les processus mor-
bides que des ressemblances. Les premières nous échappent facilement,
les secondes se laissent toujours facilement saisir.
Quoi qu'il en soit, nous nous croyons autorisés à admettre avec
Kraepelin que la presbyophrénie de Kahlbaum-Wernicke forme une
variété particulière de démence sénile, caractérisée qu'elle est par des
troubles profonds de l'attention, de la mémoire, une désorientation con-
fusionnelle accusée, compliquée de fabulation et de fausses recon-
naissances contrastant avec la conservation relative du jugement et de
l'activité psychique.
La description clinique de la presbyophrénie a été trop souvent faite
pour que nous songions à la reprendre ici. Ce que nous désirons rap-
peler c'est, d'une part, l'importance du facteur confusionnel associé à
l'élément démentiel. De la confusion mentale type, les malades pré-
Í
ment, autour de la cinquantaine sans cause apparente. Ainsi que le fait
remarquer M. H. Osaka dans un travail tout récent, l'agitation sévère
et incohérente, les gémissements monotones, stéréotypés, les mouve-
ments rythmiques ou désordonnés, sans but, les idées délirantes mal
systématisées mais toujours de teinte triste, le mutisme, le négativisme
diffus, tout cela rappelle assez bien la catatonie de Kahlbaum-Hecker.
— II. SOCIÉTÉ
1. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE. CLINIQUE DE
MÉDECINE MENTALE.
— III. SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE.
I. — Société médico-psychologique
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1924
Présidence de M. Truelle
Obsessions interrogatives. Délire de scrupule, par MM. Rayneau et Godard.
— Les auteurs rapportent l'observation d'une malade qui pousse le scrupule
et la phobie du mal jusqu'au délire. Dès l'enfance, elle se montrait inquiète
et tourmentée. A la suite d'une typhoïde, de surmenage et de préoccupations,
des obsessions apparurent (surtout crainte des microbes, crainte de nuire à
quelqu'un, de piquer, de mouiller les gens). Ses angoisses sont tellement
violentes que quelques-unes ont abouti à la syncope. Les « peurs » de la
malade sont également provoquées par certains mots tels que « souffrir ».
« piqûres », « mal » ou de simples consonances telles -que « typique », « malin JJ.
Pour se tranquilliser, cette malade est obligée de poser des questions écrites
auxquelles la surveillante doit faire des réponses écrites et elle accumule
ainsi les réponses. Pendant la durée de ses obsessions, cette malade présente
un véritable état délirant, et, en serrant de près son observation, on se rend
compte qu'elle frise l'hallucination. Le traitement de cet état est particu-
lièrement décevant. Par les moyens psychothérapiqueshabituels, on a obtenu
des améliorations sur certains points; mais l'ensemble des obsessions a
persisté, et doit faire craindre une évolution vers une forme délirante chro-
nique ou vers la mélancolie anxieuse. Les auteurs ont en outre groupé les
observations de trois autres obsédés phobie des microbes, phobie des con-
:
tacts ; enfin, la fille d'un de ces malades présente des obsessions similaires.
M. Arnaud insiste sur l'état mental de ces obsédés et sur l'utilité d'étudier
leur comportement général.
M. Revault d'Allonnes estime qu'il faut faire une différence entre les
diverses observations rapportées par MM. Rayneau et Godard. Dans la pre-
mière observation, la malade craignait de faire du mal à autrui. Dans les
trois autres, les malades craignent pour eux-mêmes. Cette distinction est
importante au point de vue évolutif; la première malade ayant plus de ten-
dance à évoluer vers la mélancolie, les autres vers un délire de persécution.
M. Mallet rapporte des cas d'obsessions qui en imposaient pour des idées
délirantes de persécution.
En réalité, il s'agissait de craintes de persécution et non d'idée délirante.
M. Leroy soigne dans son service une malade psychasthénique avec
obsessions (crainte de la saleté, se lave constamment.) Cette obsession
s'exerce non seulement d-ins le domaine de la propreté corporelle, mais
encore par une sorte de symbolisme dans l'ordre moral. A noter que la
malade présente des idées religieuses très marquées.
M. Mignard considère ces idées religieuses comme un processus de
défense.
M. Delmas insiste sur l'importance du terrain sur lequel se développent
les obsessions. Celles-ci sont des manifestations d'états plus profonds.
M. Charpentier a publié avec M. Deny au Congrès de Nantes des cas où
l'obsession paraissait liée à des crises de psychose intermittente.
M. Arnaud rappelle que jusque vers 1889, on considérait obsession et
délire comme des manifestations tout à fait opposées (Falrct); cette concep-
tion a été très modifiée depuis lors. Il estime d'autre part qu'il est trop schéma-
tique de diviser les obsédés en deux groupes évolutifs, comme le fait
M. Revault d'Allonnes. Enfin, il insiste sur le caractère fréquemment secon-
daire des troubles émotifs.
A propos des interprétations délirantes de symptômes pathologiques. Le
syndrome de Pierret-Rougier du tabes et le délire d'interprétation de symptômes
pathologiques. — M. Targowla rappelle que le syndrome délirant décrit par
Pierret chez les tabétiques est caractérisé par son évolution (bouffées mégalo-
maniaques, délire de persécution et d'influence, progression démentielle
très lente) et par ses rapports avec le processus tabétique ; nombre d'idées
délirantes se rattachant aux troubles somatiques, parfois par un mécanisme
d'interprétation directe, mais non constamment. L'interprétation délirante
de symptômes pathologiques porte sur des manifestations détachées en
quelque sorte d'une maladie somatique ou mentale qui est elle-même
méconnue. Le malade déclare qu'on le fait tomber, mais se refuse à admettre
qu'il est ataxique ; il interprète suivant un mécanisme psychologique simple
un symptôme isolé d'un ensemble"morbide qu'il ignore. Ce symptôme
clinique peut s'observer chez les tabétiques délirants, mais il n'y est pas
extrêmement fréquent et on ne le trouve qu'à titre épisodique dans deux seu-
lement des cas réunis dans la thèse de Rougier. Lorsque Pierret parle de
a raisonnements erronés et maladifs » greffés sur les troubles somatiques du
tabes, il invoque un mécanisme psychologique. Le délire d'interprétation
de symptômes pathologiques est un syndrome basé sur une donnée clinique
immédiate, sur un symptôme.
La conception de Pierret-Rougier repose sur une hypothèse pathologique,
le délire d'interprétation de symptômes sur un élément séméiologique. Ces
deux faits ne sont nullement identiques, d'autant plus que l'interprétation
de symptômes dépasse le cadre des psychopathes tabétiques.
M. Trénel rapporte un cas observé de délire d'interprétation chez un
tabétique (douleurs fulgurantes rectales rapportées à la pédérastie).
M. Mignard insiste sur l'importance de la notion d'interprétation de
symptômes dans les états délirants.
La réunion de la Société suisse de psychiatrie.
— M. A. Marie fait une
communication sur cette réunion à laquelle il a assisté. Les questions à
l'ordre du jour avaient trait à la paralysie générale. On a entendu un rapport
de Mirzhayer sur la pathogénie de la paralysie générale, de Spielmeyer avec
projection de cerveaux de paralytiques généraux. Enfin, le professeur Mayer
de Zurich a apporté la statistique du nombre des paralytiques généraux en
Suisse (environ 22 p. i 000). Ce chiffre est très voisin de celui de la statistique
de M. A. Marie à Paris. Il ne semble pas que jusqu'à présent la paralysie
générale soit en voie de décroissance. Enfin, les auteurs étrangers et notam-
ment suisses utilisent très fréquemment la thérapeutique par la malaria. Ils
ont obtenu avec cette thérapeutique des rémissions fréquentes et prolongées.
H. BARUK.
Présidence de M. Toulouse
Délires de date ancienne ayant nécessité l'internement après plusieurs
années. — MM. Colin et Cênac présentent 1° une maniaque chronique
vivant en liberté depuis plus de dix ans; 2° un délire à deux datant de quinze
ans (mère et fille); 3° un délire à trois remontant à trois ans. Ils insistent
sur le fait que ces six malades, délirant depuis plusieurs années, ont pu
vivre en liberté à Paris, malgré les réactions antisociales de la première, la
vie étrange et connue de tous des trois malades atteintes de délire collectif,
malgré les migrations et la quérulence continue de la mère et de la fille-
Ces dernières avaient réussi à convaincre de la réalité de leurs affirmations,
pourtant nettement délirantes, des personnes au jugement sain (chimistes,
avocats).
Syndrome paralytique avec réaction de Bordet-Wassermann négative dans le
liquide céphalo-rachidien, par MM. Trénel et Vuillaume. — Observation
caractérisée par vertiges depuis quelques mois, dysarthrie récente, délire
hallucinatoire aigu et transitoire dont la malade (âgée de 47 ans) a gardé le
souvenir et qu'elle corrige, humeur l&bile, affaiblissement intellectuel très
léger. Symptômes oculaires positifs. Réactions humorales toutes positives,
sauf Bordet-Wassermann négatif dans le liquide céphalo-rachidien(fait con-
firmé par M. Haguenau, qui a contrôlé ce résultat), réaction de Guillain
incomplètement positive. A noter qu'ici, comme dans d'autres cas connus,
les symptômes somatiques, par leur intensité, sont en discordance avec les
symptômes mentaux. Le diagnostic de paralysie générale qui s'imposait à
l'entrée, est rendu douteux par le réultat des examens humoraux.
Délire à deux. — MM. de Clérambault et Lamache présentent leurs deux
malades, un frère et une sœur. Psychose hallucinatoire chronique chez le
frère, conviction délirante sans psychose chez la sœur. Considérations cli-
niques et doctrinales.
Délire systématisé chronique ayant débuté à l'âge de vingt ans. — M. Abély
présente un malade délirant depuis huit ans. Son délire à base d'idées
d'influence et d'interprétation est rigoureusement systématisé et ne s'accom-
pagne d'aucun affaiblissement intellectuel. Le début précoce (à la vingtième
année) est exceptionnel dans ce genre de psychose.
Brûlure. Accident du travail. Asthénie périodique, par M. Benon. — L'au-
teur croit pouvoir admettre une relation de cause à effet entre une brûlure
à la main gauche par un fer rouge, à l'âge de dix-sept ans et l'apparition
consécutive d'uue psychose périodique.
H. COLIN.
ANALYSES
A. Neurologie
R. LORENTE de NO (de l'Institut Cajal). Observations sur les réflexes
toniques oculaires. (Travaux du Laboratoire de recherches biologiques de
l'Université de Madrid. Tome XXII, n° 1-2, juin 1924, p. 143.)
L'auteur se propose d'étudier, après Kubo, Magnus et de Kleijn etc..., les
réflexes toniques oculaires, et publie les premiers résultats de ses recherches.
On désigne sous le nom de réflexes toniques oculaires les mouvements
qu'effectuent les globes oculaires en sens inverse de ceux de la tête lorsque,
par un dispositif particulier, on fait subir à celle-ci une rotation. On admet
généralement que ces déplacements des globes oculaires dépendent à la fois
du labyrinthe et des sensations visuelles. Lorente de Nô borne son étude aux
réflexes toniques labyrinthiques. Il utilise comme sujet d'expérience un lapin
fixé à une planchette susceptible de tourner autour de deux axes perpendicu-
laires entre eux. L'animal exécute trois rotations différentes dans les deux
premières la fente buccale est horizontale, il tourne d'abord autour de son axe
bitemporal, ensuite autour de son axe occipito-caudal ; la troisième rotation
se fait autour de l'axe vertical, l'animal étant en décubitus latéral, la fente
buccale verticale. L'expérimentateur prend des photographies successives
(vingt-cinq vues par tour de 36o°). A chaque position de l'animal dans l'espace
correspond une position déterminée des globes oculaires. Pour chaque genre
de rotation les mouvements qu'exécutent les yeux sont différents : circulaires
dans la première, ils sont verticaux dans la seconde, et à la fois circulaires et
verticaux dans la troisième rotation.
Il s'agit de déterminer la part de chaqre muscle dans l'exécution de ces
mouvements. Contrairementà l'opinion admise par Magnus et de Kleijn, l'auteur
n'admet pas l'action des muscles s'exerçant par paires : droits supérieurs et
inférieurs pour les mouvements verticaux obliques, inférieur et supérieur pour
les mouvements circulaires. Il conclut de ses expériences que tout change-
gement de position du globe oculaire effectué sous l'influence du labyrinthe
exige l'action combinée des six muscles de l'œil.
Quant ail mécanisme de ces réflexes toniques oculaires, il est encore très
discuté. On s'accorde à reconnaitre la part que doivent prendre dans leur
détermination les positions des otolithes, des taches acoustiques du saccule
et de l'utricule, mais le mode d'action de ces divers organes sur les nerfs
moteurs de l'œil reste à préciser. On ne connait ni le point de départ du
réflexe, dû peut-être à une pres-sion, peut-être à une traction, peut-être à un
plissement des otolithes sur les taches acoustiques, ni la manière dont se
transmet cette excitation, ni les rapports qui lient utricule et saccule d'une
part, muscles droits et obliques d'autre part.
S. SCHIFF-WERTHEIMER.
Le Gérant : G. DELARUE.
TABLES DE L'ANNÉE 1924
de la langue.-
— Un cas de paralysie amyotrophique
FRANÇAIS, 391.
paralysie générale. A propos d'un état —
démence précoce. — AGUGLIA et
d'ABuNDo, 548.
Traitement de la paralysie géné-
démentiel avec idées de négation. rale par le sulfarsénol et les pyre-
Paralysiegénérale. Réactions humo- togènes. — GUIRAUD et SONN, 395.
rales négatives. — J. CUEL, 55. — Un nouveau cas de paralysie géné-
— Considérations cliniques, biolo-
giques et anatomo-pathologiques,à DOU, 257.
-
rale conjugale. MARIE et BERNA-
Le Gérant: G. DELARUE.